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F

Edward aux mains d’argent


Edward scissorhands
FICHE FILM
de Tim Burton
Fiche technique

USA - 1990 - 1h47

Réalisateur :
Tim Burton

Scénario :
Caroline Thompson
Tim Burton

Musique :
Danny Elfman

Interprètes :
Johnny Depp
(Edward)
Winona Ryder
(Kim)
Résumé Critique
Dianne Wiest
(Pegg)
«Pourquoi est-ce qu’il neige ?» demande Comme Joe Dante et Sam Raimi, Tim
Anthony Michael Hall une fillette à sa grand-mère. Celle-ci lui Burton confirme de film en film un goût
(Jim) raconte alors l’histoire d’Edward. “Il était prononcé pour les mythologies populaires
Vincent Price une fois” une cité résidentielle de maisons issues du conte (dont il distille ici finement
(l’inventeur) peintes aux couleurs de Tupperware. Peg la cruauté foncière), du cinéma fantastique
fait du porte-à-porte, sans parvenir à vendre et du dessin animé (moyen d’expression
ses produits. En désespoir de cause, elle qu’il pratiqua). Sur ce seul plan de l’image-
décide alors de franchir le portail de la rie, Edward est déjà une belle réussite : le
grande demeure néogothique qui domine la film entrechoque avec jubilation des chro-
région. C’est ici qu’a lieu sa première ren- mos hyperréalistes et bigarrés raillant
contre avec Edward, le chef-d’œuvre de feu savoureusement l’american way of life, et
l’Inventeur, mort avant de lui avoir greffé le fantastique gothique le plus échevelé.
des mains. La pauvre créature est donc Mélange pour le moins détonant qui,
affublée de lames de métal tranchantes à comme dans Beetlejuice, donne au film
la place des doigts. Attendrie, Peggy l’invite un ton à la fois satirique, romantique et
dans sa maison. L’arrivée d’Edward visionnaire. Mais le plus troublant est cette
déclenche la curiosité des voisines. capacité, déjà à I’œuvre dans Batman, à

