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DES STRUCTURES
EN BÉTON ARMÉ
BRUNO MASSICOTTE
Professeur titulaire
BRUNO MASSICOTTE
PROFESSEUR TITULAIRE
HIVER 2013
Calcul des structures en béton armé i
MISE EN GARDE
Ce document, basé principalement du la norme CSA-A23.3 2004, a pour objectif de faciliter aux étudiants en
génie la conception des bâtiments en béton armé. Toutefois ce document ne couvre pas l'ensemble des cas
pouvant se présenter, chaque structure étant un cas unique, que ce soit par sa géométrie ou les fondations qui la
supportent. Les utilisateurs sont priés de référer à la norme CSA-A23.3 et au Code du bâtiment du Canada pour
juger de la justesse et de la pertinence des indications, exemples et explications inclus dans le présent document.
Bien qu'un grand soin ait été apporté à la préparation de ce document, il n'est pas exclut qu'il puisse comporter
des erreurs. L'auteur et l'École Polytechnique déclinent toute responsabilité quant au contenu de ce document et
des erreurs ou omissions qui pourraient résulter de l'utilisation des informations qu'il contient.
L'usage de ce document a été gracieusement offert au professeur Marc Jolin de l'université Laval dans le cadre de
l'enseignement du cours de béton armé GCI-2004 à la session d'hiver 2013. Ce document ne peut être utilisé dans
d'autres cours sans l'autorisation explicite de son auteur.
Toutes suggestions visant à améliorer le contenu de ce document dans les éditions futures peuvent être envoyées
à Bruno Massicotte.
page blanche
1.1 GÉNÉRALITÉS 1
1.2 HISTORIQUE 4
1.2.1 Ciment 4
1.2.2 Béton armé 5
1.8 NOTATION 16
CHAPITRE 2 SÉCURITÉ ET CONSTRUCTION
2.3 CONCEPTION DES STRUCTURES SELON LE CALCUL AUX ÉTATS LIMITES ............ 33
2.4 CONSTRUCTION DES STRUCTURES EN BÉTON ............................................................. 34
3.1 LE BÉTON 41
RÉFÉRENCES 150
CHAPITRE 6 RÉSISTANCE À L'EFFORT TRANCHANT ET À LA TORSION
7.2 TRANSFERT DES EFFORTS ENTRE L'ACIER ET LE BÉTON : PRINCIPES GÉNÉRAUX 219
7.2.1 Poutres élancées 219
7.2.2 Ancrage des barres des tirants principaux dans les poutres profondes 220
1.1 GÉNÉRALITÉS
Les structures en béton se rencontrent dans des applications très diverses. Plusieurs sont en
béton armé ou en béton précontraint alors que certaines sont en béton non armé. Le tableau
1.1 donne un bref aperçu d'utilisations de structures en béton.
Outre les exemples locaux présentés au tableau 1.1, de nombreuses réalisations en béton se
retrouvent à travers le monde. Le tableau 1.2 souligne quelques réalisations majeures.
Les structures en béton armé sont constituées de plusieurs éléments qui interagissent entre
eux, particulièrement dû au caractère monolithique des structures de béton. Toutefois,
même si la théorie les traite séparément, il faut tenir compte de leur interaction. Il faut
également assurer la ductilité de l'ensemble et tirer profit de l'hyperstaticité de la structure.
Il importe d'éviter les ruptures fragiles et en cascade. L'ingénieur doit porter une attention
particulière aux assemblages et au cheminement des efforts, tant dans la structure que d'un
élément à l'autre.
Les principaux types d'éléments que l'on trouve dans les bâtiments en béton sont soit des
éléments horizontaux comme les dalles et les poutres, soit des éléments verticaux comme
les poteaux et les murs.
Le choix du matériau, à savoir acier ou béton armé, précontraint ou non armé, ainsi que
celui du système structural, relève généralement de l'ingénieur. Celui-ci choisit selon un
ensemble de critères dont les principaux sont énumérés ici.
a) Avantages
Les structures en béton possèdent de nombreux avantages. Les principaux sont énumérés
ici.
1) Économie
Certains des coûts associés à une structure surviennent à court terme. C'est le cas
notamment des matériaux et de la main-d'œuvre lors de la construction. D'autres, comme
l'entretien, s'appliquent à moyen et à long terme. Il importe de bien évaluer les coûts d'une
structure en fonction de son temps de construction, de la disponibilité de la main-d'œuvre et
des besoins futurs.
Toutefois, la structure d'un bâtiment en béton armé représente une petite partie du coût
total, généralement inférieure à 50%, et le coût des coffrages atteint environ 50% du coût de
2) Esthétique
Le béton armé peut être très esthétique car les surfaces sont lisses et peuvent épouser toutes
les formes voulues. Des éléments structuraux apparents sont à la fois esthétiques et
économiques.
3) Résistance au feu
Les structures en béton armé offrent une protection de 1 à 3 heures sans ajout de matériaux
de protection additionnels, ce qui constitue un avantage économique important. De plus,
cela permet d'avoir un accès visuel aux éléments structuraux lors d'inspections.
4) Rigidité
Les structures en béton armé sont souvent rigides, lourdes et généralement peu sujettes aux
vibrations. De plus, les dimensions des pièces font en sorte que les problèmes d'instabilité
des membrures sont très réduits, sauf pour les poteaux élancés.
5) Entretien
L'entretien des structures en béton armé est généralement minimal si certaines règles de
bonne pratique sont respectées, soient :
- l'utilisation d'un béton de qualité avec air entraîné, lorsqu'exposé au gel et dégel ;
- une mise en place adéquate ;
- des détails bien conçus et bien réalisés favorisant le drainage de la structure
éliminant toute stagnation et limitant la durée d'exposition à l'eau et autres
produits.
Les matériaux nécessaires à l'érection d'une structure en béton (ciment, granulats, contre-
plaqué, etc.) sont disponibles partout (ou presque). Les coûts et délais de livraison sont
donc minimisés. De plus, la main-d'œuvre locale est habituellement utilisée pour réaliser la
majeure partie des travaux de construction, ce qui a un impact positif sur l'économie locale.
b) Inconvénients
La résistance à la traction du béton est environ égale à 10% de celle en compression, ce qui
conduit à des fissures et produirait des ruptures fragiles sans l'ajout d'aciers d'armature.
2) Coffrages et étaiements
Une conception soignée de cet aspect ou l'utilisation d'éléments préfabriqués amènera une
réduction des coûts.
La résistance volumique, qui est le rapport de la résistance sur la densité, est plus faible
pour le béton structural que pour l'acier. En effet, la résistance du béton varie entre 10%
(béton normal) et 20% (béton à haute résistance) de la résistance de l'acier tandis que sa
densité est 3.3 fois moindre. Ainsi, la résistance volumique du béton varie entre 1/3 et 2/3
de celle de l'acier.
4) Changements volumiques
De plus, certains ouvrages existants, construits avec des granulats inadéquats, souffrent
également d’un gonflement dû à une réaction dite alcalis-silice.
5) Corrosion
La réaction chimique du ciment avec l'eau confère au béton un milieu très basique
protégeant les aciers d'armature. Ces conditions basiques peuvent être éliminées soit par la
carbonatation ou la présence de chlore dans le béton. Lorsque ces conditions sont
rencontrées, l'acier d'armature n'est plus protégé et si la présence d'eau et d'oxygène est
suffisante, la corrosion s'entame.
1.2 HISTORIQUE
1.2.1 Ciment
Les Égyptiens et les romains utilisaient de la chaux éteinte comme mortier. Les romains ont
fait des structures remarquables en béton non armé, comme le Panthéon de Rome (27 av.
J.C.) Il faudra attendre au 19e siècle avant de voir apparaître le ciment Portland et le béton
armé. Le tableau 1.3 trace l'historique du développement de la technologie du ciment.
Année Événement
Le béton armé s'est développé à coups de brevets et d'inventions, surtout en Europe, dont
quelques exemples sont énumérés au tableau 1.4.
Périodes Événement
1850 à 1875 Le français Joseph Monier réalise certains essais avec du béton armé de tiges
de fer pour des boîtes à fleurs et des arbres. Il obtient un premier brevet en
1867. Par la suite, il obtient les brevets suivants : tuyaux et réservoirs
(1868), dalles (1869), ponts (1873), escaliers (1875).
1875 à 1900 Le développement vient d'idées d'applications et de brevets.
1890 à 1920 Début du développement scientifique, de publications de livres et d'articles.
1894 La méthode des contraintes admissibles est développée par Coignet. Elle
sera utilisée de 1900 à 1960.
1930 Premiers développements du béton précontraint par Freyssinet.
1920 à Recherche et écriture de normes, formation de sociétés de recherche : ACI,
aujourd'hui PCA, FIB. Amélioration des méthodes de construction.
Les systèmes de résistance aux charges verticales sont constitués de dalles et de poutres qui
forment des planchers ou des toits. Il existe plusieurs choix de systèmes de planchers pour
les structures de béton armé comme le montre la figure 1.2. Le choix varie selon la portée
requise entre les éléments porteurs (poteaux, murs), la hauteur disponible et les coûts. Les
systèmes de planchers consistent en des dalles portant dans une ou deux directions. Le
tableau 1.5 indique les portées pratiques et économiques pour chacun des types de
planchers.
Caractéristiques géométriques(1)
Système de plancher
L t h
Les charges latérales agissant sur les bâtiments sont généralement causées par le vent et les
tremblements de terre. Afin d'assurer la résistance des structures vis-à-vis ces effets
naturels, il existe deux types d'éléments résistants : les cadres rigides et les murs de refend.
Les cadres rigides (Fig. 1.3a) sont constitués de systèmes de poutres et poteaux, solidaires
entre eux, résistant aux efforts latéraux principalement en fonction de leur rigidité
flexionnelle. Ce système est toutefois relativement flexible et a tendance à permettre de
grands déplacements latéraux inter-étages, particulièrement aux étages inférieurs où les
efforts tranchants horizontaux sont maximaux. Lorsqu'un tel système est choisi, on utilise
plusieurs cadres en parallèle dans chacune des directions principales du bâtiment.
Un mur de refend (Fig. 1.3b) peut être assimilé à un porte-à-faux vertical ou encore une
poutre verticale encastrée à sa base. Vu la grande inertie des murs, ceux-ci sont très rigides
et limitent les déplacements latéraux.
Pour des édifices plus élevés, il devient économique de coupler les cadres rigides présents
dans la charpente aux murs de refend (Fig. 1.3c). On peut aussi opter pour des systèmes où
des poteaux rapprochés et des poutres profondes sur la périphérie du bâtiment forment un
tube à parois souples (Fig. 1.3d et Fig. 1.4). Enfin, des systèmes avec poutres de transfert
rigides, attachées à des tirants sur la périphérie de l'édifice (Fig. 1.5), permettent également
de résister efficacement aux efforts latéraux. L’édifice de la Place Victoria à Montréal est
un exemple d’application de ce type de système structural.
V V V
Forces
N N M d'interaction
Les systèmes tubulaires doivent être analysés en prenant en compte la flexibilité des
éléments formant les parois du tube. En effet, comme les parois sont formées d’un
quadrillage de poutres et de poteaux, les efforts horizontaux provoquent des moments de
flexion et des déformations en cisaillement dans ces éléments. On ne peut admettre
l’hypothèse d’un tube rigide comme illustré sur la figure 1.4. L’utilisation des outils
d’analyse modernes doit être faite en prenant soin de bien considérer les déformations
locales des éléments formant le quadrillage car les dimensions de ceux-ci sont du même
ordre de grandeur que leur longueur individuelle.
Sous le vent
Murs de côté
Au vent
Vent
Tirant
La figure 1.6 illustre le nombre d’étages pour lequel chaque type de système structural est
économique ou préférable d’un point de vue comportement structural.
Dans les zones d’intensité sismique modérée à élevée, comme le Québec, les systèmes avec
murs de refend reprenant la totalité des efforts sismiques ou de vent s’avèrent
habituellement plus économiques. Ceci sera mis en évidence au chapitre 16 portant sur la
conception parasismique des structures.
80
60
Tubes multi-cellulaires
Nombre d'étages
Tube rigide
20
Cadre rigide
Lorsqu’un système de murs de refend est choisi, il importe qu’il soit stable. La figure 1.7a
montre trois agencements qui présenteront un comportement stable alors que la figure 1.7b
illustre une configuration inadmissible du point de vue de la stabilité. Que l’on ait des murs
de refends rigides ou un système de contreventement, comme utilisé fréquemment en
construction métallique, la règle nécessaire à l’obtention d’un système stable veut que les
éléments résistant aux charges latérales soient situés dans au moins trois plans dont deux
doivent être excentrés, s’ils sont parallèles entre eux. (Fig. 1.7a)
2 3 4 5 2 3 4 5 2 3 4 5
A A A
B B B
C C C
D D D
E E E
a) Admissibles
2 3 4 5
A
E
b) Inadmissible
La figure 1.8 présente divers agencements de murs et poteaux pour des systèmes de
planchers à géométrie simple ou complexe. Dans ces exemples, on note que les murs de
refends sont très près du centre. De tels systèmes sont sujets à de plus grandes rotations si
les charges appliquées ne coïncident pas avec le centre de résistance. C’est le cas entre autre
des tremblements de terre, qui agissent en fonction des centres de masses et centres de
résistance. Les rotations causeront une augmentation des efforts dans les murs mais aussi
dans les poteaux situés en périphérie.
Il est donc préférable d’avoir des systèmes où la distance entre les éléments résistants est
élevée, comme dans le cas à l’extrême gauche de la figure 1.7a.
Enfin, les systèmes de murs en triangle (Fig. 1.8d) ou circulaires (Fig. 1.8b) doivent être
conçus avec prudence car l’excentricité entre les éléments est faible. De plus, les tubes
ouverts (Fig. 1.8b) sont très peu efficaces en torsion.
(a) (b)
(c) (d)
L'ingénieur ayant à concevoir une structure doit à la fois satisfaire les critères de
performance dictés par les codes de construction et proposer une conception économique.
Dans la recherche de l'économie, le premier réflexe est de minimiser la quantité de
matériaux. Cependant, en béton armé, cela conduit souvent à une augmentation plutôt
qu'une diminution des coûts. La raison en est bien simple : le coût des coffrages pouvant
compter jusqu'à près de 50% du coût de la structure1.2, il s'avère généralement plus
économique d'en simplifier la mise en œuvre par une harmonisation des dimensions même
si cela nécessite plus de béton. Ainsi, bien qu'il faille limiter la quantité des matériaux, il
importe tout autant de considérer les coûts associés à la mise en place des éléments.
De tous les éléments structuraux, le système de plancher est généralement celui qui entraîne
la majeure partie des coûts1.3. Ainsi, une optimisation du système structural des planchers
en fonction des coffrages aura un impact marqué sur la réduction des coûts de construction.
La figure 1.9 indique schématiquement la proportion des coûts unitaires des différentes
composantes structurales d'un édifice en fonction du nombre d'étages.
Système de plancher
Nombre d’étages
À titre d'exemple, lorsque l'on conçoit une dalle bidirectionnelle avec panneaux surbaissés,
il est plus économique de sélectionner la profondeur du panneau en fonction des
dimensions réelles des éléments en bois utilisés pour le coffrage. En Amérique du Nord, les
pièces de bois sont fabriquées selon des dimensions impériales. Les dimensions courantes
sont montrées au tableau 1.6. Comme indiqué sur la figure 1.10, la profondeur économique
d'un panneau surbaissé comprend l'épaisseur du contre-plaqué plus la hauteur de la pièce de
bois choisie.
Pour les poutres, il est préférable qu'elles aient la même largeur que les poteaux comme
montré sur la figure 1.11. Une poutre plus large que le poteau, lorsque requis, est
acceptable. Cependant, une poutre moins large que le poteau nécessite de nombreux travaux
de coffrage ce qui augmente les coûts. Ainsi, à moins que les dimensions des poutres et
poteaux se croisant soient très différentes les unes des autres, il sera toujours préférable
d'essayer d'harmoniser la largeur des poutres à celle des poteaux.
2x2 1½ x 1½ ¾ 2¼ 57 55
2x4 1½ x 3½ ¾ 4¼ 108 110
2x6 1½ x 5½ ¾ 6¼ 159 160
2x8 1½ x 7½ ¾ 8 203 205
Contre-plaqué
Ressaut
Les murs combinent plusieurs fonctions structurales dans une structure de béton armé. Ils
protègent du feu les escaliers de secours et les cages d'ascenseurs, supportent les charges de
gravité et agissent comme système de résistance aux charges latérales. Un agencement
symétrique des murs et leur positionnement en périphérie du bâtiment augmentera leur
efficacité structurale. Des murs structuraux sans ouverture sont plus économiques à
construire que des murs comportant de nombreuses ouvertures.
Les poteaux doivent de préférence conserver les mêmes dimensions d'un étage à l'autre, la
quantité d'armature ou la résistance du béton pouvant cependant varier d'un étage à l'autre.
Lorsque les dimensions des poteaux doivent changer, la géométrie des poteaux et leur
position, en rive ou intérieure, dictera s'il est préférable de varier l'une ou l'autre ou les deux
dimensions du poteau.
La précision des calculs varie selon l'outil utilisé. Il est clair que pour les calculs
informatisés, effectués à l'aide de logiciels d'analyse des structures, de conception assistée
ou encore de tableurs, la précision des calculs et le nombre de chiffres significatifs seront
suffisants. Cependant, pour les calculs effectués manuellement, il est généralement admis
que 4 chiffres significatifs sont à la fois suffisants et requis.
Par exemple, la séquence de calculs montrée au tableau 1.7 ne conduit pas à des résultats
suffisamment précis lorsqu'un nombre insuffisant de chiffres significatifs est utilisé.
L'erreur dans ce cas atteint 5%.
Nombre de chiffres 4 3 2
significatifs
Erreur relative au
--- 0.4% 4.8%
calcul à 4 chiffres
D'un autre côté, il ne faut pas attribuer une précision exagérée à certaines propriétés que l'on
calcule. Par exemple, comme on le verra au chapitre 3, la norme A23.3 propose une
équation pour le calcul du module élastique du béton en fonction de sa résistance en
compression. Pour un béton de 2400 kg/m3 ayant une résistance à la compression de
50 MPa, l'équation de l'article [8.6.2.2] donne une valeur de module élastique de 32 228
MPa. Dans les calculs, un module élastique de 32 200 MPa, ayant une précision de trois
chiffres significatifs, offre une précision nettement suffisante.
1.8 NOTATION
La notation utilisée dans ce texte correspond à celle utilisée dans les normes canadiennes,
en particulier dans la norme A23.3. La référence aux articles de cette norme sera faite en
indiquant le numéro de l'article entre crochets. Ainsi [12.2.2] réfère à l'article 12.2.2 de la
norme A23.3 alors que [A6.6.2.2] réfère à l'article A6.6.2.2 de l'annexe A de cette norme.
Notez que les annexes sont situées à la suite de la norme A23.3 dans le Concrete Design
Handbook1.4, désigné par l'abréviation CDH dans ce texte.
RÉFÉRENCES
1.3 Ceco Industries Inc. Concrete buildings - New formwork perspectives, 1985.
SÉCURITÉ ET CONSTRUCTION
La norme canadienne portant sur le calcul des structures en béton, à l'exception des ponts,
est identifiée par le sigle A23.3, la dernière édition datant de 20042.1 (A23.3-04). Cette
norme, comme toutes les normes de calcul structural au Canada, est basée sur la
philosophie du "Calcul aux états limites". Dans les bâtiments, le Code National du
Bâtiment du Canada2.2 (CNBC) régit les charges et coefficients appliqués à ceux-ci alors
que les différentes normes indiquent les principes de calculs de résistance propres à chacun
des matériaux ou applications. Le tableau 2.1 indique certaines des normes les plus
couramment utilisées dans le domaine du bâtiment. Ces normes sont sous la juridiction de
l'Association Canadienne de Normalisation (ACNOR), plus souvent identifiée par
l'acronyme anglais CSA (Canadian Standard Association).
Dans le domaine des ponts, le Code CSA-S62.6 régit à la fois les charges et le calcul de la
résistance des éléments structuraux, qu'ils soient en béton, en acier, en bois et, depuis tout
récemment, en matériau composite.
2.1.2 Définitions
Lorsque l'état d'une structure ou d'un élément structural devient inadéquat pour l'utilisation
à laquelle il est destiné, on dit qu'il a atteint un état limite. On trouve deux catégories d'états
18 Calcul des structures en béton armé
limites dans la norme A23.3 soient les états limites ultimes et les états limites d'utilisation.
Comme la fatigue est un aspect important de la conception d'un pont, la norme S6 reconnaît
plutôt trois catégories d'états limites : ultimes, de service et de fatigue. La figure 2.1
présente la distinction entre les deux types d’états limites couramment pris en compte dans
les bâtiments.
États limites
Ultimes Utilisation
Sécurité Exploitation
Faible probabilité de rupture • Flèche
partielle ou globale • Vibrations
• Contraintes
On associe ces états limites à la rupture ou à une mise hors service. On leur attribue une
probabilité très faible de se produire : le but est d'éviter la perte de vies humaines. Le
tableau 2.2 présente quelques exemples de mise hors service.
Les pertes de vies humaines dues à l'effondrement de structures surviennent rarement dans
les pays où les constructions sont régies par des normes strictes : les spécifications des
normes et des codes de calcul sont développées afin d'éviter que de tels événements
surviennent.
Incendies de bâtiments
10-7
10-8 Vaccination
10-3 : Niveau inacceptable. Actions immédiates prises pour réduire les risques.
10-4 : On dépense de l'argent pour contrôler les risques d'accident.
10-5 : Les risques sont encore considérés par la société (protection contre le feu,
les poisons, les armes à feu, etc.).
10-6 : Les risques ne préoccupent pas le citoyen moyen ("ça ne peut pas
m'arriver", "Action divine").
L'ingénieur concepteur doit connaître les principes régissant le comportement structural des
structures. Il doit pouvoir déterminer le cheminement des efforts et connaître les modes de
rupture qui pourraient éventuellement prendre place. Ceci est d'autant plus vrai en béton
armé où les barres d'armature doivent pouvoir reprendre les efforts de traction où ils se
produisent et transmettre ceux-ci aux sections ou pièces adjacentes.
Cependant, le niveau de sécurité requis est habituellement fixé par les normes. On attribue
une probabilité plus faible aux états limites pouvant entraîner des pertes de vies, ainsi
qu'aux ruptures soudaines et fragiles se produisant sans avertissement.
Le principe de calcul adopté veut que les effets des charges soient inférieurs aux limites
prescrites par les normes.
La règle de base veut que la résistance pondérée soit supérieure à l'effet des charges
pondérées. Donc :
φ Rn ≥ ∑ α i S i (2.1)
M r = φ M M n ≥ M f = α D M D + α L M L + ... (2.2)
Dans les normes canadiennes, on associe habituellement l'indice "r" (Mr, Vr, Cr) aux
résistances pondérées et l'indice "f " (Mf, Vf, Cf) aux effets des charges majorées. Ces
indices proviennent des mots anglais reduced et factored.
La règle de base veut que la limite permise soit supérieure à l'effet des charges d'utilisation.
Donc :
L p ≥ ∑ Es (2.3)
2.1.5 Variabilité
Les charges et résistances réelles des structures sont variables et diffèrent des valeurs
nominales. Les distributions des valeurs réelles suivent diverses lois probabilistes. Pour les
matériaux, le type de distribution varie selon le procédé de fabrication : on retrouve par
exemple des lois normales ou log-normales. La figure 2.3 montre des distributions typiques
pour le béton et pour l'acier. Les charges, quant à elles, ont généralement des distributions
normales.
Densité de probabilité
Densité de probabilité
Valeur Valeur
moyenne moyenne
Distribution Distribution
normale normale
Valeur Valeur
nominale nominale
Plus globalement, on peut facilement imaginer qu'un meilleur contrôle des charges et de la
résistance réduira la probabilité de rupture alors qu'un moins bon contrôle l'accentuera,
comme illustré sur la figure 2.5.
Distribution
Distribution
D = valeur Ln = valeur
moyenne nominale
Densité de probabilité
S R
Rr S R
Sf Probabilité Probabilité
de rupture de rupture
Sf Rr
R, S R, S
a) Bon contrôle b) Mauvais contrôle
La probabilité associée à un effet quelconque est habituellement fixée dans l'élaboration des
coefficients de résistance (φ) et des facteurs de charge (α). La détermination de ces facteurs
vise à garder une probabilité constante d'un élément à l'autre ou d'une structure à l'autre et
ce, peu importe le matériau.
L'approche adoptée par les normes mondiales basées sur le calcul aux états limites vise
donc à déterminer un indice de fiabilité dénoté β de sorte qu'une probabilité uniforme soit
conservée. L'indice de sécurité est appliqué à la différence (dénotée y) entre la répartition
statistique de la résistance et celle des charges, comme l'illustre la figure 2.6. Une valeur
inférieure à zéro indique une rupture. Ainsi, la distance entre la moyenne des valeurs
nominales et l'origine de l'axe sera ajustée en fonction de la distribution de la courbe R-S.
Dans les normes canadiennes, β = 3.5 pour la majorité des situations. Parfois il atteint une
valeur de 4.0 pour les structures pour lesquelles une rupture aurait de graves conséquences
ou pour certains éléments où des ruptures soudaines peuvent se produire.
Zone de
rupture
probable
Densité de probabilité
S R
ss ss sr sr
S R R, S
Densités de probabilité de R et S
b sy
Densité de probabilité
P [R - S] < 0
Rupture
0 y y=R-S
Définition de la probabilité de rupture
Règle générale, les normes sont moins sévères pour les ruptures progressives ou prévisibles
et pénalisent les ruptures fragiles en diminuant leur probabilité d'occurrence. Globalement,
on essaie d'avoir une probabilité d'atteinte des états limites ultimes de l'ordre de 10-5/an.
Toutefois, le concepteur n'a pas à déterminer les probabilités de rupture, car ceci est pris en
compte dans la détermination des valeurs des coefficients α et φ. Au Canada, les
coefficients α sont les mêmes quel que soit le matériau de construction adopté. Les
coefficients φ varient selon le type de matériau et selon le type de rupture (ductile ou
fragile) appréhendée.
EXEMPLE 2.1
Charge
Paramètre Résistance permanente Charge vive
Biais R D L
= 1.05 = 1.05 = 0.70
Rn Dn Ln
Coefficient de σR σD σL
variation = V R = 0.08 = V D = 0.09 = V L = 0.39
R D L
⎛ R ⎞
φ = ⎜⎜ ⎟⎟e −0.75 β VR = 1.05e −0.75×3.5×0.08 = 0.85
⎝ Rn ⎠
⎛ D ⎞
α D = ⎜⎜ ⎟⎟e0.56 β VD = 1.05e0.56×3.5×0.09 = 1.25
⎝ Dn ⎠
⎛L ⎞
α L = ⎜⎜ ⎟⎟e0.56 β VL = 0.70e0.56×3.5×0.39 = 1.50
⎝ Ln ⎠
Les calculs de calibrage présentés à la section précédente ont été faits pour l'ensemble des
codes et normes publiés au Canada. Pour les bâtiments, le Code national du bâtiment du
Canada – CNBC – spécifie les facteurs de pondération des charges (α) et réfère aux normes
publiées par le CSA pour le calcul des résistances pondérées avec les coefficients de tenue
des matériaux (φ) appropriés. Dans le cas des ponts, le Code canadien de calcul des ponts
routiers (CSA-S6) présente à la fois les coefficients de pondération des charges et les
coefficients de tenue des matériaux. Le tableau 2.5 indique les coefficients de résistance
utilisés selon la norme appliquée.
Les coefficients de pondération des charges servent à augmenter ou diminuer les effets
qu'ont les charges sur les structures, afin d'obtenir les conditions les plus critiques, tel que
trouvé à l'exemple 2.1. Chaque type de charge possède ses propres caractéristiques
statistiques permettant de déterminer la valeur maximale du coefficient α. Les codes
spécifient également les combinaisons des charges de nature différente devant être
appliquées simultanément. On peut penser par exemple à un poteau de rive qui supporte à
la fois une charge axiale induite par les charges de neige transmises par les poutres du toit
(L) et une charge uniforme provoquée par le vent (W) agissant transversalement et
produisant un moment fléchissant.
Dans le cas où des charges vives de nature différente sollicitent un même élément, les
combinaisons de charges spécifiées dans les codes prennent en considération qu'il est peu
probable que des événements majeurs arrivent simultanément. Dans les versions antérieures
du CNBC, les charges vives maximales pondérées de leur facteur propre étaient réduites
par un coefficient de simultanéité égal à 0.7 ou 0.6 selon respectivement que deux ou trois
charges vives de nature différentes sollicitaient simultanément le même élément. Une
nouvelle approche a toutefois été retenue dans l'édition 2005 du CNBC. Cette nouvelle
philosophie est plus réaliste et s'apparente avec celle utilisée pour les ponts.
La nouvelle approche consiste à appliquer une charge vive dominante (maximale) et à lui
associer les autres charges vives concomitantes probables, ayant une amplitude inférieure à
leur valeur maximale. Le tableau 2.6 présente les combinaisons retenues dans le CNBC-
2005 pour les états limites ultimes.
1 1.4D
2 (1.25D ou 0.9D) + 1.5L 0.5S ou 0.4W
3 (1.25D ou 0.9D) + 1.5S 0.5L ou 0.4W
4 (1.25D ou 0.9D) + 1.4W 0.5L ou 0.5S
5 1.0D +1.0 E 0.5L + 0.25S
D : Charge permanente ;
E : Charges sismiques ;
L : Charge d'occupation ;
S : Charge de neige ou de glace ;
W : Charge de vent.
Le CNBC indique des variantes pour certains cas particuliers dont voici les principaux :
• la charge dominante 1.5L peut être réduite à 1.25L dans le cas des liquides contenus
dans des réservoirs ;
• la charge concomitante 0.5L doit être prise égale à 1.0L pour les aires d'entreposage
ainsi que pour les salles de mécaniques et d'équipement ;
• la charge dominante 1.25D doit être pris égal à (1+0.6/ hs ) D dans le cas de remblais
d'épaisseur hs (en m), sans toutefois être inférieure à 1.25D.
2.2 CHARGES
Les charges peuvent être divisées en deux catégories : directes (actions extérieures) et
indirectes (selon le type de structure). Des exemples de ces charges sont énumérés au
tableau 2.7.
Catégorie Exemples
Charges permanentes
Charges d'occupation
Directes
Vent
Neige
Variations de température
Retrait et fluage
Naturelles
Affaissement d'appuis
Indirectes Tremblements de terre
Précontrainte
Appliquées Alignement
Verticalité
Les charges directes sont appliquées à la structure et les efforts internes de la structure
doivent équilibrer les charges appliquées. La figure 2.7 illustre cet état.
Schéma
structural
L/2 L/2
M
DCL: R = V = P/2
M = P × L/4
R V
R=q×h
M = q × h2/2
Schéma
DCL:
structural h
M
R
D D
L L
3 EI M=0
M= ×D
3
L
a) Hyperstatique b) Isostatique
Dans le cas d'un poteau ayant une masse au sommet et soumis à une accélération
horizontale (séisme), le moment maximal développé à la base ne peut excéder la résistance
maximale de la section. Ainsi, pour le poteau illustré sur la figure 2.9, si un séisme de
magnitude donné amène des efforts correspondant à la résistance de la section (M1), un
séisme d'amplitude supérieure n'entraînera pas une augmentation du moment qui plafonnera
à M1. Si la structure demeure élastique au-delà de M1, les efforts engendrés par le séisme de
plus grande magnitude seront plus grands. L'ampleur des forces internes est donc fonction
de la réponse de la structure.
D D
m
M2
Élastique
M1
Élasto-
plastique
Les combinaisons de charges ont pour but d'identifier, de façon probabiliste, quel
événement a le plus de chances de causer une condition défavorable. Les facteurs appliqués
aux charges prennent en considération leur variabilité alors que les coefficients de
simultanéité prennent en compte la probabilité que des charges extrêmes surviennent
simultanément.
Autrefois au Canada, et encore dans certains pays, on dimensionnait les structures selon la
méthode des "contraintes admissibles". Toutefois, ce type d'approche ne tient pas compte
de la variabilité des efforts selon leur nature et a donc été progressivement abandonnée par
les différentes normes. La distinction entre les deux approches est illustrée au moyen de
l'exemple 2.2.
EXEMPLE 2.2
Le mur montré sur la figure 2.10 supporte les charges nominales indiquées dans le
tableau 2.8. On fait l'hypothèse pour fin d'illustration que les charges L et W peuvent
s'appliquer seule.
P
M
1 1
A B
b = 300
h = 10 000
[mm]
Coupe 1-1
Réactions:
sB
s = P/A
sA
Nature Valeur
PD - 5000 kN
PL - 4000 kN
MW ± 6000 kN⋅m
Le critère de conception requiert qu'il n'y ait aucun effort de traction sur la fondation.
Les cas de charges considérés sont énumérés au tableau 2.9.
Contraintes
Combinaisons États limites ultimes
admissibles
a) Propriétés du mur
b) Combinaison 4
• Charges pondérées
• Charges d'utilisation
• Contraintes admissibles
P M − 6750 × 10 3 4500 × 10 6
σ= ± = ± = −2.25 ± 0.9 MP a
A S 3000 × 10 3 5000 × 10 6
• Contraintes admissibles
Limite de la traction :
• États limites
Limite de la traction :
Pf M f max −4500 ×103 M f max ×106
σA = + = + =0
A S 3000 ×103 5000 ×106
Dans cet exemple, on voit que selon le calcul aux contraintes admissibles, le design semble
adéquat alors que le calcul aux états limites indique le contraire. Le calcul aux contraintes
admissibles indique un facteur de sécurité de 1.39 alors que le calcul aux états limites
donne une valeur de 0.89. Ceci est dû au fait que le calcul aux contraintes admissibles
donne une fausse idée du niveau de sécurité car il n'est pas fondé sur la probabilité de
rupture.
Une fois cette étape complétée, on vérifie les règles associées aux états limites de service.
Les limites attachées aux flèches sont généralement satisfaites par le choix initial des
dimensions fait au début du processus de conception, car les dimensions déterminent
l'inertie. Le choix initial sera déterminant pour le nombre d'itérations à faire pour arriver
avec des éléments satisfaisant les critères de flèches : un ingénieur expérimenté aura
rarement à modifier la dimension des éléments. En ce qui concerne les autres états limites
d'utilisation, en particulier la fissuration, ils seront réglés en ajoutant des aciers additionnels
à ceux déjà présents pour la résistance.
En béton précontraint, le principe est tout autre. Dans le cas de ce matériau, dont les
principes de calculs seront vus au chapitre 15, la règle principale de calcul veut
généralement que l'on empêche la fissuration sous les charges d'utilisation. Donc, la
précontrainte, qui est une force que l'on introduit dans les éléments avant l'action des
charges extérieures, est déterminée principalement en fonction d'un calcul de contraintes.
Pour assurer un comportement adéquat aux états limites ultimes, il faut parfois ajouter des
armatures supplémentaires aux éléments précontraints. En ce qui concerne les flèches, tout
comme en béton armé, c'est le choix initial des dimensions des éléments, fondé sur
l'expérience, qui déterminera le nombre d'itérations qu'aura à faire le concepteur.
Les structures en béton, lorsque coulées en place, doivent être supportées adéquatement
durant la construction, jusqu'à ce que le béton ait suffisamment durci. L'utilisation du béton
à résistance initiale élevée (avec du ciment de type HE) peut être avantageuse. En pratique,
on utilise différents systèmes d'étaiement ou d'échafaudage pour soutenir la structure.
On se sert généralement des étages déjà en place pour soutenir la nouvelle dalle. Afin de ne
pas trop surcharger les dalles les plus récentes, on utilise habituellement un nombre d'étais
décroissant du haut vers le bas. Le nombre d'étais à chaque niveau dépend du degré de
maturité de la dalle à ce niveau et du nombre d'étages supérieurs. La figure 2.11 schématise
un arrangement courant des systèmes d'étaiement utilisés pour la coulée des dalles.
Nouvelle dalle Barres d'armature
Coffrages
Étaiement
Étais
Étais isolé
Étais
contreventés
soit par une retenue inadéquate des éléments comprimés, soit par une retenue insuffisante
des poutres et solives contre le déversement ou soit par des longueurs d'appuis insuffisantes
des solives.
Il faut ainsi porter une attention particulière à la stabilité globale. Les structures en
construction doivent pouvoir résister aux charges de construction et aux charges de vent. Il
y a aussi beaucoup d'autres causes d'effondrement qui sont énumérées au tableau 2.11.
Il est important de connaître la résistance du béton tout au long de son mûrissement afin de
ne pas surestimer sa capacité. Des essais de résistance doivent donc être réalisés en cours de
construction afin d'indiquer le moment approprié pour le décoffrage et l'enlèvement des
étais. En particulier, la résistance à la traction du béton augmente moins rapidement que sa
résistance en compression. Or, la résistance en cisaillement des dalles sans poutre (voir
chapitre 1) dépend directement de la résistance à la traction du béton. Des ruptures de dalles
en cours de construction ont été attribuées à cette cause. L’essai brésilien (voir chapitre 3)
permet de déterminer de façon plus juste la résistance à la traction du béton au jeune âge.
Le taux de placement du béton dans les éléments verticaux (mur, poteau), la densité du
béton et la vibration influencent la pression exercée par le béton sur les coffrages. La
composition et la température du mélange influencent le développement de la résistance du
béton, donc la pression exercée sur les coffrages en fonction de l'âge du béton. Différentes
formules existent et des manuels spécialisés2.8 indiquent les valeurs des pressions à
considérer dans le calcul des coffrages. À titre d'exemple, le tableau 2.12 indique les
pressions de calcul pour un béton normal (ciment de type GU). La pression normalement
considérée n'excède cependant pas γh où γ est la densité du béton alors que h est la hauteur
considérée. Par exemple, pour un béton de 24 kN/m3, la pression maximale à 6 m sera de
144 kPa. Les coffrages doivent donc être soigneusement calculés car les pressions mises en
cause peuvent atteindre des valeurs importantes.
0.3 30 30 40
1.5 35 45 60
3.0 45 70 100
(1) Les valeurs sont données uniquement à titre indicatif et ne doivent pas être utilisées pour
le calcul des coffrages.
Enfin, le système d'étaiement doit être calculé en considérant des longueurs de flambement
adéquates des étais. Un mauvais étaiement, non conforme aux plans, a amené
l'effondrement de la dalle en construction montrée sur la photo 2.1. La zone effondrée
venait tout juste d'être mise en place. Heureusement personne ne se trouvait ni dessus, ni
dessous. Un mauvais calcul de l'étaiement des coffrages a été la cause de l'effondrement.
Les structures de béton doivent pouvoir résister, sans s'effondrer, à des catastrophes
accidentelles : effondrement d'un mur ou poteau. Il faut s'assurer que les charges pourront
suivre un autre cheminement afin d'éviter un effondrement en chaîne. Ceci s'applique tout
particulièrement aux structures préfabriquées mais aussi pour les structures coulées en
place où l'on requiert une quantité minimale d'armature de traction dans les dalles [13.10.6],
tel qu’illustré sur la figure 2.12.
Forces horizontales
Forces de
compression
diagonales Force de
traction
verticale
Forces de
compression
verticales
Débris
Réaction
verticale Force de Force de
traction traction
Mur enlevé
2.6 EXERCICES
Calculez les efforts pondérés des éléments et systèmes structuraux suivants. Utilisez un
poids volumique de 23.5 kN/m3 pour le béton.
Exercice # 1
Pour la poutre ci-dessous, calculez les efforts pondérés Vf et Mf, sachant que wL = 30 kN/m.
wL
500
300
6000 [mm]
Solution:
Vf = 148 kN
Mf = 222 kN⋅m
Exercice # 2
Pour la poutre en T montrée sur la figure suivante, calculez les moments positifs et négatifs
maximaux ainsi que l'effort tranchant maximal de chaque côté de l'appui. Les charges sont :
wD = 150 kN/m et wL = 110 kN/m.
