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Systemes de Telecommunications Partie I
Systemes de Telecommunications Partie I
Systèmes de Télécommunications
Partie I : Introduction et circuits "télécom"
Arnaud Bournel
2002-2003 1
DESS Réseaux et Télécom Systèmes de Télécommunications Université Paris XI
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DESS Réseaux et Télécom Systèmes de Télécommunications Université Paris XI
1. Généralités
Le rôle des télécommunications est de transmettre des informations entre différents utilisateurs et
de leur permettre de dialoguer. Ces informations peuvent provenir de sources ou capteurs de natures
physiques variables, sous forme analogique ou numérique (voix, caméra vidéo, fichier électronique)
et être transmises par le biais de supports de transmission divers, "bruités", et aux capacités limitées
(air, lignes "métalliques", fibre optique) vers différents blocs de réception (haut-parleur, écran
d'ordinateur ou de portable). Il faut alors adapter le signal initial au canal envisagé, afin de
transmettre l'information le plus fidèlement possible tout en optimisant l'utilisation du canal.
Pour un type de transmission donné, on doit alors définir un système global de
télécommunications, intégrant et orchestrant le fonctionnement d'ensembles et sous-ensembles a
priori hétérogènes, conçus par des personnes aux compétences diversifiées : composants et circuits
d'émission et de réception (le "front end" : amplification, filtrage mélange, synthèse de fréquence),
circuits spécifiques pour les traitements numériques et leur mise en œuvre (DSP, Digital Signal
Processor, FPGA, Field Programmable Gate Array, et ASIC, Application Specific Integrated
Circuit, pour le codage canal, le multiplexage, l'organisation en "trames" de l'information à
transmettre), commutateurs et protocoles associés permettant à l'information de circuler en réseau,
tout en gérant des problèmes comme ceux liés aux divers changements possibles de "nature" du
signal au cours de sa propagation (conversion analogique/numérique, électrique/optique), au bruit
inhérent à la transmission ou encore à la compatibilité électromagnétique.
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bruit
information traduction mathématique destinataire
x(t)
Figure I.1 : Synoptique d'une chaîne de transmission, avec représentation "poétique" du bruit.
Le signal est la grandeur physique variable porteuse d'information. Si l'information portée peut
être de type analogique ou numérique, la nature physique du signal est toujours analogique.
Le canal de transmission est au cœur de cette chaîne. On doit absolument tenir compte de ses
capacités et limitations pour dimensionner le reste de la chaîne. On distingue :
! les liaisons câblées : 2 fils parallèles ou torsadés, câbles coaxiaux, guides d'ondes, fibres
optiques,
Sauf dans quelques cas particuliers, on ne peut pas en général transmettre directement les
signaux sur ces supports à grande distance, c'est-à-dire les transmettre dans leur "bande de base" en
fréquence (300 Hz - 3,4 kHz pour la téléphonie, 30 Hz - 15 kHz pour l'audio hifi, 0 - 6 MHz pour la
vidéo…). Ainsi, si l'on pense aux transmissions en espace libre ou "hertziennes", on se heurte
rapidement au problème des dimensions des antennes utilisées à l'émission et à la réception. Les
dimensions des antennes doivent être en effet au moins de l'ordre de grandeur de la longueur d'onde
λ associée à l'onde électromagnétique émise. Pour une fréquence de f = 1 kHz par exemple, λ est
égal à c/f = 3.108/103 = 300 km, où c est la vitesse de la lumière dans le vide... On comprend ainsi
rapidement qu'il faut translater vers de plus hautes fréquences le signal à transmettre. Cette notion
de translation en fréquence est également rendue nécessaire par le fait qu'on doit bien souvent
partager la bande passante en fréquences disponible sur un canal de transmission entre plusieurs
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utilisateurs. On parle alors de multiplexage fréquentiel (FDMA pour Frequency Division Multiple
Access).
Pour réaliser cette translation vers les hautes fréquences du signal à transmettre, il faut mettre en
œuvre les techniques de modulation. Le signal à transmettre est alors utilisé pour "moduler" une
porteuse de forme déterminée et de fréquence plus adaptée au canal que celles apparaissant dans la
bande de base du signal modulant. Comme illustré sur la Figure I.2, le signal modulant influe soit
sur l'amplitude de la porteuse (AM, Amplitude Modulation), soit sur sa fréquence ou sa phase (FM
ou PM, Frequency Modulation ou Phase Modulation, l'une et l'autre étant liée par une relation
intégrale). On peut également combiner modulations d'amplitude et de phase.
Figure I.2 : Allure temporelle de signaux obtenus pas différentes techniques de modulation.
Les canaux réels utilisés en télécommunication déforment les signaux transmis (distorsion),
introduisent des perturbations indésirables (bruit aléatoire qui se rajoute au signal à transmettre,
diaphonie, c'est-à-dire perturbation d'un canal de transmission par un autre voisin), et enfin peuvent
être chers. Il faut donc les utiliser de la manière la plus économique possible.
3. Critères de qualité
Dans une chaîne de communication, il faut assurer la transmission d'informations les moins
perturbées au possible avec un débit maximal et une occupation spectrale minimale, en tenant
compte de la bande passante permise sur le canal utilisé, du niveau de puissance permis pour
l'émission/réception, ainsi que du niveau de bruit inhérent au système. Pour réaliser cet objectif, il
faut mettre en œuvre des matériels de plus en plus complexes. Les évolutions considérables de la
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microélectronique ont cependant permis d'abaisser fortement le coût de ces systèmes complexes,
d'où leur utilisation dans des applications de plus en plus "grand public".
Les évolutions importantes ont été d'une part la transition des modulations analogiques simples
(AM, puis FM/PM) vers les modulations "numériques", ou plutôt analogiques discrètes et d'autre
part du multiplexage FDMA vers des techniques de multiplexage temporel TDMA (Time Division
Multiple Access) et de multiplexage par code CDMA (Code Division Multiple Access) plus
complexes mais plus souples par exemple vis-à-vis de la gestion d'un débit variable (difficultés pour
allouer dynamiquement les fréquences).
