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UNIVERSITÉ SAINT AUGUSTIN DE KINSHASA

FACULTÉ DE THÉOLOGIE
B.P. 2143 KINSHASA I
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

LE PROPHETE SOPHONIE

Par
KAMBALE NDAMBUKO Gervais, aa
L.2 THEOLOGIE

Travail pratique réalisé dans le cadre du


cours du prophétisme en Israël.

Titulaire : Tryphon BIMBANGU


MASWAKU, cmf

2022-2023
1
Introduction1

Le cours du Prophétisme en Israël nous a aidé à comprendre que tous les


prophètes font l’expérience de la parole de Dieu. Cette parole est reçue directement. Une fois
reçue, celle-ci marque l’histoire du prophète. Pour comprendre davantage comment la Parole
de Dieu s’est réalisée, à travers le vécu des différents prophètes, il nous a été demandé de
choisir un des prophètes afin de présenter son livre, de parler du contexte socio-politique et de
la structure du livre, et d’en donner le message théologique.

1° Présentation du Prophète et du livre

Selon le document2 à notre disposition, le titre du livre donne la généalogie du


personnage, qui apparait contemporain de Jérémie. Mais tandis que le prophète d'Anatôt était
d'origine sacerdotale, la généalogie de Sophonie remonte à un Ézéchias qui pourrait être le roi
de Juda, contemporain d'Isaïe. En ce cas, Sophonie serait de race royale. Son génie pourrait
être une confirmation de cette origine illustre. A moins que, son père s'appelant Koushi, nom
qui désignait les Éthiopiens, on ait voulu montrer qu’il était de race judéenne. D'après les
synchronismes suggérés par le titre, Sophonie a parlé sous le règne de Josias et, semble-t-il,
avant la réforme de 622. En effet, des cultes étrangers sont encore pratiqués à Jérusalem.
Aucune critique n'est faite au roi, peut-être parce que celui-ci est dans sa minorité 3.

2° Contexte religieux et historique du livre

Les mœurs étaient celles des règnes de Manassé (687-642) et d'Amon (642-640).
Juda est vassal de l'Assyrie d'où des déviations morales et religieuses. L'Assyrie était
parvenue au sommet de Sa puissance après les victoires de Sargon II, de Sennachérib et
d'Assarhadon. Le long règne d'Assourbanipal (668-626) ne marqua pas un déclin sensible,
bien que la ruine de Ninive, perpétrée en 612, fût toute proche. A vrai dire, l'immense empire
était agité de révoltes continuelles. L'Egypte expulsa les garnisons assyriennes en 655,
Babylone se Souleva en 648, l’Elam en 640. Les répressions qui suivirent furent atroces :
déportations en masse, travaux forcés à grande échelle. Dans les tablettes de sa bibliothèque,
Assourbanipal raconte qu’il a forcé certains rois d'Arabie, après les avoir capturés dans la
bataille, porter des couffins et à mouler des briques pour construire son palais.4
1
Les données qui seront présentées dans ce travail viendront essentiellement de la collection « Connaître la
Bible »
2
J. STEINMANN, Michée, Sophonie, Joél, Nahoum, Habaqqouq. (Texte français), In « Connaître la Bible »,
Bruges, Desclée De Brouwer, 1962, P. 38.
3
Idem.
4
Idem.
2
La légende s'est emparée du personnage sous le nom de Sardanapale, roi
fabuleux pour les Grecs. Les tablettes des scribes nous renseignent avec précision sur cette
époque que nous font entrevoir Manassé s'était soumis au protectorat d'Assourbanipal pendant
un demi-siècle et il l'imita. On pratiqua des sacrifices d'enfants, accompagnés de divinations
magiques, de sorcellerie : Manassé, dit la Bible (II Rois 21. 16) « répandait le sang innocent
en si grande quantité qu’il inonda Jérusalem d'un bout à l'autre ». On comprend Si les
prophètes parlent d'invasion, c'est peut-être à l'occasion de celle des Scythes, présage de la
déchéance prochaine de l'Assyrie. Ceux-ci ne mettraient pas fin à Ninive. Il reviendrait à
Babylone ct aux Mèdes de brûler la cité perverse ». Mais ces incursions scythes, vers 630-
625, s'étendent jusqu'au sud de la Palestine parce que Ninive est affaiblie. Les prophètes y
voient en même temps un châtiment des fautes du peuple et une nonce de la punition méritée
par les oppresseurs. Aussitôt après la mort d'Assourbanipal, les Mèdes se répandent en
Mésopotamie, en Syrie et en Palestine. Par les Grecs, nous avons des renseignements sur leurs
mœurs et leurs coutumes. Cheveux pendants, barbes incultes, ils portent des blouses brodées,
de larges pantalons de peaux. Ils caracolent sur des chevaux à demi sauvages et sont armés de
lances, de haches et de flèches. Cette description concorde avec ce que Jérémie (4. 13) nous
apprend de. la terreur qu'ils inspirent: « Le voici! comme nuage, il s'élance. Ses chars sont
comme la tempête! Plus rapides qu'aigles ses chevaux ! Malheur nous sommes perdus!» et
surtout (6. 23): « Ils portent l'arc et le javelot; ils sont barbares et impitoyables; leur bruit est
comme le mugissement de la mer. » La connaissance des événements historiques qui
marquèrent le début du règne de Josias permet de mieux comprendre les paroles de Sophonie
ainsi que les premières prophéties de Jérémie: ils sont tous deux sensibles aux trois traits qui
semblent caractériser cette période: début de l'ébranlement de la puissance de Ninive,
permanence des déviations morales et religieuses acceptées par Manassé, attaques terribles
qui n'épargnent pas Jérusalem5.

