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A.

Soleiman Al-Kaabi
Il est un point du dogme musulman. reconnu par l'flf•
semble des courants de l'Islam et qui soulève pourt.,nl
des 1nte<togattons aussi bien chez les Chrétiens c1uo
chez tes Musulmans: il s·agit du retoor de Jesus .1 l.1
fin des temp$ dans des conditions miraculeuses et ût1
combat qu'il mènera contre l'Antechrlsl AlOfs quo 1.1
plupart des Occidentaux tgnorent jusqu'au fart que h
Musulmans reconnaissent en Jesus un Pr'ophéte envoyt1
POURQUOI
de Dieu. il peut leur paraitre encore plus étonnant qo9
cet évenement eschatologique. connu dMS la croyanctt
chrétienne sous le terme de • Parousie "'· existe êgtlte..
ment en lslê:lm S1 Jesus est un prophète ordinaire parmt
uoo multitude d 'autres messagers. comme l'affirme te
C0ta.n, pourquot cette mission particuUerement edifi.Jnte
lui est-elle confiée par Dieu a lui et non a d·autres PfO

DOIT-IL REVENIR?
phètes' C'est à cette questton essentieUe. que l'auteur
répond k:i en livrant une analyse théotogico~h1Sl0f1que
de cette question
ptus qu'un exercice de casuistique. cet essai perm4)t
de donner un éclairage islamtque a l'histoire contem· SBLON LA TRADITION ISLAMIQUE
pora1ne. de mieux comprendre les developpemoots d(•

~
roccK:lent •judèo-chretien •et de révéler.a travel"$ l~l
ligure singultere de Jésus. certains des ense.gnemen1.,
les plus essentiels de l'Islam

Ou mème auteur:
- SayfoUah
- La conquête de l'~gypto
- ~trangérS .'.a cê monde
- La voie des Nazaréens

' - Le califat d'Adam NAWA


A. Soleimon Al- Koabi

Pourquoi Jésus (~1) doit-


il revenir?
Selon la tradition islamique

Tous droits de reproduction, d'adapration


et de traduction réservés pour tOt1s pays

3il:mc édirion. © Nawa, 2015


NAWA
ISBN : 978-2-9 19734-21-4
Sommaire

AVANT-PROPOS ... .•.... ... •.. ,.... ................ ... .................9


INTRODUCTION ............................................. ......... 17

JESUS FACE A SES ENNEMIS ET A SES PARTISANS .... ........ 27


LE COMBAT CONTRE L'ANTECHRIST ...... ...... ... .............. 43
LES DEUX EPOQUES DE JESUS..................................... 63
Avant-propos

L'eschatologie est un domaine des sciences


islamiques qui est aujot1rd'hui très 1\égligé par les
oulémas. La raison principaJe de cerce négligence tient au
fait que l'isla1n est l't1nc des rares religions à ne pas
constituer une croyance «messianique », c'esc-à..dire une
croyance fond~e s ur l'accenrc d'un personnage ou d'un
évén.cmcnr qui metrrnir fin à l'histoire en résolv;1111 tous
les problèmes qui se posent à l'hun1anité. Sur ce point,
l'lslam diverge donc nctrcn1ent des aucrcs spiritualités ou
non-spirirualîcés (les idéologies séculières: progressisme,
mao:jsmc ... ). Con.cernant les deux aucrcs
« monothéismes 11, ils sont caractéri.sés par un messianisn1c
crès marqué : le judaïsme inspire aux Juifs l'atcencc d't1n
Messie et le christia11îsn1e Gonccntre les 01rétie11s sur
l'acccntc de la scco11de vcnt1c du Christ, appelée
égalcmcnc Parousie. Dans ces deux religions, l'attente du
MeS:Sie et du Christ constitue ur\e finalicé majeure de la
pra1iqi1e religieuse de ces fidèles.
Cependant, l'absence de mcssianis1ne cr\ lslan1 n'a pas
empêché notre Prophète (ti) de rév~lcr certaines
caraccérîsciqucs de l'ordre mondial 1rès particulier qui doit
POU'IJUOÎ }lrw (.~) d()lt·il rrwnir? A. Sole1.,na11 Al·KAabi

émerger« à Ja f'in des cc:mps •.Ainsi, la Sunna contient un soumettre ses actions à des présages et des oracles est l'une
cnscnlble de hadiths qui prédisent des événemcncs futurs des caractéristiques q1.1c le Coran attribue aux grands
et nocamment CC\LX « des derniers temps» (âklJin1 11z- tyrans et aux hérauts de l'impiété. Le texte coranique nous
znrnât1). Ces hadiths nous informent du retour de Jésus, offre l'exemple de Pharaon qui f:1it luer tous les enfai1cs
de l'apparition d'une figure mondiale maléfique, mâles hébreux en prévision de la naissance d'un homme
l'Antéch rist, ainsi que d ivers conflîts apocaJyptiques qui qui fera vaciller so11 pouvoir : {Souvcna-vou.t du jour où
diviseront l'liunlanicé. Mais pour autanc, ces t1:idiths Nous vous avons délivré des hommes de Pharaon qui
n'incicenr nullement les croyants à • attendre » ces vous faisaient endurer les pires sou.ffn.nces. li immolait
événeme-nrs et encore nloins à :i.gir en prévision ou de vos fils et il épasgnaü vos filles} [Coran 2/49J. Mais en
manière ~ les précipiter. L'Islam enseigne au contraire ~ agissant scion des oracles. en voulant devancer le futur. le
ses fidèles de ne placer leur espoir délinicif qu'en !'Autre Pharaon crée lui·1nè1ne les conditions de sa propre perte
Vie et ne voir dans l'exisccncc présence qu'une épreuve puisque le massacre des nouveau-nés oblige la mè.rc de
passagère où l'état des âmcs se révèle au grand jour : Moïse à abandonner son e11fa1lt et le faire élever à la cour
[Nou.s avons omé cette T erre de toute .sorte d'apparats, du grand souverain, 13·même ol1 il sera préparé pour sa
afin de révéler qltl d'entre eux .seront les plu.s nobles future missior1 : {Quand Nous avons inspiré à ra mère cc
ag;ssanrs} (Coran 18/7] qu.i suit •· ..: Dépose ton fils dans un coffret et laisse ce
L'islam nous incire donc à .. bien agir ,. selon les dernier flotter sur les eaux qui le rcjcttc:ronc sur le rivage.
enseignements de la. révélation, sans vouloir devancer les là un ennemi à toi et à lui le: recueillera »I [Coran
sigries, ni les précipiter. En un mot, résiscer contre la 20/38·39}
tentation messianisre car la fin.alité de ces prédictions esr À nocre époque les d irigeants des pays occ.identaux font
précisément de comprendre le monde, son preuve d'une accirude similaire: obsédés par la
fo ntcionnemenr pour pouvoir se placer et éviter les pr~crvarion de leur domination mondiale, inquîecs de
écueils. l'é.mergence de possibles rivatuc dans les dtce1111ies à venir,
D'ailleurs, la .. futurologie •, ou le faî1 d'agir dans le ils se sont lancés dans des guerres parcot1t dans le n1onde
présent en fonction d'événements fi1curs, le fair de musulman el au-delà afl11 de détruire à la racine ces

10 11
Pourquoi fisus (.'/!ri!J) doit·il ~w-nir? A. Solri1nan Al~KAabi

mcnaçes potentielles. d'élimi_n er des régimes avant q u'ils ne font qu'accélérer leur pcne en créant les conditio11s
ne prennent de l'ampleu r, tuer le nouveat1-né avant qu'il nécessaires à l'émergc11ce d~une réelle prise de co11science
ne devienne adulte. L'élaboration du concept de «guerre « anti·i mpérialisrc)) dans le monde must1lman Cl do11c
préventive» pour justifier œs différentes agressions d'une résistance.
traduit cette volonré de devancer les événemenrs cr Pour preuve enfin, que le messianisme est rejeté en isla1n,
d'assurer la pérennité de leur empire sur la base de nous remarquons que seules les paroles prophétiques (et
"prédictions,. et d'anticipations. Cenains documents donc la Sunna) mentionnent explicîtemcnt les
prouvent que le président Bush en 2003 a eng;igé son événements eschatologiques. Le Coran ne: parle de
pays dans la guerre en Irak en se fondant sur ccnaines l'Ancéchrisc, d t1 retour de Jésus cc aucrc que de manière
intc.rprétalions de la Bible' . Plus générale.ment, les indirecte cc allusive. Cela prouve que l'cscharologie esr
responsables politiques occidentaux s'en rcmertent de plus mise au second plan en i.slam. ~ seul futur dont parle
e.n plus à des analyses prévisionnelles cr anticipatoires cxplicirement le Coran est la « vie furure "• l'Autre vie.
pot1r orienter leurs politiques étrangères. Pourtant, l'au..dclà. VoiJà donc tOUtC$ les raisons qui expliquent la
comme pour Pharaon, toures ces ge.srict1larions miliraircs méfiance justifiée de la grande majorité des doctes
musulmans envers l'eschatologie.
1
" le prlsitknt Jn E111t1·Unis i'voq11l Gqg el Magog dans Mlir
111t1l1 Pourtant, à une époque comme la nôtre où une grande
eo-n1..rs11tio11 111.-e J•eq11es Chim<. la Ji1<141Î6n ~riait
'"' /#('t~ali1I "" partie de ce: qu'on appelle •signes mineurs .. $C sont déjà
PrrKIJe..Orimt. ApM avoir tXplilJ"I q11 îl IJtlYtZÎf Got n J.fll$1Jt .a li.ruv", réalisés et que certains des aspects les plus significatifs des
G('()rge W. Bwh a 11jqutl '!"' ln prophltia bibliqun !1.1lm1 en ""in de
t41'tiN1tpllr.•. bouleversements introduits par l'Occ;ident dans la vie des
/. . .} Cme ''''"f1'1'11ÎOn, 'flÛ pmta eJt<ort sur /'ae tlu mal, rut lir1111u dlbfft êtres humains se font ressentir, comme a11noncés par le
2(J()j, qutfq11n w1utinf111it1nt lin1trvmlion amlriraine nr /uk. Gttnge W: Prophète (~). l'cscharologic ec l'écudc des •signes de la
Bu;h ttnJait 11/nn. ""'fois dt p/w. IÛ eonvainrreJaequn 0Jlror dt k 1ui11"
âan1 U.111 "oplration/USlt t11111e: • fin des temps » prennent alors une nouvelle dimc.nsion.
{M:iga:üoc • Allrt savoir • numéro 39. scpce1nbrc 2007. p3) L'întérèr de ces questions eschatologiques au sein de la
1
Scion l int«ptha1i<>n de Bush, Gog cc M:1gog C$t une grande C'CXl.lition de réAexion musulmane ne réside pas dans l'exposé de fuits
pcupks musulmans ro1urc Israël. d'où l:a n&C$$ité de combautc c1
et d'événements précis annoncés dans des prophéties,
dEtruirc Cti P2)'141wnt qu'ils n':.n*)uO'l( l':illié dC'S USA.

12 13
A. Sofei,,utn A/,.Kt111bi

n1ais vise plurôc 3 comprendre la « réaliré du monde• qui révélées qt1e seule une partie des lcc;.1e11rs accréditera. Pour
se déploie 3 lravcrs des rapporcs de fo rce évoluant e.c se autant, cette lecn1re n'excJura pas le non-rnusulma1\ qui
renouvt"lanc é1'>oques après époques. De cc point de vue pou rra ainsi s'initier à la pensée musulmane sa1ls la
là, l'eschatologie musulmane. permet de donner un sens médiation perverse des islamologt1cs. Cela leur sera
aux événernents qui seoouenc notre monde, en replaçant d'autant plus aisé que cecce analyse incorpore des
cette actualité dans le te1nps long de l'histoire humaine. élémc1tts historiques et des observations rationnelles qui
Elle permet de prouver toute la validité du corpt1s viennent se superposer st.1r les données révélées. En
islamique cc surtout sa supériorité sur les au1rcs systèmes mettant ainsi en reflet Raison et Révélation, nous
de représ.entacions (religions ou idéologies). En effet, seul espérons redonner vie à la véritable méchodologie
le corpus de l'Islam esc capable de se superposer sur la islamique~ celle que rtvcndiquaic Ibn Taymiyya en son
réalité du monde cc d'éclairer ces événements historiques temps : . raccord de la R:tiSOJ\ cc de la Tradition .. 1.
e1\ leur donnant sens cc perspective.

Plus précisément, la question de J~us qt1e nous allons


aborder dans cet essai et surcouc la questio11 des « deux
époques• de jésus, pcrrner d'orienter notre réflexion sur
la réforme ·véritable 3 apporter au inonde musulman.
Notre époque, no1J.S le verrons, est comparable en tous
points à celle qui précéda la présertce de Jésus parmi les
j uifs. Ce dernier nous offre ainsi un puissant modèle
prophétique qui nous perrncr de réfléchir sur les défis de
notre présent par l'observation du passé.
Il convient d e préciser, enfin, qt1e la méthode employée
ici pourra dérouter plt1s d'un lecteur. L'analyse n'est pas
•rationnelle ., e.1\ tant qu'elle traite d'un sujet purement
religieux et qu'elle se fonde uniquement sur des sources JVoir k livre J 'Jbn i ·ayiniyya i C\" sujet : ln rifotati"n Jr J.1 unrradi<1ion
n1trr Mi1on 11 trlklirio,,.

14 15
INTRODUCTION

Le retour de Jésus à la fin des tem ps cc sa m ission de


combaccre l'1\ncéch rist sonr des événements attestés par
les sources musulmanes cc rcconnu,s par coutes les
1e11dances de l'islam. Cc point de 11orre croyance soulève
en revancl1e une interrogation s11r le statut de Jésus en
is lam. S'il n'est qu'un simple prophète « se1nblable à ceux
q ui le précédèrent ... pour quclJc raison cette mission
n1iraculcusc cc hors-du-commun lui csc.oellc confiée à lui
c 11 particulier ?
Cerce question n'a pas manqué d 'êt re instrumentalisée p:1r
le pros61yris-me chrétien qui souligne cous les mirac.les cc
les car:iccéristique.s uniques que le Coran luî~mên1c
attribue à J ésus cc qui prouveraient, selon ce discours, le
statut « d ivin • ou du moins supérict1r de la figure de
Jésus jti.squc dans la lirurgie musulmane.
Cette question est d'autanr plus pc-rcincnte que ces mèmcs
sources islamiques affirment que Jésus sera charg~ de
combattre l'Anréchrisc, plus grn11de épreuve cr plus grand
désastre de touce l'histoire de l'humal\icé, oommc le
dtcrivent plusieurs hadjrhs : « Depuis la crllllion d'Atlam

17
A. Soûi1n11n Al·Knabi

jtuqt1'1111f011r du J·11gm1n1t, il n Y a pas d'événement pl.11.1 Au Moycn~âge. un évê<J.t1e libanais avait réd igé un p<tit
imp<>rtn11t q11e /'apparition de l'A11téchrût • ' · t raité défendanr la foi chrétiennc4 • Il prére ndait repre11dre
Oc la sorcc.• la personne à qui il cs1 confié de comba11re des élémc1\ts du dogme mt1sulman) com1nc la
cette menace suprême contre la Vérité doit rcconnaissa1\ce de Jésus (~}. pour prot1ver la supériorité
vraisemblablcn1ent êrre considérée comme supt rieurc aux du christi:tnisme sur l'islam. Dans son livre • Rlpon1t-
autres prophères. On pourrai1 en conclure qt1c l'islam lui- iclara11tt à ce11x q11i tstamotèrt-nt la nligio11 d11 Christ •. Ibn
même arrcsterait de la supériorîré de Jésus sur le Propll~te ·raymiyya répondit à cet at1ceur cr indiqua qu'il était
Muhammad (~) et e11rre.rait en contradiction av« de abs urde- pour un ch rétien de fo nder son argumentation
nombrel1$CS paroles prophétiques qui, cout en sur des élémenls de la religion musulmane, qu'en tanc que
reconnaissant à Jésus de gr:;lnds mérites, m inimisent son chrétien, il démcn.rait par ailleurs: ,, on 11t pt11t fonder 11n
rang spirirueJ par rappon aux autres grands prophètes : raiso11ntmtnt sur t1n illmt-111 qu On i11validt nu pria/.abk • 5
Muhammad, Moise ou mème Abraham. Ainsi ]es cii1q Mais au..delà de cette question mé1hodologîque, il nous a
plus grands messagers de D ieu d'après le Coran et la semblé utile d'écrire un traité expliquant les raisons pour
Sunna sont Muhammad (~), Noé (i!i!l), Abraham ~'t;il). lesquelles Oiet• confia à Jésus la mission de revenir sur
Moise (it;iii) cr Jésus (it;ii). Dans les versers cirant T erre à la fin des temps, et ce dans des condicions
ensemble cc groupe de prophères, J tst1s vient miraculeuses puisque les textes auchenciqucs indiquenr
sysrématiqt1ement apr~s les quarre autres : ILorsque qu'il csc coujours viv;1nt, qu'il descendra physiquement du
Nous prîmes le pacte des prophètes : le tien, celui de
Noé, d'Abraham, de Moise et de Jésus fils de Marie} • Oant sa préface: du llvrc d'Jbn Tayn1iyy.i.. s~ïJ hnr.in i1uli<1uc que
(Coran 3317) ou encore : Ill a é12bll pour vous les règles l'auteur de ce tr.iité écai1 P:a-ul J'AntMx:hc, ~UC' de SidOfl, (O:i.r 21·
de la religion scion les lois qu'll imposa à Noé, puis de Hadilh - Le Ôllrc)
ce qui te fut révélé et cc que Nous enseignâmes à > L'auteur cxpliqlUit <1u'il csc 2l»u1de pour Jcs duiti('n$ de déduire l:i
supériorité Je Jkus su.r ,\'1uh:u11m~ à Jnrlir J 'un é~m('flt de l'i.sl;,un dont
Abraham, Moïse et Jésu.sJ [Coran 42113)
ils ne rC'Q()n n:.i~n1 p::is 1'2u1hmricitè: • il ett il/qg;t/Uf pqur m t'l!rlt1'rm d~
tl(tu/oir P"'""" "1 n1/i"1tl J, kur rrllglttn J p.1r1ir du Cora" ~•
• Al-Ja1t4I> A1-Sahth /i,,1nn Bad<Wla tlin Al·/.1aJih • (lléponse écl:uantc 3.
' Hadhh 1SS d'2près ' lrndn ibt-1 H ~)'n ceux qui ~1n0tèrcnt b rcllgtoo de jésus) ~ Ibn T 2>'1niyya. p34·3S

