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Construction métallique 1

USCN1S

Février 2020

Le Cnam en Grand Est - Centre régional


4 avenue du Docteur Heydenreich CS 65228 F 54052 Nancy Cedex
tél +33 (0)3 83 85 49 00 www.cnam-grandest.fr
Sommaire

1. RAPPELS 4

1.1. Introduction 4
1.1.1. Pourquoi construire en acier 4
1.1.2. Rappel sur les propriétés de l’acier 7
1.1.3. Présentation du catalogue CONSTRUIR’ACIER (ex OTUA) 8
1.1.4. Principes constructifs 11
1.1.5. Eléments structurels 11
1.1.6. Principales familles de structure 12
1.2. Vérification “élastique” selon l’EC3 sous sollicitations simples 14
1.2.1. Principes de pondération 14
1.2.2. Combinaisons d’actions valeurs des pondérations (EN1990) 15
1.2.3. Valeurs limites des déformations 16
1.2.4. Effets dynamiques 18
1.2.5. Facteurs partiels de sécurité 19
1.2.6. Classification des sections 19
1.2.7. Résistance des sections 21
1.2.8. Flambement simple 27
1.3. Poutres en treillis 32
1.3.1. Définitions - Hypothèses 32
1.3.2. Méthode de calcul 33
1.3.3. Longueurs de flambement 35
1.3.4. Déformations 36
1.4. Assemblages 37
1.4.1. Attaches soudées (§4 – EN1993–1-8) 37
1.4.2. Attaches par boulons ordinaires (§3 – EN1993–1-8) 40
1.4.3. Attaches par boulons précontraints (§3.9 – EN1993–1-8) 46
1.4.4. Classification des assemblages (§5.2 – EN1993–1-8) 49
1.4.5. Généralités sur la construction tubulaire (§7 – EN1993–1-8) 51

2. VERIFICATION PLASTIQUE 55

2.1. Critère de plasticité pour les barres 55


2.1.1. Moment de flexion 55
2.1.2. Effort normal 57
2.1.3. Moment de flexion et effort normal 57
2.2. Intérêt de la plasticité 61
2.3. Justification réglementaire : Eurocode 3 62
2.3.1. Classification des sections (rappel) 62

3. METHODES D’ANALYSE DES STRUCTURES 65

3.1. Assemblages semi rigide 69

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4. LE DEVERSEMENT 71

4.1. Notion de maintien latéral 72


4.2. Méthode simple : vérification de la semelle comprimée seule en
flambement 72
4.3. Vérification réglementaire 73

5. VERIFICATIONS PLASTIQUES SOUS SOLLICITATIONS COMPLEXES 79

5.1. Flexion déviée 79


5.2. Flexion composée 83
5.3. Formules générales de stabilité 87

6. LES PIEDS DE POTEAUX 93

6.1. Pieds de poteaux articulés 93


6.1.1. Dimensions de la platine 95
6.1.2. La bêche 95
6.1.3. Les tiges d’ancrage 97
6.1.4. Epaisseur de la platine 98
Vérification de l’âme du poteau 99
6.2. Pieds de poteaux encastrés 99
Dispositions constructives 100
6.2.1. Tiges d’ancrage et bêches 101
6.2.2. Détermination des contraintes dans les éléments en flexion monoaxiale
102
6.2.3. Vérification de la semelle tendue du poteau 103
6.2.4. Vérification de la résistance de la platine 103
6.2.5. Rigidité de la platine 104
6.2.6. Dimensionnement des cordons de soudure 104

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1. Rappels
1.1. Introduction

1.1.1. Pourquoi construire en acier

1.1.1.1. Historique de la construction acier


Jusque 1840, le fer était un matériau expérimental réservé aux charpentes, et souvent
caché par la maçonnerie (on l’utilise sous forme d’agrafes et tirants pour renforcer les
constructions en pierres). La fonte, surtout utilisée pour des poteaux ou éléments de
décoration (reproduction économique, bonne résistance à la compression), se verra
remplacée par le fer pour les poutres (il est plus souple que la fonte et résiste aussi à
la traction), puis par l’acier pour une utilisation structurelle, ce progrès étant lié aux
méthodes de calcul (treillis Pratt, calcul de forces par Culmann).
L’apparition en 1829 de la “tôle ondulée” permettra d’envisager des bâtiments “tout
acier”.
L’évolution technologique du fer a été marquée par quelques découvertes importantes
et a ainsi dynamisé la construction acier :

o 1720 Abraham Darby réussit, à Coalbrookdale, à faire fondre du fer dans un


haut-fourneau en remplaçant le bois par du coke.
o 1779 Premier pont en fonte sur la Severn (portée 30m). Assemblages inspirés
de la construction bois (tenon mortaise), forme de la construction en pierre.
o 1830 Laminage de rail en fonte.
o 1850 Laminage de tôles de fer en Angleterre.
o Construction du “Crystal Palace” de Londres, halle en fer dont le principe
constructif est basé sur la répétition d’éléments préfabriqués. A la même époque,
construction de la gare de l’Est, halles de Baltard.
o 1850 Abandon des ponts suspendus en France suite à la chute du pont de la
Roche-Bernard en France (Reprise vers 1890).
o 1853 Invention de l’ascenseur par Elisha Graves Otis.
o 1854 Apparition des profilés en I en fer forgé en France.
o 1855 Invention du convertisseur Bessemer.
o 1859 Apparition des premières poutres treillis à inertie variable en arc.
o 1864 Apparition du four Siemens/Martin. L’ère de l’acier coulé s’ouvre.
o 1870 Pont de Brooklyn, 500m de portée.

A noter qu’à cette époque, les architectes sont dépassés par les nouvelles méthodes
de calcul et les halles industrielles et pont (qui connaissent un grand essor grâce au
chemin de fer) deviennent le domaine des ingénieurs (instaurés en profession
indépendante), alors que les architectes se réfugient dans l’étude des formes
historiques (façades décorées, utilisation de l’arc...) et font de la construction à étages
leur fief, favorisant même la pierre.

o 1872 Premier bâtiment important réalisé avec une charpente en acier la


chocolaterie Menier à Noisiel sur Marne.
o 1875 Découverte de la soudure à l’arc.
o 1878 Exposition universelle de Paris, choix du fer pour les différents palais en
raison de sa rapidité de montage et démontage et de son faible coût.
o 1879 Pont de Garabit de Gustave Eiffel.
o 1879 Construction du Leiter Building de William Le Baron Jenney, “premier
gratte-ciel” de 6 étages à Chicago.
o 1885 La poutre laminée en fer forgée est remplacée par la poutre laminée en
acier coulé aux Etats-Unis.
o 1889 Pont sur le Forth de B. Baker et J. Fowler.

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o 1889 “Clou” de l’exposition universelle : la tour de 300m de Gustave Eiffel dont
la structure est inspirée des piles du pont de Garabit.

Début du XXème siècle, la construction métallique rencontre en Europe un concurrent


de taille, le BETON, matériau économique et fiable. L’acier se camoufle, constituant les
armatures de son rival. Les architectes verront là aussi l’occasion de prendre leur
revanche sur les ingénieurs en utilisant abondamment ce béton qui facilite le manque
de savoir technique. A noter aussi que l’industrie du métal n’a alors pas su suivre les
demandes des concepteurs à l’inverse des bétonniers. Qui veut construire en acier doit
donc le faire aux Etats-Unis.
La soudure est peut-être l’invention la plus importante. Ancienne d’une cinquantaine
d’années, elle révolutionne la construction métallique, permettant la fabrication de
poutres très légères (utilisation en Suède en 1960 de PRS sans raidisseurs).

o 1894 Chicago, construction du Reliance Building (15étages) structure poteau-


poutre, même plateau à chaque étage.
o 1931 New York, construction de l’Empire State Building (381m).
o 1939 Maison du peuple de Clichy de Jean Prouvé (panneaux structurels à base
de tôles pliées).
o 1945 Introduction en France du soudage TIG et sous flux en poudre (utilisé aux
Etats-Unis vers 1940, Liberty Ship).
o 1949 Paris utilisation du mur-rideau pour le siège de la FNB.
o 1950 Disparition du rivet.
o 1952 Développement du boulon HR en France. Le pont Masséna en compte plus
de 600000.
o 1954 Gratte-ciel de la BASF à Ludwigschafen en béton (h = 100m).
o 1958 Robert Le Ricolais imagine des structures spatiales.
o 1959 Pont suspendu de Tancarville, 608m de portée.
o 1967 Montréal, coupole géodésique tridimensionnelle en acier de 100m de portée
de Buckminster Fuller.
o 1975 Pont de Saint-Nazaire, 404m de portée.
o 1977 Centre Georges Pompidou, l’acier est l’expression d’un courant
architectural baigné de haute technologie, de précision.
o 1989 Pyramide du Louvres de Pei, apparition du verre structurel, dernière
évolution des serres de 1850.
o 1995 Pont de Normandie, portée 856m.

1.1.1.2. Avantages et inconvénients de la construction métallique


Lors de la conception de la structure porteuse, on a le choix entre plusieurs matériaux.
Une ossature métallique, pour être économique, doit tenir compte de ses particularités
:

Qualités d’une structure métalliques

A l’étape du projet :

o La grande résistance de l’acier à la traction permet de franchir de grandes


portées (économique de 6 à 18 m), on peut aller de 30 à 60m dans le cas de
hautes outres treillis (immeubles, ponts), le béton étant plus performant pour de
petites portées.
o Sections réduites des poteaux (par rapport au béton) d’où un gain de surface
utile.
o Hauteur élevée de construction avec de grande capacité portante (ossature
légère, donc le bâtiment n’a pas à se porter). Le poids réduit de la structure
permet d’importantes économies sur les fondations.
o Systèmes porteurs permettant le passage de canalisations.

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o Bon comportement en zone sismique (résistance mécanique élevée aux
contraintes alternées. Légèreté des structures).
o La possibilité d’adaptation plastique offre une grande sécurité.

Pendant la construction :

o Préfabrication (l’utilisation de machines à commande numérique réduit le coût


de fabrication, à condition d’avoir des séries minimales, il faut donc parfois
surdimensionner certains éléments afin de réduire les sortes de pièces) et
montage d’éléments assemblés, donc période courte de construction (gain sur
les locations de matériels et grues, gain sur le plan « financier »)
o Tolérances réduites, donc ajustage précis au montage des éléments
d’achèvement.
o Montage indépendant des intempéries.
o Encombrement réduit sur chantier (intéressant sur les chantiers en centre-ville
ou en réhabilitation).
o Procédés de constructions à sec (pas d’humidité pour le second œuvre).
o Le montage des ossatures métalliques n’est pas très bruyant et propre.
o En haute montagne ou en région arctique, l’acier est presque toujours utilisé
(transport et montage à l’hélicoptère).
o La préfabrication facilite l’exportation des structures métalliques (transport
simple et l’encadrement à l’étranger se limite au personnel de chantier).

