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LA
MAGIE
DES
OBJETS
© Editions Christine Claire, 2023
N°ISBN 978-2-37850-128-0
L
orsque je pénétrais dans la petite cabane dans laquelle il
menait ses expériences, mon père manquait rarement de
me mettre en garde : « surtout, ne touche pas aux objets
posés sur les étagères ». J’ai tout d’abord pensé qu’il s’agissait
là de choses précieuses, fragiles, possédant une grande valeur.
Mais un examen plus approfondi me permit de constater qu’il ne
parlait pas de cela. Si certains objets paraissaient effectivement
très anciens et de nature à justifier un semblable avertissement,
d’autres en revanche ne semblaient présenter qu’un intérêt très
relatif. Relevant plus souvent de la vieillerie que de l’antiquité,
apparemment dénués du moindre intérêt. Certains semblaient
relativement neufs, sans pour autant présenter de caractère
exceptionnel. C’étaient des objets courants, que l’on trouvait
aisément dans le commerce à bas prix, et je ne voyais pas quelle
sentimentalité poussait l’auteur de mes jours à les conserver
presque religieusement, ni surtout ce qui motivait sa mise en
garde à répétition.
Il y avait là-dessous un mystère qui, je n’en doutais
guère, ne tarderait pas à m’être expliqué, dès qu’il jugerait le
moment venu.
Depuis plus d’un an, mon père m’initiait à des réalités
dont je n’eusse pas soupçonné les existences. Il m’apprenait à
voir, ou plutôt percevoir, des forces invisibles pour les mettre au
service de l’homme. Car il n’avait jamais usé de ses pouvoirs
pour nuire à son prochain. Non parce qu’il se trouvait dans une
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totale ignorance des arcanes de la « magie noire » (j’utilise ce
mot inapproprié, faute de mieux, parce qu’il demeure malgré
tout plus « parlant » sur ce qu’il recouvre qu’une tentative de
définition plus précise, qui barberait le profane), mais parce que
cela était contraire à l’éthique personnelle qu’il s’était forgée,
quelquefois très éloignée de la morale commune et des principes
religieux, même si elle possédait avec eux quelques points
communs.
Un jour, au milieu d’une phrase, mon père prit l’un de ces
objets tabous, à la manière du crâne d’Hamlet, et commença à
déclamer :
« Objets inanimés avez-vous donc une âme
Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? »
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Mon père ne se souciait pas toujours d’une
compréhension immédiate. D’une certaine manière, il savait que
l’expérimentation rendrait claire chacune des notions qu’il
m’exposait. Si le sens d’un mot m’échappait, où lorsque j’étais
confronté à une locution qui m’était totalement inconnue, il me
paraissait impensable d’en demander la signification. Plutôt
qu’avouer mon ignorance, je préférais partir en quête du savoir.
Internet n’existait pas, mais il y avait à ma disposition tous les
livres, dictionnaires, encyclopédies, nécessaires à mon
édification, et je n’hésitais pas à les consulter lorsque le besoin
s’en faisait ressentir. Et même d’ailleurs hors de ces moments-là.
J’aimais y piocher au hasard, rien ne semblant alors pouvoir
rassasier ma curiosité du monde, dans tous ses aspects et dans
toutes ses dimensions.
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une sorte de métaphore. Quand Gepetto identifie sa
marionnette au fils qu’il n’a pas eu, il lui donne une
existence émotionnelle, presque charnelle. Les objets sont
comme nous, ils vivent et meurent. À moins qu’ils n’aient été
associés à des événements suffisamment forts pour y laisser
une trace profonde, beaucoup de très vieux objets n’émettent
plus qu’une vibration très affaiblie. Seul quelqu’un
d’exceptionnellement sensitif pourra encore la percevoir.
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mots, mais là encore, il semblait que je fusse dans l’erreur. Après
plusieurs essais ratés, du moins selon des critères que j’avais du
mal à saisir, mon père daigna enfin « éclairer ma lanterne ».
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de point de vue pour mieux embrasser la réalité. Je savais que ce
qui suivrait risquait d’être plus complexe et, au vu des difficultés
rencontrées à réaliser cette opération de base, je doutais de ma
capacité de pouvoir le mener à bien. En dépit de mes
appréhensions, chaque réalisation devenait plus simple que la
précédente. Chaque palier en effet m’apportait un élément
essentiel, un instrument indispensable à la compréhension et à
l’application du suivant. Ainsi ma progression dans ce domaine
s’avéra bien plus rapide que je ne l’aurais pensé.
Quand je lui eus donné satisfaction, après une courte
pause, mon père passa à l’étape suivante. Il me demanda de
fermer les yeux et de ne les rouvrir que lorsqu’il me le dirait.
J’obéis, sans poser des questions. Quand, sur son injonction, je
les rouvris, il avait disposé devant moi une dizaine de boîtes en
carton dont j’ignorais encore l’usage.
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plus. Voilà, comme ça… Quand tu commenceras à
ressentir de la chaleur au creux des paumes ou des
picotements au bout des doigts, tu changeras la position
de tes mains. Elles seront désormais face à face, vers
l’intérieur, de manière légèrement arrondi, comme si tu
tenais entre tes mains une boule de brume ou un tout
petit ballon. Sens bien l’énergie passer de l’une à
l’autre. Petit à petit, du brouillard va émerger une forme.
Si tu ressens le besoin de rapprocher tes mains ou de les
bouger pour mieux épouser cette forme, n’hésite pas à le
faire. L’important est que tu sentes en elle une
résistance, le poids de l’objet.
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Je me jurai de m’appliquer davantage à mon retour. Une
résolution ferme qui ne prenait pas sa source dans l’unique désir de
plaire à l’auteur de mes jours, mais surtout dans mon désir
personnel d’avancer plus avant dans les voies qu’il m’avait
ouvertes. De toutes façons, si cette volonté ne m’avait pas habité, il
ne m’eut en aucun cas forcé, conscient qu’un tel apprentissage
m’éloignerait en partie du monde rassurant en trois dimensions
qu’arpentaient mes contemporains. On fuit la plupart du temps ce
que l’on peine à comprendre et à appréhender.
Ma décision se révéla « payante ». Mon essai suivant fut
couronné de succès. Du moins selon mon point de vue, car mon
père ne manqua pas de relever deux petites erreurs qui me
semblaient bénignes. Je lui dis que ce n’était pas grand chose.
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angoisse, si la suite serait aussi « ennuyeuse ». A l’époque, je le
percevais ainsi. Aujourd’hui, je suis fasciné par les possibilités
qu’offre une telle technique, que je pratique à l’occasion par pur
plaisir personnel, peut-être par défi envers moi-même, histoire de
voir si je ne me suis pas trop rouillé, si je n’ai pas perdu la main.
Adolescent, je voulais que tout aille vite, aboutisse
immédiatement à un résultat concret, à quelque chose que je
puisse utiliser dans les plus brefs délais. Mais mon inquiétude
s’avéra dénuée de fondement. Au contraire, plus j’avançai, plus
ce que j’apprenais me passionnait.
Décrire un appartement dont il me confiait la clé,
explorer le passé d’un objet, ou parler de la personne à laquelle
appartenait l’objet qu’il m’avait remis, tout cela n’eut bientôt
plus de secrets pour moi. J’évitais naturellement de divulguer ce
que j’avais appris, ou d’en faire la démonstration à l’extérieur de
la maison, bien que j’en eus deux ou trois fois la tentation. Je ne
désirais vraiment pas devenir un phénomène de foire, un de ceux
que l’on sollicite souvent pour éprouver leurs aptitudes, mais
dont on a secrètement un peu peur.
Je dois dire que toutes les expériences ne furent pas
également agréables ou confortables. Quand il me jugea prêt à le
faire, mon père me confia des objets au passé très négativement
chargés, ayant été « témoins » ou ayant participé à des
événements tragiques. Qu’ils soient très anciens ou à l’inverse
extrêmement récents, ils possédaient tous une imprégnation très
forte. Toute personne un peu sensible pouvait le réaliser, la
plupart ne le manifestant que par un rejet immédiat sans en
chercher plus loin les causes. Seul celui qui a pratiqué peut en
déceler l’origine de son malaise.
La première fois fut si pénible que mon père faillit me
faire abandonner ce type de recherches. J’eus ce que l’on appelle
à présent un malaise vagal, devins blanc comme de la craie et
vomis en abondance.
Il n’était pourtant pas pour moi question de laisser cet
aspect sans plan ; je pressentais qu’il pouvait être un précieux
outil d’investigation. Mon père finit par céder devant mon
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insistance à reprendre le fil de nos travaux là où nous les avions
abandonnés. Mais me prévint que ce ne serait sans doute pas
pour tout de suite.
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Au départ, les objets en deux dimensions seulement,
tels qu’une lettre ou une photographie, me posèrent quelques
problèmes. Il me fallut plusieurs essais avant de parvenir à un
résultat satisfaisant. Mais j’avais suffisamment aiguisé ma
sensibilité à la vibration qui émanait des choses inanimées pour
contourner rapidement cet obstacle. Il suffisait que je me
concentre sur la dite vibration, non sur le volume ou la
sensation tactile. De la même manière, certaines personnes
butent sur les arcanes mineurs du Tarot de Marseille ; les lames
majeures stimulant particulièrement leur imagination, ils
tentent d’appliquer le même filtre sur les As, Valet, Reine et
Roi, ce qui ne fonctionne évidemment pas. Il suffirait qu’ils se
laissent porter par ce que la carte leur transmet.
