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HST ND 2271 - 207 - 07

CARACTÉRISATION
DES RISQUES CHIMIQUES
3 Déchet industriel
3 Traitement des déchets
3 Risque chimique

POTENTIELS DANS
3 Exposition professionnelle
3 Secteur activité

QUELQUES FILIÈRES DE h Barbara SAVARY, Raymond VINCENT,


INRS, département Métrologie des polluants

TRAITEMENT DES DÉCHETS


CHARACTERISATION OF POTENTIAL
L’évolution de la réglementation sur le traitement des déchets entraîne le développement de CHEMICAL RISKS IN A NUMBER OF WASTE
dispositifs de gestion spécifiques à certains déchets avec l’apparition de nouveaux procédés. Ces TREATMENT ACTIVITY SECTORS
nouvelles filières n’ont pas encore fait l’objet d’études concernant l’exposition professionnelle.
Une caractérisation des risques chimiques potentiels a été menée pour quelques opérations dans Changes in waste treatment regulations lead to
les filières de traitement des déchets de l’automobile, des déchets d’équipements électriques et development of management systems specific
électroniques, des emballages industriels, des déchets toxiques en quantités dispersées et des plumes to certain waste products and emergence of
et duvets. Après une description des procédés, les agents chimiques ont été identifiés et le nombre de new processes. These new activity sectors
salariés potentiellement exposés a été estimé. have not yet been a subject of occupational
Dans la majorité des procédés de traitement, il y a une ou plusieurs opérations manuelles entre exposure-related studies. Characterisation of
lesquelles s’intercale une opération de broyage. Dans les deux cas, les salariés sont exposés par voie potential chemical risks has been performed
respiratoire à des vapeurs pour les déchets liquides ou de poussières pour les déchets solides. Les for a few operations within treatment sectors
procédés de démantèlement manuel mis actuellement en œuvre pour le traitement des DEEE, ne involving car waste, electric and electronic
pourront répondre aux besoins futurs liés à l’augmentation du gisement de déchets traités. Cette equipment waste, industrial packaging, toxic
mécanisation nécessaire du traitement risque de modifier l’exposition aux agents chimiques des waste in dispersed quantities and feathers and
travailleurs de cette filière. down. Following a description of the processes
concerned, chemical agents are identified and
numbers of potentially exposed employees are
estimated.
Most treatment processes include one or more

S
manual operations before and after the waste
elon le code de l’environnement, • Déchets de l’agriculture et de la crushing operation. In both cases, employees
un déchet se définit comme sylviculture (déjections animales, produits are exposed, through the respiratory tract,
« tout résidu de production, de phytosanitaires, plumes et duvets, farines to liquid waste vapours or solid waste dust.
transformation ou d’utilisation, animales, films plastiques) : 374 Mt ; Manual dismantling operations currently
toute substance, matériau ou produit • Déchets de la construction et de implemented for treating EEEW (electrical and
ou plus généralement tout bien meuble la démolition (déchets du bâtiment et electronic equipment waste) will be incapable
abandonné ou que son détenteur des- déchets des travaux publics) : 343 Mt ; of meeting future needs associated with
tine à l’abandon » [1]. • Déchets de l’automobile (déchets growth in treated waste potential. Necessary
provenant de la réparation et Véhicules mechanisation of waste treatment is likely to
En 2004, le gisement de déchets Hors d’Usage (VHU)) : 2 Mt ; modify worker exposure to chemical agents in
était de 849 millions de tonnes répartis • Déchets des Activités de Soins (DAS) this activity sector.
en 8 familles [2] : (médicaments, déchets à risque non infec-
• Déchets des ménages (les ordures tieux ou infectieux (DASRI) ) : 0,2 Mt ;
ménagères, les encombrants et les déchets Déchets d’Equipements Electriques
verts) : 28 Mt. et Electroniques (DEEE) (gros électromé-
• Déchets des collectivités (déchets nager, matériel audio, vidéo, hifi, infor- 3 Industrial waste
de voirie, des marchés, boues et déchets matique et bureautique, consommables 3 Waste treatment
verts) : 14 Mt ; bureautiques) : 1,7 Mt. 3 Chemical risk
• Déchets des entreprises dangereux 3 Occupational exposure
et non dangereux : 90 Mt ; 3 Activity sector

INRS - Hygiène et sécurité du travail - Cahiers de notes documentaires - 2e trimestre 2007 - 207 / 59
TABLEAU I
Caractéristiques socio-économiques des établissements visités
Socio-economic characteristics of establishments visited
Code NAF Effectif Activité
(salariés)

Déchets de l’automobile
50.3B : Commerce de détail d’équipements automobiles 5 Démantèlement de VHU

50.1Z : Commerce de véhicules automobiles 6 Démantèlement de VHU

90.0B : Enlèvement et traitement des ordures ménagères 12 Récupération et broyage de pneus

37.2Z : Récupération de matières non métalliques recyclables 10 Fabrication de poudrettes à partir de copeaux de pneus

37.2Z : Récupération de matières non métalliques recyclables 10 Pré traitement de filtres à huile
Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques
Démantèlement DEEE
37.1Z : Récupération de matières métalliques recyclables 7 Traitement des tubes cathodiques par le procédé VICOR

37.2Z : Récupération de matières non métalliques recyclables 6 Démantèlement DEEE

85.3K : Autres formes d’actions sociales 40 Démantèlement DEEE

37.1Z : Récupération de matières métalliques recyclables 12 Démantèlement DEEE

37.1Z : Récupération de matières métalliques recyclables 6 Démantèlement DEEE

52.7D : Réparation d’appareils électroménagers 40 Remise en état de matériel blanc

Traitement des tubes cathodiques par le procédé VICOR


37.1Z : Récupération de matières métalliques recyclables 8 Traitement des piles boutons et des déchets mercuriels

Démantèlement DEEE
90.0B : Enlèvement et traitement des ordures ménagères 32 Traitement des tubes cathodiques par le procédé VICOR
Broyage de câbles

Récupération des métaux précieux


51.5Q : Commerce de gros de déchets et de débris 9 à partir de cartes électroniques

Emballages industriels

28.7A : Fabrication de fûts et d’emballages métalliques similaires 20 Nettoyage et recyclage de fûts d’origine industrielle

Déchets toxiques en quantité dispersée

90.0B : Enlèvement et traitement des ordures ménagères 96 Regroupement et pré traitement des DTQD

Plumes et Duvets

17.4B : fabrication de petits articles textiles de literie 60 Traitement des plumes et des duvets issus des abattoirs.

Multi activités

Broyage de VHU
37.1Z : Récupération de matières métalliques recyclables 45 Broyage de Câbles
Fabrication de poudrettes à partir de copeaux de pneus

Broyage de VHU
37.1Z : Récupération de matières métalliques recyclables 20 Broyage de DEEE

Regroupement des DTQD.


90.0E : Traitement d’autres déchets solides 62 Traitement des fûts et bidons
Traitement de déchets dangereux

Le code NAF décrit l’activité de l’établissement conformément à la nomenclature d’activité française - NAF rev.1 2003. Le code Risque Sécurité sociale,
précisé par circulaire au Journal officiel, décrit de manière plus détaillée ces activités.
Exemple : Codes Risque
Code NAF 37.1ZA : récupération de matières métalliques recyclables
37.1Z : récupération de matières métalliques recyclables 37.1ZB : récupération et recyclage de métaux féreux
37.1ZC : récupération et recyclage de métaux non féreux
37.1ZD : désamorçage, démolition des munitions et récupération

La loi n°92-646 du 13 juillet 1992, péenne des déchets. Les caractéristiques des déchets particuliers, comme les
avec l’échéance qu’elle fixait en juillet permettant de définir leur dangerosité piles, les gaz à effet de serre, les DAS [5,
2002, impose de trouver des filières de sont définies dans l’annexe I du décret 6, 7]. Pendant ces 5 dernières années, de
valorisation afin de limiter l’enfouisse- n°2002-540 du 18 avril 2002. Ils peu- nouvelles réglementations se sont mises
ment aux seuls déchets ultimes, c’est-à- vent être nocifs, irritants, cancérigènes, en place au niveau européen, transcrites
dire ne pouvant plus être traités dans les mutagènes, reprotoxiques...[4]. en droit français par la suite concernant
conditions techniques et économiques Au cours de ces dernières décennies, la gestion et le traitement des VHU et,
du moment [3]. Depuis 2002, les déchets de nombreux textes réglementaires dernièrement des DEEE depuis juillet
sont classés selon la nomenclature euro- (décrets et arrêtés) ont été publiés pour 2005 [8, 9, 10].

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La filière de gestion des déchets se MÉTHODOLOGIE • 3 établissements traitant au moins