Un bâtiment standard (par exemple un garage avec atelier, bureaux et salle


d’exposition) basé sur un principe constructif « système construction métallique
légère » est calculé, dessiné en une journée et fabriqué prêt à être expédié en trois
semaines environ.

En exploitation :

o Des surfaces comportant peu de points fixes.


o Possibilité de modifier la structure porteuse pour l’adapter à une utilisation
différente et donc une durée de vie prolongée du bâtiment (on peut aisément
renforcer une structure en soudant des plats pour augmenter l’inertie des profils.
On peut aussi surélever un bâtiment car les éléments aciers sont légers).
o Possibilités de démontage.

En règle générale, la construction métallique est sensiblement plus économique


lorsqu’une des conditions précédentes doit être remplie (portée des planchers,
fondations délicates, mesures de protection incendie réduites…)

Inconvénients d’une structure porteuse métallique

o L’acier est léger et conducteur, donc mauvais isolant thermique et acoustique


(cependant les enveloppes sont l’association de plusieurs matériaux).
o Susceptibilité aux phénomènes d’instabilité élastique, en raison de la minceur
des profils.
o Une protection contre la corrosion est requise pour les éléments situés en plein
air ou exposés à des conditions d’humidité excessive (protection qui doit être
entretenue).
o Une protection directe contre le feu est nécessaire dans la plupart des cas.
o Architecture : aspect ??? (avantage ou inconvénient)

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1.1.2. Rappel sur les propriétés de l’acier
Rappel du diagramme de l’acier (allure du diagramme d’allongement sous F) :

Module d’élasticité longitudinale : E = 210000MPa


Module d’élasticité transversale : G = E/2(1+ν)
Coefficient de poisson : ν = 0,3
Coefficient de dilatation : α = 12.10-6
Masse volumique : ρ = 7850 kg/m3

La nuance d’un acier est la limite d’élasticité de la gamme d’épaisseur la plus faible.
Ces valeurs sont étagées en fonction des épaisseurs pour tenir compte de l’influence
du nombre de passage dans les cages de laminage.

La qualité d’un acier exprime son degré de résistance à la rupture fragile et sa


soudabilité. Elle est quantifiée par l’essai de choc (« mouton de Charpy »). L’énergie
de rupture (appelée autrefois « résilience ») qu’on doit exiger d’un acier est d’autant
plus élevée que sa nuance est plus forte, que les éléments de la structure sont plus
épais et que la température minimale de service est plus basse.

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1.1.3. Présentation du catalogue CONSTRUIR’ACIER (ex OTUA)
Afin de construire différentes ossatures (bâtiments, usines, ponts…) les sidérurgistes
proposent différents types de profils dont les caractéristiques sont regroupées dans un
catalogue.

1.1.3.1. Les grandes familles de profilés :


o Les profils en I : IPE suivi d’un numéro qui est la hauteur totale du profilé en mm
Il existe aussi les IPEA (allégés), IPER (renforce) et IPN (faces intérieures des
ailes inclinées) mais ils sont de moins en moins produits et utilisés. On utilise
surtout ces profiles pour la flexion car la « matière des ailes » est éloignée de
l’axe principal d’inertie (I=S.d²). La hauteur est environ le double de la base.

o Les profils en H : HEA, HEB, HEM profilés en I mais qui s’inscrit dans un même
carré. Ces profilés travaillent bien en compression mais moins bien en flexion.

Remarque : le catalogue propose des profilés allant jusque 1100mm de haut.


Toutefois, les pratiques françaises sont de réaliser des poutres PRS (Profilés
Reconstitués Soudés) au-delà de 600mm de haut (voire dans certains cas de 450mm
de haut), cela étant plus économique.

o Les cornières : il y a les cornières à ailes égales ou inégales, qui sont utilisées
pour réaliser des poutres treillis ou des stabilités. Il faut de préférence choisir
des cornières au 1/10ème (L60x60x6) car elles sont les plus courantes donc les
plus disponibles (60 signifie aile de 60mm de large). Attention aux axes
principaux d’inertie qui sont à 45° : iv < ix

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o Les U : UPE (ailes parallèles) ou UPN (ailes intérieures inclinées) qui sont suivis
d’un numéro représentant la hauteur du profil. Les UPN sont moins chers que les
UPE. On utilise ces profils pour réaliser des limons d’escaliers, des arrêts de dalle
de planchers lourds ou comme membrure de poutres treillis.

o Les tubes : ces profils creux peuvent être circulaires, carrés rectangulaire voire
même hexagonaux ou elliptiques. Leur avantage mécanique est d’avoir les
mêmes caractéristiques (I, i) dans toutes les directions et leur apparence est très
appréciée des architectes. Un tube est défini par ses dimensions extérieures et
son épaisseur. Ces valeurs ne sont pas forcément des nombres simples car
parfois basés sur des multiples de pouces.

o Les produits plats : larges plats, tôles ou bandes. Caractérisés par leur largeur
et leur épaisseur (section rectangulaire), ils sont principalement utilisés pour
réaliser les pièces d’assemblages ou les PRS (profilés Reconstitués Soudés)

o Les profilés à froid : issus de bandes de tôles plus ou moins épaisses, ils sont
obtenus par pliages successifs ou plus souvent par profilage.
Ils peuvent être à usage structurel (pannes, lisses…)

o Les produits composés : laminés avec ajouts, PRS, poutres cellulaires ou même
treillis.

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o Ou d’enveloppe, parois (bardage, couverture, plancher…)

1.1.3.2. Renseignements donnés par le catalogue Construir’Acier


o Les dimensions du profilé (en mm)
o La position du centre de gravité si elle n’est pas évidente, pour le U et les
cornières par exemple.
o La section A : cette valeur est utile pour calculer la contrainte dans les éléments
soumis à des efforts de traction ou de compression.
o La masse par mètre : cette valeur est utile pour prendre en compte le poids
propre du profilé dans les charges totales. Densité 7,85
o Le moment quadratique : inertie par rapport à un axe principal passant par le
centre de gravité (utilisée pour le calcul des flèches et contraintes).
o Le module d’inertie : Wel (ou I/v) : v représente la fibre la plus éloignée de l’axe
neutre, ici la demi hauteur du profilé (utilisé en flexion).
o Le module de flexion plastique : Wpl, utile pour les vérifications en plasticité.
o La section pour les efforts tranchants : Avz, pour le calcul des contraintes de
cisaillement.
o Le rayon de giration : i = √I/A, utile pour caractériser l’élancement.
o La surface de peinture : soit en m²/m soit en m²/t, permet de définir les
quantités de peinture nécessaire à la protection.

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1.1.4. Principes constructifs
Le dessin d’une structure acier est d’abord un schéma de lignes. Pas de voiles, de
dalles ou de coques comme dans le béton armé, mais des traits qui tour à tour
deviennent poteaux, poutres, câbles, barres de contreventement, fabriquant un
réseau où circulent les forces de traction et de compression du bâtiment.
Une structure répond toujours à plusieurs fonctions :
o Support de charges verticales, horizontales, celles-ci étant issues d’une variété
infinie de combinaisons d’actions
o Limiter les déformations
o Protéger des intempéries, du milieu extérieur
o Servir de support à un processus industriel
o S’intégrer dans l’environnement
o …
Ce chapitre n’a pas pour but d’être un catalogue de solutions toutes faites. Il s’agit de
décrire des éléments de structure : poteaux, poutres puis d’évoquer les familles de
solutions structurelles les plus courantes.

1.1.5. Eléments structurels

1.1.5.1. Poteaux
Un poteau métallique est très résistant à la compression simple, sa section reste
modeste. Le revers de cette bonne performance est l’élancement qui le désigne
comme sujet au flambement. On a alors recours à des sections PRS en croix (fortes
charges), en tube ou mixte.

1.1.5.2. Poutres
Les poutres en acier ont des utilisations très diverses dans un bâtiment : du simple
linteau à la poutre treillis qui franchit plusieurs dizaines de mètres. Leur section est
optimisée pour résister à la flexion dans un plan, cas de charge le plus fréquent.

1.1.5.3. Planchers
Ils ont pour rôle de « recueillir » les surcharges de fonctionnement du bâtiment pour
les acheminer vers les éléments principaux de l’ossature que sont les poutres et
poteaux. Ils participent aussi à la stabilité du bâtiment.
Les planchers doivent aussi prendre en compte des performances acoustiques,
thermiques et de résistance au feu.

1.1.5.4. Arcs / portiques


L’arc qui travaille essentiellement en compression est surtout réservé aux ponts. Il
peut être utilisé pour les grandes halles, mais nécessite de bonnes fondations. D’autre
part, si on s’éloigne de l’arc funiculaire, on introduit de la flexion à laquelle une
structure acier peut résister.
Le portique pout lui être considéré comme un arc constitué de sections droites. C’est
un système très utilisé car il résiste bien aux efforts latéraux dans son plan et ne
nécessite donc aucun contreventement dans ce plan. La juxtaposition de portiques est
dans la majorité des cas la solution la plus économique pour réaliser une halle (portée
de 7 à 30m).

1.1.5.5. Les enveloppes


Le rôle principal d’une enveloppe est de créer un environnement intérieur différent des
conditions climatiques extérieures. L’enveloppe assure l’interface du point de vue :
o De l’étanchéité à l’air et à l’eau (raccords à soigner)
o De l’isolation thermique
o De l’isolation acoustique

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o De la lumière
o De la sécurité

L’architecture industrielle se contente souvent de bardages.


En bâtiment, les produits sont très nombreux : de la façade alliant le verre et l’acier,
au panneau sandwich en passant par les matériaux composites. La caractéristique
commune étant leur légèreté et la mise en œuvre d’éléments fabriqués en usine.

1.1.6. Principales familles de structure

1.1.6.1. Structure poteau/poutre


La plus grande utilisation réside dans les bâtiments à étages, constitués de dalles de
portées de 2,4m à 5m, reposant sur des poutrelles de 6 à 12m de portée qui sont
reprises par des poutres plus importants attachées à des poteaux. La disposition des
poteaux dépend de l’aménagement souhaité de l’espace intérieur. Plus ils sont espacés
et plus grosses sont les poutres.
Le problème rencontré dans ce type d’ossature est surtout la résistance aux effets du
vent (voir chapitre stabilité)

1.1.6.2. Structure tridimensionnelle


Ces structures s’adaptent particulièrement aux équipements de sports, activités de
loisirs ou centre commerciaux : ce sont de grandes surfaces couvertes qui ne doivent
pas avoir de point d’appui dans leur zone centrale et du fait de leur structure
apparente nécessitent un traitement architectural particulier.
Ces structures sont composées de tubes (choisis pour leur comportement au
flambement et leur aspect) reliés par différents type de nœuds (ils font l’originalité du
système et font l’objet de brevet, mais le prix est élevé) et leur géométrie peut être
bi- (grille de poutre) ou tridimensionnelle (« assemblage de pyramides »). Elles sont
d’un poids extrêmement réduit.
Ces systèmes se sont développés grâce au calcul informatique, car le
dimensionnement est complexe et doit tenir compte des phases de montage où la
structure est en constante évolution.