800
300
2000 6000 2000 [mm]
Exercice # 3
Pour la poutre en T montrée sur la figure suivante, calculez les moments positifs et négatifs
maximaux ainsi que l'effort tranchant maximal de chaque côté de l'appui. Les charges sont :
wD = 80 kN/m et wL = 60 kN/m.
800
300
3600 6000 3600 [mm]
Calculez les efforts aux sections A et B de l'assemblage poutre-poteau montré sur la figure
ci-après. Les charges sont : PD = 200 kN (incluant le poids propre des éléments), PL = 120
kN et W = ± 80 kN. La section du poteau est de 500×500 et celle de la poutre est de
500×1000.
4P
3500 Solution:
A P
W MA max = -752.5 kN·m
B VA max = 430 kN
3500
VB max = 145 kN
VB min = 4.6 kN
[mm] 2000
RÉFÉRENCES
2.4 Association Canadienne de Normalisation. Règles de calcul aux états limites des
charpentes en bois, CAN/CSA-086-01, Mississauga, Ontario, 2001.
2.6 Association Canadienne de Nomalisation. Code canadien sur le calcul des ponts
routiers, CAN/CSA-S6-06, Mississauga, Ontario, 2006.
2.7 Wight, J. and MacGregor, J.G. Reinforced Concrete – Mechanics and Design,
Prentice-Hall, 2009.
2.8 Hurd, M.K. Formwork for Concrete, American Concrete Institute, 5th edition,
Detroit, Michigan, 1989.
3.1 LE BÉTON
Le béton est un matériau dont la résistance à la compression est environ 10 fois celle en
traction. Il s'agit d'un matériau composite formé de granulats (sable, gravier et pierre
concassée) liés par une pâte de ciment portland hydraté. Le béton est caractérisé par les
propriétés indiquées au tableau 3.1.
Compression fc'
Propriétés mécaniques Traction ft'
Module élastique Ec
Fluage εf ou εc
Changements
volumétriques Retrait εr ou εsh
Dilatation thermique αT
• Au-delà de 30 à 40% σmax , des fissures se forment à l'interface entre la pâte et les
granulats. Ces fissures s'allongent de façon stable avec l'augmentation de la charge.
• À 50% σmax , des fissures se forment dans la pâte entre les granulats. On appelle ce
point la limite de discontinuité. Ces fissures sont principalement orientées dans la
direction parallèle à la charge.
• À environ 75% ou 80% σmax , les fissures s'allongent et convergent pour former un
canevas continu. Ce niveau est appelé la limite critique. Au-delà de ce point,
l'ouverture progressive des fissures, due à un effet de poinçonnement des granulats,
provoque une augmentation apparente du volume. Les fissures longitudinales forment
des colonnettes se disloquant les unes des autres.
La limite critique marque aussi le niveau de contrainte pour lequel une contrainte
soutenue entraînera éventuellement la rupture. De plus, des contraintes cycliques à
75% σmax conduisent également à la rupture.
s1
ev = e1 + 2e2
e2 smax e1
0,75 smax
s1
0,50 smax
e1
e2
0,30 smax
s1
etraction ecomp.
x
30 2s 2s
s s
s = 4,2 MPa
25 où s : écart type
176 essais
Nombre d'essais
20
15
10
Moyenne: 27,2 MPa
Résist. nominale: 20 MPa
5
12 20 28 36 42
Résistance (MPa)
La norme A23.3 spécifie que la valeur moyenne de 30 essais de résistance consécutifs soit :
Ceci garantit statistiquement que la résistance moyenne de trois essais consécutifs sera
satisfaisante et que le résultat de chaque essai ne sera pas inférieur à la valeur spécifiée
diminuée de 3.5 MPa et ce dans 99% des cas.
La résistance à la compression est affectée par plusieurs paramètres dont certains sont
spécifiés par l'ingénieur concepteur. Les principaux facteurs sont énumérés au tableau 3.2.
GU – ordinaire
MH – chaleur d'hydratation modérée
Type de ciment HE – résistance à bas âge améliorée
LH – basse chaleur d'hydratation
HS – résistance aux sulfates
P P
h
s
a a a b
a) Essai de flexion
q = P/L
P C T
L
P
b) Essai brésilien
T T
a) Essai de flexion
σ =M /S (3.3)
S = bh 2 / 6 (3.4)
6M 6 Pa
σ = fr = = (3.5)
bh 2 bh 2
b) Essai brésilien
2P
σ = f sp = (3.6)
π LD
L'essai de traction directe (Fig. 3.3c) est le seul qui mesure directement la résistance en
traction du béton. Il est cependant plus difficile à réaliser et donc rarement utilisé.
σ = f t′ = T / A (3.7)
Les trois types d'essais ne donnent pas la même résistance à la traction. On observe
généralement les relations suivantes entre les essais :
f r ≈ 1.5 f sp (3.8)
f t′ ≈ 0.65 f sp (3.9)
f sp ≈ 1.55 f t′ (3.10)
f r ≈ 2.3 f t′ (3.11)
f t′ ≈ 0.33 f c′ (3.12)
f sp ≈ 0.55 f c′ (3.13)
f r ≈ 0.66 f c′ (3.14)
Les relations présentées ici doivent être perçues comme de bonnes approximations qui
peuvent aisément varier de ± 20%.
Dans la zone T/T, la résistance en traction dans une direction est peu affectée par la
présence d'un effort de traction dans l'autre direction. On obtient dans ce cas des fissures
orthogonales indépendantes.
Dans la zone T/C, la résistance en traction est réduite lorsque la contrainte de compression
augmente selon l'autre direction. Ceci est dû à la présence de microfissures longitudinales,
causées par les charges de compression, dont l’ouverture est amplifiée par les contraintes de
traction agissant dans la direction transversale. Jusqu'à une contrainte de compression égale
à environ 0.85 fc', la rupture s’apparente à une rupture de traction alors que la nature de la
rupture devient de type compression pour une contrainte de compression au-delà de 0.85
fc'.
Dans la zone C/C, la résistance du béton en compression est augmentée à 1.25 pour
σmax*/*σmin = 2 et à 1.15 pour σmax*/*σmin = 1.0. Cette augmentation est due à la
fermeture des fissures longitudinales par les contraintes agissant dans la direction
perpendiculaire.
Les travaux de Kupfer3.3 dans les années 1960 ont mis en évidence le comportement
biaxial. La relation décrivant l’enveloppe de rupture dans la zone de compression biaxiale a
été proposée quelques années plus tard3.4. La zone de traction-compression, qui caractérise
le comportement en cisaillement du béton comme il sera vu au chapitre 5, est bien décrite
par le modèle proposé à la référence 3.5.
s1 s1
s1
s2 s2
f¢t
-f¢c f¢t
s2
- 0,85 f¢c T/C
T/T
T/C s1
C/C s2
s1
s2
- 0,85 f¢c
-f¢c
s 1,15 f¢c
s 1,25 f¢c
150
25,2
120
s1
s1 90
s1 (MPa)
13,9
60 s3 s3
s3
7,5
s2
3,8 s1
30
s3 = 0 MPa
0
0 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07
e1
chargement triaxial quelconque. Ce modèle non linéaire permet, entre autre, de prédire le
mode, la charge et les déformations à la rupture d’éléments en béton armé ou non armé de
géométrie ou chargement quelconque. Ce modèle a en particulier été utilisé pour prédire le
comportement à la rupture de ponts en béton3.6.
Le béton est caractérisé par la non linéarité de la courbe contrainte-déformation (σ-ε), tant
en traction qu'en compression, pour les parties ascendantes comme pour les parties
descendantes, tel que le montre la figure 3.6.
s
f¢c
Ec
1
Eo
1
0,4 f¢c
su
ec eu e
a) Compression
s
f¢t
e
b) Traction
En compression, la courbe est quasi linéaire jusqu'à 30% fc' alors qu'en traction le béton est
presque linéaire jusqu'à 90% ft'. La partie descendante de la courbe est plus prononcée en
traction qu'en compression. En compression, cette partie est plus importante pour du béton
à faible résistance. En effet, plus la résistance du béton est élevée, plus son comportement
est linéaire et fragile, comme illustré sur la figure 3.7.
80
55
f ¢c (MPa)
30
0,002 0,004 e
Pour le module élastique, Ec , on utilise le module sécant calculé à 0.4 fc' [8.6.2]. Ainsi, Ec
est environ 10 % inférieur au module initial Eo (Fig. 3.6). Pour un béton de densité normale
dont fc' est compris entre 20 et 40 MPa, on a :
E c = 4500 f c′ (3.16)
Pour du béton dont la résistance est supérieure à 40 MPa, la dernière équation surestime Ec.
Ainsi pour 20 ≤ fc' ≤ 80 MPa, la norme A23.3 propose la relation suivante :
( )
1.5
⎛ γ ⎞
Ec = 3300 f c′ + 6900 ⎜ c ⎟ (3.17)
⎝ 2300 ⎠
Les valeurs données par les deux équations sont égales pour un béton avec fc' de 33 MPa.
Ces équations doivent être utilisées en exprimant fc' en MPa, la valeur obtenue pour Ec
étant également en MPa. La masse volumique, γc , est exprimée en kg/m3.
Le module élastique donné par l’équation 3.17 correspond à la valeur à 28 jours. Or,
comme la résistance du béton évolue avec l’âge, la prise en compte de l'évolution
temporelle est obtenue en utilisant la résistance du béton évaluée avec l’équation présentée
au tableau 3.2.
3.5.3 Déformations
La déformation au pic en compression uniaxiale, εc, augmente avec fc' , tel que montré sur
la figure 3.7. Une valeur approximative est donnée par l’équation 3.18 où fc' est exprimé en
MPa :
140 + f c′
εc = ≥ 0.002 (3.18)
80000
L'énergie dissipée en traction est égale à l'aire sous la courbe σ-ε (Fig. 3.8). Pour du béton
non armé, l'énergie totale dissipée est approximativement égale à 10 fois l'aire sous la
courbe ascendante3.7.
s
Modèle
f ¢t
Réel
et 5et 16et e
Plusieurs chercheurs3.2 ont proposé différentes courbes σ-ε afin de représenter le béton
comprimé (Fig. 3.9). Le choix de l'une ou l'autre dépend de l'utilisation que l'on veut en
faire. Toutefois, bien qu’il soit rare que l’on ait besoin de ces équations pour la conception,
elles s’avèrent très utiles dans les analyses.
s s
f ¢c f ¢c
s s 2f ²c (e/ec ) s
Linéaire s=
1 + (e/ec)2
f ²c = 0,9f ¢c
f ²c f ¢c
0,15 f ²c
s = f ²c [ 2e e 2
ec - ( ec ) ]
s = f ¢c [ 2 ( ee ) - ( ee )2]
Ec c c
ec 0,0038 e ec eult. e ec e
= 1,8 f ²c /Ec = 1,71 f ¢c /Ec
Hognestad Todeschini Parabole
La relation proposée par Tsai3.8 représente cependant mieux la gamme des bétons
modernes. On a :
β f c′ x
σ= (3.19)
α
⎛ α ⎞ x
1+ ⎜ β − ⎟x +
⎝ α −1 ⎠ α −1
où
ε
x= (3.20)
εc
Ec
β= (3.21)
E pic
f′
E pic = c (3.22)
εc
f c′
α= − 1.85 (MPa ) (3.23)
6.68
Le domaine de validité de cette relation est limité par la valeur de α qui doit être supérieure
à 1.0, de sorte que f c′ doit excéder 19.03 MPa. La figure 3.10 illustre diverses courbes
contraintes-déformations représentées par les équations 3.17 à 3.23.
120
100
80
Contraintes (MPa)
60
40
20
0
0 1000 2000 3000 4000 5000
Déformations (× 106)
s Courbe monotonique
Courbe cyclique
Le béton est un matériau qui évolue dans le temps, c’est-à-dire qu’il subit des modifications
chimiques et physiques en vieillissant. Certaines caractéristiques mécaniques sont donc
appelées à se modifier au cours des années. Toutefois, ce qui caractérise principalement le
béton vieillissant, c’est qu’il subit du retrait et du fluage tout au cours de sa vie. Les
déformations du béton peuvent être divisées en déformations dépendantes et indépendantes
des contraintes. Les déformations dépendantes des contraintes comprennent les
déformations élastiques et les déformations de fluage tandis que celles qui sont
indépendantes des contraintes comprennent les déformations de retrait et les déformations
thermiques. Parmi ces déformations, celles de fluage et de retrait sont des déformations
différées, c’est-à-dire qu’elles sont fonction du temps.
La déformation totale d’un élément de béton peut donc s’exprimer comme suit :
Les déformations de fluage et de retrait sont considérées ici comme étant totalement
indépendantes alors qu’en réalité, ce n’est pas tout à fait le cas. Cependant, la plupart des
publications sur le sujet procèdent ainsi pour des raisons de simplifications évidentes.
Δσ (t )
Δε e (t ) = (3.25)
Ec (t )
De cette équation, on observe que le module d’élasticité du béton est fonction de son âge. Il
augmente très rapidement au début de la cure et ensuite progresse très lentement tout au
long de la vie du béton. La déformation élastique provoquée par un incrément de contrainte
au temps t est donc inférieure à celle causée par ce même incrément mais au temps to (pour
t > to). De plus, si la contrainte est enlevée après un certain intervalle de temps, le
recouvrement sera inférieur à la déformation initiale en fonction de la nouvelle valeur de
Ec.
3.6.1 Le retrait
où εr ∞ : retrait maximal
Fvs : facteur fonction du rapport Volume/Surface
FHR : facteur fonction de l'humidité relative
Ft : fonction variable avec le temps.
Un grand nombre de lois ou expressions pour ces termes sont proposées dans la littérature
ou adaptées par les normes3.11.
er
er (t, to)
er¥
to t t
Le retrait est récupérable en partie si les conditions d'exposition changent. Ainsi, on peut
observer des cycles de retrait et gonflement pour des structures où l'humidité relative varie
dans le temps, comme les barrages en particulier.
3.6.2 Le fluage
Le fluage survient lorsque le béton est soumis à une charge constante. Les déformations
élastiques instantanées sont suivies de déformations différées dans le temps (Fig. 3.13).
P Df
D
De
De
to t
Le taux de fluage diminue dans le temps et la déformation de fluage atteint une valeur
limite maximale. Le fluage est influencé par l'humidité relative (augmente si HR diminue),
le rapport volume/surface et par l'intensité de la charge appliquée.
Comme le fluage cause une augmentation des déformations, on le considère dans les
calculs en réduisant le module élastique, appelé module effectif ou module soutenu. Pour
des contraintes inférieures à environ 40% fc', les déformations de fluage sont
proportionnelles aux contraintes :
σ
ε totale = ε e + ε f = [1 + φ (t , t 0 )] (3.27)
E c (t )
E c (t )
Donc, E eff = (3.28)
1 + φ (t , t 0 )
La valeur de φ peut être calculée à partir des conditions réelles d'humidité, de géométrie,
etc3.11. Dans les normes de calcul, on propose des valeurs simplifiées pour le calcul des
flèches. Ainsi, la norme A23.3 [9.8.2.5] propose les valeurs indiquées au tableau 3.3
calculées par rapport au module élastique à 28 jours.
Pour des structures complexes construites par étapes, il importe de considérer le fluage
selon les conditions réelles.
La dilatation thermique du béton est très variable selon le type de granulats et les extrêmes
se situent entre 6 et 12 με/°C. Règle générale, on assume que αT varie de 8 à 10 με/°C et la
valeur de 10 × 10-6/°C est souvent prise par défaut pour le béton. À titre de comparaison,
αT de l'acier est égal à 12 × 10-6/°C. Cette proximité des modules de dilatation thermique
fait en sorte que l’acier et le béton ont des déformations relativement compatibles lors de
variations thermiques importantes, ce qui constitue un avantage. On a donc la relation
suivante où ΔT est la variation de température :
ε th = α t ΔT (3.29)
Certains granulats réagissent chimiquement avec les alcalis contenus dans la pâte de
ciment. Cette réaction provoque un gonflement du béton qui s'accentue avec la présence
d'eau et l'augmentation de la température. Des gonflements de 50 με par année ont déjà été
observés sur certains barrages. À titre d'exemple, le barrage de Beauharnois s'élève de
2*mm par année alors que celui de La Tuque s'élève de 1 mm par an. Pour les structures
nouvelles où l'expansion volumétrique est néfaste, on doit s'assurer d'avoir des granulats
non réactifs.
Parmi les nombreuses méthodes proposées dans les normes, une étude récente3.11 conclut
que la méthode du ACI3.12 semble tout à fait appropriée pour prédire les déformations
différées sur les structures réelles. Les équations permettant de déterminer les coefficients
de fluage et de retrait à partir des recommandations de cette norme sont présentées ici.
Notons que la Code canadien sur le calcul des ponts routiers3.13 recommande un calcul des
déformations issues du retrait et du fluage à partir du modèle du CEB-FIP-19903.14, à
l'exception du calcul du module élastique. Les détails de ce modèle sont présentés à la
référence 3.11.
a) Coefficient de fluage
(t − t o ) 0.6
φ (t , to ) = φ (∞) ⋅ (3.30)
10 + (t − to ) 0.6
où
où, γc est égal à 1, pour les conditions de références standardisées. Si les conditions réelles
diffèrent des conditions de références, γc devient la multiplication de différents coefficients
représentant les facteurs affectant le fluage. Toutefois, si un facteur particulier correspond à
la condition de référence standardisée, la valeur du coefficient correspondant sera prise
égale à 1. Le coefficient γc s'évalue comme suit :
γ c = γ la ⋅ γ RH ⋅ γ h ⋅ γ s ⋅ γ ψ ⋅ γ η (3.32)
où
γla = Coefficient pour l’âge du béton au chargement ;
γRH = Coefficient pour l’humidité relative ambiante ;
γh = Coefficient pour l’épaisseur moyenne ou pour le ratio volume/surface ;
γs = Coefficient pour l’affaissement ;
γΨ = Coefficient pour le pourcentage de granulats fins ;
γη = Coefficient pour la quantité d’air entraîné.
Pour un béton chargé à un âge plus grand que 7 jours pour une cure humide ou plus grand
que 3 jours pour une cure vapeur, le coefficient γla, qui tient compte de l’âge au
chargement, doit être évalué comme suit :
Lorsque l’humidité relative du milieu ambiant diffère de 40%, le coefficient γRH qui tient
compte de l’humidité relative (RH) doit être déterminé comme suit :
Dans le cas où le ratio volume de béton sur la surface exposée (V/S) diffère de 38 mm, le
coefficient γh doit être calculé avec l'équation suivante :
2
3
[
γ h = ⋅ 1 + 1.13 ⋅ e (− 0.0213⋅V / S ) ] (3.36)
b) Retrait
où
εsh(∞) = Coefficient de retrait ultime ;
t = Âge du béton au moment considéré (jours) ;
tsh,o = Âge du béton au début du séchage (jours).
Comme dans le cas du fluage, si les conditions réelles diffèrent des conditions de référence,
γsh devient la multiplication de différents coefficients représentant les facteurs affectant le
retrait et si un facteur particulier correspond à la condition de référence, la valeur du
coefficient correspondant sera prise égale à 1. Les coefficients considérés sont les mêmes
que ceux du fluage avec, en plus, un coefficient tenant compte de la quantité de ciment
(γC). Évidemment, le coefficient qui tient compte de l’âge au chargement ne s’applique pas
dans ce cas-ci. Le coefficient γsh s'évalue comme suit :
γ sh = γ RH ⋅ γ h ⋅ γ s ⋅ γ ψ ⋅ γ η ⋅ γ C (3.43)
Lorsque l’humidité relative du milieu ambiant diffère de 40%, le coefficient γRH qui tient
compte de l’humidité relative (RH) doit être déterminé comme suit :
Pour un ratio V/S du volume de béton sur la surface exposée différent de 38 mm, le
coefficient γh doit être calculé tout comme pour le fluage. On a :
Pour Ψ ≤ 50% :
γΨ = 0.3 + 0.014⋅Ψ (3.48)
Les aciers d'armature sont faits à partir de lingots ou billettes chauffés, ou par étirement à
froid pour les fils. L'acier peut provenir de billettes, lingots ou d'acier de rails. Dans les
conceptions courantes, on a besoin d'une ductilité suffisante ce qui requiert que l'acier se
déforme de façon plastique au-delà de la limite élastique. Il est possible d'utiliser des treillis
soudés, surtout pour les dalles sur sol. Le tableau 3.4 énumère les normes CSA associées
aux aciers d'armature.
Les courbes contrainte-déformation des aciers les plus courants sont illustrées sur la figure
3.14.
La nuance la plus utilisée au Canada pour les barres d'armature est de 400 MPa
(fy = 400 MPa). On peut aussi trouver des nuances 300 et 350 MPa pour les barres
crénelées. Les fils formés à froid ont une résistance supérieure aux barres crénelées mais
ont une ductilité moindre. En béton précontraint, on utilise des barres crénelées ou des
câbles dont la résistance est beaucoup plus grande que celle de l'acier d'armature courant.
2000
Fil de précontrainte
1600
1400
1200
Barre de précontrainte
MPA
1000
800
Fil formé à froid
600 Barre crénelée 400
Dimensions
Masse
Nomenclature
linéique Diamètre Aire de la Périmètre
des barres
kg/m théorique section (mm)
(mm) (mm2)
10M ou No 10 0.785 11.3 100 35.5
15M ou No 15 1.570 16.0 200 50.1
20M ou No 20 2.355 19.5 300 61.3
25M ou No 25 3.925 25.2 500 79.2
30M ou No 30 5.495 29.9 700 93.9
35M ou No 35 7.850 35.7 1000 112.2
45M ou No 45 11.775 43.7 1500 137.3
55M ou No 55 19.625 56.4 2500 177.2
X X ORDRE
2 2
0 0 Identification de l'usine sur toutes les nuances
Nomenclature sur toutes les nuances
4
0 Espace si la nuance est en chiffres
0 Nuance alternatives permises
Les barres d'armature sont attaquées par les agents corrosifs, particulièrement pour les
ouvrages d’art (ponts, parapets, quais). Les détériorations observées sur les structures
exposées ont amené différents moyens de protection : le recouvrement à l'époxy (matériau
non corrosif); la galvanisation (zinc); la protection cathodique (courant galvanique).
Certains fabricants offrent également des barres de matériaux composites comme le fibre de
verre. Ces types de barres ne sont cependant pas encore acceptés par les normes.
L'absence de résistance post-pic en traction fait du béton un matériau fragile. Cette lacune
peut être compensée en lui ajoutant des fibres au béton qui procurent au béton une certaine
ductilité en traction. Les fibres existent dans une grande variété de matériaux (acier, fonte,
polypropylène, verre, carbone, etc.) et de géométries (0.1 à 100 mm de longueur, de 0.01 à
2 mm de diamètre par exemple). Pour un type de fibre donné, les propriétés du béton
renforcé de fibres (BRF) varient selon le dosage: la résistance post-fissuration croît avec
l'augmentation du dosage en fibres et la ductilité (dissipation d'énergie) en est augmentée3.15
(Fig. 3.16). Pour des dosages usuels (inférieurs à 2% par volume environ pour les fibres
d'acier) la résistance en traction est peu influencée par l'ajout de fibres alors que la
résistance post-fissuration est grandement améliorée.
s
Volume de fibres
3%
2%
1%
0%
e
Les fibres d'acier ont un module élastique élevé qui les rendent efficaces dès la fissuration
du béton. Elles sont donc appropriées pour le contrôle de la fissuration tout en étant
efficaces pour des ouvertures de fissures de l'ordre de 1 à 2 mm. Au delà de cette limite les
fibres d'acier perdent de leur efficacité. À l'opposé les fibres synthétiques ont un module
élastique faible (de l'ordre de 3000 MPa pour des fibres de polypropylène) ce qui limite leur
efficacité pour le contrôle des fissures, sauf pour le béton au très jeune âge en début de
prise qui présente un module élastique plus faible que celui des fibres. Dans cette phase les
fibres synthétiques peuvent servir à contrôler la fissuration du béton plastique. Pour les
applications où l'ouverture des fissures est moins problématique, l'utilisation de fibres
synthétiques peut s'avérer approprié.
Selon les applications et le type de fibres utilisé, les fibres peuvent remplacer de façon
avantageuse, en totalité ou en partie, les aciers d’armatures conventionnels. On trouve
comme application les dalles sur sol, les dalles de ponts3.16, les voussoirs de tunnels, les
tuyaux, etc. On utilise également les fibres dans le béton projeté afin d'améliorer ses
caractéristiques mécaniques. Des études récentes3.17 ont démontré que les fibres améliorent
le comportement des joints de cadres rigides soumis à des charges cycliques (tremblements
de terre). Le BRF nécessite une bonne compréhension de l’action des fibres dans le béton
durci et certaines précautions dans l’élaboration du mélange afin qu’il conserve une
maniabilité adéquate3.18.
Il est maintenant possible de considérer les fibres dans les calculs en adoptant des
hypothèses similaires à celles utilisées dans les éléments en béton armé. La propriété
fondamentale la plus utile dans ce cas est la résistance en traction directe3.19 du BRF en
fonction de l'ouverture des fissures. Le type d'essai et les résultats obtenus sont illustrés sur
la figure 3.17.
P s
f¢t
Fig. 3.17 Essai de traction directe sur carotte entaillée pour le BRF
RÉFÉRENCES
3.2 Wight, J. and MacGregor, J.G. Reinforced Concrete – Mechanics and Design,
Prentice-Hall, 2009.
3.3 Kupfer, H., Hilsdorf, H.K. and Rusch, H. Behaviour of concrete under biaxial
stresses, American Concrete Institute Journal, Vol. 66, No. 8, 1969, pp. 656-666.
3.4 Kupfer, H.B. and Gerstle, K.H. Behaviour of concrete under biaxial stresses,
Journal of the Engineering Mechanics Division, ASCE, Vol. 99, No. EM4, 1973, pp.
853-866.
3.6 Bouzaiene, A. and Massicotte, B. Nonlinear finite element analysis of R/C bridges,
Proceeding of the Annual Conference of the Canadian Society for Civil Engineering,
Sherbrooke, May 1977, Vol. 7, 1997, pp. 301-310.
3.7 Massicotte, B., Elwi, A.E. and MacGregor, J.-G. Analysis of reinforced concrete
panels loaded axially and transversely. Report No 161, Department of Civil
Engineering, University of Alberta.
3.8 Tsai, W.T. Uniaxial compressional stress strain relation of concrete, Journal of
Structural Engineering, Vol. 114, No. 9, 1988, pp. 2133-2136.
3.9 Darwin, D. and Pecknold, D.A. Nonlinear biaxial stress-strain law for concrete,
Journal of the Engineering Mechanical Division, ASCE, Vol. 103, No. EM2, 1977,
pp. 229-241.
3.10 Yankelevsky, D.Z. and Reinhardt, H.W. Response of plain concerte to cyclic
tension, American Concrete Institute Materials Journal, Vol. 84, No. 5, 1987, pp.
365-373.
3.11 Michaud, M.-C., Massicotte, B. et Bastien, J. Déformations différées des ponts faits
de poutres préfabriquées en béton précontraint avec dalle coulée en place, Rapport
No EPM/GSC - 1998 – 04, École Polytechnique de Montréal, 1998.
3.12 ACI Committee 209. Prediction of Creep, Shrinkage and Temperature Effects in
Concrete Structures, ACI Manual of Concrete Practice, Detroit, 1992, pp. 209R-1-
209R-47.
3.13 Association Canadienne de Normalisation. Code canadien sur le calcul des ponts
routiers, CAN/CSA-S6-06, Mississauga, Ontario, 2006.
3.14 CEB-FIP. Code modèle CEB-FIP pour les structures en béton. Recommandations
Internationales CEB-FIP, Paris, 1990.
3.15 Rossi, P. Les bétons de fibres métalliques. Presses de l’École Nationale des Ponts
et Chaussées, Paris, 1998, 309 p.
3.16 Massicotte, B., Bélanger, A. and Moffatt, K. Analysis and design of SFRC bridge
decks. Proceeding of the Fifth RILEM Symposium of Fibrer-Reinforced Concrete,
Lyon, France, Septembre 13-15 2000, pp. 263-272.
3.18 Massicotte, B., Degrange, G., Bélanger, A., Moffatt, K. et Fragapane, L. Utilisation
de béton haute performance avec fibres d’acier dans les dalles de pont en vue
d’accroître leur durabilité, Phase 2 – 1998. École Polytechnique de Montréal,
Département des Génies civil, géologique et des mines. Rapport no EMP/CGS-
1999-06.
3.19 RILEM. RILEM TC 162-TDF - Tests and design methods for steel fibre reinforced
concrete: Uni-axial tension test for steel fibre reinforced concrete. Materials and
Structures, 2001, Vol. 34, pp.3-6.
RÉSISTANCE À LA FLEXION
La présente section présente les concepts généraux décrivant le comportement des poutres
en béton. Ces principes seront repris dans les sections subséquentes, exprimés en fonction
des prescriptions de la norme.
Le béton est un matériau peu résistant et relativement fragile en traction. Il tend donc à se
fissurer sous l'effet des charges. L'acier d'armature ajouté au béton prend la relève de celui-
ci en traction une fois qu'il est fissuré et permet aux éléments fléchis d'avoir un
comportement ductile.
Le comportement d'une poutre en béton armé varie selon le stade de chargement. On peut
le subdiviser en trois étapes, comme illustré sur la figure 4.1.
1. Comportement élastique avant fissuration. Ce stade existe entre 0 < M < 15% Mult
environ. Dans ce cas, on peut écrire : σ = Eε et σ = M ⋅ y/I . Cette relation est valide
jusqu’à ce que la fissuration soit initiée à la fibre tendue, soit pour M = Mcr.
2. Après la fissuration du béton, l'acier d'armature reprend les efforts de traction alors que
le béton est comprimé. La relation σ = M⋅ y/I n'est plus applicable car la section n'est
plus homogène. En effet l’expression σc = Ecε pour le béton n'est plus valide car le
béton a un comportement non linéaire au-delà de 40% fc'. Par contre, l'acier demeure
élastique et l’équation σs = Esε demeure valide. Cet état est celui retrouvé en service où
15%aMulta<aMa< 95%aMult environ.
ss
M
fy
A.N.E.
ss < fy
ye
Béton
As
Acier es
y e s
ss
A.N. Béton
M
ys fy
es < ey ss < fy
Acier es
e s
ss
A.N. Béton
M
yp fy
es < ey ss = fy
Acier es
e s
Le long d'une poutre, le moment est variable. Certaines portions de la poutre où M = Mmax
subissent les 3 stades précédents. D'autres, où M < Mmax, n'atteindront pas le troisième
stade alors que certaines ne se fissureront pas.
Pour une section soumise à un moment croissant jusqu’à sa valeur maximale, on observe la
relation moment-courbure présentée à la figure 4.2. À partir de l'instant où l'acier
d'armature se plastifie, la section subit des grandes rotations ce qui engendre une
augmentation rapide des flèches avant la rupture. C'est ce qu'on nomme la ductilité en
flexion.
M
Mult. Rupture
My
Plastification
de l'armature
Service y M
M
EIg e
1 EIcr
y
1
y = e/y
Mcr Fissuration
ycr ys yy yp yu
y : courbure (mm-1)
Trois hypothèses principales, illustrées sur la figure 4.3, sont adoptées dans le calcul des
poutres en béton armé :
1- Les sections planes restent planes. Cela signifie que ε = ψ⋅y pour toutes les fibres et
que εc = εs à une même fibre [10.1.2]. Ceci s’applique peu importe le stade de
chargement, que les matériaux soient linéaires ou plastifiés.
À l'état limite ultime la résistance des matériaux est réduite selon l'approche probabiliste
décrite au chapitre 2. On utilise les coefficients de tenue suivants [8.4.2 et 8.4.3] : pour
l'acier φs = 0.85 alors que pour le béton φc = 0.65.
e linéaire même si
s est non linéaire
e s
a) Hypothèse des sections planes
s Réel
fy
Adopté
ey eult. e
b) Contraintes dans l'acier
s
f¢c Réel
a1f ¢c
Adopté
0,0035 e
c) Contraintes dans le béton
La notation pour déterminer les dimensions des poutres en béton est illustrée sur la figure
4.4. L'aire de l'armature tendue est dénotée As alors que la position du centre de gravité des
aciers tendus par rapport à la fibre comprimée est identifiée par la variable d. De manière
similaire l'aire et la position des armatures près de la fibre comprimée sont respectivement
dénotés A's et d'. Pour les poutres en T, la largeur de la section du côté inférieur est égale à
b ou bw alors que la largeur de la semelle du côté supérieur de la poutre en T est dénotée bf .
b ou bf
A ¢s d¢
M M
d
h
As
b ou bw
Vue en élévation Vue en coupe
a) Poutre soumis à un moment positif
bf
As
h
d
M M
A ¢s d¢
b
Vue en élévation Vue en coupe
b) Poutre soumis à un moment négatif
Tant que la contrainte de traction dans le béton n'a pas atteint la résistance de celui-ci, les
contraintes se calculent en appliquant les relations de la résistance des matériaux. D'une
manière rigoureuse l'inertie transformée de la section devrait être utilisée. Toutefois, il est
de pratique courante d'utiliser l'inertie brute de la section (Ig) pour déterminer les
contraintes avant la fissuration, la différence entre les deux valeurs étant généralement
petite avant la fissuration. Pour le béton et l'armature (figure 4.5) les contraintes sont
données par les relations suivantes applicables aux sections de forme quelconque fléchies
selon l'un de leurs axes principaux :
M y
fc = σ c = (4.1)
Ig
M ys
fs = σ s = n (4.2)
Ig
E
où: n= s (4.3)
Ec
A.N.
sbéton sbéton
C.G.
A.N.
d
h
ys sacier
ys
As sacier yt
La résistance en traction du béton adoptée par la norme est le module de rupture obtenu
d'un essai de flexion (voir section 3.1). La valeur retenue par la norme A23.3 est [8.6.4] :
Lorsque le béton en traction atteint cette valeur la fissuration est initiée. Le moment
correspondant à l'initiation de la fissuration (Mcr) est égal à :
fr I g
M cr = (4.5)
yt
Le principe de calcul est celui de l'aire transformée en équivalent de béton. Pour un rapport
des modules élastiques n = Es Ec , on transforme l'aire de l'acier en équivalent de béton.
Pour l'acier situé dans la zone fissurée, on a :
Ast = n As (4.6)
alors que pour l'acier situé dans le béton non fissuré, il faut retrancher la partie de béton
occupée par l'acier de sorte que :
′ = (n − 1) As′
Ast (4.7)
La section effective avant et après fissuration est montrée sur la figure 4.6 pour une section
rectangulaire et la figure 4.7 pour une section en T. Les paramètres géométriques d'une
section fissurée avec armature comprimée et les diverses relations applicables aux poutres
rectangulaires sont donnés au tableau 4.1. Ces relations expriment l'inertie par rapport à
l'axe neutre fissuré pour une section où la somme des forces est nulle. Les relations pour
l'inertie fissurée d'une poutre en T sans acier comprimé sont données au tableau 4.2.
Le calcul des contraintes dans l'acier et le béton est fait en utilisant l'équation de la
résistance des matériaux pour un comportement linéaire. Pour l'acier, il faut cependant
multiplier la contrainte par le rapport des modules (n) car celles-ci ont été trouvées en
équivalent de béton :
M ⋅ yc M ⋅ ccr
fc = = (4.8)
I cr I cr
M ⋅ ys M ⋅ ( d − ccr )
fs = n =n (4.9)
I cr I cr
où ys = d − ccr (4.10)
Paramètre Équation
Inertie brute 1 3
Ig = bh
12
fr I g h
Moment de fissuration M cr = où yt = et f r = 0.6λ f c′
yt 2
1 3 2dB + 1 − 1
Inertie fissurée sans I cr = b ccr + n As (d − ccr ) 2 où ccr =
acier comprimé 3 B
1 3
I cr = b ccr + n As ( d − ccr ) 2 + ( n − 1) As′ ( d '− ccr ) 2
3
Inertie fissurée avec
acier comprimé ⎛ rd ′ ⎞ 2
2dB ⎜ 1 + ⎟ + (1 + r ) − (1 + r )
où ⎝ d ⎠
ccr =
B
Paramètres b et (n − 1)As′
B= r=
géométriques n As n As
b (n - 1) A¢s b
s s
d¢
A¢s ccr
A.N.
h/2
d
A.N.
h
c.g.
ys
yt n As
As
fr fs /n
Tableau 4.2 Calcul des propriétés fissurées d'une poutre en T sans armature comprimée
Paramètre (1)
Équation
fr I g
Moment de fissuration M cr = où f r = 0.6λ f c′
yt
( b − bw ) h3f 3
bwccr
I cr = + + ...
12 3
2
⎛ hf ⎞
Inertie fissurée sans ...+ ( b − bw ) h f ⎜ ccr − ⎟ + nAs (d − ccr )
2
acier comprimé ⎝ 2 ⎠
où ccr =
( )
C 2d + h f + (1 + f ) − (1 + f )
2
> hf
C
bw h f (b − bw )
Paramètres C= et f =
géométriques n As n As
(1): Applicable seulement dans le cas où ccr > hf
b
σ
ccr
A.N.
A.N.
d d
c.g.
n As ys
yt
As
fs /n
bw fr
a) Avant fissuration b) Après fissuration
Lorsque la fissuration survient il est nécessaire que la résistance de la poutre fissurée soit
supérieure à sa résistance avant la fissuration. Afin de garantir la non fragilité des éléments
fléchis lorsque survient la fissuration, la norme exige que l'armature soit présente en
quantité suffisante pour être en mesure de reprendre l'effort de flexion Mcr majoré de 20%.
La majoration prend en considération que la résistance à la fissuration peut être supérieure
à celle assumée dans le calcul. Ainsi l'exigence de la norme à l'égard de la non fragilité à la
fissuration est donnée par [10.5.1.1] :
M r ≥ 1.2 M cr (4.11)
Lors de la fissuration, le béton est assumé avoir un comportement linéaire élastique et les
équations de la résistance des matériaux sont applicables. Ainsi, l'armature minimale
correspondant au critère énoncé plus haut est obtenue en égalant la force de compression
dans le béton à la force de traction dans les armatures lorsque celles-ci atteignent la
plastification pour un moment égal à 1.2 Mcr :
Pour une section rectangulaire la résultante des forces de compression dans le béton est :
ce qui donne :
0.6 M cr 2
As min = b ccr (4.13)
φs f y I cr
Pour une section en T la somme des forces dans le béton en compression est :
2
1.2 M cr ⎡ ccr + (ccr − h f ) ⎤ 1.2 M cr bwccr
Ccr = C f + Cw = ⎢ (
⎥ fb − b )
w fh +
I cr ⎣ 2 ⎦ I cr 2
ce qui conduit à :
0.6 M cr ⎡
As min = b c 2 + (b f − bw )(2ccr − h f )h f ⎤ (4.14)
φs f y I cr ⎣ w cr ⎦
Pour des sections autres que rectangulaires ou en T les mêmes principes d'équilibre
s'appliquent.
La solution des équations 4.13 et 4.14 n'est pas directe car la connaissance de l'armature est
requise pour calculer Icr. L'utilisation d'un outil de résolution informatisé s'avère donc
nécessaire. Ceci n'est toutefois généralement pas requis en pratique. En effet, l'armature
dans les éléments structuraux courants excède habituellement largement l'armature
minimale et cette vérification, quoique nécessaire, n'est généralement pas critique. Ainsi il
est recommandé d'utiliser l'armature réelle des éléments pour le calcul de Icr pour vérifier
par la suite le critère de non fragilité. Dans l'éventualité où rencontrer ce critère s'avère
critique, il sera alors possible d'utiliser des outils de calculs numériques.