décompose en deux étapes principales : la 2 déchets pris en compte dans l’étude.
collecte et le traitement, entre lesquelles Seuls les procédés observés dans les
peuvent s’intercaler des étapes de tri, de établissements visités sont décrits dans
regroupement et/ou de pré-traitement. La première étape de l’étude a consisté cet article.
Ces étapes intermédiaires ont pour objectif à interroger la base de données COLCHIC Pour chaque filière étudiée, une
principal d’améliorer la mise en œuvre du afin de déterminer les agents chimiques caractérisation des dangers par type de
traitement ou de dépolluer les déchets. présents dans les filières de traitement et déchet a été faite. Les agents chimiques
Les procédés de traitement sont classés leurs niveaux d’exposition auxquels sont présents dans chaque filière ont été
en plusieurs catégories [11, 12, 13, 14, 15] : soumis les salariés. Cette base de données identifiés puis répertoriés en prenant en
- la réutilisation ou le réemploi ; regroupe l’ensemble des résultats de mesures compte les valeurs limites d’exposition
- le recyclage qui porte soit sur les d’exposition effectuées, de 1987 à nos professionnelle (VLEP), la classification
matériaux avec des traitements mécani- jours, par les laboratoires interrégionaux dans la liste des produits cancérogènes,
ques, thermiques ou chimiques, soit sur des CRAM et par l’INRS. Actuellement, il mutagènes et reprotoxiques (CMR) et
le matière organique par valorisation y a 680 000 résultats archivés concernant l’existence d’un tableau de maladie pro-
alimentaire, épandage direct ou après 800 agents chimiques [25]. fessionnelle [26, 27, 28, 29, 30].
compostage ; Les établissements de traitement des Le nombre de salariés potentielle-
- la valorisation énergétique ; VHU et des DEEE sont répertoriés sous ment exposés a été évalué à partir des
- l’élimination par enfouissement les codes NAF 37.1Z, récupération de données fournies par la base de données
incinération ou traitement chimique. déchets métalliques recyclables et 37.2Z, de l’UNEDIC [31]. Elles ont été compa-
La littérature traitant les expositions récupération de déchets non métalliques rées aux données fournies par d’autres
des salariés dans les filières de traite- recyclables. La remise en état des embal- organismes tels que l’ADEME, les syn-
ment des déchets est peu abondante. lages métalliques souillés est réalisée dicats professionnels ou à partir des
Elle concerne surtout les risques envi- par des établissements répertoriés sous informations collectées lors de visites
ronnementaux. Les études publiées ont le code d’activité 28.7A, fabrication de d’établissements.
pour thèmes principalement la filière fûts et d’emballages similaires.
des déchets municipaux et leur inciné- La préparation des plumes et des
ration, les DASRI, les boues de stations duvets est assurée par des installations
d’épuration [16, 17, 18, 19, 20, 21, 22].
L’ADEME publie régulièrement
regroupées sous le code NAF 17.4B,
fabrication de petits articles de literie.
EVALUATION DES
des études sur les différents types de L’évaluation des niveaux d’exposi- NIVEAUX D’EXPOSITION
(BASE COLCHIC)
déchets. Les données sont assez géné- tion a donc été réalisée par exploitation
ralistes : définition des déchets, leur de la base de données COLCHIC à
gisement, le traitement et la réglemen- partir des codes NAF cités ci-dessus.
tation. Il n’existe pas d’information sur Cette exploitation porte sur les données
le nombre de salariés et les expositions recueillies entre 1996 et 2006. Elles
potentielles dans la filière. permettent d’analyser les risques, mais LE SECTEUR 17.4B
Une étude préliminaire a permis de compte tenu des évolutions des modes
compléter les données de l’ADEME sur le de travail, des déchets et de la gestion de Pour ce secteur d’activité, seules 57
gisement et les traitements. Une recher- ces risques dans ces entreprises depuis mesures sont répertoriées depuis 1986.
che sur la composition des déchets a été 10 ans, ne sont pas forcément représen- Il n’est donc pas possibles de donner des
menée pour aboutir à une hiérarchisation tatives du niveau actuel d’exposition. statistiques fiables.
des risques potentiels dans ce secteur. La Elles concernent les poussières inha-
méthode mise en œuvre a été inspirée Afin de mieux connaître les filières lables (36,8 %), les poussières thoraciques
de la méthode mise au point à l’INRS et les procédés de traitement des déchets (35,1 %), les poussières alvéolaires (19,3 %)
[23]. Pour réaliser cette hiérarchisation, présentant un risque potentiel impor- et le 1,1,1 trichloréthane (8,8 %). Le nom-
certaines données ont été nécessaires : la tant, des visites d’établissements ont été bre de mesures est insuffisant pour extrai-
composition des déchets et les dangers réalisées. Les déchets ciblés étaient les re des statistiques exploitables.
des composés chimiques, les quantités DEEE, les VHU, les emballages indus-
et l’externalisation du traitement. Parmi triels, les DTQD et les plumes et duvets.
les 61 déchets ou familles de déchets pris Le Tableau I donne les caractéristiques LE SECTEUR 28.7A
en compte, 18 d’entre eux présentent un des établissements visités, leur code
risque important, 31 un risque moyen et d’activité et les effectifs. Au total, 20 De 1986 à 2006, 41 interventions
12 un risque faible [24]. établissements ont été visités : ont été réalisées dans 14 établissements
Parmi les déchets présentant un • 5 établissements de traitement de appartenant à ce secteur d’activité. Les
risque important, certains déchets appar- déchets de l’automobile ; 282 prélèvements d’air d’une durée
tiennent à une filière en évolution du fait • 9 établissements de traitement de comprise entre 1 et 8 heures ont généré
de la modification de la réglementation DEEE ; 1 124 résultats. Ils concernent, pour
ces dernières années : les VHU, les DEEE, • 1 établissement de traitement 87,3 % d’entre eux les composés organi-
les emballages souillés. d’emballages industriels ; ques volatils et, pour 5,8 % d’entre eux,
Sur la base des informations issues • 1 plate-forme de regroupement de les métaux (Tableau II).
de la hiérarchisation, une étude visant à DTQD ;
caractériser les risques chimiques dans • 1 établissement de traitement et de
ces filières a été menée. préparation de plumes et de duvets ;

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TABLEAU II
Mesures d’exposition dans le secteur de la fabrication des fûts et de petits emballages similaires
Exposure measurements in the drum and small packaging production sector

Agent chimique VME Nb de résultats P>VME Moyenne Médiane Etendue Percentile


75 90

Xylène (mg/m 3 ) 221 50 2,00 % 32,03 10,65 0,30-279,00 26,00 102,50


Plomb (µg/m 3 ) 100 43 37,21 % 113,54 65,70 8,00-590,00 138,00 237,00
Toluène (mg/m 3 ) 375 40 0,00 % 9,80 1,14 0,13-187,00 6,73 19,15
3
Isobutyle (mg/m ) 150 33 0,00 % 8,99 2,60 0,17-39,40 12,00 32,90
Méthyléthylecétone (mg/m 3 ) 60 32 0,00 % 11,13 1,34 0,14-113,00 6,70 35,50
Acétate de n-butyle (mg/m 3 ) 710 29 3,45 % 37,00 1,35 0,19-788,00 11,50 40,00
4-méthylpentan-2-one (mg/m 3 ) 83 28 0,00 % 7,87 5,00 0,35-56,60 10,50 15,20
Acétate d’éthyle (mg/m 3 ) 1 400 26 3,85 % 145,63 40,65 0,30-2 224,00 70,80 267,00
Hydrocarbures benzèniques et
- 22 - 5,25 3,36 0,70-15,00 7,87 11,70
aromatiques (mg/m 3 )

TABLEAU III
Mesures d’exposition dans le secteur de la récupération des matériaux métalliques recyclables
Exposure measurements in the recyclable metal recovery sector

Agent chimique VME Nb de résultats P>VME Moyenne Médiane Etendue Percentile

& 75 90
Poussières inhalables (mg/m 3 ) - 66 - 3,90 1,82 0,01-34,72 4,64 8,36
Plomb (µg/m 3 ) 100,00 106 50,00 % 261,17 100,50 1,10-8 880,0 200,00 403,00
Cadmium (µg/m 3 ) 50,00 53 49,06 % 402,48 50,00 0,50-5 630,0 133,00 1 110,00
Nickel (mg/m 3 ) 1,00 47 27,66 % 1,04 0,07 0,01-6,92 1,08 4,63
Fer (mg/m 3 ) 43 - 1,05 0,18 0,01-19,90 0,51 1,21
Zinc (mg/m 3 ) 24 0,95 0,10 0,01-9,10 0,36 1,80

TABLEAU IV
Mesures d’exposition au poste de conduite et de surveillance des installations de broyage et de tri dans le secteur de
la récupération des matériaux métalliques recyclables
Exposure measurements at a sorting and crushing control and surveillance workstation in the recyclable metal recovery sector

Agent chimique VME Nb de résultats P>VME Moyenne Médiane Etendue Percentile


75 90
Poussières inhalables (mg/m 3 ) - 23 3,02 1,59 0,38-13,65 4,80 6,35
Plomb (µg/m 3 ) 100,00 48 43,75 % 330,19 90,00 7,00-8 880,0 195,00 390,00
Cadmium (µg/m 3 ) 50,00 25 52,00 % 116,28 57,00 0,50-1 110,0 100,00 140,00
3
Nickel (mg/m ) 1,00 21 57,14 % 2,23 1,08 0,01-6,92 3,85 5,24
Fer (mg/m 3 ) 20 - 0,29 0,25 0,02-0,80 0,47 0,59

LE SECTEUR 37.1Z
TABLEAU V
Niveaux d’exposition dans le secteur de la récupération de matériaux De 1986 à 2006, 66 interventions
non métalliques recyclables ont été réalisées dans 38 établissements
Exposure measurements in the recyclable non-metal recovery sector appartenant au secteur 37.1Z. Les 578
Agent chimique Nb de résultats Moyenne Médiane Etendue Percentile prélèvements d’air des lieux de travail
75 90 d’une durée comprise entre 1 et 8 heures
ont généré 2 147 résultats. Ces derniers
Poussières inhalables concernent, pour 78,3 % d’entre eux, les
103 35,32 2,60 0,08-1 971,00 7,90 28,00
(mg/m 3 )
métaux et, principalement, le plomb,
le cadmium, le nickel, le zinc et le fer.
Ils ont été obtenus par spectrométrie
d’émission atomique à plasma inductif
(ICP). Les poussières inhalables, mesu-
rées par gravimétrie, représentent 7,7 %

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FIGURE 1 des données concernant ce secteur. La