1.1.6.3. Structures haubanées ou suspendues


Issues des grands ponts, ce type de structure reporte les points d’appui des poutres à
l’extérieur, dans des tirants de section circulaire qui ne ramènent que des efforts de
compression aux poteaux, étant simplement appuyés à leur tête. Ces suspentes
doivent être dimensionnées afin de limiter les déformations de la structure : on peut
avoir recours à une mise en prétension de ces éléments.
L’avantage de cette structure est donc de réduire les points d’appui et d’obtenir de
faibles sections de poutres. L’inconvénient réside en ce que la liaison câbles/poutre
doit être soignée au niveau étanchéité car elle est au-dessus de la toiture.
Les structures en géotextile sont issues du même principe mais ont un caractère plus
délicat du fait de leur légèreté et donc de leur sensibilité aux effets dynamiques du
vent.

1.1.6.4. Verre structurel


L’idée est de créer des surfaces vitrées en supprimant toute menuiserie afin d’obtenir
un maximum de transparence. Ce principe a été mis en œuvre pour la première fois
dans les années 80 pour la Cité des Sciences et de l’Industrie.
Le verre n’est sollicité qu’en traction sous son propre poids (pas de risque de
flambement) et les efforts de vent sont repris par des systèmes de raidisseurs à
câbles précontraints. La difficulté réside dans le calcul de ce type de structure très
déformable (calcul non linéaire et prise en compte de la précontrainte des câbles).
D’autre part, la réalisation de pièces complexes : nœuds moulés, boulons inoxydables

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à tête sphérique pour la fixation du vitrage… rend ces structures couteuses. Le
montage et le réglage sont aussi deux phases délicates qui incombent en principe au
constructeur.

1.1.6.5. La réhabilitation
Dans l’économie actuelle du bâtiment la part de la réhabilitation et de la reconversion
pèse actuellement autour de 50%.
L’acier, par ses caractéristiques est donc le matériau privilégié de ces opérations :
consolidation, renforcement des fondations, des planchers ; extensions, surélévations,
restructuration de l’espace.

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1.2. Vérification “élastique” selon l’EC3 sous sollicitations
simples
Dans le cadre de la construction de l’Union Européenne, afin d’éliminer toute entrave
technique aux échanges, la mise en place de nouvelles normes était impérative.
Compte tenu de la participation des experts de différents pays à la rédaction de
l’« Eurocode 3 », celui-ci intègre l’expérience et les connaissances les plus modernes
en matière de mécanique de structures.
Toutefois, il e faut pas oublier que son utilisation a été envisagée avec l’aide de
l’informatique.

1.2.1. Principes de pondération

1.2.1.1. Etats limites

L’acte de construire a fait l’objet de réglementation depuis fort longtemps. Ainsi on


retrouve dans le code d’Hammourabi (roi de Babylone) édicté voilà près de 4000 ans,
une prescription concernant la responsabilité du constructeur, en l’occurrence
l’architecte :
« Si la maison s’écroule et écrase le fils du propriétaire, le fils de l’architecte sera mis
à mort ».

La sécurité est donc un critère important du choix des matériaux en qualité et


quantité.

Vérification semi probabiliste :

On définit deux types d’état limite :


o Les Etats Limites de Service (ELS) ou d’utilisation qui correspondent à une
utilisation courante et quotidienne de l’ouvrage : limitation des déformations des
vibrations et des dommages nuisibles affectant l’aspect, le confort l’efficacité, la
fonction ou la durabilité.
o Les Etats Limites Ultimes (ELU) qui correspondent à un cas de charge
exceptionnel ultime pour lequel l’instabilité de l’ouvrage (perte d’équilibre de tout
ou partie de la structure), l’instabilité de forme (tel le flambement), la rupture
des matériaux, les défaillances provoquées par la fatigue doivent être évitées.
Etant donné les incertitudes sur l’acier (continuité des qualités, contraintes
résiduelles), les charges (valeur, distribution, mode d’application…), les formes
géométriques (tolérance de laminage), méthodes de calcul (emploi de théories
à la limite de leur application), on affecte les sollicitations de coefficients de
sécurité ou d’« incertitude ». Rappel les sollicitations sont données dans les
pièces du marché (CCTP ou CCTG) et dans les normes EN 1991 (Eurocode 1)

1.2.1.2. Classification des actions


o Actions permanentes « G »
Poids propre : densité de l’acier 7,85 ; Béton 2,5
Equipements fixes (couverture, bardage, isolant, cloisons…)

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Déformations permanentes imposées
Efforts de précontrainte et efforts internes de montage

o Actions variables « Q »
Charges d’exploitations (EN 1991-1-1)
Le vent (EN 1991-1-4)
La neige (EN 1991-1-3)
La température (EN 1991-1-5)
Toutes autres charges prévues pour le cahier (pont roulant…)

o Actions accidentelles « A »
Séismes (EN 1998)
Incendies (EN 1991-1-2)
Chocs, explosions ((EN 1991-1-7))

Remarques : certaines actions (séismes, neige…) peuvent être considérées comme


accidentelles et ou variables.

1.2.1.3. Valeurs caractéristiques des actions


Permanentes : Gk
Variables : Qk
Accidentelles : Ad
Sismiques : AEd

1.2.2. Combinaisons d’actions valeurs des pondérations (EN1990)


Combinaisons : Actions permanentes G, Actions variables Q, Actions accidentelles A
N actions variables : 1 action variable dominante Q1, actions d’accompagnement Qi
(1<i≤n)
L’Annexe Nationale prévoit que la prise en compte de plus de 2 actions variables doit
être spécifiée pour chaque projet individuel.

1 combinaison : Gd ou ΣGd,j + Qd,1 + Ad (éventuellement)

L’Eurocode est un règlement par « pondération de charges ».


Ci-dessous les représentations usuelles.

o ELU

Σj≥1 γG,j Gk,j + γQ,1 Qk,1 + Σi>1 γQ,i ψ0,i Qk,i


Avec :
γG,j =1,35 si actions défavorables ; 1,00 si actions favorables
γQ,1 =1,50
γQ,i =1,50

o ELS

Σj≥1 Gk,j + Qk,1 + Σi>1 ψ0,i Qk,i

Construction métallique 1 Février 2020 15|139


1.2.3. Valeurs limites des déformations
Le règlement recommande les valeurs limites suivantes (EN1993-1-1 AN) :

Construction métallique 1 Février 2020 16|139


Construction métallique 1 Février 2020 17|139
1.2.4. Effets dynamiques
Les effets dynamiques à prendre en compte à l’ELS doivent vérifier que les fréquences
propres des structures sont suffisamment différentes de celles de la source
d’excitation afin de se prémunir contre tout phénomène de mise en résonance :
o Pour les planchers courants de logements, de bureaux… :
f > 3Hz (vérifié si wtot < 28mm)
o Pour les planchers moins courants de gymnases, discothèques… :
f > 5Hz (vérifié si wtot < 10mm)

Construction métallique 1 Février 2020 18|139


1.2.5. Facteurs partiels de sécurité
Les résistances de calcul sont affectées d’un facteur partiel de sécurité γ Mi dont les
valeurs sont les suivantes :
o Résistance des sections transversales, quelle que soit la classe de section : γM0
= 1,0
o Résistance des barres aux instabilités, évaluée par vérifications de barres : γM1
= 1,0
o Résistance à la rupture des sections transversales en traction : γM2 = 1,25
o Résistance des assemblages : voir EN1993-1-8

1.2.6. Classification des sections


Le chapitre 5.5 de l’EN1993, introduit le nouveau et très important concept de
« classes de sections transversales » des profils en acier. Cette classification des
sections transversales permet de préjuger de leur résistance ultime en flexion et/ou
compression, compte tenu du risque de voilement local et ainsi :
o De guider le choix de l’analyse globale de la structure
o De fixer les critères à vérifier pour les sections et les éléments

Quatre classes de sections sont ainsi définies en fonction des élancements


largeur/épaisseur des parois qui es constituent et de la limite d’élasticité de l’acier
(§5.5.2 de l’EN1993-1-1) :

o les sections transversales de Classe 1 sont celles dans lesquelles peut se former
une rotule plastique pouvant atteindre sans réduction de résistance la capacité
de rotation requise pour une analyse plastique
o les sections transversales de Classe 2 sont celles dans lesquelles peut se
développer leur moment résistant plastique, mais qui possèdent une capacité de
rotation limitée à cause du voilement local ;
o les sections transversales de Classe 3 sont celles pour lesquelles la contrainte
calculée dans la fibre comprimée extrême de la barre en acier en supposant une
distribution élastique des contraintes peut atteindre la limite d'élasticité, mais
pour lesquelles le voilement local est susceptible d'empêcher le développement
du moment résistant plastique
o les sections transversales de Classe 4 sont celles pour lesquelles le voilement
local se produit avant l'atteinte de la limite d'élasticité dans une ou plusieurs
parois de la section transversale.

Construction métallique 1 Février 2020 19|139


Construction métallique 1 Février 2020 20|139
1.2.7. Résistance des sections

1.2.7.1. Effort axial de traction (§6.2.3 – EN1993–1-1)


Dans un élément sollicité en traction axiale, l’effort de traction N dans chaque section
transversale doit rester inférieur à l’effort résistant de traction, soit :

Pour les sections comportant des trous, il convient de prendre la valeur de calcul Nt,Rd
de la résistance à la traction égale à la plus petite des valeurs suivantes :

a) la valeur de calcul de la résistance plastique de la section transversale brute :

b) la valeur de calcul de la résistance ultime de la section transversale nette au droit


des trous de fixation :

c) la valeur de calcul de la résistance plastique de la section nette pour les


assemblages par boulons précontraints à l’ELU :

Aire nette (Anet) : Il convient de prendre l'aire nette d'une section transversale égale à
son aire brute diminuée des déductions appropriées pour tous les trous et autres
ouvertures.

La loi de Hooke permet de vérifier l’allongement d’une barre sous un effort de


traction :
Δl/l = N/(E.A) ou σ = Eε
Il s’agit là d’un calcul de déformation, donc l’effort de traction N est pris à l’ELS.

