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CALCUL

DES STRUCTURES
EN BÉTON ARMÉ

BRUNO MASSICOTTE
Professeur titulaire

DÉPARTEMENT DES GÉNIES CIVIL


GÉOLOGIQUE ET DES MINES
Hiver 2013
CALCUL
DES STRUCTURES
EN BÉTON ARMÉ

BRUNO MASSICOTTE
PROFESSEUR TITULAIRE

DÉPARTEMENT DES GÉNIES CIVIL


GÉOLOGIQUE ET DES MINES
ÉCOLE POLYTECHNIQUE DE MONTRÉAL

HIVER 2013
Calcul des structures en béton armé i

MISE EN GARDE

Ce document, basé principalement du la norme CSA-A23.3 2004, a pour objectif de faciliter aux étudiants en
génie la conception des bâtiments en béton armé. Toutefois ce document ne couvre pas l'ensemble des cas
pouvant se présenter, chaque structure étant un cas unique, que ce soit par sa géométrie ou les fondations qui la
supportent. Les utilisateurs sont priés de référer à la norme CSA-A23.3 et au Code du bâtiment du Canada pour
juger de la justesse et de la pertinence des indications, exemples et explications inclus dans le présent document.

Bien qu'un grand soin ait été apporté à la préparation de ce document, il n'est pas exclut qu'il puisse comporter
des erreurs. L'auteur et l'École Polytechnique déclinent toute responsabilité quant au contenu de ce document et
des erreurs ou omissions qui pourraient résulter de l'utilisation des informations qu'il contient.

L'usage de ce document a été gracieusement offert au professeur Marc Jolin de l'université Laval dans le cadre de
l'enseignement du cours de béton armé GCI-2004 à la session d'hiver 2013. Ce document ne peut être utilisé dans
d'autres cours sans l'autorisation explicite de son auteur.

Toutes suggestions visant à améliorer le contenu de ce document dans les éditions futures peuvent être envoyées
à Bruno Massicotte.

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iii Calcul des structures en béton armé

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Usage restreint à l'enseignement du cours CIV4530 École Polytechnique de Montréal
CHAPITRE 1 STRUCTURES DE BÉTON ARMÉ

1.1 GÉNÉRALITÉS 1

1.1.1 Types de structures en béton 1


1.1.2 Pièces en béton armé 2
1.1.3 Choix d'une structure en béton armé 2

1.2 HISTORIQUE 4
1.2.1 Ciment 4
1.2.2 Béton armé 5

1.3 ÉLÉMENTS STRUCTURAUX 5

1.4 SYSTÈMES DE RÉSISTANCE AUX CHARGES VERTICALES 6

1.5 SYSTÈMES DE RÉSISTANCE AUX CHARGES LATÉRALES 7

1.6 COÛTS DE CONSTRUCTION DES STRUCTURES EN BÉTON 12


1.6.1 Construction des systèmes de planchers 13
1.6.2 Conception des murs et poteaux 14

1.7 PRÉCISION DES CALCULS 15

1.8 NOTATION 16
CHAPITRE 2 SÉCURITÉ ET CONSTRUCTION

2.1 NORMES ET CALCUL AUX ÉTATS LIMITES ........................................................................ 17

2.1.1 Les normes de calcul du Canada ........................................................................................ 17


2.1.2 Définitions ................................................................................................................................ 17
2.1.3 Risques associés aux pertes de vies humaines ................................................................ 19
2.1.4 Principe de calcul ................................................................................................................... 21
2.1.5 Variabilité ................................................................................................................................. 22
2.1.6 Probabilité de rupture ............................................................................................................ 23
2.1.7 Dérivation des facteurs α et φ............................................................................................... 24
2.1.8 Coefficients de résistance et facteurs de charge .............................................................. 26

2.2 CHARGES ................................................................................................................................... 27

2.2.1 Nature des charges ................................................................................................................ 27


2.2.2 Combinaison des charges .................................................................................................... 30

2.3 CONCEPTION DES STRUCTURES SELON LE CALCUL AUX ÉTATS LIMITES ............ 33
2.4 CONSTRUCTION DES STRUCTURES EN BÉTON ............................................................. 34

2.5 INTÉGRITÉ STRUCTURALE .................................................................................................... 37

2.6 EXERCICES ................................................................................................................................ 37


CHAPITRE 3 PROPRIÉTÉS DES MATÉRIAUX

3.1 LE BÉTON 41

3.2 RÉSISTANCE À LA COMPRESSION UNIAXIALE 41


3.2.1 Mécanisme de rupture 41
3.2.2 Résistance ultime 43
3.2.3 Facteurs modifiant la résistance à la compression 44

3.3 RÉSISTANCE À LA TRACTION UNIAXIALE 44


3.3.1 Types d'essais 44
3.3.2 Relation entre les essais 46
3.3.3 Relation entre les résistances en traction et en compression 46

3.4 RÉSISTANCE AUX CONTRAINTES BIAXIALES ET TRIAXIALES 47


3.4.1 Contraintes biaxiales 47
3.4.2 Contraintes triaxiales 48

3.5 COURBE CONTRAINTE-DÉFORMATION 49


3.5.1 Caractéristiques de la courbe contrainte-déformation du béton 49
3.5.2 Module élastique 50
3.5.3 Déformations 51
3.5.4 Énergie dissipée en traction 51
3.5.5 Courbes contrainte-déformation (σ-ε) en compression 51
3.5.6 Comportement cyclique en compression 53

3.6 CHANGEMENTS VOLUMÉTRIQUES 53


3.6.1 Le retrait 55
3.6.2 Le fluage 56
3.6.3 Dilatation thermique 57
3.6.4 Réactivité des granulats 57
3.6.5 Modèle du ACI 1992 57

3.7 ACIERS D'ARMATURE 61


3.7.1 Types d'aciers d'armature 61
3.7.2 Nuances d'acier d'armature 61
3.7.3 Diamètres et identification des barres d'armature 61
3.7.4 Protection des barres 63

3.8 BÉTON RENFORCÉ DE FIBRES 63


CHAPITRE 4 RÉSISTANCE À LA FLEXION
4.1 PRINCIPES DE BASE ET HYPOTHÈSES 67
4.1.1 Comportement des éléments fléchis 67
4.1.2 Hypothèses et notation 69
4.1.3 Comportement avant fissuration et moment de fissuration en flexion 71
4.1.4 Calcul de l'inertie fissurée 72
4.1.5 Non fragilité à la fissuration 76
4.1.6 Contribution du béton à l'ultime 77
4.1.7 Principes d'équilibre 79
4.1.8 Concept d'armature équilibrée 80
4.2 RÉSISTANCE À LA FLEXION - POUTRES RECTANGULAIRES 82
4.2.1 Résistance pondérée 82
4.2.2 Armatures minimale et maximale 83
4.2.3 Pourcentage d'armature 83
4.3 CONCEPTION DES POUTRES 86
4.3.1 Calcul de la résistance et conception 86
4.3.2 Choix des dimensions 86
4.3.3 Quantité d'armature 86
4.3.4 Disposition des barres d'armature de flexion 87
4.4 POUTRES EN T 90
4.4.1 Considérations géométriques 90
4.4.2 Axe neutre dans la dalle 92
4.4.3 Axe neutre dans l'âme 94
4.4.4 Armature minimale et armature maximale 96
4.5 ARMATURE DE COMPRESSION 99
4.5.1 Utilité 99
4.5.2 Calcul de la résistance 102
4.5.3 Armature minimale 105
4.5.4 Armature maximale des poutres rectangulaires 106
4.5.5 Armature maximale des poutres en T 106
4.6 MOMENT NÉGATIF 111
4.7 DALLES UNIDIRECTIONNELLES 112
4.8 EXERCICES 114
RÉFÉRENCES 116
CHAPITRE 5 COMPORTEMENT EN SERVICE : CONTRÔLE DE LA FISSURATION ET DES
FLÈCHES

5.1 GÉNÉRALITÉS 117

5.2 FISSURATION EN TRACTION 118


5.2.1 Principes généraux 118
5.2.2 Comportement pré-fissuration 121
5.2.3 Comportement post-fissuration 122
5.2.4 Modèle de calcul de la déformation moyenne de l'acier 123

5.3 INERTIE EFFECTIVE EN FLEXION 125


5.3.1 Modèle de l’Eurocode2-1991 126
5.3.2 Modèle de Branson 127
5.3.3 Modèle de Bischoff 128

5.4 OUVERTURE DES FISSURES 128


5.4.1 Modèle de l’Eurocode2-1991 129
5.4.2 Modèle de la norme A23.3 131
5.4.3 Calcul de la contrainte dans l'armature 132
5.4.4 Exemples 133

5.5 CALCUL DES FLÈCHES 137


5.5.1 Rappel des notions théoriques 137
5.5.2 Effet du fluage 138
5.5.3 Limites des flèches 139
5.5.4 Contrôle des flèches 139

5.6 CONTRÔLE DE LA FISSURATION SECONDAIRE 146

RÉFÉRENCES 150
CHAPITRE 6 RÉSISTANCE À L'EFFORT TRANCHANT ET À LA TORSION

6.1 EFFORT TRANCHANT : PRINCIPES GÉNÉRAUX 151


6.1.1 Comportement 151
6.1.2 Contraintes 151
6.1.3 Mécanisme de résistance 153
6.1.4 Mécanisme de rupture sans armature transversale 154
6.1.5 Contribution du béton 155
6.1.6 Mécanisme de rupture avec des armatures transversales 157
6.1.7 Analogie du treillis pour les poutres élancées 158
6.1.8 Évolution des méthodes de calcul de la résistance à l'effort tranchant 161
6.1.9 Approches de la norme canadienne 163

6.2 RÉSISTANCE À L'EFFORT TRANCHANT DES POUTRES ÉLANCÉES 164


6.2.1 Hypothèses 164
6.2.2 Résistance pondérée 165
6.2.3 Contribution des aciers transversaux 166
6.2.4 Espacement maximal des étriers 166
6.2.5 Contribution du béton 168
6.2.6 Méthode simplifiée 168
6.2.7 Méthode simplifiée pour des éléments particuliers 169
6.2.8 Méthode générale 170
6.2.9 Sections critiques et disposition des étriers 172

6.3 RÉSISTANCE AU POINÇONNEMENT 179

6.4 TORSION : PRINCIPES GÉNÉRAUX 182


6.4.1 Comportement des pièces 182
6.4.2 Rappels théoriques 184
6.4.3 Torsion des éléments en béton armé 193

6.5 RÉSISTANCE À LA TORSION DES ÉLÉMENTS EN BÉTON ARMÉ 198


6.5.1 Hypothèses de la norme canadienne 198
6.5.2 Résistance torsionnelle de fissuration 198
6.5.3 Torsion de compatibilité 200
6.5.4 Armature transversale 200
6.5.5 Armature longitudinale 201
6.5.6 Combinaison d'efforts 202

6.6 EXERCICES 209


CHAPITRE 7 MÉCANIQUE DU BÉTON ARMÉ

7.1 COMPORTEMENT DES PIÈCES EN BÉTON ARMÉ 211


7.1.1 Généralités 211
7.1.2 Poutres élancées 212
7.1.3 Poutres profondes 215
7.1.4 Consoles 217
7.1.5 Prolongement des barres d'armature 218

7.2 TRANSFERT DES EFFORTS ENTRE L'ACIER ET LE BÉTON : PRINCIPES GÉNÉRAUX 219
7.2.1 Poutres élancées 219
7.2.2 Ancrage des barres des tirants principaux dans les poutres profondes 220

7.3 ADHÉRENCE 222


7.3.1 Adhérence par frottement en traction directe 222
7.3.2 Adhérence par frottement dans une poutre 223
7.3.3 Adhérence par butée 224
7.4 ANCRAGE EN TRACTION 226

7.5 ANCRAGE EN COMPRESSION 229

7.6 CROCHETS 231


7.6.1 Ancrage des barres de flexion au moyen de crochets 231
7.6.2 Ancrages des étriers 233

7.7 INTERRUPTION DES ARMATURES DE FLEXION 234


7.7.1 Zone de moment négatif 235
7.7.2 Zone de moment positif 240

7.8 CHEVAUCHEMENT DES ARMATURES 254


7.8.1 Chevauchement en traction 254
7.8.2 Chevauchement en compression 255
7.8.3 Chevauchement dans les pièces comprimées 255
CHAPITRE 8 RÉSISTANCE À LA COMPRESSION-FLEXION

8.1 INTRODUCTION 257


8.1.1 Généralités 257
8.1.2 Types de poteaux 258

8.2 DISPOSITION DES ACIERS D'ARMATURE 259


8.2.1 Ligatures pliées 260
8.2.2 Ligatures en spirales 262
8.2.3 Résistance à l’effort tranchant 263
8.2.4 Aciers longitudinaux 263
8.2.5 Chevauchement et variation de section des poteaux 263

8.3 RÉSISTANCE À LA COMPRESSION 265

8.4 RÉSISTANCE À LA COMPRESSION-FLEXION 266


8.4.1 Équilibre et compatibilité 266

8.5 DIAGRAMMES D'INTERACTION 273


8.5.1 Principes généraux 273
8.5.2 Diagramme d'interaction d'une section en béton armé 274
8.5.3 Diagramme simplifié 276
8.5.4 Conditions critiques de chargement 283

8.6 POTEAUX ÉLANCÉS 284


8.6.1 Poteaux retenus latéralement 284
8.6.2 Poteaux libres de se déplacer latéralement 286
8.6.3 Analyse du second ordre 287
8.6.4 Détermination de l’élancement des poteaux 287

8.7 DIMENSIONNEMENT 290


8.7.1 Choix préliminaire 290
8.7.2 Utilisation des tables 291
CHAPITRE 9 FONDATIONS : SEMELLES ISOLÉES ET MURS DE SOUTÈNEMENT
9.1 PRINCIPES GÉNÉRAUX 295
9.1.1 Généralités 295
9.1.2 Pression exercée sur le sol et sur la semelle 296

9.2 RÉSISTANCE À LA FLEXION 298


9.2.1 Calcul des efforts 298
9.2.2 Répartition de l'armature 299

9.3 RÉSISTANCE À L'EFFORT TRANCHANT 300

9.4 TRANSMISSION DES EFFORTS DU POTEAU À LA SEMELLE 304


9.4.1 Résistance de l'appui 304
9.4.2 Barres d'ancrage ou goujons 304
9.4.3 Considérations pratiques 305

9.5 MURS DE SOUTÈNEMENT 313


9.5.1 Pression active 313
9.5.2 Efforts agissant sur les murs de soutènement 314
9.5.3 Dimensionnement des murs de soutènement 317
CHAPITRE 10 EFFORTS DANS LES SYSTÈMES CONTINUS UNIDIRECTIONNELS

10.1 CONTINUITÉ DANS LES STRUCTURES EN BÉTON ARMÉ 321

10.2 MOMENTS DANS LES POUTRES CONTINUES 322

10.3 ENVELOPPES DES CHARGEMENTS CRITIQUES 325

10.4 CHARGES CONCENTRÉES 331

10.5 DALLES UNIDIRECTIONNELLES 335


10.5.1 Définitions 335
10.5.2 Calcul des armatures 336
10.5.3 Résistance à l’effort tranchant 337
CHAPITRE 1

STRUCTURES DE BÉTON ARMÉ

1.1 GÉNÉRALITÉS

1.1.1 Types de structures en béton

Les structures en béton se rencontrent dans des applications très diverses. Plusieurs sont en
béton armé ou en béton précontraint alors que certaines sont en béton non armé. Le tableau
1.1 donne un bref aperçu d'utilisations de structures en béton.

Tableau 1.1 Exemples d'utilisation de structures en béton au Canada

Types de structures en béton Exemples Matériaux(1)

Bâtiments Place Victoria BA, BP


Stades et amphithéâtres Stade Olympique de Montréal BA, BP
Ponts Confédération, Fraser BA, BP
Tunnels Louis-Hippolyte-Lafontaine BA, BP, BRF
Réservoirs Usines de traitement des eaux BA, BP
Centrales nucléaires Gentilly BP
Plateformes en mer Hibernia BP, BA
Ouvrages maritimes Quais, brise-lames, écluses BA
Dalles sur sol Entrepôts, routes BA, BNA, BRF
Télécommunications Tour du CN de Toronto BA, BP
Stationnements Carré d'Youville, Place Ville-Marie BA, BP
Barrages Daniel-Johnson, Beauharnois BNA, BA
(1) BA : Béton armé ; BP : Béton précontraint ; BNA : Béton non armé ;
BRF : Béton renforcé de fibres

Outre les exemples locaux présentés au tableau 1.1, de nombreuses réalisations en béton se
retrouvent à travers le monde. Le tableau 1.2 souligne quelques réalisations majeures.

Tableau 1.2 Exemples de structures en béton


2 Calcul des structures en béton armé

Exemples Pays Particularités

Barrage Hoover États-Unis Barrage voûte, haut de 70 étages


Grande arche France Cube évidé en béton précontraint
de plus de 40 étages
Opéra de Sydney Australie Voiles minces multiples
Tunnel sous la Manche France - Angleterre Tunnel ferroviaire de 60 km foré
sous la mer

1.1.2 Pièces en béton armé

Les structures en béton armé sont constituées de plusieurs éléments qui interagissent entre
eux, particulièrement dû au caractère monolithique des structures de béton. Toutefois,
même si la théorie les traite séparément, il faut tenir compte de leur interaction. Il faut
également assurer la ductilité de l'ensemble et tirer profit de l'hyperstaticité de la structure.
Il importe d'éviter les ruptures fragiles et en cascade. L'ingénieur doit porter une attention
particulière aux assemblages et au cheminement des efforts, tant dans la structure que d'un
élément à l'autre.

Les principaux types d'éléments que l'on trouve dans les bâtiments en béton sont soit des
éléments horizontaux comme les dalles et les poutres, soit des éléments verticaux comme
les poteaux et les murs.

1.1.3 Choix d'une structure en béton armé

Le choix du matériau, à savoir acier ou béton armé, précontraint ou non armé, ainsi que
celui du système structural, relève généralement de l'ingénieur. Celui-ci choisit selon un
ensemble de critères dont les principaux sont énumérés ici.

a) Avantages

Les structures en béton possèdent de nombreux avantages. Les principaux sont énumérés
ici.

1) Économie

Certains des coûts associés à une structure surviennent à court terme. C'est le cas
notamment des matériaux et de la main-d'œuvre lors de la construction. D'autres, comme
l'entretien, s'appliquent à moyen et à long terme. Il importe de bien évaluer les coûts d'une
structure en fonction de son temps de construction, de la disponibilité de la main-d'œuvre et
des besoins futurs.
Toutefois, la structure d'un bâtiment en béton armé représente une petite partie du coût
total, généralement inférieure à 50%, et le coût des coffrages atteint environ 50% du coût de

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Structures de béton armé 3

la structure. L'économie lors de la construction vient donc plutôt de la standardisation et la


simplicité de la mise en forme que du raffinement exagéré. La section 1.6 traite plus en
détails des règles pratiques permettant de réduire les coûts de construction.

2) Esthétique

Le béton armé peut être très esthétique car les surfaces sont lisses et peuvent épouser toutes
les formes voulues. Des éléments structuraux apparents sont à la fois esthétiques et
économiques.

3) Résistance au feu

Les structures en béton armé offrent une protection de 1 à 3 heures sans ajout de matériaux
de protection additionnels, ce qui constitue un avantage économique important. De plus,
cela permet d'avoir un accès visuel aux éléments structuraux lors d'inspections.

4) Rigidité

Les structures en béton armé sont souvent rigides, lourdes et généralement peu sujettes aux
vibrations. De plus, les dimensions des pièces font en sorte que les problèmes d'instabilité
des membrures sont très réduits, sauf pour les poteaux élancés.

5) Entretien

L'entretien des structures en béton armé est généralement minimal si certaines règles de
bonne pratique sont respectées, soient :

- l'utilisation d'un béton de qualité avec air entraîné, lorsqu'exposé au gel et dégel ;
- une mise en place adéquate ;
- des détails bien conçus et bien réalisés favorisant le drainage de la structure
éliminant toute stagnation et limitant la durée d'exposition à l'eau et autres
produits.

6) Disponibilité des matériaux et de la main-d'œuvre

Les matériaux nécessaires à l'érection d'une structure en béton (ciment, granulats, contre-
plaqué, etc.) sont disponibles partout (ou presque). Les coûts et délais de livraison sont
donc minimisés. De plus, la main-d'œuvre locale est habituellement utilisée pour réaliser la
majeure partie des travaux de construction, ce qui a un impact positif sur l'économie locale.

b) Inconvénients

Malgré les nombreux avantages du béton, le choix de ce matériau s’accompagne de certains


inconvénients qu’il faut connaître. On identifie ici les principaux.
1) Faible résistance à la traction

La résistance à la traction du béton est environ égale à 10% de celle en compression, ce qui

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4 Calcul des structures en béton armé

conduit à des fissures et produirait des ruptures fragiles sans l'ajout d'aciers d'armature.

2) Coffrages et étaiements

La construction requiert une grande utilisation de main-d'œuvre (habituellement en


chantier) car six étapes sont requises lors de la construction, les deux premières étant
interchangeables selon l'application :
- la pose des coffrages ;
- la pose de l'armature ;
- la coulée du béton ;
- l'enlèvement des coffrages ;
- l'étaiement ;
- l'enlèvement progressif de l'étaiement.

Une conception soignée de cet aspect ou l'utilisation d'éléments préfabriqués amènera une
réduction des coûts.

3) Faible résistance volumique

La résistance volumique, qui est le rapport de la résistance sur la densité, est plus faible
pour le béton structural que pour l'acier. En effet, la résistance du béton varie entre 10%
(béton normal) et 20% (béton à haute résistance) de la résistance de l'acier tandis que sa
densité est 3.3 fois moindre. Ainsi, la résistance volumique du béton varie entre 1/3 et 2/3
de celle de l'acier.

4) Changements volumiques

Le béton est soumis à des changements volumiques provenant principalement de trois


sources : le retrait, le fluage et les variations thermiques.

De plus, certains ouvrages existants, construits avec des granulats inadéquats, souffrent
également d’un gonflement dû à une réaction dite alcalis-silice.

5) Corrosion

La réaction chimique du ciment avec l'eau confère au béton un milieu très basique
protégeant les aciers d'armature. Ces conditions basiques peuvent être éliminées soit par la
carbonatation ou la présence de chlore dans le béton. Lorsque ces conditions sont
rencontrées, l'acier d'armature n'est plus protégé et si la présence d'eau et d'oxygène est
suffisante, la corrosion s'entame.

1.2 HISTORIQUE

1.2.1 Ciment

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Structures de béton armé 5

Les Égyptiens et les romains utilisaient de la chaux éteinte comme mortier. Les romains ont
fait des structures remarquables en béton non armé, comme le Panthéon de Rome (27 av.
J.C.) Il faudra attendre au 19e siècle avant de voir apparaître le ciment Portland et le béton
armé. Le tableau 1.3 trace l'historique du développement de la technologie du ciment.

Tableau 1.3 Historique du développement du ciment moderne1.1

Année Événement

1824 Joseph Aspdin, un maçon anglais de Leeds (Angleterre), obtient un brevet : il


produisit du ciment en cuisant à température élevée le calcaire et l'argile. Le
nom "ciment Portland" vient de la ressemblance avec la pierre calcaire de l'Île
Portland.
1845 Isaac Johnson fabrique le prototype du ciment moderne en cuisant à température
élevée une mixture d'argile et de craie qui conduisit à un composé cimentaire
résistant.
1889 Première cimenterie au Canada, située à Hull.

1.2.2 Béton armé

Le béton armé s'est développé à coups de brevets et d'inventions, surtout en Europe, dont
quelques exemples sont énumérés au tableau 1.4.

Tableau 1.4 Développement du béton armé

Périodes Événement

1850 à 1875 Le français Joseph Monier réalise certains essais avec du béton armé de tiges
de fer pour des boîtes à fleurs et des arbres. Il obtient un premier brevet en
1867. Par la suite, il obtient les brevets suivants : tuyaux et réservoirs
(1868), dalles (1869), ponts (1873), escaliers (1875).
1875 à 1900 Le développement vient d'idées d'applications et de brevets.
1890 à 1920 Début du développement scientifique, de publications de livres et d'articles.
1894 La méthode des contraintes admissibles est développée par Coignet. Elle
sera utilisée de 1900 à 1960.
1930 Premiers développements du béton précontraint par Freyssinet.
1920 à Recherche et écriture de normes, formation de sociétés de recherche : ACI,
aujourd'hui PCA, FIB. Amélioration des méthodes de construction.

1.3 ÉLÉMENTS STRUCTURAUX

Les structures de béton sont constituées de plusieurs éléments structuraux horizontaux et


verticaux. Les principaux éléments des bâtiments en béton armé sont décrits sur la figure
1.1.

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6 Calcul des structures en béton armé

Fig. 1.1 Éléments structuraux en béton


1.4 SYSTÈMES DE RÉSISTANCE AUX CHARGES VERTICALES

Les systèmes de résistance aux charges verticales sont constitués de dalles et de poutres qui
forment des planchers ou des toits. Il existe plusieurs choix de systèmes de planchers pour
les structures de béton armé comme le montre la figure 1.2. Le choix varie selon la portée
requise entre les éléments porteurs (poteaux, murs), la hauteur disponible et les coûts. Les

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Structures de béton armé 7

systèmes de planchers consistent en des dalles portant dans une ou deux directions. Le
tableau 1.5 indique les portées pratiques et économiques pour chacun des types de
planchers.

Tableau 1.5 Dimensions économiques des systèmes


de planchers continus en béton armé

Caractéristiques géométriques(1)
Système de plancher
L t h

Dalle unidirectionnelle sur poutres L≤4m S/28 L/20


Dalle unidirectionnelle sur poutres bidirectionnelles 6≤L≤9m S/20 L/20
Plancher-dalle 4.5 ≤ L ≤ 6 m L/30 à L/32 NA
Dalle bidirectionnelle avec ressauts et chapiteaux 6≤L≤9m L/32 à L/36 NA
Dalle nervurée unidirectionnelle 6 ≤ L ≤ 12 m 120 à 150 mm L/25
Dalle nervurée bidirectionnelle 7 ≤ L ≤ 12 m 120 à 150 mm L/25
(1) L : portée, centre à centre des axes des poteaux ou appuis ; S : espacement des poutres
t : épaisseur de la dalle (t ≥ 120 mm) ; h : profondeur des poutres

1.5 SYSTÈMES DE RÉSISTANCE AUX CHARGES LATÉRALES

Les charges latérales agissant sur les bâtiments sont généralement causées par le vent et les
tremblements de terre. Afin d'assurer la résistance des structures vis-à-vis ces effets
naturels, il existe deux types d'éléments résistants : les cadres rigides et les murs de refend.

Les cadres rigides (Fig. 1.3a) sont constitués de systèmes de poutres et poteaux, solidaires
entre eux, résistant aux efforts latéraux principalement en fonction de leur rigidité
flexionnelle. Ce système est toutefois relativement flexible et a tendance à permettre de
grands déplacements latéraux inter-étages, particulièrement aux étages inférieurs où les
efforts tranchants horizontaux sont maximaux. Lorsqu'un tel système est choisi, on utilise
plusieurs cadres en parallèle dans chacune des directions principales du bâtiment.

Un mur de refend (Fig. 1.3b) peut être assimilé à un porte-à-faux vertical ou encore une
poutre verticale encastrée à sa base. Vu la grande inertie des murs, ceux-ci sont très rigides
et limitent les déplacements latéraux.

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8 Calcul des structures en béton armé

a) Dalle unidirectionnelle b) Dalle bidirectionnelle

c) Dalle unidirectionnelle sur d) Plancher-dalle


poutres bidirectionnelles

e) Dalle avec ressauts et chapiteaux f) Dalle nervurée bidirectionnelle


(gaufrée)

Fig. 1.2 Systèmes de plancher

Pour des édifices plus élevés, il devient économique de coupler les cadres rigides présents
dans la charpente aux murs de refend (Fig. 1.3c). On peut aussi opter pour des systèmes où
des poteaux rapprochés et des poutres profondes sur la périphérie du bâtiment forment un
tube à parois souples (Fig. 1.3d et Fig. 1.4). Enfin, des systèmes avec poutres de transfert
rigides, attachées à des tirants sur la périphérie de l'édifice (Fig. 1.5), permettent également

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Structures de béton armé 9

de résister efficacement aux efforts latéraux. L’édifice de la Place Victoria à Montréal est
un exemple d’application de ce type de système structural.

V V V
Forces
N N M d'interaction

a) Cadre rigide b) Mur de refend c) Système couplé d) Tube

Fig. 1.3 Systèmes de résistance aux charges latérales

Les systèmes tubulaires doivent être analysés en prenant en compte la flexibilité des
éléments formant les parois du tube. En effet, comme les parois sont formées d’un
quadrillage de poutres et de poteaux, les efforts horizontaux provoquent des moments de
flexion et des déformations en cisaillement dans ces éléments. On ne peut admettre
l’hypothèse d’un tube rigide comme illustré sur la figure 1.4. L’utilisation des outils
d’analyse modernes doit être faite en prenant soin de bien considérer les déformations
locales des éléments formant le quadrillage car les dimensions de ceux-ci sont du même
ordre de grandeur que leur longueur individuelle.

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10 Calcul des structures en béton armé

Hypothèse du tube rigide


Distribution réelle

Sous le vent

Murs de côté

Au vent

Vent

Fig. 1.4 Répartition des efforts dans un tube

Système de poutres Poutre de


et poteaux flexible transfert rigide

Tirant

Fig. 1.5 Système de poutre rigide et tirant

La figure 1.6 illustre le nombre d’étages pour lequel chaque type de système structural est
économique ou préférable d’un point de vue comportement structural.

Dans les zones d’intensité sismique modérée à élevée, comme le Québec, les systèmes avec
murs de refend reprenant la totalité des efforts sismiques ou de vent s’avèrent
habituellement plus économiques. Ceci sera mis en évidence au chapitre 16 portant sur la
conception parasismique des structures.

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Structures de béton armé 11

80

60

Tubes multi-cellulaires
Nombre d'étages

Tubes rigides imbriqués


40

Murs et cadre rigides

Tube rigide
20
Cadre rigide

Fig. 1.6 Efficacité des systèmes de résistance aux charges latérales

Lorsqu’un système de murs de refend est choisi, il importe qu’il soit stable. La figure 1.7a
montre trois agencements qui présenteront un comportement stable alors que la figure 1.7b
illustre une configuration inadmissible du point de vue de la stabilité. Que l’on ait des murs
de refends rigides ou un système de contreventement, comme utilisé fréquemment en
construction métallique, la règle nécessaire à l’obtention d’un système stable veut que les
éléments résistant aux charges latérales soient situés dans au moins trois plans dont deux
doivent être excentrés, s’ils sont parallèles entre eux. (Fig. 1.7a)

2 3 4 5 2 3 4 5 2 3 4 5
A A A

B B B

C C C

D D D

E E E
a) Admissibles

2 3 4 5
A

E
b) Inadmissible

Fig. 1.7 Systèmes comportant trois murs de refends

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12 Calcul des structures en béton armé

La figure 1.8 présente divers agencements de murs et poteaux pour des systèmes de
planchers à géométrie simple ou complexe. Dans ces exemples, on note que les murs de
refends sont très près du centre. De tels systèmes sont sujets à de plus grandes rotations si
les charges appliquées ne coïncident pas avec le centre de résistance. C’est le cas entre autre
des tremblements de terre, qui agissent en fonction des centres de masses et centres de
résistance. Les rotations causeront une augmentation des efforts dans les murs mais aussi
dans les poteaux situés en périphérie.

Il est donc préférable d’avoir des systèmes où la distance entre les éléments résistants est
élevée, comme dans le cas à l’extrême gauche de la figure 1.7a.

Enfin, les systèmes de murs en triangle (Fig. 1.8d) ou circulaires (Fig. 1.8b) doivent être
conçus avec prudence car l’excentricité entre les éléments est faible. De plus, les tubes
ouverts (Fig. 1.8b) sont très peu efficaces en torsion.

(a) (b)

(c) (d)

Fig. 1.8 Agencement des systèmes de murs et poteaux

1.6 COÛTS DE CONSTRUCTION DES STRUCTURES EN BÉTON

L'ingénieur ayant à concevoir une structure doit à la fois satisfaire les critères de
performance dictés par les codes de construction et proposer une conception économique.
Dans la recherche de l'économie, le premier réflexe est de minimiser la quantité de
matériaux. Cependant, en béton armé, cela conduit souvent à une augmentation plutôt
qu'une diminution des coûts. La raison en est bien simple : le coût des coffrages pouvant
compter jusqu'à près de 50% du coût de la structure1.2, il s'avère généralement plus
économique d'en simplifier la mise en œuvre par une harmonisation des dimensions même
si cela nécessite plus de béton. Ainsi, bien qu'il faille limiter la quantité des matériaux, il
importe tout autant de considérer les coûts associés à la mise en place des éléments.

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Structures de béton armé 13

1.6.1 Construction des systèmes de planchers

De tous les éléments structuraux, le système de plancher est généralement celui qui entraîne
la majeure partie des coûts1.3. Ainsi, une optimisation du système structural des planchers
en fonction des coffrages aura un impact marqué sur la réduction des coûts de construction.
La figure 1.9 indique schématiquement la proportion des coûts unitaires des différentes
composantes structurales d'un édifice en fonction du nombre d'étages.

Coût de la structure par surface unitaire de plancher

Coût additionnel pour


le système de résistance
aux charges latérales

Poteaux et murs porteurs

Système de plancher

Nombre d’étages

Fig. 1.9 Coûts des composantes structurales d'un édifice

À titre d'exemple, lorsque l'on conçoit une dalle bidirectionnelle avec panneaux surbaissés,
il est plus économique de sélectionner la profondeur du panneau en fonction des
dimensions réelles des éléments en bois utilisés pour le coffrage. En Amérique du Nord, les
pièces de bois sont fabriquées selon des dimensions impériales. Les dimensions courantes
sont montrées au tableau 1.6. Comme indiqué sur la figure 1.10, la profondeur économique
d'un panneau surbaissé comprend l'épaisseur du contre-plaqué plus la hauteur de la pièce de
bois choisie.

Pour les poutres, il est préférable qu'elles aient la même largeur que les poteaux comme
montré sur la figure 1.11. Une poutre plus large que le poteau, lorsque requis, est
acceptable. Cependant, une poutre moins large que le poteau nécessite de nombreux travaux
de coffrage ce qui augmente les coûts. Ainsi, à moins que les dimensions des poutres et
poteaux se croisant soient très différentes les unes des autres, il sera toujours préférable
d'essayer d'harmoniser la largeur des poutres à celle des poteaux.

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14 Calcul des structures en béton armé

Tableau 1.6 Profondeur des panneaux surbaissés en fonction


des dimensions réelles des coffrages

Dimensions Dimensions Épaisseur réelle Profondeur totale du panneau surbaissé


nominales (po) réelles (po) du contre-plaqué
(po) Réelle (po) Réelle (mm) Calcul (mm)

2x2 1½ x 1½ ¾ 2¼ 57 55
2x4 1½ x 3½ ¾ 4¼ 108 110
2x6 1½ x 5½ ¾ 6¼ 159 160
2x8 1½ x 7½ ¾ 8 203 205

Contre-plaqué

Ressaut

Fig. 1.10 Schéma d'un coffrage pour panneau surbaissé

(a) (b) (c)

Fig. 1.11 Intersection des poutres et poteaux

1.6.2 Conception des murs et poteaux

Les murs combinent plusieurs fonctions structurales dans une structure de béton armé. Ils
protègent du feu les escaliers de secours et les cages d'ascenseurs, supportent les charges de
gravité et agissent comme système de résistance aux charges latérales. Un agencement
symétrique des murs et leur positionnement en périphérie du bâtiment augmentera leur
efficacité structurale. Des murs structuraux sans ouverture sont plus économiques à
construire que des murs comportant de nombreuses ouvertures.

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Structures de béton armé 15

Les poteaux doivent de préférence conserver les mêmes dimensions d'un étage à l'autre, la
quantité d'armature ou la résistance du béton pouvant cependant varier d'un étage à l'autre.
Lorsque les dimensions des poteaux doivent changer, la géométrie des poteaux et leur
position, en rive ou intérieure, dictera s'il est préférable de varier l'une ou l'autre ou les deux
dimensions du poteau.

1.7 PRÉCISION DES CALCULS

La précision des calculs varie selon l'outil utilisé. Il est clair que pour les calculs
informatisés, effectués à l'aide de logiciels d'analyse des structures, de conception assistée
ou encore de tableurs, la précision des calculs et le nombre de chiffres significatifs seront
suffisants. Cependant, pour les calculs effectués manuellement, il est généralement admis
que 4 chiffres significatifs sont à la fois suffisants et requis.

Par exemple, la séquence de calculs montrée au tableau 1.7 ne conduit pas à des résultats
suffisamment précis lorsqu'un nombre insuffisant de chiffres significatifs est utilisé.
L'erreur dans ce cas atteint 5%.

Tableau 1.7 Erreur introduite lors d'un calcul manuel

Nombre de chiffres 4 3 2
significatifs

8.562 8.56 8.6


− 2.046 − 2.05 − 2.0
Calculs 2 = 1.526 2 = 1.52 2 = 1.6
0.6835 × 2.143 0.684 × 2.14 0.68 × 2.1

Erreur relative au
--- 0.4% 4.8%
calcul à 4 chiffres

D'un autre côté, il ne faut pas attribuer une précision exagérée à certaines propriétés que l'on
calcule. Par exemple, comme on le verra au chapitre 3, la norme A23.3 propose une
équation pour le calcul du module élastique du béton en fonction de sa résistance en
compression. Pour un béton de 2400 kg/m3 ayant une résistance à la compression de
50 MPa, l'équation de l'article [8.6.2.2] donne une valeur de module élastique de 32 228
MPa. Dans les calculs, un module élastique de 32 200 MPa, ayant une précision de trois
chiffres significatifs, offre une précision nettement suffisante.

Enfin, lors de la détermination des dimensions des éléments structuraux et du


positionnement des aciers d'armature, il faut garder à l'esprit que ceux-ci doivent
généralement être construits en chantier. Afin de faciliter la mise en œuvre, on spécifie des
dimensions d'éléments qui varient par incréments de 10 mm ou de 25 mm. Pour le
positionnement des aciers dans les coffrages, on spécifie normalement la distance des
barres au coffrage (enrobage) en fonction de multiples de 5 mm.

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16 Calcul des structures en béton armé

1.8 NOTATION

La notation utilisée dans ce texte correspond à celle utilisée dans les normes canadiennes,
en particulier dans la norme A23.3. La référence aux articles de cette norme sera faite en
indiquant le numéro de l'article entre crochets. Ainsi [12.2.2] réfère à l'article 12.2.2 de la
norme A23.3 alors que [A6.6.2.2] réfère à l'article A6.6.2.2 de l'annexe A de cette norme.
Notez que les annexes sont situées à la suite de la norme A23.3 dans le Concrete Design
Handbook1.4, désigné par l'abréviation CDH dans ce texte.

RÉFÉRENCES

1.1 Neville, A. M. Propriétés des béton, Eyrolles, Paris, 2000.

1.2 Association Canadienne du Ciment Portland. Modern multi-storey Concrete


Buildings, 1989.

1.3 Ceco Industries Inc. Concrete buildings - New formwork perspectives, 1985.

1.4 Association Canadienne du Ciment. Concrete Design Handbook, Ottawa, 3e édition,


2006.

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CHAPITRE 2

SÉCURITÉ ET CONSTRUCTION

2.1 NORMES ET CALCUL AUX ÉTATS LIMITES

2.1.1 Les normes de calcul du Canada

La norme canadienne portant sur le calcul des structures en béton, à l'exception des ponts,
est identifiée par le sigle A23.3, la dernière édition datant de 20042.1 (A23.3-04). Cette
norme, comme toutes les normes de calcul structural au Canada, est basée sur la
philosophie du "Calcul aux états limites". Dans les bâtiments, le Code National du
Bâtiment du Canada2.2 (CNBC) régit les charges et coefficients appliqués à ceux-ci alors
que les différentes normes indiquent les principes de calculs de résistance propres à chacun
des matériaux ou applications. Le tableau 2.1 indique certaines des normes les plus
couramment utilisées dans le domaine du bâtiment. Ces normes sont sous la juridiction de
l'Association Canadienne de Normalisation (ACNOR), plus souvent identifiée par
l'acronyme anglais CSA (Canadian Standard Association).

Tableau 2.1 Normes dans le domaine du bâtiment

Domaine Numéro CSA

Béton structural A23.32.1


Acier structural S16.12.3
Bois 086.12.4
Aluminium S1572.5

Dans le domaine des ponts, le Code CSA-S62.6 régit à la fois les charges et le calcul de la
résistance des éléments structuraux, qu'ils soient en béton, en acier, en bois et, depuis tout
récemment, en matériau composite.

2.1.2 Définitions

Lorsque l'état d'une structure ou d'un élément structural devient inadéquat pour l'utilisation
à laquelle il est destiné, on dit qu'il a atteint un état limite. On trouve deux catégories d'états
18 Calcul des structures en béton armé

limites dans la norme A23.3 soient les états limites ultimes et les états limites d'utilisation.
Comme la fatigue est un aspect important de la conception d'un pont, la norme S6 reconnaît
plutôt trois catégories d'états limites : ultimes, de service et de fatigue. La figure 2.1
présente la distinction entre les deux types d’états limites couramment pris en compte dans
les bâtiments.
États limites

Ultimes Utilisation

Sécurité Exploitation
Faible probabilité de rupture • Flèche
partielle ou globale • Vibrations
• Contraintes

Charges pondérées Charges d'utilisation


(majorées) (telles que spécifiées)

Résistance pondérée Limites prescrites


(réduite)

Effet des charges pondérées Effet des charges d'utilisation


£ résistance pondérée £ limites prescrites

Note: Dans les deux cas plusieurs combinaisons de charges doivent


habituellement être prises en considération.

Fig. 2.1 Principes de calcul selon la nature des états limites

a) États limites ultimes

On associe ces états limites à la rupture ou à une mise hors service. On leur attribue une
probabilité très faible de se produire : le but est d'éviter la perte de vies humaines. Le
tableau 2.2 présente quelques exemples de mise hors service.

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Sécurité et construction 19

Tableau 2.2 Exemples de mise hors service

Type d'états limites ultimes Description

Perte d'équilibre Renversement, glissement


Rupture Effondrement partiel ou total
Rupture progressive Augmentation graduelle des efforts,
dégradation lente due à la corrosion
Mécanisme plastique Plastification des armatures
Instabilité Déplacement ou déformations excessives
Fatigue Cycles répétés aux charges de service
Conditions extrêmes Feu, explosion, tremblement de terre, collision de véhicules

b) États limites d'utilisation

On associe les états limites d'utilisation à la non-fonctionnalité de la structure. On leur


attribue une probabilité plus élevée de se produire sans blesser personne. Le tableau 2.3 en
donne quelques exemples.

Tableau 2.3 Exemples de non-fonctionnalité

Types d'états limites d'utilisation Description

Flèches excessives Machinerie, déformation visible, déformation


permanente, endommagement des fenêtres
Fissuration Fissures trop ouvertes, corrosion, infiltration d'eau
Vibrations Mouvements perceptibles ou incommodants

2.1.3 Risques associés aux pertes de vies humaines

Les pertes de vies humaines dues à l'effondrement de structures surviennent rarement dans
les pays où les constructions sont régies par des normes strictes : les spécifications des
normes et des codes de calcul sont développées afin d'éviter que de tels événements
surviennent.

Cependant, il peut tout de même se produire certains effondrements lors de charges


extrêmes. Il arrive que des toitures cèdent sous le poids de la neige ou encore que des
bâtiments s'écroulent lors de séismes majeurs ou lors du passage d'ouragans ou tornades. La
figure 2.2 indique les risques associés aux pertes de vies dues à l'effondrement de structures
comparativement aux autres causes de mortalité.

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20 Calcul des structures en béton armé

Courses de motos Risques pouvant être évités


10-3 Exploitation minière par des casse-cous [10-3]
Utilisation de l'automobile

Baignades Risques pouvant être évités


10-4 Voyages d'avion par des gens prudents [10-4]
Risques inévitables [5 x 10-5]
Mortalité annuelle par personne

Incendies de bâtiments

10 -5 Empoisonnements Effondrement d'une structure [10-5]

10-6 Rupture de barrages


ou de multi-étagés
Foudre

10-7

10-8 Vaccination

10-3 : Niveau inacceptable. Actions immédiates prises pour réduire les risques.
10-4 : On dépense de l'argent pour contrôler les risques d'accident.
10-5 : Les risques sont encore considérés par la société (protection contre le feu,
les poisons, les armes à feu, etc.).
10-6 : Les risques ne préoccupent pas le citoyen moyen ("ça ne peut pas
m'arriver", "Action divine").

Fig. 2.2 Probabilité optimale de rupture en fonction des risques

L'ingénieur concepteur doit connaître les principes régissant le comportement structural des
structures. Il doit pouvoir déterminer le cheminement des efforts et connaître les modes de
rupture qui pourraient éventuellement prendre place. Ceci est d'autant plus vrai en béton
armé où les barres d'armature doivent pouvoir reprendre les efforts de traction où ils se
produisent et transmettre ceux-ci aux sections ou pièces adjacentes.

Cependant, le niveau de sécurité requis est habituellement fixé par les normes. On attribue
une probabilité plus faible aux états limites pouvant entraîner des pertes de vies, ainsi
qu'aux ruptures soudaines et fragiles se produisant sans avertissement.

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Sécurité et construction 21

2.1.4 Principe de calcul

Le principe de calcul adopté veut que les effets des charges soient inférieurs aux limites
prescrites par les normes.

a) États limites ultimes

La règle de base veut que la résistance pondérée soit supérieure à l'effet des charges
pondérées. Donc :
φ Rn ≥ ∑ α i S i (2.1)

avec φ : Coefficient de résistance des matériaux (φ < 1.0) ;


Rn : Résistance nominale ;
αi : Facteurs de charge ;
Si : Effet des charges d'utilisation (spécifiées).

On retrouve comme exemples d'effets des charges :

- Moment fléchissant (M) ;


- Effort tranchant (V) ;
- Charge axiale de compression (C ou P) ;
- Charge axiale de tension (T).

À titre d'exemple, on obtient pour le moment fléchissant :

M r = φ M M n ≥ M f = α D M D + α L M L + ... (2.2)

où Mr : Moment résistant pondéré ;


φM : Coefficient de résistance du matériau ;
Mn : Moment résistant nominal (non réduit) ;
αD ; αL : Facteurs de charge ;
MD ; ML : Moments fléchissants dus aux charges d'utilisation.

Dans les normes canadiennes, on associe habituellement l'indice "r" (Mr, Vr, Cr) aux
résistances pondérées et l'indice "f " (Mf, Vf, Cf) aux effets des charges majorées. Ces
indices proviennent des mots anglais reduced et factored.

b) États limites d'utilisation

La règle de base veut que la limite permise soit supérieure à l'effet des charges d'utilisation.
Donc :
L p ≥ ∑ Es (2.3)

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22 Calcul des structures en béton armé

avec Lp : limite permise : contrainte, flèche, fréquence, etc. ;


Es : effets des charges : contrainte, flèche, fréquence, etc.

On peut avoir, à titre d'exemples :


σ max ≥ σ D + σ L
Δ max ≥ Δ D + Δ L
f max ≥ f L

2.1.5 Variabilité

Les charges et résistances réelles des structures sont variables et diffèrent des valeurs
nominales. Les distributions des valeurs réelles suivent diverses lois probabilistes. Pour les
matériaux, le type de distribution varie selon le procédé de fabrication : on retrouve par
exemple des lois normales ou log-normales. La figure 2.3 montre des distributions typiques
pour le béton et pour l'acier. Les charges, quant à elles, ont généralement des distributions
normales.
Densité de probabilité

Densité de probabilité

Valeur Valeur
moyenne moyenne
Distribution Distribution
normale normale
Valeur Valeur
nominale nominale

a) Résistance du béton à la compression b) Limite élastique de l'acier structural

Fig. 2.3 Distribution de la résistance du béton et de l’acier

Lors de la construction et la fabrication des éléments structuraux, des tolérances sont


imposées par les normes. Il s'ensuit que les charges permanentes ont des valeurs qui
s'approchent des valeurs nominales ou théoriques. En contrepartie, les charges vives,
principalement celles associées à l'occupation, varient énormément d'un plancher à l'autre
ou d'un édifice à l'autre, même si la charge de conception peut avoir été la même. Ainsi, les
charges permanentes sont habituellement mieux contrôlées que les charges vives et leur
distribution est plus compacte, comme l'illustre la figure 2.4.

Plus globalement, on peut facilement imaginer qu'un meilleur contrôle des charges et de la
résistance réduira la probabilité de rupture alors qu'un moins bon contrôle l'accentuera,
comme illustré sur la figure 2.5.

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Sécurité et construction 23

Dn =: valeur nominale L = valeur moyenne

Distribution

Distribution
D = valeur Ln = valeur
moyenne nominale

Aire = 1,0 Aire = 1,0

Valeur de la charge Valeur de la charge


a) Charges permanentes b) Charges vives

Fig. 2.4 Variabilité des charges


Densité de probabilité

Densité de probabilité
S R

Rr S R
Sf Probabilité Probabilité
de rupture de rupture
Sf Rr

R, S R, S
a) Bon contrôle b) Mauvais contrôle

Fig. 2.5 Probabilité de rupture

2.1.6 Probabilité de rupture

La probabilité associée à un effet quelconque est habituellement fixée dans l'élaboration des
coefficients de résistance (φ) et des facteurs de charge (α). La détermination de ces facteurs
vise à garder une probabilité constante d'un élément à l'autre ou d'une structure à l'autre et
ce, peu importe le matériau.

L'approche adoptée par les normes mondiales basées sur le calcul aux états limites vise
donc à déterminer un indice de fiabilité dénoté β de sorte qu'une probabilité uniforme soit
conservée. L'indice de sécurité est appliqué à la différence (dénotée y) entre la répartition
statistique de la résistance et celle des charges, comme l'illustre la figure 2.6. Une valeur
inférieure à zéro indique une rupture. Ainsi, la distance entre la moyenne des valeurs
nominales et l'origine de l'axe sera ajustée en fonction de la distribution de la courbe R-S.
Dans les normes canadiennes, β = 3.5 pour la majorité des situations. Parfois il atteint une
valeur de 4.0 pour les structures pour lesquelles une rupture aurait de graves conséquences
ou pour certains éléments où des ruptures soudaines peuvent se produire.

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24 Calcul des structures en béton armé

Zone de
rupture
probable

Densité de probabilité
S R
ss ss sr sr

S R R, S
Densités de probabilité de R et S

b sy
Densité de probabilité

P [R - S] < 0
Rupture

0 y y=R-S
Définition de la probabilité de rupture

Fig. 2.6 Approches des normes canadiennes pour prendre


en compte la probabilité de rupture

Règle générale, les normes sont moins sévères pour les ruptures progressives ou prévisibles
et pénalisent les ruptures fragiles en diminuant leur probabilité d'occurrence. Globalement,
on essaie d'avoir une probabilité d'atteinte des états limites ultimes de l'ordre de 10-5/an.
Toutefois, le concepteur n'a pas à déterminer les probabilités de rupture, car ceci est pris en
compte dans la détermination des valeurs des coefficients α et φ. Au Canada, les
coefficients α sont les mêmes quel que soit le matériau de construction adopté. Les
coefficients φ varient selon le type de matériau et selon le type de rupture (ductile ou
fragile) appréhendée.

2.1.7 Dérivation des facteurs α et φ

La dérivation des coefficients de charge α et de résistance φ dépasse le contenu de ce texte.


Toutefois, les équations suivantes indiquent de façon simplifiée la théorie sous-jacente à la
détermination de ces facteurs. La dérivation de α et φ est fonction des distributions
statistiques des effets considérés. Soient :
R : Résistance moyenne ultime mesurée expérimentalement ;
Rn : Résistance nominale ultime calculée théoriquement ;
VR : Coefficient de variation de la résistance ;
D;L : Valeurs moyennes des charges ;
D n ; Ln : Valeurs nominales (spécifiées) des charges ;

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Sécurité et construction 25

VD ; VL : Coefficients de variation des charges ;


σ : Écart type ;
avec : V = σ / moyenne ; V R = σ R / R ; V D = σ D / D ; V L = σ L / L .

Comme montré à la référence 2.7, on arrive au résultat final suivant :


⎛ R ⎞ −0.75 β VR
φ = ⎜⎜ ⎟⎟ e (2.4)
⎝ Rn ⎠
⎛ D ⎞
α D = ⎜⎜ ⎟⎟ e 0.56 β VD
; (2.5)
⎝ Dn ⎠
⎛ L ⎞
α L = ⎜⎜ ⎟⎟ e 0.56 β VL
(2.6)
⎝ Ln ⎠

L'application de ce processus est illustrée à l'exemple 2.1.

EXEMPLE 2.1

Cet exemple illustre la méthode de calcul des facteurs φ et α à partir de données


statistiques fictives mais réalistes.

Tableau 2.4 Données statistiques (Exemple 2.1)

Charge
Paramètre Résistance permanente Charge vive

Biais R D L
= 1.05 = 1.05 = 0.70
Rn Dn Ln

Coefficient de σR σD σL
variation = V R = 0.08 = V D = 0.09 = V L = 0.39
R D L

Pour β = 3.5, on trouve en appliquant les équations 2.4 à 2.6.

⎛ R ⎞
φ = ⎜⎜ ⎟⎟e −0.75 β VR = 1.05e −0.75×3.5×0.08 = 0.85
⎝ Rn ⎠

⎛ D ⎞
α D = ⎜⎜ ⎟⎟e0.56 β VD = 1.05e0.56×3.5×0.09 = 1.25
⎝ Dn ⎠

⎛L ⎞
α L = ⎜⎜ ⎟⎟e0.56 β VL = 0.70e0.56×3.5×0.39 = 1.50
⎝ Ln ⎠

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2.1.8 Coefficients de résistance et facteurs de charge

Les calculs de calibrage présentés à la section précédente ont été faits pour l'ensemble des
codes et normes publiés au Canada. Pour les bâtiments, le Code national du bâtiment du
Canada – CNBC – spécifie les facteurs de pondération des charges (α) et réfère aux normes
publiées par le CSA pour le calcul des résistances pondérées avec les coefficients de tenue
des matériaux (φ) appropriés. Dans le cas des ponts, le Code canadien de calcul des ponts
routiers (CSA-S6) présente à la fois les coefficients de pondération des charges et les
coefficients de tenue des matériaux. Le tableau 2.5 indique les coefficients de résistance
utilisés selon la norme appliquée.

Tableau 2.5 Coefficients de tenue des matériaux

Norme ou code Charge ou matériau Valeurs

Acier d'armature φs = 0.85


A23.3-04
Béton φc = 0.65
Acier structural φs = 0.90
S16-01
Acier d'armature φA = 0.85
Béton φc = 0.75
S6-06 Acier structural φs = 0.95
Acier d'armature φr = 0.90
Torons de précontrainte φp = 0.95

Les coefficients de pondération des charges servent à augmenter ou diminuer les effets
qu'ont les charges sur les structures, afin d'obtenir les conditions les plus critiques, tel que
trouvé à l'exemple 2.1. Chaque type de charge possède ses propres caractéristiques
statistiques permettant de déterminer la valeur maximale du coefficient α. Les codes
spécifient également les combinaisons des charges de nature différente devant être
appliquées simultanément. On peut penser par exemple à un poteau de rive qui supporte à
la fois une charge axiale induite par les charges de neige transmises par les poutres du toit
(L) et une charge uniforme provoquée par le vent (W) agissant transversalement et
produisant un moment fléchissant.

Dans le cas où des charges vives de nature différente sollicitent un même élément, les
combinaisons de charges spécifiées dans les codes prennent en considération qu'il est peu
probable que des événements majeurs arrivent simultanément. Dans les versions antérieures
du CNBC, les charges vives maximales pondérées de leur facteur propre étaient réduites
par un coefficient de simultanéité égal à 0.7 ou 0.6 selon respectivement que deux ou trois
charges vives de nature différentes sollicitaient simultanément le même élément. Une
nouvelle approche a toutefois été retenue dans l'édition 2005 du CNBC. Cette nouvelle
philosophie est plus réaliste et s'apparente avec celle utilisée pour les ponts.

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Sécurité et construction 27

La nouvelle approche consiste à appliquer une charge vive dominante (maximale) et à lui
associer les autres charges vives concomitantes probables, ayant une amplitude inférieure à
leur valeur maximale. Le tableau 2.6 présente les combinaisons retenues dans le CNBC-
2005 pour les états limites ultimes.

Tableau 2.6 Combinaisons de charges du CNBC 2005

Cas Charges dominantes Charges concomitantes

1 1.4D
2 (1.25D ou 0.9D) + 1.5L 0.5S ou 0.4W
3 (1.25D ou 0.9D) + 1.5S 0.5L ou 0.4W
4 (1.25D ou 0.9D) + 1.4W 0.5L ou 0.5S
5 1.0D +1.0 E 0.5L + 0.25S

D : Charge permanente ;
E : Charges sismiques ;
L : Charge d'occupation ;
S : Charge de neige ou de glace ;
W : Charge de vent.

Le CNBC indique des variantes pour certains cas particuliers dont voici les principaux :
• la charge dominante 1.5L peut être réduite à 1.25L dans le cas des liquides contenus
dans des réservoirs ;
• la charge concomitante 0.5L doit être prise égale à 1.0L pour les aires d'entreposage
ainsi que pour les salles de mécaniques et d'équipement ;
• la charge dominante 1.25D doit être pris égal à (1+0.6/ hs ) D dans le cas de remblais
d'épaisseur hs (en m), sans toutefois être inférieure à 1.25D.

2.2 CHARGES

2.2.1 Nature des charges

Les charges peuvent être divisées en deux catégories : directes (actions extérieures) et
indirectes (selon le type de structure). Des exemples de ces charges sont énumérés au
tableau 2.7.

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Tableau 2.7 Nature des charges

Catégorie Exemples

Charges permanentes
Charges d'occupation
Directes
Vent
Neige

Variations de température
Retrait et fluage
Naturelles
Affaissement d'appuis
Indirectes Tremblements de terre

Précontrainte
Appliquées Alignement
Verticalité

Les charges directes sont appliquées à la structure et les efforts internes de la structure
doivent équilibrer les charges appliquées. La figure 2.7 illustre cet état.

Schéma
structural

L/2 L/2

M
DCL: R = V = P/2
M = P × L/4
R V

R=q×h
M = q × h2/2
Schéma
DCL:
structural h

M
R

Fig. 2.7 Charges directes

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Sécurité et construction 29

Les charges indirectes proviennent de déformations imposées et leur amplitude dépend de


la rigidité de la structure. Comme il n'y a pas de forces extérieures appliquées, les efforts
internes sont en équilibre avec eux-mêmes. Les efforts ont donc l'importance que la
structure leur permet selon sa rigidité, sa flexibilité ou son degré d'hyperstaticité. Ces forces
sont dissipées par la fissuration, les déformations plastiques et le fluage. Ainsi, une poutre
continue sur trois appuis (Fig. 2.8a) subira une variation des efforts internes si un
affaissement différentiel de ses appuis se produit. Ces efforts sont directement
proportionnels à la rigidité flexionnelle de la poutre. Pour la poutre isostatique, ces efforts
sont nuls (Fig. 2.8b).

D D

L L

3 EI M=0
M= ×D
3
L
a) Hyperstatique b) Isostatique

Fig. 2.8 Charges indirectes

Dans le cas d'un poteau ayant une masse au sommet et soumis à une accélération
horizontale (séisme), le moment maximal développé à la base ne peut excéder la résistance
maximale de la section. Ainsi, pour le poteau illustré sur la figure 2.9, si un séisme de
magnitude donné amène des efforts correspondant à la résistance de la section (M1), un
séisme d'amplitude supérieure n'entraînera pas une augmentation du moment qui plafonnera
à M1. Si la structure demeure élastique au-delà de M1, les efforts engendrés par le séisme de
plus grande magnitude seront plus grands. L'ampleur des forces internes est donc fonction
de la réponse de la structure.

D D

m
M2
Élastique

M1

Élasto-
plastique

Fig. 2.9 Structures soumises à un séisme

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2.2.2 Combinaison des charges

Les combinaisons de charges ont pour but d'identifier, de façon probabiliste, quel
événement a le plus de chances de causer une condition défavorable. Les facteurs appliqués
aux charges prennent en considération leur variabilité alors que les coefficients de
simultanéité prennent en compte la probabilité que des charges extrêmes surviennent
simultanément.

Autrefois au Canada, et encore dans certains pays, on dimensionnait les structures selon la
méthode des "contraintes admissibles". Toutefois, ce type d'approche ne tient pas compte
de la variabilité des efforts selon leur nature et a donc été progressivement abandonnée par
les différentes normes. La distinction entre les deux approches est illustrée au moyen de
l'exemple 2.2.

EXEMPLE 2.2

Le mur montré sur la figure 2.10 supporte les charges nominales indiquées dans le
tableau 2.8. On fait l'hypothèse pour fin d'illustration que les charges L et W peuvent
s'appliquer seule.

P
M

1 1

A B

b = 300

h = 10 000
[mm]
Coupe 1-1

Réactions:
sB
s = P/A
sA

Fig. 2.10 Mur soumis à des efforts P et M

Tableau 2.8 Efforts nominaux agissant sur la fondation (Exemple 2.2)

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Nature Valeur

PD - 5000 kN
PL - 4000 kN
MW ± 6000 kN⋅m

Le critère de conception requiert qu'il n'y ait aucun effort de traction sur la fondation.
Les cas de charges considérés sont énumérés au tableau 2.9.

Tableau 2.9 Cas de charges

Contraintes
Combinaisons États limites ultimes
admissibles

1 1.25D + 1.5L D+L


2 1.25D + 1.4W D+W
3 0.9D + 1.4W D+W
4 1.25D + 1.5L + 0.4W 0.75 (D + L + W)
5 1.25D + 1.4W + 0.5L 0.75 (D + L + W)
6 0.9D + 1.4W + 0.5L 0.75 (D + L + W)

a) Propriétés du mur

A = b × h = 300 × 10000 = 3000 × 10 3 mm 2


I bh 3 / 12 bh 2 300 × 10000 2
S= = = = = 5000 × 10 6 mm 3
c h/2 6 6

b) Combinaison 4

• Charges pondérées

Pf = 1.25 × (-5000) + 1.5 × (-4000) = -12250 kN


Mf = 0.4 × 6000 = 2400 kN⋅m

• Charges d'utilisation

P = 0.75 × (-5000 – 4000) = -6750 kN


M = 0.75 × 6000 = 4500 kN⋅m

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• États limites ultimes


P M −12250 ×103 2400 ×106
σ= ± = ± = −4.08 ± 0.48 MP a
A S 3000 ×103 5000 ×106

σ A = −4.08 + 0.48 = −3.60 MPa


σ B = −4.08 − 0.48 = −4.56 MPa

• Contraintes admissibles
P M − 6750 × 10 3 4500 × 10 6
σ= ± = ± = −2.25 ± 0.9 MP a
A S 3000 × 10 3 5000 × 10 6

σ A = −2.25 + 0.9 = −1.35 MPa


σ B = −2.25 − 0.9 = −3.15 MPa

c) Toutes les combinaisons

L'ensemble des résultats des combinaisons est présenté au tableau 2.10.

Tableau 2.10 Ensemble des résultats

États limites ultimes Contraintes admissibles


Cas
Pf Mf σA σB P M σA σB

1 -12250 0 -4.08 -4.08 -9000 0 -3.00 -3.00


2 -6250 8400 -0.40 -3.76 -5000 6000 -0.47 -2.87
3 -4500 8400 +0.18 -3.18 -5000 4500 -0.47 -2.87
4 -12250 2400 -3.60 -4.56 -6750 4500 -1.35 -3.15
5 -8250 8400 -1.07 -4.43 -6750 4500 -1.35 -3.15
6 -6500 8400 -0.49 -3.85 -6750 4500 -1.35 -3.15
(1) Valeur positive en traction

d) Facteur de sécurité sur le moment maximal Mmax (combinaison 3)

Le facteur de sécurité se calcule en comparant le moment maximal qui causerait


une contrainte de traction au point A au moment appliqué.

• Contraintes admissibles

Limite de la traction :

P M max − 5000 × 10 3 M max × 10 6


σA = + = + =0
A S 3000 × 10 3 5000 × 10 6

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Sécurité et construction 33

⇒ Mmax = MW = 8333 kN·m donc F.S = 8333/6000 = 1.39

• États limites

Limite de la traction :
Pf M f max −4500 ×103 M f max ×106
σA = + = + =0
A S 3000 ×103 5000 ×106

⇒ Mf max = αW MW = 7500 kN·m alors MW = 7500 / 1.4 = 5357 kN·m

et F.S = 5357/6000 = 0.89 < 1.0 ⇒ Traction

Dans cet exemple, on voit que selon le calcul aux contraintes admissibles, le design semble
adéquat alors que le calcul aux états limites indique le contraire. Le calcul aux contraintes
admissibles indique un facteur de sécurité de 1.39 alors que le calcul aux états limites
donne une valeur de 0.89. Ceci est dû au fait que le calcul aux contraintes admissibles
donne une fausse idée du niveau de sécurité car il n'est pas fondé sur la probabilité de
rupture.

2.3 CONCEPTION DES STRUCTURES SELON LE CALCUL AUX ÉTATS


LIMITES

Règle générale, sauf en béton précontraint ou dans quelques rares exceptions, on


dimensionne d'abord les éléments structuraux selon les états limites ultimes et on vérifie
ensuite les états limites d'utilisation. Une telle approche vient de l'expérience. En béton
armé, on dispose de règles pratiques qui permettent de choisir les dimensions des éléments :
dimensions des poteaux, profondeur des poutres, épaisseur des dalles. Une fois ces
dimensions connues, on peut calculer assez précisément le poids propre des éléments,
effectuer les combinaisons avec les autres charges puis déterminer les quantités d'acier
d'armature requises. La structure respectera alors les conditions associées aux états limites
ultimes.

Une fois cette étape complétée, on vérifie les règles associées aux états limites de service.
Les limites attachées aux flèches sont généralement satisfaites par le choix initial des
dimensions fait au début du processus de conception, car les dimensions déterminent
l'inertie. Le choix initial sera déterminant pour le nombre d'itérations à faire pour arriver
avec des éléments satisfaisant les critères de flèches : un ingénieur expérimenté aura
rarement à modifier la dimension des éléments. En ce qui concerne les autres états limites
d'utilisation, en particulier la fissuration, ils seront réglés en ajoutant des aciers additionnels
à ceux déjà présents pour la résistance.

En béton précontraint, le principe est tout autre. Dans le cas de ce matériau, dont les
principes de calculs seront vus au chapitre 15, la règle principale de calcul veut

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34 Calcul des structures en béton armé

généralement que l'on empêche la fissuration sous les charges d'utilisation. Donc, la
précontrainte, qui est une force que l'on introduit dans les éléments avant l'action des
charges extérieures, est déterminée principalement en fonction d'un calcul de contraintes.

Pour assurer un comportement adéquat aux états limites ultimes, il faut parfois ajouter des
armatures supplémentaires aux éléments précontraints. En ce qui concerne les flèches, tout
comme en béton armé, c'est le choix initial des dimensions des éléments, fondé sur
l'expérience, qui déterminera le nombre d'itérations qu'aura à faire le concepteur.

2.4 CONSTRUCTION DES STRUCTURES EN BÉTON

Les structures en béton, lorsque coulées en place, doivent être supportées adéquatement
durant la construction, jusqu'à ce que le béton ait suffisamment durci. L'utilisation du béton
à résistance initiale élevée (avec du ciment de type HE) peut être avantageuse. En pratique,
on utilise différents systèmes d'étaiement ou d'échafaudage pour soutenir la structure.

On se sert généralement des étages déjà en place pour soutenir la nouvelle dalle. Afin de ne
pas trop surcharger les dalles les plus récentes, on utilise habituellement un nombre d'étais
décroissant du haut vers le bas. Le nombre d'étais à chaque niveau dépend du degré de
maturité de la dalle à ce niveau et du nombre d'étages supérieurs. La figure 2.11 schématise
un arrangement courant des systèmes d'étaiement utilisés pour la coulée des dalles.
Nouvelle dalle Barres d'armature

Coffrages

Étaiement

Étais

Étais isolé

Étais
contreventés

Fig. 2.11 Système d’étaiement

Il importe lors de la construction d'avoir un système d'étaiement résistant et stable. Lorsqu'il


y a effondrement lors de la construction, la cause est souvent reliée à l'instabilité induite

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Sécurité et construction 35

soit par une retenue inadéquate des éléments comprimés, soit par une retenue insuffisante
des poutres et solives contre le déversement ou soit par des longueurs d'appuis insuffisantes
des solives.