Pourcentage de mesures pour les 10 agents chimiques les plus mesurés dans le secteur 37.1Z répartition des mesures de 10 agents chi-
Percentage of measurements for the 10 most measured chemical agents in the 37.1Z sector miques les plus mesurés est représentée
sur la Figure 1. Les résultats statistiques
�����
sont présentés dans le Tableau III.
�������
Le broyage est une étape omnipré-
sente dans ce secteur. Il peut se faire
������ sur le site ou être externalisé. Une
exploitation plus précise des données de
���
la base COLCHIC, en ne tenant compte
��������������������� que des prélèvements concernant les
postes de surveillance et de conduites des
���������
installations de broyage et de tri dans le
����
secteur 37.1Z, a été réalisée. Au cours de
la période 1986-2006, 28 interventions
��������� ont été effectuées dans 16 établissements
générant ainsi 701 résultats de mesures
���������
d’exposition. Plus de 86 % des mesures
������ concernent les métaux, les poussières
inhalables ne représentant que 7,6 % de
������ ������ ������ ������ ������ ������� ������� ������� �������
ces mesures. Les résultats sont présentés
FIGURE 2 dans le Tableau IV.
L’activité de récupération de maté-
Pourcentage de mesures pour les 11 agents chimiques les plus mesurés dans le secteur 37.2Z
Percentage of measurements for the 11 most measured chemical agents in the 37.2Z sector riaux métalliques recyclables est une
activité polluante. Les niveaux d’expo-
��������������������� sition, synthétisés dans le Tableau III,
�������
indiquent que la moitié des mesures est
supérieure aux VLEP du plomb et du cad-
������ mium et que plus d’un quart des mesures
concernant le nickel sont supérieurs à sa
�����
VLEP. Il faut noter que 10 % des niveaux
����������������� d’exposition au plomb sont supérieurs à
4 fois la VLEP alors que 10 % des niveaux
���������������� d’exposition au cadmium sont supé-
�������
rieurs à 20 fois la VLEP.
Les observations faites pour le sec-
������������������ teur d’activité dans sa globalité restent
valables si le poste de travail est précisé.
��������������������
Les synthèses des niveaux d’exposition pour
������������ le secteur 37.1Z et le poste de conduite et de
surveillance des installations de broyage
������ ������ ������ ������ ������ ������� ������� ������� �������
et de tri sont reprises dans le Tableau
FIGURE 3 IV. Ils sont plus élevés. Pour le plomb,
50 % des mesures sont inférieures à 90
Pourcentage de mesures pour les 10 agents chimiques les plus mesurés lors du démantèle-
ment manuel des DEEE g/m3, 43,75 % des mesures sont supé-
Percentage of measurements for the 10 most measured chemical agents during EEEW rieures à la VLEP et 25 % des mesures
manual dismantling sont supérieures à près de 2 fois la VLEP.
Pour le cadmium, 52 % des mesures sont
���������������������
supérieures à la VLEP et 25 % des mesures
����� sont supérieures à 2 fois la VLEP. Pour le
nickel, plus de 57 % des mesures sont
�����������������������
supérieures à la VLEP et 25 % des mesu-
������
res sont supérieures à un peu moins de
4 fois la VLEP.
���

���������
LE SECTEUR 37.2Z
���������
Une seconde exploitation de la
�����
base COLCHIC a été réalisée pour le
���������
code NAF 37.2Z. Cependant, ce sec-
teur regroupe de nombreux procédés de
������� récupération de matériaux très divers :
������ ������ ������ ������ ������ ������� ������� ������� �������
papiers, textiles, plastiques, caoutchouc.

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TABLEAU VI
Niveaux d’exposition mesurés lors du démantèlement de DEEE
Exposure measurements during EEEW dismantling

Agent chimique VME Nb de résultats P>VME Moyenne Médiane Etendue Percentile


75 90

Poussières inhalables (mg/m3) - 31 2,91 1,30 0,01-40,80 2,39 3,80


Plomb (µg/m 3 ) 100,00 31 19,35 % 83,04 11,00 1,10-1 050,00 27,00 275,00
Cadmium (µg/m 3 ) 50,00 28 3,57 % 13,62 0,50 0,30-246,00 0,85 32,00
Aluminium (mg/m 3 ) 22 0,00 % 0,14 0,09 0,01-1,13 0,13 0,17
Fer (mg/m 3 ) 31 - 6,50 0,06 0,01-198,00 0,12 0,21

TABLEAU VII résultats concernant les métaux repré-


Gisement des déchets de l’automobile sentent 70,3 % de l’ensemble des résultats
Car waste production répertoriés pour cette tâche. La Figure 3
hiérarchise les 10 agents chimiques les
Déchets Quantité Agents chimiques identifiés plus recherchés. Le Tableau VI synthétise
Hydrocarbures, lubrifiants, liquides de
les résultats de l’exploitation de la base
VHU 1,6 Mt COLCHIC concernant les poussières inha-
refroidissement, métaux, freins, batteries.
lables et les 4 métaux les plus mesurés.
Pare-brise 30 kt Verre
L’opération de démantèlement des
Matières plastiques 145 kt
dont pare-chocs 20 kt
DEEE est source d’exposition aux pous-
sières contenant des métaux. Le petit
Batteries 6,3 millions d’unités Acide sulfurique, plomb
nombre de mesures ne permet pas une
Plaquettes de frein 10 millions d’unités Fibres d’amiante
interprétation judicieuse des données. Il
Amortisseurs 10 millions d’unités Huiles hydrauliques
faut toutefois noter la présence de plomb
Huiles moteurs 286,6 kt Hydrocarbures
et de cadmium à des teneurs pouvant
Filtres à huile et à carburant 60 kt Métaux, hydrocarbures, lubrifiants,
dépasser la VLEP.
Bidons de lubrifiants 6 millions d’unités Lubrifiants
Pots catalytiques 300 000 unités Métaux précieux
Caoutchouc, Noir de carbone, fibres textiles,
Pneumatiques 354,1 kt
LA FILIÈRE DE
oxyde de zinc, soufre, additifs

GESTION DES DÉCHETS


TABLEAU VIII AUTOMOBILES
Taux de réemploi et de valorisation parus dans le décret 2003-727
Rate of reuse and increase in value imposed by French decree n°2003-727

Au 1er Janvier 2006 Au 1er Janvier 2015 GÉNÉRALITÉS


Minimum 85 % de la masse totale Minimum 95 % de la masse totale
Taux de réemploi/valorisation
des véhicules traités des véhicules traités
La filière des déchets de l’automo-
bile regroupe la réparation automobile et
Minimum 80 % de la masse totale Minimum 85 % de la masse totale l’élimination et la valorisation des VHU.
Taux de réemploi/recyclage
des véhicules traités des véhicules traités
Ces deux activités produisent les même
déchets qui seront traités sans distinc-
tion d’origine.
L’huile de moteur, les liquides de
Les sites d’équarrissages sont également pas être considérées sans effet spéci- freins et de refroidissement, la batterie
répertoriés dans ce secteur d’activité. fique. En effet, le plomb est répertorié sont considérés comme des déchets dan-
Pour ce secteur, 1 813 résultats sont réper- dans les 11 agents chimiques les plus gereux. Un VHU non dépollué contient
toriés dans la base COLCHIC. Les 11 agents mesurés dans ce secteur. Les niveaux ces éléments, il sera donc considéré
chimiques les plus recherchés sont d’exposition sont élevés. Les salariés sont comme un déchet dangereux avant son
représentés sur la Figure 2. probablement exposés à des mélanges traitement. Les autres éléments d’un
La diversité des agents chimiques complexes d’agents chimiques VHU, les Pneumatiques Usagés (PU), les
mesurés dans le secteur 37.2Z ne per- vitres, les pare-brise, les plastiques, la sel-
met pas d’extraire des statistiques exploi- lerie, les pièces métalliques et la carcasse
tables, d’autant plus que les déchets LE DÉMANTÈLEMENT MANUEL DES DEEE sont des déchets non dangereux.
traités ne sont pas précisés. Le Tableau V Les gisements de VHU et des déchets
répertorie les calculs statistiques concer- Une exploitation de la base COLCHIC provenant de la réparation de l’automobi-
nant les poussières inhalables composées a été réalisée sur une tâche plus précise : le sont indiqués dans le Tableau VII [32],
de divers agents chimiques. le démantèlement manuel des DEEE, [33]. Le tonnage global concerné est com-
Les poussières inhalables ne peuvent quel que soit le secteur d’activité. Les pris entre 2 et 2,5 millions de tonnes.

