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Bouddha

Bouddha, tempera sur coton, thangka : Otgonbayar Ershuu.

Le titre de bouddha (terme sanskrit बुद्ध buddha « éveillé », participe passé passif de
la racine verbale budh- « s'éveiller »)[1], désigne une personne ayant, notamment par
sa sagesse (prajñā), réalisé l'éveil, c'est-à-dire réalisé le nirvāna (selon le
théravada), ou transcendé la dualité saṃsāra/nirvāņa (selon le mahāyāna). Il peut
être désigné par d'autres qualificatifs : « Bienheureux » (भगवत् bhagavat), « Celui
qui a vaincu » (जिन jina), « Ainsi-Venu » (तथागत tathāgata)[2].

L'appellation de bouddha peut donc référer à plusieurs personnes. Le bouddha le


plus connu demeure le fondateur du bouddhisme, Siddhārtha Gautama, archétype
du « bouddha pur et parfait » (सम्यक्सम्बुद्ध samyaksambuddha).

1 - Origine du terme
Le mot bouddha est, en sanskrit, le participe passé passif de la racine verbale budh,
बुध् (de l’étymon hypothétique *bhudh par application de la loi de Grassmann). On
explique la désaspiration budh-ta → bud-dha par la loi de Bartholomae.

La racine signifiant « s'éveiller » serait de même étymon indo-européen que


le lituanien bundù, bùsti « éveiller », que le polonais budzić « éveiller » (racine
bud' des langues slaves, cf. Dictionnaire étymologique du proto-indo-européen,
Pokorny, racine bheudh) ou que le grec ancien πυνθάνομαι (punthánomai)
« s'informer » (ou encore, après des évolutions sémantiques profondes, l'allemand
bieten « demander »), entre autres nombreux dérivés dans les langues indo-
européennes. Le terme buddha signifie donc littéralement « qui s'est éveillé ». Les

1
langues occidentales ont emprunté le terme sanskrit, en l'adaptant à leur
orthographe (bouddha en français, Buddha en allemand, buda en espagnol, etc.).

Le mot sanskrit a été transcrit phonétiquement en moyen chinois (consulter cet


article pour plus de détails) par les caractères 佛 陀 , se lisant alors phjut-thwa,
actuellement fótuó, et abrégé en 佛 fó. Les japonais l'ont emprunté sous la forme 仏
陀 budda, transcription également phonétique, souvent abrégée en 仏 (butsu), lue
également hotoke.

2 - Trois types d'éveil

Statue de Bouddha au temple des Six Banians à Canton.

Dès l'origine, les textes pālis distinguent trois voies vers l'éveil[3] :

 est śrāvakabuddha (sanskrit : pāli sāvaka-buddha) « auditeur », celui qui a


réalisé le nirvāņa grâce à l'enseignement d'un bouddha. Il est plus souvent
appelé arhat et n'est pas toujours considéré comme un bouddha.

 est pratyekabuddha (sanskrit : pāli pacekka-buddha) « bouddha


solitaire » ou « bouddha-pour-soi »[4], [5], celui qui a trouvé la voie par lui-
même, mais n'a pas les capacités de libérer d'autres êtres.

 est samyaksambuddha (sanskrit : pāli sammāmsam-buddha), « bouddha pur


et parfait », celui qui a atteint l'éveil pur et parfait (samyaksambodhi) par lui-
même et a les capacités d'enseigner le dharma. Atteindre cet éveil demande
de suivre la voie du bodhisattva ou la voie du véhicule unique prêchée dans
le Sūtra du Lotus : l’ekayāna « véhicule unique », dans lequel les trois autres
: shrāvakayāna, pratyekabuddhayāna et bodhisattvayāna sont subsumés.

2
C'est ce dernier type que désigne le plus souvent le terme bouddha. L'exemple le
plus célèbre en est le bouddha historique, shakyamuni, mais d'autres
samyaksambuddha sont reconnus et vénérés.

Après son nirvāna, un bouddha est affranchi de tout lien (samyojana), mais peut
encore être affecté par la maladie ou empoisonné ; si son corps porte trente-deux
marques distinctives, il est néanmoins constitué de quatre éléments et donc
périssable. Cependant, certains textes évoquent la quasi-invulnérabilité du bouddha
parfait, résultat du fait qu’il a évacué son mauvais karma, en particulier en
sacrifiant au cours de nombreuses existences des parties de son corps, voire sa vie.
La blessure infligée par devadatta à shākyamuni est ainsi interprétée comme le
signe d’un léger reste de mauvais karma.

