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Université Chouaïb Doukkali

Faculté des Sciences

MOHAMMED MOUÇOUF

Cours d’Algèbre 3

Année 2022-2023
Chapitre 4
Matrices

4.1 Généralités
Définition 1. Soient n et m deux entiers naturels non nuls. On appelle matrice
d’ordre (ou de type, ou de taille) n × m à coefficient dans K un tableau de scalaires
à n lignes et m colonnes de la forme

⎛ a11 a12 ⋯ a1m ⎞


⎜ ⎟
⎜ a21 a22 ⋯ a2m ⎟
A=⎜



⎜. . . . . . . . . . . . . . . . . . ⎟
⎜ ⎟
⎝an1 an2 ⋯ anm ⎠

où les aij ∈ K s’appellent les coefficients (ou les éléments) de la matrice A.


Si n = m on dit que A est une matrice carrée d’ordre n.

Notations .
1. On note par Mn,m (K) l’ensemble des matrices d’ordre n × m à coefficients dans
K.
2. On note par Mn (K) l’ensemble des matrices carrées d’ordre n à coefficients
dans K.
3. La matrice A pourra être écrite de façon abrégée :

A = (aij ) 1≤i≤n Si A est une matrice d’ordre n × m,


1≤j≤m

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A = (aij )1≤i,j≤n Si A est une matrice carrée d’ordre n,


ou tout simplement
A = (aij )
s’il n’y a pas de confusion sur l’ordre.
4. Pour une matrice A = (aij ) le premier indice i correspond au numéro de la ligne
et le second indice j au numéro de la colonne. Ainsi le coefficient aij est situé à
l’intersection de la ligne numéro i avec la colonne numéro j.
5. Parfois on note Aij le coefficient aij de la matrice A.
6. On note par Li (A) la ligne i de A et Cj (A) la colonne j de A. Avec ces notations
on a
⎛ L1 (A) ⎞
⎜ ⎟
⎜ L2 (A) ⎟
A=⎜



⎜ ⋮ ⎟
⎜ ⎟
⎝Ln (A)⎠
et
A = (C1 (A) C2 (A) . . . Cm (A))

Encore quelques définitions et notations :


• La diagonale d’une matrice carrée A = (aij )1≤i,j≤n est constituée des éléments
situés sur la diagonale de la matrice A. Les éléments a11 , . . . , ann de la dia-
gonale de A sont dits les coefficients diagonaux.
Soit
⎛1 0 2⎞
⎜ √ ⎟
A=⎜2 3 4⎟
⎜ ⎟
,
⎝−1 4 7⎠

les oefficients diagonaux de A sont 1, 3 et 7.
• On appelle matrice colonne toute matrice d’ordre n × 1. On dit aussi que
c’est un vecteur colonne et elle de la forme
⎛ a1 ⎞
⎜ ⎟
⎜ a2 ⎟
⎜ ⎟
⎜ ⎟
⎜⋮⎟
⎜ ⎟
⎝an ⎠

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• On appelle matrice ligne toute matrice d’ordre 1 × n. On dit aussi que c’est
un vecteur ligne et elle de la forme

(a1 a2 . . . an )

• On dit que la matrice carrée A est diagonale si ∀i, j tels que i ≠ j on a


Aij = 0. Par suite une matrice diagonale est de la forme

⎛a1 0 ⋯ 0 ⎞
⎜ ⎟
⎜ 0 a2 ⋱ ⋮ ⎟

A=⎜ ⎟

⎜ ⋮ ⋱ ⋱ 0⎟
⎜ ⎟
⎝ 0 ⋯ 0 an ⎠

On la note A = diag(a1 , . . . , an ).

⎛1 0 0 ⎞
⎜ √ ⎟
A = ⎜0 2 0⎟
⎜ ⎟
,
⎝0 0 3 ⎠

est une matrice diagonale d’ordre 3.


• La matrice In = diag(1, . . . , 1) d’ordre n est appelée la matrice identité
d’ordre n.
⎛1 0 0 0⎞
⎜ ⎟
⎜0 1 0 0⎟
I4 = ⎜

⎟,

⎜0 0 1 0⎟
⎜ ⎟
⎝0 0 0 1⎠
est la matrice identité d’ordre 4.
• La matrice carrée diag(λ, . . . , λ) d’ordre n est appelée matrice scalaire.

⎛ i 0 0⎞
⎜ ⎟
A = ⎜0 i 0 ⎟ ,
⎜ ⎟
⎝0 0 i ⎠

est une matrice scalaire.

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• La matrice d’ordre n × m dont tous les coefficients sont des zéros est appelée
la matrice nulle et est notée 0n,m . Donc la matrice 0n est la matrice scalaire
d’ordre n : 0n = diag(0, . . . , 0).

⎛0 0⎞
⎜ ⎟
03,2 = ⎜0 0⎟ ,
⎜ ⎟
⎝0 0⎠

⎛0 0 0⎞
⎜ ⎟
03 = ⎜0 0 0⎟ ,
⎜ ⎟
⎝0 0 0⎠
• Une matrice triangulaire supérieure est une matrice carrée A = (aij )1≤i,j≤n
telle que aij = 0 si i > j, donc A est de la forme

⎛a11 a12 ⋯ a1n ⎞


⎜ ⎟
⎜ 0 a22 ⋱ ⋮ ⎟
⎜ ⎟
⎜ ⎟
⎜ ⋮ ⋱ ⋱ ⎟
⎜ an−1n ⎟
⎝ 0 ⋯ 0 ann ⎠

⎛1 0 5⎞
⎜ √ ⎟
A = ⎜0 2 −1⎟
⎜ ⎟
,
⎝0 0 3⎠
est une matrice triangulaire supérieure.
• Une matrice triangulaire inférieure est une matrice carrée A = (aij )1≤i,j≤n
telle que aij = 0 si i < j, donc A est de la forme

⎛ a11 0 ⋯ 0 ⎞
⎜ ⎟
⎜ a21 a22 ⋱ ⋮ ⎟
⎜ ⎟
⎜ ⎟
⎜ ⋮ ⋱ ⋱ ⎟
⎜ 0 ⎟
⎝an1 ⋯ ann−1 ann ⎠

⎛1 0 0⎞
⎜ √ ⎟
A = ⎜2 2 0⎟
⎜ ⎟
,
⎝4 0 −7⎠
est une matrice triangulaire inférieure.

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Définition 2. Soit A une matrice d’ordre n×m. La transposée de A est la matrice


notée AT dont les lignes sont les colonnes de A.

Remarques 3.
1. Si A = (aij ) 1≤i≤n alors AT = (bji )1≤j≤m avec bji = aij .
1≤j≤m
2. Si A est d’ordre n × m alors AT est d’ordre m × n.
1≤i≤n

3. Si A est une matrice carrée d’ordre n alors AT est aussi une matrice carrée
d’ordre n.
4. On a Li (A) = Ci(AT et Li (AT ) = Ci (A).
5. Le transposée d’une matrice triangulaire supérieure est une matrice triangulaire
inférieure.
6. Le transposée d’une matrice triangulaire inférieure est une matrice triangulaire
supérieure.