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Selon un rapport de l’ADEME, en gereux pour la santé humaine : hydro- tion des pièces pouvant être réutilisées,
2005, les huiles usagées peuvent être carbures contenant du benzène, fibres sont broyés afin de valoriser les différents
classées en 2 catégories [34] : d’amiantes et céramiques... Lors des éléments. A la sortie du broyeur, un flux
• Les huiles moteur : 253,6 kt : visites d’établissements, plusieurs sources d’air à contre-courant permet d’éliminer
- voitures de tourisme : 138,1 kt d’exposition ont été identifiées : les éléments inertes, tels que le caout-
(108,8 kt d’huile pour moteurs essence • La dépollution d’un VHU amène chouc, les matières textiles. Un tambour
et 29,3 kt pour moteurs diesel) ; les opérateurs à manipuler des batteries, magnétique permet ensuite d’extraire du
- moteurs diesels utilitaires : 107,5 kt ; parfois en mauvais état. L’acide sulfurique flux, la fraction ferreuse. Les métaux non
- avions et autres moteurs : 8,0 kt ; qu’elles contiennent peut s’échapper et ferreux restants sont alors criblés pour
• Les autres huiles automobiles : 33,0 kt : provoquer des brûlures graves. séparer les éléments les plus fins. Un
- Huiles noires : huiles de • Les fluides sont aspirés. Les huiles courant de Foucault permet de récupérer
transmission automatique et huile pour contiennent des suies, des phénols, des les métaux non ferreux et, notamment,
engrenage ; phtalates, des métaux lourds, du chlore, l’aluminium. Le résidu est alors trié
- Huiles claires : huiles pour des acides organiques et des HAP. Le par un opérateur pour retirer les corps
amortisseurs et liquides de frein. système d’aspiration, présent chez la étrangers des métaux non ferreux, en
plupart des démolisseurs agréés, n’expose particulier les bobinages de cuivre. Le fer
En septembre 2005, le gisement de pas les opérateurs par voie cutanée. Par sera expédié vers les aciéries, l’aluminium
pneumatiques est de 354,1 kt [35] : contre, lors de l’ouverture des réservoirs, vers les fonderies.
• 235,9 kt provenant des véhicules légers ; la tension de vapeur des produits entraîne
• 85,4 kt provenant des poids lourds ; l’émanation de vapeurs qui peuvent alors Caractérisation des expositions
• 1,9 kt provenant des scooters ; être inhalées.
• 20 kt provenant d’engins agricoles GC1 ; • Le carburant, s’il est parfois pompé, Un VHU, même dépollué, est encore
• 10,2 kt provenant du génie civil CG2 ; est le plus souvent récupéré en perçant le une source d’exposition. En effet, il
• 0,7 kt provenant des avions. réservoir ou en retirant le bouchon prévu contient des éléments métalliques, des
Les pneumatiques représentent pour le vidanger. Les opérateurs sont, à plastiques, du verre, les filtres à huile et
des quantités unitaires importantes qui la fois, exposés par voie respiratoire aux à carburant, les Airbags, les fluides de
dépendent de leur origine. Une tonne de vapeurs d’hydrocarbures, mais également climatisation (ceci devrait rapidement évo-
pneumatiques correspond à 153 pneu- par contact cutané en raison de l’écou- luer avec la nouvelle réglementation). Tous
matiques de véhicules légers ou de tou- lement de l’essence sur les membres ces éléments sont broyés et susceptibles de
risme ou à 19 pneumatiques de poids- supérieurs. libérer des agents chimiques toxiques.
lourds [35]. • Les freins, surtout s’ils ont été Si l’opération de broyage est une opé-
produits avant 1997, contiennent de ration entièrement automatisée, les étapes
l’amiante. Même s’ils ne sont pas récu- de tri intervenant ensuite ne le sont pas
LE DÉMANTÈLEMENT ET pérés ou retirés du véhicule, les salariés toutes. Lors du tri des matériaux inertes,
LA DÉPOLLUTION DES VHU sont à proximité, notamment quand ils même si le broyage est grossier, de fines
retirent les roues. particules de silice, de plastiques ou de
Le procédé • Les pièces destinées à la revente sont pneumatiques peuvent se trouver en sus-
dégraissées à l’aide d’un solvant spécial. pension, de même que des fibres textiles.
La première étape du traitement d’un VHU Lors de l’opération de dégraissage, des Les opérateurs se trouvant à proximité
est la dépollution. Les fluides (liquide aérosols à base d’huile peuvent se former de la zone de stockage de ces matières
de frein et de refroidissement) sont et être inhalés par les opérateurs. Ces peuvent être exposés à ces composés.
collectés, la batterie est retirée. Le car- derniers peuvent également être exposés L’étape finale de tri est assurée par
burant est récupéré par les salariés par par voie cutanée par contact avec le visage un opérateur. Celle-ci se situe, le plus
pompage du réservoir ou en dévissant le ou les mains. souvent, dans un local fermé dans lequel
bouchon placé en dessous du réservoir. Si les risques rencontrés dans la la température est relativement élevée.
Ils peuvent également le percer à l’aide dépollution des VHU sont relativement En effet, les différents éléments se sont
d’un outil tranchant ou d'un tournevis. semblables à ceux de la réparation automo- échauffés lors du broyage. La chaleur
Ensuite, les pièces mécaniques ou bile, ils sont exacerbés du fait de la répéti- favorise la volatilisation des agents chi-
de carrosserie, pouvant être vendues en tion de la tâche, mais surtout du mauvais miques contenus dans les traces d’huile
tant que pièces d’occasion, sont enlevées. état du véhicule et de ses éléments. et de carburant encore présentes dans les
La carcasse, contenant le plus souvent la Les expositions sont multiples avec réservoirs et les filtres.
sellerie, les plastiques (tableau de bord, des phénomènes de co-exposition qui
pare-chocs), les vitres, est expédiée vers ne sont pas négligeables. La principale
un centre de broyage. Le décret n°2003- voie d’exposition est la voie respiratoire. LA VALORISATION DES PNEUMATIQUES
727 impose des taux de recyclage et de Cependant, lors de la récupération du USAGÉS (PU)
valorisation à échéance du 1er janvier 2006 carburant, la voie cutanée peut constituer
et du 1er janvier 2015 (Tableau VIII) [9] et la voie d’exposition majeure. Le procédé
obligent à des démontages complémen-
taires aux pratiques actuelles. Parmi les déchets de l’automobile, les PU
LE BROYAGE DES CARCASSES représentent une part importante. Ils pro-
Caractérisation des expositions viennent soit de l’entretien automobile, lors
Le procédé du remplacement par des pneumatiques
Un VHU contient de nombreux neufs, soit des VHU.
agents chimiques potentiellement dan- Les VHU, après dépollution et récupéra- Ils sont, dans le cadre de la nouvelle régle-

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mentation, principalement collectés, depuis LE TRAITEMENT DES FILTRES À HUILE 1000 à fin 2006. D’après les constatations
mars 2004, par des entreprises référencées faites lors des visites d’établissements, le
par les sociétés ALIAPUR, FRP et Norauto. Le procédé nombre moyen de salariés employés sur
Elles prennent en charge et financent l’en- un site est de 10.
semble de la filière de collecte, de tri, de Les filtres à huile proviennent essentiellement En France, une vingtaine de sociétés de
traitement et de valorisation. de l’entretien des véhicules. Ils sont composés broyage réparties sur une quarantaine
Les pneus provenant de poids lourds peu- de métal, de papier et d’huile usagée repré- de sites sont agréées pour broyer des
vent être séparés des pneus des véhicules sentant 20 % du poids du filtre [34]. VHU, en plus des autres matériaux
légers. Les deux flux sont traités séparé- Les filtres sont stockés dans une fosse avant métalliques, comme les DEEE. La plus
ment, mais peuvent, dans certains cas, l’être de subir un premier tri manuel permettant importante société regroupe à elle seule
dans la même installation. de retirer les éléments indésirables. Les fil- les 2/3 de la capacité nationale de broya-
Ils sont broyés afin d’obtenir des broyats tres sont ensuite broyés et centrifugés. Les ge. Les établissements sont classés en
de taille prédéfinie. L’installation est placée hydrocarbures sont alors séparés du mélange 37.1Z, récupération des matières métal-
sous un flux d’eau afin d’éviter l’échauffe- papier-ferraille. La fraction métallique est liques recyclables. L’effectif de chaque
ment des couteaux. Un opérateur contrôle ensuite débarrassée du papier par action centre est très variable. De manière
les pneumatiques avant leur introduction magnétique. Les deux flux sont pressés pour générale, moins de 50 personnes sont
dans le broyeur. Il enlève les pneumati- éliminer le maximum de lubrifiant. employées dans les sites de broyage.
ques non conformes provenant de moto ou Le métal sera expédié en fonderie, le Au total, il y aurait donc 2 000 salariés
de bicyclette ainsi que les chambres à air. papier sera incinéré et les lubrifiants travaillant dans cette filière.
Après broyage, une tonne de pneumatiques seront traités en centre spécialisé. S’ils Deux établissements valorisent les fil-
représente 2 m3 . contiennent moins de 30 % d’impuretés, tres à huiles sur le territoire français.
Les broyats sont ensuite expédiés, soit en ils seront régénérés. Au-delà de 30 % Moins de 10 salariés sont employés à
cimenterie pour servir de combustible, soit d’impuretés, ils seront incinérés. cette tâche sur les sites.
chez un granulateur où ils sont alors trans- Depuis 2004, la société ALIAPUR,
formés en poudrettes ou en granulats. Les Caractérisation des expositions principale structure avec 81 % de part
copeaux de PU sont de nouveau broyés pour de marché, s’occupe de gérer les déchets
former de la poudrette de diamètre variable. A Lors du traitement des filtres, le broyage de pneumatiques suite à la parution
la sortie du broyeur, le mélange est hétérogène. et la centrifugation peuvent être à l’origi- du décret n°2002-1563 du 24 décembre
Outre le caoutchouc, il contient du textile et ne de la formation de brouillards d’huile 2002 [9]. Elle a en charge la mise en
de la ferraille. Cette dernière sera retirée par et de l’émission d’aérosols. Une huile place de collecte et le bon fonctionne-
aimantation et un flux d’air à contre-courant moteur usagée est composée de suies, de ment des plate-formes de traitement.
entraînera les fibres textiles. résines, de métaux lourds, d’acides orga- La collecte se fait auprès des garagis-
niques issus de l’oxydation partielle de tes avec mise à disposition des bennes
Caractérisation des expositions l’huile, de chlore provenant de certains par une centaine de collecteurs agréés.
additifs et de composés aromatiques tels Selon ALIAPUR, il y a, en France, 8
Un pneumatique usagé (PU) est composé de que les HAP, de phénols et de phtalates. plate-formes de tri et broyage, chacune
caoutchouc (48 %), de noir de carbone (22 %), Les aérosols susceptibles d’être émis au employant moins de 20 salariés [35].
d’acier (15 %), de textile (5 %), d’oxyde de zinc cours du procédé de traitement peuvent
(1 %), de soufre (1 %) et d’additifs (8 %) [35]. contenir tous ces éléments.
Le broyage des pneumatiques, effectué en
milieu humide, ne semble pas constituer
une source d’exposition pour les salariés. POPULATION POTENTIELLEMENT LA FILIÈRE DE GESTION
Contrairement à la production de copeaux, EXPOSÉE DES DÉCHETS
D’ÉQUIPEMENTS
la fabrication de poudrettes ou de granulés
se fait par voie sèche. Ce procédé génère Selon un rapport de l’ADEME, le nombre
beaucoup de poussières. Une étude menée de démolisseurs automobiles est estimé ÉLECTRIQUES
ET ÉLECTRONIQUES
dans deux établissements fabriquant de entre 2 000 et 3 000 sites [37]. Parmi eux,
la poudrette dans la région de Taïwan a 900 à 1 200 sont des installations classées
permis d’identifier un certain nombre pour la protection de l’environnement et
d’agents chimiques présents dans les 400 sites sont certifiés Qualicert. Il est
atmosphères des ateliers de travail. Les cependant difficile d’identifier l’ensemble
composés organiques volatils identifiés des sites de déconstruction de VHU, étant GÉNÉRALITÉS
sont les composés aromatiques (propyl- donné que la plupart d’entre eux exercent
benzène), des cétones (méthyléthylcé- une activité de commerce de pièces neuves Le gisement des DEEE est de 1,7 mil-
tone), des monomères (styrène), des HAP ou d’occasion issues du démantèlement des lions de tonnes avec une augmentation
(naphtalène, 1-méthylnaphtalène), des véhicules. Ces établissements sont rattachés de 4 % environ chaque année, malgré
esters (bis(2-ethylhéxyl)phtalate) et des au secteur du commerce de véhicules ou de une diminution du poids des appareils.
additifs (benzothiazole). Des fibres de pièces neufs. Le nombre de salariés présents Cette augmentation est due aux modes
nylon ont également été identifiées dans dans les centres de démantèlement est de consommation actuels [38].
les échantillons [36]. difficile à estimer. Cependant, la mise en Selon l’ADEME, 50 % des DEEE
L’utilisation de ces poudrettes nécessite l’em- place de la nouvelle réglementation VHU seraient issus des ménages et répartis
ploi de colles, de résines permettant de lier conduit à ce que, pour exercer, les démo- de la manière suivante [38] :
les particules entre elles, tout comme le lisseurs doivent désormais être agréés, le • 23 % de gros électro-ménagers
rechapage des pneumatiques. nombre des entreprises étaient de près de (GEM) froid (réfrigérateur, congélateur)