Il faut ainsi porter une attention particulière à la stabilité globale. Les structures en
construction doivent pouvoir résister aux charges de construction et aux charges de vent. Il
y a aussi beaucoup d'autres causes d'effondrement qui sont énumérées au tableau 2.11.

Tableau 2.11 Causes d’effondrement de structures

Enlèvement prématuré ou inadéquat des étais et coffrages


Vibration excessive
Sol instable ou fondation mal compactée
Étais mal alignés
Taux de placement du béton trop rapide
Détails des étaiements ou coffrages inadéquats

Il est important de connaître la résistance du béton tout au long de son mûrissement afin de
ne pas surestimer sa capacité. Des essais de résistance doivent donc être réalisés en cours de
construction afin d'indiquer le moment approprié pour le décoffrage et l'enlèvement des
étais. En particulier, la résistance à la traction du béton augmente moins rapidement que sa
résistance en compression. Or, la résistance en cisaillement des dalles sans poutre (voir
chapitre 1) dépend directement de la résistance à la traction du béton. Des ruptures de dalles
en cours de construction ont été attribuées à cette cause. L’essai brésilien (voir chapitre 3)
permet de déterminer de façon plus juste la résistance à la traction du béton au jeune âge.

Le taux de placement du béton dans les éléments verticaux (mur, poteau), la densité du
béton et la vibration influencent la pression exercée par le béton sur les coffrages. La
composition et la température du mélange influencent le développement de la résistance du
béton, donc la pression exercée sur les coffrages en fonction de l'âge du béton. Différentes
formules existent et des manuels spécialisés2.8 indiquent les valeurs des pressions à
considérer dans le calcul des coffrages. À titre d'exemple, le tableau 2.12 indique les
pressions de calcul pour un béton normal (ciment de type GU). La pression normalement
considérée n'excède cependant pas γh où γ est la densité du béton alors que h est la hauteur
considérée. Par exemple, pour un béton de 24 kN/m3, la pression maximale à 6 m sera de
144 kPa. Les coffrages doivent donc être soigneusement calculés car les pressions mises en
cause peuvent atteindre des valeurs importantes.

Tableau 2.12 Pressions de calcul d'un béton normal

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36 Calcul des structures en béton armé

Pression maximale (kPa) selon la température


Taux de placement
du béton pour h=6 m.(1)
en mètre de hauteur
par heure 30°C 15°C 5°C

0.3 30 30 40
1.5 35 45 60
3.0 45 70 100
(1) Les valeurs sont données uniquement à titre indicatif et ne doivent pas être utilisées pour
le calcul des coffrages.

Enfin, le système d'étaiement doit être calculé en considérant des longueurs de flambement
adéquates des étais. Un mauvais étaiement, non conforme aux plans, a amené
l'effondrement de la dalle en construction montrée sur la photo 2.1. La zone effondrée
venait tout juste d'être mise en place. Heureusement personne ne se trouvait ni dessus, ni
dessous. Un mauvais calcul de l'étaiement des coffrages a été la cause de l'effondrement.

Photo 2.1 Conséquences d’un mauvais étaiement

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Sécurité et construction 37

2.5 INTÉGRITÉ STRUCTURALE

Les structures de béton doivent pouvoir résister, sans s'effondrer, à des catastrophes
accidentelles : effondrement d'un mur ou poteau. Il faut s'assurer que les charges pourront
suivre un autre cheminement afin d'éviter un effondrement en chaîne. Ceci s'applique tout
particulièrement aux structures préfabriquées mais aussi pour les structures coulées en
place où l'on requiert une quantité minimale d'armature de traction dans les dalles [13.10.6],
tel qu’illustré sur la figure 2.12.

Forces horizontales

Forces de
compression
diagonales Force de
traction
verticale

Forces de
compression
verticales
Débris

Réaction
verticale Force de Force de
traction traction
Mur enlevé

Bâtiment préfabriqué Bâtiment coulé en place

Fig. 2.12 Forces de traction développées lors d’un effondrement

2.6 EXERCICES

Calculez les efforts pondérés des éléments et systèmes structuraux suivants. Utilisez un
poids volumique de 23.5 kN/m3 pour le béton.

Exercice # 1

Pour la poutre ci-dessous, calculez les efforts pondérés Vf et Mf, sachant que wL = 30 kN/m.
wL

500

300
6000 [mm]

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38 Calcul des structures en béton armé

Solution:

Vf = 148 kN
Mf = 222 kN⋅m

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Sécurité et construction 39

Exercice # 2

Pour la poutre en T montrée sur la figure suivante, calculez les moments positifs et négatifs
maximaux ainsi que l'effort tranchant maximal de chaque côté de l'appui. Les charges sont :
wD = 150 kN/m et wL = 110 kN/m.

200 500 500

800

300
2000 6000 2000 [mm]

Solution: Vf ext = 734 kN Vf int = 1102 kN


+ -
Mf = 1248 kN·m Mf = 734 kN·m

Exercice # 3

Pour la poutre en T montrée sur la figure suivante, calculez les moments positifs et négatifs
maximaux ainsi que l'effort tranchant maximal de chaque côté de l'appui. Les charges sont :
wD = 80 kN/m et wL = 60 kN/m.

200 500 500

800

300
3600 6000 3600 [mm]

Solution: Vf ext = 737 kN Vf int = 614 kN


+ -
Mf = 242 kN·m Mf = - 1326 kN·m
Exercice # 4

Calculez les efforts aux sections A et B de l'assemblage poutre-poteau montré sur la figure
ci-après. Les charges sont : PD = 200 kN (incluant le poids propre des éléments), PL = 120
kN et W = ± 80 kN. La section du poteau est de 500×500 et celle de la poutre est de
500×1000.

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40 Calcul des structures en béton armé

4P

3500 Solution:
A P
W MA max = -752.5 kN·m
B VA max = 430 kN

3500

VB max = 145 kN
VB min = 4.6 kN

[mm] 2000

RÉFÉRENCES

2.1 Association Canadienne de Normalisation. Design of concrete structures,


CAN/CSA-A23.4-04, Mississauga, Ontario, 2004.

2.2 Conseil National de Recherche du Canada. Code National du Bâtiment du Canada -


2005, Ottawa, 12e édition, 2005.

2.3 Association Canadienne de Normalisation. Limit states Design of Steel Structures,


CAN/CSA-S16-09, Mississauga, Ontario, 2009.

2.4 Association Canadienne de Normalisation. Règles de calcul aux états limites des
charpentes en bois, CAN/CSA-086-01, Mississauga, Ontario, 2001.

2.5 Association Canadienne de Normalisation. Design in Aluminum, CAN/CSA-S157-


05, Mississauga, Ontario, 2005.

2.6 Association Canadienne de Nomalisation. Code canadien sur le calcul des ponts
routiers, CAN/CSA-S6-06, Mississauga, Ontario, 2006.

2.7 Wight, J. and MacGregor, J.G. Reinforced Concrete – Mechanics and Design,
Prentice-Hall, 2009.

2.8 Hurd, M.K. Formwork for Concrete, American Concrete Institute, 5th edition,
Detroit, Michigan, 1989.

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CHAPITRE 3

PROPRIÉTÉS DES MATÉRIAUX

3.1 LE BÉTON

Le béton est un matériau dont la résistance à la compression est environ 10 fois celle en
traction. Il s'agit d'un matériau composite formé de granulats (sable, gravier et pierre
concassée) liés par une pâte de ciment portland hydraté. Le béton est caractérisé par les
propriétés indiquées au tableau 3.1.

Tableau 3.1 Caractéristiques du béton

Catégorie Propriété Identification

Compression fc'
Propriétés mécaniques Traction ft'

Module élastique Ec

Fluage εf ou εc
Changements
volumétriques Retrait εr ou εsh
Dilatation thermique αT

Propriété massique Masse volumique γc

3.2 RÉSISTANCE À LA COMPRESSION UNIAXIALE

3.2.1 Mécanisme de rupture

Le mécanisme de rupture du béton est progressif et est dû à une accumulation et une


aggravation de défauts internes causés principalement par la différence entre les rigidités
des constituants (pâte, granulats). En se référant à la figure 3.1, on peut décrire la rupture
progressive du béton comme suit :
42 Calcul des structures en béton armé

• De 0 à 30% σmax , le béton a un comportement quasi linéaire, seules des microfissures


de retrait sont présentes.

• Au-delà de 30 à 40% σmax , des fissures se forment à l'interface entre la pâte et les
granulats. Ces fissures s'allongent de façon stable avec l'augmentation de la charge.

• À 50% σmax , des fissures se forment dans la pâte entre les granulats. On appelle ce
point la limite de discontinuité. Ces fissures sont principalement orientées dans la
direction parallèle à la charge.

• À environ 75% ou 80% σmax , les fissures s'allongent et convergent pour former un
canevas continu. Ce niveau est appelé la limite critique. Au-delà de ce point,
l'ouverture progressive des fissures, due à un effet de poinçonnement des granulats,
provoque une augmentation apparente du volume. Les fissures longitudinales forment
des colonnettes se disloquant les unes des autres.

La limite critique marque aussi le niveau de contrainte pour lequel une contrainte
soutenue entraînera éventuellement la rupture. De plus, des contraintes cycliques à
75% σmax conduisent également à la rupture.

• Entre 75% ou 80% et 100% de la résistance maximale σmax , on observe la formation


de fissures diagonales qui se propagent et qui conduisent à la rupture du béton qui est
caractérisée par une baisse de contrainte et une augmentation des déformations,
phénomène dit adoucissant, comme illustré sur la figure 3.1.

s1
ev = e1 + 2e2
e2 smax e1

0,75 smax

s1

0,50 smax
e1
e2

0,30 smax

s1

etraction ecomp.

Fig. 3.1 Déformation du béton sous chargement uniaxial

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Propriétés des matériaux 43

3.2.2 Résistance ultime

Pour déterminer la résistance à la compression, la norme canadienne A23.23.1 spécifie


l’utilisation de cylindres dont la longueur est le double du diamètre. Des dimensions de 300
× 150 mm pour du béton normal et 200 × 100 pour des bétons à haute résistance sont
usuelles. Le résultat d’un essai est la moyenne des résistances de deux cylindres de 300 ×
150 mm testés au même âge. Pour des cylindres de 200 × 100 mm, la moyenne des résultats
d’essais doit être multipliée par 0.95 car les petits cylindres présentent des résistances plus
grandes que les cylindres de plus grande dimension. La résistance ultime nominale obtenue
d’essais à 28 jours sur cylindres est notée fc'. La résistance d’un grand nombre de cylindres
est très variable comme le montre la répartition de la résistance de 176 spécimens de béton
pour lesquels la résistance nominale était de 20 MPa (Fig. 3.2).

x
30 2s 2s
s s
s = 4,2 MPa
25 où s : écart type
176 essais
Nombre d'essais

20

15

10
Moyenne: 27,2 MPa
Résist. nominale: 20 MPa
5
12 20 28 36 42
Résistance (MPa)

Fig. 3.2 Dispersion obtenue lors d’essais de compression3.2

Comme il a été vu au chapitre 2, plus la variabilité de la résistance est grande, plus la


moyenne des échantillons testés devra excéder la valeur nominale pour s'assurer qu'un
nombre limité d'échantillons ait une résistance inférieure à la résistance nominale.

La norme A23.3 spécifie que la valeur moyenne de 30 essais de résistance consécutifs soit :

f c ≥ f c′ + 1.4 σ pour σ > 3.5 MPa (3.1)


ou
f c ≥ f c′ + ( 2.4 σ − 3.5 ) pour σ ≤ 3.5 MPa (3.2)

Ceci garantit statistiquement que la résistance moyenne de trois essais consécutifs sera
satisfaisante et que le résultat de chaque essai ne sera pas inférieur à la valeur spécifiée
diminuée de 3.5 MPa et ce dans 99% des cas.

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44 Calcul des structures en béton armé

3.2.3 Facteurs modifiant la résistance à la compression

La résistance à la compression est affectée par plusieurs paramètres dont certains sont
spécifiés par l'ingénieur concepteur. Les principaux facteurs sont énumérés au tableau 3.2.

Tableau 3.2 Paramètres affectant la résistance à la compression

Rapport eau/ciment fc' augmente quand e/c diminue

GU – ordinaire
MH – chaleur d'hydratation modérée
Type de ciment HE – résistance à bas âge améliorée
LH – basse chaleur d'hydratation
HS – résistance aux sulfates

La résistance augmente avec l'augmentation de la


Mûrissement durée de la cure humide. Une température de
mûrissement élevée augmente la résistance initiale
mais tend à diminuer la résistance finale.

La résistance augmente avec l'âge :


⎛ ⎞
f c′ (t ) ≈ f c′ (28 ) ⎜
t

⎝ 4+0 .85t ⎠
Âge
⇒ si t = 7 jours , f c′ = 0.70 f c′ ( 28 )

⇒ si t = 10 000 jours , f c′ = 1.18 f c′ ( 28 )

Taux de Normal : 10 με/sec ⇒ fc'


chargement
Très rapide : 20 000 με/sec ⇒ 1.15 fc'

Ajouts Fumée de silice: augmente la résistance

3.3 RÉSISTANCE À LA TRACTION UNIAXIALE

3.3.1 Types d'essais

Il existe trois principaux types d'essais pour déterminer la résistance à la traction du


béton, tel qu'illustré sur la figure 3.3.

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P P

h
s

a a a b
a) Essai de flexion

q = P/L
P C T

L
P
b) Essai brésilien

T T

c) Essai de traction directe

Fig. 3.3 Essais permettant d’obtenir la résistance en traction du béton

a) Essai de flexion

L'essai de flexion (Fig. 3.3a) permet de déterminer de façon indirecte la résistance à la


traction. On fait l'hypothèse que les contraintes se répartissent linéairement. La résistance
obtenue est appelée module de rupture.

σ =M /S (3.3)

S = bh 2 / 6 (3.4)

6M 6 Pa
σ = fr = = (3.5)
bh 2 bh 2

b) Essai brésilien

Avec l'essai brésilien, on applique une force transversale à un cylindre de béton. La


dispersion de cette force crée une force de traction sur un plan parallèle à l'action de cette
force (Fig. 3.3b). Sauf pour les zones près des points d'application de la charge, le béton est
soumis à une force de traction quasi uniforme. La contrainte de traction est donnée par
l’équation suivante, obtenue de la théorie de l’élasticité :

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46 Calcul des structures en béton armé

2P
σ = f sp = (3.6)
π LD

c) Essai de traction directe

L'essai de traction directe (Fig. 3.3c) est le seul qui mesure directement la résistance en
traction du béton. Il est cependant plus difficile à réaliser et donc rarement utilisé.

σ = f t′ = T / A (3.7)

3.3.2 Relation entre les essais

Les trois types d'essais ne donnent pas la même résistance à la traction. On observe
généralement les relations suivantes entre les essais :

f r ≈ 1.5 f sp (3.8)

f t′ ≈ 0.65 f sp (3.9)

f sp ≈ 1.55 f t′ (3.10)

f r ≈ 2.3 f t′ (3.11)

Si on considère que l'essai de traction directe procure la résistance réelle à la traction, on


constate des dernières équations que les deux autres approches tendent à surestimer la
résistance à la traction. Cependant, les règles de calcul utilisant la résistance à la traction
prennent en considération le type d'essai utilisé et sont donc ajustées en conséquence.

3.3.3 Relation entre les résistances en traction et en compression

Des relations empiriques approximatives existent entre la résistance à la traction et la


résistance à la compression. La relation entre la résistance à la traction et la résistance à la
compression ne suit pas une loi linéaire. Les études à ce sujet ont clairement démontré une
relation du deuxième ordre. Les équations 3.10 à 3.12 donnent les expressions couramment
utilisées pour évaluer la résistance à la traction à partir de la résistance à la compression.
Les équations, empiriques, doivent être utilisées avec les bonnes unités, ici en MPa.

f t′ ≈ 0.33 f c′ (3.12)

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f sp ≈ 0.55 f c′ (3.13)

f r ≈ 0.66 f c′ (3.14)

Les relations présentées ici doivent être perçues comme de bonnes approximations qui
peuvent aisément varier de ± 20%.

3.4 RÉSISTANCE AUX CONTRAINTES BIAXIALES ET TRIAXIALES

Le béton soumis à des contraintes biaxiales ou triaxiales présente des comportements


différents du comportement uniaxial. En effet, des contraintes transversales de compression
ralentiront la propagation des fissures parallèles à la contrainte de compression maximale,
augmentant à la fois la résistance et la ductilité du béton. En contrepartie, des contraintes
transversales de traction précipiteront la rupture à une contrainte moindre que lors d’un
essai uniaxial de compression. Ces notions seront utilisées au chapitre 7 lors de la
présentation de la méthode générale pour l'effort tranchant.

3.4.1 Contraintes biaxiales

La figure 3.4 illustre l’enveloppe de rupture du béton soumis à un état de contraintes


biaxiales. Selon la nature de ces contraintes, on observe des comportements différents.

Dans la zone T/T, la résistance en traction dans une direction est peu affectée par la
présence d'un effort de traction dans l'autre direction. On obtient dans ce cas des fissures
orthogonales indépendantes.

Dans la zone T/C, la résistance en traction est réduite lorsque la contrainte de compression
augmente selon l'autre direction. Ceci est dû à la présence de microfissures longitudinales,
causées par les charges de compression, dont l’ouverture est amplifiée par les contraintes de
traction agissant dans la direction transversale. Jusqu'à une contrainte de compression égale
à environ 0.85 fc', la rupture s’apparente à une rupture de traction alors que la nature de la
rupture devient de type compression pour une contrainte de compression au-delà de 0.85
fc'.

Dans la zone C/C, la résistance du béton en compression est augmentée à 1.25 pour
σmax*/*σmin = 2 et à 1.15 pour σmax*/*σmin = 1.0. Cette augmentation est due à la
fermeture des fissures longitudinales par les contraintes agissant dans la direction
perpendiculaire.

Les travaux de Kupfer3.3 dans les années 1960 ont mis en évidence le comportement
biaxial. La relation décrivant l’enveloppe de rupture dans la zone de compression biaxiale a
été proposée quelques années plus tard3.4. La zone de traction-compression, qui caractérise
le comportement en cisaillement du béton comme il sera vu au chapitre 5, est bien décrite
par le modèle proposé à la référence 3.5.

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48 Calcul des structures en béton armé

s1 s1
s1
s2 s2

f¢t

-f¢c f¢t
s2
- 0,85 f¢c T/C
T/T

T/C s1

C/C s2

s1
s2
- 0,85 f¢c

-f¢c
s 1,15 f¢c

s 1,25 f¢c

Fig. 3.4 Enveloppe de rupture sous contraintes biaxiales

3.4.2 Contraintes triaxiales

Le confinement du béton augmente sa résistance en compression σmax ainsi que sa


déformation correspondante comme illustré sur la figure 3.5. Lorsque les trois contraintes
sont égales ( σ H = σ 1 = σ 2 = σ 3 ), on n'observe aucune rupture, alors que pour
σ2 =σ3 ≠σ1 ,
σ 1 max ≈ f c′ + 4.1σ 3 (3.15)

150
25,2

120
s1

s1 90
s1 (MPa)

13,9

60 s3 s3
s3
7,5
s2
3,8 s1
30
s3 = 0 MPa

0
0 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07
e1

Fig. 3.5 Prisme confiné soumis à un effort de compression

Bouzaiene3.5 a proposé un modèle élaboré prédisant le comportement du béton sous

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Propriétés des matériaux 49

chargement triaxial quelconque. Ce modèle non linéaire permet, entre autre, de prédire le
mode, la charge et les déformations à la rupture d’éléments en béton armé ou non armé de
géométrie ou chargement quelconque. Ce modèle a en particulier été utilisé pour prédire le
comportement à la rupture de ponts en béton3.6.

3.5 COURBE CONTRAINTE-DÉFORMATION

3.5.1 Caractéristiques de la courbe contrainte-déformation du béton

Le béton est caractérisé par la non linéarité de la courbe contrainte-déformation (σ-ε), tant
en traction qu'en compression, pour les parties ascendantes comme pour les parties
descendantes, tel que le montre la figure 3.6.

s
f¢c
Ec
1
Eo
1

0,4 f¢c
su

ec eu e
a) Compression
s

f¢t

e
b) Traction

Fig. 3.6 Courbes de résistance du béton

En compression, la courbe est quasi linéaire jusqu'à 30% fc' alors qu'en traction le béton est
presque linéaire jusqu'à 90% ft'. La partie descendante de la courbe est plus prononcée en
traction qu'en compression. En compression, cette partie est plus importante pour du béton
à faible résistance. En effet, plus la résistance du béton est élevée, plus son comportement
est linéaire et fragile, comme illustré sur la figure 3.7.

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50 Calcul des structures en béton armé

80

55

f ¢c (MPa)

30

0,002 0,004 e

Fig. 3.7 Courbes contrainte-déformation en compression

3.5.2 Module élastique

Pour le module élastique, Ec , on utilise le module sécant calculé à 0.4 fc' [8.6.2]. Ainsi, Ec
est environ 10 % inférieur au module initial Eo (Fig. 3.6). Pour un béton de densité normale
dont fc' est compris entre 20 et 40 MPa, on a :

E c = 4500 f c′ (3.16)

Pour du béton dont la résistance est supérieure à 40 MPa, la dernière équation surestime Ec.
Ainsi pour 20 ≤ fc' ≤ 80 MPa, la norme A23.3 propose la relation suivante :

( )
1.5
⎛ γ ⎞
Ec = 3300 f c′ + 6900 ⎜ c ⎟ (3.17)
⎝ 2300 ⎠

Les valeurs données par les deux équations sont égales pour un béton avec fc' de 33 MPa.
Ces équations doivent être utilisées en exprimant fc' en MPa, la valeur obtenue pour Ec
étant également en MPa. La masse volumique, γc , est exprimée en kg/m3.

Le module élastique donné par l’équation 3.17 correspond à la valeur à 28 jours. Or,
comme la résistance du béton évolue avec l’âge, la prise en compte de l'évolution
temporelle est obtenue en utilisant la résistance du béton évaluée avec l’équation présentée
au tableau 3.2.

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Propriétés des matériaux 51

3.5.3 Déformations

La déformation au pic en compression uniaxiale, εc, augmente avec fc' , tel que montré sur
la figure 3.7. Une valeur approximative est donnée par l’équation 3.18 où fc' est exprimé en
MPa :

140 + f c′
εc = ≥ 0.002 (3.18)
80000

La déformation ultime en compression, εu, excède rarement 0.005 ou 5000×10-6 , dénoté


5000 με. Cette valeur est difficile à obtenir expérimentalement. Par contre, on sait qu'elle
décroît avec l'augmentation de fc'. Pour les calculs, la norme canadienne limite cette valeur
à 0.0035 ou 3500 με [10.1.3].

3.5.4 Énergie dissipée en traction

L'énergie dissipée en traction est égale à l'aire sous la courbe σ-ε (Fig. 3.8). Pour du béton
non armé, l'énergie totale dissipée est approximativement égale à 10 fois l'aire sous la
courbe ascendante3.7.
s

Modèle
f ¢t

Réel

et 5et 16et e

Fig. 3.8 Courbes contrainte-déformation en traction

3.5.5 Courbes contrainte-déformation (σ-ε) en compression

Plusieurs chercheurs3.2 ont proposé différentes courbes σ-ε afin de représenter le béton
comprimé (Fig. 3.9). Le choix de l'une ou l'autre dépend de l'utilisation que l'on veut en
faire. Toutefois, bien qu’il soit rare que l’on ait besoin de ces équations pour la conception,
elles s’avèrent très utiles dans les analyses.

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52 Calcul des structures en béton armé

s s

f ¢c f ¢c

0,0015 0,0030 e 0,0020 0,0035 e


Élastique - plastique Parabole - rectangle

s s 2f ²c (e/ec ) s
Linéaire s=
1 + (e/ec)2
f ²c = 0,9f ¢c
f ²c f ¢c
0,15 f ²c

s = f ²c [ 2e e 2
ec - ( ec ) ]
s = f ¢c [ 2 ( ee ) - ( ee )2]
Ec c c

ec 0,0038 e ec eult. e ec e
= 1,8 f ²c /Ec = 1,71 f ¢c /Ec
Hognestad Todeschini Parabole

Fig. 3.9 Courbes contrainte-déformation classiques en compression

La relation proposée par Tsai3.8 représente cependant mieux la gamme des bétons
modernes. On a :
β f c′ x
σ= (3.19)
α
⎛ α ⎞ x
1+ ⎜ β − ⎟x +
⎝ α −1 ⎠ α −1

ε
x= (3.20)
εc

Ec
β= (3.21)
E pic

f′
E pic = c (3.22)
εc

f c′
α= − 1.85 (MPa ) (3.23)
6.68

Le domaine de validité de cette relation est limité par la valeur de α qui doit être supérieure
à 1.0, de sorte que f c′ doit excéder 19.03 MPa. La figure 3.10 illustre diverses courbes
contraintes-déformations représentées par les équations 3.17 à 3.23.

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120

100

80

Contraintes (MPa)
60

40

20

0
0 1000 2000 3000 4000 5000
Déformations (× 106)

Fig. 3.10 Courbes contrainte-déformation du béton de divers béton

3.5.6 Comportement cyclique en compression

Lors de chargements cycliques en compression, la contrainte maximale atteinte ainsi que le


module du béton décroissent au fur et à mesure que le béton est soumis à des chargements
répétés, comme l'illustre la figure 3.11. Des modèles ont été proposés dans la littérature
pour reproduire ces phénomènes 3.9, 3.10.

s Courbe monotonique

Courbe cyclique

Fig. 3.11 Chargements cycliques

3.6 CHANGEMENTS VOLUMÉTRIQUES

Il y a trois principaux types de changements volumétriques qui peuvent affecter le


comportement d'une structure : le retrait, le fluage et l'expansion thermique. De plus,
certains ouvrages existants, construits avec des granulats inadéquats, souffrent également
d’un gonflement dû à une réaction dite alcalis-granulats.

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54 Calcul des structures en béton armé

Le béton est un matériau qui évolue dans le temps, c’est-à-dire qu’il subit des modifications
chimiques et physiques en vieillissant. Certaines caractéristiques mécaniques sont donc
appelées à se modifier au cours des années. Toutefois, ce qui caractérise principalement le
béton vieillissant, c’est qu’il subit du retrait et du fluage tout au cours de sa vie. Les
déformations du béton peuvent être divisées en déformations dépendantes et indépendantes
des contraintes. Les déformations dépendantes des contraintes comprennent les
déformations élastiques et les déformations de fluage tandis que celles qui sont
indépendantes des contraintes comprennent les déformations de retrait et les déformations
thermiques. Parmi ces déformations, celles de fluage et de retrait sont des déformations
différées, c’est-à-dire qu’elles sont fonction du temps.

La déformation totale d’un élément de béton peut donc s’exprimer comme suit :

εt = εe(to) + εf + εr + εth (3.24)

où εt = Déformation totale du béton ;


εe(to) = Déformation élastique instantanée ;
εf = Déformation de fluage ;
εr = Déformation de retrait ;
εth = Déformation thermique.

Les déformations de fluage et de retrait sont considérées ici comme étant totalement
indépendantes alors qu’en réalité, ce n’est pas tout à fait le cas. Cependant, la plupart des
publications sur le sujet procèdent ainsi pour des raisons de simplifications évidentes.

La déformation élastique instantanée est la déformation mécanique qui survient


immédiatement après l’application de la contrainte au temps to. Pour un incrément de
contrainte appliquée au temps t, le changement dans la déformation s’exprime comme suit :

Δσ (t )
Δε e (t ) = (3.25)
Ec (t )

où Δεe(t) = Variation de la déformation élastique au temps t ;


Δσ(t) = Variation de contrainte au temps t ;
Ec(t) = Module d’élasticité du béton au temps t.

De cette équation, on observe que le module d’élasticité du béton est fonction de son âge. Il
augmente très rapidement au début de la cure et ensuite progresse très lentement tout au
long de la vie du béton. La déformation élastique provoquée par un incrément de contrainte
au temps t est donc inférieure à celle causée par ce même incrément mais au temps to (pour
t > to). De plus, si la contrainte est enlevée après un certain intervalle de temps, le
recouvrement sera inférieur à la déformation initiale en fonction de la nouvelle valeur de
Ec.

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Propriétés des matériaux 55

3.6.1 Le retrait

Le retrait est principalement dû à deux causes. Premièrement, une réaction chimique


intrinsèque dans laquelle le produit de réaction occupe un volume moindre que les produits
d'origine provoque une perte de volume. Ce retrait est appelé retrait endogène et se produit
sans échange d'eau avec l'environnement extérieur. La seconde source de retrait,
généralement la contribution dominante, est due à une perte d'eau absorbée du béton avec
son environnement extérieur. Ce retrait est appelé retrait de dessiccation. Le retrait peut
atteindre une valeur de 800 με pour un cylindre exposé à une humidité relative de 40%. Le
retrait augmente lorsque l'humidité relative diminue et varie en fonction du temps (Fig.
3.12) et de la surface exposée. La relation suivante permet d’estimer les déformations dues
au retrait.
ε r (t , t 0 ) = ε r∞ Fvs FHR ( Ft − Ft0 ) (3.26)

où εr ∞ : retrait maximal
Fvs : facteur fonction du rapport Volume/Surface
FHR : facteur fonction de l'humidité relative
Ft : fonction variable avec le temps.

Un grand nombre de lois ou expressions pour ces termes sont proposées dans la littérature
ou adaptées par les normes3.11.

er

er (t, to)

er¥

to t t

Fig. 3.12 Augmentation du retrait en fonction du temps

Le retrait est récupérable en partie si les conditions d'exposition changent. Ainsi, on peut
observer des cycles de retrait et gonflement pour des structures où l'humidité relative varie
dans le temps, comme les barrages en particulier.

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3.6.2 Le fluage

Le fluage survient lorsque le béton est soumis à une charge constante. Les déformations
élastiques instantanées sont suivies de déformations différées dans le temps (Fig. 3.13).

P Df

D
De

De

to t

Fig. 3.13 Déformation à long terme d’un cylindre chargé axialement

Le taux de fluage diminue dans le temps et la déformation de fluage atteint une valeur
limite maximale. Le fluage est influencé par l'humidité relative (augmente si HR diminue),
le rapport volume/surface et par l'intensité de la charge appliquée.

Comme le fluage cause une augmentation des déformations, on le considère dans les
calculs en réduisant le module élastique, appelé module effectif ou module soutenu. Pour
des contraintes inférieures à environ 40% fc', les déformations de fluage sont
proportionnelles aux contraintes :
σ
ε totale = ε e + ε f = [1 + φ (t , t 0 )] (3.27)
E c (t )
E c (t )
Donc, E eff = (3.28)
1 + φ (t , t 0 )

où Ec(t) : Module élastique au temps t


φ (t,t0) : Effet du fluage entre les temps t et t0 .

La valeur de φ peut être calculée à partir des conditions réelles d'humidité, de géométrie,
etc3.11. Dans les normes de calcul, on propose des valeurs simplifiées pour le calcul des
flèches. Ainsi, la norme A23.3 [9.8.2.5] propose les valeurs indiquées au tableau 3.3
calculées par rapport au module élastique à 28 jours.

Pour des structures complexes construites par étapes, il importe de considérer le fluage
selon les conditions réelles.

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Propriétés des matériaux 57

Tableau 3.3 Coefficients de fluage adoptés par la norme A23.3

Durée φ Eeff / Ec(28)

3 mois 1.0 0.50


6 mois 1.2 0.45
12 mois 1.4 0.42
5 ans 2.0 0.33

3.6.3 Dilatation thermique

La dilatation thermique du béton est très variable selon le type de granulats et les extrêmes
se situent entre 6 et 12 με/°C. Règle générale, on assume que αT varie de 8 à 10 με/°C et la
valeur de 10 × 10-6/°C est souvent prise par défaut pour le béton. À titre de comparaison,
αT de l'acier est égal à 12 × 10-6/°C. Cette proximité des modules de dilatation thermique
fait en sorte que l’acier et le béton ont des déformations relativement compatibles lors de
variations thermiques importantes, ce qui constitue un avantage. On a donc la relation
suivante où ΔT est la variation de température :
ε th = α t ΔT (3.29)

3.6.4 Réactivité des granulats

Certains granulats réagissent chimiquement avec les alcalis contenus dans la pâte de
ciment. Cette réaction provoque un gonflement du béton qui s'accentue avec la présence
d'eau et l'augmentation de la température. Des gonflements de 50 με par année ont déjà été
observés sur certains barrages. À titre d'exemple, le barrage de Beauharnois s'élève de
2*mm par année alors que celui de La Tuque s'élève de 1 mm par an. Pour les structures
nouvelles où l'expansion volumétrique est néfaste, on doit s'assurer d'avoir des granulats
non réactifs.

3.6.5 Modèle du ACI 1992

Parmi les nombreuses méthodes proposées dans les normes, une étude récente3.11 conclut
que la méthode du ACI3.12 semble tout à fait appropriée pour prédire les déformations
différées sur les structures réelles. Les équations permettant de déterminer les coefficients
de fluage et de retrait à partir des recommandations de cette norme sont présentées ici.
Notons que la Code canadien sur le calcul des ponts routiers3.13 recommande un calcul des
déformations issues du retrait et du fluage à partir du modèle du CEB-FIP-19903.14, à
l'exception du calcul du module élastique. Les détails de ce modèle sont présentés à la
référence 3.11.

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58 Calcul des structures en béton armé

a) Coefficient de fluage

Cette méthode utilise le coefficient de fluage φ (t,to) en fonction de la déformation élastique


au moment de l'application de la charge, calculé comme suit :

(t − t o ) 0.6
φ (t , to ) = φ (∞) ⋅ (3.30)
10 + (t − to ) 0.6

φ(∞) = Coefficient de fluage ultime ;


t = Âge du béton au moment considéré (jours) ;
to = Âge du béton au moment de la mise en charge (jours).

Le coefficient de fluage ultime s’évalue comme suit :

φ (∞) = 2.35 ⋅ γ c (3.31)

où, γc est égal à 1, pour les conditions de références standardisées. Si les conditions réelles
diffèrent des conditions de références, γc devient la multiplication de différents coefficients
représentant les facteurs affectant le fluage. Toutefois, si un facteur particulier correspond à
la condition de référence standardisée, la valeur du coefficient correspondant sera prise
égale à 1. Le coefficient γc s'évalue comme suit :

γ c = γ la ⋅ γ RH ⋅ γ h ⋅ γ s ⋅ γ ψ ⋅ γ η (3.32)


γla = Coefficient pour l’âge du béton au chargement ;
γRH = Coefficient pour l’humidité relative ambiante ;
γh = Coefficient pour l’épaisseur moyenne ou pour le ratio volume/surface ;
γs = Coefficient pour l’affaissement ;
γΨ = Coefficient pour le pourcentage de granulats fins ;
γη = Coefficient pour la quantité d’air entraîné.

Pour un béton chargé à un âge plus grand que 7 jours pour une cure humide ou plus grand
que 3 jours pour une cure vapeur, le coefficient γla, qui tient compte de l’âge au
chargement, doit être évalué comme suit :

pour une cure humide : γla = 1.25⋅(to)-0.118 (3.33)

pour une cure vapeur : γla = 1.13⋅(to)-0.094 (3.34)

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Propriétés des matériaux 59

Lorsque l’humidité relative du milieu ambiant diffère de 40%, le coefficient γRH qui tient
compte de l’humidité relative (RH) doit être déterminé comme suit :

γRH = 1.27 – 0.0067⋅RH pour RH > 40% (3.35)

Dans le cas où le ratio volume de béton sur la surface exposée (V/S) diffère de 38 mm, le
coefficient γh doit être calculé avec l'équation suivante :

2
3
[
γ h = ⋅ 1 + 1.13 ⋅ e (− 0.0213⋅V / S ) ] (3.36)

Les coefficients γs, γΨ et γη tiennent compte de la composition du mélange de béton. Pour


un affaissement (s) différent de 70 mm (sans superplastifiant), pour un pourcentage de
granulats fins (Ψ) différent de 50% ou pour un pourcentage d’air entraîné (η) supérieur à
6%, ces coefficients sont déterminés comme suit :

γ s = 0.82 + 0.00264 ⋅ s (3.37)

γ ψ = 0.88 + 0.0024 ⋅ψ (3.38)

γ η = 0.46 + 0.09 ⋅η ≥ 1 (3.39)

b) Retrait

La déformation de retrait (εsh(t,tsh,o)) mesurée depuis le début du séchage (tsh,o) s’exprime


comme suit :

• après 7 jours de cure humide :


(t − tsh,o )
ε sh (t , tsh,o ) = ε sh (∞) ⋅ (με) (3.40)
35 + (t − tsh,o )

• après 1-3 jours de cure vapeur :


(t − tsh,o )
ε sh (t , tsh,o ) = ε sh (∞) ⋅ (με) (3.41)
55 + (t − tsh,o )


εsh(∞) = Coefficient de retrait ultime ;
t = Âge du béton au moment considéré (jours) ;
tsh,o = Âge du béton au début du séchage (jours).

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60 Calcul des structures en béton armé

Le coefficient de retrait ultime peut être obtenu comme suit :

ε sh (∞) = −780 ⋅ γ sh (3.42)

où, γsh est égal à 1, pour les conditions de référence standardisées.

Comme dans le cas du fluage, si les conditions réelles diffèrent des conditions de référence,
γsh devient la multiplication de différents coefficients représentant les facteurs affectant le
retrait et si un facteur particulier correspond à la condition de référence, la valeur du
coefficient correspondant sera prise égale à 1. Les coefficients considérés sont les mêmes
que ceux du fluage avec, en plus, un coefficient tenant compte de la quantité de ciment
(γC). Évidemment, le coefficient qui tient compte de l’âge au chargement ne s’applique pas
dans ce cas-ci. Le coefficient γsh s'évalue comme suit :

γ sh = γ RH ⋅ γ h ⋅ γ s ⋅ γ ψ ⋅ γ η ⋅ γ C (3.43)

Lorsque l’humidité relative du milieu ambiant diffère de 40%, le coefficient γRH qui tient
compte de l’humidité relative (RH) doit être déterminé comme suit :

• pour 40% ≤ RH ≤ 80% :


γRH = 1.4 – 0.01⋅RH (3.44)

• pour 80% < RH ≤ 100% :


γRH = 3 – 0.03⋅RH (3.45)

Pour un ratio V/S du volume de béton sur la surface exposée différent de 38 mm, le
coefficient γh doit être calculé tout comme pour le fluage. On a :

γ h = 1.2 ⋅ e(−0.00472⋅V / S ) (3.46)

Les coefficients γs, γΨ, γη et γC tiennent compte de la composition du mélange de béton.


Pour un affaissement (s) différent de 70 mm (sans superplastifiant), pour un pourcentage de
granulats fins (Ψ) différent de 50%, pour un pourcentage d’air entraîné (η) supérieur à 6%
ou pour une quantité de ciment (C) ≤ 279 kg/m³ ou ≥ 445 kg/m³, ces coefficients sont
déterminés comme suit :
γ s = 0.89 + 0.00161 ⋅ s (3.47)

Pour Ψ ≤ 50% :
γΨ = 0.3 + 0.014⋅Ψ (3.48)

Pour Ψ > 50% :


γΨ = 0.9 + 0.002⋅Ψ (3.49)

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Propriétés des matériaux 61

γ η = 0.95 + 0.008 ⋅η (3.50)

γ C = 0.75 + 0.00061 ⋅ C ≥ 1 (3.51)

3.7 ACIERS D'ARMATURE

3.7.1 Types d'aciers d'armature

Les aciers d'armature sont faits à partir de lingots ou billettes chauffés, ou par étirement à
froid pour les fils. L'acier peut provenir de billettes, lingots ou d'acier de rails. Dans les
conceptions courantes, on a besoin d'une ductilité suffisante ce qui requiert que l'acier se
déforme de façon plastique au-delà de la limite élastique. Il est possible d'utiliser des treillis
soudés, surtout pour les dalles sur sol. Le tableau 3.4 énumère les normes CSA associées
aux aciers d'armature.

Tableau 3.4 Normes sur les aciers d’armature

G30.3 Fil d'acier étiré à froid (acier lisse)


G30.5 Treillis d'acier à mailles soudées (acier lisse)
G30.14 Fil d'acier crénelé
G30.15 Treillis d'acier crénelé à mailles soudées
G30.18 Barres d'acier en billettes

3.7.2 Nuances d'acier d'armature

Les courbes contrainte-déformation des aciers les plus courants sont illustrées sur la figure
3.14.

La nuance la plus utilisée au Canada pour les barres d'armature est de 400 MPa
(fy = 400 MPa). On peut aussi trouver des nuances 300 et 350 MPa pour les barres
crénelées. Les fils formés à froid ont une résistance supérieure aux barres crénelées mais
ont une ductilité moindre. En béton précontraint, on utilise des barres crénelées ou des
câbles dont la résistance est beaucoup plus grande que celle de l'acier d'armature courant.

3.7.3 Diamètres et identification des barres d'armature

Huit diamètres de barres crénelées sont couramment disponibles au Canada. Les


caractéristiques de ces barres normalisées sont données au tableau 3.5. La figure 3.15
illustre l’identification des barres selon leurs caractéristiques.

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62 Calcul des structures en béton armé

2000

Fil de précontrainte
1600

1400

1200
Barre de précontrainte

MPA
1000

800
Fil formé à froid
600 Barre crénelée 400

Barre crénelée 400W


400
Nuance courante
200
Es = 200 000 MPa
0
2000 e

Fig. 3.14 Nuances courantes

Tableau 3.5 Aciers d’armature métriques utilisés au Canada

Dimensions
Masse
Nomenclature
linéique Diamètre Aire de la Périmètre
des barres
kg/m théorique section (mm)
(mm) (mm2)
10M ou No 10 0.785 11.3 100 35.5
15M ou No 15 1.570 16.0 200 50.1
20M ou No 20 2.355 19.5 300 61.3
25M ou No 25 3.925 25.2 500 79.2
30M ou No 30 5.495 29.9 700 93.9
35M ou No 35 7.850 35.7 1000 112.2
45M ou No 45 11.775 43.7 1500 137.3
55M ou No 55 19.625 56.4 2500 177.2

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Propriétés des matériaux 63

X X ORDRE
2 2
0 0 Identification de l'usine sur toutes les nuances
Nomenclature sur toutes les nuances
4
0 Espace si la nuance est en chiffres
0 Nuance alternatives permises

Nuances 300 et 360


Chiffre non exigé mais peut être employé
Nuance 400
X X X Soit le chiffre 400 ou une ligne décalée
X
2 2 2 Couvrant au moins cinq espaces
0 0 0
20 Nuance 400 Soudable
W
4 W
La lettre W entre l'espace et la nuance ou dans l'espace
0 4 Variations possibles
400
0 0
Pour obtenir une clarté des symboles sur toutes les
0
grosseurs et pour s'adapter à une variété de techniques
de laminage, il est de pratique courante pour les
aciéries de modifier le symbole de la grosseur ou
l'orientation tout en conservant l'ordre établi.
Note : Les marques d'identification apparaissent à
intervalles de 1 à 1.5 mètre sur la barre.

Fig. 3.15 Identification des aciers d’armature

3.7.4 Protection des barres

Les barres d'armature sont attaquées par les agents corrosifs, particulièrement pour les
ouvrages d’art (ponts, parapets, quais). Les détériorations observées sur les structures
exposées ont amené différents moyens de protection : le recouvrement à l'époxy (matériau
non corrosif); la galvanisation (zinc); la protection cathodique (courant galvanique).
Certains fabricants offrent également des barres de matériaux composites comme le fibre de
verre. Ces types de barres ne sont cependant pas encore acceptés par les normes.

3.8 BÉTON RENFORCÉ DE FIBRES

L'absence de résistance post-pic en traction fait du béton un matériau fragile. Cette lacune
peut être compensée en lui ajoutant des fibres au béton qui procurent au béton une certaine
ductilité en traction. Les fibres existent dans une grande variété de matériaux (acier, fonte,
polypropylène, verre, carbone, etc.) et de géométries (0.1 à 100 mm de longueur, de 0.01 à
2 mm de diamètre par exemple). Pour un type de fibre donné, les propriétés du béton

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64 Calcul des structures en béton armé

renforcé de fibres (BRF) varient selon le dosage: la résistance post-fissuration croît avec
l'augmentation du dosage en fibres et la ductilité (dissipation d'énergie) en est augmentée3.15
(Fig. 3.16). Pour des dosages usuels (inférieurs à 2% par volume environ pour les fibres
d'acier) la résistance en traction est peu influencée par l'ajout de fibres alors que la
résistance post-fissuration est grandement améliorée.

s
Volume de fibres

3%

2%

1%

0%
e

Fig. 3.16 Résistance de bétons renforcés de fibres d'acier

Les fibres d'acier ont un module élastique élevé qui les rendent efficaces dès la fissuration
du béton. Elles sont donc appropriées pour le contrôle de la fissuration tout en étant
efficaces pour des ouvertures de fissures de l'ordre de 1 à 2 mm. Au delà de cette limite les
fibres d'acier perdent de leur efficacité. À l'opposé les fibres synthétiques ont un module
élastique faible (de l'ordre de 3000 MPa pour des fibres de polypropylène) ce qui limite leur
efficacité pour le contrôle des fissures, sauf pour le béton au très jeune âge en début de
prise qui présente un module élastique plus faible que celui des fibres. Dans cette phase les
fibres synthétiques peuvent servir à contrôler la fissuration du béton plastique. Pour les
applications où l'ouverture des fissures est moins problématique, l'utilisation de fibres
synthétiques peut s'avérer approprié.

Selon les applications et le type de fibres utilisé, les fibres peuvent remplacer de façon
avantageuse, en totalité ou en partie, les aciers d’armatures conventionnels. On trouve
comme application les dalles sur sol, les dalles de ponts3.16, les voussoirs de tunnels, les
tuyaux, etc. On utilise également les fibres dans le béton projeté afin d'améliorer ses
caractéristiques mécaniques. Des études récentes3.17 ont démontré que les fibres améliorent
le comportement des joints de cadres rigides soumis à des charges cycliques (tremblements
de terre). Le BRF nécessite une bonne compréhension de l’action des fibres dans le béton
durci et certaines précautions dans l’élaboration du mélange afin qu’il conserve une
maniabilité adéquate3.18.

Il est maintenant possible de considérer les fibres dans les calculs en adoptant des
hypothèses similaires à celles utilisées dans les éléments en béton armé. La propriété
fondamentale la plus utile dans ce cas est la résistance en traction directe3.19 du BRF en
fonction de l'ouverture des fissures. Le type d'essai et les résultats obtenus sont illustrés sur

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Utilisation restreinte à l'enseignement du cours GCI-2004 Université Laval
Propriétés des matériaux 65

la figure 3.17.
P s

f¢t

a) Traction directe sur une b) Résistance en traction directe


carotte entaillée

Fig. 3.17 Essai de traction directe sur carotte entaillée pour le BRF

RÉFÉRENCES

3.1 Association Canadienne de Normalisation. Essais concernant le béton, CAN/CSA-


A23.2-04, Rexdale, Ontario, 2004.

3.2 Wight, J. and MacGregor, J.G. Reinforced Concrete – Mechanics and Design,
Prentice-Hall, 2009.

3.3 Kupfer, H., Hilsdorf, H.K. and Rusch, H. Behaviour of concrete under biaxial
stresses, American Concrete Institute Journal, Vol. 66, No. 8, 1969, pp. 656-666.

3.4 Kupfer, H.B. and Gerstle, K.H. Behaviour of concrete under biaxial stresses,
Journal of the Engineering Mechanics Division, ASCE, Vol. 99, No. EM4, 1973, pp.
853-866.

3.5 Bouzaiene, A. and Massicotte, B. Hypoelastic tridimensional model for non


proportional loading of plain concrete, ASCE Journal of Engineering Mechanics,
Vol. 123, No. 11, 1997, pp. 1111-1120.

3.6 Bouzaiene, A. and Massicotte, B. Nonlinear finite element analysis of R/C bridges,
Proceeding of the Annual Conference of the Canadian Society for Civil Engineering,
Sherbrooke, May 1977, Vol. 7, 1997, pp. 301-310.

3.7 Massicotte, B., Elwi, A.E. and MacGregor, J.-G. Analysis of reinforced concrete
panels loaded axially and transversely. Report No 161, Department of Civil
Engineering, University of Alberta.

3.8 Tsai, W.T. Uniaxial compressional stress strain relation of concrete, Journal of
Structural Engineering, Vol. 114, No. 9, 1988, pp. 2133-2136.

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Utilisation restreinte à l'enseignement du cours GCI-2004 Université Laval
66 Calcul des structures en béton armé

3.9 Darwin, D. and Pecknold, D.A. Nonlinear biaxial stress-strain law for concrete,
Journal of the Engineering Mechanical Division, ASCE, Vol. 103, No. EM2, 1977,
pp. 229-241.

3.10 Yankelevsky, D.Z. and Reinhardt, H.W. Response of plain concerte to cyclic
tension, American Concrete Institute Materials Journal, Vol. 84, No. 5, 1987, pp.
365-373.

3.11 Michaud, M.-C., Massicotte, B. et Bastien, J. Déformations différées des ponts faits
de poutres préfabriquées en béton précontraint avec dalle coulée en place, Rapport
No EPM/GSC - 1998 – 04, École Polytechnique de Montréal, 1998.

3.12 ACI Committee 209. Prediction of Creep, Shrinkage and Temperature Effects in
Concrete Structures, ACI Manual of Concrete Practice, Detroit, 1992, pp. 209R-1-
209R-47.

3.13 Association Canadienne de Normalisation. Code canadien sur le calcul des ponts
routiers, CAN/CSA-S6-06, Mississauga, Ontario, 2006.

3.14 CEB-FIP. Code modèle CEB-FIP pour les structures en béton. Recommandations
Internationales CEB-FIP, Paris, 1990.

3.15 Rossi, P. Les bétons de fibres métalliques. Presses de l’École Nationale des Ponts
et Chaussées, Paris, 1998, 309 p.

3.16 Massicotte, B., Bélanger, A. and Moffatt, K. Analysis and design of SFRC bridge
decks. Proceeding of the Fifth RILEM Symposium of Fibrer-Reinforced Concrete,
Lyon, France, Septembre 13-15 2000, pp. 263-272.

3.17 Filiatrault, A. and Massicotte, B. Steel fiber reinforced concrete as a potential


material for earthquake resisting structures, tiré de Fiber Reinforced Concrete-
Present and Future. Banthia, N., Bentur, A. and Mufti, A., C.S.C.E., 1998, pp 159-
187.

3.18 Massicotte, B., Degrange, G., Bélanger, A., Moffatt, K. et Fragapane, L. Utilisation
de béton haute performance avec fibres d’acier dans les dalles de pont en vue
d’accroître leur durabilité, Phase 2 – 1998. École Polytechnique de Montréal,
Département des Génies civil, géologique et des mines. Rapport no EMP/CGS-
1999-06.

3.19 RILEM. RILEM TC 162-TDF - Tests and design methods for steel fibre reinforced
concrete: Uni-axial tension test for steel fibre reinforced concrete. Materials and
Structures, 2001, Vol. 34, pp.3-6.

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CHAPITRE 4

RÉSISTANCE À LA FLEXION

4.1 PRINCIPES DE BASE ET HYPOTHÈSES

La présente section présente les concepts généraux décrivant le comportement des poutres
en béton. Ces principes seront repris dans les sections subséquentes, exprimés en fonction
des prescriptions de la norme.

Le béton est un matériau peu résistant et relativement fragile en traction. Il tend donc à se
fissurer sous l'effet des charges. L'acier d'armature ajouté au béton prend la relève de celui-
ci en traction une fois qu'il est fissuré et permet aux éléments fléchis d'avoir un
comportement ductile.

4.1.1 Comportement des éléments fléchis

Le comportement d'une poutre en béton armé varie selon le stade de chargement. On peut
le subdiviser en trois étapes, comme illustré sur la figure 4.1.

1. Comportement élastique avant fissuration. Ce stade existe entre 0 < M < 15% Mult
environ. Dans ce cas, on peut écrire : σ = Eε et σ = M ⋅ y/I . Cette relation est valide
jusqu’à ce que la fissuration soit initiée à la fibre tendue, soit pour M = Mcr.

2. Après la fissuration du béton, l'acier d'armature reprend les efforts de traction alors que
le béton est comprimé. La relation σ = M⋅ y/I n'est plus applicable car la section n'est
plus homogène. En effet l’expression σc = Ecε pour le béton n'est plus valide car le
béton a un comportement non linéaire au-delà de 40% fc'. Par contre, l'acier demeure
élastique et l’équation σs = Esε demeure valide. Cet état est celui retrouvé en service où
15%aMulta<aMa< 95%aMult environ.

3. À l'ultime, l'acier se plastifie et on atteint la capacité maximale théorique de la poutre


égale à My. La contrainte dans l'acier demeure constante : σs = fy. Après la
plastification, le moment augmente très légèrement dû à la variation du point
d’application de la résultante en compression et de l’écrouissage de l’acier jusqu'à ce
que le béton éclate en compression, à M = Mult.
68 Calcul des structures en béton armé

ss

M
fy
A.N.E.
ss < fy
ye
Béton
As
Acier es
y e s

a) Comportement élastique : ye < ycr

ss
A.N. Béton
M
ys fy
es < ey ss < fy

Acier es
e s

b) Comportement fissuré en service : ycr < ys < yy

ss
A.N. Béton
M
yp fy
es < ey ss = fy

Acier es
e s

c) Comportement à la rupture : yy < yp < yu

Fig. 4.1 Comportement d’une poutre en béton armé

Le long d'une poutre, le moment est variable. Certaines portions de la poutre où M = Mmax
subissent les 3 stades précédents. D'autres, où M < Mmax, n'atteindront pas le troisième
stade alors que certaines ne se fissureront pas.

Pour une section soumise à un moment croissant jusqu’à sa valeur maximale, on observe la
relation moment-courbure présentée à la figure 4.2. À partir de l'instant où l'acier
d'armature se plastifie, la section subit des grandes rotations ce qui engendre une
augmentation rapide des flèches avant la rupture. C'est ce qu'on nomme la ductilité en
flexion.

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Résistance à la flexion 69

M
Mult. Rupture
My
Plastification
de l'armature

Service y M
M
EIg e
1 EIcr
y
1
y = e/y
Mcr Fissuration

ycr ys yy yp yu
y : courbure (mm-1)

Fig. 4.2 Courbe moment-courbure d’une poutre fléchie

4.1.2 Hypothèses et notation

Trois hypothèses principales, illustrées sur la figure 4.3, sont adoptées dans le calcul des
poutres en béton armé :

1- Les sections planes restent planes. Cela signifie que ε = ψ⋅y pour toutes les fibres et
que εc = εs à une même fibre [10.1.2]. Ceci s’applique peu importe le stade de
chargement, que les matériaux soient linéaires ou plastifiés.

2- L'acier possède une limite élastique et un plateau plastique bien définis. La


déformation à la rupture est nettement supérieure à la déformation à la plastification
(εult » εy). On utilise donc σs = fy dans les calculs à l’ultime.

3- Le béton, à la rupture en compression, a une déformation maximale de 0.0035 ou


3500 με [10.1.3] et la résistance à la traction du béton est négligée.

À l'état limite ultime la résistance des matériaux est réduite selon l'approche probabiliste
décrite au chapitre 2. On utilise les coefficients de tenue suivants [8.4.2 et 8.4.3] : pour
l'acier φs = 0.85 alors que pour le béton φc = 0.65.

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70 Calcul des structures en béton armé

e linéaire même si
s est non linéaire
e s
a) Hypothèse des sections planes

s Réel

fy

Adopté

ey eult. e
b) Contraintes dans l'acier

s
f¢c Réel

a1f ¢c

Adopté

0,0035 e
c) Contraintes dans le béton

Fig. 4.3 Hypothèses adoptées dans le calcul de poutres en béton armé

La notation pour déterminer les dimensions des poutres en béton est illustrée sur la figure
4.4. L'aire de l'armature tendue est dénotée As alors que la position du centre de gravité des
aciers tendus par rapport à la fibre comprimée est identifiée par la variable d. De manière
similaire l'aire et la position des armatures près de la fibre comprimée sont respectivement
dénotés A's et d'. Pour les poutres en T, la largeur de la section du côté inférieur est égale à
b ou bw alors que la largeur de la semelle du côté supérieur de la poutre en T est dénotée bf .

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Résistance à la flexion 71

b ou bf

A ¢s d¢
M M
d
h

As

b ou bw
Vue en élévation Vue en coupe
a) Poutre soumis à un moment positif
bf

As

h
d
M M
A ¢s d¢

b
Vue en élévation Vue en coupe
b) Poutre soumis à un moment négatif

Fig. 4.4 Notation adoptée dans le calcul de poutres en béton armé

4.1.3 Comportement avant fissuration et moment de fissuration en flexion

Tant que la contrainte de traction dans le béton n'a pas atteint la résistance de celui-ci, les
contraintes se calculent en appliquant les relations de la résistance des matériaux. D'une
manière rigoureuse l'inertie transformée de la section devrait être utilisée. Toutefois, il est
de pratique courante d'utiliser l'inertie brute de la section (Ig) pour déterminer les
contraintes avant la fissuration, la différence entre les deux valeurs étant généralement
petite avant la fissuration. Pour le béton et l'armature (figure 4.5) les contraintes sont
données par les relations suivantes applicables aux sections de forme quelconque fléchies
selon l'un de leurs axes principaux :

M y
fc = σ c = (4.1)
Ig

M ys
fs = σ s = n (4.2)
Ig

E
où: n= s (4.3)
Ec

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72 Calcul des structures en béton armé

Béton comprimé f¢c Béton comprimé Béton tendu

A.N.
sbéton sbéton
C.G.
A.N.
d
h
ys sacier
ys
As sacier yt

Béton tendu b Béton fissuré

Avant la fissuration Après la fissuration

Fig. 4.5 Comportement pré- et post-fissuration

La résistance en traction du béton adoptée par la norme est le module de rupture obtenu
d'un essai de flexion (voir section 3.1). La valeur retenue par la norme A23.3 est [8.6.4] :

f r = 0.6λ fc' (4.4)

Lorsque le béton en traction atteint cette valeur la fissuration est initiée. Le moment
correspondant à l'initiation de la fissuration (Mcr) est égal à :

fr I g
M cr = (4.5)
yt

Le béton étant fragile, la fissuration se propage instantanément si le moment appliqué sur la


pièce demeure constant. La propagation de la fissure arrête lors que les efforts soutenus par
le béton tendu avant la fissuration sont transférés à l'acier d'armature, comme illustré sur la
figure 4.5. Pour calculer les efforts induits dans l'armature lors de la fissuration, il faut
déterminer les propriétés des sections fissurées.

4.1.4 Calcul de l'inertie fissurée

Le principe de calcul est celui de l'aire transformée en équivalent de béton. Pour un rapport
des modules élastiques n = Es Ec , on transforme l'aire de l'acier en équivalent de béton.
Pour l'acier situé dans la zone fissurée, on a :

Ast = n As (4.6)

alors que pour l'acier situé dans le béton non fissuré, il faut retrancher la partie de béton
occupée par l'acier de sorte que :

′ = (n − 1) As′
Ast (4.7)
La section effective avant et après fissuration est montrée sur la figure 4.6 pour une section

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Résistance à la flexion 73

rectangulaire et la figure 4.7 pour une section en T. Les paramètres géométriques d'une
section fissurée avec armature comprimée et les diverses relations applicables aux poutres
rectangulaires sont donnés au tableau 4.1. Ces relations expriment l'inertie par rapport à
l'axe neutre fissuré pour une section où la somme des forces est nulle. Les relations pour
l'inertie fissurée d'une poutre en T sans acier comprimé sont données au tableau 4.2.

Le calcul des contraintes dans l'acier et le béton est fait en utilisant l'équation de la
résistance des matériaux pour un comportement linéaire. Pour l'acier, il faut cependant
multiplier la contrainte par le rapport des modules (n) car celles-ci ont été trouvées en
équivalent de béton :

M ⋅ yc M ⋅ ccr
fc = = (4.8)
I cr I cr

M ⋅ ys M ⋅ ( d − ccr )
fs = n =n (4.9)
I cr I cr

où ys = d − ccr (4.10)

Pour le béton, il faut s'assurer que le comportement est encore assimilable à un


comportement de matériau linéaire élastique. Ceci est vrai pour une contrainte n'excédant
pas environ 0.5 f c′ .

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74 Calcul des structures en béton armé

Tableau 4.1 Calcul des propriétés fissurées d'une poutre rectangulaire


avec ou sans armature comprimée

Paramètre Équation

Inertie brute 1 3
Ig = bh
12
fr I g h
Moment de fissuration M cr = où yt = et f r = 0.6λ f c′
yt 2

1 3 2dB + 1 − 1
Inertie fissurée sans I cr = b ccr + n As (d − ccr ) 2 où ccr =
acier comprimé 3 B

1 3
I cr = b ccr + n As ( d − ccr ) 2 + ( n − 1) As′ ( d '− ccr ) 2
3
Inertie fissurée avec
acier comprimé ⎛ rd ′ ⎞ 2
2dB ⎜ 1 + ⎟ + (1 + r ) − (1 + r )
où ⎝ d ⎠
ccr =
B

Paramètres b et (n − 1)As′
B= r=
géométriques n As n As

b (n - 1) A¢s b
s s

A¢s ccr
A.N.
h/2

d
A.N.
h
c.g.
ys

yt n As

As

fr fs /n

Fig. 4.6 Section effective d’une poutre rectangulaire

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Résistance à la flexion 75

Tableau 4.2 Calcul des propriétés fissurées d'une poutre en T sans armature comprimée

Paramètre (1)
Équation

Inertie brute I g : voir résistance des matériaux

Centre de gravité yt : voir résistance des matériaux

fr I g
Moment de fissuration M cr = où f r = 0.6λ f c′
yt

( b − bw ) h3f 3
bwccr
I cr = + + ...
12 3
2
⎛ hf ⎞
Inertie fissurée sans ...+ ( b − bw ) h f ⎜ ccr − ⎟ + nAs (d − ccr )
2
acier comprimé ⎝ 2 ⎠

où ccr =
( )
C 2d + h f + (1 + f ) − (1 + f )
2
> hf
C

bw h f (b − bw )
Paramètres C= et f =
géométriques n As n As
(1): Applicable seulement dans le cas où ccr > hf

b
Œ σ
ccr
A.N.

A.N.
d d
c.g.
n As ys
yt
As
fs /n
bw fr
a) Avant fissuration b) Après fissuration

Fig. 4.7 Paramètres géométriques d’une section fissurée en T

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76 Calcul des structures en béton armé

4.1.5 Non fragilité à la fissuration

Lorsque la fissuration survient il est nécessaire que la résistance de la poutre fissurée soit
supérieure à sa résistance avant la fissuration. Afin de garantir la non fragilité des éléments
fléchis lorsque survient la fissuration, la norme exige que l'armature soit présente en
quantité suffisante pour être en mesure de reprendre l'effort de flexion Mcr majoré de 20%.
La majoration prend en considération que la résistance à la fissuration peut être supérieure
à celle assumée dans le calcul. Ainsi l'exigence de la norme à l'égard de la non fragilité à la
fissuration est donnée par [10.5.1.1] :

M r ≥ 1.2 M cr (4.11)

Lors de la fissuration, le béton est assumé avoir un comportement linéaire élastique et les
équations de la résistance des matériaux sont applicables. Ainsi, l'armature minimale
correspondant au critère énoncé plus haut est obtenue en égalant la force de compression
dans le béton à la force de traction dans les armatures lorsque celles-ci atteignent la
plastification pour un moment égal à 1.2 Mcr :

Ccr = ∫ σ c dA = φs As min f y (4.12)


Ac

Pour une section rectangulaire la résultante des forces de compression dans le béton est :

1.2 M cr ccr b ccr


Ccr =
I cr 2

ce qui donne :
0.6 M cr 2
As min = b ccr (4.13)
φs f y I cr

Pour une section en T la somme des forces dans le béton en compression est :

2
1.2 M cr ⎡ ccr + (ccr − h f ) ⎤ 1.2 M cr bwccr
Ccr = C f + Cw = ⎢ (
⎥ fb − b )
w fh +
I cr ⎣ 2 ⎦ I cr 2

ce qui conduit à :
0.6 M cr ⎡
As min = b c 2 + (b f − bw )(2ccr − h f )h f ⎤ (4.14)
φs f y I cr ⎣ w cr ⎦

Pour des sections autres que rectangulaires ou en T les mêmes principes d'équilibre
s'appliquent.

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Résistance à la flexion 77

La solution des équations 4.13 et 4.14 n'est pas directe car la connaissance de l'armature est
requise pour calculer Icr. L'utilisation d'un outil de résolution informatisé s'avère donc
nécessaire. Ceci n'est toutefois généralement pas requis en pratique. En effet, l'armature
dans les éléments structuraux courants excède habituellement largement l'armature
minimale et cette vérification, quoique nécessaire, n'est généralement pas critique. Ainsi il
est recommandé d'utiliser l'armature réelle des éléments pour le calcul de Icr pour vérifier
par la suite le critère de non fragilité. Dans l'éventualité où rencontrer ce critère s'avère
critique, il sera alors possible d'utiliser des outils de calculs numériques.

Il est également possible de déterminer une valeur approchée de l'armature minimale en


faisant une hypothèse simplificatrice pour la résistance de la poutre après la fissuration. En
assumant que le bras de levier interne entre la force de traction dans l'armature et la force
de compression dans le béton est égal à 0.7h, le moment soutenu par la poutre après la
fissuration devient égal à :

M r = φs As f y × 0.7 h (4.15)

ce qui donne pour une poutre rectangulaire :

bh 2
M r = φs As f y × 0.7h ≥ 1.2 × 0.6λ fc' × (4.16)
6

En prenant φs = 0.85 et λ = 1.0, on trouve :

0.20 f c′ bh
As min = (4.17)
fy

La norme A23.3 [10.5.1.2] propose l'équation suivante afin de déterminer l'armature


minimale pour tous les éléments fléchis à l'exception des dalles et semelles :

0.20 fc′ bt h
As min = (4.18)
fy

où bt est la largeur de la section à la fibre tendue où se produit la fissuration. Cette équation


donne des valeurs qui sont supérieures à celles obtenues d'un calcul exact et s'avère ainsi
suffisante dans les conditions usuelles.

4.1.6 Contribution du béton à l'ultime

Le béton possède une courbe σ-ε non linéaire. Afin de simplifier les calculs, on utilise une
répartition de contraintes constante appelée bloc de contraintes équivalent illustré sur la
figure 4.8. La forme et l'amplitude des contraintes du bloc équivalent ont été obtenues par

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calibrage de sorte que la force équivalente du bloc soit égale à la force de compression
réelle et que les résultantes de ces forces soient à la même position, comme montré sur la
figure 4.8.

0,0035 s = f ¢c a1 f ¢c

Créel Céq.
a
c

Axe neutre
d
Négligeable

ss = fy ss = fy

e sréel séquivalent

Fig. 4.8 Bloc de contraintes équivalent

La forme des diagrammes σ-ε change avec la résistance du béton, amenant une
modification du centre de gravité du diagramme de contraintes. La forme de la courbe σ-ε
tend vers un triangle pour du béton à haute résistance alors qu’elle s’apparente à un
rectangle pour du béton moins résistant (Fig. 4.9).

s s
80 MPa

20 MPa

0,0035 e 0,0035 e

Fig. 4.9 Courbes de contraintes-déformation d’un béton


haute performance et d’un béton faible

Les règles adoptées [10.1.7] font en sorte que la somme des forces et le point d’application
de la résultante du bloc équivalent correspondent aux conditions réelles.

La contrainte uniforme équivalente est égale à : α1 fc'

où α 1 = 0.85 − 0.0015 f c′ ≥ 0.67 (4.19)

alors que la profondeur du bloc de compression est donnée par :

a = β1c (4.20)

où β 1 = 0.97 − 0.0025 f c′ ≥ 0.67 (4.21)

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Résistance à la flexion 79

La variation de α1 et β1 est illustrée sur la figure 4.10 alors que certaines valeurs sont
données au tableau 4.3.

1,0
b1
0,9
a1
0,8

0,7

0,6

0,5
0 20 40 60 80 100
f¢c (MPa)

Fig. 4.10 Variation de α1 et β1

Tableau 4.3 Paramètres du bloc de contraintes équivalent

fc' (MPa) α1 β1

20 0.820 0.920
30 0.805 0.895
40 0.790 0.870
50 0.775 0.845
60 0.760 0.820

4.1.7 Principes d'équilibre

Le calcul de la résistance des éléments fléchis est basé sur l'équilibre des forces axiales de
compression dans le béton (Cc) et de traction dans l’acier (Ts). Selon la figure 4.11 et en
considérant les coefficients de tenue des matériaux, on trouve :

a) Équilibre des forces : ΣF = 0

Cc = α1φc f c′Ac (positif) (4.22)

Ts = φs f y As (positif) (4.23)

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80 Calcul des structures en béton armé

En posant Cc = Ts il est possible de déterminer l'aire de la zone comprimée Ac :

φs As f y
Ac = (4.24)
α1φc fc′

La profondeur de l'aire comprimée est dénotée a. La distance entre la position de la


résultante Cc et la fibre comprimée est dénotée dc.