3° Structure ou contenu du livre

Le livre de Sophonie comprend deux séries d'oracles contre Jérusalem: I. I à 2. 3


et 3. I à 8 encadrant des oracles contre les nations : 2. 4 à Is. Le livre se termine par des
promesses de conversion et de restauration. Les reproches contre Jérusalem rapportés en 3. I à
5 laissent deviner la corruption du royaume sous le règne de Manassé. Les classes dirigeantes
sont énumérées et blâmées. Personne ne se trouve justifié, mais la sainteté de Iahvé éclate en
contraste avec cette misère6.

5
Ibidem, p. 39-40.
6
Ibidem, p.40.
3
Les versets 2. I-3 contiennent l'avertissement aux chefs de prendre en hâte une
ligne de conduite qui leur permettra d'éviter donc que la catastrophe, due à la colère de Iahvé.
Il apparait dans le livre de Sophonie bien plus que chez beaucoup d’autres prophètes
classiques, les oracles sur les invasions et sur les nations étrangères sont liés aux leçons
données à Jérusalem. En général, du Jour des Oracles sont concis et toujours menaçants.
L’annonce du jour de Iahvé est faite en termes puissants dans un style halluciné. Parfois
Sophonie ne craint pas les détails et il va jusqu'à énumérer les quartiers de la ville qui seront
ravagés par l'ennemi. Pourtant, grands contemporains, le prophète n'est pas seulement
pessimiste : il annonce le salut. On a ajouté plus tard à cette conclusion des psaumes d'action
de grâces7.

4° Le message théologique

Comme tous les prophètes, Sophonie est l'interprète des décisions de Iahvé sur le
présent et l'avenir politique et religieux de son peuple. Certes, Iahvé apparait surtout comme
punissant Juda par le moyen des invasions. C'est une interprétation religieuse mystique et
inspırée des événements tragiques de l'histoire. Le Dieu de Juda est le maitre des luttes
auxquelles se livrent les hommes. Il est comparable à un juge qui tranche un procès, à un
paysan qui vanne son froment, à un sacrificateur qui immole une victime.

Toutes ses images traduisent la certitude que l'anarchie de l'histoire et les terreurs
de la guerre ont un but. Et Sophonie est certainement l'un des plus grands prophètes de la
peur. Celle-ci est entre tenue par son indignation morale personnelle devant les abus du règne
de Manassé. Les chefs sont injustes, les commerçants fraudent, le corps officiel des prophètes
est animé par l'arrivisme et le mensonge. Sophonie va même plus loin ; il discerne à l'origine
de cette décomposition une profonde indifférence religieuse : « Iahvé, disent certains, ne fait
ni bien, ni mal. » L'hébraïsme veut dire que Iahvé ne fait rien. On touche là un athéisme qui se
développera plus tard chez les Grecs. Le salut pour Sophonie vient directement de Iahvé
comme en procèdent les vicissitudes de l'histoire. Point d’intermédiaire messianique ; on
dirait que, comme Jérémie, il ignore le messianisme d'Isaïe. C'est Iahvé personnellement qui
régnera. Ce qui n'est pas contradictoire avec les grandes thèses messianiques, mais au
contraire les complète8.

Ainsi Sophonie, par le double aspect de son message, rentre la perfection dans les
cadres du prophétisme biblique. Il interprète histoire au nom de Iahvé, annonce la ruine, mais
7
Ibidem, p.40-41.
8
Ibidem, p. 41.
4
prédit également le salut parce que pour Iahvé, finalement, le bonheur et l'optimisme
l'emportent toujours9.

Bibliographie

1. J. STEINMANN, Michée, Sophonie, Joél, Nahoum, Habaqqouq. (Texte français),


In « Connaître la Bible », Bruges, Desclée De Brouwer, 1962.

9
Idem.

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