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TABLEAU IX • les plastiques sont incinérés ou


Résultats de la campagne de récupération en agglomération nantaise [39] stockés ;
Results of EEEW recovery campaign conducted in the Nantes urban area • les éléments métalliques, comme
les bâtis, sont traités avec les ferrailles ;
Eléments extraits Ecrans PAM GEM froid GEM hors froid • les tubes cathodiques sont envoyés
Gisement 422,6 tonnes 179,2 tonnes 51,6 tonnes 24,2 tonnes en centres spécialisés.
Ferreux 7,2 % 38,5 % 40,8% 59,8 %
Non ferreux 0,004 % 10,8 % 6,6 % 3,1 % Caractérisation des expositions
DIB 15,0 % 10,3 % 4,8 % 25,1 %
Polymères 6,2 % 19,5 % 24,2 % 11,9 % Lors de l’utilisation des équipements,
Métaux mélangés 7,7 % 17,2 % 21,6 - l’effet électrostatique est un des facteurs
Eléments mercuriels 0,0002 % 0,005 % 0,001 % de dépôt de poussières, essentiellement
Câbles 1,1 % 1,2 % 0,3 % - au niveau des ventilateurs et des ouïes
Huiles - 0,12 % 0,7 % -
d’aération présents dans les appareils
Condensateurs 0,003 % 0,03 % - -
pour éviter l’échauffement du matériel.
Cartes électroniques 9,1 % 1,8 % - -
La manipulation des déchets entraîne
Piles et accumulateurs 0,001 % 0,2 % - -
une mise en suspension des particules.
Elles peuvent, en outre, contenir des
LCD 0,002 % 0,02 % - -
champignons et des acariens, source
Tubes cathodiques 53,7% 0,06 % - -
d’allergie pour certaines personnes.
Cartouches d’encres - 0,2 % - -
Au cours de cette étape de déman-
Amiante - 0,002 % - -
tèlement, les dangers identifiés dépen-
Inox - 0,07 % - -
dent du déchet traité :
Gaz frigorifique - - 1,0 % -
• Les toners et les cartouches d’en-
cre encore présents dans les impriman-
• 54 % de GEM hors froid (lave- • d’aspirer, à l’aide d’une pompe bran- tes et les photocopieurs contiennent du
linge, cuisinière...) chée sur le compresseur de l’appareil, les noir de carbone, des pigments pour la
• 14 % de téléviseurs et de moniteurs fréons et les huiles contenus dans les couleur. Selon une étude de l’ADEME, la
• 9 % de petits appareils en mélange réfrigérateurs et les congélateurs ; composition des résidus d’encres sèches
(PAM) et téléphones. • de trier les condensateurs en fonc- encore présents dans les toners dépen-
Une étude menée sur la commu- tion de la présence ou non de PCB. dent du fabricant et de la nature du
nauté urbaine de Nantes, sous l’égide de Le bloc de béton, considéré comme toner : noir ou couleur. De manière
la société SCERLEC, a permis d’établir un déchet inerte est expédié en déchar- générale, l’encre de toner est consti-
des bilans matières concernant les prin- ge de classe 3. Les fluides sont traités tué d’un copolymère de styrène et de
cipales familles de DEEE. Ces bilans, en centre d’incinération ou de régéné- méthacrylate de n-butyl, de polyvinyle,
précisés dans le Tableau IX, ont été ration. Les ferrailles et les carcasses de chromate et de noir de carbone (pour
réalisés après avoir mis en œuvre un métalliques sont expédiées vers une la couleur noire), de différents pigments
traitement approprié : démantèlement unité de broyage. Les condensateurs (pour les couleurs). Le composé majori-
pour les écrans, broyage et séparation sont expédiés vers un centre de regrou- taire dans les résidus est le copolymère.
des éléments pour le GEM et les PAM. pement pour DTQD. Les câbles, cartes L’encre liquide contenue dans les cartou-
Leur composition est très variable tant électroniques et certains plastiques sont ches est composée d’eau déminéralisée,
en éléments qu’en pourcentages [39]. revendus à des opérateurs spécialisés. de glycol, de biocide, de colorants [40].
Le traitement du matériel brun et • Les éléments électriques et élec-
LE DÉMANTÈLEMENT DES DEEE gris concerne les imprimantes, les uni- troniques sont composés de nombreux
tés centrales, les écrans, les télépho- métaux [41] :
Le procédé nes, les photocopieurs... Les opérateurs - le plomb est présent dans les
ouvrent l’appareil. Ils sectionnent les écrans, les soudures, les blocs d’alimen-
Les DEEE arrivent sur les plates-formes câbles pour les retirer puis séparent les tation, les accumulateurs au plomb, les
de traitement où ils vont subir, dans de nom- différents éléments. Ces derniers sont éléments électroniques ;
breux sites, un premier tri afin de séparer triés en fonction de la filière de valorisa- - le mercure est présent dans les
le matériel destiné à être remis en état et tion qu’ils vont suivre : piles, les lampes f luorescentes, les
revendu du matériel destiné à être déman- • les disques durs, les câbles, les écrans LCD des téléviseurs, des écrans
telé. Dans le dernier cas, il s’agit d’appareils boîtiers d’alimentation, les lecteurs de ou des téléphones portables ;
en panne ou trop vétustes. Le GEM et le disquettes et de CD Rom sont broyés - le cadmium est présent dans les
matériel brun (téléviseur, appareils audio pour récupérer le métal ; blocs d’alimentation, les piles, dans les
et vidéo) ou gris (matériel d’informatique • les transformateurs sont dépollués tubes cathodiques, les câbles et les cir-
et de bureautique) sont traités séparément, avant d’être broyés ; cuits imprimés ;
mais le principe est le même : dépollution, • les parties en aluminium sont - le béryllium est présent dans les
démantèlement et valorisation. expédiées chez des affineurs ; cartes mères sous forme d’oxyde de
Le traitement du GEM consiste à : • les cartes électroniques seront béryllium, d’alliages cupro-béryllium ;
• débarrasser les appareils des câbles, valorisées pour récupérer les métaux - le chrome VI est présent dans les
des cartes électroniques, des plastiques et précieux et le cuivre ; moniteurs sous forme de pigments ou
du bloc de béton dans le cas des machines • les piles sont expédiées en centre d’agent durcisseur ;
à laver ; de traitement spécialisé ; - l’antimoine est présent dans les ver-

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res des tubes cathodiques, les câbles et les le plus souvent à l’aide d’une meule. La LE TRAITEMENT DES CARTES
boîtiers d’ordinateurs en plastique ; seconde étape est l’étape d’ouverture et ÉLECTRONIQUES
- le baryum est essentiellement pré- de dépollution proprement dite. Le tube
sent dans le verre des tubes cathodi- est placé sur une table aspirante. Un Le procédé
ques. capteur optique vient détecter l’empla-
• Les ignifugeants bromés sont pré- cement de la soudure entre le cône et la Les cartes électroniques sont expé-
sents dans les plastiques des boîtiers élec- dalle. A l’aide d’un diamant, une rainure diées en centre de traitement pour récu-
troniques et les cartes de circuits impri- est faite au-dessus de la soudure. Un pérer les métaux précieux. Ces dernières
més en tant que retardateurs de flamme. choc thermique vient ensuite séparer années, la quantité de métaux précieux,
Le démantèlement des DEEE est une les deux éléments. L’opérateur enlève le notamment l’or, est de plus en plus fai-
activité entièrement manuelle, qui met en cône, le masque métallique. A l’aide de ble sur les cartes électroniques, rendant
suspension de nombreux agents chimiques l’aspirateur propre au procédé, il retire de moins en moins rentable l’opération
dont les effets synergiques sont mécon- les luminophores déposés sur la face de récupération. Les établissements de
nus. Dans cette filière les expositions sont interne de la dalle. ce secteur sont classés dans la catégorie
à la fois cutanée et respiratoires. • Le procédé de broyage ne néces- des récupérateurs de métaux précieux.
site aucune préparation au préalable, si ce Ils ne traitent pas exclusivement des
LE TRAITEMENT DES TUBES n’est d’enlever la carte électronique et le cartes électroniques, mais tout matériau
CATHODIQUES déviateur en cuivre. Le tube est introduit contentant de l’or, de l’argent, du platine,
dans le broyeur. En sortie de l’installation, du palladium.
Le procédé les granulats de natures différentes sont Lors de la réception, les déchets
séparés par des techniques adaptées. Les sont triés en fonction de la présence
Les tubes cathodiques provenant poudres sont récupérées par voie humide. ou non de métaux précieux. S’ils ne
de moniteurs informatiques, de télé- Quelle que soit la technique, le contiennent pas de métaux précieux, ils
viseurs, de minitels subissent un trai- devenir des composants extraits est le sont directement expédiés dans la filière
tement particulier. La présence de la même. Le verre est expédié chez un de traitement adéquate. Par contre, s’ils
couche de luminophores composés verrier pour être de nouveau transfor- contiennent des métaux précieux, ils
d’éléments toxiques nécessite de pren- mé en verre pour tubes cathodiques. sont de nouveau triés en fonction de leur
dre des précautions particulières lors du Cependant, avec l’apparition des écrans teneur en or et de son accessibilité.
démantèlement, afin de ne pas mettre plasma, il est nécessaire de trouver de Si les composants contiennent de
en suspension les fines particules faci- nouveaux débouchés. Les luminophores l’or en surface, deux procédés existent :
lement inhalables. Cependant, ils sont sont stockés en centre d’enfouissement • soit l’or est dissout en présence de
souvent stockés sans précaution particu- technique de classe I. Les métaux sont cyanure de calcium si la couche d’or est
lière. Il n’est donc pas rare de constater envoyés en fonderie. fine ;
que des écrans sont brisés, libérant ainsi • soit le support est dissout si la cou-
les luminophores. Caractérisation des expositions che d’or est importante.
Après avoir ouvert le boîtier en plas- Si les composants sont riches en
tique ou en bois selon l’âge de l’appareil, Les couleurs émises par le tube métaux précieux, ces derniers sont dis-
les opérateurs séparent les câbles, les cathodique d’un moniteur ou d’un télé- sous puis précipités de manière sélec-
cartes électroniques. Le tube cathodique viseur sont dues à la présence de lumi- tive. Par contre, si les métaux précieux
est remis à la pression atmosphérique nophores. Ils sont composés de sulfure sont en faible quantité, le composant est
en perçant une pastille située sur le cône de zinc pour le bleu, de sulfure de zinc broyé. L’analyse d’un échantillon permet
et prévue à cet effet. Cette opération et de cadmium pour le vert et d’un de déterminer les différentes concen-
est nécessaire pour limiter les risques mélange d’yttrium et d’europium ou trations en métaux. Les lots de broyats
d’implosion du tube lors de sa mani- bien d’oxyde de gadolinium pour le sont ensuite expédiés dans des centres
pulation. Le déviateur en cuivre situé à rouge. Tous ces éléments sont dopés d’affinage du cuivre qui récupèrent les
l’extrémité du cône est séparé du tube. Il au cuivre, à l’aluminium ou à l’argent. métaux précieux.
sera traité pour récupérer le cuivre dans Une couche conductrice à base de gra- Dans tous les cas, les métaux récu-
une fonderie. phite, d’oxyde de fer et de silicate est pérés sont affinés soit sur le site, soit par
Le tube cathodique, ainsi débar- également présente dans le tube catho- des centres spécialisés. Ils sont ensuite
rassé des éléments extérieurs, peut être dique. Le cône est constitué d’oxyde de valorisés.
traité sur place sur une plate-forme spé- plomb et la dalle d’un verre en oxyde L’utilisation de composés chimiques
cialisée ou être expédié vers l’une des 8 de baryum. Les salariés sont en contact tels que l’acide nitrique concentré, l’aci-
plates-formes françaises de dépollution avec ces poudres, lorsqu’ils ouvrent le de chlorhydrique, la soude, les cyanures,
de tubes cathodiques [42]. tube cathodique pour les aspirer. l’ammoniac, le bisulfite de sodium, le
Deux procédés de dépollution exis- Une exposition accidentelle est très dioxyde de soufre, est nécessaire pour
tent : le procédé de préparation et de dépol- fréquente car les tubes peuvent être séparer les différents métaux. L’oxyde
lution, appelé procédé VICOR� (VIdeo endommagés à cause d’un mauvais stoc- de plomb est utilisé pour précipiter les
COmputer Recycling) et le procédé de kage. Un défaut dans le verre peut être métaux de façon sélective.
broyage et de séparation des poudres. à l’origine de la casse du TRC lors du
• Le procédé VICOR� se déroule en choc thermique. Dans ce cas, les sala- Caractérisation des expositions
deux étapes. La première étape consiste à riés manipulent les éléments sans qu’ils
vérifier la remise à la pression atmosphé- soient dépollués. Lors de ces incidents, Les cartes électroniques contien-
rique. L’opérateur sectionne ensuite la des particules sont libérées. Elles peu- nent des métaux précieux, du silicium.
bande anti-implosion sertissant le tube, vent être inhalées par les opérateurs. Actuellement, le seul procédé permet-

