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La femme dans le discours proverbial marocain Corpus amazighe-français

Article · August 2020

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Talmenssour Abdelaali
University Ibn Zohr - Agadir
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Abdelâali TALMENSSOUR (2020)

La femme dans le discours proverbial marocain


(Corpus amazighe-français)

Revue Littérature, Art et Langue, n°2, pp. 67-76,


Publications du LRALLARC,
Université Moulmay Slimane, Béni Mellal.
La femme dans le discours proverbial marocain
(Corpus amazighe-français)

Abdelâali TALMENSSOUR
Université Ibn Zohr
Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Agadir

Les proverbes sont des formules sentencieuses où s’expriment les résumés


d’opinions, des croyances, des pratiques et des coutumes d’une société.
Dépositaire de la culture d’une société traditionnelle, le proverbe se présente
comme le lieu où s’exprime et se reflète la tradition populaire, le lieu de
l’intelligence collective, le réservoir où se déverse la sagesse ancestrale, la
fameuse « sagesse proverbiale » ou « sagesse populaire ».
Les proverbes nous livrent une vision du monde, une philosophie, avec des
normes, des règles de conduite et des jugements de valeur. Les proverbes
peuvent aussi véhiculer des stéréotypes, des clichés, des idées reçues, et
un ensemble de préjugés, nés dans des contextes sociaux singuliers mais
qui ont perduré grâce à la tradition orale. Grâce à sa force persuasive et à
son poids argumentatif- en tant que discours d’autorité, le proverbe peut
ainsi servir de défouloir permettant d’exprimer des jugements et des opinions
parfois misogynes et racistes.
Dans cet article, nous essaierons d’étudier les représentations de la femme
dans la culture marocaine à travers l’analyse du discours proverbial
amazighe et l’analyse des différents thèmes abordés dans ces proverbes sur
la femme selon les rôles et les statuts qui lui sont réservés dans la société
traditionnelle marocaine. Dans cette optique, nous avons classé ce corpus
parémiologique en deux groupes distincts. D’un côté, nous aurons un groupe
de proverbes « à valeur positive », des proverbes dont les thèmes abordés
tendent plutôt vers une valorisation de la femme. De l’autre, des proverbes
« à valeur négative », où l’on observe une nette dévalorisation de la femme,
et où la femme est reléguée à un rang inférieur, amoindrie, dépréciée,
parfois même considérée comme source maléfique, cause de discorde et de
nuisance.
La première partie du texte présente quelques éléments introductifs sur le
proverbe amazighe, les caractéristiques et les traits définitoires du texte
proverbial, les spécificités du discours proverbial, la parole et la sagesse
proverbiales.
I. Proverbe et sagesse proverbiale
1. Problème terminologique et traits définitoires
Bon nombre d’auteurs qui se sont intéressés au proverbe se sont confrontés
au problème de terminologie et se sont vite découragés par tant de
synonymes qui renvoient les uns aux autres- proverbe, maxime, dicton,
adage, sentence, précepte, locution proverbiale, etc. Bien que l’on puisse
distinguer des sous-classes entre ces dénominations langagières, il serait
difficile d’établir des frontières étanches entre toutes ces formes
sentencieuses apparentées; ces distinctions forcent le doute et résistent
malgré tout à l’analyse. Finalement, beaucoup s’accordent à dire qu’il faut
prendre le terme « proverbe » dans son sens le plus large d’énoncé
parémique, qui inclut toutes les formules censées exprimer des vérités
générales, puisqu’il entretient un rapport de fond et de forme avec toutes les
autres parémies.
En amazighe, le problème se pose différemment. Parmi les locuteurs
interrogés, plusieurs ne font pas de distinctions nettes entre proverbe,