Exemples 1.
⎛1 5 ⎞
⎛1 2 3 ⎞ ⎜ ⎟
1.Soit A = alors AT = ⎜2 7 ⎟.
⎝5 7 6 ⎠ ⎜ ⎟
⎝3 6 ⎠
2. InT = In , 0Tn = 0n et 0Tn,m = 0m,n .
3 (αA)T = αAT .
4. Si A est une matrice scalaire alors AT = A.
5. On peut avoir AT = A sans que soit une matrice scalaire. En effet, considérons
la matrice
⎛1 2 3⎞
⎜ ⎟
A = ⎜2 7 6⎟
⎜ ⎟
⎝3 6 7⎠
Il est clair que AT = A. On dit que A est une matrice symétrique.
6. On peut avoir AT = −A. Par exemple

⎛ 0 2 −3⎞
⎜ ⎟
A = ⎜−2 0 6 ⎟
⎜ ⎟
⎝ 3 −6 0 ⎠

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On a
⎛ 0 −2 3 ⎞ ⎛ 0 2 −3⎞
⎜ ⎟ ⎜ ⎟
AT = ⎜ 2 0 −6⎟ = − ⎜−2 0 6 ⎟ = −A
⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎝−3 6 0 ⎠ ⎝ 3 −6 0 ⎠
On dit que A est une matrice antisymétrique.
Définition 4. Soient A et B deux matrices de même ordre. On dit que A = B si
Aij = Bij pour tout i et j.

4.2 L’espace vectoriel Mn,m (K)


L’ensemble Mn,m (K) des matrices d’ordre n × m à coefficients dans K est un
K-espace vectoriel. Les lois sont définies par :

(ai,j ) + (bi,j ) = (ai,j + bi,j ) et λ(ai,j ) = (λai,j )

Exemples 2. Soient

⎛1 2 3⎞ ⎛−1 2 3⎞
A= et B =
⎝5 −2 6⎠ ⎝1 1
3 3⎠
alors √
⎛2 4 6⎞ ⎛0 2 + 2 6⎞
2A = et A + B =
⎝10 −4 12⎠ ⎝6 −5
3 9⎠
Cherchons une base et la dimension du K-ev Mn,m (K). Pour cela on considère
le cas où n = 2 et m = 3. Soit
⎛a11 a12 a13 ⎞
A= .
⎝a21 a22 a23 ⎠
Décomposans A sous la forme
⎛1 0 0⎞ ⎛0 1 0 ⎞ ⎛0 0 1 ⎞
⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎜ ⎟
A = a11 ⎜0 0 0⎟ + a12 ⎜0 0 0⎟ + a13 ⎜0 0 0⎟
⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎝0 0 0⎠ ⎝0 0 0 ⎠ ⎝0 0 0 ⎠

⎛0 0 0 ⎞ ⎛0 0 0⎞ ⎛0 0 0⎞
⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎜ ⎟
+ a21 ⎜1 0 0⎟ + a22 ⎜0 1 0⎟ + a23 ⎜0 0 1⎟
⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎝0 0 0 ⎠ ⎝0 0 0⎠ ⎝0 0 0⎠

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Soit Eij la matrice d’ordre 2 × 3 dont tous les coefficients sont des zéro sauf celui
en position (i, j) qui vaut 1. On a montré alors que toute matrice de M2,3 (K)
s’écrit de manière unique comme combinaison linéaire des matrices Eij . Par suite
la famille
{Eij /1 ≤ i ≤ 2, 1 ≤ j ≤ 3}

est une base du K-ev M2,3 (K). On a alors dimK (M2,3 (K)) = 2 × 3 = 6.
De la même façon on montre toute matrice A = (aij ) 1≤i≤n de Mn,m (K) s’écrit de
1≤j≤m
manière unique comme combinaison linéaire des matrices Eij . Plus pécisement on
a
n m
A = ∑ ∑ aij Eij = ∑ aij Eij .
i=1 j=1 1≤i≤n
1≤j≤m

Donc la famille
{Eij /1 ≤ i ≤ n, 1 ≤ j ≤ m}

est une base du K-ev Mn,m (K) On a alors dimK (Mn,m (K)) = nm.

Définition 5. Les matrices Eij défini ci-dessus sont appelées matrices élémentaires
et la base qu’elles constituent est appelée la base canonique de l’espace vectoriel
Mn,m (K).

4.3 Produit matriciel


Soient A = (a1 . . . am ) ∈ M1,m (K) une matrice ligne qui a m colonnes et
⎛ b1 ⎞
⎜ ⎟
B = ⎜ ⋮ ⎟ ∈ Mm,1 (K) une matrice colonne qui a m lignes. On appelle produit AB
⎜ ⎟
⎝bm ⎠
la matrice (a1 b1 + ⋯ + am bm ) ∈ M1,1 (K) qui est constituée par un seul coefficient.
Par exemple

⎛ 5⎞
⎜ ⎟ √ √
(−4 2 3) ⎜ 4 ⎟ = ((−4 × 5) + (2 × 4) + (3 × 7)) = (29 − 4 5)
⎜ ⎟
⎝ 7 ⎠

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Soient maintenant A ∈ Mn,m (K) et B ∈ Mm,p (K). On appelle produit AB la


matrice C ∈ Mn,p (K) dont les coefficients sont définis par Cij = Li (A)Cj (B). Par
suite
⎛ L1 (A)C1 (B) L1 (A)C2 (B) . . . L1 (A)Cp (B) ⎞
⎜ ⎟
⎜ L2 (A)C1 (B) L2 (A)C2 (B) . . . L2 (A)Cp (B) ⎟
AB = ⎜



⎜ ⋮ ⋮ ⋮ ⎟
⎜ ... ⎟
⎝Ln (A)C1 (B) Ln (A)C2 (B) . . . Ln (A)Cp (B)⎠
On utilisant les coefficients des deux matrices on obtient :
Si A = (aij ) 1≤i≤n et B = (Bij )1≤i≤m , alors C = (cij )1≤i≤n avec
1≤j≤m 1≤j≤p 1≤j≤p

⎛ b1j ⎞
⎜ ⎟
cij = (ai1 . . . aim ) ⎜
⎜ ⋮ ⎟

⎝bmj ⎠

=ai1 b1j + ⋯ + aik bkj + ⋯ + aim bmj


m
= ∑ aik bkj .
k=1

Remarques 6.
1. Le produit de deux matrice n’est défini que si le nombre de colonnes de la pre-
mière matrice est égal au nombre de lignes de la deuxième matrice et le produit
d’une matrice d’ordre n × m par une matrice d’ordre m × p est une matrice d’ordre
n × p.
2. En particulier :
● Si A est d’ordre n × m et B est d’ordre m × n, alors AB est une matrice carrée
d’ordre n.
● Si A est d’ordre n × m et B est une matrice colonne d’ordre m × 1, alors AB est
une matrice colonne d’ordre n × 1.
● Si A est une matrice ligne d’ordre 1 × m et B est d’ordre m × n, alors AB est
une matrice ligne d’ordre 1 × n.

Exemples 3.