Une fois que j’eus appris à recevoir, quelles que soient
les conditions, et ce pratiquement à coup sûr, je pus également
apprendre à émettre. Une forme de magie « mineure », et pour
cette raison même aisément applicable par tous. Charger un
objet d’une volonté, d’une intention, d’une direction, ou
comme le disait mon père « d’une forte suggestion qui peut
incliner à » ne présenta pas pour moi de difficultés majeures.
Du moins le pensais-je, car l’auteur de mes jours n’eut de
cesse de corriger ce qu’il nommait « mes erreurs de jeunesse,
liées à ma fougue et mon désir d’aller vite ». Avec le recul, je
ne puis que lui donner raison, car ce qui m’apparaissait à ce
moment-là comme des fautes vénielles, sans grande
importance, peuvent faire toute la différence entre un rituel
raté et un rituel réussi. Je recommençai donc et, cette fois, je
butais quelque peu sur ses indications. Tout était décidément
plus compliqué que je ne l’avais envisagé. Chaque nouvelle
épreuve imposait son nouvel apprentissage, et ses nouvelles
équations à résoudre.
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évidemment rien et, même si j’en éprouvais l’envie, je m’en
abstiendrais pour ne pas lui donner la satisfaction d’avoir
obéi à son ordre. En revanche, si s’impose à moi l’envie
quasi irrésistible de le faire, et si bien entendu s’il n’y a
personne dans les environs, je me prêterai sûrement à cette
lubie. Ce qui importe ici, ce n’est pas ta volonté. Ta volonté,
si j’ose dire, tout le monde s’en fout un peu. L’individu sur
lequel tu agis devra avoir l’impression que c’est son propre
choix, sa propre décision, qui devient à chaque moment
davantage comme une évidence. Tout le monde déteste avoir
l’impression d’être influencé par une voix qui lui semble
extérieure, fût-ce celle de sa conscience. Quelle injonction
as-tu envoyé m’as-tu dit ? (il le savait parfaitement, mais
tenait à le réentendre de ma bouche, pour mieux souligner
son absurdité. Mon père, dans son apprentissage, pouvait
parfois se montrer très vexant, en dépit de tout l’amour qu’il
avait pour moi ; mais c’était, je crois, l’unique moyen de me
faire sortir de mon orgueil de jeune coq, qui croyait déjà tout
savoir, alors qu’il n’en était qu’au tout début d’un long
chemin). Je la lui redis donc, dans une moue, à laquelle il
répondit par une grimace de contrariété ;
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chance, tu n’en oublieras que deux ou trois, mais très
probablement davantage et si cette accumulation te stresse
trop, tu peux parfaitement ne te souvenir d’aucune. Si tu ne
me crois pas, je suis partant pour mettre cette hypothèse à
l’épreuve des faits (bien entendu, je déclinai cette invite un
peu ironique).
Là, mon père fit une pause, qui fut pour moi l’occasion
d’une petite collation, et pour lui de ce qui semblait être une
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réflexion profonde. Bien que de nouveau prêt de mon côté, je
n’osais déranger sa méditation. De toute façon, lorsqu’il était
perdu dans son propre monde intérieur, il était parfaitement
inutile de songer à l’en tirer. Son esprit faisait abstraction de
tout ce qui n’était pas l’objet de sa réflexion. Il me laissa ainsi
un quart d’heure en suspens, silence qui me sembla bien sûr
interminable, tant à nouveau j’avais soif d’action.
Peut être ai-je mis la barre un peu trop haut pour le début de
cette série d’exercices. Tu me donnes si souvent
satisfaction que j’en oublie parfois que tu as moins
d’expérience que moi. Nous allons commencer par quelque
chose de plus facile (il me tendit un objet qu’il me mit entre
les mains). Ceci a très longtemps appartenu à un ami qui
m’est très cher. Sachant que j’y accordais énormément
d’intérêt, il a fini par me l’offrir. Même si y figure ma
propre note, il porte encore son empreinte sur le plan
énergétique. Si tu avais davantage de pratique, cet objet
seul suffirait à te relier à lui, mais puisque tu es encore
novice en la matière, malgré tes progrès fulgurants, je vais
y ajouter une photo de lui. Bon, il était une période où nous
nous voyions deux fois par semaine, mais il arrive qu’on ne
voie plus réellement passer le temps, pris dans le
tourbillon de la vie. En bref, cela fait plus de deux mois que
nous nous sommes ni vus, ni parlés au téléphone, même si
l’un et l’autre nous y pensons très probablement souvent,
avant d’être repris par le mouvement. Tu vas le pousser à
me téléphoner dans les dix minutes qui suivent. Tu vois,
l’enjeu n’est pas très grand. Si tu échoues, ce n’est pas
grave, il me suffira de décrocher le combiné, mais cela te
permettra de t’exercer un peu…
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doute ce qui allait se passer. Il était important que je teste par
moi-même. On ne prend conscience d’une impasse que lorsque
nous y sommes confrontés. Cela ne manqua pas : à trois reprises,
je réitérai l’expérience sans obtenir rien d’autre qu’un début de
migraine.
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Je m’étonnais cependant de ce que certains jours, il se
révèle plus compliqué que d’autres, et que je dus m’y prendre à
plusieurs reprises, alors que j’étais certain de le parfaitement
maitriser. C’est que, sans me le dire sur le moment, mon père
augmentait progressivement la difficulté. Après m’avoir
demandé d’influer sur des gens avec lesquels il nourrissait une
amitié réciproque (et sur lequel mon influx serait tout au plus un
coup de pouce qui les pousserait à agir), il avait élargi le cercle à
des connaissances de plus en plus vagues, voire à des individus
qu’il n’avait rencontrés qu’une fois ou deux il y a très longtemps
(on peut d’ailleurs se demander comment il avait obtenu d’eux
des objets liés à leur intimité, mais jusqu’à ce jour, je n’ai pas, à
ce sujet, de réponse précise).
Néanmoins, qu’il s’agisse des uns ou des autres, je finis
par obtenir, de manière régulière, des résultats significatifs. Ce
ne fut que lorsque j’eus passé toutes les épreuves avec mention,
que l’auteur de mes jours me révéla le pot aux roses. J’en fus sur
le moment furieux, mais avec le temps cela devint entre nous une
blague récurrente, qui souda davantage encore, si c’était
possible, notre complicité, qui allait bien au-delà d’une simple
relation filiale, voire d’un rapport de maître à élève.
J’appris par la suite beaucoup de choses à ses côtés. J’en
acquis la conviction qu’aucun objet n’était réellement anodin. En
chacun d’eux, je pouvais voir le levier qui soulèverait les charges
les plus lourdes. Devenu jeune adulte, je me suis délibérément
détourné de toutes ces découvertes. Etait-ce parce qu’elles
exigeaient beaucoup de temps et d’énergie ? Ou tout simplement
une volonté de ne pas me singulariser, d’avoir portes ouvertes
dans le monde normal ? A moins qu’il ne s’agisse d’une révolte
tardive contre les modèles parentaux ? Ou plutôt, devrais-je dire,
de celui qui m’était transmis par mon père. Car ma mère, bien
qu’elle n’intervienne pas le moins du monde dans ses désirs et ne
cherche pas à les contrecarrer, ne cessait de me répéter, lorsque
nous étions seuls, qu’il n’était pas raisonnable que mon père me
mettre en tête de telles folies, que cela risquait de me tourner
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l’esprit et de m’éloigner des autres. Sans doute y eût-il un peu de
tout cela, peut-être même un mélange de toutes ces raisons. Il y
eut dans ma vie une période de silence, ou rien de magique,
d’occulte ou même de simplement difficilement compréhensible
selon les données scientifiques ne pouvait franchir ma porte.
Néanmoins, je dois avouer que j’étais un piètre matérialiste ; en
manque d’un essentiel que je n’osais nommer, je me détournais
rapidement de mes tentatives de vie saine et équilibrée. D’un
point de vue extérieur, je ne pouvais tenir en place, passant d’un
métier à un autre, d’un projet au suivant.
Malgré l’exigence de son sacerdoce, je finis toutefois par
prendre conscience de tout le bien que mon père avait pu, par ses
pratiques, apporté à des gens qui sans lui auraient probablement
été au désespoir. Et, dès que je repris la voie qu’il m’avait tracée,
les événements de ma vie se déroulèrent de manière plus fluide
et cohérente. Tout semblait se mettre en place pour que je me
sente bien dans ma peau, dans ma tête. Jamais ma vie
personnelle et relationnelle ne s’avéra plus riche, plus dense,
plus épanouissante. Un peu comme une récompense offerte par
l’univers pour avoir enfin osé faire corps avec lui.
Ce livre est comme un écho des enseignements de mon
père. Il n’en est pas pour autant une transcription fidèle, auquel
cas je ne ferais fonction que de moine copiste (que je ne méprise
nullement, elle est indispensable à toute transmission).
