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Préliminaires

Un enfant qui naît sans bras ni jambes: une vie irrémédiablement gâchée?
Pour Nick Vujicic, c’est loin d’être le cas. Son slogan, ce serait plutôt: «Pas
de bras. Pas de jambes. Pas de limites»! On le voit faire du surf en
compagnie de champions, faire le tour du monde pour des conférences, tout
cela après avoir réussi à battre un enfant dit «normal» au cours d’une
bagarre mémorable…
Bien sûr, il y a aussi eu luttes et révoltes, et tout n’est pas rose. Mais ce qui
l’emporte, c’est la joie de vivre. Comment est-ce possible?
Découvrez-le dans son témoignage non dénué d’humour pour, vous aussi,
croquer l’existence à pleines dents et – pourquoi pas? – mettre en pratique
ses fameuses «règles du ridicule»!
Avec plan d’action
[1]
La vie au-delà de toute limite
Ce document est destiné à votre strict usage personnel. Merci de respecter
[2]

son copyright, de ne pas l’imprimer en plusieurs exemplaires et de ne pas le


copier ni le transférer à qui que ce soit.
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[3]
Nick Vujicic

La vie au-delà de toute limite


avec plan d’action
[4]
Titre original en anglais: Life Without Limits. Bonus: Personal Action Plan
Published by WaterBrook Press, 12265 Oracle Boulevard, Suite 200, Colorado Springs, Colorado
80921, U.S.A.
Copyright © 2010 by Nicholas James Vujicic
Personal Action Plan copyright © 2012 by Nicholas James Vujicic
All rights reserved.
Originally published in the United States by Doubleday Religion, an imprint of the Crown Publishing
Group, a division of Penguin Random House, Inc., New York, in 2010.
Published in the United States by WaterBrook Multnomah, an imprint of the Crown Publishing
Group, a division of Penguin Random House, Inc., New York.
Conception de la couverture: Kyle Kolker
Photo de la couverture: Aaron Hallstrom
Traduction française: Mikhail Diakonov
Traduction française du plan d’action: Alizée André
Les textes bibliques sont tirés de la version Segond 21
http://www.universdelabible.net
© et édition française: Ourania, 2012, 2016
6e édition du texte, 1re édition avec plan d’action 2016
Case postale 128
1032 Romanel-sur-Lausanne, Suisse
Tous droits réservés
E-mail: info@ourania.ch
Internet: http://www.ourania.ch
ISBN édition imprimée avec plan d’action 978-2-88913-031-3
ISBN format epub avec plan d’action 978-2-88913-620-9
ISBN format pdf avec plan d’action 978-2-88913-870-8
[7]
A Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit.
Je dédie aussi ce livre à la famille Toth de San Diego, car je n’oublierai
jamais comment Paul a placé en moi la pierre angulaire de la foi. Sa passion
pour l’annonce de l’Evangile était contagieuse et a marqué mes débuts dans
ce service.
Me voici, les «mains moites» juste avant une intervention devant une
[8]

importante assemblée au Ghana!


Livre
[9]
Introduction

Je m’appelle Nick Vujicic (prononcez Voï-e-tchitch), j’ai 27 ans. Je suis né


totalement dépourvu de membres. Pourtant, ce n’est plus une contrainte pour
moi. Je voyage dans le monde entier afin d’encourager des milliers de
personnes à vaincre l’adversité avec foi, espoir, amour et courage, de telle
sorte qu’elles puissent réaliser leurs rêves. Au travers de ce livre, j’aimerais
vous faire part de la manière dont j’ai pu surmonter divers obstacles et
problèmes. Certains me sont propres, d’autres nous sont communs; nous y
sommes tous confrontés, un jour ou l’autre. Mon objectif est de vous
encourager afin que vous puissiez triompher de vos épreuves, trouver votre
voie et vivre pleinement heureux (ou heureuse).
Nous avons souvent l’impression que la vie est injuste. Nous pouvons
douter de nous-mêmes et perdre espoir dans les moments difficiles; je
comprends très bien cela. Mais la Bible nous invite à considérer comme un
sujet de joie complète les diverses épreuves auxquelles nous pouvons être
exposés1. J’ai mis de nombreuses années avant d’arriver à comprendre cette
leçon. Maintenant, grâce à mon expérience, je peux vous aider à saisir que la
plupart des épreuves auxquelles nous devons faire face nous offrent des
occasions de découvrir quelle est notre véritable place, quels sont les dons
[10]

que nous avons reçus et comment nous pouvons en faire profiter les autres.
Mes parents sont des chrétiens convaincus; pourtant, lorsque je suis né sans
bras ni jambes, ils se sont demandé pourquoi Dieu m’avait donné la vie. Ils
ont d’abord pensé qu’il n’y avait ni espoir ni avenir pour moi et que je
n’aurais jamais une existence normale, productive.
Cependant, nous n’aurions pas pu imaginer la vie que je mène aujourd’hui.
Je communique chaque jour par téléphone, courriel, SMS ou Twitter. Des
personnes m’approchent dans les aéroports, hôtels et restaurants pour me
serrer dans leurs bras et me dire que j’ai changé leur vie d’une façon ou
d’une autre. Je suis véritablement béni et tellement heureux. C’est
incroyable!
Ma famille et moi ne pouvions pas prévoir que mon handicap – mon
«fardeau» – serait une bénédiction, m’offrant des possibilités uniques de
venir à la rencontre des autres, de faire preuve d’empathie, de comprendre
leur souffrance et de leur offrir du réconfort. J’ai également été béni d’avoir
une famille aimante et enthousiaste, dont la foi était solide et profonde. J’ai
sans aucun doute des épreuves à surmonter. Je serai franc avec vous: ma foi
et la découverte du sens véritable de ma vie ne sont arrivées à maturité
qu’après des moments vraiment terrifiants.
Durant la période difficile de l’adolescence, celle où nous nous demandons
tous quelle est notre place, j’étais totalement désespéré par ma situation, car
je sentais que je ne serais jamais «normal». Je ne pouvais pas cacher le fait
que mon corps n’était pas comme celui de mes camarades de classe. Plus je
m’appliquais à pratiquer des activités normales comme la nage ou le skate,
plus je me rendais compte qu’il y avait tout simplement des choses
[11]

impossibles à faire.
Le fait que quelques gamins cruels m’appelaient un monstre et un
extraterrestre ne m’a pas aidé non plus. Bien sûr, je voulais être comme tout
le monde, mais les chances pour que j’y arrive étaient faibles. Je voulais être
accepté et je sentais que ce n’était pas le cas. Je voulais trouver ma place, en
vain. J’allais droit dans le mur.
J’étais malheureux et déprimé, submergé par des pensées négatives, et je ne
voyais aucun sens à ma vie. Même entouré de ma famille et de mes amis, je
me sentais seul. J’avais peur d’être à tout jamais un fardeau pour ceux que
j’aimais.
Combien je me trompais! On pourrait écrire un livre sur ce que j’ignorais à
l’époque. C’est précisément celui que vous avez entre les mains. Sur ces
pages, je vous propose des pistes pour trouver l’espoir même dans les
épreuves les plus difficiles et aller de l’autre côté du désespoir, là où vous
vous retrouverez plus fort(e), plus déterminé(e), plus en mesure de
poursuivre vos idéaux, et là où vous trouverez sans doute une existence
dépassant tout ce que vous pouvez imaginer.
Si vous avez le désir et la passion d’accomplir quelque chose, et que cela
est conforme à la volonté de Dieu, alors vous atteindrez votre objectif. Voilà
une affirmation puissante. Pour être honnête, je n’y ai pas toujours cru moi-
même. Si vous regardez un de mes discours sur Internet, vous me verrez
rayonnant de bonheur. C’est le fruit du chemin que j’ai parcouru. Au début,
il me manquait certaines choses, et j’ai découvert plusieurs éléments
importants au cours du voyage. Afin de vivre sans restriction, voici ce dont
j’avais besoin:
* un objectif fort dans ma vie,
* un espoir que rien ne puisse briser,
* la foi en Dieu et dans ses possibilités infinies,
[12]

* l’amour et l’acceptation de moi-même,


* de la hauteur dans mon attitude,
* un esprit courageux,
* la volonté de changer,
* un cœur confiant,
* la faim de saisir les occasions qui se présentaient à moi,
* la capacité de mesurer le risque et de rire de la vie,
* la mission de servir les autres en premier.
Chacun des chapitres de ce livre est consacré à l’un de ces besoins,
cherchant à l’éclairer de manière utile pour vous, dans votre cheminement
vers une vie épanouie et pleine de sens. Je vous les offre, car je partage
l’amour de Dieu pour vous et j’aimerais que vous puissiez faire l’expérience
de la joie et de l’épanouissement qu’il a en réserve pour vous.
Si vous aussi, vous luttez chaque jour de votre vie, souvenez-vous qu’au-
delà de mes propres épreuves m’attendait le sens véritable de mon existence,
et qu’il s’est révélé être bien plus grand que tout ce que je pouvais imaginer.
Vous pouvez traverser des temps difficiles, tomber et ne plus sentir en vous
la force de vous relever. Je connais ce sentiment. Nous le connaissons tous.
L’existence n’est pas facile, mais, lorsque nous surmontons des épreuves,
nous devenons plus forts et apprécions mieux les occasions qui s’offrent à
nous. Ce qui compte vraiment, c’est l’impact que nous avons sur les autres,
le long de notre parcours, et l’achèvement de notre voyage.
J’aime ma vie autant que j’aime la vôtre. Ensemble, nous disposons de
possibilités inimaginables. Alors, qu’en dites-vous? On tente le coup?
Il était bon, ce chocolat!
[13]

Merci, maman!

C’est ma photo de moi favorite. J’ai 6 mois, et j’ai l’air plutôt heureux,
confiant et… mignon, n’est-ce pas?
A cet âge, j’étais inconscient aussi bien de ma différence par rapport aux
autres que des défis qui m’attendaient, et c’était une bénédiction.

1 Jacques 1.2 (N.d.E.)


1. Si vous n’obtenez pas de miracle,
[15]

devenez-en un!

Une de mes vidéos les plus populaires sur YouTube me montre en train de
faire du skate, du surf, de jouer de la musique, de taper dans une balle de
golf, de tomber et de me relever, de parler lors de conférences et, le meilleur,
d’être serré dans les bras de nombreuses personnes formidables.
Tout compte fait, ce ne sont que des activités ordinaires que n’importe qui
pourrait faire, n’est-ce pas? Alors pourquoi, à votre avis, cette vidéo a-t-elle
été regardée des millions de fois? Je pense que beaucoup ont envie de la voir
car je vis comme si je n’avais aucune limite physique.
Souvent, on s’attend à ce qu’un grand handicapé soit inactif, aigri et
marginal. J’aime surprendre en montrant que je mène une existence
épanouie, pleine d’aventures.
Parmi les centaines de commentaires que l’on peut lire à propos de cette
vidéo, voici une remarque qui revient régulièrement: «Lorsque je vois
quelqu’un comme lui, heureux, je me demande pourquoi parfois je m’apitoie
sur moi-même… ou pense que je n’ai pas suffisamment d’attrait,
[16]

d’humour… Comment puis-je raisonner ainsi alors qu’un jeune homme vit
sans bras ni jambes et arrive à être heureux!?»
On me demande souvent le pourquoi et le comment de mon bonheur. Vous
avez peut-être vos propres problèmes à résoudre, alors je vous donne la
réponse tout de suite: j’ai trouvé le bonheur lorsque j’ai pris conscience que,
en dépit de toutes mes imperfections, je suis le parfait Nick Vujicic. Je suis
une œuvre de Dieu, créée conformément à son plan. Je ne dis pas qu’il n’y
ait rien à améliorer. J’essaie toujours de progresser afin de mieux le servir.
Je crois en effet que mon existence n’a pas de limite. J’aimerais que vous
pensiez qu’il en va de même pour vous, peu importent les défis que vous
aurez à relever. Au début de notre voyage ensemble, prenez un moment pour
réfléchir à toutes les restrictions que vous avez placées sur votre vie ou que
vous vous êtes laissé imposer par les autres. Maintenant, pensez à ce que
pourrait être votre existence sans elles. A quoi ressemblerait-elle si tout était
possible?
Officiellement, je suis handicapé, mais en réalité l’absence de membres
m’a rendu capable de beaucoup. Les défis particuliers qui se posent à moi
m’ont offert des occasions uniques d’aller à la rencontre de nombreuses
personnes dans le besoin. Essayez donc d’imaginer ce que vous pourriez
faire!
Nous pensons bien trop souvent que nous ne sommes pas assez intelligents,
beaux ou talentueux pour aller jusqu’au bout de nos rêves. Nous finissons
par croire ce que les autres disent de nous ou nous nous limitons nous-
mêmes. Le pire dans tout cela, c’est que, lorsque nous ne nous considérons
pas à la hauteur, nous limitons ce que Dieu pourrait accomplir à travers
nous!
Lorsque nous abandonnons nos rêves, nous enfermons Dieu dans une
[17]

boîte. Après tout, nous faisons partie de sa création et il nous a créés pour
une raison. Par conséquent, notre vie ne peut être limitée, pas plus que son
amour.
Nous avons chacun le choix. Nous pouvons décider de demeurer sur nos
échecs ou déceptions, d’être amers, tristes ou aigris. Ou bien, lorsque nous
faisons face à des difficultés ou à des personnes blessantes, nous pouvons
choisir de tirer une leçon de ces expériences et d’avancer, assumant la
responsabilité de notre propre bonheur.
En tant qu’enfants de Dieu, nous sommes beaux et précieux, bien plus que
les pierres précieuses du monde entier. Nous avons été créés parfaitement
dans un but précis. Cependant, nous devrions toujours essayer de progresser,
faire reculer nos limites et rêver grand. Des ajustements peuvent être
nécessaires en cours de route, car la vie n’est pas toujours rose, mais elle
vaut toujours la peine d’être vécue. Je suis là pour vous le dire: peu importe
votre état, tant que vous respirez, vous avez quelque chose à apporter au
monde.
Je ne peux pas poser ma main sur votre épaule pour vous rassurer, mais je
peux vous parler du fond du cœur. Même si votre vie vous semble
désespérée, il y a toujours de l’espoir. Même si des éléments vous paraissent
difficiles, des jours meilleurs vous attendent. Avoir envie d’un changement
ne changera rien, mais prendre la décision d’agir tout de suite changera tout!
Je suis certain que tout contribue à notre bien; cela a été le cas dans ma vie.
Pourtant, que peut-il y avoir de bien à vivre sans bras ni jambes?
Simplement en me regardant, les autres savent que j’ai surmonté beaucoup
d’obstacles, et cela leur donne envie de m’écouter. Ils me laissent la
[18]
possibilité de parler de ma foi, de leur dire qu’ils sont aimés et de leur
donner de l’espoir.
Telle est ma contribution. Il est important de reconnaître votre propre
valeur. Sachez que vous aussi, vous avez quelque chose à apporter. Ce n’est
pas grave, si vous vous sentez frustré(e) en ce moment; cette frustration est
normale et témoigne du fait que vous attendez plus de la vie. C’est une
bonne chose. Souvent, ce sont les défis de la vie qui nous montrent ce que
nous sommes véritablement appelés à devenir.

Une vie précieuse


Il m’a fallu beaucoup de temps pour voir les bons côtés de ma condition. Je
suis l’aîné. Ma mère avait 25 ans lorsque j’ai été conçu. Etant sage-femme et
infirmière pédiatrique en salle d’accouchement, elle prenait soin de
centaines de mères et de leurs bébés. Elle savait ce qu’elle devait faire
pendant la grossesse: surveiller son alimentation, faire attention aux
médicaments, ne pas consommer d’alcool, d’aspirine ou d’autres
antalgiques. Elle est allée consulter les meilleurs médecins qui lui ont dit que
tout se déroulait à merveille.
Malgré toutes ces précautions, elle ne cessait d’être inquiète. Peu avant
l’accouchement, elle a dit plusieurs fois à mon père: «J’espère que le bébé
va bien.»
Deux échographies ont été pratiquées durant la grossesse, et les médecins
n’ont rien remarqué d’anormal. Ils ont précisé à mes parents que j’étais un
garçon mais ont gardé le silence sur les membres manquants! Lorsque je suis
né le 4 décembre 1982, ma mère, ne me voyant pas, a tout de suite demandé
au médecin si le bébé allait bien. Tout le monde a gardé le silence. Les
secondes passaient, et elle ne voyait toujours pas son enfant. Elle a encore
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plus senti que quelque chose n’allait pas lorsqu’ils ont appelé un pédiatre et
sont partis dans le coin opposé de la pièce pour m’examiner et discuter entre
eux. Elle a été soulagée de m’entendre pousser mon premier cri. Par contre,
mon père, victime d’un malaise, a dû être conduit hors de la pièce. Pendant
l’accouchement, il avait vu qu’il me manquait un bras.
Les médecins, choqués à ma vue, m’ont rapidement enveloppé. Ma mère
n’était pas dupe. Elle avait assisté à des centaines de naissances. Lisant
l’angoisse sur le visage du personnel, elle a su que quelque chose de grave
se passait.
Elle a demandé au médecin ce qui n’allait pas avec son bébé. Comme il ne
répondait pas, elle a insisté et a fini par entendre juste le terme médical:
phocomélie. Elle savait qu’il s’agissait d’une malformation ou atrophie des
membres du fœtus, et elle a eu du mal à accepter la réalité.
Pendant ce temps, mon père, étourdi, était dehors, se demandant s’il n’était
pas en train de rêver. Lorsque le pédiatre lui a expliqué aussi délicatement
que possible que son fils n’avait ni bras ni jambes, il s’est affaissé sous le
choc et l’angoisse. Il est resté assis, sonné, momentanément incapable de
parler, puis son instinct protecteur s’est réveillé et il s’est précipité dans la
salle d’accouchement pour parler à ma mère avant qu’elle ne me voie. A sa
grande consternation, le personnel l’avait prévenue. Elle était couchée et
pleurait. Elle avait refusé de me prendre dans ses bras et avait demandé
qu’on m’emmène loin d’elle.
Tout le monde pleurait: les infirmières, la sage-femme, et… moi! Ils m’ont
finalement mis à côté d’elle, encore enveloppé. Mais elle ne pouvait pas
supporter la vue de son enfant dépourvu de membres. «Emportez-le, a-t-
[20]

elle dit. Je ne veux ni le voir ni le toucher.»


Aujourd’hui encore, mon père regrette que le personnel soignant ne lui ait
pas laissé le temps de préparer ma mère à cette nouvelle. Plus tard, pendant
qu’elle dormait, il est allé me voir, et de retour vers elle il lui a dit que j’étais
un beau bébé. Il lui a encore demandé, à ce moment-là, si elle voulait me
voir. Toujours secouée, elle a refusé. Il l’a comprise et a respecté ses
sentiments.
Au lieu de célébrer ma naissance, mes parents et toute leur église étaient en
deuil. Ils se demandaient comment un Dieu d’amour pouvait permettre une
telle chose.

La peine de ma mère
J’étais le premier enfant. Dans n’importe quelle famille, c’est une occasion
de fête et de grande joie. Pourtant, personne n’a envoyé de fleurs à ma mère.
Cela l’a blessée et n’a fait qu’accentuer son désespoir.
Les yeux pleins de larmes, elle a demandé à mon père si elle ne méritait pas
de fleurs. Désolé et reconnaissant qu’elle en méritait, il s’est rendu chez le
fleuriste de l’hôpital et est vite revenu avec un bouquet.
Je n’ai su cette histoire qu’à l’âge de 13 ans environ. C’est à cette période
que j’ai commencé à questionner mes parents au sujet de ma naissance et de
leur première réaction lorsqu’ils m’avaient vu. J’avais eu une mauvaise
journée à l’école. Lorsque j’ai dit à ma mère que je n’en pouvais plus de
n’avoir ni bras ni jambes, elle a pleuré avec moi. Elle m’a expliqué ce
qu’elle et mon père avaient fini par comprendre: Dieu avait un plan pour
moi et le révélerait un jour. J’ai posé d’autres questions encore, au fil du
temps, parfois à l’un de mes parents, parfois aux deux. Cette quête de
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réponses était due à ma nature curieuse. Mes camarades de classe, tout aussi
curieux, m’assaillaient également de questions incessantes.
Au début, j’avais un peu peur des réponses de mes parents, et comme
certaines choses étaient difficiles à aborder pour eux, je n’insistais pas. Lors
de nos premières conversations, ils se sont montrés très prudents et très
protecteurs envers moi dans ce qu’ils me disaient. Plus je grandissais, plus
ils m’ont fait part de leurs sentiments et de leurs appréhensions, sachant que
j’étais capable de les gérer. Malgré tout, quand ma mère m’a dit qu’elle ne
voulait pas me prendre dans ses bras à ma naissance, j’ai eu beaucoup de
difficultés à l’accepter. J’étais déjà plutôt angoissé; essayez d’imaginer ce
que j’ai ressenti en apprenant que même ma mère ne pouvait pas supporter
de me voir! J’étais blessé et je me suis senti rejeté. J’ai ensuite pensé à tout
ce que mes parents avaient fait pour moi depuis. Ils avaient prouvé leur
amour tant de fois! A l’époque de ces conversations, j’étais assez mûr pour
me mettre à leur place. Rien durant la grossesse, si ce n’est l’intuition de ma
mère, ne laissait supposer une telle situation. Elle était sous le choc et avait
peur. Quelle aurait été ma propre réaction, en tant que parent? Je ne suis pas
certain qu’elle aurait été meilleure. Je le leur ai dit et, au fil du temps, nous
avons abordé plus de détails.
Je suis content que nous ayons attendu que je sois sûr de moi pour parler de
cela; je savais alors au fond de mon cœur que leur amour pour moi était
grand. Nous avons continué nos échanges. Par la foi, ils ont vu que j’étais
destiné à servir un plan divin, et ils m’ont aidé à le comprendre. J’ai toujours
été un enfant particulièrement déterminé et optimiste. Mes professeurs,
d’autres parents et même des inconnus disaient souvent à mes parents que
[22]

mon attitude les inspirait. Bien que mon épreuve soit difficile, je reconnais,
pour ma part, que de nombreuses personnes doivent porter des fardeaux plus
lourds que le mien.
Aujourd’hui, au cours de mes voyages tout autour du monde, je suis
confronté à des souffrances incroyables, ce qui me permet d’être
reconnaissant pour ce que j’ai et de ne pas m’attarder sur ce qui me manque.
J’ai vu des enfants orphelins rongés par des maladies, des jeunes femmes
forcées à l’esclavage sexuel, des hommes jetés en prison car ils étaient trop
pauvres pour payer leurs dettes.
La souffrance est universelle et souvent cruelle. J’ai été touché de voir des
personnes non seulement survivre, mais vivre et prospérer même dans les
bidonvilles et après d’horribles tragédies. La joie était bien la dernière chose
que je m’attendais à trouver dans un endroit surnommé «la cité des ordures»,
le pire des bidonvilles de la périphérie du Caire, en Egypte. Cette partie de la
ville, appelée Manshiet Nasser, est planquée au milieu de rochers. Son
surnom est malheureux mais bien trouvé; l’odeur nauséabonde qui monte de
la cité provient du fait que la plupart de ses 50’000 habitants subsistent en
passant la ville du Caire au peigne fin, à la recherche d’ordures qu’ils
ramènent dans la cité puis fouillent. Ils trient chaque jour des montagnes de
déchets provenant d’une ville de 18 millions d’habitants, espérant y trouver
des objets à vendre, recycler ou utiliser d’une façon ou d’une autre.
Au milieu de ces rues changées en porcheries, jonchées de piles de déchets
et d’ordures puantes, on pourrait s’attendre à trouver des individus
submergés par le désespoir. Or, lors de ma visite en 2009, j’y ai trouvé
l’opposé. Les personnes que j’ai rencontrées ont certainement une
[23]

existence très difficile, mais elles étaient attentionnées, semblaient heureuses


et étaient remplies de foi. Dans le pays musulman qu’est l’Egypte, la cité des
ordures est le seul endroit à majorité chrétienne copte.
J’ai visité de nombreuses banlieues très pauvres aux quatre coins du monde.
Celle-là était l’une des pires, en ce qui concerne les conditions de vie, mais
j’y ai trouvé aussi l’état d’esprit le plus chaleureux. Près de 150 personnes se
sont entassées dans une très petite bâtisse en béton qui leur servait d’église.
Lorsque j’ai commencé à parler, j’ai été frappé par la joie et le contentement
émanant de mon auditoire. Ils rayonnaient littéralement sur moi. Ma vie m’a
rarement semblé être une telle bénédiction. En leur parlant de la façon dont
Jésus a changé mon existence, j’ai aussi remercié Dieu de la foi qui leur
permettait de prendre de la hauteur par rapport à leur condition.
Des responsables religieux m’ont raconté comment la vie de ces personnes
a été transformée par la puissance divine. Leur espoir n’est pas dans ce
monde mais dans l’éternité. En attendant, ils croient aux miracles et
remercient Dieu pour ce qu’il est et pour ce qu’il a fait. Avant de partir, nous
avons distribué du riz et du thé à des familles ainsi qu’un peu d’argent qui
leur suffirait pour acheter de la nourriture pendant plusieurs semaines. Nous
avons aussi donné des articles de sport, des ballons de foot et des cordes à
sauter pour les enfants. Nous avons pu jouer au ballon avec eux, rire et
prendre du bon temps ensemble, même si nous étions entourés d’ordures. Je
n’oublierai jamais les sourires de ces enfants; ils m’ont démontré encore une
fois que le bonheur nous est accessible, quelles que soient les
circonstances, si c’est en Dieu que nous plaçons toute notre confiance.
[24]

Comment des enfants aussi pauvres peuvent-ils rire? Comment des


prisonniers peuvent-ils chanter de joie? Ils prennent de la hauteur en
acceptant que certaines choses échappent à leur contrôle et à leur
compréhension, et se concentrent plutôt sur ce qu’ils peuvent comprendre et
contrôler. C’est exactement ce qu’ont fait mes parents. Ils sont allés de
l’avant en décidant de faire confiance au Dieu qui affirme que tout contribue
au bien de ceux qui l’aiment, de ceux qui sont appelés conformément à son
plan2.

Une famille croyante


Mes parents sont tous deux issus de foyers à forte tradition chrétienne, dans
la partie de l’ancienne Yougoslavie connue aujourd’hui sous le nom de
Serbie. Ils étaient encore jeunes lorsque leurs familles respectives ont émigré
en Australie afin de fuir la répression communiste. En tant que chrétiens
apostoliques, mes arrière-grands-parents refusaient, conformément à leur
déclaration de foi, de porter les armes. Les communistes les ont discriminés
et persécutés pour leurs croyances. Ils devaient organiser leurs cultes dans le
secret. Ils avaient des difficultés financières car ils refusaient d’adhérer au
parti communiste qui contrôlait tous les aspects de la vie. Pour cette raison,
mon père a souvent souffert de la faim quand il était jeune. Des milliers de
chrétiens serbes ont émigré en Australie, au Canada et aux Etats-Unis après
la Seconde Guerre mondiale. Les familles de mes parents sont parties en
Australie, où elles pouvaient pratiquer librement leur foi. D’autres
membres de la parenté ont déménagé, pratiquement dans la même période,
[25]

aux Etats-Unis et au Canada. J’ai donc également de la famille dans ces


pays-là.
Mes parents se sont rencontrés dans une église de Melbourne. Ma mère,
Dushka, était étudiante en deuxième année à l’école d’infirmières du Royal
childrens’ hospital à Victoria. Mon père, Boris, travaillait dans
l’administration et les finances; plus tard, à côté de cet emploi, il est devenu
prédicateur laïque. Lorsque j’avais environ 7 ans, mes parents ont
commencé à envisager un déménagement aux Etats-Unis. Ils pensaient qu’il
y aurait là-bas un accès plus facile aux nouvelles prothèses et au suivi
médical, ce qui m’aiderait à gérer mon handicap.
Mon oncle Batta Vujicic avait une entreprise de construction et de gestion
immobilière à Agoura Hills, à une cinquantaine de kilomètres de Los
Angeles. Il avait toujours promis à mon père de lui donner un travail, s’il
obtenait un visa. Il y avait aussi beaucoup de chrétiens serbes avec plusieurs
églises dans la région de Los Angeles, ce que mes parents appréciaient.
Obtenir un visa de travail était un processus long et fastidieux, mais mon
père a décidé de le demander. En attendant, nous avons déménagé à
1500 kilomètres vers le nord, à Brisbane – Queensland – où le climat était
mieux adapté pour moi. En effet, je souffrais d’allergies.
J’avais presque 10 ans et j’allais entrer en dernière année de primaire
lorsque tout s’est finalement mis en place pour notre déménagement aux
Etats-Unis. Mes parents pensaient que mon frère Aaron, ma sœur Michelle
et moi avions le bon âge pour nous intégrer dans le système scolaire
américain. Nous avons attendu 18 mois dans le Queensland, et mon père a
reçu un visa de travail valable 3 ans. Nous sommes partis en 1994.
Malheureusement, pour diverses raisons, le déménagement en Californie
[26]

n’a pas été une réussite. Lorsque nous avons quitté l’Australie, j’avais déjà
commencé la sixième, et ma nouvelle école à Agoura Hills était surchargée.
On ne pouvait donc m’intégrer que dans des classes de niveau avancé. Par
ailleurs, le programme était différent. J’ai toujours été un bon élève, mais
c’était difficile, et j’ai dû lutter pour m’adapter au changement. Comme le
calendrier scolaire était différent, j’avais déjà du retard en commençant les
cours en Californie et j’ai eu beaucoup de mal à le rattraper. Mon adaptation
a été rendue encore plus compliquée par le fait que je devais changer de salle
à chaque cours, ce dont je n’avais pas l’habitude. Nous avons emménagé
chez mon oncle Batta, sa femme Rita et leurs six enfants. Même si leur
maison à Agoura Hills était assez grande, cela faisait beaucoup de monde.
Nous avions prévu de nous installer le plus rapidement possible dans notre
propre logement, mais les prix de l’immobilier étaient beaucoup plus élevés
qu’en Australie. Mon père travaillait pour la compagnie de gestion
d’immobilier de Batta. Ma mère n’a pas cherché à obtenir une licence
d’infirmière qui lui aurait permis de pratiquer en Californie, car sa
préoccupation première était de nous installer dans notre nouvel
environnement et nos nouvelles écoles.
Mes parents ont conclu, après 3 mois de vie avec la famille d’oncle Batta,
que ce déménagement n’était pas une bonne chose. Je bataillais à l’école, le
coût de la vie en Californie était élevé, et ils avaient du mal à me procurer
une couverture santé. La probabilité que nous n’obtenions jamais le droit de
résidence permanente nous inquiétait aussi. Un avocat a expliqué que mes
problèmes physiques pourraient constituer un obstacle à cela. Ma famille
serait-elle capable de subvenir à mes besoins médicaux et d’assumer les
[27]

diverses dépenses liées à mon handicap?


Mes parents ont donc décidé de retourner à Brisbane 4 mois seulement
après notre arrivée aux Etats-Unis. Ils ont trouvé une maison dans l’impasse
même où nous vivions avant le déménagement; nous avons donc pu
retrouver nos amis et notre école. Mon père a repris l’enseignement de la
gestion au College of technical and further education, et ma mère a consacré
sa vie à ses enfants, notamment à moi.

Un enfant plein de défis


Ces dernières années, mes parents m’ont parlé à cœur ouvert des
cauchemars qui ont suivi ma naissance. Quand j’étais tout jeune, ils n’ont
évidemment pas laissé transparaître le fait que je n’étais pas l’enfant dont ils
avaient rêvé. Ma mère avait peur de ne pas pouvoir prendre soin de moi, et
mon père n’arrivait pas à imaginer un avenir heureux pour moi. Il se
demandait quel genre d’existence je pourrais mener. Tous deux pensaient
que, si j’étais impuissant et sans défense, incapable de faire l’expérience de
la vie, il valait mieux que je sois entre les mains de Dieu. Ils ont envisagé
toutes les possibilités, y compris celle de me faire adopter. Lorsque mes
grands-parents leur ont proposé de s’occuper de moi, ils ont décliné l’offre
et ont décidé que leur responsabilité était de m’élever du mieux possible.
Surmontant leur malheur, ils ont éduqué leur enfant handicapé de manière à
ce qu’il soit aussi «normal» que possible. Leur grande foi les a amenés à
penser que Dieu avait ses raisons de leur donner un tel fils.
Certaines blessures guérissent plus vite si l’on continue à bouger; il en va
de même pour les revers de l’existence. Vous perdez votre travail, votre
[28]

relation tourne mal ou vos factures commencent à s’empiler? Ne mettez pas


votre vie en veille en vous attardant sur les injustices et sur les vieilles
blessures, mais cherchez plutôt un moyen d’aller de l’avant. Un meilleur
travail, plus intéressant et plus gratifiant, vous attend peut-être. Votre
relation a besoin d’être renouvelée ou quelqu’un d’autre vous convient
mieux. Vos difficultés financières vous pousseront certainement à trouver
des moyens plus créatifs d’économiser afin d’être plus à l’aise.
Vous ne pouvez pas toujours contrôler ce qui vous arrive. Il y a des
événements qui surviennent sans que ce soit votre faute ou sans que vous
puissiez y faire quoi que ce soit. Vous avez alors le choix: abandonner ou
continuer à lutter pour une vie meilleure. Je vous conseille de garder à
l’esprit que rien n’arrive sans raison et que quelque chose de bien finira par
ressortir.
Etant enfant, je présumais que j’étais un bébé parfaitement adorable,
naturellement charmant et craquant comme n’importe quel autre bambin.
Mon ignorance de la réalité était une bénédiction, à cette époque. Je ne
savais pas que j’étais différent des autres et que de nombreuses difficultés
m’attendaient. Je ne pense pas que l’on reçoive des épreuves plus grandes
que ce que l’on peut surmonter. A chaque incapacité sont associées des
capacités qui permettent de relever tous les défis.
Dieu m’a doté d’une forte détermination, ainsi que d’autres dons. Assez tôt,
il s’est révélé que même dépourvu de membres, j’étais athlétique et à l’aise
avec mon corps. J’avais beau n’être qu’un tronc, j’étais aussi un parfait petit
casse-cou, me roulant et me jetant çà et là. J’ai appris à me mettre en
position verticale en m’appuyant contre un mur avec mon front et en
remontant progressivement. Mes parents ont longtemps essayé de m’aider
[29]

à maîtriser une technique plus confortable, mais je voulais toujours faire les
choses à ma façon!
Alors que ma mère mettait des coussins par terre afin que je puisse
m’appuyer dessus et me redresser, j’ai décidé, pour une raison inconnue,
qu’il valait mieux que je me tape le front contre un mur et remonte ensuite
petit à petit. Tout faire à ma manière, même quand ce n’était pas la solution
la plus facile, est devenu ma marque de fabrique!
Utiliser ma tête était alors ma seule option, ce qui a contribué au
développement prodigieux de mon intellect… Je plaisante! Les muscles de
mon cou avaient une force de bœuf, et mon front était dur comme du bois.
Bien sûr, mes parents s’inquiétaient constamment pour moi. Elever des
enfants est déjà une expérience éprouvante quand leur corps est entier. Les
jeunes parents plaisantent souvent en disant qu’ils auraient aimé recevoir un
mode d’emploi avec leur premier rejeton! Le cas d’un bébé comme moi
n’est même pas traité dans la science-fiction, et pourtant je devenais
obstinément de plus en plus robuste et audacieux. A moi seul, du haut de
mes 2 ans, je procurais aux miens plus de frayeurs que s’ils avaient eu des
octuplés. «Comment va-t-il faire pour se nourrir? Comment ira-t-il à l’école?
Qui prendra soin de lui, s’il nous arrive quelque chose? Comment pourra-t-il
mener un jour une vie indépendante?»
La capacité de raisonnement dont nous sommes pourvus peut être à la fois
une bénédiction et une malédiction. Tout comme mes parents, vous vous
êtes sûrement déjà inquiété(e) pour l’avenir. Cependant, c’est généralement
ce que nous craignons le plus qui se révèle être le moins problématique. Il
est parfaitement normal de faire des prévisions et d’élaborer des plans pour
l’avenir, mais ce qui nous fait peur peut aussi nous réserver les plus belles
[30]

surprises. Très souvent, les choses finissent par tourner dans le bon sens.
Durant mon enfance, la capacité de contrôler mon pied gauche a constitué
l’une de mes meilleures surprises. Instinctivement, je l’utilisais pour me
rouler ici et là, donner des coups, pousser des choses et m’appuyer dessus.
Mes parents, ainsi que les médecins, ont pensé qu’il était possible d’en faire
un meilleur usage. J’avais deux doigts de pied, mais à ma naissance ils
étaient collés ensemble. Ils ont décidé qu’une opération visant à libérer ces
doigts me permettrait de les utiliser pour tenir un stylo, tourner des pages et
faire d’autres choses encore.
Nous vivions alors à Melbourne, en Australie, où l’on pouvait avoir accès
aux meilleurs soins médicaux du pays. Je présentais des défis qui
dépassaient les compétences de la plupart des professionnels de la santé.
Pendant que les médecins me préparaient pour la chirurgie du pied, ma mère
insistait sans cesse sur le fait que la plupart du temps ma température était
élevée et qu’ils devaient faire attention à ce que mon corps ne surchauffe
pas. Elle avait entendu parler d’un autre enfant dépourvu de membres qui
avait eu ce problème durant une opération, ce qui lui avait valu des lésions
cérébrales après une attaque.
Ma tendance à l’«autocuisson» a donné lieu à un dicton toujours en vogue
dans ma famille: «Quand Nick a froid, les canards gèlent.» Blague à part, il
est vrai que, si je fais trop d’efforts, subis un stress intense ou reste trop
longtemps au chaud, ma température monte dangereusement. Je dois
toujours faire attention à ne pas surchauffer.
Ma mère a suggéré à l’équipe du bloc opératoire de surveiller ma
température. Bien que connaissant sa profession, les médecins n’ont pas
[31]
pris ses conseils au sérieux. L’opération de séparation de mes orteils a été un
succès, mais il est arrivé ce que ma mère redoutait: je suis sorti du bloc
opératoire trempé de sueur, car ils n’avaient pas pris de précautions pour
éviter que mon corps ne surchauffe. Quand ils ont constaté que ma
température grimpait et devenait incontrôlable, ils ont essayé de me refroidir
avec des draps mouillés et ont même mis de la glace sur moi pour m’éviter
une attaque.
Ma mère était furieuse, et les médecins ont pu éprouver toute la force de sa
colère!
Cependant, une fois refroidi (au sens propre du terme), j’ai reçu une
nouvelle dimension grâce aux deux orteils libérés. Ils n’ont pas fonctionné
exactement comme les médecins l’espéraient, mais je me suis adapté en
conséquence. Il est fascinant de voir combien un petit pied et une paire
d’orteils peuvent être utiles dans la vie d’un gars sans bras ni jambes. Cette
opération et les nouvelles technologies m’ont libéré et m’ont donné la
possibilité d’utiliser des fauteuils roulants fabriqués sur mesure, ainsi que les
ordinateurs et les téléphones portables.
Je ne connais pas exactement le fardeau que vous devez porter et je ne
prétends pas avoir vécu les mêmes situations de crise que vous, mais songez
à ce que mes parents ont enduré lorsque je suis venu au monde. Imaginez
leurs sentiments, imaginez combien l’avenir a dû leur sembler sombre.
Vous ne voyez peut-être pas, pour le moment, la lumière au bout de votre
propre tunnel. Sachez que mes parents ne pouvaient pas imaginer l’existence
merveilleuse qui m’attendait. Ils ne pensaient absolument pas que leur fils
serait indépendant, pleinement engagé dans la vie professionnelle et même
tout à fait heureux!
La plupart de leurs craintes ne sont jamais devenues réalité. Certes,
[32]

m’élever n’a pas été facile, mais je pense que pour toutes les épreuves
endurées, nous avions la même part de rire et de joie. J’ai joui d’une enfance
normale durant laquelle j’ai terrorisé mon petit frère Aaron et ma jeune sœur
Michelle comme n’importe quel grand frère!
Vous vous demandez peut-être si votre sort va s’améliorer. Vous ne pouvez
même pas imaginer tout le bien qui vous attend si vous refusez
d’abandonner. Restez concentré(e) sur votre rêve et faites ce qu’il faut pour
rester dans la course. Vous avez le pouvoir de changer les choses.
Poursuivez ce que vous désirez obtenir.
Ma vie est une aventure qui se poursuit toujours, et la vôtre l’est aussi.
Commencez dès maintenant à en écrire le premier chapitre! Remplissez-la
d’aventures, d’amour et de bonheur. Vivez votre histoire en même temps
que vous l’écrivez!

La quête de sens
Je dois avouer que pendant longtemps je ne croyais pas pouvoir décider de
la tournure que prendrait ma vie. Je luttais pour comprendre quelle était ma
place dans le monde et quel chemin je devais emprunter. En grandissant, j’ai
acquis la conviction qu’il n’y avait rien de positif à avoir un corps raccourci
comme le mien. Bien sûr, on ne me demandait pas de me lever de table pour
aller me laver les mains et on ne m’a jamais marché sur les pieds, mais ces
quelques avantages ne m’apportaient pas une grande consolation.
Mon frère, ma sœur et mes cousins – petits fous – ne m’ont jamais laissé
m’apitoyer sur moi-même. Ils ne m’ont jamais chouchouté non plus. Ils
m’ont accepté tel que j’étais, mais ils m’ont aussi aidé à me construire en
[33]

me taquinant et en me faisant des blagues. Ainsi, ma situation m’inspirait


moins d’amertume que d’humour.
Au milieu du supermarché, mes cousins me montraient du doigt et criaient:
«Regardez ce gosse en fauteuil roulant! C’est un extraterrestre!» Nous avons
ri presque jusqu’à l’hystérie face aux réactions des passants; ils ne pouvaient
pas savoir que les gamins qui s’en prenaient au garçon handicapé étaient en
réalité ses meilleurs alliés.
Plus je grandissais et plus je me rendais compte à quel point être ainsi aimé
est un cadeau inestimable. Même si parfois vous vous sentez seul(e), vous
devez savoir que vous êtes aussi aimé(e) et reconnaître que Dieu vous a
créé(e) par amour. Par conséquent, vous n’êtes jamais seul(e). Son amour
pour vous est inconditionnel. Il ne vous aime pas à condition que… Il vous
aime toujours. Souvenez-vous de cela lorsqu’un sentiment de solitude et de
désespoir vous submerge. Souvenez-vous qu’il ne s’agit que de sentiments.
En réalité, Dieu vous a créé(e) pour montrer son amour.
Il est important de garder son amour dans votre cœur, car il y aura des
moments où vous vous sentirez vulnérable. Ma grande famille n’a pas
toujours été là pour me protéger. Une fois que j’ai fréquenté l’école, plus
rien ne pouvait dissimuler le fait que je n’étais pas comme les autres. Mon
père avait beau m’assurer que Dieu ne commettait pas d’erreur, à certains
moments, je ne pouvais pas me débarrasser du sentiment que je constituais
une exception à cette règle. Je priais: «Pourquoi ne me donnerais-tu pas juste
un seul bras? Pense à ce que je pourrais faire avec un bras!»
Je suis sûr que vous avez vécu des moments similaires. Vous avez peut-être
tout simplement désiré un changement radical dans votre vie. Il n’y a
[34]

aucune raison de vous alarmer si le miracle ne se produit pas ou si votre


souhait ne se réalise pas dans la minute qui suit. Souvenez-vous que Dieu
aide souvent ceux qui s’aident eux-mêmes. Il vous appartiendra toujours de
continuer à faire de votre mieux pour mettre vos talents et vos rêves au
service de la meilleure cause possible dans votre environnement.
J’ai longtemps pensé que, si mon corps avait été plus normal, ma vie aurait
été du gâteau. Ce que je ne comprenais pas, c’est que je n’avais pas à être
normal; je devais juste être moi, fils de mon père, faisant la volonté de Dieu.
Au début, je refusais d’admettre que ce qui n’allait pas chez moi, ce n’était
pas mon corps, mais les limites placées autour de moi et ma vision rétrécie
de l’existence.
Si vous n’avez pas accompli tout ce que vous vouliez, la raison ne s’en
situe probablement pas à l’extérieur mais à l’intérieur de vous. Prenez vos
responsabilités et agissez. Pour commencer, vous devez croire que vous avez
de la valeur et un potentiel. Vous ne pouvez pas attendre un miracle,
attendre que les autres viennent vous chercher ou qu’arrive «la bonne
occasion». Imaginez que vous êtes la cuillère et le monde, une marmite de
soupe. Remuez-la.
Jeune garçon, j’ai passé de nombreuses nuits à prier pour avoir des
membres. Je m’endormais en larmes et rêvais que des bras et des jambes
avaient poussé, pendant mon sommeil, comme par miracle. Cela n’est
jamais arrivé, bien sûr. Comme je ne me supportais pas moi-même, j’avais
du mal à me faire accepter par les autres quand j’allais à l’école le
lendemain.
Comme la plupart des gosses, j’ai été plus vulnérable durant mes années de
préadolescence, cette période où chacun essaie de comprendre son identité,
[35]

sa place, et de s’imaginer ce que l’avenir lui réserve. Souvent, les enfants qui
me blessaient ne le faisaient pas par cruauté mais par manque de tact. Ils me
demandaient pourquoi je n’avais ni bras ni jambes.
Je voulais m’intégrer à l’instar de n’importe qui. Dans les bons jours,
j’arrivais à les gagner par mon humour, mon aptitude à rire de moi-même et
mes acrobaties sur l’aire de jeux. Dans les mauvais jours, je me cachais
derrière les buissons ou dans des classes vides pour échapper aux coups et
aux moqueries. Une partie du problème provenait du fait que j’avais toujours
passé plus de temps avec des adultes et mes cousins plus âgés que moi
qu’avec des enfants de mon âge. J’avais un air plus mature et mes pensées,
plus profondes, m’amenaient parfois dans des zones ténébreuses. «Jamais
une fille ne m’aimera. Je n’ai même pas de bras pour la serrer contre moi. Si
j’ai des enfants, je ne pourrai pas les prendre dans mes bras non plus. Quel
genre de travail pourrai-je exercer? Qui m’emploiera? Pour la plupart des
postes, il faudrait une deuxième personne afin qu’elle m’aide à accomplir la
tâche pour laquelle on m’a embauché. Qui voudrait engager une personne
pour le prix de deux?»
Mes défaillances avaient beau se situer essentiellement à un niveau
physique, elles avaient aussi un impact sur mon état émotionnel. J’ai
traversé, quand j’étais petit, une période de dépression effroyable. Puis,
durant mes années d’adolescence, à mon grand étonnement et ma grande
gratitude – qui perdurent à ce jour –, j’ai été progressivement accepté,
d’abord par moi-même, puis par les autres.
Nous traversons tous des périodes où nous nous sentons exclus, rejetés ou
mal aimés. Nous avons tous nos angoisses. La plupart des enfants ont peur
que l’on se moque d’eux parce que leur nez est trop grand ou parce que
[36]

leurs cheveux sont trop frisés. Les adultes ont peur de ne pas arriver à payer
toutes leurs factures ou de ne pas être à la hauteur de ce qu’on attend d’eux.
Vous connaîtrez des moments de doute et de peur; cela peut arriver à
chacun de nous. Il est naturel d’être déprimé, cela fait partie de notre nature
humaine. De tels sentiments ne représentent un danger que si vous vous
attardez sur les pensées négatives, au lieu de les laisser repartir comme elles
sont venues.
Dès lors que vous croyez avoir des dons – des talents, du savoir, de
l’amour – à partager avec les autres, vous êtes sur la voie de l’auto-
acceptation, même si vos dons ne sont pas encore apparents. Une fois sur le
chemin, d’autres viendront vous trouver et marcheront avec vous.

Me faire entendre
J’ai trouvé le chemin de ma vocation en essayant de me faire entendre de
mes camarades de classe. Si vous avez joué le rôle du nouveau qui prend son
repas tout seul, vous devez sûrement comprendre qu’être le nouveau en
fauteuil roulant a été plus difficile encore. Nos déménagements de
Melbourne à Brisbane, aux Etats-Unis, puis de nouveau à Brisbane m’ont
obligé à m’adapter chaque fois, ce qui ne m’a pas facilité la tâche.
Mes nouveaux camarades de classe pensaient souvent que j’étais handicapé
non seulement physiquement mais aussi mentalement. Ils gardaient en
général leurs distances, sauf si j’avais le courage d’entamer des
conversations à la cafétéria ou dans les couloirs de l’école. Au fur et à
mesure, ils ont accepté l’idée que je n’étais pas un extraterrestre envoyé de
l’espace au milieu d’eux.
Parfois, Dieu veut que vous agissiez. Vous pouvez souhaiter, rêver,
[37]

espérer, mais vous devez aussi agir en conséquence et faire un effort pour
atteindre ce qui est hors de votre portée actuelle pour vous retrouver là où
vous voulez être. Je voulais que les personnes de mon école sachent
qu’intérieurement je n’étais pas différent d’eux. Pour y arriver, j’ai dû sortir
de ma zone de confort personnel. En retour, j’ai reçu des récompenses
extraordinaires.
Avec le temps, les conversations avec mes camarades de classe ont eu pour
thème la vie dans un monde où tout est fait pour les personnes pourvues de
bras et de jambes. Elles m’ont valu des invitations à parler devant des
étudiants, des groupes de jeunes à l’église et d’autres organisations pour
ados. Voici une merveilleuse vérité, qui est essentielle: nous avons chacun
un don, un talent, un savoir-faire ou un art qui nous apporte du plaisir et
nous motive. Le chemin du bonheur passe souvent par ce don. Je trouve
étonnant qu’on ne l’enseigne pas à l’école.
Si vous êtes encore en recherche, essayez de savoir ce qui vous épanouit; je
vous suggère de faire une auto-évaluation. Prenez un stylo et une feuille de
papier ou un ordinateur et faites une liste de vos activités préférées. Qu’est-
ce qui vous attire? Que pouvez-vous faire et poursuivre des heures durant,
perdant toute notion du temps et de l’espace? Et maintenant, que voient les
autres en vous? Complimentent-ils vos talents d’organisateur ou vos
capacités d’analyse? Si vous n’êtes pas sûr(e), demandez à votre famille et à
vos amis quels sont vos points forts, d’après eux.
Voilà quelques indices pour trouver votre chemin dans la vie, cette voie
enfouie au plus profond de vous. Nous arrivons tous dans ce monde nus et
pleins de promesses. Nous sommes comme des cadeaux prêts à être
[38]

ouverts. Quand vous trouvez quelque chose qui vous motive tellement que
vous seriez prêt(e) à le faire gratuitement toute la journée, vous êtes sur la
bonne voie. Si vous rencontrez quelqu’un qui est désireux de vous payer
pour cela, vous avez votre carrière.
Au début, mes petites conversations informelles avec les jeunes
constituaient une façon d’aller vers eux, de leur montrer que j’étais
exactement comme eux. J’avais le regard tourné vers l’intérieur, j’étais
reconnaissant d’avoir une chance de faire connaître mon monde et de tisser
des liens. Je savais ce que le fait d’en parler m’apportait, mais il m’a fallu un
peu de temps pour comprendre que mes paroles pouvaient aussi avoir un
impact sur les autres.

Trouver ma voie
Un jour, alors que je parlais devant une assemblée d’environ 300 élèves de
ce que je ressentais et croyais, quelque chose de merveilleux s’est produit. Il
était arrivé que des élèves ou des professeurs laissent couler quelques larmes
quand je leur racontais les épreuves que j’avais affrontées, mais, pendant
cette conférence-là, une jeune fille a éclaté en sanglots. Je ne savais pas ce
qui lui arrivait; j’avais peut-être déclenché chez elle un terrible souvenir. J’ai
été époustouflé lorsqu’elle a eu le courage, malgré sa tristesse, de lever la
main pour prendre la parole. Elle m’a alors demandé si elle pouvait
s’approcher de moi pour me serrer dans ses bras. J’étais atterré!
Je l’ai invitée à avancer, et elle a essuyé ses larmes en venant vers le devant
de la salle, puis elle m’a donné l’une des meilleures accolades de toute ma
vie. A ce moment-là, tout l’auditoire pleurait, même moi. Cependant, j’ai
[39]

complètement fondu lorsqu’elle m’a chuchoté à l’oreille: «Personne ne m’a


jamais dit que j’étais belle comme j’étais… Personne ne m’a jamais dit qu’il
m’aimait… Tu as changé ma vie, et tu es aussi une belle personne.»
Jusque-là, j’étais constamment en train de remettre en question ma valeur.
Je me voyais simplement comme quelqu’un qui prenait la parole afin d’aller
à la rencontre d’autres ados. Elle m’a non seulement dit que j’étais beau – ce
qui ne m’a pas fait de mal – mais plus que tout, elle a été la première à me
souffler l’idée que mes propos pouvaient aider les autres. Elle a changé ma
façon de voir les choses. Je me suis dit que j’avais peut-être vraiment
quelque chose à apporter.
De telles expériences m’ont permis de prendre conscience que ma
différence pouvait m’aider à apporter quelque chose d’unique au monde. J’ai
découvert que d’autres avaient envie de m’écouter parce qu’il leur suffisait
de me regarder pour savoir que j’avais affronté et surmonté des épreuves: je
ne manquais pas de crédibilité. Instinctivement, ils sentaient que je pourrais
les aider à surmonter leurs propres problèmes.
Dieu m’a utilisé dans des écoles, des églises, des prisons, des orphelinats,
des hôpitaux, des stades et des salles de spectacle. Lors d’entretiens
individuels, j’ai pu encourager des milliers d’individus en leur disant
combien ils étaient précieux. Ils m’ont serré dans leurs bras. J’ai aussi le
plaisir de leur assurer que Dieu a un plan pour leur vie. Il a pris mon corps si
particulier et m’a investi de la capacité de soutenir et encourager les autres,
tout comme il affirme dans la Bible qu’il connaît les projets qu’il forme pour
nous… des projets de paix et non de malheur, afin de nous donner un
[40]

avenir et de l’espérance3.

Faire le nécessaire
Il n’y a aucun doute là-dessus: la vie peut être cruelle. Parfois les mauvaises
nouvelles ne cessent de s’accumuler, et vous n’en voyez pas le bout. Vous
n’allez probablement pas aimer ce que je vais dire, mais vous n’êtes peut-
être pas encore convaincu(e) que cela peut vous arriver maintenant.
Vous et moi avons une vision limitée, car nous sommes de simples mortels.
Nous ne pouvons absolument pas voir ce qui nous attend. C’est en même
temps une bonne nouvelle et une mauvaise. J’aimerais vous encourager en
vous assurant que ce qui vous attend est peut-être bien meilleur que tout ce
que vous avez pu imaginer. Mais c’est à vous de vous lever, de faire la
traversée et d’y arriver!
Que vous essayiez d’améliorer une existence déjà belle ou que vous vouliez
en changer parce qu’elle est mauvaise, ce qui va vous arriver dès maintenant
est entre vos mains et entre les mains du Créateur. Il est vrai que vous ne
pouvez pas tout contrôler. Il n’est pas rare que de mauvaises choses arrivent
à de très bonnes personnes. Il peut sembler injuste que vous ne soyez pas
né(e) pour avoir une vie facile. Si c’est la réalité, vous devrez l’accepter.
Vous pouvez trébucher. D’autres peuvent douter de vous. Lorsque j’ai
choisi le métier de conférencier, même mes parents ont remis ma décision en
cause. Mon père pensait qu’une carrière dans la comptabilité, avec mon
[41]

propre cabinet, serait plus appropriée à mon état et m’assurerait un meilleur


avenir.
C’est vrai à tout point de vue: une carrière dans la comptabilité aurait
probablement plus de sens pour moi, avec mes prédispositions pour le
calcul. Mais dès mon jeune âge, j’ai eu la passion de communiquer ma foi et
mon espoir d’une vie meilleure. Lorsque vous découvrez votre vocation, la
passion est au rendez-vous et vous ne vivez plus que pour la suivre.
Si vous recherchez encore votre voie, sachez qu’il est normal de ressentir
un peu de frustration: il s’agit d’un marathon, pas d’un sprint. Votre désir de
donner plus de sens à votre vie est un signe que vous grandissez, dépassez
vos limites et développez vos talents. Regarder de temps en temps où nous
nous trouvons et nous demander si nos actes et nos priorités sont au service
de notre vocation est une bonne chose.

Eclairer le chemin
A 15 ans, j’ai mis ma vie en règle avec Dieu, lui demandant de me
pardonner et de me guider. Je lui ai demandé d’éclairer le chemin de ma
vocation. J’ai été baptisé; 4 ans plus tard, j’ai commencé à parler aux autres
de ma foi, et j’ai su que j’avais trouvé ma voie. Ma carrière de conférencier
et prédicateur s’est transformée en un ministère plus général. Il y a quelques
années à peine, j’ai vécu une expérience qui m’a encore plus encouragé et
m’a donné la certitude que j’avais choisi le bon chemin.
Je suis arrivé un dimanche matin dans une église californienne où je devais
parler. Tout était normal. Contrairement à de nombreuses rencontres qui
avaient lieu dans des coins éloignés du monde, celle-là se tenait près de
[42]

chez moi: l’église de Knott Avenue à Anaheim. Elle était située non loin de
ma maison.
Lorsque je suis entré avec mon fauteuil roulant, la chorale venait juste
d’entonner un chant pour commencer le culte. Bien que grande, l’église était
remplie de fidèles. J’ai pris place à l’avant et commencé à me préparer
psychologiquement pour mon discours. C’était la première fois que j’allais
m’adresser aux personnes de Knott Avenue, et je ne m’attendais pas à y être
connu. A ma grande surprise, j’ai entendu, par-dessus le chant, quelqu’un
m’appeler par mon prénom.
Je n’avais pas reconnu la voix et n’étais même pas sûr d’être le Nick que
l’on appelait, mais en me retournant j’ai vu un homme d’un certain âge faire
un signe de la main qui m’était clairement adressé.
«Nick! Par ici!» a-t-il répété.
Il m’a montré alors un jeune homme, debout près de lui, qui semblait tenir
un enfant dans ses bras. Il y avait tant de monde qu’au début je n’ai pu voir
que le scintillement des yeux du petit, quelques cheveux foncés et brillants
et un grand sourire édenté de bébé.
Alors l’homme a soulevé le petit garçon au-dessus de la foule pour que je
puisse le voir plus distinctement. Soudain, une vague d’intense émotion m’a
parcouru. Si j’avais eu des genoux, ils auraient tremblé.
Le petit garçon aux yeux brillants était comme moi: sans bras et sans
jambes. Il avait même un petit pied gauche comme le mien. Il avait
seulement 19 mois et il était exactement comme moi. J’ai donc compris
pourquoi les deux hommes voulaient tellement que je le voie. J’ai appris
plus tard qu’il s’appelait Daniel Martinez. Il était le fils de Chris et de Patty.
J’étais censé me préparer pour mon discours, mais le fait de voir Daniel – et
me voir moi-même dans cet enfant – a déclenché un tel torrent d’émotions
[43]

que j’étais incapable de réfléchir correctement. Au début, j’ai ressenti de la


compassion pour lui et pour sa famille. Ensuite d’amers souvenirs et des
angoisses se sont emparés de moi: «Je sais comment il se sent, j’ai déjà
traversé ce qu’il va devoir vivre.»
En voyant Daniel, j’ai senti un lien extraordinaire avec lui et une montée
d’empathie. Les vieilles sensations d’insécurité, de frustration et de solitude
ont reflué sur moi, me coupant la respiration. Je me suis senti faible,
rôtissant sous les lumières de l’estrade. Je ne paniquais pas vraiment, mais la
vue de ce garçon devant moi m’avait touché intérieurement.
Puis j’ai eu une révélation qui m’a procuré un sentiment d’apaisement:
«Quand j’étais petit, je n’avais personne qui, étant dans la même situation
que moi, puisse m’aider et me guider, mais maintenant Daniel a quelqu’un.
Je peux l’aider, et mes parents peuvent aider les siens. Je pourrai peut-être
lui épargner certaines blessures que je n’ai pas pu éviter moi-même et
certaines difficultés que j’ai dû traverser.» Là, j’ai pu clairement voir que,
aussi difficile qu’il soit de vivre sans membres, ma vie avait un sens pour
autrui. Rien de ce qui me manquait ne pouvait m’empêcher d’avoir un
impact dans mon entourage. Ma joie serait d’encourager et d’inspirer les
autres. Même si je ne transformais pas le monde comme j’aurais voulu le
faire, mon existence ne serait pas inutile. J’étais déterminé – et je le suis
toujours – à apporter ma contribution. Vous devriez croire que vous avez la
capacité de faire de même.
Une vie privée de sens est dépourvue d’espoir, et une vie sans espoir est
dépourvue de foi. Vous trouverez un sens à votre existence quand vous
saurez quelle peut être votre contribution dans ce monde. L’espoir et la foi
[44]
en découleront naturellement et vous accompagneront à l’avenir.
Lors de ma visite à l’église de Knott Avenue, mon but était d’inspirer et
d’encourager les autres. Au début, voir ce garçon qui me ressemblait tant
m’a totalement déstabilisé, mais c’était la confirmation que je pourrais
apporter quelque chose dans la vie de nombreuses personnes, en particulier
celles qui, comme Daniel et ses parents, doivent faire face à de grandes
épreuves.
Cette rencontre était tellement marquante que je devais faire part à
l’assistance de ce que je voyais et ressentais. J’ai donc invité les parents de
Daniel à monter avec lui sur l’estrade. «Il n’y a pas de hasard dans la vie, et
chaque souffle, chaque pas sont dirigés par Dieu, ai-je dit. Ce n’est pas un
hasard non plus qu’un autre garçon sans bras ni jambes se trouve dans cette
salle.»
Pendant que je parlais ainsi, Daniel avait un magnifique sourire qui attirait
l’attention de toute l’église. Un grand silence régnait, lorsque son père l’a
tenu à côté de moi. Plusieurs ont commencé à pleurer en nous voyant tous
les deux ensemble: un jeune homme et un enfant faisant face aux mêmes
épreuves et se souriant l’un à l’autre.
Je ne pleure pas facilement, mais là, je ne pouvais pas m’en empêcher, car
tout le monde versait des torrents de larmes. Lorsque je suis rentré chez moi
le soir, je n’ai pas dit un seul mot. Je ne pouvais cesser de repenser à ce
garçon. J’imaginais qu’il devait avoir exactement les mêmes sensations que
moi à son âge. Que ressentirait-il, une fois sa conscience plus développée,
quand il rencontrerait la cruauté et le rejet dont j’avais été victime? L’idée de
la souffrance probable qui l’attendait me rendait triste. J’étais aussi
réconforté de savoir que nous pourrions rendre son fardeau plus léger et lui
[45]

donner de l’espoir. J’étais impatient de raconter cela à mes parents, car je


savais qu’ils voudraient rencontrer ce garçon dans le but de redonner de
l’espoir à sa famille. Eux-mêmes avaient traversé tant de difficultés sans
personne pour les guider!

Moment de révélation
Pour moi, ce moment a été formidable et surréaliste. Je suis resté sans voix
– ce qui n’arrive pas souvent – et, lorsque Daniel m’a regardé, mon cœur a
fondu. Je me voyais encore tel un enfant. Etant donné que je n’avais jamais
vu quelqu’un comme moi, il m’était bon de savoir que je n’étais pas seul,
que je n’étais pas différent de toutes les personnes de cette planète. J’avais
en effet l’impression que personne ne comprenait vraiment ma douleur et ma
solitude.
Quand je repense à mon enfance, je suis frappé de toute la douleur que j’ai
ressentie uniquement en voyant à quel point j’étais différent. Quand les
autres m’évitaient ou se moquaient de moi, cela ne faisait que retourner le
couteau dans la plaie. Mais grâce à cette rencontre avec Daniel, toute ma
souffrance est devenue insignifiante, en comparaison avec la grâce, la gloire
et la puissance infinies de Dieu.
Je ne souhaiterais à personne d’avoir mon handicap. J’étais donc triste pour
Daniel. Je savais pourtant que Dieu avait amené cet enfant devant moi afin
que je puisse alléger son fardeau. C’était comme s’il me faisait un clin d’œil
en disant: «Je t’ai eu! Tu vois, j’avais bien un projet pour toi!»
[46]
Avec le cœur
Je n’ai bien sûr pas réponse à tout. Je ne connais pas les blessures ou les
épreuves spécifiques que vous devez affronter. Je suis venu dans ce monde
physiquement handicapé, mais je n’ai jamais connu la douleur de la violence
ou de l’indifférence. Je n’ai jamais eu à gérer une famille brisée. Je n’ai pas
eu à faire face à la mort de mes parents, de mon frère ou de ma sœur.
Beaucoup d’expériences douloureuses m’ont été épargnées, et je suis sûr que
mon existence, à bien des égards, a été plus facile que celle de nombreuses
personnes.
Au moment clé de ma vie où j’ai vu Daniel tenu devant la foule dans cette
église, j’ai compris que j’étais devenu le miracle pour lequel j’avais prié.
Dieu ne m’a pas donné un tel miracle, mais il a fait de moi le miracle de
Daniel.
J’avais 24 ans quand j’ai rencontré le garçonnet. Patty, sa mère, m’a serré
dans ses bras, un peu plus tard dans la journée; c’était, pour elle, comme se
projeter dans l’avenir et embrasser son propre fils déjà grand.
Elle m’a dit: «Vous ne pouvez pas imaginer! J’ai prié pour que Dieu me
donne un signe et me fasse savoir que mon fils et moi n’étions pas oubliés.
Vous êtes un miracle. Vous êtes notre miracle.»
Le fait que, ce dimanche-là, mes parents étaient en route pour me rendre
leur première visite aux Etats-Unis était aussi fantastique. Je m’y étais
installé un an plus tôt. Deux jours plus tard, ils ont rencontré Daniel et ses
parents. Comme vous pouvez l’imaginer, ils avaient beaucoup de choses à se
dire.
Chris et Patty ont peut-être vu en moi une bénédiction pour Daniel, mais
mes parents l’étaient encore plus pour eux. Qui pouvait mieux les préparer et
les conseiller pour l’éducation d’un enfant sans bras ni jambes? Nous
[47]

avons pu leur donner non seulement de l’espoir, mais une preuve


inébranlable que Daniel pourrait aussi mener une vie relativement normale
et découvrirait les dons dont il aurait à faire profiter les autres. Nous avons
été bénis de pouvoir évoquer notre expérience avec eux, les encourager et
leur montrer que l’absence de membres n’est pas synonyme de limites.
Daniel est en même temps une bénédiction pour moi; son énergie et sa joie
sont comme une dynamo qui me donne bien plus que tout ce que je pourrais
lui apporter. C’est encore une récompense que je n’aurais pas pu prévoir.

Une vie à donner


Helen Keller n’avait même pas 2 ans lorsque, par suite d’une maladie, elle
a perdu la vue et l’ouïe. Elle est pourtant devenue auteur, conférencière, et a
été active dans le domaine social, jouissant d’une renommée mondiale.
D’après elle, on trouve le vrai bonheur en se dévouant à une bonne cause.
Pour moi, cela signifie rester loyaux à nos dons, les faire grandir et fructifier,
y trouver notre joie, dépasser la poursuite de l’autosatisfaction vers une
quête plus mature: celle d’une vocation et de l’épanouissement.
Les plus grandes récompenses arrivent lorsque nous nous donnons nous-
mêmes afin de rendre la vie des autres meilleure, de faire partie de quelque
chose qui nous dépasse et d’améliorer ce que nous pouvons. Nous n’avons
pas à devenir mère Teresa pour le faire; nous pouvons être handicapés et
apporter quand même une contribution. Une jeune femme a posté ce
message, sur notre site Internet Life Without Limbs:
Cher Nick,
[48]

Je ne sais pas par où commencer. Je vais me présenter. J’ai 16 ans, et je


vous écris parce que votre DVD intitulé «Sans bras, sans jambes, sans
soucis» a eu un énorme impact sur ma vie et mon rétablissement. Je parle
de rétablissement car je me remets d’un trouble d’ordre nutritionnel:
l’anorexie. Cette dernière année a été la pire de ma vie. Je l’ai passée dans
des centres de traitement. Je viens d’en quitter un, situé en Californie.
C’est là-bas que j’ai regardé votre DVD. Je ne me suis jamais sentie aussi
inspirée et motivée. Je vous admire. Tout ce que vous faites est
merveilleux et positif. Chaque mot sortant de votre bouche a eu un impact
sur moi; je ne me suis jamais sentie aussi reconnaissante de toute ma vie.
Il y a eu des moments où je me disais que tout était fini, mais maintenant
je vois que chaque personne a une vocation à remplir et doit se respecter
telle qu’elle est. Je ne peux même pas exprimer toute ma gratitude envers
vous pour tout l’encouragement que votre DVD m’a apporté. Je rêve de
pouvoir vous rencontrer un jour. Vous avez la meilleure personnalité
qu’un être humain puisse avoir. Vous m’avez fait beaucoup rire, ce qui
n’est pas facile quand on est dans un centre de désintoxication. Grâce à
vous, je me sens beaucoup plus forte et plus consciente de mon identité. Je
ne suis plus obsédée par ce que les autres pensent de moi et je ne me
rabaisse plus sans arrêt. Vous m’avez appris à transformer le négatif en
positif. Merci d’avoir sauvé ma vie et de l’avoir fait changer de direction.
Je ne vous remercierai jamais assez. Vous êtes mon héros!
[49]
Je veux être utile
Je suis ravi de recevoir de nombreuses lettres comme celle-là. Etant enfant,
j’étais pourtant très incertain du plaisir que j’aurais à vivre; je m’attendais
encore moins à aider les autres! Peut-être votre quête de sens est-elle encore
en cours. Je ne pense pas que vous puissiez vraiment vous sentir épanoui(e)
sans servir les autres. Nous espérons tous que nos talents et nos compétences
ne serviront pas seulement à payer nos factures.
Dans le monde d’aujourd’hui, même si nous sommes pleinement conscients
du vide spirituel laissé par les biens matériels, nous avons besoin de nous
rappeler que l’épanouissement n’a rien à voir avec ce que l’on possède.
Certains choisissent des options très étranges pour s’épanouir: ils peuvent
acheter un pack de bière, se droguer jusqu’à l’oubli total, modifier leur corps
pour se conformer à des canons de beauté. Ils peuvent passer toute leur vie à
travailler pour atteindre le sommet de la réussite, et en dégringoler en un
quart de seconde. Mais les personnes plus sensibles savent qu’il n’y a pas de
chemin facile vers un bonheur durable. Si vous misez sur des plaisirs
éphémères, vous n’obtiendrez qu’une satisfaction éphémère. Avec du plaisir
facile, vous obtenez ce que vous avez investi: aujourd’hui vous l’avez,
demain ce ne sera plus là.
L’important dans la vie n’est pas d’avoir mais d’être. Vous pouvez vous
entourer de tout ce que l’argent procure et rester le plus malheureux des
hommes. Je connais des personnes qui ont un corps parfait et qui n’ont pas
la moitié du bonheur que j’ai trouvé. Durant mes voyages, j’ai vu plus de
joie dans les ghettos de Mumbaï et dans les orphelinats d’Afrique que dans
de riches quartiers entourés de clôtures et dans de vastes propriétés coûtant
des millions.
Pourquoi?
[50]

Vous trouverez le bonheur lorsque vos talents et votre passion seront


complètement engagés, à plein régime. Voyez ce que sont les plaisirs faciles.
Résistez à la tentation de courir après les possessions matérielles comme une
maison parfaite, des vêtements dernier cri ou la plus belle voiture. Le
syndrome du «si seulement j’avais ceci ou cela, je serais heureux» n’est
qu’une illusion. Lorsque vous cherchez le bonheur dans de simples objets,
vous n’en avez jamais assez.
Regardez autour de vous et regardez à l’intérieur.
Lorsque j’étais enfant, je pensais que, si Dieu me donnait simplement des
bras et des jambes, je serais heureux jusqu’à la fin de mes jours. On pourrait
difficilement appeler cela de l’égoïsme, puisque la possession de membres
est la norme. Pourtant, comme vous le savez, j’ai découvert que je pouvais
être heureux et épanoui sans ces appendices habituels. Daniel m’a conforté
dans cette idée: l’expérience d’aller vers lui et sa famille m’a rappelé le sens
de ma présence sur cette terre.
Lorsque mes parents sont arrivés en Californie, nous avons rencontré la
famille Martinez, et j’ai été témoin de quelque chose de très particulier.
Nous avons passé des heures à discuter avec son père et sa mère en
comparant nos expériences et en discutant de la façon dont nous-mêmes
avions géré les épreuves qui attendaient le garçonnet. Dès les premiers jours
nous avons établi un lien très fort qui perdure aujourd’hui encore.
Un an environ après notre première rencontre, nous nous sommes retrouvés
et, au cours de la conversation, nous avons appris que ses médecins
pensaient qu’il n’était pas encore prêt à avoir un fauteuil roulant sur mesure.
«Et pourquoi pas? leur ai-je dit. J’avais à peu près l’âge de Daniel quand
[51]

j’ai commencé à conduire le mien.»


Pour illustrer mon point de vue, j’ai sauté de mon fauteuil et laissé le
garçonnet prendre ma place. La manette était parfaite pour son pied, et il l’a
beaucoup appréciée! Il s’est très bien débrouillé pour manœuvrer. Grâce à
notre présence, il a eu l’occasion de montrer à ses parents qu’il était capable
d’utiliser un fauteuil roulant sur mesure. C’était l’une des nombreuses
façons de savoir que je pouvais l’accompagner et éclairer son chemin grâce
à mon expérience personnelle. Je ne peux pas décrire à quel point je suis
heureux de lui servir de guide.
Nous avons fait ce jour-là à Daniel un cadeau d’une grande valeur, mais lui
m’en a fait un encore plus précieux avec le sentiment incomparable que j’ai
éprouvé en voyant sa joie. C’était bien plus précieux qu’une voiture de luxe
ou un palace; rien ne peut être comparé à l’épanouissement de votre destinée
en accord avec le plan de Dieu.
Ce cadeau n’a de cesse de rayonner sur moi. Lors d’une autre rencontre
avec Daniel et sa famille, mes parents ont fait part d’une de leurs craintes: je
pouvais très facilement me noyer dans la baignoire puisque je n’avais ni bras
ni jambes pour m’aider à rester à la surface. Ils ont donc été très prudents
tant que j’étais petit, mais lorsque j’ai grandi, mon père m’a posé doucement
dans l’eau, pour me montrer que je pouvais flotter. Avec le temps, j’ai pris
confiance en moi et j’ai pris goût à l’aventure. J’ai découvert que je pouvais
facilement flotter, pourvu que je garde un peu d’air dans mes poumons. J’ai
même appris comment utiliser mon petit pied afin de me propulser en avant.
Imaginez un peu l’étonnement de mes parents lorsque je suis devenu un
[52]

avide nageur, sautant dans toutes les piscines que je rencontrais.


Nous avons été ravis d’apprendre plus tard que l’une des premières phrases
de Daniel à ses parents, quand il a été en âge de parler, a été: «Nager comme
Nick!» Maintenant, lui aussi est un nageur passionné. Cette sensation est
géniale. Le fait de le voir tirer profit de mon expérience donne un sens
encore plus profond à mon existence. Même si mon histoire ne devait
toucher personne d’autre, sa détermination à «nager comme Nick» serait
suffisante pour que je sente que ma vie et toutes mes épreuves n’ont pas été
inutiles.
Trouver votre raison d’être est essentiel. Je vous assure que vous avez votre
propre contribution à apporter. Peut-être ne la discernez-vous pas pour le
moment, mais si ce n’était pas le cas, vous ne seriez pas sur cette planète. Je
suis certain que Dieu ne commet pas d’erreur; il fait des miracles. J’en suis
un, et vous aussi.
2 Romains 8.28 (N.d.E.)
3 Jérémie 29.11 (N.d.E.)
2. Pas de bras, pas de jambes, pas
[53]

de limites

Dans ma vie de tous les jours et lors de mes voyages, j’ai été de nombreuses
fois témoin de la force incroyable de l’esprit humain. Je suis certain que des
miracles se produisent, mais essentiellement pour ceux qui s’accrochent à
l’espoir. Qu’est-ce que l’espoir? C’est le début de nos rêves, la voix de notre
appel. Il nous parle et nous rassure en nous disant que ce qui nous arrive
n’est pas en nous. Peut-être ne contrôlons-nous pas ce qui nous arrive, mais
nous pouvons contrôler notre manière de réagir.
Martin Luther King Jr a dit: «Tout ce qui est accompli dans ce monde l’est
grâce à l’espoir.» Je crois que tant que nous respirons, l’espoir est à notre
portée. Nous sommes, vous et moi, de simples humains, incapables de voir
dans l’avenir. Nous pouvons seulement imaginer de quoi il pourrait être fait.
Dieu seul sait comment notre vie se déroulera; l’espoir est un cadeau qu’il
nous a donné, une fenêtre à travers laquelle nous pouvons regarder. Nous ne
pouvons pas savoir quel avenir il a préparé pour nous. Ayez confiance en
lui, gardez l’espoir dans votre cœur, et même face aux pires événements,
faites de votre mieux pour vous préparer au meilleur!
Parfois, bien sûr, nos requêtes ne sont pas exaucées. Des drames se
[54]

produisent en dépit de nos prières et de notre foi. Même quand notre cœur
est pur, nous pouvons connaître des pertes terribles et le malheur. Les
tremblements de terre meurtriers survenus à Haïti, au Chili, au Mexique ou
encore en Chine ne sont que quelques exemples des souffrances et tragédies
quotidiennes. Des milliers de personnes sont mortes dans ces catastrophes
naturelles. Leurs rêves et leurs espoirs ont disparu avec elles. Beaucoup de
mères ont perdu leur enfant, et beaucoup d’enfants ont perdu leur mère.
Comment garder espoir au milieu de tout cela? Une chose me réconforte
lorsque j’entends parler de ces catastrophes: elles déclenchent un élan
incroyable de solidarité. Au moment même où l’on se demande comment
garder espoir au milieu d’une telle horreur, des centaines de volontaires
désintéressés affluent. Etudiants, médecins, ingénieurs, secouristes et
ouvriers donnent d’eux-mêmes et de leur talent pour aider ceux qui ont
survécu.
L’espoir apparaît également dans les pires moments pour nous donner la
preuve de la présence de Dieu à nos côtés. Ma propre souffrance semble si
petite, comparée aux épreuves de tant de personnes que j’ai rencontrées. J’ai
aussi vécu la douleur de perdre un proche. Roy, mon cousin de 27 ans, a
succombé au cancer malgré les prières ferventes de tous les chrétiens de
notre famille, notre église et notre entourage. La perte de quelqu’un de si
proche vous brise le cœur et reste difficile à comprendre; c’est pourquoi il
est important pour moi d’avoir de l’espoir. Le mien dépasse le cadre de notre
existence terrestre. L’espérance suprême réside dans le ciel. Ma famille tire
une grande consolation de la conviction que mon cousin, qui croyait en
Jésus-Christ, est au ciel avec lui et ne souffre plus.
Même quand les situations les plus difficiles semblent franchir le cap du
[55]

supportable, Dieu sait ce que notre cœur peut endurer. Je m’accroche à


l’espoir que notre vie dans ce monde est un passage où nous nous préparons
pour la vie éternelle. Que notre vie ici soit bonne ou mauvaise, la promesse
du royaume des cieux demeure. J’ai toujours l’espoir que Dieu me donnera
la force d’endurer les épreuves et la douleur. Des jours meilleurs
m’attendent; si ce n’est pas ici, ce sera certainement là-haut.
Une des meilleures façons de continuer à tenir bon, même si nos prières
restent sans réponse, est d’aller vers les autres. Si un fardeau vous accable,
aidez quelqu’un d’autre et donnez-lui de l’espoir. Aidez-le à se relever, et il
sera réconforté par l’idée qu’il n’est pas seul dans sa souffrance. Offrez de la
compassion lorsque vous en avez besoin. Soyez un ami lorsque vous avez
besoin d’amitié. Donnez de l’espoir aux autres lorsqu’il vous en faut le plus.
Je suis jeune et je ne prétends pas détenir toutes les réponses, mais de plus
en plus je me rends compte que, lorsque le désespoir semble l’emporter, que
les prières restent sans réponse et que nos pires craintes deviennent réalité,
notre salut réside dans nos relations avec notre entourage et – pour nous
chrétiens – avec Dieu, dans notre confiance en son amour et sa sagesse.