18 19
Po""'f"ol jlna (~) Joit·il ffllmir ! A. s./ri,,.,n Al-Kubi

cid pour mettre- fin au règne de l'Anttdlrist avanr Un illmmt av/ri Ju Jog'"• m,.,,,/man
d'instaurer sur Terre une socitc~ juste, tout ceci
conform~ment à la d<>eription que le Coran fait de J<sus, Oc nombreuses sources islamiques me.ncionnrnc cet
un •miracle pour l'Univers•: tRappclJo-coi enfin celle év~nemenr miraculeux t't insistent sur sa véracité. Le
qul avait préservé sa chasteté et en quj Nous avons Cor:1n affi rme que Dieu($( intcrvcnt1 pour q u'u11 sosic de
souffi~ de Notre esprit, faisant d'elle alnsl que de son flb Jé$t~s soit crucifî~ 3 sa place et que son Mess:agcr soir ainsi
un miracle pour l'Un ivcn) [Coron 2119 1J épargné. Jésus fut ensuite élevé dans le ciel: IEt lol'5quc
li csr important d'érudier œ ttc docrrine, pas seulement Dieu dit: « ô Jésus, Je mets à présent un terme à la
pour r~pondrc aux allégarions mensongères, mais surtouc m_ission, Je t'élb-c vcn Moi et Je t'épargne de aux qui
pour comprendre la réalité de notre monde et du combat ont m&:ru •l ICoran 3/SS)
p<rmanent qui $C déroule cnrre deux camps inMuctiblcs : Il cs1 donc toujours vivant auprès de son Scignet1r,
ceux qui profC5$CJlc l'uniciré de Dieu et sa souveraineté atcendanc son retour sur Terre ~ la fin des temps-. aprà
sur le monde et ceux qui veulent F.aire de l'humanicé le l'apparicion de l'An1lchris1, qu'il con1bartra et qu'i] cucr;a,
centre d'cllc·meme., son propre dieu. Ain.si, le sratut de Ensuite, il établira une soci~t~ juste ~ prospère comme le
J~us et celui de son contraire, le fa ux·mcssic, r~vêlcnr ropponcnt ces paroles du Prophète (iij) : «li 1'n1 fout J,
ccrrairis des cnseignemenrs les plus profonds de l'islarn. peu que k fils Je Marit 11t dncnult parmi vous et qr1'il
llépondre ~ cette question ne rel~ve donc pas seulement rVg11e m souverain juste n lqu.itabk. Il briwra ln croix,
d'un exercice de casuistique, mais pcrmcr .surtout de IUntt k porc d abrogmi ln MJ!Ïlation (fiz:ya). Il*''"''"
d~oilcr les grands principes qui r~isscnt l'rustoir< la ri.chasn juspi'à tt 'l"'i/ "e 1e '"1flw pnsonne pour ln
humaine cng.agtt dans un rappon de rorcc entre deux ..-pur. Et ,,}qn fa simple J>rwfmuùÎ()n "'1JU J>4TIÛtm
modèles con1radiaoires. J>lu.1 Jmrabk qw Li l'lit ''''''"w,, tt 'l",Jk œnrintr. • '
D'autres sources déaivcnt la période paisible et heureuse
de la société musulmane '°w
le r<gnc de Jésus (~) :

• H3J i1h rJppocté pir AL·Buld1Atl n Mu~iln, sclOfl k témQign~ d'Abu


li ureyr:i (.J>.).

20 21
« }ltu1 dans mA nn1io11, #'rrt "n juge bplitabk et un rtg.anr "Ion [,, bti tk 11orrr l'rophitt Mulmmrnad (lk}.
souwrnin (immn) j1ute /.•• ) il n.tppritnnw kt cnpitntion ~t paix tl $a/11t de Dir.u tur /11i, t t Mmbattanl P'"' le T"s·
l'm1m6ne lig11le (ZaltAt) l[llÎ ne'""plus prlleuio 11/ tur ln l1n11t. Cette crO)'anre s'nppuit 1ur /r$ paroks rlpl tlrs du
ovi111J ni mr lei ch11t11~nux. La haine 11 û1 jaloun'e Propl1ftt véridiq11t t t lts versets dt Dirt1q11i 11./finntnt qur lrs
tlispnmitrtmt tle la suifntt Je la Tarr ainli pie 1011tn la juifs llt parvinrent pas à lt turr et que o;,,, l'lftVtl jusqu a
1011rrn tk -iflits n tm wrm le jeune mfan1 mettre la Lui : {Ils 1u purml le tuer ttrtihuk 0 Mais Dieu
Ill'«
main à la lxn«IH Ju snpnit smu qu'il ne tlHr<IH à le /'Jlewt _.,/,,;/. [Cor>n 41157-158) Le 1t1ourdcjésw «
m,,,.,{,y, la paitrfille provotpU7'11 le lion smu '1" 'il ne lui son <tutorité sur la musulmans constituent ainsi le
/IV# Je tort n la '4up1 ....,ni tels la cbinu J 'un ~nu couronnement de l'histoire ck l'isla1n : « Dt'eu
milim tl11 troupmu. Ln Tnre swa nnplie de pni.x t'01nme ,1111bnnJonnna pas utre communautl Jo,11 je rui1 le
le rkipimt '" rempli J't1111. La concorde m-a gb1bnle et fo11tlateur et Jo11t jinu nt le terme. »8
Seul Dieu'"" nJorl. La triw sem univerttlle {... / <t la Certains 0\1l~mas ont égp.lcmcnt déduit le rclour de Jésus
1"trre Nm telk u11 plat Jitrgent proJuisant m nbo11ânnce ~ parrir de plwicurs versets coraniques, tds que : IEt: il
tla fruitt tk toutn sortn t<tmme jnJis nu tmt}'I J'AMm. parlera aux hommes au beraau puis à 1'~ mCirl [Cotan
11.11 J"'Înt '!"'wu~ tU raùin ou wu f'Y""Â1 }HJll1'f'tmt 3146) ou : [l..o~ue Oieu d;t, ô Jésus lils de Marie
rru:llUÏrr ttntt wn f"'"~ tl'/>0mma.•••1 souvit:ns. . toi des faveun dont Je t' ai comblé ainsi qu'à ra
Par aillcur$, Al-Bukhàrl rappone œ court hadi1h scion ~nir.ricc, quand Je t' ai renforcé de l'esprit saint et que ru
diff~rcntes chaines de tr:.nsmission : « Ctmtment ngr·~ parlas aux hommes danJ le berceau puis à l'â,ge mûr}
llOllS lo"''I"' jésus fils de Marie Jetttndrft J"'rmi """' et [Coran 5/ 110)
'JU 'i / gou..11emera ! ». En commentaire de cc },adith, Al Il csr admis par la pll1parr d(S chroniq uet1rs Cf des
Chanqi1i dédue : • La "ligion impost de rroirt qut }hus spécialisr<S du hadi1h que Jésus aéré élevé au ciel à l'ogc
fils dt Marit nt roufaun •imnt fas<iu'tî nolrt lpoqut de crente·trois ans. Or, le terme arabt' • KAhl •, 1ndui1 ici
prfs<ntt tt qu'à bt fin dn ttmps, il dnundm /Ur Tn<r, inr • igc mûr •• désigne en arabe la pé<iode de la vie qui

' ln sipa tk ûfin Jn lnlfjH. l\adhh n•186. RaPJ)l)né iru Ibn Mija, lo<'lon 'Rli>pcw•~ p31 Ibn 'Asitir. )(k>n Ibn 'Abbls. ln s;pn M IA fin tin trmps.
le 1bnoignJgc d'Umm Sharllc. hatihh n• 193.

22 23
débute après l'~ge de tre.nte-.crois :ans. Ces '\'Cf'SCtS font d ifférentes de ct>llcs des chrétiens sur le retour de Jést1s
donc allusion au f.1it que Jésus reviendra sur Terre pour (~). puisqu'il vient ~ la fois rétablir IA vér·ité sur Sà
conrinuer sa vie à partir de cet lgc-là. personne contre ceux qui le divinisent (les chrétiens) cc
Dans cet autre venet. Dieu dit: {JI en at parm_i les gent ceux qui le calomnient (les juifs) et qu'il vient comb:attrc
du u~ qui auront foi en lui avant a:a mo n ~tau jour du le grand imposteur : I'Antkhrist.
j ugement il témo ignera à leur encontre} (Coran En rbumé~ Jés:w revient sur Terre pour faire facx à ses
41159) Cc verset :affirme que œrtains individus au.ronl foi décractcurs comme à ses adeptes ( 1) ainsi que l'indique le
en Jtsus avant sa n1ort r~cllc, cc qui suppose qu'il revienne li:adith rappor(~ par Shahrta ibn Hawsh:1b 0\1 i1 est dit que
d':abord à la fin des temps, ;avant de n1ourir. des anges sont ch2rgh au moment de la mort d'un juif Ota
d'un chrétien de les informer de l2 véritable fonction de
}bus'.
Poun·ant ces deux excès con1radiccoires incarnés par les
L'hostilité des juifs c11vcrs Jésus et sa dénonciation auprb religions juive et chrétic:nnc se conjuguent finalrment en
des autoricés ro1n:1iilts a inccrrompu sa mission. Lui qui un seul élément fo ndamental. Malgré les tensions
avait écé envoyé pour d iriger le peuple éltt cc r~formcr ses séculi~res qui les opposent, ces deux c:.roy:.ncc.s 1ravai)Jent
pratiques, est monté atl ciel sans même avoir entamé &on en effet toutes deux i leur manière à l':app-.irition de
mandat de dirigeant et de ré:novateur. l'An1lchri$t (Al-MtUJih Ad-Dllffe/) qui n'es< auire que la
Or. comme nous l'avons vu dans les précédcncs hadiths. 1 contre.façon du Christ. son contrait(, Jésus aura donc
son retour il gotivernera une société lsl:amique parf.aitc et prki~ment pour mission de combattre cet être qt1i lui
&iuirable. accon1pliss:Jnt ainsi sa niission de Roi-messie usurpe sa mission de Messie et de guide spirit uel (2).
:aupr~ de la véritable n:ttion élue de Dicta, les musulm:u1s, Enfin. !"époque à loqudle sa mission prophétique se
qui n'ont pas, contrairement aux juifs, trahi leur alliance déroul:t prbcnte de trts nombrcu.scs similitudes 2vtc
avec Dieu. ni ttnié Ses prophètes.
Par 2illcurs, l'étu<k des hadiths qui mentionnent lt> rtc·o ur ' Ln J.i°*"" tir llfi11Jn1n1tf4 pl-'9. li dt rappon~ u.n di:a. cncK V.
dt Jésus :appone cnoort> d'at1trcs cxplicacion.s bien Hajjàj. gou~"C':rnnu J 'lr.tk tQUS la dynasttc OJ''()'ack C'' le 1Moilogicn
Sblltuu ibn Hawshab qui 110irn1;iit «.la.

24 25
Po"rquoi jln1.1 (iAiB) doit-il ffllnlir !

l'époque acrudle. Les rapports de force mondiaux er plus


précisément l'état de confronrarion encre les adepte$ du
message révélé et leurs ennemis q ui prévalaient à t•époquc
de jésus se rapprochent cil: efîc·r de la situacio1\ mondiale 1
qui émerge acrucllemc.nc. cc qui nous permet d'éme(trc
JESUS FACE A SES ENNEM IS ET A SES PARTISANS
l'hyporh~sc que les deux p résences de Jésus sur Terre
s'effectuent dans des conditions similaires et pour lc.(ô
mêmes objccrifs spirituels (3).

li est avé.ré scion les sources rnusulmanes que Jésus


reviendra sur Terre dans des conditions surnaturelles et
qu'il :-iura encre autres la mission de tuer l'Ancéchrîst.
O:rt.ains chrétie1\S considèrent que ccnc pani<."Ularité de
Jésus témoigne de sa supériorité spiritttcllc sur les at1tres
messagers cc prophètes, voire 1nérne de sa divinité.
Or. dans 1·cnseigncmcnt islan\ique cette miss·1on
spécifique 1l:•est pas présentée comme t i n honneur
particulier qui lui ,serait fait cc qui fera,it de lui un être
St1périeur. Le retour de j ésus ne peut pas être înrcrprété
com me tel car cc qui molivc cctlC mission, ce sonc les
conditions particulières auxquelles Jésus a dû f.1ire face
loue le temps de sa prédication et de son mandat parmi le
peuple juif auquel il avait été c1\voy~.
E1\ effet, le destin de Jésus est unique, il fut violcn1mcnt
démenti et 001t1battu par les uns (les Juifs) qui tcncèrent

26
mémC" de l'assassiner et qui a.Jomni~rcnt à son cnconrrc (n"21). O:rre sour.ue rdarc le rtcit d'Abraham <r des
de la pire des F.w;ons. puis il fut exccssivc-mcnc cn~ par prophètes qui le s11ivirenr : INous avions aupa.rav.a.nt
la: autres (les chrétiens) qui en vinrent à le divini~r. L:t indiqué i Abraham la bonne voie car Nous savions qu'il
panic,ulari1~ de Jésus parmi la n011ion des proph~ccs csc en était digne} (C.omn 21/51), puis viennent les rois·
donc d'avoir é1é l'objer des cxcà lc.s plus violents, aussi prophèccs d'Israël : 1Souvicris~1oi aussi de David et de
bien de 101 p01rc de ses détrnc1curs, que de ses par1isans, Salomon quand il' orll c:t1 :\ rendre u.n jugement... l
co1nme l'indique ce verset du Coran : {1'el est, en toute IC.oran 21178), jusqu'à Zacharie: (Et Zachllric aussi avair
v~rit,, Jbus* fils de Marie, qui fut encore l'objet de tanr ~ à son Seigneur cenc prière .•. ) [C.oran 21/89):
de quucllc.t) [C.oran 19/34) puis son fils J<an·B•pti"e ( Yno/•) (Er nous l'c:xau?mcs
La •querelles • t>t les passions les plw démesurées St" son1 ~cmcnr, lui donnâmes Jean pour 6ls•.•} [C.oran
d«hainics 01u1our de lui. c1 malgré lt1i, au sujet <k sa 21190) Et enfin, Muie et son fils J&us : (lùppelle-toi
prrsonnc c1 conduiront tow ces querelleurs à leur enfin œlle qui avait prUcM sa chasteté et en qui N ou.s
perte. comme le rapporte cet au1re verset de la sour.atc a'VOru soufllé de Not«: cspric, &itant d'elle ainsi que de
• M•rie • qui fair suit< à Io descriprion de J&us : [Pu la son Ais un miracle pour l'Univers) [C.oran 21191) L..
St1ite, les fuctions di~'t'-rgèttnt entre el_lcs. Malheur donc SOltrnte se poursuir en nlontrQl'\l que ccctc communaucé
a1tx r1q;ateurs, lors de leur Comparution en un jour primordiale de croy:tn1s :\ laquelle les musulmans sont
terriAanr) [C.oron 19/37) • ffil iés, a volé en éd" à p•rtir de la prophétie de Jésus :
En se disputant au sujer de cc proph~tc, Juifs et Chrétiens ICcrtcs cette communaut~ tt.Ugicusc qui est la vôtre est
0111 f'ait voler en éclar la • tr.1dirion d'Abraham •. sa voie u.ne Kule e.t même commu.na.uté et c'est Moi votre
(mil1At11 ihrihim) qui s'ér:aic poursuivie à travcn l'hiscoirc Seigneur que vous dcva. adorer • O:pcndanr, les
avec la Krie ck prophètes et d'avcrriueurs envoyés aupr~ hommes onr brisé ka: liens qui les unissaient, m.ais quoi
da Enfanc• d' Israël (&znli isn/11), La prcmi<rc venue de qu'il co soir, c'est vc.rs Nou.s qu'ils feront tous tttour}
Jhw cc les querclJcs à son sujet ont donc constitué un (C.oron 21192-93)
tourn:1nr majeur dans l'hi.stoire humajnc, comme En eJTcc, as passions con1r:1diccoircs one conduit les dct1x
l'indique l'archicccrurc de la soura<c •des Prophèccs • commt1naucés à s'affronccr pcndanr des siècles et !a
entretenir des rclarions houleuses: {Les juifs de dire "tes

28 29
P~urq"ol jltw1 (~ JoiJ·il rrwnir ?

