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Dictionnaire Des Sciences Occultes
Dictionnaire Des Sciences Occultes
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31
, ,
ENCYCLOPEDIE
THEOLOGIQUE,
ou
PUBLIEE
50 VOLUMES lN-r,
PRIX : 6 FR. LE VOL. POUR LE SOUSCRIPTEUR A LA COLLECTION ENTIÈRE, 7 FR., 8 Fil., ET MÊME 10 FR. POUR IX
SOUSCRIPTEUR A TEL OU TEL DICTIONNAIRE PARTICULIER.
TOME QUARANTE-HUITIEME.
DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCULTES.
TOME PREMIER.
CHEZ LÉDITELR,
AUX ATELIERS CATHOLIQUES DU PETIT-MONTROUGE
rue d'amiioise dairière d'enfer de paris.
18VG
DICTIONNAIRE
DES
SCIENCES OCCULTES,
SAVOIR, DE
Ob
RÉPERTOIRE UNIVERSEL,
liS ÊTRES, DES PERSONNAGES, DES LIVRES, DES FAITS ET DES CHOSES QUI TIENNENT AUX APPARITIONS, AUX DIVINATIONS, A LA M*Wfc
AU COMMERCE DE L' ENFER, AUX DÉMONS, AUX SORCIERS, AUX SCIENCES OCCULTES, AUX GRIMOIRES,
A LA CABALE, AUX ESPRITS ÉLÉMENTAIRES, AU GRAND OEUVRE, AUX PRODIGES, AUX ERREURS, AUX PRÉJUGÉS,
AUX IMPOSTURES, AUX ARTS DES BOHEMIENS, AUX SUPERSTITIONS DIVERSES, AUX CONTES POPULAIRES, AUX PRONOSTICS,
ET GÉNÉRALEMENT A TOUTES LES FAUSSES CROYANCES MERVEILLEUSES, SURPRENANTES,
MYSTÉRIEUSES OU SURNATURELLES.
TOME PREMIER.
CHEZ L'ÉDITEUR,
AUX ATELIERS CATHOLIQUES DU PETIT-MONTROUGE ,
18'iG
DICTIONNAIRE
DES
SCIENCES OCCULTES
i:r mes
IDEES SUPERSTITIEUSES.
-êOKiOJ.
yeux; après quoi on lui coupa encore la Grecs l'ont appelé YAérobate. Il fut, dit-on,
langue. Mais n'allez pas croire que ce fût maître de Pythagore, qui lui vola sa flèche,
une victime de quelque fanatisme ; il fut dans laquelle on doit voir quelque allégorie.
condamné comme bandit car on trouva : On ajoute qu'Abaris prédisait l'avenir, qu'il
chez lui un cadavre qui avait les pieds en- apaisait les orages, qu'il chassait la peste;
chaînés, le cœur percé d'un clou et d'autres
, on conte même qu'il vivait sans boire ni
abominations (Nicétas, Annales, liv. k.) manger. Avec les os de Pélops, il fabriqua
ABADDON, ou le destructeur, chef des une figure de Minerve, qu'il vendit aux
démons de la septième hiérarchie. C'est le Troycns comme un talisman descendu du
nom de l'ange exterminateur dans l'Apoca- ciel: c'est le Palladium qui avait la réputa-
lypse. tion de rendre imprenable la ville où il se
trouvait (1).
ABADIE (Jeannette), jeune fille du village
ABDEEL (Abraham), appelé communé-
de Siboure en Gascogne. Delancre, dans
,
ment Schœnewald (Beauchamp), prédicateur
son Tableau de l'inconstance des démons, ra-
à Cuslrin dans la marche de Brandebourg
,
conte que Jeannette Abadie, dormant, un
,
M) Hérodote, Jamblique, Clément d'Alexandrie, etc. livrede la parole caclietée du prophète Daniel au m» cua«
(2) Le livre très-rare d'Abdeel est intitulé Das Bucli pitre, exposant clairement comment on peut reconnaître
— Le
:
ABDEL -AZYS, nstrologue arabe du gnilé de la terre d'Irlande? Non, car il suffi!
dixième plus connu en Europe sous
siècle, de dire que c'est une fable et qu'on trouve ,
par Julius Africauus, sous ce litre Historia : livre judiciaire qui lui aurait
d'astrologie
certaminis aposlolici , 1566, in-8° . été révélé et qu'il aurait renfermé dans une
ABE1LARI). Il aujourd'hui
est plus célèbre pierre. Après le déluge, Hermès-Trismégislc
par ses tragiques amours que par ses ou- le trouva il y apprit l'art de faire des talis-
:
vrages théologiques, qui lui atlirèrenl juste- mans sous l'influence des constellations. Ce
ment les censures de saint Bernard cl qui , livre est intitulé Liber de virlutibus planeta-
:
d'abeilles, ce cordial lui donnait la force de de grâce 1582. Le petit homme s'était marié
supporter la torture sans confesser (1); mais la veille, plein de liesse et se promettant
celte découverte n'a pas fait principe. heureux ménage avec Fare Fleuriot, son
Dans certains cantons de la Bretagne, on épousée. Il était vif, homme de tête, persé-
prétend que les abeilles sont sensibles aux vérant dans ses affections comme dans ses
plaisirs comme aux peines de leurs maîtres, haines et il se réjouissait sans ménagement
;
et qu'elles ne réussissent point si on néglige de son succès sur ses rivaux. Fare, qui
de leur faire part des événements qui inté- l'avait préféré, semblait partager son bon-
ressent la maison. Ceux qui ont celte heur et ne se troublait pas plus que lui des
croyance ne manquent pas d'attacher à leurs alarmes que les menaces d'un rival dédaigné
ruches un morceau d'éloffe noire lorsqu'il y avaient fail naître chez leurs convives. Fare
a une mort chez eux, et un morceau d'étoffe Fleuriot, habile ouvrière en guipure, n'avait
rouge lorsqu'il y a un mariage ou loule pu hésiter dans son choix entre Jean Mou-
au Ire fête (2). reau, armurier fort à son aise, et ce concur-
Les Circassiens, dans leur religion mêlée rent redouté, nommé Abel de la Rue, sur-
de christianisme, de mahométisme et d'ido- nommé le Casseur, à cause de sa mauvaise
lâtrie, honorent la Mère de Dieu sous le nom conduite; homme réduit au mélier de save-
de Mérième ou de Melissa. Us la regardent tier, et qu'on accusait de relations avec le
comme la patronne des abeilles, dont elle diable à cause de ses déportements; circon-
sauva la race en conservant l'une d'elles stance mystérieuse qui effrayait les amis de
dans sa manche un jour que le tonnerre l'armurier.
— Vous avez supplanté Abel,
,
revenus que les Circassiens tirent de leurs ils; il vous jouera quelqu'un de ses mauvais
ruches expliquent leur reconnaissance pour tours.
le bienfait qui les leur a conservées. —Les gens de justice de notre roi, Henri
Solin a écrit que les abeilles ne peuvent troisième, nous sauront bien rendre raison du
pas vivre en Irlande; que celles qu'on y Casseur répondit Jean Moureau.
—
,
telle. On lit la même chose dans les Origines la noce toutefois s'était faite joyeusement.
d'Isidore. « Faut-il examiner, ajoule le père Or, le lendemain, comme nous avons dit,
Lebrun (3), d'où peut venir cette mali- c'était dans la maison grand deuil et pleine
1) Wierus, De Praestigiis lib. VI, cap. 7. (5) Histoire critique des pratiques superstitieuses
Cambry, Voyage dans le Finlslère II P- 1C. liv. I, ebap. S.
15 AUK ABK 14
tristesse. Le» deux époux, si heureux la Comme j'étais en cette mauvaise volonté, un
reillei paraissaient effarés de trouble; on chien barbet , maigre et noir, parut lout à
annonçait timidement ce qui était Burrerfu : coup devant moi il me sembla qu'il me
:
le icsuint on paraissait pénible. Le mari et parfait, ce qui me troubla fort qu'il me pro- ;
la femme ensorcelés sentaient l'un pour l'au- mettait de m'aider en toutes choses et de
ne
tre autant d'éloignement qu'ils s'étaient té- me faire aucun mal, si je voulais me donner
moigné d'affection le jour précédent. Cette a lui...
nouvelle se répandit en peu d'instants dans —Ce barbet, interrompit le juge, était cer-
la petite ville le second jour, l'éloignement
: tainement un démon.
Joint de l'antipathie , qui , le jour d'après, —
C'est possible, messire il me sembla qu'il :
Hit tout l'air de l'aversion. Cependant les me conduisait dans la chambre du couvent
jeunes maries ne parlaient pas de demander qu'on appelle la librairie. Là il disparut, et
une séparation seulement ils annonçaient je ne le revis jamais.
— Et quelle vengeance
;
votre confession soit entière et digne de no- pelle maître Rigoux. Je lui témoignai ensuite
tre indulgence. Pour ce, vous nous expose- le désir de m'enfuir du couvent là-dessus il ;
rez dès le commencement toutes vos affaires me reporta au lieu où il m'avait pris ; du
avec Satan. inoins, je m'y retrouvai comme sortant d'une
Il fit donner au savetier un verre d'eau re- sorte d'élourdissement. Le grimoire était à
levé d'un peu de vinaigre, afin de ranimer mes pieds. Je vis devant moi le Père Pierre
ses esprits; et il s'arrangea sur son siège Rerson, docteur en théologie, et le frère Caillet,
dans la position d'un homme qui écoute une qui me reprirent d'avoir lu dans le grimoire et
histoire merveilleuse. me menacèrent du fouet, si je touchais en-
Abel de la Rue, voyant que sou juge était core à ce livre. Tous les religieux se rendi-
prêt, recueillit ses esprits et se disposa à rent à la chapelle et chantèrent un Salve à
parler. D'abord il se recommanda à la pitié mon intention. Le lendemain, comme je des-
et à la compassion delà justice, criant merci cendais pour aller à l'Eglise
maître Rigoux ,
sement contre lui, que je ne révais plus autre Vaulxcourtois, qui me reçut bien, et j'allais
chose, sinon la possibilité de me venger. conduire les troupeaux avec lui. Deux moi»
!S DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCULTES. 1G
après, ce berger, qui était sorcier, me promet — Mon oncle, dit-il en se penchant a l'o-
de me présenter à l'assemblée, ayant besoin reillede maître Nicolas Quatre-Sols, ne pen-
rie s'y rendre lui-même, parce qu'il n'avait sez-vous pas que le patient n'est qu'un drôle
plus de poudre à maléfices. L'assemblée de- qui a le cerveau malade, qui est sujet peut-
vait se tenir dans trois jours nous étions à
: être à de mauvais rêves?
i'avent de Noël 1575. Maître Pierre envoya Pendant que l'oncle réprimandait le ne-
sa femme coucher dehors, et il me fit mettre veu à voix basse, Abel de la Rue levant la
au lit à sept heures du soir; mais je ne dor- tête
— De tout ce que
:
mis guère. Je remarquai qu'il plaçait au coin j'ai fait de mal, dit-il, je
du feu un très-long balai de genél sans man- suis repentant et marri, et je crie merci et
che; à onze heures du soir, il fit grand bruit miséricorde à Dieu, au roi à monseigneur ,
graisse, s'en frotta les aisselles et me mit sur C'est bien, dit Nicolas Quatre-Sols
le balai, en me recommandant de ne pas qu'on le ramène au cachot.
quitter cette monture. Maître Rigoux parut Le soir de ce même jour, le maléfice de
alors ; il enleva mon maître par la cheminée : Jean Moureau se trouva rompu. L'antipa-
moi je le tenais au milieu du corps, et il me thie qui avait surgi entre lui et sa jeune
sembla que nous nous envolions. La nuit épouse s'évanouit. Le corps du principal dé-
était très-obscure, mais une lanterne nous lit avait donc disparu. Néanmoins, peu de
précédait. Pendant que je voyageais en l'air jours après, le 6 juillet, sur les conclusions
de la sorte, je crus apercevoir l'abbaye de du procureur fiscal, la Rue fut condamné à
Rebais nous descendîmes dans un lieu plein
: être brûlé vif. Il appela de sa sentence au
d'herbe où se trouvaient beaucoup de gens parlement de Paris ; et le 20 juillet 1582, le
réunis. parlement de Paris, prompt à expédier ces
— Qui faisaient le sabbat, interrompit le sortes d'affaires, rendit un arrêt qui porte
juge. qu'Abel de la Rue, appelant, ayant jeté des
— Oui messire.
, J'y reconnus plusieurs sorts sur plusieurs, prêté son concours ;iu
personnes vivantes et quelques morts, no- diable, communiqué diverses fois avec lui,
tamment une sorcière qui avait été pendue à assisté aux assemblées nocturnes et illicites,
Lagny. Le maître du lieu, qui était le diable, pour réparation de ces crimes la cour con-
ordonna, par bouche d'un vieillard, que
la damne l'appelant à être pendu et étranglé à
Rigoux prit in-
l'on nettoyât la place. Maître une potence qui sera dressée sur le marché
continent la forme d'un grand bouc noir, se de Coulommicrs, et le renvoie au bailli
mit à grommeler et à tourner; et aussitôt chargé de faire exécuter ledit jugement, et
l'assemblée commença les danses, qui se fai- de brûler le corps après sa mort. Cet ar- —
saient à revers, le visage dehors et le derrière rêt, qui adoucissait un peu la sentence du
tourné vers le bouc. premier juge, fut exécuté selon sa teneur,
—C'est conforme à l'usage du sabbat au marché de Coulommiers, par le maître
comme il est prouvé par une masse de dépo- des hautes-œuvres de la ville de Meaux, le
sitions. Mais ne chanta-t-on point? et quelles 23 juillet 1582. —
Au reste, dit un auteur
<i
dis que je voulais savoir jeter des sorts sur siècle. Il a laissé un livre d'horoscopes d'a-
mes ennemis. Le diable m'indiqua maître près l'inspection des étoiles, traduit en latin
Pierre, comme pouvant mieux qu'un au- sous le titre De Judiciis seu faits slellarum,
tre m'enseigner cette science. Je l'appris Venise, 1485 très-rare. On dit que ses pré-
;
ment, qui est Irès-sélèbrc, on faisait, surtout tons qu'il y a aussi des opinions qui le croient
en l'erse et eu Syrie, une figure magique à écrit pur Adam lui-même.
laquelle on attribuait le don île charmer di- légendes orient/des d'Abraham.
verses maladies et de guérir particulièrement
Les Orientaux ne racontent donc pas l'his-
la lièvre. 11 ne fallait que porter autour du
COU celte sorte de philaclère écrit dans lu dis-
toire d'Abraham au^si simplement que nos
livres sainte. Ils disent que Nemrod, régnant
position que voici :
après Moïse, savent toujours des histoires pondit « Nous craignons aussi la famine.
:
saintes beaucoup plus de particularités que D'ailleurs, Abraham a des provisions suffl—
Moïse même. Ils racontent gravement que santés, et je ne crois pas qu'il soit juste,
le patriarche Abraham était profondément pour nourrir les pauvres de son pays , de lui
versé dans l'aruspicine ; qu'il enseignait envoyer la subsistance des nôtres. »
une prière au moyen de laquelle on empê- Ce refus causa beaucoup de chagrin
chait les pies de manger les semailles; et aux gens d'Abraham. Pour se souslraire à
qu'il eut affaire avec le diable en dix tenta- l'humiliation de reparaître les mains vi-
tions dont il sortit toujours à son hon- des , ils remplirent leurs sacs de sable
neur. très -blanc et très -fin. Arrivés à la mai-
Voici la plus curieuse de ces aventures : son de leur maîlre, l'un d'eux lui dit à l'o-
Le diable un jour, considérant le cadavre reille le mauvais succès de leur voyage.
d'un homme que la mer avait rejeté sur Abraham cacha sa douleur et entra dans son
le rivage, et dont les bêles féroces, les oi- oratoire. Sara reposait et n'avait rien appris;
seaux de proie et les poissons avaient dé- voyant à son réveil des sacs pleins, elle en
voré des lambeaux, songea que c'était une ouvrit un, vil de la bonne farine, et sur-le-
belle occasion pour tendre un piège à champ se mit à cuire du pain pour les pau-
Abraham sur la résurrection il ne com- : vres.
prendra jamais, disait-il, que les membres Abraham, après avoir fait sa prière, sen-
de ce cadavre, séparés et disséminés dans le du pain nouvellemenl cuit de-
tant l'odeur ,
ventre de tant d'animaux différents, puissent manda à Sara quelle farine elle avait em-
se rejoindre pour former le même corps, ployée. —
« Celle de votre ami d'Egypte, ap-
au jour de la résurrection générale. portée par vos chameaux.
