Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Un enfant qui naît sans bras ni jambes: une vie irrémédiablement gâchée?
Pour Nick Vujicic, c’est loin d’être le cas. Son slogan, ce serait plutôt: «Pas
de bras. Pas de jambes. Pas de limites»! On le voit faire du surf en
compagnie de champions, faire le tour du monde pour des conférences, tout
cela après avoir réussi à battre un enfant dit «normal» au cours d’une
bagarre mémorable…
Bien sûr, il y a aussi eu luttes et révoltes, et tout n’est pas rose. Mais ce qui
l’emporte, c’est la joie de vivre. Comment est-ce possible?
Découvrez-le dans son témoignage non dénué d’humour pour, vous aussi,
croquer l’existence à pleines dents et – pourquoi pas? – mettre en pratique
ses fameuses «règles du ridicule»!
Avec plan d’action
[1]
La vie au-delà de toute limite
Ce document est destiné à votre strict usage personnel. Merci de respecter
[2]
que nous avons reçus et comment nous pouvons en faire profiter les autres.
Mes parents sont des chrétiens convaincus; pourtant, lorsque je suis né sans
bras ni jambes, ils se sont demandé pourquoi Dieu m’avait donné la vie. Ils
ont d’abord pensé qu’il n’y avait ni espoir ni avenir pour moi et que je
n’aurais jamais une existence normale, productive.
Cependant, nous n’aurions pas pu imaginer la vie que je mène aujourd’hui.
Je communique chaque jour par téléphone, courriel, SMS ou Twitter. Des
personnes m’approchent dans les aéroports, hôtels et restaurants pour me
serrer dans leurs bras et me dire que j’ai changé leur vie d’une façon ou
d’une autre. Je suis véritablement béni et tellement heureux. C’est
incroyable!
Ma famille et moi ne pouvions pas prévoir que mon handicap – mon
«fardeau» – serait une bénédiction, m’offrant des possibilités uniques de
venir à la rencontre des autres, de faire preuve d’empathie, de comprendre
leur souffrance et de leur offrir du réconfort. J’ai également été béni d’avoir
une famille aimante et enthousiaste, dont la foi était solide et profonde. J’ai
sans aucun doute des épreuves à surmonter. Je serai franc avec vous: ma foi
et la découverte du sens véritable de ma vie ne sont arrivées à maturité
qu’après des moments vraiment terrifiants.
Durant la période difficile de l’adolescence, celle où nous nous demandons
tous quelle est notre place, j’étais totalement désespéré par ma situation, car
je sentais que je ne serais jamais «normal». Je ne pouvais pas cacher le fait
que mon corps n’était pas comme celui de mes camarades de classe. Plus je
m’appliquais à pratiquer des activités normales comme la nage ou le skate,
plus je me rendais compte qu’il y avait tout simplement des choses
[11]
impossibles à faire.
Le fait que quelques gamins cruels m’appelaient un monstre et un
extraterrestre ne m’a pas aidé non plus. Bien sûr, je voulais être comme tout
le monde, mais les chances pour que j’y arrive étaient faibles. Je voulais être
accepté et je sentais que ce n’était pas le cas. Je voulais trouver ma place, en
vain. J’allais droit dans le mur.
J’étais malheureux et déprimé, submergé par des pensées négatives, et je ne
voyais aucun sens à ma vie. Même entouré de ma famille et de mes amis, je
me sentais seul. J’avais peur d’être à tout jamais un fardeau pour ceux que
j’aimais.
Combien je me trompais! On pourrait écrire un livre sur ce que j’ignorais à
l’époque. C’est précisément celui que vous avez entre les mains. Sur ces
pages, je vous propose des pistes pour trouver l’espoir même dans les
épreuves les plus difficiles et aller de l’autre côté du désespoir, là où vous
vous retrouverez plus fort(e), plus déterminé(e), plus en mesure de
poursuivre vos idéaux, et là où vous trouverez sans doute une existence
dépassant tout ce que vous pouvez imaginer.
Si vous avez le désir et la passion d’accomplir quelque chose, et que cela
est conforme à la volonté de Dieu, alors vous atteindrez votre objectif. Voilà
une affirmation puissante. Pour être honnête, je n’y ai pas toujours cru moi-
même. Si vous regardez un de mes discours sur Internet, vous me verrez
rayonnant de bonheur. C’est le fruit du chemin que j’ai parcouru. Au début,
il me manquait certaines choses, et j’ai découvert plusieurs éléments
importants au cours du voyage. Afin de vivre sans restriction, voici ce dont
j’avais besoin:
* un objectif fort dans ma vie,
* un espoir que rien ne puisse briser,
* la foi en Dieu et dans ses possibilités infinies,
[12]
Merci, maman!
C’est ma photo de moi favorite. J’ai 6 mois, et j’ai l’air plutôt heureux,
confiant et… mignon, n’est-ce pas?
A cet âge, j’étais inconscient aussi bien de ma différence par rapport aux
autres que des défis qui m’attendaient, et c’était une bénédiction.
devenez-en un!
Une de mes vidéos les plus populaires sur YouTube me montre en train de
faire du skate, du surf, de jouer de la musique, de taper dans une balle de
golf, de tomber et de me relever, de parler lors de conférences et, le meilleur,
d’être serré dans les bras de nombreuses personnes formidables.
Tout compte fait, ce ne sont que des activités ordinaires que n’importe qui
pourrait faire, n’est-ce pas? Alors pourquoi, à votre avis, cette vidéo a-t-elle
été regardée des millions de fois? Je pense que beaucoup ont envie de la voir
car je vis comme si je n’avais aucune limite physique.
Souvent, on s’attend à ce qu’un grand handicapé soit inactif, aigri et
marginal. J’aime surprendre en montrant que je mène une existence
épanouie, pleine d’aventures.
Parmi les centaines de commentaires que l’on peut lire à propos de cette
vidéo, voici une remarque qui revient régulièrement: «Lorsque je vois
quelqu’un comme lui, heureux, je me demande pourquoi parfois je m’apitoie
sur moi-même… ou pense que je n’ai pas suffisamment d’attrait,
[16]
d’humour… Comment puis-je raisonner ainsi alors qu’un jeune homme vit
sans bras ni jambes et arrive à être heureux!?»
On me demande souvent le pourquoi et le comment de mon bonheur. Vous
avez peut-être vos propres problèmes à résoudre, alors je vous donne la
réponse tout de suite: j’ai trouvé le bonheur lorsque j’ai pris conscience que,
en dépit de toutes mes imperfections, je suis le parfait Nick Vujicic. Je suis
une œuvre de Dieu, créée conformément à son plan. Je ne dis pas qu’il n’y
ait rien à améliorer. J’essaie toujours de progresser afin de mieux le servir.
Je crois en effet que mon existence n’a pas de limite. J’aimerais que vous
pensiez qu’il en va de même pour vous, peu importent les défis que vous
aurez à relever. Au début de notre voyage ensemble, prenez un moment pour
réfléchir à toutes les restrictions que vous avez placées sur votre vie ou que
vous vous êtes laissé imposer par les autres. Maintenant, pensez à ce que
pourrait être votre existence sans elles. A quoi ressemblerait-elle si tout était
possible?
Officiellement, je suis handicapé, mais en réalité l’absence de membres
m’a rendu capable de beaucoup. Les défis particuliers qui se posent à moi
m’ont offert des occasions uniques d’aller à la rencontre de nombreuses
personnes dans le besoin. Essayez donc d’imaginer ce que vous pourriez
faire!
Nous pensons bien trop souvent que nous ne sommes pas assez intelligents,
beaux ou talentueux pour aller jusqu’au bout de nos rêves. Nous finissons
par croire ce que les autres disent de nous ou nous nous limitons nous-
mêmes. Le pire dans tout cela, c’est que, lorsque nous ne nous considérons
pas à la hauteur, nous limitons ce que Dieu pourrait accomplir à travers
nous!
Lorsque nous abandonnons nos rêves, nous enfermons Dieu dans une
[17]
boîte. Après tout, nous faisons partie de sa création et il nous a créés pour
une raison. Par conséquent, notre vie ne peut être limitée, pas plus que son
amour.
Nous avons chacun le choix. Nous pouvons décider de demeurer sur nos
échecs ou déceptions, d’être amers, tristes ou aigris. Ou bien, lorsque nous
faisons face à des difficultés ou à des personnes blessantes, nous pouvons
choisir de tirer une leçon de ces expériences et d’avancer, assumant la
responsabilité de notre propre bonheur.
En tant qu’enfants de Dieu, nous sommes beaux et précieux, bien plus que
les pierres précieuses du monde entier. Nous avons été créés parfaitement
dans un but précis. Cependant, nous devrions toujours essayer de progresser,
faire reculer nos limites et rêver grand. Des ajustements peuvent être
nécessaires en cours de route, car la vie n’est pas toujours rose, mais elle
vaut toujours la peine d’être vécue. Je suis là pour vous le dire: peu importe
votre état, tant que vous respirez, vous avez quelque chose à apporter au
monde.
Je ne peux pas poser ma main sur votre épaule pour vous rassurer, mais je
peux vous parler du fond du cœur. Même si votre vie vous semble
désespérée, il y a toujours de l’espoir. Même si des éléments vous paraissent
difficiles, des jours meilleurs vous attendent. Avoir envie d’un changement
ne changera rien, mais prendre la décision d’agir tout de suite changera tout!
Je suis certain que tout contribue à notre bien; cela a été le cas dans ma vie.
Pourtant, que peut-il y avoir de bien à vivre sans bras ni jambes?
Simplement en me regardant, les autres savent que j’ai surmonté beaucoup
d’obstacles, et cela leur donne envie de m’écouter. Ils me laissent la
[18]
possibilité de parler de ma foi, de leur dire qu’ils sont aimés et de leur
donner de l’espoir.
Telle est ma contribution. Il est important de reconnaître votre propre
valeur. Sachez que vous aussi, vous avez quelque chose à apporter. Ce n’est
pas grave, si vous vous sentez frustré(e) en ce moment; cette frustration est
normale et témoigne du fait que vous attendez plus de la vie. C’est une
bonne chose. Souvent, ce sont les défis de la vie qui nous montrent ce que
nous sommes véritablement appelés à devenir.
plus senti que quelque chose n’allait pas lorsqu’ils ont appelé un pédiatre et
sont partis dans le coin opposé de la pièce pour m’examiner et discuter entre
eux. Elle a été soulagée de m’entendre pousser mon premier cri. Par contre,
mon père, victime d’un malaise, a dû être conduit hors de la pièce. Pendant
l’accouchement, il avait vu qu’il me manquait un bras.
Les médecins, choqués à ma vue, m’ont rapidement enveloppé. Ma mère
n’était pas dupe. Elle avait assisté à des centaines de naissances. Lisant
l’angoisse sur le visage du personnel, elle a su que quelque chose de grave
se passait.
Elle a demandé au médecin ce qui n’allait pas avec son bébé. Comme il ne
répondait pas, elle a insisté et a fini par entendre juste le terme médical:
phocomélie. Elle savait qu’il s’agissait d’une malformation ou atrophie des
membres du fœtus, et elle a eu du mal à accepter la réalité.
Pendant ce temps, mon père, étourdi, était dehors, se demandant s’il n’était
pas en train de rêver. Lorsque le pédiatre lui a expliqué aussi délicatement
que possible que son fils n’avait ni bras ni jambes, il s’est affaissé sous le
choc et l’angoisse. Il est resté assis, sonné, momentanément incapable de
parler, puis son instinct protecteur s’est réveillé et il s’est précipité dans la
salle d’accouchement pour parler à ma mère avant qu’elle ne me voie. A sa
grande consternation, le personnel l’avait prévenue. Elle était couchée et
pleurait. Elle avait refusé de me prendre dans ses bras et avait demandé
qu’on m’emmène loin d’elle.
Tout le monde pleurait: les infirmières, la sage-femme, et… moi! Ils m’ont
finalement mis à côté d’elle, encore enveloppé. Mais elle ne pouvait pas
supporter la vue de son enfant dépourvu de membres. «Emportez-le, a-t-
[20]
La peine de ma mère
J’étais le premier enfant. Dans n’importe quelle famille, c’est une occasion
de fête et de grande joie. Pourtant, personne n’a envoyé de fleurs à ma mère.
Cela l’a blessée et n’a fait qu’accentuer son désespoir.
Les yeux pleins de larmes, elle a demandé à mon père si elle ne méritait pas
de fleurs. Désolé et reconnaissant qu’elle en méritait, il s’est rendu chez le
fleuriste de l’hôpital et est vite revenu avec un bouquet.
Je n’ai su cette histoire qu’à l’âge de 13 ans environ. C’est à cette période
que j’ai commencé à questionner mes parents au sujet de ma naissance et de
leur première réaction lorsqu’ils m’avaient vu. J’avais eu une mauvaise
journée à l’école. Lorsque j’ai dit à ma mère que je n’en pouvais plus de
n’avoir ni bras ni jambes, elle a pleuré avec moi. Elle m’a expliqué ce
qu’elle et mon père avaient fini par comprendre: Dieu avait un plan pour
moi et le révélerait un jour. J’ai posé d’autres questions encore, au fil du
temps, parfois à l’un de mes parents, parfois aux deux. Cette quête de
[21]
réponses était due à ma nature curieuse. Mes camarades de classe, tout aussi
curieux, m’assaillaient également de questions incessantes.
Au début, j’avais un peu peur des réponses de mes parents, et comme
certaines choses étaient difficiles à aborder pour eux, je n’insistais pas. Lors
de nos premières conversations, ils se sont montrés très prudents et très
protecteurs envers moi dans ce qu’ils me disaient. Plus je grandissais, plus
ils m’ont fait part de leurs sentiments et de leurs appréhensions, sachant que
j’étais capable de les gérer. Malgré tout, quand ma mère m’a dit qu’elle ne
voulait pas me prendre dans ses bras à ma naissance, j’ai eu beaucoup de
difficultés à l’accepter. J’étais déjà plutôt angoissé; essayez d’imaginer ce
que j’ai ressenti en apprenant que même ma mère ne pouvait pas supporter
de me voir! J’étais blessé et je me suis senti rejeté. J’ai ensuite pensé à tout
ce que mes parents avaient fait pour moi depuis. Ils avaient prouvé leur
amour tant de fois! A l’époque de ces conversations, j’étais assez mûr pour
me mettre à leur place. Rien durant la grossesse, si ce n’est l’intuition de ma
mère, ne laissait supposer une telle situation. Elle était sous le choc et avait
peur. Quelle aurait été ma propre réaction, en tant que parent? Je ne suis pas
certain qu’elle aurait été meilleure. Je le leur ai dit et, au fil du temps, nous
avons abordé plus de détails.
Je suis content que nous ayons attendu que je sois sûr de moi pour parler de
cela; je savais alors au fond de mon cœur que leur amour pour moi était
grand. Nous avons continué nos échanges. Par la foi, ils ont vu que j’étais
destiné à servir un plan divin, et ils m’ont aidé à le comprendre. J’ai toujours
été un enfant particulièrement déterminé et optimiste. Mes professeurs,
d’autres parents et même des inconnus disaient souvent à mes parents que
[22]
mon attitude les inspirait. Bien que mon épreuve soit difficile, je reconnais,
pour ma part, que de nombreuses personnes doivent porter des fardeaux plus
lourds que le mien.
Aujourd’hui, au cours de mes voyages tout autour du monde, je suis
confronté à des souffrances incroyables, ce qui me permet d’être
reconnaissant pour ce que j’ai et de ne pas m’attarder sur ce qui me manque.
J’ai vu des enfants orphelins rongés par des maladies, des jeunes femmes
forcées à l’esclavage sexuel, des hommes jetés en prison car ils étaient trop
pauvres pour payer leurs dettes.
La souffrance est universelle et souvent cruelle. J’ai été touché de voir des
personnes non seulement survivre, mais vivre et prospérer même dans les
bidonvilles et après d’horribles tragédies. La joie était bien la dernière chose
que je m’attendais à trouver dans un endroit surnommé «la cité des ordures»,
le pire des bidonvilles de la périphérie du Caire, en Egypte. Cette partie de la
ville, appelée Manshiet Nasser, est planquée au milieu de rochers. Son
surnom est malheureux mais bien trouvé; l’odeur nauséabonde qui monte de
la cité provient du fait que la plupart de ses 50’000 habitants subsistent en
passant la ville du Caire au peigne fin, à la recherche d’ordures qu’ils
ramènent dans la cité puis fouillent. Ils trient chaque jour des montagnes de
déchets provenant d’une ville de 18 millions d’habitants, espérant y trouver
des objets à vendre, recycler ou utiliser d’une façon ou d’une autre.
Au milieu de ces rues changées en porcheries, jonchées de piles de déchets
et d’ordures puantes, on pourrait s’attendre à trouver des individus
submergés par le désespoir. Or, lors de ma visite en 2009, j’y ai trouvé
l’opposé. Les personnes que j’ai rencontrées ont certainement une
[23]
n’a pas été une réussite. Lorsque nous avons quitté l’Australie, j’avais déjà
commencé la sixième, et ma nouvelle école à Agoura Hills était surchargée.
On ne pouvait donc m’intégrer que dans des classes de niveau avancé. Par
ailleurs, le programme était différent. J’ai toujours été un bon élève, mais
c’était difficile, et j’ai dû lutter pour m’adapter au changement. Comme le
calendrier scolaire était différent, j’avais déjà du retard en commençant les
cours en Californie et j’ai eu beaucoup de mal à le rattraper. Mon adaptation
a été rendue encore plus compliquée par le fait que je devais changer de salle
à chaque cours, ce dont je n’avais pas l’habitude. Nous avons emménagé
chez mon oncle Batta, sa femme Rita et leurs six enfants. Même si leur
maison à Agoura Hills était assez grande, cela faisait beaucoup de monde.
Nous avions prévu de nous installer le plus rapidement possible dans notre
propre logement, mais les prix de l’immobilier étaient beaucoup plus élevés
qu’en Australie. Mon père travaillait pour la compagnie de gestion
d’immobilier de Batta. Ma mère n’a pas cherché à obtenir une licence
d’infirmière qui lui aurait permis de pratiquer en Californie, car sa
préoccupation première était de nous installer dans notre nouvel
environnement et nos nouvelles écoles.
Mes parents ont conclu, après 3 mois de vie avec la famille d’oncle Batta,
que ce déménagement n’était pas une bonne chose. Je bataillais à l’école, le
coût de la vie en Californie était élevé, et ils avaient du mal à me procurer
une couverture santé. La probabilité que nous n’obtenions jamais le droit de
résidence permanente nous inquiétait aussi. Un avocat a expliqué que mes
problèmes physiques pourraient constituer un obstacle à cela. Ma famille
serait-elle capable de subvenir à mes besoins médicaux et d’assumer les
[27]
à maîtriser une technique plus confortable, mais je voulais toujours faire les
choses à ma façon!
Alors que ma mère mettait des coussins par terre afin que je puisse
m’appuyer dessus et me redresser, j’ai décidé, pour une raison inconnue,
qu’il valait mieux que je me tape le front contre un mur et remonte ensuite
petit à petit. Tout faire à ma manière, même quand ce n’était pas la solution
la plus facile, est devenu ma marque de fabrique!
Utiliser ma tête était alors ma seule option, ce qui a contribué au
développement prodigieux de mon intellect… Je plaisante! Les muscles de
mon cou avaient une force de bœuf, et mon front était dur comme du bois.
Bien sûr, mes parents s’inquiétaient constamment pour moi. Elever des
enfants est déjà une expérience éprouvante quand leur corps est entier. Les
jeunes parents plaisantent souvent en disant qu’ils auraient aimé recevoir un
mode d’emploi avec leur premier rejeton! Le cas d’un bébé comme moi
n’est même pas traité dans la science-fiction, et pourtant je devenais
obstinément de plus en plus robuste et audacieux. A moi seul, du haut de
mes 2 ans, je procurais aux miens plus de frayeurs que s’ils avaient eu des
octuplés. «Comment va-t-il faire pour se nourrir? Comment ira-t-il à l’école?
Qui prendra soin de lui, s’il nous arrive quelque chose? Comment pourra-t-il
mener un jour une vie indépendante?»
La capacité de raisonnement dont nous sommes pourvus peut être à la fois
une bénédiction et une malédiction. Tout comme mes parents, vous vous
êtes sûrement déjà inquiété(e) pour l’avenir. Cependant, c’est généralement
ce que nous craignons le plus qui se révèle être le moins problématique. Il
est parfaitement normal de faire des prévisions et d’élaborer des plans pour
l’avenir, mais ce qui nous fait peur peut aussi nous réserver les plus belles
[30]
surprises. Très souvent, les choses finissent par tourner dans le bon sens.
Durant mon enfance, la capacité de contrôler mon pied gauche a constitué
l’une de mes meilleures surprises. Instinctivement, je l’utilisais pour me
rouler ici et là, donner des coups, pousser des choses et m’appuyer dessus.
Mes parents, ainsi que les médecins, ont pensé qu’il était possible d’en faire
un meilleur usage. J’avais deux doigts de pied, mais à ma naissance ils
étaient collés ensemble. Ils ont décidé qu’une opération visant à libérer ces
doigts me permettrait de les utiliser pour tenir un stylo, tourner des pages et
faire d’autres choses encore.
Nous vivions alors à Melbourne, en Australie, où l’on pouvait avoir accès
aux meilleurs soins médicaux du pays. Je présentais des défis qui
dépassaient les compétences de la plupart des professionnels de la santé.
Pendant que les médecins me préparaient pour la chirurgie du pied, ma mère
insistait sans cesse sur le fait que la plupart du temps ma température était
élevée et qu’ils devaient faire attention à ce que mon corps ne surchauffe
pas. Elle avait entendu parler d’un autre enfant dépourvu de membres qui
avait eu ce problème durant une opération, ce qui lui avait valu des lésions
cérébrales après une attaque.
Ma tendance à l’«autocuisson» a donné lieu à un dicton toujours en vogue
dans ma famille: «Quand Nick a froid, les canards gèlent.» Blague à part, il
est vrai que, si je fais trop d’efforts, subis un stress intense ou reste trop
longtemps au chaud, ma température monte dangereusement. Je dois
toujours faire attention à ne pas surchauffer.
Ma mère a suggéré à l’équipe du bloc opératoire de surveiller ma
température. Bien que connaissant sa profession, les médecins n’ont pas
[31]
pris ses conseils au sérieux. L’opération de séparation de mes orteils a été un
succès, mais il est arrivé ce que ma mère redoutait: je suis sorti du bloc
opératoire trempé de sueur, car ils n’avaient pas pris de précautions pour
éviter que mon corps ne surchauffe. Quand ils ont constaté que ma
température grimpait et devenait incontrôlable, ils ont essayé de me refroidir
avec des draps mouillés et ont même mis de la glace sur moi pour m’éviter
une attaque.
Ma mère était furieuse, et les médecins ont pu éprouver toute la force de sa
colère!
Cependant, une fois refroidi (au sens propre du terme), j’ai reçu une
nouvelle dimension grâce aux deux orteils libérés. Ils n’ont pas fonctionné
exactement comme les médecins l’espéraient, mais je me suis adapté en
conséquence. Il est fascinant de voir combien un petit pied et une paire
d’orteils peuvent être utiles dans la vie d’un gars sans bras ni jambes. Cette
opération et les nouvelles technologies m’ont libéré et m’ont donné la
possibilité d’utiliser des fauteuils roulants fabriqués sur mesure, ainsi que les
ordinateurs et les téléphones portables.
Je ne connais pas exactement le fardeau que vous devez porter et je ne
prétends pas avoir vécu les mêmes situations de crise que vous, mais songez
à ce que mes parents ont enduré lorsque je suis venu au monde. Imaginez
leurs sentiments, imaginez combien l’avenir a dû leur sembler sombre.
Vous ne voyez peut-être pas, pour le moment, la lumière au bout de votre
propre tunnel. Sachez que mes parents ne pouvaient pas imaginer l’existence
merveilleuse qui m’attendait. Ils ne pensaient absolument pas que leur fils
serait indépendant, pleinement engagé dans la vie professionnelle et même
tout à fait heureux!
La plupart de leurs craintes ne sont jamais devenues réalité. Certes,
[32]
m’élever n’a pas été facile, mais je pense que pour toutes les épreuves
endurées, nous avions la même part de rire et de joie. J’ai joui d’une enfance
normale durant laquelle j’ai terrorisé mon petit frère Aaron et ma jeune sœur
Michelle comme n’importe quel grand frère!
Vous vous demandez peut-être si votre sort va s’améliorer. Vous ne pouvez
même pas imaginer tout le bien qui vous attend si vous refusez
d’abandonner. Restez concentré(e) sur votre rêve et faites ce qu’il faut pour
rester dans la course. Vous avez le pouvoir de changer les choses.
Poursuivez ce que vous désirez obtenir.
Ma vie est une aventure qui se poursuit toujours, et la vôtre l’est aussi.
Commencez dès maintenant à en écrire le premier chapitre! Remplissez-la
d’aventures, d’amour et de bonheur. Vivez votre histoire en même temps
que vous l’écrivez!
La quête de sens
Je dois avouer que pendant longtemps je ne croyais pas pouvoir décider de
la tournure que prendrait ma vie. Je luttais pour comprendre quelle était ma
place dans le monde et quel chemin je devais emprunter. En grandissant, j’ai
acquis la conviction qu’il n’y avait rien de positif à avoir un corps raccourci
comme le mien. Bien sûr, on ne me demandait pas de me lever de table pour
aller me laver les mains et on ne m’a jamais marché sur les pieds, mais ces
quelques avantages ne m’apportaient pas une grande consolation.
Mon frère, ma sœur et mes cousins – petits fous – ne m’ont jamais laissé
m’apitoyer sur moi-même. Ils ne m’ont jamais chouchouté non plus. Ils
m’ont accepté tel que j’étais, mais ils m’ont aussi aidé à me construire en
[33]
sa place, et de s’imaginer ce que l’avenir lui réserve. Souvent, les enfants qui
me blessaient ne le faisaient pas par cruauté mais par manque de tact. Ils me
demandaient pourquoi je n’avais ni bras ni jambes.
Je voulais m’intégrer à l’instar de n’importe qui. Dans les bons jours,
j’arrivais à les gagner par mon humour, mon aptitude à rire de moi-même et
mes acrobaties sur l’aire de jeux. Dans les mauvais jours, je me cachais
derrière les buissons ou dans des classes vides pour échapper aux coups et
aux moqueries. Une partie du problème provenait du fait que j’avais toujours
passé plus de temps avec des adultes et mes cousins plus âgés que moi
qu’avec des enfants de mon âge. J’avais un air plus mature et mes pensées,
plus profondes, m’amenaient parfois dans des zones ténébreuses. «Jamais
une fille ne m’aimera. Je n’ai même pas de bras pour la serrer contre moi. Si
j’ai des enfants, je ne pourrai pas les prendre dans mes bras non plus. Quel
genre de travail pourrai-je exercer? Qui m’emploiera? Pour la plupart des
postes, il faudrait une deuxième personne afin qu’elle m’aide à accomplir la
tâche pour laquelle on m’a embauché. Qui voudrait engager une personne
pour le prix de deux?»
Mes défaillances avaient beau se situer essentiellement à un niveau
physique, elles avaient aussi un impact sur mon état émotionnel. J’ai
traversé, quand j’étais petit, une période de dépression effroyable. Puis,
durant mes années d’adolescence, à mon grand étonnement et ma grande
gratitude – qui perdurent à ce jour –, j’ai été progressivement accepté,
d’abord par moi-même, puis par les autres.
Nous traversons tous des périodes où nous nous sentons exclus, rejetés ou
mal aimés. Nous avons tous nos angoisses. La plupart des enfants ont peur
que l’on se moque d’eux parce que leur nez est trop grand ou parce que
[36]
leurs cheveux sont trop frisés. Les adultes ont peur de ne pas arriver à payer
toutes leurs factures ou de ne pas être à la hauteur de ce qu’on attend d’eux.
Vous connaîtrez des moments de doute et de peur; cela peut arriver à
chacun de nous. Il est naturel d’être déprimé, cela fait partie de notre nature
humaine. De tels sentiments ne représentent un danger que si vous vous
attardez sur les pensées négatives, au lieu de les laisser repartir comme elles
sont venues.
Dès lors que vous croyez avoir des dons – des talents, du savoir, de
l’amour – à partager avec les autres, vous êtes sur la voie de l’auto-
acceptation, même si vos dons ne sont pas encore apparents. Une fois sur le
chemin, d’autres viendront vous trouver et marcheront avec vous.
Me faire entendre
J’ai trouvé le chemin de ma vocation en essayant de me faire entendre de
mes camarades de classe. Si vous avez joué le rôle du nouveau qui prend son
repas tout seul, vous devez sûrement comprendre qu’être le nouveau en
fauteuil roulant a été plus difficile encore. Nos déménagements de
Melbourne à Brisbane, aux Etats-Unis, puis de nouveau à Brisbane m’ont
obligé à m’adapter chaque fois, ce qui ne m’a pas facilité la tâche.
Mes nouveaux camarades de classe pensaient souvent que j’étais handicapé
non seulement physiquement mais aussi mentalement. Ils gardaient en
général leurs distances, sauf si j’avais le courage d’entamer des
conversations à la cafétéria ou dans les couloirs de l’école. Au fur et à
mesure, ils ont accepté l’idée que je n’étais pas un extraterrestre envoyé de
l’espace au milieu d’eux.
Parfois, Dieu veut que vous agissiez. Vous pouvez souhaiter, rêver,
[37]
espérer, mais vous devez aussi agir en conséquence et faire un effort pour
atteindre ce qui est hors de votre portée actuelle pour vous retrouver là où
vous voulez être. Je voulais que les personnes de mon école sachent
qu’intérieurement je n’étais pas différent d’eux. Pour y arriver, j’ai dû sortir
de ma zone de confort personnel. En retour, j’ai reçu des récompenses
extraordinaires.
Avec le temps, les conversations avec mes camarades de classe ont eu pour
thème la vie dans un monde où tout est fait pour les personnes pourvues de
bras et de jambes. Elles m’ont valu des invitations à parler devant des
étudiants, des groupes de jeunes à l’église et d’autres organisations pour
ados. Voici une merveilleuse vérité, qui est essentielle: nous avons chacun
un don, un talent, un savoir-faire ou un art qui nous apporte du plaisir et
nous motive. Le chemin du bonheur passe souvent par ce don. Je trouve
étonnant qu’on ne l’enseigne pas à l’école.
Si vous êtes encore en recherche, essayez de savoir ce qui vous épanouit; je
vous suggère de faire une auto-évaluation. Prenez un stylo et une feuille de
papier ou un ordinateur et faites une liste de vos activités préférées. Qu’est-
ce qui vous attire? Que pouvez-vous faire et poursuivre des heures durant,
perdant toute notion du temps et de l’espace? Et maintenant, que voient les
autres en vous? Complimentent-ils vos talents d’organisateur ou vos
capacités d’analyse? Si vous n’êtes pas sûr(e), demandez à votre famille et à
vos amis quels sont vos points forts, d’après eux.
Voilà quelques indices pour trouver votre chemin dans la vie, cette voie
enfouie au plus profond de vous. Nous arrivons tous dans ce monde nus et
pleins de promesses. Nous sommes comme des cadeaux prêts à être
[38]
ouverts. Quand vous trouvez quelque chose qui vous motive tellement que
vous seriez prêt(e) à le faire gratuitement toute la journée, vous êtes sur la
bonne voie. Si vous rencontrez quelqu’un qui est désireux de vous payer
pour cela, vous avez votre carrière.
Au début, mes petites conversations informelles avec les jeunes
constituaient une façon d’aller vers eux, de leur montrer que j’étais
exactement comme eux. J’avais le regard tourné vers l’intérieur, j’étais
reconnaissant d’avoir une chance de faire connaître mon monde et de tisser
des liens. Je savais ce que le fait d’en parler m’apportait, mais il m’a fallu un
peu de temps pour comprendre que mes paroles pouvaient aussi avoir un
impact sur les autres.
Trouver ma voie
Un jour, alors que je parlais devant une assemblée d’environ 300 élèves de
ce que je ressentais et croyais, quelque chose de merveilleux s’est produit. Il
était arrivé que des élèves ou des professeurs laissent couler quelques larmes
quand je leur racontais les épreuves que j’avais affrontées, mais, pendant
cette conférence-là, une jeune fille a éclaté en sanglots. Je ne savais pas ce
qui lui arrivait; j’avais peut-être déclenché chez elle un terrible souvenir. J’ai
été époustouflé lorsqu’elle a eu le courage, malgré sa tristesse, de lever la
main pour prendre la parole. Elle m’a alors demandé si elle pouvait
s’approcher de moi pour me serrer dans ses bras. J’étais atterré!
Je l’ai invitée à avancer, et elle a essuyé ses larmes en venant vers le devant
de la salle, puis elle m’a donné l’une des meilleures accolades de toute ma
vie. A ce moment-là, tout l’auditoire pleurait, même moi. Cependant, j’ai
[39]
avenir et de l’espérance3.
Faire le nécessaire
Il n’y a aucun doute là-dessus: la vie peut être cruelle. Parfois les mauvaises
nouvelles ne cessent de s’accumuler, et vous n’en voyez pas le bout. Vous
n’allez probablement pas aimer ce que je vais dire, mais vous n’êtes peut-
être pas encore convaincu(e) que cela peut vous arriver maintenant.
Vous et moi avons une vision limitée, car nous sommes de simples mortels.
