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2.

Calcul des courants de court-circuit par la


méthode des impédances
Les réseaux d’énergie électrique peuvent être le siège d’un
certain nombre d’incidents : apparition de défauts. Ces défauts
donnent lieu à l’établissement de courant de court-circuit soit
entre conducteurs, soit entre un ou plusieurs conducteurs et le
sol.

L’intensité du courant de court-circuit est à calculer aux


différents étages d’une installation électrique; ceci pour pouvoir
déterminer les caractéristiques du matériel qui doit supporter ou
couper ce courant de défaut.

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- Définitions

Les courts-circuits sont dus, soit à un contact accidentel entre phases, soit à
un contact entre phase et neutre, soit encore à un contact accidentel entre phase
et terre ( Seulement en SLT TT et TN). Les courts-circuits peuvent provenir d’un
défaut d’isolement, ou bien d’une fausse manœuvre, ou …etc.

L’augmentation d’intensité est alors très rapide et l’intensité maximale peut-


être très élevée, d’où risques d’accidents.

En courant alternatif, l’étude de l’intensité de court-circuit est très complexe à


déterminer, car il faut tenir compte :
- de la résistance R;
- de l’inductance L ;
- de la capacité du circuit 1/C ;
- des caractéristiques de la source d’énergie (alternateur,
transformateur, …) ;
- des distances de ces sources d’énergie par rapport au point où se
produit le court-circuit.
- etc….
2
- Définitions

Pouvoir de coupure

Le pouvoir de coupure d’un disjoncteur, c’est sa capacité à couper un court-


circuit, il est défini en Ampère (ou Kilo-Ampère).
Le pouvoir de coupure d’un appareil, c’est la valeur maximale en Ampère du
court-circuit qu’il est capable de couper.

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- Caractéristiques des courts-circuits
Ils sont principalement caractérisés par :

•Leurs durées : fugitif (les courants de défaut disparaissent d’eux même au bout
d’un temps variable) ou permanent (les courants de court-circuit nécessitent
avant disparition l’intervention du personnel exploitant) ;

•Leurs origines :
➢Mécaniques (rupture de conducteurs, liaison électrique accidentelle entre
deux conducteurs par un corps étranger conducteur tel que outils ou
animaux),
➢Surtensions électriques d’origine interne ou atmosphérique,
➢Ou à la suite d’une dégradation de l’isolement, consécutive à la chaleur,
l’humidité ou une ambiance corrosive ;

•Leurs localisations : interne ou externe à une machine ou à un tableau


électrique.

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- Conséquences des défauts de court-circuit
Elles sont variables selon la nature, la durée des défauts et le
point concerné de l’installation et l’intensité du courant :

•Au point de défaut, la présence d’arcs de défaut, avec :


➢ Détérioration des isolants.
➢ Fusion des conducteurs.
➢ Incendie et danger pour les personnes.

•Pour le circuit défectueux :


➢Les efforts électrodynamiques, avec déformation des JdBs
(jeux de barres) et arrachement des câbles.
➢Sur-échauffement par augmentation des pertes joules, avec
risque de détérioration des isolants.

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•Pour les autres circuits électriques du réseau concerné ou de réseaux
situés à proximité :

➢Les creux de tension pendant la durée d’élimination du défaut, de


quelques millisecondes à quelques centaines de millisecondes.

➢ La mise hors service d’une plus ou moins grande partie du réseau


suivant son schéma et la sélectivité de ses protections.

➢ L’instabilité dynamique et/ou la perte de synchronisme des


machines.

➢ Les perturbations dans les circuits de contrôle commande, etc...

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La connaissance des intensités de court-circuit (Icc) aux
différents points d'une installation est indispensable pour la
conception d'un réseau.

Le calcul du courant de court-circuit triphasé maximal est


utilisé pour :

 la vérification du pouvoir de coupure du dispositif de


protection,

la vérification des contraintes thermiques des


conducteurs lorsque le dispositif de protection est un disjoncteur.

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Le calcul du courant de court-circuit triphasé minimal
est utilisé pour :

 la vérification du seuil de déclenchement en cas de


court-circuit lorsque le dispositif de protection est un
disjoncteur,

 la vérification des contraintes thermiques des


conducteurs lorsque le dispositif de protection est un fusible.

Le calcul du courant de court-circuit phase-terre


minimal (en schéma TN et IT) est utilisé pour la vérification de
la protection des personnes.

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PROTECTION PAR FUSIBLE PROTECTION PAR DISJONCTEUR

Le pouvoir de coupure (PdC) DES FUSIBLES Le pouvoir de coupure (PdC) D'UN DISJONCTEUR
doit être SUPERIEUR ou EGAL au courant de doit être SUPERIEUR ou EGAL au courant de
court-circuit triphasé (Icc3) susceptible de ce produire court-circuit triphasé (Icc3) susceptible de ce produire
juste en dessous d'eux. juste en dessous de lui.

