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1ère bachelier 2016-2017 Ordre des Coleoptera 1

Module 7: Ordre des Coleoptera

7.1. Généralités

Parmi les insectes, l’ordre des Coléoptères, avec plus de 370.000 espèces connues
actuellement dans le monde, forme le groupe le plus important. Ils représentent plus
d’un tiers des espèces d’insectes connus. On estime que le nombre d’espèces de
Coléoptères existant pourrait atteindre 2 millions étant donné les immenses régions
du globe inexplorées au point de vue entomologique. Mesurant de 0,1 à 180mm pour
les plus grands, la taille moyenne des Coléoptères est inférieure à 25mm.
Les Coléoptères doivent leur nom au grec « koleos », étui ; « pteron », aile. Leurs
ailes antérieures sclérifiées, appelées élytres, elles recouvrent et protègent les ailes
postérieures, membraneuses et fonctionnelles.

Représentation des élytres et des ailes membraneuses des Coléoptères

Les élytres ont plusieurs fonctions :


 limitation des pertes en eau ;
 protection contre les prédateurs ;
 accumulation d’air chez certains Coléoptères aquatiques;

7.2. Classification

En ce qui concerne la classification des Coléoptères, les systématiciens la remanient


sans cesse, tantôt sur base de critères morphologiques imaginaux, externes et
internes, tantôt sur base de leur morphologie larvaire ou de leurs affinités
éthologiques. Bien que les révisions soient nombreuses, on soulignera que très
souvent elles mènent à la même classification systématique. L’ordre des Coléoptères
est subdivisé en 2 sous-ordres : les Adephaga et les Polyphaga. Afin de les
différencier on pourra se baser sur plusieurs caractères : le nombre de paires de
palpes, la présence ou non d’une suture notopleurale et le développement ou non
des trochanters des pattes postérieures. En effet, les Adephaga (ex : Dytiscidae,
Carabidae ou Cicindelidae) possèdent 3 paires de palpes (palpes labiaux, palpes
maxillaires et la fusion des galea et lacinia), une suture notopleurale et un trochanter
(III) hypertrophié alors que les Polyphaga ne possèdent que 2 paires de palpes et
n’ont pas de suture notopleurale ni de trochanter hypertrophié.
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Suture notopleurale

Trachanter hypertrophié

Représentation du trochanter hypertrophié (L2) et de la suture

Parmi les Polyphaga, on peut citer la super-famille des Scarabaeoidea dont le


principal critère de détermination étant la présence d’antennes dites lamellées: soit
en forme de peigne, soit en forme d’éventail.

a. b.

Antennes lamellées en d’éventail (a) et lamellées en de peigne (b)

7.3. Accouplement et développement

Les individus peuvent se signaler aux autres à l’aide de phéromones, de sons, ou


encore de signaux lumineux comme chez les lucioles (Lampyridae). Les Coléoptères
subissent une métamorphose complète, caractérisée par la succession de différents
stades : l’oeuf, la larve, la nymphe (stade immobile) et l’adulte ou imago. Ce sont des
holométaboles. Le cycle peut varier de quelques semaines à plusieurs années
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suivant l’espèce (6 ans chez les taupins) et les conditions du milieu : température,
hygrométrie, nourriture disponible, etc.
Dans le cas du hanneton (Melolonthidae), la femelle pond 70 à 80 œufs dans le sol;
on appelle la larve « ver blanc ». La première année elle mesure 2 cm, et mange des
racines. Dès que l'hiver arrive, elle s'enfonce plus profondément et mène une vie
ralentie. Mais chaque printemps, elle remonte et en grandissant, elle ronge de plus
en plus de racines. Le développement des larves dure environ 3 ou 4 ans au
détriment d’éventuelles cultures. L'adulte passe ensuite un hiver sous terre avant de
s'envoler le printemps suivant.

Les larves de Coléoptères peuvent être très différentes et l’on reconnaît 6 types
principaux :

 Larves campodéiformes : larves terrestres ou aquatiques à téguments assez


fortement sclérifiés, de forme allongée, à pattes bien développées, à abdomen
presque toujours terminé par des appendices fixes ou mobiles, appelés
urogomphes. Ces larves sont généralement actives et prédatrices avec des
mandibules et pattes bien développées. Par l’aspect général, elle ressemble à
un insecte adulte aptère. Ex : Coccinellidae, Carabidae.