Nous ne pouvons absolument pas voir ce qui nous attend. C’est en même
temps une bonne nouvelle et une mauvaise. J’aimerais vous encourager en
vous assurant que ce qui vous attend est peut-être bien meilleur que tout ce
que vous avez pu imaginer. Mais c’est à vous de vous lever, de faire la
traversée et d’y arriver!
Que vous essayiez d’améliorer une existence déjà belle ou que vous vouliez
en changer parce qu’elle est mauvaise, ce qui va vous arriver dès maintenant
est entre vos mains et entre les mains du Créateur. Il est vrai que vous ne
pouvez pas tout contrôler. Il n’est pas rare que de mauvaises choses arrivent
à de très bonnes personnes. Il peut sembler injuste que vous ne soyez pas
né(e) pour avoir une vie facile. Si c’est la réalité, vous devrez l’accepter.
Vous pouvez trébucher. D’autres peuvent douter de vous. Lorsque j’ai
choisi le métier de conférencier, même mes parents ont remis ma décision en
cause. Mon père pensait qu’une carrière dans la comptabilité, avec mon
[41]
Eclairer le chemin
A 15 ans, j’ai mis ma vie en règle avec Dieu, lui demandant de me
pardonner et de me guider. Je lui ai demandé d’éclairer le chemin de ma
vocation. J’ai été baptisé; 4 ans plus tard, j’ai commencé à parler aux autres
de ma foi, et j’ai su que j’avais trouvé ma voie. Ma carrière de conférencier
et prédicateur s’est transformée en un ministère plus général. Il y a quelques
années à peine, j’ai vécu une expérience qui m’a encore plus encouragé et
m’a donné la certitude que j’avais choisi le bon chemin.
Je suis arrivé un dimanche matin dans une église californienne où je devais
parler. Tout était normal. Contrairement à de nombreuses rencontres qui
avaient lieu dans des coins éloignés du monde, celle-là se tenait près de
[42]
chez moi: l’église de Knott Avenue à Anaheim. Elle était située non loin de
ma maison.
Lorsque je suis entré avec mon fauteuil roulant, la chorale venait juste
d’entonner un chant pour commencer le culte. Bien que grande, l’église était
remplie de fidèles. J’ai pris place à l’avant et commencé à me préparer
psychologiquement pour mon discours. C’était la première fois que j’allais
m’adresser aux personnes de Knott Avenue, et je ne m’attendais pas à y être
connu. A ma grande surprise, j’ai entendu, par-dessus le chant, quelqu’un
m’appeler par mon prénom.
Je n’avais pas reconnu la voix et n’étais même pas sûr d’être le Nick que
l’on appelait, mais en me retournant j’ai vu un homme d’un certain âge faire
un signe de la main qui m’était clairement adressé.
«Nick! Par ici!» a-t-il répété.
Il m’a montré alors un jeune homme, debout près de lui, qui semblait tenir
un enfant dans ses bras. Il y avait tant de monde qu’au début je n’ai pu voir
que le scintillement des yeux du petit, quelques cheveux foncés et brillants
et un grand sourire édenté de bébé.
Alors l’homme a soulevé le petit garçon au-dessus de la foule pour que je
puisse le voir plus distinctement. Soudain, une vague d’intense émotion m’a
parcouru. Si j’avais eu des genoux, ils auraient tremblé.
Le petit garçon aux yeux brillants était comme moi: sans bras et sans
jambes. Il avait même un petit pied gauche comme le mien. Il avait
seulement 19 mois et il était exactement comme moi. J’ai donc compris
pourquoi les deux hommes voulaient tellement que je le voie. J’ai appris
plus tard qu’il s’appelait Daniel Martinez. Il était le fils de Chris et de Patty.
J’étais censé me préparer pour mon discours, mais le fait de voir Daniel – et
me voir moi-même dans cet enfant – a déclenché un tel torrent d’émotions
[43]
Moment de révélation
Pour moi, ce moment a été formidable et surréaliste. Je suis resté sans voix
– ce qui n’arrive pas souvent – et, lorsque Daniel m’a regardé, mon cœur a
fondu. Je me voyais encore tel un enfant. Etant donné que je n’avais jamais
vu quelqu’un comme moi, il m’était bon de savoir que je n’étais pas seul,
que je n’étais pas différent de toutes les personnes de cette planète. J’avais
en effet l’impression que personne ne comprenait vraiment ma douleur et ma
solitude.
Quand je repense à mon enfance, je suis frappé de toute la douleur que j’ai
ressentie uniquement en voyant à quel point j’étais différent. Quand les
autres m’évitaient ou se moquaient de moi, cela ne faisait que retourner le
couteau dans la plaie. Mais grâce à cette rencontre avec Daniel, toute ma
souffrance est devenue insignifiante, en comparaison avec la grâce, la gloire
et la puissance infinies de Dieu.
Je ne souhaiterais à personne d’avoir mon handicap. J’étais donc triste pour
Daniel. Je savais pourtant que Dieu avait amené cet enfant devant moi afin
que je puisse alléger son fardeau. C’était comme s’il me faisait un clin d’œil
en disant: «Je t’ai eu! Tu vois, j’avais bien un projet pour toi!»
[46]
Avec le cœur
Je n’ai bien sûr pas réponse à tout. Je ne connais pas les blessures ou les
épreuves spécifiques que vous devez affronter. Je suis venu dans ce monde
physiquement handicapé, mais je n’ai jamais connu la douleur de la violence
ou de l’indifférence. Je n’ai jamais eu à gérer une famille brisée. Je n’ai pas
eu à faire face à la mort de mes parents, de mon frère ou de ma sœur.
Beaucoup d’expériences douloureuses m’ont été épargnées, et je suis sûr que
mon existence, à bien des égards, a été plus facile que celle de nombreuses
personnes.
Au moment clé de ma vie où j’ai vu Daniel tenu devant la foule dans cette
église, j’ai compris que j’étais devenu le miracle pour lequel j’avais prié.
Dieu ne m’a pas donné un tel miracle, mais il a fait de moi le miracle de
Daniel.
J’avais 24 ans quand j’ai rencontré le garçonnet. Patty, sa mère, m’a serré
dans ses bras, un peu plus tard dans la journée; c’était, pour elle, comme se
projeter dans l’avenir et embrasser son propre fils déjà grand.
Elle m’a dit: «Vous ne pouvez pas imaginer! J’ai prié pour que Dieu me
donne un signe et me fasse savoir que mon fils et moi n’étions pas oubliés.
Vous êtes un miracle. Vous êtes notre miracle.»
Le fait que, ce dimanche-là, mes parents étaient en route pour me rendre
leur première visite aux Etats-Unis était aussi fantastique. Je m’y étais
installé un an plus tôt. Deux jours plus tard, ils ont rencontré Daniel et ses
parents. Comme vous pouvez l’imaginer, ils avaient beaucoup de choses à se
dire.
Chris et Patty ont peut-être vu en moi une bénédiction pour Daniel, mais
mes parents l’étaient encore plus pour eux. Qui pouvait mieux les préparer et
les conseiller pour l’éducation d’un enfant sans bras ni jambes? Nous
[47]
de limites
Dans ma vie de tous les jours et lors de mes voyages, j’ai été de nombreuses
fois témoin de la force incroyable de l’esprit humain. Je suis certain que des
miracles se produisent, mais essentiellement pour ceux qui s’accrochent à
l’espoir. Qu’est-ce que l’espoir? C’est le début de nos rêves, la voix de notre
appel. Il nous parle et nous rassure en nous disant que ce qui nous arrive
n’est pas en nous. Peut-être ne contrôlons-nous pas ce qui nous arrive, mais
nous pouvons contrôler notre manière de réagir.
Martin Luther King Jr a dit: «Tout ce qui est accompli dans ce monde l’est
grâce à l’espoir.» Je crois que tant que nous respirons, l’espoir est à notre
portée. Nous sommes, vous et moi, de simples humains, incapables de voir
dans l’avenir. Nous pouvons seulement imaginer de quoi il pourrait être fait.
Dieu seul sait comment notre vie se déroulera; l’espoir est un cadeau qu’il
nous a donné, une fenêtre à travers laquelle nous pouvons regarder. Nous ne
pouvons pas savoir quel avenir il a préparé pour nous. Ayez confiance en
lui, gardez l’espoir dans votre cœur, et même face aux pires événements,
faites de votre mieux pour vous préparer au meilleur!
Parfois, bien sûr, nos requêtes ne sont pas exaucées. Des drames se
[54]
produisent en dépit de nos prières et de notre foi. Même quand notre cœur
est pur, nous pouvons connaître des pertes terribles et le malheur. Les
tremblements de terre meurtriers survenus à Haïti, au Chili, au Mexique ou
encore en Chine ne sont que quelques exemples des souffrances et tragédies
quotidiennes. Des milliers de personnes sont mortes dans ces catastrophes
naturelles. Leurs rêves et leurs espoirs ont disparu avec elles. Beaucoup de
mères ont perdu leur enfant, et beaucoup d’enfants ont perdu leur mère.
Comment garder espoir au milieu de tout cela? Une chose me réconforte
lorsque j’entends parler de ces catastrophes: elles déclenchent un élan
incroyable de solidarité. Au moment même où l’on se demande comment
garder espoir au milieu d’une telle horreur, des centaines de volontaires
désintéressés affluent. Etudiants, médecins, ingénieurs, secouristes et
ouvriers donnent d’eux-mêmes et de leur talent pour aider ceux qui ont
survécu.
L’espoir apparaît également dans les pires moments pour nous donner la
preuve de la présence de Dieu à nos côtés. Ma propre souffrance semble si
petite, comparée aux épreuves de tant de personnes que j’ai rencontrées. J’ai
aussi vécu la douleur de perdre un proche. Roy, mon cousin de 27 ans, a
succombé au cancer malgré les prières ferventes de tous les chrétiens de
notre famille, notre église et notre entourage. La perte de quelqu’un de si
proche vous brise le cœur et reste difficile à comprendre; c’est pourquoi il
est important pour moi d’avoir de l’espoir. Le mien dépasse le cadre de notre
existence terrestre. L’espérance suprême réside dans le ciel. Ma famille tire
une grande consolation de la conviction que mon cousin, qui croyait en
Jésus-Christ, est au ciel avec lui et ne souffre plus.
Même quand les situations les plus difficiles semblent franchir le cap du
[55]
Un don puissant
Je crois que face au désespoir, la force de l’espoir peut l’emporter. Cette
conviction a été renforcée lors de ma première visite en Chine en 2008. J’ai
vu la Grande Muraille et me suis extasié devant l’une des merveilles du
monde. Mais le plus grand moment de mon voyage a été celui où j’ai vu la
[56]
lumière briller dans les yeux d’une petite Chinoise. Elle participait avec
d’autres enfants à un spectacle digne de la cérémonie d’ouverture des Jeux
olympiques. Son visage radieux a capté mon attention, et je ne pouvais plus
détourner le regard. Tout en faisant des pas de danse précis avec les autres,
elle tenait en équilibre sur la tête une assiette en rotation. Elle était très
concentrée et, en dépit de tout ce qu’elle devait garder à l’esprit, elle arborait
une expression de bonheur intense qui m’a ému jusqu’aux larmes.
Cette fille et tous les enfants de ce spectacle étaient devenus orphelins suite
à un grand tremblement de terre qui avait dévasté la région, à peine quelques
mois plus tôt. Ils étaient plus de 4000. Mon aide-soignant, le coordinateur de
notre voyage et moi étions venus apporter des fournitures. On m’a demandé
de leur parler pour les encourager.
En route vers l’orphelinat, j’ai été frappé de la destruction et la souffrance
causées par le tremblement de terre. Je regardais cette ville dévastée et me
demandais ce que je pourrais dire à ces orphelins. La terre s’était ouverte et
avait englouti tout ce qu’ils aimaient et connaissaient. Je n’ai jamais vécu
quelque chose d’aussi terrible. Nous leur apportions des manteaux chauds et
d’autres vêtements, mais comment pouvais-je leur donner de l’espoir?
Lorsque je suis arrivé, les enfants sont venus m’embrasser les uns après les
autres. Je ne parlais pas leur langue, mais cela ne faisait rien. Leur visage en
disait suffisamment long. Malgré les circonstances, ils étaient radieux. Je
n’aurais pas dû m’inquiéter de ce que je leur dirais: je n’avais pas à inspirer
ces enfants; au contraire, ce jour-là, ce sont eux qui l’ont fait. Après avoir
perdu leurs parents, leur maison et tous leurs biens, ils exprimaient de la
[57]
joie!
Je leur ai dit combien j’admirais leur courage et les ai incités à continuer de
regarder vers l’avant, à oser rêver d’une vie meilleure et à poursuivre leurs
rêves de toutes leurs forces.
Oser rêver
Ayez le courage de poursuivre vos rêves et ne doutez jamais de votre
capacité à affronter tout défi qui pourrait se poser à vous sur le chemin! J’ai
vu l’aptitude extraordinaire qu’ont les hommes à s’élever au-dessus de leur
condition non seulement dans les orphelinats de Chine, mais aussi dans les
ghettos de Mumbaï ou dans les prisons de Roumanie. Je suis récemment
intervenu dans un centre d’aide sociale, en Corée du Sud, où certains
pensionnaires étaient handicapés. Il y avait aussi des mères seules. La force
de leur état d’esprit m’a frappé. J’ai visité, en Afrique du Sud, une prison qui
avait des murs de béton et des barreaux rouillés. Les plus grands criminels
n’avaient pas le droit d’assister à notre culte dans la chapelle; je pouvais
pourtant entendre toute la prison chanter du gospel avec nous. On aurait dit
que le Saint-Esprit avait rempli toute cette population de la joie de Dieu. Ils
étaient physiquement emprisonnés mais intérieurement libres grâce à leur foi
et à leur espérance. Quand j’ai quitté ce jour-là l’enceinte de la prison, j’ai
senti que ces détenus étaient plus libres que beaucoup de personnes qui ne
sont pas derrière des barreaux. Vous pouvez aussi inviter l’espoir à venir
habiter votre cœur.
La tristesse a droit de cité: il est parfaitement normal de la ressentir, mais
nous ne devrions jamais la laisser [58]nuit et jour dominer nos pensées.
Nous pouvons contrôler notre réaction en nous tournant vers des idées et des
comportements plus positifs et encourageants.
Etant donné que je suis croyant, c’est ma foi qui m’aide dans les moments
de détresse. Mais – cela peut paraître surprenant – c’est ma formation en
comptabilité qui m’offre une approche plus pratique. Si vous dites que vous
n’avez pas d’espoir, cela veut dire que vous pensez qu’il y a zéro chance que
quelque chose de bien arrive dans votre vie.
Zéro? Ne croyez-vous pas que c’est un peu extrême? La puissance de la foi
en des jours meilleurs est tellement indiscutable que, pour moi, il semble
bien plus probable que votre vie aille vers le mieux. L’espérance, au même
titre que la foi et l’amour, est l’un des piliers de la spiritualité chrétienne.
Quelle que soit votre opinion, vous ne devriez jamais vous en priver, car tout
ce qui arrive passe par l’espérance. Si vous n’aviez pas d’espoir, auriez-vous
pensé un jour à fonder une famille? Si vous n’aviez pas d’espoir, auriez-
vous essayé d’acquérir de nouvelles connaissances? L’espérance est le
tremplin de presque tous nos actes. L’espoir que je nourris, en écrivant ce
livre, c’est que vous découvriez une vie meilleure, une vie au-delà de toute
limite.
Un passage de la Bible dit: «Ceux qui comptent sur l’Eternel renouvellent
leur force. Ils prennent leur envol comme les aigles. Ils courent sans
s’épuiser, ils marchent sans se fatiguer.»4 La première fois que j’ai entendu
ce verset, j’ai compris que je n’avais pas besoin de bras ou de jambes. Dieu
ne nous laisse jamais tomber. Continuez à aller de l’avant, car l’action
produit un élan qui, à son tour, est porteur d’occasions inattendues.
[59]
Des clapotis aux grandes vagues
Le tremblement de terre dévastateur qui a frappé Haïti en 2009 a plongé le
monde entier dans le deuil. Pourtant, malgré toutes les tragédies provoquées
par cette catastrophe d’envergure, ces circonstances ont aussi permis de
montrer les qualités et le courage des survivants, qui ont refusé
d’abandonner alors que tout était contre eux.
Marie avait un fils, Emmanuel. On le croyait mort, enseveli sous les
décombres d’un bâtiment. Ce tailleur âgé de 21 ans se trouvait chez lui avec
sa mère lorsque le tremblement de terre a frappé. Elle a pu s’échapper, mais
elle n’a pas pu le retrouver par la suite car leur maison n’était plus qu’un tas
de débris. Elle l’a cherché dans le campement dressé par les secouristes pour
les personnes n’ayant plus de toit, mais il n’était pas non plus parmi les
autres survivants. Elle a attendu, espérant qu’il la rejoindrait.
Au bout de plusieurs jours, elle est retournée chercher son fils au milieu du
chaos et de la destruction. L’endroit était très bruyant à cause des gros
engins de chantier; à un moment, elle a cru entendre Emmanuel l’appeler.
Elle a affirmé à un reporter qu’elle avait su à cet instant qu’il était possible
de le sauver.
Marie a fait savoir à tout le monde que son fils se trouvait sous les débris et
l’avait appelée, mais personne ne pouvait l’aider. Elle n’a pu trouver une
équipe d’ingénieurs expérimentés que lorsque les équipes internationales
sont arrivées. Elle a convaincu les secouristes que son fils était encore en
vie. Grâce à leurs connaissances et à leur équipement, ils ont creusé à travers
le béton armé et les débris exactement à l’endroit où elle avait entendu la
[60]
monde. Les miens avaient des difficultés à le faire. Lorsque j’ai grandi, j’ai
eu les mêmes doutes à ce sujet.
Nous avons tous connu une situation où notre vision de la vie se heurte à la
dure réalité comme une voiture contre un mur. Les caractéristiques de vos
expériences sont peut-être uniques, mais le désespoir est commun à tous les
hommes. Les ados me décrivent souvent par courriel la manière dont les
abus ou la négligence ont provoqué l’éclatement de leur famille. Les adultes
évoquent les ravages causés chez eux par l’alcool, la drogue ou la
pornographie. Certains jours, il me semble que la moitié des personnes avec
qui je m’entretiens luttent contre le cancer ou une autre maladie grave.
Comment fait-on pour garder espoir dans ces situations? Placez votre
confiance en Dieu, souvenez-vous que vous êtes là pour une raison et
focalisez-vous sur votre vocation. Quelle que soit l’épreuve à laquelle vous
faites face, vous avez reçu des moyens qui vous aideront à la traverser.
Pensez à mes parents et au profond désespoir dans lequel ils se sont
retrouvés.
Croire au meilleur
Rester positifs et motivés alors que notre fardeau semble insupportable est
réellement difficile. Quand je suis devenu suffisamment grand pour
comprendre quelles seraient les épreuves qui m’attendaient, j’ai souvent été
hanté par le désespoir. Je ne pouvais même pas imaginer que la vie me
réserverait quelque chose de positif. Les souvenirs des jours les plus noirs de
mon enfance sont très vagues. J’ai traversé une de ces périodes où il est
particulièrement difficile d’être différent des autres. Je suis sûr que vous
aussi, vous avez fait l’expérience de telles remises en question. Nous avons
[62]
bout d’un certain temps j’ai réussi à m’en servir. Cependant, comme je
m’étais déjà habitué à saisir les objets avec mon petit pied, mon menton ou
mes dents, le bras bionique semblait rendre les tâches quotidiennes encore
plus difficiles. Mes parents ont d’abord été déçus, mais ma confiance en moi
a augmenté; je voulais réussir à faire les choses par moi-même. Je les ai
encouragés et remerciés, puis j’ai continué à vivre.
La persévérance a fini par payer. Notre première expérience avec un
membre artificiel a été un échec, mais j’ai continué à croire que ma vie
tournerait bien. Mon optimisme et ma bonne humeur ont inspiré la filiale
locale du Lions Club – une organisation internationale de services – à
débloquer plus de 200’000 dollars pour payer les factures de mes soins ainsi
qu’un nouveau fauteuil roulant. Une partie de ces fonds nous a aidés à faire
le voyage à Toronto, au Canada, pour essayer une paire de bras
électroniques développée par une clinique pédiatrique. Cependant, les
spécialistes ont conclu que j’arrivais mieux à accomplir la plupart des tâches
sans l’aide de prothèses.
J’étais tout excité de savoir qu’il y avait des scientifiques et des inventeurs
qui travaillaient à me procurer un jour des membres, mais comme j’étais de
plus en plus déterminé à faire tout mon possible sans attendre que quelqu’un
d’autre trouve des solutions pour améliorer ma vie, je devais trouver par
moi-même. Encore aujourd’hui, je suis reconnaissant à quiconque m’aide,
que ce soit pour ouvrir la porte devant mon fauteuil roulant ou pour me faire
boire un verre d’eau. Nous devons cependant prendre la responsabilité de
notre propre bonheur et de notre succès. Vos amis et votre famille vous
tendent la main de temps à autre? Soyez-en reconnaissant(e), faites bon
[66]
moi son partenaire de miracle afin que le monde reconnaisse son existence.
Je priais en disant: «Seigneur, si tu me donnais des bras et des jambes, je
ferais le tour du monde pour partager ce miracle. J’irais sur les chaînes
nationales et raconterais à tous ce qui s’est passé, et le monde verrait ta
puissance.» Je lui disais que j’avais tout compris et que je voulais faire ma
part. Je me rappelle avoir aussi prié en ces termes: «Je sais que tu m’as fait
ainsi afin de pouvoir me donner des bras et des jambes et que ce miracle
prouve aux hommes ta puissance et ton amour.»
J’ai appris, enfant, que Dieu nous parlait de bien des façons, et je me disais
qu’il me répondrait en faisant naître une sensation en moi. Mais il n’y avait
que le silence. Je ne ressentais rien.
Mes parents me disaient: «Le Seigneur seul sait pourquoi tu es né ainsi.»
Puis je posais la question à Dieu, et il ne me répondait pas. Ces questions et
appels sans réponse me blessaient d’autant plus que je m’étais senti si près
de lui auparavant.
J’avais d’autres défis à affronter. Nous avions déménagé à 1500 kilomètres
vers le nord, sur la côte du Queensland, loin de ma grande famille. Mon
cocon protecteur d’oncles, de tantes et de 26 cousins m’avait été enlevé. Le
stress du déménagement pesait aussi sur mes parents. Malgré leur assurance,
leur amour et leur soutien, je ne pouvais me défaire de l’impression que je
représentais un énorme fardeau pour eux.
J’avais en quelque sorte des œillères qui m’empêchaient de voir toute
lumière dans ma vie. Je ne voyais pas comment je pourrais un jour me
rendre utile. Je me sentais comme une erreur de la nature, un monstre, un
enfant oublié de Dieu. Ma mère et mon père ont fait de leur mieux pour me
[72]
de suite.»
Comme je l’ai dit plus tôt en expliquant comment j’ai appris à nager,
j’arrivais à flotter en remplissant mes poumons d’air. Là, j’essayais de
calculer combien d’air je devrais garder dans mes poumons en me
retournant. «Dois-je retenir mon souffle en me retournant? Est-ce que je
prends une grande respiration ou juste une petite? Ou devrais-je juste vider
mes poumons et me retourner?»
Finalement, je me suis simplement retourné et j’ai plongé mon visage sous
l’eau. Instinctivement, j’ai retenu mon souffle, et comme j’avais de bons
poumons, j’ai flotté, semble-t-il, assez longtemps.
Une fois à court d’oxygène, je me suis retourné.
Je ne peux pas le faire.
Mais les pensées sombres persistaient: «Je ne veux pas être ici. Je veux
juste disparaître.»
J’ai soufflé la plupart de l’air de mes poumons et je me suis retourné encore
une fois. Je savais que je pouvais retenir mon souffle pendant au moins
10 secondes, donc j’ai compté: 10… 9… 8… 7… 6… 5… 4… 3…
Pendant le décompte, l’image de mes parents en pleurs devant ma tombe a
traversé mon esprit. J’ai aussi vu Aaron, mon frère de 7 ans, en larmes. Ils
pleuraient tous en disant que c’était de leur faute et qu’ils auraient dû faire
plus pour moi.
Je ne pouvais pas supporter l’idée de leur laisser porter le poids de ma mort
durant le reste de leur vie.
Je suis un égoïste.
Je me suis retourné sur le dos et j’ai pris une profonde respiration. Je ne
pouvais pas faire cela. Je ne pouvais pas laisser ma famille avec un tel
fardeau de perte et de culpabilité.
Mais mon angoisse restait insupportable. Cette nuit-là, j’ai dit à Aaron,
[75]
comprendre comment les choses allaient s’arranger pour moi, mais, puisque
lui m’avait dit qu’elles s’arrangeraient, je l’ai cru.
Après cette conversation, j’ai dormi sur mes deux oreilles. J’avais toujours,
de temps à autre, de mauvaises journées et nuits; j’avais néanmoins
confiance en mes parents et je me suis accroché à l’espérance pendant très
longtemps, avant de développer une vision personnelle du déroulement de
mon existence. Il y a eu des moments, et même de longues périodes, de
doute et de peur, mais heureusement, cet épisode a été le pire de tous.
Encore maintenant, j’ai des bas comme tout le monde, mais je n’ai plus
jamais envisagé le suicide. Lorsque je regarde en arrière et considère
l’évolution de ma vie depuis, je ne peux que remercier Dieu de m’avoir
arraché à mon désespoir.
S’accrocher à l’espérance
J’ai été béni de pouvoir atteindre tant de personnes avec un message porteur
d’espoir, au moyen de conférences dans 24 pays, de DVD et de vidéos
visionnées des millions de fois sur YouTube. Imaginez: je serais passé à côté
de tant de joies, si je m’étais ôté la vie à l’âge de 10 ans! J’aurais manqué
l’occasion extraordinaire de parler de mon histoire et de ce que j’ai appris
avec 120’000 personnes en Inde, 18’000 dans une arène en Colombie et
9000 pendant un orage en Ukraine.
Avec le temps, j’ai compris que, même si je n’avais pas pris ma vie lors de
cette sombre journée, Dieu l’avait prise. Il a pris mon existence et lui a
donné plus de sens, une vocation et plus de joie qu’un garçon de 10 ans
aurait pu le comprendre.
Ne commettez pas l’erreur que j’ai failli commettre.
[77]
La foi est définie dans la Bible comme étant la ferme assurance des choses
qu’on espère, la démonstration de celles qu’on ne voit pas6. Nous ne
pourrions pas vivre sans la foi, sans mettre notre confiance en quelque
chose, même si nous n’avons pas de preuves. La plupart du temps, on parle
de la foi en termes de croyance religieuse, mais il y a bien d’autres types de
foi qui font partie du quotidien. En tant que chrétien, je vis en accord avec
ma croyance en Dieu. Bien que je ne puisse ni le voir ni le toucher, je sais
dans mon cœur qu’il existe, et je remets mon avenir entre ses mains. Je ne
sais pas ce que le lendemain me réserve, mais, puisque je crois en lui, je sais
qui est le maître de ce lendemain.
C’est une forme de foi. Je pratique la foi dans de nombreux domaines de la
vie. J’accepte qu’il y ait des éléments que je suis incapable de voir, toucher
ou sentir, mais j’y crois malgré tout. Je crois que l’oxygène existe, et je crois
que la science a raison de dire que nous en avons besoin pour survivre. Je ne
peux pas voir, toucher ou sentir l’oxygène; je sais simplement qu’il est là
parce que je suis là. Si je suis en vie, alors je le respire, donc l’oxygène
existe.
De la même façon que nous avons besoin d’oxygène pour vivre, nous
[80]
dans notre cœur. Il est possible que je ne sois pas en mesure de prouver tout
ce que je crois, mais j’ai la conviction que je suis bien plus proche de la
vérité lorsque je vis dans la foi plutôt que dans le désespoir. Lorsque je
m’adresse, tous les ans, à des milliers d’écoliers, j’explore souvent ce que
signifie croire en ce que l’on ne peut pas voir. (Au début, il arrive que les
plus petits aient peur de moi; j’ignore pourquoi, puisque nous avons à peu
près la même taille. Je leur explique que je suis petit pour mon âge.) Je
plaisante avec eux pour les mettre à l’aise. Une fois qu’ils sont habitués au
fait que je n’ai pas de membres, la plupart sont fascinés par mon petit pied
gauche. Quand je les vois le montrer du doigt ou le fixer, je les salue avec lui
et plaisante au sujet de ma «petite cuisse de poulet». Cela les fait toujours
rire, car cette description est très exacte.
La première à faire cette observation a été ma sœur Michelle, de 6 ans plus
jeune que moi. Nous avons souvent fait de longs voyages en voiture avec
nos parents. Nous étions, les trois enfants, entassés comme des sardines sur
le siège arrière. Comme la plupart des pères, le nôtre n’aimait pas s’arrêter
une fois que nous étions sur la route, et, quand nous avions faim, nous le
faisions savoir par signes.
Lorsque nous étions complètement affamés, nous devenions un peu fous et
faisions semblant de nous mordre les uns les autres. Lors d’un voyage,
Michelle a dit qu’elle avait l’intention de grignoter mon petit pied gauche
«parce qu’il a tout l’air d’une cuisse de poulet». Cela nous a fait rire, mais
j’ai oublié sa description. Puis, quelques années plus tard, elle a amené un
chiot à la maison. Ce petit animal essayait d’attraper mon pied avec ses
dents chaque fois que je m’asseyais. Je le chassais, mais il revenait encore
[82]
et encore. «Vous voyez, même mon petit chien le prend pour une cuisse de
poulet!» a dit Michelle.
J’ai aimé l’expression. Depuis ce jour, je raconte toujours cette histoire
lorsque je m’adresse aux enfants. Puis, grâce à cette introduction, je leur
demande s’ils pensent que j’ai un seul pied ou deux. La question les fait
toujours réfléchir, puisqu’ils ne voient qu’un seul pied, mais le bon sens leur
dit que je dois en avoir deux.
La plupart des enfants croient ce qu’ils voient et me disent que je n’ai qu’un
seul pied. Alors je leur montre Junior, mon pied droit encore plus petit, qui
reste caché la plupart du temps. Ils sont parfois choqués à la vue de ce petit
pied droit pointant vers eux et frétillant. Alors ils commencent à crier et
s’exclamer. C’est drôle, car les enfants sont très spontanés, et ils admettent
qu’ils ont besoin de voir pour croire.
Je les encourage alors, tout comme je le fais pour vous, à croire que la vie
est pleine de possibilités. Même quand les temps sont durs, la clé pour aller
de l’avant consiste à nous laisser guider, non par ce que nous voyons, mais
par ce que nous pouvons imaginer. C’est ce qu’on appelle avoir la foi.
La confiance en vol
Mon imagination passe par les yeux de Dieu. Je lui fais confiance. J’ai la
pleine assurance, dans mon cœur, que même sans bras ni jambes je peux
construire une vie merveilleuse. De la même façon, vous devez croire que
rien ne vous est impossible. Croyez que si vous faites tout ce qui est en votre
pouvoir pour réaliser vos rêves, vos efforts seront récompensés.
Notre foi est parfois mise à l’épreuve avant que notre dur labeur ne paye.
[83]
Cela m’a été rappelé en 2009, pendant que j’étais en tournée pour des
conférences en Colombie, en Amérique du Sud. Je devais parler dans neuf
villes différentes en l’espace de 10 jours. Du fait qu’il y avait autant de
kilomètres à faire en aussi peu de temps, l’organisateur du voyage a affrété
un petit avion pour nous amener d’une ville à l’autre. Nous étions huit
personnes à bord, dont nos deux pilotes qui s’appelaient tous les deux
Miguel et ne parlaient pas un mot d’anglais. Durant l’un des vols, tout le
monde a été interpellé par le message automatique lu par l’ordinateur de
bord: «Redressez! Redressez!» L’alerte était en anglais!
La voix automatique faisait état de notre descente rapide avec une
insistance croissante: «200 mètres! 150 mètres! 100 mètres!» Ces rapports
étaient entrecoupés de l’injonction répétée: «Redressez! Redressez!»
Personne n’a paniqué, mais l’ambiance dans la cabine était plutôt tendue.
J’ai demandé à mon aide-soignant s’il ne pensait pas qu’il serait judicieux de
traduire l’avertissement de l’ordinateur de bord d’anglais en espagnol pour
les deux pilotes. Il m’a demandé si je pensais vraiment qu’ils ignoraient
notre situation. Je ne savais que penser, mais, puisque personne d’autre ne
semblait voir de problème, j’ai fait comme tout le monde et essayé de ne pas
paniquer. A mon grand soulagement, nous avons atterri rapidement. Plus
tard, lorsqu’un de nos traducteurs a mentionné ce moment de panique aux
pilotes, ils ont attrapé un fou rire.
L’un d’eux a expliqué par le biais du traducteur qu’ils savaient ce que
l’ordinateur disait mais qu’ils l’ignoraient délibérément lors des
atterrissages. «Vous devriez avoir plus de foi en vos pilotes, Nick!» a-t-il dit.
D’accord, je l’avoue, pendant un moment je ne faisais plus confiance aux
[84]
pilotes. Mais la plupart du temps je reste assuré que Dieu veille sur moi et
sur ma vie. Je vous donne un indice de la force de ma foi: j’ai une paire de
chaussures dans mon placard! Je crois véritablement possible qu’un jour je
sois capable de les porter et de marcher avec. Si vous pouvez imaginer un
meilleur avenir, vous pouvez le croire et y arriver. Une vision qui va au-delà
de toute limite.