M r = φs As f y × 0.7 h (4.15)
bh 2
M r = φs As f y × 0.7h ≥ 1.2 × 0.6λ fc' × (4.16)
6
0.20 f c′ bh
As min = (4.17)
fy
0.20 fc′ bt h
As min = (4.18)
fy
Le béton possède une courbe σ-ε non linéaire. Afin de simplifier les calculs, on utilise une
répartition de contraintes constante appelée bloc de contraintes équivalent illustré sur la
figure 4.8. La forme et l'amplitude des contraintes du bloc équivalent ont été obtenues par
calibrage de sorte que la force équivalente du bloc soit égale à la force de compression
réelle et que les résultantes de ces forces soient à la même position, comme montré sur la
figure 4.8.
0,0035 s = f ¢c a1 f ¢c
Créel Céq.
a
c
Axe neutre
d
Négligeable
ss = fy ss = fy
e sréel séquivalent
La forme des diagrammes σ-ε change avec la résistance du béton, amenant une
modification du centre de gravité du diagramme de contraintes. La forme de la courbe σ-ε
tend vers un triangle pour du béton à haute résistance alors qu’elle s’apparente à un
rectangle pour du béton moins résistant (Fig. 4.9).
s s
80 MPa
20 MPa
0,0035 e 0,0035 e
Les règles adoptées [10.1.7] font en sorte que la somme des forces et le point d’application
de la résultante du bloc équivalent correspondent aux conditions réelles.
a = β1c (4.20)
La variation de α1 et β1 est illustrée sur la figure 4.10 alors que certaines valeurs sont
données au tableau 4.3.
1,0
b1
0,9
a1
0,8
0,7
0,6
0,5
0 20 40 60 80 100
f¢c (MPa)
fc' (MPa) α1 β1
20 0.820 0.920
30 0.805 0.895
40 0.790 0.870
50 0.775 0.845
60 0.760 0.820
Le calcul de la résistance des éléments fléchis est basé sur l'équilibre des forces axiales de
compression dans le béton (Cc) et de traction dans l’acier (Ts). Selon la figure 4.11 et en
considérant les coefficients de tenue des matériaux, on trouve :
Ts = φs f y As (positif) (4.23)
φs As f y
Ac = (4.24)
α1φc fc′
0,0035 a1 f ¢c
dc Cc
c a
A.N.
M
d - dc = e
d d
As
es > ey ss = fy Ts
M r = Ts ⋅ d − Cc ⋅ dc = Ts (d − dc ) = Cc (d − dc ) = Cc e = Ts e (4.25)
ou encore : M r = φs As f y (d − dc ) = φs As f y e (4.26)
0,0035 a1 f ¢c
ab
cb
es = ey
Asb
ss = fy
e s
cb d − cb
= (4.27)
0.0035 εy
cb 0.0035
soit : = (4.28)
d 0.0035 + ε y
Avec Es = 200 000 MPa et fy = Es εy , on a :
cb 700
= (4.29)
d 700 + f y
700 β1 d
d'où : ab = β1 cb = (4.30)
700 + f y
700 β1 d
a ≤ ab = (4.31)
700 + f y
As > Asb
As = Asb
Moment
As < Asb
Courbure
où Mr est la résistance pondérée (Mr < Mult ) et Mf est le moment pondéré dû aux charges
(Mf > Mutilisation). En appliquant les principes présentés à la section 4.1.7, le moment
résistant pondéré est obtenu en calculant la somme des efforts internes pondérés, montrés
sur la figure 4.14.
f′c φcα1 f ′c
0,0035
Cc
A.N.
d d
d - a/2
As
εs > εy φsfy Ts
ε σ Résultantes
b
C c = φ c α 1 f c′ a b (4.33)
Ts = φ s As f y (4.34)
φ s As f y
a= (4.35)
φ c α 1 fc′ b
M r = T s (d − a / 2) = φ s As f y (d − a / 2) ≥ M f (4.36)
ou encore :
⎛ 1 φs As f y ⎞
M r = φs As f y ⎜ d − ⎟ (4.37)
⎝ 2 φc α1 fc′ b⎠
0.20 f c′ bh
As min = (4.38)
fy
α φ f ′ ⎛ 700 ⎞
Asb = 1 c c β1 ⎜ ⎟ bd (4.39)
φs f y ⎜ 700 + f y ⎟
⎝ ⎠
Il est courant d'exprimer la quantité d'armature d'une poutre en pourcentage de bd. Ceci est
utile en particulier pour l'utilisation de tables de conception présentées entre autre dans le
Concrete Design Handbook. Ainsi, le pourcentage d'armature, ρ, est égal à :
As
ρ= (4.40)
bd
⎛ φs ρ b d f y ⎞
M r = φ s ρ b d f y ⎜⎜ d − ⎟
⎟ (4.41)
⎝ 2 φ α f ′
c 1 c ⎠b
Si on définit :
⎛ φs f y ρ ⎞
K r = ρ φ s f y ⎜⎜1 − ⎟
⎟ (4.42)
⎝ 2 φ α f
c 1 c⎠ ′
On obtient :
M r = Kr bd 2 ≥ M f (4.43)
Le Concrete Design Handbook4.1 (ou CDH) fournit des abaques où Kr est exprimé en
fonction de ρ , fc' et fy Il en va de même pour l’armature minimale, où exceptionnellement
ρ = As/bh , de sorte que l’équation 4.38 devient :
As min 0 .2 f c′
ρ min = = (4.44)
bh fy
EXEMPLE 4.1
d
h
As = 4 No 25
As = 4 × 500 = 2000 mm 2
Selon l’abaque 2.1 à la page 2.20 du CDH, on obtient par interpolation linéaire : Kr
= 3.35. En appliquant l'équation 4.42 on obtient :
M r = K r bd 2
c) Autres vérifications
Selon l'équation 4.38, on a :
0.20 f c′ 0.20 30
As min = bh = × 350 × 550 = 527 mm 2
fy 400
L'armature maximale est donnée par l'équation 2.39. On obtient :
α φ f ′ ⎛ 700 ⎞
Asb = 1 c c β1 ⎜ ⎟ bd
φs f y ⎜ 700 + f y ⎟
⎝ ⎠
Le choix des dimensions est gouverné par des conditions géométriques (dégagement,
hauteur libre), architecturales (esthétique), pratiques (largeur des poteaux), coffrages
(dimensions disponibles), performance (flèches), etc.
Une règle de bonne pratique indique que la profondeur d'une poutre, incluant la dalle, varie
entre environ 1/15 et 1/12 de sa portée (L/15 < h < L/12). La largeur des poutres est souvent
prise égale à la demi-profondeur de la poutre (b = h/2). Pour les poutres coulées de façon
monolithique avec des poteaux, il est recommandé, lorsque ceci s'y prête, de choisir les
poutres de même largeur que les poteaux.
Deux approches sont possibles. On peut soit calculer la quantité requise à partir des
équations, soit utiliser des tables de conception (Concrete Design Handbook). Règle
générale, pour des poutres sous armées avec ρ = 0.5 ρ max , la valeur de (d − a / 2) ≈ 0.9d .
Cette valeur de 0.9 peut toutefois varier de 0.8 à 0.95 selon les applications.
M r ≈ φ s As f y × 0.9 d ≥ M f (4.46)
Mf
As ≥ (4.47)
φ s f y × 0.9 d
M r = K r bd 2 ≥ M f (4.48)
Mf
donc : Kr ≥ (4.49)
bd 2
L’enrobage minimal de l'acier d'armature, cr , est donné selon le type d'application. Cet
enrobage assure à la fois une protection contre la corrosion et une protection contre le feu.
Quelques-unes des épaisseurs d’enrobage minimales de la norme A23.1, présentées en
annexe à la norme A23.3 [A6.6.6.2.3], sont données au tableau 4.4 et illustrées sur la figure
4.16.
Armature principale cr ≥ 40 mm
(poutres, colonnes)
Armature de cisaillement cr ≥ 30 mm
(poutres, colonnes)
Armature principale cr ≥ 20 mm
(dalles, murs)
L'espacement entre les aciers principaux de flexion est fonction de la facilité de mise en
place du béton et du diamètre des plus gros granulats. Les espacements minimaux sont
identifiés sur la figure 4.16.
s ³ 30 mm
Cr Cr
Étrier Armature
Cr Cr principale
s ³ 1,4 da
s ³ 1,4 db
s ³ 30 mm
EXEMPLE 4.2
8000 mm
a) Choix de la section
wf = 1.25 wD+ 1.5 wL = 1.25 (4.7 + 16) + 1.5 ×12 = 43.9 kN/m
c) Position de l'armature
M r ≈ φ s As f y × 0.9 d ≥ M f
Mf 351 × 10 6
As ≥ = = 196 4 mm 2
φ s f y × 0.9 d 0.85 × 400 × 0.9 × 584
K r = 3.40 ρ = 1.10% ⎫⎪
K r = 3.43 ρ=? ⎬ Par interpolation, ρ ≥ 1.11%
K r = 3.50 ρ = 1.14% ⎪⎭
f) Autres vérifications
Selon les équations 4.38 et 4.39, on a :
0.2 40
As min = × 300 × 650 = 617 mm 2
400
g) Mise en place
Le diamètre usuel des gros granulats pour du béton normal, da , est égal à 20 mm.
L’espacement horizontal disponible entre les armatures est égal à :
s = (300 - 2 × 40 - 2 × 11 - 3 × 30) / 2 = 54 mm
> 1.4 × 20 = 28 mm
> 1.4 × 30 = 42 mm ⇒ OK
> 30 mm
Étriers No 10
s = 54 [mm]
4.4 POUTRES EN T
Les poutres en T se retrouvent très fréquemment dans les structures car les dalles font
souvent corps avec la poutre. Dans les zones de moment positif, la partie de la dalle est
comprimée dû à la flexion de la poutre en T. Dans les zones de moment négatif, c’est la
partie verticale du T qui est comprimée et la poutre se comporte alors comme une poutre
rectangulaire.
bf bf
Coupe hf
bw bw
bf Variation réelle
Contraintes
longitudinales
Contraintes uniformes
équivalentes
bf ≤ bw + 24 hf bf ≤ bw + 6 hf
bf ≤ bw + ( s1 + s2 ) / 2 bf ≤ bw + s1 / 2
bf bf
hf
S1 S2 bw S1
bw
Dalle d'un seul côté
Dalle des 2 côtés
L L L
Pour plusieurs poutres en T, l'aire de la dalle (bf × hf ) est suffisamment grande pour que
seule la dalle soit comprimée. Ceci survient lorsque :
T s = φ s As f y ≤ C c = φ c α 1 f c′ b f h f (4.50)
bf
0,0035 a1f ¢c
a c a
hf
d
Zone
comprimée
es > ey fy
As
bw
Ts = φ s As f y (4.52)
φ s As f y
d'où : a= (4.53)
φ c α 1 f c′ b f
M r = φ s As f y (d − a / 2) (4.54)
Dans ce cas on peut aussi utiliser les abaques du CDH comme pour une section
rectangulaire tel que montré à la section 4.2.4.
EXEMPLE 4.3
150
d = 704
Étriers: No 10
Enrobage: 40 mm
650 5 No 30
Note:
45 Armature comprimée
non montrée
400 [mm]
a) Largeur effective
Selon le tableau 4.5, on obtient :
bf ≤ bw + 24 hf = 400 + 24 × 150 = 4000 mm
≤ bw + ( s1 + s2 ) / 2 = 400 + ( 2000 + 1600 ) / 2 = 2200 mm
≤ bw + 0.4 L = 400 + 0.4 × 12000 = 5200 mm
As f y 5 × 700 × 400
a= = = 22.78 mm < h f = 150 mm
α 1 fc′b f 0.798 × 35 × 2200
db/2
45 mm
`y db/2
y = [3 × 0 + 2 × (45 + 30)] / 5 = 30 mm
• Résistance ultime
c) Résistance pondérée
• Bloc de compression
• Résistance pondérée
M r = φs As f y (d − a / 2)
= 0.85 × 3500 × 400 × (704 − 29.79 / 2) × 10−6 = 820 kN ⋅ m
Lorsque l'axe neutre est dans l'âme (a > hf), la valeur calculée de a avec l’équation (4.53)
est inexacte. Le moment résistant se calcule alors en décomposant la poutre en une poutre
rectangulaire et une poutre en T. Il s'agit d'un artifice de calcul, illustré sur la figure 4.24.
0,0035 a1f ¢c
hf a
a c
es > ey
fy
AS
AST ASR
On doit donc trouver quelle portion AsT de l'acier total As est requise pour équilibrer la force
de compression dans les semelles de la poutre en T, donc AsT < As. Le moment résistant
associé à la contribution de AsT est dénoté MsT .
Mr = MsT + MsR
C cT = φ c α 1 f c′ (b f − bw ) h f (4.55)
C cT φ c α 1 f c′ (b f − bw ) h f
Donc : AsT = = (4.57)
φs f y φs f y
Ainsi AsR = As - AsT permet de calculer la profondeur de la zone comprimée dans la partie
rectangulaire.
φ s AsR f y
Donc : a= (4.59)
φ c α 1 fc′ bw
Une fois TsT , TsR et a connus, on peut calculer le moment interne de résistance :
⎛ ⎞
⎟ + TsR ⎛⎜ d − ⎞⎟
hf a
M r = TsT ⎜⎜ d − ⎟ (4.60)
⎝ 2 ⎠ ⎝ 2⎠
Comme c'est le béton en traction dans l'âme qui fissure et qui est remplacé par l'acier
d'armature, c'est donc la largeur bw qui entre dans le calcul de As min. On a donc [10.5.1] :
0 .2 f c′
As min = bw h (4.61)
fy
Tout comme pour les poutres rectangulaires, l'armature maximale des poutres en T s'obtient
à partir de deux conditions : l'équilibre des forces et la compatibilité des déformations.
0,0035 a1f ¢c
ab
cb
es = e y
fy
Asb
700 β1d
ab = β1 cb = (4.63)
700 + f y
Si ab > hf , alors :
φ f ′ ⎡⎛ b f ⎞ hf 700β1 ⎤
On obtient : Asb = α1 c c ⎢⎜ − 1⎟ + ⎥b d (4.65)
φs f y ⎢⎣⎝ bw ⎠ d 700 + f y ⎥⎦ w
Cette équation suppose que l'axe neutre dans la condition équilibrée est situé dans l'âme
(aba>ahf), ce qui est la condition usuelle. S'il s'avérait toutefois que celui-ci soit localisé
dans la semelle (ab < hf), on devrait alors utiliser l'équation 4.39 des poutres rectangulaires
pour calculer Asb. Pour que cela survienne, il faut que le rapport hf / d soit supérieur, par
exemple, à 0.58 pour un béton de 20 MPa ou 0.52 pour un béton de 60 MPa. Ainsi, dès que
d est supérieur à environ 2hf, la condition équilibrée conduira à un axe neutre dans l'âme.
EXEMPLE 4.4
a) Armature minimale
0.2 f c′ 0.2 35
As min = bw h = × 400 × 800 = 947 mm 2
fy 400
b) Armature maximale
φ f ′ ⎡⎛ b f ⎞ hf 700 β1 ⎤
Asb = α1 c c ⎢⎜ − 1⎟ + ⎥b d
φs f y ⎢⎣⎝ bw ⎠ d 700 + f y ⎥⎦ w
EXEMPLE 4.5
170
85 `y
(typ)
[mm]
a) Calcul de d
y = 2 × 85 = 170 mm
d = 650 + 150 − 40 − 11 − 35 / 2 − 170 = 562 mm
b) Calcul de a
φs As f y 0.85 × 20 × 1000 × 400
a= = = 170.3 mm > h f =150 mm
φcα1 fc bf 0.65 × 0.798 × 35 × 2200
′
d) Calcul de a
φs As f y 0.85 × 5580 × 400
a= = = 261.3 mm (vraie valeur)
R
e) Calcul de Mr
⎛ hf ⎞ ⎛ a⎞ ⎛ hf ⎞ ⎛ a⎞
M r = TsT ⎜ d − ⎟ + TsR ⎜ d − ⎟ = φs AsT f y ⎜ d − ⎟ + φs AsR f y ⎜ d − ⎟
⎝ 2 ⎠ ⎝ 2⎠ ⎝ 2 ⎠ ⎝ 2⎠
M r = 0.85 × 14420 × 400 × (562 − 150 / 2) + 0.85 × 5580 × 400 × (562 − 261.3 / 2)
= (2388 + 818) × 106 = 3206 × 106 N ⋅ mm = 3206 kN ⋅ m
φ f ′ ⎡⎛ b f ⎞ hf 700β1 ⎤
Asb = α1 c c ⎢⎜ − 1⎟ + ⎥b d
φs f y ⎣⎢⎝ bw ⎠ d 700 + f y ⎦⎥ w
0.798 × 35 ⎡⎛ 2200 ⎞ 150 700 × 0.883 ⎤
= 0.65 × ⎜ − 1⎟ × + ⎥ × 400 × 562
0.85 × 400 ⎢⎣⎝ 400 ⎠ 562 700 + 400 ⎦
= 21162 mm 2
g) Commentaire
Une vérification des déformations à chaque niveau d’armature permet de vérifier
que l’armature du niveau supérieur n’a pas atteint f y . Le calcul fait ici est donc
légèrement du côté non conservateur.
4.5.1 Utilité
Il est fréquent que les poutres aient de l'armature de compression car normalement on
utilise au moins 2 No 10 pour soutenir les étriers, comme le montre la figure 4.27.
d¢
A¢s : 2 No 10 d
Avec A¢s
Sans A¢s
1,3
r = 5,2% = rb
Poutre rectangulaire
1,2
b = 500 mm
M avec A¢s
M sans A¢s
d = 1000 mm
1,1 r = 3,0%
f¢c = 50 MPa
r = 1,5% fy = 400 MPa
1,0
r = 1,5%
a) 0,9
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
A¢s / As
25
20 r¢ = 0 Poutre rectangulaire
r¢ = 0,5 r
Flèche (mm)
r¢ = r b = 500 mm
15
d = 1000 mm
f¢c = 50 MPa
10
fy = 400 MPa
5 r = 1,5%
b)
0
0 6 12 18 24
Temps (mois)
3500
r¢ = r
3000
r¢ = 0 Poutre rectangulaire
2500
b = 500 mm
MU(kN-m)
Plastification
2000 d = 1000 mm
Écrasement f¢c = 50 MPa
1500
du béton
fy = 400 MPa
1000
Fissuration r = 1,5%
500
c)
0
0 1 2 3 4
yh (%)
12000
10000 r¢ = r > rb
Poutre rectangulaire
8000 r > rb
b = 500 mm
MU(kN-m)
r¢ = 0
d = 1000 mm
6000
f¢c = 50 MPa
4000 r = 0,4rb fy = 400 MPa
r¢ = 0
r = 2%
2000
d) 0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0
yh (%)
Comme l'axe neutre se situe près de la fibre comprimée, il n'est pas certain que l'acier
comprimé se plastifie. Dans certains cas, il est même possible que l'acier situé dans la partie
comprimée de la poutre se retrouve sous l'axe neutre et soit tendu, surtout pour les poutres
en T, où l'axe neutre peut être très haut. (Fig. 4.30)
0,0035 0,0035
A¢s ? A¢s ?
e > ey e > ey
(comprimé) (tendu!)
As e > ey As e > ey
Pour les poutres rectangulaires, il est cependant courant que l'acier comprimé atteigne fy en
compression. Dans ce cas il peut donc être pratique d'assumer dans un premier temps que
fs' = fy. On vérifie ensuite si ε s′ > ε y . Cependant on peut se retrouver dans trois conditions
en ce qui concerne l'état de contrainte des armatures situées du côté comprimée de la
poutre :
- comprimée et plastifiée;
- tendue et plastifiée;
- élastique : comprimée ou tendue.
Armatures élastiques
Pour traiter du cas de l'analyse des poutres avec armatures en compression selon une
approche générale, il est préférable d'assumer dans un premier temps que l'armature est
élastique, les deux autres conditions devenant ainsi des cas particuliers. Dans les équations
qui suivent, on adopte une formulation algébrique pour les contraintes dans l'armature. Les
équations sont donc écrites en assumant que l'armature A's est tendue et élastique alors que
l'armature As est plastifiée en traction. Le calcul procède en trois étapes. Les équations sont
présentées pour une section rectangulaire.
L'équilibre des forces où l'armature A's est considérée tendue, s'exprime comme suit :
Ts + Fs' = Cc (4.66)
soit:
φs As fy + φs A's fs' = φc α1 fc' a b (4.67)
⎛ d′ − c ⎞
εs' = 0.0035 ⎜ ⎟ (4.69)
⎝ c ⎠
La combinaison des deux dernières équations avec Es = 200 000 MPa donne :
f s' = 700
(d′ − c) (4.70)
c
Cette dernière expression pour fs' est valide pour toute position d'armature.
Lorsqu'introduite dans l'équation d'équilibre et avec la définition suivante pour a :
a = β1 c (4.71)
⎛ d′ − c ⎞
φs As fy + φs A's × 700 ⎜ ⎟ = φc α1 fc' b β1 c (4.72)
⎝ c ⎠
ou encore :
⎡φcα1 fc' bβ1 ⎤ c 2 + ⎡φs (700A's -As f y )⎤ c - ⎡700φs A's d ' ⎤ = 0 (4.73)
⎣ ⎦ ⎣ ⎦ ⎣ ⎦
− B ± B 2 − 4 AD
c= (4.74)
2A
où
A = φ c α 1 f c′ β 1 b (4.75)
Une fois la valeur de c déterminée, il faut calculer la contrainte dans l'armature supérieure à
l'aide de l'équation 4.70 et vérifier si l'armature est élastique ou encore si elle est plastifiée
en traction ou compression. La validité de l'hypothèse d'une armature élastique d'exprime
comme suit :
− f y ≤ f s' = 700
(d′ − c) ≤ fy (4.78)
c
Selon la convention de signe algébrique, si f’s est positif les armatures sont en traction, alors
que si f’s est négatif les armatures sont en compression.
Dans le cas où la condition exprimée par l'équation 4.78 est satisfaite, les armatures sont
élastiques. Les calculs faits précédemment sont exacts et on peut passer au calcul des
efforts. Dans le cas où l'armature est plastifiée, la position de l'axe neutre est incorrecte et
doit utiliser l'une des deux options présentées plus loin selon le signe de fs'.
a = β1c (4.79)
Cc = φc α1 fc' b a (4.80)
Ts = φs As fy (4.82)
Le moment résistant calculé par rapport à la fibre supérieure de la section est obtenu de
l'équation suivante :
Dans le cas contraire, à savoir que fs' > fy ou fs' < -fy, les armatures sont plastifiées et la
valeur de a calculée plus haut s'avère inexacte. On retrouve deux conditions.
Lorsque la valeur de fs' est négative et inférieure à -fy, l'armature est plastifiée en
compression. L'approche retenue pour calculer le moment résistant est similaire à celle
adoptée pour les poutres en T. Dans le cas présent, il s'agit de calculer la résistance de la
section en séparant l'acier tendu en deux portions : une partie qui équilibre la force dans le
béton (As1) et une partie qui équilibre la force dans l'acier comprimé (A’s).
φ s As1 f y
a= (4.85)
φ cα 1 f c′b
⎛ a⎞
M r = φ s As1 f y ⎜ d − ⎟ + φ s As′ f y (d − d ′) (4.86)
⎝ 2⎠
Lorsque la valeur de fs' est positive et supérieure à fy, l'armature est plastifiée en traction. Il
faut donc additionner la contribution à la résistance amenée par l'ensemble des deux
groupes de barres d'armature. L'équilibre des forces permet d'écrire :
Ts + F's = Cc (4.87)
φ s f y ( As + As′ )
a= (4.89)
φ cα 1 f c′b
Ts = φs As fy (4.90)
L’équation permettant d’évaluer l’armature minimale pour les poutres avec armature
comprimée demeure inchangée, soit :
0.20 fc′ bt h
As min = (4.18)
fy
En se référant à la figure 4.31, le calcul de f's en valeur algébrique est obtenu de l'équation
suivante où la valeur de cb est calculée avec l'équation 4.29 :
⎛ d ′ − cb ⎞
− f y ≤ f s′ = 700 ⎜ ⎟ ≤ fy (4.93)
⎝ cb ⎠
0,0035 a1f ¢c
d¢ e¢s
ab
A¢s cb
Asb e = ey
fy
⎛ 700 ⎞
φ s Asb f y + φ s As′ f s′ = φcα1 f c′ β1bd ⎜ ⎟ (4.95)
⎜ 700 + f y ⎟
⎝ ⎠
Donc :
⎡ φ f ′ ⎛ 700 ⎞⎤ ⎛ f s′ ⎞
Asb = ⎢α1 c c β1 ⎜ ⎟ ⎥ bd − As' ⎜ ⎟ (4.96)
⎢⎣ φs f y ⎜⎝ 700 + f y ⎟⎥
⎠⎦
⎜
⎝ f y ⎟⎠
où f's est exprimé en valeur algébrique. Ainsi des armatures supérieures comprimées font
augmenter A s max alors que des armatures tendues le diminuent.
0,0035 a1f ¢c
e¢s
A¢s ab
cb
Asb e = ey fy
Ce qui donne avec f's exprimé en valeur algébrique selon l'équation 4.93 :
⎡ φ f ′ ⎡⎛ b f ⎞ hf 700 β1 ⎤ ⎤ f s′
Asb = ⎢α1 c c ⎢⎜ − 1⎟ + ⎥ ⎥ bw d − As′ (4.99)
⎢⎣ φs f y ⎢⎣⎝ bw ⎠ d 700 + f y ⎥⎦ ⎥⎦ fy
EXEMPLE 4.6
a) Calcul de Mr
Armature élastique
fs' = 700
(d ′ − c ) = 700 (65 - 116.8) / 116.8 = - 310.4 MPa
c
M r = 309.9 kN ⋅ m
b) Comparaison
Résistance pondérée
As′ ≠ 0 : M r = 310 kN ⋅ m
Courbure à la rupture
ε c max 0.0035 0.0035β 1
ψ= = =
c a / β1 a
c) Armature maximale
(d ′ − cb ) (65 − 324.5)
f s′ = 700 = 700 × = −560 MPa
cb 324.5
⎡ φ fc′ ⎛ 700 ⎞⎤ ⎛ f s′ ⎞
Asb = ⎢α1 c β1 ⎜ ⎟ ⎥ bd − As′ ⎜ ⎟
⎢⎣ φs f y ⎜⎝ 700 + f y ⎟⎥
⎠⎦
⎜
⎝ f y ⎟⎠
⎡ 0.65 × 30 ⎛ 700 ⎞ ⎤
Asb = ⎢0.805 × × 0.895 × ⎜ ⎟ ⎥ × 350 × 510
⎣ 0.85 × 400 ⎝ 700 + 400 ⎠ ⎦
⎛ −400 ⎞ 2
−400 ⎜ ⎟ = 5094 mm
⎝ 400 ⎠
EXEMPLE 4.7
Armature élastique
f s' = 700
( d ′ − c ) = 700 × ⎛ 75 −`44.23 ⎞ = 487.0 MPa
⎜ ⎟
c ⎝ 44.23 ⎠
Plastification en traction.
EXEMPLE 4.8
⎛ d ′ − cb ⎞ ⎛ 75 − 357.6 ⎞
f s′ = 700 ⎜ ⎟ = 700 ⎜ ⎟ = −553 MPa
⎝ cb ⎠ ⎝ 357.6 ⎠
φ f ′ ⎡⎛ b f ⎞ hf 700β1 ⎤ f s′
Asb = α1 c c ⎢⎜ − 1⎟ + ⎥ b d − As′
φs f y ⎣⎢⎝ bw ⎠ d 700 + f y ⎦⎥ w fy
Les poutres soumises à un moment négatif se calculent comme celles exposée à un moment
positif. Les dimensions d et d' sont mesurées par rapport à la fibre comprimée (fibre
inférieure) comme illustré sur la figure 4.33.
P
Ts
As
d C¢s
d¢ A¢s
Cc
Les poutres en T se comportent comme des poutres rectangulaires de largeur bw. Toutefois,
on doit disposer l'acier sur une largeur b' égale au moindre de la largeur bf des poutres en T
(Tableau 4.5) ou bw + 0.1 L [10.5.3.1]. De plus, l'armature dans la partie du T excédant
l'âme (les ailes) ne doit pas être inférieure à 0.4% de l'aire brute de cette même partie (Fig.
4.34).
b¢
bw
EXEMPLE 4.9
10 No 25 475
500 [mm]
φ f′ ⎛ 700 ⎞
Asb = α 1 c c β 1 ⎜ ⎟ bd
φ s f y ⎜⎝ 700 + f ⎟
y⎠
0.65 × 30 700
Asb = 0.805 × × 0.895 × × 500 × 525 = 6903 mm 2
0.85 × 400 700 + 400
As ailes 1538
ρailes = = × 100 = 1.92% > 0.4%
b ⋅ hf (1300 - 500) × 100
Le moment résistant des dalles se calcule comme celui des poutres rectangulaires.
Toutefois, comme pour les murs, il est usuel de calculer le moment résistant par mètre de
largeur. La quantité d'acier est spécifiée en terme d'espacement, ex : No 15 @ 200 c/c.
L'acier minimal pour les dalles est de 0.002 Ag ou 0.2% Ag dans chacune des directions
orthogonales. Cet acier, s'il ne résiste pas à des efforts de flexion, doit être espacé au plus à
5hs sans excéder 500 mm [7.8] (Fig. 4.36). L'acier de flexion des dalles doit quant à lui être
espacé au plus à 3hs sans excéder 500 mm [7.4.1.2]. Les règles sont résumées au tableau
4.6.
hs
Afin de limiter les flèches, la norme spécifie pour les dalles des épaisseurs minimales selon
leur utilisation [9.8.2.1, tableau 9-1]. L'épaisseur varie de L/10 pour une dalle en porte-à-
faux à L/28 pour une dalle doublement encastrée.
EXEMPLE 4.10
a) Efforts pondérés
b) Armature
M r ≈ φ s As f y × (0.95d ) ≥ M f
Le bras de levier dans une dalle est d’environ 0.95d car elle ne contient pas
d’étrier. En comparaison le bras de levier dans une poutre est d’environ 0.9d.
Mf 4.1×106
As ≥ = = 169 mm 2 / m
φs f y 0.95d 0.85 × 400 × 0.95 × 75
Espacement maximal :
smax = 3hs = 300 mm ⇒ No 10 @ 300 mm c/c
≤ 500 mm
2
As = Abarre / s = 100 mm2 / 0.3 = 333 mm / m
As ≥ As min
c) Résistance
φ s As f y 0.85 × 333 × 400
a= = = 7.2 mm
φ cα1 fc′b 0.65 × 0.805 × 30 ×1000
−6
M r = φs As f y (d − a / 2) = 0.85 × 333 × 400(75 − 7.2 / 2) ×10
4.8 EXERCICES
Pour les exercices suivants, utiliser un béton de 30 MPa et de l'acier d'armature de 400MPa.
Les étriers sont de type No 10 avec un recouvrement normal.
Exercice # 1
M négatif : As = 9 No 20
d = 940 mm M r− = 778 kN⋅m > M −f = 734 kN⋅m
Exercice # 3
Solution : M positif : As = 2 No 25
d = 937.5 mm M r+ = 316 kN⋅m > M +f = 242 kN⋅m
M négatif : As = 17 No 20
d = 940 mm M r− = 1326 kN⋅m > M −f = 1326 kN⋅m
Exercice # 4
Exercice # 5
RÉFÉRENCES
4.1 Wight, J. and MacGregor, J.G. Reinforced Concrete – Mechanics and Design,
Prentice-Hall, 2009.
COMPORTEMENT EN SERVICE :
CONTRÔLE DE LA FISSURATION ET DES FLÈCHES
5.1 GÉNÉRALITÉS
Le dimensionnement des pièces est généralement dicté par leur capacité ultime. Par contre,
il importe que les éléments structuraux aient un comportement adéquat sous les charges
d'utilisation, c'est-à-dire non pondérées. Deux vérifications doivent être faites. Il faut
d'abord s'assurer que les fissures, difficilement évitables dans une structure en béton armé,
aient une ouverture limitée. Il faut ensuite s'assurer que les flèches ne soient pas excessives,
ce qui pourrait nuire au bon fonctionnement de la structure et endommager les éléments
qu'elle supporte.
Étant donné sa faible résistance à la traction, le béton armé est sujet à la fissuration. Cette
dernière peut se produire sous l’effet de charges externes beaucoup plus faibles que les
charges de conception ou même suite au retrait retenu. La fissuration accentue la flèche des
éléments en béton armé et, plus largement, affecte le comportement des ouvrages, leur
durabilité et leur apparence. Une bonne conception de l’armature permet de contrôler les
flèches des éléments ainsi que l’espacement ou l’ouverture des fissures. Ceci contribue à
assurer un bon fonctionnement à la structure tout en préservant sont état et en garantissant
sa durabilité ou son apparence. Les états limites d'utilisation reliés aux flèches et à la
fissuration des structures en béton doivent être une préoccupation première des
concepteurs.
La norme A23.3 a subi peu de changements vis-à-vis le calcul de l'ouverture des fissures et
du calcul des flèches alors que le code S6 a introduit une approche qui s'inspire de
l'Eurocode. Ces deux dernières approches ainsi que des approches nouvelles récemment
proposées pour améliorer les recommandations nord-américaines sont introduites dans ce
chapitre.
L'étude de la fissuration du béton, quelle soit induite par des efforts de flexion ou le retrait
restreint, doit d'abord être vu sous l'angle de la traction directe. L'approche préconisée par
l'Eurocode pour la traction et la flexion est introduite en premier lieu dans ce chapitre,
d'abord parce qu'elle est fondée sur des principes fondamentaux mais également parce que
les normes et les codes nord américains s'orientent vers une approche similaire. Ensuite
suivront les recommandations préconisées par la norme A23.3 actuelle.
118 Calcul des structures en béton armé
Le comportement des éléments en béton armé soumis à des efforts de traction directe est
relativement complexe malgré son apparente simplicité dû à la nature du lien entre
l'armature et le béton. Ce sujet suscite toujours un intérêt, particulièrement dû à une
préoccupation plus grande aujourd'hui de mieux contrôler la fissuration du béton, soit par
un calcul plus rigoureux ou par l'utilisation de bétons renforcés de fibres dont la
contribution au contrôle de la fissuration exige une meilleure compréhension des
phénomènes mis en cause. L'étude du comportement en traction directe des éléments en
béton armé permet d'introduire des notions et d'expliquer des phénomènes qui sont plus
aisément observables dans un état de contrainte simple. Cette section porte uniquement sur
l'approche de l'Eurocode car les normes nord américaines ne traitent pas du cas de la
traction directe. Le texte de cette section est adapté du mémoire de Kathleen Moffatt5.1.
L'ouverture w des fissures dépend de leur nombre et de la charge. Pour une charge donnée,
plus le nombre de fissures est grand, plus w est petit. L'espacement moyen des fissures
diminue avec l'augmentation de l'adhérence entre l'acier et le béton. On a vu à la section
6.3.2 que la contrainte d'adhérence τa était inversement proportionnelle au diamètre des
barres d'armatures. Ainsi, pour une même aire d'acier, utiliser un grand nombre de barres de
petit diamètre plutôt que peu de barres de plus grand diamètre augmente la contrainte
d'adhérence et favorise un transfert plus rapide des efforts entre les armatures et le béton. Il
s'ensuit des fissures plus rapprochées d'ouverture w moindre, d'où un meilleur contrôle de la
fissuration.
En réalité, dans un béton armé tendu, des fissures se forment à intervalle plutôt régulier.
Au droit des fissures, tout l'effort est repris par l'armature. Cependant, entre les fissures, on
retrouve du béton sain qui peut encore transmettre des efforts de traction. C’est ce surcroît
de résistance, illustré à la figure 5.1, que l’on nomme raidissement en traction. Ceci est
évidemment valide en autant qu'il y ait une bonne adhérence entre le béton et l'armature.
Ncr
Nc Raidissement en
traction
No
eci Ns
esh ey em
Afin de décrire le mécanisme de rupture d’une pièce de béton armé sollicitée en traction,
étudions le cas de la membrure présentée à la figure 5.2 pour laquelle on adopte l’hypothèse
d’une déformation uniquement axiale et uniforme sur toute la section.
Ac
N N
L D As
Dans les équations qui vont suivre les définitions suivantes sont adoptées :
- Ac et As sont respectivement l’aire de béton et l’aire d’acier de la section;
- Atr est l’aire totale de la section transformée en équivalente en béton;
- L correspond à la longueur du spécimen lors de la coulée;
- Δ est la variation de longueur depuis la coulée;
- εcm et εsm représentent la déformation moyenne du béton et de l’acier depuis la
coulée;
- N est l’effort de traction appliqué;
- Nc et Ns sont les composantes de N reprises par le béton et l’acier
respectivement;
Notons que dans ce qui suit les déformations et les contraintes sont positives en traction et
que les effets du fluage et de la relaxation du béton sont négligés.
Étant donné que le béton et l’acier sont liés ensembles, leur allongement total respectif doit
être identique. Ainsi, par compatibilité des déformations, on sait que :
Δ
ε cm = = ε sm (5.1)
L
N = Nc + N s (5.2)
N = Ac fc + As f s (5.3)
où fc et fs sont les contraintes dans le béton et l’acier causant les déformations εcf et εsf .
Si on néglige les déformations thermiques, alors la déformation totale du prisme est causée
par le retrait (de séchage et endogène) et par les sollicitations externes appliquées. Ainsi,
avant même l’application de la charge N , le béton et l’acier subissent des contraintes fc et fs
causées par le retrait. En effet, étant donné la présence de l’armature, le béton n’est pas
libre de se contracter et subit alors de la traction. Donc, toute déformation εcm différente de
la déformation de retrait libre d’un spécimen non armé, εsh, implique une contrainte fc dans
le béton. Cela revient à poser que :
ε cm = ε cf + ε sh (5.4)
où εcf correspond à la déformation dans le béton induite par des forces externes ou la
retenue offerte par l'armature. À l’opposé, lors du séchage, l’armature subit de la
compression. Cependant, l’état de contrainte nulle de l’acier a lieu dès la coulée. Toute
déformation de l’acier implique donc une contrainte fs , d’où :
ε sm = ε sf (5.5)
esf
Condition
L finale
N N
N < Ncr
Nc
N
Ns
Lorsqu’on se situe dans le domaine linéaire élastique, c’est-à-dire pour εcf < εcr et εsf < εy ,
où εcr et εy sont respectivement la déformation de fissuration du béton et la déformation de
plastification de l’acier, les contraintes et déformations sont liées par la loi de Hooke
(f = E ε) et on obtient les équations suivantes :
fc = Ec ⋅ ε cf (5.6)
f s = Es ⋅ ε sf (5.7)
As
et ρ= , (5.9)
Ac
N − No
ε cm = (5.10)
Ec Atr
AEε
avec No = − Ac Ecε sh = − s s sh (5.11)
nρ
E
et Atr = Ac + s As = Ac (1 + nρ ) (5.12)
Ec
Notons que No , illustré à la figure 5.2, correspond à la force que l’on doit appliquer afin de
redonner à la membrure sa longueur originale, L.
On considère généralement que le module élastique de l’acier Es est égal à 200 000 MPa.
Pour le béton en traction, on peut utiliser la valeur du module d’Young tangent, estimé à
l’aide de l'équation 5.13, obtenue en posant l’hypothèse que le module tangent est environ
10% supérieur au module sécant défini dans la norme A23.3.
Lorsque la contrainte dans le béton atteint la contrainte de fissuration fcr , soit pour
Ncr = Ac⋅fcr , on assiste à la formation de la première fissure. À partir de ce moment, on
assume que l’armature se trouve dénudée sur une courte distance. À cet endroit, le béton ne
supporte donc aucune charge (Nc = 0) et tout l’effort est repris dans la barre (Ns = N),
comme montré sur la figure 5.5.
