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Le sourire
de l'ange
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DU MÊME AUTEUR

Le Bonheur est une f e m m e (Les Amants de Talcy), Cas-


terman, 1963 (épuisé).
Très Sage Héloïse, Hachette, 1966; La Table Ronde,
1980 ; Le Livre de poche, 1987. Ouvrage couronné par
l'Académie française.
L a D a m e de Beauté (Agnès Sorel), Presses de la Cité,
1970 ; La Table Ronde, 1982 ; Le Livre de poche, 1987.
L a Chambre des Dames (préface de Régine Pernoud), La
Table Ronde, 1979 ; Le Livre de poche, 1986. Prix des
Maisons de la Presse, 1979. Grand Prix des lectrices de
Elle, 1979.
L e Jeu de la tentation (tome 2 de L a Chambre des
Dames), La Table Ronde, 1981 ; Le Livre de poche,
1986. Prix Renaissance 1982.
Les Recettes de Mathilde Brunei, Flammarion, 1983.
Réédité sous le titre : Cuisine médiévale p o u r tables
d ' a u j o u r d ' h u i , 1991. Prix de la Poêle de fer. Prix
Charles-Monselet.
Le G r a n d Feu, La Table Ronde, 1985 ; Folio, 1988.
Grand Prix catholique de littérature 1986.
Le Sanglier blanc (conte pour enfants), Grasset, 1987.
Les Amours blessées, La Table Ronde, 1987 ; Folio, 1989.
Les Pérégrines, Éditions François Bourin, 1989.
L a Rose et la Mandragore, plantes et jardins médiévaux
(album), Éditions François Bourin, 1990.
Les Compagnons d'éternité, Éditions François Bourin,
1992.
L ' A m i Séraphin (conte pour enfants), Éditions Bou-
rin/Julliard, 1993.
L a Garenne, Éditions Julliard, 1994.
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JEANNE BOURIN

Le sourire
de l'ange

JULLIARD
DESCLÉE DE BROUWER
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© Julliard, 1996 © Desclée de Brouwer, 1996


24, avenue Marceau 76 bis, rue des Saints-Pères
75381 Paris Cedex 08 75007 Paris
ISBN: 2-260-01438-0 ISBN: 2-220-03834-3
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A André,
qui partage ma foi retrouvée.
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« Soyez toujours prêts


à justifier votre espérance
devant ceux
qui vous en demandent compte. »
1 PIERRE 3,15
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Aux approches de mes quarante ans, j'ai fait, à


quelques mois de distance, deux rêves qui m ' o n t
beaucoup impressionnée.
Durant le premier songe, je sortais tout juste d ' u n
bâtiment qui venait d'être bombardé. J'apercevais
dans le ciel les avions, responsables du drame, qui
s'éloignaient laissant derrière eux de minces et étroites
traînées blanches... Je savais que j'étais morte, que
le lieu d ' o ù je venais était sans doute une prison ou
un camp d'incarcération. C'était une longue bâtisse
grise et sévère dont l'intérieur, éventré, n'était plus
que décombres d ' o ù je m'étais extraite avec diffi-
culté. J'en émergeais avec un intense sentiment de
délivrance, de légèreté. Mais ce n'était pas ce soula-
gement qui comptait le plus à mes yeux. J'étais
entraînée, aimantée, vers autre chose.
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A quelque distance de là, se tenait à l'arrêt une


