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12 Impasse de la Source F-25620 TARCENAY
Guy Letellier-Maréchal

LA
MAGIE
DES
OBJETS
© Editions Christine Claire, 2023

N°ISBN 978-2-37850-128-0

Tous droits de reproduction, traduction ou adaptation


Réservés pour tous pays

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destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction
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Chapitre 1

COMMENT MON PÈRE


M’A INITIÉ À LA
MAGIE DES OBJETS

L
orsque je pénétrais dans la petite cabane dans laquelle il
menait ses expériences, mon père manquait rarement de
me mettre en garde : « surtout, ne touche pas aux objets
posés sur les étagères ». J’ai tout d’abord pensé qu’il s’agissait
là de choses précieuses, fragiles, possédant une grande valeur.
Mais un examen plus approfondi me permit de constater qu’il ne
parlait pas de cela. Si certains objets paraissaient effectivement
très anciens et de nature à justifier un semblable avertissement,
d’autres en revanche ne semblaient présenter qu’un intérêt très
relatif. Relevant plus souvent de la vieillerie que de l’antiquité,
apparemment dénués du moindre intérêt. Certains semblaient
relativement neufs, sans pour autant présenter de caractère
exceptionnel. C’étaient des objets courants, que l’on trouvait
aisément dans le commerce à bas prix, et je ne voyais pas quelle
sentimentalité poussait l’auteur de mes jours à les conserver
presque religieusement, ni surtout ce qui motivait sa mise en
garde à répétition.
Il y avait là-dessous un mystère qui, je n’en doutais
guère, ne tarderait pas à m’être expliqué, dès qu’il jugerait le
moment venu.
Depuis plus d’un an, mon père m’initiait à des réalités
dont je n’eusse pas soupçonné les existences. Il m’apprenait à
voir, ou plutôt percevoir, des forces invisibles pour les mettre au
service de l’homme. Car il n’avait jamais usé de ses pouvoirs
pour nuire à son prochain. Non parce qu’il se trouvait dans une

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totale ignorance des arcanes de la « magie noire » (j’utilise ce
mot inapproprié, faute de mieux, parce qu’il demeure malgré
tout plus « parlant » sur ce qu’il recouvre qu’une tentative de
définition plus précise, qui barberait le profane), mais parce que
cela était contraire à l’éthique personnelle qu’il s’était forgée,
quelquefois très éloignée de la morale commune et des principes
religieux, même si elle possédait avec eux quelques points
communs.
Un jour, au milieu d’une phrase, mon père prit l’un de ces
objets tabous, à la manière du crâne d’Hamlet, et commença à
déclamer :
« Objets inanimés avez-vous donc une âme
Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? »

Je savais, par expérience, que de telles manifestations


étaient généralement le prélude à un nouvel apprentissage. Ce fut
encore une fois le cas.

 Lamartine était un très grand poète, et il avait réellement mis


le doigt sur quelque chose d’important lorsqu’il a composé
ces vers. Mais comme tout les grands poètes, et plus
encore les romantiques, il avait tendance à exagérer. Une
âme ? Allons donc … Mais une mémoire et quelque chose
qui ressemble à une conscience, c’est plus qu’une
probabilité. Pour celui qui y est confronté, cela devient une
évidence. Les objets enregistrent les informations,
principalement lorsqu’ils ont été « témoins » d’événements
extrêmement dramatiques ou incroyablement heureux. Ils
sont reliés à ceux et celles qui en font un usage régulier et,
s’imprégnant de leur personnalité, s’identifient en quelque
sorte à eux. On peut aussi les « programmer » en les
chargeant d’une intention. Alors, celui à qui nous les
donnerons, seront sensibles à ce qui en émane. C’est, sur
le versant positif, tout le sens de la magie de Noël. S’ils
sont choisis et donnés avec énormément d’amour, les
cadeaux sont une transmission vibratoire essentielle.

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Mon père ne se souciait pas toujours d’une
compréhension immédiate. D’une certaine manière, il savait que
l’expérimentation rendrait claire chacune des notions qu’il
m’exposait. Si le sens d’un mot m’échappait, où lorsque j’étais
confronté à une locution qui m’était totalement inconnue, il me
paraissait impensable d’en demander la signification. Plutôt
qu’avouer mon ignorance, je préférais partir en quête du savoir.
Internet n’existait pas, mais il y avait à ma disposition tous les
livres, dictionnaires, encyclopédies, nécessaires à mon
édification, et je n’hésitais pas à les consulter lorsque le besoin
s’en faisait ressentir. Et même d’ailleurs hors de ces moments-là.
J’aimais y piocher au hasard, rien ne semblant alors pouvoir
rassasier ma curiosité du monde, dans tous ses aspects et dans
toutes ses dimensions.

 Un musicien refusera souvent de te prêter son instrument, pas


seulement parce qu’il l’a accordé pour son propre usage,
mais parce qu’il est un prolongement de lui-même. Il l’a
harmonisé avec sa vibration personnelle. Il en va de même
pour quelqu’un qui pratique le Tarot de Marseille ou la
boule de cristal. C’est juste une question de fréquence,
comme quand tu règles la radio ou la Cibi sur telle ou telle
station. Si quelqu’un y touche, tu devras retrouver, avec plus
ou moins de difficultés, l’émission que tu avais programmée.
Ce sont les émotions humaines qui donnent leur vie aux
objets, même si cette existence est bien tangible et réelle, il
me paraît difficile de parler d’âme ou de conscience.
Pourquoi pas d’intelligence, tant qu’on y est ? Un objet tout
droit sorti de l’usine n’aura aucune vibration spécifique. Il
existe toutefois des exceptions à une telle règle. Un artisan
qui créera de ses mains un objet en y mettant tout son cœur,
tout son savoir-faire, porté par une intention artistique, lui
donnera une sorte d’aura bénéfique. À l’inverse, un sorcier
façonnant un instrument de pouvoir, voire de mort, lui
transmettra une énergie spécifique, propice au rôle qu’il a
décidé de lui faire tenir. Ainsi, on peut voir Pinocchio comme

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une sorte de métaphore. Quand Gepetto identifie sa
marionnette au fils qu’il n’a pas eu, il lui donne une
existence émotionnelle, presque charnelle. Les objets sont
comme nous, ils vivent et meurent. À moins qu’ils n’aient été
associés à des événements suffisamment forts pour y laisser
une trace profonde, beaucoup de très vieux objets n’émettent
plus qu’une vibration très affaiblie. Seul quelqu’un
d’exceptionnellement sensitif pourra encore la percevoir.

J’avais hâte de passer aux « travaux pratiques », mais je


ne pouvais demander à mon père d’accélérer son rythme
intrinsèque. Je crois même qu’il poussait volontairement le
« jeu » quelques crans au-delà de ce que j’étais capable de
supporter sans bouillir, dans toute la ferveur de mon adolescence.
Lorsque, à quelques rares occasions, je lui en avais fait la
remarque, il avait eu un grand sourire.

 Pour celui qui veut dialoguer avec l’invisible, et encore plus


interagir avec lui, la patience est une vertu nécessaire.
C’est un apprentissage autrement plus difficile que le
reste, mais il est franchement indispensable.

Aujourd’hui, avec le recul de qui a beaucoup pratiqué et


exploré, je comprends mieux ces paroles et je saisis à quel point
elles sont justes. Mais à l’époque, elles me semblaient une
manière de se dérober, pour pouvoir se livrer plus librement au
vertige de la parole et de la pontification.
Après son entrée en matière, mon père me passa un des
objets sur l’étagère. Il me demanda de le prendre bien en main et
de le lui décrire. Je ne comprenais pas trop où il voulait en venir.
Cela me semblait à la portée du premier béotien venu, et sans
intérêt réel. Il insista cependant. Je commençais à parler de sa
forme, de sa couleur, mais chaque fois, il me reprenait « Non, pas
comme ça … Parle m’en autrement … ». Voilà qui échappait un
peu à mon entendement. Je recommençai, en utilisant d’autres

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mots, mais là encore, il semblait que je fusse dans l’erreur. Après
plusieurs essais ratés, du moins selon des critères que j’avais du
mal à saisir, mon père daigna enfin « éclairer ma lanterne ».

 La plupart des gens ne raisonnent qu’en termes visuels. Tu


peux être à peu près certain, lorsque tu demandes à
quelqu’un qu’il te parle d’un objet, comme tu viens de le
faire, qu’il évoquera sa forme, sa couleur, ses
caractéristiques. C’est le fameux « Je ne crois que ce que
je vois » de Saint Thomas. Mais l’univers ne fonctionne pas
uniquement de cette manière, encore moins quand on se
penche sur le monde des énergies qui le meuvent. Comment
pourrait-on par exemple décrire la forme ou la couleur
d’une intuition, d’une émotion, même si certains s’y sont
risqués… Compliqué, n’est-ce pas ? Si tu veux voir au
delà, il te faudra aussi apprendre à ressentir physiquement
les choses. Car ce sont les sensations tactiles qui te seront
communiquées en premier et que tu devras interpréter. Si
tu as emprunté la bonne direction, le reste viendra par
surcroît. Cet objet que tu tiens entre tes mains, est-il
froid ? Chaud ? Lisse ? Rugueux ? De contact agréable ou
désagréable ? Son toucher t’oppresse-t-il ou au contraire
te procure-t-il du bien être ? À moins que tu n’éprouves une
sensation neutre ? C’est tout cela que je veux que tu me
dises. Concentres-toi.

Voilà un exercice qui me semblait à priori des plus


faciles. Mais je dus rapidement déchanter. Il n’est pas si aisé de
sortir de nos habitudes de langage. Je devais uniquement me
focaliser sur le bout de mes phalanges, et surtout trouver les mots
adéquats. Malgré moi, plusieurs fois, ma langue fourcha et je
retombai dans l’ornière des descriptions visuelles. Il me fallut
une bonne demi-heure pour venir à bout de ce que je pensais être
l’évidence même. Cela m’a également appris autre chose, que je
ne suis pas près d’oublier : la nécessité de changer quelquefois

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de point de vue pour mieux embrasser la réalité. Je savais que ce
qui suivrait risquait d’être plus complexe et, au vu des difficultés
rencontrées à réaliser cette opération de base, je doutais de ma
capacité de pouvoir le mener à bien. En dépit de mes
appréhensions, chaque réalisation devenait plus simple que la
précédente. Chaque palier en effet m’apportait un élément
essentiel, un instrument indispensable à la compréhension et à
l’application du suivant. Ainsi ma progression dans ce domaine
s’avéra bien plus rapide que je ne l’aurais pensé.
Quand je lui eus donné satisfaction, après une courte
pause, mon père passa à l’étape suivante. Il me demanda de
fermer les yeux et de ne les rouvrir que lorsqu’il me le dirait.
J’obéis, sans poser des questions. Quand, sur son injonction, je
les rouvris, il avait disposé devant moi une dizaine de boîtes en
carton dont j’ignorais encore l’usage.

 Chacune de ces boîtes contient un objet particulier. Choisis-


en une, au hasard, selon ton envie, mais sans la toucher. Je
vais ensuite te demander de me décrire l’objet qui se trouve
à l’intérieur, de la même manière que tout à l’heure, mais
sans que tu puisses le voir, ni même, en secouant la boîte,
avoir la moindre idée de sa forme ou de son volume…
- Mais, protestais-je, c’est totalement impossible !
- Allons, fiston… je peux te demander des choses difficiles,
mais jamais ce qui est rigoureusement infaisable… c’est
juste une question d’entraînement… ne t’inquiète pas, je te
guiderai pas à pas… avant de pouvoir passer à l’action, il
est essentiel que tu voies ce avec quoi tu vas interagir, tu le
comprendras au fur et à mesure.

Je finis par me prêter au jeu, de très mauvaise grâce tout


d’abord, puis vaguement intrigué.

 Place tes deux mains parallèles l’une à l’autre, les paumes


tournées vers le bas, au-dessus de la boîte que tu as
choisie. Pas trop proches, mais pas trop éloignées non

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plus. Voilà, comme ça… Quand tu commenceras à
ressentir de la chaleur au creux des paumes ou des
picotements au bout des doigts, tu changeras la position
de tes mains. Elles seront désormais face à face, vers
l’intérieur, de manière légèrement arrondi, comme si tu
tenais entre tes mains une boule de brume ou un tout
petit ballon. Sens bien l’énergie passer de l’une à
l’autre. Petit à petit, du brouillard va émerger une forme.
Si tu ressens le besoin de rapprocher tes mains ou de les
bouger pour mieux épouser cette forme, n’hésite pas à le
faire. L’important est que tu sentes en elle une
résistance, le poids de l’objet.

Naturellement, mes deux premiers essais furent purement


et simplement catastrophiques. Je n’étais pas assez concentré et
je le savais. Mille questions me traversaient la tête, mais l’heure
des réponses n’avait pas encore sonné. Mon père disait souvent
que la meilleure manière de prendre conscience des choses,
c’était de les expérimenter, pas de vous les expliquer. Sinon, cela
demeurait pour vous du domaine de l’abstrait. Les explications
ne venaient qu’après, lorsqu’on avait pu enfin vivre la réalité
pratique de l’objet de l’apprentissage. Le savoir théorique était
un complément, mais ne constituait pas toujours l’essentiel.
L’exercice, en dépit de mes échecs, m’avait fortement
fatigué. Papa le sentit et m’accorda une heure de sursis, pendant
laquelle j’avais tout à fait quartier libre. J’ignorais si ces soixante
minutes seraient suffisantes pour récupérer et retrouver toutes
mes forces, mais sur ce point je lui faisais confiance. Lorsque
j’étais peu concentré, distrait par des pensées extérieures au
moment présent, et que je ne parvenais à aucun résultat, faute de
pouvoir prendre sur moi pour surmonter ces écueils, il préférait
annuler la « leçon » ou du moins la reporter à un moment
ultérieur plus propice. Il savait que le « gavage » éducatif aboutit
trop souvent à des impasses, et qu’une participation active de
celui qui apprend est davantage gage d’une connaissance
durable, à jamais ancrée dans la chair.

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Je me jurai de m’appliquer davantage à mon retour. Une
résolution ferme qui ne prenait pas sa source dans l’unique désir de
plaire à l’auteur de mes jours, mais surtout dans mon désir
personnel d’avancer plus avant dans les voies qu’il m’avait
ouvertes. De toutes façons, si cette volonté ne m’avait pas habité, il
ne m’eut en aucun cas forcé, conscient qu’un tel apprentissage
m’éloignerait en partie du monde rassurant en trois dimensions
qu’arpentaient mes contemporains. On fuit la plupart du temps ce
que l’on peine à comprendre et à appréhender.
Ma décision se révéla « payante ». Mon essai suivant fut
couronné de succès. Du moins selon mon point de vue, car mon
père ne manqua pas de relever deux petites erreurs qui me
semblaient bénignes. Je lui dis que ce n’était pas grand chose.

