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F

Le dictateur
The great dictateur
FICHE FILM
de Charlie Chaplin
Fiche technique

USA - 1940 - 1h45


N. & B.

Réalisateur :
Charlie Chaplin

Scénario :
Charlie Chaplin

Musique :
Chaplin d'aprés des
thèmes de Brahms

Interprètes :
Charlie Chaplin
Paulette Goddard Résumé
Jack Oakie Le dictateur Hynkel terrorise la Tomania. Or final est un peu long, les gags sont nom-
Emma Dunn dans le ghetto vit un petit barbier qui est breux : I’obus qu’il faut désamorcer, le dic-
son sosie et qui a sauvé pendant la guerre tateur jonglant avec le monde, la rencontre
Schulz, devenu undignitaire du parti. bouffonne des deux tyrans... C’est la der-
Hynkel décide d’envahir l’Austerlich. L’idée nière apparition de Charlot.
étant venue aussi au dictateur de la Guide des films
Bactérie, les despotes se rencontrent.
Cependant le petit barbier s’échappe du
camp de concentration, il est pris pour
Hynkel et prononce dans un grand discours
des paroles de paix et d’espoir.
Chaplin règle son compte a Hitler, avant To
Be or Not to Be de Lubitsch, grâce à
l’arme imparable du ridicule. Si le discours