Cette évolution vers les systèmes numériques peut principalement s'expliquer par la possibilité
de régénération des informations transmises. Même en présence de perturbations importantes, la
qualité de la transmission, exprimée par une probabilité d'erreur, peut rester bonne (cf. Figure I.3).
Cette probabilité d'erreur sur les informations binaires transmises est souvent désignée par le sigle
BER (Bit Error Rate).
Information analogique Information numérique
0 1 1 0
a a
T/2
T T
modulation
canal
démodulation
canal
court
0 1 1 0 échantillonnage
information correctement et
récupérée seuil
canal
long
information perdue
0 1 0 0
erreur
régénération
Figure I.3 : Intérêt de l'utilisation du numérique pour la transmission sur un canal long
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Néanmoins, les systèmes numériques nécessitent une largeur de bande secondaire bien plus
importante que les systèmes purement analogiques. Ainsi en téléphonie on passe d'une voie
analogique de largeur de l'ordre de 4 kHz à un débit de 64 kbit/s pour un signal échantillonné à
8 kHz et codé sur 8 bits. Les systèmes numériques se contentent donc d'un canal de transmission
médiocre (affaiblissement élevé, bruit, diaphonie), à condition qu'il offre la largeur de bande
nécessaire.
Enfin, parmi les critères de qualité caractérisant les systèmes, il y a bien sûr les contraintes de
consommation d'énergie, de maîtrise de l'échauffement thermique des composants, et bien sûr de
taille des dispositifs à utiliser...
1. Généralités
La représentation symbolique d’un modulateur qui sera adoptée par la suite est représentée sur la
Figure II.1 suivante :
Entrée BF Sortie
x(t) s(t)
a. Porteuse p(t)
Le signal porteur p(t) peut être un signal sinusoïdal, ou éventuellement une suite d’impulsions
(voir le cas particulier de l’échantillonnage).
Nous nous restreindrons par la suite au cas d'une porteuse sinusoïdale :
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X(f)
f
-FM -Fm Fm FM
x(t)
Afin de simplifier les écritures, on posera souvent par la suite x ( t ) = x ( t ) max . = a.e( t )
x ( t ) max
avec a la valeur maximale x(t)max de x(t) (en V) et e(t) (sans dimension) tel que e(t)max = 1.
! soit sur la fréquence instantanée fi(t) de s(t), on parle alors de modulation de fréquence FM. La
fréquence fi(t) est définie par rapport à Φ(t) par la relation :
1 dΦ ( t ) 1 dφ( t )
f i (t ) = = f0 + (II.3)
2π dt 2π dt
! soit enfin sur plusieurs de ces paramètres à la fois.
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2. Modulation d'amplitude AM
(1) Principe
L'idée la plus simple pour réaliser une modulation AM consiste à utiliser un multiplieur de
tensions comme illustré sur la Figure II.3 :
p(t) = A0 cos(ω0t)
Figure II.3 : Schéma de principe de la modulation d'amplitude "à porteuse supprimée".
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Signaux (u.a.)
0 π 2π 3π 4π 0 π 2π 3π 4π
ω m t (rd) ω m t (rd)
Signaux (u.a.)
0 π 2π 3π 0 π 2π 3π
ω m t (rd) ω m t (rd)
Signaux (u.a.)
0 π 2π 3π 0 π 2π 3π
ω m t (rd) ω m t (rd)
Figure II.4 : Evolution temporelle d'un signal modulé s(t) dans les cas des modulations AM, PM et FM (lignes
continues). Le signal modulant x(t) (tirets) a pour fréquence fm = ωm/2π, sa forme est de type créneau ou sinusoïdale.
Les amplitudes des signaux sont tracées en unité arbitraire (u. a.).
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x(t) x(t)
Signaux (u.a.)
Signaux (u.a.)
-x(t)
-x(t)
0 π 2π 3π 0 π 2π 3π
ω m t (rd) ω m t (rd)
Figure II.5 : Evolution temporelle d'un signal s(t) (lignes continues) obtenu par multiplication d'une porteuse
sinusoïdale p(t) et d'une modulante x(t) (tirets) en sinus (a) ou de forme "quelconque" (b), et de fréquence
fm = ωm/2π très faible devant celle de p(t).
k A 0 (X(f − f 0 ) + X(f + f 0 ) )
1
S(f ) = (II.6)
2
le spectre du signal modulé reproduit donc celui du signal modulant mais décalé de +f0 pour f > 0 et
de -f0 pour f < 0. La Figure II.6 représente les allures des spectres de e(t) et s(t).
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E(f)
f
-FM 0 +FM
* P(f) S(f)
f
-FM-f0 -f0 +FM-f0 0 -FM+f0 f0 +FM+f0
Figure II.6 : Spectres des signaux modulant et modulé, ce dernier ayant été obtenu par simple multiplication avec la
porteuse sinusoïdale de fréquence f0.
Pour f > 0, la bande de fréquence du spectre de s(t) située au-delà de f0 est souvent désignée
comme la bande latérale supérieure, ou BLS, et la bande de fréquence située en dessous de f0
comme la bande latérale inférieure, ou BLI. L'encombrement en fréquence correspondant à ces
deux bandes est égal à 2FM où FM est la fréquence maximale apparaissant dans le spectre du signal
modulant.
Ce type de modulation d'amplitude est une modulation "à porteuse supprimée" (AM-P) puisque
la raie correspondant à la porteuse sinusoïdale n'apparaît pas dans le spectre du signal modulé. Il est
à noter que cette modulation est rarement utilisée en tant que tel aujourd'hui, mais elle sert de base à
d'autres types de modulation, modulation quadratique ou à bande latérale unique, que nous verrons
plus loin.
(1) Principe
On peut également transmettre la raie correspondant à la porteuse en modulation d'amplitude. On
parle alors de modulation d'amplitude "à porteuse conservée" (ou AM sans plus de précisions). Pour
cela, il suffit d'appliquer le signal de sortie du multiplieur de la Figure II.3 à l'une des deux entrées
d'un additionneur. On place sur l'autre entrée de l'additionneur la porteuse p(t), conformément au
schéma de principe de la Figure II.7. Ce type de modulation permet dans certains cas l'utilisation
d'une méthode de démodulation très simple, la détection d'enveloppe, méthode inapplicable dans le
cas de la modulation AM-P.