Dieu, sachant le projet de l'ennemi du — Dites plutôt celle du véritable ami, qui
genre humain, le seconda aussitôt; car il est Dieu ;car c'est lui qui ne nous aban-
dit à Abraham d'aller se promener au bord donne jamais au besoin. »
de la mer. Le patriarche obéit. Le diable ne Dans ce moment qu'Abraham appela Dieu
manqua pas de se présenter à lui sous la son ami, Dieu, disent les musulmans, le prit
figure d'un homme inquiet; et lui mon- aussi pour le sien.
trant le cadavre, il lui proposa le doute où Il y a aussi des traditions orientales qui pla-
toutes les parties de ce corps du néant, n'aura une aventure que raconte Nicolas Remy
pas plus de peine à les retrouver dans l'univers dans sa Démonolâtrie et que voici En
, : —
pour les rejoindre. Le potier met en pièces l'année 1581, dans le village de Dalhem au ,
un* vase de terre, et le refait de la même terre, pays de Limbourg, un méchant pâtre, nommé
quand il lui plaît. Pierron, conçut un amour violent pour une
Dieu, satisfait d'Abraham, voulut achever jeune fille de son voisinage. Or, cet homme
de le convaincre. Il lui dit, s'il faut mainte- mauvais était marié; il avait même de sa
nant en croire le Coran —
Prenez quatre
: femme un petit garçon. Un jour qu'il était
oiseaux , mettez-les en pièces, et portez-en occupé de la criminelle pensée de son amour,
les diverses parties sur quatre montagnes la jeune fille qu'il convoitait lui apparut
séparées; appelez-les ensuite, ces oiseaux dans la campagne c'était un démon sous sa
:
ces quatre oiseaux étaient une colombe, un s'il se livrait à elle et s'il jurait de lui obéi r
coq, un corbeau et un paon; que le patriar- en toutes choses. Le paire ne refusa rien, cl
che, après les avoir mis en pièces, en fit un son abominable amour fut accueilli. Peu —
partage exact quelques-uns disent même
: de temps après, la jeune fille ou le démon ,
qu'il les pila dans un mortier, n'en fit qu'une qui se faisait appeler Abrahel par son ado-
(1) Antiquités jud., liv. I, cb. 8. (3) Scipio Sgambatus, in archiv. vet. Testam., p. 194
(2) Bibliothèque otïeiiuilu de d'Herliclot 19?,
SI ACC ADA 2*
râleur , lui demanda ,
pour gage do son mil au lit. La partie piquée s'enfla prodigieu-
attachement, qu'il lui son fils. La
sacrifiât sement eu peu de temps : l'enflure gagna.
pâtre reçut une pomme qu'il devait faire Atteinte d'une lièvre algide qui acquit le
manger a l'enfant; l'enfant, ayant mordu caraclère le plus violent malgré tous les ,
rendant le culte d'adoration qui n'est dû rons de Bourgoin qui voulait prendre un
,
qu'à Dieu. Le pâtre se mit à genoux, adora, repas de cerises, commit l'imprudence, lundi
et aussitôt l'enfant rouvrit les yeux. On le dernier, de monter sur un cerisier que les
frictionna , on le réchauffa ; il recommença chenilles avaient quille après en avoir dé-
A marcher et A parler. Il était le même voré toutes les feuilles. Il y avait vingt mi-
qu'auparavant . mais plus maigre plus ,
nutes qu'il satisfaisait son caprice ou son
hâve, plus défait, les yeux battus et enfoncés, appétit, lorsque presque instantanément il
les plus pesants. Au bout d'un
mouvements se sentit atteint d'une violente inflammation
an , le démon qui
l'animait l'abandonna avec A la gorge. Le malheureux descendit en
un grand bruit ; l'enfant tomba A la ren- poussant péniblement ce cri J'étouffe
—
:
verse... Cette histoire décousue el incom- j'étouffe ! Une demi - heure après il était
plète se termine par ces mots dans la narra- mort. On suppose que les chenilles déposent
tion de Nicolas Remy : « Le corps de l'enfant, dans cette saison sur les cerises qu'elles tou-
d'une puanteur insupportable, fut tiré avec chent une substance que l'œil distingue à
un croc hors de la maison de s jn père et en- peine mais qui n'en est pas moins un poi-
,
terré dans un champ. » Il n'est plus question son. C'est donc s'exposer que de manger ces
du démon succube, ni du pâtre. fruits sans avoir pris la sage précaution de
ABSALON. On a écrit bien des choses les laver. »
supposées A propos de sa chevelure. Lepel- ACCOUCHEMENTS PRODIGIEUX. Voy.
lelicr, dans sa dissertation, sur la grandeur Imagination, Couches, Aétite, etc.
de l'arche de Noé, dit que toutes les fois ACHAM démon que l'on conjure le jeudi.
,
que les magiciens habiles peuvent s'abstenir eaux sont amères ; l'un des fleuves de l'enfer
de manger et de boire. des païens. Dans des relations du moyen-
Sans parler des jeûnes merveilleux dont il âge, l'Achéron est un monstre. Voy. Tondal.
est fait mention dans la vie de quelques ACHÉRUSIE. Marais d'Egypte près d'Hé-
saints Marie Pelet de Laval femme du
, , liopolis. Les morts le traversaient dans une
Hainaul, vécut trente-deux mois (du 6 no- barque lorsqu'ils avaient été jugés dignes
,
vembre 1754 au 2o juin 1757) sans recevoir des honneurs de la sépulture. Les ombres
aucune nourriture ni solide ni liquide., , des morts enterrés dans le cimetière voisin
Anne Harley, d'Orival, près de Rouen se , erraient , disait-on , sur les bords de ce ma-
soutint vingt-six ans en buvant seulement rais, que quelques géographes appellent un
un peu de lait qu'elle vomissait quelques lac.
moments après l'avoir avalé. On citerait ACHMET. Devin arabe du neuvième siècle,
d'autres exemples. auteur d'un livre De l'interprétation des son-
Dans les idées des Orientaux, les génies ges, suivant les doctrines de l'Orient. Le texte
ne se nourrissent que de fumées odorantes original de ce livre est perdu; mais Rigault
qui ne produisent point de déjections. en a fait imprimer la traduction grecque et
ACCIDENTS. Beaucoup d'accidents peu latine A la suite de VOnirocritique d'Artémi-
ordinaires mais naturels
, auraient passé , dore; Paris, 1603, in-4° .
autrefois pour des sortilèges. Voici ce qu'on ACONCE (Jacques), curé du diocèse de
lisait dans un journal de 1841 « Made- : — Trente, qui poussé par la débauche em-
, ,
animal, et qui déposa dans l'incision faite ce n'est pas un ouvrage de démonomanie ,
par son dard une ou quelques gouttelettes c'est une mauvaiseet détestable diatribe
de suc môrbifique dont elle s'était repue. La contre catholicisme.
le
douleur, d'abord extrêmement vive, devint ADALBERT, hérétique qui fit du bruit
insupportable. 11 fallut que mademoiselle dans les Gaules au huitième siècle, regardé
Mercier fût conduite chez elle et qu'elle se par les uns comme un habile faiseur de mi-
(1) Do Stratageroatibus Satan» in religionis negolio, sehisma, etc., lib. VIII. Bàle 1565. Souvent réinioiiiné e<
j>cr superstitionem, errorem, lueresini, udiuin, caluniniam, traduit en plusieurs langues
23 DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCULTES. 21
racles, et par les autres comme un grand les plaintesdelà terre, arracha violemment
cabaliste. distribuait les rognures de ses
Il de son sein les sept poignées que Dieu de-
ongles et de ses cheveux, disant que c'étaient mandait et les porta dans l'Arabie, où devait
de puissants préservatifs; il contait qu'un se consommer le grand œuvre de la création
ange, venu des extrémités du monde, lui de l'homme. Dieu fut si satisfait de la prompte
avait apporté des reliques et des amulettes et sévère obéissance d'Azraël qu'il lui donna
,
d'une sainteté prodigieuse. On dit même qu'il la charge de séparer les âmes. C'est pour
se consacra des autels à lui-même et qu'il se cela qu'il est appelé l'ange de la mort.
fit adorer. Il prétendait savoir l'avenir, lire Cependant Dieu avait pélri cette terre, dont
dans la pensée et connaître la confession des il fit une figure de sa propre main; il la laissa
pécheurs rien qu'en les regardant. 11 mon- sécher, et les anges se plaisaient à consi-
trait impudemment une lettre de Notre Sei- dérer celte figure. Eblis (ou Lucifer, ou Sa-
gneur Jésus-Christ, disant qu'elle lui avait tan) ne se contenta pas de la regarder, il
été apportée par saint Michel (1) et il ensei- ; la frappa sur le ventre, et voyant qu'il était
gnait à ses disciples une prière qui commen- creux, il fit son calcul, et se dit en lui-même :
de m'accorder ce que je vais vous dire. » mais il résolut de n'en rien faire.
C'était, comme on voit, très-ingénieux. Le corps du premier homme étant donc
Dans un fragment conservé des mémoires formé, Dieu l'anima d'une âme intelligente ,
qu'il avait écrits sur sa vie il raconte que sa
,
et lui donna des habils merveilleux. Ensuite
il ordonna aux anges de s'incliner devant
mère, étant enceinte de lui, crut voir sortir
de son côté droit un veau ce qui était, dit-il, lui; ce qu'ils firent, à l'exception d'Eblis,
;
le pronostic des grâces dont il fut comblé en que sa désobéissance fil chasser du paradis ,
naissant par le ministère d'un ange. On el dont la place fut donnée à Adam. Mais on
arrêta le cours des extravagances de cet lui avait défendu de manger du fruit d'un
insensé en l'enfermant dans une prison, où il certain arbre Eblis s'associa avec le paon et
;
mans croient qu'Eve était assise, lorsqu'Adam Seigneur, qu'il y avait deux souverains, l'un
|.irelrouva (1). au ciel, l'antre sur la terre. Alors Dieu ap-
D'autres légendes de l'Orient disent que puya sa main sur la tête d'Adam et le réduisit
Dieu forma le corps d'Adam et h' plaça «l'a- à la hauteur de mille coudées (cinq cents
bord dans l'Kden. Son âme, qu'il avait créée mètres).
plusieurs siéeles auparavant eut ordre
,
Il y a encore chez les Juifs beaucoup de
d'aller l'animer. Elle représenta à Dieu com- traditions variées dans leurs merveilles.
,
bien cette masse périssable était peu digne Ainsi quelques rabbins disent que Dieu da-
de l'élévation de son être. Dieu qui ne vou-
,
bord avait fait Adam double, et qu'il sépara
lait pas, en cette occasion, employer la vio- les deux corps d'un coup de hache.
lence, ordonna à son fidèle ministre Gabriel Tous peuples de l'Orient entourent
les
de prendre son flageolet et d'en jouer un air l'histoire d'Adam
de; fables différentes. Les
ou deux auprès du corps d'Adam. Au son de Persans content que Dieu le plaça dans le
cet instrument, l'âme parut oublier ses anti- quatrième ciel, lui permettant d'en manger
pathies; elle se prit à tourner en cadence tous les fruits excepté le froment, qui ne pou-
autour du corps, et enfin, dans un moment vait se digérer par les pores. Adam et Eve,
de délire, elle y entra par les pieds qui se séduits par le diable, en mangèrentpourtant;
mirent aussitôt en mouvement. Dès lors il et avant qu'ils n'infectassent le paradis,
ne lui fut plus permis de quitter sa nouvelle l'ange Gabriel vint les mettre dehors.
habitation sans un ordre exprès de l'Eternel. Les habitants de Madagascar exposent le
Les Juifs, peuple de Dieu, conservèrent fait plus rudement encore. Adam mangea,
intactes les saintes Ecritures jusqu'à la disent-ils, ce qui lui était défendu. On recon-
venue du Messie. Peuple réprouvé après le nut son crime, aux suites nécessaires. Le
déicide ils les ont altérées des plus étranges
,
diable qui l'avait séduit courut l'accuser et
absurdités. Leur Thalmud a défiguré tout, et, Dieu le chassa. Sans doute il n'était pas ma-
dans leur sens dépravé, les plus grossières rié encore, car ils ajoutent que, quelque
erreurs ont remplacé chez eux la vérité. Les temps après, il lui vint à la jambe une tumeur
lhalmudisles entre autres singulières rêve-
,
d'où il tira une femme qu'il épousa (2).
ries rendent compte de la manière dont fu-
,
Les Espagnols de l'Amérique méridionale
rent employées les douze heures du jour où croient que le banane certain fruit de ce
,
Adam fut créé. A la première heure, di- pays, dont les fibres représentent une croix,
sent-ils, Dieu assembla la poudre dont il est le fruit défendu, dans lequel Adam dé-
devait le composer; et il en fit un embryon. couvrit le mystère de la Rédemption.... Les
A seconde heure, Adam se tint sur ses
la habitants de l'île Saint-Vincent pensent que
pieds. A la quatrième, Dieu l'appela et lui le fruit fatal est le labac...
dit de donner aux animaux les noms qu'ils Après son péché, Adam fut chassé du pa-
devaient porter. Quand il eut fait cela Dieu , radis terrestre. Les rabbins cabalistes ajou-
lui demanda Et moi, comment m'appel-
: tent qu'il fut jeté dans les enfers d'où il ne
leras-tu? Adam répondit Jéhovah (c'est toi
: se tira qu'au moyen du très-saint mot Lave-
qui es ). La septième heure fut occupée par le rererareri, qu'il savaitprononcer convena-
inariaged'AdamavccEve.queDieu lui amena blement encore que pour faire
(3).... On dit
après l'avoir frisée. A la dixième heure, Adam pénitence, il se plongea jusqu'au nez dans
désobéit. Il fut jugé à la onzième et condamne le fleuve Gehon, macérant son corps à coups
à sortir d'Eden. Enfin, à la douzième, il sen- de fouets , avec si peu de ménagement que
tait déjà la peine et les sueurs du travail... lorsqu'il sortit de là, sa peau était percée
Dieu, ajoutent les rabbins, avait fait Adam comme un crible. Il vécut cent trente ans
si grand, que sa tête louchait le ciel. Us as- ainsi dans l'expiation. A sa mort, il se vit
surent que l'arbre de vie, planté dans le pa- entouré de ses enfants, qui étaient au nom-
radis terrestre, était si gros, qu'il aurait bre de quinze mille, sans compter les fem-
fallu cinq cents ans à un bon piéton pour en mes (4).
faire le tour, et que la taille d'Adam était On dit encore qu'Adam, pendant quelque
proportionnée à la grosseur de cet arbre. Les temps, adora la lune ; que les anges l'instrui-
anges étonnés murmurèrent et dirent au sirent; qu'il écrivit un commentaire sur les
(1) « Ge.lda ou Djedda (ponde la mer Rouge, jolie ville dien); ladistance des pieds h la tête est de 400 pieds
de 13,000 habitants) ne renferme pas beaucoup de ciuio- Comme nous avons diminué de taille depuis la création !
siés; cependant c'est à l'entrée de la ville, du côté du je serais presque tenté de me croire un Lilliputien. Gedda,
N.-E., que se trouve le prétendu tombeau de notre com- en arabe veut dire grand'mère les savants prétendent
, ;
mune aïeule, Eve. J'ai recu'-illi toutes les viedles chroni- que la ville porte ce nom, parce qu'elle a l'honneur de
ques il en résulte que les savants du pays sont encore
: posséder le corps d'Eve. Les traditions orientales portent
dans une espèce de doute; le peuple et tous les dévots
y qu'après la mort de sa femme, Adam se mit en voyago il ;
croient fermement. partit pour les Indes et il mourut à l'Ile de Ceylan où son
,
« En entrant par la grande porte du grand cimetière, tombeau existe encore sous le Pic-d'Adam. Les Musul-
ou trouve à gauche un pelitmur de trois pieds de hauteur, mans, même ceux qui ne possèdent pas la foi nécessaire
formant un carré de dix à douze pieds; la repose la tète à un fidèle ne forment pas le moindre doute sur ce der-
,
de notre première mère. Au milieu du cimetière se trouve nier fait. » (Lettre de M. A. U., consul de France en
une espèce de coupole où repose le milieu du corps, et Abyssinie, 12 janvier 1811.)
a l'autre bout, près d'une porte de sortie, se trouve un (2) D'Herbelut, Bibliothèque orientale.
autre petit mur, aussi de trois pieds do hauteur fait en (5) Basnage, Hist. des Juifs, ton). 111.
losange; c'est là que touchent les pieds. Dans ce petit (4) Adam, ante mortem ejus, convocavil omnes fihos
espace se trouve placé un grand morceau d'étoffe sur sues qui crant in numéro xv millia vironnn absque mulie-
laquelle les fidèles déposent leUrs offrantes ,
qui servent ribus. Vila Adtr el Lia, cité par U. Peiguot, livre des
à brûler des parfums sur sou corps (el à nounir le gar- Singularités, p. 37.
37 DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCULTES. 23
noms des animaux ; prophétisa qu'il
qu'il ;
tait surtout à l'époque où l'on s'occupait en
fut astrologue; qu'il prédit le déluge par France de l'extinction des Templiers. Alors
l'inspection des astres; qu'il connaissait na- un certain abbé Adam, qui gouvernail l'ab-
turellement toutes les sciences; qu'il avait baye du Vaux-de-Cernay,au diocèse de Paris,
un pouvoir magique sur toutes les créatures ; avait l'esprit tellement frappé de l'idée que
qu'il eut une apocalypse; qu'il composa des le diable le guettait, qu'il croyait le recon-
psaumes ils ont été imprimés dans quelques
: naître à chaque passousdes formes que sans
thalmuds. On lui attribue aussi un livre de doule le diable n'a pas souvent imaginé de
cabale intitulé Sepher-Raziel. Les Juifs di- prendre. —Un
jour qu'il revenait de visiter
sent que ce livre lui fut donné par l'ange Ra- une de ses petites métairies, accompagné
phaël; le livre de Jetzirah passe même pour d'un serviteur aussi crédule que lui, l'abbé
être de lui ; il écrivit, disent les adeptes , sur Adam racontait comment le diable l'avait
l'alchimie. harcelé dans son voyage. L'esprit malin s'était
D'autres assurent que l'ange Raziel fut le montré sous la ûgure d'un arbre blanc de
précepteur d'Adam, qu'il lui donna dans un frimas qui semblait venir à lui. —C'est sin-
,
livre la connaissance de tous les secrets de gulier dit un de ses amis; n'étiez-vous pas
I
la nature, la puissance de converser avec le la proie de quelque illusion causée par la.
soleil et la lune, de guérir les maladies, d'ex- —
course de votre cheval? Non, c'était Satan.
citer des tremblements de terre, de comman- Mon cheval s'en effraya; l'arbre pourtant
der aux puissances de l'air d'interpréter les
, passa au galop et disparut derrière nous, il
songes et de prédire tous les événements. Ce laissait une certaine odeur qui pouvait bien
livre passa dans la suite entre les mains de être du soufre. —
Odeur de; brouillard, mar-
Salomon; c'est là qu'il apprit la manière de motta l'autre. —
Le diable reparut et, celte
composer le fameux talisman de son anneau, fois, c'était un chevalier noir qui s'avançait
avec lequel il opéra dans tout l'Orient des vers nous pareillement. —
Eloigne-loi, lui
choses étonnantes... criai-je d'une voix étouffée. Pourquoi m'at-
Parmi les troubadours et les poètes du laques-lu? Il passa encore, sans avoir l'air
moyen-âge, plusieurs, infectés de la grossiè- de s'occuper de nous. Mais il revint une troi-
rclé des Vaudois et des Albigeois qui rame- sième fois ayant la forme d'un homme, grand
naient si vite l'humanité à l'état sauvage, si et pauvre, avec un cou long et maigre. Je
l'Eglise romaine n'eût sauvé alors, comme fermai les yeux et ne le revis que quelques
toujours, la civilisation menacée, traitaient instants plus tard sous le capuchon d'un pe-
fort mal et fort lâchement les femmes; et si tit moino. Je crois qu'il avait sous son froc
nous citons à ce propos la satire assez plate une rondache dont il me menaçait. Mais, —
de Pierre de Saint-Cloud, dans son début du interrompit l'autre, ces apparitions ne pou-
poëme du Renard, c'est qu'elle s'étaye d'une vaient-elles pas êlre des voyageurs naturels?
légende d'Adam. — Comme si on ne savait pas s'y reconnaî-
Lorsqu'Adam, dit le poëte, fui chassé du tre! commesi nous nel'avions pas vuderechet
paradis terrestre, Dieu, par pitié, lui donna sous la figure d'un pourceau, puis sous celle
une baguette merveilleuse, qui était douée d'un âne, puis sous celle d'un tonneau qui
dételle vertu que toutes les fois qu'il aurait roulait dans la campagne, puis enfin sous la
besoin d'un animal quelconque, il lui suffi- forme d'une roue de charrette qui, si je ne
rait, pour le voir paraître à l'instant même, me trompe pas, me renversa, sans toutefois
de frapper la mer avec sa baguette. Adam me faire aucun mal. —
Après tant d'assauts,
l'ayant frappée, vit sortir aussitôt une bre- la route s'était achevée sans autres malen-
bis. Eve voulut à son tour essayer l'instru- contres 2).