3 - Dans le theravāda

Maitreya, le bouddha du futur, avec la fiole contenant le nectar du dharma dans la main gauche ; art
du Gandhara, IIe siècle.

Le bouddhisme ancien ou le bouddhisme theravāda considère que seuls de rares


individus emprunteront la voie du bodhisattva, dont l'aboutissement est l'éveil pur
et parfait du samyaksambuddha, qui permet de faire tourner la roue du dharma et
de répandre la bonne doctrine dans le monde. Ils en ont fait le vœu de nombreuses
existences auparavant devant un bouddha du passé. Les détails de la carrière de
bodhisattva ont pu varier d’école à école. Le buddhavamsa décrit un processus
comprenant trois grands kalpas avant d’accéder à l'existence où le bodhisattva
deviendra bouddha. Ayant atteint le nirvāna, le bouddha (comme l'arhat) vit sa
dernière existence ; la mort signale l'extinction totale (parinirvana).

Dès l'origine, le bouddhisme reconnaît, outre le bouddha de notre ère, plusieurs


bouddhas du passé qui l'ont précédé. Le digha nikaya et le samyutta nikaya en
mentionnent six, d’autres textes vingt-quatre, le buddhavamsa vingt-sept ;
l’apadana du khuddaka-nikaya va jusqu'à trente-cinq. En ce qui concerne les
bouddhas à venir, maitreya, annoncé par gautama lui-même, est le seul connu du
canon pāli, mais des textes post-canoniques comme le dasabodhisattuppattikatha et
le dasabodhisattaddesa en comptent neuf, dont sept sont nommés avec leur lieu de
résidence : metteyya (maitreya), rama, pasena, vibhuti vivent au paradis tusita,
subhuuti, nalagiri, parileyya résident au paradis tavatimsa[6].
3
4 - Dans le mahāyāna

Bouddha de la pagode de fréjus.

Selon le bouddhisme mahāyāna et vajrayāna, chacun peut avoir l'ambition de


devenir bodhisattva et la nature de bouddha (tathāgatagarbha) peut être reconnue
dans tous les êtres sensibles. Le bouddha n'est plus à proprement parler celui qui
atteint le nirvāna, mais plutôt celui qui a transcendé la dualité samsara/nirvāna. Par
ailleurs, un bouddha se manifeste sous trois aspects[7] appelés le trikāya :

 le « corps de transformation », nirmāṇakāya, l'apparence humaine inscrite


dans l'histoire, le seul perçu par les humains.
 le « corps de jouissance », sambhogakāya, perçu par certains bodhisattvas.
 le « corps de dharma » absolu, dharmakāya, fruit de la sagesse la plus
parfaite, nature même du bouddha, vacuité (śūnyatā) où les dualités
s’annulent.

Les deux premiers corps ne sont que des moyens d'enseigner dus à la compassion.

5 - Dans le vajrayāna

Sculpture du Bouddha Vajradhara.

Le vajrayāna (IV siècle) reprend les concepts du mahāyāna. En outre, le corps


e

absolu y est parfois nommé adibuddhā (tibétain : thogma sangya) ou « bouddha


auto-créé » et peut constituer un quatrième corps sahajakāya transcendant,
4
primordial, inchangé et indestructible, sans forme et sans action, bien qu'il puisse
donner lieu à des émanations visibles. Il est nommé vairocana dans l'école
japonaise shingon (IX siècle), samantabhadra dans la plus ancienne école tibétaine,
e

nyingmapa (VII ou VIII siècle) et vajrasattva ou vajradhara dans les courants


e e

ultérieurs comme kagyupa (XI ), sakyapa (XI ) ou gelugpa (XIV siècle).


e e e

L'adibouddha engendre des émanations qui engendrent elles-mêmes d'autres


émanations, bouddhas, bodhisattvas, formes courroucées, etc. Le modèle
archétypal est le groupe des cinq bouddhas de méditation. Le niveau où se situe une
figure donnée peut varier selon les traditions ou le type de pratique tantrique. Ainsi,
vairocana, figure centrale du groupe des cinq bouddhas, est considéré comme
l'adibouddha suprême dans le courant shingon, mais comme une émanation de
l'adibouddha samantabhadra ou vajradhara dans le bouddhisme tibétain.