PdC fusible  Icc3 MAX PdC disjoncteur  Icc3 MAX


Le (ou les fusibles) doit fondre pour une valeur Le disjoncteur doit déclencher pour une valeur
MINIMUM du courant de court-circuit, c'est à dire MINIMUM du courant de court-circuit, c'est à dire
pour un défaut franc situé en bout de ligne et dans un pour un défaut franc situé en bout de ligne.
temps INFERIEUR à 5 secondes.

If 5s  Icc3 MIN Imag  Icc3 MIN


If 5s = courant de fusion pour un temps de 5 I mag = courant de réglage du déclencheur
secondes magnétique

t(s) Courbe de fusion d'un fusible t(s) Courbe de déclenchement


d'un disjoncteur

t = 5s Zone de fonctionnement
t1 t0 du magnétique

t1
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Id PdC I(A) Im Id I(A)
- Principaux défauts de court-circuit
Dans les installations électriques, différents courts-circuits peuvent se produire.
Ces différents courants de court-circuit sont présentés sur les figures suivantes.

a) court-circuit triphasé symétrique.

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b) court-circuit entre phases, isolé.

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c) court-circuit entre phases, avec mise à la terre.

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d) court-circuit phase-terre.

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Les courants de court-circuit peuvent être :

•Monophasés : 80 % des cas ;

•Biphasés : 15 % des cas. Ces défauts dégénèrent souvent en


défauts triphasés ;

•Triphasés : 5 % seulement dès l’origine.

En général, pour la plupart des défauts, la tension entre les


conducteurs à l’endroit de défaut est nulle ou pratiquement
nulle : court-circuit franc. Dans le cas contraire, il faut tenir
compte de l’éventuelle impédance des défauts.

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Deux méthodes sont particulièrement étudiées pour le
calcul des courants de court-circuit :

- l’une dont l’usage est surtout réservé aux réseaux BT, il


s’agit de la méthode des impédances. Elle a été retenue pour la
précision qu’elle permet d’obtenir, et pour son aspect didactique
puisqu’elle nécessite la prise en compte de la quasi-totalité des
caractéristiques du circuit concerné.

- l’autre, surtout utilisée en HT, est celle de la CEI 909 :


méthode des composantes symétriques, retenue pour sa précision
et pour son aspect analytique. Plus technique elle exploite le
principe des composantes symétriques.

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Calcul des courants de court-circuit par la méthode
des impédances
La méthode des impédances permet de calculer avec une bonne
précision tous les courants de court-circuit (maximaux, minimaux, triphasés,
biphasés, monophasés) et les courants de défaut en tout point d’une
installation à base tension.

Elle est utilisable lorsque toutes les caractéristiques des différents


des différents éléments de la boucle de défaut sont connues (sources,
canalisations).

Elle consiste à totaliser séparément les différentes résistances et


différentes réactances de la boucle de défaut depuis y compris la source
jusqu’au point considéré et à calculer l’impédance correspondante, ce qui
permet de déterminer les courants de court-circuit et de défaut
correspondants et les conditions de protection correspondantes contre les
courts-circuits et contre les contacts indirects.
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1. Court-circuit triphasé

Dans une installation triphasée, Icc tri en un point du réseau est


donnée par la formule :
U/ 3
I cc 3 =
Z cc
avec U (tension composée entre phases) correspondant à la tension à vide au
secondaire du transformateur MT/BT, laquelle est supérieure de 3 à 5 % à la
tension aux bornes en charge. Par exemple, dans les réseaux 390 V, la tension
composée adoptée est U = 410 V, avec comme tension simple U / 3 = 237 V.

Zcc = impédance totale par phase du réseau en amont du défaut (en Ω).
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On peut exprimer la tension à vide U en fonction de la
tension nominale entre phase par la relation : U = m.c.Un tel que
c : facteur de tension (cmax= 1,05) et m : facteur de charge à vide
(m = 1,05). On obtient alors l’expression suivante :

c  m  Vn
I cc 3 =
Zd

Avec Icc3 : courant de court-circuit triphasé symétrique


Vn : tension nominale simple
Zd : impédance directe (Zd = Zcc)
c : facteur de tension (cmax = 1,05 – cmin = 0,95)
m : facteur de charge à vide (m = 1,05)

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Méthode de calcul de Zcc

Le calcul de l’intensité de court-circuit se résume alors au


calcul de l’impédance Zcc, impédance équivalente à toutes les
impédances parcourues par l’Icc du générateur jusqu’au point de
défaut (de la source et des lignes). C’est en fait l’impédance
«directe» par phase.