ment; mais sous sa main un loup s'élança, ADAMANTIUS, médecin juif, qui se fit
qui saisit la brebiset l'emporta dansles bois, chrétien à Constanlinople, sous le règne de
notre première mère pleurait son malheur, Constance, à qui il dédia ses deux livres sur
quand Adam reprit la baguette et fit naître InPhysioynomoitie ou l'art de juger les hom-
un chien , qui courut après le loup, lui mes par leur figure. Cet ouvrage, plein de
enleva la brebis et la rapporta. contradictions et de rêveries, a élé imprimé
11 en fut de même des autres animaux, dans quelques collections, notamment dans
tous ceux qui durent leur naissance à Eve les Scriptores physiognomoniœ vetercs, grec
furent sauvages et malfaisants (le renard en- et latin, cura J.-G.-F. Franzii; Allcmbourg,
tre autres); et ils se retirèrent dans le bois 1780, in-8
avec leloup. Ceux que produisit Adam res- ADAMIENS ou ADAMITES. Hérétiques du
tèrent tous auprès de luiet devinrent domes- second dans l'espèce des Rasilidicns.
siècle,
tiques (1)... Ils se mettaient nus et professaient la pro-
ADAM ( l'abbé ). Il y eut un temps où l'on
miscuité des femmes. Clément d'Alexandrie
voyait le diable en toutes choses et partout, dit qu'ils se vantaient d'avoir des livres
et peut-être n'avail-on pas tort. Mais il nous secrets de Zoroastre, ce qui a fait conjectu-
semble qu'on le voyait trop matériellement. rer à plusieurs qu'ils étaient livrés à la ma-
Le bon et naïf Césaire d'Heisterbach a fait gie.
an livre d'histoires prodigieuses où le diable ADELCRKIF ( Jean-Albkrt ), fils naturel
est la machine universelle ; ilse montre sans d'un pasteur allemand, qui lui apprit le latin,
cesse et sous diverses figures palpables. C'é- le grec, l'hébreu et plusieurs langues moder*
nés. 11 davinl fou cl crut avoir des visions; il Ou lui attribue en Ecosse la construction
disait que sept anges l'avaient chargé de de la muraille du Diable.
représenter Dion sur la terre et de châtier les Fulgose, qui croyait beaucoup a l'astrolo-
souverains avec des verges de fer. Il se don- gie, rapporte, comme une preuve de la soli-
nait les noms d'empereur universel, fui du dité de celte science, que l'empereur Adrien,
royaume des deux, envoyé de Dieu le Pire, très-habile astrologue, écrivait tous les ans,
iuge des vivants $t des morts. H causa beau- le premier jour du premier mois, ce qui lui
coup de troubles par ses extravagances, qui devait arriver pendant l'année, et que, l'an
trouvèrent, comme toujours, des partisans. qu'il mourut, il n'écrivit que jusqu'au mois
On lui attribua des prodiges, et il fut brûlé à de sa mort, donnant à connaître par son
Kœnigsberg comme magicien, hérétique et silence qu'il prévoyait son trépas. Mais
perturbateur, le 11 octobre 1636. Il avait pré- ce livre de l'empereur Adrien qu'on no ,
a toujours onze adeptes dans ce monde; et, t-il, ceci regardeles augures, et les aspects du
comme l'élixir les rend immortels, lorsqu'un ciel et des planètes appartiennent à l'astrolo-
nouvel alchimiste a découvert le secret du gie.»
grand œuvre, il faut qu'un des onze anciens AETITE, espèce de pierre qu on nomme
lui fasse place et se retire dans un autre des aussi pierre d'aigle, selon la signification de
mondes élémenlaires. ce mot grec, parce qu'on prétend qu'elle se
ADÈS, roi de l'enfer. Ce mot est pris sou- trouve dans les nids des aigles. On lui attri-
vent chez quelques poètes anciens, pour bue là propriété de faciliter l'accouchement
l'enfer même. lorsqu'elle est attachée au-dessus du genou
ADHAB-ALGAB, purgatoire des musul- d'une femme, ou de le retarder, si on la lui
mans où les méchants sont tourmentés par met à la poitrine. —
Dioscoride (h) dit qu'on
les anges noirs Munkir et Nékir. s'en servait autrefois pour découvrir les
ADJURATION, formule d'exorcisme par voleurs. Après qu'on l'avait broyée, on en
laquelle on commande, au nom de Dieu, à mêlaitla cendre dans du pain fait exprès; on
1 esprit malin de dire ou de faire ce qu'on en faisait manger à tous ceux qui étaient
exige de lui. soupçonnés. On croyait que si peu d'aélite
ADONIS, démon brûlé. Selon les démo- qu'il y eût dans !e pain, le voleur ne pou-
nologues, remplit quelques fonctions dans
il vait avaler le morceau. Les Grecs modernes
les incendies (1). Des savants croient que emploient encore celte vieille superstition ,
c'est le même que le démon Thamuz des Hé- qu'ils rehaussent «la quelques paroles mysté-
breux. rieuses.
ADBAMELECH, grand chancelier des en- iEVOU (César)«, auteur ou collecteur d'un
fers, inlcndant de la garde-robe du" souve- livre peu remarquable, intitulé: Opuscules
rain des démons, président du haut conseil sur les attributs divins et sur le pouvoir qui
des diables. Il était adoré à Sépharvaïm, a été donné aux démons de connaître les
ville des Assyriens, qui brûlaient des enfants choses secrètes et de tenter les hommes.
sur ses autels. Les rabbins disent qu'il se Opuscula de divinis atlribulis el de modo cl
montre sous la figure d'un mulet et quelque- potestate quam dœmones liabent inlelligendi
fois sous celle d'un paon. el passiones animi excitandi, in-4; Venise,
ADRIEN. Se trouvant en Mésie, à la tête 1589.
d'une légion auxiliaire, vers la fin du règne AGABERTE. «Aucuns parlent, dit Torque*
de Domitien, Adrien consulta un devin ( car mada, d'une certaine femme nommée Aga-
il croyait aux devins et à l'astrologie judi- berie, fille d'un géant qui s'appelait Va-
ciaire), lequel lui prédit qu'il parviendrait ghoste, demeurant aux pays septentrionaux,
un jour à l'empire. Ce n'était pas, dit-on, la laquelle était grande enchanteresse. Et la
première foisqu'on lui faisait celte promesse. force de ses enchantements était si variée ,
Trajan, qui était son tuteur, l'adopta, et il qu'on ne la voyait presque jamais en sq
régna en effet. propre figure: quelquefois c'était une petite
(I) Wierus, ae Prœst. daem., lib. I. Maria, lib. I, cap. xx, posl Tictorium et Psellum.
[ï) Wierus, de l'raest. daem., lib. II, cap. xji. (4) Cité par le père Lebrun, Hisl. des Pra'.kjuessupeM.,,
(5) Franc. Torro Manca Cordiib Èpil. delicl. sjvc de v. I. cli
liv x»v
31 DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCULTES. 32
vieille fort ridée, qui semblait ne se pouvoir ectés : il se montre surtout au Brésil et chez
remuer, ou bien une pauvre femme malade les Topinamboux et parait sous toutes ,
et sans forces; d'autres fois elle était si haute sortes de formes, de façon que ceux qui
qu'elle paraissait loucher les nues avec sa veulent le voir peuvent le rencontrer par-
lèle. Ainsi elle prenait telle forme qu'elle tout (6).
voulait, aussi aisément que les auteurs écri- AGOBARD, archevêque de Lyon au neu-
vent d'Urgande la Méconnue. Et, d'après ce vième siècle. Il a écrit contre les épreuves
qu'elle faisait, le monde avait opinion qu'en judiciaires et contre plusieurs superstilions
un instant pouvait obscurcir le soleil,
elle de son époque.
la lune et les étoiles, aplanir les monts, ren- AGRAFÉNA-SHIGANSKAIA. L'une des
verser les montagnes, arracher les arbres, maladies les plus générales sur les côtes
dessécher les rivières, et faire autres choses nord-est de la Sibérie, surtout parmi les
pareilles, si aisément qu'elle semblait tenir femmes est une extrême délicatesse des
,
tous les diables attachés et sujets à ses vo- nerfs. Cette maladie, appelée mirak dans ce
lontés (1).» -- Cette femme ne serait-elle pays, peut être causée par le défaut absolu
pas la même qu'AGRAFÉNA? Voy. ce mot. de toute nourriture végétale mais la super- ;
enseigne toutes les langues, et fait danser les le récit de son expédition au nord-est de la
esprits de la terre. Ce chef des démons est Sibérie, ajoute que parfois on trouve aussi
de l'ordre des vertus il a sous ses lois trente
: des hommes qui souffrent du mirak mais ;
de la peste et de guérir les morsures du l'a appelé le Trismégiste, mais doué d'ex-
scorpion et de la vipère. travagance né à Cologne en i486, mort en
;
AÛATHION , démon familier qui ne se 1535, après une carrière orageuse, chez le
montre qu'à midi. Il paraîten forme d'homme receveur général de Grenoble , et non à
ou de bête; quelquefois il se laisse enfermer Lyon, ni dans un hôpital comme quelques- ,
dans un talisman, dans une bouteille ou dans uns l'ont écrit. Il avait été lié avec tous les
un anneau magique (3). grands personnages et recherché de tous les
AGATHODÉMON, ou bon démon, adoré princes de son époque. Chargé souvent do
des Egyptiens sous la figure d'un serpent à négocialions politique? , il fil de nombreux
télé humaine. Les dragons ou serpents ailés, voyages, que Thevct, dans ses Vies des
que anciens révéraient, s'appelaient aga-
les hommes illustres, attribue à la manie «de
thodemones, ou bons génies. faire partout des tours de son métier de
AGLA mol cabalistique auquel les rab-
, magicien ce qui le faisait reconnaître et
;
seulement employé par les Juifs et les caba- gravement que. dans ses voyages, il avait
listes quelques chrétiens hérétiques s'en
, coutume de payer ses hôtes en monnaie ,
sont armés souvent pour combattre les dé- fort bonne en apparence, mais qui se chan-
mons. L'usage en était fréquent au seizième geait au bout de quelques jours, en petits
,
mons (5). Ils employaient ensuite l'ananci- la Vanité des sciences, que l'on considère
tide et la syrrochite, autres ingrédients qui comme son chef-d'œuvre, eu est une preuve.
retenaient les démons évoqués aussi long- Mais au chapitre xm de ce livre, il dé-
temps qu'on le voulait. Voy. Baaras. clame contre la magie el les arts supersti-
AGNAN, démon qui tourmente les Améri- tieux. Si donc il fut obligé plus d'une fois de
cains par des apparitions et des méchan- prendre la fuite pour se soustraire aux
(1) Examéron de Torquémaila , traduit par Gabriel nat, liv. XXIV, cli. xvn.
(3) Pline, Hist. 1
Cbappuis, Tourangeau, sixième journée. (6) Wierus, De Praeslig., lib. I, cap. un. Tbevet,
("2> Wierus, in Pseudomonarcn. dœm. Obs. sur l'Amérique, cli. xxw et xxxvi. Boguet. Disc
(3) Lcloyer, Disc, et liist. des spectres, liv. III, eu. v. des sorciers, cli. vu.
(ij Leloyer, Disc, etuist. des spectres, liv. VIII, cli. vi.
M ACIt ACIt 51
mauvais traitements de populace, qui
la fait passer Agrippa pour un grand magicien,
l'accusait de sorcellerie, n'est-il pas permis c'est un fatras plein de cérémonies magiques
do croire ou que s»n esprit oauslique, ci et superstitieuses qu'on publia sous son nom,
peut-être ses mœurs mal réglées, lui faisaient vingt-sept ans après sa mort, qu'on donna
des ennemis, OU nue sou caractère d'aïeul comme le quatrième livre de sa Philosophie
diplomatique le mettait souvent dans des occullc, et qui n'est qu'un ramassis de frag-
situations périlleuses, ou que la médecine ments décousus de Pierre d'Apone, de Picto-
empirique, qu'il exerçait, l'exposait a des rius, et d'autres songes creux (2).
catastrophes à moins qu'il ne Faille croire,
;
Cependant Delancrc ne porte son accu-
en effet, que cet homme avait réellement sation que sur les trois premiers livres.
étudié la magie dans ces universités mysté- « Agrippa, dit-il (3), composa trois livres
rieuses dont nous ne savons pas encore les assez grands sur la magie démoniaque mais
secrets? Voy. Universités. Quoi qu'il en
;
devant la multitude de ses camarades qui perdu; qu'alors le chien prit aussitôt la fuito
,
crurent que ce n'était là qu'une mort su- vers la rivière de Saône, s'y jeta la lêle en
bite (1).»
avant et ne reparut plus.
Ce ne fut pas pourtant à cause de sem- Delanere rapporte autrement cette mort,
blables faits qu'il partit de cette ville savante. qui n'eut pas lieu dans un cabaret de Lyon,
Ce fut parce qu'il s'y était fait des ennemis, mais, comme nous l'avons dit, à Grenoble.
à qui il donna un prétexte par la publication « Ce misérable Agrippa, dit-il, fut si aveuglé
de son ouvrage de la Philosophie occulte. On du diable, auquel il s'élait soumis, qu'encore
accusa ce livre d'hérésie et de magie ; et, en qu'il connût Irès-bien sa perfidie et ses arti-
attendant qu'il fût jugé, l'auteur passa une fices, ne les put éviter, étant si bien enve-
il
année dans les prisons de Bruxelles. Il en loppé dans les rets d'icelui diable, qu'il lui
fut tiré par l'archevêque de Cologne, qui avait persuadé que, s'il voulait se laisser
avait accepté la dédicace du livre, dont il tuer, la mort n'aurait nul pouvoir sur lui, el
reconnut publiquement que l'auteur n'était qu'il le ressusciterait et le rendrait immor-
pas sorcier. Les pensées de ce livre el celles tel ; ce qui advint autrement, car Agrippa
que le même savant exposa dans son com- s'étant fait couper la têle, prévenu de cette
mentaire In arlem brevem Raymundi Lullii, fausse espérance, le diable se moqua de lui
lie sont qHc des rêveries. Ce qui surtout a et ne voulut (aussi ne le pouvait-il) lui re-
(1) Delrio, Disquisit. mag., lili. II, qua?st. 53. (3) Tableau de l'inconstance des démons, liv. V.
55 DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCULTES. 36
donner la vie pour lui laisser le moyen de et mangée en ragoût rend si furieux ceux
,
on prétend que l'ombre est venimeuse. Un de vert-de-gris et de sel ammoniac, qui for-
homme vêtu, qui s'endort sous cet arbre, se ment un safran Vaigle noir est une composi-
;
relève tout enflé; et l'on assure qu'un hom- tion de cette cadmie vénéneuse qui se nomme
me nu crève sans ressource. Les habitants cobalt, et que quelques alchimistes regardent
attribuent à la méchanceté du diable ces comme la matière du mercure philosophi-
cruels effets. Voy. Bohon-Upas. que.
AGUERRE. Sous Henri IV, dans cette par- AIGUILLES. On pratique ainsi, dans quel-
lie des Basses-Pyrénées qu'on appelait le ques localités, une divination parles aiguil-
pays de Labour, on fit le procès en sorcelle- les. —On prend vingt-cinq aiguilles neuves ;
rie à un vieux coquin de soixante-treize ans, on les met dans une assiette, sur laquelle on
qui se nommait Pierre d'Aguerre, et qui cau- verse de l'eau. Celles qui s'affourchent les
sait beaucoup de maux par empoisonne- unes sur les autres annoncent autant d'en-
ments, dits sortilèges. On avait arrêté, en nemis. On conte qu'il est aisé de faire mer-
même temps que lui, Marie d'Aguerre et veille avec de simples aiguilles à coudre, en
Jeanne d'Aguerre, ses petites-filles ou ses leur communiquant une vertu qui enchante.
petites-nièces, avec d'autres jeunes filles, et Kommann écrit ceci (3) « Quant à ce que:
les sorcières qui les avaient menées au sab- les magiciens et les enchanteurs font avec
bat. Jeanne d'Aguerre exposa les turpitudes l'aiguille dont on a cousu le suaire d'un ca-
qui se commettaient dans les grossières or- davre, aiguille au moyen de laquelle ils peu-
gies où on l'avait conduite; elle y avait vu vent lier les nouveaux mariés cela ne doit ,
le diable en forme de bouc. Marie d'Aguerre pas s'écrire de crainte de faire naître la
,
déposa que le démon adoré au sabbat s'ap- pensée d'un pareil expédient... »
pelait Léonard, qu'elle l'avait vu en sa forme AIGUILLETTE. On appelle nouement de
de bouc sortir du fond d'une grande cruche l'aiguillette un charme qui frappe tellement
placée au milieu de l'assemblée qu'il lui , l'imagination de deux époux ignorants ou
,
avait paru prodigieusement haut, et qu'à la superstitieux qu'il s'élève entre eux une
,
fin du sabbat il était rentré dans sa cruche. sorte d'antipathie dont les accidents sont
— Deux témoins ayant affirmé qu'ils avaient très-divers. Ce charme est jeté par des mal-
vu Pierre d'Aguerre remplir au sabbat le veillants qui passent pour sorciers. Voy.
personnage de maître des cérémonies, qu'ils Ligatures.
avaient vu le diable lui donner un bâton doré AIMANT (Magnes), principal producteur
avec lequel il rangeait, comme un mestre- de la vertumagnétique ou attractive. — Il
de-camp les personnes et les choses et
, ,
y a sur l'aimant quelques erreurs populaires
qu'ils l'avaient vu à la fin de l'assemblée qu'il est bon de passer en revue. On rap-
rendre au diable son bâton de commande- porte des choses admirables, dit le docteur
ment (1), Pierre d'Aguerre fut condamné à Brown (k), d'un certain aimant qui n'attire
mort comme sorcier avéré. Voy. Bodc et pas seulement le fer, mais la chair aussi.