 Permets-moi de te dire que tu te trompes. Ce genre de détails


peut finir par vous égarer totalement, par vous mettre sur une
mauvaise piste sur laquelle bêtement on s’acharne, jusqu’à
finir par faire totalement fausse route. Tu cherches trop à
interpréter ce que tu ressens, ou à tirer des conclusions
hâtives en fonction de ce que tu as perçu en premier lieu. Pour
l’instant, ne cherche pas à filtrer, ni même à deviner trop vite,
contente toi de recevoir les informations et de me les donner
telles quelles. Néanmoins je dois dire qu’il est assez rare
d’obtenir de si bons résultats en si peu de temps. Tu as un don,
c’est certain, mais il faut le travailler si tu veux en faire
quelque chose…

Pendant un certain temps, mon père ne me fit travailler


que ces deux premiers exercices, et j’avoue que j’en ressentais
une certaine frustration. Je devais constamment me défendre
contre le sentiment de routine et de monotonie qui me gagnait peu
à peu, pour pouvoir me concentrer de manière efficace. Enfin
arriva le moment où il considéra que ma maîtrise de ces deux
phases était, sinon absolument parfaite, du moins ayant atteint un
niveau acceptable. Ces préliminaires étaient loin de me
transporter d’enthousiasme ; je me demandais, non sans quelque

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angoisse, si la suite serait aussi « ennuyeuse ». A l’époque, je le
percevais ainsi. Aujourd’hui, je suis fasciné par les possibilités
qu’offre une telle technique, que je pratique à l’occasion par pur
plaisir personnel, peut-être par défi envers moi-même, histoire de
voir si je ne me suis pas trop rouillé, si je n’ai pas perdu la main.
Adolescent, je voulais que tout aille vite, aboutisse
immédiatement à un résultat concret, à quelque chose que je
puisse utiliser dans les plus brefs délais. Mais mon inquiétude
s’avéra dénuée de fondement. Au contraire, plus j’avançai, plus
ce que j’apprenais me passionnait.
Décrire un appartement dont il me confiait la clé,
explorer le passé d’un objet, ou parler de la personne à laquelle
appartenait l’objet qu’il m’avait remis, tout cela n’eut bientôt
plus de secrets pour moi. J’évitais naturellement de divulguer ce
que j’avais appris, ou d’en faire la démonstration à l’extérieur de
la maison, bien que j’en eus deux ou trois fois la tentation. Je ne
désirais vraiment pas devenir un phénomène de foire, un de ceux
que l’on sollicite souvent pour éprouver leurs aptitudes, mais
dont on a secrètement un peu peur.
Je dois dire que toutes les expériences ne furent pas
également agréables ou confortables. Quand il me jugea prêt à le
faire, mon père me confia des objets au passé très négativement
chargés, ayant été « témoins » ou ayant participé à des
événements tragiques. Qu’ils soient très anciens ou à l’inverse
extrêmement récents, ils possédaient tous une imprégnation très
forte. Toute personne un peu sensible pouvait le réaliser, la
plupart ne le manifestant que par un rejet immédiat sans en
chercher plus loin les causes. Seul celui qui a pratiqué peut en
déceler l’origine de son malaise.
La première fois fut si pénible que mon père faillit me
faire abandonner ce type de recherches. J’eus ce que l’on appelle
à présent un malaise vagal, devins blanc comme de la craie et
vomis en abondance.
Il n’était pourtant pas pour moi question de laisser cet
aspect sans plan ; je pressentais qu’il pouvait être un précieux
outil d’investigation. Mon père finit par céder devant mon

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insistance à reprendre le fil de nos travaux là où nous les avions
abandonnés. Mais me prévint que ce ne serait sans doute pas
pour tout de suite.

 Il est important que tu te forges une armure, que tu prennes


davantage de recul. Tu ne dois pas trop t’investir dans ce
que tu ressens. C’est un peu comme un film qui se
déroulerait devant toi, tu ne dois pas en devenir l’acteur.
Tu n’es qu’un simple spectateur et n’a aucun pouvoir pour
changer le déroulement de ce qui a déjà eu lieu.

Débuta alors toute une série d’exercices destinés à


fortifier mes défenses psychiques, comme les nommait mon
père. Cela n’avait rien de fascinant en soi, mais c’était
indispensable si je désirais explorer la face sombre des choses
sans en revenir altéré. Deux mois s’écoulèrent ainsi avant de
renouveler l’épreuve. Mais cette fois, je me sentais d’attaque.
Les deux premières minutes, je sentis m’étreindre une
sourde angoisse, laquelle s’érigeait progressivement comme une
muraille entre moi et ma perception de l’objet. Mais grâce aux
travaux précédents, je pus redresser rapidement le cap et
m’orienter dans la bonne direction.
Ce fut d’ailleurs la dernière fois que je me laissais ainsi
submerger par une émotion nocive. C’est désormais avec
détachement que je pus me pencher sur les objets au passé le plus
sombre, sans en être le moins du monde affecté. C’est par
ailleurs une expérience que je décommande à mes lecteurs, s’ils
ne se sont pas préalablement rodés à ce genre de pratiques. De
plus, dans le cadre d’une action personnelle, une telle technique
se révèle de peu de bénéfice.
Mon père, à certains moments, me faisait volon-
tairement travailler dans des conditions sonores, poussant à son
maximum le volume de notre petite chaine, ou visuelles,
multipliant les sources de lumière crues, particulièrement
complexes. Parfois, il tentait des interruptions, afin de voir
jusqu’où cela me déstabiliserait.

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Au départ, les objets en deux dimensions seulement,
tels qu’une lettre ou une photographie, me posèrent quelques
problèmes. Il me fallut plusieurs essais avant de parvenir à un
résultat satisfaisant. Mais j’avais suffisamment aiguisé ma
sensibilité à la vibration qui émanait des choses inanimées pour
contourner rapidement cet obstacle. Il suffisait que je me
concentre sur la dite vibration, non sur le volume ou la
sensation tactile. De la même manière, certaines personnes
butent sur les arcanes mineurs du Tarot de Marseille ; les lames
majeures stimulant particulièrement leur imagination, ils
tentent d’appliquer le même filtre sur les As, Valet, Reine et
Roi, ce qui ne fonctionne évidemment pas. Il suffirait qu’ils se
laissent porter par ce que la carte leur transmet.
Une fois que j’eus appris à recevoir, quelles que soient
les conditions, et ce pratiquement à coup sûr, je pus également
apprendre à émettre. Une forme de magie « mineure », et pour
cette raison même aisément applicable par tous. Charger un
objet d’une volonté, d’une intention, d’une direction, ou
comme le disait mon père « d’une forte suggestion qui peut
incliner à » ne présenta pas pour moi de difficultés majeures.
Du moins le pensais-je, car l’auteur de mes jours n’eut de
cesse de corriger ce qu’il nommait « mes erreurs de jeunesse,
liées à ma fougue et mon désir d’aller vite ». Avec le recul, je
ne puis que lui donner raison, car ce qui m’apparaissait à ce
moment-là comme des fautes vénielles, sans grande
importance, peuvent faire toute la différence entre un rituel
raté et un rituel réussi. Je recommençai donc et, cette fois, je
butais quelque peu sur ses indications. Tout était décidément
plus compliqué que je ne l’avais envisagé. Chaque nouvelle
épreuve imposait son nouvel apprentissage, et ses nouvelles
équations à résoudre.

 Tu ne dois pas agir de ton point de vue, mais de celui de la


personne que tu souhaites influencer, sinon, c’est de la
roupie de sansonnet. Si une personne inconnue de moi me
somme de marcher sur les mains, je n’en ferai bien

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évidemment rien et, même si j’en éprouvais l’envie, je m’en
abstiendrais pour ne pas lui donner la satisfaction d’avoir
obéi à son ordre. En revanche, si s’impose à moi l’envie
quasi irrésistible de le faire, et si bien entendu s’il n’y a
personne dans les environs, je me prêterai sûrement à cette
lubie. Ce qui importe ici, ce n’est pas ta volonté. Ta volonté,
si j’ose dire, tout le monde s’en fout un peu. L’individu sur
lequel tu agis devra avoir l’impression que c’est son propre
choix, sa propre décision, qui devient à chaque moment
davantage comme une évidence. Tout le monde déteste avoir
l’impression d’être influencé par une voix qui lui semble
extérieure, fût-ce celle de sa conscience. Quelle injonction
as-tu envoyé m’as-tu dit ? (il le savait parfaitement, mais
tenait à le réentendre de ma bouche, pour mieux souligner
son absurdité. Mon père, dans son apprentissage, pouvait
parfois se montrer très vexant, en dépit de tout l’amour qu’il
avait pour moi ; mais c’était, je crois, l’unique moyen de me
faire sortir de mon orgueil de jeune coq, qui croyait déjà tout
savoir, alors qu’il n’en était qu’au tout début d’un long
chemin). Je la lui redis donc, dans une moue, à laquelle il
répondit par une grimace de contrariété ;

 C’est bien ce qu’il me semblait. C’est l’erreur typique à ne


pas commettre, et que naturellement fera tout débutant. Tu
ne déroules pas un menu de restaurant. Pas plus que la
liste des courses, ou celle que tu adresses au Père Noël.
Concis, précis, direct : ce sont dans la petite comme dans
la haute magie des règles fondamentales, que l’on ne peut
contourner. Imagine que l’on veuille te faire apprendre en
un minimum de temps trois chapitres entiers d’un livre, et
qu’il te faille ensuite les réciter par cœur. Naturellement, tu
n’en auras, au mieux, retenu que quelques bribes, qui
bientôt s’effaceront ensuite de ta mémoire, parce qu’elles
ne forment pas, ainsi isolées, un ensemble cohérent. Pareil
si je te donne à la suite une quinzaine de tâches différentes
à accomplir, un certain temps à l’avance. Avec un peu de

16
chance, tu n’en oublieras que deux ou trois, mais très
probablement davantage et si cette accumulation te stresse
trop, tu peux parfaitement ne te souvenir d’aucune. Si tu ne
me crois pas, je suis partant pour mettre cette hypothèse à
l’épreuve des faits (bien entendu, je déclinai cette invite un
peu ironique).

Voyant que ses propos m’avaient plutôt blessé, et que je


tendais à me renfrogner, à me replier sur moi-même, mon père
mit la bride à sa verve caustique.

 La magie ne fonctionne que si ce que tu transmets trouve un


écho, un terrain favorable chez celui ou celle qui en est
« cobaye ». Autant dire que cela ne fonctionne pas de
manière systématique, et qu’il convient de mettre toutes les
chances de ton côté. ça ne doit pas partir dans tous les
sens, il faut une direction, une seule, et y imprimer toute sa
volonté. Si tu attends plusieurs choses de quelqu’un, tu
dois les projeter l’une après l’autre. Toutes ensemble, cela
ne marche pas. S’il est compliqué pour quelqu’un de
recevoir plusieurs suggestions en même temps, il est
encore plus difficile pour toi – et de plus, totalement inutile
– de te focaliser sur un trop grand nombre de pensées en
simultané. C’est un peu comme si tu avais à jongler avec
plusieurs balles à la fois. Chaque impulsion doit pouvoir se
résumer au maximum à une phrase. Un ou deux mots, c’est
encore mieux. Mais dans ceux-là, tu dois mettre tout ce que
tu as. De la même façon que pour recevoir ou transmettre
à travers un objet, tu dois identifier celui-ci à la personne
à laquelle il se réfère, il est indispensable que ton mot (ce
que les magistes appellent « un mot clé », comme je le sus
par la suite) fasse corps avec toutes les intentions que tu y
as mises.

Là, mon père fit une pause, qui fut pour moi l’occasion
d’une petite collation, et pour lui de ce qui semblait être une

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réflexion profonde. Bien que de nouveau prêt de mon côté, je
n’osais déranger sa méditation. De toute façon, lorsqu’il était
perdu dans son propre monde intérieur, il était parfaitement
inutile de songer à l’en tirer. Son esprit faisait abstraction de
tout ce qui n’était pas l’objet de sa réflexion. Il me laissa ainsi
un quart d’heure en suspens, silence qui me sembla bien sûr
interminable, tant à nouveau j’avais soif d’action.

 Peut être ai-je mis la barre un peu trop haut pour le début de
cette série d’exercices. Tu me donnes si souvent
satisfaction que j’en oublie parfois que tu as moins
d’expérience que moi. Nous allons commencer par quelque
chose de plus facile (il me tendit un objet qu’il me mit entre
les mains). Ceci a très longtemps appartenu à un ami qui
m’est très cher. Sachant que j’y accordais énormément
d’intérêt, il a fini par me l’offrir. Même si y figure ma
propre note, il porte encore son empreinte sur le plan
énergétique. Si tu avais davantage de pratique, cet objet
seul suffirait à te relier à lui, mais puisque tu es encore
novice en la matière, malgré tes progrès fulgurants, je vais
y ajouter une photo de lui. Bon, il était une période où nous
nous voyions deux fois par semaine, mais il arrive qu’on ne
voie plus réellement passer le temps, pris dans le
tourbillon de la vie. En bref, cela fait plus de deux mois que
nous nous sommes ni vus, ni parlés au téléphone, même si
l’un et l’autre nous y pensons très probablement souvent,
avant d’être repris par le mouvement. Tu vas le pousser à
me téléphoner dans les dix minutes qui suivent. Tu vois,
l’enjeu n’est pas très grand. Si tu échoues, ce n’est pas
grave, il me suffira de décrocher le combiné, mais cela te
permettra de t’exercer un peu…

Je fus pris d’un sursaut d’orgueil et lui déclarai tout de go


que je n’avais nullement besoin de la photo, que j’y arriverai
bien sans cela. Mon père n’insista pas même s’il savait sans nul

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doute ce qui allait se passer. Il était important que je teste par
moi-même. On ne prend conscience d’une impasse que lorsque
nous y sommes confrontés. Cela ne manqua pas : à trois reprises,
je réitérai l’expérience sans obtenir rien d’autre qu’un début de
migraine.

 Si tu veux, on remet cela à la prochaine fois…


- Non, je pense que cela ira.

Sans rien dire, mais un peu honteux, je m’emparai de la


photo dont j’avais refusé tout d’abord le secours. Je pris tout le
temps nécessaire pour me concentrer de façon efficace. Un nouvel
échec m’aurait mortifié. J’avais compris qu’il ne me servait à rien
de vouloir griller les étapes et qu’il me fallait procéder par ordre si
je souhaitais aboutir à quelque chose dans cet art. Cet ultime essai
fut couronné de succès, car effectivement, un quart d’heure après,
l’ami en question lui téléphonait.
Après qu’ils eurent quelques instants devisé et promis de
se voir bientôt, mon père entreprit de relativiser ce qui pour moi
constituait un véritable triomphe.

 Il ne faut jamais crier victoire trop vite, mon fils. Ce coup de


fil est-il vraiment le résultat de ton travail ? Tu sembles en
être certain, et je pense que c’est le cas. Mais suppose qu’il
s’agisse d’un hasard, ou d’une conjonction de pensées,
puisque nous avions tous les deux cela en tête… On ne peut
être tout à fait sûr qu’avec la répétition si, à tous les coups,
telle action de notre part produit tel effet… Ou quelquefois
quand la rencontre suppose une telle succession
improbable de hasards que l’enchainement logique des
choses ne l’aurait pu produire à lui seul.

