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To cite this article: Faiza Hallouz, Mohamed Meddi & Gil Mahe (2017) Régimes des matières en
suspension dans le bassin versant de l'oued Mina sur l'oued Cheliff (nord-ouest algérien), La
Houille Blanche, 103:4, 61-71, DOI: 10.1051/lhb/2017034
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Laboratoire Génie de l’Eau ENSH, Blida ‑ Algérie E‑mail: Fouzette71@yahoo.fr, m.meddi@ensh.dz
2
Université Djilali BOUNAAMA de Khemis Miliana, Ain Defla
3
IRD HydroSciences Montpellier, France. E‑mail: gilmahe@hotmail.com
RÉSUMÉ. – Le bassin versant de l’oued Mina, l’un des plus grands sous bassins du Chéliff (Nord‑Ouest algérien), est
soumis à une forte érosion hydrique, les sédiments érodés et transportés par l’oued se déposent à l’aval dans le barrage
de Sidi M’Hamed Ben Aouda.
Les données acquises durant les campagnes de prélèvements de 1971 à 2002 aux stations hydrométriques, hauteurs
d’eau, concentrations en matières en suspension_(MES) et débits solides, utilisées pour la quantification du transport
solide, ont été analysées pour décrire les cycles saisonniers et la variabilité interannuelle.
L’analyse des écoulements, à la station d’oued El Abtal, montre que les débits varient de 40,7 m3.s‑1, en 1974, à 0,48
m3.s‑1 en 1997, soit une variabilité supérieure à 95 %.
Le taux d’abrasion du bassin de l’oued Mina, pendant la période d’étude, a été évalué à 211 t.km².an‑1, cette valeur reste
relativement faible par rapport à celles trouvées pour d’autres régions à régime hydrologique similaire, et la valeur de
concentration moyenne sur la même période a été évaluée à plus de 34 g.l‑1dans le sous bassin contrôlé par la station de
Sidi Aek Djilali et de plus de 12 g.l‑1dans le sous bassin contrôlé par la station d’oued El Abtal.
Mots‑clés : Bassin versant, oued Mina, algérien, érosion, transport solide, écoulement, concentration.
ABSTRACT. – The watershed of the wadi Mina, is one of the largest basins of Cheliff (Northwest of Algeria), is subject
to strong erosion, sediments eroded and transported by the river are deposited downstream in the Sidi M’Hamed Ben
Aouda dam.
The data obtained during the sampling campaigns from 1971 to 2002, at the hydrometric stations, water depth H [cm],
suspended solids concentration C [g.l‑1] and sediment discharge Qs [kg.s‑1], used to quantification of sediments’ trans-
port were analyzed to describe the inter‑annual variability and seasonal cycles.
The analysis of discharge, at the wadi El Abtal station, shows an inter‑annual variability from 40.7m3.s‑1 in 1974 to
0.48m3.s‑1 in 1997.
The abrasion rate of the basin of the wadi Mina, during this study period, was estimated at 211 t.km².y‑1, this value is
relatively low compared to those found for other regions with similar hydrological regime, and average concentration
value over the same period was estimated at more than 34 g.l‑1in the sub‑basin controlled by the Sidi Aek Djilali station
and more than 12 g.l‑1 in the sub basin controlled by the station of wadi El Abtal.
Key‑words: Watershed, Wadi Mina, Algeria, erosion, sediment transport, discharge, concentration.