Sabbat. C'est un aimant très-faible, composé surtout
AIGLE. L'aigle a toujours été un oiseau de terre glaise semée d'un petit nombre de
de présage chez les anciens. Valèrc-Maxime lignes magnétiques et ferrées. La terre glaise
rapporte que la vue d'un aigle sauva la vie qui en est la base fait qu'il s'attache aux
au roi Déjotarus qui ne faisait rien sans
, lèvres, comme l'hématite ou la terre de
consulter les oiseaux comme il s'y connais-
: Lemnos. Les médecins qui joignent celte
sait, il comprit que l'aigle qu'il voyait le dé- pierre à l'aétite lui donnent mal à propos la
tournait d'aller loger dans la maison qu'on vertu de prévenir les avortements.
lui avait préparée et qui s'écroula la nuit
, On a dit, de toute espèce d'aimant, que
suivante. De profonds savants ont dit que l'ail peut lui enlever sa propriété attractive;
l'aigle a des propriétés surprenantes entre , opinion certainement fausse quoiqu'elle ,
l'ont démentie. Un fil d'arcbal rougi, puis porte, au contraire, que les rois de Ceylau
éteint dans le jus d'ail, ne laisse pas de con- avaient coutume de se l'aire servir dans des
server sa veitu polaire; un morceau d'ai- plats de pierre d'aimant, s'imaginant par là
mant enfoncé dans l'ail aura la même puis- conserver leur vigueur.
sance attractive qu'auparavant; des aiguilles On ne peut attribuer qu'à la vertu magne-
laissées dans l'ail jusqu'à s'y rouiller n'en tique ce que dit .tëtius, que, si un goutteux
retiendront pas moins cette force d'attrac- tient quelque temps dans sa main une pierre
tion. d'aimant, il ne se sent plus de douleur, ou
On doit porter le môme jugement de cette que du moins il éprouve un soulagement.
autre assertion, que le diamant a la vertu C'est à la même vrrtu qu'il
faut rapporter
d'empêcher l'attraction de l'aimant. Placez ce qu'assure Marcellus Kmpiricus, que l'ai-
un diamant (si vous en avez) entre l'aimant mant guérit les maux de (etc. Ces effets mer-
et l'aiguille, vous les verrez se joindre, dus- veilleux ne sont qu'une extension gratuite
sent-ils passer par-dessus la pierre précieuse. de sa vertu attractive , dont tout le monde
Les auteurs que nous combattons ont sûre- convient. Les hommes s'étant aperçus de
ment pris pour des diamants ce qui n'en était cette force secrète qui attire les corps ma-
pas. gnétiques, lui ont donné encore une attrac-
Mettez, sur la môme ligne, continue Brov/n, tion d'un ordre différent, la vertu de lirer la
cette autre merveille contée par certains rab- douleur de toutes les parties du corps ; c'est
bins, que les cadavres humains sont magné- ce qui a fait ériger l'aimant en philtre.
tiques, cl que, s'ils sont étendus dans un On dit aussi que l'aimant resserre les
bateau, le bateau tournera jusqu'à ce que la nœuds de l'amitié paternelle et de l'union
(été do corps mort regarde le septentrion. conjugale en même temps qu'il est très-
,
François Rubus, qui avait une crédulité très- propre aux opérations magiques. Les basi-
Bolide, reçoit comme vrais la plupart de ces lidiens en faisaient des talismans pour chas-
faits inexplicables. Mais tout ce qui tient du ser les démons. Les fables qui regardent les
prodige, il l'attribue aux prestiges du dé- vertus de celle pierre sont en grand nom-
mon (1), et c'est un moyen facile de sortir bre. Dioscorido assure qu'elle est pour les
d'embarras. voleurs un utile auxiliaire; quand ils veu-
lent piller un logis, dit-il, ils allument du
Disons un mot du tombeau de Mahomet.
feu aux quatre coins et y jettent des mor-
Beaucoup de gens croient qu'il est suspendu,
àMédine, entre deux pierres d'aimant pla- ceaux d'aimant. La fumée qui en résulte est
cées avec art, l'une au-dessus et l'autre au-
si incommode, que ceux qui habitent la mai-
dessous mais ce tombeau est de pierre son sont forcés de l'abandonner. Malgré l'ab-
;
comme tous les autres, et bâti sur le pavé surdité de cette fable, mille ans après Diosco-
du temple. —
On lit quelque part, à la vérité, ride, elle a été adoptée par les écrivains qui
ont compilé les prétendus secrets merveil-
que les mahométans avaient, conçu un pa-
reil dessein; ce qui a donné lieu à la fable leux d'Albert le Grand.
que le temps et 1 éloignemenl des lieux ont Mais on ne trouvera plus d'aimant com-
fait passer pour une vérité, et que l'on a es- parable à celui de Laurent Guasius. Cardan
sayé d'accréditer par des exemples. On voit affirme que toutes les blessures faites avec
dans Pline que l'architecte Dinocharès com- des armes frottées de cet aimant, ue cau-
mença de voûtéV, avec des pierres d'aimant, saient aucune douleur.
le temple d'Arsinoé à Alexandrie, afin de sus- Encore une fable je ne sais quel écri-
:
pendre en l'air la statue de celle reine; il vain assez grave a dit que l'aimant , fer-
mourut sans avoir exécuté ce projet, qui eût menté dans du sel, produisait et formait
échoué. —Rufin conte que dans le temple le petit poisson appelé rémore, lequel pos-
sède la vertu d'aHirer l'or du puits le plus
de Sérapis il y avait un chariot de fer que
des pierres d'aimant tenaient suspendu que, ;
profond. L'auteur de cette recette savait
ces pierres ayant été ôtées, le chariot tomba qu'on ne pourrait jamais le réfuter par l'ex-
et se brisa. Bède rapporte également, d'après périence (2) ; et c'est bien dans ces sortes de
des contes anciens, que le cheval de Belléro- choses qu'il ne faut croire que les faits
phon, qui était de fer, fut suspendu entre éprouvés
deux pierres d'aimant. A1MAR. Voy. Baguette.
C'est sans doute à la qualité minérale de AJOURNEMENT. On croyait assez généra-
l'aimant qu'il faut attribuer ce qu'assurent lement autrefois que, si quelque opprimé, au
quelques-uns, que les blessures faites avec moment de mourir, prenait Dieu pour juge ,
des armes aimantées sont plus dangereuses et s'il ajournait son oppresseur au tribunal
et plus difficiles à guérir, ce qui est détruit suprême, il se faisait toujours une manifes-
par l'expérience ; les incisions faites par des tation du gouvernement temporel do la Pro-
chirurgiens avec des instruments aimantés vidence. Nous ne parlons de l'ajournement
ne causent aucun mauvais effet. Rangez dans du grand maître des Templiers, qui cita le
la même classe l'opinion qui fait de l'aimant pape et le roi de France, que pour remar-
un poison, parce que des auteurs le placent quer que cet ajournement a été inventé après
dans le catalogue des poisons. Gardas de coup. Voy. Templiers.
Huerla, médecin d'un vice-roi espagnol, rap- Mais le roi d'Aragon Ferdinand IV, fut,
(l) Discours sur les pierres précieuses Uunl il esl fait 2) Brown, au lieu cilé
HieiHion d:\ns l'A pocaljpsc.
69 DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCULTES. <n
ajourné par deux gentilshommes injuste- auprès d'Alarcos, pâle el liislc mais elle ne ,
ment condamnés, el mourut au bout de trente mange ni ne boit. Ses enfants étaient silen-
Jours. cieux auprès de leur père. Tout à coup il
Enéas Sylvius raconte que François I", penche sa tête sur la table et cache avec ses
duc de Bretagne, ayant fait assassiner son mains son visage en larmes.
frère (en 1450), ce prince, en mourant, ajour- —J'ai besoin de dormir, dit-il.
na son meurtrier devant Dieu, et que le duc Il savait bien qu'il n'y aurait pas ae som-
expira au jour fixé. meil pour lui cette nuit-là.
On avait autrefois grande confiance en ces Les deux époux enlrent dans la chambre
ajournements et les dernières paroles des
, et y demeurent seuls avec leur plus jeune
mourants étaient redoutées. On cite même enfant encore à la mamelle. Le comte
une foule d'exemples qui feraient croire ferme les portes aux verroux ce qu'il n'a- ,
que; si ce n'était qu'une idée, dans les temps moi plus à plaindre des hommes
le
— Ne parlez pas ainsi mon noble sei-
!
n'était-ce qu'une idée? Delancrc dit qu'un gneur ; elle ne saurait être malheureuse celle
innocent peut ajourner son juge, mais que qui est l'épouse d'Alarcos.
l'ajournement d'un coupable est sans effet. — Trop malheureuse cependant,
cardans
Comme les sorciers ajournaient leurs con- le mol que vous venez de prononcer est
damnateurs il raconte, d'aprè? Paul Jove,
, compris tout votre malheur. Sachez qu'avant
que Gonzalve de Cordouc ayant condamné de vous connaître j'avais juré à l'infante que
à mort un soldat sorcier, ce soldat s'écria je n'aurais jamais d'autre épouse qu'elle; le
Î|u'il mourait injustement, et qu'il ajournait roi, noire seigneur, sait toul; aujourd'hui l'in-
lonzalvc à comparaître devant le tribunal fante réclame ma main pro- et, mot fatal à
de. Dieu. —
Va, va, lui dit Gonzalve, hâte- noncer, pour vous punir d'avoir été préfé-
;
La Revue
de Paris a publié en 1831 l'analyse maison de mon père, où j'étais si heureuse ,
d'une singulière ballade espagnole. Nous où je vivrai solitaire, où j'élèverai mes Irois
reproduisons ici celte pièce pathétique en enfants.
résumé. — Cela ne se peut... mon serment a été
Solisa, l'infante, seule dans son oratoire, terrible...Vous devez mourir avant le jour.
versait des larmes et se disait avec déses- —Ah il se voit bien que je suis seule sur
!
poir qu'il n'y aurait plus de mariage pour la terre mon père est un vieillard infirme.;.
;
elle. Le roi son père la surprit en ce mo- ma mère est dans son cercueil, et le Ger don
ment , et , cherchant à la consoler, il apprit Garcia est mort... lui, mon vaillant frère,
d'elle que le comte Alarcos l'avait aimée ;
que ce lâche roi fit périr. Oui ,
je suis
puis qu'il l'avait oubliée pour en épouser seule et sans appui en Espagne... Ce n'est
une autre depuis trois ans. Le roi fait venir pas la mort que je crains mais il m'en coule ,
le comte et le somme de tenir la parole qu'il de quitler mes fils... Laissez-moi du moins
a donnée jadis à sa fille. les presser encore sur mon cœur, les embras-
— Je ne nierai pas la vérité, répond Alar- ser une dernière fois avant de mourir.
—
,
cos ;
je craignais que Voire Majesté ne vou- Embrassez celui qui est là dans son
lût jamais consentir à m'accorder la main de berceau vous ne reverrez plus les autres.
—
;
sa Glle. Je me suis uni à une autre femme. Je voudrais au moins le temps de dire
— Vous vous en débarrasserez, dit le roi. un Ave.
— Epargnez, qui est innocente ;
sire, celle — Dites-le vile.
ne me condamnez pas à un affreux assas- Elle s'agenouilla.
sinat. — Seigneur Dieul dit-elle, en ce moment
Le roi est inflexible ; que la com-
il faut de terreur, oubliez mes péchés, ne vous
tesse meure celte nuit même, ou que le comte souvenez que de votre miséricorde.
ail la tête tranchée le lendemain. Quand elle eut prié, elle se releva plus
Alarcos retourne à sa demeure, triste pour calme.
sa femme et pour ses trois enfants, 11 aper- —Alarcos, dit-elle, soyez bon pour les
çoit la comtesse sur sa porte (Un jeune page gages de noire amour et priez pour le repos
avait pris les devants pour la prévenir du de mon âme... Et maintenant donnez-moi
retour de son époux). notre enfant sur mon sein, qu'il s'y puisse
—
Soyez le bien-venu, mon Seigneur, dit- désaltérer une dernière fois, avant que le
elle. Hélas vous baissez la tête ? Dites-moi froid de la mort ait glacé le lait de sa mère.
—
1
jeté pardonne. Mais jo ne puis pardonner à ce de Groot), savant et pieux dominicain, mis
roi si cruel, ni à sa fille si fière. Que Dieu à tort au nombre des magiciens par les dé-
les punisse du meurtre d'une chrétienne. Je monographes, fut, dit-on, le plus curieux de
les appelle, de ma voix mourante, devant tous les hommes. Il naquit dans la Souabé,
le trône île l'Eternel, d'ici à trente jours. à l.awigen sur le Danube, en 1205. D'un es-
Âlarcos, barbare et ambitions, étrangla prit fort grossier dans son jeune âge, il de-
la pauvre Comtesse avec sou mouchuir. Il la vint, à la suite d'une vision qu'il eut de la
recouvrit avec les draps du lit puis appe- ; , sainte Vierge, qu'il servait tendrement et qui
lant ses écuyers, il leur lit un faux récit lui ouvrit les jeux de l'esprit, l'un des plus
pour les tromper, et s'en alla épouser l'in- grands docteurs de son siècle. Il fut le maître
fante. de saint Thomas d'Aquin. Vieux, il retomba
Mais la vengeance céleste s'accomplit au- dans la médiocrité, comme s'il dût être évi-
delà des malédictions de la comtesse; car, dent que son mérite et sa science étendue
avant que le mois fût expiré, trois âmes cou- n'étaient qu'un don miraculeux et tempo-
pables, le roi, l'infante et le comte, parurent raire. —
D'anciens écrivains ont dit, après
devant Dieu... avoir remarqué la dureté naturelle de sa
AKHMlN,villedelamoyenneThébaïde,qui conception, que d'âne il avait été transmué
avait autrefois le renom d'être la demeure des en philosophe puis, ajoutent-ils, de philo-
;
plus grands magiciens (1). Paul Lucas parle, sophe il redevint âne (3).
dans son second voyage (2), du serpent mer- Albert le Grand fut évêque de Ratisbonno
veilleux d'Akhmin, que les musulmans ho- et mourut saintement à Cologne , âgé de
norent comme un ange et que les chré-
, quatre-vingt-sept ans. Ses ouvrages n'ont été
tiens croient être le démon Asinodée. Voy. publics qu'en 1651; ils forment 21 volumes
Haridi. in-fol.Enles parcourant, on admireunsavant
AK1BA, rabbin du premier siècle de notre chrétien; on ne trouve jamais rien qui ait
ère, qui, de simple berger, poussé par l'es- pu le charger de sorcellerie. Il dit formelle-
poir d'obtenir la main d'une jeune tille dont ment au contraire « Tous ces contes de dé-
:
il était épris, devint un savant renommé. Les « mons qu'on voit rôder dans les airs, et do
Juifs disent qu'il l'ut instruit par les esprits « qui on tire le secret des choses futures,
élémentaires, qu'il savait conjurer, et qu'il « sont des absurdités que la saine raison
eut, dans ses jours d'éclat, jusqu'à quatre- « n'admettra jamais (4). » C'est qu'on a —
vingt mille disciples... On croit qu'il est au- mis sous son nom des livres de secrets mer-
teur du Jet airah, ou livre de la création, at- veilleux, auxquels il n'a jamais eu plus do
tribué par les uns à Abraham, et par d'au- part qu'à l'invention du gros canon et du
tres à Adam même. Voy. Abraham. pistolet que lui attribue Matthieu de Luna.
ALAIN DE L'ISLE (Insulensis), religieux Mayer dit qu'il reçut des disciples de saint
bernardin, évêque d'Auxerre au douzième Dominique le secret de la pierre philoso-
siècle, auteur de l' Explication des prophéties phai, et qu'il le communiqua à saint Tho-
de Merlin [E xplanaliones in prophetias Mer- mas d'Aquin; qu'il possédait une pierre
Uni Angli; Francfort, 1(508, in-8° ). Il composa marquée naturellement d'un serpent, et douée
ce commentaire, en 1170, à l'occasion du de celte vertu admirable, que si on la met-
grand bruit que faisaient alors lesdiles pro- tait dans un lieu que les serpents fréquen-
phéties. Un autre Alain ou alanus, qui vi- tassent, elle les attirail tous; qu'il employa,
vait dans le même siècle, a laissé pour les pendant trente ans, toute sa science de ma-
alchimistes un livre intitulé : Dicta de lapide gicien et d'astrologue à faire, de métaux bien
pltilosophico , in-8° ; Leyde, 1G00. choisis, et sous l'inspection des astres, un
ALARY
(François), songe-creux qui a ,
automate doué de la parole, qui lui servait
imprimer à Rouen, en 1701, la Prophétie
fait d'oracle et résolvait toutes les questions
du comte Bombasle, chevalier de la Rose- qu'on lui proposait: c'est ce qu'on appelle
Croix, neveu de Paracelse, publiée en l'année l'androïde d'Albert le Grand ; que cet auto-
1G09, sur la naissance de Louis le Grand. mate fut anéanti par saint Thomas d'Aquin.
ALASTOU, démon sévère, exécuteur su- qui le brisa à coups de bâton, dans l'idée
prême des sentences du monarque infernal. que c'était un ouvrage ou un agent du diable.
Il fait les fonctions de Némésis. Zoroaslre On seut que tous ces petits faits sont des
l'appelle le bourreau Origène dit que c'est
; contes. On a donné aussi à Virgile, au papo
le même qu'Azazel; d'autres le confondent Sylvestre II, à Roger Bacon, de pareils an
avec l'ange exterminateur. Les anciens ap- droïdes. Vaucanson a montré que c'était un
pelaient les génies malfaisants Alaslores ; et pur ouvrage de mécanique.
Plutarque dit que Cicéron, par haine contre Une des plus célèbres sorcelleries d'Albert
Auguste, avait eu le projet de se tuer auprès le Grand eut lieu à Cologne. Il donnait un
du foyer de ce prince pour devenir son alas- banquet, dans son cloîlre , à Guillaume II,
tor. comte de Hollande et roi des Romains; c'é-
ALBERT LE GRAND Albert le Teuto-, tait dans le cœur de
l'hiver; la salle du fes-
nique, Albert de Cologne, Albert de Ratis- tin présenta, à la grande surprise de la cour,
bonne Alberlus Grolus
, car on le désigne
, la riante parure du printemps; mais, ajoute-
sous tous ces noms (lo véritable était Albert t-on, les fleurs se flétrirent à la fin du repas.
A une époque où l'on ne connaissait point sont des figures de talismans). Lyon, rhei
les serres chaudes, l'élégante prévenance du les héritiers de Beringos fralres, à l'enseigne
bon et savant religieux dul surprendre. — il'Afrippa. In-18, 6516 (année cabalistique).
Ce qu'il appelait lui-même ses opérations — Albert le Grand est également étranger
magiques n'étaient ainsi que de la magie à cet autre recueil d'absurdités, plus dange-
blanche. reux que le premier, quoiqu'on n'y trouve
Finissons en disant que son nom d'Albert pas, comme les paysans se l'imaginent les ,
le Grand n'est pas un nom acquis par la moyens d'évoquer le diable. On y voit la
gloire, mais In simple traduction de son nom manière de nouer et de dénouer l'aiguillette,
de famille, Albert de Groot. la composition de divers philtres, l'art de
On lui attribue donc le livre intitulé : les savoir en songe qui on épousera, des secrets
Admirables secrets d'Albert le Grand, conte- pour faire danser, pour multiplier les pi-
nant plusieurs traités sur les vertus des her- geons pour gagner au jeu pour rétablir le
, ,
ciens manuscrits de l'auteur qui n'avaient sympathie, l'or artificiel, et enfin des remè-
pas encore paru, etc., in-18, in -24, in-12. des contre les maladies, et des gardes pour
Excepté du bon sens, on trouve de tout dans les troupeau*;
ce fatras, jusqu'à un traité des fientes qui ALBERT D'ALBY. Voy. Cartomancie.