Exemples d’éléments en traction simple :


o Suspentes de ponts suspendus
o Dans les ossatures de toiture : liernes ou liens de pannes
o Dans les stabilités : les croix de Saint André
o Les diagonales et certaines membrures de poutres treillis (suivant leur sens)

Construction métallique 1 Février 2020 21|139


Construction métallique 1 Février 2020 22|139
1.2.7.2. Effort axial de compression (§6.2.4 – EN1993–1-1)
Dans un élément sollicité en compression axiale, l’effort de compression N dans
chaque section transversale doit rester inférieur à l’effort résistant de compression,
soit :

Il convient de déterminer la valeur de calcul Nc,Rd de la résistance de la section


transversale à la compression uniforme de la façon suivante :

pour les sections transversales de Classe 1, 2 ou 3

pour les sections transversales de Classe 4

Construction métallique 1 Février 2020 23|139


1.2.7.3. Moment fléchissant (§6.2.5 – EN1993–1-1)
Exemples de pièces travaillant en flexion simple
o Poutres de ponts : sur 2 appuis ou travées continues
o Poutres de plancher
o Potelets ou lisses de bardage

Vérification à l’ELU
En l’absence d’effort tranchant, la valeur de calcul MEd du moment fléchissant dans
chaque section transversale doit satisfaire :

La valeur de calcul de la résistance d'une section transversale à la flexion par rapport


à l'un de ses axes principaux est déterminée de la façon suivante :

pour les sections transversales de Classe 1 ou 2 (moment


résistant plastique)

pour les sections transversales de Classe 3 (moment


résistant élastique)

pour les sections transversales de Classe 4 (moment résistant


au voilement local)

En calcul élastique (cas le plus courant) on doit vérifier : σf = (Mf.v)/I < σe (sauf classe
4)

Vérification à l’ELS
Wmax < Wadm(1)
W3 < Wadm(2)
La flèche est calculée à l’aide de formules RdM ou abaques.
ATTENTION : POUR LES FLECHES, CHARGES NON PONDEREES
o Poutre sur 2 appuis avec une charge linéaire répartie : f = (5.q.l4)/(384.E.I)
o Poutre sur 2 appuis avec une charge ponctuelle centrée : f = (P.l3)/(48.E.I)

Construction métallique 1 Février 2020 24|139


1.2.7.4. Effort tranchant (§6.2.6 – EN1993–1-1)
La valeur de calcul VEd de l'effort tranchant dans chaque section doit satisfaire :

Vc,Rd est la valeur de calcul de la résistance au cisaillement. Pour le calcul plastique,


Vc,Rd est la valeur de calcul Vpl,Rd de la résistance plastique au cisaillement. En l'absence
de torsion, la valeur de calcul de la résistance plastique au cisaillement est donnée par
l'expression :

Où Av est l’aire de cisaillement

pour les profils en I ou H laminés, efforts parallèles à l’âme.

pour sections soudées en I ou H laminés, efforts parallèles à l’âme.


En outre la résistance au voilement par cisaillement doit être vérifiée comme suit :

pour une âme PRS non raidie. η peut être pris en se plaçant du côté de la
sécurité égal à 1,0.

Construction métallique 1 Février 2020 25|139


1.2.7.5. Torsion uniforme (ou de Saint-Venant) (§6.2.7 – EN1993–1-1)
Pour les barres soumises à une torsion et pour lesquelles les déformations
distorsionnelles peuvent être négligées, il convient de vérifier que la valeur de calcul
du moment de torsion TEd au niveau de chaque section transversale satisfait la
condition :

Ted = (Mt.emax)/ It
TRd = σe/√3
Θ = Mt/(G. It)
Avec It inertie de torsion transversale

1.2.7.6. Moment fléchissant et effort tranchant (§6.2.8 – EN1993–1-1)


Le moment résistant plastique d’une section transversale est réduit par la présence de
cisaillement. Si l’effort tranchant est faible, cette réduction est négligeable. En
revanche, dès que l’effort tranchant dépasse la moitié de l’effort tranchant plastique
résistant, il faut prendre en compte son interaction sur le moment résistant plastique.
Soit :
Si VEd < 0,5Vpl,Rd alors MEd < Mc,Rd
Si VEd > 0,5Vpl,Rd alors MEd < MV,V,Rd

Avec :

avec et

Construction métallique 1 Février 2020 26|139


1.2.8. Flambement simple

1.2.8.1. Vérification réglementaire du flambement (§6.3.1 – EN1993–1-1)


Le flambement simple affecte les pièces soumises à la compression.
Son étude est due à Euler. La théorie d’Euler est fondée sur une poutre droite, bi-
articulée à ses extrémités, soumise à un effort normal de compression centré N,
appliqué suivant l’axe longitudinal de la poutre, dont les dimensions transversales sont
faibles en regard de la longueur (grand élancement).
En cas de sollicitation Ned de compression simple la section doit satisfaire la
condition :

Construction métallique 1 Février 2020 27|139


Construction métallique 1 Février 2020 28|139
Construction métallique 1 Février 2020 29|139
1.2.8.2. Longueurs de flambement

Construction métallique 1 Février 2020 30|139


Construction métallique 1 Février 2020 31|139
1.3. Poutres en treillis

1.3.1. Définitions - Hypothèses


Les poutres treillis sont un assemblage de barres rectilignes se trouvant dans un
même plan et articulées entre elles.
Intérêt : dans le cas où la hauteur disponible est suffisante (H/L courant : 1/25 à
1/15), ces poutres sont plus légères que les poutres à âmes pleines et leur structure
« ouverte » permet le passage de nombreuses gaines. Ces poutres sont intéressantes
pour des portées aux alentours de 20m et au-delà. Toutefois le coût de fabrication
peut conduire à une solution en profilés laminés à âme pleine.
Hypothèses générales de calcul :
o Les barres sont rigides et indéformables (l’allongement des barres est faible,
mais le cumul de ces déformations permet une évaluation des flèches).
o Les barres sont articulées entre elles (la raideur des fixations sur gousset
représente des encastrements négligeables).
o Les axes neutres des barres sont concourants au nœud où aboutissent les barres.
o Les forces sont appliquées aux nœuds, en conséquence, les barres ne peuvent
être que tendues ou comprimées. Dans le cas de forces appliquées en dehors
des nœuds, on cumulera les contraintes normales à celles dues à la flexion locale.

Définitions :

Construction métallique 1 Février 2020 32|139


1.3.2. Méthode de calcul

1.3.2.1. Méthode des nœuds

On écrit pour chaque nœud l’équilibre des forces transmises au nœud par les barres et
des forces extérieures qui lui sont appliquées.

1.3.2.2. Méthode de Ritter

On écrit que le système S (FCD, FAD, FAB) des forces transmises par les barres de la
partie gauche à la partie droite est équivalent au système des forces appliquées à la
partie gauche. La méthode de Ritter consiste à écrire les moments résultants des 2
systèmes par rapport aux points d’intersection des membrures.

Construction métallique 1 Février 2020 33|139


1.3.2.3. Remarques sur le fonctionnement des poutres treillis

Les membrures jouent le rôle des ailes des poutres à âme pleine et « absorbent » le
moment fléchissant. Les efforts dans ces membrures valent : N = Mf/h.
Les diagonales absorbent l’effort tranchant, les efforts dans ces barres valent : N =
V(x)/cos(α).

Construction métallique 1 Février 2020 34|139


1.3.3. Longueurs de flambement
Poutres treillis

Avec L = distance entre points d’épure. Au moins 2 boulons par assemblage.

Construction métallique 1 Février 2020 35|139


1.3.4. Déformations
Les déformations globales des treillis sont dues au cumul de l’allongement des barres
simples sous sollicitations de traction ou de compression.
Les déformations dues à l’effort tranchant ne doivent pas être négligées et on peut les
déterminer par l’une des approximations suivantes :
o Pour les poutres treillis courantes, on calcule la flèche due à Mf en prenant E =
160000 MPa.
o Méthode de l’âme équivalente : f = Mf(x=L/2)/(G.Aa). Cette flèche due à l’effort
tranchant est à cumuler à la flèche due à Mf calculée de façon classique (Avec E
= 210000 MPa).
Avec :
o Treillis en V symétrique :

o Treillis en N :

Construction métallique 1 Février 2020 36|139


1.4. Assemblages
Les assemblages sont indissociables de la construction métallique : D’une part, la
réalisation d’ouvrages nécessite obligatoirement de relier entre eux des éléments de
formes et longueurs différentes. D’autre part, ce sont les « talons d’Achille » des
structures métalliques. Ils doivent donc être étudiés avec soin.

La conception des structures fait appel dans un premier temps à des calculs basés sur
des hypothèses de résistance des matériaux. Pour des calculs, les structures sont
assimilées à un ensemble de barres reliées entre elles par des liaisons. Le type de
liaison entre les barres est choisi par l’ingénieur parmi trois possibilités de
fonctionnement. Ce choix est une hypothèse importante dans les calculs de structure.
Les trois types de liaisons sont les suivants :
o L’appui simple : il ne peut reprendre qu’une charge dont le sens est donné par
le degré de liberté supprimé appelé également appui glissant).
o L’articulation : elle permet toutes les rotations et ne transmet donc pas de
moment (appelée également rotule).
o L’encastrement : il transmet intégralement les efforts et déplacements, tous les
degrés de liberté sont supprimés au niveau de la liaison. Il s’agit d’un assemblage
rigide qui assure une parfaite continuité.
o Il existe un quatrième cas : la liaison « semi rigide » qui se situe entre la rotule
et l’encastrement et qui demande une approche théorique plus complexe.

Toute la difficulté réside dans l’assurance que les écarts entre hypothèses de calcul et
comportement réel des assemblages ne conduisent pas à des problèmes.

Nous allons aborder deux types d’assemblages : les assemblages soudés puis les
assemblages boulonnés

Attention : il est formellement interdit de réaliser un assemblage utilisant à la fois la


soudure et les boulons ordinaires. Ceci est du au fait qu’un assemblage boulonné
présente toujours un peu de jeu, sa mise en charge est donc associé à un léger
déplacement des pièces entre elles, ce qui provoque alors un passage de la totalité
des efforts dans la soudure, ce pour quoi elle n’aurait pas été calculée.

1.4.1. Attaches soudées (§4 – EN1993–1-8)


Nous nous limiterons dans ce cours à rappeler le calcul des cordons de soudure
d’angle dans les assemblages selon l’EC3.

1.4.1.1. Définition de soudures d’angle ou de pleine section

(Voir Annexe) Soudures sans chanfrein (pour t<10mm), avec chanfrein (pour
t>10mm), pleine section, interpénétrées (soudure pour la fatigue, poutre de
roulement) dans ce cas pas de calcul puisque l’on a recréé la section, mais il faut un
contrôle.