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Article published by SHF and available at http://www.shf-lhb.org or https://doi.org/10.1051/lhb/2017034
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et du transport solide et de mettre en évidence des relations Il s’étend sur deux unités naturelles dissemblables [Kouri,
susceptibles d’être appliquées à ce bassin versant. 1993 et Mahieddine, 1997] :
L’objectif de notre étude, menée sur les sous‑bassins de —— au Sud, les plateaux telliens contenant aussi les monts
l’oued Mina, est de développer une nouvelle expression de Frenda et de Saida, d’une altitude de 900 à 1300 m, où
explicative du transport solide par le débit liquide. Elle ser- affleurent souvent des calcaires ;
vira à quantifier le transport solide en utilisant l’information —— au Nord, un ensemble de chaînes et de bassins, en géné-
sur le débit liquide qui est plus abondante (à l’échelle jour- ral d’altitude inférieure à 900 m, dans une structure géolo-
nalière) que celle sur le transport solide, ainsi que l’évalua- gique complexe, individualisés en blocs, dont l’Ouarsenis
tion du taux d’abrasion. est un des plus marquants. Ils sont caractérisés par l’abon-
dance des affleurements de marnes, très sensibles à l’éro-
sion hydrique.
II. DONNÉES ET MÉTHODES En amont du barrage de Sidi M’Hamed Ben Aouda
(SMBA), cette région comprend la retombée sud‑orientale
II.1. Présentation de la zone d'étude de l’Ouarsenis et la limite sud‑occidentale des monts des
Le bassin versant de l’oued Mina (fig. 1), affluent de Béni Chougrane, appelée zone des marnes tertiaires ou zone
la rive gauche du Chéliff près de Sidi Khettab au Nord Nord. L’altitude moyenne y est de 450 m dont 85% de la
de Relizane, d’une superficie d’environ 6000 km², s’inscrit surface est comprise entre 200 et 500 m d’altitude.
dans le Tell Occidental d’Algérie ou Atlas Oranais (mise à La dépression du cours moyen de l’oued Mina, qui sépare
part une petite surface en amont qui fait partie du Sersou). la zone des plateaux de la chaîne de l’Ouarsenis ; entre les
barrages de Bakhadda et de Sidi M’Hamed Ben Aouda, cor-
respond à un accident tectonique qui s’apparente aux bas-
sins intérieurs du type de Sidi Bel‑Abbés ou de la plaine de
Ghriss. Les affluents de rive droite entaillent la retombée
de l’Ouarsenis, alors que parmi les longs affluents de rive
gauche, seul l’oued Haddad draine une partie importante de la
zone des marnes tertiaires, zone potentiellement très érosive.
L’étude IFG/GTZ/1987 [Kouri, 1993] a donné la subdivi-
sion décrite ci‑dessous :
1‑ calcaires et dolomies du Jurassique central du sud et
du sud‑ouest,
2‑ Jurassique supérieur dans la région centrale et craie à
l’Est et au Nord‑Ouest avec marnes, bancs de grès‑calcaire
et dolomies,
3‑ Marnes tertiaires au Nord avec des bancs de grès‑cal-
caire et de calcaire.
Le climat de la région est de type semi‑aride méditerranéen
(pluies en hiver, sécheresse en été), avec une précipitation
moyenne annuelle estimée à 305 mm [Meddi, 1992]. La majo-
rité des précipitations se concentre entre novembre et mars.
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III. VARIABILITÉ DES DÉBITS au début de la saison d’automne, après une longue période
ET DES MATÉRIAUX EN SUSPENSION sans pluies. En effet, dans le bassin de l’oued Mina la concen-
tration des crues de la saison chaude au mois d’octobre, et
En relation avec les divers régimes hydrologiques, parfois, en mai avec de fortes puissances, donnerait lieu à de
nous présentons les variations des quantités de matières fortes concentrations en sédiments. Ce contexte favorable à
en suspension (concentrations et flux) au cours du cycle l’écoulement et par conséquent au transport solide, explique
hydrologique annuel moyen, leur variabilité saisonnière et cette forte dégradation des sols dans ce bassin versant [Meddi,
mensuelle, et leurs relations avec les écoulements. 1992]. Elles diminuent plus ou moins rapidement vers la
période des basses eaux, pendant laquelle le transport solide
III.1. Concentrations mensuelles devient négligeable. L’essentiel du transport a lieu de ce fait
en saison humide, sous l’effet des précipitations et du ruissel-
De nombreux auteurs [Orange, 1992 ; Sigha Nkamdjou, lement sur les versants. Les variations des concentrations et
1994 ; Bricquet et al., 1997] ont décrit les caractéristiques des des flux de matières pour l’ensemble du bassin de l’oued
régimes des matières en suspension dans les cours d’eau. Il en Mina sont présentées sur la Fig. 2, sur laquelle nous retrou-
ressort que les concentrations les plus élevées correspondent vons le schéma d’évolution classique des concentrations.