0,0035 a1 f ¢c
dc Cc
c a
A.N.
M

d - dc = e
d d

As
es > ey ss = fy Ts

b Déformations Contraintes Résultantes

Fig. 4.11 Équilibre des forces

b) Moment interne : calcul par rapport à la fibre supérieure

Une fois la position de la résultante en compression déterminée, on trouve :

M r = Ts ⋅ d − Cc ⋅ dc = Ts (d − dc ) = Cc (d − dc ) = Cc e = Ts e (4.25)

ou encore : M r = φs As f y (d − dc ) = φs As f y e (4.26)

4.1.8 Concept d'armature équilibrée

Dans une poutre correctement dimensionnée, l'éclatement du béton en compression


(εc = 0.0035) survient pour des déformations dans l'armature tendue qui excèdent largement
la déformation correspondant à la plastification des armatures (εs > εy). Cependant, il est
utile de connaître quelle serait la quantité d'acier qui permettrait que surviennent
simultanément l'éclatement du béton en compression et la plastification des armatures
tendues. Cette situation est illustrée sur la figure 4.12. Il s'agit donc de déterminer la
quantité d'acier fictive correspondant à cette condition. Cette quantité d'acier est appelée
armature équilibrée (balanced) et est dénotée Asb.

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Résistance à la flexion 81

0,0035 a1 f ¢c

ab
cb

es = ey
Asb
ss = fy

e s

Fig. 4.12 Armature équilibrée

La compatibilité des déformations avec εs = εy et εc = 0.0035 est donnée ci-dessous par la


relation des triangles semblables :

cb d − cb
= (4.27)
0.0035 εy

cb 0.0035
soit : = (4.28)
d 0.0035 + ε y
Avec Es = 200 000 MPa et fy = Es εy , on a :

cb 700
= (4.29)
d 700 + f y

700 β1 d
d'où : ab = β1 cb = (4.30)
700 + f y

L'augmentation de la quantité d'acier d'armature augmente le moment résistant, ce qui peut


apparaître comme un avantage. Par contre, au-delà d'une certaine limite, la ductilité
diminue pour disparaître totalement lorsque As = Asb comme illustré sur la figure 4.13. Pour
les éléments fléchis la norme limite la valeur de a afin de garantir une ductilité minimale :

700 β1 d
a ≤ ab = (4.31)
700 + f y

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As > Asb

As = Asb

Moment
As < Asb

Courbure

Fig. 4.13 Acier d’armature et ductilité

4.2 RÉSISTANCE À LA FLEXION - POUTRES RECTANGULAIRES

4.2.1 Résistance pondérée

Lors de la conception des poutres en béton armé, il faut s'assurer que :


Mr ≥ M f (4.32)

où Mr est la résistance pondérée (Mr < Mult ) et Mf est le moment pondéré dû aux charges
(Mf > Mutilisation). En appliquant les principes présentés à la section 4.1.7, le moment
résistant pondéré est obtenu en calculant la somme des efforts internes pondérés, montrés
sur la figure 4.14.
f′c φcα1 f ′c
0,0035
Cc

A.N.

d d
d - a/2

As
εs > εy φsfy Ts

ε σ Résultantes
b

Fig. 4.14 Équilibre interne d’une poutre fléchie

C c = φ c α 1 f c′ a b (4.33)

Ts = φ s As f y (4.34)

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Résistance à la flexion 83

En posant que ΣF = 0, on trouve que : Cc = Ts et ainsi :

φ s As f y
a= (4.35)
φ c α 1 fc′ b

M r = T s (d − a / 2) = φ s As f y (d − a / 2) ≥ M f (4.36)
ou encore :

⎛ 1 φs As f y ⎞
M r = φs As f y ⎜ d − ⎟ (4.37)
⎝ 2 φc α1 fc′ b⎠

4.2.2 Armatures minimale et maximale

L'armature minimale est déterminée en utilisant l'équation 4.17 :

0.20 f c′ bh
As min = (4.38)
fy

L'armature maximale correspondant à la condition équilibrée est obtenue à partir de la


valeur de ab donnée par la relation 4.30 et l'équation 4.35 :

α φ f ′ ⎛ 700 ⎞
Asb = 1 c c β1 ⎜ ⎟ bd (4.39)
φs f y ⎜ 700 + f y ⎟
⎝ ⎠

4.2.3 Pourcentage d'armature

Il est courant d'exprimer la quantité d'armature d'une poutre en pourcentage de bd. Ceci est
utile en particulier pour l'utilisation de tables de conception présentées entre autre dans le
Concrete Design Handbook. Ainsi, le pourcentage d'armature, ρ, est égal à :

As
ρ= (4.40)
bd

On peut exprimer le moment Mr en fonction de ρ. En utilisant l’équation 4.37, on a :

⎛ φs ρ b d f y ⎞
M r = φ s ρ b d f y ⎜⎜ d − ⎟
⎟ (4.41)
⎝ 2 φ α f ′
c 1 c ⎠b

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84 Calcul des structures en béton armé

Si on définit :
⎛ φs f y ρ ⎞
K r = ρ φ s f y ⎜⎜1 − ⎟
⎟ (4.42)
⎝ 2 φ α f
c 1 c⎠ ′

On obtient :
M r = Kr bd 2 ≥ M f (4.43)

Le Concrete Design Handbook4.1 (ou CDH) fournit des abaques où Kr est exprimé en
fonction de ρ , fc' et fy Il en va de même pour l’armature minimale, où exceptionnellement
ρ = As/bh , de sorte que l’équation 4.38 devient :

As min 0 .2 f c′
ρ min = = (4.44)
bh fy

et l’équation 4.39 pour l’armature maximale correspondant à la condition équilibrée prend


la forme suivante :

Asb φcα1 fc′ ⎛ 700 ⎞


ρb = = β ⎜ ⎟ (4.45)
bd φs f y 1 ⎜⎝ 700 + f y ⎟

EXEMPLE 4.1

On désire calculer la résistance de la poutre en béton armé montrée sur la figure


4.15 avec fc' = 30 MPa et fy = 400 MPa lorsque h = 550 mm, d = 510 mm et
b = 350 mm.

d
h

As = 4 No 25

Fig. 4.15 Poutre de l’exemple 4.1

a) Calcul avec les équations

As = 4 × 500 = 2000 mm 2

Selon les équations 4.35 et 4.36, on trouve :

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Résistance à la flexion 85

φs As f y 0.85 × 2000 × 400


a= = = 123.8 mm
φc α1 fc′ b 0.65 × 0.805 × 30 × 350

M r = φs As f y (d − a / 2) = 0.85 × 2000 × 400(510 − 123.8 / 2)

M r = 304.7 × 106 N ⋅ mm = 304.7 kN ⋅ m

b) Calcul avec les tables du CDH


2000
ρ = As / bd = = 0.0112 ou 1.12 %
350 × 510

Selon l’abaque 2.1 à la page 2.20 du CDH, on obtient par interpolation linéaire : Kr
= 3.35. En appliquant l'équation 4.42 on obtient :
M r = K r bd 2

M r = 3.35 × 350 × 5102 = 305.0 × 106 N ⋅ mm = 305.0 kN ⋅ m

c) Autres vérifications
Selon l'équation 4.38, on a :

0.20 f c′ 0.20 30
As min = bh = × 350 × 550 = 527 mm 2
fy 400
L'armature maximale est donnée par l'équation 2.39. On obtient :

α φ f ′ ⎛ 700 ⎞
Asb = 1 c c β1 ⎜ ⎟ bd
φs f y ⎜ 700 + f y ⎟
⎝ ⎠

0.805 × 0.65 × 30 ⎛ 700 ⎞ 2


Asb = × 0.895 ⎜ ⎟× 350 × 510 = 4694 mm
0.85 × 400 ⎝ 700 + 400 ⎠

As min = 527 m 2 < As = 4 − No 25 = 2000 mm 2 < Asb = 4694 mm 2

On est donc en mesure de s'attendre à un comportement ductile de la poutre.

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86 Calcul des structures en béton armé

4.3 CONCEPTION DES POUTRES

4.3.1 Calcul de la résistance et conception

Le calcul de la résistance et la conception sont deux aspects différents. Le calcul de la


résistance implique que les dimensions et les matériaux soient connus, comme à l'exemple
4.1. Le calcul est direct et la réponse est unique. La conception d'une poutre est un
processus itératif et on peut retrouver presque autant de solutions qu'il y a de concepteurs.
On a le choix des dimensions, de la résistance des matériaux, de la quantité et de la
disposition des armatures.

4.3.2 Choix des dimensions

Le choix des dimensions est gouverné par des conditions géométriques (dégagement,
hauteur libre), architecturales (esthétique), pratiques (largeur des poteaux), coffrages
(dimensions disponibles), performance (flèches), etc.

Une règle de bonne pratique indique que la profondeur d'une poutre, incluant la dalle, varie
entre environ 1/15 et 1/12 de sa portée (L/15 < h < L/12). La largeur des poutres est souvent
prise égale à la demi-profondeur de la poutre (b = h/2). Pour les poutres coulées de façon
monolithique avec des poteaux, il est recommandé, lorsque ceci s'y prête, de choisir les
poutres de même largeur que les poteaux.

4.3.3 Quantité d'armature

Deux approches sont possibles. On peut soit calculer la quantité requise à partir des
équations, soit utiliser des tables de conception (Concrete Design Handbook). Règle
générale, pour des poutres sous armées avec ρ = 0.5 ρ max , la valeur de (d − a / 2) ≈ 0.9d .
Cette valeur de 0.9 peut toutefois varier de 0.8 à 0.95 selon les applications.

On peut donc utiliser l'équation approximative suivante afin de déterminer l'ordre de


grandeur de As :

M r ≈ φ s As f y × 0.9 d ≥ M f (4.46)

On obtient donc de façon approximative :

Mf
As ≥ (4.47)
φ s f y × 0.9 d

Alternativement, en utilisant les abaques du CDH, on a :

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Résistance à la flexion 87

M r = K r bd 2 ≥ M f (4.48)

Mf
donc : Kr ≥ (4.49)
bd 2

Une fois la quantité d'armature approximative déterminée, il faut choisir le nombre de


barres d'armature, s'assurer de leur disposition et calculer la résistance réelle.

4.3.4 Disposition des barres d'armature de flexion

L’enrobage minimal de l'acier d'armature, cr , est donné selon le type d'application. Cet
enrobage assure à la fois une protection contre la corrosion et une protection contre le feu.
Quelques-unes des épaisseurs d’enrobage minimales de la norme A23.1, présentées en
annexe à la norme A23.3 [A6.6.6.2.3], sont données au tableau 4.4 et illustrées sur la figure
4.16.

Tableau 4.4 Enrobage minimal

Application Condition non exposée

Armature principale cr ≥ 40 mm
(poutres, colonnes)
Armature de cisaillement cr ≥ 30 mm
(poutres, colonnes)
Armature principale cr ≥ 20 mm
(dalles, murs)

L'espacement entre les aciers principaux de flexion est fonction de la facilité de mise en
place du béton et du diamètre des plus gros granulats. Les espacements minimaux sont
identifiés sur la figure 4.16.

s ³ 30 mm

Cr Cr

Étrier Armature
Cr Cr principale
s ³ 1,4 da
s ³ 1,4 db
s ³ 30 mm

Fig. 4.16 Enrobage et espacement des barres

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88 Calcul des structures en béton armé

EXEMPLE 4.2

On doit dimensionner la poutre de la figure 4.17 en utilisant une section


rectangulaire avec fc' = 40 MPa, fy = 400 MPa, wD = 16 kN/m (charge permanente
additionnelle) et wL = 12 kN/m.

8000 mm

Fig. 4.17 Poutre de l’exemple 4.2

a) Choix de la section

Le choix des dimensions doit faire en sorte que la flèche et la résistance en


cisaillement soient satisfaites.

h ≈ L/12 = 8000/12 = 667 mm → choix : 650 mm

b ≈ h/2 = 650/2 = 325 mm → choix : 300 mm

b) Calcul des efforts pondérés

wD-poutre = 0.3 × 0.65 × 24 kN/m3 = 4.7 kN/m (poids propre)

wf = 1.25 wD+ 1.5 wL = 1.25 (4.7 + 16) + 1.5 ×12 = 43.9 kN/m

Mf = wf L 2 /8 = 43.9 × 82 / 8 = 351 kN⋅m

c) Position de l'armature

En supposant des barres No 30, un enrobage de 40 mm et des étriers No 10, on a :

d = h – cr – étriers – db / 2 = 650 - 40 - 11 - 15 = 584 mm

d) Calcul de l'acier d'armature selon les équations

En supposant que d - a/2 ≈ 0.9 d, on a selon les équations 4.46 et 4.47 :

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Résistance à la flexion 89

M r ≈ φ s As f y × 0.9 d ≥ M f

Mf 351 × 10 6
As ≥ = = 196 4 mm 2
φ s f y × 0.9 d 0.85 × 400 × 0.9 × 584

Choix : 3 – No 30 = 3 × 700 = 2100 mm2, db = 30 mm

Selon les équations 4.35 et 4.36, on trouve :

α1 = 0.85 − 0.0015 f c' = 0.85 − 0.0015 × 40 = 0.79

β1 = 0.97 − 0.0025 fc' = 0.97 − 0.0025 × 40 = 0.87

φs As f y 0.85 × 2100 × 400


a= = = 115.9 mm
φc α1 f c′b 0.6 × 0.79 × 40 × 300

Mr = φs As fy ( d - a/2 ) = 0.85 × 2100 × 400 (584 - 125.5/2) × 10-6

Mr = 376 kN⋅m > Mf = 351 kN⋅m ⇒ OK

e) Calcul de l'acier d'armature en utilisant les abaques du CDH

Selon l’équation 4.49, on obtient :


Mf 351 × 10 6
Kr ≥ = = 3.43
bd 2 300 × 584 2

Selon le tableau 2.1 du CDH, pour fc' = 40 MPa et fy = 400 MPa :

K r = 3.40 ρ = 1.10% ⎫⎪
K r = 3.43 ρ=? ⎬ Par interpolation, ρ ≥ 1.11%
K r = 3.50 ρ = 1.14% ⎪⎭

As ≥ ρ b d = 0.0111 × 300 × 584 = 1945 mm2

Le choix est donc 3 – No 30, As = 2100 mm2, ρ = 1.2%

f) Autres vérifications
Selon les équations 4.38 et 4.39, on a :

0.2 40
As min = × 300 × 650 = 617 mm 2
400

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90 Calcul des structures en béton armé

0.79 × 0.65 × 40 × 0.87 ⎛ 700 ⎞ 2


Asb = ⎜ ⎟ × 300 × 584 = 5860 mm
0.85 × 400 ⎝ 700 + 400 ⎠

Donc : As min < As = 3 − No 30 = 2100 mm 2 < Asb ⇒ OK

g) Mise en place
Le diamètre usuel des gros granulats pour du béton normal, da , est égal à 20 mm.
L’espacement horizontal disponible entre les armatures est égal à :
s = (300 - 2 × 40 - 2 × 11 - 3 × 30) / 2 = 54 mm
> 1.4 × 20 = 28 mm
> 1.4 × 30 = 42 mm ⇒ OK
> 30 mm

L’arrangement final de la section est présenté à la figure 4.18.


40 + 11 198

Étriers No 10

s = 54 [mm]

Fig. 4.18 Armature de la poutre de l’exemple 4.2

4.4 POUTRES EN T

Les poutres en T se retrouvent très fréquemment dans les structures car les dalles font
souvent corps avec la poutre. Dans les zones de moment positif, la partie de la dalle est
comprimée dû à la flexion de la poutre en T. Dans les zones de moment négatif, c’est la
partie verticale du T qui est comprimée et la poutre se comporte alors comme une poutre
rectangulaire.

4.4.1 Considérations géométriques

Les contraintes longitudinales dues à la flexion des poutres en T varient transversalement.


Comme montré sur la figure 4.19, elles sont maximales au droit des âmes et minimales
entre les poutres. Les normes utilisent une largeur équivalente ou effective, bf , sur laquelle

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Résistance à la flexion 91

on assume une contrainte uniforme. Les valeurs maximales de bf recommandées par la


norme A23.3 [10.3.3 et 10.3.4]¸ sont données par les relations présentées au tableau 4.5
alors que les paramètres géométriques sont illustrés sur la figure 4.20.

bf bf

Coupe hf

bw bw

bf Variation réelle

Contraintes
longitudinales

Contraintes uniformes
équivalentes

Fig. 4.19 Répartition des contraintes longitudinales

Tableau 4.5 Détermination de bf

Dalle des 2 côtés Dalle d'un seul côté

bf ≤ bw + 24 hf bf ≤ bw + 6 hf

bf ≤ bw + ( s1 + s2 ) / 2 bf ≤ bw + s1 / 2

bf ≤ bw + 0.4 L (portée simple) bf ≤ bw + L / 12

bf ≤ bw + 0.2 L (portées continues)

bf bf

hf

S1 S2 bw S1
bw
Dalle d'un seul côté
Dalle des 2 côtés
L L L

Portée simple Portées continues

Fig. 4.20 Paramètres géométriques permettant de calculer bf

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92 Calcul des structures en béton armé

4.4.2 Axe neutre dans la dalle

Pour plusieurs poutres en T, l'aire de la dalle (bf × hf ) est suffisamment grande pour que
seule la dalle soit comprimée. Ceci survient lorsque :

T s = φ s As f y ≤ C c = φ c α 1 f c′ b f h f (4.50)

bf
0,0035 a1f ¢c
a c a
hf

d
Zone
comprimée
es > ey fy
As

bw

Fig. 4.21 Équilibre d’une poutre en T soumise à un moment positif

Dans ce cas, lorsque l'on pose Ts = Cc , on trouve que a ≤ hf . En se référant à la figure


4.21, on a donc :
C c = φ c α 1 f c′ b f a (4.51)

Ts = φ s As f y (4.52)

φ s As f y
d'où : a= (4.53)
φ c α 1 f c′ b f

Ainsi, lorsque a ≤ hf , la poutre en T se comporte comme une poutre rectangulaire où b = bf


On utilise donc la même équation que la poutre rectangulaire pour évaluer le moment
résistant Mr de la poutre en T :

M r = φ s As f y (d − a / 2) (4.54)

Dans ce cas on peut aussi utiliser les abaques du CDH comme pour une section
rectangulaire tel que montré à la section 4.2.4.

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Résistance à la flexion 93

EXEMPLE 4.3

On désire calculer la résistance ultime (non pondérée) et la résistance pondérée de la


poutre simplement supportée montrée sur la figure 4.22 et pour laquelle fy = 400 MPa,
fc' = 35 MPa , s1 = 2000 mm , s2 = 1600 mm et L=12000 mm.

150

d = 704
Étriers: No 10
Enrobage: 40 mm
650 5 No 30

Note:
45 Armature comprimée
non montrée

400 [mm]

Fig. 4.22 Poutre de l’exemple 4.3

a) Largeur effective
Selon le tableau 4.5, on obtient :
bf ≤ bw + 24 hf = 400 + 24 × 150 = 4000 mm
≤ bw + ( s1 + s2 ) / 2 = 400 + ( 2000 + 1600 ) / 2 = 2200 mm
≤ bw + 0.4 L = 400 + 0.4 × 12000 = 5200 mm

b) Résistance non pondérée


• Bloc de compression

α1 = 0.85 − 0.0015 f c' = 0.85 − 0.0015 × 35 = 0.798

β1 = 0.97 − 0.0025 fc' = 0.97 − 0.0025 × 35 = 0.883

As f y 5 × 700 × 400
a= = = 22.78 mm < h f = 150 mm
α 1 fc′b f 0.798 × 35 × 2200

∴ axe neutre dans la dalle, comportement de poutre rectangulaire

• Centre de gravité des aciers

db/2

45 mm
`y db/2

Fig. 4.23 Position des aciers d’armature

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Selon la figure 4.23, on trouve :

y = [3 × 0 + 2 × (45 + 30)] / 5 = 30 mm

• Position moyenne des barres (toutes plastifiées)

d = 650 + 150 - 40 – 11 - 30/2 - 30 = 704 mm

• Résistance ultime

M ult = As f y ( d − a / 2) = 3500 × 400 × (704 − 22.78 / 2) × 10−6 = 970 kN ⋅ m

c) Résistance pondérée

• Bloc de compression

φs As f y 0.85 × 3500 × 400


a= = = 29.79 mm < h f
φcα1 fc′b f 0.65 × 0.798 × 35 × 2200

∴ axe neutre dans la dalle, comportement de poutre rectangulaire

• Résistance pondérée

M r = φs As f y (d − a / 2)
= 0.85 × 3500 × 400 × (704 − 29.79 / 2) × 10−6 = 820 kN ⋅ m

On note que Mr / Mult = 820 / 970 = 0.845

4.4.3 Axe neutre dans l'âme

Lorsque l'axe neutre est dans l'âme (a > hf), la valeur calculée de a avec l’équation (4.53)
est inexacte. Le moment résistant se calcule alors en décomposant la poutre en une poutre
rectangulaire et une poutre en T. Il s'agit d'un artifice de calcul, illustré sur la figure 4.24.

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0,0035 a1f ¢c

hf a
a c

es > ey
fy
AS

AST ASR

Poutre en T Poutre rectangulaire

Fig. 4.24 Poutre en T avec axe neutre dans l’âme

On doit donc trouver quelle portion AsT de l'acier total As est requise pour équilibrer la force
de compression dans les semelles de la poutre en T, donc AsT < As. Le moment résistant
associé à la contribution de AsT est dénoté MsT .

La partie restante, AsR = As – AsT , contribue à équilibrer la force de compression dans la


partie rectangulaire uniquement. Le moment résistant associé à la contribution de AsR est
dénoté MsR.

La somme de ces deux composantes est égale à la résistance de la poutre en T :

Mr = MsT + MsR

La force de compression dans la dalle de la portion en T est égale à :

C cT = φ c α 1 f c′ (b f − bw ) h f (4.55)

La force correspondante dans l'acier d'armature est :

TsT = φ s AsT f y = C cT (4.56)

C cT φ c α 1 f c′ (b f − bw ) h f
Donc : AsT = = (4.57)
φs f y φs f y

Ainsi AsR = As - AsT permet de calculer la profondeur de la zone comprimée dans la partie
rectangulaire.

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TsR = φ s AsR f y = C cR = φ c α 1 f c′ b w a (4.58)

φ s AsR f y
Donc : a= (4.59)
φ c α 1 fc′ bw

Une fois TsT , TsR et a connus, on peut calculer le moment interne de résistance :

⎛ ⎞
⎟ + TsR ⎛⎜ d − ⎞⎟
hf a
M r = TsT ⎜⎜ d − ⎟ (4.60)
⎝ 2 ⎠ ⎝ 2⎠

Il importe de souligner que Ts = φs As fy = TsT + TsR

4.4.4 Armature minimale et armature maximale

Comme c'est le béton en traction dans l'âme qui fissure et qui est remplacé par l'acier
d'armature, c'est donc la largeur bw qui entre dans le calcul de As min. On a donc [10.5.1] :

0 .2 f c′
As min = bw h (4.61)
fy

Tout comme pour les poutres rectangulaires, l'armature maximale des poutres en T s'obtient
à partir de deux conditions : l'équilibre des forces et la compatibilité des déformations.

0,0035 a1f ¢c

ab
cb

es = e y
fy
Asb

Fig. 4.25 Armature maximale d’une poutre en T

À partir de la figure 4.25, on trouve :


cb 700
= (4.62)
d 700 + f y

700 β1d
ab = β1 cb = (4.63)
700 + f y

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Résistance à la flexion 97

Si ab > hf , alors :

Ts = Cc ⇒ φs Asb f y = φc α1 fc′ ⎡⎣ β1 cb bw + (b f − bw )h f ⎤⎦ (4.64)

φ f ′ ⎡⎛ b f ⎞ hf 700β1 ⎤
On obtient : Asb = α1 c c ⎢⎜ − 1⎟ + ⎥b d (4.65)
φs f y ⎢⎣⎝ bw ⎠ d 700 + f y ⎥⎦ w

Cette équation suppose que l'axe neutre dans la condition équilibrée est situé dans l'âme
(aba>ahf), ce qui est la condition usuelle. S'il s'avérait toutefois que celui-ci soit localisé
dans la semelle (ab < hf), on devrait alors utiliser l'équation 4.39 des poutres rectangulaires
pour calculer Asb. Pour que cela survienne, il faut que le rapport hf / d soit supérieur, par
exemple, à 0.58 pour un béton de 20 MPa ou 0.52 pour un béton de 60 MPa. Ainsi, dès que
d est supérieur à environ 2hf, la condition équilibrée conduira à un axe neutre dans l'âme.

EXEMPLE 4.4

On désire calculer les quantités d'armature minimale et maximale de la poutre de


l'exemple 4.3.

a) Armature minimale

Dans l’exemple 4.3, a < hf , on doit donc utiliser l'équation 4.61.

0.2 f c′ 0.2 35
As min = bw h = × 400 × 800 = 947 mm 2
fy 400

b) Armature maximale

700 β1d 700 ⋅ 0.883 ⋅ 704


ab = = = 395.6mm ≥ h f
700 + f y 700 + 400

Comportement de poutre en T en condition balancée, donc on doit


utiliser l'équation 4.65.

φ f ′ ⎡⎛ b f ⎞ hf 700 β1 ⎤
Asb = α1 c c ⎢⎜ − 1⎟ + ⎥b d
φs f y ⎢⎣⎝ bw ⎠ d 700 + f y ⎥⎦ w

0.65 × 35 ⎡⎛ 2200 ⎞ 150 700 × 0.883 ⎤


Asb = 0.798 × ⎜ − 1⎟ + ⎥ × 704 × 400
0.85 × 400 ⎢⎣⎝ 400 ⎠ 704 700 + 400 ⎦
= 22866 mm 2

As min < As = 5 − No 30 = 3500 mm 2 < Asb ⇒ OK

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98 Calcul des structures en béton armé

EXEMPLE 4.5

On doit calculer le moment résistant et l'armature équilibrée de la section de


l'exemple 4.3 en utilisant 5 rangées de 4 barres No 35 espacées de 85 mm
verticalement (Fig. 4.26).

170
85 `y
(typ)

[mm]

Fig. 4.26 Armature de la poutre de l’exemple 4.5

a) Calcul de d

y = 2 × 85 = 170 mm
d = 650 + 150 − 40 − 11 − 35 / 2 − 170 = 562 mm

b) Calcul de a
φs As f y 0.85 × 20 × 1000 × 400
a= = = 170.3 mm > h f =150 mm
φcα1 fc bf 0.65 × 0.798 × 35 × 2200

L'axe neutre est donc dans l'âme et la valeur de a est inexacte.

c) Calcul de AsT et AsR


φcα1 f c′(b f − bw ) h f
AsT =
φs f y
0.65 × 0.798 × 35 × (2200 − 400) ×150
= = 14420 mm 2
0.85 × 400

AsR = As − AsT = 20000 − 14420 = 5580 mm 2

d) Calcul de a
φs As f y 0.85 × 5580 × 400
a= = = 261.3 mm (vraie valeur)
R

φcα 1 f cbw 0.65 × 0.798 × 35 × 400


e) Calcul de Mr

⎛ hf ⎞ ⎛ a⎞ ⎛ hf ⎞ ⎛ a⎞
M r = TsT ⎜ d − ⎟ + TsR ⎜ d − ⎟ = φs AsT f y ⎜ d − ⎟ + φs AsR f y ⎜ d − ⎟
⎝ 2 ⎠ ⎝ 2⎠ ⎝ 2 ⎠ ⎝ 2⎠

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Résistance à la flexion 99

M r = 0.85 × 14420 × 400 × (562 − 150 / 2) + 0.85 × 5580 × 400 × (562 − 261.3 / 2)
= (2388 + 818) × 106 = 3206 × 106 N ⋅ mm = 3206 kN ⋅ m

f) Calcul de l'armature maximale


700 β1d 700 ⋅ 0.883 ⋅ 562
ab = = = 315.8 mm ≥ h f
700 + f y 700 + 400

Comportement de poutre en T en condition balancée, donc on doit


utiliser l'équation 4.65.

φ f ′ ⎡⎛ b f ⎞ hf 700β1 ⎤
Asb = α1 c c ⎢⎜ − 1⎟ + ⎥b d
φs f y ⎣⎢⎝ bw ⎠ d 700 + f y ⎦⎥ w
0.798 × 35 ⎡⎛ 2200 ⎞ 150 700 × 0.883 ⎤
= 0.65 × ⎜ − 1⎟ × + ⎥ × 400 × 562
0.85 × 400 ⎢⎣⎝ 400 ⎠ 562 700 + 400 ⎦
= 21162 mm 2

As < Asb ∴ Le comportement de la poutre sera ductile.

g) Commentaire
Une vérification des déformations à chaque niveau d’armature permet de vérifier
que l’armature du niveau supérieur n’a pas atteint f y . Le calcul fait ici est donc
légèrement du côté non conservateur.

4.5 ARMATURE DE COMPRESSION

4.5.1 Utilité

Il est fréquent que les poutres aient de l'armature de compression car normalement on
utilise au moins 2 No 10 pour soutenir les étriers, comme le montre la figure 4.27.

A¢s : 2 No 10 d

Fig. 4.27 Armature de compression

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100 Calcul des structures en béton armé

Le principal effet de l'armature comprimée est de rehausser la position de l'axe neutre


comme illustré sur la figure 4.28. La figure 4.29 présente les résultats d'analyses montrant
les effets positifs de l'acier de compression.
0,0035

Avec A¢s
Sans A¢s

Fig. 4.28 Déplacement de l’axe neutre

Premièrement, l'armature de compression n'augmente pas beaucoup la résistance en flexion


comme le montre la figure 4.29a. Par contre, elle offre trois avantages. Tout d'abord, elle
réduit les flèches dues au fluage parce qu'elle restreint les déformations différées du béton
comprimé (Fig. 4.29b). De plus, elle augmente la ductilité des sections fléchies car la zone
comprimée a est plus petite (Fig. 4.28). Finalement, elle permet d'augmenter la valeur de
As max, ce qui permet d'utiliser une plus grande quantité d'armature de flexion, As , et donc
d'augmenter la résistance Mr de la section. (Fig. 4.29 c et d).

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Résistance à la flexion 101

1,3
r = 5,2% = rb
Poutre rectangulaire
1,2
b = 500 mm

M avec A¢s
M sans A¢s
d = 1000 mm
1,1 r = 3,0%
f¢c = 50 MPa
r = 1,5% fy = 400 MPa
1,0
r = 1,5%
a) 0,9
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
A¢s / As

25

20 r¢ = 0 Poutre rectangulaire
r¢ = 0,5 r
Flèche (mm)

r¢ = r b = 500 mm
15
d = 1000 mm
f¢c = 50 MPa
10
fy = 400 MPa
5 r = 1,5%
b)
0
0 6 12 18 24
Temps (mois)

3500
r¢ = r
3000
r¢ = 0 Poutre rectangulaire
2500
b = 500 mm
MU(kN-m)

Plastification
2000 d = 1000 mm
Écrasement f¢c = 50 MPa
1500
du béton
fy = 400 MPa
1000
Fissuration r = 1,5%
500
c)
0
0 1 2 3 4
yh (%)

12000

10000 r¢ = r > rb
Poutre rectangulaire
8000 r > rb
b = 500 mm
MU(kN-m)

r¢ = 0
d = 1000 mm
6000
f¢c = 50 MPa
4000 r = 0,4rb fy = 400 MPa
r¢ = 0
r = 2%
2000
d) 0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0
yh (%)

Fig. 4.29 Effets de l’armature de compression

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102 Calcul des structures en béton armé

4.5.2 Calcul de la résistance

Comme l'axe neutre se situe près de la fibre comprimée, il n'est pas certain que l'acier
comprimé se plastifie. Dans certains cas, il est même possible que l'acier situé dans la partie
comprimée de la poutre se retrouve sous l'axe neutre et soit tendu, surtout pour les poutres
en T, où l'axe neutre peut être très haut. (Fig. 4.30)

0,0035 0,0035

A¢s ? A¢s ?
e > ey e > ey
(comprimé) (tendu!)
As e > ey As e > ey

Fig. 4.30 Déformations possibles des aciers de compression

Pour les poutres rectangulaires, il est cependant courant que l'acier comprimé atteigne fy en
compression. Dans ce cas il peut donc être pratique d'assumer dans un premier temps que
fs' = fy. On vérifie ensuite si ε s′ > ε y . Cependant on peut se retrouver dans trois conditions
en ce qui concerne l'état de contrainte des armatures situées du côté comprimée de la
poutre :
- comprimée et plastifiée;
- tendue et plastifiée;
- élastique : comprimée ou tendue.

Armatures élastiques

Pour traiter du cas de l'analyse des poutres avec armatures en compression selon une
approche générale, il est préférable d'assumer dans un premier temps que l'armature est
élastique, les deux autres conditions devenant ainsi des cas particuliers. Dans les équations
qui suivent, on adopte une formulation algébrique pour les contraintes dans l'armature. Les
équations sont donc écrites en assumant que l'armature A's est tendue et élastique alors que
l'armature As est plastifiée en traction. Le calcul procède en trois étapes. Les équations sont
présentées pour une section rectangulaire.

Étape 1 : Détermination de la position de l'axe neutre

L'équilibre des forces où l'armature A's est considérée tendue, s'exprime comme suit :

Ts + Fs' = Cc (4.66)
soit:
φs As fy + φs A's fs' = φc α1 fc' a b (4.67)

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Résistance à la flexion 103

La contrainte dans l'armature A's s'obtient de la loi de Hooke :

fs' = Es εs' (4.68)

La compatibilité des déformations permet d'écrire la relation suivante pour la condition à


l'ultime :

⎛ d′ − c ⎞
εs' = 0.0035 ⎜ ⎟ (4.69)
⎝ c ⎠

La combinaison des deux dernières équations avec Es = 200 000 MPa donne :

f s' = 700
(d′ − c) (4.70)
c

Cette dernière expression pour fs' est valide pour toute position d'armature.
Lorsqu'introduite dans l'équation d'équilibre et avec la définition suivante pour a :

a = β1 c (4.71)

l'équation d'équilibre devient :

⎛ d′ − c ⎞
φs As fy + φs A's × 700 ⎜ ⎟ = φc α1 fc' b β1 c (4.72)
⎝ c ⎠

ou encore :
⎡φcα1 fc' bβ1 ⎤ c 2 + ⎡φs (700A's -As f y )⎤ c - ⎡700φs A's d ' ⎤ = 0 (4.73)
⎣ ⎦ ⎣ ⎦ ⎣ ⎦

La solution de cette dernière équation permet de déterminer la position de l'axe neutre :

− B ± B 2 − 4 AD
c= (4.74)
2A

A = φ c α 1 f c′ β 1 b (4.75)

B = φ s (700 As′ − As f y ) (4.76)

D = −700 φ s As′ d ′ (4.77)

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104 Calcul des structures en béton armé

Étape 2 : Détermination de la contrainte dans l'armature A's

Une fois la valeur de c déterminée, il faut calculer la contrainte dans l'armature supérieure à
l'aide de l'équation 4.70 et vérifier si l'armature est élastique ou encore si elle est plastifiée
en traction ou compression. La validité de l'hypothèse d'une armature élastique d'exprime
comme suit :

− f y ≤ f s' = 700
(d′ − c) ≤ fy (4.78)
c

Selon la convention de signe algébrique, si f’s est positif les armatures sont en traction, alors
que si f’s est négatif les armatures sont en compression.

Dans le cas où la condition exprimée par l'équation 4.78 est satisfaite, les armatures sont
élastiques. Les calculs faits précédemment sont exacts et on peut passer au calcul des
efforts. Dans le cas où l'armature est plastifiée, la position de l'axe neutre est incorrecte et
doit utiliser l'une des deux options présentées plus loin selon le signe de fs'.

Pour une armature élastique on trouve alors :

a = β1c (4.79)

Cc = φc α1 fc' b a (4.80)

F's = φs A's fs' (4.81)

Ts = φs As fy (4.82)

Le moment résistant calculé par rapport à la fibre supérieure de la section est obtenu de
l'équation suivante :

Mr = Ts ⋅ d + F’s ⋅ d' - Cc ⋅ a / 2 (4.83)

Dans le cas contraire, à savoir que fs' > fy ou fs' < -fy, les armatures sont plastifiées et la
valeur de a calculée plus haut s'avère inexacte. On retrouve deux conditions.

Armatures plastifiées en compression

Lorsque la valeur de fs' est négative et inférieure à -fy, l'armature est plastifiée en
compression. L'approche retenue pour calculer le moment résistant est similaire à celle
adoptée pour les poutres en T. Dans le cas présent, il s'agit de calculer la résistance de la
section en séparant l'acier tendu en deux portions : une partie qui équilibre la force dans le
béton (As1) et une partie qui équilibre la force dans l'acier comprimé (A’s).

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Résistance à la flexion 105

La quantité d’acier permettant d'équilibrer la force dans le béton est égale à :

As1 = As − As′ (4.84)

Ainsi l'équilibre des forces permet d'écrire :

φ s As1 f y
a= (4.85)
φ cα 1 f c′b

⎛ a⎞
M r = φ s As1 f y ⎜ d − ⎟ + φ s As′ f y (d − d ′) (4.86)
⎝ 2⎠

Armatures plastifiées en traction

Lorsque la valeur de fs' est positive et supérieure à fy, l'armature est plastifiée en traction. Il
faut donc additionner la contribution à la résistance amenée par l'ensemble des deux
groupes de barres d'armature. L'équilibre des forces permet d'écrire :

Ts + F's = Cc (4.87)

φs As fy + φs A's fy = φc α1 fc' b a (4.88)

φ s f y ( As + As′ )
a= (4.89)
φ cα 1 f c′b

Ts = φs As fy (4.90)

et F's = φs A's fy (4.91)

Mr = Ts (d – a / 2) + F's (d' – a / 2) (4.92)

4.5.3 Armature minimale

L’équation permettant d’évaluer l’armature minimale pour les poutres avec armature
comprimée demeure inchangée, soit :

0.20 fc′ bt h
As min = (4.18)
fy

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106 Calcul des structures en béton armé

4.5.4 Armature maximale des poutres rectangulaires

En se référant à la figure 4.31, le calcul de f's en valeur algébrique est obtenu de l'équation
suivante où la valeur de cb est calculée avec l'équation 4.29 :

⎛ d ′ − cb ⎞
− f y ≤ f s′ = 700 ⎜ ⎟ ≤ fy (4.93)
⎝ cb ⎠

0,0035 a1f ¢c
d¢ e¢s

ab
A¢s cb

Asb e = ey
fy

Fig. 4.31 Poutre rectangulaire avec armature de compression

L'équilibre des forces donne :


Tsb + Fs' = Cc (4.94)

⎛ 700 ⎞
φ s Asb f y + φ s As′ f s′ = φcα1 f c′ β1bd ⎜ ⎟ (4.95)
⎜ 700 + f y ⎟
⎝ ⎠
Donc :
⎡ φ f ′ ⎛ 700 ⎞⎤ ⎛ f s′ ⎞
Asb = ⎢α1 c c β1 ⎜ ⎟ ⎥ bd − As' ⎜ ⎟ (4.96)
⎢⎣ φs f y ⎜⎝ 700 + f y ⎟⎥
⎠⎦

⎝ f y ⎟⎠

où f's est exprimé en valeur algébrique. Ainsi des armatures supérieures comprimées font
augmenter A s max alors que des armatures tendues le diminuent.

4.5.5 Armature maximale des poutres en T

En faisant les mêmes hypothèses que précédemment, on obtient (Fig. 4.32) :

Tsb + Ts′ = CcR + CcT (4.97)

φs Asb f y + φs As′ f s = φcα1 fc′β1cbbw + φcα1 fc′h f (b − bw ) (4.98)

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Résistance à la flexion 107

0,0035 a1f ¢c

e¢s
A¢s ab
cb

Asb e = ey fy

Fig. 4.32 Poutre en T avec armature de compression

Ce qui donne avec f's exprimé en valeur algébrique selon l'équation 4.93 :

⎡ φ f ′ ⎡⎛ b f ⎞ hf 700 β1 ⎤ ⎤ f s′
Asb = ⎢α1 c c ⎢⎜ − 1⎟ + ⎥ ⎥ bw d − As′ (4.99)
⎢⎣ φs f y ⎢⎣⎝ bw ⎠ d 700 + f y ⎥⎦ ⎥⎦ fy

EXEMPLE 4.6

Reprendre l'exemple 4.1 avec A's formé de 2 No 15 et d' = 65 mm. Comparer


également la résistance, la courbure à la rupture et l'armature maximale de ces
sections.

a) Calcul de Mr

Armature élastique

A = φc α 1 f c′β1b = 0.65 × 0.805 × 30 × 0.895 × 350 = 4917

B = φ s (700 As′ − As f y ) = 0.85 × (700 × 400 − 2000 × 400) = −442000


D = −700 φ s As′ d ′ = −700 × 0.85 × 400 × 65 = −15.47 × 10 6

− B ± B 2 − 4 AD 442000 ± 4420002 + 4 × 4917 × 15.47 ×106


c= =
2A 2 × 4917

c = 44.95 ± 71.88 ; seul c = 44.95 + 71.88 = 116.8 mm est valide

fs' = 700
(d ′ − c ) = 700 (65 - 116.8) / 116.8 = - 310.4 MPa
c

Donc les armatures sont élastiques en compression.

a = β1 c = 0.895 × 116.8 = 104.5 mm

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108 Calcul des structures en béton armé

Cc = φc α1 fc' b a = 0.65 × 0.805 × 30 × 350 × 104.5 / 1000 = 574.1 kN

F's = φs A's fs' = 0.85 × 400 × (-310.4) / 1000 = -105.5 kN

Ts = φs As f y = 0.85 × 2000 × 400 = 680000 N

Mr = Ts d + F's⋅ d' - Cc ⋅ a/2

M r = [ 680 000 × 510 − 105500 × 65 − 574100 × 104.5 / 2 ] × 10−6

M r = 309.9 kN ⋅ m

b) Comparaison

Résistance pondérée

As′ = 0 : M r = 305 kN ⋅ m (voir exemple 4.1)

As′ ≠ 0 : M r = 310 kN ⋅ m

La poutre avec armature comprimée est plus résistante.

Courbure à la rupture
ε c max 0.0035 0.0035β 1
ψ= = =
c a / β1 a

As′ = 0 : ψ = 0.0035 × 0.895 /123.8 = 25.30 × 10−6 mm-1

As′ ≠ 0 : ψ = 0.0035 × 0.895 /104.5 = 29.98 × 10−6 mm-1

La poutre avec armature comprimée est plus ductile.

c) Armature maximale

As′ = 0 : Asb = 4694 mm 2 (voir exemple 4.1)

As′ ≠ 0 : Vérification pour savoir si l’acier comprimée est plastifiée


(utilisation du théorème des triangles semblables).

0.0035 ε s' f s'


= =
cb (
d ' − cb )
Es d ' − cb ( )
Note : Il faut prendre (d’-cb) au lieu de (cb-d’) pour respecter
la convention de signe algébrique.

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Résistance à la flexion 109

700d 700 × 510


cb = = = 324.5 mm
700 + f y 700 + 400

(d ′ − cb ) (65 − 324.5)
f s′ = 700 = 700 × = −560 MPa
cb 324.5

f s′ < −400 MPa ∴ f s′ = − f y = −400 MPa

⎡ φ fc′ ⎛ 700 ⎞⎤ ⎛ f s′ ⎞
Asb = ⎢α1 c β1 ⎜ ⎟ ⎥ bd − As′ ⎜ ⎟
⎢⎣ φs f y ⎜⎝ 700 + f y ⎟⎥
⎠⎦

⎝ f y ⎟⎠

⎡ 0.65 × 30 ⎛ 700 ⎞ ⎤
Asb = ⎢0.805 × × 0.895 × ⎜ ⎟ ⎥ × 350 × 510
⎣ 0.85 × 400 ⎝ 700 + 400 ⎠ ⎦
⎛ −400 ⎞ 2
−400 ⎜ ⎟ = 5094 mm
⎝ 400 ⎠

EXEMPLE 4.7

Calculer le moment résistant pondéré de la poutre de l'exemple 4.3 avec A's = 4


No 15 et d' = 75 mm.

Armature élastique

A = φc α 1 f c′β1b = 0.65 × 0.79 × 35 × 0.87 × 2200 = 34400

B = φs (700 As′ − As f y ) = 0.85 × (700 × 800 − 3500 × 400) = −714000


D = −700 φs As′ d ′ = −700 × 0.85 × 800 × 75 = −35.70 ×106

− B ± B 2 − 4 AD 714000 ± 7140002 + 4 × 34400 × 35.70 × 106


c= =
2A 2 × 34400

c = 10.38 ± 33.85 ; seul c = 10.38 + 33.85 = 44.23 mm est valide

f s' = 700
( d ′ − c ) = 700 × ⎛ 75 −`44.23 ⎞ = 487.0 MPa
⎜ ⎟
c ⎝ 44.23 ⎠

f s′ > 400 MPa ∴ f s′ = f y = 400 MPa

L'hypothèse d'un comportement élastique n'est pas valide. L'armature est


donc plastifiée en traction.

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110 Calcul des structures en béton armé

Plastification en traction.

φs f y ( As + As′ ) 0.85 × 400 × (3500 + 800)


a= = = 36.98 mm
φcα1 fc′b 0.65 × 0.79 × 35 × 2200

M r =φ s As f y (d-a/ 2)+φ s As′ f s′ (d ′-a/ 2)

M r = 0.85 × 3500 × 400 × ( 704 − 36.98 / 2 )


+ 0.85 × 800 × 400 × ( 75 − 36.98 / 2 )
= (815.8 + 15.4) × 106 N ⋅ mm = 831.2 kN ⋅ m

EXEMPLE 4.8

Calculer la valeur de As max de l'exemple 4.4 si 4 No 25 sont utilisées comme


armature de compression à d' = 75 mm.

700d 700 × 562


cb = = = 357.6 mm
700 + f y 700 + 400

⎛ d ′ − cb ⎞ ⎛ 75 − 357.6 ⎞
f s′ = 700 ⎜ ⎟ = 700 ⎜ ⎟ = −553 MPa
⎝ cb ⎠ ⎝ 357.6 ⎠

f s′ < 400 MPa ∴ f s′ = − f y = −400 MPa

L'hypothèse d'un comportement élastique n'est pas valide. L'armature est


donc plastifiée en compression.

ab = β1 ⋅ cb = 0.883 ⋅ 357.6 = 315.8mm ≥ h f

Comportement de poutre en T en condition balancée, donc on doit


utiliser l'équation 4.99.

φ f ′ ⎡⎛ b f ⎞ hf 700β1 ⎤ f s′
Asb = α1 c c ⎢⎜ − 1⎟ + ⎥ b d − As′
φs f y ⎣⎢⎝ bw ⎠ d 700 + f y ⎦⎥ w fy

0.65 × 35 ⎡⎛ 2200 ⎞ 150 700 × 0.833 ⎤


Asb = 0.798 × × ⎜ − 1⎟ × + ⎥ × 400 × 562
0.85 × 400 ⎢⎣⎝ 400 ⎠ 562 700 + 400 ⎦
⎛ −400 ⎞ 2
−2000 × ⎜ ⎟ = 23145 mm
⎝ 400 ⎠

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Résistance à la flexion 111

4.6 MOMENT NÉGATIF

Les poutres soumises à un moment négatif se calculent comme celles exposée à un moment
positif. Les dimensions d et d' sont mesurées par rapport à la fibre comprimée (fibre
inférieure) comme illustré sur la figure 4.33.

P
Ts
As
d C¢s
d¢ A¢s
Cc

Fig. 4.33 Poutre rectangulaire soumise à un moment négatif

Les poutres en T se comportent comme des poutres rectangulaires de largeur bw. Toutefois,
on doit disposer l'acier sur une largeur b' égale au moindre de la largeur bf des poutres en T
(Tableau 4.5) ou bw + 0.1 L [10.5.3.1]. De plus, l'armature dans la partie du T excédant
l'âme (les ailes) ne doit pas être inférieure à 0.4% de l'aire brute de cette même partie (Fig.
4.34).

bw

Fig. 4.34 Poutre en T soumise à un moment négatif

EXEMPLE 4.9

Calculer la résistance à la flexion de la poutre continue soumise à un moment négatif


montrée à la figure 4.35 pour fc' = 30 MPa et fy = 400 MPa. La portée de la poutre est
égale à 8000 mm.
2600 100
50

10 No 25 475

500 [mm]

Fig. 4.35 Poutre de l’exemple 4.9

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112 Calcul des structures en béton armé

a) Section effective en moment négatif

b' ≤ bw + 0.1 L = 500 + 0.1 × 8000 = 1300 mm


≤ bf = bw + 24 hf = 500 + 24 × 100 = 2900 mm

On peut donc utiliser uniquement 1300/2600 × 10 = 5 barres


dans la largeur b’ pour le calcul de la résistance de la dalle.

b) Calcul du moment résistant

As = 5 × 500 = 2500 mm2

φ s As f y 0.85 × 2500 × 400


a= = = 108.3 mm
φ c α 1 fc′ b 0.65 × 0.805 × 30 × 500

d = 475 +100 - 50 = 525 mm

M r = φs As f y (d − a / 2) = 0.85 × 2500 × 400 × (525 − 108.3 / 2) ×10−6


= 400 kN ⋅ m

c) Vérification de l'armature maximale


La poutre en T en moment négatif se comporte comme une poutre rectangulaire.

φ f′ ⎛ 700 ⎞
Asb = α 1 c c β 1 ⎜ ⎟ bd
φ s f y ⎜⎝ 700 + f ⎟
y⎠

0.65 × 30 700
Asb = 0.805 × × 0.895 × × 500 × 525 = 6903 mm 2
0.85 × 400 700 + 400

d) Vérification de l'armature dans les ailes

(b ' - bw ) (1300 - 500)


As ailes = '
× As = × 5 × 500 = 1538 mm 2
b 1300

As ailes 1538
ρailes = = × 100 = 1.92% > 0.4%
b ⋅ hf (1300 - 500) × 100

4.7 DALLES UNIDIRECTIONNELLES

Le moment résistant des dalles se calcule comme celui des poutres rectangulaires.
Toutefois, comme pour les murs, il est usuel de calculer le moment résistant par mètre de
largeur. La quantité d'acier est spécifiée en terme d'espacement, ex : No 15 @ 200 c/c.

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Résistance à la flexion 113

L'acier minimal pour les dalles est de 0.002 Ag ou 0.2% Ag dans chacune des directions
orthogonales. Cet acier, s'il ne résiste pas à des efforts de flexion, doit être espacé au plus à
5hs sans excéder 500 mm [7.8] (Fig. 4.36). L'acier de flexion des dalles doit quant à lui être
espacé au plus à 3hs sans excéder 500 mm [7.4.1.2]. Les règles sont résumées au tableau
4.6.

hs

Fig. 4.36 Armature des dalles en flexion

Afin de limiter les flèches, la norme spécifie pour les dalles des épaisseurs minimales selon
leur utilisation [9.8.2.1, tableau 9-1]. L'épaisseur varie de L/10 pour une dalle en porte-à-
faux à L/28 pour une dalle doublement encastrée.

Tableau 4.6 Espacement de l’armature des dalles

Condition Espacement maximal (s)

Acier minimal : As = As min 5 hs


Acier structural : As > As min 3 hs
Tous les aciers 500 mm

EXEMPLE 4.10

Dimensionner l'armature de flexion de la dalle montrée sur la figure 4.37 si


fc' = 30 MPa et fy = 400 MPa pour les conditions suivantes :
hs = 100 mm qD = 2.2 kN/m2
L = 2000 mm qL = 2.4 kN/m2
recouvrement = 20 mm

Fig. 4.37 Dalle de l’exemple 4.10

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114 Calcul des structures en béton armé

a) Efforts pondérés

qc = wc h f = 24 × 0.1 = 2.4 kN/m 2

q f = 1.25( qc + qD ) + 1.5qL = 1.25 × (2.4 + 2.2) + 1.5 × 2.4 = 9.35 kN/m 2

M f = q f L2 8 = 9.35 × 2.0 2 8 = 4.7 kN ⋅ m/m

b) Armature
M r ≈ φ s As f y × (0.95d ) ≥ M f

Le bras de levier dans une dalle est d’environ 0.95d car elle ne contient pas
d’étrier. En comparaison le bras de levier dans une poutre est d’environ 0.9d.

d = 100 − 20 − 10 / 2 = 75 mm (barres 10M assumées)

Mf 4.1×106
As ≥ = = 169 mm 2 / m
φs f y 0.95d 0.85 × 400 × 0.95 × 75

Espacement maximal :
smax = 3hs = 300 mm ⇒ No 10 @ 300 mm c/c
≤ 500 mm
2
As = Abarre / s = 100 mm2 / 0.3 = 333 mm / m

As min = 0.002 Ag = 0.002 × 100 ×1000 = 200 mm2/m

As ≥ As min

c) Résistance
φ s As f y 0.85 × 333 × 400
a= = = 7.2 mm
φ cα1 fc′b 0.65 × 0.805 × 30 ×1000
−6
M r = φs As f y (d − a / 2) = 0.85 × 333 × 400(75 − 7.2 / 2) ×10

M r = 8.08 kN ⋅ m/m > M f = 4.1 kN ⋅ m/m

4.8 EXERCICES

Pour les exercices suivants, utiliser un béton de 30 MPa et de l'acier d'armature de 400MPa.
Les étriers sont de type No 10 avec un recouvrement normal.

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Résistance à la flexion 115

Exercice # 1

Pour la poutre de l'exercice # 1 de la section 2.6, calculer l'acier d'armature requis en


flexion et le moment résistant.

Solution : As = 4 No 25 d = 437.5 mm M r+ = 251 kN⋅m > M +f = 222 kN⋅m.


Exercice # 2

Pour la poutre de l'exercice # 2 de la section 2.6, calculer l'acier d'armature requis en


flexion et le moment résistant en négligeant la présence des armatures comprimées.

Solution : M positif : As = 5 No 35 sur deux rangs


d = 900 mm M r+ = 1463 kN⋅m > M +f = 1248 kN⋅m

M négatif : As = 9 No 20
d = 940 mm M r− = 778 kN⋅m > M −f = 734 kN⋅m

Exercice # 3

Pour la poutre de l'exercice # 3 de la section 2.6, calculer l'acier d'armature requis en


flexion.

Solution : M positif : As = 2 No 25
d = 937.5 mm M r+ = 316 kN⋅m > M +f = 242 kN⋅m

M négatif : As = 17 No 20
d = 940 mm M r− = 1326 kN⋅m > M −f = 1326 kN⋅m

Exercice # 4

Pour la poutre de l'exercice # 4 de la section 2.6, calculer l'acier d'armature requis en


flexion.

Solution : As = 4 No 30 d = 935 mm M r− = 835 kN⋅m > M −f = 753 kN⋅m.

Exercice # 5

Pour la poutre de l'exercice # 2 de la section 4.8, calculer le moment résistant en zone de


moment positif en tenant compte de la présence des armatures comprimées. Calculez
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116 Calcul des structures en béton armé

également les quantités d’armature minimale et maximale.

Solution : M r+ = 835 kN⋅m > M +f = 753 kN⋅m


As min = 822 mm2 Asb = 10 150 mm2.

RÉFÉRENCES

4.1 Wight, J. and MacGregor, J.G. Reinforced Concrete – Mechanics and Design,
Prentice-Hall, 2009.

4.2 Association Canadienne de Normalisation. Design of concrete structures,


CAN/CSA-A23.4-04, Mississauga, Ontario, 2004.

4.3 Association Canadienne du Ciment. Concrete Design Handbook, Ottawa, 3e édition,


2006.

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Utilisation restreinte à l'enseignement du cours CGI-2004 Université Laval
CHAPITRE 5

COMPORTEMENT EN SERVICE :
CONTRÔLE DE LA FISSURATION ET DES FLÈCHES

5.1 GÉNÉRALITÉS

Le dimensionnement des pièces est généralement dicté par leur capacité ultime. Par contre,
il importe que les éléments structuraux aient un comportement adéquat sous les charges
d'utilisation, c'est-à-dire non pondérées. Deux vérifications doivent être faites. Il faut
d'abord s'assurer que les fissures, difficilement évitables dans une structure en béton armé,
aient une ouverture limitée. Il faut ensuite s'assurer que les flèches ne soient pas excessives,
ce qui pourrait nuire au bon fonctionnement de la structure et endommager les éléments
qu'elle supporte.

Étant donné sa faible résistance à la traction, le béton armé est sujet à la fissuration. Cette
dernière peut se produire sous l’effet de charges externes beaucoup plus faibles que les
charges de conception ou même suite au retrait retenu. La fissuration accentue la flèche des
éléments en béton armé et, plus largement, affecte le comportement des ouvrages, leur
durabilité et leur apparence. Une bonne conception de l’armature permet de contrôler les
flèches des éléments ainsi que l’espacement ou l’ouverture des fissures. Ceci contribue à
assurer un bon fonctionnement à la structure tout en préservant sont état et en garantissant
sa durabilité ou son apparence. Les états limites d'utilisation reliés aux flèches et à la
fissuration des structures en béton doivent être une préoccupation première des
concepteurs.

La norme A23.3 a subi peu de changements vis-à-vis le calcul de l'ouverture des fissures et
du calcul des flèches alors que le code S6 a introduit une approche qui s'inspire de
l'Eurocode. Ces deux dernières approches ainsi que des approches nouvelles récemment
proposées pour améliorer les recommandations nord-américaines sont introduites dans ce
chapitre.

L'étude de la fissuration du béton, quelle soit induite par des efforts de flexion ou le retrait
restreint, doit d'abord être vu sous l'angle de la traction directe. L'approche préconisée par
l'Eurocode pour la traction et la flexion est introduite en premier lieu dans ce chapitre,
d'abord parce qu'elle est fondée sur des principes fondamentaux mais également parce que
les normes et les codes nord américains s'orientent vers une approche similaire. Ensuite
suivront les recommandations préconisées par la norme A23.3 actuelle.
118 Calcul des structures en béton armé

5.2 FISSURATION EN TRACTION

Le comportement des éléments en béton armé soumis à des efforts de traction directe est
relativement complexe malgré son apparente simplicité dû à la nature du lien entre
l'armature et le béton. Ce sujet suscite toujours un intérêt, particulièrement dû à une
préoccupation plus grande aujourd'hui de mieux contrôler la fissuration du béton, soit par
un calcul plus rigoureux ou par l'utilisation de bétons renforcés de fibres dont la
contribution au contrôle de la fissuration exige une meilleure compréhension des
phénomènes mis en cause. L'étude du comportement en traction directe des éléments en
béton armé permet d'introduire des notions et d'expliquer des phénomènes qui sont plus
aisément observables dans un état de contrainte simple. Cette section porte uniquement sur
l'approche de l'Eurocode car les normes nord américaines ne traitent pas du cas de la
traction directe. Le texte de cette section est adapté du mémoire de Kathleen Moffatt5.1.

5.2.1 Principes généraux

L'ouverture w des fissures dépend de leur nombre et de la charge. Pour une charge donnée,
plus le nombre de fissures est grand, plus w est petit. L'espacement moyen des fissures
diminue avec l'augmentation de l'adhérence entre l'acier et le béton. On a vu à la section
6.3.2 que la contrainte d'adhérence τa était inversement proportionnelle au diamètre des
barres d'armatures. Ainsi, pour une même aire d'acier, utiliser un grand nombre de barres de
petit diamètre plutôt que peu de barres de plus grand diamètre augmente la contrainte
d'adhérence et favorise un transfert plus rapide des efforts entre les armatures et le béton. Il
s'ensuit des fissures plus rapprochées d'ouverture w moindre, d'où un meilleur contrôle de la
fissuration.

Lorsqu'on calcule un élément structural fléchis, on néglige généralement la contribution du


béton situé dans la zone tendue en considérant que le béton fissuré ne possède qu'une
résistance faible. Cette simplification conservatrice permet d'obtenir une résistance ultime
qui représente bien la réalité observée. Cependant, cette façon de calculer est très
pénalisante lorsque l'on désire obtenir une relation charge-flèche réaliste.

En réalité, dans un béton armé tendu, des fissures se forment à intervalle plutôt régulier.
Au droit des fissures, tout l'effort est repris par l'armature. Cependant, entre les fissures, on
retrouve du béton sain qui peut encore transmettre des efforts de traction. C’est ce surcroît
de résistance, illustré à la figure 5.1, que l’on nomme raidissement en traction. Ceci est
évidemment valide en autant qu'il y ait une bonne adhérence entre le béton et l'armature.

Comme on peut le constater, pour un béton ordinaire, la prise en compte du raidissement en


traction n’augmente pas la résistance ultime de la pièce. Cependant, pour une charge
donnée, les déformations sont plus faibles. Tout calcul effectué en négligeant ce
phénomène conduit donc à une surestimation des allongements ou des flèches. Notons
finalement que les paramètres illustrés à la figure 5.1 seront définis dans les prochaines
sections.

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Comportement en service : Contrôle de la … 119

Ncr
Nc Raidissement en
traction
No
eci Ns

esh ey em

Fig. 5.1 Comportement en traction d'une membrure armée

Afin de décrire le mécanisme de rupture d’une pièce de béton armé sollicitée en traction,
étudions le cas de la membrure présentée à la figure 5.2 pour laquelle on adopte l’hypothèse
d’une déformation uniquement axiale et uniforme sur toute la section.
Ac

N N

L D As

Fig. 5.2 Membrure de béton armé

Dans les équations qui vont suivre les définitions suivantes sont adoptées :
- Ac et As sont respectivement l’aire de béton et l’aire d’acier de la section;
- Atr est l’aire totale de la section transformée en équivalente en béton;
- L correspond à la longueur du spécimen lors de la coulée;
- Δ est la variation de longueur depuis la coulée;
- εcm et εsm représentent la déformation moyenne du béton et de l’acier depuis la
coulée;
- N est l’effort de traction appliqué;
- Nc et Ns sont les composantes de N reprises par le béton et l’acier
respectivement;
Notons que dans ce qui suit les déformations et les contraintes sont positives en traction et
que les effets du fluage et de la relaxation du béton sont négligés.

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120 Calcul des structures en béton armé

Étant donné que le béton et l’acier sont liés ensembles, leur allongement total respectif doit
être identique. Ainsi, par compatibilité des déformations, on sait que :

Δ
ε cm = = ε sm (5.1)
L

De plus, l’équilibre des forces implique que :

N = Nc + N s (5.2)

N = Ac fc + As f s (5.3)

où fc et fs sont les contraintes dans le béton et l’acier causant les déformations εcf et εsf .

Si on néglige les déformations thermiques, alors la déformation totale du prisme est causée
par le retrait (de séchage et endogène) et par les sollicitations externes appliquées. Ainsi,
avant même l’application de la charge N , le béton et l’acier subissent des contraintes fc et fs
causées par le retrait. En effet, étant donné la présence de l’armature, le béton n’est pas
libre de se contracter et subit alors de la traction. Donc, toute déformation εcm différente de
la déformation de retrait libre d’un spécimen non armé, εsh, implique une contrainte fc dans
le béton. Cela revient à poser que :

ε cm = ε cf + ε sh (5.4)

où εcf correspond à la déformation dans le béton induite par des forces externes ou la
retenue offerte par l'armature. À l’opposé, lors du séchage, l’armature subit de la
compression. Cependant, l’état de contrainte nulle de l’acier a lieu dès la coulée. Toute
déformation de l’acier implique donc une contrainte fs , d’où :

ε sm = ε sf (5.5)

La figure 5.3 illustre les équations précédentes.


ecf
Condition de esh Condition
retrait libre initiale
ecm ecm = ecf + esh
N=0 esm (+)
esm = esf

esf
Condition
L finale

Fig. 5.3 Relations entre les déformations

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Comportement en service : Contrôle de la … 121

5.2.2 Comportement pré-fissuration

Lorsque la charge externe N est inférieure à la charge nécessaire pour provoquer la


fissuration de la membrure, Ncr , illustrée à la figure 5.1, l’acier et le béton subissent les
mêmes déformations et reprennent conjointement les efforts appliqués. Dans ce cas, Nc et
Ns sont constants le long de la membrure, comme l’illustre la figure 5.4.

N N

N < Ncr

Nc
N

Ns

Fig. 5.4 Répartition des efforts avant fissuration

Lorsqu’on se situe dans le domaine linéaire élastique, c’est-à-dire pour εcf < εcr et εsf < εy ,
où εcr et εy sont respectivement la déformation de fissuration du béton et la déformation de
plastification de l’acier, les contraintes et déformations sont liées par la loi de Hooke
(f = E ε) et on obtient les équations suivantes :

fc = Ec ⋅ ε cf (5.6)

f s = Es ⋅ ε sf (5.7)

En combinant les équations précédentes, et en définissant les termes n et ρ de la façon


suivante :
E
n= s (5.8)
Ec

As
et ρ= , (5.9)
Ac

on trouve finalement les relations qui suivent :

N − No
ε cm = (5.10)
Ec Atr

AEε
avec No = − Ac Ecε sh = − s s sh (5.11)

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122 Calcul des structures en béton armé

E
et Atr = Ac + s As = Ac (1 + nρ ) (5.12)
Ec

Notons que No , illustré à la figure 5.2, correspond à la force que l’on doit appliquer afin de
redonner à la membrure sa longueur originale, L.

On considère généralement que le module élastique de l’acier Es est égal à 200 000 MPa.
Pour le béton en traction, on peut utiliser la valeur du module d’Young tangent, estimé à
l’aide de l'équation 5.13, obtenue en posant l’hypothèse que le module tangent est environ
10% supérieur au module sécant défini dans la norme A23.3.

Ec,t ≈ 5 000 fc′ (5.13)

5.2.3 Comportement post-fissuration

Lorsque la contrainte dans le béton atteint la contrainte de fissuration fcr , soit pour
Ncr = Ac⋅fcr , on assiste à la formation de la première fissure. À partir de ce moment, on
assume que l’armature se trouve dénudée sur une courte distance. À cet endroit, le béton ne
supporte donc aucune charge (Nc = 0) et tout l’effort est repris dans la barre (Ns = N),
comme montré sur la figure 5.5.

N N

N = Ncr

lt

Nc
N
Ns

Fig. 5.5 Répartition de l'effort après formation d'une fissure

De part et d’autre de la fissure, la reprise des efforts par le béton se fait progressivement sur
une certaine distance lt , nommée longueur de transfert. À l’intérieur de cette zone, seule
une partie de la section Ac participe à la résistance. Cependant, à l’extérieur de cette zone,
l’acier et le béton travaillent de concert, comme dans le cas d’une membrure non fissurée.
Éventuellement, avec l’augmentation de la force, une section de cette zone atteint la
contrainte de fissuration et une nouvelle fissure apparaît. Ce processus se répète tant qu’il y
a suffisamment de distance entre deux fissures pour permettre au béton de travailler sur
toute sa section. Lorsqu’il n’y a plus de zones à l’extérieur de la longueur de transfert,
comme montré sur la figure 5.6, il ne peut se développer de nouvelles fissures et on assiste
alors à l'augmentation de l'ouverture des fissures en place. Étant donné qu’au droit des

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Comportement en service : Contrôle de la … 123

fissures tout l’effort doit être repris par l’armature, la résistance maximale de la membrure
sera celle correspondant à la plastification locale de l’acier au droit d’une fissure.

N N

N ³ Ncr

Nc
N
Ns

Fig. 5.6 Fissuration complète de la membrure

Lorsqu’on désire tenir compte du raidissement en traction du béton, deux approches sont
généralement utilisées. La première consiste à modifier la loi de comportement du béton
afin d’inclure l’effet de l’interaction acier-béton après fissuration (Massicotte et al, 1990;
Bouzaine et Massicotte, 1997). La seconde approche considère plutôt de modifier la loi de
comportement de l’acier afin d’y inclure la contribution du béton fissuré. Cette dernière
approche a été adoptée pour l'élaboration des méthodes préconisées par l’Eurocode2-1991
(Ghali et al, 2002).

5.2.4 Modèle de calcul de la déformation moyenne de l'acier


L'Eurocode2-1991 établit le calcul de la déformation axiale moyenne de l'acier par
l'entremise d'une pondération entre l'état non fissuré (état 1 - εs1) et entièrement fissuré (état
2 - εs2). On peut ainsi définir la déformation moyenne de l’acier sur toute la membrure en
fonction de la déformation maximale qui se produit à la fissure :

ε sm = ε s 2 − Δε s (5.14)

où Δεs représente la réduction de la déformation de l’acier due à la participation du béton


entre les fissures.