On définit un cordon d’angle par sa gorge « a » et sa longueur utile « l » : l = l0 – 2a,


l0 étant la longueur réelle, ceci pour tenir compte de la mauvaise qualité de la soudure
au moment de l’amorçage de l’arc.

Construction métallique 1 Février 2020 37|139


1.4.1.2. Vérification d’après l’EC3

Nuances d’acier Facteur de corrélation βw


S235 0,80
S275 0,85
S355 0,90
S420 1,00
S460 1,00

Dans le cas d’assemblage avec des aciers de nuances différentes, la limite d’élasticité
à retenir est celle de la nuance la plus faible.

Cas particuliers :
Cordons frontaux. On vérifie : N.√2/(Σa.l) ≤ fu/(βw.γM2)
Cordons latéraux. On vérifie : N.√3/(Σa.l) ≤ fu/(βw.γM2)

Construction métallique 1 Février 2020 38|139


Avec amin = 3mm
Règle du pouce : a = min (√tmax ; 0,7xtmin)

1.4.1.3. Méthode simplifiée (§4.5.3.3 – EN1993–1-8)


Il existe une formule enveloppe qui place en sécurité, quelle que soit l’orientation du
cordon de soudure et de l’effort :

Cette méthode simplifiée est moins économique que celle vue précédemment, mais
elle présente l’avantage d’être simple et rapide (intéressant pour le pré
dimensionnement d’assemblages sophistiqués)

1.4.1.4. Dispositions constructives (d’après la NFP22-470)


Valeur de amax :
En fonction de l’épaisseur de la pièce la plus mince, la valeur maximale de gorge d’une
soudure d’angle doit répondre à l’une des conditions suivantes :
o Pour tmin ≤ 7mm, a = tmin
o Pour tmin > 7mm, la gorge « a » ne doit pas être supérieure à la plus petite des
valeurs : (tmin+7)/2 et 15mm

Construction métallique 1 Février 2020 39|139


1.4.2. Attaches par boulons ordinaires (§3 – EN1993–1-8)
L’assemblage par boulons ordinaires consiste à exercer une pression sur les pièces à
assembler (serrage) et constitue un clavetage. La mise en œuvre ne nécessite aucun
contrôle et la pose se fait à l’aide d’une clé simple ou d’une clé à choc, avec parfois
l’interposition d’une rondelle frein.
Nota : 1 boulon = 1 vis + 1 écrou.

1.4.2.1. Caractéristiques mécaniques des boulons


Les caractéristiques mécaniques des boulons nécessaires aux calculs sont : la limite
d’élasticité fyb et la résistance ultime à la traction fub. Pour une classe X.Y donnée, fyb
est égale à 10.X.Y et fub à 100X, toutes deux exprimées en MPa.

Pour chaque diamètre caractéristique de boulon on a 2 sections. A = section de la tige


lisse et As = section de la tige filetée. L’utilisation de A impose de faire attention dans
le dessin des attaches et génère des risques d’erreurs sur chantier si on n’utilise pas
les boulons à bonne longueur. On préfèrera l’utilisation de A s).

Construction métallique 1 Février 2020 40|139


1.4.2.2. Coefficients partiels de sécurité
o Résistance des boulons en cisaillement et traction : γM2 = 1,25

1.4.2.3. Résistance de calcul des boulons


Fv,Ed représente l’effort tranchant sollicitant par boulon.
Ft,Ed représente l’effort normal sollicitant par boulon.

Construction métallique 1 Février 2020 41|139


Construction métallique 1 Février 2020 42|139
1.4.2.4. Dispositions constructives
Les distances entre axes des boulons ainsi qu’entre axes des boulons et bords des
pièces (pinces) sont limitées par :
o Des valeurs minimales pour faciliter la mise en place des boulons et éviter le
déchirement des tôles (à la manière des timbres-poste : arrachement de blocs)
o Des valeurs maximales pour conserver un bon contact entre les pièces
assemblées (ce qui augmente le frottement et limite les risques de corrosion) et
éviter des assemblages trop longs avec risque de voilement local.

Construction métallique 1 Février 2020 43|139


Construction métallique 1 Février 2020 44|139
Le domaine d’utilisation des boulons (diamètre d en mm) en fonction de l’épaisseur t
(en mm) des pièces est à peu près le suivant (entre parenthèses, les diamètres les
moins utilisés) :
o t<10m : d = 12, (16)
o 10≤t≤25 : d = 16, 20, 24
o t>25 : d = 24, (27), (30)
Dans le cas d’assemblages longs (L>15d), les valeurs théoriques de résistance doivent
être réduites.

Construction métallique 1 Février 2020 45|139


1.4.3. Attaches par boulons précontraints (§3.9 – EN1993–1-8)

1.4.3.1. La naissance des boulons « haute résistance » (HR)


D’une part, les structures sont de plus en plus sollicitées, franchissent des portées de
plus en plus importantes avec une sécurité accrue en utilisant des sections moindres.
Aussi, les sections d’assemblages doivent transmettre des sollicitations importantes et
les boulons ordinaires ont tendance à ne plus suffire…
D’autre part, le boulon ordinaire « travaille au cisaillement » lorsque les pièces
assemblées se sont déplacées, déplacement qui est parfois néfaste à la structure.
La soudure apparaît logiquement comme la solution, mais elle ne peut pas être mise
en œuvre systématiquement.
Les boulons HR, par la haute résistance de leur acier, par l’immobilité des pièces
assemblées sont donc la solution. De plus on pourrait envisager dans ce cas des
assemblages mixtes soudure-boulons HR. Enfin, dans le cas d’assemblage soumis à
des efforts variables répétés, seule une petite part de la force de traction extérieure
est reprise directement par le boulon, ce qui lui confère un bon comportement à la
fatigue.

1.4.3.2. Principe
En appliquant dans les boulons un effort de serrage intensif (précontrainte), les
éléments à assembler sont comprimés, ce qui créé une force de frottement qui
s’oppose au glissement des faces de contact lorsque l’assemblage est soumis à un
effort extérieur tangentiel dirigé perpendiculairement à l’axe des boulons.

L’assemblage est en équilibre pour F<µ.Pv avec µ coefficient de frottement.


On utilise 2 types de boulons HR :
o HR8.8 ou type 2
o HR10.9 ou type 1

1.4.3.3. Mise en œuvre (cf. norme NFP22-462 à 22-469)


Préparation des surfaces en contact
o Simple brossage et dégraissage : µ = 0,3
o Sablage ou grenaillage : 0,35<µ<0,45
o Grenaillage par grains anguleux et contrôle au Rugotest : µ>0,45
o Pièces galvanisées µ = 0,18

Attention : Ne jamais peindre des zones qui seront assemblées par boulons HR.

Construction métallique 1 Février 2020 46|139


Perçage des trous à Ø+1 ou 2mm
Serrage des boulons : il s’agit d’exercer une précontrainte Pv en appliquant un couple
C sur les boulons. Une relation simple donne : C = k.Pv.d avec k ≈ 0,18
Aujourd’hui les couples de serrage doivent impérativement être indiqués sur chaque
boîte de boulons.
La méthode la plus utilisée actuellement est le serrage par clé dynamométrique, c'est-
à-dire qu’elle tourne dans le vide à partir du couple de serrage demandé.
Il existe également, avec les boulons HRC, une variante qui permet de serrer les
boulons avec une clé électrique par l’intermédiaire d’une surlongueur de la tige filetée
du boulon qui casse au couple de serrage souhaité.
Le serrage des boulons HR soit être contrôlé sur site et ce contrôle doit être formalisé.

1.4.3.4. Calculs

γM3 = 1,1

Construction métallique 1 Février 2020 47|139


γM3,ser = 1,25

o Assemblages sollicités par M, N, V :


On doit vérifier que chaque boulon reprend V/nb et que Mrésistant = ΣNi.di>MEd

Construction métallique 1 Février 2020 48|139


Il convient parallèlement de vérifier la résistance de l’âme du poteau :
o Dans la zone tendue
o Dans la zone comprimée
o Dans la zone cisaillée

L’application de l’EC3 est « laborieux » et ne doit être envisagée qu’avec un outil


informatique.

1.4.3.5. Prédimensionnement
La vérification selon les normes étant laborieuse, une méthode de
prédimensionnement est proposée dans la revue N°4 de 1972 du CTICM.
Méthode : on connaît M, on se donne a priori un nombre de boulons et on déduit la
valeur de F, donc le diamètre du boulon à adopter.
Pour l’épaisseur de la platine on a :
e = F/ [375.(ta/ca + ts/cs)] si il est prévu des boulons extérieurs.
e = F/ [375.(ta/ca + ts/2cs)] si il n’y a pas de boulons extérieurs.
Avec F en kg et e en mm.

1.4.4. Classification des assemblages (§5.2 – EN1993–1-8)


Les caractéristiques principales d’un assemblage sont leur rigidité, leur résistance et
leur capacité de rotation.

o Classification par rigidité


La courbe 1 de la figure b représente un assemblage articulé qui n’a pas de rigidité à
la flexion, il ne peut transmettre de moment fléchissant. La courbe 2 représente un
assemblage qui peut transmettre un moment fléchissant pour une faible rotation : on
parle d’assemblage rigide. La transmission d’un certain moment est aussi possible
avec des assemblages moins rigides (courbe 3) : on parle d’assemblage semi-rigide.

Construction métallique 1 Février 2020 49|139


o Classification par résistance
Il est particulièrement important que les assemblages dont la fonction est de relier les
différents éléments d’une structure aient une résistance suffisante. Lorsque la
résistance de calcul d’un assemblage est supérieure à celle de l’élément assemblé, on
parle d’assemblage à résistance complète. Sinon on a des assemblages résistance
partielle.
o Assemblages semi-rigides
L’EC3 traite des liaisons semi-rigides, notion jusqu’alors non abordée dans les codes
précédents.
L’intérêt des liaisons semi-rigides pour certaines classes de structures est :
o Une distribution mieux équilibrée des sollicitations, intéressante dans le cas
d’utilisation de profilés aminés d’inertie constante.
o Une diminution du coût de réalisation des assemblages par l’utilisation de
dispositifs technologiques simples (utilisation de cornières et boulons, la cornière
inférieure servant d’appui au montage).