L’expérience et les rencontres m’ont fait réaliser que j’avais été
amené à suivre le chemin des écoliers, autrement dit la route la
plus longue quant à l’objectif final. Ce qui d’une certaine
manière est logique, puisque, même si j’avais parfois tendance à
l’oublier, je n’étais encore qu’un enfant en ces temps. Mon père,
lui, ne le perdait jamais totalement de vue. Même s’il
m’enseignait des choses que bien des adultes ne connaissent pas,
et qu’un tel apprentissage risquait de me marginaliser, ce qu’on
qualifierait de nos jours d’irresponsable. Il prenait garde à ce que
cela ne devienne pas l’essentiel de mon existence, ni à me faire
aller trop vite pour ne pas « me griller les neurones ». Avec le
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recul, je lui sais gré de telles attentions. Elle ne s’impose pas ici,
puisque ce livre s’adresse à des lecteurs et lectrices adultes, et
par conséquent plus aptes à gérer de telles connaissances et ne
risquant pas de se déconnecter de la réalité, ayant sans doute une
vie concrète et matérielle qui leur pose les pieds sur terre et les
ancrent dans le « réel ». Pour tout le moins je le suppose. Leur
chemin sera donc moins long que celui que j’ai parcouru, et ils
pourront jouir plus vite du fruit des efforts accomplis. Cela ne
signifie pas pour autant qu’ils doivent en oublier toute notion de
prudence, et encore moins de persévérance.
J’ai, par ailleurs de mon côté tenter d’explorer de
nouvelles voies quant à la magie des objets, me penchant
notamment de plus près sur un type d’objets qui n’existait pas du
temps de mon âge tendre, à savoir tout ce qui concernait les
développements de l’électronique, de l’informatique et de la
technologie. Si certains travaux demandent encore à être affinés,
d’autres m’ont rapidement convaincu par leurs résultats plus que
concluants. Je les ai donc ajoutés afin d’en faire profiter celles et
ceux qui prendront connaissance de ce livre. Un dernier mot
avant d’entrer dans la matière de ce livre, dont cet avant-propos
restitue la genèse. Beaucoup d’individus se plaignent des forces
célestes lorsque tout semble aller mal. Ils oublient souvent, en
revanche, de les remercier quand les événements de leur vie sont
source de plaisir et de satisfaction. Cet aspect me semble
essentiel, encore davantage peut-être en ce qui concerne la
magie. Après avoir obtenu ce que vous cherchiez en vain à
atteindre, remerciez ce qui vous a conduit au but, à haute voix ou
dans votre for intérieur. Ainsi, l’énergie circulera dans les deux
sens. Point n’est besoin pour cela d’avoir une croyance
particulière ancrée en soi. Une intention clairement nommée
parviendra toujours là où elle doit aller. Si vous ne croyez pas en
un dieu, remerciez simplement les forces de la vie, l’univers ou
les forces positives agissant dans et à travers celui-ci.
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Chapitre 2
QU’EST-CE QUE LA
MEMOIRE DES OBJETS ET
COMMENT LA REVEILLER ?
L
e terme même de « mémoire des objets », pour
inapproprié qu’il soit, est cependant le plus précis qui
soit à notre portée. Il est inutile pourtant de s’attendre à
une mémoire semblable à celle de l’être humain, riche en
connexions. Pas même à une sorte de mémoire électronique, à
l’instar de celle des ordinateurs, bien des logiciels permettant
d’établir des associations « d’idées » et des liens entre les
informations recueillies. Celle des objets ressemblerait plutôt à
un enregistrement par un vieux magnétoscope voire un
magnétophone.
Tout objet comporte des traces de l’histoire de la
personne à laquelle il appartient. Ces dernières sont souvent
fragmentaires, et se manifestent sous la forme d’images, de
sensations, plus rarement de mots ou de phrases entières. Elles
ne s’inscrivent pas dans un temps linéaire et il convient parfois
d’y « remettre de l’ordre ». Plus l’objet sera en proximité
physique avec son possesseur, plus il le manipulera, le regardera,
pensera à lui ou sera amené à l’utiliser, plus les traces seront
puissantes, exploitables par une personne sensitive qui, grâce à
elle, pourra collecter un nombre impressionnant d’informations.
Plus, à l’inverse, l’objet sera délaissé, moins l’imprégnation sera
forte. Un objet « présent » lors d’un événement émotion-
nellement marquant, heureux ou malheureux, en gardera une
imprégnation. Certains possèdent une connotation globalement
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négative, et je déconseille fortement à mes lecteurs et lectrices,
s’ils ressentent face à l’un d’entre eux un sentiment de répulsion
tenace, d’insister en voulant en explorer le passé, par défi, ou
goût des sensations fortes. Il m’est arrivé de me confronter à des
objets en rapport avec une réalité sinistre, l’un d’entre eux, assez
ancien, ayant notamment servi à des sacrifices humains. C’est
une expérience que je ne recommande à personne. Même un
praticien expérimenté, comme en toute modestie je le suis, peut
s’en retrouver fortement déstabilisé. J’en fus secoué pendant
plusieurs jours, traversé d'images sanglantes, violentes, qui me
hantaient.
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EXERCICES PRÉLIMINAIRES
PREMIER ExERCICE
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l’objet. Pendant une semaine ou deux, à raison de quelques
minutes par jour, vous vous exercerez de cette manière, alternant
si possible extérieur et intérieur, changeant de préférence d’objet
à chaque nouvelle « exploration ».
SECOnD ExERCICE
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l’identique. Puis, fermez les yeux. Visualisez entre vos mains
un nuage cotonneux, d’un blanc uni. Ce dernier ne touchera pas
tout à fait vos phalanges, mais en sera proche. Quand l’image
du nimbus ou du cumulus sera bien nette dans votre esprit,
rapprochez lentement vos paumes l’une de l’autre, comme si
elles plongeaient progressivement au cœur de la matière
fuligineuse. Au bout d’un moment, vous ressentirez la présence
d’un « obstacle » : l’emplacement virtuel de l’objet projeté
dans votre espace mental. Éprouvez-vous à nouveau les
sensations physiques qui y sont associées ? Si oui, vous êtes sur
la bonne voie. Il ne vous reste plus qu’à vous entraîner
davantage Vous pouvez « compliquer » la donne de départ, en
espaçant de plusieurs jours le moment où vous touchez l’objet
et celui ou vous le remplacerez par son double visualisé. Vous
noterez à chaque fois – ou les enregistrerez – ce que vous
éprouvez, afin de pouvoir comparer vos deux versions. Il ne
s’agit pas de vous remémorer les sensations antérieures, mais
bel et bien de les éprouver de nouveau.
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longueur cependant, votre énergie intrinsèque peut perturber la
« fréquence d’émission » de la cible de votre attention. Une trop
grande imbrication de ces deux vibrations peut dans certains cas
déboucher sur de fausses informations. Autrement dit, vous
puiserez dans votre propre vécu, même s’il s’agit de souvenirs
enfouis, des informations que vous croirez, en toute bonne foi, lui
être liés.
Ce que j’appellerai, faute de mieux, le « toucher de
l’esprit » ne présente pas de tels inconvénients, et laisse
inaltérée la mémoire de l’objet. Vous entraîner dès le début à
cette pratique peut par conséquent vous éviter bien des fausses
pistes.
Comme toute règle d’or, celle-ci souffre d’exceptions
non négligeables. Par exemple, au cours d’une projection
volitive, je vous conseillerai, à l’inverse, d’être au plus proche de
l’objet pour l’immerger totalement de votre propre fluide.
Mais chaque chose en son temps…
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manière à ce qui ne ressemble plus à votre décor familier, celui
que vous pouvez contemplez tous les jours.
Recouvrez la table sur laquelle vous opérez d’une nappe
blanche en tissu, sans motifs. La table, quant à elle, devra être de
dimensions moyennes (autrement dit aisément transportable
d’une pièce à l’autre), de préférence rectangulaire ou carrée. Je
sais que beaucoup de mes « confrères » préconiseront plutôt une
table ronde, mais cette forme géométrique renvoie trop à mon
sens, dans l’inconscient collectif, au spiritisme, avec lequel ce
que nous allons étudier ne saurait avoir de rapports.
Si vous possédez des chandeliers, c’est le moment de les
sortir du placard. Sinon, prenez trois soucoupes blanches (ou des
sous-tasses). Fixez sur chacune d’elle une bougie, également
blanche, en faisant lentement couler la cire dans votre récipient
puis en appuyant fermement sur celle-ci la base de votre
chandelle. L’une sera posée au milieu du bord supérieur. Les
deux suivantes sur les coins du bord inférieur. Vous obtenez ainsi
un triangle.
Dans une autre soucoupe, ou un encensoir, si vous en
possédez, faites brûler de l’encens de Jérusalem. Il est connu
pour ses vertus protectrices. Mais en l’absence de celui-ci, vous
pouvez utiliser n’importe quel bâton d’encens que l’on trouve
dans le commerce, souvent dans les bazars, ou à défaut du papier
d’Arménie.
