Vous êtes sur la page 1sur 64

in ém a garanti sans 3D

5 place Camille Jullian 33000 Bordeaux • www.cinemas-utopia.org • 05 56 52 00 03 • bordeaux@cinemas-utopia.org

LE MAL N’EXISTE PAS

Écrit et réalisé par tion de Ryûsuke Hamaguchi, sans doute une fable écologiste opposant les habi-
Ryûsuke HAMAGUCHI le plus grand cinéaste japonais en ac- tants d’un petit village des hauteurs de
Japon 2023 1h46 VOSTF tivité. Déjà manifeste dans toute sa fil- la province de Tokyo à un projet touris-
avec Hitoshi Omika, Ryo Nishikawa, mographie, la richesse de son écriture tique juteux menaçant l’équilibre natu-
Ryûji Kosaka, Ayaka Shibutani… atteignait alors des sommets : la subti- rel des lieux. Ce point de départ est en
lité d’une mise en scène sans esbroufe, fait vite dépassé par l’ampleur du regard
MOSTRA DE VENISE 2023 – LION la puissance des mots et une capaci- d’Hamaguchi, qui parvient à en faire
D’ARGENT, GRAND PRIX DU JURY té rare à retranscrire l’alchimie mysté- une réflexion globale sur nos rapports
rieuse entre certains êtres. Avec Le Mal à la nature et aux autres. Au centre du
Celles et ceux que la profondeur et la n’existe pas, il offre à nouveau, et dans récit se trouve l’inoubliable personnage
délicatesse de Drive my car ont émus un tout autre genre, une expérience hors de Takumi, modeste homme à tout faire
connaissent le sens virtuose de la narra- du commun. Le film se présente comme de la petite communauté et fin connais-

No 241 du 3 avril au 7 mai 2024 / Entrée: 8€ / La 1re séance: 5€ / Abonnement: 55€ les 10 places
LE MAL N’EXISTE PAS

Une
journée
seur de la région, de ses forêts, de ses ter les responsables des effets néfastes
avec les
cours d’eau : cet amateur taciturne de
la nature va littéralement transcender les
enjeux du conflit pour les amener peu à
peu à un point d’orgue saisissant, sorte
que représente le projet sur leur écosys-
tème, en particulier l’emplacement de la
fosse septique qui polluera forcément
les eaux de source en contrebas. La dé-
oiseaux
de fusion radicale entre humanisme et marche d’Hamaguchi a cela d’étonnant Récitals de piano
engagement environnemental. Si bien qu’elle annule toute confrontation di-
que la vision du film provoque quelque
chose de très surprenant par sa façon
recte et place rapidement les personnes
du même côté (le titre trouve ici une de Messiaen
singulière de traiter une situation somme
toute prosaïque, pour l’élever à un ni-
ses interprétations). Les deux émissaires
envoyés par l’entreprise, dont les inten- Le catalogue
veau d’exigence aussi inattendue qu’es-
sentielle.
tions vénales sont aussitôt démasquées,
acceptent de mieux étudier le dossier en d’oiseaux
sollicitant l’aide de Takumi et s’attachent
Le plus admirable, peut-être, est le les jours suivants à respecter la sérénité Dimanche 19 mai
rythme si particulier qu’imprime d’em- du site. Pourtant, quelque chose a déjà
blée la mise en scène d’Hamaguchi. Le basculé dans l’attitude de tous face au Momo Kodama, piano
premier quart du film est entièrement milieu naturel. Takumi l’a senti et sait l’af- Agnès Aubague, siffleuse
consacré à l’exploration minutieuse des faire engagée sur une voie dorénavant
lieux. Dans une forêt enneigée, la camé- inexorable…
ra filme lentement les cimes des arbres, Grand-Théâtre - 8h
les bruissements de la faune, et l’on dé- La précision de la mise en scène d’Ha- Le Loriot - La Bourcarle
couvre Takumi qui collecte patiemment maguchi guide notre attention vers les La Buse variable
à la louche une précieuse eau de source moindres détails, incitant sans cesse Bois de Thouars, Talence - 11h
qu’il livrera plus tard à quelques habi- notre regard à élargir notre compréhen-
Le Chocard des Alpes
tants du village, notamment à la restau- sion de la situation. Baigné par une mu-
ratrice qui en apprécie la pureté pour sique magistrale faite d’accords et de L’Alouette calandrelle
faire cuire ses nouilles udon. En retard dissonances (signée Eiko Ishibashi, déjà Le Merle de roche
comme toujours pour la sortie de l’école, compositrice sur Drive my car et à l’ori- Le Traquet rieur
Takumi retrouve ensuite sa fille Hana, gine de ce nouveau projet), le film pro- Grand-Théâtre - 15h
qu’il élève seul, et traverse à nouveau les gresse vers son cœur à un rythme sou- Le Merle bleu - Le Traquet stapazin
bois en sa compagnie. Déjà chevronnée, verain et avec une assurance constante.
Hana lui cite les espèces d’arbres qu’ils Comme si le cinéaste établissait pour Grand-Théâtre - 18h
croisent et repère les traces laissées par son film une syntaxe parfaite lui permet- La Rousserolle effarvate
les animaux. tant de provoquer, dans la dernière par-
Le lendemain doit se tenir une réu- tie du récit, un revirement totalement Grand-Théâtre - 22h
nion d’information organisée à la hâte inattendu : une véritable synecdoque qui Le Courlis cendré
par des promoteurs qui entendent ins- invite à relire tout le film à l’envers. Quelle La Chouette hulotte
taller un camping de luxe (une aire de maîtrise ! Nul doute que ce dénouement L’Alouette lulu
« glamping » : contraction de glamour vous laissera dans le même état que
et camping) sur les hauteurs du village. nous : surpris, interloqués et intégrale-
Les habitants s’y rendent afin d’aler- ment conquis.
DRIVE-AWAY DOLLS
Ethan (sans Joel) COEN (2022) pour OCS –, le seul Ethan est à la de prendre l’air et pourquoi pas d’aller
USA 2023 1h25 VOSTF barre de Drive-away dolls, avec la com- voir sa famille à Tallahassee, Floride.
avec Margaret Qualley, Geraldine plicité de Tricia Cooke (par ailleurs son Pour rendre possible le voyage, Jamie a
Viswanathan, Beanie Feldstein, Pedro épouse depuis 30 ans, ça reste en fa- la bonne idée de proposer ses services
Pascal, Bill Camp, Matt Damon… mille) à l’écriture. pour un convoyage de voiture. À ceci
Scénario d’Ethan Coen et Tricia Cooke près que l’agence se trompe de véhicule
Quand je parlais d’ingrédients impa- et que nos deux dolls se retrouvent à bord
Disons le tout net : en ces temps de po- rables, il y a en a essentiellement deux : d’une bagnole qui contient un colis suf-
litiquement correct, apprendre que ce le road movie – les deux héroïnes s’ap- fisamment précieux pour que se lancent
film a failli s’appeler – traduction à la prêtant à prendre la route, l’une pour fuir à leurs trousses deux gangsters foireux
bonne franquette – « Gouines en go- une rupture amoureuse, l’autre une vie qu’on croirait tout droit sortis d’un film
guette » (« Drive-away dykes ») ne peut affective déprimante – et une intrigue de Tarantino. Pas de doute, Drive-away
que lui apporter un a priori positif. Le policière basée sur un gros malentendu. dolls est un réjouissant hommage au
titre a été adouci par les distributeurs Mais présentons rapidement nos pro- cinéma de genre des années 60/70 (si
mais Drive-away dolls n’en reste pas tagonistes, réunies sur le principe bien cher justement à Tarantino), qui croise-
moins mal élevé et jubilatoire et contient connu de la confrontation entre deux rait le cinéma queer de John Waters ou
les ingrédients imparables d’un bon personnages que tout oppose, aussi ef- les fantasmes loufoques de Russ Meyer.
vieux film des Coen, avec les gimmicks ficace que drôle s’il est bien développé, Le tout situé à la fin des années 90.
qui les ont rendus célèbres depuis 40 et pour le coup pas de souci : Tricia et
ans, dans une veine qui va de Arizona Ethan savent y faire ! Il y a donc Jamie, Au-delà des péripéties rocambolesques,
junior à Fargo. Car même si la surprise une jeune lesbienne à la sexualité débri- c’est aussi une ode rigolarde à la liber-
c’est bien, quand on aime depuis tou- dée et au franc parler sans limite, déli- té, notamment sexuelle, le lesbianisme
jours un truc, on apprécie de le retrou- cieusement épicé d’un accent du Texas. affiché des protagonistes n’étant jamais
ver intact et dans son jus : pourquoi fau- Et de l’autre sa vieille copine Marianne, présenté comme un problème, comme
drait-il qu’un film d’un Coen au singulier une jeune métisse américano-indienne en témoigne cette séquence hilarante
soit fondamentalement différent des gentiment revêche, aussi pudique et ré- de soirée pyjama entre membres d’une
films des Coen à deux ? Car vous l’au- servée que Jamie est exubérante. Il se équipe féminine de soccer ou cette
rez noté, et c’est la première fois pour un trouve que Jamie vient de se faire virer autre tout aussi fendarde impliquant un
film destiné au cinéma – les frangins ont par sa girlfriend, la volcanique Sukie, une godemiché ventouse mural (on ne vous
déjà travaillé en solitaire pour des pla- policière pas franchement commode, qui en dira pas plus) et un chihuahua. Pas
teformes : Joel a réalisé The Tragedy of a fini par en avoir marre de ses infidélités. de malentendu : comme en atteste le
Macbeth (2021) pour Apple TV+ et Ethan Il est donc temps pour elle de mettre les générique de fin, aucun animal n’a été
le doc Jerry Lee Lewis : trouble in mind voiles. De son côté, Marianne a besoin maltraité pendant le tournage.
LeS SOIRÉE-DÉBAT Mardi 16 AVRIL à 20h30
ESCaLeS SORORITÉ, ÉCOFÉMINISME ET CORPS
organisée par le collectif NousToutes 33
Du Projection de SMOKE SAUNA SISTERHOOD
LIVRE suivie d’un débat avec Clarisse, Nathalie et Camille, du collectif
NousToutes 33, et Marion Rocher, animatrice de cercles de
5/6/7 AVRIL femmes à Bordeaux. Pour cette soirée, achetez vos places à
→ BORDeAUX l’avance au cinéma, à partir du Samedi 6 Avril (Smoke sauna
QUaRTIeR sisterhood est ensuite programmé jusqu’au 29 avril)
SAInTE-CROIX
< Extraits de la programmation >

VENDREDI 5 AVRIL
La troisième main
SMOKE SAUNA SISTERHOOD
Lecture, musique, magie et ombres chinoises
Avec Arthur Dreyfus et Philippe Beau
Soirée : Cœur avec les doigts
DJ set groove et dessiné
Avec Hervé Bourhis, Lisa Chetteau et DJ Martial Jesus

SAMEDI 6 AVRIL
Le Cauchemar Lovecraft
Rêverie littéraire et musicale
Avec François Bon, Romuald Giulivo, Cyril Touzé
et les illustrations projetées de Jakub Rebelka
Loupé / Spectacle musical / A partir de 5 ans
Avec Gilles Bizouerne et la musicienne Elsa Guiet
L’Été des charognes / Lecture dessinée
Avec Simon Johannin et Sylvain Bordesoules
Nous traverserons des orages / Lecture concert
Avec Anne-Laure Bondoux et le musicien Sean Seago
La part sauvage / Lecture musicale
Avec Erwan Desplanques, le DJ Yuksek
et la comédienne Claire Grimbert
Dès que sa bouche fut pleine
Lecture dessinée et gustative
Avec Juliette Oury, Aurélia Aurita et le chef Paul Gouzien
Soirée : Scène ouverte Poésie
Performance participative
Proposée par la Maison de le Poésie

DIMANCHE 7 AVRIL
La course aux bateaux, Film documentaire écrit Dans cet espace… dédié au laisser-al-
une aventure de Taupe et Mulot et réalisé par Anna HINTS
Lecture dessinée / A partir de 5 ans
ler et à la détente des corps, ces femmes
Avec Benjamin Chaud et la comédienne Marion Rocquet Estonie 2023 1h29 VOSTF laissent libre cours à la parole, échan-
Majnoun et Leïli : chants d’outre-tombe geant tantôt des anecdotes drôles, tantôt
Lecture en musique et en images Quelque part au fin fond de la forêt es- des souvenirs traumatisants. La caméra
Avec Yann Damezin et le joueur d’oud Baptiste Frelat tonienne, près d’un lac qu’aucun humain de Hints fait le choix de ne presque ja-
Le Bercail / Lecture concert
ne semble fréquenter, se trouve une pe- mais filmer directement celle qui parle, se
Avec l’autrice Natyot et la musicienne Carla Pallone tite cabane de bois. Quels secrets de concentrant plutôt sur les visages ou le
Ici commence un amour / Lecture performée
conte de fées peuvent bien renfermer ses langage corporel de celles qui écoutent.
Avec Simon Johannin et le DJ Junk8 murs exigus ? La caméra pénètre dans Le tour de force de Smoke sauna siste-
Confidences tunisiennes sa pénombre et l’on découvre qu’il s’agit rhood est non seulement de filmer la nu-
Rencontre suivie d’une lecture en réalité d’un sauna et plus précisément dité en évitant le voyeurisme mais aus-
Avec Marie Nimier et Naidra Ayadi, d’un sauna à fumée, un lieu traditionnel
comédienne et réalisatrice propre à la communauté võro, possédant si de nous faire partager l’intimité de ces
Tirant Le Blanc ses propres rituels. La réalisatrice Anna personnes, connaître leur histoire en pro-
Rencontre suivie d’une lecture musicale Hints suit au fil des saisons un groupe de fondeur, sans pour autant nous inviter à
Avec Marie Cosnay, Charles-Henri Lavielle.
femmes venant se retrouver dans ce lieu les identifier clairement. À plusieurs re-
Mise en voix par Valérie Traversier et Claude Faber
accompagnée au théorbe par Romulus Gonçalves bien particulier… prises, Anna Hints filme en effet la fumée
Dans l’espace ténébreux du sauna, la qui circule entre ces femmes, comme si
Le grand secours / Lecture musicale
Avec Thomas B. Reverdy et J.P. Nataf, lumière ne filtre qu’à travers une pe- elle voulait filmer l’invisible, filmer un sen-
producteur et musicien tite vitre ou quelques fissures entre timent de sororité chaleureuse qui circule
deux planches, et les rayons de lumière de personne à personne, de génération à
Informations - tarifs - réservations viennent donner des airs magiques à ces génération…
Programme complet sur réunions féminines secrètes comme des
sabbats de sorcières… (G. Coutaut, lepolyester.com)
escaledulivre.com
DU DIMANCHE 31 MARS
19ÈME FESTIVAL CINÉMARGES AU LUNDI 8 AVRIL
Programme complet disponible au cinéma ou sur festival.cinemarges.fr - Préventes HelloAsso
mille, magnifiant l’univers sombre et étrange
de Gena : l’art comme combat et affirmation
de soi au péril de sa vie. Le film dit aussi l’exil
d’un pays devenu ennemi pour poursuivre la
19ÈME FESTIVAL CINÉMARGES contestation à l’abri des oppressions.

Mercredi 3 avril à 18h30

COURTS QUEERS
OF COLOR
Durée du programme : 1h23

Youssou et Malek (Simon FRENAY, 27 mn)


Youssou s’envole demain à l’autre bout
du monde, laissant derrière lui Malek et le
quartier où ils ont grandi. Ce soir, c’est leur
dernier coucher de soleil.
QUEENDOM A summer place (Alexandra MATHEOU, 21 mn)
Tina travaille sur l’île de Chypre, le nou-
LES FILMS À UTOPIA, DU Artiviste non-binaire de 21 ans, Gena Marvin veau paradis méditerranéen des oligarques
entend bousculer la société russe, prise au russes. C’est aussi une voie de passage pour
MERCREDI 3 AU LUNDI 8 AVRIL piège par Poutine, en déambulant dans les les migrants syriens.
rues de Moscou dans des costumes mu- Muanapoto (Chriss ITOUA, 25 mn)
Mercredi 3 avril à 20h30 tants, croisement entre l’esthétique de Leigh Chriss, d’origine congolaise, mène une
Film d’ouverture, en présence Bowery et celle de « Comme des garçons », double vie. Sa mère ne sait pas qu’il pré-
de la réalisatrice Agniia Galdanova entre la mode et le trash art, le happening fère les garçons. Un week-end chez elle, il
brûlant et l’exhibition publique. Sa pratique entame un dialogue grâce à un projet vidéo.

QUEENDOM
artistique brouille les frontières entre iden- Ne jamais s’arrêter de crier (Abdellah TAÏA,
tité, art et activisme. 10 mn) L’écrivain Abdellah Taïa écrit une
Par un remarquable travail documentaire, lettre à son neveu, gay comme lui, pour l’ai-
Film documentaire d’Agniia GALDANOVA la réalisatrice dresse le portrait d’une jeune der à sortir de la peur.
USA/France 2023 1h42 VOSTF queer, de ses rapports complexes avec sa fa-
Jeudi 4 avril à 18h30

NORWEGIAN
DREAM
Leiv Igor DEVOLD
Norvège 2023 1h38 VOSTF

Tout juste embauché dans une usine de


poisson sur la côte norvégienne, Robert, un
jeune immigrant polonais, tente d’entamer
une nouvelle vie. Très vite il fait la rencontre
d’Ivar, le fils du patron, qui assume sa queer-
ness malgré les brimades des collègues viri-
listes et machos. Quand leur relation prend
une tournure romantique, et alors qu’une
grève éclate à l’usine, Robert est confronté à
un dilemme de taille : rester loyal envers sa
communauté ou envers son amant.
Le réalisateur mêle cinéma social, romance
gay et affirmation de soi, renouvelant la
conception dominante de l’altérité, dans ce
NORWEGIAN DREAM joli drame tendu et feel good à la fois.
19ÈME FESTIVAL CINÉMARGES DU DIMANCHE 31 MARS

France, s’empare de la Drôme provençale et


pousse les habitant·es à improviser des sys-
tèmes de défense. Dans ce climat apocalyp-
tique, Lou, 18 ans, découvre ses sentiments
pour Sam, son amie d’enfance.
La Tentation du panda roux
19ÈME FESTIVAL CINÉMARGES (Haïga JAPPAIN, 20 mn)
Anna, 34 ans, vit le parfait amour avec Marie.
Lorsqu’elle apprend qu’elle présente les
signes d’une ménopause précoce, elle se
lance dans une course contre la montre.
Queen size (Avril BESSON, 18 mn)
Alors qu’elle s’apprête à tout quitter, Marina
a rendez-vous avec Charlie pour lui vendre
un matelas…
BREAK (Roxanne GAUCHERAND, 4 mn)
LE CORPS DU DÉLIT L’amour queer au grand air… sur une mu-
sique de Maud Geffray.
Jeudi 4 avril à 20h30 maison est devenue un vrai champ de ba-
En présence du réalisateur taille. Thom est prêt à tout pour raviver la Samedi 6 avril à 18h30
Léolo Victor-Pujebet, de l’acteur Mathieu flamme, quitte à demander le divorce…

UN JOUR FILLE
Morel et de Myriam Eckert, du CLAP 33 Interprété avec maestria par un Olivier
Gourmet en ours désabusé, et par l’acteur

LE CORPS
anglais Dave Johns, toujours juste et sen-
sible, le film oscille entre pure comédie et Jean-Claude MONOD
moments d’infinie tendresse. On voit trop France 2022 1h33

DU DÉLIT
peu souvent le vieillissement des hommes
gays traité avec une si grande délicatesse et Au XVIIIe siècle, Anne Grandjean, assigné·e
un humour aussi subtil. Un régal ! fille à la naissance, est contraint·e une fois
adulte de « changer d’habit » en raison de
Léolo VICTOR-PUJEBET
France 2023 1h21 Vendredi 5 avril à 20h30 son attirance pour les femmes. Désormais
En présence de la réalisatrice perçu·e comme un homme sous le nom de
Roxanne Gaucherand Jean-Baptiste, iel parvient à mener une exis-
Jean, jeune vidéaste, passe des images aux tence paisible et à se marier. Jusqu’au jour

COURTS
armes, après la mort d’un ami survenue lors où son passé ressurgit et donne lieu à un
d’un contrôle de police. Enfermé en attente procès aussi insolite que mémorable…
d’un procès, des esprits lui rendent visite… Adapté d’un fait divers, ce film dépeint un
Ce docu-fiction donne d’abord la parole

GOUDOUS
cas historique d’intersexuation. À contre-
à des femmes victimes de violences poli- courant d’un discours pathologisant, le ci-
cières, puis met en scène un jeune militant néaste prend le parti d’accompagner au plus
gay fictionnel, porté tant par son amour que près ce personnage émouvant dans sa quête
Durée du programme : 1h30
par son engagement. de liberté. Sans omettre d’exposer l’absurde
Léolo multiplie les clins d’œil à la nou-
Pyrale (Roxanne GAUCHERAND, 48mn) cruauté des institutions religieuse, médi-
velle vague, et s’inspire de textes radicaux Au cœur de l’été, la Pyrale du buis, un papil- cale et judiciaire à l’égard des « dissident·e·s
et sublimes de Genet, Meinhof ou encore lon asiatique introduit accidentellement en sexuel·le·s ». Un film généreux et intrépide !
Foucault. Pour, au final, réaliser une magni-
fique déclaration d’amour à son acteur et
compagnon Mathieu Morel.

Vendredi 5 avril à 18h


Présentation vidéo par le réalisateur David
Lambert – Discussion après la projection
avec Fred Arends, journaliste belge.

LES TORTUES
David LAMBERT
Belgique 2023 1h23

À Bruxelles, un couple d’hommes semble


vivre le parfait amour depuis 35 ans. Depuis
qu’Henri a pris sa retraite de policier, rien ne
va plus. Ses journées sont fades et intermi-
nables, ses sentiments s’estompent et leur UN JOUR FILLE
AU LUNDI 8 AVRIL 19ÈME FESTIVAL CINÉMARGES
Dans une luxueuse villa italienne abritant un
institut de rééducation pour ados difficiles,
Zena, 16 ans, rencontre Alfonso, Vittoriano
et Marzia. Tou·tes issu·es de familles riches
et puissantes, chacun·e a fait quelque chose
de terrible.
Les flashbacks, dévoilant leurs histoires in-
dividuelles, viennent éclairer un présent
carcéral, où les protagonistes trompent l’en-
nui par de multiples transgressions.
Le deuxième long métrage de Zambrano
flirte avec le cinéma de genre pour dénoncer
l’emprise du conservatisme sur l’Italie des
années 1990. Un film profondément punk
qui débute au son de Lullaby de The Cure et
dessine le portrait d’une génération rebelle
et insoumise.

Lundi 8 avril à 20h15 – Film de clôture


NELLY & NADINE
En présence de Laura Mazo-Arboleda,
assistante de production chez Dublin Films,
Samedi 6 avril à 20h30 poursuivie au Venezuela puis en Belgique, producteur bordelais du film
une fois la guerre achevée.

ON THE GO ANHELL69
C’est en découvrant le visage intrigant de
Nadine Hwang parmi les milliers de pho-
tos de survivantes débarquées au port de
Julia de CASTROP & Marìa Gisèle ROYO Malmö en 45, que le réalisateur se lance dans Theo MONTOYA
Espagne 2023 1h12 VOSTF une enquête de longue haleine. Au terme de Colombie / France 2022 1h14 VOSTF
ses recherches qui l’amènent à contacter la
Être ou ne pas être mère, telle est la ques- famille de Nelly Mousset-Vos, une cantatrice Un corbillard sillonne les rues de Medellin,
tion. Milagros prolonge une jeunesse in- belge condamnée pour espionnage, il met tandis qu’un jeune réalisateur raconte son
souciante pendant ses dernières années de en lumière un récit poignant nourri d’images histoire dans cette ville marquée par les
fertilité, tandis que Jonathan cherche du ré- et de lettres intimes exhumées pour l’occa- conflits, la violence et les paradoxes. Il se
confort sur Grindr pour surmonter un aban- sion. souvient de son enfance, de sa rencontre
don. La route et l’amitié atténuent la déso- Un vibrant hommage à deux figures de la avec le cinéma d’auteur et de la découverte
rientation causée par la trompeuse liberté lesbian herstory européenne, attestant de la de sa sexualité. Il tente ensuite de réaliser
du début du XXIe siècle. Un road movie fou, à nécessité de préserver les archives LGBTQI+. son premier film, une dystopie où des fan-
travers l’Andalousie, où une sirène ensorce- tômes sensuels deviennent la métaphore
leuse donnera le tempo du voyage. Dimanche 7 avril à 20h30 d’une micro-société en marges.
Avec ce premier film, tourné en 16 mm, les Un voyage sidérant à la rencontre d’une jeu-

ROSSOSPERANZA
réalisatrices créent un monde surréaliste, nesse queer, mêlant documentaire et fiction
hédoniste et délirant, peuplé de person- avec une grande poésie. Film essentiel, qui
nages camp tout droit sortis des premiers perturbe, touche au cœur, et réfléchit sur un
films d’Almodóvar ou de Gregg Araki, porté Annarita ZAMBRANO système en crise, qui, on l’espère, finira en
par un génial trio d’interprètes. Italie 2023 1h27 VOSTF ruines pour une renaissance des plus vivantes.

Dimanche 7 avril à 17h45


En présence d’Isabelle Sentis, de Queer
Code (Espace de visibilité des lesbiennes
dans l’histoire), en collaboration avec le
Collectif Archives LGBTQI+ du Girofard

NELLY & NADINE


Film documentaire de Magnus GERTTEN
Suède/Norvège/Belgique 2022 1h33 VOSTF

La rencontre amoureuse tout à fait impro-


bable de deux femmes, en 1944, au camp
de Ravensbrück. Des décennies plus tard,
Sylvie, la petite-fille de Nelly, se plonge dans
les archives personnelles de sa grand-mère
et revisite cette relation étonnante qui s’est ANHELL69
Dans le cadre des Escales du Livre – 5/6/7 Avril Bordeaux quartier Sainte-Croix, Dimanche 7 AVRIL
à 11h, PROJECTION-RENCONTRE avec Gérard MORDILLAT, écrivain et cinéaste, autour de son film
Le nouveau roman de Gérard Mordillat, Les Exaltés (Calmann-Lévy) et l’essai Mélancolie ouvrière (Points Seuil)
de Michelle Perrot qui a inspiré le film seront proposés à la vente, en partenariat avec la librairie La Machine à lire

MÉLANCOLIE OUVRIÈRE
Écrit et réalisé par Gérard MORDILLAT danser les millions que d’autres gagnent casser les prix, on faisait venir d’Italie de
France 2018 1h32 pour vous ! » Lucie Baud, le regard noir très jeunes filles qui vivaient dans des
avec Virginie Ledoyen, de colère, tient tête au puissant patron conditions épouvantables. Les ouvrières
Philippe Torreton, François Cluzet, des filatures de Vizille. Après trente jours françaises ne les aimaient pas : elles les
François Morel, Jacques Pater, de grève, l’ouvrière campe sur ses po- trouvaient sales et aguicheuses », ex-
Jean-Damien Barbin… Adapté, sitions : maintien des salaires que l’in- plique Michelle Perrot.
avec la collaboration de Philippe dustriel veut réduire de moitié, réintégra- Pour Lucie Baud, ce sont juste des
Sainteny, de l’essai Mélancolie tion du personnel et reconnaissance du compagnes d’infortune qu’il faut aider,
ouvrière de Michelle Perrot syndicat qu’elle a créé. Duplan, inflexible comme en témoigne une belle scène
et plein de morgue, la traite de « fei- de baignade au lac où les Françaises
Mélancolie ouvrière redonne une voix et gnante » et de « sale petite femme »… donnent leurs vêtements aux Italiennes,
un visage – ceux de Virginie Ledoyen, lu- Gérard Mordillat voit dans la lutte des entonnant en chœur Va, pensiero de
mineuse – à Lucie Baud, l’une des pre- ouvrières de la soie (reconstituée dans Verdi. D’autres chants, comme Le
mières femmes syndicalistes, qui prit la un atelier de filature de la Loire, incroya- Temps des cerises ou Chagrin d’amour,
tête des grèves dans les filatures d’Isère blement préservé) des résonances ac- rythment le film, traduisant tour à tour
à la fin du 19e siècle. tuelles sur la condition des femmes et la colère, le doute ou le désespoir…
« Vous n’êtes qu’un capitaliste qui fait sur les questions d’immigration. « Pour (C. Jaurès, La Croix)

Samedi 4 Mai à 11h, Projection du long


court-métrage SALUT LES ZINS ! en présence
du réalisateur Paul NOUHET - Tarif unique : 5 €

SALUT LES ZINS !