Qs (Kg.s-1)
Qs (Kg.s-1)
C (g.l-1)
50 Nov. 1120
C (g.l-1)
Qs (Kg.s-1)
15 960
C (g.l-1)
8 520 Juin
Mai Nov.
C (g.l-1)
Jan. Avr.
6 Mar. 390 10 640
Fév. Sep
4 Déc 260 t. Mai
Oct.
5 320
2 130 Jan. A Mar.
vr Déc.
0 0 0 No 0
.
0 10 20 30 40 50 60 70 0 v. 10 20 30 40 50 60
Q (m3.s-1) Q (m3.s-1)
25 TAKHMERT 800
Sept.
20 640
Qs (Kg.s-1)
15 Août 480
C (g.l-1)
10 Juil. 320
Juin Oct.
Mai
5 Jan. Fév. Mar. Avr. 160
Déc. Nov.
0 0
0 10 20 30 40 50 60 70
Q (m3.s-1)
Concentration Débit solide en suspension Power (Débit solide en suspension)
Figure 2 : Evolution comparée au cours du cycle hydrologique de la concentration et des tonnages de matières en suspension
en fonction du débit. Les droites représentent la tendance Qs= F(Q).
En effet, les capacités d’érosion des bassins augmentent à une phase de mobilisation des sols pulvérulents, libérés par
au début de la crue annuelle, traduisant une mobilisation les actions érosives et destructrices des troupeaux et des vents
des sols nus pulvérulents non encore couverts. Olivry et al., pendant la longue saison sèche. Ce phénomène est d’autant plus
[1974] ont montré que cette charge solide des premières important dans les régions sèches que les pluies sont mal répar-
crues est encore plus élevée quand la saison sèche a été plus ties, et surtout quand leur démarrage est tardif [Olivry, 1976].
longue et plus rigoureuse. Par la suite, le développement de Pendant la saison des pluies, notamment l’hiver, au niveau
la strate herbacée protège le sol contre les agressions éro- des stations de oued El Abtal, Ain Hamara et Takhmert, les
sives des pluies et du ruissellement. concentrations en matières en suspension baissent réguliè-
Pour l’ensemble des sous bassins de l’oued Mina, il y a une rement au moment où les débits liquides tendent vers leur
phase de croissance des concentrations en automne au début de maximum. Cette phase dure environ trois mois dans tous
l’année hydrologique (août ou septembre) où elle atteint son ces sous bassins. D’après la littérature, plusieurs phénomènes
maximum au mois d’août ou au mois de septembre pour les sta- peuvent expliquer cette diminution de la turbidité au cours de
tions d’oued El Abtal et Takhmert. Ceci correspond sans doute la saison des pluies, associée à un ralentissement de l’action
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érosive des précipitations et du ruissellement : développement les concentrations diminuent dans le même sens que les
du couvert végétal jouant un rôle protecteur, diminution de la débits et l’érosion spécifique. Les débits diminuant, les cours
proportion des particules pouvant être arrachées aux sols. d’eau perdent leur capacité de transport et les particules se
Quand on compare l’évolution des concentrations et celle des déposent dans les lits ou les plaines inondées. Cette phase
flux sur les mêmes figures, nous observons que la production dure jusqu’à la période d’étiage, où la turbidité des rivières
des sédiments continue à augmenter. L’érosion reste de ce fait ne représente plus que l’érosion des berges, l’essentiel des
croissante pendant encore une partie de la saison des pluies, apports d’eau étant issus des nappes phréatiques.