maxime, locution proverbiale et expression métaphorique. Le terme iwaliwn
(sing. awal) est la dénomination qui fait l’unanimité, puisqu’il désigne
l’ensemble de ces formules sentencieuses et expressions métaphoriques.
Ce choix terminologique trouve sa justification dans la langue, puisque le
mot awal fonctionne dans la langue amazighe comme terme polysémique
dont le motif sémantique renvoie globalement à l’idée de « production
langagière », en ce sens que le terme peut à la fois désigner l’idiome, la
langue et le parler. Le lexème awal désigne à la fois l’acte de parole et
l’activité langagière, et peut signifier selon le contexte : (i) le discours et le
sujet de discours, (ii) l’énoncé, et (iv) le message. On sait aussi qu’en
amazighe, comme dans d’autres sociétés traditionnelles, la poésie est
essentiellement orale et, donc, intimement liée au chant. Le mot awal peut
ainsi désigner « l’énoncé versifié (le vers) » de manière générale.
Le lexème awal peut aussi signifier « message, leçon, morale » quand il
renvoie à la bonne parole, conseillère et édificatrice, donc, au discours
gnomique émanant d’une source plurielle- doxa, sagesse populaire. À ce
propos, nous pouvons distinguer deux types de paroles en amazighe : (a)
gar awal (pl. gar iwaliwn), mauvaise parole, parole fâcheuse ou
malheureuse: injures, offenses, obscénités, grossièreté, bavardage,
calomnie, etc. et (b) awal iεdln/ ifulkin, bonne parole. La « bonne/ belle
parole » renvoie ici au discours gnomique, comme vérité non réfutable, à la
morale et à la sagesse populaire (soit encore, à la tradition et à la mémoire
collective). On peut dire que les qualificatifs « beau/ bon » renvoient ici à la
double fonction « esthétique et éthique » du langage, et à la cohérence
solidaire entre « forme » et « sens ».
Nous avons toutefois relevé des dénominations utilisées dans différents
parlers amazighes pour désigner le ‘langage proverbial’. Nous citerons :
iwaliwn ddrnin (Lit.1 paroles vivantes) paroles sentencieuses, ou nnan willi
zrinin (Lit. les ancêtres disaient) paroles ancestrales ou dires proverbiaux.
Les proverbes mêmes sont dits, dans d’autres régions, lmεani (sing. lmεna)
paroles imagées, ou lan um paroles versifiées ou bien frappées, ou encore
lamtal, terme qui existe aussi en Arabe et en Hébreux, qui exprime l’idée de
comparaison et de similitude.
Force est de constater que l’ensemble de ces désignations, malgré l’étendue
de la zone géolinguistique de leur utilisation, répondent et correspondent aux
critères définitoires du proverbe, en ce sens que toutes les dénominations
utilisées partagent au moins les traits définitionnels suivants:
a- Langage implicite (ou métaphorique): le langage lmεna comme « mode
d’expression utilisant l’implicitation comme dynamique de construction de
sens et comme principe créatif » (Jouad (1989 :158)).
b- Image, métaphore. Sens métaphorique ou énigmatique : un sens autre
que celui qui se dégage de la structure superficielle.
c- Forme concise, lapidaire, voire elliptique.
d- Formule rythmée, énoncé versifié (lan um).
e- Exemplum (argument servant d’exemple), morale (lmatal).
Pour résumer, nous dirions que le proverbe est une expression imagée,
exprimée en peu de mots, porteuse d’une vérité morale, incitant à la sagesse
en tant qu’elle éclaire la vie pratique. Sa brièveté milite pour sa mémorisation
et sa transmission orale.

2. Le proverbe et l’expression de la sagesse populaire


Les proverbes sont des formules sentencieuses qui expriment un fait
d’expérience concret et particulier, sous forme métaphorique. Ils visent la
généralisation en évoquant une norme. À ce propos, nous pouvons
distinguer dans les proverbes une vérité générale (ou universelle) et, d’autre
part, une vérité particulière qui résume les mœurs et les traditions d’une