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tant de séparer et de récupérer les dif- métalliques, tels que les carcasses, sont Chacun d’entre eux emploie en moyen-
férents éléments est le broyage. Lors de expédiés dans un centre de broyage qui ne 20 salariés. Sur le plan national, il y
cette opération, des particules facile- traitent principalement des VHU. aurait environ 1 700 salariés employés à
ment inhalables de métaux constituent cette tâche [42].
un mélange complexe dont la synergie Caractérisation des expositions Selon l’inventaire réalisé par l’ADEME,
des effets sur la santé des travailleurs 8 établissements traitent les tubes catho-
est mal connue. Pour séparer les diffé- Le broyage des câbles génère des pous- diques avec le procédé VICOR�. Les sites
rents métaux, l’utilisation de nombreux sières composées d’un mélange de plasti- visités emploient environ 10 personnes pour
réactifs rend complexe l’exposition. ques et de métal, aluminium ou cuivre. cette opération. Il y a donc 80 personnes
Des cas de bérylliose ont été diagnos- L’exposition, dans cette activité est potentiellement exposées lors de la dépol-
tiqués dans les industries fabriquant des peu complexe puisque peu de matériaux lution des TRC [42].
alliages en cupro-béryllium. Cet alliage composent un câble. Elle concerne donc Dans cet inventaire, 4 établisse-
est présent dans les circuits imprimés. le plastique, l’aluminium et le cuivre. A ments récupèrent les métaux précieux
Etant donné que la VLEP du béryllium ce mélange, il faut également ajouter la sur les cartes électroniques. Le centre de
est de 2 g/m3, les doses pour que les présence de talc que certains établisse- traitement qui a été étudié employait 9
salariés soient sensibilisés au béryllium ments ajoutent pour limiter le colma- personnes. Par extrapolation, il y aurait
sont faibles. Au cours de la conférence tage des broyeurs. 40 personnes dans cette filière [42].
internationale sur le béryllium, il a été De même, l’ADEME estime à 20
constaté qu’aucun cas de sensibilité au le nombre de sites de traitements des
béryllium n’avait été diagnostiqué en POPULATION POTENTIELLEMENT câbles. D’après les observations faites
dessous de 0,01 g/m3 . Lors du broyage EXPOSÉE sur le terrain, moins de 5 salariés sont
des cartes électroniques, le béryllium nécessaires pour le bon fonctionnement
peut être mis en suspension et inhalé Dans la filière de gestion des DEEE, des installations. Il y aurait donc au
par les opérateurs [43]. les établissements sont le plus souvent maximum 100 personnes employées à
classés dans les secteurs d’activité NAF cette tâche [42].
37.1Z et 37.2Z. Quelques sites sont classés
LE TRAITEMENT DES CÂBLES dans les secteurs du commerce ou de
l’insertion professionnelle. Ils peuvent
Le procédé également être une filiale d’une entre-
prise ayant une autre activité principale,
LA FILIÈRE DE GESTION
Le traitement des câbles se décom- comme le traitement des ordures ménagè- DES EMBALLAGES
INDUSTRIELS
pose en deux étapes. Tout d’abord, la res, par exemple. De ce fait, il est difficile
préparation des câbles est une activité de connaître avec exactitude le nombre de
manuelle. Les salariés trient les déchets salariés exposés. L’ADEME indique dans
en fonction de la nature de métal, les son inventaire de juin 2004 que 227 sites
câbles en cuivre et les câbles en alumi- de traitement de DEEE et de leurs compo-
nium. Ils peuvent être aidés par une grue sants sont implantés sur le territoire [42]. GÉNÉRALITÉS
qui étale les câbles. Si cela est nécessaire, En prenant les données disponibles sur
ils découpent les câbles à une longueur le site de l’UNEDIC, les secteurs 37.1Z et Les emballages se répartissent en 3
donnée pour faciliter le broyage. Les 37.2Z regroupent 2 573 établissements et catégories [45] :
câbles sont ensuite introduits dans un emploient 26 895 salariés [31]. Le nombre • les emballages primaires directe-
pré-broyeur. Il est parfois nécessaire d’établissements de traitement des DEEE ment en contact avec le produit qu’ils
d’ajouter du talc pour éviter le colmatage représente environ 9 % de l’ensemble contiennent ;
des machines. Le câble pré-broyé est des établissements de ces secteurs. Par • les emballages secondaires enve-
ensuite acheminé vers le broyeur pour extrapolation, il y aurait 2 500 salariés loppant l’emballage primaire et pouvant
obtenir la granulométrie désirée. traitant les DEEE. D’après les visites en contenir plusieurs ;
Pour séparer les éléments métal- effectuées, la plupart des sites emploient • les emballages tertiaires facilitant
liques et les matières plastiques, deux entre 10 et 15 salariés en moyenne. Par le stockage et le transport.
procédés existent : approximation, le nombre de salariés Il faut également faire la distinc-
• Le premier procédé consiste à sépa- serait de 2 800 salariés environ. Les tion entre les emballages non souillés,
rer la grenaille et la fraction légère. Cette 2 estimations sont relativement proches,
dernière est ensuite dirigée vers une ce qui permet d’estimer la population TABLEAU X
table à eau. Cette étape permet de sépa- salariée dans la filière de traitement des Répartition de la quantité d’emballages
rer les matières plastiques des éléments déchets électriques et électroniques entre en fonction de leur nature en 2004 [46]
métalliques encore présents. Le principe 2 000 et 3 000 salariés. Ce nombre aura Distribution of the package quantities
réside sur la masse des granulats. L’eau tendance à augmenter dans les années à according to type for the year 2004 [47]
entraîne les éléments les plus légers. venir, car ce secteur est en pleine crois- Type d’emballage Tonnage
• Le second procédé consiste à sépa- sance. Entre 2001 et 2004, le nombre Emballages métalliques 0,710 Mt
rer les éléments métalliques par électro- de sites de traitement présents sur le
Emballages en papier
magnétisme, ou courant de Foucault, de territoire français a augmenté de 22 % et en carton
4,28 Mt
la matière plastique. pour atteindre 227 procédés en juin 2004
La grenaille est ensuite expédiée contre 186 en mai 2001 [42, 44]. Emballages plastiques 1,98 Mt

chez les affineurs. Le plastique est inci- Concernant le démantèlement des Emballages en verre 3,13 Mt
néré ou mis en décharge. Les éléments DEEE, ADEME a répertorié 85 sites. Emballages en bois 2,3 Mt