Un don puissant
Je crois que face au désespoir, la force de l’espoir peut l’emporter. Cette
conviction a été renforcée lors de ma première visite en Chine en 2008. J’ai
vu la Grande Muraille et me suis extasié devant l’une des merveilles du
monde. Mais le plus grand moment de mon voyage a été celui où j’ai vu la
[56]
lumière briller dans les yeux d’une petite Chinoise. Elle participait avec
d’autres enfants à un spectacle digne de la cérémonie d’ouverture des Jeux
olympiques. Son visage radieux a capté mon attention, et je ne pouvais plus
détourner le regard. Tout en faisant des pas de danse précis avec les autres,
elle tenait en équilibre sur la tête une assiette en rotation. Elle était très
concentrée et, en dépit de tout ce qu’elle devait garder à l’esprit, elle arborait
une expression de bonheur intense qui m’a ému jusqu’aux larmes.
Cette fille et tous les enfants de ce spectacle étaient devenus orphelins suite
à un grand tremblement de terre qui avait dévasté la région, à peine quelques
mois plus tôt. Ils étaient plus de 4000. Mon aide-soignant, le coordinateur de
notre voyage et moi étions venus apporter des fournitures. On m’a demandé
de leur parler pour les encourager.
En route vers l’orphelinat, j’ai été frappé de la destruction et la souffrance
causées par le tremblement de terre. Je regardais cette ville dévastée et me
demandais ce que je pourrais dire à ces orphelins. La terre s’était ouverte et
avait englouti tout ce qu’ils aimaient et connaissaient. Je n’ai jamais vécu
quelque chose d’aussi terrible. Nous leur apportions des manteaux chauds et
d’autres vêtements, mais comment pouvais-je leur donner de l’espoir?
Lorsque je suis arrivé, les enfants sont venus m’embrasser les uns après les
autres. Je ne parlais pas leur langue, mais cela ne faisait rien. Leur visage en
disait suffisamment long. Malgré les circonstances, ils étaient radieux. Je
n’aurais pas dû m’inquiéter de ce que je leur dirais: je n’avais pas à inspirer
ces enfants; au contraire, ce jour-là, ce sont eux qui l’ont fait. Après avoir
perdu leurs parents, leur maison et tous leurs biens, ils exprimaient de la
[57]

joie!
Je leur ai dit combien j’admirais leur courage et les ai incités à continuer de
regarder vers l’avant, à oser rêver d’une vie meilleure et à poursuivre leurs
rêves de toutes leurs forces.

Oser rêver
Ayez le courage de poursuivre vos rêves et ne doutez jamais de votre
capacité à affronter tout défi qui pourrait se poser à vous sur le chemin! J’ai
vu l’aptitude extraordinaire qu’ont les hommes à s’élever au-dessus de leur
condition non seulement dans les orphelinats de Chine, mais aussi dans les
ghettos de Mumbaï ou dans les prisons de Roumanie. Je suis récemment
intervenu dans un centre d’aide sociale, en Corée du Sud, où certains
pensionnaires étaient handicapés. Il y avait aussi des mères seules. La force
de leur état d’esprit m’a frappé. J’ai visité, en Afrique du Sud, une prison qui
avait des murs de béton et des barreaux rouillés. Les plus grands criminels
n’avaient pas le droit d’assister à notre culte dans la chapelle; je pouvais
pourtant entendre toute la prison chanter du gospel avec nous. On aurait dit
que le Saint-Esprit avait rempli toute cette population de la joie de Dieu. Ils
étaient physiquement emprisonnés mais intérieurement libres grâce à leur foi
et à leur espérance. Quand j’ai quitté ce jour-là l’enceinte de la prison, j’ai
senti que ces détenus étaient plus libres que beaucoup de personnes qui ne
sont pas derrière des barreaux. Vous pouvez aussi inviter l’espoir à venir
habiter votre cœur.
La tristesse a droit de cité: il est parfaitement normal de la ressentir, mais
nous ne devrions jamais la laisser [58]nuit et jour dominer nos pensées.
Nous pouvons contrôler notre réaction en nous tournant vers des idées et des
comportements plus positifs et encourageants.
Etant donné que je suis croyant, c’est ma foi qui m’aide dans les moments
de détresse. Mais – cela peut paraître surprenant – c’est ma formation en
comptabilité qui m’offre une approche plus pratique. Si vous dites que vous
n’avez pas d’espoir, cela veut dire que vous pensez qu’il y a zéro chance que
quelque chose de bien arrive dans votre vie.
Zéro? Ne croyez-vous pas que c’est un peu extrême? La puissance de la foi
en des jours meilleurs est tellement indiscutable que, pour moi, il semble
bien plus probable que votre vie aille vers le mieux. L’espérance, au même
titre que la foi et l’amour, est l’un des piliers de la spiritualité chrétienne.
Quelle que soit votre opinion, vous ne devriez jamais vous en priver, car tout
ce qui arrive passe par l’espérance. Si vous n’aviez pas d’espoir, auriez-vous
pensé un jour à fonder une famille? Si vous n’aviez pas d’espoir, auriez-
vous essayé d’acquérir de nouvelles connaissances? L’espérance est le
tremplin de presque tous nos actes. L’espoir que je nourris, en écrivant ce
livre, c’est que vous découvriez une vie meilleure, une vie au-delà de toute
limite.
Un passage de la Bible dit: «Ceux qui comptent sur l’Eternel renouvellent
leur force. Ils prennent leur envol comme les aigles. Ils courent sans
s’épuiser, ils marchent sans se fatiguer.»4 La première fois que j’ai entendu
ce verset, j’ai compris que je n’avais pas besoin de bras ou de jambes. Dieu
ne nous laisse jamais tomber. Continuez à aller de l’avant, car l’action
produit un élan qui, à son tour, est porteur d’occasions inattendues.
[59]
Des clapotis aux grandes vagues
Le tremblement de terre dévastateur qui a frappé Haïti en 2009 a plongé le
monde entier dans le deuil. Pourtant, malgré toutes les tragédies provoquées
par cette catastrophe d’envergure, ces circonstances ont aussi permis de
montrer les qualités et le courage des survivants, qui ont refusé
d’abandonner alors que tout était contre eux.
Marie avait un fils, Emmanuel. On le croyait mort, enseveli sous les
décombres d’un bâtiment. Ce tailleur âgé de 21 ans se trouvait chez lui avec
sa mère lorsque le tremblement de terre a frappé. Elle a pu s’échapper, mais
elle n’a pas pu le retrouver par la suite car leur maison n’était plus qu’un tas
de débris. Elle l’a cherché dans le campement dressé par les secouristes pour
les personnes n’ayant plus de toit, mais il n’était pas non plus parmi les
autres survivants. Elle a attendu, espérant qu’il la rejoindrait.
Au bout de plusieurs jours, elle est retournée chercher son fils au milieu du
chaos et de la destruction. L’endroit était très bruyant à cause des gros
engins de chantier; à un moment, elle a cru entendre Emmanuel l’appeler.
Elle a affirmé à un reporter qu’elle avait su à cet instant qu’il était possible
de le sauver.
Marie a fait savoir à tout le monde que son fils se trouvait sous les débris et
l’avait appelée, mais personne ne pouvait l’aider. Elle n’a pu trouver une
équipe d’ingénieurs expérimentés que lorsque les équipes internationales
sont arrivées. Elle a convaincu les secouristes que son fils était encore en
vie. Grâce à leurs connaissances et à leur équipement, ils ont creusé à travers
le béton armé et les débris exactement à l’endroit où elle avait entendu la
[60]

voix de son fils.


Ils ont continué et ont fini par découvrir une main d’Emmanuel, puis ils ont
pu libérer son épaule, et enfin le tirer des décombres. Il est resté enseveli
pendant dix jours. Il était sévèrement déshydraté, couvert de poussière et
affamé, mais il a survécu.
Parfois, la seule chose qui nous reste, c’est l’espoir que tout est possible,
que les miracles existent. Comme pour cette mère, le monde autour de nous
peut s’écrouler, mais nous ne devons pas céder au désespoir. Croyons plutôt
que Dieu nous donnera ce qui nous manque! Cette conviction a poussé
Marie à l’action et l’a amenée à portée de voix de son fils. Ce n’est pas
exagérer que de dire que c’est l’espoir maternel qui a sauvé la vie
d’Emmanuel, n’est-ce pas?
La vie peut être dure pour vous en ce moment, mais tant que vous êtes là,
tant que vous continuez à avancer, tout reste possible.

Vivre l’espoir chevillé au cœur


Peut-être êtes-vous sceptique à l’idée que tout est possible si l’on
s’accroche à l’espoir. Peut-être êtes-vous tombé(e) si bas qu’il vous semble
impossible de trouver la force de sortir de votre désespoir. Il y a quelques
années, c’était exactement mon cas. J’étais convaincu que ma vie n’aurait
jamais de valeur et que je ne serais qu’un fardeau pour les personnes que
j’aimais.
Mes parents étaient abattus car ils n’étaient pas préparés lors de ma
naissance à avoir un enfant sans membres. Qui aurait pu les blâmer? Tous
les parents essaient d’imaginer l’avenir de l’enfant qu’ils mettent au [61]

monde. Les miens avaient des difficultés à le faire. Lorsque j’ai grandi, j’ai
eu les mêmes doutes à ce sujet.
Nous avons tous connu une situation où notre vision de la vie se heurte à la
dure réalité comme une voiture contre un mur. Les caractéristiques de vos
expériences sont peut-être uniques, mais le désespoir est commun à tous les
hommes. Les ados me décrivent souvent par courriel la manière dont les
abus ou la négligence ont provoqué l’éclatement de leur famille. Les adultes
évoquent les ravages causés chez eux par l’alcool, la drogue ou la
pornographie. Certains jours, il me semble que la moitié des personnes avec
qui je m’entretiens luttent contre le cancer ou une autre maladie grave.
Comment fait-on pour garder espoir dans ces situations? Placez votre
confiance en Dieu, souvenez-vous que vous êtes là pour une raison et
focalisez-vous sur votre vocation. Quelle que soit l’épreuve à laquelle vous
faites face, vous avez reçu des moyens qui vous aideront à la traverser.
Pensez à mes parents et au profond désespoir dans lequel ils se sont
retrouvés.

Croire au meilleur
Rester positifs et motivés alors que notre fardeau semble insupportable est
réellement difficile. Quand je suis devenu suffisamment grand pour
comprendre quelles seraient les épreuves qui m’attendaient, j’ai souvent été
hanté par le désespoir. Je ne pouvais même pas imaginer que la vie me
réserverait quelque chose de positif. Les souvenirs des jours les plus noirs de
mon enfance sont très vagues. J’ai traversé une de ces périodes où il est
particulièrement difficile d’être différent des autres. Je suis sûr que vous
aussi, vous avez fait l’expérience de telles remises en question. Nous avons
[62]

envie d’être acceptés, mais nous nous sentons terriblement étrangers.


Mes doutes et angoisses venaient de mon handicap physique: l’absence de
bras et de jambes. Je ne sais pas quels sont vos sujets de préoccupation, mais
je peux témoigner que m’accrocher à l’espoir m’a aidé. Voici juste un
exemple de ce qui se passait quand j’étais petit.
J’étais encore un bébé lorsque mon équipe clinique a recommandé qu’on
me fasse jouer avec d’autres enfants handicapés, dont l’infirmité allait de
membres manquants à de graves troubles mentaux ou à la mucoviscidose.
Mes parents avaient beaucoup d’empathie et d’amour pour ces autres petits
si particuliers et pour leur famille, mais ils ne pensaient pas que mes
fréquentations doivent se limiter à un cercle restreint. Ils se sont accrochés à
la conviction que ma vie n’aurait pas de limites et se sont battus pour
maintenir ce rêve vivant.
Ma mère a pris une décision importante quand j’étais encore petit. Elle a
posé notre ligne de conduite pour les années à venir en déclarant que j’étais
normal et devais donc jouer avec des enfants normaux. Il me manquait juste
quelques «morceaux». Elle ne voulait pas que je me sente anormal ou limité
de quelque façon que ce soit et devienne introverti, timide ou angoissé
simplement parce que je n’avais pas le même physique que les autres
enfants.
A l’époque, j’étais loin de comprendre que mes parents m’inculquaient déjà
la certitude que j’avais parfaitement droit à une vie libre et sans limites.
Vous avez aussi ce droit. Vous devez exiger d’être libre, de ne pas être
rangé(e) dans une case, et ne pas accepter le cadre que les autres essaient de
vous imposer. A cause de tous les morceaux qu’il me manque, je suis
particulièrement sensible au fait que des personnes acceptent ce que les
[63]

autres disent à leur sujet et même s’imposent elles-mêmes inconsciemment


des restrictions. Il y a certainement eu des moments, lorsque je me sentais
fatigué ou trop bizarre, où j’essayais de dire que les efforts étaient trop
importants pour moi, mais mes parents ont toujours refusé que je me cache
derrière cette excuse.
Une étiquette peut constituer un refuge bien tentant; certains l’utilisent
comme prétexte pour se cacher, alors que d’autres choisissent d’aller au-delà
de telles barrières. De nombreuses personnes étiquetées handicapées ou
infirmes ont su aller loin, mener une vie joyeuse et dynamique et accomplir
des choses importantes. Je vous encourage aussi à vous élever au-dessus de
toute tentative de vous enfermer dans un carcan, de vous empêcher
d’explorer et développer vos dons.
Etant un enfant de Dieu, je suis convaincu qu’il est toujours avec moi. La
certitude qu’il comprend ce que nous pouvons endurer me réconforte.
Lorsque des personnes parlent avec moi de leurs difficultés et épreuves, je
suis souvent ému jusqu’aux larmes. Je rappelle à ceux qui souffrent ou sont
endeuillés que le bras du Seigneur n’est jamais trop court; il peut atteindre
n’importe qui.
Tirez-en votre force! Lancez-vous et allez aussi loin que votre imagination
peut vous amener. Vous pouvez vous attendre à rencontrer des obstacles,
mais accueillez-les comme des expériences propres à forger votre caractère,
tirez-en des leçons et dépassez-les. Notre objectif a beau être merveilleux,
nous devons faire preuve d’une ouverture d’esprit suffisante pour accepter
que Dieu puisse prévoir un chemin différent de celui que nous avons
imaginé. Il y a de nombreuses façons d’atteindre un objectif, alors ne vous
laissez pas décourager si vous ne voyez pas encore le bout du chemin.
[64]
Un garçon bionique
L’espoir est un catalyseur. Il peut vaincre des obstacles qui semblent
insurmontables. Lorsque vous continuez d’essayer, refusant d’abandonner,
vous créez une dynamique. L’espoir fait apparaître des occasions
inattendues: les bonnes personnes se retrouvent sur votre chemin, les bonnes
portes s’ouvrent, les bons sentiers se dégagent.
Souvenez-vous que l’action entraîne une réaction. Lorsque vous êtes
tenté(e) de laisser tomber vos rêves, forcez-vous à continuer encore une
journée, une semaine, un mois, un an… Vous serez étonné(e) de voir ce qui
arrive lorsqu’on refuse d’abandonner.
Quand j’ai eu l’âge d’aller à l’école primaire, mes parents sont une nouvelle
fois intervenus pour que je bénéficie d’une éducation normale. Grâce à leur
force de conviction, je suis devenu l’un des premiers enfants handicapés
d’Australie à être intégré dans le système scolaire «classique». Je m’en suis
si bien sorti que le journal local a publié un article qui avait pour titre «Un
enfant handicapé s’épanouit grâce à l’intégration» et qui était accompagné
d’une grande photo de ma sœur Michelle avec moi dans mon fauteuil
roulant. Cela a déclenché un engouement médiatique et entraîné des visites
de personnalités du gouvernement, des cartes de vœux, des lettres, des
cadeaux et des invitations dans tout le pays.
Les dons que nous avons reçus suite à cet article ont aidé à financer les
efforts de mes parents pour m’équiper avec des membres artificiels, ce qu’ils
avaient essayé de faire dès mes 18 mois. Ma première prothèse était juste
constituée d’un bras et n’a pas bien fonctionné pour moi. La mécanique du
bras était faite de poulies et de leviers et pesait deux fois plus que le reste de
mon corps!
Garder mon équilibre avec cet appendice nécessitait un effort, mais au
[65]

bout d’un certain temps j’ai réussi à m’en servir. Cependant, comme je
m’étais déjà habitué à saisir les objets avec mon petit pied, mon menton ou
mes dents, le bras bionique semblait rendre les tâches quotidiennes encore
plus difficiles. Mes parents ont d’abord été déçus, mais ma confiance en moi
a augmenté; je voulais réussir à faire les choses par moi-même. Je les ai
encouragés et remerciés, puis j’ai continué à vivre.
La persévérance a fini par payer. Notre première expérience avec un
membre artificiel a été un échec, mais j’ai continué à croire que ma vie
tournerait bien. Mon optimisme et ma bonne humeur ont inspiré la filiale
locale du Lions Club – une organisation internationale de services – à
débloquer plus de 200’000 dollars pour payer les factures de mes soins ainsi
qu’un nouveau fauteuil roulant. Une partie de ces fonds nous a aidés à faire
le voyage à Toronto, au Canada, pour essayer une paire de bras
électroniques développée par une clinique pédiatrique. Cependant, les
spécialistes ont conclu que j’arrivais mieux à accomplir la plupart des tâches
sans l’aide de prothèses.
J’étais tout excité de savoir qu’il y avait des scientifiques et des inventeurs
qui travaillaient à me procurer un jour des membres, mais comme j’étais de
plus en plus déterminé à faire tout mon possible sans attendre que quelqu’un
d’autre trouve des solutions pour améliorer ma vie, je devais trouver par
moi-même. Encore aujourd’hui, je suis reconnaissant à quiconque m’aide,
que ce soit pour ouvrir la porte devant mon fauteuil roulant ou pour me faire
boire un verre d’eau. Nous devons cependant prendre la responsabilité de
notre propre bonheur et de notre succès. Vos amis et votre famille vous
tendent la main de temps à autre? Soyez-en reconnaissant(e), faites bon
[66]

accueil à leurs efforts, mais continuez à avancer de votre côté. Votre


engagement vous ouvrira de nombreuses portes.
Vous pouvez, parfois, être sur le point d’atteindre votre objectif et échouer
au dernier moment. Ce n’est pas une raison pour abandonner. La défaite
frappe seulement ceux qui refusent d’essayer encore et encore. Je crois
encore qu’un jour je pourrai marcher, saisir des objets et les utiliser comme
toutes les personnes «normales». Le jour où cela arrivera, ce sera un miracle,
que Dieu l’accomplisse de ses propres mains ou par l’intermédiaire de ses
serviteurs sur la terre. La technologie progresse rapidement dans le domaine
des membres artificiels, et je serai un jour en mesure de porter des prothèses
de bras et de jambes qui fonctionnent bien. Pour l’instant, je suis heureux
d’être comme je suis.
Nous voyons souvent les épreuves comme des obstacles sur notre chemin,
mais en fait, elles peuvent nous rendre plus forts. Soyez ouvert(e) à la
possibilité que votre handicap d’aujourd’hui constitue un avantage demain.
Je vois maintenant mes membres manquants comme un atout. Des hommes,
des femmes et des enfants qui ne parlent pas ma langue n’ont qu’à me
regarder pour voir que j’ai surmonté quantité d’épreuves. Ils savent que mon
enseignement ne m’est pas venu facilement.

L’expérience, mère de la sagesse


Quand j’encourage mes auditeurs à tenir jusqu’aux jours meilleurs, je parle
par expérience. Vous pouvez avoir confiance en moi et croire ce que je dis.
[67]

A un moment donné, j’avais abandonné tout espoir.


Cette période noire est arrivée alors que j’avais environ 10 ans; des pensées
négatives m’ont submergé. J’essayais de me montrer optimiste, déterminé et
inventif, mais il y avait plusieurs choses que je ne pouvais tout simplement
pas faire, dont certaines très simples, dans la vie de tous les jours. Par
exemple, cela m’embêtait vraiment de ne pas pouvoir prendre un soda au
frigo comme n’importe quel enfant normal. Je ne pouvais pas me nourrir
moi-même, et je détestais demander de l’aide pour cela. Je me sentais mal
quand les autres devaient interrompre leur repas pour moi.
Des questions plus importantes encore me hantaient: «Est-ce que je
trouverai un jour une femme qui m’aimera? Comment ferai-je pour pourvoir
à ses besoins et à ceux de nos enfants? Comment les protégerai-je, en cas de
danger?»
La plupart des gens nourrissent ce genre de pensées. Vous vous êtes
probablement demandé, à un moment ou à un autre, si vous auriez un jour
une relation durable, un emploi stable ou un endroit pour vivre. Il est sain et
normal de regarder en avant, parce que c’est ainsi que nous développons une
vision de notre vie. Le problème surgit lorsque les pensées négatives
bloquent notre perspective quant à l’avenir et obscurcissent notre esprit. Je
prie, et je me remémore la Parole de Dieu. Elle m’aide à me souvenir qu’il
est avec moi. Il ne m’abandonne jamais, il ne m’a pas oublié. Il fera tout
contribuer à mon bien, même dans les pires situations. Je m’encourage moi-
même à m’accrocher aux promesses du Créateur, peu importe ce que je vois
à l’extérieur. Je sais que Dieu est bon. S’il laisse quelque chose de mal
arriver, je peux ne pas comprendre, mais je peux m’accrocher à sa bonté.
[68]
Veiller sur nos pensées
Vers l’âge de 11 ans, je suis entré dans la délicate période de l’adolescence,
durant laquelle les connexions se refont dans notre cerveau et d’étranges
hormones commencent à circuler dans notre corps. Des garçons et des filles
de mon âge ont commencé à former des couples, ce qui n’a fait qu’aggraver
mon sentiment grandissant d’aliénation. «Une fille voudrait-elle d’un petit
ami incapable de la tenir par la main ou de danser avec elle?»
Sans même m’en rendre compte, j’ai laissé mon esprit être envahi de plus
en plus souvent par ces pensées sombres et ces sentiments négatifs. Souvent,
tout cela s’embrouillait dans mon esprit les nuits où je n’arrivais pas à
dormir, ou lorsque j’étais fatigué après une longue journée à l’école.
Certaines fois, nous nous sentons tellement épuisés et sans ressources que
nous avons l’impression de porter le monde entier sur nos épaules. Nous
connaissons tous des bas, en particulier lorsque le manque de sommeil, la
maladie ou diverses épreuves nous rendent vulnérables.
Personne ne peut être heureux et guilleret à chaque instant, et il est naturel
d’être parfois d’humeur plus sombre. Ces émotions ont aussi une utilité: des
études récentes en psychologie ont démontré qu’être de mauvaise humeur
nous permet de voir notre travail de façon plus critique et analytique. C’est
utile lorsque nous sommes attelés à des tâches telles que l’établissement de
nos comptes, le calcul des impôts ou l’édition d’un document. Tant que nous
avons conscience de nos émotions et pouvons les contrôler, des pensées
négatives peuvent produire des résultats positifs. C’est seulement quand
nous laissons nos sentiments prendre le contrôle des actes que nous courons
le risque de nous engouffrer dans la dépression et des comportements
[69]
autodestructifs.
La clé réside dans le refus de nous laisser submerger et balayer par les
émotions négatives ou déprimantes. Heureusement, nous possédons la
faculté d’ajuster notre attitude. Lorsque nous percevons du négatif dans
notre esprit, nous pouvons choisir de presser le bouton «off». Nous devons
en prendre note et comprendre quelle en est la source, mais il est important
que nous restions concentrés sur les solutions et non sur les problèmes. Je
me souviens d’une image représentant «l’armure complète de Dieu», avec la
cuirasse de la justice, la ceinture de la vérité, le bouclier de la foi, l’épée de
l’Esprit et le casque du salut5. J’ai appris qu’un garçon chrétien pourrait
avoir besoin un jour de toutes ces armes. Je vois la parole de Dieu comme
une épée apte à combattre les pensées négatives. L’épée, c’est la Bible, et
vous avez aussi à lever le bouclier de la foi pour vous défendre.

Une spirale de désespoir


Dans la période critique de l’adolescence, moment où l’estime et l’image
que l’on a de soi sont si importantes, je me suis laissé emporter par mes
peurs et mes angoisses. Tout ce qui était négatif chez moi a pris le dessus sur
le positif. «J’ai tiré la paille la plus courte. Comment pourrai-je mener une
vie normale avec un travail, une femme et des enfants? Je serai toujours un
fardeau pour mon entourage.»
Je n’ai jamais été infirme tant que je n’ai pas perdu espoir et, croyez-moi,
perdre l’espoir est bien pire que perdre vos membres. Si vous avez connu un
jour la déprime ou le deuil, vous savez combien le désespoir peut être
[70]

horrible. Plus que jamais, je me sentais blessé, troublé et aigri.


J’ai demandé à Dieu pourquoi il ne m’avait pas donné la même chose qu’à
tous les autres: «Ai-je fait quelque chose de mal? Est-ce pour cela que tu ne
réponds pas à mes prières pour des bras et des jambes? Pourquoi ne veux-tu
pas m’aider? Pourquoi me fais-tu souffrir?»
Ni Dieu ni les médecins ne pouvaient m’expliquer pourquoi j’étais né sans
membres, et cette absence d’explication, même scientifique, ne faisait
qu’aggraver mon état. Je pensais que, s’il y avait une raison à cela, qu’elle
soit d’ordre spirituel, médical ou autre, ma douleur serait moins grande et
plus facile à supporter.
De nombreuses fois, je me sentais tellement abattu que je refusais d’aller à
l’école. L’apitoiement sur moi-même n’avait jamais constitué un problème
jusque-là; je me suis toujours efforcé de dépasser mon handicap, de
participer à des activités normales et de jouer comme les autres enfants. La
plupart du temps, j’impressionnais mes parents, mes professeurs et mes
camarades de classe par ma détermination et mon autonomie. Pourtant, une
grande douleur était enfouie en moi.
J’ai reçu une éducation spirituelle solide. Je suis toujours allé à l’église; je
priais et croyais au pouvoir de guérison de Dieu. J’étais attaché à Jésus à un
point tel que, lorsque nous mangions, je souriais en me disant qu’il était à
table avec nous, assis sur la chaise vide. Je priais pour des bras et des
jambes. Pendant un temps, je m’attendais à me réveiller un matin avec des
membres. J’aurais même accepté de ne recevoir qu’un bras ou une jambe à
la fois. Voyant qu’ils n’apparaissaient pas, j’ai fini par être en colère contre
Dieu.
Je pensais avoir compris que le plan du Créateur pour moi était de faire de
[71]

moi son partenaire de miracle afin que le monde reconnaisse son existence.
Je priais en disant: «Seigneur, si tu me donnais des bras et des jambes, je
ferais le tour du monde pour partager ce miracle. J’irais sur les chaînes
nationales et raconterais à tous ce qui s’est passé, et le monde verrait ta
puissance.» Je lui disais que j’avais tout compris et que je voulais faire ma
part. Je me rappelle avoir aussi prié en ces termes: «Je sais que tu m’as fait
ainsi afin de pouvoir me donner des bras et des jambes et que ce miracle
prouve aux hommes ta puissance et ton amour.»
J’ai appris, enfant, que Dieu nous parlait de bien des façons, et je me disais
qu’il me répondrait en faisant naître une sensation en moi. Mais il n’y avait
que le silence. Je ne ressentais rien.
Mes parents me disaient: «Le Seigneur seul sait pourquoi tu es né ainsi.»
Puis je posais la question à Dieu, et il ne me répondait pas. Ces questions et
appels sans réponse me blessaient d’autant plus que je m’étais senti si près
de lui auparavant.
J’avais d’autres défis à affronter. Nous avions déménagé à 1500 kilomètres
vers le nord, sur la côte du Queensland, loin de ma grande famille. Mon
cocon protecteur d’oncles, de tantes et de 26 cousins m’avait été enlevé. Le
stress du déménagement pesait aussi sur mes parents. Malgré leur assurance,
leur amour et leur soutien, je ne pouvais me défaire de l’impression que je
représentais un énorme fardeau pour eux.
J’avais en quelque sorte des œillères qui m’empêchaient de voir toute
lumière dans ma vie. Je ne voyais pas comment je pourrais un jour me
rendre utile. Je me sentais comme une erreur de la nature, un monstre, un
enfant oublié de Dieu. Ma mère et mon père ont fait de leur mieux pour me
[72]

faire comprendre le contraire. Ils me lisaient des passages de la Bible, ils me


conduisaient à l’église. Les professeurs de l’école du dimanche nous
enseignaient que Dieu nous aime tous. Mais je ne pouvais aller au-delà de
ma douleur et de ma colère.
Il y avait pourtant des éclaircies. A l’école du dimanche, je ressentais de la
joie en chantant avec mes camarades: «Jésus aime les enfants, tous les
enfants du monde, rouges et jaunes, noirs et blancs, ils sont précieux à ses
yeux. Oui, Jésus aime tous les enfants du monde.» J’étais entouré de
personnes qui me soutenaient et m’aimaient, et je prenais cet hymne à cœur.
Il me réconfortait.
J’avais envie de croire qu’il m’aimait profondément, mais lorsque j’étais
fatigué ou ne me sentais pas bien, de sombres pensées m’envahissaient. Je
restais dans mon fauteuil roulant sur l’aire de jeux en me demandant: «Si
vraiment Dieu m’aime comme les autres enfants, pourquoi ne m’a-t-il pas
donné des bras et des jambes? Pourquoi m’a-t-il fait si différent d’eux?»
Ces pensées ont commencé à venir même durant la journée ou dans des
circonstances habituellement joyeuses. Je passais mon temps à lutter contre
le désespoir et contre l’idée que ma vie serait toujours difficile. Dieu ne
semblait pas répondre à mes prières.
Un jour, j’étais perché sur le bar de la cuisine et regardais ma mère préparer
le dîner, ce que je trouvais d’habitude rassurant et relaxant. Soudain, des
pensées négatives m’ont submergé. J’ai été frappé par l’idée que je ne
voulais pas être dans les parages et être un poids pour elle. J’étais saisi par le
désir de me jeter de là. J’ai regardé en bas, essayant de trouver quel angle je
devrais prendre pour être sûr de me casser le cou et de me tuer.
J’ai fini par me convaincre de ne pas le faire, essentiellement parce que si
[73]

je n’arrivais pas à mettre un terme à mon existence, je devrais m’expliquer


sur les raisons de mon désespoir. Le constat que j’étais si près de me faire du
mal de cette façon m’a effrayé. J’aurais dû dire à ma mère ce que je
ressentais, mais j’avais honte et je ne voulais pas lui faire peur.
J’étais jeune, entouré de personnes qui m’aimaient, mais je ne me suis pas
ouvert à elles. J’avais cette ressource à ma disposition, et je ne l’ai pas
utilisée; c’était une erreur.
Si vous vous sentez envahi(e) par des humeurs sombres, ne les gardez pas
pour vous. Ceux qui vous aiment ne le prendront pas comme un fardeau, ils
veulent vous aider. Si vous sentez que vous n’avez pas envie de vous confier
à eux, allez voir un conseiller à l’école, au travail, dans la société. Vous
n’êtes pas seul(e), et je ne l’étais pas non plus. Je le remarque maintenant, et
je ne voudrais pas que vous soyez aussi proche que moi de commettre une
erreur fatale.
Mais, à l’époque, j’étais emporté par le désespoir. J’avais décidé que pour
mettre fin à ma souffrance, je devais mettre fin à ma vie.

Sur le fil du rasoir


Un jour, après l’école, j’ai demandé à ma mère de me mettre dans la
baignoire et de fermer la porte quand elle sortirait de la salle de bain. Puis
j’ai plongé les oreilles sous l’eau, et dans le silence, des pensées très
pénibles ont parcouru mon esprit. J’avais planifié ce que je ferais.
«Si Dieu ne veut pas guérir ma souffrance et si je ne peux servir à rien dans
cette vie… si je ne suis là que pour endurer le rejet et la solitude… je suis un
fardeau pour tout le monde et je n’ai pas d’avenir. Je devrais en finir tout
[74]

de suite.»
Comme je l’ai dit plus tôt en expliquant comment j’ai appris à nager,
j’arrivais à flotter en remplissant mes poumons d’air. Là, j’essayais de
calculer combien d’air je devrais garder dans mes poumons en me
retournant. «Dois-je retenir mon souffle en me retournant? Est-ce que je
prends une grande respiration ou juste une petite? Ou devrais-je juste vider
mes poumons et me retourner?»
Finalement, je me suis simplement retourné et j’ai plongé mon visage sous
l’eau. Instinctivement, j’ai retenu mon souffle, et comme j’avais de bons
poumons, j’ai flotté, semble-t-il, assez longtemps.
Une fois à court d’oxygène, je me suis retourné.
Je ne peux pas le faire.
Mais les pensées sombres persistaient: «Je ne veux pas être ici. Je veux
juste disparaître.»
J’ai soufflé la plupart de l’air de mes poumons et je me suis retourné encore
une fois. Je savais que je pouvais retenir mon souffle pendant au moins
10 secondes, donc j’ai compté: 10… 9… 8… 7… 6… 5… 4… 3…
Pendant le décompte, l’image de mes parents en pleurs devant ma tombe a
traversé mon esprit. J’ai aussi vu Aaron, mon frère de 7 ans, en larmes. Ils
pleuraient tous en disant que c’était de leur faute et qu’ils auraient dû faire
plus pour moi.
Je ne pouvais pas supporter l’idée de leur laisser porter le poids de ma mort
durant le reste de leur vie.
Je suis un égoïste.
Je me suis retourné sur le dos et j’ai pris une profonde respiration. Je ne
pouvais pas faire cela. Je ne pouvais pas laisser ma famille avec un tel
fardeau de perte et de culpabilité.
Mais mon angoisse restait insupportable. Cette nuit-là, j’ai dit à Aaron,
[75]

avec qui je partageais la chambre: «Je compte me suicider quand j’aurai


21 ans.»
Je pensais pouvoir arriver à franchir le cap du lycée et peut-être de
l’université, mais je ne me voyais pas aller au-delà. Je ne pensais pas que
j’aurais un jour un travail ou pourrais me marier comme les autres. Quelle
femme voudrait m’épouser? L’âge de 21 ans semblait constituer la fin de
mon parcours. A ce moment-là, bien sûr, cela semblait aussi très lointain.
Mon petit frère a rétorqué alors: «Je vais le dire à papa.»
Je lui ai instamment demandé de ne rien dire à personne et j’ai fermé les
yeux pour dormir. J’ai senti ensuite le poids de mon père s’asseyant sur le
bord de mon lit.
Il m’a demandé: «Qu’est-ce que c’est que cette histoire de suicide?»
Sur un ton chaleureux et rassurant, il m’a parlé de toutes les bonnes choses
qui m’attendaient et, tout en parlant, il me caressait les cheveux avec ses
doigts. J’ai toujours aimé quand il faisait cela. Il m’a assuré qu’ils seraient
toujours là pour moi et que tout se passerait bien.
Parfois, un geste et un regard pleins d’amour sont tout ce qu’il faut pour
réconforter le cœur tourmenté et l’esprit troublé d’un enfant. La promesse
paternelle que tout irait bien pour moi m’a suffi, à ce moment-là. Ses
caresses et sa voix réconfortante m’ont convaincu qu’un chemin était tracé
pour moi. Chaque fils veut avoir confiance en son géniteur, et, ce soir-là, j’ai
pu m’accrocher à ses paroles. Personne ne peut rassurer un enfant comme un
père. Le mien a toujours été généreux dans ce domaine et doué pour nous
exprimer son amour et son soutien. Je n’étais toujours pas en mesure de
[76]

comprendre comment les choses allaient s’arranger pour moi, mais, puisque
lui m’avait dit qu’elles s’arrangeraient, je l’ai cru.
Après cette conversation, j’ai dormi sur mes deux oreilles. J’avais toujours,
de temps à autre, de mauvaises journées et nuits; j’avais néanmoins
confiance en mes parents et je me suis accroché à l’espérance pendant très
longtemps, avant de développer une vision personnelle du déroulement de
mon existence. Il y a eu des moments, et même de longues périodes, de
doute et de peur, mais heureusement, cet épisode a été le pire de tous.
Encore maintenant, j’ai des bas comme tout le monde, mais je n’ai plus
jamais envisagé le suicide. Lorsque je regarde en arrière et considère
l’évolution de ma vie depuis, je ne peux que remercier Dieu de m’avoir
arraché à mon désespoir.

S’accrocher à l’espérance
J’ai été béni de pouvoir atteindre tant de personnes avec un message porteur
d’espoir, au moyen de conférences dans 24 pays, de DVD et de vidéos
visionnées des millions de fois sur YouTube. Imaginez: je serais passé à côté
de tant de joies, si je m’étais ôté la vie à l’âge de 10 ans! J’aurais manqué
l’occasion extraordinaire de parler de mon histoire et de ce que j’ai appris
avec 120’000 personnes en Inde, 18’000 dans une arène en Colombie et
9000 pendant un orage en Ukraine.
Avec le temps, j’ai compris que, même si je n’avais pas pris ma vie lors de
cette sombre journée, Dieu l’avait prise. Il a pris mon existence et lui a
donné plus de sens, une vocation et plus de joie qu’un garçon de 10 ans
aurait pu le comprendre.
Ne commettez pas l’erreur que j’ai failli commettre.
[77]

Si j’étais resté la tête dans une quinzaine de centimètres d’eau, ce jour-là en


1993, j’aurais mis un terme à ma souffrance temporaire, mais à quel prix?
Cet enfant en proie au désespoir n’aurait jamais pu imaginer le jeune homme
plein de joie, nageant avec les grandes tortues de mer au large d’Hawaï,
faisant du surf en Californie ou de la plongée sous-marine en Colombie. Le
plus important, au-delà de toutes ces aventures, ce sont les vies que je
n’aurais jamais pu toucher.
Je ne suis qu’un minuscule exemple. Prenez n’importe quel héros, que ce
soit mère Teresa, le mahatma Gandhi ou Martin Luther King, vous verrez
qu’ils ont tous été confrontés à l’adversité – la prison, la violence, les
menaces de mort – mais qu’ils se sont accrochés à la conviction que leurs
rêves pouvaient malgré tout devenir réalité.
Quand les pensées négatives et les humeurs sombres viennent sur vous,
souvenez-vous que vous avez le choix. Si vous avez besoin d’aide,
demandez-la. Vous n’êtes pas seul(e). Vous pouvez aussi choisir de penser à
des jours meilleurs et de tout faire pour que ce rêve devienne réalité.
Considérez les obstacles auxquels j’ai dû faire face quand j’étais petit et
voyez la vie que je mène aujourd’hui. Connaissez-vous les jours grandioses
et les merveilleuses réussites qui vous attendent? Qui sait combien
d’existences nous pouvons rendre meilleures en devenant le miracle des
autres? Alors «marchez avec moi», l’homme sans bras ni jambes, vers un
avenir plein d’espoir!
A 2 ans et demi, je me familiarise avec mes premières paires de roues.
[78]

Gare aux pieds qui traînent!

4 Esaïe 40.31 (N.d.E.)


5 Ephésiens 6.13-17 (N.d.E.)
[79]
3. Un cœur plein d’assurance

La foi est définie dans la Bible comme étant la ferme assurance des choses
qu’on espère, la démonstration de celles qu’on ne voit pas6. Nous ne
pourrions pas vivre sans la foi, sans mettre notre confiance en quelque
chose, même si nous n’avons pas de preuves. La plupart du temps, on parle
de la foi en termes de croyance religieuse, mais il y a bien d’autres types de
foi qui font partie du quotidien. En tant que chrétien, je vis en accord avec
ma croyance en Dieu. Bien que je ne puisse ni le voir ni le toucher, je sais
dans mon cœur qu’il existe, et je remets mon avenir entre ses mains. Je ne
sais pas ce que le lendemain me réserve, mais, puisque je crois en lui, je sais
qui est le maître de ce lendemain.
C’est une forme de foi. Je pratique la foi dans de nombreux domaines de la
vie. J’accepte qu’il y ait des éléments que je suis incapable de voir, toucher
ou sentir, mais j’y crois malgré tout. Je crois que l’oxygène existe, et je crois
que la science a raison de dire que nous en avons besoin pour survivre. Je ne
peux pas voir, toucher ou sentir l’oxygène; je sais simplement qu’il est là
parce que je suis là. Si je suis en vie, alors je le respire, donc l’oxygène
existe.
De la même façon que nous avons besoin d’oxygène pour vivre, nous
[80]

devons croire en certaines réalités invisibles pour survivre. Pourquoi? Parce


que nous rencontrons tous des épreuves. Il y a tout simplement des moments
dans notre vie où nous ne voyons pas le bout du tunnel; c’est là que la foi
entre en jeu.
J’ai récemment reçu un courriel d’une femme nommée Katie, licenciée de
son travail parce qu’elle avait des problèmes physiques qui avaient nécessité
une vingtaine d’opérations. Elle est née sans fémur dans l’une des deux
jambes et a dû être amputée pendant sa petite enfance. Elle est mariée et a
maintenant une trentaine d’années. Elle m’a dit qu’elle a souvent lutté avec
la question: «Pourquoi moi?»
Après avoir vu une de mes vidéos, elle a pris conscience que parfois nous
ne pouvons tout simplement pas le savoir. Nous devons croire que le plan de
Dieu à notre égard sera révélé en temps et en heure. Jusque-là, nous devons
avancer par la foi.
Elle m’a écrit: «Je vous remercie de tout mon cœur. Je crois maintenant que
Dieu m’a choisie, comme vous. Un jour, j’espère avoir l’honneur de vous
rencontrer en personne pour vous prendre dans mes bras, vous serrer et vous
remercier de m’avoir ouvert les yeux.»
Katie a trouvé la force et l’espérance après avoir décidé de faire confiance à
ce qu’elle ne pouvait ni voir ni comprendre. C’est exactement ainsi que
fonctionne la foi. Vous rencontrerez des épreuves qui, au début, vous
sembleront insurmontables. En attendant que vous trouviez la solution, la foi
pourrait être la seule chose à laquelle vous accrocher; parfois, le seul fait de
croire qu’il y aura une réponse vous aidera à traverser les moments les plus
sombres.
C’est pour cela que j’aime présenter la foi comme une assurance totale
[81]

dans notre cœur. Il est possible que je ne sois pas en mesure de prouver tout
ce que je crois, mais j’ai la conviction que je suis bien plus proche de la
vérité lorsque je vis dans la foi plutôt que dans le désespoir. Lorsque je
m’adresse, tous les ans, à des milliers d’écoliers, j’explore souvent ce que
signifie croire en ce que l’on ne peut pas voir. (Au début, il arrive que les
plus petits aient peur de moi; j’ignore pourquoi, puisque nous avons à peu
près la même taille. Je leur explique que je suis petit pour mon âge.) Je
plaisante avec eux pour les mettre à l’aise. Une fois qu’ils sont habitués au
fait que je n’ai pas de membres, la plupart sont fascinés par mon petit pied
gauche. Quand je les vois le montrer du doigt ou le fixer, je les salue avec lui
et plaisante au sujet de ma «petite cuisse de poulet». Cela les fait toujours
rire, car cette description est très exacte.
La première à faire cette observation a été ma sœur Michelle, de 6 ans plus
jeune que moi. Nous avons souvent fait de longs voyages en voiture avec
nos parents. Nous étions, les trois enfants, entassés comme des sardines sur
le siège arrière. Comme la plupart des pères, le nôtre n’aimait pas s’arrêter
une fois que nous étions sur la route, et, quand nous avions faim, nous le
faisions savoir par signes.
Lorsque nous étions complètement affamés, nous devenions un peu fous et
faisions semblant de nous mordre les uns les autres. Lors d’un voyage,
Michelle a dit qu’elle avait l’intention de grignoter mon petit pied gauche
«parce qu’il a tout l’air d’une cuisse de poulet». Cela nous a fait rire, mais
j’ai oublié sa description. Puis, quelques années plus tard, elle a amené un
chiot à la maison. Ce petit animal essayait d’attraper mon pied avec ses
dents chaque fois que je m’asseyais. Je le chassais, mais il revenait encore
[82]
et encore. «Vous voyez, même mon petit chien le prend pour une cuisse de
poulet!» a dit Michelle.
J’ai aimé l’expression. Depuis ce jour, je raconte toujours cette histoire
lorsque je m’adresse aux enfants. Puis, grâce à cette introduction, je leur
demande s’ils pensent que j’ai un seul pied ou deux. La question les fait
toujours réfléchir, puisqu’ils ne voient qu’un seul pied, mais le bon sens leur
dit que je dois en avoir deux.
La plupart des enfants croient ce qu’ils voient et me disent que je n’ai qu’un
seul pied. Alors je leur montre Junior, mon pied droit encore plus petit, qui
reste caché la plupart du temps. Ils sont parfois choqués à la vue de ce petit
pied droit pointant vers eux et frétillant. Alors ils commencent à crier et
s’exclamer. C’est drôle, car les enfants sont très spontanés, et ils admettent
qu’ils ont besoin de voir pour croire.
Je les encourage alors, tout comme je le fais pour vous, à croire que la vie
est pleine de possibilités. Même quand les temps sont durs, la clé pour aller
de l’avant consiste à nous laisser guider, non par ce que nous voyons, mais
par ce que nous pouvons imaginer. C’est ce qu’on appelle avoir la foi.

La confiance en vol
Mon imagination passe par les yeux de Dieu. Je lui fais confiance. J’ai la
pleine assurance, dans mon cœur, que même sans bras ni jambes je peux
construire une vie merveilleuse. De la même façon, vous devez croire que
rien ne vous est impossible. Croyez que si vous faites tout ce qui est en votre
pouvoir pour réaliser vos rêves, vos efforts seront récompensés.
Notre foi est parfois mise à l’épreuve avant que notre dur labeur ne paye.
[83]

Cela m’a été rappelé en 2009, pendant que j’étais en tournée pour des
conférences en Colombie, en Amérique du Sud. Je devais parler dans neuf
villes différentes en l’espace de 10 jours. Du fait qu’il y avait autant de
kilomètres à faire en aussi peu de temps, l’organisateur du voyage a affrété
un petit avion pour nous amener d’une ville à l’autre. Nous étions huit
personnes à bord, dont nos deux pilotes qui s’appelaient tous les deux
Miguel et ne parlaient pas un mot d’anglais. Durant l’un des vols, tout le
monde a été interpellé par le message automatique lu par l’ordinateur de
bord: «Redressez! Redressez!» L’alerte était en anglais!
La voix automatique faisait état de notre descente rapide avec une
insistance croissante: «200 mètres! 150 mètres! 100 mètres!» Ces rapports
étaient entrecoupés de l’injonction répétée: «Redressez! Redressez!»
Personne n’a paniqué, mais l’ambiance dans la cabine était plutôt tendue.
J’ai demandé à mon aide-soignant s’il ne pensait pas qu’il serait judicieux de
traduire l’avertissement de l’ordinateur de bord d’anglais en espagnol pour
les deux pilotes. Il m’a demandé si je pensais vraiment qu’ils ignoraient
notre situation. Je ne savais que penser, mais, puisque personne d’autre ne
semblait voir de problème, j’ai fait comme tout le monde et essayé de ne pas
paniquer. A mon grand soulagement, nous avons atterri rapidement. Plus
tard, lorsqu’un de nos traducteurs a mentionné ce moment de panique aux
pilotes, ils ont attrapé un fou rire.
L’un d’eux a expliqué par le biais du traducteur qu’ils savaient ce que
l’ordinateur disait mais qu’ils l’ignoraient délibérément lors des
atterrissages. «Vous devriez avoir plus de foi en vos pilotes, Nick!» a-t-il dit.
D’accord, je l’avoue, pendant un moment je ne faisais plus confiance aux
[84]

pilotes. Mais la plupart du temps je reste assuré que Dieu veille sur moi et
sur ma vie. Je vous donne un indice de la force de ma foi: j’ai une paire de
chaussures dans mon placard! Je crois véritablement possible qu’un jour je
sois capable de les porter et de marcher avec. Si vous pouvez imaginer un
meilleur avenir, vous pouvez le croire et y arriver. Une vision qui va au-delà
de toute limite.
Lorsque j’ai traversé ma période de dépression à l’âge de 10 ans,
physiquement je ne souffrais de rien. Je n’avais ni bras ni jambes, mais je
possédais tout ce dont j’avais besoin, à une exception près, pour mener la vie
utile et gratifiante que je mène aujourd’hui: en ce temps-là, je ne comptais
que sur ce que je pouvais voir. J’étais concentré sur mes limites plutôt que
sur mes possibilités.
Nous avons tous des limites. Je ne serai jamais une vedette de la NBA, mais
ce n’est pas grave, car je peux pousser d’autres à devenir les vedettes de leur
propre existence. Ne vivez jamais en fonction de ce qui vous manque; vivez
plutôt comme si vous pouviez faire tout ce que vous imaginez. Même les
contretemps et les tragédies sont porteurs de bénéfices inattendus,
improbables et absolument inimaginables, qui peuvent ne pas venir tout de
suite. Parfois vous vous demanderez quel bien peut ressortir de la situation,
mais ayez confiance. Même les tragédies peuvent se transformer en
triomphes.

Du surf
En 2008, j’étais à Hawaï pour une conférence, lorsque j’ai rencontré
Bethany Hamilton, une surfeuse de classe internationale. Vous vous
rappelez peut-être qu’en 2003 elle a été attaquée par un requin et a perdu
[85]

son bras gauche. Elle avait à peine 13 ans à ce moment-là, et elle était déjà
une surfeuse réputée. Elle a survécu et est revenue à son sport favori en
louant Dieu et en le remerciant de ses bénédictions. Le monde entier a pu
admirer son courage et sa foi stupéfiants. Maintenant, comme moi, elle
voyage aux quatre coins du globe pour évoquer ses convictions. Son but est
de parler tout simplement de sa confiance en Dieu, de faire savoir qu’il est
amour et de témoigner combien il a pris soin d’elle ce jour-là. Elle ne devrait
plus être en vie, car elle a perdu 70 % de son sang lors de cette attaque.
Avant notre rencontre, je n’avais jamais entendu l’histoire complète de ce
qui était arrivé et je n’avais pas compris à quel point cette extraordinaire
jeune femme était passée près de la mort. Elle priait pendant son transport à
l’hôpital, et le trajet pour y arriver durait 45 minutes. L’infirmier lui a
soufflé dans l’oreille des paroles de foi et d’encouragement: «Dieu ne te
laissera pas et ne t’abandonnera jamais.»
Les choses se présentaient plutôt mal. Ils sont finalement arrivés à l’hôpital
et l’ont préparée en hâte pour l’opération, mais toutes les salles étaient
occupées, et la vie de Bethany ne tenait qu’à un fil. Un patient a alors
renoncé à son opération du genou, qui allait tout juste commencer, afin que
son chirurgien puisse l’opérer. Cet homme était précisément… son père!
N’est-ce pas surprenant? Le chirurgien étant prêt à opérer, on a juste mis la
fille à la place du père, et il s’est mis au travail. Cette opération lui a sauvé la
vie.
Bethany s’est rétablie très vite, car c’était une jeune fille en excellente
forme, athlétique, à l’attitude positive. Trois semaines plus tard, elle faisait
de nouveau du surf.
Lors de notre visite, elle m’a dit que par la foi, elle a conclu que la perte
[86]

de son bras faisait partie du plan de Dieu pour sa vie. Au lieu de s’apitoyer
sur son sort, elle l’a juste accepté et est allée de l’avant. Dans sa première
compétition l’opposant aux meilleures surfeuses du monde, elle est arrivée
troisième! Selon ses propres dires, à de nombreux points de vue, la perte de
son bras est une bénédiction. Maintenant, chaque fois qu’elle réussit une
compétition, cela stimule d’autres personnes à repousser des limites!
Elle ajoute: «Dieu a réellement répondu à ma prière et m’utilise. Il se sert
de mon histoire pour parler à ceux qui m’entourent et que je rencontre. Des
personnes me disent qu’elles se sont rapprochées de lui et ont commencé à
croire en lui, qu’elles ont trouvé l’espérance dans leur vie ou l’inspiration
pour surmonter un obstacle difficile. Lorsque je les entends, je remercie
Dieu, car ce n’est pas moi qui fais quelque chose pour eux, c’est lui qui les
aide. Je suis tellement époustouflée à l’idée que le Seigneur me laisse
prendre part à son plan!»
On ne peut qu’être étonné par l’incroyable état d’esprit de Bethany. Si elle
avait complètement laissé tomber le surf après l’attaque du requin, peu de
gens le lui auraient reproché. Elle a dû réapprendre les bases, réapprendre à
se tenir en équilibre sur une planche de surf, mais cela ne l’a pas démotivée
non plus. Elle avait la conviction que, même si quelque chose de terrible lui
était arrivé, il en ressortirait du bien.

Surfer sur la vague


Souvenez-vous de la foi de cette jeune fille exceptionnelle chaque fois que
la vie avale soudain une partie de vos plans et de vos rêves. Cela arrive.
Nous sommes tous occasionnellement battus par des vagues sans que nous
[87]

ne nous y attendions. Il y a des chances pour que votre problème ne soit pas
un requin, mais, peu importe qui vous frappe, pensez à cette courageuse
adolescente qui a non seulement survécu à l’attaque d’un des prédateurs les
plus féroces mais en est sortie plus déterminée que jamais à mener une vie
extraordinaire.
Bethany m’a tellement inspiré que je lui ai demandé de m’aider à réaliser
un rêve: apprendre à faire du surf! A mon grand étonnement, elle a
immédiatement proposé de m’emmener sur la plage de Waikiki.
J’étais très excité à la perspective d’apprendre à surfer à l’endroit même où
les rois et reines d’Hawaï avaient pour la première fois glissé sur les vagues.
J’avais aussi peur. Pendant que Bethany me préparait une planche, elle m’a
présenté à Tony Moniz et Lance Hookano, grandes figures du surf, qui
allaient nous rejoindre dans l’eau.
Comme je l’ai déjà précisé, lorsque vous vous demandez si vous allez
arriver à atteindre vos objectifs dans la vie, faites confiance aux personnes
qui vous tendent la main et peuvent vous servir de guides. C’est exactement
ce que j’ai fait pour approcher ce but-là. Je ne pouvais pas rêver meilleurs
compagnons de surf. Ils ont commencé par m’apprendre à rester en équilibre
sur ma planche sur la terre ferme. Ils se sont relayés pour surfer avec moi,
me donnant des indications et m’encourageant.
Alors que nous nous aventurions sur les vagues de l’océan, une pensée
effrayante m’a traversé: à nous deux, nous n’avions que trois membres, et
les trois appartenaient à Bethany! J’aimais l’idée de devenir un surfeur, et en
tant que bon nageur je n’ai pas peur de l’eau, mais je n’étais pas sûr de
pouvoir rester sur la planche en mer, même avec toute l’aide experte dont je
bénéficiais. J’ai pourtant fait une fois, accompagné d’un de mes
[88]

instructeurs, un 360 degrés. J’ai aussi sauté de ma planche sur celle de


Bethany en pleine mer.
Finalement, j’ai voulu essayer de faire les choses tout seul. Je n’y peux rien,
si je suis une tête de mule! Enfin, j’ai été prêt pour surfer en solo, tout le
monde l’admettait. On a fabriqué une petite plateforme avec des linges et du
ruban adhésif afin que je puisse me relever, une fois sur une vague. J’en
étais sûr, ce serait suffisant pour moi. Une fois que j’aurais un peu de
vitesse, je pourrais m’appuyer là-dessus avec mes épaules et me mettre
debout. Là où il y a de la volonté et une vague, il y a moyen d’y arriver!
Ce jour-là, une compétition devait se dérouler à Waikiki, et la foule
commençait à se rassembler pour regarder. Cela me rendait un peu nerveux,
mais je recevais plein de conseils de la part des spécialistes.
«Tu vas vraiment faire ça sur l’eau?»
«Je ne sais pas comment tu arrives à rester en équilibre sans bras ni
jambes!»
«Tu sais nager… plus vite qu’un requin?»
Une fois sur l’eau, je me suis senti mieux. Je suis très léger, si bien que
flotter et nager n’est pas un problème. J’ai tendance à partir à la dérive, donc
je ne sais jamais où je peux «débarquer». Je me suis imaginé en train de
dériver jusqu’en Australie et d’échouer chez mes parents!
C’était une magnifique journée. Bethany était dans l’eau avec moi, à
m’encourager, mais chaque fois que j’essayais d’attraper une vague et de me
relever, je tombais de la planche. J’ai fait six tentatives… pour six échecs.
Je ne pouvais pas abandonner: il y avait trop de spectateurs. Trop de
caméras étaient en train de me filmer. Je ne comptais pas me retrouver sur
[89]

YouTube en tant que gars handicapé qui n’y arrive jamais. Enfant, j’ai passé
beaucoup de temps à faire du skate; je commençais donc à avoir un bon
feeling. Finalement, à ma septième tentative, j’ai attrapé une grosse vague et
je me suis relevé. C’était tellement excitant! Je vous avoue que j’ai hurlé
comme une petite fille, debout sur la planche en train de foncer vers la plage.
Tous les spectateurs ont applaudi et sifflé à mon arrivée. J’étais au septième
ciel! Je le sais parce que tout le monde me l’a dit.
Pendant les deux heures suivantes, nous avons attrapé vague après vague,
faisant une vingtaine de rides. Il y avait plusieurs photographes à cause de la
compétition, et c’est ainsi que je suis devenu le premier surfeur novice à
faire la couverture du magazine Surfer. Cette journée sur l’eau a été
merveilleuse.
Plus tard, Lance Hookano a fait une remarque intéressante lors d’une
interview: «J’ai passé toute ma vie sur cette plage et je n’ai jamais participé
à quelque chose de semblable. Nick est l’une des personnes les plus
heureuses que j’ai pu rencontrer. Il aime ça. Il a de l’eau salée dans ses
veines. Il me fait penser que tout est possible.»
Notez bien ceci: tout est possible. Lorsqu’une grande épreuve arrive, que
vous êtes renversé(e) et balayé(e), croyez que tout est possible. Peut-être ne
savez-vous pas où aller sur le moment ou avez-vous l’impression que le
monde entier est contre vous. Ayez confiance: les circonstances changeront,
les solutions apparaîtront, l’aide arrivera de façon inattendue. Tout
deviendra possible!
Si un gars sans bras ni jambes peut apprendre à surfer sur l’une des plus
belles plages du monde, alors rien ne vous est impossible!
[90]
Enraciner la foi
L’une des histoires les plus connues de la Bible est la parabole du semeur et
des terrains7. Un fermier sème des graines un peu partout. Certaines
tombent sur la route et les oiseaux les mangent. Certaines tombent sur des
pierres et ne pourront jamais prendre racine. D’autres tombent au milieu des
mauvaises herbes qui les étouffent. Seules les graines qui tombent dans la
bonne terre peuvent pousser et donner une récolte de bien plus de graines
que ce qui a été semé.
Non seulement nous recevons des graines au cours de notre vie, mais nous
les maintenons dans la «bonne terre» de notre cœur. Lorsque les épreuves
nous écrasent, nous pouvons nous tourner vers nos rêves d’une vie
meilleure. Ils jouent le rôle de graines pour les réalités à venir. Notre foi est
le riche terreau qui donne vie à ces graines.
Ceux qui m’aimaient m’ont toujours encouragé. Ils ont planté des graines
dans mon cœur. Ils m’ont assuré que j’avais des dons et que je pouvais les
utiliser pour le bien des autres. Je les croyais certains jours, mais eux n’ont
jamais cessé de croire en moi. Ils savaient que parfois ils semaient sur les
pavés ou dans les mauvaises herbes, et pourtant ils croyaient que leurs
graines prendraient racine.
Ma famille plantait des graines chaque matin quand je partais à l’école:
«Passe une bonne journée, Nicholas! Fais de ton mieux, Dieu se chargera du
reste!»
Certains jours, je pensais: «Dieu a un mauvais sens de l’humour, car je sais
qu’aujourd’hui encore on va se moquer de moi à la récréation.» En effet, dès
que j’arrivais à l’école avec mon fauteuil roulant, un garçon stupide me
disait que j’avais un pneu crevé ou qu’on avait besoin de moi pour garder
[91]

la porte de la bibliothèque ouverte.


Très drôle!
Dans ces jours de découragement, les paroles de soutien de mes parents
tombaient sur un sol aride. Il n’y avait rien pour les nourrir, j’éprouvais trop
d’amertume par rapport à ma condition.
Mais dans les mois et années qui ont suivi mon mauvais épisode dans la
salle de bain, leurs encouragements sont de plus en plus tombés sur un sol
fertile; c’était en partie dû au fait que j’avais conquis mes camarades de
classe avec ma détermination et mon entrain. J’avais toujours des bas, mais
j’en avais moins.
Norman Vincent Peale, grand auteur d’ouvrages édifiants, a dit une fois:
«Devenez un possibilitarien. Peu importe combien votre vie semble noire,
levez les yeux et regardez les possibilités à votre disposition. Cherchez-les
toujours, car elles sont toujours là.»
Vous pouvez ne jamais devenir un presbytérien ou un rotarien, mais vous
devriez toujours avoir sur vous votre carte de «possibilitarien». Où seriez-
vous si vous ne croyiez pas aux possibilités de votre vie? Nos espoirs pour
l’avenir nous donnent de l’élan. Ils nous font passer au travers des
inévitables moments difficiles, du découragement et du désespoir.
Mes tendances de «possibilitarien» se sont manifestées tôt. J’avais 6 ou
7 ans lorsque j’ai écrit et illustré mon premier livre, dont le titre était «La
licorne qui n’avait pas d’ailes». Le concept n’est pas un grand mystère, mais
je dois dire que cette petite parabole tirée de ma propre vie offre un joli
message de foi. (Ne vous en faites pas, l’histoire est courte: j’étais petit
quand je l’ai écrite.)
Il était une fois une maman licorne, qui eut un bébé.
La licorne grandit; elle n’avait pas d’ailes.
[92]

La maman licorne dit: «Qu’est-ce qui est arrivé à ses ailes?»


Quand la licorne alla se promener, elle vit des licornes voler dans le ciel.
Alors un petit garçon vint voir la licorne et lui dit: «Qu’est-ce qui est
arrivé à tes ailes?»
La licorne répondit: «Il ne m’a pas poussé d’ailes, petit garçon.»
Alors le petit garçon dit: «Je vais essayer de te faire des ailes en
plastique.»
Cela lui prit une heure pour faire des ailes en plastique à la licorne.
Quand le petit garçon eut fini, il demanda à la licorne s’il pouvait monter
sur son dos, et la licorne dit au garçon: «Oui, tu peux.»
Alors ils prirent leur élan, puis la licorne s’envola, et elle cria: «Ça a
marché, ça a marché!»
Quand la licorne eut fini de voler, le garçon descendit du dos de la licorne.
Alors elle s’envola de nouveau dans le ciel.
Le petit garçon dit à la licorne: «Bravo, licorne!»
Il rentra chez lui et raconta à sa maman, à ses deux sœurs et à son frère ce
qui était arrivé à la licorne.
La licorne vécut heureuse et eut beaucoup d’enfants.
Fin.
Nous avons tous envie de vivre heureux et avoir beaucoup d’enfants. Même
si vous croyez que vous pourrez gérer les moments difficiles et savourer les
bons, des déceptions peuvent arriver. Mais un dénouement heureux devrait
toujours être notre objectif. Pourquoi ne pas tenter le coup?
[93]
La patience récompensée
Mon équipe de Life Without Limits m’a aidé à planifier une tournée
mondiale, en 2008, qui avait pour objectif la visite de 14 pays. Dans une
phase préliminaire de la planification, nous avons établi un budget et
organisé une collecte de fonds afin de financer notre voyage. A l’époque,
nous n’avions pas de spécialistes de telles campagnes dans notre équipe.
Notre objectif budgétaire était loin d’être atteint: nous avons obtenu environ
un tiers de la somme nécessaire. Je me suis lancé en commençant la tournée
par des visites en Colombie, Ukraine, Serbie et Roumanie. A mon retour, on
m’a fait savoir que nous n’avions pas de quoi poursuivre la tournée.
Mon oncle Batta est un homme d’affaires accompli en Californie, et il fait
partie de mon conseil d’administration. Il a pris la décision d’annuler deux
étapes majeures du reste de ma tournée telle qu’elle était prévue; l’argent
n’était pas l’unique souci.
Il disait que nous recevions de plus en plus de rapports selon lesquels il
était déconseillé de voyager en Inde, en particulier à Mumbaï et en
Indonésie, pour des questions de sécurité. Puisque nous n’avions de toute
manière pas assez d’argent, il pensait sage de visiter ces pays une autre fois.
Mon oncle étant un homme très avisé, je n’ai pas discuté sa décision. Je lui
ai dit que je lui faisais confiance. J’ai ensuite donné une conférence en
Floride, où 450 volontaires étaient venus encadrer les auditeurs. J’étais venu
pour leur adresser un discours inspirant, mais ce sont eux qui m’ont inspiré
par leur enthousiasme. Sur le chemin du retour, j’étais tellement encouragé
par l’accueil qui m’avait été réservé là-bas que je sentais le besoin
irrépressible de poursuivre la tournée mondiale telle qu’elle était prévue
initialement.
J’ai prié intensément pour être guidé. Je sentais que je devais aller en Inde
[94]

et en Indonésie malgré nos fonds insuffisants et le danger sur place. Je


croyais que nous pouvions servir les autres et que le reste s’arrangerait de
lui-même. Oncle Batta m’a invité à manger chez lui pour discuter de mon
désir de continuer, fondé sur la foi et non sur les finances.
Pendant notre conversation à table, je me suis montré très passionné;
j’éprouvais clairement la sensation que je devais absolument faire cela.
Oncle Batta me comprend bien et connaît mon désir de transmettre un
message de foi à autant de personnes que possible. «Voyons où le Seigneur
nous mènera dans les quelques semaines à venir», a-t-il dit avec prudence.
Face à des obstacles, on n’abandonne pas et on ne s’enfuit pas non plus. Il
faut évaluer la situation, chercher des solutions et croire que, quoi qu’il
arrive, tout contribuera à notre bien. La patience est essentielle. Vous plantez
les graines, vous laissez passer les orages, vous attendez la récolte. Quand
nous rencontrons un obstacle, l’essentiel est de ne rien faire de stupide. Nous
ne devons pas nous frapper la tête contre le mur ou nous en retourner
vaincus. Nous avons à chercher la meilleure solution tout en croyant
fermement que tout obstacle sert à quelque chose.
Lorsque nous n’avions pas assez d’argent pour continuer la tournée, nous
ne nous sommes pas précipités pour dépenser ce que nous avions. Nous
avons prié, cherché des solutions et eu confiance que, si la porte restait
fermée pour le moment, elle s’ouvrirait un jour sur une nouvelle possibilité.
L’important ici est de nous souvenir que l’on trouve toujours un moyen, si
l’on continue à en chercher un. Vous aurez peut-être à ajuster vos objectifs
[95]

face à la réalité, mais tant que vous respirez, tout est possible.
Cela dit, je dois préciser que nous n’avons pas reçu une réponse unique à
nos prières quant au financement du reste de la tournée; nous avons eu droit
à une étonnante série d’événements.
Quelques jours après mon repas avec oncle Batta, un dénommé Bryan Hart,
qui m’avait entendu parler en Floride, a appelé pour offrir une grosse somme
d’argent à notre fondation.
Nos contacts en Indonésie ont ensuite signalé qu’ils avaient loué deux
stades afin de nous accueillir à Hong Kong. Ils ont promis que, si nous
venions, toutes nos dépenses seraient couvertes.
Deux jours plus tard, une organisation californienne de bienfaisance nous a
donné une somme d’argent encore plus grande, suffisante pour couvrir le
reste des dépenses!
En quelques jours, l’argent n’était plus un problème. Il restait encore la
question de la sécurité dans certains endroits où nous nous rendions, mais
nous avons placé notre confiance en Dieu.

Une grâce salvatrice


Vous vous souvenez de mon affirmation que tout contribuait à notre bien?
Le manque d’argent nous avait contraints à modifier notre programme, en
rapport avec l’Inde; lorsque les fonds sont arrivés, nous avons de nouveau
planifié notre visite là-bas, en l’avançant d’une semaine. Or, ce nouvel
emploi du temps nous a sauvé la vie. A peine deux jours après notre passage
à Mumbaï, trois lieux que nous avions fréquentés ont été frappés par des
attaques terroristes: le Taj Hotel, l’aéroport et la gare au sud de Mumbaï.
[96]

Ces attaques ont tué 180 personnes et en ont blessé 300.


Si nous avions suivi notre programme initial, nous aurions été à ces
endroits au moment des attaques. On peut dire que nous avons eu de la
chance; pour ma part, je crois que Dieu avait un plan que nous étions
incapables de discerner. C’est pour cela qu’il est important d’avoir foi en
l’avenir et de continuer à travailler pour atteindre nos objectifs, même quand
les chances de réussir semblent minces.

Vivre du bon pied


J’ai commencé ce chapitre en parlant de mon pied gauche, petit appendice
particulièrement utile. J’ai appris à être reconnaissant de son existence, car
les inventeurs ne cessent de concevoir des petits gadgets qui semblent faits
pour moi. La manette et l’écran tactile sont des outils qui me conviennent
particulièrement bien. Même sans bras ni jambes, je peux maintenant faire
de nombreuses expériences; mes parents et moi n’aurions jamais pu
l’imaginer quand j’étais encore enfant. Si les possibilités pour moi
semblaient peu nombreuses à l’époque, les limites n’ont cessé de reculer
grâce à la technologie moderne, à la puissance de la foi et de la
persévérance.
Accrochez-vous, même si votre vie est difficile, cruelle et impitoyable. Ma
situation semblait triste lorsque je suis venu au monde, mais j’ai réussi à
mener une vie gratifiante et épanouie. Si vous croyez que je suis une
exception, pensez aux œuvres de l’un de mes héros personnels, Christy
Brown.
Né en 1932 à Dublin, en Irlande, Christy était le onzième des 22 enfants de
la famille, même si 13 d’entre eux seulement ont atteint l’âge adulte. Bien
[97]

que venu au monde avec tous ses membres, il était infirme au point qu’il ne
pouvait pas bouger et avait de la peine à émettre des sons. A l’époque, les
médecins ne savaient pas ce qu’il avait; plus tard, on a diagnostiqué une
forme particulièrement sévère de paralysie cérébrale.
Puisque Christy n’arrivait pas à articuler, on a cru pendant des années qu’il
était aussi handicapé mentalement. Sa mère insistait sur le fait qu’il n’avait
aucun problème de ce côté-là; il ne pouvait simplement pas communiquer.
Elle et d’autres membres de la famille ont travaillé avec lui, puis un jour,
alors qu’il essayait de faire passer quelque chose à sa sœur, il a attrapé son
morceau de craie avec son pied gauche. Du fait de son handicap, c’était la
seule partie de son corps dont il avait le contrôle.
Christy a appris à écrire, dessiner et peindre avec ce pied. Sa famille a fait
preuve de la même détermination que la mienne pour lui offrir une existence
aussi normale que possible. Pour le déplacer, ils ont d’abord utilisé une
petite brouette, puis un chariot. Comme moi, il est devenu un nageur
émérite. Puis sa mère a rencontré un médecin qui lui a permis d’entrer à
l’hôpital Johns Hopkins. Plus tard, le même médecin a fondé un hôpital pour
des patients souffrant de paralysie cérébrale.
Il a aussi initié Christy à la littérature, et celui-ci a trouvé, par le biais de
plusieurs écrivains irlandais célèbres, l’inspiration pour s’exprimer lui-même
en tant que poète et écrivain. Son premier livre a été un mémoire intitulé
Mon pied gauche, puis il a été étoffé pour devenir un best-seller sous le nom
de Celui qui regardait passer les jours. Ce roman a été porté à l’écran avec
Daniel Day-Lewis comme acteur principal. (Daniel est d’ailleurs le fils de
Cecil, un des amis littéraires de Christy.) Day-Lewis a reçu l’Oscar du
[98]

meilleur acteur pour ce rôle. Christy a ensuite publié six autres livres; il est
devenu aussi un peintre chevronné.
Pensez aux longues et sombres journées que Christy Brown et sa famille
ont passées. Ils se sont demandé quel genre de vie il pourrait avoir. Il ne
pouvait bouger qu’une seule petite partie de son corps malade et n’émettre
que quelques sons. Il est devenu pourtant un auteur, peintre et poète
reconnu. Un film récompensé par un Oscar a retracé sa vie extraordinaire!
Savez-vous ce que votre vie vous réserve? Pourquoi ne pas rester dans la
course afin d’assister au déroulement de votre histoire?

Une vue complète


A certains moments de mon enfance, ma vue était limitée. Ma perception
de l’existence était si égocentrique que je ne songeais même pas qu’il puisse
y avoir des personnes vivant dans des conditions pires que les miennes,
comme Christy Brown. Puis, vers l’âge de 13 ans, j’ai lu dans un journal un
article parlant d’un homme victime d’un terrible accident. Si je me souviens
bien, il était paralysé, incapable de parler et cloué au lit pour le reste de sa
vie. Je n’arrivais même pas à imaginer à quel point cela devait être horrible.
Son histoire m’a ouvert les yeux et a élargi mon champ de vision. J’ai pris
conscience que, si l’absence de membres posait beaucoup de problèmes,
j’avais énormément de choses pour lesquelles je pouvais être reconnaissant,
énormément de possibilités dans ma vie.
Croire en votre destinée vous procure une grande force; cela vous permet
de déplacer des montagnes. Mon éveil à l’étendue complète des possibilités
a été un processus progressif. A l’âge de 15 ans, j’ai entendu l’histoire de
[99]

l’aveugle de l’Evangile de Jean. Il était aveugle depuis sa naissance et,


quand les disciples de Jésus l’ont vu, ils ont demandé à leur maître: «Qui a
péché, cet homme ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle?»
Je me suis posé la même question de très nombreuses fois. «Est-ce que ce
sont mes parents qui ont fait quelque chose de mal? Ai-je moi-même fait
quelque chose de mal? Pourquoi suis-je né sans bras ni jambes?»
Jésus a répondu: «Ce n’est pas que lui ou ses parents aient péché, mais c’est
afin que les œuvres de Dieu soient révélées en lui.»8
Lorsque l’aveugle a entendu cette explication, cela a radicalement
transformé sa vie, et il a pu comprendre les possibilités qui s’offraient à lui.
Vous pouvez imaginer à quel point cette histoire m’a touché, moi qui étais
en pleine adolescence, tellement conscient d’être différent, handicapé ou
dépendant des autres. Soudain, j’ai entrevu une nouvelle possibilité. Je
n’étais pas un fardeau. Je n’étais pas déficient. Je n’étais pas puni. J’avais
été fait sur mesure afin que les œuvres de Dieu soient révélées en moi!
Une vague de bien-être m’a traversé comme jamais auparavant, lorsque j’ai
lu ce texte. Je m’interrogeais sur les raisons de ma naissance sans membres,
mais j’ai compris à ce moment-là que Dieu seul détenait la réponse. Je
devais tout simplement accepter cela et croire aux possibilités qu’il me
présenterait.
Personne ne sait pourquoi je suis né avec mon handicap, tout comme
personne ne savait pourquoi cet homme était né aveugle. Jésus a dit que
c’était le cas afin que les œuvres de Dieu soient révélées.
Ces paroles m’ont procuré un sentiment de force et une grande joie. Pour
[100]

la première fois, je me suis rendu compte que mon incapacité de comprendre


pourquoi je n’avais pas de membres ne signifiait pas que le Créateur m’avait
abandonné. L’aveugle a été guéri dans un but précis. Je n’avais pas été guéri,
mais mon utilité serait révélée en temps et en heure.
Parfois, vous n’aurez pas immédiatement les réponses que vous cherchez.
Vous devez marcher par la foi. J’ai dû apprendre à croire aux possibilités
que la vie m’offrirait. Vous pouvez le croire aussi pour vous.
Réfléchissez à la chose suivante: je n’avais aucune façon de savoir, étant
petit garçon, que mon manque de membres m’aiderait à transmettre un
message d’espoir dans tant de nations et à tant de personnes différentes. Les
moments difficiles et décourageants ne sont pas drôles; vous n’avez pas à
prétendre que vous y prenez plaisir. Mais croyez en la possibilité d’avoir des
jours meilleurs devant vous et une vie utile, épanouie.