Je fus donc de nouveau confiné à ce que j’étais tenté de


définir comme une sorte de routine, autrement dit à reproduire
jour après jour ce que je pensais être un seul et même exercice.

19
Je m’étonnais cependant de ce que certains jours, il se
révèle plus compliqué que d’autres, et que je dus m’y prendre à
plusieurs reprises, alors que j’étais certain de le parfaitement
maitriser. C’est que, sans me le dire sur le moment, mon père
augmentait progressivement la difficulté. Après m’avoir
demandé d’influer sur des gens avec lesquels il nourrissait une
amitié réciproque (et sur lequel mon influx serait tout au plus un
coup de pouce qui les pousserait à agir), il avait élargi le cercle à
des connaissances de plus en plus vagues, voire à des individus
qu’il n’avait rencontrés qu’une fois ou deux il y a très longtemps
(on peut d’ailleurs se demander comment il avait obtenu d’eux
des objets liés à leur intimité, mais jusqu’à ce jour, je n’ai pas, à
ce sujet, de réponse précise).
Néanmoins, qu’il s’agisse des uns ou des autres, je finis
par obtenir, de manière régulière, des résultats significatifs. Ce
ne fut que lorsque j’eus passé toutes les épreuves avec mention,
que l’auteur de mes jours me révéla le pot aux roses. J’en fus sur
le moment furieux, mais avec le temps cela devint entre nous une
blague récurrente, qui souda davantage encore, si c’était
possible, notre complicité, qui allait bien au-delà d’une simple
relation filiale, voire d’un rapport de maître à élève.
J’appris par la suite beaucoup de choses à ses côtés. J’en
acquis la conviction qu’aucun objet n’était réellement anodin. En
chacun d’eux, je pouvais voir le levier qui soulèverait les charges
les plus lourdes. Devenu jeune adulte, je me suis délibérément
détourné de toutes ces découvertes. Etait-ce parce qu’elles
exigeaient beaucoup de temps et d’énergie ? Ou tout simplement
une volonté de ne pas me singulariser, d’avoir portes ouvertes
dans le monde normal ? A moins qu’il ne s’agisse d’une révolte
tardive contre les modèles parentaux ? Ou plutôt, devrais-je dire,
de celui qui m’était transmis par mon père. Car ma mère, bien
qu’elle n’intervienne pas le moins du monde dans ses désirs et ne
cherche pas à les contrecarrer, ne cessait de me répéter, lorsque
nous étions seuls, qu’il n’était pas raisonnable que mon père me
mettre en tête de telles folies, que cela risquait de me tourner

20
l’esprit et de m’éloigner des autres. Sans doute y eût-il un peu de
tout cela, peut-être même un mélange de toutes ces raisons. Il y
eut dans ma vie une période de silence, ou rien de magique,
d’occulte ou même de simplement difficilement compréhensible
selon les données scientifiques ne pouvait franchir ma porte.
Néanmoins, je dois avouer que j’étais un piètre matérialiste ; en
manque d’un essentiel que je n’osais nommer, je me détournais
rapidement de mes tentatives de vie saine et équilibrée. D’un
point de vue extérieur, je ne pouvais tenir en place, passant d’un
métier à un autre, d’un projet au suivant.
Malgré l’exigence de son sacerdoce, je finis toutefois par
prendre conscience de tout le bien que mon père avait pu, par ses
pratiques, apporté à des gens qui sans lui auraient probablement
été au désespoir. Et, dès que je repris la voie qu’il m’avait tracée,
les événements de ma vie se déroulèrent de manière plus fluide
et cohérente. Tout semblait se mettre en place pour que je me
sente bien dans ma peau, dans ma tête. Jamais ma vie
personnelle et relationnelle ne s’avéra plus riche, plus dense,
plus épanouissante. Un peu comme une récompense offerte par
l’univers pour avoir enfin osé faire corps avec lui.
Ce livre est comme un écho des enseignements de mon
père. Il n’en est pas pour autant une transcription fidèle, auquel
cas je ne ferais fonction que de moine copiste (que je ne méprise
nullement, elle est indispensable à toute transmission).
L’expérience et les rencontres m’ont fait réaliser que j’avais été
amené à suivre le chemin des écoliers, autrement dit la route la
plus longue quant à l’objectif final. Ce qui d’une certaine
manière est logique, puisque, même si j’avais parfois tendance à
l’oublier, je n’étais encore qu’un enfant en ces temps. Mon père,
lui, ne le perdait jamais totalement de vue. Même s’il
m’enseignait des choses que bien des adultes ne connaissent pas,
et qu’un tel apprentissage risquait de me marginaliser, ce qu’on
qualifierait de nos jours d’irresponsable. Il prenait garde à ce que
cela ne devienne pas l’essentiel de mon existence, ni à me faire
aller trop vite pour ne pas « me griller les neurones ». Avec le

21
recul, je lui sais gré de telles attentions. Elle ne s’impose pas ici,
puisque ce livre s’adresse à des lecteurs et lectrices adultes, et
par conséquent plus aptes à gérer de telles connaissances et ne
risquant pas de se déconnecter de la réalité, ayant sans doute une
vie concrète et matérielle qui leur pose les pieds sur terre et les
ancrent dans le « réel ». Pour tout le moins je le suppose. Leur
chemin sera donc moins long que celui que j’ai parcouru, et ils
pourront jouir plus vite du fruit des efforts accomplis. Cela ne
signifie pas pour autant qu’ils doivent en oublier toute notion de
prudence, et encore moins de persévérance.
J’ai, par ailleurs de mon côté tenter d’explorer de
nouvelles voies quant à la magie des objets, me penchant
notamment de plus près sur un type d’objets qui n’existait pas du
temps de mon âge tendre, à savoir tout ce qui concernait les
développements de l’électronique, de l’informatique et de la
technologie. Si certains travaux demandent encore à être affinés,
d’autres m’ont rapidement convaincu par leurs résultats plus que
concluants. Je les ai donc ajoutés afin d’en faire profiter celles et
ceux qui prendront connaissance de ce livre. Un dernier mot
avant d’entrer dans la matière de ce livre, dont cet avant-propos
restitue la genèse. Beaucoup d’individus se plaignent des forces
célestes lorsque tout semble aller mal. Ils oublient souvent, en
revanche, de les remercier quand les événements de leur vie sont
source de plaisir et de satisfaction. Cet aspect me semble
essentiel, encore davantage peut-être en ce qui concerne la
magie. Après avoir obtenu ce que vous cherchiez en vain à
atteindre, remerciez ce qui vous a conduit au but, à haute voix ou
dans votre for intérieur. Ainsi, l’énergie circulera dans les deux
sens. Point n’est besoin pour cela d’avoir une croyance
particulière ancrée en soi. Une intention clairement nommée
parviendra toujours là où elle doit aller. Si vous ne croyez pas en
un dieu, remerciez simplement les forces de la vie, l’univers ou
les forces positives agissant dans et à travers celui-ci.

22
Chapitre 2

QU’EST-CE QUE LA
MEMOIRE DES OBJETS ET
COMMENT LA REVEILLER ?

L
e terme même de « mémoire des objets », pour
inapproprié qu’il soit, est cependant le plus précis qui
soit à notre portée. Il est inutile pourtant de s’attendre à
une mémoire semblable à celle de l’être humain, riche en
connexions. Pas même à une sorte de mémoire électronique, à
l’instar de celle des ordinateurs, bien des logiciels permettant
d’établir des associations « d’idées » et des liens entre les
informations recueillies. Celle des objets ressemblerait plutôt à
un enregistrement par un vieux magnétoscope voire un
magnétophone.
Tout objet comporte des traces de l’histoire de la
personne à laquelle il appartient. Ces dernières sont souvent
fragmentaires, et se manifestent sous la forme d’images, de
sensations, plus rarement de mots ou de phrases entières. Elles
ne s’inscrivent pas dans un temps linéaire et il convient parfois
d’y « remettre de l’ordre ». Plus l’objet sera en proximité
physique avec son possesseur, plus il le manipulera, le regardera,
pensera à lui ou sera amené à l’utiliser, plus les traces seront
puissantes, exploitables par une personne sensitive qui, grâce à
elle, pourra collecter un nombre impressionnant d’informations.
Plus, à l’inverse, l’objet sera délaissé, moins l’imprégnation sera
forte. Un objet « présent » lors d’un événement émotion-
nellement marquant, heureux ou malheureux, en gardera une
imprégnation. Certains possèdent une connotation globalement

23
négative, et je déconseille fortement à mes lecteurs et lectrices,
s’ils ressentent face à l’un d’entre eux un sentiment de répulsion
tenace, d’insister en voulant en explorer le passé, par défi, ou
goût des sensations fortes. Il m’est arrivé de me confronter à des
objets en rapport avec une réalité sinistre, l’un d’entre eux, assez
ancien, ayant notamment servi à des sacrifices humains. C’est
une expérience que je ne recommande à personne. Même un
praticien expérimenté, comme en toute modestie je le suis, peut
s’en retrouver fortement déstabilisé. J’en fus secoué pendant
plusieurs jours, traversé d'images sanglantes, violentes, qui me
hantaient.

Certains objets sont plus « parlants » que d’autres, et tous


ne sont pas égaux face à cette fameuse « mémoire ». Ceux qui
ont peu servi, bien sûr, mais également ceux qui n’ont été reliés
qu’à des événements anodins de la vie quotidienne, surtout
lorsqu’ils n’ont pas été utilisés depuis longtemps, possèderont
une faible empreinte énergétique, ce qui ne signifie pas que
celle-ci soit complètement inutilisable. C’est un peu comme si
vous vous trouviez face à une photocopie beaucoup trop pâle,
qui, même si elle demeure lisible, nécessiterait de grands efforts
pour déchiffrer le contenu. Cette précision est importante,
beaucoup s’imaginant qu’un objet très ancien est nécessairement
riche d’histoire, ce qui en réalité n’a rien de systématique.
Quoiqu’il en soit, même dans le cas des objets les plus
« chargés », l’histoire que vous découvrirez sera plus souvent en
pointillés qu’en ligne continue. Elle comportera des lacunes, en
nombre plus ou moins conséquent, qu’il vous appartiendra de
combler. Ne laissez pas votre imagination vous induire en erreur,
car, au bout du compte, si vous obtenez un beau récit chargé
d’émotion, vous n’en serez pas forcément pour autant proche du
vécu réel de l’objet. Votre inconscient complétera les blancs, en
organisant logiquement les événements, sans que vous ayez le
moins du monde besoin de faire entrer votre volonté en action.
Cette dernière aura suffisamment de quoi s’exercer plus tard.

24
EXERCICES PRÉLIMINAIRES
 PREMIER ExERCICE

Le premier exercice que je vous propose va apparemment


à l’encontre de ce qui a été dit dans les lignes précédentes,
puisqu’il s’agit, précisément, de mettre en branle votre
imaginaire. La contradiction n’est cependant que superficielle,
puisqu’il s’agit avant tout d’un « échauffement », à la manière
d’un comédien ou d’un sportif, qui se garderont bien de
reproduire à l’identique sur scène ou dans leur stade leur « mise
en jambes ».
Si vous ne possédez pas chez vous d’antiquités, d’objets
auxquels le passé a donné une certaine patine, rien ne vous
empêche de vous rendre chez un brocanteur ou dans un bric-à-
brac. Vous y rencontrerez nécessairement au moins un objet qui
vous « parle » et vous semble actif. Observez-le longuement, au
besoin touchez le discrètement, ou approchez votre main droite
en diagonale, doigts tournés vers le haut. Que vous ressentiez ou
non quelque chose de particulier est pour l’instant secondaire.
De même que la véracité (ou non) de vos déductions. Il vous sera
difficile de toutes manières de vérifier si votre « histoire » est
conforme à la vérité des faits ou ne relève que d’une construction
mentale. Ne vous en souciez pas pour le moment.
Concentrez-vous sur l’objet et sur lui seul. Si vous
agissez en extérieur, l’exercice devra être court, afin de ne pas
risquer l’intervention d’un vendeur ou une trop grande curiosité
quant à ce que vous avez décidé d’entreprendre.
Votre objectif sera d’imaginer l’histoire de l’objet sur
lequel vous avez jeté votre dévolu. Vraisemblable ou pas peu
importe, la réalité ne l’est pas toujours. Ne vous laissez arrêter
par aucune considération d’ordre logique. Vous pouvez même,
dans un premier temps, inventer les histoires les plus
rocambolesques, mais elles doivent nécessairement trouver un
point d’appui dans la forme, la nature et l’aspect général de

25
l’objet. Pendant une semaine ou deux, à raison de quelques
minutes par jour, vous vous exercerez de cette manière, alternant
si possible extérieur et intérieur, changeant de préférence d’objet
à chaque nouvelle « exploration ».

Pourquoi un tel exercice ?

Cet exercice permet d’entraîner votre esprit à mettre en


branle certains types de connexions, en allant au-delà de ce qui
est dit ou montrer. Autrement dit, à pouvoir ultérieurement
assembler entre elles de manière naturelle les pièces du puzzle
auquel vous serez confronté. Plus vous pratiquerez, moins cela
exigera d’efforts de votre part. Viendra d’ailleurs fort
probablement un moment où de telles « informations »
s’imposeront à votre esprit sans que vous ayez besoin de les
susciter. Il y aura alors de fortes probabilités qu’elles se révèlent
exactes.

 SECOnD ExERCICE

Emparez-vous d’un objet que vous considérez comme


« neutre », autrement dit au passé suffisamment récent pour ne
comporter que peu d’empreintes sur le plan vibratoire. Cette
catégorie sera particulièrement sollicitée dans la suite de cet
ouvrage. Éprouvez-en le contact, le temps que vous le jugerez
nécessaire, qui peut être plus ou moins long. Puis tentez de le
décrire du seul point de vue des sensations tactiles
(chaud/froid, lisse/rugueux etc.). Au besoin, enregistrez-vous
afin de pouvoir relever vos erreurs et les corriger.
Quand vous estimerez votre taux de réussite
suffisamment conséquent (si vous l’avez surestimé, n’hésitez
pas à revenir à l’étape précédente), placez vos deux mains en
parallèle, vos paumes en vis à vis, éloignées d’environ 30 cm
l’une de l’autre. Contemplez-les, de manière à bien estimer la
distance qui les sépare et pouvoir visuellement la reproduire à

26
l’identique. Puis, fermez les yeux. Visualisez entre vos mains
un nuage cotonneux, d’un blanc uni. Ce dernier ne touchera pas
tout à fait vos phalanges, mais en sera proche. Quand l’image
du nimbus ou du cumulus sera bien nette dans votre esprit,
rapprochez lentement vos paumes l’une de l’autre, comme si
elles plongeaient progressivement au cœur de la matière
fuligineuse. Au bout d’un moment, vous ressentirez la présence
d’un « obstacle » : l’emplacement virtuel de l’objet projeté
dans votre espace mental. Éprouvez-vous à nouveau les
sensations physiques qui y sont associées ? Si oui, vous êtes sur
la bonne voie. Il ne vous reste plus qu’à vous entraîner
davantage Vous pouvez « compliquer » la donne de départ, en
espaçant de plusieurs jours le moment où vous touchez l’objet
et celui ou vous le remplacerez par son double visualisé. Vous
noterez à chaque fois – ou les enregistrerez – ce que vous
éprouvez, afin de pouvoir comparer vos deux versions. Il ne
s’agit pas de vous remémorer les sensations antérieures, mais
bel et bien de les éprouver de nouveau.