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+
x(t) s(t) = A0 (1 + k x(t)) cos(ω0t)
k
+
p(t) = A0 cos(ω0t)
Figure II.7 : Schéma de principe de la modulation d'amplitude "à porteuse conservée".
a) m < 1 b) m = 1
1 + m e(t)
Signaux (u.a.)
Signaux (u.a.)
-(1 + m e(t))
0 π 2π 3π 0 π 2π 3π
ω m t (rd) ω m t (rd)
c) m > 1
Signaux (u.a.)
0 π 2π 3π
ω m t (rd)
Figure II.8 : Allure temporelle obtenue après modulation "à porteuse conservée" d'une porteuse sinusoïdale par
une modulante sinusoïdale, pour 3 valeurs possibles du taux de modulation m.
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Si e(t) est symétrique l’amplitude du signal modulé varie entre A0 (1 + m) et A0 (1 – m) tant que
m est inférieur à 1. Le signal modulé est compris entre les enveloppes (1 + m e(t)) et -(1 + m e(t)).
Pour m = 1, ces commentaires sont toujours valables, on a de plus un passage par 0 des
enveloppes pour e(t) = -1.
Enfin, quand m > 1 on dit qu’il y a surmodulation. L’enveloppe pour s(t) > 0 n'est alors plus
forcément (1 + m e(t)), mais parfois -(1 + m e(t)) sur certains intervalles temporels. Dans ce dernier
cas, il semble tout à fait délicat de détecter l'enveloppe du signal modulé.
(3) Aspect spectral
Pour x(t) signal modulant quelconque (possédant une transformée de Fourier), la transformée de
Fourier S(f) de s(t) s'écrit :
E(f)
f
-FM 0 +FM
f
-FM-f0 -f0 +FM-f0 0 -FM+f0 f0 +FM+f0
Figure II.9 : Spectre d'un signal modulé dans le cas d'une modulation AM "à porteuse conservée".
(4) Puissance
Ce type de modulation est évidemment mois intéressante du point de vue de la puissance
transportée que l'AM-P, puisqu'une partie du signal transmis concerne la raie porteuse qui ne
contient pas l'information. On doit alors quantifier le "rendement" entre la puissance "intéressante"
transportée et la puissance totale nécessaire à sa transmission.
Plus précisément, si Pe est la puissance (sans dimension) du signal e(t), la puissance Ps du signal
modulé, déduite du spectre unilatéral, vaut :
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Ps =
A02
2
(
1 + m 2 Pe ) (II.9)
m 2 Pe
η= (II.10)
1 + m 2 Pe
Ce rendement η varie entre 20 et 30% dans les applications pratiques (la porteuse correspondant
environ aux 2/3 de la puissance pour m < 1). La modulation AM à porteuse conservée est utilisée en
radiodiffusion et comme base à certaines modulations à bande latérale atténuée.
s1(t)
a1 e1(t) X
p(t) = A0 cos(2πf0t) +
s(t)
−π/2 +
s2(t)
a2 e2(t) X
Figure II.10 : Génération d'une modulation d'amplitude en quadrature, le bloc -π/2 représente un déphaseur à -π/2.
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Sa(f)
e1 e2
f
0 f0
Figure II.11 : Spectre unilatéral pour une MAQ.
Les deux bandes latérales BLI (inférieure) et BLS (supérieure) d’une modulation AM-P portant
la même information, il est possible de n’en transmettre qu’une en filtrant (à l’aide d’un filtre
passe-bande) la BLI ou la BLS (cf. Figure II.12 et Figure II.13). L'encombrement spectral du signal
modulé est alors égal à celui du signal modulant x(t), et non plus au double de l'encombrement de
x(t). On a alors une modulation en bande latérale unique (BLU, en anglais SSB pour Single Side
Band). Il n’y a pas de raie à la fréquence porteuse. On peut également produire la modulation BLU
à l'aide d'un montage du même type que celui de la Figure II.10 utilisant de plus des filtres dits "de
Hilbert", mais que nous ne détaillerons pas par la suite.
BP = FM
s(t)
x(t) s(t)
k
Centré en f0 + FM/2
p(t)
Figure II.12 : Schéma pour l'obtention par filtrage d'une AM-P avec BLU (en l'occurrence BLS). Le filtre
passe-bande indiqué a pour fréquence centrale fc = f0 + FM/2 et pour bande passante BP = FM.
Sa(f)
Passe-bande
BP ≥ FM
f
f0 - FM fc f0 + FM
BLI BLS
Figure II.13 : Obtention par filtrage d'une AM-P avec BLU (en l'occurrence BLS), spectre unilatéral. Le filtre
passe-bande indiqué a pour fréquence centrale fc = f0 + FM/2 et pour bande passante BP = FM.
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Toute l’information est encore disponible, mais l’encombrement en fréquences est divisé par
deux, il est désormais limité à FM. On peut transmettre deux fois plus d’informations sur un même
canal. Cette méthode est à la base du multiplexage fréquentiel dans les systèmes "à courants
porteurs" : plusieurs émissions en BLU inférieures réparties en fréquences peuvent être transmises
en même temps sur le même canal (cf. Figure II.14).
Spectre unilatéral
0
f
Figure II.14 : Multiplexage fréquentiel à BLU inférieures.
La modulation à bande latérale atténuée (ou réduite, BLA ou BLR, en anglais VSB pour
Vestigial Side Band) est une variante de la modulation BLU. Elle est utilisée dans le cas de signaux
modulants x(t) comportant une composante continue, par exemple des signaux vidéo. Dans ce cas,
on ne peut utiliser un filtrage passe-bande pour réaliser une BLU puisque l'on perd de l'information
au niveau des composantes spectrales de x(t) voisines de f = 0.
Dans le cas de la modulation BLA, l'une des deux bandes latérales est transmise presque
complètement, et l'on transmet un résidu de l'autre bande latérale. Cette opération est effectuée par
filtrage passe-bande, avec une forme de fonction de transfert un peu particulière (souvent filtrage de
"Nyquist", analogue à celui employé en communications numériques pour réduire l'interférence
intersymbole).