au moment où les concentrations diminuent. Cette phase Pour la relation entre les flux de matières en suspension et les
s’apparenterait beaucoup plus à une phase de dilution, suite à débits qui les véhiculent sur l’ensemble du bassin versant de
des apports d’eau plus importants. l’oued Mina, une distinction peut être établie entre les relations
Pendant la décrue, de fin octobre à décembre pour la sta- concentrations–débits et flux–débits. Alors que les concentra-
tion de Sidi Aek Djilali, octobre à novembre pour la station tions varient de manière cyclique au cours des crues, une rela-
de oued El Abtal, septembre à novembre pour la station de tion linéaire/puissance s’établit entre les flux et les débits qui les
Sidi Ali Ben Amar, octobre à décembre pour la station d’Ain véhiculent. Aux débits (Q) plus élevés correspondent des valeurs
Hamara et octobre à décembre pour la station de Takhmert, de flux (Flux) plus élevées pour chaque sous bassin (tableau 2).
Tableau 2 : Relation Flux de MES ‑ Débit sur le bassin versant de l’oued Mina
Coefficient de corré‑
Bassin Station Fonction Equation
lation : r
Ain Hamara Linéaire Flux = 12.44Q ‑ 65.38 0,98
Oued Abd Aval
Takhmert Puissance Flux = 3.72Q 1.21
0,90
Oued Mina Amont Sidi Ali Ben Amar Linéaire Flux = 23.05Q ‑118.6 0,96
Oued Mina Oued El Abtal Linéaire Flux = 24.48Q ‑ 213.1 0,96
Oued Haddad Sidi Aek Djilali Linéaire Flux = 64.8Q‑ 83.52 0,90
100
C (g.l-1)
C (g.l-1)
10
10
1 1
0 10 20 30 40 50 60 0 30 60 90 120 150
Q (m3.s-1) Q (m3.s-1)
C (g.l-1)
10 10
1 1
0 10 20 30 40 50 0 10 20 30 40
Q (m3.s-1) Q (m3.s-1)
1000 TAKHMERT
C = 1,47Q0,55
r = 0,75
100
C (g.l-1)
10
1
0 35 70 105 140
Q (m3.s-1)
Figure 3 : Relation entre les débits liquides et les concentrations de matières en suspension sur le bassin‑versant de l’oued Mina.
64
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80 80
C (g.l-1)
60 60
C (g.l-1)
40 40
20 20
0 0
Année Année
80 80
60
C (g.l-1)
C (g.l-1)
60
40
40
20
20
0
0
Année Année
80 80
C (g.l-1)
60 60
C (g.l-1)
40 40
20
20
0
0
Année Année
80 80
60 60
C (g.l-1)
C (g.l-1)
40 40
20 20
0 0
Année Année
TAKHMERT TAKHMERT
100
100
80
80
60
60
C (g.l-1)
C (g.l-1)
40
40
20
20
0
0
Année
Concentration saison humide Année
Concentration saison sèche
Figure 4 : Evolution des concentrations sur les sous bassins de l’oued Mina: saison humide (gauche) et saison sèche (droite)
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Une étude menée par Meddi [1992] a montré que les Ainsi, les variations des concentrations pour l’ensemble des
transports en suspension de l’oued Mina et de ses affluents sous bassins de l’oued Mina sont présentées figure 4.
présentent des variations spatio‑temporelles considérables. La figure 4 montre que sur le bassin de l’oued Mina à
Elles seraient dûes au régime pluviométrique, au couvert oued El Abtal, les concentrations connaissent une augmen-
végétal et à la lithologie. En général, les variations saison- tation à partir de la fin des années 1970 et nous remarquons
nières des apports solides suivent celles des apports liquides. que le bassin de l’oued El Abd à Takhmert fournit une quan-
Les valeurs maximales des apports solides, pour l’ensemble tité importante de matériaux en suspension.