Pourquoi un tel exercice ?

Comme je l’ai signalé dans mon avant-propos, le transfert


d’informations passe souvent par des sensations physiques,
davantage en tous cas que par le biais des images. Votre cerveau
les triera et les réinterprétera. Être ouvert à ce que nous
transmettent les objets sur le plan tactile demeure par conséquent
un atout essentiel, puisqu’il nous offre la possibilité de ne pas
percevoir uniquement les informations visuelles, et de ne pas
négliger les autres, souvent riches d’informations. La seconde
partie de l’exercice n’est pas moins importante. Ici nous avons
choisi un objet « neutre » (aucun ne l’est totalement, disons plutôt
« le moins imprégné »). C’est il va de soi intentionnel. Vous aurez
sans doute besoin, dans un premier temps, d’avoir un contact
physique rapproché avec l’objet, autrement dit de le toucher,
voire de l’étreindre pour bien en appréhender la matière. Sur la

27
longueur cependant, votre énergie intrinsèque peut perturber la
« fréquence d’émission » de la cible de votre attention. Une trop
grande imbrication de ces deux vibrations peut dans certains cas
déboucher sur de fausses informations. Autrement dit, vous
puiserez dans votre propre vécu, même s’il s’agit de souvenirs
enfouis, des informations que vous croirez, en toute bonne foi, lui
être liés.
Ce que j’appellerai, faute de mieux, le « toucher de
l’esprit » ne présente pas de tels inconvénients, et laisse
inaltérée la mémoire de l’objet. Vous entraîner dès le début à
cette pratique peut par conséquent vous éviter bien des fausses
pistes.
Comme toute règle d’or, celle-ci souffre d’exceptions
non négligeables. Par exemple, au cours d’une projection
volitive, je vous conseillerai, à l’inverse, d’être au plus proche de
l’objet pour l’immerger totalement de votre propre fluide.
Mais chaque chose en son temps…

Est-il nécessaire de « ritualiser » votre espace de « travail »?

Dans l’absolu, je pourrais répondre que non. Un praticien


expérimenté peut œuvrer n’importe où, y compris à l’extérieur,
dans des conditions lumineuses et sonores qui ne sont pas
spécifiquement propices ni à la relaxation, ni à la concentration.
Parce qu’il a su développer une capacité d’abstraction de
l’environnement externe. Mais tel n’est pas le cas du débutant,
du moins de la plupart d’entre eux. J’ai parfois vu en effet des
personnes n’ayant jamais mené à bien ce type d’exercices qui
obtenaient, dès leurs premiers essais, des résultats concluants
dans des endroits bruyants et fortement éclairés. Mais de tels cas
sont relativement rares.

Dans un premier temps, vous allez donc personnaliser


votre espace, ou plutôt le désancrer de votre existence
quotidienne, le maquiller ou le déguiser en quelque sorte, de telle

28
manière à ce qui ne ressemble plus à votre décor familier, celui
que vous pouvez contemplez tous les jours.
Recouvrez la table sur laquelle vous opérez d’une nappe
blanche en tissu, sans motifs. La table, quant à elle, devra être de
dimensions moyennes (autrement dit aisément transportable
d’une pièce à l’autre), de préférence rectangulaire ou carrée. Je
sais que beaucoup de mes « confrères » préconiseront plutôt une
table ronde, mais cette forme géométrique renvoie trop à mon
sens, dans l’inconscient collectif, au spiritisme, avec lequel ce
que nous allons étudier ne saurait avoir de rapports.
Si vous possédez des chandeliers, c’est le moment de les
sortir du placard. Sinon, prenez trois soucoupes blanches (ou des
sous-tasses). Fixez sur chacune d’elle une bougie, également
blanche, en faisant lentement couler la cire dans votre récipient
puis en appuyant fermement sur celle-ci la base de votre
chandelle. L’une sera posée au milieu du bord supérieur. Les
deux suivantes sur les coins du bord inférieur. Vous obtenez ainsi
un triangle.
Dans une autre soucoupe, ou un encensoir, si vous en
possédez, faites brûler de l’encens de Jérusalem. Il est connu
pour ses vertus protectrices. Mais en l’absence de celui-ci, vous
pouvez utiliser n’importe quel bâton d’encens que l’on trouve
dans le commerce, souvent dans les bazars, ou à défaut du papier
d’Arménie.
Les couleurs, comme la figure géométrique ne sont pas
le fruit du hasard. Ces deux éléments combinent une certaine
forme de neutralité (il ne s’agit pas de ce qu’on nomme
« bougies d’appel », dont la teinte est directement en rapport
avec l’objet d’une demande ou d’une invocation) et une
protection fiable. Quand on se hasarde sur le versant de
l’invisible, il est parfois difficile de formuler avec certitude ce à
quoi nous sommes confrontés. Il convient donc d’être prudent.

Après votre pratique, vous rangerez tout votre matériel,


table comprise, à l’abri des regards. Rien de ce qui vous a servi

29
dans ce cadre ne devra être utilisé en dehors de cet usage
spécifique. Vous avez en quelque sorte sacralisé vos outils, et
les associer de nouveau à des activités plus triviales pourrait en
altérer le potentiel vibratoire. En outre, plus vous pratiquerez
ce genre d’opération avec des instruments que vous y avez
destinés, que vous avez « programmé » dans ce but, plus vos
manœuvres seront fluides. Un tel effet découle de ce que le
scientifique Rupert Sheldrake nomme « la théorie des champs
morpho-génétiques ». Plusieurs ouvrages de cet auteur sont
parus en France et je vous les conseille vivement.

DES EXERCICES À PRATIQUER À DEUX


La pratique en duo offre un éventail de possibilités très
supérieur à celle en solo. Elle permet de conjuguer rapidement
test et vérification, entre autres. Elle est toutefois, il est vrai,
quelquefois plus complexe à mettre en place. Au sein d’un
couple, il importe que vous soyez certain(e) que votre conjoint(e)
partage votre goût pour ce type d’expériences, ou pour le moins
ne lui soit pas hostile. Le choix d’un(e) ami(e) n’est pas
nécessairement plus aisé(e). Partage-t-il (elle) vos convictions ?
Votre goût pour les choses occultes ? Il est important qu’il (elle)
ne soit pas braqué(e) contre ce type d’expériences, ne les tourne
pas en dérision. Même si je suis relativement opposé au fait
qu’une discipline paranormale ou occulte soit considéré comme
un « jeu de salon » (j’ai pu constater, au cours de mon existence,
combien une telle approche pouvait causer de dégâts), il est
possible, en l’occurrence, de le présenter comme tel à votre
complice, à condition du moins que tel ne soit pas le fond de votre
pensée. Cela l’aidera sans doute à franchir le pas et à se prêter à
l’expérience. Il est néanmoins à espérer qu’il (elle) soit semblable
aux enfants, autrement dit qu’il (elle) ait conscience que le jeu est
quelque chose de sérieux. N’hésitez pas à le (la) convaincre
qu’autrement il serait sans le moindre intérêt. Toutefois, avant de
passer à cette phase en binôme, assurez-vous que vous maîtrisez

30
vraiment les étapes précédentes, car autrement, les résultats de
l’expérience seraient nuls et non profitables.

 PREMIER ExERCICE

Votre compère, situé dans une autre pièce, tiendra entre


ses deux mains, posées l’une sur l’autre et formant une sorte de
croix, une à la verticale, l’autre à l’horizontale, un objet dont
vous ignorez tout (de préférence encore, un objet « neutre »,
votre ami(e) étant peut-être un sensitif qui s’ignore, il est inutile
de l’exposer à un ressenti trop fort. Par conséquent, avant
l’expérience, placez hors de vue et de portée les objets ayant
« une histoire », qu’il s’agisse de la vôtre propre ou de celle d’un
autre).
Comme dans l’exercice précédent, solidement campé sur
vos deux pieds, légèrement écartés vers l’extérieur, écartez vos
deux mains, paumes tournées l’une vers l’autre. Prévoyez un
espace large, puisque vous ne savez rien de la taille de l’objet en
question. Entre les deux, imaginez de nouveau un nuage blanc,
dans lequel vous allez plonger les mains, centimètre par
centimètre, jusqu’à sentir une « résistance », comme si vous vous
heurtiez à quelque chose de solide. Ce sont les contours virtuels
de l’objet dont l’image est projetée vers vous. Petit à petit, votre
« toucher » va s’affiner et votre sensibilité en éveil percevra de
plus nettement le contact. Enregistrez-vous pour posséder une
trace des informations collectées et les confronter à l’objet réel.
Dans cet exercice, vous pourrez d’ailleurs combiner le visuel et le
tactile, ce qui ne rendra votre réussite que plus convaincante au
regard de votre partenaire.
Si rien ne vient, ne vous acharnez pas. L’exercice ne doit
pas être d’une durée excessive, pour ne pas lasser votre
collaborateur, et le convaincre de renouveler l’expérience, le
même jour ou ultérieurement. Il va de soi cependant que si vous
n’avez pas parfaitement assimilé ce qui précède, vous peinerez
d’autant plus à franchir l’étape supérieure.

31
 SECOnD ExERCICE

Demandez à votre ami (e) de vous apporter un objet


appartenant à son patrimoine familial, un objet avec lequel vous
n’avez jusqu’à présent encore jamais été en contact. il est
important bien sûr que cet objet soit susceptible de vous raconter
des histoires, autrement dit qu’il ait été associé à des événements
importants de son histoire personnelle ou de celle de ses
ascendants. Il est important de préciser que vous ne vous prenez
pas pour un voyant ou un médium, mais que vous désirez juste
tenter une expérience, et qu’il se peut que celle-ci échoue. Placez
l’objet sur votre table de travail, votre main gauche quelques
centimètres au-dessus de lui. Concentrez-vous, ce à quoi vous
aidera la ritualisation de l’espace, sur l’objet et sur lui seul. En
état de disponibilité, bien davantage qu’en celui de « vide
mental » dont on nous rebat les oreilles et qui n’est souvent
qu’un leurre.
Progressivement, sensations, images, mots parfois vont
s’imposer à votre esprit. Ne cherchez pas à les trier, ni à les
interpréter. Pas même à juger de leur pertinence ou à faire le lien
entre elles. Les associations se produiront d’elles-mêmes, sans
que vous ayez besoin de mettre en branle votre intellect.
Il serait préférable, encore une fois, que vous ayez à
portée de la main un appareil pour vous enregistrer ; cela vous
permettra d’énoncer à haute voix ce que vous ressentez au fur et
à mesure que cela se produit. Si dans certains cas, la collecte
d’informations peut se résumer en peu de mots, dans d’autres, en
revanche, les « indices » vous parviendront à profusion et, au
terme de la séance, il se peut que vous en ayez oublié. Vous ne
prendrez en revanche pas de « notes » pour des raisons qui
paraissent évidentes, et qui découlent essentiellement de l’aspect
pratique.

Si vous pensez que la présence de votre ami (e) à vos


côtés pendant la durée de votre investigation risque de perturber

32
le bon déroulement de celle-ci, demandez-lui de vous laisser
l’objet en question, en lui assurant que vous le lui rendrez le
lendemain. L’idéal serait que vous ayez à disposition plusieurs
objets de cette nature. Comme nous l’avons vu, la capacité
d’imprégnation peut être plus ou moins forte selon la nature de
l’événement et son éloignement dans le temps. Tel vous parlera
peut-être davantage que son voisin. Mais cela peut se révéler
difficile à mettre en œuvre, quelle que soit la confiance que l’on
vous porte.
L’avantage d’un tel exercice est qu’il vous permet
d’obtenir rapidement confirmation (ou infirmation) des éléments
recueillis. Dans le second cas, vous prendrez la mesure de votre
niveau d’entraînement et des étapes qu’il vous reste à franchir. Si
vos renseignements sont validés, en revanche, vous pourrez
rapidement passer à l’étape suivante.

Un plongeon dans votre propre passé

Je vous propose à présent d’aller faire un tour dans les


objets de votre propre passé. Vous possédez sûrement chez vous
des témoins de votre existence, associés à des souvenirs précis.
La valeur de l’objet ni sa nature n’entrent bien sûr en ligne de
compte ; ce qui importe, c’est l’investissement émotionnel dont
vous l’avez chargé. Mettez de côté ces éléments de votre passé.
La mémoire, vous le savez sans doute, comporte des aléas. En
alignant vos « fétiches », vous ne tarderez pas à réaliser, que si
certains événements marquants dont ils sont le symbole sont
encore extrêmement vivants dans votre esprit et peuvent être
aisément reconstitués dans le moindre détail, d’autres en
revanche comportent bien des zones d’ombre et de flou. Vous
vous en rappelez bien évidemment les grandes lignes, mais pas
le déroulement dans le détail. Vous peinez à faire revenir à vous
les traits de telle personne qui vous l’a donné, par exemple, ou
du timing précis de telle soirée mémorable.
Comme vous vous en doutez probablement, ce sont les
objets liés à des événements lacunaires – quant à leurs

33
enchaînements, ou quant à ceux qui en furent les acteurs (trices)
– qui vont retenir plus spécifiquement notre attention.
L’objectif recherché sera de collecter les
renseignements, de manière à reconstituer l’événement le plus
précisément et le plus fidèlement possible. Une tâche plus
complexe qu’elle ne peut le sembler en apparence. Car tenter
de vous remémorer les faits par des moyens intellectuels ne
vous serait, dans la perspective des travaux qui font l’objet de ce
livre, que d’une piètre utilité. C’est d’ailleurs une erreur
courante que de confondre ce qui est en jeu dans les arts
magiques et l’usage trivial que nous exerçons de nos facultés.
Ainsi, comme nous le verrons plus loin, la volonté que nous
projetterons hors de nous n’a que peu de points communs avec
celle dont nous usons dans notre vie quotidienne.
La voie que vous emprunterez n’exige pas une tension,
mais à l’inverse une détente, un lâcher prise, un état de vacuité
où votre sensibilité sera exacerbée. Ce sont les objets qui doivent
vous guider vers la vérité de l’instant, et vous permettre de
reconstituer l’événement par fragments, le ressentir, le revivre.
Le « danger » potentiel serait de vous laisser bercer par vos
souvenirs et de lâcher la bride de votre cerveau rationnel pour
entrer dans la réflexion, dans la rêverie. Encore une fois, tel n’est
pas le but recherché.
Installez votre « décor rituel » et placez sur ce qui
désormais constitue votre autel magique le ou les éléments que
vous aurez retenus. Étant donné que l’énergie émise par l’objet
est intrinsèquement la vôtre, il vous est possible, si cela vous
facilite les choses, d’avoir un contact physique direct avec lui, et
de le prendre dans la paume de votre main gauche (en général,
sur le plan occulte, la main gauche est utilisée pour recevoir,
alors que la main droite sert essentiellement à transmettre). Vous
pourrez indifféremment, garder les yeux ouverts ou fermés. Une
fausse bonne idée, trop souvent mise en application par les
débutants, consisterait à garder en « arrière-plan » les éléments
dont vous vous souvenez pour favoriser l’émergence de ceux qui

34
demeurent dans l’ombre. Cela consisterait à demeurer à cheval
sur le conscient et l’inconscient, ce qui est un exercice un peu
trop complexe pour des débuts. Tout au plus, si vous ne pouvez
agir autrement, n’en conservez qu’une seule image. Dans tout ce
qui concerne l’occulte, plus quelque chose est bref et
synthétique, plus il a de chances d’aboutir à un résultat viable.
Il se peut que la connexion ne parvienne pas à s’établir. Il
peut y avoir à cela un certain nombre de raisons, dont la première
est que, naturellement, vous ne vous sentiez pas spécialement en
forme ce jour-là, ou ayez l’esprit trop encombré par des
problèmes annexes de votre vie de tous les jours pour lâcher
prise. Rien de grave à cela. Mais il se peut également que vous
surestimiez l’impact émotionnel d’un fait que vous avez embelli,
qui vous sembla important au moment où vous l’avez vécu.
L’objet, quant à lui, n’est demeuré présent dans votre
environnement que par habitude, sans que vous y attachiez
vraiment la valeur affective que vous lui prétendez avoir. Si tel
est le cas, mieux vaut passer à un autre des objets que vous avez
choisi.