Spectres
f
0 f0
Modulante en Signal modulé en
bande de base AM
Filtrage pour
Spectres obtention BLA
f
0 f0
Signal démodulé Signal modulé en
BLA
Figure II.15 : Modulation et démodulation à bande latérale atténuée, aspect spectral (spectres bilatéraux, mais la
partie modulée présente autour de -f0 n'est pas représentée pour simplifier la figure).
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b. Démodulation
i) Détection d'enveloppe
(1) Principe
En modulation d’amplitude, l’information se trouvant dans l’enveloppe, une première méthode
consiste donc à réaliser un détecteur d’enveloppe. Comme pour la modulation, on met en œuvre un
système non linéaire. Il existe plusieurs possibilités pour réaliser cette fonction, comme prendre le
module ou encore la racine carrée, mais la réalisation pratique la moins onéreuse et la plus courante
est le détecteur à diode, dont le schéma est donné sur la Figure II.16.
s(t) R C u(t)
On ne s’intéresse ici qu’au montage typique de base et on admettra que la diode est idéale en
première approximation.
1
Dans ces conditions, si le signal n’est pas modulé (porteuse seule) et si RC >> (la
2πf 0
décharge de C à travers R doit être très lente vis-à-vis des variations de p(t)), on obtient u(t) = A0,
amplitude de la porteuse, à une petite ondulation près et ce après une période transitoire d’au plus
un quart de période quand la diode est idéale et de quelques périodes dans les cas réels (réponse à
l’échelon car en fait on a s(t) = h(t) A0 cos2πf0t, où h(t) est ici la fonction d'Heaviside, valant 0 pour
t négatif et 1 sinon). Quand RC tend vers l’infini, on réalise ainsi un détecteur de crête.
1
Pour le signal modulé, si de plus on a grossièrement RC << (charge de la capacité C
2πFM
instantanée vis-à-vis du signal modulant), où FM est la pulsation maximale de e(t), u(t) suit
l’évolution de l’enveloppe de s(t) pour s(t) > 0 comme illustrée sur la Figure II.17, c’est-à-dire e(t) à
une constante additionnelle A0 près, qui peut être éliminée à l'aide d'un filtre passe-haut.
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A0(1+m) u(t)
A0(1-m)
-A0(1-m)
-A0(1+m)
s(t)
Notons que cette méthode de démodulation ne peut être appliquée dans le cas d'une modulation à
double bande latérale à porteuse supprimée ou à porteuse conservée avec m > 1 (surmodulation). Il
est clair que la détection d'enveloppe ne peut fonctionner correctement lorsque l'enveloppe tend vers
0 (points "anguleux").
(2) Dimensionnement
Pour une modulation AM à double bande latérale à porteuse conservée, si m reste strictement
inférieur à 1 mais en est trop proche, il sera très difficile de bien choisir la constante RC de telle
sorte que la détection d'enveloppe fonctionne correctement aux voisinages des minima de
l'enveloppe de s(t) pour s(t) > 0, comme illustré sur la Figure II.18 suivante. De plus, dans ce cas,
l’influence du bruit intervient plus fortement. En pratique, on doit avoir :
1 1 − m2
<< RC < (II.12)
2πf 0 2π m FM
Ce critère peut être établi en analysant l'évolution du signal détecté en fonction des pentes
relatives des signaux s(t) et u(t) : on cherche alors à savoir si après le blocage de la diode et le début
de la décharge de C à travers R le signal u(t) croise bien s(t) à l'alternance suivante du signal
modulé.
a) m = 0,5 b) m = 0,9
Signaux (u.a.)
Signaux (u.a.)
0
0
0 π 2π 0 π 2π
ω m t (rd) ω m t (rd)
Figure II.18 : Problème de dimensionnement du détecteur d'enveloppe quand le taux de modulation m tend vers 1
par valeurs inférieures. A gauche (a), il est relativement aisé de régler la pente RC du détecteur pour m = 0,5, c'est
beaucoup moins évident à droite (b) pour m = 0,9.
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(1) Principe
Pour récupérer l’information on utilise le montage multiplieur comme pour la modulation. Cette
démodulation est absolument nécessaire pour la modulation d’amplitude sans porteuse (AM-P),
mais elle est aussi valable pour la modulation AM avec porteuse.
u(t)
sr(t) d(t)
k
pr(t)
Figure II.19 : Montage de base pour la démodulation cohérente.
Le signal sr(t) correspond au signal modulé s(t) transmis par un canal quelconque, reçu, amplifié
et translaté par un mélangeur dans le domaine de la fréquence intermédiaire porteuse. Son
expression est donnée par :
A r e( t ) cos(2πf 0 t )
s r (t) = ou (II.13)
A (1 + m e( t ) )cos(2πf t )
r 0
1 + cos(4πf 0 t )
kA1A r e( t ) 2
u (t ) = ou (II.14)
kA A (1 + m e( t ) )1 + cos(4πf 0 t )
1 r
2
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Sr(f)
f
-f0 0 f0
* Pr(f)
U(f)
Passe-bas
f
-2f0 0 2f0
Figure II.20 : Démodulation cohérente d'un signal modulé en amplitude avec porteuse supprimée, aspect spectral.
Dans le cas de la modulation à porteuse conservée, une composante continue apparaît également
dans le spectre de u(t), en plus des deux composantes décrites précédemment. On peut éliminer
cette composante continue par un filtre passe-haut après le filtre passe-bas (ou plus directement en
utilisant un filtre passe-bande à la place du passe-bas).
(2) Synchronisme
Si la porteuse pr(t) n'est synchronisé ni parfaitement en fréquence, ni parfaitement en phase avec
la porteuse initiale p(t), on peut écrire alors son expression sous la forme :
kA1A r
u (t ) = e( t ) (cos(2π∆f t + ∆ϕ) + cos(2π(2f 0 + ∆f )t + ∆ϕ)) (II.16)
2
Si le deuxième terme apparaissant dans l'équation précédente peut être éliminé par filtrage
passe-bas (notamment si ∆f << f0), le terme en cos(2π∆f t + ∆ϕ) risque de poser problème.