Construction métallique 1 Février 2020 50|139


1.4.5. Généralités sur la construction tubulaire (§7 – EN1993–1-8)

(≈150€/t)

o Dispositions constructives

o Vérification des assemblages :

Construction métallique 1 Février 2020 51|139


o Exemple

Construction métallique 1 Février 2020 52|139


Construction métallique 1 Février 2020 53|139
Construction métallique 1 Février 2020 54|139
2. Vérification plastique
Bien que l’Angleterre dispose depuis 1948 d’un règlement permettant le calcul
plastique de certaines ossatures métalliques, il a fallu attendre 1975 pour que les
constructeurs français puissent tirer avantage des propriétés plastiques de l’acier.
Actuellement, avec l’application de l’Eurocode 3 le calcul en plasticité des constructions
métalliques est plus largement permis et développé. Il ne semble plus possible
désormais d’ignorer la phase plastique.

2.1. Critère de plasticité pour les barres

2.1.1. Moment de flexion


Considérons une poutre sur 2 appuis simples, de section rectangulaire bxh, et chargée
en son milieu (figure 3). Lorsque la force P augmente, les contraintes et déformations
dans la section la plus sollicitée, à mi portée, passent par les états indiqués à la figure
4. Le moment de plastification Mp (fig.4c) vaut :

Avec Z module plastique de la section qui vaut 2 fois Sz, moment statique.
Dans le cas de la section rectangulaire, [1] s’écrit :

On a aussi :

Soit :
Le rapport f appelé facteur de forme, est compris entre 1,10 et 1,20 pour les sections
en I fléchies par rapport à leur axe de grande inertie. Si Ye désigne la distance entre
l’axe neutre et la fibre plastifiée la plus proche, on peut écrire lorsque Mel < Med <
Mpl. (Ruine si Med≥Mpl)

Pour une section rectangulaire, [2] s’écrit (dA = b.dy)

Plastification le long de la barre

Construction métallique 1 Février 2020 55|139


Le moment dans la barre a pour expression (fig.14) :
[4]

Construction métallique 1 Février 2020 56|139


En égalant les expressions [3] et [4], on obtient l’équation de la courbe limitant les
zones élastiques et plastiques dans la barre, Cette courbe est composée de deux
portions de parabole :

De [5], pour x=0, on obtient

- Pour ye=h/2 (fin de zone plastifiée) :

La longueur Lp de la zone partiellement plastifiée vaut :

Si Mp = PL/4, alors :
[6] devient ye = 0 : la section médiane est entièrement plastifiée, donc il y a ruine de
la poutre (rotule au milieu = mécanisme fig.17)
[7] devient Lp = L/3

On retrouve la dernière valeur en écrivant pour la figure 15 la relation de triangles


semblables suivante :

Pour un rectangle : 1 - 1/f = 1-2/3 = 1/3


Section courante en I : 1-1/f = 0,13

Critère de plasticité pour une section fléchie : lMl < Mpl

2.1.2. Effort normal


En élasticité, dans une section soumise uniquement à un effort normal, la contrainte
est constante et égale à l’effort normal divisé par l'aire de la Section. La contrainte
limite en élasticité σe est atteinte simultanément en tous points de la section. L’effort
normal ultime, noté Np, est appelé effort normal de plastification.

Critère de plasticité : lNl = Npl = A.σe

2.1.3. Moment de flexion et effort normal


Lorsque les charges P et N augmentent, le diagramme des contraintes dans la section
centrale passe par les états représentés a la figure 24. Les efforts « limite élastique »
(M, N)e et « ultime » (M, N)u correspondent aux figures 24.a et 24.c.
Le dernier diagramme (fig.24.c) peut être décomposé en deux parties (fig.25).
Les expressions des efforts ultimes Mu et Nu sont :

Construction métallique 1 Février 2020 57|139


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Ces deux équations forment une représentation paramétrique de la courbe
d’écoulement, appelée aussi courbe d’interaction, liant les efforts ultimes (M, N)u dans
une section. Elle dépend de la géométrie de la section. Lorsqu’on élimine le paramètre
y0 dans [8], on obtient le critère de plasticité pour un type de section.
Pour une section rectangulaire, de hauteur h et de largeur b, on a :

En substituant dans [10], y0 = Nu/2.b.σe, on obtient :

Avec Np = b.h.σe et Mp = b.h².σe/4, on écrit :

Critère de plasticité pour une section rectangulaire


La figure 26 représente la courbe d’interaction pour une section rectangulaire.
La figure 29 représente la courbe d’interaction pour une section HE.
La figure 30 représente la courbe d’interaction pour une section IPE.

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Construction métallique 1 Février 2020 60|139
Gain de matière possible avec le calcul en plasticité

2.2. Intérêt de la plasticité


Le calcul en plasticité conduit à une économie de matière appréciable pour les
structures fortement hyperstatiques du type « cadres rectangulaires » ou pour les
poutres continues à inertie constante où la redistribution des moments peut se
développer. Pour ce qui concerne les portiques simples, ceux-ci sont bien souvent
constitués de traverses comportant des jarrets d’encastrement, l’épure de matière est
donc adaptée à la courbe de moment fléchissant et donc proche de l’optimum.
Les calculs en plasticité des structures nécessitent de procéder à un calcul pas-à-pas
pour connaitre les efforts à chaque apparition de rotules plastiques jusqu’à la
formation d’un mécanisme qui provoquera l’effondrement de la structure. Ces calculs

Construction métallique 1 Février 2020 61|139


deviennent vite complexes à résoudre manuellement et il faut faire appel à
l’ordinateur.

Exemple numérique :
Données : poutre de toiture, portée de 4 mètres.
Chargement : Qels = 17 kN/ml. Qelu = 25 kN/ml.
Vérification avec un IPE200-S235JR

ELS : f = (5.17.40004)/(384.210000.1943,2.104) = 13,9mm L/288 < L/200


ELU: MyEd = 25.4²/8 = 50kN.m. σf = 50.106/194,3.103 = 257MPa > σe = 235MPa
8 194,3
Cela ne passe pas en calcul élastique.
Vérification plastique :
Section de classe 1 en flexion :
MplyRd = Wpl.fy/γM0 = 220,6 x 235/1.103 = 51,8kN.m
La section convient car MyEd = 50kN.m < MplyRd = 51,8kN.m
Aucune section n’est entièrement plastifiée.

2.3. Justification réglementaire : Eurocode 3


Dans le cadre du projet de Marche Unique Européen, afin d'éliminer toutes entraves
techniques aux échanges, la mise en place de nouvelles normes était impérative.
Compte tenu de la participation des experts de différents pays à la rédaction de
l’Eurocode 3, celui-ci intègre l’expérience et les connaissances les plus modernes en
matière de mécanique des structures dont nous allons succinctement présenter dans
ce chapitre le contenu.
Toutefois, il ne faut pas oublier que son utilisation a été envisagée avec l’aide de
l’informatique.

2.3.1. Classification des sections (rappel)


Le chapitre 5.5 de l’EN1993, introduit le nouveau et très important concept de
« classes de sections transversales » des profils en acier. Cette classification des
sections transversales permet de préjuger de leur résistance ultime en flexion et/ou
compression, compte tenu du risque de voilement local et ainsi :
o De guider le choix de l’analyse globale de la structure
o De fixer les critères à vérifier pour les sections et les éléments

Quatre classes de sections sont ainsi définies en fonction des élancements


largeur/épaisseur des parois qui es constituent et de la limite d’élasticité de l’acier
(§5.5.2 de l’EN1993-1-1) :

o les sections transversales de Classe 1 sont celles dans lesquelles peut se former
une rotule plastique pouvant atteindre sans réduction de résistance la capacité
de rotation requise pour une analyse plastique
o les sections transversales de Classe 2 sont celles dans lesquelles peut se
développer leur moment résistant plastique, mais qui possèdent une capacité de
rotation limitée à cause du voilement local ;
o les sections transversales de Classe 3 sont celles pour lesquelles la contrainte
calculée dans la fibre comprimée extrême de la barre en acier en supposant une
distribution élastique des contraintes peut atteindre la limite d'élasticité, mais
pour lesquelles le voilement local est susceptible d'empêcher le développement
du moment résistant plastique
o les sections transversales de Classe 4 sont celles pour lesquelles le voilement
local se produit avant l'atteinte de la limite d'élasticité dans une ou plusieurs
parois de la section transversale.
A noter que l’Eurocode 3 autorise deux dérogations pour déterminer la résistance
ultime des sections de classe 3 :

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o il est possible de plastifier partiellement la partie tendue de la section lorsque la
limite élastique est d’abord atteinte dans la fibre extrême tendue
o lorsque la section a une semelle comprimée de Classe 2 et une âme de Classe 3,
sa résistance peut être prise égale a la résistance plastique de la section dans
laquelle l’âme a une aire efficace réduite déterminée selon une méthode
présentée au §4,3.3 de l’EC4 (voir ci-dessous)

Construction métallique 1 Février 2020 63|139


Une section est classée en fonction de l’élancement largeur/épaisseur des parois qui la
composent (âme, semelle) et des sollicitations auxquelles elle est soumise. Les
tableaux 5.2 de l’EC3 (fournis en annexe en S3) rassemblent les élancements limites à
ne pas dépasser pour les Classes 1, 2 et 3. Les parois dont l’élancement est supérieur
à l'élancement limite de la Classe 3 sont de Classe 4.
La classe d’une section est normalement définie par la classe de plus grand numéro
des parois qui la composent. On pourra également mentionner explicitement la classe
des semelles et âmes.
Les coefficients partiels de sécurité γM affectés aux résistances ultimes caractéristiques
sont différents selon la classe de section considérée : γM0 pour les Classes 1,2 et 3, γM1
pour la Classe 4.
Les tableaux des caractéristiques mécaniques des profils (fournis en annexe en S3)
donnent les classes des sections pour les nuances S235, S355 et S460 (pour S275,
prendre les mêmes classes que S235).
Le calcul des caractéristiques de section efficace des sections transversales de Classe
4 est fondé sur les largeurs efficaces des parois comprimées.

Construction métallique 1 Février 2020 64|139


3. Méthodes d’analyse des structures
Les textes de conception et de calcul des structures métalliques ont longtemps laissé
l’analyse des structures hors de tout cadre. Cela relevait donc implicitement de la
RDM. Le fait est qu’en France, la détermination des sollicitations par une analyse
élastique classique de premier ordre, plus que largement répandu n’en nécessitait pas
davantage.
Il en va différemment quand on envisage de recourir à une analyse en plasticité de la
structure.
L'Eurocode 3 (chapitre 5) est particulièrement intéressant, car il adopte une démarche
différente de celle de la plupart des codes en laissant une large place au choix de la
méthode d’analyse de l’ossature. Une place d'honneur est réservée à l'analyse au
second ordre, mais l’analyse au premier ordre éventuellement aménagée, reste
possible.
Les organigrammes suivants résument les diverses possibilités offertes au calculateur
pour une structure plane chargée dans son plan.