6 - Cent douze marques


Le corps de tout bouddha est paré de trente-deux marques majeures et 80 marques
mineures : par exemple, les pieds et les mains portent la représentation d'une roue,
le sexe est caché dans une gaine, les dents sont au nombre de quarante. On compte
également quatre-vingts marques mineures, comme le sexe bien développé, l'aspect
juvénile du corps, les mains marquées de la svastika ou une chevelure parfumée.

Ces marques sont considérées par la plupart des bouddhistes,


notamment theravâda, comme relevant de la superstition ou du mythe, en rapport
avec la tradition brahmanique de l'époque. Il semble d'autant plus improbable qu'un
bouddha puisse être identifié par des caractéristiques physiques aussi spécifiques
que dans plusieurs suttas les visiteurs du bouddha Gautama qui ne l'ont jamais vu
ne parviennent pas à le reconnaître parmi les moines qui l'entourent, et doivent
s'enquérir de sa présence.

Sur les représentations du bouddha, on remarque principalement les


caractéristiques suivantes :

 des lobes d'oreille allongés : en raison des lourds bijoux que portait autrefois
le jeune prince Siddhartha.
 l'ourna : petite boule saillante sur le front qui symbolise le troisième œil, sur
certaines statues il s'agit d'une pierre précieuse.
 l'oushnisha : protubérance de la sagesse au sommet du crâne (qui n'est pas
un chignon).
 son vêtement est une pièce de tissu non taillée et non cousue, mais
simplement drapée.

7 - Bouddhas
7-1 Le bouddha historique
5
Le bouddha prononçant le discours de vārānasī sur les quatre nobles vérités pour le bénéfice de ses
anciens condisciples, à la suite de son plein éveil.

7-1-1 Nom et dates

Le fondateur du bouddhisme est nommé Siddhārtha Gautama ; Siddhārtha est


donné comme son nom personnel, mais il s'agit probablement d'un surnom tardif.
Gautama, attesté sans conteste, est probablement son gotta, mais certains y voient
l’appellation « fils de Dame Gautami », du gotta de celle qui l'aurait élevé à la mort
de sa mère[8]. Il est encore appelé Gautama Bouddha, ou shākyamuni (sage des
shakyas) en raison de son appartenance à ce clan. Il porte de plus de nombreuses
épithètes[2], comme tathāgata, « celui qui est venu ainsi » [prêcher la bonne loi].
Vue l’origine du mot comme de sa racine verbale budh- « s'éveiller », le titre de
bouddha lui fut probablement accordé par ses disciples[1].

Les récits de sa vie, tout d’abord transmis oralement, n'ont été mis par écrit pour la
première fois que quelques centaines d’années après sa mort et mélangent
métaphysique et légende. Certains épisodes, tel celui où il apaise un éléphant
furieux que son cousin jaloux devadatta aurait lâché contre lui, peuvent être
d’authentiques souvenirs historiques contrairement à ses conversations avec les
dieux ou sa téléportation instantanée au Sri Lanka. Au fil du temps, une riche
légende s’est développée dans les jatakas. En tout état de cause, l’existence d’un
Gautama-Shakyamuni fondateur du bouddhisme n'est pas mise en doute. Il aurait
vécu aux environs du VI siècle av. J.-C. et serait mort vers quatre-vingts ans. Selon
e

les chroniques historiques du Sri Lanka, il est né en 563 av. J.-C. La plupart des
sources s’accordent également pour dire qu’il est décédé aux alentours de l’an 480
av. J.-C. D’autres sources, moins consensuelles, comme les calculs de Ui Hakuju,
évoquent l’année 383 av. J.-C. comme date de sa mort, ce qui donnerait 460
comme date de naissance basé sur le consensus des biographies indiquant que le

6
bouddha avait vécu 80 ans[9]. La tradition pali la plus ancienne considère que les
dates de sa naissance et de sa mort sont respectivement 624 av. J.-C. et 544 av. J.-
C. Toutes les traditions concordent sur le fait que Siddhārtha Gautama est
contemporain des deux rois du Magadha, Bimbisâra et son fils Ajatasattu, qui lui
apportèrent souvent leur soutien.