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1.
⎛ 1 3 −1⎞ ⎛ 2 ⎞ ⎛−5⎞
⎜ ⎟⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎜ 2 −2 0 ⎟ ⎜−1⎟ = ⎜ 6 ⎟
⎜ ⎟⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎝−1 4 5 ⎠ ⎝ 4 ⎠ ⎝ 14 ⎠

2.
⎛ 1 3 −1⎞
⎜ ⎟
(2 −1 4) ⎜ 2 −2 0 ⎟ = (−4 24 18)
⎜ ⎟
⎝−1 4 5 ⎠

3.
⎛1 ⎞
⎜ ⎟
(2 −1 4) ⎜2⎟ = (12)
⎜ ⎟
⎝3 ⎠

4.
⎛1 ⎞ ⎛2 −1 4 ⎞
⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎜2⎟ (2 −1 4) = ⎜4 −2 8 ⎟
⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎝3 ⎠ ⎝6 −3 12⎠

5.
⎛ 1 3 −1⎞ ⎛1⎞ ⎛1 ⎞
⎜ ⎟⎜ ⎟ ⎜ ⎟
(2 −1 4) ⎜ 2 −2 0 ⎟ ⎜2⎟ = (−4 24 18) ⎜2⎟ = (106)
⎜ ⎟⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎝−1 4 5 ⎠ ⎝3⎠ ⎝3 ⎠

6. Si A est une matrice d’ordre n × m, alors A × 0m,p = 0n,p et 0p,n × A = 0p,m .


7. Si A est une matrice carrée d’ordre n, alors A × 0n = 0n × A = 0n et A × In =
In × A = A.

Proposition 7. Pour toutes matrices A, B et C, si les opérations indiquées existent,


on a les égalités suivantes :
1. A(B + C) = AB + AC
2. (B + C)A = BA + CA
3. (AB)C = A(BC)

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Démonstration.
1. Soient A ∈ Mn,m (K) et B, C ∈ Mm,p (K). On a

B + C = (Bij + Cij )

Posons D = A(B + C), U = AB et V = AC. Alors


m
Uij = ∑ Aik Bkj
k=1

m
Vij = ∑ Aik Ckj
k=1
m m m
Dij = ∑ Aik (Bkj + Ckj ) = ∑ Aik Bkj + ∑ Aik Ckj
k=1 k=1 k=1

Il est clair que Dij = Uij + Vij et donc A(B + C) = AB + AC.


2. Soient A ∈ Mm,n (K) et B, C ∈ Mn,m (K). On a

B + C = (Bij + Cij )

Posons D = (B + C)A, BA = U et CA = V . Alors


m
Uij = ∑ Bik Akj
k=1

m
Vij = ∑ Cik Akj
k=1
m m m
Dij = ∑ (Bik + Cik )Akj = ∑ Bik Akj + ∑ Cik Akj
k=1 k=1 k=1

Il est clair que Dij = Uij + Vij et donc (B + C)A = BA + CA.


3. Soient A ∈ Mn,m (K) et B ∈ Mm,p (K) et C ∈ Mp,q (K).
Posons D = AB ∈ Mn,p (K), U = DC ∈ Mn,q (K), V = BC ∈ Mm,q (K) et W = AV ∈
Mn,q (K). Alors
m
Dij = ∑ Aik Bkj
k=1
p
Uij = ∑ Dik Ckj
k=1
p
Vij = ∑ Bik Ckj
k=1

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m
Wij = ∑ Aik Vkj
k=1

On veut montrer que U = W . On a Dik = ∑m


s=1 Ais Bsk , donc

p p m p m
Uij = ∑ Dik Ckj = ∑ (∑ Ais Bsk )Ckj = ∑ ∑ Ais Bsk Ckj
k=1 k=1 s=1 k=1 s=1

et p p
m m m
Wij = ∑ Ais Vsj = ∑ Ais ( ∑ Bsk Ckj ) = ∑ Ais ∑ Bsk Ckj
s=1 s=1 k=1 k=1 s=1

Donc p
m
Wij = ∑ ∑ Ais Bsk Ckj
k=1 s=1

Puisque les indices k et s sont indépendantes, alors on peut échanger l’ordre des
sommations ∑m
k=1 et ∑s=1 pour obtenir
p

p m
Wij = ∑ ∑ Ais Bsk Ckj = Uij
s=1 k=1

En conclusion U = W et donc (AB)C = A(BC).

Théorème 8. (Mn (K), +, ., ×) est une algèbre unitaire sur K (en général n’est
pas commutatif).

Démonstration. On a (Mn (K), +, .) est un K-ev.


D’après la proposition 7, (Mn (K), +, ×) est un anneau.
Mn (K) est unitaire et In son unité.
Soient α ∈ K et A, B ∈ Mn (K). On vérifie facilement que α(AB) = (αA)B =
A(αB).
En conclusion, (Mn (K), +, ., ×) est une algèbre unitaire sur K.

Remarque 9. La loi × n’est pas commutative. En effet considérons

⎛−1 3 ⎞ ⎛1 3 ⎞
A= et B =
⎝ 2 −2⎠ ⎝2 −2⎠

On a
⎛ 5 −9⎞
AB =
⎝−2 10 ⎠

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⎛ 5 −3⎞
BA =
⎝−2 10 ⎠
On a alors AB ≠ BA.

Remarque 10. Le produit de deux matrices non nulles peut être nul, c’est-à-dire,

AB = 0 ⇏ A = 0 ou B = 0.

En effet considérons
⎛−1 1⎞ ⎛1 1 ⎞
A= et B =
⎝−1 1⎠ ⎝1 1 ⎠
On a
⎛0 0⎞
AB =
⎝0 0⎠
On a alors AB = 0.

Remarque 11. Soit A et B deux matrices carrées de même ordre. Alors

(A + B)2 = A2 + AB + BA + B 2

(A − B)2 = A2 − AB − BA + B 2

(A + B)(A − B) = A2 − AB + BA − B 2

En général on n’a pas (A + B)2 = A2 + 2AB + B 2 , mais d’après la remarque


précédente, si on suppose que A et B commutent, v’esr-à-dire, AB = BA, alors on
a l’identité (A + B)2 = A2 + 2AB + B 2 . D’une façon général on le Résultat suivant
dit formule de binôme de Newton :

Proposition 12. Soient A, B ∈ Mn (K) où K est un corps de caractéristique 0.


On suppose que AB = BA. Alors pour tout p ∈ N on a
m
m m m!
(A + B) = ∑ ( )Ak B p−k
p
où ( )= .
k=0 k k k!(m − k)!

Démonstration. Voir devoir N°2.

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Rappels.
1. Soit R un anneau commutatif unitaire d’unité 1R et soit

IR = {n ∈ N⋆ /n1R = 0} où n1R = 1R + 1R + ⋯ + 1R .
´¹¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹¸¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¶
n fois

Si IR ≠ ∅, alors IR admet un plus petit élément q. L’entier q est appelé La carac-


téristique de R et se note car(R) = q.
Si IR ≠ ∅, alors on dit que La caractéristique de R est nulle, c’est-à-dire, car(R) =
0.
2. Si R est un anneau intègre et si car(R) ≠ 0, alors on montre facilement que
car(R) = p est un nombre premier. En particulier, si R = K est un corps, alors
car(K) = p est un nombre premier.
Exemples : car(Z) = car(Q) = car(R) = car(C) = 0 et car(Z/5Z) = 5.

Exercice 1.
1. On sait que si p est un nombre premier alors on a

p divise k! ⇐⇒ k ≥ p.

On suppose que K est un corps de carctéristique p (un nombre premier).