Si FM + ∆f est inférieur à la fréquence de coupure du passe-bas utilisé, on peut ainsi obtenir après
filtrage passe-bas du signal u(t) le spectre schématisé sur la Figure II.21. L’information reçue est
alors déformée à cause de la mauvaise synchronisation de la fréquence de pr(t) par rapport à celle de
p(t). Il y a par exemple un mélange des aigus et des graves si x(t) est un signal sonore.
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D(f)
f
−∆f - FM -∆f 0 ∆f ∆f + FM
Figure II.21 : Cas de mauvaise démodulation, dû à une synchronisation imparfaite de la fréquence de la porteuse
"régénérée" à la réception par rapport celle de la porteuse initiale.
kA1A r
d(t ) = e( t ) cos ∆ϕ (II.17)
2
(on a supposé que le gain du filtre passe-bas est égal à 1 dans sa bande passante). Si ∆ϕ reste faible
et constant le terme en cos∆ϕ n'est pas très gênant. Mais si en pratique on utilise un oscillateur local
pour reconstituer une porteuse pr(t), la dérive temporelle inévitable de l'oscillateur conduit à des
variations de ∆ϕ avec le temps. On peut par exemple avoir périodiquement ∆ϕ = ±π/2, d'où d(t) nul,
ce qui n'est évidemment pas souhaitable.
En conclusion, si l'on est conduit à reconstituer une "porteuse" pr(t) à la réception, il faut
absolument qu'elle soit asservie en fréquence et en phase avec la porteuse p(t) initiale. Il existe
cependant une exception à cette "règle", celle correspondant à la modulation BLU dans le cas de
signaux particuliers (signaux sonores par exemple).
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On peut également transmettre la porteuse à d'autres instants que le signal modulé. C'est le cas
par exemple pour le codage PAL utilisé en télévision : on transmet des salves de porteuse durant les
intervalles de temps de 12 µs dits de suppression de ligne (mais en dehors de l'impulsion indiquant
le début de ligne qui occupe 5 µs sur ces 12 µs) séparant la transmission de deux lignes successives
(cf. Figure II.22). L'oscillateur local utilisé à la réception se synchronise sur ces salves et ne doit pas
dériver sensiblement pendant toute la ligne qui suit (soit sur une durée de l'ordre de 52 µs).
t
Impulsion Salves de porteuse
synchronisation
ligne
Figure II.22 : Transmission de salves de porteuse pendant le temps de suppression de ligne en codage PAL.
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kA1V1 e1 ( t ) kA1V2 e 2 ( t )
d 1 ( t ) = cos ϕ − sin ϕ
2 2 (II.19)
kA1V1 e1 ( t ) kA1V2 e 2 ( t )
d 2 ( t ) = sin ϕ + cos ϕ
2 2
On ne retrouve en d1 et d2 des signaux respectivement proportionnels à e1 et e2 que si ϕ = 0. On
retrouve ici la nécessité du synchronisme à la démodulation.
Cette modulation est utilisée pour transmettre les deux signaux de chrominance des systèmes
PAL et NTSC de télévision ainsi que de l’information numérique.
s1(t)
X d1(t) = α e1(t) + ...
k
pr(t) = A1 cos(2πf0t + ϕ)
sr(t)
−π/2
s2(t)
X d2(t) = β e2(t) + ...
k
Figure II.23 : Démodulation d'un signal modulé en quadrature.
3. Modulations angulaires FM et PM
a. Définitions
i) Cas général
Entrée BF Sortie
x(t) s(t)
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et on écrit le signal modulant sous la forme x(t) = a e(t), où a (en V) est la valeur maximale de
x(t) et e(t) un signal sans dimension. On a donc par définition e(t)max = 1. Enfin, on note FM
(resp. Fm) la fréquence maximale (resp. minimale) apparaissant dans le spectre de x(t) (ou de e(t)).
Le modulateur fournit en sortie le signal :
! 2πf0t + φ(t) comme la phase instantanée de s(t) et φ(t) comme la déviation de phase,
1 dφ( t ) 1 dφ( t )
! f i (t ) = f 0 + comme la fréquence instantanée de s(t) et comme la déviation
2π dt 2π dt
de fréquence.
On dit que l’on a une modulation de phase si la déviation de phase ϕ(t) est proportionnelle à x(t),
soit :
1 dφ( t )
On dit que l’on a une modulation de fréquence si la déviation de fréquence varie
2π dt
proportionnellement à x(t), soit :
1 dφ( t )
= k F a e( t ) = ∆f e( t ) (II.23)
2π dt
Le coefficient kF s'exprime en Hz.V-1, et l'excursion en fréquence ∆f en Hz. Dans ce cas la
fréquence instantanée devient :
fi(t) = f0 + ∆f e(t) (II.24)
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Si e(t) est symétrique (par exemple un cosinus), on a la double inégalité f0 - ∆f ≤ fi(t) ≤ f0 + ∆f.
Enfin, la Figure II.26 rappelle l'évolution du signal modulé s(t) dans le cas d'une modulante x(t)
en créneau (a) et d'une modulante sinusoïdale (b). Pour x(t) en créneau, la fréquence varie
brusquement d'une valeur plus faible que celle f0 de la porteuse à une valeur plus grande que f0, ou
inversement, pour ωmt multiple de π. Pour x(t) sinusoïdal, les variations temporelles du signal
modulé ressemblent à (mais ne sont pas strictement identiques à) celles obtenues dans le cas de la
modulation PM dans les mêmes conditions (cf. Figure II.25(b)) à un déphasage de π/2 près.
Signaux (u.a.)
0 π 2π 3π 0 π 2π 3π
ω m t (rd) ω m t (rd)
Figure II.25 : Evolution temporelle d'un signal modulé s(t) dans le cas d'une modulation PM (lignes continues). Le
signal modulant x(t) (tirets) a pour fréquence fm = ωm/2π, sa forme est de type créneau ou sinusoïdale. Les
amplitudes des signaux sont tracées en unité arbitraire (u. a.).