7-1-2 Les débuts

Māyādevī, épouse de Suddhodana, modeste souverain (élu) du petit royaume


de Kapilavastu constitué par une confédération des tribus shākyas, se rend chez sa
mère à la fin de sa grossesse. Alors qu’elle passe à proximité d’un bois sacré
de Lumbini, petit village du Népal non loin de Kapilavastu, elle est prise de
douleurs. Elle accouche d'un garçon sous un sal. Les légendes prétendent que la
mère du bouddha l’aurait conçu en songe, pénétrée au sein par un éléphant blanc à
six défenses, que la naissance aurait été indolore et que le sal aurait abaissé tout
exprès l’une de ses branches pour qu'elle l'attrape, tandis que les divinités
brahmaniques faisaient pleuvoir des pétales de fleurs. Sitôt né, l'enfant se serait mis
debout et aurait pris possession symboliquement de l'univers en se tournant vers les
points cardinaux, ou aurait fait sept pas vers le nord et poussé « le rugissement du
lion », métaphore de la doctrine bouddhique.

La légende, encore, raconte que son père fait venir, soit le seul voyant Asita, soit
les huit voyants les plus célèbres du royaume. Les sept premiers prédisent au jeune
homme un avenir brillant de successeur de son père, le dernier qu'il quittera le
pays[10]. Le roi aurait fait enfermer le mauvais augure. Sa mère meurt vite (sept
jours après selon la tradition) car Siddhārtha est élevé par Prajapati Gautami qui
serait sa tante maternelle et la coépouse de Shuddhodana.

Le jeune prince étudie les lettres, les sciences, les langues, s’initie à la philosophie
hindoue auprès d’un brahmane. Un officier lui apprend à monter à cheval, à tirer à
l'arc, à combattre avec la lance, le sabre et l'épée. Les soirées sont consacrées à la
musique et parfois à la danse. Plus tard, il tombe amoureux et épouse à l'âge de
seize ou vingt ans Yashodhara, sa cousine germaine, fille d'un seigneur du
voisinage. Les nouveaux époux emménagent dans trois petits palais : un de bois de
cèdre pour l'hiver, un de marbre pour l'été et un de briques pour la saison des
pluies. Après dix ans de mariage, ils donnent naissance à un garçon nommé Rahula.

7-1-3 Ascèse et éveil

Siddhārtha, qui s'ennuie dans le palais, entreprend un jour une promenade qui le
marquera profondément. Il rencontre successivement un vieillard qui marche avec
peine, un pestiféré couvert de bubons purulents, une famille en larmes qui
transporte le cadavre d'un des siens vers le bûcher, et enfin un bhikshu, moine
mendiant qui, un bol à la main, quête sa nourriture sans cesser de garder les yeux
baissés.

7
À 29 ans, le prince comprend alors que si sa condition le met à l'abri du besoin, rien
ne le protègera jamais de la vieillesse, de la maladie et de la mort. Il s'éveille une
nuit en sursaut et demande à son serviteur, Chandaka, de harnacher son cheval. Les
deux hommes galopent jusqu'à un bois proche du palais. Siddhārtha abandonne à
son serviteur manteau, bijoux et cheval et endosse la tenue d'un pauvre chasseur. Il
lui demande de saluer à sa place son père, sa mère adoptive et sa femme et de leur
dire qu'il les quitte pour chercher la voie du salut.

Gautama entreprend alors une vie d'ascèse et se consacre à des pratiques


méditatives austères. Six ans plus tard, alors qu'il se trouve dans le village de Bodh-
Gayâ, il prend conscience que ces pratiques ne l'ont pas mené à une plus grande
compréhension des choses et accepte un bol de riz au lait des mains d'une jeune
fille du village, Sujata, mettant ainsi fin à ses mortifications. Il préconise la voie
moyenne qui consiste à nier les excès, refusant autant l'austérité excessive que le
laxisme. Jugeant cette décision comme une trahison, les cinq disciples qui le
suivaient l'abandonnent. Il se concentre dès lors sur la méditation, inspiré par le
souvenir d’un instant de concentration spirituelle ressentie enfant, alors qu’assis
sous un arbre il assistait à la cérémonie d’ouverture des labours présidée par son
père.