N N
N = Ncr
lt
Nc
N
Ns
De part et d’autre de la fissure, la reprise des efforts par le béton se fait progressivement sur
une certaine distance lt , nommée longueur de transfert. À l’intérieur de cette zone, seule
une partie de la section Ac participe à la résistance. Cependant, à l’extérieur de cette zone,
l’acier et le béton travaillent de concert, comme dans le cas d’une membrure non fissurée.
Éventuellement, avec l’augmentation de la force, une section de cette zone atteint la
contrainte de fissuration et une nouvelle fissure apparaît. Ce processus se répète tant qu’il y
a suffisamment de distance entre deux fissures pour permettre au béton de travailler sur
toute sa section. Lorsqu’il n’y a plus de zones à l’extérieur de la longueur de transfert,
comme montré sur la figure 5.6, il ne peut se développer de nouvelles fissures et on assiste
alors à l'augmentation de l'ouverture des fissures en place. Étant donné qu’au droit des
fissures tout l’effort doit être repris par l’armature, la résistance maximale de la membrure
sera celle correspondant à la plastification locale de l’acier au droit d’une fissure.
N N
N ³ Ncr
Nc
N
Ns
Lorsqu’on désire tenir compte du raidissement en traction du béton, deux approches sont
généralement utilisées. La première consiste à modifier la loi de comportement du béton
afin d’inclure l’effet de l’interaction acier-béton après fissuration (Massicotte et al, 1990;
Bouzaine et Massicotte, 1997). La seconde approche considère plutôt de modifier la loi de
comportement de l’acier afin d’y inclure la contribution du béton fissuré. Cette dernière
approche a été adoptée pour l'élaboration des méthodes préconisées par l’Eurocode2-1991
(Ghali et al, 2002).
ε sm = ε s 2 − Δε s (5.14)
Des évidences expérimentales et géométriques sur la valeur de Δεs ont permis d’obtenir les
relations suivantes :
ε sm = (1 − ζ )ε s1 + ζε s2 (5.15)
avec
2 2
⎛ f ⎞ ⎛N ⎞
ζ = 1 − ⎜ scr 2 ⎟ = 1 − ⎜ cr ⎟ = 1 − χts2 pour fs ≥ fscr2 (5.16)
⎝ fs ⎠ ⎝ Na ⎠
où ζ est un coefficient d'interpolation entre les déformations de l’état non fissuré (état 1) et
de l’état fissuré (état 2). La figure 5.7 illustre la définition des paramètres.
Non
fissuré
Na Des
Effort axial
EcAtr
EcAe
EcAs
Ncr 1
N N
N
e=
EA
Ncr e rm es2
EcAtr Allongement de l'acier
Afin de tenir compte des propriétés d'adhérence des armatures et des effets des charges
répétées et des soutenues, l'Eurocode2 modifie l'équation 5.16 :
2 2
⎛ f ⎞ ⎛N ⎞
ζ = 1 − β1β 2 ⎜ scr 2 ⎟ = 1 − β1β 2 ⎜ cr ⎟ pour fs ≥ fscr2 (5.17)
⎝ fs2 ⎠ ⎝ Na ⎠
N - No
es1 =
EaAtr
N
es2 =
EsAs
esm = (1 - z) es1 + zes2
fs2
N
As Des = (1 - z)(es2 - es1)
fsr A B C
AC = Des max
AB = (1 - b1b2)AC
esm
Fig. 5.8 Déformation moyenne de l'acier d'une membrure fissurée selon l'Eurocode2
L'étude de la fissuration en flexion est requise principalement pour le calcul des flèches et
de l'ouverture des fissures. Le calcul des flèches suppose un comportement élastique. Or, la
rigidité EI varie en fonction du niveau de charge : lorsque le moment appliqué augmente, la
fissuration progresse, amenant une diminution progressive de l'inertie. Ce comportement
non linéaire associé à la fissuration est pris en compte dans le calcul des flèches par le biais
de la rigidité effective en flexion dénotée EIe . L'inertie effective Ie réelle d'un élément
fléchi se situe entre l'inertie brute Ig , que l'on retrouve entre les fissures, et l'inertie fissurée
Icr , présente au droit des fissures et dont le calcul est présenté au chapitre 4. Dans la norme
A23.3 l'ouverture des fissures et la rigidité effective sont traités séparément alors que dans
l'Eurocode ils sont considérés à travers les principes énoncés à la section précédente pour la
traction directe.
Cette section présente le calcul de l'inertie effective selon diverses approches. Toutes ces
approches représentent de manière approximative la variation de la rigidité effective
sécante en fonction du moment appliqué, tel qu'illustrée sur la figure 5.9.
1,0
EIg EIcr
EIe
1
1 EIélastique
Courbure Mcr M
a) Diagramme moment-courbure b) Variation de la rigidité effective
c ts = 1 cts = Mcr /M a
Non
fissuré Fissuré
( c ts = 0)
Ma Dy
EcIg
Moment
EcIe
EcIcr
Mcr Dymax M M
1
y = M/EI
cts = DyDymax £ 1
Dymax = Mcr (1- Icr /I g)/E cI cr
Mcr /E cI g ya = Ma/EcIe Ma /E cI cr
Courbure y
Les relations tirées de l'Eurocode2 pour la traction directe sont également applicables à la
flexion. On trouve ainsi :
ε sm = (1 − ζ )ε s1 + ζε s2 (5.18)
avec
2 2
⎛ f ⎞ ⎛M ⎞
ζ = 1 − β1β 2 ⎜ scr 2 ⎟ = 1 − β1β 2 ⎜ cr ⎟ pour Ma ≥ Mcr (5.19)
⎝ fs2 ⎠ ⎝ Ma ⎠
Dans cette équation, Ma est le moment appliqué (Ma ≥ Mcr), Mcr est le moment de
fissuration dont le calcul est présenté au chapitre 4.
M ε s − εc
ψ= = (5.20)
EI d
Les observations expérimentales ont démontré que la relation adoptée pour le calcul de la
déformation moyenne de l'armature dans les pièces tendues fissurées (éq, 5.18) était
également applicable aux éléments fléchis de sorte que :
ψ m = (1 − ζ )ψ 1 + ζψ 2 (5.21)
où ζ est un coefficient d'interpolation entre les courbures de l’état non fissuré (état 1) et de
l’état fissuré (état 2) défini par l'équation 5.19, soit :
Ma
ψ1 = (5.22)
Ec I g
et
Ma
ψ2 = (5.23)
Ec I cr
où Icr est l'inertie fissurée et Ig est l'inertie brute non fissurée. Le calcul de l'inertie fissurée
est présenté au chapitre 4.
M
Ie = (5.24)
Ecψ m
3
⎛M ⎞
( )
I e = I cr + I g − I cr ⎜⎜ cr ⎟⎟ ≤ I g (5.25)
⎝ Ma ⎠
Cette relation, appelée équation de Branson qui l'a proposé, est adoptée par les normes ACI
et A23.3. Il a été démontré récemment (Bischoff, 2005) que cette équation conduit à des
résultats réalistes pour des poutres dont le volume d'armature est de l'ordre de 1 à 2
pourcent, ce qui correspond à un ratio Ig/Icr variant entre 2 et 3 pour des armatures
conventionnelles en acier. Pour des ratios Ig/Icr plus grands, comme dans le cas des dalles,
cette équation sous-estime les flèches.
I cr
Ie = ≤ Ig (5.26)
1 − η ( M cr M a )2
où
η = 1 − I cr I g (5.27)
Cette relation a l'avantage d'avoir un domaine d'application plus large que les formulations
proposées par le modèle de l'Eurocode2 et de la norme A23.3, en particulier pour les
éléments faiblement armé mais également pour les pièces utilisant des armatures en
matériaux composites (fibres de carbones ou fibres de verre) dont les modules élastiques
sont inférieurs à celui de l'acier. Cette formulation pourrait ainsi éventuellement remplacer
celle actuellement préconisée par la norme A23.3.
Les différents codes de conception s’assurent d’une fissuration adéquate en imposant une
valeur maximale à l’ouverture des fissures, variant habituellement entre 0.1 et 0.4 mm. La
limite inférieure s’applique aux structures servant de barrière étanche (réservoirs, barrages)
tandis que la limite supérieure est adéquate pour les structures en atmosphère sèche ou
protégées par une membrane. La norme canadienne A23.3 impose une ouverture maximale
de 0.4 mm aux éléments intérieurs d’une structure et de 0.33 mm aux éléments extérieurs,
en spécifiant cependant que ces limites ne sont pas applicables aux structures imperméables
ou en environnement corrosif.
Le calcul de l’espacement des fissures d’un béton ordinaire est basé sur l’hypothèse qu’à la
fissure, la participation du béton est nulle. Comme le béton est un matériau non-homogène
présentant de nombreuses imperfections, il est impossible de prédire exactement l’endroit
où la fissuration s’initiera ou quelle sera l’ampleur de la fissure. Cependant, de nombreuses
équations, la plupart empiriques, tentent d’établir une corrélation avec les résultats de tests.
Ces essais ont ainsi démontré que, outre la contrainte dans l’acier après fissuration, facteur
principal régissant l’ouverture de fissure, l’épaisseur du recouvrement de béton, le
diamètre, l’espacement et l’arrangement des armatures, l’adhérence des barres, la résistance
du béton et la forme de la distribution des déformations affectent également l’ouverture. On
comprend donc la difficulté qu’il peut y avoir à établir une relation adéquate.
wm = sm ζ ε s 2 (5.28)
où sm correspond à l’espacement moyen des fissures, dont le calcul est effectué d’après
l’équation semi-empirique 5.29 démontrée ici.
Il a été précédemment admis que le transfert des efforts de l’acier au béton de part et
d’autre d’une fissure s’effectue par frottement, le long d’une distance nommée lt. En posant
que la contrainte d’adhérence moyenne est τam alors, la force transmise par adhérence, Fa ,
est :
4 As
Fa = τ am × Aire de contact = τ am ⋅ π ⋅ db ⋅ lt = τ am ⋅ ⋅ lt (5.29)
db
4 As
Ac fcr = τ am ⋅ ⋅ lt (5.30)
db
f cr
κ1 = (5.31)
τ am
on peut alors isoler la valeur de lt afin d’obtenir :
d
lt = κ1 b (5.32)
4ρ
Divers essais ont permis de constater que d’autres paramètres viennent affecter
l’espacement des fissures. C’est pourquoi l’équation précédente a été modifiée de façon
empirique afin d’obtenir :
d
sm = 50 + κ1κ 2 b (5.33)
4 ρr
où db = diamètre des barres (mm);
κ1 = facteur d’adhérence ;
= 0.8 pour les barres crénelées;
= 1.6 pour les barres lisses;
κ2 = facteur de forme du diagramme de déformation;
= 1.0 lorsque la section est sollicitée en traction pure;
= 0.5 lorsqu’elle subit de la flexion pure.
As
ρr = (5.34)
Acef
où Acef est l’aire effective de béton et correspond à l’aire influencée par la présence de
l’acier. Elle se calcule d’après les prescriptions montrées à la figure 5.11.
ccr
d
h
ccr
£ 2,5 (h - d)
£ (h - ccr)/3 £ 2,5 (cr + db/2)
£ (h - ccr)/3
c.g. aciers cr
(a) Poutre (b) Dalle
cr = recouvrement
ccr = profondeur de la zone comprimée
cr db = diamètre des barres
cette ouverture, définie à l’équation 5.35, qui doit être comparée aux limites maximales
imposées par la norme. Ainsi :
wc = β wm ≤ wlim (5.35)
avec β =1.7 si la plus petite dimension de la pièce (dmin) est supérieure à 800 mm;
=1.3 si la plus petite dimension de la pièce (dmin) est inférieure à 300 mm;
= valeur interpolée entre 1.3 et 1.7 pour le cas où 300 < dmin < 800 mm, soit :
d min − 300
β = 1.3 + 0.8 × ≤ 1.7 (5.36)
1000
La norme A23.3 assure le contrôle de la fissuration en flexion par le biais d'un facteur
empirique z égal à [5.6.1] :
z = f s 3 dc A N/mm (5.36)
La norme stipule qu’il faut augmenter la valeur de z obtenue avec l’équation (5.36) si des
armatures recouvertes d’époxy sont utilisée. La norme indique les limites suivantes pour z,
associées à des ouvertures de fissure de 0.4 mm et 0.33 mm respectivement, selon le type
d'exposition aux agents corrosifs :
Dans cette équation, fs est la contrainte moyenne dans l'acier. Le calcul de la contrainte est
fait en considérant l'inertie fissurée de la section (Icr). Dans l'équation 5.36, dc est la
distance entre la fibre tendue et les aciers de flexion situés le plus près de cette fibre, tel
qu'indiqué sur la figure 5.12, soit l'enrobage de la barre cr plus le demi diamètre de la barre.
Toutefois, il n'est pas requis de prendre une valeur de dc supérieure à 50 mm pour le calcul
de z ou de A (dc = cr + détrier + db/2 ≤ 50 mm).
Axe neutre
Centre de gravité h1
de l'acier h2
x
dc
h h2
w = 11 f s 3 dc A 2 ×10−6 = 11 z ×10−6 (mm) (5.38)
h1 h1
Ces prescriptions s'appliquent tant aux poutres qu'aux dalles unidirectionnelles. En pratique
on vérifie les valeurs de z aux sections de moment positif et de moment négatif ayant le
moins d’armature puisque la valeur de A sera maximale en ces endroits.
On peut utiliser diverses approches pour le calcul de la contrainte dans l'armature d'une
section fissurée. Les équations présentées au chapitre 4, aux tableaux 4.1 et 4.2 sont
rigoureuses. On obtient :
M a ⋅ ys
fs = n ⋅ (5.39)
I cr
Comme cette équation est approximative, elle pourrait sous-estimer la contrainte dans
l'acier car avec la valeur de a obtenue de la condition ultime, elle surestime la distance entre
les résultantes des forces de compression et de traction.
Le tableau 5.2 présente la valeur du rapport fs / fy calculé avec l'équation 5.40 pour
différents rapports de charges vives sur charges permanentes, L / D.
L/D fs / fy
0 0.68
0.5 0.64
1.0 0.62
1.5 0.61
2.0 0.60
f s = 0.6 f y (5.41)
5.4.4 Exemples
EXEMPLE 5.1
5 No 30
800
65 30
11 40
66 400
Solution
a) Paramètres géométriques
dc = 40 + 11 + 30/2 = 66 mm > 50 mm ⇒ dc = 50 mm
As f y 400 × 3500
a= = = 144.9 mm
α 1 f c′ b 0.805 × 30 × 400
E s 200 000
n= = = 8.0
Ec 25 000
b 400
B= = = 14.29 × 10 −3 mm −1
n As 8 × 3500
f s = 8.0 ×
(100 + 350 ) ×106 × 455.5 = 206.1 MPa
7956 ×106
Une valeur comparable à celle calculée précédemment. Celle-ci sera utilisée pour
la suite de l'exemple.
d) Calcul du facteur z
z = f s 3 dc A
Pour que ce calcul soit valide, il faut s'assurer que le béton a un comportement
linéaire (σ = Eε). On a donc :
EXEMPLE 5.2
Solution
Acef = 73000 mm 2
As 3500
ρr = = = 47.95 ×10−3 = 4.79%
Acef 73000
db 30
sm = 50 + κ1κ 2 = 50 + 0.8 × 0.5 × = 113 mm
4 ρr 4 × 47.95 ×10−3
b) Ouverture de fissure
f scr 2 206.1
ε s2 = = = 1030 × 10−6
Es 200 000
2 2
⎛M ⎞ ⎛ 136.5 ⎞
ζ = 1 − β1β 2 ⎜ cr ⎟ = 1 − 1.0 ×1.0 × ⎜ ⎟ = 0.908
M
⎝ a ⎠ ⎝ 100 + 350 ⎠
Selon l’Eurocode, la poutre présentera des fissures avec une ouverture moyenne de
0.106 mm (comparativement à 0.228 mm avec la norme A23.3), 5% de ces fissures
auront une ouverture supérieure à 0.15 mm.
Le calcul des flèches d'éléments fissurés peut rapidement devenir une tâche complexe. Il est
ainsi de pratique courante d'appliquer des méthodes approximatives, notamment pour la
détermination de l'inertie effective. Dans le cas de poutres sur appuis simples, les flèches au
centre sont données par les relations montrées sur la figure 5.14 où l'inertie effective
utilisée est celle correspondant au moment maximal.
w
5 wL4
Dc =
384 EcIe
EI
PL3
Dc =
48 EcIe
EI
L/2 L/2
Pour des systèmes ou chargements plus complexes, on se réfère aux cours d'analyse des
structures. Les abaques du CDH peuvent s'avérer très utiles en pratique pour obtenir les
flèches pour des cas simples.
Pour les poutres continues, Ghali a récemment proposé la relation suivante, adaptée aux
éléments fissurés, où les termes sont définis sur la figure 5.15 :
L2
Δ= (ψ1 + 10ψ m +ψ 2 ) (5.42)
96
avec
M a1 M am M a2
ψ1 = ψm = ψ2 = (5.43)
Ec I e1 Ec I em Ec I e 2
où les moments Ma1 , Mam et Ma2 dans sont exprimés en valeurs algébriques.
M1 M2
Mm
L/2 L/2
M1 M2
y1 = y2 =
EcIe1 EcIe2
Mm
ym =
EcIem
Le fluage est un phénomène qui varie dans le temps et dont l'effet est plus accentué en
début de chargement et diminue avec le temps. La déformation de fluage s’additionne à la
déformation élastique instantanée. Des relations ont été présentées à cet effet au chapitre 3.
La norme A23.3 propose l'équation suivante [9.8.2.5] :
⎡ S ⎤
Δ t = Δ i ⎢1 + ⎥ (5.44)
⎣ 1 + 50 ρ ′ ⎦
où Δt et Δi sont respectivement les flèches à long terme et instantanée, ρ’ correspond au
taux d’armature comprimée de la section et ρ’= As’/bd. Les valeurs de S suggérées sont
données au tableau 5.2. Le paramètre S dans l'équation 5.44 correspond au facteur φ(t) de
l'équation 3.28.
3 mois 1.0
6 mois 1.2
1
9 mois 1.3
12 mois 1.4
5 ans et plus 2.0
1: Par interpolation linéaire entre 6 et 12 mois
La norme A23.3 spécifie les limites de flèches données au tableau 5.3 [tableau 9.2] où ln
correspond à la portée nette entre les appuis.
La norme permet de ne pas calculer les flèches si certaines proportions sont conservées.
Dans le cas des poutres et dalles unidirectionnelles, les limites indiquées par la norme sont
présentées au tableau 5.4 [9.8.2.1]. Les épaisseurs minimales recommandées pour les dalles
bidirectionnelles sont présentées au chapitre 12. Pour des élancements plus grands ou si des
conditions particulières prévalent, les flèches doivent être calculées selon la méthode
présentée précédemment.
Dalles unidirectionnelles
ln / 20 ln / 24 ln / 28 ln / 10
EXEMPLE 5.3
La poutre en T d’un plancher montrée sur la figure 5.16 est faite avec un béton de 40 MPa. On
désire calculer la flèche à court terme sous les charges permanentes ainsi que sous les charges
vives selon la méthode préconisée par la norme A23.3.
wD = 20kN/m; wL = 30 kN/m
L = 12m
200
d = 895 c.g.
6 No 35 ycg 800
70
70
Solution
I g = 58.13 × 10 −3 m 4 = 58.13 × 10 9 mm 4
E s 200 000
n= = = 7.22
Ec 27 700
12 3
... + 7.22 × 6000 ( 895 − 138.6 )
2
Selon le tableau 6.9 à la page 6.36 du CDH, on peut obtenir Icr de manière approximative avec :
hf / d = 200 / 895 = 0.223
Ce qui donne :
Icr / bd3 = 0.022
c) Moment de fissuration
f r = 0. 6 λ f c′ = 0.6 × 1.0 40 = 3.79 MPa
wL L2 30 × 122
ML = = = 540 kN ⋅ m
8 8
M D + M L = 1176 kN ⋅ m
5 w L4
Δ=
384 EI
5 × 35.36 × 12 0004
ΔD = = 11.1 mm
384 × 27 700 × 31.11× 109
EXEMPLE 5.4
La poutre en T de l'exemple 5.3 est montrée sur la figure 5.16, on désire calculer la flèche à court
terme sous les charges permanentes ainsi que sous les charges vives selon la méthode proposée
par Bischoff pour l'inertie et Ghali pour la flèche.
Solution
C'est deux valeurs sont très proches de celles calculées selon l'approche empirique de Branson.
L2
Δ = (ψ 1 + 10ψ m +ψ 2 )
96
ψ1 = ψ 2 = 0
ΔD =
12 0002
96
( )
10 × 737.6 ×10−9 = 11.1 mm
Δ D+ L =
12 0002
96
( )
10 × 1542 × 10−9 = 23.1 mm
Δ L = Δ D + L − Δ D = 23.1 − 11.1 = 12 mm
C'est deux valeurs sont évidemment très proches de celles calculées selon l'approche empirique
présentée à l'exemple 5.3.
EXEMPLE 5.5
Pour la poutre de l'exemple 5.3, on désire calculer les flèches en fonction du temps pour la
Solution
a) Àt=0
Flèche instantanée correspondant à wD0 = 25.36 kN/m.
Δi,D0 = 6.3 mm
b) À t = 3 mois
Flèche avec fluage de 3 mois pour wD0 et flèche instantanée pour wD3 - wD0 .
⎡ S ⎤
Δ t = Δ i ⎢1 + ⎥ = Δ i [1 + S ]ρ ′ = 0
⎣ 1 + 50 ρ ′ ⎦
On assume que des éléments non fragiles sont installés à 3 mois et des éléments fragiles sont
installés à 12 mois.
c) À t = 12 mois
Flèche avec fluage de 12 mois pour wD0 , flèche avec fluage de 9 mois pour
wD3 - wD0 et flèche instantanée pour wL12.
d) Àt=∞
Toutes les charges permanentes (mortes et vives) subissent les effets du fluage.
L'augmentation instantanée de la charge vive wL∞ - wL12 subit une flèche instantanée.
L’inertie effective lorsque toutes les charges permanentes et vives à long terme sont
appliquées doit être utilisée pour calculer la flèche à long terme :
Δt , D 0+ D3+ D12 = Δi, D 0+ D3+ D12 ⋅ (1 + S )
t=∞: S∞ = 2.0
Δt , D 0+ D3+ D12 = Δi, D 0+ D3+ D12 ⋅ (1 + S ) = 15.5 × (1 + 2.0) = 46.5 mm
Δi,∞ = 8.1 mm
80
70
60
50 Δ = 8,1 mm
Flèche (mm)
40
30 Δ = 4,4 mm
20
Δ = 4,8 mm
10
Δ = 6,3 mm
0
0 3 6 9 12 15 18 Infini
Temps (mois)
EXEMPLE 5.6
On désire vérifier les flèches pour les éléments non fragiles installés après 3 mois et les éléments
fragiles installés après 12 mois de l'exemple 5.5.
Solution
b) Éléments fragiles
Flèche maximale = L/480 = 12 000 / 480 = 25 mm
Δ = Δtotal - Δ12 mois = 54.6 – 30.5 = 24.1 mm < 25 mm ⇒ OK
Afin de contrôler l'ouverture des fissures secondaires dans les poutres dont la profondeur
excède 750 mm, la norme recommande une certaine quantité d'armature de peau sur une
distance de 0.5h de l’armature principale [10.6.2] :
Cette armature doit être disposée selon ce qui est indiqué sur la figure 5.18.
h/2
Acs
2 d
£ 200 mm
h/2
2 (h - d )
2x 2x
Pour les dalles unidirectionnelles, l'armature de peau pour les surfaces dans un
environnement corrosif se calcule comme pour les âmes des poutres. Pour une largeur de
dalle de 1000 mm, on obtient (Fig. 5.19) :
2x
2x
s £ 200mm
EXEMPLE 5.7
Pour la poutre de l'exemple 5.1, on choisit une armature de peau constituée de barres No 10
situées à 60 mm (x) des surfaces, pour une exposition extérieure.
Solution
Acs = (8d − 6h ) ⋅ x
Ask = ρ sk Acs
Vérification : s ≤ 200 mm
3 No
72 10 @ 65 196= 216
h/2 - 2(h-d)
2( h - d) = 204
184
x = 60
EXEMPLE 5.8
On désire calculer l'armature de peau d’une dalle de 150 mm d’épaisseur armée de barres No 15
situées à 30 mm des faces (Fig. 5.21).
2x = 2dc
hs = 150
2x = 2dc
dc = 30 s
Solution
Acs = 4 x ⋅ 1000 où 4x ≤ hs
4x = 4 × 30 = 120 mm ≤ 150 mm ⇒ OK
Ask = ρ sk ⋅ Acs
Choix : s = 200 mm
RÉFÉRENCES
5.1 Moffatt, K. 2001. Analyse de dalles de pont avec armature réduite et béton de fibres
métalliques. Mémoire de maîtrise, Département des génies civil, géologique et des
mines, École Polytechnique de Montréal, 250p.
5.2 Massicotte, B., Elwi, A.E. and MacGregor, J.G. 1990. Tension stiffening model for
planar reinforced concrete members. ASCE Journal of Structural Engineering, Vol.
116, No. 11, pp. 3039-3058.
5.3 Bouzaiene, A. and Massicotte, B. 1997. Hypoelastic tridimentional model for non
proportional loading of plain concrete. ASCE Journal of Engineering Mechanics,
Vol. 123, No. 11, pp. 1111-1120.
5.4 Ghali, A., Favre, R, and Elbadry. M. 2002. Concrete structures – Stresses and
deformation. 3rd edition, Spon Press, New-York.
5.5 Bischoff, P. 2005. A rational proposal for predicting beam deflection. Paper
accepted for publication. Proceeding of the CSCE Annual Conference, Toronto,
Ontario, Canada.
5.6 Association Canadienne de Normalisation. Design of concrete structures,
CAN/CSA-A23.4-04, Mississauga, Ontario, 2004.
6.1.1 Comportement
Le comportement en effort tranchant des poutres en béton armé est relativement complexe,
principalement dû aux facteurs suivants :
Les principales conséquences de ceci sont qu'aucune théorie unique n'est acceptée de tous,
que les méthodes empiriques, basées sur des essais, sont les plus répandues et que les
normes comptent un grand nombre de recommandations. Néanmoins, des efforts
considérables ont été faits dans les années 1970 à 1990 afin d’arriver à une méthode de
calcul rationnelle. Comme il sera vu plus loin à la fin de cette section, trois familles de
méthodes ont été proposées pour calculer la résistance à l’effort tranchant des éléments en
béton armé.
6.1.2 Contraintes
On retrouve dans les poutres des contraintes de flexion (σ) et de cisaillement (τ) :
M⋅y
σ= (6.1)
I
152 Calcul des structures en béton armé
V⋅Q
τ= (6.2)
I⋅ b
Comme le montre la figure 6.1, la grandeur et l'orientation des contraintes principales d'un
point à l'autre d'une poutre varient et sont une combinaison des efforts globaux : M, V et N.
x b
a) Chargement
M 1,5 V
bd
y
V
M×y VQ
s= t=
I I×b
b) Contraintes: M et V
s2
sx sx = a
t s1 = ft
c) Contraintes principales
45°
90°
90°
d) Orientation des contraintes
e) Fissures
La résistance à l'effort tranchant fait intervenir plusieurs mécanismes internes illustrés sur
la figure 6.2. L'inclinaison des fissures et la présence de barres perpendiculaires à l'action
de l'effort tranchant rendent l'étude des phénomènes relativement ardue. Cependant, à
toutes les étapes du chargement, l'équilibre des forces externes et des forces internes
donne :
où Vf = effort tranchant ;
Vcz = béton non fissuré dans la zone de compression ;
Vay = frottement sur le plan incliné de la fissure ;
Vd = action de goujon ;
Vs = acier de cisaillement.
C Vax
Vc
Vay
Va Vs
V T
Vd
Vint.
Vs
Séparation
de goujons
Vc
Vd
Vc
Vay
Vs
Vext.
Fissuration Fissures Plastification Rupture
en flexion inclinées des étriers
V V
où a=M/V (6.4)
Les mécanismes de résistance varient en fonction du rapport a/d. On parle alors de poutre
profonde si a/d est petit, ou de poutre élancée si a/d est grand, et ce, peu importe la
profondeur réelle de la poutre. La figure 6.4 illustre quel sera le mode de rupture envisagé
en fonction du rapport a/d alors que le tableau 6.1 décrit ceux-ci.
L'interprétation de la figure 6.4 est la suivante. Pour tous les cas illustrés, la résistance
flexionnelle est la même, seul le rapport a/d varie (Fig. 6.3). On constate que pour une
poutre très élancée où a/d > 6.5, c'est la résistance à la flexion qui est la plus critique. Pour
tous les autres cas, la poutre, qui ne contient aucune armature transversale, atteindra la
rupture par une résistance insuffisante au cisaillement. Le mode de rupture en cisaillement
variera cependant. Pour des rapports a/d très petits, le béton atteindra une rupture par
écrasement en compression. Pour des valeurs intermédiaires de a/d, la rupture sera due à la
progression des fissures inclinées. Ainsi, pour une poutre armée en effort tranchant, dans le
cas où a/d < 2.5, l'armature transversale a un rôle secondaire alors que pour des valeurs de
a/d excédant 2.5, l'armature transversale joue un rôle important. Les différents modes de
rupture en cisaillement sont illustrés sur la figure 6.5.
M
(x = a)
Profondes
Très Très
courtes Courtes Élancées élancées
Résistance a V V a
flexionnelle
d
Rupture Fissures inclinées
et rupture V V
Fissures inclinées
1,0 2,5 6,5 a/d
Notes : • Poutres de même section
• As constant
a) Moment à la fissuration et rupture
Rupture en
cisaillement
Résistance
flexionnelle
Fissures inclinées
et rupture
Fissures inclinées
Pour avoir une résistance en cisaillement adéquate, on doit ajouter des aciers transversaux.
On essaie généralement d'avoir une résistance en cisaillement supérieure ou égale à celle de
flexion afin d'avoir un mode de rupture ductile.
Écrasement
1 < a/d < 2.5
Rupture Rupture de la
d'ancrage bielle tendue
Rupture en Rupture en
cisaillement - traction cisaillement- compression
a/d > 6
Âme mince
Ainsi, on trouve :
v c = (0.07 + 10 ρ w ) f c′ ≤ 0.19 f c′ (6.5)
où
Vc
vc = (6.6)
bw d
0,3
Méthode simplifiée
A23.3
(MPa)
0,2
f ¢c bw d
Vc
(Éq. 5.5)
vc =
0,1
0
0 0,01 0,02 0,03 0,04
As
rw =
bw d
Cependant, la norme A23.3 ne considère pas l'effet de l'armature de flexion dans le calcul
de Vr et une valeur constante de vc est attribuée au béton.
Le comportement d'une poutre fissurée en effort tranchant est illustré schématiquement sur
la figure 6.7. Ce mécanisme est appelé analogie du treillis.
C C C C
Tv Tv Tv Tv d - a/2 = e
Ts Ts Ts Ts
eltan q
e
q
b) Analogie du treillis
Fig. 6.7 Mécanisme de transfert des efforts de cisaillement par les étriers
Le rôle des étriers et des armatures longitudinales dans le comportement à l'effort tranchant
peut être visualisé aisément en adoptant l'analogie du treillis. En effet, le cheminement des
efforts internes dans une poutre en béton armé s'apparente à celui d'un treillis où la fonction
des membrures tendues est assurée par les armatures alors que celle des membrures
comprimées est associée au béton. Un tel modèle, illustré sur la figure 6.8, permet le mieux
de comprendre le mécanisme de résistance des poutres fissurées en cisaillement.
P/2 P/2
a) Poutre en équilibre externe
P/2 P/2
b) Poutre fissurée
P
P/2 P/2
c) Reprise des efforts verticaux par les étriers et le béton
P
P/2 P/2
d) Transfert de l'effort tranchant
C
e d
T
où e = d − a/2
P/2
L/2
e) Reprise des efforts longitudinaux par les
e) armatures de flexion et le béton
P
P/2 P/2
f) Modèle de treillis
Dans ce modèle, on assume, pour fins d'explications, que seules des fissures d'efforts
tranchants à 45o existent. On constate (Fig. 6.8b) que le béton seul ne peut transférer la
force P vers les appuis. En ajoutant des étriers (Fig. 6.8c), on permet aux forces d'être
transmises en compression à travers des membrures diagonales en béton et en traction par
des membrures verticales en acier (étriers). Cependant, comme le montre la figure 6.8d, ce
modèle est instable car il ne permet pas de transférer les efforts de traction et de
compression générés par le moment fléchissant (Fig. 6.8e). Il faut donc ajouter au treillis de
la figure 6.8d des membrures comprimées à la corde supérieure et des membrures tendues à
la corde inférieure (Fig. 6.8f).
Le calcul des efforts dans les membrures du treillis s'effectue comme pour un treillis
conventionnel. En adoptant un modèle de treillis, tel que montré sur la figure 6.9, pour
lequel les membrures verticales sont espacées d'une distance e/tanθ , où e est égal au bras
de levier interne au centre de la poutre (e = d - a/2), on peut déterminer les efforts dans
toutes les membrures. Pour les fins de l'exemple, un angle constant a été adopté pour les
membrures diagonales. Il sera vu au chapitre 6 que la variation de l'inclinaison des
membrures diagonales conduit à une solution plus optimale. Pour des fins d'illustration, il
est usuel de fixer le niveau des efforts en fonction de la résistance de l'acier. On fera
l'hypothèse que l'acier de flexion As et l'acier transversal Av permettent de résister
exactement à l'effort P appliqué. L'équilibre des forces au nœud nous donne (Fig. 6.9b et
6.9c) :
∑ Fv,2s = 0 : C d sin θ − Av f y = 0
Av f y
ce qui donne : Cd = (6.7)
sin θ
∑ Fv,1i = 0 : P / 2 − C d sin θ = 0
P = 2 Av f y (6.8)
P
Noeuds supérieurs (s)
2 3 4
e
1 2 3 q
Noeuds inférieurs (i)
L/2 P/2
P/2 e/tan q e/tan q e/tan q
a) Treillis à angle variable
2 C2, 3
Avfy e
1 T1, 2
P/2
e/tan q
b) Équilibre à l'appui
Cd 2s Cd
q Avfy q
1i T
C3, 4
2 3
Avfy e
1 2
T2, 3
P/2
e/tan q e/tan q
C Modèle de treillis
2,5 P
C = M/e
L/2 L
T Modèle de treillis
2,5 P C = M/e
e/tan q
L/2 L
e) Variation des efforts internes longitudinaux
La somme des moments par rapport à la corde supérieure permet de déterminer la force
dans la corde inférieure alors que la somme des forces horizontales donne la force de
compression dans la membrure supérieure. Selon la figure 6.9d on trouve :
P 2e
∑M = 0: T2,3 ⋅ e − ×
2 tan θ
=0
P 2 Av f y
T2,3 = = (6.11)
tan θ tan θ
2 Av f y
∑ Fh = 0 : C3,4 = T2,3 =
tan θ
(6.12)
De façon générale :
P Av f y
Ti, j = i × = i× (6.13)
2 tan θ tan θ
et
P Av f y
Ci, j = ( i − 1) × = ( i − 1) × (6.14)
2 tan θ tan θ
Les forces dans les membrures horizontales inférieure et supérieure du treillis sont données
à la figure 6.9e. On constate, dans le cas de la membrure inférieure, que cette force est
supérieure à celle calculée avec la relation suivante vue au chapitre 4 :
M M
T= = (6.15)
e d −a/2
En réalité, la force dans les aciers inférieurs est celle donnée par l'équation 6.15, décalée
d'une distance e/tanθ . Ce décalage est dû à l'hypothèse que les fissures se forment à un
angle θ. De cette constatation, on doit conclure que l'acier d'armature requis à une section
de coordonnée x doit être effective à une section x - e/tanθ. Enfin il convient de noter que
dans l'utilisation des treillis à angles variables, l'inclinaison des bielles est modifiée aux
appuis et près de charge concentrées afin de refléter le cheminement réel des efforts
internes. Ces aspects seront revus en détail au chapitre 6.
Les pionniers du calcul de la résistance à l'effort tranchant ont été Mörsch et Ritter qui ont
proposé à l'aube du XXe siècle l'utilisation du treillis à 45° pour le calcul des étriers. Ce
modèle a d'ailleurs été conservé jusqu'à maintenant pour la détermination de la contribution
des étriers dans la méthode simplifiée des normes nord-américaines. Toutefois, comme
l'analogie du treillis néglige la contribution du béton, plusieurs normes ont introduit le
terme Vc dans le calcul de la résistance à l'effort tranchant qui a subi de nombreux
changements, particulièrement au cours des dernières décennies.
Jusque dans les années 1950, les principes de calcul de la résistance à l'effort tranchant
adoptés dans les normes nord-américaines se sont éloignés des principes de la méthode des
treillis élaborés au début du XXe siècle. Le calcul de la contribution du béton a été introduit
sur la base d'essais, et ce, sans que les fondements théoriques ne soient pleinement
maîtrisés. L'effondrement dans un entrepôt de l'armée américaine en 1955 a permis de
Ce constat a conduit à des efforts de recherche concertés de grande envergure qui ont
conduit à des nouvelles recommandations dès le début des années 1960. Les ruptures à
l'effort tranchant sont fragiles et soudaines, avec peu de signes précurseurs. Ainsi les règles
de calcul adoptées par la norme A23.3 à compter des années 1960 étaient plus rigoureuses
et sécuritaires. Elles avaient toutefois le défaut d'être principalement empiriques et
plusieurs applications particulières nécessitaient l'introduction de nouvelles équations qui
même si adéquates étaient parfois dépourvues de sens physique.
En parallèle les codes européens ont évolué principalement à partir du modèle du treillis à
angle variable. Une telle approche est généralement plus rationnelle mais parfois trop
sécuritaire. Des efforts de recherche importants ont été entrepris au sein de divers groupes
de recherche, en particulier au Canada, dans le but d'améliorer les méthodes de calcul en
introduisant une version améliorée de la méthode des treillis à angle variable. Ceci a donné
lieu au développement des nouvelles théories, exercice justifié par la motivation d'aborder
le calcul à l'effort tranchant à partir de bases théoriques rationnelles comme pour la flexion
plutôt qu'à partir de relations empiriques. Typiquement les méthodes adoptées utilisait le
principe du treillis à 45° pour le calcul des efforts dans les étriers mais ajoutaient des
termes pour prendre en considération la contribution du béton, l'effet de la précontrainte ou
des charges axiales de traction ou compression.
La norme A23.3 a introduit en 1984 la méthode du Champ de compression qui reprenait les
principes généraux de la méthode des treillis à angle variable mais avec en plus une
composante de compatibilité des déformations qui permettait de calculer la résistance en
compression des bielles des âmes. Cette méthode qui devait contribuer à diminuer le
nombre d'étriers par l'utilisation d'angles inférieurs à 45°, s'est avérée trop conservatrice
parce qu'elle ne prend pas en compte la contribution du béton Vc . En parallèle, la norme
A23.3-84 a introduit la méthode des bielles et tirants pour le calcul des pièces profondes.
Cette méthode permet de traiter de manière rationnelle les mécanismes en cause dans le cas
des poutres profondes mais elle peut être également utilisée dans l’analyse des poutres
élancées. Ainsi trois approches étaient dès lors permises : la méthode simplifiée, qui est
essentiellement la méthode empirique utilisée depuis les années 1960, la méthode générale,
qui est basée sur la méthode du champ de compression, et la méthode des bielles et tirants.
Détail à la fissure
vd sq
a f2
bw h/2 Mf e2
Vf
vf = f2 e1
dv Av à s b w dv ex Vf
Nf q
As et Ap ex
h/2 f1
Trois méthodes de calcul de la résistance à l'effort tranchant sont proposées dans la norme
A23.3-04 : la méthode simplifiée, la méthode générale et la méthode des bielles et tirants.