Lorsque j’ai traversé ma période de dépression à l’âge de 10 ans,
physiquement je ne souffrais de rien. Je n’avais ni bras ni jambes, mais je
possédais tout ce dont j’avais besoin, à une exception près, pour mener la vie
utile et gratifiante que je mène aujourd’hui: en ce temps-là, je ne comptais
que sur ce que je pouvais voir. J’étais concentré sur mes limites plutôt que
sur mes possibilités.
Nous avons tous des limites. Je ne serai jamais une vedette de la NBA, mais
ce n’est pas grave, car je peux pousser d’autres à devenir les vedettes de leur
propre existence. Ne vivez jamais en fonction de ce qui vous manque; vivez
plutôt comme si vous pouviez faire tout ce que vous imaginez. Même les
contretemps et les tragédies sont porteurs de bénéfices inattendus,
improbables et absolument inimaginables, qui peuvent ne pas venir tout de
suite. Parfois vous vous demanderez quel bien peut ressortir de la situation,
mais ayez confiance. Même les tragédies peuvent se transformer en
triomphes.
Du surf
En 2008, j’étais à Hawaï pour une conférence, lorsque j’ai rencontré
Bethany Hamilton, une surfeuse de classe internationale. Vous vous
rappelez peut-être qu’en 2003 elle a été attaquée par un requin et a perdu
[85]
son bras gauche. Elle avait à peine 13 ans à ce moment-là, et elle était déjà
une surfeuse réputée. Elle a survécu et est revenue à son sport favori en
louant Dieu et en le remerciant de ses bénédictions. Le monde entier a pu
admirer son courage et sa foi stupéfiants. Maintenant, comme moi, elle
voyage aux quatre coins du globe pour évoquer ses convictions. Son but est
de parler tout simplement de sa confiance en Dieu, de faire savoir qu’il est
amour et de témoigner combien il a pris soin d’elle ce jour-là. Elle ne devrait
plus être en vie, car elle a perdu 70 % de son sang lors de cette attaque.
Avant notre rencontre, je n’avais jamais entendu l’histoire complète de ce
qui était arrivé et je n’avais pas compris à quel point cette extraordinaire
jeune femme était passée près de la mort. Elle priait pendant son transport à
l’hôpital, et le trajet pour y arriver durait 45 minutes. L’infirmier lui a
soufflé dans l’oreille des paroles de foi et d’encouragement: «Dieu ne te
laissera pas et ne t’abandonnera jamais.»
Les choses se présentaient plutôt mal. Ils sont finalement arrivés à l’hôpital
et l’ont préparée en hâte pour l’opération, mais toutes les salles étaient
occupées, et la vie de Bethany ne tenait qu’à un fil. Un patient a alors
renoncé à son opération du genou, qui allait tout juste commencer, afin que
son chirurgien puisse l’opérer. Cet homme était précisément… son père!
N’est-ce pas surprenant? Le chirurgien étant prêt à opérer, on a juste mis la
fille à la place du père, et il s’est mis au travail. Cette opération lui a sauvé la
vie.
Bethany s’est rétablie très vite, car c’était une jeune fille en excellente
forme, athlétique, à l’attitude positive. Trois semaines plus tard, elle faisait
de nouveau du surf.
Lors de notre visite, elle m’a dit que par la foi, elle a conclu que la perte
[86]
de son bras faisait partie du plan de Dieu pour sa vie. Au lieu de s’apitoyer
sur son sort, elle l’a juste accepté et est allée de l’avant. Dans sa première
compétition l’opposant aux meilleures surfeuses du monde, elle est arrivée
troisième! Selon ses propres dires, à de nombreux points de vue, la perte de
son bras est une bénédiction. Maintenant, chaque fois qu’elle réussit une
compétition, cela stimule d’autres personnes à repousser des limites!
Elle ajoute: «Dieu a réellement répondu à ma prière et m’utilise. Il se sert
de mon histoire pour parler à ceux qui m’entourent et que je rencontre. Des
personnes me disent qu’elles se sont rapprochées de lui et ont commencé à
croire en lui, qu’elles ont trouvé l’espérance dans leur vie ou l’inspiration
pour surmonter un obstacle difficile. Lorsque je les entends, je remercie
Dieu, car ce n’est pas moi qui fais quelque chose pour eux, c’est lui qui les
aide. Je suis tellement époustouflée à l’idée que le Seigneur me laisse
prendre part à son plan!»
On ne peut qu’être étonné par l’incroyable état d’esprit de Bethany. Si elle
avait complètement laissé tomber le surf après l’attaque du requin, peu de
gens le lui auraient reproché. Elle a dû réapprendre les bases, réapprendre à
se tenir en équilibre sur une planche de surf, mais cela ne l’a pas démotivée
non plus. Elle avait la conviction que, même si quelque chose de terrible lui
était arrivé, il en ressortirait du bien.
ne nous y attendions. Il y a des chances pour que votre problème ne soit pas
un requin, mais, peu importe qui vous frappe, pensez à cette courageuse
adolescente qui a non seulement survécu à l’attaque d’un des prédateurs les
plus féroces mais en est sortie plus déterminée que jamais à mener une vie
extraordinaire.
Bethany m’a tellement inspiré que je lui ai demandé de m’aider à réaliser
un rêve: apprendre à faire du surf! A mon grand étonnement, elle a
immédiatement proposé de m’emmener sur la plage de Waikiki.
J’étais très excité à la perspective d’apprendre à surfer à l’endroit même où
les rois et reines d’Hawaï avaient pour la première fois glissé sur les vagues.
J’avais aussi peur. Pendant que Bethany me préparait une planche, elle m’a
présenté à Tony Moniz et Lance Hookano, grandes figures du surf, qui
allaient nous rejoindre dans l’eau.
Comme je l’ai déjà précisé, lorsque vous vous demandez si vous allez
arriver à atteindre vos objectifs dans la vie, faites confiance aux personnes
qui vous tendent la main et peuvent vous servir de guides. C’est exactement
ce que j’ai fait pour approcher ce but-là. Je ne pouvais pas rêver meilleurs
compagnons de surf. Ils ont commencé par m’apprendre à rester en équilibre
sur ma planche sur la terre ferme. Ils se sont relayés pour surfer avec moi,
me donnant des indications et m’encourageant.
Alors que nous nous aventurions sur les vagues de l’océan, une pensée
effrayante m’a traversé: à nous deux, nous n’avions que trois membres, et
les trois appartenaient à Bethany! J’aimais l’idée de devenir un surfeur, et en
tant que bon nageur je n’ai pas peur de l’eau, mais je n’étais pas sûr de
pouvoir rester sur la planche en mer, même avec toute l’aide experte dont je
bénéficiais. J’ai pourtant fait une fois, accompagné d’un de mes
[88]
YouTube en tant que gars handicapé qui n’y arrive jamais. Enfant, j’ai passé
beaucoup de temps à faire du skate; je commençais donc à avoir un bon
feeling. Finalement, à ma septième tentative, j’ai attrapé une grosse vague et
je me suis relevé. C’était tellement excitant! Je vous avoue que j’ai hurlé
comme une petite fille, debout sur la planche en train de foncer vers la plage.
Tous les spectateurs ont applaudi et sifflé à mon arrivée. J’étais au septième
ciel! Je le sais parce que tout le monde me l’a dit.
Pendant les deux heures suivantes, nous avons attrapé vague après vague,
faisant une vingtaine de rides. Il y avait plusieurs photographes à cause de la
compétition, et c’est ainsi que je suis devenu le premier surfeur novice à
faire la couverture du magazine Surfer. Cette journée sur l’eau a été
merveilleuse.
Plus tard, Lance Hookano a fait une remarque intéressante lors d’une
interview: «J’ai passé toute ma vie sur cette plage et je n’ai jamais participé
à quelque chose de semblable. Nick est l’une des personnes les plus
heureuses que j’ai pu rencontrer. Il aime ça. Il a de l’eau salée dans ses
veines. Il me fait penser que tout est possible.»
Notez bien ceci: tout est possible. Lorsqu’une grande épreuve arrive, que
vous êtes renversé(e) et balayé(e), croyez que tout est possible. Peut-être ne
savez-vous pas où aller sur le moment ou avez-vous l’impression que le
monde entier est contre vous. Ayez confiance: les circonstances changeront,
les solutions apparaîtront, l’aide arrivera de façon inattendue. Tout
deviendra possible!
Si un gars sans bras ni jambes peut apprendre à surfer sur l’une des plus
belles plages du monde, alors rien ne vous est impossible!
[90]
Enraciner la foi
L’une des histoires les plus connues de la Bible est la parabole du semeur et
des terrains7. Un fermier sème des graines un peu partout. Certaines
tombent sur la route et les oiseaux les mangent. Certaines tombent sur des
pierres et ne pourront jamais prendre racine. D’autres tombent au milieu des
mauvaises herbes qui les étouffent. Seules les graines qui tombent dans la
bonne terre peuvent pousser et donner une récolte de bien plus de graines
que ce qui a été semé.
Non seulement nous recevons des graines au cours de notre vie, mais nous
les maintenons dans la «bonne terre» de notre cœur. Lorsque les épreuves
nous écrasent, nous pouvons nous tourner vers nos rêves d’une vie
meilleure. Ils jouent le rôle de graines pour les réalités à venir. Notre foi est
le riche terreau qui donne vie à ces graines.
Ceux qui m’aimaient m’ont toujours encouragé. Ils ont planté des graines
dans mon cœur. Ils m’ont assuré que j’avais des dons et que je pouvais les
utiliser pour le bien des autres. Je les croyais certains jours, mais eux n’ont
jamais cessé de croire en moi. Ils savaient que parfois ils semaient sur les
pavés ou dans les mauvaises herbes, et pourtant ils croyaient que leurs
graines prendraient racine.
Ma famille plantait des graines chaque matin quand je partais à l’école:
«Passe une bonne journée, Nicholas! Fais de ton mieux, Dieu se chargera du
reste!»
Certains jours, je pensais: «Dieu a un mauvais sens de l’humour, car je sais
qu’aujourd’hui encore on va se moquer de moi à la récréation.» En effet, dès
que j’arrivais à l’école avec mon fauteuil roulant, un garçon stupide me
disait que j’avais un pneu crevé ou qu’on avait besoin de moi pour garder
[91]
face à la réalité, mais tant que vous respirez, tout est possible.
Cela dit, je dois préciser que nous n’avons pas reçu une réponse unique à
nos prières quant au financement du reste de la tournée; nous avons eu droit
à une étonnante série d’événements.
Quelques jours après mon repas avec oncle Batta, un dénommé Bryan Hart,
qui m’avait entendu parler en Floride, a appelé pour offrir une grosse somme
d’argent à notre fondation.
Nos contacts en Indonésie ont ensuite signalé qu’ils avaient loué deux
stades afin de nous accueillir à Hong Kong. Ils ont promis que, si nous
venions, toutes nos dépenses seraient couvertes.
Deux jours plus tard, une organisation californienne de bienfaisance nous a
donné une somme d’argent encore plus grande, suffisante pour couvrir le
reste des dépenses!
En quelques jours, l’argent n’était plus un problème. Il restait encore la
question de la sécurité dans certains endroits où nous nous rendions, mais
nous avons placé notre confiance en Dieu.
que venu au monde avec tous ses membres, il était infirme au point qu’il ne
pouvait pas bouger et avait de la peine à émettre des sons. A l’époque, les
médecins ne savaient pas ce qu’il avait; plus tard, on a diagnostiqué une
forme particulièrement sévère de paralysie cérébrale.
Puisque Christy n’arrivait pas à articuler, on a cru pendant des années qu’il
était aussi handicapé mentalement. Sa mère insistait sur le fait qu’il n’avait
aucun problème de ce côté-là; il ne pouvait simplement pas communiquer.
Elle et d’autres membres de la famille ont travaillé avec lui, puis un jour,
alors qu’il essayait de faire passer quelque chose à sa sœur, il a attrapé son
morceau de craie avec son pied gauche. Du fait de son handicap, c’était la
seule partie de son corps dont il avait le contrôle.
Christy a appris à écrire, dessiner et peindre avec ce pied. Sa famille a fait
preuve de la même détermination que la mienne pour lui offrir une existence
aussi normale que possible. Pour le déplacer, ils ont d’abord utilisé une
petite brouette, puis un chariot. Comme moi, il est devenu un nageur
émérite. Puis sa mère a rencontré un médecin qui lui a permis d’entrer à
l’hôpital Johns Hopkins. Plus tard, le même médecin a fondé un hôpital pour
des patients souffrant de paralysie cérébrale.
Il a aussi initié Christy à la littérature, et celui-ci a trouvé, par le biais de
plusieurs écrivains irlandais célèbres, l’inspiration pour s’exprimer lui-même
en tant que poète et écrivain. Son premier livre a été un mémoire intitulé
Mon pied gauche, puis il a été étoffé pour devenir un best-seller sous le nom
de Celui qui regardait passer les jours. Ce roman a été porté à l’écran avec
Daniel Day-Lewis comme acteur principal. (Daniel est d’ailleurs le fils de
Cecil, un des amis littéraires de Christy.) Day-Lewis a reçu l’Oscar du
[98]
meilleur acteur pour ce rôle. Christy a ensuite publié six autres livres; il est
devenu aussi un peintre chevronné.
Pensez aux longues et sombres journées que Christy Brown et sa famille
ont passées. Ils se sont demandé quel genre de vie il pourrait avoir. Il ne
pouvait bouger qu’une seule petite partie de son corps malade et n’émettre
que quelques sons. Il est devenu pourtant un auteur, peintre et poète
reconnu. Un film récompensé par un Oscar a retracé sa vie extraordinaire!
Savez-vous ce que votre vie vous réserve? Pourquoi ne pas rester dans la
course afin d’assister au déroulement de votre histoire?
Un modèle à suivre
C’est au cours d’une conférence au lycée que j’ai été pour la première fois
témoin de la puissance que revêt la confiance en votre destinée. Le
présentateur était un Américain du nom de Reggie Dabbs, et une tâche
difficile l’attendait ce jour-là. Son auditoire était composé de 1400 jeunes,
l’air était chaud et lourd, le vieux microphone crépitait, sifflait et parfois
lâchait complètement.
Malgré l’agitation des élèves, il a su nous captiver totalement avec son
histoire, nous racontant qu’il était né hors mariage. Sa mère était une
adolescente prostituée qui avait d’abord envisagé l’avortement pour régler
son «petit problème». Heureusement pour Reggie, elle a finalement décidé
[101]
Une fois, durant notre tournée en Asie, je suis intervenu devant une
assemblée de plus de 300 entrepreneurs et hommes d’affaires à Singapour.
Lorsque la salle a commencé à se vider à la fin de ma présentation, un
monsieur de belle apparence s’est précipité vers moi. Il respirait l’assurance
et la réussite, comme le reste de mon public distingué; ses premières paroles
étaient pourtant très surprenantes: il m’a supplié de l’aider.
Comme je l’ai appris plus tard, cet homme accompli possédait trois
banques, mais il est venu me demander humblement de l’aide, car la richesse
matérielle était inapte à le protéger de la situation angoissante qu’il
traversait.
Il m’a dit: «J’ai une fille merveilleuse de 14 ans. Pour une raison
quelconque, chaque fois qu’elle se regarde dans le miroir, elle dit qu’elle se
sent laide. Elle n’arrive pas à voir à quel point elle est belle, en réalité, et
cela me brise le cœur. Comment pourrais-je l’aider à voir ce que je vois?»
La détresse de cet homme est facile à comprendre, car ce qui est le plus
difficile à supporter pour les parents, c’est la souffrance de leurs enfants. Il
[104]
essayait de l’aider à dépasser cette haine de soi. C’est très important, car si
nous n’arrivons pas à nous accepter nous-mêmes quand nous sommes jeunes
et en bonne santé, comment nous sentirons-nous lorsque nous serons âgés et
aurons des problèmes de santé? Si nous nous détestons pour une raison
hasardeuse, il est très facile d’enchaîner en la remplaçant par des centaines
d’autres tout aussi fausses et arbitraires. Les angoisses de la jeunesse
peuvent vous faire plonger très bas, si vous vous focalisez sur vos défauts et
non sur vos points forts.
La Bible affirme que nous sommes des créatures merveilleuses9. Pourquoi
nous est-il si difficile de nous aimer tels que nous sommes? Pourquoi
sommes-nous si souvent assaillis par la crainte de ne pas être assez beaux,
assez grands, assez minces ou assez bons? Je suis certain que ce père
rencontré à Singapour entourait sa fille d’amour et de soins, essayant de
renforcer sa confiance en elle. Nos parents et ceux qui nous aiment peuvent
se démener en essayant de renforcer notre estime propre; il suffit pourtant
d’une remarque méchante de la part d’un camarade de classe ou d’un
mauvais commentaire fait par un chef ou un coéquipier pour réduire leurs
efforts à néant.
Lorsque nous basons notre estime de nous-mêmes sur les opinions des
autres ou nous comparons à eux, nous devenons vulnérables et tombons dans
une mentalité de victime. Lorsque nous n’arrivons pas à nous accepter nous-
mêmes, nous arrivons encore moins à accepter les autres. Cela peut conduire
à la solitude et à l’isolement. Un jour, je parlais devant un groupe
d’adolescents à propos de la tendance à maltraiter le plus faible ou le moins
séduisant de l’école par désir de popularité. Pour exposer mon idée, j’ai
[105]
commencé par leur poser une question directe: «Qui d’entre vous voudrait
être mon ami?»
A mon grand soulagement, la plupart des personnes dans la pièce ont levé
la main.
J’ai alors enchaîné avec la question suivante, qui les a pris de court: «Alors
mon physique ne compte pas, n’est-ce pas?»
Je les ai laissés digérer pendant quelques minutes. Juste avant, nous avions
évoqué le fait que les jeunes dépensent énormément d’énergie à essayer de
s’intégrer en portant les bons vêtements, en se faisant une coupe à la mode,
en essayant de ne pas être trop gros, trop minces, trop bronzés ou trop
blancs.
«Comment pouvez-vous avoir envie d’être les amis d’un garçon sans bras
ni jambes – probablement la personne la plus singulière que vous puissiez
rencontrer – et ensuite rejeter des camarades de classe parce qu’ils ne portent
pas les bons jeans ou n’ont pas le physique destiné aux défilés de mode?»
Nous juger durement ou nous mettre une pression intense nous conduit à
juger les autres. Nous aimer et nous accepter nous-mêmes comme Dieu nous
aime nous procure une grande paix et un sentiment d’épanouissement.
La pression à laquelle sont soumis les adolescents et les jeunes adultes
semble universelle. J’ai été invité à m’adresser à des jeunes en Chine et en
Corée du Sud à cause de l’inquiétude qui se fait sentir là-bas. En effet, au
sein de ces nations qui se développent rapidement et travaillent dur, le
nombre de dépressions et de suicides est élevé.
Je suis arrivé en Corée du Sud juste au moment où les Jeux olympiques
d’hiver 2010 démarraient à Vancouver. C’était amusant de voir, partout à
[106]
sont stressés par le sentiment que la première place est la seule valable et,
s’ils n’arrivent pas à être les meilleurs, ils ont le sentiment d’avoir échoué.
Je les ai encouragés à garder à l’esprit que ne pas réussir un examen ne fait
pas d’eux des perdants. Nous avons tous de la valeur devant Dieu, et nous
devrions nous aimer comme lui nous aime.
L’amour et l’acceptation de soi dont je parle n’ont rien à voir avec un
amour de soi égocentrique et vaniteux. Ils consistent à donner plus qu’à
prendre, à offrir sans attendre qu’on nous adresse une demande, à partager
quand nous n’avons pas beaucoup, à prendre plaisir à faire sourire les autres.
Nous nous aimons nous-mêmes parce que nous ne sommes pas centrés sur
nous-mêmes. Nous sommes heureux de ce que nous sommes parce que les
autres sont heureux à notre contact.
Mais si vous n’arrivez tout simplement pas à vous aimer parce que
personne d’autre ne vous aime? J’ai bien peur que cela ne soit tout
simplement pas possible. Voyez-vous, nous sommes des créatures de Dieu.
Chacun de nous peut compter sur son amour inconditionnel, sa compassion,
son pardon. Nous devrions nous aimer, être compréhensifs envers nos
imperfections et pardonner nos erreurs, car Dieu fait tout cela pour nous.
Pendant une tournée en Amérique du Sud, j’ai parlé dans un centre de
désintoxication en Colombie. Mon public était composé de personnes qui
étaient ou avaient été dépendantes. Elles prêtaient si peu d’estime à leur vie
qu’elles s’étaient presque entièrement détruites par l’usage de drogues. J’ai
affirmé que Dieu les aimait indépendamment du temps qu’elles avaient
passé dans la dépendance. Leur visage s’est éclairé lorsque je leur ai
[108]
certifié qu’il les aimait sans conditions. Si Dieu veut pardonner nos péchés
et nous aimer tels que nous sommes, pourquoi ne pouvons-nous pas nous
pardonner à nous-mêmes et nous accepter nous-mêmes? Comme la fille du
banquier de Singapour, ces drogués colombiens se sont perdus en chemin
parce que, pour une raison quelconque, ils ont perdu le sens de la valeur de
leur vie. Ils se sentaient indignes de recevoir le meilleur. Je leur ai dit qu’ils
étaient tous dignes de l’amour de Dieu. Si lui nous aime et nous pardonne,
nous devrions nous pardonner à nous-mêmes et nous aimer nous-mêmes, et
tendre vers la meilleure existence possible.
Quand on a demandé à Jésus quel était le plus important des
commandements, il a dit que le premier était d’aimer Dieu de tout notre
cœur, de toute notre âme et de toute notre pensée; le deuxième, d’aimer
notre prochain comme nous-mêmes10. Nous aimer nous-mêmes, ce n’est
pas nous montrer égoïstes, pleins de suffisance ou égocentriques; c’est
accepter notre vie comme un cadeau à choyer et une bénédiction à partager
avec les autres.
Au lieu de vous attarder sur vos imperfections, vos échecs ou vos erreurs,
concentrez-vous sur vos dons et sur la contribution que vous pouvez
apporter, que ce soit un talent, une connaissance, de la sagesse, du travail
manuel ou juste de l’amour. Vous n’avez pas à vivre selon les attentes de
quelqu’un d’autre. Rien ne vous empêche de définir votre propre version de
ce qu’est la perfection.
[109]
Une lumière intérieure
L’écrivain et psychiatre Elisabeth Kübler-Ross a comparé les hommes à des
vitraux colorés: «Lorsque le soleil est levé, ils brillent et scintillent, mais
lorsque la nuit descend, leur véritable beauté n’est révélée que si une lumière
est allumée à l’intérieur.» Pour vivre sans limites et en particulier survivre à
l’obscurité de la dépression, à la dépendance aux drogues, à l’alcoolisme ou
à une autre épreuve de taille, vous devez allumer la lumière intérieure. Vous
devez croire à votre beauté et à votre valeur. Vous êtes quelqu’un dont la
présence compte et a un impact sur votre entourage.
Trouver notre vocation est le premier pas important vers une vie au-delà de
toute limite. Garder espoir et foi dans l’avenir et dans les possibilités, même
dans les moments difficiles, vous fera avancer vers ce but. Mais pour être
épanoui(e), vous devez avoir la conviction que vous avez droit au succès et
au bonheur. Vous devez vous aimer vous-même comme Dieu aime ceux qui
croient en lui.
J’ai un ami qui est si bien dans sa peau et si serein qu’il semble luire de
bons sentiments. Il croit qu’il a des dons. Comme tout le monde, j’aime être
avec lui. Pourquoi? Parce qu’il rayonne de l’intérieur. Il s’aime, mais sans
orgueil; il s’accepte et se sent béni même quand les choses ne vont pas dans
son sens ou lorsqu’il doit se battre comme vous et moi.
Je suis certain que vous connaissez des gens agréables et rayonnants, de
même que des personnes dont l’amertume et le malaise personnel repoussent
tout le monde. Si vous ne vous acceptez pas vous-même, cela mène non
seulement à l’autodestruction, mais aussi à la solitude.
Si vous ne rayonnez pas de l’intérieur, cela peut être dû au fait que vous
[110]
comptez sur les autres pour vous donner approbation et confiance, pour vous
permettre de vous sentir apprécié(e). Mais c’est le meilleur chemin vers la
déception, car vous devez d’abord vous accepter vous-même. La seule
mesure importante de votre beauté et de votre valeur vient de l’intérieur de
vous.
Je sais, c’est facile à dire mais difficile à faire. J’ai aussi dû affronter ce
problème. Enfant de chrétiens, j’ai toujours entendu dire que Jésus m’aimait
et que j’avais été créé parfaitement, en accord avec son plan. Bien sûr, toutes
les leçons bibliques de mes parents et tous les efforts de ma famille pour me
maintenir d’aplomb s’effondraient lorsqu’un gamin impulsif me disait que je
n’étais qu’un monstre.
La vie peut être cruelle, et les gens peuvent se montrer étourdis ou
simplement méchants avec vous. Vous devez alors être capable de chercher
des forces intérieures. Si elles sont défaillantes, vous pouvez vous tourner
vers le haut, vers Dieu, source suprême de force et d’amour.
L’acceptation et l’amour de soi sont des concepts importants mais souvent
mal compris de nos jours. Vous devez vous aimer par reflet de l’amour de
Dieu, en tant que personne placée dans le monde pour une contribution
unique. Bien trop d’adolescents et d’adultes n’en restent qu’à une
signification superficielle de cet amour, tombant dans les extrêmes du
narcissisme et de l’égocentrisme. C’est dû, en grande partie, au culte de la
beauté et de la célébrité promu dans des émissions de télévision, des films et
des vidéos. Si l’on regarde tout cela, il est facile d’oublier que la vie ne se
résume pas à la beauté extérieure, au luxe et au nombre de conquêtes. Il [111]
n’est pas étonnant qu’il y ait plus de célébrités dans des cures de
désintoxication que dans les églises: trop de personnes adorent les faux
dieux nommés vanité, fierté et envie.
Je ne pense pas me tromper en affirmant qu’aucune génération n’a entendu
autant de mensonges que la nôtre. Nous sommes sans cesse bombardés
d’incitations à avoir une certaine apparence, une certaine voiture, un certain
style de vie, prétendument nécessaires pour que nous soyons épanouis,
aimés, appréciés et considérés comme ayant réussi. Nous sommes arrivés à
un point dangereux de notre civilisation où vous retrouver sur une vidéo
pornographique est considéré comme un chemin vers la gloire, la fortune et
l’épanouissement.
Ne pensez-vous pas que le monde serait meilleur si les paparazzis
s’intéressaient aux personnes cumulant les diplômes ou aux missionnaires
apportant des soins aux pauvres et nécessiteux, au lieu de courtiser des
habitués de cures de désintoxication criblés de traces de piqûres? Mais tout
n’est pas perdu. J’ai vu des foules de tous âges assister à des cérémonies
religieuses et à des marathons de prière, recherchant le bonheur en apprenant
à aimer leur prochain. J’ai vu des adultes et des adolescents passer leurs
vacances à construire des maisons dans des pays du Tiers-Monde et à
subvenir aux besoins des nécessiteux dans les régions pauvres d’Occident.
Tout le monde n’est pas obsédé par la chirurgie esthétique, la liposuccion et
les sacs Louis Vuitton.
Lorsque vous vous laissez prendre au piège des biens matériels, de la
beauté superficielle, et que vous laissez les autres décider de votre valeur,
vous abandonnez une trop grande partie de vous-même et risquez de
dilapider tout ce que vous avez reçu. Après avoir visionné mon DVD,
[112]
Savoir s’accepter
Mon message a touché une corde sensible chez Kristy car j’ai traversé ce
qu’elle était en train de vivre. Un jour particulièrement cruel, alors que
j’avais 7 ans, je suis rentré à la maison et j’ai passé des heures à me regarder
dans le miroir. La plupart des ados s’inquiètent pour des boutons et pour leur
coiffure; moi, pour couronner le tout, je n’avais pas de membres.
J’ai pensé: «Mon allure est vraiment étrange.»
La tristesse m’a submergé. Je me suis permis de pleurer en m’apitoyant sur
moi-même pendant cinq bonnes minutes. Alors une voix intérieure m’a dit:
«Comme dit ta mère, il te manque quelques morceaux par-ci, par-là, mais tu
as aussi quelques traits agréables.»
J’ai réfléchi: «Je te défie d’en nommer un. Trouve une seule chose qui
[113]
lui ai dit que je voulais que le bouton parte, même s’il fallait pour cela une
intervention chirurgicale majeure. Il l’a examiné avec une grosse loupe –
comme s’il ne pouvait pas le voir – et a dit que ce n’était pas un bouton.
J’ai pensé: «Quoi que ce soit, débarrassez-m’en!»
Il a ajouté: «C’est une glande sébacée enflammée. Je pourrais la couper ou
la brûler, mais dans les deux cas, cela vous laisserait une cicatrice plus
grosse que ce petit point rouge.» Petit point rouge? «Il est si gros qu’il me
cache la vue», ai-je protesté. Il m’a demandé si je préférerais avoir une
cicatrice à vie.
Ce «non-bouton» gigantesque est donc resté sur mon nez. J’ai prié et
pleurniché à son sujet pendant un temps, mais j’ai fini par comprendre que
ce gros bulbe rouge n’était pas plus grave que l’absence de membres. «Si
cela empêche des gens de me parler, tant pis pour eux», ai-je décidé.
Quand je surprenais quelqu’un en train de le fixer, je faisais une blague. Je
disais que je me faisais pousser un deuxième nez pour le vendre plus tard sur
le marché noir. Quand les autres voyaient que j’étais capable de rire de moi-
même, ils riaient avec moi et faisaient preuve d’empathie. Après tout, qui
n’a pas eu de boutons? Même Brad Pitt en a eu.
Parfois, nous transformons nous-mêmes de petits problèmes en gros, en les
prenant trop au sérieux. Avoir des boutons fait partie de la vie. Nous
sommes tous des êtres humains parfaitement imparfaits, certains plus que
d’autres, mais nous avons tous nos faiblesses et nos défauts. Il est important
de ne pas prendre trop au sérieux chaque petit bouton. Que ferez-vous si un
jour il vous arrive quelque chose de vraiment grave? Soyez prêt(e) à rire
[117]
Aveugle beauté
Savez-vous ce qui est véritablement risible? La vanité! Chaque fois que
nous pensons avoir une belle apparence, sexy et digne de la couverture d’un
magazine people, la vie nous donne une leçon pour nous faire comprendre
que la beauté est dans l’œil de l’observateur et que l’apparence est loin
d’être aussi importante que ce qui se trouve à l’intérieur.
J’ai rencontré récemment une jeune Australienne aveugle. Nous avions
organisé une course d’amateurs pour lever des fonds afin de fournir du
matériel de soin à des enfants pauvres. Cette fille avait environ 5 ans, et c’est
sa mère qui me l’a présentée à la fin de la journée. Elle lui a expliqué que
j’étais né sans bras ni jambes.
Les personnes aveugles me demandent parfois la permission de toucher
mon corps afin de se rendre compte à quoi ressemble quelqu’un qui n’a pas
de membres. Cela ne me dérange pas. Donc, quand la fille a demandé si elle
pouvait «regarder» par elle-même, j’ai donné ma permission. Sa mère a
guidé sa main sur mes épaules et sur mon petit pied gauche, et la réaction de
la fille a été très intéressante: elle est restée très calme tandis qu’elle touchait
les cavités vides de mes épaules et mon étrange petit pied, mais quand elle
[118]
a posé ses mains sur mon visage, elle a poussé un cri. C’était hilarant.
«Quoi? Est-ce que mon beau visage te fait peur?» lui ai-je demandé en
riant.
«Non! Qu’est-ce que c’est que tous ces poils sur toi? On dirait un loup!»
Elle n’avait encore jamais senti une barbe, et quand elle a touché mon
menton pas rasé depuis plusieurs jours, elle a eu peur. Elle a dit à sa mère
que c’était triste que je sois si poilu! Cette fille avait sa propre idée de la
beauté, et manifestement ma barbe ne figurait pas sur sa liste de critères. Je
n’étais pas vexé, au contraire: j’étais ravi de ce rappel que la beauté n’est
vraiment que dans le regard – ou le toucher – de celui qui regarde.
Célébrer l’unicité
En tant qu’humains, nous sommes bizarres. Nous passons la moitié du
temps à chercher à nous fondre dans la masse, et l’autre moitié à essayer de
nous en démarquer. Pourquoi? Je suis ainsi, et je suis certain que vous l’êtes
aussi, parce que cela semble être universel et faire partie de la nature
humaine. Pourquoi ne pouvons-nous pas nous sentir à l’aise avec nous-
mêmes, sachant que nous sommes des créatures de Dieu, faites pour refléter
sa gloire?
Quand j’étais à l’école, je voulais désespérément m’intégrer, comme la
plupart des adolescents. Avez-vous remarqué que même ceux qui veulent
être «différents» traînent avec des jeunes qui s’habillent, parlent et agissent
exactement comme eux? Qu’en dites-vous? Comment pouvez-vous être un
marginal si tous ceux qui vous entourent portent les mêmes vêtements
noirs, vernis à ongles noir, rouge à lèvres noir et mascara noir? Cela ne
[119]
sucettes préférées dans mon sac et que j’ai dit: «Merci! Les bonbons ou la
vie!»
La femme a hurlé en faisant un bond en arrière: «Il y a un enfant là-dedans?
Je pensais que c’était une poupée!» J’ai pensé: «Eh bien, je suis vraiment
mignon!»
Quand je suis d’humeur polissonne, je ne me gêne jamais pour profiter
pleinement de mon originalité. J’aime traîner dans les supermarchés et faire
du shopping avec mes cousins et mes amis. Il y a quelques années, nous
avions remarqué, dans un supermarché en Australie, une vitrine de sous-
vêtements Bonds – une sous-marque de Haines ou Jockey –, une marque qui
existe depuis très, très longtemps.