Paul NOUHET France 2023 46 mn
avec Hugo Cailleres Betancor, Yaël Garcia, Zadig Langlois…
Scénario de Paul Nouhet et Simon Serna
Soutien à la production de la Région Nouvelle-Aquitaine
et du département de la Gironde, en partenariat
avec le CNC et accompagné par ALCA

D’abord trois adolescents déboulent en skate dans les rues aménageait des flaques d’eau et que c’était au spectateur
bordelaises. En miroir, plutôt des adultes, filmés dans de d’y trouver les reflets. Ça filme merveilleusement le skate,
longs rails de discussions. Salut les zins ! est plein de cette c’est gonflé d’intelligence, d’échos existentiels, et plein de ce
générosité de l’été autant que de cette nostalgie si particulière plaisir du film dans lequel on habite. Sans trick spectaculaire,
quand, à 25 ans à peine, on se regarde à 14. il répond à sa propre question : « C’est quoi ça : un film sur la
Film tout à fait joueur, rempli de peut-être, comme s’il vraie vie ? » (Pierre Guidez, FIFIB)
Lundi 8 AVRIL à 20h, AVANT-PREMIÈRE DU FILM en présence du réalisateur Antoine RAIMBAULT
et de José BOVÉ, protagoniste principal du film (sous les traits de Bouli Lanners !)
Achetez vos places à l’avance au cinéma, à partir du Samedi 30 Mars
(Une affaire de principe est ensuite programmé en sortie nationale à partir du 1er Mai)

UNE AFFAIRE DE PRINCIPE


Antoine RAIMBAULT dat malheureux à la présidence de la Commission Européenne (plus enraciné
France 2024 1h35 République française, parlementaire eu- qu’un McDo), José Manoel Barroso.
avec Bouli Lanners, Céleste Brunnquell, ropéen teigneux… Nous sommes en 2012 et Barroso a
Thomas VDB, Céleste Brunnquell, C’est dans ce dernier rôle qu’Antoine brutalement limogé son commissaire à
Lisa Loven Kongsli… D’après le livre Raimbault l’attrape dans Une affaire de la santé, le maltais John Dalli, sous le
Hold-up à Bruxelles, les lobbies principe. Au moment où le député euro- prétexte qu’il a rencontré en secret des
au cœur de l’Europe de José Bové péen Bové, décrit plus haut comme tei- membres du lobby du tabac. Nos trois
et Gilles Luneau gneux, semble assagi. Définitivement héros écolos flairent l’affaire bizarre et
rattrapé et comme engourdi par la real- commencent à enquêter, soupçonnant
Avec ses bacchantes blondes tom- politik et la social-démocratie, la re- que le commissaire a été victime d’un
bantes à la Asterix, sa tignasse savam- cherche d’un consensus mou qui per- traquenard pour l’empêcher de faire
ment ébouriffée, ses chemises à car- mettra juste de ne pas empirer les passer une loi qui allait contraindre les
reaux, sa pipe avantageuse dont la choses. Comme disait l’autre, « les héros industriels cigarettiers à utiliser des pa-
fumée laisse deviner le regard plissé sont fatigués »… mais il suffit parfois de quets neutres. Bové et ses acolytes
par un sourire matois en embuscade, pas grand-chose pour les réveiller. Une se muent en détectives de choc pour
il ne faut pas bien longtemps pour ac- injustice trop flagrante, une tentative de mettre au jour le complot et épingler les
cepter de voir en Bouli Lanners (un de lobbyisme qui s’affranchit des limites de graves défaillances démocratiques de la
nos héros de cinéma, il y en a peu) l’in- la légalité – et voilà notre Bayard qui re- Commission européenne.
carnation possible de José Bové (un de part au front, pipe au bec et sabre au
nos héros politiques, ils ne sont pas si clair, flanqué de son assistant parlemen- Une affaire de principe est construit
nombreux). José, selon nos âges et taire pas fâché de reprendre du service comme un solide thriller dont l’intrigue
nos engagements, on l’a connu tour à militant (Thomas VDB, absolument par- tendue nous fait découvrir peu à peu
tour : militant pacifiste au Larzac, éle- fait) et aiguillonné par l’idéalisme ver- que, pour les puissants lobbys écono-
veur de brebis pyrénéen, syndicaliste tueux d’une jeune stagiaire remontée miques, tous les coups sont permis…
paysan sans peur et sans reproche en- comme un coucou (Céleste Brunnquell, avec la complicité des plus hautes ins-
gagé contre l’agriculture productiviste épatante comme toujours). L’affaire (de tances européennes ! On y découvre un
et l’industrie agroalimentaire (co-fon- principe) va voir s’affronter deux poin- José Bové qui s’investit avant tout pour
dateur de la Confédération paysanne, tures incontournables du Parlement eu- une question de principe démocratique
tout de même !), médiatique démon- ropéen du début des années 2010. À – quitte à voler au secours d’un adver-
teur de McDonald’s aveyronnais, preux ma gauche anticapitaliste donc, l’irrésis- saire politique. Et à quelques semaines
chevalier altermondialiste, faucheur de tible José Bové, et à ma droite ultra-li- des élections européennes, c’est une
maïs génétiquement modifié, candi- bérale, l’indéboulonnable taulier de la excellente leçon de démocratie.
ANATOMIE D’UNE CHUTE
Justine TRIET France 2023 2h30
avec Sandra Hüller, Swann Arlaud, Milo Machado Graner,
Samuel Theis, Antoine Reinartz, Wajdi Mouawad, Camille Rutherford…
Scénario de Justine Triet et Arthur Harari
Une seule séance par semaine, chaque Lundi

On retrouve le corps sans vie de Samuel, universitaire sans histoire, au pied


de son chalet dans les Alpes. Daniel, son fils malvoyant, butte presque sur
le cadavre au retour d’une marche avec son chien. Samuel est-il tombé seul
du deuxième étage ? Son épouse Sandra, écrivaine réputée, a-t-elle commis
un crime ? Ce couple envié d’intellectuels battait-il de l’aile ? Et d’ailleurs,
qu’est-ce au juste qu’un couple, qu’est-ce qui en fait le ciment, la valeur, aux
yeux de la justice ? Et quel rôle peut avoir un enfant presqu’aveugle dans la
résolution de cette histoire, forcément compliquée, d’adultes ?
Une fois l’hypothèse de l’accident doctement écartée par les « experts »,
il ne reste pas trente-six solutions : c’est soit un suicide, soit un meurtre.
Sandra, assistée par un ami avocat, se retrouve donc un an plus tard en Cour
d’assises, face à un avocat général retors. Porté par l’exceptionnelle Sandra
Hüller, le film de Justine Triet s’émancipe de son strict « genre » (l’enquête, le
procès) pour prendre une dimension de plaidoyer féministe, puissant, brillant.
On en reste secoué longtemps après la projection.

PERFECT DAYS
Wim WENDERS Japon 2023 1h58 VOSTF
avec Koji Yakusho, Min Tanaka, Arisa Nakano, Tokio Emoto...
Scénario de Takayuki Takuma et Wim Wenders
Une seule séance par semaine, chaque Vendredi

Nous allons suivre le quotidien quasi millimétré de Hirayama, cinquantenaire


mutique mais pas muet, qui nettoie les toilettes publiques de la ville de Tokyo.
Wenders nous entraîne dans le périple ordinaire mais ô combien sensible
et poétique de cette homme qui nous entraine dans son monde grâce à de
petits riens qui prennent une importance capitale : regarder le soleil briller
dans les feuilles des arbres, aller chercher un livre à la librairie, laver son linge
au lavomatic ou se rendre aux bains publics. Et puis, dans ce quotidien que
rien ne semble pouvoir bouleverser, des petits imprévus, des contretemps
vont pourtant obliger Hirayama à s’ouvrir aux autres – et à nous, spectateurs,
et nous faire entrevoir ce qui l’a fait préférer la solitude et apprécier la poésie
des moments les plus simples de l’existence.
Vous l’aurez compris, Perfect days est un film zen et lumineux sur les infimes
bonheurs de la vie quotidienne, qui parlera à chacun et qui invite à ne surtout
pas négliger les petits riens. Bref, un film qui fait du bien.

LA ZONE D’INTÉRÊT
Écrit et réalisé par Jonathan GLAZER
USA /GB / Pologne 2023 1h46 VOSTF (allemand)
avec Sandra Hüller, Christian Friedel, Marie Rosa Tietjen, Ralph Herforth…
D’après le roman de Martin Amis (Éd. Calmann-Levy, 2015)
Une seule séance par semaine, chaque Samedi

Filmant l’existence harmonieuse de la famille Höss, dont le père est tout


tranquillement le commandant en chef du Camp d’Auschwitz-Birkenau,
Jonathan Glazer parvient à faire vivre l’enfer de l’extermination et à
représenter l’irreprésentable sans jamais le donner directement à voir. Loin
de la reconstitution historique documentée des camps de la mort, le hors-
champ des massacres se déploie avec force dans le quotidien de ces petits-
bourgeois allemands. Il surgit d’abord à travers les images des cheminées
fumant derrière les murs de protection, puis par celles des cendres venant
coloniser les espaces voisins.
Rarement comme dans La Zone d’intérêt on aura tiré parti de l’efficacité du
hors-champ pour raconter les violences dont l’humanité est capable contre
elle-même. En incarnant les mécanismes du déni, le film rappelle à chacun
à quel point il est aisé d’oublier progressivement l’horreur qui se déroule
autour de nous et de faire le choix de l’indifférence. Quant aux grondements
terrorisants du monstre d’Auschwitz, ils continuent de nous habiter longtemps
après la projection…
Cinéma de genre, Exploitation, OFNI, auteurs borderline...
Séance mensuelle du troisième type proposée par Monoquini
— lunenoire.org

VAXDOCKAN 1817), décrivant la fascination exercée


par une automate sur un jeune homme
qui en tombe amoureux et y perd la rai-
son – un conte qui a instauré la notion
d’ « inquiétante étrangeté » analysée par
Freud dans un texte célèbre et dont le
Surréalisme s’est largement réclamé.
Dagerman s’étant suicidé en 1954, ce
sont l’écrivain Lars Forssell et la scé-
nariste Eva Seeberg qui développèrent
le schéma initial et l’adaptèrent pour
l’écran.
La poupée, le mannequin, l’androïde
sont des figures anthropomorphes dont
le cinéma fantastique s’est régulière-
ment emparé pour signifier une relation
avec une présence non-humaine et am-
biguë, symbolisant le trouble de l’iden-
tité. L’illusion de la vie et d’une volonté
propre confère à l’objet un degré d’exis-
tence fluctuant et indéterminé, qui peut
être aussi séduisant qu’inquiétant. Voire
dangereux si cet objet est véritablement
possédé et malfaisant (cf Chucky et
autre Puppet Master). Dans le cas pré-
sent, le titre Vaxdockan se traduit littéra-
Dimanche 7 AVRIL à 20h15 lement par « poupée de cire » plutôt que
« mannequin », accentuant la bizarrerie
d’un homme adulte qui se livre passion-
(THE DOLL / LE MANNEQUIN DE CIRE) blier qu’après un premier « Âge d’or » nément à un « jeu d’enfant » et accorde
(celui du muet), la Suède a aussi eu sa toute son attention à une figure inerte
Arne MATTSSON « nouvelle vague » sous l’impulsion de aux dimensions humaines.
Suède 1962 1h35 VOSTF Noir & blanc jeunes auteurs, alors que des réalisa- À la fois statue palpitante et vivante pé-
avec Per Oscarsson, Gio Petré, teurs chevronnés se réinventaient de trifiée, tantôt figée dans une rigidité ca-
Tor Isedal, Elsa Prawitz, Bengt façon inattendue. C’est le cas d’Arne davérique, tantôt agitée de tics hyp-
Eklund, Malou… Mattsson, qui a déjà près de vingt ans notiques, Gio Petré prête voix à cette
Scénario de Lars Forssell de carrière quand il entreprend le tour- troublante image de femme au teint li-
et Eva Seeberg, d’après un sujet nage de Vaxdockan. Touche-à-tout pro- vide. Quant à Per Oscarsson, futur prix
de Stig Dagerman lifique, il s’est fait notamment une spé- d’interprétation à Cannes pour son rôle
cialité des énigmes policières, avec la de Pontus dans La Faim, de Henning
Dans une petite ville suédoise, Lundgren, série des Hillman Thriller, fort populaire Carlsen (d’après le roman de Knut
un jeune homme solitaire et mélanco- en Suède à la fin des années 50, chacun Hamsun), son interprétation d’un amou-
lique, exerce l’emploi de gardien de nuit. des titres portant une couleur distincte reux littéralement fou est en tout point
Lors d’une de ses rondes dans la réserve et dont Mannequin en rouge (1958) pré- convaincante.
d’un magasin, il tombe sous le charme figure Six femmes pour l’assassin de
d’un mannequin de vitrine. Il le subtilise Mario Bava, l’acte de naissance ciné- Dans cette histoire de fétichisme comme
et le ramène secrètement dans la man- matographique du giallo. On notera substitut à la solitude, la névrose prend
sarde qu’il occupe dans une vieille pen- que la figure du mannequin se retrouve la forme d’un rêve halluciné où Eros
sion de famille. Bientôt, la figure de cire dans nombre de films de Mattsson, le et Thanatos mènent le bal. Habillée et
s’éveille à la vie… cinéaste éprouvant une attraction évi- déshabillée, disponible dans sa nudi-
dente pour ces formes sans chair. té et promise à la distraction, prête à
Dans les années 60, le cinéma suédois L’idée de Vaxdockan, empruntée au ro- « fonctionner », la poupée en retour se
se résume bien souvent en dehors de mancier Stig Dagerman, s’inspire, en la joue avec ingénuité de l’homme. Et bien
ses frontières au seul nom, prestigieux modernisant, d’une nouvelle fantastique qu’elle ne soit pas plantée d’épingles,
certes, d’Ingmar Bergman, faisant ou- d’E.T.A. Hoffman (Le Marchand de sable, l’envoutement opère pleinement.
1994 – 30 ans après – 2024 Mercredi 10 AVRIL à 20h15
Commémoration du génocide
perpétré contre les Tutsi 30 COMMÉMORATION DU GÉNOCIDE DES TUTSI
e

Se souvenir, transmettre Soirée organisée par Cauri, Survie et l’Institut des Afriques
et rendre justice
Projection de RWANDA, VERS L’APOCALYPSE
Dimanche suivie d’un débat avec Maria Malagardis, co-réalisatrice du film,
7 avril grand reporter à Libération, auteure entre autres de Avant la nuit
Commémoration (Talents Editions, 2024), et Beata Umubyeyi Mairesse, écrivaine,
11h30 à
Bordeaux, en survivante du génocide des Tutsi, auteure entre autres du récit
présence d’un Le Convoi (Flammarion, 2024). Achetez vos places à l’avance au
représentant cinéma, à partir du Dimanche 31 Mars
de la Mairie,
rassemblement
sur le quai face
à la place de la
Bourse, jet de
fleurs dans la
RWANDA, VERS L’APOCALYPSE
Garonne.
16h à
Bègles, en présence du Maire,
rassemblement au mémorial
de l’Homme debout, chanson
de Perrine Fifadji, témoignages,
lectures et projection du film Une
des mille collines à la salle Jean
Vautrin (parc de Mussonville).

Mercredi 10 avril à 20h30


au Cinéma Utopia – Soirée débat
en présence de la co-réalisatrice
Maria Malagardis et de Beata
Umubyeyi Mairesse.

Samedi 20 avril à 20h au Studio


71, cours Edouard Vaillant à
Bordeaux – rendez-vous avec les
survivants, accompagnés par Dalila
Boitaud-Mauzaudier, Myriam Vicq
et Henri Plandé. Témoignages,
Film documentaire de le témoignage de plusieurs responsables
projection, lectures et chants. Michaël SZTANKE, Maria de l’époque, dont celui inédit du pré-
MALAGARDIS et Seamus HALEY sident actuel du Rwanda Paul Kagame,
Jeudi 23 Mai France 2024 1h10 celui d’acteurs et de victimes des persé-
À partir de 9h rencontre avec des avec la voix de Gaël Faye cutions, ainsi que de militaires français,
lycéens à l’auditorium du Musée se dessine la mise en place de cette poli-
C’était il y a trente ans. Le crime des tique d’extermination.
d’Aquitaine : conférence de Vincent crimes était commis au Rwanda et l’on L’ampleur de ce crime – tentative
Duclert, historien, Laurent Larcher, nous parlait de massacres inter-eth- d’anéantissement de la population Tutsi
journaliste et Richard Gisagara, niques. Il s’agissait d’un génocide, un – nous amène à accueillir avec humilité
avocat. million de morts en cent jours, dix mille la parole des survivants. Au-delà du dé-
personnes assassinées chaque jour cryptage des responsabilités, c’est bien
De 15h à 17h, échange avec les pendant trois mois, pour la seule raison cette parole qui restaure le lien d’huma-
trois conférenciers à l’auditorium qu’elles étaient nées Tutsi ou qu’elles nité brisé.
À 18h30 à la Machine à lire, avaient voulu s’opposer aux tueries. Ce crime lointain nous engage tous. À
rencontre avec Laurent Larcher Ces massacres, l’aboutissement drama- l’heure où l’État français entame, tardi-
tique du déploiement d’une idéologie ra- vement, le chemin qui mène à la recon-
autour de son dernier ouvrage Papa, ciste, furent organisés par les plus hautes naissance du soutien apporté au régime
qu’est-ce qu’on a fait au Rwanda ? instances d’un État qui n’était pas cou- criminel, nous nous devons de nous in-
pé du monde, mais dont les connexions terroger. À Bordeaux, ce questionnement
Association CAURI en partenariat et soutiens venaient jusqu’ici, spéciale- nous concerne spécialement : un ancien
ment en France. Pour comprendre ces maire était ministre des Affaires étran-
avec les villes de Bègles et trois mois, durant lesquels le meurtre et gères en 1994. Et la Nouvelle Aquitaine,
Bordeaux, Survie, Ibuka, IDAF, le viol devinrent la norme, le film Rwanda, nous l’avons vu récemment, fut l’une des
musée d’Aquitaine, cinéma Utopia, vers l’apocalypse nous plonge dans un étapes de la traque des génocidaires ac-
Cie Uz&Coutumes et Fabula Luna compte à rebours vers le pire. À travers cueillis par l’État français.
LOS DELINCUENTES
Écrit et réalisé par Rodrigo MORENO
Argentine 2023 3h10 VOSTF
avec Daniel Elias, Esteban Bigliardi, Margarita Molfino,
German De Silva, Laura Paredes…

Moran et Roman (le réalisateur aime bien les anagrammes


puisque nos deux amis rencontreront plus tard Morna et
Ramon) sont d’honnêtes employés de banque quadragé-
naires, discrets voire un peu falots, qui font leur travail avec
une rigueur et une régularité d’horloger, qui sont du genre à
réfléchir dès 11h au choix de leur sandwich du midi et à l’en-
visager comme principale perspective réjouissante de la jour-
née, et dont la vie sociale se résume à une bière partagée
rapidement à la sortie du boulot. Moran est le plus insoup-
çonnable des employés avec son petit bedon, sa calvitie nais-
sante, sa vie solitaire et pépère. D’ailleurs on lui a confié l’ac-
cès au coffre et le transfert des liquidités. Insoupçonnable…
sauf qu’un soir il s’arrange pour être seul à la fermeture, et
il enfourne sans remords un gros tas de billet dans un sac
de voyage ! Non sans avoir donné rendez-vous à son col-
lègue Roman – qui jusqu’au dernier moment n’est au cou-

DERSOU OUZALA
rant de rien – pour lui remettre le sac. Son plan : se constituer
prisonnier une fois que Roman aura planqué le sac – dont il
pourra soustraire la moitié du contenu pour son usage per-
sonnel : Moran a la fauche partageuse – et passer trois ans
en prison (avec les remises de peine, ce sera le maximum de
sa peine) avant de récupérer sa part du magot. Pour Moran,
anarchiste sans le savoir, le calcul est simple : 3 ans de prison Akira KUROSAWA URSS 1975 2h25 VOSTF
pour échapper à 25 ans de salariat donc d’esclavage, c’est avec Maxime Mounzouk, Youri Solonine,
de la rigolade ! Il y aura forcément quelques péripéties dans le Svetlana Danilchenko, Dima Kortitschew…
déroulement des opérations, que vous découvrirez au fil des Scénario d’Akira Kurosawa et Yuri Nagibin, d’après
trois heures savoureuses de la projection… le récit autobiographique de Vladimir Arseniev
Ce film joyeux – souvent même extrêmement drôle – et fo- En 1902, dans la taïga de l’Oussouri, non loin de la frontière
lâtre, qui montre formidablement l’enfermement du travail et entre la Russie et la Chine, le capitaine Vladimir Arseniev ef-
de la ville au regard de la nature où tout est encore possible fectue, avec quelques hommes, des relevés topographiques.
tant qu’on la préserve, revendique une liberté d’inspiration et Il rencontre un vieux chasseur solitaire, Dersou Ouzala, qui va
de ton particulièrement réjouissante et vivifiante ! leur servir de guide. Une profonde amitié naît entre les deux
hommes, mais, la mission géographique terminée, c’est la sé-
paration, douloureuse, et Dersou retourne seul dans la taï-
ga, son univers. Cinq années plus tard, Arseniev organise une
nouvelle expédition, qui permettra aux deux hommes de se
retrouver. Dersou fait découvrir à son ami les lois d’une na-
ture hostile, et le respect qu’on doit lui porter, simple question
de survie… Hélas le sage petit homme vieillit, perdant peu à
peu ses qualités primordiales de chasseur, sa vue perçante…
D’inspiration épique, Dersou Ouzala est un film essentielle-
ment positif. L’univers de Dersou est celui de l’harmonie agis-
sante, l’amitié des deux personnages est celle de deux êtres
disponibles à l’écoute de la nature, communion de deux pen-
sées, de deux façons d’agir, dans le respect et le souci de
chaque individu pour les autres. Images d’une splendeur sans
apprêt, « message » humaniste d’une bouleversante sincé-
rité, chronique aussi grandiose que scrupuleuse… Un chef-
d’œuvre salutaire en ces temps de frilosité de l’âme…

« Il n’est pas étonnant de retrouver Kurosawa en Russie en


1975 : d’un côté le réalisateur a acquis une réputation interna-
tionale qui attire les studios comme Mosfilm (qui ne s’y trompe
pas, puisque le film sera honoré de l’Oscar du meilleur film
étranger en 1976), d’autre part le cinéaste traverse une pé-
riode difficile et a du mal à travailler au Japon depuis l’échec
de Dodes’ Ka-den (1970). Mais surtout, l’ombre de la littérature
russe plane sur la filmographie du cinéaste, dont L’Idiot (1951)
reste l’une des plus vibrantes adaptations de Dostoïevski. On
retrouve d’ailleurs souvent dans l’œuvre de Kurosawa cette
thématique dostoïevskienne de l’âme noble et pure, qui ne
survit pas à la dureté de la société, plus prompte à la broyer
qu’à la reconnaître. L’âme de Dersou Ouzala brille d’huma-
nité et de sagesse (le personnage est d’ailleurs l’une des in-
fluences notables de Georges Lucas pour la création de Yoda
dans Star Wars). » (Victor Lopez, eastasia.fr)
LE VIEIL HOMME ET L’ENFANT

(EINVERA) n’a rien à envier aux étendues battues tion de ses moyens et de ses besoins
par les vents de la rude campagne is- (et contrairement aux apparences, si ses
Ninna PÁLMADÓTTIR landaise. Deux solitudes et, mieux que besoins restent fondamentalement mo-
Islande 2023 1h15 VOSTF la rédemption d’un pépé grincheux par destes, ses moyens sont conséquents,
avec Þhröstur Leó Gunnarsson, la magie de l’innocence enfantine, un le gouvernement ayant racheté sa ferme
Hermann Samúelsson, Anna timide rayon d’humanité qui vient per- au prix fort). Il peut aussi bien ouvrir sa
Gunndís Guðmundsdóttir, Hjörtur cer la grisaille du quotidien. La possibi- porte à un gamin esseulé laissé sous la
Jóhann Jónsson… lité d’une rencontre, si la vie moderne, pluie, qu’abandonner un reliquat de sa
Scénario de Rúnar Rúnarsson corsetée dans des conventions sociales relative fortune pour aider une associa-
égoïstes, veut bien la laisser advenir. tion d’aide aux migrants. D’un réalisme
Ne vous fiez pas au titre français, écra- et d’une simplicité extrême qui fait la
sant, aussi chargé en références dans Le vieil homme (bon, pas si vieux que ça) part belle aux non-dits, à la complici-
notre imaginaire collectif qu’une notice c’est Gunnar, un éleveur de chevaux ex- té silencieuse entre les deux solitaires,
wikipedia sourcée : ce petit bijou de sub- proprié de sa ferme pour cause de grand la mise en scène de Ninna Pálmadóttir
tilité islandaise qu’est Le Vieil homme projet d’utilité publique (la création d’un distille avec douceur sa poésie dans les
et l’enfant, tendre, inventif, n’est ni un barrage hydro-électrique). L’enfant s’ap- à-côtés de la belle histoire – principale-
remake du (très beau) film de Claude pelle Ari, 10 ans au compteur, navigue ment dans le passé de Gunnar, qui se
Berri avec Michel Simon, ni l’une de entre un père et une mère en instance dévoile partiellement, peu à peu. Dans
ses innombrables déclinaisons plus ou de divorce et se fait trois sous sur son la blessure de son expropriation et de
moins heureuses avec quoi le cinéma, temps libre en distribuant des journaux. l’abandon de ses bêtes, auxquels il ne
de Papillon en Petites victoires, nous L’un a l’humanité rugueuse du rural qui se résout pas, et qui éclate dans une sé-
abreuve de bons sentiments transgéné- a l’habitude d’aller à l’essentiel. La cu- quence admirable, presqu’onirique, de
rationnels. La Solitude du titre original, riosité et l’ingénuité de l’autre, apa- tentative de retour à sa terre submer-
Einvera en VO, n’a pas la noirceur qu’on nages de son jeune âge, commencent gée. Rien d’appuyé ou de chargé pour
pourrait croire. Elle contient toute la mé- à se cogner aux réalités du monde autant, ni dans les moments de grâce,
lancolie d’un standard de Duke Ellington des grands – un monde où les parents ni lorsque le drame affleure. Ni même
et colle parfaitement à la situation du vieil se séparent, où une maman ou un pa- quand nos deux héros sont rattrapés par
agriculteur déraciné, transplanté à son pa ne trouve pas le temps de prendre une réalité et d’effroyables trouilles mo-
corps défendant dans un appart de la soin de leur unique enfant, un monde dernes qui les dépassent, et qui les lais-
banlieue anonyme de Reykjavík, comme où des êtres humains réfugiés, trauma- seraient comme en suspens… on n’en
à celle de son petit voisin « d’en face », tisés, sont impitoyablement refoulés aux dit pas plus. Maligne, la réalisatrice clôt
gamin livré à lui-même au sein d’une frontières par la police au nom de poli- son film par une belle pirouette qui, der-
famille qui se délite. Elle dit aussi tout tiques « responsables ». Simple et prag- rière son apparente tristesse, ouvre une
de l’incommunicabilité en milieu urbain matique, Gunnar vient spontanément fenêtre teintée d’optimisme sur d’autres
qui, malgré la densité démographique, en aide à qui en a besoin – en fonc- possibles. Il suffit de vouloir.
LE ROYAUME DE KENSUKÉ
Film d’animation de Kirk HENDRY et Neil BOYLE
GB 2023 1h24 Version Française
Scénario de Frank Cottrell-Boy d’après le roman jeunesse
de Michael Morpurgo (Folio Junior)

POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 8 ANS

Le Royaume de Kensuké est une œuvre touchante et captivante qui mêle


récit d’aventures, quête initiatique et fable écologique. Visuellement, c’est
magnifiquement réussi : personnages aux expressions complexes donnant
vie à toute une palette de sentiments et d’émotions, monde animal et végétal
majestueux, sens aigu du détail. Une merveille !
Michael embarque avec ses parents et sa grande sœur pour un tour du monde
sur le « Peggy Sue », le voilier familial. Un peu triste de quitter son Angleterre
natale, il n’est pas particulièrement enthousiaste à l’idée de cette épopée mais
fait de son mieux pour prendre part aux tâches sur le bateau. Jusqu’au jour où
une effroyable tempête sépare le gamin de sa famille : perdu sur une île a priori
déserte aux contours rocheux peu hospitaliers, terrassé par la fatigue et un soleil
de plomb, le voilà livré à lui-même, avec sa peur et sa détresse... Seul ? Pas tout
à fait... Il ne va pas tarder à rencontrer Kensuké, le vieil ermite au grand cœur et
à la sagesse immense...

NON-NON DANS L’ESPACE


Programme de 2 films d’animation réalisés par Wassim BOUTALEB JOUTEI
France – Belgique 2023 52 mn - D’après les albums de la collection Non-Non
de Magali Le Huche (Ed. Tourbillon)

POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 3 ANS


Tarif unique : 4 euros

Cinq ans après La Grande aventure de Non-Non, on se réjouit de retrouver, pour


deux aventures pleines de surprises et de tendresse, Non-Non l’ornithorynque
et sa bande de potes aussi inséparables que solidaires, j’ai nommé Magaïveur
le mini-crabe, Bio le lapineau, Grocroc le petit ours, Zoubi la grenouillette et
Grouillette la tortue à roulettes.

Non-Non rétrécit : une journée tout ce qu’il y a de tranquille bascule dans


l’imprévu à cause d’un coup de vent et d’un paquet de chips coincé dans un
arbre immense. Grocroc sort la grosse artillerie : une machine à rétrécir, pour que
les branches de l’arbre soient à portée de patte. Mais voilà que l’imprudent Non-
Non passe malencontreusement devant le rayon laser rétrécissant… et devient
riquiqui comme une fourmi !

Non-Non dans l’espace : Non-Non et sa bande embarquent dans la fusée


construite par ce bricoleur de génie qu’est Grocroc. Destination : la lune. Mais
une pluie de météorites les fait dévier de leur trajectoire et les envoie… sur une
planète inconnue !

L’ANTILOPE D’OR
Deux films d’animation de Lev ATAMANOV et Youri NORSTEIN
URSS 1954 et 1973 Durée totale : 43 mn VF

POUR LES ENFANTS À PARTIR DE 3 / 4 ANS


Tarif unique : 4 euros

L’Antilope d’or – Lev Atamanov, 1954, 31 mn


Au temps des Mille et une nuits, un maharaja avide veut capturer une antilope
dont les sabots produisent des pièces d’or. Il capture son ami, un jeune garçon,
en espérant qu’il le mène à l’animal magique…
Dans des décors grandioses, entre palais somptueux et jungle verdoyante, une
histoire merveilleuse qui fait voyager et rêver !