« quoique viles et méprisables, sont cepen- ALBERT DE SAINT-JACQUES, moine du
« dant en estime, si on s'en sert aux usages dix-septième siècle, qui publia un livre inti-
« prescrits. » Le récollecleur de ces secrets tulé Lumière aux vivants par l'expérience
:
débute par une façon de prière; après quoi des morts, ou diverses apparitions des âmes
il donne la pensée du prince des philosophes, du purgatoire de notre siècle. In-8° , Lyon,
lequel pense que l'homme est ce qu'il y a de 1675.
meilleur dans le monde, attendu la grande ALBIGEOIS, espèce de manichéens très-
sympathie qu'on découvre entre lui et les si- perfides, dont l'hérésie éclata dans le Lan-
gnes du ciel, qui est au-dessus de nous et, guedoc, cl eut pour centre Albi. Ils admet-
par conséquent, nous est supérieur. taient deux principes, disant que Dieu avait
Le livre I er traite principalement, et de la produit de lui-même Lucifer, qui était ainsi
manière la plus inconvenante, de l'influence son fils aîné que Lucifer, fils de Dieu, s'é-
;
des planètes sur la naissance des enfants, du tait révolté contre lui qu'il avait entraîné
;
merveilleux effet des cheveux de la femme, dans sa rébellion une partie des anges ; qu'il
des monstres, de la façon de connaître si une s'était vu alors chassé du ciel avec les com-
femme enceinte porte un garçon ou une fille, plices de sen crime; qu'il avait, dans son
du venin que les vieilles femmes portent exil , créé ce monde que nous habitons, où
il régnait et où tout allait mal. Ils ajoutaient
dans les yeux, surtout si elles y ont de la
chassie, etc. Toutes ces rêveries grossières que Dieu, pour rétablir l'ordre, avait pro-
sont fastidieuses, absurdes et fort sales. duit un second fils qui était Jésus-Christ.
,
On voit, dans le livre II, les vertus de cer- Ce singulier dogme se présentait avec des
taines pierres.de certains animaux, et les variétés, suivant les différentes sectes. Pres-
merveilles du monde, des planètes et des que toutes niaient la résurrection de la chair,
astres. — Le livre III présente l'excellent l'enfer et le purgatoire, disant que nos âmes
traité des fientes de singulières idées sur n'étaient que des démons logés dans nos corps
,
les urines, les punaises, les vieux souliers en châtiment de leurs crimes. —
Les albigeois
et la pourriture; des secrets pour amollir le avaient pris, dès la fin du douzième siècle,
fer, pour manier les métaux, pour dorer l'é- une telle consistance, et de si odieux excès
tain et pour nettoyer la batterie de cuisine. marquaient leur passage, que, les remon.
Enfin, le livre IV est un traité de physio- trances et les prédications étant vaines, il
gnomonic, avec des remarques savantes, des fallut faire contre eux une croisade, dont
observations sur les jours heureux et mal- Simon de Monlfort fut le héros. On a déna-
hcu??ux, des préservatifs contre la fièvre, turé et faussé parles plus insignes menson-
des purgatifs, des recettes de cataplasmes et ges l'histoire de cette guerre sainte; on a
autres choses de môme nature. Nous rappor- oublié que, si les albigeois eussent triomphé,
terons en leur lieu ce qu'il y a de curieux l'Europe retombait dans la barbarie. Il est
dans ces extravagances; et le lecteur trou- vrai que leurs défenseurs sont les protestants,
vera, comme nous, étonnant qu'on vende héritiers d'un grand nombre de leurs erreurs,
chaque année par milliers d'exemplaires les et les philosophes, amateurs assez souvent
mystérieuses, et la manière de les faire (ce Lcloyer que les corybanles devinaient el
,
Mi MM Al.C 10
prophétisaient. Saint Augustin parle d'un (iu elimprimé d'Albumazar le Trarlntiis flu-
Carthaginois, nommé Mbigériua, qui savait
rum atlrologicBi in-V', Augsbourg, I'i88. On
par ce moyen tout ce qui se taisait hors do peut voir dans Casiri, Bibliotk. arab. hispan.,
calalogne ses ouvrages.
chez lui. Chose plus étrange, ajoule-t-il, cet I. I, p. !Î51, le île
monstres, et les savants ne savent à quoi at- dus, Roger Bacon et Guillaume de Paris.
tribuer cette blancheur. Les albinos sont pâ- Alchindus était simplement un peu physi-
les comme des spectres leurs yeux, faibles
; cien dans des temps d'ignorance. A son —
et languissants pendant le jour, sont brillants nom arabe, Alcendi, qu'on a latinisé, quel-
à la clarté de la lune. Les noirs, qui don- ques-uns ajoulent le prénom de Jacob ; on
nent aux démons la peau blanche, regardent croit qu'il était mahoinélan. On lui repro- —
les albinos comme des enfants du démon. Ils che d'avoir écrit des absurdités. Par exem-
croient qu'ils peuvent les combattre aisé- ple, il croyait expliquer les songes en disant
ment peudanl le jour, mais que la nuit les qu'ils sont l'ouvrage des esprits élémentaires,
albinos sont les plus forts et se vengent. Dans qui se montrent à nous dans le sommeil et
le royaume de Loango, les albinos passent nous représentent diverses actions fantasti-
pour des démous champêtres et obtiennent ques , comme des acteurs qui jouent la co-
quelque considération à ce litre. médie devant le public.
Vossius dit qu'il y a dans la Guinée des ALCORAN. Voy. Koran
peuplades d'albinos. Mais comment ces peu- ALCYON. Une vieille opinion, qui subsiste
plades subsisteraient-elles, s'il esl vrai que encore chez habitants des côles, c'est que
les
ces infortunés ne se reproduisent point? 11 l'alcyon ou martin-pêcheur est une girouette
paraît que les anciens connaissaient les al- naturelle, et que suspendu par le bec, il
,
binos. « On assure, dit Pline, qu'il existe en désigne le côlé d'où vient le vent, en tournant
Albanie des individus qui naissent avec des sa poitrine vers ce point de l'horizon. Ce
cheveux blancs, des yeux de perdrix et no , qui a mis cette croyance en crédit parmi le
voient clair que pendant la nuit. » Il ne dit peuple, c'est l'observation qu'on a laite que
pas que ce soit une nation, mais quelques l'alcyon semble étudier les vents et les devi-
sujets affectés d'une maladie particulière. ner lorsqu'il établit son nid sur les flots, vers
a Plusieurs animaux ont aussi leurs albinos, lcsolsticed'hiver. Mais cette prudence est-elle
ajoute M. Salgues ; les naturalistes ont ob- dans l'alcyon une prévoyance qui lui soit par-
servé des corbeaux blancs , des merles ticulière ? N'est-ce pas simplement un instinct
blancs , des taupes blanches ; leurs yeux de la na ure qui veille à la conservation de
sont rouges, leur peau est plus pâle et leur celte espèce? « Bien des choses arrivent, dit
organisation plus faible (2). » Brown, parce que le premier moteur l'a
ALBORACK. Voy. Borack. ainsi arrêté, el la nature tes exécute par des
ALBUMAZAR, astrologue du ix c siècle, né voies qui nous sont inconnues. »
dans le Khorassan, connu par son traité as-' C'est encore une ancienne coutume do
trologique intitulé Milliers d'années, où il conserver les alcyens dans des coffres , avec
affirme que le monde n'a pu élre créé que l'idée qu'ils préservent des vers les étoffes
quand les sept planètes se sont trouvées en de laine. On n'eut peut-être pas d'autre but
conjonction dans le premier degré du Bélier, en les pendant au plafond des chambres. «Je
et que la fin du monde aura lieu quand ces crois même ajoute Brown
,
qu'en les sus- ,
sept planètes (qui sont aujourd'hui au nom- pendant par le bec on n'a pas suivi la mé-
lire de douze) se rassembleront dans le der- thode des anciens qui les suspendaient par
nier degré des Poissons. On a traduit en la- le dos ,
afin que le bec marquât les vent».
1) Leloyer, Hist. el dise, des spectres, liv. IV. (5) tic Prœsligiis, li». II,
cap.m.
Magic*. Hb. I.cap m.
!2} Des erreurs clUes préjugés, eto t. 1, p. 479.
,
(i) Dîsquisit.
(.1 1 IC.TlONNAlRF. DF.S SCIENCES OCCILTES. .F.
(1) Crown, Erreurs populaires, tiv. III, çh, x. d'avoine également pleins et agissant avec une mêma
M. Salues, Des tireurs el des préjugés, t. III, force sur ses organes, se laisserait mourir de fain, nu
(2)
pouvant jamais se déterminera l'un plutôt qu'à l'autre,
siècle, qui Or, dans l'exemple présent tous les rayons sont égaux
(3) Jean Ruridan, sophiste du quartorzieine
{Sole du poème
soutenait qu'un lue posé juste au milieu de deux picotins )
49 ALE au: KO
Catemhrcdaln (1) était son nom. Le sort éteignit les lumières et renversa les livres
Semblait toujours être avec lui d'accoi'iL avec loulce qui s'y trouvait. I.'ohsr.urilé ren-
Il ne s'était, assure la chronique.
Jamais trompé; uora une fols uniques dit l'effroi plus violent encore. Les amis d'A-
Ou'un Jeuno gars, croyant beaucoup valoir, lessandro hurlèrent. Pendant qu'on appor-
vini tout exprès le trouver poui savon' tait des flambeaux, il remarqua que le fan-
yui'l rang, un jour, il aurait dans le monde.
tôme ouvrit la porte et l'échappa, sans être
Le coq, posé lors sur la table rond^i
Prit sana choisir, quatre grains qu'il croquai
vu des domestiques, n'ayant l'ait du resle le
Dont le devin les lettres remarqua. moindre mal à personne (•'(). Etait-ce une
Biles formaient le mol /Wp, moi barbare hallucination de jeunes gens ivres ou une
Et propre !» Wre enrager un Ignare.
espièglerie?
Le grand docteur, maître Calembredaln,
D'après oe moi, an jeune homme soudain ALEUROMANCIE, divination qui se pra-
DU qu'il serai! fripier ,*mais noire drôle,
tiquait avec de la farine.On mettait des bil-
Se sentant né pour fane un autre rôle,
Ut d'un métier si vil ayant horreur, lets roulés dans un las de farine; on les re-
l'rit une élude et se lit. procurear. muait neuf fois confusément. On partageait
Doue, pour n'avoir trouve frip analogue ensuite la masse aux différents curieux, et
Qu'au mot fripier, cet habile astrologue
Pour celte ibis prit à gauche. En tout cas, chacun se faisait un thème selon les billets
Quel est celui qui ne se trompe pas? qui lui étaient échus. Chez les païens, Apol-
lon était appelé Aleuromantis, parce qu'il
ALÈS(Alexandre), ami de Mélanclillion, présidait à celte divination. Il en resle quel-
né en loOO à Edimbourg. Il raconte que, dans ques vestiges dans certaines localités, où l'on
sa jeunesse, étant monté sur le sommet d'une
emploie le son au lieu de farine. C'est une
très- haute montagne, il fit un faux pas cl
amélioration.
roula dans Un précipice. Comme il était près
de s'y engloutir, il se sentit transporter en
ALEXANDERab ALEXANDRO. Voy. Ales-
sandro.
un autre lieu, s;ms savoir par qui ni com-
ment, et se retrouva sain cl sauf, exempt de ALEXANDRE LE GRAND, roi de Macé-
doine, elc. Il a élé le sujet de légendes pro-
contusions cl de blessures. Quelques-uns
attribuèrent ce prodige aux amulettes qu'il digieuses rhez les Orientaux, qui ont sur lui
portait au cou, selon l'usage des enfants de des contes immenses. Ils l'appellent lsken-
ce temps-là. Pour lui, il l'atlribue à la foi cl der. Les démonographes disent qu'Anstole
lui enseigna la magie; les cabalistes lui at-
aux prières de ses parents, qui n'étaient pas
hérétiques. tribuent un livre sur les propriétés des élé-
ments; les rabbins écrivent qu'il eut un
ALESSANDRO ALESSANDRI, en lalin
songe qui l'empêcha de maltraiter les Juifs,
Ale.rander ab Alcxandru, —
jurisconsulte na-
lorsqu'il voulut entrer en conquérant dans
politain, mort en 1523. Il a publié un recueil
Jérusalem.
rare de dissertations sur les choses merveil-
La figure d'Alexandre le Grand, gravée
leuses (2). Il y parle de prodiges arrivés ré-
en manière de talisman sous certaines in-
cemment en Italie, de songes vérifiés, d'ap- fluences, passait autrefois pour un excellent
paritions et de fantômes qu'il dit avoir vus
préservatif. Dans la famille des Macriens, qui
lui-même. Par la suite, il a fondu ces disser- usurpèrent l'empire du temps de Valéricn,
tations dans son livre Genialium dierum, où
les hommes portaient toujours sur eux la
il raconte toutes sortes de faits prodigieux.
figure d'Alexandre; les femmes en ornaient
Nous en citerons un qui lui est personnel. leurs coiffures, leurs bracelets, leurs an-
Gt,un soir, la partie d'aller coucher, avec
Il neaux. Trebellius Pollio dit que celle figure
quelques amis, dans une maison de Rome est d'un grand secours dans toutes les cir-
que des fantômes el des démons hantaient constances de la vie, si on la porle en or
depuis long-temps. Au milieu de la nuit, ou en argent... Le peuple d'Anlioche prati-
comme ils étaient rassemblés dans la même quait celle superstition , que saint Jeau-
chambre, avec plusieurs lumières, ils virent Chrysostome eut beaucoup de peine à dé-
paraître un grand speclre, qui les épouvanta truire.
par sa voix terrible et par le bruit qu'il fai-
sait en sautant sur les meubles et en cassant
Légendes d'hkender Zulcarnain ,
1) Calembredain. C'est son nom nui a mis en vogue les qimtuor de rébus admirabilibus, etc. Home, saus date,
calembredaines. {Noie du poème.) in-l° .
12} Alcxaudri jurisperili ucapulitaui , Dissertaiioncs (3) Gcuialiuui dierum, lib. V, cap. xxw.
31 DICTIONNAIRE DES SCIENCKS OCCULTES
58
examinerons plus loin quelqurs-uncs de ces tigue? Qui vous a engagée à ce voyage long
compositions occupons-nous d'abord de
; et dangereux? Pourquoi ne m'avez-vous pas
l'histoire persane et arabe d'Alexandre. fait savoir vos intentions par un message?
L'auteur du manuscrit que nous désirons Elle lui répondit: —
O mon fils la cause qui 1
analyser (1) commence ab ovo, comme dirait m'amène vers vous ne m'a laissé ni tranquil-
Horace, par la mort du grand-père d'Alexan- lité ni repos ; car mon bonheur en dépend.
dre, Bahman, roi de Perse. Sa femme Homai, O roi! qu'avez-vous fait de Dara (Darius)?
qu'il a laissée enceinte, cache, dans des vues En apprenant que Dara était sauf, elle res-
ambitieuses, la naissance de son fils Darab, sentitune grande joie, et se proslerna la face
et l'expose dans une auge en bois sur les contre terre pour remercier Dieu. — O mon
eaux du Tigre; il est recueilli par un teintu- fils! reprit-elle, gardez bien le secret que je
rier, qui l'élève comme son enfant cl lui vais vous confier .-sachez donc que celui que
permet d'entrer dans l'armée persane, à l'oc- vous poursuivez en ce moment est votre
casion d'une guerre avec les Grecs. La va- frère, le fils de votre père. Iskender, étonné,
leur du jeune Darab le fait remarquer, el il la baisa au front, disant Puisque le roi: —
est reconnu pour le fils de la reine Homai, est mon frère, je lui rendrai ses provinces de
qui résigne la couronne en sa faveur. Il Perse et je retournerai en celles de Roum.
épouse la fille du roi de la Grèce, Filosùf; Elle lui dit encore Mon fils, ne révélez
:
c'est le nom sous lequel Philippe de Macé- rien de ce secret, jusqu'à ceque le'fout-Puis-
doine est toujours désigné dans cet ouvrage. sant vous ait fait rejoindre le roi. Iskender
La reine Vîut/m/iayantclé renvoyée à sonpère garda son secret; il dormit cette nuit-là, et
par Darab son époux, c'est à la cour de Ma- le matin il se remit en marche pour chercher
cédoine que naît hkender, le héros de la lé- son frère.
gende. L'avis est arrivé trop tard; Dara périt do
la main des traîtres, dont Alexandre lire une
L'histoire de Bucéphalc est racontée pres-
que dans les termes des biographes grecs et éclatante vengeance.
romains, avec celle différence que le cour- Après la réduction complète de la Perse, il
sier ayant sur le corps l'empreinte d'une tète, retourne en Macédoine; enflé de ses succès,
il aspire aux honneurs divins et veut être
on l'avait appelé Zulrasayn (à deux têtes),
comme qui dirait Bicéphale au lieu de Bucé- adoré. L'explication de ce désir impie soufflé
phale :
par Iblis (le Satan des Orientaux), ne se
trouve dans aucun écrivain classique.