1
Littéralement.
société bien définie. Nous avons donc, d’un côté, des proverbes basés sur
une vérité d’expérience généralement admise par le sens commun et qui
expriment des sentiments universels (sagesse des nations), et, de l’autre,
des proverbes basés sur une vérité d’expérience locale, fondée sur des
coutumes ou des mœurs particulières (liée à une culture et à une société
particulière).
Comme nous l’avons déjà souligné plus haut, les proverbes sont des
formules sentencieuses où s’expriment les résumés d’opinions, des
pratiques et des coutumes d’un peuple. Les proverbes se présentent donc
comme le lieu où s’exprime et se reflète la tradition populaire. Le discours
proverbial peut de ce fait véhiculer des stéréotypes, des clichés, des idées
reçues, un ensemble de préjugés, qui sont nés dans des contextes sociaux
singuliers, mais qui ont perduré grâce à la tradition orale. Il suffit de consulter
un large corpus de proverbes pour constater le nombre considérable de
proverbes misogynes, sectaires, racistes et communautaires2.
Le proverbe se présente ainsi comme le lieu de l’intelligence collective, le
réservoir où se déversent toutes les opinions communautaires. Grâce à sa
force persuasive et à son poids argumentatif, le proverbe peut aussi servir
de défouloir permettant d’extérioriser certaines pulsions communautaires et
d’exprimer des jugements et des opinions personnels parfois misogynes et
racistes.
II. La femme dans le proverbe amazighe marocain
Nous essaierons dans ce qui suit d’exposer les différents thèmes abordés
dans les proverbes amazighes sur la ‘femme’, selon le rôle et la place qui lui
sont réservés dans la société traditionnelle. Dans cette optique, nous avons
classé le corpus des proverbes traitant de la femme en deux groupes
distincts. Nous avons ainsi distingué un groupe de proverbes « à valeur
positive », des proverbes dont les thèmes abordés tendent plutôt vers une
valorisation de la femme. Il s’agit notamment des thèmes de la femme-mère,
la femme-épouse, la femme-ménagère, la femme-mariée, la jeune ou future
mariée et la femme-bienaimée. De l’autre côté, nous avons un groupe de
proverbes « à valeur négative », où l’on constate une nette dévalorisation de
la femme et où la femme est reléguée à un rang inférieur, dépréciée,

2
L’on se retrouve face à des formules sentencieuses, supposées refléter la sagesse
ancestrale, qui expriment des sentiments, des opinions et des jugements personnels.
On notera à ce propos le nombre considérable de proverbes misogynes, sexistes ou
racistes, que l’on rencontre dans la tradition orale marocaine, mais aussi dans plusieurs
cultures occidentales, dites à tradition scripturale.
méprisée, parfois même considérée comme source maléfique, cause de
nuisance et de discorde (malveillance, malfaisance, médisance, calomnie,
perfidie, vengeance, etc.). Seront alors abordés ici les thèmes de la femme-
méchante, malveillante, la mauvaise femme ou mauvaise épouse (gar
tamγart), la coépouse (takna), la méchante belle-mère (gar taḍgg˚alt), etc.

Présentation des thèmes et analyse de corpus :


1. La femme- mère :
La relation mère-enfant, l’amour et la tendresse maternels :
iγ ur ar yalla wazzan, ur ar t tettasi mas
Quand le bébé ne pleure pas, sa mère ne le prend pas dans ses bras.
Quand on ne réclame pas ses droits, on ne peut pas les obtenir.

Le rôle de la femme dans l’éducation des enfants et la gestion du foyer:


azzan γ tmzgid, t t innas γ tgmmi
Lit. Vois l’enfant à l’école (coranique), tu verras sa mère à la maison.
Il n’y a qu’à voir l’enfant à l’école pour voir comment est sa mère à la maison.
La condition/ conduite des enfants reflète celle de leurs parents.

2. La femme- future mariée


La fille ressemble à sa mère, suit l’exemple de sa mère:
tagmart, tsγt illis
Lit. Regarde la jument, et achète sa fille.
Avant d’acheter la pouliche, il faut regarder la jument.
Il faut prendre la fille d’après la mère.