Le défaut triphasé est généralement considéré comme


celui provoquant les courants de défaut les plus élevés.

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Chaque constituant d'un réseau (réseau HT, transformateur, câble,
disjoncteur, barres...) se caractérise par une impédance Z composée d'un
élément résistant (R) et d'un élément inductif (X) appelé réactance. Il faut noter
que les réactances capacitives sont négligeables pour le calcul du courant de
court-circuit. X, R et Z s'expriment en ohms.

La méthode consiste à décomposer le réseau en tronçons et à calculer,


pour chacun d'eux les R et X.

• Si les constituants d’un réseau sont raccordés en série dans le réseau,


tous les éléments résistifs de chaque constituant s’additionnent
arithmétiquement, et de même pour les réactances, pour donner Rt et Xt.
L’impédance (Zcc) de tous les constituants du réseau connectés ensemble est
donnée par :

Z cc = (  R )2 + (  X )2

R : Somme des résistances en série Rt;

X : Somme des réactances en série Xt. 22


• Si deux constituants du réseau, tous les deux de
type résistance ou de type réactance, sont raccordés en
parallèle : ils peuvent être remplacés par un constituant
équivalent unique soit une résistance soit une inductance
ayant pour impédance :

 résistances R1 en parallèle avec R2 :


R3 = R1.R2/(R1+R2)

réactances X1 en parallèle avec X2 :


X3 = X1.X2/(X1+X2)

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Si un court-circuit se produit côté BT :
- au point B le courant (IccB) est limité par l’impédance interne du
transformateur et celle du réseau amont ramenées au secondaire du
transformateur.
- au point C, le courant (IccC) est limité par l’impédance interne du
transformateur, celle du réseau amont ramenées au secondaire du
transformateur et celle du câble C1.

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Lors d’un court-circuit entre les 3 phases (cas le plus défavorable),
l’installation peut être représentée côté BT, pour une phase, par le schéma
suivant :

Ra : résistance du réseau amont ramenée au secondaire (du transformateur).


Xa : réactance du réseau amont ramenée au secondaire.
Rt : résistance totale du transformateur ramenée au secondaire.
Xt : réactance totale du transformateur ramenée au secondaire.
Rc : résistance d’une phase du câble C1.
Xc : réactance d’une phase du câble C1.
V : tension simple au secondaire. 25
Autre écriture possible (forme complexe) :

!
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 Exemple d’application
Déterminer la valeur du courant lors d’un court-circuit au point B puis lors d’un
court-circuit au point C de l’installation illustrée dans la figure ci-contre.

Caractéristiques de l’installation :
- Réseau amont Pcc = 500 MVA
- Transformateur 20 kV/410V, Sn = 400 kVA, Ucc=6%, Pcu = 5 kW
(U = 410V entre 2 phases au secondaire)
- câble C1 = 3 × 150mm² par phase en cuivre, longueur = 3 mètres.
Calculer par la méthode des impédances la valeur du courant de court-circuit
Icc(B) puis Icc (C). 27
R (m) X (m) RT(m) XT(m) Icc (kA)

Réseau amont 0,06724 0,3294

Transformateur 5,25 24,66 5,3172 24,9894 9,26

Câble C1 0,15 0,24 5,4672 25,2294 9,17

♦ Le pouvoir de coupure de Disj 1 doit être


supérieur au courant de court-circuit
susceptible de le traverser : PdC de D1 > Icc(C).

♦ Un court-circuit au point B sera éliminé par


les protections en amont du transformateur
(généralement par fusibles côté réseau amont).
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 Courant de court-circuit triphasé au secondaire d'un
transformateur MT/BT

Cas d'un seul transformateur


En première approximation (on suppose que le réseau
amont a une puissance infinie), on peut écrire :

Icc = Inx100/Ucc = Sx105/(Ucc.U20.3)

S = puissance du transformateur en kVA,


U20 = tension phase-phase secondaire à vide en volts,
In = intensité nominale en ampères,
Icc = intensité du courant de court-circuit en ampères,
Ucc = tension de court-circuit en %.
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Cas de plusieurs transformateurs en parallèle sur un jeu de barres

La valeur du courant de court-circuit apparaissant sur un


départ juste en aval du jeu de barres peut être estimée à la
somme des Icc des transformateurs en parallèle.