des sous bassins, sont observées en début d’automne et à la Par la suite, les concentrations baissent progressivement
fin du printemps, cette variabilité s’explique d’une part par pour atteindre les valeurs minimales ce qui ne représente
la variation du couvert végétal (sols nus) durant l’année et plus que l’érosion des berges à laquelle peuvent s’ajouter les
à la nature agressive des pluies d’automne (fortes intensi- dépôts éoliens dans la partie Sud du bassin.
tés) et d’autre part par les lâchers effectués par le barrage
Par contre, sur le bassin versant de l’oued Haddad à Sidi
de Bakhadda. Ces deux facteurs permettent aux premières
Aek Djilali, les concentrations ont commencé à augmenter
crues d’automne de transporter des quantités importantes de
de 13g.l‑1 à partir de 1974 jusqu’à 99g.l‑1 en août 1982, le
sédiments après une longue saison sèche caractérisée par de
fortes températures et par la destruction des agréga`ts du sol. facteur principal qui explique les variations de la concentra-
tion est la pluie et la température de l’eau, cela est dû au
fait que ce bassin est le plus touché par la pluie en ces deux
III.2. RELATION CONCENTRATION‑DÉBIT saisons [Meddi, 1992].
LIQUIDE A L'ÉCHELLE MENSUELLE En saison humide, le bassin versant de l’oued Haddad à
Sidi Aek Djilali affiche toujours des concentrations élevées,
Une analyse par régression est réalisée entre la concen-
tration mensuelle de sédiment en suspension (c) et le débit dès l’hiver 1973, du fait des caractères favorables à l’éro-
mensuel liquide (Q) sur l’oued Mina. La courbe la plus uti- sion [Meddi, 1992].
lisée d’estimation de sédiment est une fonction de puissance Le bassin de l’oued Mina à oued El Abtal enregistre des
[Ferguson, 1987 ; Gordova et Gonzalez, 1997 ; Jansson, concentrations qui ne cessent d’augmenter de 11g.l‑1 à par-
1996] : Q=aCb où a et b sont des coefficients de régression, tir de la fin des années 1970 jusqu’à atteindre une valeur
sauf pour le cas de la station de Sidi Ali Ben Amar où la importante de plus de 55 g.l‑1 en 2002. Ce bassin contrôle
relation trouvée est de type linéaire. plus de 5000 km² du bassin de l’oued Mina, possède un
autre ouvrage de stockage, le barrage de Bakhadda dans la
partie amont du bassin avec une capacité de plus de 40 Mm3.
IV. VARIABILITÉ SAISONNIÈRE Les concentrations les plus faibles ont été enregistrées au
niveau des stations de Sidi Ali Ben Amar et Ain Hamara.
En plus de ce découpage, nous avons posé l’hypothèse Les concentrations maximales annuelles affichées sur la
que la répartition en deux périodes, l’une humide allant figure 5 montrent que les valeurs les plus élevées sont enre-
d’octobre à mars et l’autre sèche allant d’avril à septembre, gistrées par les stations de Sidi Aek Djilali, oued El Abtal,
suffit à déceler l’influence saisonnière sur le transport solide. Ain Hamara et Takhmert.
500
400
300
C (g.l-1)
200
100
Année
Concentration S.A.Djillali Concentration O. El Abtal
Concentration A. Hamara Concentration S.A.B.Amar
Concentration Takhmert
Figure 5 : Évolution des concentrations maximales annuelles sur les sous bassins de l’oued Mina.