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conférer une ferveur, une souffrance et d’injustices qui le rendent touchant. Il populaire attachée à la figure de la nar-
une folie proprement humaines à des est tellement fragile, ce garçon aux ratrice et au cadre du récit, pour intro-
personnages issus des univers les plus mains pourtant tranchantes comme des duire ensuite un fantastique auquel
délibérément factices : quasiment des lames de rasoir ! nous pouvons adhérer : puisque c’est un
silhouettes en papier découpé... Edward, c’est La Belle et la Bête de conte, tout est permis. Pourtant l’esthé-
Saison cinématographique 1991 Cocteau version rock. Un film poétique tique du moment de la narration paraît
et Iyrique qui laisse rêveur. La présence plus ancienne que celle du temps de
de Vincent Price, idole du réalisateur, n’est l’action, marquant par là que le réalisa-
pas un hasard : son nom a souvent été teur cherche moins à illustrer des récits
Le réalisateur cherche moins à illustrer associé à des chefs-d’œuvre du fantas- anciens qu’à actualiser le conte en l'in-
des récits anciens qu’à actualiser le tique. Un genre auquel, une fois de plus, sérant dans un présent identifiable, où
conte en l’insérant dans un présent Tim Burton vient d’apporter une superbe le spectateur peut trouver sa place,
identifiable, où le spectateur peut trou- contribution. redonnant ainsi au conte de fée toute sa
ver sa place, redonnant ainsi au conte Patrick Fabre vigueur, sa fraîcheur et sa lisibilité. De
de fée toute sa vigueur, sa fraîcheur et Première - avril 1991 fait, le cinéaste poursuit son œuvre de
sa lisibilité. modernisation des mythes (Batman) et
Thomas Bourguignon de réactualisation du conte qu’il avait
Positif n°364 - Juin 91 déjà entreprises, imprimant à la culture
"Celui qui ne voit rien d’étrange n’a populaire américaine un nouvel élan.
jamais regardé un homard en face", écri- Si Tim Burton a conçu un film traitant de
vait Villiers de l’lsle-Adam ; c’est ce que problèmes contemporains, son récit n’en
Tim Burton, le Frankenstein du cinéma
donne à contempler Tim Burton avec sa épouse pas moins la structure du conte :
américain, est de retour. Après avoir
créature, sanglée dans sa carapace cuir après l’inévitable "Il était une fois un
filmé les aventures de personnages
et qui frétille des ciseaux comme un garçon qui était né avec des ciseaux-
aussi loufedingues que Pee-Wee,
crustacé des pinces. De fait, c’est au mains", apparaît l’incontournable châ-
Beetlejuice ou Batman, il s’est attaqué à
bernard-l’ermite que renvoie Edward teau hanté, que l’anonymat des lieux
un autre "monstre", né de son imagina-
aux mains d'argent, qui n’est en sûre- rend archétypal ; la figure du père
tion bouillonnante : Edward aux mains
té que derrière les murs de son château (I’inventeur) est très rapidement éva-
d’argent. En fait d’argent, il s’agit plutôt
gothique, comme son modèle marin cuée en quelques flash-backs, comme il
d’acier inoxydable, puisque ce pauvre
dans son coquillage. L’étrangeté du est de coutume ; le héros est immédia-
Edward (étonnantJohnny Depp) est affu-
héros, qui surprend et suscite I’intérêt, tement propulsé dans le vaste monde,
blé de ciseaux en guise de doigts. C’est
avant de provoquer l’engouement puis la etc. La mise en scène oppose terme à
la faute de son créateur, I’inventeur
haine, ne paraît à aucun moment impro- terme les deux univers du palais et de la
(Vincent Price), mort avant d’avoir pu
bable aux personnages puisque nous ville. Ce manichéisme constitue la
achever sa créature (...)
sommes dans l’univers du conte. Le film matière même de la progression drama-
Avec Edward, Tim Burton et sa scéna-
tente d’aborder conjointement les deux tique du conte de fée, qui repose sur
riste Caroline Thompson ont tout simple-
versants opposés de ce genre littéraire : une série de choix binaires, simplifiant
ment créé un nouveau conte de fées qui
d’un côté Ie conte de fée populaire et et organisant le chaos de l’existence,
devrait rapidement devenir un classique.
naïf, de l’autre le conte voltairien, philo- afin de rassurer le public tout en lui fai-
Normal pour un film qui débute sur l’air
sophique et satirique. Edward, c'est sant comprendre que la vie n’est qu’une
de “II était une fois"... Quand Edward
Candide dans le château de la Belle au série de choix aux conséquences inévi-
écarquille ses petits yeux lors de sa
bois dormant. tables, parfois terribles, parfois mer-
découverte du monde, on imagine ceux
Le temps du conte est toujours le veilleuses.
des enfants, émerveillés par ce type qui
passé, il parle de rois, de princesses, de Un long travelling qui survole la ville
transforme les troènes en œuvres d’art
fées et des saisons ; ici, c’est au drame jusqu’au manoir révèle la platitude du
et tond les caniches à la vitesse grand
cosmique que s’attache le récit de la village et des maisons, dominés par la
V. Mais Edward ne laisse pas les grands
grand-mère, racontant, assise au coin du verticalité du château qui se dresse sur
insensibles : son histoire d’amour
feu, à sa petite fille enfoncée dans son une colline escarpée. De même, les
impossible avec Kim (Winona Ryder), la
lit, d’où vient la neige (Ie sigle même de couleurs confrontent ces deux mondes
fille de Peg, ses démêlés avec la voisine
la Twentieth Century apparaît sous des tons pastels des maisons, des voitures,
nymphomane, avec le boyfriend de Kim,
flocons). Tim Burton assume l’imagerie des vêtements et même des visages,
avec les forces de l’ordre, sont autant