En première partie :
La Renarde et le lièvre – Youri Norstein, 1973, 12 mn
A l’arrivée du printemps, la renarde jette le lièvre hors de chez lui et s’installe
dans sa maison. Triste et impuissant, le lièvre s’en va pleurer dans la forêt. Tour
à tour, le loup, l’ours, le taureau et le coq vont tenter de l’aider. Mais la renarde
n’est pas si facile à déloger !
MERCREDI 24 AVRIL : FUTURS ANTÉRIEURS #13
Journée spéciale CINÉMAS D’ANIMATION
17h : LES MAÎTRES DU TEMPS – 20h15 : SKY DOME 2123
Journée organisée par l’association Hypermondes
en partenariat avec la librairie du Basilic
Présentation et discussion autour des deux films avec Fabrice Blin,
réalisateur, journaliste et auteur des livres Les Mondes fantastiques de
René Laloux et Renaissance, le livre du film, et Silène Edgar, autrice, vice-
présidente du Festival Hypermondes. Tarif pour les deux films : 10 euros
– Prévente des places au cinéma à partir du Dimanche 14 Avril –
Film à l’unité, tarifs habituels, vente le jour même (Les Maîtres
du temps est programmé ensuite jusqu’au Dimanche 5 Mai)

LES MAÎTRES
DU TEMPS
Film d’animation de René LALOUX nète hostile. En compagnie de son vieil
France 1982 1h18 ami Silbad, un vieil aventurier rusé, et de
Dessins (décors et personnages) Jad et Yul, des entités télépathes, Jaffar
de Moebius (Jean Giraud) se dirige vers Perdide pour tenter de sau-
Dialogues de Jean-Patrick Manchette ver l’enfant…
Scénario de René Laloux et Moebius,
d’après le roman L’Orphelin de 9 ans après son chef-d’œuvre La Planète
Perdide de Stefan Wul sauvage, René Laloux adapte de nou-
veau un roman de Stefan Wul, et s’en-
POUR LES ENFANTS toure d’artistes exceptionnels tels le
À PARTIR DE 8 / 10 ANS dessinateur Moebius et l’écrivain Jean-
Patrick Manchette. Le résultat est à la
Sur la planète Perdide, Claude et son hauteur du défi.
jeune fils Piel fuient une inquiétante nuée Par la qualité de ses dessins, son su-
de frelons, aux commandes d’un véhi- blime spectre sonore teinté de musique
cule tout-terrain. Mais leur course se ter- electro, sa grande richesse thématique et
mine par un accident. Avant de mourir, le son univers ultra-inventif, le film acquiert
père réussit à contacter son ami Jaffar, instantanément le titre de classique de la
qui navigue dans l’espace en compagnie science-fiction. 40 ans après sa sortie, sa
du prince Matton, renversé de son trône poésie et son humanisme, magnifiés par
par les partisans de la Réforme. des décors inoubliables, nous rappellent
Claude lui demande de venir chercher que le français René Laloux fut un géant
son fils, désormais seul sur cette pla- du cinéma d’animation.
MERCREDI 24 AVRIL : FUTURS ANTÉRIEURS #13, Journée spéciale CINÉMAS D’ANIMATION
17h : LES MAÎTRES DU TEMPS – 20h15 : SKY DOME 2123
Journée organisée par l’association Hypermondes en partenariat avec la librairie du Basilic
Présentation et discussion autour des deux films avec Fabrice Blin, réalisateur, journaliste et auteur
des livres Les Mondes fantastiques de René Laloux et Renaissance, le livre du film, et Silène Edgar,
autrice, vice-présidente du Festival Hypermondes. Tarif pour les deux films : 10 euros
Prévente des places au cinéma à partir du Dimanche 14 Avril – Film à l’unité, tarifs habituels,
vente le jour même (Sky Dome 2123 est ensuite programmé jusqu’au 7 Mai)

SKY DOME 2123

Film d’animation écrit et réalisé par chologue, Stefan aide chaque jour ses mériquement en 3D et des personnages
Sarolta SZABÓ et Tibor BÁNÓCZKI patients à traverser l’épreuve du départ animés manuellement par rotoscopie,
Hongrie 2023 1h52 VOSTF d’un proche, ou à préparer le leur. Il tente le film présente une esthétique assez
d’expliquer, d’accompagner, de justifier unique. Sarolta Szabó et Tibor Bnóczki
2123. La Terre a épuisé ses ressources même ces lois cruelles mais visiblement ont choisi la rotoscopie pour tenter de
naturelles, plus aucune vie végétale ni nécessaires à la survie de l’espèce. Il rendre plus réalistes, plus palpables, les
animale ne subsiste, et l’humanité vit s’intéresse donc de près aux sentiments émotions de Stefan ou de Nóra, puisque
sous d’immenses dômes de verre et de de ses patients, mais il ignore parado- d’abord incarnés par des acteurs en
métal. Le film s’ouvre sur quelques mots xalement tout du souhait de Nóra, sa prise de vue réelle avant d’être re-des-
qui décrivent cet avenir de science-fic- compagne, qui veut mourir et céder son sinés. Cela, et les décors immersifs que
tion post-apocalyptique. Passé 50 ans, corps presque vingt ans avant la date li- l’on parcourt tout au long du film font
le corps des humains ne leur appartient mite, et il va tout faire, tout risquer pour de Sky dome un récit intime, comptant
plus, et ils doivent le céder (de force) à l’arrêter dans son projet. Mais le film ne peu de personnages, mais qui pour-
la ville, laquelle le transformera en arbre nous proposera pas un récit de sauve- tant parle de thématiques universelles et
qu’elle « cultivera » pour nourrir ses ci- tage classique, avec sa dose d’action même capitales aux yeux de ses réalisa-
toyens, façon Soleil vert. et de suspense. Un peu à la manière de teurs : l’écologie et le rapport de domi-
Le film nous invite à visiter une Budapest La Route (aussi bien le roman que son nation de l’humain sur la nature. Le duo
futuriste aux règles implacables. Le adaptation au cinéma), il s’agit davan- de cinéastes, qui a travaillé sur ce long-
monde sous le dôme est fait de métal, tage d’un voyage, d’une errance, d’une métrage pendant 7 ans, s’inquiétait que
de béton et de verre, tandis que l’ex- fable sur la survie et la condition hu- les thématiques du film ne soient obso-
térieur est un désert de roche sans fin. maine. lètes à l’heure de sa sortie, or c’est tout
L’être humain vit parqué comme du bé- le contraire : l’écologie et la refonte de
tail, portant une date de péremption Visuellement, Sky Dome 2123 est hy- notre mode de vie sont parmi les enjeux
au-dessus de sa tête. En tant que psy- bride : mêlant des décors modélisés nu- actuels les plus importants.
SOIRÉE-DÉBAT Jeudi 11 AVRIL à 20h30
DANS LE CADRE DE LA MOBILISATION
POUR LES RÉFUGIÉES ET LES RÉFUGIÉS,
DU 4 AU 14 AVRIL 2024,
organisée par le collectif BIENVENUE
Projection du film BIDASOA 2018-2023
suivie d’un débat avec le réalisateur
Fermin MUGURUZA. Achetez vos places à
l’avance au cinéma, à partir du Lundi 1er Avril

BIDASOA 2018-2023
Film documentaire écrit et réalisé par Fermin MUGURUZA
Pays-basque 2023 1h11 VOSTF

Les contrôles policiers renforcés et la fermeture de certains


passages sur la rivière Bidasoa, frontière naturelle entre l’Es-
pagne et le département des Pyrénées-Atlantiques, imposés
par la France à l’été 2018 pour empêcher l’entrée d’immigrés
en route vers d’autres pays européens, ont causé la mort de
dix personnes pendant la seule année 2021, sept noyées
dans les eaux de la Bidasoa, trois renversées par un train à
Ciboure… Lundi 29 AVRIL à 19h30
Ce film documentaire, en plus de porter les témoignages pas-
PROJECTION DE L’HÉRITAGE DE FLORA
sionnés et passionnants de plusieurs militants qui œuvrent Film inédit proposé par le Festival
des deux côtés du fleuve, en tant que représentants des
associations Harrera Sarea (Réseau d’accueil) et Bidasoa
de Cinéma Péruvien de Paris,
Etorkinekin (La Bidasoa avec les migrants), donne une véri- en partenariat avec le Consulat du Pérou
table existence aux migrants qui ont perdu la vie, en trans- à Bordeaux et La Maison du Pérou de Bordeaux
mettant leur nom et leur âge, en suivant leur voyage et leurs
rêves, en racontant les personnes et leur histoire derrière les
figures froides des défunts, en donnant à la tragédie toute son PROJECTION EN PRÉSENCE
épaisseur humaine. DU RÉALISATEUR AUGUSTO TAMAYO
Fermin Muguruza, ex-chanteur des groupes basques Kortatu
et Negu Gorriak, figures de proue de la scène punk rock dans Achetez vos places à l’avance au cinéma, à
les années 1980, a remplacé le micro par la caméra depuis
plusieurs années. Il est donc maintenant reconnu pour son
partir du Vendredi 19 Avril

L’HÉRITAGE DE FLORA
travail de réalisateur – il est d’ailleurs déjà venu chez nous
pour présenter ses deux longs métrages d’animation Black
is Beltza et Black is Beltza II : Ainhoa –. Mais on le connaît
aussi au Pays Basque pour son engagement humanitaire de
longue date, dont ce Bidassoa 2018-2023 est la manifesta-
tion à l’écran. LA HERENCIA DE FLORA

Augusto TAMAYO
Pérou 2023 2h15 VOSTF
avec Paloma Yerovi, Alberto Isola,
Diego Bertie, Gonzalo Revoredo, Silvana Cañote…
Scénario original de Jimena Ortiz De Zevallos,
adapté par Augusto Tamayo

La Flora du titre, c’est Flora Tristan, femme de lettres, mili-


tante socialiste et féministe française, qui fut l’une des figures
majeures du débat social dans les années 1840 et participa
aux premiers pas de l’internationalisme. Son nom est attaché
à Bordeaux puisqu’elle y mourut en 1844 à l’âge de 41 ans.
Une des bibliothèques de notre ville s’appelle d’ailleurs Flora
Tristan…

1833. Flora Tristan, fatiguée des mauvais traitements infligés


par son mari, fuit la France pour le Pérou dans le but de ré-
clamer ce qu’elle considère comme son héritage familial (son
père était un aristocrate péruvien). À son arrivée, son oncle
Pío Tristan modifie le testament de sa mère pour laisser Flora
sans argent. Elle constate les différences sociales et l’ignomi-
nie brutale de l’esclavage au Pérou. De retour en France, elle
devient écrivain et s’engage pour les droits des travailleurs et
des femmes.
LE JEU DE LA REINE
(FIREBRAND) « heureuse » élue après une telle série de prédécesseures n’ayant pas eu l’heur
ruptures et de drames, une sacrée force de conserver les faveurs de leur royal
Karim AÏNOUZ de caractère pour oser prendre la suite, époux, c’est ni plus ni moins que sa tête
USA / GB 2023 2h VOSTF tenir tête à un Souverain obsédé par la qui est en jeu. Et c’est là précisément
avec Alicia Vikander, Jude Law, Simon nécessité de voir un héritier mâle lui suc- que commence le film de Karim Aïnouz.
Russell Beale, Erin Doherty, Sam Riley… céder sur le trône, s’imposer comme
Scénario de Henrietta et Jessica Régente en son absence et naviguer à Reconstitution historique soignée,
Ashworth et Rosanne Flynn, vue dans le marigot des intrigues, jeux rythme haletant, thriller sombre et âpre
d’après le roman d’Elizabeth de pouvoirs, complots, coups bas, y à la violence difficilement contenue, Le
Fremantle (éd. Hauteville) compris religieux. De fait, côté religion, la Jeu de la Reine est une plongée étouf-
situation matrimoniale pour le moins ver- fante – et passionnante – au cœur d’une
Henry VIII, qui règne sur l’Angleterre satile du Roi a singulièrement compliqué Cour d’Angleterre sale, austère, dan-
(et l’Irlande) de 1509 à 1547, a tout de la donne : l’Angleterre est officiellement gereuse, gangrenée au propre comme
Barbe-Bleue (et il est bien possible après catholique, avec tout son tralala hié- au figuré, débarrassée de tout son dé-
tout qu’il ait inspiré le conte horrifique de rarchique de dignitaires en robes, mais corum romantique pour petites filles
Charles Perrault). « Divorced, beheaded, a rompu avec la Papauté. La Réforme modèles. Un peu comme Les Tudor
died. Divorced, beheaded, survived ! » gagne du terrain mais reste hérétique (fameuse série portée par Jonathan
La petite comptine bien connue des – or Catherine est secrètement proche Rhys-Meyers) relookée, avec une re-
écoliers d’outre-Manche – et qui leur d’Anne Askew, martyre protestante, qui cherche de réalisme stylisé, par les dé-
permet de mémoriser le destin plus ou ambitionne de diffuser les textes sacrés corateurs de Game of Thrones. Dans les
moins tragique de chacune de ses six traduits en langues populaires, pour les recoins sombres, les alcôves éclairées à
épouses – fait tout de même froid dans le rendre directement accessibles au plus la bougie, derrières les portes dérobées,
dos. Dans l’ordre : Catherine d’Aragon, grand nombre. Ce qui, on s’en doute, ne beaucoup de périls guettent la jeune
Anne Boleyn, Jeanne Seymour, Anne de fait pas vraiment l’affaire des dignitaires reine traquée sans répit par ses enne-
Clèves, Catherine Howard et l’ultime, religieux qui conseillent le Roi. Pourtant, mis. Découverte, on s’en souvient, dans
Catherine Parr. Six femmes, trois mortes régente du royaume pendant les cam- le rôle d’une autre souveraine progres-
dont deux décapitées sur ses ordres, ça pagnes militaires de son époux, la Reine siste (celle du Danemark) dans le ma-
ne dessine pas exactement le portrait a habilement manœuvré sur l’échiquier gnifique A royal Affair de Nikolaj Arcel,
d’un prince charmant, d’un mari aimant, politique pour mener à bien les réformes Alicia Vikander incarne ici avec une
pas plus que d’un roi attentionné, amou- qui lui tenaient à cœur tout en ména- feinte fragilité une Catherine puissante,
reux et poète – même si la légende po- geant les susceptibilités des uns et le héroïque, en butte au patriarcat et à une
pulaire veut qu’il ait composé la chanson pouvoir des autres. Avec le « retour du société qui fait bloc, dont l’hostilité croit
mélancolique Greensleeves à l’attention Roi » – un roi énorme, violent, blessé, in- au fur et à mesure que décline la santé
d’Anne Boleyn, qui ne partageait pas ses quiet, irascible –, c’est une nouvelle par- du monarque monstrueux et pourrissant
nobles sentiments… On se doute aisé- tie qui commence pour elle. Beaucoup (formidable Jude Law) – et qu’explosent
ment qu’il fallut à Catherine Parr, promue plus risquée puisque, comme pour ses ses ultimes accès de violence.
Lundi 22 AVRIL à 20h15, PREMIÈRE PROJECTION DU FILM
EN PRÉSENCE DE KARIM AÏNOUZ, LE RÉALISATEUR
soirée en partenariat avec la Fédération Franco-Algérienne
Aquitaine Plus et l’association Zine Event.
Pour cette soirée, achetez vos places à l’avance au cinéma, à partir du Vendredi
12 Avril (Marin des montagnes est ensuite programmé du 24 Avril au 7 Mai)

MARIN DES MONTAGNES

Film documentaire de Karim AÏNOUZ sur les traces d’un père qu’il n’a jamais Et puis, après ce séjour foisonnant à
Brésil / France 2021 1h35 connu tout en adressant une lettre filmée Alger, il va se diriger vers le village na-
à cette mère disparue et tant aimée. tal de son père, sur les hauteurs de la
Ça commence par des plans du ferry Au-delà de la tentative de reconstruc- Kabylie, non loin de Tizi Ouzou. Et l’im-
qui relie chaque jour Marseille à Alger. tion d’une histoire familiale, il s’agit pour probable va se produire : la rencontre
Le passager qui filme ici les cour- le cinéaste de ré-assembler le puzzle de avec un homonyme, un autre Karim
sives vides, les salles de restaurant… son identité dont les pièces lui semblent Aïnouz ! Lequel croit ainsi avoir trouvé
et l’Afrique qui se dessine au loin n’est éparpillées, incapable qu’il est de se une deuxième famille…
pas tout à fait un passager comme les sentir réellement de tel ou tel pays, mal- Au fil de ce documentaire très person-
autres. Karim Aïnouz est né au Brésil, à gré les décennies passées au Brésil. nel, atypique et superbe, le réalisateur
Fortaleza, et il est devenu au fil des an- Sur le bateau, la voix off de Karim Aïnouz brosse un portrait familial assez boule-
nées un cinéaste mondialement connu, évoque la « calentura », cette fièvre qui versant, en rendant hommage à sa mère
primé à Cannes pour le splendide La Vie affectait les marins et les poussait à se – à qui le film est dédié – et en construi-
invisible d’Euridice Gusmao (2019) et jeter à l’eau. C’est un peu, symbolique- sant peu à peu l’identité d’un père in-
réalisateur du récent et passionnant Le ment, ce qui arrive au réalisateur qui, au connu et fantasmé. Et dans le même
Jeu de la reine, au programme de cette lieu de diriger et rationaliser son récit, temps il fait résonner les destins finale-
gazette. Mais comme son patronyme se jette à caméra perdue dans la grouil- ment proches de l’Algérie et du Brésil :
l’indique, Karim Aïnouz est né d’un père lante et vivante Alger. Et le contact avec deux pays dont les citoyens se sont bat-
algérien qui a quitté très vite femme et sa population si jeune percute les aspi- tus pour conquérir leur liberté et pour
enfant pour participer activement à la ré- rations du réalisateur qui se laisse em- imposer la démocratie avant de déchan-
volution algérienne. porter, passionné par les nombreux té- ter avec la prise du pouvoir par des au-
moignages des passants qu’il rencontre, tocrates tels Bouteflika ou Bolsonaro,
Après le décès de sa mère, Karim Aïnouz avides de raconter leur vécu, leurs es- mais qui, irréductiblement, gardent es-
a décidé de prendre la mer pour partir poirs… poir.
cirque de récits & de paysages
festival en haute-gironde
≤> du 15 avril au 17 mai 2024 <
STAGE CIRQUE 12-25 ANS SOIRÉE CONTORSION BAPTÊMES DE TRAPÈZE

> CIE ATMA < > Anouk lEMAInE < > CrAzy r <
Participation gratuite > + AlICE rEndE + CIE AllégorIE < Participation gratuite
du 15 au 27 avril Plateau partagé mercredi 15 mai
château robillard mardi 30 avril > 20h terrains de sport de la garosse
le champ de foire modalités sur le site internet

design graphique & illustration : studio mr thornill / licences : 2-platesv-r-2021-012437 & 3-platesv-r-2021-012426
QUE DU BONHEUR [ dès 10 ans > 15¤ / 12¤ / 7¤ / 5¤ ]
[AVEC VOS CAPTEURS] DROP
UNE PELLE
> ThIErry CollET < > CrAzy r <
Mentalisme
> olIvIEr dEbElhoIr < Trapèze + Rugby
Ascension sur fil vendredi 17 mai > 19h30
jeudi 18 avril > 20h vendredi 3 mai > 19h
le champ de foire terrains de sport de la garosse
+ samedi 4 mai > 11h [ tout public > 5¤ ]
[ dès 15 ans > 15¤ / 12¤ / 7¤ / 5¤ ] base nautique de val-de-virvée
[ dès 8 ans > 15¤ / 12¤ / 7¤ / 5¤ ]
CLAN CABANE > billetterie <
COSMICOMICS www.lechampdefoire.org
t. 05 57 43 64 80
> lA ConTrEbAndE <
Trampoline > CIrquE hIrsuTE <
jeudi 25 avril > 19h Clown
église de pugnac samedi 4 mai > 18h + 20h30
[ tout public > 15¤ / 12¤ / 7¤ / 5¤ ] stade de cézac
[ tout public > gratuit ]
CIRCAVALCADE
[Création] HUELLAS

> CIE ATMA < > hold-up & Co <


Tribu circassienne en espace public Acrobatie
samedi 27 avril mardi 7 mai > 20h
renseignements sur le site internet le champ de foire
[ tout public > gratuit ] [ dès 6 ans > 7¤ / 5¤ ]
Dimanche 21 AVRIL à 20h15
KANETO SHINDO : HISTOIRES DE FANTÔMES JAPONAIS
Première projection de ONIBABA présentée par Clément Beuchillot, Docteur en études
cinématographiques, auteur d’une thèse sur le cinéma japonais, la censure et l’érotisme.
Onibaba et Kuroneko sont ensuite programmés du 24 avril au 7 mai

ONIBABA
Écrit et réalisé par Kaneto SHINDO
Japon 1965 1h43 VOSTF Noir & blanc
avec Nobuko Otowa, Jitsuko Yoshimura, Kei Satô…

Ère Nanboku-chō, fin du XVIe siècle. Entre guerre et famine,


une jeune femme et sa belle-mère possessive survivent en
détroussant les samouraïs isolés. En les amenant dans un
étrange trou dissimulé par les hautes herbes, elles récoltent
les armures des guerriers afin de les revendre. C’est alors que
leur macabre quotidien est bouleversé le jour où un ami du fils
– et donc mari – disparu revient du champ de bataille.

Deuxième film le plus célèbre de Shindo (après L’Île nue, de


six ans antérieur), Onibaba obtient enfin une réédition mé-
ritée. Sorti la même année que La Femme des sables de
Teshigahara, le film s’en rapproche par son atmosphère ir-
réelle, son noir et blanc granuleux et son érotisme de la sur-
vivance. Il faut y voir les corps des personnages évoluer dans
les hautes herbes, humides de sueur et de pluie, habités par
leurs seules passions et besoins biologiques, pour saisir toute
la noirceur de cette œuvre puissante.
Kaneto Shindo, cinéaste indépendant dont la carrière couvre
près de soixante ans, revisite ici l’âpreté et la transcendance
des longues périodes belliqueuses japonaises. Habitué du
sakai-mono (film social), le cinéaste livre avec Onibaba un
film fantastique flirtant avec l’horreur, empruntant autant au

KURONEKO
théâtre Nô, par ses masques et son éclairage minutieux,
qu’au bouddhisme via sa conclusion, inspirée d’une célèbre
parabole religieuse.

Écrit et réalisé par Kaneto SHINDO


Japon 1968 1h39 VOSTF Noir & blanc
avec Nobuko Otowa, Nakamura Kichiemon II, Taichi Kiwako…
Inédit en France

En pleine guerre civile du Japon féodal, deux femmes sont


violées puis tuées par un groupe de guerriers. Devenues des
onryos, des esprits vengeurs – souvent féminins – abusés de
leur vivant, elles adoptent une forme hybride, entre femme et
félin, un bake neko (pour « chat-changé ») aux pouvoirs surna-
turels. Installées dans une mystérieuse forêt proche de la porte
de Rasho (la « Rashōmon » d’Akutagawa puis de Kurosawa),
elles jurent de séduire et supprimer tous les samouraïs. Le
seigneur local, défié sur ses propres terres, demande alors au
brave Gintoki, récemment récompensé pour ses exploits mili-
taires, d’enquêter sur les disparitions…

Film fantastique teinté d’horreur, Kuroneko perd en moiteur


érotique ce qu’il gagne en tragique et romantisme. Comme
dans les chefs d’œuvres de son maître Kenji Mizoguchi, les
figures féminines acquièrent chez Kaneto Shindo une dimen-
sion politique. Les femmes-chats sont les héritières du fan-
tôme des Contes de la lune vague après la pluie, punissant la
barbarie et l’avidité des hommes en temps de guerre. En ce-
la, la confrontation finale entre l’actrice Noboku Otowa, indé-
pendante des studios, et Nakamura Kichiemon II, comédien
issu du conservateur kabuki, illustre bien ce que la critique
contemporaine soulignait : Kuroneko symbolise la réponse
que fut la force des femmes à l’indolence des hommes de
l’après-guerre.
Mercredi 17 AVRIL à 20h15, PREMIÈRE PROJECTION DE KNIT'S ISLAND
suivie d’une rencontre avec Nicolas Bancilhon, monteur du film
Nicolas Bancilhon alterne les montages de longs métrages documentaires et de fiction,
et enseigne parallèlement en écoles de cinéma. Il a notamment monté les quatre premiers films
de Rabah Ameur-Zaïmeche. Il est étroitement associé au projet hors normes qu’est Knit's Island.
(Knit’s island est ensuite programmé jusqu’au 6 Mai)

KNIT’S
ISLAND
l’île sans fin
Film documentaire d’Ekiem
BARBIER, Guilhem CAUSSE et
Quentin L’HELGOUALC'H
France 2023 1h35 VOSTF

Le dispositif de Knit’s Island est hors


normes. Le film a été conçu à partir de
captures d’images du jeu vidéo DayZ.
Ce jeu, créé il y a une dizaine d’an-
nées, est un simulateur de survie. Les Mais le film n’est en aucun cas un simple a de vrais souvenirs, comme si c’était
joueuses et joueurs, de par le monde, se procès réactionnaire de gamers décéré- vraiment arrivé », confie un joueur. De
retrouvent en ligne et déambulent dans brés et accros à la violence gratuite. Les fait c’est arrivé, et c’est ce que les ci-
un univers post-apocalyptique. Après questionnements abordés par Barbier, néastes parviennent à raconter. Ils
avoir créé leurs propres avatars, les trois Causse et L’helgoualc’h parviennent à rendent compte ici d’un extraordinaire
réalisateurs vont à leur rencontre pour être bien plus profonds. La violence a champ fictionnel et de son pouvoir sur
les interroger. une place certes mais ce lieu virtuel est le réel ; c’est un road movie tentaculaire
aussi un défouloir, une échappatoire et où l’on peut croiser des psychopathes
Ce documentaire animé qui mêle, un lieu de liberté. Tout en racontant une et des contemplatifs, où l’on recherche
comme on l’a rarement vu, cinéma et jeu immersion intense (les cinéastes ont l’adrénaline ou la relaxation. Est-ce une
vidéo nous plonge en immersion dans joué un millier d’heures pour fabriquer fantaisie ? Est-ce une utopie ? La vraie
un univers vertigineux. Nous sommes leur film, leurs interlocutrices et inter- vie parfois s’invite, une mère parle mais
dans le jeu, face aux situations que ren- locuteurs jouent parfois depuis une di- doit aller chercher son enfant. Les pleurs
contrent les cinéastes. Celles-ci peuvent zaine d’années), le long métrage aborde du bambin s’invitent dans le jeu, la
être ubuesques ou inquiétantes, comme avec intelligence la frontière entre le réel mère s’absente, mais son avatar reste à
lorsqu’ils rencontrent un groupe de per- et le virtuel. Oui, c’est un lieu de fiction l’image, immobile, les yeux ouverts. Elle
sonnes surarmées et cannibales, utili- pour la plupart des personnes interro- est absente mais elle est encore là.
sant un jouet humain sur lequel se dé- gées, et certaines sont conscientes du L’expérience des cinéastes… est aus-
fouler. Quelle est la part de réel dans ces risque de s’y perdre. Il y a un recul, une si fascinante que généreuse… À la ren-
pulsions d’ultra-violence, quelle est la lucidité sur cet effet de réalité virtuelle. contre de ces personnes de tous ho-
part de bluff ? La dimension réaliste des Mais ce qu’on y ressent est bel et bien rizons, qui se connaissent et ne se
décors tranche avec les mouvements réel. connaissent pas, le film dépeint de ma-
encore un peu raides et grotesques des nière étonnamment émouvante une
avatars, dont les voix humaines, nettes Les souvenirs laissés par ces heures de vraie communauté.
et naturelles, peuvent parler sans com- déambulations et d’interactions sont-
plexe du plaisir de tuer. ils virtuels ? « On a l’impression qu’on (N. Bardot, lepolyester.com)
JUSQU’AU BOUT DU MONDE
(THE DEAD DON'T HURT) blessent pas ») : ce titre insolite désigne la Mortensen creuse le sillon de la famille
seconde réalisation de Viggo Mortensen. et la filiation amorcé dans Falling (2021),
Écrit et réalisé par Viggo MORTENSEN Le film s’annonce comme un western et son premier opus, face-à-face entre un
Canada / Mexique 2024 2h09 VOSTF s’ouvre néanmoins sur une apparition fils homosexuel et un père viscérale-
(anglais, espagnol, français) médiévale. Par la suite le bonhomme ment homophobe. Une animosité fu-
avec Vicky Krieps, Viggo Mortensen, bouleverse les temporalités, parsème rieuse émerge à nouveau lors de la si-
Solly McLeod, Garrett Dilahunt, W. Earl les ellipses et tortille les stéréotypes. dérante mise joue du sinistre Jeffries par
Brown, Danny Huston… Weston, son fiston sociopathe.
Situé en 1860, Jusqu’au bout du monde Mais c’est bien Vivienne / Vicky Krieps
L’amour au premier regard ? Ça y res- (titre français) raconte une conquête de qui polarisent le récit. Taiseuse, parfois
semble furieusement, à l’instant où l’ouest, pas une lutte sanguinaire pour rieuse, indépendante mais attentive, la
Holger Olsen, le danois, et Vivienne Le un territoire mais la quête d’un bonheur jeune femme n’oblige pas mais ne lâche
Coudy, la québecoise, se repèrent sur discret. Mortensen tisse une trame élé- rien. Elle affronte les obstacles et même
un quai de San Francisco. L’aventure se giaque, fondée sur la complicité : Holger le Mal, droit dans les yeux puis assume
cristallise lorsque la fleuriste abandonne et Vivienne partagent une dignité bien sans quérir de clémence. Déterminée,
son étal pour suivre le cavalier jusqu’au comprise, tannée par les errances et les imperturbable, Vivienne s’incruste dans
Nevada. Le couple plante son jardin adversités. Lorsqu’il part rejoindre les un milieu et des usages édictés par les
d’Éden dans un canyon, proche d’une armées nordistes contre une prime et hommes. Le scénariste-réalisateur-inter-
petite ville régentée par le tout puissant parce qu’il sait se battre, elle ne s’y op- prète s’estompe et donne toute son am-
Alfred Jeffries. pose pas. Mais s’il revient, il faudra réap- pleur à cette figure féminine, sublimée
The Dead don’t hurt (« les morts ne prendre à s’aimer. par une partenaire dotée d’une force
intérieure déjà palpable dans Phantom
thread (2017) de Paul Thomas Anderson
et le méconnu Bergman island (2019) de
Mia Hansen-Love.
Ceci écrit, ça surine, ça malmène,
ça outrage… ça contamine même
(quatre films sous la direction de David
Cronenberg, maître de l’organique, on
n’en sort pas sans séquelles). Viggo
Mortensen sacrifie aux codes du genre
mais à sa manière et livre la recension
d’une vengeance, doublée d’une fable
sur le pardon.