Siddhārtha Gautama prend alors place sous un pipal (ficus religiosa), faisant vœu
de ne pas bouger avant d'avoir atteint la vérité. Plusieurs légendes racontent
comment māra, démon de la mort, effrayé du pouvoir que le bouddha allait obtenir
contre lui en délivrant les hommes de la peur de mourir, tente de le sortir de sa
méditation en lançant contre lui des hordes de démons effrayants et ses trois filles
séductrices. Mais c'est peine perdue et à l'âge de 35 ans bouddha accède à l'éveil,
une main posée sur le sol, dans la posture de prise de la terre à témoin de ses
mérites passés. Il affirme être parvenu à la compréhension totale de la nature, des
causes de la souffrance humaine et des étapes nécessaires à son élimination. Il
insistera toujours sur le fait qu'il n'est ni un dieu, ni le messager d'un dieu, et que
l'illumination bodhi ne résulte pas d’une intervention surnaturelle, mais d'une
attention particulière portée à la nature de l'esprit humain ; elle est donc possible
pour tous les êtres humains.

7-1-4 Chef du premier sangha (communauté spirituelle)

Durant les quarante-cinq dernières années de sa vie, bouddha voyage dans la région
du Gange et de ses affluents. Il enseigne sa pratique méditative et fonde la
communauté des moines et nonnes bouddhistes, le sangha, afin que ses
enseignements se perpétuent après sa disparition. Son école bénéficie généralement
du soutien des rois de Magadha et survit à une première tentative de schisme de la
part de Devadatta.

Sentant sa mort venir, il demande à son disciple Ananda de lui préparer un lit entre
deux sals et décède à Kusinara dans l'actuel Uttar Pradesh, à l'âge de quatre-vingts

8
ans. Il rassure le forgeron Chunda qui lui a offert son dernier repas et s’inquiète, au
vu des symptômes, d'avoir peut-être intoxiqué l'ascète. Le nom du plat servi,
sūkaramaddavam, se composerait de sūkara « porc » et de maddavam « délice »,
mais sa nature exacte, porc ou champignons (délice des porcs), reste inconnue. En
tout état de cause, si le végétarisme est un idéal bouddhiste, les moines et nonnes,
qui mendient leur nourriture, sont encouragés à accepter toutes les offres qui leur
sont faites, mêmes carnées[11].

Il s'installe en parinirvana dans la forêt afin de parachever sa libération.

Les derniers mots du bouddha sont : « L'impermanence est la loi universelle.


Travaillez avec diligence à votre propre salut. »

7-1-5 Homme modèle

Les écritures bouddhistes qui évoquent la vie et le caractère de bouddha parlent de :

 Son éducation achevée et sa formation dans les domaines appropriés à un


guerrier aristocrate, tels que les arts martiaux, la gestion des domaines
agricoles et la littérature, mais également sa compréhension profonde des
idées religieuses et philosophiques de sa culture et de son temps. Siddhārtha
Gautama était un homme sportif, compétent en arts martiaux tels que la lutte
et le tir à l'arc, qui pouvait parcourir des kilomètres et camper dans la nature
sauvage.

 Son enseignement idéal, qui trouve toujours la métaphore appropriée, et qui


adapte à la perfection son message à son auditoire, quel qu'il soit.

 Son courage et sa sérénité en toutes circonstances, aussi bien lors d'une


discussion religieuse que face à un prince parricide (Ajatasattu) ou à un
meurtrier. Il fait cependant preuve d'exaspération lorsque des moines
déforment ses enseignements.

 Sa modération dans tous les appétits corporels. Il garde le célibat depuis l'âge
de vingt-neuf ans jusqu'à sa mort. Il sera également indifférent à la faim et
aux rigueurs du climat.

7-2 Dipankara

Dipankara est l'un des nombreux bouddhas du passé. C'est durant son ère que le
futur Siddhārtha Gautama prononça le vœu de devenir bouddha dans le futur,
Dipankara lui assura qu'il le serait. Leur rencontre est un thème iconographique
souvent traité dans le bouddhisme d'Asie centrale.

7-3 Bhaisajyaguru
9
Bhaisajyaguru est un autre bouddha du passé dont l'aide est sollicitée pour lutter
contre les maladies et les calamités. Il est parfois appelé ‘bouddha médecin’.

7-4 Maitreya

Maitreya est parfois appelé le bouddha du futur : tant le mahāyāna que le hīnayāna
le considèrent comme le prochain bouddha. La prophétie de maitreya[12] décrit sa
venue. Il naîtra dans une famille brahmane, alors que Siddhartha Gautama était de
la caste militaire et fonctionnaire kshatriya.