Un modèle à suivre
C’est au cours d’une conférence au lycée que j’ai été pour la première fois
témoin de la puissance que revêt la confiance en votre destinée. Le
présentateur était un Américain du nom de Reggie Dabbs, et une tâche
difficile l’attendait ce jour-là. Son auditoire était composé de 1400 jeunes,
l’air était chaud et lourd, le vieux microphone crépitait, sifflait et parfois
lâchait complètement.
Malgré l’agitation des élèves, il a su nous captiver totalement avec son
histoire, nous racontant qu’il était né hors mariage. Sa mère était une
adolescente prostituée qui avait d’abord envisagé l’avortement pour régler
son «petit problème». Heureusement pour Reggie, elle a finalement décidé
[101]

de le mettre au monde. Elle n’avait pas de famille et plus d’endroit où


dormir depuis sa grossesse, alors elle a dû vivre dans un poulailler.
Une nuit, seule et effrayée, elle s’est rappelé qu’une femme très gentille,
son ancienne institutrice, lui avait dit de l’appeler si un jour elle avait besoin
d’aide. Elle s’appelait madame Dabbs. Domiciliée dans le Tennessee, elle
est venue jusqu’en Louisiane chercher l’adolescente enceinte. Elle l’a
accueillie dans son propre foyer, composée de son mari et de six enfants déjà
grands. Elle et son mari ont adopté Reggie et lui ont donné leur nom de
famille.
Ce couple lui a inculqué des valeurs morales solides. Une des premières
leçons qu’il a apprises, c’est qu’en toutes circonstances, peu importe la
situation, on a toujours le choix de réagir de façon positive ou négative.
D’après Reggie, c’est parce qu’il croyait aux possibilités que la vie lui
offrirait qu’il a presque toujours su prendre les bonnes décisions. Il ne
voulait pas faire le mal car il croyait que beaucoup de bien l’attendait. Il a
particulièrement insisté sur un point, qui a eu un impact réel sur moi: «Vous
ne pouvez pas changer votre passé, mais vous pouvez changer votre avenir!»
J’ai pris ses paroles à cœur, mais c’est nous tous qu’il a touchés. Il a aussi
planté en moi la graine d’une carrière d’orateur. J’ai aimé l’idée que cet
homme humble avait pu exercer une influence positive sur un groupe aussi
grand et hétérogène en quelques minutes seulement. Je me disais que ce
serait super de voyager partout sur la planète, juste pour parler: il était payé
pour donner de l’espoir aux autres!
En rentrant de l’école, ce jour-là, j’ai pensé: «Peut-être que j’aurai une belle
histoire comme celle de Reggie à raconter un jour.» Je vous encourage à
accepter que vous [102]puissiez ne pas voir tout de suite le bon chemin. Cela
ne veut pas dire qu’il n’existe pas. Gardez la foi: votre histoire n’a pas
encore commencé à se dérouler, et je suis sûr qu’elle sera tout simplement
extraordinaire!
6 Hébreux 11.1 (N.d.E.)
7 Marc 4.1-20 (N.d.E.)
8 Jean 9.1-3 (N.d.E.)
[103]
4. Aimer le parfaitement imparfait

Une fois, durant notre tournée en Asie, je suis intervenu devant une
assemblée de plus de 300 entrepreneurs et hommes d’affaires à Singapour.
Lorsque la salle a commencé à se vider à la fin de ma présentation, un
monsieur de belle apparence s’est précipité vers moi. Il respirait l’assurance
et la réussite, comme le reste de mon public distingué; ses premières paroles
étaient pourtant très surprenantes: il m’a supplié de l’aider.
Comme je l’ai appris plus tard, cet homme accompli possédait trois
banques, mais il est venu me demander humblement de l’aide, car la richesse
matérielle était inapte à le protéger de la situation angoissante qu’il
traversait.
Il m’a dit: «J’ai une fille merveilleuse de 14 ans. Pour une raison
quelconque, chaque fois qu’elle se regarde dans le miroir, elle dit qu’elle se
sent laide. Elle n’arrive pas à voir à quel point elle est belle, en réalité, et
cela me brise le cœur. Comment pourrais-je l’aider à voir ce que je vois?»
La détresse de cet homme est facile à comprendre, car ce qui est le plus
difficile à supporter pour les parents, c’est la souffrance de leurs enfants. Il
[104]

essayait de l’aider à dépasser cette haine de soi. C’est très important, car si
nous n’arrivons pas à nous accepter nous-mêmes quand nous sommes jeunes
et en bonne santé, comment nous sentirons-nous lorsque nous serons âgés et
aurons des problèmes de santé? Si nous nous détestons pour une raison
hasardeuse, il est très facile d’enchaîner en la remplaçant par des centaines
d’autres tout aussi fausses et arbitraires. Les angoisses de la jeunesse
peuvent vous faire plonger très bas, si vous vous focalisez sur vos défauts et
non sur vos points forts.
La Bible affirme que nous sommes des créatures merveilleuses9. Pourquoi
nous est-il si difficile de nous aimer tels que nous sommes? Pourquoi
sommes-nous si souvent assaillis par la crainte de ne pas être assez beaux,
assez grands, assez minces ou assez bons? Je suis certain que ce père
rencontré à Singapour entourait sa fille d’amour et de soins, essayant de
renforcer sa confiance en elle. Nos parents et ceux qui nous aiment peuvent
se démener en essayant de renforcer notre estime propre; il suffit pourtant
d’une remarque méchante de la part d’un camarade de classe ou d’un
mauvais commentaire fait par un chef ou un coéquipier pour réduire leurs
efforts à néant.
Lorsque nous basons notre estime de nous-mêmes sur les opinions des
autres ou nous comparons à eux, nous devenons vulnérables et tombons dans
une mentalité de victime. Lorsque nous n’arrivons pas à nous accepter nous-
mêmes, nous arrivons encore moins à accepter les autres. Cela peut conduire
à la solitude et à l’isolement. Un jour, je parlais devant un groupe
d’adolescents à propos de la tendance à maltraiter le plus faible ou le moins
séduisant de l’école par désir de popularité. Pour exposer mon idée, j’ai
[105]

commencé par leur poser une question directe: «Qui d’entre vous voudrait
être mon ami?»
A mon grand soulagement, la plupart des personnes dans la pièce ont levé
la main.
J’ai alors enchaîné avec la question suivante, qui les a pris de court: «Alors
mon physique ne compte pas, n’est-ce pas?»
Je les ai laissés digérer pendant quelques minutes. Juste avant, nous avions
évoqué le fait que les jeunes dépensent énormément d’énergie à essayer de
s’intégrer en portant les bons vêtements, en se faisant une coupe à la mode,
en essayant de ne pas être trop gros, trop minces, trop bronzés ou trop
blancs.
«Comment pouvez-vous avoir envie d’être les amis d’un garçon sans bras
ni jambes – probablement la personne la plus singulière que vous puissiez
rencontrer – et ensuite rejeter des camarades de classe parce qu’ils ne portent
pas les bons jeans ou n’ont pas le physique destiné aux défilés de mode?»
Nous juger durement ou nous mettre une pression intense nous conduit à
juger les autres. Nous aimer et nous accepter nous-mêmes comme Dieu nous
aime nous procure une grande paix et un sentiment d’épanouissement.
La pression à laquelle sont soumis les adolescents et les jeunes adultes
semble universelle. J’ai été invité à m’adresser à des jeunes en Chine et en
Corée du Sud à cause de l’inquiétude qui se fait sentir là-bas. En effet, au
sein de ces nations qui se développent rapidement et travaillent dur, le
nombre de dépressions et de suicides est élevé.
Je suis arrivé en Corée du Sud juste au moment où les Jeux olympiques
d’hiver 2010 démarraient à Vancouver. C’était amusant de voir, partout à
[106]

Séoul, la fierté nationale et l’enthousiasme des personnes lorsque Kim Yu-


Na, «reine» du patinage artistique, a remporté la première médaille d’or de
son pays. L’intérêt pour son parcours était tel que durant sa dernière épreuve
l’activité des bourses du pays a chuté de moitié.
J’ai participé à un documentaire qui a été beaucoup regardé au sein de la
grande communauté chrétienne de Corée du Sud, ce qui m’a valu plusieurs
invitations pour des conférences. L’explosion de la foi dans ce pays est
stupéfiante. Mes hôtes à l’église d’Onnuri me disaient que les chrétiens se
passionnent pour le travail missionnaire. Selon eux, d’ici une ou deux
décennies, les missionnaires sud-coréens seront plus nombreux que les
missionnaires nord-américains. C’est remarquable, compte tenu du fait que
la Corée du Sud est beaucoup plus petite.
A notre arrivée à Séoul, j’ai été frappé par le nombre d’églises. Cette
capitale abrite les trois plus grandes du monde et, bien que les chrétiens aient
été très peu nombreux en Corée du Sud il y a une centaine d’années,
maintenant presque un tiers des 48 millions d’habitants se disent disciples de
Christ. Une des églises où j’ai parlé, la Yoido Full Gospel Church, compte
plus de 800’000 membres qui assistent aux cultes dans 21 salles différentes.
Certains de mes amis ne vont dans ce pays que pour faire la tournée des
églises. Les réunions de prière à haute voix et le son des cloches pour
signaler chaque nouvel événement sont incroyables. Pourtant, en dépit de
cette forte croissance spirituelle, les gens sont soumis à beaucoup de stress à
cause de leurs très nombreuses heures de travail. La pression est également
très forte à l’école, où les élèves sont en compétition constante. Beaucoup
[107]

sont stressés par le sentiment que la première place est la seule valable et,
s’ils n’arrivent pas à être les meilleurs, ils ont le sentiment d’avoir échoué.
Je les ai encouragés à garder à l’esprit que ne pas réussir un examen ne fait
pas d’eux des perdants. Nous avons tous de la valeur devant Dieu, et nous
devrions nous aimer comme lui nous aime.
L’amour et l’acceptation de soi dont je parle n’ont rien à voir avec un
amour de soi égocentrique et vaniteux. Ils consistent à donner plus qu’à
prendre, à offrir sans attendre qu’on nous adresse une demande, à partager
quand nous n’avons pas beaucoup, à prendre plaisir à faire sourire les autres.
Nous nous aimons nous-mêmes parce que nous ne sommes pas centrés sur
nous-mêmes. Nous sommes heureux de ce que nous sommes parce que les
autres sont heureux à notre contact.
Mais si vous n’arrivez tout simplement pas à vous aimer parce que
personne d’autre ne vous aime? J’ai bien peur que cela ne soit tout
simplement pas possible. Voyez-vous, nous sommes des créatures de Dieu.
Chacun de nous peut compter sur son amour inconditionnel, sa compassion,
son pardon. Nous devrions nous aimer, être compréhensifs envers nos
imperfections et pardonner nos erreurs, car Dieu fait tout cela pour nous.
Pendant une tournée en Amérique du Sud, j’ai parlé dans un centre de
désintoxication en Colombie. Mon public était composé de personnes qui
étaient ou avaient été dépendantes. Elles prêtaient si peu d’estime à leur vie
qu’elles s’étaient presque entièrement détruites par l’usage de drogues. J’ai
affirmé que Dieu les aimait indépendamment du temps qu’elles avaient
passé dans la dépendance. Leur visage s’est éclairé lorsque je leur ai
[108]

certifié qu’il les aimait sans conditions. Si Dieu veut pardonner nos péchés
et nous aimer tels que nous sommes, pourquoi ne pouvons-nous pas nous
pardonner à nous-mêmes et nous accepter nous-mêmes? Comme la fille du
banquier de Singapour, ces drogués colombiens se sont perdus en chemin
parce que, pour une raison quelconque, ils ont perdu le sens de la valeur de
leur vie. Ils se sentaient indignes de recevoir le meilleur. Je leur ai dit qu’ils
étaient tous dignes de l’amour de Dieu. Si lui nous aime et nous pardonne,
nous devrions nous pardonner à nous-mêmes et nous aimer nous-mêmes, et
tendre vers la meilleure existence possible.
Quand on a demandé à Jésus quel était le plus important des
commandements, il a dit que le premier était d’aimer Dieu de tout notre
cœur, de toute notre âme et de toute notre pensée; le deuxième, d’aimer
notre prochain comme nous-mêmes10. Nous aimer nous-mêmes, ce n’est
pas nous montrer égoïstes, pleins de suffisance ou égocentriques; c’est
accepter notre vie comme un cadeau à choyer et une bénédiction à partager
avec les autres.
Au lieu de vous attarder sur vos imperfections, vos échecs ou vos erreurs,
concentrez-vous sur vos dons et sur la contribution que vous pouvez
apporter, que ce soit un talent, une connaissance, de la sagesse, du travail
manuel ou juste de l’amour. Vous n’avez pas à vivre selon les attentes de
quelqu’un d’autre. Rien ne vous empêche de définir votre propre version de
ce qu’est la perfection.
[109]
Une lumière intérieure
L’écrivain et psychiatre Elisabeth Kübler-Ross a comparé les hommes à des
vitraux colorés: «Lorsque le soleil est levé, ils brillent et scintillent, mais
lorsque la nuit descend, leur véritable beauté n’est révélée que si une lumière
est allumée à l’intérieur.» Pour vivre sans limites et en particulier survivre à
l’obscurité de la dépression, à la dépendance aux drogues, à l’alcoolisme ou
à une autre épreuve de taille, vous devez allumer la lumière intérieure. Vous
devez croire à votre beauté et à votre valeur. Vous êtes quelqu’un dont la
présence compte et a un impact sur votre entourage.
Trouver notre vocation est le premier pas important vers une vie au-delà de
toute limite. Garder espoir et foi dans l’avenir et dans les possibilités, même
dans les moments difficiles, vous fera avancer vers ce but. Mais pour être
épanoui(e), vous devez avoir la conviction que vous avez droit au succès et
au bonheur. Vous devez vous aimer vous-même comme Dieu aime ceux qui
croient en lui.
J’ai un ami qui est si bien dans sa peau et si serein qu’il semble luire de
bons sentiments. Il croit qu’il a des dons. Comme tout le monde, j’aime être
avec lui. Pourquoi? Parce qu’il rayonne de l’intérieur. Il s’aime, mais sans
orgueil; il s’accepte et se sent béni même quand les choses ne vont pas dans
son sens ou lorsqu’il doit se battre comme vous et moi.
Je suis certain que vous connaissez des gens agréables et rayonnants, de
même que des personnes dont l’amertume et le malaise personnel repoussent
tout le monde. Si vous ne vous acceptez pas vous-même, cela mène non
seulement à l’autodestruction, mais aussi à la solitude.
Si vous ne rayonnez pas de l’intérieur, cela peut être dû au fait que vous
[110]

comptez sur les autres pour vous donner approbation et confiance, pour vous
permettre de vous sentir apprécié(e). Mais c’est le meilleur chemin vers la
déception, car vous devez d’abord vous accepter vous-même. La seule
mesure importante de votre beauté et de votre valeur vient de l’intérieur de
vous.
Je sais, c’est facile à dire mais difficile à faire. J’ai aussi dû affronter ce
problème. Enfant de chrétiens, j’ai toujours entendu dire que Jésus m’aimait
et que j’avais été créé parfaitement, en accord avec son plan. Bien sûr, toutes
les leçons bibliques de mes parents et tous les efforts de ma famille pour me
maintenir d’aplomb s’effondraient lorsqu’un gamin impulsif me disait que je
n’étais qu’un monstre.
La vie peut être cruelle, et les gens peuvent se montrer étourdis ou
simplement méchants avec vous. Vous devez alors être capable de chercher
des forces intérieures. Si elles sont défaillantes, vous pouvez vous tourner
vers le haut, vers Dieu, source suprême de force et d’amour.
L’acceptation et l’amour de soi sont des concepts importants mais souvent
mal compris de nos jours. Vous devez vous aimer par reflet de l’amour de
Dieu, en tant que personne placée dans le monde pour une contribution
unique. Bien trop d’adolescents et d’adultes n’en restent qu’à une
signification superficielle de cet amour, tombant dans les extrêmes du
narcissisme et de l’égocentrisme. C’est dû, en grande partie, au culte de la
beauté et de la célébrité promu dans des émissions de télévision, des films et
des vidéos. Si l’on regarde tout cela, il est facile d’oublier que la vie ne se
résume pas à la beauté extérieure, au luxe et au nombre de conquêtes. Il [111]

n’est pas étonnant qu’il y ait plus de célébrités dans des cures de
désintoxication que dans les églises: trop de personnes adorent les faux
dieux nommés vanité, fierté et envie.
Je ne pense pas me tromper en affirmant qu’aucune génération n’a entendu
autant de mensonges que la nôtre. Nous sommes sans cesse bombardés
d’incitations à avoir une certaine apparence, une certaine voiture, un certain
style de vie, prétendument nécessaires pour que nous soyons épanouis,
aimés, appréciés et considérés comme ayant réussi. Nous sommes arrivés à
un point dangereux de notre civilisation où vous retrouver sur une vidéo
pornographique est considéré comme un chemin vers la gloire, la fortune et
l’épanouissement.
Ne pensez-vous pas que le monde serait meilleur si les paparazzis
s’intéressaient aux personnes cumulant les diplômes ou aux missionnaires
apportant des soins aux pauvres et nécessiteux, au lieu de courtiser des
habitués de cures de désintoxication criblés de traces de piqûres? Mais tout
n’est pas perdu. J’ai vu des foules de tous âges assister à des cérémonies
religieuses et à des marathons de prière, recherchant le bonheur en apprenant
à aimer leur prochain. J’ai vu des adultes et des adolescents passer leurs
vacances à construire des maisons dans des pays du Tiers-Monde et à
subvenir aux besoins des nécessiteux dans les régions pauvres d’Occident.
Tout le monde n’est pas obsédé par la chirurgie esthétique, la liposuccion et
les sacs Louis Vuitton.
Lorsque vous vous laissez prendre au piège des biens matériels, de la
beauté superficielle, et que vous laissez les autres décider de votre valeur,
vous abandonnez une trop grande partie de vous-même et risquez de
dilapider tout ce que vous avez reçu. Après avoir visionné mon DVD,
[112]

Kristy m’a écrit:


Vous m’avez permis de prendre conscience qu’il ne sert à rien d’avoir des
personnes qui vous aiment si vous ne vous aimez pas vous-même. Je vous
ai vu il y a une année et de nouveau aujourd’hui. J’avais besoin de vous
dire ce que vous avez fait pour moi. Vous m’avez enseigné à savoir tenir
tête, à m’aimer telle que je suis, et tout simplement à vivre ma vie comme
j’ai envie de la vivre… Maintenant que j’ai une autre vision de moi-même,
mon petit ami a aussi remarqué un grand changement et il vous en est
reconnaissant. Avant, il était toujours inquiet pour moi; il craignait que je
puisse faire un jour quelque chose de stupide et me suicider. Mais
aujourd’hui j’ai changé, et ma vie est tellement plus heureuse!

Savoir s’accepter
Mon message a touché une corde sensible chez Kristy car j’ai traversé ce
qu’elle était en train de vivre. Un jour particulièrement cruel, alors que
j’avais 7 ans, je suis rentré à la maison et j’ai passé des heures à me regarder
dans le miroir. La plupart des ados s’inquiètent pour des boutons et pour leur
coiffure; moi, pour couronner le tout, je n’avais pas de membres.
J’ai pensé: «Mon allure est vraiment étrange.»
La tristesse m’a submergé. Je me suis permis de pleurer en m’apitoyant sur
moi-même pendant cinq bonnes minutes. Alors une voix intérieure m’a dit:
«Comme dit ta mère, il te manque quelques morceaux par-ci, par-là, mais tu
as aussi quelques traits agréables.»
J’ai réfléchi: «Je te défie d’en nommer un. Trouve une seule chose qui
[113]

soit bien, ce sera suffisant.»


J’ai étudié encore un moment mon reflet et j’ai fini par trouver quelque
chose de positif: «J’ai de beaux yeux. Plusieurs filles m’ont dit que j’avais
de beaux yeux. J’ai au moins ça! Et personne ne peut me les enlever; mes
yeux ne changeront jamais, donc j’aurai toujours de beaux yeux.»
Quand vous sentez votre esprit dégringoler parce que vous avez été
blessé(e), heurté(e) ou agressé(e), allez devant un miroir et trouvez un trait
que vous aimez chez vous. Pas nécessairement un trait physique. Cela peut
être un talent, un trait de caractère ou quelque chose d’autre qui vous permet
de vous sentir bien avec vous-même. Concentrez-vous sur cet aspect
particulier pendant un moment. Soyez reconnaissant(e) pour cela; sachez
que votre valeur et votre beauté proviennent de la personne unique que vous
êtes.
Ne vous entêtez pas en disant: «Il n’y a chez moi rien de particulier.» Nous
sommes souvent durs avec nous-mêmes, particulièrement lorsque nous nous
comparons à un idéal extérieur. Je le vois surtout chez les adolescents.
Nombreux sont ceux qui luttent avec le sentiment de ne pas être à leur place
ou qui pensent qu’ils ne seront jamais aimés. C’est pourquoi je me fais un
point d’honneur de leur dire: «Je vous aime tels que vous êtes. Vous êtes
beaux pour moi.»
Ce sont de simples mots de la part d’un étranger à la silhouette bizarre,
mais j’offre ces paroles – qui semblent toujours toucher une corde sensible –
quand je suis dans les écoles ou devant des groupes de jeunes. La réaction
typique est tout à fait remarquable. Elle commence par un reniflement ou un
gémissement étouffé. Je vois alors dans la salle une fille [114]qui a la tête
baissée ou un garçon qui se couvre le visage avec ses mains. Puis une
émotion intense parcourt la salle comme une vague. Des larmes coulent le
long des jeunes joues, des sanglots étouffés secouent les épaules, des filles
se prennent dans les bras, des garçons quittent la pièce pour se cacher le
visage.
La toute première fois, je suis resté abasourdi. «Que se passe-t-il? Pourquoi
une telle réaction?»
Le public lui-même m’a fourni la réponse. Après mes discours, les jeunes et
les plus âgés font la queue – parfois pendant des heures – pour m’embrasser
et parler de ce qu’ils ressentent. Encore une fois, cette réaction est
extraordinaire.
C’est vrai, je suis un garçon au visage plutôt agréable, mais on ne fait pas la
queue pour m’embrasser parce que je suis irrésistible. En réalité, ce qui
semble attirer les gens, c’est que je leur apporte une grande force au travers
de ce qui manque dans la vie de tant de personnes: un amour inconditionnel
et l’acceptation de soi.
Le témoignage de Kristy n’est qu’une goutte dans l’océan des messages
que je reçois. J’ai eu des conversations en privé avec des personnes plus ou
moins jeunes qui pensaient se suicider parce qu’elles avaient perdu leur
capacité de s’aimer. Quand on vous fait du mal, vous érigez des murs pour
éviter d’être de nouveau blessé(e), mais vous ne pouvez pas emmurer votre
propre cœur. Et si vous vous aimez comme vous êtes, pour toute votre
beauté intérieure et extérieure, alors les autres seront aussi attirés vers vous,
voyant votre beauté.
[115]
S’aimer au point de pouvoir rire de soi-
même
Les personnes qui nous aiment peuvent passer tout leur temps à nous dire
que nous sommes beaux, aimés, et que les moments difficiles passeront, trop
souvent nous négligeons ces encouragements et nous accrochons aux
blessures. C’est ce que j’ai fait pendant très longtemps. Mes parents
passaient des semaines à essayer de réparer les dégâts causés par un ou deux
gamins qui s’étaient moqués de moi à la récréation. Quand quelqu’un de
mon âge s’intéressait vraiment à moi, j’étais transformé. Lorsqu’une fille de
ma classe m’a dit que j’étais «mignon», j’ai été comme sur un nuage
pendant tout un mois.
Bien sûr, peu de temps après, je me suis réveillé avec mes 13 ans et un
bouton sur le nez. Il n’était pas beau. C’était un bouton énorme et rouge
comme une tomate bien mûre.
«Regarde, c’est de la folie», ai-je dit à ma mère. Elle m’a répondu: «Ne le
gratte pas!» Avec quoi pourrais-je le gratter?
Je suis parti à l’école avec le sentiment d’être le garçon le plus moche du
monde. Chaque fois que je passais devant une classe et voyais mon reflet
dans les fenêtres, j’avais envie de me cacher. D’autres enfants le regardaient.
J’ai continué à espérer qu’il finirait par s’en aller, mais deux jours plus tard,
il avait encore grandi. C’était le bouton le plus gros et le plus rouge du
monde. J’ai commencé à croire qu’un jour il serait plus gros que le reste de
mon corps!
Cette monstrueuse déformation ne voulait pas partir. Mon gigantesque
bouton était toujours là 8 mois plus tard, et je me sentais comme un clown
au nez rouge. Ma mère a fini par me conduire chez un dermatologue. Je
[116]

lui ai dit que je voulais que le bouton parte, même s’il fallait pour cela une
intervention chirurgicale majeure. Il l’a examiné avec une grosse loupe –
comme s’il ne pouvait pas le voir – et a dit que ce n’était pas un bouton.
J’ai pensé: «Quoi que ce soit, débarrassez-m’en!»
Il a ajouté: «C’est une glande sébacée enflammée. Je pourrais la couper ou
la brûler, mais dans les deux cas, cela vous laisserait une cicatrice plus
grosse que ce petit point rouge.» Petit point rouge? «Il est si gros qu’il me
cache la vue», ai-je protesté. Il m’a demandé si je préférerais avoir une
cicatrice à vie.
Ce «non-bouton» gigantesque est donc resté sur mon nez. J’ai prié et
pleurniché à son sujet pendant un temps, mais j’ai fini par comprendre que
ce gros bulbe rouge n’était pas plus grave que l’absence de membres. «Si
cela empêche des gens de me parler, tant pis pour eux», ai-je décidé.
Quand je surprenais quelqu’un en train de le fixer, je faisais une blague. Je
disais que je me faisais pousser un deuxième nez pour le vendre plus tard sur
le marché noir. Quand les autres voyaient que j’étais capable de rire de moi-
même, ils riaient avec moi et faisaient preuve d’empathie. Après tout, qui
n’a pas eu de boutons? Même Brad Pitt en a eu.
Parfois, nous transformons nous-mêmes de petits problèmes en gros, en les
prenant trop au sérieux. Avoir des boutons fait partie de la vie. Nous
sommes tous des êtres humains parfaitement imparfaits, certains plus que
d’autres, mais nous avons tous nos faiblesses et nos défauts. Il est important
de ne pas prendre trop au sérieux chaque petit bouton. Que ferez-vous si un
jour il vous arrive quelque chose de vraiment grave? Soyez prêt(e) à rire
[117]

aux petits coups et aux bousculades de l’existence.


Il a été démontré que le rire réduit le stress en libérant de l’endorphine – un
relaxant naturel du corps –, qu’il renforce notre système immunitaire,
améliore la circulation du sang et favorise l’apport d’oxygène au cerveau.
Pas mal, n’est-ce pas? Des études ont aussi démontré que le rire rend les
personnes plus attrayantes. D’une pierre, deux coups!

Aveugle beauté
Savez-vous ce qui est véritablement risible? La vanité! Chaque fois que
nous pensons avoir une belle apparence, sexy et digne de la couverture d’un
magazine people, la vie nous donne une leçon pour nous faire comprendre
que la beauté est dans l’œil de l’observateur et que l’apparence est loin
d’être aussi importante que ce qui se trouve à l’intérieur.
J’ai rencontré récemment une jeune Australienne aveugle. Nous avions
organisé une course d’amateurs pour lever des fonds afin de fournir du
matériel de soin à des enfants pauvres. Cette fille avait environ 5 ans, et c’est
sa mère qui me l’a présentée à la fin de la journée. Elle lui a expliqué que
j’étais né sans bras ni jambes.
Les personnes aveugles me demandent parfois la permission de toucher
mon corps afin de se rendre compte à quoi ressemble quelqu’un qui n’a pas
de membres. Cela ne me dérange pas. Donc, quand la fille a demandé si elle
pouvait «regarder» par elle-même, j’ai donné ma permission. Sa mère a
guidé sa main sur mes épaules et sur mon petit pied gauche, et la réaction de
la fille a été très intéressante: elle est restée très calme tandis qu’elle touchait
les cavités vides de mes épaules et mon étrange petit pied, mais quand elle
[118]
a posé ses mains sur mon visage, elle a poussé un cri. C’était hilarant.
«Quoi? Est-ce que mon beau visage te fait peur?» lui ai-je demandé en
riant.
«Non! Qu’est-ce que c’est que tous ces poils sur toi? On dirait un loup!»
Elle n’avait encore jamais senti une barbe, et quand elle a touché mon
menton pas rasé depuis plusieurs jours, elle a eu peur. Elle a dit à sa mère
que c’était triste que je sois si poilu! Cette fille avait sa propre idée de la
beauté, et manifestement ma barbe ne figurait pas sur sa liste de critères. Je
n’étais pas vexé, au contraire: j’étais ravi de ce rappel que la beauté n’est
vraiment que dans le regard – ou le toucher – de celui qui regarde.

Célébrer l’unicité
En tant qu’humains, nous sommes bizarres. Nous passons la moitié du
temps à chercher à nous fondre dans la masse, et l’autre moitié à essayer de
nous en démarquer. Pourquoi? Je suis ainsi, et je suis certain que vous l’êtes
aussi, parce que cela semble être universel et faire partie de la nature
humaine. Pourquoi ne pouvons-nous pas nous sentir à l’aise avec nous-
mêmes, sachant que nous sommes des créatures de Dieu, faites pour refléter
sa gloire?
Quand j’étais à l’école, je voulais désespérément m’intégrer, comme la
plupart des adolescents. Avez-vous remarqué que même ceux qui veulent
être «différents» traînent avec des jeunes qui s’habillent, parlent et agissent
exactement comme eux? Qu’en dites-vous? Comment pouvez-vous être un
marginal si tous ceux qui vous entourent portent les mêmes vêtements
noirs, vernis à ongles noir, rouge à lèvres noir et mascara noir? Cela ne
[119]

fait-il pas plutôt de vous quelqu’un de bien intégré?


Avant, tatouages et piercings étaient les signes de rébellion d’un
individualisme acharné. Aujourd’hui, nous rencontrons même chez le
boulanger des femmes au foyer qui en portent. Ne pensez-vous pas qu’il y a
une meilleure façon de célébrer votre unicité que de suivre la mode et les
tendances de toutes les mères de famille?
J’ai adopté une attitude qui vous conviendra peut-être aussi: j’ai décidé que
ma beauté résiderait dans ma différence, dans le fait que je ne suis pas
comme tout le monde. Je suis unique. Personne ne pourra jamais dire que je
suis «dans la norme». Je n’ai certes pas la tête qui s’élève au-dessus de la
foule, mais sans aucun doute, je me démarque.
Cette attitude m’a bien servi, car je suscite souvent des réactions étranges
de la part des enfants comme des adultes, quand ils me voient pour la
première fois. Les plus petits ont tendance à penser que je viens d’une autre
planète ou que je suis une sorte de monstre. Les adolescents développent une
imagination débordante et se disent que j’ai été estropié par un tueur à la
hache ou quelque autre événement horrible. Les adultes ont aussi des idées
étranges. Souvent, ils me suspectent d’être une poupée ou une marionnette.
Une fois, alors que j’étais en visite dans ma famille au Canada, on m’a
emmené faire la quête d’halloween pour la première fois de ma vie. Ils ont
trouvé un gros masque bien effrayant qui me recouvrait entièrement, et ils
m’ont porté de maison en maison. Au début, les gens ne réagissaient pas,
jusqu’à ce que nous comprenions qu’ils ne pensaient pas que j’étais vivant.
Nous l’avons remarqué lorsqu’une femme a glissé quelques-unes de mes
[120]

sucettes préférées dans mon sac et que j’ai dit: «Merci! Les bonbons ou la
vie!»
La femme a hurlé en faisant un bond en arrière: «Il y a un enfant là-dedans?
Je pensais que c’était une poupée!» J’ai pensé: «Eh bien, je suis vraiment
mignon!»
Quand je suis d’humeur polissonne, je ne me gêne jamais pour profiter
pleinement de mon originalité. J’aime traîner dans les supermarchés et faire
du shopping avec mes cousins et mes amis. Il y a quelques années, nous
avions remarqué, dans un supermarché en Australie, une vitrine de sous-
vêtements Bonds – une sous-marque de Haines ou Jockey –, une marque qui
existe depuis très, très longtemps.
Le mannequin masculin portait un boxer Bond «blanc moulant». Son corps
était exactement comme le mien: une tête et un torse, pas de membres, et de
beaux abdos. Le hasard a voulu que je porte moi-même ce jour-là un boxer
Bond, alors mes cousins et moi avons décidé que je pouvais, moi aussi,
servir de mannequin dans la vitrine. Nous sommes entrés dans le magasin,
mes cousins m’ont aidé à monter dans la vitrine, et j’ai pris position à côté
du mannequin.
J’ai passé les cinq minutes suivantes à piéger les badauds. Quand ils
s’arrêtaient ou me regardaient, je faisais une grimace, souriais ou hochais la
tête, à leur grande surprise et à leur grande terreur! Evidemment, cette
plaisanterie provoquait à chaque fois des fous rires chez mes voyous de
conspirateurs en train de regarder à l’extérieur. Plus tard, ils ont affirmé que,
si jamais ma carrière d’orateur ne marchait pas, je pourrais toujours trouver
du travail comme mannequin de vitrine dans un grand magasin.
[121]
Allumer le feu
J’ai appris à rire de mon handicap et des étranges réactions qu’il suscite,
mais il y a un autre moyen, encore meilleur, de surmonter les doutes
concernant notre valeur et notre difficulté à nous aimer: au lieu de nous
attarder sur notre douleur intérieure, tendons la main à quelqu’un d’autre
pour soulager sa douleur; concentrons-nous sur une autre personne dans le
besoin.
Devenez bénévole dans une œuvre sociale, levez des fonds pour des
orphelins, organisez un bal pour aider les victimes d’un tremblement de
terre, trouvez des sponsors qui donneront de l’argent si vous participez à une
marche de charité, une course cycliste ou un marathon de danse. Levez-vous
et tendez la main!
Lorsque je le fais, je découvre que c’est peut-être la meilleure solution pour
quiconque n’a pas réussi à allumer la lumière intérieure de l’amour.
Si vous n’arrivez pas à résoudre vos propres problèmes, soyez la solution
de ceux de quelqu’un d’autre. Après tout, ne vaut-il pas mieux donner que
recevoir? Si vous ne vous aimez pas, donnez-vous. Ce faisant, vous verrez
avec étonnement à quel point vous vous sentirez utile.
Comment puis-je savoir cela? Regardez-moi. Regardez ma vie. Est-ce que
je ne vous semble pas heureux et épanoui?
Une chirurgie plastique sur le nez ne vous apportera pas une vie de
bonheur. Vous ne serez pas admiré(e) par des millions de personnes parce
que vous possédez une Ferrari. Vous avez déjà tout ce dont vous avez besoin
pour être aimé(e) et apprécié(e); il vous suffit de lâcher prise et de mettre à
profit tout ce qui est à l’intérieur de vous. Vous ne serez pas toujours
parfait(e), et c’est parfaitement bien. L’idée n’est pas d’atteindre la
[122]

perfection durant votre vie, mais de la rechercher.


Continuez à faire des efforts, à grandir, à donner tout ce que vous avez, de
sorte qu’à la fin vous puissiez regarder en arrière et vous dire: «J’ai donné le
meilleur de moi-même.»
Regardez-vous maintenant dans le miroir et dites: «Voici qui je suis, et
j’accepte le défi de devenir la meilleure personne possible.» Votre beauté
vient de ce que Dieu avait un objectif en vous créant. Votre défi est de
trouver quel est cet objectif, de le nourrir d’espérance, de vous appuyer sur
la foi et de faire le meilleur usage possible de votre singularité.
S’aimer et s’accepter soi-même est le seul remède contre l’apitoiement sur
soi et la position de victime. Les drogues, l’alcool et la débauche n’offrent
qu’un soulagement temporaire et finissent par augmenter la souffrance.
Lorsque je me suis vu comme un enfant de Dieu faisant partie de son plan,
ma vie a été changée à jamais. Vous pouvez ne pas croire en Christ, mais
vous pouvez croire que vous avez de la valeur et une utilité dans le monde.

De l’amitié au bonheur
Le meilleur conseil que je puisse vous donner pour trouver le bonheur est
de sortir de vous-même, d’utiliser vos talents, votre intelligence et votre
personnalité pour rendre la vie de quelqu’un d’autre meilleure. Je me suis
retrouvé du «côté récepteur» de ce schéma et, sans exagérer, je peux dire
que cela a transformé mon existence.
J’avais 16 ans et j’étais élève au lycée de Runcorn State, dans le
Queensland. Je passais en général une heure à attendre après l’école pour
[123]

rentrer à la maison. La plupart du temps, je discutais avec d’autres élèves ou


avec un homme génial, que nous appelions monsieur Arnold. Il n’était ni
notre principal ni un professeur, mais le concierge de l’école. Il rayonnait de
l’intérieur. Il était si paisible que tout le monde le respectait et prenait du
plaisir à se trouver en sa compagnie.
Monsieur Arnold pouvait parler de n’importe quel sujet; c’était un homme
sage et spirituel. Il présidait certains jours un groupe de discussion chrétien à
la pause de midi, et il m’a invité à m’y joindre, bien que je lui aie dit que je
n’étais pas très tourné vers la religion. Mais je l’appréciais, alors j’ai
commencé à suivre les réunions.
Lors de ces rencontres, monsieur Arnold encourageait les jeunes à parler de
leur vie, mais j’ai toujours décliné ses invitations dans ce sens. Il me disait:
«Allons, Nick, nous aimerions bien entendre ton histoire, en savoir plus sur
toi et sur ce que tu penses.» Pendant trois mois, j’ai refusé. Je lui répondais
que je n’avais rien à raconter.
Monsieur Arnold a enfin brisé ma résistance. Les autres jeunes étaient très
ouverts et parlaient facilement de leurs sentiments et expériences, si bien que
j’ai finalement consenti à évoquer les miens. Je me suis tellement mis la
pression que j’ai même préparé des fiches avec les points à évoquer. (Oui,
très intello, je sais!)
Je ne m’attendais pas à impressionner qui que ce soit. Je voulais juste le
faire pour qu’on me laisse tranquille, ou du moins, c’est ce que je me disais.
Une partie de moi voulait aussi montrer aux autres jeunes que j’avais les
mêmes sentiments, blessures et craintes qu’eux.
Pendant dix minutes, ce jour-là, j’ai raconté des histoires tristes et drôles
sur le fait de grandir sans bras ni jambes. Ne voulant pas me présenter
comme une victime, j’ai parlé de mes victoires. Puisque c’était un groupe
[124]

chrétien, j’ai dit qu’il y avait des moments où je pensais que Dieu m’avait
abandonné ou que j’étais une de ses rares erreurs. Puis j’ai expliqué
comment j’avais compris progressivement qu’il avait un plan pour moi et
j’ai précisé que je ne savais tout simplement pas, pour le moment, en quoi il
consistait. Tout en essayant de rire, j’ai dit que j’apprenais petit à petit à
croire que je n’étais pas une erreur.
J’étais si soulagé d’avoir réussi à finir ma présentation que je me sentais
prêt à lâcher quelques larmes. J’ai alors constaté avec étonnement que la
plupart des autres étaient en train de pleurer.
«Ai-je été si mauvais?» ai-je demandé à monsieur Arnold.
Il m’a répondu: «Non, Nick, tu as été très bon!»
J’ai pensé au début qu’il voulait juste être gentil avec moi et que les jeunes
faisaient seulement semblant d’être émus par mon discours. Après tout, ils
étaient chrétiens, ils étaient censés se montrer gentils.
Un des garçons du groupe m’a ensuite invité à parler dans le groupe de
jeunes de son église. Puis un autre m’a demandé de venir à son école du
dimanche. Pendant les deux années suivantes, j’ai reçu des dizaines
d’invitations à raconter mon histoire dans des groupes d’église,
organisations pour la jeunesse et centres d’aide.
J’ai évité les groupes chrétiens du lycée parce que je ne voulais pas être
catalogué comme un enfant de pasteur ne vivant que pour la religion. Je me
comportais avec dureté et disais parfois des gros mots afin d’être accepté
comme un garçon ordinaire. En vérité, je ne m’acceptais pas encore tel que
j’étais.
Manifestement, Dieu a le sens de l’humour. Il m’a conduit précisément
dans le groupe de parole que j’évitais, et c’est là qu’il m’a révélé ma
[125]

vocation. Il m’a montré que, malgré mon imperfection, j’avais des richesses
à partager et des dons qui pouvaient servir à alléger le fardeau des autres.
C’est aussi valable pour vous. Nous avons en commun notre imperfection,
et nous avons besoin de mettre nos magnifiques dons en commun. Tournez
votre regard vers l’intérieur: il y a une lumière prête à rayonner.
Une expérience extraordinaire: le surf avec Bethany Hamilton à Hawaï.
[126]

Elle me fait la faveur de rider en tandem avec moi pendant que je


m’encourage à trouver mon propre équilibre.

Et la plage s’emballe!

(Photos employées avec l’aimable autorisation de


NoahHamiltonPhoto.com)
9 Psaume 139.14 (N.d.E.)
10 Matthieu 22.34-40 (N.d.E.)
[127]
5. Attitude et altitude

Quand j’ai créé une société pour gérer mes tournées, je l’ai appelée Attitude
Is Altitude («L’attitude c’est l’altitude») parce que, sans une attitude
positive, je n’aurais jamais été en mesure de passer par-dessus mon handicap
et d’aller à la rencontre de tant de personnes.
On peut être tenté de dénigrer le concept d’«ajustement d’attitude», car il
tend à devenir un cliché dans le domaine du coaching. Il n’en reste pas
moins vrai que la capacité de contrôler notre attitude constitue une véritable
force lorsqu’il s’agit de contrecarrer des émotions et de mettre fin à des
comportements susceptibles de menacer notre aptitude à vivre au-delà de
toute limite. D’après William James, psychologue, philosophe et ancien
professeur de l’université d’Harvard, l’une des plus grandes découvertes de
sa génération a été la prise de conscience que changer d’attitude peut
changer notre vie.
Que nous en soyons conscients ou non, nous voyons le monde à travers un
prisme de perspectives et d’attitudes qui nous sont propres, basées sur notre
vision de ce qui est bien ou mal, correct ou incorrect, juste ou injuste. Nos
décisions et nos actes étant basés là-dessus, si notre façon de faire ne
fonctionne pas, nous pouvons corriger notre attitude et ainsi changer notre
[128]

manière de vivre.
Si le programme télévisé que nous sommes en train de regarder ne nous
apporte rien, nous prenons la télécommande et changeons de chaîne. De
même, nous pouvons changer d’attitude, si nous n’obtenons pas les résultats
désirés, et ce, quels que soient les défis rencontrés.
Linda, qui est professeur de musique, m’a décrit comment son attitude
exceptionnelle l’a aidée à surmonter les conséquences d’un accident dont
elle a été victime dans son enfance. Sa vie aurait facilement pu être détruite.
Elle était encore au collège quand elle a été grièvement blessée dans un
accident de voiture. Elle a passé deux jours et demi dans le coma; à son
réveil, elle ne pouvait ni marcher, ni manger, ni parler.
Les médecins craignaient qu’elle ne devienne handicapée mentale et ne
retrouve jamais ses fonctions motrices. Elle a progressivement retrouvé ses
esprits, la parole et l’usage complet de son corps. La seule séquelle qu’elle a
gardée de ce terrible accident, c’est un défaut de l’œil droit: il a un champ de
vision limité.
Cette femme a enduré une douleur incroyable, supporté beaucoup
d’opérations, et il lui reste encore un problème de vue. Elle aurait très
facilement pu se positionner en victime et se laisser ronger par l’amertume.
On pourrait difficilement lui reprocher de penser que la vie a été injuste avec
elle et d’adopter une telle attitude. Au lieu de cela, voici le choix qu’elle a
fait:
Je suis parfois frustrée de voir que mes deux yeux ne fonctionnent pas en
parfaite harmonie, mais ensuite je me souviens d’où je viens et où j’aurais
pu être; je me rends compte alors qu’il y a une raison pour que Dieu m’ait
sauvée: c’est pour que je vive en témoignant de son œuvre dans ma vie.
[129]

Cet œil est comme un rappel pour moi, de la part de Dieu, que je ne suis
pas parfaite, mais cela me va. C’est de ma confiance absolue en lui que je
tire ma force. Il a choisi de montrer sa puissance à travers la faiblesse de
mon œil; je suis faible, mais lui est puissant.
Linda a choisi d’accepter sa vision déficiente comme faisant partie du «plan
divin parfait» pour sa vie, pour reprendre ses propres termes.
Il a transformé mon attitude envers la vie: je sais qu’elle peut s’achever à
tout moment, si bien que je fais de mon mieux pour vivre à sa gloire tout
le temps. De même, j’essaie de donner à chaque chose une impulsion
positive, de donner tout ce que j’ai à Dieu et aux autres, de prendre
vraiment soin des personnes qui m’entourent.
Au lieu de s’attarder sur le champ de vision limité de son œil droit, Linda a
choisi d’être reconnaissante de la capacité qu’elle a de penser, parler,
marcher et mener une vie quasiment normale. Tout comme elle, nous avons
aussi la capacité de choisir notre manière de réagir.
Il ne faut pas nécessairement être un saint pour y parvenir. Lorsque l’on est
confronté à une tragédie ou à une crise personnelle, il est parfaitement
normal et sain de traverser des phases de peur, de colère et de tristesse, mais
à un moment donné il faut pouvoir dire: «Je suis toujours en vie. Est-ce que
j’ai envie de passer le reste de mes jours vautré dans la misère, ou est-ce que
je veux passer par-dessus ce qui m’est arrivé et poursuivre mes rêves?»
Est-il facile de le faire? Non. Cela demande de la détermination, sans parler
de l’espérance, de la foi et de la conviction d’avoir des talents, des
[130]

compétences à partager et un but à poursuivre. Mais Linda n’est qu’une des


nombreuses personnes qui ont montré tout ce que l’on pouvait surmonter
avec une attitude positive. Il y a une vérité vieille comme la terre, indéniable
et éprouvée par le temps: ni vous ni moi n’exerçons le moindre contrôle sur
ce qui nous arrive, mais nous pouvons contrôler notre façon de réagir. Si
nous choisissons l’attitude appropriée, nous pouvons surmonter n’importe
quel obstacle.
Vous ne pourrez probablement rien faire pour éviter le prochain coup dur:
un ouragan peut endommager votre maison, un chauffard peut percuter votre
voiture, votre employeur peut vous remercier, votre meilleure moitié peut
vous réclamer «de l’espace». Il nous arrive à tous de ne pas voir les choses
venir. Vous pouvez vous sentir triste ou être mal à l’aise, mais ensuite
rassemblez vos esprits et demandez-vous: et maintenant ? Une fois que vous
vous êtes plaint(e), que vous avez laissé libre cours à vos émotions et versé
toutes les larmes que vous aviez en réserve, reprenez-vous et ajustez votre
attitude.

Refaire le plein
Vous avez la possibilité de changer d’attitude et de vie sans prendre de
cachets, consulter un psychiatre ni grimper au sommet d’une montagne à la
rencontre d’un gourou. Jusqu’à présent, à travers les pages de ce livre, je
vous ai encouragé(e) à trouver votre voie, à garder espoir en l’avenir, à
croire aux possibilités que la vie vous offre et à vous accepter tel(le) que
vous êtes. Cela vous donnera de solides raisons d’être optimiste, ce qui vous
fournira l’énergie nécessaire pour ajuster votre attitude, tout comme des
[131]

piles alimentent la télécommande.


Avez-vous déjà rencontré une personne pessimiste qui ait réussi, qui soit
épanouie et heureuse? Moi, non. C’est parce que l’optimisme est source
d’énergie et vous donne le contrôle sur vos émotions. Le pessimisme, au
contraire, affaiblit votre volonté et laisse les commandes de votre
comportement à vos humeurs. Une vision optimiste des choses vous permet
d’ajuster votre attitude pour vous en sortir au mieux dans les pires situations.
On parle parfois de «recadrage», parce que nous ne pouvons pas toujours
changer les circonstances, mais nous pouvons changer notre façon de les
regarder.
Au début, vous devrez peut-être le faire consciemment, mais après un peu
de pratique cela devient un automatisme. Je suis constamment en
déplacement avec mes aides-soignants, et dans mes débuts, quand un vol
était annulé ou une correspondance ratée, j’avais du mal à contrôler ma
colère et ma frustration. Finalement j’ai dû comprendre que lorsqu’on
voyage aussi souvent que nous le faisons, il y a parfois des problèmes. Par
ailleurs, je commençais à être trop âgé pour piquer des crises. De plus, elles
perdent pas mal en efficacité quand vous ne pouvez pas taper du pied!
J’ai dû acquérir la capacité d’ajuster mon attitude vis-à-vis des aléas d’un
voyage. Maintenant, lorsque nous sommes coincés pendant des heures dans
un aéroport ou devons modifier soudain nos plans, j’évite le stress, la
frustration et la colère en me concentrant sur une interprétation positive d’un
événement négatif. Je nourris des pensées optimistes comme: «Notre vol a
été reporté à cause du mauvais temps. C’est bien, car si nous laissons passer
la tempête, nous ne prenons pas de risques pendant le vol.» Ou encore: «Ils
ont annulé notre vol à cause de problèmes techniques. Je préfère attendre
[132]

un bon avion ici à terre, plutôt qu’être en l’air dans celui qui peut tomber en
panne.»
Je préfère toujours qu’un voyage se déroule sans encombre, mais si je
n’ajuste pas mon attitude, je m’attarde sur les aspects négatifs, et ce n’est
tout simplement pas sain. Si vous laissez les circonstances qui sont hors de
votre portée déterminer votre attitude et votre manière d’agir, vous prenez le
risque de tomber dans une spirale de décisions hâtives et de jugements
erronés, d’avoir des réactions disproportionnées, d’abandonner trop
rapidement et de ne pas saisir les occasions qui se présentent – toujours –
lorsqu’on ne voit pas comment la situation pourrait être pire.
Le pessimisme et le négativisme ne vous permettront jamais de passer par-
dessus les circonstances. Si des pensées négatives tourbillonnent en vous,
repoussez-les et remplacez-les par un dialogue intérieur plus positif et
encourageant. Voici des exemples:
Négatif Positif
Je n’y arriverai jamais. Cela finira aussi par passer.
J’y suis arrivé jusqu’ici, des jours
Je n’en peux plus.
meilleurs sont devant moi.
C’est pire que tout ce que j’ai
Certains jours sont plus durs que d’autres.
connu jusque-là.
Je ne trouverai jamais un autre
Si une porte se ferme, une autre s’ouvrira.
poste de travail.
[133]
Une attitude salvatrice
Mon ami Chuck, qui a maintenant 40 ans, a appris l’année dernière que le
cancer dont il avait réussi à se défaire à deux reprises vingt ans plus tôt était
revenu. Cette fois-ci, la tumeur entourait des organes vitaux, rendant la
radiothérapie impossible. Cela ne se présentait pas bien; en fait, il était dans
une situation très grave. Chuck avait trouvé sa voie en tant que mari et père,
avec un énorme cercle de parents et d’amis. Il avait aussi pour lui
l’espérance, la foi et l’amour. Alors il a décidé d’agir comme s’il n’allait pas
mourir. En fait, il a adopté l’attitude suivante: il a considéré que la maladie
était à l’intérieur de lui mais que cela ne faisait pas de lui un malade. Il était
déterminé à rester debout, positif et concentré sur son avenir.
Jusque-là, personne ne pourrait le qualifier de chanceux, n’est-ce pas? Et
pourtant, le fait que la radiothérapie n’était pas possible s’est révélé être une
grande chance. En effet, les médecins de l’hôpital de Saint Louis qui le
soignaient participaient à des essais pour un traitement sans radiation. Il
s’agissait d’un médicament qui cible des cellules individuelles et les tue.
Puisque le traitement traditionnel ne convenait pas à son cas, il pouvait
accéder aux traitements expérimentaux, mais ce qui a convaincu les
médecins qu’il devait participer à ce programme, c’était son attitude
positive. Ils savaient qu’il tirerait le maximum de cette possibilité, et c’est ce
qu’il a fait.
Quand le moment est venu de prendre le médicament par intraveineuse,
Chuck n’a pas voulu s’allonger sur un lit. Au lieu de cela, il a couru pendant
tout le temps sur un tapis roulant. Il a soulevé des poids. Son attitude était si
positive et son énergie était si débordante que des membres du personnel
avaient du mal à croire qu’il avait vraiment sa place dans le service
[134]

d’oncologie. «Vous n’avez ni l’apparence ni l’attitude d’un patient normal»,


ont-ils dit.
Quelques semaines après avoir été traité, il a consulté son médecin. Celui-ci
lui a dit que quelque chose d’étrange était arrivé: il ne voyait aucune trace de
la tumeur, elle était partie.
Les médecins ont été incapables de dire si la guérison de Chuck était due au
médicament, à son attitude, à un miracle ou à une combinaison des trois.
Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’il est sorti de cet hôpital sans cancer
et fort comme un bœuf. En dépit de tout ce qui annonçait sa mort prochaine,
il a adopté une attitude positive et s’est concentré non sur la maladie mais
sur la vie, l’espérance et la foi, ainsi que sur la conviction qu’il avait quelque
chose à apporter aux autres.

Choisir une attitude


Si Chuck et Linda ont tous les deux adopté une attitude qui leur a permis de
passer par-dessus des circonstances difficiles, ils n’ont pas réagi de façon
strictement identique: Linda a choisi la reconnaissance au lieu de
l’amertume, Chuck a décidé d’agir au lieu d’abandonner. Bien des attitudes
peuvent être adoptées, mais je crois que les plus puissantes sont les
suivantes:
1. la reconnaissance,
2. l’action,
3. l’empathie,
4. le pardon.
[135]
1. La reconnaissance
La reconnaissance est l’attitude qu’a adoptée Linda au moment de gérer les
blessures consécutives à son accident de voiture. Au lieu de pleurer sur ce
qu’elle avait perdu, elle a exprimé de la gratitude pour ce qu’elle avait pu
récupérer et pour la vie qu’elle a pu construire. Je crois très fort au pouvoir
de la reconnaissance. Dans mes discours, je parle souvent de mon petit pied
gauche. Je le fais afin de mettre mon public à l’aise quand il remarque cet
appendice peu habituel. J’en ris, mais j’ai appris à être très reconnaissant
pour ce pied. Je l’utilise pour manier la manette de mon fauteuil roulant,
taper sur un ordinateur à plus de 40 mots par minute, jouer de la musique sur
mes claviers et ma batterie électronique et utiliser toutes les applications de
mon téléphone portable.
La reconnaissance attire des personnes qui partagent vos rêves et votre
enthousiasme. Parfois elles peuvent vous inspirer et changer votre vie de
façon extraordinaire. Ma mère m’a souvent lu des histoires à haute voix
quand j’étais petit, et l’un de mes livres préférés avait pour titre Le Dieu que
j’aime. J’avais environ 6 ans quand elle me l’a lu pour la première fois, et à
cette époque je ne connaissais personne d’autre qui soit né sans bras ni
jambes, personne qui me ressemble et rencontre les mêmes difficultés,
personne sur qui je puisse prendre exemple. Ce livre, que je me remémore
souvent, m’a inspiré et m’a aidé à poser les fondations d’une attitude de
reconnaissance. Son auteur était Joni Eareckson Tada.
Joni (prénom qui se prononce comme celui de Johnny) habitait dans l’Etat
du Maryland et était une jeune nageuse de 17 ans. Elle était également
amatrice d’équitation. En 1967, alors qu’elle n’était qu’à quelques
semaines du début de son premier semestre à l’université, elle s’est brisé
[136]

la nuque en plongeant dans un lac. Depuis cet accident, tout son corps est
paralysé jusqu’au cou. Son livre décrit le désespoir dans lequel elle s’est
trouvée et les pensées de suicide suscitées par sa paralysie, puis la façon
dont elle a conclu que ce n’était pas juste un événement aléatoire dans
l’univers ou un coup dans la roulette du destin, mais que cela faisait partie
intégrante du plan divin.
Comme j’ai aimé ce livre, ma mère m’a acheté un CD avec les chansons de
Joni. J’ai entendu pour la première fois des paroles telles que «nous sommes
tous sur des roulettes». Elle chantait que l’on pouvait prendre du bon temps
en étant en fauteuil roulant et que «personne n’est parfait». J’ai écouté ces
cassettes en boucle en Australie, quand j’étais petit, et je me surprends
encore à les chantonner aujourd’hui. Vous pouvez imaginer combien il était
extraordinaire, pour moi, d’être invité pour la première fois à la rencontrer.
J’étais en visite aux Etats-Unis en 2003 pour parler dans une église de
Californie. Après mon discours, une jeune femme qui travaillait pour Joni
s’est présentée à moi et m’a invité à venir au quartier général de son
organisation Joni and Friends, à Agoura Hills.
J’ai été ébloui quand elle a pénétré dans la pièce. Elle s’est penchée vers
moi pour m’embrasser et nous avons passé un superbe moment ensemble.
Joni n’a pas beaucoup de force physique, du fait de sa tétraplégie, et quand
elle s’est penchée vers moi, elle a eu du mal à remettre son corps dans son
fauteuil. Instinctivement, je l’ai un peu poussée pour l’aider. «Vous êtes très
fort!» a-t-elle constaté.
J’étais très touché en l’entendant dire cela. Cette femme épatante, qui
m’avait donné force et espoir quand j’étais enfant, me disait que j’étais
[137]

fort. Elle a raconté qu’au début, comme moi, elle avait lutté contre son
handicap. Elle avait envisagé de se lancer du haut d’un pont avec son
fauteuil roulant, mais elle s’est dit qu’elle pourrait ainsi seulement
endommager son cerveau et rendre sa vie encore plus misérable. Alors elle a
prié: «Dieu, si je ne peux pas mourir, montre-moi comment je dois vivre.»
Peu après cet accident, l’un de ses amis lui a cité un verset de la Bible qui
dit: «Exprimez votre reconnaissance en toute circonstance, car c’est la
volonté de Dieu pour vous en Jésus-Christ.»11 Elle n’était pas
particulièrement croyante, à cette époque, et elle était encore aigrie et
frustrée par sa paralysie. Le message n’est pas passé: «Tu rigoles, je ne suis
pas du tout reconnaissante pour cela. Pas question!»
Son ami lui a dit qu’elle n’avait pas à être reconnaissante pour la paralysie,
mais qu’elle devait juste avoir la foi et remercier Dieu pour les bénédictions
à venir.
C’était difficile pour elle d’adhérer à cette idée. A ce moment-là, elle se
considérait comme une victime, et c’est ainsi qu’elle se présentait: «victime
d’un terrible accident de plongée». Au début, elle en voulait à tout le monde,
sauf à elle-même, de sa tétraplégie, et elle voulait que justice soit faite. Elle
attaquait, elle exigeait. Elle a même reproché à ses parents de lui avoir
donné naissance dans un monde où elle pouvait être paralysée.
Joni avait le sentiment que le monde lui devait quelque chose parce qu’elle
avait perdu l’usage de ses bras et de ses jambes. Elle a fini par comprendre
que se poser en victime était un moyen facile de se cacher. Nous pouvons
tous nous prétendre victimes, un jour ou l’autre. Certains se sentent lésés
[138]

parce qu’ils sont nés dans la pauvreté, d’autres parce que leurs parents sont
divorcés, parce qu’ils ont une mauvaise santé ou un mauvais poste de travail,
ou encore parce qu’ils ne sont pas aussi minces, aussi grands ou aussi beaux
qu’ils auraient voulu l’être.
Si nous pensons avoir droit à de bonnes choses dans la vie, nous nous
sentons volés et outragés quand survient une difficulté. Nous en faisons le
reproche aux autres et exigeons qu’ils paient pour ce qui nous arrive, quoi
que ce soit. Nous devenons des victimes professionnelles et manifestons un
état d’esprit égocentrique. Mais les «réunions de plaintes» sont les
événements les plus ennuyeux et les plus improductifs que l’on puisse
imaginer; on n’y entend que des «pauvre de moi» et l’on a très vite envie de
s’arracher les cheveux et de partir en courant.
Comme Joni, rejetez le rôle de victime, car il n’a aucun avenir. Elle
souligne que la souffrance nous mène à un carrefour où nous pouvons
choisir entre le chemin qui descend droit vers le désespoir et celui qui
monte, et ce grâce à la reconnaissance. Peut-être aurez-vous du mal à
éprouver ce sentiment, au début, mais, si vous décidez de ne plus être une
victime et vivez les journées l’une après l’autre, la force vous en viendra. Si
vous êtes incapable de trouver un seul aspect de votre situation pour lequel
remercier Dieu, pensez aux bons moments à venir et exprimez votre
gratitude à l’avance. Cela vous aidera à poser les fondements de l’optimisme
tout en vous projetant dans l’avenir au lieu de rester accroché(e) au passé.
Joni a pris conscience que le chemin qui mène loin de l’autodestruction
était inscrit quelque part sur les pages de la Bible, et elle n’a pas mis
longtemps à découvrir la vérité: en marchant jour après jour avec la force
[139]

qui vient de Dieu, nous sommes plus que vainqueurs.


Elle a découvert que jouer la victime l’entraînait encore plus bas que sa
paralysie, mais que la reconnaissance pour les bénédictions reçues et celles à
venir l’aidait à passer par-dessus. Ce genre d’attitude peut changer votre vie,
tout comme il a changé la sienne et la mienne. Au lieu d’être en colère et de
nous irriter contre nos handicaps respectifs, nous avons construit une vie
joyeuse et épanouie.
La gratitude a véritablement transformé la vie de Joni, et elle a contribué, à
son tour, à transformer la vie de nombreuses personnes – dont moi – à
travers ses livres et DVD. L’organisation à but non lucratif Joni and Friends
gère un programme, intitulé Wheels for the World («Des roues pour le
monde»), qui a distribué gratuitement plus de 60’000 fauteuils roulants, sans
compter des milliers de béquilles et de cannes, à des personnes handicapées
dans 102 pays différents.
Joni est tétraplégique. Je n’ai ni bras ni jambes. Pourtant, nous avons
chacun trouvé notre voie et l’avons suivie. Nous avons embrassé l’espérance
face au désespoir. Nous avons placé notre foi en Dieu et en l’avenir. Nous
avons accepté que nous sommes des êtres imparfaits mais pourvus de dons
de valeur. Nous avons choisi une attitude positive nourrie par la
reconnaissance, et nous l’avons utilisée pour transformer notre vie et celle
des autres.
Ce n’est pas du cinéma, c’est la vérité. En préférant la gratitude au rôle de
victime, à l’amertume ou au désespoir, vous pouvez aussi surmonter tous
vos obstacles. Mais, si vous trouvez qu’elle est difficile à acquérir, il y a
d’autres approches qui peuvent vous convenir.
[140]
2. L’action
Le handicap de Tabitha est semblable au mien, et pourtant elle a écrit: «Je
me suis toujours sentie bénie, et pour cette raison j’avais besoin de rendre la
pareille au monde.» Son choix de l’action l’a amenée à créer, avec sa
famille, une mission distribuant des paquets cadeaux à des enfants qui
souffrent de maladies graves ou qui sont handicapés, ainsi qu’à des
orphelins.
Parfois, la meilleure méthode pour sortir d’un creux ou surmonter un
obstacle consiste à rendre la vie des autres meilleure. Socrate invitait celui
qui veut transformer le monde à se transformer d’abord lui-même. Quand
vous pensez ne plus avoir de moyens à votre disposition, essayez d’en
inventer un vous-même. Si vous avez été frappé(e) ou renversé(e) par une
perte bouleversante ou par une tragédie, accordez-vous le temps de faire le
deuil, puis agissez afin d’en faire sortir quelque chose de bien.
Lorsque vous choisissez d’agir, vous créez une impulsion positive. Sans
aucun doute, les premiers pas sont les plus difficiles. Au début, il peut même
vous sembler impossible de sortir du lit le matin, mais, une fois debout, vous
pouvez avancer, et tant que vous avancez, vous êtes sur le chemin qui
s’éloigne du passé et qui mène vers l’avenir. Avancez pas à pas. Si vous
avez perdu quelqu’un ou quelque chose, aidez quelqu’un d’autre ou
construisez quelque chose qui puisse servir de mémorial ou d’hommage.
L’une des expériences les plus dévastatrices qui soit est la perte d’un être
aimé. La disparition d’un membre de la famille ou d’un ami provoque une
souffrance qui peut nous handicaper. Mis à part la chance que nous avons
eue de connaître cette personne et de passer du temps avec elle, il est
difficile de trouver des sujets de reconnaissance. Nous ne sommes pas
[141]

préparés à la douleur qui nous submerge alors, voire nous paralyse. Pourtant,
certains se mettent à agir et transforment leur terrible perte en une force
bienfaisante. Candy Lightner est un bon exemple: elle a su transformer en
action la colère et l’angoisse qu’elle a ressenties après que sa fille de 13 ans
a été tuée par un conducteur ivre. Elle a fondé l’association Mothers Against
Drunk Driving («Mères contre l’alcool au volant»), qui a sans aucun doute
sauvé de nombreuses vies grâce à ses activités et à ses programmes
éducatifs.
Lorsqu’une tragédie frappe un être aimé ou nous-mêmes, nous sommes
tentés de nous cacher quelque part pour pleurer, en espérant que la douleur
passera un jour. Pourtant, nombre de personnes comme Tabitha, Joni
Eareckson Tada ou Candy Lightner ont choisi de passer à l’action. Elles
croient que même la pire tragédie offre des possibilités d’agir de façon
positive. Carson Leslie, originaire de Dallas, est un autre exemple
incroyable. Je l’ai rencontré quand il avait 16 ans, mais cela faisait déjà
2 ans qu’il luttait contre le cancer. Cette étoile montante du baseball au
sourire resplendissant, dont le rêve était de jouer pour les Yankees de New
York, n’avait que 14 ans lorsqu’on lui a diagnostiqué une tumeur au cerveau
qui a atteint ensuite sa colonne vertébrale. Il a subi des opérations, la
radiothérapie et la chimiothérapie. Son cancer a régressé, avant de reprendre
le dessus.
Pendant tout ce temps, il a fait de son mieux pour être un jeune normal
vivant une vie normale. Il a souvent parlé de son verset préféré de la Bible,
que quelqu’un lui avait juste cité après que son diagnostic avait été établi.
C’est Josué 1.9: «Ne t’ai-je pas ordonné: ‘Fortifie-toi et prends courage’? Ne
sois pas effrayé ni épouvanté, car l’Eternel, ton Dieu, est avec toi où que
[142]

tu ailles.» Il a déclaré peu de temps après que ce verset n’était pas son
«verset du cancer», mais son «verset de vie».
Dans son livre12, Carson a écrit: «Peu importe le temps que je vivrai, je
veux que ce verset soit gravé sur ma tombe. Et quand les passants la verront,
je veux qu’ils lisent ce verset et comprennent à quel point il m’a aidé à
traverser les épreuves de la vie. J’espère que d’autres y puiseront le même
réconfort que moi.»
Ce garçon incroyablement courageux a écrit cet ouvrage avec l’aide de son
professeur d’anglais, «afin d’être la voix des enfants et des adolescents qui
souffrent du cancer mais qui sont incapables d’exprimer l’impact de cette
maladie sur leur vie personnelle, sociale, physique et émotionnelle». Carson
est décédé le 12 janvier 2010, alors même que son livre était en cours de
publication. Les droits d’auteur sont reversés à la fondation Carson Leslie
qui soutient la recherche en oncologie pédiatrique.
De quelle générosité il a fait preuve! Fatigué et malade, il a passé ses
derniers jours à écrire un ouvrage qui devait profiter aux autres et les
encourager. J’aime aussi les derniers mots de son livre: «Aucun de nous ne
sait ce que la vie lui réserve… mais il est facile d’être courageux quand on
sait que le courage vient de Dieu.»
J’ai rencontré Carson à Dallas par l’intermédiaire de Bill Noble, un
bijoutier à la foi profonde, qui m’a souvent invité à parler dans sa paroisse et
ailleurs. Les enfants de Bill étaient dans la même école que lui, et il nous a
permis de nous rencontrer. Il nous a appelés tous les deux des «généraux du
royaume de Dieu».
En dehors de ses gentilles moqueries, Bill me parle souvent de l’importance
de laisser une trace de notre passage et de mettre chaque seconde à profit,
[143]

tout comme l’a fait Carson à un si jeune âge. Il lui répétait souvent, tout
comme à moi, que devant Dieu nous sommes bien plus que notre enveloppe
charnelle; comme il est dit dans Jean 6.63: «C’est l’Esprit qui fait vivre,
l’homme n’arrive à rien. Les paroles que je vous dis sont Esprit et vie.»

3. L’empathie
Si l’action semble hors de votre portée, il y a encore une autre option, c’est
celle qui vient du cœur. Quand j’ai acquis plus d’expérience et plus de
maturité, je me suis rendu compte que l’un des facteurs qui m’ont conduit,
étant enfant, aux pensées de suicide, c’était le fait que j’étais terriblement
égocentrique. Je croyais que personne d’autre n’avait jamais subi la même
frustration physique et la même souffrance émotionnelle que moi. Je ne
regardais qu’à mes propres difficultés.
Mon attitude s’est considérablement améliorée lorsque j’ai un peu grandi et
me suis rendu compte que beaucoup avaient des problèmes aussi grands,
voire plus grands, que les miens. Quand j’en ai pris conscience, j’ai
commencé à faire preuve de bien plus d’empathie et à tendre la main aux
autres pour les encourager. Alors que nous étions en visite en Australie en
2009, la fillette d’un couple d’amis de ma famille m’a montré un très bel
exemple d’une telle attitude. Je ne l’avais jamais rencontrée et elle n’avait
que 2 ans et demi. Elle a gardé ses distances avec moi durant une grande
partie de la soirée, m’étudiant de loin comme le font souvent les petits. Puis,
quand ses parents étaient sur le point de partir, j’ai demandé à cette belle
fillette si elle voulait m’embrasser.
Elle a souri et s’est avancée vers moi d’un pas prudent. Quand elle est
[144]

arrivée suffisamment près de moi, elle s’est arrêtée, m’a regardé dans les
yeux et a lentement replié ses bras derrière son dos, comme pour manifester
sa solidarité avec moi et mon absence de membres. Puis elle s’est avancée
encore un peu et a posé sa tête sur mon épaule, m’embrassant avec sa joue
comme elle m’avait vu le faire avec d’autres. Toutes les personnes présentes
dans la pièce étaient frappées par son incroyable manifestation d’empathie.
J’ai été étreint un grand nombre de fois, mais je peux dire sans mentir que je
n’oublierai jamais la façon dont cette petite l’a fait, car elle avait un talent
extraordinaire pour sentir les émotions des autres.
L’empathie est un don exceptionnel. Je vous encourage à la pratiquer et à
en faire preuve chaque fois que vous en avez l’occasion, car elle soigne ceux
qui donnent tout comme ceux qui reçoivent. Quand vous traversez une
période difficile, une tragédie ou des obstacles, au lieu de tourner le regard
vers l’intérieur, tournez-vous vers ceux qui vous entourent. Au lieu de vous
sentir blessé(e) et de rechercher la pitié, trouvez quelqu’un qui a de plus
grandes blessures et aidez-le à guérir. Comprenez que, même si votre
douleur et votre souffrance sont légitimes, la souffrance fait partie de la
condition humaine. Aider quelqu’un d’autre est une façon de guérir vous-
même tout en l’aidant à guérir.
Mon ami Gabe Murfitt l’a parfaitement bien compris. Nous nous sommes
rencontrés en 2009 au repas de charité Gather4Him, à Richland, dans l’Etat
de Washington. Gabe est né avec une malformation des jambes et des bras:
ils ne font qu’une dizaine de centimètres. Ses pouces sont dépourvus d’os et
il est malentendant. Il arrive pourtant à être extrêmement actif en jouant au
baseball, au basket et au hockey, en sautant à la corde ou en s’amusant
[145]

avec des percussions… et bien d’autres choses encore.


Ayant grandi près de Seattle, il a un esprit indestructible et une empathie
extraordinaire. Il est maintenant étudiant à l’université d’Etat de
Washington, et il a commencé à jouer dans la petite ligue de baseball à l’âge
de 6 ans. Un jour, il a escaladé le mont Rainier avec un groupe d’amis et des
membres de sa famille qui le soutenaient. Au lycée, il avait ses propres
problèmes, mais il a commencé à tendre la main à d’autres élèves et à les
inspirer avec ses discours sur le courage, le sens des responsabilités,
l’excellence, l’attitude et le respect. Il a créé avec sa famille une association
à but non lucratif pour aider d’autres personnes handicapées. Grâce à
l’empathie extraordinaire de Gabriel, sa fondation HOPE13 distribue des
encouragements, mais aussi des bourses d’études.
Voyez-vous l’impact de l’attitude d’empathie de Gabe? Il a laissé de côté
ses problèmes afin d’aider les autres. Il a transformé le défi que représentait
son handicap en une mission qui lui permet d’enrichir sa propre vie et celle
de nombreuses autres personnes.
Lors de mes voyages dans les régions ravagées par la famine et la
souffrance, je m’étonne souvent de la réaction qu’ont les gens quand ils
m’aperçoivent. J’y trouve toujours des hommes, des femmes et des enfants
dotés d’une incroyable force de compassion. Il y a peu de temps, j’étais au
Cambodge, et je venais tout juste de rentrer à mon hôtel après une longue
conférence; l’air était tellement chaud et humide que j’avais failli
m’évanouir. Je rêvais de prendre une douche et de passer une journée ou
deux à dormir dans une chambre climatisée.
Mon hôte m’a demandé si je pouvais parler avec un enfant avant notre
[146]

départ. Il avait passé toute la journée à m’attendre dehors.


Le garçon était plus petit que moi et se tenait seul, assis dans la poussière. Il
était assailli de tant de mouches qu’elles formaient comme un nuage sombre
autour de lui. Il avait une profonde blessure ouverte ou un ulcère sur le côté
de la tête, et l’un de ses yeux semblait sortir de l’orbite. Il sentait la crasse et
la décomposition. Cet enfant avait pourtant tellement de compassion dans
ses yeux, tellement d’amour et de sympathie pour moi, que je me suis
immédiatement senti à l’aise avec lui.
Il s’est approché de mon fauteuil roulant et a doucement collé sa tête contre
ma joue pour me soulager. Il avait l’air de ne pas avoir mangé depuis des
jours. Il était orphelin et avait beaucoup souffert. Il voulait pourtant
exprimer son empathie avec ce qu’il pensait être ma souffrance. J’ai
vraiment été touché aux larmes.
J’ai demandé à nos hôtes si nous pouvions faire quelque chose pour ce
garçon, et ils m’ont promis qu’ils veilleraient à ce qu’il soit nourri, logé et
pris en charge. Après les avoir remerciés, de retour dans ma voiture, je ne
pouvais m’arrêter de pleurer. Mes pensées étaient troublées pour le reste de
la journée. Je ne cessais de repenser à cet enfant, que je plaignais mais qui
ne pensait pas à sa souffrance. Au lieu de cela, il manifestait de la
compassion pour moi!
Je ne sais pas ce que ce garçon a traversé ni à quel point sa vie a été
difficile. Mais je peux vous dire la chose suivante: son attitude était
incroyable, car en dépit de tous ses problèmes, il gardait la capacité d’aller
vers les autres pour leur donner du réconfort. Une telle empathie et une telle
compassion sont un don de Dieu!
Lorsque vous vous sentez victime de quelque chose ou en proie à
[147]

l’apitoiement sur vous-même, je vous encourage à adopter une telle attitude.


Tendez la main à quelqu’un d’autre qui est dans le besoin. Donnez un coup
de main, faites du bénévolat dans une maison d’accueil, servez de guide ou
de mentor. Utilisez votre tristesse, douleur ou colère pour vous aider à mieux
comprendre et à soulager la douleur de quelqu’un d’autre.