Chttricm sont d2N l'<rT<Ut"' <t les Chtttiens de dùe En abrogeant cc d roi1, jhus mettra donc un renne à ces
'"La Jul_f.s sont dans l'cnew", bien que les uns et les deux ttligions qui lui font injure aussi bien par leurs
autres poss~dcnt les Ecriruns •.• J [Coron 21113) Ces calomnies que par leurs ~loge> : • li "'"" Ir port:, il
ads. qu"il s'agi>Sc du mépris à l'égard de Jésus ou de S3 /Jrim-a la croix, ripanAm l'nrgn11 tt DilU nuttrn fin m
glorifiarion exagérée onr eu des cons&tucncc:s hiscoriqucs son tnnps à tous ks cuita l1<»'111h l 'islani•.• • ' '
consid~r.ibles, bien plus im port':lnccs q ue les autres aspcas
des croyances juive et chr~ricnnc. j lsus fllll à stt ennemis: ln ]11ifi
ÛS conséqucnCC$ dé$ast reuscs dont J~u-J csc
involontairc:mcnt la cause, sonc la prcmi~rc NÎSOn de son La plupari des proph<ics que Dieu envoya à l'humanitt
retour car il vicnc rél:ablir la justice cc la véricé que les Jujf_s .subirent des ~prcu\•C$ terribles : ils furcn1 dé.mentis par
cc: les Otraicns onc bafoutts au nom de .u pcnonnc cr leurs pniplcs, oppressés. bannis, parfois ruts. U..r
mcrtrc fin à as deux religions. suphiorit~ spirituelle les a exposés aux épreuves les plus
Cerre lucre de Jésw contre Id cxcà dont iJ csr la sourcc gr•ndcs qu'il fui déa~tt à des hommes de subir. One
est couronnée par son • ::tbr~tion de la capicacion • •loi immuable• de J'hisroicc humaine (sunr1atu Allah) est
tncncionnb: dans nombre de hadiths : tt l i brisera ln mcntion11éc dans le Coran : tN ous avons a.s,,igné à
croix, h1nY1 /~ porc et nbrogem /11 cnp1't11tion ». La chaque prophète des en11e1nis d~rnonlaqucs apparterianr
capiracion ou jyzin est la parricip:a1io1l fi nancière à la à la race des hommes et à celle des Djinns, s'appuyant
sb:urit~ colltti ivc, qui autorise les nlinorit~ religieuses les uns les autres par des paroles vaniteuses) !Cor.in
non musulmanes à vivre en ccrrc d'islam cc d'y pracjqucr 611 12) ou encore: !C'est ainsi que Nous anribuimcs à
libremcn1 leur culic, au premier r.ang dcsqueUcs les chaque prophète un ennemi parmi la criminels. Mais
communautés juives cc chr~ienncs••. ton Seigneur suffit comme guide et comme soutien)
[Coron 25/31)
Comme la mission de J~us consisc:ait cn1rc autres à
r~former fc judaj·smc Cl 3 :IJl'JChcr le peuple juif de son

Hl Pour apfl'Ofondlr c~ sujcc. voir ~ Ahkâ1 " 11/tl AJh.l)l,,·,,,,ltll • (Le: droit
drt pmrég,.s) d'lbn :iJ-Qani1n aJ Jaw1.iyya 11
l,n 1iprn Jr !Afin dn tm1p1, hadhh n• 1?2. J'~prbAbù H ur.&yra.

30 31
A. $.oleirnan Al·Kaabi

égarement, iJ a dû pour cela subir l'hosrilicé que le$ de Aaron! Ton père n~a jamais été Wl homme dépravé,
enf.1nts d'Israël éprouvent à l'ég:ird de tous les envoyés de ni ta mère Wle femme débauchée.} [Coran 19/27-28) e1
Dieu : (Chaque fois que se présentait à vous un prophète plus précisément a\l sujer des juifs : {En raison de leur
qui ne satisf.Usa.it pas vos penchants., volU vous infidélité et à cause de l'ignoble calomnjc qu'ils ont fait
cnorgucilliS5icz; vous démentitt les WlS et vous cuin les courir sur Marie} [Coron 4/156]".
autres} [Coran 2187) Jésus conl.bacrra donc les juifs. Certaines sources décrivent
J~us, ulcime prophèce e nvoyé au peuple hébreu, a subi les un combac fin al où les crO)"'.ntS, guidés par Jésus,
deux rraiten1enrs mentionnés dans cc verser (• vous affronteront l'armée de I' Ant~christ composée
démcncitt I~ uns cc vous tui~ les autres ») puisque les essentiellement de Juifs comme nous le vcrrOrlS dans la
juifs l'onr à la fois démenti er combattu. lis one en effet seconde partie : «Dieu m~ttra /eJ juift nJ J/r()ut~ et fora
renié son s-ratut de J>rophètc er de Messie pourtant parl4r tous ln llimmts tkrrière /esqU<ls les Juifi se
annoncé dans la Thora, mai.s ils ont ~gaJeme-nc renié de tlis:simukro11t / .•.j Ils diront : ''Ô servit~ur de Dieu, ô
l'assassiner. l is le dénoncèrent aux autorités romainC$ avec mruulnaan l Voi/.à 1111 j11if, vims tl h1#!-le !'' » (Rapporté
l'espoir qu'il soir crucifié. par Ibn M âja).
La furie des juifs à son cnconrre était inouïe et maJgré les Dans la Sourarc 17 du Coran, il est faî r allusion à cet
s ièc.les qui les Uparcnt de cer événement, cette haine de oc holocauste )ifin al : (Et quand advint la dernière
Jésus est coujours aussi vive comme le prouvent les tcxrcs promC1~e, pour que vos visages soient avilis et qu'ils
talmudiques consacrés à Jésus, où il est décrit de la foulent le T C-mple comme ils le foul~rent la fois
manière la plus infamante 12 ou encore les accusations
réct1rrcntcs d'êcre le fruit d'une rdarion adulr~rine: {EUe •> Oms • hl.am cr chriJii~ulisme, logique <k r.1pprodu:ntcnc • M.A
vint à son peuple portant J~us dans ses bras. Ils dirent Alibhayc Jlt ~ Ct' sujet : • li 11Yn pas /,.nain tÛ la mlw Je Afqhu1n111ad (Ils)
"ô Marie, tu as commis là un acte abominable" • ô .sa:ur mais <dui ~ln mm & Jlt•tS (~).'On 7 r~11w pflirtt trtKc tU L1 ru1in.1nlY
de Mo!Mmmati (i/i) ,,,Ris de cclf< de Jhw (,i#J.)! Cts1 fon1111riqNr. i\{ai1
nu/lc,ncnt fflri(Jl)C, t'tu il n j eur fatmniJ de Jt#lt( 1ur l'honorubifitl 1k la
u Voir l'ttude du J.IJ. Pr:anaitis $Ut le Talmud cc b dcsçription qui y eu n11i1u.ntc cfc Afohumrn11d (;}t), m11i1 Jur}!Jus (,ë!i.) et SJI 1nirt Marie, ou.i.
f2hc <k Jésus (".œ) U Talmud dlmmqul: les cmrigne1tun1s ruh/JlnÜJun Dic1111 aim; rltal>li b1 11/riri. ~
1nrcts''""''"""s 1,n Ghrtt;ms.

32 33
première, et que soit anéanti ce qui h1t érigé.} {Coran Dieu à l'adresse des juifs : s'ils rctournc11r en P:alcsrint:
17/71 «La dernière pro1nessc • donr il qucsrion dans cc malgré la punirion divine qui s'csr abatr11c sur eux e1
verttt décrir la dcuxi~me dc:strucrio1\ du T cm pic de qu' ils •se gonflent d'orgueil• [Coran 1714]. alors une
Jirusalcm en 70 après Jésus-Christ par l'cmpcrour dcsrruaion similaitt atax deux premières .se produira.
Romain Tirus: il s'agissait donc d'un< punition divine
contre les Juifs pour avoir rcnît J&us. leur messie. Dans
l'Ev:a.ngilc selon Luc, cctrc menace est prononcée par J~su.s
lui·mêmc: "' Qu1111d w u.s wrrrr, jln1saltn1 t 11rtrtlle par dt1 Cependant, les cnnen1is clc Jésus, ceux qui bafouent sa
amtles. ,.,,,J
Murrz à te mo1ntnt·M qu 't/le sera âltrnirt. doctrine ne se rrouvcn1 pas seulemenl chez ses
Alon uux qui ln'Ont en Jwik lkvront 1 'enfair vm i,, détnacurs, mais aussi dia .ses panisans. ceux qui .se
montagnes (. ..) rtlT il l aura une pnJe J~ thns rt r&:lamcnt de lui, cxogtnnt son s12rur jusqu'à le confondre
JNIJI n la <oÜrt Y mnnifnttra <Ontrt et ptupk. Ils str0nt tuh avec Dieu, ou le considérer de nature divine. Cet excès
P'tr l'tpk, ils stront t1n1ntnl1 pri1011nitn panni routts !t1 con.srituc un outrage à pa.rt entière comme l'i11diqua.ir le
11n1ion1 tt les pttit111 pilrl11eron1 jlntsalt111. • (Luc, 21 /20· Prophète ~) : « N',x11gcfrtz pas 11101' 1tnJ1'1 comme la
24) Les Juifs connurent dès lors I• diaspor•,. l'exil cr Io rhrlrim1 l'ont fait nV<c } llUI fib de Mari•.}• 11e tuis que
di.spersion d:ans le monde puisque li • foi.s prcmit:tt. a eu le M ,_grrde o;.,, n So11 -.,it.,,,... •(Hadith rappont
lieu en 597 ovani Jkus-Œrist, quand Nabuchodon<»0r par Al-Bukhari, scion 'Uma1 ibn Al-Khanlb).
dttruisir le T tmplc et infligea aux juifs une terrible Jbw revient donc pour comatcr les cxcb d'éloges qui
dtfuitc". onr été faits à son égard c-r mcrrre ainsi fin aux errements
Le verser suivant pr&:isc : ISi vo111 revit.nC'l,, cc:la se des C hré1icns. Cc COll'lbat contre le chrisrianisrne csr
reproduira; et nous ~ta.blîmes pour les inAd~lcs, 11.F..nfcr mcnrionné dans de 11ombrcux l1adirhs. JI dt r:apPorré
comme demcutt} Cc VCr'5Ct est une menace de la pan de norammcnt qu'il dt:rruira Jcs croix C1 ruera les porcs (Voir
hadith : « li brisn-n /,, tT'Oix, il hln"d 11 po"' ... • "). Ces

•• NJbuc:hodono50f :tv:ah prond.t :aux Juifs de l1blrcr un Je leurs rois s'ils


rc,1>ee1.1ïienc un p:1c1c de p;ilir 111.ai.s iJs on1 (1111 :a1s..~,1ncr ll(ln fils. I) /.n 1Ît""1ik/afin1Û1 ttt11p1, h..Jtth n• 192-. J':aprbAbl1 t lurqr.a,

34 35
Pourquoi jlsus (.:àll) doir-i/ "venir? A. SolriTnnn Al-Knnbi

deux actions $upposent la remise en cause des grands spîrituel des chrétiens. Cette idée de labrogation de la Loi
emblèmes du christianisme. est l'une des caracréris1iques C$$enrieJles du christianisme
Tout d 'abord la croix symbolise la foi en la crucihxion de de rradicion paulinienne cr souligne encore une fois
Jésus. O r, le Coran affirme que cc n'est poînr J~sus qui a l'opposition radicale des deux religions du Livre sur tous
subi cc traitement car Dieu l'a préservé dCî majns les sujets cr Jeurs excès dans les deux directions opposées :
criminelles et qu'un. sosie fur crucifié à sa place : {Il ne le judiismc sacralise la Thorn, la Loi, tandis que le
l'ont point tué, ni cruciAé, mais ils furent victimes d'un chrisrianisme la rejette 1otalemcnr.
f..ux-scmblwt •. •J [Coran 41157). La vénérarion de la Jésus s'opposera donc 3u c)lristianisme qui est tinc
croix symbolise donc l'adoration d 'un fu.u.x Jésus cr doctrine qui rejette la Loi de Dieu et qui divinise sa
implique que coure ltnc religion fur fondée sur le pct$0nnc alors qu'il n'est qu'un envoyé de Dieu parmi
me.nsonge et le fultx-semblant. De plt1s, la doctrine de d'autres: ILc Messie, enfant de Marie n'ctt qu'un
l'incarnation er de la déité de Jésus suppose la foi en un envoyé à l'exemple de ceux qui l'ont préddél (Coran
dieu quî est devenu matière. 5/75)
«Les porcs» représerirent quant à eux l'aurrc grand
fondement du chrisrianisme: à savoir l'abrogation de la
loi mosaïque par Paul de Tarse (Saini-Paul). Ce dernier
fut le premier à prétendre que les d isciples de Jésus La position de l'islam sur le scarut vérirable de Jésus es1
n'éraient point concernés par les interdits cr les règles bien connue. lb11 Taymiyya fttt l'un de ceux qui
religieuses reis que la prohibition du porc Ota la développèrenr le co11cept de voie médiane (\~aJatgya) en
circoncision : 4' Maintet1ant no11s sommes /iblrls dt la Loi. dénonçant les excès dans un sens comme ~ans l'autre quî
rar no11s sommes mons à <e qui nottJ retenait prisonniers. constituent « les deux pôles de l'égarement•. D'ailleurs,
No11s pouvotis dot1c servir Dit11 di1nt Jaron no11velle, so11J les det1x: communaulés juive et cl\récienne, symbolisent
litutorili de /'Esprit Snint, et 11011 plus à la faron ancietint. selon lui ces deux types d'égarcn\enr. C'est pour cela qu'il
soru l'autoritl de la loi Imre. • (Romains, 716). Il abrogea esr mencionné dans les dct.LX derniers versets de la Sourate
donc route loi religieuse au nom de l'affranchisscmenc introductive du Corno : {Guidc-nou.' sur le chemin droit.

36 37
Le che.m ln de ceux que Tu comblas de T .. gri<:es et non après cda forgera des mcmongu sur Dieu, .sen du
ceux qui ont encowu Ta col~tt et 1.. qpm) [Coran 117) nombre des injustes • Dis-kur; • Dieu a dit vrai, suivn
Les cx~ta ont unanimement reconnu dans l'expression donc la religion d~Abraham. un pur monothéiste qui ne
•ceux qui ont encouru Ta col~rc • les Juifs cc dans. les , •.,, jamait compromis avec la idolâlre$. •} [Coran 3/
égarés• les Chr~ticns. selon l 'intcrpr~1a1ion que le 94-95)
Proph~1c C.) en personne a faite de ces vcrs-ets 16• A travers SC$ écrits, Ibn T:tymiyy:t :t donné de nombreux
D'ailleurs, cela apliquc que les deux prc1t1ièrcs grandes cxcn1plcs qui illustre.nr cette règle: • Lts }11ifi ont dirn°J lt
souritcs du Coran (al·&qarah ~t 4/i 'lrnrân). soient Dieu Trf.s..Haut au tn")tn des attributs âificients du rrll :
consid~r&:s comme deux pilicn essentiels du message Ill est iodigcnt, di~nt..ils, et nous sommes
coranique. Ces c:kux sourates rraiccnt des excès des deux ricba) [Coran3/181) ainsi qut : {La main de Dieu est
rdigions du Livre « ~oileni la voie médiane de l'ulam li&) [Coran 5/64). tlirnrr-ils aussi. Ils Jirrnt igakmmr: "Il
sur chacun des su~s. St farit"" tk nitr n St rr~ lt jour Ju Sabbat~ tt<.
En points donc, l'islam consriruc la voie médiane
t O\IS frtwf'l.tmtnt. ln NJW1rit111 ont âlrrit lt crii au llUfJtn tin
enrre les excè$ des Jui& « des Chr~tiens. Nou1 pouvons attribuu propres au Criatrur. U11 ltrt rrfl. Jinnt-ils, rrle tt
ffiClltionncr ~ titre d'exemple le r:apport à la Loi: candis pourvoit, pardo1111t, fait n1islricordt, rk1J111pense et p11ni1.
que les Juifs sancrifienr leur Loi et l:i. placent au centre de Us croyn11t:1, quant à r11x, croitnt a11 Dieu lt>11t tl &11/tt,
leur liturgie, les Chré.ricns la rcjc1rcnt to1nlcn1cnt au nom Q11i 11'111i l101nonymr 11i parti/, Qui ,,a
11urun égal ri ii
dt1 pr~lcndu affranchissement que la passion du Christ Qui aucune chtJSt n ~si st1nh"1blr. JI rtt tn efftr k Stigr1r11r
leur aura.it prorurt. L'Islam à l'inverse, sans ~j«cr tl~1 1nontks rr k Criatrur dt 10111r rl101t. Tout c~ qui rst

toraJtmcnt l'aspttt juridique, revient ~ la loi d,Abraham. 11111rr 'lut lui. t't 1<1nt tin 1<n1ikun dt lui. indigents tir
purifo&: da ajouu his<oriques et des inrerdiaion1 lui..•11
ins1i1u«s pl.r les prophètes juifi. cout en donnant à la Pour t t qui tsr du sujet qui now intéresse. le Coran
sagesse cc à la spirituafjc~ un r61c C1scn1icl: {Quiconque rcconnaic Jésus (-n rant que prophète cr mCSS2gr.r de

17 Votr le deuxième "1niclc des l'41n 1firitNtlk1 tl1bn 1-.,migd craJuiccs


1
' Voir l'f:it~bc d'lbn Abbis p;iit Yahy1.1 Mlchot : •La tC'ligion ,lu 111llitu •

38 39
Dieu comme dans t t versa: rappon<tnt ses paroles : Ue s'est attribué un Rl.tl [Conn 18/4); f... N'in"oqutt
suis serviteur de Dieu, U m'a donn' le üvre et a f.a.it de point la trinité) [Coran 41171 I
mol un rrophèteJ [Coranl9/30J er l'honorom du IÎtr< de Oc mê:mc que le Coran cl:a.mc l'innocence de Jésus vi.s-à-
•noble• (wajlh): (li vous annona: l'ani..!e du Vcd>c, vis de ces doctrines hér~tiqucs: lEt Jonque Dieu djra. ô
dont le nom est Jésus fils de Marie, noble en cette vie c-t J'1us fils de Marie c.st-« 1oi qui ordonna aux hommes
dans !'Autre et parmi les élus! ICornn 3/45]. de te diviniser ainsi que ta m~re au d'trimcnt de Oict&. Il
De ntèmc que Je Cor.in lui reconnait des miracles dira,, gloire à Toi, il 11c m'appartient pas de déclarer a
édifl:1nt$ comme la guérison des lépreux, la rcssuscitation qui m'est interdit. Et si je l'avais dit Tu en serais
des mort$ par la pc:rmi.uion divine et d'au1rcs: f,Et il sua inform' car Tu sais ce qui est en moi, mais j'ignore ce
un mcssagu auprès des enfants d'Israël. Il kur dira, je qui est en Toi eu Tu u Toi, le Conrutisseur de
vie,n t ~ vous avec des s-igna de votre Seigneur. Je l'insondabk • Je ne kur ai cUclaté que ce qu'il me fur
&çonne b glaise cc hü donne b fonne de l'oiseau puis c:on6é de dite: '4Adorn Dieu, mon Souvuain « J.e
j'insuffle dedans cc la wUà d<V<nir oltcau par la v6trcn. Je fus témoin conttt eux awsi longtemps q~ je
permission de Dieu. Je guéru l'aveugle•ni et le lépreux fus parmi eux puis lorsque mon mandat prit fin, Tu
et ttdonne la vie aux morts par la pcmtisslon de Dieu de devins envers eux un obscrvaccur klairé car Tu es le
même que je vow informe de c;e que vous consommez et témoin de toute eho.oc) [Coran 5/116-117)
de cc que vous thésau.ristt dans voJ logi.t. Tels .sont des L'isl3m est donc la r45clle voie m6di:anc entre les excès des
slgn.. pour vous si vous êt.. eroyanul [Coran 3/49] deux religions du Llvre : (Ô g<ns des Ecriture<, ne soyn
En rcvancl1~. l'islam renie la gioriflcation aberrante que pas cx<Jcssifs dans votre tt.Ligion. Oite1 su.r Dieu
l<"S Chrétiens dbdoppèrem à son ~rd, notammcm la uniquement la Vérité : le Messie Jésus 61.t de Aiaric est
divinisation de Jésus et la uinité : IOnc rc:nié la foi ceux seukmcnt PEn"oyé de Dieu, Son Verbe déposé dans le
qui dirent Dieu est l'un da trois alors qu'il n'est de dieu sein de Marie, un esprit émanant du Seigneur. Croyn
:tutre qu'un Dieu uniqut. S'ils ne <ascnt de proclamer en Dieu et en Ses prophètes et n'invoquez. point la
cette parole, iU seront rouc-his d'un chAtiment terri.Sant} trinité.) [Coran 4/171] Cc verset résume à lui seul la
[Coran 5/73] ; (Er alin d'avenir œ wt qui cllttnt Dieu position m&liane de l'islam •u sujet de Jésus (;e;B) car il
s'adresse à 1.. fo is aux Juifs et atJX Chr~ticns, les c.xhorunr