 Larves éruciformes : larves à corps charnu, assez mou, à pattes


développées, plus ou moins courtes et possédant parfois de fausses-pattes
abdominales. Elles sont allongées, cylindriques et leur tête est bien visible.
Ces larves sont généralement phytophages. Ex : Chrysomelidae.

 Larves cucujoïformes : larves très sclérifiées, allongées, généralement


cylindriques ou plus ou moins aplaties, à pattes courtes mais robustes. Ex :
Elateridae.

 Larves apodes (ou vermiformes) : larves charnues, molles, peu sclérifiées et


dont les diverses parties du corps sont peu différenciées. Ces larves peu
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mobiles, ne possèdent pas de pattes et vivent généralement en parasites à


l’intérieur de tissus végétaux ou animaux. Ex : Curculionidae, Cerambycidae.

 Larves scarabéiformes : larves souvent molles et blanches en forme de C.


Elles se trouvent généralement dans les végétaux pourrissant et les
excréments. Elles se déplacent peu et lentement. Ex : Melolonthidae,
Scarabaeidae.

 Larves onisciformes (de la ressemblance avec un cloporte : Oniscus) :


Larves généralement bien sclérifiées, déprimées, à segments dorsaux
débordant latéralement, en boucliers cachant partiellement la tête et les
pattes. Ex : Silphidae.

Représentation de larves : campodéiforme (a), éruciforme (b), cucujoïforme (c), scarabéiforme


(d), onisciforme (e), apode (f).

7.4. Ecologie

La grande majorité des Coléoptères sont terrestres et moins de 3% des espèces


sont aquatiques (Dytiscidae, Hydrophilidae, Gyrinidae). Dans ce cas, tout ou partie
du cycle peut se dérouler dans l’eau même si le stade nymphal est en principe
terrestre. Les Dytiscidae adultes que l’on rencontre dans l’eau sont également
capables de voler afin de changer de mares. En milieu aquatique, les Dytiscidae
pointent leur partie postérieure en surface pour "respirer" alors que les Hydrophilidae
utilisent leur partie antérieure. Dans le premier cas l'air est stocké sous les élytres, et
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parfois dans une bulle qui se forme à l'extrémité abdominale de l'insecte. Dans le
second il est retenu par une sorte de feutrage spécialisé qui occupe essentiellement
la partie thoracique de la face ventrale de l'insecte. Dans ce dernier cas l'air
emmagasiné induit un spectaculaire effet qualifié de "miroir " ou de "mercurisation".

Représentation d’un Dytiscidae accumulant de l’air sous ses élytres.

Chez les Coléoptères, les pièces buccales sont toujours de type broyeur, même chez
les espèces qui possèdent un museau, comme les charançons (Curculionidae). Ce
museau constitue un allongement de la tête et non une transformation des pièces
buccales proprement dites.

museau

Photo d’un Curculionidae

Les Coléoptères peuvent être phytophages, xylophages, prédateurs, parasites ou


parasitoïdes et plusieurs espèces se nourrissent également de charognes
(nécrophages), d'excréments (coprophages) ou de pollen (polliniphages). Les larves
et les adultes peuvent avoir soit le même régime alimentaire soit utiliser d’autres
ressources voire même ne pas se nourrir à l’état adulte.

Pour se défendre, les Coléoptères ont développé de nombreuses stratégies. Parmi


celles-ci, on soulignera la présence d’élytres, bien évidemment, ou d’autres plus
particulières comme la projection de molécules défensives, la saignée réflexe,
l’immobilisation-réflexe ou le saut de fuite.

 La projection de molécules défensives consiste en un jet de quinones


brûlantes provenant de glandes situées dans l’abdomen de l’insecte. Lors de
la projection un bruit caractéristique est émis. Parmi les Coléoptères utilisant
ce mode de défense on citera les « Bombardiers » (Carabidae).

 La saignée réflexe ou autohémorrhée s’observe principalement chez les


Tenebrionidae, les Coccinelidae, mais surtout chez les Chrysomelidae et
particulièrement chez Timarcha tenebricosa qui, lorsqu’il est inquiété, exsude
par la bouche et par les articulations un liquide de couleur rouge, d’où son
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nom de « crache-sang ». Dans la plupart des cas, le liquide exsudé est


toxique.