4. Le pardon
La quatrième attitude à envisager, quand vous cherchez à passer par-dessus
les circonstances, c’est le pardon. C’est peut-être la meilleure de toutes, mais
aussi la plus difficile à adopter. Croyez-moi, je le sais. Comme je vous l’ai
raconté, dans mon enfance, pendant un temps je ne pouvais pas pardonner à
Dieu ce qui semblait être une grossière erreur de sa part: mes membres
manquants. J’étais en colère et ne savais que formuler des reproches. Le
pardon ne figurait pas parmi mes options.
Comme moi, vous traverserez aussi une période de colère et d’indignation
avant d’arriver au pardon. C’est naturel, mais il ne faut pas vous accrocher à
ces émotions, car vous vous ferez seulement du mal en les laissant dominer
votre cœur.
La colère n’est pas faite pour le long terme. Pareil à une voiture, votre corps
tombe en panne si vous faites tourner le moteur trop longtemps. Des
recherches médicales ont montré que le fait d’être indigné et fâché sur de
longues périodes provoque un stress physique et psychologique qui, à son
tour, affaiblit le système immunitaire et peut endommager des organes
vitaux. Il y a un autre problème avec la colère: tant que j’imputais mon
absence de bras et de jambes à quelqu’un d’autre, je n’avais pas à prendre
[148]

la responsabilité de mon avenir. Lorsque j’ai pris consciemment la décision


de pardonner à Dieu et à mes médecins, puis d’aller de l’avant dans
l’existence, je me suis senti mieux physiquement et psychologiquement; j’ai
compris que le moment était venu de prendre mes responsabilités pour le
reste de ma vie.
Le pardon m’a libéré. Quand nous nous accrochons aux vieilles blessures,
nous ne faisons que donner pouvoir et contrôle à ceux qui nous ont blessés,
mais une fois que nous leur pardonnons, nous coupons les liens avec eux. Ils
ne peuvent plus tirer sur notre chaîne. Ne pensons pas que nous leur rendons
un service en leur pardonnant; nous sommes les premiers bénéficiaires.
J’ai pardonné à tous les gosses qui se sont moqués de moi et qui m’ont
tourmenté, non pour excuser leurs fautes, mais pour me débarrasser de la
colère et de l’indignation que j’éprouvais. Je voulais m’en libérer.
Ne vous préoccupez pas de l’impact de votre pardon sur vos adversaires et
sur les personnes qui vous ont blessé(e), jouissez de ce qu’il vous apporte:
vous allégez votre fardeau afin de poursuivre vos rêves sans être
encombré(e) par le bagage du passé.
La puissance du pardon va au-delà de la guérison elle-même. Quand Nelson
Mandela a pardonné à ceux qui l’avaient gardé en prison durant vingt-sept
ans, la puissance de son attitude a transformé toute une nation et s’est
répercutée sur le monde entier.
Cette puissance s’est montrée aussi dans l’ancienne Union Soviétique.
Quand j’étais en Ukraine, j’ai rencontré un pasteur qui avait déménagé avec
sa famille en Russie pour fonder une église dans un secteur ravagé par la
violence. La nouvelle des plans du pasteur avait fait le tour de la ville, et les
bandits lui avaient adressé des menaces, ainsi qu’à ses cinq fils. Il a prié et
[149]

a affirmé: «Dieu m’a montré que je paierais un grand prix pour l’installation
de son Eglise ici, mais que quelque chose d’extraordinaire en résultera.»
En dépit des menaces, il a fondé cette assemblée. Au début, peu de gens
venaient au culte. Une semaine après l’ouverture de l’église, l’un des fils du
pasteur a été assassiné dans la rue. En deuil, il a de nouveau prié, demandant
à Dieu ce qu’il devait faire. Le Seigneur lui a montré qu’il devait rester là.
Trois mois plus tard, il a été arrêté dans la rue par un homme à l’allure
menaçante, qui lui a demandé s’il désirait rencontrer l’assassin de son fils. Il
a répondu par la négative.
L’homme lui a alors demandé: «Etes-vous sûr? Et s’il vous demandait de
lui pardonner?»
Le pasteur a affirmé qu’il lui avait déjà pardonné.
L’homme s’est effondré et a déclaré: «J’ai tué votre fils et je veux rejoindre
votre église.»
Dans les semaines qui ont suivi, le crime a presque totalement disparu de la
région, car de très nombreux membres de la mafia russe se sont joints à
l’église du pasteur.
Voilà quelle est la puissance du pardon. Quand vous adoptez cette attitude,
vous mettez en marche toutes sortes de mécanismes incroyables. Et
n’oubliez pas: elle vous permet également de vous pardonner à vous-même.
En tant que chrétien, je sais que Dieu pardonne à ceux qui cherchent à lui
plaire, mais bien trop souvent nous refusons de nous pardonner à nous-
mêmes les erreurs du passé, les mauvais choix et les rêves abandonnés.
Se pardonner à soi-même est tout aussi important que pardonner aux autres.
J’ai fait des erreurs, et vous en avez fait aussi. Nous nous sommes mal
comportés avec des personnes. Nous les avons mal jugées. Nous nous
[150]

trompons tous. La clé consiste à reconnaître nos torts, à présenter nos


excuses aux parties concernées, à nous engager à mieux faire, à nous
pardonner à nous-mêmes et à aller de l’avant.
Voilà une attitude qui mène à la vie!
La Bible affirme que nous récoltons ce que nous avons semé14. Si vous
êtes en proie à l’amertume ou à la colère, si vous vous apitoyez sur vous-
même et refusez de pardonner, qu’est-ce que cela pourra vous apporter?
Quelle joie y a-t-il à vivre ainsi? Rejetez donc ces sombres humeurs et leur
pessimisme, chargez-vous d’optimisme et adoptez une attitude faite de
reconnaissance, d’action, d’empathie ou de pardon!
J’ai fait l’expérience de la puissance du changement d’attitude. Je peux
vous dire que cela a transformé ma vie en me portant à des hauteurs que je
n’avais jamais imaginées. Il peut en aller de même pour vous!
11 1 Thessaloniciens 5.18 (N.d.E.)
12 Intitulé en anglais Carry Me, titre qui signifie «Portez-moi» (N.d.E.)
13 http://www.GabesHope.org
14 Galates 6.7 (N.d.E.)
6. Sans bras mais pas sans
[151]

ressources

Ma première et dernière bagarre dans une cour de récréation s’est déroulée


avec Chucky, la plus grosse brute de mon collège. Ce n’était pas son vrai
prénom, mais il avait une chevelure d’un roux incendiaire, des taches de
rousseur et de grosses oreilles comme un personnage de film d’horreur pour
ados, alors je l’appellerai ainsi pour préserver son anonymat.
Chucky est le premier que j’ai vraiment craint. Nous éprouvons tous des
peurs, imaginaires ou réelles. Nelson Mandela a déclaré que l’homme
courageux n’est pas celui qui ressent la peur, mais celui qui arrive à la
vaincre. Quand Chucky a essayé de me casser la figure, j’ai bien ressenti la
peur, mais la vaincre a été une autre histoire.
A l’époque, je n’y aurais pas cru, mais nos craintes sont en réalité une grâce
pour nous. Les plus primaires, comme celles du feu, de la chute ou du
rugissement animal, sont ancrées en nous et jouent un rôle de protection.
Alors soyez content(e) de posséder ces réflexes et conservez-les, mais ne les
laissez pas vous posséder.
Une trop grande peur n’est pas bonne. Nous sommes trop souvent paralysés
par la crainte d’échouer, d’être déçus ou rejetés. Au lieu de l’affronter,
[152]

nous nous laissons dominer et enfermer par elle.


Ne laissez pas la peur vous empêcher de poursuivre vos rêves. Traitez-la
comme un détecteur de fumée: faites-y attention quand elle se déclenche,
regardez autour de vous, vérifiez s’il y a un véritable danger ou s’il s’agit
d’une fausse alerte. S’il n’y a pas de véritable danger, chassez-la de votre
esprit et continuez à vivre.
Chucky, mon bourreau du collège, m’a appris à vaincre ma peur et à
avancer, mais il a fallu pour cela que je vive la première et dernière bagarre
de mon enfance. J’avais des relations amicales avec plus ou moins tout le
monde dans l’école, même avec les plus durs. Mais lui était la pire des
brutes. C’était un enfant instable, qui guettait toutes les occasions de
tourmenter quelqu’un. Il était plus grand que moi, même si c’était le cas de
tout le monde dans mon école.
Je n’étais pas vraiment une menace pour qui que ce soit. Je n’étais qu’un
élève de sixième avec une dizaine de kilos et un fauteuil roulant. Chucky
avait 2 ou 3 ans de plus et était, comparé à moi, un véritable géant. Un matin
à la récréation, il m’a dit: «Je parie que tu ne sais pas te battre.»
Etant en compagnie d’amis, j’ai pris un air courageux, mais je me souviens
avoir pensé: «Je suis en fauteuil roulant, et il fait quand même deux fois ma
taille. Ça ne me dit rien qui vaille.»
La meilleure réponse que j’ai pu trouver a été: «Je parie que si!»
J’étais loin d’avoir une grande expérience des bagarres. Issu d’une famille
chrétienne, j’avais appris que la violence n’était pas la réaction adéquate,
mais je n’étais pas un lâche. A mon actif, j’avais un certain nombre de luttes
avec mon frère et mes cousins, et Aaron se souvient encore de ma
[153]

tactique: tant qu’il n’était pas beaucoup plus grand ni plus haut que moi, je
pouvais le faire tomber par terre et coincer son bras avec mon menton. «Tu
pouvais presque me casser le bras avec toute la force que tu avais dans le
menton, mais quand je suis devenu plus âgé et plus grand, il suffisait que je
bloque ton front avec ma main et tu ne pouvais plus t’approcher de moi»,
constate-t-il.
Le problème que j’allais avoir était là: je n’avais pas peur de me battre, je
ne savais juste pas comment m’y prendre. Dans toutes les bagarres que l’on
voit à la télé ou au cinéma, les adversaires échangent coups de pied et coups
de poing. Il me manquait l’essentiel pour les imiter.
Cela ne semblait pas perturber Chucky: «Si tu sais te battre, prouve-le!»
J’ai grogné que j’étais d’accord et que je l’attendrais à l’Ovale lors de la
pause.
«C’est noté, t’as intérêt à y être!» a-t-il rétorqué.
L’Ovale était une plateforme de ciment en forme d’œuf au milieu de notre
cour de récréation, couverte par ailleurs d’herbe et de poussière. Nous battre
là-bas, c’était comme nous battre sur le ring de l’arène scolaire. C’était notre
scène principale. Ce qui se passait là n’y restait jamais, et si j’y étais battu,
ma défaite resterait à jamais gravée dans les mémoires.
Durant tous les cours de grammaire, de géographie et de maths de la
matinée, mon esprit était absorbé par le rendez-vous de midi avec la terreur
de l’école. La nouvelle que j’allais m’en prendre à Chucky a fait le tour du
collège, et cela ne m’a pas aidé. Tout le monde voulait connaître mon plan
d’attaque, et je n’en avais pas la moindre idée.
L’image de Chucky en train de m’assommer ne cessait de repasser dans
[154]
mon esprit. J’ai prié pour qu’un prof entende parler de la bagarre et l’arrête
avant même qu’elle ne commence, mais rien de tel ne s’est produit.
Le moment tant redouté est enfin arrivé: le gong de la cantine a sonné. Mes
supporters se sont rassemblés autour de mon fauteuil et, en silence, nous
nous sommes mis en route pour l’Ovale. La moitié de l’école était là.
Certains avaient amené leur déjeuner, quelques-uns faisaient des paris sur le
résultat. Comme vous pouvez le deviner, j’étais largement donné perdant.
Chucky m’a demandé si j’étais prêt à me battre.
«Oui», ai-je signifié de la tête, mais je n’avais aucune idée de la manière
dont cela allait se passer.
Chucky ne savait pas vraiment non plus, et il a demandé: «Comment va-t-
on faire ça?»
«Je ne sais pas», ai-je répondu.
Il a alors exigé que je sorte de mon fauteuil, car ce n’était pas juste que j’y
reste.
Il semblait avoir peur que je le frappe puis que je prenne la fuite en fauteuil.
Cela m’a donné matière à négociation. Je n’étais pas un grand combattant,
mais j’avais déjà un bon sens de la négociation.
J’ai donc dit: «Si je descends de là, tu dois te mettre à genoux.»
On commençait à se moquer de Chucky parce qu’il s’en prenait à un gosse
handicapé, et il a accepté mes conditions. Mon coriace ennemi s’est donc
mis à genoux et j’ai sauté de mon fauteuil, me préparant pour mon grand
moment de triomphe; il fallait seulement que j’arrive à trouver une façon de
me battre sans poings. Il ne s’agissait tout de même pas de nous battre à
coups d’épaules, n’est-ce pas?
La foule de la pause repas a formé un cercle autour de nous pendant que
[155]

Chucky et moi tournions l’un autour de l’autre. Je me disais encore qu’il


pourrait se désister. En effet, qu’y a-t-il de pire que de frapper un gosse qui
n’a ni bras ni jambes?
Des filles de ma classe me criaient: «Ne le fais pas, Nicky, il va te faire
mal.»
Cela m’a décidé à y aller. Je ne voulais pas de leur pitié. Ma fierté de
macho a pris le dessus, et je me suis approché de lui comme si je savais que
j’allais lui botter les fesses.
Il m’a frappé dans la poitrine, et je suis tombé en arrière sens dessus
dessous, m’étalant sur le béton comme un sac de patates.
Chucky m’a assommé. Je n’avais jamais été cogné aussi fort auparavant.
J’avais mal! Mais le sentiment de déshonneur était bien pire encore. Mes
camarades horrifiés se sont amassés autour de moi. Les filles criaient et se
couvraient les yeux car elles imaginaient que cette vue était pitoyable.
Je me suis rendu compte que ce garçon voulait vraiment me faire mal. Je
me suis retourné et j’ai appuyé le front contre le sol, puis je me suis relevé
en appuyant mon épaule contre mon fauteuil roulant. La pratique de cette
technique m’a pourvu d’un front épais et des muscles du cou très
développés, avantages qui allaient bientôt sonner le glas de Chucky.
Plus de doute possible: il n’avait aucun scrupule à me botter les fesses. Il
fallait choisir entre fuir et me battre, et la fuite n’était pas une option réaliste.
Je l’ai chargé une nouvelle fois, un peu plus rapidement que la première
fois. En trois sauts j’étais devant lui, mais avant que je puisse réfléchir à la
suite, il m’a frappé de sa main droite. Un seul coup dans ma poitrine a [156]

suffi pour que je m’écroule. J’ai même rebondi une fois… d’accord, peut-
être deux!
Ma tête a cogné le béton de l’Ovale. Je me suis évanoui, mais le cri d’une
fille m’a rapidement fait reprendre conscience.
Je priais pour le secours d’un professeur. Pourquoi n’y a-t-il jamais de
surveillants quand il y en a vraiment besoin? Lorsque j’ai finalement
retrouvé mes esprits, le méchant Chucky se dressait au-dessus de moi. Ce
bâtard, avec sa tête ronde et pulpeuse, était en train de faire la danse de la
victoire!
C’en est trop. Je vais le cogner!
Je me suis retourné sur le ventre et, m’aidant de mon front, me suis redressé
pour une charge finale. Dopé par une charge d’adrénaline, j’ai galopé vers
lui aussi vite que j’ai pu. Il ne s’y attendait pas.
Il a commencé à reculer sur ses genoux. J’ai bondi vers l’avant, utilisant
mon pied gauche pour me propulser tel un missile humain. Ma tête a atterri
en plein contre son nez et il s’est écroulé. Je suis tombé sur lui et j’ai roulé
sur le côté.
Quand j’ai levé les yeux, il était étendu par terre, se tenant le nez et hurlant
à tue-tête.
Au lieu de me sentir victorieux, j’étais submergé par la culpabilité. En bon
fils de pasteur, j’ai demandé pardon: «Je suis désolé, ça va?»
Une fille a crié que Chucky saignait.
«Impossible», ai-je pensé.
Et pourtant, du sang coulait bel et bien de son nez à travers ses gros doigts.
Il a retiré sa main, et le sang a coulé le long de son visage, laissant une tache
rouge vif sur sa chemise.
La moitié de la foule applaudissait, et l’autre moitié était atterrée… pour
lui. Après tout, il venait d’être battu par une demi-portion sans bras ni
[157]

jambes, et cela le suivrait à jamais. Le règne de Chucky – la brute de la


récréation – était terminé. Il s’est précipité vers les toilettes en se tenant le
nez.
Honnêtement, je ne l’ai plus jamais revu. Il a peut-être arrêté l’école, de
honte. Chucky, si tu me lis, je suis désolé et j’espère que tu as pu mener une
existence heureuse après la perte de ton titre de brute.
J’étais fier d’avoir su me défendre, mais accablé par un sentiment de
culpabilité. Après l’école, je suis rentré à la maison et me suis
immédiatement confié à mes parents. Je craignais une punition sévère, mais
je n’avais pas à m’inquiéter: ils ne m’ont pas cru! Ils ne croyaient tout
simplement pas possible que j’aie remporté une bagarre contre un gars plus
grand, plus âgé et en pleine forme! Je n’ai pas essayé de les convaincre du
contraire…
De nombreuses personnes aiment entendre cette histoire et, malgré certains
de ses aspects comiques, je ne me sens pas tout à fait à l’aise même en la
racontant, puisque je n’aime pas la violence. Je crois que la douceur et
l’humilité sont une force que l’on retient. Je me souviendrai toujours de ma
première et seule véritable bagarre, car j’y ai découvert que lorsque la
bousculade tournait à l’affrontement, je pouvais surpasser mes peurs. Tout
particulièrement à cet âge-là, j’étais soulagé de me savoir suffisamment fort
pour me défendre. J’ai appris que je pouvais me permettre d’être doux car
j’avais la force nécessaire à ma disposition.

Sans bras, sans jambes, sans peur


Vous pouvez avoir une vision claire de votre voie, un grand espoir dans les
possibilités de votre vie, la foi [158]en l’avenir, une juste estime de vous-
même et une attitude à toute épreuve, et être empêché(e) de réaliser vos
rêves par la peur. Il y a bien des handicaps pires que le fait de n’avoir ni bras
ni jambes, et la peur en est un particulièrement lourd. Nous ne pouvons pas
mener une vie épanouie, où nos dons s’expriment pleinement, si elle
contrôle toutes nos décisions.
La peur vous retiendra en arrière et vous empêchera de devenir ce que vous
voulez devenir. Mais elle n’est qu’une humeur, un sentiment; elle n’est pas
la réalité! N’avez-vous pas souvent craint quelque chose – une visite chez le
dentiste, un entretien d’embauche, une opération ou un examen à l’école –
pour finalement découvrir que l’expérience était loin d’être aussi terrible que
vous ne l’aviez imaginée?
Je pensais que j’allais recevoir une correction lors de ma bagarre en sixième
avec Chucky, mais voyez comment les choses ont tourné! Bien trop souvent,
les adultes se laissent prendre par des craintes enfantines. Ils recommencent
alors à agir comme des gosses qui ont peur la nuit parce qu’ils imaginent que
la branche d’arbre qui touche la fenêtre de la chambre à coucher est en fait
un monstre qui va tenter de les dévorer.
J’ai vu des personnes, par ailleurs normales, complètement paralysées par
la panique. Je ne parle pas de la peur provoquée par un film d’horreur ou de
celle qu’ont les bambins lorsqu’ils imaginent des monstres sous leur lit. Tant
de personnes sont handicapées par la crainte d’échouer, de se tromper, de
prendre une décision et même de réussir! Il est inévitable que des peurs
viennent frapper à la porte de votre esprit, mais vous n’êtes pas obligé(e) de
les laisser entrer. Renvoyez-les vivre leur vie et retournez à la vôtre. Ce
choix vous appartient.
D’après les psychologues, la plupart des craintes sont apprises. Nous ne
[159]

naissons qu’avec deux peurs instinctives: celle du bruit et celle de tomber.


J’avais peur de me faire massacrer par Chucky en sixième, mais j’ai
surmonté cela. J’ai décidé de ne pas attendre de me sentir courageux; j’ai
tout simplement agi avec courage, et à la fin j’étais devenu courageux!
Même adultes, nous avons de terribles fantasmes qui ne correspondent pas
du tout à la réalité. C’est pour cela que la peur est souvent décrite comme
étant la certitude d’une chose fausse mais paraissant vraie. Nous sommes
tellement concentrés sur nos craintes qu’elles deviennent une réalité pour
nous, et nous finissons par leur laisser le contrôle.
Il est difficile d’imaginer que quelqu’un comme Michael Jordan, qui est si
grand et qui a si bien réussi, puisse éprouver un tel sentiment. Lors de sa
cérémonie d’entrée dans le «NBA Hall of Fame», il a pourtant parlé
librement de la façon dont il a souvent utilisé ses peurs pour se forcer à
devenir meilleur. Dans la partie finale de son discours, il a dit: «Un jour,
vous me verrez peut-être jouer dans un match de basket, même à 50 ans.
Non, non, ne rigolez pas, il ne faut jamais dire jamais. Parce que les limites,
comme les peurs, ne sont souvent qu’illusion.»
Jordan a peut-être été meilleur dans le domaine du basket que dans celui de
la motivation et du coaching, mais là, il a marqué un point. Suivez ses
règles: reconnaissez que les craintes ne sont pas la réalité et dépassez-les ou
utilisez-les. Reconnaître que la peur n’est pas la réalité est la clé pour gérer
vos pires craintes, que ce soit la peur de l’avion, de l’échec ou de
l’engagement dans une relation. C’est une émotion, et vous pouvez contrôler
votre manière de réagir.
C’est une leçon que j’ai dû apprendre tôt dans ma carrière de
[160]

conférencier. J’étais très anxieux et angoissé; je ne savais pas comment les


gens allaient réagir à ce que j’avais à dire. Je n’étais même pas sûr qu’ils
m’écoutent. Heureusement, c’est devant d’autres élèves que j’ai été invité à
parler, au début. Ils me connaissaient et nous étions à l’aise les uns avec les
autres. Au fil du temps, je me suis adressé à des groupes plus grands de
jeunes ou de paroissiens, avec seulement quelques amis dans la foule. J’ai
progressivement surmonté mes peurs et mon angoisse.
J’ai toujours peur, lorsque je suis appelé à m’exprimer devant des milliers
de personnes ou même des dizaines et des centaines de milliers. Je voyage
dans des endroits reculés de la Chine, de l’Amérique du Sud, de l’Afrique et
ailleurs, où je n’ai pas la moindre idée de l’accueil que me réserveront les
gens. J’ai peur de les vexer si je raconte une blague: elle pourrait être mal
interprétée. J’utilise cette crainte pour me rappeler que je dois toujours faire
lire mes discours par mes interprètes ou par mes hôtes, au lieu de risquer la
honte en public.
J’ai appris à accepter mes peurs comme une source d’énergie et comme un
outil qui m’aide à me concentrer sur mes préparatifs.
Beaucoup de craintes peuvent être rendues utiles de cette façon. Par
exemple, c’est une bonne peur qui vous incite à boucler votre ceinture de
sécurité parce que vous ne voulez pas être blessé(e) dans un accident de
circulation. Si votre crainte d’attraper un rhume ou une grippe vous incite à
vous laver les mains et à prendre des vitamines, c’est aussi une bonne chose.
Cependant, nous laissons trop souvent nos peurs indomptées. Au lieu de
prendre de simples précautions pour éviter d’attraper la grippe ou un rhume,
certains réagissent d’une façon extrême: ils s’enferment chez eux et
[161]

refusent de sortir. Si nos craintes nous empêchent de faire tout ce que nous
pouvons faire ou de devenir tout ce que nous pouvons devenir, elles ne sont
pas raisonnables.
La peur du possible
J’ai une amie dont les parents ont divorcé quand elle était petite. Ils n’ont
jamais cessé de se disputer, même après leur divorce. Maintenant adulte, elle
a peur de se marier. Elle ne veut pas finir comme ses parents.
Pouvez-vous imaginer ne jamais entretenir de relation durable parce que
vous craignez que cela ne fonctionne pas? Cette peur est malsaine. On ne
peut pas penser au mariage uniquement comme au premier pas vers le
divorce. Lord Tennyson dit dans un poème: «Mieux vaut avoir aimé et perdu
ce qu’on aime que de n’avoir jamais connu l’amour.»
Une existence joyeuse et épanouie est impossible, si vous êtes paralysé(e)
par la peur qu’un jour, quelque part, quelque chose pourrait peut-être arriver.
Si nous restions tous dans notre lit chaque jour, par peur d’être frappés par la
foudre ou piqués par un moustique transmettant le paludisme, la vie serait
bien triste, n’est-ce pas?
Bien des gens vivent dans la crainte parce qu’ils se posent la question: «Et
si?» alors qu’ils devraient dire: «Et pourquoi pas?»
* Et si j’échouais?
* Et si je n’étais pas assez bon(ne)?
* Et si l’on riait de moi?
* Et si j’étais recalé(e)?
* Et si je n’arrivais pas à gérer ma réussite?
Je comprends cette manière de penser. En grandissant, j’ai dû affronter
[162]

les plus grandes peurs: celle d’être rejeté, de ne pas trouver ma place, de ne
pas être autonome. Ce n’était pas que de l’imagination: il me manquait
«l’équipement standard». Mais mes parents m’ont dit que je devais toujours
me concentrer non sur ce qui manquait, mais sur ce que j’avais et sur ce que
je pouvais faire, si seulement j’osais suivre mon imagination.
Ils me disaient: «Rêve grand, Nicky, et ne laisse jamais la peur t’empêcher
de poursuivre tes rêves. Tu ne dois pas laisser la peur définir ton avenir.
Choisis la vie que tu veux mener et va vers elle.»
Jusqu’ici, je me suis adressé à différents publics dans plusieurs pays tout
autour du globe. J’ai porté un message d’espérance et de foi devant des
foules, dans des stades, des arènes, des écoles, des églises, des prisons. Je
n’aurais jamais pu le faire si mes parents ne m’avaient pas encouragé à
reconnaître mes peurs et à les dépasser.
La motivation par la peur
Même si nous ne deviendrons jamais des géants du sport comme Michael
Jordan, nous pouvons l’imiter en faisant de notre peur une motivation à
poursuivre nos rêves et à aller vers l’existence que nous voulons mener.
Laura Gregory, une amie d’école, était très intelligente. Je pouvais toujours
compter sur elle pour me dire exactement ce qu’elle pensait; elle ne tournait
pas autour du pot. Un jour, elle m’a demandé: «A l’école, tu as l’aide du
professeur; et à la maison, qui s’occupe de toi?»
Ne comprenant pas encore où elle voulait en venir, j’ai répondu que
c’étaient mes parents qui le faisaient. Cela me convenait. Comment faire
autrement?
Elle a poursuivi le fil de sa pensée: «Je veux dire, pour des choses comme
[163]

t’habiller, prendre une douche, aller aux toilettes? Où est ta dignité? C’est un
peu étrange que tu ne puisses pas le faire tout seul, non?»
Laura ne voulait pas me blesser. Elle cherchait la vérité et voulait vraiment
savoir comment je vivais chaque aspect de ma vie. Mais là, elle avait touché
un point sensible: une de mes plus grandes peurs, à cette époque, était d’être
un fardeau pour ceux que j’aimais. J’étais très souvent hanté par l’idée d’être
trop dépendant de mes parents, de mon frère et de ma sœur. Il m’arrivait de
me réveiller la nuit en sueur, terrorisé par la pensée que mon père et ma
mère disparaissent, me laissant à la charge d’Aaron ou de Michelle.
Cette peur était si réelle que j’étais parfois submergé par des visions de ma
dépendance. Les questions directes de Laura à propos de ma dignité m’ont
aidé à passer du trouble à la motivation. La question de ma dépendance a
toujours traîné à l’horizon de ma conscience, mais, après cette conversation,
j’ai décidé de la faire passer au premier plan et d’adopter une attitude active
dans ce domaine.
Si j’y réfléchissais sérieusement, dans quelle mesure pourrais-je devenir
indépendant? Motivé par ma crainte d’être un fardeau pour ceux que
j’aimais, je me suis posé un ordre de mission (même si, à l’époque, je
n’avais aucune idée de ce qu’était un ordre de mission). Ma peur a allumé
ma passion motrice et m’a donné la force d’aller de l’avant. J’ai besoin de
faire plus de choses par moi-même. La question est: comment?
Mes parents m’ont toujours assuré qu’ils étaient là pour m’aider et que cela
ne les dérangeait pas de me porter, de me soulever, de m’habiller et de
pourvoir à mes besoins. Mais cela m’ennuyait de n’être même pas en [164]
mesure de boire un verre d’eau, cela m’ennuyait que quelqu’un doive
toujours me soulever pour me mettre sur les toilettes. En grandissant, je
voulais tout naturellement acquérir plus d’indépendance et être en mesure de
m’occuper moi-même de mes besoins. Ma peur m’a donné la détermination
nécessaire pour aller de l’avant dans cette démarche.
Une pensée qui m’a préoccupé et m’a vraiment poussé à agir était celle
d’être un fardeau pour mon frère Aaron, une fois mes parents disparus. Si
quelqu’un méritait de mener une vie normale, c’était bien mon pauvre petit
frère. J’avais le sentiment que Dieu lui devait bien ça: la plupart du temps, il
était contraint de m’apporter son aide et de vivre avec moi, tout en me
voyant bénéficier d’énormément d’attention de la part de mes parents.
Certes, il avait des bras et des jambes, mais d’une certaine façon il était
perdant dans l’histoire, puisqu’il se sentait toujours obligé de veiller sur moi.
Ma décision de devenir le plus autonome possible était une question de
survie. Laura m’a rappelé que j’étais toujours dépendant de la gentillesse et
de la patience des autres. Je savais que je ne pourrais pas toujours compter
dessus, et c’était aussi une question de fierté.
Je suis totalement en mesure d’avoir un jour une famille, et je ne voudrais
jamais que ma femme soit obligée de me porter çà et là. J’ai envie d’avoir
des enfants, d’être un bon père et de pourvoir aux besoins du foyer. J’ai alors
pensé: «Je dois quitter ce fauteuil roulant.»
La peur peut être une ennemie, mais, dans ce cas-là, elle a été mon amie.
J’ai annoncé à mes parents que je voulais trouver des façons de prendre soin
de moi-même. Bien sûr, au début, ils se sont inquiétés. Ils m’ont dit: «Tu
[165]

n’as pas à le faire. Nous ferons en sorte que l’on s’occupe toujours de toi.»
J’ai répondu que je devais le faire pour eux et pour moi, que nous
trouverions ensemble des solutions.
C’est ce que nous avons fait. Nos efforts de créativité m’ont fait penser de
bien des façons à la série Les Robinson suisses, qui met en scène une famille
bloquée sur une île; tous ses membres se mettent à inventer des trucs
extraordinaires pour se laver, préparer à manger et survivre. Je sais qu’un
homme n’est pas une île, en particulier un homme sans bras ni jambes.
J’étais peut-être plutôt une péninsule ou un isthme.
Ma mère, en tant qu’infirmière, et mon père, en tant que grand bricoleur,
ont d’abord cherché une méthode qui me permette de prendre une douche et
de me laver les cheveux. Mon père a remplacé les boutons tournants de la
douche par des leviers que je pouvais lever et baisser avec mes épaules. Ma
mère a ramené à la maison un dispensateur de savon actionné avec le pied,
que les chirurgiens utilisent quand ils se préparent pour une opération. Nous
l’avons adapté pour que je puisse faire couler le savon et le shampooing en
appuyant sur la pédale.
Mon père et moi avons ensuite mis en place un support mural en plastique
destiné à tenir une brosse à dents électrique. Je l’actionnais et l’éteignais
grâce à un interrupteur et pouvais me brosser les dents en bougeant la tête
d’avant en arrière.
J’ai informé mes parents que je voulais être capable de m’habiller moi-
même. Ma mère a alors fabriqué des shorts avec fermeture velcro, de
manière à ce que je puisse m’y glisser et en sortir sans l’aide de personne.
Les boutons ayant toujours représenté une difficulté pour moi, nous avons
trouvé des chemises que je pouvais enfiler en les jetant sur ma tête, puis en
[166]

me tortillant à l’intérieur.
Ma plus grande peur nous a donné une mission qui était à la fois difficile et
amusante. Nous avons tous les trois imaginé de nombreux moyens pour que
je sois plus indépendant. Les télécommandes, téléphones portables et
claviers d’ordinateur sont pour moi un don du ciel, car je peux les faire
fonctionner avec mon pied.
Certaines des solutions trouvées ne correspondaient pas tout à fait à de la
haute technologie. J’ai appris à éteindre notre alarme de sécurité en utilisant
mon nez pour presser les boutons. J’utilisais aussi un club de golf coincé
entre mon cou et mon menton pour allumer la lumière et ouvrir certaines
fenêtres de la maison.
Pour des raisons évidentes, je vous épargnerai les détails, mais nous avons
aussi conçu d’ingénieuses astuces me permettant d’utiliser les toilettes sans
aide extérieure. Vous pouvez découvrir quelques-unes de nos méthodes et
astuces sur une vidéo15. Rassurez-vous: rien n’a été filmé dans les toilettes!
Je suis reconnaissant à Laura de notre petite conversation au sujet de ma
dignité, et je suis aussi reconnaissant d’avoir éprouvé la peur de la
dépendance en tant qu’enfant, car elle m’a poussé à devenir plus autonome.
La maîtrise de tâches quotidiennes simples que les autres accomplissent sans
même y penser a fait des merveilles et m’a donné confiance en moi. Si je
n’avais pas transformé en énergie positive des émotions potentiellement
négatives, je n’aurais pas pu me forcer moi-même à le faire.
Vous pouvez faire de même: exploitez l’énergie générée par votre peur de
l’échec, du rejet ou d’autres craintes, et utilisez-la pour mettre en marche
[167]
une action positive qui vous rapproche davantage de votre rêve.

La peur recadrée
Vous pouvez aussi contrecarrer des peurs paralysantes en les combattant
par la peur elle-même. Pensez à votre plus grande crainte. Par exemple,
disons que vous avez peur d’oublier votre discours alors que vous vous tenez
devant un public énorme. C’est un souci pour moi. Imaginez la pire chose
qui arrive: vous oubliez ce que vous vouliez dire et vous êtes hué(e) et
chassé(e) de l’estrade. Ensuite, imaginez-vous en train de vous exprimer de
façon si convaincante que votre public accueille votre discours avec un
tonnerre d’applaudissements.
Vous pouvez faire le choix de rester sur ce deuxième scénario et de
l’imprimer dans votre esprit, de telle sorte que chaque fois que vous vous
préparez, vous puissiez dépasser la peur d’être hué(e) et aller directement au
tonnerre d’applaudissements. Cela a fonctionné pour moi, et cela peut
fonctionner pour vous aussi.
Une méthode similaire, pour dépasser une peur, consiste à trouver parmi
vos expériences du passé des exemples où vous avez persévéré et surmonté
des obstacles. Par exemple, si je suis angoissé et nerveux à l’idée de
rencontrer une personne de l’importance de l’animatrice de télévision Oprah
Winfrey, je vais puiser du courage dans ma mémoire.
Tu as peur de rencontrer Oprah? Que va-t-elle faire? Couper tes bras et
tes jambes? Attends, ça fait déjà plus de 25 ans que tu vis et voyages sans
bras ni jambes. Oprah, je suis prêt! Embrasse-moi!
[168]
Coincé avec la peur
Enfant, j’avais une peur qui semblait très naturelle: celle des médecins
équipés de seringues. Chaque fois que je devais aller me faire vacciner
contre la rougeole, le tétanos ou la grippe, je me cachais derrière ma mère.
Une partie du problème résidait dans le fait que mon corps n’offrait qu’un
choix limité d’endroits où l’on pouvait me faire une piqûre. Avec les autres
enfants, on avait le choix entre les deux bras ou les fesses; mon corps
raccourci n’offrait qu’un seul endroit possible, et comme mon postérieur est
proche du sol, c’était particulièrement douloureux pour moi, même si la
piqûre était faite vers le haut de la hanche. Je ne pouvais plus me déplacer
pendant une journée entière.
Du fait de mon handicap, j’ai passé une bonne partie de ma jeunesse à
servir de coussin à aiguilles aux médecins armés de seringues, et j’en ai
développé une peur très profonde. J’en suis arrivé à m’évanouir à la seule
vue d’une seringue.
Un jour au collège, deux infirmières de l’école qui ne savaient pas grand-
chose de mon histoire ni de l’anatomie humaine sont arrivées chacune d’un
côté, m’ont coincé entre elles sur mon fauteuil et m’ont fait une piqûre dans
chaque épaule, là où il n’y a que très peu de graisse et de muscles. C’était
intenable. La douleur était telle que j’ai demandé à mon ami Jerry de rester
près de moi et de diriger mon fauteuil roulant, car je me sentais faible. Il en a
pris le contrôle, et j’ai effectivement perdu connaissance. Ne sachant que
faire, le pauvre est entré dans notre classe de physique avec moi,
inconscient, dans mon fauteuil, et a demandé de l’aide au professeur.
Connaissant ma grande peur de la piqûre, ma mère évitait soigneusement de
nous avertir – mon frère, ma sœur et moi – quand nous allions chez le
[169]

médecin pour nos vaccins. Quand j’avais 12 ans, nous avons vécu un
rendez-vous de ce genre qui est resté gravé dans les annales de la famille.
Ma mère a simplement annoncé que nous allions juste nous faire
«examiner» pour l’école, et ce n’est que dans la salle d’attente que j’ai
commencé à éprouver des doutes. Nous avons vu une petite fille d’à peu
près mon âge entrer dans le cabinet, puis nous l’avons entendue crier quand
elle a reçu sa piqûre.
«Vous avez entendu ça? ai-je dit à Aaron et Michelle. Ils vont aussi nous
faire une piqûre!»
Ma peur s’est réveillée et j’ai commencé à paniquer. Je pleurais et hurlais
en disant à ma mère que je ne voulais pas de piqûre, que cela faisait trop mal
et que je voulais rentrer chez moi. Comme j’étais l’aîné, les autres ont suivi
mon exemple de bravoure et se sont aussi mis à pleurer et à supplier pour
rentrer à la maison.
Notre mère, en tant qu’infirmière, n’avait pas pitié de nous. Elle connaissait
bien la guerre de la piqûre. Malgré nos coups de pied, griffures et
hurlements, elle nous a traînés dans le cabinet, tel un officier de marine
traînant des soldats saouls au trou.
Voyant que la panique et les supplications seules ne suffisaient pas, j’ai
tenté de négocier avec le médecin familial. J’ai braillé: «N’avez-vous pas
plutôt quelque chose que je pourrais boire?»
«J’ai bien peur que non, mon petit.»
L’heure était venue pour le plan B: mon frère. Je me suis tourné vers Aaron
et lui ai demandé de m’aider à m’échapper. J’avais un plan d’évasion tout
prêt: il devait détourner l’attention des médecins en tombant de la table
d’examen afin que je puisse me glisser hors de mon fauteuil roulant et filer.
Ma mère m’a intercepté. Saisissant l’occasion, ma petite sœur s’est jetée
[170]

vers la porte, mais une infirmière qui passait dans le couloir l’a attrapée.
Michelle s’est alors accrochée avec ses petits bras et ses petites jambes à la
porte du cabinet; ils n’arrivaient pas à l’en détacher. Comme je l’admirais!
Nos cris hystériques s’entendaient dans toute la clinique, et le personnel est
arrivé en courant, pensant que l’on nous faisait subir les pires tortures.
Malheureusement, les renforts se sont vite rangés dans le mauvais camp.
Deux d’entre eux m’ont plaqué au sol pour me faire la piqûre, alors que je
hurlais comme un cochon qu’on amène à l’abattoir.
Au moment où ils ont voulu me planter l’aiguille, je n’ai pas cessé de me
tortiller. Je me lançais dans tous les sens; l’aiguille s’est donc enfoncée puis
est ressortie. Le docteur a dû me piquer de nouveau! Mes cris ont même
déclenché des alarmes de voiture sur le parking.
J’ignore comment, mais nous avons tous, mon frère, ma sœur, ma mère et
le personnel soignant, survécu à cette journée. Nous les enfants avons fait
tout le trajet du retour en larmes.
Ma peur n’a fait que rendre la douleur plus grande que si je les avais laissés
me faire la piqûre. Ma simple inaptitude à gérer ma crainte a doublé ma
souffrance. Je n’ai pas pu me mouvoir pendant deux jours au lieu d’un seul,
comme d’habitude!
Alors gardez à l’esprit cette petite histoire tirée de ma vie: si vous laissez
vos peurs prendre le contrôle de vos actes, vous aurez pour seule
récompense d’avoir mal aux fesses!
Notre jeu favori, à mon frère et à moi, était la bataille navale. J’utilisais
[171]

parfois mes prothèses, mais finalement j’arrivais à accomplir la plupart des


tâches sans leur aide.
15 http://www.youtube.com/watch?v=oDx1JWJ_WfA
[173]
7. Ne pas rester par terre

Comme vous pouvez l’imaginer, quand j’étais enfant, j’ai vécu une très
longue histoire de chutes et d’accrochages qui s’inscrivait en bleu sur mon
corps. Je suis tombé de tables, chaises hautes, lits, rampes et escaliers.
N’ayant pas de bras pour amortir ma chute, j’atterrissais la plupart du temps
sur le menton, le nez et le front. De nombreuses chutes ont été très rudes.
En revanche, je ne suis jamais resté par terre. Il existe un proverbe japonais
qui décrit ma formule pour réussir: «Si tu tombes sept fois, relève-toi huit
fois.»
Il nous arrive à tous d’échouer, même aux meilleurs d’entre nous. Ceux qui
ne se relèvent pas d’une défaite sont souvent ceux qui voient dans l’échec un
synonyme de la fin. Nous avons tous besoin de nous rappeler que la vie n’est
pas un test auquel on échoue ou réussit. Elle est un processus, fait d’erreurs
et de nouvelles tentatives. Ceux qui réussissent s’appuient sur leurs erreurs
pour rebondir, ils les voient comme étant temporaires et comme des
expériences dont ils peuvent tirer une leçon. Je connais beaucoup de
personnes qui ont réussi leur vie et se sont emmêlé à un certain point les
pinceaux. On dit souvent que la réussite ne vient que grâce aux erreurs
commises sur le chemin. Quand ces personnes se sont trompées, elles
[174]

n’ont pas abandonné. Au contraire, elles ont repéré le problème, travaillé


plus dur et cherché des solutions plus créatives. Si elles se sont trompées
cinq fois, cinq fois elles ont fait plus d’efforts. Winston Churchill l’a bien
résumé: «Le succès, c’est la capacité d’aller d’échec en échec sans perdre
votre enthousiasme.»
Si vous n’arrivez pas à dépasser vos défaites, peut-être est-ce le signe que
vous vous êtes trop identifié(e) à elles. Perdre ne fait pas de vous un(e)
perdant(e), pas plus que perdre de temps en temps le ballon ne fait d’un
grand footballeur un piètre joueur. Tant que vous restez sur le terrain et
continuez à courir, vous pouvez marquer. Si vous ne voulez pas faire l’effort
nécessaire, le problème réside en vous, non dans l’échec. Pour réussir, vous
devez vous en sentir digne et prendre la responsabilité de fournir les efforts
nécessaires.
Lors de mes conférences, j’illustre ma philosophie de la défaite en tombant
sur le ventre et en continuant à parler dans cette position. Compte tenu de
mes membres manquants, on pourrait croire qu’il m’est impossible de me
relever tout seul. C’est souvent ce que pense le public.
D’après mes parents, tout petit j’ai appris à me mettre debout à partir de la
position horizontale. Ils faisaient des piles de coussins et m’encourageaient à
m’appuyer dessus, mais j’ai voulu le faire à ma façon, la plus difficile, bien
sûr. Au lieu d’utiliser les coussins, je rampais vers un mur, une chaise ou un
canapé, m’appuyais dessus avec le front et montais, centimètre par
centimètre.
Ce n’est pas facile à faire. Vous pouvez essayer, si vous voulez: allongez-
vous sur le sol et essayez de vous mettre à genoux sans utiliser ni vos bras ni
vos jambes. Nous ne sommes pas très à l’aise ainsi, n’est-ce pas? Mais
[175]

qu’est-ce qui vaut le mieux: être debout ou à terre? Nous n’avons pas été
créés pour ramper dans la poussière mais pour nous relever encore et
toujours, jusqu’à ce que notre potentiel soit pleinement réalisé.
Je rencontre quelquefois des problèmes lorsque je démontre, pendant mes
discours, ma technique pour me relever. En général je suis installé, pour
parler, sur une plateforme élevée, une estrade ou même un bureau si la
rencontre se déroule dans une salle de classe. Une fois, dans une école, je
suis tombé à plat ventre. J’ai alors compris qu’une âme charitable avait ciré
la surface de la table juste avant mon discours; elle était plus glissante
qu’une patinoire olympique. J’ai essayé de frotter un endroit pour enlever la
cire et pouvoir m’y agripper, mais sans succès. C’était un peu embarrassant
de devoir laisser tomber la leçon et appeler quelqu’un à l’aide.
Une autre fois à Houston, lors d’un événement destiné à lever des fonds, je
parlais devant de nombreuses personnalités, dont Jeb Bush, l’ancien
gouverneur de Floride, et sa femme Columba. J’allais aborder l’importance
de ne jamais abandonner et, comme d’habitude, je suis tombé à plat ventre.
La foule est devenue silencieuse.
J’ai dit: «Nous échouons tous de temps à autre; mais échouer, c’est comme
tomber. Il suffit de continuer à nous relever et ne jamais tracer une croix sur
nos rêves.»
Tous les regards étaient rivés sur moi, mais avant que je puisse montrer que
même quelqu’un comme moi a la capacité de se relever, une femme que je
ne connaissais pas s’est précipitée vers moi du fond de la salle.
«Allons, laissez-moi vous aider!» a-t-elle dit.
J’ai murmuré entre mes dents que je n’avais pas besoin d’aide et que cela
[176]
faisait partie de ma démonstration.
Elle insistait: «Ne soyez pas têtu, laissez-moi vous aider!»
«Madame, je vous en prie, je n’ai pas besoin de votre aide. C’est pour
expliquer quelque chose.»
«Bon, d’accord, si vous êtes sûr, chéri!» a-t-elle dit avant de retourner à sa
place.
Je pense que le public était aussi soulagé de la voir se rasseoir que de
constater que je pouvais me relever! Les gens sont souvent très touchés,
quand ils voient combien ce simple mouvement m’est difficile. Ils
s’associent à ma lutte, car nous avons tous à lutter. Vous pouvez aussi
penser à cela, lorsque vous voyez vos plans s’écrouler ou traversez une
période difficile: épreuves et souffrances sont le lot de l’humanité tout
entière.
Les revers et les déceptions sont possibles même quand vous trouvez votre
vocation, vous appréciez à votre juste valeur, gardez une attitude positive et
refusez de laisser vos peurs vous entraver… Nous ne devons jamais
considérer un échec comme une fin ni l’identifier à la mort. Par ces luttes,
nous faisons l’expérience de la vie. Nous sommes dans la partie. Les défis
que nous relevons peuvent contribuer à nous rendre plus forts, meilleurs et
mieux armés pour réussir.

Les leçons de l’échec


Nous pouvons voir nos échecs comme des cadeaux, car ils nous préparent
souvent pour une avancée. Alors, quels bénéfices est-il possible de tirer
d’une défaite ou d’un revers? Je pense qu’un échec peut nous donner quatre
grandes leçons.
1. C’est un bon enseignement.
[177]

2. Cela forge notre caractère.


3. Cela nous motive.
4. Cela nous aide à apprécier la réussite.

L’échec comme enseignement


Nous pouvons apprendre beaucoup d’une défaite. Tout gagnant a été un
jour un perdant. Tout champion a fait partie, un jour, des «viennent ensuite».
Roger Federer a beau être considéré comme l’un des meilleurs joueurs de
tennis de tous les temps, même au sommet de sa forme il ne gagnait pas
chaque jeu, chaque set et chaque match. Il envoyait des services dans le filet
ou hors du terrain. Il lui arrivait des dizaines de fois, au cours d’un match, de
ne pas parvenir à renvoyer la balle là où il le voulait. S’il avait abandonné à
chaque coup manqué, il aurait été un perdant. Au contraire, il a appris de ses
échecs et est resté dans la course. C’est grâce à cela qu’il est devenu un
grand champion.
Est-ce que Federer essaie d’atteindre la perfection à chaque coup joué et de
gagner chaque jeu, chaque set et chaque match? Sans aucun doute, et nous
devons agir de même, quoi que nous fassions: travailler dur, nous exercer,
maîtriser les bases et toujours essayer de faire de notre mieux, en sachant
que parfois nous échouerons, car les défaites font partie du chemin de
l’excellence.
Mon frère cadet s’amuse de mes premières années en tant que conférencier,
car il m’arrivait souvent de ne pas trouver de public. Je suppliais des écoles
et des organisations de me laisser une chance de parler, mais la plupart me
jugeaient trop jeune, pas assez expérimenté ou simplement trop étrange.
C’était parfois frustrant, mais je savais que j’étais en train d’apprendre les
[178]

ficelles du métier; j’essayais de comprendre comment avoir du succès en


tant qu’orateur.
Quand Aaron était au lycée, il lui est arrivé de me conduire dans toute la
ville à la recherche de quelques personnes simplement d’accord de
m’écouter. J’étais prêt à parler gratuitement, juste pour acquérir de
l’expérience, mais même là, le prix était souvent trop élevé. J’ai
certainement dû faire le tour de toutes les écoles de Brisbane en offrant mes
services gratuitement. Au départ, la plupart ont décliné ma proposition, mais
chaque non me donnait l’occasion de travailler plus dur afin d’obtenir un
prochain oui.
Aaron me demandait s’il m’arrivait de laisser tomber.
Je n’ai pas abandonné, car j’ai pris conscience que j’avais trouvé là ma
passion. Chaque refus me faisait très mal. Je voulais vraiment devenir
conférencier. Même lorsque j’arrivais à trouver un public disposé à
m’écouter, les choses ne se passaient pas toujours pour le mieux. Une fois,
dans une école de Brisbane, j’ai mal commencé. Quelque chose m’a distrait
et je n’arrivais pas à me remettre sur les rails. Je transpirais et me répétais
sans cesse. Je n’avais qu’une seule envie: ramper me cacher quelque part où
plus personne ne pourrait me voir. Je m’en suis tellement mal sorti que je
pensais que la nouvelle s’en répandrait et que je ne serais plus jamais invité
à parler en public jusqu’à la fin de mes jours. Quand j’ai quitté l’école à la
fin du discours, je me sentais pareil à un épouvantail: ma réputation était
détruite!
Nous sommes souvent très durs avec nous-mêmes, et je l’ai certainement
été ce jour-là. Mais ma mauvaise performance n’a fait que m’aiguiller
encore plus vers mon rêve. J’ai travaillé à parfaire ma présentation et mon
éloquence. Lorsque nous acceptons le fait que la perfection n’est qu’un
[179]

objectif, nos erreurs deviennent beaucoup plus faciles à gérer. Chaque faux
pas est quand même un pas, une leçon apprise, une occasion de faire mieux
la prochaine fois.
Je me suis rendu compte que, si nous abandonnons après un échec, nous ne
nous relevons jamais. En revanche, si nous en tirons des leçons et
continuons à essayer de faire de notre mieux, la récompense arrive: non
seulement l’approbation des autres, mais aussi le sentiment du devoir
accompli, car nous savons que chaque jour, nous faisons de notre mieux.

L’échec et le caractère
Est-il possible qu’échouer nous aide à nous construire et nous rende plus
aptes à réussir? Oui! Ce qui ne nous détruit pas nous rend plus forts, plus
concentrés, plus créatifs et plus déterminés à poursuivre notre rêve. Vous
avez peut-être hâte de réussir, et il n’y a rien de mal à cela, mais la patience
est aussi une vertu; l’échec vous l’enseignera certainement. Croyez-moi, j’ai
fini par comprendre que mon calendrier personnel n’est pas forcément ce
que Dieu regarde en premier. Il a ses propres projets, et nous devons
attendre pour les voir se réaliser.
J’ai vraiment appris cette leçon quand je me suis associé à mon oncle Sam
Radojevic pour fonder une entreprise chargée de fabriquer, vendre et
promouvoir un vélo allongé de son invention, baptisé le HippoCycle. Nous
avons démarré en 2006, et notre entreprise n’a toujours pas pris son essor,
mais avec chaque revers et chaque erreur, nous apprenons un peu plus et
nous nous approchons de notre objectif. Nous mettons en place notre affaire,
mais aussi notre caractère; je n’ai aucun doute là-dessus. J’ai appris que,
[180]

même si l’on fait de son mieux, ce n’est pas suffisant pour faire fonctionner
une entreprise. Le calendrier peut aussi être un facteur déterminant. Par
exemple, juste après le lancement de notre affaire, l’économie mondiale
s’est effondrée. Nous avons dû prendre notre mal en patience, nous
accrocher et attendre que le vent souffle dans notre direction.
Il y aura des moments où il vous faudra attendre que le monde vous
rattrape. Thomas Edison, qui a échoué dans plus de 10’000 expériences
avant de développer une version commerciale de l’ampoule électrique, a dit
que la plupart des personnes qui considèrent avoir échoué ne se rendent tout
simplement pas compte à quel point elles étaient proches du succès
lorsqu’elles ont abandonné. Elles y étaient presque, traversant des échecs,
mais gardant toujours le cap de la réussite. Cependant, elles ont abandonné
avant que le vent ne leur devienne favorable.
Nous ne savons jamais ce qui nous attend au tournant. Ce pourrait bien être
la réponse à nos rêves. Nous devons donc nous cramponner, rester forts et
continuer à lutter. Si vous échouez ou tombez, que vous arrivera-t-il? Edison
a dit encore: «Toute tentative reconnue comme étant mauvaise est un pas
vers l’avant.»
Si vous faites de votre mieux, Dieu fera le reste, et tout ce qui doit venir à
vous viendra. Pour gagner, il faut avoir un caractère fort, et chaque échec est
une expérience qui le renforce, dans la mesure où vous faites preuve de
l’ouverture nécessaire.
En 2009, je suis intervenu à Oaks, une école chrétienne de Californie. Elle
est petite mais connue pour être une terreur au foot. Il y a peu, plusieurs de
ses joueurs étaient les enfants de célébrités: Joe Montana, joueur de la
[181]

ligue nationale de football, Wayne Gretzkey, une légende du hockey, et Will


Smith, un acteur reconnu. Son équipe a remporté six championnats
consécutifs. Quand je m’y suis exprimé, j’ai rencontré le fondateur de
l’école, David Price, et j’ai compris d’où ses sportifs tiraient leur force de
caractère.
David a été avocat dans un grand cabinet d’Hollywood dont les clients
étaient des vedettes du cinéma et de la télévision. Il est ensuite parti
travailler pour un entrepreneur qui possédait des hôtels, des stations
balnéaires et des terrains dans toute la Californie, ainsi que quelques
parcours de golf. Gestionnaire avisé, il a constaté que la plupart de ces
parcours étaient mal dirigés, ayant en général pour directeurs des golfeurs
professionnels qui n’avaient jamais acquis les outils du monde des affaires.
Un jour, David est allé voir son patron et lui a dit qu’il voulait lui acheter
un parcours de golf. Voici la réponse qu’il a reçue: «Premièrement, tu
travailles pour moi; pourquoi devrais-je te vendre quoi que ce soit?
Deuxièmement, tu n’y connais rien au golf. Troisièmement, tu n’as pas
d’argent!» Même s’il n’a pas réussi à le convaincre au début, il n’a pas lâché
l’affaire. Il a persévéré et a continué à importuner son patron, jusqu’au jour
où celui-ci a bien voulu croire à son rêve et lui a vendu le parcours voulu. Il
en a ensuite possédé ou loué plus de 350.
Quand le marché des parcours de golf a connu une récession, David a tout
vendu. Maintenant, il achète, loue et gère des aéroports dans tout le pays.
Qu’est-ce qu’il a appris de l’échec? La patience et la persévérance, bien sûr.
Il n’a jamais abandonné son rêve. Quand le marché des parcours de golf
s’est effondré, il a aussi acheté des actions et s’est rendu compte qu’il était
bon non seulement dans la gestion de parcours, mais dans la gestion en
[182]

général. Il a simplement transféré son savoir-faire dans un autre domaine.


David fait maintenant partie du conseil d’administration de Life Without
Limits, mon association à but non lucratif. Il m’a dit: «Plus nous rencontrons
d’obstacles, plus notre caractère s’en trouve renforcé. Si tu étais né avec des
bras et des jambes, je ne pense pas que tu aurais réussi autant que tu
réussiras un jour, tel que tu es maintenant. Les gens veulent bien t’écouter,
car ils peuvent voir du premier coup d’œil que tu as transformé un élément a
priori négatif en quelque chose de très positif.»
Souvenez-vous de ces paroles, quand vous rencontrez des obstacles. Pour
chaque chemin qui se ferme, il y en a un qui s’ouvre. Pour chaque handicap,
il y a une capacité. Vous êtes dans le monde pour remplir une vocation,
alors, tant que vous respirez, ne laissez jamais un échec vous convaincre
qu’il n’y a pas de chemin vers la victoire. Je suis reconnaissant d’avoir
échoué et persévéré. Mes défis m’ont rendu plus patient, et aussi plus tenace.
Ces traits de caractère me sont utiles dans mon travail et dans mes loisirs.
Une de mes activités de loisir préférées est la pêche. Mes parents m’y ont
initié quand j’avais 6 ans. Ils plantaient ma canne dans le sol ou dans un
support, et j’attendais qu’une proie morde. J’attrapais alors la canne avec
mon menton pour tenir le poisson jusqu’à ce que quelqu’un vienne m’aider.
Un jour, je n’avais pas beaucoup de chance, mais je suis resté à regarder
mon flotteur pendant trois heures d’affilée. Je grillais au soleil, pareil à une
cacahuète dans un four, mais j’étais déterminé à attraper une proie. Mes
parents s’étant éloignés pour pêcher un peu à l’écart sur la rive, j’étais seul
quand un poisson a finalement mordu à l’appât. Saisissant la ligne avec
[183]

mes orteils, j’ai hurlé: «Maman! Papa!» jusqu’à ce qu’ils arrivent en


courant. Quand ils l’ont sorti de l’eau, il faisait deux fois ma taille. Je
n’aurais jamais pu l’avoir, si je n’avais pas retenu la ligne avec mon pied
pour l’empêcher de partir.
Bien sûr, l’échec peut aussi vous apprendre l’humilité. Au lycée, j’ai
échoué à mon cours de comptabilité. Cette expérience m’a fait comprendre
une leçon de vie. J’avais peur de ne pas être assez doué dans ce domaine,
mais mon professeur m’a encouragé et m’a aidé. J’ai beaucoup étudié, et des
années plus tard, j’ai reçu un double diplôme de comptabilité et planification
financière.
En tant qu’étudiant, j’avais besoin d’échouer pour me rendre compte que je
ne savais pas encore tout ce que j’avais à savoir. Finalement, cela m’a rendu
plus fort. Un écrivain du nom de Thomas Merton a dit: «Un homme humble
n’a pas peur de l’échec. En fait, il n’a peur de rien, même pas de lui-même,
car une parfaite humilité implique une parfaite confiance en la puissance de
Dieu, devant qui aucune autre puissance n’a de sens et pour qui il n’existe
aucun obstacle.»

L’échec et la motivation
Nous pouvons choisir de réagir à une perte ou à un échec en désespérant et
en laissant tomber, ou bien nous pouvons nous en servir comme une leçon et
une motivation pour faire mieux. Un de mes amis est entraîneur dans une
salle de sport, et je l’ai entendu dire aux clients qui soulevaient des poids
d’aller jusqu’à l’épuisement. Quel encouragement! L’idée est de continuer à
travailler jusqu’à l’épuisement des muscles, de telle sorte que la fois
suivante on puisse dépasser cette limite et gagner en force.
Une des clés du succès, que ce soit pour le sport ou le travail, c’est la
[184]

pratique. Je pense qu’elle est semblable à une succession d’échecs qui mène
à la réussite. Je peux vous donner un exemple parfait avec l’histoire de mon
téléphone portable. Vous pensez peut-être que le smartphone est une grande
invention; pour moi, c’est un cadeau du ciel. Je me dis parfois que les
inventeurs ont dû penser à moi en le créant, car avec ce seul appareil, même
quelqu’un qui n’a ni bras ni jambes peut parler au téléphone, envoyer un
courriel ou un texto, écouter de la musique, enregistrer un mémo ou une
prédication, suivre la météo et les nouvelles du monde, juste en tapotant
dessus avec ses orteils.
Cependant, le téléphone portable n’est pas encore l’outil parfait pour moi,
puisque le pied avec lequel j’utilise l’écran tactile est situé à l’opposé de la
bouche! Je peux utiliser la fonction haut-parleur la plupart du temps, mais
quand je suis dans un aéroport ou un restaurant, je préfère ne pas associer
tous mes voisins à mes conversations.
J’ai donc dû trouver une façon de mettre le portable à portée de ma bouche,
une fois le numéro composé avec mon pied. Cette méthode a donné une
nouvelle signification à l’expression «coup de téléphone» et m’a enseigné de
douloureuses leçons à propos du rôle de l’échec sur le chemin de la réussite.
J’ai passé une bonne semaine à essayer de lancer le téléphone avec mon petit
pied pour le faire atterrir sur mon épaule, où je pouvais le coincer ensuite
avec mon menton et parler. (Les enfants, ne faites pas cela chez vous!) Vous
imaginez bien que j’ai échoué à un grand nombre de reprises, au cours de
cette période d’essai. Je me suis donné tellement de coups au visage avec
l’appareil qu’il était couvert de bleus, comme si l’on m’avait frappé avec un
sac plein de cailloux.
Je m’entraînais uniquement lorsque j’étais seul, parce que, si quelqu’un
[185]

m’avait vu, il aurait pu croire que je voulais me faire du mal avec mon
portable. Je ne vous dirai pas combien de coups je me suis donné sur le nez
et sur la tête, ni combien de téléphones ont été cassés au cours de mes
entraînements. Je pouvais me permettre de prendre quelques coups ou de
changer plusieurs fois d’appareil. En revanche, je ne pouvais pas me
permettre de laisser tomber.
Chaque fois que le portable m’arrivait en pleine figure, j’acquérais plus de
motivation à maîtriser la technique, et finalement j’y suis arrivé!
Evidemment, ironie du sort, peu de temps après que je suis arrivé à maîtriser
le lancer de téléphone, le monde technologique a donné naissance aux
oreillettes Bluetooth que l’on peut garder sur l’oreille. Mon fameux «coup
de téléphone» est maintenant une relique des technologies du passé, et je le
pratique seulement pour amuser des amis lorsqu’ils s’ennuient.
Je vous encourage à voir vos propres revers et échecs comme source de
motivation et d’inspiration. Il n’y a pas de honte à tomber, frapper en touche,
partir dans le décor ou nous emmêler les pinceaux. Nous devrions seulement
avoir honte de ne pas tirer de nos défaites la motivation pour essayer encore
et encore, afin de rester dans la partie.

L’échec et la réussite
Le quatrième bénéfice de l’échec est qu’il aide à mieux apprécier les
réussites. Croyez-moi, après avoir passé une semaine à recevoir des coups
sur la tête avec mon téléphone que je n’arrivais pas à lancer comme il fallait,
je me suis senti comme sur un nuage lorsque j’ai enfin maîtrisé la
[186]

réception sur l’épaule. En fait, plus vous avez d’efforts à fournir pour arriver
à un but, mieux vous apprécierez votre succès. Combien de fois avez-vous
regardé derrière vous après une grande victoire et eu le plaisir de triompher
enfin après une si longue lutte? Plus la montée est ardue, plus la vue depuis
le sommet est belle.
Quand j’étais petit, une de mes histoires préférées de la Bible était celle de
Joseph16. Son père était fier de lui et le préférait, mais ses frères, animés par
la jalousie, l’ont vendu comme esclave. Il a longtemps eu une vie difficile: il
a été accusé à tort, jeté en prison et encore trahi par des personnes en qui il
avait confiance. Cependant, il n’a pas abandonné. Il ne s’est pas laissé
vaincre par l’amertume. Il a persévéré jusqu’au jour où il est devenu
gouverneur de toute l’Egypte et a pu porter secours à son peuple.
Nous pouvons tirer beaucoup de leçons des tribulations de Joseph et de son
ascension vers le pouvoir. Elles m’ont aidé à comprendre que le succès
n’arrive pas sans peine et que, même si ma vie paraissait certainement plus
difficile que celle de la moyenne des gens, d’autres ont enduré plus de
souffrances que moi et ont atteint le sommet. J’ai constaté que, malgré
l’amour qu’il nous porte, Dieu ne nous promet pas une vie facile. J’ai enfin
vu que, lorsque Joseph a émergé de sa longue série d’épreuves et de
trahisons, il a savouré son triomphe en devenant un dirigeant plein de justice
et de grandeur.
Lorsque nous mettons tout notre cœur dans ce que nous faisons et que nous
rencontrons beaucoup de peines et d’épreuves le long du chemin, le
sentiment d’épanouissement quand les dernières barrières s’effondrent est
[187]

tellement incroyable que nous voulons construire davantage. Je ne pense pas


que cela soit un hasard. C’est sans doute pour cette raison-là principalement
que l’humanité est arrivée aussi loin. Nous avons remporté de grandes
victoires, non parce que nous avons survécu à l’effort, mais parce que
chercher à grandir et à aller toujours plus loin fait partie intégrante de notre
nature.
Lorsque Dieu nous fait travailler de plus en plus dur pour atteindre nos
objectifs, plaçant sur notre chemin une pierre d’achoppement après l’autre,
je crois véritablement qu’il nous prépare pour des jours bien meilleurs. Il
nous lance des défis, car il sait que lorsque nous traversons une défaite, nous
grandissons.
En regardant en arrière, je ne me sens pas triste d’avoir eu à surmonter, tout
jeune, la douleur, l’angoisse, les blessures et la solitude. Je suis
reconnaissant d’avoir traversé ces épreuves qui n’ont fait que rendre mes
réussites plus savoureuses. En fin de compte, elles m’ont rendu plus fort et,
plus important encore, mieux préparé pour aider les autres. Si je n’avais pas
connu moi-même la douleur, je n’aurais jamais été capable d’aider qui que
ce soit à gérer la sienne. Je ne saurais pas aussi bien m’adresser aux gens. A
l’approche de l’adolescence, tout ce que j’ai traversé m’a donné plus de
confiance, ce qui, à son tour, a contribué à attirer vers moi d’autres enfants.
Un grand cercle d’amis, filles comme garçons, s’est formé autour de moi.
J’aimais beaucoup toute cette attention! Où que j’aille dans mon école,
j’étais entouré de chaleur humaine.
Tout cela mène bien sûr à la politique! J’ai pris courage et me suis présenté
aux élections de capitaine de l’école d’Etat McGregor, rassemblant les deux
niveaux du secondaire, ce qui signifiait devenir président de tout le corps
[188]

étudiant, soit 1200 élèves; c’était l’une des plus grandes écoles du
Queensland.
J’étais non seulement le premier enfant handicapé de l’histoire à me
présenter à ce poste, mais, en plus, mon adversaire était l’un des meilleurs
athlètes de l’histoire de l’école: Matthew McKay. Il est maintenant un
célèbre joueur de foot en Australie. Mon professeur principal, madame
Hurley, m’a encouragé à me présenter, après que j’ai eu la surprise d’être
nominé par mes camarades de classe. Mon programme électoral était basé
sur la diversité et le multiculturalisme; je promettais d’instaurer une course
en fauteuils roulants le jour des championnats de l’école.
Ma victoire a été écrasante (désolé, Matthew). Ma mère a toujours gardé un
article du magazine Courier-Mail, qui présentait une grande photo de moi et
me surnommait Capitaine Courage. J’avais dit que tous les enfants en
fauteuil roulant ne devaient pas hésiter à se lancer.
Ce slogan de ma jeunesse n’est peut-être pas aussi connu que le «Just do
it!» de Nike, mais il m’a bien servi. Vous subirez des revers au cours de
votre vie, car vous êtes un être humain et le chemin est difficile. Mais sachez
que vos échecs font aussi partie des grâces de la vie, alors faites-en le
meilleur usage possible. Ne vous arrêtez jamais. N’hésitez pas à vous lancer!
16 Genèse 37–50 (N.d.E.)
8. Le nouveau qui se cache dans les
[189]

buissons

J’avais 12 ans lorsque ma famille a déménagé d’Australie aux Etats-Unis.


L’idée de devoir tout recommencer dans un cadre où je n’avais aucun ami
me faisait très peur. Pendant le vol vers notre nouveau pays, ma sœur, mon
frère et moi nous sommes entraînés à parler avec un accent américain pour
éviter que l’on se moque de nous à l’école.
Je ne pouvais rien faire de mon corps si particulier, mais je me suis dit que
je pouvais me débarrasser de mon accent étranger. Plus tard, j’ai appris que
beaucoup d’Américains aimaient au contraire l’accent australien, en partie
grâce au film Crocodile Dundee, qui était très populaire quelques années
plus tôt. J’ai raté plein d’occasions d’impressionner les filles parce que
j’essayais de parler comme mes camarades de classe.
C’était le premier changement majeur dans ma vie, et essayer de prendre
l’accent américain n’a pas été ma seule erreur. Ma nouvelle école était le
collège de Lindero Canyon, qui se trouve au pied des montagnes de Santa
Monica, non loin de mon domicile actuel. C’était une école merveilleuse,
mais au début j’ai rencontré beaucoup de difficultés. Déménager loin de
[190]

son lieu de naissance, changer d’école et devoir se faire de nouveaux amis


est difficile pour n’importe quel enfant; en plus de tous les obstacles que
rencontre un «nouveau», je n’avais pas l’apparence d’un enfant «normal».
J’étais le seul élève en fauteuil, le seul que les professeurs devaient aider. La
plupart des adolescents ont peur que l’on se moque d’eux s’ils ont un petit
bouton, alors imaginez un peu mon angoisse!
J’avais déjà dû lutter pour être accepté chez moi, en Australie, dans ma
première école à Melbourne, puis quand nous avions déménagé vers
Brisbane. J’avais dû déployer une énergie considérable afin de convaincre
mes camarades de classe que j’étais suffisamment sympathique pour pouvoir
sortir avec eux, et voilà que j’étais obligé de tout recommencer.

Le changement
Lorsque nous sommes amenés à vivre une transition, nous ne nous rendons
pas compte de l’impact qu’elle peut avoir sur nous. Etre déplacés ou jetés
hors de notre zone de confort provoque souvent du stress, des doutes et
même de la dépression, peu importe la manière dont la transition se fait.
Vous pouvez avoir une vocation, de grands espoirs, une foi puissante, une
saine appréciation de votre valeur, une attitude positive, du courage pour
faire face à vos peurs et la capacité de rebondir après vos échecs, si vous
vous décomposez littéralement dès qu’intervient un changement – chose
inévitable dans la vie –, vous ne pourrez jamais avancer.
Nous sommes souvent hostiles au changement, mais, en fait, qui voudrait
d’une vie qui en soit totalement dépourvue? Certaines de nos meilleures
[191]

expériences, progressions et récompenses ne surviennent que si nous


déménageons dans un nouvel endroit, changeons de travail ou d’études, ou
encore entamons une nouvelle relation.
Notre vie progresse de l’enfance jusqu’à la vieillesse, en passant par
l’adolescence et l’âge adulte. Ne pas changer serait impossible et ennuyeux à
mourir. Parfois, nous devons être patients. Nous ne pouvons pas toujours
contrôler ni même modifier le cours de l’existence, lorsque des changements
interviennent, et ceux que nous désirons peuvent ne pas survenir quand nous
en avons envie.
Il existe deux grands types de changements qui ont tendance à nous mettre
à l’épreuve et à perturber notre quotidien: les changements qui arrivent de
l’extérieur et ceux qui viennent de notre être intérieur. Nous ne pouvons pas
contrôler les premiers, mais nous pouvons et devons contrôler les
deuxièmes.
Je n’avais pas mon mot à dire lorsque mes parents ont pris la décision de
déménager aux Etats-Unis, et je n’ai pas non plus décidé de naître sans bras
ni jambes. Je n’avais aucune influence sur l’un comme sur l’autre. Mais tout
comme je l’ai fait pour mon handicap, c’était à moi de décider de la façon
dont j’allais vivre ce déménagement. J’ai fini par l’accepter et par essayer
d’en tirer le maximum.
Vous avez aussi la capacité de gérer les tournants inattendus ou indésirables
de votre vie. Parfois, nous sommes aveuglés par le virage rapide et inattendu
que prend notre chemin – la mort d’un être aimé, la perte d’un travail, une
maladie, un accident – si bien que nous peinons à comprendre qu’un
changement majeur est sur le point de se produire. Le premier pas vers
l’intégration des changements brusques ou indésirables est de rapidement
[192]
les repérer et de reconnaître que l’on est sur le point d’entrer dans une
nouvelle phase, pour le meilleur ou pour le pire. Le simple fait de nous en
rendre compte réduit déjà le stress. Gardez à l’esprit des pensées telles que:
«D’accord, tout ceci est nouveau. Cela va sembler un peu étrange au début.
Il va falloir que je reste calme, que je ne panique pas et que je me montre
patient(e). Tout contribuera à mon bien.»
Quand nous avons déménagé aux Etats-Unis, j’ai eu beaucoup de temps
pour réfléchir à tous les changements qui allaient survenir. Pourtant, à
certains moments, je me sentais submergé et désorienté. J’avais parfois
envie de m’écrier: «Je veux rentrer à la maison et retrouver ma vraie vie!»
Je suis désolé de vous le dire, mais vous connaîtrez aussi probablement de
telles périodes. En y repensant aujourd’hui, je considère cette époque avec
humour, surtout depuis que j’apprécie mon séjour en Californie. J’espère
que vous serez un jour en mesure de rire de vous-même, tout comme j’ai pu
le faire. La colère et la frustration sont des émotions naturelles, lorsque
survient une transition majeure. Donnez-vous un peu de temps pour vous y
habituer, vous retrouver, vous intégrer et trouver votre nouvelle place; cela
aide toujours à s’accommoder des virages inhabituels que la vie prend de
temps à autre.

L’attente de l’inattendu
Dès mes premières semaines aux Etats-Unis, j’ai assez fortement ressenti le
choc culturel. Le premier jour à l’école, j’étais même un peu affolé quand
toute la classe s’est levée pour réciter le serment d’allégeance au drapeau
[193]

américain. On ne fait rien de tel en Australie, et j’avais l’impression que je


venais d’entrer dans un club dont je n’étais pas membre.
Un autre jour, l’alarme a sonné et les professeurs nous ont ordonné de nous
cacher sous le bureau. Je pensais que des extraterrestres venaient nous
attaquer, mais ce n’était qu’une alerte au tremblement de terre. Un
tremblement de terre, vous imaginez!
Et, bien sûr, j’ai eu ma dose habituelle de coups d’œil interrogatifs, de
questions dénuées de tact et de remarques bizarres à propos de mes membres
manquants. C’est incroyable à quel point les collégiens américains étaient
curieux de savoir comment je pouvais aller aux toilettes. Je priais pour un
tremblement de terre, rien que pour mettre un terme à leurs questions sur ce
sujet.
J’ai dû également m’habituer aux perpétuels changements de classe. En
Australie, toutes nos matières étaient enseignées dans une seule et même
salle, et nous ne passions pas la journée à courir d’un endroit à l’autre
comme des kangourous. Au collège de Lindero Canyon, il me semblait que
notre occupation principale consistait à passer d’une pièce à l’autre.
Je ne m’en sortais pas bien avec ce grand changement dans notre vie. J’ai
toujours été un bon élève, mais je me suis vite senti perdu dans ma nouvelle
école. En l’absence de places dans les classes normales, on m’avait mis dans
une classe avancée, si bien que mes notes ont chuté. En y repensant
maintenant, je comprends que j’étais simplement trop stressé. C’est difficile
de ne pas l’être, quand toute votre vie est soudain déplacée à l’autre bout du
monde.
Nous n’avions même plus notre propre logement. Mon père travaillait pour
oncle Batta; nous vivions avec lui et sa famille dans leur grande maison, en
attendant d’en trouver une. Je ne voyais pas beaucoup mes parents,
[194]

préoccupés qu’ils étaient par leur travail et la recherche d’un domicile.


Je détestais cette vie. J’étais submergé mentalement, émotionnellement et
physiquement. Alors, comme une tortue, je me suis replié dans ma carapace.
Durant les récréations et la pause de midi, je restais seul, me cachant parfois
derrière les buissons de l’aire de jeu. Ma cachette préférée était toutefois
l’une des classes de musique supervisées par monsieur McKagan.
Monsieur McKagan, qui travaille toujours au Lindero Canyon, était un
professeur absolument génial. A l’école, il était aussi populaire qu’une star
de rock; il donnait huit ou neuf cours par jour. Son frère Duff était un
bassiste de légende qui a joué avec Guns N’Roses et d’autres groupes
connus. J’avais l’impression d’avoir quitté une vie de famille parfaitement
normale pour atterrir dans une sorte de royaume surréaliste de la culture pop.
Voilà un autre aspect étrange de notre déménagement d’Australie aux Etats-
Unis. Nous vivions juste en bordure de Los Angeles et d’Hollywood, si bien
que nous nous retrouvions parfois nez à nez avec des vedettes de la
télévision ou du cinéma à l’épicerie ou au supermarché. La moitié de mes
camarades de classe étaient déjà acteurs ou aspiraient à le devenir. Après
l’école, je pouvais allumer le téléviseur et voir Jonathan Taylor Thomas, le
gars sympa du cours d’histoire, faire le clown dans une série télé populaire.
Ma vie avait subi tant de changements que j’avais toujours la tête sous
l’eau. J’avais fait tellement d’efforts pour prendre confiance en moi, et
j’avais perdu cette confiance. J’étais accepté par mes camarades australiens,
mais en Amérique j’étais un étranger en terre étrangère avec un accent
étrange et un corps encore plus étrange. Du moins, c’est ainsi que je me
[195]

sentais. Monsieur McKagan a vu que je me cachais dans sa salle de


musique; il a essayé de m’encourager à aller dehors et à me mêler aux autres
élèves, mais je n’arrivais pas à trouver la motivation nécessaire.
Au lieu de me concentrer sur ce qu’il était en mon pouvoir de modifier –
mon attitude et mes actes –, je luttais contre un changement sur lequel je ne
pouvais exercer aucun contrôle. Vraiment, j’aurais pu mieux faire! J’avais
beau n’avoir que 12 ans, j’avais déjà appris à me concentrer sur ce que je
pouvais faire, et non sur le contraire. J’avais accepté mon manque de
membres et réussi à devenir un enfant plutôt heureux, mais ce
déménagement m’avait complètement retourné.
Avez-vous déjà remarqué que tous les sens se trouvent plus affûtés, lorsque
nous entrons dans une période de transition majeure de notre vie? Quand
nous traversons une rupture douloureuse, chaque film, chaque série télévisée
semble nous adresser un message; de même, toutes les chansons qui passent
à la radio paraissent parler de notre cœur brisé. Ces émotions et sens aiguisés
font peut-être bien partie des réflexes de survie qui se déclenchent lorsque
nous sommes stressés ou devons faire face à une situation inconnue. Ils nous
mettent en alerte et peuvent être d’une grande aide.
Je me souviens que je retrouvais toujours la paix et le confort, malgré ma
détresse d’avoir quitté l’Australie, en contemplant les montagnes ou en
regardant le coucher du soleil sur la plage. Je pense toujours que la
Californie est belle, mais à l’époque, elle semblait l’être plus encore.
Qu’il soit positif ou négatif, un changement peut être une expérience
puissante et effrayante. Notre première réaction peut être de vouloir lutter
contre lui. Lorsque j’ai étudié le monde de l’entreprise à l’université, j’ai
[196]

appris que la plupart des grandes sociétés avaient des employés désignés
comme des «gestionnaires de transition». Leur travail consiste à motiver les
employés récalcitrants lors des grandes transitions au sein de l’entreprise,
que ce soit une fusion, la création d’un nouveau département ou une
nouvelle gestion des affaires.
En tant que responsable de ma propre entreprise, j’ai appris que chaque
employé a sa propre façon de gérer les nouvelles initiatives ou les
modifications dans le «plan de vol». Il y a toujours quelques exceptions qui
se montrent enthousiastes à l’idée de nouvelles expériences, mais la plupart
du temps, les personnes résistent parce qu’elles se sentent bien avec le statu
quo ou parce qu’elles ont peur que leur vie ne bascule.