Le choix de la méthode appropriée est dicté par les principes suivants. Les éléments fléchis
principalement gouvernés par le comportement flexionnel, soit pour un rapport a/h (ou
M/Vh) supérieur à 2.0 peuvent être dimensionnés par les trois méthodes précédentes.
Toutefois la somme de calculs impliqués avec la méthode des bielles et tirants ne justifie
pas son utilisation dans des conditions simples car elle conduira à une quantité d'armature
trop importante alors que la méthode simplifiée et la méthode générale sont beaucoup
efficaces. Ainsi, pour les éléments de type poutres, on préférera les méthodes dites
sectionnelles comme la méthode simplifiée ou la méthode générale. L'utilisation de la
méthode des bielles et tirants convient mieux aux poutres profondes (M/Vh < 2), aux
régions avec des discontinuités dans la géométrie des éléments ainsi qu'aux éléments où
l'hypothèse de Bernoulli des sections planes n'est plus adéquate. À cet effet le chapitre 7
présente plus en détails les champs d'application privilégiés de la méthode des bielles et
tirants. La méthode simplifiée peut être utilisée pour les éléments qui ne subissent pas
d'efforts axiaux de traction importants tandis que la méthode générale peut être utilisée pour
toutes les applications mais doit obligatoirement être utilisée pour le calcul des éléments
sujets à des efforts de traction importants ainsi que pour les éléments précontraints.
Aux trois dernières méthodes s'ajoute la méthode du cisaillement d'interface qui s'applique
principalement au calcul de la résistance des joints de reprise, aux plans entre des éléments
coulés en phase avec des changements de géométrie ou de matériaux. Le présent chapitre
présente les méthodes de calcul sectionnelle applicables aux poutres élancées où
l'hypothèse des sections planes est justifiée alors que le chapitre 7 traitera de la méthode des
bielles et tirants ainsi que de la méthode du cisaillement d'interface.
6.2.1 Hypothèses
La norme assume que seule l'âme des poutres contribue à la résistance à l'effort tranchant.
Ainsi uniquement le béton et les armatures situés dans la section de l'âme des poutres sont
considérés (figure 6.11). La profondeur effective de l'âme dv devrait être prise égale au
terme e indiqué sur les figures 6.8 et 6.9 et devrait être égal à d-a/2. Cependant, afin de
faciliter les calculs et d'éviter de changer la valeur de la profondeur effective d'une section à
une autre, la norme spécifie que la profondeur effective de l'âme dv est égale à :
d
dv h
bw
l'âme sur la profondeur dv. Les cas particuliers suivants s'appliquent toutefois :
- Pour les poutres précontraintes par post-tension, la moitié du diamètre des gaines non
injectées et le quart du diamètre avec gaines injectées doivent être retranchés de bw.
- Pour les sections circulaires, bw = D.
- Pour les âmes de forme trapézoïdale, bw est la largeur moyenne de l'âme incluant la
portion la plus étroite mais excluant toute portion excédant une ligne faisant un angle
de 20° à partir de la section la plus mince.
Contrairement aux éditions antérieures de la norme A23.3, l'hypothèse d'un treillis à angle
variable est adoptée. Pour la méthode simplifiée la valeur de θ est fixe, alors que pour la
méthode générale l'angle varie en fonction des efforts présents à la section considérée.
Dans le calcul de la résistance pondérée à l'effort tranchant, la norme A23.3 distingue les
poutres profondes (a/h < 2) des poutres élancées (a/h > 2) [10.7], où a est la portée nette en
cisaillement. Pour les poutres élancées avec aciers transversaux on a [11.3.3] :
Vr = Vc + Vs + V p (6.17)
Afin d'éviter les ruptures en compression dans l'âme, une limite maximale est donnée à Vr
[11.3.3], soit :
Vr ≤ 0.25φc fc′bwdv + V p (6.19)
La contribution des aciers transversaux dépend du nombre d'étriers croisant une fissure et
de la composante verticale des forces dans ces étriers. On assume que les étriers atteignent
la contrainte de plastification fy. La projection horizontale d'une fissure ayant une
inclinaison θ par rapport à l'horizontal est dv / tanθ . Ainsi, pour n étriers verticaux, on
obtient en observant la figure 6.12 :
Vs = φs Av f y × n (6.20)
Pour une fissure faisant un angle θ, le nombre d'étriers verticaux n est égal à :
dv
n= (6.21)
s tan θ
o
Pour des étriers inclinés (α ≤ 90 ) comme illustré sur la figure 6.12, on trouve :
φs Av f y dv
s≤ (6.24)
(
V f − Vc tan θ)
6.2.4 Espacement maximal des étriers
La norme requiert que des étriers soient utilisés lorsque Vf ≥ Vc . Tel qu'il est présenté plus
loin, la contribution du béton est améliorée en présence d'étriers car ceux-ci favorisent le
transfert des efforts le long du plan de fissuration en maintenant les fissures fermées. Il est
donc permis de ne pas mettre d'étriers en autant que Vf ≤ Vc . Toutefois dans le cas où il n'y
a pas d'étriers Vc aura une valeur moindre comparativement à la situation où des étriers sont
utilisés.
Cc
Vc
Av f y
Av fy
Av
T
q s
dv /tan q
Étriers verticaux
s
C
s Av f y Vc
s
T F
q
dv /tan q
Étriers inclinés
Pour que la contribution des étriers dans le calcul de Vc et de Vs puisse être considérée, la
norme requiert l'utilisation d'une quantité minimale d'armature. Une armature minimale est
requise dans le but d'assurer une certaine ductilité en cisaillement et d'éviter une rupture
fragile. La norme spécifie ainsi une limite minimale à la portion de la résistance à l'effort
tranchant reprise par les étriers égale à 30% de celle reprise par le béton, ce qui correspond
à une contrainte équivalente verticale de 0.06 f c′ en MPa:
d
Vs min = Av min f y × = 0.30 × 0.2 f c′ bwd
s
ce qui donne :
s
Av min = 0.06 f c′ bw × (6.25)
fy
Cependant, comme le type de barre pour les étriers est habituellement déterminé pour des
considérations géométriques et pour satisfaire la résistance, Av est connu a priori de sorte
que c'est l'espacement maximal qui est recherché. De l'équation 6.25 on peut ainsi obtenir
smax:
Av f y
smax = (6.26)
0.06 f c′bw
s ≤ 600 mm
• V f ≤ 0.125λφc fc′bwdv (6.27)
s ≤ 0.7 dv
s ≤ 300 mm
• V f > 0.125λφc fc′bwdv (6.28)
s ≤ 0.35dv
L'expression générale adoptée par la norme A23.3-04 pour la contribution du béton est
donnée par :
Vc = λφc β fc′ bwdv (6.29)
où φc = 0.65
λ = 1.0 béton normal [8.6.5]
= 0.85 béton semi-léger
= 0.75 béton léger
et où le terme fc′ dans l'équation 6.29 est limité à 8.0 MPa même si des bétons de
résistance supérieure à 64 MPa sont utilisés. Ceci est dû à un bagage de données
expérimentales limité pour des bétons plus résistants.
Pour des éléments dont la limite élastique nominale des armatures longitudinales n'excède
pas 400 MPa et la résistance du béton n'excède pas 60 MPa, la norme recommande de
prendre θ = 35°. La valeur de β est déterminée selon qu'il y ait ou non présence
d'armatures transversales.
Pour les éléments où la quantité d'armature transversale respecte les limites indiquées aux
équations 6.26 à 6.28, la norme recommande de prendre β = 0.18.
Pour les éléments sans armature transversale ou en quantité moindre que ce qui est prescrit
par les équations 6.26 à 6.28, la norme recommande de prendre :
230
β= (6.30)
1000 + s ze
35sz
s ze = ≥ 0.85s z (6.31)
15 + a g
Le terme ag correspond au diamètre des plus gros granulats alors que l'espacement des
fissures d'âmes sz est défini sur la figure 6.13. Pour les éléments sans armatures
longitudinales intermédiaires, on a selon la figure 6.13a :
sz = dv (6.32)
Pour les éléments comportant des lits d'armatures longitudinales intermédiaires, sze est pris
égal à l'espacement vertical de ces lits à condition que l'aire de chacun des lits soit égale ou
supérieure à 0.003 bw sz tel qu'indiqué sur la figure 6.13b.
h/2
sz
sz = d v ex
Act
Côté tendu h/2
As Aire ³ 0,003bwsz en flexion
bw
a) b)
b
hw ≤ w
2 (6.33)
hw ≤ 350 mm
La méthode générale est basée sur la compatibilité des déformations. Les relations sont
issues de la méthode du Champ de compression modifiée dans laquelle la résistance en
cisaillement est évaluée en fonction de la déformation causée par les efforts calculés à mi-
hauteur de l'âme.
θ = 29 + 7000 ε x (6.34)
et
0.40 1300
β= ⋅ (6.35)
(1 + 1500 ε x ) (1000 + sze )
où
M f d v + V f − V p + 0.5 N f − Ap f po
εx = ≤ 3.0 × 10−3 (6.36)
(
2 Es As + E p Ap )
Comme l'indique la figure 6.13, la déformation εx est calculée à mi-hauteur de l'âme. À titre
indicatif, la contribution des différents efforts pour le calcul de εx au niveau des armatures
tendues est illustrée sur la figure 6.14. Cette approche était celle retenue par la méthode
générale de la norme A23.3-94. En comparant les valeurs illustrées sur la figure 6.14 à
celles apparaissant à l'équation 6.36, on constate que les contributions à la déformation
axiale εx due au moment fléchissant Mf et à l'effort axial Nf sont deux fois moindre que les
valeurs assumées précédemment.
Pour les sections dont l'armature transversale respecte les limites indiquées aux équations
6.26 à 6.28, la valeur de sze dans l'équation 6.35 est prise égale à 300 mm. Pour les sections
sans armatures transversales ou dont la quantité de respecte pas les limites minimales, la
valeur de sze dans l'équation 6.35 est déterminée comme pour la méthode simplifiée.
C Mf /dv Mf /dv
ex =
Mf As ou Ap EsAs ou EsAs + EpAp
T = Mf /dv
Moment
0,5Nf 0,5Nf
ex =
Nf EsAs
0,5Nf
Force axiale
Dans le cas où la force axiale de traction Nf serait suffisamment élevée pour introduire de
la fissuration au niveau de la fibre comprimée de la section, la norme recommande de
remplacer le facteur 2 au dénominateur de l'équation 6.36 par 1, comme dans la méthode
de la norme A23.3-94.
M f dv + V f − V p + 0.5 N f − Ap f po
εx = ≥ −0.2 ×10−3 (6.37)
(
2 Es As + E p Ap + Ec Act )
La norme admet implicitement que les fissures de cisaillement près des appuis pourraient se
produire à 45°. Les charges appliquées en deçà d'une distance dv de l'appui ne causent pas
d'efforts dans la fissure inclinée vers l'appui, mais sont plutôt transférées à l'appui
directement par compression, comme illustré sur les figures 6.15 et 6.16. Ainsi, la norme
suggère de dimensionner les étriers dans la zone entre l'appui et une distance dv de l'appui
pour l'effort tranchant se produisant à dv de cet appui [11.3.2].
Vf
dv
Cette permission est accordée uniquement lorsque les forces sont transférées par
compression directe sur la longueur dv à partir de l'appui et lorsqu'il n'y a pas de charges
concentrées entre dv et l'appui. Cette permission s'applique dans les cas illustrés sur les
figures 6.15 et 6.16 où le diagramme d'effort tranchant de calcul est celui de la zone grisée.
La figure 6.17 illustre d'autres situations courantes et indique quelles sont les sections
critiques à utiliser. Lorsqu'une charge concentrée est située à une distance inférieure à dv de
l'appui, cette zone doit être calculée comme une poutre profonde.
Section critique
dv
Section critique
Poutre suspendue Efforts sur l'aile inférieure Charge concentrée
près de l'appui
b) Conditions pour lesquelles le calcul à dv n'est pas applicable
EXEMPLE 6.1
594 No 10 @ 100
650
4 No 30
500 [mm]
Solution
a) Calcul de la résistance
dv = 0.9d = 0.9 × 594 = 535 mm > 0.72h = 0.72 × 650 = 468 mm
Vc = φc λβ f c′ bwdv
= 0.65 ×1.0 × 0.18 35 × 500 × 535 = 185 200N = 185 kN
Vs = φs Av f y dv / s tan θ
535
= 0.85 × 2 ×100 × 400 × = 519 600 N = 520 kN
100 tan 35
b) Vérifications additionnelles
Av f y
smax =
0.06 f c′bw
200 × 400
= = 451 mm > 100 mm ⇒ OK
0.06 35 × 500
V f < 0.125λφc fc′bw dv = 0.125 ×1.0 × 0.65 × 35 × 400 × 535 /1000 = 609 kN
EXEMPLE 6.2
Pf Pf wf = 20 kN/m
Pf = 750 kN
wf
1000 900
x [mm]
Solution
dv
910 894
860
Vf [kN]
110
50 CL
25 @ 100 12 @ 454
[mm]
Av f y 200 × 400
smax = = = 487 mm
0.06 fc′ bw 0.06 30 × 500
EXEMPLE 6.3
Solution
V f ( x =0) = 800 kN
V f ( x = dv = 0.81 m) = 719 kN
Vr = Vc + Vs = Vc + φs Av f y dv / s tan θ
810
= 260 + 0.85 × 250 × 400 × ×10−3 = 575 kN
250 tan 35
R f − Vr 800 − 575
Vr ≥ V f ⇒ à partir de x = = = 2.25 m
wf 100
810
Vr = 260 + 0.85 × 200 × 400 × ×10−3 = 422 kN
487 tan 35
R f − Vr 800 − 422
Vr ≥ V f ⇒ à partir de x = = = 3.78 m
wf 100
e) Sommaire
Le tableau 6.1 présente le sommaire des calculs
s Vr Validité
g) Choix
Cet agencement est illustré sur la figure 6.21. On peut vérifier que
l'espacement intermédiaire de 250 mm est optimal pour les paramètres
retenus dans cet exemple.
C
L
[mm]
La résistance au poinçonnement suppose que la rupture survient sur plusieurs plans, par
opposition au mode de rupture qui s'effectue sur un plan, tel que décrit à la section
précédente, et qui est identifié comme de type poutre. Les ruptures par poinçonnement
peuvent se produire dans les dalles sans poutres autour des poteaux ou des panneaux
surbaissés comme illustré sur la figure 6.22 ou dans les semelles isolées sur lesquels
s'appuient les poteaux, comme montré sur la figure 6.23.
Pour les poteaux intérieurs, la rupture se produit sur un périmètre fermé alors que pour les
poteaux de rive ou les poteaux de coin, la rupture se produit sur un tronçon ouvert. La
résistance à l'effort tranchant est exprimée en fonction de la contrainte résistée par le béton
multipliée par l'aire de la section critique :
Vr = Vc = ν c b0 d (6.38)
La contrainte vc varie selon le mode de rupture alors que bo est la longueur du plan de
rupture qui est déterminée selon le mode de rupture et la position du poteau (intérieur, en
rive ou en coin) donné au tableau 6.2 qui réfère à la figure 6.23.
Pour les dalles, la profondeur du plan de rupture, d, inclut l'épaisseur du ressaut lorsque
celui-ci est présent. On calcule d à partir de la face inférieure de la dalle jusqu'à la position
des aciers de flexion au moment négatif et inversement au moment positif.
section
critique
section
critique
d1/2 d2/2
45° d2
45° d1
Fig. 6.22 Mode de rupture par poinçonnement dans les dalles sans poutres
d/2
b 2 = c2 + d c2
d/2
c1
d/2 d/2
Fig. 6.23 Mode de rupture par poinçonnement dans les semelles de fondation
Type de poteau bo
Dans les systèmes de planchers portant dans deux directions comme dans les semelles de
fondation, il y a trois modes de rupture à vérifier : le poinçonnement autour du poteau, le
poinçonnement autour du ressaut (pour les dalles seulement, si applicable) et le cisaillement
de "type poutre" à la face du ressaut (si applicable) ou du poteau.
⎛ 2 ⎞
ν c = ⎜1 + ⎟ 0.19λφc f c′ (6.39)
⎝ βc ⎠
⎛ αsd ⎞
νc = ⎜ + 0.19 ⎟ λφc fc′ (6.40)
⎝ bo ⎠
En comparant ces équations, on constate les points suivants. La comparaison des équations
(6.39) et (6.41) nous permet de conclure que l'équation (6.41) gouverne pour les poteaux
rectangulaires dont le rapport des côtés βc excède 2.0. Cette équation a, de fait, été
introduite pour quantifier la baisse de confinement observée lorsque les poteaux ont une
forme rectangulaire allongée par rapport à ceux ayant une forme carrée. Dans le cas des
poteaux circulaires l'équation (6.41) n'est donc pas applicable.
L'équation (6.40) a quant à elle été introduite pour la première fois dans la norme A23.3-94
afin de prendre en considération le fait que le confinement autour des poteaux décroît avec
l'augmentation de la dimension relative des poteaux par rapport à la dalle. Pour un poteau
intérieur, l'équation (6.40) gouverne pour des valeurs de bo supérieures à 20d alors que
pour les poteaux de rive, cette équation devient applicable si bo excède 15d.
Lorsque la valeur calculée de d est supérieure à 300 mm, il faut multiplier les équations
(6.39) et (6.41) par (1300 (1000 + d ) ) [13.3.4.3].
Ce mode de rupture, bien qu'il gouverne rarement, doit être vérifié. Dans ce cas, on assume
une rupture de type poutre sur une surface critique située à d de la face du poteau ou
ressaut [13.3.6.2]:
ν c = βλφc fc′ (6.42)
Les efforts de torsion se retrouvent dans un grand nombre de structures en béton et doivent
être considérés. Toutefois, il arrive couramment que ces efforts soient suffisamment petits
pour ne pas nécessiter de modification à la conception des éléments. La limite est
habituellement fixée en proportion de l'effort de torsion causant la fissuration, soit 25%
dans la norme canadienne. Lorsque les efforts dépassent ce seuil, des armatures
transversales fermées et des armatures longitudinales réparties sur le pourtour de la section
sont requises pour résister aux efforts de torsion. En effet, avant que la fissuration ne se
produise, les pièces en béton, généralement massives, présentent une grande rigidité
torsionnelle. Cependant, une fois la fissuration initiée, la rigidité torsionnelle et la
résistance deviendraient nulles sans la présence de ces armatures.
Les notions vues dans cette section ont pour but d'exposer les mécanismes de résistance à la
torsion et les règles de conception contenues dans les normes qui permettent de conserver
une résistance et une rigidité post-fissuration adéquates. Dans ce chapitre, les règles de
conception exposées sont celles s'apparentant à la méthode simplifiée de résistance à l'effort
tranchant vue précédemment. Au chapitre 7, la méthode générale de résistance à l'effort
tranchant et à la torsion sera présentée. Toutefois, les concepts et notions vus ici sont
applicables tant à la méthode simplifiée qu'à la méthode générale.
Deux types d'efforts de torsion (T) se retrouvent dans les pièces, selon le système
structural, soient des efforts dits de compatibilité ou des efforts dits d'équilibre (Fig. 6.17).
Les efforts induits par compatibilité dépendent de la rigidité relative des éléments. Pour la
poutre ABC de la figure 6.17a, le couple de torsion que l'on retrouve en B est fonction de la
rigidité de torsionnelle de cette poutre et de la rigidité flexionnelle de la poutre BDE. Une
poutre de rive rigide attirera des efforts de torsion qui seront plus grands que ceux obtenus
dans le cas où la rigidité serait diminuée, par exemple, par la fissuration. Les autres efforts
seront ainsi affectés par la capacité de la poutre ABC à résister de manière rigide aux
efforts qui lui sont appliqués. Ainsi, le moment négatif en B dans la poutre BDE sera
fonction de la capacité de cette poutre en moment négatif de même qu'au moment maximal
que l'on peut atteindre en assumant une poutre ABC infiniment rigide.
Encastrement
B
P
D
A E
Encastrement
TC
TC
MC
TA = TC = TB //2 RC
VB
TB MB
P TB = MB
TA TA VB
MB
MA RA
RE
MD
TA
L
MA
P RA
B
C
TB MB
MB e P
VB
VB
MB = Pe
Cette section porte uniquement sur le rappel de notions théoriques de la résistance des
matériaux se rapportant à la torsion de pièces homogènes non fissurées. La section suivante
portera sur la particularité des sections fissurées en béton armé. Pour un traitement plus
complet sur les notions de torsion, les références 6.6 et 6.7 sont suggérées.
a) Contraintes de cisaillement
Dans le cas des sections ouvertes minces (Fig. 6.18a), l'amplitude des contraintes est faible
et leur excentricité par rapport au feuillet moyen des parois de la pièce est petite, ce qui
conduit à un faible potentiel de résistance aux efforts de torsion. Dans le cas des sections
circulaires, massives ou tubulaires, l'amplitude des contraintes et leur excentricité
contribuent à l'efficacité en torsion de ces sections.
ta
z
txy
a
tb
y
b
a) Section mince
t
Intégrale = q
z
txa
txa
y y
La résistance des matériaux6.6 indique pour les sections circulaires que la contrainte de
cisaillement τxα due à la torsion est proportionnelle à la distance au centre de gravité, alors
que le couple de résistance interne qu'elle engendre est également proportionnel à cette
même distance. Pour une section circulaire, on peut écrire :
τ xα = Gc γ xα = Gc rθ o (6.43)
et
T = ∫ rτ xα dA = Gcθ o ∫ r 2 dA (6.44)
A A
T = G c Jθ o (6.45)
où Gc J est la rigidité torsionnelle d'une pièce, tout comme EA et EI sont les rigidités
axiales et flexionnelles respectivement.
Ainsi, on peut aisément conclure que le faible bras de levier des pièces minces conduit à
une faible rigidité torsionnelle, alors que les sections massives ou tubulaires ont des
rigidités torsionnelles élevées.
Dans le cas des sections tubulaires, on peut démontrer, par équilibre, que la somme des
contraintes sur l'épaisseur de la paroi est constante tout le long de la paroi d'une section
unicellulaire, et ce, peu importe l'épaisseur de la paroi. Ceci conduit au concept de flux de
cisaillement q, une force de cisaillement par unité de longueur de paroi, égale à (Fig. 6.18c)
:
q= ∫ τ xα dη (6.46)
epaisseur
Cette notion sera exploitée dans le cas des sections fissurées en béton armé.
b) Inerties torsionnelles
Sections circulaires
J =
π
32
( de4 − di4 ) τ=
T
J
r
1 2T
J = ∑ bi ti3
3 parois
τ≈
J
z
1 ⎛ t ⎞
J = ∑ ⎜1 − 0.63 i ⎟ bi ti3
⎜
3 elements ⎝ bi ⎟⎠
Voir référence 6.7
(1)
4 Ao2 4 Ao2 4 Ao2 t T q
J= = = q= et τ=
ds ⎛s⎞ po 2 Ao
∫t ∑ ⎜⎝ t ⎟⎠ t
elements i
b3
t3 b2
b1
de r di
t2
t1
ti << bi
t1 b2 b2
s1
2 t2 2 t2
t1
Ao
t4
s2 s4
b1 1 ou t2
1 b1 t3
s3
t1 Note:
ti £ bi Feuillet moyen de longueur
Pour les équations présentées au tableau 6.3, dans le cas des sections rectangulaires minces,
ti est la dimension la plus petite d'une paroi alors que bi et la plus grande. Pour les sections
massives quelconques, la même définition s'applique mais dans ce cas, on subdivise la
section en éléments rectangulaires et la combinaison donnant la plus grande valeur de J est
celle retenue. Pour les sections tubulaires à parois minces, on fait l'hypothèse que les
contraintes sont uniformes sur l'épaisseur t. Dans ce cas, Ao est l'aire définie par le feuillet
moyen de la section. Pour les sections tubulaires minces d'épaisseur constante, l'expression
de droite au tableau 6.3 peut être utilisée, où po est le périmètre du feuillet moyen.
En béton, à l'exception des dalles minces, on retrouve rarement des sections rectangulaires
minces, comme c'est le cas en charpentes métalliques. Dans ce cas, si la rigidité torsionnelle
est requise dans les calculs, la relation pour les sections ouvertes minces présentée au
tableau 6.3 est tout à fait applicable. Cependant, à cet égard, la valeur utilisée doit tenir
compte du type d'analyse réalisée. On doit prendre la valeur entière de la rigidité dans le cas
des analyses unidirectionnelles, alors qu'on doit utiliser la moitié de la valeur donnée par
l'équation du tableau 6.3 lorsque des analyses bidirectionnelles sont faites, comme lors des
analyses de grillage dans les ponts6.9.
EXEMPLE 6.4
210
400
190
500 190
a) Géométrie
2 2
Cas A Cas B
b) Calcul de J
Solution
Cas A
Cas B
EXEMPLE 6.5
Solution
a) Section tubulaire
Comme il s'agit d'une section tubulaire, on peut négliger les parties en console
(porte-à-faux) de même que les goussets et n'inclure que la partie cellulaire pour le
calcul.
12 800
533
533
254 279 R = 990
2900
356
152 230
610
6705 [mm]
279
[mm] 710
990 356 533
356
152
334
230
966
610 [mm]
b) Goussets
• Hourdi inférieur
s / t = 6 349 / 230 = 27.60
• Hourdi supérieur
s / t = 6 349 / 279 = 22.76
• Âmes
s / t = 2 646 / 356 = 7.43
• Inertie torsionnelle
J=
4 Ao2
=
(
4 × 16.80 × 106
2
)
= 17.31 × 1012 mm 4
⎛ s ⎞ 27.60 + 22.76 + 2 × 7.43
∑⎜ ⎟
étrier ⎝ t ⎠
• Rigidité torsionnelle
E 34 600
Gc ≈ c = = 17 300 MPa
2 2
• Consoles
La longueur à la racine de la portion arrondie est :
A c = (12 800 − 6705 − 2 × 990 ) / 2 = 2058 mm
1
J c = × 2 058 × 2543 = 11.24 × 109 mm4
3
• Goussets supérieurs
• Goussets inférieurs
Les goussets inférieurs peuvent être modélisés par un rectangle de même
longueur (966 mm) et d'épaisseur équivalente donnant la même aire, soit
334 mm, comme montré sur la figure 6.21b. L'inertie torsionnelle est égale dans
ce cas à :
3
⎛ 334 ⎞ 966 × 334
J = ⎜1 − 0.63 × ⎟ = 9.38 × 109 mm4
⎝ 966 ⎠ 3
• Parois minces
Les quatre parois minces non considérées ont les dimensions et propriétés
indiquées au tableau 6.5
Hourdi
4 317 279 29.98 × 109
supérieur
Hourdi
4 773 230 18.77 × 109
inférieur
Âmes 1 274 356 15.79 × 109
a) Comportement
La torsion induit, dans les poutres en béton armé, des contraintes de cisaillement conduisant
à une fissuration hélicoïdale, tel qu'illustré sur la figure 6.22. Les poutres ne disposant
d'aucune armature de torsion atteignent la rupture de manière fragile dès l'initiation de la
fissuration (Fig. 6.23a) à un couple égal à Tcr. Lorsque les poutres disposent d'armatures de
torsion, la rupture de produit de manière ductile, tel qu'illustré sur la figure 6.23b.
Cependant, les armatures de torsion n'influencent aucunement la résistance à la fissuration
tout comme le béton ne participe pas à la résistance après la fissuration. De plus, avant que
les armatures ne deviennent efficaces pour résister au couple de torsion, la poutre doit subir
de grandes rotations. Comme le montre la figure 6.23b, l'augmentation de l'armature de
torsion permet d'accroître la résistance ultime. Cependant, il est habituellement économique
de dimensionner les armatures de torsion afin d'égaler ou dépasser légèrement Tcr , à moins
que l'amplitude des efforts ne demande une résistance additionnelle.
Fissures
hélicoïdales Contraintes
principales Contraintes
de cisaillement
Pour développer un comportement post-fissuration, les étriers doivent être fermés et des
aciers longitudinaux doivent être répartis sur le pourtour de la section. Il importe
également, tout comme pour l'effort tranchant, d'éviter la rupture par compression
diagonale du béton.
Dans le cas des poutres armées ou non armées, le comportement dans la phase précédant la
fissuration suit la relation 6.25. Cependant, au-delà de la fissuration, la relation T-θo est
plus complexe à représenter analytiquement. Pour y arriver la norme A23.3 a adopté le
concept du tube équivalent. On utilise également ce même concept pour déterminer le
couple de torsion causant la fissuration Tcr.
Tu Tu
GsJcr
1
GcJg Av élevé
1
Tcr Tcr Av optimal
qo qo
a) Pièce non armé b) Pièce armé
Jusqu'à ce que la fissuration se produise, les relations de la résistance des matériaux vues
précédemment sont adéquates. Toutefois, en adoptant l'analogie du tube équivalent, la
détermination du couple de torsion causant la fissuration, Tcr, devient plus aisée. Cette
analogie, vérifiée expérimentatement6.11, assume que les poutres tubulaires à parois minces,
ayant les mêmes dimensions extérieures que les poutres pleines qu'elles représentent,
offrent une résistance en torsion comparable à ces mêmes poutres. La norme canadienne a
adopté les hypothèses suivantes pour déterminer les dimensions du tube équivalent au
moment de la fissuration [11.2.9.1] :
A2
Tcr = c 0.4 f c' (6.50)
pc
La norme considère que pour un couple de torsion inférieur à 0.25Tcr, les effets induits par
la torsion peuvent être négligés. Pour un effort excédant cette valeur, la norme considère
que la combinaison des efforts de torsion à ceux de flexion et de cisaillement fera en sorte
que la section fissurera ce qui amènera la section à se comporter en torsion comme une
section fissurée.
Pour le calcul de l'inertie torsionnelle avant fissuration, certains auteurs suggèrent d'utiliser
la rigidité obtenue en adoptant le concept du tube équivalent. Il s'agit d'un choix qui n'est
pas indiqué dans la norme.
Diverses théories permettent d'expliquer le comportement des sections en béton armé après
la fissuration en torsion. La norme ACI6.12 adopte à cet effet la méthode de la flexion biaise
qui inclut à la fois les efforts de flexion, de cisaillement et de torsion. Toutefois, en utilisant
l'analogie du treillis présentée précédemment pour la résistance à l'effort tranchant, il est
plus aisé de comprendre les mécanismes de résistance interne impliquant la torsion et de
superposer, aux effets de la torsion, ceux provenant de la flexion et de l'effort tranchant.
Le modèle de treillis adopté, illustré sur la figure 6.24, reprend l'idée initiale amenée au
tournant du XXe siècle6.4, 6.5 pour expliquer le comportement à l'effort tranchant. Afin de
rester général, un angle de fissuration quelconque θ sera admis dans ce qui suit. Celui-ci ne
doit pas être confondu avec θo, la rotation par unité de longueur due à la torsion. En
adoptant le principe du tube équivalent (Fig. 6.24a) de section bo par ho, où circule un flux
de cisaillement q, on arrive à la conclusion que les résultantes des contraintes de
cisaillement agissant sur chacun des côtés du tube Vh et Vv sont égales à :
V h = q bo (6.51)
V v = q ho (6.52)
T = Th + Tv = V h ho + Vv bo = q bo ho + q bo ho = 2 q Ao (6.53)
La dernière équation permet non seulement de montrer que l'équation générale des tubes
minces (Tableau 6.3) est applicable mais que les contributions des composantes horizontale
et verticale sont égales.
At fy At fy At fy
Ao = bo × ho
Vv h
o
q
Vn ho
Vv s
Vv
Vh At fy At fy At fy
bo
Vv h
c o
c
a) Résultantes c
Al fy Al fy Al fy
En isolant une face verticale (Fig. 6.24b), il est possible de relier la résultante Vv à la force
dans les aciers transversaux :
Vv = At f y × nt (6.54)
ho
nt = (6.55)
s tan θ
Comme il a été démontré que les contributions des résultantes verticales et horizontales
étaient égales, on peut écrire, selon l'équation 6.53, que T = 2 Vv bo :
2 Ao At f y
Tr = (6.56)
s tan θ
Le transfert des efforts de la face du béton vers les aciers transversaux s'effectue par des
bielles inclinées. Ce mécanisme donne naissance à une composante horizontale de traction
nécessaire afin de garantir l'équilibre des forces à la jonction des bielles inclinées et des
aciers transversaux (Fig. 6.24c). Par équilibre on trouve :
Fv At f y nt At ho
= tan θ = = (6.57)
Fh Al f y Al s tan θ
L'équation 6.37 s'applique pour une face et un angle quelconque θ. En faisant le même
exercice pour chacune des faces et en adoptant un angle de 45o, on trouve :
p
o
Al = At (6.58)
s
où Al est l'aire totale des barres d'armature requise alors que po est le périmètre au feuillet
moyen des étriers fermés.
Il est intéressant de noter que la torsion engendre des efforts longitudinaux. Cet aspect sera
revu plus en détail aux deux chapitres subséquents lorsque les modèles de treillis seront
décrits plus longuement lors de la présentation des règles de détail des armatures de même
que dans le cas de la méthode générale pour l'effort tranchant et la torsion.
Sur la figure 6.24, l'acier d'armature longitudinal était concentré à l'intersection des étriers
et des bielles comprimées. En réalité, il est préférable de bien répartir cet acier sur la
périphérie de la section, ce qui est requis d'ailleurs par la norme.
d) Rigidité post-fissuration
L'adoption du concept de tube équivalent permet de calculer une rigidité équivalente post-
fissuration. Bien que le béton travaille en compression, les aciers d'armatures transversaux
et longitudinaux sont les éléments les plus flexibles du système et la déformabilité en
torsion d'une pièce fissurée sera régie par la constituante la plus flexible. Ainsi, pour
déterminer la rigidité torsionnelle équivalente, on peut imaginer un tube en acier équivalent,
d'épaisseur ts donnée par la relation suivante (Fig. 6.25) :
Al At
ts = (6.59)
po s
En appliquant la relation pour J d'un tube d'épaisseur constante ts donnée au tableau 6.3, on
obtient pour la rigidité torsionnelle GJ, en utilisant le module de cisaillement de l'acier Gs :
4 Ao2 t s G s 4 Ao2 t s
G s J cr = G s ≈ (6.60)
po 2 po
At A
ts = x l
s Po
+ =
ts
s
s po = périmètre
s
Ac2
Tcr = 0.4 φ c λ f c′ (6.61)
pc
La norme stipule que si Tf > 0.25 Tcr, il faut considérer les efforts de torsion et concevoir
l'armature conséquemment [11.2.9.1].
EXEMPLE 6.6
400
83,33
500 [mm]
Solution
a) Propriétés
L'aire et le périmètre de la section sont :
Ac = 500 × 400 = 200 000 mm2
pc = 2 (500 + 400) = 1800 mm
po = 2 (ho + bo ) = 1467 mm
Il importe de noter que l'âme définie par le feuillet moyen (ho × bo) correspond
b) Couple de fissuration
A2 200 000 2
Tcr = c xφc 0.4 f c′ = × 1 × 0.6 × 0.4 30 = 29.21 × 106 N ⋅ mm
pc 1800
= 29.21 kN ⋅ m
La norme reconnaît que les efforts de torsion peuvent être moindres lorsque ceux-ci
peuvent être affectés par la redistribution des efforts [11.2.9.2] dans les structures
hyperstatiques. La norme assume, une fois la fissuration initiée, que l'élément ne sera pas
soumis à un couple de torsion supérieur à environ les deux tiers de Tcr car la rotation que
subit la poutre occasionnera une redistribution des efforts. À ce moment, la valeur
maximale de Tf pouvant être considérée dans le calcul peut être limitée à 0.67Tcr. Ce
faisant, tous les autres efforts dans les éléments attachés à la poutre doivent être ajustés en
conséquence.
Pour les poutres de rives soutenant une dalle, le moment de torsion maximal supporté par
cette poutre peut également être limité à 0.67Tcr aux extrémités de la poutre, variant jusqu'à
une valeur nulle à mi-portée.
2 Ao φ s At f y
Tr = ≥Tf (6.62)
s
Même si rien n'est mentionné à ce sujet, il serait de bonne pratique de satisfaire aussi la
relation suivante: Tr ≥ Tcr . On pourra donc remplacer Tf dans l'équation 6.62 par Tcr
lorsque cette valeur est supérieure. Pour un étrier d'aire At , on obtient :
At Tf
≥ (6.63)
s 2 Ao φ s f y
Ce terme sera utilisé ultérieurement pour calculer l'armature longitudinale de même que
lorsque les efforts de torsion seront combinés à la résistance à l'effort tranchant. Tout
comme pour l'effort tranchant, on peut dimensionner la quantité d'armature requise entre
l'appui et une distance d de cet appui en utilisant la valeur de l'effort de torsion à une
distance d de l'appui [11.3.9.2].
où Aoh est défini comme étant l'aire circonscrit par la ligne moyenne des aciers
transversaux fermés extérieurs, tel qu'illustré sur la figure 6.27.
L'armature de torsion doit être constituée de barres longitudinales (voir section 6.4.5) alors
que l'armature transversale peut être constituée d'étriers fermés perpendiculaires à l'axe de
la pièce ou d'une cage d'armature en treillis soudés [11.2.6]. Les étriers formant les
armatures transversales [11.2.7] doivent être refermés avec un crochet standard faisant un
angle de 135o (Fig. 6.27).
³ 135°
Aoh = bo × ho
ph = 2 (bo+ ho) Aoh
£ 300 mm
ho
At
ph: périmètre de
Al l'étrier externe
bo
a) Section pleine b) Section creuse
L'armature longitudinale doit être répartie sur la périphérie de la section et au moins une
barre doit être placée dans chacun des coins des étriers fermés formant l'armature
transversale [11.2.7]. Le diamètre minimal des barres longitudinales ne doit pas être
moindre que s/16, où s est l'espacement longitudinal des aciers transversaux [11.2.7]. De
plus, l'espacement maximal entre les barres longitudinales est limité à 300 mm [11.3.9.5].
ph
Al = At (6.65)
s
où ph est le périmètre de la ligne moyenne des aciers transversaux fermés externes, comme
montré sur la figure 6.27.
Les étriers servent à la fois à résister à l'effort tranchant et aux efforts de torsion. Dans le
cas de l'effort tranchant, Av inclut toutes les branches de l'étrier, normalement deux fois
l'aire d'une branche pour un étrier simple. Sur une des faces verticales, la résultante due à la
torsion s'additionne à celle de l'effort tranchant alors que sur la face opposée, ces deux
forces se soustraient. Comme on utilise la même quantité d'acier sur les deux faces, on
additionne les valeurs provenant des deux types d'efforts. En considérant l'aire totale des
aciers transversaux requis pour l'effort tranchant et la torsion, selon la même procédure
qu'utilisée pour l'effort tranchant, on obtient l'aire totale d'acier requis en additionnant l'aire
nécessaire par unité de longueur pour chacun des deux types d'efforts :
⎛ A⎞ ⎛ A⎞ ⎛ A⎞
⎜ ⎟ = ⎜ ⎟ + 2⎜ ⎟ (6.66)
⎝ s ⎠ v +t ⎝ s ⎠ v ⎝ s ⎠t
Connaissant l'aire totale des deux segments d'une barre, Astv , on trouve l'espacement
maximal :
Astv
s≤ (6.67)
( A / s )v+t
Afin d'éviter une rupture par compression diagonale avant la plastification des armatures, la
norme limite la contrainte dans le béton [11.3.9.8] à :
Vf T f ph
+ ≤ 0.25 φ c f c′ (6.68)
bw d 2
Aoh
b) Flexion et torsion
La flexion amène des efforts de compression dans la poutre qui viennent réduire la valeur
de la force axiale développée dans les barres longitudinales situées dans cette portion de la
section. La norme permet de réduire l'aire des aciers longitudinaux, situés dans la zone de la
section comprimée par la flexion, d'une quantité égale à [11.3.9.6] :
Mf
Al − retranché = (6.69)
0.9 d f y
EXEMPLE 6.7
Solution
T f = m f ⋅ ln / 2 = T f max
Poteaux :
500 × 500 (typ)
210
7500
[mm]
2
A
3
mf
a) Poutre de rive
15M @ 475
mf 210
400 ho
500 [mm] bo
1000
⋅ Asb = As min
s
1000 × 200
s= = 476 mm2
420
Ceci signifie que même si l'armature minimale de la dalle peut reprendre un moment
fléchissant de 24.30 kN⋅m/m, les grandes rotations qui accompagneront la fissuration
en torsion de la poutre de rive feront en sorte que le moment demeurera petit, à 0.67
Tcr.
c) Armature de torsion
La norme permet de dimensionner les armatures de torsion pour l'effort agissant à d
de la face du poteau. Pour la poutre au moment négatif, d = 350 mm (barres 20M,
étriers 10M, enrobage de 30 mm).
ho = 400 − 2 × 30 − 10 = 330 mm
V
V f > c , on a donc besoin d'étriers, la valeur minimale gouverne.