40 41
Pourquqi jltus (.~) doit·il rrwnir?

d'abandonner leurs croyances fausses à l'ég;trd de Jésus en


II
demandant au.x Juifs de reconnaître les prophères et aux
Chré-riens de renier la trinité. LE COMBAT CONTRE L'ANTECHRIST

Les Jl1ifs et les Chrétiens 01lt développé des pos111ons


antagoniques à l'égard de Jé.sus, l'outrageant de leurs
calomnies ou de leurs éloges. Cependant, cette opposition
doccrinale violente finit par converger. car le rejet de Jésus
par les Juifs cr sa divinisation par les Chrétiens participent
tous deux à t•émergencc de l'Ant~chrisr. Le faux messie
n'est pas seulement le fa11x·scmblant de Jésus, il est aussi
le produit de la 1nécréance et de la divinisacîo1l
conjuguées que le Chrâsr a dû subir.
Cela nous amène à étudier l'autre mission dévolue à J~tl$
pour son rerour sur Terre, attestée par les paroles
prophétiques comme par les sourc(S chrétiennes: il s'agit
du conlbat contre l'Antéchrist.
Les sources islamiques sont nombreuses à mentionner cc
combat, notammenr lorsque le Prophète (ti) renco11tra
les messagers lors de l'ascension nocturne et qu'il parla
avec eux de la fin des temps. Jésus les informa de la
mission que Dieu lui avaic confiée : <<Le fait.X "U#ie

42
P411rqu4i ]ltul (161J) doit-il wvmir? A. Solei11u1n Al-Kaahi

nppar11ïtr11 et je k cot11battrai a~c dnlX 1"J>fres et la contrefllfO" de ]isru


lorsq11'il t!U verra il fondra comme k plomb et Dieu le
fierar.J.,;
...r •• • » .. Plt1s e1\core, l'Antéchrist C$t la contrefaçon de Jésus, son
Par ailleurs. il esr rapporré à propos de Jésus (~) : •li • tahrif» puisqu'il reprend les caractéristiques apparentes
htera le tt1#!#Ïe de l'lgarn11n1t, k borgne mn1tn1r et la de Jéstis et les détourne de leur sens spirirud pour c 11 fai re
paix sie répa11dra mr Ten-e ,,•?ou encore « Di'eu enverra les en1blèmcs de l'hédonisme et des pcnct1a111s maléfiques
le Messie fi/.s de Marie ntr I~ 111i1111n1 blanc à l'est de de l'homme.
Damas {. •. / Il chn'thera l'A11tkhris< <t finira p;rr Il esc son contraire co1nme l'artesce le fai t qu'ils soienr
l'atteindre à la porte tle LuJJ et k tuera. •. » 10 De même rous deux associés dons le hadirh où le Prophète (3;)
dans le haditll suivant : « ]Uus tnYlonnera: "Ouvru: /A d~cri1 un songe : ~je 11te STJis vu cene nuit en rive auprès
porte!" On l'o11vrira tnndû que l'Antlchrist u tinulra de la Kaaba. Soudain je vû "'' homn1e brun d'une beauté
derrim elk, n1touri J e 70 000 juifs/.../ Lonqu'il wrra sans pareilk ( ... j li faûait le tour de la &taba, je
]bus, il contmencera à # désintégrer conm1e k sel dans dema1ulais : ''Qui e.st..ce d()nc ?'' On me répondit : 'Jésus,
l'eau t01Jt en tentant tk prmtln la fa·ite. }éntJ le fils de Marie'' Mnière lui je vis un l1"'111ne aux chevnlX
poum1ivra en dûnnt: 'Tu n'lchapperaJ p1U au coup Je crip,,.. borg11e Je l'ail droit / ...} li faûait égalnnnlt k
grâce que je dois t"atshrer !" li k raltMJmYI à la porte tour de la Kaaba. je dema1ulais: ''Et. celui-là qui est-il?''
orierttah tle L1uûl a le"'""· .. »11 On me rép()nJit: ''L~r1tkhri#, l'lmpo1te:ur !",,li
Comme Jésus, le Faux-messie est le fruit d'u ne attente, il
s'agit d'u 11 sauveur qui vient libérer les hommes de lct1rs
malheurs. Pour Jésus, il s'agiss-ait de guider son peuple
vers la lttmière de la foi, leur enseigner le Livre de Dieu, la
11
Rapporté ~r Ahm:W, selon le cén)Oj:gn:igcd'lbn M;1,1' ùd sagesse <..'t la Loi et les sauver ainsi du malheltr spirituel :
1
'L" 1iptn ~lit fin Jn tm1ps: HJdith n ~ro 192
.'fi Tr.aJueiiQn H~ i1h 149. rapponé p:ir Muslim, Klon k 1émolg.tugc Af,.

N.:1.wwis ibn SJmin.


! i lùppotcé p:ir 1i,., t-.•:ij~. glon k té.moig.n:igc J 'V1nm Sharik : Ln 1ignn 11 Rtpponé pat i\llwlim, d ';1près 'AbJ11ll1h ibn 'Un1ar. \'oir ln Rgnn ,y
Jr la fin tin t~mps. h:1.dl1h n• l 86. la fin det trm!" : t'ladich n• l89

44 45
IA qui Nous confiâmes l'E"""gile, conrenant b droirure, combaurc l'Anttthrist : il sc: confondf2 avec Jésus pour
lumiirc: et confirmation de la Thora} (Conn 5/46). beaucoup de O'trécicns qui attcndcnr le Christ ou 1\'CC le
L'A_nt&:hrisr inversement préccnd s:auvcr l'humanité des Mahdi-" pour bc>ucoup de musulmans. C<la explique
malheurs 1n:tftricls ; pauvrcré. guerres et famines: •Il qu'un hadith r.ipporté par Ml1slim affirme: « 30
orJ01111Crt'll à fa pfuit fÛ tomber Il tJOiCÎ IJU'tffe ttJmfHra. fl i1nposteun se succkkront tlntu 11111 co111munau1é »2s. Dans
ordo1t11em nux elHm1ps de prodttire lft voici' que k1 rtt.ol.te1 la vcrsi01\ rapportée p;ar Ahnl:1d. l'Anréchrist est cilé
1ortiro111 tle ttrTe••• »(Rapport~ par Ibn Mlja) parmi les fitux·prophèrcs is.sus du monde musulman :
Comme J~sus. l'Antéchrl$t accomplit des miracles qui one ., Âflflnf !afin Ju mt'lntÛ, il111urn tin imposteun. Parmi
pour fonction de prouver sa prophéric et son statut de na l'homme J,e Y"""""" (M.-y/i,,.,,), l'h<»nm• J.e
messie. Ji:su.s gu~ri=it les lépreux a accomplissait Smui'a,,), 'Ami{.../ " parmi <MX k Fawr Masi•, 'f"Ï _..,
d'aurrcs miracles honnanu • par la permission de Dieu • : IA p/IU rnJe ipreMw •"· C<uc parole prophétique
Ue gutrir l'aveugle-n~ et le lépreux et ...donne b vie aux parait paradoxale dans ., formulation puisqu'elle parle
motU par la p<rminion de Dieu ... ) (Coran 3/49) des trente ~ux-prophèta d'inspiration musulmane qui
L'An1échrisr. qt1:ant à lui accomplin des action,s similaires sont apparus dans l'histoire, depuis Mlts.aylima jusqu'à
pour 1ct1rcr de prot1vcr sa déité Cl contrcf-a.irc la mission B:'l_h a· Allah , et ind ut d:tns celte CAcégorie l'Antécllrist qui
de jésus. co1nrnc le rapporte cc l1"clirh : "'L 'Antlehrist n'est pas d'origine mus uln1anc Otl :trabe comme le
ttm "'"X'" {.../, il guirim l'ttw11gle de 1111istnne< n k conArnlent d 'autres sources. E11 réalicé, pt1isque
/Jprna et Ntlo11nnr1 la vie ata marupuù il d,.ra: 'Je suis l'Ancéchrist dt un impostcllr universel qui assouvira le
fJ()/n Ji'",._ »lJ messianisme de tow les peuples. y compris de cctt:ains
L'Ant«hrisr répondra i J'attente mcssi1niquc de tous les
peuples~ comme l'arrcnrc de Mairrcya dans les t:rad.icions
asiatiques ou de Machiha cha les Juifs. Ainsi, le f'awr-
1• Abû Qurkb Al--Filastini sffumc \bm ion 1r.11itl .. Etwk da /',_,JXrin :
mC$sÎe aecap:arC.1'2 J'anenre de celui qui vicnt pttcisémcnt l'At1tkhri11 ~ qUC' k )\f;ahdi ••cndu p» b plupar1 di1i O'lild n 'ot t1u1rt
que l'A~utthris1.
'' Hadhh ru.1>po11l p:u Ahmad n Tabfanl : g C'l1alne dt' 1ransmiulon a1 n ?\1udim, s.cLon le 1én\cM~n~C' Jt 111awbll\
"bol&• ~ Ahrnad. tclôi11 lt 16'1oign;tigt ,le J ~bir.

46 47
Pourquoi jltuJ (,'Jf!I) doit-il revenir? A. Solei"'"" Al-KA.abi

musulmans, il esr égalemenr considéré comme Cerce atrenre malsaine d'un messie sera finalement
appartenant à ces faux-prophètes cxtr3its de la Oumma. couronnée par l'arrivée à la fin des temps de l'Antéchrist :
11 est donc narureJ qu'il soir confié à Jési1s de combarrre le faux nl.essie, • Al Massih al Da1J11l • 27 , Plusieurs indices
celui qui se confond avec lui er qui se drape de cerrc dans les sources islamiques démonlrent que cc perso1l.nage
confusion (sf111bl111) pour faire prospérer son règne et se précendra à torr êrre le mes.sic promis par Dieu aux juifs et
faire considé.rcr comme un dieu auprès de l'humanité. se substicuera à lui dans leur attente.
jésus doic donc revenir pour rendre la justice et réparer les Le Prophète (ji) a indiqué le lien entre l'Antéchrisr et les
ignomin ies qu'11n êrre commet au nom de son sracut Juifs dans plusieurs hadiths. l i a été arrcsté que
spirituel : le .. Messie " ou christ. I' Ancéchrist sera juif lui-même er que ses partisans les plus
Majs plus grave q1.1e Cette attente universelle d'un Messie acharnés seront issus du peuple juif. Ainsi dans un hadith
sauveur, les deux excès contradictoires que suscita la rapporté par Abû Bakr (.t;.), le Prophète (;l{j) a d it: « UJ
personne de Jo!sus auprès des Juifs cr des Chrtticns parents du Faux-messie sntJnt 111riks pn1da11t trmite
convergent finalement pour aboutir à l'émergence de a11nks, apds 9uoi i/.s mfa11tero11t un enfant borgne et
l'Antéchrist. La réconciliation de ces .. deux pôles de nuûibk. Qum1d jJ donnira, son «n1r restera alerte. » 28 Le
i•égaremenr • que sont les religions juive et d1rérien ne Prophète (~) cr ses compagnons étaient pers·uadés qu'il
prépare la venue du faux-mC$Sie. naitrait parmi les Juifs; ainsi soupçonna·t-il un enfant
juif du nom d 'lbn Sayyâd d'être l'A_ntécllrist comme
Un tnessianl.nne j11daïp1e inatso11·v i l'atteste l'énoncé du hadirh précédent.
Dans un autre hadith. le Prophète(~) d it au sujet de ses
Ainsi les Juifs ont renié le Messie que Dieu leur avajr parti.sans : "70 000 juifs d'lspahan, portant de hautes
promis cc l'ont calomnié. Mais la conséquence la plus
grave de cc reniement a été que l'arrente messianique des
Juifs n'a pu être assouvie cr ne reconnaissant pas en jésus
n Le D2jj:al sig.niflc .. fuux messie,. ou " fuux chris1 .. {chris.1os • messiC' C"n
le messie promis par Dieu, leur arrente s'est prolong~ g rcç),
jt1squ'à nos jours. , ... Rapporté par Ahn1;ad, Abu Lnu<I et 11rnlidhk d'après Hin•ild ibn
Salam~ . d':iprès ' Ali Ibn S::iiJ

48 49
P()urtjtt()i jhus (:l!iil) doit-il rrvrnlr ! A. $()/riman Af-/Vzabi

coijfi1rn, suivro11t k foUJt;>mnsit »2t Dans une aurrc A travers les éc.rils ralmudiqucs, Jcs rabbi11s ont écl1afuudé
version, il cse die : « Il sera nccompagt1i tle 70 000 fui.fi la. rl1éorie de la délivrance: l'avènement de leur Messie,
port1111t cl111cun d'et« un sceptre tt une épk. 0 »' comparé à un cnf3ntcment, est précédé de signes avanc-
Les hadiths qui dé-c-rivcnr la bataille finale cnrre les coureurs décries dans lcl1rs prophéties. Or, il appartient à
croyants et l'Anréchrisr montrent clairement que les tout Juif de« hâter » l'arrivée du Messie en favorisant ces
soldats de l'îrnposreur seront majorirairemenr des Juifs: événemcntsJ1 .
« L 'immn ncco1nplira la prière; une fois œlk-ci termmk, Enfin. cc personnage sarisfer3 leuc a1nour de la vie
Jinu C0111m11ndera: "Ouvrn la porte!" On l'ouvrira rerresrre c11 accomplissant des .. m iracles .. tels que
tttntli's q11e l'A 11tk!Mst # h"endrn drrrièn e/k, mtouré Je l'abondance des récolres. la richesse et le bonheur
70 000 f11ifs [. •• / Jlnu le rattrapera à la porte orientale illusoire. Il do11ncra à ses parcisans le pouvoir sur Terre cc
de L11dJ et k tuera. Dieu mtttra ce jour-là les Juifs ni assouvira de la sonc la volonté de puissance de ceux qui
Jéro11te. »'' considèrent les aurrcs peuples comme aussi méprisables
D'une certaine manière l'Antéchrist est le produie de la que les bestiat1xJJ.
mécréancc des J uifs à l'égard de Jésus. Car en le renianr,
ils attendent eoujours leur messie e.r travaillent et
contribucne à l'avènement de cc contre~modèle. Le >1 P3t exemple, çer1::1ind ptopltétics juives 2ffi1nlc1u quc kur f\~ cuic
judaïsme n1odernc ne repose plus sur l'adoration de Dieu n'apP"'-n..iu-:i p:t$ :tvant qtK rcn1plrc persc cc l'cn1pire r<wnii.n ne soicnc
mais sur l'attente f~brile de leur messie (Mashiha). Le cnu6: en guerre. li c.sr Jonc in1por11uu pour les juifs qui en 0111 l:i
posiibilhé, Jc prO'l'OqtJoC.'f une guerre cn1rc r 1n.n cc l'An1ériquc afin Je
messianisme qui constit11e n1aintcnant I'C$SCntiel de la vie
r~..i.liscr cC"rre prophéfic et h:itcr l'arri\•éc Je leur Messie scJon b f()tniulc J u
religieu~ juive et qui orienre les 3gisscments da Juifs, a T-iln1ud : .. Tous !.es jours Je 1a \•le servent à :a.snnic:r l'ètl." n\C'ssianiquc."
prod1.1it des jdéologics s11rpren:antcs. ' ' 1..c.s u:xtcs 1:1Jnu..Jiques affinucru en cffc1 que k ur f\1 ~ic donnera lc
pouvotr absolu :iux juifs sur Terre ci (l ue cc.MIS les autres peuples. les
goyint, seront riêdui1s à l'él21 J 'csiclavllSc. 1. Bertr.uul :i.ffirmc Jans son
n R:ippor1é par i\1uslinl, d\tprès Anu ibn Malik livre " U, fr:1t1<:·ffi3ÇOOnc1ic. S«IC juh'(: • : .. Lo Ghl"'"'" pmr rn pril'l('Î~
.loJ Rapporté par Ahnt:ad. d':iprès Jibir q1tr ln /Hifi JIJ'1t 11n< lnrnnorion tl< ln subsf4nrr di111'nr n ln '10n1uifi ""-"
" ll31>p<w1é par Ibn Màja, scl01l k 1é1noignagc d'Umm Shiiilc. l.n i ;g,u1 1<1ntnr-l' tir ""4il " l< f<upk llu. Ji1 û gand Abflrb11n('l un dn
IÛ Ltfin tin l<mJH : H:i(lhh n• l 86. t'IJrnm<'llflt-l'JttS ln pl11J tJti,,111 d< /;r M iKh1111. m Jis,., """ln IA'r ltrrnrU<, 1<1
50 51
A. S.ki""'n Af.J<,,abi