Résister au changement?
Tout le monde sait que rien ne reste à jamais en l’état, mais – ce qui est
étonnant – lorsque des événements extérieurs ou d’autres personnes nous
forcent à quitter notre zone de confort, nous devenons souvent craintifs et
ressentons même, parfois, de l’indignation. Certains ont beau être en
mauvaise posture – du fait d’une relation violente, d’un environnement
dangereux ou d’un emploi sans avenir –, ils refusent d’emprunter un chemin
nouveau parce qu’ils préfèrent être confrontés à ce qu’ils connaissent déjà
plutôt qu’à l’inconnu.
J’ai rencontré, il y a peu, Georges, un entraîneur de fitness et thérapeute
sportif. Je lui ai dit que j’avais un problème de dos et que j’avais besoin de
faire un peu d’exercice pour le renforcer, mais que je n’arrivais pas à trouver
la motivation pour m’y mettre parce que j’étais très occupé à voyager et à
gérer mon entreprise. La réponse de Georges a été un classique: «Eh bien,
[197]

bonne chance! Si tu comptes traîner cette douleur jusqu’à la fin de tes jours,
elle ne fera qu’empirer.»
Il se moquait de moi! J’avais envie de lui donner un coup de tête. Ensuite,
je me suis rendu compte qu’il me motivait, me forçant à faire face au fait
que si je ne voulais pas ajuster mon style de vie, j’en paierais le prix. Il était
en train de me dire: «Nick, tu n’es pas obligé de changer quoi que ce soit, si
tu n’en as pas envie, mais il n’y a que toi-même qui puisses résoudre ton
problème de dos.»
J’étais l’exemple à ne pas suivre: je me montrais récalcitrant à ajuster mon
style de vie. De nombreuses personnes ne veulent pas franchir le pas afin
d’améliorer leur existence, et ce, dans des conditions bien pires. Elles ont
peur d’abandonner une situation connue, aussi terrible soit-elle, pour se
retrouver dans des conditions entièrement nouvelles. Elles refusent de
prendre la responsabilité de leur propre vie. Le président américain Barack
Obama a insisté sur l’importance de la responsabilité individuelle en disant:
«Nous sommes le changement que nous attendions tous.» Certains
continuent cependant à résister à la vague, au risque de se noyer, au lieu de
surfer dessus. Ils trouvent bien plus effrayante l’idée de tenter quelque chose
que celle de laisser passer leur tour.
Quand la vie vous distribue une carte qui détruit votre jeu et bouleverse vos
plans, vous pouvez blâmer l’univers, vos parents ou encore le gamin qui a
volé votre sandwich à l’école primaire. En fin de compte, lancer accusations
et reproches ne vous apporte rien. Prendre vos responsabilités est la seule
façon de maîtriser les détours et virages de l’existence. Je sais par
expérience qu’un changement positif se compose de cinq étapes.
[198]
1. Identifier le besoin de changer
Nous mettons souvent du temps, malheureusement, avant de reconnaître
que quelque chose doit être fait. Nous nous installons dans une routine,
même si celle-ci n’est pas vraiment confortable, et choisissons l’inaction
simplement par peur ou par paresse. Nous avons parfois besoin que quelque
chose de vraiment effrayant nous arrive pour trouver un autre plan. Pour
moi, ma tentative de suicide a été un élément déclencheur. Je m’étais
accroché pendant des années, faisant semblant d’être heureux la plupart du
temps, mais intérieurement j’étais hanté par des pensées morbides. Je me
disais que si je ne pouvais pas changer mon corps, je mettrais un terme à ma
vie. Ce n’est que lorsque j’ai été sur le point de me noyer que je me suis
rendu compte qu’il était temps que je prenne la responsabilité de mon propre
bonheur.

2. Imaginer la nouveauté
Un de mes amis, Ned, a dû récemment s’atteler à la triste tâche de
convaincre ses parents de déménager de leur maison, où ils avaient passé
une quarantaine d’années, dans un établissement pour personnes âgées. La
santé de son père allait en effet en empirant, et cela mettait aussi en péril
celle de sa mère. Cependant, eux ne voulaient pas déménager; ils préféraient
rester chez eux, entourés de voisins qu’ils connaissaient bien. «Nous
sommes heureux ici. Pourquoi partir?» protestaient-ils.
Ned a passé plus d’un an à leur en parler, avant de les convaincre d’aller
visiter une très bonne maison de retraite située à quelques blocs
d’immeubles seulement de chez eux. Ils s’étaient représenté ces
[199]

institutions comme des endroits froids et tristes, «où les vieux vont pour
mourir». Au lieu de cela, ils se sont retrouvés devant un établissement
propre, chaleureux et animé, où nombre de leurs anciens voisins passaient
des journées heureuses et bien remplies. Il y avait également une clinique
avec des médecins, des infirmiers et des thérapeutes qui allaient pouvoir
prendre en charge les soins du père de Ned, si lourds pour sa femme.
Une fois qu’ils ont vu l’endroit, ils ont accepté d’y déménager. Ils ont
reconnu qu’ils n’auraient jamais pensé que ce soit aussi bien.
Si vous avez du mal à quitter votre position actuelle pour vous rendre là où
vous devriez être, une vision claire de votre destination ne peut que vous
aider. Cela peut impliquer une visite des lieux, de nouvelles rencontres ou le
contact avec quelqu’un qui travaille dans le domaine que vous envisagez
d’explorer. Lorsque la nouvelle place vous sera familière, il vous sera plus
facile de quitter l’ancienne.

3. Lâcher prise
Lâcher prise est une étape difficile pour de nombreuses personnes.
Imaginez-vous en train d’escalader une montagne. Vous vous tenez à mi-
chemin, à des dizaines de mètres du pied de la falaise; vous vous arrêtez sur
un petit rebord. Cela fait peur, et vous savez que vous seriez vulnérable en
cas de vent ou de tempête, mais, au moins, vous éprouvez un certain
sentiment de sécurité.
Le problème, c’est que pour continuer à monter ou pour redescendre, il
vous faudra abandonner la sécurité de ce petit rebord et chercher d’autres
[200]

prises sur la paroi. C’est ce «lâcher prise» qui représente un défi, qu’il
s’agisse d’escalader une falaise ou de vous orienter sur une nouvelle voie
dans votre vie. Il vous faut lâcher l’ancien et vous accrocher au nouveau.
Beaucoup s’immobilisent à ce stade ou commencent à franchir le pas, puis
prennent peur. Si vous vous retrouvez dans une telle situation, imaginez-
vous que vous êtes en train de monter sur une échelle. Pour avancer d’une
marche, il faut lâcher la précédente. Lâcher, attraper, monter, marche après
marche!

4. S’installer
L’avant-dernière étape peut se révéler aussi périlleuse que la précédente.
On peut avoir lâché l’ancien et être arrivé vers le nouveau, mais tant que
l’on n’a pas atteint un certain niveau de confort, on peut être tenté de revenir
en arrière. C’est l’étape du: «Voilà, j’y suis, et maintenant?»
La clé pour «nous installer» est de veiller à ce qui défile dans notre tête.
Nous devons refuser les pensées du genre: «Qu’ai-je donc fait?» et nous
concentrer sur celles du genre: «Quelle belle et grande aventure!»
Durant mes premiers mois aux Etats-Unis, j’ai énormément lutté, pendant
cette phase d’acceptation. J’ai passé des nuits et des jours à me retourner
dans mon lit, me tracassant au sujet de mon nouvel environnement. Je me
suis caché des autres élèves de peur d’être rejeté et raillé. Mais, lentement et
progressivement, j’ai réussi à apprécier certains aspects de mon nouveau
cadre de vie. Par exemple, là aussi, j’avais des cousins; seulement, je ne les
connaissais pas encore aussi bien que ceux d’Australie. En réalité, mes
cousins américains ont été extraordinaires. Il y avait aussi la plage, les
[201]

montagnes et le désert, le tout à portée de main.


Et finalement, quand je commençais tout juste à penser que ce n’était peut-
être pas un si mauvais endroit que ça, mes parents ont décidé de retourner en
Australie. Plus tard, lorsque j’ai terminé l’université, je me suis de nouveau
établi en Californie, et maintenant je m’y sens parfaitement chez moi!

5. Continuer à grandir
La meilleure de toutes les phases d’une transition réussie, c’est la dernière.
Vous avez franchi le pas, et maintenant il est temps de grandir dans votre
nouvel environnement. Vous ne pouvez pas vraiment grandir sans changer.
Bien que le processus puisse être stressant et même douloureux sur le plan
physique et émotionnel, le jeu en vaut la chandelle.
J’ai observé cela avec mon entreprise, quand, il y a quelques années, j’ai dû
la restructurer. Cela voulait dire licencier quelques personnes. Je ne suis pas
bon pour ce genre de choses et je déteste le faire. Je suis plus enclin à
prendre soin des autres et à les aimer qu’à asséner de mauvaises nouvelles à
des personnes que j’apprécie. C’est encore une source de cauchemars. Mais,
avec du recul, je vois que mon entreprise n’aurait jamais pu grandir si je
n’avais pas fait ce changement. Nous en avons récolté les fruits, même si je
ne peux toujours pas dire que je sois content d’avoir licencié ces personnes;
elles me manquent encore.
Ces expériences douloureuses montrent que vous prenez de l’envergure et
que vous essayez d’atteindre de nouvelles hauteurs. Vous n’avez pas à les
aimer, mais sachez que la douleur précède des jours meilleurs.
[202]
Changer le monde
Durant mes voyages, j’ai pu rencontrer des personnes passant par toutes les
phases du changement, en particulier lorsque je suis allé en Inde en 2008.
J’ai donné une conférence à Mumbaï, la plus grande ville du pays et la
deuxième la plus peuplée du monde. Autrefois connue sous le nom de
Bombay, elle se trouve sur la côte ouest de la péninsule indienne, sur la mer
d’Arabie, et joue un rôle à la fois culturel et financier.
Accueillant à la fois une grande richesse et une terrible misère, elle a été le
centre d’attention des médias car elle a servi de décor pour le film Slumdog
Millionnaire, récompensé par des Oscars. Aussi réussi soit-il, ce long
métrage n’offre que de simples aperçus de l’horreur des bidonvilles de
Mumbaï et du trafic d’esclaves sexuels, florissant dans cette cité dominée
par les hindous et les musulmans, avec seulement une petite population
chrétienne.
Selon les estimations, plus d’un demi-million de ses habitants sont
contraints de vendre leur corps. La plupart sont kidnappés dans les petits
villages du Népal, du Bangladesh et d’autres zones rurales. Beaucoup de
femmes sont des devadasi, des servantes d’une déesse hindoue; elles sont
forcées par leurs prêtres à se prostituer. Parmi les hommes figurent des
hijras : castrés, ils sont entassés dans des logements de fortune et sont forcés
à avoir des relations sexuelles avec au moins quatre hommes par nuit. Le
sida s’est rapidement propagé, et des millions de personnes sont mortes.
Lors de mon séjour, on m’a conduit dans l’un des quartiers «rouges» de
Mumbaï, connu sous le nom de la «rue des cages», afin que je voie la
souffrance qui y règne et m’adresse aux victimes de l’esclavage. J’étais
invité par le pasteur K. K. Devaraj, fondateur de Bombay Teen Challenge,
[203]

qui œuvre pour délivrer ces personnes de l’esclavage sexuel et leur donner
une vie meilleure et plus saine.
Oncle Dev, qui dirige aussi un orphelinat pour victimes du sida, des
programmes de nutrition, des centres médicaux, une clinique spécialisée
dans le HIV et un programme de réhabilitation des «garçons de la rue»
toxicomanes, avait vu mes vidéos et espérait que je pourrais être un vecteur
de changement à Mumbaï. Il voulait que je convainque des femmes
travaillant comme prostituées de fuir l’esclavage et d’emménager dans ses
centres d’accueil. A ses yeux, chaque femme esclave est une «âme précieuse
et une perle de grande valeur».
L’association Bombay Teen Challenge exerce une activité si bénéfique que
les proxénètes et les tenancières de maisons closes ouvrent leurs portes à
oncle Dev et à son équipe, composée de chrétiens, alors que la plupart
d’entre eux sont hindous. Ils accueillent avec bienveillance leur bonne
influence, même si l’équipe de Bombay Teen Challenge ne cesse d’essayer
de convaincre les prostituées d’accepter le Christ et de laisser les bordels
pour une vie meilleure.
Petit à petit, leur ministère cherche à changer le cœur de ces femmes
réduites en esclavage. Leur âge moyen, lorsqu’elles sont enlevées, oscille
entre 10 et 13 ans. On les attire des villages voisins avec de belles
promesses, et la plupart sont très naïves. Si une fille se montre réticente, les
recruteurs essaient de passer par ses parents en leur disant qu’elle va gagner
50 fois le salaire moyen, ou ils la leur achètent, suivant une pratique triste
mais courante. Ceux qui recrutent et déplacent les filles ne sont que les
premiers de la longue série de personnes qui vont abuser d’elles et leur
mentir. Une fois qu’elles sont captives, les proxénètes les contrôlent en
[204]

leur affirmant: «Maintenant tu travailles pour nous, que tu le veuilles ou


non.»
Durant notre séjour à Mumbaï, nous avons rencontré plusieurs anciennes
esclaves sexuelles qui ont été libérées par Bombay Teen Challenge. Leurs
histoires, plus tristes les unes que les autres, ne sont malheureusement pas
exceptionnelles. Si elles refusaient de se prostituer, elles étaient battues,
violées et enfermées dans des sous-sols sombres et sales où elles ne
pouvaient même pas se mettre debout. Elles étaient torturées par la faim et
l’épuisement, subissaient des lavages de cerveau jusqu’à ce qu’elles
deviennent soumises. Alors on les envoyait dans un bordel où on leur disait
qu’elles avaient été achetées pour 700 dollars et qu’elles devaient travailler
pendant trois ans comme prostituées pour payer leur dette. Ces anciennes
esclaves nous ont dit qu’on exigeait d’elles des centaines de rapports
sexuels, chacun diminuant leur dette de 2 dollars.
La plupart sont persuadées qu’elles n’ont plus d’autre choix. Les
proxénètes leur disent que leur famille ne voudra plus d’elles à cause de la
honte qu’elles représentent pour elle. Beaucoup tombent enceintes ou
attrapent des maladies sexuellement transmissibles et pensent n’avoir pas
d’autre endroit où aller.
Même si la vie de ces femmes est horrible, elles ont souvent peur d’un
changement. Sans la foi, elles perdent l’espoir puis leur humanité. Elles ne
croient plus pouvoir se sortir un jour de l’esclavage et des bidonvilles. Les
psychologues observent souvent la même résistance à la liberté chez les
femmes engagées dans une relation violente: elles ont beau vivre dans la
peur et dans la douleur, elles refusent de quitter leur partenaire violent
parce qu’elles ont plus peur encore de l’inconnu. Ayant perdu la capacité
[205]

de rêver d’une vie meilleure, elles sont incapables de songer à une


alternative.
Il ne fait probablement aucun doute à vos yeux que ces esclaves du sexe
devraient fuir l’horreur de leur vie, mais examinez-vous toujours votre
propre situation avec autant de lucidité? Vous êtes-vous déjà considéré(e)
comme pris(e) au piège des circonstances, pour vous rendre compte plus tard
que c’était seulement à cause de votre vision erronée, de votre manque de
courage ou de votre incapacité à voir qu’il y avait de meilleures options?
Pour décider d’un changement, il faut être en mesure de voir quelle est la
destination. Vous devez garder l’espérance, la foi en Dieu et la conviction
que vous êtes capable de trouver quelque chose de meilleur.
Bombay Teen Challenge constate que les femmes réduites en esclavage
sont si abattues, isolées et menacées qu’elles ont du mal à voir comment s’en
sortir. Certaines disent qu’elles n’arrivent pas à se croire dignes d’être
aimées ou même d’être traitées avec décence.
J’ai été aux premières loges pour témoigner de la souffrance des bordels et
des bidonvilles de Mumbaï, et j’ai vu les miracles opérés par oncle Dev et
ses missionnaires parmi les femmes esclaves et leurs enfants – appelés
«moineaux» –, qui vivent la plupart du temps dans la rue.
On m’a conduit de maison en maison. Dans la première, on m’a présenté à
une vieille femme assise sur le sol. Elle s’est lentement levée quand elle a
entendu le bruit de nos pas. Elle m’avait invité, par l’intermédiaire d’un
interprète, à «prêcher à ses prostituées et à les encourager à devenir
meilleures».
Elle m’a présenté à une femme qui avait l’air d’avoir la quarantaine.
[206]

Celle-ci m’a raconté comment elle avait été enlevée de sa maison, à la


campagne, à l’âge de 10 ans, et obligée à se prostituer.
Elle a dit par l’intermédiaire de l’interprète: «J’ai fini de payer ma dette à
l’âge de 13 ans et j’étais libre de partir. Je suis sortie dans la rue pour la
première fois, et j’ai été battue et violée. Malgré cela, j’ai réussi à rentrer
dans ma famille, mais celle-ci ne voulait plus entendre parler de moi. Je suis
revenue ici pour travailler comme prostituée. Puis j’ai eu deux enfants, dont
un est mort. Il y a deux jours, j’ai découvert que j’avais le sida, alors mon
proxénète m’a renvoyée. Maintenant j’ai un enfant à nourrir et nulle part où
aller.»
Vous et moi pouvons discerner qu’elle avait des alternatives, mais son
horizon, beaucoup trop réduit, ne semblait pas lui présenter d’option. Il faut
savoir que le changement est toujours possible, même si parfois nous
sommes incapables de percevoir comment. Si vous ne trouvez pas de chemin
alternatif, cherchez de l’aide. Cherchez conseil auprès de quelqu’un qui a
une perspective plus large, que ce soit un ami, un membre de la famille, un
professionnel ou un spécialiste. Ne tombez jamais dans le piège de penser
qu’il n’y a pas d’issue; il y en a toujours une!
Cette femme n’avait que 20 ans. J’ai prié avec elle. Nous lui avons dit
qu’elle pouvait quitter le bordel et vivre dans un logement fourni par
Bombay Teen Challenge et qu’elle pourrait également recevoir des soins
médicaux à leur clinique. Une fois que nous lui avons ouvert les yeux et lui
avons montré la voie vers un monde d’amour, non seulement elle a eu envie
de changement, mais elle a trouvé la foi. Elle a dit: «En vous écoutant, j’ai
compris que Dieu a choisi de ne pas me guérir du sida pour me permettre
[207]

d’amener d’autres femmes à Christ. Il ne me reste plus rien, mais je sais que
lui est avec moi.»
La paix et l’espérance dans son regard m’ont coupé le souffle. Elle était
tellement belle, touchée par la foi. Elle savait que Dieu ne l’avait pas
oubliée, qu’il avait un objectif pour elle, même si elle devait faire face à la
mort. C’est une femme transformée qui a fait de sa souffrance une force
pour le bien d’autrui. Au milieu de tout ce désespoir, cette pauvreté et cette
cruauté, elle était un exemple rayonnant de la puissance de l’amour de Dieu
et de l’esprit humain.
Oncle Dev et son équipe de missionnaires ont développé un certain nombre
de méthodes pour convaincre les femmes esclaves de Mumbaï de quitter leur
dangereuse situation. Ils offrent des soins et l’école aux enfants, afin qu’ils
puissent connaître Jésus et son amour pour eux. Les enfants informent leur
mère qu’elle est aussi aimée du Créateur et qu’elle peut trouver une vie
meilleure. Je vous encourage vivement à vous engager dans des
changements susceptibles d’améliorer votre propre existence et à contribuer
à l’amélioration de celle des autres.
Comme le dit Joni Eareckson-Tada, nous avons tous des roulettes.
[208]

J’éprouve un sentiment de libération quand j’utilise mon fauteuil roulant


électronique.
(Photo employée avec l’aimable autorisation d’Ally)
9. Se fier aux autres… plus ou
[209]

moins

Quand j’avais 11 ans, mes parents m’ont emmené à la plage sur la côte d’or
australienne. Ils sont partis se promener le long du rivage et m’ont laissé au
bord de l’eau. Caressé par la brise, je regardais les vagues. Je portais un
grand tee-shirt pour ne pas brûler au soleil.
Une jeune femme marchait le long de la plage; elle s’est approchée de moi,
m’a souri et a dit: «Très impressionnant!»
«Que voulez-vous dire?» ai-je demandé, sachant qu’elle ne parlait
certainement pas de mes gros biceps.
Elle voulait savoir combien de temps il m’avait fallu pour enfouir mes
jambes dans le sable.
Me sentant d’humeur taquine, j’ai joué le jeu.
«Oh, j’ai dû creuser pendant un bon moment!» ai-je affirmé.
Elle a ri et s’est éloignée, mais je savais qu’elle ne résisterait pas à la
tentation de jeter un coup d’œil une dernière fois; alors j’ai attendu.
Evidemment, dès que sa tête s’est retournée vers moi, j’ai bondi et me suis
dirigé vers la mer.
Elle n’a rien dit, mais elle a un peu trébuché en s’enfuyant le long de la
[210]

plage.
Au cours de mon enfance, ce genre de situation pouvait me mettre en
colère, mais j’ai fini par être de plus en plus patient et compréhensif. Tout
comme cette femme, j’ai appris que les personnes ne sont pas toujours ce
que l’on pense, pour le meilleur ou pour le pire.
L’art de lire les pensées des autres, de construire des relations, de s’adresser
à quelqu’un et de savoir se mettre à sa place, de savoir à qui faire confiance
et comment se montrer soi-même digne de confiance est tout à fait capital
pour la réussite et le bonheur. Peu de gens réussissent sans la capacité de
construire des relations basées sur la compréhension et la confiance. Nous
avons tous besoin, non seulement d’une personne qui nous aime, mais aussi
d’amis, de mentors, de modèles et de personnes qui nous soutiennent et nous
aident à réaliser nos rêves.
Afin de fonder une équipe composée de personnes qui vous soutiennent et
qui prennent à cœur vos intérêts, il vous faut tout d’abord vous montrer
digne de confiance en leur témoignant votre soutien. On vous traitera
comme vous traitez les autres. Si vous prenez à cœur leur réussite, les
soutenez, les encouragez et leur offrez un retour honnête, vous pouvez vous
attendre à ce qu’ils en fassent de même pour vous. S’ils ne le font pas,
poursuivez votre chemin et trouvez quelqu’un qui veuille bien faire équipe
avec vous.
Nous sommes conformistes par nature, mais, si nos relations ne sont pas ce
que nous voudrions qu’elles soient, nous devrions plus réfléchir à ce que
nous y investissons et à ce que nous en retirons, à notre façon d’interagir
avec les autres. L’une de nos plus grandes erreurs est d’essayer de nous faire
des amis en ne leur parlant que de nous, de nos peurs, frustrations et
[211]

plaisirs. La vérité, c’est que, pour nous faire des amis, nous devons surtout
les écouter et chercher des intérêts communs pour créer des liens, afin que
l’amitié profite à chacun.
Construire une relation, c’est comme ouvrir un compte d’épargne: on ne
peut espérer en retirer quelque chose sans y investir au préalable. Nous
devons tous ajuster de temps à autre nos qualités relationnelles en évaluant
notre approche et en cherchant ce qui fonctionne ou pas.

Quels sont vos rapports avec les autres?


Une vocation forte, une grande espérance, une foi à toute épreuve, l’amour
de soi, une attitude positive, le courage, la résistance et la maîtrise du
changement vous mèneront loin, mais personne ne peut réussir seul. Soyons
clairs: j’apprécie beaucoup ma capacité de prendre soin de moi-même. J’ai
travaillé dur pour devenir aussi autonome que possible. Mais je suis toujours
dépendant des personnes autour de moi, comme tout le monde dans une très
large mesure.
On me demande souvent: «N’est-il pas difficile de devoir tant compter sur
les autres?» Je réponds: «Vous pouvez en dire de même pour vous.» Que
vous vous en rendiez compte ou non, vous dépendez presque autant que moi
de votre entourage. Certes, j’ai besoin d’aide pour certaines choses, mais
personne sur terre ne peut entièrement se passer de la sagesse, de la bonté ou
du coup de main d’autrui.
Nous avons tous besoin d’être soutenus par nos relations, de tisser des liens
avec des proches. Pour le faire de façon efficace, nous devons instaurer un
[212]

climat de confiance et nous en montrer dignes. Nous devons comprendre que


la plupart des personnes agissent instinctivement par intérêt, mais que, si on
leur montre qu’on s’intéresse à elles et qu’on les soutient sur le chemin de la
réussite, elles feront de même pour nous.

Créer des liens


Quand j’étais petit, ma mère m’emmenait souvent dans les magasins ou
dans d’autres endroits publics. Depuis mon fauteuil roulant, je passais des
heures à observer les visages des passants. Je les dévisageais et j’essayais
d’imaginer leur métier ou leur personnalité. Bien sûr, je n’ai jamais pu
vérifier si le profil que j’imaginais en quelques secondes était correct, mais
je suis devenu un bon observateur du langage corporel, des expressions du
visage et des personnes.
C’était un processus essentiellement subconscient, mais avec du recul, je
me rends compte que je développais alors instinctivement une compétence
très importante. Puisque je n’ai pas de bras pour me défendre ni de jambes
pour me sauver, il était important pour moi d’évaluer rapidement si je
pouvais ou non faire confiance à quelqu’un. Je ne m’attends pas à être
attaqué à tout moment, mais, comme je suis plus vulnérable que la plupart,
je connais mieux les hommes que d’autres.
Je suis très sensible aux humeurs, émotions et sons produits par mon
entourage. Cela peut sembler un peu étrange, mais «mes antennes» sont si
bien réglées que, lorsque quelqu’un pose la main sur l’accoudoir de mon
fauteuil, cela produit le même effet que deux personnes qui se donnent ou se
serrent la main. Quand ce sont mes amis ou des membres de ma famille
[213]

qui le touchent, je ressens de la chaleur et de l’approbation.


L’absence de membres a un impact sur la façon dont j’établis le contact
avec mon auditoire. La principale angoisse de l’orateur – que faire de ses
mains – n’est pas un problème pour moi. Dans le domaine de la
communication, j’ai plus exercé l’expression de mon visage, et en particulier
mes yeux, que la gestuelle. Je ne peux pas faire de mouvement pour mettre
l’accent sur un point ou susciter une émotion, de sorte que j’ai travaillé à
varier la largeur de mes yeux et à utiliser des mimiques pour capter
l’attention du public.
Ma sœur a récemment plaisanté: «Nick, tu aimes tant regarder les
personnes dans les yeux. Quand tu parles à quelqu’un, tu plonges ton regard
dans ses yeux avec une telle intensité! C’est indescriptible.»
Michelle me connaît bien. Je regarde les gens dans les yeux parce que ceux-
ci sont le miroir de l’âme. J’aime le contact visuel. J’admire la beauté, et je
la trouve souvent au fond du regard. On peut toujours trouver quelque chose
de mauvais ou d’imparfait chez l’autre, mais je choisis de regarder le joyau
qui est à l’intérieur.
Elle a ajouté: «C’est aussi ta façon d’avoir une conversation authentique et
sincère. Je le vois quand tu parles avec mes amis: tu plonges le regard
jusqu’au fond de leur âme, et tu captes leur attention de manière à ce qu’ils
s’imprègnent de chaque mot que tu leur dis.»
J’ai appris à engager une conversation rapidement en regardant les
personnes que je rencontre dans les yeux et en leur posant des questions ou
en faisant des remarques pour trouver quelque chose que nous avons en
commun. Jusqu’à ce que mes douleurs dans le dos m’imposent des
restrictions dans ce domaine, l’une de mes manières favorites de briser la
[214]

glace était de dire: «Viens m’embrasser!»


En invitant les gens à s’approcher et à établir un contact, j’espérais les
mettre en confiance avec moi. Aller vers l’autre, établir des liens et trouver
un terrain d’entente: voilà des compétences relationnelles que personne ne
doit ignorer. Ce sont elles qui déterminent la qualité de nos interactions avec
notre entourage.

Les compétences à acquérir


Le «relationnel» est un terme très largement utilisé mais rarement bien
défini. Nous aimons tous penser que nous sommes doués dans les contacts
ou imaginer que nous sommes de très bons conducteurs. Mon frère me
taquine en me disant que je suis le pire conducteur de banquette arrière du
monde, même si je n’ai jamais eu de permis de conduire. Selon lui, mon
relationnel va en s’améliorant. Cela devrait aussi être votre cas.
Personne ne devrait considérer comme allant de soi des compétences qui
sont essentielles pour la réussite et le bonheur. On peut vivre sans limites,
mais pas sans relations de confiance. C’est pourquoi nous devrions toujours
nous observer, nous auto-évaluer, travailler à développer et à affiner notre
façon d’aborder notre entourage. D’après les psychologues, notre capacité
d’établir des liens de confiance et des relations de soutien mutuel ne dépend
que d’un nombre réduit de compétences relationnelles primaires. Parmi
celles-ci figurent les capacités de…
* reconnaître les émotions et les humeurs;
* écouter attentivement ce que disent les autres et leur façon de le dire;
* évaluer et comprendre le langage corporel, et réagir;
[215]

* évaluer la situation dans un groupe social;


* nouer rapidement des liens;
* user de notre charme en toutes circonstances;
* avoir du tact et savoir nous retenir;
* montrer notre attention aux autres par des actes.
Examinons maintenant chacune de ces compétences relationnelles plus en
détail.

Lire les expressions


Lire le langage corporel, la tonalité de la voix, les expressions et le regard
de quelqu’un est une compétence que nous avons tous à un certain degré.
Nous ne pouvons pas ne pas remarquer ces signaux. La plupart des
personnes arrivent même à savoir quand quelqu’un fait semblant d’être en
colère alors que ce n’est pas le cas, ou simule une douleur juste pour attirer
l’attention. D’après les psychologues, cette compétence s’améliore avec
l’âge, et les femmes sont en général plus douées que les hommes dans ce
domaine. Je n’étais pas surpris d’apprendre que celles qui ont des enfants
sont particulièrement compétentes en la matière. Ma mère lisait en moi
comme dans un livre ouvert, et elle semblait savoir si j’étais malade, blessé,
triste ou frustré bien avant que je ne m’en rende compte moi-même.

Ecouter pour comprendre


Certains parents disent: «Dieu nous a donné une seule bouche, mais deux
oreilles; il faut donc écouter deux fois plus que parler.» Bien trop souvent,
nous écoutons non pour comprendre mais seulement pour être en mesure [216]

de répondre. Pour établir une véritable relation, il faut prendre en compte le


sentiment qui se cache derrière les mots, pas seulement les mots en eux-
mêmes. Je ne suis pas un expert, mais j’ai vu nombre de mes semblables
confrontés à ce problème. Les femmes sont connues pour être plus intuitives
et, de ce fait, peuvent ressentir une certaine frustration face aux hommes qui
ont tendance à rester dans le premier degré, à percevoir plus les mots que les
émotions.

Comprendre et agir
Ecouter et observer attentivement est une chose, mais il est plus important
encore d’analyser correctement ce que nous avons entendu et observé, puis
d’agir en fonction. Ceux qui y arrivent bien ont tendance à avoir de
meilleures relations et à aller le plus loin possible dans leur travail. Cela peut
aussi se révéler utile pour la survie. Le New York Times a rapporté l’histoire
de deux soldats américains en Irak, qui ont remarqué une voiture à l’arrêt
avec deux jeunes gens à l’intérieur, lors d’une patrouille. Alors qu’il faisait
50 degrés dehors, les fenêtres étaient complètement remontées. Un des deux
soldats a demandé à l’autre s’il pouvait aller leur proposer de l’eau et a fait
quelques pas en direction du véhicule.
Le sergent a regardé tout autour et a perçu le danger. Il a ordonné à l’autre
de revenir; juste au moment où celui-ci s’est retourné, une bombe a explosé
à l’intérieur de la voiture. Les deux jeunes sont morts, et le soldat qui voulait
les aider a été touché par un éclat, mais il a survécu.
Plus tard, le sergent a dit que lorsqu’il a vu son compagnon s’avancer vers
la voiture, son sang s’est glacé. C’est le sens du danger. D’autres indices
[217]

lui avaient mis la puce à l’oreille; en effet, il n’y avait pas eu de tirs ce
matin-là, ce qui était inhabituel, et les rues étaient plus calmes que
d’habitude.
Des études menées auprès de vétérans ont montré comment ils s’appuient
sur leur capacité de lire et d’interpréter rapidement leur environnement, sur
la base de leurs sensations, du langage corporel ou de «quelque chose qui ne
va pas». Cette capacité est capitale pour tous, non seulement pour le
domaine relationnel, mais aussi pour la survie.

S’intégrer au groupe
Une autre compétence importante est celle de savoir comment agir pour
s’intégrer, que ce soit à une réunion d’église, un club privé, un pique-nique
d’entreprise ou un simple repas. Il faut respecter le cadre. Lorsque je suis en
déplacement à l’étranger, je demande souvent à mon hôte ou à mon
interprète de m’aider à comprendre les coutumes et traditions locales afin de
ne pas commettre d’erreur qui pourrait fâcher mon public.
Il y a des choses que l’on fait chez soi et que l’on ne doit jamais faire
pendant le repas dans d’autres pays. Dans la plupart des endroits, roter est
considéré comme le sommet de l’impolitesse, mais dans certains, c’est
considéré comme un compliment à celui qui a fait la cuisine. Plus
sérieusement, il y a des sujets qu’il vaut mieux éviter selon les situations:
parler de vieux conflits, de politique, voire de religion, est parfois source de
problèmes.
Cependant, on peut toujours trouver des intérêts communs pour entamer
une conversation avec les autres. La maturité aidant, j’ai appris que, pour
savoir engager un échange, c’est la capacité d’écoute qui est la plus
[218]

importante, en particulier lorsque vous vous retrouvez dans une pièce


remplie de personnes.

Nouer un lien
On établit des liens avec les autres non seulement par les mots, mais aussi
grâce aux expressions et au langage corporel, comme la façon dont nous
nous plaçons vis-à-vis des autres. Souvent, nous ne nous rendons pas compte
de l’importance de notre position, jusqu’à ce que quelqu’un envahisse notre
espace personnel. Ceux qui aiment parler de très près, par exemple, peuvent
avoir l’impression d’établir un lien, mais ils font généralement fuir leur
interlocuteur. La frontière de l’espace vital personnel est difficile à définir,
car elle varie en fonction des gens. Lors d’une soirée, j’ai vu une authentique
panique dans le regard d’un ami coincé par quatre personnes à la fois, qui
cherchaient toutes à attirer son attention. Elles étaient plus grandes que lui,
et il ressemblait à un renard encerclé par des chiens de chasse!

Du charisme
Je n’ai aucun problème pour attirer l’attention de quelqu’un, mais la retenir
constitue un défi à part entière. Quand je rencontre les gens, ils sont
intrigués par mon corps mais ne sont pas toujours à l’aise en me regardant.
Je n’ai alors que quelques secondes pour dissiper ce malaise en usant de
mon charme. Surtout avec les enfants et les ados, je plaisante en parlant de
«donner un coup de main» ou d’un achat qui m’a «coûté un bras», afin
qu’ils comprennent que j’ai entendu toutes sortes de remarques et que je
peux en rire avec eux. Je pense que le vrai secret du charisme, c’est de
[219]

faire sentir à chaque personne que vous rencontrez qu’elle a votre totale
attention pendant qu’elle vous parle.
La tactique
Nous avons tous tendance à penser que nous avons plein de tact et que nous
pensons aux autres, mais je sais qu’il m’arrive d’en manquer. Mon frère
aime me rappeler que j’étais un tyran avec lui, quand nous étions plus
jeunes. Même quand nos deux parents étaient à la maison, il me servait
d’assistant, puisque nous étions toujours ensemble, et il peut vous raconter
combien je le rendais fou avec mes exigences. Un jour, par exemple, son
ami Phil nous a rendu visite. Comme c’était bon matin, j’ai demandé à
Aaron et lui s’ils voulaient des œufs avec du bacon.
«Bien sûr, Nick, merci!» a répondu Phil.
Je me suis attelé à lui préparer des œufs et du bacon, c’est-à-dire que j’ai
hurlé: «Bon, Aaron, va me chercher des œufs et une poêle que tu mettras sur
le feu. Casse les œufs dans la poêle, et je te dirai quand ce sera prêt.»
Devenu plus âgé et plus grand, mon frère a trouvé un moyen de gérer ma
tyrannie. Quand il me trouvait trop exigeant, il menaçait de m’enfermer dans
un tiroir et de m’y laisser. J’ai dû développer un certain tact pour ne pas
rester rangé quelque part à tout jamais!

Parler et agir
Nous connaissons tous des gens qui «parlent beaucoup mais ne font rien».
Nous avons beau savoir écouter, avoir de l’empathie à revendre, être
abordables, charmants et pleins de tact, si nous ne nous levons pas pour[220]

aider les autres quand la situation l’exige, toutes ces qualités sont sans
valeur. Juste dire: «Je compatis» ne compte pas. Nos actes parlent mieux que
nos mots.
Dans le cadre de nos relations professionnelles, nous devons non seulement
faire notre travail et nous efforcer de réussir, mais aussi aider les autres à
faire le leur et les soutenir dans leur effort.

Savoir s’adapter
Pour acquérir des compétences relationnelles, nous devons mettre en veille
nos propres intérêts, soucis, délais et nous concentrer sur ceux de notre
entourage. Il ne s’agit pas d’attirer toute l’attention ou d’être la personne la
plus drôle de la pièce, mais de savoir nous mettre sur la même longueur
d’onde que d’autres et leur donner envie de nous inviter à faire partie de leur
existence.
La profondeur de nos relations varie selon la nature de notre contact avec
les personnes concernées. Ce contact peut être ponctuel (caissiers, serveurs,
facteur, voisin de siège dans l’avion), sporadique (voisins de quartier,
collègues de bureau, clients) ou continu, pour celles qui jouent un grand rôle
dans notre vie: nos meilleurs amis, notre conjoint, les membres de notre
famille. Chaque type de contact exige diverses compétences relationnelles
ainsi que la capacité de dialoguer et d’interagir harmonieusement.

Tendre la main
Il existe une autre compétence relationnelle, souvent oubliée ou méprisée,
mais que je connais bien: la volonté et l’humilité de demander de l’aide
quand on en a besoin. Jésus, le Fils de Dieu, n’a été que très rarement seul
[221]

ici-bas. Il a généralement été accompagné par un ou plusieurs de ses


disciples, et vous ne devriez jamais penser que vous devez marcher seul(e)
sur votre chemin. Demander de l’aide n’est pas un signe de faiblesse mais de
force. La Bible dit: «Demandez et l’on vous donnera, cherchez et vous
trouverez, frappez et l’on vous ouvrira. En effet, toute personne qui demande
reçoit, celui qui cherche trouve et l’on ouvre à celui qui frappe.»17
Il y a quelques années, comme mon emploi du temps était chargé et que je
faisais de nombreux déplacements, j’ai pris la décision d’avoir de nouveau
recours aux services d’aides-soignants, ce que j’avais longtemps essayé
d’éviter. Quand j’étais plus jeune, je voulais prouver que je pouvais survivre
jour après jour sans dépendre d’autrui. L’indépendance était pour moi une
chose importante. Pour garder la sérénité et avoir une bonne estime de moi-
même, j’avais besoin de savoir que je pouvais me débrouiller sans l’aide de
personne.
Cependant, quand mon activité de conférencier a décollé et que des
invitations ont commencé à arriver des quatre coins du monde, je me suis
rendu compte que j’utilisais beaucoup trop de mon énergie pour subvenir à
mes besoins, surtout dans le domaine des déplacements. Pour parler à autant
de personnes et dans beaucoup d’endroits différents, il faut être totalement
impliqué et toujours plein d’enthousiasme. J’ai donc de nouveau recouru à
des aides-soignants. Malgré tout, je garde l’espoir d’avoir un jour une
épouse et des enfants ainsi que d’être de nouveau autonome.
Quand on a un aide-soignant, on ne peut pas se permettre d’avoir de
mauvaises capacités relationnelles. Même si la personne est bien payée, il
n’est pas possible pour elle de vous nourrir, de voyager avec vous, de vous
[222]
raser, de vous habiller et parfois de vous porter, si elle ne vous apprécie pas.
Heureusement pour moi, j’ai toujours entretenu de bonnes relations avec
mes assistants, même si parfois ils ont été mis à rude épreuve. Je n’ai jamais
eu d’aide-soignant à plein temps avant 2005, lorsque Craig Blackburn a pris
contact avec moi, inspiré par mon discours et mon témoignage à l’église. Il
m’a offert ses services d’aide-soignant, chauffeur et coordinateur de voyage
pour les trois semaines de ma tournée le long de la côte ensoleillée du
Queensland. J’étais un peu inquiet à l’idée de faire la tournée en compagnie
de quelqu’un que je ne connaissais pas bien, mais j’ai prié, vérifié ses
références et décidé que je pouvais lui faire confiance. Il m’a apporté une
grande aide, me permettant de préserver mon énergie pour mes discours et
mes autres obligations.
Dans mon effort pour démontrer mon indépendance, tout en mettant sur
pied une activité qui nécessitait beaucoup de déplacements, je me suis
montré trop fier pour demander de l’aide, alors même que j’en avais besoin.
Ne répétez pas mon erreur. Connaissez vos limites. Protégez votre santé
physique et mentale en ne faisant que ce qui est humainement possible, et
demandez de l’aide quand les circonstances l’imposent. Mais souvenez-
vous: demander quelque chose à vos amis ou collègues est impoli, si vous ne
manifestez pas à leur égard de l’estime et de l’intérêt. Personne ne vous doit
plus que ce que vous avez vous-même donné.
Ce sont parfois des amis, des volontaires ou des membres de la famille qui
ont endossé le rôle d’aides-soignants pour moi, mais la plupart du temps,
c’est quelqu’un que je paie car cela demande beaucoup, compte tenu de mon
terrible emploi du temps. J’ai commencé à employer de plus en plus
[223]

d’aides-soignants lors de mes voyages aux Etats-Unis en 2006. Durant cette


tournée-là, c’est un garçon du nom de George qui s’est porté une fois
volontaire pour me servir de chauffeur et d’aide-soignant. Il est arrivé au
volant d’une petite voiture qui ressemblait à une épave; elle était bruyante,
dégageait une mauvaise odeur et était ornée, à mon grand étonnement, d’un
trou béant par lequel on voyait la route! J’étais un peu sous le choc; je me
voyais déjà passer au travers de ce trou et être écrasé par un camion. Je ne
me suis jamais senti tout à fait à l’aise dans ce véhicule, mais George s’est
montré un loyal supporter et un excellent assistant.
Un de mes aides-soignants actuels, Bryan, a été mis à rude épreuve durant
ma tournée en Europe, durant l’été 2008. Nous avions voyagé sans arrêt
durant une semaine entière lorsque nous sommes enfin arrivés pour une nuit
dans un hôtel à Timisoara – très jolie ville qualifiée de Petite Vienne – dans
les Alpes de Transylvanie, en Roumanie. J’ai toujours entendu dire que
c’était un coin bien sinistre de la planète, et mes soupçons n’ont fait que se
confirmer.
Epuisé par le manque de sommeil, j’étais trop fatigué pour me faire du
souci. C’était la première nuit d’une longue tournée, durant laquelle j’étais
censé pouvoir récupérer un peu. Comme j’avais eu des troubles du sommeil,
Bryan m’a proposé une capsule de mélatonine, supposée aider le corps à
gérer le décalage horaire.
Au début, je lui ai dit que je n’en voulais pas. En raison de mon volume
corporel réduit, j’ai parfois des réactions inhabituelles aux suppléments.
Bryan m’a convaincu qu’il n’y avait pas de danger, mais par prudence,
heureusement je n’ai pris que la moitié de la dose; je me suis immédiatement
et profondément endormi.
Il arrive que je me surmène tellement pendant une tournée que, malgré
[224]

l’effort titanesque qu’il me faut pour m’asseoir sur le lit, je le fasse pendant
mon sommeil et commence à parler comme si je m’adressais à un public.
Cette nuit-là j’ai réveillé Bryan, qui dormait dans la pièce d’à côté, en
prêchant en serbe!
Il m’a sorti de mon sommeil avant que je ne le fasse pour la moitié de la
Roumanie avec mon sermon de somnambule. Nous nous sommes rendu
compte que nous étions en train de transpirer à grosses gouttes. La
climatisation s’était éteinte et, par cette chaude nuit d’été, nous étions
littéralement en train de cuire. Tout naturellement, nous avons ouvert les
fenêtres pour avoir un peu d’air frais et, épuisés, nous sommes retournés
dans nos lits respectifs.
Une heure plus tard, nous étions de nouveau réveillés. Cette fois-ci, nous
étions dévorés vivants par les énormes moustiques de Transylvanie. Du
moins, nous espérions qu’il s’agissait bien de moustiques! A ce moment-là
de la nuit, j’étais totalement épuisé et surchauffé. Tout mon corps me
démangeait et – cerise sur le gâteau – je n’avais aucun moyen de me gratter.
C’était une véritable torture!
Bryan m’a suggéré de prendre une douche, puis il a pulvérisé sur les
piqûres d’insectes un spray qu’il avait dans sa trousse de premiers secours.
Je suis retourné me coucher, mais, dix minutes plus tard, je hurlais de
nouveau. Mon malheureux corps était tout en feu! J’étais en train de faire
une allergie au produit contre les démangeaisons.
Il s’est précipité pour me remettre sous la douche, mais au passage, il a
glissé, est tombé et s’est cogné la tête contre les toilettes, manquant de peu le
K. O.! Epuisés, nous ne voulions que dormir, mais notre nuit de
[225]

cauchemar n’était pas encore terminée. La climatisation éteinte, il faisait


trop chaud dans la chambre. A ce moment-là, je ne raisonnais plus comme
une personne normale, si bien que j’ai demandé à Bryan de me passer un
oreiller.
«Comme la climatisation fonctionne dans le couloir, je vais dormir là-bas!»
ai-je déclaré à mon aide-soignant déconcerté.
Il n’avait plus la force de me contredire. Il s’est écroulé sur son lit et moi,
juste à l’extérieur de la chambre, laissant la porte ouverte pour qu’il puisse
m’entendre au cas où j’aurais besoin d’aide.
Nous avons somnolé ainsi pendant une heure ou deux, avant qu’un parfait
inconnu ne passe au-dessus de moi, n’entre dans la chambre et ne commence
à admonester Bryan dans un anglais à peine compréhensible. Il a dû répéter
ses paroles pendant plusieurs minutes avant que nous ne comprenions qu’il
était furieux; il pensait que Bryan m’avait jeté dehors et obligé à dormir dans
le couloir! Nous avons eu beaucoup de mal à persuader cet apprenti bon
Samaritain que c’était moi qui l’avais voulu.
Une fois l’inconnu parti, nous sommes retournés nous coucher sur nos lits.
Mais juste au moment où nous commencions à nous endormir, le téléphone
portable de Bryan a sonné. Quand il a décroché, il a eu droit à tout un flot de
paroles d’indignation. C’était le coordinateur de la tournée. A l’évidence,
notre intrus nocturne n’avait pas été convaincu par nos propos. Il avait
rapporté à la sécurité de l’hôtel que j’avais été laissé toute la nuit dans le
couloir. A leur tour, ils ont contacté notre coordinateur qui menaçait
désormais de brûler Bryan sur la place publique.
Vous comprenez maintenant pourquoi j’emploie en général trois aides-
[226]

soignants, avec un tournus hebdomadaire. Bryan et moi pouvons rire


aujourd’hui de cette nuit cauchemardesque en Transylvanie, mais il nous a
fallu des heures de sommeil au frais et sans insectes pour nous en remettre.
J’ai appris, tôt dans ma vie, qu’il est normal de demander de l’aide. Qu’il
vous manque ou non des parties du corps, il y aura des moments où vous n’y
arriverez pas seul(e). Oui, l’humilité est une compétence sociale et aussi un
cadeau de Dieu.
Il faut une certaine dose d’humilité pour demander de l’aide aux autres, que
ce soit à un assistant, à un mentor, à quelqu’un que l’on admire ou à un
membre de la famille. Lorsque nous sommes suffisamment humbles pour
solliciter un coup de main, la plupart réagissent positivement en donnant
d’eux-mêmes et de leur temps. Si, au contraire, nous nous comportons
comme si nous détenions toutes les réponses et n’avions besoin de personne,
nous aurons plus de mal à trouver du soutien.

Sans pantalon et sans voix


Enfant, on m’a appris que toute gloire revient à Dieu; plus tard, j’ai compris
que tout le bien que je peux faire n’est pas fait par moi mais à travers moi.
Apparemment, le Seigneur pense que j’ai besoin d’une leçon d’humilité, de
temps en temps, afin de ne jamais perdre ma capacité d’aborder les autres et
de nouer des liens avec eux. Parfois ces leçons sont franchement pénibles,
parfois elles sont hilarantes.
En 2002, je vivais encore en Australie lorsque mon cousin Nathan Poljak
m’a accompagné aux Etats-Unis pour une conférence dans un camp
[227]

chrétien. Nous sommes arrivés le soir précédant l’événement, et nous étions


déstabilisés par le décalage horaire et le long voyage. Nous nous sommes
réveillés trop tard.
Je devais me lever tôt pour donner un cours biblique, mais personne n’a
voulu me réveiller, si bien que j’ai émergé de mes rêves un quart d’heure
seulement avant le début. Comme nous étions logés tout près, j’ai pensé que
nous pouvions arriver à temps. Nous nous sommes précipités vers le camp,
mais une fois sur place, je me suis rendu compte que j’avais besoin d’aller
aux toilettes. Croyez-le ou non, c’est quelque chose que je suis en mesure,
en général, de faire par moi-même. Je ne dévoilerai pas mes techniques
secrètes, mais je peux vous dire que le fait d’avoir du velcro à la place de la
fermeture éclair m’aide beaucoup. Cependant, puisque nous étions en retard,
Nathan m’a offert son aide. Il m’a porté dans les toilettes publiques et m’a
installé pour que je fasse ce que j’avais à faire.
Dès que j’ai terminé, il m’a rejoint pour m’aider à «fermer le magasin» et,
au cours de l’opération, il a laissé tomber mon short dans les toilettes! Nous
nous sommes figés, pris d’horreur, voyant ma dignité disparaître dans un
tourbillon. J’étais là, sans pantalon, en retard pour mon cours biblique. Je me
suis tourné, horrifié, vers mon cousin, et son visage reflétait le même état de
choc. Puis nous avons éclaté de rire. Nous n’avons même pas pu repêcher
mon pantalon car nous étions en train de faire des «beurk» l’un comme
l’autre, et notre maladresse nous rendait encore plus hilares. Nathan a un rire
très contagieux, et quand il commence, je ne peux pas résister. Je suis sûr
que les personnes qui étaient à l’extérieur se sont demandé ce qu’il y avait
de si drôle dans le cabinet numéro 3.
Mes cousins, mon frère et ma sœur m’ont appris à rire quand je me
[228]

retrouvais dans des situations ridicules, et celle-là en était indiscutablement


une. J’ai aussi compris que je devais me reposer sur ceux qui sont désireux
de me prêter assistance et demander de l’aide quand je me sentais submergé.
Je vous encourage à faire de même.

Accepter l’aide
Mes aides-soignants ont été merveilleux durant toutes ces années, et je suis
heureux qu’ils restent dans ma vie en tant qu’amis, une fois qu’ils changent
de travail. J’ai rencontré la plupart d’entre eux lors de mes conférences, et ils
sont ensuite venus travailler avec moi. Il y a toujours une période
d’adaptation, en quelque sorte, qui est souvent très amusante.
Les personnes qui me côtoient depuis quelque temps disent souvent qu’on
oublie assez vite mon handicap et qu’il devient tout à fait secondaire. J’en
suis très content… sauf quand il s’agit de mon aide-soignant. Je ne compte
même plus le nombre de fois où j’ai demandé à un nouvel assistant de me
donner à boire et où il m’a tendu un verre d’eau. C’est toujours drôle de le
voir attendre que je le prenne. Puis son visage devient tout rouge tandis qu’il
se rend compte de la situation: «Je viens de tendre un verre d’eau à un
garçon sans bras! A quoi est-ce que je pensais?»
Je leur dis que ce n’est pas grave et que je m’y suis habitué.
Vous n’avez certainement pas besoin qu’une personne spécialement formée
veille sur vous, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Mais nous avons tous
besoin en quelque sorte d’un assistant, quelqu’un avec qui échanger nos
[229]

idées, qui puisse nous donner un bon conseil, nous soutenir, faire office de
mentor ou de modèle.
Il faut de l’humilité et du courage pour admettre que l’on ne sait pas tout et
qu’un coup de main ne serait pas de trop. J’ai mentionné que, lorsque nous
avons une vocation et que nous décidons de poursuivre notre rêve, nous
avons toujours quelques détracteurs. Heureusement, nous rencontrons aussi
sur notre chemin – parfois, là où nous nous y attendons le moins – des
personnes qui nous redonnent des forces ou nous guident. Nous devrions
toujours nous tenir prêts pour de telles rencontres, car ces liens peuvent
transformer notre existence.
J’ai connu trois sortes de guides dont la rencontre a eu un impact sur ma
vie: des mentors, des modèles et des compagnons de route.
Les mentors sont déjà allés là où vous désirez vous rendre. Ils peuvent vous
encourager et vous soutenir car ils ont les mêmes rêves que vous et ont
vraiment envie de vous voir réussir. Les parents en sont naturellement, mais
vous trouverez sans doute d’autres personnes désireuses d’endosser ce rôle
dans votre vie. L’un de mes premiers a été le frère de ma mère, mon oncle
Sam Radojevic, qui vit toujours en Australie avec sa femme et leurs
merveilleux enfants. Il a un cœur d’entrepreneur, l’ingéniosité d’un
inventeur et la vision d’un explorateur. Oncle Sam est toujours ouvert à de
nouvelles expériences, et, quand j’étais jeune, il m’a encouragé à voler de
mes propres ailes. Il m’a appris que les seuls vrais obstacles que l’on
rencontre dans la vie sont ceux que l’on se fabrique soi-même. Ses conseils
et son soutien m’ont donné le courage dont j’avais besoin pour élargir mon
horizon.
J’ai connu beaucoup de gens qui portaient sur eux pendant toute leur
[230]

existence le poids de leurs regrets, mais oncle Sam n’était pas du genre à
regarder en arrière. Même quand il commet des erreurs, il se force à aller de
l’avant, vers une prochaine possibilité, avec l’entêtement impérieux d’un
enfant amoureux de la vie.
Il aime beaucoup concevoir et fabriquer des motos et des vélos, mais il ne
le fait pas uniquement pour son propre plaisir. Il a aidé le gouvernement de
l’Etat de Victoria à mettre en place un programme consistant à faire réparer
de vieilles bicyclettes par des prisonniers afin de les offrir à des enfants ou
des adultes qui n’ont pas les moyens de s’en acheter une. Grâce à ce
programme, des milliers de vélos ont été distribués aux plus démunis.
Oncle Sam m’encourage à regarder vers l’avant. J’avais 13 ans quand il
m’a dit: «Nicholas, un jour, tu iras serrer la main de présidents, de reines et
de rois.» Il pensait déjà que Dieu me destinait à de grandes choses. C’est
super d’avoir pour mentor quelqu’un comme lui!
Je vous encourage à chercher vos propres mentors; comprenez cependant
que les vrais ne sont pas seulement des supporters. Ils vous signaleront aussi
les moments où, à leur avis, vous vous écartez du bon chemin. Vous devez
être prêt(e) à entendre leurs critiques aussi bien que leurs compliments et
garder à l’esprit qu’ils prennent votre réussite à cœur.
Je suis également reconnaissant à mon cousin Duncan Jurisic. Quand j’étais
petit, j’avais toujours peur d’importuner les autres en leur demandant de
m’emmener aux toilettes. Il m’a aidé à trouver une sorte de slogan à retenir:
«Quand il faut y aller, demande à quelqu’un de t’aider.» Non seulement,
avec mes autres cousins, il a continué à m’aimer et à me soutenir, mais avec
sa mère Danilka il m’a aidé à surmonter mes peurs durant mes premières
[231]

expériences de conférencier. Leur famille, qui gérait le groupe australien


d’hospitalité à Melbourne, a su me guider avec grande sagesse.
On appelle modèle quelqu’un qui est allé là où vous souhaitez aller mais
qui n’est pas aussi proche de vous qu’un mentor. En général, vous
l’observez de loin, vous étudiez ce qu’il fait, vous lisez ses livres et vous
suivez son parcours afin de vous en inspirer pour votre propre carrière.
Souvent, il s’agit de personnes éminentes de votre domaine d’activité, de
gens que leur succès a rendus respectés et célèbres. Un de mes modèles, que
j’ai toujours rêvé de rencontrer, est Billy Graham. Il a conformé sa vie à ces
paroles de Marc 16.15, qui m’inspirent également: «Allez dans le monde
entier proclamer la bonne nouvelle à toute la création.»
Quelque part entre les mentors et les modèles, il y a aussi de la place pour
des personnes comme Vic et Elsie Schlatter, à qui je rends visite presque une
fois chaque année. Ils m’incitent toujours à devenir meilleur en tant que
chrétien et en tant que personne. Bien que vivant en Australie, ils ont
implanté plus de 65 églises et missions dans des endroits reculés du
Pacifique sud. Ils sont mes modèles en tant que missionnaires qui œuvrent
pour changer le monde. Ils travaillent dans le calme, sans tapage et dans
l’humilité, mais ils ont radicalement transformé la vie de très nombreuses
personnes.
Quand elle était adolescente, Elsie a eu une vision de Jésus se dressant
devant elle et lui disant: «Va!» Elle en a conclu que Dieu l’appelait à être un
jour missionnaire. Quand ils se sont mariés, Vic travaillait dans une centrale
nucléaire pour General Electric, mais ils ont aussi fondé une église et ont
commencé à préparer leur première mission en Papouasie Nouvelle-Guinée,
une petite nation composée de tribus dans le Pacifique sud, qui n’a été que
[232]

très peu exposée au christianisme et est caractérisée par une diversité


époustouflante: plus de 700 dialectes pour 3 millions de personnes!
Vic et Elsie sont tombés amoureux de cette partie du monde et se sont
installés sur la côte nord de l’Australie. De cette base, ils mènent leur travail
missionnaire dans le Pacifique sud. Vic a écrit des livres; il a aussi traduit les
Ecritures dans le dialecte basé sur l’anglais qui est parlé dans les îles et dans
d’autres dialectes en usage chez les indigènes dont il s’occupe avec sa
femme.
Trouver un compagnon de route n’est pas facile pour moi, étant donné mon
parcours peu conventionnel. Ce sont en général des pairs, des collègues de
travail ou des personnes qui ont un objectif similaire au vôtre et qui suivent
un chemin parallèle. Ils peuvent être des rivaux, mais sans hostilité aucune.
Vous pouvez vous accorder mutuellement du soutien et des encouragements
en adoptant la politique de l’abondance et non de la rareté.
Adopter la politique de l’abondance, c’est croire qu’il y a suffisamment de
dons divins – réussite, possibilités, bonheur et amour – pour tous. Cela vous
ouvre aux autres. Si, au contraire, vous avez tendance à penser le monde
comme un endroit où les possibilités et les ressources sont rares, vous
percevrez vos compagnons de route comme des concurrents qui risquent de
tout prendre et de ne rien vous laisser. La compétition peut être saine, en ce
qu’elle est source de motivation, et il y a toujours des personnes qui désirent
la même chose que vous. En pensant en termes d’abondance, vous verrez
qu’il y a suffisamment pour tous, et la compétition vous poussera à donner le
meilleur de vous-même et à encourager les autres à faire de même.
Une politique d’abondance vous permet de marcher avec vos
[233]

compagnons de route, ensemble, dans un esprit de camaraderie et de soutien


mutuel. Je l’ai appris de mon amitié avec Joni Eareckson Tada, qui a eu un
parcours semblable au mien. Comme je l’ai déjà expliqué, elle a été un
modèle pour moi bien avant notre rencontre. Elle est devenue un mentor en
m’aidant à m’établir aux Etats-Unis; maintenant elle est une compagne de
route, qui offre de sages conseils et est toujours à l’écoute.
Jackie Davison est une autre personne qui vivait dans le même quartier que
nous quand j’étais adolescent et qui a toujours été là pour moi, dans de
nombreuses situations. Elle était mariée et avait des enfants en bas âge, mais
elle a toujours trouvé le temps de m’écouter lui déballer mes joies et mes
malheurs. Elle était plus une amie pleine de sagesse qu’une adulte avec ses
jugements, car il y avait un faible écart d’âge entre nous. J’ai beaucoup
d’amour pour elle et pour sa famille, et je suis devenu comme un grand frère
pour ses enfants, les aidant pour leurs devoirs ou passant juste du temps avec
eux.
En 2002, j’ai rencontré des difficultés sur le plan personnel et dans mes
études universitaires; j’étais désorienté et décontenancé. J’avais rompu avec
une amie de longue date et j’avais les nerfs à vif. Je suis donc allé voir
Jackie et lui ai demandé de m’aider à comprendre ce qui s’était passé. Je lui
ai déballé tout ce que j’avais sur le cœur; elle ne répondait rien et restait
assise devant moi, les doigts croisés. Soudain, j’ai été frappé par l’absence
totale de réaction de sa part à tout ce que j’étais en train de lui raconter. Je
me suis arrêté et lui ai dit: «Alors, que devrais-je faire? Dis-le-moi!» Elle a
souri et m’a dit simplement, en me regardant de ses yeux rayonnants:
[234]

«Remercie Dieu!»
Frustré et troublé, j’ai demandé pourquoi je devrais faire cela. Elle m’a
répondu: «Remercie-le juste, Nick!»
J’ai regardé mes pieds en réfléchissant. «C’est tout ce qu’elle a à me dire?
Quelle drôle de femme!»
Puis j’ai compris que Jackie m’invitait à garder confiance en Dieu et à me
rappeler qu’il ne m’avait pas abandonné. Elle voulait me faire saisir que je
devais placer ma foi non dans la sagesse des hommes mais dans la puissance
de Dieu. Elle était en train de me dire de m’abandonner à lui, de le remercier
par avance, même si je pensais n’avoir aucune raison de le faire, sachant que
les bénédictions viendraient après cette souffrance. Elle a une foi puissante
et elle me rappelle souvent que, lorsque je me sens troublé ou blessé, je dois
m’abandonner au Seigneur, car il a un plan pour chacun de nous.

Ceux qui nous guident


Les relations avec vos «guides» ne seront pas toujours calmes et lisses. Ils
vous ramèneront parfois à la réalité, même s’il faut pour cela vous corriger.
Mais ils prendront bien soin de vous faire réfléchir vraiment à ce que vous
êtes en train de faire, à la direction que vous suivez, aux raisons qui vous
poussent à continuer et à ce que vous allez rencontrer sur le chemin. Nous
avons besoin de ce genre de personnes à nos côtés.
Quand j’ai pris la décision de devenir conférencier pour encourager
d’autres à garder la foi, j’ai fait part de cette décision à mes amis les plus
proches et aux membres de ma famille. Certains se sont inquiétés,
notamment mes parents. L’église à laquelle j’appartiens a envoyé, au fil
[235]

du temps, beaucoup de missionnaires qui ont construit des orphelinats et ont


aidé de nombreuses personnes dans le besoin. Quand je leur ai dit que je
voulais parler de ma foi dans d’autres églises du monde entier, ils ont
exprimé des craintes pour ma santé. Etait-ce vraiment cette mission-là que
Dieu voulait pour moi?
Je savais qu’ils voulaient le meilleur pour moi, et je les ai écoutés. Vous
devriez faire de même lorsque ceux qui vous soutiennent vous donnent leur
opinion au sujet de vos projets, surtout si vous voulez qu’ils continuent à
s’investir dans votre vie. Honorez-les et réfléchissez sérieusement à leurs
conseils. Vous n’avez pas à prendre ceux-ci pour argent comptant, mais
respectez leur bienveillance et leur honnêteté, même si ce n’est pas ce que
vous aimeriez entendre.
Je respectais l’opinion de mes parents, mais je ressentais aussi que Dieu
m’appelait à annoncer l’Evangile. J’ai donc dû me montrer obéissant et
patient, tout en priant pour qu’ils changent d’avis. Par la grâce de Dieu, non
seulement eux, mais l’église aussi, ont accepté mon appel; ses responsables
m’ont soutenu et m’ont consacré pour ce ministère.
Rien ne nous garantit que tous ceux que nous rencontrons voudront nous
aider. Certains vont essayer de nous décourager. Ils peuvent aussi avoir les
meilleures intentions du monde et de bonnes raisons de s’inquiéter pour
nous. Les craintes de mes parents n’étaient absolument pas irrationnelles,
mais j’ai prié pour que leur foi les aide à les surmonter.
Les parents et les enfants, une fois ces derniers devenus grands, doivent
souvent accepter de rester chacun sur son opinion et avancer. C’est la même
chose pour ceux qui font partie de votre équipe de soutien. Si vous n’en
[236]

faites qu’à votre tête, il se peut que vous ayez tort… ou raison, mais en fin
de compte, cela importe peu.
J’ai beaucoup de reconnaissance envers mes parents et je sais respecter
leurs décisions et leur point de vue. Par la grâce de Dieu, notre relation a
passé ce test avec succès, et nous en sommes ressortis encore plus proches
qu’avant, grâce à notre respect et notre amour réciproques. Si nous n’avions
pas parlé ouvertement de nos sentiments, la fin aurait pu ne pas être aussi
heureuse.
Je fréquentais régulièrement mon église. Elle était pour moi comme une
base, et je faisais de mon mieux pour y aider les jeunes. Mais j’ai aussi
commencé à étendre mes activités, à prêcher dans d’autres groupes et à
rencontrer des personnes dans un périmètre plus large. Je suis ravi de
pouvoir dire que nombre de ces jeunes ont progressé dans leur relation avec
Dieu, et je l’en remercie.
Mon père et ma mère ont prié pour moi et avec moi durant la journée
de 2008 où j’ai été officiellement consacré. Cette expérience nous a
rapprochés et nous a amenés à un niveau supérieur d’amour et de respect
mutuels. Ils savaient que j’étais décidé et appelé à parler de Dieu. Les voir
prier pour moi devant toute la paroisse est quelque chose que je n’oublierai
jamais. Ils sont mes plus grands soutiens, et ils ont bien plus souvent eu
raison que tort au sujet des décisions importantes de ma vie.
Il ne faut jamais penser que les relations vont de soi, en particulier avec les
membres proches de la famille. Votre récompense durera toute votre vie.
Prenez le temps d’évaluer vos capacités relationnelles, la qualité de vos
amitiés et ce que vous y investissez. Etes-vous digne de confiance? Faites-
vous confiance à ceux qui sont proches de vous? Attirez-vous des [237]

personnes désireuses de s’investir dans vos réussites? Honorez-vous leurs


efforts? Investissez-vous dans vos relations autant que vous en retirez?
Chaque fois que je ris et passe du bon temps avec ma famille, je me rends
compte à quel point ces moments sont précieux. J’espère les convaincre un
jour que les plages de San Diego sont meilleures que celles de l’Australie,
afin de les avoir toujours près de moi. Gardez ceux que vous aimez aussi
près de vous et aussi longtemps que possible.
La qualité de vos relations a un très grand impact sur la qualité de votre vie,
alors protégez-les soigneusement. Ne pensez pas que cela aille de soi. La
Bible dit: «Il vaut mieux être deux que tout seul, parce qu’à deux on retire
un bon profit du travail. En effet, en cas de chute, l’un relève son
compagnon, mais malheur à celui qui est seul et qui tombe sans avoir de
proche pour le relever!»18
Mes parents (Dushka et Boris) et moi devant l’Anaheim Angel Stadium.
[238]

C’était juste avant que j’aie à y prendre la parole devant 50’000 personnes,
en 2009.

17 Matthieu 7.7-8 (N.d.E.)


18 Ecclésiaste 4.9-10 (N.d.E.)
[239]
10. Sauter sur une occasion

Joshua et Rebekah Weigel, des réalisateurs primés de Los Angeles, se sont


consacrés à la réalisation de films à la fois divertissants et pleins
d’inspiration. Je ne les avais jamais rencontrés, mais, après avoir vu une de
mes vidéos, ils ont eu l’idée d’écrire un scénario de fiction dans lequel je
tiendrais le rôle principal. Ils ont essayé de prendre contact avec moi
pendant qu’ils écrivaient ce script, mais, comme j’étais en tournée, ils
n’arrivaient pas à me joindre. Puis, un dimanche, à l’église de Westlake
qu’ils fréquentaient, ils ont retrouvé Kyle, un ami de longue date et lui ont
demandé ce qu’il devenait.
Il a répondu: «Je travaille comme aide-soignant pour Nick Vujicic.»
Joshua et Rebekah étaient stupéfaits. C’était incroyable. Arrive-t-il souvent
que deux cinéastes professionnels écrivent un script pour quelqu’un qu’ils
n’ont jamais rencontré et partent à sa recherche pour lui proposer de tourner
le film? N’est-ce pas fantastique? Un rêve se réalise!
Vous est-il déjà arrivé de manquer une belle occasion parce que vous n’y
étiez pas préparé(e) ou de regarder avec désespoir quelqu’un d’autre
ramasser un trésor sur lequel vous aviez marché sans le voir? Apprenez de
ces expériences et ressaisissez-vous! Walter Chrysler, le fondateur de la
[240]

compagnie automobile du même nom, a dit un jour que s’il y a tant de


personnes qui n’arrivent à rien dans la vie, c’est que, le jour où une occasion
se présente à leur porte, elles sont sorties pour chercher un trèfle à quatre
feuilles. Aujourd’hui, je vois des gens acheter des tickets de loterie au lieu
d’investir dans leur avenir. Investissez en travaillant dur, consacrez-vous à
votre objectif et attendez ensuite le bon moment pour faire le pas.
Si vous avez l’impression de toujours manquer la cible, c’est que vous
n’êtes sans doute pas prêt(e) à tirer. Vous êtes responsable de votre propre
réussite. Quand vous serez suffisamment avancé(e) sur votre chemin, vos
freins s’actionneront tout seuls au bon endroit. Si vous négligez votre tenue
ou passez votre temps à vous lamenter sur votre sort, ne vous attendez pas à
ce qu’on vous invite à danser. Croyez en vos capacités et aux possibilités
que la vie vous offre. Croyez que votre présence dans ce monde est
importante. Si vous ne vous sentez pas digne d’avoir des ailes, vous ne
prendrez jamais votre envol.
Transpirez, plongez les mains dans le cambouis, «avalez» des livres.
Thomas Edison disait que l’on rate souvent des occasions parce qu’elles sont
vêtues d’une salopette et ressemblent plutôt à du travail. Etes-vous prêt(e) à
faire ce qu’il y a à faire?
Je dois avouer que, lorsque les Weigel m’ont contacté pour la première fois,
je n’ai pas pris le temps de m’intéresser à leur projet. Kyle était tellement
enthousiaste! Il a essayé de me parler de ses amis réalisateurs et de ce qu’ils
avaient à me proposer. Tout ce qu’il a eu le temps de dire avant que je ne le
coupe a été: «J’ai des amis qui ont une idée de film pour toi…»
Je lui ai répondu sèchement: «Kyle, je suis trop occupé en ce moment
[241]

pour voir tes amis.»


J’avais beaucoup voyagé, j’étais fatigué et de mauvaise humeur. De plus,
aussi étrange que cela puisse paraître, je venais de traverser une mauvaise
expérience avec une proposition similaire. On m’avait juste exposé les
grandes lignes du projet – un long métrage! – et, des mois durant, je brûlais
d’impatience d’y participer. Puis on m’avait envoyé le script: les
producteurs voulaient que je joue un personnage mâchant du tabac, ne
cessant de proférer des jurons et passant la plupart de son temps à être traîné
comme un sac de pommes de terre sur le dos de quelqu’un d’autre!
Ce n’était pas vraiment le rôle par lequel je voulais commencer ma carrière
au cinéma, ni même la finir, si bien que j’avais dit non. Nous n’avons pas à
nous jeter sur n’importe quelle proposition mais à rester fidèles à nos valeurs
et à les incorporer dans nos objectifs à long terme. Quel genre de trace avez-
vous envie de laisser derrière vous? Comment voulez-vous que l’on se
souvienne de vous? Je ne voulais pas que mes petits-enfants tombent un jour
sur un DVD sur lequel papi Nick parle mal, laisse du tabac mêlé à sa salive
dégouliner sur son menton et vive comme un dégénéré. Ainsi, j’avais dit non
merci à cette première proposition.
J’aimais l’idée de faire un film, mais je n’étais pas prêt à sacrifier mes
valeurs pour y arriver. Il se peut que vous soyez aussi confronté(e) à une
situation similaire, alors restez fort(e). Gardez vos principes, mais ne
commettez pas la même erreur que moi: en fermant cette première porte, j’ai
aussi fermé mon esprit. Voilà pourquoi j’ai décliné si vite la proposition de
Kyle, sans même y réfléchir, lorsqu’il est venu tout joyeux me présenter le
projet des Weigel. Je n’ai pas regardé devant moi car j’étais occupé à fixer
[242]

le rétroviseur.
Heureusement, ils ne sont pas du genre à se laisser facilement décourager.
Ils ont demandé à un autre ami de prendre contact avec mon chargé de
communication. Celui-ci a lu leur scénario, l’a aimé et me l’a apporté. Après
l’avoir parcouru à mon tour, je me suis rendu compte que je devais des
excuses à Kyle. Le script des Weigel mettait en scène l’espérance et la
rédemption, des thèmes qui me vont droit au cœur.
J’étais la personne idéale pour jouer dans ce film, d’autant plus que le
personnage créé pour moi s’appelait «Will l’homme sans membres». Au
début du film, il était un «monstre» rude et déprimé faisant partie d’un
obscur cirque itinérant. Ensuite, grâce à la bonté d’autres personnes, il était
invité à rejoindre une troupe bien plus accueillante, où il devenait la vedette
d’un palpitant numéro de trampoline.
Je me suis dit que je ferais mieux de surmonter mes hésitations et de passer
à l’action. J’ai remercié Kyle et lui ai demandé d’arranger une rencontre
avec les Weigel. Les choses se sont déroulées merveilleusement bien. Nous
nous sommes rencontrés, avons sympathisé, et j’ai signé le contrat. Mon
enthousiasme n’a fait que grandir car j’ai appris qu’un certain nombre
d’acteurs expérimentés avaient déjà accepté de jouer dans le film.
C’était un projet à petit budget qui avançait très vite, et il m’a fallu dégager
une semaine libre sur mon planning pour enregistrer mes séquences. A vous
de lire les revues et de décider si j’ai un avenir ou non dans le cinéma, mais
The Butterfly Circus a remporté le grand prix de 100’000 dollars de la
fondation Doorpost Film Project qui soutient les réalisateurs tournant des
films d’espoir. Notre court métrage19 a été choisi parmi plus de 100 autres
[243]

abordant des thèmes similaires. Ce grand prix du Doorpost lui a valu


beaucoup d’attention, et les Weigel envisagent maintenant de le transformer
en un long métrage.
Je pourrais bien me lancer aussi dans ce projet. Après tout, il y a peu
d’acteurs capables de jouer le rôle d’un garçon sans bras ni jambes, qui sait
nager et plonger et parle avec un parfait accent australien!

Lumières, caméras, action!


Pour poursuivre vos rêves, vous devez agir, et si vous ne le faites pas, vous
n’y arriverez pas. Si vous n’avez pas ce qu’il vous faut, pensez à le créer
vous-même. Dieu éclairera votre chemin. La chance de votre vie, la porte
vers vos rêves est ouverte. Le chemin vers votre vocation peut se présenter à
n’importe quel moment. Soyez prêt(e). Faites tout ce qui doit être fait.
Apprenez tout ce que vous devez savoir. Si personne ne se présente à votre
porte, allez frapper à d’autres. Un jour, vous accéderez à la vie dont vous
rêvez.
Soyez disposé(e) à faire le guet pour ne pas laisser passer le bon moment.
Plus tôt dans ma carrière, avant de souffrir de douleurs au dos, je proposais,
à la fin de chaque conférence, à tous ceux qui le voulaient dans l’auditoire
de venir me serrer dans leurs bras. J’étais heureux et étonné que beaucoup
fassent la queue pour échanger quelques mots et une accolade avec moi.
J’étais émerveillé car chaque personne que j’ai rencontrée ainsi avait
quelque chose d’unique à offrir; c’était un cadeau que je ramenais avec moi
à la maison. C’est ainsi que nous devons voir nos possibilités. Même celles
[244]qui ne semblent pas en or peuvent se mettre à briller lorsque vous vous
penchez dessus.

Créer l’occasion
Même lorsque vous avez une vocation forte et que vous avez emmagasiné
suffisamment d’espoir, de foi, d’estime de soi, d’attitudes positives, de
courage, de résilience, de capacité d’adaptation et de bonnes relations, vous
ne pouvez pas juste rester là à attendre la bonne occasion. Saisissez-vous de
chaque petit fil et tissez une corde avec laquelle vous pourrez monter encore
plus haut. Parfois vous verrez comment un bloc de pierre qui tombe et vous
bloque le chemin libère en fait un passage qui vous permet aussi de grimper.
Vous devez, par contre, faire preuve de courage et de détermination pour
réussir votre ascension.
Une de nos devises à Life Without Limits, c’est: «Une nouvelle journée est
une nouvelle occasion.» Ce n’est pas juste un slogan que nous avons mis
dans un cadre contre un mur, c’est ce que nous essayons de vivre chaque
jour. La psychologue Cara Barker l’a bien exprimé, dans ce qu’elle a écrit
sur le blog de Huffington Post : «Nick Vujicic nous prouve qu’il est possible
d’éveiller notre cœur et d’apporter de l’inspiration aux autres à partir d’une
situation que presque n’importe qui sur terre qualifierait d’affreuse. En
véritable héros, il trouve une occasion là où la plupart des gens auraient vu
une impasse.»
De tels propos me font rougir. Lorsque j’étais petit, il m’était difficile de
concevoir que l’on puisse un jour m’appeler un héros ou me présenter
comme une source d’inspiration pour d’autres. Enfant déjà, je me suis rendu
compte que le fait d’être en colère à cause de ce qui me manquait ou d’être
[245]

frustré parce que je ne pouvais pas faire quelque chose ne faisait que
repousser les gens; quand j’ai commencé à chercher des occasions de servir
les autres, au contraire, j’ai attiré des personnes vers moi. J’ai appris à ne pas
traîner dans l’attente d’occasions, mais à les créer moi-même. Chacune
semble ouvrir le chemin vers la suivante. Chaque fois que je parle lors d’une
conférence ou participe à un événement, j’ai des contacts, apprends
l’existence de nouvelles associations et accumule des informations qui
m’ouvrent ensuite à de nouvelles possibilités.