INRS - Hygiène et sécurité du travail - Cahiers de notes documentaires - 2e trimestre 2007 - 207 / 69
considérés comme des déchets non dan- LA FILIÈRE DE GESTION
gereux et les emballages souillés, con- CARACTÉRISATION DES EXPOSITIONS DES DÉCHETS TOXIQUES
sidérés comme déchets dangereux s’ils
ont contenu une ou plusieurs matières Dans la filière de réutilisation des PRODUITS EN QUANTITÉ
toxiques.
Les emballages peuvent être en
emballages, plusieurs sources d’exposi-
tion ont été identifiées lors des visites
DISPERSÉE
papier, en carton, en bois (palettes, de sites.
cagettes), en plastiques souples ou durs, • La première source d’exposition
en acier, en aluminium ou en verre. En provient des produits ayant été condi-
2004, l’ADEME a estimé le gisement tionnés dans les emballages. Ils peuvent GÉNÉRALITÉS
des emballages à 12,4 Mt dont la répar- être de toute nature. Certains industriels
tition, en fonction de leur nature, est laissent des culots de produits dont la Les DTQD sont des déchets dange-
donnée dans le Tableau X [46]. quantité peut aller jusqu’à plusieurs reux produits par les petites et moyennes
Deux filières permettent de valoriser kilos de peintures, solvants, détergents... entreprises, les artisans, les hôpitaux,
ces déchets : le recyclage et la valorisation Sur la durée d’un poste de travail, les les laboratoires, les établissements d’en-
énergétique. En 2004, 7,6 Mt d’embal- salariés peuvent être exposés à un nom- seignement, certaines entreprises de
lages ont été valorisés dont 6,3 Mt ont bre conséquent d’agents chimiques. service, etc. S’ils sont produits par les
été recyclées et 1,3 Mt ont été valorisées • La seconde source d’exposition ménages, ils sont alors appelés déchets
énergétiquement [46]. provient de la remise en état des fûts : ménagers spéciaux (DMS). Plus récem-
- le lavage sous pression des fûts ment, l’ensemble est regroupé sous l’ap-
génère des aérosols contenant de fines pellation de déchets dangereux diffus
LE PROCÉDÉ DE RÉUTILISATION gouttelettes d’eau ou de solvant tel que (DDD). Parmi les DTQD, on trouve
l’acétate de n-butyl. Ces aérosols peu- des acides, des solvants, des sels métal-
Les fûts plastiques et métalliques vent être inhalés par les salariés se trou- liques, des peintures, des cartouches
peuvent être réutilisés après un nettoya- vant à proximité ; d’imprimantes, des pesticides, des ther-
ge et une remise en état. La première - la remise en état d’un emballage momètres à mercure, des amalgames
étape consiste à aspirer les produits métallique nécessite une étape de gre- dentaires, des bains photographiques,
encore présents dans les emballages à naillage et ponçage de l’extérieur du des médicaments, etc. Le gisement est
leur arrivée sur la plate-forme de traite- fût. Cette étape met en suspension des difficile à estimer à cause de la nature
ment. Il peut parfois rester jusqu’à 8 kg particules de peinture ; très différente des déchets et du nombre
de produit dans chaque fût. - la dernière étape de la valorisation important de producteurs [47].
Les fûts métalliques sont nettoyés des fûts est l’application de peinture et L’objectif du regroupement des
soit à l’aide d’eau sous pression ou d’un le séchage. Lors de l’ouverture du four, DTQD est d’optimiser la gestion et le
solvant. Une brosse permet de nettoyer une forte odeur de solvant est émise. transport des déchets en immobilisant
correctement les parois. Après le nettoya- Les salariés présents peuvent inhaler les provisoirement avec mélange ou non
ge, ils sont remis en état. Les étiquettes vapeurs de solvants. des déchets de provenances différentes
présentes sur les parois externes sont reti- Si la première source d’exposition mais de natures comparables ou com-
rées à l’aide d’une meuleuse. Un opérateur est difficile à définir puisque tous les patibles. Un pré-traitement peut être
applique la peinture sur les fûts avant de produits sous forme de liquide ou de également effectué pour neutraliser les
les placer dans un four pour le séchage. Si poudre peuvent être contenus dans les acides par les bases, par exemple. Les
les emballages sont en mauvais état, s’ils emballages, la seconde source est plus déchets regroupés sont ensuite expédiés
ont contenu un produit toxique ou difficile simple à déterminer. dans des filières de traitement pour
à nettoyer comme la peinture, ils seront déchets dangereux.
broyés. Ils peuvent alors être mélangés La plupart des centres de regrou-
à des matières plastiques ou du papier. POPULATION POTENTIELLEMENT pement de DTQD acceptent tous les
Dans ce cas, les déchets sont incinérés EXPOSÉE déchets à l’exception des déchets biomé-
et les métaux seront concentrés dans les dicaux, des produits contenant des PCB,
mâchefers. Ils peuvent être également Les entreprises de traitement d’em- de l’amiante sauf si elle est emballée,
expédiés en fonderie. Pour diminuer les ballages industriels sont répertoriés sous des déchets radioactifs, explosifs, forte-
volumes lors du transport et du stockage, le code d’activité NAF 28.7A fabrication ment oxydants ou possédant un point
ils sont pressés. de fûts et emballages métalliques simi- éclair bas.
Le nettoyage des emballages plasti- laires. Dans ce secteur, 21 établissements
ques se fait avec de l’eau sous pression emploient 849 salariés, qui sont majoritai-
à une température de 80°C de manière rement des hommes. Cependant, tous ces LE PROCÉDÉ
automatique à l’aide d’une brosse si le établissements ne font pas de la régénéra-
volume est inférieur à 200 litres. Pour tion de fûts. Il est donc difficile d’évaluer L’opération de regroupement est
les citernes de 1 000 litres, l’opération le nombre de salariés potentiellement une opération entièrement manuelle. La
n’est pas automatique, l’opérateur place exposés [31]. diversité des contenants, tant en forme
la canne dans la citerne et nettoie l’ex- qu’en volume, ne permet pas d’indus-
térieur. Si l’emballage est souillé par un trialiser le processus. Une prise d’échan-
solvant organique ou de la peinture, il est tillon est faite dans chaque contenant
transformé en granulat et utilisé comme à l’arrivée sur les plate-formes pour
combustible pour l’incinération. vérifier la conformité des lots avec le
certificat d’acceptation de produits déli-

INRS - Hygiène et sécurité du travail - Cahiers de notes documentaires - 2e trimestre 2007 - 207 / 70
HST ND 2271 - 207 - 07

vré au préalable. Après identification, les des abattoirs. Les sites de traitement TABLEAU XI
déchets sont regroupés manuellement sont à proximité des sites de produc- Répartition du gisement en fonction du
par nature dans des conditionnements tion : Vendée, Sud-Ouest, Bretagne et type de plumes
plus grands. Les citernes sont ensuite Bourgogne. Waste source distribution according to
expédiées vers des centres de traitement Le gisement de plumes et de duvets feather type
pour déchets dangereux. de palmipèdes est 12 kt/an de plumes Plumes Pourcentage
sèches [50]. Il faut faire la distinction
Grandes plumes et plumes
entre les différents types de plumes 30 % à 45 %
CARACTÉRISATION DES EXPOSITIONS
plates
(Tableau XI).
Plumes 20 % à 25 %
Dans la filière de traitement des
Plumettes 10 % à 15 %
Les dangers sont difficiles à iden- plumes et des duvets, 35 % à 40 % des
tifier car ils sont multiples. Les centres plumes traitées sont des déchets, com- Duvets plumeux 5 % à 10 %

peuvent accepter quasiment tous les posés à 90-95 % de grandes plumes et à Duvets 8 % à 15 %
types de déchets. Tous les dangers peu- 5-10 % de poussières. Ceci correspond à
vent donc être répertoriés, mis à part les 4 à 5,5 kt de déchets [49]. lisées dans la fabrication d’articles de
dangers liés aux explosifs ou dus à un En plus des plumes et duvets issus literie et de vêtements chauds, en iso-
agent pathogène. de l’abattage des palmipèdes, il faut lation en remplacement de la laine de
L’opération de regroupement étant également tenir compte des plumes de roche. Compostées, elles peuvent servir
une opération manuelle, les salariés sont récupération. Ce secteur génère des plu- d’amendement. Elles peuvent également
exposés quotidiennement et pendant la mes recyclées, des coutils, des déchets être incinérées. Les plumes de volailles
quasi-totalité de leur poste de travail. Dans de plumes et des poussières organiques, peuvent suivre les même filières, à l’ex-
cette activité, il ne faut pas négliger les minérales ou microbiennes. ception de l’isolation et des articles de
effets mal connus des co-expositions. literie. Les coutils et les déchets des plu-
mes de récupération sont incinérés avec
LE PROCÉDÉ DE TRAITEMENT les ordures ménagères ou transformés
POPULATION POTENTIELLEMENT en chiffons.
EXPOSÉE La collecte des plumes est réalisée
en milieu aqueux dans des bennes étan-
Les centres de regroupement des ches. A l’arrivée sur la plate-forme, elles CARACTÉRISATION DES EXPOSITIONS
DTQD sont le plus souvent sur le même sont stockées dans un bassin aéré afin
site qu’un centre de traitement pour de limiter la fermentation. Un pré-tri Mis à part le produit bactéricide
déchets dangereux. Toutefois, le nombre permet de séparer du reste du mélange utilisé lors du lavage des plumes et des
d’opérateurs en charge de l’opération les grandes plumes destinées à l’inci- duvets, il n’y a pas de danger d’origine
de regroupement est le plus souvent nération. Les plumes séparées de l’eau chimique dans cette filière. Il faut toute-
inférieur à 20 personnes. Il est difficile souillée sont ensuite lavées dans un fois noter la présence de poussières de
d’estimer le nombre de salariés car les mélange eau-bactéricide-dégraissant, plumes. Les plumes sont souillées à leur
établissements sont le plus souvent des avant d’être rincées et essorées. Elles arrivée sur le site. Le danger est donc
filiales de groupes leader sur le traite- subissent un étuvage à 120°C pour les issu de la présence d’agents biologiques
ment des déchets. Leur code NAF n’est sécher et inactiver certains micro-orga- tels que le chlamydia psittaci à l’origine
donc pas en relation directe avec leur nismes. Un traitement anti-statique est de l’ornithose.
activité propre mais avec l’activité prin- aussi mis en oeuvre. Après refroidisse-
cipale du groupe. ment et dépoussiérage, les plumes sont
triées par mise en suspension dans un POPULATION POTENTIELLEMENT
flux d’air ascendant. Les chambres de EXPOSÉE
triage ont une hauteur comprise entre 6
LA FILIÈRE DE GESTION et 10 mètres et sont en bois pour éviter
l’électricité statique.
La filière de traitement des plumes
et des duvets regroupe 26 établisse-
DE VALORISATION DES Les grandes plumes issues du triage ments : 9 établissements de récupéra-
PLUMES ET DES DUVETS
sont destinées à l’industrie de la chimie tion, 14 établissements de fabrication
fine pour extraire des hydrolysats de et 3 établissements d’activités diverses
kératine et des acides aminées tels que [49]. Ils sont rattachés au code d’acti-
la cystine et la tyrosine. Les duvets sont vité 17.4B, fabrication de petits articles
homogénéisés pour obtenir des mélan- de literie. Les deux principaux groupes
GÉNÉRALITÉS ges aux caractéristiques identiques. Ces du secteur de la préparation des plu-
derniers sont conditionnés dans des mes et des duvets emploient près de
Les plumes sont des déchets non sacs de 25 à 30 kg. Ils sont ensuite pres- 300 salariés. Ils regroupent 5 établisse-
dangereux dans le décret 2002-540 [4]. sés pour en réduire le volume. ments. L’effectif global de salariés dans
Dans le règlement européen CE 1774- Il existe d’autres filières de trai- ce secteur est de 2 638 salariés. Mais
2002, elles sont classées dans la caté- tement. Avant l’interdiction des fari- ils ne sont pas tous employés dans la
gorie 3 des déchets d’origine animale nes animales, les plumes et les duvets préparation des plumes et des duvets.
et sont des déchets dits valorisables [48, étaient transformées en farines et intro- L’effectif peut être estimé à moins de
49]. duites dans l’alimentation animale car 1 000 personnes.
Les plumes sont essentiellement elles étaient riches en kératine. Les
des plumes de canard. Elles proviennent plumes de palmipèdes sont aussi uti-