66
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C (g.l-1)
C (g.l-1)
60 70
30 35
0 0
0 10 20 30 40 50 -2 3 8 13 18 23 28 33
Q (m3.s-1) Q (m3.s-1)
C (g.l-1)
C (g.l-1)
20 40
10 20
0 0
0 30 60 90 120 0 30 60 90 120
Q (m3.s-1) Q (m3.s-1)
C (g.l-1)
15 20
10
10
5
0 0
0 5 10 15 20 25 30 0 10 20 30 40 50 60 70
Q (m3.s-1) Q (m3.s-1)
40
30 SIDI ALI BEN AMAR
SIDI ALI BEN AMAR
C = 3,17Q0,49
24 C = 5,80Q-0,481 30 r = 0,70
r = - 0,64
C (g.l-1)
18 20
C (g.l-1)
12
10
6
0
0 0 10 20 30 40 50 60
0 10 20 30 40 50 Q (m3.s-1)
Q (m3.s-1)
40 70
TAKHMERT TAKHMERT
60 C = 1,42Q0,63
C = 1,44Q0,55 r² = 0,80
30 r = 0,82 50
C (g.l-1)
40
20
C (g.l-1)
30
10 20
10
0 0
0 20 40 60 80 100 0 30 60 90 120
Saison humide Q (m3.s-1) Saison sèche Q (m3.s-1)
Figure 6 : Relation entre les débits liquides et concentration des matières en suspension sur le bassin‑versant de l’oued Mina:
saison humide (gauche) et saison sèche (droite)
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Les concentrations en matières en suspension ne cessent En outre, le bassin controlé par la station de Sidi Aek
d’augmenter à la station de Sidi Aek Djilali depuis le milieu Djilali reste le plus grand producteur de sédiments puisqu’en
des années 1970, de même pour la station de oued El Abtal saison humide, à de faibles valeurs de débits correspondent
et la station de Takhmert. de grandes valeurs de concentrations.
Nous remarquons que l’oued Haddad, à lui seul, enre- Au niveau de la station de Takhmert qui contrôle une
gistre des valeurs de concentration deux fois plus élevées superficie de plus de 1400 km² et se trouve à plus de 600 m
que celles enregistrées par l’oued Mina à la station de oued d’altitude, les concentrations en MES progressent en fonction
El Abtal bien que cette dernière contrôle une superficie 10 des débits liquides (bonne corrélation) et les plus grandes
fois plus grande que celle contrôlée par Sidi Aek Djilali. valeurs ont été observés en saison sèche avec plus de 60 g.l‑1.
La valeur maximale de plus de 397 g.l‑1 a été enregistrée
par la station de A. Hamara en novembre 1978 et la valeur
minimale, de l’ordre de 0,36 g.l‑1, a été enregistrée à la sta- V. VARIABILITÉ ANNUELLE
tion de Takhmert en 1983.
Les concentrations sur le bassin de l’oued Mina connaissent Le débit moyen annuel du bassin de l’oued Haddad à la
une augmentation à partir de la fin des années 1980, période station de Sidi Aek Djilali et de l’oued El Abtal, depuis le
de baisse de pluie et d’écoulement [Hallouz et al., 2013]. début des observations en 1971, est respectivement de 4,4
m3.s‑1et 19,6 m3.s‑1, pour un total de 32 années observées. Au
IV.1. Relation concentration‑debit liquide niveau de la station d’oued El Abtal, les plus forts écoule-
a l’echelle saisonniere ments ont été enregistrés en 1974 avec 40,7 m3.s‑1, alors que
l’année 1997 représente l’année de plus faible hydraulicité,
Le découpage ainsi effectué a permis de tracer la relation avec un débit de 0,48 m3.s‑1. Par contre, à la station de Sidi
concentration – débit liquide à l’échelle des saisons sèche Aek Djilali, les plus forts écoulements ont été enregistrés en
et humide : mois secs (d’avril à septembre), mois humides 1990 avec 14,7 m3.s‑1, alors que l’année 2000 représente l’an-
(d’octobre à mars) née de plus faible hydraulicité, avec un débit de 0,06 m3.s‑1.