Délicat, élégant, dépourvu de condes-


cendance, Jusqu’au bout du monde res-
pire le plaisir et la liberté de filmer, tout
au long d’un récit de vie, nourri de conni-
vence, d’intelligence, de réparation. Une
vraie, belle, histoire d’amour. (Michel
Flandrin, critique de cinéma, Utopien de
la première heure à Avignon…)
Vendredi 3 MAI à 20h15, Soirée JAZZ-CONCERT + FILM
organisée par l’Association NOTRE ITALIE (qui a notamment sous-titré le film !)
Concert du Quartet de jazz ACROSS THE LINES puis projection
du film italien inédit 7/8 – SETTE OTTAVI. Tarif unique : 10 euros
Achetez vos places à l’avance au cinéma, à partir du Mardi 23 Avril

7/8 – SETTE OTTAVI

Stefano LANDINI Entre-temps, la situation politique se dur-


Italie 2007 1h14 VOSTF Noir & blanc cit et les expressions artistiques qui ne
avec Fabrizio Nicastro, Ernesto Mahieux, sont pas strictement italiennes sont inter-
Alessandro Vantini… dites. Le jazz est donc considéré comme
Musique de Paolo Fresu « exotique » et condamné comme une
forme d’art dégénéré. Massimo, Giò et
Juin 1940, Turin. Alors que l’Italie de Alberto sont arrêtés et finissent en pri-
Mussolini entre en guerre aux côtés de son comme détenus politiques. Mais en
l’Allemagne nazie, le jeune Massimo n’a 1943, les nazis prennent le contrôle des
qu’une idée en tête : le jazz. Une pas- prisons et le destin des 3 musiciens bas-
sion viscérale, seule moteur de sa vie, cule…
au désespoir de son père qui le pousse
à se consacrer à ses études d’architec- Dans un noir et blanc vintage, le film
ture. Mais Massimo a fait son choix : il 7/8 (comme le nombre de mesures en
passe ses soirées dans le petit club où jazz) nous relate une histoire vraie, celle
se produit le quintet de Giò Cervi, son d’une injustice oubliée. La foi en l’art et
idole. C’est là qu’il rencontre le musicien la musique imprègne chaque plan. Une
d’origine juive Alberto Molaien, qui lui ap- musique qui résiste et qui libère l’âme,
prend les secrets de la composition. même si le corps est emprisonné.

ACROSS THE LINES


est un quartet composé
du tromboniste franco-
italien Andrea Glockner,
du claviériste italo-dominicain
Santiago Fernandez, de
la bassiste italienne Silvia
Bolognesi et du batteur italo-
suisse Alessandro Alarcon.
Le band joue une musique
décomplexée mêlant hip-hop,
énergie rock et improvisation libre tout en gardant une identité jazz entre tradition
et modernité. Le nom du quartet, en écho au thème du film, fait référence à la
musique qui nous libère et aide à franchir les frontières de toute nature.
CHER PAPA

JEUDI 25 AVRIL À 20H15


(CARO PAPÀ) Cher papa contient en réalité peu de sé- jeu sur un champ de ruines historique
quences de comédie pure – est la version mais qui n’a rien construit pour la sui-
Dino RISI fatiguée de tous les masques odieux et vante. Cher papa, c’est l’histoire d’un
Italie 1979 1h45 VOSTF Couleur fantasques qui ont peuplé l’âge d’or de homme bulldozer qui a tout écrasé sur
Avec Vittorio Gassman, Stefano Madia, la comédie risienne, comme si l’éclat de son passage et qui n’a laissé à ses en-
Aurore Clément, Julien Guiomar… rire, la truculence et la roublardise sym- fants, comme seuls moyens d’expres-
Scénario de Bernardino Zapponi, pathique ne suffisaient plus à plier le sion, que la violence ou le refuge dans
Marco Risi et Dino Risi monde aux désirs de ces tartarins tran- des psychotropes.
Photographie de Tonino Delli Colli salpins. En plongeant dans le journal
Copie restaurée 4 K intime de son fils Marco, Millozza dé- Si, comme à son habitude, Risi épingle
couvre un jour une réalité brutale dont tous azimuts et refuse de choisir son
Millozza, ancien résistant, est deve- il a fait, jusque-là, le déni et c’est l’oc- camp – ce geste militant qu’il avait en
nu un important homme d’affaires à la casion pour lui d’une introspection nou- horreur –, il filme malgré tout du cô-
tête d’une multinationale. Fort occupé, velle, d’un retour sur le passé qui le té de Millozza dont il épouse la prise
richissime et sûr de lui en tout, il né- contraint à regarder en face les ravages de conscience tardive, les agacements
glige sa famille et cherche à maintenir le que lui et les siens ont, parfois à leur aussi, et lui oppose une génération qui,
contact avec son fils aîné Marco qu’il a corps défendant, produit : une vie conju- par son esprit de sérieux et sa radica-
du mal à comprendre. Un jour, Millozza gale inexistante, des enfants auxquels il lité têtue, l’effraie tout autant que les
tombe sur le journal intime de son fils. n’a rien transmis sinon un patrimoine et combines et le qualunquisme des an-
Voici, enfin restauré, un titre rare du ré- un niveau de vie aisé, enfin, un état de ciens. Cette sévérité à l’égard de la
alisateur du Fanfaron et de Parfum de décomposition politique qui débouchera jeune génération s’explique sans doute
femme, le maître de la comédie à l’ita- sur le berlusconisme. par la conjoncture historique du tour-
lienne Dino Risi, accompagné d’un Risi filme ici un dialogue de sourds et nage du film, qui a débuté en octobre
Vittorio Gassman impérial pour leur quin- de ressentiments entre deux généra- 1978, soit quatre mois après l’assassinat
zième film ensemble. Désenchanté et tions qui, en cette fin des années 1970, d’Aldo Moro par les Brigades rouges.
loin de cantonner son propos aux seules se regardent en chiens de faïence et se L’empathie d’une partie des cinéastes
années de plomb en Italie, ce Cher papa méprisent. Pour Marco, orphelin d’un progressistes de la comédie italienne à
vient conclure une histoire politique de modèle parental désirable qu’il a trou- l’égard de certains mouvements terro-
l’Italie conduite par le cinéaste avec Une vé auprès d’une famille de militants radi- ristes s’est volatilisée avec la mort du
vie difficile et Au nom du peuple italien. caux, son père incarne le symbole bour- président de la Démocratie chrétienne
geois d’une génération égocentrique et et Cher papa s’en fait partout l’écho. »
« Millozza – et c’est ce qui explique que paternaliste qui a su tirer son épingle du (Jean-Baptiste Thoret)
LES JEUDIS DU JAZZ
DE LARURAL
FORMAT CONCERT

Renaud
Garcia
Fons
Jeudi 11 avril
→ Espace culturel de Créon
• 20h30
• Tarifs : 15 / 12 / 8 €

et sur les réseaux


infos : www.larural.fr

Bar ouvert avant et après le concert.

Agenda UPB
(Université
Populaire Bordeaux)
Conférences,
lectures collectives,
goguettes, festivals...
https://upbordeaux.fr Facebook /
https://gironde.demosphere.net
LA FLEUR DE BURITI
lités d’exploitation et d’enrichissement.
Que les Krahô possèdent tant de terres
sans faire de profit, c’est une chose à
laquelle les cupés veulent mettre fin de-
puis toujours. »

Petit à petit, en entremêlant rites et


(CROWRA) Tourné pendant quinze mois dans chants sacrés, rêves prémonitoires, ré-
quatre villages différents de la terre in- cits du présent et du passé, une fable se
Renée NADER MESSORA digène de Kraholândia (la zone de l’État tisse au cœur de la forêt, avant de s’en
et João SALAVIZA de Tocantins qui a été attribuée aux extraire et de se poursuivre vers la ville.
Brésil / Kraholândia 2023 2h05 VOSTF Krahô au Nord-est du Brésil), le film en- Car c’est jusqu’aux portes de la Cour
avec Ilda Patpro Krahô, Francisco tremêle récits historiques transmis ora- suprême de Brasilia que convergent des
Hyjnõ Krahô, Solane Tehtikwyj Krahô, lement, contes animistes et scènes du centaines de représentants des peuples
Raene Kôtô Krahô… quotidien au sein même du village situé autochtones, venus revendiquer leurs
Scénario de Renée Nader Messora, en pleine forêt amazonienne. Trois de droits. À la question de savoir si le film
João Salaviza, Ilda Patpro Krahô, ses habitants ont participé à l’écriture porte un espoir de sauver les Krahô, la
Francisco Hyjnõ Krahô et Henrique du scénario, et c’est à travers leurs re- co-réalisatrice brésilienne Renée Nader
Ihjãc Krahô gards que le récit de La Fleur de buri- Messora réagit en inversant notre pen-
ti convoque trois époques de l’histoire sée : « C’est nous qui avons besoin d’eux
Ce qui frappe d’abord dans La Fleur de des Krahô : leur massacre perpétré, en pour être sauvés ! Les Krahô parlent du
buriti, c’est l’absence de regard anthro- 1940, par des agriculteurs désireux de respect pour la vie de notre planète de-
pologique. Une absence salvatrice qui s’approprier leurs terres ; les persécu- puis la nuit des temps, et nous, nous
libère le récit, lui conférant une dimen- tions qu’ils subirent durant la dictature ne faisons que la transformer jusqu’à la
sion universelle et nouvelle. Ainsi pour militaire au Brésil (de 1964 à 1985) ; et rendre invivable. »
la première fois peut-être au cinéma, un celles dont ils sont encore victimes au-
peuple d’Amazonie raconte son histoire, jourd’hui, en particulier pendant la pré- Après l’envoûtant Le Chant de la forêt
mélangeant passé, présent et futur, sans sidence de Bolsonaro. Une fois de plus, – programmé dans nos salles en mai
que jamais la caméra ne se fasse l’ou- les voici obligés de lutter sans relâche 2019 – et fidèles à leur style empruntant
til ou le témoin d’une quelconque étude contre le braconnage des espèces ani- autant au documentaire qu’à la fiction,
scientifique à son égard. En résulte une males (notamment des perroquets) mais les deux cinéastes nous offrent avec La
proximité, une symbiose qui opère dès surtout contre le grignotage progressif Fleur de buriti (le buriti étant un palmier
la première séquence, dès les premières de leurs terres par les propriétaires puis- originaire de la forêt amazonienne) l’his-
images quand, au cœur d’une jungle sants de l’agro-business qui déforestent toire bouleversante, pleine de magie et
nocturne, résonnent les chants ma- sans vergogne, pour élever leur bétail et de délicatesse, d’un peuple vivant en
giques des Krahô, invitant le spectateur imposer leurs cultures. « Tout vient de la symbiose complète avec son environ-
à plonger nu avec eux dans les courants conception que les « cupés » (les non- nement, prêt à donner naissance à un
tourbillonnants de leur culture, intrinsè- natifs) ont de la terre », explique le co-ré- « guerrier de plus » pour affronter le ja-
quement liée à la nôtre depuis cette an- alisateur portugais João Salaviza. « Pour guar engendré par nos mondes contem-
née 1492… eux, elle n’est que ressources, possibi- porains.
UN JEUNE CHAMAN Lun 15/04 à 19h15
Du 24/04 au 7/05 Film aquitain
SÉANCES POUR LES SPECTATEURS PARENTHÈSES + Rencontre
DÉFICIENTS AUDITIFS ET VISUELS UNE AFFAIRE DE PRINCIPE
Avant-première Lundi 8/04 Mardi 16/04 à 20h30
Les séances repérées dans les grilles horaires par les pic- à 20h puis à partir du 1/05 SMOKE SAUNA
togrammes proposent des projections de films français : SISTERHOOD + Débat
• d'une part spécialement sous-titrés pour les personnes défi- LE VIEIL HOMME
ET L’ENFANT Mercredi 17/04 à 20h15
cientes auditives Du 3 au 23/04 KNIT’S ISLAND + Rencontre
• d'autre part accessibles en audio-description pour les per-
sonnes déficientes visuelles, grâce à l'application Twavox, télé- YURT Vendredi 19/04 à 20h15
chargeable sur les smartphones ou les tablettes. Demandez-nous Du 3 au 16/04 LOVE & MERCY + Discussion
des informations quelques jours avant la première utilisation, on
vous expliquera comment ça marche. LA ZONE D’INTÉRÊT Samedi 20/04 à 14h30
Vendredi 5 Avril à 16h20 et Lundi 8 Avril à 17h30 : Chaque Samedi, ABD EL-KADER + Discussion
du 6/04 au 4/05
AVERROÈS & ROSA PARKS – Lundi 15 Avril à 13h45 et Dimanche 21/04 à 20h15
Lundi 18 Avril à 18h : MADAME HOFMANN – Lundi 29 Avril ONIBABA + Présentation
à 11h30 et Jeudi 2 Mai à 18h15 : BORGO POUR LES ENFANTS
Lundi 22/04 à 20h15
L’ANTILOPE D’OR MARIN DES MONTAGNES
L’AFFAIRE ABEL TREM LOS DELINCUENTES Du 24/04 au 5/05 + Rencontre
Du 3 au 23/04 Du 3/04 au 6/05
LES MAÎTRES DU TEMPS Mardi 23/04 à 20h15
ANATOMIE D’UNE CHUTE LA MACHINE À ÉCRIRE Du 24/04 au 5/05 L’ÉNERGIE POSITIVE
Chaque Lundi, du 8/04 au 6/05 ET AUTRES SOURCES DES DIEUX + Discussion
DE TRACAS NON-NON DANS L’ESPACE
AVERROÈS & ROSA PARKS Du 17 au 30/04 Du 3 au 23/04 Mercredi 24/04 à 17h
Du 3 au 15/04 Futurs Antérieurs
MADAME HOFMANN LE ROYAUME DE KENSUKE LES MAÎTRES DU TEMPS
BORGO Du 10/04 au 6/05 Du 3 au 23/04 + Discussion
Du 17/04 au 7/05
LE MAL N’EXISTE PAS Mercredi 24/04 à 20h15
CHRONIQUES DE TÉHÉRAN Du 10/04 au 7/05 FESTIVAL CINÉMARGES Futurs Antérieurs
Du 3 au 23/04 Du 3 au 8/04 SKY DOME 2123
MARIN DES MONTAGNES + Discussion
DERSOU OUZALA Du 22/04 au 7/05
Du 3 au 23/04 SÉANCES SPÉCIALES Jeudi 25/04 à 20h15
NOTRE MONDE Cinéma retrouvé
DIEU EST UNE FEMME Du 24/04 au 7/05 Dimanche 7/04 à 11h CHER PAPA
Du 3 au 16/04 Les Escales du Livre
O CORNO MÉLANCOLIE OUVRIÈRE Lundi 29/04 à 19h30
DRIVE AWAY DOLLS Du 3 au 16/04
Du 3/04 au 7/05 + Rencontre Soiré Pérou
L’HÉRITAGE DE FLORA
ONIBABA Dimanche 7/04 à 20h15 + Rencontre
ENYS MEN Du 21/04 au 7/05
Du 10 au 23/04 Lune Noire - VAXDOCKAN
Mardi 30/04 à 20h15
PERFECT DAYS Lundi 8/04 à 20h CHIEN DE LA CASSE
ÉTAT LIMITE Chaque Vendredi,
À partir du 1/05 Avant-première + Rencontre
du 5/04 au 3/05 UNE AFFAIRE DE PRINCIPE
LA FLEUR DE BURITI + Rencontre Jeudi 2/05 à 20h15
À partir du 1/05 QUITTER LA NUIT Festival Des Corps
Du 10 au 29/04 Mardi 9/04 à 20h15 RESILIENT MAN
IL PLEUT DANS LA MAISON Gospel Ciné-club
Du 3 au 16/04 RIDDLE OF FIRE KNIVES AND SKIN Vendredi 3/05 à 20h15
Du 17/04 au 6/05 Soirée jazz
IL RESTE ENCORE DEMAIN Mercredi 10/04 à 20h15 7/8 – SETTE OTTAVI
Du 3/04 au 7/05 ROSALIE RWANDA, VERS + Concert
DU 10/04 au 6/05 L’APOCALYPSE + Débat
LE JEU DE LA REINE Samedi 4/05 à 11h
Du 24/04 au 6/05 LA SALLE DES PROFS
Du 3 au 23/04 Jeudi 11/04 à 20h SALUT LES ZINS !
Ciné-club Italie + Rencontre
JUSQU’AU BOUT COMANDANTE
DU MONDE SEMAINE SAINTE
Du 24/04 au 5/05 Dimanche 5/05 à 20h15
À partir du 1/05 Jeudi 11/04 à 20h30 Lune Noire
SIDONIE AU JAPON BIDASOA 2018-2023 THE MACHINIST
KNIT’S ISLAND + Débat
Du 17/04 au 6/05 Du 3 au 23/04
Lundi 6/05 à 21h15
SKY DOME 2123 Vendredi 12/04 à 20h15 Court métrage aquitain
KURONEKO
Du 24/04 au 7/05 Du 24/04 au 7/05 HOW TO STEAL A LE PASSAGER
COUNTRY + Rencontre CLANDESTIN + Rencontre
LAROY SMOKE SAUNA
Du 17/04 au 7/05 SISTERHOOD
Du 16 au 29/04
LE TITIEN, L’EMPIRE
DES COULEURS THE SWEET EAST
Du 4 au 16/04 Du 3 au 15/04
PROGRAMME
(D) = dernière projection du film. L’heure indiquée
est celle du début du film ; soyez à l’heure, on ne laisse
pas entrer les retardataires. Nous laissons le générique
de fin se dérouler dans le noir, profitez-en, ne vous
levez pas trop tôt. Les 5 salles sont accessibles aux

5€
personnes handicapées. www.cinemas-utopia.org
11H45 14H20 16H30 17H50 20H45
MER THE SWEET EAST
11H15
ROYAUME DE KENSUKE NON-NON DANS ESPACE
15H
AVERROÈS & ROSA…
17H40
O CORNO
20H15

3
LOS DELINCUENTES IL RESTE ENCORE… L’AFFAIRE ABEL TREM SIDONIE AU JAPON
11H 13H45 15H40 17H30 20H
L’AFFAIRE ABEL TREM DIEU EST UNE FEMME IL PLEUT DANS… YURT DERSOU OUZALA
12H 14H30 16H40 18H30 Cinémarges 20H30 Cinémarges
CHRONIQUES TÉHÉRAN LA SALLE DES PROFS LE VIEIL HOMME ET... COURTS QUEERS OF… QUEENDOM
AVRIL 11H30 14H15 16H10 18H15 21H

5€
IL RESTE ENCORE… DRIVE-AWAY DOLLS SIDONIE AU JAPON DRIVE-AWAY DOLLS DRIVE-AWAY DOLLS

15H 17H 19H15 21H15


JEU IL PLEUT DANS… O CORNO DIEU EST UNE FEMME LA SALLE DES PROFS
TOUS LES JOURS 14H45 16H45 19H30 21H30

4
LE VIEIL HOMME ET... L’AFFAIRE ABEL TREM LE TITIEN DRIVE-AWAY DOLLS
LA 1re SÉANCE 14H30 18H15 20H45
LOS DELINCUENTES YURT CHRONIQUES TÉHÉRAN
(SUR FOND GRIS) 15H30 18H30 Cinémarges 20H30 Cinémarges

AVRIL C’EST 5€ SIDONIE AU JAPON


15H15
NORWEGIAN DREAM
17H15
LE CORPS DU DÉLIT
20H15

5€
DRIVE-AWAY DOLLS DERSOU OUZALA IL RESTE ENCORE…

11H45 15H 17H 19H 21H40


VEN YURT
12H 14H30
LE TITIEN
16H20
SIDONIE AU JAPON YURT
19H15
THE SWEET EAST
21H30

5
LA SALLE DES PROFS DIEU EST UNE FEMME AVERROÈS & ROSA… LA SALLE DES PROFS CHRONIQUES TÉHÉRAN
11H15 13H45 17H45 19H30 21H15
O CORNO LOS DELINCUENTES IL PLEUT DANS… LE VIEIL HOMME ET... L’AFFAIRE ABEL TREM
11H 14H10 16H10 18H Cinémarges 20H30 Cinémarges
DERSOU OUZALA SIDONIE AU JAPON LE VIEIL HOMME ET... LES TORTUES COURTS GOUDOUS
AVRIL 11H30 14H 16H 18H30 20H45

5€
IL RESTE ENCORE… DRIVE-AWAY DOLLS PERFECT DAYS DRIVE-AWAY DOLLS DRIVE-AWAY DOLLS

11H30 14H20 16H10 17H30 21H


SAM DIEU EST UNE FEMME
11H15
ROYAUME DE KENSUKE
13H40
NON-NON DANS ESPACE
15H30
LOS DELINCUENTES
17H15
L’AFFAIRE ABEL TREM
19H45 21H45

6
LE TITIEN IL PLEUT DANS… LE VIEIL HOMME ET... IL RESTE ENCORE… SIDONIE AU JAPON THE SWEET EAST
11H 14H45 17H 19H30 21H30
AVERROÈS & ROSA… O CORNO YURT LA SALLE DES PROFS LA ZONE D’INTÉRÊT
11H45 15H 18H30 Cinémarges 20H30 Cinémarges
IL RESTE ENCORE… DERSOU OUZALA UN JOUR FILLE ON THE GO
AVRIL 12H 14H30 16H15 18H15 20H45

5€
DRIVE-AWAY DOLLS CHRONIQUES TÉHÉRAN SIDONIE AU JAPON DRIVE-AWAY DOLLS DRIVE-AWAY DOLLS

10H30 12H 15H 17H15 19H15 21H


DIM NON-NON…
11H15
O CORNO
14H20
ROYAUME DE KENSUKE
16H15
DIEU EST UNE FEMME
18H15
IL PLEUT DANS…
20H30 Cinémarges
THE SWEET EAST

7
IL RESTE ENCORE… LE TITIEN CHRONIQUES TÉHÉRAN LA SALLE DES PROFS ROSSOSPERANZA
11H30 14H30 17H 19H30
DERSOU OUZALA YURT L’AFFAIRE ABEL TREM LOS DELINCUENTES
11H + Rencontre 14H 15H45 17H45 Cinémarges 20H15 Lune Noire
MÉLANCOLIE OUVRIÈRE LE VIEIL HOMME ET... SIDONIE AU JAPON NELLY & NADINE VAXDOCKAN
AVRIL 11H45 14H10 16H 18H30 20H45

5€
SIDONIE AU JAPON DRIVE-AWAY DOLLS IL RESTE ENCORE… DRIVE-AWAY DOLLS DRIVE-AWAY DOLLS

11H15 14H15 17H50 19H45


LUN YURT
11H45
LOS DELINCUENTES
15H15
DIEU EST UNE FEMME
17H30
DERSOU OUZALA
20H30

8
LE TITIEN CHRONIQUES TÉHÉRAN AVERROÈS & ROSA… SIDONIE AU JAPON
11H30 13H40 15H50 18H15 20H45
IL PLEUT DANS… O CORNO LA SALLE DES PROFS L’AFFAIRE ABEL TREM THE SWEET EAST
12H15 14H30 17H15 20H15 Cinémarges
LE VIEIL HOMME ET... IL RESTE ENCORE… ANATOMIE D’UNE CHUTE ANHELL69
AVRIL 12H 14H 16H 18H 20H Avant-Première

5
DRIVE-AWAY DOLLS DRIVE-AWAY DOLLS SIDONIE AU JAPON DRIVE-AWAY DOLLS UNE AFFAIRE DE PRINCIPE + Rencontre

14H30 17H15 19H30


MAR DERSOU OUZALA
15H
O CORNO
18H10
LOS DELINCUENTES
20H

9 €
L’AFFAIRE ABEL TREM LE TITIEN IL RESTE ENCORE…
14H 16H 17H45 20H30
DIEU EST UNE FEMME IL PLEUT DANS… AVERROÈS & ROSA… YURT
14H15 16H15 18H 20H15
SIDONIE AU JAPON CHRONIQUES TÉHÉRAN LA SALLE DES PROFS KNIVES AND SKIN + Discussion
AVRIL
AOÛT 14H45
DRIVE-AWAY DOLLS
16H45
LE VIEIL HOMME ET...
18H30
DRIVE-AWAY DOLLS
20H45
DRIVE-AWAY DOLLS
Lundi 15 AVRIL à 19h15, PROJECTION DU FILM DOCUMENTAIRE PARENTHÈSES organisée par l’association
bordelaise Mascarade et Sentinelle Productions. Le film retrace l’aventure d’une ascension d’un des plus hauts
sommets des Pyrénées par une équipe de jeunes mineurs non accompagnés (MNA) et leurs éducateurs de l’institut
Don Bosco en juin 2023. Rencontre avec l’équipe du film à l’issue de la projection – Entrée libre

5
11H45 14H20 16H10 17H30 20H
MER SIDONIE AU JAPON
11H15
ROYAUME DE KENSUKE
13H45
NON-NON DANS ESPACE
16H
QUITTER LA NUIT
18H30
YURT
20H30

10 €
IL RESTE ENCORE… O CORNO LA SALLE DES PROFS CHRONIQUES TÉHÉRAN ROSALIE
11H 14H 15H45 17H45 19H45
AVERROÈS & ROSA… IL PLEUT DANS… DIEU EST UNE FEMME ENYS MEN MADAME HOFMANN
11H30 15H 18H 20H15
DERSOU OUZALA ROSALIE SIDONIE AU JAPON RWANDA, VERS L’APOCALYPSE + Débat
AVRIL 12H 14H10 16H30 18H45 20H45

5
DRIVE AWAY DOLLS MADAME HOFMANN LE MAL N’EXISTE PAS DRIVE AWAY DOLLS LE MAL N’EXISTE PAS

15H15 17H15 20H15


JEU ENYS MEN L’AFFAIRE ABEL TREM LE MAL N’EXISTE PAS
TOUS LES JOURS 14H45 17H30 19H45 21H30

11 €
MADAME HOFMANN SIDONIE AU JAPON LE VIEIL HOMME ET... DRIVE AWAY DOLLS
LA 1re SÉANCE 14H30 17H40 19H30 21H15
QUITTER LA NUIT IL PLEUT DANS… CHRONIQUES TÉHÉRAN THE SWEET EAST
(SUR FOND GRIS) 15H 17H45 20H30

AVRIL C’EST 5€ ROSALIE


15H30
IL RESTE ENCORE…
18H
BIDASOA 2018-2023 + Débat
20H Ciné-club Italie

5€
LE MAL N’EXISTE PAS DRIVE AWAY DOLLS COMANDANTE

11H45 14H30 17H15 19H30 21H45


VEN YURT
11H
DERSOU OUZALA
15H
THE SWEET EAST
17H
ROSALIE
19H
ENYS MEN
21H15

12
LOS DELINCUENTES SIDONIE AU JAPON DIEU EST UNE FEMME MADAME HOFMANN LE MAL N’EXISTE PAS
11H15 13H45 16H45 19H15 21H30
LE TITIEN AVERROÈS & ROSA… QUITTER LA NUIT SIDONIE AU JAPON L’AFFAIRE ABEL TREM
12H 14H15 16H10 18H20 20H15
MADAME HOFMANN DRIVE AWAY DOLLS LE MAL N’EXISTE PAS CHRONIQUES TÉHÉRAN HOW TO STEAL A COUNTRY + Rencontre
AVRIL 11H30 14H 15H45 18H10 21H

5€
LA SALLE DES PROFS LE VIEIL HOMME ET... ROSALIE PERFECT DAYS DRIVE AWAY DOLLS

11H 14H30 16H20 17H45 19H30 21H40


SAM DERSOU OUZALA
11H15
ROYAUME DE KENSUKE
13H40
NON-NON DANS ESPACE LE VIEIL HOMME ET...
15H40 18H10
SIDONIE AU JAPON
20H30
THE SWEET EAST

13
DIEU EST UNE FEMME SIDONIE AU JAPON YURT LA ZONE D’INTÉRÊT LA SALLE DES PROFS
11H45 14H15 17H30 19H15 21H30
O CORNO L’AFFAIRE ABEL TREM CHRONIQUES TÉHÉRAN QUITTER LA NUIT ENYS MEN
11H30 14H 16H 18H20 20H45
IL RESTE ENCORE… DRIVE AWAY DOLLS MADAME HOFMANN ROSALIE LE MAL N’EXISTE PAS
AVRIL 12H 14H45 17H 19H 21H15