Des évidences expérimentales et géométriques sur la valeur de Δεs ont permis d’obtenir les
relations suivantes :

ε sm = (1 − ζ )ε s1 + ζε s2 (5.15)
avec

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124 Calcul des structures en béton armé

2 2
⎛ f ⎞ ⎛N ⎞
ζ = 1 − ⎜ scr 2 ⎟ = 1 − ⎜ cr ⎟ = 1 − χts2 pour fs ≥ fscr2 (5.16)
⎝ fs ⎠ ⎝ Na ⎠

où ζ est un coefficient d'interpolation entre les déformations de l’état non fissuré (état 1) et
de l’état fissuré (état 2). La figure 5.7 illustre la définition des paramètres.

Non
fissuré

Na Des
Effort axial

EcAtr
EcAe
EcAs
Ncr 1
N N

N
e=
EA

Ncr e rm es2
EcAtr Allongement de l'acier

Fig. 5.7 Charge axiale et déformation moyenne en traction

Afin de tenir compte des propriétés d'adhérence des armatures et des effets des charges
répétées et des soutenues, l'Eurocode2 modifie l'équation 5.16 :

2 2
⎛ f ⎞ ⎛N ⎞
ζ = 1 − β1β 2 ⎜ scr 2 ⎟ = 1 − β1β 2 ⎜ cr ⎟ pour fs ≥ fscr2 (5.17)
⎝ fs2 ⎠ ⎝ Na ⎠

Les coefficients β1 et β2 tiennent compte de l’adhérence des barres et du type de


chargement affectant la membrure. Les valeurs indiquées au tableau 5.1 sont proposées par
l'Eurocode2. La figure 5.8 illustre les différents paramètres utilisés dans les équations
précédentes.

Tableau 5.1 Valeurs des coefficients β1 et β2

Type de barres (β1) Chargement (β2)

Crénelées Lisses Court-terme Long-terme ou répété


1 0.5 1 0.5

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N - No
es1 =
EaAtr

N
es2 =
EsAs
esm = (1 - z) es1 + zes2
fs2

N
As Des = (1 - z)(es2 - es1)
fsr A B C

AC = Des max
AB = (1 - b1b2)AC

esm

Fig. 5.8 Déformation moyenne de l'acier d'une membrure fissurée selon l'Eurocode2

5.3 INERTIE EFFECTIVE EN FLEXION

L'étude de la fissuration en flexion est requise principalement pour le calcul des flèches et
de l'ouverture des fissures. Le calcul des flèches suppose un comportement élastique. Or, la
rigidité EI varie en fonction du niveau de charge : lorsque le moment appliqué augmente, la
fissuration progresse, amenant une diminution progressive de l'inertie. Ce comportement
non linéaire associé à la fissuration est pris en compte dans le calcul des flèches par le biais
de la rigidité effective en flexion dénotée EIe . L'inertie effective Ie réelle d'un élément
fléchi se situe entre l'inertie brute Ig , que l'on retrouve entre les fissures, et l'inertie fissurée
Icr , présente au droit des fissures et dont le calcul est présenté au chapitre 4. Dans la norme
A23.3 l'ouverture des fissures et la rigidité effective sont traités séparément alors que dans
l'Eurocode ils sont considérés à travers les principes énoncés à la section précédente pour la
traction directe.

Cette section présente le calcul de l'inertie effective selon diverses approches. Toutes ces
approches représentent de manière approximative la variation de la rigidité effective
sécante en fonction du moment appliqué, tel qu'illustrée sur la figure 5.9.

M EI non fissuré = EIg

1,0

EIg EIcr
EIe
1
1 EIélastique

Mcr EI fissuré = EIcr


EIe
1

Courbure Mcr M
a) Diagramme moment-courbure b) Variation de la rigidité effective

Fig. 5.9 Inertie effective selon le stade de chargement

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126 Calcul des structures en béton armé

5.3.1 Modèle de l’Eurocode2-1991


Le comportement d'un élément fissuré en flexion s'apparente grandement à celui des pièces
tendues. Pour un élément soumis à un moment fléchissant constant croissant, on observe
d'abord une flexion élastique suivie d'une phase de développement des fissures pour un
moment excédant le moment de fissuration Mcr . Dans cet état, la courbure de la pièce se
situe entre la courbure d'un élément non fissurée et celle d'un élément entièrement fissuré.
Tout comme pour la traction directe, ce phénomène, illustré sur la figure 5.10, est nommé
raidissement en traction.

c ts = 1 cts = Mcr /M a

Non
fissuré Fissuré
( c ts = 0)

Ma Dy
EcIg
Moment

EcIe
EcIcr
Mcr Dymax M M
1

y = M/EI
cts = DyDymax £ 1
Dymax = Mcr (1- Icr /I g)/E cI cr

Mcr /E cI g ya = Ma/EcIe Ma /E cI cr
Courbure y

Fig. 5.10 Comportement d'un élément en béton armé fléchi

Les relations tirées de l'Eurocode2 pour la traction directe sont également applicables à la
flexion. On trouve ainsi :

ε sm = (1 − ζ )ε s1 + ζε s2 (5.18)
avec

2 2
⎛ f ⎞ ⎛M ⎞
ζ = 1 − β1β 2 ⎜ scr 2 ⎟ = 1 − β1β 2 ⎜ cr ⎟ pour Ma ≥ Mcr (5.19)
⎝ fs2 ⎠ ⎝ Ma ⎠

Dans cette équation, Ma est le moment appliqué (Ma ≥ Mcr), Mcr est le moment de
fissuration dont le calcul est présenté au chapitre 4.

La courbure d'un élément fléchis est égale à :

M ε s − εc
ψ= = (5.20)
EI d

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Comportement en service : Contrôle de la … 127

où εc est la déformation du béton à la fibre extrême comprimée, exprimée en valeur


algébrique (négative en compression).

Les observations expérimentales ont démontré que la relation adoptée pour le calcul de la
déformation moyenne de l'armature dans les pièces tendues fissurées (éq, 5.18) était
également applicable aux éléments fléchis de sorte que :

ψ m = (1 − ζ )ψ 1 + ζψ 2 (5.21)

où ζ est un coefficient d'interpolation entre les courbures de l’état non fissuré (état 1) et de
l’état fissuré (état 2) défini par l'équation 5.19, soit :

Ma
ψ1 = (5.22)
Ec I g
et
Ma
ψ2 = (5.23)
Ec I cr

où Icr est l'inertie fissurée et Ig est l'inertie brute non fissurée. Le calcul de l'inertie fissurée
est présenté au chapitre 4.

La valeur de la courbure moyenne sert à déterminer l'inertie moyenne, généralement


identifiée comme l'inertie effective Ie :

M
Ie = (5.24)
Ecψ m

5.3.2 Modèle de Branson


La norme A23.3 propose la relation suivante [9.8.2.3] pour le calcul de l'inertie effective :

3
⎛M ⎞
( )
I e = I cr + I g − I cr ⎜⎜ cr ⎟⎟ ≤ I g (5.25)
⎝ Ma ⎠

Cette relation, appelée équation de Branson qui l'a proposé, est adoptée par les normes ACI
et A23.3. Il a été démontré récemment (Bischoff, 2005) que cette équation conduit à des
résultats réalistes pour des poutres dont le volume d'armature est de l'ordre de 1 à 2
pourcent, ce qui correspond à un ratio Ig/Icr variant entre 2 et 3 pour des armatures
conventionnelles en acier. Pour des ratios Ig/Icr plus grands, comme dans le cas des dalles,
cette équation sous-estime les flèches.

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128 Calcul des structures en béton armé

5.3.3 Modèle de Bischoff


Une nouvelle approche de calcul de l'inertie effective a récemment été proposée par
Bischoff. La dérivation de cette méthode est fondée sur le principe du raidissement en
traction vu à la section précédente. L'inertie effective selon la formulation proposée par
Bischoff est donnée par :

I cr
Ie = ≤ Ig (5.26)
1 − η ( M cr M a )2

η = 1 − I cr I g (5.27)

Cette relation a l'avantage d'avoir un domaine d'application plus large que les formulations
proposées par le modèle de l'Eurocode2 et de la norme A23.3, en particulier pour les
éléments faiblement armé mais également pour les pièces utilisant des armatures en
matériaux composites (fibres de carbones ou fibres de verre) dont les modules élastiques
sont inférieurs à celui de l'acier. Cette formulation pourrait ainsi éventuellement remplacer
celle actuellement préconisée par la norme A23.3.

5.4 OUVERTURE DES FISSURES

Les différents codes de conception s’assurent d’une fissuration adéquate en imposant une
valeur maximale à l’ouverture des fissures, variant habituellement entre 0.1 et 0.4 mm. La
limite inférieure s’applique aux structures servant de barrière étanche (réservoirs, barrages)
tandis que la limite supérieure est adéquate pour les structures en atmosphère sèche ou
protégées par une membrane. La norme canadienne A23.3 impose une ouverture maximale
de 0.4 mm aux éléments intérieurs d’une structure et de 0.33 mm aux éléments extérieurs,
en spécifiant cependant que ces limites ne sont pas applicables aux structures imperméables
ou en environnement corrosif.

Le calcul de l’espacement des fissures d’un béton ordinaire est basé sur l’hypothèse qu’à la
fissure, la participation du béton est nulle. Comme le béton est un matériau non-homogène
présentant de nombreuses imperfections, il est impossible de prédire exactement l’endroit
où la fissuration s’initiera ou quelle sera l’ampleur de la fissure. Cependant, de nombreuses
équations, la plupart empiriques, tentent d’établir une corrélation avec les résultats de tests.
Ces essais ont ainsi démontré que, outre la contrainte dans l’acier après fissuration, facteur
principal régissant l’ouverture de fissure, l’épaisseur du recouvrement de béton, le
diamètre, l’espacement et l’arrangement des armatures, l’adhérence des barres, la résistance
du béton et la forme de la distribution des déformations affectent également l’ouverture. On
comprend donc la difficulté qu’il peut y avoir à établir une relation adéquate.

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5.4.1 Modèle de l’Eurocode2-1991

Lorsqu’on calcule le raidissement en traction du béton selon la méthode de l’Eurocode, le


terme ζ εs2 de l’équation 5.18 correspond à la déformation supplémentaire que l’acier subi
au droit de la fissure comparativement au béton. Ainsi, l’ouverture moyenne des fissures
est :

wm = sm ζ ε s 2 (5.28)

où sm correspond à l’espacement moyen des fissures, dont le calcul est effectué d’après
l’équation semi-empirique 5.29 démontrée ici.

Il a été précédemment admis que le transfert des efforts de l’acier au béton de part et
d’autre d’une fissure s’effectue par frottement, le long d’une distance nommée lt. En posant
que la contrainte d’adhérence moyenne est τam alors, la force transmise par adhérence, Fa ,
est :

4 As
Fa = τ am × Aire de contact = τ am ⋅ π ⋅ db ⋅ lt = τ am ⋅ ⋅ lt (5.29)
db

La deuxième fissure apparaît lorsque Fa atteint la résistance à la fissuration donc pour


Fa= Fcr , ce qui correspond à :

4 As
Ac fcr = τ am ⋅ ⋅ lt (5.30)
db

En posant que la contrainte d’adhérence moyenne est reliée à la contrainte de fissuration du


béton par la relation suivante :

f cr
κ1 = (5.31)
τ am
on peut alors isoler la valeur de lt afin d’obtenir :

d
lt = κ1 b (5.32)

Divers essais ont permis de constater que d’autres paramètres viennent affecter
l’espacement des fissures. C’est pourquoi l’équation précédente a été modifiée de façon
empirique afin d’obtenir :
d
sm = 50 + κ1κ 2 b (5.33)
4 ρr
où db = diamètre des barres (mm);

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130 Calcul des structures en béton armé

κ1 = facteur d’adhérence ;
= 0.8 pour les barres crénelées;
= 1.6 pour les barres lisses;
κ2 = facteur de forme du diagramme de déformation;
= 1.0 lorsque la section est sollicitée en traction pure;
= 0.5 lorsqu’elle subit de la flexion pure.

La valeur de ρr est obtenue de l’équation suivante :

As
ρr = (5.34)
Acef

où Acef est l’aire effective de béton et correspond à l’aire influencée par la présence de
l’acier. Elle se calcule d’après les prescriptions montrées à la figure 5.11.

ccr

d
h
ccr

£ 2,5 (h - d)
£ (h - ccr)/3 £ 2,5 (cr + db/2)
£ (h - ccr)/3

c.g. aciers cr
(a) Poutre (b) Dalle

cr = recouvrement
ccr = profondeur de la zone comprimée
cr db = diamètre des barres

£ 2,5 (cr + db /2)


£ t/2
(c) Membrure en traction

Fig. 5.11 Calcul de l'aire de béton effective

Finalement, afin de tenir compte de la variabilité de l’espacement et de l’ouverture des


fissures, l’Eurocode2-1991 définit l’ouverture caractéristique de fissure, wc , comme étant
l’ouverture susceptible d’être excédée par moins de 5% des fissures de la membrure. C’est

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cette ouverture, définie à l’équation 5.35, qui doit être comparée aux limites maximales
imposées par la norme. Ainsi :

wc = β wm ≤ wlim (5.35)

avec β =1.7 si la plus petite dimension de la pièce (dmin) est supérieure à 800 mm;
=1.3 si la plus petite dimension de la pièce (dmin) est inférieure à 300 mm;
= valeur interpolée entre 1.3 et 1.7 pour le cas où 300 < dmin < 800 mm, soit :

d min − 300
β = 1.3 + 0.8 × ≤ 1.7 (5.36)
1000

5.4.2 Modèle de la norme A23.3

La norme A23.3 assure le contrôle de la fissuration en flexion par le biais d'un facteur
empirique z égal à [5.6.1] :

z = f s 3 dc A N/mm (5.36)

La norme stipule qu’il faut augmenter la valeur de z obtenue avec l’équation (5.36) si des
armatures recouvertes d’époxy sont utilisée. La norme indique les limites suivantes pour z,
associées à des ouvertures de fissure de 0.4 mm et 0.33 mm respectivement, selon le type
d'exposition aux agents corrosifs :

• Pour une exposition intérieure, z ≤ 30 000 N/mm et w ≤ 0.4 mm


• Pour une exposition extérieure, z ≤ 25 000 N/mm et w ≤ 0.33 mm

Dans cette équation, fs est la contrainte moyenne dans l'acier. Le calcul de la contrainte est
fait en considérant l'inertie fissurée de la section (Icr). Dans l'équation 5.36, dc est la
distance entre la fibre tendue et les aciers de flexion situés le plus près de cette fibre, tel
qu'indiqué sur la figure 5.12, soit l'enrobage de la barre cr plus le demi diamètre de la barre.
Toutefois, il n'est pas requis de prendre une valeur de dc supérieure à 50 mm pour le calcul
de z ou de A (dc = cr + détrier + db/2 ≤ 50 mm).

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Axe neutre

Centre de gravité h1
de l'acier h2

x
dc

Fig. 5.12 Valeur de dc

De plus, A est l'aire moyenne de béton par barres :


2 ⋅ x ⋅ bw
A= (5.37)
Nombre de barres

Le paramètre x correspond à la position du centre de gravité des armatures de flexion par


rapport à la fibre tendue de la section. L'ouverture des fissures peut être donnée par :

h h2
w = 11 f s 3 dc A 2 ×10−6 = 11 z ×10−6 (mm) (5.38)
h1 h1

Ces prescriptions s'appliquent tant aux poutres qu'aux dalles unidirectionnelles. En pratique
on vérifie les valeurs de z aux sections de moment positif et de moment négatif ayant le
moins d’armature puisque la valeur de A sera maximale en ces endroits.

Pour les dalles la valeur de A = 2 dc s , on peut ainsi trouver la valeur de s permettant de


bien contrôler la fissuration dans l’équation (5.36). L’espacement des armatures dans la
dalle devra donc être inférieur à la valeur de s trouvée et aux critères définis au tableau 4.6
de la section 4.7.

5.4.3 Calcul de la contrainte dans l'armature

On peut utiliser diverses approches pour le calcul de la contrainte dans l'armature d'une
section fissurée. Les équations présentées au chapitre 4, aux tableaux 4.1 et 4.2 sont
rigoureuses. On obtient :
M a ⋅ ys
fs = n ⋅ (5.39)
I cr

où n est le rapport des modules élastiques (n = Es / Ec) et où Ma est le moment appliqué,


généralement celui obtenu des charges de service.
De manière approximative, il est également possible d'utiliser la condition prévalant près de

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l'ultime où la contrainte est donnée par la relation suivante :


Ma
fs = (5.40)
As (d − a / 2)

Comme cette équation est approximative, elle pourrait sous-estimer la contrainte dans
l'acier car avec la valeur de a obtenue de la condition ultime, elle surestime la distance entre
les résultantes des forces de compression et de traction.

Le tableau 5.2 présente la valeur du rapport fs / fy calculé avec l'équation 5.40 pour
différents rapports de charges vives sur charges permanentes, L / D.

Tableau 5.1 Valeur de fs / fy

L/D fs / fy

0 0.68
0.5 0.64
1.0 0.62
1.5 0.61
2.0 0.60

Pour alléger les calculs, la norme permet d'utiliser la contrainte suivante :

f s = 0.6 f y (5.41)

5.4.4 Exemples

EXEMPLE 5.1

Pour la poutre intérieure de bâtiment de la figure 5.13, on désire vérifier le


comportement à la fissuration selon la norme A23.3.

MD = 100 kN·m ; ML = 350 kN·m ; fc' = 30 MPa

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134 Calcul des structures en béton armé

5 No 30
800

65 30
11 40

66 400

Fig. 5.13 Poutre de l’exemple 5.1

Solution

a) Paramètres géométriques
dc = 40 + 11 + 30/2 = 66 mm > 50 mm ⇒ dc = 50 mm

3 × 700 × 50 + 2 × 700 × (50 + 65 )


x= = 76 mm
5 × 700
2 ⋅ x ⋅ bw 2 × 76 × 400
A= = = 12160 mm 2
Nombre de barres 5
3 × 700 × 66 + 2 × 700 × 131
ycg = = 92 mm
5 × 700
d = h - ycg = 800 - 92 = 708 mm

b) Calcul de fs avec l’équation 5.40 (φc = φs = 1)

As f y 400 × 3500
a= = = 144.9 mm
α 1 f c′ b 0.805 × 30 × 400

M (100 + 350) ×106


fs = = = 202 MPa
As (d − a / 2) 3500 × (708 − 144.9 / 2)

c) Calcul avec l'inertie fissurée (voir chapitre 4)


bh3 400 × 8003
Ig = = = 17.07 ×109 mm4
12 12
f r = 0.6 f c′ = 0.6 30 = 3.29 MPa

fr ⋅ I g 3.29 ×17.07 ×109


M cr = = = 140.4 ×106 N ⋅ mm = 140.4 kN ⋅ m
yt 400

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Comportement en service : Contrôle de la … 135

E c = 3300 f c′ + 6900 = 3300 30 + 6900 = 25 000 MPa

E s 200 000
n= = = 8.0
Ec 25 000

b 400
B= = = 14.29 × 10 −3 mm −1
n As 8 × 3500

2 d B +1 −1 2 × 708 × 14.29 × 10−3 + 1 − 1


ccr = = = 252.5 mm
B 14.29 × 10−3
1 3
+ nAs ( d − ccr )
2
I cr = bccr
3
1
I cr = × 400 × 252.53 + 8.0 × 3500 × ( 708 − 252.5 )
2
3

I cr = 2146 × 106 + 5810 × 106 = 7956 × 106 mm 4


M ⋅ ys
fs = n
I cr

ys = d − ccr = 708 − 252.5 = 455.5 mm

f s = 8.0 ×
(100 + 350 ) ×106 × 455.5 = 206.1 MPa
7956 ×106
Une valeur comparable à celle calculée précédemment. Celle-ci sera utilisée pour
la suite de l'exemple.

d) Calcul du facteur z
z = f s 3 dc A

z = 206.1 3 50 ×12160 = 17 460 N/mm < 25 000 N/mm


< 30 000 N/mm ⇒ OK

La poutre présentera des fissures avec une ouverture moyenne inférieure à


0.4 mm car la valeur de z est inférieure à la valeur limite de 30 000 N/mm
pour une exposition intérieure.

e) Calcul de l'ouverture de fissure


h1 = d − ccr = 708 − 252.5 = 455.5 mm

h2 = d + x − ccr = 708 + 76 − 252.5 = 531.5 mm


h 531.5
w = 11×10−6 z 2 = 11×10−6 17 460 = 0.228 mm
h1 455.5

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136 Calcul des structures en béton armé

f) Vérification de la contrainte dans le béton

Pour que ce calcul soit valide, il faut s'assurer que le béton a un comportement
linéaire (σ = Eε). On a donc :

M ⋅ ccr (100 + 350 ) ×10 × 252.5


6
fc = = = 14.3 MPa
I cr 7956 ×106

〈 0.5 fc′ = 0.5 × 30 = 15 MPa qui correspond à la limite de linéarité

Donc, la poutre fissurée a un comportement légèrement non linéaire à ce niveau de


chargement.

EXEMPLE 5.2

Pour la poutre de l'exemple 5.1, on désire vérifier le comportement à la fissuration


selon l'Eurocode.

Solution

a) Espacement des fissures

Acef ≤ 2.5(h − d )b = 2.5 × (800 − 708) × 400 = 92 000 mm 2

Acef ≤ ( h − ccr )b / 3 = (800 − 252.5) × 400 / 3 = 73000 mm 2

Acef = 73000 mm 2

As 3500
ρr = = = 47.95 ×10−3 = 4.79%
Acef 73000

db 30
sm = 50 + κ1κ 2 = 50 + 0.8 × 0.5 × = 113 mm
4 ρr 4 × 47.95 ×10−3

b) Ouverture de fissure
f scr 2 206.1
ε s2 = = = 1030 × 10−6
Es 200 000
2 2
⎛M ⎞ ⎛ 136.5 ⎞
ζ = 1 − β1β 2 ⎜ cr ⎟ = 1 − 1.0 ×1.0 × ⎜ ⎟ = 0.908
M
⎝ a ⎠ ⎝ 100 + 350 ⎠

wm = sm ζ ε s 2 = 113 × 0.908 × 1030 × 10−6 = 0.106 mm

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Comportement en service : Contrôle de la … 137

d min − 300 400 − 300


β = 1.3 + 0.8 × = 1.3 + 0.8 × = 1.38
1000 1000
wc = β wm = 1.38 × 0.106 = 0.15 mm

Selon l’Eurocode, la poutre présentera des fissures avec une ouverture moyenne de
0.106 mm (comparativement à 0.228 mm avec la norme A23.3), 5% de ces fissures
auront une ouverture supérieure à 0.15 mm.

5.5 CALCUL DES FLÈCHES

5.5.1 Rappel des notions théoriques

Le calcul des flèches d'éléments fissurés peut rapidement devenir une tâche complexe. Il est
ainsi de pratique courante d'appliquer des méthodes approximatives, notamment pour la
détermination de l'inertie effective. Dans le cas de poutres sur appuis simples, les flèches au
centre sont données par les relations montrées sur la figure 5.14 où l'inertie effective
utilisée est celle correspondant au moment maximal.
w

5 wL4
Dc =
384 EcIe
EI

PL3
Dc =
48 EcIe
EI

L/2 L/2

Fig. 5.14 Calcul des flèches de poutres simplement supportées

Pour des systèmes ou chargements plus complexes, on se réfère aux cours d'analyse des
structures. Les abaques du CDH peuvent s'avérer très utiles en pratique pour obtenir les
flèches pour des cas simples.

Pour les poutres continues, Ghali a récemment proposé la relation suivante, adaptée aux
éléments fissurés, où les termes sont définis sur la figure 5.15 :
L2
Δ= (ψ1 + 10ψ m +ψ 2 ) (5.42)
96
avec
M a1 M am M a2
ψ1 = ψm = ψ2 = (5.43)
Ec I e1 Ec I em Ec I e 2

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138 Calcul des structures en béton armé

où les moments Ma1 , Mam et Ma2 dans sont exprimés en valeurs algébriques.

M1 M2

Mm

L/2 L/2

M1 M2
y1 = y2 =
EcIe1 EcIe2

Mm
ym =
EcIem

Fig. 5.15 Calcul des flèches des poutres continues

5.5.2 Effet du fluage

Le fluage est un phénomène qui varie dans le temps et dont l'effet est plus accentué en
début de chargement et diminue avec le temps. La déformation de fluage s’additionne à la
déformation élastique instantanée. Des relations ont été présentées à cet effet au chapitre 3.
La norme A23.3 propose l'équation suivante [9.8.2.5] :

⎡ S ⎤
Δ t = Δ i ⎢1 + ⎥ (5.44)
⎣ 1 + 50 ρ ′ ⎦
où Δt et Δi sont respectivement les flèches à long terme et instantanée, ρ’ correspond au
taux d’armature comprimée de la section et ρ’= As’/bd. Les valeurs de S suggérées sont
données au tableau 5.2. Le paramètre S dans l'équation 5.44 correspond au facteur φ(t) de
l'équation 3.28.

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Comportement en service : Contrôle de la … 139

Tableau 5.2 Valeurs de S

Durée depuis l'application


S
de la charge

3 mois 1.0
6 mois 1.2
1
9 mois 1.3
12 mois 1.4
5 ans et plus 2.0
1: Par interpolation linéaire entre 6 et 12 mois

5.5.3 Limites des flèches

La norme A23.3 spécifie les limites de flèches données au tableau 5.3 [tableau 9.2] où ln
correspond à la portée nette entre les appuis.

Tableau 5.3 Valeurs limites des flèches

Toitures ne supportant pas d'éléments


Flèche instantanée due aux l n / 180
susceptibles d'être endommagés par les
charges vives
flèches.

Planchers ne supportant pas ou n'étant pas


Flèche instantanée due aux l n / 360
attachés à des éléments susceptibles d'être
charges vives
endommagés par les flèches.

Planchers ou toitures attachés ou


supportant des éléments susceptibles d'être Incrément de flèche après l n / 480
endommagés par les flèches. l'attachement des éléments
fragiles, incluant les flèches à
Planchers ou toitures attachés ou long terme et les flèches
supportant des éléments non susceptibles instantanées. l n / 240
d'être endommagés par les flèches.

5.5.4 Contrôle des flèches

La norme permet de ne pas calculer les flèches si certaines proportions sont conservées.
Dans le cas des poutres et dalles unidirectionnelles, les limites indiquées par la norme sont
présentées au tableau 5.4 [9.8.2.1]. Les épaisseurs minimales recommandées pour les dalles
bidirectionnelles sont présentées au chapitre 12. Pour des élancements plus grands ou si des
conditions particulières prévalent, les flèches doivent être calculées selon la méthode
présentée précédemment.

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140 Calcul des structures en béton armé

Tableau 5.4 Hauteur minimale des poutres

Conditions d'appui Simplement Une extrémité Deux extrémités


Porte-à-faux
appuyée continue continues

Poutres ou dalles nervurées l n / 16 ln /18 l n / 21 ln / 8


unidirectionnelles

Dalles unidirectionnelles
ln / 20 ln / 24 ln / 28 ln / 10

EXEMPLE 5.3

La poutre en T d’un plancher montrée sur la figure 5.16 est faite avec un béton de 40 MPa. On
désire calculer la flèche à court terme sous les charges permanentes ainsi que sous les charges
vives selon la méthode préconisée par la norme A23.3.
wD = 20kN/m; wL = 30 kN/m

L = 12m

200

d = 895 c.g.

6 No 35 ycg 800

70
70

600 400 600

Fig. 5.16 Poutre de l’exemple 5.3

Solution

a) Calcul de l'inertie du béton seul

Ac = 1.2 × 0.2 + 0.4 × 1.0 = 0.64 m 2

w poutre = 0.64 × 24 kN/m3 = 15.36 kN/m

y cg = y t = (1.2 × 0.2 × 0.9 + 1.0 × 0.4 × 0.5) / 0.64 = 0.65 m = 650 mm


1.2 × 0.23 0.4 × 1.03
Ig = + 1.2 × 0.2 × (0.9 − 0.65) 2 + + 1.0 × 0.4 × (0.5 − 0.65) 2
12 12

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Comportement en service : Contrôle de la … 141

I g = 58.13 × 10 −3 m 4 = 58.13 × 10 9 mm 4

Si on néglige la contribution de l'acier : Ic = Ig = 58.13x109 mm4

b) Calcul de l'inertie fissurée


Ec = 3300 40 + 6900 = 27 700 MPa

E s 200 000
n= = = 7.22
Ec 27 700

d = 800 + 200 - 70 -70/2 = 895 mm

Pour la section de l'exemple, on trouve selon le tableau 4.2 :


400 200 × (1600 − 400 )
C= = 9.234 × 10 −3 f = = 5.540
7.22 × 6000 7.22 × 6000

9.234 × 10−3 (2 × 895 + 200) + (1 + 5.540) 2 − (1 + 5.540)


ccr = = 138.6 mm
9.234 × 10−3
1200 × 2003 400 × 138.63
I cr = + + 1200 × 200 (138.6 − 100 ) + ...
2

12 3
... + 7.22 × 6000 ( 895 − 138.6 )
2

I cr = 1.513 ×109 + 24.79 ×109 = 26.29 ×109 mm4


Note: Il y a possiblement une erreur dans le calcul précédent car ccr < hf. L'inertie devrait être
calculée avec les équations pour une poutre rectangulaire. L'inertie fissurée réelle est
égale à 25.1×109 mm4.

Selon le tableau 6.9 à la page 6.36 du CDH, on peut obtenir Icr de manière approximative avec :
hf / d = 200 / 895 = 0.223

ρ = As / bd = 6000 / (1600×895) = 0.00419


ρ n = 0.00419 × 7.22 = 0.030

Ce qui donne :
Icr / bd3 = 0.022

Icr ≅ 0.022 × 1600 × 8953 = 25.2 ×109 mm4

c) Moment de fissuration
f r = 0. 6 λ f c′ = 0.6 × 1.0 40 = 3.79 MPa

© Bruno Massicotte Hiver 2013


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142 Calcul des structures en béton armé

f cr I cr 3.79 × 58.13 × 109


M cr = = = 339.4 × 106 Nmm = 339.4 kNm
ycg 650

wD L2 (15.36 + 20) × 122


MD = = = 636 kN ⋅ m
8 8

wL L2 30 × 122
ML = = = 540 kN ⋅ m
8 8
M D + M L = 1176 kN ⋅ m

d) Calcul des flèches


3
⎛M ⎞
I e = I cr + ( I g − I cr ) ⎜⎜ cr ⎟⎟ ≤ I g
⎝ Ma ⎠
3
9 ⎛ 339 ⎞
I eD = 26.29 × 10 + ( 58.13 − 26.29 ) ×10 ⎜
9
⎟ = 31.11×10 mm ≤ Ig
9 4
⎝ 636 ⎠
3
⎛ 339 ⎞
I e ( D + L ) = 26.29 × 109 + ( 58.13 − 26.29 ) × 109 ⎜ 9
⎟ = 27.05 × 10 mm
4
⎝ 1176 ⎠

5 w L4
Δ=
384 EI

5 × 35.36 × 12 0004
ΔD = = 11.1 mm
384 × 27 700 × 31.11× 109

5 × (35.36 + 30) × 12 0004


ΔD+L = = 23.6 mm
384 × 27 700 × 27.05 × 109

Δ L = Δ D + L − Δ D = 23.6 − 11.1 = 12.5 ≈ 13 mm

Δ L = 13 mm < L / 360 = 33.3 mm < L / 480 = 25.0 mm ⇒ OK

EXEMPLE 5.4

La poutre en T de l'exemple 5.3 est montrée sur la figure 5.16, on désire calculer la flèche à court
terme sous les charges permanentes ainsi que sous les charges vives selon la méthode proposée
par Bischoff pour l'inertie et Ghali pour la flèche.

Solution

Les résultats de l'exemple 5.3 sont utilisés lorsque applicables.

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Comportement en service : Contrôle de la … 143

a) Calcul des inerties

η = 1 − I cr I g = 1 − 26.29 × 109 58.13 × 109 = 0.5477


I cr
Ie = ≤ Ig
1 − η ( M cr M a )2

Pour Ma = MD = 636 kN-m


26.29 ×109
I eD = = 31.13 ×109 mm 4 ≤ I g = 58.13 ×109 mm 4
2
1 − 0.5477(339 636)

Pour Ma = MD + ML = 1176 kN-m


26.29 ×109
I eD + L = = 27.54 ×109 mm 4 ≤ I g = 58.13 ×109 mm 4
2
1 − 0.5477(339 1176)

C'est deux valeurs sont très proches de celles calculées selon l'approche empirique de Branson.

b) Calcul des flèches

L2
Δ = (ψ 1 + 10ψ m +ψ 2 )
96
ψ1 = ψ 2 = 0

M amD 636 ×106


ψ mD = = = 737.6 ×10−9 mm-1
Ec I emD 27 700 × 31.13 ×109

ΔD =
12 0002
96
( )
10 × 737.6 ×10−9 = 11.1 mm

M amD + L 1176 ×106


ψ mD + L = = = 1542 × 10−9 mm-1
Ec I emD + L 27 700 × 27.54 × 109

Δ D+ L =
12 0002
96
( )
10 × 1542 × 10−9 = 23.1 mm

Δ L = Δ D + L − Δ D = 23.1 − 11.1 = 12 mm

C'est deux valeurs sont évidemment très proches de celles calculées selon l'approche empirique
présentée à l'exemple 5.3.

EXEMPLE 5.5
Pour la poutre de l'exemple 5.3, on désire calculer les flèches en fonction du temps pour la

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Utilisation restreinte à l'enseignement du cours GCI-2004 Université Laval
144 Calcul des structures en béton armé

séquence de chargement donnée au tableau 5.5.

Solution

a) Àt=0
Flèche instantanée correspondant à wD0 = 25.36 kN/m.
Δi,D0 = 6.3 mm

b) À t = 3 mois
Flèche avec fluage de 3 mois pour wD0 et flèche instantanée pour wD3 - wD0 .
⎡ S ⎤
Δ t = Δ i ⎢1 + ⎥ = Δ i [1 + S ]ρ ′ = 0
⎣ 1 + 50 ρ ′ ⎦

Pour t = 3 mois : S3 = 1.0

Δt,D0 = 6.3 (1 + 1.0) = 12.6 mm


Δi,D3 = 4.8 mm
Δt,3 = Δt,D0 + Δi,D3 = 12.6 + 4.8 = 17.4 mm

Tableau 5.5 Séquence de chargement de l’exemple 5.5

Charges Inertie effective Flèche Incrément de


Temps présentes Ie (×109) mm4 instantanée flèche
(kN/m) totale Δi (mm) instantanée
Δ (mm)
t=0 wD0 =25.4 37.50 6.3 6.3 -0 = 6.3
t = 3 mois WD3 = 35.4 30.58 11.1 11.1 – 6.3 = 4.8
t = 12 mois WL12 = 10 27.69 15.5 15.5 – 11.1 = 4.4

t=∞ wL∞ = 30 26.59 23.6 23.6 – 15.5 = 8.1

On assume que des éléments non fragiles sont installés à 3 mois et des éléments fragiles sont
installés à 12 mois.

c) À t = 12 mois
Flèche avec fluage de 12 mois pour wD0 , flèche avec fluage de 9 mois pour
wD3 - wD0 et flèche instantanée pour wL12.

t = 12 mois : S12 = 1.4


t = 9 mois : S9 = (S6+S12)/2 = (1.2+1.4)/2 = 1.3 (par interpolation linéaire).

Δt,D0 = 6.3 (1 + 1.4) = 15.1 mm

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Utilisation restreinte à l'enseignement du cours GCI-2004 Université Laval
Comportement en service : Contrôle de la … 145

Δt,D3 = 4.8 (1 + 1.3) = 11.0 mm

Δt,12 = Δt , D 0 + Δt , D3 + Δi , L12 = 15.1 + 11.0 + 4.4 = 30.5 mm

d) Àt=∞

Toutes les charges permanentes (mortes et vives) subissent les effets du fluage.
L'augmentation instantanée de la charge vive wL∞ - wL12 subit une flèche instantanée.
L’inertie effective lorsque toutes les charges permanentes et vives à long terme sont
appliquées doit être utilisée pour calculer la flèche à long terme :
Δt , D 0+ D3+ D12 = Δi, D 0+ D3+ D12 ⋅ (1 + S )

t=∞: S∞ = 2.0
Δt , D 0+ D3+ D12 = Δi, D 0+ D3+ D12 ⋅ (1 + S ) = 15.5 × (1 + 2.0) = 46.5 mm

Δi,∞ = 8.1 mm

Δt ,∞ = Δt , D 0+ D3+ D12 + Δi, Lα = 46.5 + 8.1 = 54.6 mm

80

70

60

50 Δ = 8,1 mm
Flèche (mm)

40

30 Δ = 4,4 mm

20
Δ = 4,8 mm
10

Δ = 6,3 mm
0
0 3 6 9 12 15 18 Infini
Temps (mois)

Fig. 5.17 Évolution de la flèche de l’exemple 5.5

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Utilisation restreinte à l'enseignement du cours GCI-2004 Université Laval
146 Calcul des structures en béton armé

EXEMPLE 5.6

On désire vérifier les flèches pour les éléments non fragiles installés après 3 mois et les éléments
fragiles installés après 12 mois de l'exemple 5.5.

Solution

a) Éléments non fragiles


Flèche maximale = L/240 = 12 000 / 240 = 50 mm
Δ = Δtotal - Δ3 mois = 54.6 – 17.4 = 37.2 mm < 50 mm ⇒ OK

b) Éléments fragiles
Flèche maximale = L/480 = 12 000 / 480 = 25 mm
Δ = Δtotal - Δ12 mois = 54.6 – 30.5 = 24.1 mm < 25 mm ⇒ OK

La poutre satisfait donc les limites de flèches.

5.6 CONTRÔLE DE LA FISSURATION SECONDAIRE

Afin de contrôler l'ouverture des fissures secondaires dans les poutres dont la profondeur
excède 750 mm, la norme recommande une certaine quantité d'armature de peau sur une
distance de 0.5h de l’armature principale [10.6.2] :

Ask = ρ sk × Acs (5.36)



⎡h ⎤
Acs = 4 x ⋅ ⎢ − 2 (h − d )⎥ = (8d − 6h ) x (5.37)
⎣2 ⎦

avec ρsk = 0.008 pour une exposition intérieure


= 0.010 pour une exposition extérieure
x = cr + détrier + dbarre/2

Cette armature doit être disposée selon ce qui est indiqué sur la figure 5.18.

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Comportement en service : Contrôle de la … 147

h/2
Acs
2 d
£ 200 mm

h/2

2 (h - d )
2x 2x

Fig. 5.18 Disposition de l’armature de peau

Pour les dalles unidirectionnelles, l'armature de peau pour les surfaces dans un
environnement corrosif se calcule comme pour les âmes des poutres. Pour une largeur de
dalle de 1000 mm, on obtient (Fig. 5.19) :

Ask = ρ sk ⋅ Acs (5.38)

Acs = 4 x ⋅1000 (5.39)


avec
x=cr +dbarre /2
(5.40)
4x ≤ hs

2x

2x

s £ 200mm

Fig. 5.19 Armature de peau d’une dalle unidirectionnelle

EXEMPLE 5.7
Pour la poutre de l'exemple 5.1, on choisit une armature de peau constituée de barres No 10
situées à 60 mm (x) des surfaces, pour une exposition extérieure.
Solution
Acs = (8d − 6h ) ⋅ x

Acs = ( 8 × 708 − 6 × 800 ) ⋅ 60 = 51840 mm2

Ask = ρ sk Acs

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148 Calcul des structures en béton armé

ρ sk = 0.01 pour une exposition extérieure

Ask = 0.01× 51840 = 518 mm 2

Vérification : s ≤ 200 mm

Choix : 3 No 10 sur chaque face

Ask = 6 × 100 = 600 mm 2

La disposition de ces aciers est illustrée sur la figure 5.20.

3 No
72 10 @ 65 196= 216
h/2 - 2(h-d)

2( h - d) = 204
184

x = 60

Fig. 5.20 Solution de l’exemple 5.7

EXEMPLE 5.8

On désire calculer l'armature de peau d’une dalle de 150 mm d’épaisseur armée de barres No 15
situées à 30 mm des faces (Fig. 5.21).

2x = 2dc

hs = 150

2x = 2dc

dc = 30 s

Fig. 5.21 Dalle de l’exemple 5.8

Solution

Acs = 4 x ⋅ 1000 où 4x ≤ hs

4x = 4 × 30 = 120 mm ≤ 150 mm ⇒ OK

Acs = 120 × 1000 = 120 000 mm 2 /m

Ask = ρ sk ⋅ Acs

ρ sk = 0.01 (exposition extérieure)

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Comportement en service : Contrôle de la … 149

Ask = 0.01 × 120 000 = 1200 mm 2 /m

Abarre × Nbr surface 200 × 2


s≤ = = 0.333m = 333mm
Ask 1200
Vérification : s ≤ 200 mm gouverne.

Choix : s = 200 mm

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150 Calcul des structures en béton armé

RÉFÉRENCES

5.1 Moffatt, K. 2001. Analyse de dalles de pont avec armature réduite et béton de fibres
métalliques. Mémoire de maîtrise, Département des génies civil, géologique et des
mines, École Polytechnique de Montréal, 250p.

5.2 Massicotte, B., Elwi, A.E. and MacGregor, J.G. 1990. Tension stiffening model for
planar reinforced concrete members. ASCE Journal of Structural Engineering, Vol.
116, No. 11, pp. 3039-3058.

5.3 Bouzaiene, A. and Massicotte, B. 1997. Hypoelastic tridimentional model for non
proportional loading of plain concrete. ASCE Journal of Engineering Mechanics,
Vol. 123, No. 11, pp. 1111-1120.

5.4 Ghali, A., Favre, R, and Elbadry. M. 2002. Concrete structures – Stresses and
deformation. 3rd edition, Spon Press, New-York.

5.5 Bischoff, P. 2005. A rational proposal for predicting beam deflection. Paper
accepted for publication. Proceeding of the CSCE Annual Conference, Toronto,
Ontario, Canada.
5.6 Association Canadienne de Normalisation. Design of concrete structures,
CAN/CSA-A23.4-04, Mississauga, Ontario, 2004.

5.7 Association Canadienne du Ciment. Concrete Design Handbook, Ottawa, 3e édition,


2006.

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CHAPITRE 6

RÉSISTANCE À L'EFFORT TRANCHANT ET À LA TORSION

6.1 EFFORT TRANCHANT : PRINCIPES GÉNÉRAUX

6.1.1 Comportement

Le comportement en effort tranchant des poutres en béton armé est relativement complexe,
principalement dû aux facteurs suivants :

- le béton est un matériau non homogène ;


- les fissures prennent un rôle important et le transfert des efforts à travers
celles-ci est difficilement quantifiable ;
- la présence des armatures et le confinement changent la résistance ainsi
que les mécanismes de transfert des efforts ;
- le type de chargement affecte la résistance ;
- la géométrie de la pièce, rectangulaire ou en T, affecte le mode de
rupture ;
- l'interaction de l'effort tranchant avec les efforts de flexion, de torsion et
axiaux change le comportement.

Les principales conséquences de ceci sont qu'aucune théorie unique n'est acceptée de tous,
que les méthodes empiriques, basées sur des essais, sont les plus répandues et que les
normes comptent un grand nombre de recommandations. Néanmoins, des efforts
considérables ont été faits dans les années 1970 à 1990 afin d’arriver à une méthode de
calcul rationnelle. Comme il sera vu plus loin à la fin de cette section, trois familles de
méthodes ont été proposées pour calculer la résistance à l’effort tranchant des éléments en
béton armé.

6.1.2 Contraintes

On retrouve dans les poutres des contraintes de flexion (σ) et de cisaillement (τ) :

M⋅y
σ= (6.1)
I
152 Calcul des structures en béton armé

V⋅Q
τ= (6.2)
I⋅ b

Comme le montre la figure 6.1, la grandeur et l'orientation des contraintes principales d'un
point à l'autre d'une poutre varient et sont une combinaison des efforts globaux : M, V et N.

x b
a) Chargement

M 1,5 V
bd

y
V
M×y VQ
s= t=
I I×b
b) Contraintes: M et V
s2

sx sx = a
t s1 = ft

c) Contraintes principales

45°

90°
90°
d) Orientation des contraintes

e) Fissures

Fig. 6.1 Formation des fissures de cisaillement

Les fissures apparaîtront initialement perpendiculairement à l'orientation des contraintes


principales de traction. Cependant, au fur et à mesure de l'augmentation des charges,
l'orientation des efforts principaux changera en fonction des efforts développés dans les
armatures et, conséquemment, l'orientation ou la progression des fissures de cisaillement
seront affectées.

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Résistance à l'effort tranchant et à la torsion… 153

6.1.3 Mécanisme de résistance

La résistance à l'effort tranchant fait intervenir plusieurs mécanismes internes illustrés sur
la figure 6.2. L'inclinaison des fissures et la présence de barres perpendiculaires à l'action
de l'effort tranchant rendent l'étude des phénomènes relativement ardue. Cependant, à
toutes les étapes du chargement, l'équilibre des forces externes et des forces internes
donne :

Vext = Vf = Vint = Vcz + Vay + Vd + Vs (6.3)

où Vf = effort tranchant ;
Vcz = béton non fissuré dans la zone de compression ;
Vay = frottement sur le plan incliné de la fissure ;
Vd = action de goujon ;
Vs = acier de cisaillement.

À la rupture, l'ouverture des fissures diagonales s'accentue, ce qui tend à diminuer le


transfert des efforts par la fissure. Cependant, les normes attribuent généralement au béton
l'ensemble des contributions autres que celle de l'acier transversal, à savoir Vcz, Vay et Vd.

C Vax
Vc
Vay

Va Vs

V T
Vd

Vint.

Vs
Séparation
de goujons
Vc

Vd

Vc
Vay

Vs

Vext.
Fissuration Fissures Plastification Rupture
en flexion inclinées des étriers

Fig. 6.2 Mécanismes internes de résistance à l'effort tranchant

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154 Calcul des structures en béton armé

6.1.4 Mécanisme de rupture sans armature transversale

La résistance des poutres sans armature de cisaillement est reliée à la portée de


cisaillement, a, définie sur la figure 6.3 et à l'équation 6.4, et au rapport a/d.
V V
a a

V V

Fig. 6.3 Portée de cisaillement

où a=M/V (6.4)

Les mécanismes de résistance varient en fonction du rapport a/d. On parle alors de poutre
profonde si a/d est petit, ou de poutre élancée si a/d est grand, et ce, peu importe la
profondeur réelle de la poutre. La figure 6.4 illustre quel sera le mode de rupture envisagé
en fonction du rapport a/d alors que le tableau 6.1 décrit ceux-ci.

Tableau 6.1 Mode de rupture en fonction de a/d

Géométrie Mode de rupture

Rupture de l'ancrage des armatures à l'appui


Poutre très profonde : a/d < 1
ou par écrasement du béton
Rupture par écrasement du béton dans la
Poutre profonde : 1 < a/d < 2.5
zone comprimée
Poutre élancée : 2.5 < a/d < 6 Rupture en cisaillement-flexion
Poutre très élancée : a/d > 6 Rupture en flexion
Âme mince Rupture de l'âme en compression

L'interprétation de la figure 6.4 est la suivante. Pour tous les cas illustrés, la résistance
flexionnelle est la même, seul le rapport a/d varie (Fig. 6.3). On constate que pour une
poutre très élancée où a/d > 6.5, c'est la résistance à la flexion qui est la plus critique. Pour
tous les autres cas, la poutre, qui ne contient aucune armature transversale, atteindra la
rupture par une résistance insuffisante au cisaillement. Le mode de rupture en cisaillement
variera cependant. Pour des rapports a/d très petits, le béton atteindra une rupture par
écrasement en compression. Pour des valeurs intermédiaires de a/d, la rupture sera due à la
progression des fissures inclinées. Ainsi, pour une poutre armée en effort tranchant, dans le
cas où a/d < 2.5, l'armature transversale a un rôle secondaire alors que pour des valeurs de
a/d excédant 2.5, l'armature transversale joue un rôle important. Les différents modes de
rupture en cisaillement sont illustrés sur la figure 6.5.

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Résistance à l'effort tranchant et à la torsion… 155

M
(x = a)
Profondes
Très Très
courtes Courtes Élancées élancées

Résistance a V V a
flexionnelle
d
Rupture Fissures inclinées
et rupture V V
Fissures inclinées
1,0 2,5 6,5 a/d
Notes : • Poutres de même section
• As constant
a) Moment à la fissuration et rupture

Rupture en
cisaillement

Résistance
flexionnelle
Fissures inclinées
et rupture

Fissures inclinées

1,0 2,5 6,5 a/d


b) Cisaillement à la fissuration et à la rupture

Fig. 6.4 Types de rupture des poutres selon le rapport a/d

Pour avoir une résistance en cisaillement adéquate, on doit ajouter des aciers transversaux.
On essaie généralement d'avoir une résistance en cisaillement supérieure ou égale à celle de
flexion afin d'avoir un mode de rupture ductile.

6.1.5 Contribution du béton

La contribution du béton dans la résistance à l'effort tranchant est en partie reliée à la


résistance à la traction du béton. L'effort de cisaillement repris par le béton est
proportionnel à l'aire de l'âme (bw d) et à f c′ . La résistance amenée par le béton décroît
avec l'augmentation de la taille des poutres lorsque celles-ci n'ont pas d'acier d'armature
transversal. Ce phénomène, appelé effet d'échelle, est pris en compte dans la norme. Des
essais ont aussi démontré que vc augmente avec l'armature de flexion, comme le montre la
figure 6.6.

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156 Calcul des structures en béton armé

Fissure due à Ruptures en


l'excentricité compression
des forces

Écrasement
1 < a/d < 2.5

Rupture Rupture de la
d'ancrage bielle tendue

2.5 < a/d < 6

Rupture en Rupture en
cisaillement - traction cisaillement- compression

a/d > 6

Âme mince

Fig. 6.5 Divers modes de rupture en cisaillement

Ainsi, on trouve :
v c = (0.07 + 10 ρ w ) f c′ ≤ 0.19 f c′ (6.5)

Vc
vc = (6.6)
bw d

0,3
Méthode simplifiée
A23.3
(MPa)

0,2
f ¢c bw d
Vc

(Éq. 5.5)
vc =

0,1

0
0 0,01 0,02 0,03 0,04
As
rw =
bw d

Fig. 6.6 Contribution du béton en fonction de l'armature de flexion

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Résistance à l'effort tranchant et à la torsion… 157

Cependant, la norme A23.3 ne considère pas l'effet de l'armature de flexion dans le calcul
de Vr et une valeur constante de vc est attribuée au béton.

6.1.6 Mécanisme de rupture avec des armatures transversales

L'armature transversale permet de transmettre les efforts de cisaillement à travers les


fissures des âmes. On en retrouve différents types :

- étriers droits, verticaux (les plus courants) ;


- étriers inclinés ;
- barres longitudinales pliées et inclinées ;
- treillis métalliques.

L'ajout de l'acier d'armature transversal amène les bénéfices suivants à la résistance en


cisaillement :

- l'acier transversal ajoute la contribution Vs à la résistance ;


- les étriers réduisent les fissures ce qui permet à Vay et Vcz d'augmenter, donc
d'améliorer la contribution du béton à la résistance ;
- en soutenant les aciers de flexion, Vc se trouve augmenté ;
- la ductilité est nettement améliorée ;
- le béton est mieux confiné, ce qui améliore sa résistance ;
- l'effet d'échelle, observé sur les poutres sans étriers, devient négligeable.

Le comportement d'une poutre fissurée en effort tranchant est illustré schématiquement sur
la figure 6.7. Ce mécanisme est appelé analogie du treillis.

C C C C
Tv Tv Tv Tv d - a/2 = e

Ts Ts Ts Ts

a) Forces internes dans une poutre fissurée

eltan q

e
q

b) Analogie du treillis

Fig. 6.7 Mécanisme de transfert des efforts de cisaillement par les étriers

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158 Calcul des structures en béton armé

6.1.7 Analogie du treillis pour les poutres élancées

Le rôle des étriers et des armatures longitudinales dans le comportement à l'effort tranchant
peut être visualisé aisément en adoptant l'analogie du treillis. En effet, le cheminement des
efforts internes dans une poutre en béton armé s'apparente à celui d'un treillis où la fonction
des membrures tendues est assurée par les armatures alors que celle des membrures
comprimées est associée au béton. Un tel modèle, illustré sur la figure 6.8, permet le mieux
de comprendre le mécanisme de résistance des poutres fissurées en cisaillement.

P/2 P/2
a) Poutre en équilibre externe

P/2 P/2
b) Poutre fissurée
P

P/2 P/2
c) Reprise des efforts verticaux par les étriers et le béton
P

P/2 P/2
d) Transfert de l'effort tranchant

C
e d
T
où e = d − a/2
P/2
L/2
e) Reprise des efforts longitudinaux par les
e) armatures de flexion et le béton
P

P/2 P/2
f) Modèle de treillis

Fig. 6.8 Analogie du treillis

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Résistance à l'effort tranchant et à la torsion… 159

Dans ce modèle, on assume, pour fins d'explications, que seules des fissures d'efforts
tranchants à 45o existent. On constate (Fig. 6.8b) que le béton seul ne peut transférer la
force P vers les appuis. En ajoutant des étriers (Fig. 6.8c), on permet aux forces d'être
transmises en compression à travers des membrures diagonales en béton et en traction par
des membrures verticales en acier (étriers). Cependant, comme le montre la figure 6.8d, ce
modèle est instable car il ne permet pas de transférer les efforts de traction et de
compression générés par le moment fléchissant (Fig. 6.8e). Il faut donc ajouter au treillis de
la figure 6.8d des membrures comprimées à la corde supérieure et des membrures tendues à
la corde inférieure (Fig. 6.8f).

Le calcul des efforts dans les membrures du treillis s'effectue comme pour un treillis
conventionnel. En adoptant un modèle de treillis, tel que montré sur la figure 6.9, pour
lequel les membrures verticales sont espacées d'une distance e/tanθ , où e est égal au bras
de levier interne au centre de la poutre (e = d - a/2), on peut déterminer les efforts dans
toutes les membrures. Pour les fins de l'exemple, un angle constant a été adopté pour les
membrures diagonales. Il sera vu au chapitre 6 que la variation de l'inclinaison des
membrures diagonales conduit à une solution plus optimale. Pour des fins d'illustration, il
est usuel de fixer le niveau des efforts en fonction de la résistance de l'acier. On fera
l'hypothèse que l'acier de flexion As et l'acier transversal Av permettent de résister
exactement à l'effort P appliqué. L'équilibre des forces au nœud nous donne (Fig. 6.9b et
6.9c) :

∑ Fv,2s = 0 : C d sin θ − Av f y = 0
Av f y
ce qui donne : Cd = (6.7)
sin θ

∑ Fv,1i = 0 : P / 2 − C d sin θ = 0
P = 2 Av f y (6.8)

∑ Fh,1i = 0 : T1,2 − Cd cos θ = 0


Av f y
ce qui donne : T1,2 = (6.9)
tan θ

∑ Fh,2s = 0 : C d cos θ − C 2,3 = 0


Av f y
C 2,3 = (6.10)
tan θ

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160 Calcul des structures en béton armé

P
Noeuds supérieurs (s)
2 3 4

e
1 2 3 q
Noeuds inférieurs (i)
L/2 P/2
P/2 e/tan q e/tan q e/tan q
a) Treillis à angle variable

2 C2, 3

Avfy e
1 T1, 2
P/2

e/tan q

b) Équilibre à l'appui

Cd 2s Cd
q Avfy q
1i T

c) Équilibre des forces verticales

C3, 4
2 3

Avfy e
1 2
T2, 3
P/2

e/tan q e/tan q

d) Équilibre des forces verticales en travée

C Modèle de treillis
2,5 P
C = M/e

L/2 L

T Modèle de treillis
2,5 P C = M/e

e/tan q
L/2 L
e) Variation des efforts internes longitudinaux

Fig. 6.9 Modèle de treillis à angle variable

La somme des moments par rapport à la corde supérieure permet de déterminer la force
dans la corde inférieure alors que la somme des forces horizontales donne la force de
compression dans la membrure supérieure. Selon la figure 6.9d on trouve :

P 2e
∑M = 0: T2,3 ⋅ e − ×
2 tan θ
=0

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Résistance à l'effort tranchant et à la torsion… 161

P 2 Av f y
T2,3 = = (6.11)
tan θ tan θ

2 Av f y
∑ Fh = 0 : C3,4 = T2,3 =
tan θ
(6.12)

De façon générale :
P Av f y
Ti, j = i × = i× (6.13)
2 tan θ tan θ
et
P Av f y
Ci, j = ( i − 1) × = ( i − 1) × (6.14)
2 tan θ tan θ

Les forces dans les membrures horizontales inférieure et supérieure du treillis sont données
à la figure 6.9e. On constate, dans le cas de la membrure inférieure, que cette force est
supérieure à celle calculée avec la relation suivante vue au chapitre 4 :

M M
T= = (6.15)
e d −a/2

En réalité, la force dans les aciers inférieurs est celle donnée par l'équation 6.15, décalée
d'une distance e/tanθ . Ce décalage est dû à l'hypothèse que les fissures se forment à un
angle θ. De cette constatation, on doit conclure que l'acier d'armature requis à une section
de coordonnée x doit être effective à une section x - e/tanθ. Enfin il convient de noter que
dans l'utilisation des treillis à angles variables, l'inclinaison des bielles est modifiée aux
appuis et près de charge concentrées afin de refléter le cheminement réel des efforts
internes. Ces aspects seront revus en détail au chapitre 6.

6.1.8 Évolution des méthodes de calcul de la résistance à l'effort tranchant

Les pionniers du calcul de la résistance à l'effort tranchant ont été Mörsch et Ritter qui ont
proposé à l'aube du XXe siècle l'utilisation du treillis à 45° pour le calcul des étriers. Ce
modèle a d'ailleurs été conservé jusqu'à maintenant pour la détermination de la contribution
des étriers dans la méthode simplifiée des normes nord-américaines. Toutefois, comme
l'analogie du treillis néglige la contribution du béton, plusieurs normes ont introduit le
terme Vc dans le calcul de la résistance à l'effort tranchant qui a subi de nombreux
changements, particulièrement au cours des dernières décennies.

Jusque dans les années 1950, les principes de calcul de la résistance à l'effort tranchant
adoptés dans les normes nord-américaines se sont éloignés des principes de la méthode des
treillis élaborés au début du XXe siècle. Le calcul de la contribution du béton a été introduit
sur la base d'essais, et ce, sans que les fondements théoriques ne soient pleinement
maîtrisés. L'effondrement dans un entrepôt de l'armée américaine en 1955 a permis de

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162 Calcul des structures en béton armé

mettre en évidence des graves lacunes quant à la compréhension des mécanismes de


résistance à l'effort tranchant. Deux aspects principaux étaient incorrectement traités dans
les normes de l'époque. La contribution du béton à l'effort tranchant était surestimée car
prise proportionnelle à f c′ contrairement à fc′ comme indiqué précédemment. De plus
l'effet de l'inclinaison des fissures sur le prolongement des armatures dans les régions des
points d'inflexion du diagramme des moments fléchissants était incorrectement compris.

Ce constat a conduit à des efforts de recherche concertés de grande envergure qui ont
conduit à des nouvelles recommandations dès le début des années 1960. Les ruptures à
l'effort tranchant sont fragiles et soudaines, avec peu de signes précurseurs. Ainsi les règles
de calcul adoptées par la norme A23.3 à compter des années 1960 étaient plus rigoureuses
et sécuritaires. Elles avaient toutefois le défaut d'être principalement empiriques et
plusieurs applications particulières nécessitaient l'introduction de nouvelles équations qui
même si adéquates étaient parfois dépourvues de sens physique.

En parallèle les codes européens ont évolué principalement à partir du modèle du treillis à
angle variable. Une telle approche est généralement plus rationnelle mais parfois trop
sécuritaire. Des efforts de recherche importants ont été entrepris au sein de divers groupes
de recherche, en particulier au Canada, dans le but d'améliorer les méthodes de calcul en
introduisant une version améliorée de la méthode des treillis à angle variable. Ceci a donné
lieu au développement des nouvelles théories, exercice justifié par la motivation d'aborder
le calcul à l'effort tranchant à partir de bases théoriques rationnelles comme pour la flexion
plutôt qu'à partir de relations empiriques. Typiquement les méthodes adoptées utilisait le
principe du treillis à 45° pour le calcul des efforts dans les étriers mais ajoutaient des
termes pour prendre en considération la contribution du béton, l'effet de la précontrainte ou
des charges axiales de traction ou compression.

La norme A23.3 a introduit en 1984 la méthode du Champ de compression qui reprenait les
principes généraux de la méthode des treillis à angle variable mais avec en plus une
composante de compatibilité des déformations qui permettait de calculer la résistance en
compression des bielles des âmes. Cette méthode qui devait contribuer à diminuer le
nombre d'étriers par l'utilisation d'angles inférieurs à 45°, s'est avérée trop conservatrice
parce qu'elle ne prend pas en compte la contribution du béton Vc . En parallèle, la norme
A23.3-84 a introduit la méthode des bielles et tirants pour le calcul des pièces profondes.
Cette méthode permet de traiter de manière rationnelle les mécanismes en cause dans le cas
des poutres profondes mais elle peut être également utilisée dans l’analyse des poutres
élancées. Ainsi trois approches étaient dès lors permises : la méthode simplifiée, qui est
essentiellement la méthode empirique utilisée depuis les années 1960, la méthode générale,
qui est basée sur la méthode du champ de compression, et la méthode des bielles et tirants.

En 1994, la norme A23.3-94 a modifiée la méthode générale en la basant sur la théorie du


Champ de compression modifiée dans laquelle une composante de Vc est considérée,
permettant de combler la lacune de la méthode générale de la norme précédente. La figure
6.10 illustre certains paramètres pris en compte dans le calcul de Vc avec la méthode du
Champ de compression modifiée. On y établit une relation de compatibilité des

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Résistance à l'effort tranchant et à la torsion… 163

déformations en déterminant l'orientation des déformations principales ε1 et ε2. La


déformation ε1 dans la direction de la traction permet de déterminer la composante du
béton armé en traction dans la phase post-fissuration, appelé raidissement en traction,
phénomène expliqué plus en détail au chapitre 10. Dans l'autre direction principale, la
déformation ε2 permet de calculer la contrainte de compression dans la bielle et s'assurer
d'une résistance adéquate. Certains des aspects de la méthode du Champ de compression
modifiée se retrouvent dans le traitement des poutres profondes présenté au chapitre 7. La
méthode générale de la norme A23-3-94 était itérative, elle requerrait l'utilisation d'abaques
pour déterminer la valeur de Vc en fonction de l'angle du treillis et de l'amplitude des
contraintes d'effort tranchant. Cette approche pouvait être améliorée.
w = e1sq

Détail à la fissure

vd sq
a f2

bw h/2 Mf e2
Vf
vf = f2 e1
dv Av à s b w dv ex Vf
Nf q
As et Ap ex
h/2 f1

Section Contraintes de Déformations Contraintes et déformations


cisaillement longitudinales biaxiales

Fig. 6.10 Paramètres considérés par la méthode du Champ de compression modifiée

Dans la dernière édition de la norme A23.3-04, la méthode générale et la méthode


simplifiée ont subi une évolution importante. L'angle de 45° de la méthode simplifiée et le
calcul de Vc ont été changés afin d'adopter la méthode du treillis à angle variable avec une
composante de béton. La méthode générale a été simplifiée afin d'éliminer l'utilisation des
abaques et elle ne requiert plus un calcul itératif dans sa nouvelle formulation. Le Code
canadien des ponts routiers (CSA-S6) propose d'adopter la même approche pour son édition
de 2006.

6.1.9 Approches de la norme canadienne

Trois méthodes de calcul de la résistance à l'effort tranchant sont proposées dans la norme
A23.3-04 : la méthode simplifiée, la méthode générale et la méthode des bielles et tirants.
Le choix de la méthode appropriée est dicté par les principes suivants. Les éléments fléchis
principalement gouvernés par le comportement flexionnel, soit pour un rapport a/h (ou
M/Vh) supérieur à 2.0 peuvent être dimensionnés par les trois méthodes précédentes.
Toutefois la somme de calculs impliqués avec la méthode des bielles et tirants ne justifie
pas son utilisation dans des conditions simples car elle conduira à une quantité d'armature

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164 Calcul des structures en béton armé

trop importante alors que la méthode simplifiée et la méthode générale sont beaucoup
efficaces. Ainsi, pour les éléments de type poutres, on préférera les méthodes dites
sectionnelles comme la méthode simplifiée ou la méthode générale. L'utilisation de la
méthode des bielles et tirants convient mieux aux poutres profondes (M/Vh < 2), aux
régions avec des discontinuités dans la géométrie des éléments ainsi qu'aux éléments où
l'hypothèse de Bernoulli des sections planes n'est plus adéquate. À cet effet le chapitre 7
présente plus en détails les champs d'application privilégiés de la méthode des bielles et
tirants. La méthode simplifiée peut être utilisée pour les éléments qui ne subissent pas
d'efforts axiaux de traction importants tandis que la méthode générale peut être utilisée pour
toutes les applications mais doit obligatoirement être utilisée pour le calcul des éléments
sujets à des efforts de traction importants ainsi que pour les éléments précontraints.

Aux trois dernières méthodes s'ajoute la méthode du cisaillement d'interface qui s'applique
principalement au calcul de la résistance des joints de reprise, aux plans entre des éléments
coulés en phase avec des changements de géométrie ou de matériaux. Le présent chapitre
présente les méthodes de calcul sectionnelle applicables aux poutres élancées où
l'hypothèse des sections planes est justifiée alors que le chapitre 7 traitera de la méthode des
bielles et tirants ainsi que de la méthode du cisaillement d'interface.

6.2 RÉSISTANCE À L'EFFORT TRANCHANT DES POUTRES ÉLANCÉES

6.2.1 Hypothèses

La norme assume que seule l'âme des poutres contribue à la résistance à l'effort tranchant.
Ainsi uniquement le béton et les armatures situés dans la section de l'âme des poutres sont
considérés (figure 6.11). La profondeur effective de l'âme dv devrait être prise égale au
terme e indiqué sur les figures 6.8 et 6.9 et devrait être égal à d-a/2. Cependant, afin de
faciliter les calculs et d'éviter de changer la valeur de la profondeur effective d'une section à
une autre, la norme spécifie que la profondeur effective de l'âme dv est égale à :

dv = 0.9d avec dv ≥ 0.72h (6.16)

d
dv h

bw

Fig. 6.11 Nomenclature des poutres en T


De plus la largeur effective minimale de l'âme bw est prise égale à la largeur minimale de

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Résistance à l'effort tranchant et à la torsion… 165

l'âme sur la profondeur dv. Les cas particuliers suivants s'appliquent toutefois :
- Pour les poutres précontraintes par post-tension, la moitié du diamètre des gaines non
injectées et le quart du diamètre avec gaines injectées doivent être retranchés de bw.
- Pour les sections circulaires, bw = D.
- Pour les âmes de forme trapézoïdale, bw est la largeur moyenne de l'âme incluant la
portion la plus étroite mais excluant toute portion excédant une ligne faisant un angle
de 20° à partir de la section la plus mince.

Contrairement aux éditions antérieures de la norme A23.3, l'hypothèse d'un treillis à angle
variable est adoptée. Pour la méthode simplifiée la valeur de θ est fixe, alors que pour la
méthode générale l'angle varie en fonction des efforts présents à la section considérée.

6.2.2 Résistance pondérée

Dans le calcul de la résistance pondérée à l'effort tranchant, la norme A23.3 distingue les
poutres profondes (a/h < 2) des poutres élancées (a/h > 2) [10.7], où a est la portée nette en
cisaillement. Pour les poutres élancées avec aciers transversaux on a [11.3.3] :

Vr = Vc + Vs + V p (6.17)

où Vc : contribution du béton, égale à celle obtenue sans les aciers transversaux.


Vs : contribution des aciers transversaux.
Vp : contribution verticale pondérée des forces de précontrainte :
dM p
Vp = φ p (6.18)
dx

où Mp : est le moment produit par les forces de précontrainte de service calculées à la


section concernée.
φp : coefficient de pondération des efforts de précontrainte, pris égal à 0.9 dans la
norme A23.3.