Dans ce cas si k ≥ p, alors k! est un multiple de p, donc k! = 0 et m!
k!(m−k)! n’est pas
défini. Cela signifie que le résultat de la proposition précédente n’est pas valide.
Cependant dans le cas où m < p, m!
k!(m−k)! est bien défini car k! ≠ 0 et (m − k)! ≠ 0
puisque k! ≤ m < p et (m−k)! ≤ m < p. Donc on peut dans ce cas utiliser la formule
du binôme.
2. Montrer que le résultat de la proposition précédente reste valide dans un corps
K quelconque à condition de définir les coefficients binomiaux par la relation de
récurrence suivante :
m m m
( ) = 1, ( ) = 1, ( ) = m
0 m 1
et
m m−1 m−1
( )=( )+( )
k k k−1
dite formule de Pascal.

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Exercice 2.
1. Montrer que (A + B)T = AT + B T et (αA)T = αAT . Par suite l’application

f ∶ Mn,m (K) Ð→ Mm,n (K)


A z→ AT

est linéaire. En particulier, l’application

g ∶ Mn (K) Ð→ Mn (K)
A z→ AT

est un endomorphisme.
3. Montrer que g est un automorphisme de ∶ Mn (K).
4. Montrer que (AT )T = A et en déduire que g −1 = g.
2. Montrer que (AB)T = B T AT .
3. Montrer que AAT et AT A sont des matrice carrées.
4. On dit que A est une matrice symétrique si AT = A.
(i) Montrer que si A est symétrique alors A est une matrice carrée.
(ii) Montrer que AAT et AT A sont deux matrices symétriques.

Définition 13. (puissance d’une matrice)


Soit A une matrice carrée d’ordre m et n un entier naturel non nul. La nième
puissance de A est donné par

An = A × A × ⋯ × A
´¹¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¸¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹ ¹¶
n fois

Remarque 14. Par convention on pose A0 = Im si A est une matrice carrée


quelconque d’ordre m.

Exercice 3. Montrer que (An )m = Anm et An Am = An+m .

Exercice 4.
1. Montrer que (An )T = (AT )n .
2. Montrer que si A est une matrice triangulaire (supérieure ou inférieure) d’ordre
m alors Am = 0.

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3. Soit A = diag(a1 , . . . , am ) une matrice diagonale. Montrer An = diag(an1 , . . . , anm ).


⎛ 0 1⎞
4. Soit A = . Montrer par récurrence que pour tout n ∈ N :
⎝−2 3⎠

⎛ 2 − 2n 2n − 1 ⎞
An = .
⎝2 − 2n+1 2n+1 − 1⎠

⎛2 0 1⎞ ⎛0 0 1 ⎞
⎜ ⎟ ⎜ ⎟
5. Soient B = ⎜0 2 1⎟ et N = ⎜0 0 1⎟.
⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎝0 0 2⎠ ⎝0 0 0 ⎠
(i) Montrer que N 2 = 0 et que B − N = 2I3 .
(ii) Déterminer B n en remarquons que B = 2I3 + N et N × (2I3 ) = (2I3 ) × N.

Définition 15. Une matrice carrée A de Mn (K) est dite inversible, s’il existe
une matrice B ∈ Mn (K) telle que

AB = In et BA = In .

On dit que B est l’inverse de A et on la note A−1 .


L’ensemble des matrices inversibles de Mn (K) est noté GLn (K).

Remarque 16. Une matrice carrée non inversible est dite singulière.

Propriétés 17. Soient A, B ∈ Mn (K). Alors on a les


1. Montrer que l’inverse de A s’il existe elle est unique.
2. Montrer que (A−1 )−1 = A et que In−1 = In .
2. Montrer que AB = In ⇐⇒ BA = In .
3. Montrer que si A et B sont inversible alors la matrice AB est inversible et on
a (AB)−1 = B −1 A−1 .
4. Montrer que si A est inversible alors la matrice AT est inversible et on a
(AT )−1 = (A−1 )T .
5. Montrer que si A est inversible alors la matrice Am est inversible pour tout
m ∈ N et on a (Am )−1 = (A−1 )m .

Démonstration. Voir devoir N°2.

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Proposition 18. L’ensemble GLn (K) muni de la multiplication est un groupe


appelé le groupe linéaire des matrices d’ordre n.

Démonstration.
In est l’élément neutre de GLn (K) car AIn = In A = A.
On a A(BC) = (AB)C donc × est associative.
tout élément A de GLn (K) est inversible. Par suite (GLn (K), ×) est un groupe.

4.4 Écriture matricielle d’un système d’équations


linéaires
Considérons le système d’équations linéaires suivant

⎪ a1,1 x1 + ⋯ + a1,n xn = b1






⎪ a2,1 x1 + ⋯ + a2,n xn = b2





⎪ . . . .
(S) ⎨




. . . .




⎪ . . . .




⎩ ap,1x1 + ⋯ + ap,n xn = bp

On vérifie facilement que que le système (S) peut être présenté sous la forme
matricielle suivante
AX = B

⎛a1,1 a1,2 ⋯ a1,n ⎞ ⎛ x1 ⎞ ⎛b1 ⎞
⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎜a2,1 a2,2 ⋯ a2,n ⎟ ⎜ x2 ⎟ ⎜b2 ⎟
A=⎜

⎟,
⎟ X =⎜
⎜ ⎟
⎟ et B = ⎜
⎜ ⎟.

⎜ ⋮ ⋮ ⋯ ⋮ ⎟ ⎜ ⋮ ⎟ ⎜⋮⎟
⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎝ap,1 ap,2 ⋯ ap,n ⎠ ⎝xn ⎠ ⎝bb ⎠
On remarque que A est la matrice des coefficients du système (S) et B son second
membre.
Par exemple, considérons le système suivant

⎪ 2x − 3y + 5z = 1

(S) ⎨


⎩ 3x + 2z = 4

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Posons
⎛x⎞
⎛2 −3 5⎞ ⎜ ⎟ ⎛1⎞
A= , X = ⎜y ⎟ et B =
⎝3 0 2 ⎠ ⎜ ⎟ ⎝4⎠
⎝z ⎠
On a
⎛2x − 3y + 5z ⎞
AX ==
⎝ 3x + 2z ⎠
et donc

⎪ 2x − 3y + 5z = 1

AX = B ⇐⇒ ⎨ ⇐⇒ (x, y, z) ∈ S.


⎩ 3x + 2z = 4

4.4.1 Calcul de l’inverse


Si A est une matrice inversible, alors l’équation AX = B admet une unique
solution X = A−1 B. En effet, on a AX = A(A−1 B) = AA−1 B = In B = B. Donc
X = A−1 B est une solution de l’équation AX = B. Supposons maintenat que X et
X ′ sont des solutions de l’équation AX = B. Alors AX = AX ′ , donc A − 1(AX) =
A−1 (AX ′ ), d’où A−1 AX = A−1 AX ′ , par suite In X = In X ′ et donc X = X ′ .
⎛ y1 ⎞
⎜ ⎟
⎜ y2 ⎟
Supposons maintenant que A est d’ordre n et soit Y = ⎜ ⎟
⎜ ⎟. Soit (S) le système
⎜⋮⎟
⎜ ⎟
⎝y n ⎠
d’équation dont l’écriture matricielle est AX = Y et le système (H) d’équation
dont l’écriture matricielle A−1 Y = X. On a évidemment

AX = Y ⇐⇒ X = A−1 Y

et donc
(x1 , . . . , xn ) ∈ S ⇐⇒ (y1 , . . . , yn ) ∈ H.
Comme application de ces résultats on a la proposition suivante

Proposition 19. Soit A une matrice inversible d’ordre n et soit (S) le système
d’équation dont l’écriture matricielle est AX = Y . La resolution du système (S)
donne naissance à une matrice carrée B d’ordre n telle que BY = X. La matrice
B ainsi obtenue est l’inverse de A, c’est-à-dire B = A−1 .