7-5 Amitābha

Amitābha ou Amida (japonais) est un bouddha ignoré du courant hīnayāna. Il


règne sur le paradis occidental de la terre pure. La récitation de son nom est une
pratique importante de l'école dite de la terre pure dont il est la déité principale ;
certaines branches considèrent même que cet exercice suffit à donner accès à son
paradis. Il a aussi sa place dans le bouddhisme vajrayāna comme l'un des cinq
bouddhas de méditation.

7-6 Dhyanibuddhas

Les cinq dhyanibuddhas « bouddhas de méditation » ou « bouddhas de sagesse »


du vajrayana, sont les émanations de l'adibuddha primordial représentant les divers
aspects de la conscience d’illumination (dhyani). Ce sont Vairocana (ci-dessous),
Amitābha (ci-dessus), Akshobhya, Amoghasiddhi et Ratnasambhava.

7-7 Vairocana

Vairocana ou Maha Vairocana « grand soleil » ou « grande lumière », est le


bouddha central du groupe des cinq dhyanibuddhas du vajrayāna, il est
particulièrement important dans le bouddhisme tantrique japonais shingon où il est
l'adibouddha primordial. Il joue aussi un rôle central dans les écoles mahāyāna
chinoises et japonaises tiantai-tendaï et huayan-kegon.

7-8 Samantabhadra

Habituellement considéré comme un bodhisattva, Samantabhadra est le bouddha


primordial de la tradition nyingma, « de l'ancienne traduction » du bouddhisme
tibétain.

7-9 Vajradhara

Vajradhara est le bouddha primordial dans les traditions sarmas, « de la nouvelle


traduction » du bouddhisme tibétain.

7-10 Bouddha et l'hindouisme

10
Dans l'hindouisme, bouddha est considéré comme la neuvième incarnation (avatar)
du dieu vishnou[13].

D'après le texte sacré hindou vishnouite, le bhāgavata purāṇa, « vishnou prit la


forme de bouddha pour tromper les asuras. En conseillant aux démons
d'abandonner les védas, il contribua à diminuer leur pouvoir et à rétablir la
suprématie des dieux »[14].

Dans la section dasavatara-stotra de son gita govinda, le célèbre poète vaïshnava


Jayadeva Goswami (XIII siècle) considère bouddha comme un des dix avatars
e

principaux de vishnou du fait de son œuvre contre les rituels sanglants, et lui écrit
une louange comme suit :

« ô késhava ! ô seigneur de l'univers ! ô seigneur hari, qui a pris la forme de


bouddha ! toute la splendeur vous appartient ! ô bouddha au cœur compatissant,
vous dénoncez l'abattage des pauvres animaux exécutés lors des rituels védiques.
[15]

Cette dernière théorie correspond à l'idée que vishnou descendit sur terre pour
mettre fin à l'attitude dévoyée de brahmanes et purifier l'hindouisme : la nouvelle
doctrine qu'il prêcha en tant que bouddha expliquait que tout un chacun pouvait
s'échapper du cycle des réincarnations par un comportement exemplaire, lié en
premier lieu à l'ahimsâ[16].