5€
ROSALIE LE MAL N’EXISTE PAS DRIVE AWAY DOLLS MADAME HOFMANN DRIVE AWAY DOLLS

10H30 12H 15H 17H 20H30


DIM NON-NON…
11H
ROSALIE
13H40
ROYAUME DE KENSUKE
15H30
LOS DELINCUENTES
17H30
ENYS MEN
20H

14
SIDONIE AU JAPON IL PLEUT DANS… SIDONIE AU JAPON IL RESTE ENCORE… L’AFFAIRE ABEL TREM
11H15 14H30 16H45 18H45 21H
YURT O CORNO LE TITIEN QUITTER LA NUIT THE SWEET EAST
11H30 14H 15H45 18H 20H15
MADAME HOFMANN LE VIEIL HOMME ET... MADAME HOFMANN LE MAL N’EXISTE PAS DERSOU OUZALA
AVRIL 11H45 14H20 16H15 18H15 20H45

5€
LE MAL N’EXISTE PAS CHRONIQUES TÉHÉRAN DRIVE AWAY DOLLS ROSALIE DRIVE AWAY DOLLS

11H (D) 14H15 16H10 17H30 20H


LUN AVERROÈS & ROSA…
11H15
ROYAUME DE KENSUKE
13H45
NON-NON DANS ESPACE
16H
L’AFFAIRE ABEL TREM
18H30
MADAME HOFMANN
20H45

15
QUITTER LA NUIT MADAME HOFMANN IL RESTE ENCORE… THE SWEET EAST (D) SIDONIE AU JAPON
11H30 14H 16H20 18H15 20H30
ENYS MEN LE TITIEN DIEU EST UNE FEMME O CORNO IL PLEUT DANS…
11H45 15H 17H15 20H15
LE VIEIL HOMME ET... LE MAL N’EXISTE PAS ANATOMIE D’UNE CHUTE LE MAL N’EXISTE PAS
AVRIL 12H 14H30 16H45 19H15 + Rencontre 21H

5€
LA SALLE DES PROFS DRIVE AWAY DOLLS ROSALIE PARENTHÈSES DRIVE AWAY DOLLS

10H30 12H (D) 15H15 17H15 20H


MAR NON-NON…
11H
O CORNO
13H50
ROYAUME DE KENSUKE
15H40
DERSOU OUZALA
17H50
QUITTER LA NUIT
20H15

16
L’AFFAIRE ABEL TREM LE VIEIL HOMME ET... LA SALLE DES PROFS YURT (D) ROSALIE
11H15 (D) 13H40 15H30 17H30 19H30
DIEU EST UNE FEMME IL PLEUT DANS… (D) LE TITIEN (D) ENYS MEN LOS DELINCUENTES
11H30 14H 16H 18H15 20H30
LE MAL N’EXISTE PAS SIDONIE AU JAPON MADAME HOFMANN LE MAL N’EXISTE PAS SMOKE SAUNA SISTERHOOD + Débat
AVRIL 11H45
DRIVE AWAY DOLLS
14H15
ROSALIE
16H45
CHRONIQUES TÉHÉRAN
18H30
DRIVE AWAY DOLLS
20H45
IL RESTE ENCORE…
POUR LES MOINS DE 18 ANS, TARIF UNIQUE 5 EUROS POUR TOUS LES FILMS
UTOPIA est partenaire de la CARTE JEUNE Pour les détenteurs de la carte, place à 5 euros
(sauf Samedi, veille de férié, Dimanche et jour férié jusqu’à 19h)

5€
11H15 14H30 16H20 18H 20H
MER DERSOU OUZALA
11H
ROYAUME DE KENSUKE
14H
NON-NON DANS ESPACE
16H40
CHRONIQUES TÉHÉRAN
18H20
MADAME HOFMANN
20H45

17
IL RESTE ENCORE… QUITTER LA NUIT LA MACHINE À ÉCRIRE… ROSALIE BORGO
11H45 14H20 16H10 18H30 20H30
ENYS MEN LE VIEIL HOMME ET... RIDDLE OF FIRE SIDONIE AU JAPON RIDDLE OF FIRE
12H 15H 17H45 20H15
ROSALIE BORGO LE MAL N’EXISTE PAS KNIT’S ISLAND + Rencontre
AVRIL 11H30 14H10 16H30 19H 21H

5€
DRIVE-AWAY DOLLS LE MAL N’EXISTE PAS LAROY DRIVE-AWAY DOLLS LAROY

11H15 14H20 16H30 18H20 20H30


JEU DERSOU OUZALA
11H
ENYS MEN ROYAUME DE KENSUKE
15H
QUITTER LA NUIT
17H30
L’AFFAIRE ABEL TREM
20H15

18
LOS DELINCUENTES RIDDLE OF FIRE IL RESTE ENCORE… ROSALIE
11H30 14H10 16H10 17H50 19H40 21H15
CHRONIQUES TÉHÉRAN LA SALLE DES PROFS LE VIEIL HOMME ET... SMOKE SAUNA… LA MACHINE À ÉCRIRE… KNIT’S ISLAND
11H45 14H 16H15 18H30 20H45
SIDONIE AU JAPON MADAME HOFMANN LE MAL N’EXISTE PAS MADAME HOFMANN LE MAL N’EXISTE PAS
AVRIL 10H30 12H 14H30 17H 19H30 21H30

5€
NON-NON DRIVE-AWAY BORGO LAROY DRIVE-AWAY DOLLS BORGO

11H 14H30 16H10 17H30 19H50 21H30


VEN ROYAUME DE KENSUKE LA MACHINE À ÉCRIRE…
14H10
NON-NON DANS ESPACE
16H
RIDDLE OF FIRE
18H15
CHRONIQUES TÉHÉRAN LAROY
20H45

19
SMOKE SAUNA… MADAME HOFMANN L’AFFAIRE ABEL TREM BORGO
11H45 15H15 17H20 19H15 21H15
QUITTER LA NUIT KNIT’S ISLAND LE VIEIL HOMME ET... LA SALLE DES PROFS ENYS MEN
12H 15H 17H40 20H15
SIDONIE AU JAPON ROSALIE PERFECT DAYS LOVE & MERCY + Discussion
AVRIL 11H30 14H20 16H20 18H45 21H

5€
LE MAL N’EXISTE PAS DRIVE-AWAY DOLLS LAROY LE MAL N’EXISTE PAS DRIVE-AWAY DOLLS

11H 14H 16H30 18H 20H45


SAM ROYAUME DE KENSUKE
11H15
ROSALIE NON-NON DANS ESPACE DERSOU OUZALA
15H 17H20
RIDDLE OF FIRE
19H20 21H30

20
LE VIEIL HOMME ET... BORGO SIDONIE AU JAPON LA ZONE D’INTÉRÊT KNIT’S ISLAND
12H 15H15 17H30 19H40 21H45
LA MACHINE À ÉCRIRE… RIDDLE OF FIRE QUITTER LA NUIT MADAME HOFMANN DRIVE-AWAY DOLLS
11H30 14H30 17H45 20H30
LA SALLE DES PROFS ABD EL-KADER + Discussion ROSALIE BORGO
AVRIL 11H45 14H45 17H 19H 21H15

5€
LAROY LE MAL N’EXISTE PAS DRIVE-AWAY DOLLS LE MAL N’EXISTE PAS LAROY

11H 13H45 16H40 18H30 20H45


DIM RIDDLE OF FIRE
11H45
DERSOU OUZALA
14H
ROYAUME DE KENSUKE
15H45
RIDDLE OF FIRE
18H15
ENYS MEN
20H30

21
MADAME HOFMANN CHRONIQUES TÉHÉRAN IL RESTE ENCORE… MADAME HOFMANN LAROY
11H15 14H20 16H 18H 20H
ROSALIE LA MACHINE À ÉCRIRE… SIDONIE AU JAPON KNIT’S ISLAND QUITTER LA NUIT
10H30 12H 15H 17H45 20H15
NON-NON BORGO ROSALIE LE MAL N’EXISTE PAS ONIBABA + Présentation
AVRIL 11H30 14H10 16H30 18H40 21H

5€
LE MAL N’EXISTE PAS LAROY DRIVE-AWAY DOLLS BORGO DRIVE-AWAY DOLLS

11H 14H15 16H30 17H45 20H


LUN ROYAUME DE KENSUKE
11H15
MADAME HOFMANN
13H45
NON-NON DANS ESPACE
16H
LA SALLE DES PROFS
18H20
SIDONIE AU JAPON
20H45

22
BORGO SMOKE SAUNA… RIDDLE OF FIRE BORGO LE MAL N’EXISTE PAS
11H45 15H30 18H10 19H45
QUITTER LA NUIT L’AFFAIRE ABEL TREM LA MACHINE À ÉCRIRE… ROSALIE
12H 15H 18H 20H15
LAROY ANATOMIE D’UNE CHUTE MADAME HOFMANN MARIN DES MONTAGNES + Rencontre
AVRIL 11H30 14H 16H45 19H 21H

5€
DRIVE-AWAY DOLLS IL RESTE ENCORE… LE MAL N’EXISTE PAS DRIVE-AWAY DOLLS LAROY

11H30 14H45 (D) 16H40 (D) 18H 20H


MAR RIDDLE OF FIRE
11H15
ROYAUME DE KENSUKE
14H20
NON-NON DANS ESPACE
16H50 (D)
ENYS MEN (D)
18H30
DERSOU OUZALA (D)
20H45

23
IL RESTE ENCORE… ROSALIE CHRONIQUES TÉHÉRAN QUITTER LA NUIT BORGO
11H45 (D) 14H30 (D) 17H (D) 18H50 20H30
L’AFFAIRE ABEL TREM LA SALLE DES PROFS LE VIEIL HOMME ET... LA MACHINE À ÉCRIRE… LE MAL N’EXISTE PAS
11H 14H 16H30 20H15
MADAME HOFMANN BORGO LOS DELINCUENTES L’ÉNERGIE POSITIVE DES DIEUX + Débat
AVRIL
AOÛT 12H
DRIVE-AWAY DOLLS
14H10
SIDONIE AU JAPON (D)
16H15
LE MAL N’EXISTE PAS
18H40
LAROY
21H
DRIVE-AWAY DOLLS
FAUT-IL VRAIMENT CONSTRUIRE DE NOUVEAUX RÉACTEURS NUCLÉAIRES EN FRANCE ET AILLEURS ?
Vendredi 26 Avril à 19h, Athénée Municipal, Bordeaux Saint-Christoly : Conférence – Débat avec Stéphane Lhomme, Directeur
de l’Observatoire du nucléaire – Entrée libre • Samedi 27 Avril à 15h : Manifestation anti-nucléaire – Départ à la Maison
Ecocitoyenne, Quai Richelieu (près du Pont de Pierre) • Contact : association Tchernoblaye - tchernoblaye.free.fr - 06 64 100 333

5
11H30 14H20 16H40 18H 20H
MER KNIT’S ISLAND
11H
RIDDLE OF FIRE
13H40
L’ANTILOPE D’OR
16H
KURONEKO
18H10
ROSALIE
20H45

24 €
MADAME HOFMANN QUITTER LA NUIT UN JEUNE CHAMAN BORGO NOTRE MONDE
11H45 13H50 16H30 18H30 20H30
LA MACHINE À ÉCRIRE… SEMAINE SAINTE NOTRE MONDE MARIN DES MONTAGNES UN JEUNE CHAMAN
12H 15H 17H + Discussion 20H15
BORGO DRIVE-AWAY DOLLS MAÎTRES DU TEMPS SKY DOME 2123 + Discussion
AVRIL 11H15 14H 16H15 18H40 21H

5€
LAROY LE MAL N’EXISTE PAS LE JEU DE LA REINE LE MAL N’EXISTE PAS LAROY

10H30 12H 14H30 16H45 18H30 20H45


JEU ANTILOPE…
11H
ONIBABA SKY DOME 2123
13H50
LES MAÎTRES DU TEMPS
15H50
SKY DOME 2123
17H30
IL RESTE ENCORE…
19H30 21H45

25
ROSALIE NOTRE MONDE LA MACHINE À ÉCRIRE… SMOKE SAUNA… LE MAL N’EXISTE PAS LAROY
11H30 14H10 16H20 19H 21H15
RIDDLE OF FIRE UN JEUNE CHAMAN SEMAINE SAINTE QUITTER LA NUIT KNIT’S ISLAND
11H15 14H 17H45 20H15 Cinéma retrouvé
LE JEU DE LA REINE LOS DELINCUENTES BORGO CHER PAPA
AVRIL 11H45 14H20 16H10 18H40 21H

5€
LE MAL N’EXISTE PAS DRIVE-AWAY DOLLS MADAME HOFMANN LAROY DRIVE-AWAY DOLLS

11H 13H40 15H45 17H 19H15 21H30


VEN LES MAÎTRES DU TEMPS
12H
MARIN DES MONTAGNES
14H45
L’ANTILOPE D’OR KNIT’S ISLAND
17H15
MADAME HOFMANN
19H30
KURONEKO
21H45

26
SMOKE SAUNA… SKY DOME 2123 NOTRE MONDE LE MAL N’EXISTE PAS SKY DOME 2123
11H15 13H50 15H30 17H45 20H15
SEMAINE SAINTE LA MACHINE À ÉCRIRE… QUITTER LA NUIT RIDDLE OF FIRE LE JEU DE LA REINE
11H30 14H 16H 18H30 20H45
ROSALIE DRIVE-AWAY DOLLS IL RESTE ENCORE… UN JEUNE CHAMAN BORGO
AVRIL 11H45 14H15 16H45 19H 21H

5€
BORGO PERFECT DAYS LE MAL N’EXISTE PAS DRIVE-AWAY DOLLS LAROY

11H15 14H30 16H30 17H45 20H30


SAM SKY DOME 2123
11H45
LES MAÎTRES DU TEMPS L’ANTILOPE D’OR
14H45
SEMAINE SAINTE
17H15
SKY DOME 2123
19H40 21H45

27
RIDDLE OF FIRE ROSALIE MADAME HOFMANN UN JEUNE CHAMAN DRIVE-AWAY DOLLS
12H 15H 17H 19H30 21H30
MARIN DES MONTAGNES NOTRE MONDE LE JEU DE LA REINE NOTRE MONDE ONIBABA
11H 13H45 16H 18H30 20H45
IL RESTE ENCORE… UN JEUNE CHAMAN BORGO LE MAL N’EXISTE PAS BORGO
AVRIL 11H30 14H 16H15 18H45 21H

5€
DRIVE-AWAY DOLLS LE MAL N’EXISTE PAS LAROY LA ZONE D’INTÉRÊT LAROY

11H15 14H30 16H30 18H15 20H20


DIM QUITTER LA NUIT
11H45
MARIN DES MONTAGNES LES MAÎTRES DU TEMPS
15H
UN JEUNE CHAMAN
17H45
KURONEKO
20H

28
UN JEUNE CHAMAN LE JEU DE LA REINE LE MAL N’EXISTE PAS RIDDLE OF FIRE
11H 13H45 16H15 18H30 20H45
SEMAINE SAINTE ROSALIE MADAME HOFMANN NOTRE MONDE SKY DOME 2123
10H30 12H 15H30 18H 20H30
ANTILOPE... NOTRE MONDE BORGO IL RESTE ENCORE… BORGO
AVRIL 11H30 14H15 16H40 18H40 21H

5€
LAROY LE MAL N’EXISTE PAS DRIVE-AWAY DOLLS LAROY DRIVE-AWAY DOLLS

11H 13H45 15H45 18H10 20H15


LUN SKY DOME 2123
11H15
KNIT’S ISLAND
14H
RIDDLE OF FIRE
16H10
ONIBABA
18H30
LE JEU DE LA REINE
20H45

29
UN JEUNE CHAMAN MADAME HOFMANN ROSALIE QUITTER LA NUIT (D) LE MAL N’EXISTE PAS
11H45 14H15 16H 18H 20H
NOTRE MONDE LA MACHINE À ÉCRIRE… SMOKE SAUNA… (D) MARIN DES MONTAGNES SEMAINE SAINTE
11H30 14H30 17H 19H30
BORGO IL RESTE ENCORE… BORGO L’HÉRITAGE DE FLORA + Rencontre
AVRIL 12H 15H 18H20 21H

5€
LAROY ANATOMIE D’UNE CHUTE LAROY DRIVE-AWAY DOLLS

14H45 17H15 19H15 (D) 21H


MAR RIDDLE OF FIRE
15H
KURONEKO
17H30
LA MACHINE À ÉCRIRE… SKY DOME 2123
20H

30
LE JEU DE LA REINE ROSALIE (D) UN JEUNE CHAMAN
14H10 16H 18H20 20H30
DRIVE-AWAY DOLLS IL RESTE ENCORE… MADAME HOFMANN NOTRE MONDE
14H 16H15 18H45 20H45
LE MAL N’EXISTE PAS BORGO DRIVE-AWAY DOLLS BORGO
AVRIL 15H15
LAROY
17H45
LAROY
20H15
CHIEN DE LA CASSE + Rencontre
Lundi 6 MAI à 21h15, PROJECTION DU COURT MÉTRAGE LE PASSAGER CLANDESTIN
réalisé par Guillaume Lagardère-Flores et Sacha Firmin-Gloriot
dans le cadre de la Licence 3 Cinéma 2022-2023 de l’Université Bordeaux Montaigne
Rencontre avec l’équipe du film à l’issue de la projection – Entrée libre

5€
11H30 14H30 16H30 18H10 20H45
MER KURONEKO
11H15
LES MAÎTRES DU TEMPS
13H40
L’ANTILOPE D’OR
15H45
RIDDLE OF FIRE
18H
SKY DOME 2123
20H

1
ROSALIE UN JEUNE CHAMAN LE MAL N’EXISTE PAS DRIVE-AWAY DOLLS LA FLEUR DE BURITI
er 11H 14H 16H 18H20 20H30
SEMAINE SAINTE NOTRE MONDE ÉTAT LIMITE MADAME HOFMANN BORGO
11H45 14H15 16H20 19H 21H
BORGO AFFAIRE DE PRINCIPE LA FLEUR DE BURITI AFFAIRE DE PRINCIPE LAROY
MAI 12H 15H 17H40 20H15

5€
LAROY JUSQU’AU BOUT… LE JEU DE LA REINE JUSQU’AU BOUT…

15H 17H 19H15


JEU DRIVE-AWAY DOLLS ÉTAT LIMITE UN JEUNE CHAMAN
TOUS LES JOURS 15H30 18H15 20H45

2
LE JEU DE LA REINE BORGO AFFAIRE DE PRINCIPE
LA 1re SÉANCE 14H30 16H45 19H30 21H45
MADAME HOFMANN SEMAINE SAINTE NOTRE MONDE SKY DOME 2123
(SUR FOND GRIS) 15H15 18H 20H30

MAI C’EST 5€ LA FLEUR DE BURITI


14H45
LAROY
17H30
LE MAL N’EXISTE PAS
20H15

5€
JUSQU’AU BOUT… JUSQU’AU BOUT… RESILIENT MAN + Discussion

11H 13H50 16H45 19H15 21H20


VEN ONIBABA
11H15
SEMAINE SAINTE LA FLEUR DE BURITI
15H 17H15
ÉTAT LIMITE
19H30
KNIT’S ISLAND
21H30

3
RIDDLE OF FIRE LE MAL N’EXISTE PAS MADAME HOFMANN AFFAIRE DE PRINCIPE BORGO
12H 14H30 16H40 19H 21H
NOTRE MONDE UN JEUNE CHAMAN ROSALIE MARIN DES MONTAGNES SKY DOME 2123
11H45 14H20 16H20 18H45 20H45
JUSQU’AU BOUT… AFFAIRE DE PRINCIPE LE JEU DE LA REINE DRIVE-AWAY DOLLS JUSQU’AU BOUT…
MAI 11H30 14H 16H30 20H15

5€
LA FLEUR DE BURITI PERFECT DAYS (D) LAROY 7/8 – SETTE OTTAVI + CONCERT JAZZ

11H45 14H15 16H 17H15 19H30 21H30


SAM KNIT’S ISLAND
11H15
LES MAÎTRES DU TEMPS L’ANTILOPE D’OR
15H
ÉTAT LIMITE
17H30
UN JEUNE CHAMAN
20H
SKY DOME 2123

4
BORGO LE MAL N’EXISTE PAS BORGO LA FLEUR DE BURITI
12H 14H30 17H 19H45 21H45
LE JEU DE LA REINE RIDDLE OF FIRE MADAME HOFMANN NOTRE MONDE LAROY
11H30 14H 16H15 18H45 20H45
LAROY AFFAIRE DE PRINCIPE LA FLEUR DE BURITI AFFAIRE DE PRINCIPE DRIVE-AWAY DOLLS
MAI 11H 15H30 18H15 20H30

5€
SALUT LES ZINS ! + Rencontre JUSQU’AU BOUT… LA ZONE D’INTÉRÊT (D) JUSQU’AU BOUT…

12H 14H20 16H30 (D) 18H30 20H45


DIM MARIN DES MONTAGNES ÉTAT LIMITE
11H15 14H10
LES MAÎTRES DU TEMPS
16H40
SKY DOME 2123
18H45
RIDDLE OF FIRE
21H

5
AFFAIRE DE PRINCIPE BORGO UN JEUNE CHAMAN NOTRE MONDE BORGO
11H30 14H30 17H 19H15
MADAME HOFMANN LE JEU DE LA REINE LE MAL N’EXISTE PAS SEMAINE SAINTE (D)
11H 14H 15H50 18H15 20H15 Lune noire
LA FLEUR DE BURITI DRIVE-AWAY DOLLS LAROY AFFAIRE DE PRINCIPE THE MACHINIST
MAI 10H30 (D) 11H45 15H 17H45 20H30

5€
L’ANTILOPE… JUSQU’AU BOUT… LA FLEUR DE BURITI JUSQU’AU BOUT… LAROY

12H 15H30 18H 20H


LUN KURONEKO
11H45 14H30
RIDDLE OF FIRE (D) KNIT’S ISLAND (D)
17H15 (D)
LE JEU DE LA REINE (D)
21H

6
UN JEUNE CHAMAN LA FLEUR DE BURITI LOS DELINCUENTES LAROY
11H15 13H45 15H45 17H45 20H15
ÉTAT LIMITE MARIN DES MONTAGNES NOTRE MONDE ROSALIE (D) BORGO
11H30 14H 16H15 18H15 20H30 (D)
SKY DOME 2123 MADAME HOFMANN (D) AFFAIRE DE PRINCIPE LE MAL N’EXISTE PAS ANATOMIE D’UNE CHUTE
MAI 11H 14H10 16H40 19H15 21H15 Court Métrage

5€
JUSQU’AU BOUT… IL RESTE ENCORE… JUSQU’AU BOUT… DRIVE-AWAY DOLLS PASSAGER CLANDESTIN

14H20 16H30 19H 21H15


MAR ÉTAT LIMITE
14H10
BORGO (D)
16H10 (D) 18H10
ONIBABA (D)
20H15
KURONEKO (D)

7
AFFAIRE DE PRINCIPE MARIN DES MONTAGNES UN JEUNE CHAMAN LA FLEUR DE BURITI
14H30 17H15 19H30 21H30
SKYDOME 2123 (D) NOTRE MONDE AFFAIRE DE PRINCIPE DRIVE-AWAY DOLLS (D)
14H45 17H30 20H (D)
LA FLEUR DE BURITI LAROY (D) LE MAL N’EXISTE PAS
AOÛT
MAI 15H
JUSQU’AU BOUT…
18H
IL RESTE ENCORE… (D)
20H30
JUSQU’AU BOUT…
Les Bonnes création

Texte Jean Genet


Mise en scène Mathieu Touzé
9 > 12 avril
Dans ce huis clos subversif de Jean Genet,
deux bonnes ressassent leurs frustrations et
leurs humiliations, jusqu’à l’acte de haine pure.
Coproduction TnBA

Arcadie
Texte Emmanuelle Bayamack-Tam
Adaptation et mise en scène Sylvain Maurice
29 avril > 3 mai
Comment devient-on adulte dans une
communauté coupée du monde et régentée par un
gourou aussi libertaire que prédateur ? Farah y
parvient, dans un seul-en-scène adolescent,
questionnant le genre et le monde tordu des
adultes.

ສຽງຂອງຍ່າ création

(la voix de ma grand-mère)


Un projet de Vanasay Khamphommala,
29 avril > 4 mai
Peut-on faire renaître la voix d’une disparue ?
Sur les traces de sa grand-mère laotienne,
Vanasay Khamphommala met en partage
une quête entre deux pays. Entre deux voix.
Coproduction TnBA
design Franck Tallon

Théâtre national
de Bordeaux en Aquitaine
Direction Fanny de Chaillé
Cinéma de genre, Exploitation, OFNI, auteurs borderline...
Séance mensuelle du troisième type proposée par Monoquini
— lunenoire.org

Dimanche 5 MAI à 20h15

THE MACHINIST
Brad ANDERSON
Espagne / USA 2004 1h42
films et des auteurs qui ont laissé une
trace durable dans nos souvenirs ciné-
d’un exemplaire de L’Idiot. Un person-
nage dont la réalité n’est jamais attestée,
VOSTF Couleur philes. The Machinist, sorti il y a tout mais qui est bien là, devant nous, devant
avec Christian Bale, Jennifer Jason juste vingt ans, fait partie de notre top- Trevor, et qui semble amorcer chacune
Leigh, Aitana Sánchez-Gijón, liste. Car cette plongée d’une noirceur des situations qui vont l’entrainer dans
John Sharian, Michael Ironside… d’encre dans les tréfonds d’une âme un délire complotiste, avec la certitude
Scénario de Scott Kosar est un incontournable thriller moderne, qu’il est l’objet d’une vengeance collec-
Musique de Roque Baños voué à devenir un classique. D’abord tive. Le machiniste se ressent comme
par la performance impressionnante de victime d’une machination, rouage au
Trevor Reznik est ouvrier sur la chaine Christian Bale, ex-Bateman (American centre d’une vaste mécanique parfaite-
d’une usine métallurgique quelque part Psycho) et futur Batman dans la trilogie ment huilée où chacun, jusqu’à la plus
en Amérique. Sa vie n’est que travail de Christopher Nolan. Adoptant un ré- proche et bienveillante de ses relations,
routinier et répétitif, sa vie sociale se li- gime drastique, l’acteur a perdu 28 kg est complice. Cette psychose, qui s’ac-
mitant à un rapport régulier avec une en trois mois pour ne plus en peser que compagne d’une obsession maniaque
prostituée qui est aussi sa confidente, 55, afin de tenir le rôle de l’ouvrier famé- de la propreté – eau de javel en guise de
et à la relation qu’il noue avec la ser- lique à l’allure de plus en plus fantoma- savon – est accentuée autant par la mu-
veuse du bar de l’aéroport où, passé mi- tique. Un cas unique dans l’histoire du sique de Roque Baños en de subtiles ci-
nuit, chaque soir, il va boire un café. Car cinéma. L’aspect physique de l’acteur, tations de Bernard Hermann, le compo-
Trevor est insomniaque. Il n’a pas dormi application radicale de « la méthode » siteur attitré d’Alfred Hitchcock, que par
depuis un an, dit-il, et a perdu l’appétit. de l’Actors Studio, aurait pu passer pour la distorsion du réel par le grand angle,
Sa silhouette est squelettique. Un jour, un gimmick promotionnel sensationnel une lumière blafarde et une attention
un nouveau soudeur arrive dans l’atelier. s’il ne nourrissait pleinement le carac- hallucinée au détail.
Les deux hommes engagent la conver- tère sombre, désespéré, du personnage L’atmosphère de folie paranoïaque qui
sation lors d’une pause. Mais il s’avère de Trevor Reznik – incarnation littérale imprègne progressivement le récit est
que seul Trevor perçoit sa présence, et de l’absence à soi-même. Il y a aussi un des traits hitchcockiens où excelle
après un accident grave au sein de l’ate- son « double », physiquement opposé le scénario de Scott Kosar, nous en-
lier et alors que divers indices étranges en tout point : Ivan le soudeur, sorte de trainant de façon vertigineuse dans les
jaillissent dans son environnement quo- géant vert en cuir noir mâtiné de Marlon méandres d’une mémoire refoulée, mas-
tidien, sa raison commence à vaciller. Brando, interprété par un John Sharian quée jusqu’alors par les apparences
affublé de monstrueux signes particu- d’un monde imaginaire et totalement
On aime bien fêter les anniversaires liers. Double, au sens Dostoïevskien – fantasmé. Le retour au réel n’en sera que
chez Lune Noire, façon de célébrer des évoqué par la présence fugace à l’écran plus glaçant.
RIDDLE
OF FIRE
Écrit et réalisé par Weston RAZOOLI tractations, un marché est passé : les et pleine de suspense, qui est au pas-
USA 2023 1h53 VOSTF mômes doivent rapporter une tarte aux sage un hommage joyeux à la liberté et
avec Lio Tipton, Charles Halford, myrtilles (qui hâtera sa convalescence : à la malicieuse intelligence des gamins
Skyler Peters, Phoebe Ferro, maman est gourmande), en échange de de familles plus ou moins dysfonction-
Lorelei Olivia Mote, Charlie Stover, quoi elle leur révélera le code. Qu’à ce- nelles.
Andrea Browne, Rachel Browne… la ne tienne, ils enfourchent leur mini- Au-delà du scénario rocambolesque
moto cross, s’arment de leurs fusils de convoquant comme on l’a déjà dit plu-
FILM ÉPATANT paintball (les pistes de l’Utah ne sont ja- sieurs genres, au-delà du jeu excellent
POUR TOUS PUBLICS, mais sûres) et – hardi petit ! –- foncent à des jeunes acteurs qui doivent faire
VISIBLE À PARTIR DE 12 ANS la boulangerie. Mais sacrebleu, la bou- face à une géniale méchante gourou, il
langère est malade ! Nos aventuriers en faut souligner l’inventivité et la beauté
Youpi ! c’est le printemps et, pour fêter culottes courtes doivent donc préparer des images, merveilleusement rehaus-
ça, on vous propose un film absolument la tarte eux-mêmes avec la recette se- sées par l’utilisation rare du 16 mm qui
jubilatoire qui peut rassembler et em- crète qu’elle a accepté de leur confier, donne ce grain unique, très années 80,
baller toutes les générations à partir de une recette qui impose d’utiliser des et permet de retrouver les inoubliables
douze ans. Riddle of fire, pépite venue œufs tachetés. Dont la dernière boite a « couleurs Kodak » de jadis. Weston
du Midwest profond, c’est un strike ! Le été achetée au drugstore par un cow- Razooli compare d’ailleurs (à juste titre)
croisement improbable autant que ré- boy peu accommodant qui semble faire le 16 mm à la peinture à l’huile – qu’il
jouissant entre Le Club des cinq, Les partie d’une inquiétante secte… C’est le oppose à la peinture acrylique du numé-
Aventures de Tom Sawyer et Stand by point de départ d’une aventure immense rique… Le tout généreusement nappé
me, pour ne citer que le plus beau de et pleine de dangers. d’une musique « dungeon synth », sorte
ces films américains des années 1980 de metal électronique inspiré par les
qui offraient aux ados et pré-ados du Le résumé de l’intrigue vous laisse du- jeux de rôle médiévaux fantastiques, qui
rêve et de l’aventure sans les prendre bitatif ? Pas grave ! Laissez-vous por- donne son côté envoûtant et parfois in-
pour des andouilles. Le tout mixé avec ter par l’énergie, la poésie et le sens de quiétant aux aventures de nos héros en
un peu de néo-western, d’imaginaire l’absurde de cette réjouissante comédie herbe. Jeunes de tous les âges, accou-
fantasy néo-médiéval, et une pincée d’aventures à la mise en scène ludique rez, c’est un régal !
de la folie d’un Michel Gondry (on ne
manque jamais une occasion de le ré-
péter : on est fan de Microbe et gasoil !).