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Exemple 1. Soit la matrice


⎛ 1 2 −2⎞
⎜ ⎟
A = ⎜−1 3 0 ⎟
⎜ ⎟
⎝ 0 −2 1 ⎠
Montrer que A est inversible et calculer son inverse.
Soient
⎛x1 ⎞ ⎛y1 ⎞
⎜ ⎟ ⎜ ⎟
X = ⎜x2 ⎟ et Y = ⎜y2 ⎟
⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎝x3 ⎠ ⎝y3 ⎠
On a
⎛ 1 2 −2⎞ ⎛x1 ⎞ ⎛y1 ⎞
⎜ ⎟⎜ ⎟ ⎜ ⎟
AX = Y ⇐⇒ ⎜−1 3 0 ⎟ ⎜x2 ⎟ = ⎜y2 ⎟
⎜ ⎟⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎝ 0 −2 1 ⎠ ⎝x3 ⎠ ⎝y3 ⎠



⎪ x1 + 2x2 −2x3 = y1


⇐⇒(S) ⎨ −x1 + 3x2 = y2





⎩ −2x2 +x3 = y3
On résout le système (S), on obtient que (S) est un système de Cramer et donc
A est une matrice inversible. On trouve x1 = 3y1 + 2y2 + 6y3, x2 = y1 + y2 + 2y3 et
x3 = 2y1 + 2y2 + 5y3 . On obtient alors le nouveau système suivant



⎪ 3y1 + 2y2 + 6y3 = x1


⎨ y1 + y2 + 2y3 = x2



⎩ 2y1 + 2y2 + 5y3 = x3


Ce dernier système peut s’écrire matriciellement
⎛3 2 6⎞ ⎛y1 ⎞ ⎛x1 ⎞
⎜ ⎟⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎜1 1 2⎟ ⎜y2 ⎟ = ⎜x2 ⎟
⎜ ⎟⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎝2 2 5⎠ ⎝y3 ⎠ ⎝x3 ⎠
La matrice inverse de A est donc
⎛3 2 6⎞
⎜ ⎟
A−1 = ⎜1 1 2⎟ .
⎜ ⎟
⎝2 2 5⎠

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4.5 Matrices d’applications linéaires

4.5.1 Matrice d’une famille de vecteurs


Soit E une espace vectoriel et soit B = (u1 , . . . , un ) une base de E. Soit v un
vecteur de E et considérons les coordonnées de v dans la base B, vB = (a1 , . . . , an ).
On appelle matrice du vecteur v dans la base B, la matrice colonne MatB (v) = vBT ,
c’est-à-dire,
⎛ a1 ⎞
⎜ ⎟
MatB (v) = ⎜ ⋮ ⎟
⎜ ⎟
⎝an ⎠
Soit H = (v1 , . . . , vm ) une famille de vecteurs de E. On appelle matrice de H dans
la base B, la matrice colonne MatB (H) dont les colonnes sont Ci (MatB (H)) =
MatB (vi ). Donc si viB = (a1i , . . . , ani ), alors

⎛ a11 a12 ⋯ a1m ⎞


⎜ ⎟
⎜ a21 a22 ⋯ a2m ⎟
MatB (H) = ⎜



⎜ ⋮ ⋮ ⋯ ⋮ ⎟
⎜ ⎟
⎝an1 an2 ⋯ anm ⎠

Exemple 2. Soit B la base canonique de R2 [X].


Soient P1 = 6X 2 − 1, P2 = (X + 1)2 , P3 = 4 − X, P4 = 3X 2 + 5X, P5 = 0. Alors

⎛−1 1⎞ ⎛1 −1⎞ ⎛−1 −1⎞


⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎜ ⎟
MatB (P1 , P2 ) = ⎜ 0 2⎟ , MatB (P2 , P1 ) = ⎜2 0 ⎟ MatB (P1 , P1 ) = ⎜ 0 0 ⎟
⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎝ 6 1⎠ ⎝1 6 ⎠ ⎝6 6⎠

⎛−1 0 4 0⎞
⎜ ⎟
MatB (P1 , P5 , P3 , P4 ) = ⎜ 0 0 −1 5⎟
⎜ ⎟
⎝ 6 0 0 3⎠

4.5.2 Matrice d’une application linéaire


Dans ce qui suit
● E et F désignent deux K-ev de dimensions finies, supposés non nuls.

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● B = (u1 , . . . , un ) désigne une base de E et B ′ = (v1 , . . . , vm ) une base de F .


● f ∶ E Ð→ F une application linéaire.

Définition 20. La matrice de f dans les bases B et B ′ est la matrice de la famille


(f (u1 ), . . . , f (un )) dans la base B ′ . Cette matrice est notée

MatB,B′ (f ) ∈ Mm,n (K).

Par suite,
MatB,B′ (f ) = MatB′ (f (u1 ), . . . , f (un )).

Notation . Si E = F et B = B ′ , la matrice MatB,B (f ) est notée tout simplement


MatB (f ).

Proposition 21. Soit w un vecteur quelconque de E. Alors

MatB′ (f (w)) = MatB,B′ (f )MatB (w).

Donc la connaissance de la matrice MatB,B′ (f ) permet de de calculer f (w) pour


tout w ∈ E, c’est-à-dire, de retrouver f .

Démonstration. Posons

wB = (a1 , . . . , an ), c’est-à-dire, w = a1 u1 + ⋯ + an un

f (w)B′ = (b1 , . . . , bm ), c’est-à-dire, f (w) = b1 v1 + ⋯ + bm vm

MatB,B′ (f ) = (cij )1≤i≤m


1≤j≤n

On a alors
n
⎛ ⎞
⎛ c11 c12 ⋯ c1n ⎞ ⎛ a1 ⎞ ⎜ ∑ c1j aj ⎟
⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎜ j=1 ⎟
⎜ c21 c22 ⋯ c2n ⎟ ⎜ a2 ⎟ ⎜ n ⎟
MatB,B′ (f )MatB (w) = ⎜ ⎟ ⎜ ⎟ = ⎜ ∑j=1 c2j aj ⎟ .
⎜ ⎟⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎜. . . . . . . . . . . . . . . . . . ⎟ ⎜ ⋮ ⎟ ⎜ ⎟
⎜ ⎟⎜ ⎟ ⎜
⎜ ⋮ ⎟

⎝cm1 cm2 ⋯ cmn ⎠ ⎝an ⎠
⎝∑nj=1 cmj aj ⎠

D’autre part, par défintion de la matrice MatB,B′ (f ), on a


m m m
f (u1 ) = ∑ ci1 vi , f (u2 ) = ∑ ci2 vi , ..., f (un ) = ∑ cin vi .
i=1 i=1 i=1

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Puisque w = a1 u1 + a2 u2 + ⋯ + an un , alors

f (w) =a1 f (u1 ) + a2 f (u2 ) + ⋯ + an f (un )


m m m
=a1 ∑ ci1 vi + a2 ∑ ci2 vi + ⋯ + an ∑ cin vi
i=1 i=1 i=1
m m m
= ∑ ci1 a1 vi + ∑ ci2 a2 vi + ⋯ + ∑ cin an vi
i=1 i=1 i=1