2
⎛ A⎞ ⎛ A⎞ ⎛ A⎞
⎜ ⎟ = ⎜ ⎟ + 2⎜ ⎟ = 0.411 + 2 × 0.215 = 0.841 mm2 / m
⎝ s ⎠V +T ⎝ s ⎠V ⎝ s ⎠T
Avec AsTV = 200 mm2 pour des étriers 10M, on a (Éq. 6.66) :
AsTV 200
s≤
( )
A
s V +T
=
0.841
= 238 mm
Vf 78.1 × 103
Avec = = 0.446 MPa < 0.1 x φc f c′ = 0.1 × 0.6 × 30 = 1.8 MPa
bd 500 × 350
s ≤ 600 mm
≤ 0.7 d = 0.7 × 350 = 245 mm
Choix : s = 225 mm
e) Armature longitudinale
Selon l'équation 6.58, l'armature longitudinale de torsion est :
À la fibre tendue au moment négatif, on doit ajouter à cette quantité celle due au
moment négatif. Pour une poutre doublement encastrée, le moment négatif est :
w f A 2n 24.8 × 7.02
Mf = = = 101.3 kN ⋅ m
12 12
Mf 101.3 × 106
Kr = = = 1.65
b d2 500 × 350 2
0.515
As = × 500 × 350 = 901 mm2
100
327
As = 901 + = 1065 mm 2
2
Mf 101.3 × 106
A f − retranché = = = 804 mm2
0.9d f y 0.9 × 350 × 400
2 3
250
250
- 101,3
M (kN • m)
50,7
93
78,1
V (kN)
d
7500 mm
On n'a donc pas besoin de l'acier longitudinal pour résister à la torsion. On utilisera
toutefois deux barres 10M pour soutenir les étriers.
f) Vérification additionnelle
Vf T f ph
+ ≤ 0.25 φc fc′
bw d Ash 2
EXEMPLE 6.8
On désire calculer les armatures dans le cas d'une poutre dont la géométrie est la
même que celle de l'exemple précédent mais qui supporte un balcon causant des
efforts de flexion identiques à ceux de cet exemple et pour laquelle le moment de
torsion appliqué par unité de longueur correspond au moment que peuvent
développer les armatures minimales en moment négatif de la dalle.
Solution
At 76.5 × 106
= = 0.933 mm 2 / mm
s 2 × 120 615 × 0.85 × 400
⎛ A⎞
⎜ ⎟ = 0.411 + 0.933 = 1.344 mm2 / mm
⎝ s ⎠V +T
200
s≤ = 149 mm ⇒ choix 150 mm ou moins
1344
À la fibre tendue
À la mi-hauteur
À la fibre comprimée
3-25M
2-15M
2-10M
6.6 EXERCICES
Calculez les étriers des exercices du chapitre 2 en utilisant un béton de 30 MPa et de l'acier
de 400 MPa.
Exercice # 1
Exercice # 2
Exercice # 3
Exercice # 4
RÉFÉRENCES
6.1 ACI-ASCE Committee 326. Shear and diagonal tension, Journal of Structural
Division, ASCE, Vol. 59, 1962, pp. 1-30, 277-344, 352-396.
6.2 ACI-ASCE Committee 426. The shear strength of reinforced concrete members,
ASCE Journal of Structural Division, Vol. 99, 1973, pp. 1091-1187.
6.3 Kani, G.N.L. The riddle of shear failure and its solution, ACI Journal, Vol. 61,
1964, pp. 50-57.
6.5 Mörsch, E. Le béton armé : Étude théorique et pratique, Ch. Béranger, Paris, 1909,
358p.
6.6 Bazergui. A., Bui-Quoc, T., Biron, A., McIntyre, G., Laberge, C. Résistance des
matériaux, Éditions de l'École Polytechnique de Montréal, 2002.
6.7 Popov, E.P. Engineering mechanics of solids, 2nd ed., Prentice Hall, 1999.
6.10 Massicotte, B., Picard, A., Gaumond, Y., Ouellet, C. Strengthening of a long-span
prestressed segmental box girder bridge, PCI Journal, Vol. 39, No. 3, 1994, pp.52-
65.
6.12 ACI Committee 318. Building code requirements for structural concrete (ACI318-
08) and Commentary (ACI318-08), American Concrete Institute, 2008.
7.1.1 Généralités
Le comportement des pièces en béton armé est plus aisé à visualiser lorsqu'on utilise
l'analogie du treillis ou le modèle des bielles et tirants. Dans cette section, on présente
d'abord le comportement des poutres élancées puis celui des poutres profondes et des
consoles. On illustre ensuite les aspects à considérer pour le transfert des efforts d'une barre
d'armature à une autre. Dans tous les cas, le traitement est uniquement descriptif et porte
principalement sur les principes généraux alors que le détail des calculs est présenté plus
loin dans ce chapitre ainsi que dans des chapitres ultérieurs.
212 Calcul des structures en béton armé
Pour les poutres élancées, le modèle de treillis à angle variable permet de bien décrire le
cheminement des efforts. Comme l'illustre la figure 7.1, les efforts dans les étriers et les
armatures de flexion peuvent être déterminés en appliquant cette analogie.
Charge uniforme, w
q
(b) Modèle de treillis raffiné
wdv /tan q
Fig. 7.1 Application de l'analogie du treillis à angle variable pour les poutres élancées
La figure 7.1b présente un modèle raffiné où chaque étrier est représenté par un tirant. Il
est toutefois possible de regrouper les étriers pour les fins de détermination des efforts
uniquement tel que le montre la figure 7.1c. L'analogie du treillis met en évidence le fait
que la force dans les armatures de flexion est supérieure à la force obtenue des efforts de
flexion uniquement. Le diagramme de corps libre montré sur la figure 7.2 permet de
déterminer la force dans les armatures de flexion en fonction des efforts appliqués :
dv ⎛ d ⎞
Ts × d v + Vs × −V f ⎜ x + v ⎟ = 0
2 tan θ ⎝ tan θ ⎠
En posant M f ( x) = V f ⋅ x on obtient :
Mf V f − 0.5 Vs
Ts ( x) = + (7.1)
dv tan θ
C
O
dv
q
Vs
T
Vf 0,5 dv /tan q
x dv /tan q
Ainsi, la norme A23.3-04 exige que la force dans les armatures tendues soit égale à celle
induite par la flexion augmentée des forces causées par l'effort tranchant dû à l'effet des
fissures inclinées ainsi que les forces axiales. Dans ce dernier cas il est assumé que la
moitié de l'effort axial est repris par les armatures de traction alors que l'autre moitié réduit
les efforts de compression de la fibre comprimée. La valeur de la force axiale à considérer
dans les armatures de flexion, tel que stipulé dans la norme A23.3-04, est donnée par la
relation suivante (avec Mf et Vf positifs, Nf positif pour une force de traction et négatif pour
une force de compression):
Mf V f − 0.5Vs − V p
Tlt = + 0.5 N f + (7.3)
dv tan θ
De manière similaire, pour les sections où les efforts de flexion sont petits, l'effort tranchant
et les efforts axiaux pourraient induire des efforts de traction au niveau de la fibre
comprimée qui nécessiterait des armatures. Cette force est donnée par l'équation suivante
(avec Mf et Vf positifs, Nf positif pour une force de traction et négatif pour une force de
compression). Une valeur négative indique que la fibre demeure comprimée.
V f − 0.5Vs − V p Mf
Tlc = 0.5 N f + − (7.4)
tan θ dv
Une autre façon de considérer l'augmentation des efforts dans la fibre tendue est illustrée
sur la figure 5.9e. En effet, l'analogie du treillis met en évidence le fait que la force dans les
armatures de flexion est décalée d'une quantité dv / tan θ . Ainsi la force dans les armatures
tendues à une section donnée doit pouvoir être pleinement développée à un point situé à
une distance dv / tan θ plus près des appuis. Une façon simple de prendre en considération
ce phénomène consiste à décaler le diagramme des moments fléchissants de cette même
quantité comme l'illustre la figure 7.3. Cette approche est recommandée par la norme
A23.3-04 [11.3.9.3] pour les éléments pour lesquels les efforts axiaux ou de torsion sont
faibles.
dv
q
Traction due
au moment
Traction due
au cisaillement
dv /tan q
(a) Moment fléchissant positif
A C
q dv
Force de B D
traction dans
les armatures dv /tan q
supérieures
Traction due à la flexion
= Mf /d v
Force de
traction dans
les armatures Traction due au cisaillement
inférieures = (Vf - 0,5Vs) /tan q
Fig. 7.3 Effet de l'inclinaison des fissures sur le diagramme de moments effectif
Comme indiqué sur la figure 7.2, les armatures de flexion doivent être en mesure de
développer leur pleine capacité en traction au point de calcul. Au delà de ce point,
l'armature doit être ancrée sur une longueur permettant d'atteindre la plastification des
barres (Ts = φs As fy). Cette quantité, dénotée ld , est appelée longueur de développement.
Pour les poutres élancées, le principal mode de transmission des efforts entre le béton et
l'acier d'armature est l'ancrage par adhérence. Les éléments étant longs et élancés, on
dispose généralement de l'espace suffisant pour développer la pleine capacité des barres,
soit atteindre une contrainte égale à fy, en ajoutant une longueur supplémentaire à chaque
extrémité. Dans certains cas toutefois, on utilisera des barres recourbées, ou crochets, si
l'espace requis est insuffisant. Les règles de calculs associées à un tel exercice seront
présentées plus loin dans ce chapitre.
On a vu au chapitre 5 que la norme A23.3 [10.7] qualifie de poutre profonde celle pour
laquelle le rapport a/d est inférieur à 2, où a est égal au rapport M/V. La distinction entre les
poutres profondes et élancées vient essentiellement du mode de transfert des efforts. Dans
une poutre élancée, comme on l'a vu précédemment, les forces sont transmises à travers une
succession de bielles tendues et comprimées. Pour les poutres profondes, les forces sont
généralement transmises directement aux appuis, comme illustré sur la figure 7.4. Dans ce
cas, l'armature horizontale ne peut être considérée comme une armature de flexion mais
plutôt comme un élément permettant de garantir l'équilibre des forces internes. De ce fait,
les poutres profondes sont des éléments pour lesquels le mode de transmission des efforts
procède principalement par l'entremise de bielles et tirants sans apport du béton en
cisaillement (Vc = 0) contrairement aux éléments fléchis élancés vus au chapitre 5.
Pour la poutre de la figure 7.4, on doit ancrer l'armature sur une longueur très courte. Dans
ce cas, il est généralement inapproprié d'utiliser un ancrage par adhérence. On préférera
utiliser des ancrages mécaniques ou par crochets tel qu'illustrés sur la figure 7.5. Les zones
d'ancrage des armatures requièrent certaines précautions selon que la zone nodale où se
joignent deux ou plusieurs bielles comprimées soit soumise à des contraintes de
confinement sur toutes les faces (point d'application de la charge P sur la figure 7.4b), qu'on
y retrouve une barre tendue (Fig. 7.5a) ou qu'on y développe l'ancrage des barres (Fig.
7.5b). Comme discuté au chapitre 3, le béton en situation de contraintes biaxiales de
compression a une capacité accrue alors que celui pour lequel coexistent des contraintes de
compression et de traction a une résistance diminuée. La résistance des zones nodales est
définie par la norme A23.3 [11.5.4.1] selon l'état de contrainte de celles-ci.
P/2 P/2
a) Poutre en équilibre externe
Béton efficace
q
P/2 P/2
Tirant interne Zone nodale
Enfin, pour les poutres profondes, le béton situé hors des zones comprimées est à toute fin
pratique inutile du point de vue mécanique (Fig. 7.4). Toutefois, pour des raisons
esthétiques, pratiques ou de durabilité, il est plus courant de mettre en place des poutres
profondes pleines. Dans ce cas, on ajoute dans les âmes des armatures verticales et
horizontales qui ont pour but de contrôler la fissuration et maintenir l'intégrité structurale de
la poutre. Si on désirait n'utiliser que les parties comprimées, il faudrait calculer celles-ci
comme des poteaux et prendre en considération l'excentricité additionnelle des charges.
Cd Cd
Zones de Zones de
compression compression
uniaxiale uniaxiale
Zone de Ts Zone de Ts
compression traction-
biaxiale compression
a) Ancrage externe b) Ancrage interne
7.1.4 Consoles
Les consoles (Fig. 7.6) sont un type particulier de poutres profondes où le rapport a/d est
généralement inférieur à l'unité (Fig. 7.6a). Comme pour les poutres profondes, le
mécanisme de transfert des efforts est celui de bielles comprimées et de tirants. Dans ce
cas, comme les dimensions sont souvent restreintes, il faut porter une attention particulière
à la zone d'ancrage du tirant. Lorsque des aciers recourbés sont utilisés (Fig. 7.6b), il faut
s'assurer que la plaque d'assise soit suffisamment éloignée de l'extrémité pour éviter un
mode de rupture en coin. Cette situation est moins critique lorsqu'un ancrage mécanique,
souvent réalisé avec une cornière en acier, est utilisé (Fig. 7.6c). Afin de contrôler la
fissuration et de bien confiner la bielle comprimée, de l'acier secondaire est requis.
a
V
Hs
Ts
Cd
a) Modèle de calcul
V
Tirant H
Ts
Rupture en coin
si l'appui est trop
près du bord
Acier secondaire
Étriers fermés
Acier longitudinal
ou tirant recourbé
b) Ancrage interne
V
H
Ts
Soudure
c) Ancrage externe
Les barres d'armature ont des longueurs finies qui excèdent rarement 20 m. Comme les
éléments sont souvent de longueur supérieure à cette dimension, les barres doivent être
prolongées. De plus, certaines situations pratiques de construction font en sorte que des
barres doivent être interrompues à un certain niveau puis prolongées dans des phases
ultérieures de construction. Deux situations courantes surviennent : le prolongement en
traction et le prolongement en compression. Ces deux situations sont illustrées sur la figure
7.7.
Asfy
H
Barres
fy d'ancrage
Barres
prolongées
Longueur de
chevauchement
Barres
d'ancrage Barres
prolongées
fy
Asfy
a) Chevauchement en traction
C Asfy Asfy
fy
Longueur de
chevauchement
fy
Barres Barres
du bas du haut
C
Asfy Asfy
b) Chevauchement en compression
Dans le cas du prolongement en traction, le chevauchement des barres se fait dans une zone
où le béton est tendu donc potentiellement fissuré. La longueur requise doit nécessairement
tenir compte de l'état de contrainte du béton. Dans le cas d'un prolongement en
compression, le béton est nécessairement comprimé et une partie de l'effort est transférée
par la butée de l'extrémité de la barre. La longueur de chevauchement dans ce cas sera donc
plus courte que dans le cas précédent. Dans le cas des poteaux où surviennent des moments
fléchissants, une attention devra être portée aux cas où ceux-ci induisent de la traction.
Le comportement des pièces en béton armé est intimement lié aux mécanismes de transfert
des efforts entre le béton et les aciers d'armature. Le transfert des efforts se fait par un lien
chimique (minime), par frottement et par liens mécaniques. La nature des barres d'armature
(lisses ou crénelées) affecte l'importance relative de ces mécanismes, comme le présente le
tableau 7.1.
Type de liens
Type de barres
Chimique Frottement Mécanique
Les mécanismes de transfert varient selon les situations. Dans une poutre élancée fléchie,
on utilise habituellement l'adhérence pour développer les efforts dans les barres alors que
l'ancrage des barres est requis dans les tirants des poutres profondes ou des consoles.
Pour les poutres fléchies, il est également possible de développer la pleine capacité de
l'acier d'armature en ancrant les barres aux extrémités de la poutre (Fig. 7.9). Cette
situation n'est toutefois ni souhaitable, ni courante, car elle est non économique.
Béton
Acier
Glissement
Forces de frottement
Mmax
Par contre, il est courant d'interrompre des barres d'armature en flexion. À l'endroit où les
barres sont interrompues ou aux appuis, on peut ancrer les barres au moyen de crochets
(Fig. 7.10) ou allonger les barres et profiter de l'adhérence.
7.2.2 Ancrage des barres des tirants principaux dans les poutres profondes
Dans le cas des poutres profondes, l'armature de flexion doit être ancrée suffisamment pour
développer la force requise (habituellement As × fy) au niveau de l'ancrage. On peut ainsi
utiliser des ancrages par plaques soudées, avec des crochets, par frottement ou par une
combinaison de ces moyens (Fig. 7.11).
L'ancrage par crochet fait en sorte que la contrainte dans la barre d'armature augmente
rapidement jusqu'à la limite élastique (Fig. 7.12). La longueur requise dans ce cas est
beaucoup plus petite que celle requise pour un ancrage droit. L'utilisation de crochets à 90o
requiert habituellement l'ajout de ligatures ou étriers à l'extrémité de la poutre afin que les
barres ne fassent pas éclater la face du béton, tel que le montre la figure 7.13.
Contraintes fy
dans la barre
A
a
c Glissement
Contraintes
de frottement
Ligatures
7.3 ADHÉRENCE
L'adhérence d'une barre varie selon qu'elle soit lisse ou crénelée : l'adhérence provient du
frottement entre l'acier et le béton ou par la butée du béton sur les crénelures.
π d b2
ΔT = μ π d b Δx = Δ fs (7.5)
4
Δ f s db
ou encore : μ= (7.6)
4 Δx
d f s 4μ
Pour une longueur Δx → 0 : = (7.7)
dx db
T
db
la
m : contrainte d'adhérence
Dx
fs m
Dx
T T + DT
L'adhérence dans une poutre est particulière en ce sens que le béton est également tendu.
Pour le cas illustré sur la figure 7.15, on a :
M
T= (7.8)
jd
a
où e = d − = jd (7.9)
2
(M 2 − M 1 ) Δ M
ΔT = T2 − T1 = = (7.10)
jd jd
ΔT = μ π d b Δx (7.11)
ΔM
= π db μ j d = V (7.12)
Δx
V
μ= (7.13)
π db j d
P
1 2
Dx
T1 T2
Dans une poutre réelle comme celle de la figure 7.16, des fissures se forment en flexion et
les contraintes dans les barres sont maximales à ces endroits. Entre les fissures, une partie
des efforts est reprise par adhérence par le béton en traction. Ainsi, les hypothèses adoptées
en flexion, à savoir que le béton peut être négligé en traction, sont valides uniquement au
droit des fissures.
Plus l'adhérence entre l'acier et le béton est bonne, plus les contraintes dans le béton seront
élevées et plus les fissures seront fines et rapprochées, comme l'illustre la figure 7.17
montrant la fissuration dans un tirant en béton armé.
CL
M
T=
e
Tréel
mréel
`m
T T
Adhérence faible
ft
T T
Adhérence élevée
ft
Depuis environ le début des années 1960, les barres les plus couramment utilisées sont
crénelées. L'adhérence de ces barres au béton se fait par butée. Il s'ensuit des forces
radiales, montrées sur la figure 7.18, qui ont tendance à fendre le béton. L'effet de fendage
ou séparation, schématisé sur la figure 7.19, est fonction du diamètre des barres, de
l'espacement entre celles-ci et de la distance aux faces de la pièce. Les zones influencées
par l'ancrage des barres sont montrées sur la figure 7.20.
La séparation du béton due à l'adhérence par butée réduit la résistance. Toutefois, les barres
crénelées ont une meilleure adhérence que les barres lisses et le comportement mécanique
des éléments s'en trouve amélioré.
Longitudinale Radiale
Composantes des forces
sur le béton
Forces radiales et
contraintes d'éclatement
Séparation
Séparation
La qualité de l'ancrage des barres crénelées par adhérence augmente avec les paramètres
suivants :
Les barres droites doivent être ancrées sur une distance appelée longueur de
développement, ld, requise pour développer fy en traction [12.2] :
k k k k fy
l d = 1.15 × 1 2 3 4 × Ab ≥ 300 mm (7.14)
(d cs + K tr ) f c′
Atr f yt
K tr = (7.15)
10.5 s n
Les termes dcs et Ktr quantifient la contribution du béton et des étriers au confinement des
aciers ancrés, avec la limite maximale suivante :
d cs + K tr ≤ 2.5 d b (7.16)
Les facteurs k1 à k4 prennent les valeurs présentées au tableau 7.2 [12.2.4]. Lors de
l'utilisation des valeurs du tableau, le produit k1 k2 ≤ 1.7. La constante 10.5 dans l’équation
7.15 a des unités de MPa.
Enfin, dans l'équation de ld, les données expérimentales sont incomplètes pour les bétons de
plus de 64 MPa. La norme fixe donc une limite maximale à la contribution du béton pour le
calcul de ld [12.1.2] :
Pour les éléments ayant les aciers transversaux minimums spécifiés par [11.2.8.2 ou 7.6.5]
ou encore pour les dalles ou murs ayant des barres avec un espacement net supérieur à 2db,
on obtient en utilisant dcs =2db et Ktr = 0 :
fy
l d = 0.45 k 1 k 2 k 3 k 4 db (7.18)
f c′
Si l'espacement net est inférieur à 2db, on obtient en utilisant dcs = 1.5db et Ktr = 0 :
fy
l d = 0.6 k 1 k 2 k 3 k 4 db (7.19)
f c′
Enfin, si l'acier utilisé excède l'acier requis, la longueur d'ancrage peut être multipliée par le
facteur :
Dans les calculs, il est aussi admis que les contraintes dans les barres d'armature dans la
zone d'ancrage croissent de façon linéaire :
x
fs = f y pour x ≤ l d (7.21)
ld
EXEMPLE 7.1
60 2 - No 10
340
2 - No 25
340
3 - No 35
60
155 155
95 95
Solution
a) Barres No 35 en traction
dcs = min (95 ; 60 ; 2 × 155 / 3 = 103) = 60 mm
k 1 = k 2 = k 3 = k 4 = 1 .0
k1 k2 k3 k4 f y 1.0 450
ld = 1.15 Ab = 1.15 × × ×1000 = 1091 mm ≥ 300 mm
(dcs + Ktr ) fc′ 67.1 50
b) Barres No 25 en traction
d cs = min (60 ; 2 / 3 × 380 = 253) = 60 mm
k1 = 1.3 k 2 = k 3 = k 4 = 1 .0
k1 k2 k3 k4 f y 1.3 450
ld = 1.15 Ab = 1.15 × × × 500 = 755 mm ≥ 300 mm
(dcs + Ktr ) fc′ 63.0 50
EXEMPLE 7.2
Solution
Fm = 1.0
EXEMPLE 7.3
On désire calculer la longueur d'ancrage d'une barre No 35 faite d'acier ayant une
nuance de 400 MPa noyée dans un béton de 60 MPa.
Solution
0.24 db f y 0.24 × 35 × 400
ldb = = = 434 mm
fc′ 60
Fm = 1.0
7.6 CROCHETS
On retrouve deux types d'ancrages : mécaniques par pliage des barres, standardisé dans la
norme, ou au moyen de plaques ou éléments soudés dont la capacité doit être déterminée
par des essais.
On retrouve deux types de crochets pour les barres de flexion : les crochets à 90o et les
crochets à 180o, comme illustré sur la figure 7.22.
fs= fy fs= fy
Di Di
≥12 db
≥4 db ≥60 mm
ldh ldh
Les facteurs de modification Fm [12.5.3] sont présentés à la figure 7.23. Les diamètres
intérieurs de pliage Di sont donnés à l'article A6.6.2.3 de l'annexe à la norme.
Description Fm
Barres £35M
0,7
>60mm >50mm
>60mm
Barres £35M
0,7
>60mm
>60mm
<3 db
Barres ³ 35M
1,0
>60mm £3 db
>60mm Di
EXEMPLE 7.4
On doit calculer la disposition d'un ancrage à 90o d'une barre No 30 faite d'acier de
500 MPa ancrée dans un massif de béton de 40 MPa.
Solution
100 d b 100 × 30
l hb = = = 474 mm
f c′ 40
Pour une nuance supérieure à 400 MPa, Fm = fy / 400 alors que pour une barre
ancrée dans un massif, Fm = 0.7. On a donc :
500
Fm = × 0.7 = 0.875
400
Aussi :
l dh = 8 db = 8 × 30 = 240 mm
l dh ≥ 150 mm
Donc : l dh = 415 mm
Selon l'annexe de la norme A23.3 [A6.6.2.3], le diamètre de pliage Di est égal à 250
mm pour un acier d'armature conventionnel (R) et 200 mm pour un acier soudable
(W).
Enfin, la portion verticale de la barre est égale à 12db , soit 360 mm.
Les étriers doivent occuper la hauteur maximale possible en utilisant l'enrobage minimal
pour chaque application [12.13.1].
£ No 15 ³6 db No 20
³60 mm et
>135° No 25
³0,33 ld*
h/2
Il est courant d'interrompre des aciers de flexion qui ne sont plus requis. De plus, même
lorsque ces barres ne sont pas interrompues, elles doivent pouvoir être ancrées
correctement dans les zones de support.
Il faut ancrer les armatures sur une longueur ld au-delà du point où elles ne sont plus
requises, au delà du diagramme de moments décalé, tel qu'indiqué sur la figures 7.3. Dans
les prescriptions de la norme, on identifie deux types de barres : les barres prolongées
(celles qui ne sont pas interrompues à une section donnée) et les barres interrompues. De
plus, on fait la distinction entre les armatures interrompues dans les structures continues en
moment positif ou négatif et l'ancrage près des appuis des portées simples ou des porte-à-
faux.
Cependant, interrompre l'armature de flexion dans une zone tendue sollicite davantage les
étriers dû au transfert d'effort qui existe entre le béton et la barre interrompue. Pour éviter
la rupture en cisaillement, les éditions précédentes de la norme A23.3 ne permettaient
l'interruption d'armature uniquement s'il existait une résistance surabondante à l'effort
tranchant :
V f ≤ 2 / 3 Vr (7.26)
Dans le cas où cette exigence ne pouvait être rencontrée, des étriers supplémentaires
devaient être ajoutés sur une longueur égale à 3/4 d le long de la barre à partir du point où
elle est interrompue dans la zone de développement de l'ancrage de cette barre.
où l'espacement s dans cette équation ne devait pas excéder la valeur suivante (figure
7.25) :
d
s≤ (7.28)
8β d
avec :
A
β d = si (7.29)
Aso
où Asi : aire des aciers interrompus ;
Aso : aire totale des aciers, interrompus et prolongés.
Bien que cette exigence n'apparaisse plus explicitement, elle a été remplacée par le calcul
des efforts dans les barres tendues prenant en considération la contribution de l'effort
tranchant sur la force exercée sur les armatures [11.3.9.2 et 11.3.9.3].
As interrompu
bd =
As total
[12.10.5] Zones tendues
Fig. 7.25 Étriers supplémentaire dans les zones d'interruption des armatures
Dans une zone de moment négatif, cinq règles prévalent, tel qu'illustré sur la figure 7.26 :
R4 : Armatures prolongées : Pour une poutre continue, au moins 1/3 de l'armature totale
résistant au moment négatif doit être prolongée au-delà du point d'inflexion (M=0)
[12.12.2] sur une longueur (Fig. 7.26) :
≥d
≥ 12db (7.30)
≥ L/16
R5 : Armatures prolongées : À partir du point ou les barres interrompues ne sont plus
requises, l'armature prolongée doit être ancrée sur une longueur [12.10.4] :
≥ ld + d
≥ ld + 12db (7.31)
R1
Crochet ou
adhérence ou
ancrage
mécanique
R3: ≥ ld
R3: ≥ ld
MrI + MrP ld
R5: ≥ ld + d
dv R2: ≥ 0 ≥ ld + 12db
MrI
tan θ MrP ld
Mf
MrP
R2: ≥ 0
EXEMPLE 7.5
On désire calculer l'ancrage et l'interruption des barres du mur d'un réservoir montré
sur la figure 7.27. Utilisez des barres No 20 de nuance égale à 400 MPa et un béton
ayant une résistance à la compression de 50 MPa.
Solution
Selon le chapitre 4, on a :
Mf 494.4 ×106
As ≥ = = 3402 mm2
0.9 ⋅ d ⋅ φs ⋅ f y 0.9 × 475 × 0.85 × 400
s ≤ 3·hs = 1500 mm
≤ 500 mm OK
M r = φs ⋅ f y ⋅ As ⋅ (d − a / 2)
= 0.85 × 400 × 3750 × ( 475 − 50.62 / 2 ) ×10−6 = 573.3 kN ⋅ m/m
Les barres peuvent être espacées à des multiples de 80 mm. L'espacement maximal
des barres est de 500 mm [7.4.1.2]. Le tableau 7.3 présente la résistance du mur
avec divers espacements de barres selon des multiples de 100 mm. Le moment dû
aux charges est égal à (Fig. 7.27) :
M f = 1.4γ x3 / 6
No 20 @ 300
475
Mr = 159 kN×m/m
6,0
ld = 407 mm
2,225
Mr =573
462 kN×m/m
442 kN×m/m
Mf = 494
No 20 @ 80
100
La valeur de dv = 0.9 d = 0.9 × 475 = 428 mm alors qu'un angle de 35o est utilisé.
Cela donne :
dv 428
= = 611 mm
tan θ tan 35
fy
ld = 0.45 k1 k2 k3 k4 db
f c′
400
= 0.45 × 1.0 × 1.0 × 1.0 × 0.8 × × 20 = 407 mm
50
lbarre = 2498 mm > ld = 407 mm ∴ OK
d) Barres prolongées
R1, R2 et R3 : Ces règles ont déjà été calculées pour les barres interrompues.
R4 : Cette règle ne s’applique pas.
R5 : Pour ce mur sans étrier les barres seront prolongées jusqu’en haut. Un crochet
sera installé pour permettre la reprise des efforts à l’extrémité du mur. Par rapport au
point où les barres interrompues ne sont plus requises, les barres prolongées doivent
avoir un prolongement supérieure à :
230 230
β= = = 0.161
1000 + s ze 1000 + 428
Vr = 0.161φc fc′ bdv = 0.161× 0.65 50 ×1000 × 428 ×10−3 = 316.7 kN/m
Fm = 0.7
> 8 db = 8 × 20 = 160 mm ∴ OK
Diamètre du crochet
Di = 120 mm (barres régulières [A6.6.2.3])
R1 : Armatures prolongées : Une quantité minimale d'armature doit être prolongée dans
l'appui [12.11.1]. Pour une construction continue, 1/4 de l'armature au moment
maximal doit être prolongé jusqu'à l'appui. Pour un appui simple, 1/3 de l'armature
au moment maximal doit être prolongé jusqu'à l'appui. L'ancrage de l'armature
dans l'appui doit être égal à au moins 150 mm dans les structures continues
[12.11.1]. Pour les éléments faisant partie du système de résistance aux charges
latérales, l'armature en moment positif doit pouvoir développer la limite élastique à
la face de l'appui [12.11.2].
≥ ld + d
≥ ld + 12db (7.32)
Armature interrompue (I )
R1 Armature prolongée (P)
MrP dv
tan q
Mf
MrI
R4 : Armatures ancrées à l'extrémité : Pour les appuis à l'extrémité d'une poutre, simple
ou continue, ou à l'extrémité d'un porte-à-faux avec une charge concentrée créant un
moment négatif, la norme A23.3 adopte le modèle illustré à la figure 7.29. En
faisant la somme des moments au point d'application de la force C, on a :
dv d
T × dv + Vs × −V f × v = 0
2 tan θ tan θ
V f − 0.5 Vs
donc : T= (7.33)
tan θ
Ainsi, la force T donnée par l'équation 7.33 doit pouvoir être développée au droit de
l'appui au moyen d'un ancrage droit de longueur la adéquat ou de crochets si la
longueur droite disponible est insuffisante. Pour un ancrage droit, la longueur
minimale requise est égale à:
T
la ≥ l (7.34)
φ s As Fy d
s s s s
C
O
dv
q
la Vs
T
Vf 0,5 dv /tan q
dv /tan q
En utilisant le modèle de la figure 7.2 sans la contribution des étriers (Vs = 0), on
trouve pour le cas où il n'y a pas de charges intermédiaires appliquées, que le
moment dû aux efforts est proportionnel à la distance alors qu'au point de moment
maximal, il faut pouvoir développer la résistance Mr de sorte que:
Mr ≥ M f =Vf ⋅ x (7.34)
M r ≥ M f = V f ⋅ x = V f ⋅ ld (7.35)
ou encore :
Mr
ld ≤ (7.36)
Vf
Pour une barre située à un appui, on peut faire le calcul à partir de la face de l'appui
(Fig. 7.29), de sorte que [12.11.3] :
Mr
ld ≤ + la (7.37)
Vf
B A
R5: la ld
A mauvais
B
Mf
bon
ld
Mr
EXEMPLE 7.6
La poutre montrée sur la figure 7.31 supporte une charge uniforme pondérée wf de
50 kN/m. On désire déterminer l'acier d'armature requis ainsi que les longueurs
d'ancrage requises. Le béton a une résistance de 40 MPa alors que l'acier d'armature
est de nuance 400 MPa.
Solution
9w f l 2 9 × 50 × 82
M +f = =− = 225 kN ⋅ m
128 128
A B 650
650
200 300
8000
wl 2
M=-
8 9 wl 2
M=
128
XA XB
2000 3000
5 wl 2
V=
8
3 wl
V=
8
2650
3075
4 - No 25 330 2 - No10 30
1475
1700
4 - No 20
2390
2205 205
490
279
2 - No 25 - 3700
3275
2 - No 25 - 2325
2100 2 - No 10 -4700
5750
Longueurs
302 Barres flexion
30
180
239 2 - No 20 - 8664
8250 2 - No 20 - 5600
5220
Étriers
xB = 3 × l / 8 = 3 × 8000 / 8 = 3000 mm
VA = 5w f l / 8 = 5 × 50 × 8 / 8 = 250 kN
VB = 3w f l / 8 = 3 × 50 × 8 / 8 = 150 kN
M f + w f ⋅ x2 / 2 = V f ⋅ x
50 x 2
129 + − 150 x = 0
2
M fa + w f ⋅ x 2 / 2 = M f + V f ⋅ x
50 x 2
400 − 211 + − 250 x = 0
2
Av × f y 200 × 400
smax = = = 702.7 mm
0.06 f c' × bw 0.06 40 × 300
donc : s ≤ 600 mm
s ≤ 0.7dv = 0.7 x 585 = 409.5 mm
k1 = 1.3 ; k2 = k3 = k4 = 1.0
k1 k2 k3 k4 f y 1.3 400
ld 4barres = 1.15 Ab = 1.15 × × × 500 = 995 mm
(dcs + Ktr ) fc′ 47.5 40
k1 = 1.3 ; k2 = k3 = k4 = 1.0
k1 k2 k3 k4 f y 1.3 400
ld 2barres = 1.15 Ab = 1.15 × × × 500 = 750 mm
(dcs + Ktr ) fc′ 63.0 40
R3 : Il faut une longueur d’ancrage suffisante pour les 2 barres qui développent leur
capacité à reprendre le moment maximal.
R4 : Au moins deux des quatre barres doivent être prolongées au-delà du point
d’inflexion. À partir du point d'inflexion, soit à xA = 2000 mm, les barres doivent
avoir une longueur d'ancrage d'au moins d ou 12 db ou ln/16, soit :
k1 = k2 = k3 = 1.0 ; k4 = 0.8
k1 k2 k3 k4 f y 0.8 400
ld 4barres = 1.15 Ab = 1.15 × × × 300 = 358 mm
(dcs + Ktr ) fc′ 48.8 40
k1 = 1.3 ; k2 = k3 = k4 = 1.0
k1 k2 k3 k4 f y 0.8 400
ld 2barres = 1.15 Ab = 1.15 × × × 300 = 358 mm
(dcs + Ktr ) fc′ 48.8 40
R2 : Les barres interrompues sont requises entre x = 1040 et 4960 mm. Cependant,
les barres doivent être prolongées d'une longueur égale au décalage du diagramme
du moment fléchissant.
R6 : Il faut une longueur d’ancrage suffisante pour les 2 barres qui développent leur
capacité à reprendre le moment maximal.
Donc on a besoin d’un ancrage dans les appuis de 239 mm pour les 2 barres.
T Ts 112.8 × 103
la ≥ s ld = ld = × 239 = 132 mm
Ty φs As f y 0.85 × 600 × 400
R6 : Il faut une longueur d’ancrage suffisante pour les 2 barres qui développent leur
capacité à reprendre le moment maximal.
T 112.8 × 103
la ≥ lcrochet − lext . verticale = × 425 − 234 = 1 mm
φs As f y 0.85 × 600 × 400
iii) Étriers
20 étriers 10M
Les barres ont des longueurs finies et doivent être prolongées par soudage, ancrage
mécanique ou chevauchement. Avec le chevauchement, les efforts doivent être transmis
d'une barre à l'autre, en compression ou en traction, via le béton. Le mode de rupture
observé est par fissuration du béton.
Le chevauchement en traction à travers le béton génère des bielles comprimées séparées par
des fissures dans le béton entre les armatures (Fig. 7.33). Afin que le transfert puisse
s'effectuer aisément, il faut que les barres soient à proximité les unes des autres.
La norme A23.3 spécifie à cet effet la distance maximale entre les barres chevauchées
[12.14.2.3] :
≤ 1/5 de la longueur de chevauchement (7.38)
≤ 150 mm
Selon la quantité d'acier présente et la portion d'acier chevauchée à une section donnée, la
norme identifie deux catégories, A et B [12.15.1]. La catégorie est déterminée selon les
indications données au tableau 7.4.
≥2 A B
<2 B B
A: lc = 1.0 ld
B: lc = 1.3 ld (7.39)
(
l c ≥ 0.133 f y − 24 d b ) pour f y > 400 MPa (7.40b)
l c ≥ 300 mm (7.40c)
Les poteaux sont généralement soumis à des charges de compression et des moments de
flexion. Dans certaines situations, il est possible que l'acier d'une face devienne tendu. La
classe de chevauchement sur les faces tendues est déterminée selon le tableau 7.5
[12.17.3.2 et 12.17.3.3] :
Pourcentage d'acier
Contrainte Catégorie
chevauché
fs ≤ 0.5 fy >50 % B
fs ≤ 0.5 fy ≤ 50 % (1) A
fs > 0.5 fy - B
(1) Les sections où les aciers sont chevauchés doivent être espacées d'au moins ld.
Les longueurs de chevauchement peuvent être réduites de 17 % (multipliées par 0.83) sans
être moindre que 300 mm si un nombre suffisant d'étriers sont présents dans la zone de
chevauchement [12.17.3.4], soit :
Av
≥ 0.0015 h (7.41)
s
où h est la dimension perpendiculaire aux branches des étriers. Dans le cas illustré sur la
figure 7.34, 6 branches d'étriers sont associées à h1, alors que 2 branches le sont à h2.
h2
h1
De façon similaire, pour les poteaux avec spirales, la longueur de chevauchement peut être
réduite de 25 % sans être moindre que 300 mm [12.17.3.5].