Les couleurs, comme la figure géométrique ne sont pas
le fruit du hasard. Ces deux éléments combinent une certaine
forme de neutralité (il ne s’agit pas de ce qu’on nomme
« bougies d’appel », dont la teinte est directement en rapport
avec l’objet d’une demande ou d’une invocation) et une
protection fiable. Quand on se hasarde sur le versant de
l’invisible, il est parfois difficile de formuler avec certitude ce à
quoi nous sommes confrontés. Il convient donc d’être prudent.
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dans ce cadre ne devra être utilisé en dehors de cet usage
spécifique. Vous avez en quelque sorte sacralisé vos outils, et
les associer de nouveau à des activités plus triviales pourrait en
altérer le potentiel vibratoire. En outre, plus vous pratiquerez
ce genre d’opération avec des instruments que vous y avez
destinés, que vous avez « programmé » dans ce but, plus vos
manœuvres seront fluides. Un tel effet découle de ce que le
scientifique Rupert Sheldrake nomme « la théorie des champs
morpho-génétiques ». Plusieurs ouvrages de cet auteur sont
parus en France et je vous les conseille vivement.
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vraiment les étapes précédentes, car autrement, les résultats de
l’expérience seraient nuls et non profitables.
PREMIER ExERCICE
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SECOnD ExERCICE
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le bon déroulement de celle-ci, demandez-lui de vous laisser
l’objet en question, en lui assurant que vous le lui rendrez le
lendemain. L’idéal serait que vous ayez à disposition plusieurs
objets de cette nature. Comme nous l’avons vu, la capacité
d’imprégnation peut être plus ou moins forte selon la nature de
l’événement et son éloignement dans le temps. Tel vous parlera
peut-être davantage que son voisin. Mais cela peut se révéler
difficile à mettre en œuvre, quelle que soit la confiance que l’on
vous porte.
L’avantage d’un tel exercice est qu’il vous permet
d’obtenir rapidement confirmation (ou infirmation) des éléments
recueillis. Dans le second cas, vous prendrez la mesure de votre
niveau d’entraînement et des étapes qu’il vous reste à franchir. Si
vos renseignements sont validés, en revanche, vous pourrez
rapidement passer à l’étape suivante.
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enchaînements, ou quant à ceux qui en furent les acteurs (trices)
– qui vont retenir plus spécifiquement notre attention.
L’objectif recherché sera de collecter les
renseignements, de manière à reconstituer l’événement le plus
précisément et le plus fidèlement possible. Une tâche plus
complexe qu’elle ne peut le sembler en apparence. Car tenter
de vous remémorer les faits par des moyens intellectuels ne
vous serait, dans la perspective des travaux qui font l’objet de ce
livre, que d’une piètre utilité. C’est d’ailleurs une erreur
courante que de confondre ce qui est en jeu dans les arts
magiques et l’usage trivial que nous exerçons de nos facultés.
Ainsi, comme nous le verrons plus loin, la volonté que nous
projetterons hors de nous n’a que peu de points communs avec
celle dont nous usons dans notre vie quotidienne.
La voie que vous emprunterez n’exige pas une tension,
mais à l’inverse une détente, un lâcher prise, un état de vacuité
où votre sensibilité sera exacerbée. Ce sont les objets qui doivent
vous guider vers la vérité de l’instant, et vous permettre de
reconstituer l’événement par fragments, le ressentir, le revivre.
Le « danger » potentiel serait de vous laisser bercer par vos
souvenirs et de lâcher la bride de votre cerveau rationnel pour
entrer dans la réflexion, dans la rêverie. Encore une fois, tel n’est
pas le but recherché.
Installez votre « décor rituel » et placez sur ce qui
désormais constitue votre autel magique le ou les éléments que
vous aurez retenus. Étant donné que l’énergie émise par l’objet
est intrinsèquement la vôtre, il vous est possible, si cela vous
facilite les choses, d’avoir un contact physique direct avec lui, et
de le prendre dans la paume de votre main gauche (en général,
sur le plan occulte, la main gauche est utilisée pour recevoir,
alors que la main droite sert essentiellement à transmettre). Vous
pourrez indifféremment, garder les yeux ouverts ou fermés. Une
fausse bonne idée, trop souvent mise en application par les
débutants, consisterait à garder en « arrière-plan » les éléments
dont vous vous souvenez pour favoriser l’émergence de ceux qui
34
demeurent dans l’ombre. Cela consisterait à demeurer à cheval
sur le conscient et l’inconscient, ce qui est un exercice un peu
trop complexe pour des débuts. Tout au plus, si vous ne pouvez
agir autrement, n’en conservez qu’une seule image. Dans tout ce
qui concerne l’occulte, plus quelque chose est bref et
synthétique, plus il a de chances d’aboutir à un résultat viable.
Il se peut que la connexion ne parvienne pas à s’établir. Il
peut y avoir à cela un certain nombre de raisons, dont la première
est que, naturellement, vous ne vous sentiez pas spécialement en
forme ce jour-là, ou ayez l’esprit trop encombré par des
problèmes annexes de votre vie de tous les jours pour lâcher
prise. Rien de grave à cela. Mais il se peut également que vous
surestimiez l’impact émotionnel d’un fait que vous avez embelli,
qui vous sembla important au moment où vous l’avez vécu.
L’objet, quant à lui, n’est demeuré présent dans votre
environnement que par habitude, sans que vous y attachiez
vraiment la valeur affective que vous lui prétendez avoir. Si tel
est le cas, mieux vaut passer à un autre des objets que vous avez
choisi.
35
possible en ce sens de vous éloigner des traditionnelles mancies,
en utilisant n’importe quel objet neutre (c’est à dire non chargé
d’un passé affectif important) comme support.
Beaucoup d’entre vous, je le pense, préféreraient passer
directement à une phase active, autrement dit avoir entre les mains
les clés pour reprendre en main les rênes de leur destinée, voire en
modifier le cours. Mais ce serait pécher par orgueil que de penser
que l’on puisse accéder à ce type de pratiques sans avoir
auparavant « percé la carapace des objets », s’être familiarisé avec
eux, avoir fait corps avec leur structure intime. Identifier une
personne à l’objet qui le représente, par exemple, demeure
quasiment impossible si l’on fait l’impasse sur une telle étape. Et
sans ce sentiment d’identité, l’impact magique sera pour ainsi dire
nul. L’échec risquerait d’être plus flagrant encore en ce qui
concerne les objets symboliques, représentatifs d’une personne ou
d’un événement sans être pour autant associés directement à eux
de façon charnelle. En outre, vivre l’état de réceptivité, de
disponibilité mentale de l’intérieure sera un élément crucial si l’on
désire le transmettre à autrui et lui permettre d’accueillir nos
suggestions.
Certes le chemin peut être plus ou moins long selon les
personnes, mais tous finiront par parvenir là où il désire aller en
définitive.
38
Chapitre 3
CHARGER D’UNE
INTENTION UN OBJET
QUI DOIT ÊTRE OFFERT
L
a charge émotionnelle d’un objet possède ceci de
commun avec la télépathie que nous la pratiquons tous
sans en avoir conscience, mais qu’il se révèle autrement
plus complexe d’en user de manière volontaire. Par exemple,
quand nous affirmons qu’un plat a été fait « avec amour » ou que
tel cadeau « vient du cœur », nous avons inconsciemment
programmé l’un ou l’autre dans une perspective de bien être de
la personne à laquelle nous l’offrons. Si notre projection relève
d’un élan sincère, cette différence sera ressentie, même si nous
ne la disons pas.
La part la plus complexe d’une telle opération ne réside
pas dans son déroulé même, dans le processus qui va permettre
de faire de cet objet le catalyseur de votre volonté. La vraie
difficulté est souvent là où on ne l’attend pas. Car or des
occasions festives (noël et les fêtes d’anniversaire entre autres),
il n’est pas toujours simple d’offrir quelque chose sans que cela
paraisse suspect.
Beaucoup de personnes partent du principe que « rien
n’est gratuit en ce monde » (lequel, même lorsqu’il est souvent
démenti, n’est jamais remis en question). Par voie de
conséquence, on soupçonne nécessairement celui ou celle qui
donnera un présent, hors des occasions sanctifiées par le code
social, de vouloir obtenir quelque chose en retour, même
lorsque ce n’est pas le cas. Comme précisément, dans la
37
perspective qui nous occupe, un tel don est intentionnel, le
soupçon justifié pourrait prendre une ampleur qui vous dépasse
et nuire à la réussite de votre projet.
Le processus précédemment décrit veut que le ou la
bénéficiaire organise, à son corps défendant, ses défenses
mentales pour résister à ce que l’on attend en retour de sa
personne. Un mécanisme comportemental qui peut aller de la
simple résistance à la franche hostilité. Dicté par le sentiment
que vous voulez « l’acheter », acquérir des services ou des
privilèges et s’y refusant catégoriquement.