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Afin d’utiliser au mieux cet organigramme, quelques définitions sont nécessaires :

Ossature contreventée - Ossature non contreventée

Une ossature est qualifiée de contreventée si sa rigidité latérale dans son plan est
assurée par un système de contreventement suffisamment rigide vis-à-vis des charges
horizontales. L’ossature est dite « contreventée » si δa ≤ δs/5 avec δa déplacement
horizontal en tête sous l’action des charges horizontales. δs : déplacement similaire
pour l’ossature dépourvue de son contreventement

Imperfections des ossatures

Par hypothèse, toute ossature est affectée d’imperfections. L’Eurocode fait une
distinction entre les imperfections globales de l’ossature représentées par des faux-
aplomb initiaux des poteaux, et les imperfections des éléments représentées par des
courbures initiales de ceux-ci. Analyser l’ossature directement avec ces imperfections
serait délicat, et l’Eurocode propose une alternative en remplaçant ces déformations
initiales par des forces « extérieures » équivalentes (voir figure ci-dessus).

Analyse au second ordre

Une ossature, soumise à des charges extérieures, subit des déformations et prend
ainsi une configuration déformée. Si ces déformations sont importantes elles ont pour
effet de modifier la géométrie de l’ossature d’une manière telle que l’on ne peut plus
se contenter d’une analyse dans la configuration initiale (voir transparent CM-115).
L’analyse qui se limite à rechercher les sollicitations sur la base de la géométrie initiale
s’appelle « analyse au premier ordre », ou encore « analyse linéaire ». La recherche
directe des sollicitations en prenant en compte l’effet des déformations s’appelle une
« analyse au second ordre ».

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Ossature rigide ossature souple

Une ossature est qualifiée de rigide si sa sensibilité aux charges horizontales est
suffisamment faible pour qu’une « analyse au second ordre » ne soit pas nécessaire.
Le critère de classement est fonction du coefficient d’amplification critique αcr,
déterminé sous les charges verticales seules. Il y a une alternative (§5.2.5.2) décrite

ici pour un portique. Celui-ci est dit rigide si pour une analyse globale
élastique (1/10) et inférieur à 1/15 pour une analyse globale plastique.

L’analyse globale plastique d’une ossature requiert la possibilité de créer des rotules
plastiques dans les éléments et de faire tourner celles-ci pour permettre la
redistribution des sollicitations dans l’ossature. Ce type d’analyse exige donc d’avoir,
au droit des rotules plastiques une capacité de rotation suffisante. Une telle analyse ne
pourra donc être conduite que dans la mesure où les sections susceptibles de se
plastifier sont de Classe 1. Dans le cas contraire, une analyse élastique s’imposera.
Naturellement ce type d’analyse ne peut s’envisager qu’avec l’aide de l’ordinateur,
puisque la structure n’a plus un comportement linéaire, et qu’à chaque apparition de
rotule, soit à chaque nouveau pas de charge le modèle RDM de la structure étudiée
change.

3.1. Assemblages semi rigide


Le paragraphe 5.2.2.4 de l’EC3-1-8 traite des liaisons semi-rigides, notion jusqu'alors
non abordée dans les codes précédents.
L’intérêt des liaisons semi-rigides pour certaines classes de structures, est (voir CM-
117) :
Une distribution mieux équilibrée des sollicitations, intéressante dans le cas
d’utilisation de profilés laminés d’inertie constante.
Une diminution du coût de réalisation des assemblages par l’utilisation de dispositifs
technologiques simples (utilisation de cornières et boulons, la cornière inferieure
servant d’appui au montage).
Les modèles de liaisons parfaites utilisés ne sont pas très réalistes.
La difficulté réside d’une part dans l’établissement de la courbe de moment - rotation
(établie de façon expérimentale ou théorique) et d’autre part dans l’analyse de
structures avec assemblages semi-rigides. Ce dernier point est accessible depuis
l’utilisation des logiciels de calcul.

Construction métallique 1 Février 2020 69|139


Construction métallique 1 Février 2020 70|139
4. Le déversement
Analyse du phénomène :
Soit une poutre en I symétrique, sur deux appuis à fourches, et soumise à de la
flexion pure :

o Si le matériau est parfaitement élastique;


o Si la poutre est parfaitement rectiligne;
o Si la section n’a aucun défaut géométrique ni structural (libre de toutes
contraintes résiduelles notamment)

Le déversement se produira soudainement pour la valeur du « moment critique


élastique »

Expérimentalement, si on charge une poutre en flexion simple, la ruine survient pour


une charge inférieure à celle obtenue par un calcul en flexion simple. Ceci est dû à
l’instabilité de la membrure comprimée. Il y a alors un déplacement latéral de la
poutre, c’est le flambement de la semelle comprimée.

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Dans la pratique, si les bureaux d’étude sont avertis des risques de flambement, le
déversement est souvent « moins bien apprécié ». Ceci peut parfois être très
préjudiciable, surtout lors de l’utilisation de profils minces (pannes Z, Omega) au lieu
de profilés laminés.

4.1. Notion de maintien latéral


Les poutres peuvent être considérées comme maintenues latéralement si :
o un blocage latéral total de la semelle comprimée est assuré, par exemple par un
plancher en béton ou des tôles nervurées

Un blocage latéral de la semelle tendue est pratiquement inutile!


La vérification n’est alors pas nécessaire au déversement.

Les poutres peuvent être considérées comme maintenues latéralement si :


o Il existe des dispositifs de support latéraux de la membrure comprimée, ou des
deux membrures, ou de la section, suffisamment rapprochés (pannes, poutres
transversales, bracons, pouvant être considérés comme points fixes).

La distance entre 2 points de maintiens latéraux définit la longueur L du tronçon


soumis au phénomène de déversement.

4.2. Méthode simple : vérification de la semelle comprimée


seule en flambement
On assimile l’aile comprimée de la section en i à un poteau seul, de section
rectangulaire (simple pour les PRS).

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On calcule l’élancement de la semelle d’où la valeur de ξ avec :

4.3. Vérification réglementaire

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Il convient de vérifier une barre non maintenue latéralement et soumise à une flexion
selon l'axe fort vis-à-vis du déversement de la façon suivante :

MEd est la valeur de calcul du moment fléchissant.


Mb,Rd est le moment résistant de calcul au déversement.
Les poutres dont la semelle comprimée est suffisamment maintenue ne sont pas
sensibles au déversement.
En outre, les poutres possédant certains types de sections transversales, comme les
profils creux circulaires ou carrés, les sections creuses circulaires ou en caisson
carrées reconstituées, ne sont également pas sensibles au déversement.

Il convient de prendre le moment résistant de calcul au déversement d'une poutre non


maintenue latéralement égal à la valeur suivante :

Où :
Wy est le module de résistance approprié pris de la façon suivante :
Wy = Wpl,y pour les sections transversales de Classe 1 ou 2
Wy = Wel,y pour les sections transversales de Classe 3
Wy = Weff,y pour les sections transversales de Classe 4
ΧLT est le coefficient de réduction pour le déversement.

Sauf spécification contraire, pour les barres fléchies à section transversale constante,
il convient de déterminer la valeur de ΧLT, pour l'élancement réduit approprié, par
l'expression :

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La formulation du moment critique peut être réduite en prenant comme hypothèses
simplificatrices kz=1, kw=1 et zg=0 (cas courant) :

Avec :

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5. Vérifications plastiques sous sollicitations
complexes
5.1. Flexion déviée
On rencontre surtout ce phénomène dans les pannes de toiture (panne : voir CM8). En
fait, on préfèrerait ne pas avoir à traiter ce problème mais technologiquement, on doit
incliner les toitures (pluie, écoulement des eaux, fuites) cf. CM2b.

En construction bois, pour éviter ce phénomène, on peut faire un embrèvement dans


la poutre, ce qui n’est pas concevable en construction métallique.

Du fait de l’inclinaison de l’axe principal d’inertie de flexion de la poutre par rapport à


la direction des efforts (G et S notamment), la flexion se décompose en My,Ed et Mz,Ed
(on pourrait décomposer sur l’axe vertical et horizontal, mais le calcul des contraintes
serait compliqué. Voir CM10b

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Dans le cas de la flexion bi axiale, le critère de vérification est :
o Pour les sections de classes 1 et 2

o Pour les sections de classe 3


My,Ed/[Wel,y.(fy/γm0)] + Mz,Ed/[Wel,z.(fy/γm0)] ≤ 1
o Pour les sections de classe 4

Avec eN : décalage de l’axe centroïde

Par contre pour les déplacements, on vérifiera à chaque fois :


Wmax,y < Limite ET W3,y < Limite
Wmax,z < Limite ET W3,z < Limite

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5.2. Flexion composée
Analyse du phénomène, voir CM10c

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Dans le cas de la flexion composée, le premier critère de vérification de stabilité de
l’élément est : (si λmax ≤ 0,2)
o Pour les sections de classes 1 et 2

La vérification est inutile si, simultanément :

Pour la flexion autour de l’axe y-y


Ou

Pour la flexion autour de l’axe z-z

o Pour les sections de classe 3


NEd/[A.(fy/γm0)] + My,Ed/[Wel,y.(fy/γm0)] + Mz,Ed/[Wel,z.(fy/γm0)]
≤1
o Pour les sections de classe 4

Avec eN : décalage de l’axe centroïde

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5.3. Formules générales de stabilité
Quasiment artificiellement, nous nous sommes placés successivement dans les
paragraphes précédents, pour les besoins de la présentation des bases théoriques,
dans la configuration de barres simplement comprimées, puis comprimées et fléchies
dans le seul plan de flambement sans risque de déversement et enfin de poutres en
flexion simple avec risque de flambement. Or dans la réalité nous sommes le plus
souvent confrontés à des éléments comprimés, sollicités en flexion dans l’une et ou
l’autre inerties et donc sujets au déversement.
Globalement, les effets de l’effort normal seront simplement amplifiés d’un coefficient
de flambement. Dans chaque plan de flexion, les amplifications de moment dues à la
présence de l’effort normal sont gouvernées par l’effort normal critique correspondant
au flambement dans ce plan.
Les effets du déversement en flexion sont simplement superposés aux effets de
flambement.

La stabilité de la barre comprimée et fléchie suivant ses deux axes principaux est
vérifiée par deux formules correspondant aux deux directions possibles de flambement
par flexion :

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Les facteurs d’interaction kij sont définis suivant l’annexe A (dite méthode 1) pour la
France.
kyy et kzy font intervenir les facteurs Cmy, Cmz, CmLT, Cyy et Cyz limitant la barre à une
valeur élastique-plastique intermédiaire des moments de plastification.