Pour les poteaux ou les faces de poteaux où seuls des efforts de compression sont transmis
par les armatures, la norme permet de transférer les efforts par contact direct en autant que
des systèmes appropriés garantissent le contact entre les barres [12.16.4.1]. Cependant, afin
que pour une face donnée (Fig. 7.35) tous les aciers ne soient prolongés ainsi, la norme
requiert que le quart des aciers à une section donnée puisse développer fy en traction
[12.17.5].
Face
RÉFÉRENCES
RÉSISTANCE À LA COMPRESSION-FLEXION
8.1 INTRODUCTION
8.1.1 Généralités
Les pièces comprimées les plus courantes sont appelées poteaux. Ce sont des éléments
généralement verticaux, mais on peut retrouver des éléments assimilables à des poteaux
dans des plans inclinés ou même horizontaux. Bien que le rôle principal des poteaux soit de
résister à des efforts axiaux, on retrouve rarement des pièces en compression pure. Il est
donc admis, pour les structures en béton, que les charges axiales agissent en parallèle avec
des moments fléchissants dont la magnitude peut varier de petite à grande selon les charges
appliquées et la géométrie de la structure. Les poteaux sont également appelés éléments
comprimés ou éléments comprimés et fléchis. Les poteaux courts sont ceux dont la
résistance ne dépend pas de l'élancement, donc pour lesquels il n'y a aucun phénomène
d'instabilité ou d’amplification des moments due aux changements de géométrie. Les
poteaux longs, quant à eux, voient leur résistance réduite dû aux effets d’élancement. La
distinction entre les poteaux courts et élancés est donnée à la section 8.7 alors que le calcul
des poteaux élancés est vu dans un chapitre ultérieur.
Les hypothèses adoptées pour le calcul des poteaux sont les mêmes que pour les poutres
[10.1] :
Pour prendre en compte les excentricités accidentelles ou non escomptées des charges, les
poteaux en béton sont toujours calculés en considérant simultanément un effort axial et un
moment fléchissant, même s'il arrivait lors des calculs que le moment soit nul. On a donc
toujours affaire à des poteaux-poutres.
258 Calcul des structures en béton armé
Les poteaux ont généralement deux formes : rectangulaire (souvent carré) et circulaire. Les
poteaux contiennent, outre les barres d'armature longitudinales, des ligatures ou étriers pour
les sections rectangulaires (Fig. 8.1) et des spirales ou ligatures pour les sections circulaires
(Fig. 8.2). Le rôle des ligatures est d'empêcher le flambement des barres longitudinales et
de confiner le béton du noyau, zone circonscrite par les étriers.
f1
fsp Spirale
fsp
f2
s
fsp f2 fsp
Spirale
Dc
f1
Le mode de rupture des poteaux débute par l’écaillage du béton hors du noyau, suivi par
une rupture progressive du béton dans le noyau, puis finalement d’un flambement
progressif des aciers longitudinaux. La résistance à la compression diffère selon le type et
l’espacement des ligatures. Pour les poteaux rectangulaires ou carrés, il est difficile de bien
confiner le béton du noyau. L’efficacité du confinement dépend de l’espacement et de
l’agencement des ligatures, comme l’illustre la figure 8.3. Le confinement assuré par des
ligatures en spirales des poteaux circulaires (Fig. 8.2) assure un confinement plus efficace.
La figure 8.4 montre à cet effet le mode de rupture d’un poteau et les courbes de
comportement de poteaux carrés et circulaires. On peut y apprécier l’effet bénéfique des
spirales.
Zones confinées
Écaillement
du couvert
Rupture
des spirales
Spirales
P
Ligatures
Les règles de la norme A23.3 concernant l’espacement des ligatures ont pour but d’assurer
un comportement adéquat où un minimum de ductilité caractérisera la rupture, sans
flambement des armatures longitudinales. Ces prescriptions ont été écrites en parallèle avec
les équations déterminant la résistance qui seront vues plus loin dans ce chapitre.
Les limites pour les dimensions et l'espacement des ligatures sont données à l'article
[7.6.5]:
1) Les ligatures doivent être situées à l'extérieur des aciers longitudinaux [7.6.5.1] et le
diamètre dl des ligatures est fonction de celui des aciers longitudinaux (Fig. 8.5) :
- dl ≥ 30% db pour des aciers longitudinaux égaux ou inférieurs à des No 30;
- dl ≥ No 10 pour des barres No 35, No 45 et No 55. (8.1)
db : diamètre de la
barre longitudinale
dl : diamètre des
ligatures
2) L'espacement des ligatures ne doit pas excéder l'une des trois limites suivantes
[7.6.5.2] :
- 16 db (où db est le plus petit diamètre des barres) ;
- 48 fois le diamètre de l'étrier, dl ; (8.2)
- la plus petite dimension de la pièce comprimée.
De plus, pour les bétons dont la résistance excède 50 MPa, ces valeurs doivent être
multipliées par 0.75.
s/2
s/2
4) Pour les poteaux rectangulaires ou carrés (Fig. 8.7), les ligatures doivent être
disposées de sorte que chaque barre longitudinale de coin et chaque barre
longitudinale alternée soient supportées par une ligature ayant un angle intérieur de
pliage inférieur à 135° (Fig. 8.7c). De plus, aucune barre longitudinale ne doit être à
plus de 150 mm d'un tel support [7.6.5.5]. Enfin, pour des conditions d’exposition
intérieure, un enrobage de 30 mm sur les ligatures et 40 mm sur les barres
longitudinales est requis [A6.6.6.2.3], comme illustré sur la figure 8.7a. Pour des
conditions exposées, ces valeurs sont augmentées au minimum de 10 mm.
Chevauchement x x
40 mm Recouvrement
1 diamètre de
barre (mm)
a) 4 barres b) 6 barres
x x x x
135°
c) 8 barres d) 8 barres
Les ligatures en b), c) et d) tracées en pointillés peuvent être omises si x < 150 mm.
1.3 ld
[12.13.5]
5) Pour les sections circulaires où des ligatures circulaires sont utilisées (Fig. 8.8), on
doit utiliser des barres faisant un tour complet, pliées à 135o à leurs extrémités
[7.6.5.6].
Noyau: Ac
135°
Spirale
La norme attribue une capacité axiale additionnelle aux poteaux munis de ligatures en
spirale conformes aux règles suivantes :
- La distance s entre deux tours successifs (Fig. 8.2) doit respecter les valeurs ci-
après [7.6.4.3 et 7.6.4.4] :
L’espacement des ligatures calculé aux sections précédentes doit être comparé à
l’espacement requis pour résister à l’effort tranchant appliqué sur le poteau. L’espacement
requis pour reprendre l’effort tranchant est calculé avec les équations décrites au chapitre 5
(Eq. 5.24 à 5.28). L’espacement des ligatures de plus petit diamètre sera sélectionné dans
l’éventualité où plusieurs diamètres sont utilisés.
La norme A23.3 s’assure, à travers ses recommandations, que les aciers longitudinaux
soient bien répartis, en nombre suffisant mais sans un encombrement excessif.
Les limites minimale et maximale pour la quantité d'acier longitudinal sont [10.9.1 et
10.9.2]i:
A
1% ≤ s ≤ 8 % (8.6)
Ag
Ces limites sont également valides dans les zones de chevauchement. Il est de bonne
pratique de ne pas excéder 4% dans les régions à l'extérieur des zones de chevauchement.
Pour les poteaux de dimension excessive on peut utiliser une quantité d'armature inférieure
à 1% sans être moindre que 0.5% [10.10.5]. Toutefois les résistances en flexion et en
compression doivent être multipliées par 0.5×(1+As/0.01 Ag) .
Le nombre minimal de barres longitudinales est égal à 4 pour les ligatures rectangulaires ou
circulaires, 3 pour les ligatures triangulaires et 6 pour les poteaux avec ligatures en spirale
[10.9.3]. Enfin, l'espacement net entre les barres longitudinales doit être inférieur ou égal à
500 mm [7.4.1.3].
Le chevauchement des barres est effectué au-dessus du niveau des dalles. Il doit être fait en
conformité avec les efforts anticipés (compression ou traction). Lorsque les barres
longitudinales doivent être pliées pour un chevauchement ou un changement de dimension
du poteau, il faut ajouter des ligatures supplémentaires. Comme l’illustre la figure 8.9, la
pente de la portion inclinée ne doit pas excéder 1/6 [7.5.1.1]. Les ligatures ou spirales
supplémentaires doivent reprendre 1.5 fois la composante horizontale de la force et ne
peuvent être réparties sur plus de 150 mm à partir du point de pliage [7.5.1.2] comme
montré sur la figure 8.10.
fs As fy
6
1
fs As fy
£75 mm
Ligatures @ s
Chevauchement
s/2
<75 mm
Ligatures supplé-
Pliage mentaires £150 mm
Ligatures @ s
s/2
£s
Pliage
s Ligatures
Barre goujon
Les aciers d’armature interrompus et prolongés dans une section avec chevauchement
doivent être près les uns des autres afin de favoriser un transfert adéquat des efforts. Ils
doivent de plus permettre un bon écoulement du béton. L’espacement minimal permis par
la norme pour un chevauchement radial ou tangentiel, dénoté A sur la figure 8.12, est donné
par [A12.5.2] :
A ≥ 1.4 da
A ≥ 1.4 db (8.7)
A ≥ 30 mm
Radial Barres
inférieures
Barres
supérieures
A
A
Tangentiel A
alors que pour les poteaux avec ligatures en spirales, la norme attribue une résistance
additionnelle de 6.25% :
Ces équations assument que l’acier d’armature atteint la limite élastique alors que le béton
atteint une contrainte égale à α1 f′c . Au chapitre 4, on a vu que le facteur α1 permet
d'obtenir un bloc de contrainte équivalent prenant en considération la forme de la courbe
contrainte-déformation. Dans le cas d'une compression axiale sans excentricité, on pourrait
penser que la contrainte f′c pourrait être utilisée. Cependant, il est reconnu que le béton
soumis à un chargement supérieur à 0.85 f′c maintenu durant de longues périodes atteint la
rupture. Le facteur α1 permet donc de limiter la contrainte axiale à un niveau moindre que
f′c . Le terme 0.80 ou 0.85 devant l'équation prend en considération l'excentricité
accidentelle des charges de même que l'écaillage de l'enrobage du noyau.
Les résistances maximales données par les équations précédentes ne sont atteintes que pour
les poteaux étant soumis à des charges axiales pures ou avec des moments fléchissants de
faible amplitude.
Le cas d'un poteau de béton en compression pure est considéré comme une situation limite.
Le calcul des poteaux où coexistent une charge axiale et un moment fléchissant représente
la situation normale. Le calcul de la résistance à la compression-flexion fait appel aux
hypothèses adoptées par la norme, soient l'équilibre des forces et des moments et la
compatibilité des déformations entre l'acier et le béton.
La résistance d'un poteau soumis à une charge axiale et un moment fléchissant est obtenue
en faisant l'équilibre des forces et en utilisant l'hypothèse de compatibilité des
déformations.
La figure 8.13a montre un poteau de profondeur h soumis à une charge axiale P agissant à
mi-profondeur de la section et un moment fléchissant M quelconque. Pour fins
d'illustration, on considère que le poteau possède deux lits d'armatures longitudinales,
dénotés As et As′ , situés respectivement à une distance d et d' de la fibre la plus comprimée.
L'hypothèse de compatibilité montrée sur la figure 8.13b indique que, comme pour la
flexion, le béton et l'acier se déforment avec l'hypothèse des sections planes et que la
déformation maximale du béton à la fibre la plus comprimée est égale à 0.0035 ou 3500 με.
Pour une condition quelconque représentée sur la figure 8.13, les aciers d'armature
n'atteignent pas nécessairement la plastification.
C s′ + C c − Ts − P = 0
ou encore P = C c + C s′ − Ts (8.10)
alors que la somme des moments par rapport à la fibre comprimée donne :
h a
Ts × d + P × − M − C c × − C s′ × d ′ = 0
2 2
h a
ou bien M = P × + Ts × d − C c × − C s′ × d ′ (8.11)
2 2
⎛h a⎞ ⎛ h⎞ ⎛h ⎞
M = C c ⎜ − ⎟ + Ts ⎜ d − ⎟ + C s′ ⎜ − d ′ ⎟ (8.12)
⎝2 2⎠ ⎝ 2⎠ ⎝2 ⎠
qui représente en fait l'équation d'équilibre des moments par rapport à la mi-profondeur de
la section (h/2).
P P Efforts externes
M M
es e¢s
A A Déformations
0,0035
fs
a Contraintes dans le
béton et dans l'acier
a1 fc f ¢c
M f¢s
P
h/2 h/2
Cc Forces résultantes
b Ts
C¢s
d¢
d
Coupe A - A
a) Poteau b) Section
Dans le cas où on a plusieurs lits d'armature, on identifie plutôt chaque lit par l'indice i, de
sorte que chaque lit est défini par son aire Ai et sa position di par rapport à la fibre la plus
comprimée, comme indiqué sur la figure 8.14.
0,0035
di
Ai esi
Pour une section rectangulaire, en adoptant la convention selon laquelle les contraintes dans
les barres sont prises en valeur absolue, la force résultante est donnée par :
∑ F = Pr = α 1 φ c f c′ ab + φ s [ ∑ BC As′ f s′ − ∑ BT As f s ] (8.13)
où fs et f′s sont positifs et où BC et BT identifient les barres comprimées et tendues
respectivement. Pour plus de précision on remplacera l’aire de béton ab de l’équation 8.13
par Ag-As. De fait, il faut retirer l’aire d’acier présent dans la section de béton, sinon on
surestime légèrement la contribution du béton.
Les déformations dans les barres sont obtenues par triangles semblables. Pour les barres
tendues on a :
⎛ di − c ⎞
ε si = ⎜ ⎟ × 0.0035 (8.14)
⎝ c ⎠
⎛ c − di ⎞
′ =⎜
ε si ⎟ × 0.0035 (8.15)
⎝ c ⎠
Les contraintes dans les barres tendues (fsi) et comprimées (f′si) sont données par :
f si = E s ε si ≤ f y (8.16)
et
f si′ = E s ε si
′ ≤ fy (8.17)
Dans ce cas, la somme des moments calculée par rapport à la fibre la plus comprimée
(Fig. 8.13) est égale à :
⎛a⎞
[ ]
M r = −α 1 φ c f c′ ab ⎜ ⎟ + φ s − ∑ BC As′ f s′ d ′ + ∑ BT As f s + Pr ⋅
h
(8.18)
⎝2⎠ 2
Le calcul de la somme des moments par rapport à la mi-profondeur de la section (Fig. 8.13)
est donné par :
⎛h a⎞ ⎡ ⎛h ⎞ ⎛h ⎞⎤
M r = α 1 φ c f c′ ab ⎜ − ⎟ + φ s ⎢∑ BC As′ f s′ ⎜ − d ′ ⎟ − ∑ BT As f s ⎜ − d ⎟⎥ (8.19)
⎝2 2⎠ ⎣ ⎝2 ⎠ ⎝2 ⎠⎦
Si on utilise une convention algébrique pour déterminer la contrainte dans les barres où la
traction est positive et la compression négative, tant pour l'acier que pour le béton, ce qui
est grandement conseillé lorsqu'on utilise un support informatique, on a :
⎛d −c⎞
où − f y ≤ f si = ⎜ i ⎟ × 700 ≤ f y (8.21)
⎝ c ⎠
⎛h a⎞ ⎛ h⎞
alors que M r = α1φc f c′ ab ⎜ − ⎟ + φs ∑ Asi f si ⎜ di − ⎟ (8.22)
⎝2 2⎠ ⎝ 2⎠
Pour plus de précision on pourrait remplacer l’aire de béton ab de l’équation 8.22 par Ag-As
et on ajuster le bras de levier adéquatement. De fait, pour être rigoureux, il conviendrait
retirer l’aire d’acier présent dans la section de béton. Lorsqu'on omet ce raffinement on
surestime légèrement la contribution du béton.
EXEMPLE 8.1
0,0035
75 es1
1
150 C f¢c = 30 MPa Barre d (mm)
c
2 es2
1 75
600 150
fy = 400 MPa 2 225
3 es3
3 375
150
es4 Acier: 10-25M 4 525
4 T
75
0,002
400
Solution
⎛c−d ⎞ ⎛c −d ⎞
Si d < c (Éq 8.15) : εs = ⎜ ⎟ε f sup = ⎜ ⎟ × 0.0035
⎝ c ⎠ ⎝ c ⎠
et f s = Esε s ≤ f y
⎛d −c⎞ ⎛d −c⎞
Si d > c (Éq 8.14) : εs = ⎜ ⎟ε f sup = ⎜ ⎟ × 0.0035
⎝ c ⎠ ⎝ c ⎠
et f s = Esε s ≤ f y
⎛ 381.8 − 75 ⎞
ε s1 = ⎜ ⎟ × 0.0035 = 0.002812
⎝ 381.8 ⎠
f s1 = 200000 × 0.002812 = 562 MPa ≥ 400 MPa
⇒ f s1 = 400 MPa (Compression)
⎛ 381.8 − 225 ⎞
ε s2 = ⎜ ⎟ × 0.0035 = 0.001437
⎝ 381.8 ⎠
f s2 = 200000 × 0.001437 = 287 MPa < 400 MPa (Compression)
⎛ 381.8 − 375 ⎞
ε s3 = ⎜ ⎟ × 0.0035 = 0.000062
⎝ 381.8 ⎠
f s3 = 200000 × 0.000062 = 12 MPa < 400 MPa (Compression)
⎛ 525 − 381.8 ⎞
ε s4 = ⎜ ⎟ × 0.0035 = 0.001317
⎝ 381.8 ⎠
f s4 = 200000 × 0.001317 = 263 MPa < 400 MPa (Traction)
( )
Cc = α1φc f c′ ab − As ( d ≤a ) = 0.805 × 0.65 × 30 × ( 342 × 400 − 5 × 500 ) (Compression)
3
= 2108 ×10 N
Fs = φ s f s As
h
M r = ∑ Cc × levier + ∑ Facier × d + ∑ Pr ×
2
( )
M r = − ⎡α1φc f c′ × b × a (a / 2) − As ( d ≤a ) (d ) ⎤ − ∑ Csi × d + ∑ Tsi × d + Pr ×
⎣ ⎦
h
2
À partir de la figure 8.16, on trouve :
( )
M r = α1φc f c′ × b × a (h / 2 − a / 2) − As ( d ≤a ) (h / 2 − d ) + ...
⎛h ⎞ ⎛h ⎞
... + ∑ Csi × ⎜ − di′ ⎟ − ∑ Tsi × ⎜ − di ⎟
⎝2 ⎠ ⎝2 ⎠
Le calcul de la résistance des poteaux est relativement laborieux et comme deux efforts de
nature différente sont impliqués, on doit procéder par tâtonnement afin de trouver la bonne
section pour résister à Pf et Mf simultanément. Cette tâche peut être simplifiée grandement
en utilisant des diagrammes d'interaction.
Prenons une section homogène en acier où on peut atteindre fy à toutes les fibres, telle
qu'illustrée sur la figure 8.17.
fy
fy
h fy
P M
ou encore + ≤ 1.0 (8.27)
Cy M P
avec C y = AF y (8.28)
et M P = ZF y (8.29)
Lorsque mises sous forme graphique, les équations 8.26 et 8.27 donnent un diagramme
d’interaction moment-charge axiale (M - P) comme illustré sur la figure 8.18a. Un tel
diagramme est obtenu pour un matériau dont la résistance en compression est égale à la
résistance en traction.
h/2 h/2
1,0 1,0 1,0
B h/2 h/2
0,5
A C fy fy /2
Le diagramme d’interaction d’une section en béton armé possède une forme assez
particulière. Il est caractérisé par cinq points (A à E), identifiés sur la figure 8.19.
Le point A correspond au cas de chargement axial pur et est donné par les équations 8.8 et
8.9, sans le facteur de réduction devant ces équations. Le point C est appelé condition
équilibrée. Ce point représente la situation où on atteint la déformation plastique dans les
aciers les plus tendus lorsque le béton se déforme à 0.0035 à la fibre comprimée (Fig. 8.20).
Il s’agit d’une condition de déformation identique à la condition équilibrée en flexion, à
l’exception qu’ici ce n’est pas une quantité d’acier fictive qui amène cette situation mais
plutôt l’application d’une force de compression Pb. Le point E est tout simplement le cas
d’une poutre P = 0. Les points B et D représentent des situations intermédiaires entres les
points A - C et C - E respectivement.
ecu = 0,0035
ecu
Pr
ecu
A Fra ecu
gile
Pr max
B
uilibrée
ion éq
e Condit
nt C
n sta ey
e
co
ctil
= D
e
Du
E Mr
esu > ey
As2 Condition
équilibrée Famille de
diagrammes
de déformation
As3
es = ey
M
e= (8.30)
P
On peut également construire un diagramme simplifié à partir de cinq points montrés sur la
figure 8.21 :
0,0035
Pr
0,0035
1
Pr max 0,0035
2
4 ey 0,0035
Mr
5
3ey
+ fy (tension)
EXEMPLE 8.2
On désire calculer les diagrammes d'interaction simplifiés ultimes et pondérés de la
section de l'exemple 8.1.
Solution
• Ultime
( )
Pu = α 1 f c′ A g − As + As f y
• Charge maximale
Pr max = 0.80 Pr1 = 0.80 × 5385 = 4308 kN
cb
es2 es2
es3 es3
es4 0,002
0
3 x 0,002 = 0,006
• Ultime
h − d' ⎛ 525 ⎞
ε s1 = × 0.0035 = ⎜ ⎟ × 0.0035 = 0.003063
h ⎝ 600 ⎠
f s1 = 613 MPa ≥ 400 MPa ⇒ f s1 = 400 MPa (Compression)
⎛ 375 ⎞
ε s2 = ⎜ ⎟ × 0.0035 = 0.002188
⎝ 600 ⎠
f s2 = 438 MPa ≥ 400 MPa ⇒ f s2 = 400 MPa (Compression)
⎛ 225 ⎞
ε s3 = ⎜ ⎟ × 0.0035 = 0.001313 f s3 = 262.5 MPa (Compression)
⎝ 600 ⎠
⎛ 75 ⎞
ε s4 = ⎜ ⎟ × 0.0035 = 0.000438 f s4 = 87.5 MPa (Compression)
⎝ 600 ⎠
Fs = f s × A s
Ms = Cs ( h/2 - d )
• Pondéré
Pr = φ c C c + φ s ∑ C s
M r = φc M c + φ s ∑ M s
Mr2 = 0.65 × 163.4 + 0.85 (135.0 + 30.0 - 19.7 - 29.5) = 204.4 kN⋅m
⎛ 700 ⎞
cb = ⎜ ⎟d = ⎛⎜ 700 ⎞⎟525 = 334.1 mm
⎜ 700 + f y ⎟ ⎝ 700 + 400 ⎠
⎝ ⎠
⎛c −d ⎞ ⎛ d − cb ⎞
ε s = ⎜⎜ b ⎟⎟0.0035 en compression et ε s = ⎜⎜ ⎟⎟0.0035 en traction
⎝ cb ⎠ ⎝ cb ⎠
⎛ 259 ⎞
ε s1 = ⎜ ⎟ × 0.0035 = 0.002714
⎝ 334 ⎠
f s1 = 543 MPa ≥ 400 MPa ⇒ f s1 = 400 MPa (Compression)
⎛ 109 ⎞
ε s2 = ⎜ ⎟ × 0.0035 = 0.001143 f s2 = 228.6 MPa (Compression)
⎝ 334 ⎠
⎛ 41 ⎞
ε s3 = ⎜ ⎟ × 0.0035 = 0.000428 f s3 = 85.7 MPa (Traction)
⎝ 334 ⎠
F s = f s × As
Ms = Cs ( h/2 - d ) + Ts ( d - h/2 )
• Pondéré
Pr = φ c C c + φ s ∑ (C s − T s )
M r = φc M c + φ s ∑ M s
Mr3 = 0.65 × 424.7 + 0.85 (135.0 + 17.1 + 6.6 + 135.0) = 525.0 kN⋅m
• Ultime
⎛ 0.0035 ⎞ ⎛ 0.0035 ⎞
c =⎜ ⎟ d =⎜ ⎟ 525 = 193.4 mm
⎝ 0.0035 + ε s ⎠ ⎝ 0.0035 + 0.006 ⎠
⎛ 118.4 ⎞
ε s1 = ⎜ ⎟ × 0.0035 = 0.002143
⎝ 193.4 ⎠
f s1 = 429 MPa ≥ 400 MPa ⇒ f s1 = 400 MPa (Compression)
⎛ 181.6 ⎞
ε s3 = ⎜ ⎟ × 0.0035 = 0.003286
⎝ 193.4 ⎠
f s3 = 657 MPa ≥ 400 MPa ⇒ f s3 = 400 MPa (Traction)
ε s4 = 0.006000
f s4 = 1200 MPa ≥ 400 MPa ⇒ f s4 = 400 MPa (Traction)
(
Cc = α 1 f c′ b × a − As (d ≤a) )
où d1 = 75 mm; d2 = 225 mm; d3 = 375 mm; d4 = 525 mm
Fs = f s × As
= 348.6 kN⋅m
Ms = Cs ( h/2 - d ) + Ts ( d - h/2 )
• Pondéré
Pr = φ c C c + φ s ∑ (C s − Ts )
M r = φc M c + φ s ∑ M s
Mr4 = 0.65 × 348.6 + 0.85 (135.0 - 8.6 + 30.0 + 135.0) = 473.8 kN⋅m
• Ultime
Pu = As f y
• Pondéré
Pr = φ s Pu
Pr5 = 0.85 × 2000 = 1700 kN (Traction)
10 000
8000
Réel
2
Compression
1
Approximatif
6000
1
2 Ultime
Pr (kN)
4000 Pr max
Pondérée 3
3
2000
4 4
0
Traction
5
5
-2000
0 200 400 600 800 1000
Mr (kN•m)
Il faut déterminer les conditions les plus critiques de chargement associées à Mf et Pf.
Cependant, à cause de la forme particulière du diagramme d'interaction, il est possible que
des cas que l'on pourrait considérer comme non critiques le soient. L'exemple présenté sur
la figure 8.24 illustre cette situation. Considérons les 4 cas de chargements suivants :
1. Pf max et Mf1
2. Pf2 et Mf2
3. Pf3 et Mf max
4. Pf4 et Mf4 où Mf / Pf = emax
Pr Conservateur
1 5
2
Mr
On voit que même si le poteau satisfait les conditions associées à Pf max (cas 1), Mf max (cas
3) et emax (cas 4), le cas 2, que l'on pourrait qualifier d'intermédiaire, ne satisfait pas la
résistance. Par contre, dimensionner le poteau pour résister simultanément à Pf max et
Mf*max (cas 5, hypothétique) et emax est satisfaisant. Cependant, comme le montre la figure
8.24, cette dernière situation conduit à une situation qui peut s'avérer dans certains cas peu
économique. Néanmoins, cette approche est toujours sécuritaire alors qu'y aller uniquement
avec les conditions maximales séparées risque de conduire à des solutions non sécuritaires
à l'occasion.
Pour déterminer Pf max et Mf max, on doit déterminer les cas de chargements critiques.
L'article [10.10.1] de la norme A23.3 traite de cet aspect et le commentaire de cet article
présenté dans le CDH propose les conditions de chargement illustrées sur la figure 8.25.
Poteaux de
cet étage
considérés
Les poteaux élancés sont ceux pour lesquels les moments calculés selon l'hypothèse de la
structure non déformée ne s'appliquent plus. On retrouve dans les structures deux situations
où une telle condition s'applique : les poteaux des cadres retenus et les poteaux des cadres
rigides.
Dans les cadres retenus, on assume que les charges latérales de même que tous les efforts
horizontaux pouvant être générés par le déplacement horizontal de la structure sont repris
par un mur de refend (Fig. 1.3b). Dans ce cas, les poteaux résistent uniquement aux
charges axiales et aux moments fléchissants induits par les charges de gravité. On fait donc
l'hypothèse que les extrémités des poteaux ne peuvent se déplacer latéralement. Ces
poteaux peuvent être en courbure simple ou courbure double comme l'indique la figure
8.26, le cas le plus critique et le plus courant étant celui en courbure simple. Une telle
condition est causée par un chargement tel que montré sur la figure 8.25a alors que la
courbure double est rencontrée pour des chargements alternés comme illustré sur la figure
8.25b.
Pour qu’un poteau retenu soit considéré comme élancé, il faut que le moment entre ses
extrémités soit plus grand que le moment à ses extrémités. Une telle situation se produit
lorsque les moments appliqués induisent un déplacement de la partie centrale du poteau
comme le montre la figure 8.27a. Le moment en A et C est égal à :
M A = MC = P×e (8.31)
M B = P (e + δ ) (8.32)
P P
M1 M1
M2 M2
P P
La distinction principale entre les poteaux élancés et les poteaux courts dans des cadres
retenus vient de leur flexibilité. Plus les poteaux sont flexibles, plus grande est la valeur de
δ causée par les moments et encore plus grand est le moment additionnel dû au produit
P-δ . Comme le montre la figure 8.27b, l’accroissement du moment additionnel est non
linéaire avec P et augmente d’autant plus rapidement que le poteau est flexible. C’est ce
que l’on appelle les effets Pδ. Si δ est petit comparativement à e, ou encore, si MC = MA ou
MB, on peut ignorer l’augmentation du moment. On parle alors de poteau court. Dans le cas
contraire, on ne peut ignorer la majoration des efforts due à l’augmentation de la flèche.
On parlera donc de poteau élancé.
La norme fixe la limite entre les poteaux courts et les poteaux élancés en fonction de
l'élancement de la section, des moments aux extrémités et des conditions aux limites.
Ainsi, il est possible d'ignorer les effets d'élancement pour les poteaux d’un cadre retenu
latéralement lorsque la condition suivante est remplie [10.15.2] :
k lu 25 − 10 ( M1 / M 2 ) M1
≤ avec ≥ −0.5 (8.33)
r Pf / Ag f c′ M2
Ainsi, lorsque l'élancement fait en sorte que le poteau peut être considéré comme court, la
résistance est calculée directement à l'aide des diagrammes d'interaction en utilisant la
valeur des efforts selon une analyse de premier ordre.
P
A M
MB P•d
d
B e
P•e
MA et MC
P
C
Les cadres devant résister aux charges latérales, sans la contribution de murs de refend (Fig.
1.3a) ou ceux couplés (Fig. 1.3c) ont des poteaux devant assurer à la fois la résistance aux
charges appliquées mais aussi garantir la stabilité de la structure. Le portique illustré sur la
figure 8.28 permet de mettre en évidence les efforts additionnels mis en cause.
H ⎛ h⎞
M= ⋅ h + ⎜ P + H ⋅ ⎟× Δ (8.34)
2 ⎝ L⎠
Le premier terme de l’équation est égal au moment dans la position non déformée du cadre,
appelé moment du premier ordre, alors que le second terme est appelé moment du
deuxième ordre.
L’accroissement des efforts est dû à ce qu’on appelle les effets PΔ , où Δ réfère aux
déplacements inter-étages des cadres rigides. À cet effet, s’ajoute les effets Pδ (Fig. 8.28b),
où la flèche additionnelle entre les extrémités du poteau engendre des moments
additionnels.
D
P D P Hh/L P
B
H H/2
C
M
h
d
A D H/2
L
P + H•h/L
Lorsqu’un poteau fait parti d'un cadre rigide résistant aux efforts latéraux (Fig. 1.3a ou
1.3c) ou lorsque le poteau d'un cadre retenu excède la limite donnée à l’équation 8.33, une
analyse de second ordre doit être réalisée. Dans cette analyse, les moments sont augmentés
pour prendre en considération les effets P-Delta (PΔ et Pδ). Une fois les efforts majorés
obtenus, on utilisera alors les diagrammes de résistance des sections tels que déterminés
précédemment dans ce chapitre.
Pour déterminer si un poteau d’un cadre rigide retenu est trapu (court) ou élancé, il faut
évaluer l’équation 8.33. Celle-ci fait appel à quatre paramètres : k, lu, r et le rapport
M1/M2.
G=
Rigidité des poteaux
=
∑ ( I c / Lc ) (8.35)
Rigidité des poutres ∑ (I p / L p )
GU K GL
¥ ¥
50 1,0 50
10 10
5 5
3 0,9 3
2 2
0,8
1 1
0,8 0,8
0,6 0,6
0,7
0,5 0,5
0,4 0,4
0,3 0,3
0,6
0,2 0,2
0,1 0,1
0 0,5 0
Déplacement empêché
On peut aussi utiliser les valeurs de k obtenues du tableau 8.1 selon les conditions aux
limites montrées sur la figure 8.30 pour une structure retenue contre les déplacements
latéraux (non-sway dans la norme A23.3).
ou ou
ou
Enfin, les valeurs théoriques de k pour des poteaux faisant partie de cadres retenus ou de
cadres rigides sont données à titre d’indication sur la figure 8.31.
Déformée
en pointillé
Il importe de comprendre qu’il est préférable, parce que plus sécuritaire, d’utiliser des
valeurs de k surestimées plutôt que l’inverse. Des essais ont d’ailleurs démontrés que la
valeur réelle de k à tendance à être sous-estimée par les relations théoriques par rapport aux
mesures expérimentales.
Le rayon de giration r est définit comme :
I
r= (8.37)
A
Dans le cas d’un poteau rectangulaire, où I = bh3/12 et A = bh, on trouve que r est égal à
0.289 h. Pour un poteau circulaire, I = π D4/64 et A = π D2/4, de sorte que l’on trouve que r
est égal à 0.25 D. La norme recommande [10.14.2] d’utiliser des valeurs égales à 0.3h et
0.25D pour les poteaux rectangulaires et circulaires respectivement.
La longueur lu est prise égale à la distance nette entre les points de supports latéraux. Le
rapport des moments aux extrémités du poteau M1 / M2 est pris positif en courbure simple
et négatif en courbure double avec ⎜M1⎟ ≤ ⎜M2⎟ . Dans l'équation 8.33, le rapport M1 / M2
ne doit pas être pris inférieur à - 0.5.
8.7 DIMENSIONNEMENT
Si la charge axiale domine, le choix d'une section de poteau carrée ou circulaire est
indiquée à moins que d'autres contraintes architecturales ou structurales requièrent un autre
choix. Dans ce cas, l'acier d'armature est réparti uniformément sur toutes les faces de la
section. Lorsque le moment devient plus important, une section rectangulaire avec
l'armature sur les faces courtes (les plus éloignées) est préférable. On peut estimer, de façon
très préliminaire, une aire minimale de section :
Pf
A g préliminaire ≥ (8.38)
0.5(φ c f c′ + ρ sφ s f y )
Pour éviter de considérer le poteau comme étant élancé, il faut également satisfaire
l'équation 8.33. Pour ce faire, on peut calculer la dimension minimale h d'un poteau pour la
situation choisie. Afin de faire un choix préliminaire de la section, et parce que les poteaux
sont généralement trapus, on peut adopter des hypothèses conservatrices au niveau du choix
préliminaire. À titre d'illustration, les hypothèses suivantes sont adoptées ici :
On peut ainsi réécrire les équations 8.8, 8.9 et 8.33, respectivement pour les ligatures pliées
et les ligatures en spirales :
k lu 15
≤ (8.41)
r Pr max / Ag f c′
fc'
Type de section
20 40 60
Il importe de noter cependant que les calculs précédents servent uniquement à dégrossir le
problème et à faire un premier choix. Une fois celui-ci fait, les équations exactes doivent
être utilisées dans les calculs.
- ρ = 1% à 8% ;
- fc' = 25 à 45 MPa ;
- fy = 400 MPa ;
- Sections rectangulaires et circulaires.
Les dispositions des armatures considérées sont illustrées sur la figure 8.32 ou γ représente
l'écartement relatif des armatures extrêmes par rapport à la dimension du poteau considérée.
Dans les tables 7.4.1 à 7.7.16 du CDH, on a 0.6 ≤ γ ≤ 0.9, variable selon fc' et le type de
section. Le CDH donne aussi des tables permettant de déterminer Pr*max.
h gh
Fig. 8.32 Dispositions des armatures répertoriées dans les tables du CDH
Les diagrammes d'interaction présentés dans le CDH sont adimensionnels, comme l'illustre
la figure 8.33. De plus, des lignes indiquent la contrainte présente dans les armatures les
plus tendues afin de permettre de déterminer la catégorie de chevauchement des armatures.
Pr
Valeurs de fs /f y
Ag
pour le type de
chevauchement
0
0,5
1,0
AST
r=
Ag
Mr
Agh
EXEMPLE 8.3
Un poteau dans un édifice est soumis aux cas de chargement donnés dans le tableau
8.3. Ce poteau a une longueur nette de 3800 mm (entre les faces des planchers) et les
moments aux extrémités sont les mêmes, en courbure simple. On demande de
dimensionner le poteau.
Solution
On choisit un poteau carré ayant de l'armature sur les quatre faces avec fy = 400 MPa
et fc' = 40 MPa. Les ligatures sont de type 10M avec 40 mm d'enrobage.
a) Dimensions du poteau
6500 × 103
Ag préliminaire ≈ = 475 490 mm 2
0.5 × (0.79 × 0.65 × 40 + 0.02 × 0.85 × 400)
Ag = h 2 ⇒ h > Ag = 690 mm
b) Calcul de γ
La distance entre les barres, en assumant des barres 30M et des étriers 10M, est égale
à:
γ h = 700 – 2 × 40 - 2 × 11.2 - 2 × 30/2 = 568 mm
γ = 568 / 700 = 0.81 ≅ 0.8
Le tableau 7.2 du CDH donne également une valeur de γ de 0.81 pour des barres
30M. Avec f’c= 40 MPa et fy = 400 MPa, on utilise donc le tableau 7.4.15 du CDH.
L'armature requise pour les trois cas est donnée au tableau 8.4. Un cas additionnel,
utilisant les efforts maximaux non concomitants est aussi donné.
Si on est assuré que des cas intermédiaires ne sont pas plus critiques, on utilise 8-
30M. Dans le cas contraire on fait le choix le plus conservateur, soit 8-35M. On
obtient donc les détails suivants (Fig. 8.34) :
RÉFÉRENCES
9.1.1 Généralités
Comme le montre la figure 9.1, il existe une grande variété de types de semelles de
fondation. Généralement, le choix de l'une ou l'autre dépend des conditions du sol et des
critères de performance admis pour la structure. Ce chapitre porte sur les considérations
associées au dimensionnement des semelles filantes, des semelles isolées et des murs de
soutènement. Les fondations sur pieux et les radiers seront vus dans des chapitres
subséquents.
La pression maximale sur les sols a historiquement toujours été donnée sous forme de
contrainte admissible, à savoir :
L'ingénieur en structure utilise donc la capacité admissible pour déterminer l'aire minimale
de la semelle. Par contre, on doit utiliser la pression pondérée pour calculer la semelle elle-
même. Bien que la pratique courante suive l'approche historique, certaines normes font
maintenant référence à la résistance ultime du sol. Dans ce cas, la dimension de la semelle
devra être déterminée en utilisant les charges pondérées. Normalement, les deux approches
devraient conduire à des résultats similaires. Ce chapitre considère le cas plus courant où la
contrainte admissible est fournie.
296 Calcul des structures en béton armé
a) Semelle filante
d) Radier
Route ou
b) Semelle isolée voie ferrée
Remblai
Sol dense
La pression exercée sur le sol doit être calculée en considérant l'excentricité des charges
appliquées. La figure 9.2 présente les principes de calcul des pressions devant être
considérées dans le calcul des semelles filantes ou isolées. Sur une fondation de forme
rectangulaire on trouve les relations suivantes :
P M ⋅y My ⋅x
q ( x, y ) = + x + (9.2)
Aire Ix Iy
Cette équation demeure valide uniquement lorsque la force résultante passe par le noyau
central, soit pour e ≤ L / 6. Lorsque ce n'est pas le cas, il faut considérer uniquement la zone
comprimée pour le calcul de la contrainte maximale tel qu'indiqué sur la figure 9.2.