Signaux (u.a.)
0 π 2π 3π 0 π 2π 3π
ω m t (rd) ω m t (rd)
Figure II.26 : Evolution temporelle d'un signal modulé s(t) dans le cas d'une modulation FM (lignes continues). Le
signal modulant x(t) (tirets) a pour fréquence fm = ωm/2π, sa forme est de type créneau ou sinusoïdale. Les
amplitudes des signaux sont tracées en unité arbitraire (u. a.)
b. Représentation temporelle
i) Cas général
Compte tenu des définitions précédentes, le signal modulé s'écrit sous la forme :
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Supposons que le signal modulant est sinusoïdal (ce qui est des plus rares en pratique…), soit
e(t) = cos(2πFmt). L'expression (II.25) s'écrit sous la forme :
valeur maximale de la déviation de phase (à la constante additive φ0 près). On définit alors souvent
∆f
l'indice de modulation β comme étant égal à ∆φ pour la modulation PM et pour la modulation
Fm
FM.
c. Aspect spectral
i) Généralités
Une des principales difficultés apparaissant dans l'étude des modulations angulaires réside dans
le fait que, contrairement au cas de la modulation AM, le calcul analytique de la représentation
spectrale d'un signal modulé en PM ou FM est généralement complexe (on peut s'en convaincre
rapidement avec l'exemple d'un signal modulant sinusoïdal), voire impossible. En conséquence, il
est délicat à première vue de prévoir l'encombrement en fréquence du signal modulé, paramètre
pourtant essentiel pour concevoir une chaîne de transmission.
Dans le même ordre d'idée, les spectres de deux signaux modulés obtenus à partir de la même
porteuse mais avec deux signaux modulants différents, x1(t) et x2(t), ne sont pas "superposables",
contrairement au cas de la modulation AM : le signal modulé en FM ou PM par x1(t) + x2(t) n'a
aucun lien simple avec la somme des signaux modulés par x1(t) et x2(t), du fait de la non-linéarité
des fonctions sinusoïdales.
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Ajoutons pour l'anecdote que c'est notamment à cause de cette non superposabilité que le format
télévision SECAM ne s'est pas imposé face au format PAL : pour réaliser un "fondu enchaîné", ou
d'autres effets spéciaux, il faut mélanger plusieurs images, ce qui implique nécessairement en
SECAM (modulation FM des signaux de chrominance dans la bande de base de la luminance) une
démodulation avant la superposition des images puis une remodulation, alors qu'en PAL
(modulation d'amplitude en quadrature des signaux de chrominance dans la bande de base de la
luminance) on peut faire le mélange directement. En SECAM, après plusieurs opérations du type
démodulation, mélange, remodulation, la qualité de l'image est sensiblement dégradée.
Plaçons nous dans le cas d'une modulation FM et supposons une nouvelle fois que le signal
modulant est sinusoïdal, soit e(t) = cos(2πFmt). Après quelques considérations bassement
mathématiques que nous passerons sous silence, le signal s(t) peut donc s'écrire sous la forme :
+∞
s( t ) = A 0 ∑ J n (β) cos(2πf 0 t + 2πnFm t ) (II.29)
n = −∞
Le spectre de s(t) est donc formé par une infinité de raies de Dirac présentes (en représentation
unilatérale) en f0 + nFm, où n est un entier relatif, "d'amplitude" │Jn(β)│ (rappelons qu'une raie de
Dirac est théoriquement de hauteur infinie, son "amplitude" est liée à la puissance qu'elle contient).
Le spectre s'étend donc en théorie jusqu'à des fréquences infinies, son allure ressemble à celle
présentée sur la Figure II.27.
Sa(f)
A J0(β)
A J-2(β) A J1(β)
A J-4(β) A J3(β)
f
0 f0 - 4Fm f0 f0 + Fm f0 + 4Fm
Figure II.27 : Allure typique du spectre d'un signal modulé en fréquence par une modulante sinusoïdale (avec une
porteuse également sinusoïdale).
La théorie détaillée des fonctions de Bessel ne présente pas un intérêt majeur dans le cas présent,
nous allons nous contenter de rappeler quelques propriétés généraux importantes pour l'allure du
spectre du signal modulé :
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! on a J −n (β) = (−1) n J n (β) , les raies dans le spectre de s(t) sont donc symétriques par rapport à
la fréquence f0.
+∞
! Comme ∑ (J n (β))2 = 1 la puissance totale du signal modulé est celle de la sinusoïde porteuse,
n = −∞
A2
soit Ps = , l’information utile se retrouve dans toutes les raies, avec des puissances
2
proportionnelles à (J n (β) )2 .
! Si β << 1, on a J0(β) ≈ 1, J1(β) ≈ β/2 et Jn(β) <<J1(β) pour n > 1. Si l'indice de
modulation est très faible, le spectre n'est donc composé que de la raie centrale et des deux raies
latérales les plus proches.
! Comme lim n →±∞ J n (β) = 0 le maximum de puissance utile reste concentré sur les premières
raies autour de la porteuse. La variation des hauteurs de raies avec n n’est cependant pas
monotone pour n > 0. En particulier la raie de la porteuse est nulle pour β voisin de 2,4, zéro de
la fonction de Bessel J0.
D'après cette dernière propriété, même si théoriquement le nombre de raies dans le spectre du
signal modulé est infini, en pratique les raies très éloignées de la raie centrale ont des amplitudes
négligeables et l'encombrement en fréquence "utile" de s(t) est fini. Si l'on trace l'amplitude Jn(β)
des raies en fonction de l'indice de modulation β (cf. Figure II.28), on comprend que le nombre de
raies "significatives" est d'autant plus important que β est grand.
Figure II.28 : Variations des fonctions de Bessel de première espèce (figure récupérée sur un document PDF de
Pierre Cornélis, téléchargé sur Internet).