Comme CCI âre maléfique n'es• que la con1rcf.açon du hum:ain. incarné"? venu Jur ·rerre pour trrie adoré,... La
Chrisi c:t qu'il S< substicuc à lui dans l'esprit du peuple doarinc de l'incarnation pr~iSJIOS" donc les peuples de
juif Cl de ceux qui l'acclameront cc le reconnaitront, il cul1urc ehrlric:nnc: à accepter tan homme comme dieu,
rcvicn1 l Jbus de combattre précis~n1c111 celui qui usurpe d':i.urant plus qu'il se préscn1cra comme ~tant Je: « christ -"
son nom cr son rirrc, celui qui se pr~tend messie à sa cane at1cndt1 cr se confondra. dans l'esprit de beaucoup de
pl ..C<. Cl\r~ricns avec le retour de Jésus. Ainsi l'Antéchrist se
prtscnr<ra tout d'abord <-omme le messie (Christ), puis il
Us tlévi1111cn "'' christinninn• com1nd fermen.t J~ pr~rcndra è:crc prophète puis dieu Jut··m~me>).
l'Antk/Jrin Cc ph~nomt:nc: est décrit dans le Conn 3i rravcrs cc verset
: {"Et afin d'n-crtir ceux qui dittnr Dieu a un fils • Ni eux
La doc1rinc chrit:icnnc qui s'est formtt en plusieurs sitdcs ni ku.rr pères ne détiennent à cc sujet ~ sa"-oit. Mais à
C1 qui n'a pas CC$$l de se modifier cc de s'alré:rcr jusqt1'à pré:Knr la parole s'csr aggravée et oc n'est là qu<
nos jours con1ient des é:l~mcn1s qui panicipcnt à mensonge proféré.} [Cor>n 18/4-5) Il csc dit ici que la
l'~mcrgcncc de l'Ancéchrist, ou tout du moins qui parole des Chrétiens: 11. Dicta a un fils• s'est aggravée
pr~p:arcnt les peuples inRucncés par cectc religion à (knb"rnt = grandir, c1npircr, JlfCtldrc de J'a1npleur,
recevoir cc fuux...dieu cr à J'3dorcr. s'aggraver.. . ). L'aggravation donr il est question dans Ge
Ceccc religion pr6pare en effet la vc11ue de l'Antéchrist de verser pellt signifier que cette doerr,ine a cmpir~ car la
qu•trc m•nières. Elle a imprégn~ dans l'esprit des P"uplcs criniré n·écait au d6bur qu'une v:aguc idée, puis qt.i'clle fur
corrompus par cette doctrine, 1:. notion de • dieu progressivement édic:t~ p>r les membres du de~
inciirn~ •, le dogme de la c.rudfixion. mais aussi le
messianisme et le moralisme. ,. Voit b thht d"Aiu:arn Aif..Y~r& : Ck lùJh#ii, i"-ti'fW p..-.
Le chrislianisme c'est d'abord la divinisation de l'homme N.w• iditioM.
» • Il ,..Mf'IM'ft'W ptW Jirr t "'; .,;, ,,,.,,,.,,,, ; Or; il • ji ..,. - '
à travers la figure de Jésus ; c'est donc l'idte d'un dieu ,_..,,,INf,~..;. Ad4 il tlmt: "fe•ll ~tlilw". Or, il w #lllllWW
J#ll tloNnl M w.'r DB • .,.,,, f'Olrt l#O'l't• •• • R•pponé p;a.r Al 82yh.aqi te
0

'"''"' pf'Npln. 1111 t~111r.iirr. rrannbltrtt ' tin IM n 1m11t tntirlt tn A~Suy(ui, d'•près le 1én1oign:11J;C' d'Ab(a A1n1l11•. H;iodhh au•hcn1ifiê p;a.r
f'On1lt111n1tt • Al·AlbAnJ.

52 53
Pourq111ti jhus (.'611) J#lt·il rr11mir ! A. $#ltima11 Al-Kao.bi

chtt:cicn lors des conciles successifs jusqu'à de\·cnir un puis se pouI$Uit avec la sépa.racion du politiqut" cc du
8émcm fond>men,.J de leur credo. rdigieux dans les soci~cés curop«11ncsj7• Tou1cs oe:s
On peu< 4:alcmen1 émettre l'hypoth<sc que a:nc conct:ptîons one conrribué ulté.ricurcmcnt i la naissance
aggravalion date de l'avèncmtnl ck l'Islam lui-même a ck de l'Occident • modt"mt" • et matérialiste conçu sur lt
la révélacion cor~niquc qui vient r6ablir 12 Vérité sur modèlt de l'incarnation où le divin doit
cette question. Il n'y ad~ lor> plw d'excuse à profcucr le systématiqut"menc engendrer t"l s'inarncr dan.s le monde
blasphtmc de la trinité. C.C qui n'était qu'une confusion in1mancnt.
et une erreur atax pren1icrs .siècles dcvicnc unC" vbirablc C.Cla pc:ut en outrt" expliquer le fuie que la Sourate de la
l\éré$ic et le signe d'un écart manifeste vi$-2-vis des Caver11e procège celui qui la récite de l'éprcltVC du fa ux-
révélations d ivines. messie car cet être est l'éntanacion dircccc de l:a docrrinc
Par ailleurs, CCltC .. :aggravation • peut aussi désigner les dévi~nte qui énonce la matérialisalion du divin. Le
cons&iucnces de <icttc croyance. En effec, la doctrine de la Prophète (~) a di1: « O lui q11i Jern f nc• à /'A ,,rkhris~
t rinité fu r la matrice de croyances et d' évé-nemenrs 'f'•'il ricire les prmii.,.. .,.,.,.,, de ln Sourat• de la
poliriqucs de plus en plus gravcs d'époque en époque dans Cnvune ,,Ja ou dans urre autre vc.rsion : « CJ11.i 9ui
le monde chr~icn. Elle a servi à cr.a.vers l'histoire à apprnul les dix p.,...,,;,,., .-ts de la Soum/e de la
jusrilicr davancage d'hérésies cc de déviances en ca.,.,.,.e _.,, p1isn-W de l';p,..,,~ de l'Antkbrût. »
Occidem : cc processus de d<gradarion dB>urc avec (Rappon~ par Muslim, d'apr« Abû ad·Dud>)
l'odopdon du c:uhe des icônes daru J'empire byzantin". Or. les deux ,·crsccs mt"ncionnb app:anitnnent aux dix
premiers vcncts ck ccne Sour.arc. La parole • Dieu a u11
-. Voit Muk-JoK i\ionduln. I~. WN. U.....i~. Lt Sn.il : ou fils• prépare donc la venue de t•Ancichrisl tn in.spirant
c:ommmc <bnt rnnpirt Byr.-ntin à rq,oquc de la quiettlk kxwx:b~c la
philosopha tht"Îcns on1 au1oris/ puis impo:K a.1 nom die l~i ncumarion
du Chrù1 k c::ulcc des kôno pour1:1n1 prohibé dms r Ancim Ta;1amrni~ >1 I~ pouvoir tcn•pOttl qui x: d~le du pouYOir .tpirhud w.r &t ntème
Le a1hc de: l'im~t s'nc airui inrrodW1 t:n Oocldcnr en prbcin;11nc d.c ocn1pk Je b. dissociation l'flltt le Dieu J u <ici C'I .ktfl • fih •· son
l'i11arna1loo Je Olcu d~ru k: Ch1ù• qui se poursuîvai1 par J'inc;11rn:11ion incuru1ion 1crrcs•rt. Le conccp1 a ronu11oend à f lrt cl1&iri.K au ~ic~1l·
du Chrl.J• d.-ns lrl lrll:!f;~ JaÎ111cs que les chréticn.s se ,t()iYCnt donc i\g.c :lvt'C ~i n1 lkrrurJ.
d'adorrr klon cet1c llocuint:. '' lù..ppor1~ !Y-'' Mu:slim, d'apr(s An.·N:iwl\~ lb11 S:un\\n.

54 55
A. Solei1111111 A/. Ka11bi

l'idée qu'un être imn1anent peut être dieu. L'antéchrist entre croix et Antéchrist esc confirmé à cc propos par la
ap~llera les hommes à le déifier ec à considérer le divin notion de sl1abih dans le Coran où Dieu explique q11'un
c:ommc partie intégrartrc de la créatio11 par opposition à la sosie a été placé sur la croix à la place de Jésus, cela afin de
doctrine de l'islam qui affirme- la parfaicc dissociacion et le préserver.
transcendance du divin cc sa prééminence vis..à..vi.s du Certaines sources islamiques affirme-nt qu'i] s'agirait de
monde créé. l'un de ses ap6cres qui se porta volonraire pour le
Le christia1tisme faic ainsi partie des cuJces qui professent protéger, Jést1S le vêcit de son manteau et il prit alors son
l'adoracion de l'homme par lui·même. Cette forme appare.nc:e physiqueJ?. Les cextes musulmans établissent
paroxy;Stique de l'idolâtrie n'est apparue qi1'à l'ère u1cimc donc un lien entre la •croix • et la notion de faux..
de l'humanicé. Cerce ère qui constitue une étape semblant (Shabih) ou de contrefaçon.
supplémentaire dans le développement du polythéisme Oc plus le messianisme chrétien ou cerce acccnte fébrile de
dans l'histoire humaine, a débi1té avec le règne de la sttonde venue du Christ marque profondément l'esprit
Phan.on où pour la première fois les hommes n'adoraient occidental ec a con1ribué à l'én1ergencc du
plus de fausses divinités cxcérieur~ au genre ht1main mais • mode.rnisme ». L'idée de progr~s qt1i prépare finalement
vouaienr un a1lce à l'un d'encre eux puisqu'ils la vent1c du faux messie. L'espoir d'un royaun1e de Dieu
considéraient un hon1me (Pharaon) comme ét3nt le dieu sur Terre qt1i se confond avec l'idée de progrès er la foi en
suprême du monde : Ill n!unit son peuple« les harangua l'én1ergence d'une soc.iét~ parfaite qui délivrerait, en cccre
• JI leur dit, Je $ uit votre souverain le plus haut} (Coran vie, les hommes du malheu r"°.
79/13-14) Ûtte ère voit l'apparition de la doctrine
chrétienne avec l'idée qu'un l1omme est J'incarnation de
Dieu cr elle s'achèvera avec la foi en 11n ltomme .w Ibn K2thir rappor1c d~ns son exégèse J u Cor.an pwr le rtncc 157 de 111
Sour:uc 4, le témoignasc d'lb-n 1\bb:u qu'il juge authentique. Kl()n ~ucl
prétendant être Dieu : le fau.x-mcssie.
l'un des 12 :ip\ctd Je Jésus s'«t porté \ t1lo1u2lrc pour pr4:ndrc
Par ailleurs, le culte de la croix, apparu t:1rdivemenc (à 1':1Pf>2rcnc< physique tic Jé$u$ pour ~etc cruc-iflê et tué i a pl:icc en
l'époque de l'empereur Constantin au 4ib!w siècle «ti~nge de s:a conl pagnic étcrnclk :1u P.a.DtJit.
~ • li est cù.ir qu'on peut inccrpr~er b vision progrcssiMc Je l'his1oèrc, ici
cl1r~1ien), participe 3 l'avènement de l'Antéchrist. Le lien
qu.dle se consti1uc au 18 ~._ <'t 19-:- $ièdd cootmc k produi1 d'une

56 57
P()ll"'fUl>Î}Nut (dlJJ) Joit·il 1n1mir !

L'AnttthrUt. indéniablement, cxploitcn o: messianisme la p;aix universelle. 2irui que l'in.stauracion d 'un
pour K f'airc aaxptet. Il ingrncra pour ses partis.ans, la gouvcrnemt"nc unique mondial.
rblis:ation du bien absolu dans l'histoire. l'achèvcme.n t du Oins un hadith il est dit : « Un homm~ 1'app1"«hnn Jn
progr<• humain. Son r<gne sera pour J., peuple. d'orig;ne gmJn armis de l'Antkhrnt qui lui diront: ''QI# _,,,_
chrétienne la vérirable • Parousie •. "' f" li tlim: 'Je veux m'ntlrrts.,. à tt penon"Af."·" lb
On trouve par ailleurs les traces de l'universalisme diro,1t: %~tu foi m 11otre Mt'gt1'11r f" JI dira: ~'Mo11
chr~tic11, hérité par l'Occidcnr n1odcrnc, dans la Seigneur n'a rien à voir RtJ« c~lui·là !" •'Jfs voudront k
description de l'Antéchrisr. Les hadith& indiquent qu'il run- 11UtÛ ttrtains .s'int"J>OUf'()nt: "Notn JOU--wmin nous
foulcn tous les pays tt qu'il rentera d'étendre son pouvoir 11 inurtlit Je rwr qui qu~ œ soit S4n.J #n
et son autorité à la terre cntià-c: "l'Antkbrist mtrrra 1111.tot"Û111Îtm-_ •• •'2• On voit td que l'armée de

tlnns toutn ln ~""' d. la T'""• À l'attption d. V, l'Antlchrist ne s'anaquen pu de man~re inconsidérée: l


Mttque n d. "(/,/;,,.car toutn lnnT porrn 1ft'Y111/ ban ia tout opposa.ne ~ que la violence: est loin de caracrériscr cc
pnrtlnnnga. ,,41 personnage.
E.nfin, le morâli.$me puéril dbelop~ par le christianisme A l'inverse, son discours se confondr:ii :iivcc le discours
1n0<ferne prépare lui aussi l'arrivée de l'Anc&;hrisr. Le actuel de l'Eglise qui met en avanc la d imension
mor:1lismc qui imprègne actuclle1ncnr le n1onde prérc11dun1cnt "pacjfiquc" de jfsus. Le fat1x~111cssic
oa:idcnt:al cc que cccre civilisation diffuse da.ns le monde 11'aura pas les traits caricatur:i.ox du tyran brutal et
entier via notamment l'id&>logic des •droits de s:anguin:airc t>t relie scr.1 justement la vé.ritable éprct1vc dt"
l'homme • est un avanr-goùt du règne de l'Anréchrist qui l'Ant«hrist : il a.ura l'app21rcncc du bie11 pour se f.tirc
se présentera comme une personne pacifiqut". prônant reconnaitre en cane que Sauveur et mieux faire régner le
I' •amour •. la •tolérance •. la fratemitl entre les peuples.. mal.

ikularlJ.11iun Ju millén;visme chrkirn... •. Oii 1"""'1· Pkrrc A.ndré-


1·11g\llC"ff.
41
'' ln IÎl""f Je h fi" Jn t~,,'P'· ha,lhh n"l 5(,_ Rapponé par Musl11n,
Al·Uukh:lr1 (1881), Muslim (2943). J 'aprè.t Al'•J Ibn Millik. d':.ipr(s Abû Sa'id al·Khudfi

58 59
L 'islmn, la religion de Jinu Voilà pourta.nt que de nos jours, ces deux identités
religieuses semblent 11e fuirc q11'unc. Les occ-idcntalisres et
Observons cette ~tr:angc courbe de l'histoire récc:ncc de les sioni.stcs côtc-à-côre revendiquent leur app-:i.rrcnanc<
l'humanité : la ixrsonnc de jésus suscite une concrovtrsc commune :1u bloc occidcn1al notam.mcnt d:1ns IC\1r lutte
terrible qui aboutit à la c:onscirution ck ckux: rdigïons con1rc l'islam. ennemi commun dttlué.
dininacs n ant-agoniques : le judaï.smc et le christianisme. LI >'agit donc d'une dialcetique historique opposant deux
Ces dt>ux croyances d~vcloppcnt une vision excessive et forces con1radiaoîrcs et dont le monde occidcntaJ est la
outrage..1ntc:: à l'~gard <le Jésus. le calomniant ou le synthèse. Les communaurts juives d'Eu rope ont vécu
divinisant. Puis voil~ q\1'après des si~cles de vives pendant des siècles recluses et séparées des chrétiens.
oppos1t1ons, ces deux religions convcrge.n1 Cette K~ncion éta.it voulue 2us.si bien pu les clercs juifs
progressivement pour prlparcr la venue de l'Anrtthrist, à qui voyaient dans le• gh~ro • un moyen de pttsco•cr leur
la fois en attisant l'attente d~un sauveur cc en préparant les Loi et leurs courumcs, que les Chrétiens qui tenaient ainsi
peuples à accepter un l1omme-dîeu. à l'&:an ces populations honnios. Mais à partir de la fin
Cerre convergence s'incarne aussi p<'r l:a dissolurion de ces du J 811"'f siècle., l'intéré< t·o ujou rs plus vif des juifs
deux religions ;au sein du monde occidcnt:al • moderne•, curopétns pour la philosophie occidentale f\ll :i roriginc
cccte • synrhbc occidcn~lc •, et la nais.sance de la nocion du mouvement inrcllcctucl juif: !. Haslala. les juifs se
de jud«>-c:hristianisme, qui, on l'oublie souvent, est trà tournèttnt massivement ,·ers la culrurc et la philosophie:
riccntc. L'animosit~ entre ces deux religions a toujours occidcnt:i)cs et ont cont ribué grandement :i son
.!et! plus grande que celle qu'elles manifestaient envers • dt!velop~mcnt .. :1u l 9il'l"f siècle~ Le cour:int sioniste
l'islam cr eJlc a $Ouvcnt abouti à des n1assacrcs cr des découlait lui .. mêmc dircctcmcn1 de cette 1-ransform:t1io11
pogron1s d'une grande violcncc43• de l:i n:ation juive c< de son • occidcntalis:11ion l' , Ct
processus de réconciliation judéo-chr~tien a ~~ oouronné

•J Voir l'érudc computt du icanA des juif• en ferre chrttknnc n


mus:ulmant du jui( nnrémlJ•e Mark Cohen : $#11 /, rniJSlllfl n scnu "'
troÎJ(, ln }Nifi 1111 /.fopn-4tt. Sroi~ 2008.