L E F R A N C E

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D O C U M E N T S

Critique peut dire ici qu’il ne sait pas faire bou- tion, quelque chose de comparable à ce
ger sa caméra) et comme acteur (dans qu’est le rapt de notre tibia par un être
L’audace stupéfiante du film paraît l’éblouissant double rôle du bourreau et de la quatrième dimension dans les
peut-être plus étonnante encore trente de la victime), il n’a jamais été plus films de Jean Painlevé. Je n’affirme évi-
ou quarante ans après sa sortie qu’elle génial. Dans une progression allant du demment pas qu’Hitler ait agi intention-
ne le fut à l’époque. (Rappelons que le rappel de ses anciens films (la dénoncia- nellement. Il se peut en effet qu’il n’ait
film, interdit pendant toute la guerre, ne tion burlesque des atrocités de la guerre commis cette imprudence que sous
sortit en France qu’en 1945.). Lors de la de Charlot soldat) à un message lancé l’effet des influences sociologiques
ressortie francaise de 1958 François à l’humanité tout entière, Chaplin inconscientes et sans aucune
Mars écrivait dans “Les Cahiers du ciné- cherche autant à découvrir un nouveau arrière-pensée personnelle. Mais quand
ma”, n° 87: “Jamais film et film bur- territoire comique qu’à essayer d’inter- on s’appelle Adolphe Hitler on se doit de
lesque n’a été à ce point engagé. venir, à sa façon, dans le cours des évé- faire attention à ses cheveux et à sa
Rarement,jamais peut-être depuis le nements mondiaux. Il exprime ainsi sa moustache. La distraction n’est pas plus
“J’accuse” de Zola, en quelque domaine conception du cinéma comme art total, une excuse en mythologie qu’en poli-
artistique que ce soit, un homme de synthèse du burlesque, du mime, de la tique. L’ex-peintre en bâtiment commit
bonne volonté ne s’est ainsi levé avec chorégraphie, de la satire et d’un mes- là une de ses fautes les plus graves. En
tant de dignité généreuse pour offrir sa sage moral et politique à portée univer- imitant Charlot, il avait commencé une
seule personne en écran au destin cruel selle. escroquerie à l’existence que l’autre
d’une époque en marche. A revoir Le n’oublia pas.Il devait quelques années
dictateur j’ai évoqué par éclairs les plus tard le payer cher. Pour lui avoir
dérisoires et sublimes grèves de la faim volé sa moustache, Hitler s’était livré
de Gandhi”. En tant qu’artiste, Chaplin pieds et poings liés à Charlot. Le peu
accumule ici toutes les gageures. Non
Pastiche et postiche ou le d’existence qu’il avait enlevé aux lèvres
seulement il fait œuvre comique en par- néant pour une moustache du petit Juif allait permettre à celui-ci
lant des persécutions raciales, des dic- de lui en reprendre bien davantage, que
tatures, de la montée et du triomphe du dis-je, de le vider tout entier de sa bio-
Deux hommes, depuis un demi-siècle, graphie au profit, non pas exactement
nazisme mais loin de l’allégorie et de la ont changé la face du monde: Gillette,
fable, plonge tout le film à la fois dans de Charlot, mais d’un être intermédiaire,
l’inventeur et le vulgarisateur industriel un être précisément de pur néant.(...)
l’actualité la plus immédiate et dans la du rasoir mécanique, et Charles Spencer
prophétie, hélas, la plus exacte. L’avenir Il en fit Hinkel. Car qu’est-ce que Hinkel,
Chaplin, auteur et vulgarisateur cinéma- sinon Hitler réduit à son essence et
allait montrer très vite que les person- tographique de “la moustache à la
nages de l’Histoire ne seraient pas privé de son existence ? Hinkel n’existe
Charlot”. On sait que, dès ses premiers pas. C’est un fantoche, un pantin, dans
moins grotesques ni moins monstrueux succès, Charlot suscita de nombreux
que les fantoches chaplinesques. lequel nous reconnaissons Hitler à sa
imitateurs. Pasticheurs éphémères dont moustache, à sa taille, à la couleur de
Scénariste infiniment habile (cf. la juxta- la trace n’est conservée que dans de
position et l’entremêlement des scènes ses cheveux, à ses discours, à sa senti-
rares histoires du cinéma. L’un d’eux mentalité, à sa cruauté, à ses colères, à
du ghetto et des scènes montrant pourtant ne figure pas à l’index alphabé-
l’emploi du temps de Hynkel), Chaplin sa folie, mais comme une conjoncture
tique de ces ouvrages. Sa célébrité ne vide de sens, privée de toute justifica-
utilise pour la première fois le son et cesse cependant de croître à partir des
surtout le dialogue avec autant d’acuité tion existentielle. Hinkel, c’est la cathar-
années 32-33; elle atteignit rapidement sis idéale d’Hitler. Charlot ne tue pas
satirique que l’image (cf. le fabuleux dis- celle du “little Boy “ de La Ruée vers
cours de Hynkel fait de mots inventés son adversaire par le ridicule; dans la
l’or; elle l’eût peut-être dépassée si, à mesure où il s’y essaie, il est vrai que le
comme l’était la chanson finale des cette échelle, les grandeurs étaient
Temps modernes, cf. aussi la scène où film est manqué ; il l’anéantit en
encore mesurables. Il s’agissait d’un recréant en face de lui un Dictateur
Hynkel, ayant dansé avec la femme de agitateur politique autrichien nommé
Napaloni à la souplesse d’hippopotame, parfait, absolu, nécessaire, à l’égard
Adolphe Hitler. L’étonnant, c’est que duquel nous sommes absolument libres
la félicite avec des adjectifs qui expri- personne ne vit l’imposture ou du moins
ment son admiration dans un subtil de tout engagement historique et psy-
ne la prit au sérieux. Charlot pourtant ne chologique. Nous nous sommes en réali-
decrescendo: «Your dancing, Madam, s’y trompa pas.Il dut tout de suite sentir
was superb... excellent... very good... té libérés d’Hitler par le mépris et par la
à la lèvre supérieure une étrange sensa- guerre, mais cette libération implique en
good”). Comme metteur en scène (on ne

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son principe même un autre esclavage. Filmographie The knock out