Nous sommes au fin fond des confins


montagneux et forestiers de l’Utah et
du Wyoming et, malgré le temps magni-
fique qui illumine les pinèdes et les lacs
du coin, trois gamins d’une dizaine d’an-
nées n’ont qu’une envie : tester leur nou-
velle console et le jeu cultissime d’heroic
fantasy qui va avec. Mais, au moment où
l’impatience est à son comble… pata-
tras ! Ils se rendent compte que le code
a été modifié par leur mère, alitée, qui en
a marre – comme toutes les mères du
monde – de voir ses gamins scotchés
devant un écran alors que dehors le so-
leil est doux et le vent itou. Après moult
UN JEUNE CHAMAN

Écrit et réalisé par tout la construction identitaire de ce de ce chaman en pleine ébullition ado-
Lkhagvadulam PUREV-OCHIR jeune homme dont la vie se trouve bou- lescente, le film dresse avec force le por-
Mongolie 2023 1h43 VOSTF leversée par sa rencontre avec Maralaa, trait d’une jeunesse soumise à un sys-
avec Tergel Bold-Erdene, Nomin-Erdene une adolescente au cœur fragile. Tous tème éducatif ultra-rigide et traditionnel,
Ariunbyamba, Anu-Ujin Tsermaa, les deux vivent dans le « quartier des porté par des valeurs nationalistes sclé-
Bulgan Chuluunbat… Yourtes », à l’image de 60 % de la popu- rosantes. Il évoque aussi en creux une
lation d’Oulan Bator. Zone frontière entre population déstructurée par l’exode ru-
Zé a 17 ans et il est chaman : un inter- les steppes enneigées et la capitale ten- ral, en proie à l’alcoolisme, fléau récur-
médiaire entre le monde visible et les taculaire d’où émergent des colonnes rent. Il montre comment le chamanisme,
mondes invisibles. Il consacre beaucoup de fumées noires, c’est là que palpite ne se résumant pas aux cérémonies
de temps à communiquer en état de la jeunesse issue de l’exode rural mais du tambour, est présent à l’intérieur
transe avec les esprits des ancêtres… surtout le cœur de Zé. Jusqu’alors visi- des familles, quelles que soient les gé-
Lourde et épuisante tâche pour cet ado- té par les esprits des ancêtres et autres nérations. Même si les provocations
lescent qui prend ainsi soin de sa com- créatures invisibles, son espace men- de « chaman arnaqueur » arrivent aux
munauté à Oulan Bator, à travers des tal est soudain envahi par le sentiment oreilles de Zé, et si tous ces jeunes as-
rites aux fonctions thérapeutiques. A amoureux ! En compagnie de Maralaa, pirent davantage à regarder vers le fu-
cette fonction convoquant les êtres du il fait ses premiers pas hors du quartier tur que vers le passé, il n’en reste pas
passé, s’ajoute celle qui concerne son qu’il connaît par cœur et s’aventure dans moins que tous les personnages restent
avenir : étudier pour réussir sa vie. C’est « l’étrangeté » du centre-ville. Notons la étroitement attachés à la vie rurale et à la
dans un uniforme étriqué, bien éloigné performance de Tergel Bold-Erdene, ac- nature avec laquelle ils gardent un rap-
de celui du chaman, qu’on le découvre teur amateur débutant dont la présence port viscéral. En témoignent les rituels
en salle de classe parmi ses camarades, nous happe dès sa première apparition, quotidiens s’adressant aux montagnes
davantage préoccupés par les vidéos virtuose dans ses expressions et regards et aux cieux, superbement captés par
pornos sur leur portable que par la com- pour suggérer l’invisible. Déambulations une caméra qui caresse les paysages et
munication avec les esprits ou les rêves dans les centres commerciaux ou transe réussit à les faire vibrer. En témoignent
prémonitoires ! A l’heure des écrans et techno dans les boîtes de nuit prennent aussi les rêves d’émancipation que par-
des réseaux sociaux, difficile pour un une dimension particulière sous ses tagent les amoureux à l’occasion d’un
jeune empreint de spiritualité de trouver yeux curieux, espiègles, amoureux, mais des plus beaux moments du film. Mais
sa place, de se faire respecter, de « gar- aussi inquiets. En pleine puberté, que de là où la réalisation s’avère la plus puis-
der la tête sur les épaules » comme le tiraillements pour Zé qui expérimente le sante dans le registre animiste, c’est
souhaite sa mère… désir et autres émotions inédites et qui à travers la dernière séquence dans la
voit surtout ses pouvoirs guérisseurs va- salle de classe. On ne vous en dira pas
Heureusement, le film dépasse large- ciller… plus sinon qu’elle exprime un élan col-
ment l’affrontement binaire entre tradi- lectif exaltant, capable de donner des
tion et modernité. Il nous raconte sur- A travers le parcours initiatique singulier ailes à tous les élèves…
Samedi 20 AVRIL à 14h30, VISIONS D’ALGÉRIE :
Abd El-Kader (1808-1883), fondateur de l’État Algérien
séance organisée par la Fédération Franco-Algérienne Aquitaine
Plus en partenariat avec la librairie Le Passeur, Bordeaux-Bastide
Projection unique du film ABD El-KADER suivie
d’une discussion avec Ahmed Bedjaoui, producteur et auteur,
Ahmed Bouyerdene, historien, et Christian Delorme,
prêtre de l’archidiocèse de Lyon

ABD El-KADER

Film documentaire de Salem BRAHIMI fait émir (chef politique, militaire et spi-
Algérie 2013 1h36 VOSTF rituel) afin de tenter de repousser l’inva-
sion sanguinaire du territoire par l’armée
Qui était l’émir Abd El-Kader ? 140 ans française. Pendant cette longue guerre
après sa mort, l’histoire du père de la na- de 17 ans, ses réflexions l’amènent à
tion algérienne et du combattant contre poser les bases de la création d’un État
la colonisation reste une figure trop mé- algérien ainsi que les principes de droit
connue en France mais aussi en Algérie. humanitaire sur le sort des prisonniers
Le documentaire passionnant de Salem de guerre – bien avant la convention de
Brahimi offre un portrait sensible mais Genève de 1929 !
très précis et sans fard de cet acteur es- Après sa reddition, Abd El-Kader se re-
sentiel de l’Histoire de son pays. Une trouve emprisonné à Amboise, en viola-
mise en perspective richement illus- tion de la promesse qui lui avait été faite
trée par des photographies d’archives, d’un exil en terre arabe. Mais en 1848,
des images d’animation reconstituant Napoléon III l’autorise à partir vers le
sa vie et une multitude de témoignages « Levant ». Il se plonge alors dans une vie
de spécialistes venus de nombreux pays d’études et de recentrement spirituel. À
(Algérie, France, Angleterre, Turquie…). Damas, il se fera le protecteur des mino-
Une dimension polyphonique qui ren- rités chrétienne et juive de la ville.
force l’universalité de ce personnage Le film est conté dans un arabe poétique
complexe. et dialectal (langue utilisée à l’oral dans
la vie quotidienne) par la voix du chan-
Nous suivons le parcours de cet homme teur Amazigh Kateb du groupe Gnawa
né en 1808 dans un pays sous domina- Diffusion et rythmé par l’oud électronique
tion ottomane qui, à l’âge de 22 ans, est du célèbre musicien Mehdi Haddab.
Mardi 30 AVRIL à 20h15, PROJECTION DE CHIEN DE LA CASSE
PRIX DÉCOUVERTE 2023 DES SPECTATEURS D’UTOPIA
organisée par Cinecitta, ciné-club de l’École des Beaux-Arts de Bordeaux (EBABX)
en partenariat avec l’École Supérieure de Théâtre Bordeaux Aquitaine (ÉSTBA)
et l’association Les Amis de l’Utopia avec le soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine.
PROJECTION EN PRÉSENCE DU RÉALISATEUR JEAN-BAPTISTE DURAND
Achetez vos places à l’avance au cinéma, à partir du Samedi 20 Avril

CHIEN DE LA CASSE
sait de nombreuses décennies plus tôt
lorsqu’il filmait Martigues.

La collaboration avec ses interprètes


augmente chacun de ces endroits.
Raphaël Quenard joue le type même du
Jean-Baptiste DURAND tique de cette période. Si le second est
France 2023 1h33 taiseux, le premier déploie une verve bavard charismatique, épuisant, beau,
avec Raphaël Quenard, Anthony Bajon, aussi incisive que savoureuse, aussi tout le temps génial et médiocre – et son
Galatea Bellugi, Bernard Blancan… prosaïque que philosophe. face-à – face permanent avec le mu-
Scénario de Jean-Baptiste Durand, tisme pathologique splendidement joué
Nicolas Fleureau et Emma Benestan « La réussite de Jean-Baptiste Durand, par Anthony Bajon n’est binaire qu’en
pour son premier film, c’est d’abord de façade parce que de ce duo, épaulé par
Ça se passe dans un petit village de dépoussiérer l’imaginaire d’un Sud de la complexité de jeu des comédiens, le
l’Hérault. Un village de pierre avec son la France depuis longtemps mal regar- réalisateur extrait gestes et situations
église romane et sa petite place pas loin. dé par les cinéastes. Peut-être que c’est inédites. C’est la grande beauté de
On y suit des loulous en jogging/bas- parce qu’il inverse l’axe du regard : Chien Chien de la casse, l’endroit où s’invente
kets qui zonent : sur le banc de la petite de la casse ne tient pas du film d’esthète son cinéma : son écriture apparement
place, le jour comme la nuit, les conver- fasciné par un territoire, il semble résulter surlignée, apparemment stéréotypée,
sations, les joints, la bière, les blagues et plutôt d’un observateur interne et actif, est dépassée et sublimée par sa direc-
l’ennui. On y suit leurs errances, leurs ri- qui sait capter les fictions là où elles se tion d’acteurs. C’est ce que le person-
tuels et leurs coups de pied dans le vide. racontent. Ce qui a pour conséquence nage d’Elsa, incarné par Galatea Bellugi,
Au cœur du film, deux personnages liés un film intelligent de ses paradoxes : la démontre à son tour, puissamment :
par la puissance de l’amitié. Mirales et précision de ses portraits, sociologique- perçue un temps comme synthèse des
Dog sont deux gars qui voudraient être ment aiguisés, se mêle à des inventions deux personnages masculins, l’évidence
des hommes, mais qui sont encore coin- formelles et langagières, à une forme de cette proposition échoue très vite à
cés dans une sorte d’adolescence, pour de raffinement du style en même temps la fois face aux complications de l’écri-
l’un dans un idéal absolu et orgueilleux, qu’il saisit la sécheresse existentielle de ture et face aux rutilances de ses propo-
pour l’autre dans la torpeur caractéris- ses personnages – comme Renoir le fai- sitions de jeu. (Pierre Guidez, Cinecitta)
Pub-Cervantes-Utopia-fev-2024.qxp_Mise en page 1 06/02/2024 11:40 Page 1

Instituto
Cervantes

Bordeaux

COURS D’ESPAGNOL
Présentiels ou en ligne
Individuels et collectifs
FORMATIONS EN ESPAGNOL
ÉLIGIBLES AU CPF

ACTIVITÉS CULTURELLES
BIBLIOTHÈQUE
Bibliothèque électronique
CERTIFICATIONS
EN ESPAGNOL

57 cours de l’Intendance
33000 Bordeaux
05 57 14 26 14
cenbur@cervantes.es
https://burdeos.cervantes.es
NOTRE MONDE
ce contexte tandis que Zoé se demande
ce qu’elles font ici et s’il ne faudrait pas
rentrer, les rôles pourraient bien s’in-
verser au gré de leur évolution dans la
grande ville.

Luàna Bajrami, actrice (Portrait de la


(BOTA JONË) venir interprètes. C’est pleines d’espoir jeune fille en feu, L’Événement) et très
qu’elles partent, c’est déçues qu’elles jeune réalisatrice (23 ans !), nous impres-
Écrit et réalisé par Luàna BAJRAMI arriveront. sionne par sa maîtrise et son immense
Kosovo / France 2023 1h35 VOSTF Car rien ne se passera comme elles maturité devant un tel sujet. On se sou-
avec Albina Krasniqi, Elsa Mala, l’avaient prévu. Plus aucune place au vient de son premier film, La Colline où
Don Shala, Aurora Ferati… cours d’anglais, la moitié des profes- rugissent les lionnes (sorti en 2022) déjà
seurs absents, des tensions entre les très prometteur… L’histoire de son pays,
Que feriez-vous, jeunes spectatrices, étudiants et la direction de l’universi- le Kosovo, lui tient bien sûr à cœur mais
si la seule perspective d’avenir qu’il té… Car voilà, nous sommes en 2007, elle désire avant toute chose raconter la
vous restait était d’attendre la date huit ans après la fin de la guerre mais jeunesse, explorer comment elle peut
d’un mariage arrangé par vos parents ? dans un Kosovo toujours en attente de trouver sa place et faire face à un monde
Accepteriez-vous votre sort ou décide- la proclamation de son indépendance. qui semble la laisser de côté.
riez-vous de vivre votre vie comme vous Zoé et Volta vont découvrir un monde Au-delà des souffrances et des désillu-
l’entendez ? de tensions politiques et sociales, être sions, d’un appel criant pour qu’on oc-
Deux cousines vivant dans un village confrontées à un pays et à des citoyens troie à ses jeunes héroïnes un tant soit
reculé du Kosovo se posent bel et bien en quête d’identité. Situation tendue peu de considération, Luàna Bajrami
cette question. Que faire ? Rester pour dont elles n’avaient pas réellement nous montre également une jeunesse
ne pas jeter l’opprobre sur leur famille et conscience quand elles vivaient dans animée d’un grand élan d’espoir et qui
se résoudre à cette vie toute tracée pour leur petit village paumé. désire continuer le combat. Cette jeu-
elles ou tenter leur chance pour ouvrir Au contact des étudiants, au fil des ami- nesse est bel et bien frustrée et muselée
leur propre voie ? tiés qu’elles nouent, elles vont prendre mais reste solidaire et déploie une telle
conscience que leur génération n’est énergie ! Filmés au plus près, les émo-
Tout en affirmant à leurs parents dans pas celle sacrifiée par la guerre mais tions et questionnements qui traversent
leur lettre d’au revoir qu’elles ne fuguent bien celle des laissés-pour-compte. Zoé et Volta (interprétées par deux ma-
pas, c’est bien aux premières lueurs de Aucune place ne leur est donnée, au- gnifiques actrices) nous transpercent et
l’aube et en cachette que Zoé et Volta cune parole ne leur est laissée. Nous nous interrogent sur nous-mêmes tout
prennent la voiture et décident de tailler découvrons, à l’instar des deux jeunes en nous rappelant les sensations qui
la route. Destination ? Pristina, la capi- femmes, une population étudiante tota- nous animaient à l’aube de nos vingt
tale. Le but ? Entrer à l’université et dé- lement abandonnée à elle-même. Si, au ans, peu importe qu’ils soient plus ou
crocher un diplôme en anglais pour de- départ, Volta semble s’épanouir malgré moins lointains…
MARDI 23 AVRIL à 20h15
SOIRÉE DANS LE CADRE DU PRINTEMPS DE L’AUTISME 2024
et à l’occasion du concert du groupe ASTÉRÉOTYPIE
à la Rock School Barbey, Samedi 27 Avril à 20h30
organisée par le Centre Ressources Autisme, la Mission Handicap et
Accessibilité à la Cité de la Ville de Bordeaux et le GEM Tertio (Groupe
d’Entraide Mutuelle) en partenariat avec la Rock School Barbey.
Projection de L’ÉNERGIE POSITIVE DES DIEUX
suivie d’une discussion avec Anouck Amestoy, Professeur
des Universités, Pédopsychiatre, Coordonnateur Centre Ressources
Autisme Aquitaine, Olivier Escots, en charge du handicap et
de la lutte contre les discriminations à la Ville de Bordeaux,
et Marc Tourdot, coordonnateur du GEM Tertio.
Achetez vos places à l’avance au cinéma, à partir du Samedi 13 Avril

L’ÉNERGIE POSITIVE DES DIEUX

Film documentaire écrit et réalisé représentations et questionnements per-


par Laetitia MØLLER sonnels.
France 2021 1h10 Issus d’un Institut Médico-Educatif,
avec les membres du groupe ces jeunes autistes, tous différents,
Astéréotypie… portent en eux un univers qui leur est
propre, et qu’ils répercutent au cœur de
Leur musique est une déferlante de leur processus créatif. Encouragés par
rock électrique. Leurs textes assènent Christophe L’Huillier, un musicien-édu-
une poésie sauvage. Accompagnés de cateur plus passionné d’art brut que de
quatre musiciens, Stanislas, Yohann, techniques éducatives, ces 4 fantas-
Aurélien et Kevin sont les chanteurs du tiques dévoilent alors une impression-
groupe Astéréotypie. Rejoints à l’occa- nante capacité d’écriture et d’interpréta-
sion par une cinquième, Claire (notam- tion de leurs textes.
ment dans leur dernier album au titre im- L’Énergie positive des dieux est une invi-
parable : Aucun mec ne ressemble à Brad tation à modifier notre vision des choses :
Pitt dans la Drôme). C’est un cri de liber- il ne s’agit pas ici de voir comment des
té emportant tout sur son passage que autistes pourraient s’adapter à notre so-
restitue ce formidable documentaire dé- ciété, mais bien de nous interroger sur
bordant d’énergie et d’humour, qui capte leur singularité et sur notre propre (a)nor-
le quotidien de ce groupe de rock hors malité. Puissant, captivant, touchant et
du commun, entre répétitions, créations, terriblement rock’n’roll !
AVERROÈS &
ROSA PARKS
Film documentaire de Nicolas PHILIBERT
France 2023 2h23

Après avoir consacré un premier volet d’une trilogie sur la


psychiatrie au centre intermédiaire de jour « L’Adamant »,
Nicolas Philibert quitte la péniche du 12e arrondissement de
Paris pour rejoindre, à quelques minutes de là, le milieu hos-
pitalier. Averroès et Rosa Parks sont deux unités de soins
psychiatriques de l’Hôpital Esquirol, en bordure du bois de
Vincennes. Dans Sur l’Adamant, Philibert filmait un lieu per-
méable et bouillonnant, où les patients pouvaient aller ou ve-
nir et trouver dans les activités proposées un soutien à leur
retour à la vie en société. Dans Averroès & Rosa Parks, les

LA MACHINE
patients sont hospitalisés et contraints à un lieu unique. Avec
une intelligence admirable, Nicolas Philibert adapte complè-
tement son dispositif. Autant, sur la péniche, le film pouvait
s’immiscer dans toutes les activités et établir une relation di-
recte aux patients, libres de nous dévoiler ce qu’ils voulaient ;
autant ici, la relation se veut beaucoup plus distanciée, tou-

À ÉCRIRE
jours adossée au rôle des soignants, remarquablement pu-
dique à l’égard de ce que les soignés révèlent de leurs fragili-
tés. Il en découle un ensemble d’entretiens soignants-soignés
et de séances de groupe au cours desquels Philibert donne
à voir la pratique psychiatrique de l’intérieur. Mais plus que
tout, le film s’attache au ressenti des patients, posant sur eux
ET AUTRES SOURCES DE TRACAS un regard d’une immense humanité. La caméra de Sur l’Ada-
mant était une caméra du champ social et de la relation, celle
Film documentaire de Nicolas PHILIBERT de Averroès & Rosa Parks est une caméra de l’attention. On
France 2023 1h13 suit avec précision le cours des pensées des patients qui, en
dépit de leurs pathologies parfois aigües, s’avèrent remarqua-
Après Sur l’Adamant puis Averroès & Rosa Parks, Nicolas blement construites. On s’imprègne du timbre de leurs voix et
Philibert parfait son étude des structures médico-psychia- on saisit dans leurs yeux, leurs visages, leurs expressions,
triques du pôle Paris Centre. Les deux premiers volets s’inté- l’intensité de leurs espoirs et l’étendue de leur détresse.
ressaient respectivement à un centre intermédiaire de jour et
au milieu hospitalier. Mais qu’est-ce qui peut encore relier les Fidèle à son système, Nicolas Philibert ne propose aucune
équipes soignantes et les patients quand ceux-ci retrouvent mise en contexte, pas de voix-off explicative, pas même le
leur autonomie ? C’est l’objet de ce dernier volet du triptyque, nom des personnes filmées. Le film est simplement « là », à
qui va à la rencontre des patients chez eux. l’intérieur, témoignant des relations qui s’y jouent sans écha-
fauder de structures artificielles.
Patients ou anciens patients ? Rien ne nous l’indique. Mais
comme toujours, la position de Philibert s’avère remarqua-
blement respectueuse. Si la caméra entre dans ces intérieurs
privés, c’est en pleine conscience et au titre d’une relation de
confiance qui s’est instaurée entre le réalisateur et les per-
sonnes visitées. Avec nous aussi, sommes-nous tentés de
dire, car on se plaît nous-mêmes à retrouver les personnes
croisées dans les épisodes précédents…
Les visites prennent appui sur le passage de deux employés
du centre psychiatrique chargés de venir en aide sur toutes
sortes de problèmes très concrets. Ils jouent le rôle de su-
per-bricoleurs mais c’est évidemment de bien plus que ça
qu’il s’agit. Comme dans les volets précédents, on est surpris
par l’omniprésence de la culture et des pratiques artistiques
des patients. Elles sont l’objet de toute l’attention. La touche
d’une machine à écrire qui se détraque… et ce sont des jours
de retranscription de poèmes à rattraper ! Un lecteur CD en
panne… et c’est le retour du silence qu’on voulait tant chas-
ser ! Et comment imaginer mettre un peu d’ordre dans les
piles de disques et de livres si chers à celui qui pour rien au
monde ne s’en séparerait ?

Derrière ces considérations matérielles, la fatigue et l’anxiété


se laissent souvent distinguer. Personne n’échappe aux pe-
tits problèmes domestiques. Ceux-là, sous des apparences
légères, sont les symboles d’une lutte admirable pour réussir
à habiter le monde.
Dans le cadre du DISQUAIRE DAY BORDEAUX 2024 (Samedi 20 Avril, chez votre disquaire indépendant préféré)
Vendredi 19 AVRIL à 20h15 SOIRÉE BEACH BOYS organisée par le disquaire Total Heaven
et l’association La Sphère à l’occasion de la sortie du livre The Beach Boys : Smile de Diego Gil
(Densité Éditions). PROJECTION DE LOVE & MERCY suivie d’une discussion avec Diego Gil, auteur.
Achetez vos places à l’avance, chez Total Heaven ou au cinéma, à partir du Mardi 9 Avril.

LOVE & MERCY

Bill POHLAD un artiste au talent impressionnant, dou- années noires. Au-delà du portrait in-
USA 2014 2h01 VOSTF blé d’un homme à la sensibilité exacer- time, Bill Pohlad n’oublie pas d’accorder
avec John Cusack, Paul Dano, bée, miné par la dépression. Autre belle une large place au mystère de la créa-
Elizabeth Banks, Paul Giamatti… idée, ce sont deux acteurs différents tion musicale : outre une BO spécifique
Scénario d’Oren Moverman qui incarnent les deux âges du musi- signée Atticus Ross (collaborateur fé-
et Michael Alan Lerner cien : Paul Dano restitue avec subtilité tiche de David Fincher), on se régale no-
la douceur et le déséquilibre progressif tamment de la séquence qui voit naître
Loin de la structure classique des bio- des sixties, tandis que John Cusack se le fameux « Good Vibrations ». (Mathilde
pics, Love & Mercy propose une fas- charge d’incarner l’extrême fragilité des Lorit – Rolling Stone Magazine)
cinante plongée dans l’esprit et le gé-
nie créatif de Brian Wilson, chanteur
et compositeur des Beach Boys, dont THE BEACH BOYS : SMILE de Diego GIL (Densité Éditions)
beaucoup découvriront le destin épique.
Le film, qui passe assez vite sur le suc- Fantasmé dans plusieurs configurations, l’album Smile n’aura peut-être ja-
cès fulgurant des premiers albums, al- mais le statut de chef-d’œuvre canonique et immuable. N’existant longtemps
terne deux époques marquantes dans qu’en pièces détachées, objet de manipulations diverses par ses impétrants
la vie de Brian : son obsession de sor-
tir le groupe de la surf music, qui don- (maison de disque, Brian Wilson, les autres Beach Boys), au fil des décennies,
nera l’album Pet sounds en 1966, et sa Smile (ou Smiley smile ou Smile sessions ou Brian Wilson presents Smile)
rencontre avec Melinda dans les années reste une œuvre ouverte, inachevable, perdue pour le panthéon. Ce livre pas-
1980, qui lui permettra de quitter l’em- sionnant propose une lecture aussi fragmentée que son sujet, à partir de la
prise d’un psy manipulateur.
Cette construction permet de cerner peu chronologie des sessions en studio.
à peu la personnalité de Brian Wilson :
qui sont les acteurs de cette histoire à
multiples entrées, fourrant leur nez par-
tout avec leurs gros sabots, laissant des
traces multiples sur leur passage…

Les hommes du film agissent sans ré-


fléchir, prêts à sortir les flingues à la
moindre occasion, comme si leur atti-
tude bravache était la preuve de leur
courage et de leur virilité. Les pay-
sages sont déserts, parcourus par des
grosses bagnoles qui vont et viennent
et rythment l’intrigue. Le polar n’hésite
pas à emprunter les codes du western
et laisse une large place à un humour
noir qui brocarde une société améri-
caine en proie à l’individualisme le plus
stérile. Quant aux femmes, elles en
savent plus qu’elles ne veulent bien le
dire – bien plus surtout que les mecs ne
sont capables de l’imaginer – et gardent
le contrôle de la situation, regardant du
coin de l’œil les « héros » se ridiculiser.
De cette Amérique, on ne voit que peu
les intérieurs, comme pour renvoyer les
personnages à leur solitude, dans des
espaces trop grands pour eux, où tout
est fragile et où la loyauté n’existe pas.

LAROY
Tout n’est qu’illusion dans cette his-
lorsqu’il apprend que sa femme Stacy- toire pleine de rebondissements et de
Lynn l’a trompé. Cette nouvelle est la chausse-trappes, entre meurtre, en-
cerise sur le gâteau de sa vie médiocre, quête, chantage et trahison. Autant
lui qui n’a finalement jamais rien réussi. d’enjeux qui dépassent totalement les
Il est même au bord du suicide, avant protagonistes, tout occupés à leurs
qu’un événement imprévu le fasse chan- interrogations basiques : qui garde-
ger d’avis… ra l’argent ? Qui sera le plus malin ? À
qui reviendra la gloire ? Chacun tente
(LAROY, TEXAS) Il se trouve rapidement embarqué dans d’avoir le bon rôle et de se prouver qu’il
une sombre histoire de meurtre dans la- existe dans un monde qui les ignore et
Écrit et réalisé par Shane ATKINSON quelle il est pris pour un tueur à gage, n’a pas besoin d’eux… LaRoy, Texas
USA 2023 1h52 VOSTF ce qui va lui laisser croire qu’il pourrait pourrait être l’équivalent sudiste de
avec John Magaro, Steve Zahn, acquérir une stature de winner. De son Fargo, Dakota du Nord, et l’ombre com-
Dylan Baker, Megan Stevenson… côté, Skip est persuadé qu’il peut élu- plice des frères Coen enveloppe ce
cider l’affaire avant les flics de la ville. polar décalé, épatant premier film de
CARTON PLEIN AU FESTIVAL À eux deux, ils tentent de comprendre Shane Atkinson.
DU FILM AMÉRICAIN DE DEAUVILLE
2023 : GRAND PRIX – PRIX DE
LA CRITIQUE – PRIX DU PUBLIC

Le film démarre sur le bord d’une route


dans un coin paumé du Texas, en pleine
nuit. Une voiture s’arrête pour prendre
un auto-stoppeur. Il est rapidement
question de savoir si cet acte est désin-
téressé ou si le conducteur a une idée
derrière la tête – à moins que ce ne soit
le passager ? –, bref on se demande si
un insaisissable danger ne plane pas sur
la rencontre entre ces deux inconnus. Et
de fait ils ne tardent pas à s’accuser mu-
tuellement d’intentions meurtrières… Du
fond de notre siège on rigole d’abord,
tant la scène joue sur l’absurde… puis
le doute s’installe en même temps qu’un
silence glaçant. Le ton est donné, la ten-
sion monte.