Afin d'éviter les ruptures en compression dans l'âme, une limite maximale est donnée à Vr
[11.3.3], soit :
Vr ≤ 0.25φc fc′bwdv + V p (6.19)

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166 Calcul des structures en béton armé

6.2.3 Contribution des aciers transversaux

La contribution des aciers transversaux dépend du nombre d'étriers croisant une fissure et
de la composante verticale des forces dans ces étriers. On assume que les étriers atteignent
la contrainte de plastification fy. La projection horizontale d'une fissure ayant une
inclinaison θ par rapport à l'horizontal est dv / tanθ . Ainsi, pour n étriers verticaux, on
obtient en observant la figure 6.12 :

Vs = φs Av f y × n (6.20)

Pour une fissure faisant un angle θ, le nombre d'étriers verticaux n est égal à :

dv
n= (6.21)
s tan θ

où s: l'espacement sur une ligne horizontale des étriers


Av : la somme de l'aire des branches des étriers dans le même plan.

On obtient donc [11.3.5.1] :


φs Av f y dv
Vs = (6.22)
s tan θ

o
Pour des étriers inclinés (α ≤ 90 ) comme illustré sur la figure 6.12, on trouve :

φs Av f y dv (cot θ + cot α ) sin α


Vs = (6.23)
s

La détermination de θ dépend de l'application et de la méthode choisie, tel qu'indiqué plus


loin dans la présente section. En conception, où Vc et Vf sont connus, on obtient pour des
étriers verticaux :

φs Av f y dv
s≤ (6.24)
(
V f − Vc tan θ)
6.2.4 Espacement maximal des étriers

La norme requiert que des étriers soient utilisés lorsque Vf ≥ Vc . Tel qu'il est présenté plus
loin, la contribution du béton est améliorée en présence d'étriers car ceux-ci favorisent le
transfert des efforts le long du plan de fissuration en maintenant les fissures fermées. Il est
donc permis de ne pas mettre d'étriers en autant que Vf ≤ Vc . Toutefois dans le cas où il n'y
a pas d'étriers Vc aura une valeur moindre comparativement à la situation où des étriers sont
utilisés.

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Résistance à l'effort tranchant et à la torsion… 167

Cc
Vc
Av f y

Av fy
Av
T
q s

dv /tan q
Étriers verticaux
s

C
s Av f y Vc
s

T F
q

dv /tan q
Étriers inclinés

Fig. 6.12 Types d’étriers

Pour que la contribution des étriers dans le calcul de Vc et de Vs puisse être considérée, la
norme requiert l'utilisation d'une quantité minimale d'armature. Une armature minimale est
requise dans le but d'assurer une certaine ductilité en cisaillement et d'éviter une rupture
fragile. La norme spécifie ainsi une limite minimale à la portion de la résistance à l'effort
tranchant reprise par les étriers égale à 30% de celle reprise par le béton, ce qui correspond
à une contrainte équivalente verticale de 0.06 f c′ en MPa:

d
Vs min = Av min f y × = 0.30 × 0.2 f c′ bwd
s
ce qui donne :
s
Av min = 0.06 f c′ bw × (6.25)
fy

Cependant, comme le type de barre pour les étriers est habituellement déterminé pour des
considérations géométriques et pour satisfaire la résistance, Av est connu a priori de sorte
que c'est l'espacement maximal qui est recherché. De l'équation 6.25 on peut ainsi obtenir
smax:

Av f y
smax = (6.26)
0.06 f c′bw

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De plus l'espacement maximal des étriers est fixé à [11.3.8] :

s ≤ 600 mm
• V f ≤ 0.125λφc fc′bwdv (6.27)
s ≤ 0.7 dv

s ≤ 300 mm
• V f > 0.125λφc fc′bwdv (6.28)
s ≤ 0.35dv

6.2.5 Contribution du béton

L'expression générale adoptée par la norme A23.3-04 pour la contribution du béton est
donnée par :
Vc = λφc β fc′ bwdv (6.29)

où φc = 0.65
λ = 1.0 béton normal [8.6.5]
= 0.85 béton semi-léger
= 0.75 béton léger

et où le terme fc′ dans l'équation 6.29 est limité à 8.0 MPa même si des bétons de
résistance supérieure à 64 MPa sont utilisés. Ceci est dû à un bagage de données
expérimentales limité pour des bétons plus résistants.

Enfin, tout comme l'angle θ, la valeur de β est déterminée en fonction de l'application et de


la méthode de calcul choisie.

6.2.6 Méthode simplifiée

Pour des éléments dont la limite élastique nominale des armatures longitudinales n'excède
pas 400 MPa et la résistance du béton n'excède pas 60 MPa, la norme recommande de
prendre θ = 35°. La valeur de β est déterminée selon qu'il y ait ou non présence
d'armatures transversales.

a) Avec armature transversale

Pour les éléments où la quantité d'armature transversale respecte les limites indiquées aux
équations 6.26 à 6.28, la norme recommande de prendre β = 0.18.

b) Sans armature transversale

Pour les éléments sans armature transversale ou en quantité moindre que ce qui est prescrit
par les équations 6.26 à 6.28, la norme recommande de prendre :

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230
β= (6.30)
1000 + s ze

où sze est appelé paramètre d'espacement de fissure équivalent, donné par :

35sz
s ze = ≥ 0.85s z (6.31)
15 + a g

Le terme ag correspond au diamètre des plus gros granulats alors que l'espacement des
fissures d'âmes sz est défini sur la figure 6.13. Pour les éléments sans armatures
longitudinales intermédiaires, on a selon la figure 6.13a :

sz = dv (6.32)

Pour les éléments comportant des lits d'armatures longitudinales intermédiaires, sze est pris
égal à l'espacement vertical de ces lits à condition que l'aire de chacun des lits soit égale ou
supérieure à 0.003 bw sz tel qu'indiqué sur la figure 6.13b.

h/2
sz
sz = d v ex
Act
Côté tendu h/2
As Aire ³ 0,003bwsz en flexion

bw
a) b)

Fig. 6.13 Définitions de paramètre pour le calcul de la résistance en cisaillement

6.2.7 Méthode simplifiée pour des éléments particuliers

Pour les éléments suivants, la norme recommande de prendre θ = 42° et β = 0.21 :


- dalles et semelles de fondation dont l'épaisseur totale h n'excède pas 350 mm;
- semelles de fondation dont la distance entre le point de cisaillement nul et la face
du poteau n'excède pas 3dv ;
- poutres dont la hauteur totale h n'excède pas 250 mm;
- poutres coulées de manière monolithe avec la dalle et dont la dimension sous la
dalle (hw = h - hf) n'excède pas les limites suivantes :

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170 Calcul des structures en béton armé

b
hw ≤ w
2 (6.33)
hw ≤ 350 mm

6.2.8 Méthode générale

La méthode générale est basée sur la compatibilité des déformations. Les relations sont
issues de la méthode du Champ de compression modifiée dans laquelle la résistance en
cisaillement est évaluée en fonction de la déformation causée par les efforts calculés à mi-
hauteur de l'âme.

La norme A23.3-04 spécifie pour θ et β :

θ = 29 + 7000 ε x (6.34)
et
0.40 1300
β= ⋅ (6.35)
(1 + 1500 ε x ) (1000 + sze )

M f d v + V f − V p + 0.5 N f − Ap f po
εx = ≤ 3.0 × 10−3 (6.36)
(
2 Es As + E p Ap )
Comme l'indique la figure 6.13, la déformation εx est calculée à mi-hauteur de l'âme. À titre
indicatif, la contribution des différents efforts pour le calcul de εx au niveau des armatures
tendues est illustrée sur la figure 6.14. Cette approche était celle retenue par la méthode
générale de la norme A23.3-94. En comparant les valeurs illustrées sur la figure 6.14 à
celles apparaissant à l'équation 6.36, on constate que les contributions à la déformation
axiale εx due au moment fléchissant Mf et à l'effort axial Nf sont deux fois moindre que les
valeurs assumées précédemment.

Pour les sections dont l'armature transversale respecte les limites indiquées aux équations
6.26 à 6.28, la valeur de sze dans l'équation 6.35 est prise égale à 300 mm. Pour les sections
sans armatures transversales ou dont la quantité de respecte pas les limites minimales, la
valeur de sze dans l'équation 6.35 est déterminée comme pour la méthode simplifiée.

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C Mf /dv Mf /dv
ex =
Mf As ou Ap EsAs ou EsAs + EpAp

T = Mf /dv
Moment

0,5Vf cot q 0,5Vf cot q


ex =
Vf EsAs
q
0,5Vf cot q
Cisaillement

0,5Nf 0,5Nf
ex =
Nf EsAs
0,5Nf

Force axiale

Fig. 6.14 Calcul de εx selon la méthode générale

Dans le calcul de εx à l'équation 6.36, les règles suivantes s'appliquent :


- Mf et Vf sont pris positifs;
- Mf ≥ Vf × dv ;
- As et Ap doivent être réduits en proportion de la longueur d'ancrage disponible
sur la pleine longueur de développement requise;
- Pour des sections situées à une distance moindre que dv de l'appui, la valeur de
εx calculée à dv de l'appui peut être utilisée pour déterminer θ et β;
- Il est permis de calculer θ et β avec une valeur de εx supérieure à celle calculée
avec l'équation 6.36.

Dans le cas où la force axiale de traction Nf serait suffisamment élevée pour introduire de
la fissuration au niveau de la fibre comprimée de la section, la norme recommande de
remplacer le facteur 2 au dénominateur de l'équation 6.36 par 1, comme dans la méthode
de la norme A23.3-94.

Lorsque εx est négatif la norme donne l'alternative de prendre εx = 0 ou encore d'inclure au


dominateur l'aire de la section de béton tendue, illustrée sur la figure 6.13, ce qui donne :

M f dv + V f − V p + 0.5 N f − Ap f po
εx = ≥ −0.2 ×10−3 (6.37)
(
2 Es As + E p Ap + Ec Act )

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172 Calcul des structures en béton armé

6.2.9 Sections critiques et disposition des étriers

La norme admet implicitement que les fissures de cisaillement près des appuis pourraient se
produire à 45°. Les charges appliquées en deçà d'une distance dv de l'appui ne causent pas
d'efforts dans la fissure inclinée vers l'appui, mais sont plutôt transférées à l'appui
directement par compression, comme illustré sur les figures 6.15 et 6.16. Ainsi, la norme
suggère de dimensionner les étriers dans la zone entre l'appui et une distance dv de l'appui
pour l'effort tranchant se produisant à dv de cet appui [11.3.2].

Vf

dv

Fig. 6.15 Transmission de l’effort tranchant à l’appui

Cette permission est accordée uniquement lorsque les forces sont transférées par
compression directe sur la longueur dv à partir de l'appui et lorsqu'il n'y a pas de charges
concentrées entre dv et l'appui. Cette permission s'applique dans les cas illustrés sur les
figures 6.15 et 6.16 où le diagramme d'effort tranchant de calcul est celui de la zone grisée.

Fig. 6.16 Transfert direct de l’effort tranchant

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Résistance à l'effort tranchant et à la torsion… 173

La figure 6.17 illustre d'autres situations courantes et indique quelles sont les sections
critiques à utiliser. Lorsqu'une charge concentrée est située à une distance inférieure à dv de
l'appui, cette zone doit être calculée comme une poutre profonde.

Sections critiques Sections critiques


dv dv dv dv

Poutre Armature Poutre


secondaire de support principale

Cadre rigide Poutre suspendue


a) Conditions pour lesquelles le calcul à dv est applicable

Section critique

dv

Section critique
Poutre suspendue Efforts sur l'aile inférieure Charge concentrée
près de l'appui
b) Conditions pour lesquelles le calcul à dv n'est pas applicable

Fig. 6.17 Sections critiques lors de la transmission de l’effort tranchant

Malgré la variation du diagramme d'effort tranchant, il est recommandé de limiter les


changements d'espacement des étriers. Il est courant pour une poutre d'avoir trois
espacements, celui correspondant aux extrémités, celui du centre et une valeur
intermédiaire entre ces deux derniers. Enfin aux extrémités des poutres, le premier étrier est
placé à une distance égale s/2 de l'appui.

EXEMPLE 6.1

On désire calculer la résistance pondérée en cisaillement de la poutre de la figure


6.18 pour laquelle des étriers No 10 @ 100 mm c/c sont utilisés. On utilise fc' = 35
MPa et fy = 400 MPa. La méthode simplifiée est utilisée.

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594 No 10 @ 100
650

4 No 30

500 [mm]

Fig. 6.18 Poutre de l'exemple 6.1

Solution

a) Calcul de la résistance
dv = 0.9d = 0.9 × 594 = 535 mm > 0.72h = 0.72 × 650 = 468 mm

Vc = φc λβ f c′ bwdv
= 0.65 ×1.0 × 0.18 35 × 500 × 535 = 185 200N = 185 kN

Vs = φs Av f y dv / s tan θ
535
= 0.85 × 2 ×100 × 400 × = 519 600 N = 520 kN
100 tan 35

Vr = Vc + Vs = 185 + 520 = 705 kN

b) Vérifications additionnelles
Av f y
smax =
0.06 f c′bw
200 × 400
= = 451 mm > 100 mm ⇒ OK
0.06 35 × 500
V f < 0.125λφc fc′bw dv = 0.125 ×1.0 × 0.65 × 35 × 400 × 535 /1000 = 609 kN

s = 100 mm < 600 mm ⇒ OK


< 0.7×535 = 375 mm ⇒ OK
Vr max = 0.25λφc fc′bwdv
= 0.25 ×1.0 × 0.65 × 35 × 500 × 535 /1000 = 1521 kN
> Vr = 705 kN ⇒ OK

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Résistance à l'effort tranchant et à la torsion… 175

EXEMPLE 6.2

On désire calculer la quantité d'armature en cisaillement requise pour la poutre de la


figure 6.19 en utilisant fc' = 30 MPa et fy = 400 MPa.

Pf Pf wf = 20 kN/m
Pf = 750 kN
wf

1000 900

2500 11 000 2500


500

x [mm]

Fig. 6.19 Poutre de l'exemple 6.2

Solution

a) Calcul des efforts


dv = 0.9d = 0.9 × 900 = 810 mm > 0.72h = 0.72 ×1000 = 720 mm

V f ( x =0) = 8 × 20 + 750 = 910 kN

V f ( x = 2.5 m ) = (8 − 2.5) × 20 = 110 kN ou 110 + 750 = 860 kN

V f ( x = 0.81 m) = (8 − 0.81) × 20 + 750 = 894 kN

Le diagramme des efforts tranchants est montré sur la figure 6.20.

dv
910 894
860

Vf [kN]

110

50 CL
25 @ 100 12 @ 454

[mm]

Fig. 6.20 Diagramme des efforts tranchants

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176 Calcul des structures en béton armé

b) Calcul des valeurs limites


Vr max = 0.25 × 1.0 × 0.65 × 30 × 500 × 810 /1000 = 1974 kN

Vc = 0.65 × 1.0 × 0.18 30 × 500 × 810 /1000 = 260 kN

Av f y 200 × 400
smax = = = 487 mm
0.06 fc′ bw 0.06 30 × 500

smax = 600 mm ou smax = 0.7 × 810 = 567 mm

⇒ smax = 487 mm gouverne

c) Calcul de la résistance pour 0 < x < 2.55 m


φs Av f y dv 0.85 × 200 × 400 × 810
s≤ = = 124 mm
(V f - Vc ) tan 35 (894-260 ) ×1000 × tan 35

V f = 894 kN < 0.125 × 1.0 × 0.65 × 30 × 500 × 810 /1000 = 987 kN

Choix : Un premier étrier à 50 mm (s/2) suivis de 25 étrier à 100 mm. (voir


figure 6.20) : x = 50 + 25×100 = 2550 mm

d) Calcul de la résistance pour 2.55 < x < 8 m

Selon la norme, on pourrait ne pas mettre d'étriers dans la partie centrale


puisque Vf ≤ Vc. Par contre, il est préférable de mettre l'armature minimale
(Av min):

V f = 110 kN < 0.125 × 1.0 × 0.65 × 30 × 500 × 810 /1000 = 987 kN

Espace libre : 16000 - 2 × 2550 = 10900 mm


10900/487 = 22.38 espacements
Choix : s = 454 mm < smax = 487 mm

Utiliser 24 étriers @ 454 mm dans la partie centrale (voir figure 6.20).

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Résistance à l'effort tranchant et à la torsion… 177

EXEMPLE 6.3

On refait l'exemple précédent dans le cas où Pf = 0 et wf = 100 kN/m.

Solution

a) Calcul des efforts

V f ( x =0) = 800 kN

V f ( x = dv = 0.81 m) = 719 kN

b) Calcul des valeurs limites


Av f y 200 × 400
smax = = = 487 mm
0.06 fc′ bw 0.06 30 × 500

smax = 600 mm ou smax = 0.7 × 810 = 567 mm

⇒ smax = 487 mm gouverne

c) Calcul de l’espacement à l’extrémité de la poutre

φs Av f y dv 0.85 × 200 × 400 × 810


s≤ = = 171 mm
( Vf -Vc ) tan 35 ( 719-260 ) ×1000 × tan 35
V f = 719 kN < 0.125 × 1.0 × 0.65 × 30 × 500 × 810 /1000 = 987 kN

Choix : s = 150 mm < smax = 487 mm

d) Calcul de la position de modification de l’espacement pour s = 250 mm

Vr = Vc + Vs = Vc + φs Av f y dv / s tan θ
810
= 260 + 0.85 × 250 × 400 × ×10−3 = 575 kN
250 tan 35

R f − Vr 800 − 575
Vr ≥ V f ⇒ à partir de x = = = 2.25 m
wf 100

e) Calcul de la position de l’espacement maximal

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178 Calcul des structures en béton armé

Pour s = 487 mm, on a :

810
Vr = 260 + 0.85 × 200 × 400 × ×10−3 = 422 kN
487 tan 35

R f − Vr 800 − 422
Vr ≥ V f ⇒ à partir de x = = = 3.78 m
wf 100

e) Sommaire
Le tableau 6.1 présente le sommaire des calculs

Tableau 6.1 Résumé des calculs

s Vr Validité

150 784 x>0


250 575 x > 2250
487 422 x > 3780

g) Choix

Pour les 3 espacements, 150, 250 et 487 mm (ou moins), on obtient la


solution suivante :

Le premier espacement est égal à 75 mm (150/2) : x = 75 mm


15 @ 150 mm = 2250 mm : x = 75 + 2250 = 2325 mm > 2250 mm
6 @ 250 mm = 1500 mm : x = 2350 + 1500 = 3825 mm > 3780 mm
9 @ 464 mm < smax = 487 mm

Cet agencement est illustré sur la figure 6.21. On peut vérifier que
l'espacement intermédiaire de 250 mm est optimal pour les paramètres
retenus dans cet exemple.
C
L

75 15 @ 150 6 @ 250 9 @ 464


2325 1500 4175

[mm]

Fig. 6.21 Agencement possible des étriers pour l'exemple 6.3

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Résistance à l'effort tranchant et à la torsion… 179

6.3 RÉSISTANCE AU POINÇONNEMENT

La résistance au poinçonnement suppose que la rupture survient sur plusieurs plans, par
opposition au mode de rupture qui s'effectue sur un plan, tel que décrit à la section
précédente, et qui est identifié comme de type poutre. Les ruptures par poinçonnement
peuvent se produire dans les dalles sans poutres autour des poteaux ou des panneaux
surbaissés comme illustré sur la figure 6.22 ou dans les semelles isolées sur lesquels
s'appuient les poteaux, comme montré sur la figure 6.23.

Pour les poteaux intérieurs, la rupture se produit sur un périmètre fermé alors que pour les
poteaux de rive ou les poteaux de coin, la rupture se produit sur un tronçon ouvert. La
résistance à l'effort tranchant est exprimée en fonction de la contrainte résistée par le béton
multipliée par l'aire de la section critique :

Vr = Vc = ν c b0 d (6.38)

La contrainte vc varie selon le mode de rupture alors que bo est la longueur du plan de
rupture qui est déterminée selon le mode de rupture et la position du poteau (intérieur, en
rive ou en coin) donné au tableau 6.2 qui réfère à la figure 6.23.

Pour les dalles, la profondeur du plan de rupture, d, inclut l'épaisseur du ressaut lorsque
celui-ci est présent. On calcule d à partir de la face inférieure de la dalle jusqu'à la position
des aciers de flexion au moment négatif et inversement au moment positif.

section
critique

section
critique
d1/2 d2/2

45° d2
45° d1

d2/2 d1/2 d1/2 d2/2


sections de
rupture
potentielle

Fig. 6.22 Mode de rupture par poinçonnement dans les dalles sans poutres

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180 Calcul des structures en béton armé

Zones critiques bo = 2c1 + 2c2 + 4d


b1 = c1 + d
Régions
chargées

d/2

b 2 = c2 + d c2

d/2

c1
d/2 d/2

Fig. 6.23 Mode de rupture par poinçonnement dans les semelles de fondation

Tableau 6.2 Calcul du périmètre bo

Type de poteau bo

Intérieur, 2 (c1 + c2 + 2d)


rectangulaire
Intérieur, circulaire π (D + d)
Rive, rectangulaire 2c1 + c2 + 2d
Coin, rectangulaire c1 + c2 + d

Dans les systèmes de planchers portant dans deux directions comme dans les semelles de
fondation, il y a trois modes de rupture à vérifier : le poinçonnement autour du poteau, le
poinçonnement autour du ressaut (pour les dalles seulement, si applicable) et le cisaillement
de "type poutre" à la face du ressaut (si applicable) ou du poteau.

a) Poinçonnement autour du poteau

La résistance au cisaillement par poinçonnement autour du poteau est exprimée à l'aide de


trois équations où la valeur la plus faible détermine la résistance critique. Dans les trois cas,
la résistance obtenue est supérieure à celle attribuée pour le cisaillement de type poutre. Ce
surcroît de résistance provient du fait que la dalle exerce un certain confinement horizontal
autour de la section critique, ce qui modifie le mode de rupture et augmente de ce fait la
résistance à l'effort tranchant. On a donc les trois relations suivantes :

⎛ 2 ⎞
ν c = ⎜1 + ⎟ 0.19λφc f c′ (6.39)
⎝ βc ⎠

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Résistance à l'effort tranchant et à la torsion… 181

⎛ αsd ⎞
νc = ⎜ + 0.19 ⎟ λφc fc′ (6.40)
⎝ bo ⎠

ν c = 0.38λφc fc′ (6.41)

où βc = rapport du côté long au côté court du poteau ;


αs = 4 pour un poteau intérieur ;
αs = 3 pour un poteau de rive ;
αs = 2 pour un poteau en coin.

En comparant ces équations, on constate les points suivants. La comparaison des équations
(6.39) et (6.41) nous permet de conclure que l'équation (6.41) gouverne pour les poteaux
rectangulaires dont le rapport des côtés βc excède 2.0. Cette équation a, de fait, été
introduite pour quantifier la baisse de confinement observée lorsque les poteaux ont une
forme rectangulaire allongée par rapport à ceux ayant une forme carrée. Dans le cas des
poteaux circulaires l'équation (6.41) n'est donc pas applicable.

L'équation (6.40) a quant à elle été introduite pour la première fois dans la norme A23.3-94
afin de prendre en considération le fait que le confinement autour des poteaux décroît avec
l'augmentation de la dimension relative des poteaux par rapport à la dalle. Pour un poteau
intérieur, l'équation (6.40) gouverne pour des valeurs de bo supérieures à 20d alors que
pour les poteaux de rive, cette équation devient applicable si bo excède 15d.

Lorsque la valeur calculée de d est supérieure à 300 mm, il faut multiplier les équations
(6.39) et (6.41) par (1300 (1000 + d ) ) [13.3.4.3].

La longueur du périmètre bo à considérer pour le calcul de Vr est donnée au tableau 6.2.


Dans le cas où des ouvertures divisent la ligne de rupture, la norme indique en [N13.3.3.4]
comment réduire la longueur de calcul de bo. Dans le cas où on traite un poteau de rive où
la dalle excède le poteau, la norme n'indique pas explicitement comment calculer bo. Le
commentaire de l'article [N13.3.3.4] fournit une solution qui est issue de la norme
européenne CEB-7812.4.

b) Poinçonnement autour du ressaut

La résistance au poinçonnement autour du ressaut se calcule exactement comme pour la


résistance autour du poteau. Dans ce cas, d est l'épaisseur effective de béton au-dessus des
aciers, calculée à partir de la face comprimée.
Dans le cas des ressauts, il est fort probable que l'équation (6.40) soit la plus critique vu le
plus grand rapport bo / d.

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182 Calcul des structures en béton armé

c) Cisaillement de type poutre

Ce mode de rupture, bien qu'il gouverne rarement, doit être vérifié. Dans ce cas, on assume
une rupture de type poutre sur une surface critique située à d de la face du poteau ou
ressaut [13.3.6.2]:
ν c = βλφc fc′ (6.42)

La longueur du plan de cisaillement bo est égale à l2a .

6.4 TORSION : PRINCIPES GÉNÉRAUX

Les efforts de torsion se retrouvent dans un grand nombre de structures en béton et doivent
être considérés. Toutefois, il arrive couramment que ces efforts soient suffisamment petits
pour ne pas nécessiter de modification à la conception des éléments. La limite est
habituellement fixée en proportion de l'effort de torsion causant la fissuration, soit 25%
dans la norme canadienne. Lorsque les efforts dépassent ce seuil, des armatures
transversales fermées et des armatures longitudinales réparties sur le pourtour de la section
sont requises pour résister aux efforts de torsion. En effet, avant que la fissuration ne se
produise, les pièces en béton, généralement massives, présentent une grande rigidité
torsionnelle. Cependant, une fois la fissuration initiée, la rigidité torsionnelle et la
résistance deviendraient nulles sans la présence de ces armatures.

Les notions vues dans cette section ont pour but d'exposer les mécanismes de résistance à la
torsion et les règles de conception contenues dans les normes qui permettent de conserver
une résistance et une rigidité post-fissuration adéquates. Dans ce chapitre, les règles de
conception exposées sont celles s'apparentant à la méthode simplifiée de résistance à l'effort
tranchant vue précédemment. Au chapitre 7, la méthode générale de résistance à l'effort
tranchant et à la torsion sera présentée. Toutefois, les concepts et notions vus ici sont
applicables tant à la méthode simplifiée qu'à la méthode générale.

6.4.1 Comportement des pièces

Deux types d'efforts de torsion (T) se retrouvent dans les pièces, selon le système
structural, soient des efforts dits de compatibilité ou des efforts dits d'équilibre (Fig. 6.17).
Les efforts induits par compatibilité dépendent de la rigidité relative des éléments. Pour la
poutre ABC de la figure 6.17a, le couple de torsion que l'on retrouve en B est fonction de la
rigidité de torsionnelle de cette poutre et de la rigidité flexionnelle de la poutre BDE. Une
poutre de rive rigide attirera des efforts de torsion qui seront plus grands que ceux obtenus
dans le cas où la rigidité serait diminuée, par exemple, par la fissuration. Les autres efforts
seront ainsi affectés par la capacité de la poutre ABC à résister de manière rigide aux
efforts qui lui sont appliqués. Ainsi, le moment négatif en B dans la poutre BDE sera
fonction de la capacité de cette poutre en moment négatif de même qu'au moment maximal
que l'on peut atteindre en assumant une poutre ABC infiniment rigide.

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Encastrement

B
P
D

A E

Encastrement
TC
TC
MC

TA = TC = TB //2 RC
VB

TB MB
P TB = MB

TA TA VB

MB
MA RA
RE

MD

TA
L
MA

P RA
B
C

TB MB
MB e P
VB

VB
MB = Pe

Fig. 6.17 Nature des efforts de torsion


En contrepartie, la poutre de la figure 6.17b doit résister au couple de torsion appliqué, peut
importe sa rigidité, peu importe qu'elle soit fissurée ou non. C'est ce qu'on appelle une
torsion d'équilibre.

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184 Calcul des structures en béton armé

Vu le monolithisme des constructions en béton, il est aisé de concevoir que la torsion de


compatibilité est une condition courante, particulièrement où on retrouve des discontinuités
en rive. Cependant, comme il sera vu plus loin, il n'est pas requis de toujours considérer les
efforts de torsion dans les pièces lors de la conception car les normes établissent des limites
en deçà desquelles les effets de la torsion n'ont pas à être considérés. Les efforts doivent
néanmoins toujours être calculés.

6.4.2 Rappels théoriques

Cette section porte uniquement sur le rappel de notions théoriques de la résistance des
matériaux se rapportant à la torsion de pièces homogènes non fissurées. La section suivante
portera sur la particularité des sections fissurées en béton armé. Pour un traitement plus
complet sur les notions de torsion, les références 6.6 et 6.7 sont suggérées.

a) Contraintes de cisaillement

Les efforts de torsion génèrent des contraintes de cisaillement circulant principalement de


manière parallèle au contour de la section. L'amplitude des contraintes de cisaillement est
intimement reliée à la géométrie de la section, ouverte ou fermée, pleine ou creuse. Dans le
cas d'une section pleine où seul un effort de torsion est appliqué sur la pièce, l'amplitude
croît d'une valeur nulle, au centre de la pièce ou à mi-épaisseur des parois, à une valeur
maximale sur la périphérie de la section. La figure 6.18 illustre différentes distributions de
contraintes de cisaillement générées uniquement par un effort de torsion appliqué au centre
de gravité, pour des sections minces ouvertes, massives et tubulaires.

Dans le cas des sections ouvertes minces (Fig. 6.18a), l'amplitude des contraintes est faible
et leur excentricité par rapport au feuillet moyen des parois de la pièce est petite, ce qui
conduit à un faible potentiel de résistance aux efforts de torsion. Dans le cas des sections
circulaires, massives ou tubulaires, l'amplitude des contraintes et leur excentricité
contribuent à l'efficacité en torsion de ces sections.

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ta

z
txy
a

tb
y
b
a) Section mince

t
Intégrale = q
z
txa

txa

y y

b) Section massive c) Section tubulaire

Fig. 6.18 Contraintes de torsion

La résistance des matériaux6.6 indique pour les sections circulaires que la contrainte de
cisaillement τxα due à la torsion est proportionnelle à la distance au centre de gravité, alors
que le couple de résistance interne qu'elle engendre est également proportionnel à cette
même distance. Pour une section circulaire, on peut écrire :

τ xα = Gc γ xα = Gc rθ o (6.43)

et
T = ∫ rτ xα dA = Gcθ o ∫ r 2 dA (6.44)
A A

où Gc est le module de cisaillement du béton et θo la rotation par unité de longueur


(rad/mm par exemple). L'intégrale dans la dernière relation est une propriété géométrique
appelée inertie torsionnelle. On trouve ainsi :

T = G c Jθ o (6.45)

où Gc J est la rigidité torsionnelle d'une pièce, tout comme EA et EI sont les rigidités
axiales et flexionnelles respectivement.

Ainsi, on peut aisément conclure que le faible bras de levier des pièces minces conduit à
une faible rigidité torsionnelle, alors que les sections massives ou tubulaires ont des
rigidités torsionnelles élevées.

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186 Calcul des structures en béton armé

Dans le cas des sections tubulaires, on peut démontrer, par équilibre, que la somme des
contraintes sur l'épaisseur de la paroi est constante tout le long de la paroi d'une section
unicellulaire, et ce, peu importe l'épaisseur de la paroi. Ceci conduit au concept de flux de
cisaillement q, une force de cisaillement par unité de longueur de paroi, égale à (Fig. 6.18c)
:

q= ∫ τ xα dη (6.46)
epaisseur

Cette notion sera exploitée dans le cas des sections fissurées en béton armé.

b) Inerties torsionnelles

Le calcul de l'inertie torsionnelle des sections cylindriques, pleines ou creuses, conduit à


des expressions simples. Cependant, pour des sections minces, des sections pleines
quelconques, ou encore des sections évidées à parois minces, les relations permettant
d'évaluer précisément cette propriété peuvent devenir très lourdes. La résistance des
matériaux6.6,6.7,6.8 a adopté certaines hypothèses qui permettent d'évaluer avec une précision
suffisante l'inertie torsionnelle de différentes sections. En se référant à la figure 6.19, le
tableau 6.3 présente les principales relations permettant de calculer l'inertie torsionnelle de
différents types de sections, de même que les contraintes de cisaillement correspondantes.

Tableau 6.3 Inerties torsionnelles et contraintes de cisaillement

Sections circulaires

J =
π
32
( de4 − di4 ) τ=
T
J
r

Sections rectangulaires minces

1 2T
J = ∑ bi ti3
3 parois
τ≈
J
z

Sections rectangulaires épaisses

1 ⎛ t ⎞
J = ∑ ⎜1 − 0.63 i ⎟ bi ti3

3 elements ⎝ bi ⎟⎠
Voir référence 6.7

Sections tubulaires à parois minces

(1)
4 Ao2 4 Ao2 4 Ao2 t T q
J= = = q= et τ=
ds ⎛s⎞ po 2 Ao
∫t ∑ ⎜⎝ t ⎟⎠ t
elements i

(1) Pour t constant uniquement

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b3

t3 b2
b1
de r di
t2
t1

Notes: Distances mesurées centre-à-centre des parois

ti << bi

a) Section circulaire b) Sections rectangulaires minces

t1 b2 b2
s1

2 t2 2 t2
t1
Ao
t4
s2 s4
b1 1 ou t2

1 b1 t3

s3

t1 Note:
ti £ bi Feuillet moyen de longueur

c) Sections massives formées de rectangles d) Sections tubulaires à parois minces

Fig. 6.19 Géométrie des sections

Pour les équations présentées au tableau 6.3, dans le cas des sections rectangulaires minces,
ti est la dimension la plus petite d'une paroi alors que bi et la plus grande. Pour les sections
massives quelconques, la même définition s'applique mais dans ce cas, on subdivise la
section en éléments rectangulaires et la combinaison donnant la plus grande valeur de J est
celle retenue. Pour les sections tubulaires à parois minces, on fait l'hypothèse que les
contraintes sont uniformes sur l'épaisseur t. Dans ce cas, Ao est l'aire définie par le feuillet
moyen de la section. Pour les sections tubulaires minces d'épaisseur constante, l'expression
de droite au tableau 6.3 peut être utilisée, où po est le périmètre du feuillet moyen.

En béton, à l'exception des dalles minces, on retrouve rarement des sections rectangulaires
minces, comme c'est le cas en charpentes métalliques. Dans ce cas, si la rigidité torsionnelle
est requise dans les calculs, la relation pour les sections ouvertes minces présentée au
tableau 6.3 est tout à fait applicable. Cependant, à cet égard, la valeur utilisée doit tenir
compte du type d'analyse réalisée. On doit prendre la valeur entière de la rigidité dans le cas
des analyses unidirectionnelles, alors qu'on doit utiliser la moitié de la valeur donnée par
l'équation du tableau 6.3 lorsque des analyses bidirectionnelles sont faites, comme lors des
analyses de grillage dans les ponts6.9.

Pour la majorité des applications dans le bâtiment, on utilisera davantage la relation


destinée aux sections rectangulaires épaisses pour les sections non fissurées et la relation
des sections tubulaires minces après la fissuration.

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188 Calcul des structures en béton armé

EXEMPLE 6.4

Calculer l'inertie torsionnelle de la poutre en T de la figure 6.20.

210

400

190

500 190
a) Géométrie

2 2

Cas A Cas B
b) Calcul de J

Fig. 6.20 Poutre de l’exemple 6.4

Solution

Deux cas sont à considérer pour le découpage en rectangle de la section. Le tableau


6.4 présente le sommaire des calculs.

Tableau 6.4 Calcul de l’inertie torsionnelle

Cas t1 (m) b1 (m) t2 (m) b2 (m) J (m4)

A 190 500 210 690 1 723 × 109

B 400 500 190 210 5 497 × 109

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Cas A

⎛ 210 ⎞ (2103 ⋅ 690) ⎛ 190 ⎞ (1903 ⋅ 500)


J = ⎜1 − 0.63 ⋅ ⎟ + ⎜1 − 0.63 ⋅ ⎟
⎝ 690 ⎠ 3 ⎝ 500 ⎠ 3
J = 2591 × 109 m 4

Cas B

⎛ 400 ⎞ (4003 ⋅ 500) ⎛ 190 ⎞ (1903 ⋅ 210)


J = ⎜1 − 0.63 ⋅ ⎟ + ⎜1 − 0.63 ⋅ ⎟
⎝ 500 ⎠ 3 ⎝ 210 ⎠ 3
J = 5497 × 109 m 4

La valeur maximale étant celle retenue, on a J = 5497 × 109 m4

EXEMPLE 6.5

On désire calculer la rigidité torsionnelle de la section centrale du pont caisson6.10


illustrée sur la figure 6.21, faite d'un béton de 60 MPa ayant une masse volumique de
2i400 kg/m3.

Solution

a) Section tubulaire
Comme il s'agit d'une section tubulaire, on peut négliger les parties en console
(porte-à-faux) de même que les goussets et n'inclure que la partie cellulaire pour le
calcul.

Le calcul au feuillet moyen donne les valeurs suivantes :


• Dimensions
ho = 2 900 − 279 / 2 − 230 / 2 = 2 646 mm

bo = 6 705 − 356 / 2 − 356 / 2 = 6 349 mm


Ao = bo ho = 16.80 × 106 mm2

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190 Calcul des structures en béton armé

12 800
533

533
254 279 R = 990
2900
356
152 230

610
6705 [mm]

a) Section du pont caisson

254 1879 267

279

1244 533 1244


990

[mm] 710
990 356 533

Gousset supérieur Section équivalente

356

152

334
230

966
610 [mm]

Gousset inférieur Section équivalente

b) Goussets

Fig. 6.21 Pont caisson de l’exemple 6.5

• Hourdi inférieur
s / t = 6 349 / 230 = 27.60

• Hourdi supérieur
s / t = 6 349 / 279 = 22.76

• Âmes
s / t = 2 646 / 356 = 7.43

• Inertie torsionnelle

J=
4 Ao2
=
(
4 × 16.80 × 106
2
)
= 17.31 × 1012 mm 4
⎛ s ⎞ 27.60 + 22.76 + 2 × 7.43
∑⎜ ⎟
étrier ⎝ t ⎠

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Résistance à l'effort tranchant et à la torsion… 191

• Rigidité torsionnelle

Selon l'équation 3.17, on a :


1.5
( )
⎛ γ ⎞
Ec = 3300 f c′ + 6900 ⎜ c ⎟
⎝ 2300 ⎠
1.5
(
= 3300 60 + 6900 ⎜ )
⎛ 2400 ⎞
⎟ = 34 600 MPa
⎝ 2300 ⎠

La résistance des matériaux donne :


E
G=
2(1 + γ )

Cependant, pour la conception des éléments en béton, il est courant d'admettre


que le coefficient de Poisson est petit, de sorte que :

E 34 600
Gc ≈ c = = 17 300 MPa
2 2

La rigidité torsionnelle est égale à :

Gc J = 17 300 × 17.31× 1012 = 299.5 × 1015 N ⋅ mm2 / rad

b) Considération des consoles, goussets et parois minces

• Consoles
La longueur à la racine de la portion arrondie est :
A c = (12 800 − 6705 − 2 × 990 ) / 2 = 2058 mm

Comme le rapport lc / tc = 2058 / 254 = 8.1, on peut considérer qu'il s'agit


d'éléments rectangulaires minces. On a donc, en se référant au tableau 6.3 :

1
J c = × 2 058 × 2543 = 11.24 × 109 mm4
3

• Goussets supérieurs

Les goussets supérieurs sont modélisés par des sections en T équivalentes de


même aire (1.195 m2) et de même hauteur (1 244 m). L'épaisseur de la dalle du
T est la moyenne des deux dalles. Ceci conduit à une âme de 710 mm de
largeur, tel que montré sur la figure 6.21b. L'inertie torsionnelle dans ce cas est :

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192 Calcul des structures en béton armé

⎛ 710 ⎞ 1244 × 7103 ⎛ 267 ⎞ 2 × 584.5 × 2673


J = ⎜1 − 0.63 × ⎟ + ⎜1 − 0.63 × ⎟
⎝ 1244 ⎠ 3 ⎝ 584.5 ⎠ 3
= (95.05 + 5.28) × 109 = 100.3 × 109 mm4

On peut démontrer qu'un autre découpage donnerait une valeur moindre.

• Goussets inférieurs
Les goussets inférieurs peuvent être modélisés par un rectangle de même
longueur (966 mm) et d'épaisseur équivalente donnant la même aire, soit
334 mm, comme montré sur la figure 6.21b. L'inertie torsionnelle est égale dans
ce cas à :

3
⎛ 334 ⎞ 966 × 334
J = ⎜1 − 0.63 × ⎟ = 9.38 × 109 mm4
⎝ 966 ⎠ 3

• Parois minces
Les quatre parois minces non considérées ont les dimensions et propriétés
indiquées au tableau 6.5

Tableau 6.5 Parois minces

Élément b (mm) t (mm) J (mm4)

Hourdi
4 317 279 29.98 × 109
supérieur
Hourdi
4 773 230 18.77 × 109
inférieur
Âmes 1 274 356 15.79 × 109

c) Inertie torsionnelle totale

En additionnant la contribution à l'inertie torsionnelle de tous les éléments


formant la section, on obtient :

J total = 17.31× 1012 + 2 (11.24 + 100.3 + 9.38 + 15.79)× 109


+29.98 × 109 + 18.77 × 109
= 17.31× 1012 + 0.32 × 1012 = 17.63 × 1012 mm4
On peut conclure aisément que la contribution de la cellule de cet exemple est
dominante et qu'il aurait été adéquat de négliger la contribution des goussets et
parois minces qui compte pour moins de 2%.

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Résistance à l'effort tranchant et à la torsion… 193

6.4.3 Torsion des éléments en béton armé

a) Comportement

La torsion induit, dans les poutres en béton armé, des contraintes de cisaillement conduisant
à une fissuration hélicoïdale, tel qu'illustré sur la figure 6.22. Les poutres ne disposant
d'aucune armature de torsion atteignent la rupture de manière fragile dès l'initiation de la
fissuration (Fig. 6.23a) à un couple égal à Tcr. Lorsque les poutres disposent d'armatures de
torsion, la rupture de produit de manière ductile, tel qu'illustré sur la figure 6.23b.
Cependant, les armatures de torsion n'influencent aucunement la résistance à la fissuration
tout comme le béton ne participe pas à la résistance après la fissuration. De plus, avant que
les armatures ne deviennent efficaces pour résister au couple de torsion, la poutre doit subir
de grandes rotations. Comme le montre la figure 6.23b, l'augmentation de l'armature de
torsion permet d'accroître la résistance ultime. Cependant, il est habituellement économique
de dimensionner les armatures de torsion afin d'égaler ou dépasser légèrement Tcr , à moins
que l'amplitude des efforts ne demande une résistance additionnelle.

Fissures
hélicoïdales Contraintes
principales Contraintes
de cisaillement

Fig. 6.22 Contraintes de cisaillement et fissuration causés par la torsion

Pour développer un comportement post-fissuration, les étriers doivent être fermés et des
aciers longitudinaux doivent être répartis sur le pourtour de la section. Il importe
également, tout comme pour l'effort tranchant, d'éviter la rupture par compression
diagonale du béton.

Dans le cas des poutres armées ou non armées, le comportement dans la phase précédant la
fissuration suit la relation 6.25. Cependant, au-delà de la fissuration, la relation T-θo est
plus complexe à représenter analytiquement. Pour y arriver la norme A23.3 a adopté le
concept du tube équivalent. On utilise également ce même concept pour déterminer le
couple de torsion causant la fissuration Tcr.

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194 Calcul des structures en béton armé

Tu Tu
GsJcr
1

GcJg Av élevé

1
Tcr Tcr Av optimal

Fissuration : Fissuration Av petit


rupture fragile

qo qo
a) Pièce non armé b) Pièce armé

Fig. 6.23 Comportement en torsion des poutres en béton armé

b) Concept du tube équivalent à la fissuration

Jusqu'à ce que la fissuration se produise, les relations de la résistance des matériaux vues
précédemment sont adéquates. Toutefois, en adoptant l'analogie du tube équivalent, la
détermination du couple de torsion causant la fissuration, Tcr, devient plus aisée. Cette
analogie, vérifiée expérimentatement6.11, assume que les poutres tubulaires à parois minces,
ayant les mêmes dimensions extérieures que les poutres pleines qu'elles représentent,
offrent une résistance en torsion comparable à ces mêmes poutres. La norme canadienne a
adopté les hypothèses suivantes pour déterminer les dimensions du tube équivalent au
moment de la fissuration [11.2.9.1] :

• épaisseur des parois


t = 0.75 Ac / p c (6.47)

• aire délimitée par le feuillet moyen


Ao = 2 / 3 Ac (6.48)

• contrainte de fissuration du béton


τ cr = 0.4 f c' (6.49)

où Ac et pc sont l'aire et le périmètre de la section brute respectivement. En introduisant ces


relations dans l'équation des tubes minces du tableau 6.3, trouve pour Tcr :

A2
Tcr = c 0.4 f c' (6.50)
pc

La norme considère que pour un couple de torsion inférieur à 0.25Tcr, les effets induits par
la torsion peuvent être négligés. Pour un effort excédant cette valeur, la norme considère

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Résistance à l'effort tranchant et à la torsion… 195

que la combinaison des efforts de torsion à ceux de flexion et de cisaillement fera en sorte
que la section fissurera ce qui amènera la section à se comporter en torsion comme une
section fissurée.

Pour le calcul de l'inertie torsionnelle avant fissuration, certains auteurs suggèrent d'utiliser
la rigidité obtenue en adoptant le concept du tube équivalent. Il s'agit d'un choix qui n'est
pas indiqué dans la norme.

c) Modèle de treillis pour les sections fissurées

Diverses théories permettent d'expliquer le comportement des sections en béton armé après
la fissuration en torsion. La norme ACI6.12 adopte à cet effet la méthode de la flexion biaise
qui inclut à la fois les efforts de flexion, de cisaillement et de torsion. Toutefois, en utilisant
l'analogie du treillis présentée précédemment pour la résistance à l'effort tranchant, il est
plus aisé de comprendre les mécanismes de résistance interne impliquant la torsion et de
superposer, aux effets de la torsion, ceux provenant de la flexion et de l'effort tranchant.

Le modèle de treillis adopté, illustré sur la figure 6.24, reprend l'idée initiale amenée au
tournant du XXe siècle6.4, 6.5 pour expliquer le comportement à l'effort tranchant. Afin de
rester général, un angle de fissuration quelconque θ sera admis dans ce qui suit. Celui-ci ne
doit pas être confondu avec θo, la rotation par unité de longueur due à la torsion. En
adoptant le principe du tube équivalent (Fig. 6.24a) de section bo par ho, où circule un flux
de cisaillement q, on arrive à la conclusion que les résultantes des contraintes de
cisaillement agissant sur chacun des côtés du tube Vh et Vv sont égales à :

V h = q bo (6.51)

V v = q ho (6.52)

Le couple de résistance procuré par ces forces est :

T = Th + Tv = V h ho + Vv bo = q bo ho + q bo ho = 2 q Ao (6.53)

où Ao est l'aire définie par le feuillet moyen (Fig. 6.24).

La dernière équation permet non seulement de montrer que l'équation générale des tubes
minces (Tableau 6.3) est applicable mais que les contributions des composantes horizontale
et verticale sont égales.

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196 Calcul des structures en béton armé

At fy At fy At fy
Ao = bo × ho

Vv h
o
q

Vn ho
Vv s

b) Équilibre des forces verticales

Vv

Vh At fy At fy At fy

bo
Vv h
c o
c
a) Résultantes c

Al fy Al fy Al fy

c) Équilibre des forces horizontales

Fig. 6.24 Mécanisme de résistance d'une section fissurée

En isolant une face verticale (Fig. 6.24b), il est possible de relier la résultante Vv à la force
dans les aciers transversaux :

Vv = At f y × nt (6.54)

où nt est le nombre de barres d'armature transversales traversant le plan incliné :

ho
nt = (6.55)
s tan θ

Comme il a été démontré que les contributions des résultantes verticales et horizontales
étaient égales, on peut écrire, selon l'équation 6.53, que T = 2 Vv bo :

2 Ao At f y
Tr = (6.56)
s tan θ

Le transfert des efforts de la face du béton vers les aciers transversaux s'effectue par des
bielles inclinées. Ce mécanisme donne naissance à une composante horizontale de traction
nécessaire afin de garantir l'équilibre des forces à la jonction des bielles inclinées et des
aciers transversaux (Fig. 6.24c). Par équilibre on trouve :

Fv At f y nt At ho
= tan θ = = (6.57)
Fh Al f y Al s tan θ
L'équation 6.37 s'applique pour une face et un angle quelconque θ. En faisant le même
exercice pour chacune des faces et en adoptant un angle de 45o, on trouve :

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Résistance à l'effort tranchant et à la torsion… 197

p
o
Al = At (6.58)
s

où Al est l'aire totale des barres d'armature requise alors que po est le périmètre au feuillet
moyen des étriers fermés.

Il est intéressant de noter que la torsion engendre des efforts longitudinaux. Cet aspect sera
revu plus en détail aux deux chapitres subséquents lorsque les modèles de treillis seront
décrits plus longuement lors de la présentation des règles de détail des armatures de même
que dans le cas de la méthode générale pour l'effort tranchant et la torsion.

Sur la figure 6.24, l'acier d'armature longitudinal était concentré à l'intersection des étriers
et des bielles comprimées. En réalité, il est préférable de bien répartir cet acier sur la
périphérie de la section, ce qui est requis d'ailleurs par la norme.

d) Rigidité post-fissuration

L'adoption du concept de tube équivalent permet de calculer une rigidité équivalente post-
fissuration. Bien que le béton travaille en compression, les aciers d'armatures transversaux
et longitudinaux sont les éléments les plus flexibles du système et la déformabilité en
torsion d'une pièce fissurée sera régie par la constituante la plus flexible. Ainsi, pour
déterminer la rigidité torsionnelle équivalente, on peut imaginer un tube en acier équivalent,
d'épaisseur ts donnée par la relation suivante (Fig. 6.25) :

Al At
ts = (6.59)
po s

En appliquant la relation pour J d'un tube d'épaisseur constante ts donnée au tableau 6.3, on
obtient pour la rigidité torsionnelle GJ, en utilisant le module de cisaillement de l'acier Gs :

4 Ao2 t s G s 4 Ao2 t s
G s J cr = G s ≈ (6.60)
po 2 po

La validité de cette équation a été démontrée expérimentalement6.11. On peut aussi


démontrer qu'en utilisant la relation entre q et T du tableau 6.3, en posant t = fy , t = ts et en
posant, selon l'équation 6.58, que Al / po = At / s, on retrouve l'équation 6.56 pour θ = 45°.

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198 Calcul des structures en béton armé

At A
ts = x l
s Po

+ =

ts

s
s po = périmètre
s

Étriers Acier longitudinal Tube mince équivalent

Fig. 6.25 Analogie du tube équivalent en acier

6.5 RÉSISTANCE À LA TORSION DES ÉLÉMENTS EN BÉTON ARMÉ

6.5.1 Hypothèses de la norme canadienne

La norme A23.3-94 a adopté le concept de la section tubulaire équivalente pour la


conception des éléments de béton soumis à la torsion. Ce concept permet de bien visualiser
les mécanismes de résistance à la torsion tout en se combinant aisément aux concepts
adoptés pour la résistance à la flexion et à l'effort tranchant. Pour la méthode simplifiée
présentée dans ce chapitre, la norme A23.3 adopte des hypothèses qui sont compatibles
avec les hypothèses de la méthode simplifiée pour l'effort tranchant. Le cas de la méthode
générale est vu au chapitre 7. Ainsi, pour les éléments supportant des efforts de torsion, la
norme s'appuie sur les hypothèses suivantes :

• La fissuration se produit avec un angle de 45 degrés ;


• L'enrobage de béton sur les barres d'armature éclate ;

• L'acier des étriers et des barres longitudinales additionnelles se plastifient ;

• Aucune participation de l'acier avant la fissuration n'est considérée ;

• Aucune participation du béton après la fissuration n'est considérée ;

• Les dimensions de la section tubulaire équivalente avant et après la fissuration


diffèrent.

6.5.2 Résistance torsionnelle de fissuration

En introduisant dans l'équation 6.51 le coefficient de tenu φc du béton et le paramètre λ


pour les bétons légers, on obtient :

Ac2
Tcr = 0.4 φ c λ f c′ (6.61)
pc

La norme stipule que si Tf > 0.25 Tcr, il faut considérer les efforts de torsion et concevoir
l'armature conséquemment [11.2.9.1].

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Résistance à l'effort tranchant et à la torsion… 199

EXEMPLE 6.6

On désire calculer l'inertie torsionnelle de la section et le moment de fissuration


pondéré de la poutre illustrée sur la figure 6.26 en appliquant le concept du tube
équivalent. Le béton a une résistance à la compression de 30 MPa.

400

83,33
500 [mm]

Fig. 6.26 Poutre de l’exemple 6.6

Solution

a) Propriétés
L'aire et le périmètre de la section sont :
Ac = 500 × 400 = 200 000 mm2
pc = 2 (500 + 400) = 1800 mm

L'aire définie par le feuillet moyen du feuillet équivalent est :


2 2
Ao = Ac = × 200 000 = 133333 mm 2
3 3

L'épaisseur des parois est :


A 20 000
t = 0.75 c = 0.75 × = 83.33 mm
pc 1800

Le périmètre du feuillet moyen est :


ho = 400 − 83.33 = 316.7 mm

bo = 500 − 83.33 = 416.7 mm

po = 2 (ho + bo ) = 1467 mm

L'inertie torsionnelle est :

4 Ao2 t 4 × 133 3332 × 83.33


J tube = = = 4.039 × 109 mm 4
po 1467

Il importe de noter que l'âme définie par le feuillet moyen (ho × bo) correspond

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200 Calcul des structures en béton armé

approximativement à la valeur utilisée plus haut.

L'inertie d'une section pleine est égale à :

⎛ 400 ⎞ 500 × 4003


J pleine = ⎜1 − 0.63 × ⎟+ = 5.291×109 mm 4
⎝ 500 ⎠ 3

b) Couple de fissuration

Selon l'équation 6.41, on a :

A2 200 000 2
Tcr = c xφc 0.4 f c′ = × 1 × 0.6 × 0.4 30 = 29.21 × 106 N ⋅ mm
pc 1800
= 29.21 kN ⋅ m

6.5.3 Torsion de compatibilité

La norme reconnaît que les efforts de torsion peuvent être moindres lorsque ceux-ci
peuvent être affectés par la redistribution des efforts [11.2.9.2] dans les structures
hyperstatiques. La norme assume, une fois la fissuration initiée, que l'élément ne sera pas
soumis à un couple de torsion supérieur à environ les deux tiers de Tcr car la rotation que
subit la poutre occasionnera une redistribution des efforts. À ce moment, la valeur
maximale de Tf pouvant être considérée dans le calcul peut être limitée à 0.67Tcr. Ce
faisant, tous les autres efforts dans les éléments attachés à la poutre doivent être ajustés en
conséquence.

Pour les poutres de rives soutenant une dalle, le moment de torsion maximal supporté par
cette poutre peut également être limité à 0.67Tcr aux extrémités de la poutre, variant jusqu'à
une valeur nulle à mi-portée.

6.5.4 Armature transversale

La norme [11.3.9.3 et 11.3.9.4] requiert que :

2 Ao φ s At f y
Tr = ≥Tf (6.62)
s

Même si rien n'est mentionné à ce sujet, il serait de bonne pratique de satisfaire aussi la
relation suivante: Tr ≥ Tcr . On pourra donc remplacer Tf dans l'équation 6.62 par Tcr
lorsque cette valeur est supérieure. Pour un étrier d'aire At , on obtient :

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Résistance à l'effort tranchant et à la torsion… 201

At Tf
≥ (6.63)
s 2 Ao φ s f y

Ce terme sera utilisé ultérieurement pour calculer l'armature longitudinale de même que
lorsque les efforts de torsion seront combinés à la résistance à l'effort tranchant. Tout
comme pour l'effort tranchant, on peut dimensionner la quantité d'armature requise entre
l'appui et une distance d de cet appui en utilisant la valeur de l'effort de torsion à une
distance d de l'appui [11.3.9.2].

Les dimensions de la section tubulaire équivalente adoptées par la norme et permettant de


calculer Ao dans l'équation 6.63, sont illustrées sur la figure 6.27. La norme stipule que
l'aire Ao est égale à [11.3.9.7] :

Ao = 0.85 Aoh (6.64)

où Aoh est défini comme étant l'aire circonscrit par la ligne moyenne des aciers
transversaux fermés extérieurs, tel qu'illustré sur la figure 6.27.

L'armature de torsion doit être constituée de barres longitudinales (voir section 6.4.5) alors
que l'armature transversale peut être constituée d'étriers fermés perpendiculaires à l'axe de
la pièce ou d'une cage d'armature en treillis soudés [11.2.6]. Les étriers formant les
armatures transversales [11.2.7] doivent être refermés avec un crochet standard faisant un
angle de 135o (Fig. 6.27).
³ 135°

Aoh = bo × ho
ph = 2 (bo+ ho) Aoh

£ 300 mm

ho
At

ph: périmètre de
Al l'étrier externe

bo
a) Section pleine b) Section creuse

Fig. 6.27 Géométrie du tube équivalent après la fissuration

6.5.5 Armature longitudinale

L'armature longitudinale doit être répartie sur la périphérie de la section et au moins une
barre doit être placée dans chacun des coins des étriers fermés formant l'armature
transversale [11.2.7]. Le diamètre minimal des barres longitudinales ne doit pas être

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202 Calcul des structures en béton armé

moindre que s/16, où s est l'espacement longitudinal des aciers transversaux [11.2.7]. De
plus, l'espacement maximal entre les barres longitudinales est limité à 300 mm [11.3.9.5].

À partir de la valeur de At /s déterminée par l'équation 6.63, on trouve [11.3.9.5] :

ph
Al = At (6.65)
s

où ph est le périmètre de la ligne moyenne des aciers transversaux fermés externes, comme
montré sur la figure 6.27.

6.5.6 Combinaison d'efforts

a) Effort tranchant et torsion

Les étriers servent à la fois à résister à l'effort tranchant et aux efforts de torsion. Dans le
cas de l'effort tranchant, Av inclut toutes les branches de l'étrier, normalement deux fois
l'aire d'une branche pour un étrier simple. Sur une des faces verticales, la résultante due à la
torsion s'additionne à celle de l'effort tranchant alors que sur la face opposée, ces deux
forces se soustraient. Comme on utilise la même quantité d'acier sur les deux faces, on
additionne les valeurs provenant des deux types d'efforts. En considérant l'aire totale des
aciers transversaux requis pour l'effort tranchant et la torsion, selon la même procédure
qu'utilisée pour l'effort tranchant, on obtient l'aire totale d'acier requis en additionnant l'aire
nécessaire par unité de longueur pour chacun des deux types d'efforts :

⎛ A⎞ ⎛ A⎞ ⎛ A⎞
⎜ ⎟ = ⎜ ⎟ + 2⎜ ⎟ (6.66)
⎝ s ⎠ v +t ⎝ s ⎠ v ⎝ s ⎠t

Connaissant l'aire totale des deux segments d'une barre, Astv , on trouve l'espacement
maximal :
Astv
s≤ (6.67)
( A / s )v+t
Afin d'éviter une rupture par compression diagonale avant la plastification des armatures, la
norme limite la contrainte dans le béton [11.3.9.8] à :

Vf T f ph
+ ≤ 0.25 φ c f c′ (6.68)
bw d 2
Aoh

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Résistance à l'effort tranchant et à la torsion… 203

b) Flexion et torsion

La flexion amène des efforts de compression dans la poutre qui viennent réduire la valeur
de la force axiale développée dans les barres longitudinales situées dans cette portion de la
section. La norme permet de réduire l'aire des aciers longitudinaux, situés dans la zone de la
section comprimée par la flexion, d'une quantité égale à [11.3.9.6] :

Mf
Al − retranché = (6.69)
0.9 d f y

où Mf est le moment fléchissant agissant simultanément avec l'effort de torsion Tf utilisé


pour calculer les aciers longitudinaux.

EXEMPLE 6.7

On désire faire la conception d'une poutre de rive supportant une dalle


bidirectionnelle sans poutre intérieure. La poutre de rive, montrée sur la figure 6.28,
a la même géométrie et les mêmes propriétés que la poutre de l'exemple 6.6. La
poutre de rive supporte, en plus du moment de torsion dû à la dalle, une charge
uniforme pondérée de 24.8 kN/m.

Solution

a) Moment de torsion maximal selon l'exemple 6.6


Tcr = 29.21 kN ⋅ m

T f max = 0.67 Tcr = 19.57 kN ⋅ m

T f = m f ⋅ ln / 2 = T f max

où ln est la portée libre entre les faces des poteaux.

Le moment maximal mf à résister est :


2T f max 2 × 19.57
mf = = = 5.59 kN ⋅ m/m
An 7 .0

b) Armature minimale dans la dalle

Comme il sera vu au chapitre 9, l'armature minimale par mètre de largeur de dalle


est

As min = 0.002 Ax = 0.002 × hs × b = 0.002 × 210 × 1000 = 420 mm2 / m

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204 Calcul des structures en béton armé

Poteaux :
500 × 500 (typ)
210

7500

[mm]
2
A
3

mf

a) Poutre de rive

15M @ 475

mf 210
400 ho

500 [mm] bo

b) Ancrage de la dalle dans la poutre de rive

Fig. 6.28 Poutre de rive d'une dalle bidirectionnelle (Exemple 6.7)

Pour des barres 15M, cela correspond à un espacement de :

1000
⋅ Asb = As min
s
1000 × 200
s= = 476 mm2
420

Aussi s ≤ 500 mm [7.4.1.2].

Pour s = 476 mm et d = 175 mm,


⎛ 0.85 × 420 × 400 ⎞ −6
mr = 0.85 × 420 × 400 ⎜175 − ⎟ × 10
⎝ 2 × 0.6 × 0.805 × 30 × 1000 ⎠
= 24.30 kN ⋅ m/m > 5.59 kN ⋅ m/m

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Résistance à l'effort tranchant et à la torsion… 205

Ceci signifie que même si l'armature minimale de la dalle peut reprendre un moment
fléchissant de 24.30 kN⋅m/m, les grandes rotations qui accompagneront la fissuration
en torsion de la poutre de rive feront en sorte que le moment demeurera petit, à 0.67
Tcr.

c) Armature de torsion
La norme permet de dimensionner les armatures de torsion pour l'effort agissant à d
de la face du poteau. Pour la poutre au moment négatif, d = 350 mm (barres 20M,
étriers 10M, enrobage de 30 mm).

La section située à d de la face du poteau est située à :

A o = 7000 − 350 = 3150 mm du centre de la poutre.


2
T f = m f ⋅ A o = 5.59 × 3.15 = 17.61 kN ⋅ m

La dimension de l'étrier est égale à :


bo = 500 − 2 × 30 − 10 = 430 mm

ho = 400 − 2 × 30 − 10 = 330 mm

On trouve selon l'équation 6.64 :

Aoh = bo ⋅ ho = 430 × 330 = 141900 mm2

Ao = 0.85 Aoh = 120 615 mm2

L'aire d'étrier par unité de longueur est (Éq. 6.63) :


At Tf 17.61× 106
≥ = = 0.2147 mm 2 / m
s 2 Ao ϕ s f y 2 × 120 615 × 0.85 × 400

d) Combinaison avec l'effort tranchant


L'effort tranchant à d de la face du poteau est :
24.8 kN
V f = w f ⋅ Ao = × 3.15 = 78.1 kN
m
Vc = 0.2 x ϕc fc′ ⋅ b d = 0.2 ×1.0 × 0.6 30 × 500 × 350
= 115.0 ×103 kN = 115 kN

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206 Calcul des structures en béton armé

V
V f > c , on a donc besoin d'étriers, la valeur minimale gouverne.
2

Selon l'équation 6.18, on a :

Av min 0.06 f c′ 0.06 30 × 500


= b= = 0.411 mm2 / m
s fy 400

L'acier requis pour Tf et Vf est (Éq. 6.65) :

⎛ A⎞ ⎛ A⎞ ⎛ A⎞
⎜ ⎟ = ⎜ ⎟ + 2⎜ ⎟ = 0.411 + 2 × 0.215 = 0.841 mm2 / m
⎝ s ⎠V +T ⎝ s ⎠V ⎝ s ⎠T

Avec AsTV = 200 mm2 pour des étriers 10M, on a (Éq. 6.66) :
AsTV 200
s≤
( )
A
s V +T
=
0.841
= 238 mm

Vf 78.1 × 103
Avec = = 0.446 MPa < 0.1 x φc f c′ = 0.1 × 0.6 × 30 = 1.8 MPa
bd 500 × 350

s ≤ 600 mm
≤ 0.7 d = 0.7 × 350 = 245 mm

Choix : s = 225 mm

e) Armature longitudinale
Selon l'équation 6.58, l'armature longitudinale de torsion est :

AA = t ph = 0.215 × (430 + 330 ) × 2 = 327 mm 2


A
s

À la fibre tendue au moment négatif, on doit ajouter à cette quantité celle due au
moment négatif. Pour une poutre doublement encastrée, le moment négatif est :

w f A 2n 24.8 × 7.02
Mf = = = 101.3 kN ⋅ m
12 12
Mf 101.3 × 106
Kr = = = 1.65
b d2 500 × 350 2

Selon le tableau 2.1 du CDH, on a :


f = 0.515%

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Résistance à l'effort tranchant et à la torsion… 207

0.515
As = × 500 × 350 = 901 mm2
100

Si on répartie l'armature de torsion également dans les quatre coins, on a à la fibre


supérieure :

327
As = 901 + = 1065 mm 2
2

Choix: 2-30M, As = 1400 mm2

Pour la fibre comprimée, on pourrait réduire l'armature due à la torsion de la quantité


(Éq. 6.68) :

Mf 101.3 × 106
A f − retranché = = = 804 mm2
0.9d f y 0.9 × 350 × 400

2 3

250
250

0,67 Tcr = 19,57 17,6


T (kN • m)
d

- 101,3

M (kN • m)

50,7

93
78,1
V (kN)
d

7500 mm

Fig. 6.29 Exemple 6.7 - Efforts internes dans la poutre de rive

On n'a donc pas besoin de l'acier longitudinal pour résister à la torsion. On utilisera
toutefois deux barres 10M pour soutenir les étriers.

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208 Calcul des structures en béton armé

f) Vérification additionnelle

Il faut s'assurer qu'aucune rupture ne se produira. Selon l'équation 6.47, on trouve :

Vf T f ph
+ ≤ 0.25 φc fc′
bw d Ash 2

78.1 × 103 17.6 × 106 × 1520


+ = 0.446 + 1.329 = 1.77 MPa
500 × 350 1419002
< 0.25 × 0.6 × 30 = 4.5 MPa

EXEMPLE 6.8
On désire calculer les armatures dans le cas d'une poutre dont la géométrie est la
même que celle de l'exemple précédent mais qui supporte un balcon causant des
efforts de flexion identiques à ceux de cet exemple et pour laquelle le moment de
torsion appliqué par unité de longueur correspond au moment que peuvent
développer les armatures minimales en moment négatif de la dalle.
Solution

En suivant les étapes de l'exemple 6.7, on trouve (voir fig. 6.30) :

T f = 3.15 × mr = 3.15 × 24.30 = 76.5 kN ⋅ m

At 76.5 × 106
= = 0.933 mm 2 / mm
s 2 × 120 615 × 0.85 × 400

⎛ A⎞
⎜ ⎟ = 0.411 + 0.933 = 1.344 mm2 / mm
⎝ s ⎠V +T
200
s≤ = 149 mm ⇒ choix 150 mm ou moins
1344

AA = 0.933 × 1520 = 1418 mm2

Choix : 8 barres, 3 sur chaque face pour la torsion.

À la fibre tendue

As = 901 + 3 × 1418 = 1433 mm 2 ⇒ Choix 3 - 25 M = 1500 mm2


8

À la mi-hauteur

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Résistance à l'effort tranchant et à la torsion… 209

As = 2 × 1418 = 355 mm 2 ⇒ Choix 2 - 15 M = 400 mm2


8

À la fibre comprimée

As = 3 × 1418 − 804 = −272 ⇒ Pas requis


8
⇒ Choix 2 - 10M = 200 mm2

3-25M

2-15M

2-10M

Fig. 6.30 Poutre de l’exemple 6.8

6.6 EXERCICES

Calculez les étriers des exercices du chapitre 2 en utilisant un béton de 30 MPa et de l'acier
de 400 MPa.

Exercice # 1

Solution : s = 200 mm, Vr = 235 kN.

Exercice # 2

Solution : Partie centrale : s = 100 mm sur 2000


s = 300 mm au centre.

Porte-à-faux : s = 300 mm.

Exercice # 3

Solution : Partie centrale : s = 250 sur toute la partie.

Exercice # 4

Solution : Poutre : s = 325 mm.