Une bénédiction bien cachée


Cara Barker remarque, bien à propos, qu’une fois que j’ai cessé de me
concentrer sur mon handicap physique pour me tourner vers les bénédictions
reçues, ma vie a radicalement changé pour le mieux. Si moi, je reconnais
que le corps que Dieu m’a donné constitue, de bien des façons, un cadeau
exceptionnel et merveilleux, vous pouvez probablement reconnaître que vos
dons sont peut-être déguisés ou résident dans un aspect de vous-même que
vous tenez pour votre plus grande faiblesse.
Ce n’est qu’une question de point de vue. On ne peut se cacher de la vie, et
vous recevrez certainement des coups de temps à autre. Si vous ne tombez
pas alors dans le coma, vous pouvez rester frustré(e), triste et aigri(e); je l’ai
déjà vécu. Pourtant, je vous encourage à rejeter le désespoir et l’amertume.
Vous pouvez vous laisser engloutir par la grande vague ou surfer sur elle
jusqu’à la côte. De la même façon, les épreuves peuvent vous enfoncer ou
vous élever. Si vous respirez, remerciez Dieu. Employez cette
reconnaissance pour dépasser la dépression et l’amertume. Faites un pas,
[246]

puis un autre, prenez de l’élan et construisez la vie qui vous plaît.


Mon handicap physique m’a contraint à faire preuve d’audace, à m’adresser
aux adultes et aux autres enfants et à interagir avec eux. Grâce à cela, je me
suis concentré sur mes talents en mathématiques afin d’avoir un métier au
cas où je ne pourrais pas devenir orateur. Mon handicap m’a causé beaucoup
de chagrin, mais il m’a servi en me permettant d’éprouver plus de
compassion pour les autres. De la même façon, les échecs que j’ai essuyés
n’ont fait que rendre mes réussites plus appréciables et m’ont rendu plus
sensible à ceux qui luttent et échouent.
Evaluer la situation
Toutes les occasions ne se valent pas. Au début de ce chapitre, je vous ai
parlé de mon premier rôle au cinéma, obtenu après que j’avais décliné une
autre offre.
Si vous visionnez The Butterfly Circus, vous verrez qu’au début du film
mon personnage, Will, n’est pas vraiment un garçon très inspirant. En fait, il
est même légèrement repoussant à cause de son amertume et du désespoir
qui l’habite. Mais j’ai accepté ce rôle parce qu’au fil de l’histoire il se
transforme; il surmonte sa misère et sa colère. Comme une chenille
repoussante qui devient un splendide papillon, il se sépare peu à peu de sa
suspicion et de son inquiétude et est ramené à la vie, à l’amour, et devient
une personne inspirante.
C’est ainsi que je veux être connu dans le monde. Et vous, comment
voudriez-vous être connu(e)? Dans les chapitres précédents, nous avons
évoqué l’importance d’une vocation. Lorsque les occasions commencent à
se présenter ou si vous vous en créez vous-même, posez-vous toujours la
[247]

question: «Cela correspond-il à mes objectifs et à mes valeurs?»


Comment peut-on définir une bonne occasion? C’est quelque chose qui
vous rapproche de la réalisation de vos rêves. Il y en a d’autres sortes aussi,
bien sûr. Vos amis vous ont peut-être invité(e) à sortir et à vous défouler la
nuit dernière. Ou bien, au lieu de préparer une réunion au travail ou de lire
un livre pour étoffer vos connaissances, vous avez joué aux jeux vidéo. Vos
choix déterminent la qualité de la vie que vous menez.
Faites preuve de réflexion. Placez la barre haut et ayez des critères stricts
pour décider de ce que vous faites de votre temps et de votre énergie. Que
vos choix ne soient pas basés sur ce qui vous fait envie sur le moment, mais
qu’ils s’orientent vers ce qui sert au mieux votre objectif. Evaluez-les selon
vos valeurs et vos principes. Pour ma part, j’utilise la règle dite de papi
Nick: «Est-ce que mes petits-enfants seront fiers de la décision que je veux
prendre, ou bien penseront-ils que leur papi était sénile avant l’âge?»
Si vous avez besoin d’un processus formel pour évaluer les possibilités,
asseyez-vous devant votre ordinateur ou votre bureau et créez une feuille
d’évaluation. Pour chaque occasion qui s’offre à vous, notez les éléments
positifs et négatifs, puis confrontez-les aux valeurs, principes et objectifs que
vous vous êtes fixés. Essayez d’imaginer ce qui se passera si vous entrez par
cette porte ou, si au contraire, vous la refermez. Si vous avez toujours des
difficultés à vous décider, demandez conseil à une personne de confiance ou
à un ami qui croit en vous et désire votre réussite. Parlez avec lui des
éléments positifs et négatifs, écoutez ce qu’il en pense. Soyez ouvert(e)
d’esprit, mais n’oubliez pas que la responsabilité de la décision n’appartient
qu’à vous. C’est votre vie. Vous recevrez une récompense ou paierez le
[248]

prix de vos décisions, alors faites un choix judicieux.

Etes-vous prêt(e)?
La notion du temps doit aussi entrer en compte, quand nous faisons une
telle évaluation. Parfois, et surtout lorsque nous sommes jeunes, des
possibilités tentantes se présentent, mais pas toujours au bon moment. Nous
n’avons pas à accepter une tâche pour laquelle nous ne sommes pas qualifiés
ou pas encore prêts à acquérir les compétences nécessaires, tout comme nous
n’avons pas à nous précipiter sur des vacances de luxe quand nous n’en
avons pas les moyens. Si le prix à payer est trop grand, nous mettrons
longtemps à nous en remettre.
L’une de mes plus grandes erreurs, au cours de mes débuts en tant que
conférencier, a consisté à accepter une invitation pour parler devant une
grande assemblée alors que je n’y étais pas vraiment préparé. Ce n’était pas
que je n’avais rien à dire, mais je n’avais pas encore structuré le contenu ni
peaufiné ma présentation. Je manquais trop de confiance en moi pour être à
la hauteur.
J’ai bredouillé et bégayé durant tout mon discours. L’auditoire a été gentil
avec moi, mais c’était un échec. Cependant, j’ai appris de cette expérience,
je m’en suis remis et je me suis rendu compte que je ne devais accepter que
les propositions que j’étais en mesure d’assumer. Cela ne veut pas dire que
vous ne deviez pas saisir une possibilité susceptible de vous tirer vers le haut
et de vous faire grandir. Parfois nous sommes mieux préparés que nous ne le
pensons, si bien que Dieu nous donne un coup de pouce qui nous permet de
nous hisser vers cette occasion et de faire un grand pas vers la réalisation
[249]

de nos rêves. Le show télévisé American Idol repose sur ce concept. Dans
chaque épisode, beaucoup de jeunes qui participent à la compétition
craquent sous la pression ou se rendent tout simplement compte qu’ils ne
sont pas faits pour la lumière des projecteurs. Mais, de temps à autre, de purs
talents se découvrent et fleurissent sous cette même pression. Quelques-uns
ont même démarré une belle carrière parce qu’ils ont été tirés vers le haut,
ont grandi et n’ont cessé de se dépasser.
Nous avons à soupeser calmement toutes les options et à déterminer quel
chemin nous mène vers nos objectifs et quel autre nous mène dans
l’obscurité. Comme la première proposition de film que j’ai reçue, vous
rencontrerez des possibilités qui peuvent sembler attrayantes à court terme,
mais qui ne correspondent pas à vos objectifs à long terme. Les décisions
d’aujourd’hui ont des répercussions sur demain. Souvent, les jeunes
s’engagent dans des fréquentations sans se demander au préalable si, à long
terme, l’autre va leur correspondre. On nous rappelle souvent combien nous
devons faire attention sur Internet, qu’il s’agisse de protéger notre compte
bancaire, notre réputation ou notre vie privée. On nous dit qu’il faut pouvoir
assumer tout ce que nous faisons, que ce soit une vidéo ou une photo, un
courriel, un blog ou un commentaire sur notre page web, que tout cela est
répertorié par les moteurs de recherche et sera accessible bien plus
longtemps que la durée de notre vie. Si nous mettons quelque chose en ligne
sans réfléchir, cela pourrait venir un jour nous hanter; nous devons savoir
qu’il en va de même pour les occasions qui se présentent à nous. Elles
peuvent avoir des conséquences à long terme, bonnes ou mauvaises. Les
bénéfices à court terme peuvent sembler grands, mais qu’en est-il des
[250]

répercussions sur notre avenir?


Prenez du recul pour avoir une meilleure vision d’ensemble. Souvenez-
vous que vous serez souvent mis(e) à l’épreuve mais qu’il s’agit plus que
d’un simple examen; il s’agit de la réalité. Vos décisions quotidiennes ont un
impact sur votre mode de vie tout entier. Réfléchissez et faites attention, puis
consultez votre cœur. Si vous sentez que c’est une mauvaise idée, n’y allez
pas. Mais si votre cœur vous dit de sauter sur l’occasion et qu’elle est en
accord avec vos valeurs et vos objectifs à long terme, foncez! Il m’arrive
toujours de voir quelque chose qui me donne des frissons et m’excite
tellement que j’ai envie de tout laisser tomber et de me lancer dedans. Dans
de tels cas, je dois prendre une bonne respiration et prier pour demander la
sagesse de prendre la bonne décision.

Le bon endroit
Si vous vous êtes préparé(e) au mieux de vos capacités mais que rien ne
s’est ouvert à vous, peut-être devriez-vous vous repositionner, avec vos
talents. Si votre rêve est de devenir champion du monde de surf, il y a des
chances pour que l’Alaska ne soit pas l’endroit idéal pour vous entraîner,
n’est-ce pas? Parfois il faut se déplacer pour saisir une occasion. Je me suis
rendu compte, il y a quelques années, que, si je voulais attirer un public
international à mes conférences, il fallait que je quitte l’Australie et
déménage aux Etats-Unis. J’aime l’Australie, et la majeure partie de ma
famille y habite toujours, mais l’Océanie est un endroit trop éloigné pour
être une plateforme de lancement et je n’y aurais jamais trouvé les
[251]

occasions et la couverture médiatique nécessaires.


Même après mon installation en Amérique, j’ai dû travailler pour percer. Je
me suis mis en réseau avec des personnes ayant la même passion que moi
pour les conférences et l’édification d’autrui. Des études ont montré que la
plupart des gens trouvent du travail à travers leur réseau professionnel
composé d’amis et de collègues de travail: on entend parler d’une occasion
bien avant qu’elle ne soit officiellement connue. Que vous soyez à la
recherche d’amour, d’un investissement, d’un cadre où faire du bénévolat ou
d’une façon de faire profiter les autres de vos talents, vous pouvez vous
créer les meilleures occasions possibles en rejoignant des groupes de
professionnels, des clubs locaux, la chambre de commerce, une église ou
une association d’entraide. Internet est fait sur mesure pour vous aider à
créer votre réseau à l’aide de Twitter, Facebook, LinkedIn et autres Plaxo.
Plus votre cercle de connaissances est large, plus vous aurez de chances de
trouver une porte ouverte vers l’atteinte de vos objectifs.
Ne vous limitez pas seulement à des personnes, associations ou sites web
en rapport avec votre sphère d’intérêt. Tout le monde connaît quelqu’un qui
connaît quelqu’un, alors cherchez des gens passionnés et engagés dans la
réalisation de leur rêve, même si celui-ci est tout à fait différent du vôtre.
J’aime les passionnés, car ils attirent les occasions à la manière de puissants
aimants.
Si vos relations ne manifestent aucun intérêt pour vos rêves ni aucune
volonté d’améliorer leur existence, je vous suggère de vous trouver un autre
groupe d’amis. Ceux qui passent leur temps dans des bars, boîtes et salles de
jeux vidéo arrivent rarement à percer.
Si vous n’attirez pas à vous le genre d’occasions auxquelles vous aspirez,
[252]

il vous faut peut-être monter d’un cran en améliorant votre formation. Si


vous ne pouvez pas entrer dans une grande école ou une université, faites
votre chemin à travers un autre type de diplôme. Il existe bien plus de
bourses et de programmes d’aide financière aux étudiants que vous ne
pouvez l’imaginer. Ne laissez donc pas le prix vous décourager. Si vous
avez déjà un diplôme, vous pouvez viser plus haut: un master ou un
doctorat, ou rejoindre une association professionnelle, une communauté en
ligne, un forum ou un chat sur Internet dédié aux personnes travaillant dans
votre domaine. Si les bonnes occasions ne viennent pas à vous, il vous faut
aller là où elles pourront vous trouver et là où vous pourrez les rencontrer.

Le bon moment
Albert Einstein a dit que chaque difficulté renfermait en elle une possibilité.
La récente crise économique a fait des millions de chômeurs, et
d’innombrables personnes ont perdu foyer et économies. Quel bien peut-il
en ressortir?
Hewlett Packard, Wrigley, UPS, Microsoft, Symantec, Toys’R’Us, Zippo et
Domino’s Pizza sont autant de grandes marques qui ont été fondées au cours
de crises économiques majeures. Leurs fondateurs ont cherché de nouvelles
façons de satisfaire les clients car les modèles précédents avaient échoué. Ils
ont saisi l’occasion pour mettre en place leur propre vision des affaires.
Aucun doute possible: la récession de 2006-2009 a eu un impact profond et
désastreux sur un grand nombre de familles et d’entreprises. Mais beaucoup
de personnes mises à la porte par les grandes sociétés ou destituées de
[253]

postes où elles avaient passé la moitié de leur existence ont réagi en montant
leur propre affaire, en retournant à l’université pour obtenir un meilleur
diplôme ou en décidant de vivre enfin pleinement leur passion, qu’il s’agisse
d’ouvrir une boulangerie, de fonder une société de jardinage, de former un
groupe de musique ou d’écrire un livre.
Parmi toutes les personnes qui ont souffert de la récession se trouvaient des
milliers et des milliers de journalistes. Ce revers a été particulièrement
difficile pour leur domaine, car il s’est associé à la tendance générale au
déclin de l’industrie journalistique au profit des médias en ligne. C’était
intéressant de voir la réaction de ces anciens reporters, si fiers de leurs
ressources et de leur créativité. Dans le cercle de mes connaissances,
certains se sont lancés dans une nouvelle carrière dans les relations
publiques, dans des associations à but non lucratif ou des médias en ligne.
Mon histoire préférée est celle d’un ancien éditeur qui a quitté son journal
californien fondant comme neige au soleil pour devenir vice-président d’une
compagnie florissante spécialisée dans la gestion de situations de crise et la
«communication au sujet de la faillite» des autres entreprises sur le déclin.
C’est la philosophie du «faire ce que l’on peut avec ce que l’on a», qui se
résume en fait à écarter les complaintes vis-à-vis d’une difficulté et à
privilégier la recherche de solutions créatives. Nous devons être flexibles,
déterminés et prêts à transformer une situation potentiellement négative en
situation positive. Une des grandes chaînes de distribution en Amérique
incite son personnel de vente à considérer les plaintes des clients comme
autant d’invitations à tisser de meilleures relations avec eux.
C’est une question de point de vue. Je le fais chaque fois que mon emploi
[254]

du temps subit un contretemps, en me souvenant que «Dieu ne gaspille pas


son temps, et il ne gaspille pas le mien non plus». En d’autres termes, tout
contribue à mon bien. J’y crois vraiment. Une fois que vous adoptez cette
philosophie, rien ne peut vous retenir. Je l’ai vu de mes propres yeux un
nombre incalculable de fois.

Une question d’horaire


Il y a quelques années, je traversais le pays en avion, accompagné de mon
aide-soignant. Dans l’un des aéroports, notre vol a été retardé (rien de
surprenant jusque-là) et, quand nous sommes finalement montés dans
l’avion, en regardant par la fenêtre au moment où nous étions sur le point de
décoller, j’ai constaté que de la fumée sortait de l’un des moteurs. Un
camion de pompiers est arrivé, sirène hurlante, les soldats du feu se sont
précipités vers l’appareil et ont aspergé de mousse le moteur afin d’étouffer
les flammes. «En raison d’un petit incendie, a-t-on annoncé aux passagers,
nous allons procéder à une évacuation d’urgence de l’avion.»
«Eh bien, d’accord, me suis-je dit. Le moteur qui prend feu, cela n’a rien de
bon, mais c’est bien que ce ‘petit incendie’ soit arrivé avant le décollage.»
En apprenant que notre vol était reporté de deux heures encore, beaucoup de
passagers ont exprimé leur mécontentement. J’étais agacé aussi, mais
content que nous ayons évité un possible incident en plein vol. Du moins,
c’est ce que je me disais.
Cela dit, j’ai dû lutter quelque peu pour conserver un état d’esprit positif,
car notre emploi du temps était très chargé. «Souviens-toi, Dieu ne gaspille
pas de temps», me suis-je dit. Puis une autre annonce a été faite:
[255]

finalement, un autre avion nous attendait à une autre porte. Bonne nouvelle!
Nous nous sommes précipités vers cette porte, sommes montés à bord et
nous sommes installés pour le vol. Je me sentais soulagé jusqu’à ce que je
remarque que la femme assise à côté de moi était en train de pleurer
doucement.
«Puis-je faire quelque chose?» ai-je demandé.
Elle m’a expliqué qu’elle allait rendre visite à sa fille de 15 ans, en danger
de mort après qu’une opération banale avait très mal tourné. J’ai fait de mon
mieux pour la réconforter, et nous avons bavardé presque toute la durée du
vol. Je suis même parvenu à la faire sourire lorsqu’elle m’a dit qu’elle avait
peur en avion.
«Vous pouvez me tenir la main, si vous voulez», ai-je plaisanté.
Quand nous avons atterri à notre destination, elle m’a remercié de l’avoir
réconfortée. Je lui ai précisé que j’étais content d’avoir fini par être à côté
d’elle, après toutes ces péripéties à l’aéroport.
Dieu ne s’est pas contenté de ne pas gaspiller mon temps ce jour-là, il
savait ce qu’il faisait. Il m’a mis près de cette femme pour l’aider à
surmonter ses peurs et sa tristesse. Plus je repensais à cela, plus j’étais
reconnaissant d’avoir eu la chance de pouvoir lui offrir du réconfort.

Une vision créative


La perte d’un proche, une relation rompue, un revers financier ou une
maladie peuvent vous briser, si vous laissez la tristesse et le désespoir
s’emparer de vous. Une des façons de traverser ces épreuves consiste à
rester vigilants et à guetter les occasions, même quand tout semble nous
[256]

entraîner vers le bas.


J’ai rencontré Glennis Siverson, une photographe, sur le tournage de The
Butterfly Circus. Bien qu’elle habite à Orlando, elle est venue en Californie
sur invitation des réalisateurs, les Weigel, qui étaient ses amis. Ses travaux
ont été primés et sont réclamés par les magazines, les journaux, les
entreprises et les sites web. Elle fait des portraits et des photos de la nature.
La photographie est véritablement sa passion. Pendant plus de 20 ans, elle a
travaillé dans les ressources humaines pour les grandes compagnies. Ayant
perdu son travail «stable» durant la crise économique, elle a profité de cette
impulsion pour se lancer vers sa passion. C’est ainsi qu’elle est devenue
photographe professionnelle. «J’ai décidé que c’était maintenant ou jamais!»
a-t-elle dit.
Une belle histoire, n’est-ce pas? Glennis est l’exemple bien réel de
quelqu’un qui a utilisé un événement potentiellement négatif pour se
construire une vie bien meilleure.
Magnifique! Génial!
Mais ce n’est pas tout. Voyez-vous, Glennis, la grande photographe
admirée, peut à peine voir. Elle est officiellement reconnue comme aveugle.
«J’ai une mauvaise vision depuis que je suis toute petite. J’ai eu des
lunettes à l’âge de 5 ans, et ma vue n’a pas cessé de décliner. Ensuite, vers
1995, on m’a diagnostiqué une pathologie de la cornée qui s’est déformée et
continue à se dégrader. Finalement, je ne vois plus du tout avec mon œil
gauche, et du fait de ma myopie extrême je ne pouvais plus tenter de
correction au laser. Ma seule option était une greffe de la cornée.»
Glennis a subi cette opération en 2004. Son médecin l’a informée que cela
rétablirait la vue de son œil gauche à 50 %, sans lunettes ni lentilles de
[257]

contact. «Mais tout ce qui pouvait mal tourner a mal tourné: j’ai failli perdre
mon œil. L’opération n’a fait qu’aggraver ma vision, et j’en suis sortie avec
un glaucome en plus de tout le reste. La vision de mon œil gauche a empiré
et, indépendamment de l’opération, j’ai eu une hémorragie de la rétine de
mon œil droit. J’ai donc un angle mort dans mon champ de vision.»
Ayant perdu le poste qu’elle a occupé pendant plus de vingt ans, rendue
presque aveugle par l’opération ratée et une hémorragie de la rétine, Glennis
avait toutes les raisons de désespérer et d’abandonner. On aurait pu penser
qu’elle serait dominée par l’amertume et la colère. Au lieu de cela, elle est
reconnaissante d’avoir pu continuer sur sa lancée. «Je ne me considère pas
comme handicapée. Je m’estime en pleine possession de mes capacités, car
devenir presque aveugle m’a fait devenir meilleure photographe», dit-elle.
Désormais incapable de voir les petites choses, elle ne perçoit pas cela
comme un manque mais se sent libérée de l’obsession du détail.
«Avant de perdre la vue, je ne pouvais m’empêcher de me concentrer sur
chaque cheveu et sur tous les angles du corps de la personne. Mon travail
donnait une impression de figé parce que j’étais concentrée sur l’aspect
composition. Maintenant, mon approche est beaucoup plus basée sur une
impression intérieure: je sens les choses, ensuite je les vois et je prends la
photo. Mon travail est plus instinctif, et j’interagis beaucoup plus avec les
personnes et les objets autour de moi.»
Selon ses propres dires, ses photos ont maintenant des défauts mais sont
plus artistiques et plus attrayantes. «Une fille a pleuré, tellement mes photos
d’elle lui semblaient bien la capter, a-t-elle dit. Je n’avais jamais touché
quelqu’un de cette façon auparavant.»
Depuis qu’elle a presque complètement perdu la vue, elle a remporté
[258]

10 récompenses internationales grâce à ses portraits et paysages. Une de ses


prises de vue a été sélectionnée parmi 16’000 pour une exposition de
seulement 111 représentations. Ses travaux ont été sélectionnés pour quatre
expositions au Centre de photographie d’art à Fort Collins, dans le Colorado.
Sa cécité n’aurait pas permis à Glennis de poursuivre son travail dans les
ressources humaines, mais beaucoup de grands artistes comme Monet ou
Beethoven ont réussi en dépit de leur handicap, car ils l’ont utilisé pour
explorer leur art sous des angles nouveaux. Elle m’a raconté combien elle
était reconnaissante et m’a précisé que son verset de la Bible préféré était
désormais: «Nous marchons par la foi et non par la vue.»20
«Ce verset décrit exactement ce que ma vie est devenue. J’ai dû m’adapter,
bien sûr. J’éprouve certaines craintes à l’idée de devenir complètement
aveugle. Cela a été très, très difficile. Il n’y a rien qui puisse nous préparer à
ce genre d’épreuve.»
Engagée sur un nouveau chemin, au lieu de le voir comme une cassure dans
son existence, Glennis le voit comme un don. «Avant, j’essayais de tout
contrôler. Maintenant je vis au jour le jour et je me réjouis de chaque instant,
dit-elle. J’essaie aussi d’être reconnaissante pour le toit que j’ai au-dessus de
la tête, pour le fait que je suis en vie et jouis d’un soleil au-dessus de moi, et
je ne m’inquiète pas pour le lendemain car on ne sait jamais ce qu’il peut
apporter.»
Glennis est une femme extraordinaire qui arrive à saisir les occasions, ne
pensez-vous pas? Elle me stimule, et j’espère que c’est le cas pour vous
aussi, à chercher des moyens d’aller vers mes rêves, à opérer mes choix
[259]

avec sagesse et à me lancer quand mon cœur me dit d’y aller.


Mes voyages autour du globe ont un objectif: encourager tous ceux que je
rencontre en leur montrant qu’il leur est possible de surmonter l’adversité et
de poursuivre leurs rêves. Quatre ingrédients pour cela: foi, espérance,
amour et courage. J’ai été littéralement transporté par l’enthousiasme de
ces jeunes garçons, et je n’oublierai jamais les moments vécus en Afrique du
Sud, en 2002.
Il faut mettre des signaux au point avec mon instructeur, alors que je
[260]

m’apprête à découvrir une activité très sympa: la plongée sous-marine.


Pour commencer, nous nous exerçons dans une piscine.

19 Il peut être visionné sur http://www.thedoorpost.com.


20 2 Corinthiens 5.7
[261]
11. Les règles du ridicule

Nous étions à la moitié de notre tournée en Indonésie. Je devais prononcer


35 discours en 9 jours dans 5 villes différentes. J’aurais dû être
complètement crevé, mais parfois, dans ces périodes de folle activité, rien ne
peut m’arrêter. Nous étions en chemin pour Java, et j’ai eu un tel accès
d’énergie au moment où nous embarquions sur un vol de Jakarta à
destination de Semarang.
J’étais accompagné, durant mon voyage, par 5 personnes, dont mon aide-
soignant Vaughan. C’était un homme de grande taille, fort et drôle. Les
hôtesses de l’air étaient très impressionnées par lui quand nous sommes
montés dans l’avion, et nous avons échangé quelques plaisanteries. On nous
a laissés embarquer avant les autres passagers, car il fallait que je sorte de
mon fauteuil et gagne ma place. En descendant l’allée entre les sièges avec
Vaughan derrière moi, j’ai ressenti le besoin urgent de faire une folie à
laquelle je pensais depuis déjà pas mal de temps.
«Vite, Vaughan, avant que quelqu’un d’autre n’embarque, soulève-moi et
regarde si je peux entrer dans le compartiment à bagages!»
Nous avions souvent plaisanté à ce sujet. Quelques jours plus tôt, j’avais
demandé à Vaughan de me mettre dans la boîte en métal, au guichet des
[262]

départs, que l’on utilise pour voir si un bagage à main pourra se loger dans le
compartiment, en cabine. J’y suis entré sans problème, et nous avons
commencé à m’appeler «le gars portatif».
Le compartiment à bagages était situé assez haut, et je ne pensais pas que
quelqu’un puisse me soulever jusque-là avec mes 37 kilos, mais mon
assistant l’a fait sans aucune difficulté. Il m’a soulevé et m’a délicatement
déposé sur le côté, comme si j’étais non un Vujicic mais un Vuitton.
«Merci, et maintenant, referme le compartiment, lui ai-je dit. Attendons que
les autres passagers embarquent.»
Vaughan m’a mis un oreiller sous la tête et a fait claquer le panneau, me
laissant au-dessus des sièges. Les hôtesses de l’air avaient compris notre
petit jeu et pouffaient de rire. Nous étions tous en train de glousser comme
des enfants, à tel point que je doutais que notre farce fonctionne. Mais voilà
que les autres passagers ont commencé à arriver sans savoir ce qui les
attendait au-dessus de leur tête.
Mon équipe et les hôtesses de l’air ont eu du mal à se contenir quand un
monsieur d’un certain âge s’est arrêté dans l’allée et a voulu ranger son sac
dans le compartiment. Il a tellement sursauté en ouvrant la portière qu’il a
manqué de peu de faire un trou dans le plafond de l’avion.
J’ai sorti la tête: «Monsieur, je ne crois pas vous avoir entendu frapper!»
Heureusement, il avait bon caractère, et nous avons tous bien rigolé.
Ensuite, toujours perché dans le compartiment à bagages, j’ai dû poser pour
des photos avec lui, avec d’autres passagers et avec les hôtesses.
Evidemment, Vaughan a plaisanté en disant qu’il me laisserait là-haut, me
[263]

prévenant que «certains bagages peuvent glisser dans le compartiment


pendant le vol».

Un peu d’indiscipline
Dans les 10 premiers chapitres, je vous ai encouragé(e) à trouver votre
vocation, à garder espoir, à croire en votre potentiel, à adopter une bonne
attitude, à agir avec courage, à être flexible, à savoir opérer des
changements, à nouer des relations utiles et à vous saisir des possibilités qui
vous rapprochent de la réalisation de vos rêves.
Maintenant, je voudrais que vous fassiez preuve d’un peu de folie. Comme
moi.
C’est ridicule, bien sûr. Et en fait, je voudrais que vous soyez un peu
ridicule aussi. Je suis l’auteur des «règles du ridicule», qui stipulent que
chaque personne vivant sur la planète doit s’engager à faire quelque chose
de ridicule au moins une fois par jour, qu’il s’agisse de quelque chose
qu’elle doit faire pour atteindre son rêve mais qu’elle a peur de faire par peur
de paraître ridicule, ou juste de s’amuser de façon ridicule.
Mes règles du ridicule se fondent sur l’une de mes citations préférées:
L’imperfection est beauté, la folie est génie, et il vaut mieux être
totalement ridicule que totalement ennuyeux.
Bien que l’auteur présumé de cette citation ne figure pas vraiment parmi
mes modèles, je pense tout de même que la feue actrice Marilyn Monroe
avait perçu une certaine vérité. Naturellement, je conviens avec elle
[264]que l’imperfection est beauté. Comment ne serais-je pas d’accord? On
ne peut également qu’admettre que la folie est génie, puisque toute personne
qui prend des risques s’expose à être considérée comme une folle par
certains et comme un génie par d’autres. Et oui, je pense qu’il vaut mieux
être totalement ridicule que totalement ennuyeux.
Vous avez beau maîtriser tout ce qui est évoqué dans ce livre, si vous n’êtes
pas prêt(e) à prendre quelques risques qui vous vaudront peut-être d’être
traité(e) de fou (folle) par ceux qui doutent de votre génie, vous n’arriverez
probablement jamais à réaliser tout ce dont vous rêvez. Et pour votre propre
bien ainsi que pour celui de tous, gardez le sens de l’humour! N’oubliez pas
de rire de vous-même et de vous faire plaisir afin que votre cheminement se
fasse dans la joie.
Je suis coupable comme tout un chacun de tomber dans un style de vie
complètement surchargé de travail et privé de tout plaisir. J’étais déterminé à
réussir dans ma carrière de conférencier. Afin de perfectionner mes
compétences d’orateur, je me suis attelé à la tâche, sautant sur chaque
invitation à parler que je pouvais dénicher. Après huit années vertigineuses
de constants déplacements, je suis devenu plus sélectif. J’ai besoin de plus
d’équilibre.
On se retrouve vite pris au piège de la mentalité du «un jour»:
Un jour, j’aurai suffisamment d’argent et je pourrai vraiment profiter de la
vie.
Un jour, je pourrai passer plus de temps avec ma famille.
Un jour, j’aurai le temps de me détendre et de faire ce que j’aime.
Grâce aux règles du ridicule, je vous encourage à vous emparer de votre
[265]

liberté et à mener l’attaque sur deux fronts simultanément.


Le premier front est celui du risque ridicule: nous devons être disposés à ne
pas tenir compte de ceux qui émettent des doutes ou se montrent négatifs et
à faire le saut qui nous permettra d’atteindre notre rêve. Certains diront que
vous êtes en train de vous rendre ridicule. Votre réponse doit alors être:
«Oui, c’est vrai!» Ce que vous aimez faire peut sembler ridicule aux
personnes qui n’ont pas la même vision ou la même passion que vous. Ne
laissez pas leur perspective sur le ridicule vous priver de votre rêve. Au lieu
de cela, surfez dessus comme sur une vague pour aller jusqu’au bout!
Le deuxième front est celui du plaisir ridicule: nous devons prendre le
temps de profiter de l’existence et de nos proches. Riez, aimez et amusez-
vous de façon ridicule afin que d’autres puissent prendre part à votre joie. Si
vous pensez que la vie est trop sérieuse, imaginez un peu la mort! Soyez
aussi sérieux (ou sérieuse) que vous devez l’être, mais ne ratez pas les
occasions de vous amuser autant que vous le pouvez.
Le risque ridicule
D’après Helen Keller, qui a perdu à la fois l’ouïe et la vue dans son enfance
mais est devenue malgré tout une activiste et écrivain renommée, il n’y a pas
d’existence dénuée de risque: «Cela n’existe pas dans la nature… La vie est
soit une aventure palpitante, soit rien.» Ainsi, le risque ne fait pas seulement
partie de la vie, il est la vie. L’existence se déroule dans l’espace compris
entre notre zone de confort et notre rêve. C’est une zone d’anxiété, mais
c’est aussi là que nous découvrons qui nous sommes vraiment. Karl
[266]

Wallenda, patriarche d’une légendaire famille de funambules, a bien


exprimé cette réalité: «Marcher sur la corde, c’est la vie; tout le reste n’est
qu’attente.»
Parachutistes, parapentistes et bébés oiseaux savent combien on a peur, la
première fois qu’on s’approche du bord, mais ils savent qu’il leur faut y
aller, s’ils veulent voler. Impossible de le nier: chaque jour pourrait être le
dernier pour vous, si bien qu’il y a un risque au moment même de vous lever
du lit. On ne peut être un gagnant que si l’on accepte d’envisager la défaite.
On ne peut même pas se mettre debout sans risquer de tomber.
Mon quotidien a été rempli de dangers depuis ma naissance. Personne ne
savait si un jour je serais vraiment capable de prendre soin de moi, et mes
parents en bavaient deux fois plus, car leur petit sans membres ne faisait que
rechercher des sensations fortes. Je me mettais toujours en danger car je ne
supportais pas de rester assis dans un coin sans bouger. J’ai fait du skate, j’ai
joué au foot, j’ai nagé, j’ai fait du surf, je m’élançais çà et là, tel un petit
missile. C’était ridicule!

Faire le plongeon
En automne 2009, j’ai essayé quelque chose que l’on m’a dit un jour être
trop dangereux pour moi: la plongée sous-marine en océan. Comme vous
pouvez l’imaginer, c’était fantastique; c’était comme voler, mais avec un
atterrissage moins rude. Je m’étais déjà essayé à la plongée 3 ans plus tôt,
mais le moniteur ne m’avait autorisé qu’à patauger un peu dans la piscine
avec le masque et la bouteille d’oxygène. Je soupçonne qu’il s’inquiétait
plus pour sa propre assurance que pour ma sécurité. Il avait sûrement peur
de devoir expliquer comment un garçon étrange du nom de Nick avait été
[267]

emporté par un requin à la recherche d’un gars de la taille d’une bouchée.


Cette fois-ci, Felipe, mon moniteur, avait un esprit plus ouvert. Il est
moniteur de plongée sur une petite île au large de la Colombie, en Amérique
du Sud. J’ai été invité là-bas pour un discours par les propriétaires de la
magnifique station balnéaire de Punta Faro, située sur la minuscule île de
Mucura, un parc national au large de Cartagena. La seule question que
Felipe m’a posée, quand je suis arrivé pour mon cours de plongée, a été:
«Est-ce que tu sais nager?»
Une fois faite la démonstration de mes capacités, Felipe m’a donné un
rapide cours. Nous avons établi quelques signes pour que je puisse
communiquer avec lui sous l’eau: en faisant des mouvements de tête ou
d’épaules, je pouvais l’appeler à l’aide. Puis il m’a conduit sur la plage pour
que nous testions l’équipement et notre langage des signes et que je
m’entraîne un peu.
«Eh bien, je crois que tu es prêt», a-t-il dit.
Me prenant par la taille et s’aidant de ses palmes, il a plongé avec moi vers
la base du récif, dans un environnement époustouflant et haut en couleur.
Puis il m’a laissé à moi-même, nageant au-dessus de moi pendant que je
procédais à mes explorations. Une fois seulement il a dû venir à mon
secours, quand une anguille de près de 1,50 mètre est sortie d’une crevasse
dans le corail. J’avais lu que ces bêtes carnivores ont des dents pointues
pleines de bactéries, si bien que j’ai préféré faire signe à Felipe de me
remorquer à un endroit plus accueillant. Je n’avais pas envie de finir en
sushi.
Cette expérience m’a ouvert les yeux sur tout un nouveau monde. On peut
se demander si cela valait le coup de prendre ce risque ridicule. Oui, sans
doute! Sortir de notre zone de confort permet de nous ouvrir à la
[268]

possibilité d’évoluer et de grandir. Il doit bien y avoir un projet audacieux


dans lequel vous aimeriez vous lancer. Je vous encourage à le faire: testez
l’eau, puis portez votre vie à un autre niveau, même si cela implique que
vous plongiez. Nagez avec les dauphins! Planez avec les aigles! Grimpez au
sommet de la montagne ou explorez une grotte! Soyez aussi ridicule que
Nick!
Il faut savoir tout de même qu’il existe une différence entre un risque
ridicule et un risque stupide. Les risques stupides ne sont que cela, ils sont
trop idiots pour être envisagés. Nous n’avons pas à nous lancer dans une
activité où nous aurions plus à perdre qu’à gagner. Une prise de risque
ridicule, en revanche, consiste à nous lancer dans quelque chose qui a l’air
plus fou que ça ne l’est en réalité parce que…
1. nous nous y sommes préparés;
2. nous avons réduit le risque au maximum;
3. nous avons un plan de secours, au cas où les choses tourneraient mal.

Différentes sortes de risques


J’ai étudié la réduction des risques dans le cadre des cours de planification
financière et d’économie à l’université. Dans le monde des affaires comme
dans la vraie vie, on considère en général qu’il est impossible d’éviter tous
les risques, mais qu’il est possible de les gérer ou de les réduire en mesurant
la profondeur de l’eau avant d’y plonger, quelle que soit l’eau dans laquelle
on plonge.
Il existe deux types de risques dans la vie: le danger d’essayer et celui de ne
pas essayer. Il y a toujours un danger, peu importe le nombre d’efforts que
[269]

vous faites pour l’éviter ou pour vous en protéger. Disons, par exemple, que
vous vouliez sortir avec quelqu’un. Rien que le fait d’appeler cette personne
pour l’inviter à sortir comporte des risques. Elle pourrait refuser. Et si vous
n’essayez pas du tout? Après tout, elle pourrait aussi dire oui. Il se peut que
vous soyez faits l’un pour l’autre et que vous viviez ensemble et heureux
jusqu’à la fin de vos jours. Souvenez-vous que vous n’avez quasiment
aucune chance de «vivre heureux jusqu’à la fin de vos jours» si vous ne vous
exposez pas. Le jeu n’en vaut-il pas la chandelle?
Vous subirez des défaites de temps à autre, vous échouerez. Mais la gloire
vient lorsque vous vous relevez encore et encore, jusqu’à la réussite!
Pour vivre, nous devons être désireux de tendre la main et de bouger. Pour
bien vivre, nous devons apprendre à améliorer nos chances en nous
renseignant sur les tenants et les aboutissants d’une affaire avant de prendre
une décision. Nous ne pouvons pas contrôler tout ce qui se passe autour de
nous. Concentrons-nous donc sur ce que nous pouvons contrôler, évaluons
toutes les possibilités, puis prenons une décision.
Parfois votre cœur et vos entrailles vous diront de tenter un coup, même si
les chances de réussite semblent minces sur le papier. Il se peut que vous
échouiez. Il se peut que vous gagniez. Mais je doute qu’en regardant en
arrière vous regrettiez d’avoir essayé. Je me considère à la fois comme un
entrepreneur, un conférencier et un évangéliste. J’ai eu plusieurs affaires et
projets immobiliers. J’ai lu beaucoup de livres sur l’entrepreneuriat, et il y a
toujours un chapitre sur la prise de risques. En dépit de l’image que l’on se
fait des entrepreneurs, ceux d’entre eux qui réussissent ne sont pas vraiment
[270]bons pour prendre des risques. Ils sont bons pour les contrôler et les
minimiser, démarche qu’ils mettent en œuvre avant d’aller plus loin, même
s’ils savent qu’il reste toujours une part d’incertitude.

Mes règles du ridicule


Pour vous aider à gérer les risques que vous rencontrerez dans votre vie, je
vous ai préparé les règles du ridicule de la gestion du risque de Nick. Lisez-
les… à vos risques et périls!

1. Examiner le terrain
Un vieux proverbe africain dit que l’on ne doit pas mesurer la profondeur
d’une rivière avec ses deux jambes. Si vous envisagez de vous engager dans
une nouvelle relation, de déménager dans une autre ville, de changer de
travail ou même de repeindre votre salon, procédez à quelques tests avant de
faire le grand pas. Ne sautez pas à pieds joints dans l’inconnu.

2. Faire avec ce que nous savons


Faire avec ce que nous savons, cela ne veut pas dire qu’il ne faille jamais
tenter de nouvelles expériences ni fréquenter de nouvelles personnes, cela
veut seulement dire que nous pouvons améliorer nos chances en faisant nos
devoirs à la maison. Une fois que vous voyez toutes les facettes et tous les
aspects d’une occasion, vous devriez pouvoir faire le pas avec confiance.
Même si vous ne savez pas tout, vous devez être conscient(e) de ce que
[271]

vous ne savez pas, et parfois cela suffit.

3. Choisir le bon moment


Souvent, on peut améliorer considérablement ses chances en attendant le
bon moment pour faire le pas. Vous n’allez pas, par exemple, lancer une
entreprise vendant des glaces en plein hiver, n’est-ce pas? La première
proposition que j’ai reçue pour le cinéma n’était pas faite pour moi, mais
quelques mois plus tard le rôle était parfait et c’était le bon moment. Parfois,
la patience paie.
La nuit porte souvent conseil. Notez votre idée le soir et relisez-la le matin
en vous levant. C’est extraordinaire la façon dont les choses peuvent sembler
différentes, quand on les laisse passer une nuit. J’ai procédé ainsi bon
nombre de fois. Jetez toujours un regard sur le calendrier et voyez s’il n’y a
pas un meilleur moment pour saisir l’occasion qui s’offre à vous.

4. Demander conseil
Parfois, on prend plus de risques qu’on ne devrait parce qu’on est
convaincu qu’on doit absolument faire quelque chose le plus vite possible.
Si vous vous retrouvez en territoire hostile, reculez de quelques pas, passez
un coup de fil à un mentor ou à une personne de confiance et demandez de
l’aide pour évaluer la situation. Il arrive en effet que les émotions réduisent
le bon sens au silence. Dans des situations de ce genre, je vais consulter mon
oncle Batta lorsque je suis aux Etats-Unis, et mon père quand je suis en
Australie. Deux têtes valent mieux qu’une et, si l’enjeu est grand, vous ne
devriez pas faire cavalier seul.
[272]
5. Nous préparer à l’imprévu
Il y aura toujours – je le répète, toujours – des conséquences imprévues à
vos actes, surtout si vous dépassez vos limites. On ne peut jamais prévoir
toutes les répercussions. Nous avons donc à faire de notre mieux pour
considérer chaque facette de la situation et nous préparer pour l’imprévu.
Quand je fais une estimation d’investissement, je surestime les coûts et sous-
estime les profits afin de créer une zone tampon, juste au cas où l’affaire ne
fonctionnerait pas aussi bien que je l’espère. Et, si tout se passe bien, on
n’est jamais mécontent d’avoir un petit surplus.

Un plaisir ridicule
N’essayez même pas de me faire croire qu’en attendant vos bagages à
l’aéroport vous n’avez jamais envisagé de sauter sur le tapis roulant pour
qu’il vous amène au pays des bagages, où qu’il se trouve. Evidemment, par
amour du ridicule, je l’ai fait.
Nous étions en Afrique pour une tournée de conférences. Quand nous
sommes arrivés à l’aéroport, je m’ennuyais à attendre nos affaires, et j’ai
informé mon aide-soignant Kyle que je voulais me balader sur le tapis
roulant.
Il m’a regardé, l’air de dire: «Tu es tombé sur la tête, ou quoi?»
Mais il a accepté. Il m’a soulevé et m’a posé à côté d’une belle grosse
valise Samsonite, et me voilà parti en compagnie des valises et sacs à dos.
J’ai voyagé sur ce tapis roulant à travers tout le terminal, immobile comme
une statue avec mes lunettes de soleil, attirant des regards pleins de stupeur.
On me pointait du doigt, et certains voyageurs ricanaient nerveusement, se
[273]

demandant si j’étais une vraie personne ou la poupée la plus mignonne du


monde.
Finalement, je suis arrivé dans la zone de déchargement où j’ai été accueilli
par des employés africains qui ont ri et souri à la vue de l’Australien fou
parti à l’aventure.
«Que Dieu te bénisse!» ont-ils dit pour m’encourager.
Ces employés avaient compris que parfois, même des adultes doivent aller
faire un tour de carrousel. Les enfants ne gaspillent pas leur jeunesse, ils
jouissent de chaque minute qui leur est donnée. Vous et moi devrions faire
tout ce qui est en notre pouvoir pour conserver cette joie enfantine. Si votre
existence devient trop monotone, pas la peine de «péter un câble». Faites un
tour ridicule vers ce qui vous procurait de la joie quand vous étiez enfant.
Faites du trampoline. Chevauchez un poney. Reposez-vous de la vie adulte.
Je vous encourage à profiter de chaque instant. De temps à autre, je
décroche et fais quelque chose uniquement pour le plaisir. Je vous encourage
à vivre de la même manière, en poursuivant avec ardeur toutes les merveilles
que Dieu nous a données ici-bas.
Vivre de façon ridicule, c’est vivre au point de convergence de l’espoir et
de la possibilité, en embrassant la volonté de Dieu et son plan. La seconde
partie des règles du ridicule ne concerne que le plaisir ridicule, une manière
d’agir qui va à l’encontre des attentes et au-delà des limites qui nous sont
imposées. Il s’agit de profiter du voyage, de saisir à pleines mains les
bénédictions et de toujours non seulement vivre, mais profiter au maximum
de l’existence.
Lors de mes conférences, je me mets souvent juste au bord de ma
plateforme, me balançant comme si j’allais tomber. Je rappelle au public
[274]

que vivre tout près du bord n’est pas une mauvaise chose, si l’on a foi en soi
et dans le Créateur. Ce ne sont pas que des paroles. Je me pousse à aller
toujours plus loin dans tous les aspects de ma vie, qu’il s’agisse de travail ou
de jeu. La sensation la plus ridicule et la meilleure vient lorsque travail et
plaisir ne font qu’un. Je vous encourage aussi à la rechercher.

Etre cascadeur
En acceptant mon premier rôle dans The Butterfly Circus, je ne m’attendais
pas à devoir faire mes propres cascades. Cela dit, qui de mieux que moi pour
les faire? Ce n’est pas comme s’il y avait beaucoup de cascadeurs
professionnels sans bras ni jambes!
Je me sentais de taille. Si mon compatriote australien Russell Crowe peut
faire ses cascades, pourquoi ne le pourrais-je pas? De plus, Russell n’a
jamais été propulsé dans les airs comme un ballon de volley par George le
Balaise. C’est Matt Allmen, authentique cascadeur et acteur, qui a joué ce
personnage bourru dans The Butterfly Circus. Dans une des scènes, il me
ramasse et me jette dans un petit étang. Matt était très inquiet à propos de
cette scène, et j’aurais dû moi-même l’être un peu plus.
Nous l’avons tournée vers un petit lac naturel formé par un ruisseau dans
les montagnes San Gabriel, dans le désert californien. L’eau était froide,
mais ce n’était pas le pire. Dans cette scène, je tombe accidentellement dans
le lac et tout le monde a peur que je me noie, mais bien sûr je reviens à la
surface, faisant montre de mes talents de nageur. George le Balaise est si
excité de me voir en vie qu’il me ramasse et me jette de nouveau dans l’eau,
manquant de peu de me noyer.
Matt avait peur de me faire mal en me lançant trop loin ou trop fort. Il
[275]

était un peu timide lors des premiers essais, parce que l’eau était
relativement peu profonde. Joshua Weigel, le directeur, l’a encouragé à me
jeter plus fort, et il m’a envoyé comme une torpille. Ayant peur de me
cogner sur le fond rocailleux, j’ai courbé le dos, ce qui m’a sauvé. Cette
fois-ci, aucun besoin de jouer quand je suis réapparu à la surface: tout le
monde sur le tournage était fou de joie de me voir vivant, surtout Matt.
Mais les scènes de mes ascensions dans les airs étaient encore plus
risquées, car on me hissait dans un harnais sur une hauteur de trois étages,
devant un écran vert. Etre suspendu avec des cordes au-dessus du tournage
m’a valu quelques moments d’angoisse. Bien sûr, les risques de mon travail
sur ce film ont été minimisés par les coordinateurs de cascade professionnels
qui se sont occupés des filets de sécurité et des protections, si bien que
même les parties les plus effrayantes étaient amusantes.
La vérité, c’est que le simple fait de prendre de temps à autre quelques
risques physiques, que ce soit de l’escalade, du surf ou du snowboard, peut
vous regonfler et vous amener à vous sentir plus vivant(e). Les enfants et les
adultes incorporent souvent un facteur de risque dans leurs loisirs, même si
ce n’est que celui de paraître ridicule en public.
Jouer pour la vie
Le docteur Stuart Brown, psychiatre et fondateur de l’Institut national du
jeu, affirme que le jeu fait partie de nous et que négliger nos pulsions dans
ce sens peut être aussi dangereux que manquer de sommeil. Il a étudié des [276]

tueurs en série et des condamnés à mort, et il a découvert que presque tous


avaient eu une enfance où manquaient les schémas de jeu normaux. D’après
lui, l’opposé du jeu, ce n’est pas le travail, mais la dépression. Le jeu peut
aussi être considéré comme indispensable à notre survie.
Aux dires du docteur Brown, les jeux comportant des risques et
développant le physique aident les enfants comme les adultes à développer
leurs capacités sociales, cognitives, émotionnelles et physiques. Il pense
même que nous devrions mélanger jeu et travail, au lieu de mettre du temps
à part pour nous amuser.
J’ai connu des hommes qui ont passé leur jeunesse en quête de richesse et
de reconnaissance et qui se rendent compte, en arrivant à l’âge mûr, qu’ils
arrivent à la fin d’un voyage qu’ils n’ont pas vraiment apprécié. Il ne
faudrait pas que cela vous arrive. Faites ce que vous avez besoin de faire
pour survivre, mais faites aussi le plus possible ce que vous aimez faire!
Il est parfois effrayant de constater à quel point nous pouvons nous laisser
emprisonner dans la routine et la lutte pour gagner notre vie, et négliger la
qualité de notre quotidien. L’équilibre, ce n’est pas quelque chose que l’on
atteint «un jour». Alors n’oubliez pas de vous amuser de façon ridicule en
vous adonnant à l’activité favorite, quelle qu’elle soit, qui vous fait perdre la
notion du temps et de l’espace.
Des études ont montré qu’être «perdus» ou complètement engagés dans
notre activité favorite, qu’il s’agisse de jouer au Monopoly, de peindre un
paysage ou de courir un marathon, représente à peu près le summum du
bonheur que nous pouvons connaître dans cette vie. Je tombe souvent dans
ce genre de «transe» quand je pêche, ma forme préférée de jeu relaxant.
Mes parents m’ont emmené à la pêche pour la première fois quand je
[277]

n’avais que 6 ans. Ma mère m’a donné une ligne avec des graines de maïs
comme appât. Elle l’a jetée dans l’eau, et je tenais la ligne avec mes orteils.
J’étais du genre déterminé et j’ai décidé que j’allais attendre le temps qu’il
faudrait. Tôt ou tard, un poisson devrait bien mordre mon grain de maïs, car
je ne comptais pas partir sans avoir attrapé quelque chose d’énorme.
Ma stratégie a fonctionné. Un poisson de 60 centimètres s’est enfin décidé
à mordre à mon appât, probablement parce qu’il en a eu assez de voir ma
petite ombre se pencher au-dessus de l’eau. Quand ce monstre a attrapé
l’appât et a filé avec, il a tiré la ligne à travers mes orteils, et j’ai eu
atrocement mal. Mais, au lieu de le laisser partir, j’ai trouvé une astuce: je
me suis assis sur la ligne, ce qui m’a laissé des brûlures sur les fesses quand
il a continué à se débattre.
«J’ai attrapé un poisson. Oh, j’ai mal aux fesses, mais j’ai attrapé un
poisson!» ai-je crié.
Ma mère et mon père ainsi que mes cousins se sont précipités pour m’aider
à tirer ce monstre de l’eau, et il faisait à peu près la même taille que moi.
Cela a été la plus grosse prise de la journée, et elle valait toute la douleur
que j’ai endurée pour l’avoir. Après cela, j’ai été accro pour la vie à la
pêche.
Maintenant je n’utilise plus une simple ligne, j’ai acquis la maîtrise d’une
canne à pêche, de manière à ne plus avoir à souffrir de brûlures aux fesses.
J’ai suffisamment de force pour coincer la canne entre mon menton et mon
épaule quand un poisson mord, et je peux jeter l’hameçon en retenant la
ligne avec mes dents et en la relâchant au bon moment. Oui, c’est la stricte
vérité: je pêche et je me cure les dents en un seul mouvement!
[278]
Doué pour la musique
Si vous pensez que la pêche est un passe-temps extravagant pour moi,
imaginez un peu comment les gens réagissent quand je leur dis que non
seulement j’étais batteur de mon groupe à l’école, mais aussi chef
d’orchestre! Et pourtant, c’est vrai. J’ai le rythme dans la peau. J’ai maîtrisé
l’art rare et difficile de la «percussion sur cantiques» à mon plus jeune âge.
Chaque dimanche soir, à l’église, je constituais des piles avec les recueils de
cantiques, en veillant à ce qu’elles aient des hauteurs différentes. Je tapais le
rythme dessus pendant que le chœur chantait. Je viens d’une longue lignée
de batteurs invétérés, dont mon cousin Ian Pasula, qui a été le premier de
notre assemblée. Ma capacité à garder un rythme était si naturelle que
quelques-uns de mes oncles et leurs amis se sont cotisés pour m’acheter une
batterie électronique Roland. Cette petite merveille amplifiée m’a transformé
en homme-orchestre sans bras ni jambes. J’ai commencé par la caisse claire
et la grosse caisse, puis, quand j’ai progressé, j’ai pu incorporer la cymbale
haute et la cymbale basse.
Le pianiste, l’organiste et le batteur de l’église se joignaient à moi et je me
sentais partie intégrante de l’orchestre. Je joue toujours sur une version plus
récente des percussions électroniques, que j’ai améliorée en y ajoutant le
programme Mac Keys, grâce auquel je peux l’utiliser comme un
synthétiseur et même jouer un son de guitare. La musique est un baume pour
mon âme. Que ce soit en jouant ou en écoutant, je peux me perdre pendant
des heures dans des vagues de sons.
Mon amour de la musique s’est construit avec des ensembles de jazz et des
groupes scolaires. Le meilleur moment musical de ma vie est peut-être arrivé
quand j’ai presque littéralement dû prendre tout l’orchestre du lycée sur
[279]

mes épaules. Voilà une tâche que l’on ne s’attendrait pas à me voir prendre
en charge. Ri-di-cu-le, n’est-ce pas?
Eh bien, notre professeur de musique avait des problèmes de santé, et elle
ne pouvait pas diriger nos répétitions, si bien que je me suis porté volontaire
pour conduire notre orchestre de 65 musiciens. Je connaissais tous les
morceaux qu’ils devaient jouer. Je me suis donc tenu devant cet important
groupe d’étudiants en musique et je les ai dirigés en faisant des gestes avec
mes épaules. Au risque de me faire des ennemis, je dirais que la
merveilleuse façon dont ils ont joué ce jour-là était ridicule!

Une conclusion ridicule


La plupart d’entre nous n’avons pas la moindre idée de ce que Dieu a prévu
pour nous chaque jour, chaque mois et chaque année de notre vie. Mais
chacun de nous a reçu la capacité d’ajouter ses propres fioritures, de suivre
sa vocation, sa passion et ses plaisirs avec une insouciance téméraire et un
enthousiasme ridicule. Rien que dans ce chapitre, j’ai évoqué mes aventures
en tant que bagage à main dans l’avion, voyageur sur tapis roulant à
l’aéroport, plongeur sous-marin, pêcheur, batteur et chef d’orchestre. Ma
question est la suivante: si moi, qui suis tellement imparfait, ai pu avoir
autant de moments de plaisir ridicule, si j’arrive à repousser à un tel point
mes limites et à profiter si pleinement de la vie, qu’en est-il de vous?
Vivez pour glorifier Dieu et ne perdez pas une once d’énergie ni d’unicité.
Osez être ridicule, et vous goûterez au vrai bonheur ridicule.
[280]

Bon, il faut y aller, maintenant!


[281]
12. Vivre pour donner

A l’âge de 20 ans, j’ai décidé de me rendre en Afrique du Sud pour une


tournée de conférences de deux semaines, organisée par quelqu’un que je
n’avais jamais rencontré. Ma mère et mon père n’étaient pas très
enthousiastes car ils s’inquiétaient pour ma santé et ma sécurité; ils étaient
aussi inquiets des coûts engendrés par le déplacement. Pouvez-vous
l’imaginer? Un certain John Pingo a vu l’une de mes premières vidéos et
s’est donné pour mission de m’attirer afin que je m’adresse aux plus
démunis dans les régions les plus pauvres de son pays. Tout seul, il a
organisé une série de manifestations dans des églises, des écoles et des
orphelinats à travers son réseau Doxa Deo.
John m’a écrit, appelé et envoyé des courriels en me suppliant de venir chez
lui. Son insistance et son enthousiasme m’ont vraiment touché. Lorsque
j’étais plus jeune, je me torturais parfois l’esprit en pensant à ma condition et
à mon avenir, et le seul moyen – autre que la prière – de soulager cette
souffrance avait été d’apporter mon aide à quelqu’un d’autre. Plus je
m’attardais sur mon handicap, plus je me sentais mal, mais quand je me suis
tourné vers les autres en cherchant comment mieux les servir, je me suis
[282]

senti mieux et j’ai compris que l’on n’est jamais seul à souffrir.
Que vous ayez peu ou beaucoup à offrir, souvenez-vous que de petits gestes
de bonté peuvent être aussi puissants que de grandes donations. Si vous
pouvez transformer ne serait-ce qu’une vie, vous avez déjà fait beaucoup. En
effet, une simple belle action peut provoquer une réaction en chaîne, et votre
effort initial peut produire des résultats au centuple. Combien de fois avez-
vous reçu quelque chose de la part de quelqu’un et, mu(e) par un sentiment
de reconnaissance, avez-vous accompli quelque chose de gentil pour
quelqu’un d’autre? Je crois que Dieu nous a créés pour que nous réagissions
de cette manière.
J’ai raconté comment une simple remarque de la part d’une fille de l’école
m’a redonné confiance en moi, à une période critique de ma vie, alors que je
me sentais de plus en plus indésirable et inutile. Elle m’a poussé vers
l’avant, me faisant penser que j’avais peut-être quelque chose à offrir, et
voilà que maintenant je cherche à encourager ceux qui en ont besoin aux
quatre coins du monde, tout en parlant du Dieu d’amour. Le simple acte de
gentillesse de cette fille a été grandement multiplié.
Peut-être vous dites-vous que, si vous aviez plus, vous feriez plus. Je vous
encourage à faire tout simplement ce que vous pouvez déjà faire chaque jour
de votre vie. L’argent n’est pas la seule contribution que vous pouvez
apporter. Quoi que Dieu vous ait donné, faites-en bénéficier les autres. Si
vous êtes menuisier ou simplement bricoleur, offrez vos services à votre
église, à une association, aux victimes de catastrophes ou à d’autres
personnes dans le besoin. Que vous sachiez chanter, coudre, tenir des
[283]

comptes ou réparer des voitures, il y a quantité de façons de mettre vos


talents à profit.
Un lycéen de Hong Kong m’a récemment écrit un courriel, via mon site
web, illustrant comment nous pouvons tous nous rendre utiles, quels que
soient notre âge et notre richesse ou notre pauvreté.
J’ai une vie très heureuse, mais même malgré cela j’ai eu des moments où
je me suis senti craintif et inutile. J’avais peur à mon entrée au lycée, à
cause de ce qu’on m’avait raconté sur la façon dont les élèves plus âgés
traitaient les plus jeunes. Puis, le jour de la rentrée, j’ai rejoint les autres à
notre cours sur les droits civiques, et nous avons découvert un professeur
génial qui nous a enseigné à nous voir non comme une classe, mais
comme une famille.
Avec le temps, nous avons appris tellement de choses! On nous a fait une
introduction aux événements majeurs dans le monde, comme le génocide
de 1994 au Rwanda et celui qui a lieu en ce moment même au Darfour
(Soudan). Mes camarades et moi avons été amenés à ressentir quelque
chose que nous n’avions jamais ressenti auparavant: la passion. Nous
avons eu le profond désir de comprendre et d’aider la population du
Darfour. Même si l’on se dit que l’on ne peut pas s’attendre à grand-chose
de la part de gamins de 14 ans, nous avons trouvé un moyen de montrer au
monde que nous aussi, nous pouvions faire bouger les choses.
Nous avons monté un spectacle dans lequel nous avons montré ce qui était
en train de se passer au Darfour. Nous avons découvert cette passion qui a
illuminé notre âme et notre esprit, et grâce à elle nous avons réalisé un
exploit et avons récolté suffisamment d’argent pour envoyer des vivres
[284]

aux habitants de cette région.


Voilà de belles paroles de sagesse, chez un jeune, n’est-ce pas? La passion
de servir les autres est peut-être le plus grand don que Dieu puisse nous
accorder. Je suis certain que les personnes qui ont reçu cette aide au Darfour
ont été reconnaissantes pour le moindre objet reçu. L’admirable puissance
de Dieu se manifeste dans le fait que, si nous voulons accomplir quelque
chose pour les autres, notre disponibilité compte au moins autant que notre
capacité. Savez-vous qui aura la capacité d’agir, une fois que vous vous
serez rendu disponible pour de bonnes œuvres? Dieu! La Bible dit: «Je peux
tout par celui qui me fortifie, Christ.»21
Ce que vous voulez pour vous, offrez-le aux autres. Si vous faites entrer
même les plus petits actes de compassion dans votre quotidien, vous vous
sentirez rempli(e) de force et libéré(e) de vos propres déceptions et
blessures. Nous ne devons pas nous attendre à recevoir une récompense,
quand nous nous montrons généreux ou quand nous soutenons notre
prochain, mais de beaux gestes peuvent parfois être porteurs de
gratifications tout à fait extraordinaires.
Je suis partisan de la générosité inconditionnelle, car elle est à la gloire de
Dieu et multiplie ses grâces. Cependant, je crois aussi que, quand on se
montre généreux avec les autres, on est aussi béni soi-même. Alors si vous
n’avez pas d’amis, devenez-en un(e) pour les autres. Si vous avez eu une
journée difficile, rendez la journée de quelqu’un d’autre mémorable. Si vous
êtes triste, donnez de la joie à autrui.
Nous n’avons pas idée du bien que nous pourrons faire dans le monde avec
un seul geste de bonté; ce sont de petits ruisseaux qui font les grands
[285]

fleuves. La fille de ma classe qui a vu que j’étais triste après que l’on s’était
moqué de moi et qui m’a affirmé que j’étais mignon n’a pas seulement
soulagé ma douleur, elle m’a donné l’étincelle qui a allumé la flamme de ma
mission: aider des êtres humains tout autour du globe.

La passion d’aider
Ne passez pas votre temps à vous demander ce que vous pourriez faire pour
aider les autres. Agissez dans la simplicité et sachez que même de petits
gestes se multiplient et ont un impact qui va au-delà de tout ce que vous
pouvez imaginer. Comme ce lycéen de Hong Kong, je m’enflammais de
plus en plus à l’idée d’un voyage en Afrique du Sud et, plus j’y pensais, plus
je recevais de nouvelles de John Pingo.
J’ai prié pour savoir si je devais ou non partir pour ce voyage de trois
semaines et, après cela, j’ai senti que je devais y aller. Je voulais encourager
des gens au-delà des frontières nationales, et cela semblait être un bon
premier pas vers un ministère international. Je ne savais que très peu de
choses au sujet de l’Afrique du Sud et je n’avais encore jamais voyagé aussi
loin sans mes parents. Mon père avait des amis qui y vivaient, et sa
conversation avec eux ne l’a pas rassuré: ils l’ont informé que la criminalité
et la violence y représentaient un grand problème et que les voyageurs
faisaient fréquemment l’objet d’attaques et de vols; ils pouvaient même être
tués.
«Ce n’est pas un endroit sûr, Nick, m’a averti mon père. Tu ne connais
même pas ce John Pingo. Pourquoi lui ferais-tu confiance pour qu’il te guide
dans ce pays?»
Ma mère et mon père n’ont que très peu de cheveux gris, ce qui est
[286]

étonnant vu le nombre d’aventures que j’ai eues durant ma jeunesse pleine


d’audace, mais, comme tous les parents, ils voulaient me protéger. Compte
tenu de mon handicap, ils ont senti qu’ils avaient toutes les raisons de
s’inquiéter pour ma sécurité. Cependant, j’aspirais à percer, à répondre à
mon appel et à faire avancer ma carrière d’orateur cherchant à prodiguer les
encouragements de l’Evangile.
Quand j’ai évoqué pour la première fois ce voyage en Afrique du Sud, ils se
sont d’abord inquiétés pour ma santé et pour ma situation financière, car je
venais tout juste d’acheter ma première maison avec l’argent que j’avais
gagné, et ils pensaient que je devrais m’occuper de rembourser mes dettes,
au lieu de me balader tout autour du globe.
Leur inquiétude a encore fait un bond quand je leur ai signalé que, d’une
part, je comptais distribuer plus de 20’000 dollars de mes économies
personnelles à des orphelinats en Afrique du Sud et que, d’autre part, je
voulais emmener mon petit frère avec moi.
En regardant en arrière et en me mettant à la place de mes parents, je
comprends mieux combien tout cela a dû être angoissant pour eux. Mais
j’étais déterminé. La Bible dit: «Si quelqu’un qui possède des biens de ce
monde voit son frère dans le besoin et lui ferme son cœur, comment l’amour
de Dieu peut-il demeurer en lui?»22 Je voulais agir conformément à ma foi
en servant les autres. Bien que handicapé, je me sentais fort du fait de ma
foi, et je sentais que le moment était venu pour moi de remplir ma vocation.
Il me restait encore à convaincre mes parents qu’il ne m’arriverait rien.
Même mon frère n’était pas très enthousiaste, au début. En fait, quand je
[287]

lui ai posé la première fois la question, il a refusé en raison des informations


relatives à la violence en Afrique du Sud, ajoutant: «Je ne veux pas être
mangé par un lion.» Je n’ai pas lâché le morceau et j’ai continué à essayer de
le convaincre. J’ai aussi essayé de lui expliquer ce qu’il en était des lions.
J’ai recruté deux de mes cousins pour m’accompagner, puis l’un d’eux n’a
pas pu venir. Aaron s’est alors dit qu’il était de son devoir de prendre sa
place et de m’aider à entreprendre ce voyage. Mes parents et moi avons prié
pour la tournée, et ils ont fini par me donner leur bénédiction pour y aller. Ils
étaient toujours inquiets, mais ils avaient aussi la conviction que Dieu
prendrait soin de nous.

Au service du monde entier


Quand nous sommes arrivés en Afrique après un vol interminable, notre
hôte nous attendait, comme convenu, à l’aéroport. Pour je ne sais quelle
raison, j’avais imaginé John Pingo comme un homme âgé, peut-être moins
âgé que mes parents, mais d’au moins la trentaine.
Il avait 19 ans, un an de moins que moi!
«Peut-être n’était-ce effectivement pas une bonne idée», ai-je pensé quand
nous nous sommes rencontrés à l’aéroport. Heureusement, John s’est révélé
être un garçon très mature et très débrouillard, et il m’a ouvert les yeux sur
plus de pauvreté et de misère que tout ce que j’avais pu voir jusque-là. Il m’a
raconté comment il avait été inspiré par l’histoire de ma vie quand il avait vu
mes vidéos, mais j’ai fini par me rendre compte que son histoire était tout
aussi poignante, et son engagement en tant que croyant m’a laissé sans voix.
Il a grandi dans une ferme animalière, dans la république de l’Etat libre
[288]

d’Orange, en Afrique du Sud. D’abord entraîné dans de mauvaises


fréquentations, il est devenu un chrétien fervent et a acquis une petite
entreprise de transport. Il était plein de reconnaissance envers Dieu parce
qu’il avait changé sa vie et avait déversé sa grâce sur lui.
Le désir de John que je parle de ma foi et adresse des paroles
encourageantes à ses concitoyens était tel qu’il a vendu sa voiture afin
d’avoir suffisamment de fonds pour notre tournée des églises, écoles,
orphelinats et prisons. C’est avec une camionnette bleue empruntée à sa
tante qu’il m’a transporté de conférence en conférence au Cap, à Pretoria, à
Johannesburg et ailleurs.
L’emploi du temps était complètement délirant, et nous avons souvent dû
nous contenter de seulement quatre ou cinq heures de sommeil par nuit.
Mais ce voyage m’a fait rencontrer des personnes, visiter des sites et être
témoin de choses qui ont changé ma vie à jamais. Il m’a aidé à me rendre
compte que c’était vraiment cela que j’avais envie de faire jusqu’à la fin de
mes jours: adresser un message d’encouragement et de foi à des gens du
monde entier.
Ayant grandi en Australie et vécu un certain temps en Californie, Aaron et
moi pensions en savoir beaucoup sur la vie, mais durant ce voyage nous
nous sommes rendu compte que nous n’étions encore que des novices au
milieu de la jungle. Ce constat a été particulièrement flagrant lorsque, après
avoir quitté l’aéroport, nous avons pris la direction de Johannesburg. En
regardant par la fenêtre, Aaron a remarqué à un croisement un panneau qui
l’a vraiment terrifié: «Zone de bris et de vol.»
Il s’est tourné vers notre guide: «John, que signifie ce panneau?»
[289]

«Oh, ça veut dire que dans cette zone on peut casser les fenêtres de votre
voiture et voler tout ce que vous avez laissé à l’intérieur», dit John.
Nous avons verrouillé les portières et avons commencé à scruter le bord de
la route. Nous avons remarqué que beaucoup de maisons étaient entourées
de hauts murs en béton couronnés de barbelés. Plusieurs personnes
rencontrées durant les premiers jours du voyage nous ont dit avoir été
braquées ou cambriolées, mais nous avons appris plus tard que l’Afrique du
Sud était un pays bien moins dangereux que nombre de régions dévastées
par la pauvreté et par le crime.
En fait, Aaron et moi sommes tous les deux tombés amoureux de ce pays et
de sa population. En dépit des nombreux problèmes existant au sein de cette
nation, nous avons trouvé les habitants tout à fait merveilleux, remplis de
joie et d’espoir en dépit de leurs conditions de vie. Nous n’avons jamais vu
un tel abîme de pauvreté et de désespoir, ni autant de joie dénuée de raison
et de foi à toute épreuve, que là-bas.
Les orphelinats nous fendaient le cœur, et en même temps, ils étaient source
d’inspiration. Nous avons visité l’un d’eux, dédié aux enfants abandonnés
dans des poubelles ou sur des bancs publics. La plupart d’entre eux étaient
malades et souffraient de malnutrition. Nous étions tellement touchés que le
lendemain nous sommes revenus leur apporter des pizzas, des boissons
fraîches, des jouets, des ballons de foot et divers petits cadeaux. Les enfants
se sont extasiés devant cela.
Nous avons aussi vu des petits couverts de plaies ouvertes provoquées par
des bactéries carnivores, des enfants et des adultes mourant du SIDA, des
familles entières vivant au jour le jour à la recherche d’eau potable et de
[290]

nourriture. Observer tout cela de si près, sentir l’odeur de la maladie et de la


mort rôdant autour d’êtres humains agonisants, tout en sachant que la seule
chose que je pouvais faire pour eux, c’était de prier pour les réconforter, a
été une expérience qui m’a véritablement ouvert les yeux. Je n’ai jamais vu
autant de pauvreté et de souffrance. C’était tellement pire que tout ce que
j’avais pu vivre, que ma propre vie me semblait paradisiaque, à côté de ce
que je voyais. J’étais envahi de sentiments contradictoires: d’un côté, la
compassion qui me poussait à agir et à sauver autant de personnes que
possible, de l’autre, la colère à la vue de toute cette souffrance apparemment
impossible à éradiquer.
Notre père nous a souvent parlé de son enfance en Serbie: il n’avait pour
repas du soir qu’un morceau de pain, de l’eau et un morceau de sucre. Son
père, mon grand-père, était coiffeur. Il travaillait dans un salon de coiffure
appartenant à l’Etat, mais quand il a refusé de rejoindre le parti communiste,
il a été mis à la porte et, du fait de la pression politique, il lui était très
difficile de gérer son propre salon. Toute la famille a dû déménager une à
deux fois par an afin que mon grand-père, à qui ses convictions en tant que
croyant interdisaient de porter des armes, ne soit pas obligé de rejoindre
l’armée. Quand il a attrapé la tuberculose et n’a plus pu faire vivre la famille
avec son métier, c’est ma grand-mère qui a dû pourvoir aux besoins des six
enfants en travaillant comme couturière.
Les récits de mon père sur la lutte pour la survie ont pris un sens tout
nouveau pour moi, lorsque j’ai été témoin de la pauvreté et de la famine en
Afrique du Sud. Désormais, j’ai vu l’angoisse dans les yeux de mères en [291]

train de mourir et entendu leurs enfants hurler, le ventre vide et endolori.


Nous avons visité des bidonvilles où des familles vivaient dans de
minuscules hangars de quelques mètres carrés, avec une isolation en papier
journal et sans eau courante. J’ai parlé dans une prison où les détenus se
serraient dans la chapelle et la cour extérieure afin de m’écouter. Nous avons
appris que beaucoup de prisonniers n’avaient même pas encore été jugés et
que le seul crime de certains d’entre eux, c’était qu’ils devaient de l’argent à
une personne qui exerçait suffisamment d’influence pour les faire arrêter.
Nous avons rencontré un détenu condamné à 10 ans de captivité parce qu’il
n’arrivait pas à rembourser 200 dollars. Ce jour-là, les prisonniers ont chanté
pour nous, et la joie portée par leur voix était véritablement extraordinaire,
dans un endroit si désolé.
Changer les choses
Je suis parti en Afrique du Sud imbu de moi-même, certain que j’allais
pouvoir changer les choses dans ce vaste pays. Or, c’est l’Afrique du Sud
qui m’a profondément changé.
Lorsque nous nous oublions un peu nous-mêmes, ainsi que nos
préoccupations personnelles, pour aider les autres, nous sommes
transformés. Nous gagnons en humilité. Nous gagnons en inspiration. Plus
que jamais et plus que dans n’importe quelle autre circonstance, nous
éprouvons le sentiment de faire partie de quelque chose de plus grand que
nous-mêmes. Plus encore, nous nous rendons compte que nous pouvons
apporter une contribution dans ce monde. Tout ce que nous faisons pour
améliorer l’existence de quelqu’un d’autre remplit notre propre vie de sens.
Après quelques jours en Afrique du Sud, j’ai compris pourquoi John
[292]

Pingo était si décidé et enthousiaste, si désireux de m’aider à transmettre un


message de foi et d’espérance dans son pays. Il en avait vu bien plus que
moi. Je me suis rendu compte que j’avais mené jusque-là une existence
égocentrique et égoïste. En garçon sans bras ni jambes, je ne pouvais pas
concevoir de souffrance plus grande que la mienne.
Depuis ce voyage, je n’ai jamais regardé d’un même œil les étals au
marché. L’abondance de nourriture dans la simple épicerie du coin dépasse
tout bonnement l’imaginable pour les orphelins et habitants de bidonvilles
que j’ai rencontrés en Afrique du Sud. Mes pensées reviennent sur ce
voyage, quand je me trouve dans le confort d’un bureau à l’air conditionné
ou quand on me sert une boisson rafraîchissante, tellement ces choses
simples sont rares dans d’autres parties du monde.
Aaron, maintenant professeur de maths et de physique dans un lycée en
Australie, raconte encore comment cette tournée nous a aidés à prendre la
mesure de la réalité. Nous avons été attristés par certaines choses,
émerveillés par d’autres. Nous sommes d’accord tous les deux sur le fait que
cela a été le meilleur voyage de notre vie. Nous sommes tous les deux
rentrés chez nous en nous demandant: «Que pouvons-nous faire pour
soulager la souffrance des autres? Quelle est la meilleure façon d’agir?
Comment pourrais-je continuer à vivre de la même manière, tout en sachant
qu’il y a des gens qui souffrent à ce point?»
Nous n’avons pas besoin d’aller loin pour trouver quelqu’un à qui venir en
aide. En fait, notre voyage en Afrique du Sud nous a ouvert les yeux sur les
personnes dans le besoin au sein de notre propre entourage et dans notre
[293]

propre pays. On peut facilement trouver où investir temps, talents ou argent


dans les églises locales, les maisons de retraite, les foyers pour sans-abri, etc.
Toute contribution de notre part sera appréciée, qu’il s’agisse d’argent, de
temps, de ressources ou de relations personnelles ou professionnelles.
Ce premier voyage en Afrique du Sud m’a rempli d’un tel enthousiasme
pour la suite de ma mission que j’ai distribué une bonne partie de mes
économies: 20’000 dollars, ainsi que 20’000 autres collectés au cours de
notre tournée! Nous avons passé des journées entières à acheter des cadeaux
et de la nourriture pour les orphelins et à commander livres, lits et
couvertures. Nous avons donné aux orphelinats des postes de télévision et
des lecteurs de DVD et avons fait des dons à travers cinq ou six réseaux de
bienfaisance.
Aujourd’hui encore, 20’000 dollars ne représentent pas une petite somme
pour moi, mais, avec du recul, j’aurais aimé pouvoir donner encore plus.
Rien que le fait de changer quelques vies à certains endroits m’a procuré un
sentiment de plénitude sans égal. Même si ma mère n’était pas très heureuse
de me voir revenir avec «rien» sur mon compte en banque, elle a pu
constater que mon existence avait été enrichie au-delà de toute mesure par ce
voyage.