Le mannequin masculin portait un boxer Bond «blanc moulant». Son corps
était exactement comme le mien: une tête et un torse, pas de membres, et de
beaux abdos. Le hasard a voulu que je porte moi-même ce jour-là un boxer
Bond, alors mes cousins et moi avons décidé que je pouvais, moi aussi,
servir de mannequin dans la vitrine. Nous sommes entrés dans le magasin,
mes cousins m’ont aidé à monter dans la vitrine, et j’ai pris position à côté
du mannequin.
J’ai passé les cinq minutes suivantes à piéger les badauds. Quand ils
s’arrêtaient ou me regardaient, je faisais une grimace, souriais ou hochais la
tête, à leur grande surprise et à leur grande terreur! Evidemment, cette
plaisanterie provoquait à chaque fois des fous rires chez mes voyous de
conspirateurs en train de regarder à l’extérieur. Plus tard, ils ont affirmé que,
si jamais ma carrière d’orateur ne marchait pas, je pourrais toujours trouver
du travail comme mannequin de vitrine dans un grand magasin.
[121]
Allumer le feu
J’ai appris à rire de mon handicap et des étranges réactions qu’il suscite,
mais il y a un autre moyen, encore meilleur, de surmonter les doutes
concernant notre valeur et notre difficulté à nous aimer: au lieu de nous
attarder sur notre douleur intérieure, tendons la main à quelqu’un d’autre
pour soulager sa douleur; concentrons-nous sur une autre personne dans le
besoin.
Devenez bénévole dans une œuvre sociale, levez des fonds pour des
orphelins, organisez un bal pour aider les victimes d’un tremblement de
terre, trouvez des sponsors qui donneront de l’argent si vous participez à une
marche de charité, une course cycliste ou un marathon de danse. Levez-vous
et tendez la main!
Lorsque je le fais, je découvre que c’est peut-être la meilleure solution pour
quiconque n’a pas réussi à allumer la lumière intérieure de l’amour.
Si vous n’arrivez pas à résoudre vos propres problèmes, soyez la solution
de ceux de quelqu’un d’autre. Après tout, ne vaut-il pas mieux donner que
recevoir? Si vous ne vous aimez pas, donnez-vous. Ce faisant, vous verrez
avec étonnement à quel point vous vous sentirez utile.
Comment puis-je savoir cela? Regardez-moi. Regardez ma vie. Est-ce que
je ne vous semble pas heureux et épanoui?
Une chirurgie plastique sur le nez ne vous apportera pas une vie de
bonheur. Vous ne serez pas admiré(e) par des millions de personnes parce
que vous possédez une Ferrari. Vous avez déjà tout ce dont vous avez besoin
pour être aimé(e) et apprécié(e); il vous suffit de lâcher prise et de mettre à
profit tout ce qui est à l’intérieur de vous. Vous ne serez pas toujours
parfait(e), et c’est parfaitement bien. L’idée n’est pas d’atteindre la
[122]
De l’amitié au bonheur
Le meilleur conseil que je puisse vous donner pour trouver le bonheur est
de sortir de vous-même, d’utiliser vos talents, votre intelligence et votre
personnalité pour rendre la vie de quelqu’un d’autre meilleure. Je me suis
retrouvé du «côté récepteur» de ce schéma et, sans exagérer, je peux dire
que cela a transformé mon existence.
J’avais 16 ans et j’étais élève au lycée de Runcorn State, dans le
Queensland. Je passais en général une heure à attendre après l’école pour
[123]
chrétien, j’ai dit qu’il y avait des moments où je pensais que Dieu m’avait
abandonné ou que j’étais une de ses rares erreurs. Puis j’ai expliqué
comment j’avais compris progressivement qu’il avait un plan pour moi et
j’ai précisé que je ne savais tout simplement pas, pour le moment, en quoi il
consistait. Tout en essayant de rire, j’ai dit que j’apprenais petit à petit à
croire que je n’étais pas une erreur.
J’étais si soulagé d’avoir réussi à finir ma présentation que je me sentais
prêt à lâcher quelques larmes. J’ai alors constaté avec étonnement que la
plupart des autres étaient en train de pleurer.
«Ai-je été si mauvais?» ai-je demandé à monsieur Arnold.
Il m’a répondu: «Non, Nick, tu as été très bon!»
J’ai pensé au début qu’il voulait juste être gentil avec moi et que les jeunes
faisaient seulement semblant d’être émus par mon discours. Après tout, ils
étaient chrétiens, ils étaient censés se montrer gentils.
Un des garçons du groupe m’a ensuite invité à parler dans le groupe de
jeunes de son église. Puis un autre m’a demandé de venir à son école du
dimanche. Pendant les deux années suivantes, j’ai reçu des dizaines
d’invitations à raconter mon histoire dans des groupes d’église,
organisations pour la jeunesse et centres d’aide.
J’ai évité les groupes chrétiens du lycée parce que je ne voulais pas être
catalogué comme un enfant de pasteur ne vivant que pour la religion. Je me
comportais avec dureté et disais parfois des gros mots afin d’être accepté
comme un garçon ordinaire. En vérité, je ne m’acceptais pas encore tel que
j’étais.
Manifestement, Dieu a le sens de l’humour. Il m’a conduit précisément
dans le groupe de parole que j’évitais, et c’est là qu’il m’a révélé ma
[125]
vocation. Il m’a montré que, malgré mon imperfection, j’avais des richesses
à partager et des dons qui pouvaient servir à alléger le fardeau des autres.
C’est aussi valable pour vous. Nous avons en commun notre imperfection,
et nous avons besoin de mettre nos magnifiques dons en commun. Tournez
votre regard vers l’intérieur: il y a une lumière prête à rayonner.
Une expérience extraordinaire: le surf avec Bethany Hamilton à Hawaï.
[126]
Et la plage s’emballe!
Quand j’ai créé une société pour gérer mes tournées, je l’ai appelée Attitude
Is Altitude («L’attitude c’est l’altitude») parce que, sans une attitude
positive, je n’aurais jamais été en mesure de passer par-dessus mon handicap
et d’aller à la rencontre de tant de personnes.
On peut être tenté de dénigrer le concept d’«ajustement d’attitude», car il
tend à devenir un cliché dans le domaine du coaching. Il n’en reste pas
moins vrai que la capacité de contrôler notre attitude constitue une véritable
force lorsqu’il s’agit de contrecarrer des émotions et de mettre fin à des
comportements susceptibles de menacer notre aptitude à vivre au-delà de
toute limite. D’après William James, psychologue, philosophe et ancien
professeur de l’université d’Harvard, l’une des plus grandes découvertes de
sa génération a été la prise de conscience que changer d’attitude peut
changer notre vie.
Que nous en soyons conscients ou non, nous voyons le monde à travers un
prisme de perspectives et d’attitudes qui nous sont propres, basées sur notre
vision de ce qui est bien ou mal, correct ou incorrect, juste ou injuste. Nos
décisions et nos actes étant basés là-dessus, si notre façon de faire ne
fonctionne pas, nous pouvons corriger notre attitude et ainsi changer notre
[128]
manière de vivre.
Si le programme télévisé que nous sommes en train de regarder ne nous
apporte rien, nous prenons la télécommande et changeons de chaîne. De
même, nous pouvons changer d’attitude, si nous n’obtenons pas les résultats
désirés, et ce, quels que soient les défis rencontrés.
Linda, qui est professeur de musique, m’a décrit comment son attitude
exceptionnelle l’a aidée à surmonter les conséquences d’un accident dont
elle a été victime dans son enfance. Sa vie aurait facilement pu être détruite.
Elle était encore au collège quand elle a été grièvement blessée dans un
accident de voiture. Elle a passé deux jours et demi dans le coma; à son
réveil, elle ne pouvait ni marcher, ni manger, ni parler.
Les médecins craignaient qu’elle ne devienne handicapée mentale et ne
retrouve jamais ses fonctions motrices. Elle a progressivement retrouvé ses
esprits, la parole et l’usage complet de son corps. La seule séquelle qu’elle a
gardée de ce terrible accident, c’est un défaut de l’œil droit: il a un champ de
vision limité.
Cette femme a enduré une douleur incroyable, supporté beaucoup
d’opérations, et il lui reste encore un problème de vue. Elle aurait très
facilement pu se positionner en victime et se laisser ronger par l’amertume.
On pourrait difficilement lui reprocher de penser que la vie a été injuste avec
elle et d’adopter une telle attitude. Au lieu de cela, voici le choix qu’elle a
fait:
Je suis parfois frustrée de voir que mes deux yeux ne fonctionnent pas en
parfaite harmonie, mais ensuite je me souviens d’où je viens et où j’aurais
pu être; je me rends compte alors qu’il y a une raison pour que Dieu m’ait
sauvée: c’est pour que je vive en témoignant de son œuvre dans ma vie.
[129]
Cet œil est comme un rappel pour moi, de la part de Dieu, que je ne suis
pas parfaite, mais cela me va. C’est de ma confiance absolue en lui que je
tire ma force. Il a choisi de montrer sa puissance à travers la faiblesse de
mon œil; je suis faible, mais lui est puissant.
Linda a choisi d’accepter sa vision déficiente comme faisant partie du «plan
divin parfait» pour sa vie, pour reprendre ses propres termes.
Il a transformé mon attitude envers la vie: je sais qu’elle peut s’achever à
tout moment, si bien que je fais de mon mieux pour vivre à sa gloire tout
le temps. De même, j’essaie de donner à chaque chose une impulsion
positive, de donner tout ce que j’ai à Dieu et aux autres, de prendre
vraiment soin des personnes qui m’entourent.
Au lieu de s’attarder sur le champ de vision limité de son œil droit, Linda a
choisi d’être reconnaissante de la capacité qu’elle a de penser, parler,
marcher et mener une vie quasiment normale. Tout comme elle, nous avons
aussi la capacité de choisir notre manière de réagir.
Il ne faut pas nécessairement être un saint pour y parvenir. Lorsque l’on est
confronté à une tragédie ou à une crise personnelle, il est parfaitement
normal et sain de traverser des phases de peur, de colère et de tristesse, mais
à un moment donné il faut pouvoir dire: «Je suis toujours en vie. Est-ce que
j’ai envie de passer le reste de mes jours vautré dans la misère, ou est-ce que
je veux passer par-dessus ce qui m’est arrivé et poursuivre mes rêves?»
Est-il facile de le faire? Non. Cela demande de la détermination, sans parler
de l’espérance, de la foi et de la conviction d’avoir des talents, des
[130]
Refaire le plein
Vous avez la possibilité de changer d’attitude et de vie sans prendre de
cachets, consulter un psychiatre ni grimper au sommet d’une montagne à la
rencontre d’un gourou. Jusqu’à présent, à travers les pages de ce livre, je
vous ai encouragé(e) à trouver votre voie, à garder espoir en l’avenir, à
croire aux possibilités que la vie vous offre et à vous accepter tel(le) que
vous êtes. Cela vous donnera de solides raisons d’être optimiste, ce qui vous
fournira l’énergie nécessaire pour ajuster votre attitude, tout comme des
[131]
un bon avion ici à terre, plutôt qu’être en l’air dans celui qui peut tomber en
panne.»
Je préfère toujours qu’un voyage se déroule sans encombre, mais si je
n’ajuste pas mon attitude, je m’attarde sur les aspects négatifs, et ce n’est
tout simplement pas sain. Si vous laissez les circonstances qui sont hors de
votre portée déterminer votre attitude et votre manière d’agir, vous prenez le
risque de tomber dans une spirale de décisions hâtives et de jugements
erronés, d’avoir des réactions disproportionnées, d’abandonner trop
rapidement et de ne pas saisir les occasions qui se présentent – toujours –
lorsqu’on ne voit pas comment la situation pourrait être pire.
Le pessimisme et le négativisme ne vous permettront jamais de passer par-
dessus les circonstances. Si des pensées négatives tourbillonnent en vous,
repoussez-les et remplacez-les par un dialogue intérieur plus positif et
encourageant. Voici des exemples:
Négatif Positif
Je n’y arriverai jamais. Cela finira aussi par passer.
J’y suis arrivé jusqu’ici, des jours
Je n’en peux plus.
meilleurs sont devant moi.
C’est pire que tout ce que j’ai
Certains jours sont plus durs que d’autres.
connu jusque-là.
Je ne trouverai jamais un autre
Si une porte se ferme, une autre s’ouvrira.
poste de travail.
[133]
Une attitude salvatrice
Mon ami Chuck, qui a maintenant 40 ans, a appris l’année dernière que le
cancer dont il avait réussi à se défaire à deux reprises vingt ans plus tôt était
revenu. Cette fois-ci, la tumeur entourait des organes vitaux, rendant la
radiothérapie impossible. Cela ne se présentait pas bien; en fait, il était dans
une situation très grave. Chuck avait trouvé sa voie en tant que mari et père,
avec un énorme cercle de parents et d’amis. Il avait aussi pour lui
l’espérance, la foi et l’amour. Alors il a décidé d’agir comme s’il n’allait pas
mourir. En fait, il a adopté l’attitude suivante: il a considéré que la maladie
était à l’intérieur de lui mais que cela ne faisait pas de lui un malade. Il était
déterminé à rester debout, positif et concentré sur son avenir.
Jusque-là, personne ne pourrait le qualifier de chanceux, n’est-ce pas? Et
pourtant, le fait que la radiothérapie n’était pas possible s’est révélé être une
grande chance. En effet, les médecins de l’hôpital de Saint Louis qui le
soignaient participaient à des essais pour un traitement sans radiation. Il
s’agissait d’un médicament qui cible des cellules individuelles et les tue.
Puisque le traitement traditionnel ne convenait pas à son cas, il pouvait
accéder aux traitements expérimentaux, mais ce qui a convaincu les
médecins qu’il devait participer à ce programme, c’était son attitude
positive. Ils savaient qu’il tirerait le maximum de cette possibilité, et c’est ce
qu’il a fait.
Quand le moment est venu de prendre le médicament par intraveineuse,
Chuck n’a pas voulu s’allonger sur un lit. Au lieu de cela, il a couru pendant
tout le temps sur un tapis roulant. Il a soulevé des poids. Son attitude était si
positive et son énergie était si débordante que des membres du personnel
avaient du mal à croire qu’il avait vraiment sa place dans le service
[134]
la nuque en plongeant dans un lac. Depuis cet accident, tout son corps est
paralysé jusqu’au cou. Son livre décrit le désespoir dans lequel elle s’est
trouvée et les pensées de suicide suscitées par sa paralysie, puis la façon
dont elle a conclu que ce n’était pas juste un événement aléatoire dans
l’univers ou un coup dans la roulette du destin, mais que cela faisait partie
intégrante du plan divin.
Comme j’ai aimé ce livre, ma mère m’a acheté un CD avec les chansons de
Joni. J’ai entendu pour la première fois des paroles telles que «nous sommes
tous sur des roulettes». Elle chantait que l’on pouvait prendre du bon temps
en étant en fauteuil roulant et que «personne n’est parfait». J’ai écouté ces
cassettes en boucle en Australie, quand j’étais petit, et je me surprends
encore à les chantonner aujourd’hui. Vous pouvez imaginer combien il était
extraordinaire, pour moi, d’être invité pour la première fois à la rencontrer.
J’étais en visite aux Etats-Unis en 2003 pour parler dans une église de
Californie. Après mon discours, une jeune femme qui travaillait pour Joni
s’est présentée à moi et m’a invité à venir au quartier général de son
organisation Joni and Friends, à Agoura Hills.
J’ai été ébloui quand elle a pénétré dans la pièce. Elle s’est penchée vers
moi pour m’embrasser et nous avons passé un superbe moment ensemble.
Joni n’a pas beaucoup de force physique, du fait de sa tétraplégie, et quand
elle s’est penchée vers moi, elle a eu du mal à remettre son corps dans son
fauteuil. Instinctivement, je l’ai un peu poussée pour l’aider. «Vous êtes très
fort!» a-t-elle constaté.
J’étais très touché en l’entendant dire cela. Cette femme épatante, qui
m’avait donné force et espoir quand j’étais enfant, me disait que j’étais
[137]
fort. Elle a raconté qu’au début, comme moi, elle avait lutté contre son
handicap. Elle avait envisagé de se lancer du haut d’un pont avec son
fauteuil roulant, mais elle s’est dit qu’elle pourrait ainsi seulement
endommager son cerveau et rendre sa vie encore plus misérable. Alors elle a
prié: «Dieu, si je ne peux pas mourir, montre-moi comment je dois vivre.»
Peu après cet accident, l’un de ses amis lui a cité un verset de la Bible qui
dit: «Exprimez votre reconnaissance en toute circonstance, car c’est la
volonté de Dieu pour vous en Jésus-Christ.»11 Elle n’était pas
particulièrement croyante, à cette époque, et elle était encore aigrie et
frustrée par sa paralysie. Le message n’est pas passé: «Tu rigoles, je ne suis
pas du tout reconnaissante pour cela. Pas question!»
Son ami lui a dit qu’elle n’avait pas à être reconnaissante pour la paralysie,
mais qu’elle devait juste avoir la foi et remercier Dieu pour les bénédictions
à venir.
C’était difficile pour elle d’adhérer à cette idée. A ce moment-là, elle se
considérait comme une victime, et c’est ainsi qu’elle se présentait: «victime
d’un terrible accident de plongée». Au début, elle en voulait à tout le monde,
sauf à elle-même, de sa tétraplégie, et elle voulait que justice soit faite. Elle
attaquait, elle exigeait. Elle a même reproché à ses parents de lui avoir
donné naissance dans un monde où elle pouvait être paralysée.
Joni avait le sentiment que le monde lui devait quelque chose parce qu’elle
avait perdu l’usage de ses bras et de ses jambes. Elle a fini par comprendre
que se poser en victime était un moyen facile de se cacher. Nous pouvons
tous nous prétendre victimes, un jour ou l’autre. Certains se sentent lésés
[138]
parce qu’ils sont nés dans la pauvreté, d’autres parce que leurs parents sont
divorcés, parce qu’ils ont une mauvaise santé ou un mauvais poste de travail,
ou encore parce qu’ils ne sont pas aussi minces, aussi grands ou aussi beaux
qu’ils auraient voulu l’être.
Si nous pensons avoir droit à de bonnes choses dans la vie, nous nous
sentons volés et outragés quand survient une difficulté. Nous en faisons le
reproche aux autres et exigeons qu’ils paient pour ce qui nous arrive, quoi
que ce soit. Nous devenons des victimes professionnelles et manifestons un
état d’esprit égocentrique. Mais les «réunions de plaintes» sont les
événements les plus ennuyeux et les plus improductifs que l’on puisse
imaginer; on n’y entend que des «pauvre de moi» et l’on a très vite envie de
s’arracher les cheveux et de partir en courant.
Comme Joni, rejetez le rôle de victime, car il n’a aucun avenir. Elle
souligne que la souffrance nous mène à un carrefour où nous pouvons
choisir entre le chemin qui descend droit vers le désespoir et celui qui
monte, et ce grâce à la reconnaissance. Peut-être aurez-vous du mal à
éprouver ce sentiment, au début, mais, si vous décidez de ne plus être une
victime et vivez les journées l’une après l’autre, la force vous en viendra. Si
vous êtes incapable de trouver un seul aspect de votre situation pour lequel
remercier Dieu, pensez aux bons moments à venir et exprimez votre
gratitude à l’avance. Cela vous aidera à poser les fondements de l’optimisme
tout en vous projetant dans l’avenir au lieu de rester accroché(e) au passé.
Joni a pris conscience que le chemin qui mène loin de l’autodestruction
était inscrit quelque part sur les pages de la Bible, et elle n’a pas mis
longtemps à découvrir la vérité: en marchant jour après jour avec la force
[139]
préparés à la douleur qui nous submerge alors, voire nous paralyse. Pourtant,
certains se mettent à agir et transforment leur terrible perte en une force
bienfaisante. Candy Lightner est un bon exemple: elle a su transformer en
action la colère et l’angoisse qu’elle a ressenties après que sa fille de 13 ans
a été tuée par un conducteur ivre. Elle a fondé l’association Mothers Against
Drunk Driving («Mères contre l’alcool au volant»), qui a sans aucun doute
sauvé de nombreuses vies grâce à ses activités et à ses programmes
éducatifs.
Lorsqu’une tragédie frappe un être aimé ou nous-mêmes, nous sommes
tentés de nous cacher quelque part pour pleurer, en espérant que la douleur
passera un jour. Pourtant, nombre de personnes comme Tabitha, Joni
Eareckson Tada ou Candy Lightner ont choisi de passer à l’action. Elles
croient que même la pire tragédie offre des possibilités d’agir de façon
positive. Carson Leslie, originaire de Dallas, est un autre exemple
incroyable. Je l’ai rencontré quand il avait 16 ans, mais cela faisait déjà
2 ans qu’il luttait contre le cancer. Cette étoile montante du baseball au
sourire resplendissant, dont le rêve était de jouer pour les Yankees de New
York, n’avait que 14 ans lorsqu’on lui a diagnostiqué une tumeur au cerveau
qui a atteint ensuite sa colonne vertébrale. Il a subi des opérations, la
radiothérapie et la chimiothérapie. Son cancer a régressé, avant de reprendre
le dessus.
Pendant tout ce temps, il a fait de son mieux pour être un jeune normal
vivant une vie normale. Il a souvent parlé de son verset préféré de la Bible,
que quelqu’un lui avait juste cité après que son diagnostic avait été établi.
C’est Josué 1.9: «Ne t’ai-je pas ordonné: ‘Fortifie-toi et prends courage’? Ne
sois pas effrayé ni épouvanté, car l’Eternel, ton Dieu, est avec toi où que
[142]
tu ailles.» Il a déclaré peu de temps après que ce verset n’était pas son
«verset du cancer», mais son «verset de vie».
Dans son livre12, Carson a écrit: «Peu importe le temps que je vivrai, je
veux que ce verset soit gravé sur ma tombe. Et quand les passants la verront,
je veux qu’ils lisent ce verset et comprennent à quel point il m’a aidé à
traverser les épreuves de la vie. J’espère que d’autres y puiseront le même
réconfort que moi.»
Ce garçon incroyablement courageux a écrit cet ouvrage avec l’aide de son
professeur d’anglais, «afin d’être la voix des enfants et des adolescents qui
souffrent du cancer mais qui sont incapables d’exprimer l’impact de cette
maladie sur leur vie personnelle, sociale, physique et émotionnelle». Carson
est décédé le 12 janvier 2010, alors même que son livre était en cours de
publication. Les droits d’auteur sont reversés à la fondation Carson Leslie
qui soutient la recherche en oncologie pédiatrique.
De quelle générosité il a fait preuve! Fatigué et malade, il a passé ses
derniers jours à écrire un ouvrage qui devait profiter aux autres et les
encourager. J’aime aussi les derniers mots de son livre: «Aucun de nous ne
sait ce que la vie lui réserve… mais il est facile d’être courageux quand on
sait que le courage vient de Dieu.»
J’ai rencontré Carson à Dallas par l’intermédiaire de Bill Noble, un
bijoutier à la foi profonde, qui m’a souvent invité à parler dans sa paroisse et
ailleurs. Les enfants de Bill étaient dans la même école que lui, et il nous a
permis de nous rencontrer. Il nous a appelés tous les deux des «généraux du
royaume de Dieu».
En dehors de ses gentilles moqueries, Bill me parle souvent de l’importance
de laisser une trace de notre passage et de mettre chaque seconde à profit,
[143]
tout comme l’a fait Carson à un si jeune âge. Il lui répétait souvent, tout
comme à moi, que devant Dieu nous sommes bien plus que notre enveloppe
charnelle; comme il est dit dans Jean 6.63: «C’est l’Esprit qui fait vivre,
l’homme n’arrive à rien. Les paroles que je vous dis sont Esprit et vie.»
3. L’empathie
Si l’action semble hors de votre portée, il y a encore une autre option, c’est
celle qui vient du cœur. Quand j’ai acquis plus d’expérience et plus de
maturité, je me suis rendu compte que l’un des facteurs qui m’ont conduit,
étant enfant, aux pensées de suicide, c’était le fait que j’étais terriblement
égocentrique. Je croyais que personne d’autre n’avait jamais subi la même
frustration physique et la même souffrance émotionnelle que moi. Je ne
regardais qu’à mes propres difficultés.
Mon attitude s’est considérablement améliorée lorsque j’ai un peu grandi et
me suis rendu compte que beaucoup avaient des problèmes aussi grands,
voire plus grands, que les miens. Quand j’en ai pris conscience, j’ai
commencé à faire preuve de bien plus d’empathie et à tendre la main aux
autres pour les encourager. Alors que nous étions en visite en Australie en
2009, la fillette d’un couple d’amis de ma famille m’a montré un très bel
exemple d’une telle attitude. Je ne l’avais jamais rencontrée et elle n’avait
que 2 ans et demi. Elle a gardé ses distances avec moi durant une grande
partie de la soirée, m’étudiant de loin comme le font souvent les petits. Puis,
quand ses parents étaient sur le point de partir, j’ai demandé à cette belle
fillette si elle voulait m’embrasser.
Elle a souri et s’est avancée vers moi d’un pas prudent. Quand elle est
[144]
arrivée suffisamment près de moi, elle s’est arrêtée, m’a regardé dans les
yeux et a lentement replié ses bras derrière son dos, comme pour manifester
sa solidarité avec moi et mon absence de membres. Puis elle s’est avancée
encore un peu et a posé sa tête sur mon épaule, m’embrassant avec sa joue
comme elle m’avait vu le faire avec d’autres. Toutes les personnes présentes
dans la pièce étaient frappées par son incroyable manifestation d’empathie.
J’ai été étreint un grand nombre de fois, mais je peux dire sans mentir que je
n’oublierai jamais la façon dont cette petite l’a fait, car elle avait un talent
extraordinaire pour sentir les émotions des autres.
L’empathie est un don exceptionnel. Je vous encourage à la pratiquer et à
en faire preuve chaque fois que vous en avez l’occasion, car elle soigne ceux
qui donnent tout comme ceux qui reçoivent. Quand vous traversez une
période difficile, une tragédie ou des obstacles, au lieu de tourner le regard
vers l’intérieur, tournez-vous vers ceux qui vous entourent. Au lieu de vous
sentir blessé(e) et de rechercher la pitié, trouvez quelqu’un qui a de plus
grandes blessures et aidez-le à guérir. Comprenez que, même si votre
douleur et votre souffrance sont légitimes, la souffrance fait partie de la
condition humaine. Aider quelqu’un d’autre est une façon de guérir vous-
même tout en l’aidant à guérir.
Mon ami Gabe Murfitt l’a parfaitement bien compris. Nous nous sommes
rencontrés en 2009 au repas de charité Gather4Him, à Richland, dans l’Etat
de Washington. Gabe est né avec une malformation des jambes et des bras:
ils ne font qu’une dizaine de centimètres. Ses pouces sont dépourvus d’os et
il est malentendant. Il arrive pourtant à être extrêmement actif en jouant au
baseball, au basket et au hockey, en sautant à la corde ou en s’amusant
[145]
4. Le pardon
La quatrième attitude à envisager, quand vous cherchez à passer par-dessus
les circonstances, c’est le pardon. C’est peut-être la meilleure de toutes, mais
aussi la plus difficile à adopter. Croyez-moi, je le sais. Comme je vous l’ai
raconté, dans mon enfance, pendant un temps je ne pouvais pas pardonner à
Dieu ce qui semblait être une grossière erreur de sa part: mes membres
manquants. J’étais en colère et ne savais que formuler des reproches. Le
pardon ne figurait pas parmi mes options.
Comme moi, vous traverserez aussi une période de colère et d’indignation
avant d’arriver au pardon. C’est naturel, mais il ne faut pas vous accrocher à
ces émotions, car vous vous ferez seulement du mal en les laissant dominer
votre cœur.
La colère n’est pas faite pour le long terme. Pareil à une voiture, votre corps
tombe en panne si vous faites tourner le moteur trop longtemps. Des
recherches médicales ont montré que le fait d’être indigné et fâché sur de
longues périodes provoque un stress physique et psychologique qui, à son
tour, affaiblit le système immunitaire et peut endommager des organes
vitaux. Il y a un autre problème avec la colère: tant que j’imputais mon
absence de bras et de jambes à quelqu’un d’autre, je n’avais pas à prendre
[148]
a affirmé: «Dieu m’a montré que je paierais un grand prix pour l’installation
de son Eglise ici, mais que quelque chose d’extraordinaire en résultera.»
En dépit des menaces, il a fondé cette assemblée. Au début, peu de gens
venaient au culte. Une semaine après l’ouverture de l’église, l’un des fils du
pasteur a été assassiné dans la rue. En deuil, il a de nouveau prié, demandant
à Dieu ce qu’il devait faire. Le Seigneur lui a montré qu’il devait rester là.
Trois mois plus tard, il a été arrêté dans la rue par un homme à l’allure
menaçante, qui lui a demandé s’il désirait rencontrer l’assassin de son fils. Il
a répondu par la négative.
L’homme lui a alors demandé: «Etes-vous sûr? Et s’il vous demandait de
lui pardonner?»
Le pasteur a affirmé qu’il lui avait déjà pardonné.
L’homme s’est effondré et a déclaré: «J’ai tué votre fils et je veux rejoindre
votre église.»
Dans les semaines qui ont suivi, le crime a presque totalement disparu de la
région, car de très nombreux membres de la mafia russe se sont joints à
l’église du pasteur.
Voilà quelle est la puissance du pardon. Quand vous adoptez cette attitude,
vous mettez en marche toutes sortes de mécanismes incroyables. Et
n’oubliez pas: elle vous permet également de vous pardonner à vous-même.
En tant que chrétien, je sais que Dieu pardonne à ceux qui cherchent à lui
plaire, mais bien trop souvent nous refusons de nous pardonner à nous-
mêmes les erreurs du passé, les mauvais choix et les rêves abandonnés.
Se pardonner à soi-même est tout aussi important que pardonner aux autres.
J’ai fait des erreurs, et vous en avez fait aussi. Nous nous sommes mal
comportés avec des personnes. Nous les avons mal jugées. Nous nous
[150]
ressources
tactique: tant qu’il n’était pas beaucoup plus grand ni plus haut que moi, je
pouvais le faire tomber par terre et coincer son bras avec mon menton. «Tu
pouvais presque me casser le bras avec toute la force que tu avais dans le
menton, mais quand je suis devenu plus âgé et plus grand, il suffisait que je
bloque ton front avec ma main et tu ne pouvais plus t’approcher de moi»,
constate-t-il.
Le problème que j’allais avoir était là: je n’avais pas peur de me battre, je
ne savais juste pas comment m’y prendre. Dans toutes les bagarres que l’on
voit à la télé ou au cinéma, les adversaires échangent coups de pied et coups
de poing. Il me manquait l’essentiel pour les imiter.
Cela ne semblait pas perturber Chucky: «Si tu sais te battre, prouve-le!»
J’ai grogné que j’étais d’accord et que je l’attendrais à l’Ovale lors de la
pause.
«C’est noté, t’as intérêt à y être!» a-t-il rétorqué.
L’Ovale était une plateforme de ciment en forme d’œuf au milieu de notre
cour de récréation, couverte par ailleurs d’herbe et de poussière. Nous battre
là-bas, c’était comme nous battre sur le ring de l’arène scolaire. C’était notre
scène principale. Ce qui se passait là n’y restait jamais, et si j’y étais battu,
ma défaite resterait à jamais gravée dans les mémoires.
Durant tous les cours de grammaire, de géographie et de maths de la
matinée, mon esprit était absorbé par le rendez-vous de midi avec la terreur
de l’école. La nouvelle que j’allais m’en prendre à Chucky a fait le tour du
collège, et cela ne m’a pas aidé. Tout le monde voulait connaître mon plan
d’attaque, et je n’en avais pas la moindre idée.
L’image de Chucky en train de m’assommer ne cessait de repasser dans
[154]
mon esprit. J’ai prié pour qu’un prof entende parler de la bagarre et l’arrête
avant même qu’elle ne commence, mais rien de tel ne s’est produit.
Le moment tant redouté est enfin arrivé: le gong de la cantine a sonné. Mes
supporters se sont rassemblés autour de mon fauteuil et, en silence, nous
nous sommes mis en route pour l’Ovale. La moitié de l’école était là.
Certains avaient amené leur déjeuner, quelques-uns faisaient des paris sur le
résultat. Comme vous pouvez le deviner, j’étais largement donné perdant.
Chucky m’a demandé si j’étais prêt à me battre.
«Oui», ai-je signifié de la tête, mais je n’avais aucune idée de la manière
dont cela allait se passer.
Chucky ne savait pas vraiment non plus, et il a demandé: «Comment va-t-
on faire ça?»
«Je ne sais pas», ai-je répondu.
Il a alors exigé que je sorte de mon fauteuil, car ce n’était pas juste que j’y
reste.
Il semblait avoir peur que je le frappe puis que je prenne la fuite en fauteuil.
Cela m’a donné matière à négociation. Je n’étais pas un grand combattant,
mais j’avais déjà un bon sens de la négociation.
J’ai donc dit: «Si je descends de là, tu dois te mettre à genoux.»
On commençait à se moquer de Chucky parce qu’il s’en prenait à un gosse
handicapé, et il a accepté mes conditions. Mon coriace ennemi s’est donc
mis à genoux et j’ai sauté de mon fauteuil, me préparant pour mon grand
moment de triomphe; il fallait seulement que j’arrive à trouver une façon de
me battre sans poings. Il ne s’agissait tout de même pas de nous battre à
coups d’épaules, n’est-ce pas?