P Noyau central
My
B/6
B x
x
L/6
L
L
qmin = qP - q q = P
P BL P
M
qmax = + 6M
qM = M
6 BL BL 2
BL 2
qmin = 0
e = L/6
q min = 0
Le = 3(L/2-M/P)
qmax = 2P
BLe
Le
Pour le calcul de la pression appliquée au sol, il faut inclure le poids propre de la fondation
et des matériaux ou charges au-dessus d'elle. Pour le calcul de la pression appliquée sur la
semelle, on doit retrancher toutes les charges qui ne sont pas directement transmises par la
structure, comme l'indique la figure 9.3. Dans ce chapitre, la dimension L correspond à la
direction selon laquelle s'effectue le calcul alors que B est la direction perpendiculaire à
cette dernière.
P=0
Pour la fondation
qo qo + qmax ≤ q
admissible
P
M
Pour la semelle
Pf 6 Mf
qf = +
max 2
BL BL
qf Conception de la semelle
max
z2
mf = qf (9.3)
2
( L − c) ( B − c)
où z = ou z = , alors que Mf = B⋅ mf ou L⋅ mf , selon les sections où sont
2 2
faits les calculs.
Sections ou
M est calculé
Poteau
B
c
z≥ ld
L
qf = qfmax
Pour les semelles filantes ou les semelles isolées carrées, l'acier d'armature doit être
distribué uniformément. Pour les semelles isolées rectangulaires, la partie de la semelle
centrée sur la colonne doit avoir une plus grande partie de l'acier orientée selon la direction
la plus courte. La quantité d'acier ainsi concentrée dans cette bande est égale à [15.4.4] :
⎛ 2 ⎞
As −bande = ⎜⎜ ⎟⎟ As −total (9.4)
⎝ β +1⎠
Cet acier doit être distribué sur une bande S (Fig. 9.5) égale à la plus grande des deux
valeurs suivantes [15.4.4] :
S ≥ L1
(9.5)
S ≥ c2
L'armature de chaque côté de la bande est égale au restant de l'armature totale, espacée
également.
s/2 c1
L1
À l'exception des semelles filantes, l'acier de flexion doit être calculé dans les deux
directions. L'armature minimale de flexion tel que vu au chapitre 4 [10.5.1.2]
( As min ≥ 0.2 λ fc′ bh / f y ) n'est pas strictement requise, ce qui n'empêche pas d'appliquer
cette règle selon la situation. Toutefois, l'armature minimale de retrait ou de température est
exigée par la norme [7.8]. Les valeurs usuelles sont indiquées au tableau 9.1.
s ≤ 3h s ≤ 5h
s ≤ 500 mm s ≤ 500 mm
Comme l'acier est calculé avec une contrainte égale à fy, il importe de pouvoir développer
cette contrainte aux sections critiques. Ainsi, les barres doivent être prolongées sur une
longueur minimale de ld au-delà de la section critique. L'utilisation de crochets peut être
indiquée pour les semelles de petite dimension.
Deux types de rupture dues à l'effort tranchant peuvent survenir : une rupture de type poutre
et une rupture par poinçonnement. Comme pour les dalles, on n'utilise généralement pas
d'étriers dans les semelles pour résister à l'effort tranchant, seul le béton contribue à la
résistance.
Pour une rupture de type poutre, on assume que la section critique se situe à une distance d
de la face du poteau et que toute la largeur de la dalle contribue à la résistance. Pour le cas
illustré sur la figure 9.6a, Selon les équations présentées à la section 5.2.7, la résistance
pondérée est égale à [11.3.4 et 11.3.6] :
Vr = 0.21λφc f c′ bo dv (9.6)
Pour (L-c)/2 > 3d, avec des gros granulats de 20 mm et sz = dv , l'équation 5.30 donne :
⎛ 230 ⎞
Vr = ⎜ ⎟ λφc f c′ bo dv (9.7)
⎝ 1000 + dv ⎠
où bo est égal à L ou B selon le cas. Cette équation n'est applicable que si la longueur nette
entre la face du poteau de l'extrémité libre de la semelle excède 3dv.
qf qf qf
Zones
critiques bo = 2c1 + 2c2 + 4dv
bo = B c 1 + dv
Régions
chargées
dv /2
B c2 + dv c2
dv /2
dv c1
dv /2 dv /2
A
a) Cisaillement unidirectionnel b) Cisaillement bidirectionnel
de type "poutre" de "poinçonnement"
Une rupture par poinçonnement survient lorsque le poteau passe au travers de la semelle.
On assume que la section critique se situe à dv /2 autour du périmètre du poteau, tel que
présenté à la section 5.3. Dans ce cas, la résistance est égale à [13.4.4.] :
Vr = vr bo dv (9.8)
⎛ 4d ⎞
vr = ⎜ v + 0.19 ⎟ λ φc f c′ (9.12)
⎝ bo ⎠
et vr = 0.38 λ φc fc′ (9.13)
Les relations définissant des ruptures de type poutre ou des ruptures par poinçonnement
conduisent à six cas. On peut déterminer la valeur minimale de dv correspondant à Vr = Vf
pour chacun des cinq cas. Pour alléger les relations, on utilise le paramètre k, où qf doit être
exprimé en MPa :
0.1 λ φc f c′
k= (9.14)
qf
Dans le cas d'une rupture de type poutre (cas 1 à 3), L et B doivent être permutés lorsque la
semelle est rectangulaire :
⎡( L − c) ⎤
Vf = ⎢ − dv ⎥ B q f ≤ Vr = 0.21λφc f c′ Bdv (9.15)
⎣ 2 ⎦
d'où
L−c
dv ≥ (9.16)
2 (1 + 2.1k )
Cette dernière équation s'applique dans le cas où h > 350 mm lorsque (1+2.1k) est inférieur
ou égal à 3, ou encore pour :
2
k≤ = 0.952 (9.17)
2.1
⎡( L − c) ⎤ ⎛ 230 ⎞
Vf = ⎢ − dv ⎥ B q f ≤ Vr = ⎜ ⎟ λ φc fc′ B dv (9.18)
⎣ 2 ⎦ ⎝ 1000 + d v⎠
d'où
2dv2 + ⎡⎣ 4600k + 2000 − ( L − c ) ⎤⎦ ⋅ dv − ⎡⎣1000 ( L − c )⎤⎦ = 0 (9.19)
d'où
[15.2k ] dv2 + ⎡⎣( 7.6k + 1) ( c1 + c2 )⎤⎦ dv + [ c1 ⋅ c2 − BL ] = 0 (9.21)
V f = ⎡⎣ BL − ( c1 + dv ) ( c2 + dv )⎤⎦ qf
⎛ 2 ⎞ (9.22)
≤ Vr = 2 ( c1 + c2 + 2dv ) dv ⎜1 + ⎟ 0.19 λ φc f c′
⎝ βc ⎠
d'où
[7.6 k R ] dv2 + ⎡⎣( 3.8kR + 1) ( c1 + c2 )⎤⎦ dv + [ c1 ⋅ c2 − BL ] = 0 (9.23)
avec R = 1 + 2 / βc
V f = ⎡⎣ BL − ( c1 + dv ) ( c2 + dv ) ⎤⎦ q f
⎛ 4d v ⎞ (9.24)
≤ Vr = 2 ( c1 + c2 + 2dv ) dv ⎜ + 0.19 ⎟ λ φc fc′
⎜ 2 ( c + c + 2d ) ⎟
⎝ 1 2 v ⎠
d'où
[ 48k + 1] d v2 + [ (3.8k + 1) (c1 + c2 ) ] dv + [ c1 ⋅ c2 − BL ] = 0 (9.25)
Lorsque la surface de support est plus grande de tous les côtés que la surface chargée
(Fig. 9.7), la résistance de l'appui peut être augmentée en fonction du rapport A2 / A1 de
sorte que [10.8.1] :
Br = 0.85 φc f c′β a A1 (9.26)
A2
avec βa = ≤ 2 .0 (9.27)
A1
Si Pf ≥ Br , des barres d’ancrage supplémentaires sont requises pour transférer les efforts
du poteau vers la semelle de fondation :
P f − Br
As ≥ (9.28)
φs f y
Dans tous les cas :
As ≥ 0.005 Ag poteau (9.29)
2
1
A1 A2
Des barres d'ancrage doivent être utilisées pour transmettre les efforts à la semelle, tel que
l'illustre la figure 9.8. Ces barres doivent transmettre les efforts de compression qui
excèdent ce qui est transmis directement par contact ainsi que les efforts de traction qui
peuvent se développer dus à la présence d'un moment [15.9.1.3]. Dans le cas des structures
coulées en place, l'aire des barres d'ancrage doit être au moins égale à 0.5% de l'aire brute
du poteau [15.9.2.1]. De plus, ces barres doivent être ancrées correctement dans la semelle
et dans le poteau. Les barres d'ancrage doivent avoir un diamètre qui n'excède pas de plus
d'un échelon celui des barres du poteau [15.9.2.3].
≥ 150
≥ 75
Ancrage en traction ou
compression selon le cas [mm]
La dimension de la semelle au-dessus de l'acier tendu doit être de 150 mm ou plus [15.7]
pour les semelles sur le sol. Le recouvrement minimal pour le lit inférieur d'armature est de
75 mm [6.6.6.2, tableau 17].
Les barres d'ancrage doivent préférablement être terminées d'un crochet et positionnées au-
dessus du lit d'armature afin de garantir leur positionnement adéquat dans la semelle.
EXEMPLE 9.1
On doit concevoir une semelle pour un poteau rectangulaire de 1000 × 500 mm. On a
deux conditions de chargement agissant séparément mais dans deux directions
orthogonales. Les efforts sont donnés au tableau 9.2.
La semelle est recouverte de 500 mm de gravier (γs = 22 kN/m3), d'une dalle au sol
de 150 mm, le tout devant supporter une surcharge de ql = 7.2 kN/m2. La pression
admissible au sol est qadm = 350 kPa.
Solution
Choix : Semelle 6 × 4 m
Vérifications
P1 6M 1 7000 6 × 250
qf max 1 = + = + = 292 + 16 = 308 kPa
BL BL2 4 × 6 6 × 42
P2 6M 2 6000 6 × 900
qf max 2 = + + = 250 + 38 = 288 kPa
BL BL2 4 × 6 4 × 62
ii) Soulèvement
Vérification si la semelle travaille uniquement en compression, soit e = M/P ≤ L/6
Direction 1 :
e1=M 1 /P1=250 / 7000 = 0.036 m < 4.0 / 6 = 0.67 m ⇒ OK
Direction 2 :
e1=M 1 /P1=900 / 6000 = 0.15 m < 6.0 / 6 = 1.0 m ⇒ OK
Pf 6M f
qf = +
BL BL2
9250 6 × 375
q f1 = + = 385 + 23 = 408 kPa = 0.408 MPa
4 × 6 6 × 42
7750 6 × 1350
q f2 = + = 323 + 56 = 379 kPa = 0.379 MPa
4×6 4 × 62
Donc qf max = qf1 = 0.41 MPa
4000 − 500
dv ≥ = 620 mm Éq. 9.16
2 ⋅ (1 + 2.1× 0.868)
d v ≥ 839 mm
6000 − 1000
dv ≥ = 842 mm Éq. 9.16
2 × (1 + 2.1× 0.937)
d v ≥ 1287 mm
βc = c2 / c1 = 1000 / 500 = 2
R = 1 + 2 /βc = 1 + 2 / 2 = 2
dv ≥ 971 mm
dv ≥ 671 mm
On utilise les valeurs de d égales à 1050 mm et 1075 mm dans les calculs pour les
directions 1 et 2 respectivement. La profondeur totale minimale est égale à :
hmin = dmax + db/2 + c = 1075 + 25/2 + 75 = 1162 mm
M f = B ⋅ q f 1max ⋅ z 2 / 2
Mf 3749 ×106
As ≥ = = 11670 mm 2
φs f y × 0.9d 0.85 × 400 × 0.9 ×1050
Pour une semelle rectangulaire, une partie plus grande de l'acier doit être située dans
la bande du poteau de la direction la plus courte de la semelle :
⎛ 2 ⎞
As −bande = ⎜⎜ ⎟⎟ As −total où β = 6 / 4 = 1.5
⎝ β +1⎠
⎛ 2 ⎞ 2
As −bande = ⎜ ⎟ ×14400 = 11520 mm sur 4 m
⎝ 1.5 + 1 ⎠
On choisit des barres No 25 : 11 520 / 500 = 24 barres @ 160 mm = 12 000 mm2
⎛ φ s As f y ⎞
M r = φ s As f y (d − a / 2) = φ s As f y ⎜⎜ d − ⎟
⎟
⎝ 2 α 1 φ c f ′
c b ⎠
⎛ 0.85 ×15 000 × 400 ⎞ −6
M r = 0.85 ×15 000 × 400 × ⎜1050 − ⎟ ×10
⎝ 2 × 0.805 × 0.65 × 30 × 6000 ⎠
= 5217 kN ⋅ m ≥ M f = 3 749 kN ⋅ m
M f = L ⋅ q f 2max ⋅ z 2 / 2
Mf 4738 ×106
As ≥ = = 14400 mm 2
φs f y × 0.9d 0.85 × 400 × 0.9 ×1075
e) Résistance de l'appui
4000 − 500
Distance au bord libre : = 1750 mm
2
Surface diffusée du cône : 1750 / 2 = 875 < 1200 mm
A2 18
βa = = = 6 .0 > 2 .0 ⇒ On prend β a = 2.0
A1 0.5
Puisque que Br ≥ Pf, il n’est pas requis d’ajouter des barres d’ancrage
supplémentaires. Il faut cependant s’assurer que la quantité de barres d’ancrage dans
le poteau respecte :
Même si cela n'est pas requis, les barres d’ancrage No 25 traversant le poteau et la
semelle seront terminées d'un crochet avec une extrémité d’une longueur supérieure
à 12db afin de s'assurer de leur position dans le coffrage. On choisit une extrémité de
crochet de 300 mm.
g) Armature de peau
La norme demande une armature de peau pour les surfaces exposées. Pour des
armatures positionnées à 75 mm de la surface, on obtient (voir section 10.2.4):
4x ≤ hs x ≤ 300 mm
Acs = 2 x ⋅1000 = 4 ⋅ 87.5 ⋅1000 = 175000 mm 2 / m pour une surface
h) Remarques finales
Pf = 7000 kN
Mf = 250 kN•m
500
f'c = 40 MPa Poteau 1000 x 500
Acier: 8 No 30
f'c = 30 MPa 5 No 25 1788
300
1200
> 75
3 No 25 1000
30 No 25
4000
30 No 25
3 No 25 1000
A2 1750
875
1025
[mm]
Les murs de soutènement servent à retenir le poids du sol et des charges supportées par
celui-ci. Le calcul des pressions dues au sol relève de la géotechnique et ne sera abordé ici
que sommairement. La figure 9.10 présente les principaux paramètres requis pour calculer
la pression active Pa agissant sur un mur. La pression active représente une pression
hydrostatique équivalente qui permet de considérer le sol comme un liquide appliquant une
pression horizontale réduite. Les paramètres sont (Bowles, 1996):
2
x Pa=1/2 γs H Ka
δ
H
pa(x)=Kaγs x
α
pa ( x) = K a γ s x (9.30)
où Ka est le coefficient de pression active, un paramètre propre à chaque sol donné par:
sin 2 (α + φ )
Ka = (9.31)
⎡ sin(φ + δ ) sin(φ − β ) ⎤
sin 2 α sin(α − δ ) ⎢1 + ⎥
⎣ sin(α − δ ) sin(α + β ) ⎦
Dans le cas particulier où β = δ = 0 et α = 90o (un mur vertical lisse avec un remblai
horizontal de même hauteur que le mur), l'équation 9.31 se simplifie:
1 − sin φ ⎛ φ⎞
Ka = = tan 2 ⎜ 45o − ⎟ (9.32)
1 + sin φ ⎝ 2⎠
Le coefficient de pression active Ka n'affecte que les forces exercées sur les parois
verticales. Les pressions agissant sur un mur de soutènement vertical sont illustrées sur la
figure 9.11.
hm
ps
Ps
hs
τs qs
Les semelles des murs de soutènement résistent principalement à des efforts de flexion. La
grandeur de ces moments est fonction de la géométrie de la semelle et de la rigidité du sol.
La figure 9.12a présente le cas d'un mur où la semelle est située entièrement du côté
intérieur. Dans ce cas, la semelle est soumise uniquement à un moment de flexion négatif.
Pour une semelle excentrée, où la semelle déborde du côté avant du mur (Fig. 9.12b), celle-
ci sera soumise à un moment positif du côté avant et un moment négatif du côté arrière.
Dans le cas d'une semelle intérieure, le moment à la base du mur est totalement résisté par
la semelle, comme le montre la figure 9.13a. On a dans ce cas :
Dans le cas d'une semelle excentrée, le moment à la base du mur est résisté en partie en
flexion positive et en partie en flexion négative (Fig. 9.13b) :
Remblai Remblai
ou
Géométrie réservoir
Forces externes
Ps Ps
qs qs
Moments fléchissants
Disposition de l'armature
Mmur Mmur
Msemelle
avant
Msemelle Msemelle
a) Semelle intérieure b) Semelle excentrée arrière
La géométrie des murs de soutènement varie selon les applications. Bowles (1996) propose
des dimensions usuelles montrées sur la figure 9.14a. Une fois les dimensions fixées, les
forces horizontales et verticales peuvent être calculées. La force résultante horizontale
causée par la pression active doit inclure la composante agissant sur la totalité du mur et
dans la semelle. Cette force agit au tiers inférieur de la hauteur totale (hm + hs ) . D'autres
forces horizontales peuvent également agir sur le mur selon l'application considérée (ex. Fh
Fig. 9.14).
Les forces verticales comprennent: le poids propre du mur (Wm) et de la semelle (Ws), le
poids du remblai devant (Wr-ar) et derrière le mur (Wr-av) au-dessus de la semelle, et toute
autre charge verticale qui pourrait être agir directement sur le mur (ex. Fv Fig. 9.14).
Pour déterminer la distribution des pressions sous la semelle, la résultante des forces
verticales (P) doit être combinée à la pression causée par le moment résultant. Il est usuel
pour les murs de calculer les résultantes des moments par rapport au point O (Fig. 9.14) et
de distinguer les forces de renversement des forces stabilisatrices.
Fv
Fh
bm
Wm
Wr-ar
hm + hs
H hr-av
Frh-ar
H/12 a H/10 Frh-av Wr-av
hr-av Ws
O
L/3 Lav Lar
L=0.4H a 0.7H L
qsi
qse
Rv = Wr − ar + Wr − av + Wm + Ws + Fv (9.35)
où
Wr − ar = hr − ar Lar γ r
Wr − av = hr − av Lav γ r
(9.36)
Wm = hm bm γ c
Ws = hs L γ c
Les contraintes qse et qsi aux extrémités de la semelle (Fig. 9.14b) sont ensuite calculées en
appliquant les équations présentées sur la figure 9.2.
Les structures en béton armé coulées en place forment généralement des systèmes
monolithiques constitués de poutres, dalles, poteaux et murs liés les uns aux autres. Les
structures isostatiques sont donc plutôt l'exception, sauf dans le cas des structures
préfabriquées. Ainsi, l'analyse des efforts doit refléter la réalité et prendre en considération
la continuité inhérente aux structures en béton armé. Dans beaucoup de situations, les
éléments structuraux résistant aux charges de gravité peuvent être traités indépendamment
des systèmes de résistance aux charges latérales. Lorsque le système de résistance aux
charges latérales est constitué de murs rigides, comme illustré sur la figure 10.1a, on
assume que les cadres, formés des poutres et colonnes, résistent uniquement aux charges de
gravité. Les deux systèmes sont donc analysés et calculés séparément. Lorsque seul le
système d'ossature spatiale résiste aux forces latérales et verticales (Fig. 10.1b) les deux
groupes de charges doivent être traités simultanément.
Mur de
refend
Dalle unidirectionnelle
D A
F
Poutre C
G
Poutre de rive P
Dans ces systèmes, on assume que les éléments porteurs travaillent indépendamment les
uns des autres. La norme A23.3 spécifie qu’une dalle est considérée comme
unidirectionnelle lorsque le rapport des longueurs des côtés longs et courts des dalles est
supérieur ou égal à 2.0. Les dalles des planchers montrés sur la figure 10.3 portent dans
une seule direction. Il en va de même pour les planchers montrés sur la figure 1.3a et 1.3c.
Poteau
A A
Poutres
secondaires
Dalle
unidirectionnelle
Poutre principale
Section A-A
Les moments et efforts tranchants dans les poutres continues dépendent de la rigidité
relative entre les éléments. Pour une poutre encastrée à ses deux extrémités, les moments
sont donnés par les relations présentées sur la figure 10.4. Si l'encastrement n'est pas
parfait, les moments négatifs diminuent et le moment positif augmente.
-wl2
-wl
2
8 -w l 2
MA- = MB- =
12 12
-w l 2
MB+ =
24
Encastrements parfaits
MB-
MA- wl 2
8
Mmax l /2
Encastrements imparfaits
Lorsque les moments aux extrémités d’une poutre continue sont connus, le moment le long
de la poutre est donné par la somme des moments aux extrémités et les moments causés par
la force appliquée. Dans ce cas, les moments sont exprimés en valeur algébrique :
2
⎛ x⎞ ⎛ x ⎞ wL ⎛ x ⎞⎛ x ⎞
M ( x ) = M A ⎜1 − ⎟ + M B ⎜ ⎟ + ⎜ ⎟⎜1 − ⎟ (10.1)
⎝ L⎠ ⎝ L⎠ 2 ⎝ L ⎠⎝ L ⎠
(M B − M A ) ⎛1 x⎞
V ( x) = + wL⎜ − ⎟ (10.2)
L ⎝2 L⎠
Pour toutes les structures, la somme des moments au centre de la poutre est toujours égale
au moment statique, comme illustré sur la figure 10.5.
Pour un système de poutres continues, on doit effectuer une analyse structurale pour
déterminer les moments aux extrémités des poutres et poteaux. L'obtention du moment
maximal dans un système continu ne survient pas nécessairement lorsque toutes les travées
sont chargées. Outre la charge permanente provenant du poids propre de la structure qui se
trouve sur toutes les travées, les charges vives et certaines charges mortes additionnelles
doivent être appliquées sur un certain nombre de travées afin d'obtenir les moments
maximaux.
-
MA
MA
A C
+
x +
MB MB
A + C
w +
A wl 2 MSA
C
8
Pour obtenir le moment positif maximal dû à la charge vive uniquement, on ne doit pas
charger la travée adjacente (Fig. 10.6a). Ceci cause également le moment négatif maximal
en travée pour la travée voisine. Le moment négatif maximal à un appui est obtenu en
chargeant les deux travées adjacentes à cet appui (Fig. 10.6b).
Charge vive
A B C
-
MBC
+
MABmax
a) Moment positif maximal
A B C
-
MBmax
b) Moment négatif maximal
À ces moments dus aux charges vives ou aux charges permanentes additionnelles non
uniformes, il faut ajouter ceux du poids propre et autres charges permanentes qui agissent sur
toutes les travées. Ces dernières observations sont généralisées sur la figure 10.7.
+
MLmax
-
MLmax
MD
Le premier exemple montre que le moment maximal dû aux charges vives requiert le
chargement de travées alternées. Toutefois, la contribution des efforts provenant de travées
éloignées de plus de deux travées de celle où l’on détermine les efforts est très minime.
M f = Cm w f ln2 (10.3)
w f ln
V f = Cv (10.4)
2
où ln est la longueur nette (libre) entre les appuis pour V et M+ alors que l’on utilise la
moyenne des longueurs nettes libres des travées adjacentes pour M - .
Les limites d'application spécifiées dans la norme [9.3.3] sont résumées au tableau 10.1.
Cette méthode simplifiée approximative s'applique tant aux poutres continues, aux dalles
continues, qu'aux cadres rigides supportant uniquement des charges de gravité.
Les facteurs proposés par la norme [9.3.3] sont donnés au tableau 10.2 alors que la
terminologie est indiquée sur la figure 10.8. Pour le moment positif ou le moment négatif à
un appui extérieur, ln est la portée nette à la face des appuis. Pour le moment négatif à un
appui intérieur, ln est la moyenne des portées nettes adjacentes.
Facteur
Effort Section multiplicateur
Cm ou Cv
Appui
extérieur
Solidaire avec Solidaire avec Simplement
l'appui (poteau) l'appui (poutre) supporté
w Lf l n
Vf = (10.5)
8
Pour une travée d’extrémité, on utilise le plus grand de l’expression 10.5 ou de la valeur
suivante :
w f ln
V f = 0.15 (10.6)
2
EXEMPLE 10.1
Le système structural montré sur la figure 10.9 est formé d'une dalle sur poutres. Les
poteaux sont de dimension 600 × 600 mm. La dalle a une épaisseur de 140 mm, la
charge permanente additionnelle est de 1.30 kPa et la charge vive est égale à 2.4 kPa.
Les poutres attachées aux colonnes ont une largeur de 600 mm alors que celles
supportées sur les poutres ont une largeur de 300 mm. La hauteur des poutres et des
poutrelles est fixée à 500 mm. On désire faire l’analyse des efforts sur une bande de
dalle d’un mètre de largeur, dans la direction N-S.
1 2 3 4
7200
7500 7500 7500 SYM
A
3200
3500
300
3500
600 1000
3500
3500
E
SYM
[mm]
Solution
A B C D E
+
Cm
1/14 1/16 1/16 1/16
1 1 1 1 1
Cv
1,15 1 1 1
⎛ 2.75 + 3.05 ⎞
ln = ⎜ ⎟ = 2.90 ⋅ m
⎝ 2 ⎠
−
M Bg = −1/10 × 9.43 × 2.902 = −7.93 kN ⋅ m/m
−
M Bd = −1/11× 9.43 × 2.902 = −7.21 kN ⋅ m/m
+
M BC = 1 / 16 × 9.43 × 3.052 = +5.48 kN ⋅ m/m
• Note :
wDf = 5.83 kN/m wLf = 3.6 kN/m [9.3.3 d] ⇒ 3.6 < 2 × 5.83 = 11.66
EXEMPLE 10.2
On désire calculer les moments et les efforts tranchants dans la poutre de l'axe B du
plancher de l’exemple 10.1.
Solution
a) Charges
L’effort tranchant dû à la dalle agissant de chaque côté de la poutre d l’axe B est égal
à (Exemple 10.1) :
La charge totale supportée par la poutre de l’axe B est la somme de ces efforts
tranchants à laquelle s’ajoute le poids propre de la poutre et les charges au-dessus de
celle-ci :
wDf poutre = 1.25 ⋅ bhMVc + 1.25 ⋅ bqD = 1.5 × 0.5 × 0.3 × 24 + 1.25 × 0.3 ×1.3 = 4.99 kN/m
wLf poutre = 1.5 ⋅ bqL = 1.5 × 0.3 × 2.4 = 1.08 kN/m
Le poids de la dalle au-dessus de la poutre ainsi que les charges qui s’y appliquent
sont considérés dans le calcul de VBd et VBg.
wDf = wDfpoutre +VBg causé par wDF +VBd causé par wDf = 4.99+9.21+8.88 = 23.10
kN/m wLf = wLfpoutre +VBg causé par wLF +VBd causé par wLf =1.08 + 5.69 + 5.49 =
12.3 kN/m
b) Efforts
1 2 3
6600 6600
6900
600 600 600
1/11 1/11
1/24 1/10
Cm-
+
Cm
1/14 1/16
1 1
Cv
1
1,15
M f = Cm × w f × ln 2
⎛ 6.6 + 6.9 ⎞
ln = ⎜ ⎟ = 6.75 m
⎝ 2 ⎠
−
M 2g = −1/10 × 35.4 × 6.752 = −161.3 kN⋅ m
−
M 2d = −1/11× 35.4 × 6.752 = −146.6 kN ⋅ m
6.6
V1 = 1× 35.4 × = 116.8 kN
2
⎛ 6.6 6.6 ⎞
V1,2 max = ⎜ 0.15 × 35.4 × = 17.5 kN ; 12.3 × = 10.15 kN⎟ = 17.5kN
⎝ 2 8 ⎠
6.6
V2g = 1.15 × 35.4 × = 134.3 kN
2
6.9
V2d = 1.0 × 35.4 × = 122.1 kN
2
6.9
V2,3 = 12.3 × = 10.61 kN
8
Les facteurs donnés à l'article [9.3.3] ne s'appliquent pas au cas des charges concentrées.
Dans ce cas, on doit normalement procéder à une analyse structurale. Les tableaux 1.15 à
1.17 du CDH (p.1.66) peuvent être très utiles à cet égard. On peut cependant adapter les
valeurs données à l’article [9.3.3] aux charges concentrées en attribuant à celles-ci, la même
répartition entre le moment positif et négatif, tout en conservant le moment statique.
Évidemment, la structure et les charges doivent respecter les limites associées à [9.3.3], tel
qu’indiqué au tableau 10.1. Pour une charge uniforme le moment l'équation 10.3 peut être
réécrite en fonction du moment statique:
M f = 8Cm M 0 (10.7)
où
M 0 = w f ln2 / 8 (10.8)
Pour une poutres supportant des charges concentrées, les moments d'un système continu
correspondant à ces charges peuvent être calculées avec l'équation 10.7 dans laquelle les
moments M0 sont calculés pour les poutres simplement supportées.
À titre d’exemple, dans le cas d'une charge concentrée P appliquée mi-portée, le moment
statique M0 est égal à Pl /4. Pour une poutre continue sur deux appuis le moment positif
maximal exact est égal à 13PL/64 (0.2031PL) alors que le moment négatif exact est égal à
3PL/16 (0.1875PL). En appliquant la méthode approximative proposée le moment positif
maximal serait obtenu de l'équation 10.7, le moment positif est égal à 0.182PL (8/11×PL/4)
alors que le moment négatif est égal à 0.222PL (8/9×PL/4). On constate que cette approche
approximative conduit à des moments positifs inférieurs à ceux obtenus d'une analyses
exacte alors que les moments négatifs sont plus supérieurs, l'erreur relative étant de -11% et
+22% respectivement. Il faut toutefois noter que les analyses exactes ne prennent pas en
considération la rigidité des poteaux qui, en restreignant la rotation des poutres au niveau
des appuis, conduisent à des moments négatifs plus élevés et conséquemment à des
moments positifs plus petits.
EXEMPLE 10.3
A B C D E
Pf Pf
wf
Solution
( )
V1-2 = Cv ⋅ VDg + VDd + wDfpoutre + wLfpoutre ⋅ ln1−2 / 2 =
= 1.15 × (14.38 + 14.38 + 4.99 + 1.08 ) × ( 7.2 − 0.3 − 0.3) /2 = 132.2 k
V2-3 = 1 × (14.38 + 14.38 + 4.99 + 1.08 ) × ( 7.5 − 0.3 − 0.3) /2 = 120.2 kN
i) Appui, axe A
M Pf = 8Cm M 0 avec Cm = 1 / 16
8 − Pf × l1 × l2
M Pf =
16 l1 + l2
8 −256.4 × (2.75 + 0.15) × (3.05 + 0.15)
= × = −195.0 kN ⋅ m
16 (2.75 + 0.15) + (3.05 + 0.15)
1
M wf = Cm w f ln2 = − ×12.14 × 6.12 = −28.2 kN ⋅ m
16
1
M wf = Cm w f ln2 = ×12.14 × 6.12 = 32.3 kN ⋅ m
14
+
M AB = 222.9 + 32.3 = 255.2 kN ⋅ m
M Pf = 8Cm M 0 avec Cm = 1 / 11
8 − Pf × ln 8 −252.4 × 6.4
M Pf = × = × = −293.7 kN ⋅ m
11 4 11 4
1
M wf = Cm w ln2 = − ×12.14 × 6.252 = −43.1 kN ⋅ m
11
−
M B,int = −293.7 − 43.1 = −336.8 kN ⋅ m
v) Travée CE
M Pf = 8Cm M 0 avec Cm = 1 / 16
8 6.4
M Pf = × 252.4 × = 201.9 kN ⋅ m
16 4
1
M wf = Cm w ln2 = ×12.14 × 6.42 = 31.1 kN ⋅ m
16
+
M BC = 201.9 + 31.1 = 233.0 kN ⋅ m
10.5.1 Définitions
On dit qu'une dalle est unidirectionnelle lorsqu'elle porte dans une direction. Dans ce cas,
l'acier d'armature principal est aussi orienté dans la direction où les moments principaux se
produisent. Le chapitre 13 de la norme A23.3 s'applique aux dalles armées dans deux
directions et les règles de calcul qui y sont données s'appliquent aux dalles pour lesquelles
le rapport des longueurs centre-à-centre des appuis l1 / l2 se situe entre 0.5 et 2.0 [2.2].
Ainsi, lorsque le rapport l1 / l2 ≥ 2 ou l1 / l2 ≤ 0.5, on peut considérer la dalle comme étant
unidirectionnelle.
Pour une dalle unidirectionnelle, les charges sont supportées dans la direction de la portée
la plus courte de la dalle, celle selon laquelle la dalle est la plus rigide. Par contre, la norme
requiert que la dalle soit armée dans les deux directions afin de contrôler la fissuration due
au retrait ou aux efforts secondaires dans la direction perpendiculaire à la direction
principale. En effet, comme le montre la figure 10.13, la partie centrale d’une dalle
unidirectionnelle porte dans une seule direction alors que les extrémités de cette dalle se
comportent de manière bidirectionnelle lorsque des appuis rigides sont disposés selon la
direction courte de la dalle.
B
2D
1D
2D C
Afin de s'assurer que les flèches n'excèdent pas des valeurs limites sous les charges
d’utilisation, la norme [9.8.2.1] spécifie une épaisseur minimale. Les valeurs proposées par
la norme pour déterminer l'épaisseur minimale des dalles unidirectionnelles ne supportant
pas d'éléments susceptibles d'être endommagés par des flèches excessives sont indiquées au
tableau 10.3. Ces limites, qui s’appliquent à la portée nette, peuvent être réduites si des
calculs indiquent qu’il n’y aura pas d’effets néfastes. Le calcul des flèches est vu au
chapitre 10.
Dalle pleine
ln / 20 ln / 24 ln / 28 ln / 10
unidirectionnelle
Poutre, Dalle nervurée
ln / 16 ln / 18 ln / 21 ln /8
unidirectionnelle
s ≤ 5hs
s ≤ 500 mm (10.10)
As min ≥ 0.002 Ag
L'armature minimale peut être disposée sur un ou deux lits, haut ou bas. L'armature
structurale est disposée sur les lits les plus près des faces afin d'avoir le bras de levier
interne le plus grand.
Armature secondaire
Armature principale
s s s
Lorsque l'armature de flexion d'une dalle unidirectionnelle est parallèle à l'axe d'une poutre
principale formant une section en T avec la dalle (Fig. 10.15), on doit s'assurer qu'au-dessus
de l'axe de la poutre principale, la dalle possède la résistance requise pour résister au
moment négatif dû à l'action bidirectionnelle de la dalle dans cette région [10.5.3.2],
comme illustré à la figure 10.13.
Armature
principale
de flexion Armature
de flexion l1
au M à
ajouter
Armature minimale
0,3l1
Cette armature, qui doit se prolonger sur une longueur égale à 30% de la distance entre les
âmes des poutres [10.5.3.2], est obtenue en utilisant l'armature minimale donnée en par
unité de largeur [10.5.1.2]:
0 .2 f c′ h s
As− ≥ (10.11)
fy
Pour le calcul de la résistance en cisaillement des dalles, les clauses de la norme qui sont
Ainsi la résistance en cisaillement, pour les dalles d'épaisseur totale hs n'excédant pas 350
mm, est donnée par l’équation ci-dessous avec β = 0.21 [11.3.4 et 11.3.6.2] :
Vc = λ φc β f c′ bw d v (10.11)
Lorsque l'épaisseur totale hs excède 350 mm, la résistance est donnée par l’équation ci-
dessous si les granulats d’au moins 20 mm sont utilisés [11.3.4 et 11.3.6.3] :
⎛ 230 ⎞
Vc = λ φc ⎜ ⎟ f c′ bw dv (10.12)
⎝ 1000 + d v ⎠
Cette réduction de résistance est due à ce que l’on nomme l’effet d’échelle, à savoir que plus
la poutre est profonde, plus la contrainte reprise par le béton à l’ultime sera faible. Cependant,
ce phénomène n’a été observé que pour les poutres sans étriers et pour le cas général des
dalles.
Il n'est pas courant d'armer les dalles pour résister à l'effort tranchant, mais il existe cependant
des systèmes de goujons qui peuvent être utilisés. Il est habituellement plus économique
d'épaissir une dalle non conforme en cisaillement que de lui ajouter un système de goujons.
EXEMPLE 10.4
Solution
a) Vérification de l'épaisseur
Travée extérieure : hs ≥ 2750 / 24 = 115 mm
Travée intérieure : hs ≥ 3050 / 28 = 109 mm
∴ hs = 140 mm adéquat.
3200 3500
140
2750 3050
600 300 600
[mm]
Vc = λ φc β f c′bw d v
= 1× 0.65 × 0.21⋅ 30 × 1000 × 99 /1000
= 74.0kN / m > V f max = VBg = 14.9 kN/m
c) Armature minimale
100 mm 2
Barres 10M : As = ≥ 280 mm 2 /m
s
100 mm 2 / barre
Donc s≤ = 0.357 m = 357 mm
280 mm 2 /m
d) Armature de flexion
i) M - intérieur
M r ≈ Ts × bras de levier ≈ φ s As f y (0.9d ) ≥ M f
Mf 8.0 × 106
As ≥ = = 238 mm2 /m < As min
φs f y (0.9d ) 0.85 × 400 × 0.9 × 110
⎛ a⎞ ⎛ 1 φ s As f y ⎞⎟
M r = φ s As f y ⎜ d − ⎟ = φ s As f y ⎜ d −
⎝ 2⎠ ⎜ 2 α 1 φ c f c′ b ⎟⎠
⎝
ii) M+ et M -
e) Poutre en T
0.2 30 × 140
As = × 1000=383 mm2 /m
400
383 mm 2 /m
Barres 10M : = 3.83 barres/m ou s = 1000 / 3.83 = 261 mm
100 mm 2 /barre
Choix : 10M @ 250 mm c/c.
i) Barres longitudinales
Mx = 0 w
- 8,0
wl
V 2
x
wlx wx 2
∑M = 2
−
2
− 8.0 − M x = 0
wlx wx 2
M x = −8.0 + − =0
2 2
9.43 × 3.05 x 9.43x 2
M x = −8.0 + − =0
2 2
avec w = 9.43 kN/m et l = ln = 3.05 m,
Selon le Tableau 3.1 du CDH (p.3-15), pour un béton de 30 MPa et des aciers de
400 MPa, la longueur de développement d'une barre 10M est égale à 260 mm.
De plus, la barre doit être prolongées au-delà de 12db=136 mm et ln /16 = 191
mm du point d’inflexion. Ainsi, une barre au-dessus de l'appui devrait avoir une
longueur de (on considère ici un cas de chargement identique de chaque côté de
la poutre) :
Lbarre = (732 + 191+ 300) × 2 = 2446 mm.
Choix : 2450 mm.
Selon [10.5.3.2]
lb ≥ bw + 2 × 0.3 × ln = 600 + 2 × 0.3 × (3200-300-150) = 2250 mm ext.
lb ≥ bw + 2 × 0.3 × ln = 600 + 2 × 0.3 × (3500-200-150) = 2430 mm Int.
lb ≥ bf = 1270 mm (voir e-i) plus haut
Choix : 2430 mm.
g) Plan de l'armature
10M - 2430
4740 @ 250
(haut) (type 4)
[mm]
Type 1 Type 4
Type 2 Type 3
RÉFÉRENCES