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comme si Pegg avait, d’un coup de pou- lywoodiens, du moins gâtée par une de meurtre.
drier magique, maquillé tout le village faute de goût impardonnable. Or les Plutôt qu’une douche, le lieu du crime
avec ses cosmétiques Avon. A l’inverse, Cahiers avaient raison, Batman était un est un jardin, celui d’une maisonnette
le manoir est un bloc anthracite aux vrai film, tout comme auparavant parmi les autres où Edward a trouvé des
allures expressionnistes dont sortira à la Beetlejuice, tout comme aujourd’hui parents adoptifs. Il y fait preuve de
fin un nuage de neige ; de même, Edward scissorhands, car Burton est talents insoupçonnés : taillant d’abord
Edward est cuirassé de noir, que vient un vrai “auteur de films”, à l’ancienne les buissons, à toute vitesse, selon son
réhausser sa carnation d’une pâleur pourrait-on dire, écrivant, filmant, et inspiration primitive (quelques tyranno-
extrême. Ce royaume est donc circons- mettant à nu sur un écran ses propres saures herbus en témoignent) ; puis
crit par les deux couleurs absolues, qui affections. vient le tour des chiens-chiens, auxquels
reflètent son irréalité et sa perception De cette sensibilité à vif vient de sortir il ne laisse que quelques poils répartis
manichéenne par les habitants du villa- Edward. C’est une sorte de en touffes éparses ; enfin les femmes se
ge (tout noir ou tout blanc). Le château Frankenstein grotesque dessiné et présentent sous l’acier de ses doigts vir-
est un monde enchanté, sur lequel monté lambeau de chair par lambeau de tuoses. L’innocence d’Edward révèle de
semble planer un charme qui aurait chair grâce à la volonté créatrice d’un plus en plus explicitement les désirs
plongé toute chose dans un sommeil savant fou. Mais ce savant n’est autre pervers de l’American Way of Life. Le
infini. Les buissons sculptés ressem- que Vincent Price, héros gothique d’un petit jardin bien à soi, le petit chien très
blent à des animaux pétrifiés, surpris nombre impressionnant de films d’hor- énervant, la tignasse que les femmes,
dans leur élan (chat hérissé de rage, reur. Sa créature est donc horrible, de ce côté-là de l’Atlantique, portent en
écureuil stoppé dans son élan) Les d’autant plus que le docteur est mort guise de chevelure : la progression dans
machines sont voilées de toiles d’arai- avant de lui donner des mains. En guise les objets du désir intime est explicite.
gnées, et le héros dit que l’inventeur de doigts, voici que se présentent des Burton place sous les fers de son héros,
"ne s’est pas réveillé". A cet univers fan- ciseaux. En guise de cœur, cependant, en une gradation loufoque, les fétiches
tastique, hors du temps, statique, Edward n’a trouvé que celui d’un bon réifiés d’une civilisation sûre d’elle
s’oppose le village, qui vit au rythme des petit boy américain. Complétant le per- même.
ballets pendulaires, matinaux et noc- sonnage, Johnny Depp, le sex symbol de Cette séquence d’amour est donc orga-
turnes, des voitures. Ces deux univers la génération des 12-16 ans donne son nisée par un sadique, mais dont l’inno-
irréconciliables peuvent être vus comme visage d’ange conformiste au monstre. cence est à toute épreuve. L’épreuve
le rêve et la réalité, I’imaginaire et le C’est ici qu’intervient Tim Burton et que infligée, pourtant, est une vraie corrida :
prosaïsme, I’enfance et la maturité. Le prend place le film dont cette séquence filmée comme la mise à mort du tau-
héros du conte doit donc venir une est un emblème. Cinéaste carnava- reau, espada à l’appui, la scène de coif-
seconde fois au monde, se confronter lesque, son esprit est sens dessus des- fure n’est pas sans rappeler les crimes
enfin à la réalité et s’insérer dans la sous : Johnny Depp est pris à contre- successifs du Matalor de Pedro
société, afin de grandir. Cette inscrip- emploi. Son visage bouffi lardé de cica- Almodovar. Mais là ou la femme
tion dans l’espace se traduit par l’utili- trices son corps de danseur sensuel d’Almodovar assassine un à un ses
sation du grand angle, qui situe et guindé dans une lourde combinaison, le amants avec la longue épingle de son
intègre les personnages dans un décor, voici enlevé aux désirs des collégiennes. chignon, Edward ne fait ici qu’un acte
lequel revêt ici une importance symbo- Dans un même jeu d’inversion gro- très dérisoire: il coupe des cheveux.
lique prégnante... tesque, la petite ville proprette et colo- C’est évidemment le contraste entre le
Alain Garsault rée en pastels où il trouve asile est un rituel de mort/amour et la quotidienneté
Positif n°364 - Juin 1991 espace de terreur. de la situation qui fait le piment de la
Gros plan sur l’un des spécimens de séquence : I’horreur tranquille, I’horreur
cette ville bien quotidienne rongée par que chaque habitant retourne en une
En septembre 1989, quand les Cahiers les tumeurs de l’harmonie : la nympho- jouissance, en un orgasme chez Joyce
ont étalé en couverture la chauve-souris mane, celle qui traque les plombiers. Monroe, la nymphomane, Monroe dégé-
noire de Tim Burton, Batman, les réac- Sous les couteaux d’Edward, elle fond nérée jusqu’au bout des ongles. Pendant
tions des lecteurs ont été particulière- littéralement, vivant “la plus inoubliable ce temps, appliqué, chef d’orchestre
ment vives. Un courrier imposant témoi- expérience de sa vie”. La séquence malgré lui, Edward fait le Mal(e) en
gna de l’indignation des “gardiens presque classiquement, c’est-à-dire à la croyant faire le Bien.
d’innocence” face à leur revue, sinon manière du Hitchcock de Psychose, est Antoine De Baeque
achetée par l’argent et les gadgets hol- un acte d’amour filmé comme une scène Les Cahiers du CInéma

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Entretien avec le réalisateur Le réalisateur nir aux sources.