En effet, les résultats montrent qu’il existe une bonne rela- Les concentrations moyennes annuelles de matériaux en
tion puissance entre les concentrations et les débits liquides suspension sont comparées aux moyennes annuelles de débits
en particulier en saison humide c’est‑à‑dire en période où les (figure 7). En dépit des irrégularités interannuelles, au niveau
pluies viennent s’abattre sur des sols secs et dénudés de la station de Sidi Aek Djilali, les concentrations et les débits
20
SIDI AEK DJILALI 80 45 OUED EL ABTAL 60
40
50
16 64 35
30 40
Q (m3.s-1)
12 48
C (g.l-1)
Q (m3.s-1)
25
C (g.l-1)
30
8 32 20
15 20
4 16 10
10
5
0 0
0 0
1971
1974
1977
1980
1983
1986
1989
1992
1995
1998
2001
1971
1974
1977
1980
1983
1986
1989
1992
1995
1998
2001
Année Année
8 16
9 12
Q (m3.s-1)
Q (m3.s-1)
C (g.l-1)
6 12
C (g.l-1)
6 8
4 8
3 4
2 4
0 0 0 0
1971
1974
1977
1980
1983
1986
1989
1992
1995
1998
2001
1971
1974
1977
1980
1983
1986
1989
1992
1995
1998
2001
Année Année
20
TAKHMERT 48
15 36
Q (m3.s-1)
C (g.l-1)
10 24
5 12
0 0
1971
1974
1977
1980
1983
1986
1989
1992
1995
1998
2001
Année
débit (m3/s) Concentrationmoyenne en MES (g/l)
Figure 7 : Évolution des moyennes annuelles des débits et des concentrations sur le bassin‑versant de l’oued Mina.
68
La Houille Blanche, n° 4, 2017 p. 61-71 DOI 10.1051/lhb/2017034
ont évolué de façon inverse. Les débits sont passés de 14 la même quantité de matériaux en suspension (environ 189
m3.s‑1à la fin des années 1980 à moins de 3 m3.s‑1au début des t.km‑².an‑1) a été transportée par l’oued Mina (figure 8).
années 2000, alors que les concentrations ont évolué de 44 Nous pouvons conclure que la station de Sidi Aek Djilali,
g.l‑1, en 1974, à pratiquement 69 g.l‑1 à la fin des années 1990. qui contrôle un sous bassin d’une superficie de 499 km²,
En outre, les débits au niveau de la station d’oued El Abtal enregistre des taux assez élevés de transports en matériaux
sont passés de plus de 40 m3.s‑1en 1974 à 2 m3.s‑1 au début en suspension comparé à la station d’oued El Abtal qui
des années 2000, alors que les concentrations ont évolué de 12 contrôle un sous bassin d’une superficie de plus de 5000
g.l‑1, en 1971, à pratiquement 47 g.l‑1 à la fin des années 1990. km² soit 10 fois supérieure.
Par ailleurs, les quantités de matières transportées (concen-
tration × débit) annuellement ne suivent pas la tendance des
concentrations (figure 7) ou des écoulements, et restent glo- VI. ÉTAT DE COMBLEMENT DES BARRAGES
balement constantes. (SMBA ET BAKHADDA)
A la station de Sidi Aek Djilali, les flux en MES sont
même supérieurs à ceux mesurés en période plus humide. Ce transport de sédiment déjà évalué vient se déposer
Ainsi, au début de l’année 1991 (débit moyen égal à 5,25 dans les cuvettes des deux barrages : barrage SMBA et bar-
m3.s‑1) et 2002 (débit moyen égal à 2,22 m3.s‑1, de moitié rage Bakhadda qui se trouvent sur le même cours d’eau.