 Dans le cas de l’immobilisation-réflexe ; l’insecte se laisse tomber dans une


sorte de catalepsie, pattes et antennes raidies ; on dit qu’il fait le mort
(Curculionidae, Silphidae).

 Le saut de fuite également appelé « saut ressort » est observable chez les
adultes de taupins (Elateridae). Ces insectes ont la capacité d’effectuer des
sauts de plusieurs centimètres de haut posés sur le dos en produisant un bruit
sec grâce à une structure que l’on appelle « saillie prosternale ».

Saillie prosternale

Représentation d’un Taupin sur le dos arqué avant de sauter

7.5. Utilités et nuisances

L’utilité des Coléoptères est multiple. Certains sont nécrophages et se nourrissent de


cadavres (Ex : Dermestidae, Silphidae). Ils participent donc à la reminéralisation de
la matière organique et remettent ainsi les éléments nutritifs à la disposition des
végétaux, mais ils peuvent également être employés à des fins médico-légales. A
l’instar de certains Diptères, des Coléoptères sont notamment utilisés pour la
datation de la mort.

Les nécrophages ne sont pas les seuls décomposeurs puisque d’autres Coléoptères
au régime alimentaire coprophage (Geotrupidae) interviennent également dans le
recyclage de la matière. Outre ces aspects, on soulignera que certains Coléoptères
sont également comestibles. Ainsi, même si de nos jours, les Européens dédaignent
cette nourriture riche en protéines, matières azotées, graisses et sels divers, les
insectes sont encore très appréciés dans de nombreux pays d’Afrique, d’Asie ou
d’Amérique du Sud. Parmi les espèces consommées, on citera le charançon du
palmier (Rhynchophorus sp., Curculionidae) même si de nombreuses familles
présentent également des espèces comestibles : Tenedrionidae, Scarabaeidae,
Melolonthidae, Dytiscidae, Buprestidae, etc.
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Larve de Charançon du palmier.

Les Coléoptères ont également une influence non négligeable en agriculture et en


foresterie. En effet, ils peuvent s’avérer utiles comme nuisibles. Les larves de
coccinelles (Coccinellidae) sont aphidiphages et constituent de remarquables
auxiliaires pouvant être employés en lutte biologique ou en lutte intégrée. Toutefois,
les Coléoptères sont plus connus pour les dégâts qu’ils occasionnent aux cultures,
aux denrées stockées et aux forêts.

En ce qui concerne les dégâts occasionnés aux cultures, les vers blancs
(Melolonthidae) on déjà été abordés et on citera également les vers « fils de fer »
(Elateridae) qui peuvent également entrainer d’importantes chutes de rendement sur
céréales ou carottes.

De nombreuses espèces appartenant à diverses familles sont susceptibles d’altérer


les denrées stockées (Ex : céréales) : Curculionidae, Tenebrionidae, Bruchidae,
Dermestidae, etc.
Ces insectes consomment les grains notamment au cours de leur développement
larvaire, qui, souvent a lieu, sous forme cachée à l'intérieur même du grain. C'est le
cas en particulier des charançons (Curculionidae).
 La conséquence première est la perte de poids couplée à une importante
diminution du pouvoir germinatif des grains dont le germe a été consommé.
 Les insectes contaminent également les céréales par les restes de leur
développement larvaire (exuvies, déchets, œufs), par leurs déjections, par les
sécrétions malodorantes et parfois toxiques des adultes et des larves qui
déprécient fortement la denrée.
 Le développement d'insectes (Tribolium sp, Tenebrionidae ou Sitophilus sp.,
Curculionidae) dans les masses de grains a pour conséquence de produire
des déchets fins, des farines qui, vont permettre le développement des micro-
organismes.
 Finalement, l'activité biologique des insectes entraîne localement un
échauffement du grain et une production d'eau qui vont accélérer le processus
de dégradation, tout en favorisant le développement de champignons. Ces
derniers sont responsables de l’apparition d’autres Coléoptères considérés
comme ravageurs secondaires (Ex : Cryptophagidae, Cucujidae)