« Certains marchands de chevaux avaient
« En contemplant la grandeur de sa puis-
fait présent au roi Filosùf d'un cheval
ma- sance, l'éclat de ses conquêtes, tant de peu-
gnifique de taille et de forme, plein de feu et
ples soumis ou qui venaient se soumettre,
d ardeur, mais si farouche qu'on ne pouvait
Iskender fut plongé dans les cinq enivrements
le monter qu'à l'aide d'une bride de fer
et de de la jeunesse, des richesses, de la victoire,
rênes à chaînons d'acier, qui lui tenaient la
du meurtre de son rival et de son propre
tête penchée sur le cou. On disait qu'il
man- courage dans les combats. Iblis trouva au-
geait de la chair humaine. Iskender l'admira,
près de lui un accès plus facile. Le maudit
et le fit enfermer dans un édifice dont les fe-
se présenta sous les traits d'un vieillard,
nêtres étaient garnies de grilles en fer, afin
vêtu de laine grossière, et s'appuyant sur un
qu'il pût s'habituera la vue de l'homme et
lût bâton. Il dit O roi! Dieu te garde, je le
moins ombrageux. Sur le point de partir :
n'aurait pu dompter, et que le nom de ce secourbera plus devant les autels à cause de ta
cheval serait Zulrasayn. magnificence? Le maudit se mit à rire: Elève
Le refus que fait Iskender de payer le tri- d'Aristote, dit-il, comment se fait-il que ton
but aux ambassadeurs persans, est suivi précepteur caché ce que je viens de dire ?
t'ait
d'une invasion de la Perso. La veille d'une Sache donc que le sens de mes paroles est
bataille, au milieu des préparatifs, sa mère ceci que je n'ai pas vu de ton temps un
:
riva; elle entra dans l'intérieur de la tente. grand pouvoir veulent dire que lu es le
,
Quand il la vil, il s'avança pour la recevoir, conseil de cet âge, le dieu de ce temps, le
disant : —
O ma mère pourquoi tant de fa-
1
seigneur de celle période. Iblis ne cessa de
parler ainsi jusqu'à ce qu'il eûl subjugue in-»
it! Addtlionul MSS. in llic BrUisIl lluscum. Icrieurcmeul sou cœur. »
ALI' ali; 54
R5
Mais, selon d'autres écrivains musulmans, bornes ou aucune limite connue; prévoyant
Alexandre était un vase d'éli Cliun que Dieu tout ce «lui peut être prévu; qui nous traite
avait résolu do liror des ténèbres do l'idolâ- selon nos mérites, nous fait entreprendre ce
Irie pour en laite un apôtre de l'islamisme. qui nous est ordonné, nous secourt dans pus
Dans celle UUlro version apparaît un impor- dillicultés,nous répond quand nous le prions,
tant personnage, i|ui, sous le nom de Knizzer nous juge quand nous nous révoltons contre
[l'Eue de la Bible), accompagne Iskendcr dans ses ordres. »
toutes ses conquêtes, et l'aide efficacement Or, personne n'avait osé dire un niot sem-
de ses conseils et de son pouvoir surnatu- blable dans l'assemblée d'Iskender depuis
rel :
l'arrivée d'Iblis. Iskender cria à haute voix à
Dieu le Tiès-ll ul révéla à Khizzer qu'il
« ses jeunes hommes de le prendre, et de l'em-
devait aller trouver Iskender pour lui ensei- prisonner dans une chambre de son palais.
gner la vraie voie, et lui annoncer qu'il le Ililis, le maudit, vint alors. « O llakiin lui I
ferait le maître du inonde, de l'orient à l'oc- dit Iskender, il m'est venu un jeune homme
cident, tant de la terre que des mers, depuis qui m'a dit des choses prodigieuses. « J'ai ap-
le coucher du soleil jusqu'à son lever; qu'il pris cela, répondit Iblis, et je venais te par-
soumettrait des contrées que nul n'aurait ler de lui pour le tenir en garde, car c'est un
parcourues, et pénétrerait dans des pays où enchanteur et un devin; et si lu voulais en
personne n'avait pénétré avant lui, pas même purifier la terre, il serait bien que lu le fisses
Soliman lien DuouJ. Quand le Tiôs-Haul lui mourir. Iskender lui dit Il est en prison
: — ;
eut révélé tout cela, il partit des îles pour et la nuit prochaine on lui tranchera la
Makcduniah ; car Khizzer servait Dieu dans tête. »
les iles de la mer, et quand il vint à Makc- Khizzer, délivré par intervention surnatu-
duniah, il se présenta à la porte et demanda relle, est porté sur une montagne de Macé-
où se tenait l'assemblée du conseil présidée doine: il est trouvé là par un haliik (géné-
par Iskender, et on le lui enseigna. Or, celte ral) qu'Alexandre avail envoyé à sa recher-
assemblée se tenait deux fois chaque se- che. Ce général perd la plus grande partie de
maine; Khizzer y assista la première fois, sa troupe, qui est détruite par le souille de
et entendit les discours du peuple et ses
il Khizzer. Sur une invitation plus amicale,
discussions; le roi les écoutait, et quand ils Khizzer retourne à la courd'Iskender, expose
différaient d'opinion sur un point difficile, on les ruses du démon, et finit par convaincre
l'expliquait à Iskender par une interprétation le roi qui
,
après avoir confessé l'unité
,
fidèle. Khizzer garda le silence el ne proféra pas de Dieu, prend en même temps pour son
un mot dans cette assemblée. Il y revint une conseiller futur el son ami l'apôtre de sa con-
seconde fois de la même manière, el une troi- version.
sième fois. Quand il sortit la troisième fois, Aussitôt commence la relation de la mar-
Iskender dit: Quel magnifique vêlement por- che triomphante d'Alexandre à travers lliu-
tait ce jeune homme qui vient d'assister pour rope, en passant par Rome, où il rencontre
la troisième fois à mon assemblée, et que nous Bélinas (Pline), qui l'accompagne dans son
n'avons pas entendu prononcer un seul mol I expédition.
Ceci dénote qu'il est homme de grand sa- Bélinas fait un anneau royal qui a la pro-
voir, ou qu'il ne sait rien du tout. L'un de priété de s'élargir dans la proximité d'un
ceux qui étaient présents, dit: «Je l'accos- poison. Ce présent rend bientôt au roi un
terai et le questionnerai. » L'assemblée ré- éminent service car un de ses courtisans
,
jeune homme? Il répondit: Elie. — Quel — prouvé ô envoyé de Dieu dit Iskender,
: 1
la religion d'1-.kcnder et l'aide dans ses con- jour; il employa un autre jour pour revenir
quêtes en Afrique. La construction d'un pont au camp. Alors on l'orna de parapets de
à travers le détroit de Gibraltar, attribuée chaque côté dans toute sa longueur; et ce
ici au « fou macédonien, » est sérieusement pont, appelé pont deSanjah, fut achevé en
rapportée par les écrivains orientaux, qui, huit mois....»
lorsqu'ils croient, étendent leur croyance a
Les aventures d'Alexandre en Afrique sont
ses extrêmes limites. Quelques chroniqueurs, peu variées. Le principal incident est le si-
à la vérilé, racontent ces exploits différem- lence des idoles.
ment. Selon eux Alexandre trouva l'Atlanti-
« Khizzer alla en silence jusqu'à ce que le
que et la Méditerranée séparés par un isthme,
et il prit la peine de le percer aux dépens de
peuple vînt à l'idole; quand ils en approchè-
rent, le roi ( des idolâtres ) cria à haute voix ;
quelques-unes des plus belles villes des côtes
méridionales de l'Europe, que détruisirent — O Dieu seigneur et maître, tu sais ce qui
1
soudain les flots en se précipitantde lagrande arrive et entends ce qui se passe , fais donc
mer. de toi-même quelque manifestation de ta
Co'.ère, afin que cet homme reconnaisse que
« Arrivé au détroit de Gibraltar, iskender
demande à un vieillard quelle est la distance tues un monarque puissant.... Alors il se
de ce rivage au bord opposé? Par le che- — relira et dit à Khizzer Approche mainte-—
—
:
min le plus court, ce serait la journée d'un nant, et vois ce que tu vas voir. Khizzer
cavalier; mais par la mer, c'est selon le temps approcha, disant : —
O Dieu sois loué 1 toi I
cl le vent —
Quelle est sa profondeur? De
:
qui as donné pouvoir à Silan sur les fils des
cinquante verges à quelques endroits; elle hommes à toi, ô Dieu, les actions de grâ-
;
diminue vers les bords comme une rivière ces et les louanges II n'y a de pouvoir et de
1
—
:
à ce vieillard, parce que j'ai formé dans mon ré dans le silence et l'étonnement, ne disant
esprit le projet de construire un pont sur ce pas un mot. Khizzer se tourna vers lui, et
lui dit que s'il était fâché, ce devait être con-
passage, afin qu'on se souvienne de moi
dans les siècles reculés. Quelle est ton opi- tre lui-même. —
Tu viens de voir de tes
nion? Il répondit Dieu n'a rien mis dans
:
yeux ce que j'ai fait de ton idole et com-
ton cceur qui ne soit d'un bon augure. Aie ment je l'ai traitée ; que m'est-il arrivé et
courage; tu es un roi protégé et victo- qu'as-tu vu ? —
O loil dont la face est belle,
dit le roi, le démon
s'est retiré à ton appro-
rieux.
« Leappela Bélinas et lui commanda de
roi che. Khizzer reprit : —
Satan parlait par la
rassembler les géomètres et les philosophes, bouche des idoles, et c'était lui qui s'adres-
sait à vous; quand je suis venu vers vous ,
afin qu'ils pussent exécuter son plan; en mê-
me temps il fit venir des ouvriers en pierre, il a pris la fuite et s'est éloigné de ce royau-
me. Les yeux du roi se mouillèrent de lar-
en fer et airain. Il fit étendre des tapis sur
lesquels on répandit de l'argent ; des livres mes, et il dit : — Maintenant je reconnais
(lecomplcfurentdistribués, et il fit faire dans ce que tu as dit; j'entends ta mission, et je
l'armée celte proclamation O tribus des
: — comprends ta parole : va dans la paix du Sei-
hommes réunissez-vous; que pas un seul
1
gneur.»
ne demeure en arrière, mais que tous pren- Cinq rois confédérés, persuadés par les
nent part à celte entreprise; que celui qui succès d'Alexandre et par des preuves évi-
est pauvre prenne mon argent pour éta- dentes de sa mission divine se soumettent à ,
blir ses enfants que celui qui est riche agis- sa loi et embrassent sa religion. Enfin il va
;
sèrent de travailler pendant l'espace de trois la vie; mais il ne lui est paspermisd'en boire.
mois. A la fin de co temps, les géomètres Son visir Khizzer, plus favorisé, obtient 18
passèrent dans les navires sur l'autre bord don d'immortalité; celte partie de la légende
pour choisir la place des fondations des ar- est fondée, selon toute apparence, sur l'en-
ches; Khizzer cl Bélinas les précédaient; et lèvement d'Elisée au ciel :
iiuantl l'ouvrage était dificile, Dieu le leur « Quau'i Zukaruuiu approcha de celteplaiiia
5T ai.r ALE 68
et voulut y entier, elle s'agit* comme par un keuder, rendant son salut, l'invita à s'as-
lui
rcmhlcmcnt de '.erre et le sol'se crevassa, et seoir près de lui, et ordonna que ses com-
i|iiaml il s'éloigna, elle reprit sa tranquililé. pagnons fussent introduits. Le roi Safwan,
M, lis quand Khizzer approcha et y enira, elle se tenant debout, demanda la permission de
demeura immobile, et il ne cessa (tas de s'a- faire apporter lespresenls.ee qui lui fut ac-
vancer. Zulcarnaiii le regarda jusqu'à ce cordé. La plupart de ces présents étaient des
qu'il disparût à sa vue. Alors une voix ve- objets d'habillement ils furent reçus gra-
—
;
y lit ses ablutions, et il s'écria : Eau di- philosophes, les géomètres et les hommes sa-
vine, où vas~lu ? Une voix lui répondit du ges; il leur dit qu'il désirait bâtir une ville
ciel : —
Sois silencieux ; ta science sur ce sur le sol, et qu'on la nommerait de son pro-
sujet est arrivée à ses limites. Khizzer revint pre nom. Alors Bélinas, se levant, s'écria
—
:
pette. —
Et maintenant , ajouta-t-il, retour- obéir. Il s'éloigna de la présence du roi, et
nons, ô Zulcarnain » ! ordonna de couper des pierres et de tailler
Alexandre, qui apprend la révolte des colon nés. Les ouvriers exécutèrent promp-
De là,
des Perses, tourne vers l'Est. Chemin fai- tement ces ordres ; ils en amenèrent des mon-
sant, il prend l'Egypte et construit la ville tagnes. Ensuite, comme il avait lu dans cer-
d'Alexandrie :
taines chroniques qu'il était impossible do
bâtir en ce lieu une ville au-dessus du sol
« Et vinrent au royaume d'Afrikiah et
ils ;
sans qu'elle fûtaussitôtdévastéepardcsmons-
quand la reine de S kilyah , qui se nommait tres marins, Bélinas ordonna à des sculp-
Ghidakah, apprit l'approche d'Iskender, elle teurs de sculpter sur d'énormes blocs de
vint à sa rencontre avec toute son armée. Is- pierre les images de ces monstres marins ,
kender, qui eu fut prévenu, ordonna au fils et il en fit placer sur le rivage, à l'endroit où
de cette reine, ainsi qu'aux rois des nations, la mer borde la ville. Quand ces talismans
d'aller au devant d'elle lui-même il vint à
;
furent faits, il alla vers les ouvriers, et leur
la porte de sa lente pour la recevoir et quand ;
commanda de construire les murs. 11 fit aussi
ils furent assis, Khizzerà côlé du roi, la rei-
proclamer par la ville souterraine que cha-
ne fit apporter ses présents, qui étaient nom- cun de ceux qui avaient une maison sous
breux. Iskender lui donna un vêtement terre eût à en construire une nouvelle sur
d'honneur, ainsi qu'à ceux qui étaient avec le sol au-dessus de l'ancienne; à celui qui
elle, et se tournant vers Salem, le fils de la
était pauvre, il offrait assez d'argent pour
reine, il lui dit de partir en compagnie de sa
le faire. Les habitants de la ville élevèrent
mère cl de la reconduire dans ses Etats. Sa- leurs voix pour célébrer Iskender, et ils se
lem, lui baisant la main, répondit En- : — hâtèrent de faire ce qui leur était commandé.
tendre, c'est obéir. Le jour suivant les rois ,
Khizzer commanda d'étendre des tapis
« et
de l'Occident partirent pour leurs royaumes. de verser dessus des pièces de monnaie; il
Iskender leur fit à tous des présents, et les en une distribution parmi
personnages
fit les
congédia avec honneur. élevés et les hommes obscurs, et les travaux
«Le lendemain, les trompettes sonnèrent le marchèrent rapidement. Le peuple connut
départ, et l'armée, ayanl Khizzer à sa têle, qu'Iskender était assisté du pouvoir de Dieu.
se mit en marche pour les pays qu'elle n'a- Et Dieu envoya dans ses mains chaque chose
vait pas encore visités; et elle marcha jus- qui était utile. Les constructions ne cessè-
qu'à ce qu'elle eût atteint une ville souter- rent de s'élever et les ouvriers de travailler
raine. Le roi Safwan, qui gouvernait celle diligemment jusqu'à ce que toutfûl terminé.
ville , sortit à la tète de son peuple ; il Alors, les habitants supplièrent Iskender de
commanda à ses nobles de préparer au - leur procurer la quantité d'eau douce qui
tant de présents qu'ils pourraient , et il leur était nécessaire. Pour cela, il comman-
s'avança jusqu'à ce qu'il rencontrât l'avant- da aux nobles, au peuple et aux soldats de
garde de l'armée d'Ikender où était le vizir creuser un canal, à partir du B,ihr-al-Kébir,
Khizzer. Celui-ci demanda au roi le motif de qui est le Nil ). Tous se partagèrent les
sa venue. Le roi lui répondit J'étais im-: — (
tares, qui sont appelés les nations des Yad- Alexandre s'élève assez haut pour que toute
jouj et des Madjouj, enfermés par une puis- la terre, sous la forme d'une pomme , soit
sante muraille pour les empêcher de l'aire embrassée par un regard (1). Alors la natu-
des incursions sur leurs voisins du côté du re, alarmée de ce qu'un mortel ose tenter
sud. On les bat, quoiqu'ils soient montés sur si hardiment de contempler ses mystères,
des gazelles. On leur fait des prisonniers , descend aux enfers et obtient de Béelzébub
auxquels on demande quelle est leur reli- le poison qui termine les jours du héros(2) ..
gion? L'un des prisonniers répondit: Quant — ALEXANDRE DE PAPHLAGON1K im- ,
sonnéqui luiaurait été servi par la trahison chroniqueur byzantin et un homme aussi
d'un noble macédonien, que.la reine mère malin qu'audacieux. Ils parcoururent en-
avait menacé de la vengeance de son fils. semble divers pays, étudiant l'art de faire
Quelque pâle que soit ce résumé, il suffit des dupes.
à montrer que l'histoire orientale de ce hé- Ils rencontrèrent une vieille femme riche,
ros, dont la renommée remplit le monde, que leurs prétendus secrets charmèrent, et
diffère sur quantité de points, des histoires qui les fit voyager à ses dépens depuis la
de i'Occident. Dans son ensemble, elle a du Bilhynie jusqu'en Macédoine. Arrivés eu —
rapport avec nos romans du moyen-âge. ce pays, ils remarquèrent qu'on y élevait de
Ainsi, des deux côtés , on nie qu'Alexandre grands serpents, si familiers, qu'ils jouaient
soit fils de Philippe. La chronique europé- avec les enfants sans leur faire de mal ils ;
enne lui donne pour père un roi d'Egypte, en achetèrent un des plus beaux pour les
nommé Neetanebus , qui se changeait en scènes qu'ils se proposaient de jouer. Ils
dragon par art magique. Au lieu de faire ar- avaient conçu un projet hardi. L'embarras
rêter le héros à l'endroit où se lève le soleil, était de décider quel lieu serait leur théâtre.
la limite de ses conquêtes devient une mon- Coconas, qui s'attribuait le personnage de
tagne sur laquelle est un palais magnifique, prophète en titre, préférait Calcédoine, ville
avec les arbres du soleil et de la lune ; les de Paphlagonie, à cause du concours de di-
premiers portent des feuilles d'or et les se- verses nations qui l'environnaient. Alexan-
conds des feuilles d'argent. Ces arbres par- dre aima mieux son pays, Abonotique, parce
lent à Alexandre en langue grecque et per- que les esprits y étaient plus grossiers. —
sane, et ils lui prédisent sa mort prochaine. Son avis ayant prévalu, les deux fourbes ca-
Les romans de l'Europe contiennent aussi chèrent des lames de cuivre dans un vieux
quelques fables grossières et ridicules. Par temple d'Apollon qu'on démolissait ; ils
(1) Dans le voyage aérien d'Alexandre, un romancier d'un point tres-élevé, abaisse sa lance et les coursiers
—
il
lu moyen-âge atlèle à un trône sur lequel s'assied le ailés le ramènent vers Voici, dit un critique,
la terre.
héros, des griffons que l'on fait jeûner plusieurs jours. un aérostat aussi ingénieusement invente que les aiglous
Alexandre tient en l'air des gigols au bout d'une lauee d'Ksope.
qu'il élève au-dessus de leurs lèles, el les griffons l'em- avec plus d'étendue par Ici
(2) Asiatic journal, traduit
]K>rlent en cherchant a atteindre la pâture qu'il leur offre; auteurs de la Revue britannique.