La foule de la pause repas a formé un cercle autour de nous pendant que
[155]
suffi pour que je m’écroule. J’ai même rebondi une fois… d’accord, peut-
être deux!
Ma tête a cogné le béton de l’Ovale. Je me suis évanoui, mais le cri d’une
fille m’a rapidement fait reprendre conscience.
Je priais pour le secours d’un professeur. Pourquoi n’y a-t-il jamais de
surveillants quand il y en a vraiment besoin? Lorsque j’ai finalement
retrouvé mes esprits, le méchant Chucky se dressait au-dessus de moi. Ce
bâtard, avec sa tête ronde et pulpeuse, était en train de faire la danse de la
victoire!
C’en est trop. Je vais le cogner!
Je me suis retourné sur le ventre et, m’aidant de mon front, me suis redressé
pour une charge finale. Dopé par une charge d’adrénaline, j’ai galopé vers
lui aussi vite que j’ai pu. Il ne s’y attendait pas.
Il a commencé à reculer sur ses genoux. J’ai bondi vers l’avant, utilisant
mon pied gauche pour me propulser tel un missile humain. Ma tête a atterri
en plein contre son nez et il s’est écroulé. Je suis tombé sur lui et j’ai roulé
sur le côté.
Quand j’ai levé les yeux, il était étendu par terre, se tenant le nez et hurlant
à tue-tête.
Au lieu de me sentir victorieux, j’étais submergé par la culpabilité. En bon
fils de pasteur, j’ai demandé pardon: «Je suis désolé, ça va?»
Une fille a crié que Chucky saignait.
«Impossible», ai-je pensé.
Et pourtant, du sang coulait bel et bien de son nez à travers ses gros doigts.
Il a retiré sa main, et le sang a coulé le long de son visage, laissant une tache
rouge vif sur sa chemise.
La moitié de la foule applaudissait, et l’autre moitié était atterrée… pour
lui. Après tout, il venait d’être battu par une demi-portion sans bras ni
[157]
refusent de sortir. Si nos craintes nous empêchent de faire tout ce que nous
pouvons faire ou de devenir tout ce que nous pouvons devenir, elles ne sont
pas raisonnables.
La peur du possible
J’ai une amie dont les parents ont divorcé quand elle était petite. Ils n’ont
jamais cessé de se disputer, même après leur divorce. Maintenant adulte, elle
a peur de se marier. Elle ne veut pas finir comme ses parents.
Pouvez-vous imaginer ne jamais entretenir de relation durable parce que
vous craignez que cela ne fonctionne pas? Cette peur est malsaine. On ne
peut pas penser au mariage uniquement comme au premier pas vers le
divorce. Lord Tennyson dit dans un poème: «Mieux vaut avoir aimé et perdu
ce qu’on aime que de n’avoir jamais connu l’amour.»
Une existence joyeuse et épanouie est impossible, si vous êtes paralysé(e)
par la peur qu’un jour, quelque part, quelque chose pourrait peut-être arriver.
Si nous restions tous dans notre lit chaque jour, par peur d’être frappés par la
foudre ou piqués par un moustique transmettant le paludisme, la vie serait
bien triste, n’est-ce pas?
Bien des gens vivent dans la crainte parce qu’ils se posent la question: «Et
si?» alors qu’ils devraient dire: «Et pourquoi pas?»
* Et si j’échouais?
* Et si je n’étais pas assez bon(ne)?
* Et si l’on riait de moi?
* Et si j’étais recalé(e)?
* Et si je n’arrivais pas à gérer ma réussite?
Je comprends cette manière de penser. En grandissant, j’ai dû affronter
[162]
les plus grandes peurs: celle d’être rejeté, de ne pas trouver ma place, de ne
pas être autonome. Ce n’était pas que de l’imagination: il me manquait
«l’équipement standard». Mais mes parents m’ont dit que je devais toujours
me concentrer non sur ce qui manquait, mais sur ce que j’avais et sur ce que
je pouvais faire, si seulement j’osais suivre mon imagination.
Ils me disaient: «Rêve grand, Nicky, et ne laisse jamais la peur t’empêcher
de poursuivre tes rêves. Tu ne dois pas laisser la peur définir ton avenir.
Choisis la vie que tu veux mener et va vers elle.»
Jusqu’ici, je me suis adressé à différents publics dans plusieurs pays tout
autour du globe. J’ai porté un message d’espérance et de foi devant des
foules, dans des stades, des arènes, des écoles, des églises, des prisons. Je
n’aurais jamais pu le faire si mes parents ne m’avaient pas encouragé à
reconnaître mes peurs et à les dépasser.
La motivation par la peur
Même si nous ne deviendrons jamais des géants du sport comme Michael
Jordan, nous pouvons l’imiter en faisant de notre peur une motivation à
poursuivre nos rêves et à aller vers l’existence que nous voulons mener.
Laura Gregory, une amie d’école, était très intelligente. Je pouvais toujours
compter sur elle pour me dire exactement ce qu’elle pensait; elle ne tournait
pas autour du pot. Un jour, elle m’a demandé: «A l’école, tu as l’aide du
professeur; et à la maison, qui s’occupe de toi?»
Ne comprenant pas encore où elle voulait en venir, j’ai répondu que
c’étaient mes parents qui le faisaient. Cela me convenait. Comment faire
autrement?
Elle a poursuivi le fil de sa pensée: «Je veux dire, pour des choses comme
[163]
t’habiller, prendre une douche, aller aux toilettes? Où est ta dignité? C’est un
peu étrange que tu ne puisses pas le faire tout seul, non?»
Laura ne voulait pas me blesser. Elle cherchait la vérité et voulait vraiment
savoir comment je vivais chaque aspect de ma vie. Mais là, elle avait touché
un point sensible: une de mes plus grandes peurs, à cette époque, était d’être
un fardeau pour ceux que j’aimais. J’étais très souvent hanté par l’idée d’être
trop dépendant de mes parents, de mon frère et de ma sœur. Il m’arrivait de
me réveiller la nuit en sueur, terrorisé par la pensée que mon père et ma
mère disparaissent, me laissant à la charge d’Aaron ou de Michelle.
Cette peur était si réelle que j’étais parfois submergé par des visions de ma
dépendance. Les questions directes de Laura à propos de ma dignité m’ont
aidé à passer du trouble à la motivation. La question de ma dépendance a
toujours traîné à l’horizon de ma conscience, mais, après cette conversation,
j’ai décidé de la faire passer au premier plan et d’adopter une attitude active
dans ce domaine.
Si j’y réfléchissais sérieusement, dans quelle mesure pourrais-je devenir
indépendant? Motivé par ma crainte d’être un fardeau pour ceux que
j’aimais, je me suis posé un ordre de mission (même si, à l’époque, je
n’avais aucune idée de ce qu’était un ordre de mission). Ma peur a allumé
ma passion motrice et m’a donné la force d’aller de l’avant. J’ai besoin de
faire plus de choses par moi-même. La question est: comment?
Mes parents m’ont toujours assuré qu’ils étaient là pour m’aider et que cela
ne les dérangeait pas de me porter, de me soulever, de m’habiller et de
pourvoir à mes besoins. Mais cela m’ennuyait de n’être même pas en [164]
mesure de boire un verre d’eau, cela m’ennuyait que quelqu’un doive
toujours me soulever pour me mettre sur les toilettes. En grandissant, je
voulais tout naturellement acquérir plus d’indépendance et être en mesure de
m’occuper moi-même de mes besoins. Ma peur m’a donné la détermination
nécessaire pour aller de l’avant dans cette démarche.
Une pensée qui m’a préoccupé et m’a vraiment poussé à agir était celle
d’être un fardeau pour mon frère Aaron, une fois mes parents disparus. Si
quelqu’un méritait de mener une vie normale, c’était bien mon pauvre petit
frère. J’avais le sentiment que Dieu lui devait bien ça: la plupart du temps, il
était contraint de m’apporter son aide et de vivre avec moi, tout en me
voyant bénéficier d’énormément d’attention de la part de mes parents.
Certes, il avait des bras et des jambes, mais d’une certaine façon il était
perdant dans l’histoire, puisqu’il se sentait toujours obligé de veiller sur moi.
Ma décision de devenir le plus autonome possible était une question de
survie. Laura m’a rappelé que j’étais toujours dépendant de la gentillesse et
de la patience des autres. Je savais que je ne pourrais pas toujours compter
dessus, et c’était aussi une question de fierté.
Je suis totalement en mesure d’avoir un jour une famille, et je ne voudrais
jamais que ma femme soit obligée de me porter çà et là. J’ai envie d’avoir
des enfants, d’être un bon père et de pourvoir aux besoins du foyer. J’ai alors
pensé: «Je dois quitter ce fauteuil roulant.»
La peur peut être une ennemie, mais, dans ce cas-là, elle a été mon amie.
J’ai annoncé à mes parents que je voulais trouver des façons de prendre soin
de moi-même. Bien sûr, au début, ils se sont inquiétés. Ils m’ont dit: «Tu
[165]
n’as pas à le faire. Nous ferons en sorte que l’on s’occupe toujours de toi.»
J’ai répondu que je devais le faire pour eux et pour moi, que nous
trouverions ensemble des solutions.
C’est ce que nous avons fait. Nos efforts de créativité m’ont fait penser de
bien des façons à la série Les Robinson suisses, qui met en scène une famille
bloquée sur une île; tous ses membres se mettent à inventer des trucs
extraordinaires pour se laver, préparer à manger et survivre. Je sais qu’un
homme n’est pas une île, en particulier un homme sans bras ni jambes.
J’étais peut-être plutôt une péninsule ou un isthme.
Ma mère, en tant qu’infirmière, et mon père, en tant que grand bricoleur,
ont d’abord cherché une méthode qui me permette de prendre une douche et
de me laver les cheveux. Mon père a remplacé les boutons tournants de la
douche par des leviers que je pouvais lever et baisser avec mes épaules. Ma
mère a ramené à la maison un dispensateur de savon actionné avec le pied,
que les chirurgiens utilisent quand ils se préparent pour une opération. Nous
l’avons adapté pour que je puisse faire couler le savon et le shampooing en
appuyant sur la pédale.
Mon père et moi avons ensuite mis en place un support mural en plastique
destiné à tenir une brosse à dents électrique. Je l’actionnais et l’éteignais
grâce à un interrupteur et pouvais me brosser les dents en bougeant la tête
d’avant en arrière.
J’ai informé mes parents que je voulais être capable de m’habiller moi-
même. Ma mère a alors fabriqué des shorts avec fermeture velcro, de
manière à ce que je puisse m’y glisser et en sortir sans l’aide de personne.
Les boutons ayant toujours représenté une difficulté pour moi, nous avons
trouvé des chemises que je pouvais enfiler en les jetant sur ma tête, puis en
[166]
me tortillant à l’intérieur.
Ma plus grande peur nous a donné une mission qui était à la fois difficile et
amusante. Nous avons tous les trois imaginé de nombreux moyens pour que
je sois plus indépendant. Les télécommandes, téléphones portables et
claviers d’ordinateur sont pour moi un don du ciel, car je peux les faire
fonctionner avec mon pied.
Certaines des solutions trouvées ne correspondaient pas tout à fait à de la
haute technologie. J’ai appris à éteindre notre alarme de sécurité en utilisant
mon nez pour presser les boutons. J’utilisais aussi un club de golf coincé
entre mon cou et mon menton pour allumer la lumière et ouvrir certaines
fenêtres de la maison.
Pour des raisons évidentes, je vous épargnerai les détails, mais nous avons
aussi conçu d’ingénieuses astuces me permettant d’utiliser les toilettes sans
aide extérieure. Vous pouvez découvrir quelques-unes de nos méthodes et
astuces sur une vidéo15. Rassurez-vous: rien n’a été filmé dans les toilettes!
Je suis reconnaissant à Laura de notre petite conversation au sujet de ma
dignité, et je suis aussi reconnaissant d’avoir éprouvé la peur de la
dépendance en tant qu’enfant, car elle m’a poussé à devenir plus autonome.
La maîtrise de tâches quotidiennes simples que les autres accomplissent sans
même y penser a fait des merveilles et m’a donné confiance en moi. Si je
n’avais pas transformé en énergie positive des émotions potentiellement
négatives, je n’aurais pas pu me forcer moi-même à le faire.
Vous pouvez faire de même: exploitez l’énergie générée par votre peur de
l’échec, du rejet ou d’autres craintes, et utilisez-la pour mettre en marche
[167]
une action positive qui vous rapproche davantage de votre rêve.
La peur recadrée
Vous pouvez aussi contrecarrer des peurs paralysantes en les combattant
par la peur elle-même. Pensez à votre plus grande crainte. Par exemple,
disons que vous avez peur d’oublier votre discours alors que vous vous tenez
devant un public énorme. C’est un souci pour moi. Imaginez la pire chose
qui arrive: vous oubliez ce que vous vouliez dire et vous êtes hué(e) et
chassé(e) de l’estrade. Ensuite, imaginez-vous en train de vous exprimer de
façon si convaincante que votre public accueille votre discours avec un
tonnerre d’applaudissements.
Vous pouvez faire le choix de rester sur ce deuxième scénario et de
l’imprimer dans votre esprit, de telle sorte que chaque fois que vous vous
préparez, vous puissiez dépasser la peur d’être hué(e) et aller directement au
tonnerre d’applaudissements. Cela a fonctionné pour moi, et cela peut
fonctionner pour vous aussi.
Une méthode similaire, pour dépasser une peur, consiste à trouver parmi
vos expériences du passé des exemples où vous avez persévéré et surmonté
des obstacles. Par exemple, si je suis angoissé et nerveux à l’idée de
rencontrer une personne de l’importance de l’animatrice de télévision Oprah
Winfrey, je vais puiser du courage dans ma mémoire.
Tu as peur de rencontrer Oprah? Que va-t-elle faire? Couper tes bras et
tes jambes? Attends, ça fait déjà plus de 25 ans que tu vis et voyages sans
bras ni jambes. Oprah, je suis prêt! Embrasse-moi!
[168]
Coincé avec la peur
Enfant, j’avais une peur qui semblait très naturelle: celle des médecins
équipés de seringues. Chaque fois que je devais aller me faire vacciner
contre la rougeole, le tétanos ou la grippe, je me cachais derrière ma mère.
Une partie du problème résidait dans le fait que mon corps n’offrait qu’un
choix limité d’endroits où l’on pouvait me faire une piqûre. Avec les autres
enfants, on avait le choix entre les deux bras ou les fesses; mon corps
raccourci n’offrait qu’un seul endroit possible, et comme mon postérieur est
proche du sol, c’était particulièrement douloureux pour moi, même si la
piqûre était faite vers le haut de la hanche. Je ne pouvais plus me déplacer
pendant une journée entière.
Du fait de mon handicap, j’ai passé une bonne partie de ma jeunesse à
servir de coussin à aiguilles aux médecins armés de seringues, et j’en ai
développé une peur très profonde. J’en suis arrivé à m’évanouir à la seule
vue d’une seringue.
Un jour au collège, deux infirmières de l’école qui ne savaient pas grand-
chose de mon histoire ni de l’anatomie humaine sont arrivées chacune d’un
côté, m’ont coincé entre elles sur mon fauteuil et m’ont fait une piqûre dans
chaque épaule, là où il n’y a que très peu de graisse et de muscles. C’était
intenable. La douleur était telle que j’ai demandé à mon ami Jerry de rester
près de moi et de diriger mon fauteuil roulant, car je me sentais faible. Il en a
pris le contrôle, et j’ai effectivement perdu connaissance. Ne sachant que
faire, le pauvre est entré dans notre classe de physique avec moi,
inconscient, dans mon fauteuil, et a demandé de l’aide au professeur.
Connaissant ma grande peur de la piqûre, ma mère évitait soigneusement de
nous avertir – mon frère, ma sœur et moi – quand nous allions chez le
[169]
médecin pour nos vaccins. Quand j’avais 12 ans, nous avons vécu un
rendez-vous de ce genre qui est resté gravé dans les annales de la famille.
Ma mère a simplement annoncé que nous allions juste nous faire
«examiner» pour l’école, et ce n’est que dans la salle d’attente que j’ai
commencé à éprouver des doutes. Nous avons vu une petite fille d’à peu
près mon âge entrer dans le cabinet, puis nous l’avons entendue crier quand
elle a reçu sa piqûre.
«Vous avez entendu ça? ai-je dit à Aaron et Michelle. Ils vont aussi nous
faire une piqûre!»
Ma peur s’est réveillée et j’ai commencé à paniquer. Je pleurais et hurlais
en disant à ma mère que je ne voulais pas de piqûre, que cela faisait trop mal
et que je voulais rentrer chez moi. Comme j’étais l’aîné, les autres ont suivi
mon exemple de bravoure et se sont aussi mis à pleurer et à supplier pour
rentrer à la maison.
Notre mère, en tant qu’infirmière, n’avait pas pitié de nous. Elle connaissait
bien la guerre de la piqûre. Malgré nos coups de pied, griffures et
hurlements, elle nous a traînés dans le cabinet, tel un officier de marine
traînant des soldats saouls au trou.
Voyant que la panique et les supplications seules ne suffisaient pas, j’ai
tenté de négocier avec le médecin familial. J’ai braillé: «N’avez-vous pas
plutôt quelque chose que je pourrais boire?»
«J’ai bien peur que non, mon petit.»
L’heure était venue pour le plan B: mon frère. Je me suis tourné vers Aaron
et lui ai demandé de m’aider à m’échapper. J’avais un plan d’évasion tout
prêt: il devait détourner l’attention des médecins en tombant de la table
d’examen afin que je puisse me glisser hors de mon fauteuil roulant et filer.
Ma mère m’a intercepté. Saisissant l’occasion, ma petite sœur s’est jetée
[170]
vers la porte, mais une infirmière qui passait dans le couloir l’a attrapée.
Michelle s’est alors accrochée avec ses petits bras et ses petites jambes à la
porte du cabinet; ils n’arrivaient pas à l’en détacher. Comme je l’admirais!
Nos cris hystériques s’entendaient dans toute la clinique, et le personnel est
arrivé en courant, pensant que l’on nous faisait subir les pires tortures.
Malheureusement, les renforts se sont vite rangés dans le mauvais camp.
Deux d’entre eux m’ont plaqué au sol pour me faire la piqûre, alors que je
hurlais comme un cochon qu’on amène à l’abattoir.
Au moment où ils ont voulu me planter l’aiguille, je n’ai pas cessé de me
tortiller. Je me lançais dans tous les sens; l’aiguille s’est donc enfoncée puis
est ressortie. Le docteur a dû me piquer de nouveau! Mes cris ont même
déclenché des alarmes de voiture sur le parking.
J’ignore comment, mais nous avons tous, mon frère, ma sœur, ma mère et
le personnel soignant, survécu à cette journée. Nous les enfants avons fait
tout le trajet du retour en larmes.
Ma peur n’a fait que rendre la douleur plus grande que si je les avais laissés
me faire la piqûre. Ma simple inaptitude à gérer ma crainte a doublé ma
souffrance. Je n’ai pas pu me mouvoir pendant deux jours au lieu d’un seul,
comme d’habitude!
Alors gardez à l’esprit cette petite histoire tirée de ma vie: si vous laissez
vos peurs prendre le contrôle de vos actes, vous aurez pour seule
récompense d’avoir mal aux fesses!
Notre jeu favori, à mon frère et à moi, était la bataille navale. J’utilisais
[171]
Comme vous pouvez l’imaginer, quand j’étais enfant, j’ai vécu une très
longue histoire de chutes et d’accrochages qui s’inscrivait en bleu sur mon
corps. Je suis tombé de tables, chaises hautes, lits, rampes et escaliers.
N’ayant pas de bras pour amortir ma chute, j’atterrissais la plupart du temps
sur le menton, le nez et le front. De nombreuses chutes ont été très rudes.
En revanche, je ne suis jamais resté par terre. Il existe un proverbe japonais
qui décrit ma formule pour réussir: «Si tu tombes sept fois, relève-toi huit
fois.»
Il nous arrive à tous d’échouer, même aux meilleurs d’entre nous. Ceux qui
ne se relèvent pas d’une défaite sont souvent ceux qui voient dans l’échec un
synonyme de la fin. Nous avons tous besoin de nous rappeler que la vie n’est
pas un test auquel on échoue ou réussit. Elle est un processus, fait d’erreurs
et de nouvelles tentatives. Ceux qui réussissent s’appuient sur leurs erreurs
pour rebondir, ils les voient comme étant temporaires et comme des
expériences dont ils peuvent tirer une leçon. Je connais beaucoup de
personnes qui ont réussi leur vie et se sont emmêlé à un certain point les
pinceaux. On dit souvent que la réussite ne vient que grâce aux erreurs
commises sur le chemin. Quand ces personnes se sont trompées, elles
[174]
qu’est-ce qui vaut le mieux: être debout ou à terre? Nous n’avons pas été
créés pour ramper dans la poussière mais pour nous relever encore et
toujours, jusqu’à ce que notre potentiel soit pleinement réalisé.
Je rencontre quelquefois des problèmes lorsque je démontre, pendant mes
discours, ma technique pour me relever. En général je suis installé, pour
parler, sur une plateforme élevée, une estrade ou même un bureau si la
rencontre se déroule dans une salle de classe. Une fois, dans une école, je
suis tombé à plat ventre. J’ai alors compris qu’une âme charitable avait ciré
la surface de la table juste avant mon discours; elle était plus glissante
qu’une patinoire olympique. J’ai essayé de frotter un endroit pour enlever la
cire et pouvoir m’y agripper, mais sans succès. C’était un peu embarrassant
de devoir laisser tomber la leçon et appeler quelqu’un à l’aide.
Une autre fois à Houston, lors d’un événement destiné à lever des fonds, je
parlais devant de nombreuses personnalités, dont Jeb Bush, l’ancien
gouverneur de Floride, et sa femme Columba. J’allais aborder l’importance
de ne jamais abandonner et, comme d’habitude, je suis tombé à plat ventre.
La foule est devenue silencieuse.
J’ai dit: «Nous échouons tous de temps à autre; mais échouer, c’est comme
tomber. Il suffit de continuer à nous relever et ne jamais tracer une croix sur
nos rêves.»
Tous les regards étaient rivés sur moi, mais avant que je puisse montrer que
même quelqu’un comme moi a la capacité de se relever, une femme que je
ne connaissais pas s’est précipitée vers moi du fond de la salle.
«Allons, laissez-moi vous aider!» a-t-elle dit.
J’ai murmuré entre mes dents que je n’avais pas besoin d’aide et que cela
[176]
faisait partie de ma démonstration.
Elle insistait: «Ne soyez pas têtu, laissez-moi vous aider!»
«Madame, je vous en prie, je n’ai pas besoin de votre aide. C’est pour
expliquer quelque chose.»
«Bon, d’accord, si vous êtes sûr, chéri!» a-t-elle dit avant de retourner à sa
place.
Je pense que le public était aussi soulagé de la voir se rasseoir que de
constater que je pouvais me relever! Les gens sont souvent très touchés,
quand ils voient combien ce simple mouvement m’est difficile. Ils
s’associent à ma lutte, car nous avons tous à lutter. Vous pouvez aussi
penser à cela, lorsque vous voyez vos plans s’écrouler ou traversez une
période difficile: épreuves et souffrances sont le lot de l’humanité tout
entière.
Les revers et les déceptions sont possibles même quand vous trouvez votre
vocation, vous appréciez à votre juste valeur, gardez une attitude positive et
refusez de laisser vos peurs vous entraver… Nous ne devons jamais
considérer un échec comme une fin ni l’identifier à la mort. Par ces luttes,
nous faisons l’expérience de la vie. Nous sommes dans la partie. Les défis
que nous relevons peuvent contribuer à nous rendre plus forts, meilleurs et
mieux armés pour réussir.
objectif, nos erreurs deviennent beaucoup plus faciles à gérer. Chaque faux
pas est quand même un pas, une leçon apprise, une occasion de faire mieux
la prochaine fois.
Je me suis rendu compte que, si nous abandonnons après un échec, nous ne
nous relevons jamais. En revanche, si nous en tirons des leçons et
continuons à essayer de faire de notre mieux, la récompense arrive: non
seulement l’approbation des autres, mais aussi le sentiment du devoir
accompli, car nous savons que chaque jour, nous faisons de notre mieux.
L’échec et le caractère
Est-il possible qu’échouer nous aide à nous construire et nous rende plus
aptes à réussir? Oui! Ce qui ne nous détruit pas nous rend plus forts, plus
concentrés, plus créatifs et plus déterminés à poursuivre notre rêve. Vous
avez peut-être hâte de réussir, et il n’y a rien de mal à cela, mais la patience
est aussi une vertu; l’échec vous l’enseignera certainement. Croyez-moi, j’ai
fini par comprendre que mon calendrier personnel n’est pas forcément ce
que Dieu regarde en premier. Il a ses propres projets, et nous devons
attendre pour les voir se réaliser.
J’ai vraiment appris cette leçon quand je me suis associé à mon oncle Sam
Radojevic pour fonder une entreprise chargée de fabriquer, vendre et
promouvoir un vélo allongé de son invention, baptisé le HippoCycle. Nous
avons démarré en 2006, et notre entreprise n’a toujours pas pris son essor,
mais avec chaque revers et chaque erreur, nous apprenons un peu plus et
nous nous approchons de notre objectif. Nous mettons en place notre affaire,
mais aussi notre caractère; je n’ai aucun doute là-dessus. J’ai appris que,
[180]
même si l’on fait de son mieux, ce n’est pas suffisant pour faire fonctionner
une entreprise. Le calendrier peut aussi être un facteur déterminant. Par
exemple, juste après le lancement de notre affaire, l’économie mondiale
s’est effondrée. Nous avons dû prendre notre mal en patience, nous
accrocher et attendre que le vent souffle dans notre direction.
Il y aura des moments où il vous faudra attendre que le monde vous
rattrape. Thomas Edison, qui a échoué dans plus de 10’000 expériences
avant de développer une version commerciale de l’ampoule électrique, a dit
que la plupart des personnes qui considèrent avoir échoué ne se rendent tout
simplement pas compte à quel point elles étaient proches du succès
lorsqu’elles ont abandonné. Elles y étaient presque, traversant des échecs,
mais gardant toujours le cap de la réussite. Cependant, elles ont abandonné
avant que le vent ne leur devienne favorable.
Nous ne savons jamais ce qui nous attend au tournant. Ce pourrait bien être
la réponse à nos rêves. Nous devons donc nous cramponner, rester forts et
continuer à lutter. Si vous échouez ou tombez, que vous arrivera-t-il? Edison
a dit encore: «Toute tentative reconnue comme étant mauvaise est un pas
vers l’avant.»
Si vous faites de votre mieux, Dieu fera le reste, et tout ce qui doit venir à
vous viendra. Pour gagner, il faut avoir un caractère fort, et chaque échec est
une expérience qui le renforce, dans la mesure où vous faites preuve de
l’ouverture nécessaire.
En 2009, je suis intervenu à Oaks, une école chrétienne de Californie. Elle
est petite mais connue pour être une terreur au foot. Il y a peu, plusieurs de
ses joueurs étaient les enfants de célébrités: Joe Montana, joueur de la
[181]
L’échec et la motivation
Nous pouvons choisir de réagir à une perte ou à un échec en désespérant et
en laissant tomber, ou bien nous pouvons nous en servir comme une leçon et
une motivation pour faire mieux. Un de mes amis est entraîneur dans une
salle de sport, et je l’ai entendu dire aux clients qui soulevaient des poids
d’aller jusqu’à l’épuisement. Quel encouragement! L’idée est de continuer à
travailler jusqu’à l’épuisement des muscles, de telle sorte que la fois
suivante on puisse dépasser cette limite et gagner en force.
Une des clés du succès, que ce soit pour le sport ou le travail, c’est la
[184]
pratique. Je pense qu’elle est semblable à une succession d’échecs qui mène
à la réussite. Je peux vous donner un exemple parfait avec l’histoire de mon
téléphone portable. Vous pensez peut-être que le smartphone est une grande
invention; pour moi, c’est un cadeau du ciel. Je me dis parfois que les
inventeurs ont dû penser à moi en le créant, car avec ce seul appareil, même
quelqu’un qui n’a ni bras ni jambes peut parler au téléphone, envoyer un
courriel ou un texto, écouter de la musique, enregistrer un mémo ou une
prédication, suivre la météo et les nouvelles du monde, juste en tapotant
dessus avec ses orteils.
Cependant, le téléphone portable n’est pas encore l’outil parfait pour moi,
puisque le pied avec lequel j’utilise l’écran tactile est situé à l’opposé de la
bouche! Je peux utiliser la fonction haut-parleur la plupart du temps, mais
quand je suis dans un aéroport ou un restaurant, je préfère ne pas associer
tous mes voisins à mes conversations.
J’ai donc dû trouver une façon de mettre le portable à portée de ma bouche,
une fois le numéro composé avec mon pied. Cette méthode a donné une
nouvelle signification à l’expression «coup de téléphone» et m’a enseigné de
douloureuses leçons à propos du rôle de l’échec sur le chemin de la réussite.
J’ai passé une bonne semaine à essayer de lancer le téléphone avec mon petit
pied pour le faire atterrir sur mon épaule, où je pouvais le coincer ensuite
avec mon menton et parler. (Les enfants, ne faites pas cela chez vous!) Vous
imaginez bien que j’ai échoué à un grand nombre de reprises, au cours de
cette période d’essai. Je me suis donné tellement de coups au visage avec
l’appareil qu’il était couvert de bleus, comme si l’on m’avait frappé avec un
sac plein de cailloux.
Je m’entraînais uniquement lorsque j’étais seul, parce que, si quelqu’un
[185]
m’avait vu, il aurait pu croire que je voulais me faire du mal avec mon
portable. Je ne vous dirai pas combien de coups je me suis donné sur le nez
et sur la tête, ni combien de téléphones ont été cassés au cours de mes
entraînements. Je pouvais me permettre de prendre quelques coups ou de
changer plusieurs fois d’appareil. En revanche, je ne pouvais pas me
permettre de laisser tomber.
Chaque fois que le portable m’arrivait en pleine figure, j’acquérais plus de
motivation à maîtriser la technique, et finalement j’y suis arrivé!
Evidemment, ironie du sort, peu de temps après que je suis arrivé à maîtriser
le lancer de téléphone, le monde technologique a donné naissance aux
oreillettes Bluetooth que l’on peut garder sur l’oreille. Mon fameux «coup
de téléphone» est maintenant une relique des technologies du passé, et je le
pratique seulement pour amuser des amis lorsqu’ils s’ennuient.
Je vous encourage à voir vos propres revers et échecs comme source de
motivation et d’inspiration. Il n’y a pas de honte à tomber, frapper en touche,
partir dans le décor ou nous emmêler les pinceaux. Nous devrions seulement
avoir honte de ne pas tirer de nos défaites la motivation pour essayer encore
et encore, afin de rester dans la partie.
L’échec et la réussite
Le quatrième bénéfice de l’échec est qu’il aide à mieux apprécier les
réussites. Croyez-moi, après avoir passé une semaine à recevoir des coups
sur la tête avec mon téléphone que je n’arrivais pas à lancer comme il fallait,
je me suis senti comme sur un nuage lorsque j’ai enfin maîtrisé la
[186]
réception sur l’épaule. En fait, plus vous avez d’efforts à fournir pour arriver
à un but, mieux vous apprécierez votre succès. Combien de fois avez-vous
regardé derrière vous après une grande victoire et eu le plaisir de triompher
enfin après une si longue lutte? Plus la montée est ardue, plus la vue depuis
le sommet est belle.
Quand j’étais petit, une de mes histoires préférées de la Bible était celle de
Joseph16. Son père était fier de lui et le préférait, mais ses frères, animés par
la jalousie, l’ont vendu comme esclave. Il a longtemps eu une vie difficile: il
a été accusé à tort, jeté en prison et encore trahi par des personnes en qui il
avait confiance. Cependant, il n’a pas abandonné. Il ne s’est pas laissé
vaincre par l’amertume. Il a persévéré jusqu’au jour où il est devenu
gouverneur de toute l’Egypte et a pu porter secours à son peuple.
Nous pouvons tirer beaucoup de leçons des tribulations de Joseph et de son
ascension vers le pouvoir. Elles m’ont aidé à comprendre que le succès
n’arrive pas sans peine et que, même si ma vie paraissait certainement plus
difficile que celle de la moyenne des gens, d’autres ont enduré plus de
souffrances que moi et ont atteint le sommet. J’ai constaté que, malgré
l’amour qu’il nous porte, Dieu ne nous promet pas une vie facile. J’ai enfin
vu que, lorsque Joseph a émergé de sa longue série d’épreuves et de
trahisons, il a savouré son triomphe en devenant un dirigeant plein de justice
et de grandeur.
Lorsque nous mettons tout notre cœur dans ce que nous faisons et que nous
rencontrons beaucoup de peines et d’épreuves le long du chemin, le
sentiment d’épanouissement quand les dernières barrières s’effondrent est
[187]
étudiant, soit 1200 élèves; c’était l’une des plus grandes écoles du
Queensland.
J’étais non seulement le premier enfant handicapé de l’histoire à me
présenter à ce poste, mais, en plus, mon adversaire était l’un des meilleurs
athlètes de l’histoire de l’école: Matthew McKay. Il est maintenant un
célèbre joueur de foot en Australie. Mon professeur principal, madame
Hurley, m’a encouragé à me présenter, après que j’ai eu la surprise d’être
nominé par mes camarades de classe. Mon programme électoral était basé
sur la diversité et le multiculturalisme; je promettais d’instaurer une course
en fauteuils roulants le jour des championnats de l’école.