Le rôle de la femme dans l’éducation et l’instruction de ses filles :


la l ad istihiln tiεiyalin
C’est la descendance qui marie les filles.
Quand on veut se marier, on cherche des filles de bonnes familles.

La femme vs. La jeune fille :


tamγart ur ar tettgga tinbgiwt
La femme ne se fait pas invitée.
Dans la société traditionnelle, même lorsqu’elle se fait inviter, la femme se
doit d’aider aux tâches ménagères (au même titre que les autres femmes).
Vs.
tafruxt tga bdda tinbgiwt
La jeune fille reste toujours une invitée.
La fille ne reste pas (longtemps) chez parents. La jeune fille attend toujours
le jour de son mariage pour quitter la maison parentale.

La future mariée, la belle famille :


zwarn d i ulan tislit
La belle famille passe avant la mariée.
Var.3 i ulan zwarn d tamγart
La belle famille passe avant la mariée (femme)4.
Il faut réfléchir longuement avant de faire un choix décisif.

La belle-mère:
tazgg˚art tuf gar ta gg˚alt
Lit. Le jujubier vaut mieux qu’une mauvaise belle-mère.
Les piqures du jujubier sont plus supportables que les agissements d’une
belle-mère.
Une mauvaise belle-mère peut causer des dégâts irréparables dans un
foyer.

La fille donnée en mariage :


wanna innan yaggug imal, ifk as illis
Celui qui trouve que l’an prochain est si loin n’a qu’à donner sa fille en
mariage.5
Il faut entreprendre de suite ce que l’on doit faire.
Ou encore :
wanna ikfan illis γ ṭṭ f nns, zun d iγ isdl i tfullust γ taffa.
Celui qui marie sa fille à côté (de chez lui) est tel
Celui qui dispose la poule à couver sur un tas de blé.6
Il faut savoir faire les bons choix.

3. La femme divorcée :
iγ t mt i tmγart, ad as ur tmlt aγaras
Var. iγ as t mt, ad as ur tmlt tigmmi n babas
Celui qui répudie sa femme ne lui montre pas le chemin7.
3
Variante.
4
i.e. Il faut se renseigner sur la famille de la fille avant de la demander en mariage.
5
Le mariage demande beaucoup de préparation, les deux familles s’y prennent à l’avance
pour ne pas être à court de temps.
6
Il ne sera pas plus tranquille, puisqu’il continuera à subvenir à ses besoins bien qu’elle ait
quitté le foyer parental.
7
i.e. Qui la conduit à la maison de ses parents.
Var. iγ as illf yan, ad as ur iml tigmmi n babas
Var. wanna as i mn, ur ar as immal tigmmi n babas8
Celui qui répudie sa femme ne lui montre pas la maison de son père.
Se dit de ce qui va de soi (vanité et absurdité de l’action)9.

4. La femme au foyer
La femme ménagère :
taxamt tar tamṭṭut ur tgi taxamt
Le foyer sans femme n’est pas un foyer.
La femme est l’âme du foyer.

Mauvaise ménagère :
gar tamγart, tiwi i i s uzrg, icca as t uεlluc ; aylli d iγaman, icca as t ufullus
L’épouse insouciante a apporté le blé au moulin : le veau (lui) en a mangé la
moitié, les poules ont mangé le reste.
La mauvaise ménagère conduit sa maison à la ruine.

La relation homme-femme et leurs rôles respectifs dans la gestion du foyer :