61

••
à partir des ann&:s 1960 avec la d&:lararion Nosrn1 III
Ac1atc i$Suc du • dcuxiè1nc concile du Vatican • 44 .
En somme. les deux religions du Livre qui se scindent et LES DEUX EPOQUES DE JESUS
s'lloigncnt autour de J6:us. se rejoignent et se conjuguent
dans la culture grbx>-romaine paicnnc pour former
I' • Occident •.
L'islam qui csc appart1 entre-temps, rcprkc:ntc la voie
m~dianc c1\trc ces deux excès et fonde la communaucé des L'Occ.ident csc la synthèse de référe11ces antagoniqt1es. Les
vé-rirablcs partisans de j tsus. les dignes h~riticrs de son deux religions. juive cc chr~ticnnc. autrefois ennemies de
mcu~ prophltiquc et la srulc à cncrcccnir la résis:tancc l'empire romain ont '1~ neutralisées~ vidtts de leur
con1rc l'empire• romain • . ennemi de Jbw. subst>ne< pour <ire absorbéu « symh&is&:s dans la
Les musulmans, en effet, rcconna.lsscnt sa prophétie et oivilisation occident-ale de culture gréco--romiine.
son messianisme tour en rcjcranc sa prétendue divinité: L' .. Occidcr1t » en tant que traditio11 philosop11ique et
ils seront donc l'ar1n~c de Jés11s conrrc son contraire, référent idéologique, a donc concilié le juda'isn1c cc le
1'Antéchrist, mes.sic des juifs et de ccrr:1ins chré-cicns. christianisme malgré leurs concridicrions cl 2 mis fin au
dhormais rfuni.s. conflit skulair< qui oppooait =deux religions.
Mais ce monde occ:idcnca1 • judé<Khréticn • reprodui~
aujourd'hui dans le inonde. les rapports de force qui
éraient· en viguetir à l'époque de Jést1s. Il est troublant d~
constater à quel point notre époque rcsscn1blc à celle qui
pr«tda l'arrivée de )~sus parmi les cnfan<S d'Israël. Des
correspondances cnttt les deux époques apJnrals.sc-n: ~n
cfTa. dès Io" que l'on se penche sur les d<ruls
.- • l,.n racines jui~u de la foi Ghrétknnc • d'Evcrt V-an.dn-poll, num&u
historiques•
S.36 du joomal du 8CfJ<"r d'l1r:iil.

62
..
A. S.kimAN A/-/Gr.a/Jl

Qu2nd Jaus rcvicndr.a, il aura donc vlcu ckux <poques comrnc: hier la dissémination du buste a de: l'c:ffigic de
qui fonaionnt".nt scion le: mbnc: schlma. Si l'his1oirc: se l'empereur pc:rmcnait à Rome d'asseoir sa dominarion sur
répète, n'est.a: pas là, l'une: dc:s rai.sons fondamc:n1alcs du les peuples a rcrriroircs vaincus.
rc:tour de Jésus? Ccrte do1ni1\acion universelle al1iair donc autorité
i>hysiquc et symbolique. Au niveau physique, les Ro1nains
LA COllll!'A'I~ i 111périal colonisaient les terres et 1·rnnsfor1n:1icn1 les pays co1tquis
en gouvernorar.s dirigés p:ar clcs personnalités locales
Comme les puissances occ:idcntalcs aujourd'hui, roinani.stcs. Au nivc:au syn1bolique, lorsqu'ils
l'im~rialismc. romain :avait cc.ttc partieularic~ de conqu~.raic:nt un pays, lis ajout-aient à leur panthéon les
concevoir le: divin de manière immancntisre, i rravcrs la dieux d\1 pneplc vaincu. Les pcl1ples soumis consc:rvaient
di/Twion de STatucs <t de symbola dans tout l'cmpir<, donc leur$ cultes <t leu" dieux à la simpl< oondition qu'ils
d'imposer cc cuire de manière universaliste, tout en cirant intrgrcnt dans lcur.s rites le culte de l'empereur romain.
de ces symboles pa'iens. un mo)·cn de domination Cc cuire se manifestait dans la multiplicarion des statues
poliriqu<. De nos jours, la philosophie occidcnral< a représentant l'empereur dan.s les cspa«S publics, c:1 la
également développé un rap1>0rr radicalement .. cirailarion .. de son effigie sur les pièces de monnaies
Ï11111\anc1\tistc au divin, puisqu'e.llc renie toute forme de ron1aines qui alime11taicnt roui l'cmpirc'4S.
transcendance cr pla« l'humain comme centre: de lui- Cette don\inatio11 isnpérialc ~t11it unique dans son
mèmc. Les puissances occidentales imposent ces vaJcurs fonctionnc:mc-nt car elle 1'étend:1it par l'absorption des
de mani~re univc:rsalisrc. C'at-à-djrc qu'cJlcs considèrenc :1utrc1 cultes et cultures dans un espace symbolique
leurs conception.s philosophiques comme • universelles • commun incarné par le: pan1héon à Rome. où &aie.nt
et • nacurdlcs • et que: 1outc forme: d'alrcrnarivc est soit dtpos<s tous les dieux des peuples sous domination
mrogradc. soir inscrutt (rhé<oriquc du funarism<, du im~rial<.
• fou • d< Dieu, <te.).
Enfon, la diffusion universelle de ces symboles offre à
l'occidcnr un puissant moyen de donlinacion polirique. •) l.'hinoricn Ron1:1.in V:wron (Mare1.1J 'l':iircnliu~ Varro) :a f.,,.alué i plus de
30 000 le ooiubrc tic dirux dan;: la Roine: hnpbi1lc.

64 65
A. Sokim11n Al-K11abi

Or. J'Occidcn1 gouverne aujourd'hui le mond<: Sf:lon un • tolérance• Cl de lilx,n é de conscience. mais ~ la
mode de domin.11tion ickntiqu<:, mais avec un niveau de condition qut' les fidèles de ces rcligjons in,ègrent les
complcxic~ bien plw grand. D' un poin< de vue physique, valeurs • univct$Clfcs • de l'Oa:idcn1 (~mocratic, droit.s
cette civilisation bcnd S2 dominaâon sur une grande de l'homme ... ) que rous les peuples Ans cxcq><ion sonr
panic du monde p.ir l'occup:ation armée.. la disttmination censés embrasser.
de b:LSH milit:tirts. sa capacité à lmposc:r un seul modèJc IX la sorte les Musulmans• c:xcr~mistes • c'cst·~..dirc: ceux
policiquc (l'Et~t 4 n:ation, suffrage- universel. ecc.). qui rcfwcnc de faire des conec:ssions doccrin;tJcs envers les
l'inrégr:ation de toutes les nacîons au sein d'une strucrurc symboles occidentaux son' scigmarisés et comb:.ttus. Ils
commune (l'ONU) imprégntt par ses prcnccpcs sont d2ns la situarion des '>rcm icrs 01rétiens qui
u niversalisrcs, mais aussi par la suprématie commerciale cc refusaient de rendre 1.10 culte~ l'cm1>crcur. Cc refus qui a
financière, l'innucncc médiatique cr cuJru rcllc.. . 1notivé en grande partie la répression qui s'en tst suivie,
Mais cerce do1nination se d~ploie également et surtout de <..-01nn1e le montre cc passage des Actes des Apôtres :
manière symbolique p:ir Io diffusion de symboles, de " To"1 ca gens agiJstnl di1nt façon rontr11irr n11x lois de
• valt'un • occidenr:alcs parmi cous les peuples. En /'e1n~rrur, r11r ils prirrndtnl '1'' 'il l a 11n autrr roi 11pprli
adhér:ant i ocr valcurs préccndumcnt universelles ec en les Jhu1. • (Acres, J7/7). Seuls les Musulm•ns • modéiis •
ttronnaissant, les i_ndividus de routa les nacions son1 (théoriquement'" ) tolérés c1 admis car ils adhèrent
soumcncnt lrurr discours, Jeurs actions cc leurs croyances aux valeur'$ • unîversdlC$ • occidentales commt autrefois
i ces réf~tt.nccs uniques et ~ soumettent c:k la tone à les proplcs $0US domina1ion romaint conscrvai<:nt leur
cette dominacion symbolique mondiale, en khangc de culte à condirion qu'ils rtc0nnaiJSCn1 la d~icé de
quoi l'Occident reconnait leurs culces et leurs cultures n l'cn1pcreur romain et donc la 14itimitl de S2 dominarion.
lc:s inrtgre en son sein.
La cr:ans:accion entre les dieux du peuple voùncu cc le c1Jlte
de l'empereur sous l'empire romain a écé rcmpladc 1"' C'nc Ju nloitU la pos.i1ion offici,Uc dct élhn politl(lll\"I n inu:tkc1utllcs
aujourd'hui p:1r la tr:ans.accio11 encre les religion.s et les occldcncaks qlû Jiscn1 vouklir f.1:VOfisn un hl.un 11\0J~. Mais 1nbnc cc1
isl;un b.lulrort ne leur ~ieil pas d.1:ru la réalhé Cl ac COfnb:iucl), co1nnle.' k
cultures qui sont conscrvhs ;i.u nom des principes de
1>rou~ IN r aeh11rnemcnt contre lei rC'prb4:111:11u) 1.lf' C<1 CQlua111J.

66 67
La nation tle Dieu IOUI tlomination m.plriA/e C.ontmc autttfois Hérode. ces E1ats n'onl qu'une
souvuainecé de façade et ne consticucnt cn rl:alic~ que des
Scion les ccrmes mtmes du Coran, les Juifs ~alcnc le • vassaux a des rribul'aircs •"7 qui proton~nc l'hlgémonic
p<uplc élu por Dieu pour pontt Son mcss:c~ <t étran~rc sur ces rttriroircs.
prod•mcr S• foi : {Ô 61s d'lsnël, ''"'""11n-''"" des
bie.nf:olu dont je vous :û combla! Rappela-vous que: J e Dieu :avaîr donc offert aux Juifs la SQ\averaincté sur une
vous :û p"'ruu i Tous les peuples de la Te....,} [Coran terre que les idoles ne dcv-;iicnt p;u: souiller. Mais
2/47]. M:i.is comme les aucrcs peuples vaincus. ils tcaicnt l'occupation grecque de leur roy:aume (l'empire Séle\1cide
sous la clominarion de Ronic depuis l'inrcrvcntion du à panir de -305) puis romaine (à parcir de -64) les ploccnt
général romain Pompée en 64 •van1 JC cr la plupart des sous l'aucorit~ de peuples étrangers et polytlléislcs qt1i
Juifs acccpcaic celte dontination. difTusenc sur la terre d'Israël des sy11lbolcs païens (pièces à
La flomains :avaient ir1sra_llé en GaJiléc, une d·ynasrie de l'effigie des d ictix e1 des c1npcreurs. l'instalhttio1l de
rois pot1r gouverner les Juifs. Ce régime :ava.ic pour statues dans les " illes pour le culte de l'e1npcrcur, etc.).
parricularité d'lrrc à la solde de Rome toue en él'3nt Cette domination romaine posai1 donc :lllX jl1ifs deux
composé d'individus locaux issus du peuple hébreu, problèmes fondamenraux :
conformément i la politique implrUlc romaine qui (a) L'oc:cupation de leur rc.rriroirc qui rc.me1tai1 en cauSt"
vcillai1 l m~n:agcr les sensibilités des peuples vaincus afin lc-ur sou,·crainaé ('C leur auconomic.
d'évicer les rcbdlions.
L'i$lam r<jci:IC catlgoriqucmcnt la $0Umission à des
principes atéricurs à la rbi:la1ion divine. mais la
musulm:ans <Lans leur majoricé acœp1enr aujourd'hui •· Pour rcprmdtc ln propos Ju pol11ologuc atMM.aln pour dfflnÎI'
doci1cmc.nc le joug de cc1 empire occ:idcncaJ comme r . empare. ami&ialn: •Sn ·vrom·
«tfll""' tllJ ,_,,,.JU ,,.,MM.bfn
lfliX o.tm.Jtlt (fi f't t>UtJ't Jll twffi,..._t tUnli/t'M, #1 t'fkf iMl~I tf"fl.Î /,,.
aurrcfoi.s les Juifs ;icccptajcnt la domination romaine. Les t#ft pn1ÎiJMt. Sn 1Nl1$1111X n la rri/JMIAÎrn, JtmJ t'1''1t1ÎNI /HUJ/ntl /n
puissances occident:alcs gouvernent le monde musulm;in, '"""l"n #41Jlgr11.Mt j""l"a uuihlfiJtr Ml /;,.,., t~rt' p/1;1 forts •m"
grâce aux régi1nes ins1all~ :\ l'issue de la décolonisarion. Wt11hi"f)•"· 1011t tipanis 111r /~1'$1,nltk tin tontlMfft1. •
Brlciinslû (Zbignicw}. U gntrul khiq11ltr, 1>47.

68 69
(b) L'introduction dans leur quotidien de symbofc:s païens (b) Jls doi\fent soumct1 rc leurs ac:tes, lcltrs discours et leur
ÎllC:Ompatiblcs avec: Jcur religion. docrrinc à des symboles et des références idéologiques
Les similitudes avec la sitl1a1ion actucJfc du montk ttran~rcs. aux aniipodcs des principes de leur religion.
mu.sulma.n sont tvide:ntC$. En Islam. la sacr.1Ji1~ des terres
musulmanes et la n&cs.sité d 'en présc:rvcr l'inviolabilité Une n111ion Jivisû
sonr des principes essentiels. Mais pour la pre1nièrc fois de
leur histoire, les mu.sulman.s ont subi une domination Les Jttifs se ré.•olt-aicnt réguJièrcment eontrc la puissance
extérieure. Dans une prcmi~rc ph~ avec la colonisacion occupante, surcout qtaand la présence des symboles p:aïc1\$
curopttnne, puis à panir de la seconde guerre mondiale ~ renforÇJic41• Mais ces multiples rb·oltcs sonc mat&$ et

avtt la domination • accidenta.le ,. au sens large. La ne leur pcrmccccnt pas de mctcrC' un terme à l'occup01tion
présence militaire occidentale partout dans le monde ~trangèrc. Dès lors, la n~tion juive se sc.itlde en d ivers

musulman cr les• interventions• à ré-périr.ion confèrent à courants religieux qui adoptent, cltacun, une attitude
J'Occident une véritable h~monic, tout en privant les propre vis-2-vis de la prbcnœ romaine. Ils diverge.aient
musulmans de toute souvcnincté. L'Occide.n t peut sur le positionnement à adopter vis-l·vis de la domination
défaire les pouvoirs locaux qui leur raistcnt et les romaine, ent.rc collaboration (Saduc«ns), indifférence
rc1nplaccr, cr«r des Etats ex· nihilo, défendre des régimes (Ph01risicns), ostracisme volontaire (Esséniens) ou hostilité
inf&>d~ menacés par une ré·volcc, les financer, etc. Oc nos (Zilotcs), voire confrom• iion (Sicaires).
jours, la domination occidcnt'alc soulève donc pour les De: la mc!'me manitrc, la division des musulmans en
musulmans cuacmcnr les m&ncs problèmes. qu'il y a multiplc:s courancs Kl.6ologiqucs repose XluC'Jlemc:nt sur
deux mille ans pour la Juifs. Ccctc domination t.sr, dans l'atti(udc à adopt~r ~nvcrs l'c:xpansionni.sme occidental cc
les deux cas. à Io fois physique et symbolique: son innucnce sur le monde musul1nan. Les sujets qui
(a) L3 sac:ralitt des <erres d'Islam est bafou« par la divisent fondamcncalc1ncnt les musulnlans at1jot1rd'l1ui
prûc:nœ ct la dominacion étran~tt. concc.rncnt les rapports à entretenir a\•CC l'Occident et les

ù la gucnt Jcs MxchaWo tn 160 a~c JC coocrc l'he1Jénig1i<w\ f(,,cft


fui I~ plui •aug.bntc.
70 71
A. Soltim11n Al-/Gzabi

id6ologics skuli~rcs quïl impose: doit-<>n adoprcr Je juif, car ils prônaic:nt chacun une attirudc radica.le vis·à·
mode de vie occidental ? Les valeurs occidcnta.lcs sont .. vis de care occupation. Soit l'inféodation totale: et la
dies comp,ariblcs avec l'isl~m ? Doic"'°n accepter la collaborarion pour les Saduc&ns. soit le repli et
diffusion de ces symboles sur les terres d'Islam ? blam et l'indiffértncc pour lts Pharisiens. Nous avons
• mockrniri • ? La gouvernements arabes qui tr.availlcnt aujourd'hui, <Wu le monde: mlasulman, une situation
pour l'Occidcnr som-ils mécrbnu ? Etc. Ces comparable, avec. deux cour.a.nts qui pol:ariscnc les
questionncmcnt'S sont à peu près &fuivafcncs à crux qui musulmans. Le cou.ra.nt majorit;1ire dc:.s • ri:formistcs.-
dkhir.ticnt les Juifs :ava.n l Ji:sus: Doit-on adopter le mode modcrnisccs. 10 qui trouvent la.1r origine en Egypte et qui
de vie grec Cl romain? Peut-on abroger ccrn1ins sont représentés par le parti des frères n1t1sulmans. Ces
enseignements de 13 Thora incompariblcs avec la culture derniers pc.nchenr pour les symboles oc<:idertraux,
cc la philosophie hcll~nistiqucs ? Les autorités juives considèrent cerce civilisation co1nmc un modèle, ec
désign&s por Rome sont-elles légirimcs? Sonr·cllcs prônent i1ne occidentalisation strt1cturcllc de la société
infidèles? Doit-on les reconnaitre? Ecc. mus.u]mane toue en con~rvanr les rites cc les symboles de
ûrre similitude c11trc la divisions qui ont déchiré les l' Islam. Concrètement, ils soumettent leurs aacs, leurs
Juifs Cl celles qui déchircn1 actuellement les Musulmans, discours et leurs docrrines aux réfé.rcnccs idéologiques.
esr souligri& dans le cél~brc h•dith, où le Prophète (Ili) occid<ntala, icllcs que la d<mocraric cr les droits de
prédit que la oumma se diviKra <k la même manière que l'homme:, cr ne dn-cloppcnt aucune rt flcxton critique
les • commun.autâ qui l'ont préddtt •: «LnJuifi • 1t1n1 envcrS l'Occident. Il y a f.tcc à eux le: cour.ant minorirairc:
tlivilis n1 71 1«ta, ln Chrltims m 72, pumt à ..,..,, ulafl$tC., originaire d'Arabie. qui prône une at1itudc
4
"""' VtJUI Jivùnu m 73. » ' toc:alcment opposée. Cc1tc doc1rinc rejette les valeurs t:t
A cela s'ajoute une :autre similicuc:k: le phénomène de: l'influence occidentales. sur le plan Clllturcl et ritud. sur le
pol:arisarion doctrin:alc. A 1·époque de J~us, parmi routes même modèle que les. Pharisiens au rcn1ps de Jésus.
les scaes cxisc:anrc.s. deux courants polarisaie.n r le peuple Voyons maintenanr en décail les princip:aJes SCCtéS juives
qui exiscajcnt à lépoque cc les couranc.s actuels de l'islam
qui y correspondcnl :
•• R:11ppcw1t 1);11 AlunaJ ('C Abû O.aud, st:lon Abl1 Hura:yra

72 73
Pourquoi}h.u ( '611) tloi:~il tnlt'11ir !