Les objectifs de cette première étape

Il va de soi que si vous aspirez à un minimum


d’efficacité, ces exercices doivent être régulièrement répétés. À
travers eux, vous aurez appris à vous connecter aisément avec
les objets. Avant d’émettre, il est indispensable de savoir
recevoir. Ce sentiment de fusion avec la matière que vous avez
certainement éprouvé est la base de toutes les méthodes de
voyance. Le Tarot de Marseille, la boule de cristal, les taches
d’encre par exemple, s’ils forment des systèmes divinatoires
intrinsèques et indépendants, qui peuvent être décodés dans les
grandes lignes par des méthodologies précises, peuvent
également devenir de fabuleux supports, servant de point focal à
votre traversée du miroir. Car oui, une image est également un
objet, comme nous le verrons plus loin. Il vous est même

35
possible en ce sens de vous éloigner des traditionnelles mancies,
en utilisant n’importe quel objet neutre (c’est à dire non chargé
d’un passé affectif important) comme support.
Beaucoup d’entre vous, je le pense, préféreraient passer
directement à une phase active, autrement dit avoir entre les mains
les clés pour reprendre en main les rênes de leur destinée, voire en
modifier le cours. Mais ce serait pécher par orgueil que de penser
que l’on puisse accéder à ce type de pratiques sans avoir
auparavant « percé la carapace des objets », s’être familiarisé avec
eux, avoir fait corps avec leur structure intime. Identifier une
personne à l’objet qui le représente, par exemple, demeure
quasiment impossible si l’on fait l’impasse sur une telle étape. Et
sans ce sentiment d’identité, l’impact magique sera pour ainsi dire
nul. L’échec risquerait d’être plus flagrant encore en ce qui
concerne les objets symboliques, représentatifs d’une personne ou
d’un événement sans être pour autant associés directement à eux
de façon charnelle. En outre, vivre l’état de réceptivité, de
disponibilité mentale de l’intérieure sera un élément crucial si l’on
désire le transmettre à autrui et lui permettre d’accueillir nos
suggestions.
Certes le chemin peut être plus ou moins long selon les
personnes, mais tous finiront par parvenir là où il désire aller en
définitive.

Les exercices que nous avons étudiés dans ce chapitre


possèdent également une autre vertu, loin d’être négligeable :
celle de dégripper des mécanismes quelquefois un peu rouillés,
tout simplement parce que nos sociétés modernes ne nous
accoutument pas à en faire usage. Une fois maîtrisés, ils
rendront les exercices suivant plus aisés à mettre en pratique ce
qui, en leur absence, aurait relevé de la mission impossible.

38
Chapitre 3

CHARGER D’UNE
INTENTION UN OBJET
QUI DOIT ÊTRE OFFERT

L
a charge émotionnelle d’un objet possède ceci de
commun avec la télépathie que nous la pratiquons tous
sans en avoir conscience, mais qu’il se révèle autrement
plus complexe d’en user de manière volontaire. Par exemple,
quand nous affirmons qu’un plat a été fait « avec amour » ou que
tel cadeau « vient du cœur », nous avons inconsciemment
programmé l’un ou l’autre dans une perspective de bien être de
la personne à laquelle nous l’offrons. Si notre projection relève
d’un élan sincère, cette différence sera ressentie, même si nous
ne la disons pas.
La part la plus complexe d’une telle opération ne réside
pas dans son déroulé même, dans le processus qui va permettre
de faire de cet objet le catalyseur de votre volonté. La vraie
difficulté est souvent là où on ne l’attend pas. Car or des
occasions festives (noël et les fêtes d’anniversaire entre autres),
il n’est pas toujours simple d’offrir quelque chose sans que cela
paraisse suspect.
Beaucoup de personnes partent du principe que « rien
n’est gratuit en ce monde » (lequel, même lorsqu’il est souvent
démenti, n’est jamais remis en question). Par voie de
conséquence, on soupçonne nécessairement celui ou celle qui
donnera un présent, hors des occasions sanctifiées par le code
social, de vouloir obtenir quelque chose en retour, même
lorsque ce n’est pas le cas. Comme précisément, dans la

37
perspective qui nous occupe, un tel don est intentionnel, le
soupçon justifié pourrait prendre une ampleur qui vous dépasse
et nuire à la réussite de votre projet.
Le processus précédemment décrit veut que le ou la
bénéficiaire organise, à son corps défendant, ses défenses
mentales pour résister à ce que l’on attend en retour de sa
personne. Un mécanisme comportemental qui peut aller de la
simple résistance à la franche hostilité. Dicté par le sentiment
que vous voulez « l’acheter », acquérir des services ou des
privilèges et s’y refusant catégoriquement.

Comment contourner cet obstacle

Il convient en premier lieu de savoir qu’un objet


correctement chargé n’émet pas exclusivement lorsqu’il est à
portée de contact visuel ou tactile. C’est probablement la plus
grande différence entre une action intentionnelle de charge et une
charge émotionnelle involontaire, comme ce peut être le cas pour
un plat ou un cadeau. L’objet chargé agira un peu à la manière
d’un ionisateur ou d’une lampe à sel, indépendamment d’une
perception par le regard de la personne qui en est récepteur.
Ce phénomène, j’ai pu le constater à de multiples reprises
en cherchant à contrecarrer des magies de haine, comme mon
père avait pu le faire bien avant moi. La charge, qui était à
l’origine du mal dont souffrait la victime, était placée dans un
endroit où elle n’aurait jamais songé à la chercher. Soit cachée
dans un endroit de l’appartement qu’elle explorait peu, soit
enterrée dans le jardin quand elle en possédait un.
Même si ce que je vous propose n’a rien d’une magie de
destruction, ni même de pouvoir visant à la soumission totale de
l’autre à vos désirs (je reviendrai ultérieurement sur ce point), le
principe demeure le même. Le champ énergétique d’un tel objet
est de forte amplitude et occupe une large périphérie de l’espace
qui le contient.
On voit les possibilités qu’offre une telle particularité. Elle
implique que le « don » puisse s’accomplir à l’insu de son

38
« bénéficiaire ». Le cacher peut être une option, mais elle comporte
un risque : celui qu’il soit découvert. Même si on n’en devine pas
l’origine, il n’est pas impossible qu’il finisse son existence aux
ordures, en quel cas tout votre travail serait à recommencer. Si vous
vous décidez pour ce choix toutefois, il faudra être certain du lieu
où vous le dissimulez, et donc posséder une bonne connaissance de
l’endroit et avoir tout loisir d’y accéder. Il vous est également
loisible « d’oublier » un objet lors de votre visite. L’endroit où vous
le placerez devra alors répondre à plusieurs critères : il doit être à
la fois facile d’accès (suffisamment pour l’y cacher sans que votre
attitude paraisse bizarre), crédible (pour pousser les choses à
l’extrême, jusqu’à l’absurde, il est rare par exemple que l’on perde
un objet dans un réfrigérateur), pouvoir être trouvé mais ne pas être
directement décelable.
Si cette solution vous tente, la charge devra être intense,
car le temps d’émission « in situ » peut être très court, entre
quelques heures et une semaine, selon que vous voyez la
personne fréquemment ou non. Une semaine me semble le
minimum de temps requis pour qu’un tel objet soit efficace.

Une magie des objets sans support matériel

Les techniques du « non-objet » ou de « l’objet


dématérialisé » peuvent quant à elles pallier à ce type
d’inconvénients. De quoi s’agit-il ? En fait d’un éventail de
techniques qui permettent, dans une certaine mesure, de se passer
de support matériel. La méthode du « mot témoin », bien connue
des spécialistes de la radiesthésie active, est l’une de celles-ci. Il
s’agit d’un mot court qui identifie l’objet que vous allez charger,
et que vous placerez sur celui-ci. Il peut s’agir de son nom, ou de
manière plus codée, des qualités tactiles éprouvées à son contact.
Ici, préférez – il est rare que je préconise cela – l’impression du
texte à une écriture manuscrite. Si le papier venait à être trouvé,
et qu’on reconnaissait la vôtre, vous auriez bien du mal à vous en
justifier. C’est le papier et non l’objet qui sera alors placé dans un
lieu discret, où vous pensez pouvoir être certain (e) qu’on ne le

39
trouvera pas avant un certain temps. Le risque est bien entendu
que vous ayez surestimé la sécurité de votre cachette, et que votre
témoin finisse au panier. Mais le fait qu’il soit en écriture
d’imprimerie évitera tout recoupement et des questions qui
pourraient se révéler gênantes. L’avantage, toutefois, si vous avez
vu juste, est que vous disposerez d’un temps pendant lequel vous
pourrez continuer à charger l’objet matériel que le papier
représente. Il est essentiel que l’objet et votre morceau de papier
soit parfaitement identifiés, quasi fusionnés l’un à l’autre dans
votre esprit pour que la magie fonctionne. Comme si un courant
passait perpétuellement de l’un à l’autre.
Une seconde méthode, tout aussi efficace, met en jeu des
ressorts que nous avons examinés au cours de notre premier
chapitre. Elle peut faire appel à un objet matériel ou s’y soustraire ;
tout dépend de votre choix, et du niveau atteint dans l’expression
de vos capacités. Elle suppose néanmoins que vous connaissiez
bien l’univers de la personne que vous souhaitez influencer, soit à
travers le cadre de sa vie professionnelle, soit dans celui de sa vie
personnelle. Autrement dit, vous devrez impérativement savoir
quels sont les objets qui l’entourent, ceux qu’il sollicite souvent.
C’est ce type de détails qui souvent marque la différence. Après
avoir arrêté votre choix sur l’un d’entre eux, une fois revenu entre
les quatre murs de votre home sweet home, vous aurez à cœur de
tester vos possibilités et vos limites. Créez votre espace rituel (il
peut s’avérer nécessaire pendant encore un certain temps, donc ne
vous impatientez pas…). Puis tentez, en vous servant de l’exercice
« du nuage » de le reconstituer avec le plus de précision possible :
forme, volume occupé dans l’espace, odeur même si celle-ci vous
a marqué. Si l’aspect tactile est ici négligé c’est parce qu’il est plus
que probable que vous n’ayez jamais pris l’objet en question entre
vos mains. Il serait donc en ce cas difficile d’évoquer une texture
que vous ignorez. Même s’il vous est possible de la déduire
d’objets similaires que vous avez pu manipuler lors de vos
précédentes expériences.
Vous examinerez ensuite vos résultats sans la moindre
complaisance et avec une tolérance zéro en ce qui concerne

40
l’approximation. Vous ne parvenez pas à restituer le volume
exact ou la forme ? Certains détails de l’objet vous échappent et
demeurent dans le flou ? L’opération ne peut être réussie avec un
tel à peu près ; plutôt que de vous engager dans ce qui vous
conduirait très vraisemblablement à une impasse, rendez-vous
dans un magasin pour trouver son équivalent. Il doit s’agir d’un
objet usuel, facilement trouvable dans le commerce. Il est
important que celui que vous acquerrez soit à l’identique de
celui sur lequel vous avez jeté votre dévolu. Afin que votre
regard, en l’apercevant, se persuade qu’il s’agit du même. Ce
n’est que de cette manière que vous pourrez créer un pont
vibratoire entre les deux, de telle façon qu’en chargeant l’un
vous chargerez l’autre. Il s’agit en quelque sorte d’une forme
sophistiquée de transfert.

Offrir un objet chargé « en direct »

Mais, vous interrogerez-vous sans doute, serait-il donc


impossible d’offrir un objet chargé de manière simple et directe,
de la main à la main ? Une telle offrande doit remplir, pour être
efficiente, un certain nombre de conditions. Il vous faut, tout
d’abord, faire preuve d’un minimum de psychologie. Si vous
ignorez les goûts de la personne sur laquelle vous souhaitez agir,
tentez de les deviner, de cerner au mieux son profil, de percevoir
quel objet lui conviendrait et obtiendrait en quelque sorte son
« adoubement ». Ceci, afin de vous garantir qu’il prenne
réellement place dans son environnement intime, et ne soit pas
relégué au fond d’un placard ou bazardé à la première occasion
(je connais certains objets qui sont ainsi passés de main en main).
Beaucoup de choses également dépendent de votre degré
d’intimité avec l’individu en question. S’agit-il de quelqu’un que
vous croisez tous les jours ? Avec lequel vous avez des échanges
authentiques ? Ou à l’inverse d’un être que vous voyez de loin et
qui, s’il connaît votre existence, ne suppose nullement
l’importance que vous avez à ses yeux ? Ce qui vous unit à

41
lui/elle, et qui définit bien souvent la nature de notre action et de
ses objectifs, est-ce un lien professionnel ? Sentimental ?
Financier ? Il est des personnes auxquelles on peut offrir quelque
chose en arguant simplement qu’on a pensé que cela lui ferait
plaisir ou « manquait à sa collection » sans qu’elles éprouvent la
moindre défiance, d’autres qui se poseraient immédiatement
mille questions à votre sujet et la raison d’une telle générosité. Il
est crucial, pour la suite des opérations, et déterminer la méthode
que vous allez adopter, de définir à quelle catégorie de personnes
vous avez affaire.
On pourra s’étonner de l’irruption de la psychologie dans
le domaine du magique. Elle y joue pourtant un rôle capital. Car
votre projection volitive s’effectuera du point de vue de la
personne concernée et non du vôtre. Vous serez à ce moment-là
dans sa peau davantage que dans votre propre enveloppe. En
effet, suggérer que vous voulez que tel individu fasse ceci ou
cela sera généralement moins efficace que de lui suggérer que
c’est ce qu’il désire du plus profond de son être. L’autre agira
avec les gestes qui lui sont propres, les mots qui sont les siens.
Se sentir « dicter » des expressions ou des manières d’agir qui ne
lui sont pas intrinsèques renforcerait sa vigilance à tout influx
extérieur, ce qui irait résolument à l’encontre de votre travail.

