Vous êtes sur la page 1sur 4

Commission européenne - Discours

[Seul le texte prononcé fait foi]

Discours de la Présidente von der Leyen à la plénière du Parlement


européen — «Nous devons parler du racisme – ouvertement et
honnêtement»
Bruxelles, le 17 juin 2020
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Je ne sais pas ce que c'est d'être noire.
Je ne sais pas ce que c'est d'être noire ou membre d'une autre minorité ethnique, religieuse ou
sexuelle.
Je n'ai jamais fait l'expérience d'être traitée différemment à seule raison de ma naissance.
Je ne sais pas ce que c'est
- que d'être traité avec soupçon,
- jour après jour,
- dans la rue,
- en faisant mes courses,
- à la recherche d'un emploi,
- ou d'un nouveau logement.
La plupart d'entre nous dans cette salle ne le savent pas.
Mais nous savons une chose: Beaucoup de gens – de femmes et d'hommes – savent.
Et ils nous disent, à pleine gorge, que nous tolérons le racisme depuis beaucoup trop longtemps.

Mesdames et Messieurs les Députés,


Les gens qui protestent dans nos rues, dans nos pays, des deux côtés de l'Atlantique et dans le
monde entier, élèvent leur voix – désireux de se faire entendre.
Il est grand temps de faire plus qu'écouter.
Plus que condamner.
Il est temps de parler du racisme – ouvertement et honnêtement.
Voilà pourquoi je tiens à vous remercier d'avoir inscrit ce point à l'ordre du jour de la session plénière
et de l'avoir mis en première place de votre session.

Mesdames et Messieurs les Députés,


En tant que société, nous devons faire face à la réalité.
Nous devons lutter sans relâche contre le racisme et les discriminations: les discriminations visibles,
bien entendu.
Mais aussi contre des formes plus insidieuses de racisme et de discriminations — nos préjugés
inconscients.
Toutes les sortes de racisme et de discrimination!
Dans le système judiciaire et l'application de la loi,
sur le marché du travail et sur le marché du logement,
dans l'éducation et les soins de santé,
en politique et en matière de migration.
Nous devrions unir nos forces, à tous les niveaux: européen, national, régional, local, public ou privé,
des entreprises et de la société civile, et chacun d'entre nous individuellement, en tant que citoyens.
Pour construire une Europe plus égalitaire, plus humaine et plus équitable.
Je vais être claire : dans notre Union, il n'y a pas de place pour le racisme ou pour toute autre forme
de discrimination.

Mesdames et Messieurs les Députés,


Ensemble, nous devons répondre à des questions difficiles:
- Pourquoi le racisme et les discriminations perdurent dans nos sociétés?
- Pourquoi des partis politiques soutenant la xénophobie et le racisme remportent les élections?
- Pourquoi les membres des minorités ethniques et religieuses sont sous-représentés dans les
institutions politiques, sociales et universitaires
- et surreprésentés dans les statistiques sur la pauvreté, les maladies et l'application de la loi?
- Que pouvons-nous faire dans les domaines de l'éducation, de l'emploi, des soins de santé, du
logement et d'autres encore, pour construire une société ouverte, plus juste et plus sensibilisée?
- Que pouvons-nous faire pour que nos institutions représentent la diversité de nos sociétés
européennes?
Cette tâche ne relève pas d'une politique sectorielle, d'une seule personne ou d'un seul commissaire.
C'est pourquoi je suis ici, en tant que Présidente de la Commission européenne.
Je veux aller au fond de ces questions.
La semaine prochaine, nous aurons un débat structuré sur le racisme au sein du Collège.
Regardons autour de nous, ici, dans cet hémicycle.
La diversité de notre société n'est pas représentée.
Et je suis la première à admettre que la situation n'est pas meilleures au sein du Collège des
Commissaires, ni parmi le personnel de la Commission européenne.
C'est pourquoi je dis:
Nous devons parler du racisme.
Et nous devons agir.

Nous parlerons du racisme, nous étudierons ses racines.


Il est toujours possible de changer le cours des choses s'il y a la volonté de le faire.
Permettez-moi de prendre un exemple d'un petit pas dans la bonne direction, dont j'ai été témoin
quand j'étais ministre de la Défense dans mon pays.
Il y avait alors, dans les forces armées allemandes, un système de recrutement en place depuis des
décennies qui favorisait toujours les mêmes.
Nous avions d'excellents candidats, qui auraient apporté des atouts précieux à nos forces armées –
parfois des atouts rares, comme la maîtrise de l'arabe ou du farsi —
Et pourtant, d'une façon ou d'une autre, ces atouts n'étaient pas valorisés. En rien.
Pourtant, ces compétences pouvaient sauver la vie de soldats lors d'une mission à l'étranger.
A l'époque, l'attitude était : «Ah, mais le système ne le permet pas. Nous n'avons jamais fait cela.»
Mais l'analyse et la réflexion ont conduit les forces armées allemandes à changer le système.
Cette approche était plus juste pour ces soldats, meilleure pour nos forces armées allemandes,
meilleure pour la société!

Mesdames et Messieurs les Députés,


Nous devons parler du racisme avec l'esprit ouvert.
La bonne nouvelle est que nous ne partons pas de zéro.
Dans l'Union européenne, la discrimination est interdite au niveau juridique le plus élevé possible: Je
veux parler de notre traité et de notre charte des droits fondamentaux. Que ce soit en raison de la
race ou de l'origine ethnique.
Nous disposons également de lois européennes contre le racisme, la discrimination ethnique et les
discours haineux:
- Notre directive sur l'égalité raciale
- Notre décision-cadre sur la lutte contre les formes d'expression du racisme et de la xénophobie.
pour n'en nommer que quelques-unes.
Nous disposons d'outils de coopération avec des experts de tous les États membres, un groupe de
haut niveau sur la lutte contre le racisme, la xénophobie et d'autres formes d'intolérance, et un
réseau européen d'organismes de promotion de l'égalité.
Encore une fois, pour n'en nommer que quelques-uns.
Et nous avons des fonds européens.
Mais nous devons faire plus.

Mesdames et Messieurs les Députés,


Je suis heureuse de vivre dans une société qui condamne le racisme.
Mais nous ne devrions pas nous arrêter là.
Si nous sommes confrontés au racisme, nous devons sonner l'alarme et agir immédiatement.
Et nous devons être conscients que la vigilance et la sensibilisation commencent à une petite échelle.
Avec chacun d'entre nous.
La sensibilisation passe par l'examen de soi-même.
La sensibilisation passe par la dénonciation des cas de discrimination.
La sensibilisation passe également par la remise en question de privilèges que nous pourrions
prendre pour acquis, et qui ne le sont en rien.

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
La devise de notre Union européenne est: «Unie dans la diversité».
Notre mission est de nous montrer à la hauteur de notre devise de lui donner tout son sens.
C'est pourquoi j'ai hâte de vous écouter.
Pour une Europe meilleure.

United in diversity.
Unie dans la diversité.
In Vielfalt geeint.
Je vous remercie.
SPEECH/20/1114

Related documents
President von der Leyen-EP Plenary on We need to talk about racism.pdf
Related media
Participation of Ursula von der Leyen, President of the European Commission, at the Plenary Session of the European
Parliament
LIVE EP Plenary session The Anti-racism protests following the death of George Floyd

Vous aimerez peut-être aussi