38
« bénéficiaire ». Le cacher peut être une option, mais elle comporte
un risque : celui qu’il soit découvert. Même si on n’en devine pas
l’origine, il n’est pas impossible qu’il finisse son existence aux
ordures, en quel cas tout votre travail serait à recommencer. Si vous
vous décidez pour ce choix toutefois, il faudra être certain du lieu
où vous le dissimulez, et donc posséder une bonne connaissance de
l’endroit et avoir tout loisir d’y accéder. Il vous est également
loisible « d’oublier » un objet lors de votre visite. L’endroit où vous
le placerez devra alors répondre à plusieurs critères : il doit être à
la fois facile d’accès (suffisamment pour l’y cacher sans que votre
attitude paraisse bizarre), crédible (pour pousser les choses à
l’extrême, jusqu’à l’absurde, il est rare par exemple que l’on perde
un objet dans un réfrigérateur), pouvoir être trouvé mais ne pas être
directement décelable.
Si cette solution vous tente, la charge devra être intense,
car le temps d’émission « in situ » peut être très court, entre
quelques heures et une semaine, selon que vous voyez la
personne fréquemment ou non. Une semaine me semble le
minimum de temps requis pour qu’un tel objet soit efficace.
39
trouvera pas avant un certain temps. Le risque est bien entendu
que vous ayez surestimé la sécurité de votre cachette, et que votre
témoin finisse au panier. Mais le fait qu’il soit en écriture
d’imprimerie évitera tout recoupement et des questions qui
pourraient se révéler gênantes. L’avantage, toutefois, si vous avez
vu juste, est que vous disposerez d’un temps pendant lequel vous
pourrez continuer à charger l’objet matériel que le papier
représente. Il est essentiel que l’objet et votre morceau de papier
soit parfaitement identifiés, quasi fusionnés l’un à l’autre dans
votre esprit pour que la magie fonctionne. Comme si un courant
passait perpétuellement de l’un à l’autre.
Une seconde méthode, tout aussi efficace, met en jeu des
ressorts que nous avons examinés au cours de notre premier
chapitre. Elle peut faire appel à un objet matériel ou s’y soustraire ;
tout dépend de votre choix, et du niveau atteint dans l’expression
de vos capacités. Elle suppose néanmoins que vous connaissiez
bien l’univers de la personne que vous souhaitez influencer, soit à
travers le cadre de sa vie professionnelle, soit dans celui de sa vie
personnelle. Autrement dit, vous devrez impérativement savoir
quels sont les objets qui l’entourent, ceux qu’il sollicite souvent.
C’est ce type de détails qui souvent marque la différence. Après
avoir arrêté votre choix sur l’un d’entre eux, une fois revenu entre
les quatre murs de votre home sweet home, vous aurez à cœur de
tester vos possibilités et vos limites. Créez votre espace rituel (il
peut s’avérer nécessaire pendant encore un certain temps, donc ne
vous impatientez pas…). Puis tentez, en vous servant de l’exercice
« du nuage » de le reconstituer avec le plus de précision possible :
forme, volume occupé dans l’espace, odeur même si celle-ci vous
a marqué. Si l’aspect tactile est ici négligé c’est parce qu’il est plus
que probable que vous n’ayez jamais pris l’objet en question entre
vos mains. Il serait donc en ce cas difficile d’évoquer une texture
que vous ignorez. Même s’il vous est possible de la déduire
d’objets similaires que vous avez pu manipuler lors de vos
précédentes expériences.
Vous examinerez ensuite vos résultats sans la moindre
complaisance et avec une tolérance zéro en ce qui concerne
40
l’approximation. Vous ne parvenez pas à restituer le volume
exact ou la forme ? Certains détails de l’objet vous échappent et
demeurent dans le flou ? L’opération ne peut être réussie avec un
tel à peu près ; plutôt que de vous engager dans ce qui vous
conduirait très vraisemblablement à une impasse, rendez-vous
dans un magasin pour trouver son équivalent. Il doit s’agir d’un
objet usuel, facilement trouvable dans le commerce. Il est
important que celui que vous acquerrez soit à l’identique de
celui sur lequel vous avez jeté votre dévolu. Afin que votre
regard, en l’apercevant, se persuade qu’il s’agit du même. Ce
n’est que de cette manière que vous pourrez créer un pont
vibratoire entre les deux, de telle façon qu’en chargeant l’un
vous chargerez l’autre. Il s’agit en quelque sorte d’une forme
sophistiquée de transfert.
41
lui/elle, et qui définit bien souvent la nature de notre action et de
ses objectifs, est-ce un lien professionnel ? Sentimental ?
Financier ? Il est des personnes auxquelles on peut offrir quelque
chose en arguant simplement qu’on a pensé que cela lui ferait
plaisir ou « manquait à sa collection » sans qu’elles éprouvent la
moindre défiance, d’autres qui se poseraient immédiatement
mille questions à votre sujet et la raison d’une telle générosité. Il
est crucial, pour la suite des opérations, et déterminer la méthode
que vous allez adopter, de définir à quelle catégorie de personnes
vous avez affaire.
On pourra s’étonner de l’irruption de la psychologie dans
le domaine du magique. Elle y joue pourtant un rôle capital. Car
votre projection volitive s’effectuera du point de vue de la
personne concernée et non du vôtre. Vous serez à ce moment-là
dans sa peau davantage que dans votre propre enveloppe. En
effet, suggérer que vous voulez que tel individu fasse ceci ou
cela sera généralement moins efficace que de lui suggérer que
c’est ce qu’il désire du plus profond de son être. L’autre agira
avec les gestes qui lui sont propres, les mots qui sont les siens.
Se sentir « dicter » des expressions ou des manières d’agir qui ne
lui sont pas intrinsèques renforcerait sa vigilance à tout influx
extérieur, ce qui irait résolument à l’encontre de votre travail.
42
risquerait d’être bue par un nombre conséquent de personnes,
diluant jusqu’à plus rien son pouvoir d’influence. Évitez
également les objets jetables qui, ainsi que leur nom l’indique,
connaîtront rapidement une fin, et par voie de conséquence un
rayonnement magique trop bref. Vous devrez choisir un petit
format, ce qui vous facilitera à la fois la charge et l’offrande
proprement dite. Personne, à ma connaissance, n’a jamais songé
à charger magiquement une armoire normande ou un frigo
américain. De plus, un objet de taille imposante attirerait d’office
une suspicion légitime. Les objets utilitaires font parfois
davantage de miracles que les beaux objets. Ne surestimez pas
votre degré de puissance. Si dans l’absolu, le champ d’influence
d’un objet chargé s’étend bien au-delà de l’endroit où il est posé
et n’a pas besoin d’être vu ou touché pour être efficace, dans la
réalité des faits, il est rare qu’un objet chargé par un « nouvel
initié » soit à 100% opérationnel. Cette puissance s’accroît donc
considérablement lorsque celui ou celle auquel il est destiné en
fait usage, chaque manipulation renforçant la pensée que vous
lui avez imprimée.
43
directement vers celui ou celle qui la « soumet » à sa volonté. J’ai
pu constater plusieurs fois un tel cas de figure dans ce qu’on
nomme à tort « envoûtement d’amour », mais je ne pense
franchement pas que dans le cadre d’une vie professionnelle, par
exemple, les rapports artificiellement créés soient moins
propices au conflit.
La magie de pouvoir consiste à user d’un médicament
violent, souvent radical quant au « traitement » mais également
riche en effets secondaires et risques de dégâts collatéraux. Ce
que je propose ici s’apparenterait plutôt à une médecine douce
axée sur la suggestion. Une sorte de coup de pouce au destin qui
peut quelquefois tout changer. De grands bouleversements
peuvent naître de petites choses. Tel homme ou telle femme que
l’on avait à peine remarqué (e) jusqu’alors bien que nous
croisions fréquemment son chemin, lors d’une occasion
particulière nous apparaît sous un tout autre jour, et nous
commençons à le penser insidieusement comme une histoire
impossible. Il arrive que, de fait, celle-ci finisse par s’ensuivre
alors que rien ne semblait le laisser présager. Il en va parfois de
même en ce qui concerne une association professionnelle, voire
une promotion. Certain nouvel aspect dévoilé d’une personnalité
fait soudainement penser « pourquoi pas lui/elle ? ».
Produire ce déclic salutaire en l’autre par la force de notre
esprit tout en lui laissant son libre-arbitre, lui faire envisager une
voie qu’il ne tient qu’à lui d’emprunter, à côté de laquelle il serait
susceptible de passer sans cela, c’est l’optique dans laquelle j’ai
mené mes travaux depuis des années, avec suffisamment de
résultats probants pour que je me sente autorisé à transmettre les
connaissances qui m’y ont guidé.
En réalité, vous semez une graine qui, si elle rencontre un
terrain favorable, ne cessera de grandir jusqu’à générer une
réalité concrète et tangible. Vous ne forcez pas autrui au sens le
plus brutal du terme, vous lui ouvrez les yeux sur une perspective
qu’il n’aurait peut-être pas décelée autrement.
La magie des objets, comme beaucoup de magies
44
d’ailleurs, n’opère pas ex nihilo. Elle travaille sur une matière
potentiellement existante, dont elle favorise l’émergence dans le
réel. Aussi n’entreprenez pas de quête que vous savez d’avance
impossible en votre for intérieur. Vous vous condamneriez à
l’échec. Quel que soit le domaine d’existence dans lequel vous
opérez. Je parle ici d’impossibilités objectives, par le simple
examen des faits, non de celles que nous nous forgeons par
désespoir, manque de confiance en nous, ou manque d’intérêt
apparent de la personne que nous souhaitons influencer. Un mari
brutal, par exemple, même très amoureux, ne pourra probablement
pas faire revenir son épouse vers lui. D’autant plus si celle-ci fraye
avec un nouveau compagnon qui en est l’antithèse.