Ma victoire a été écrasante (désolé, Matthew). Ma mère a toujours gardé un
article du magazine Courier-Mail, qui présentait une grande photo de moi et
me surnommait Capitaine Courage. J’avais dit que tous les enfants en
fauteuil roulant ne devaient pas hésiter à se lancer.
Ce slogan de ma jeunesse n’est peut-être pas aussi connu que le «Just do
it!» de Nike, mais il m’a bien servi. Vous subirez des revers au cours de
votre vie, car vous êtes un être humain et le chemin est difficile. Mais sachez
que vos échecs font aussi partie des grâces de la vie, alors faites-en le
meilleur usage possible. Ne vous arrêtez jamais. N’hésitez pas à vous lancer!
16 Genèse 37–50 (N.d.E.)
8. Le nouveau qui se cache dans les
[189]
buissons
Le changement
Lorsque nous sommes amenés à vivre une transition, nous ne nous rendons
pas compte de l’impact qu’elle peut avoir sur nous. Etre déplacés ou jetés
hors de notre zone de confort provoque souvent du stress, des doutes et
même de la dépression, peu importe la manière dont la transition se fait.
Vous pouvez avoir une vocation, de grands espoirs, une foi puissante, une
saine appréciation de votre valeur, une attitude positive, du courage pour
faire face à vos peurs et la capacité de rebondir après vos échecs, si vous
vous décomposez littéralement dès qu’intervient un changement – chose
inévitable dans la vie –, vous ne pourrez jamais avancer.
Nous sommes souvent hostiles au changement, mais, en fait, qui voudrait
d’une vie qui en soit totalement dépourvue? Certaines de nos meilleures
[191]
L’attente de l’inattendu
Dès mes premières semaines aux Etats-Unis, j’ai assez fortement ressenti le
choc culturel. Le premier jour à l’école, j’étais même un peu affolé quand
toute la classe s’est levée pour réciter le serment d’allégeance au drapeau
[193]
appris que la plupart des grandes sociétés avaient des employés désignés
comme des «gestionnaires de transition». Leur travail consiste à motiver les
employés récalcitrants lors des grandes transitions au sein de l’entreprise,
que ce soit une fusion, la création d’un nouveau département ou une
nouvelle gestion des affaires.
En tant que responsable de ma propre entreprise, j’ai appris que chaque
employé a sa propre façon de gérer les nouvelles initiatives ou les
modifications dans le «plan de vol». Il y a toujours quelques exceptions qui
se montrent enthousiastes à l’idée de nouvelles expériences, mais la plupart
du temps, les personnes résistent parce qu’elles se sentent bien avec le statu
quo ou parce qu’elles ont peur que leur vie ne bascule.
Résister au changement?
Tout le monde sait que rien ne reste à jamais en l’état, mais – ce qui est
étonnant – lorsque des événements extérieurs ou d’autres personnes nous
forcent à quitter notre zone de confort, nous devenons souvent craintifs et
ressentons même, parfois, de l’indignation. Certains ont beau être en
mauvaise posture – du fait d’une relation violente, d’un environnement
dangereux ou d’un emploi sans avenir –, ils refusent d’emprunter un chemin
nouveau parce qu’ils préfèrent être confrontés à ce qu’ils connaissent déjà
plutôt qu’à l’inconnu.
J’ai rencontré, il y a peu, Georges, un entraîneur de fitness et thérapeute
sportif. Je lui ai dit que j’avais un problème de dos et que j’avais besoin de
faire un peu d’exercice pour le renforcer, mais que je n’arrivais pas à trouver
la motivation pour m’y mettre parce que j’étais très occupé à voyager et à
gérer mon entreprise. La réponse de Georges a été un classique: «Eh bien,
[197]
bonne chance! Si tu comptes traîner cette douleur jusqu’à la fin de tes jours,
elle ne fera qu’empirer.»
Il se moquait de moi! J’avais envie de lui donner un coup de tête. Ensuite,
je me suis rendu compte qu’il me motivait, me forçant à faire face au fait
que si je ne voulais pas ajuster mon style de vie, j’en paierais le prix. Il était
en train de me dire: «Nick, tu n’es pas obligé de changer quoi que ce soit, si
tu n’en as pas envie, mais il n’y a que toi-même qui puisses résoudre ton
problème de dos.»
J’étais l’exemple à ne pas suivre: je me montrais récalcitrant à ajuster mon
style de vie. De nombreuses personnes ne veulent pas franchir le pas afin
d’améliorer leur existence, et ce, dans des conditions bien pires. Elles ont
peur d’abandonner une situation connue, aussi terrible soit-elle, pour se
retrouver dans des conditions entièrement nouvelles. Elles refusent de
prendre la responsabilité de leur propre vie. Le président américain Barack
Obama a insisté sur l’importance de la responsabilité individuelle en disant:
«Nous sommes le changement que nous attendions tous.» Certains
continuent cependant à résister à la vague, au risque de se noyer, au lieu de
surfer dessus. Ils trouvent bien plus effrayante l’idée de tenter quelque chose
que celle de laisser passer leur tour.
Quand la vie vous distribue une carte qui détruit votre jeu et bouleverse vos
plans, vous pouvez blâmer l’univers, vos parents ou encore le gamin qui a
volé votre sandwich à l’école primaire. En fin de compte, lancer accusations
et reproches ne vous apporte rien. Prendre vos responsabilités est la seule
façon de maîtriser les détours et virages de l’existence. Je sais par
expérience qu’un changement positif se compose de cinq étapes.
[198]
1. Identifier le besoin de changer
Nous mettons souvent du temps, malheureusement, avant de reconnaître
que quelque chose doit être fait. Nous nous installons dans une routine,
même si celle-ci n’est pas vraiment confortable, et choisissons l’inaction
simplement par peur ou par paresse. Nous avons parfois besoin que quelque
chose de vraiment effrayant nous arrive pour trouver un autre plan. Pour
moi, ma tentative de suicide a été un élément déclencheur. Je m’étais
accroché pendant des années, faisant semblant d’être heureux la plupart du
temps, mais intérieurement j’étais hanté par des pensées morbides. Je me
disais que si je ne pouvais pas changer mon corps, je mettrais un terme à ma
vie. Ce n’est que lorsque j’ai été sur le point de me noyer que je me suis
rendu compte qu’il était temps que je prenne la responsabilité de mon propre
bonheur.
2. Imaginer la nouveauté
Un de mes amis, Ned, a dû récemment s’atteler à la triste tâche de
convaincre ses parents de déménager de leur maison, où ils avaient passé
une quarantaine d’années, dans un établissement pour personnes âgées. La
santé de son père allait en effet en empirant, et cela mettait aussi en péril
celle de sa mère. Cependant, eux ne voulaient pas déménager; ils préféraient
rester chez eux, entourés de voisins qu’ils connaissaient bien. «Nous
sommes heureux ici. Pourquoi partir?» protestaient-ils.
Ned a passé plus d’un an à leur en parler, avant de les convaincre d’aller
visiter une très bonne maison de retraite située à quelques blocs
d’immeubles seulement de chez eux. Ils s’étaient représenté ces
[199]
institutions comme des endroits froids et tristes, «où les vieux vont pour
mourir». Au lieu de cela, ils se sont retrouvés devant un établissement
propre, chaleureux et animé, où nombre de leurs anciens voisins passaient
des journées heureuses et bien remplies. Il y avait également une clinique
avec des médecins, des infirmiers et des thérapeutes qui allaient pouvoir
prendre en charge les soins du père de Ned, si lourds pour sa femme.
Une fois qu’ils ont vu l’endroit, ils ont accepté d’y déménager. Ils ont
reconnu qu’ils n’auraient jamais pensé que ce soit aussi bien.
Si vous avez du mal à quitter votre position actuelle pour vous rendre là où
vous devriez être, une vision claire de votre destination ne peut que vous
aider. Cela peut impliquer une visite des lieux, de nouvelles rencontres ou le
contact avec quelqu’un qui travaille dans le domaine que vous envisagez
d’explorer. Lorsque la nouvelle place vous sera familière, il vous sera plus
facile de quitter l’ancienne.
3. Lâcher prise
Lâcher prise est une étape difficile pour de nombreuses personnes.
Imaginez-vous en train d’escalader une montagne. Vous vous tenez à mi-
chemin, à des dizaines de mètres du pied de la falaise; vous vous arrêtez sur
un petit rebord. Cela fait peur, et vous savez que vous seriez vulnérable en
cas de vent ou de tempête, mais, au moins, vous éprouvez un certain
sentiment de sécurité.
Le problème, c’est que pour continuer à monter ou pour redescendre, il
vous faudra abandonner la sécurité de ce petit rebord et chercher d’autres
[200]
prises sur la paroi. C’est ce «lâcher prise» qui représente un défi, qu’il
s’agisse d’escalader une falaise ou de vous orienter sur une nouvelle voie
dans votre vie. Il vous faut lâcher l’ancien et vous accrocher au nouveau.
Beaucoup s’immobilisent à ce stade ou commencent à franchir le pas, puis
prennent peur. Si vous vous retrouvez dans une telle situation, imaginez-
vous que vous êtes en train de monter sur une échelle. Pour avancer d’une
marche, il faut lâcher la précédente. Lâcher, attraper, monter, marche après
marche!
4. S’installer
L’avant-dernière étape peut se révéler aussi périlleuse que la précédente.
On peut avoir lâché l’ancien et être arrivé vers le nouveau, mais tant que
l’on n’a pas atteint un certain niveau de confort, on peut être tenté de revenir
en arrière. C’est l’étape du: «Voilà, j’y suis, et maintenant?»
La clé pour «nous installer» est de veiller à ce qui défile dans notre tête.
Nous devons refuser les pensées du genre: «Qu’ai-je donc fait?» et nous
concentrer sur celles du genre: «Quelle belle et grande aventure!»
Durant mes premiers mois aux Etats-Unis, j’ai énormément lutté, pendant
cette phase d’acceptation. J’ai passé des nuits et des jours à me retourner
dans mon lit, me tracassant au sujet de mon nouvel environnement. Je me
suis caché des autres élèves de peur d’être rejeté et raillé. Mais, lentement et
progressivement, j’ai réussi à apprécier certains aspects de mon nouveau
cadre de vie. Par exemple, là aussi, j’avais des cousins; seulement, je ne les
connaissais pas encore aussi bien que ceux d’Australie. En réalité, mes
cousins américains ont été extraordinaires. Il y avait aussi la plage, les
[201]
5. Continuer à grandir
La meilleure de toutes les phases d’une transition réussie, c’est la dernière.
Vous avez franchi le pas, et maintenant il est temps de grandir dans votre
nouvel environnement. Vous ne pouvez pas vraiment grandir sans changer.
Bien que le processus puisse être stressant et même douloureux sur le plan
physique et émotionnel, le jeu en vaut la chandelle.
J’ai observé cela avec mon entreprise, quand, il y a quelques années, j’ai dû
la restructurer. Cela voulait dire licencier quelques personnes. Je ne suis pas
bon pour ce genre de choses et je déteste le faire. Je suis plus enclin à
prendre soin des autres et à les aimer qu’à asséner de mauvaises nouvelles à
des personnes que j’apprécie. C’est encore une source de cauchemars. Mais,
avec du recul, je vois que mon entreprise n’aurait jamais pu grandir si je
n’avais pas fait ce changement. Nous en avons récolté les fruits, même si je
ne peux toujours pas dire que je sois content d’avoir licencié ces personnes;
elles me manquent encore.
Ces expériences douloureuses montrent que vous prenez de l’envergure et
que vous essayez d’atteindre de nouvelles hauteurs. Vous n’avez pas à les
aimer, mais sachez que la douleur précède des jours meilleurs.
[202]
Changer le monde
Durant mes voyages, j’ai pu rencontrer des personnes passant par toutes les
phases du changement, en particulier lorsque je suis allé en Inde en 2008.
J’ai donné une conférence à Mumbaï, la plus grande ville du pays et la
deuxième la plus peuplée du monde. Autrefois connue sous le nom de
Bombay, elle se trouve sur la côte ouest de la péninsule indienne, sur la mer
d’Arabie, et joue un rôle à la fois culturel et financier.
Accueillant à la fois une grande richesse et une terrible misère, elle a été le
centre d’attention des médias car elle a servi de décor pour le film Slumdog
Millionnaire, récompensé par des Oscars. Aussi réussi soit-il, ce long
métrage n’offre que de simples aperçus de l’horreur des bidonvilles de
Mumbaï et du trafic d’esclaves sexuels, florissant dans cette cité dominée
par les hindous et les musulmans, avec seulement une petite population
chrétienne.
Selon les estimations, plus d’un demi-million de ses habitants sont
contraints de vendre leur corps. La plupart sont kidnappés dans les petits
villages du Népal, du Bangladesh et d’autres zones rurales. Beaucoup de
femmes sont des devadasi, des servantes d’une déesse hindoue; elles sont
forcées par leurs prêtres à se prostituer. Parmi les hommes figurent des
hijras : castrés, ils sont entassés dans des logements de fortune et sont forcés
à avoir des relations sexuelles avec au moins quatre hommes par nuit. Le
sida s’est rapidement propagé, et des millions de personnes sont mortes.
Lors de mon séjour, on m’a conduit dans l’un des quartiers «rouges» de
Mumbaï, connu sous le nom de la «rue des cages», afin que je voie la
souffrance qui y règne et m’adresse aux victimes de l’esclavage. J’étais
invité par le pasteur K. K. Devaraj, fondateur de Bombay Teen Challenge,
[203]
qui œuvre pour délivrer ces personnes de l’esclavage sexuel et leur donner
une vie meilleure et plus saine.
Oncle Dev, qui dirige aussi un orphelinat pour victimes du sida, des
programmes de nutrition, des centres médicaux, une clinique spécialisée
dans le HIV et un programme de réhabilitation des «garçons de la rue»
toxicomanes, avait vu mes vidéos et espérait que je pourrais être un vecteur
de changement à Mumbaï. Il voulait que je convainque des femmes
travaillant comme prostituées de fuir l’esclavage et d’emménager dans ses
centres d’accueil. A ses yeux, chaque femme esclave est une «âme précieuse
et une perle de grande valeur».
L’association Bombay Teen Challenge exerce une activité si bénéfique que
les proxénètes et les tenancières de maisons closes ouvrent leurs portes à
oncle Dev et à son équipe, composée de chrétiens, alors que la plupart
d’entre eux sont hindous. Ils accueillent avec bienveillance leur bonne
influence, même si l’équipe de Bombay Teen Challenge ne cesse d’essayer
de convaincre les prostituées d’accepter le Christ et de laisser les bordels
pour une vie meilleure.
Petit à petit, leur ministère cherche à changer le cœur de ces femmes
réduites en esclavage. Leur âge moyen, lorsqu’elles sont enlevées, oscille
entre 10 et 13 ans. On les attire des villages voisins avec de belles
promesses, et la plupart sont très naïves. Si une fille se montre réticente, les
recruteurs essaient de passer par ses parents en leur disant qu’elle va gagner
50 fois le salaire moyen, ou ils la leur achètent, suivant une pratique triste
mais courante. Ceux qui recrutent et déplacent les filles ne sont que les
premiers de la longue série de personnes qui vont abuser d’elles et leur
mentir. Une fois qu’elles sont captives, les proxénètes les contrôlent en
[204]
d’amener d’autres femmes à Christ. Il ne me reste plus rien, mais je sais que
lui est avec moi.»
La paix et l’espérance dans son regard m’ont coupé le souffle. Elle était
tellement belle, touchée par la foi. Elle savait que Dieu ne l’avait pas
oubliée, qu’il avait un objectif pour elle, même si elle devait faire face à la
mort. C’est une femme transformée qui a fait de sa souffrance une force
pour le bien d’autrui. Au milieu de tout ce désespoir, cette pauvreté et cette
cruauté, elle était un exemple rayonnant de la puissance de l’amour de Dieu
et de l’esprit humain.
Oncle Dev et son équipe de missionnaires ont développé un certain nombre
de méthodes pour convaincre les femmes esclaves de Mumbaï de quitter leur
dangereuse situation. Ils offrent des soins et l’école aux enfants, afin qu’ils
puissent connaître Jésus et son amour pour eux. Les enfants informent leur
mère qu’elle est aussi aimée du Créateur et qu’elle peut trouver une vie
meilleure. Je vous encourage vivement à vous engager dans des
changements susceptibles d’améliorer votre propre existence et à contribuer
à l’amélioration de celle des autres.
Comme le dit Joni Eareckson-Tada, nous avons tous des roulettes.
[208]
moins
Quand j’avais 11 ans, mes parents m’ont emmené à la plage sur la côte d’or
australienne. Ils sont partis se promener le long du rivage et m’ont laissé au
bord de l’eau. Caressé par la brise, je regardais les vagues. Je portais un
grand tee-shirt pour ne pas brûler au soleil.
Une jeune femme marchait le long de la plage; elle s’est approchée de moi,
m’a souri et a dit: «Très impressionnant!»
«Que voulez-vous dire?» ai-je demandé, sachant qu’elle ne parlait
certainement pas de mes gros biceps.
Elle voulait savoir combien de temps il m’avait fallu pour enfouir mes
jambes dans le sable.
Me sentant d’humeur taquine, j’ai joué le jeu.
«Oh, j’ai dû creuser pendant un bon moment!» ai-je affirmé.
Elle a ri et s’est éloignée, mais je savais qu’elle ne résisterait pas à la
tentation de jeter un coup d’œil une dernière fois; alors j’ai attendu.
Evidemment, dès que sa tête s’est retournée vers moi, j’ai bondi et me suis
dirigé vers la mer.
Elle n’a rien dit, mais elle a un peu trébuché en s’enfuyant le long de la
[210]
plage.
Au cours de mon enfance, ce genre de situation pouvait me mettre en
colère, mais j’ai fini par être de plus en plus patient et compréhensif. Tout
comme cette femme, j’ai appris que les personnes ne sont pas toujours ce
que l’on pense, pour le meilleur ou pour le pire.
L’art de lire les pensées des autres, de construire des relations, de s’adresser
à quelqu’un et de savoir se mettre à sa place, de savoir à qui faire confiance
et comment se montrer soi-même digne de confiance est tout à fait capital
pour la réussite et le bonheur. Peu de gens réussissent sans la capacité de
construire des relations basées sur la compréhension et la confiance. Nous
avons tous besoin, non seulement d’une personne qui nous aime, mais aussi
d’amis, de mentors, de modèles et de personnes qui nous soutiennent et nous
aident à réaliser nos rêves.
Afin de fonder une équipe composée de personnes qui vous soutiennent et
qui prennent à cœur vos intérêts, il vous faut tout d’abord vous montrer
digne de confiance en leur témoignant votre soutien. On vous traitera
comme vous traitez les autres. Si vous prenez à cœur leur réussite, les
soutenez, les encouragez et leur offrez un retour honnête, vous pouvez vous
attendre à ce qu’ils en fassent de même pour vous. S’ils ne le font pas,
poursuivez votre chemin et trouvez quelqu’un qui veuille bien faire équipe
avec vous.
Nous sommes conformistes par nature, mais, si nos relations ne sont pas ce
que nous voudrions qu’elles soient, nous devrions plus réfléchir à ce que
nous y investissons et à ce que nous en retirons, à notre façon d’interagir
avec les autres. L’une de nos plus grandes erreurs est d’essayer de nous faire
des amis en ne leur parlant que de nous, de nos peurs, frustrations et
[211]
plaisirs. La vérité, c’est que, pour nous faire des amis, nous devons surtout
les écouter et chercher des intérêts communs pour créer des liens, afin que
l’amitié profite à chacun.
Construire une relation, c’est comme ouvrir un compte d’épargne: on ne
peut espérer en retirer quelque chose sans y investir au préalable. Nous
devons tous ajuster de temps à autre nos qualités relationnelles en évaluant
notre approche et en cherchant ce qui fonctionne ou pas.
Comprendre et agir
Ecouter et observer attentivement est une chose, mais il est plus important
encore d’analyser correctement ce que nous avons entendu et observé, puis
d’agir en fonction. Ceux qui y arrivent bien ont tendance à avoir de
meilleures relations et à aller le plus loin possible dans leur travail. Cela peut
aussi se révéler utile pour la survie. Le New York Times a rapporté l’histoire
de deux soldats américains en Irak, qui ont remarqué une voiture à l’arrêt
avec deux jeunes gens à l’intérieur, lors d’une patrouille. Alors qu’il faisait
50 degrés dehors, les fenêtres étaient complètement remontées. Un des deux
soldats a demandé à l’autre s’il pouvait aller leur proposer de l’eau et a fait
quelques pas en direction du véhicule.
Le sergent a regardé tout autour et a perçu le danger. Il a ordonné à l’autre
de revenir; juste au moment où celui-ci s’est retourné, une bombe a explosé
à l’intérieur de la voiture. Les deux jeunes sont morts, et le soldat qui voulait
les aider a été touché par un éclat, mais il a survécu.
Plus tard, le sergent a dit que lorsqu’il a vu son compagnon s’avancer vers
la voiture, son sang s’est glacé. C’est le sens du danger. D’autres indices
[217]
lui avaient mis la puce à l’oreille; en effet, il n’y avait pas eu de tirs ce
matin-là, ce qui était inhabituel, et les rues étaient plus calmes que
d’habitude.
Des études menées auprès de vétérans ont montré comment ils s’appuient
sur leur capacité de lire et d’interpréter rapidement leur environnement, sur
la base de leurs sensations, du langage corporel ou de «quelque chose qui ne
va pas». Cette capacité est capitale pour tous, non seulement pour le
domaine relationnel, mais aussi pour la survie.
S’intégrer au groupe
Une autre compétence importante est celle de savoir comment agir pour
s’intégrer, que ce soit à une réunion d’église, un club privé, un pique-nique
d’entreprise ou un simple repas. Il faut respecter le cadre. Lorsque je suis en
déplacement à l’étranger, je demande souvent à mon hôte ou à mon
interprète de m’aider à comprendre les coutumes et traditions locales afin de
ne pas commettre d’erreur qui pourrait fâcher mon public.
Il y a des choses que l’on fait chez soi et que l’on ne doit jamais faire
pendant le repas dans d’autres pays. Dans la plupart des endroits, roter est
considéré comme le sommet de l’impolitesse, mais dans certains, c’est
considéré comme un compliment à celui qui a fait la cuisine. Plus
sérieusement, il y a des sujets qu’il vaut mieux éviter selon les situations:
parler de vieux conflits, de politique, voire de religion, est parfois source de
problèmes.
Cependant, on peut toujours trouver des intérêts communs pour entamer
une conversation avec les autres. La maturité aidant, j’ai appris que, pour
savoir engager un échange, c’est la capacité d’écoute qui est la plus
[218]
Nouer un lien
On établit des liens avec les autres non seulement par les mots, mais aussi
grâce aux expressions et au langage corporel, comme la façon dont nous
nous plaçons vis-à-vis des autres. Souvent, nous ne nous rendons pas compte
de l’importance de notre position, jusqu’à ce que quelqu’un envahisse notre
espace personnel. Ceux qui aiment parler de très près, par exemple, peuvent
avoir l’impression d’établir un lien, mais ils font généralement fuir leur
interlocuteur. La frontière de l’espace vital personnel est difficile à définir,
car elle varie en fonction des gens. Lors d’une soirée, j’ai vu une authentique
panique dans le regard d’un ami coincé par quatre personnes à la fois, qui
cherchaient toutes à attirer son attention. Elles étaient plus grandes que lui,
et il ressemblait à un renard encerclé par des chiens de chasse!
Du charisme
Je n’ai aucun problème pour attirer l’attention de quelqu’un, mais la retenir
constitue un défi à part entière. Quand je rencontre les gens, ils sont
intrigués par mon corps mais ne sont pas toujours à l’aise en me regardant.
Je n’ai alors que quelques secondes pour dissiper ce malaise en usant de
mon charme. Surtout avec les enfants et les ados, je plaisante en parlant de
«donner un coup de main» ou d’un achat qui m’a «coûté un bras», afin
qu’ils comprennent que j’ai entendu toutes sortes de remarques et que je
peux en rire avec eux. Je pense que le vrai secret du charisme, c’est de
[219]
faire sentir à chaque personne que vous rencontrez qu’elle a votre totale
attention pendant qu’elle vous parle.
La tactique
Nous avons tous tendance à penser que nous avons plein de tact et que nous
pensons aux autres, mais je sais qu’il m’arrive d’en manquer. Mon frère
aime me rappeler que j’étais un tyran avec lui, quand nous étions plus
jeunes. Même quand nos deux parents étaient à la maison, il me servait
d’assistant, puisque nous étions toujours ensemble, et il peut vous raconter
combien je le rendais fou avec mes exigences. Un jour, par exemple, son
ami Phil nous a rendu visite. Comme c’était bon matin, j’ai demandé à
Aaron et lui s’ils voulaient des œufs avec du bacon.
«Bien sûr, Nick, merci!» a répondu Phil.
Je me suis attelé à lui préparer des œufs et du bacon, c’est-à-dire que j’ai
hurlé: «Bon, Aaron, va me chercher des œufs et une poêle que tu mettras sur
le feu. Casse les œufs dans la poêle, et je te dirai quand ce sera prêt.»
Devenu plus âgé et plus grand, mon frère a trouvé un moyen de gérer ma
tyrannie. Quand il me trouvait trop exigeant, il menaçait de m’enfermer dans
un tiroir et de m’y laisser. J’ai dû développer un certain tact pour ne pas
rester rangé quelque part à tout jamais!
Parler et agir
Nous connaissons tous des gens qui «parlent beaucoup mais ne font rien».
Nous avons beau savoir écouter, avoir de l’empathie à revendre, être
abordables, charmants et pleins de tact, si nous ne nous levons pas pour[220]
aider les autres quand la situation l’exige, toutes ces qualités sont sans
valeur. Juste dire: «Je compatis» ne compte pas. Nos actes parlent mieux que
nos mots.
Dans le cadre de nos relations professionnelles, nous devons non seulement
faire notre travail et nous efforcer de réussir, mais aussi aider les autres à
faire le leur et les soutenir dans leur effort.
Savoir s’adapter
Pour acquérir des compétences relationnelles, nous devons mettre en veille
nos propres intérêts, soucis, délais et nous concentrer sur ceux de notre
entourage. Il ne s’agit pas d’attirer toute l’attention ou d’être la personne la
plus drôle de la pièce, mais de savoir nous mettre sur la même longueur
d’onde que d’autres et leur donner envie de nous inviter à faire partie de leur
existence.
La profondeur de nos relations varie selon la nature de notre contact avec
les personnes concernées. Ce contact peut être ponctuel (caissiers, serveurs,
facteur, voisin de siège dans l’avion), sporadique (voisins de quartier,
collègues de bureau, clients) ou continu, pour celles qui jouent un grand rôle
dans notre vie: nos meilleurs amis, notre conjoint, les membres de notre
famille. Chaque type de contact exige diverses compétences relationnelles
ainsi que la capacité de dialoguer et d’interagir harmonieusement.
Tendre la main
Il existe une autre compétence relationnelle, souvent oubliée ou méprisée,
mais que je connais bien: la volonté et l’humilité de demander de l’aide
quand on en a besoin. Jésus, le Fils de Dieu, n’a été que très rarement seul
[221]
l’effort titanesque qu’il me faut pour m’asseoir sur le lit, je le fasse pendant
mon sommeil et commence à parler comme si je m’adressais à un public.
Cette nuit-là j’ai réveillé Bryan, qui dormait dans la pièce d’à côté, en
prêchant en serbe!
Il m’a sorti de mon sommeil avant que je ne le fasse pour la moitié de la
Roumanie avec mon sermon de somnambule. Nous nous sommes rendu
compte que nous étions en train de transpirer à grosses gouttes. La
climatisation s’était éteinte et, par cette chaude nuit d’été, nous étions
littéralement en train de cuire. Tout naturellement, nous avons ouvert les
fenêtres pour avoir un peu d’air frais et, épuisés, nous sommes retournés
dans nos lits respectifs.
Une heure plus tard, nous étions de nouveau réveillés. Cette fois-ci, nous
étions dévorés vivants par les énormes moustiques de Transylvanie. Du
moins, nous espérions qu’il s’agissait bien de moustiques! A ce moment-là
de la nuit, j’étais totalement épuisé et surchauffé. Tout mon corps me
démangeait et – cerise sur le gâteau – je n’avais aucun moyen de me gratter.
C’était une véritable torture!
Bryan m’a suggéré de prendre une douche, puis il a pulvérisé sur les
piqûres d’insectes un spray qu’il avait dans sa trousse de premiers secours.
Je suis retourné me coucher, mais, dix minutes plus tard, je hurlais de
nouveau. Mon malheureux corps était tout en feu! J’étais en train de faire
une allergie au produit contre les démangeaisons.
Il s’est précipité pour me remettre sous la douche, mais au passage, il a
glissé, est tombé et s’est cogné la tête contre les toilettes, manquant de peu le
K. O.! Epuisés, nous ne voulions que dormir, mais notre nuit de
[225]
Accepter l’aide
Mes aides-soignants ont été merveilleux durant toutes ces années, et je suis
heureux qu’ils restent dans ma vie en tant qu’amis, une fois qu’ils changent
de travail. J’ai rencontré la plupart d’entre eux lors de mes conférences, et ils
sont ensuite venus travailler avec moi. Il y a toujours une période
d’adaptation, en quelque sorte, qui est souvent très amusante.
Les personnes qui me côtoient depuis quelque temps disent souvent qu’on
oublie assez vite mon handicap et qu’il devient tout à fait secondaire. J’en
suis très content… sauf quand il s’agit de mon aide-soignant. Je ne compte
même plus le nombre de fois où j’ai demandé à un nouvel assistant de me
donner à boire et où il m’a tendu un verre d’eau. C’est toujours drôle de le
voir attendre que je le prenne. Puis son visage devient tout rouge tandis qu’il
se rend compte de la situation: «Je viens de tendre un verre d’eau à un
garçon sans bras! A quoi est-ce que je pensais?»
Je leur dis que ce n’est pas grave et que je m’y suis habitué.
Vous n’avez certainement pas besoin qu’une personne spécialement formée
veille sur vous, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Mais nous avons tous
besoin en quelque sorte d’un assistant, quelqu’un avec qui échanger nos
[229]
idées, qui puisse nous donner un bon conseil, nous soutenir, faire office de
mentor ou de modèle.
Il faut de l’humilité et du courage pour admettre que l’on ne sait pas tout et
qu’un coup de main ne serait pas de trop. J’ai mentionné que, lorsque nous
avons une vocation et que nous décidons de poursuivre notre rêve, nous
avons toujours quelques détracteurs. Heureusement, nous rencontrons aussi
sur notre chemin – parfois, là où nous nous y attendons le moins – des
personnes qui nous redonnent des forces ou nous guident. Nous devrions
toujours nous tenir prêts pour de telles rencontres, car ces liens peuvent
transformer notre existence.
J’ai connu trois sortes de guides dont la rencontre a eu un impact sur ma
vie: des mentors, des modèles et des compagnons de route.
Les mentors sont déjà allés là où vous désirez vous rendre. Ils peuvent vous
encourager et vous soutenir car ils ont les mêmes rêves que vous et ont
vraiment envie de vous voir réussir. Les parents en sont naturellement, mais
vous trouverez sans doute d’autres personnes désireuses d’endosser ce rôle
dans votre vie. L’un de mes premiers a été le frère de ma mère, mon oncle
Sam Radojevic, qui vit toujours en Australie avec sa femme et leurs
merveilleux enfants. Il a un cœur d’entrepreneur, l’ingéniosité d’un
inventeur et la vision d’un explorateur. Oncle Sam est toujours ouvert à de
nouvelles expériences, et, quand j’étais jeune, il m’a encouragé à voler de
mes propres ailes. Il m’a appris que les seuls vrais obstacles que l’on
rencontre dans la vie sont ceux que l’on se fabrique soi-même. Ses conseils
et son soutien m’ont donné le courage dont j’avais besoin pour élargir mon
horizon.
J’ai connu beaucoup de gens qui portaient sur eux pendant toute leur
[230]
existence le poids de leurs regrets, mais oncle Sam n’était pas du genre à
regarder en arrière. Même quand il commet des erreurs, il se force à aller de
l’avant, vers une prochaine possibilité, avec l’entêtement impérieux d’un
enfant amoureux de la vie.
Il aime beaucoup concevoir et fabriquer des motos et des vélos, mais il ne
le fait pas uniquement pour son propre plaisir. Il a aidé le gouvernement de
l’Etat de Victoria à mettre en place un programme consistant à faire réparer
de vieilles bicyclettes par des prisonniers afin de les offrir à des enfants ou
des adultes qui n’ont pas les moyens de s’en acheter une. Grâce à ce
programme, des milliers de vélos ont été distribués aux plus démunis.
Oncle Sam m’encourage à regarder vers l’avant. J’avais 13 ans quand il
m’a dit: «Nicholas, un jour, tu iras serrer la main de présidents, de reines et
de rois.» Il pensait déjà que Dieu me destinait à de grandes choses. C’est
super d’avoir pour mentor quelqu’un comme lui!
Je vous encourage à chercher vos propres mentors; comprenez cependant
que les vrais ne sont pas seulement des supporters. Ils vous signaleront aussi
les moments où, à leur avis, vous vous écartez du bon chemin. Vous devez
être prêt(e) à entendre leurs critiques aussi bien que leurs compliments et
garder à l’esprit qu’ils prennent votre réussite à cœur.