Nous l’éprouvons en ce moment même Charlot et Fatty dans le ring
où nous hante encore l’incertitude de la
mort d’Hitler. Nous ne nous délivrerons Mabel’s busy day
de lui que lorsque nous ne nous senti- Films : Pour la Keystone (1913-1914, Charlot et les saucisses
rons plus engagés à son égard; quand la essentiellement acteur, parfois réalisa-
Mabel’s married life
haine même n’aura plus de sens. Or teur) :
Hinkel ne nous inspire ni haine, ni pitié, Charlot et le mannequin
ni colère, ni peur, Hinkel c’est le néant Laughing gas
Making a living
d’Hitler. Disposant de son existence, Charlot dentiste
Charlot la lui a reprise pour l’anéantir. Pour gagner sa vie
J’ai parlé jusqu’à présent dans l’absolu. The property man
Kid auto races at Venice
Il n’est malheureusement pas exact que Charlot garçon de théâtre
Charlot est content de lui
Charlot ait toujours réussi cette transfu- The face on the barroom Fhoor
sion d’être. Il n’y parvient à mon sens Mabel’s strange predicament
parfaitement qu’une fois, pendant la Charlot peintre
L’étrange aventure de Mabel
danse avec la mappemonde. Il en Recreation
Between showers
approche pendant le discours en mime Fièvre printanière
phonétique, mais le souvenir en nous Charlot et le parapluie
d’Hitler à sa tribune de Munich est plus The masquerader
Film Johnnie
fort que la parodie; il désamorce l’opéra- Charlot grande coquette
Charlot fait du cinéma
tion. C’est qu’en certains domaines His new profession
Hitler s’est imité lui-même avec plus de Tango tangles
génie que Charlot et qu’il détient là Charlot garde-malade
Charlot danseur)
encore la matrice de sa personnalité. The rounders
His favourite pastime
(...) Charlot a entrepris de créer avec Charlot et Fatty en bombe
Hinkel un être non moins idéal et défini- Entre le bar et l’amour
tif que ceux de Racine ou de Giraudoux, The new janitor
Cruel, cruel love
un être indépendant même de l’existen- Charlot concierge
Charlot marquis
ce d’Hitler, d’une nécessité autonome. Those love pangs
Hinkel, à la limite, pourrait exister sans Star boarder
Hitler puisqu’il est né de Charlot, mais Charlot rival d’amour
Charlot aime la patronne
Hitler, lui, ne peut plus-faire que Hinkel Dough and dynamite
Mabel on the wheel
n’existe sur tous les écrans du monde. Charlot mitron
C’est lui qui devient l’être accidentel, Mabel au volant
contingent, aliéné pour tout dire d’une Gentlemen of nerve
Twenty minutes of love
existence dont l’autre s’est nourri sans Charlot et Mabel aux courses
Charlot et le chronomètre
pourtant la lui devoir et qu’il anéantit en His musical career
l’absorbant. Ce cambriolage ontologique Caught in a cabaret
repose en dernière analyse sur l’effrac- Charlot démenageur
Charlot garçon de café
tion de la moustache. (...) His trysting place
A busy day
Ce n’est pas le talent de mime, ce n’est Charlot papa
même pas le génie de Chaplin qui Madame Charlot
l’autorisait à tourner Le Dictateur. Ce Tillie’s punctered roman
The fatal mallet
n’était rien que cette moustache. Le rornan comique de Charlot et Lolotte
Le maillet de Charlot
Charlot a attendu le temps qu’il fallait, Getting acquainted
mais il a su reprendre son bien. Caught in the rain
Puissance du mythe: la moustache de Charlot et Mabel en promenade
Charlot est encombrant
Hitler, elle, était vraie ! (...) His prehistoric past
Her friend the bandit
Charlie Chaplin par André Bazin Charlot roi
Ramsay poche Cinéma. Le flirt de Mabel

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Pour Essanay (1915, il a le controle des The fireman The pilgrim 1923
films) Charlot pompier Le pèlerin
The vagabond
His new job Charlot violoniste
Charlot débute One A.M. Pour les Artistes associés :
A night out Charlot rentre tard
Charlot fait la noce The count A woman of Paris
The champion Charlot et le comte L’opinion publique
Charlot boxeur The pawnshop The gold rush 1925
In the park L’usurier La ruée vers l’or
Charlot dans le parc Behind the screen The circus 1928
The jitney elopement Le machiniste Le cirque
Charlot veut se marier The rink City lights 1931
The tramp Charlot patine Les lumières de la ville
Le vagabond Easy street Modern times 1936
By the sea Charlot policeman Les temps modernes
Charlot à la plage The cure The great dictator 1940
Work Charlot fait une cure Le dictateur
Charlot apprenti The immigrant Monsieur Verdoux 1947
A woman L’émigrant Monsieur Verdoux
Mamzelle Cbarlot The adventurer Limelight 1952
The bank Charlot s’évade Les feux de la rampe
Charlot à la banque Pour First National :
Shanghaied A dog’s life 1918
Charlot marin Une vie de chien En Angleterre :
A night in the show The bond
Charlot au music-hall film de propagande A king in New York 1957
Carmen Shoulder arms Un roi à New York
Charlot joue Carmen Charlot soldat The Countess from Hong Kong 1967
Triple Trouble Sunnyside 1919 La comtesse de Hong-Kong
Les avatars de Charlot Idylle aux champs
Police A day’s pleasure
Charlot cambrioleur Une journée de plaisir
The idle class 1921
Charlot et le masque de fer
Pour Mutual (mars 1916 septembre 1917) The kid
Le Kid
The floorvalker Pay day 1922
Charlot chef de rayon Jour de paye

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