charrette rustique, en bois décoloré qui, jadis, avait
dû être peinte en bleu. On y distinguait encore des
traces de peinture. Je savais qu'elle se trouvait à cet
endroit pour recueillir les âmes des autres victimes de
ce bombardement. Il me semblait que nous étions un
certain nombre à nous diriger dans la même direc-
tion, mais je n'en étais pas sûre.
Un ange se tenait debout à chacun de ses angles.
Je m'approchai de la charrette. L'un des anges se
pencha vers moi pour m'accueillir — c'est alors que
je découvris son sourire... Aucun mot humain ne
peut décrire l'impression qu'il me fit. Comment tra-
duire avec nos pauvres phrases la tendresse, le rayon-
nement, la paix, la joie, la certitude, l'amour total
qu'il dégageait? Messager d'un autre univers, le
radieux sourire de l'ange reflétait l'infinie patience,
la sérénité, la douceur, la bonté, le bonheur,
l'enchantement, l'entrain d'un ailleurs qui ne pour-
rait être qu'un éternel Alléluia...
Le second rêve fut bien différent.
Cette fois-ci, je me trouvais dans une pièce sans
contours précis, autour d'une longue table de chêne
qui ressemblait à une table de ferme ou de couvent.
Nous étions plusieurs à y avoir pris place. A ma gau-
che, se tenait un jeune acteur, mort d'une overdose
peu de temps auparavant. Je le savais. Je le recon-
naissais et ne savais qu'en penser. Soudain, il se pen-
chait vers moi et posait sa main sur la mienne. Or,
la main de ce mort était chaude, souple, vivante sur
mes doigts qui demeuraient froids et glacés. Il y avait
là un étrange renversement. Moi, la vivante, j'avais
perdu toute tiédeur alors que lui, le mort, dégageait
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une chaleur rayonnante qui, dans un éclair, me per-


mit de comprendre quelque chose qui me sembla sou-
dain l'essentiel. Ainsi donc, la vérité était autre que
celle qui nous paraissait aller de soi : la vie n'était que
l'envers d'une réalité beaucoup plus intense, plus cha-
leureuse, plus vive, qui rayonnait d ' a m o u r .
A peine avais-je compris le message que je remar-
quai, assise en face de moi, de l'autre côté de la table,
une petite femme noire aux gros yeux saillants. Elle
ressemblait à une fourmi. Je savais, de façon certaine
et sans que personne ne me l'eût dit que j'avais là,
devant moi, une personnification de la mort. Cette
fourmi était la Mort.
Elle se leva vivement de table, la contourna et me
fit signe de venir la rejoindre à son haut bout. J ' y
allai. Sans d ' a b o r d rien dire, elle prit ma main gau-
che, puis, me montrant la bague de fiançailles que je
portais à l'annulaire, elle me fit remarquer que le dia-
mant central qui aurait dû être entouré de quatre
petites plaquettes d'émeraude ne l'était plus que de
trois. Il en manquait une que j'avais, réellement, per-
due plusieurs mois auparavant.
— Elle ne sera jamais remplacée, me dit l'étrange
créature, même si vous en faisiez remettre une. Ce
serait comme si elle n'y était pas...
En même temps, une certitude s'imposait à moi
aussi clairement que si la femme-fourmi elle-même
l'avait formulée : il existait une mystérieuse corréla-
tion entre le temps qui me restait à vivre et cette his-
toire de plaquette. Mais laquelle ?
Je ne l'ai jamais su. La Mort s'était détournée
pour reprendre sa place autour de la table de ferme.
Sans un regard vers moi.
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Je me réveillai fort émue. Que signifiait un pareil


rêve ? Comment l'interpréter ? Pourrait-on établir un
lien entre celui-ci et le précédent? Et lequel ?
Je l'ignore toujours, mais mon âme était ébranlée,
durablement.
A quelque temps de là, je me réveillai un matin
avec une certitude bouleversante... Dieu, tout proche,
attendait une réponse. En me levant, cette certitude
se fit évidente. Il espérait que je lui dise « oui » !
Moi, poussière, Lui, Tout-Puissant ! Ce n'était pas
croyable. Et je le crus parce que ce n'était pas
croyable.
Or ce matin-là était celui du 6 janvier. Celui de
l'Épiphanie, fête de la manifestation par excellence.
Ce mot Épiphanie vient du grec epiphanès qui signifie
« qui apparaît soudain ». Ce jour où l'on fête les
Rois Mages est surtout la célébration de la vocation
des hommes à la foi, puis à la vision de Dieu. La
liturgie de ce jour nous dispense la clarté venue d'en
haut, celle qui doit nous conduire, comme les mages,
vers le terme de la route.
Ce ne fut donc pas un hasard si les écailles me
tombèrent des yeux cette matinée-là, justement, et
pas une autre. Je le sais à présent : il n'y a pas de
hasard. Ce que nous appelons ainsi « n'est, peut-être,
que le pseudonyme de Dieu quand il ne veut pas
signer », a dit Théophile Gautier. J'applaudis de tou-
tes mes forces à cette définition.
A partir de ce 6 janvier, si différent des autres,
tout, dans ma vie, fut à reconsidérer.
Jusque-là, j'avais été une adolescente, puis une
femme, plus occupée de mon mari, de mes enfants,
de ma famille, des livres que je lisais ou que
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j'écrivais, que de mon prochain. Je vivais dans une