Des miracles en devenir


Un des moments les plus chargés d’émotion et de scènes inoubliables de
tout notre voyage en Afrique du Sud est survenu alors que je m’exprimais
dans une église. Des centaines de personnes malades, handicapées et
mourantes se sont alignées, dans l’attente d’une guérison. En général, je fais
quelques blagues au sujet [294]de mes membres manquants, juste pour
mettre le public à l’aise, mais, dans cette église-là, personne n’a ri! Ils
n’étaient pas là pour de l’humour, ils étaient là pour être guéris. Ils voulaient
des miracles.
Chaque soir, ils sont venus à l’église avec leur minerve, leur béquille ou
leur fauteuil roulant, dans l’espoir d’une guérison. On a même transporté sur
leur matelas deux hommes atteints du sida. D’autres avaient fait quatre ou
cinq heures de marche pour venir. Derrière l’église, il y avait un tas de
béquilles et de fauteuils roulants laissés – disait-on – par ceux qui avaient été
guéris. Mon frère et moi avons discuté avec un homme dont la jambe était si
enflée qu’elle faisait le double de la taille normale. Il était en agonie, mais il
a marché jusqu’à l’église pour être guéri.
Chacun de nous désire avoir le pouvoir de guérir ceux qui souffrent. J’ai
moi-même longtemps prié pour qu’un miracle me rende mes bras et mes
jambes, mais ma demande n’a pas été exaucée, et la plupart des personnes
rencontrées dans cette église sud-africaine n’ont pas obtenu leur miracle non
plus. Cela ne veut toutefois pas dire que les miracles n’existent pas. Ma vie
sera peut-être un jour qualifiée de miracle, étant donné le nombre de
personnes à qui j’ai pu offrir des paroles de foi et de soutien. Qu’un chrétien
australien d’origine serbe, né sans membres, reçoive des invitations à des
conférences de la part des chefs d’Etat du Costa Rica, de la Colombie, de
l’Egypte ou de la Chine est en soi un petit miracle. J’ai rencontré le
patriarche Shenouda III de l’Eglise copte, le grand imam Sheikh Mohammed
Sayed Tantawi, sans parler des responsables de l’Eglise des saints des
derniers jours. Ma vie atteste que nos seules limites sont celles que nous
nous imposons à nous-mêmes!
Vivre sans limites signifie comprendre que l’on a toujours quelque chose
[295]

à offrir, quelque chose qui pourrait rendre le fardeau de quelqu’un d’autre


plus léger. Un simple acte de gentillesse et quelques dollars peuvent parfois
avoir un impact puissant. Après le terrible tremblement de terre en Haïti, la
Croix-Rouge américaine a mis en place un programme pour que les
volontaires puissent vite donner un coup de main. Elle a mis en place un
numéro auquel il suffisait d’envoyer un SMS contenant le mot HAÏTI pour
faire don de 10 dollars.
Eh bien, 10 dollars ne paraissent pas beaucoup, et envoyer un SMS ne
demande pas de grands efforts. Il ne s’agit que d’un petit acte de charité.
Mais, quand on figure parmi ceux qui ont participé au programme, on a
contribué à changer les choses. La dernière fois que j’ai regardé les chiffres,
plus de 3 millions de personnes avaient fait des dons de 10 dollars au profit
d’Haïti par ce biais. Résultat, plus de 32 millions de dollars ont été récoltés
et ont pu servir à financer l’aide destinée aux personnes sinistrées!

Faire ce qu’on aime


Aujourd’hui, Life Without Limits, mon association à but non lucratif,
soutient plus d’une dizaine d’associations caritatives, dont la fondation de
l’Eglise chrétienne apostolique qui envoie des missionnaires partout dans le
monde. Cette fondation s’occupe d’orphelinats et d’églises, notamment de
Bombay Teen Challenge en Inde dont j’ai parlé précédemment. Nous avons
aussi un accord avec Joni and Friends pour distribuer des fauteuils roulants
remis à neuf à ceux qui en ont besoin.
Vous pouvez toujours faire ce que vous aimez tout en apportant quelque
chose aux autres. Que vous jouiez au tennis, fassiez du vélo ou aimiez la
[296]

danse, vous pouvez orienter la pratique de votre activité favorite vers une
œuvre de bienfaisance: organiser un tournoi de tennis au profit de
l’association de votre église locale, une compétition de vélo au profit d’une
organisation d’entraide ou un marathon de danse en vue d’acheter des
vêtements pour les enfants pauvres.
Hilary Lister, par exemple, aime faire de la voile. A l’âge de 37 ans, elle a
décidé de naviguer seule autour de la Grande-Bretagne, et elle a planifié un
voyage de 42 jours en bateau au profit de son association de bienfaisance,
Hilary’s Dream Trust, qui aide à enseigner la voile aux personnes pauvres
ou handicapées.
La foi d’Hilary dans l’impact positif de la voile est basée sur son
expérience personnelle. A l’âge de 15 ans, elle a perdu l’usage de ses bras et
de ses jambes à cause d’un trouble neurologique progressif. Tétraplégique,
titulaire d’un diplôme d’Oxford, elle navigue avec son bateau construit sur
mesure grâce à un système qui lui permet de le commander en soufflant dans
l’une des trois pailles disposées sur son tableau de bord. Une paille contrôle
la voile, tandis que les deux autres lui permettent de diriger le bateau. Elle
est la première tétraplégique à avoir traversé la Manche et à avoir fait toute
seule le tour de la Grande-Bretagne.

Une personne à la fois


Deux ans après notre fantastique expérience en Afrique du Sud, j’ai reçu
une invitation à parler en Indonésie. Elle est arrivée par courriel, d’un
monsieur de Perth dont le pseudonyme était Han-Han. Il avait des origines
chinoises et était pasteur d’un groupe d’églises indonésiennes en Australie.
Quand j’ai reçu son courriel, j’ai appelé Han-Han, et nous avons passé
[297]

des heures au téléphone à discuter de sa proposition. Il a dit que l’on parlait


beaucoup de mon ministère en Indonésie grâce à mes DVD et à mes vidéos
sur Internet. Il m’a proposé d’organiser une tournée de conférences lors de
laquelle je parlerais à des dizaines de milliers de personnes chaque week-
end. Mes parents et moi avons prié pour savoir si je devais accepter ou non
cette proposition, et ils m’ont donné leur accord et leur bénédiction.
Je ne me lasse jamais de découvrir de nouveaux endroits dans le monde ni
de rencontrer différentes personnes, avec leur culture et leur cuisine. Han-
Han m’a proposé un planning très rempli, et je commençais à m’inquiéter de
la rigueur des horaires, en particulier lorsque j’ai appris que l’aide-soignant
chargé de m’accompagner ne parlait pas l’anglais. Cette barrière linguistique
est devenue un énorme problème quand j’ai attrapé un virus gastrique. Son
incapacité à me comprendre et le fait que je n’avais pas de doigts pour
m’expliquer par gestes ont été très frustrants, dans certaines situations.
Mes hôtes ont mis en place une très sympathique soirée d’anniversaire pour
fêter mes 23 ans, mais mon estomac et moi n’étions pas vraiment d’humeur
à faire la fête. J’avais tellement mal qu’à un moment j’ai prié Dieu de
m’aider. Ce faisant, j’ai pensé à Jésus sur la croix, et ma douleur s’est
apaisée. Le lendemain, j’ai reçu des soins, et mon état s’est
considérablement amélioré avant même mon retour en Australie.
Quelques années plus tard, Han-Han m’a invité à revenir en Indonésie pour
une tournée. Cette fois-ci, j’avais mon propre aide-soignant avec moi, et j’ai
veillé à ne boire que de l’eau en bouteille, sans glaçons. Un homme [298]

d’affaires indonésien, qui nous a été présenté sous le nom de Pa Chokro, a


mis en place pour moi des conférences dans des stades où j’ai parlé devant
environ 40’000 personnes dans 5 villes différentes. Ces événements étaient
également retransmis à la télévision.
Un dimanche matin, après avoir honoré 3 invitations à parler dans une
église, nous avons décidé de faire une pause, puisque le soir même j’étais
attendu à 3 endroits différents. J’étais affamé et fatigué, et j’ai décidé de
m’occuper d’abord du problème de la faim. Nous avons donc trouvé un
restaurant chinois, non loin de la dernière église où j’avais parlé ce matin-là,
et nous étions accompagnés par un groupe composé d’autorités locales et de
sponsors de notre tournée. Nous y sommes entrés, mon aide-soignant
Vaughan me portant dans ses bras.
Ce n’était pas vraiment un restaurant de luxe, juste des tables et des chaises
en bois sur un sol bétonné. Au moment où nous sommes arrivés, une jeune
femme est venue à notre rencontre et, s’appuyant contre la porte, s’est mise
à pleurer en s’adressant à moi en indonésien. Je me suis senti submergé par
une vague de compassion pour elle. Je n’avais aucune idée de ce qu’elle était
en train de dire, mais je la voyais gesticuler et comprenais qu’elle avait
besoin de réconfort.
Les hommes d’affaires et les autorités locales qui m’accompagnaient
semblaient être émus par ses paroles. Ils nous ont expliqué que cette femme,
Esther, avait grandi dans une petite bicoque faite avec du carton. Elle avait
vécu avec sa mère, son frère et sa sœur à la périphérie d’une décharge, où ils
cherchaient chaque jour leur nourriture ainsi que des morceaux de plastique
pour les vendre à l’usine de recyclage. Elle avait une grande foi en Dieu,
[299]

mais quand leur père les avait quittés, elle était tombée dans le désespoir et
avait envisagé le suicide. Elle pensait que sa vie ne valait pas la peine d’être
vécue.
Bouleversée par la disparition de son père, elle voulait mettre fin à ses
jours. Elle a prié, disant à Dieu qu’elle ne pouvait plus aller à l’église. Le
même jour, son pasteur a montré à sa paroisse un de mes DVD. C’était une
copie faite sur le marché noir, une des 150’000 copies illégales faites et
vendues en Indonésie.
Quand j’ai appris par Han-Han qu’il y avait une telle quantité de copies
pirates de mes DVD en vente, j’ai répondu: «Dieu soit loué! Ne vous en
faites pas.» Ma préoccupation, c’était que mon message se propage, ce
n’étaient pas les bénéfices. Même sur le marché noir, Dieu est à l’œuvre,
comme l’histoire d’Esther allait le confirmer.
Par l’intermédiaire d’un interprète, Esther m’a expliqué que mon DVD
l’avait incitée à rejeter le désespoir. Elle avait fini par trouver sa vocation et
voir l’espoir renaître en elle. Elle s’est dit que, si je pouvais avoir foi en
Dieu, elle le pouvait aussi. Elle a prié pour un emploi et a jeûné
régulièrement pendant 6 mois, et voilà qu’elle avait trouvé un travail dans le
restaurant chinois où nous nous sommes rencontrés!
Après avoir entendu son histoire, j’ai embrassé Esther et lui ai demandé
quels étaient ses plans. Elle avait décidé que, même si elle n’avait que peu
d’argent et travaillait 14 heures par jour, elle allait se former afin de devenir
pasteur pour enfants. Elle espérait pouvoir étudier dans une faculté de
théologie, même si elle ne voyait pas encore comment cela pourrait être
possible, compte tenu de sa situation. Elle vivait dans le restaurant, dormant
par terre, car elle ne pouvait pas payer de loyer. A ces mots, j’ai failli
[300]

tomber de ma chaise. Je me suis senti mal à l’aise Je ne pouvais pas


imaginer comment cette pauvre femme pouvait dormir là. Je l’ai encouragée
à se trouver un autre endroit pour vivre et à poursuivre son rêve.
Dans notre groupe, il y avait un pasteur. Une fois Esther retournée à son
travail, il m’a expliqué que la faculté de théologie locale était très chère et
qu’il y avait une liste d’attente de 12 mois rien que pour passer les épreuves
d’entrée, extrêmement difficiles.
Un plat fumant a fait son apparition devant moi, mais j’avais perdu
l’appétit. Je ne cessais de repenser à cette pauvre femme dormant à même le
sol. Pendant que les autres membres du groupe remerciaient Dieu pour le
repas, j’ai intercédé pour Esther. Ma prière a été exaucée quasi
instantanément! Le pasteur assis à côté de moi a dit que son église pourrait
lui procurer un logement, si seulement je pouvais payer une caution. J’ai
demandé si elle serait, alors, en mesure d’assumer le loyer, et le pasteur m’a
assuré qu’elle n’aurait aucun problème à le faire. J’ai donc accepté. J’avais
hâte d’annoncer la nouvelle à la jeune femme, mais, avant qu’elle ne soit
revenue à notre table, un des hommes d’affaires a annoncé qu’il paierait lui-
même la caution.
J’ai refusé sa proposition, voulant faire ma part des choses, mais c’était
gentil de sa part.
Puis un autre homme à notre table a pris la parole: «Je suis le président de
la faculté de théologie. J’autoriserai Esther à passer l’examen d’entrée cette
semaine. Si elle réussit, je veillerai à ce qu’elle obtienne une bourse.»
Le plan de Dieu se déroulait devant mes yeux. Esther a fait un sans-faute à
l’examen d’entrée, et elle a terminé ses études en novembre 2008. Elle est
maintenant responsable d’un ministère pour enfants dans l’une des plus [301]

grandes églises d’Indonésie, et elle prévoit de fonder un orphelinat.


Tout au long de ce livre, j’ai évoqué la force d’une vocation. L’histoire
d’Esther est un témoignage vivant de cette puissance. Elle n’avait rien, à part
son objectif et sa foi en Dieu. Notre groupe prêt à croire en son rêve a été
attiré vers elle comme par un puissant champ magnétique.

La puissance de la vocation et de la foi


Je me sens tout petit à côté d’Esther, avec son objectif clair, son espérance
d’une vie meilleure que rien ne peut entamer, sa foi en Dieu, sa saine
acceptation d’elle-même, son attitude positive, son courage, son endurance,
sa volonté de prendre des risques et sa capacité de tendre la main à autrui.
Son histoire extraordinaire m’inspire beaucoup, et j’espère qu’il en va de
même pour vous. J’ai écrit ce livre afin d’allumer dans votre cœur la flamme
de la foi et de l’espérance, afin que vous puissiez aussi connaître une vie
sans limites. Votre situation actuelle est peut-être difficile. Vous avez peut-
être des soucis de santé ou des problèmes financiers ou relationnels. Mais
avec un objectif clair, la confiance en l’avenir et la volonté ferme de ne
jamais abandonner, vous pouvez surmonter n’importe quel obstacle.
Esther a réussi à le faire, et vous pouvez le faire aussi. Quand j’étais enfant,
mon manque de membres m’a souvent semblé un fardeau, mais mon
«handicap» s’est révélé de bien des façons correspondre à un don de Dieu,
car j’ai appris à suivre le chemin que le Seigneur a tracé pour moi.
Vous rencontrerez peut-être aussi des épreuves sur le chemin, mais
[302]

n’oubliez pas que là où nous nous sentons faibles, Dieu reste fort23. J’étais
handicapé, mais il m’a donné des forces ainsi que le désir de faire bénéficier
les autres de mon histoire et de ma foi afin de les aider à relever leurs
propres défis.
Je me suis rendu compte que ma vocation était de transformer mes
difficultés en un enseignement qui donne gloire à Dieu et encourage les êtres
humains. Il m’a béni pour que j’apporte sa bénédiction à d’autres. Distribuez
ce qui vous a été donné avec enthousiasme et sachez que, quoi que vous
fassiez, le résultat sera bien plus grand que vous ne l’imaginez. Dieu fait tout
contribuer au bien de ceux qui ont de l’amour pour lui. Il vous aime, et moi
aussi.
On enseigne souvent aux chrétiens qu’ils sont les pieds et les mains du
Christ ici-bas. Si je prenais cela au sens littéral, j’aurais de quoi me sentir un
peu exclu, mais je l’interprète au sens figuré: je sers Dieu en essayant de
toucher autant de personnes que possible par mon témoignage et mon
exemple. Mon objectif est de refléter l’amour que le Christ nous porte, à
nous tous. Il nous a donné la vie afin que nous puissions partager ce que
nous possédons les uns avec les autres. Cela me remplit de joie, et cela
devrait vous remplir de joie également. J’espère que les histoires et le
message que j’ai fait passer à travers ce livre vous ont aidé(e) et vous ont
inspiré(e) pour vous mettre à la recherche d’une vocation, pour garder
l’espérance, avoir la foi, vous aimer, avoir une attitude positive, être
courageux (courageuse) afin que rien ne vous arrête, accepter le
changement, être digne de confiance, ouvert(e) aux possibilités, désireux [303]

(désireuse) de prendre des risques et de faire preuve d’amour envers les


autres.
Certaines personnes restent en contact avec moi et parlent de leur histoire et
de ce qu’elles pensent de ce livre grâce à mes sites web:
www.NickVujicic.com, www.LifeWithoutLimbs.org ou
www.AttitudeIsAltitude.com.
Souvenez-vous de ceci: Dieu a de grands projets pour vous, alors vivez au-
delà de toute limite!
Avec foi et amour,
Nick
J’ai eu l’honneur de rencontrer beaucoup de gens dont l’attitude m’a
[304]

inspiré et ébahi. Je n’oublierai jamais l’encouragement dont Jeanette était


porteuse pour tous ceux qui avaient la chance de la croiser. Certains
diraient qu’elle a perdu son combat contre le cancer. Pour ma part, je dirais
que son Père céleste, dans son amour, a ramené son corps fatigué à la
maison. Elle a tout gagné et elle nous a laissés le cœur brisé, mais grâce à
elle nous avons pu voir comment la puissance divine peut s’accomplir dans
la faiblesse.

(Photo employée avec l’aimable autorisation de Tony Cruz)


21 Philippiens 4.13 (N.d.E.)
22 1 Jean 3.17 (N.d.E.)
23 2 Corinthiens 12.9-10 (N.d.E.)
[305]
Merci…

A Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit.


A ceux que je m’efforce de ne pas décevoir, qui me soutiennent et me
donnent des forces: mon père et ma mère. Je vous aime tellement! Merci
pour tout!
A mon frère, mon meilleur ami et mon roc, Aaron, ainsi qu’à ma belle-sœur
Michelle. A celle qui m’incite à ne jamais faire de concessions lorsqu’il
s’agit de mon intégrité et à donner toujours le meilleur de moi-même, ma
chère sœur Michelle.
A mes grands-parents Vladimir et Nada Vujicic, qui ont maintenant trouvé
le repos éternel et qui m’ont encouragé à croire et à être discipliné. A ma
grand-mère Anica Radojevic, dont je ferai meilleure connaissance au ciel. A
mon papi de 93 ans Dragoljub Radojevic et à sa femme Ana, qui m’ont
enseigné à ne jamais rien soustraire ni ajouter à l’Evangile.
Mon amour et mes remerciements à tous mes oncles et à toutes mes tantes,
à mes cousins aux premier, deuxième et troisième degrés et à tous les autres
membres de la famille. A Bosko Zunic, Roy Zunic, Martin Poljak, Joshua
Vujicic, Steve Nenadov et Barney Nenadov. Je vous garde à jamais dans
mon cœur.
A tous les membres du conseil d’administration de Life Without Limits
(Etats-Unis): Batta Vujicic, David Price, Dan’l Markham, Don McMaster,
ainsi que leur épouse et leur famille. Au conseil d’administration de Life
[306]

Without Limits (filiale de Hong Kong): Ignatius Ho et George Miksa, ainsi


que leur famille. Aux volontaires travaillant comme coordinateurs
internationaux pour Life Without Limits. A l’Apostolic Christian Church of
the Nazarean. Des remerciements tout particuliers à la fondation Joni and
Friends, qui a toujours été là pour soutenir notre ministère. A l’équipe de
Attitude is Altitude, à mes mentors et à mes coachs qui ont toujours cru en
moi.
Un grand merci à mes agents littéraires qui ont fait preuve de grande foi et
de patience à mon égard: Jan Miller et Nena Madonia de la maison d’édition
Dupree Miller & Co, et à leur équipe. A Wes Smith, l’écrivain qui a fait un
travail incroyable en m’aidant à mettre tout cela en ordre. Il a dû s’adapter à
mon emploi du temps infernal. Au groupe de publication Crown et à toute
l’équipe, merci. Remerciements particuliers à Michael Palgon, Trace
Murphy et Karin Schulze.
Enfin, un énorme merci à tous les amis qui m’ont aimé, m’ont soutenu et
ont prié pour moi tout au long de mon parcours. Je vous remercie également,
cher lecteur, chère lectrice, du soutien que vous apportez à ce message
d’espoir dans votre famille et parmi vos amis. Merci du fond du cœur!
[307]
Quelques ressources
[308]
Plan d’action

Les plans que l’on forme dans la vie ressemblent beaucoup à une carte: sans
destination ni but, sans instructions claires sur la façon de procéder, il y a
peu de chances que l’on arrive à l’endroit voulu. Si vous prenez le temps de
travailler les questions et exercices des pages suivantes, vous disposerez de
la «carte» qui vous conduira vers votre propre vie ridiculement belle et sans
limites.
Plan d’action n° 1
Chapitre 1: «Si vous n’obtenez pas de miracle, devenez-en un!»
Trouver notre raison d’être est la première étape importante à franchir pour
une vie sans limites. J’ai trouvé le bonheur ainsi qu’un objectif fort malgré
des circonstances difficiles, et je vous invite à laisser Dieu vous guider afin
que vous découvriez le vôtre. Vous avez de la valeur en tant qu’être créé par
Dieu et vous pouvez apporter une contribution, peu importent les défis
auxquels vous faites face.
Réflexion de Nick
«Nous avons chacun le choix. Nous pouvons décider de demeurer sur nos
échecs ou déceptions, d’être amers, tristes ou aigris. Ou bien, lorsque nous
faisons face à des difficultés ou à des personnes blessantes, nous pouvons
choisir de tirer une leçon de ces expériences et d’avancer, assumant la
responsabilité de notre propre bonheur.»
Passage en revue
D’après vous, en quoi le fait de saisir ma valeur en tant que créature de Dieu
m’aide-t-il à affronter les circonstances et à ne pas mettre de limites à ce que
Dieu peut accomplir à travers moi?
Pourquoi est-il si important pour chacun de nous que nous choisissions
[309]

d’apprendre de nos expériences et d’assumer la responsabilité de notre


bonheur, plutôt que de renoncer à nos rêves, nous attarder sur nos déceptions
et échecs et nous montrer amers, tristes ou aigris?
J’ai vu les habitants de «la cité des ordures» en Egypte non seulement
survivre mais vivre et prospérer. Qui ou quoi nous aide à grandir malgré des
souffrances incroyables?
Plan
1. Malgré les défis uniques auxquels je suis confronté, je crois que mon
existence n’a pas de limites. Quels sont les défis auxquels vous devez faire
face? Quelles limitations avez-vous placées ou laissé les autres placer sur
votre vie? Notez-les par écrit et réfléchissez-y.
2. Ecrivez vos réponses aux questions suivantes: qu’est-ce que je pense
vraiment de moi-même? Quel regard Dieu porte-t-il sur moi, d’après moi?
De quelle manière Dieu pourrait-il agir à travers moi afin que j’apporte une
contribution importante, quelles que soient les circonstances?
3. En quoi la certitude que vous pouvez influencer le cours de votre propre
histoire vous aide-t-elle à découvrir l’impact que vous pouvez avoir dans le
monde?
Passage à l’acte
1. Réfléchissez aux problèmes qui se dressent devant vous, y compris à ceux
dont vous n’êtes pas responsables ou sur lesquels vous n’avez pu exercer
aucune influence, et indiquez trois mesures spécifiques à adopter pour
apprendre de vos expériences et commencer à assumer la responsabilité de
votre propre bonheur.
2. En quoi la prise de conscience que vous êtes destiné(e) à servir l’objectif
de Dieu, qu’il vous a créé(e) par amour et continue de vous aimer donne-t-
elle un sens à votre vie?
3. Notez trois façons d’aller de l’avant, de commencer à écrire le premier
chapitre d’une vie pleine d’amour et d’aventure et de continuer à vous
[310]

battre pour une vie meilleure au lieu d’abandonner ou de céder à


l’inquiétude.
Plan d’action n° 2
Lecture du chapitre 2: «Pas de bras, pas de jambes, pas de limites»
Entretenir l’espoir quant à l’avenir durant les moments difficiles joue un rôle
clé pour une vie sans limites. Ayant connu le désespoir, j’ai moi-même pu
reconnaître quelle était ma valeur. Je suggère des pistes pratiques pour
adopter et cultiver une existence remplie d’espoir, dans votre parcours vers
une vie au-delà de toute limite.
Réflexion de Nick
«Dieu seul sait comment notre vie se déroulera; l’espoir est un cadeau qu’il
nous a donné, une fenêtre à travers laquelle nous pouvons regarder. Nous ne
pouvons pas savoir quel avenir il a préparé pour nous. Ayez confiance en
lui, gardez l’espoir dans votre cœur, et même face aux pires événements,
faites de votre mieux pour vous préparer au meilleur!»
Passage en revue
Qu’est-ce que l’espoir, tel que je l’ai défini? Quel rôle Dieu joue-t-il dans
notre découverte et notre libération des incroyables facultés de l’esprit
humain?
Où ai-je trouvé de l’espoir au milieu de la souffrance, en particulier face à la
main tendue à d’autres par certains après un désastre?
D’après vous, pourquoi est-ce que j’insiste sur l’idée que l’espoir est un
catalyseur qui nous incite à agir de manière spécifique, notamment en
refusant d’abandonner et en persévérant plutôt qu’en renonçant?
Plan
1. En quoi l’espoir donne-t-il à chacun de nous le courage de poursuivre nos
rêves, sans douter de notre capacité à affronter tous les obstacles qui se
dressent sur le chemin?
2. Alors que j’étais confronté à des pensées négatives et à un désespoir
[311]

suicidaire, qu’est-ce que j’ai compris, à propos de moi-même et de Dieu et à


propos de l’importance de me confier à des personnes susceptibles de
m’aider?
Passage à l’acte
1. Faites deux colonnes sur une feuille. Dans la première, notez des moyens
temporaires et égoïstes que les gens emploient pour essayer de supporter les
moments difficiles (par exemple les drogues, le workaholisme, etc.). Dans la
deuxième, écrivez des sources d’espoir que j’ai – et peut-être vous aussi –
découvertes (par exemple la promesse du ciel, la bonté de Dieu). Que
pouvez-vous commencer à faire aujourd’hui pour cultiver un espoir durable
dans votre vie et transmettre l’espoir aux autres? Relevez trois manières
spécifiques d’aider à introduire l’espoir dans l’existence des personnes qui
vous entourent.
2. Chacun des quatre prochains jours, faites le choix délibéré de permettre à
l’espoir de vivre dans votre cœur, de croire que vos situations vont évoluer
pour le mieux et de persévérer au lieu de renoncer à vos rêves. Notez aussi
les croyances et pensées récurrentes, fausses ou négatives, que vous
entretenez sur vous et sur Dieu et qui vous empêchent de conserver une
attitude positive et de vous focaliser sur les solutions plutôt que sur les
problèmes.
Plan d’action n° 3
Lecture du chapitre 3: «Un cœur plein d’assurance»
Avoir foi en Dieu et ses possibilités infinies nous aide à atteindre une vie
sans limites. Dans ce plan d’action, je mentionne mon parcours de foi et
encourage chacun de vous à identifier les divers types de foi qui font partie
intégrante de notre quotidien. Grâce à ma foi en Dieu, j’aborde chaque
journée avec assurance et je place mon avenir dans des mains sûres.
Réflexion de Nick
[312]

«J’aime présenter la foi comme une assurance totale dans notre cœur. Il est
possible que je ne sois pas en mesure de prouver tout ce que je crois, mais
j’ai la conviction que je suis bien plus proche de la vérité lorsque je vis dans
la foi plutôt que dans le désespoir.»
Passage en revue
Quelles sont les formes de foi que je mentionne et pourquoi est-il important
de les identifier?
Qu’est-ce qu’un possibilitarien et quelles sont ses caractéristiques?
En quoi la patience constitue-t-elle un élément clé pour surmonter les
problèmes?
Plan
1. Quels sont les domaines du quotidien dans lesquels nous faisons preuve
de foi? Pourquoi est-il important d’identifier cette foi lorsque nous sommes
confrontés à des défis qui peuvent paraître insurmontables?
2. En quoi la vie est-elle différente pour ceux qui croient que le plan de Dieu
pour eux va être révélé au bon moment, par rapport à ceux qui ne sont pas
animés par cette foi et ne croient pas que Dieu s’intéresse à eux?
3. En quoi est-il important de reconnaître que, parfois, nous ne recevons pas
immédiatement les réponses attendues et devons marcher par la foi?
Passage à l’acte
1. Trouvez-vous facile ou difficile de croire que, si vous faites tout ce qui est
possible pour accomplir vos rêves, vos efforts vont être récompensés?
Quelles situations et personnes vous ont encouragé(e) ou découragé(e) dans
ce domaine?
2. Dressez une liste de personnes susceptibles de vous encourager et de vous
guider en vue de l’accomplissement de vos objectifs. Ensuite, parlez-en avec
elles. Si vous n’avez pas de nom à mettre sur cette liste, allez trouver des
gens! Choisissez aussi quelqu’un qui a besoin d’encouragements et
[313]

appelez-le ou rendez-lui visite.


3. Choisissez un domaine de la vie et prenez les mesures spécifiques qui
vous permettront de poursuivre votre rêve, tout comme j’ai choisi d’aller sur
une planche de surf et ai appris à surfer. Choisissez de réagir de façon
positive, quels que soient les obstacles.
Plan d’action n° 4
Lecture du chapitre 4: «Aimer le parfaitement imparfait»
Reconnaître que Dieu nous aime inconditionnellement est une étape
importante vers l’amour et l’acceptation de soi. Malheureusement, nous
subissons de nombreuses pressions qui nous mènent tout droit à l’amertume
et au manque d’estime personnelle. Pour rayonner, nous devons développer
notre force intérieure et regarder à Dieu, la source suprême de force et
d’amour. Nous sommes bombardés de messages affirmant qu’il faut arborer
tel look, conduire telle voiture et adopter tel style de vie pour connaître
l’épanouissement, l’amour, l’estime des autres ou la réputation d’avoir
réussi. Nous ne devons pas laisser les autres déterminer notre valeur.
Réflexion de Nick
«Au lieu de vous attarder sur vos imperfections, vos échecs ou vos erreurs,
concentrez-vous sur vos dons et sur la contribution que vous pouvez
apporter, que ce soit un talent, une connaissance, de la sagesse, du travail
manuel ou juste de l’amour.»
Passage en revue
Pourquoi ai-je (et beaucoup d’autres personnes avec moi) eu de la difficulté
à m’accepter tel que je suis, me laissant accabler par le sentiment que je
n’étais pas à la hauteur?
A quelles pressions les adolescents et jeunes adultes, en particulier, font-
[314]

ils face, qui peuvent les conduire à la dépression et au suicide?


Pourquoi, selon moi, devrions-nous baser notre amour-propre et notre
acceptation personnelle sur l’amour inconditionnel de Dieu? En quoi cette
perspective diffère-t-elle d’un amour égocentrique, vaniteux, caractérisé par
l’autosatisfaction?
Plan
1. Pourquoi est-il important que nous nous acceptions tels que nous sommes,
au lieu de ne pas nous aimer, voire de nous détester, pour nos défauts?
Quelles mesures pouvons-nous prendre pour acquérir une vision saine et
réaliste de nous-même?
2. Pourquoi est-il si facile, dans la société actuelle, de manquer d’amour
inconditionnel et d’acceptation personnelle, de s’accrocher à ce qui blesse
plutôt qu’aux paroles de soutien, de se focaliser sur les échecs et lacunes
plutôt que sur les aspects positifs?
Passage à l’acte
1. Examinez votre vie jusqu’ici. Décrivez les moments où l’on vous a
dénigré(e) et ceux où, vous comparant à d’autres, vous aviez le sentiment de
ne pas être à la hauteur. Ensuite, relevez la façon dont ces personnes et
situations ont influencé votre vision de vous-même. Finalement, notez
comment fortifier votre vision de vous-même, y compris en affrontant votre
habitude de ne pas vous aimer ni vous accepter en tant que créature de Dieu.
2. A l’aide d’une concordance ou d’autres ressources bibliques, recherchez
des versets sur l’amour inconditionnel de Dieu, sa grâce et son pardon.
Commencez par Jean 3.16; Romains 8.38-39; Hébreux 4.16; Jean 10.10;
1 Jean 1.9 et Ephésiens 1.7.
3. Prenez le temps d’identifier un trait que vous aimez chez vous:
caractéristique physique, talent, trait de caractère ou autre. Ensuite,
[315]

remerciez Dieu de vous avoir donné cela et demandez-lui de vous aider à


reconnaître son amour inconditionnel pour vous, tel(le) que vous êtes.
4. A quels moyens concrets pourriez-vous recourir pour surmonter vos
doutes quant à votre valeur ou votre incapacité de vous aimer comme vous
êtes? Notez plusieurs options (par exemple le bénévolat dans une action
sociale) et organisez-vous pour aider une personne dans le besoin, au cours
des prochains jours, en faisant usage de vos talents, de votre intelligence et
de votre personnalité afin de rendre meilleure la vie de quelqu’un d’autre.
Plan d’action n° 5
Lecture du chapitre 5: «Attitude et altitude»
Sans une attitude positive, nous ne pouvons pas relever les défis qui se
présentent à nous. Chacun voit le monde à travers ses propres perspectives et
des attitudes spécifiques, basées sur ses croyances. Puisque nos décisions et
nos actes en découlent, il est essentiel que nous ajustions notre attitude et
changions notre manière de vivre, si cela n’a pas fonctionné.
Réflexion de Nick
«L’optimisme est source d’énergie et vous donne le contrôle sur vos
émotions. Le pessimisme, au contraire, affaiblit votre volonté et laisse les
commandes de votre comportement à vos humeurs.»
Passage en revue
Quelles suggestions pratiques ai-je émises concernant le «recadrage» de
l’attitude?
Quelles attitudes sont les plus puissantes, d’après moi? Pourquoi?
Plan
1. Quelles suggestions sur le «recadrage» ou l’ajustement de l’attitude avez-
vous trouvées les plus utiles? Pourquoi?
2. Qu’est-ce qui est nécessaire pour que nous surmontions les défis
[316]

auxquels nous sommes confrontés et poursuivions nos rêves?


3. Pourquoi y a-t-il une telle puissance dans la reconnaissance, l’action,
l’empathie et le pardon?
Passage à l’acte
1. Quelles attitudes spécifiques dans votre vie ont besoin de «recadrage»?
Qu’allez-vous commencer à faire aujourd’hui pour accomplir cet
ajustement?
2. Prenez des mesures spécifiques pour manifester chacune des attitudes
suivantes: reconnaissance, action, empathie, pardon. Gardez une trace de vos
succès et travaillez dur pour faire d’elles une expression naturelle de votre
manière d’être désormais.
3. Ecrivez le nom des personnes auxquelles vous avez besoin de pardonner,
puis prenez consciemment la décision de demander l’aide de Dieu dans
votre engagement à permettre un changement de cœur, qu’il soit lent ou
rapide. Quoi qu’il en soit, engagez-vous à vouloir pardonner de tout votre
cœur un jour. C’est un bon début!
Plan d’action n° 6
Lecture du chapitre 6: «Sans bras mais pas sans ressources»
Dans ce plan d’action, je me focalise sur la confrontation courageuse avec
nos peurs, sur l’importance de ne pas nous laisser paralyser par la crainte
dans la poursuite de nos rêves. J’ai personnellement découvert que je
pouvais utiliser la peur pour me motiver et ne plus laisser mes craintes
contrôler mes actes.
Réflexion de Nick
«Tant de personnes sont handicapées par la crainte d’échouer, de se tromper,
de prendre une décision et même de réussir! Il est inévitable que des peurs
viennent frapper à la porte de votre esprit, mais vous n’êtes pas obligé(e)
[317]

de les laisser entrer.»


Passage en revue
Comment l’émotion puissante qu’est la peur peut-elle nous empêcher d’être
qui nous voulons être et de poursuivre nos rêves?
Comment ai-je tiré parti de ma peur de parler en public pour gagner en
efficacité?
Plan
1. Dans quels domaines votre peur a-t-elle été si forte que vous avez préféré
ne pas affronter vos craintes, leur céder et vous limiter? Si vous n’étiez
limité(e) par aucune peur, quel rêve voudriez-vous poursuivre? Pourquoi?
2. Que s’est-il passé quand vous, comme moi, avez laissé vos peurs
contrôler vos actes? (Soyez honnête!) Que ressentez-vous à ce sujet?
Pourquoi?
3. Comment pourriez-vous, comme moi, apprendre à accueillir votre peur et
à en faire une source d’énergie et de motivation afin d’agir positivement et
de vous rapprocher de votre rêve?
Passage à l’acte
1. Faites trois colonnes. Dans la première, notez les peurs que vous avez
connues, en remontant aussi loin que vous pouvez vous rappeler. Dans la
deuxième, décrivez l’impact que chaque peur a eu sur vous. Dans la
troisième, relevez des expériences au cours desquelles vous avez persévéré
et surmonté des défis liés à la peur. Si l’une de ces craintes vous influence
aujourd’hui encore, appuyez-vous sur les suggestions de Nick et engagez-
vous à agir de manière à l’affronter et la surmonter.
2. Dans vos cercles d’influence – à l’école, au travail, dans votre quartier –
quelle personne pourriez-vous sincèrement encourager à mener l’existence
qu’elle désire et à ne pas laisser la peur l’empêcher de travailler à la
réalisation de ses rêves? Demandez à Dieu de vous guider dans les
contacts avec elle et les échanges à propos de ce que vous avez appris sur
[318]

la capacité d’affronter la peur et sur la manière de mener une vie agréable et


abondante.
Plan d’action n° 7
Lecture du chapitre 7: «Ne pas rester par terre»
Chacun de nous connaît l’échec. Même le meilleur d’entre nous échoue
parfois. J’ai dû faire face à ce défi très tôt, et j’encourage chacun(e) à
identifier ses problèmes, travailler plus dur encore, rebondir et continuer à
chercher des solutions créatives, peu importe le nombre d’échecs rencontrés.
Réflexion de Nick
«Perdre ne fait pas de vous un(e) perdant(e), pas plus que perdre de temps en
temps le ballon ne fait d’un grand footballeur un piètre joueur. Tant que
vous restez sur le terrain et continuez à courir, vous pouvez marquer.»
Passage en revue
Comment les défis qui se présentent à nous contribuent-ils à nous rendre
plus forts et meilleurs et à nous préparer pour le succès?
Comment réagissez-vous à cette affirmation de Thomas Merton: «Un
homme humble n’a pas peur de l’échec. En fait, il n’a peur de rien, même
pas de lui-même, car une parfaite humilité implique une parfaite confiance
en la puissance de Dieu, devant qui aucune autre puissance n’a de sens et
pour qui il n’existe aucun obstacle»?
Plan
1. Réfléchissez aux quatre leçons fournies par l’échec et au lien que vous
pouvez établir avec votre situation et à vos expériences particulières.
2. Mon ami David a fait passer ses compétences des terrains de golf à la
gestion d’autres entreprises. En quoi pourriez-vous avoir besoin d’agir de
[319]

même et comment cela pourrait-il renforcer votre caractère?


Passage à l’acte
1. Notez trois ou quatre manières spécifiques de vous booster et de vous
garder fort(e) et persévérant(e) dans la poursuite de vos objectifs. Puis
commencez à appliquer ce que vous avez appris dans ce chapitre en faisant
patiemment de votre mieux et en laissant Dieu faire le reste.
2. Lisez l’histoire de Joseph dans Genèse 39–41 et relevez quelques leçons à
tirer de ses luttes et de son ascension finale à une position d’autorité. (Par
exemple, que révèle cette histoire vraie sur la relation qui se noue parfois
entre le succès et la douleur?)
Plan d’action n° 8
Lecture du chapitre 8: «Le nouveau qui se cache dans les buissons»
Nous sommes tous confrontés au changement et devons apprendre à le
maîtriser. Pour l’aborder positivement, il peut être utile d’imaginer ce que
nous trouverons de l’autre côté. Nous avons besoin d’espoir et de foi en
Dieu et en nos capacités à trouver quelque chose de meilleur. Comme je l’ai
découvert, un changement positif se compose de cinq étapes.
Réflexion de Nick
«Il existe deux grands types de changements qui ont tendance à nous mettre
à l’épreuve et à perturber notre quotidien: les changements qui arrivent de
l’extérieur et ceux qui viennent de notre être intérieur. Nous ne pouvons pas
contrôler les premiers, mais nous pouvons et devons contrôler les
deuxièmes.»
Passage en revue
Alors que je faisais face à de grands changements, comment ai-je réagi?
Qu’ai-je appris sur moi, sur Dieu et sur les autres?
Quelles sont les cinq phases d’un changement positif? A laquelle (ou
[320]

auxquelles) vous identifiez-vous le plus?


Plan
1. Quand avez-vous eu le sentiment d’être piégé(e) par les circonstances,
avant de découvrir que le seul piège consistait dans votre propre manque de
vision, votre manque de courage ou votre incapacité de voir que vous aviez
de meilleures options?
2. Revoyez les cinq étapes nécessaires du changement positif et faites le lien
avec vous-même et votre situation particulière. (Exemples: «Je reconnais
que j’ai besoin de surmonter ma fainéantise et ma peur de rencontrer plus de
gens» ou: «Il est temps pour moi de chercher un meilleur emploi au lieu de
toujours me plaindre de mon travail.»)
Passage à l’acte
1. A la lumière des décisions prises, notez quelles mesures vous allez
prendre immédiatement… et commencez à agir! Acceptez de tourner le dos
au passé et de continuer à grimper!
2. Dès aujourd’hui, comment allez-vous adopter les changements
susceptibles d’améliorer votre existence et être vous-même une force de
changement pour l’amélioration de la vie d’autres personnes aussi? Pensez
aux moyens d’atteindre ces deux objectifs et/ou notez-le dans un «journal de
bord».
Plan d’action n° 9
Lecture du chapitre 9: «Se fier aux autres… plus ou moins»
«Nous avons tous besoin d’être soutenus par nos relations, de tisser des liens
avec des proches. Pour le faire de façon efficace, nous devons instaurer un
climat de confiance et nous en montrer dignes. Nous devons comprendre que
la plupart des personnes agissent instinctivement par intérêt, mais que, si on
leur montre qu’on s’intéresse à elles et qu’on les soutient sur le chemin de
[321]

la réussite, elles feront de même pour nous.»


Réflexion de Nick
«L’art de lire les pensées des autres, de construire des relations, de
s’adresser à quelqu’un et de savoir se mettre à sa place, de savoir à qui faire
confiance et comment se montrer soi-même digne de confiance est tout à fait
capital pour la réussite et le bonheur. Peu de gens réussissent sans la capacité
de construire des relations basées sur la compréhension et la confiance. Nous
avons tous besoin, non seulement d’une personne qui nous aime, mais aussi
d’amis, de mentors, de modèles et de personnes qui nous soutiennent et nous
aident à réaliser nos rêves.»
Passage en revue
En quoi les compétences relationnelles primaires sont-elles essentielles pour
l’établissement de relations marquées par la confiance et le soutien mutuel?
Quelles sont les différences entre un mentor, un modèle et un compagnon de
route, selon la définition que j’en donne, et quel rôle important chacun d’eux
joue-t-il?
Plan
1. Laquelle des huit capacités primaires que j’ai mentionnées trouvez-vous
la plus facile pour vous? La plus difficile? Pourquoi?
2. D’après vous, pourquoi est-ce que je vois dans la volonté et l’humilité de
demander de l’aide quand on en a besoin une capacité relationnelle souvent
méprisée ou négligée? Avez-vous tendance à considérer une telle démarche
comme une force ou une faiblesse? Pourquoi?
Passage à l’acte
1. Il est facile de lire des textes parlant des capacités relationnelles mais plus
difficile de reconnaître que l’on n’est pas particulièrement doué dans l’usage
de certaines d’entre elles! Notez quelques facteurs qui pourraient vous
empêcher de développer vos compétences dans ce domaine (par exemple
[322]

la peur de l’intimité, la peur des critiques, etc.).


2. Demandez à Dieu de vous guider, conformément à son calendrier parfait,
vers quelqu’un avec qui vous pourrez obtenir les bénédictions d’une
relation: aide, conseils honnêtes, accompagnement, encouragements, modèle
permanent.
Plan d’action n° 10
Lecture du chapitre 10: «Sauter sur une occasion»
Des occasions à saisir se présentent à nous, même dans les circonstances les
plus difficiles. En fait, ces dernières peuvent correspondre à des bénédictions
cachées en nous motivant à investir pour notre avenir par le biais d’un dur
travail préparatoire, de la consécration à nos objectifs et de la recherche du
bon moment pour «faire le saut». Dans ce plan d’action, je propose des
pistes utiles pour l’évaluation des possibilités et le choix de celles qui
serviront vos objectifs et valeurs.
Réflexion de Nick
«Pour poursuivre vos rêves, vous devez agir, et si vous ne le faites pas, vous
n’y arriverez pas. Si vous n’avez pas ce qu’il vous faut, pensez à le créer
vous-même. Dieu éclairera votre chemin. La chance de votre vie, la porte
vers vos rêves est ouverte. Le chemin vers votre vocation peut se présenter à
n’importe quel moment. Soyez prêt(e). Faites tout ce qui doit être fait.
Apprenez tout ce que vous devez savoir. Si personne ne se présente à votre
porte, allez frapper à d’autres. Un jour, vous accéderez à la vie dont vous
rêvez.»
Passage en revue
Que voulais-je dire en suggérant: «Saisissez-vous de chaque petit fil et tissez
une corde avec laquelle vous pourrez monter encore plus haut»? Pourquoi
une telle approche de la vie mène-t-elle à de nouvelles possibilités?
Qu’est-ce que je recommande pour combattre le désespoir et l’amertume?
[323]

Plan
1. Que devriez-vous commencer à faire aujourd’hui afin que les obstacles
contribuent à vous élever et que les occasions qui se présentent vous aident à
prendre de l’élan et à façonner une vie que vous aimez?
2. Comment votre objectif et vos valeurs peuvent-ils vous guider, lorsque
vous examinez les occasions qui se présentent à vous afin de choisir celles
qui serviront le mieux vos buts, plutôt que de vous faire glisser et tomber?
Passage à l’acte
1. Réfléchissez à l’empreinte et au souvenir que vous voulez laisser dans ce
monde. (Il peut être utile que vous le couchiez par écrit et le relisiez
régulièrement pour vous rappeler votre objectif et vos valeurs.)
2. Notez par écrit votre objectif – en tout cas celui qui grandit dans votre
cœur et votre esprit – et les éléments auxquels vous attribuez le plus de
valeur. Puis, déterminez comment vous allez utiliser tout cela dans votre
examen des occasions susceptibles de vous rapprocher de la réalisation de
votre rêve. D’après vous, est-ce qu’à mes yeux le plus bel objectif consiste à
connaître Dieu? Pourquoi cela pourrait être vrai?
3. Relisez les suggestions relatives à l’élargissement du cercle de
connaissances (p. 251) et à son corollaire: l’augmentation des possibilités.
Puis, mettez-en quelques-unes en œuvre.
Plan d’action n° 11
Lecture du chapitre 11: «Les règles du ridicule»
Dans ce plan d’action, j’encourage chacun à faire quelque chose de ridicule
au moins une fois par jour, que ce soit un risque nécessaire pour la poursuite
de votre rêve ou que cela soit par simple plaisir. N’ayez pas peur de
[324]

prendre des risques et d’être taxé(e) de fou ou folle par ceux qui doutent de
votre génie.
Réflexion de Nick
«On ne peut être un gagnant que si l’on accepte d’envisager la défaite.»
Passage en revue
Pourquoi la capacité de plaisanter, de prendre des risques et de rire de soi-
même fait-elle partie intégrante d’une vie sans limites?
Quelles sont mes «règles du ridicule» et comment avez-vous réagi lorsque
vous avez lu chacune d’elles? (Soyez honnête!)
Quelle différence existe-t-il entre un risque ridicule et un risque stupide?
Comment se prépare-t-on à prendre des risques ridicules?
Plan
1. Comment avez-vous glissé dans la mentalité du «un jour» et limité vos
occasions de rire, de vous amuser et de profiter de plaisirs ridicules?
2. Pourquoi le fait de prendre de temps en temps des risques mesurés nous
amène-t-il à nous sentir vivants?
3. Si vous pouviez vous adonner à plusieurs activités porteuses de risques
mesurés et de grand plaisir, lesquelles choisiriez-vous? Pourquoi?
Passage à l’acte
1. Quelles mesures prendrez-vous dès maintenant afin de profiter de la vie et
d’être plus à même de vivre votre rêve?
2. Comment pouvez-vous développer des relations avec des personnes
prenant des risques ridicules et aimant le plaisir ridicule? (Indice: pourquoi
pas essayer un nouveau sport, acquérir de nouvelles compétences…?)
3. Mettez de côté du temps pour vous «perdre» ou vous engager à 100 %,
avec un enthousiasme ridicule, dans une de vos activités favorites, qu’il
[325]

s’agisse de remonter une voiture, de participer à un jeu de société, de


peindre, de courir un marathon ou de construire quelque chose… Faites que
cela arrive!
Plan d’action n° 12
Lecture du chapitre 12: «Vivre pour donner»
Diverses circonstances m’ont aidé à comprendre l’importance de tendre la
main à d’autres et de communiquer l’amour de Jésus par des gestes de bonté
concrets. Ce plan d’action vous invite à manifester de la compassion, que
vous ayez beaucoup ou peu d’argent, que vous ayez beaucoup de
compétences ou une seule. Si vous exercez un impact positif dans la vie de
ne serait-ce qu’une seule personne, vous avez déjà accompli un service
magnifique! Et vous risquez bien de recevoir de nombreuses bénédictions en
retour, notamment une vie porteuse d’un sens plus profond.
Réflexion de Nick
«Plus je m’attardais sur mon handicap, plus je me sentais mal, mais quand je
me suis tourné vers les autres en cherchant comment mieux les servir, je me
suis senti mieux et j’ai compris que l’on n’est jamais seul à souffrir.»
Passage en revue
Pourquoi de simples actes de bonté sont-ils si puissants?
Qu’est-ce que je transmets à propos de Dieu et de ses bénédictions quand je
me rends disponible pour accomplir des actes qui l’honorent?
Plan
1. Réfléchissez à vos compétences et capacités, puis notez des moyens de
manifester de la bonté à d’autres en faisant quelque chose que vous aimez.
(Exemples: visiter une maison de retraite, contribuer à un projet d’habitation
sociale, travailler dans une banque alimentaire ou un foyer pour sans-abri,
[326]

etc.)
2. Pourquoi est-il important de pouvoir s’appuyer sur l’extraordinaire amour
de Dieu lorsqu’on manifeste de la bonté à autrui?
Passage à l’acte
1. Sachant que même l’acte de bonté le plus simple peut avoir un impact
positif dans une vie, manifestez de la gentillesse à quelqu’un aujourd’hui.
Quoi que Dieu vous ait donné, partagez-le pour que d’autres en profitent.
2. Comment allez-vous être «les pieds et les mains du Christ» chaque jour,
reflétant son amour pour chacun? Si vous ne connaissez pas encore Jésus
personnellement, qu’allez-vous faire pour le découvrir et connaître son
amour pour vous, son plan pour votre vie? (Suggestions: lisez l’Evangile de
Jean dans le Nouveau Testament; entretenez-vous avec un pasteur local;
cherchez un disciple de Jésus avec qui vous puissiez aborder divers sujets;
faites des études bibliques sur internet; etc.)
[327]
Un peu de solidarité

Je vous encourage à faire preuve d’autant d’imagination qu’Hilary Lister


lorsqu’il s’agit de trouver une façon d’œuvrer pour autrui. Parmi les
dernières tendances dans l’humanitaire, on trouve les micro-actions et le
microbénévolat, concepts dérivés des programmes de microcrédit qui ont
permis de fournir des millions de dollars par l’intermédiaire de nombreux
petits crédits. Si vous avez quelques minutes de libre ainsi qu’un téléphone
portable, vous pouvez vous déclarer comme «microbénévole» pour une
«micro-action» qui contribuera à aider une personne dans le besoin.
Une entreprise travaillant dans le domaine social, The Extraordinaries, gère
ce programme en permettant à chacun d’utiliser son téléphone portable ou
son navigateur Internet pour faire une bonne action. L’idée est la suivante: la
plupart des gens ne peuvent pas prendre toute une journée pour se consacrer
à du bénévolat, mais ils peuvent faire de temps en temps de petites choses,
pendant qu’ils prennent les transports en commun, attendent dans une queue
ou ont une pause au travail.
D’après leur site web (http://www.beextra.org), voici quelques exemples
d’activités bénévoles que vous pouvez faire: lire à haute voix et enregistrer
quelques pages d’un livre audio destiné aux personnes handicapées; traduire
le site web d’une organisation à but non lucratif dans une autre langue;
signaler les nids-de-poule sur les routes de votre ville; répertorier des
espèces d’oiseaux pour un laboratoire d’ornithologie; repérer des images
pour un réseau de musées; signaler des endroits où les enfants peuvent jouer
en toute sécurité ou encore vérifier des factures pour le compte d’une
association.
Cette entreprise compte gagner de l’argent en facturant les associations
[328]

pour chaque tâche accomplie par ses microbénévoles, utilisant à la fois les
nouvelles technologies et des ressources humaines distribuées pour faire
plein de petites choses, lesquelles, ajoutées les unes aux autres, résultent en
une grande œuvre. La solidarité à la pointe des technologies utilise Internet
et les réseaux sociaux pour faire de notre monde un endroit où il fait bon
vivre. Voici quelques sites web qui vous permettront de vous lancer dans
l’humanitaire uniquement grâce à votre smartphone ou votre ordinateur.
causecast.com
Ryan Scott, un entrepreneur multimillionnaire dans les nouvelles
technologies a fondé Causecast afin d’aider les associations caritatives et à
but non lucratif à réduire leurs frais lors de transactions de dons importants;
elles perdaient en effet de l’argent destiné aux bonnes œuvres. Des méthodes
novatrices permettent aux donateurs d’utiliser un système de SMS payants,
avec l’aide de leur téléphone portable. Causecast a donné naissance à une
filiale qui sert de lien entre les associations caritatives dignes de confiance et
les compagnies intéressées par le développement d’un marché servant à une
bonne cause. Cette industrie d’un milliard et demi de dollars englobe des
multinationales voulant associer leurs produits à une bonne cause. Elles le
font grâce aux dons ou au parrainage.
donorschoose.org
Ce site soutenant l’enseignement encourage les personnes à une
«philanthropie citoyenne» en relayant des demandes d’aide de la part des
enseignants du secteur public. Ils peuvent avoir besoin de crayons pour les
élèves venant de milieux défavorisés, de matériel pour le labo de chimie,
d’instruments de musique ou de livres… Leur site web permet de choisir
[329]

une demande d’aide et d’y répondre par un don. Ensuite, DonorsChoose.org


se charge de livrer le matériel dans les écoles. Le bienfaiteur reçoit des
photos du matériel qu’il a donné en train d’être utilisé, ainsi qu’une lettre de
remerciement de la part de l’enseignant et une note justifiant la dépense de
l’argent donné. Les grands donateurs reçoivent aussi des lettres de
remerciements écrites par les élèves.
amazee.com
Ce site est un réseau social qui vise à promouvoir des projets – une sorte de
Facebook – utilisé par des donateurs. Il encourage les personnes qui veulent
œuvrer pour l’entraide à soutenir leurs idées, recruter des compagnons
croyants et lever des fonds grâce au réseau d’action global. Parmi les projets
menés par les membres de cette communauté, on compte la construction
d’une école d’ingénieurs pour les démunis au Sri Lanka et les moyens de
fournir en eau potable un village d’Afrique du Sud.
globalgiving.com
L’objectif de GlobalGiving est d’aider les donateurs potentiels à passer à
l’action en les mettant en relation avec plus de 700 projets d’œuvres
caritatives. Selon leur site web, «ces personnes sont remplies de charité et
ont envie de fonder des orphelinats, des écoles ou aider des survivants de
catastrophes naturelles. Nous mettons en relation les personnes qui ont de
bonnes idées avec celles qui sont généreuses et aidons ainsi les projets de
toute sorte à recevoir des dons.»
Ceux qui ont un projet postent sa description ainsi que la liste de leurs
besoins sur le site, et ceux qui veulent faire un don n’ont qu’à choisir celui
qu’ils veulent aider ou dans lequel ils veulent s’investir. GlobalGiving
garantit que 85 % de chaque don «arrive dans les 2 mois sur le terrain et
produit un effet immédiat».
[330]
kiva.org
Ce site web établit un lien entre les pauvres, les démunis et ceux qui veulent
leur prêter ou donner un peu d’argent. Reconnu comme le «premier site au
monde spécialisé dans le microcrédit de particulier à particulier», Kiva
permet aux visiteurs de visionner le profil de personnes dans le besoin et de
leur accorder de petits crédits d’une durée de 6 à 12 mois. Les donateurs
reçoivent ensuite régulièrement des informations par courriel sur les progrès
faits par l’entrepreneur, avec des rapports journaliers et un historique des
paiements.
Quelques sous par-ci, quelques sous par-là: cela peut déboucher sur de
grands chiffres, si des millions de personnes veulent bien faire des dons.
Selon Kiva.org, plus de 80 millions de dollars ont été jusqu’à présent
distribués par 500’000 microcréanciers à des personnes de 184 pays. Ce site
web utilise PayPal ou les cartes de crédit pour distribuer des prêts de plus de
25 dollars.
kinded.com
La puissance d’Internet est de plus en plus exploitée par des bienfaiteurs
inventifs, comme Daniel Lubetsky, entrepreneur dans le domaine social et
fondateur de Peace/Works, une industrie alimentaire dont le but n’est pas
seulement lucratif. Basée dans mon pays natal, l’Australie, elle fabrique des
barres de fruits et de noisettes de la marque Kind.
D’après son site web Kinded.com, Lubetsky a fondé le mouvement Kind24
pour encourager les gens à surprendre leur entourage par des actes de bonté.
Vous pouvez aller sur le site, imprimer votre propre carte Kinded, puis la
passer à une personne lorsque vous lui faites du bien. Cette dernière fera de
même. Ces cartes sont munies d’un code à barres afin que leur suivi puisse
être assuré sur Internet. Chacun peut observer les suites de ses bonnes
actions.
[331]
ifwerantheworld.com
Il existe une multitude de façons d’aider les autres! Un nouveau projet en
ligne, IfWeRanTheWorld.com, encourage les particuliers, les associations et
les entreprises à s’occuper des bonnes causes par de petites étapes faciles à
franchir. Vous pouvez consulter leur site web et entrer votre proposition à la
suite de la phrase: «Si j’étais maître du monde, je…». Les opérateurs du site
vous mettent ensuite en contact avec d’autres personnes désireuses de
s’impliquer dans cette idée et de la voir aboutir.
Never chained
Un des projets humanitaires menés par Life Without Limits utilise une
approche semblable. Nous mettons actuellement en place un centre d’aide et
de conseil en ligne, où les gens peuvent témoigner de leur souffrance et de
leur guérison. Ils aideront ainsi ceux qui passent par des situations similaires
à progresser tant sur le plan émotionnel que spirituel.
Il y a quelques années, j’ai rencontré une fille de 17 ans qui avait été violée
trois ans auparavant. Elle m’a raconté qu’elle n’avait personne à qui parler
de cette horrible expérience. Dieu a malgré tout guéri son cœur par le biais
de la prière. Elle a écrit une chanson qui parle de sa guérison, dans l’espoir
d’aider d’autres femmes, dans la même situation, qui sont peut-être sur le
point d’abandonner.
Son histoire m’a donné l’idée de créer ce site web où les personnes en quête
de guérison pourraient lire son témoignage et écouter sa chanson. J’ai du
mal à imaginer toute la douleur physique et émotionnelle qu’elle a pu
ressentir. Je n’ai pas pu être là lorsqu’elle avait besoin d’aide parce que
j’ignorais à l’époque son existence, mais aujourd’hui je peux aider ses
semblables à trouver la guérison. Le site web s’appellera Never Chained,
d’après le verset biblique qui dit que la parole de Dieu n’est pas
[332]

enchaînée25.
Je pense que ce site fonctionnera en deux phases. Dans la première, les
visiteurs pourront évoquer la souffrance vécue; dans la deuxième, ils seront
dirigés vers des personnes susceptibles d’offrir aide et réconfort. Je le vois
comme un réseau social où ceux qui sont dans le besoin peuvent rencontrer
ceux qui veulent changer les choses. Notre objectif est modeste: rendre la
vie meilleure à une personne à la fois. Nous souhaitons également
encourager les adolescents à s’impliquer et à s’épanouir dans un contexte de
solidarité. Nous travaillons toujours au développement. Vous pouvez suivre
l’avancement du projet, découvrir l’agenda de nos tournées et lire l’histoire
de personnes qui ont vu leur vie transformée sur www.lifewithoutlimbs.org.
24 «Bon» en anglais (N.d.E.)
25 2 Timothée 2.9 (N.d.E.)
[333]
Les sites mentionnés

Voici les adresses des divers sites dont il a été fait mention dans ce livre:
Dr Stuart Brown
www.nifplay.org
Reggie Dabbs
www.reggiedabbsonline.com
Bethany Hamilton
www.bethanyhamilton.com
Gabe Murfitt
www.gabeshope.org
Vic & Elsie Schlatter
Apostolic Christian Church Foundation
www.accm.org
Glennis Siverson
www.glennisphotos.com
Joni Eareckson Tada
www.joniandfriends.org
Phil Toth
www.PhilToth.com
[334]
A propos de l’auteur

Auteur et conférencier international reconnu, Nick Vujicic est le directeur de


Life Without Limbs, une organisation qui cherche à faire connaître dans le
monde entier le message de l’espoir qui se trouve en Christ. Son attitude
positive face aux obstacles à surmonter et aux moyens de réaliser nos rêves
constitue une source d’inspiration pour le grand public et les médias.
Après avoir longtemps vécu en Australie, il réside maintenant en Californie
du sud avec sa femme Kanae et ses fils Kiyoshi et Dejan.

Autres ouvrages traduits en français


Irrésistible! Le pouvoir de la foi en action
Qui n’a jamais entendu parler de Nick Vujicic? Son sourire irrésistible et ses
diverses performances ont fait le buzz sur Internet. Son handicap ne
l’empêche pas de voyager, de croquer la vie à pleines dents, de se marier...
Dans ce deuxième ouvrage, il évoque plus précisément des luttes et
difficultés auxquelles il a été confronté, à l’instar de chacun de nous. – 296
pages dont 16 pages photos couleur
ISBN édition papier 978-2-940335-83-1
Tiens bon! Face au harcèlement et tout ce qui va avec
Le harcèlement, la moquerie, la mise à l’écart, l’angoisse qui vous prend aux
tripes à l’idée de devoir passer devant les autres... Nick Vujicic connaît. Sans
bras, sans jambes, sans défense, il représentait la cible idéale pour les petites
brutes de son école et doit, aujourd’hui encore, faire parfois face aux
[335]

commentaires désobligeants d’adultes. Dans «Tiens bon!», il livre des pistes


pour fournir à ses lecteurs «une stratégie de défense anti-harcèlement». Pour
que non seulement ils puissent résister eux-mêmes à toutes les formes de
harcèlement auxquelles ils peuvent être confrontés, mais aussi aider les
autres qui se trouveraient dans une telle situation. – 192 pages
ISBN édition papier 978-2-940335-95-4
L’amour au-delà de toute limite
Né sans bras ni jambes, Nick Vujicic a connu diverses déceptions
amoureuses et se demandait s’il trouverait un jour une femme désireuse de
l’aimer et de partager sa vie. Puis, il a fait la connaissance de Kanae, déjà
fiancée à un autre. Dans ce livre, tous deux racontent leur improbable
rencontre et le scepticisme de plusieurs à propos de leur relation. Truffé de
remarques pratiques susceptibles d’aider de nombreux couples, ce
témoignage inspirant relate les fréquentations et le mariage des Vujicic, y
compris leurs premières expériences en tant que parents. – 296 pages dont 8
pages photos couleur
ISBN édition papier 978-2-88913-015-3
Table des matières

Préliminaires
Titre
Avertissement
Auteur et titre
Copyright
Dédicace
Livre
Introduction
1. Si vous n’obtenez pas de miracle, devenez-en un!
2. Pas de bras, pas de jambes, pas de limites
3. Un cœur plein d’assurance
4. Aimer le parfaitement imparfait
5. Attitude et altitude
6. Sans bras mais pas sans ressources
7. Ne pas rester par terre
8. Le nouveau qui se cache dans les buissons
9. Se fier aux autres… plus ou moins
10. Sauter sur une occasion
11. Les règles du ridicule
12. Vivre pour donner
Merci…
Quelques ressources
Plan d’action
Un peu de solidarité
Les sites mentionnés
A propos de l’auteur
Table des matières
Jacques 1.2
[Retour au livre]
2
Mes frères et sœurs, considérez comme un sujet de joie complète
les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés,

[Retour au livre]
Romains 8.28
[Retour au livre]
28
Du reste, nous savons que tout contribue au bien de ceux qui
aiment Dieu, de ceux qui sont appelés conformément à son plan.

[Retour au livre]
Jérémie 29.11
[Retour au livre]
11
En effet, moi, je connais les projets que je forme pour vous,
déclare l’Eternel, projets de paix et non de malheur, afin de vous
donner un avenir et de l’espérance.

[Retour au livre]
Esaïe 40.31
[Retour au livre]
31
mais ceux qui comptent sur l’Eternel renouvellent leur force. Ils
prennent leur envol comme les aigles. Ils courent sans s’épuiser, ils
marchent sans se fatiguer.

[Retour au livre]
Ephésiens 6.13-17
[Retour au livre]
13
C’est pourquoi, prenez toutes les armes de Dieu afin de pouvoir
résister dans le jour mauvais et tenir ferme après avoir tout
surmonté. 14Tenez donc ferme: ayez autour de votre taille la vérité
en guise de ceinture; enfilez la cuirasse de la justice; 15mettez
comme chaussures à vos pieds le zèle pour annoncer l’Evangile de
paix; 16prenez en toute circonstance le bouclier de la foi, avec
lequel vous pourrez éteindre toutes les flèches enflammées du mal;
17
faites aussi bon accueil au casque du salut et à l’épée de l’Esprit,
c’est-à-dire la parole de Dieu.

[Retour au livre]
Hébreux 11.1
[Retour au livre]

Chapitre 11
Exemples de foi
1
Or la foi, c’est la ferme assurance des choses qu’on espère, la
démonstration de celles qu’on ne voit pas.

[Retour au livre]
Marc 4.1-20
[Retour au livre]

Parabole du semeur et des terrains


1
Jésus se mit de nouveau à enseigner au bord du lac. La foule se
rassembla autour de lui, si nombreuse qu’il monta dans une barque
où il s’assit, sur le lac. Toute la foule était à terre sur le rivage. 2Il
leur enseignait beaucoup de choses en paraboles. Il leur disait dans
son enseignement: 3«Ecoutez! Un semeur sortit pour semer.
4
Comme il semait, une partie de la semence tomba le long du
chemin; les oiseaux vinrent et la mangèrent. 5Une autre partie
tomba dans un sol pierreux, où elle n’avait pas beaucoup de terre;
elle leva aussitôt, parce qu’elle ne trouva pas un terrain profond,
6
mais quand le soleil parut, elle fut brûlée et sécha, faute de racines.
7
Une autre partie tomba parmi les ronces; les ronces poussèrent et
l’étouffèrent, et elle ne donna pas de fruit. 8Une autre partie tomba
dans la bonne terre; elle donna du fruit qui montait et se
développait, avec un rapport de 30, 60 ou 100 pour 1.» 9Puis il dit:
«Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.» 10Lorsqu’il
fut seul avec eux, ceux qui l’entouraient avec les douze
l’interrogèrent sur cette parabole. 11Il leur dit: «C’est à vous qu’il a
été donné de connaître le mystère du royaume de Dieu, mais pour
ceux qui sont à l’extérieur tout est présenté en paraboles, 12afin
qu’en regardant ils regardent et ne voient pas, et qu’en entendant ils
entendent et ne comprennent pas, de peur qu’ils ne se convertissent
et que leurs péchés ne soient pardonnés.» 13Il leur dit encore:
«Vous ne comprenez pas cette parabole? Comment donc
comprendrez-vous toutes les autres? 14Le semeur sème la parole.
15
Certains sont le long du chemin où la parole est semée: dès qu’ils
l’ont entendue, Satan vient et enlève la parole qui a été semée en
eux. 16De même, d’autres reçoivent la semence dans un sol
pierreux: quand ils entendent la parole, ils l’acceptent aussitôt avec
joie, 17mais ils n’ont pas de racines en eux-mêmes, ils sont les
hommes d’un moment et, dès que surviennent les difficultés ou la
persécution à cause de la parole, ils trébuchent. 18D’autres encore
reçoivent la semence parmi les ronces: ils entendent la parole,
19
mais les préoccupations de ce monde, l’attrait trompeur des
richesses et les passions en tout genre pénètrent en eux, étouffent la
parole et la rendent infructueuse. 20D’autres enfin reçoivent la
semence dans la bonne terre: ce sont ceux qui entendent la parole,
l’accueillent et portent du fruit, avec un rapport de 30, 60 ou 100
pour 1.»

[Retour au livre]
Jean 9.1-3
[Retour au livre]

Guérison d’un aveugle-né


1
Jésus vit, en passant, un homme aveugle de naissance. 2Ses
disciples lui posèrent cette question: «Maître, qui a péché, cet
homme ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle?» 3Jésus répondit:
«Ce n’est pas que lui ou ses parents aient péché, mais c’est afin que
les œuvres de Dieu soient révélées en lui.

[Retour au livre]
Psaume 139.14
[Retour au livre]
14
Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse. Tes
œuvres sont admirables, et je le reconnais bien.

[Retour au livre]
Matthieu 22.34-40
[Retour au livre]
34
Les pharisiens apprirent qu’il avait réduit au silence les
sadducéens. Ils se rassemblèrent 35et l’un d’eux, professeur de la
loi, lui posa cette question pour le mettre à l’épreuve: 36«Maître,
quel est le plus grand commandement de la loi?» 37Jésus lui
répondit: «Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de
toute ton âme et de toute ta pensée. 38C’est le premier
commandement et le plus grand. 39Et voici le deuxième, qui lui est
semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. 40De ces
deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes.»
Reproches de Jésus aux chefs religieux

[Retour au livre]
1 Thessaloniciens 5.18
[Retour au livre]
18
exprimez votre reconnaissance en toute circonstance, car c’est la
volonté de Dieu pour vous en Jésus-Christ.

[Retour au livre]
Josué 1.9
[Retour au livre]
9
Ne t’ai-je pas ordonné: ‘Fortifie-toi et prends courage’? Ne sois
pas effrayé ni épouvanté, car l’Eternel, ton Dieu, est avec toi où
que tu ailles.»

Premiers ordres de Josué

[Retour au livre]
Jean 6.63
[Retour au livre]
63
C’est l’Esprit qui fait vivre, l’homme n’arrive à rien. Les paroles
que je vous dis sont Esprit et vie,

[Retour au livre]
Galates 6.7
[Retour au livre]
7
Ne vous y trompez pas: on ne se moque pas de Dieu. Ce qu’un
homme aura semé, il le récoltera aussi.