<juand il a contemplé assez longtemps le globe terrestre
Cl AI.K AI.K (.2
a raient écrit dessus qu'Esculape el son père de ses babils prophétiques; et, tenant dans
viendraient bientôt s établir dam la ville. son sein le serpent qu'il avait apporté de
Ces lames ayant été trouvées, le bruit s'en Macédoine, il le laissa voir entortillé autour
répandit aussitôt dans les provinces; les lia- de son cou el traînant une longue queues
bitauts d'Abonotiuue se hâtèrent do décerner mais il en cachait la tête sous son aisselle,
un temple à ees dieux, et ils en creusèrent el faisait paraître a la place la tête postiche
les fondements. —
Coconas, qui s'apprêtait à ligure humaine qu'il avait préparée. Le
à faire merveilles, mourut alors, de la mor- lieu de la scène était faiblement éclairé; on
sure d'une vipère. Alexandre se hâta de entrait par une porte et on sortait par une
prendre son rôle, et, se déclarant prophète autre, sans qu'il fût possible de s'arrêter
avant de se rendre au lieu de sa naissance, longtemps. Ce spectacle dura quelques jours;
il se montra avec une longue chevelure bien il se renouvelait toutes les fois qu'il arrivait
peignée, une robe de pourpre rayée de blanc; quelques étrangers. On lit des images du
il tenait dans sa main une taux, comme on dieu en cuivre et en argent.
en donne une A Persée, dont il prétendait Le prophète, voyant les esprits préparés,
descendre du râlé de sa mère S il publiait un annonça que le dieu rendrait des oracles, et
oracle qui le disait (ils de Podalyre, lequel, qu'on eût à lui écrire des billets cachetés.
à la manière des dieux du paganisme, avait Alors, s'enfermanldans le sanctuaire du tem-
épousé sa mère en secret. Il faisait débiter ple qu'on venait de bâiir, il faisait appeler
en même temps une prédiction d'une sibylle ceux qui avaient donné des billets, et les
qui portail que, des bords du Pont-Euxin, il leur rendait sans qu'ils parussent avoir élé
viendrait un libérateur d'Ausonie.. ouverts, mais accompagnés de la réponse du
Dès qu'il se crut convenablement annoncé, dieu. Ces billets avaient été lus avec tant
il parut dans Abonotique où il fut accueilli
, d'adresse qu'il était impossible de s'aperce-
comme un dieu. Pour soutenir sa dignité, il voir qu'on eût rompu le cachet. Des espions
mâchait la racine d'une certaine herbe qui et des émissaires informaient le prophète de
le faisait écumer, ce que le peuple attribuait tout ce qu'ils pouvaient apprendre, cl l'ai-
à l'enthousiasme surhumain dont il était daient à rendre ses réponses, qui d'ailleurs
possédé. étaient toujours obscures ou ambiguës, sui-
Il avait préparé en secret une tête habile- vant la prudente coutume des oracles.
ment fabriquée dont les traits représen-
, On apportait des victimes pour le dieu et
taient la face d'un homme, avec une bouche des présents pour le prophète.
qui s'ouvrait et se fermait par un fil caché. Voulant nourrir l'admiration par une
Avec cette tête et le serpent apprivoisé qu'il nouvelle supercherie, Alexandre annonce un
avait acheté en Macédoine, et qu'il cachait jour qu'Esculape répondrait en personne
soigneusement, il prépara un grand prodige. aux questions qu'on lui ferait cela s'appe-
:
il avait enfermé un petit serpent qui venait saient d'un côté à la tête du dragon postiche,
de naître. Le lendemain matin, il se rendit et de l'autre à la bouche d'un homme caché
sur la place publique, l'air agité, tenant sa dans une chambre voisine ;— à moins pour-
faux à la main, et couvert seulement d'une tant qu'il n'y eût dans son fait quelque ma-
éeharpe dorée. 11 monta sur un autel élevé, gnétisme ;
—Les réponses se rendaient en
et s'écria que ce lieu était honoré de la pré- prose ou en vers, mais toujours dans un
sence d'un dieu. A ces mots, le peuple, ac- style si vague qu'elles prédisaient égale-
,
couru pour l'entendre, commença à faire des ment le revers ou le succès. Ainsi l'empe-
prières, tandis que l'imposteur prononçait reur Marc-Aurèle, faisant la guerre aux Ger-
des mots en langue phénicienne, ce qui ser- main?, lui demanda un oracle. On dit même
vait à redoubler l'étonnemenl général. Il — qu'en 174, il lit venir Alexandre à Rome, le
courut ensuite vers le lieu où il avait caché regardant comme le dispensateur de l'im-
son œuf, et, entrant dans l'eau, il commença mortalité. L'oracle, sollicité, disait qu'il fal-
à chanter les louanges d'Apollon et d'Lscu- lait, après les cérémonies prescrites, jeter
lape, el à inviter ce dernier à se montrer aux deux lions vivants dans leDanube, el qu'ainsi
mortels; puis, enfonçant une coupe dans la l'on aurait l'assurance d'une paix pro-
fontaine, il en retira l'œuf mystérieux. Le chaine, précédée d'une victoire éclatante. On
prenant dans sa main, il s'écria « Peuples, : exécuta la prescription. Mais les deux lions
voici votre dieul Toute la foule attentive traversèrent le fleuve à la nage, les barbares
poussa des cris de joie, en voyant Alexandre les tuèrent et mirent ensuite l'armée de l'em-
casser l'œuf et en tirer un petit serpent, qui pereur en déroute; à quoi le prophète ré-
s'entortilla dans ses doigts. pliqua qu'il avait annoncé la victoire, mais
Chacun se répandit en bénédictions, les qu'il n'avait pas désigné le vainqueur.
uns demandant au dieu la santé, les autres Uue autre fois, un illustre personnage fit
les honneurs ou des richesses. Enhardi— demander au dieu quel précepteur il devait
par ce succès, Alexandre fait annoncer le donnera son (Ils, il lui fut répondu Py- : —
lendemain que le dieu qu'ils avaient vu si thagorc et Homère. L'enfant mourut quelque
petit la veille, avait repris sa grandeur na- temps après.— L'oracle annonçait la chose,
turelle. dil le père, en donnant au pauvre enfant
11 se plaça sur un lit, après s'être re»étu deux pi capteurs morts depuis longtemps
C5 DICTIONNAIRE DES SCIENCES OXULTES. G4
nération. Il avait prédit qu'il mourrait à cent son couvent au commencement du seizième
cinquante ans, d'u:i coup de foudre, comme siècle, en un temps où celle maison avait
Esculape il mourut dans sa soixante-
: besoin de réforme, mena mauvaise vie et
dixième année, d'un ulcère à la jambe, ce mourut misérablement, toutefois dans le re-
qui n'empêcha pas qu'après sa mort il eut, pentir. Son âme revint après sa mort. Celle
comme un demi-dieu des statues et des sa- ,
histoire a été écrite par Adrien de Montalem-
crifices . bert, aumônier de François I".
ALEXANDRE DE TR ALLES, médecin, né
Légende d'Alis de Télieux.
à Trallcs, dans l'Asie-Mineure, au sixième
siècle. On dit qu'il était très-savant ses ou- , un extrait fidèle d'un livre très-rare,
C'est
vrages prouvent au moins qu'il était très- imprimé à Paris, en 1528, petit in-h-" gothi-
crédule. Il conseillait à ses malades les amu- que, et intitulé : — La merveilleuse histoire de
lettes el les paroles charmées. 11 assure, dans l'esprit qui, depuis naguère s'est apparu au ,
sa Médecine pratique (l),que la figure d'Her- monastère des religieuses de Saint- Pierre-de-
cule étouffant le lion de la forêt de Némée, Lyon, laquelle est pleine de grande admira-
gravée sur une pierre et enchâssée dans un tion, comme on pourra voir par la lecture de
anneau, un excellent remède contre la
est ce présent livre, par Adrien de Montalembert,
colique. prétend aussi qu'on guérit parfai-
11 aumônier du roi François l"
tement la goutte, la pierre et les fièvres par Avant que le monastère des nonnes de
des philactères et des charmes. Cela montre Sainl-Pierre-de-Lyon sur le Rhône fût ré-
au moins qu'il ne savait pas les guérir autre- formé en 1513 ( il y avait en ce couvent
)
,
en du comte de Dreux.
1*285, Yoletto, fille qui pût régler le gouvernement desdites non-
Le soir de la solennité du mariage, on vit nes. Elles menaient donc pileuse religion,
entrer à la fin du bal, dans la salle où la désolée et méchante; et quand arrivèrent là
cour était rassemblée, un spectre décharné d'autres bonnes religieuses qui vivaient sain-
qui se mit à danser. Les gambades du spec- tement, les nonnes déréglées emportèrent ce
tre troublèrent les assistants ; les fêtes
furent qu'elles purent, et s'en allèrent.
suspendues, et des habiles déclarèrent que Entre les autres , il en était une nommée
cette apparition mort prochaine
annonçait la Alis de Télieux, sacristine de l'abbaye, qui
du roi. En effet, dans une
la même année, avait les clefs des reliques et des ornements.
partie de chasse, Alexandre, montant un Celle-là sortit du monastère à telle heure
cheval mal dressé, fut jeté hors de selle et malheureuse que jamais depuis en vie n'y
mourut de la chute (2). rentra. Saisie d'aucuns parements d'autel,
ALEXANDRE VI, élu pape en 1492 ;
pon- elle les engagea pour certaine somme. Je ne
tife qui a été jugé souvent avec beaucoup voudrais pour rien au monde raconter la
d'exagération (3). Quelques sots écrivains af- déplorable vie que depuis elle mena. Elle y
firment qu'il avait à ses ordres un démon gagna de grandes maladies dont son pauvre
familier (4) qui passa ensuite aux ordres de corps fut mis en telle sujétion, qu'il n'était
César Borgia. nulle part sans ulcères et sans douleurs.
ALFADER, dieu très-important dans la Noire-Seigneur, par sa bonté, rappela pour-
théogonie Scandinave. Avant de créer le ciel tant cette malheureuse el lui représenta sa ,
et la terre, il était prince des géants. Les grande miséricorde en lui inspirant la pen-
âmes des bons doivent vivre avec lui dans sée de réclamer sa douce Mère. Il est bon
Simle ou WingolfT; mais les méchants pas- d'avoir servi Noire-Seigneur quelquefois,
sent à Hélan, de là à Niflheiui, la région des car il en fait récompense, et à l'heure que
nuages inférieursau neuvièmemonde.L'Edda l'on en a le plus grand besoin. La pauvre
lui donne divers noms Nikar (le sourcil- : sœur Alis soupira, pleura, et pria dévote-
leux), Svidrcr (l'exterminateur), Svider (l'in- ment la sainte Mère de Dieu qu'elle fût son
cendiaire), Oske (celui qui choisit les avocate envers son cher Fils. Elle rendit l'es-
morts), etc. —
Le nom d'Alfadcr a été donné prit alors, non pas en l'abbaye, non pas en
aussi à Odin. la ville mais abandonnée de toul le monde,
;
ALFARES, génies Scandinaves. Les bons en un petit village, où elle fut enterrée sans
(1) Liv. X, ch. I. LéonX.
(2) Heclor de Buëce, in Annalihus Scot. (I) Curiosités île la liuéralure, liad. de l'anglais pal
C3) Vujei Kosuoi, dans suu histoire du pootiticat de Henni, t. I. i>. i>l.
55 Ail Al.l C«
religieuse de l'âge d'environ dix-huit ans, vement et cheminèrent après nous eu dili-
nommée Antoinette Grollée, gentil-femme, na- gence, au nombre de près de quatre mille
tive du Dauphlné, sage, dévoteet simple. Seu- personnes, tant hommes que femmes. Siiôt
le, elle gardait mémoire d'Alis et priait pour que nous arrivâmes, la presse était si grande,
elle. Une nuil qu'elle était toute seule dans que nous ne pouvions entrer en l'église des
sa chambre, en son lit couchée, et qu'elle religieuses ; étaient averties do
lesquelles
dormait, il lui sembla que quelque chose lui nuire venue- incontinent vint à nous leur
; cl
levait son couvre-chef, et lui faisait au Iront père confesseur, auquel fut charge d'ouvrir
le signe de la croix; elle se réveille, non un petit huis pour entrer par le chœur. Le
point grandement effrayée, mais seulement peuple s'en aperçut, et par force voulut en-
ébahie, pensant à part soi qui pouvait être trer aussi. Nous trouvâmes l'abbesse accom-
celle qui l'aurait de la croix signée; enfin pagnée de ses religieuses, qui se mirent à
elle n'aperçoit rien, et ne sait ce qu'elle doit genoux en grande humilité et saluèrent lo
faire. Bile crut qu'elle avait songé, et ne révérend évêqne et sa compagnie. Après le
parla à personne. salut rendu par nous, elles nous menèrent
Un autre jour qu'elle entendait autour en leur chapitre. Incontinent la jeune sœur
d'elle quelque chose faisant des sons, et sous fut présentée à l'évêque, qui lui demanda
ses pieds frappant de petits coups, comme si comment elle se portait; elle répondit :
on eût heurté d'un bâton sous un marche-pied; — Bien, Dieu merci 1
quand elle eut plusieurs fois ouï ce bruit Il lui demanda ensuite ce que c'était que
étrange, elle commença à s'étonner, et tout l'esprit qui la suivait? Aussitôt ledit esprit
épouvantée le conta à la bonne abbesse, la- heurta sous les genoux de la sœur, comme
quelle la sut réconforter. Ledit esprit car ( s'il eût voulu dire quelque chose. Il fut te-
c'en était un ) faisait signe de grande réjouis- nu maints propos concernant la délivrance
sance, quand on chantait le service divin et de cette pauvre âme. Plusieurs disaient
quand on parlait de Dieu, à l'église ou autre qu'elle soutenait grande peine. Nous avisâ-
part. Mais jamais il n'était entendu si la mes que premièrement on prierait Dieu pour
jeune fille présente; jour et nuit il
n'était elle, et l'évêque commença le De profundis.
lui tenait compagnie, et jamais depuis ne Pendant ce psaume, la jeune religieuse de-
l'abandonna en quelque lieu qu'elle fût. meura à genoux devant lui; l'esprit heur-
Je vous dirai grand'merveille de celte tait incessamment comme s'il eût été sous
bonne âme. Je lui demandai, en la conjurant terre.
au nom de Dieu, si, incontinent qu'elle fut Après que le psaume fut achevé et les orai-
partie de son corps, elle suivit cette jeune sons dites, il fut demandé à l'esprit s'il était
religieuse? L'âme répondit que oui vérita- mieux? 11 fit signe que oui. Je fus chargé
blement, ni jamais ne l'abandonnerait que alors de régler celte affaire, c'est-à-dire les
pour la conduire au ciel. cérémonies, exorcismes, conjurations et ad-
Après que la bonne abbesse eut aperçu la jurements qu'il convenait d'employer pour
vérité et pris conseil, car le cas lui était fort savoir la pure vérité de cet esprit et pour
admirable, grand en fut le bruit parla ville connaître si c'était véritablement l'âme de la
de Lyon, où accoururent maints hommes et défunte ou bien quelque esprit malin, fei-
maintes femmes. Les pauvres religieuses fu- gnant d'être bon pour abuser les religieuses.
rent éperdues de prime face, ignorant encore Ce lut un vendredi, fête de la Chaire de
ce que c'était. Antoinette fut interrogée pour saint Pierre, le 22 février 1527, que nous ren-
savoir ce qu'elle pensait de cette aventure? trâmes au monastère. L'évêque, après qu'il
Elle répond qu'elle ne savait ce que ce pour- se fut confessé, s'appareilla de son rothet
rail être, si ce n'était sœur Alis, la sacristine ; épiscopal. Tous ceux de l'assemblée s'étaient
d'autant que depuis son trépas souvent elle mis en état. Après l'oraison, l'évêque prit
avait songé à elle et l'avait vue en dor- une élole, la mil à son cou, et fit l'eau bénite ;
mant. L'esprit, conjuré alors, répondit qu'il etquand tous furent assis, il se leva, et com-
était en effet l'esprit de sœur Alis, et en donna mença à jeter de l'eau béni te çà et là, invoquant
signe évident. L'abbesse envoya donc qué- tout haut l'aide de la majesté divine nous lui ;
rir le corps de la trépassée, et pour ce fut répondions; et après qu'il eut dit l'oraison :
enquise l'âme, premièrement, si elle voudrait Omnipotens sempiterne Deus, etc., et que l'on
que son corps fût enterré à l'abbaye ? Elle eut dit amen, il se rassit comme devant. In-
donna signe qu'elle le désirait. Alors la bonne continent l'abbesse et une religieuse des an-
dame abbesse le fit emmener honnêtement. ciennes amenèrent la jeune sœur que l'esprit
L'âme faisait bruit autour de la jeune fille, à suivait. Après qu'elle fut agenouillée, chacun
mesure que son corps approchait de plus en se prit à écouler attentivement ce qu'on al-
plus; quand il fut à la porte de l'église du lait dire. Le seigneur évéque commença par
monastère, l'esprit se démenait en frappant imprimer sur le frout d'Antoinette le signe de
eten heurtant plus fort sous les pieds d'An- la croix, et, mettant les mains sur sa tête, la
toinette. bénit, en disant :
57 niCTioNMmiî PF.s sciences occultes. 08
tête, afin qu'il ne nous empêche et ne nous « avec ta fureur damnablc, adjuré, excom-
trouble en aucune chose. » « munie, condamné, anathémaiisé, interdit
L'évêque se leva alors contre le mauvais « et exterminé par ce même Dieu Notre-Sei»
esprit, lui faisant cet adjurement : « gneur Jésus-Chrisl, qui viendra juger les
—« Viens donc en avant, ténébreux e9- « vivants et les morts, et le siècle par le
« prit, si tu as usurpé entre ces simples fem- « feu. m
« mes religieuses aucun siège. Entends-moi, Tous répondirent : Amen.
« prince de menleries, de mauvais jours en- Lors, en signe de malédiction, furent étein-
« vieilli. Tu es destructeur de vérité et con- tes les chandelles, la cloche en délestation
« trouveur d'iniquité; écoute donc quelle fut sonnée, et l'évêque frappa la terre plu-
« sentence aujourd'hui nous prononcerons sieurs fois du talon, en exécrant le diable,
« contre les fraudes. Pourquoi donc, ô esprit l'excommuniant el chassant s'il était autour
« damné, ne seras-tu pas soumis à noire de la jeune sœur. Il prit de l'eau bénite, la
« Créateur? Par la vertu de celui qui toutes répandit et la jeta en l'air, et sur nous et sur
« choses a créé, va-t-en d'ici, fugitif, en nous la terre, criant à haute voix Discedite
: —
« laissant les sièges du paradis pour les rem- omnes qui operamini iniquilatem! De plus, il
« plir; c'est d'où procède ta rage contre nous. envoya trois prêtres, vêtus d'aubes et ayant
« Par l'autorité de Dieu, nous te comman- chacun l'étole au cou, pour répandre l'eau
« dons que si tu n'as bâli aucune trahison par bénite par tous les lieux de l'abbaye. Ils fu-
« tes cautelles contre les servantes deJésus- rent longuement en ct> labeur, parce que le
« Christ, tu t'en ailles subitement, et les laisses couvent est assez spacieux ; et, comme ils
« servir Dieu en paix. Adjuré de par celui qui jetaient leur eau bénite, disant Discedite : —
o viendra juger les vivants et les morts, et le omnes qui operamini iniquilatem, voilà subi-
» siècle par le feu. Amen. » tement aucuns diables, esprits mauvais,
Après qu'il eut ainsi conjuré le mauvais fuyante! chassés par eux, qui vinrent pren-
esprit, il prononça l'excommunication sui- dre une jeune religieuse encore novice, gen-
vante til-femme qui, outre son gré, par ses pa-
—
:
« Oh maudit
1 reconnais que tu
esprit, rents, là dedans avait été mise.