bulle protectrice où l'amour et le travail, seuls,
m'importaient. Ce qui, en soi, n'est pas critiquable,
certes, mais reste insuffisant. Il allait falloir changer
tout cela.
Nous habitions alors à Paris, non loin de la rue de
la Source où s'élève un monastère bénédictin. Au
bout de quelques jours de réflexions, je me décidai
à y aller avec l'intention de rencontrer un père d'ori-
gine libanaise dont je ne sais plus qui m'avait vanté
l'intelligence et la bonté. Le père Massabki était
grand, majestueux, un peu lourd, un peu lent, avec
de doux yeux bruns remplis d'attention et de bien-
veillance. Submergée d'émotion, je pleurais, je sou-
riais, j'étais perdue et sans doute un peu bizarre. Il
me demanda si j'avais songé à me confesser. Je lui
répondis que j'étais venue pour ça, alors qu'aupara-
vant je ne me l'étais jamais avoué aussi clairement.
N'ayant pas éprouvé le besoin de sonder ma cons-
cience depuis vingt-quatre ans, j'avais un grand nom-
bre de fautes à énumérer et qui m'apparaissaient à
présent comme des péchés. A genoux sur un prie-
Dieu auprès du père bénédictin vêtu de noir, je par-
lai longtemps. Par moments, les larmes m'interrom-
paient. Je reprenais ensuite, dès que ma voix s'était
raffermie.
Tandis que ses doigts égrenaient son chapelet, le
Père Massabki m'écoutait attentivement, en silence,
sans jamais m'interrompre. Quand j'en eus fini, il
prit doucement la parole, me posa certaines questions
pour mieux comprendre à qui il avait affaire, puis,
réutilisant mes propos, les éclaira un à un. Je
m'attendais à être morigénée, je ne le fus pas.
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C'est un rêve étrange et proche à la fois qui a inspiré à


Jeanne Bourin le titre de ce nouveau livre. Récit autobiogra-
phique, Le Sourire de l'ange permet de découvrir le visage d'une
des romancières les plus connues du grand public.
Femme de lettres qui a su redonner vie aux figures du
Moyen Age dans La Chambre des dames ou Les Pérégrines,
Jeanne Bourin est aussi une femme de cœur qu'habitent des
convictions profondes. Dans ce beau témoignage, qui évoque
tout à la fois sa vocation d'écrivain et son itinéraire spirituel,
elle n'hésite pas à faire partager les questions qu'elle se pose, sa
foi, ses révoltes et ses raisons de vivre.
Hanté par le progrès et les peurs de la fin du millénaire,
notre monde, souligne-t-elle, a oublié la joie d'exister et l'en-
thousiasme des bâtisseurs de cathédrales. Il ne se souvient plus
que, plus fort que la mort, plus fort que le mal, Dieu nous offre
un visage d'amour. Il doit réapprendre les chemins d'une espé-
rance nouvelle.
Comme l'ange qui sourit au portail de la cathédrale de
Reims, ce nouveau livre de Jeanne Bourin saura toucher ceux
qui, aujourd'hui, sont en quête d'humanité et de sens.
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