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2. Court-circuit biphasé isolé

Il correspond à un défaut entre deux phases, alimenté sous


une tension composée U.
L’intensité Icc2 débitée est alors inférieure à celle du
défaut triphasé :

U 3
I cc 2 = = I cc 3  0 ,86.I cc 3
2.Z cc 2
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On peut exprimer ce courant de court-circuit par la
relation suivante :

c  m  3  Vn 3
I cc 2 = =  I cc 3
2  Zd 2

Avec Icc2 : courant de court-circuit biphasé


Vn : tension nominale simple
Zd : impédance directe (Zd = Zcc)
c : facteur de tension (cmax = 1,05 – cmin = 0,95)
m : facteur de charge à vide (m = 1,05)

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3. Court-circuit monophasé isolé

Il correspond à un défaut entre une phase et le neutre,


alimenté sous une tension simple V = U/3.
L’intensité Icc1 débitée est alors :

U/ 3
I cc 1 =
Z cc + Z Ln

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Ce courant de court-circuit peut être défini par l’expression
suivante :

c  m  Vn
I cc 1 =
2  Zd

Icc1 : courant de court-circuit monophasé


Vn : tension nominale simple
Zd : impédance directe (Zd = Zcc). Si le conducteur neutre a
une section différente du conducteur de phase : Il faut
alors remplacer 2Zd par Zd (phsase) + Zd (neutre)
c : facteur de tension (cmax = 1,05 – cmin = 0,95)
m : facteur de charge à vide (m = 1,05)
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4. Court-circuit à la terre (monophasé)

Ce type de défaut fait intervenir l’impédance


homopolaire Zh.
Sauf en présence de machines tournantes où
l’impédance homopolaire se trouve réduite, l’intensité Icch
débitée est alors inférieure à celle du défaut triphasé.
L’intensité Icch débitée s’exprime comme suit :

U/ 3
I cch =
Z cc + Z h 35
Son calcul peut être nécessaire, selon le régime du neutre (schéma de
liaison à la terre), pour le choix des seuils de réglage des dispositifs de protection
homopolaire (HT) ou différentielle (BT).
Pratiquement, l’utilisation de l’expression suivante permet de déterminer
ce courant de court-circuit :

c min  m  Vn
I cch =
2  Zd

Icch : courant de défaut


Vn : tension nominale simple
Zd : impédance directe (Zd = Zcc). Si le conducteur PE à une section
différente du conducteur de phase, ce qui est généralement le cas : Il
faut alors remplacer 2Zd par Zd (phsase) + Zd (PE)
cmin = 0,95
m : facteur de charge à vide (m = 1,05)
 = 1 schéma TT - 0,86 schéma ITSN – 0,5 schéma ITAN.
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Exemple de calculs des courants de court-circuit d'une installation MT/BT de 1000 kVA/400 V

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38
Etablissement de l’intensité de court-circuit
Un réseau simplifié se réduit à une source de tension alternative
constante, un interrupteur et une impédance Zcc représentant toutes les
impédances situées en amont de l’interrupteur, et une impédance de charge
Zs. Dans la réalité, l’impédance de la source est composée de tout ce qui est en
amont du court-circuit avec des réseaux de tensions différentes (HT, BT) et des
canalisations en série qui ont des sections et des longueurs différentes.
Un défaut d’impédance négligeable apparaissant entre les points A et
B donne naissance à une intensité de court-circuit très élevée Icc, limitée
uniquement par l’impédance Zcc.
L’intensité Icc s’établit suivant un régime transitoire en fonction des
réactances X et des résistances R composant l’impédance Zcc.

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Présentation graphique des deux cas extrêmes d’un courant de court-
circuit, symétrique et asymétrique.

Courant de c-c symétrique

Courant de c-c asymétrique

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Etablissement de l’intensité de court-circuit

A l’apparition d’un défaut, le courant d’établissement du court-circuit


dans le circuit est fonction du temps et comprend deux composantes:
* l’une alternative, décroissante jusqu’à sa valeur établie, due aux
différentes machines tournantes et fonction de la combinaison de leurs
constantes de temps,
* l’autre continue, décroissante jusqu’à zéro, due à l’établissement du
courant et fonction des impédances du circuit.
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A partir de la valeur d’Icc (Ik”), on calcule la valeur de crête ip.

Il est donc nécessaire de calculer ip pour déterminer le pouvoir de


fermeture des disjoncteurs à installer, mais aussi pour définir les contraintes
électrodynamiques que devra supporter l’ensemble de l’installation.
La valeur de crête ip du courant de court-circuit, dans les réseaux
non maillés, peut être calculée, quelque soit la nature du défaut, à partir de la
formule suivante :

i p = K . 2 .I 'k'


Ik ” = courant de court-circuit initial,
K = facteur fonction des rapports R / X, défini sur les abaques de la figure
suivante, ou calculé par la formule approchée suivante : K=1,02 + 0,98.e-3R/X

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K=1,02 + 0,98.e-3R/X

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