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Carson a formalisé ces concepts en énonçant la règle pratique suivante : 98% de la puissance PS
se trouve dans la bande de fréquence utile Bu donnée par :
Bu = 2Fm (β + 1) (II.31)
La fréquence porteuse f0 est le centre de cette bande Bu qui constitue l'encombrement spectral
effectif de s(t). En d'autres termes, les seules raies d'amplitude non négligeable sont au nombre de
(βe + 1), où βe est la partie entière de β, à gauche ou à droite de la raie correspondant à la porteuse,
soit en tout (sans compter la porteuse) 2(βe + 1) raies.
Cet encombrement en fréquences est à comparer avec celui d’une modulation d’amplitude : il est
de plusieurs unités de fois plus important si β est grand, ce qui est généralement le cas adopté pour
améliorer le rapport signal sur bruit après démodulation (amélioration qui n'est cependant possible
que si le rapport signal sur bruit est suffisamment grand en entrée du démodulateur). Ce résultat est
un inconvénient. En revanche, on est à l’abri des fluctuations d’amplitudes plus gênantes que les
fluctuations de phase.
Insistons enfin sur le fait que la règle de Carson, malgré sa base mathématique, reste un critère
empirique. Pour preuve il existe d'autres critères pour définir l'encombrement en fréquence utile du
signal modulé. La règle de Carson est cependant la plus connue et la plus utilisée.
Pour e(t) quelconque, en PM, l'indice de modulation β reste toujours défini, il est égal à
l'excursion en phase ∆φ, même si la modulante n'est pas sinusoïdale. L'encombrement spectral peut
toujours être donné par la règle de Carson, c'est-à-dire par l'expression (III.16).
Pour étudier la modulation FM dans le cas d'un signal modulant x(t) quelconque, il n'est
évidemment pas possible de calculer l'intégrale apparaissant dans (III.7), pour ensuite en déduire
une expression plus simple telle que (III.9). On peut cependant définir un indice de modulation
généralisé, ou "nominal", βnom comme le rapport entre l'excursion en fréquence ∆f et la valeur de la
fréquence maximale FM apparaissant dans le spectre de x(t), soit :
∆f
β nom = (II.32)
FM
L'utilisation de la règle de Carson avec cet indice permet d'obtenir un ordre de grandeur maximal
de l’encombrement en fréquence, donné alors par :
Bu = 2FM (βnom + 1) = 2(∆f + FM) (II.33)
Notons que dans ce cas on doit avoir non seulement FM << f0 comme en modulation AM, mais
aussi ∆f << f0 pour que les composantes spectrales de s(t) centrées en ±f0 ne se mélangent pas.
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Dans les deux cas on n’a en revanche aucune information sur la répartition de la puissance sur le
spectre. Notons également que Bu est toujours strictement supérieur à l'occupation spectrale BAM
obtenue dans le cas d'une modulation d'amplitude (de FM à 2FM suivant le type d'AM). Bu peut
même être très grand devant BAM si l'indice de modulation βnom est grand devant 1.
Considérons par exemple le cas de la radiodiffusion de signaux audio dans la bande FM (88 à
108 MHz). La fréquence maximale du signal modulant est FM = 15 kHz, l'excursion en fréquence
est ∆f = 75 kHz. L'indice de modulation nominal βnom est donc égal à 5 et la bande utile Bu de
Carson à 180 kHz. Cette valeur est plus importante que l'encombrement en fréquence obtenu en
radiodiffusion AM à double bande latérale, soit BAM = 30 kHz.
d. Préaccentuation - désaccentuation en FM
Dans le cas des modulations angulaire à faible indice de modulation, on peut démontrer sous
réserve d'une petite approximation que la transformée de Fourier du signal s(t) s'écrit sous la forme :
S(f ) =
A
(δ(f − f 0 ) + δ(f − f 0 ) + j∆φ (E(f − f 0 ) + E(f + f 0 ))) (II.34)
2
pour la modulation PM et,
A E (f − f 0 ) E ( f + f 0 )
S(f ) = δ(f − f 0 ) + δ(f − f 0 ) + j∆f + (II.35)
− +
2 j( f f 0 ) j( f f 0
)
PM
E(f) "faible indice" 0 f0 - FM f0 f0 + FM f
Sa(f)
f
-FM 0 FM
FM
"faible indice" f
0 f0 - FM f0 f0 + FM
Figure II.29 : Spectres des signaux modulant et modulé dans le cas d'une modulation angulaire à faible indice. Pour
simplifier le schéma, le spectre du signal modulant est supposé de forme rectangulaire.
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(a) (b)
Hpa(f) Hda(f)
f f
0 FM 0 FM
Figure II.30 : Allure en fonction de la fréquence des modules des fonctions de transfert de filtres préaccentuateur
(a) et désaccentuateur (b). La forme précise de ces filtres (par rapport à FM…) doit être ajustée précisément par
rapport aux caractéristiques de la transmission (signal modulant, bruit…).
Les critères pris en compte pour cette comparaison sont les suivants :
! la largeur de bande B nécessaire à la transmission, que nous exprimons en fonction de la largeur
b du message à transmettre,
! le rapport η du rapport signal sur bruit (S/N)S en sortie du récepteur sur le rapport (S/N)c dans le
canal,
Il est bien entendu que dans cette essai de comparaison, les opérations de modulation,
démodulation, filtrage, … sont supposées réalisées de manière idéale, de sorte que les performances
réelles d’un système seront toujours inférieures à celles considérées ici.
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Parmi les modulations linéaires, celles qui exigent une démodulation cohérente (BLU, AM-P)
présentent des performances en présence de bruit supérieures à celles qui sont démodulées par une
détection d’enveloppe (AM et BLR) : leur rapport signal sur bruit est plus élevé et elles ne souffrent
pas d’un effet de seuil. Pour les applications ou la largeur de bande est le paramètre le plus
contraignant, la BLR et la BLR sont les meilleurs candidats. Mais on n’a jamais rien sans rien et
pour atteindre l’efficacité optimale des modulations linéaires, il faut accepter de payer le prix d’une
grande complexité des circuits. De ce point de vue, la modulation BLU, qui demande un filtrage
délicat au niveau de l’émetteur et du récepteur ainsi qu’une démodulation cohérente au niveau du
récepteur remporte la palme ! Elle ne sera donc, en générale utilisée que pour des liaison point à
point (dans lesquelles un seul émetteur et un seul récepteur sont nécessaires), mais
systématiquement rejetée pour des applications du type radiodiffusion (un émetteur pour des
milliers de récepteurs !). Si un choix doit s’effectuer entre la AM-P et la BLU, on pourra préférer la
BLU qui est moins sensible aux défauts de cohérence du démodulateur, à moins que le message ne
contienne une puissance significative dans les très basses fréquences, auquel cas il faudra se tourner
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vers la AM-P ou la BLR. Pour les applications à faible coût, on envisagera l’utilisation de la MA ou
de la BLR (sauf, bien entendu, si la transmission directe en bande de base est possible).
