Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
LE PONTIFE
DE LA DÉMAGOGIE
VICTOR HUGO
• Les héros sonores out jusqu'à ce jour
assourdi la raison humaine. Ce majestueux
tapage commence à la fatiguer. »
V. H.
PARIS
L I B R A I R I E P L O N
LES PETITS-FILS DE PLON ET NOURRIT
http://www.liberius.net
© Bibliothèque Saint Libère 2010.
Toute reproduction à but non lucratif est autorisée.
// a été tiré de cet ouvrage
L e P r o b l è m e j u i f (PLON).
S i b y l (FLAMMARION)
L e C o l l o q u e a v e c P a n (FLAMMARION).
p. 175-176.
14 LE PONTIFE DE LA DÉMAGOGIE
(2 Ibid., p. 31.
(3 Ibid., p. 37.
(4 p. 38.
VICTOR HUGO
Et il ajoutait :
ID., ibid., p. 5 3 .
ID., ibid., p. 4 8 .
ID., ibid., p. 4 0 .
ID., ibid., p. 4 0 .
ID., ibid., p. 4 6 .
62 LE PONTIFE DE LÀ DÉMAGOGIE
p . 172-173.
VICTOR HUGO 67
s
L Année terrible est pleine de ce rêve hau-
tain. Tantôt Paris lui apparaît dans une
gloire mythologique comme la fournaise de
l'Idée, l'Etna de la pensée, et il songe à
quelque cyclope faisant jaillir le Progrès, en
étoiles de feu, sous son marteau.
« Tantôt la ville s'offre à lui, crucifiée,
punie par les rois de sa mission civilisatrice,
apôtre et martyre de la liberté.
« Mais, de toutes façons, c'est la Ville-
Sacrée (Année terrible, p. 281), la Ville-
Prophète (Ibid, p. 101). C'est la moderne
Sion dont il se constitue lui-même l'oracle et
le pontife. Afin qu'il fût dit que le prophète
qu'il était ne manquât point de cette analogie
nouvelle avec ses collègues hébreux, d'avoir
eu sa Jérusalem (1). »
La personnalité de Victor Hugo est si
accueillante et si vaste que non seulement
il s'assimile aux prophètes et aux évangé-
listes, en assimilant les prophètes et les évan-
gélistes, mais il fait de même pour Jésus, il
p. v i n , Sauvaitre, 1895).
iOO LE P O N T I F E D E LA DÉMAGOGIE
entre en transes :
« Entrer en passion pour le bon, pour le
vrai, pour le juste : souffrir dans les souf-
frants ; tous les coups frappés par tous les
fourreaux sur la chair humaine, les sentir sur
8on âme : être flagellé dans le Christ et fustigé
dans le nègre ; s'affermir et se lamenter ; esca-
lader, titan, cette âme farouche où Pierre et
César font fraterniser leurs glaives, gladium
cum gladio copulemus; entasser dans cette
escalade l'Ossa de l'Idéal sur le Pélion du
Réel ; faire une vaste répartition d'espé-
rance ; profiter de l'ubiquité du livre pour
être partout à la fois avec une pensée de con-
solation ; pousser pêle-mêle hommes, femmes,
enfants, blancs, noirs, peuples, bourreaux,
tyrans, victimes, imposteurs, ignorants, pro-
létaires, serfs, esclaves, maîtres, vers l'avenir,
précipice aux uns, délivrance aux autres ;
aller, éveiller, hâter, marcher, courir, penser,
vouloir, à la bonne heure, voilà qui est bien.
Cela vaut la peine d'être poète (1)... »
« Monsieur,
« Écrire une grande page, cela vous est
naturel, les choses élevées et fortes sortent de
votre esprit comme des étincelles jaillissent
du foyer, et les Misérables ont été pour vous
l'occasion d'une étude profonde et haute.
« Je vous remercie. J'ai déjà constaté plus
dune fois avec bonheur les affinités de votre
poésie avec la mienne ; tous nous gravitons
autour de ce grand soleil, Y Idéal.