Au travail !
Avant toutes choses, munissez-vous de feuilles de papier
couleur relativement épais. Prenez celle qui correspond au
domaine dont dépend votre demande (nous les rappellerons au
fur et à mesure) et, à l’aide d’un double décimètre et d’un cutter
(ou d’une simplement paire de ciseaux si vous avez « le compas
dans l’œil », autrement dit si vous êtes certain de couper droit)
coupez la en quatre carrés de même taille. En géométrie
magique, le carré représente généralement l’élément matériel, le
concret, ce sur quoi votre action va impacter. Le triangle,
l’élément sacré, spirituel, voir divin (l’appel aux entités
« basses » est souvent représenté par un triangle inversé). Le
cercle, la protection. Vous vous fournirez également en bougies
de différentes couleurs. Les puristes vous diront de n’user que de
bougies en cire d’abeille. Bien que d’odeur plus agréable,
notamment à l’extinction, les expériences que j’ai pu mener
m’ont permis de constater que de simples bougies de ménage
remplissaient tout aussi bien ce rôle. C’est d’ailleurs à ma
connaissance l’une des légendes urbaines les plus tenaces des
arts magiques : la conviction que bougies et encens puissent
posséder un pouvoir d’action intrinsèque, indépendamment de
45
l’opérateur. Or, si ces derniers constituent des supports non
négligeables pour modifier votre état de conscience et amplifier
votre concentration, rien ne prouve qu’ils constituent des outils
opératifs à part entière. Vous vous procurerez des tissus de
plusieurs coloris (rouge, jaune or, bleu, violet, vert …). On en
trouve facilement au mètre, pour un prix modique, chez certains
commerçants. Là encore, ils seront en rapport direct avec votre
demande. Cinéma ? Mise en scène ? Peut-être, mais j’ai pu
constater que par leur intermédiaire, on obtenait la plupart du
temps des résultats plus conséquents qu’en optant pour un
décorum plus sobre. De même que, dit-on, la fonction crée
l’organe, la mise en condition de l’opérateur est le socle à partir
duquel s’exprime et s’articule sa volonté magique.
La manière dont vous aurez décidé de mettre en rapport votre
objet chargé et la personne à laquelle il est destiné importe peu,
la méthodologie de charge demeurant identique dans tous les cas.
À cette exception près cependant : si vous optez pour le témoin-
papier, tapez d’abord votre mot sur l’ordinateur avant de
l’imprimer, de préférence sur un papier de la couleur indiquée,
que vous découperez ensuite et placerez sous l’objet de
référence. Ensuite, le processus sera le même, puisque vous
chargerez tout à la fois l’objet et son témoin.
Si vous possédez une photo de la personne concernée par
votre charge, ou si vous pouvez en prendre une sans éveiller
l’attention, ni que cela paraisse « louche » ou révèle malgré vous
votre intérêt voire vos intentions, vous la disposerez avec les
autres éléments sur votre autel. Dans l’idéal, la photographie sera
en pied plutôt qu’en portrait, en prenant soin d’éviter les images
de groupe. On ne fonctionne toutefois pas toujours dans des
conditions optimales. À défaut, n’importe quel support vous
permettant une représentation physique, donnant chair à vos
rêves, sera la bienvenue. Si vous n’avez à disposition rien de tel,
l’opération nécessitera sans doute de vous davantage d’efforts,
mais nul doute que vous y parviendrez.
Cependant, si vous vous trouvez dans les derniers cas de
figure, ne vous précipitez pas tête baissée. Vous avez sans doute
46
attendu longtemps que ce que vous allez à présent projeter
s’accomplisse de manière «naturelle ». Vous n’en êtes plus à une
ou deux semaines près. Je vous conseille d’utiliser ce temps à
l’observation pure et simple (si, même en possession d’une
photo « idéale », ce dernier peut se révéler un atout conséquent,
en son absence il se révèle indispensable).
Le point focal de toute votre attention sera bien entendu le
(la) destinataire de votre travail. Il va sans dire que votre « étude »
devra rester discrète, faute de quoi vous risqueriez de tout
compromettre. Elle se devra néanmoins d’être précise et pointue.
Il ne s’agit pas seulement de mémoriser les traits d’un visage ou
la forme d’un corps, mais de bien davantage que cela. La tessiture
de sa voix, ses tics de langage, la manière dont elle (il) parle, sa
façon d’occuper l’espace, la manière dont il (elle) bouge, le type
de gestes le plus récurrents, les mots avec lequel il (elle)
s’exprime, l’odeur de son parfum ou de son eau de toilette, etc.
Un amoureux, une amoureuse (si l’affectif est le domaine dans
lequel vous souhaitez agir) vous diront souvent qu’ils connaissent
ce genre de détails par cœur. Pourtant, si vous décidez de mener
une investigation plus poussée (ce qu’il m’est arrivé de faire)
vous réaliserez que ce n’est objectivement pas le cas. Ils
possèdent le plus souvent une idée globale de la personne, et
beaucoup d’indices comportementaux leur font en réalité défaut.
VIE AFFECTIVE
ÉVEILLER L’InTÉRêT AMOUREUx D’UnE PERSOnnE
47
Vous devez également être certains de vos propres sentiments
car éveiller une pulsion affective forte chez quelqu’un dont vous
finissez par réaliser que votre intérêt pour lui (elle) était en fait
purement charnel serait tout simplement criminel. Enfin, mieux
vaut partir de la base, le socle sur lequel s’établira une relation
durable, que vouloir monter d’office au sommet. Pour
schématiser, projeter d’office un mariage ou la naissance d’un
enfant sur quelqu’un qui n’envisage pas encore de s’investir dans
une relation avec vous, peut avoir l’effet strictement inverse de
celui que vous espérez. Autrement dit faire office de douche
froide et étouffer dans l’œuf toute chance de vivre en couple avec
cette personne. Il vous suffit pour vous en convaincre d’imaginer
quelle pourrait être la réaction d’une personne que vous
fréquentez depuis deux jours si vous lui faisiez une telle
proposition. Il est prévisible qu’elle s’enfuie à toutes jambes.
48
pratiquement aucune chance de se réaliser un jour, peut-être
justement parce qu’il ne laisse aucune place à la chance et à la
spontanéité.
Votre idylle vient de commencer. Qu’est-ce qui
l’indique ? Quelle scène le caractériserait le mieux à votre avis ?
Attention : il ne doit pas s’agir d’un moment « hot » car cela
pourrait fausser le sens de votre demande. Vous devez vous
placer du point de vue antagoniste, à la manière d’un écrivain qui
devrait composer un personnage d’un sexe opposé au sien. Quels
seraient ses gestes ? Quels mots – éventuellement, car votre
projection ne sera pas nécessairement sonorisée – prononcerait-
il (elle) ? Vous pouvez également, si vous le préférez imaginer la
scène d’avant, qui marque nettement une complicité forte
s’apprêtant à basculer vers autre chose. Votre séquence doit être
brève et parlante, quitte à la tourner en boucle pendant la durée
de votre charge. Lorsque vous saurez, avec certitude, que votre
projection mentale est au point, vous pourrez passer à l’action.
Le rituel
49
Au centre de votre dispositif, placez l’objet que vous allez
charger. À son pied, une photo de la personne concernée ou à
défaut, son nom entier sur deux lignes. Allumez vos bougies et
éteignez toute source de lumière électrique. Si vous craignez de
vous cogner aux meubles (certain(e)s ont ce type de phobies) ne
gardez qu’une lampe de chevet, éloignée toutefois de votre
ensemble.
Placez la paume de votre main droite juste au-dessus de
l’objet, jusqu’à ce que vous ressentiez un léger picotement ou
une chaleur. Alors, lentement, élevez-là jusqu’à ce qu’elle se soit
éloignée de quelques centimètres. Si la sensation qui a précédé
paraît avoir disparu, recommencez l’opération, jusqu’à ce que
vous vous trouviez à la juste distance. Fixez soigneusement
l’image à la base de l’objet le temps qu’il vous semblera
nécessaire pour la mémoriser parfaitement. Si vous avez respecté
la phase d’observation que j’ai cru bon de préconiser, les
« clichés mentaux » enregistrés au cours de cette période ne
devraient pas tarder à y faire écho.
C’est ici que le travail précédemment accompli prend
tout son sens, toute sa pertinence, car vous devrez être à la fois
présent sur le plan tactile (toucher non physique) et visuel, ce
qu’un apprentissage moins évolutif n’eût pas permis.
Il est nécessaire, pendant toute la durée de votre travail,
de demeurer en contact avec le bout de vos doigts, autrement dit
de ne pas rompre la connexion qui vous relie à l’objet. Elle seule
vous permettra de transmettre vers celui-ci.