ajjat aγ anwal, najj awn awal
Laissez-nous la cuisine, on vous laisse la parole.
Pour garder son autorité, l’homme ne doit pas trop intervenir dans les
affaires du foyer.10
Soit encore dans l’exemple suivant:
ikka d baba ssuq, ar as takka [tettkks] immi laxba
Lit. Mon père a été au souk, (et) c’est ma mère qui lui (en) donne les
nouvelles.
Le mari a été au marché, et c’est sa femme qui lui en donne les nouvelles.
Quand on parle à la personne de ce qu’elle connaît le mieux, plus que
n’importe qui d’autre.
Un autre proverbe, dans un contexte différent:
tammnt n lḥu d tmγart n lḥu ur ar ttilint γ ssuq
Une femme digne, comme le pur miel d’abeilles, on ne les trouve pas au
marché.11
8
Une autre variante:
wanna as ifkan tabrat nns, ur ar as immal aγaras n tgmmi nnsn
Lit. Celui qui lui a donné sa lettre (de divorce) ne lui montre pas le chemin de la maison de
ses parents.
9
Nul besoin de, rien ne sert de (faire tel ou telle chose).
10
Elles sont du ressort de la femme, c’est son espace à elle.
a- La femme doit se consacrer à sa maison.
b- La femme d’honneur est une denrée rare.

Femme bavarde :
yan u ad suqnt tmγarin, uḥnt nn
La seule fois où les femmes se sont rendues au marché, elles y sont
restées12.
Les femmes sont portées au bavardage.13
Soit encore dans le proverbe suivant :
tajmmaεt ad iḥḥ gn aγrum i tmγarin
Lit. Ce sont les discussions qui font brûler le pain aux femmes.
Trop de discussions font brûler le pain.
Se dit lorsqu’on veut quitter une discussion (qui n’en finit plus) pour quelque
chose d’important qui nous attend.
Var. lquwt n ljmaεt ad iḥḥ gn aγrum
Trop de discussions font brûler le pain.
Les petites négligences peuvent engendrer de grands dégâts.

5. La femme-épouse :
D’autres proverbes abordent la relation homme-femme (époux- épouse)
dans un rapport de domination (dominant-dominé) et de suprématie :
unna trna tmṭṭut da t ittrnu zzman
Celui qui est dominé par la femme est malmené par la vie.
L’homme doit garder sa position de chef de foyer.

Femme manipulatrice, dominatrice :


tamγart zun d asif; wanna yiwi, ur rad d sul urrin
La femme est tel un fleuve ; celui qu’il emporte ne reviendra plus.
Var. kullu ma immuddan qql srs ad d urrin, abla yan yiwi wasif n tmγarin
Lit. On peut attendre le retour de celui qui est parti en voyage,
Celui qui est emporté par le fleuve des femmes ne reviendra plus14.
La femme influence l’homme et le manipule, surtout quand elle sait qu’elle
est désirée par lui et qu’il ne peut rien lui refuser.
11
De tradition, la femme mariée n’avait pas le droit d’aller au marché (souk hebdomadaire).
C’est une tâche réservée aux hommes.
12
Lit. Elles y ont passé la nuit.
13
Les femmes sont considérées comme étant loquaces et très bavardes (les discussions
interminables entre femmes).
14
Le proverbe fait référence à la femme dominatrice, qui exerce une autorité sur son mari et
qui a le plein pouvoir.
Femme conseillère :
unna ittggan iy n tmṭṭut, tiwtmin a g yamu
Celui qui suit l’avis de la femme fait partie de la communauté féminine.
Dans une société traditionnelle machiste, l’homme qui suit le conseil de sa
femme est méprisé et considéré comme étant sous l’emprise de sa femme.
caw d urgaz, tssufut awal ;
caw d tmγart, tssinft awal
Consulte l’avis de l’homme et suis-le,
Consulte l’avis de la femme et fuis-le.
Dans une société traditionnelle misogyne, l’avis d’une femme est méprisé et
rarement pris en considération.

Femme vengeresse:
yuf ad iggall umγar ula tggull tmγart
Lit. Il vaut mieux que le chef du village jure plutôt que (ce soit) la femme.
Var. yuf ad tt gik iggall umγar ula tggull tt gik tmγart
Lit. Il vaut mieux que ce soit le chef du village qui jure (de se venger de toi)
plutôt que la femme.
Mieux vaut subir la vengeance du chef que celle de la femme.
Celui qui a touché une femme dans sa dignité doit s’attendre à subir sa
vengeance.