8 - Notes et références
1. ↑ Revenir plus haut en : a et b The Sanskrit Heritage Dictionary de Gérard Huet
2. ↑ Revenir plus haut en : a et b les nombreuses épithètes du Bouddha (anglais) [archive]
3. ↑ Les Commentaires ( SA.i.20; AA.i.65) en mentionnent quatre : Suta
Buddhā ou Bahussuta Buddhā : toutes les personnes instruites en
bouddhisme ; Catusacca Buddhā : arhats ; Pacceka Buddhā (bouddha
solitaire) et Sabaññu-Buddhā (bouddha enseignant), les seconds ayant
pratiqué les vertus (pāramitā) pendant infiniment plus de vies que les
premiers. voir Le terme buddha dans le canon pali (anglais) [archive]
4. ↑ Bibliothèque du bouddhisme, « Glossaire : Deux Véhicules » [archive],
sur nichirenlibrary.org (consulté le 29 mai 2021)
5. ↑ Nichiren, « Les Écrits de Nichiren : La troisième doctrine » [archive]
(consulté le 29 mai 2021), p. 862-863 : “il est dit dans le Sūtra du Nirvana :
« Si certains ont des idées différentes concernant les Trois Trésors, sachez
bien qu’ils ne pourront plus espérer se réfugier dans ces Trois Trésors purs ni
s’appuyer sur eux. Ils n’obtiendront jamais de bienfaits d’aucun des
préceptes et, pour finir, ils ne recueilleront pas les fruits de l’auditeur, du
bouddha-pour-soi, ou du bodhisattva. »”
6. ↑ Edward Conze, Thirty Years of Buddhist Studies : Selected Essays by
Edward Conze [Oxford : Bruno Cassirer, 1967], p. 38
11
7. ↑ Bibliothèque du bouddhisme, « Glossaire : Trois Corps » [archive] (consulté
le 29 mai 2021)
8. ↑ Le gotta de son père, donc le sien propre, n’est pas clairement indiqué dans
les sources car il semble rarement utilisé pour les hommes ; le gotta de
naissance est par contre souvent mentionné pour les femmes, comme
Prajapati Gautami, selon la tradition, tante et mère adoptive du Bouddha
9. ↑ Akira Hirakawa et Paul Groner, A history of Indian Buddhism : from
Śākyamuni to early Mahāyāna, Motilal Banarsidas, 1990 (présentation en
ligne [archive]), p. 22
10.↑ Le(s) devin(s) prédi(sen)t en fait qu’il sera chakravartin, "tourneur de
roue", terme désignant à l’origine quelqu’un ayant une grande influence sur
le cours des choses, en principe un gouvernant ou un militaire, mais il
s’applique aussi aux bouddhas qui sont les "tourneurs de la roue du dharma".
11.↑ Voir page 116 in The Ethics of Buddhism, Shundō Tachibana, Routledge,
1992 ou encore page 66 in A Companion to Ethics, Peter Singer, Wiley-
Blackwell, 1993. À noter dans ces deux références la mention de
divergences de vue suivant que l'animal ait été spécialement tué pour les
alimenter ou non.
12.↑ « Traduction anglaise de La Prophétie de Maitreya (Mircea
(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
Eliade) »
13.↑ "On the Buddha as an Avatāra of Visnu", Geo-lyong Lee. In S. R. Bhatt
(ed.), Buddhist Thought and Culture in India and Korea. Indian Council of
Philosophical Research (2003)
14.↑ Dharam Vir SINGH, L'hindouisme, une introduction, Surabhi Prakash,
Jaipur
15.↑ Dasavatara stotra [archive] : O Keshava! O Lord of the universe! O Lord
Hari, who have assumed the form of Buddha! All glories to You! O Buddha
of compassionate heart, you decry the slaughtering of poor animals
performed according to the rules of Vedic sacrifice
16.↑ Eva Rudy Jansen, Iconographie de l'hindouisme, 2007, Binkey Kok Ed.

9 - Bibliographie
 Roger-Pol Droit, Le silence du Bouddha et autres questions indiennes,
Éditions Hermann, 2010
 Philippe Cornu, Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme [détail des
éditions]
 Annales du Musée Guimet : Visites des Bouddhas dans l’île de
Lanka, t. Tome 1, Paris, Ernest Leroux, 1880 (lire sur Wikisource), « Visites
des Bouddhas dans l’île de Lanka », p. 117-138. Consulté
le 26 septembre 2020.
 Willemen, Charles, transl. Buddhacarita : In Praise of Buddha's
Acts [archive], Berkeley, Numata Center for Buddhist Translation and
Research (2009). (ISBN 978-1-886439-42-9)

12
10 - Liens externes
 Notices d'autorité :
o Bibliothèque nationale de France (données)
o Bibliothèque nationale de la Diète
 Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
o Encyclopædia Britannica [archive]
o Encyclopædia Universalis [archive]
 La vie de Bouddha [archive]

11 - Sommaire
1 Origine du terme
2 Trois types d'éveil
3 Dans le theravāda
4 Dans le mahāyāna
5 Dans le vajrayāna
6 Cent douze marques
7 Bouddhas
7.1 Le bouddha historique
7.1.1 Nom et dates
7.1.2 Les débuts
7.1.3 Ascèse et éveil
7.1.4 Chef du premier sangha (communauté spirituelle)
7.1.5 Homme modèle
7.2 Dipankara
7.3 Bhaisajyaguru
7.4 Maitreya
7.5 Amitābha
7.6 Dhyanibuddhas
7.7 Vairocana
7.8 Samantabhadra
7.9 Vajradhara
7.10 Bouddha et l'hindouisme
8 Notes et références
9 Bibliographie
10 Liens externes
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