Parallèlement, fermez les yeux et, sur votre écran mental,
projetez la scène dont vous avez précédemment réalisé le
« découpage ». Comme je l’ai indiqué, vous ne devez pas hésiter
à la repasser en boucle, jusqu’à en être totalement imprégné. À
chaque « vision », elle prendra davantage corps, deviendra
davantage réalité. Un peu comme, au bout d’un moment, plus ou
moins long selon le spectateur, nous finissons, au cours d’un
film, par faire abstraction du cadre dans lequel nous le regardons
et plongeons à l’intérieur de l’histoire.
50
Rappelons-le – c’est un point capital – que ce n’est pas
votre désir de couple à vous que vous projetez, mais que vous
insérez le désir de ce couple dans l’esprit de l’autre. Si, dans
certains cas, prendre conscience de votre envie peut amener
autrui à se manifester, il sera plus efficace dans la plupart de faire
ressentir cette pulsion à la personne que vous souhaitez
influencer.
L’image est à présent bien nette dans votre esprit. Si ce
n’est pas le cas, rouvrez les yeux et prenez une courte pause
avant de renouveler l’opération et de la susciter à nouveau sur
votre écran mental.
Vous allez à présent déplacer cette image, en
l’accompagnant ou non d’un mouvement du corps (celui-ci est
dispensable, mais peut vous aider à visualiser le déplacement si
vous y éprouvez quelque difficulté). Petit à petit, elle
« descendra » vers l’objet pour en fin de compte se fusionner
avec lui. Il est possible que vous ayez quelques difficultés à
maintenir en simultané le « déroulement de la bobine » de votre
film intérieur et le fait de bouger votre « écran ». Un truc peut
vous permettre d’avancer plus facilement dans cette direction : il
vous suffit d’appuyer sur la touche pause, comme vous le feriez
avec un magnétoscope ou un Dvd, le temps que vous changiez
votre « écran » de place. En d’autres termes, l’image demeurera
figée là où vous êtes arrêté. Le défilement pourra reprendre au
moment où vous serez au niveau de l’objet. Ce sera alors comme
si votre projection se déroulait à la surface de celui-ci. Pendant
celle-ci, votre main droite restera en surplomb.
Vous pratiquerez cet exercice durant une semaine entière
avant de l’offrir, lui ou son témoin, de manière visible ou
« invisible ». S’il s’agit d’un objet « relié », c’est à dire du double
d’un objet déjà possédé par la personne, vous le prolongerez
jusqu’à l’obtention d’un résultat.
51
Chapitre 4
C
e que je vous propose ici, c’est de créer vos propres
« porte-bonheur » personnalisés. Non pas, comme c’est
le cas de nombreux objets vendus dans le commerce
sous une telle dénomination, des sortes de placebo qui ont
parfois pour vertu de rebooster le moral par le pouvoir qu’on leur
suppose, ou au mieux de simples supports pour catalyser vos
désirs. Mais l’équivalent d’un pentacle ou d’un talisman
réellement efficient. Qu’il soit de nature noble ou triviale
importe peu. Au contraire même, dirais-je, d’une certaine
manière, plus il sera considéré comme trivial, mieux ce sera,
pour des raisons que j’expliquerai plus loin.
Ce qui compte en la matière, c’est qu’il soit de petit
format, facile à transporter et à manipuler, de façon à ce que
vous puissiez l’avoir à portée de main quasiment en
permanence. Par conséquent, quelque chose de léger. On ne
doit pas non plus le remarquer, comme quelque chose
d’incongru qui n’aurait pas sa place dans une poche de veste ou
de pantalon par exemple, la pertinence et l’efficacité des arts
magiques résidant en bonne part dans leur invisibilité. C’est
pourquoi le plus banal, le plus usuel, en un mot le plus trivial
sera le plus approprié. De plus, nombre d’objets sacrés (à
commencer par le simple crucifix, même discret) sont
davantage destinés à des fins spirituelles que matérielles, dans
un objectif d’élévation personnelle et de connexion au divin.
Le charger pour en faire un outil de réussite sociale ou
52
personnelle serait dans une certaine mesure un contresens.
Presque une hérésie.
53
VIE FINANCIÈRE ET PROFESSIONNELLE
Pour être rémunéré à la mesure de vos compétences
54
précédemment ; il mettra toutefois alors mieux en valeur vos
compétences réelles et saura les utiliser dans ses moindres aspects
potentiels, ce qui impliquera alors un salaire plus conséquent. Mais
il convient également aux individus désirant opérer un changement
d’orientation, pour être mieux en phase avec des aptitudes qu’ils
estiment sous-estimées et insuffisamment sollicitées. Là encore,
une plus forte adéquation s’effectuera entre votre rémunération et
vos compétences enfin correctement drainées. Un troisième cas de
figure se présente : vous occupez actuellement un poste dans lequel
vous pensez être sous-employé, ou sous-payé. Changement de
poste, augmentation ou possibilité qui vous est offerte de changer
d’entreprise ? Il est difficile de le dire. Les chemins empruntés par
certaines formes d’énergie pour modifier le tissu du réel sont
parfois des plus tortueux. Quoi qu’il en soit, la pratique magique ne
doit en aucun cas devenir un substitut à l’action concrète. C’est un
tremplin, non une béquille. Il se peut toutefois que la façon dont se
déroulent les événements passe par une toute autre voie que celle
dans laquelle vous vous êtes engagé dans vos actes. En vérité, les
miracles ne s’accomplissent que lorsque nous sommes nous-
mêmes en mouvement.
55
Je vais maintenant vous expliquer comment faire. Vous
allez procéder à une utilisation symbolique des mots. « Crois-
sance » « Monter plus haut » « Gagner ma vie » par exemple
pourraient parfaitement être utilisés pour un maximum de
puissance. Pas assez proches de votre propre vocabulaire ? Adaptez
les à votre propre langage, sans en dénaturer le sens. « Gagner ma
vie » possède toutefois, à dessein, un double, voir triple sens. Il
s’agit de gagner de l’argent, certes, mais aussi de gagner « sa » vie
comme si vous vouliez rejoindre un pays où vous pouvez exister
en propre, dans toutes vos dimensions. Et, bien entendu, « gagner
sa vie », autrement dit devenir un gagnant dans l’existence, et pas
seulement au sens d’ascension sociale.
Action !
56
votre table. Mieux vaut en ce cas le prévoir avant d’entrer dans
la pratique, afin de pas rompre le rythme en allant chercher une
chaise au dernier moment. Il devra alors s’agir d’une chaise au
dossier bien droit. Une chaise tournante par exemple, ne fera pas
l’affaire, comme nous allons le voir à travers ce qui suit.
Conservez le même type de respiration, adapté bien sûr à
votre nouvelle position. Vous garderez celle-ci pendant deux ou
trois minutes, puis vous vous redresserez avec la même lenteur,
en commençant par la tête, puis le tronc. Quand votre torse sera
de nouveau droit, tournez votre regard vers le haut. Comme
entrainé par lui, vos bras vont à leur tour s’élever vers le ciel, à
la verticale.
Avant de poursuivre, je tiens à signaler qu’il ne s’agit
définitivement pas d’un quelconque exercice de gymnastique. La
première position est, d’un côté, celle où vous vous trouvez
actuellement, évoquant le repli sur soi, le retrait, la limitation de
vos possibilités. Une situation que vous allez vous attacher à faire
évoluer. Vous ne devez toutefois pas vous arrêter à cet aspect
négatif, qui risquerait de vous bloquer. Car c’est également la
concentration, la condensation de vos forces pour rebondir. Votre
énergie se recentre avant de pouvoir se déployer. À l’inverse du
choix du mot clé, où nous sommes passés d’une extension à une
compression, vous passerez ici de la compression à l’expansion :
celle des univers qu’à votre mesure vous allez créer. Le contenant
(l’objet choisi ainsi que l’aspect physique de votre gestuelle) ne
sont pas grand-chose sans leur contenu. Ce n’est qu’en ayant
parfaitement conscience de leur portée et de leur rôle, et en vous
investissant dans cette dynamique-là, que vous parviendrez à
faire bouger les montagnes.
Une fois vos bras totalement tendus, fermez les yeux et,
toujours au ralenti (dilater ainsi le temps vous permet de penser
réellement vos mouvements, et de les accomplir en pleine
conscience). Effectuez un mouvement latéral de vos membres
supérieurs, jusqu’à ce qu’ils se retrouvent en position horizontale
de chaque côté du corps. C’est la position de l’arbre, dont ils sont
devenus les branches maîtresses. Imaginez que vous soyez
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réellement devenu végétal. Visualisez-le. Vos pieds sont des
racines fermement ancrées dans le sol. Les deux branches
principales se couvrent de bourgeons, qui peu à peu deviennent
ramilles, s’ornent de feuilles. Il va de soi que vous pouvez faire
des raccourcis dans votre image mentale, passer directement de
la naissance des bourgeons à l’excroissance du feuillage. Votre
projection n’est pas tenue d’être obligatoirement « réaliste ».
Vous interrogeant sur tel ou tel détail, vous pourriez finir par
perdre le fil. N’hésitez pas à simplifier, à la limite du dessin
d’enfant. L’essentiel est ailleurs : que soit omniprésente en vous
cette idée (ou plutôt cette énergie, cette vibration, l’intellect ne
devant en aucun cas prendre le pas sur le sensitif) d’une
croissance, d’une extension, d’un développement, car c’est du
vôtre qu’il s’agit. Pour cela, concentrez-vous précisément sur
votre mot clé.