À LaRoy, Texas, des âmes esseulées


et en manque de reconnaissance se
cherchent une identité. Tout n’est qu’af-
faire de symboles, Stacy-Lynn s’ac-
croche à la couronne qu’elle a gagnée
dans un petit concours de miss, Skip,
avec son allure de cowboy, souhaite
être reconnu comme détective privé et
Ray, lui, perd tout espoir en son mariage
ENYS MEN
Écrit et réalisé par Mark JENKIN
Angleterre (Cornouailles) 2022 1h31 VOSTF
avec Mary Woodvine, Edward Rowe,
John Woodvine, Flo Crowe…

En cornique, langue ancienne encore parlée en Cornouailles,


« enys men » signifie « île de pierre ». C’est effectivement sur
la falaise rocheuse d’une île inhospitalière que nous invite le
premier plan. Le seul être humain en vue est une femme en
ciré rouge éclatant qui prend des mesures (température, na-
ture du sol…?) et observe avec minutie une fleur, miraculeu-
sement accrochée au sol malgré les vents impétueux.
Elle est botaniste et sa vie est réglée comme du papier à
musique : sa sortie d’observations, son thé quotidien, son
échange via une radio grésillante avec ses collègues du conti-
nent, son coucher à l’heure où tombe la nuit, pour écono-
miser le peu d’électricité fournie par un vieux groupe élec-
trogène. Chaque jour ressemble au précédent, d’autant que
dans ces territoires océaniques, les températures varient peu.
Et puis d’étranges phénomènes commencent à survenir…

Ce qui frappe d’abord dans ce très beau et envoûtant Enys


men, c’est l’esthétique et le grain de l’image, qui pourraient

QUITTER LA NUIT
faire croire que le film a été tourné dans les années 1970,
période où est censée se dérouler l’action. Mark Jenkin a fil-
mé en 16 mm, jouant des couleurs saturées et du rendu de
l’image sur pellicule. Au vu des événements qui s’accélèrent
(d’étranges femmes en costume traditionnel semblent obser-
ver de loin la botaniste, des murmures se font entendre de-
Écrit et réalisé par Delphine GIRARD puis des mines abandonnées…), on comprend que le réalisa-
Belgique 2023 1h48 teur s’inscrit dans la « folk horror », ce genre anglo saxon des
avec Selma Alaoui, Veerle Baetens, années 60-70 immortalisé par le génial The Wicker man, pro-
Guillaume Duhesme, Anne Dorval… grammé chez nous il n’y a guère. Le film installe ainsi, tout en
subtilité et sans aucun effet horrifique, une ambiance de plus
Une femme coincée la nuit dans la voiture de son agresseur en plus inquiétante, reposant sur l’isolement de la protago-
feint de téléphoner à sa sœur. Elle contacte en fait la police niste et son face-à-face permanent avec un environnement
et arrive à faire comprendre discrètement à son interlocutrice à la fois gigantesque et hostile, qu’elle essaie de maîtriser en
qu’elle est en danger. L’homme est arrêté. Le processus judi- l’étudiant mais qui s’impose progressivement comme trop
ciaire s’amorce… grand et trop sauvage pour elle. Et on sent planer au-dessus
du film tous les mystères des légendes celtiques…
Complexe et subtil, chargé d’émotion, Quitter la nuit est un
drame psychologique anxiogène, tout sauf manichéen, qui
aborde le thème du consentement et de la violence faite aux
femmes.
Aly, récemment séparée du père de sa fillette, rencontre Dary,
l’ami d’une amie, dans une soirée. Il lui plaît, c’est réciproque.
« Chez moi ou chez toi ? », lui demande-t-elle. « Pas chez
moi, j’ai un coloc », lui dit-il, laissant deviner que sa situation
est précaire. Ils montent dans sa voiture, ils bavardent. Elle
s’étonne qu’il vive en colocation, lui dit de manière banale
qu’il conduit la même voiture que sa grand-mère. Fragile, dé-
primé, il se vexe soudainement. Humilié par le rejet lorsqu’Aly
lui fait savoir qu’elle a changé d’idée et lui demande de la rac-
compagner, Dary s’anime d’une rage brutale…
Pourquoi les choses se sont-elles passées ainsi ?
Delphine Girard refait le fil (tendu) des évènements, utilisant
flash-backs et ellipses, jusqu’à brosser un tableau de la situa-
tion qui n’offre pas toutes les réponses, impose une réflexion.
Sur les enquêtes policières, sur le processus judiciaire, sur
la crédibilité accordée aux victimes, sur leur sentiment de
culpabilité et – sujet délicat – sur la compréhension que l’on
peut ressentir pour les agresseurs…

La jeune cinéaste a le (bon) réflexe de faire confiance à l’in-


telligence des spectateurs, leur laissant le loisir d’offrir leur
propre interprétation aux actions et réactions des person-
nages, de combler les silences et les non-dits. Pourquoi
Anna, la policière bouleversée par l’appel qu’elle a reçu d’Aly
au centre d’urgence pendant la nuit, semble-t-elle obsédée
par la jeune femme qui l’a contactée ? Peut-être en raison
de ses propres blessures ? On ne le saura pas, et c’est tant
mieux. (M. Cassivi, lapresse.ca)
THE SWEET EAST
Sean Price WILLIAMS
USA 2023 1h44 VOSTF
avec Talia Ryder, Simon Rex,
Earl Cave, Jacob Elordi, Ayo Edebiri…
Scénario de Nick Pinkerton

The Sweet East est une comédie satirique, un voyage rocam-


bolesque, une plongée fulgurante et au réalisme aléatoire
dans l’Amérique de Trump et Biden. Un road-movie naviguant
entre naturalisme et rêveries, une relecture contemporaine du
périple d’Alice de Lewis Carroll, à la narration savamment (et
joyeusement) déconstruite, comme sous hallucinogènes –
« Mange-moi », disait déjà le gâteau à la petite fille du conte,
avant de distordre sa réalité. Notre Alice, c’est ici Lillian, ti-
mide certes, mais pas du tout naïve et bien consciente des
personnes qui l’entourent. Surtout, Lillian est curieuse de
tout, et de tous. Elle choisit à l’instinct, sans hésiter, les routes
qui s’offrent à elle. Douée d’une grande capacité d’adaptation
à son environnement, qu’il soit hostile ou bienveillant, elle a
également la faculté de fuir dès que ça sent le roussi. Dans les

O CORNO
pas de Lillian, le film nous emmène aux quatre coins de ces
fameux états de l’Est (le « East » du titre), à la rencontre d’une
ribambelle d’allumés comme seul ce pays sait en enfanter :
des faux rebelles, des complotistes, des frustrés, des laissés-
pour-compte de l’Amérique contemporaine… Un joyeux pro-
gramme qui nous tend les bras.
Notre Lilian va ainsi croiser un pseudo-artiste punk qui fait
UNE HISTOIRE DE FEMMES partie d’un groupe d’activistes politiques, un prof univer-
sitaire, plutôt genre suprémaciste sauce QAnon, un couple
Écrit et réalisé par Jaione CAMBORDA de réalisateur branchés et ultra-snobs, un islamiste frustré et
Espagne / Portugal 2023 1h45 VOSTF (en galicien) sa bande armée pathétique, une escouade de moines aux
avec Janet Novas, Siobhan Fernandes, croyances étranges…
Carla Rivas, Daniela Hernan Marchan…
Sean Price Williams signe un premier film endiablé, malin, ro-
GRAND PRIX – FESTIVAL DE SAN SEBASTIAN 2023 boratif, qui gratte avec humour l’Amérique profonde là où ça
fait mal. Il soigne particulièrement son image et donne une
O Corno : un mot galicien qui fait référence à l’ergot du seigle, belle cohérence à un film qui revendique de n’en avoir – au
un champignon vénéneux et parasite du blé, dont les ver- premier abord – que très peu.
tus médicinales sont connues pour accélérer les contractions The Sweet east se révèle finalement un film tendre, saisissant
lors d’un accouchement ou provoquer un avortement. Un titre parfaitement l’air du temps, dessinant des personnages dé-
évocateur pour ce film qui explore avec force et sensualité la calés et des situations délicieusement amusantes, aux dialo-
capacité à donner la vie ou à refuser de la donner. Inspirée par gues souvent drôles.
les multiples témoignages des femmes de la côte galicienne
à l’époque franquiste, Jaoine Camborda réalise une fiction
particulièrement envoûtante dans sa construction et dans sa
beauté formelle.
L’intrigue est pourtant assez classique en apparence : 1971,
au cœur d’une petite île galicienne, María, récolteuse de co-
quillages, assiste les femmes qui accouchent et, plus occa-
sionnellement, celles qui ne veulent pas avoir d’enfant. Après
avoir tenté d’aider l’une d’entre elle, elle est contrainte de fuir
vers le Portugal en laissant tout derrière elle. Au cours de son
périlleux voyage, María rencontre la solidarité féminine…
Outre le fait que le film soit en dialecte local, son originalité ré-
side surtout dans son langage cinématographique pour traiter
du corps féminin et du rapport à la maternité. À l’image de la
séquence inaugurale qui décline, à sa manière, l’assignation
à enfanter dans la douleur. Une célébration de la vie osée et
percutante rendue possible par de longs plans qui prennent le
temps de capter l’expressivité des corps et des visages dans
une danse à la frontière entre la vie et la mort.

O Corno nous livre une anatomie vivante et chorégraphiée


des moments de la vie du corps des femmes. Corps puis-
sants et vulnérables à la fois. Au fil du parcours romanesque
de Maria entre Espagne et Portugal, le film raconte aussi la
solitude dans laquelle sont plongées les femmes criminali-
sées ou dans une situation de clandestinité, mais aussi la so-
lidarité dont elles font preuve entre elles. Une sororité qui fait
fi des frontières.
ROSALIE
Rosalie est lointainement inspiré de l’his-
toire de Clémence Lestienne qui, dans
les années 1860, fit de sa pilosité un
support publicitaire pour mieux vendre
ses pains d’épices sur les marchés du
Nord de la France – et devint connue
Stéphanie Di GIUSTO tismes de la guerre, l’épouse pour sa dot sous le nom de « femme à barbe ». Le
France 2023 1h55 sans connaître son secret. Et alors qu’il film n’est pas pour autant une biogra-
avec Nadia Tereszkiewicz, se demandait si elle allait pouvoir l’ai- phie : Stéphanie Di Giusto s’affranchit
Benoît Magimel, Benjamin Biolay, mer malgré ses blessures, c’est lui qui de son modèle pour réinventer le des-
Guillaume Gouix, Juliette Armanet, se trouve confronté à son propre rejet tin d’une jeune femme libre, forte, qui
Gustave Kervern… de l’autre en découvrant son hirsutisme. explore les sentiments, décortique le
Scénario de Stéphanie Di Giusto Au dégoût s’ajoute le terrible sentiment désir – et filme une magnifique histoire
et Sandrine Le Coustumer d’avoir été dupé. C’est violent, la trahi- d’amour sans condition. Rosalie, qui af-
son, c’est un sentiment qui reste ancré firme sa féminité singulière, ne se posi-
Après un premier film très réussi, La dans la chair. Après une confrontation tionne jamais comme une victime. Elle
Danseuse, consacré au personnage particulièrement tendue, Rosalie, dé- impose sa dissemblance et transforme
bien réel de Loïe Fuller, qui lutta quoti- sespérée, s’enfuit en forêt. Abel, gagné une supposée tare en force ; un entre-
diennement pour sculpter son corps et par une empathie qu’il se refusait, la re- deux genré, monstrueux et dérangeant
réaliser sur scène ses rêves d’excep- trouve, se reconnaît en elle, en ce qu’ils en puissance érotique et politique.
tion, Stéphanie Di Giusto raconte d’une sont tous les deux imparfaits. Lui-même Questionner le genre, c’est question-
certaine manière avec Rosalie un destin se voit comme une bête curieuse en ner l’égalité et l’ordre établi – et par suite
contraire. Celui d’une femme condam- butte au regard des « autres » et a fini par le ferment d’un bouillonnement révolu-
née à sculpter quotidiennement son se détester. La douceur de cette femme, tionnaire. C’est pourquoi les « études de
corps pour gommer ses différences et sa gaieté, son aplomb vont avoir raison genres » sont si violemment attaquées
se fondre dans la masse indistincte de la de la muraille qu’il s’est construite. De par l’extrême centre et son supplétif
normalité – mais qui va affirmer sa per- son côté, Rosalie revendique d’être re- conservateur, l’extrême droite.
sonnalité et tenter de gagner sa liberté gardée comme une femme, malgré une
dans une société conservatrice, corse- différence qu’elle ne veut plus cacher. En
tée par les conventions. laissant pousser sa barbe, elle va enfin Rosalie nous renvoie à notre époque,
se libérer, attirer les curieux, la presse, et engoncée dans une normalisation des
Dans la France de 1870, Rosalie Deluc sauver le petit commerce en perdition. corps poussée jusqu’à la caricature par
est une jeune femme qui cache un se- En faisant revivre le café, Rosalie éveille le suremploi de filtres sur les réseaux
cret. Depuis sa plus tendre enfance, son les consciences et libère la parole, réu- sociaux, à notre regard sur l’autre et à
visage et son corps sont recouverts de nit les gens, fait circuler les sentiments. notre humanité. Sans convoquer toutes
poils. De peur d’être rejetée, elle s’est Ce vent de liberté ne va pas plaire à tout les images capillotractées qui viennent à
toujours obligée à se raser et vit recluse le monde, surtout pas au hobereau ty- l’esprit, on dira quand même que c’est
chez son paternel. Jusqu’au jour où rannique qui tient la ville, ni à celles et un film soyeux, d’une grande beauté for-
Abel, un tenancier de café acculé par les ceux qui s’inquiètent de voir essaimer melle, un film au poil qui est tout sauf
dettes, au corps torturé par les trauma- ces idées de révolte… rasoir !
Vendredi 12 AVRIL à 20h15
Dans le cadre des RAINBOW SEASONS,
les saisons sud-africaines de Bordeaux
RENCONTRE AVEC LE RÉALISATEUR
SUD-AFRICAIN REHAD DESAI
Soirée organisée par Sciences Po Bordeaux et
le laboratoire de recherches LAM (Les Afriques dans le Monde)
Projection de HOW TO STEAL A COUNTRY suivie
d’une rencontre avec Rehad Desai, co-réalisateur du film,
et Judith Hayem, professeure d’anthropologie à l’Université
de Lille, spécialiste de l’Afrique du Sud
Achetez vos places à l’avance au cinéma, à partir du Mardi 2 Avril

HOW TO STEAL A COUNTRY

Film documentaire de Rehad DESAI leur quasi-effondrement. La collusion


et Mark J. KAPLAN entre les milieux d’affaires et le sommet
Afrique du Sud 2019 1h33 VOSTF de l’État sont mis en lumière ainsi que les
conséquences redoutables pour l’écono-
How to steal a country reconstitue, à mie du pays et la probité de ses institu-
l’aide d’images d’archives, de témoi- tions.
gnages de journalistes et d’entretiens Ce film est aussi une ode au journa-
avec ses principaux protagonistes, le lisme d’investigation et un tribut aux lan-
processus massif de détournement de ceurs d’alerte. Voir ou revoir How to steal
fonds publics ou « State capture » qui a country en 2024, c’est identifier l’une
a sévi en Afrique du Sud sous la prési- des sources de l’effondrement progres-
dence de Jacob Zuma et dans l’intérêt sif contemporain des infrastructures
des frères Gupta, trois hommes d’affaires sud-africaines, à l’heure où les coupures
indiens proches du pouvoir en place et d’électricité sont quotidiennes et où sévit
qui ont mis la main sur le pays. une crise de l’eau de plus en plus désas-
Cette enquête minutieuse reconstitue, treuse. Le State capture a permis à cer-
démonte et dénonce la corruption ram- tains de s’enrichir de façon éhontée, tan-
pante qui a envahi les institutions éta- dis que d’autres restaient piégés dans la
tiques pendant près de dix ans jusqu’à grande pauvreté. (Judith Hayem)
SEMAINE SAINTE
Écrit et réalisé par Andrei COHN
Roumanie 2023 2h13 VOSTF
avec Doru Nicolae Bern,
Corneliu Ciprian Chiriches, Nicoleta Lefter…
D’après le livre de Ion Luca Caragiale

Au début du xxe siècle, dans un petit village roumain, les ten-


sions entre Leiba, un aubergiste juif, et son employé chrétien,
Gheorghe, atteignent leur point de non-retour lorsque ce der-
nier promet de venir régler ses comptes la nuit de Pessa’h…
L’action de Semaine sainte se déroule donc dans un village
roumain bucolique, où tous les habitants se croisent à l’au-
berge de Leiba. Certes, les discussions politiques avinées y
sont parfois houleuses et les affaires de Leiba marchent un
peu moins bien qu’avant, mais cela n’a sûrement rien de rien
à voir avec le fait que lui et sa femme soient les seuls Juifs
du village. Non, non, pensez-vous. Après tout, Leiba a même
pris sous son aile un jeune gars catholique… Pas de pro-
blème avec les Juifs chez ces villageois car on y est entre
gens civilisés, entre personnes évoluées. Mais « si l’évolution
existe, alors l’involution doit sûrement exister aussi » comme
le clame un client ivrogne à qui veut l’écouter.
L’auberge où se déroule une bonne partie de Semaine sainte
a beau être posée dans un cadre charmant, au bord d’un

YURT
fleuve paisible, ces villageois sont rongés par une haine de
l’autre qui les rend fous. Gentiment zinzins comme ces ton-
tons alcooliques dont on fait semblant de ne pas entendre les
propos rances, ou bien carrément inquiétants et dangereux. Il
règne sur ces échanges de moins en moins courtois entre pa-
tron, employé, clients et voisins un vent mauvais qui se traduit
autant par des répliques à l’agressivité absurde (« J’emmerde
Écrit et réalisé par Nehir TUNA cette soupe ») que par des scènes de tension franchement
Turquie 2023 1h56 VOSTF Noir & blanc glaçantes. De provocations en mauvaise foi, une simple his-
avec Doga Karakas, Can Bartu Aslan, toire de rituel religieux se transforme ainsi en un mécanisme
Ozan Çelik, Tansu Biçer… infernal et paranoïaque…
L’horizon est grand ouvert, et même particulièrement mis en
Une délicate entrée en adolescence dans la Turquie des an- valeur par des compositions stupéfiantes, où la profondeur
nées 1990, retracée par ce premier long métrage maîtrisé et de champ donne parfois le vertige… Mais c’est le monde en-
attachant. tier qui est ici une geôle sans issue, et chacun reste prisonnier
Après L’Innocence de Kore-Eda il y a quelques mois, qui d’une cohabitation avec des fous, tous persuadés d’être de la
faisait rejouer selon trois angles différents la même histoire race ou de la religion supérieure…
pour que surgisse sa vérité dans un dernier et bouleversant (Gregory Coutaut, lepolyester.com)
segment, c’est au tour de ce premier film turc d’accomplir,
plus ou moins, le même geste. Si Yurt n’a pas la structure de
L’Innocence, il est lui aussi travaillé par un souci formel per-
manent (noir et blanc léché, ritournelle musicale entêtante…)
dont la pose impeccable pourrait faire croire à un pur exer-
cice de style. Il n’en est rien tant le film laisse longtemps ses
images imprimées dans nos têtes…

Bien moins cadré que ses plans à la composition millimétrée,


Yurt se révèle volontairement ambigu et mental dans la façon
dont il cartographie ses espaces disjoints. D’un côté, le dor-
toir d’un pensionnat religieux (le « yurt » du titre), où le jeune
Ahmet, 14 ans, suit aux côtés d’autres garçons les enseigne-
ments de l’islam. De l’autre, l’école laïque où il s’efforce de
préserver secrète sa double réalité. En 1996, année où il se
déroule, Yurt dépeint un pays pris en pleine bataille idéolo-
gique entre laïcs inspirés d’Atatürk, le fondateur de la Turquie
moderne, et religieux. En se basant sur ses propres souve-
nirs, le cinéaste Nehir Tuna fait de son personnage le récep-
tacle de ces tensions politiques, adoptant une allure de relâ-
chement malgré la violence de la répression. Par son attitude,
Ahmet ne cherche ni la rébellion, ni la validation de ses pairs
mais incarne une idée de l’adolescence lucide et inspirée par
la sédimentation du désir – comme pour L’Innocence, il faut
attendre un peu pour que Yurt se dévoile entièrement…
Enfin, le film ne serait pas le même sans son jeune comédien
Doga Karakas, omniprésent, dont chaque expression suffit à
produire de foudroyants ravissements.

(M. Duponchel, Les Inrockuptibles)


escaledulivre.com

PCA – Paysans
et Consommateurs
Associés : des nouvelles

Salut à toutes et tous,


Paysans et Consommateurs
Associés, le système d'approvi-
sionnement en circuit court qui
soutient nos agriculteurs bio
et locaux recherche quelques
nouveaux abonnés pour le pa-
nier de légumes hebdomadaire.
Si vous souhaitez recevoir
chaque semaine votre
panier de légumes ultra frais
à l'Utopia, envoyez votre
demande auprès d'Eric et
Maïté emng2@protonmail.com
qui vous feront suivre toutes
les infos pratiques.
Vous pouvez découvrir l'en-
semble des productions pro-
posées par PCA au cours des
distributions qui se déroulent
chaque mardi de 19h00 à
20h00 au cinéma Utopia.
Rejoignez le premier
circuit court de soutien
à l'agriculture bio et locale
fondé à Utopia en 2004.
Abonnez-vous à Paysans et
Consommateurs Associés :
paysansconsommateurs@gmail.com
Jeudi 11 AVRIL à 20h – CINÉ-CLUB ITALIE
Proposé par l’Association Dante Alighieri de
Bordeaux (www.dante-bordeaux.org), animé par
Marco Tuccinardi, Docteur en études italiennes

COMANDANTE
Edoardo DE ANGELIS
Italie 2023 2h VOSTF
avec Pierfrancesco Favino,
Johannès Wirix, Giuseppe Brunetti…
Scénario d’Edoardo de Angelis et Sandro Veronesi
Film inédit en France

Nous sommes en 1940 à La Spezia, port des Cinq Terres


où le capitaine Salvatore Todaro, sous-marinier de la Marine
Italienne, s’apprête à prendre le commandement d’un des

IL RESTE
119 sous-marins de la flotte nationale. Todaro (Pierfrancesco
Favino, impeccable) est un vieux loup de mer, handicapé par
une blessure de guerre. Marin bourru, entêté, il apprend qu’il
doit mener son navire dans l’Atlantique en mission de recon-
naissance, en direction de Bordeaux où la base sous-marine

ENCORE DEMAIN
abrite des submersibles allemands et italiens qui font partie
du Mur de l’Atlantique.
Todaro a l’habitude des missions périlleuses, mais franchir le
détroit de Gibraltar expose au plus grand des dangers : les
Anglais tirent en continu. Après plusieurs jours de plongée,
un navire est repéré. C’est un cargo commercial, tous feux
(C’È ANCORA DOMANI) éteints, sans pavillon visible, mais l’on distingue un canon à
son bord. Todaro n’hésite pas : il le torpille. Bientôt, des ma-
Paola CORTELLESI rins ennemis rejoignent le périmètre du sous-marin à la nage.
Italie 2023 1h58 VOSTF Noir & blanc Todaro prend alors la décision, enfreignant tous les ordres re-
avec Paola Cortellesi, Valerio Mastandrea, çus, de secourir les 26 marins à la mer. Mais, surchargé, son
Romana Maggiora Vergano, Yonv Joseph… bâtiment ne peut plus s’immerger, faisant prendre tous les
Scénario de Paola Cortellesi, risques à ses propres hommes…
Furio Andreotti et Giulia Calenda
À travers cet épisode bien réel de la Seconde Guerre mon-
Du grand et beau cinéma populaire, « feel good » comme on diale, puissamment reconstitué, Edoardo De Angelis et son
anglicise, dont on ressort la tête haute. Un récit qui passe co-scénariste Sandro Veronesi espèrent rappeler aujourd’hui
d’une affaire particulière à une chronique pamphlétaire à la au monde entier, et aux dirigeants de l’Italie en particulier qui,
portée universelle. en 2018, interdisaient de recueillir les migrants naufragés, que
ne pas secourir des hommes qui se noient est un acte inhu-
Malgré ses robes rapiécées, Delia (Paola Cortellesi elle-même) main, même en pleine guerre, donc encore plus criminel en
est d’une élégance folle. Elle l’est dans sa manière de proté- temps de paix…
ger les siens, d’encaisser, de rester digne, de ne pas som-
brer dans la rancune crasse, de s’entêter à être une femme
bien. Celui qui s’en aperçoit le moins est sans doute son ma-
ri Ivano, plus prompt à filer des torgnoles qu’à aligner deux
idées. Peut-être aurait-il pu devenir un bel et brave homme
hors du contexte outrancièrement patriarcal de l’époque ? En
attendant, pour éviter de contrarier son jules, Delia s’affaire,
galope.
Bâillonnée par une muselière symbolique, Delia se tait, sa-
chant que tout ce qu’elle pourrait dire serait instantanément
retenu contre elle. Cela pourrait être dramatique à en pleurer
mais ici tout est gracieusement distancié, transfiguré en pas
de danse. Jolie trouvaille de la mise en scène qui fait corps
avec son héroïne, laquelle se fond dans une apparente doci-
lité pour nous mener là où on ne s’y attend pas. Car bien ca-
mouflée dans la tête bien faite de Delia grandit une forme de
résistance feutrée. Ce ne sont d’abord que quelques piécettes
qu’elle détourne de leur destination première (les poches
d’Ivano) ou une cigarette fumée en cachette… Germes très
discrets d’une véritable rébellion : peut-être, en bonne mère,
fera-t-elle pour ses mômes ce qu’elle n’osait faire pour elle-
même ?

Au fur et à mesure que son personnage se dévoile, on se


prend à l’aimer, on devient ses complices invisibles, comme
les dames de son quartier, avec leurs petites manigances,
leurs grandes connivences. Comme les dames de tout un
peuple qui n’attendent qu’un geste pour se réveiller.
LE TITIEN, L’EMPIRE
DES COULEURS
Film de Laura CHIOSSONE et Giulio BOATO
Italie 2022 1h28 VOSTF

De sa naissance dans les Dolomites autour de 1485 jusqu’à


sa mort à Venise en 1576, Tiziano Vecellio dit Le Titien a tra-
versé le siècle en l’illuminant de ses tableaux. Le film explore
le travail de cet artiste de génie à travers quelques-unes de
ses œuvres emblématiques, qui ont fait de lui le symbole de
la Renaissance italienne.

CHRONIQUES
Jeune, Tiziano est envoyé à Venise pour étudier l’art et de-
vient l’apprenti du célèbre peintre Giovanni Bellini. Sous la
tutelle du maître, il développe rapidement son propre style,
apprend à comprendre puis à maitriser la couleur, la lumière,
la composition. S’auto-déclarant dès lors « maître des cou-
leurs », innovateur tant dans la création d’un tableau que dans

DE TÉHÉRAN
la manière de le vendre, Le Titien devient en quelques années
le peintre officiel du Palais des Doges, l’artiste le plus recher-
ché par les cours les plus riches et les plus influentes d’Eu-
rope.
Il produit un grand nombre d’œuvres religieuses mais aussi
mythologiques, ces dernières saluées pour leur sensualité et
(TERRESTRIAL VERSES) leur réalisme, redéfinissant le genre.
Écrit et réalisé par Ali ASGARI et Alireza KHATAMI Admiré également pour sa maîtrise des portraits, il permet
Iran 2023 1h17 VOSTF aux puissants de s’auto-célébrer pour affirmer leur pouvoir.
avec Bahman Ark, Arghavan Shabani, De Ferrare à Urbino, de Mantoue à Rome, jusqu’à l’Espagne
Servin Zabetiyan, Sadaf Asgari… de Charles Quint et de son fils Felipe II, il ne cesse de laisser
sa trace, inspirant artistes et intellectuels des époques sui-
On n’en est toujours pas revenu. Soixante-dix-sept minutes vantes. Mais du Titien, on retiendra surtout sa capacité à tra-
et neuf saynètes, neuf bêtes situations de la vie presque quo- duire la beauté, la sensualité et la dignité des femmes, qu’il
tidienne à Téhéran, filmées dans un dispositif d’une simplicité s’agisse de la Madone, des Nymphes, des Venus… Peintre
quasi-biblique. Pas un mouvement superflu, pas un effet pour d’une force expressionniste immédiate, il domine son époque
détourner l’attention, que du simple, du concret, du frontal. en éclipsant ses contemporains, toujours fidèle à sa devise :
On pourrait craindre de s’ennuyer, de doucement somnoler… « L’art est plus puissant que la nature ».
et BAM ! On ressort de là stupéfait, bouche-bée, presque hi-
lare du plaisir de la découverte. Un film enragé, ingénieux,
fascinant, troublant, passionnant et – pourquoi pas ? – drôle,
qui dynamite avec une férocité singulière le régime totalitaire
des Mollahs iraniens.