[Retour au livre]
Genèse 37–50
[Retour au livre]

Vente de Joseph par ses frères


1
Quant à Jacob, il s’installa dans le pays de Canaan, là où son père
avait séjourné. 2Voici la lignée de Jacob. A l’âge de 17 ans, Joseph
prenait soin du troupeau avec ses frères. Le garçon était en
compagnie des fils de Bilha et de Zilpa, les femmes de son père, et
il rapportait leurs mauvais propos à leur père. 3Israël aimait Joseph
plus que tous ses autres fils parce qu’il l’avait eu dans sa vieillesse,
et il lui fit un habit de plusieurs couleurs. 4Ses frères remarquèrent
que leur père l’aimait plus qu’eux tous et se mirent à le détester. Ils
étaient incapables de lui parler sans agressivité. 5Joseph fit un rêve,
et il le raconta à ses frères qui le détestèrent encore plus. 6Il leur dit:
«Ecoutez donc le rêve que j’ai fait! 7Nous étions en train d’attacher
des gerbes au milieu des champs, et voici que ma gerbe s’est
dressée et est même restée debout. Vos gerbes l’ont alors entourée
et se sont prosternées devant elle.» 8Ses frères lui dirent: «Est-ce
que tu vas vraiment régner sur nous? Est-ce que tu vas nous
gouverner?» Ils le détestèrent encore plus à cause de ses rêves et de
ses paroles. 9Joseph fit encore un autre rêve, et il le raconta à ses
frères. Il dit: «J’ai fait encore un rêve: le soleil, la lune et onze
étoiles se prosternaient devant moi.» 10Il le raconta à son père et à
ses frères. Son père lui fit des reproches et lui dit: «Que signifie le
rêve que tu as fait? Faut-il que nous venions, moi, ta mère et tes
frères, nous prosterner jusqu’à terre devant toi?» 11Ses frères se
montrèrent jaloux de lui, mais son père garda le souvenir de cela.
12
Les frères de Joseph étaient allés s’occuper du troupeau de leur
père à Sichem. 13Israël dit à Joseph: «Tes frères ne s’occupent-ils
pas du troupeau à Sichem? Vas-y! Je veux t’envoyer vers eux.» Il
lui répondit: «Me voici!» 14Israël lui dit: «Va donc voir si tes frères
sont en bonne santé et si le troupeau est en bon état; tu m’en
rapporteras des nouvelles.» Il le fit ainsi partir de la vallée
d’Hébron. Joseph se rendit à Sichem. 15Un homme le rencontra
alors qu’il errait dans la campagne et lui demanda: «Que cherches-
tu?» 16Joseph répondit: «Ce sont mes frères que je cherche. Dis-
moi donc où ils gardent le troupeau.» 17L’homme dit: «Ils sont
partis d’ici. En effet, je les ai entendus dire: ‘Allons à Dothan.’»
Joseph partit sur les traces de ses frères, et il les trouva à Dothan.
18
Ils le virent de loin et, avant qu’il ne soit près d’eux, ils
complotèrent de le faire mourir. 19Ils se dirent l’un à l’autre: «Voici
le rêveur qui arrive! 20Allons-y maintenant! Tuons-le et jetons-le
dans une des citernes. Nous dirons qu’une bête féroce l’a dévoré et
nous verrons ce que deviendront ses rêves.» 21Ruben entendit cela
et il le délivra de leurs mains. Il dit: «N’attentons pas à sa vie!» 22Il
leur dit encore: «Ne versez pas de sang! Jetez-le dans cette citerne
qui est dans le désert et ne portez pas la main contre lui!» Il avait
l’intention de le délivrer de leurs mains pour le faire retourner vers
son père. 23Lorsque Joseph fut arrivé vers ses frères, ils le
dépouillèrent de son habit, de l’habit de plusieurs couleurs qu’il
portait. 24Ils s’emparèrent de lui et le jetèrent dans la citerne. Celle-
ci était vide: il n’y avait pas d’eau. 25Ils s’assirent ensuite pour
manger. Levant les yeux, ils virent une caravane d’Ismaélites qui
venaient de Galaad. Leurs chameaux étaient chargés d’aromates, de
baume et de myrrhe qu’ils transportaient en Egypte. 26Juda dit alors
à ses frères: «Que gagnerons-nous à tuer notre frère et à cacher son
sang? 27Venez, vendons-le aux Ismaélites et ne portons pas la main
sur lui, car il est notre frère, il est de notre chair.» Ses frères
l’écoutèrent. 28Au passage des marchands madianites, ils tirèrent et
firent remonter Joseph de la citerne, et ils le vendirent pour 20
pièces d’argent aux Ismaélites qui l’emmenèrent en Egypte.
29
Lorsque Ruben revint à la citerne, il constata que Joseph n’y était
plus. Il déchira ses vêtements, 30retourna vers ses frères et dit: «Il
n’est plus là! Et moi, où puis-je aller?» 31Ils prirent alors l’habit de
Joseph, tuèrent un bouc et plongèrent l’habit dans le sang. 32Ils
envoyèrent l’habit de plusieurs couleurs à leur père avec ce
message: «Voici ce que nous avons trouvé. Reconnais donc si c’est
l’habit de ton fils ou non.» 33Jacob le reconnut et dit: «C’est l’habit
de mon fils! Une bête féroce l’a dévoré, Joseph a été mis en
pièces!» 34Jacob déchira ses vêtements, il mit un sac sur sa taille et
il mena longtemps le deuil sur son fils. 35Tous ses fils et toutes ses
filles vinrent pour le consoler, mais il refusait d’être consolé. Il
disait: «C’est dans le deuil que je descendrai vers mon fils au
séjour des morts», et il pleurait son fils. 36Quant aux Madianites, ils
vendirent Joseph en Egypte à Potiphar, un officier du pharaon qui
était chef des gardes.
Descendance de Juda par Tamar
1
A cette époque-là, Juda s’éloigna de ses frères et se retira chez un
homme d’Adullam appelé Hira. 2Là, il vit la fille d’un Cananéen du
nom de Shua; il la prit pour femme et eut des relations avec elle.
3
Elle tomba enceinte et mit au monde un fils qu’elle appela Er.
4
Elle tomba enceinte et donna naissance à un fils qu’elle appela
Onan. 5Elle mit de nouveau au monde un fils qu’elle appela Shéla.
Juda était à Czib quand elle lui donna naissance. 6Juda prit pour Er,
son fils aîné, une femme du nom de Tamar. 7Er, le fils aîné de Juda,
était méchant aux yeux de l’Eternel et celui-ci le fit mourir. 8Alors
Juda dit à Onan: «Unis-toi à la femme de ton frère, remplis tes
devoirs de beau-frère envers elle et donne une descendance à ton
frère.» 9Sachant que cette descendance ne serait pas pour lui, Onan
perdait sa semence par terre lorsqu’il devait avoir des relations
avec sa belle-sœur, afin de ne pas donner de descendance à son
frère. 10Ce qu’il faisait déplut à l’Eternel, qui le fit aussi mourir.
11
Alors Juda dit à sa belle-fille Tamar: «Reste veuve chez ton père
jusqu’à ce que mon fils Shéla soit grand.» Il disait cela parce qu’il
avait peur que Shéla ne meure comme ses frères. Tamar s’en alla
donc habiter chez son père. 12Bien des jours passèrent et la fille de
Shua qui était la femme de Juda mourut. Une fois consolé, Juda
monta à Thimna vers ceux qui tondaient ses brebis. Il y monta avec
son ami Hira l’Adullamite. 13On annonça à Tamar: «Ton beau-père
monte à Thimna pour tondre ses brebis.» 14Alors elle retira ses
habits de veuve, se couvrit d’un voile dont elle s’enveloppa et elle
s’assit à l’entrée d’Enaïm, sur le chemin de Thimna. Elle voyait
bien, en effet, que Shéla était devenu grand et qu’elle ne lui était
pas donnée en mariage. 15Juda la vit et la prit pour une prostituée,
parce qu’elle avait couvert son visage. 16Il l’aborda sur le chemin et
dit: «Laisse-moi avoir des relations avec toi.» Il ignorait en effet
que c’était sa belle-fille. Elle dit: «Que me donneras-tu pour cela?»
17
Il répondit: «Je t’enverrai un chevreau de mon troupeau.» Elle dit:
«Donne-moi un gage jusqu’à ce que tu l’envoies.» 18Il répondit:
«Quel gage te donnerai-je?» Elle dit: «Ton sceau, ton cordon et le
bâton que tu tiens.» Il les lui donna. Puis il s’unit à elle et elle
tomba enceinte de lui. 19Elle se leva et s’en alla. Elle retira son
voile et remit ses habits de veuve. 20Juda envoya le chevreau par
l’intermédiaire de son ami l’Adullamite pour reprendre le gage à la
femme, mais celui-ci ne la trouva pas. 21Il interrogea les habitants
de l’endroit en disant: «Où est la prostituée qui se tenait à Enaïm,
sur le chemin?» Ils répondirent: «Il n’y a jamais eu ici de prostituée
sacrée.» 22Il retourna vers Juda et dit: «Je ne l’ai pas trouvée, et
même les habitants de l’endroit ont dit: ‘Il n’y a jamais eu ici de
prostituée sacrée.’» 23Juda dit: «Qu’elle garde ce qu’elle a, sinon
nous nous exposerions au mépris. J’ai envoyé ce chevreau et tu ne
l’as pas trouvée.» 24Environ trois mois plus tard, on vint annoncer à
Juda: «Ta belle-fille Tamar s’est prostituée et la voilà même
enceinte à la suite de sa prostitution.» Juda dit: «Faites-la sortir et
qu’elle soit brûlée.» 25Comme on l’amenait dehors, elle fit dire à
son beau-père: «C’est de l’homme à qui ces objets appartiennent
que je suis enceinte.» Elle ajouta: «Reconnais donc à qui
appartiennent ce sceau, ce cordon et ce bâton.» 26Juda les reconnut
et dit: «Elle est moins coupable que moi, puisque je ne l’ai pas
donnée à mon fils Shéla.» Cependant, il n’eut plus de relations
sexuelles avec elle. 27Quand ce fut pour elle le moment
d’accoucher, voici qu’il y avait des jumeaux dans son ventre.
28
Pendant l’accouchement il y en eut un qui présenta la main. La
sage-femme la prit et y attacha un fil cramoisi en disant: «Celui-ci
sort le premier.» 29Cependant, il retira la main et c’est son frère qui
sortit. Alors la sage-femme dit: «Quelle brèche tu t’es ouverte!» et
on l’appela Pérets. 30Ensuite sortit son frère, celui qui avait à la
main le fil cramoisi, et on l’appela Zérach.
Séjour de Joseph chez Potiphar
1
Quant à Joseph, on l’avait fait descendre en Egypte et Potiphar,
l’officier du pharaon qui était chef des gardes, un Egyptien, l’avait
acheté aux Ismaélites qui l’y avaient fait descendre. 2L’Eternel fut
avec Joseph et la réussite l’accompagna. Il habitait dans la maison
de son maître égyptien. 3Son maître vit que l’Eternel était avec lui
et que tout ce qu’il entreprenait, l’Eternel le faisait réussir entre ses
mains, 4et Joseph trouva grâce aux yeux de son maître: il l’employa
à son service, l’établit responsable de sa maison et lui confia tous
ses biens. 5Dès que Potiphar l’eut établi responsable de sa maison
et de tous ses biens, l’Eternel bénit la maison de cet Egyptien à
cause de Joseph, et la bénédiction de l’Eternel reposa sur tous ses
biens, que ce soit à la maison ou aux champs. 6Il abandonna tous
ses biens entre les mains de Joseph et il ne prenait connaissance de
rien avec lui, sauf de sa propre nourriture. Or, Joseph était beau à
tout point de vue. 7Après cela, la femme de son maître porta les
yeux sur Joseph et dit: «Couche avec moi!» 8Il refusa et lui dit:
«Mon maître ne prend connaissance de rien avec moi dans la
maison, il m’a confié tous ses biens. 9Personne n’est plus grand que
moi dans cette maison et il ne m’a rien interdit, sauf toi parce que
tu es sa femme. Comment pourrais-je commettre un aussi grand
mal et pécher contre Dieu?» 10Elle parlait tous les jours à Joseph,
mais il ne l’écoutait pas et refusait de coucher avec elle, d’être avec
elle. 11Un jour, il était entré dans la maison pour accomplir son
travail et il n’y avait là aucun des gens de la maison. 12Elle l’attrapa
par son habit en disant: «Couche avec moi!» Il lui laissa son habit
dans la main et sortit. 13Lorsqu’elle vit qu’il lui avait laissé son
habit dans la main et qu’il s’était enfui dehors, 14elle appela les
gens de sa maison et leur dit: «Regardez! Il nous a amené un
Hébreu pour abuser de nous. Cet homme s’est approché de moi
pour coucher avec moi, mais j’ai poussé de grands cris. 15Quand il
a entendu que je me mettais à crier, il a laissé son habit à côté de
moi et est sorti.» 16Elle posa l’habit de Joseph à côté d’elle jusqu’à
ce que son maître rentre à la maison, 17et elle lui tint alors ce
discours: «L’esclave hébreu que tu nous as amené s’est approché
de moi pour abuser de moi. 18Comme je me suis mise à crier, il a
laissé son habit à côté de moi et s’est enfui dehors.» 19En entendant
les affirmations de sa femme qui lui disait: «Voilà ce que m’a fait
ton esclave», le maître de Joseph fut enflammé de colère. 20Il
s’empara de Joseph et le mit en prison, à l’endroit où les
prisonniers du roi étaient enfermés. Il resta donc là, en prison.
Séjour de Joseph en prison
21
L’Eternel fut avec Joseph et étendit sa bonté sur lui. Il lui fit
gagner la faveur du chef de la prison. 22Celui-ci plaça sous son
autorité tous les détenus qui étaient dans la prison, et tout ce qu’on
y faisait passait par lui. 23Le chef de la prison ne s’occupait pas du
tout de ce qui était sous la responsabilité de Joseph, parce que
l’Eternel était avec lui et faisait réussir ce qu’il entreprenait.
1
Après cela, le responsable des boissons et le boulanger du roi
d’Egypte commirent une faute envers leur seigneur, le roi
d’Egypte. 2Le pharaon fut irrité contre ses deux officiers, le grand
responsable des boissons et le chef des boulangers. 3Il les fit mettre
dans la maison du chef des gardes, dans la prison, à l’endroit où
Joseph était enfermé. 4Le chef des gardes les confia à Joseph, qui
fit le service auprès d’eux. Ils passèrent un certain temps en prison.
5
Une même nuit, le responsable des boissons et le boulanger du roi
d’Egypte qui étaient enfermés dans la prison firent tous les deux un
rêve, chacun le sien avec son explication propre. 6Joseph vint le
matin vers eux et vit qu’ils étaient tristes. 7Alors il demanda aux
officiers du pharaon qui étaient avec lui dans la prison de son
maître: «Pourquoi avez-vous mauvaise mine aujourd’hui?» 8Ils lui
répondirent: «Nous avons fait un rêve et il n’y a personne pour
l’expliquer.» Joseph leur dit: «N’est-ce pas à Dieu qu’appartiennent
les explications? Racontez-moi donc votre rêve.» 9Le grand
responsable des boissons raconta son rêve à Joseph. Il lui dit:
«Dans mon rêve, il y avait un cep de vigne devant moi. 10Ce cep
portait trois sarments. Quand il a bourgeonné, sa fleur s’est
développée et ses grappes ont donné des raisins mûrs. 11La coupe
du pharaon était dans ma main. J’ai pris les raisins, je les ai pressés
dans la coupe du pharaon et j’ai mis la coupe dans la main du
pharaon.» 12Joseph lui dit: «Voici l’explication. Les trois sarments
représentent trois jours. 13Encore trois jours et le pharaon t’élèvera
bien haut et te rétablira dans tes fonctions. Tu mettras la coupe dans
la main du pharaon, comme tu en avais l’habitude lorsque tu étais
son responsable des boissons. 14Cependant, souviens-toi de moi
quand tu seras heureux et fais preuve de bonté envers moi: parle en
ma faveur au pharaon et fais-moi sortir de cette maison. 15En effet,
j’ai été arraché au pays des Hébreux, et même ici je n’ai rien fait
qui mérite la prison.» 16Voyant que Joseph avait donné une
explication favorable, le chef des boulangers dit: «Dans mon rêve,
il y avait aussi trois corbeilles de pain blanc sur ma tête. 17Dans la
corbeille supérieure, il y avait des plats cuits au four de toute sorte
pour le pharaon, et les oiseaux les mangeaient dans la corbeille au-
dessus de ma tête.» 18Joseph répondit: «Voici l’explication. Les
trois corbeilles représentent trois jours. 19Encore trois jours et le
pharaon t’élèvera bien trop haut pour toi: il te fera pendre à un
bois et les oiseaux mangeront ton corps.» 20Trois jours plus tard, le
jour de son anniversaire, le pharaon organisa un festin pour tous ses
serviteurs et il éleva bien haut le grand responsable des boissons
ainsi que le chef des boulangers au milieu de ses serviteurs: 21il
rétablit le grand responsable des boissons dans ses fonctions pour
qu’il mette la coupe dans la main du pharaon, 22mais il fit pendre le
chef des boulangers, conformément à l’explication que Joseph leur
avait donnée. 23Le grand responsable des boissons ne se souvint pas
de Joseph. Il l’oublia.
Présentation de Joseph au pharaon
1
Au bout de 2 ans, le pharaon fit un rêve dans lequel il se tenait
près du fleuve. 2Alors sept vaches belles et grasses sortirent du
fleuve et se mirent à brouter dans la prairie. 3Sept autres vaches
laides et maigres sortirent du fleuve après elles et se tinrent à côté
d’elles au bord du fleuve. 4Les vaches laides et maigres mangèrent
les sept vaches belles et grasses. Puis le pharaon se réveilla. 5Il se
rendormit et fit un second rêve: sept épis gros et beaux montaient
sur une même tige. 6Sept épis maigres et brûlés par le vent d’est
poussèrent après eux. 7Les épis maigres engloutirent les sept épis
gros et pleins. Puis le pharaon se réveilla. Voilà quel était le rêve.
8
Le matin, le pharaon eut l’esprit troublé et il fit appeler tous les
magiciens et tous les sages de l’Egypte. Il leur raconta ses rêves,
mais personne ne put les lui expliquer. 9Alors le grand responsable
des boissons prit la parole et dit au pharaon: «Je vais rappeler
aujourd’hui le souvenir de ma faute. 10Le pharaon s’était irrité
contre ses serviteurs, et il m’avait fait mettre en prison dans la
maison du chef des gardes, ainsi que le chef des boulangers. 11Nous
avons tous les deux fait un rêve au cours d’une même nuit, et
chacun de nous a reçu une explication en rapport avec le rêve qu’il
avait fait. 12Il y avait là avec nous un jeune Hébreu, un esclave du
chef des gardes. Nous lui avons raconté nos rêves et il nous les a
expliqués. 13Tout s’est produit conformément à l’explication qu’il
nous avait donnée: le pharaon m’a rétabli dans mes fonctions et a
fait pendre le chef des boulangers.» 14Le pharaon fit appeler
Joseph. On s’empressa de le faire sortir de prison. Il se rasa,
changea de vêtements et se rendit vers le pharaon. 15Le pharaon dit
à Joseph: «J’ai fait un rêve. Personne ne peut l’expliquer, et j’ai
appris à ton sujet que tu peux expliquer un rêve après l’avoir
entendu.» 16Joseph répondit au pharaon: «Ce n’est pas moi, c’est
Dieu qui donnera une réponse favorable au pharaon.» 17Le pharaon
dit alors à Joseph: «Dans mon rêve, je me tenais sur le bord du
fleuve. 18Alors sept vaches grasses et belles sont sorties du fleuve et
se sont mises à brouter dans la prairie. 19Sept autres vaches sont
sorties après elles, maigres, très laides et décharnées; je n’en ai pas
vu d’aussi laides dans toute l’Egypte. 20Les vaches décharnées et
laides ont mangé les sept premières vaches qui étaient grasses.
21
Elles les ont englouties dans leur ventre sans qu’on s’aperçoive
qu’elles y étaient entrées: leur apparence était aussi laide qu’avant.
Puis je me suis réveillé. 22J’ai vu encore en rêve sept épis pleins et
beaux qui montaient sur une même tige. 23Sept épis vides, maigres,
brûlés par le vent d’est, ont poussé après eux. 24Les épis maigres
ont englouti les sept beaux épis. Je l’ai dit aux magiciens, mais
personne ne m’a donné l’explication.» 25Joseph dit au pharaon: «Ce
qu’a rêvé le pharaon correspond à un seul événement. Dieu a révélé
au pharaon ce qu’il va faire. 26Les sept belles vaches sont sept
années, et les sept beaux épis aussi: c’est un seul rêve. 27Les sept
vaches décharnées et laides sorties après les premières sont sept
années, tout comme les sept épis vides brûlés par le vent d’est. Ce
sont sept années de famine. 28C’est comme je viens de le dire au
pharaon, Dieu montre au pharaon ce qu’il va faire: 29il y aura sept
années de grande abondance dans toute l’Egypte; 30sept années de
famine les suivront, et l’on oubliera toute cette abondance en
Egypte. La famine détruira le pays. 31Cette famine qui suivra sera si
forte qu’on ne s’apercevra plus de l’abondance dans le pays. 32Si le
pharaon a vu le rêve se répéter, c’est que la décision est ferme de la
part de Dieu et qu’il la mettra rapidement en œuvre. 33»Maintenant,
que le pharaon choisisse un homme intelligent et sage et qu’il le
mette à la tête de l’Egypte. 34Que le pharaon établisse des
commissaires sur le pays pour prélever un cinquième des récoltes
de l’Egypte pendant les sept années d’abondance. 35Qu’ils
rassemblent tous les produits de ces bonnes années à venir, qu’ils
amassent, sous l’autorité du pharaon, du blé et des vivres dans les
villes et qu’ils en aient la garde. 36Ces provisions formeront une
réserve pour le pays, pour les sept années de famine qui frapperont
l’Egypte, afin que le pays ne soit pas détruit par la famine.»
Responsabilités de Joseph sur l’Egypte
37
Ces paroles plurent au pharaon et à tous ses serviteurs. 38Le
pharaon dit à ses serviteurs: «Pourrions-nous trouver un homme tel
que celui-ci, qui a en lui l’Esprit de Dieu?» 39Et le pharaon dit à
Joseph: «Puisque Dieu t’a fait connaître tout cela, il n’y a personne
qui soit aussi intelligent et aussi sage que toi. 40Tu seras
responsable de ma maison et tout mon peuple obéira à tes ordres.
Le trône seul m’élèvera au-dessus de toi.» 41Le pharaon dit à
Joseph: «Vois, je te donne le commandement de toute l’Egypte.»
42
Le pharaon retira l’anneau de son doigt et le passa au doigt de
Joseph. Il lui donna des habits en fin lin et lui mit un collier d’or au
cou. 43Il le fit monter sur le char qui suivait le sien et l’on criait
devant lui: «A genoux!» C’est ainsi que le pharaon lui donna le
commandement de toute l’Egypte. 44Il dit encore à Joseph: «C’est
moi qui suis le pharaon, mais sans ton accord personne ne lèvera la
main ni le pied dans toute l’Egypte.» 45Le pharaon appela Joseph
Tsaphnath-Paenéach et lui donna pour femme Asnath, fille de Poti-
Phéra, le prêtre d’On. Joseph partit pour visiter l’Egypte. 46Il était
âgé de 30 ans lorsqu’il se présenta devant le pharaon, le roi
d’Egypte. Il quitta le pharaon et parcourut toute l’Egypte. 47Pendant
les sept années de fertilité, la terre rapporta abondamment. 48Joseph
rassembla tous les produits de ces sept années en Egypte. Il
entreposa des vivres dans les villes en mettant à l’intérieur de
chaque ville les produits des campagnes environnantes. 49Joseph
amassa du blé comme le sable de la mer: en quantité si
considérable que l’on cessa de compter parce qu’il n’y avait plus de
nombre.
Naissance de Manassé et d’Ephraïm
50
Avant les années de famine, Joseph eut deux fils que lui donna
Asnath, fille de Poti-Phéra, le prêtre d’On. 51Joseph appela l’aîné
Manassé, car, dit-il, «Dieu m’a fait oublier toutes mes peines et
toute ma famille.» 52Et il appela le second Ephraïm, car, dit-il,
«Dieu m’a donné des enfants dans le pays de mon malheur.» 53Les
sept années d’abondance qu’il y eut en Egypte passèrent, 54et les
sept années de famine commencèrent à venir, comme Joseph
l’avait annoncé. La famine régna dans tous les pays, mais dans
toute l’Egypte il y avait du pain. 55Quand toute l’Egypte commença
aussi à avoir faim, le peuple cria au pharaon pour avoir du pain. Le
pharaon dit à tous les Egyptiens: «Allez vers Joseph et faites ce
qu’il vous dira.» 56La famine régnait sur tout le pays. Joseph ouvrit
tous les centres d’approvisionnement et vendit du blé aux
Egyptiens, car la famine était forte en Egypte. 57On arrivait de tous
les pays en Egypte pour acheter du blé à Joseph, car la famine était
forte partout.
Premier voyage des frères de Joseph en Egypte
1
Voyant qu’il y avait du blé en Egypte, Jacob dit à ses fils:
«Pourquoi vous regardez-vous les uns les autres?» 2Il ajouta: «J’ai
appris qu’il y avait du blé en Egypte. Descendez-y pour nous en
acheter afin que nous restions en vie et ne mourions pas.» 3Dix
frères de Joseph descendirent en Egypte pour acheter du blé. 4Jacob
n’envoya pas avec eux Benjamin, le frère de Joseph, car il avait
peur qu’il ne lui arrive un malheur. 5Les fils d’Israël se joignirent à
d’autres arrivants pour acheter du blé, car la famine régnait dans le
pays de Canaan. 6Quant à Joseph, il exerçait le pouvoir sur le pays.
C’était lui qui vendait du blé à toute la population du pays. Les
frères de Joseph vinrent et se prosternèrent devant lui le visage
contre terre. 7Quand Joseph vit ses frères, il les reconnut, mais il se
comporta en étranger vis-à-vis d’eux. Il leur parla durement et leur
dit: «D’où venez-vous?» Ils répondirent: «Du pays de Canaan, pour
acheter des vivres.» 8Si Joseph reconnut ses frères, eux ne le
reconnurent pas. 9Joseph se souvint des rêves qu’il avait eus à leur
sujet et leur dit: «Vous êtes des espions. C’est pour examiner les
points faibles du pays que vous êtes venus.» 10Ils lui répondirent:
«Non, seigneur, tes serviteurs sont venus pour acheter du blé.
11
Nous sommes tous les fils d’un même homme. Nous sommes
sincères! Nous tes serviteurs, nous ne sommes pas des espions.»
12
Il leur dit: «Pas du tout, c’est pour examiner les points faibles du
pays que vous êtes venus.» 13Ils répondirent: «Nous tes serviteurs,
nous étions douze frères, fils du même homme dans le pays de
Canaan. Le plus jeune est aujourd’hui avec notre père et il y en a
un qui n’est plus là.» 14Joseph leur dit: «C’est ce que je viens de
vous dire: vous êtes des espions. 15Voici comment votre sincérité
sera vérifiée: par la vie du pharaon, vous ne sortirez pas d’ici avant
que votre jeune frère ne soit venu. 16Envoyez l’un de vous chercher
votre frère pendant que vous, vous resterez prisonniers. Vos
affirmations seront ainsi vérifiées et je saurai si la vérité est de
votre côté. Sinon, par la vie du pharaon, c’est que vous êtes des
espions.» 17Puis il les mit trois jours en prison ensemble. 18Le
troisième jour, Joseph leur dit: «Faites ce que je vous dis et vous
vivrez. Je crains Dieu! 19Si vous êtes sincères, qu’un seul de vous
reste enfermé dans cette prison. Quant aux autres, partez, emportez
du blé pour nourrir vos familles. 20Puis amenez-moi votre jeune
frère. Ainsi, vos affirmations seront vérifiées et vous ne mourrez
pas.» C’est ce qu’ils firent. 21Ils se dirent alors l’un à l’autre: «Oui,
nous avons été coupables envers notre frère. Nous avons bien vu sa
détresse quand il nous demandait grâce, et nous ne l’avons pas
écouté. C’est pour cela que cette détresse nous frappe.» 22Ruben
répliqua: «Ne vous disais-je pas de ne pas commettre de faute
envers cet enfant? Mais vous n’avez pas écouté, et voici que son
sang nous est redemandé.» 23Ils ne savaient pas que Joseph
comprenait, car il se servait d’un interprète avec eux. 24Il s’éloigna
d’eux pour pleurer, puis il revint leur parler. Il prit parmi eux
Siméon et le fit enchaîner sous leurs yeux. 25Joseph ordonna qu’on
remplisse de blé leurs sacs, qu’on remette l’argent de chacun dans
son sac et qu’on leur donne des provisions pour la route, et c’est ce
qu’on fit. 26Quant à eux, ils chargèrent le blé sur leurs ânes et
partirent. 27L’un d’eux ouvrit son sac pour donner du fourrage à
son âne, à l’endroit où ils passèrent la nuit, et il vit l’argent à
l’entrée du sac. 28Il dit à ses frères: «On m’a rendu mon argent et le
voici dans mon sac.» Alors le cœur leur manqua et ils se dirent l’un
à l’autre en tremblant: «Qu’est-ce que Dieu nous a fait?» 29Une fois
vers leur père Jacob dans le pays de Canaan, ils lui racontèrent tout
ce qui leur était arrivé. Ils dirent: 30«L’homme qui est le seigneur
du pays nous a parlé durement et nous a pris pour des espions.
31
Nous lui avons dit: ‘Nous sommes sincères, nous ne sommes pas
des espions. 32Nous étions douze frères, fils du même père. L’un
n’est plus là et le plus jeune est aujourd’hui avec notre père dans le
pays de Canaan.’ 33L’homme qui est le seigneur du pays nous a
alors dit: ‘Voici comment je saurai si vous êtes sincères. Laissez
l’un de vos frères avec moi, prenez de quoi nourrir vos familles et
repartez, 34puis amenez-moi votre jeune frère. Je saurai ainsi que
vous n’êtes pas des espions, que vous êtes sincères. Je vous rendrai
votre frère et vous pourrez librement parcourir le pays.’»
35
Lorsqu’ils vidèrent leurs sacs, ils constatèrent que le paquet
d’argent de chacun était dans son sac. Ils virent, eux et leur père,
leurs paquets d’argent et ils eurent peur. 36Leur père Jacob leur dit:
«Vous me privez de mes enfants! Joseph n’est plus là, Siméon
n’est plus là et vous prendriez Benjamin! C’est sur moi que tout
cela retombe.» 37Ruben dit à son père: «Si je ne te ramène pas
Benjamin, tu pourras faire mourir mes deux fils. Confie-le-moi et
je te le ramènerai.» 38Jacob dit: «Mon fils ne descendra pas avec
vous, car son frère est mort et il ne reste que lui. S’il lui arrivait un
malheur pendant le voyage que vous allez faire, vous feriez
descendre avec douleur mes cheveux blancs dans le séjour des
morts.»

Deuxième voyage des frères de Joseph en Egypte


1
La famine pesait lourdement sur le pays. 2Lorsqu’ils eurent fini de
manger le blé qu’ils avaient rapporté d’Egypte, Jacob dit à ses fils:
«Retournez nous acheter un peu de nourriture.» 3Juda lui répondit:
«Cet homme nous a formellement déclaré: ‘Vous ne serez pas
admis en ma présence à moins que votre frère ne soit avec vous.’
4
Si donc tu veux bien laisser notre frère partir avec nous, nous
descendrons t’acheter de la nourriture. 5En revanche, si tu ne veux
pas le laisser partir, nous ne descendrons pas. En effet, cet homme
nous a dit: ‘Vous ne serez pas admis en ma présence à moins que
votre frère ne soit avec vous.’» 6Israël dit alors: «Pourquoi avez-
vous mal agi envers moi en révélant à cet homme que vous aviez
encore un frère?» 7Ils répondirent: «Cet homme nous a interrogés
sur nous et sur notre origine en disant: ‘Votre père est-il encore en
vie? Avez-vous un frère?’ et nous avons répondu à ces questions-
là. Pouvions-nous savoir qu’il dirait: ‘Faites venir votre frère’?»
8
Juda dit à son père Israël: «Laisse le garçon partir avec moi, pour
que nous puissions nous mettre en route. Ainsi nous resterons en
vie et ne mourrons pas, ni nous, ni toi ni nos enfants. 9Je me porte
moi-même garant pour lui, c’est à moi que tu le réclameras. Si je ne
te le ramène pas et ne te permets pas de le revoir, je serai pour
toujours coupable envers toi. 10En effet, si nous n’avions pas tardé,
nous serions déjà deux fois de retour.» 11Leur père Israël leur dit:
«Puisqu’il le faut, faites ceci: prenez dans vos sacs des meilleurs
produits du pays pour en apporter en cadeau à cet homme, un peu
de baume et un peu de miel, des aromates, de la myrrhe, des
pistaches et des amandes. 12Prenez le double d’argent avec vous et
rapportez l’argent qu’on avait mis à l’entrée de vos sacs: peut-être
était-ce une erreur. 13Quant à votre frère, prenez-le! Levez-vous et
retournez vers cet homme. 14Que le Dieu tout-puissant éveille la
compassion de cet homme envers vous et qu’il laisse revenir votre
autre frère et Benjamin avec vous! De mon côté, si je dois être
privé d’enfants, que j’en sois privé!» 15Ces hommes prirent le
cadeau. Ils prirent aussi le double d’argent avec eux, ainsi que
Benjamin. Puis ils se levèrent, descendirent en Egypte et se
présentèrent devant Joseph. 16Dès que Joseph vit Benjamin avec
eux, il dit à son intendant: «Fais entrer ces hommes dans la maison,
tue une bête et prépare un repas, car ils mangeront avec moi à
midi.» 17L’homme se conforma à ses instructions et les conduisit
dans la maison de Joseph. 18Ils eurent peur lorsqu’ils furent
conduits à la maison de Joseph et se dirent: «C’est à cause de
l’argent remis l’autre fois dans nos sacs qu’on nous emmène. C’est
pour se jeter sur nous, se précipiter sur nous. C’est pour nous
prendre comme esclaves et s’emparer de nos ânes.» 19Ils
s’approchèrent de l’intendant de Joseph et lui adressèrent la parole
à l’entrée de la maison. 20Ils dirent: «Pardon, seigneur, nous
sommes déjà descendus une fois pour acheter de la nourriture.
21
Quand nous sommes arrivés à l’endroit où nous devions passer la
nuit, nous avons ouvert nos sacs et constaté que l’argent de chacun
était à l’entrée de son sac, notre poids exact d’argent. Nous le
rapportons avec nous. 22Nous avons amené une autre somme
d’argent pour acheter de la nourriture. Nous ne savons pas qui avait
mis notre argent dans nos sacs.» 23L’intendant répondit: «Soyez
tranquilles! N’ayez pas peur: c’est votre Dieu, le Dieu de votre
père, qui vous a donné un trésor dans vos sacs. Votre argent m’était
bien parvenu.» Puis il leur amena Siméon 24et les fit entrer dans la
maison de Joseph. Il leur donna de l’eau pour qu’ils puissent se
laver les pieds; il donna aussi du fourrage à leurs ânes. 25Ils
préparèrent leur cadeau en attendant que Joseph vienne à midi, car
on les avait informés qu’ils mangeraient chez lui. 26Quand Joseph
fut arrivé à la maison, ils lui offrirent le cadeau qu’ils avaient
apporté et se prosternèrent jusqu’à terre devant lui. 27Il leur
demanda comment ils allaient et dit: «Votre vieux père, dont vous
aviez parlé, est-il en bonne santé? Est-il encore en vie?» 28Ils
répondirent: «Ton serviteur, notre père, est en bonne santé; il est
encore en vie.» Puis ils s’inclinèrent et se prosternèrent. 29Joseph
leva les yeux et jeta un regard sur son frère Benjamin, le fils de sa
mère. Il demanda: «Est-ce votre jeune frère, celui dont vous
m’aviez parlé?» Et il ajouta: «Que Dieu te fasse grâce, mon fils!»
30
Il était profondément ému à la vue de son frère et avait besoin de
pleurer. Il entra précipitamment dans une chambre et y pleura.
31
Après s’être lavé le visage, il en sortit. Retenant son émotion, il
ordonna qu’on serve à manger. 32On servit séparément Joseph et
ses frères. Les Egyptiens qui mangeaient avec lui furent aussi
servis séparément, car les Egyptiens ne pouvaient pas manger avec
les Hébreux: c’est une pratique abominable à leurs yeux. 33Les
frères de Joseph s’assirent en sa présence, de l’aîné au plus jeune
en fonction de leur âge. Ils se regardaient les uns les autres avec
étonnement. 34Joseph leur fit porter des plats qui étaient devant lui
et Benjamin en eut cinq fois plus que les autres. Ils burent tout leur
soûl avec lui.
Mise à l’épreuve des frères de Joseph
1
Joseph ordonna à son intendant: «Remplis de nourriture les sacs
de ces hommes. Mets-en autant qu’ils pourront en porter et mets
l’argent de chacun à l’entrée de son sac. 2Tu mettras aussi ma
coupe, la coupe en argent, à l’entrée du sac du plus jeune, avec
l’argent de son blé.» L’intendant se conforma aux ordres de Joseph.
3
Le matin, dès qu’il fit jour, on renvoya ces hommes avec leurs
ânes. 4Ils étaient sortis de la ville et n’en étaient pas très loin
lorsque Joseph dit à son intendant: «Pars à la poursuite de ces
hommes. Quand tu les auras rattrapés, dis-leur: ‘Pourquoi avez-
vous rendu le mal pour le bien? 5N’avez-vous pas la coupe dans
laquelle boit mon seigneur et dont il se sert pour deviner l’avenir?
Ce que vous avez fait est mal.’» 6L’intendant les rattrapa et leur
répéta ces paroles. 7Ils lui répondirent: «Pourquoi notre seigneur
parle-t-il de cette façon? Tes serviteurs n’oseraient pas commettre
un tel acte! 8Nous t’avons rapporté depuis le pays de Canaan
l’argent que nous avions trouvé à l’entrée de nos sacs. Comment
aurions-nous pu voler de l’argent ou de l’or dans la maison de ton
seigneur? 9Que celui de tes serviteurs sur qui on trouvera la coupe
meure et que nous soyons nous-mêmes esclaves de notre
seigneur!» 10Il dit: «Qu’on fasse donc comme vous avez dit! Celui
sur qui on trouvera la coupe sera mon esclave et vous, vous serez
innocents.» 11Aussitôt, chacun descendit son sac à terre et l’ouvrit.
12
L’intendant les fouilla, en commençant par le plus âgé et en
finissant par le plus jeune. La coupe fut trouvée dans le sac de
Benjamin. 13Ils déchirèrent leurs vêtements. Chacun rechargea son
âne et ils retournèrent à la ville. 14Juda et ses frères arrivèrent à la
maison de Joseph, où il était encore, et ils se prosternèrent jusqu’à
terre devant lui. 15Joseph leur dit: «Qu’avez-vous fait? Ne savez-
vous pas qu’un homme comme moi a le pouvoir de deviner
l’avenir?» 16Juda répondit: «Que pouvons-nous te dire, seigneur?
Comment parler? Comment nous défendre? Dieu a découvert la
faute de tes serviteurs. Nous voici tes esclaves, seigneur, nous et
celui sur qui on a trouvé la coupe.» 17Joseph dit: «Que Dieu me
garde de faire cela! C’est l’homme sur qui on a trouvé la coupe qui
sera mon esclave. Quant à vous, remontez en toute tranquillité vers
votre père.» 18Alors Juda s’approcha de Joseph et dit: «Pardon,
mon seigneur! Veuille autoriser ton serviteur à te dire un mot, mon
seigneur, et que ta colère ne s’enflamme pas contre ton serviteur,
car tu es pareil au pharaon. 19Mon seigneur, tu nous as demandé, à
nous tes serviteurs: ‘Avez-vous un père ou un frère?’ 20Nous avons
répondu: ‘Nous avons un vieux père et un jeune frère, qu’il a eu
dans sa vieillesse. Cet enfant avait un frère qui est mort et qui était
de la même mère. Il ne reste que lui et son père l’aime.’ 21Tu as dit
à tes serviteurs: ‘Faites-le descendre vers moi et que je le voie de
mes propres yeux.’ 22Nous t’avons répondu, seigneur: ‘Le garçon
ne peut pas quitter son père. S’il le quitte, son père mourra.’ 23Tu as
dit à tes serviteurs: ‘Si votre jeune frère ne descend pas avec vous,
vous ne serez plus admis en ma présence.’ 24»Lorsque nous
sommes remontés auprès de ton serviteur mon père, nous lui avons
rapporté tes paroles, mon seigneur. 25Notre père a dit: ‘Retournez
nous acheter un peu de nourriture.’ 26Nous avons répondu: ‘Nous
ne pouvons pas descendre. En revanche, si notre jeune frère est
avec nous, nous descendrons, car nous ne pouvons pas être admis
en présence de cet homme à moins que notre jeune frère ne soit
avec nous.’ 27Ton serviteur notre père nous a dit: ‘Vous savez que
ma femme m’a donné deux fils. 28L’un est parti de chez moi. Je
pense qu’il a dû être mis en pièces, car je ne l’ai jamais revu. 29Si
vous me prenez encore celui-ci et qu’il lui arrive un malheur, vous
ferez descendre avec douleur mes cheveux blancs dans le séjour
des morts.’ 30»Si maintenant je retourne vers ton serviteur mon père
sans le garçon auquel il est attaché, 31il mourra en voyant qu’il
n’est pas là. Quant à tes serviteurs, ils feraient descendre avec
douleur les cheveux blancs de ton serviteur notre père dans le
séjour des morts. 32En effet, moi ton serviteur, je me suis porté
garant pour le garçon devant mon père en disant: ‘Si je ne te le
ramène pas, je serai pour toujours coupable envers mon père.’
33
Permets-moi donc de rester à la place du garçon comme esclave
de mon seigneur et que le garçon reparte avec ses frères!
34
Comment pourrai-je remonter vers mon père si le garçon n’est
pas avec moi? Non, je ne veux pas voir le malheur frapper mon
père!»

Eclaircissements de Joseph à ses frères


1
Joseph ne parvenait plus à se retenir devant tous ceux qui
l’entouraient. Il s’écria: «Faites sortir tout le monde!» si bien qu’il
ne resta plus personne avec lui quand il se fit reconnaître par ses
frères. 2Il se mit à sangloter. Les Egyptiens l’entendirent et la
nouvelle parvint à l’entourage du pharaon. 3Joseph dit à ses frères:
«Je suis Joseph! Mon père est-il encore en vie?» Mais ses frères
furent incapables de lui répondre, tant ils étaient troublés de se
retrouver devant lui. 4Joseph dit à ses frères: «Approchez-vous de
moi» et ils s’approchèrent. Il dit: «Je suis Joseph, votre frère, celui
que vous avez vendu à destination de l’Egypte. 5Maintenant, ne
vous tourmentez pas et ne soyez pas fâchés contre vous-mêmes de
m’avoir vendu pour que je sois conduit ici, car c’est pour vous
sauver la vie que Dieu m’a envoyé ici avant vous. 6Voilà 2 ans que
la famine dure dans le pays, et pendant 5 ans encore il n’y aura ni
labourage ni moisson. 7Dieu m’a envoyé ici avant vous pour vous
permettre de subsister dans le pays et pour vous faire vivre en vous
accordant une grande délivrance. 8»Ce n’est donc pas vous qui
m’avez envoyé ici, c’est Dieu. Il m’a établi père du pharaon,
seigneur de toute sa maison et gouverneur de toute l’Egypte.
9
Dépêchez-vous de remonter vers mon père pour lui annoncer:
‘Voici ce qu’a dit ton fils Joseph: Dieu m’a établi seigneur de toute
l’Egypte. Descends vers moi sans tarder! 10Tu habiteras dans la
région de Gosen et tu seras près de moi avec tes enfants et petits-
enfants, tes brebis et tes bœufs, ainsi que tout ce qui est à toi. 11Là
je te nourrirai, car il y aura encore cinq années de famine. Ainsi tu
ne seras pas réduit à la misère, ni toi, ni ta famille ni tout ce qui
t’appartient.’ 12»Vous voyez de vos yeux, et mon frère Benjamin le
voit de ses yeux, que c’est moi-même qui vous parle. 13Racontez à
mon père toute la gloire dont je jouis en Egypte et tout ce que vous
avez vu, et dépêchez-vous de faire descendre mon père ici.» 14Puis
il se jeta au cou de son frère Benjamin et pleura. Benjamin pleura
aussi à son cou. 15Joseph embrassa tous ses frères en pleurant.
Après quoi, ses frères discutèrent avec lui. 16Le bruit circula au
palais du pharaon que les frères de Joseph étaient arrivés, et cette
nouvelle plut au pharaon et à ses serviteurs. 17Le pharaon dit à
Joseph: «Dis à tes frères: ‘Faites ceci: chargez vos bêtes et partez
pour le pays de Canaan; 18prenez votre père et vos familles et venez
vers moi. Je vous donnerai ce qu’il y a de meilleur en Egypte et
vous mangerez les meilleurs produits du pays.’ 19Tu as ordre de
leur dire: ‘Faites ceci: prenez en Egypte des chariots pour vos
enfants et pour vos femmes, amenez votre père et venez. 20Ne
regrettez pas ce que vous laisserez, car ce qu’il y a de meilleur dans
toute l’Egypte sera pour vous.’» 21C’est ce que firent les fils
d’Israël. Joseph leur donna des chariots, conformément à l’ordre du
pharaon; il leur donna aussi des provisions pour la route. 22Il leur
donna à tous des vêtements de rechange, mais à Benjamin il donna
300 pièces d’argent et 5 vêtements de rechange. 23Il envoya à son
père 10 ânes chargés de ce qu’il y avait de meilleur en Egypte ainsi
que 10 ânesses chargées de blé, de pain et de nourriture pour le
voyage de son père. 24Puis il laissa partir ses frères. Lorsque ceux-
ci partirent, il leur dit: «Ne vous disputez pas en chemin!» 25Ils
remontèrent de l’Egypte et arrivèrent dans le pays de Canaan vers
leur père Jacob. 26Ils lui annoncèrent: «Joseph vit encore, et c’est
même lui qui gouverne toute l’Egypte.» Cependant, Jacob resta
sans réaction parce qu’il ne les croyait pas. 27Ils lui rapportèrent
alors toutes les paroles que Joseph leur avait dites, et lorsqu’il vit
les chariots que Joseph avait envoyés pour le transporter, leur père
Jacob se ranima. 28Israël dit: «Cela suffit! Mon fils Joseph est
encore en vie! Je veux aller le voir avant de mourir.»
Arrivée de Jacob et sa famille en Egypte
1
Israël partit donc avec tout ce qui lui appartenait. Arrivé à Beer-
Shéba, il offrit des sacrifices au Dieu de son père Isaac. 2Dieu parla
à Israël dans une vision pendant la nuit. Il dit: «Jacob! Jacob!»
Israël répondit: «Me voici!» 3Dieu dit: «Je suis Dieu, le Dieu de ton
père. N’aie pas peur de descendre en Egypte, car là-bas je ferai de
toi une grande nation. 4Je descendrai moi-même avec toi en Egypte
et je t’en ferai moi-même remonter. C’est Joseph qui te fermera les
yeux.» 5Jacob quitta Beer-Shéba. Les fils d’Israël installèrent leur
père Jacob avec leurs enfants et leurs femmes sur les chariots que
le pharaon avait envoyés pour les transporter. 6Ils prirent aussi leurs
troupeaux et les biens dont ils étaient devenus propriétaires dans le
pays de Canaan. C’est ainsi que Jacob se rendit en Egypte avec
toute sa famille. 7Il emmena avec lui en Egypte ses fils et ses petits-
fils, ses filles et ses petites-filles et toute sa famille. 8Voici le nom
des descendants d’Israël qui vinrent en Egypte. Il y avait Jacob et
ses fils. Fils aîné de Jacob: Ruben. 9Fils de Ruben: Hénoc, Pallu,
Hetsron et Carmi. 10Fils de Siméon: Jemuel, Jamin, Ohad, Jakin et
Tsochar, ainsi que Saül, le fils de la Cananéenne. 11Fils de Lévi:
Guershon, Kehath et Merari. 12Fils de Juda: Er, Onan, Shéla, Pérets
et Zérach; cependant, Er et Onan moururent dans le pays de
Canaan. Les fils de Pérets furent Hetsron et Hamul. 13Fils d’Issacar:
Thola, Puva, Job et Shimron. 14Fils de Zabulon: Séred, Elon et
Jahleel. 15Voilà quels étaient les descendants que Léa avait donnés
à Jacob à Paddan-Aram, en plus de sa fille Dina. Ses descendants et
descendantes étaient 33 au total. 16Fils de Gad: Tsiphjon, Haggi,
Shuni, Etsbon, Eri, Arodi et Areéli. 17Fils d’Aser: Jimna, Jishva,
Jishvi et Beria ainsi que Sérach, leur sœur. Fils de Beria: Héber et
Malkiel. 18Voilà quels étaient les descendants de Zilpa, la servante
dont Laban avait fait cadeau à sa fille Léa; elle donna ces enfants à
Jacob, 16 personnes au total. 19Fils de Rachel, la femme de Jacob:
Joseph et Benjamin. 20En Egypte, Joseph eut Manassé et Ephraïm,
que lui donna Asnath, fille de Poti-Phéra, le prêtre d’On. 21Fils de
Benjamin: Béla, Béker, Ashbel, Guéra, Naaman, Ehi, Rosh,
Muppim, Huppim et Ard. 22Voilà quels sont les descendants que
Jacob eut par Rachel, 14 personnes au total. 23Fils de Dan: Hushim.
24
Fils de Nephthali: Jahtseel, Guni, Jetser et Shillem. 25Voilà quels
sont les descendants de Bilha, la servante dont Laban avait fait
cadeau à sa fille Rachel; elle donna ces enfants à Jacob, 7
personnes au total. 26Le nombre total des personnes qui
accompagnèrent Jacob en Egypte et qui étaient issues de lui était de
66, sans compter les femmes des fils de Jacob. 27Joseph avait 2
fils qui lui étaient nés en Egypte. Le nombre total des personnes de
la famille de Jacob qui vinrent en Egypte était de 70. 28Jacob
envoya Juda vers Joseph avant lui pour qu’il lui prépare la voie en
Gosen, et ils arrivèrent dans la région de Gosen. 29Joseph attela son
char et y monta pour aller à la rencontre de son père Israël en
Gosen. Dès qu’il le vit, il se jeta à son cou et pleura longtemps sur
son épaule. 30Israël dit à Joseph: «Je peux mourir maintenant,
puisque tu es encore en vie et que j’ai vu ton visage.» 31Joseph dit à
ses frères et à la famille de son père: «Je vais avertir le pharaon et
je lui dirai: ‘Mes frères et la famille de mon père, qui étaient dans
le pays de Canaan, sont venus vers moi. 32Ces hommes sont
bergers, car ils élèvent du bétail. Ils ont amené leurs brebis, leurs
bœufs et tout ce qui leur appartient.’ 33Quand le pharaon vous
appellera et demandera: ‘Quelle est votre occupation?’ 34vous
répondrez: ‘Tes serviteurs ont élevé du bétail depuis leur jeunesse
jusqu’à présent, tout comme leurs ancêtres.’ De cette manière vous
pourrez habiter dans la région de Gosen, puisque tous les bergers
font horreur aux Egyptiens.»
Activités de la famille de Jacob en Egypte
1
Joseph alla avertir le pharaon et lui dit: «Mes frères et mon père
sont venus du pays de Canaan avec leurs brebis, leurs bœufs et tout
ce qui leur appartient; ils sont dans la région de Gosen.» 2Il avait
pris cinq de ses frères et il les présenta au pharaon. 3Le pharaon
leur dit: «Quelle est votre occupation?» Ils répondirent au pharaon:
«Tes serviteurs sont bergers, tout comme l’étaient leurs ancêtres.»
4
Ils dirent encore au pharaon: «Nous tes serviteurs, nous sommes
venus pour séjourner dans le pays parce qu’il n’y a plus de
pâturage pour notre bétail. En effet, la famine pèse lourdement sur
le pays de Canaan. Veuille donc autoriser tes serviteurs à s’installer
dans la région de Gosen!» 5Le pharaon dit à Joseph: «Ton père et
tes frères sont venus vers toi. 6L’Egypte est devant toi. Installe ton
père et tes frères dans la meilleure partie du pays. Qu’ils habitent
dans la région de Gosen. Et si tu sais qu’il y a parmi eux des
hommes capables, confie-leur la responsabilité de mes troupeaux.»
7
Joseph fit venir son père Jacob et le présenta au pharaon. Jacob
bénit le pharaon. 8Le pharaon dit à Jacob: «Quel âge as-tu?» 9Jacob
répondit au pharaon: «Ma vie errante dure depuis 130 ans. Elle a
été courte et mauvaise, et elle n’a pas atteint la durée de la vie
errante de mes ancêtres.» 10Jacob bénit encore le pharaon et se
retira de devant lui. 11Joseph installa son père et ses frères, il leur
donna une propriété en Egypte dans la meilleure partie du pays,
dans la région de Ramsès, conformément aux ordres du pharaon.
12
Joseph fournit du pain à son père et à ses frères ainsi qu’à toute la
famille de son père, en tenant compte du nombre d’enfants. 13Il n’y
avait plus de pain dans tout le pays, car la famine était très grande.
L’Egypte et le pays de Canaan dépérissaient à cause de la famine.
14
Joseph récolta tout l’argent disponible en Egypte et dans le pays
de Canaan et versé en échange de blé, et il le fit entrer dans la
maison du pharaon. 15Quand l’argent de l’Egypte et du pays de
Canaan fut épuisé, tous les Egyptiens vinrent trouver Joseph en
disant: «Donne-nous du pain! Pourquoi mourrions-nous sous tes
yeux? En effet, il n’y a plus d’argent.» 16Joseph dit: «Donnez vos
troupeaux et je vous donnerai du pain en échange de votre bétail,
s’il n’y a plus d’argent.» 17Ils amenèrent leurs troupeaux à Joseph
et celui-ci leur donna du pain en échange des chevaux, des
troupeaux de brebis et de bœufs et des ânes. Il leur fournit ainsi du
pain cette année-là en échange de tous leurs troupeaux. 18Lorsque
cette année fut passée, l’année suivante ils vinrent trouver Joseph et
lui dirent: «Nous ne te cacherons pas, seigneur, que l’argent est
épuisé et que nos troupeaux de bétail sont déjà en ta possession,
seigneur. Il ne reste plus rien devant toi, seigneur, si ce n’est notre
corps et nos terres. 19Pourquoi mourrions-nous sous tes yeux, nous
et nos terres? Achète-nous avec nos terres en échange de pain et
nous serons au service du pharaon, nous et nos terres. Donne-nous
de quoi semer afin que nous restions en vie et ne mourions pas, et
que nos terres ne soient pas dévastées.» 20Joseph acheta toutes les
terres de l’Egypte pour le pharaon. En effet, les Egyptiens
vendirent chacun leur champ parce que la famine les pressait. C’est
ainsi que le pays devint la propriété du pharaon. 21Quant à la
population, il la déplaça dans les villes, d’un bout à l’autre des
frontières de l’Egypte. 22Il n’y eut que les terres des prêtres qu’il
n’acheta pas, parce qu’il y avait une prescription du pharaon en
leur faveur: ils vivaient du revenu que leur assurait le pharaon,
c’est pourquoi ils ne vendirent pas leurs terres. 23Joseph dit au
peuple: «Je vous ai achetés aujourd’hui, ainsi que vos terres, pour
le pharaon. Voici de la semence pour vous et vous pourrez
ensemencer le sol. 24Vous donnerez un cinquième de la récolte au
pharaon et vous aurez les quatre autres parties pour ensemencer les
champs et pour vous nourrir, vous, vos enfants et les membres de
votre foyer.» 25Ils dirent: «Tu nous sauves la vie! Si nous trouvons
grâce à tes yeux, seigneur, nous serons esclaves du pharaon.»
26
Joseph fit de cela une prescription, en vigueur aujourd’hui encore,
d’après laquelle un cinquième du revenu des terres de l’Egypte
appartient au pharaon. Seules les terres des prêtres n’appartiennent
pas au pharaon. 27Quant à Israël, il s’installa donc en Egypte dans
la région de Gosen. Ils acquirent des propriétés, eurent des enfants
et devinrent très nombreux. 28Jacob vécut 17 ans en Egypte, et la
durée de sa vie fut de 147 ans. 29Lorsque Israël approcha du
moment de sa mort, il appela son fils Joseph et lui dit: «Si j’ai
trouvé grâce à tes yeux, mets ta main sous ma cuisse et jure que tu
feras preuve de bonté et de fidélité envers moi en ne m’enterrant
pas en Egypte. 30Quand je serai couché en compagnie de mes
ancêtres, tu me transporteras à l’extérieur de l’Egypte et tu
m’enterreras dans le tombeau familial.» Joseph répondit: «J’agirai
conformément à ta parole.» 31Jacob dit: «Jure-le-moi!» Et Joseph le
lui jura. Puis Israël *se prosterna à la tête de son lit.
Bénédiction des fils de Joseph par Jacob
1
Après cela, on vint dire à Joseph: «Ton père est malade.» Il prit
avec lui ses deux fils Manassé et Ephraïm. 2On avertit Jacob, on lui
dit: «Voici ton fils Joseph qui vient vers toi.» Israël rassembla ses
forces et s’assit sur son lit. 3Jacob dit à Joseph: «Le Dieu tout-
puissant m’est apparu à Luz, dans le pays de Canaan, et il m’a béni.
4
Il m’a dit: ‘Je te donnerai des enfants, je rendrai tes descendants
nombreux et je ferai sortir de toi tout un groupe de peuples. Je
donnerai ce pays à ta descendance après toi pour qu’elle le possède
toujours.’ 5Désormais, les deux fils qui te sont nés en Egypte avant
mon arrivée vers toi en Egypte seront les miens: Ephraïm et
Manassé seront mes fils, tout comme Ruben et Siméon. 6Quant aux
enfants que tu as eus après eux, ils resteront les tiens. Ils seront
associés à leurs frères dans leur héritage. 7A mon retour de Paddan,
Rachel est morte en route près de moi dans le pays de Canaan, à
une certaine distance d’Ephrata. C’est là que je l’ai enterrée, sur le
chemin d’Ephrata, c’est-à-dire Bethléhem.» 8Puis Israël regarda les
fils de Joseph et demanda: «Qui sont ceux-ci?» 9Joseph répondit à
son père: «Ce sont mes fils. Dieu me les a donnés ici.» Israël dit:
«Fais-les approcher de moi pour que je les bénisse.» 10La vue
d’Israël avait baissé à cause de la vieillesse, il ne voyait plus bien.
Joseph les fit approcher de lui et Israël les embrassa et les étreignit
tendrement. 11Israël dit à Joseph: «Je ne pensais pas revoir ton
visage et voici que Dieu me fait même voir ta descendance!»
12
Joseph les retira des genoux de son père et se prosterna jusqu’à
terre devant lui. 13Puis il les prit tous les deux par la main: il tint
Ephraïm de la main droite, de telle sorte qu’il était à gauche
d’Israël, et Manassé de la main gauche, de telle sorte qu’il était à
droite d’Israël, et il les fit approcher de lui. 14Israël tendit sa main
droite et la posa sur la tête d’Ephraïm, qui était le plus jeune, et il
posa sa main gauche sur la tête de Manassé. Ce fut
intentionnellement qu’il posa ses mains ainsi, car Manassé était
l’aîné. 15Il bénit Joseph et dit: «Que le Dieu devant lequel ont
marché mes pères Abraham et Isaac, le Dieu qui a pris soin de
moi depuis que j’existe jusqu’à aujourd’hui, 16l’ange qui m’a
délivré de tout mal, bénisse ces garçons! Que mon nom et celui de
mes pères Abraham et Isaac subsistent à travers eux et qu’ils se
multiplient abondamment à l’intérieur du pays!» 17Joseph vit avec
déplaisir que son père posait sa main droite sur la tête d’Ephraïm. Il
prit la main de son père pour la détourner de la tête d’Ephraïm et la
diriger sur celle de Manassé. 18Joseph dit à son père: «Ce n’est pas
juste, mon père, car c’est celui-ci qui est l’aîné. Pose ta main droite
sur sa tête!» 19Son père refusa et dit: «Je sais, mon fils, je sais. Lui
aussi donnera naissance à un peuple, lui aussi sera grand, mais son
frère cadet sera plus grand que lui et sa descendance remplira les
nations.» 20Il les bénit ce jour-là. Il dit: «C’est par toi qu’Israël
bénira en disant: ‘Que Dieu te traite comme Ephraïm et comme
Manassé!’» Il plaça Ephraïm avant Manassé. 21Israël dit à Joseph:
«Je vais mourir, mais Dieu sera avec vous et il vous fera retourner
dans le pays de vos ancêtres. 22Je te donne une part de plus qu’à tes
frères: Sichem, que j’ai prise aux Amoréens avec mon épée et mon
arc.»

Bénédiction des fils de Jacob


1
Jacob appela ses fils et dit: «Rassemblez-vous et je vous
annoncerai ce qui vous arrivera dans l’avenir. 2Rassemblez-vous et
écoutez, fils de Jacob! Ecoutez Israël, votre père! 3»Ruben, toi,
mon aîné, toi qui es ma force et le premier de mes enfants,
supérieur en dignité et en puissance, 4impétueux comme l’eau, tu
n’auras aucun avantage, car tu es monté sur le lit de ton père, tu as
souillé mon lit en y montant. 5»Siméon et Lévi sont frères; leurs
épées sont des instruments de violence. 6Je ne veux pas participer à
leur conciliabule, je ne veux pas m’associer à leur assemblée, car
pour assouvir leur colère ils ont tué des hommes et pour suivre
leurs désirs ils ont mutilé les jarrets des taureaux. 7Maudite soit leur
colère, car elle est violente, et leur fureur, car elle est cruelle! Je les
séparerai dans Jacob, je les disperserai dans Israël. 8»Juda, c’est toi
que tes frères célébreront. Ta main sera sur la nuque de tes
ennemis. Les fils de ton père se prosterneront devant toi. 9Juda est
un jeune lion. Tu reviens du carnage, mon fils! *Il plie les genoux,
il se couche comme un lion, comme une lionne: qui le fera se
lever? 10Le sceptre ne s’éloignera pas de Juda, ni le bâton souverain
d’entre ses pieds, jusqu’à ce que vienne le Shilo et que les peuples
lui obéissent. 11Il attache son âne à la vigne et le petit de son ânesse
au meilleur cep. Il lave son vêtement dans le vin et son manteau
dans le sang des raisins. 12Il a les yeux rouges de vin et les dents
blanches de lait. 13»Zabulon résidera sur la côte maritime, il sera
sur la côte des bateaux et sa frontière s’étendra du côté de Sidon.
14
»Issacar est un âne robuste qui se couche dans les étables. 15Il voit
que le repos est agréable et que la région est magnifique, et il
courbe son épaule sous le fardeau, il se soumet à des corvées
d’esclave. 16»Dan jugera son peuple comme une seule des tribus
d’Israël. 17Dan sera un serpent sur le chemin, une vipère sur le
sentier, qui mord les talons du cheval pour que le cavalier tombe à
la renverse. 18»J’espère en ton secours, Eternel! 19Gad sera attaqué
par des bandes armées, mais c’est lui qui les attaquera et les
poursuivra. 20»Aser produit une nourriture excellente; il fournira les
plats les plus raffinés des rois. 21»Nephthali est une biche en liberté.
Il profère de belles paroles. 22»Joseph est le rejeton d’un arbre
fertile, le rejeton d’un arbre fertile près d’une source; ses
branches dépassent le mur. 23On l’a provoqué, on lui a lancé des
flèches, les archers l’ont poursuivi de leur haine, 24mais son arc est
resté ferme et ses bras ont été fortifiés par l’intervention du Dieu
puissant de Jacob. Il est ainsi devenu le berger, le rocher d’Israël.
25
C’est l’œuvre du Dieu de ton père, et il t’aidera; c’est l’œuvre du
Tout-Puissant, et il te bénira. Il t’accordera les bénédictions du ciel,
les bénédictions de l’eau souterraine, les bénédictions de la
mamelle et du ventre maternel. 26Les bénédictions de ton père
dépassent celles de ses ancêtres, elles vont jusqu’aux limites des
anciennes collines. Qu’elles reposent sur la tête de Joseph, sur le
crâne de celui qui est le prince consacré de ses frères! 27»Benjamin
est un loup qui déchire. Le matin il dévore sa proie, et le soir il
partage le butin.» 28Voilà quels sont tous ceux qui forment les
douze tribus d’Israël, et voilà ce que leur dit leur père en les
bénissant. Il les bénit en attribuant à chacun la bénédiction qui lui
était propre. 29Puis il leur donna cet ordre: «Je vais rejoindre les
miens. Enterrez-moi avec mes pères dans la grotte qui se trouve
dans le champ d’Ephron le Hittite, 30dans la grotte du champ de
Macpéla, vis-à-vis de Mamré dans le pays de Canaan. C’est le
champ qu’Abraham a acheté à Ephron le Hittite comme propriété
funéraire. 31C’est là qu’on a enterré Abraham et sa femme Sara, là
qu’on a enterré Isaac et sa femme Rebecca, et c’est là que j’ai
enterré Léa. 32Le champ et la grotte qui s’y trouve ont été achetés
aux Hittites.»

Mort de Jacob
33
Lorsque Jacob eut fini de donner ses ordres à ses fils, il remit ses
pieds dans le lit, il expira et alla rejoindre les siens.
1
Joseph se jeta sur le visage de son père, pleura sur lui et
l’embrassa. 2Il ordonna aux médecins qui étaient à son service
d’embaumer son père, et les médecins embaumèrent Israël. 3Ce
furent 40 jours qui passèrent ainsi et furent employés à
l’embaumer. Les Egyptiens le pleurèrent 70 jours. 4Quand les jours
de deuil furent passés, Joseph s’adressa aux membres de
l’entourage du pharaon en disant: «Si j’ai trouvé grâce à vos yeux,
rapportez au pharaon ce que je vous dis. 5Mon père m’a fait prêter
serment en disant: ‘Je vais mourir. Tu m’enterreras dans le
tombeau que je me suis préparé dans le pays de Canaan.’ Je
voudrais donc monter là-bas pour enterrer mon père et revenir.»
6
Le pharaon répondit: «Montes-y et enterre ton père conformément
au serment qu’il t’a fait faire.» 7Joseph monta enterrer son père. Il
fut accompagné de tous les serviteurs du pharaon, des responsables
du palais, de tous les responsables de l’Egypte, 8de tout son propre
entourage, de ses frères et de la famille de son père. On ne laissa
dans la région de Gosen que les enfants ainsi que le petit et le gros
bétail. 9Il y avait encore avec Joseph des chars et des cavaliers, de
sorte que le cortège était très nombreux. 10Arrivés à l’aire de
battage d’Athad qui se trouve de l’autre côté du Jourdain, ils firent
entendre de grandes et très profondes lamentations. Joseph fit un
deuil de sept jours en l’honneur de son père. 11Les habitants du
pays, les Cananéens, furent témoins de ce deuil dans l’aire de
battage d’Athad et ils dirent: «Quel deuil important pour les
Egyptiens!» Voilà pourquoi on a appelé Abel-Mitsraïm cette aire
de battage qui se trouve de l’autre côté du Jourdain. 12C’est ainsi
que les fils de Jacob se conformèrent aux ordres de leur père. 13Ils
le transportèrent dans le pays de Canaan et l’enterrèrent dans la
grotte du champ de Macpéla, achetée comme propriété funéraire
par Abraham à Ephron le Hittite et qui se trouve vis-à-vis de
Mamré. 14Après avoir enterré son père, Joseph retourna en Egypte
avec ses frères et tous ceux qui étaient montés avec lui pour
enterrer son père. 15Quand les frères de Joseph virent que leur père
était mort, ils se dirent: «Si Joseph nous prenait en haine et nous
rendait tout le mal que nous lui avons fait!» 16Et ils firent dire à
Joseph: «Ton père a donné l’ordre suivant, avant de mourir:
17
‘Voici ce que vous direz à Joseph: Oh! Pardonne le crime de tes
frères et leur péché, car ils t’ont fait du mal!’ Pardonne maintenant
le crime des serviteurs du Dieu de ton père!» Joseph pleura à
l’écoute de leur message. 18Ses frères vinrent eux-mêmes se jeter à
ses pieds et dire: «Nous sommes tes serviteurs.» 19Joseph leur dit:
«N’ayez pas peur! Suis-je en effet à la place de Dieu? 20Vous aviez
projeté de me faire du mal, Dieu l’a changé en bien pour accomplir
ce qui arrive aujourd’hui, pour sauver la vie à un peuple nombreux.
21
Désormais, n’ayez donc plus peur: je pourvoirai à vos besoins et
à ceux de vos enfants.» C’est ainsi qu’il les réconforta en parlant à
leur cœur.
Mort de Joseph
22
Joseph habita en Egypte, ainsi que la famille de son père. Il vécut
110 ans. 23Joseph vit les fils d’Ephraïm jusqu’à la troisième
génération et il tint même les fils de Makir, le fils de Manassé, sur
ses genoux à leur naissance. 24Joseph dit à ses frères: «Je vais
mourir, mais Dieu interviendra pour vous et vous fera remonter de
ce pays-ci jusque dans le pays qu’il a juré de donner à Abraham, à
Isaac et à Jacob.» 25Joseph fit jurer les fils d’Israël en disant:
«Quand Dieu interviendra pour vous, vous ferez remonter mes
ossements loin d’ici.» 26Joseph mourut à l’âge de 110 ans. On
l’embauma et on le mit dans un cercueil en Egypte.

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Matthieu 7.7-8
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7
»Demandez et l’on vous donnera, cherchez et vous trouverez,
frappez et l’on vous ouvrira. 8En effet, toute personne qui demande
reçoit, celui qui cherche trouve et l’on ouvre à celui qui frappe.

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Marc 16.15
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15
Puis il leur dit: «Allez dans le monde entier proclamer la bonne
nouvelle à toute la création.

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Ecclésiaste 4.9-10
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9
Il vaut mieux être deux que tout seul, parce qu’à deux on retire un
bon profit du travail. 10En effet, en cas de chute, l’un relève son
compagnon, mais malheur à celui qui est seul et qui tombe sans
avoir de proche pour le relever!

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Philippiens 4.13
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13
Je peux tout par celui qui me fortifie, [Christ].

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1 Jean 3.17
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17
Si quelqu’un qui possède les biens de ce monde voit son frère
dans le besoin et lui ferme son cœur, comment l’amour de Dieu
peut-il demeurer en lui?

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2 Corinthiens 12.9-10
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9
et il m’a dit: «Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit
dans la faiblesse.» Aussi, je me montrerai bien plus volontiers fier
de mes faiblesses afin que la puissance de Christ repose sur moi.
10
C’est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les insultes,
dans les détresses, dans les persécutions, dans les angoisses pour
Christ, car quand je suis faible, c’est alors que je suis fort.

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Jean 3.16
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16
En effet, Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique
afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie
éternelle.

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Romains 8.38-39
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38
En effet, j’ai l’assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni
les dominations, ni le présent ni l’avenir, ni les puissances, 39ni la
hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous
séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre
Seigneur.

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Hébreux 4.16
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16
Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce afin
d’obtenir compassion et de trouver grâce pour être secourus au
moment opportun.

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Jean 10.10
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10
Le voleur ne vient que pour voler, égorger et détruire; moi, je suis
venu afin que les brebis aient la vie et qu’elles l’aient en
abondance.

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1 Jean 1.9
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9
Si nous reconnaissons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous
les pardonner et pour nous purifier de tout mal.

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Ephésiens 1.7
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7
En lui, par son sang, nous sommes rachetés, pardonnés de nos
fautes, conformément à la richesse de sa grâce.

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Genèse 39–41
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Séjour de Joseph chez Potiphar


1
Quant à Joseph, on l’avait fait descendre en Egypte et Potiphar,
l’officier du pharaon qui était chef des gardes, un Egyptien, l’avait
acheté aux Ismaélites qui l’y avaient fait descendre. 2L’Eternel fut
avec Joseph et la réussite l’accompagna. Il habitait dans la maison
de son maître égyptien. 3Son maître vit que l’Eternel était avec lui
et que tout ce qu’il entreprenait, l’Eternel le faisait réussir entre ses
mains, 4et Joseph trouva grâce aux yeux de son maître: il l’employa
à son service, l’établit responsable de sa maison et lui confia tous
ses biens. 5Dès que Potiphar l’eut établi responsable de sa maison
et de tous ses biens, l’Eternel bénit la maison de cet Egyptien à
cause de Joseph, et la bénédiction de l’Eternel reposa sur tous ses
biens, que ce soit à la maison ou aux champs. 6Il abandonna tous
ses biens entre les mains de Joseph et il ne prenait connaissance de
rien avec lui, sauf de sa propre nourriture. Or, Joseph était beau à
tout point de vue. 7Après cela, la femme de son maître porta les
yeux sur Joseph et dit: «Couche avec moi!» 8Il refusa et lui dit:
«Mon maître ne prend connaissance de rien avec moi dans la
maison, il m’a confié tous ses biens. 9Personne n’est plus grand que
moi dans cette maison et il ne m’a rien interdit, sauf toi parce que
tu es sa femme. Comment pourrais-je commettre un aussi grand
mal et pécher contre Dieu?» 10Elle parlait tous les jours à Joseph,
mais il ne l’écoutait pas et refusait de coucher avec elle, d’être avec
elle. 11Un jour, il était entré dans la maison pour accomplir son
travail et il n’y avait là aucun des gens de la maison. 12Elle l’attrapa
par son habit en disant: «Couche avec moi!» Il lui laissa son habit
dans la main et sortit. 13Lorsqu’elle vit qu’il lui avait laissé son
habit dans la main et qu’il s’était enfui dehors, 14elle appela les
gens de sa maison et leur dit: «Regardez! Il nous a amené un
Hébreu pour abuser de nous. Cet homme s’est approché de moi
pour coucher avec moi, mais j’ai poussé de grands cris. 15Quand il
a entendu que je me mettais à crier, il a laissé son habit à côté de
moi et est sorti.» 16Elle posa l’habit de Joseph à côté d’elle jusqu’à
ce que son maître rentre à la maison, 17et elle lui tint alors ce
discours: «L’esclave hébreu que tu nous as amené s’est approché
de moi pour abuser de moi. 18Comme je me suis mise à crier, il a
laissé son habit à côté de moi et s’est enfui dehors.» 19En entendant
les affirmations de sa femme qui lui disait: «Voilà ce que m’a fait
ton esclave», le maître de Joseph fut enflammé de colère. 20Il
s’empara de Joseph et le mit en prison, à l’endroit où les
prisonniers du roi étaient enfermés. Il resta donc là, en prison.
Séjour de Joseph en prison
21
L’Eternel fut avec Joseph et étendit sa bonté sur lui. Il lui fit
gagner la faveur du chef de la prison. 22Celui-ci plaça sous son
autorité tous les détenus qui étaient dans la prison, et tout ce qu’on
y faisait passait par lui. 23Le chef de la prison ne s’occupait pas du
tout de ce qui était sous la responsabilité de Joseph, parce que
l’Eternel était avec lui et faisait réussir ce qu’il entreprenait.
1
Après cela, le responsable des boissons et le boulanger du roi
d’Egypte commirent une faute envers leur seigneur, le roi
d’Egypte. 2Le pharaon fut irrité contre ses deux officiers, le grand
responsable des boissons et le chef des boulangers. 3Il les fit mettre
dans la maison du chef des gardes, dans la prison, à l’endroit où
Joseph était enfermé. 4Le chef des gardes les confia à Joseph, qui
fit le service auprès d’eux. Ils passèrent un certain temps en prison.
5
Une même nuit, le responsable des boissons et le boulanger du roi
d’Egypte qui étaient enfermés dans la prison firent tous les deux un
rêve, chacun le sien avec son explication propre. 6Joseph vint le
matin vers eux et vit qu’ils étaient tristes. 7Alors il demanda aux
officiers du pharaon qui étaient avec lui dans la prison de son
maître: «Pourquoi avez-vous mauvaise mine aujourd’hui?» 8Ils lui
répondirent: «Nous avons fait un rêve et il n’y a personne pour
l’expliquer.» Joseph leur dit: «N’est-ce pas à Dieu qu’appartiennent
les explications? Racontez-moi donc votre rêve.» 9Le grand
responsable des boissons raconta son rêve à Joseph. Il lui dit:
«Dans mon rêve, il y avait un cep de vigne devant moi. 10Ce cep
portait trois sarments. Quand il a bourgeonné, sa fleur s’est
développée et ses grappes ont donné des raisins mûrs. 11La coupe
du pharaon était dans ma main. J’ai pris les raisins, je les ai pressés
dans la coupe du pharaon et j’ai mis la coupe dans la main du
pharaon.» 12Joseph lui dit: «Voici l’explication. Les trois sarments
représentent trois jours. 13Encore trois jours et le pharaon t’élèvera
bien haut et te rétablira dans tes fonctions. Tu mettras la coupe dans
la main du pharaon, comme tu en avais l’habitude lorsque tu étais
son responsable des boissons. 14Cependant, souviens-toi de moi
quand tu seras heureux et fais preuve de bonté envers moi: parle en
ma faveur au pharaon et fais-moi sortir de cette maison. 15En effet,
j’ai été arraché au pays des Hébreux, et même ici je n’ai rien fait
qui mérite la prison.» 16Voyant que Joseph avait donné une
explication favorable, le chef des boulangers dit: «Dans mon rêve,
il y avait aussi trois corbeilles de pain blanc sur ma tête. 17Dans la
corbeille supérieure, il y avait des plats cuits au four de toute sorte
pour le pharaon, et les oiseaux les mangeaient dans la corbeille au-
dessus de ma tête.» 18Joseph répondit: «Voici l’explication. Les
trois corbeilles représentent trois jours. 19Encore trois jours et le
pharaon t’élèvera bien trop haut pour toi: il te fera pendre à un
bois et les oiseaux mangeront ton corps.» 20Trois jours plus tard, le
jour de son anniversaire, le pharaon organisa un festin pour tous ses
serviteurs et il éleva bien haut le grand responsable des boissons
ainsi que le chef des boulangers au milieu de ses serviteurs: 21il
rétablit le grand responsable des boissons dans ses fonctions pour
qu’il mette la coupe dans la main du pharaon, 22mais il fit pendre le
chef des boulangers, conformément à l’explication que Joseph leur
avait donnée. 23Le grand responsable des boissons ne se souvint pas
de Joseph. Il l’oublia.
Présentation de Joseph au pharaon
1
Au bout de 2 ans, le pharaon fit un rêve dans lequel il se tenait
près du fleuve. 2Alors sept vaches belles et grasses sortirent du
fleuve et se mirent à brouter dans la prairie. 3Sept autres vaches
laides et maigres sortirent du fleuve après elles et se tinrent à côté
d’elles au bord du fleuve. 4Les vaches laides et maigres mangèrent
les sept vaches belles et grasses. Puis le pharaon se réveilla. 5Il se
rendormit et fit un second rêve: sept épis gros et beaux montaient
sur une même tige. 6Sept épis maigres et brûlés par le vent d’est
poussèrent après eux. 7Les épis maigres engloutirent les sept épis
gros et pleins. Puis le pharaon se réveilla. Voilà quel était le rêve.
8
Le matin, le pharaon eut l’esprit troublé et il fit appeler tous les
magiciens et tous les sages de l’Egypte. Il leur raconta ses rêves,
mais personne ne put les lui expliquer. 9Alors le grand responsable
des boissons prit la parole et dit au pharaon: «Je vais rappeler
aujourd’hui le souvenir de ma faute. 10Le pharaon s’était irrité
contre ses serviteurs, et il m’avait fait mettre en prison dans la
maison du chef des gardes, ainsi que le chef des boulangers. 11Nous
avons tous les deux fait un rêve au cours d’une même nuit, et
chacun de nous a reçu une explication en rapport avec le rêve qu’il
avait fait. 12Il y avait là avec nous un jeune Hébreu, un esclave du
chef des gardes. Nous lui avons raconté nos rêves et il nous les a
expliqués. 13Tout s’est produit conformément à l’explication qu’il
nous avait donnée: le pharaon m’a rétabli dans mes fonctions et a
fait pendre le chef des boulangers.» 14Le pharaon fit appeler
Joseph. On s’empressa de le faire sortir de prison. Il se rasa,
changea de vêtements et se rendit vers le pharaon. 15Le pharaon dit
à Joseph: «J’ai fait un rêve. Personne ne peut l’expliquer, et j’ai
appris à ton sujet que tu peux expliquer un rêve après l’avoir
entendu.» 16Joseph répondit au pharaon: «Ce n’est pas moi, c’est
Dieu qui donnera une réponse favorable au pharaon.» 17Le pharaon
dit alors à Joseph: «Dans mon rêve, je me tenais sur le bord du
fleuve. 18Alors sept vaches grasses et belles sont sorties du fleuve et
se sont mises à brouter dans la prairie. 19Sept autres vaches sont
sorties après elles, maigres, très laides et décharnées; je n’en ai pas
vu d’aussi laides dans toute l’Egypte. 20Les vaches décharnées et
laides ont mangé les sept premières vaches qui étaient grasses.
21
Elles les ont englouties dans leur ventre sans qu’on s’aperçoive
qu’elles y étaient entrées: leur apparence était aussi laide qu’avant.
Puis je me suis réveillé. 22J’ai vu encore en rêve sept épis pleins et
beaux qui montaient sur une même tige. 23Sept épis vides, maigres,
brûlés par le vent d’est, ont poussé après eux. 24Les épis maigres
ont englouti les sept beaux épis. Je l’ai dit aux magiciens, mais
personne ne m’a donné l’explication.» 25Joseph dit au pharaon: «Ce
qu’a rêvé le pharaon correspond à un seul événement. Dieu a révélé
au pharaon ce qu’il va faire. 26Les sept belles vaches sont sept
années, et les sept beaux épis aussi: c’est un seul rêve. 27Les sept
vaches décharnées et laides sorties après les premières sont sept
années, tout comme les sept épis vides brûlés par le vent d’est. Ce
sont sept années de famine. 28C’est comme je viens de le dire au
pharaon, Dieu montre au pharaon ce qu’il va faire: 29il y aura sept
années de grande abondance dans toute l’Egypte; 30sept années de
famine les suivront, et l’on oubliera toute cette abondance en
Egypte. La famine détruira le pays. 31Cette famine qui suivra sera si
forte qu’on ne s’apercevra plus de l’abondance dans le pays. 32Si le
pharaon a vu le rêve se répéter, c’est que la décision est ferme de la
part de Dieu et qu’il la mettra rapidement en œuvre. 33»Maintenant,
que le pharaon choisisse un homme intelligent et sage et qu’il le
mette à la tête de l’Egypte. 34Que le pharaon établisse des
commissaires sur le pays pour prélever un cinquième des récoltes
de l’Egypte pendant les sept années d’abondance. 35Qu’ils
rassemblent tous les produits de ces bonnes années à venir, qu’ils
amassent, sous l’autorité du pharaon, du blé et des vivres dans les
villes et qu’ils en aient la garde. 36Ces provisions formeront une
réserve pour le pays, pour les sept années de famine qui frapperont
l’Egypte, afin que le pays ne soit pas détruit par la famine.»
Responsabilités de Joseph sur l’Egypte
37
Ces paroles plurent au pharaon et à tous ses serviteurs. 38Le
pharaon dit à ses serviteurs: «Pourrions-nous trouver un homme tel
que celui-ci, qui a en lui l’Esprit de Dieu?» 39Et le pharaon dit à
Joseph: «Puisque Dieu t’a fait connaître tout cela, il n’y a personne
qui soit aussi intelligent et aussi sage que toi. 40Tu seras
responsable de ma maison et tout mon peuple obéira à tes ordres.
Le trône seul m’élèvera au-dessus de toi.» 41Le pharaon dit à
Joseph: «Vois, je te donne le commandement de toute l’Egypte.»
42
Le pharaon retira l’anneau de son doigt et le passa au doigt de
Joseph. Il lui donna des habits en fin lin et lui mit un collier d’or au
cou. 43Il le fit monter sur le char qui suivait le sien et l’on criait
devant lui: «A genoux!» C’est ainsi que le pharaon lui donna le
commandement de toute l’Egypte. 44Il dit encore à Joseph: «C’est
moi qui suis le pharaon, mais sans ton accord personne ne lèvera la
main ni le pied dans toute l’Egypte.» 45Le pharaon appela Joseph
Tsaphnath-Paenéach et lui donna pour femme Asnath, fille de Poti-
Phéra, le prêtre d’On. Joseph partit pour visiter l’Egypte. 46Il était
âgé de 30 ans lorsqu’il se présenta devant le pharaon, le roi
d’Egypte. Il quitta le pharaon et parcourut toute l’Egypte. 47Pendant
les sept années de fertilité, la terre rapporta abondamment. 48Joseph
rassembla tous les produits de ces sept années en Egypte. Il
entreposa des vivres dans les villes en mettant à l’intérieur de
chaque ville les produits des campagnes environnantes. 49Joseph
amassa du blé comme le sable de la mer: en quantité si
considérable que l’on cessa de compter parce qu’il n’y avait plus de
nombre.
Naissance de Manassé et d’Ephraïm
50
Avant les années de famine, Joseph eut deux fils que lui donna
Asnath, fille de Poti-Phéra, le prêtre d’On. 51Joseph appela l’aîné
Manassé, car, dit-il, «Dieu m’a fait oublier toutes mes peines et
toute ma famille.» 52Et il appela le second Ephraïm, car, dit-il,
«Dieu m’a donné des enfants dans le pays de mon malheur.» 53Les
sept années d’abondance qu’il y eut en Egypte passèrent, 54et les
sept années de famine commencèrent à venir, comme Joseph
l’avait annoncé. La famine régna dans tous les pays, mais dans
toute l’Egypte il y avait du pain. 55Quand toute l’Egypte commença
aussi à avoir faim, le peuple cria au pharaon pour avoir du pain. Le
pharaon dit à tous les Egyptiens: «Allez vers Joseph et faites ce
qu’il vous dira.» 56La famine régnait sur tout le pays. Joseph ouvrit
tous les centres d’approvisionnement et vendit du blé aux
Egyptiens, car la famine était forte en Egypte. 57On arrivait de tous
les pays en Egypte pour acheter du blé à Joseph, car la famine était
forte partout.
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2 Timothée 2.9
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9
et pour lequel je souffre au point d’être enchaîné comme un
malfaiteur. Mais la parole de Dieu n’est pas enchaînée.

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