inférieur à celui de 1991), la même quantité de matériaux En effet, la perte en capacité du barrage SMBA depuis sa
en suspension (environ 267 t.km‑².an‑1) a été transportée mise en service en 1978 jusqu’en 2004 est évaluée à 81,3
par l’oued Haddad (figure 8). En 1988, le flux de maté- Mm3 équivalent à un tiers de sa capacité initiale. Ce qui
riaux en suspension a atteint plus de 871 t.km‑².an‑1, alors correspond à une perte moyenne annuelle de 3,25 Mm3.an‑1
qu’il n’était que de 207 t.km‑².an‑1 en 1971 pour des débits [ANBT, 2004].
moyens annuels respectifs de 6,11 et 7,46 m3.s‑1. D’après ces résultats, nous pouvons dire qu’en 2016 le
Par contre, en 1975 à la station d’oued El Abtal, le débit barrage enregistre un taux d’envasement de plus de 48%, et
moyen est égal à 27,6 m3.s‑1 ; après la construction du bar- à ce rythme il sera entièrement envasé d’ici 2048.
rage SMBA et en 1989, le débit moyen annuel est égal à 6,76 Par contre, le barrage de Bakhadda reçoit de faible quan-
m3.s‑1, soit quatre fois inférieur à celui de 1975. En 2002, le tité de vase comparé au barrage SMBA, puisque depuis
débit moyen est égal à 2,21 m3.s‑1 c’est‑à‑dire douze fois infé- sa mise en eau en 1936 avec une capacité de 56 Mm3, il
rieur à celui de 1975 et trois fois inférieur à celui de 1989, or affiche un taux d’envasement modéré de l’ordre de 28%,
Es (T.km².an-1)
Q (m3.s-1)
Es (T.km².an-1)
25
Q (m3.s-1)
8 500 450
20
15 300
4 250
10
150
5
0 0 0 0
1971
1974
1977
1980
1983
1986
1989
1992
1995
1998
2001
1971
1974
1977
1980
1983
1986
1989
1992
1995
1998
2001
Année Année
Es (T.km².an-1)
Q (m3.s-1)
Q (m3.s-1)
6 500
4 356
2 178 3 250
0 0 0 0
1971
1974
1977
1980
1983
1986
1989
1992
1995
1998
2001
1971
1974
1977
1980
1983
1986
1989
1992
1995
1998
2001
Année Année
20 TAKHMERT 70
16 56
Es (T.km-².an-1)
12 42
Q (m3.S-1)
8 28
4 14
0 0
1971
1974
1977
1980
1983
1986
1989
1992
1995
1998
2001
Année
Débit (m3/s) Es (Tonnes/km²/an)
Figure 8 : Évolution des débits et des matériaux en suspension annuels sur le bassin‑versant de l’oued Mina.
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DOI 10.1051/lhb/2017034 La Houille Blanche, n° 4, 2017, p. 61-71
d’où une perte moyenne de l’ordre de 0.27 Mm3 d’après le Bricquet J. P., Mahe G., Bamba F., Diarra M., Mahieux A.,
dernier levé bathymétrique [ANBT, 2004]. Des Tureaux T., Orange D., Picouet C., Olivry J.C. (1997)
Ce faible risque d’érosion est dû à la nature du sol à – Erosion et transport particulaire par le Niger : du bassin
l’amont du barrage qui est dominé par des calcaires et dolo- supérieur à l’exutoire du delta intérieur (bilan de cinq années
d’observations). IAHS Publ. Regional Hydrology: concepts
mies alternant avec des marnes et une végétation moyen-
and models for sustainable water resource management,
nement dense à dense et des pentes variant de 5 à 12%
Proceedings of IIIrd International Conference on FRIEND’97,
[Toumi, 2013].
Postojna, Slovenia, 246, 335‑346.246
En effet, malgré tous les efforts déployés, ces dernières
Demmak A. (1982) – Contribution à l’étude de l’érosion et des
années, le phénomène d’envasement des barrages s’est
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amplifié en raison de l’accroissement des effets anthropiques
teur‑ingénieur, Paris, 323 p.
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sols), et de l’érosion. Ferguson R.I. (1987) – Accuracy and precision of methods for
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71