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210 Calcul des structures en béton armé

RÉFÉRENCES

6.1 ACI-ASCE Committee 326. Shear and diagonal tension, Journal of Structural
Division, ASCE, Vol. 59, 1962, pp. 1-30, 277-344, 352-396.

6.2 ACI-ASCE Committee 426. The shear strength of reinforced concrete members,
ASCE Journal of Structural Division, Vol. 99, 1973, pp. 1091-1187.

6.3 Kani, G.N.L. The riddle of shear failure and its solution, ACI Journal, Vol. 61,
1964, pp. 50-57.

6.4 Ritter, W. Die bauweise hennebique, Construction Techniques of Hennebique,


Schweizerische Bauzeitung, Zürich, 1899.

6.5 Mörsch, E. Le béton armé : Étude théorique et pratique, Ch. Béranger, Paris, 1909,
358p.

6.6 Bazergui. A., Bui-Quoc, T., Biron, A., McIntyre, G., Laberge, C. Résistance des
matériaux, Éditions de l'École Polytechnique de Montréal, 2002.

6.7 Popov, E.P. Engineering mechanics of solids, 2nd ed., Prentice Hall, 1999.

6.8 Association Canadienne de Normalisation. Design of concrete structures, Standard


CSA-A23.3, Mississauga, Ontario, 2004.

6.9 Hambly, E.C. Bridge deck behaviour, E&FN Spon, 1991.

6.10 Massicotte, B., Picard, A., Gaumond, Y., Ouellet, C. Strengthening of a long-span
prestressed segmental box girder bridge, PCI Journal, Vol. 39, No. 3, 1994, pp.52-
65.

6.11 Hsu, T.T.C. Torsion of structural concrete - Behaviour of reinforced concrete


rectangular members, Torsion of Structural Concrete, ACI Publication SP-18,
American Concrete Institute, 1968, pp.261-306.

6.12 ACI Committee 318. Building code requirements for structural concrete (ACI318-
08) and Commentary (ACI318-08), American Concrete Institute, 2008.

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CHAPITRE 7

MÉCANIQUE DU BÉTON ARMÉ

7.1 COMPORTEMENT DES PIÈCES EN BÉTON ARMÉ

7.1.1 Généralités

Aux chapitres 4 et 5, les théories classiques du comportement en flexion et en cisaillement


des poutres en béton armé ont été présentées. L'interaction entre le béton et les aciers
d'armature a été abordée au chapitre 5 par l'entremise de l'analogie du treillis à angle
variable. L'objectif du présent chapitre est d'aller plus à fond dans la compréhension des
mécanismes de cheminement des forces dans les pièces en béton armé, de leur point
d'application jusqu'aux points de support. Pour bien comprendre les mécanismes mis en
cause, il faut prendre en considération les points suivants :

- le béton est un matériau qui fissure et qui est principalement utilisé


pour sa résistance à la compression;
- l'acier d'armature reprend principalement les efforts de traction;
- le taux de travail ou de contrainte des aciers d'armature est faible à
l'état de service sous les charges d'utilisation et habituellement pris
égal à la limite élastique à l'ultime;
- les barres ont des longueurs finies et le transfert des efforts d'une barre
à une autre doit idéalement pouvoir être réalisé à travers le béton;
- le cheminement des efforts dans une pièce en béton armé est fonction
de la disposition des armatures.

Le comportement des pièces en béton armé est plus aisé à visualiser lorsqu'on utilise
l'analogie du treillis ou le modèle des bielles et tirants. Dans cette section, on présente
d'abord le comportement des poutres élancées puis celui des poutres profondes et des
consoles. On illustre ensuite les aspects à considérer pour le transfert des efforts d'une barre
d'armature à une autre. Dans tous les cas, le traitement est uniquement descriptif et porte
principalement sur les principes généraux alors que le détail des calculs est présenté plus
loin dans ce chapitre ainsi que dans des chapitres ultérieurs.
212 Calcul des structures en béton armé

7.1.2 Poutres élancées

Pour les poutres élancées, le modèle de treillis à angle variable permet de bien décrire le
cheminement des efforts. Comme l'illustre la figure 7.1, les efforts dans les étriers et les
armatures de flexion peuvent être déterminés en appliquant cette analogie.

Charge uniforme, w

(a) Poutre simplement appuyée

q
(b) Modèle de treillis raffiné

wdv /tan q

dv /tan q dv /tan q dv /tan q dv /tan q dv /tan q dv /tan q

(c) Modèle de treillis pour la conception

Fig. 7.1 Application de l'analogie du treillis à angle variable pour les poutres élancées

La figure 7.1b présente un modèle raffiné où chaque étrier est représenté par un tirant. Il
est toutefois possible de regrouper les étriers pour les fins de détermination des efforts
uniquement tel que le montre la figure 7.1c. L'analogie du treillis met en évidence le fait
que la force dans les armatures de flexion est supérieure à la force obtenue des efforts de
flexion uniquement. Le diagramme de corps libre montré sur la figure 7.2 permet de
déterminer la force dans les armatures de flexion en fonction des efforts appliqués :

dv ⎛ d ⎞
Ts × d v + Vs × −V f ⎜ x + v ⎟ = 0
2 tan θ ⎝ tan θ ⎠

En posant M f ( x) = V f ⋅ x on obtient :
Mf V f − 0.5 Vs
Ts ( x) = + (7.1)
dv tan θ

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Mécanique du béton armé 213

où Vs est donné par l'équation 5.22 :


φs Av f y dv
Vs = (7.2)
s tan θ

C
O

dv

q
Vs
T

Vf 0,5 dv /tan q
x dv /tan q

Fig. 7.2 Équilibre en travée

Ainsi, la norme A23.3-04 exige que la force dans les armatures tendues soit égale à celle
induite par la flexion augmentée des forces causées par l'effort tranchant dû à l'effet des
fissures inclinées ainsi que les forces axiales. Dans ce dernier cas il est assumé que la
moitié de l'effort axial est repris par les armatures de traction alors que l'autre moitié réduit
les efforts de compression de la fibre comprimée. La valeur de la force axiale à considérer
dans les armatures de flexion, tel que stipulé dans la norme A23.3-04, est donnée par la
relation suivante (avec Mf et Vf positifs, Nf positif pour une force de traction et négatif pour
une force de compression):

Mf V f − 0.5Vs − V p
Tlt = + 0.5 N f + (7.3)
dv tan θ

De manière similaire, pour les sections où les efforts de flexion sont petits, l'effort tranchant
et les efforts axiaux pourraient induire des efforts de traction au niveau de la fibre
comprimée qui nécessiterait des armatures. Cette force est donnée par l'équation suivante
(avec Mf et Vf positifs, Nf positif pour une force de traction et négatif pour une force de
compression). Une valeur négative indique que la fibre demeure comprimée.

V f − 0.5Vs − V p Mf
Tlc = 0.5 N f + − (7.4)
tan θ dv

Une autre façon de considérer l'augmentation des efforts dans la fibre tendue est illustrée
sur la figure 5.9e. En effet, l'analogie du treillis met en évidence le fait que la force dans les
armatures de flexion est décalée d'une quantité dv / tan θ . Ainsi la force dans les armatures

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214 Calcul des structures en béton armé

tendues à une section donnée doit pouvoir être pleinement développée à un point situé à
une distance dv / tan θ plus près des appuis. Une façon simple de prendre en considération
ce phénomène consiste à décaler le diagramme des moments fléchissants de cette même
quantité comme l'illustre la figure 7.3. Cette approche est recommandée par la norme
A23.3-04 [11.3.9.3] pour les éléments pour lesquels les efforts axiaux ou de torsion sont
faibles.

dv
q

Traction due
au moment

Traction due
au cisaillement

dv /tan q
(a) Moment fléchissant positif

A C

q dv

Force de B D
traction dans
les armatures dv /tan q
supérieures
Traction due à la flexion
= Mf /d v

Force de
traction dans
les armatures Traction due au cisaillement
inférieures = (Vf - 0,5Vs) /tan q

(b) Moments fléchissants positif et négatif

Fig. 7.3 Effet de l'inclinaison des fissures sur le diagramme de moments effectif

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Mécanique du béton armé 215

Comme indiqué sur la figure 7.2, les armatures de flexion doivent être en mesure de
développer leur pleine capacité en traction au point de calcul. Au delà de ce point,
l'armature doit être ancrée sur une longueur permettant d'atteindre la plastification des
barres (Ts = φs As fy). Cette quantité, dénotée ld , est appelée longueur de développement.

Pour les poutres élancées, le principal mode de transmission des efforts entre le béton et
l'acier d'armature est l'ancrage par adhérence. Les éléments étant longs et élancés, on
dispose généralement de l'espace suffisant pour développer la pleine capacité des barres,
soit atteindre une contrainte égale à fy, en ajoutant une longueur supplémentaire à chaque
extrémité. Dans certains cas toutefois, on utilisera des barres recourbées, ou crochets, si
l'espace requis est insuffisant. Les règles de calculs associées à un tel exercice seront
présentées plus loin dans ce chapitre.

7.1.3 Poutres profondes

On a vu au chapitre 5 que la norme A23.3 [10.7] qualifie de poutre profonde celle pour
laquelle le rapport a/d est inférieur à 2, où a est égal au rapport M/V. La distinction entre les
poutres profondes et élancées vient essentiellement du mode de transfert des efforts. Dans
une poutre élancée, comme on l'a vu précédemment, les forces sont transmises à travers une
succession de bielles tendues et comprimées. Pour les poutres profondes, les forces sont
généralement transmises directement aux appuis, comme illustré sur la figure 7.4. Dans ce
cas, l'armature horizontale ne peut être considérée comme une armature de flexion mais
plutôt comme un élément permettant de garantir l'équilibre des forces internes. De ce fait,
les poutres profondes sont des éléments pour lesquels le mode de transmission des efforts
procède principalement par l'entremise de bielles et tirants sans apport du béton en
cisaillement (Vc = 0) contrairement aux éléments fléchis élancés vus au chapitre 5.

Pour la poutre de la figure 7.4, on doit ancrer l'armature sur une longueur très courte. Dans
ce cas, il est généralement inapproprié d'utiliser un ancrage par adhérence. On préférera
utiliser des ancrages mécaniques ou par crochets tel qu'illustrés sur la figure 7.5. Les zones
d'ancrage des armatures requièrent certaines précautions selon que la zone nodale où se
joignent deux ou plusieurs bielles comprimées soit soumise à des contraintes de
confinement sur toutes les faces (point d'application de la charge P sur la figure 7.4b), qu'on
y retrouve une barre tendue (Fig. 7.5a) ou qu'on y développe l'ancrage des barres (Fig.
7.5b). Comme discuté au chapitre 3, le béton en situation de contraintes biaxiales de
compression a une capacité accrue alors que celui pour lequel coexistent des contraintes de
compression et de traction a une résistance diminuée. La résistance des zones nodales est
définie par la norme A23.3 [11.5.4.1] selon l'état de contrainte de celles-ci.

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216 Calcul des structures en béton armé

P/2 P/2
a) Poutre en équilibre externe

Béton inefficace Béton inefficace


P

Béton efficace
q

P/2 P/2
Tirant interne Zone nodale

b) Mécanisme de résistance interne

Fig. 7.4 Poutre profonde

Enfin, pour les poutres profondes, le béton situé hors des zones comprimées est à toute fin
pratique inutile du point de vue mécanique (Fig. 7.4). Toutefois, pour des raisons
esthétiques, pratiques ou de durabilité, il est plus courant de mettre en place des poutres
profondes pleines. Dans ce cas, on ajoute dans les âmes des armatures verticales et
horizontales qui ont pour but de contrôler la fissuration et maintenir l'intégrité structurale de
la poutre. Si on désirait n'utiliser que les parties comprimées, il faudrait calculer celles-ci
comme des poteaux et prendre en considération l'excentricité additionnelle des charges.

Cd Cd

Zones de Zones de
compression compression
uniaxiale uniaxiale

Zone de Ts Zone de Ts
compression traction-
biaxiale compression
a) Ancrage externe b) Ancrage interne

Fig. 7.5 Ancrage mécanique et ancrage par crochet

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Mécanique du béton armé 217

7.1.4 Consoles

Les consoles (Fig. 7.6) sont un type particulier de poutres profondes où le rapport a/d est
généralement inférieur à l'unité (Fig. 7.6a). Comme pour les poutres profondes, le
mécanisme de transfert des efforts est celui de bielles comprimées et de tirants. Dans ce
cas, comme les dimensions sont souvent restreintes, il faut porter une attention particulière
à la zone d'ancrage du tirant. Lorsque des aciers recourbés sont utilisés (Fig. 7.6b), il faut
s'assurer que la plaque d'assise soit suffisamment éloignée de l'extrémité pour éviter un
mode de rupture en coin. Cette situation est moins critique lorsqu'un ancrage mécanique,
souvent réalisé avec une cornière en acier, est utilisé (Fig. 7.6c). Afin de contrôler la
fissuration et de bien confiner la bielle comprimée, de l'acier secondaire est requis.

a
V

Hs
Ts

Cd

a) Modèle de calcul

V
Tirant H
Ts

Rupture en coin
si l'appui est trop
près du bord

Acier secondaire

Étriers fermés
Acier longitudinal
ou tirant recourbé

b) Ancrage interne

V
H
Ts

Soudure

N.B.: Étriers et acier


secondaire comme
en b) non-montrés

c) Ancrage externe

Fig. 7.6 Modèles de consoles

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218 Calcul des structures en béton armé

7.1.5 Prolongement des barres d'armature

Les barres d'armature ont des longueurs finies qui excèdent rarement 20 m. Comme les
éléments sont souvent de longueur supérieure à cette dimension, les barres doivent être
prolongées. De plus, certaines situations pratiques de construction font en sorte que des
barres doivent être interrompues à un certain niveau puis prolongées dans des phases
ultérieures de construction. Deux situations courantes surviennent : le prolongement en
traction et le prolongement en compression. Ces deux situations sont illustrées sur la figure
7.7.

Asfy

H
Barres
fy d'ancrage
Barres
prolongées

Longueur de
chevauchement
Barres
d'ancrage Barres
prolongées
fy

Asfy
a) Chevauchement en traction

C Asfy Asfy

fy

Longueur de
chevauchement

fy
Barres Barres
du bas du haut

C
Asfy Asfy

b) Chevauchement en compression

Fig. 7.7 Prolongement des barres d'armature

Dans le cas du prolongement en traction, le chevauchement des barres se fait dans une zone
où le béton est tendu donc potentiellement fissuré. La longueur requise doit nécessairement
tenir compte de l'état de contrainte du béton. Dans le cas d'un prolongement en
compression, le béton est nécessairement comprimé et une partie de l'effort est transférée

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Mécanique du béton armé 219

par la butée de l'extrémité de la barre. La longueur de chevauchement dans ce cas sera donc
plus courte que dans le cas précédent. Dans le cas des poteaux où surviennent des moments
fléchissants, une attention devra être portée aux cas où ceux-ci induisent de la traction.

7.2 TRANSFERT DES EFFORTS ENTRE L'ACIER ET LE BÉTON :


PRINCIPES GÉNÉRAUX

Le comportement des pièces en béton armé est intimement lié aux mécanismes de transfert
des efforts entre le béton et les aciers d'armature. Le transfert des efforts se fait par un lien
chimique (minime), par frottement et par liens mécaniques. La nature des barres d'armature
(lisses ou crénelées) affecte l'importance relative de ces mécanismes, comme le présente le
tableau 7.1.

Tableau 7.1 Mécanismes de transfert des efforts

Type de liens
Type de barres
Chimique Frottement Mécanique

Lisse x xxx ---


Crénelée x xx xxx

Les mécanismes de transfert varient selon les situations. Dans une poutre élancée fléchie,
on utilise habituellement l'adhérence pour développer les efforts dans les barres alors que
l'ancrage des barres est requis dans les tirants des poutres profondes ou des consoles.

7.2.1 Poutres élancées

Lors de la flexion d'une poutre, si l'acier était libre de se déformer indépendamment du


béton, on observerait un glissement à l'extrémité de la poutre, comme illustré sur la figure
7.8. Comme en réalité l'acier et le béton adhèrent l'un à l'autre, il s'ensuit que des forces de
frottement sont générées à l'interface acier-béton de sorte que l'acier devient tendu et le
béton comprimé. Les efforts induits par l'adhérence entre l'acier et le béton se développent
sur une longueur variable selon la nature des barres et le type de charge appliqué.

Pour les poutres fléchies, il est également possible de développer la pleine capacité de
l'acier d'armature en ancrant les barres aux extrémités de la poutre (Fig. 7.9). Cette
situation n'est toutefois ni souhaitable, ni courante, car elle est non économique.

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220 Calcul des structures en béton armé

Béton

Acier

Glissement

Forces de frottement

Fig. 7.8 Glissement de l'armature

Mmax

Adhérence faible ou nulle

Fig. 7.9 Ancrage d'extrémité

Par contre, il est courant d'interrompre des barres d'armature en flexion. À l'endroit où les
barres sont interrompues ou aux appuis, on peut ancrer les barres au moyen de crochets
(Fig. 7.10) ou allonger les barres et profiter de l'adhérence.

90° 180° Droit

Fig. 7.10 Interruption des barres de flexion

7.2.2 Ancrage des barres des tirants principaux dans les poutres profondes

Dans le cas des poutres profondes, l'armature de flexion doit être ancrée suffisamment pour
développer la force requise (habituellement As × fy) au niveau de l'ancrage. On peut ainsi

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Mécanique du béton armé 221

utiliser des ancrages par plaques soudées, avec des crochets, par frottement ou par une
combinaison de ces moyens (Fig. 7.11).

Fig. 7.11 Ancrage dans les poutres profondes

L'ancrage par crochet fait en sorte que la contrainte dans la barre d'armature augmente
rapidement jusqu'à la limite élastique (Fig. 7.12). La longueur requise dans ce cas est
beaucoup plus petite que celle requise pour un ancrage droit. L'utilisation de crochets à 90o
requiert habituellement l'ajout de ligatures ou étriers à l'extrémité de la poutre afin que les
barres ne fassent pas éclater la face du béton, tel que le montre la figure 7.13.

Contraintes fy
dans la barre

A
a
c Glissement

Contraintes
de frottement

Fig. 7.12 Ancrage par crochet

Ligatures

Fig. 7.13 Ancrage par crochet avec ligatures

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222 Calcul des structures en béton armé

7.3 ADHÉRENCE

L'adhérence d'une barre varie selon qu'elle soit lisse ou crénelée : l'adhérence provient du
frottement entre l'acier et le béton ou par la butée du béton sur les crénelures.

7.3.1 Adhérence par frottement en traction directe

L'adhérence par frottement est due au développement de contraintes de cisaillement (μ)


entre l'acier et le béton (Fig. 7.14). Pour une barre de diamètre db, on a entre deux sections
consécutives espacées de Δx où les contraintes de frottement sont égales à μ :

π d b2
ΔT = μ π d b Δx = Δ fs (7.5)
4

Δ f s db
ou encore : μ= (7.6)
4 Δx

d f s 4μ
Pour une longueur Δx → 0 : = (7.7)
dx db

T
db

la
m : contrainte d'adhérence

Dx

fs m

Dx

T T + DT

Fig. 7.14 Adhérence par frottement

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Mécanique du béton armé 223

7.3.2 Adhérence par frottement dans une poutre

L'adhérence dans une poutre est particulière en ce sens que le béton est également tendu.
Pour le cas illustré sur la figure 7.15, on a :

M
T= (7.8)
jd
a
où e = d − = jd (7.9)
2

(M 2 − M 1 ) Δ M
ΔT = T2 − T1 = = (7.10)
jd jd

ΔT = μ π d b Δx (7.11)

ΔM
= π db μ j d = V (7.12)
Δx
V
μ= (7.13)
π db j d

P
1 2

Dx

T1 T2

Fig. 7.15 Poutre en flexion

Dans une poutre réelle comme celle de la figure 7.16, des fissures se forment en flexion et
les contraintes dans les barres sont maximales à ces endroits. Entre les fissures, une partie
des efforts est reprise par adhérence par le béton en traction. Ainsi, les hypothèses adoptées
en flexion, à savoir que le béton peut être négligé en traction, sont valides uniquement au
droit des fissures.

Plus l'adhérence entre l'acier et le béton est bonne, plus les contraintes dans le béton seront
élevées et plus les fissures seront fines et rapprochées, comme l'illustre la figure 7.17
montrant la fissuration dans un tirant en béton armé.

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224 Calcul des structures en béton armé

CL

M
T=
e

Tréel

mréel

`m

Fig. 7.16 Fissuration d'une poutre fléchie

T T

Adhérence faible
ft

T T

Adhérence élevée
ft

Fig. 7.17 Fissuration d'un tirant de béton armé

7.3.3 Adhérence par butée

Depuis environ le début des années 1960, les barres les plus couramment utilisées sont
crénelées. L'adhérence de ces barres au béton se fait par butée. Il s'ensuit des forces
radiales, montrées sur la figure 7.18, qui ont tendance à fendre le béton. L'effet de fendage
ou séparation, schématisé sur la figure 7.19, est fonction du diamètre des barres, de
l'espacement entre celles-ci et de la distance aux faces de la pièce. Les zones influencées
par l'ancrage des barres sont montrées sur la figure 7.20.

La séparation du béton due à l'adhérence par butée réduit la résistance. Toutefois, les barres
crénelées ont une meilleure adhérence que les barres lisses et le comportement mécanique
des éléments s'en trouve amélioré.

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Forces sur la barre

Forces sur le béton

Longitudinale Radiale
Composantes des forces
sur le béton

Forces radiales et
contraintes d'éclatement

Fig. 7.18 Adhérence des barres crénelées

Séparation

Séparation

Fig. 7.19 Effet de fendage

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226 Calcul des structures en béton armé

Fig. 7.20 Zone d'influence de l'ancrage des barres

La qualité de l'ancrage des barres crénelées par adhérence augmente avec les paramètres
suivants :

- l'augmentation de la distance à une face;


- la diminution du diamètre des barres;
- l'augmentation de la longueur d'ancrage;
- l'augmentation des propriétés du béton;
- le confinement des zones d'ancrage (par les étriers).

Ces paramètres entrent dans le calcul des longueurs de développement.

7.4 ANCRAGE EN TRACTION

Les barres droites doivent être ancrées sur une distance appelée longueur de
développement, ld, requise pour développer fy en traction [12.2] :

k k k k fy
l d = 1.15 × 1 2 3 4 × Ab ≥ 300 mm (7.14)
(d cs + K tr ) f c′

où k1 à k4 sont des facteurs de modification selon les conditions de l'ancrage ;


dcs ≤ distance du centre de la barre à la surface de béton la plus près ;
≤ 2/3 de l'espacement centre-à-centre des barres.

Atr f yt
K tr = (7.15)
10.5 s n

Atr = aire totale des aciers transversaux traversant un plan de fissure ;


fyt = limite élastique des aciers transversaux ;
s = espacement longitudinal des aciers transversaux dans la zone d'ancrage ;
n = nombre de barres ancrées qui développent leur adhérence.

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Mécanique du béton armé 227

Les termes dcs et Ktr quantifient la contribution du béton et des étriers au confinement des
aciers ancrés, avec la limite maximale suivante :

d cs + K tr ≤ 2.5 d b (7.16)

Les facteurs k1 à k4 prennent les valeurs présentées au tableau 7.2 [12.2.4]. Lors de
l'utilisation des valeurs du tableau, le produit k1 k2 ≤ 1.7. La constante 10.5 dans l’équation
7.15 a des unités de MPa.

Enfin, dans l'équation de ld, les données expérimentales sont incomplètes pour les bétons de
plus de 64 MPa. La norme fixe donc une limite maximale à la contribution du béton pour le
calcul de ld [12.1.2] :

f c′ ≤ 8.0 MPa (7.17)

Tableau 7.2 Facteurs de modification des longueurs d'ancrage en traction

Facteur Utilisation Valeur Situation

Armature horizontale située au-dessus de


1.3
Modification selon la plus de 300 mm d’épaisseur de béton frais
k1
position de la barre
1.0 Autrement

Barres recouvertes d'époxy avec un


recouvrement net de moins de 3db ou
1.5 avec un espacement net entre les barres
Modification selon le
k2 type de finition des ancrées de moins de 6db
barres
1.2 Autres barres recouvertes d'époxy

1.0 Acier conventionnel

1.3 Béton léger

k3 Modification selon la 1.2 Béton semi-léger


nature du béton
1.0 Béton de densité normale

0.8 Barres 20M ou moins


Modification selon la
k4
dimension de la barre 1.0 Barres 25M ou plus

Pour les éléments ayant les aciers transversaux minimums spécifiés par [11.2.8.2 ou 7.6.5]
ou encore pour les dalles ou murs ayant des barres avec un espacement net supérieur à 2db,
on obtient en utilisant dcs =2db et Ktr = 0 :

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228 Calcul des structures en béton armé

fy
l d = 0.45 k 1 k 2 k 3 k 4 db (7.18)
f c′

Si l'espacement net est inférieur à 2db, on obtient en utilisant dcs = 1.5db et Ktr = 0 :

fy
l d = 0.6 k 1 k 2 k 3 k 4 db (7.19)
f c′

Enfin, si l'acier utilisé excède l'acier requis, la longueur d'ancrage peut être multipliée par le
facteur :

ld-présent = ld (Arequis / Aprésent) (7.20)

Dans les calculs, il est aussi admis que les contraintes dans les barres d'armature dans la
zone d'ancrage croissent de façon linéaire :
x
fs = f y pour x ≤ l d (7.21)
ld

EXEMPLE 7.1

Pour du béton de 50 MPa et fy = 450 MPa, on souhaite calculer les longueurs de


développement des barres tendues de la poutre de la figure 7.21 en assumant qu'elle
a des étriers No 10 à 400 mm c/c.
60 60
380

60 2 - No 10

340

2 - No 25

340

3 - No 35

60

155 155
95 95

Fig. 7.21 Poutre de l'exemple 7.1

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Mécanique du béton armé 229

Solution

a) Barres No 35 en traction
dcs = min (95 ; 60 ; 2 × 155 / 3 = 103) = 60 mm

Atr f yt 2 × 100 × 450


K tr = = = 7.14 mm
10.5 s n 10.5 × 400 × 3

d cs + K tr = 60 + 7.14 = 67.1 < 2.5d b = 2.5 × 35.7 = 89.3 mm

k 1 = k 2 = k 3 = k 4 = 1 .0

k1 k2 k3 k4 f y 1.0 450
ld = 1.15 Ab = 1.15 × × ×1000 = 1091 mm ≥ 300 mm
(dcs + Ktr ) fc′ 67.1 50

Donc une valeur minimale de 1091 mm doit être utilisée.

b) Barres No 25 en traction
d cs = min (60 ; 2 / 3 × 380 = 253) = 60 mm

Atr f yt 2 × 100 × 450


K tr = = = 10.7 mm
10.5 s n 10.5 × 400 × 2

d cs + K tr = 60 + 10.7 = 70.7 > 2.5d b = 2.5 × 25.2 = 63.0 mm

k1 = 1.3 k 2 = k 3 = k 4 = 1 .0

k1 k2 k3 k4 f y 1.3 450
ld = 1.15 Ab = 1.15 × × × 500 = 755 mm ≥ 300 mm
(dcs + Ktr ) fc′ 63.0 50

Donc une valeur minimale de 755 mm doit être utilisée.

7.5 ANCRAGE EN COMPRESSION

La longueur d'ancrage en compression, ld , est obtenue par le produit d'une longueur de


base ldb et des facteurs de modification Fm :
ld = ldb Fm (7.22)

• Valeur minimale : ld ≥ 200 mm [12.3.1]

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230 Calcul des structures en béton armé

• Valeur de base [12.3.2] :


0.24 d b f y
l db = ≥ 0.044 d b f y (7.23)
f c′

• Facteurs de modification [12.3.3.]

- valeur cumulative de Fm ≥ 0.6 (exigence enlevée de la norme A23.3)


- acier en surplus : Fm = As requis / As présent
- confinement par spirale (s ≤ 100 mm) : Fm = 0.75

EXEMPLE 7.2

On doit calculer la longueur de développement des barres No 10 en compression de


la poutre de l'exemple 7.1

Solution

0.24d b f y 0.24 ×11.3 × 450


l db = = = 173 mm
f c′ 50

ldb ≥ 0.044 db f y = 0.044 × 11.3 × 450 = 224 mm ⇒ ldb = 224 mm

Fm = 1.0

ld = ldb · Fm = 224 mm ≥ 200 mm ⇒ OK

Donc une valeur minimale de 224 mm doit être utilisée.

EXEMPLE 7.3

On désire calculer la longueur d'ancrage d'une barre No 35 faite d'acier ayant une
nuance de 400 MPa noyée dans un béton de 60 MPa.

Solution
0.24 db f y 0.24 × 35 × 400
ldb = = = 434 mm
fc′ 60

ldb ≥ 0.044 db f y = 0.044 × 35 × 400 = 616 mm ⇒ ldb = 616 mm

Fm = 1.0

ld = ldb · Fm = 616 mm ≥ 200 mm ⇒ OK

Donc une valeur minimale de 616 mm doit être utilisée.

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Mécanique du béton armé 231

7.6 CROCHETS

On retrouve deux types d'ancrages : mécaniques par pliage des barres, standardisé dans la
norme, ou au moyen de plaques ou éléments soudés dont la capacité doit être déterminée
par des essais.

7.6.1 Ancrage des barres de flexion au moyen de crochets

On retrouve deux types de crochets pour les barres de flexion : les crochets à 90o et les
crochets à 180o, comme illustré sur la figure 7.22.

fs= fy fs= fy
Di Di

≥12 db

≥4 db ≥60 mm

ldh ldh

Fig. 7.22 Types de crochets

La longueur horizontale ldh est obtenue comme suit [12.5.1] :

ldh = lhb × Fm ≥ 8 db (7.24)


≥ 150 mm
avec [12.5.2] :
100d b
l hb = pour f y = 400 MPa (7.25)
f c′

Les facteurs de modification Fm [12.5.3] sont présentés à la figure 7.23. Les diamètres
intérieurs de pliage Di sont donnés à l'article A6.6.2.3 de l'annexe à la norme.

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232 Calcul des structures en béton armé

Description Fm

fy > 400 MPa fy /400


Armature en surplus As requis / As présent

Barres £35M
0,7

>60mm >50mm
>60mm

Barres £35M
0,7
>60mm
>60mm

³Di Barres £35M 0,8

<3 db

Barres ³ 35M
1,0

>60mm £3 db
>60mm Di

Béton léger 1,3

Barres recouvertes d'époxy 1,2

Fig. 7.23 Facteurs de modification des ancrages avec crochets

EXEMPLE 7.4

On doit calculer la disposition d'un ancrage à 90o d'une barre No 30 faite d'acier de
500 MPa ancrée dans un massif de béton de 40 MPa.

Solution

100 d b 100 × 30
l hb = = = 474 mm
f c′ 40

Pour une nuance supérieure à 400 MPa, Fm = fy / 400 alors que pour une barre
ancrée dans un massif, Fm = 0.7. On a donc :
500
Fm = × 0.7 = 0.875
400

ldh = lhb × Fm = 474 × 0.875 = 415 mm

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Mécanique du béton armé 233

Aussi :

l dh = 8 db = 8 × 30 = 240 mm

l dh ≥ 150 mm

Donc : l dh = 415 mm

Selon l'annexe de la norme A23.3 [A6.6.2.3], le diamètre de pliage Di est égal à 250
mm pour un acier d'armature conventionnel (R) et 200 mm pour un acier soudable
(W).

Enfin, la portion verticale de la barre est égale à 12db , soit 360 mm.

7.6.2 Ancrages des étriers

En [12.13.2a], on stipule que les étriers de diamètre No 10 ou No 15 doivent être munis de


crochets à 135o tel que stipulé en [7.1.2] et montré sur la figure 7.24, avec un prolongement
au delà de la zone de pliage de 6db sans être moindre que 60 mm [A6.6.2]. Les étriers de
diamètre No 20 ou No 25 doivent pouvoir développer la force requise à mi-hauteur (d/2)
des poutres [12.13.2].

Les étriers doivent occuper la hauteur maximale possible en utilisant l'enrobage minimal
pour chaque application [12.13.1].

£ No 15 ³6 db No 20
³60 mm et
>135° No 25

³0,33 ld*

h/2

Fig. 7.24 Règles de conception d'ancrage des étriers

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234 Calcul des structures en béton armé

7.7 INTERRUPTION DES ARMATURES DE FLEXION

Il est courant d'interrompre des aciers de flexion qui ne sont plus requis. De plus, même
lorsque ces barres ne sont pas interrompues, elles doivent pouvoir être ancrées
correctement dans les zones de support.

Il faut ancrer les armatures sur une longueur ld au-delà du point où elles ne sont plus
requises, au delà du diagramme de moments décalé, tel qu'indiqué sur la figures 7.3. Dans
les prescriptions de la norme, on identifie deux types de barres : les barres prolongées
(celles qui ne sont pas interrompues à une section donnée) et les barres interrompues. De
plus, on fait la distinction entre les armatures interrompues dans les structures continues en
moment positif ou négatif et l'ancrage près des appuis des portées simples ou des porte-à-
faux.

Cependant, interrompre l'armature de flexion dans une zone tendue sollicite davantage les
étriers dû au transfert d'effort qui existe entre le béton et la barre interrompue. Pour éviter
la rupture en cisaillement, les éditions précédentes de la norme A23.3 ne permettaient
l'interruption d'armature uniquement s'il existait une résistance surabondante à l'effort
tranchant :

V f ≤ 2 / 3 Vr (7.26)

Dans le cas où cette exigence ne pouvait être rencontrée, des étriers supplémentaires
devaient être ajoutés sur une longueur égale à 3/4 d le long de la barre à partir du point où
elle est interrompue dans la zone de développement de l'ancrage de cette barre.

L'acier additionnel ajouté était égal à :


b s
Av ≥ w (7.27)
3fy

où l'espacement s dans cette équation ne devait pas excéder la valeur suivante (figure
7.25) :
d
s≤ (7.28)
8β d
avec :
A
β d = si (7.29)
Aso
où Asi : aire des aciers interrompus ;
Aso : aire totale des aciers, interrompus et prolongés.

Bien que cette exigence n'apparaisse plus explicitement, elle a été remplacée par le calcul
des efforts dans les barres tendues prenant en considération la contribution de l'effort
tranchant sur la force exercée sur les armatures [11.3.9.2 et 11.3.9.3].

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Mécanique du béton armé 235

As interrompu
bd =
As total
[12.10.5] Zones tendues

Fig. 7.25 Étriers supplémentaire dans les zones d'interruption des armatures

7.7.1 Zone de moment négatif

Dans une zone de moment négatif, cinq règles prévalent, tel qu'illustré sur la figure 7.26 :

R1 : Armatures prolongées et interrompues : L'armature de moment négatif doit être


ancrée dans l'élément de support [12.12.1].

R2 : Armatures prolongées et interrompues : L'armature doit être prolongée au delà du


point pour lequel elle n'est plus requise pour résister à la flexion selon l'équation 7.3
ou avec la méthode de décalage du diagramme de moment fléchissant d'une
quantité dv / tan θ tel qu'illustrés sur les figures 7.3 et 7.26 [11.3.9.1].

R3 : Armatures prolongées et interrompues : L'armature, de part et d'autre du point de


moment maximal, doit être ancrée sur une longueur ld suffisante pour pouvoir
développer la pleine capacité de la barre à cet endroit [12.1.1].

R4 : Armatures prolongées : Pour une poutre continue, au moins 1/3 de l'armature totale
résistant au moment négatif doit être prolongée au-delà du point d'inflexion (M=0)
[12.12.2] sur une longueur (Fig. 7.26) :

≥d
≥ 12db (7.30)

≥ L/16
R5 : Armatures prolongées : À partir du point ou les barres interrompues ne sont plus
requises, l'armature prolongée doit être ancrée sur une longueur [12.10.4] :

≥ ld + d

≥ ld + 12db (7.31)

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236 Calcul des structures en béton armé

R1
Crochet ou
adhérence ou
ancrage
mécanique

Armature interrompue (I)


R1 Armature prolongée (P)

R3: ≥ ld
R3: ≥ ld

MrI + MrP ld
R5: ≥ ld + d
dv R2: ≥ 0 ≥ ld + 12db
MrI
tan θ MrP ld

Mf
MrP
R2: ≥ 0

Point où les armatures


interrompues ne sont
plus requises R4 ≥ d
R4:
≥ 12db
Point d'inflexion du ≥ Ln /16
diagramme de moments

Fig. 7.26 Prolongement de l'armature

EXEMPLE 7.5

On désire calculer l'ancrage et l'interruption des barres du mur d'un réservoir montré
sur la figure 7.27. Utilisez des barres No 20 de nuance égale à 400 MPa et un béton
ayant une résistance à la compression de 50 MPa.

Solution

a) Calcul des efforts et du nombre de barres


γ h3
M f = α D γ h⋅h / 2⋅h / 3 = α D
6
kN 63
M f = 1.4 × 9.81 × = 494.4 kN ⋅ m/m
m 3 6

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Mécanique du béton armé 237

Selon le chapitre 4, on a :

Mf 494.4 ×106
As ≥ = = 3402 mm2
0.9 ⋅ d ⋅ φs ⋅ f y 0.9 × 475 × 0.85 × 400

Choix : barres No 20 @ 80 mm c/c : As = As barre / s = 300 / 0.08 = 3750 mm2 /m

s ≤ 3·hs = 1500 mm
≤ 500 mm OK

0.85 × 400 × 3750


Vérification : a= = 50.62 mm
0.775 × 0.65 × 50 ×1000

M r = φs ⋅ f y ⋅ As ⋅ (d − a / 2)
= 0.85 × 400 × 3750 × ( 475 − 50.62 / 2 ) ×10−6 = 573.3 kN ⋅ m/m

b) Points d'interruption des barres d'armature

Les barres peuvent être espacées à des multiples de 80 mm. L'espacement maximal
des barres est de 500 mm [7.4.1.2]. Le tableau 7.3 présente la résistance du mur
avec divers espacements de barres selon des multiples de 100 mm. Le moment dû
aux charges est égal à (Fig. 7.27) :
M f = 1.4γ x3 / 6

Tableau 7.3 Efforts et résistance selon la hauteur

Espacement des barres a (mm) Mr (kN⋅m/m) x (Mf = Mr) (m)


(mm) depuis le haut

80 50.62 573.3 6.304


200 20.25 237.1 4.696
300 13.50 159.2 4.113
400 10.12 119.8 3.741
500 8.10 96.1 3.475

Théoriquement, on pourrait interrompre les barres à différentes hauteurs. En pratique


et pour les fins de l'exemple, on utilisera une seule interruption, soit des barres à 300
mm c/c. Donc, à partir du dessus de la semelle, les barres pourraient être
interrompues à 6000 - 4113 = 1887 mm.

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238 Calcul des structures en béton armé

No 20 @ 300
475

Mr = 159 kN×m/m

6,0

ld = 407 mm

2,225
Mr =573
462 kN×m/m

442 kN×m/m
Mf = 494

No 20 @ 80
100

Fig. 7.27 Réservoir de l'exemple 7.5

c) Calcul de la longueur des barres interrompues

R1 : Les armatures doivent être ancrées dans la semelle.

R2 : On applique l'approche du décalage du diagramme de moments pour déterminer


à quel point l'armature interrompue peut se terminer.

La valeur de dv = 0.9 d = 0.9 × 475 = 428 mm alors qu'un angle de 35o est utilisé.
Cela donne :

dv 428
= = 611 mm
tan θ tan 35

lbarre = h − x + dv / tan θ = 1887 + 611 = 2498 mm

R3 : Ancrage sur une longueur ld :

fy
ld = 0.45 k1 k2 k3 k4 db
f c′
400
= 0.45 × 1.0 × 1.0 × 1.0 × 0.8 × × 20 = 407 mm
50
lbarre = 2498 mm > ld = 407 mm ∴ OK

R4 et R5 : Ces règles ne s’appliquent pas.


Choix : lbarre interrompue = 2500 mm

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Mécanique du béton armé 239

d) Barres prolongées

R1, R2 et R3 : Ces règles ont déjà été calculées pour les barres interrompues.
R4 : Cette règle ne s’applique pas.

R5 : Pour ce mur sans étrier les barres seront prolongées jusqu’en haut. Un crochet
sera installé pour permettre la reprise des efforts à l’extrémité du mur. Par rapport au
point où les barres interrompues ne sont plus requises, les barres prolongées doivent
avoir un prolongement supérieure à :

6000 − 2498 = 3502 mm ≥ ld + d = 407 + 475 = 882 mm ∴ OK

≥ ld +12db = 407 + 12 · 20 = 647 mm

Choix : lbarre prolongée = 6000 mm

e) Vérification de l'effort tranchant dans la zone d'interruption (plus en


vigueur)
x2 4.2692
V f = α Dγ = 1.25 × 9.81× = 111.7 kN/m
2 2
Selon les équations 5.30 à 5.32, on obtient pour les éléments sans étriers (en
assumant des gros granulats de 20 mm) :
35sz 35 × 428
sze = = = 428 mm
15 + ag 15 + 20

230 230
β= = = 0.161
1000 + s ze 1000 + 428

Vr = 0.161φc fc′ bdv = 0.161× 0.65 50 ×1000 × 428 ×10−3 = 316.7 kN/m

V f = 112 kN < 2 / 3 × Vr = 2 / 3 × 316.7 = 211 kN ∴ OK

Donc il n’est pas nécessaire d’ajouter des étriers supplémentaires.

f) Ancrage des barres dans la semelle

• Avec un ancrage droit


l a > l d = 407 mm

Donc la semelle doit avoir une épaisseur supérieure à 407 mm auquel


s’ajoute l’espace requis pour les armatures de flexion de la semelle et un
recouvrement exigé de 75 mm.

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240 Calcul des structures en béton armé

• Avec un ancrage crochets à 90o


100db 100 × 20
lhb = = = 283 mm
f c' 50

Fm = 0.7

ldh = lhb × Fm = 0.7 × 283 = 198 mm > 150 mm

> 8 db = 8 × 20 = 160 mm ∴ OK

Diamètre du crochet
Di = 120 mm (barres régulières [A6.6.2.3])

Longueur de l’extrémité du crochet


l = 12 db = 12 × 20 = 240 mm

7.7.2 Zone de moment positif

Dans une zone de moment positif, six règles prévalent :

R1 : Armatures prolongées : Une quantité minimale d'armature doit être prolongée dans
l'appui [12.11.1]. Pour une construction continue, 1/4 de l'armature au moment
maximal doit être prolongé jusqu'à l'appui. Pour un appui simple, 1/3 de l'armature
au moment maximal doit être prolongé jusqu'à l'appui. L'ancrage de l'armature
dans l'appui doit être égal à au moins 150 mm dans les structures continues
[12.11.1]. Pour les éléments faisant partie du système de résistance aux charges
latérales, l'armature en moment positif doit pouvoir développer la limite élastique à
la face de l'appui [12.11.2].

R2 : Armatures prolongées et interrompues : L'armature doit être prolongée au delà du


point pour lequel elle n'est plus requise pour résister à la flexion selon l'équation 7.3
[12.10.3] ou avec la méthode de décalage du diagramme de moment fléchissant
d'une quantité dv / tan θ tel qu'illustrés sur les figures 7.3 et 7.28 [11.3.9.1].

R3 : Armatures prolongées : À partir du point ou les barres interrompues ne sont plus


requises, l'armature prolongée doit être ancrée sur une longueur [12.10.4] :

≥ ld + d

≥ ld + 12db (7.32)

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Mécanique du béton armé 241

Armature interrompue (I )
R1 Armature prolongée (P)

R3: ³ ld + d Point d'inflexion du


³ ld + 12db diagramme de moments

MrP dv
tan q
Mf
MrI

R2: ³ 0 Point où les armatures


ld interrompues ne sont
plus requises

Fig. 7.28 Interruption des armatures de flexion positive

R4 : Armatures ancrées à l'extrémité : Pour les appuis à l'extrémité d'une poutre, simple
ou continue, ou à l'extrémité d'un porte-à-faux avec une charge concentrée créant un
moment négatif, la norme A23.3 adopte le modèle illustré à la figure 7.29. En
faisant la somme des moments au point d'application de la force C, on a :

dv d
T × dv + Vs × −V f × v = 0
2 tan θ tan θ

V f − 0.5 Vs
donc : T= (7.33)
tan θ

où Vs est donné par l'équation 6.22 ou 7.2.

Ainsi, la force T donnée par l'équation 7.33 doit pouvoir être développée au droit de
l'appui au moyen d'un ancrage droit de longueur la adéquat ou de crochets si la
longueur droite disponible est insuffisante. Pour un ancrage droit, la longueur
minimale requise est égale à:

T
la ≥ l (7.34)
φ s As Fy d

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242 Calcul des structures en béton armé

s s s s

C
O

dv

q
la Vs
T

Vf 0,5 dv /tan q
dv /tan q

Fig. 7.29 Modèle d'appui de la norme A23.3

R5 : Armatures prolongée : Lorsqu'une barre est ancrée par adhérence, la force


développée dans la barre sur la longueur de développement ld doit augmenter plus
rapidement que la force induite dans cette barre par les efforts agissant sur la pièce
(Fig. 7.30).

En utilisant le modèle de la figure 7.2 sans la contribution des étriers (Vs = 0), on
trouve pour le cas où il n'y a pas de charges intermédiaires appliquées, que le
moment dû aux efforts est proportionnel à la distance alors qu'au point de moment
maximal, il faut pouvoir développer la résistance Mr de sorte que:

Mr ≥ M f =Vf ⋅ x (7.34)

Pour le moment maximal à la section de coordonnée x, on doit donc avoir une


longueur de développement ld inférieure à x pour être en mesure de développer la
pleine capacité de la section à cet endroit:

M r ≥ M f = V f ⋅ x = V f ⋅ ld (7.35)

ou encore :
Mr
ld ≤ (7.36)
Vf

Pour une barre située à un appui, on peut faire le calcul à partir de la face de l'appui
(Fig. 7.29), de sorte que [12.11.3] :

Mr
ld ≤ + la (7.37)
Vf

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Mécanique du béton armé 243

B A

R5: la ld

A mauvais

B
Mf
bon

ld
Mr

Fig. 7.30 Efforts dans une barre ancrée par adhérence

Au point d'inflexion, comme la norme demande de prolonger l'armature d'une


longueur d ou 12 db (voir R3 plus haut), la longueur la doit être prise égale à la plus
grande de ces deux valeurs. Enfin, quand la zone ancrée est confinée par une force
de compression, le rapport Mr / Vf de l'équation 7.36 peut être augmenté de 30%.

Si l'exigence de l'équation 7.36 ne peut être rencontrée, on peut diminuer ld en


diminuant le diamètre des barres, on peut augmenter le nombre de barres ancrées de
sorte que Mr augmente ou on peut utiliser un ancrage par crochet.

R6 : Armatures prolongées et interrompues : Enfin, l'armature, de part et d'autre d'un


point de moment maximal, doit être ancrée sur une longueur suffisante pour pouvoir
développer la pleine capacité de la barre à cet endroit [12.1.1].

EXEMPLE 7.6

La poutre montrée sur la figure 7.31 supporte une charge uniforme pondérée wf de
50 kN/m. On désire déterminer l'acier d'armature requis ainsi que les longueurs
d'ancrage requises. Le béton a une résistance de 40 MPa alors que l'acier d'armature
est de nuance 400 MPa.

Solution

a) Calcul des efforts


Selon le tableau 1.14 du CDH (p. 1-62), on a les efforts suivants :
wf l2 50 × 82
M −f = − =− = −400 kN ⋅ m
8 8

9w f l 2 9 × 50 × 82
M +f = =− = 225 kN ⋅ m
128 128

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244 Calcul des structures en béton armé

A B 650
650

200 300
8000

wl 2
M=-
8 9 wl 2
M=
128

XA XB

2000 3000

5 wl 2
V=
8

3 wl
V=
8

2650
3075
4 - No 25 330 2 - No10 30

Acier lit supérieur


(vue en plan)

1475
1700
4 - No 20

Acier lit inférieur


(vue en plan)

2390
2205 205
490

279
2 - No 25 - 3700
3275
2 - No 25 - 2325
2100 2 - No 10 -4700
5750

Longueurs
302 Barres flexion

30

180
239 2 - No 20 - 8664
8250 2 - No 20 - 5600
5220

Étriers

3 @ 400 5 @ 160 15 @ 400

Fig. 7.31 Poutre de l'exemple 7.6

Distance du point d'inflexion et du point de moment positif maximal à partir de


chacun des appuis.
x A = l / 4 = 8000 / 4 = 2000 mm

xB = 3 × l / 8 = 3 × 8000 / 8 = 3000 mm

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Mécanique du béton armé 245

VA = 5w f l / 8 = 5 × 50 × 8 / 8 = 250 kN

VB = 3w f l / 8 = 3 × 50 × 8 / 8 = 150 kN

b) Détermination de l'acier de flexion au moment positif


Mf 225 × 106
Kr ≥ = = 1.78 ∴ ρ ≈ 0.544%
bd 2 300 × 650 2

As ≈ 0.00544 × 300 × 650 = 1061 mm2

Choix : 4 barres No 20 : As = 1200 mm2 (Mr = 251 kN⋅m).

Ces barres ne sont théoriquement plus requises à 2000 mm de l'appui A car on y a


atteint le point d’inflexion. De plus, deux barres 20M résistent à un moment de 129
kN⋅m. La position du point où Mf = 129 kN⋅m à partir de l'appui B est obtenue en
faisant l'équilibre sur le diagramme de corps libre. En prenant la somme des moments à
ce point, on obtient (Fig. 7.32a) :
M = 129 w = 50 kN/m A

M = 400 250 M = - 211


150
x x
(a) (b)

Fig. 7.32 Diagrammes de corps libres

M f + w f ⋅ x2 / 2 = V f ⋅ x

50 x 2
129 + − 150 x = 0
2

150 ± 150 2 − 4 × 25 × 129


x= = 3.0 ± 1.96 m
50
⇒ x = 1040 mm et x = 4960 mm de l' appui B.
Les 2 réponses sont applicables dans ce cas.

c) Détermination de l'acier de flexion au moment négatif


Mf 400 × 106
Kr ≥ 2 = = 3.16 ∴ ρ ≈ 1.014%
bd 300 × 650 2

As ≈ 0.01014 × 300 × 650 = 1977 mm2

Choix : 4 barres 25M : As = 2000 mm2 (Mr = 401 kN⋅m). De plus,


deux barres 25M résistent à un moment de 211 kN⋅m.

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246 Calcul des structures en béton armé

La position du point où Mf = 211 kN⋅m à partir de l'appui A est obtenue en faisant


l'équilibre sur le diagramme de corps libre. En prenant la somme des moments à ce
point, on obtient (Fig. 7.32b) :

M fa + w f ⋅ x 2 / 2 = M f + V f ⋅ x

50 x 2
400 − 211 + − 250 x = 0
2

250 ± 250 2 − 4 × 25 × 189


x= = 5.0 ± 4.176 m
50
⇒ x = 824 mm de l' appui A.

d) Détermination des étriers

L'effort tranchant à dv = 0.9 × 0.65= 585 mm de l'appui A est égal à :


Vf = 250 - 50 × 585 = 220.8 kN

Vc = λφc β f c' bw d v = 0.65 × 0.18 × 40 × 300 × 585 /1000 = 129.9 kN

φs Av f y d v 0.85 ×`200 × 400 × 585 × 10−3


s≤ = = 625.0 mm
(V f − Vc ) tan θ (220.8 − 129.9) tan 35°

Av × f y 200 × 400
smax = = = 702.7 mm
0.06 f c' × bw 0.06 40 × 300

V f ≤ 0.125λφc fc' bw dv = 0.125 × 0.65 × 40 × 300 × 585 = 570.4 kN

donc : s ≤ 600 mm
s ≤ 0.7dv = 0.7 x 585 = 409.5 mm

Choix : Étriers à 400 mm c/c sur toute la longueur de la poutre.

φs Av f y dv 0.85 × 200 × 400 × 585 × 10−3


Vs = = = 142.0 kN
s tan θ 400 × tan 35°
Vr = 129.9 + 142.0 = 272.0 kN ≥ Vf

e) Interruption des armatures au moment négatif

i) Espacement net entre les barres situées sur un seul rang

Avec 4 barres s = [300 - 2 (30 + 11.3 + 25.2) - 2 × 25.2] /3 = 38.9 mm


Avec 2 barres s = [300 - 2 (30 + 11.3 + 25.2)] /1 = 167.0 mm

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Mécanique du béton armé 247

s ≥ 1.4 × 25.2 = 35.3 mm


≥ 30 mm

Avec 4 barres, l'espacement centre à centre des barres est 64.1 mm


Avec 2 barres, l'espacement centre à centre des barres est 192.2 mm

ii) Longueur d'ancrage

Avec 4 armatures longitudinales :


Atr f yt 2 × 100 × 400
K tr = = = 4.76 mm
10.5 sn 10.5 × 400 × 4
La distance au bord libre est égale à : 30 + 11.3 + 25.2/2 = 53.8 mm

d cs = min (53.8 ; 2 / 3 × 64.1 = 42.7) = 42.7 mm

d cs + Ktr = 42.7 + 4.8 = 47.5 mm ≤ 2.5db = 2.5 × 25.2 = 63.0 mm

k1 = 1.3 ; k2 = k3 = k4 = 1.0

k1 k2 k3 k4 f y 1.3 400
ld 4barres = 1.15 Ab = 1.15 × × × 500 = 995 mm
(dcs + Ktr ) fc′ 47.5 40

Avec 2 armatures longitudinales :


Atr f yt 2 × 100 × 400
K tr = = = 9.52 mm
10.5 sn 10.5 × 400 × 2
La distance au bord libre est égale à : 30 + 11.3 + 25.2/2 = 53.9 mm

d cs = min (53.9 ; 2 / 3 × 137.0 = 91.3) = 53.9 mm

d cs + K tr = 53.9 + 9.52 = 63.3 mm ≤ 2.5db = 2.5 × 25.2 = 63.0 mm

k1 = 1.3 ; k2 = k3 = k4 = 1.0

k1 k2 k3 k4 f y 1.3 400
ld 2barres = 1.15 Ab = 1.15 × × × 500 = 750 mm
(dcs + Ktr ) fc′ 63.0 40

iii) Barres interrompues


R1 : Les armatures doivent être ancrées dans l’encastrement.

R2 : Il faut décaler le diagramme du moment fléchissant par rapport à l’endroit où


ces barres ne sont plus requises (Mr 2barres = Mf).
l barre ≥ x(Mr2barres=Mf) + dv/tanθ = 824 + 585 / tan 35° = 1659 mm
R3 : Il faut une longueur d’ancrage suffisante pour les 2 barres qui développent leur
capacité à reprendre le moment maximal.

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248 Calcul des structures en béton armé

lbarre ≥ ld 2barres = 750 mm

R4 et R5 : Ces règles ne s’appliquent pas.

Choix : lbarre = 1700 mm

iv) Barres prolongées


R1 : Les armatures doivent être ancrées dans l’encastrement.

R2 : Il faut décaler le diagramme du moment fléchissant par rapport à l’endroit où


ces barres ne sont plus requises (point d’inflexion).

lbarre ≥ xA + dv/tanθ = 2000 + 585 / tan 35° = 2000 + 835 = 2835 mm

R3 : Il faut une longueur d’ancrage suffisante pour les 2 barres qui développent leur
capacité à reprendre le moment maximal.

lbarre ≥ ld 2 barres = 750 mm

R4 : Au moins deux des quatre barres doivent être prolongées au-delà du point
d’inflexion. À partir du point d'inflexion, soit à xA = 2000 mm, les barres doivent
avoir une longueur d'ancrage d'au moins d ou 12 db ou ln/16, soit :

lbarre ≥ 2000 + 650 = 2650 mm

lbarre ≥ 2000 + 12 × 25.2 = 2305 mm

lbarre ≥ 2000 + 7900 /16 = 2494 mm

R5 : À partir du point où les barres interrompues ne sont plus requises, soit à x =


1659 mm, les barres prolongées doivent avoir une longueur d'ancrage d'au moins ld +
d ou ld + 12db, soit :

lbarre ≥ 1659 + 750 + 650 = 3059 mm

lbarre ≥ 1659 + 750 + 12 × 25.2 = 2711 mm

Choix : lbarre = 3075 mm

v) Étriers supplémentaires (plus en vigueur)

Effort tranchant à x = 1700 mm : Vf = 250 - 1.7 × 50 = 165 kN.

Effort tranchant à x = 3075 mm : Vf = 250 – 3.075 × 50 = 96 kN.

2/3 Vr = 2/3 × 272.0 = 181 kN > Vf

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Mécanique du béton armé 249

Donc pas d’étriers supplémentaires requis aux interruptions d’armatures.

f) Interruption des armatures au moment positif

i) Espacement net entre les barres situées sur un seul rang


Avec 4 barres s = [ 300 - 2 (30 + 11.3 + 19.5) - 2 × 19.5 ] /3 = 46.5 mm
Avec 2 barres s = [300 - 2 (30 + 11.3 + 19.5)] /1 = 178.4 mm

s ≥ 1.4 × 19.5 = 27.3 mm


≥ 30 mm

Avec 4 barres, l'espacement centre à centre des barres est 66.0 mm

Avec 2 barres, l'espacement centre à centre des barres est 197.9 mm

ii) Longueur d'ancrage


Avec 4 armatures longitudinales :
Atr f yt 2 × 100 × 400
K tr = = = 4.76 mm
10.5 sn 10.5 × 400 × 4

La distance au bord libre est égale à : 30 + 11.3 + 19.5/2 = 51.1 mm

dcs = min (51.1 ; 2 / 3 × 66.0 = 44.0) = 44.0 mm

d cs + K tr = 44.0 + 4.8 = 48.8 mm ≤ 2.5db = 2.5 × 19.5 = 48.8 mm

k1 = k2 = k3 = 1.0 ; k4 = 0.8

k1 k2 k3 k4 f y 0.8 400
ld 4barres = 1.15 Ab = 1.15 × × × 300 = 358 mm
(dcs + Ktr ) fc′ 48.8 40

Avec 2 armatures longitudinales :


Atr f yt 2 × 100 × 400
K tr = = = 9.52 mm
10.5 sn 10.5 × 400 × 2

La distance au bord libre est égale à : 30 + 11.3 + 19.5/2 = 51.1 mm

d cs = min (51.1 ; 2 / 3 × 197.9 = 131.9) = 51.1 mm

d cs + K tr = 51.1 + 9.52 = 60.6 mm ≤ 2.5db = 2.5 × 19.5 = 48.8 mm

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250 Calcul des structures en béton armé

k1 = 1.3 ; k2 = k3 = k4 = 1.0

k1 k2 k3 k4 f y 0.8 400
ld 2barres = 1.15 Ab = 1.15 × × × 300 = 358 mm
(dcs + Ktr ) fc′ 48.8 40

iii) Barres interrompues

R1, R3, R4 et R5 : Ces règles ne s’appliquent pas.

R2 : Les barres interrompues sont requises entre x = 1040 et 4960 mm. Cependant,
les barres doivent être prolongées d'une longueur égale au décalage du diagramme
du moment fléchissant.

li = x - dv/tanθ = 1040 - 835 = 205 mm


lf = x + dv/tanθ = 4960 + 835 = 5795 mm
lbarre ≥ lf- li = 5795 – 205 = 5590 mm

R6 : Il faut une longueur d’ancrage suffisante pour les 2 barres qui développent leur
capacité à reprendre le moment maximal.

li = xB - ld 2 barres = 3000 - 358 = 2642 mm


lf = xB + ld 2 barres = 3000 + 358 = 3358 mm
lbarre ≥ lf- li = 3358 – 2642 = 716 mm

Choix : lbarre = 5600 mm

iv) Barres prolongées


R1 : Au moins un tiers des quatre barres prolongées (donc deux barres) doivent être
ancrées dans les appuis A et B. Par contre, la longueur d'ancrage dans les appuis peut
être diminuée car on utilise la moitié au lieu du tiers de l'acier demandé. Cependant,
la longueur ancrée doit être d'au moins 150 mm. On utilisera donc :

lancrage = ld 2barres × (As requis / As utilisé) = 358 × 0.333/0.5 = 239 mm

Donc on a besoin d’un ancrage dans les appuis de 239 mm pour les 2 barres.

R2 : Les armatures prolongées ne sont plus requises au point d’inflexion.


li = xA – dv/tanθ = 2000 - 585 / tan 35° = 1165 mm
lf = L + dv/tanθ = 8000 + 585 / tan 35° = 8835 mm

Puisque les barres prolongées se rendent aux appuis, on respecte ce critère.

R3 : À partir du point où les barres interrompues ne sont plus requises, soit à xi =


205 mm et xf = 5795 mm, les barres prolongées doivent avoir une longueur d'ancrage
d'au moins ld + d ou ld + 12db, soit :
li = xi – (ld + d) = 205 – (358 + 650) = -803 mm

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Utilisation restreinte à l'enseignement du cours GCI-2004 Université Laval
Mécanique du béton armé 251

li = xi – (ld + 12db)= 205 – (358 + 240) = -393 mm

lf = xf + (ld + d) = 5795 + (358 + 650) = 6803 mm


lf = xf + (ld + 12db)= 5795 + (358 + 240) = 6393 mm

Puisque les barres prolongées se rendent aux appuis, on respecte ce critère.

R5 : Pour les armatures ancrées à l’extrémité A de la poutre, il n’y a pas de limite


pour l’ancrage car il s’agit d’un encastrement massif. Pour les armatures ancrées à
l’extrémité B de la poutre, la longueur d’ancrage disponible est de 70 mm (demie
longueur de l'appui moins un recouvrement de 30 mm). Il faut s’assurer que la force
d’adhérence augmente plus rapidement que la force induite par les efforts. Pour une
barre située à un appui qui est confinée par une force de compression, il faut verifier
que :
M r 2barres 129 ×1000
1.3 ⋅ + la = 1.3 ⋅ + 70 = 1180 > ld = 239 mm
Vf 150

Ainsi les forces d’adhérence de la barre augmente plus rapidement que


croissent les efforts.

R4 : Pour les armatures ancrées à l’extrémité B de la poutre, il faut évaluer la force


Ts dans les barres causées par l’effort tranchant pour ensuite évaluer si la longueur
d’un ancrage droit est suffisante.
V f − 0.5Vs 150 − 0.5 × 142
Ts = = = 112.8 kN
tan θ tan 35

T Ts 112.8 × 103
la ≥ s ld = ld = × 239 = 132 mm
Ty φs As f y 0.85 × 600 × 400

Cette longueur d’ancrage est supérieure à la longueur d’ancrage disponible


de 70 mm dans l’appui (demi-longueur de l'appui moins un recouvrement
de 30 mm). On devra donc utiliser un crochet.

R6 : Il faut une longueur d’ancrage suffisante pour les 2 barres qui développent leur
capacité à reprendre le moment maximal.

li = xB - ld 2 barres = 3000 - 239 = 2761 mm


lf = xB + ld 2 barres = 3000 + 239 = 3239 mm
lbarre ≥ lf- li = 3239 – 2761 = 478 mm

Puisque les barres prolongées se rendent aux appuis, on respecte ce critère.

v) Étriers supplémentaires (plus en vigueur)


Dans les zones d'interruption des aciers positifs, l'effort tranchant prend sa
plus grande valeur près de l'appui B. À li = 205 mm, Vf = 150 - 50 × 0.25 =
137.5 kN. Cette valeur est inférieure à 2/3 Vr qui vaut 181 kN ; il n'est donc
pas requis d'ajouter des étriers.

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Utilisation restreinte à l'enseignement du cours GCI-2004 Université Laval
252 Calcul des structures en béton armé

g) Ancrage des barres N°25 à l’appui A


100db 100 × 25.2
lhb = = = 398 mm
f c′ 40

Si l'encastrement a un recouvrement supérieur à 60 mm, on a :


ldh = 0.7 × 398 = 279 mm

Selon [A6.6.2.3] le diamètre de pliage Di = 150 mm.

Le prolongement vertical est 12db = 12 × 25.2 = 302 mm.

La longueur totale du crochet est :


150 π ×150
lcrochet = 279 − + + 302 = 624 mm, soit environ 625 mm.
2 4
Ancrage des barres N°20 à l’appui B
100db 100 × 19.5
lhb = = = 308 mm
f c′ 40

Si l'encastrement a un recouvrement supérieur à 60 mm et que l’on a un


surplus d’armature, on obtient :
ldh = 0.7 × As requis / As utilisé × lhd = 0.7 × 0.333/0.5 × 308 = 144 mm

Selon [A6.6.2.3] le diamètre de pliage Di = 120 mm.

Le prolongement vertical est 12db = 12 × 19.5 = 234 mm.

La longueur totale du crochet est :


120 π ×120
lcrochet = 144 − + + 234 = 412 mm, soit environ 425 mm.
2 4
Vérification de R5 avec le crochet :

T 112.8 × 103
la ≥ lcrochet − lext . verticale = × 425 − 234 = 1 mm
φs As f y 0.85 × 600 × 400

La force T est donc développée au début du diamètre de pliage qui est


situé à 30 mm de la surface extérieure de l’appui B.

h) Choix final des longueurs de barres


i) Acier du haut
2-No 25 prolongées: l = 3075 mm + crochet de 625 mm = 3700 mm

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Utilisation restreinte à l'enseignement du cours GCI-2004 Université Laval
Mécanique du béton armé 253

2-No 25 interrompues: l = 1700 mm + crochet de 625 mm = 2325 mm


2-No 10* : l = 8000 +100 - 30 - 3700 + 330 = 4700 mm

* : On utilise toujours au minimum des barres N°10 pour soutenir les


étriers dans les zones où les armatures de moment négatif ne sont
plus requises. Les barres No 10 doivent être chevauchées en
compression avec les barres No 25 de moment négatif. On utilisera la
plus grande valeur donnée par [12.16.2] :

• La longueur d'ancrage de la plus grosse barre domine. En supposant que cet


acier n'est pas requis en compression car il s'agit de barres ancrées pour la
résistance au moment négatif, on trouve pour la longueur d'ancrage des
N°25 en compression :
0.24db f y 0.24 × 25.2 × 400
ldb = = = 383 mm
fc′ 40

ldb ≥ 0.044db f y = 0.044 × 25.2 × 400 = 443 mm

ld = ldb × Fm = 443 × 0.6 = 266 mm

• La longueur de chevauchement en compression des barres 10M :

lc ≥ 0.073 fy db = 0.073 × 400 × 11.2 = 327 mm


lc ≥ 300 mm

La longueur de chevauchement est donc de 330 mm.

ii) Acier du bas


2-20M prolongées: l = 8000 mm + 239 + crochet de 425 = 8664 mm
2-20M interrompues: l = 5600 mm

iii) Étriers
20 étriers 10M

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254 Calcul des structures en béton armé

7.8 CHEVAUCHEMENT DES ARMATURES

Les barres ont des longueurs finies et doivent être prolongées par soudage, ancrage
mécanique ou chevauchement. Avec le chevauchement, les efforts doivent être transmis
d'une barre à l'autre, en compression ou en traction, via le béton. Le mode de rupture
observé est par fissuration du béton.

7.8.1 Chevauchement en traction

Le chevauchement en traction à travers le béton génère des bielles comprimées séparées par
des fissures dans le béton entre les armatures (Fig. 7.33). Afin que le transfert puisse
s'effectuer aisément, il faut que les barres soient à proximité les unes des autres.

Forces sur les barres

Fissuration dans la zone de chevauchement

Forces radiales et contraintes d'éclatement

Fig. 7.33 Chevauchement en traction

La norme A23.3 spécifie à cet effet la distance maximale entre les barres chevauchées
[12.14.2.3] :
≤ 1/5 de la longueur de chevauchement (7.38)
≤ 150 mm

Selon la quantité d'acier présente et la portion d'acier chevauchée à une section donnée, la
norme identifie deux catégories, A et B [12.15.1]. La catégorie est déterminée selon les
indications données au tableau 7.4.

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Mécanique du béton armé 255

Tableau 7.4 Catégories pour le chevauchement en traction

Armature chevauchée à une section


As présent / As requis
≤ 50% 100% prolongée

≥2 A B
<2 B B

Selon la catégorie identifiée, la longueur de chevauchement est égale à :

A: lc = 1.0 ld
B: lc = 1.3 ld (7.39)

7.8.2 Chevauchement en compression

La longueur de chevauchement en compression est moindre que celle en traction. De plus,


pour le chevauchement de barres de diamètres différents, la plus grande longueur gouverne.
La norme A23.3 spécifie les relations suivantes [12.16] :

l c ≥ 0.073 f y d b pour f y ≤ 400 MPa (7.40a)

(
l c ≥ 0.133 f y − 24 d b ) pour f y > 400 MPa (7.40b)

l c ≥ 300 mm (7.40c)

7.8.3 Chevauchement dans les pièces comprimées

Les poteaux sont généralement soumis à des charges de compression et des moments de
flexion. Dans certaines situations, il est possible que l'acier d'une face devienne tendu. La
classe de chevauchement sur les faces tendues est déterminée selon le tableau 7.5
[12.17.3.2 et 12.17.3.3] :

Tableau 7.5 Catégories pour le chevauchement en traction


dans les pièces comprimées

Pourcentage d'acier
Contrainte Catégorie
chevauché

fs ≤ 0.5 fy >50 % B

fs ≤ 0.5 fy ≤ 50 % (1) A

fs > 0.5 fy - B
(1) Les sections où les aciers sont chevauchés doivent être espacées d'au moins ld.