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6. Les pieds de poteaux
Livres références :
« Les pieds de poteaux articulés en acier » par Yvon Lescouarc’h (CTICM)
« Les pieds de poteaux encastrés en acier » par Yvon Lescouarc’h (CTICM)

Les pieds de poteaux sont des éléments de structure permettant la liaison entre la
superstructure et les fondations en béton. Ils comprennent en général deux parties :
o Une pièce d’appui chargée de transmettre au béton les charges verticales
descendantes et les efforts tranchants,
o Les tiges d’ancrages chargées de transmettre au massif les charges verticales
ascendantes provoquées soit par un moment d’encastrement, soit par le
soulèvement du bâtiment sous l’effet du vent ou d’efforts horizontaux.
On distingue deux catégories d’appareils d’appui :
o Les appuis articulés
o Les appuis encastrés

6.1. Pieds de poteaux articulés


Dispositions constructives : Voir annexe…
Terminologie :
o Platine d’extrémité
o Tiges d’ancrage et clé d’ancrage
o Plaque d’assise
o Bêche
o Préscellement
o Réservation
o Soudure
o Raidisseurs
o Grain d’appui

Construction métallique 1 Février 2020 93|139


On doit transmettre un effort vertical (normal) FEd et un effort horizontal VEd (le
moment est nul). On envisage trois cas :
- Fc,Ed compression maxi et VEd correspondant
- Ft,Ed soulèvement maxi et VEd correspondant
- VEd maxi et FEd correspondant
- Eventuellement le θmax avec FEd et VEd correspondants.
Schéma de sollicitation

Construction métallique 1 Février 2020 94|139


Fc,Ed

VEd

6.1.1. Dimensions de la platine


Elle dépend de l’effort normal, des dimensions du poteau et de la résistance du béton
en compression. Pour un béton courant (C20/25) fcd = 14 MPa. Des valeurs plus fortes
étant possibles suivant la qualité du béton.
On considère que les contraintes normales se répartissent uniformément sous la
platine d’appui, d’où :
Smini = hp.bp = Fc,Ed /fcd
On ajuste hp et bp de la platine d’appui aux dimensions du poteau et de manière à
avoir un débord uniforme. Pour une longueur de platine hp < 30cm, on considère que
l’on a une articulation.
Si 30cm < hp < 60cm, il faut s’assurer que :
- Fc,Ed.hc.θL < 1,5 kN.m (N : effort non pondéré)
- θL.hp <3 mm
(Schéma ci-dessous à gauche)
Ou, si comme dans le cas d’un profilé dont la hauteur est de plus de 60 cm (hc > 60
cm), il faut prendre des dispositions constructives pour adapter le bas du profil.
(Schéma ci-dessous à droite)

6.1.2. La bêche
Si VEd < 0,3.Fc,Ed, le frottement de la platine sur le béton assure la transmission de
l’effort tranchant. Dans ce cas la bêche est inutile. Sinon, la bêche sera dimensionnée
pour reprendre l’intégralité de VEd. Ce qui est la seule solution. En aucun cas, les tiges
d’ancrage ne peuvent reprendre un effort tranchant (elles peuvent uniquement servir
à le faire transiter)

Construction métallique 1 Février 2020 95|139


Le dimensionnement est basé sur trois critères :
o Limitation de la contrainte du béton :

D’où Lq > (VEd /bq.fcd) + 3Omm

o Le cisaillement dû à VEd dans l’âme de la bêche doit être admissible

o La flexion due à la pression du béton doit être admissible

MEd = VEd.lq/3
.
Le tableau ci-dessous donne quelques bêches type :

Section Lq VEd max


(S275JR) (kN)

IPE80 100 45
IPE140 130 102
HEA100 100 98
HEB140 100 137

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6.1.3. Les tiges d’ancrage
Les tiges d’ancrage reprennent dans le cas de la traction Nj = Ft,Ed /2. Attention, dans
le cas d’une disposition avec platine préscellement, les tiges sont soumises à :
- Soulèvement : Vj = VEd /2
- Compression : Vj = max{(lVEdl-0,3 Fc,Ed)/2; 0}
(Ceci estdû au fait que la tige transmet l’effort tranchant de la platine du poteau à la
platine de préscellement)

On doit vérifier la tige d’ancrage comme pour un boulon ordinaire.

Résistance d’une plaque d’ancrage circulaire :

Njmax = fcd.Π.(r²-d²/4) + Π.d.τs.l

Avec τs = 1,3 MPa pour béton C25


t>0,3.r

Le premier terme correspond à la contrainte de compression sur la plaque circulaire, le


second à l’adhérence tige/béton.
Le tableau ci-dessous donne des dispositions type pour une longueur de tige l=300
mm (Nj = effort admissible par tige en kN) :
Tiges de classe 6.8 avec L=300mm
d (mm) r (mm) t (mm) Njmax (kN)

16 20 8 34,4
20 24 8 45,4
24 24 8 48,4
27 28 8 59,6
30 32 10 71,6

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6.1.4. Epaisseur de la platine

6.1.4.1. Lorsque l’on est en compression :

On a une flexion possible de la platine autour des axes 1-1 ou 2-2, ce qui engendre
des contraintes dans la plaque. Pour tenir compte de la majoration de pression due à
la rotation, les éléments de platine extérieurs sont vérifiés sous une pression p’ = 1,5
p (p étant la pression uniforme). L’écriture de la limitation des contraintes à la limite
élastique nous donne l’expression suivante :

D’autre part, les parties de platine comprises entre l’âme et les semelles sont
soumises à une pression uniforme qui engendre une flexion. L’expression du moment
ultime de flexion, basé sur une théorie de ruine par plastification, est donnée dans le
tableau V (voir document n°10). On a alors une expression similaire à la précédente :

Construction métallique 1 Février 2020 98|139


Remarque : cette condition est remplie si c > 0,45.a
Dans le cas inverse, on n’a plus de débord donc la formulation précédente n’est plus
valable car il n’y a plus de flexion.

6.1.4.2. Cas du soulèvement


On doit vérifier la platine sous l’effet de la force concentrée due aux tiges d’ancrage
qui retiennent le pied de poteau. L’étude des différents mécanismes de ruine possibles
après plastification conduit à adopter pour épaisseur de platine :

- Pu qui représente l’effort par boulon


- ψ : coefficient d’adaptation plastique = 1,185
- (Pu/m) qui est lu dans le tableau 1 ou 2 (document n° 11 et 12)
Si l’épaisseur des ailes est inférieure à celle de la platine, on suppose les bords
simplement appuyés, sinon on les suppose encastrés.
Vérification de l’âme du poteau

Il y a une concentration de contrainte dans l’âme au voisinage du boulon. On


considère qu’il y a une diffusion de contrainte du boulon jusque l’âme, la largeur
participante étant égale à Π.d.
On en déduit : Nmax = Π.d.tw.σe

6.1.4.3. Soudure platine poteaux


On considère que l’effort tranchant V est repris par la soudure d’âme. Les calculs de
vérification seront menés selon la méthode classique de vérification des cordons
d’angle.

6.2. Pieds de poteaux encastrés


Ici, le système doit résister à un effort normal, un effort tranchant et aussi à un
moment de flexion. D’autre part, le système doit être rigide pour que l’on reste dans
l’hypothèse de l’encastrement. Le type de fondation correspondant à ces pieds de

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poteaux est donc coûteuse (frettage de massif, tiges importantes, raidisseurs…), et les
gains réalisés sur la structure par rapport à une articulation peuvent être perdus.
L’intérêt réside surtout dans le cas de sols à forte capacité portante, ou pour des
structures aux limitations sévères sur les déplacements (ex. : ponts roulants,
verrières).

Dispositions constructives

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6.2.1. Tiges d’ancrage et bêches
Le dimensionnement reste similaire à celui des pieds de poteaux articulés.

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6.2.2. Détermination des contraintes dans les éléments en flexion
monoaxiale
Nous considérons que la platine se comporte comme une poutre en béton armé, à axe
longitudinal dirigé suivant la verticale. On écrit que le moment de flexion et l’effort
normal agissant à la base du poteau sont équilibrés par une traction dans certaines
tiges d’ancrage et une compression sur une partie de la surface du béton. (CM-25)

Ecriture des équations d’équilibre

Hypothèse de Navier-Bernoulli (la section reste plane) :

; en appliquant la loi de Hooke : ; on a alors

, ce qui devient or Ea/Eb = 15

On alors la relation suivante :

o Equilibre des forces:

On a somme des forces =O, ce qui donne

Fa + N = Fb

Remarque : Ar représente ici la section de toutes les tiges d’ancrage.

o Equilibre des moments

On écrit l’équilibre des moments par rapport au point d’application des efforts dans les
tiges d’ancrage. Le torseur composédu moment M et de l’effort N peut se réduire à
l’effort N seulement, en prenant pour point d’application un point situé à e de l’axe,
avec e = M/N. L’équation d’équilibre s’écrit :

De la relation [3], on tire l’expression de σb en fonction de y0.


De la relation [1],on tire l’expression de σa en fonction de y0.
En les substituant dans la relation [2], on obtient l’équation du troisième degré
suivante :

La résolution de cette équation nous donne l’effort dans les tiges d’ancrage et la
contrainte de compression dans le béton. A comparer à l’effort admissible et à la
contrainte admissible.

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Remarque : Il y a aussi le cas où toute la platine est comprimée (lorsque M est faible),
et le cas où il n’y a pas de compression du béton (lorsque N <O et important).

6.2.3. Vérification de la semelle tendue du poteau


On adopte ici une démarche similaire à celle adoptée pour les pieds de poteaux
articulés

6.2.4. Vérification de la résistance de la platine

On vérifie que le moment et l’effort tranchant dans la section 1-1f dus à Ft sont
admissibles. De même dans la section 2-2’ avec la contrainte du béton. En adoptant
un débord de platine dans le sens z de 0,7 fois celui dans le sens y, on s’affranchit
d’une vérification de la section 3-3. L’épaisseur des platines est donnée par les
relations suivantes :

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Rappel : centre de gravité d’une répartition trapézoïdale :

6.2.5. Rigidité de la platine


Du côté des tiges tendues, on applique un critère de rigidité visant à limiter l’effet de
levier.

s représente l’entraxe entre deux trous successifs.


Du côté du béton, on applique un critère de flèche limite :

Remarque : le critère [2] est rarement dimensionnant vis à vis du critère [1].

6.2.6. Dimensionnement des cordons de soudure


L’effort tranchant est repris par les cordons d’âme, le moment fléchissant par les
cordons d’aile, et l’effort normal par l’ensemble des soudures.

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Annexes

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Historique de la construction acier

Iron Bridge. Pont en fonte sur la Severn.

Crystal Palace

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Gare de l’Est Halles de Baltard

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Pont de Brooklyn

Chocolaterie Menier

Pont de Garabit

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Leiter Building

Pont sur le Forth

Tour Eiffel

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Reliance Building

Empire State Building

Coupole Géodésique

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