« J'espère que vous continuerez ce beau
travail sur ce livre et sur toutes les questions
que j'ai tâché de résoudre, ou tout au moins
de poser. C'est l'honneur des poètes de servir
aux hommes de la lumière et de la vie dans
la coupe sacrée de l'art. Vous le faites et je
l'essaie. Nous nous dévouons, vous et moi,
au progrès par la Vérité.
« Je vous serre la main.
« Victor HUGO. »
( 1 ) E . B E N O I T - L É V Y , op. cit., p. 1 4 2 - 1 4 3 .
VICTOR UHGO 127
pect à Hugo, et ce n'est pas moi. C*est lui!
Car c'est se manquer à soi-même, c'est man-
quer au talent que Dieu vous a donné dans un
jour de munificence, que de l'abaisser en vue
d'une popularité quelconque, que de ne pas
la garder à la hauteur où Dieu l'avait mis (1). »
Il y a regret à le dire, mais dans les Misé-
rables, œuvre pleine de pages éclatantes, qui
a le plus fait pour la popularité de Hugo,
l'appel du démagogue se dissimule mal der-
rière le rideau des « beaux » sentiments et la
bonté, dans son excès, n'est plus qu'un
masque sur le visage du mensonge.
e r
A Anvers, le 1 août 1852, au moment où
il quittait la Belgique pour se rendre à Jersey,
Hugo adressa un discours à ses « frères pros-
crits » et à ses « amis belges » qui étaient venus
l'accompagner jusqu'au bateau.
« Citoyens, la démocratie, la liberté, la
république est notre religion à nous
a Amis, la persécution et la douleur, c'est
aujourd'hui ; les États-Unis d'Europe, les
Peuples-Frères, c'est demain. Lendemain
inévitable pour nos ennemis, infaillible pour
nous. Amis, quelles que soient les angoisses et
les duretés du moment qui passe, fixons notre
pensée sur ce lendemain splendide, déjà vi-
sible pour elle, sur cette immense échéance
de la liberté et de la fraternité La démo-
cratie, c'est la grande patrie. République uni-
verselle, c'est patrie universelle. Au jour
venu, contre les despotes, les nationalités et
les patries devront pousser le cri de guerre ;
l'œuvre faite, l'unité, la sainte unité humaine
déposera au front de toutes les nations le
baiser de paix (1) »
er
(1) Depuis VExil, t. I . « Aux Allemands, » p. 58 à 65.
182 LE P O N T I F E D E LA DÉMAGOGIE
er
(1) Depuis VExil t. I . « Aux Français, » p. 66.
t
VICTOR HUGO 183
e
(1) Depuis VExil, t. I *. p. 68 à 70. « A u x Français. »
184 LE PONTIFE DE LA DÉMAGOGIE
13
194 LE P O N T I F E D E LA DÉMAGOGIE
er
(1) Depuis l'Exil, t. I , p. 39. « Paris et Rome » (1876).
VICTOR HUGO 195
er
(1) Depuis VExil, t. I , p. 238. c Aux rédacteurs du
Rappel » (octobre 1871).
(2) Il est à noter que, vingt ans avant, Victor Hugo —
cherchant alors à favoriser le futur Napoléon III — disait
exactement le contraire. (Cf. ci-dessus, p. 26.)
198 LE P O N T I F E D E LA DÉMAGOGIE
Admirables principes !
Quelle science ! quelle justesse ! quelle
sagesse! Et rien de tout cela n'a vieilli,
hélas !
On comprend que les politiciens déma-
gogues de la Troisième République aient fait
de Victor Hugo leur patron. C'est dans son
magasin de bric-à-brac romantique qu'ils
continuent à s'approvisionner de formules et
d* « idées » !
Un dernier point.
Il est d'importance.
Pour persuader les hommes de l'excellence
et de la précellence de la Démocratie, il est
indispensable de réformer l'enseignement de
l'histoire.
« Que l'histoire soit à refaire, cela est évi
dent. Elle a été presque toujours écrite jus
qu'à présent, au point de vue misérable du
fait ; il est temps de l'écrire au point de vue
du principe (1). »
I
BALZAC ET LE JOURNALISME