=(c11 a1 v1 + c12 a2 v1 + ⋯ + c1n an v1 ) + (c21 a1 v2 + c22 a2 v2 + ⋯ + c2n an v2 )+


⋯⋯ + (cm1 a1 vm + cm2 a2 vm + ⋯ + cmn an vm )
=(c11 a1 + c12 a2 + ⋯ + c1n an )v1 + (c21 a1 + c22 a2 + ⋯ + c2n an )v2 +
⋯⋯ + (cm1 a1 + cm2 a2 + ⋯ + cmn an )vm
n n n
=(∑ c1j aj )v1 + (∑ c2j aj )v2 + ⋯ + (∑ cmj aj )vm
j=1 j=1 j=1

Par suite
n n n
f (w)B′ = (∑ c1j aj , ∑ c2j aj , . . . , ∑ cmj aj )
j=1 j=1 j=1

En conclusion,
MatB′ (f (w)) = MatB,B′ (f )MatB (w)

Remarque 22.
1. Soit Ci (MatB,B′ (f )) la i-ième colonne de la matrice MatB,B′ (f ).
On a Ci (MatB,B′ (f )) = MatB′ (f (ui )). Puisque MatB′ (f (ui )) = MatB,B′ (f )MatB (ui ),
alors
MatB,B′ (f )MatB (ui ) = Ci (MatB,B′ (f )).

2. On a u1 = 1 × u1 + 0u2 + ⋯ + 0u0 , u2 = 0u1 + 1 × u2 + ⋯ + 0un , . . ..


Donc u1B = (1, 0, . . . , 0), u2 = (0, 1, 0, . . . , 0), . . . , unB = (0, . . . , 0, 1).

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Par suite

MatB′ (f (u1 )) =MatB,B′ (f )MatB (u1 )


⎛ c11 c12 ⋯ c1n ⎞ ⎛1⎞ ⎛ c11 ⎞
⎜ ⎟⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎜ c21 c22 ⋯ c2n ⎟ ⎜0⎟ ⎜ c21 ⎟
=⎜

⎟ ⎜ ⎟ = ⎜ ⎟ = C1 (MatB,B′ (f ))
⎟⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎜. . . . . . . . . . . . . . . . . . ⎟ ⎜ ⋮ ⎟ ⎜ ⋮ ⎟
⎜ ⎟⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎝cm1 cm2 ⋯ cmn ⎠ ⎝0⎠ ⎝cm1 ⎠

MatB′ (f (u2 )) =MatB,B′ (f )MatB (u2 )


⎛0⎞
⎛ c11 c12 ⋯ c1n ⎞ ⎜ ⎟ ⎛ c12 ⎞
⎜ ⎟ ⎜1⎟
⎟ ⎜ ⎟
⎜ c21 c22 ⋯ c2n ⎟ ⎜ ⎟ ⎜ c22 ⎟
=⎜ ⎟⎜ ⎜ ⎟
⎜ ⎟ 0⎟ ⎜ ⎟ = C2 (MatB,B′ (f ))
⎜ ⎟ =
⎜. . . . . . . . . . . . . . . . . . ⎟ ⎜
⎜ ⎟ ⎜ ⋮ ⎟
⎜ ⎟⎜⋮⎟ ⎜ ⎟
⎝cm1 cm2 ⋯ cmn ⎠ ⎜ ⎟ ⎝cm2 ⎠
⎝0⎠

Plus généralement on a

MatB′ (f (ui )) =MatB,B′ (f )MatB (ui )


⎛0 ⎞
⎜ ⎟
⎜⋮⎟
⎛ c11 c12 ⋯ c1n ⎞ ⎜ ⎟
⎜ ⎟ ⎛ c1i ⎞
⎜ ⎜
⎟ ⎟ 0 ⎟ ⎜ c2i ⎟
⎜ c21 c22 ⋯ c2n ⎟ ⎜ ⎜ ⎟ ⎜ ⎟

=⎜ ⎟ =⎜ ⎟
⎟⎜⎜ 1⎟⎟ ⎜ ⎟ = Ci (MatB,B′ (f ))
⎜. . . . . . . . . . . . . . . . . .⎟ ⎜ ⎟ ⎜ ⋮ ⎟
⎜ ⎟ ⎜0 ⎟ ⎜ ⎟
⎝cm1 cm2 ⋯ cmn ⎠ ⎜ ⎟
⎜ ⎟ ⎝cmi ⎠
⎜⋮⎟
⎜ ⎟
⎝0 ⎠

On retrouve alors le résultat de 1.

Exemple 3.
1. On considère l’application identique de E. On a

idE (u1 )B = (1, 0 . . . , 0), idE (u2 )B = (0, 1, 0 . . . , 0), . . . , idE (un )B = (0, . . . , 0, 1).

Donc MatB (idE ) = In .

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2. si f = 0 est l’application nulle, alors MatB (f ) = 0m,n .


3. Soient E = K 3 , F = K 2 et soient B et B ′ les bases canoniques de E et de F .
Soit f ∶ E Ð→ F l’application linéaire définie par f (x, y, z) = (x − 2y, x + y − 3z).
on a f (1, 0, 0) = (1, 1), f (0, 1, 0) = (−2, 1) et f (0, 0, 1) = (0, −3), alors

⎛1 −2 0 ⎞
MatB,B′ (f ) =
⎝1 1 −3⎠

⎛x ⎞
⎛1 −2 0 ⎞ ⎜ ⎟ ⎛ x − 2y ⎞
On a ⎜y ⎟ = .
⎝1 1 −3⎠ ⎜ ⎟ ⎝x + y − 3z ⎠
⎝z ⎠
Pousons u = (x, y), alors MatB′ (f (u)) = MatB,B′ (f )MatB (u).
3. Soient E = K4 [X] et F = K2 [X] et soient B et B ′ les bases canoniques de E et
de F . Soit f ∶ E Ð→ F l’application linéaire définie par (f (P ) = P ′′ .
on a f (1) = 0, f (X) = 0, f (X 2 ) = 2, f (X 3 ) = 6X, f (X 4 ) = 12X 2 ,
donc f (1)B′ = (0, 0, 0), f (X)B′ = (0, 0, 0), f (X 2 )B′ = (2, 0, 0), f (X 3 )B′ = (0, 6, 0),
f (X 4 )B′ = (0, 0, 12).
⎛0 0 2 0 0 ⎞
⎜ ⎟
MatB,B′ (f ) = ⎜0 0 0 6 0 ⎟
⎜ ⎟
⎝0 0 0 0 12⎠
Considérons P = 2X 4 + X 3 − X 2 + 3X + 5 Déterminer P ′′ .
On a PB = (5, 3, −1, 1, 2). Alors

⎛5⎞
⎜ ⎟
⎜ 3 ⎟ ⎛−2⎞
⎛0 0 2 0 0 ⎞ ⎜ ⎟
⎜ ⎟ ⎜ ⎟ ⎜ ⎟
MatB′ (P ”) = MatB′ (f (P )) = ⎜0 0 0 6 0 ⎟ ⎜−1⎟ = ⎜ 6 ⎟
⎜ ⎟⎜ ⎟ ⎜ ⎟
⎜ ⎟
⎝0 0 0 0 12⎠ ⎜ 1 ⎟ ⎝ 24 ⎠
⎜ ⎟
⎝2⎠

Donc P ′′ (X) = −2 + 6X + 24X 2 .