Accordez-vous une ou deux minutes, puis reprenez petit
à petit votre position initiale, mais cette fois après vous être
emparé de l’objet que vous serrerez dans votre main droite, sans
que vos doigts toutefois entrent totalement en contact avec votre
paume. Quand vous l’aurez en votre possession, ce sera le
moment d’adopter la respiration alternée que nous avons étudiée
plus haut. Cette fois, il s’agit d’un recentrage, et vous n’aurez
nullement besoin de vous remémorer l’aspect « négatif » lié à
cette position quasi fœtale. Reprenez cette fois la phase
d’expansion. Lorsque vous serez de nouveau dans la « position
de l’arbre, ouvrez la main qui contient l’objet (naturellement sans
le faire tomber). Observez ensuite le temps qui vous est
nécessaire pour « reprendre vos esprits » et rallumez la lumière.
Ce rite sera répété quatre jours durant. Quatre, comme le carré de
la matière dans lequel vous ancrez votre désir. Le cinquième,
l’objet sera prêt. Il ne vous restera qu’à le porter le plus souvent
possible sur vous. Si vous avez respecté les consignes
précédentes, nul ne remarquera même sa présence ou, si c’est le
cas on y accordera une importance très secondaire. C’est un rituel
relativement simple, plus long en fait à décrire dans toutes ses
implications qu’à mettre en œuvre, mais extrêmement puissant.
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Pour faire revenir l’argent qui vous est dû
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néologisme, peut, dans une telle perspective, modifier le cours
des choses et vous permettre de mener une vie bien plus
confortable que celle que vous vivez en ce moment. Que vous
ayez oublié l’existence même de cet argent dormant n’entre pas
en ligne de compte, l’objet l’attirant vers vous comme un
véritable aimant.
Comme pour l’ensemble des programmations étudiées
dans ce chapitre, il devra être de petite taille, de façon à pouvoir
être glissé facilement, et sans éveiller questions ni soupçons,
dans une poche de veste, de chemise ou de pantalon, car vous
devrez veiller à l’avoir, du moins dans un premier temps,
constamment à votre portée. Là encore, il est inutile de vous
soucier de la manière dont l’argent parviendra jusqu’à vous.
Disons que l’objet ritualisé sera comme un petit émetteur très
puissant.
Il n’est pas indispensable qu’il ait un rapport, direct ou
indirect, avec la question monétaire, fût-ce de manière
totalement symbolique, car ce n’est précisément pas d’un tel
rapport analogique qu’il tirera sa puissance.
La « programmation » que nous allons étudier est
probablement la plus simple de celles examinées au cours de cet
ouvrage. Cela peut s’expliquer de manière très simple : là où les
travaux précédents visaient à insérer une information dans une
mémoire existence, celui-ci a pour objectif de « remettre les
choses en ordre », à rétablir la fréquence de ce qui doit être, dans
le cours naturel des choses. Il ne s’agit en aucun cas de forcer,
fût-ce légèrement, les portes de votre destin, mais de le ré-
harmoniser, de rétablir le courant pourrait-on dire.
Une telle programmation ne nécessitera de votre part peu
de temps, peu d’énergie, mais requiert en revanche des éléments
tel que feuille à dessin, un porte-plumes, un flacon d’encre dorée,
une petite épingle, des feutres ou crayons de papier, un Tarot de
Marseille et un pendule. Ces deux derniers instruments, que l’on
soit pratiquant assidu ou non des disciplines auxquels ils se
rattachent principalement dans l’esprit du grand public (la
voyance pour l’un, la radiesthésie pour l’autre), devraient à mon
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sens faire partie de la « trousse d’urgence » de tout apprenti mage,
et même de tout individu intéressé par les sciences dites
paranormales ou occultes. Pendule et Tarot de Marseille sont un
peu les couteaux suisses multi-usages de l’ésotérisme. Pour en
donner une petite idée, si le Lenormand reste un excellent
instrument de voyance pour qui sait s’en servir, je défie
quiconque de l’utiliser pour la méditation, l’auto-psychanalyse ou
la projection volitive. Et ce ne sont là que quelques unes de ses
possibilités. Quant à celles du pendule, elles sont à peine
moindres. Il m’arrive même de l’utiliser pour me recentrer et
retrouver mon calme intérieur, d’une manière que j’indiquerai
peut-être dans un ouvrage ultérieur, car je risquerais de
m’éloigner trop de mon sujet. Votre « autel » cette fois-ci sera nu,
autrement dit votre table ne sera pas recouverte d’une nappe de
couleur, afin d’éviter une surcharge. Ne fixez pas pour autant vos
bougies directement sur lui.
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de toute la lumière de la pièce. D’autant plus si cela ne fait à priori
pas partie de vos talents avérés.
Peu importe en fait que vous soyez un Rembrandt ou un
Picasso méconnu ou que votre trait n’ait pas évolué depuis la
Maternelle. Ici encore, ce qui doit guider vos pas, c’est la
puissance et la sincérité de l’intention.
Coupez en quatre une feuille de papier Canson blanc de
format A4, soit en vous servant de ciseaux si vous parvenez à
couper droit, soit en requérant l’usage d’un double décimètre et
d’un cutter. Vous n’utiliserez qu’un seul de ces morceaux.
Avec un crayon un papier, vous allez dessinez une petite
maison, comme vous en dessiniez sans doute dans votre enfance.
Mais sans cheminée. En gros, un rectangle ou un carré surmonté
d’un triangle, dans laquelle vous tracerez trois petits rectangles
représentant respectivement la porte, et les fenêtres. Repassez
sur les bords de votre dessin avec un feutre rose pâle, proche de
la couleur chair. Cette demeure doit occuper le centre de votre
espace, mais pas la totalité du quart de feuille.
Prenez à présent votre porte-plume muni d’une plume et
trempez la dans votre encre dorée. Au besoin servez-vous d’un
buvard pour éponger l’encre excédante. Ces objets nécessiteront
peut-être de votre part quelques efforts de recherche, mais l’on
peut trouver à peu près tout sur Internet. De votre plus belle
écriture, dessinez de nouveau le symbole de l’euro au niveau du
toit de la maison à l’encre dorée. Toujours en vous servant de la
plume (parce qu’il est important que le tracé monopolise votre
esprit et votre vigilance, que vous soyez pleinement à l’intérieur
de votre geste) inscrivez votre prénom entre les deux fenêtres.
Votre dessin doit être « parfait » non du point de vue esthétique
(que vous dessiniez « comme un pied » n’est en aucun cas un
problème) mais au niveau opérationnel. Le but d’une telle
esquisse est de créer le cadre favorable pour que l’argent pénètre
dans votre maison. À cet effet, vous allez tracer, de manière
toujours très stylisée, en utilisant si besoin de nouveau le double
décimètre quatre flèches dorées venant des quatre points
cardinaux (est, ouest, sud, nord) et pointant vers la maison.
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Attendez quelques instants que vos encres sèchent – il est
impensable qu’elles bavent –. Au besoin, occupez-vous ailleurs
avant de reprendre la seconde phase. Quand ce sera le cas, au
niveau du toit de votre « maison » qui représente tout à la fois
votre existence matérielle, le lieu dans lequel vous vous trouvez
et votre personne physique, par conséquent sur le symbole de
l’euro, disposez votre objet.
Au-dessus de votre dessin, placez l’As de Deniers. En
dessous, l’As de Coupe. À droite de votre feuille de papier le Roi
d’Épées. Sur la gauche du dessin le Bateleur. À contrario de la
plupart des jeux de cartes divinatoires, les cartes du Tarot de
Marseille sont intrinsèquement agissantes, de par leur structure,
leurs couleurs et nombre d’éléments symboliques ancrés dans
l’inconscient collectif.
L’As de Deniers est non seulement la carte du domaine
financier mais, sur un plan spirituel, assure votre rayonnement
personnel. L’As de Coupe est la carte de réception, d’ouverture
aux énergies positives par excellence. Jointe aux autres, elle
transférera cette caractéristique sur un plan plus matériel, à la
manière de certains mandalas. Le Bateleur est la carte des
manipulateurs, des personnes habiles à tergiverser, mais à
d’autres niveaux, c’est également l’arcane de la Magie, du
Commerce et de la Création Artistique. Plusieurs de ces plans
vont être mis en branle pour déjouer les manœuvres par la
présence du Roi d’Épées, à l’action moins violente et plus subtile
que l’As d’Épées. Voilà en gros les personnages de la pièce que
vous allez jouer.
Vous pouvez à présent installer vos bougies et éteindre
toute source de lumière électrique. Fixez quelques instants la
base des flammes, comme si vous souhaitiez être absorbé par
elles. Puis observez l’ensemble de votre dispositif, sa forme,
l’espace qu’il occupe. Enfin, emparez-vous de votre pendule et
faites le tourner rapidement (de manière volontaire) vers la
droite en surplomb de votre objet, afin de le charger du pouvoir
de cette connexion mystérieuse entre les éléments de votre
ensemble.
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Enfin, vous allez, avec votre pendule, dessiner un large
cercle englobant la totalité de votre autel et des objets qui s’y
trouvent.
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