Ut tollAbomtion (ks &ubutt.u) • mod~ra • et modcrnis1cs de l"isl;,in\ qui penchent pour


le discours et les valeurs occidcnt:ilcs. Ils souciennC-1\l
Pour assurer la stabilir~ de leur empire, les Romains .souvent l'expansion impériale de l'Occident dont ils tirent
confiaient les rennes dt1 pouvoir à la tendance des profl1 et s'acha.rnenr à dénigrer les courants de l'islam qui
Sadduœtns donl le roi Hérode faisait partie. rcft1scnt les valeurs occidentales l1nivcrsalistes, en leur
O:s juifs hell~nis~ et assimilés ont accueilli la présence rcprodlant là leu r • cx1rénlismc •· A et titre, le
ro1tl:ainc :avec joie cc en onr riré prollt. Lts Romains ont got1vcrnemcn1 installé par l'Oran en AfghanistaJ\ en
recruté chez eux leurs fonctionnaires et leurs 2002, et plus ~néralcmcnt tous les gouvcrncmcnl'S
coll:abor:atCllf'S. Us Saduettns ét<lient pr~ts à coo~rer avec actucls dans le monde arabe. fonctionnent scion les
les Rom:ains pour conserver leur pouvoir. Pour cela. ils se m~,mcs mttani.smcs que le royaume d'H&ode en
sont opposés aux aucrcs factions juives qui raiKaicnc à la Palestine à !'<poque de J~w.
domination romaine. IC$ c;;onsidé:rant comme des Par ailleurs. ce courant a Je monopole des institucioru qui
•rebelles• et des • extrémistes•. Ils contr61aicnc par préccndent représenter l'islam cr lrs Mu.sulmansS•. car cc
ailleurs le Temple et le hau1 clcrg~ juif en le corrompant. $Ont les $Culs que IC$ gouvernements tol~rcnt pour
Leur 1t1ode de vie s'éloignait donc de la Tradicion comme assumer de telles fonctions, com 1nc les Saddl1cttns en
l'cx1>liquc l'historien Pierre Vid:aJ.Naquet qui dresse llli- leur cc1nps. qui dominaient• l:t hiémrchic du Temple•.
méme un parallèle avec la ~riodc moderne à propos des
Juifs hcll~ni~: • U, gymn>Sc CS! le signe de L 'h01tili1é (ln Zi"1tn)
l'acculturation ~ la culture dominante comme aujourd'hui
Comme lcs Pharisiens, les Zlloccs appliqucnr les ritcs et la
le blue·je>n ou la musique de J:m sont des signes
d"xcultur.ation à la eu.Jeure amériainc. • ,. Loi juive avtt rigucur'"1. M.i.is ces dcrnicn étaient excédés
A notre ~poque, l'Occident étend s:a dominarion en rc:rra
musulmanes grâce à la complicicé des courants t• C eu lt cas de l'uni,-cr$11é d'Al~A:rh•r au Caire.
,, FlaviuJ Josq>hc dtfini1 les USoco de b 50fte : ils • i accordent en
gfnk•I avrc b @ rinc des Ph:wbk:1ts, 1n;t,b ils on1 un invincibl~ ainoor
1or1 VI OAL-NAQUET, PiCTr(~ Lo gumttlnjuifi. O;af"tll. 200). p2). Je la libcrcé, CM ils jugm1 cp1i= Oico c;c le seul chef~-. le seul n1a11rc. te~

74 75
P4UftJu()i jltus ( 'llB) d()it-il m'f'nir ! A. S()/nman Al~KA11-bi

par la prbc.ncc ro1nainc: en Palestine et s'opposajen1 en


con~uencc aux au1rc:s Jujfi qu'ils accunient de
collabora1ion av«: l'occupant romain. Plus prk.isl:ment, l..cs Zéto<a comp1aienc dan• leurs ran&' les Sicaire>, da
ils consid~raicnt que sc-uJc l'a.ucorité de Dieu ha.i1 l~1imc juifs prêrs à utili$Cr la ' 'iolcncc pour «enrer de mtttrc fin à
cr que reconnaitre un homme comme législateur ~tait une l'occupation romaine. Rbolus ~ comb.ltcrc jusqu'à la
forme d'idolirrie. more. les Sicaires résistaient à l"cmpirc par des attaques
Aujourd'hui les mouvcmcncs jihadisres ont un discours sporadiques et spcccaculaircs : des :assassinats, des
sim ilaire: ils p:arragcnt :1vcc les &alafistcs un artachcment • attc1\1ats • e:r des c:mbusc.adcs. En l':an 78. cc.s dcrnicrs
aux rires isl:in1iqucs anccscrau.x, mais refusent la pr~scnce mont~renc une opérarion contre un no\1vc~u contingen.c
militaire occidentale sur les rc:.rres d'Islam. lis d~nonccnr ron1ain qui faisai1 route vers Jérus:alcn1 Cl tuèrent 6000
~alcment les 'fl1wAgl1i1, les gouvernant.s ar01bcs qui soldats. Les Romajns envoyèrent en réponse quatre
pré1cndcnr à Ja divinité en s'arrogcanc Je droit de légiférer l~gions sous le co1nmandcmcnr de Vespasien. Con1mc en
et surtout, qui se rcndcnr complices de la dominarion tén1oignent les Evangiles. l'~ctivité de CèS « groupes
occidentale. Ils rejc11enr lc.s prariques occidentaJcs dans la terroristes• éta.it déjà rrès intense à l'époque de J~us et
vie sociale et poli1iquc: (rcjcc du ' 'Ote, du r41me des apôrrcss1 .
parlementaire, etc.). Pour les mêmt:S raisons, ils accusent Now trouvons aujourd'hui une situation similaire en rous
de m&:rhnce (111/tfir) la Mwulmans qui coUabor<ni avec points. Une minori1é de musulmans appa.ncnanc au
œcre occupation ou qui adhèrent au.x principes coura.nt djihad:iscc. utilisent J"acrion armlc pour c·cn1cr de
philosophique> oa:id<ncaux. rc:poU$$Cr la présc:ncc militaire occidcnc~c dans la terres
d'l.lam. L'nablissrolenc de b>$C$ miliiaircs am~ricaincs à
proximité des lieux saints en Ar:abic Saoudite a été à
l'origine de la création des grotapcs djihadistes
gentes ,1,c: n1orc la pluJ cx11~J.iruiircs, les supplices Je ku1s p;Jtt:nri et
an1iJ ln br.utr11 indUTérf'tltt, pollMJ q u'ils n\ tient ?i ;appeler aua.1n
honl111t du no1n de rn.-iuc • Fbvlw Josq>hc, Antiquités Judaîqucs, XVIII, ~J •Cet ~pcicn <1ui, ré«n1nl<'nt. a pr(W()qu~ l.ll)C rt"Qlct t'I e1nn1tné <.11.1
1 déscn <p1111tc 1niUc tcrr()t'blC$ • (Actct, 21/j8)

76 77
'
rransna1io1l:aux qui onr moncé des arcaqucs contre les tendances juives pour leur col\abitarion avec les païens. lis
Ocxiden12ux. En r~ponsc à l'aaivit~ des groupes prétendaient conscirucr, loin d.c: la civili5aition~ des
jihadisrcs. les Occidcnraux one élaboré 1ou1c une communautés de personnes pteuscs d pures.
politique de ripression c< densifient leur rbeau de baS<S parciculKremcnr arrachées l la pn1iqu.c: religieuse ~ à
milir:iircs comme autrcfoi.s l'empire romain a réagi conrrc l'asci&isme. De plus, les ~nicru ~caicnc profondémct\1
les Ulotes. mcss1an1ques. lb a11cndaicnt les • cemps
Les Romains donnaient :ltlx Zélotes qui utilisaient l:a eschatologiques • , l'arrivtc du Messie pour rcnvcn.cr la
violence. le nom de Sic:arii (ou Sicaires} à p:arrir d'un mot situation. mcrtrc fin à l'oc-et1pa1ion romaine cl r~cablir le
signif1:inr • poignard •· comme aujourd'hui les royaume d'Israël.
Occidcn1:iux foc.iliscnt leurs criciques des Jih:1disccs sur la A noire époqtic. la lassitude vis-à-vis de l:l toutc-puiss:i.ncc
norion de • violence• avec le concept ccn1r:il de occidentale et l'absence de perspectives. poussent
« rcrrorisrnc .s'. é191lcme1'\t certains musulmans ?l se rérugicr dans le
messianisme, l':ascécisme cr la coupure g~:1phiq11c.
L 'ostracinne" k mesrinnmne (la Essbtiem) Certains courants néo--soufis prônent la cr~atio11 de
• villages musulmans • é.loignés des villes et des zones
Les ~nicns éti.icnr une secte juive de • stricte polluées par la civilisation occidenrale. Ils ont pour but de
obst:rvancc • qui rejetait l'occuparion et l'influen« crttr des communautés de personnes • éveillées• et
romaine. Leur rejet de Rome se traduisait par • pures., en ane:n<b.nt l'arri"·tt d 'un pcoonnagc
l'Boigncment ~rapMqu<. messianique (le M>hdi) qui pournit à lui seul meure fin à
Ils prônaient l'i.sole-ment dans les milieux diMniqucs et
cette siruation.
monragncux et s'~loignaient de villes où la prtscncc Ca nouvelles cendanccs eschatologiques craduiscnt,
romaine éc:ai1 la plu.s vi.5iblc, tout en crîriq11anc les aurra: comme pour les Esséniens, un sentiment d'impuissance
qui est comblé: par l'ostracisme volo1\taire cr l'attente
)• Le (IOl"n101in<hn1 roinain qui i 'aJtttK .:i P.iul duis l' acte des :ipOcra. fébrile de la réalisation de prophéties.
Ulilisc k 1cnnc • IC'rr0fl11nt • (tc:lon Ctrlaincs ttadUC'1ions) ~.w dk ig.mr
Ct'.f tllOUvt.IUt'fHS Juifs r"C'bclln.

78 79
Pt1NT'{U.i' " " ' (.'lltll) tÛil·il mimiT?

U ritUAfisme (fn P/141'Üinu) intrrvir11âron1 rt Jirruiro11t notrt 1r1t1pk tt notrr n11.1i1Jn t•,.
Qc:in. 11/ 48).
Les Pharîsicns représentent le seul coura.nt du judal'sme à Par la même occasion. ils renonçaient au combac cr à
a\•oir survéaJ, si bien que le judaïsme moderne n'est c:n toucc forme de résistance: armée cr m~prisaicnt les ztlotcs
réalicé que la st1rvivanc:c du pllarisa"f.smc. qt1'ils considéraienc comme des « F.lurcu rs de trouble "· Ils
Lct1r mpporc à l'impérialisme romQ.in ~talc particulier cr trairaient ~vec autant de mépris coures les autres factions
difT~raic des a11rres tendances que nous :i.vons vues, par j\1ives, qu•cllC$ soient complices avec les Romains ou
cette volont~ de vivre à part de Rome. socialement et qu'elles rc:comm:andc:nl la rébellion ouverte. Ils se
culcurdlcmenc, cout en maintenant dc:s relations 1éfugiai<m daru l'étud< de la Loi « I< rimalism<. ~
politiques pacifiques av« l' empire. En dt<t, pour penchant pour l'étud< <k la Loi rcligi<us< permit
oonscrver la srriae pratique de la Loi religieuse, les l'é.m crgcn« d'une caste de rabbin$. de docrcurs de la Loi
Pharisiens étaient disposés à s'accommoder d< la C1 de $Cribes qui cxcrç.iicnt une au,orité. morale
dominarion romaine-. à conc&ler aux Romains Je pouvoir oonsidénbl< sur I< peuple. Ils ét>icnt les ennemis les plus
politique, mais en rcfu.sanc coute inntte.ncc culturelle acharnés de Jésus car cc dernier rcmcrrait justement en
venant d'eux. Lci.1r mouvement se d~tourna.it des cause lct1r autorité rcligict1SC c1 leur honnêteté. Ils
questions poliriqucs et rcconnaiJS~it les rcl~is locaux de s'opposèrent à lui, le démcncircnt Cl le dénoncèrc1ll atlX
l'e111pirc ro1nain comme les gouverneurs ec les rois autorités romaines avec l'espoir qu'il soit exécuté.
inféodés (Hérode). Cette aniiude leur perm<nai1 de Ac:.tuellcmenc, le s:Jafisme est un co\1rnnt qui corrC$pond
con.Jcrvc:r leur mode de vie sans entrer en conOic avec en tous points au pharisaïsme Klon les caraccé.rlstiqucs
Rome, car ils dbir.ient par-dessus toue conserver leur suivantes :
tra.nquillir~ ~ leur prospérité:. comme l'indique çe: pas.sage Premièrement~ dans son posi1ionncmcnt vis·à ..vis de
des Evangiles où ils manifestent leur hantise de $Ubir la l'im~rialismc occidc.ntal, cette doctrine se distingue par
répression romaine : • l<s <h<fi tin prltTrl tt ln Pharisiens une coupure torale au niveau culturd et social, mais par
rlunirt111 a/on k rons.tîl suplrieur (. ..) "'Si no111 Ir laiJJons tane allianc:c au niveau politiqt1e comme le prouve le as
ngir ninJi, to11s croiront en l11i p11i1 ln a11ton°th romain~s singulier de l'Arabie Sooudile, alli&: fidèl< de l'Amérique

80 81
PourqltOi ]/tus(~) doit-il rttJmir ! A. Soki1n1tn Al-Kitabi

mais qui p~rc.nd nbnmoins appliquer fidèlemcnf le droif Enfin. d'aurrcs détails plus subcils rt\'è.lcnf la similitudes
islamique. entre k pharisaïsme et la salaflsmc :
Ce c:ouranr est apolifiquc ; JC" s:alafu:mc séculitt ne L'appdlation • Pharlticn.s • f:aisair û:f~re:ncc aux pa-cmiC"rs
s'inftr~ qu·aux quCRions individud1cs cr dtlaissc la dévots cananttns comme l'indique cctCC' pa.rolc de jésus
dimcruion collcaivC" de l'l.sJa_m pour ne pas encrer en ('f>41) à l'adresse des Phuisiens d>ns l'Evangile de
conHit :avec l"Oocidcnr C1 les pouvoirs politiques qui lui Barnabé: " Ln lxt1nmts t<>mmt11drrn1, par Jhir Ju
sont inféodés. C. point• d'ailleurs valu aux adeptC$ de cc paratliJ. à tlxrrMr Diru, lrur ntn1n1r...Pharisirn,. r11 effet,
courant d'écre appelés• IC$ Juifs de la Qibla •. wut ju11e1ntnt dirr "cl1errlN Die11 .. J11111 la langut dt
Du f3 i1 de cette indifférence pour les questions poliriqucs, CanMn p11isqur c'est /il q11011 co111n1tnrn à ttnplo1tr et tnot
ils ;icccptcnr la don1inario11 e>«jdcnralc sur les rerrcs pour railler les bcns {. .. } é11 vlrirl, dit }hus, je wus k dis,
d'islam, ils rCGOnnaissent les gouvernants locaux au service tous lts saints et prophètes de Dieu 0111 ltl pl1nrisit11J, non pas
de la domination impériale (Etats arabes). Ils dt no1n, co111mt vous, mais dt fait, c11r en tl111t111tt dt kurs
rcconnaisscnr do11c ~ la fois l'autorité impériale de asar actlqns ils chtrcl1èrrn1 Dit11 lt11r rrlnrrur. />qur l'amour dr
(les E.. ts occidenr~ux) et celle des nouvaux Hérodes (les Dieu. ils quirrhYnt ks viUts tt lt11rs proprtt bit11s. P""'
diri~anrs ar:abcs). Cttrc atticudc ambivalence pc.rmcr, l'amour dt Ditu, ils ln wndl"t1t tt ln donnèrtnt aux
comme aux Pharisiens à l'époque de Jésus, de sauver les pau11m •. U leur était reproché de se rkla.mcr des anciens
symboles cxr~ricurs cr vi.sibJcs de la religion, mais sans sans ttrc ttdlcmcnt fidèles 2 lturs: cnscigncmc:nts et i leur
alTronrcr les foroes adverses. sincéricé, commt aujourd'hui le SaJafismC' qui tire 5()n
Concernant la question du Jihad. ils dénoncent ovec nom de la référeno: aux • onciens • (14IA/J. D'aiUcurs les
virulence rouie forme de lutte et route" rbisrano:: à Pharisieru iopposoienr à Jésus ('f>il) ou nom de la fidélité
l'occup:ation. Daru ln dtbats avec le courant djihadlste:, aux >nciens. cc à quoi J6us ('!>il) répondit d'>près
ils les d~nonccnr comme des • faurcurs de troubles • et de l'Evanglle: de 82rn'.l~ : "}t vous /, J;s 'n Writl. tour 1n11/
d~ordrc (/irnn). scion le même sch~ma acct1.satoirc des nt tntrl dam k mo'ul' 1011.1 lt eo11wn tin an<itns. Ditrs-
Pharisiens à l'ég.ud des Zélotes. mol. /'idolârri.t, qui la fit entrer Ja,,J lt 111011dt 1i11on /'11sagt
des 1111t'Ît111 ! •).

