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Solutions

ME SURE DE T E M P É R A T U R E

L’étalonnage in situ
contribue à l’efficacité
énergétique des fours

A Isbergues dans le Pas-de-Calais, chez le producteur d’acier électrique d’ordre rend cette solution attractive. » Précurseur,
ThyssenKrupp Electrical Steel, l’atelier de recuit vase clos a été équipé de cannes le site français du fabricant d’acier ThyssenKrupp
pyrométriques avec étalonnage in situ. La mise en œuvre de cette technologie Electrical Steel, basé à Isbergues dans le Pas-de-
brevetée procure de nombreux avantages : sur la qualité de l’acier, la disponibilité Calais, a déjà fait le saut. En 2007, après
du process, la sécurité des personnes, et la consommation énergétique… définition d’un cahier des charges répondant
aux besoins spécifiques de l’atelier vase clos,
la solution proposée par Pyro-Contrôle, avec

E
sa méthode brevetée d’étalonnage in situ, a
n contrôle de production, on a thermique. Cette surchauffe a évidemment été retenue. Une quarantaine de nouvelles
l’habitude de dire que la stabilité quelques inconvénients : elle crée des défauts cannes ont été ainsi installées pour une pé-
et la répétabilité de la mesure sont et des hétérogénéités sur les pièces, elle use riode de test de quelques mois. Les avantages
plus importantes que la précision les réfractaires et, bien sûr, elle consomme et gains de production procurés par l’utili-
(disons l’exactitude, pour les métrologues). de l’énergie inutilement. Ce qui était en sation des cannes pyrométriques avec éta-
Pour Thierry Vigneron, directeur de Pyro- d’autres temps acceptable, l’est beaucoup lonnage in situ sont devenus vite évidents,
Contrôle (groupe Chauvin Arnoux), cette notion moins aujourd’hui… D’où l’intérêt de tant et si bien qu’ils ont amené les respon-
d’exactitude présente de plus en plus d’échos mieux maîtriser la dérive des capteurs. Ainsi, sables du site d’Isbergues à anticiper la mise
favorables dans un contexte d’économie Pyro-Contrôle travaille depuis plusieurs années en place de la troisième tranche, initialement
d’énergie, particulièrement dans le domaine sur des cannes pyrométriques à étalonnage prévue en 2009. Tout
du traitement thermique : « Ce qu’il faut in situ. L’idée est de rendre possible l’étalon- l’atelier de recuit vase L’essentiel
savoir c’est qu’un thermocouple dérive toujours à la nage des capteurs dans le procédé lui-même clos a été équipé fin
baisse. Cette baisse correspond à plusieurs degrés par sans avoir à les démonter ou à arrêter le pro- 2008. Les avantages d’un four équipé
an et elle est fonction des types de thermocouple et des cess. Le principe est simple, le constructeur « Jusqu’à présent, l’incer- de cannes avec “étalonnage
cas d’application. » Pour compenser ce phéno- prévoit au niveau de la canne la possibilité titude se situait dans une in situ” :
mène, les industriels mettent leur process en d’insérer un capteur étalon. Il suffit alors, le fourchette de 10 à 15 °C.  Les contrôles sont réalisés
surchauffe avec une marge suffisante pour moment venu, d’ouvrir la tête de raccorde- Avec les nouvelles cannes, la directement sur le site
intégrer cette dérive jusqu’au prochain éta- ment, d’introduire le capteur étalon, jus- fourchette a été ramenée de de production, sans avoir
à démonter les capteurs,
lonnage (généralement une fois par an). Ils qu’au point de mesure et, après stabilisation, 0 à 5 °C, indique
ni arrêter la production.
fixent ainsi une consigne supérieure à la de comparer, à l’aide d’un calibrateur, la Christophe Tripenne,
température optimale pour le traitement mesure de température de l’étalon avec celle technicien en contrôle  Les consignes de régulation
sont revues à la baisse.
du capteur en place. instrumentation sur le
site d’Isbergues. Ceci  La durée de vie du four est
Un écho récent nous a permis de fixer une étendue.
Le produit existe déjà depuis une petite consigne de régulation plus  En évitant les surchauffes,
dizaine d’années. Le fabricant français a basse. » La précision du la qualité du produit est
déposé son brevet en 2000 et il a développé procédé thermique a améliorée et des gains
énergétiques sont réalisés.
sa technologie pour les thermocouples em- été améliorée ce qui a
perlés, les thermocouples chemisés et les conduit à une disper-  A noter encore, un gain de
sondes à résistance. « Ce n’est que depuis deux sion moindre des ca- temps pour réaliser chaque
étalonnage et pas de risque
ou trois ans que nous trouvons un écho favorable ractéristiques métal-
de casser le capteur au
Le capteur étalon est introduit dans la gaine d’une canne auprès des industriels, souligneThierryVigneron lurgiques, et donc à démontage.
pyrométrique pour réaliser un étalonnage in situ. (Pyro-Contrôle). Les exigences accrues des donneurs une amélioration ➜