La modulation AM est la moins performante (mais aussi la plus simple). A l’inverse, la
modulation de fréquence (FM) est , à l’évidence la technique qui permet d’atteindre les meilleurs
résultats du point de vue du bruit. Mais ce gain en qualité est obtenu au prix d’une plus grande
largeur de bande utile. La technique de préaccentuation et désaccentuation améliore encore, et de
manière tout à fait significative, les performances de la FM. De très nombreuses applications,
comme la radiodiffusion de hautes qualité, la transmission par faisceaux hertziens, satellites et
fibres optiques ou encore l’enregistrement magnétique professionnel font appel à la FM.
Il ne faut pas oublier, néanmoins, que l’effet de seuil peut, dans certaines situations réduire les
possibilités d’utilisation de la FM. Quand une puissance disponible limitée est la contrainte
majeure, le recours à des démodulateurs de fréquence à extension de seuil peut être envisagé : c’est
le cas des transmissions par satellites ou des sondes spatiales.
Quant à la modulation de phase, on constate que pour une même largeur de bande utile, elle est
moins "résistante" au bruit, ce qui explique pourquoi elle est très peu utilisée, au moins pour la
transmission de signaux analogiques…
1. Emission
La Figure III.1 suivante présente la forme typique d'une chaîne d'émission en transmission
hertzienne. Le bloc O est un oscillateur délivrant un signal de référence pr(t) de fréquence fr très
stable. Il fournit par l’intermédiaire des multiplieurs de fréquences N1 et N2 des signaux sinusoïdaux
p1(t) = Ap1 cos(2πf1t) et p2(t) = Ap1 cos(2πf2t) de même stabilité que pr. Le signal s1(t) en sortie du
bloc modulateur est donc une modulation sinusoïdale quelconque de porteuse f1. Le multiplieur de
tension joue le rôle de mélangeur, ou changeur de fréquences : il permet de mélanger les fréquences
f1 et f2 pour obtenir la porteuse "finale" f0 = f1 + f2. On règle ainsi la porteuse sur la fréquence
voulue dans le canal hertzien choisi. Le signal s(t) émis par l'antenne correspond au même type de
modulation que s1(t) mais à une fréquence f0 différente. Le bloc F est un filtre passe-bande centré en
f0 et dont la bande passante doit être de l’ordre de l’encombrement en fréquences de s1(t). Il a pour
rôle d'éliminer les composantes spectrales situées autour de la fréquence f0´ = │f1 - f2│ qui sont
produites également du multiplieur. Le bloc A placé juste en amont de l'antenne d'émission est un
amplificateur de puissance.
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s1(t)
x(t) = a e(t) X A
s(t)
F
p1(t) p2(t)
pr(t)
O N1 N2
2. Réception
f0
f1
f2
PA X α x(t)
f3
F
OL
Accord
Figure III.2 : Chaîne de réception superhétérodyne. Des amplificateurs sont généralement placés en amont et en
aval du démodulateur qui suit le filtre passe-bande F. L'amplificateur en amont du démodulateur fonctionne dans
un domaine de fréquence situé autour de la fréquence intermédiaire fFI, celui en aval dans la bande de base du
signal modulant initial x(t), c'est-à-dire à basse fréquence.
Après réception par l'antenne le signal est amplifié par un préamplificateur PA dont les
performances vis-à-vis du bruit doivent être optimisées (nous reviendrons sur ce problème dans la
suite du cours). On réalise ensuite un mélange avec un signal de fréquence fOL issu de l'oscillateur
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local OL. Cette fréquence fOL est ajustée de telle sorte que la différence fOL - f0 soit égale à une
constante fFI appelée fréquence intermédiaire. Le signal est ensuite filtré par un passe-bande sélectif
F centré en fFI, destiné à éliminer tout autre signal que celui modulé autour de f0, et on effectue
finalement la démodulation. Le préfixe "super" est lié au fait que fOL > f0 : pour une gamme donnée
de valeurs de f0, ce choix conduit à une plage de variation relative plus faible pour fOL que si on
avait choisi f0 > fOL, d'où une facilité de réalisation plus grande.
Un problème se pose cependant : si on n'y prend garde, la fréquence f0´ = fOL + fFI traverse
également le filtre passe-bande centré sur fFI, perturbant ainsi la démodulation. Pour éviter cela, il
est nécessaire que le préamplificateur assure également le rôle de filtre passe-bande afin d'éliminer
les composantes spectrales situées autour de la fréquence f0´, dite fréquence image de f0. Ce filtre
doit donc être accordé sur f0, mais sa sélectivité n'est cependant pas nécessairement très importante.
Les valeurs des fréquences pour les différents systèmes de diffusion ne font pas forcément l'objet
de normes très précises. Si pour la radiodiffusion en FM (f0 de 88 à 108 MHz) on a fFI = 10,7 MHz,
la valeur de fFI varie entre 440 et 490 kHz en radiodiffusion AM (f0 de 530 à 1700 kHz).
V. Bibliographie
! "Systèmes de télécommunication" par P. G. Fontolliet, Volume XVIII des Traités d'Electricité,
Cours de l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, édition Presses Polytechniques et
Universitaires Romandes.
! "Transmission de signaux" par Christophe More, édition Tec & Doc Lavoisier.
! A noter que ce polycopié est issu pour une large partie de polycopiés de cours de maîtrise EEA
ou de DESS Systèmes Electroniques rédigés par Jacques Taquin, Frédéric Aniel, ou votre
serviteur...
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