82 83
Par ailleurs, le pharisaïsme St traduisait par une {one .salafasme impose une véritable v~1l~ra1ion des •savants•
aurorjr~ des nbbiru c.t de la hiérarchie rdigitu.SC' sur le et dignitaires rdigicux affiliés à ccrte doctrine. Comme les
pcupl<. ~ suivisme aveugle d'une classe de clercs cs1 rabbins pharisiens en leur temps. la a.stc des oulbnas
a.ssimil~. par J~us('flôil), à une forme d'idolirrie. Il corutitue t1nc barrière à toute rdormc de la Oumma.
cUnonçiir les • idoles de chair • : • Un d«ttur dit a/on : Ces Pharisiens avaienc une vision réductri« et littérale de
·Malrrr, ttJ llJ IN1111toup pari/ tOnttr l'idolâtrit, commt si !t la tdigion pui.squ'ils se limitaient à l'~tudc de la Loi.
p<upk d '! mtll avait tin idoln ; tu nous fais injurt !" }hw 1.·histoticn juif Flavius Jooèphc diJai1 d'eux qu'ils
rfpondir : "'Jt 111is bitn qu 'a11jourâ'hui, en /1raé'l. il nJ a pas • l'c1nponaicnc sur les aurrts Juifs par l;i piét~ et, par une
dt stat11e1 dt' bois, tnnis il y a des 11111un tk thair .."· Le intcrprérarion plus exacte de l:a Loi ... J&us leur reprochait
Coran ~gaiement assimile cccrc dém:.lrchc à un là leur ostenrarion de I:• piéré qui d issinlulair orgueil et
(ltltc idolârrc : ll ls onr a.dope~ comme d ivinités, leur llypoc.:risic : " Ils acto1nplis1t11r tl)tttts les <MlltlrtJ tle fafo11qut
rabbins Cl leurs scribes à la place de Oicul (Coran 9/3 1]. /t'J l1om1nts ks rtmnrq11tnt. Ainsi po11r lts parolts 111cries
Dans les Evangiles, J~u.s conccnrrc donc ses cririqucs qu ïû portt11t au front 011 aux bras (...) lû 11i1nt11t lts plarts
conrrc cette c.astc rabbinique donr il dénonœ l'influence d'!Mnnrur dans k1 gmnds r<ptts n ln 1ilgt1 k t p/111 tn vues
néf.urc sur le peuple : " MaUJeur À wus auui. maitre tk '4 Mns ln synagogues. Ils aintt'nt À rrwvoir titi salutat ions
/Ai! Vou1 mnrr~ 1ur k "41 tin g.m tin fartüaux diffl<iln ô mp«turwt'1 dans ln pkutt pub/Y/un " A étr< apf"lh
port", tl wu1 nt bougn JNU m"'1t un JtU1 doigt powr ln ·mAirrr • par ln gnu. • (Mauhicu, 2315·7). ~
aidrr à portrr rn farrl•aux. • (Luc. 11146). Il appclah descriptions que Jésus dressait des doacurs de la Loi cr
ouvertement l ne plus les tenir en cscime et ttmataic en da Pharisiens. trouvent p:trf<1ilcmenl leurs échos
ausc leur autorité. C est la raison principale pour aujourd'hui ch:cz les musulmans, p;armi la caste des pt."Cits
laquelle, ils SC son< opposn 3 lui « qu'ils micnt oulémas et • ~rudlants en s~voir religieux •· Le sa.la.fume
décermin~ à cau.Jc:r sa mort : ~ln chefs da pritm et ln donne en effc:t l:a priorité ~ cou.s les aspects visibles et
Phllrisie111 tnttndirtnt ln paraboks tÛ }Inn tt comprirtnt extérieurs de la religion. Ils mcttenr en avant 1':1pparcncc
q11 'il parlait d'e1tx. fis tlttrcl1èrent alors un moytn de de religiosité mais sont dénués de tout savoir religieux. de
litmur. • (Matihicu, 21/45-46) De nos jours, le t<>urc compréhension, conforn1éme11t à la dcJeriprion des

84 85
A. S.kùtum A/-fG,,f,;

Kharidjircs" que le Proph~e (Ji) a donntt: « Venu Aujourd'hui, le ritualisme dd salafutcs favorise une vision
trou11n-rz 1101 pn'ba tt vos jninn mlprisnbla m littérale~ ttduaricc: de 1:1 religion. Ils sc dé-toumcnt aussi
<qmJ>nrltûon à lnm dhotitnu. lu 1*itn"Ont le Coran bien des questions spiritu<'llcs que politiques, et réduisent
mals «tt< l«trtn ne dlpasstm pas 1,,.,.. g<Wget. Ju I• religion à l'érndc de la Loi ifiqh) cr au• quesrioru
sortiro,11 de la re.ligion, t'1mm1 la flk/Je s<>rt de la cibk jltridiqucs.
npri1 l '11vot'r tm11sperch••• »s6,
Les poinrs commu ns entre Je s:alaflsmc cr le pharisals-me Jlnu, k Messi~ tks vrais Cl'O)"'ttrs
$Ont nombreux, mais se résument au •ritualisme ... C.Crtc
artirudc est une forme de repli vU·i·vis de la pression 'J"outcs ces similittidcs doctrinales entre ces deux époques
é1nngère rq>résc-:nctt aurrcrois par l'empire romain. ofTrcnc un nouvel &:lairagc sur le retour de J~w. ~
•ujourd'hui par l'Occiden1. Ce ricu.Jisme implique message de Jésus •pporai1 duu cc con1cx1e de profondes
l'inversion des priorités~ le suivi.sme aveugle (taqliâ) des divisions doarin.Je<. Ch•cun dévclopponr un rapporr
• cJcres • cc des rradirion.s. Un des points essentiels du p.1r1itulier ~ entretenir vis-à··vis de Rome, puis.unce:
message de J~sus (~) écair d'ailleurs d'•llégcr la Loi étrangère et en apparence: invincible. Commcnc rcpouMcr
religieuse juive polluée par des ajouts cr des rites s:ins l'occupation du C<'rriroire sacré pour reconstituer le
fondements, comme l'affirn1c cc verset du Cor01n: Uc rt>yaumc d'Israël cr recouvrer la souvcraineré, et comment
viens aussi con_fl_rmcc la Thora qui voU.t a été tnuts:mise ~l· t.lébarrasscr des synlbolcs p:t1'cns qtii e1lva.hisscnt le
a vil.nt moi, cn levant pour vous œnai_ru inludits ( ..•)1 ~u<.11iJicn ?
!Coran 3/50) A p.trtir dc t t constat, on peut :ava11œr l'hypothèse quc
l'llllC' des raisons du retour de Jésus ("ti1i:'} est œ11c
similitude encre les ckux tpoqucs eoc les dt:f&S communs l
ulcvcr. Jésus attendu comme Messie par les Juifs, est '\'COU
» Cnt:.airu otkn1alùca plcnl de rWo-lchwidJltmc pour qwlif~ le rr.tn..:hcr cnrœ ces difTércnc.s courants. tout cn ap~l1nr
Q.l;alimw. cc qui m jusle. car le i:alifiunc con1cmpor;&.in cmprunft
~on peuple à rcv~nir à l'esscncc de la religion. Mais Jhus,
boucoup de ar;iaérisdqucs aux Kh:uidjhn des prm1ict1 Ji«la.
u. H11i1lhh r.lt)P011é par Al·Bukblri « Mudlm, klon le 1érnolgn:igc J'Abti lt~Ji·Messic promis aux J uifs pour r~tabli r le royaume et la
S3 'Id :.l·Klutdrl.

86 87
A. So!rimAn Af.JGiabi

souverainett du peuple tlu, n'a pas ért acccptt par les emblèmes de cet empire c1 ne rtprouvcnt pas les
siens. JI rcvienr donc pour oocupcr s:a fona.ion de • Roi •, gou,·e.mt:urs locaux qui lrur sont imposé. ils n'ont pas le
de souverain sur la n,acion de aoyants qui le tte0nnait souci des enseignements virit:ablcs de la rdigion et ne
sans lui fuire of'fen.5C JXl-r la calomn~ ou la dtifiarion. cultivent quC' les appa.rcnœs ck piétL
C'est uns douce ainsi qu'il fau[ compr~ndrc les multiples u m;..ion de Jésw (~) <tair de réformer le judaïsme
hadj[h.s sur le • règne • de J~us sur 12 O umma : « JI 1"m 1><>llué JXlf des siècles d'err-emcntS. Pour ccla. il s'est
faut de~'!"' k fils li• Mari• n• tks«ntk ptmni vo1u., rrinc:ipa1C'mC'n[ opposé aux Ph:1risicns qui vouaien[ un
qu"l°I rtgne e-11101,Hrfll°n jUJte d Î']U.itAhle ». v~rit~blc culte aux autorités rcligieuse.s et qui exerçaicnc
une influence ntfus tc sur les m wcs. les détourn:&JlCde la
]IS1u 11n mod;/e pour 11otre époq11« vraie foi. L'un des points les plus i111pormnts de sa
"lnctrinc a éré le rejet de l'aurorité de César et <le 1a
De: tous les pro1>hètC$, Jb tas est le seul à avoir affronté une
J(ln1inacion romaine sttr 1111 peuple nlonorhéistc. Il a
siruario11 similaire à celle q11i ~mcrgc à notre époque. Les
r~ft>rmé l~ Loi en la purifiant des ajouts et de la crispation
menaces qu'il a ducs :affronter sont analogues en ro 1JS
Je.·$ Juif5 autour d'elle en en.s eignanc les autres aspects de
poinrs à cella qui pèsent $Ur les Musulmans aujourd'hui.
1::. religion. nor:a.mmcnt la dimension spirituelle qui fais.ait
L< rappon de rorcc av<e l'empire idolicre, ses mérhodcs
l'rucllemenc déh.ut aux JuifsS' .
pour itendrc n domination et les répercussions internes à
Jh.us nous offre donc un exemple de componcment
la nation des croyants sont comparables. l 'Occiden1
Jlr,,1,f.ériquc dans une siru3tion similaire c:n tous points à
moderne cs-r une réplique de l'empire rom~n à une
l.a ncltrc. C'est à cc titre qu'il est fondamental d'&udicr
«hdle bc:lucoup plw grande : son champ d'action csr
Mlll mcss:a~ et son rapport au.x différentes tencbnccs
récllemcnr mondi-il, les moyens ~ sa dispocsicion sont plus
ji1ivc:s '(UÏ cxistaiC'nt alors. car l':atriri1ck de J~w peut donc
cfficaus cr surtout son mode de domin:acion symbolique
1u 11 1s Krvir de mod(-lc, ou tout dt1 moins nous f.a.irC'
est bien plus complexe. Comme les Jui& hier, les
mu.si1lman.s sont .soumi.s à l'Empire et s'accommodent de
cette domina1ion. ils sont peu enclins à dtsavoucr lc.s a
' ' lA'\ ( :lu~icns J'inVCTSC cxagErèrcnc d.-n11 l'~11pcc:c spirhut-1~Je la religion
1' ..... 1k•l.1io.W lllUIC loi divine.

88 89
Pourquoi jtsuJ (.Y) doit-il rtwnir ! A. Solrimn11 Al-K1111bi

réRé<:ltir sur la position à adopter pour affroncer cette contextes variés qu'ils ont dus affronter: '<Ln prophètes
siruation conflic(t1dle avec l'Occident. Le Coran affirme so11t lei ~s d 'UJJ même père, nwil de mères différentn:.
d•ailleurs que ceux •qui suivront Jésus "• ... qui le Leur re/igitn1 est ut1ique et je IUÎJ k pl11s digne de me
prendront pour modèle ,. pre1tdront le de$$u.S sur leurs ffl:lnmer tk jésus... •"
ennemis •jusqu'à la fin des te,mps ,. : 11..orsquc Dieu dit Jé.stts est un donc modèle à méditer car il n'était pas un
« Ô Jé.sus, Je mets un terme à ta mis.iion et t'élève vers mc:ssager ,,enu fonder une 1\ouvellc con11nunauté ou
Moi pour te sauver de ceux qui ont mécru. J'établirai prêcher des polythéistes. comme le fit Muh•mmad (~).
«ux qui s uive.nt ta voie au dessus des Dén~gateurs li était lin • réformateu r,. venu pour corriger un peuple
jusqu'au jour Dernier} [Coran 3/55). Même à (3 fin des <léjl touché par la révélatio1t, mais qui s'était depuis
temps, parm i les disciples de Muhammad, ceux qui ltntgtemps fourvoyé. C'csr le cas aujol1rd'hui des
prendronr exemple sur Jé.sus cr qt1i S\1ivronr sa voie, ntusulmans : ils ont déjà rcç11 la rb•élacion depuis
seront les seuls à pouvoir fai re face à l'adversité cr rérablir longtemps, mais lel1r définirion de la religion, leur
la nation des croyants. culture. leur crhos sont m aintenant très loin de ces
Il n'y a en cela rien d'étonnant puisque chaque prophète principes, dortt il ne reste qt1e J'écorce.
est un exemple dont le Coran énonce les pri1tcîpes. Qu:ind les musulmans se dispu1cnt poor savoir quel
Comme Abrahant qui fur le premier à mettre en t'.-1liSt,dc de la Sira, ils doivent pre1tdre comme excn1ple,
application les principes d'apparrenancc des croyants à nt,us d isons notre situation ne ressemble ni à celle de l...'l
une même narion politique (concept d'• alliance et Ml-cque, ni à celle de Médine, mais à Jérusalem a1l temps
désaveu ,. : al-wala wn/..b11ra), il nous es-r demandé de de Jésus. Il est donc impor(ant 1naîntcnant de savoir
suivre sa voie cc le prendre comme modèle : {Suivez la çc>ntmcn1 Jésus s'est positionné vis-à~vis de routes ces
voie d Abraha.n1 qui était un pur monoth~istc et n'était
1
tcnJ;1nc.:cs et quelles étaie1tt les caractéris tiques de son
point du nombre des idoliitrcs} ICor.tn 2/135). Car le
message de chaque Prophète étant singulier, adapté au "" t)•;t !fès AhO Hur:Jyn. :1u1hc1u ifté poi;r Al ·Albin~ ou J:ins ullc a u 1rc
1
peuple et au contexte dans lequel il était envoyé. Leur ''\'r~iuu rJ1111ew1&- pa.r Al•Bukh:lti et Musli1n:" To11J ln prop/Jitn onl 111
c11~ignemenc monorl1éiste est unjque, majs adapté aux '";,,,,. rr/J'.(ion ri jt 11ti1 b plus 4 mt'"" tlt mr rldllmrr rlu fils 4.r Muir '"'il
" .Y,, pn1 rldNtM prophitf'1 rmr.r '""'' Jtux ~

90 91
mcuagc et de sa pttdicarion. Ob lors, d'at1trcs questions Table des matières
surgissent : qudJe csr la voie de J"us. qu_i étaie:nc ses
vérir:ablcs parcisan,s t-r qui sonr, aujourd'hui, sc.s vé:ricables
disciples parmi les inu.sulmans ~
AVANT·PROPOS ................................................... .....9
INTROOUCTION .... ........... ........................ ............... 17
UN CllMENT AVERE OU 00GM[ MUS\JlMAN : .. ... .. .... ... ... ... ... ... 21
Les VERITAtlCSCAUS(S OE SOH RC,OUR : . .................. ... ... ... .. . 24
JESUS FACE A SES ENNEMIS ET A SES PARTISANS ............ 27
JlSUS f A([ ASES (HKEMIS: llS Juirs •••••••.••.•.••••••••••••••••••••••31
JlSUS FACI ASES PAITlSAHS : LU CHMTICNS ••••••••••••••••••••••••••• 35
lA l'OSl'OON MCOIANE Ol l'rstAM: .......................... ........... 37

lE COMBAT CONTRE L'ANTECHRIST ............................. 43


lA COHTREfAÇOf\I DE JESUS : •• , .. , .. , .. , •••••• •••••••••••. ••. ••.••. •••••4S
UN MESS1ANl$ME JUOAÎQUC INAS.SOlNI: ..... ... ...... ... ... ... ...... ..48
lCSOlVIANCts OUCHRISTIANISMf COMME FERMENT DE L'ANTECHRlSl :
................. ... ,•, .. , .. , .. , ... ... ... .. ...................... .......... S2
l'1S4.AM, LA RCUG10N DE JESUS : , .... , .............. .......... ... ..... .. 60

LES DEUX EPOQUES DE JESUS............................... ...... 63


lf CONTC)(Tf IMPERIAL : ................................................. 64
LA NATION OC Dltu SOUS OOM!NAllOH IMPCA.W.E : •••••••••••••••••••68
UNE NAîK>N ONlS(( : ................................................... 71
\ACOU.&IO«ATlON(USSAcuc<IHS) .................................. 74
L'HOStllnl (Les ZELOTlS) ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• 75
l'OSlAAOSME CT ll MESSIANJSMC {llS (WNICNS) , ., ..... ... ......... 78
ll IUTUAlJSME (llS PHARISIENS} .......... ... ... .. .......... ... .. . ...... 80
J(SUS, L( M ESSIE OES \IRAISCRO\'ANTS ...... ... .. . ...... ... ... ... .. .... 87
J[SUSUN MODELE POUR NOTRE EPOQUE .............. ... ... ... ........ . 88

92
Du mê.m c auteur

S.yfollah (2009)
(la vie de Khllid ibn .~ Walid)

Ernangcn l cc monde (2011)


(Eruck des h2di1h11 rdatifio l la notion d'ê1r.ange1t-)

La voie do Nu.vttns (2013)


(l..r mcwgie ck Jésus cbll.) l'ftbm contemponin)

La conquê<c de PEm« (2014)

Le califuc d'Adam UOJS)


(Essai sur l:i 1en1por;11lhé coranique)

1•1vr pb d'in~iloru. comuka noc.tt .Pic:


www.naw.HJitMlftJ,.(Uftl

oriv·~ l'f' . • _......... '"'> M' 1.. .,,1,,a"' tlYl~)l.lU}

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