Je suis également reconnaissant à mon cousin Duncan Jurisic. Quand j’étais
petit, j’avais toujours peur d’importuner les autres en leur demandant de
m’emmener aux toilettes. Il m’a aidé à trouver une sorte de slogan à retenir:
«Quand il faut y aller, demande à quelqu’un de t’aider.» Non seulement,
avec mes autres cousins, il a continué à m’aimer et à me soutenir, mais avec
sa mère Danilka il m’a aidé à surmonter mes peurs durant mes premières
[231]
«Remercie Dieu!»
Frustré et troublé, j’ai demandé pourquoi je devrais faire cela. Elle m’a
répondu: «Remercie-le juste, Nick!»
J’ai regardé mes pieds en réfléchissant. «C’est tout ce qu’elle a à me dire?
Quelle drôle de femme!»
Puis j’ai compris que Jackie m’invitait à garder confiance en Dieu et à me
rappeler qu’il ne m’avait pas abandonné. Elle voulait me faire saisir que je
devais placer ma foi non dans la sagesse des hommes mais dans la puissance
de Dieu. Elle était en train de me dire de m’abandonner à lui, de le remercier
par avance, même si je pensais n’avoir aucune raison de le faire, sachant que
les bénédictions viendraient après cette souffrance. Elle a une foi puissante
et elle me rappelle souvent que, lorsque je me sens troublé ou blessé, je dois
m’abandonner au Seigneur, car il a un plan pour chacun de nous.
faites qu’à votre tête, il se peut que vous ayez tort… ou raison, mais en fin
de compte, cela importe peu.
J’ai beaucoup de reconnaissance envers mes parents et je sais respecter
leurs décisions et leur point de vue. Par la grâce de Dieu, notre relation a
passé ce test avec succès, et nous en sommes ressortis encore plus proches
qu’avant, grâce à notre respect et notre amour réciproques. Si nous n’avions
pas parlé ouvertement de nos sentiments, la fin aurait pu ne pas être aussi
heureuse.
Je fréquentais régulièrement mon église. Elle était pour moi comme une
base, et je faisais de mon mieux pour y aider les jeunes. Mais j’ai aussi
commencé à étendre mes activités, à prêcher dans d’autres groupes et à
rencontrer des personnes dans un périmètre plus large. Je suis ravi de
pouvoir dire que nombre de ces jeunes ont progressé dans leur relation avec
Dieu, et je l’en remercie.
Mon père et ma mère ont prié pour moi et avec moi durant la journée
de 2008 où j’ai été officiellement consacré. Cette expérience nous a
rapprochés et nous a amenés à un niveau supérieur d’amour et de respect
mutuels. Ils savaient que j’étais décidé et appelé à parler de Dieu. Les voir
prier pour moi devant toute la paroisse est quelque chose que je n’oublierai
jamais. Ils sont mes plus grands soutiens, et ils ont bien plus souvent eu
raison que tort au sujet des décisions importantes de ma vie.
Il ne faut jamais penser que les relations vont de soi, en particulier avec les
membres proches de la famille. Votre récompense durera toute votre vie.
Prenez le temps d’évaluer vos capacités relationnelles, la qualité de vos
amitiés et ce que vous y investissez. Etes-vous digne de confiance? Faites-
vous confiance à ceux qui sont proches de vous? Attirez-vous des [237]
C’était juste avant que j’aie à y prendre la parole devant 50’000 personnes,
en 2009.
le rétroviseur.
Heureusement, ils ne sont pas du genre à se laisser facilement décourager.
Ils ont demandé à un autre ami de prendre contact avec mon chargé de
communication. Celui-ci a lu leur scénario, l’a aimé et me l’a apporté. Après
l’avoir parcouru à mon tour, je me suis rendu compte que je devais des
excuses à Kyle. Le script des Weigel mettait en scène l’espérance et la
rédemption, des thèmes qui me vont droit au cœur.
J’étais la personne idéale pour jouer dans ce film, d’autant plus que le
personnage créé pour moi s’appelait «Will l’homme sans membres». Au
début du film, il était un «monstre» rude et déprimé faisant partie d’un
obscur cirque itinérant. Ensuite, grâce à la bonté d’autres personnes, il était
invité à rejoindre une troupe bien plus accueillante, où il devenait la vedette
d’un palpitant numéro de trampoline.
Je me suis dit que je ferais mieux de surmonter mes hésitations et de passer
à l’action. J’ai remercié Kyle et lui ai demandé d’arranger une rencontre
avec les Weigel. Les choses se sont déroulées merveilleusement bien. Nous
nous sommes rencontrés, avons sympathisé, et j’ai signé le contrat. Mon
enthousiasme n’a fait que grandir car j’ai appris qu’un certain nombre
d’acteurs expérimentés avaient déjà accepté de jouer dans le film.
C’était un projet à petit budget qui avançait très vite, et il m’a fallu dégager
une semaine libre sur mon planning pour enregistrer mes séquences. A vous
de lire les revues et de décider si j’ai un avenir ou non dans le cinéma, mais
The Butterfly Circus a remporté le grand prix de 100’000 dollars de la
fondation Doorpost Film Project qui soutient les réalisateurs tournant des
films d’espoir. Notre court métrage19 a été choisi parmi plus de 100 autres
[243]
Créer l’occasion
Même lorsque vous avez une vocation forte et que vous avez emmagasiné
suffisamment d’espoir, de foi, d’estime de soi, d’attitudes positives, de
courage, de résilience, de capacité d’adaptation et de bonnes relations, vous
ne pouvez pas juste rester là à attendre la bonne occasion. Saisissez-vous de
chaque petit fil et tissez une corde avec laquelle vous pourrez monter encore
plus haut. Parfois vous verrez comment un bloc de pierre qui tombe et vous
bloque le chemin libère en fait un passage qui vous permet aussi de grimper.
Vous devez, par contre, faire preuve de courage et de détermination pour
réussir votre ascension.
Une de nos devises à Life Without Limits, c’est: «Une nouvelle journée est
une nouvelle occasion.» Ce n’est pas juste un slogan que nous avons mis
dans un cadre contre un mur, c’est ce que nous essayons de vivre chaque
jour. La psychologue Cara Barker l’a bien exprimé, dans ce qu’elle a écrit
sur le blog de Huffington Post : «Nick Vujicic nous prouve qu’il est possible
d’éveiller notre cœur et d’apporter de l’inspiration aux autres à partir d’une
situation que presque n’importe qui sur terre qualifierait d’affreuse. En
véritable héros, il trouve une occasion là où la plupart des gens auraient vu
une impasse.»
De tels propos me font rougir. Lorsque j’étais petit, il m’était difficile de
concevoir que l’on puisse un jour m’appeler un héros ou me présenter
comme une source d’inspiration pour d’autres. Enfant déjà, je me suis rendu
compte que le fait d’être en colère à cause de ce qui me manquait ou d’être
[245]
frustré parce que je ne pouvais pas faire quelque chose ne faisait que
repousser les gens; quand j’ai commencé à chercher des occasions de servir
les autres, au contraire, j’ai attiré des personnes vers moi. J’ai appris à ne pas
traîner dans l’attente d’occasions, mais à les créer moi-même. Chacune
semble ouvrir le chemin vers la suivante. Chaque fois que je parle lors d’une
conférence ou participe à un événement, j’ai des contacts, apprends
l’existence de nouvelles associations et accumule des informations qui
m’ouvrent ensuite à de nouvelles possibilités.
Etes-vous prêt(e)?
La notion du temps doit aussi entrer en compte, quand nous faisons une
telle évaluation. Parfois, et surtout lorsque nous sommes jeunes, des
possibilités tentantes se présentent, mais pas toujours au bon moment. Nous
n’avons pas à accepter une tâche pour laquelle nous ne sommes pas qualifiés
ou pas encore prêts à acquérir les compétences nécessaires, tout comme nous
n’avons pas à nous précipiter sur des vacances de luxe quand nous n’en
avons pas les moyens. Si le prix à payer est trop grand, nous mettrons
longtemps à nous en remettre.
L’une de mes plus grandes erreurs, au cours de mes débuts en tant que
conférencier, a consisté à accepter une invitation pour parler devant une
grande assemblée alors que je n’y étais pas vraiment préparé. Ce n’était pas
que je n’avais rien à dire, mais je n’avais pas encore structuré le contenu ni
peaufiné ma présentation. Je manquais trop de confiance en moi pour être à
la hauteur.
J’ai bredouillé et bégayé durant tout mon discours. L’auditoire a été gentil
avec moi, mais c’était un échec. Cependant, j’ai appris de cette expérience,
je m’en suis remis et je me suis rendu compte que je ne devais accepter que
les propositions que j’étais en mesure d’assumer. Cela ne veut pas dire que
vous ne deviez pas saisir une possibilité susceptible de vous tirer vers le haut
et de vous faire grandir. Parfois nous sommes mieux préparés que nous ne le
pensons, si bien que Dieu nous donne un coup de pouce qui nous permet de
nous hisser vers cette occasion et de faire un grand pas vers la réalisation
[249]
de nos rêves. Le show télévisé American Idol repose sur ce concept. Dans
chaque épisode, beaucoup de jeunes qui participent à la compétition
craquent sous la pression ou se rendent tout simplement compte qu’ils ne
sont pas faits pour la lumière des projecteurs. Mais, de temps à autre, de purs
talents se découvrent et fleurissent sous cette même pression. Quelques-uns
ont même démarré une belle carrière parce qu’ils ont été tirés vers le haut,
ont grandi et n’ont cessé de se dépasser.
Nous avons à soupeser calmement toutes les options et à déterminer quel
chemin nous mène vers nos objectifs et quel autre nous mène dans
l’obscurité. Comme la première proposition de film que j’ai reçue, vous
rencontrerez des possibilités qui peuvent sembler attrayantes à court terme,
mais qui ne correspondent pas à vos objectifs à long terme. Les décisions
d’aujourd’hui ont des répercussions sur demain. Souvent, les jeunes
s’engagent dans des fréquentations sans se demander au préalable si, à long
terme, l’autre va leur correspondre. On nous rappelle souvent combien nous
devons faire attention sur Internet, qu’il s’agisse de protéger notre compte
bancaire, notre réputation ou notre vie privée. On nous dit qu’il faut pouvoir
assumer tout ce que nous faisons, que ce soit une vidéo ou une photo, un
courriel, un blog ou un commentaire sur notre page web, que tout cela est
répertorié par les moteurs de recherche et sera accessible bien plus
longtemps que la durée de notre vie. Si nous mettons quelque chose en ligne
sans réfléchir, cela pourrait venir un jour nous hanter; nous devons savoir
qu’il en va de même pour les occasions qui se présentent à nous. Elles
peuvent avoir des conséquences à long terme, bonnes ou mauvaises. Les
bénéfices à court terme peuvent sembler grands, mais qu’en est-il des
[250]
Le bon endroit
Si vous vous êtes préparé(e) au mieux de vos capacités mais que rien ne
s’est ouvert à vous, peut-être devriez-vous vous repositionner, avec vos
talents. Si votre rêve est de devenir champion du monde de surf, il y a des
chances pour que l’Alaska ne soit pas l’endroit idéal pour vous entraîner,
n’est-ce pas? Parfois il faut se déplacer pour saisir une occasion. Je me suis
rendu compte, il y a quelques années, que, si je voulais attirer un public
international à mes conférences, il fallait que je quitte l’Australie et
déménage aux Etats-Unis. J’aime l’Australie, et la majeure partie de ma
famille y habite toujours, mais l’Océanie est un endroit trop éloigné pour
être une plateforme de lancement et je n’y aurais jamais trouvé les
[251]
Le bon moment
Albert Einstein a dit que chaque difficulté renfermait en elle une possibilité.
La récente crise économique a fait des millions de chômeurs, et
d’innombrables personnes ont perdu foyer et économies. Quel bien peut-il
en ressortir?
Hewlett Packard, Wrigley, UPS, Microsoft, Symantec, Toys’R’Us, Zippo et
Domino’s Pizza sont autant de grandes marques qui ont été fondées au cours
de crises économiques majeures. Leurs fondateurs ont cherché de nouvelles
façons de satisfaire les clients car les modèles précédents avaient échoué. Ils
ont saisi l’occasion pour mettre en place leur propre vision des affaires.
Aucun doute possible: la récession de 2006-2009 a eu un impact profond et
désastreux sur un grand nombre de familles et d’entreprises. Mais beaucoup
de personnes mises à la porte par les grandes sociétés ou destituées de
[253]
postes où elles avaient passé la moitié de leur existence ont réagi en montant
leur propre affaire, en retournant à l’université pour obtenir un meilleur
diplôme ou en décidant de vivre enfin pleinement leur passion, qu’il s’agisse
d’ouvrir une boulangerie, de fonder une société de jardinage, de former un
groupe de musique ou d’écrire un livre.
Parmi toutes les personnes qui ont souffert de la récession se trouvaient des
milliers et des milliers de journalistes. Ce revers a été particulièrement
difficile pour leur domaine, car il s’est associé à la tendance générale au
déclin de l’industrie journalistique au profit des médias en ligne. C’était
intéressant de voir la réaction de ces anciens reporters, si fiers de leurs
ressources et de leur créativité. Dans le cercle de mes connaissances,
certains se sont lancés dans une nouvelle carrière dans les relations
publiques, dans des associations à but non lucratif ou des médias en ligne.
Mon histoire préférée est celle d’un ancien éditeur qui a quitté son journal
californien fondant comme neige au soleil pour devenir vice-président d’une
compagnie florissante spécialisée dans la gestion de situations de crise et la
«communication au sujet de la faillite» des autres entreprises sur le déclin.
C’est la philosophie du «faire ce que l’on peut avec ce que l’on a», qui se
résume en fait à écarter les complaintes vis-à-vis d’une difficulté et à
privilégier la recherche de solutions créatives. Nous devons être flexibles,
déterminés et prêts à transformer une situation potentiellement négative en
situation positive. Une des grandes chaînes de distribution en Amérique
incite son personnel de vente à considérer les plaintes des clients comme
autant d’invitations à tisser de meilleures relations avec eux.
C’est une question de point de vue. Je le fais chaque fois que mon emploi
[254]
finalement, un autre avion nous attendait à une autre porte. Bonne nouvelle!
Nous nous sommes précipités vers cette porte, sommes montés à bord et
nous sommes installés pour le vol. Je me sentais soulagé jusqu’à ce que je
remarque que la femme assise à côté de moi était en train de pleurer
doucement.
«Puis-je faire quelque chose?» ai-je demandé.
Elle m’a expliqué qu’elle allait rendre visite à sa fille de 15 ans, en danger
de mort après qu’une opération banale avait très mal tourné. J’ai fait de mon
mieux pour la réconforter, et nous avons bavardé presque toute la durée du
vol. Je suis même parvenu à la faire sourire lorsqu’elle m’a dit qu’elle avait
peur en avion.
«Vous pouvez me tenir la main, si vous voulez», ai-je plaisanté.
Quand nous avons atterri à notre destination, elle m’a remercié de l’avoir
réconfortée. Je lui ai précisé que j’étais content d’avoir fini par être à côté
d’elle, après toutes ces péripéties à l’aéroport.
Dieu ne s’est pas contenté de ne pas gaspiller mon temps ce jour-là, il
savait ce qu’il faisait. Il m’a mis près de cette femme pour l’aider à
surmonter ses peurs et sa tristesse. Plus je repensais à cela, plus j’étais
reconnaissant d’avoir eu la chance de pouvoir lui offrir du réconfort.
contact. «Mais tout ce qui pouvait mal tourner a mal tourné: j’ai failli perdre
mon œil. L’opération n’a fait qu’aggraver ma vision, et j’en suis sortie avec
un glaucome en plus de tout le reste. La vision de mon œil gauche a empiré
et, indépendamment de l’opération, j’ai eu une hémorragie de la rétine de
mon œil droit. J’ai donc un angle mort dans mon champ de vision.»
Ayant perdu le poste qu’elle a occupé pendant plus de vingt ans, rendue
presque aveugle par l’opération ratée et une hémorragie de la rétine, Glennis
avait toutes les raisons de désespérer et d’abandonner. On aurait pu penser
qu’elle serait dominée par l’amertume et la colère. Au lieu de cela, elle est
reconnaissante d’avoir pu continuer sur sa lancée. «Je ne me considère pas
comme handicapée. Je m’estime en pleine possession de mes capacités, car
devenir presque aveugle m’a fait devenir meilleure photographe», dit-elle.
Désormais incapable de voir les petites choses, elle ne perçoit pas cela
comme un manque mais se sent libérée de l’obsession du détail.
«Avant de perdre la vue, je ne pouvais m’empêcher de me concentrer sur
chaque cheveu et sur tous les angles du corps de la personne. Mon travail
donnait une impression de figé parce que j’étais concentrée sur l’aspect
composition. Maintenant, mon approche est beaucoup plus basée sur une
impression intérieure: je sens les choses, ensuite je les vois et je prends la
photo. Mon travail est plus instinctif, et j’interagis beaucoup plus avec les
personnes et les objets autour de moi.»
Selon ses propres dires, ses photos ont maintenant des défauts mais sont
plus artistiques et plus attrayantes. «Une fille a pleuré, tellement mes photos
d’elle lui semblaient bien la capter, a-t-elle dit. Je n’avais jamais touché
quelqu’un de cette façon auparavant.»
Depuis qu’elle a presque complètement perdu la vue, elle a remporté
[258]
départs, que l’on utilise pour voir si un bagage à main pourra se loger dans le
compartiment, en cabine. J’y suis entré sans problème, et nous avons
commencé à m’appeler «le gars portatif».
Le compartiment à bagages était situé assez haut, et je ne pensais pas que
quelqu’un puisse me soulever jusque-là avec mes 37 kilos, mais mon
assistant l’a fait sans aucune difficulté. Il m’a soulevé et m’a délicatement
déposé sur le côté, comme si j’étais non un Vujicic mais un Vuitton.
«Merci, et maintenant, referme le compartiment, lui ai-je dit. Attendons que
les autres passagers embarquent.»
Vaughan m’a mis un oreiller sous la tête et a fait claquer le panneau, me
laissant au-dessus des sièges. Les hôtesses de l’air avaient compris notre
petit jeu et pouffaient de rire. Nous étions tous en train de glousser comme
des enfants, à tel point que je doutais que notre farce fonctionne. Mais voilà
que les autres passagers ont commencé à arriver sans savoir ce qui les
attendait au-dessus de leur tête.
Mon équipe et les hôtesses de l’air ont eu du mal à se contenir quand un
monsieur d’un certain âge s’est arrêté dans l’allée et a voulu ranger son sac
dans le compartiment. Il a tellement sursauté en ouvrant la portière qu’il a
manqué de peu de faire un trou dans le plafond de l’avion.
J’ai sorti la tête: «Monsieur, je ne crois pas vous avoir entendu frapper!»
Heureusement, il avait bon caractère, et nous avons tous bien rigolé.
Ensuite, toujours perché dans le compartiment à bagages, j’ai dû poser pour
des photos avec lui, avec d’autres passagers et avec les hôtesses.
Evidemment, Vaughan a plaisanté en disant qu’il me laisserait là-haut, me
[263]
Un peu d’indiscipline
Dans les 10 premiers chapitres, je vous ai encouragé(e) à trouver votre
vocation, à garder espoir, à croire en votre potentiel, à adopter une bonne
attitude, à agir avec courage, à être flexible, à savoir opérer des
changements, à nouer des relations utiles et à vous saisir des possibilités qui
vous rapprochent de la réalisation de vos rêves.
Maintenant, je voudrais que vous fassiez preuve d’un peu de folie. Comme
moi.
C’est ridicule, bien sûr. Et en fait, je voudrais que vous soyez un peu
ridicule aussi. Je suis l’auteur des «règles du ridicule», qui stipulent que
chaque personne vivant sur la planète doit s’engager à faire quelque chose
de ridicule au moins une fois par jour, qu’il s’agisse de quelque chose
qu’elle doit faire pour atteindre son rêve mais qu’elle a peur de faire par peur
de paraître ridicule, ou juste de s’amuser de façon ridicule.
Mes règles du ridicule se fondent sur l’une de mes citations préférées:
L’imperfection est beauté, la folie est génie, et il vaut mieux être
totalement ridicule que totalement ennuyeux.
Bien que l’auteur présumé de cette citation ne figure pas vraiment parmi
mes modèles, je pense tout de même que la feue actrice Marilyn Monroe
avait perçu une certaine vérité. Naturellement, je conviens avec elle
[264]que l’imperfection est beauté. Comment ne serais-je pas d’accord? On
ne peut également qu’admettre que la folie est génie, puisque toute personne
qui prend des risques s’expose à être considérée comme une folle par
certains et comme un génie par d’autres. Et oui, je pense qu’il vaut mieux
être totalement ridicule que totalement ennuyeux.
Vous avez beau maîtriser tout ce qui est évoqué dans ce livre, si vous n’êtes
pas prêt(e) à prendre quelques risques qui vous vaudront peut-être d’être
traité(e) de fou (folle) par ceux qui doutent de votre génie, vous n’arriverez
probablement jamais à réaliser tout ce dont vous rêvez. Et pour votre propre
bien ainsi que pour celui de tous, gardez le sens de l’humour! N’oubliez pas
de rire de vous-même et de vous faire plaisir afin que votre cheminement se
fasse dans la joie.
Je suis coupable comme tout un chacun de tomber dans un style de vie
complètement surchargé de travail et privé de tout plaisir. J’étais déterminé à
réussir dans ma carrière de conférencier. Afin de perfectionner mes
compétences d’orateur, je me suis attelé à la tâche, sautant sur chaque
invitation à parler que je pouvais dénicher. Après huit années vertigineuses
de constants déplacements, je suis devenu plus sélectif. J’ai besoin de plus
d’équilibre.
On se retrouve vite pris au piège de la mentalité du «un jour»:
Un jour, j’aurai suffisamment d’argent et je pourrai vraiment profiter de la
vie.
Un jour, je pourrai passer plus de temps avec ma famille.
Un jour, j’aurai le temps de me détendre et de faire ce que j’aime.
Grâce aux règles du ridicule, je vous encourage à vous emparer de votre
[265]
Faire le plongeon
En automne 2009, j’ai essayé quelque chose que l’on m’a dit un jour être
trop dangereux pour moi: la plongée sous-marine en océan. Comme vous
pouvez l’imaginer, c’était fantastique; c’était comme voler, mais avec un
atterrissage moins rude. Je m’étais déjà essayé à la plongée 3 ans plus tôt,
mais le moniteur ne m’avait autorisé qu’à patauger un peu dans la piscine
avec le masque et la bouteille d’oxygène. Je soupçonne qu’il s’inquiétait
plus pour sa propre assurance que pour ma sécurité. Il avait sûrement peur
de devoir expliquer comment un garçon étrange du nom de Nick avait été
[267]
vous faites pour l’éviter ou pour vous en protéger. Disons, par exemple, que
vous vouliez sortir avec quelqu’un. Rien que le fait d’appeler cette personne
pour l’inviter à sortir comporte des risques. Elle pourrait refuser. Et si vous
n’essayez pas du tout? Après tout, elle pourrait aussi dire oui. Il se peut que
vous soyez faits l’un pour l’autre et que vous viviez ensemble et heureux
jusqu’à la fin de vos jours. Souvenez-vous que vous n’avez quasiment
aucune chance de «vivre heureux jusqu’à la fin de vos jours» si vous ne vous
exposez pas. Le jeu n’en vaut-il pas la chandelle?
Vous subirez des défaites de temps à autre, vous échouerez. Mais la gloire
vient lorsque vous vous relevez encore et encore, jusqu’à la réussite!
Pour vivre, nous devons être désireux de tendre la main et de bouger. Pour
bien vivre, nous devons apprendre à améliorer nos chances en nous
renseignant sur les tenants et les aboutissants d’une affaire avant de prendre
une décision. Nous ne pouvons pas contrôler tout ce qui se passe autour de
nous. Concentrons-nous donc sur ce que nous pouvons contrôler, évaluons
toutes les possibilités, puis prenons une décision.
Parfois votre cœur et vos entrailles vous diront de tenter un coup, même si
les chances de réussite semblent minces sur le papier. Il se peut que vous
échouiez. Il se peut que vous gagniez. Mais je doute qu’en regardant en
arrière vous regrettiez d’avoir essayé. Je me considère à la fois comme un
entrepreneur, un conférencier et un évangéliste. J’ai eu plusieurs affaires et
projets immobiliers. J’ai lu beaucoup de livres sur l’entrepreneuriat, et il y a
toujours un chapitre sur la prise de risques. En dépit de l’image que l’on se
fait des entrepreneurs, ceux d’entre eux qui réussissent ne sont pas vraiment
[270]bons pour prendre des risques. Ils sont bons pour les contrôler et les
minimiser, démarche qu’ils mettent en œuvre avant d’aller plus loin, même
s’ils savent qu’il reste toujours une part d’incertitude.
1. Examiner le terrain
Un vieux proverbe africain dit que l’on ne doit pas mesurer la profondeur
d’une rivière avec ses deux jambes. Si vous envisagez de vous engager dans
une nouvelle relation, de déménager dans une autre ville, de changer de
travail ou même de repeindre votre salon, procédez à quelques tests avant de
faire le grand pas. Ne sautez pas à pieds joints dans l’inconnu.
4. Demander conseil
Parfois, on prend plus de risques qu’on ne devrait parce qu’on est
convaincu qu’on doit absolument faire quelque chose le plus vite possible.
Si vous vous retrouvez en territoire hostile, reculez de quelques pas, passez
un coup de fil à un mentor ou à une personne de confiance et demandez de
l’aide pour évaluer la situation. Il arrive en effet que les émotions réduisent
le bon sens au silence. Dans des situations de ce genre, je vais consulter mon
oncle Batta lorsque je suis aux Etats-Unis, et mon père quand je suis en
Australie. Deux têtes valent mieux qu’une et, si l’enjeu est grand, vous ne
devriez pas faire cavalier seul.
[272]
5. Nous préparer à l’imprévu
Il y aura toujours – je le répète, toujours – des conséquences imprévues à
vos actes, surtout si vous dépassez vos limites. On ne peut jamais prévoir
toutes les répercussions. Nous avons donc à faire de notre mieux pour
considérer chaque facette de la situation et nous préparer pour l’imprévu.
Quand je fais une estimation d’investissement, je surestime les coûts et sous-
estime les profits afin de créer une zone tampon, juste au cas où l’affaire ne
fonctionnerait pas aussi bien que je l’espère. Et, si tout se passe bien, on
n’est jamais mécontent d’avoir un petit surplus.
Un plaisir ridicule
N’essayez même pas de me faire croire qu’en attendant vos bagages à
l’aéroport vous n’avez jamais envisagé de sauter sur le tapis roulant pour
qu’il vous amène au pays des bagages, où qu’il se trouve. Evidemment, par
amour du ridicule, je l’ai fait.
Nous étions en Afrique pour une tournée de conférences. Quand nous
sommes arrivés à l’aéroport, je m’ennuyais à attendre nos affaires, et j’ai
informé mon aide-soignant Kyle que je voulais me balader sur le tapis
roulant.
Il m’a regardé, l’air de dire: «Tu es tombé sur la tête, ou quoi?»
Mais il a accepté. Il m’a soulevé et m’a posé à côté d’une belle grosse
valise Samsonite, et me voilà parti en compagnie des valises et sacs à dos.
J’ai voyagé sur ce tapis roulant à travers tout le terminal, immobile comme
une statue avec mes lunettes de soleil, attirant des regards pleins de stupeur.
On me pointait du doigt, et certains voyageurs ricanaient nerveusement, se
[273]
que vivre tout près du bord n’est pas une mauvaise chose, si l’on a foi en soi
et dans le Créateur. Ce ne sont pas que des paroles. Je me pousse à aller
toujours plus loin dans tous les aspects de ma vie, qu’il s’agisse de travail ou
de jeu. La sensation la plus ridicule et la meilleure vient lorsque travail et
plaisir ne font qu’un. Je vous encourage aussi à la rechercher.
Etre cascadeur
En acceptant mon premier rôle dans The Butterfly Circus, je ne m’attendais
pas à devoir faire mes propres cascades. Cela dit, qui de mieux que moi pour
les faire? Ce n’est pas comme s’il y avait beaucoup de cascadeurs
professionnels sans bras ni jambes!
Je me sentais de taille. Si mon compatriote australien Russell Crowe peut
faire ses cascades, pourquoi ne le pourrais-je pas? De plus, Russell n’a
jamais été propulsé dans les airs comme un ballon de volley par George le
Balaise. C’est Matt Allmen, authentique cascadeur et acteur, qui a joué ce
personnage bourru dans The Butterfly Circus. Dans une des scènes, il me
ramasse et me jette dans un petit étang. Matt était très inquiet à propos de
cette scène, et j’aurais dû moi-même l’être un peu plus.
Nous l’avons tournée vers un petit lac naturel formé par un ruisseau dans
les montagnes San Gabriel, dans le désert californien. L’eau était froide,
mais ce n’était pas le pire. Dans cette scène, je tombe accidentellement dans
le lac et tout le monde a peur que je me noie, mais bien sûr je reviens à la
surface, faisant montre de mes talents de nageur. George le Balaise est si
excité de me voir en vie qu’il me ramasse et me jette de nouveau dans l’eau,
manquant de peu de me noyer.
Matt avait peur de me faire mal en me lançant trop loin ou trop fort. Il
[275]
était un peu timide lors des premiers essais, parce que l’eau était
relativement peu profonde. Joshua Weigel, le directeur, l’a encouragé à me
jeter plus fort, et il m’a envoyé comme une torpille. Ayant peur de me
cogner sur le fond rocailleux, j’ai courbé le dos, ce qui m’a sauvé. Cette
fois-ci, aucun besoin de jouer quand je suis réapparu à la surface: tout le
monde sur le tournage était fou de joie de me voir vivant, surtout Matt.
Mais les scènes de mes ascensions dans les airs étaient encore plus
risquées, car on me hissait dans un harnais sur une hauteur de trois étages,
devant un écran vert. Etre suspendu avec des cordes au-dessus du tournage
m’a valu quelques moments d’angoisse. Bien sûr, les risques de mon travail
sur ce film ont été minimisés par les coordinateurs de cascade professionnels
qui se sont occupés des filets de sécurité et des protections, si bien que
même les parties les plus effrayantes étaient amusantes.
La vérité, c’est que le simple fait de prendre de temps à autre quelques
risques physiques, que ce soit de l’escalade, du surf ou du snowboard, peut
vous regonfler et vous amener à vous sentir plus vivant(e). Les enfants et les
adultes incorporent souvent un facteur de risque dans leurs loisirs, même si
ce n’est que celui de paraître ridicule en public.
Jouer pour la vie
Le docteur Stuart Brown, psychiatre et fondateur de l’Institut national du
jeu, affirme que le jeu fait partie de nous et que négliger nos pulsions dans
ce sens peut être aussi dangereux que manquer de sommeil. Il a étudié des [276]
n’avais que 6 ans. Ma mère m’a donné une ligne avec des graines de maïs
comme appât. Elle l’a jetée dans l’eau, et je tenais la ligne avec mes orteils.
J’étais du genre déterminé et j’ai décidé que j’allais attendre le temps qu’il
faudrait. Tôt ou tard, un poisson devrait bien mordre mon grain de maïs, car
je ne comptais pas partir sans avoir attrapé quelque chose d’énorme.
Ma stratégie a fonctionné. Un poisson de 60 centimètres s’est enfin décidé
à mordre à mon appât, probablement parce qu’il en a eu assez de voir ma
petite ombre se pencher au-dessus de l’eau. Quand ce monstre a attrapé
l’appât et a filé avec, il a tiré la ligne à travers mes orteils, et j’ai eu
atrocement mal. Mais, au lieu de le laisser partir, j’ai trouvé une astuce: je
me suis assis sur la ligne, ce qui m’a laissé des brûlures sur les fesses quand
il a continué à se débattre.
«J’ai attrapé un poisson. Oh, j’ai mal aux fesses, mais j’ai attrapé un
poisson!» ai-je crié.
Ma mère et mon père ainsi que mes cousins se sont précipités pour m’aider
à tirer ce monstre de l’eau, et il faisait à peu près la même taille que moi.
Cela a été la plus grosse prise de la journée, et elle valait toute la douleur
que j’ai endurée pour l’avoir. Après cela, j’ai été accro pour la vie à la
pêche.
Maintenant je n’utilise plus une simple ligne, j’ai acquis la maîtrise d’une
canne à pêche, de manière à ne plus avoir à souffrir de brûlures aux fesses.
J’ai suffisamment de force pour coincer la canne entre mon menton et mon
épaule quand un poisson mord, et je peux jeter l’hameçon en retenant la
ligne avec mes dents et en la relâchant au bon moment. Oui, c’est la stricte
vérité: je pêche et je me cure les dents en un seul mouvement!
[278]
Doué pour la musique
Si vous pensez que la pêche est un passe-temps extravagant pour moi,
imaginez un peu comment les gens réagissent quand je leur dis que non
seulement j’étais batteur de mon groupe à l’école, mais aussi chef
d’orchestre! Et pourtant, c’est vrai. J’ai le rythme dans la peau. J’ai maîtrisé
l’art rare et difficile de la «percussion sur cantiques» à mon plus jeune âge.
Chaque dimanche soir, à l’église, je constituais des piles avec les recueils de
cantiques, en veillant à ce qu’elles aient des hauteurs différentes. Je tapais le
rythme dessus pendant que le chœur chantait. Je viens d’une longue lignée
de batteurs invétérés, dont mon cousin Ian Pasula, qui a été le premier de
notre assemblée. Ma capacité à garder un rythme était si naturelle que
quelques-uns de mes oncles et leurs amis se sont cotisés pour m’acheter une
batterie électronique Roland. Cette petite merveille amplifiée m’a transformé
en homme-orchestre sans bras ni jambes. J’ai commencé par la caisse claire
et la grosse caisse, puis, quand j’ai progressé, j’ai pu incorporer la cymbale
haute et la cymbale basse.