INRS - Hygiène et sécurité du travail - Cahiers de notes documentaires - 2e trimestre 2007 - 207 / 71
TABLEAU XII

Exposition potentielle en fonction du traitement


Potential exposure according to waste treatment

Type de Nombre de salariés Agents chimiques à l’origine Exposition


déchets traités potentiellement exposés de l’exposition potentielle

Acide sulfurique
HAP
Benzène
Démantèlement de VHU  20 000 salariés +++
hydrocarbures
Métaux lourds
amiante

Solvants
Peintures
Regroupement des DTQD  1 000 +++
Produits pharmaceutiques
Produits phytosanitaires

Agents chimiques contenus dans les emballages


Solvant de nettoyage
Recyclage des emballages industriels 849 ++
Particules de peintures
Vapeurs de solvant contenu dans la peinture

Métaux
Fibres textiles
Broyage de carcasses de VHU 2 000 salariés Plastiques ++
Caoutchouc
Hydrocarbures

Composés aromatiques
Cétones
Valorisation de pneumatiques  160 salariés Styrène ++
HAP
Benzothiazole

Brouillards d’huile
Benzène
Traitement des filtres à huiles  10 HAP ++
Phénols
Phtalates

Métaux
Traitement des tubes cathodiques 80 ++
Luminophores

Métaux précieux
Traitement des cartes électroniques 40 Béryllium ++
Plomb

Poussières
Préparation des plumes et des duvets  1 000 ++
Agents pathogènes
Métaux
Démantèlement des DEEE 1 700 +
Noir de carbone

Aluminium
Traitement des câbles  100 Cuivre +
Plastique

+++ exposition forte, ++ exposition moyenne, + exposition faible

pour les salariés. Elles peuvent se faire des contrôles réguliers pour contrôler les
DISCUSSION par inhalation ou par contact cutané.
L’exploitation de la base de données
niveaux d’exposition et mettre en place
des mesures de prévention adaptées.
COLCHIC a mis en évidence un empous- Les données concernant les niveaux
sièrement relativement important si l’on d’exposition dans les différentes filières
considère que les poussières inhalables étant quasiment inexistantes, il est dif-
Les procédés de traitement observés sont constituées d’un mélange complexe ficile de prioriser les actions. Une hié-
dans les filières étudiées ont, pour la de composés métalliques dont les effets rarchisation des expositions potentielles
plupart d’entre eux, une étape manuelle synergiques sont méconnus. La présence peut être établie à partir des agents
de contrôle, de démantèlement ou de d’agents chimiques répertoriés CMR chimiques présents dans les déchets, du
dépollution nécessitant une manipula- et/ou possédant une valeur limite d’expo- mode de traitement et des observations
tion des déchets. Ces opérations sont sition professionnelle, comme le plomb, faites sur le terrain (Tableau XII).
des sources d’exposition importantes devrait inciter les industriels à réaliser Les activités dont l’exposition poten-

INRS - Hygiène et sécurité du travail - Cahiers de notes documentaires - 2e trimestre 2007 - 207 / 72
HST ND 2271 - 207 - 07

tielle semble la plus importante sont le C’est le cas des VHU, des DEEE ou des nécessaire de mettre en place des moyens
démantèlement de VHU et le regroupe- emballages industriels pour lesquels la de prévention adaptés pour limiter les
ment des DTQD. Dans les deux cas, les réglementation se met en place. Dans expositions des salariés.
déchets à l’origine de l’exposition sont ces filières, les petites entreprises se Pour les établissements traitant des
sous forme liquide. Certains d’entre eux tournent vers des groupes nationaux déchets contenant des agents chimi-
sont volatils. Outre l’inhalation, le con- et internationaux afin de bénéficier ques dont la VLEP est une valeur con-
tact cutané est une voie de pénétration d’installations de traitement permet- traignante, le plomb par exemple, le
dans l’organisme humain, puisque la tant d’avoir de meilleurs rendements et responsable du site doit mettre en place
dépollution des VHU et le traitement des donc d’être plus compétitifs. Des éco- une procédure de surveillance des sala-
DTQD sont des opérations manuelles. organismes se mettent en place pour riés après avoir effectuer des mesures
Par contre, l’exposition lors du nettoyage gérer les flux de déchets à traiter et afin de vérifier de la présence de ces
des fûts industriels est moins importante pour organiser les filières et limiter agents chimiques dans les atmosphères
puisque les traces de produits initiale- les dérives. Eco-emballage et ALIAPUR de travail.
ment contenus dans les emballages sont sont déjà implantés. Dernièrement, Eco- Avant toute préconisation et en l’ab-
diluées dans les gouttelettes d’eau. systèmes, Ecologic, ERP et Recylum sence de données d’exposition, il est
Dans la majorité des cas les broyeurs sont les quatre éco-organismes mis en nécessaire d’étoffer la connaissance sur
sont alimentés automatiquement. place pour gérer le traitement des flux la nature des agents chimiques présents
L’exposition a surtout lieu lors des étapes de DEEE. dans les atmosphères de travail par
de tri en amont et en aval. C’est le cas de Les entreprises de traitement des des campagnes de métrologie. Cette
la majorité des opérations décrites dans déchets emploient du personnel peu connaissance est d’autant plus néces-
cette étude. La principale voie de péné- qualifié, à l’exception du personnel saire que ces équipements peuvent être
tration est l’inhalation de poussières ou administratif et de laboratoire. Les opé- anciens, de provenance diverses et donc
de vapeurs. rateurs sont en majorité des hommes. contenir des substances actuellement
Par contre, le démantèlement de Les centres de démantèlement de DEEE interdites.
DEEE est manuel. Les salariés sont et de dépollution de tubes à rayonne-
exposés aux poussières qui se sont dépo- ment cathodiques sont le plus souvent
sées au cours de l’utilisation de l’appa- des ateliers protégés employant du per-
reil. Les substances toxiques présentes sonnel handicapé ou des personnes en
dans les éléments dangereux, tels que réinsertion sociale. Le fonctionnement
les condensateurs ou les tubes cathodi- de ces établissements est assuré par la Reçu le : 18/10/2006
ques, sont uniquement libérées lors de vente des différents matériaux compo- Expertisé le : 04/05/2007
leur traitement de dépollution. sant les déchets (ferraille essentiellement, Accepté le : 15/05/2007
La préparation des plumes et des mais aussi plastique ou matériel d’occa-
duvets est une activité dont les exposi- sion) et par la vente du service de traite-
tions potentielles sont fonction des éta- ment auprès des entreprises souhaitant
pes du traitement. Lors de l’arrivée des faire traiter leurs déchets.
déchets sur le site, l’homogénéisation du Etant donnés les volumes de déchets
mélange de plumes génèrent des aéro- à traiter toujours croissants, il est dif-
sols contenant des micro-organismes. ficilement envisageable de conserver
Les salariés en charge de cette opération une étape entièrement manuelle dans
sont alors susceptibles d’inhaler ces fines un procédé de traitement de produits
gouttelettes. Lorsque les plumes sont fabriqués industriellement. Ces étapes
nettoyées, elles sont triées. Dans les manuelles sont, pourtant, dans certains
locaux, l’empoussièrement est important. cas, des procédés difficilement automa-
Il s’agit principalement de morceaux très tisables. La dépollution et la récupéra-
fins de plumes et de duvets. tion des pièces destinées à la revente
nécessitent un démantèlement manuel
afin de ne pas les endommager. Dans
les conditions technologiques actuelles,
CONCLUSION le tri en amont et en aval (tri final après
broyage des VHU) ne peut être fait cor-
rectement que grâce à l’expertise de l’œil
humain. Si des techniques existent, elles
ne peuvent être mises en place pour des
Le traitement des déchets est une raisons économiques. A titre d’exemple,
activité dont la structuration se pour- en fonction de la marque du véhicule, la
suit. L’évolution de la législation nécessi- disposition des éléments à retirer lors de
te une organisation de la filière. Si, pour la dépollution du VHU fait qu’il devrait
certains déchets, comme les ordures y avoir quasiment autant de chaînes
ménagères, les structures sont implan- automatisées que de type et d’état de
tées depuis de nombreuses années et véhicules. Les tubes cathodiques sont
sont financées par le biais de redevances de tailles différentes, l’aspiration des
et de taxes, il en est autrement pour tubes ne peut être entièrement automa-
certaines filières nouvellement créées. tisée. Dans ces cas particuliers, il est donc

INRS - Hygiène et sécurité du travail - Cahiers de notes documentaires - 2e trimestre 2007 - 207 / 73
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