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mesure des températures et son contrôle Les bobines d’acier au
durant cette phase contribuent largement à silicium de 7 tonnes
sont préparées pour
Pour tout process de température la qualité finale de l’acier électrique. Quatre subir le traitement
cannes pyrométriques équipent chaque four, de recuit vase clos qui
Les cannes Pyro-Contrôle avec étalonnage in situ sont utilisables pour tout trois dans la cloche et une dans la base. va leur donner
dispositif de mesure en température, que ce soit avec des thermocouples ou des leurs propriétés
« Jusqu’à présent, nous devions étalonner les quelque magnétiques.
sondes à résistance (Pt 100). Le principe de l’étalonnage in situ est simple :
200 cannes équipant les fours de l’atelier de recuit
• Ouverture de la tête de raccordement du capteur à vérifier ;
• Introduction d’un capteur étalon dans la gaine du capteur à vérifier, jusqu’au
vase clos chaque année au mois d’août durant la fer-
point de mesure ; meture du site d’Isbergues », nous explique
• Après stabilisation, mesure de la température de l’étalon avec un calibrateur ; Christophe Tripenne. Cette prestation, tou-
• Contrôle de la dérive du capteur par comparaison avec l’étalon. jours considérée comme longue et onéreuse,
« Notre produit se différencie par un dispositif qui autorise le positionnement du nécessite en effet l’arrêt de la production, le
capteur étalon toujours au même endroit et le plus près possible du capteur de démontage, puis le remontage, de chaque
mesure, précise Thierry Vigneron. Nous avons défini toutes les composantes thermocouple. Et la casse n’est pas négligeable
d’incertitude et nous pouvons garantir une mesure qui peut être qualifiée métrologi- au démontage. Aujourd’hui, Christophe
quement. » Comme chez ThyssenKrupp, cette technologie peut trouver sa place Tripenne recense les gains obtenus par la
dans toutes les applications de traitement thermique. Elle apporte également une mise en place de cette nouvelle méthode
solution pour répondre aux exigences particulières de la norme américaine
d’étalonnage in situ.
l’AMS2750-D (utilisée également en France) qui impose des contraintes métrolo-
giques pour les traitements thermiques des pièces dans le domaine de l’aéronau-
• Gain de temps : « maintenant la mise en œuvre
tique. La compatibilité de ces cannes pyrométriques avec des sondes à résistance est simple et rapide, seulement quelques minutes pour
(Pt100) ouvre leur champ d’application à des nouveaux process “basses tempéra- étalonner un point de mesure, un vrai gain de temps », • Gain du point de vue de la sécurité : la • Gain en flexibilité : assouplissement du
tures” (jusqu’à environ 400 °C). Ainsi, la chimie et tous ses processus de transfor- précise Christophe Tripenne. définition des nouvelles cannes intègre entre calendrier d’étalonnage. L’ensemble des
mations peuvent y trouver également un intérêt. • Gain en renouvellement d’équipement : autres une étanchéité totale à l’intérieur de opérations est programmé tout au long de
puisqu’il n’y a plus besoin de démonter le la canne, donc plus de risque d’échappe- l’année sur les fours. Cette souplesse contri-
thermocouple à étalonner, les risques de ment de gaz inflammable à l’ouverture de la bue à améliorer la traçabilité du produit.
casse sont ainsi évités. tête de raccordement. Marie-Pierre Vivarat-Perrin
➜ de la qualité en sortie. Parallèlement, la précision », rappelle Christophe Tripenne. La temps : trois à quatre semaines pour un cycle
baisse de consigne entraîne une baisse de fabrication de l’acier à grains orientés néces- complet. Parmi les différentes étapes de fabri-
consommation d’énergie, qui est en cours site un process spécifique. cation, celle de la recristallisation à gros
de quantification. ThyssenKrupp Electrical Steel grains de l’acier au silicium va donner à
produit de l’acier électrique. Ce terme désigne Pour un processus l’acier ses propriétés physiques particulières,
les bobines de tôles en acier à grains orientés. qui ne s’arrête pas en premier lieu une perméabilité magnéti-
Ces tôles vont former les noyaux magnéti- Elle se fait en continu et ne doit jamais s’ar- que. « Cette phase de traitement thermique concen-
ques des transformateurs de puissance et de rêter. Ainsi, l’usine d’Isbergues tourne tre un savoir-faire jalousement gardé », confie
distribution, des transformateurs de mesure, 24 heures sur 24. Le process est complexe. Christophe Tripenne. Le recuit en four élec-
des inductances, ainsi que les stators des tur- Il fait appel à des lois physiques et chimi- trique demande quatre à cinq jours, avec
bogénérateurs. ques, avec la mise en œuvre de bains d’acide différents paliers de température.
« L’acier électrique est un produit technique à forte sulfurique, l’utilisation de fours atteignant L’atmosphère dans le four est contrôlée : mé-
valeur ajoutée et sa fabrication demande beaucoup de jusqu’à 1 200 °C… Enfin, il s’étire dans le lange gazeux d’hydrogène et d’azote. La