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256 Calcul des structures en béton armé

Les longueurs de chevauchement peuvent être réduites de 17 % (multipliées par 0.83) sans
être moindre que 300 mm si un nombre suffisant d'étriers sont présents dans la zone de
chevauchement [12.17.3.4], soit :

Av
≥ 0.0015 h (7.41)
s

où h est la dimension perpendiculaire aux branches des étriers. Dans le cas illustré sur la
figure 7.34, 6 branches d'étriers sont associées à h1, alors que 2 branches le sont à h2.

h2

h1

Fig. 7.34 Présence d'étriers

De façon similaire, pour les poteaux avec spirales, la longueur de chevauchement peut être
réduite de 25 % sans être moindre que 300 mm [12.17.3.5].

Pour les poteaux ou les faces de poteaux où seuls des efforts de compression sont transmis
par les armatures, la norme permet de transférer les efforts par contact direct en autant que
des systèmes appropriés garantissent le contact entre les barres [12.16.4.1]. Cependant, afin
que pour une face donnée (Fig. 7.35) tous les aciers ne soient prolongés ainsi, la norme
requiert que le quart des aciers à une section donnée puisse développer fy en traction
[12.17.5].

Face

Fig. 7.35 Section d'un poteau

RÉFÉRENCES

7.1 Association Canadienne de Normalisation. Design of concrete structures,


CAN/CSA-A23.4-04, Mississauga, Ontario, 2004.

7.2 Association Canadienne du Ciment. Concrete Design Handbook, Ottawa, 3e édition,


2006.

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CHAPITRE 8

RÉSISTANCE À LA COMPRESSION-FLEXION

8.1 INTRODUCTION

8.1.1 Généralités

Les pièces comprimées les plus courantes sont appelées poteaux. Ce sont des éléments
généralement verticaux, mais on peut retrouver des éléments assimilables à des poteaux
dans des plans inclinés ou même horizontaux. Bien que le rôle principal des poteaux soit de
résister à des efforts axiaux, on retrouve rarement des pièces en compression pure. Il est
donc admis, pour les structures en béton, que les charges axiales agissent en parallèle avec
des moments fléchissants dont la magnitude peut varier de petite à grande selon les charges
appliquées et la géométrie de la structure. Les poteaux sont également appelés éléments
comprimés ou éléments comprimés et fléchis. Les poteaux courts sont ceux dont la
résistance ne dépend pas de l'élancement, donc pour lesquels il n'y a aucun phénomène
d'instabilité ou d’amplification des moments due aux changements de géométrie. Les
poteaux longs, quant à eux, voient leur résistance réduite dû aux effets d’élancement. La
distinction entre les poteaux courts et élancés est donnée à la section 8.7 alors que le calcul
des poteaux élancés est vu dans un chapitre ultérieur.

Les hypothèses adoptées pour le calcul des poteaux sont les mêmes que pour les poutres
[10.1] :

- les sections planes restent planes (ε linéaire);


- les efforts internes et externes sont en équilibre;
- la compatibilité des déformations est respectée (εs = εc à une même fibre);
- la déformation maximale du béton en compression est égale à 0.0035;
- les contraintes sont assimilées à un rectangle de compression dont l’amplitude est
égale à α1 φc fc′ et dont la profondeur est égale à a = β1 c;
- l'acier a un comportement élastique-plastique, en traction comme en
compression: fs = Esεs ≤ fy .

Pour prendre en compte les excentricités accidentelles ou non escomptées des charges, les
poteaux en béton sont toujours calculés en considérant simultanément un effort axial et un
moment fléchissant, même s'il arrivait lors des calculs que le moment soit nul. On a donc
toujours affaire à des poteaux-poutres.
258 Calcul des structures en béton armé

8.1.2 Types de poteaux

Les poteaux ont généralement deux formes : rectangulaire (souvent carré) et circulaire. Les
poteaux contiennent, outre les barres d'armature longitudinales, des ligatures ou étriers pour
les sections rectangulaires (Fig. 8.1) et des spirales ou ligatures pour les sections circulaires
(Fig. 8.2). Le rôle des ligatures est d'empêcher le flambement des barres longitudinales et
de confiner le béton du noyau, zone circonscrite par les étriers.

s < 150 s ³ 150

s < 150 s ³ 150

Fig. 8.1 Poteaux rectangulaires avec ligatures

f1

fsp Spirale

fsp
f2
s
fsp f2 fsp

Spirale

Dc

f1

Fig. 8.2 Poteau circulaire avec spirale

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Résistance à la compression-flexion 259

Le mode de rupture des poteaux débute par l’écaillage du béton hors du noyau, suivi par
une rupture progressive du béton dans le noyau, puis finalement d’un flambement
progressif des aciers longitudinaux. La résistance à la compression diffère selon le type et
l’espacement des ligatures. Pour les poteaux rectangulaires ou carrés, il est difficile de bien
confiner le béton du noyau. L’efficacité du confinement dépend de l’espacement et de
l’agencement des ligatures, comme l’illustre la figure 8.3. Le confinement assuré par des
ligatures en spirales des poteaux circulaires (Fig. 8.2) assure un confinement plus efficace.
La figure 8.4 montre à cet effet le mode de rupture d’un poteau et les courbes de
comportement de poteaux carrés et circulaires. On peut y apprécier l’effet bénéfique des
spirales.

Zones confinées

Fig. 8.3 Confinement apporté par les ligatures

Écaillement
du couvert
Rupture
des spirales

Spirales
P
Ligatures

0 0,25 0,50 0,75 1,00 1,25


Déplacement axial

Fig. 8.4 Efficacité des ligatures et des spirales

8.2 DISPOSITION DES ACIERS D'ARMATURE

Les règles de la norme A23.3 concernant l’espacement des ligatures ont pour but d’assurer
un comportement adéquat où un minimum de ductilité caractérisera la rupture, sans
flambement des armatures longitudinales. Ces prescriptions ont été écrites en parallèle avec
les équations déterminant la résistance qui seront vues plus loin dans ce chapitre.

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260 Calcul des structures en béton armé

8.2.1 Ligatures pliées

Les limites pour les dimensions et l'espacement des ligatures sont données à l'article
[7.6.5]:

1) Les ligatures doivent être situées à l'extérieur des aciers longitudinaux [7.6.5.1] et le
diamètre dl des ligatures est fonction de celui des aciers longitudinaux (Fig. 8.5) :
- dl ≥ 30% db pour des aciers longitudinaux égaux ou inférieurs à des No 30;
- dl ≥ No 10 pour des barres No 35, No 45 et No 55. (8.1)

db : diamètre de la
barre longitudinale

dl : diamètre des
ligatures

Fig. 8.5 Poteau avec ligatures pliées

2) L'espacement des ligatures ne doit pas excéder l'une des trois limites suivantes
[7.6.5.2] :
- 16 db (où db est le plus petit diamètre des barres) ;
- 48 fois le diamètre de l'étrier, dl ; (8.2)
- la plus petite dimension de la pièce comprimée.

De plus, pour les bétons dont la résistance excède 50 MPa, ces valeurs doivent être
multipliées par 0.75.

3) La première ligature doit être située à un demi-espacement vertical au-dessus de la


dalle et au-dessous des aciers [7.6.5.3], tel qu’illustré sur la figure 8.6. Cette valeur
est limitée à 75 mm sous la poutre de plus faible hauteur si des poutres dans les
quatre directions sont rattachées au poteau [7.6.5.4].

s/2

s/2

Fig. 8.6 Disposition des ligatures à la jonction dalle-poteau

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Résistance à la compression-flexion 261

4) Pour les poteaux rectangulaires ou carrés (Fig. 8.7), les ligatures doivent être
disposées de sorte que chaque barre longitudinale de coin et chaque barre
longitudinale alternée soient supportées par une ligature ayant un angle intérieur de
pliage inférieur à 135° (Fig. 8.7c). De plus, aucune barre longitudinale ne doit être à
plus de 150 mm d'un tel support [7.6.5.5]. Enfin, pour des conditions d’exposition
intérieure, un enrobage de 30 mm sur les ligatures et 40 mm sur les barres
longitudinales est requis [A6.6.6.2.3], comme illustré sur la figure 8.7a. Pour des
conditions exposées, ces valeurs sont augmentées au minimum de 10 mm.

Chevauchement x x

40 mm Recouvrement
1 diamètre de
barre (mm)

a) 4 barres b) 6 barres
x x x x

135°

c) 8 barres d) 8 barres

Les ligatures en b), c) et d) tracées en pointillés peuvent être omises si x < 150 mm.

1.3 ld
[12.13.5]

e) 12 barres f) 12 barres g) 12 barres

Fig. 8.7 Disposition des ligatures dans les sections rectangulaires

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262 Calcul des structures en béton armé

5) Pour les sections circulaires où des ligatures circulaires sont utilisées (Fig. 8.8), on
doit utiliser des barres faisant un tour complet, pliées à 135o à leurs extrémités
[7.6.5.6].

Noyau: Ac

135°

Spirale

Fig. 8.8 Poteau circulaire avec ligatures circulaires

8.2.2 Ligatures en spirales

La norme attribue une capacité axiale additionnelle aux poteaux munis de ligatures en
spirale conformes aux règles suivantes :

- Les spirales doivent avoir un diamètre minimal de 6 mm [7.6.4.2];

- La distance s entre deux tours successifs (Fig. 8.2) doit respecter les valeurs ci-
après [7.6.4.3 et 7.6.4.4] :

s ≤ 1/6 du diamètre externe du noyau (zone de béton confinée);


s ≤ 75 mm ; (8.3)
s ≥ 25 mm.

- Le pourcentage d'armature des spirales doit satisfaire la relation 8.4 [7.6.4.1 et


10.9.4] :
⎛ Ag ⎞ f′
ρ s ≥ 0.45 ⎜⎜ − 1⎟⎟ c (8.4)
⎝ Ac ⎠ fy

Volume des spirales 4 Asp


avec ρs = ≈ (8.5)
Volume du béton confiné Dc ⋅ s

où Ac est l’aire du noyau, mesurée à l’extérieur des spirales, Dc est le diamètre


externe du noyau et Asp est l’aire des spirales. On doit aussi utiliser fy ≤ 500 MPa.

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Résistance à la compression-flexion 263

8.2.3 Résistance à l’effort tranchant

L’espacement des ligatures calculé aux sections précédentes doit être comparé à
l’espacement requis pour résister à l’effort tranchant appliqué sur le poteau. L’espacement
requis pour reprendre l’effort tranchant est calculé avec les équations décrites au chapitre 5
(Eq. 5.24 à 5.28). L’espacement des ligatures de plus petit diamètre sera sélectionné dans
l’éventualité où plusieurs diamètres sont utilisés.

8.2.4 Aciers longitudinaux

La norme A23.3 s’assure, à travers ses recommandations, que les aciers longitudinaux
soient bien répartis, en nombre suffisant mais sans un encombrement excessif.

Les limites minimale et maximale pour la quantité d'acier longitudinal sont [10.9.1 et
10.9.2]i:
A
1% ≤ s ≤ 8 % (8.6)
Ag

Ces limites sont également valides dans les zones de chevauchement. Il est de bonne
pratique de ne pas excéder 4% dans les régions à l'extérieur des zones de chevauchement.

Pour les poteaux de dimension excessive on peut utiliser une quantité d'armature inférieure
à 1% sans être moindre que 0.5% [10.10.5]. Toutefois les résistances en flexion et en
compression doivent être multipliées par 0.5×(1+As/0.01 Ag) .

Le nombre minimal de barres longitudinales est égal à 4 pour les ligatures rectangulaires ou
circulaires, 3 pour les ligatures triangulaires et 6 pour les poteaux avec ligatures en spirale
[10.9.3]. Enfin, l'espacement net entre les barres longitudinales doit être inférieur ou égal à
500 mm [7.4.1.3].

8.2.5 Chevauchement et variation de section des poteaux

Le chevauchement des barres est effectué au-dessus du niveau des dalles. Il doit être fait en
conformité avec les efforts anticipés (compression ou traction). Lorsque les barres
longitudinales doivent être pliées pour un chevauchement ou un changement de dimension
du poteau, il faut ajouter des ligatures supplémentaires. Comme l’illustre la figure 8.9, la
pente de la portion inclinée ne doit pas excéder 1/6 [7.5.1.1]. Les ligatures ou spirales
supplémentaires doivent reprendre 1.5 fois la composante horizontale de la force et ne
peuvent être réparties sur plus de 150 mm à partir du point de pliage [7.5.1.2] comme
montré sur la figure 8.10.

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264 Calcul des structures en béton armé

fs As fy

6
1

fs As fy

Fig. 8.9 Pliage des barres longitudinales

£75 mm

Ligatures @ s
Chevauchement

s/2

<75 mm
Ligatures supplé-
Pliage mentaires £150 mm

Ligatures @ s

Fig. 8.10 Variation de section d'un poteau et chevauchement des armatures

Lorsque la variation de section excède 75 mm (Fig. 8.11), on ne peut utiliser de barres


pliées [7.5.1.3]. On doit utiliser des barres goujons.
Chevauchement

Utiliser des barres


goujons si >75 mm
s
75 mm
s/2
Chevauchement

s/2
£s

Pliage

s Ligatures
Barre goujon

Fig. 8.11 Variation de section supérieure à 75 mm

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Résistance à la compression-flexion 265

Les aciers d’armature interrompus et prolongés dans une section avec chevauchement
doivent être près les uns des autres afin de favoriser un transfert adéquat des efforts. Ils
doivent de plus permettre un bon écoulement du béton. L’espacement minimal permis par
la norme pour un chevauchement radial ou tangentiel, dénoté A sur la figure 8.12, est donné
par [A12.5.2] :

A ≥ 1.4 da
A ≥ 1.4 db (8.7)
A ≥ 30 mm
Radial Barres
inférieures
Barres
supérieures

A
A

Tangentiel A

Fig. 8.12 Espacement minimal des barres longitudinales


dans une zone de chevauchement

8.3 RÉSISTANCE À LA COMPRESSION

La norme A23.3 [10.10.4] indique deux relations pour déterminer la résistance à la


compression axiale sans moment fléchissant des poteaux respectant les limites indiquées à
la section précédente. Pour les poteaux avec ligatures pliées, on a :

Pr max = 0.80 [α1 φc f′c (Ag - Ast) + φs Ast fy] (8.8)

alors que pour les poteaux avec ligatures en spirales, la norme attribue une résistance
additionnelle de 6.25% :

Pr max = 0.85 [α1 φc f′c (Ag - Ast) + φs Ast fy] (8.9)

où Ast est l’aire totale des aciers longitudinaux.

Ces équations assument que l’acier d’armature atteint la limite élastique alors que le béton
atteint une contrainte égale à α1 f′c . Au chapitre 4, on a vu que le facteur α1 permet
d'obtenir un bloc de contrainte équivalent prenant en considération la forme de la courbe
contrainte-déformation. Dans le cas d'une compression axiale sans excentricité, on pourrait
penser que la contrainte f′c pourrait être utilisée. Cependant, il est reconnu que le béton

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266 Calcul des structures en béton armé

soumis à un chargement supérieur à 0.85 f′c maintenu durant de longues périodes atteint la
rupture. Le facteur α1 permet donc de limiter la contrainte axiale à un niveau moindre que
f′c . Le terme 0.80 ou 0.85 devant l'équation prend en considération l'excentricité
accidentelle des charges de même que l'écaillage de l'enrobage du noyau.

Les résistances maximales données par les équations précédentes ne sont atteintes que pour
les poteaux étant soumis à des charges axiales pures ou avec des moments fléchissants de
faible amplitude.

8.4 RÉSISTANCE À LA COMPRESSION-FLEXION

Le cas d'un poteau de béton en compression pure est considéré comme une situation limite.
Le calcul des poteaux où coexistent une charge axiale et un moment fléchissant représente
la situation normale. Le calcul de la résistance à la compression-flexion fait appel aux
hypothèses adoptées par la norme, soient l'équilibre des forces et des moments et la
compatibilité des déformations entre l'acier et le béton.

8.4.1 Équilibre et compatibilité

La résistance d'un poteau soumis à une charge axiale et un moment fléchissant est obtenue
en faisant l'équilibre des forces et en utilisant l'hypothèse de compatibilité des
déformations.

La figure 8.13a montre un poteau de profondeur h soumis à une charge axiale P agissant à
mi-profondeur de la section et un moment fléchissant M quelconque. Pour fins
d'illustration, on considère que le poteau possède deux lits d'armatures longitudinales,
dénotés As et As′ , situés respectivement à une distance d et d' de la fibre la plus comprimée.
L'hypothèse de compatibilité montrée sur la figure 8.13b indique que, comme pour la
flexion, le béton et l'acier se déforment avec l'hypothèse des sections planes et que la
déformation maximale du béton à la fibre la plus comprimée est égale à 0.0035 ou 3500 με.
Pour une condition quelconque représentée sur la figure 8.13, les aciers d'armature
n'atteignent pas nécessairement la plastification.

Les contraintes permettent de déterminer trois résultantes : Ts , C s′ et Cc (Fig. 8.13b).


L'équilibre entre les efforts externes (P et M) et internes (Ts , C s′ et Cc) doit être satisfait.
La somme des forces verticales sur la figure 8.13b donne :

C s′ + C c − Ts − P = 0

ou encore P = C c + C s′ − Ts (8.10)

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Résistance à la compression-flexion 267

alors que la somme des moments par rapport à la fibre comprimée donne :

h a
Ts × d + P × − M − C c × − C s′ × d ′ = 0
2 2

h a
ou bien M = P × + Ts × d − C c × − C s′ × d ′ (8.11)
2 2

En introduisant la valeur de P définie par l'équation 8.10, on trouve :

⎛h a⎞ ⎛ h⎞ ⎛h ⎞
M = C c ⎜ − ⎟ + Ts ⎜ d − ⎟ + C s′ ⎜ − d ′ ⎟ (8.12)
⎝2 2⎠ ⎝ 2⎠ ⎝2 ⎠

qui représente en fait l'équation d'équilibre des moments par rapport à la mi-profondeur de
la section (h/2).
P P Efforts externes
M M

Fibre la plus comprimée

es e¢s

A A Déformations
0,0035

fs
a Contraintes dans le
béton et dans l'acier
a1 fc f ¢c

M f¢s
P

h/2 h/2

Cc Forces résultantes
b Ts
C¢s

d
Coupe A - A

a) Poteau b) Section

Fig. 8.13 Poteau en compression-flexion

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268 Calcul des structures en béton armé

Dans le cas où on a plusieurs lits d'armature, on identifie plutôt chaque lit par l'indice i, de
sorte que chaque lit est défini par son aire Ai et sa position di par rapport à la fibre la plus
comprimée, comme indiqué sur la figure 8.14.

0,0035

di

Ai esi

Fig. 8.14 Identification des lits d'armature

Pour une section rectangulaire, en adoptant la convention selon laquelle les contraintes dans
les barres sont prises en valeur absolue, la force résultante est donnée par :

∑ F = Pr = α 1 φ c f c′ ab + φ s [ ∑ BC As′ f s′ − ∑ BT As f s ] (8.13)
où fs et f′s sont positifs et où BC et BT identifient les barres comprimées et tendues
respectivement. Pour plus de précision on remplacera l’aire de béton ab de l’équation 8.13
par Ag-As. De fait, il faut retirer l’aire d’acier présent dans la section de béton, sinon on
surestime légèrement la contribution du béton.

Les déformations dans les barres sont obtenues par triangles semblables. Pour les barres
tendues on a :

⎛ di − c ⎞
ε si = ⎜ ⎟ × 0.0035 (8.14)
⎝ c ⎠

alors que pour les barres comprimées on trouve :

⎛ c − di ⎞
′ =⎜
ε si ⎟ × 0.0035 (8.15)
⎝ c ⎠
Les contraintes dans les barres tendues (fsi) et comprimées (f′si) sont données par :
f si = E s ε si ≤ f y (8.16)

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Résistance à la compression-flexion 269

et
f si′ = E s ε si
′ ≤ fy (8.17)

Dans ce cas, la somme des moments calculée par rapport à la fibre la plus comprimée
(Fig. 8.13) est égale à :

⎛a⎞
[ ]
M r = −α 1 φ c f c′ ab ⎜ ⎟ + φ s − ∑ BC As′ f s′ d ′ + ∑ BT As f s + Pr ⋅
h
(8.18)
⎝2⎠ 2

Le calcul de la somme des moments par rapport à la mi-profondeur de la section (Fig. 8.13)
est donné par :

⎛h a⎞ ⎡ ⎛h ⎞ ⎛h ⎞⎤
M r = α 1 φ c f c′ ab ⎜ − ⎟ + φ s ⎢∑ BC As′ f s′ ⎜ − d ′ ⎟ − ∑ BT As f s ⎜ − d ⎟⎥ (8.19)
⎝2 2⎠ ⎣ ⎝2 ⎠ ⎝2 ⎠⎦

Si on utilise une convention algébrique pour déterminer la contrainte dans les barres où la
traction est positive et la compression négative, tant pour l'acier que pour le béton, ce qui
est grandement conseillé lorsqu'on utilise un support informatique, on a :

∑ F = Pr = −α1φc fc′ab + φs ∑ Asi f si (8.20)

⎛d −c⎞
où − f y ≤ f si = ⎜ i ⎟ × 700 ≤ f y (8.21)
⎝ c ⎠

⎛h a⎞ ⎛ h⎞
alors que M r = α1φc f c′ ab ⎜ − ⎟ + φs ∑ Asi f si ⎜ di − ⎟ (8.22)
⎝2 2⎠ ⎝ 2⎠

Pour plus de précision on pourrait remplacer l’aire de béton ab de l’équation 8.22 par Ag-As
et on ajuster le bras de levier adéquatement. De fait, pour être rigoureux, il conviendrait
retirer l’aire d’acier présent dans la section de béton. Lorsqu'on omet ce raffinement on
surestime légèrement la contribution du béton.

Les équations précédentes donnent la résistance d'une section pour un diagramme de


déformation donné quelconque. En effet, aux figures 8.13 ou 8.14, seule la déformation à la
fibre la plus comprimée est spécifiée alors que les autres déformations ne le sont pas. Il faut
donc fixer un autre point du diagramme de déformation, souvent la déformation dans les
aciers les plus tendus. Une déformation donnée permet d'obtenir une valeur de Pr et la
valeur de Mr associée. La résistance d'une section est ainsi obtenue en faisant varier le
diagramme des déformations, ce qui permet de déterminer la résistance d'une section pour
une gamme de combinaisons.

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270 Calcul des structures en béton armé

EXEMPLE 8.1

On désire calculer la résistance de la section de poteau montrée sur la figure 8.15


pour une condition quelconque de déformation. Pour calculer la résistance des
sections de poteaux, on doit supposer un diagramme de déformations (ε) et calculer
les résistances correspondantes. Prenons : εhaut = 0.0035, comprimé (toujours), et
assumons : εbas = 0.002, tendu.

0,0035
75 es1
1
150 C f¢c = 30 MPa Barre d (mm)
c
2 es2
1 75
600 150
fy = 400 MPa 2 225
3 es3
3 375
150
es4 Acier: 10-25M 4 525
4 T
75
0,002
400

Fig. 8.15 Poteau de l'exemple 8.1

Solution

a) Calcul des contraintes


⎛ ε f sup ⎞ − 0.0035
c=⎜ ⎟ × h = ⎛⎜ ⎞
⎟ × 600 = 381.8 mm
⎜ ε f sup − ε f inf ⎟ ⎝ − 0.0035 − 0.002 ⎠
⎝ ⎠

β1 = 0.97 − 0.0025 fc′ = 0.97 − 0.0025 × 30 = 0.895


α1 = 0.85 − 0.0015 fc′ = 0.85 − 0.0015 × 30 = 0.805
a = β 1 c = 0.895 × 381.8 = 341.7 ≈ 342 mm

⎛c−d ⎞ ⎛c −d ⎞
Si d < c (Éq 8.15) : εs = ⎜ ⎟ε f sup = ⎜ ⎟ × 0.0035
⎝ c ⎠ ⎝ c ⎠
et f s = Esε s ≤ f y

⎛d −c⎞ ⎛d −c⎞
Si d > c (Éq 8.14) : εs = ⎜ ⎟ε f sup = ⎜ ⎟ × 0.0035
⎝ c ⎠ ⎝ c ⎠

et f s = Esε s ≤ f y

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Résistance à la compression-flexion 271

⎛ 381.8 − 75 ⎞
ε s1 = ⎜ ⎟ × 0.0035 = 0.002812
⎝ 381.8 ⎠
f s1 = 200000 × 0.002812 = 562 MPa ≥ 400 MPa
⇒ f s1 = 400 MPa (Compression)

⎛ 381.8 − 225 ⎞
ε s2 = ⎜ ⎟ × 0.0035 = 0.001437
⎝ 381.8 ⎠
f s2 = 200000 × 0.001437 = 287 MPa < 400 MPa (Compression)

⎛ 381.8 − 375 ⎞
ε s3 = ⎜ ⎟ × 0.0035 = 0.000062
⎝ 381.8 ⎠
f s3 = 200000 × 0.000062 = 12 MPa < 400 MPa (Compression)

⎛ 525 − 381.8 ⎞
ε s4 = ⎜ ⎟ × 0.0035 = 0.001317
⎝ 381.8 ⎠
f s4 = 200000 × 0.001317 = 263 MPa < 400 MPa (Traction)

b) Calcul des forces internes et de la résistance axiale, Pr

( )
Cc = α1φc f c′ ab − As ( d ≤a ) = 0.805 × 0.65 × 30 × ( 342 × 400 − 5 × 500 ) (Compression)
3
= 2108 ×10 N

Fs = φ s f s As

Cs1 = 0.85 × 400 × 3 × 500 = 510 000 N (Compression)

C s2 = 0.85 × 287 × 2 × 500 = 243 950 N (Compression)

Cs3 = 0.85 × 12 × 2 × 500 = 10 200 N (Compression)

Ts4 = 0.85 × 263 × 3 × 500 = 335 325 N (Traction)

Pr − ∑ Finternes = 0 ⇒ Pr = ∑ Finternes = α 1φc f c′ ab + φs ∑ ( Asi f si ) (Éq. 8.13)

Pr = 2108×103 + 510 000 + 243 950 + 10 200 - 335 325

= 2537 × 103 N = 2537 kN

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272 Calcul des structures en béton armé

c) Calcul du moment résistant Mr par rapport à la fibre comprimée

− M r + ∑ Finternes × Bras de levier − ∑ Fexternes × Bras de levier = 0

h
M r = ∑ Cc × levier + ∑ Facier × d + ∑ Pr ×
2

( )
M r = − ⎡α1φc f c′ × b × a (a / 2) − As ( d ≤a ) (d ) ⎤ − ∑ Csi × d + ∑ Tsi × d + Pr ×
⎣ ⎦
h
2
À partir de la figure 8.16, on trouve :

M r = −(0.805 × 0.65 × 30 × ((342 × 400) × (342 / 2) − 3 × 500 × 75


− 2 × 500 × 225) − 510 000 × 75 − 243950 × 225
− 10 200 × 375 + 335325 × 525 + 2537 ×103 × 300)
= −361911000 − 38 250 000 − 54889 000 − 3825000 + 176 046 000 + 761100 000
= 478.3 ×106 N ⋅ mm = 478.3 kN ⋅ m

Cs1 = 510 000


Cc = 2 108 000
MR Cs2 = 243 950
PR
Cs3 = 10 200

Ts4 = 335 325


[N]

Fig. 8.16 Équilibre des forces

d) Calcul du moment résistant Mr par rapport à la mi-profondeur (h/2)

− M r + ∑ Finternes × Bras de levier = 0

( )
M r = α1φc f c′ × b × a (h / 2 − a / 2) − As ( d ≤a ) (h / 2 − d ) + ...
⎛h ⎞ ⎛h ⎞
... + ∑ Csi × ⎜ − di′ ⎟ − ∑ Tsi × ⎜ − di ⎟
⎝2 ⎠ ⎝2 ⎠

En se référant à la figure 8.16, on obtient :


M r = (0.805 × 0.65 × 30 × ((342 × 400) × (600 / 2 − 342 / 2) − 3 × 500 × (600 / 2 − 75)
− 2 × 500 × (600 / 2 − 225)) + 510 000 × (600 / 2 − 75) + 243950 × (600 / 2 − 225)
+ 10 200 × (600 / 2 − 375) − 335325 × (600 / 2 − 525)
= 270542 000 + 114 750 000 + 18 296 000 − 765000 + 75 448000
= 478.3 ×106 N ⋅ mm = 478.3 kN ⋅ m

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Résistance à la compression-flexion 273

8.5 DIAGRAMMES D'INTERACTION

Le calcul de la résistance des poteaux est relativement laborieux et comme deux efforts de
nature différente sont impliqués, on doit procéder par tâtonnement afin de trouver la bonne
section pour résister à Pf et Mf simultanément. Cette tâche peut être simplifiée grandement
en utilisant des diagrammes d'interaction.

8.5.1 Principes généraux

Prenons une section homogène en acier où on peut atteindre fy à toutes les fibres, telle
qu'illustrée sur la figure 8.17.
fy

fy
h fy

b C = Cy C=0 0 < C < Cy


M=0 M = Mp 0 < M < Mp

Fig. 8.17 Poteau rectangulaire en acier

Les propriétés de la section sont :<


A = bh (8.23)
I bh 2
et Z= = (8.24)
y 6

À n'importe quelle fibre, on a :


P M
σ max = + ≤ fy (8.25)
A Z

ou encore sous la forme d'une équation d'interaction :


P M
+ ≤ 1.0 (8.26)
AF y ZF y

P M
ou encore + ≤ 1.0 (8.27)
Cy M P

avec C y = AF y (8.28)
et M P = ZF y (8.29)

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274 Calcul des structures en béton armé

Lorsque mises sous forme graphique, les équations 8.26 et 8.27 donnent un diagramme
d’interaction moment-charge axiale (M - P) comme illustré sur la figure 8.18a. Un tel
diagramme est obtenu pour un matériau dont la résistance en compression est égale à la
résistance en traction.

L’utilisation du diagramme se fait en positionnant les points correspondant à une condition


Cf et Mf donnée sur le diagramme. Un point sur ou à l’intérieur du diagramme respecte la
condition considérée alors qu’un point à l’extérieur indique une résistance insuffisante.
Ainsi, le point A, situé à l'intérieur de la courbe, indique que la résistance est suffisante
alors que le point B, à l'extérieur, indique que la résistance requise n'est pas respecté. Le
point C sur la courbe indique la limite maximale.
C/Cy Compression C/Cy Compression C/Cy Compression
fy fy fy

h/2 h/2
1,0 1,0 1,0
B h/2 h/2
0,5
A C fy fy /2

1,0 M/MP 0,5 1,0 M/MP 0,75 1,0 M/MP

Traction Traction Traction

a) CyT = Cyc b) CyT = 0 c) 0 £ CyT £ Cyc

Fig. 8.18 Diagrammes d'interaction

Si la résistance à la traction du matériau est nulle, on obtient le diagramme déphasé montré


sur la figure 8.18b où la pointe du côté droit correspond au diagramme de contraintes
illustré. Enfin, un matériau ayant une résistance en traction égale à la moitié de la
résistance à la compression conduira à un diagramme d'interaction non symétrique, comme
montré sur la figure 8.18c.

Les diagrammes d'interaction du béton armé s'apparentent à celui de la figure 8.18c.


Cependant, il faut utiliser les équations vues à la section précédente pour calculer les
coordonnées des points qui les forment.

8.5.2 Diagramme d'interaction d'une section en béton armé

Le diagramme d’interaction d’une section en béton armé possède une forme assez
particulière. Il est caractérisé par cinq points (A à E), identifiés sur la figure 8.19.

Le point A correspond au cas de chargement axial pur et est donné par les équations 8.8 et
8.9, sans le facteur de réduction devant ces équations. Le point C est appelé condition
équilibrée. Ce point représente la situation où on atteint la déformation plastique dans les

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Résistance à la compression-flexion 275

aciers les plus tendus lorsque le béton se déforme à 0.0035 à la fibre comprimée (Fig. 8.20).
Il s’agit d’une condition de déformation identique à la condition équilibrée en flexion, à
l’exception qu’ici ce n’est pas une quantité d’acier fictive qui amène cette situation mais
plutôt l’application d’une force de compression Pb. Le point E est tout simplement le cas
d’une poutre P = 0. Les points B et D représentent des situations intermédiaires entres les
points A - C et C - E respectivement.

ecu = 0,0035

ecu
Pr
ecu
A Fra ecu
gile
Pr max
B
uilibrée
ion éq
e Condit
nt C
n sta ey

e
co

ctil
= D
e

Du
E Mr

esu > ey

Fig. 8.19 Diagramme d'interaction d'une section en béton


0,0035
As1

As2 Condition
équilibrée Famille de
diagrammes
de déformation
As3
es = ey

Fig. 8.20 Conditions équilibrées

Chaque point du diagramme d'interaction est calculé comme montré à la section


précédente. Pour tracer un diagramme d'interaction d'une section en béton armé, on doit
considérer une famille de diagrammes de déformation, comme illustré sur la figure 8.20 et
calculer pour chacune d’elles les résistances Pr et Mr associées. Des courbes sont
disponibles dans des ouvrages tels le CDH pour différentes sections à géométrie usuelle.
Celles-ci ont été obtenues en faisant varier progressivement le diagramme de déformation.
Les lignes radiales à partir de l'origine sont à une excentricité e constante, où :

M
e= (8.30)
P

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276 Calcul des structures en béton armé

8.5.3 Diagramme simplifié

On peut également construire un diagramme simplifié à partir de cinq points montrés sur la
figure 8.21 :

1. Déformation uniforme de 0.0035 en compression ;


2. Déformation nulle à une face ;
3. Condition équilibrée avec εy en traction dans l'acier le plus tendu;
4. + 3 εy en traction dans l'acier le plus tendu;
5. + fy dans tous les aciers.

À partir de ces cinq points, on obtient un diagramme généralement suffisamment précis et


toujours sécuritaire vu la forme concave du diagramme.

0,0035

Pr
0,0035

1
Pr max 0,0035
2

4 ey 0,0035

Mr
5

3ey

+ fy (tension)

Fig. 8.21 Diagramme d'interaction simplifié

EXEMPLE 8.2
On désire calculer les diagrammes d'interaction simplifiés ultimes et pondérés de la
section de l'exemple 8.1.

Solution

a) Point 1 : compression pure

• Ultime

( )
Pu = α 1 f c′ A g − As + As f y

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Résistance à la compression-flexion 277

Pu1 = [0.805 × 30 (600×400-5000) + 400 × 5000] /1000

= 5675 + 2000 = 7675 kN


• Pondéré
(
Pr = α 1φ c f c′ Ag − As + φ s As f y )
Pr1 = 0.65 × 5675 + 0.85 × 2000 = 5385 kN

• Charge maximale
Pr max = 0.80 Pr1 = 0.80 × 5385 = 4308 kN

0,0035 0,0035 0,0035


es1 es1

cb
es2 es2

es3 es3

es4 0,002

0
3 x 0,002 = 0,006

a) Contraintes nulles b) Condition équilibrée c) Déformations


sur une face importantes
en traction

Fig. 8.22 Diagrammes de déformation

b) Point 2 : contrainte nulle sur une face

En se référant à la figure 8.22a, on trouve :

• Ultime
h − d' ⎛ 525 ⎞
ε s1 = × 0.0035 = ⎜ ⎟ × 0.0035 = 0.003063
h ⎝ 600 ⎠
f s1 = 613 MPa ≥ 400 MPa ⇒ f s1 = 400 MPa (Compression)

⎛ 375 ⎞
ε s2 = ⎜ ⎟ × 0.0035 = 0.002188
⎝ 600 ⎠
f s2 = 438 MPa ≥ 400 MPa ⇒ f s2 = 400 MPa (Compression)

⎛ 225 ⎞
ε s3 = ⎜ ⎟ × 0.0035 = 0.001313 f s3 = 262.5 MPa (Compression)
⎝ 600 ⎠

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278 Calcul des structures en béton armé

⎛ 75 ⎞
ε s4 = ⎜ ⎟ × 0.0035 = 0.000438 f s4 = 87.5 MPa (Compression)
⎝ 600 ⎠

Somme des forces internes


a = 0.895 × 600 = 537 mm
(
Cc = α 1 f c′ b × a − As (d ≤a) )
où d1 = 75 mm; d2 = 225 mm; d3 = 375 mm; d4 = 525 mm

Cc = 0.805 × 30 (400 × 537 – 1500 - 1000 -1000 -1500) / 1000 = 5 067 kN

Fs = f s × A s

Cs1 = 400 × 1500 /1000 = 600 kN

Cs2 = 400 × 1000 /1000 = 400 kN

Cs3 = 262.5 × 1000 /1000 = 262.5 kN

Cs4 = 87.5 × 1500 /1000 = 131.25 kN

Pu2 = 5 067 + 600 + 400 + 262.5 + 131.25 = 6 461 kN

Somme des moments par rapport au centre


[
Mc = α 1 f c′ × b × a ( h / 2 − a / 2) − As ( d ≤ a ) ( h / 2 − d ) ]
Mc = 0.805 × 30 [400 × 537(300-537/2) - 1500(300 -75) - 1000(300-225)

-1000(300-375) -1500(300-525)] / 10002 = 163.4 kN⋅m

Ms = Cs ( h/2 - d )

Ms1 = 600 000 (300-75) / 10002 = 135.0 kN⋅m

Ms2 = 400 000 (300-225) / 10002 = 30.0 kN⋅m

Ms3 = 262 500 (300-375) / 10002 = -19.7 kN⋅m

Ms4 = 131 250 (300-525) / 10002 = -29.5 kN⋅m

Mu2 = 163.4 + 135.0 + 30.0 - 19.7 - 29.5 = 279.2 kN⋅m

• Pondéré
Pr = φ c C c + φ s ∑ C s

Pr2 = 0.65 × 5 067 + 0.85 (600 + 400 + 262.5 + 131.25) = 4 475 kN

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Résistance à la compression-flexion 279

M r = φc M c + φ s ∑ M s

Mr2 = 0.65 × 163.4 + 0.85 (135.0 + 30.0 - 19.7 - 29.5) = 204.4 kN⋅m

c) Point 3 : condition équilibrée


• Ultime

En se référant à la figure 7.22b, on obtient :

⎛ 700 ⎞
cb = ⎜ ⎟d = ⎛⎜ 700 ⎞⎟525 = 334.1 mm
⎜ 700 + f y ⎟ ⎝ 700 + 400 ⎠
⎝ ⎠

⎛c −d ⎞ ⎛ d − cb ⎞
ε s = ⎜⎜ b ⎟⎟0.0035 en compression et ε s = ⎜⎜ ⎟⎟0.0035 en traction
⎝ cb ⎠ ⎝ cb ⎠
⎛ 259 ⎞
ε s1 = ⎜ ⎟ × 0.0035 = 0.002714
⎝ 334 ⎠
f s1 = 543 MPa ≥ 400 MPa ⇒ f s1 = 400 MPa (Compression)

⎛ 109 ⎞
ε s2 = ⎜ ⎟ × 0.0035 = 0.001143 f s2 = 228.6 MPa (Compression)
⎝ 334 ⎠

⎛ 41 ⎞
ε s3 = ⎜ ⎟ × 0.0035 = 0.000428 f s3 = 85.7 MPa (Traction)
⎝ 334 ⎠

⎛ 191 ⎞ f s4 = 400 MPa


ε s4 = ⎜ ⎟ × 0.0035 = 0.002000 (Traction)
⎝ 334 ⎠

Somme des forces internes


a = 0.895 × 334.1 = 299.0 mm
(
Cc = α 1 f c′ b × a − As (d ≤a) )
où d1 = 75 mm; d2 = 225 mm; d3 = 375 mm; d4 = 525 mm

Cc = 0.805 × 30 (400 × 299 – 1500 - 1000) / 1000 = 2 828 kN

F s = f s × As

Cs1 = 400 × 1500 /1000 = 600 kN

Cs2 = 228.6 × 1000 /1000 = 228.6 kN

Ts3 = 85.7 × 1000 /1000 = 87.5 kN

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280 Calcul des structures en béton armé

Ts4 = 400 × 1500 /1000 = 600 kN

Pu3 = 2 828 + 600 + 228.6 - 87.5 - 600 = 2 969 kN

Somme des moments par rapport au centre


[
Mc = α 1 f c′ × b × a(h / 2 − a / 2)− As( d ≤a) (h / 2 − d ) ]
Mc = 0.805 × 30 [400 × 299(300-299/2) - 1500(300 -75)

- 1000(300-225)] / 10002 = 424.7 kN⋅m

Ms = Cs ( h/2 - d ) + Ts ( d - h/2 )

Ms1 = 600 000 (300-75) / 10002 = 135.0 kN⋅m

Ms2 = 228 600 (300-225) / 10002 = 17.1 kN⋅m

Ms3 = 87 500 (375-300) / 10002 = 6.6 kN⋅m

Ms4 = 600 000 (525-300) / 10002 = 135.0 kN⋅m

Mu3 = 424.7 + 135.0 + 17.1 + 6.6 + 135.0 = 718.4 kN⋅m

• Pondéré

Pr = φ c C c + φ s ∑ (C s − T s )

Pr3 = 0.65 × 2 828 + 0.85 (600 + 228.6 - 87.5 - 600) = 1959 kN

M r = φc M c + φ s ∑ M s

Mr3 = 0.65 × 424.7 + 0.85 (135.0 + 17.1 + 6.6 + 135.0) = 525.0 kN⋅m

d) Point 4 : comportement ductile en flexion avec εs = 3 εy

Selon la figure 8.22c, on obtient :

• Ultime
⎛ 0.0035 ⎞ ⎛ 0.0035 ⎞
c =⎜ ⎟ d =⎜ ⎟ 525 = 193.4 mm
⎝ 0.0035 + ε s ⎠ ⎝ 0.0035 + 0.006 ⎠

⎛ 118.4 ⎞
ε s1 = ⎜ ⎟ × 0.0035 = 0.002143
⎝ 193.4 ⎠
f s1 = 429 MPa ≥ 400 MPa ⇒ f s1 = 400 MPa (Compression)

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Utilisation restreinte à l'enseignement du cours GCI-2004 Université Laval
Résistance à la compression-flexion 281

⎛ 31.6 ⎞ f s2 = 114 MPa


ε s2 = ⎜ ⎟ × 0.0035 = 0.000572 (Traction)
⎝ 193.4 ⎠

⎛ 181.6 ⎞
ε s3 = ⎜ ⎟ × 0.0035 = 0.003286
⎝ 193.4 ⎠
f s3 = 657 MPa ≥ 400 MPa ⇒ f s3 = 400 MPa (Traction)

ε s4 = 0.006000
f s4 = 1200 MPa ≥ 400 MPa ⇒ f s4 = 400 MPa (Traction)

Somme des forces internes


a = 0.895 × 193.4 = 173.1 mm

(
Cc = α 1 f c′ b × a − As (d ≤a) )
où d1 = 75 mm; d2 = 225 mm; d3 = 375 mm; d4 = 525 mm

Cc = 0.805 × 30 (400 × 173 – 1500) / 1000 = 1 635 kN

Fs = f s × As

Cs1 = 400 × 1500 /1000 = 600 kN

Ts2 = 114 × 1000 /1000 = 114 kN

Ts3 = 400 × 1000 /1000 = 400 kN

Ts4 = 400 × 1500 /1000 = 600 kN

Pu4 = 1 635 + 600 -114 - 400 – 600 = 1 121 kN

Somme des moments par rapport au centre


[
Mc = α 1 f c′ × b × a(h / 2 − a / 2)− As (d ≤ a ) (h / 2 − d ) ]
Mc = 0.805 × 30 [400 × 173(300-173/2) - 1500(300 -75)] / 10002

= 348.6 kN⋅m

Ms = Cs ( h/2 - d ) + Ts ( d - h/2 )

Ms1 = 600 000 (300-75) / 10002 = 135.0 kN⋅m

Ms2 = 114 000 (225-300) / 10002 = -8.6 kN⋅m

Ms3 = 400 000 (375-300) / 10002 = 30.0 kN⋅m

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282 Calcul des structures en béton armé

Ms4 = 600 000 (525-300) / 10002 = 135.0 kN⋅m

Mu4 = 348.6 + 135.0 - 8.6 + 30.0 + 135.0 = 640.0 kN⋅m

• Pondéré

Pr = φ c C c + φ s ∑ (C s − Ts )

Pr4 = 0.65 × 1 635 + 0.85 (600 –114 - 400 - 600) = 627.4 kN

M r = φc M c + φ s ∑ M s

Mr4 = 0.65 × 348.6 + 0.85 (135.0 - 8.6 + 30.0 + 135.0) = 473.8 kN⋅m

e) Point 5 : traction pure

• Ultime

Pu = As f y

Pu5 = 10 × 500 × 400/1000 = 2000 kN (Traction)

• Pondéré

Pr = φ s Pu
Pr5 = 0.85 × 2000 = 1700 kN (Traction)

La figure 8.23 présente les diagrammes d'interaction ultimes et pondérés.

10 000

8000
Réel
2
Compression

1
Approximatif
6000
1
2 Ultime
Pr (kN)

4000 Pr max
Pondérée 3
3
2000

4 4
0
Traction

5
5
-2000
0 200 400 600 800 1000
Mr (kN•m)

Fig. 8.23 Solution de l'exemple 8.2

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Résistance à la compression-flexion 283

8.5.4 Conditions critiques de chargement

Il faut déterminer les conditions les plus critiques de chargement associées à Mf et Pf.
Cependant, à cause de la forme particulière du diagramme d'interaction, il est possible que
des cas que l'on pourrait considérer comme non critiques le soient. L'exemple présenté sur
la figure 8.24 illustre cette situation. Considérons les 4 cas de chargements suivants :

1. Pf max et Mf1
2. Pf2 et Mf2
3. Pf3 et Mf max
4. Pf4 et Mf4 où Mf / Pf = emax

où P1 > P2 > P3 > P4

Pr Conservateur

1 5
2

Mr

Fig. 8.24 Cas de chargement possibles d'un poteau

On voit que même si le poteau satisfait les conditions associées à Pf max (cas 1), Mf max (cas
3) et emax (cas 4), le cas 2, que l'on pourrait qualifier d'intermédiaire, ne satisfait pas la
résistance. Par contre, dimensionner le poteau pour résister simultanément à Pf max et
Mf*max (cas 5, hypothétique) et emax est satisfaisant. Cependant, comme le montre la figure
8.24, cette dernière situation conduit à une situation qui peut s'avérer dans certains cas peu
économique. Néanmoins, cette approche est toujours sécuritaire alors qu'y aller uniquement
avec les conditions maximales séparées risque de conduire à des solutions non sécuritaires
à l'occasion.

Pour déterminer Pf max et Mf max, on doit déterminer les cas de chargements critiques.
L'article [10.10.1] de la norme A23.3 traite de cet aspect et le commentaire de cet article
présenté dans le CDH propose les conditions de chargement illustrées sur la figure 8.25.

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284 Calcul des structures en béton armé

Poteaux de
cet étage
considérés

a) Conditions pour Pf max b) Conditions pour Mf max

Fig. 8.25 Cas de chargement critiques pour les charges vives

8.6 POTEAUX ÉLANCÉS

Les poteaux élancés sont ceux pour lesquels les moments calculés selon l'hypothèse de la
structure non déformée ne s'appliquent plus. On retrouve dans les structures deux situations
où une telle condition s'applique : les poteaux des cadres retenus et les poteaux des cadres
rigides.

8.6.1 Poteaux retenus latéralement

Dans les cadres retenus, on assume que les charges latérales de même que tous les efforts
horizontaux pouvant être générés par le déplacement horizontal de la structure sont repris
par un mur de refend (Fig. 1.3b). Dans ce cas, les poteaux résistent uniquement aux
charges axiales et aux moments fléchissants induits par les charges de gravité. On fait donc
l'hypothèse que les extrémités des poteaux ne peuvent se déplacer latéralement. Ces
poteaux peuvent être en courbure simple ou courbure double comme l'indique la figure
8.26, le cas le plus critique et le plus courant étant celui en courbure simple. Une telle
condition est causée par un chargement tel que montré sur la figure 8.25a alors que la
courbure double est rencontrée pour des chargements alternés comme illustré sur la figure
8.25b.

Pour qu’un poteau retenu soit considéré comme élancé, il faut que le moment entre ses
extrémités soit plus grand que le moment à ses extrémités. Une telle situation se produit
lorsque les moments appliqués induisent un déplacement de la partie centrale du poteau
comme le montre la figure 8.27a. Le moment en A et C est égal à :

M A = MC = P×e (8.31)

alors qu’en B le moment est égal à :

M B = P (e + δ ) (8.32)

où δ est égal à la flèche maximale le long de la pièce.

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P P
M1 M1

M2 M2
P P

a) Conditions de b) Courbure simple c) Courbure double


retenue latérale

Fig. 8.26 Déformée des poteaux en compression-flexion

La distinction principale entre les poteaux élancés et les poteaux courts dans des cadres
retenus vient de leur flexibilité. Plus les poteaux sont flexibles, plus grande est la valeur de
δ causée par les moments et encore plus grand est le moment additionnel dû au produit
P-δ . Comme le montre la figure 8.27b, l’accroissement du moment additionnel est non
linéaire avec P et augmente d’autant plus rapidement que le poteau est flexible. C’est ce
que l’on appelle les effets Pδ. Si δ est petit comparativement à e, ou encore, si MC = MA ou
MB, on peut ignorer l’augmentation du moment. On parle alors de poteau court. Dans le cas
contraire, on ne peut ignorer la majoration des efforts due à l’augmentation de la flèche.
On parlera donc de poteau élancé.

La norme fixe la limite entre les poteaux courts et les poteaux élancés en fonction de
l'élancement de la section, des moments aux extrémités et des conditions aux limites.
Ainsi, il est possible d'ignorer les effets d'élancement pour les poteaux d’un cadre retenu
latéralement lorsque la condition suivante est remplie [10.15.2] :

k lu 25 − 10 ( M1 / M 2 ) M1
≤ avec ≥ −0.5 (8.33)
r Pf / Ag f c′ M2

où k est le coefficient de longueur effective, r le rayon de giration, M1 et M2 sont les


moments aux extrémités du poteau qui sont pris positifs pour un poteau en courbure simple.

Ainsi, lorsque l'élancement fait en sorte que le poteau peut être considéré comme court, la
résistance est calculée directement à l'aide des diagrammes d'interaction en utilisant la
valeur des efforts selon une analyse de premier ordre.

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286 Calcul des structures en béton armé

P
A M

MB P•d

d
B e

P•e
MA et MC

P
C

a) Modèle d'un poteau retenu b) Effets P - d

Fig. 8.27 Modèle de poteau élancé

8.6.2 Poteaux libres de se déplacer latéralement

Les cadres devant résister aux charges latérales, sans la contribution de murs de refend (Fig.
1.3a) ou ceux couplés (Fig. 1.3c) ont des poteaux devant assurer à la fois la résistance aux
charges appliquées mais aussi garantir la stabilité de la structure. Le portique illustré sur la
figure 8.28 permet de mettre en évidence les efforts additionnels mis en cause.

L’équilibre du portique dans sa position déformée donne (Fig. 8.28b) :

H ⎛ h⎞
M= ⋅ h + ⎜ P + H ⋅ ⎟× Δ (8.34)
2 ⎝ L⎠

Le premier terme de l’équation est égal au moment dans la position non déformée du cadre,
appelé moment du premier ordre, alors que le second terme est appelé moment du
deuxième ordre.

L’accroissement des efforts est dû à ce qu’on appelle les effets PΔ , où Δ réfère aux
déplacements inter-étages des cadres rigides. À cet effet, s’ajoute les effets Pδ (Fig. 8.28b),
où la flèche additionnelle entre les extrémités du poteau engendre des moments
additionnels.

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Résistance à la compression-flexion 287

D
P D P Hh/L P

B
H H/2
C
M

h
d

A D H/2

L
P + H•h/L

a) Cadre rigide b) DCL d'un poteau

Fig. 8.28 Portique en position déformée

8.6.3 Analyse du second ordre

Lorsqu’un poteau fait parti d'un cadre rigide résistant aux efforts latéraux (Fig. 1.3a ou
1.3c) ou lorsque le poteau d'un cadre retenu excède la limite donnée à l’équation 8.33, une
analyse de second ordre doit être réalisée. Dans cette analyse, les moments sont augmentés
pour prendre en considération les effets P-Delta (PΔ et Pδ). Une fois les efforts majorés
obtenus, on utilisera alors les diagrammes de résistance des sections tels que déterminés
précédemment dans ce chapitre.

8.6.4 Détermination de l’élancement des poteaux

Pour déterminer si un poteau d’un cadre rigide retenu est trapu (court) ou élancé, il faut
évaluer l’équation 8.33. Celle-ci fait appel à quatre paramètres : k, lu, r et le rapport
M1/M2.

Le coefficient de longueur effective k apparaissant à l’équation 8.33 dépend des conditions


de retenue aux extrémités du poteau. Dans le cas d'une structure retenue latéralement, la
norme suggère d'utiliser k = 1.0 [10.15.1]. On peut aussi utiliser le nomogramme illustré
sur la figure 8.29 qui permet de déterminer la valeur de k dans le cas d'un cadre retenu
latéralement.

Le nomogramme permet de déterminer le coefficient k en fonction du degré de retenue


qu’offrent les poutres liées au poteau. Pour utiliser les nomogrammes, il est nécessaire de
connaître les valeurs de GU et GL. Ces paramètres représentent le rapport des rigidités
flexionnelles des poteaux sur celles des poutres :

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288 Calcul des structures en béton armé

G=
Rigidité des poteaux
=
∑ ( I c / Lc ) (8.35)
Rigidité des poutres ∑ (I p / L p )

où Ic et Ip sont les inerties flexionnelles des poteaux (colonnes) et des poutres


respectivement alors que Lc et Lp sont leur longueur. Toutefois, pour utiliser ce
nomogramme, la norme recommande d'utiliser les inerties fissurées des poutres et poteaux,
soit : I = 0.35 Ig pour les poutres et I = 0.70 Ig pour les poteaux [10.14.1.2].

La valeur de G est calculée à l'extrémité supérieure GU (upper) et inférieure GL (lower). En


théorie, on trouve :
G encastrement = 0 ≤ G ≤ G rotule = ∞ (8.36)

GU K GL
¥ ¥
50 1,0 50
10 10
5 5
3 0,9 3
2 2

0,8
1 1

0,8 0,8

0,6 0,6
0,7
0,5 0,5
0,4 0,4

0,3 0,3

0,6
0,2 0,2

0,1 0,1

0 0,5 0

Déplacement empêché

Fig. 8.29 Valeurs de k d'un cadre retenu latéralement

On peut aussi utiliser les valeurs de k obtenues du tableau 8.1 selon les conditions aux
limites montrées sur la figure 8.30 pour une structure retenue contre les déplacements
latéraux (non-sway dans la norme A23.3).

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Résistance à la compression-flexion 289

Tableau 8.1 Valeurs de k

Rotulé1 Élastique2 Élastique3 Rigide4

Rotulé1 1.00 0.95 0.91 0.81


Élastique2 0.95 0.90 0.86 0.77
Élastique3 0.91 0.86 0.83 0.74
Rigide4 0.81 0.77 0.74 0.67

ou ou
ou

(1) (2) (3) (4)

Conditions aux appuis

Fig. 8.30 Conditions aux appuis associées au tableau 8.1

Enfin, les valeurs théoriques de k pour des poteaux faisant partie de cadres retenus ou de
cadres rigides sont données à titre d’indication sur la figure 8.31.

(a) (b) (c) (d) (e) (f)

Déformée
en pointillé

Valeur théorique 0,5 0,7 1,0 1,0 2,0 2,0

Valeur recommandée 0,65 0,8 1,0 1,2 2,0 2,0

Fig. 8.31 Valeurs de k théoriques et recommandées pour les cadres

Il importe de comprendre qu’il est préférable, parce que plus sécuritaire, d’utiliser des
valeurs de k surestimées plutôt que l’inverse. Des essais ont d’ailleurs démontrés que la
valeur réelle de k à tendance à être sous-estimée par les relations théoriques par rapport aux
mesures expérimentales.
Le rayon de giration r est définit comme :

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290 Calcul des structures en béton armé

I
r= (8.37)
A

Dans le cas d’un poteau rectangulaire, où I = bh3/12 et A = bh, on trouve que r est égal à
0.289 h. Pour un poteau circulaire, I = π D4/64 et A = π D2/4, de sorte que l’on trouve que r
est égal à 0.25 D. La norme recommande [10.14.2] d’utiliser des valeurs égales à 0.3h et
0.25D pour les poteaux rectangulaires et circulaires respectivement.

La longueur lu est prise égale à la distance nette entre les points de supports latéraux. Le
rapport des moments aux extrémités du poteau M1 / M2 est pris positif en courbure simple
et négatif en courbure double avec ⎜M1⎟ ≤ ⎜M2⎟ . Dans l'équation 8.33, le rapport M1 / M2
ne doit pas être pris inférieur à - 0.5.

8.7 DIMENSIONNEMENT

8.7.1 Choix préliminaire

Si la charge axiale domine, le choix d'une section de poteau carrée ou circulaire est
indiquée à moins que d'autres contraintes architecturales ou structurales requièrent un autre
choix. Dans ce cas, l'acier d'armature est réparti uniformément sur toutes les faces de la
section. Lorsque le moment devient plus important, une section rectangulaire avec
l'armature sur les faces courtes (les plus éloignées) est préférable. On peut estimer, de façon
très préliminaire, une aire minimale de section :
Pf
A g préliminaire ≥ (8.38)
0.5(φ c f c′ + ρ sφ s f y )

Cette équation permet d'obtenir rapidement une première estimation de la dimension du


poteau.

Pour éviter de considérer le poteau comme étant élancé, il faut également satisfaire
l'équation 8.33. Pour ce faire, on peut calculer la dimension minimale h d'un poteau pour la
situation choisie. Afin de faire un choix préliminaire de la section, et parce que les poteaux
sont généralement trapus, on peut adopter des hypothèses conservatrices au niveau du choix
préliminaire. À titre d'illustration, les hypothèses suivantes sont adoptées ici :

- pourcentage d'armature : As = 0.01 Ag


- rapport des moments : M1 / M2 = 1.0
- charge axiale appliquée : Pf = Pr max

On peut ainsi réécrire les équations 8.8, 8.9 et 8.33, respectivement pour les ligatures pliées
et les ligatures en spirales :

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Résistance à la compression-flexion 291

Pr max = 0.80 Ag f c′ [0.99 α1 φc + 0.01 φs fy / f c′ ] (8.39)

Pr max = 0.85 Ag f c′ [0.99 α1 φc + 0.01 φs fy / f c′ ] (8.40)

k lu 15
≤ (8.41)
r Pr max / Ag f c′

En exprimant r en fonction de la dimension h du poteau et en introduisant les équations


8.39 ou 8.40 dans l'équation 8.41, on peut déterminer la valeur de h en fonction de k et lu.
Cette valeur permet de choisir la dimension initiale du poteau afin de s'assurer qu'il n'est
pas élancé. On trouve ainsi :
kl
h≥ u (8.42)
R

où R est donné au tableau 8.2 en fonction des hypothèses adoptées précédemment.

Tableau 8.2 Valeurs de R des poteaux trapus

fc'
Type de section
20 40 60

Rectangulaire 6.2 6.8 7.1


Circulaire 5.0 5.5 5.7

Il importe de noter cependant que les calculs précédents servent uniquement à dégrossir le
problème et à faire un premier choix. Une fois celui-ci fait, les équations exactes doivent
être utilisées dans les calculs.

8.7.2 Utilisation des tables

L'utilisation de tables facilite grandement le dimensionnement. Le CDH présente de


nombreuses tables et abaques, dont une large gamme de diagrammes d'interaction
construits de façon à être applicables à un grand nombre de situations. Les tables sont faites
pour la plage de paramètres suivants :

- ρ = 1% à 8% ;
- fc' = 25 à 45 MPa ;
- fy = 400 MPa ;
- Sections rectangulaires et circulaires.
Les dispositions des armatures considérées sont illustrées sur la figure 8.32 ou γ représente
l'écartement relatif des armatures extrêmes par rapport à la dimension du poteau considérée.

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292 Calcul des structures en béton armé

Dans les tables 7.4.1 à 7.7.16 du CDH, on a 0.6 ≤ γ ≤ 0.9, variable selon fc' et le type de
section. Le CDH donne aussi des tables permettant de déterminer Pr*max.

h gh

Fig. 8.32 Dispositions des armatures répertoriées dans les tables du CDH

Les diagrammes d'interaction présentés dans le CDH sont adimensionnels, comme l'illustre
la figure 8.33. De plus, des lignes indiquent la contrainte présente dans les armatures les
plus tendues afin de permettre de déterminer la catégorie de chevauchement des armatures.

Pr
Valeurs de fs /f y
Ag
pour le type de
chevauchement
0

0,5

1,0
AST
r=
Ag

Mr
Agh

Fig. 8.33 Modèle de diagramme d'interaction des tables du CDH

EXEMPLE 8.3

Un poteau dans un édifice est soumis aux cas de chargement donnés dans le tableau
8.3. Ce poteau a une longueur nette de 3800 mm (entre les faces des planchers) et les
moments aux extrémités sont les mêmes, en courbure simple. On demande de
dimensionner le poteau.

Tableau 8.3 Données de l'exemple 8.3

Cas Pf (kN) Mf (kN⋅ m) e = M/P (m)

1 6500 650 0.1


2 5200 850 0.463
3 4500 1230 0.273

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Résistance à la compression-flexion 293

Solution

On choisit un poteau carré ayant de l'armature sur les quatre faces avec fy = 400 MPa
et fc' = 40 MPa. Les ligatures sont de type 10M avec 40 mm d'enrobage.

a) Dimensions du poteau

En assumant 2% d'armature, on a (Éq. 8.38):


Pf
Ag préliminaire ≈
0.5(α1 φc f c′ + ρ sφs f y )

6500 × 103
Ag préliminaire ≈ = 475 490 mm 2
0.5 × (0.79 × 0.65 × 40 + 0.02 × 0.85 × 400)

Ag = h 2 ⇒ h > Ag = 690 mm

Pour avoir un poteau court on doit respecter :


k l u 25 − 10( M 1 / M 2 )

r P f / Ag f c′

Avec r = 0.3h, M1 / M2 = 1.0 et Ag = h2, on obtient :

1.0 × 3800 15h


≤ , ou encore h ≥ 583 mm
0.3h 6500 × 103 / 40
Choix : section carrée 700 × 700 mm

b) Calcul de γ

La distance entre les barres, en assumant des barres 30M et des étriers 10M, est égale
à:
γ h = 700 – 2 × 40 - 2 × 11.2 - 2 × 30/2 = 568 mm
γ = 568 / 700 = 0.81 ≅ 0.8

Le tableau 7.2 du CDH donne également une valeur de γ de 0.81 pour des barres
30M. Avec f’c= 40 MPa et fy = 400 MPa, on utilise donc le tableau 7.4.15 du CDH.

c) Calcul des quantités d'acier requises

L'armature requise pour les trois cas est donnée au tableau 8.4. Un cas additionnel,
utilisant les efforts maximaux non concomitants est aussi donné.

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294 Calcul des structures en béton armé

Tableau 8.4 Quantités d'armature requises

Cas Pf / Ag Mf / Agh ρ requis As requis As utilisé

1 13.3 1.9 1% 4900 8-30M=5600


2 10.6 2.5 1% 4900 8-30M=5600
3 9.2 3.6 1.1% 5390 8-30M=5600
4* 13.3 3.6 1.6% 7840 8-35M=8000
* Conservateur

Si on est assuré que des cas intermédiaires ne sont pas plus critiques, on utilise 8-
30M. Dans le cas contraire on fait le choix le plus conservateur, soit 8-35M. On
obtient donc les détails suivants (Fig. 8.34) :

Fig. 8.34 Armature du poteau de l'exemple 8.3

Distance nette entre les barres : x = [700 - 2 × 40 - 2 × 11.2 - 3 × 35] / 2 = 246 mm


x > 150 mm ⇒ épingles requises [7.6.5.5]
x < 500 mm ⇒ OK [7.4.1.3]

Pour certaines combinaisons de chargement, on se situe dans la section sous la limite


fs/fy = 0.5 du diagramme d'interaction. Ceci signifie que l’on a besoin d'une longueur
chevauchement de classe B (fs > 0.5 fy), soit lc = 1.3 ld.

RÉFÉRENCES

8.1 Association Canadienne de Normalisation. Design of concrete structures,


CAN/CSA-A23.4-04, Mississauga, Ontario, 2004.

8.2 Association Canadienne du Ciment. Concrete Design Handbook, Ottawa, 3e édition,


2006.

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CHAPITRE 9

FONDATIONS : SEMELLES ISOLÉES ET MURS DE SOUTÈNEMENT

9.1 PRINCIPES GÉNÉRAUX

9.1.1 Généralités

Comme le montre la figure 9.1, il existe une grande variété de types de semelles de
fondation. Généralement, le choix de l'une ou l'autre dépend des conditions du sol et des
critères de performance admis pour la structure. Ce chapitre porte sur les considérations
associées au dimensionnement des semelles filantes, des semelles isolées et des murs de
soutènement. Les fondations sur pieux et les radiers seront vus dans des chapitres
subséquents.

La pression maximale sur les sols a historiquement toujours été donnée sous forme de
contrainte admissible, à savoir :

qadm = qult /FS (9.1)

où FS est un facteur de sécurité déterminé par l'ingénieur géotechnicien.

L'ingénieur en structure utilise donc la capacité admissible pour déterminer l'aire minimale
de la semelle. Par contre, on doit utiliser la pression pondérée pour calculer la semelle elle-
même. Bien que la pratique courante suive l'approche historique, certaines normes font
maintenant référence à la résistance ultime du sol. Dans ce cas, la dimension de la semelle
devra être déterminée en utilisant les charges pondérées. Normalement, les deux approches
devraient conduire à des résultats similaires. Ce chapitre considère le cas plus courant où la
contrainte admissible est fournie.
296 Calcul des structures en béton armé

a) Semelle filante

d) Radier

Route ou
b) Semelle isolée voie ferrée

Remblai

Sol dense

c) Tête de pieux e) Mur de soutènement

Fig. 9.1 Types de semelles de fondations

9.1.2 Pression exercée sur le sol et sur la semelle

La pression exercée sur le sol doit être calculée en considérant l'excentricité des charges
appliquées. La figure 9.2 présente les principes de calcul des pressions devant être
considérées dans le calcul des semelles filantes ou isolées. Sur une fondation de forme
rectangulaire on trouve les relations suivantes :
P M ⋅y My ⋅x
q ( x, y ) = + x + (9.2)
Aire Ix Iy

Cette équation demeure valide uniquement lorsque la force résultante passe par le noyau
central, soit pour e ≤ L / 6. Lorsque ce n'est pas le cas, il faut considérer uniquement la zone
comprimée pour le calcul de la contrainte maximale tel qu'indiqué sur la figure 9.2.

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Fondations : Semelles isolées et murs de soutènement 297

P Noyau central
My

B/6
B x

x
L/6
L
L

qmin = qP - q q = P
P BL P
M
qmax = + 6M
qM = M
6 BL BL 2
BL 2

qmin = 0
e = L/6

q min = 0
Le = 3(L/2-M/P)

qmax = 2P
BLe

Le

Fig. 9.2 Pressions de calcul d'une semelle filante ou isolée

Pour le calcul de la pression appliquée au sol, il faut inclure le poids propre de la fondation
et des matériaux ou charges au-dessus d'elle. Pour le calcul de la pression appliquée sur la
semelle, on doit retrancher toutes les charges qui ne sont pas directement transmises par la
structure, comme l'indique la figure 9.3. Dans ce chapitre, la dimension L correspond à la
direction selon laquelle s'effectue le calcul alors que B est la direction perpendiculaire à
cette dernière.