Il a entre-temps fondé sa propre société
de production vouée au développement
Le plus motivant pour moi, est de créer à Né à Burbank (Californie) en 1959, Tim de projets cinématographiques, litté-
l’écran quelque chose de nouveau et de Burton s’essaie dès l’enfance à la bande raires, graphiques et télévisuels. Le suc-
différent, mais auquel le public adhère dessinée et se passionne pour le cinéma cès de la suite de Batman, Batman le
parce qu’il retrouve, à un niveau ou à un d’horreur. Ce seront ensuite ses princi- défi, lui donne désormais le pouvoir
autre, un écho de ses propres expé- pales sources d’inspiration. Il fait ses d’utiliser la machinerie hollywoodienne
riences. études au California Institute of Arts, pour concrétiser des projets totalement
(…) puis débute comme animateur aux stu- inventifs et personnels. Il ne s’en prive
Les images d’Edward aux mains dios Disney où il travaille notamment pas puisqu’il conçoit une comédie musi-
d’argent me sont venues il y a long- sur Rox et Rouky et Taram et le cale entièrement réalisée avec des figu-
temps, bien avant Batman. Et c’est jus- chaudron magique. En 1982, il réalise rines sculptées : L’étrange Noël de
tement sur le tournage de Batman que son premier court métrage d’animation, Monsieur Jack. Après ce film d’anima-
j’ai ressenti l’urgence de revenir à Vincent, en hommage à Vincent Price tion visionnaire, il a réalisé un documen-
quelque chose de plus essentiel. qui commente lui-même en voix-off taire émouvant sur Vincent Price,
(…) l’histoire d’un petit garçon qui se prend Vincent and me, qui fut projeté au
Ce que j’aime dans les contes de fées, pour Vincent Price. Le film connait un grand acteur deux jours avant sa mort.
c’est quelque chose de très simple et succès critique et remporte plusieurs Puis il tourne avec Johnny Depp une for-
émotionnel à la fois, qui fonctionne sur récompenses. En 1984, il signe, toujours midable biographie en noir et blanc de
une échelle symbolique beaucoup plus chez Disney, le court métrage Ed Wood, cinéaste de films d’horreur
large. Dans Edward aux mains Frankenweenie, hommage burlesque dans les années cinquante. Son dernier
d’argent, mon propos est de prendre à Frankenstein, où un gamin ressuscite connaîtra un succès planétaire : il s’agit
des thèmes de contes de fées et de les son chien selon les méthodes du même de Mars Attacks !.
rendre plus contemporains. J’espère docteur.
avoir un peu plus resserré ce lien qui Après avoir quitté Disney et réalisé le
existe entre la vie réelle et le conte de film Aladdin, il met en scène son pre- Filmographie
fées. mier long métrage, le délirant Pee-
(...) Wee’s Big Adventure qui apporte un
Ce qui était génial avec Pee-Wee [un triomphe international à son scénariste- Pee Wee’s big adventure 1985
de ses précédents films], c’est que Paul interprète Pee Wee Herman. En 1988, il
Reubens et moi on était sur la même signe Beetlejuice, comédie fantastique Beetlejuice 1988
longueur d’ondes. C’est drôle, je dois à l’humour grinçant, au délire visuel et à
être quelqu’un de bizarre parce que je l’inspiration macabre. Tim Burton y Batman 1989
ne suis pas toujours en accord avec moi- témoigne d’une extrême originalité et
même. Même si je fais des films qui doi- s’affirme comme l’un des réalisateurs Edward Scissorhands 1991
vent être vus par plein de gens, je me américains les plus inventifs de sa géné- Edward aux mains d’argent
sens très peu communicatif. Une fois ration.
que le film est fini, je ne veux le montrer Après ce gros succès, il reprend l’un des Batman 2 1992
à personne. mythes les plus tenaces de l’imaginaire
[toujours ce besoin de vivre en reclus américain : “l’homme chauve-souris”, le Ed Wood 1994
qu’on retrouve chez les personnages justicier masqué, Batman. Cette super-
burtoniens, des jeunes mariés de production interprétée par des stars et Mars attacks ! 1996
Bettlejuice à Edward en passant bien- encombrée d’effets spéciaux sophisti-
sûr par Batman.] qués lui apporte une célébrité qui le
dépasse un peu et qui le pousse à reve-
Documents disponibles au France
nir à un cinéma plus personnel. C’est
alors qu’il réalise Edward aux mains
Dossier du France
d’argent, œuvre atypique qui renferme
Dossier réalisateur
tous les thèmes chers à cet amoureux
du fantastique et qui lui permet de reve-

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