4. Soient E = F = K 3 et soit B = (e1 , e2 , e3 ) sa base canonique. Posons B ′ =
(v1 , v2 , v3 ) où v1 = (1, 1, 1), v2 = (1, 1, 0), v3 = (1, 0, 0). I4l est clair que B ′ est
une famille échelonnée qui ne contient pas (0, 0, 0), donc B ′ est libre. Comme
card(B ′ ) = 3 = dim(E), alors B ′ est une base de E. Soit f ∶ E Ð→ F l’application

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linéaire définie par f (x, y, z) = (x − 2y + z, y − 3z, 2x + y + z).


on a f (e1 ) = (1, 0, 2), f (e2 ) = (−2, 1, 1) et f (e3 ) = (1, −3, 1), alors

⎛1 −2 1 ⎞
⎜ ⎟
MatB (f ) = ⎜0 1 −3⎟ .
⎜ ⎟
⎝2 1 1 ⎠

On a
v1 = e1 +e2 +e3 , donc f (v1 ) = f (e1 )+f (e2 )+f (e3 ) = (1, 0, 2)+(−2, 1, 1)+(1, −3, 1) =
(0, −2, 4)
v2 = e1 + e2 , donc f (v1 ) = f (e1 ) + f (e2 ) = (1, 0, 2) + (−2, 1, 1) = (−1, 1, 3)
v3 = e1 , donc f (v3 ) = (1, 0, 2), alors

⎛ 0 −1 1⎞
⎜ ⎟
MatB′ ,B (f ) = ⎜−2 1 0⎟ .
⎜ ⎟
⎝ 4 3 2⎠

On a

(0, −2, 4) = av1 + bv2 + cv3 ⇐⇒ (a + b + c, a + b, a) = (0, −2, 4) ⇐⇒ a = 4, b = −6, c = 2


⇐⇒ f (v1 )B′ = (4, −6, 2)

(−1, 1, 3) = av1 + bv2 + cv3 ⇐⇒ (a + b + c, a + b, a) = (−1, 1, 3) ⇐⇒ a = 3, b = −2, c = −2


⇐⇒ f (v1 )B′ = (3, −2, −2)

(1, 0, 2) = av1 + bv2 + cv3 ⇐⇒ (a + b + c, a + b, a) = (1, 0, 2) ⇐⇒ a = 2, b = −2, c = 1


⇐⇒ f (v1 )B′ = (2, −2, 1)

Donc
⎛4 3 2⎞
⎜ ⎟
MatB′ (f ) = ⎜−6 −2 −2⎟ .
⎜ ⎟
⎝ 2 −2 1 ⎠

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On a e1 = v3 , donc f (e1 )B′ = f (v3 )B′ = (2, −2, 1)

(−2, 1, 1) = av1 + bv2 + cv3 ⇐⇒ (a + b + c, a + b, a) = (−2, 1, 1) ⇐⇒ a = 1, b = 0, c = −3


⇐⇒ f (e2 )B′ = (1, 0, −3)

(1, −3, 1) = av1 + bv2 + cv3 ⇐⇒ (a + b + c, a + b, a) = (1, −3, 1) ⇐⇒ a = 1, b = −4, c = 4


⇐⇒ f (e3 )B′ = (1, −4, 4)

Donc
⎛2 1 1⎞
⎜ ⎟
MatB,B′ (f ) = ⎜−2 0 −4⎟ .
⎜ ⎟
⎝ 1 −3 4 ⎠
Proposition 23. L’application

Mat ∶ L (E, F ) Ð→ Mm,n (K)


f z→ MatB,B′ (f )

est un isomorphisme de K-espaces vectoriels. En particuler, dim(Mm,n (K)) = mn.

Démonstration. Voir TD

Remarque 24. Prenons E = K n et F = K m et B et B ′ les bases canoniques de


E et F . Alors pour toute matrice A ∈ Mm,n (K) il existe une unique application
lineaire f ∶ K n Ð→ K m telle que MatB,B′ (f ) = A. On dit que f est canoniquement
associée à la matrice A.

Remarque 25. Soit g un endomorphisme de E. Alors


1.
MatB,B′ (f ) = 0m,n ⇐⇒ f = 0 l’application nulle

2.
MatB (g) = In ⇐⇒ g = idE

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Remarque 26. On a dim(Mm,n (K)) = mn et dim(Mn,m (K)) = nm, donc dim(Mm,n (K)) =
dim(Mnm (K)), alors Mm,n (K) ≃ Mm,n (K).
Il est facile de montrer que l’application

Mm,n (K) Ð→ Mn,m (K)


M z→ M T

est un isomorphisme de K-espaces vectoriels.

Proposition 27. Soient G un K-ev et B ′′ = (w1 , . . . , wq ) une base de G. Soit


g ∶ F Ð→ G une application linéaire. Alors

MatB,B′′ (g ○ f ) = MatB′ ,B′′ (g) × MatB,B′ (f )

Démonstration. Posons A = MatB′ ,B′′ (g) × MatB,B′ (f ) et B = MatB,B′′ (g ○ f ) et


montrons que Cj (A) = Cj (B) ∀j ∈ {1, . . . , n}. On a

Cj (A) =MatB′ ,B′′ (g) × MatB,B′ (f ) × MatB (uj )


=MatB′ ,B′′ (g) × MatB′ (f (uj ))
=MatB′′ (g(f (uj )))
=MatB′′ ((g ○ f )(uj ))
=Cj (B)

En conclusion, les matrices A et B ont les mêmes colonnes, donc A = B.

Proposition 28. On suppose que n = m, c’est-à-dire, dim(E) = dim(F ). Alors


L’application f est bijective si et seulement si MatB,B′ (f ) est inversible. Dans ce
cas on
MatB,B′ (f −1 ) = MatB,B′ (f )−1 .

Démonstration. Si f est bijective, alors on a f ○ f −1 = idE ′ et f −1 ○ f = idE , donc


MatB′ (f ○ f −1 ) = In et MatB (f −1 ○ f ) = In . Par suite MatB,B′ (f ) × MatB′ ,B (f −1 ) =
MatB′ ,B (f −1 ) × MatB,B′ (f ) = In . Donc MatB,B′ (f ) est inversible et on a
MatB′ ,B (f −1 ) = MatB,B′ (f )−1 .
Réciproquement, supposons que la matrice MatB,B′ (f ) est inversible. Puisque

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MatB,B′ (f )−1 ∈ Mn,m (K), alors d’après la proposition 23, ∃g ∈ L (F, E) telle que
MatB′ ,B (g) = MatB,B′ (f )−1 . On a

MatB′ ,B (g) × MatB,B′ (f ) = MatB,B′ (f )−1 × MatB,B′ (f ) = In

donc
MatB (g ○ f ) = In

alors g ○ f = idE . De la même façon on montre que f ○ g = idE ′ . En conclusion,


g = f −1 et donc f est inversible.

Corollaire 29. Soient g et f deux endomorphismes de E. Alors


1.
MatB (g ○ f ) = MatB (g) × MatB (f )

2. g est bijective si et seulement si MatB (g) est inversible. Dans ce cas on a

MatB (g −1 ) = MatB (g)−1

4.6 Changement de bases

4.6.1 Matrices de passage


Soient B = (u1 , . . . , un ) et B ′ = (v1 , . . . , vn ) deux bases de E.