Quels types d’objets peuvent être chargés magiquement ?

En fait, quasiment tout et n’importe quoi est susceptible


d’être chargé. Certains objets peuvent cependant ne pas donner
les résultats escomptés, et vous devez les éviter si possible. Si la
charge involontaire de nourriture peut participer à une ambiance
de bien-être général, elle n’est probante sur le plan d’une
projection consciente que dans le cas éventuel d’un dîner en tête
à tête, dans l’appartement de l’un ou l’autre – mais parvenu à ce
stade, une action magique s’impose-t-elle vraiment ? – . Charger
une bouteille de vin, même de grand prix, que vous apporteriez
dans une fête, n’aurait qu’un impact très mineur, puisqu’elle

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risquerait d’être bue par un nombre conséquent de personnes,
diluant jusqu’à plus rien son pouvoir d’influence. Évitez
également les objets jetables qui, ainsi que leur nom l’indique,
connaîtront rapidement une fin, et par voie de conséquence un
rayonnement magique trop bref. Vous devrez choisir un petit
format, ce qui vous facilitera à la fois la charge et l’offrande
proprement dite. Personne, à ma connaissance, n’a jamais songé
à charger magiquement une armoire normande ou un frigo
américain. De plus, un objet de taille imposante attirerait d’office
une suspicion légitime. Les objets utilitaires font parfois
davantage de miracles que les beaux objets. Ne surestimez pas
votre degré de puissance. Si dans l’absolu, le champ d’influence
d’un objet chargé s’étend bien au-delà de l’endroit où il est posé
et n’a pas besoin d’être vu ou touché pour être efficace, dans la
réalité des faits, il est rare qu’un objet chargé par un « nouvel
initié » soit à 100% opérationnel. Cette puissance s’accroît donc
considérablement lorsque celui ou celle auquel il est destiné en
fait usage, chaque manipulation renforçant la pensée que vous
lui avez imprimée.

La différence entre une magie d’influence


et une magie de pouvoir

Il ne s’agit pas dans ces pages de plier autrui de manière


aveugle à sa volonté. J’ai vu ce type de magie à l’œuvre au cours
de ce qu’il faut bien appeler ma carrière en ce domaine. Elle
donne souvent, en dépit de ce que beaucoup pensent, des
résultats catastrophiques. Celui ou celle qui la subit est la plupart
du temps conscient (e) d’agir sous le joug d’une volonté qui lui
est étrangère. Il arrive (et plus souvent qu’on ne le croit) qu’il la
rejette de chaque pore de sa peau, bien qu’il ne puisse
s’empêcher de lui obéir. Ce qui engendre alors de violents
conflits. À l’instar de qui accomplit une chose qu’il sait lui être
nuisible mais qui est « plus forte que lui » et ne cesse de s’en
morigéner. Excepté qu’en l’occurrence, ses vitupérations iront

43
directement vers celui ou celle qui la « soumet » à sa volonté. J’ai
pu constater plusieurs fois un tel cas de figure dans ce qu’on
nomme à tort « envoûtement d’amour », mais je ne pense
franchement pas que dans le cadre d’une vie professionnelle, par
exemple, les rapports artificiellement créés soient moins
propices au conflit.
La magie de pouvoir consiste à user d’un médicament
violent, souvent radical quant au « traitement » mais également
riche en effets secondaires et risques de dégâts collatéraux. Ce
que je propose ici s’apparenterait plutôt à une médecine douce
axée sur la suggestion. Une sorte de coup de pouce au destin qui
peut quelquefois tout changer. De grands bouleversements
peuvent naître de petites choses. Tel homme ou telle femme que
l’on avait à peine remarqué (e) jusqu’alors bien que nous
croisions fréquemment son chemin, lors d’une occasion
particulière nous apparaît sous un tout autre jour, et nous
commençons à le penser insidieusement comme une histoire
impossible. Il arrive que, de fait, celle-ci finisse par s’ensuivre
alors que rien ne semblait le laisser présager. Il en va parfois de
même en ce qui concerne une association professionnelle, voire
une promotion. Certain nouvel aspect dévoilé d’une personnalité
fait soudainement penser « pourquoi pas lui/elle ? ».
Produire ce déclic salutaire en l’autre par la force de notre
esprit tout en lui laissant son libre-arbitre, lui faire envisager une
voie qu’il ne tient qu’à lui d’emprunter, à côté de laquelle il serait
susceptible de passer sans cela, c’est l’optique dans laquelle j’ai
mené mes travaux depuis des années, avec suffisamment de
résultats probants pour que je me sente autorisé à transmettre les
connaissances qui m’y ont guidé.
En réalité, vous semez une graine qui, si elle rencontre un
terrain favorable, ne cessera de grandir jusqu’à générer une
réalité concrète et tangible. Vous ne forcez pas autrui au sens le
plus brutal du terme, vous lui ouvrez les yeux sur une perspective
qu’il n’aurait peut-être pas décelée autrement.
La magie des objets, comme beaucoup de magies

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d’ailleurs, n’opère pas ex nihilo. Elle travaille sur une matière
potentiellement existante, dont elle favorise l’émergence dans le
réel. Aussi n’entreprenez pas de quête que vous savez d’avance
impossible en votre for intérieur. Vous vous condamneriez à
l’échec. Quel que soit le domaine d’existence dans lequel vous
opérez. Je parle ici d’impossibilités objectives, par le simple
examen des faits, non de celles que nous nous forgeons par
désespoir, manque de confiance en nous, ou manque d’intérêt
apparent de la personne que nous souhaitons influencer. Un mari
brutal, par exemple, même très amoureux, ne pourra probablement
pas faire revenir son épouse vers lui. D’autant plus si celle-ci fraye
avec un nouveau compagnon qui en est l’antithèse.

Au travail !
Avant toutes choses, munissez-vous de feuilles de papier
couleur relativement épais. Prenez celle qui correspond au
domaine dont dépend votre demande (nous les rappellerons au
fur et à mesure) et, à l’aide d’un double décimètre et d’un cutter
(ou d’une simplement paire de ciseaux si vous avez « le compas
dans l’œil », autrement dit si vous êtes certain de couper droit)
coupez la en quatre carrés de même taille. En géométrie
magique, le carré représente généralement l’élément matériel, le
concret, ce sur quoi votre action va impacter. Le triangle,
l’élément sacré, spirituel, voir divin (l’appel aux entités
« basses » est souvent représenté par un triangle inversé). Le
cercle, la protection. Vous vous fournirez également en bougies
de différentes couleurs. Les puristes vous diront de n’user que de
bougies en cire d’abeille. Bien que d’odeur plus agréable,
notamment à l’extinction, les expériences que j’ai pu mener
m’ont permis de constater que de simples bougies de ménage
remplissaient tout aussi bien ce rôle. C’est d’ailleurs à ma
connaissance l’une des légendes urbaines les plus tenaces des
arts magiques : la conviction que bougies et encens puissent
posséder un pouvoir d’action intrinsèque, indépendamment de

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l’opérateur. Or, si ces derniers constituent des supports non
négligeables pour modifier votre état de conscience et amplifier
votre concentration, rien ne prouve qu’ils constituent des outils
opératifs à part entière. Vous vous procurerez des tissus de
plusieurs coloris (rouge, jaune or, bleu, violet, vert …). On en
trouve facilement au mètre, pour un prix modique, chez certains
commerçants. Là encore, ils seront en rapport direct avec votre
demande. Cinéma ? Mise en scène ? Peut-être, mais j’ai pu
constater que par leur intermédiaire, on obtenait la plupart du
temps des résultats plus conséquents qu’en optant pour un
décorum plus sobre. De même que, dit-on, la fonction crée
l’organe, la mise en condition de l’opérateur est le socle à partir
duquel s’exprime et s’articule sa volonté magique.
La manière dont vous aurez décidé de mettre en rapport votre
objet chargé et la personne à laquelle il est destiné importe peu,
la méthodologie de charge demeurant identique dans tous les cas.
À cette exception près cependant : si vous optez pour le témoin-
papier, tapez d’abord votre mot sur l’ordinateur avant de
l’imprimer, de préférence sur un papier de la couleur indiquée,
que vous découperez ensuite et placerez sous l’objet de
référence. Ensuite, le processus sera le même, puisque vous
chargerez tout à la fois l’objet et son témoin.
Si vous possédez une photo de la personne concernée par
votre charge, ou si vous pouvez en prendre une sans éveiller
l’attention, ni que cela paraisse « louche » ou révèle malgré vous
votre intérêt voire vos intentions, vous la disposerez avec les
autres éléments sur votre autel. Dans l’idéal, la photographie sera
en pied plutôt qu’en portrait, en prenant soin d’éviter les images
de groupe. On ne fonctionne toutefois pas toujours dans des
conditions optimales. À défaut, n’importe quel support vous
permettant une représentation physique, donnant chair à vos
rêves, sera la bienvenue. Si vous n’avez à disposition rien de tel,
l’opération nécessitera sans doute de vous davantage d’efforts,
mais nul doute que vous y parviendrez.
Cependant, si vous vous trouvez dans les derniers cas de
figure, ne vous précipitez pas tête baissée. Vous avez sans doute

46
attendu longtemps que ce que vous allez à présent projeter
s’accomplisse de manière «naturelle ». Vous n’en êtes plus à une
ou deux semaines près. Je vous conseille d’utiliser ce temps à
l’observation pure et simple (si, même en possession d’une
photo « idéale », ce dernier peut se révéler un atout conséquent,
en son absence il se révèle indispensable).
Le point focal de toute votre attention sera bien entendu le
(la) destinataire de votre travail. Il va sans dire que votre « étude »
devra rester discrète, faute de quoi vous risqueriez de tout
compromettre. Elle se devra néanmoins d’être précise et pointue.
Il ne s’agit pas seulement de mémoriser les traits d’un visage ou
la forme d’un corps, mais de bien davantage que cela. La tessiture
de sa voix, ses tics de langage, la manière dont elle (il) parle, sa
façon d’occuper l’espace, la manière dont il (elle) bouge, le type
de gestes le plus récurrents, les mots avec lequel il (elle)
s’exprime, l’odeur de son parfum ou de son eau de toilette, etc.
Un amoureux, une amoureuse (si l’affectif est le domaine dans
lequel vous souhaitez agir) vous diront souvent qu’ils connaissent
ce genre de détails par cœur. Pourtant, si vous décidez de mener
une investigation plus poussée (ce qu’il m’est arrivé de faire)
vous réaliserez que ce n’est objectivement pas le cas. Ils
possèdent le plus souvent une idée globale de la personne, et
beaucoup d’indices comportementaux leur font en réalité défaut.

VIE AFFECTIVE
 ÉVEILLER L’InTÉRêT AMOUREUx D’UnE PERSOnnE

Encore une fois, inutile de vous lancer dans une


« mission impossible », en vous « attaquant » à une personne
éprouvant une réelle répulsion à votre égard (les sympathies et
antipathies sont parfois de l’ordre de l’inexplicable ; elles
demeurent pourtant souvent inébranlables) où en couple et très
éprise. Vous n’êtes sans doute pas responsable de vos obsessions,
mais il est inutile de les entretenir sans bénéfices d’aucune sorte.

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Vous devez également être certains de vos propres sentiments
car éveiller une pulsion affective forte chez quelqu’un dont vous
finissez par réaliser que votre intérêt pour lui (elle) était en fait
purement charnel serait tout simplement criminel. Enfin, mieux
vaut partir de la base, le socle sur lequel s’établira une relation
durable, que vouloir monter d’office au sommet. Pour
schématiser, projeter d’office un mariage ou la naissance d’un
enfant sur quelqu’un qui n’envisage pas encore de s’investir dans
une relation avec vous, peut avoir l’effet strictement inverse de
celui que vous espérez. Autrement dit faire office de douche
froide et étouffer dans l’œuf toute chance de vivre en couple avec
cette personne. Il vous suffit pour vous en convaincre d’imaginer
quelle pourrait être la réaction d’une personne que vous
fréquentez depuis deux jours si vous lui faisiez une telle
proposition. Il est prévisible qu’elle s’enfuie à toutes jambes.

Travail préparatoire - De l’image clé au mot clé

En premier lieu, il faut que vous preniez conscience que


toute dispersion, égarement dans des problèmes annexes en cours
de charge atténuera fortement la puissance de celle-ci. C’est donc
avant et non pendant qu’il est nécessaire de poser (de vous poser)
les bonnes questions, afin de pouvoir aller directement à
l’essentiel. L’amour de x est le contenant ; ce qui compte pour que
celui-ci devienne opérationnel, c’est la représentation de son
contenu. Qu’allez-vous mettre à l’intérieur et comment le
synthétiser ? Comment exprimer ce concentré d’amour sans qu’il
s’oppose aux intérêts fondamentaux de l’autre ?
Précisons que vous ne devez pas pour autant vous
demander ce qui rendra possible l’émergence d’un lien entre
vous, mais bel et bien vous focaliser sur ce lien naissant lui-
même et ce qui le représente le mieux à vos yeux. Si tel n’était
pas le cas, vous risqueriez de vous perdre dans les méandres d’un
scénario extrêmement élaboré, jusque dans les moindres détails,
décrivant chaque étape avec précision… mais n’ayant

48
pratiquement aucune chance de se réaliser un jour, peut-être
justement parce qu’il ne laisse aucune place à la chance et à la
spontanéité.
Votre idylle vient de commencer. Qu’est-ce qui
l’indique ? Quelle scène le caractériserait le mieux à votre avis ?
Attention : il ne doit pas s’agir d’un moment « hot » car cela
pourrait fausser le sens de votre demande. Vous devez vous
placer du point de vue antagoniste, à la manière d’un écrivain qui
devrait composer un personnage d’un sexe opposé au sien. Quels
seraient ses gestes ? Quels mots – éventuellement, car votre
projection ne sera pas nécessairement sonorisée – prononcerait-
il (elle) ? Vous pouvez également, si vous le préférez imaginer la
scène d’avant, qui marque nettement une complicité forte
s’apprêtant à basculer vers autre chose. Votre séquence doit être
brève et parlante, quitte à la tourner en boucle pendant la durée
de votre charge. Lorsque vous saurez, avec certitude, que votre
projection mentale est au point, vous pourrez passer à l’action.