6. Mauvaise épouse :
Bonne épouse Vs. Mauvaise épouse :
tamγart iεdln, zun d nnq t :
kra s ar tt tettḥukkut, ar tettcmcaε.
tamγart ihrcn, zun d lḥbaq :
kra s ar t tettḥukkut, ar ittzummu.
Une bonne épouse, tel un bijou:
Plus on le frotte, plus il brille.
Une mauvaise épouse, tel le basilic:
Plus on le frotte, plus il sent mauvais.
La bonne épouse sait écouter les critiques et suit les conseils de son mari.
La mauvaise épouse n’écoute pas son mari et ne saurait tirer profit des
réprimandes.

Mauvaise épouse, méchante femme :


tiwtmin ay d issiγn afa xf waman
Les femmes allument le feu sur l’eau.
Certaines femmes aiment à attiser les querelles et les disputes, et à semer la
zizanie au sein des foyers.

Soit encore dans les deux proverbes suivants :


timγarin, timγiyrin
Femmes, contrariantes !
Var. llant tmγarin, ilint tmγiyrin
Lit. Il y a des femmes, (et) il y a des contrariantes.
Il y a femme et femme15.
Cela dit, et pour rendre justice aux femmes, l’axiome peut tout aussi bien
s’appliquer à la gent masculine, puisqu’« il y a homme et homme ! » :
llan irgazn, ilin inga n
Lit. Il y a des hommes, et il y a des coliques (douleurs au ventre).
Var. llan middn, llan is ka biddn
Lit. Il y a des hommes, et il y a des corps d’hommes.
Il y a homme et homme.

À bon entendeur, salut !

15
Il y a des femmes bonnes, gentilles et faciles à vivre, et il y a des femmes insupportables,
méchantes et capricieuses.
Références bibliographiques :

Bentolila, Fernand (Dir.), Proverbes berbères, Paris, L’Harmattan- Awal, 1993.

Cadiot, Pierre & Talmenssour, Abdelâali, « Dynamique sémantique du texte


proverbial. Corpus berbère-français », REVUE DE SEMANTIQUE ET DE
PRAGMATIQUE, Presses Universitaires d’Orléans, n°23, 2008, p. 55-74.

Cauvin, Jean, « Les proverbes comme expression privilégiée de la pensée


imageante », AFRIQUE ET LANGAGE, Paris, Peeters, n°6, 1976, p. 5-34.

Jibline, Faïza, Proverbes et locutions proverbiales en usage à Marrakech, Paris,


L’Harmattan, 2003.

Jouad, Hassan, « Le langage lm’εna : L’esthétique de l’implicite », ETUDES ET


DOCUMENTS BERBERES, Paris, L’Harmattan, n°6, 1989, p. 158-168.

Moustaoui, Mohamed, Nnan willi zrinin, Casablanca, Editions Tawssna, 2002.

Schapira, Charlotte, Les stéréotypes en français. Proverbes et autres formules,


Paris, Ophrys, 1999.

Talmenssour, Abdelâali, Représentations du corps en tachelhit : polysémie


nominale, expressions idiomatiques, proverbes, Thèse de Doctorat en Sciences du
Langage, Université d’Orléans, 2007.

Talmenssour, Abdelâali, « Pour un modèle d’analyse sémantique des proverbes


amazighes », ASINAG, Revue de l’IRCAM, Rabat, Publications de l’IRCAM, n°3,
2009, p. 195-214.

Talmenssour, Abdelâali, Représentations du corps en tachelhit : polysémie


nominale, expressions idiomatiques, proverbes, Publications de la Faculté des
Lettres et des Sciences Humaines d’Agadir, 2014.

Talmenssour, Abdelâali, « La construction du sens proverbial. Corpus amazighe-


français », RECHERCHES EN SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, Agadir,
Publications de l’Université Ibn Zohr, n°1, 2015, p. 6-19.

Talmenssour, Abdelâali, « L’image de la femme dans le discours proverbial


amazighe », Études sur les proverbes amazighes, Publications de l’Association
Bouizakarne pour le Développement et la Culture, 2016, p. 8-18.

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