Ici, un homme déclare la naissance de son fils et se voit refu-


ser le prénom choisi. Là c’est une mère à qui on dicte com-
ment elle doit habiller sa fille pour la rentrée scolaire. Ailleurs,
une élève est convoquée par la directrice au prétexte qu’elle a
été vue sur un scooter avec un garçon. Ou encore, une jeune
femme chauffeuse de taxi conteste une contravention attri-
buée pour non-port du voile. Même cette brave dame, qui
veut juste retrouver son chien, se retrouve en butte aux tra-
casseries administratives… Ce sont en tout neuf situations
banales, soigneusement mises en scène, dans lesquelles des
individus lambda sont confrontés au pouvoir de leurs inter-
locuteurs – représentants de l’État, de diverses administra-
tions, supérieurs hiérarchiques, employeurs potentiels… Neuf
dialogues dont seules les victimes du système sont filmées –
leurs tourmenteurs restant soigneusement hors-champ, à la
manière d’un « Big Brother » aux multiples voix, omniscient,
invisible et insensible, qui personnifie le Pouvoir.

Cinq femmes, quatre hommes, neuf petites histoires courtes


qui se succèdent, sans lien apparent entre elles – mais reliées
par un rythme commun, un flow magnétique qui dessine les
contours d’une société faite d’abus de pouvoir, de logique
de contrôle jusqu’à l’absurde, dont les deux réalisateurs se
contentent d’enregistrer, poussée dans ses derniers retran-
chements, la logique tatillonne. Jusqu’à en faire exploser le
ridicule.
SIDONIE AU JAPON
gards, les sourires, les usages, tout est
singulier. Sidonie peu à peu baisse la
garde, lâche prise, accepte de perdre le
contrôle, de se laisser guider, de se lais-
ser porter. C’est alors que, tout naturel-
lement puisque nous sommes au Japon,
un fantôme vient lui rendre visite, tout
Élise GIRARD un autre regard, intime, comme raconté naturellement : celui d’Antoine, son cher
France Allemagne Japon 2023 1h34 de l’intérieur par cette Sidonie qui nous époux disparu.
VOSTF (français, anglais et japonais) est quant à elle si familière puisqu’incar-
avec Isabelle Huppert, née par Isabelle Huppert. Il ne faut pas en dire plus de peur de
Tsuyoshi Ihara, August Diehl… briser le charme, aussi doux que léger,
Scénario d’Élise Girard, Sophie Sidonie est une auteure reconnue… de ce drôle de film souvent rieur et déli-
Fillières et Maud Ameline dont l’œuvre pourtant se réduit à un titre, cieusement attachant, qui raconte bien
succès fulgurant après lequel elle n’a des choses sur le pays du soleil levant
Rêver du Japon. Rêver de se perdre au plus jamais repris la plume. Elle n’a pas mais aussi, plus universellement, sur
Japon. Rêver de s’endormir quelque part franchement envie de partir au Japon à le chagrin qui entrave les cœurs et sur
au Japon. N’importe où puisqu’il y aura l’invitation de son éditeur local, à l’occa- tout ce qui se partage avec l’émotion.
forcément au réveil quelqu’un qui parle- sion de la réédition de ce titre. Sidonie Isabelle Huppert est bien entendu par-
ra japonais… Cela simplement suffira à n’a pas trop envie de reparler du passé. faite et se fond délicieusement dans ce
combler ce désir ardent de Japon. Elise Sidonie n’a pas non plus envie de sor- bouquet de petits décalages : le sérieux
Girard possède, comme toutes celles tir de sa zone de confort. Sidonie a un et la froideur de son apparence, de son
et ceux qui ont eu un jour la chance de peu peur de voyager seule, c’est que phrasé et de son expression corporelle
faire le voyage, cette trace en elle, lais- le Japon est un monde à lui tout seul, à sont utilisés par la réalisatrice avec un
sée après un bref séjour où elle présenta des milliers de kilomètres, à des heures art du contrepoint qui sonne toujours
son premier film, Belleville Tokyo, au pu- d’avion… juste. À ses côtés, le comédien japonais
blic nippon. Son film est donc très libre- Elle se décide tout de même à partir. Tsuyoshi Ihara est merveilleux de flegme
ment inspiré de son histoire et de cette Accueillie par Kenzo, son éditeur japo- et de charme en éditeur charismatique,
volonté de raconter, en fiction, ce sen- nais, elle commence sa « tournée ». Les à la courtoisie très pince-sans-rire, à la
timent étrange mais très doux qu’une interviews, les séances de signatures présence discrète et incroyablement
telle rencontre produit sur les âmes et dans les librairies… Partout ailleurs, ce apaisante (on pense plusieurs fois au
les cœurs des « étrangers ». serait mené tambour battant mais nous héros taiseux de Perfect days, le film de
sommes entre Osaka et Kyoto et c’est Wim Wenders). Alors si vous aimez l’har-
Bien que ce Japon-là soit connu grâce bien la délicatesse, la lenteur, le silence monie rigoureuse et poétique d’une cé-
au cinéma et aux mille et une images qui s’invitent. Sidonie est perdue, « ici, rémonie du thé, les paysages sublimes
aux allures de cartes postales qu’il véhi- je reconnais tout, mais tout est diffé- respirant la spiritualité et la fragilité de
cule – la cérémonie du thé, les cerisiers rent » dit-elle, comme si elle avait mis l’instant présent, les histoires d’amour
en fleurs, les multiples rites du quotidien les pieds sur une autre planète. Et c’en un peu lost in translation… alors vous ai-
–, le voyage qu’elle propose nous offre est une… les codes, les gestes, les re- merez Sidonie et son voyage au Japon.
Jeudi 2 MAI à 20h15
EN PRÉAMBULE À LA 2e ÉDITION DU FESTIVAL
DES CORPS : DANSE et CINEMA
organisé par La Belle à l’Ouest du Jeudi 9 Mai au Samedi 8 Juin
Projection de RESILIENT MAN suivie d’une
discussion avec Jennie Sevestre, programmatrice du
festival, Frédéric Faula, danseur, Frédéric Renoux, musicien,
et Stéphane Peyrot, ingénieur du son Achetez vos places
à l’avance au cinéma, à partir du Lundi 22 Avril

RESILIENT MAN
(DANSER MALGRÉ TOUT) l’Australie et s’installe seul à Londres. À
partir de ce moment-là, il travaille comme
Film documentaire écrit et réalisé un forcené et gravit tous les échelons
par Stéphane CARREL pour devenir danseur étoile. Son enga-
France 2023 1h30 VOSTF gement est total. Il se produit sur les plus
avec Steven McRae, Elizabeth McRae, grandes scènes du monde : Tokyo, New-
Leanne Kevin O’Hare… York, Sydney… C’est une star, l’un des
plus grands danseurs de sa génération.
Steven McRae est danseur étoile dans Mais à 33 ans, au sommet de sa carrière,
la compagnie du Royal Opera House il s’effondre en plein spectacle, devant
de Londres en Angleterre. Il a grandi en 2500 personnes. Son tendon d’Achille
Australie, dans la banlieue de Sydney. s’est brisé.
Enfant, il s’imagine devenir pilote de
courses comme son père. Mais, en allant Soutenu par le directeur du Royal Ballet,
chercher sa sœur à un cours de danse, il Kevin O’Hare, il va suivre une rééduca-
a une révélation. Il veut danser ! 10 ans tion physique et mentale pour se re-
plus tard, à 17 ans, il remporte le Prix mettre de sa blessure, de ce traumatisme
de Lausanne, le plus grand concours de redouté par tous les danseurs. Le film
jeunes danseurs, grâce à deux superbes raconte le parcours et le combat de cet
prestations de claquettes et de danse artiste exceptionnel. Il documente l’his-
classique. À la fin du concours, le direc- toire, bouleversante, d’un athlète blessé
teur de la prestigieuse école du Royal qui reconstruit son corps et doit faire face
Ballet de Londres lui propose d’intégrer à ses émotions pour continuer à vivre sa
son établissement. Steven quitte alors passion qui est aussi son métier : danser.
IL PLEUT DANS
LA MAISON
Paloma SERMON-DAÏ
Belgique / France 2023 1h22
avec Makenzy Lombet, Purdey Lombet,
Donovan Nizet, Amine Hamidou, Louise Manteau…

Délaissés par leur mère, Purdey et Makenzy mènent leur vie


d’adolescents tout en assumant les responsabilités quoti-
diennes : ils font les courses, la cuisine, Purdey fait des mé-
nages dans un complexe hôtelier, Makenzy se fait un peu
d’argent en en chourant à des touristes… Et ils tentent même
de réparer la fenêtre. Car, lors des soirs d’orages, il pleut litté-
ralement dans leur maison…
Il pleut dans la maison immortalise le portrait d’une fratrie
en figeant dans le temps ces moments complexes où l’on
s’éloigne peu à peu de l’enfance. Avant d’être partenaires de

DIEU EST
jeu, Makenzy et Purdey sont réellement frère et sœur. Paloma
Sermon-Daï a souhaité conserver les prénoms des acteurs –
avec qui elle avait déjà collaboré pour son film de fin d’études
Makenzy (2017) – pour faire la part belle à la spontanéité au
moment du tournage. Si la complicité et le soutien sans faille
entre les deux protagonistes paraît si authentique, c’est donc

UNE FEMME
parce que nous voyons un pan de leur véritable relation à
l’écran.

Il pleut dans la maison déjoue parfaitement les clichés aux-


quels il aurait pu être réduit. Dans le film, l’été belge n’est
pas gris mais plutôt lumineux et caniculaire… On constate
Film documentaire d’Andrés PEYROT qu’il fait constamment beau, sauf dans la maison ! Laquelle,
France / Suisse / Panama 2023 1h25 VOSTF bien loin d’être un cocon familial, devient alors le symbole des
Scénario d’Andrés Peyrot et Elizabeth Wautlet tourments et des inquiétudes, alors que le monde extérieur
baigne dans l’insouciance estivale.
C’est dans une étonnante quête cinéphilique et ethnologique Si la sincérité des interprètes fait, en grande partie, le charme
que s’est lancé le cinéaste suisse d’origine panaméenne du récit, on prend aussi plaisir à observer les instants frivoles
Andrés Peyrot avec Dieu est une femme. Un film de témoi- qui composent cet été adolescent : une baignade, des confi-
gnage, de mémoire et de promesse tenue, à la fois intriguant dences, un vol de vélo… À l’instar des personnages, on a
et affectueux, qui lève habilement le voile sur l’existence et les parfois l’impression de tourner en rond et pourtant le récit ne
traditions de la tribu des Kunas au passé et au présent. s’essouffle jamais, rythmé notamment par la force d’esprit de
S’immerger dans la vie d’un village de l’archipel des San Blas, Purdey, qui compte bien construire une vie meilleure pour son
le long de la côte panaméenne, côté mer des Caraïbes, et fil- frère et pour elle-même. (M. Serale, lebleudumiroir.fr)
mer les cérémonies d’initiation de cette société matriarcale :
tel était le projet du documentariste français Pierre-Dominique
Gaisseau, oscarisé en 1962 avec Le Ciel et la boue. Et de fait,
en 1975, le cinéaste tourne une année sur place, accompa-
gné par sa femme Kyoko et leur fille Akiko. À Ustupu, le sou-
venir de cette expérience cinématographique est encore bien
vivace, mais nul n’a plus jamais entendu parler du film. Et
pour cause, il n’a jamais vu le jour, emporté par une tour-
mente financière et définitivement enterré à la mort du réali-
sateur en 1997.
Mais à l’initiative de Turpana, un natif d’Ustupu ayant tourné le
dos à son statut local de « nele » (clairvoyant) pour devenir un
psycholinguiste émérite du Panama, le film fait miraculeuse-
ment surface (d’abord des bobines détériorées abandonnées
dans des cartons au ministère de la Culture, puis deux ans
plus tard une copie retrouvée en France dans une cave). C’est
le moment pour les Kunas de réfléchir : « Comment les autres
nous voient ? Comment nous voyons-nous nous-mêmes ? »
Et une projection événement se prépare à Ustupu…

Tissant son film comme une couverture de cérémonie et cou-


turant très adroitement passé et présent, individus et collec-
tif, générations différentes, Andrés Peyrot réussit à créer du
suspense autour de l’enquête amenant à la mystérieuse ré-
surrection du film originel, mais surtout à mettre en lumière
l’histoire et la culture traditionnelle (très mystique) des Kunas
confrontée à la modernité… (F. Lemercier, cineuropa.org)
Mardi 9 AVRIL à 20h15 – LE GOSPEL CINÉ-CLUB
À l’occasion de la sortie de son nouveau roman Nul Crépuscule n’est trop puissant
de Dwyer Murphy (USA – traduction Alex Ratcharge), Le Gospel, maison d’édition bordelaise,
programme un de ses films néo-noirs préférés. Projection de KNIVES AND SKIN suivie d’une
discussion avec Adrien Durand, auteur et fondateur de la maison d’édition Le Gospel

KNIVES AND SKIN


(Lynch, Argento, Donnie Darko) et déve-
loppe sa personnalité propre dans son
écriture scénaristique autant que dans
son langage visuel. Sublimé par des ta-
bleaux photographiques somptueux,
le long métrage permet à son discours
Écrit et réalisé par Jennifer REEDER les adultes de Knives and skin racontent politique de monter en douceur tout au
USA 2019 1h52 VOSTF la décomposition d’une cellule familiale long du récit, celui-ci prenant le specta-
avec Raven Whitley, Ty Olwin, et une société au bout du rouleau, com- teur un peu à revers de ses habitudes.
Marika Engelhardt, Kate Arrington… plètement étrangère au réel qui ne peut Knives and skin laisse totalement de cô-
plus compter que sur ses enfants pour té l’enquête policière pour faire de ce
Il y a quelque chose d’extrêmement fa- fonctionner. Ceux-ci avancent à contre- féminicide de plus la faillite d’un sys-
milier dans le début de Knives and skin. courant, fiers de leur différence et reven- tème et de toute une culture cinémato-
Et il y a quelque chose de terrifiant qui se diquent l’existence de nouveaux sché- graphique. Un Rrriot surreal thriller qui
dégage de cette familiarité. Une adoles- mas amoureux, amicaux, artistiques. enterre le vieux monde avec une grâce
cente en tenue de majorette sort du SUV folle. (Adrien Durand – extrait de l’article
d’un membre de l’équipe de football lo- Knives and skin dose avec brio les tri- Knives and skin : des faïences parentales
cale. Ils s’embrassent puis elle se refuse buts à un certain cinéma de genre / le-gospel.fr)
à lui. C’est le point de départ de sa dis-
parition, soudaine, violente, dont nous
sommes témoins.
À partir de cette lointaine réminis-
cence du sort réservé à Laura Palmer
dans Twin Peaks, la réalisatrice Jennifer
Reeder construit un décor sublime et in-
quiétant, à mi-chemin de la fable subur-
baine gothique et du néo-noir féministe.
Une esthétique Giallo, revisitée par des
couleurs digitales et glacées. Un peu
comme si un strip-club d’Atlanta avait
dégueulé ses néons dans une banlieue
du Midwest.
Que ce soit le personnage de la mère
de la disparue, Lisa Harper, déambulant
dans la robe à paillettes de sa fille, cou-
teau de boucher à la main, un père gara-
giste au chômage obsédé par l’idée de
devenir clown, une mère occupée à des
dessins d’enfants ou un prof persuadé
qu’il a encore l’âge de ses élèves, tous
L’AFFAIRE
ABEL TREM
Écrit et réalisé par Gábor REISZ
Hongrie 2023 2h07 VOSTF
avec Gáspár Adonyi-Walsh, Istvan Znamenák,
András Rusznák, Rebeka Hatházi…

Quand son père lui demande comment s’est passé son oral
d’histoire du baccalauréat – qu’il a raté, il le sait bien –, Abel
répond, après une fraction de seconde d’hésitation par un
mensonge. Pas méchant, juste celui qui redore son image
face à son paternel exigeant. Le mensonge qui explique le
plus simplement du monde les raisons de son échec. Sans
conséquence pense-t-il, toute cette histoire va s’arrêter là,
mais c’est sans compter sur les autres, dont il ne peut maî-

LA SALLE
triser les comportements, et sur le climat social et politique
qui règne sur la Hongrie d’aujourd’hui, un climat ultra-natio-
naliste, anti-immigrés, anti-homosexualité, avec un gouver-
nement liberticide réprimant toute forme de contestation,
comme celle des lycéens qui protestent contre l’état du sys-
tème scolaire hongrois…

DES PROFS
C’est dans ce contexte assez explosif que nous plonge très
intelligemment le réalisateur Gábor Reisz. Il place son person-
nage Abel entre un père patriote et fervent défenseur d’Orbán
et un professeur d’histoire qui se dit de gauche et n’a pas la
langue dans sa poche lorsqu’il s’agit de critiquer le Premier
ministre et l’état actuel du pays. Et c’est d’une cocarde jugée
« trop » nationaliste portée sur sa veste le jour de son oral
et de l’intervention d’une jeune journaliste un peu trop zélée Ilker ÇATAK
que va naître le scandale politico-médiatique de l’affaire Abel Allemagne 2023 1h39 VOSTF
Trem. avec Leonie Benesch, Michael Klammer,
Au-delà de la toile de fond d’une société bipolarisée idéolo- Rafael Stachowiak, Anne-Kathrin Gummich…
giquement, de l’emballement médiatique et de la fabrication Scénario de Ilker Çatak et Johannes Duncker
de fake news, l’éducation s’impose comme le sujet central du
film, avec toutes les pressions, tant institutionnelles que fami- C’est l’histoire d’un engrenage…
liales, qui s’exercent sur elle. Tout commence avec une série de vols dans la salle des pro-
Pour nous immerger dans cette histoire, Gábor Reisz utilise fesseurs d’un collège en Allemagne. On commence d’abord
une structure narrative étonnante et innovante en installant par accuser les élèves, leur mettant la pression, les incitant à
l’intrigue sur dix jours, avec des chapitres distincts pour les se dénoncer les uns les autres, tout cela renforçant une am-
quatre personnages principaux (Abel, son père, le profes- biance pesante. L’histoire est recentrée sur Carla Nowak, une
seur et la journaliste), qui nous dévoilent petit à petit les liens enseignante qui voit l’inconfort que cette enquête peut pro-
et ramifications improbables qui créent ce scandale et qui curer à ses élèves, d’autant plus lorsqu’on entend les repré-
échappent totalement au lycéen. C’est tout à fait original et sentants du corps enseignant répéter : « si vous n’avez rien à
très, très réussi. cacher, vous n’avez rien à craindre ». Elle s’entête alors dans
sa recherche de vérité, jusqu’à vouloir prendre le pickpocket
la main dans le sac…

Sous la forme d’un récit haletant, prenant place quasiment


exclusivement dans l’enceinte du collège, nous suivons le
parcours de cette enseignante hyper consciencieuse et moti-
vée qui, prise dans l’engrenage de son enquête, est menée à
son tour à la délation. Et finalement, à la manière d’un thril-
ler hitchcockien, le vol devient presque un MacGuffin, un res-
sort central mais qui n’est finalement qu’un prétexte : au fil du
déroulement de l’intrigue, ce n’est plus le vol qui est la pièce
maîtresse du récit mais plutôt la question de savoir jusqu’où
peut-on aller pour le dénoncer et les conséquences que ce-
la engendrera pour celle, celui, celles, ceux (ça peut faire du
monde !) qu’on soupçonne à plus ou moins juste titre.
L’établissement scolaire fonctionne comme un microcosme
de notre société, avec ses failles, ses conflits psychologiques
et ses rapports sociaux, les adolescents n’étant pas considé-
rés à égalité avec les adultes. Et pourtant la question se pose
rapidement : si l’auteur du vol n’était pas un élève mais un
prof ? Tout le monde se juge, tout le monde se toise et fina-
lement règne l’impression qu’il faut toujours trouver un bouc
émissaire pour fonctionner en artificielle harmonie…
ÉTAT LIMITE
MADAME HOFMANN

Film documentaire de Nicolas PEDUZZI


France 2023 1h42

Le formidable documentaire de Nicolas Peduzzi est parfaite-


ment complémentaire de Madame Hofmann, tous deux an-
crés dans notre système de santé, tous deux centrées sur une
personnalité hors du commun…

« Mobile », c’est le terme qui est accolé à sa fonction de psy-


chiatre à l’hôpital Beaujon, à Clichy, aux portes de Paris. Et
Jamal Abdel-Kader l’est, mobile : inlassablement, il arpente
les couloirs labyrinthiques, monte et descend des escaliers,
passe d’un service à l’autre, d’une détresse à l’autre. La prise
en charge psychiatrique, ici, se résume à lui et à une poignée
d’internes.
La caméra de Nicolas Peduzzi ne lâche pas d’une semelle ce
grand trentenaire en perpétuelle cogitation sur l’état de ses
malades et sur la meilleure façon de les aider. Extirpé de sa
solitude, le médecin n’en finit pas de parler en marchant. De
ses affinités naturelles avec ceux qu’il appelle les fous, de la
place peu enviable que leur réserve la société, de sa pratique
éprouvés par les conséquences des politiques gouverne- fâchée avec les conventions. Et de ce système détraqué, qui
mentales successives qui veulent transformer l’hôpital en en- déshumanise la relation entre patients et soignants et trans-
treprise, et la fuite des bonnes volontés puisque le privé offre forme son travail en course de fond…
aux soignants de bien meilleurs salaires… Jamal Abdel-Kader sait pourtant arrêter le temps, lorsqu’il
« Bienvenue dans ma vie » aime-t-elle à dire avec son accent écoute un être en souffrance. Il cherche à comprendre son
chantant. « Il faut savoir qu’une infirmière, elle tient sept ans histoire avant de penser à remplir une ordonnance, choisit
maximum sur les statistiques… J’ai tenu quarante ans, il va- les mots qui apaisent. Rencontres suspendues que Nicolas
lait mieux que la carapace soit dure ». « Je me dis que j’ai Peduzzi (réalisateur du très beau Ghost Song), dont on
vécu des milliards de vies dans une seule, j’ai vu des choses connaît le goût pour les marges et le sens narratif proche de
que personne n’aura vu dans une vie »… Manque de lits, la fiction, capte comme des îlots d’humanité, au milieu de la
manque de personnel, elle négocie, s’acharne, enrage, sou- tempête.
lève des montagnes, accomplit des miracles… Et toujours
l’écoute, le petit geste, la main chaude, qui masse, apaise : État limite est un film qui happe, tout en ruptures de rythme,
manifestation d’une humanité de contact, inlassablement riche de l’énergie et de la mélancolie de son personnage.
rassembleuse. Autour d’elle, l’équipe de jeunes infirmière ne L’état de délabrement de l’hôpital public suffirait à nourrir
ménage pas ses efforts, personnalités bien trempées, tout nombre de documentaires à thèse accablants, il s’incarne ici
comme ce chef de service épatant, le professeur Astoul. Le dans un esprit et un corps qui lâchent, un engagement qui
service d’oncologie n’est pas un service facile et pourtant vacille. Le jeune médecin finit par marcher « comme un vieil-
aucun des soignants que nous rencontrons là ne cherche à lard », son dos le fait souffrir. Le découragement s’installe.
aller voir ailleurs. Confrontés chaque jour à la souffrance et Tout est dit. » (I. Poitte, Télérama)
à la mort, ils sont l’incarnation même de l’amour de la vie,
que tous accompagnent de leur mieux jusqu’à sa dernière
goutte.

Et puis il y a la vie de Sylvie Hofmann hors de l’hôpital : on fait


connaissance avec sa mère, une sacré bonne femme, celle-
là aussi, famille pauvre d’Italie, orpheline à 7 ans, immigrée
en France, devenue aide soignante ; ensuite on est témoins
des formidables échanges qu’elle a avec sa fille, très person-
nels, sur les choses de la vie… Autant de personnages qui
ont dû lutter pour se faire une place pleine de sens, alors que
rien ne leur était donné au départ…
Sa mère la pousse à arrêter, son mari aimerait bien qu’elle le
rejoigne définitivement dans les Alpes où il s’est installé suite
à des soucis de santé… Elle rit encore, « mon cerveau, pen-
dant quarante ans, il n’a jamais été au repos »… Pourtant elle
va décider de prendre sa retraite. Toute une vie d’échanges
riches à s’occuper des autres, dans son travail comme dans
sa vie privée, indissociables l’une de l’autre : c’est la même
Madame Hofmann, bien dans sa peau, claire dans ses choix.
On imagine mal qu’elle puisse tout à coup ne penser qu’à
elle-même, tant l’attention aux autres a donné à sa vie un
sens fort.
On n’imagine pas qu’un tel film puisse exister sans que
Sébastien Lifshitz ait su nouer une relation d’une rare em-
pathie avec Sylvie, mais aussi avec tous les autres prota-
gonistes : immergés dans l’intimité de ce service, jamais on
ne sent la présence de la caméra. Les images sont toujours
justes et la cohérence de l’équipe du film répond à la cohé-
rence de l’équipe de soignants. Un film magnifique.
BORGO
ironiquement la directrice remarquable- ser de l’aider à s’intégrer dans ce nouvel
ment campée par Florence Loiret-Caille, univers – mais aussi dans sa vie quoti-
« ce sont plus les prisonniers qui sur- dienne, notamment en intervenant en fa-
veillent les matons que l’inverse ». veur de son mari, victime de racisme. La
C’est donc à la prison de Borgo, spé- jeune matonne est très vite rattrapée par
cifiquement dans ce quartier de semi-li- une réalité, à l’intérieur comme à l’exté-
berté, que se retrouve mutée la surveil- rieur, propre à un territoire qui se vit en
Écrit et réalisé par lante, après quelques années passées à lutte, faite de clans, de militantisme ar-
Stéphane DEMOUSTIER arpenter les couloirs de Fleury-Mérogis. mé, de vengeances, de services rendus
France 2023 1h57 Et c’est donc dans une HLM des fau- – et à rendre. Engrenage, dépendance,
avec Hafsia Herzi, Moussa Mansaly, bourgs de Bastia que Mélissa, son mec mensonge… elle se retrouve vite piégée
Louis Memmi, Michel Fau, Pablo Pauly, et sa petite fille ont posé leurs bagages dans une spirale – disons le – infernale.
Florence Loiret-Caille, Cédric Apietto… – dans une tentative de reconstruction La force du film doit beaucoup à sa
Collaboration au scénario : familiale de la dernière chance. Mais for- mise en scène aussi discrète que bril-
Pascal-Pierre Garbarini cément, la prison de Borgo est essen- lante, qui réussit à faire exister la pri-
tiellement peuplée de détenus corses et son corse et son fonctionnement très
Depuis sa révélation lumineuse dans La c’est là que ça se complique… particulier, tout en déroulant en paral-
Graine et le mulet d’Abdellatif Kechiche, lèle (et en flash-back) une enquête poli-
on n’en finit pas d’être épaté par le jeu Le récit s’inspire d’un fait divers bien
unique, authentique et décalé de Hafsia réel – et non encore jugé – mais le réa- cière menée par un commissaire pour le
Herzi, qui n’a pas son pareil pour in- lisateur Stéphane Demoustier (son film moins original, savoureusement incarné
carner des personnages aux mystères précédent, le très bon La Fille au brace- par Michel Fau, investigation de bureau
intérieurs insondables. Une intensité let, explorait déjà un personnage féminin qui se nourrit en vain d’images de vidéo-
opaque qu’on retrouve dans le rôle de complexe dont on avait du mal à juger surveillance. Dans ce jeu de dupes, de
surveillante pénitentiaire qu’elle inter- de la culpabilité) a préféré s’en déta- chats et de souris, le jeu décalé et fasci-
prète dans Borgo – du nom de la pe- cher et décrire à travers cette histoire un nant de Hafsia Herzi laisse tout au long
tite ville corse, à un jet de châtaigne au milieu singulier et saisissant, dans une du film planer le doute sur les réelles
sud de Bastia, qui abrite une prison « à Corse qu’il connaissait peu lui-même. motivations de Mélissa.
caractère humain » (selon le Contrôleur Ce milieu, c’est celui de cette prison
général des lieux de privation de liber- unique à ciel ouvert, une spécificité in- Ce qui ne fait en revanche aucun doute,
té – qui est présentement une femme, connue sur le continent et que le per- c’est que Borgo va rentrer tout droit au
la journaliste Dominique Simonnot). sonnage de Mélissa découvre en même panthéon des meilleurs films réalisés sur
Entendez un peu moins surpeuplée que temps que nous. Elle y retrouve un jeune l’univers carcéral (dedans et dehors),
la moyenne et dotée d’un quartier de se- détenu de Fleury, un gangster à visage avec cette spécificité très remarquable
mi-liberté. Une prison où, comme le dit d’ange qui, bientôt libéré, va se propo- d’être centré sur un personnage féminin.
a garanti sans 3D
Ciném

5 place Camille Jullian 33000 Bordeaux • www.cinemas-utopia.org • 05 56 52 00 03 • bordeaux@cinemas-utopia.org

MADAME
HOFMANN

Film documentaire La lumière du jour qui se lève… La phrase qui vient ponctuer d’humour les
de Sébastien LIFSHITZ Méditerranée bleue turquoise et em- moments les plus difficiles… Avec son
France 2023 1h44 bruns, un petit souffle d’air du large qui rire, ce regard qui plonge avec empa-
décoiffe : Madame Hofmann fait le plein thie dans les yeux des autres, tous les
Ce film est un torrent d’humanité, de de beauté avant de remonter vers l’Hô- autres, sans hiérarchie : elle est l’incar-
bienveillance, de lumineux espoir. Un pital Nord, immense barre de béton qui nation même d’un idéal de l’hôpital pu-
film qui nous embarque pour une plon- surplombe Marseille. blic alors même qu’il est en proie, plus
gée dans la vie, une vie dense, pleine de Madame Hofmann, cadre infirmière de- que jamais, à une tourmente énorme,
sens et de belles personnes. Pétard ! Ça puis 40 ans, directe, chaleureuse atten- en fin de période covid, coincé entre le
fait un bien fou ! tive à tout, à tous, avec toujours la petite découragement de soignants saturés,

No 241 du 3 avril au 7 mai 2024 / Entrée: 8€ / La 1re séance: 5€ / Abonnement: 55€ les 10 places

Vous aimerez peut-être aussi