L’atelier de recuit vase clos


L’atelier de traitement thermique d’Isbergues comprend 17 batteries de
4 fours (soit un total de 68 fours électriques) qui s’alignent sur environ
150 mètres de long. Les dimensions d’un four sont également imposantes,
ThyssenKrupp
Electrical Steel
en France
CODRA
environ 3 mètres de large et 7 mètres de long, pour 4 mètres de hauteur. ThyssenKrupp Electrical
Chaque four traite 6 bobines d’acier de 7 tonnes. Elles sont empilées par 2 Steel produit de l’acier
sur la base du four et recouvertes par 3 “chaussettes” métalliques. La électrique. Ce terme
cloche du four vient s’emboîter sur la base et constitue ainsi un vase clos. désigne les bobines de tôles en acier à grains orientés
Toutes ces opérations s’effectuent à l’aide d’une grue sur pont roulant. destinées à la fabrication des circuits magnétiques.
L’ensemble des fours fonctionnent Sous la marque PowerCore, les bobines sont livrées en largeur
en permanence 11 mois sur 12, standard de 1 m ou refendues en bobineaux à partir de
en parallèle à différentes phases du 15 mm. Les épaisseurs de tôles fluctuent autour de 0,3 mm
cycle de 5 jours ; certains sont suivant les produits finis.
en début de cycle, d’autres au quart Le groupe est composé de deux usines, une en Allemagne et
du cycle, etc. une en France implantée à Isbergues, dans le Pas-de-Calais.
Vue sur 2 bases de fours. Les bobines sont logées, Le site français emploie environ 600 personnes et produit plus
par deux, dans les “cloches” métalliques noires. de 120 000 tonnes par an de bobines d’acier électrique.

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