Le rituel

Vous êtes à présent devant votre table/autel. Disposez à


sa surface une nappe de couleur vert pâle. Le choix de cette
tonalité pourrait à priori surprendre. Mais le blanc, en la
circonstance, n’a plus rien d’une teinte neutre puisque, sur le
plan symbolique, il symboliserait ici le mariage, ce qui serait
aller comme nous l’avons vu un peu rapidement en besogne. Le
rouge ou la couleur chair seraient en revanche trop ancrés dans
une dimension sexuelle. Le violet, quant à lui, est davantage de
l’ordre du spirituel et risquerait d’orienter vers un amour chaste,
à mille lieues de toute matière. Le vert, à l’image de la nature, est
ici signe de croissance, de quelque chose qui nait et grandit.
Placez en carré, aux quatre coins de la table, quatre bougies
couleur chair, de manière à rappeler que cet amour possède aussi
une dimension concrète, ancrée dans la chair et dans la matière,
qu’il ne s’agit pas d’une simple complicité, voire d’une amitié.

49
Au centre de votre dispositif, placez l’objet que vous allez
charger. À son pied, une photo de la personne concernée ou à
défaut, son nom entier sur deux lignes. Allumez vos bougies et
éteignez toute source de lumière électrique. Si vous craignez de
vous cogner aux meubles (certain(e)s ont ce type de phobies) ne
gardez qu’une lampe de chevet, éloignée toutefois de votre
ensemble.
Placez la paume de votre main droite juste au-dessus de
l’objet, jusqu’à ce que vous ressentiez un léger picotement ou
une chaleur. Alors, lentement, élevez-là jusqu’à ce qu’elle se soit
éloignée de quelques centimètres. Si la sensation qui a précédé
paraît avoir disparu, recommencez l’opération, jusqu’à ce que
vous vous trouviez à la juste distance. Fixez soigneusement
l’image à la base de l’objet le temps qu’il vous semblera
nécessaire pour la mémoriser parfaitement. Si vous avez respecté
la phase d’observation que j’ai cru bon de préconiser, les
« clichés mentaux » enregistrés au cours de cette période ne
devraient pas tarder à y faire écho.
C’est ici que le travail précédemment accompli prend
tout son sens, toute sa pertinence, car vous devrez être à la fois
présent sur le plan tactile (toucher non physique) et visuel, ce
qu’un apprentissage moins évolutif n’eût pas permis.
Il est nécessaire, pendant toute la durée de votre travail,
de demeurer en contact avec le bout de vos doigts, autrement dit
de ne pas rompre la connexion qui vous relie à l’objet. Elle seule
vous permettra de transmettre vers celui-ci.
Parallèlement, fermez les yeux et, sur votre écran mental,
projetez la scène dont vous avez précédemment réalisé le
« découpage ». Comme je l’ai indiqué, vous ne devez pas hésiter
à la repasser en boucle, jusqu’à en être totalement imprégné. À
chaque « vision », elle prendra davantage corps, deviendra
davantage réalité. Un peu comme, au bout d’un moment, plus ou
moins long selon le spectateur, nous finissons, au cours d’un
film, par faire abstraction du cadre dans lequel nous le regardons
et plongeons à l’intérieur de l’histoire.

50
Rappelons-le – c’est un point capital – que ce n’est pas
votre désir de couple à vous que vous projetez, mais que vous
insérez le désir de ce couple dans l’esprit de l’autre. Si, dans
certains cas, prendre conscience de votre envie peut amener
autrui à se manifester, il sera plus efficace dans la plupart de faire
ressentir cette pulsion à la personne que vous souhaitez
influencer.
L’image est à présent bien nette dans votre esprit. Si ce
n’est pas le cas, rouvrez les yeux et prenez une courte pause
avant de renouveler l’opération et de la susciter à nouveau sur
votre écran mental.
Vous allez à présent déplacer cette image, en
l’accompagnant ou non d’un mouvement du corps (celui-ci est
dispensable, mais peut vous aider à visualiser le déplacement si
vous y éprouvez quelque difficulté). Petit à petit, elle
« descendra » vers l’objet pour en fin de compte se fusionner
avec lui. Il est possible que vous ayez quelques difficultés à
maintenir en simultané le « déroulement de la bobine » de votre
film intérieur et le fait de bouger votre « écran ». Un truc peut
vous permettre d’avancer plus facilement dans cette direction : il
vous suffit d’appuyer sur la touche pause, comme vous le feriez
avec un magnétoscope ou un Dvd, le temps que vous changiez
votre « écran » de place. En d’autres termes, l’image demeurera
figée là où vous êtes arrêté. Le défilement pourra reprendre au
moment où vous serez au niveau de l’objet. Ce sera alors comme
si votre projection se déroulait à la surface de celui-ci. Pendant
celle-ci, votre main droite restera en surplomb.
Vous pratiquerez cet exercice durant une semaine entière
avant de l’offrir, lui ou son témoin, de manière visible ou
« invisible ». S’il s’agit d’un objet « relié », c’est à dire du double
d’un objet déjà possédé par la personne, vous le prolongerez
jusqu’à l’obtention d’un résultat.

51
Chapitre 4

PROGRAMMER UN OBJET POUR


QU’IL VOUS PORTE CHANCE
DANS UN DOMAINE CHOISI

C
e que je vous propose ici, c’est de créer vos propres
« porte-bonheur » personnalisés. Non pas, comme c’est
le cas de nombreux objets vendus dans le commerce
sous une telle dénomination, des sortes de placebo qui ont
parfois pour vertu de rebooster le moral par le pouvoir qu’on leur
suppose, ou au mieux de simples supports pour catalyser vos
désirs. Mais l’équivalent d’un pentacle ou d’un talisman
réellement efficient. Qu’il soit de nature noble ou triviale
importe peu. Au contraire même, dirais-je, d’une certaine
manière, plus il sera considéré comme trivial, mieux ce sera,
pour des raisons que j’expliquerai plus loin.
Ce qui compte en la matière, c’est qu’il soit de petit
format, facile à transporter et à manipuler, de façon à ce que
vous puissiez l’avoir à portée de main quasiment en
permanence. Par conséquent, quelque chose de léger. On ne
doit pas non plus le remarquer, comme quelque chose
d’incongru qui n’aurait pas sa place dans une poche de veste ou
de pantalon par exemple, la pertinence et l’efficacité des arts
magiques résidant en bonne part dans leur invisibilité. C’est
pourquoi le plus banal, le plus usuel, en un mot le plus trivial
sera le plus approprié. De plus, nombre d’objets sacrés (à
commencer par le simple crucifix, même discret) sont
davantage destinés à des fins spirituelles que matérielles, dans
un objectif d’élévation personnelle et de connexion au divin.
Le charger pour en faire un outil de réussite sociale ou

52
personnelle serait dans une certaine mesure un contresens.
Presque une hérésie.

L’objet sera donc susceptible d’être utilisé, ce qui ne


signifie pas nécessairement qu’il soit effectivement utilisé. En
fait, moins il l’est et plus il sera efficace. Surtout s’il s’agit d’un
objet requis pour une activité toute autre. Il est inutile par
exemple de songer à charger vos clés de voiture ou
d’appartement, qui trop souvent sollicitées pour des activités
étrangères à l’objet de votre travail, en perdraient tout pouvoir
talismanique. Il vous faudra donc, en premier lieu, faire
fonctionner conjointement votre imagination et votre bon sens
pour choisir l’objet le plus approprié à votre quête, répondant,
qui plus est, aux critères précédemment énoncés.

Le spectre des possibilités est néanmoins suffisamment


large pour que vous puissiez trouver rapidement celui qui
s’adaptera le mieux à votre demande. Chaque sollicitation
magique doit cependant être distincte, le même objet ne pouvant
être requis pour une autre fonction.

Ne cédez pas à la tentation de la superstition ; votre


« fétiche » possède une fonction précise et déterminée. Lorsqu’il
aura accompli sa « mission », le conserver sur vous sera devenu
inutile ; une nouvelle dynamique se sera créée dans votre
existence, et vous n’aurez plus qu’à nourrir naturellement son
élan. De même, ne paniquez pas si un jour vous l’oubliez. La
malchance ne s’abattra pas sur vous soudainement comme la
foudre et le sol ne s’entrouvrira pas sous vos pas. Il est inutile de
le porter sur vous pendant que vous dormez. Sa présence dans
votre appartement suffit à ce qu’il soit actif dans votre vie. Le
rôle dont vous allez l’investir est relativement simple – les multi-
demandes n’aboutissent souvent qu’à une plus grande confusion
– : redonner du tonus à un domaine défavorisé de votre
existence, dans lequel l’énergie de vie ne circule pas librement,
en toute fluidité.

53
VIE FINANCIÈRE ET PROFESSIONNELLE
Pour être rémunéré à la mesure de vos compétences

Confectionner un tel grigri présuppose, de votre part, une


lucidité sans complaisance, délestée de toute vanité. L’argent, dans
notre hexagone, demeure le tabou ultime. Il est interdit d’en parler
et toute personne vivant relativement aisément devrait
pratiquement s’en excuser. Aux États Unis (qui ne sont certes pas
à prendre en exemple absolu dans tous les domaines, loin s’en
faut), il est courant que la presse dise d’un acteur qu’il vaut « tant ».
Ce qui est sans doute excessif, la valeur humaine ne se mesurant
pas aux simples chiffres d’un compte en banque. Mais c’est une
question qu’il est bon de vous poser dans ce cas de figure. Combien
valez-vous au juste ? La réponse, seul votre miroir l’entendra, mais
c’est d’elle que va dépendre la suite des opérations.
Ne vous préoccupez pas que le chiffre soit « réaliste » au
vu de la conjoncture économique, ni de vous interroger sur qui
vous embaucherait à ce tarif là. Ce qui compte pour le moment,
c’est que vous soyez certain ni de vous sous-estimer, ni de vous
surestimer. Un peu comme si vous affirmiez « dans l’idéal, au vu
de mes compétences, je vaux cette somme-là ».
Entendons-nous, ne pas se préoccuper de l’aspect « réaliste » de
la chose ne signifie pas non plus jeter toute vraisemblance aux
oubliettes. Que vous visiez un salaire légèrement au-dessus de
ceux habituellement dispensés dans ce genre d’entreprises et que
vous l’obteniez demeure du domaine du possible. Mais si celui-
ci explose totalement les normes, vous vous condamneriez à un
échec certain.

Pourquoi créer un tel « fétiche » ?

Il concerne bien entendu les personnes à la recherche d’un


emploi, afin de donner des ailes à leur quête et aboutir à un travail
effectif. Il se peut que celui-ci soit semblable au poste occupé

54
précédemment ; il mettra toutefois alors mieux en valeur vos
compétences réelles et saura les utiliser dans ses moindres aspects
potentiels, ce qui impliquera alors un salaire plus conséquent. Mais
il convient également aux individus désirant opérer un changement
d’orientation, pour être mieux en phase avec des aptitudes qu’ils
estiment sous-estimées et insuffisamment sollicitées. Là encore,
une plus forte adéquation s’effectuera entre votre rémunération et
vos compétences enfin correctement drainées. Un troisième cas de
figure se présente : vous occupez actuellement un poste dans lequel
vous pensez être sous-employé, ou sous-payé. Changement de
poste, augmentation ou possibilité qui vous est offerte de changer
d’entreprise ? Il est difficile de le dire. Les chemins empruntés par
certaines formes d’énergie pour modifier le tissu du réel sont
parfois des plus tortueux. Quoi qu’il en soit, la pratique magique ne
doit en aucun cas devenir un substitut à l’action concrète. C’est un
tremplin, non une béquille. Il se peut toutefois que la façon dont se
déroulent les événements passe par une toute autre voie que celle
dans laquelle vous vous êtes engagé dans vos actes. En vérité, les
miracles ne s’accomplissent que lorsque nous sommes nous-
mêmes en mouvement.

Choisir un mot ou une phrase clé

Avant de passer la ritualisation proprement dite, vous


allez définir un mot ou une phrase clé, synthétisant la situation
que vous désirez voir prendre place dans votre vie. ne vous
focalisez pas sur les moyens dont celle-ci se réalisera, vous vous
perdriez dans nombre de détails inutiles qui, de plus, se
révéleront probablement faux. Le mot, la phrase doivent
conserver un caractère bref, direct pour posséder quelque impact.
Par exemple, « trouver un emploi dans lequel je puisse réaliser
pleinement mes compétences et m’épanouir » n’a pratiquement
aucune chance de vous mener sur les voies de la réalisation, car
elle diluerait votre attention. Vous ne seriez alors pas pleinement
réceptif aux autres éléments de la ritualisation.

55
Je vais maintenant vous expliquer comment faire. Vous
allez procéder à une utilisation symbolique des mots. « Crois-
sance » « Monter plus haut » « Gagner ma vie » par exemple
pourraient parfaitement être utilisés pour un maximum de
puissance. Pas assez proches de votre propre vocabulaire ? Adaptez
les à votre propre langage, sans en dénaturer le sens. « Gagner ma
vie » possède toutefois, à dessein, un double, voir triple sens. Il
s’agit de gagner de l’argent, certes, mais aussi de gagner « sa » vie
comme si vous vouliez rejoindre un pays où vous pouvez exister
en propre, dans toutes vos dimensions. Et, bien entendu, « gagner
sa vie », autrement dit devenir un gagnant dans l’existence, et pas
seulement au sens d’ascension sociale.

Action !