Définition 30. On appelle matrice de passage de B à B ′ la matrice MatB (B ′ ) de


la famille B ′ dans la base B.

Exemple 4. Si B = (u1 , u2 ) et B ′ = (2u1 − u2 , u1 + u2 ), alors

⎛2 1⎞
MatB (B ′ ) =
⎝−1 1⎠

Théorème 31. On a les résultats suivants :


1. MatB (B ′ ) est une matrice carrée d’ordre n.
2. MatB (B ′ ) = MatB′ ,B (idE ).
3. MatB (B ′ ) est inversible et on a MatB (B ′ )−1 = MatB′ (B).

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Démonstration.
1. On sait que MatB (B ′ ) est une matrice d’ordre s × t où s = card(B) et t =
card(B ′ ). Puisque card(B) = card(B ′ ) = n, alors MatB (B ′ ) est une matrice carrée
d’ordre n.
2. On considère idE de E muni de B ′ dans E muni de B :

idE ∶ (E, B ′ ) Ð→ (E, B)

Pour tout vj ∈ B ′ on a idE (vj ) = vj , donc la jième colonne de la matrice MatB′ ,B (idE )
est la même que la jième colonne de la matrice MatB (B ′ ). Par suite, MatB (B ′ ) =
MatB′ ,B (idE ).
3. L’application
idE ∶ (E, B ′ ) Ð→ (E, B)

est bijective et on a
E = idE ∶ (E, B) Ð→ (E, B ).
id−1 ′

Donc MatB′ ,B (idE ) est inversible et on a MatB′ ,B (idE )−1 = MatB,B′ (id−1
E ) = MatB,B ′ (idE ).

D’où le résultat.

Proposition 32. Soit w ∈ E. Soient MatB (w) la matrice colonne des coordonnées
de w dans la base B et MatB′ (w) la matrice colonne des coordonnées de w dans
la base B ′ . Alors
MatB′ (w) = MatB′ (B)MatB (w).

Démonstration. Considérons l’application

idE ∶ (E, B) Ð→ (E, B ′ )

On a
MatB,B′ (idE )MatB (w) = MatB′ (idE (w)).

Donc
MatB′ (B)MatB (w) = MatB′ (w).

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Exemple 5. Dans E = R2 soit B = (e1 , e2 ) la base canonique. Considérons la


base B ′ = (v1 , v2 ) où v1 = e1 − 2e2 , v2 = 3e1 + e2 .
1. On a
⎛ 1 3⎞
MatB (B ′ ) = .
⎝−2 1⎠

2. On a e1 = 71 v1 + 72 v2 et e2 = −3
7 v1 + 17 v2 . Donc

1 ⎛1 −3⎞
MatB′ (B) = .
7 ⎝2 1 ⎠

3. Soit W = (3, 5). On a MatB (w) = (3, 5)T . On a

MatB′ (w) = MatB′ (B)MatB (w).

Alors
1 ⎛1 −3⎞ ⎛3⎞ 1 ⎛−12⎞
MatB′ (w) = = .
7 ⎝2 1 ⎠ ⎝5⎠ 7 ⎝ 11 ⎠
Par suite, w = −12
7 v1 + 11
7 v2 .

Théorème 33. Soient E et F deux K-ev de dimensions finies et f ∶ E Ð→ F une


application linéaire. Soient B, C deux bases de E et B ′ , C ′ deux bases de F . Alors

MatC,C ′ (f ) = MatB′ (C ′ )−1 × MatB,B′ (f ) × MatB (C).

Démonstration. Cosidérons le diagramme commutatif suivant


f
(E, B) / (F, B ′ )
idE ↺ idE ′
 f

(E, C) / (F, C ′ )

Ce diagramme est commutatif car f ○ idE = idE ′ ○ f . On a

MatB,C ′ (f ○ idE ) = MatC,C ′ (f ) × MatB,C (idE ) = MatC,C ′ (f ) × MatC (B)

et

MatB,C ′ (idE ′ ○ f ) = MatB′ ,C ′ (idE ′ ) × MatB,B′ (f ) = MatC ′ (B ′ ) × MatB,B′ (f ).

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Donc
MatC,C ′ (f ) × MatC (B) = MatC ′ (B ′ ) × MatB,B′ (f )

alors
MatC,C ′ (f ) = MatC ′ (B ′ ) × MatB,B′ (f ) × MatC (B)−1

ou
MatC,C ′ (f ) = MatB′ (C ′ )−1 × MatB,B′ (f ) × MatB (C).

Corollaire 34. Soit f ∶ E Ð→ E un endomorphisme de E, B et B ′ deux bases de


E. Alors
MatB′ (f ) = MatB (B ′ )−1 × MatB (f ) × MatB (B ′ ).

Démonstration. Dans le théorème 33, on remplace C et C ′ par B ′ et on remplace


B et B ′ par B.

Exemple 6. Soit B = (e1 , e2 ) la base canonique de R2 et soit B ′ = (v1 , v2 ) où


v1 = e1 − 2e2 , v2 = 3e1 + e2 . B ′ est une base de R2 .
Soit f ∶ R2 Ð→ R2 l’application linéaire telle que

⎛3 1⎞
MatB (f ) = .
⎝2 0⎠

On a
⎛ 1 3⎞
MatB (B ′ ) =
⎝−2 1⎠
et
1 ⎛1 −3⎞
MatB′ (B) = .
7 ⎝2 1 ⎠
On a
1 ⎛1 −3⎞ ⎛3 1⎞ ⎛ 1 3⎞
MatB′ (f ) = .
7 ⎝2 1 ⎠ ⎝2 0⎠ ⎝−2 1⎠

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4.6.2 Rang d’une matrice


Définition 35. Soit A = (C1 (A) . . . Cm (A)) une matrice de Matn,m (K). On
appelle rang de A, noté rg(A), le rang de la famille constituée par les vecteurs
colonnes C1 (A), . . . , Cm (A). On écrit

rg(A) = rg(C1 (A), . . . , Cm (A)).

Proposition 36. Soient E de dimension n et de base B et F de dimension m et


de base B ′ . Soit f ∶ E Ð→ F une application linéaire. Posons A = MatB,B′ (f ) ∈
Matm,n (K). Alors rg(A) = rg(f ).

Démonstration. L’application

MatB′ ∶ F Ð→ Matm,1 (K)


w z→ MatB′ (w)

est un isomorphisme. Donc rg(w1 , . . . , wq ) = rg(MatB′ (w1 ), . . . , MatB′ (wq )).


Posons B = (u1 , . . . , un ). On a MatB′ (f (ui )) = Ci (A). Donc

rg(A) =rg(C1 (A), . . . , Cn (A))


=rg(MatB′ (f (u1 )), . . . , MatB′ (f (un )))
=rg(f (u1 ), . . . , f (un ))
=rg(f )

car sev⟨f (u1 ), . . . , f (un )⟩ = Im(f ).

Proposition 37. Le rang d’une matrice A est égal à celui du système homogène
associé.

Démonstration. Voir devoir.

Remarque 38. La proposition37 montre que le rang d’une matrice peut être cal-
culer en utilisant la méthode de Gauss utilisée pour la résolution des systèmes
d’équations linéaires.

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Corollaire 39. Soit A ∈ Matn,m (K). Alors

rg(A) = rg(L1 (A), . . . , L(n)(A)),

c’est-à-dire, rg(A) = rg(AT ).

Démonstration. Voir devoir.

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