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298 Calcul des structures en béton armé

P=0

qo = pression provenant du sol et de la semelle


au-dessus de la fondation
P
M

Pour la fondation
qo qo + qmax ≤ q
admissible

qmax Dimension de la semelle

P
M
Pour la semelle
Pf 6 Mf
qf = +
max 2
BL BL

qf Conception de la semelle
max

Fig. 9.3 Pressions de dimensionnement et de conception

9.2 RÉSISTANCE À LA FLEXION

9.2.1 Calcul des efforts

Pour les semelles filantes ou isolées, on calcule l'armature de flexion en supposant un


comportement de type poutre. La valeur de qf doit être déterminée indépendamment pour
chaque direction. La pression qf est généralement considérée uniforme et égale à qf max
(Fig. 9.4). Le moment critique est calculé à la racine du poteau si celui-ci est en béton armé
[15.4.2]. Pour des murs en maçonnerie ou des poteaux d'acier, d'autres règles dictent la
position de la section de calcul. Le moment par unité de largeur est donc égal à :

z2
mf = qf (9.3)
2
( L − c) ( B − c)
où z = ou z = , alors que Mf = B⋅ mf ou L⋅ mf , selon les sections où sont
2 2
faits les calculs.

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Fondations : Semelles isolées et murs de soutènement 299

Sections ou
M est calculé
Poteau

B
c

z≥ ld
L

qf = qfmax

Fig. 9.4 Calcul de l'armature de flexion

9.2.2 Répartition de l'armature

Pour les semelles filantes ou les semelles isolées carrées, l'acier d'armature doit être
distribué uniformément. Pour les semelles isolées rectangulaires, la partie de la semelle
centrée sur la colonne doit avoir une plus grande partie de l'acier orientée selon la direction
la plus courte. La quantité d'acier ainsi concentrée dans cette bande est égale à [15.4.4] :

⎛ 2 ⎞
As −bande = ⎜⎜ ⎟⎟ As −total (9.4)
⎝ β +1⎠

où β = rapport du côté long sur le côté court de la semelle.

Cet acier doit être distribué sur une bande S (Fig. 9.5) égale à la plus grande des deux
valeurs suivantes [15.4.4] :
S ≥ L1
(9.5)
S ≥ c2

L'armature de chaque côté de la bande est égale au restant de l'armature totale, espacée
également.

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300 Calcul des structures en béton armé

s/2 Bande avec


L2 c2 plus d'armature

s/2 c1

L1

Fig. 9.5 Disposition de l'armature pour une semelle rectangulaire

À l'exception des semelles filantes, l'acier de flexion doit être calculé dans les deux
directions. L'armature minimale de flexion tel que vu au chapitre 4 [10.5.1.2]
( As min ≥ 0.2 λ fc′ bh / f y ) n'est pas strictement requise, ce qui n'empêche pas d'appliquer
cette règle selon la situation. Toutefois, l'armature minimale de retrait ou de température est
exigée par la norme [7.8]. Les valeurs usuelles sont indiquées au tableau 9.1.

Tableau 9.1 Espacement des armatures

Armature principale Armature secondaire

As min ≥ 0.002 Ag As min ≥ 0.002 Ag

s ≤ 3h s ≤ 5h
s ≤ 500 mm s ≤ 500 mm

Comme l'acier est calculé avec une contrainte égale à fy, il importe de pouvoir développer
cette contrainte aux sections critiques. Ainsi, les barres doivent être prolongées sur une
longueur minimale de ld au-delà de la section critique. L'utilisation de crochets peut être
indiquée pour les semelles de petite dimension.

9.3 RÉSISTANCE À L'EFFORT TRANCHANT

Deux types de rupture dues à l'effort tranchant peuvent survenir : une rupture de type poutre
et une rupture par poinçonnement. Comme pour les dalles, on n'utilise généralement pas
d'étriers dans les semelles pour résister à l'effort tranchant, seul le béton contribue à la
résistance.

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Fondations : Semelles isolées et murs de soutènement 301

Pour une rupture de type poutre, on assume que la section critique se situe à une distance d
de la face du poteau et que toute la largeur de la dalle contribue à la résistance. Pour le cas
illustré sur la figure 9.6a, Selon les équations présentées à la section 5.2.7, la résistance
pondérée est égale à [11.3.4 et 11.3.6] :

Pour h ≤ 350 mm ou pour h > 350 mm mais (L-c)/2 ≤ 3dv,

Vr = 0.21λφc f c′ bo dv (9.6)

Pour (L-c)/2 > 3d, avec des gros granulats de 20 mm et sz = dv , l'équation 5.30 donne :

⎛ 230 ⎞
Vr = ⎜ ⎟ λφc f c′ bo dv (9.7)
⎝ 1000 + dv ⎠

où bo est égal à L ou B selon le cas. Cette équation n'est applicable que si la longueur nette
entre la face du poteau de l'extrémité libre de la semelle excède 3dv.

Fissure inclinée Fissure inclinée

qf qf qf
Zones
critiques bo = 2c1 + 2c2 + 4dv
bo = B c 1 + dv
Régions
chargées

dv /2

B c2 + dv c2

dv /2

dv c1
dv /2 dv /2
A
a) Cisaillement unidirectionnel b) Cisaillement bidirectionnel
de type "poutre" de "poinçonnement"

Fig. 9.6 Étude du cisaillement

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302 Calcul des structures en béton armé

Une rupture par poinçonnement survient lorsque le poteau passe au travers de la semelle.
On assume que la section critique se situe à dv /2 autour du périmètre du poteau, tel que
présenté à la section 5.3. Dans ce cas, la résistance est égale à [13.4.4.] :

Vr = vr bo dv (9.8)

avec bo = 2 (c1 + c2 + 2 dv) (9.9)

La contrainte de cisaillement à la rupture vr est égale à la valeur moindre obtenue des


expressions suivantes :
⎛ 2 ⎞
vr = ⎜1 + ⎟ × 0.19λφc fc′ (9.10)
⎝ βc ⎠
où β c = c 2 / c1 et c 2 ≥ c1 (9.11)

⎛ 4d ⎞
vr = ⎜ v + 0.19 ⎟ λ φc f c′ (9.12)
⎝ bo ⎠
et vr = 0.38 λ φc fc′ (9.13)

Les relations définissant des ruptures de type poutre ou des ruptures par poinçonnement
conduisent à six cas. On peut déterminer la valeur minimale de dv correspondant à Vr = Vf
pour chacun des cinq cas. Pour alléger les relations, on utilise le paramètre k, où qf doit être
exprimé en MPa :
0.1 λ φc f c′
k= (9.14)
qf

Dans le cas d'une rupture de type poutre (cas 1 à 3), L et B doivent être permutés lorsque la
semelle est rectangulaire :

Cas 1 : rupture de type poutre, h ≤ 350 mm ou h > 350 mm avec (L-c)/2 ≤ 3 dv

⎡( L − c) ⎤
Vf = ⎢ − dv ⎥ B q f ≤ Vr = 0.21λφc f c′ Bdv (9.15)
⎣ 2 ⎦
d'où
L−c
dv ≥ (9.16)
2 (1 + 2.1k )

Cette dernière équation s'applique dans le cas où h > 350 mm lorsque (1+2.1k) est inférieur
ou égal à 3, ou encore pour :

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2
k≤ = 0.952 (9.17)
2.1

Cas 2 : rupture de type poutre, h > 350 mm et (L-c)/2 > 3 dv

⎡( L − c) ⎤ ⎛ 230 ⎞
Vf = ⎢ − dv ⎥ B q f ≤ Vr = ⎜ ⎟ λ φc fc′ B dv (9.18)
⎣ 2 ⎦ ⎝ 1000 + d v⎠
d'où
2dv2 + ⎡⎣ 4600k + 2000 − ( L − c ) ⎤⎦ ⋅ dv − ⎡⎣1000 ( L − c )⎤⎦ = 0 (9.19)

Cas 3 : rupture par poinçonnement, βc ≤ 2

V f = ⎡⎣ BL − ( c1 + dv ) ( c2 + dv )⎤⎦ q f ≤ Vr = 2 ( c1 + c2 + 2dv ) dv ⋅ 0.38 λ φc fc′ (9.20)

d'où
[15.2k ] dv2 + ⎡⎣( 7.6k + 1) ( c1 + c2 )⎤⎦ dv + [ c1 ⋅ c2 − BL ] = 0 (9.21)

Cas 4 : rupture par poinçonnement, βc > 2

V f = ⎡⎣ BL − ( c1 + dv ) ( c2 + dv )⎤⎦ qf
⎛ 2 ⎞ (9.22)
≤ Vr = 2 ( c1 + c2 + 2dv ) dv ⎜1 + ⎟ 0.19 λ φc f c′
⎝ βc ⎠

d'où
[7.6 k R ] dv2 + ⎡⎣( 3.8kR + 1) ( c1 + c2 )⎤⎦ dv + [ c1 ⋅ c2 − BL ] = 0 (9.23)

avec R = 1 + 2 / βc

Cas 5 : rupture par poinçonnement, tous les cas (gouverne rarement).

V f = ⎡⎣ BL − ( c1 + dv ) ( c2 + dv ) ⎤⎦ q f
⎛ 4d v ⎞ (9.24)
≤ Vr = 2 ( c1 + c2 + 2dv ) dv ⎜ + 0.19 ⎟ λ φc fc′
⎜ 2 ( c + c + 2d ) ⎟
⎝ 1 2 v ⎠

d'où
[ 48k + 1] d v2 + [ (3.8k + 1) (c1 + c2 ) ] dv + [ c1 ⋅ c2 − BL ] = 0 (9.25)

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304 Calcul des structures en béton armé

9.4 TRANSMISSION DES EFFORTS DU POTEAU À LA SEMELLE

9.4.1 Résistance de l'appui

Lorsque la surface de support est plus grande de tous les côtés que la surface chargée
(Fig. 9.7), la résistance de l'appui peut être augmentée en fonction du rapport A2 / A1 de
sorte que [10.8.1] :
Br = 0.85 φc f c′β a A1 (9.26)

A2
avec βa = ≤ 2 .0 (9.27)
A1

Si Pf ≥ Br , des barres d’ancrage supplémentaires sont requises pour transférer les efforts
du poteau vers la semelle de fondation :
P f − Br
As ≥ (9.28)
φs f y
Dans tous les cas :
As ≥ 0.005 Ag poteau (9.29)

2
1

A1 A2

Fig. 9.7 Distribution de l'effort dans la semelle

9.4.2 Barres d'ancrage ou goujons

Des barres d'ancrage doivent être utilisées pour transmettre les efforts à la semelle, tel que
l'illustre la figure 9.8. Ces barres doivent transmettre les efforts de compression qui
excèdent ce qui est transmis directement par contact ainsi que les efforts de traction qui
peuvent se développer dus à la présence d'un moment [15.9.1.3]. Dans le cas des structures
coulées en place, l'aire des barres d'ancrage doit être au moins égale à 0.5% de l'aire brute
du poteau [15.9.2.1]. De plus, ces barres doivent être ancrées correctement dans la semelle

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Fondations : Semelles isolées et murs de soutènement 305

et dans le poteau. Les barres d'ancrage doivent avoir un diamètre qui n'excède pas de plus
d'un échelon celui des barres du poteau [15.9.2.3].

As ≥ 0,005 Ag Longueur de chevauchement


selon [12.15 ou 12.16]

≥ 150

≥ 75

Ancrage en traction ou
compression selon le cas [mm]

Fig. 9.8 Transmission des efforts par les barres d'ancrage

9.4.3 Considérations pratiques

La dimension de la semelle au-dessus de l'acier tendu doit être de 150 mm ou plus [15.7]
pour les semelles sur le sol. Le recouvrement minimal pour le lit inférieur d'armature est de
75 mm [6.6.6.2, tableau 17].

Les barres d'ancrage doivent préférablement être terminées d'un crochet et positionnées au-
dessus du lit d'armature afin de garantir leur positionnement adéquat dans la semelle.

EXEMPLE 9.1
On doit concevoir une semelle pour un poteau rectangulaire de 1000 × 500 mm. On a
deux conditions de chargement agissant séparément mais dans deux directions
orthogonales. Les efforts sont donnés au tableau 9.2.

Tableau 9.2 Efforts à la base du poteau

Charges d'utilisation Efforts non-pondérés Efforts pondérés


Cas de
charge PD PL ML P M Pf Mf

1 5000 2000 250 7000 250 9250 375


2 5000 1000 900 6000 900 7750 1350

La semelle est recouverte de 500 mm de gravier (γs = 22 kN/m3), d'une dalle au sol
de 150 mm, le tout devant supporter une surcharge de ql = 7.2 kN/m2. La pression
admissible au sol est qadm = 350 kPa.

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306 Calcul des structures en béton armé

Solution

a) Calcul des dimensions minimales de la semelle (efforts non pondérés)


Pmax non pondéré 7000
Asemelle ≥ = = 20 m 2
qadm 350

Choix : Semelle 6 × 4 m

En général on appliquera le cas de chargement avec le moment fléchissant le plus


élevé (excentricité maximale) dans la direction la plus longue de la semelle. Ainsi on
choisit que la direction 1 correspond au cas de chargement 1, où L = 4 m et B = 6 m;
alors que la direction 2 correspond au cas de chargement 2, où L = 6 m et B = 4 m.

Vérifications

i) Pression sur le sol

P1 6M 1 7000 6 × 250
qf max 1 = + = + = 292 + 16 = 308 kPa
BL BL2 4 × 6 6 × 42

P2 6M 2 6000 6 × 900
qf max 2 = + + = 250 + 38 = 288 kPa
BL BL2 4 × 6 4 × 62

Poids provenant du sol, de la dalle et des charges au sol :

qo = e ⋅ γ s ⋅ h ⋅ γ c +ql =0.5 ⋅ 22 + 0.15 ⋅ 24 + 7.2 = 21.8 kPa

Contrainte maximale totale au sol (sans le poids de la semelle) :


qo + q f m ax ≤ qadm
⇒ OK
22+308 = 330 kPa ≤ 350 kPa

ii) Soulèvement
Vérification si la semelle travaille uniquement en compression, soit e = M/P ≤ L/6
Direction 1 :
e1=M 1 /P1=250 / 7000 = 0.036 m < 4.0 / 6 = 0.67 m ⇒ OK

Direction 2 :
e1=M 1 /P1=900 / 6000 = 0.15 m < 6.0 / 6 = 1.0 m ⇒ OK

b) Choix de l'épaisseur de la semelle (efforts pondérés)

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Fondations : Semelles isolées et murs de soutènement 307

Pf 6M f
qf = +
BL BL2
9250 6 × 375
q f1 = + = 385 + 23 = 408 kPa = 0.408 MPa
4 × 6 6 × 42
7750 6 × 1350
q f2 = + = 323 + 56 = 379 kPa = 0.379 MPa
4×6 4 × 62
Donc qf max = qf1 = 0.41 MPa

Pour la résistance en cisaillement, on obtient :

i) Direction 1, rupture de type poutre

k = 0.1× φc f c' / q f 1 = 0.1× 0.65 30 / 0.41 = 0.868 Éq. 9.14

Cas 1 : Avec h ≤ 350 mm ou h > 350 mm avec 583 ≤ dv

4000 − 500
dv ≥ = 620 mm Éq. 9.16
2 ⋅ (1 + 2.1× 0.868)

Valeur applicable selon les conditions initiales du cas 1. De plus avec


k < 0.952, le cas 1 gouverne. Le cas 2 n'a pas besoin d'être vérifié.

Cas 2 : Avec h > 350 mm et 583 ≤ dv (vérifié pour illustration seulement)

2 ⋅ dv 2 + [ 4600 × 0.868 + 2000 − 3500] ⋅ d v − [1000 × 3500] = 0 Éq. 9.18

2 d v2 + 2493d v − 3.5 × 106 = 0

−2493 ± 24932 + 4 × 2 × 3.5 ×106


dv ≥
4

d v ≥ 839 mm

Valeur applicable selon les conditions initiales du cas 2.

ii) Direction 2, rupture de type poutre

k = 0.1× φc f c' / q f 2 = 0.1× 0.65 30 / 0.38 = 0.937 Éq. 9.14

Cas 1 : Avec h ≤ 350 mm ou h > 350 mm avec 833 ≤ dv

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308 Calcul des structures en béton armé

6000 − 1000
dv ≥ = 842 mm Éq. 9.16
2 × (1 + 2.1× 0.937)

Valeur applicable selon les conditions initiales du cas 1. De plus avec


k < 0.952, le cas 1 gouverne. Le cas 2 n'a pas besoin d'être vérifié.

Cas 2 : Avec h > 350 mm et 833 ≤ dv (vérifié pour illustration seulement)

2 ⋅ dv 2 + [ 4600 × 0.937 + 2000 − 5000] ⋅ dv − [1000 × 5000] = 0 Éq. 9.18

2 d v2 + 1310 d v − 5.0 × 106 = 0

−1310 ± 13102 + 4 × 2 × 5.0 ×106


dv ≥
4

d v ≥ 1287 mm

Valeur non applicable selon les conditions initiales du cas 2.

iii) Rupture par poinçonnement

βc = c2 / c1 = 1000 / 500 = 2

R = 1 + 2 /βc = 1 + 2 / 2 = 2

Cas 3 : Avec βc ≤ 2 et k direction 1

15.2 ⋅ k ⋅ d v2 + [ (7.6k + 1) ⋅ (c1 + c2 )] ⋅ dv + [ c1 ⋅ c2 − B ⋅ L ] = 0 Éq. 9.21

15.2 × 0.868 × dv2 + [ (7.6 × 0.868 + 1) × (500 + 1000)] × dv + ...


... + [500 ×1000 − 4000 × 6000] = 0

13.19 dv2 + 11395 dv − 23.5 ×106 = 0

dv ≥ 971 mm

Valeur applicable selon les conditions initiales du cas 3.

Cas 4 : Avec βc > 2 et k direction 1


Cas non applicable selon les conditions initiales du cas 4.

Cas 5 : Type de rupture toujours applicable

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Fondations : Semelles isolées et murs de soutènement 309

[ 48k + 1] ⋅ dv2 + [(3.8k + 1) ⋅ (c1 + c2 ] ⋅ dv + [c1 ⋅ c2 − BL] = 0 Éq. 9.25

[ 48 × 0.868 + 1] × dv2 + [(3.8 × 0.868 + 1) × (500 + 1000)] × dv + ...


... + [500 ×1000 − 4000 × 6000] = 0

42.66d v2 + 6448d v − 23.5 × 106 = 0

dv ≥ 671 mm

La valeur minimale de dv est égale à la valeur maximale obtenue précédemment, soit


971 mm. La valeur de 971 mm sera choisie pour dv et donc une valeur de 1079 mm
pour d. Comme la valeur de d représente ici la position du lit moyen d’armature, les
lits supérieurs et inférieurs pour des barres No 25 seront situées à :
d1 = dmoy – db/2 = 1079 - 25/2 = 1067 mm car M1 < M2
d2 = dmoy + db/2 = 1079 + 25/2 = 1092 mm car M1 < M2

On utilise les valeurs de d égales à 1050 mm et 1075 mm dans les calculs pour les
directions 1 et 2 respectivement. La profondeur totale minimale est égale à :
hmin = dmax + db/2 + c = 1075 + 25/2 + 75 = 1162 mm

On choisit une profondeur de 1200 mm.

c) Résistance en flexion : lit supérieur, direction 1 avec d1 = 1050 mm


z = (L1 -c1 )/2 = (4000 − 500) / 2 = 1750 mm

M f = B ⋅ q f 1max ⋅ z 2 / 2

M f = 6.0 × (408 ×1.75 2 ) / 2 = 3749 kN ⋅ m

Mf 3749 ×106
As ≥ = = 11670 mm 2
φs f y × 0.9d 0.85 × 400 × 0.9 ×1050

As min = 0.002 Ag = 0.002 ×1200 × 6000 = 14400 mm 2

Donc on utilise Asmin.

Pour une semelle rectangulaire, une partie plus grande de l'acier doit être située dans
la bande du poteau de la direction la plus courte de la semelle :
⎛ 2 ⎞
As −bande = ⎜⎜ ⎟⎟ As −total où β = 6 / 4 = 1.5
⎝ β +1⎠

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310 Calcul des structures en béton armé

⎛ 2 ⎞ 2
As −bande = ⎜ ⎟ ×14400 = 11520 mm sur 4 m
⎝ 1.5 + 1 ⎠
On choisit des barres No 25 : 11 520 / 500 = 24 barres @ 160 mm = 12 000 mm2

L'acier restant à chacune des extrémités :

As − ext. = ( As − As −bande ) / 2 = (14400 − 12000) / 2 = 1200 mm 2


Avec 3 − No 25 à chaque extrémité, As − ext. = 1500 mm 2
Choix : 24 + 2 × 3 = 30 barres No 25, soit 15 000 mm2

⎛ φ s As f y ⎞
M r = φ s As f y (d − a / 2) = φ s As f y ⎜⎜ d − ⎟

⎝ 2 α 1 φ c f ′
c b ⎠
⎛ 0.85 ×15 000 × 400 ⎞ −6
M r = 0.85 ×15 000 × 400 × ⎜1050 − ⎟ ×10
⎝ 2 × 0.805 × 0.65 × 30 × 6000 ⎠
= 5217 kN ⋅ m ≥ M f = 3 749 kN ⋅ m

d) Résistance en flexion : lit inférieur, direction 2 avec d2 = 1075 mm

z = (L2 -c2 )/2 = (6000 − 1000) / 2 = 2500 mm

M f = L ⋅ q f 2max ⋅ z 2 / 2

M f = 4.0 × (379 × 2.52 ) / 2 = 4738 kN ⋅ m .

Mf 4738 ×106
As ≥ = = 14400 mm 2
φs f y × 0.9d 0.85 × 400 × 0.9 ×1075

As min = 0.002 Ag = 0.002 ×1200 × 4000 = 9 600 mm 2

Choix : 30 – No 25 = 15 000 mm2


⎛ φ s As fy ⎞
M r = φ s As f y (d − a / 2) = φ s As f y ⎜⎜ d − ⎟
⎝ 2α 1 φc f c′ b ⎟⎠

⎛ 0.85 × 15 000 × 400 ⎞ −6


M r = 0.85 ×15 000 × 400 × ⎜1075 − ⎟ ×10
⎝ 2 × 0.805 × 0.65 × 30 × 4000 ⎠
= 5275 kN ⋅ m ≥ M f = 4 738 kN ⋅ m

e) Résistance de l'appui

Surface de contact : A1 = 1.0 × 0.5 = 0.5 m2

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Fondations : Semelles isolées et murs de soutènement 311

4000 − 500
Distance au bord libre : = 1750 mm
2
Surface diffusée du cône : 1750 / 2 = 875 < 1200 mm

Donc le cône touche au bord de la semelle avant d’atteindre le fond de la semelle.

A2 = (1.75 × 2 + 0.5) × (1.75 × 2 + 1.0) = 4.0 × 4.5 = 18.0 m2

A2 18
βa = = = 6 .0 > 2 .0 ⇒ On prend β a = 2.0
A1 0.5

Br = 0.85 ⋅φc ⋅ fc′ ⋅ βa ⋅ A1


= 0.85 × 0.65 × 30 × 2.0 × 500 ×1000/1000 = 16575 kN ≥ Pf = 9250 kN

Puisque que Br ≥ Pf, il n’est pas requis d’ajouter des barres d’ancrage
supplémentaires. Il faut cependant s’assurer que la quantité de barres d’ancrage dans
le poteau respecte :

As ≥ 0.005 Ag poteau = 0.005 × 1000 × 500 = 2500 mm 2

Choix : 5 – No 25 = 2500 mm2

f) Ancrage et disposition des barres

Barres No 25 : longueur d'ancrage en flexion dans la semelle

ld = 0.45 f y db / fc′ = 0.45 × 400 × 25 / 30 = 822 mm


< 1750 mm (largeur libre dans la semelle à côté du poteau)

Barres No 25 : longueur d'ancrage en compression des barres d’ancrage traversant le


poteau et la semelle
ldb = 0.24 db f y / fc′ = 0.24 × 25 × 400 / 30 = 438 mm

Selon le Tableau 16 [A6.6.2.3], le diamètre de pliage = 150 mm

Même si cela n'est pas requis, les barres d’ancrage No 25 traversant le poteau et la
semelle seront terminées d'un crochet avec une extrémité d’une longueur supérieure
à 12db afin de s'assurer de leur position dans le coffrage. On choisit une extrémité de
crochet de 300 mm.

Dans le poteau, la longueur minimale pour le chevauchement en compression est


donnée par [12.16.1] :
lc = 0.073 fy db = 0.073 × 400 × 25 = 730 mm > 300 mm.

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312 Calcul des structures en béton armé

On choisit une longueur de chevauchement de 750 mm.

g) Armature de peau

La norme demande une armature de peau pour les surfaces exposées. Pour des
armatures positionnées à 75 mm de la surface, on obtient (voir section 10.2.4):

x=cr +dbarre /2 = 75+25/2= 87.5mm

4x ≤ hs x ≤ 300 mm
Acs = 2 x ⋅1000 = 4 ⋅ 87.5 ⋅1000 = 175000 mm 2 / m pour une surface

Ask = ρ sk ⋅ Acs = 0.01 ⋅175000 = 1750 mm 2 / m

Soit des barres No 15 @ 110 mm dans chacune des directions

h) Remarques finales

La profondeur totale de la semelle est de 1200 mm


En flexion, on a : 30 – No 25 de 3850 mm pour le lit supérieur
30 – No 25 de 5850 mm pour le lit inférieur
Les barres d'ancrage : 5 – No 25 : 750 mm dans le poteau (chevauchement),
1038 mm verticalement dans la semelle (dmin-φbarre/2), une
circonférence de pliage de 118 mm (πd/4) et une extrémité
de crochet de 300 mm, soit une longueur totale de 2206
mm.
Armature de peau: No 15 @ 110 dans les deux directions sur les 5 faces
latérales et supérieure de la semelle.

Le plan de l'armature est montré à la figure 9.9.

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Fondations : Semelles isolées et murs de soutènement 313

Pf = 7000 kN

Mf = 250 kN•m
500
f'c = 40 MPa Poteau 1000 x 500
Acier: 8 No 30
f'c = 30 MPa 5 No 25 1788
300

1200

> 75

3 No 25 1000

30 No 25

4000

30 No 25

3 No 25 1000

A2 1750

875
1025

[mm]

Fig. 9.9 Solution de l'exemple 9.1

9.5 MURS DE SOUTÈNEMENT

9.5.1 Pression active

Les murs de soutènement servent à retenir le poids du sol et des charges supportées par
celui-ci. Le calcul des pressions dues au sol relève de la géotechnique et ne sera abordé ici
que sommairement. La figure 9.10 présente les principaux paramètres requis pour calculer
la pression active Pa agissant sur un mur. La pression active représente une pression
hydrostatique équivalente qui permet de considérer le sol comme un liquide appliquant une
pression horizontale réduite. Les paramètres sont (Bowles, 1996):

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314 Calcul des structures en béton armé

1. L'angle de friction interne du remblai est φ.


2. L'angle de frottement entre la paroi et le sol est δ.
3. Le matériau a un poids volumique égal à γs (en kN/m3).

2
x Pa=1/2 γs H Ka
δ
H

pa(x)=Kaγs x
α

Fig. 9.10 Pression active

La pression active exercée par le sol est donnée par:

pa ( x) = K a γ s x (9.30)
où Ka est le coefficient de pression active, un paramètre propre à chaque sol donné par:

sin 2 (α + φ )
Ka = (9.31)
⎡ sin(φ + δ ) sin(φ − β ) ⎤
sin 2 α sin(α − δ ) ⎢1 + ⎥
⎣ sin(α − δ ) sin(α + β ) ⎦

Dans le cas particulier où β = δ = 0 et α = 90o (un mur vertical lisse avec un remblai
horizontal de même hauteur que le mur), l'équation 9.31 se simplifie:

1 − sin φ ⎛ φ⎞
Ka = = tan 2 ⎜ 45o − ⎟ (9.32)
1 + sin φ ⎝ 2⎠

9.5.2 Efforts agissant sur les murs de soutènement

Le coefficient de pression active Ka n'affecte que les forces exercées sur les parois
verticales. Les pressions agissant sur un mur de soutènement vertical sont illustrées sur la
figure 9.11.

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Fondations : Semelles isolées et murs de soutènement 315

hm

ps

Ps

hs

τs qs

a) Pression horizontale sur le mur b) Pression verticale

Fig. 9.11 Pressions sur un mur de soutènement

Les semelles des murs de soutènement résistent principalement à des efforts de flexion. La
grandeur de ces moments est fonction de la géométrie de la semelle et de la rigidité du sol.
La figure 9.12a présente le cas d'un mur où la semelle est située entièrement du côté
intérieur. Dans ce cas, la semelle est soumise uniquement à un moment de flexion négatif.
Pour une semelle excentrée, où la semelle déborde du côté avant du mur (Fig. 9.12b), celle-
ci sera soumise à un moment positif du côté avant et un moment négatif du côté arrière.

Dans le cas d'une semelle intérieure, le moment à la base du mur est totalement résisté par
la semelle, comme le montre la figure 9.13a. On a dans ce cas :

M semelle = M mur (9.33)

Dans le cas d'une semelle excentrée, le moment à la base du mur est résisté en partie en
flexion positive et en partie en flexion négative (Fig. 9.13b) :

M mur = M semelle + M semelle (9.34)


arriere avant

La proportion entre ces moments est fonction de la géométrie sélectionnée par le


concepteur.

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316 Calcul des structures en béton armé

Remblai Remblai
ou
Géométrie réservoir

Forces externes

Ps Ps

qs qs

Moments fléchissants

Disposition de l'armature

a) Semelle intérieure a) Semelle excentrée

Fig. 9.12 Efforts dans les murs de soutènement

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Fondations : Semelles isolées et murs de soutènement 317

Mmur Mmur

Msemelle
avant

Msemelle Msemelle
a) Semelle intérieure b) Semelle excentrée arrière

Fig. 9.13 Moments dans les semelles

9.5.3 Dimensionnement des murs de soutènement

La géométrie des murs de soutènement varie selon les applications. Bowles (1996) propose
des dimensions usuelles montrées sur la figure 9.14a. Une fois les dimensions fixées, les
forces horizontales et verticales peuvent être calculées. La force résultante horizontale
causée par la pression active doit inclure la composante agissant sur la totalité du mur et
dans la semelle. Cette force agit au tiers inférieur de la hauteur totale (hm + hs ) . D'autres
forces horizontales peuvent également agir sur le mur selon l'application considérée (ex. Fh
Fig. 9.14).

Les forces verticales comprennent: le poids propre du mur (Wm) et de la semelle (Ws), le
poids du remblai devant (Wr-ar) et derrière le mur (Wr-av) au-dessus de la semelle, et toute
autre charge verticale qui pourrait être agir directement sur le mur (ex. Fv Fig. 9.14).

Pour déterminer la distribution des pressions sous la semelle, la résultante des forces
verticales (P) doit être combinée à la pression causée par le moment résultant. Il est usuel
pour les murs de calculer les résultantes des moments par rapport au point O (Fig. 9.14) et
de distinguer les forces de renversement des forces stabilisatrices.

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318 Calcul des structures en béton armé

Fv
Fh

bm

Wm
Wr-ar
hm + hs
H hr-av
Frh-ar
H/12 a H/10 Frh-av Wr-av
hr-av Ws

O
L/3 Lav Lar
L=0.4H a 0.7H L

qsi
qse

a) Geometrie b) Resultantes et pression sur le sol

Fig. 9.14 Forces résultantes sur une semelle excentrée

La résultante des forces verticales est égale à:

Rv = Wr − ar + Wr − av + Wm + Ws + Fv (9.35)

Wr − ar = hr − ar Lar γ r
Wr − av = hr − av Lav γ r
(9.36)
Wm = hm bm γ c
Ws = hs L γ c

La résultante des forces horizontales est:

Rh = Frh − ar + Fh − Frh − av (9.37)



K a γ r (hr − ar + hs )2 K a γ r (hm + hs ) 2
Frh − ar = =
2 2 (9.38)
K γ (h + h )2
Frh − av = a r r − av s
2

Le moment de renversement par rapport au point O est donné par:

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Fondations : Semelles isolées et murs de soutènement 319

M renv = Fh (hm + hs ) + Frh − ar (hm + hs ) / 3


(9.39)
= Fh (hm + hs ) + 1 6 γ r K a (hm + hs )3

Le moment stabilisateur par rapport au point O est donné par:

M stab = (Wm + Fv )( Lav + bm / 2) + Wr − av ( Lav / 2)


+ Wr − ar ( L − Lar / 2) + Ws L / 2 + Frh − av (hr − av + hs ) / 3
(9.40)
= (Wm + Fv )( Lav + bm / 2) + Wr − av ( Lav / 2)
+ Wr − ar ( L − Lar / 2) + Ws L / 2 + 1 6 γ r K a (hr − av + hs )3

Le moment par rapport au centre de la semelle est donné par:

M sem = ( M renv + Rv L / 2 − M stab ) (9.41)

Les contraintes qse et qsi aux extrémités de la semelle (Fig. 9.14b) sont ensuite calculées en
appliquant les équations présentées sur la figure 9.2.

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CHAPITRE 10

EFFORTS DANS LES SYSTÈMES CONTINUS UNIDIRECTIONNELS

10.1 CONTINUITÉ DANS LES STRUCTURES EN BÉTON ARMÉ

Les structures en béton armé coulées en place forment généralement des systèmes
monolithiques constitués de poutres, dalles, poteaux et murs liés les uns aux autres. Les
structures isostatiques sont donc plutôt l'exception, sauf dans le cas des structures
préfabriquées. Ainsi, l'analyse des efforts doit refléter la réalité et prendre en considération
la continuité inhérente aux structures en béton armé. Dans beaucoup de situations, les
éléments structuraux résistant aux charges de gravité peuvent être traités indépendamment
des systèmes de résistance aux charges latérales. Lorsque le système de résistance aux
charges latérales est constitué de murs rigides, comme illustré sur la figure 10.1a, on
assume que les cadres, formés des poutres et colonnes, résistent uniquement aux charges de
gravité. Les deux systèmes sont donc analysés et calculés séparément. Lorsque seul le
système d'ossature spatiale résiste aux forces latérales et verticales (Fig. 10.1b) les deux
groupes de charges doivent être traités simultanément.

Mur de
refend

a) Cadre contreventé b) Cadre rigide

Fig. 10.1 Systèmes de résistance aux charges latérales

Ce chapitre se limite uniquement aux systèmes horizontaux de dalles et poutres


unidirectionnelles supportant uniquement des charges de gravité. Les dalles portant dans
une seule direction se rencontrent couramment dans les structures de béton. On dit qu'une
dalle porte dans une direction lorsque les charges sont amenées aux appuis par flexion
selon une direction principale, comme l’illustre la figure 10.2. Une dalle est ainsi supportée
sur plusieurs appuis, orientés transversalement à la direction dans laquelle porte la dalle. À
leur tour, ces appuis, souvent des poutres, transmettent les charges de façon
unidirectionnelle vers d'autres éléments porteurs.
322 Calcul des structures en béton armé

Dalle unidirectionnelle

D A
F
Poutre C

G
Poutre de rive P

Fig. 10.2 Cheminement des efforts dans une dalle unidirectionnelle

Dans ces systèmes, on assume que les éléments porteurs travaillent indépendamment les
uns des autres. La norme A23.3 spécifie qu’une dalle est considérée comme
unidirectionnelle lorsque le rapport des longueurs des côtés longs et courts des dalles est
supérieur ou égal à 2.0. Les dalles des planchers montrés sur la figure 10.3 portent dans
une seule direction. Il en va de même pour les planchers montrés sur la figure 1.3a et 1.3c.

Poteau

A A

Poutres
secondaires

Dalle
unidirectionnelle

Poutre principale

Section A-A

Fig. 10.3 Systèmes de planchers unidirectionnels

10.2 MOMENTS DANS LES POUTRES CONTINUES

Les moments et efforts tranchants dans les poutres continues dépendent de la rigidité
relative entre les éléments. Pour une poutre encastrée à ses deux extrémités, les moments
sont donnés par les relations présentées sur la figure 10.4. Si l'encastrement n'est pas
parfait, les moments négatifs diminuent et le moment positif augmente.

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Efforts dans les systèmes continus unidirectionnels 323

-wl2
-wl
2
8 -w l 2
MA- = MB- =
12 12

-w l 2
MB+ =
24
Encastrements parfaits
MB-

MA- wl 2
8

Mmax l /2
Encastrements imparfaits

Fig. 10.4 Poutre encastrée

Lorsque les moments aux extrémités d’une poutre continue sont connus, le moment le long
de la poutre est donné par la somme des moments aux extrémités et les moments causés par
la force appliquée. Dans ce cas, les moments sont exprimés en valeur algébrique :
2
⎛ x⎞ ⎛ x ⎞ wL ⎛ x ⎞⎛ x ⎞
M ( x ) = M A ⎜1 − ⎟ + M B ⎜ ⎟ + ⎜ ⎟⎜1 − ⎟ (10.1)
⎝ L⎠ ⎝ L⎠ 2 ⎝ L ⎠⎝ L ⎠

(M B − M A ) ⎛1 x⎞
V ( x) = + wL⎜ − ⎟ (10.2)
L ⎝2 L⎠

Pour toutes les structures, la somme des moments au centre de la poutre est toujours égale
au moment statique, comme illustré sur la figure 10.5.

Pour un système de poutres continues, on doit effectuer une analyse structurale pour
déterminer les moments aux extrémités des poutres et poteaux. L'obtention du moment
maximal dans un système continu ne survient pas nécessairement lorsque toutes les travées
sont chargées. Outre la charge permanente provenant du poids propre de la structure qui se
trouve sur toutes les travées, les charges vives et certaines charges mortes additionnelles
doivent être appliquées sur un certain nombre de travées afin d'obtenir les moments
maximaux.

© Bruno Massicotte Hiver 2013


Utilisation restreinte à l'enseignement du cours GCI-2004 Université Laval
324 Calcul des structures en béton armé

-
MA
MA
A C
+
x +

MB MB
A + C
w +

A wl 2 MSA
C
8

Fig. 10.5 Superposition des efforts le long d’une poutre encastrée

Pour obtenir le moment positif maximal dû à la charge vive uniquement, on ne doit pas
charger la travée adjacente (Fig. 10.6a). Ceci cause également le moment négatif maximal
en travée pour la travée voisine. Le moment négatif maximal à un appui est obtenu en
chargeant les deux travées adjacentes à cet appui (Fig. 10.6b).
Charge vive

A B C

-
MBC

+
MABmax
a) Moment positif maximal

Charge vive (ou charge permanente)

A B C

-
MBmax
b) Moment négatif maximal

Fig. 10.6 Cas de charges critiques associés à la charge vive

À ces moments dus aux charges vives ou aux charges permanentes additionnelles non
uniformes, il faut ajouter ceux du poids propre et autres charges permanentes qui agissent sur
toutes les travées. Ces dernières observations sont généralisées sur la figure 10.7.

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Efforts dans les systèmes continus unidirectionnels 325

+
MLmax

-
MLmax

MD

Fig. 10.7 Combinaison des charges mortes et des charges vives

Le premier exemple montre que le moment maximal dû aux charges vives requiert le
chargement de travées alternées. Toutefois, la contribution des efforts provenant de travées
éloignées de plus de deux travées de celle où l’on détermine les efforts est très minime.

10.3 ENVELOPPES DES CHARGEMENTS CRITIQUES

L'analyse de systèmes continus unidirectionnels peut devenir rapidement laborieuse. C'est


pourquoi la norme A23.3 suggère des valeurs maximales des efforts pour les systèmes à
géométrie régulière. Les moments et efforts tranchants maximaux provenant des
combinaisons et chargements critiques prennent la forme suivante :

M f = Cm w f ln2 (10.3)

w f ln
V f = Cv (10.4)
2

où ln est la longueur nette (libre) entre les appuis pour V et M+ alors que l’on utilise la
moyenne des longueurs nettes libres des travées adjacentes pour M - .

Les limites d'application spécifiées dans la norme [9.3.3] sont résumées au tableau 10.1.
Cette méthode simplifiée approximative s'applique tant aux poutres continues, aux dalles
continues, qu'aux cadres rigides supportant uniquement des charges de gravité.

Tableau 10.1 Limites d’application de l’article 9.3.3

Il y a au moins deux travées


Les portées sont de longueur similaire : ln max / ln min ≤ 1.2 pour des travées adjacentes
Les charges sont uniformes
wLf ≤ 2 wDf
Les sections sont prismatiques

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Utilisation restreinte à l'enseignement du cours GCI-2004 Université Laval
326 Calcul des structures en béton armé

Les facteurs proposés par la norme [9.3.3] sont donnés au tableau 10.2 alors que la
terminologie est indiquée sur la figure 10.8. Pour le moment positif ou le moment négatif à
un appui extérieur, ln est la portée nette à la face des appuis. Pour le moment négatif à un
appui intérieur, ln est la moyenne des portées nettes adjacentes.

Tableau 10.2 Coefficients pour les moments et efforts tranchants

Facteur
Effort Section multiplicateur
Cm ou Cv

• Travée extérieure : extrémité discontinue simplement


1 / 11
supportée
Moment positif • Travée extérieure : extrémité discontinue solidaire
1 / 14
avec l’appui
• Travée intérieure 1 / 16

• Face externe du premier appui interne : 2 portées 1/9


• Face externe du premier appui interne : plus de 2
1 / 10
portées
• Autres faces des appuis intérieurs 1 / 11
Moment négatif
• Face interne de l’appui externe : solidaire à une
1 / 24
poutre
• Face interne de l’appui externe : solidaire à un poteau
1 / 16
• Face externe du premier appui interne 1.15
Effort tranchant
• Tous les autres appuis 1

Extrémité Travée extérieure Travée intérieure


discontinue

Face intérieure de Face extérieure du Autres faces des


l'appui extérieur premier appui intérieur appuis intérieurs

Appui
extérieur
Solidaire avec Solidaire avec Simplement
l'appui (poteau) l'appui (poutre) supporté

Fig. 10.8 Terminologie associée au tableau 10.2

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Utilisation restreinte à l'enseignement du cours GCI-2004 Université Laval
Efforts dans les systèmes continus unidirectionnels 327

Dans la norme, on ne spécifie pas la valeur de Cv pour le calcul de Vf à mi-portée. On peut


cependant considérer que la charge vive s’applique uniquement sur la moitié de la travée.
Dans ce cas, l’effort tranchant à mi-portée pour une travée intérieure est égal à :

w Lf l n
Vf = (10.5)
8

Pour une travée d’extrémité, on utilise le plus grand de l’expression 10.5 ou de la valeur
suivante :
w f ln
V f = 0.15 (10.6)
2

EXEMPLE 10.1

Le système structural montré sur la figure 10.9 est formé d'une dalle sur poutres. Les
poteaux sont de dimension 600 × 600 mm. La dalle a une épaisseur de 140 mm, la
charge permanente additionnelle est de 1.30 kPa et la charge vive est égale à 2.4 kPa.
Les poutres attachées aux colonnes ont une largeur de 600 mm alors que celles
supportées sur les poutres ont une largeur de 300 mm. La hauteur des poutres et des
poutrelles est fixée à 500 mm. On désire faire l’analyse des efforts sur une bande de
dalle d’un mètre de largeur, dans la direction N-S.

1 2 3 4

7200
7500 7500 7500 SYM
A

3200
3500
300

3500
600 1000

3500

3500

E
SYM
[mm]

Fig. 10.9 Plancher de l’exemple 10.1

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Utilisation restreinte à l'enseignement du cours GCI-2004 Université Laval
328 Calcul des structures en béton armé

Solution

a) Charge uniforme sur 1 m de largeur


wDdalle = h ⋅ b ⋅ γ c = 0.140 × 1.0 × 24.0 = 3.36 kN/m
wDf = 1.25 ⋅ (wDdalle +qD ⋅ b) = 1.25 ⋅ (3.36+1.3 × 1.0) = 5.83 kN/m
wLf = 1.5 ⋅ (qL ⋅ b) = 1.5 ⋅ (2.4 × 1.0) = 3.6 kN/m
w f = 5.83+3.6 = 9.43 kN/m

b) Efforts dans la dalle (Fig. 10.10)

A B C D E

2750 3050 3050 3050


600 300 600 300 600
3500 3500 3500 3500

1/24 1/10 1/11 1/11 1/11 1/11 1/11 1/11 1/11


Cm-

+
Cm
1/14 1/16 1/16 1/16

1 1 1 1 1
Cv
1,15 1 1 1

Fig. 10.10 Répartition des efforts dans la dalle

M A− = −1 / 24 × 9.43 × 2.752 = −2.97 kN⋅ m/m


+
M AB = 1 / 14 × 9.43 × 2.75 2 = +5.09 kN⋅ m/m

⎛ 2.75 + 3.05 ⎞
ln = ⎜ ⎟ = 2.90 ⋅ m
⎝ 2 ⎠

M Bg = −1/10 × 9.43 × 2.902 = −7.93 kN ⋅ m/m


M Bd = −1/11× 9.43 × 2.902 = −7.21 kN ⋅ m/m
+
M BC = 1 / 16 × 9.43 × 3.052 = +5.48 kN ⋅ m/m

M C− = −1 / 11× 9.43 × 3.05 2 = −7.98 kN ⋅ m/m

VA = 1 × 9.43 × 2.75 / 2 = 12.97 kN/m


VBg = 1.15 × 9.43 × 2.75 / 2 = 14.91 kN/m

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Utilisation restreinte à l'enseignement du cours GCI-2004 Université Laval
Efforts dans les systèmes continus unidirectionnels 329

VBd = Vc = 1 × 9.43 × 3.05 / 2 = 14.38 kN/m

• Note :
wDf = 5.83 kN/m wLf = 3.6 kN/m [9.3.3 d] ⇒ 3.6 < 2 × 5.83 = 11.66

ln max = 3050 mm ln min = 2750 mm [9.3.3 b] ⇒ 3050/2750 = 1.11 < 1.2

EXEMPLE 10.2

On désire calculer les moments et les efforts tranchants dans la poutre de l'axe B du
plancher de l’exemple 10.1.

Solution

a) Charges
L’effort tranchant dû à la dalle agissant de chaque côté de la poutre d l’axe B est égal
à (Exemple 10.1) :

VBg = 14.91 kN/m et VBd = 14.38 kN/m.

La charge totale supportée par la poutre de l’axe B est la somme de ces efforts
tranchants à laquelle s’ajoute le poids propre de la poutre et les charges au-dessus de
celle-ci :

wDf poutre = 1.25 ⋅ bhMVc + 1.25 ⋅ bqD = 1.5 × 0.5 × 0.3 × 24 + 1.25 × 0.3 ×1.3 = 4.99 kN/m
wLf poutre = 1.5 ⋅ bqL = 1.5 × 0.3 × 2.4 = 1.08 kN/m

Le poids de la dalle au-dessus de la poutre ainsi que les charges qui s’y appliquent
sont considérés dans le calcul de VBd et VBg.

w f = 14.91 + 14.38 + 4.99 + 1.08 = 35.36 kN/m

On peut vérifier que :

wDf = wDfpoutre +VBg causé par wDF +VBd causé par wDf = 4.99+9.21+8.88 = 23.10
kN/m wLf = wLfpoutre +VBg causé par wLF +VBd causé par wLf =1.08 + 5.69 + 5.49 =
12.3 kN/m

[9.3.3 d] : 12.3 < 2 × 23.1 wf = 23.1 + 12.3 = 35.4 kN/m

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Utilisation restreinte à l'enseignement du cours GCI-2004 Université Laval
330 Calcul des structures en béton armé

b) Efforts

1 2 3

6600 6600
6900
600 600 600
1/11 1/11
1/24 1/10

Cm-

+
Cm

1/14 1/16

1 1

Cv
1
1,15

Fig. 10.11 Répartition des efforts sur la poutre de l’axe B

En se référant à la figure 10.11, on obtient :

M f = Cm × w f × ln 2

M 1− = 1 / 24 × 35.4 × 6.6 2 = −64.3 kN ⋅ m

M 1+,2 = 1 / 14 × 35.4 × 6.6 2 = 110.1 kN ⋅ m

⎛ 6.6 + 6.9 ⎞
ln = ⎜ ⎟ = 6.75 m
⎝ 2 ⎠

M 2g = −1/10 × 35.4 × 6.752 = −161.3 kN⋅ m


M 2d = −1/11× 35.4 × 6.752 = −146.6 kN ⋅ m

M 2+,3 = 1 / 16 × 35.4 × 6.9 2 = 105.3 kN ⋅ m

M 3− = −1 / 11 × 35.4 × 6.9 2 = −153.2 kN ⋅ m

6.6
V1 = 1× 35.4 × = 116.8 kN
2
⎛ 6.6 6.6 ⎞
V1,2 max = ⎜ 0.15 × 35.4 × = 17.5 kN ; 12.3 × = 10.15 kN⎟ = 17.5kN
⎝ 2 8 ⎠

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6.6
V2g = 1.15 × 35.4 × = 134.3 kN
2
6.9
V2d = 1.0 × 35.4 × = 122.1 kN
2
6.9
V2,3 = 12.3 × = 10.61 kN
8

10.4 CHARGES CONCENTRÉES

Les facteurs donnés à l'article [9.3.3] ne s'appliquent pas au cas des charges concentrées.
Dans ce cas, on doit normalement procéder à une analyse structurale. Les tableaux 1.15 à
1.17 du CDH (p.1.66) peuvent être très utiles à cet égard. On peut cependant adapter les
valeurs données à l’article [9.3.3] aux charges concentrées en attribuant à celles-ci, la même
répartition entre le moment positif et négatif, tout en conservant le moment statique.
Évidemment, la structure et les charges doivent respecter les limites associées à [9.3.3], tel
qu’indiqué au tableau 10.1. Pour une charge uniforme le moment l'équation 10.3 peut être
réécrite en fonction du moment statique:

M f = 8Cm M 0 (10.7)

M 0 = w f ln2 / 8 (10.8)

Pour une poutres supportant des charges concentrées, les moments d'un système continu
correspondant à ces charges peuvent être calculées avec l'équation 10.7 dans laquelle les
moments M0 sont calculés pour les poutres simplement supportées.

À titre d’exemple, dans le cas d'une charge concentrée P appliquée mi-portée, le moment
statique M0 est égal à Pl /4. Pour une poutre continue sur deux appuis le moment positif
maximal exact est égal à 13PL/64 (0.2031PL) alors que le moment négatif exact est égal à
3PL/16 (0.1875PL). En appliquant la méthode approximative proposée le moment positif
maximal serait obtenu de l'équation 10.7, le moment positif est égal à 0.182PL (8/11×PL/4)
alors que le moment négatif est égal à 0.222PL (8/9×PL/4). On constate que cette approche
approximative conduit à des moments positifs inférieurs à ceux obtenus d'une analyses
exacte alors que les moments négatifs sont plus supérieurs, l'erreur relative étant de -11% et
+22% respectivement. Il faut toutefois noter que les analyses exactes ne prennent pas en
considération la rigidité des poteaux qui, en restreignant la rotation des poutres au niveau
des appuis, conduisent à des moments négatifs plus élevés et conséquemment à des
moments positifs plus petits.

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332 Calcul des structures en béton armé

EXEMPLE 10.3

On désire calculer les moments et efforts tranchants dans la poutre de l'axe 2


(Fig. 10.12).

Pour trouver les efforts, on peut utiliser trois méthodes :

• Appliquer les tables du CDH pour les poutres hyperstatiques ;


• Utiliser les mêmes ratios que l’article [9.3.3] ;
• Faire une analyse structurale.

Seule la seconde approche est considérée ici.

A B C D E

2750 3050 3050 3050


600 300 600 300 600
3200 3500 3500 3500

Pf Pf
wf

Fig. 10.12 Poutre de l’axe 2

Solution

a) Calcul des charges

i) Charges des poutrelles de l'axe B


À l'exemple 10.2, les efforts tranchant calculés à l'axe 2 valent
respectivement 134.3 kN et 122.1 kN, pour un effort concentré total de
256.4 kN provenant de la poutrelle de l’axe B.

ii) Charges des poutrelles de l'axe D


En reprenant les données des exemples 10.1 et 10.2, l'effort tranchant
provenant de la dalle et agissant de part et d'autre de la poutrelle de l'axe D
est égal à 14.38 kN/m alors que les charges permanentes et vives induisent
respectivement des charges uniformes égales à 4.99 kN/m et 1.08 kN/m.
Les efforts tranchant correspondants sont:

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( )
V1-2 = Cv ⋅ VDg + VDd + wDfpoutre + wLfpoutre ⋅ ln1−2 / 2 =
= 1.15 × (14.38 + 14.38 + 4.99 + 1.08 ) × ( 7.2 − 0.3 − 0.3) /2 = 132.2 k
V2-3 = 1 × (14.38 + 14.38 + 4.99 + 1.08 ) × ( 7.5 − 0.3 − 0.3) /2 = 120.2 kN

Ceci conduit à un effort concentré total de 252.4 kN provenant de la


poutrelle de l’axe D.

iii) Charges sur la poutre de l'axe 2


Poutre : wc = bh ×24 = 0.6 × 0.5 × 24 = 7.2 kN/m
Charge morte additionnelle : wD = bqD = 0.6 × 1.3 = 0.78 kN/m
Charge vive : wL = bqL = 0.6 × 2.4= 1.44 kN⋅m

wf poutre = 1.25 (7.2+0.78) + 1.5 × 1.44 = 12.14 kN/m

b) Calcul des efforts dus aux charges


On assume les longueurs nettes suivantes (Fig. 10.12) pour les charges uniformes :

Travée de rive : ln = 2.750 + 0.300 + 3.050 = 6.100 m


Travée intérieure : ln = 3.050 + 0.300 + 3.050 = 6.400 m
Moment négatif en C : ln = (6.100 + 6.400)/2 = 6.250 m
Moment négatif en E : ln = 6.400 m

i) Appui, axe A
M Pf = 8Cm M 0 avec Cm = 1 / 16

8 − Pf × l1 × l2
M Pf =
16 l1 + l2
8 −256.4 × (2.75 + 0.15) × (3.05 + 0.15)
= × = −195.0 kN ⋅ m
16 (2.75 + 0.15) + (3.05 + 0.15)
1
M wf = Cm w f ln2 = − ×12.14 × 6.12 = −28.2 kN ⋅ m
16

M A− = −195.0 − 28.2 = −223.2 kN ⋅ m


ii) Travée A-C

M Pf = 8Cm M 0 avec Cm = 1/14

8 256.4 × (2.75 + 0.15) × (3.05 + 0.15)


M Pf = = × = 222.9 kN ⋅ m
14 (2.75 + 0.15) + (3.05 + 0.15)

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1
M wf = Cm w f ln2 = ×12.14 × 6.12 = 32.3 kN ⋅ m
14
+
M AB = 222.9 + 32.3 = 255.2 kN ⋅ m

iii) Appui C, face extérieure


M Pf = 8Cm M 0 avec Cm = 1 / 10

8 −256.4 × 2.9 × 3.2


M Pf = × = −312.1 kN ⋅ m
10 6.1
1
M wf = Cm w ln2 = − ×12.14 × 6.252 = −47.4 kN ⋅ m
10

M B−, ext = −312.1 − 47.4 = −359.5 kN⋅ m

iv) Appui C, face intérieure

M Pf = 8Cm M 0 avec Cm = 1 / 11

8 − Pf × ln 8 −252.4 × 6.4
M Pf = × = × = −293.7 kN ⋅ m
11 4 11 4
1
M wf = Cm w ln2 = − ×12.14 × 6.252 = −43.1 kN ⋅ m
11

M B,int = −293.7 − 43.1 = −336.8 kN ⋅ m

v) Travée CE
M Pf = 8Cm M 0 avec Cm = 1 / 16

8 6.4
M Pf = × 252.4 × = 201.9 kN ⋅ m
16 4
1
M wf = Cm w ln2 = ×12.14 × 6.42 = 31.1 kN ⋅ m
16
+
M BC = 201.9 + 31.1 = 233.0 kN ⋅ m

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10.5 DALLES UNIDIRECTIONNELLES

10.5.1 Définitions

On dit qu'une dalle est unidirectionnelle lorsqu'elle porte dans une direction. Dans ce cas,
l'acier d'armature principal est aussi orienté dans la direction où les moments principaux se
produisent. Le chapitre 13 de la norme A23.3 s'applique aux dalles armées dans deux
directions et les règles de calcul qui y sont données s'appliquent aux dalles pour lesquelles
le rapport des longueurs centre-à-centre des appuis l1 / l2 se situe entre 0.5 et 2.0 [2.2].
Ainsi, lorsque le rapport l1 / l2 ≥ 2 ou l1 / l2 ≤ 0.5, on peut considérer la dalle comme étant
unidirectionnelle.

Pour une dalle unidirectionnelle, les charges sont supportées dans la direction de la portée
la plus courte de la dalle, celle selon laquelle la dalle est la plus rigide. Par contre, la norme
requiert que la dalle soit armée dans les deux directions afin de contrôler la fissuration due
au retrait ou aux efforts secondaires dans la direction perpendiculaire à la direction
principale. En effet, comme le montre la figure 10.13, la partie centrale d’une dalle
unidirectionnelle porte dans une seule direction alors que les extrémités de cette dalle se
comportent de manière bidirectionnelle lorsque des appuis rigides sont disposés selon la
direction courte de la dalle.

B
2D

1D

2D C

Fig. 10.13 Dalle unidirectionnelle

Afin de s'assurer que les flèches n'excèdent pas des valeurs limites sous les charges
d’utilisation, la norme [9.8.2.1] spécifie une épaisseur minimale. Les valeurs proposées par
la norme pour déterminer l'épaisseur minimale des dalles unidirectionnelles ne supportant
pas d'éléments susceptibles d'être endommagés par des flèches excessives sont indiquées au
tableau 10.3. Ces limites, qui s’appliquent à la portée nette, peuvent être réduites si des
calculs indiquent qu’il n’y aura pas d’effets néfastes. Le calcul des flèches est vu au
chapitre 10.

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Tableau 10.3 Épaisseur minimale des dalles unidirectionnelles

Simplement Une extrémité Deux extrémités


Conditions d'appui Porte-à-faux
appuyée continue continues

Dalle pleine
ln / 20 ln / 24 ln / 28 ln / 10
unidirectionnelle
Poutre, Dalle nervurée
ln / 16 ln / 18 ln / 21 ln /8
unidirectionnelle

10.5.2 Calcul des armatures


a) Armature minimale
La norme spécifie une quantité d’armature minimale afin de garantir un comportement
adéquat en service. On distingue deux situations : l’armature structurale, dans la direction
courte de la dalle, et l’armature de service, perpendiculaire à la première. Ainsi, en se
référant à la figure 10.14, on trouve les cas suivants :

• Armature principale de flexion [7.4.1.2 et 7.8.1] :


s ≤ 3hs
s ≤ 500 mm (10.9)
As min ≥ 0.002 Ag

• Armature secondaire ou armature minimale [7.8.1 et 7.8.3] :

s ≤ 5hs
s ≤ 500 mm (10.10)
As min ≥ 0.002 Ag

L'armature minimale peut être disposée sur un ou deux lits, haut ou bas. L'armature
structurale est disposée sur les lits les plus près des faces afin d'avoir le bras de levier
interne le plus grand.
Armature secondaire
Armature principale

s s s

Fig. 10.14 Géométrie

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b) Armature des dalles des poutres en T

Lorsque l'armature de flexion d'une dalle unidirectionnelle est parallèle à l'axe d'une poutre
principale formant une section en T avec la dalle (Fig. 10.15), on doit s'assurer qu'au-dessus
de l'axe de la poutre principale, la dalle possède la résistance requise pour résister au
moment négatif dû à l'action bidirectionnelle de la dalle dans cette région [10.5.3.2],
comme illustré à la figure 10.13.

Armature
principale
de flexion Armature
de flexion l1
au M à
ajouter

Armature minimale

0,3l1

Fig. 10.15 Armature supplémentaire des poutres en T

Cette armature, qui doit se prolonger sur une longueur égale à 30% de la distance entre les
âmes des poutres [10.5.3.2], est obtenue en utilisant l'armature minimale donnée en par
unité de largeur [10.5.1.2]:

0 .2 f c′ h s
As− ≥ (10.11)
fy

Toujours pour contrôler la fissuration des poutres en T en région de moment négatif,


l'armature principale de traction de ces poutres doit être distribuée dans les semelles sur une
largeur effective indiquée à la section 4.6.

10.5.3 Résistance à l’effort tranchant

Pour les dalles unidirectionnelles, la norme permet de calculer la résistance à l'effort


tranchant en assumant un comportement de type poutre sauf lorsque des charges
concentrées agissent sur la dalle. Dans le cas d'une action de type poutre, la section critique
est située à une distance d de la face de l'appui. Pour le calcul de la résistance à l'effort
tranchant des dalles, la norme ne requiert pas d'armature lorsque Vf ≤ Vc [11.2.8.1a].

Pour le calcul de la résistance en cisaillement des dalles, les clauses de la norme qui sont

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338 Calcul des structures en béton armé

décrites aux sections 5.2.6 et 5.2.7 s’appliquent selon l’épaisseur de la dalle.

Ainsi la résistance en cisaillement, pour les dalles d'épaisseur totale hs n'excédant pas 350
mm, est donnée par l’équation ci-dessous avec β = 0.21 [11.3.4 et 11.3.6.2] :

Vc = λ φc β f c′ bw d v (10.11)

Lorsque l'épaisseur totale hs excède 350 mm, la résistance est donnée par l’équation ci-
dessous si les granulats d’au moins 20 mm sont utilisés [11.3.4 et 11.3.6.3] :

⎛ 230 ⎞
Vc = λ φc ⎜ ⎟ f c′ bw dv (10.12)
⎝ 1000 + d v ⎠

Cette réduction de résistance est due à ce que l’on nomme l’effet d’échelle, à savoir que plus
la poutre est profonde, plus la contrainte reprise par le béton à l’ultime sera faible. Cependant,
ce phénomène n’a été observé que pour les poutres sans étriers et pour le cas général des
dalles.

Il n'est pas courant d'armer les dalles pour résister à l'effort tranchant, mais il existe cependant
des systèmes de goujons qui peuvent être utilisés. Il est habituellement plus économique
d'épaissir une dalle non conforme en cisaillement que de lui ajouter un système de goujons.

EXEMPLE 10.4

On doit calculer l'armature de la dalle de l'exemple 10.1 ayant une épaisseur de


140 mm, telle que montrée sur la figure 10.16.

Solution
a) Vérification de l'épaisseur
Travée extérieure : hs ≥ 2750 / 24 = 115 mm
Travée intérieure : hs ≥ 3050 / 28 = 109 mm

∴ hs = 140 mm adéquat.
3200 3500
140

2750 3050
600 300 600
[mm]

Fig. 10.16 Dalle de l’exemple 10.4


b) Effort tranchant

L'enrobage minimal selon la tableau 17 du CDH [A6.6.6.2.1] est de 20 mm.


En supposant les barres d’armature n°10, la profondeur effective est donc :

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Efforts dans les systèmes continus unidirectionnels 339

d = 140 - 20 - 11.3/2 = 114 mm → calcul avec 110 mm.


dv = 0.9d = 0.9 ⋅110 = 99mm

Vc = λ φc β f c′bw d v
= 1× 0.65 × 0.21⋅ 30 × 1000 × 99 /1000
= 74.0kN / m > V f max = VBg = 14.9 kN/m

Vr max = 0.25 φc f c′bw d v = 0.25 ⋅ 0.65 ⋅ 30 ⋅1000 ⋅ 99 /1000 = 482.6 kN


Donc la résistance est adéquate et aucune armature de cisaillement n'est
requise.

c) Armature minimale

As min = 0.002 Ag = 0.002 × 1000 × 140 = 280 mm 2 / m

100 mm 2
Barres 10M : As = ≥ 280 mm 2 /m
s

100 mm 2 / barre
Donc s≤ = 0.357 m = 357 mm
280 mm 2 /m

Mais s ≤ 5hs = 5 × 140 = 700 mm


≤ 500 mm
Choix : 10M@350 mm c/c, ce qui donne As = 100 / 0.35 = 286 mm2 / m

d) Armature de flexion

Selon l'exemple 10.1, les moments fléchissant maximaux sont environ de


M −f max = 8.0 kN ⋅ m/m pour les appuis intérieurs et M −f = 3.0 kN ⋅ m/m à
l'appui extérieur. Le moment positif maximal est égal à
M +f max = 5.5 kN ⋅ m/m .

i) M - intérieur
M r ≈ Ts × bras de levier ≈ φ s As f y (0.9d ) ≥ M f

Mf 8.0 × 106
As ≥ = = 238 mm2 /m < As min
φs f y (0.9d ) 0.85 × 400 × 0.9 × 110

On prend Asmin. L'acier minimal procure une résistance en flexion égale à :

⎛ a⎞ ⎛ 1 φ s As f y ⎞⎟
M r = φ s As f y ⎜ d − ⎟ = φ s As f y ⎜ d −
⎝ 2⎠ ⎜ 2 α 1 φ c f c′ b ⎟⎠

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340 Calcul des structures en béton armé

⎛ 0.85 × 286 × 400 ⎞ −6


M r = 0.85 × 286 × 400 ⎜ d − ⎟ ×10
⎝ 2 × 0.805 × 0.6 × 30 ×1000 ⎠
= 10.4 kN ⋅ m/m > M −f max > M +f max

Pour l'acier d'armature principal, on doit respecter :


s ≤ 3hs = 3 × 140 = 420 mm > 350 mm ⇒ OK
≤ 500 mm

ii) M+ et M -

On utilise As min puisque Mf < Mr = 10.4 kN⋅m/m.

e) Poutre en T

i) Calcul de la largeur effective

Tel qu'il a été vu au chapitre 4, la largeur effective d'une poutre en T au


moment négatif est égale au moindre de [10.3.3 et 10.5.3.1] :

bf ≤ bw + 2 × L/10 = 600 + 2 × 6700/10 = 1940 mm


bf ≤ bw + 2 × 12h = 600 + 2 × 12 × 140 = 3960 mm
bf ≤ bw + (s1 + s2) / 2 = 600 + (6600 + 6900) / 2 = 7350 mm
bf ≤ bw + 2 × L/20 = 600 + 2 × 6700/20 = 1270 mm ⇒ Gouverne

ii) Armature minimale dans la zone de M- dû à l’action di-directionnel


à l’extrémité de la dalle

0.2 30 × 140
As = × 1000=383 mm2 /m
400

383 mm 2 /m
Barres 10M : = 3.83 barres/m ou s = 1000 / 3.83 = 261 mm
100 mm 2 /barre
Choix : 10M @ 250 mm c/c.

f) Ancrage des barres

i) Barres longitudinales

Le point d'inflexion au moment négatif est obtenu de la façon suivante


(Fig. 10.17) :

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Mx = 0 w
- 8,0

wl
V 2
x

Fig. 10.17 Exemple 10.4 – Calcul du point d’inflexion

wlx wx 2
∑M = 2

2
− 8.0 − M x = 0

wlx wx 2
M x = −8.0 + − =0
2 2
9.43 × 3.05 x 9.43x 2
M x = −8.0 + − =0
2 2
avec w = 9.43 kN/m et l = ln = 3.05 m,

on trouve : 4.715x2 - 14.38 x + 8.0 = 0


d'où x = 0.732 m = 732 mm

Selon le Tableau 3.1 du CDH (p.3-15), pour un béton de 30 MPa et des aciers de
400 MPa, la longueur de développement d'une barre 10M est égale à 260 mm.
De plus, la barre doit être prolongées au-delà de 12db=136 mm et ln /16 = 191
mm du point d’inflexion. Ainsi, une barre au-dessus de l'appui devrait avoir une
longueur de (on considère ici un cas de chargement identique de chaque côté de
la poutre) :
Lbarre = (732 + 191+ 300) × 2 = 2446 mm.
Choix : 2450 mm.

ii) Au-dessus des poutres en T

Selon [10.5.3.2]
lb ≥ bw + 2 × 0.3 × ln = 600 + 2 × 0.3 × (3200-300-150) = 2250 mm ext.
lb ≥ bw + 2 × 0.3 × ln = 600 + 2 × 0.3 × (3500-200-150) = 2430 mm Int.
lb ≥ bf = 1270 mm (voir e-i) plus haut
Choix : 2430 mm.

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342 Calcul des structures en béton armé

g) Plan de l'armature

Le plan de l'armature est indiqué sur la figure 10.18.

10M - 2450 @ 350


(haut) (type 1)

10M - 2430
4740 @ 250
(haut) (type 4)

3500 10M - 3050 @ 350 10M - 6900 @ 350


(bas) (type 2) (bas) (type 3)

[mm]
Type 1 Type 4

Type 2 Type 3

Fig. 10.18 Solution de l’exemple 10.4

RÉFÉRENCES

10.1 Association Canadienne de Normalisation. Design of concrete structures,


CAN/CSA-A23.4-04, Mississauga, Ontario, 2004.

10.2 Association Canadienne du Ciment. Concrete Design Handbook, Ottawa, 3e édition,


2006.

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