Sur une nappe de couleur vert pomme, disposez quatre


petites coupelles blanches ou quatre bougeoirs. Un à chaque
angle. Posez devant vous l’objet sur lequel vous avez finalement
jeté votre dévolu. Si vous possédez un encensoir et des charbons
ardents, jetez y une pincée de poudre d’orge ou de blé, dont la
symbolique forte peut constituer un atout dans ce cadre. Si tel
n’est pas le cas, n’importe quel encens classique peut y suppléer,
à condition que vous soyez sensible à son odeur. Ne laissez que
la lumière de vos bougies pour éclairer votre autel.
Adoptez une respiration lente et calme, en expirant
fortement, mais d’une manière différente bien sûr que celle que
vous auriez en étant énervé(e) ou impatient(e). Un peu comme si
chaque inspiration faisait entrer en vous force et confiance,
descendant jusque dans votre ventre, et chaque expiration
chassait de vous le doute, la peur, l’angoisse. Ce simple
changement du rythme du souffle s’avère parfois plus efficace
que bien des techniques de relaxation et (ou) de méditation.
Placez les bras le long de votre corps, puis descendez
lentement la tête, le plus bas qu’il vous est possible entre vos
deux membres. Si vous êtes peu sportif ou peu souple, rien ne
vous empêche de pratiquer le début de l’opération assis face à

56
votre table. Mieux vaut en ce cas le prévoir avant d’entrer dans
la pratique, afin de pas rompre le rythme en allant chercher une
chaise au dernier moment. Il devra alors s’agir d’une chaise au
dossier bien droit. Une chaise tournante par exemple, ne fera pas
l’affaire, comme nous allons le voir à travers ce qui suit.
Conservez le même type de respiration, adapté bien sûr à
votre nouvelle position. Vous garderez celle-ci pendant deux ou
trois minutes, puis vous vous redresserez avec la même lenteur,
en commençant par la tête, puis le tronc. Quand votre torse sera
de nouveau droit, tournez votre regard vers le haut. Comme
entrainé par lui, vos bras vont à leur tour s’élever vers le ciel, à
la verticale.
Avant de poursuivre, je tiens à signaler qu’il ne s’agit
définitivement pas d’un quelconque exercice de gymnastique. La
première position est, d’un côté, celle où vous vous trouvez
actuellement, évoquant le repli sur soi, le retrait, la limitation de
vos possibilités. Une situation que vous allez vous attacher à faire
évoluer. Vous ne devez toutefois pas vous arrêter à cet aspect
négatif, qui risquerait de vous bloquer. Car c’est également la
concentration, la condensation de vos forces pour rebondir. Votre
énergie se recentre avant de pouvoir se déployer. À l’inverse du
choix du mot clé, où nous sommes passés d’une extension à une
compression, vous passerez ici de la compression à l’expansion :
celle des univers qu’à votre mesure vous allez créer. Le contenant
(l’objet choisi ainsi que l’aspect physique de votre gestuelle) ne
sont pas grand-chose sans leur contenu. Ce n’est qu’en ayant
parfaitement conscience de leur portée et de leur rôle, et en vous
investissant dans cette dynamique-là, que vous parviendrez à
faire bouger les montagnes.
Une fois vos bras totalement tendus, fermez les yeux et,
toujours au ralenti (dilater ainsi le temps vous permet de penser
réellement vos mouvements, et de les accomplir en pleine
conscience). Effectuez un mouvement latéral de vos membres
supérieurs, jusqu’à ce qu’ils se retrouvent en position horizontale
de chaque côté du corps. C’est la position de l’arbre, dont ils sont
devenus les branches maîtresses. Imaginez que vous soyez

57
réellement devenu végétal. Visualisez-le. Vos pieds sont des
racines fermement ancrées dans le sol. Les deux branches
principales se couvrent de bourgeons, qui peu à peu deviennent
ramilles, s’ornent de feuilles. Il va de soi que vous pouvez faire
des raccourcis dans votre image mentale, passer directement de
la naissance des bourgeons à l’excroissance du feuillage. Votre
projection n’est pas tenue d’être obligatoirement « réaliste ».
Vous interrogeant sur tel ou tel détail, vous pourriez finir par
perdre le fil. N’hésitez pas à simplifier, à la limite du dessin
d’enfant. L’essentiel est ailleurs : que soit omniprésente en vous
cette idée (ou plutôt cette énergie, cette vibration, l’intellect ne
devant en aucun cas prendre le pas sur le sensitif) d’une
croissance, d’une extension, d’un développement, car c’est du
vôtre qu’il s’agit. Pour cela, concentrez-vous précisément sur
votre mot clé.
Accordez-vous une ou deux minutes, puis reprenez petit
à petit votre position initiale, mais cette fois après vous être
emparé de l’objet que vous serrerez dans votre main droite, sans
que vos doigts toutefois entrent totalement en contact avec votre
paume. Quand vous l’aurez en votre possession, ce sera le
moment d’adopter la respiration alternée que nous avons étudiée
plus haut. Cette fois, il s’agit d’un recentrage, et vous n’aurez
nullement besoin de vous remémorer l’aspect « négatif » lié à
cette position quasi fœtale. Reprenez cette fois la phase
d’expansion. Lorsque vous serez de nouveau dans la « position
de l’arbre, ouvrez la main qui contient l’objet (naturellement sans
le faire tomber). Observez ensuite le temps qui vous est
nécessaire pour « reprendre vos esprits » et rallumez la lumière.
Ce rite sera répété quatre jours durant. Quatre, comme le carré de
la matière dans lequel vous ancrez votre désir. Le cinquième,
l’objet sera prêt. Il ne vous restera qu’à le porter le plus souvent
possible sur vous. Si vous avez respecté les consignes
précédentes, nul ne remarquera même sa présence ou, si c’est le
cas on y accordera une importance très secondaire. C’est un rituel
relativement simple, plus long en fait à décrire dans toutes ses
implications qu’à mettre en œuvre, mais extrêmement puissant.

58
Pour faire revenir l’argent qui vous est dû

Ce n’est que lorsque nous venons à en manquer, ou que


nous avons quelques difficultés à boucler les fins de mois et
devons resserrer les cordons de la bourse, que lorsque nous
sommes confrontés à des frais inattendus, que nous prenons
vaguement conscience de l’argent éparpillé au cours de notre
existence. Il ne s’agit pas ici de thésauriser, et mes lecteurs et
lectrices auront sans doute compris que je ne parle guère de celui
que nous avons dépensé pour goûter quelques menus plaisirs de
l’existence. Et ce, même lorsque ceux-ci n’ont pas été à la
hauteur de ce que nous en attendions. Ces « fuites de capitaux »
sont parfaitement légitimes. Je suis suffisamment hédoniste pour
le comprendre. L’argent est fait pour circuler de manière fluide,
non pour demeurer enfermé au fond d’un coffre. Voltaire ne
disait-il pas que « l’argent est un très bon esclave mais un très
mauvais maître ».
Les hémorragies financières dont je parle sont de toute
autre nature. Il peut s’agir de primes que vous auriez dû toucher
et dont vous n’avez jamais vu la couleur. D’un héritage
insoupçonné. De personnes à qui vous avez plus ou moins
récemment « prêté » de l’argent et qui, soit tergiversent sans
cesse, soit traversent des passes difficiles, soit encore semblent
avoir disparu de la circulation. Des personnes en lesquelles vous
aviez pourtant confiance et que parfois, bien que les apparences
soient contre eux, vous honorez toujours de ce sentiment. Ou
encore de celles-là auxquelles, pour une raison ou une autre,
vous n’osez jamais rappeler leurs dettes. Mais également
d’indemnités, d’allocations auxquelles vous aviez droit sans le
savoir, les ressorts de l’administration étant quelquefois
tortueux.
Le cas d’une action juridique engagée depuis si
longtemps que vous l’aviez quasiment perdue de vue entre
également dans un tel cadre.
La « talismanisation » d’un objet, si j’ose un tel

59
néologisme, peut, dans une telle perspective, modifier le cours
des choses et vous permettre de mener une vie bien plus
confortable que celle que vous vivez en ce moment. Que vous
ayez oublié l’existence même de cet argent dormant n’entre pas
en ligne de compte, l’objet l’attirant vers vous comme un
véritable aimant.
Comme pour l’ensemble des programmations étudiées
dans ce chapitre, il devra être de petite taille, de façon à pouvoir
être glissé facilement, et sans éveiller questions ni soupçons,
dans une poche de veste, de chemise ou de pantalon, car vous
devrez veiller à l’avoir, du moins dans un premier temps,
constamment à votre portée. Là encore, il est inutile de vous
soucier de la manière dont l’argent parviendra jusqu’à vous.
Disons que l’objet ritualisé sera comme un petit émetteur très
puissant.
Il n’est pas indispensable qu’il ait un rapport, direct ou
indirect, avec la question monétaire, fût-ce de manière
totalement symbolique, car ce n’est précisément pas d’un tel
rapport analogique qu’il tirera sa puissance.
La « programmation » que nous allons étudier est
probablement la plus simple de celles examinées au cours de cet
ouvrage. Cela peut s’expliquer de manière très simple : là où les
travaux précédents visaient à insérer une information dans une
mémoire existence, celui-ci a pour objectif de « remettre les
choses en ordre », à rétablir la fréquence de ce qui doit être, dans
le cours naturel des choses. Il ne s’agit en aucun cas de forcer,
fût-ce légèrement, les portes de votre destin, mais de le ré-
harmoniser, de rétablir le courant pourrait-on dire.
Une telle programmation ne nécessitera de votre part peu
de temps, peu d’énergie, mais requiert en revanche des éléments
tel que feuille à dessin, un porte-plumes, un flacon d’encre dorée,
une petite épingle, des feutres ou crayons de papier, un Tarot de
Marseille et un pendule. Ces deux derniers instruments, que l’on
soit pratiquant assidu ou non des disciplines auxquels ils se
rattachent principalement dans l’esprit du grand public (la
voyance pour l’un, la radiesthésie pour l’autre), devraient à mon

60
sens faire partie de la « trousse d’urgence » de tout apprenti mage,
et même de tout individu intéressé par les sciences dites
paranormales ou occultes. Pendule et Tarot de Marseille sont un
peu les couteaux suisses multi-usages de l’ésotérisme. Pour en
donner une petite idée, si le Lenormand reste un excellent
instrument de voyance pour qui sait s’en servir, je défie
quiconque de l’utiliser pour la méditation, l’auto-psychanalyse ou
la projection volitive. Et ce ne sont là que quelques unes de ses
possibilités. Quant à celles du pendule, elles sont à peine
moindres. Il m’arrive même de l’utiliser pour me recentrer et
retrouver mon calme intérieur, d’une manière que j’indiquerai
peut-être dans un ouvrage ultérieur, car je risquerais de
m’éloigner trop de mon sujet. Votre « autel » cette fois-ci sera nu,
autrement dit votre table ne sera pas recouverte d’une nappe de
couleur, afin d’éviter une surcharge. Ne fixez pas pour autant vos
bougies directement sur lui.

Préparation des bougies

Encore une fois vos bougies, dorées, seront au nombre de


quatre. Nous l’avons dit ce chiffre représente le carré de la
matière. Et toute action magique ne vise-t-elle pas à ce qu’un
désir se matérialise ? Il est une autre raison à cela, plus pratique
et plus triviale : un nombre trop conséquent de chandelles sur un
espace relativement étroit peut gêner quelque peu les
déplacements, surtout pour quelqu’un encore peu accoutumé à
ce nouvel environnement.
Vous devrez cette fois-ci les préparer. Vers le milieu de
chacune, vous graverez, à l’aide d’une petite épingle (avec un
canif, vous risqueriez de casse la cire) tracez grossièrement, mais
en vous appliquant – je veux dire par là que si vos gestes doivent
être précis, en revanche peu importe que votre sigle ne soit pas
parfait – le signe de l’euro. Vous n’allez pas installer pour une fois
directement votre espace rituel. Vous avez auparavant un travail de
dessinateur à accomplir, et sans doute aurez-vous besoin pour cela

61
de toute la lumière de la pièce. D’autant plus si cela ne fait à priori
pas partie de vos talents avérés.
Peu importe en fait que vous soyez un Rembrandt ou un
Picasso méconnu ou que votre trait n’ait pas évolué depuis la
Maternelle. Ici encore, ce qui doit guider vos pas, c’est la
puissance et la sincérité de l’intention.
Coupez en quatre une feuille de papier Canson blanc de
format A4, soit en vous servant de ciseaux si vous parvenez à
couper droit, soit en requérant l’usage d’un double décimètre et
d’un cutter. Vous n’utiliserez qu’un seul de ces morceaux.
Avec un crayon un papier, vous allez dessinez une petite
maison, comme vous en dessiniez sans doute dans votre enfance.
Mais sans cheminée. En gros, un rectangle ou un carré surmonté
d’un triangle, dans laquelle vous tracerez trois petits rectangles
représentant respectivement la porte, et les fenêtres. Repassez
sur les bords de votre dessin avec un feutre rose pâle, proche de
la couleur chair. Cette demeure doit occuper le centre de votre
espace, mais pas la totalité du quart de feuille.
Prenez à présent votre porte-plume muni d’une plume et
trempez la dans votre encre dorée. Au besoin servez-vous d’un
buvard pour éponger l’encre excédante. Ces objets nécessiteront
peut-être de votre part quelques efforts de recherche, mais l’on
peut trouver à peu près tout sur Internet. De votre plus belle
écriture, dessinez de nouveau le symbole de l’euro au niveau du
toit de la maison à l’encre dorée. Toujours en vous servant de la
plume (parce qu’il est important que le tracé monopolise votre
esprit et votre vigilance, que vous soyez pleinement à l’intérieur
de votre geste) inscrivez votre prénom entre les deux fenêtres.
Votre dessin doit être « parfait » non du point de vue esthétique
(que vous dessiniez « comme un pied » n’est en aucun cas un
problème) mais au niveau opérationnel. Le but d’une telle
esquisse est de créer le cadre favorable pour que l’argent pénètre
dans votre maison. À cet effet, vous allez tracer, de manière
toujours très stylisée, en utilisant si besoin de nouveau le double
décimètre quatre flèches dorées venant des quatre points
cardinaux (est, ouest, sud, nord) et pointant vers la maison.

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Attendez quelques instants que vos encres sèchent – il est
impensable qu’elles bavent –. Au besoin, occupez-vous ailleurs
avant de reprendre la seconde phase. Quand ce sera le cas, au
niveau du toit de votre « maison » qui représente tout à la fois
votre existence matérielle, le lieu dans lequel vous vous trouvez
et votre personne physique, par conséquent sur le symbole de
l’euro, disposez votre objet.
Au-dessus de votre dessin, placez l’As de Deniers. En
dessous, l’As de Coupe. À droite de votre feuille de papier le Roi
d’Épées. Sur la gauche du dessin le Bateleur. À contrario de la
plupart des jeux de cartes divinatoires, les cartes du Tarot de
Marseille sont intrinsèquement agissantes, de par leur structure,
leurs couleurs et nombre d’éléments symboliques ancrés dans
l’inconscient collectif.
L’As de Deniers est non seulement la carte du domaine
financier mais, sur un plan spirituel, assure votre rayonnement
personnel. L’As de Coupe est la carte de réception, d’ouverture
aux énergies positives par excellence. Jointe aux autres, elle
transférera cette caractéristique sur un plan plus matériel, à la
manière de certains mandalas. Le Bateleur est la carte des
manipulateurs, des personnes habiles à tergiverser, mais à
d’autres niveaux, c’est également l’arcane de la Magie, du
Commerce et de la Création Artistique. Plusieurs de ces plans
vont être mis en branle pour déjouer les manœuvres par la
présence du Roi d’Épées, à l’action moins violente et plus subtile
que l’As d’Épées. Voilà en gros les personnages de la pièce que
vous allez jouer.
Vous pouvez à présent installer vos bougies et éteindre
toute source de lumière électrique. Fixez quelques instants la
base des flammes, comme si vous souhaitiez être absorbé par
elles. Puis observez l’ensemble de votre dispositif, sa forme,
l’espace qu’il occupe. Enfin, emparez-vous de votre pendule et
faites le tourner rapidement (de manière volontaire) vers la
droite en surplomb de votre objet, afin de le charger du pouvoir
de cette connexion mystérieuse entre les éléments de votre
ensemble.

63
Enfin, vous allez, avec votre pendule, dessiner un large
cercle englobant la totalité de votre autel et des objets qui s’y
trouvent.

Il ne vous reste plus qu’à remettre en place votre décor


quotidien, et à tout soigneusement ranger, à l’exception de
l’objet que vous conserverez toujours à proximité de vous, voire
sur vous. Vous ne tarderez pas à obtenir des résultats. Chaque
fois que vous y pensez et que les circonstances le permettent,
vous pourrez vous connecter, soit mentalement soit par un
contact physique même bref, avec votre objet chargé, ce qui
accroitra encore sa puissance d’émission et de rayonnement.

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