Le pianiste, l’organiste et le batteur de l’église se joignaient à moi et je me
sentais partie intégrante de l’orchestre. Je joue toujours sur une version plus
récente des percussions électroniques, que j’ai améliorée en y ajoutant le
programme Mac Keys, grâce auquel je peux l’utiliser comme un
synthétiseur et même jouer un son de guitare. La musique est un baume pour
mon âme. Que ce soit en jouant ou en écoutant, je peux me perdre pendant
des heures dans des vagues de sons.
Mon amour de la musique s’est construit avec des ensembles de jazz et des
groupes scolaires. Le meilleur moment musical de ma vie est peut-être arrivé
quand j’ai presque littéralement dû prendre tout l’orchestre du lycée sur
[279]
mes épaules. Voilà une tâche que l’on ne s’attendrait pas à me voir prendre
en charge. Ri-di-cu-le, n’est-ce pas?
Eh bien, notre professeur de musique avait des problèmes de santé, et elle
ne pouvait pas diriger nos répétitions, si bien que je me suis porté volontaire
pour conduire notre orchestre de 65 musiciens. Je connaissais tous les
morceaux qu’ils devaient jouer. Je me suis donc tenu devant cet important
groupe d’étudiants en musique et je les ai dirigés en faisant des gestes avec
mes épaules. Au risque de me faire des ennemis, je dirais que la
merveilleuse façon dont ils ont joué ce jour-là était ridicule!
senti mieux et j’ai compris que l’on n’est jamais seul à souffrir.
Que vous ayez peu ou beaucoup à offrir, souvenez-vous que de petits gestes
de bonté peuvent être aussi puissants que de grandes donations. Si vous
pouvez transformer ne serait-ce qu’une vie, vous avez déjà fait beaucoup. En
effet, une simple belle action peut provoquer une réaction en chaîne, et votre
effort initial peut produire des résultats au centuple. Combien de fois avez-
vous reçu quelque chose de la part de quelqu’un et, mu(e) par un sentiment
de reconnaissance, avez-vous accompli quelque chose de gentil pour
quelqu’un d’autre? Je crois que Dieu nous a créés pour que nous réagissions
de cette manière.
J’ai raconté comment une simple remarque de la part d’une fille de l’école
m’a redonné confiance en moi, à une période critique de ma vie, alors que je
me sentais de plus en plus indésirable et inutile. Elle m’a poussé vers
l’avant, me faisant penser que j’avais peut-être quelque chose à offrir, et
voilà que maintenant je cherche à encourager ceux qui en ont besoin aux
quatre coins du monde, tout en parlant du Dieu d’amour. Le simple acte de
gentillesse de cette fille a été grandement multiplié.
Peut-être vous dites-vous que, si vous aviez plus, vous feriez plus. Je vous
encourage à faire tout simplement ce que vous pouvez déjà faire chaque jour
de votre vie. L’argent n’est pas la seule contribution que vous pouvez
apporter. Quoi que Dieu vous ait donné, faites-en bénéficier les autres. Si
vous êtes menuisier ou simplement bricoleur, offrez vos services à votre
église, à une association, aux victimes de catastrophes ou à d’autres
personnes dans le besoin. Que vous sachiez chanter, coudre, tenir des
[283]
fleuves. La fille de ma classe qui a vu que j’étais triste après que l’on s’était
moqué de moi et qui m’a affirmé que j’étais mignon n’a pas seulement
soulagé ma douleur, elle m’a donné l’étincelle qui a allumé la flamme de ma
mission: aider des êtres humains tout autour du globe.
La passion d’aider
Ne passez pas votre temps à vous demander ce que vous pourriez faire pour
aider les autres. Agissez dans la simplicité et sachez que même de petits
gestes se multiplient et ont un impact qui va au-delà de tout ce que vous
pouvez imaginer. Comme ce lycéen de Hong Kong, je m’enflammais de
plus en plus à l’idée d’un voyage en Afrique du Sud et, plus j’y pensais, plus
je recevais de nouvelles de John Pingo.
J’ai prié pour savoir si je devais ou non partir pour ce voyage de trois
semaines et, après cela, j’ai senti que je devais y aller. Je voulais encourager
des gens au-delà des frontières nationales, et cela semblait être un bon
premier pas vers un ministère international. Je ne savais que très peu de
choses au sujet de l’Afrique du Sud et je n’avais encore jamais voyagé aussi
loin sans mes parents. Mon père avait des amis qui y vivaient, et sa
conversation avec eux ne l’a pas rassuré: ils l’ont informé que la criminalité
et la violence y représentaient un grand problème et que les voyageurs
faisaient fréquemment l’objet d’attaques et de vols; ils pouvaient même être
tués.
«Ce n’est pas un endroit sûr, Nick, m’a averti mon père. Tu ne connais
même pas ce John Pingo. Pourquoi lui ferais-tu confiance pour qu’il te guide
dans ce pays?»
Ma mère et mon père n’ont que très peu de cheveux gris, ce qui est
[286]
«Oh, ça veut dire que dans cette zone on peut casser les fenêtres de votre
voiture et voler tout ce que vous avez laissé à l’intérieur», dit John.
Nous avons verrouillé les portières et avons commencé à scruter le bord de
la route. Nous avons remarqué que beaucoup de maisons étaient entourées
de hauts murs en béton couronnés de barbelés. Plusieurs personnes
rencontrées durant les premiers jours du voyage nous ont dit avoir été
braquées ou cambriolées, mais nous avons appris plus tard que l’Afrique du
Sud était un pays bien moins dangereux que nombre de régions dévastées
par la pauvreté et par le crime.
En fait, Aaron et moi sommes tous les deux tombés amoureux de ce pays et
de sa population. En dépit des nombreux problèmes existant au sein de cette
nation, nous avons trouvé les habitants tout à fait merveilleux, remplis de
joie et d’espoir en dépit de leurs conditions de vie. Nous n’avons jamais vu
un tel abîme de pauvreté et de désespoir, ni autant de joie dénuée de raison
et de foi à toute épreuve, que là-bas.
Les orphelinats nous fendaient le cœur, et en même temps, ils étaient source
d’inspiration. Nous avons visité l’un d’eux, dédié aux enfants abandonnés
dans des poubelles ou sur des bancs publics. La plupart d’entre eux étaient
malades et souffraient de malnutrition. Nous étions tellement touchés que le
lendemain nous sommes revenus leur apporter des pizzas, des boissons
fraîches, des jouets, des ballons de foot et divers petits cadeaux. Les enfants
se sont extasiés devant cela.
Nous avons aussi vu des petits couverts de plaies ouvertes provoquées par
des bactéries carnivores, des enfants et des adultes mourant du SIDA, des
familles entières vivant au jour le jour à la recherche d’eau potable et de
[290]
danse, vous pouvez orienter la pratique de votre activité favorite vers une
œuvre de bienfaisance: organiser un tournoi de tennis au profit de
l’association de votre église locale, une compétition de vélo au profit d’une
organisation d’entraide ou un marathon de danse en vue d’acheter des
vêtements pour les enfants pauvres.
Hilary Lister, par exemple, aime faire de la voile. A l’âge de 37 ans, elle a
décidé de naviguer seule autour de la Grande-Bretagne, et elle a planifié un
voyage de 42 jours en bateau au profit de son association de bienfaisance,
Hilary’s Dream Trust, qui aide à enseigner la voile aux personnes pauvres
ou handicapées.
La foi d’Hilary dans l’impact positif de la voile est basée sur son
expérience personnelle. A l’âge de 15 ans, elle a perdu l’usage de ses bras et
de ses jambes à cause d’un trouble neurologique progressif. Tétraplégique,
titulaire d’un diplôme d’Oxford, elle navigue avec son bateau construit sur
mesure grâce à un système qui lui permet de le commander en soufflant dans
l’une des trois pailles disposées sur son tableau de bord. Une paille contrôle
la voile, tandis que les deux autres lui permettent de diriger le bateau. Elle
est la première tétraplégique à avoir traversé la Manche et à avoir fait toute
seule le tour de la Grande-Bretagne.
mais quand leur père les avait quittés, elle était tombée dans le désespoir et
avait envisagé le suicide. Elle pensait que sa vie ne valait pas la peine d’être
vécue.
Bouleversée par la disparition de son père, elle voulait mettre fin à ses
jours. Elle a prié, disant à Dieu qu’elle ne pouvait plus aller à l’église. Le
même jour, son pasteur a montré à sa paroisse un de mes DVD. C’était une
copie faite sur le marché noir, une des 150’000 copies illégales faites et
vendues en Indonésie.
Quand j’ai appris par Han-Han qu’il y avait une telle quantité de copies
pirates de mes DVD en vente, j’ai répondu: «Dieu soit loué! Ne vous en
faites pas.» Ma préoccupation, c’était que mon message se propage, ce
n’étaient pas les bénéfices. Même sur le marché noir, Dieu est à l’œuvre,
comme l’histoire d’Esther allait le confirmer.
Par l’intermédiaire d’un interprète, Esther m’a expliqué que mon DVD
l’avait incitée à rejeter le désespoir. Elle avait fini par trouver sa vocation et
voir l’espoir renaître en elle. Elle s’est dit que, si je pouvais avoir foi en
Dieu, elle le pouvait aussi. Elle a prié pour un emploi et a jeûné
régulièrement pendant 6 mois, et voilà qu’elle avait trouvé un travail dans le
restaurant chinois où nous nous sommes rencontrés!
Après avoir entendu son histoire, j’ai embrassé Esther et lui ai demandé
quels étaient ses plans. Elle avait décidé que, même si elle n’avait que peu
d’argent et travaillait 14 heures par jour, elle allait se former afin de devenir
pasteur pour enfants. Elle espérait pouvoir étudier dans une faculté de
théologie, même si elle ne voyait pas encore comment cela pourrait être
possible, compte tenu de sa situation. Elle vivait dans le restaurant, dormant
par terre, car elle ne pouvait pas payer de loyer. A ces mots, j’ai failli
[300]
n’oubliez pas que là où nous nous sentons faibles, Dieu reste fort23. J’étais
handicapé, mais il m’a donné des forces ainsi que le désir de faire bénéficier
les autres de mon histoire et de ma foi afin de les aider à relever leurs
propres défis.
Je me suis rendu compte que ma vocation était de transformer mes
difficultés en un enseignement qui donne gloire à Dieu et encourage les êtres
humains. Il m’a béni pour que j’apporte sa bénédiction à d’autres. Distribuez
ce qui vous a été donné avec enthousiasme et sachez que, quoi que vous
fassiez, le résultat sera bien plus grand que vous ne l’imaginez. Dieu fait tout
contribuer au bien de ceux qui ont de l’amour pour lui. Il vous aime, et moi
aussi.
On enseigne souvent aux chrétiens qu’ils sont les pieds et les mains du
Christ ici-bas. Si je prenais cela au sens littéral, j’aurais de quoi me sentir un
peu exclu, mais je l’interprète au sens figuré: je sers Dieu en essayant de
toucher autant de personnes que possible par mon témoignage et mon
exemple. Mon objectif est de refléter l’amour que le Christ nous porte, à
nous tous. Il nous a donné la vie afin que nous puissions partager ce que
nous possédons les uns avec les autres. Cela me remplit de joie, et cela
devrait vous remplir de joie également. J’espère que les histoires et le
message que j’ai fait passer à travers ce livre vous ont aidé(e) et vous ont
inspiré(e) pour vous mettre à la recherche d’une vocation, pour garder
l’espérance, avoir la foi, vous aimer, avoir une attitude positive, être
courageux (courageuse) afin que rien ne vous arrête, accepter le
changement, être digne de confiance, ouvert(e) aux possibilités, désireux [303]
Les plans que l’on forme dans la vie ressemblent beaucoup à une carte: sans
destination ni but, sans instructions claires sur la façon de procéder, il y a
peu de chances que l’on arrive à l’endroit voulu. Si vous prenez le temps de
travailler les questions et exercices des pages suivantes, vous disposerez de
la «carte» qui vous conduira vers votre propre vie ridiculement belle et sans
limites.
Plan d’action n° 1
Chapitre 1: «Si vous n’obtenez pas de miracle, devenez-en un!»
Trouver notre raison d’être est la première étape importante à franchir pour
une vie sans limites. J’ai trouvé le bonheur ainsi qu’un objectif fort malgré
des circonstances difficiles, et je vous invite à laisser Dieu vous guider afin
que vous découvriez le vôtre. Vous avez de la valeur en tant qu’être créé par
Dieu et vous pouvez apporter une contribution, peu importent les défis
auxquels vous faites face.
Réflexion de Nick
«Nous avons chacun le choix. Nous pouvons décider de demeurer sur nos
échecs ou déceptions, d’être amers, tristes ou aigris. Ou bien, lorsque nous
faisons face à des difficultés ou à des personnes blessantes, nous pouvons
choisir de tirer une leçon de ces expériences et d’avancer, assumant la
responsabilité de notre propre bonheur.»
Passage en revue
D’après vous, en quoi le fait de saisir ma valeur en tant que créature de Dieu
m’aide-t-il à affronter les circonstances et à ne pas mettre de limites à ce que
Dieu peut accomplir à travers moi?
Pourquoi est-il si important pour chacun de nous que nous choisissions
[309]
«J’aime présenter la foi comme une assurance totale dans notre cœur. Il est
possible que je ne sois pas en mesure de prouver tout ce que je crois, mais
j’ai la conviction que je suis bien plus proche de la vérité lorsque je vis dans
la foi plutôt que dans le désespoir.»
Passage en revue
Quelles sont les formes de foi que je mentionne et pourquoi est-il important
de les identifier?
Qu’est-ce qu’un possibilitarien et quelles sont ses caractéristiques?
En quoi la patience constitue-t-elle un élément clé pour surmonter les
problèmes?
Plan
1. Quels sont les domaines du quotidien dans lesquels nous faisons preuve
de foi? Pourquoi est-il important d’identifier cette foi lorsque nous sommes
confrontés à des défis qui peuvent paraître insurmontables?
2. En quoi la vie est-elle différente pour ceux qui croient que le plan de Dieu
pour eux va être révélé au bon moment, par rapport à ceux qui ne sont pas
animés par cette foi et ne croient pas que Dieu s’intéresse à eux?
3. En quoi est-il important de reconnaître que, parfois, nous ne recevons pas
immédiatement les réponses attendues et devons marcher par la foi?
Passage à l’acte
1. Trouvez-vous facile ou difficile de croire que, si vous faites tout ce qui est
possible pour accomplir vos rêves, vos efforts vont être récompensés?
Quelles situations et personnes vous ont encouragé(e) ou découragé(e) dans
ce domaine?
2. Dressez une liste de personnes susceptibles de vous encourager et de vous
guider en vue de l’accomplissement de vos objectifs. Ensuite, parlez-en avec
elles. Si vous n’avez pas de nom à mettre sur cette liste, allez trouver des
gens! Choisissez aussi quelqu’un qui a besoin d’encouragements et
[313]
Plan
1. Que devriez-vous commencer à faire aujourd’hui afin que les obstacles
contribuent à vous élever et que les occasions qui se présentent vous aident à
prendre de l’élan et à façonner une vie que vous aimez?
2. Comment votre objectif et vos valeurs peuvent-ils vous guider, lorsque
vous examinez les occasions qui se présentent à vous afin de choisir celles
qui serviront le mieux vos buts, plutôt que de vous faire glisser et tomber?
Passage à l’acte
1. Réfléchissez à l’empreinte et au souvenir que vous voulez laisser dans ce
monde. (Il peut être utile que vous le couchiez par écrit et le relisiez
régulièrement pour vous rappeler votre objectif et vos valeurs.)
2. Notez par écrit votre objectif – en tout cas celui qui grandit dans votre
cœur et votre esprit – et les éléments auxquels vous attribuez le plus de
valeur. Puis, déterminez comment vous allez utiliser tout cela dans votre
examen des occasions susceptibles de vous rapprocher de la réalisation de
votre rêve. D’après vous, est-ce qu’à mes yeux le plus bel objectif consiste à
connaître Dieu? Pourquoi cela pourrait être vrai?
3. Relisez les suggestions relatives à l’élargissement du cercle de
connaissances (p. 251) et à son corollaire: l’augmentation des possibilités.
Puis, mettez-en quelques-unes en œuvre.
Plan d’action n° 11
Lecture du chapitre 11: «Les règles du ridicule»
Dans ce plan d’action, j’encourage chacun à faire quelque chose de ridicule
au moins une fois par jour, que ce soit un risque nécessaire pour la poursuite
de votre rêve ou que cela soit par simple plaisir. N’ayez pas peur de
[324]
prendre des risques et d’être taxé(e) de fou ou folle par ceux qui doutent de
votre génie.
Réflexion de Nick
«On ne peut être un gagnant que si l’on accepte d’envisager la défaite.»
Passage en revue
Pourquoi la capacité de plaisanter, de prendre des risques et de rire de soi-
même fait-elle partie intégrante d’une vie sans limites?
Quelles sont mes «règles du ridicule» et comment avez-vous réagi lorsque
vous avez lu chacune d’elles? (Soyez honnête!)
Quelle différence existe-t-il entre un risque ridicule et un risque stupide?
Comment se prépare-t-on à prendre des risques ridicules?
Plan
1. Comment avez-vous glissé dans la mentalité du «un jour» et limité vos
occasions de rire, de vous amuser et de profiter de plaisirs ridicules?
2. Pourquoi le fait de prendre de temps en temps des risques mesurés nous
amène-t-il à nous sentir vivants?
3. Si vous pouviez vous adonner à plusieurs activités porteuses de risques
mesurés et de grand plaisir, lesquelles choisiriez-vous? Pourquoi?
Passage à l’acte
1. Quelles mesures prendrez-vous dès maintenant afin de profiter de la vie et
d’être plus à même de vivre votre rêve?
2. Comment pouvez-vous développer des relations avec des personnes
prenant des risques ridicules et aimant le plaisir ridicule? (Indice: pourquoi
pas essayer un nouveau sport, acquérir de nouvelles compétences…?)
3. Mettez de côté du temps pour vous «perdre» ou vous engager à 100 %,
avec un enthousiasme ridicule, dans une de vos activités favorites, qu’il
[325]
etc.)
2. Pourquoi est-il important de pouvoir s’appuyer sur l’extraordinaire amour
de Dieu lorsqu’on manifeste de la bonté à autrui?
Passage à l’acte
1. Sachant que même l’acte de bonté le plus simple peut avoir un impact
positif dans une vie, manifestez de la gentillesse à quelqu’un aujourd’hui.
Quoi que Dieu vous ait donné, partagez-le pour que d’autres en profitent.
2. Comment allez-vous être «les pieds et les mains du Christ» chaque jour,
reflétant son amour pour chacun? Si vous ne connaissez pas encore Jésus
personnellement, qu’allez-vous faire pour le découvrir et connaître son
amour pour vous, son plan pour votre vie? (Suggestions: lisez l’Evangile de
Jean dans le Nouveau Testament; entretenez-vous avec un pasteur local;
cherchez un disciple de Jésus avec qui vous puissiez aborder divers sujets;
faites des études bibliques sur internet; etc.)
[327]
Un peu de solidarité
pour chaque tâche accomplie par ses microbénévoles, utilisant à la fois les
nouvelles technologies et des ressources humaines distribuées pour faire
plein de petites choses, lesquelles, ajoutées les unes aux autres, résultent en
une grande œuvre. La solidarité à la pointe des technologies utilise Internet
et les réseaux sociaux pour faire de notre monde un endroit où il fait bon
vivre. Voici quelques sites web qui vous permettront de vous lancer dans
l’humanitaire uniquement grâce à votre smartphone ou votre ordinateur.
causecast.com
Ryan Scott, un entrepreneur multimillionnaire dans les nouvelles
technologies a fondé Causecast afin d’aider les associations caritatives et à
but non lucratif à réduire leurs frais lors de transactions de dons importants;
elles perdaient en effet de l’argent destiné aux bonnes œuvres. Des méthodes
novatrices permettent aux donateurs d’utiliser un système de SMS payants,
avec l’aide de leur téléphone portable. Causecast a donné naissance à une
filiale qui sert de lien entre les associations caritatives dignes de confiance et
les compagnies intéressées par le développement d’un marché servant à une
bonne cause. Cette industrie d’un milliard et demi de dollars englobe des
multinationales voulant associer leurs produits à une bonne cause. Elles le
font grâce aux dons ou au parrainage.
donorschoose.org
Ce site soutenant l’enseignement encourage les personnes à une
«philanthropie citoyenne» en relayant des demandes d’aide de la part des
enseignants du secteur public. Ils peuvent avoir besoin de crayons pour les
élèves venant de milieux défavorisés, de matériel pour le labo de chimie,
d’instruments de musique ou de livres… Leur site web permet de choisir
[329]
enchaînée25.
Je pense que ce site fonctionnera en deux phases. Dans la première, les
visiteurs pourront évoquer la souffrance vécue; dans la deuxième, ils seront
dirigés vers des personnes susceptibles d’offrir aide et réconfort. Je le vois
comme un réseau social où ceux qui sont dans le besoin peuvent rencontrer
ceux qui veulent changer les choses. Notre objectif est modeste: rendre la
vie meilleure à une personne à la fois. Nous souhaitons également
encourager les adolescents à s’impliquer et à s’épanouir dans un contexte de
solidarité. Nous travaillons toujours au développement. Vous pouvez suivre
l’avancement du projet, découvrir l’agenda de nos tournées et lire l’histoire
de personnes qui ont vu leur vie transformée sur www.lifewithoutlimbs.org.
24 «Bon» en anglais (N.d.E.)
25 2 Timothée 2.9 (N.d.E.)
[333]
Les sites mentionnés
Voici les adresses des divers sites dont il a été fait mention dans ce livre:
Dr Stuart Brown
www.nifplay.org
Reggie Dabbs
www.reggiedabbsonline.com
Bethany Hamilton
www.bethanyhamilton.com
Gabe Murfitt
www.gabeshope.org
Vic & Elsie Schlatter
Apostolic Christian Church Foundation
www.accm.org
Glennis Siverson
www.glennisphotos.com
Joni Eareckson Tada
www.joniandfriends.org
Phil Toth
www.PhilToth.com
[334]
A propos de l’auteur
Préliminaires
Titre
Avertissement
Auteur et titre
Copyright
Dédicace
Livre
Introduction
1. Si vous n’obtenez pas de miracle, devenez-en un!
2. Pas de bras, pas de jambes, pas de limites
3. Un cœur plein d’assurance
4. Aimer le parfaitement imparfait
5. Attitude et altitude
6. Sans bras mais pas sans ressources
7. Ne pas rester par terre
8. Le nouveau qui se cache dans les buissons
9. Se fier aux autres… plus ou moins
10. Sauter sur une occasion
11. Les règles du ridicule
12. Vivre pour donner
Merci…
Quelques ressources
Plan d’action
Un peu de solidarité
Les sites mentionnés
A propos de l’auteur
Table des matières
Jacques 1.2
[Retour au livre]
2
Mes frères et sœurs, considérez comme un sujet de joie complète
les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés,
[Retour au livre]
Romains 8.28
[Retour au livre]
28
Du reste, nous savons que tout contribue au bien de ceux qui
aiment Dieu, de ceux qui sont appelés conformément à son plan.
[Retour au livre]
Jérémie 29.11
[Retour au livre]
11
En effet, moi, je connais les projets que je forme pour vous,
déclare l’Eternel, projets de paix et non de malheur, afin de vous
donner un avenir et de l’espérance.
[Retour au livre]
Esaïe 40.31
[Retour au livre]
31
mais ceux qui comptent sur l’Eternel renouvellent leur force. Ils
prennent leur envol comme les aigles. Ils courent sans s’épuiser, ils
marchent sans se fatiguer.
[Retour au livre]
Ephésiens 6.13-17
[Retour au livre]
13
C’est pourquoi, prenez toutes les armes de Dieu afin de pouvoir
résister dans le jour mauvais et tenir ferme après avoir tout
surmonté. 14Tenez donc ferme: ayez autour de votre taille la vérité
en guise de ceinture; enfilez la cuirasse de la justice; 15mettez
comme chaussures à vos pieds le zèle pour annoncer l’Evangile de
paix; 16prenez en toute circonstance le bouclier de la foi, avec
lequel vous pourrez éteindre toutes les flèches enflammées du mal;
17
faites aussi bon accueil au casque du salut et à l’épée de l’Esprit,
c’est-à-dire la parole de Dieu.
[Retour au livre]
Hébreux 11.1
[Retour au livre]
Chapitre 11
Exemples de foi
1
Or la foi, c’est la ferme assurance des choses qu’on espère, la
démonstration de celles qu’on ne voit pas.
[Retour au livre]
Marc 4.1-20
[Retour au livre]
[Retour au livre]
Jean 9.1-3
[Retour au livre]
[Retour au livre]
Psaume 139.14
[Retour au livre]
14
Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse. Tes
œuvres sont admirables, et je le reconnais bien.
[Retour au livre]
Matthieu 22.34-40
[Retour au livre]
34
Les pharisiens apprirent qu’il avait réduit au silence les
sadducéens. Ils se rassemblèrent 35et l’un d’eux, professeur de la
loi, lui posa cette question pour le mettre à l’épreuve: 36«Maître,
quel est le plus grand commandement de la loi?» 37Jésus lui
répondit: «Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de
toute ton âme et de toute ta pensée. 38C’est le premier
commandement et le plus grand. 39Et voici le deuxième, qui lui est
semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. 40De ces
deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes.»
Reproches de Jésus aux chefs religieux
[Retour au livre]
1 Thessaloniciens 5.18
[Retour au livre]
18
exprimez votre reconnaissance en toute circonstance, car c’est la
volonté de Dieu pour vous en Jésus-Christ.
[Retour au livre]
Josué 1.9
[Retour au livre]
9
Ne t’ai-je pas ordonné: ‘Fortifie-toi et prends courage’? Ne sois
pas effrayé ni épouvanté, car l’Eternel, ton Dieu, est avec toi où
que tu ailles.»
[Retour au livre]
Jean 6.63
[Retour au livre]
63
C’est l’Esprit qui fait vivre, l’homme n’arrive à rien. Les paroles
que je vous dis sont Esprit et vie,
[Retour au livre]
Galates 6.7
[Retour au livre]
7
Ne vous y trompez pas: on ne se moque pas de Dieu. Ce qu’un
homme aura semé, il le récoltera aussi.
[Retour au livre]
Genèse 37–50
[Retour au livre]
Mort de Jacob
33
Lorsque Jacob eut fini de donner ses ordres à ses fils, il remit ses
pieds dans le lit, il expira et alla rejoindre les siens.
1
Joseph se jeta sur le visage de son père, pleura sur lui et
l’embrassa. 2Il ordonna aux médecins qui étaient à son service
d’embaumer son père, et les médecins embaumèrent Israël. 3Ce
furent 40 jours qui passèrent ainsi et furent employés à
l’embaumer. Les Egyptiens le pleurèrent 70 jours. 4Quand les jours
de deuil furent passés, Joseph s’adressa aux membres de
l’entourage du pharaon en disant: «Si j’ai trouvé grâce à vos yeux,
rapportez au pharaon ce que je vous dis. 5Mon père m’a fait prêter
serment en disant: ‘Je vais mourir. Tu m’enterreras dans le
tombeau que je me suis préparé dans le pays de Canaan.’ Je
voudrais donc monter là-bas pour enterrer mon père et revenir.»
6
Le pharaon répondit: «Montes-y et enterre ton père conformément
au serment qu’il t’a fait faire.» 7Joseph monta enterrer son père. Il
fut accompagné de tous les serviteurs du pharaon, des responsables
du palais, de tous les responsables de l’Egypte, 8de tout son propre
entourage, de ses frères et de la famille de son père. On ne laissa
dans la région de Gosen que les enfants ainsi que le petit et le gros
bétail. 9Il y avait encore avec Joseph des chars et des cavaliers, de
sorte que le cortège était très nombreux. 10Arrivés à l’aire de
battage d’Athad qui se trouve de l’autre côté du Jourdain, ils firent
entendre de grandes et très profondes lamentations. Joseph fit un
deuil de sept jours en l’honneur de son père. 11Les habitants du
pays, les Cananéens, furent témoins de ce deuil dans l’aire de
battage d’Athad et ils dirent: «Quel deuil important pour les
Egyptiens!» Voilà pourquoi on a appelé Abel-Mitsraïm cette aire
de battage qui se trouve de l’autre côté du Jourdain. 12C’est ainsi
que les fils de Jacob se conformèrent aux ordres de leur père. 13Ils
le transportèrent dans le pays de Canaan et l’enterrèrent dans la
grotte du champ de Macpéla, achetée comme propriété funéraire
par Abraham à Ephron le Hittite et qui se trouve vis-à-vis de
Mamré. 14Après avoir enterré son père, Joseph retourna en Egypte
avec ses frères et tous ceux qui étaient montés avec lui pour
enterrer son père. 15Quand les frères de Joseph virent que leur père
était mort, ils se dirent: «Si Joseph nous prenait en haine et nous
rendait tout le mal que nous lui avons fait!» 16Et ils firent dire à
Joseph: «Ton père a donné l’ordre suivant, avant de mourir:
17
‘Voici ce que vous direz à Joseph: Oh! Pardonne le crime de tes
frères et leur péché, car ils t’ont fait du mal!’ Pardonne maintenant
le crime des serviteurs du Dieu de ton père!» Joseph pleura à
l’écoute de leur message. 18Ses frères vinrent eux-mêmes se jeter à
ses pieds et dire: «Nous sommes tes serviteurs.» 19Joseph leur dit:
«N’ayez pas peur! Suis-je en effet à la place de Dieu? 20Vous aviez
projeté de me faire du mal, Dieu l’a changé en bien pour accomplir
ce qui arrive aujourd’hui, pour sauver la vie à un peuple nombreux.
21
Désormais, n’ayez donc plus peur: je pourvoirai à vos besoins et
à ceux de vos enfants.» C’est ainsi qu’il les réconforta en parlant à
leur cœur.
Mort de Joseph
22
Joseph habita en Egypte, ainsi que la famille de son père. Il vécut
110 ans. 23Joseph vit les fils d’Ephraïm jusqu’à la troisième
génération et il tint même les fils de Makir, le fils de Manassé, sur
ses genoux à leur naissance. 24Joseph dit à ses frères: «Je vais
mourir, mais Dieu interviendra pour vous et vous fera remonter de
ce pays-ci jusque dans le pays qu’il a juré de donner à Abraham, à
Isaac et à Jacob.» 25Joseph fit jurer les fils d’Israël en disant:
«Quand Dieu interviendra pour vous, vous ferez remonter mes
ossements loin d’ici.» 26Joseph mourut à l’âge de 110 ans. On
l’embauma et on le mit dans un cercueil en Egypte.
[Retour au livre]
Matthieu 7.7-8
[Retour au livre]
7
»Demandez et l’on vous donnera, cherchez et vous trouverez,
frappez et l’on vous ouvrira. 8En effet, toute personne qui demande
reçoit, celui qui cherche trouve et l’on ouvre à celui qui frappe.
[Retour au livre]
Marc 16.15
[Retour au livre]
15
Puis il leur dit: «Allez dans le monde entier proclamer la bonne
nouvelle à toute la création.
[Retour au livre]
Ecclésiaste 4.9-10
[Retour au livre]
9
Il vaut mieux être deux que tout seul, parce qu’à deux on retire un
bon profit du travail. 10En effet, en cas de chute, l’un relève son
compagnon, mais malheur à celui qui est seul et qui tombe sans
avoir de proche pour le relever!
[Retour au livre]
Philippiens 4.13
[Retour au livre]
13
Je peux tout par celui qui me fortifie, [Christ].
[Retour au livre]
1 Jean 3.17
[Retour au livre]
17
Si quelqu’un qui possède les biens de ce monde voit son frère
dans le besoin et lui ferme son cœur, comment l’amour de Dieu
peut-il demeurer en lui?
[Retour au livre]
2 Corinthiens 12.9-10
[Retour au livre]
9
et il m’a dit: «Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit
dans la faiblesse.» Aussi, je me montrerai bien plus volontiers fier
de mes faiblesses afin que la puissance de Christ repose sur moi.
10
C’est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les insultes,
dans les détresses, dans les persécutions, dans les angoisses pour
Christ, car quand je suis faible, c’est alors que je suis fort.
[Retour au livre]
Jean 3.16
[Retour au livre]
16
En effet, Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique
afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie
éternelle.
[Retour au livre]
Romains 8.38-39
[Retour au livre]
38
En effet, j’ai l’assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni
les dominations, ni le présent ni l’avenir, ni les puissances, 39ni la
hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous
séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre
Seigneur.
[Retour au livre]
Hébreux 4.16
[Retour au livre]
16
Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce afin
d’obtenir compassion et de trouver grâce pour être secourus au
moment opportun.
[Retour au livre]
Jean 10.10
[Retour au livre]
10
Le voleur ne vient que pour voler, égorger et détruire; moi, je suis
venu afin que les brebis aient la vie et qu’elles l’aient en
abondance.
[Retour au livre]
1 Jean 1.9
[Retour au livre]
9
Si nous reconnaissons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous
les pardonner et pour nous purifier de tout mal.
[Retour au livre]
Ephésiens 1.7
[Retour au livre]
7
En lui, par son sang, nous sommes rachetés, pardonnés de nos
fautes, conformément à la richesse de sa grâce.
[Retour au livre]
Genèse 39–41
[Retour au livre]
[Retour au livre]