Parmi les Coléoptères xylophages générant des dégâts en forêts ou dans le bois de
construction, on citera les Scolytidae sur orme ou hêtre et les Cerambycidae
respectivement.
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7.6. Diversité
Cantharidae Staphylinidae
Descriptif : Insectes aux élytres mous. Descriptif : Famille comptant plus de 29.000
Milieux de vie et régime alimentaire : On espèces. Ils possédent des élytres très courts, ne
rencontre généralement les adultes sur les fleurs recouvrant généralement que les deux premiers
des prairies et des bordures forestières. Les segments abdominaux. Leur taille est très
larves vivent au sol et consomment des œufs de variable, certaines espèces étant minuscules.
sauterelles, de pucerons, et autres insectes à Milieux de vie et régime alimentaire : Ils vivent
corps mou dont la plupart sont des parasites. dans des substances et lieux divers : fumiers,
Les adultes sont aphidiphages. Ils complètent détritus, champignons, etc. Ce sont des insectes
leur alimentation avec du nectar et du pollen. nécrophiles, c’est-à-dire, qu’on les retrouve
Particularité : Ce sont de redoutables prédateurs fréquemment sur les cadavres car ils sont friands
et agents de lutte biologique. Ils sont prisés dans de larves nécrophages telles que celles de
les jardins. Diptères.
Particularité : L’abdomen est très mobile et
souvent relevé pendant la marche ou dans une
attitude de défense lorsque l’insecte est inquiété.

Cerambycidae Curculionidae
Exemple : Capricorne des maisons. Exemple : Charançon
Descriptif : Famille comptant plus de 25.000 Descriptif : Famille la plus peuplée des
espèces. La plupart possèdent de longues Coléoptères, elle compte environ 60.000
antennes. Les insectes adultes sont espèces. Les adultes mesurent de 1 à 40 mm de
généralement très colorés avec des différences long et leur tête est prolongée par un museau
notables entre les femelles et les mâles. muni de pièces buccales puissantes. Les
Milieux de vie et développement : Ils se antennes ont une forme caractéristique, en
nourrissent de pollen et de feuilles, mais la massue et coudée à angle droit.
plupart des adultes s’alimentent peu. Les larves Milieux de vie et développement : Tous les
sont xylophages, attaquant aussi bien les bois Curculionidae sont phytophages et peuvent
morts que vivants. Leur vie larvaire est longue et s’avérer nuisibles aux cultures. Les larves
ils s’avèrent très nuisibles en zone forestière. apodes, vivent habituellement à l’intérieur de la
Particularité : Les larves continuent leur plante nourricière ou des graines.
croissance quand les arbres ont été abattus et Particularité : Certaines espèces peuvent causer
utilisés pour la construction ; avec le commerce des dégâts importants à diverses cultures ainsi
des grumes, les adultes émergent souvent loin de qu'aux récoltes entreposées telles que les
leur lieu d’origine. céréales.
Chrysomelidae Geotrupidae
Exemple : Criocère du Lys, Doryphore, Crache- Exemple : Bousier
Sang Descriptif : On compte 620 espèces à travers le
Descriptif : Famille comptant environ 37.000 monde. Les insectes mesurent de 5 à 45 mm et
espèces. Ces insectes sont généralement colorés sont de forme ovale ou arrondie. Bien que
et pour la plupart sont de forme arrondie. généralement sombre, leur coloration peut
Milieux de vie et régime alimentaire : Ils ont des s’avérer fortement différente et présente
habitudes de vie sédentaire et passent l'essentiel généralement des reflets métalliques en face
de leur vie à la surface des feuilles d'arbres, ventrale.
d’arbustes ou de plantes herbacées. Presque Milieux de vie et régime alimentaire : Les
toutes les espèces sont phyllophages (se Geotrupidae sont pour la plupart coprophages
nourissent de feuilles) et oligophages. Ces mais ils peuvent être saprophages, mycophages
insectes peuvent s’avérer très nuisibles pour les et certains adultes pourraient ne pas s’alimenter
cultures. ou se nourrir sur cadavre humain. Ils vivent
Particularité : Souvent, ils pratiquent la saignée généralement cachés à l’intérieur de galerie qu’ils
réflexe et sont capables de produire des creusent et y rassemblent de la nourriture pour
substances défensives et même de séquestrer leurs larves. Ils contribuent au microdrainage, à
des composés secondaires des plantes pour l'aération et à l’enrichissement des sols.
élaborer leur propre stratégie défensive. Particularité : Plusieurs générations peuvent vivre
dans la même galerie. Certaines espèces
peuvent avoir un comportement semi-colonial.

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