« es celui qui jadis fus, aux
du paradis délices C'était horreur de la voir. Tous furent
« de Dieu, parfait en tes œuvres, depuis le épouvantés et troublés, et les plus hardis
« temps que tu fus créé jusqu'au temps qu'il eussent voulu élre bien loin. Les pauvres re-
« a été trouvé mauvaiselé en toi. Tu as pé- ligieuses pâlirent, ayant peur incomparable;
« ché, et tu as été jeté de la sainte montagne elles se serraieut l'une contre l'autre, comme
« de Dieu jusqu'aux abîmes ténébreux et aux brebis au troupeau desquelles le loup s'est
« gouffres infernaux. Tu as perdu ta sagesse subitement jeté. La jeune fille se détendait
« et recouvré en place les ruses damnablcs. comme J'ordonnai que l'on prît
elle pouvait.
« Maintenant donc, misérable créature, qui trois étoles dont elle fut liée; el lorsque nos
« que tu sois, ou de quelque infernale hié- prêtres furent revenus, je leur donnai eu
« rarchie tu puisses être, qui, pour affliger le garde ladite religieuse démoniaque. L'évê-
« humains., as pris puissance de la permis- que s'appareilla de tous ornements pour cé-
« sion divine, s'il est ainsi que, par si subtile lébrer la sainle messe, et quand ce vint à
« fraude, lu as délibéré de le jouer de ces re- l'offrande, la sœur que l'âme suivait se leva
« ligieuses, nous invoquons le Père lout- et vint offrir un pain blanc el un pot de vin,
« puissant, nous supplions le Fils noire Ré- laquelle offrande fut incontinent donnée aux
« dompteur, nous réclamons le Saint-Esprit pauvres pour l'amour de Dieu.
« consolaleur conlre toi, afin que de sa droite Comme nous étions tous assis, voie' qua-
a puissante il commande que la mauvaiselé tre personnes qui apportèrent les ossements
69 Ml
Ail 70
4.' MBur dans nu cercueil de bon
Alis. étant Oui.
couvert d'un drap mortuaire. Sitôt que la Dis-moi, n'est-ce pas lebon ange qui on
mauvais esprit, qui était au corps de la reli- députe à
ta vie avait été te garder par la pro-
gieuse nt>\ ii-*- aperçut lendits ossements
.
vidence divine?
sans autrement s'émouvoir, il dit
—
: — Oui.
Ah! pauvre méchante, cs-tu là? — Dis-moi, comment a nom co bon ange?
Puis il se lin! tout roi (1 .
Point de réponse.
Cependant monseigneur se préparait à con-
jurer l'esprit de ladite défunte, dont les osse-
— Dis-moi bon ange n'est pas de
si le
la
première hiérarchie ?
ments étaient présents; et premièrement on Point de réponse.
bénissant le nom
Dieu, dit tout haut en
dfi - Dis-moi s'il est de a seconde hiérarchie?
latin SU nomtn Domini benedictum. Puis
:
: Point de réponse.
Adjutorium nostruni in nomine Domini. Et — Dis-moi s'il est de la tierce hiérarchie?
les assistants lui répondaient. Il commença — Oui.
ensuite à conjurer en cette manière
« —
O esprit, quel que tu puisses être,
:
— Dis-moi ce bon ange fut séparé de
si loi
incontinent quand lu fus morte?
« d'adverse partie ou de Dieu, qui île loua- — Non.
ittemps suis cette jeune religieuse, par — — Dis-moi ne point laissée quel-
s'il l'a
« celui qui fut mené (levant Caïphc, prince quefois ?
<>des pretres juifs, là l'ut accusé et interrogé, — Non.
« mais rien ne voulut répondre jusqu'à co
« qu'il fût conjuré au nom de Dieu vivant,
— Dis -moi ton bon ange reconforte
si le
et le console en tes afflictions et peines?
« auquel il répondit que véritablement il — Oui.
« était Fils de Dieu le tout - puissant à ; — Dis-moi tu peux voir d'autres bons
si
« l'invocation duquel terrible nom, au ciel, anges que tien el
le lu en vois? si
« en terre et en enfer, soit révérence faite, — Oui.
« par la vertu d'icclui même Dieu, Notre-
« Seigneur Jésus-Cbrist (alors tous s'age-
— Dis-moi l'ange de Satan n'est ooint
si
avec toi?
« nouillèrent) jeté conjure et le commande
:
Point de réponse.
« que tu me répondes apertement, ainsi que — Dis-moi, ne vois-lu point le diable?
« tu pourras et que par la volonté divine il — Oui.
« te sera permis, de tout ce que je le deman- — Dis -moi, adjuré par les hauts noms de
« derai, sans rien sceller, tellement que je Dieu, s'il y a véritablement un lieu particu-
« puisse entendre clairement toutes tes rc- lier qui soit appelé purgatoire, auquel puis-
« ponses, et avec moi tous les assistants, afin sent être toutes les âmes qui par la justice
« que chacun de nous ait occasion de louer divine là sont condamnées?
« et magnifier les hauts secrets de Dieu, no- — Oui.
« tre Créateur, qui règne à amais et par :
— Dis-moi, n'as-tu point vu punir aucu-
« lous lemps infiniment. » nes âmes en purgatoire?
Et nous répondîmes amen. — Non.
Alors lous les assistants, désirant entenure
les réponses de l'esprit , se délibèrent de
— Dis-moi, n'as-tu point vu au purgatoire
aucuns que tu aies vus en ce monde?
prêter grand silence, et vous n'eussiez pas — Oui.
ouï créature en celte compagnie qui fît au-
cun bruit, mais tous ouvraient les oreilles et
— Dis-moi y a douleur ou
s'il en affliction
ce monde, qui puisse être comparée aux pei-
tenaient leurs yeux fixés tsur la sœur Antoi- nes du purgatoire?
nette. Point de réponse.
Premièrement, il lui fût demandé en celte — Dis-moi si tu as eu repos le jour du
manière —
Dis-moi, esprit, si lu es vérita-
:
Vendredi Saint, en révérence de la Passion
blement l'esprit de sœur Alis, depuis long- de Noire-Seigneur?
temps morte?
— Oui, répondit — Oui.
ladite âme, il lui dil chère sœur, celle : —Ma « le mérite de sa passion , vous absolve,
pieuse compagnie est assemblée pour prier « ma sœur ; et moi, par l'autorité apostoli-
Dieu qu'il lui plaise mettre fin aux peines et « que qui m'a élé confiée, je vous absous de
douleurs que vous souffrez, et qu'il vous « tous vos crimes et péchés, et de tous autres
veuille recevoir parmi les anges et les saints «excès quoique graves et énormes, vous
de paradis. « donnant plénière absolution et générale,
Comme il disait ces paroles, elle heurtait « vous remettant les peines du purgatoire,
très-fort. L'évéque ayant ôté les ornements, ex- « vous rendant à votre première innocence
cepté l'aube et l'étole, il commença le psaume « en laquelle vous avez été baptisée, autant
Miserere mei, Deus; et les religieuses et nous « que peuvent s'étendre les clefs de la sainte
répondions. Quand ce psaume fut chanté, la « Eglise, notre mère, au nom du Père, et du
Dieu, en chantant un verset avec une autre La jeune sœur répondit à haute voix Amen ; :
religieuse: Maria, Stella maris! Puis elle et tous s'en allèrent en paix.
lorscommença doucement la sœur Creator : taines raisons qu'on ne sait pas l'empêchaient
omnium rerum, Deus, ce qu'elle acheva avec encore pourquelquetempsdl'être reçue parmi
la compagnie et ensuite l'évéque dit: les bienheureux.
— Mes
;
bonnes dames, mes sœurs et mes Elle apparut encore à ia sœur Antoinette,
filles, notre pauvre sœur Alis ne peut être en mais en habit de religieuse et tenant un ,
repos, si préablement vous ne lui pardonnez cierge à la main elle lui apprit, dans sa der-
;
toutes de bon cœur. nière visite, cinq petites invocations que l'au-
Incontinent qu'il eut dit , voilà Antoniette teur croit composées par saint Jean l'Evan-
Grollée qui se lève, parlant pour la défunte, gélisle, chacune commençant par une des
et s'en va aux pieds de l'abbesse, piteusement lellres du saint nom de Marie, les voici :
Ma fille ,
je vous pardonne et consens à « Réparatrice des faibles, et médecine très-
votre absolution. « efficace de l'âme blessée, ô Marie I
La jeune nonne s'alla mettre ainsi aux « Illuminatricc des pécheurs, flambeau de
pieds de chaque religieuse pour qu'elles lui « salut et de grâce, ô Marie 1
solution. Après qu'elle eut requis pardon à « c'est vous qui finissez tous nos maux, à
toufe9 entièrement, l'évéque se leva de nou- « Marie » 1
oraisons, ajouta l'esprit, jamais De tombera être pendu brûle en place publique, avec
et
eu damnation éternelle (1). le squelette complice de ses sortilèges; la
Peu de j mrs après, l'Ame de sœur Mis lit sentence fui exécutée en 166$. »
ses adieux et ue fut plus ouïe ni vue en ce ALMANACII. Nos ancêtres du Nord tra-
monde. çaient le cours des lunes pour toute l'année
ALKALALAI , cri d'allégresse îles Karats- sur un petit morceau de bois carré qu'ils
Ghadalea; ils le répètent (rois fois à la fête appelaient al-mon-agt (observation de toutes
des balais, en l'honneur de leurs troisgrands les lunes) telles sont
: selon quelques au-
,
accordée à l'unisson d'une autre qu'il tenait ALMANACH DU DIABLE, contenant des
lui-même dans ses mains, et plaçait les doigts prédictions très-curieuses pourles années 1737
de l'automate sur le manche; puis, par un et 1738, aux enfers, in-24. Cette plaisanterie
temps calme et serein, les fenêtres et la porte contre les jansénistes était l'ouvrage d'un
étant ouvertes, il s'installait dans un coin de certain Quesnel, joyeux quincaillier de Di-
la chambre et jouait sur sa guitare des pas- jon, affublé d'un nom que le fameux appe-
sages que le squelette répétait sur la sienne. lant a tant attristé. Elle est devenue rare,
Il y a lieu de croire que l'instrument réson- attendu qu'elle fut supprimée pour quelques
nait à la manière des harpes éoliennes, et prédictions trop hardies. Nous ne la citons
que mécanisme qui faisait mouvoir les
le qu'à cause de son titre. Les jansénistes y ré-
doigts du squelette n'était pour rien dans la pondirent par un lourd et stupide pamphlet
production des sons. (Nous citons M.Félis (3) dirigé contre les jésuites et supprimé égale-
sans l'approuver, et nous le renvoyons aux ment. Il était intitulé Almanach de Dieu,
:
qu'il en soit, poursuit le biographe, ce con- ALMOGANENSES, nom que les Espagnols
cert étrange causa de la rumeur parmi la donnent à certains peuples inconnus qui,
population superstitieuse de la ville d'Aix ;
par le vol et le chant des oiseaux, par la
Allix fut accusé de magie, et le Parlement fit rencontre des bêles sauvages et par divers
instruire son procès. Jugé par la chambre aulres moyens, devinaient tout ce qui de-
de la Tournelle, il ne put faire comprendre vait arriver. « Ils conservent avec soin ,
que l'effet merveilleux de son automate n'é- dit Laurent Valia, des livres qui traitent rin-
tait que la résolution d'un problème mécani- cette espèce de science; ils y trouvent des
que. L'arrêt du Parlement le condamna à règles pou toutes sortes de pronostics.
(1) Parce que celui qui dit pieusement les cinq invoca- paraître en 1656. Mais avant lui on avait déjà des annuaire»
tions, vil probablement en conséquence. de même nature. Fischer a découvert à Mayence, en lSUi
(2} Thiers, Traité des superstitions. un almanach imprimé pour 1457 tout à fait à la naissauc*
(31 Biographie universelle des musiciens. de l'imprimerie.
(4) L'Amanach de Matthieu I.aeusbergb commença a
Leurs devins sont divisés en doux classes : diable, dit Delrio, les conduisait leur droit
l'une de chefs ou de maîtres, et l'autre de chemin, Celle dont le serpent refusait de
disciples ou d'aspirants. » On leur attri- — manger le gâteau n'était pas sans repro-
bue aussi l'art d'indiquer non-seulement par che. »
où ont passé les chevaux et les autres bêles ALPHONSE X, roi de Castillc et de Léon,
de somme égarées, mais encore le chemin surnommé l'astronome et le philosophe ,
qu'auront pris une ou plusieurs personnes; mort en 1284. On lui doit les Tables Alphon-
ce qui est très-utile pour la poursuite des sines. C'est lui qui disait que, si Dieu l'avait
voleurs. Les écrivains qui parlent des Ahno- appelé à son conseil au moment de la créa-
ganenses ne disent ni dans quelle province tion il eût
, pu lui donner de bons avis. Ce
ni dans quel temps ont vécu ces utiles de- prince extravagant croyait à l'astrologie.
vins. Ayant fait tirer l'horoscope à ses enfants , il
ALMUCHEFI. Voy. Bacon. apprit que le cadet serait plus heureux que
ALMULUS (Salomon), auteur d'une expli- l'aîné, et le nomma son successeur au trône.
cation di-s songes en hébreu; in-8". Amster- Mais malgré la sagesse de cet homme, qui se
dam, 1642. jugeait capable de donner des conseils au
ALOCER, puissant démon, grand- duc aux Crealeur, l'aîné tua son frère cadet, mit son
enfers; il se montre vêtu en chevalier, monté père dans une étroite prison et s'empara de
sur un cheval énorme ; sa figure rappelle les la couronne; toutes choses que sa science
traits du lion ;a le teint enflammé, les
il
ne lui avait pas révélées.
yeux ardents; parle avec gravité il en-
il ;
ALP1EL, ange ou démon qui, selon le
seigne les secrets de l'astronomie et des ails Talmud a l'intendance des arbres frui-
,
ALOMANCIE, divination par le sel, dont démonographes font présider aux tempêtes,
les procédés sont peu connus. C'est encrai- aux tremblements de terre, aux pluies, a la
son de l'alomancie, qu'on suppose qu'une grêle, ete. C'est souvent lui qui submerge
salière renversée est d'un mauvais présage. les navires. Lorsqu'il se rend visible , il
ALOPECIE, sorte de charme par lequel paraît sous les traits et les habit» d'une
on fascine ceux à qui l'on veut nuire. Quel- femme.
ques auteurs donnent le nom d'alopécie à ALRUNES, démons succubes ou sorcières,
l'arl de nouer l'aiguillette. Voy. Ligatures. qui furent mères des Huns. Elles prenaient
ALOUETTE. Voy. Casso. toutes sortes de formes, mais ne pouvaient
ALPHITOMANCIE, divination par le pain changer de sexe. —
Voy. aussi Mandra-
d'orge. Cette divination importante est très- gores.
ancienne. Nos pères lorsqu'ils voulaient
, ALRUY (David), imposteur juif, qui, en
dans plusieurs accusés reconnaître le cou- 1199, se prétendant de la race de David, se
pable et obtenir de lui l'aveu de son crime , vanta d'être le Messie destiné à ramener
faisaient manger à chacun des prévenus un les Juifs dans Jérusalem. Le roi de Peise le
fit mettre en prison; mais on voit, dans Ben-
rude morceau de pain d'orge. Celui qui l'a-
valait sans peine était innocent le crimi- : jamin de Tudèle, qui le cite, qu'il s'échappa
nel se trahissait par une indigestion (1). en se rendant invisible. II ne daigna se re-
C'est même de cet usage, employé dans les monlrer qu'aux bords de la mer. Là, il éten-
épreuves du jugement de Dieu, qu'est venue dit son éeharpe sur l'eau, planta ses pieds
l'imprécation populaire —
Je veux, si je
: dessus et passa la mer avec une légèreté in-
vous (rompe, que ce morceau de pain m'é- croyable, sans que ceux qu'on envoya avec
trangle des bateaux à sa poursuite le pussent arrê-
Voici
1
trompé, et qui ne digère pas si la présomp- talmudistes. qu'ils sont obéis de l'esprit ma-
lin. Car c'est encore une menlerie duTalmud
tion est fondée.
Il y avait, près de Lavinium, un bois sa-
des Juifs, qu'il n'est rien de difficile aux sages,
cré où l'on pratiquait l'alphitomancie. Des maîtres et savants en leurs lois, que les es-
prêtres nourrissaient dans une caverne un prits d'enfer et célestes leur cèdent, et que
serpent, selon quelques-uns ; un dragon, se- Dieu même (ô blasphème lj ne leur peut ré-
lon d'autres. A certains jours on envoyait sister (2)...» —
Ce magicien est appelé encore
des jeunes filles lui porter à manger; elles dans de vieux récits Alogricus. Il est enterré
avaient les yeux, bandés et allaient à la dans une île mystérieuse. Voy. Corbeau.
grotte, tenant à la main uu gâteau fait par ALTANGATUFUN idole des Kalmoucks,
,
elles avec du miel et de la farine d'orge. « Le qui avait le corps et la tête d'un serpent
magie, IV, cap. qu*st.7. ^2) Leloyer, discours des spectres, liv. IV, cb. 4.
(l) Delrio, disquisU. lib. 2,
77 AMA A MA 78
Dvee quatre pieds do lézard, Celui qui porlo pour cela lo fleuve des
Amazones. Dos mis-
ûvec vi ration son Imago e^t invulnérable sionnaires en placent une nation dans les
dans les combats. Pour on fniro l'épreuve, Philippines, et Thévooot une autre dans la
un Kli.in lii suspondrc celte idole attachée à Mingrelie. Mais, dit-on, une république do
Un livre, 1 l'exposa aux coupa dos plus ha-
1 femmes ne subsisterait pas six mois, et CiS
biles archers leurs traits ne purent attein-
;
états merveilleux n BODtqUfl délions inven-
dre le livro, qu'ils percèrent au contraint dès tées pour recréer l'imagination. Cependant
Vie l'idole eu lut détachée. C'est la une 16- Voici un curieux passage qui nous est fourni
nonde île Cosaquesi par les explorations récentes de Al. Texicr
ALVKKO.UANCIE, ou ALEUROMANC1E. dans l'Asie Mineure :
V.i\ . ce mot. « J'ai lieu d'être satisfait do mon voyage,
ÀMADI.US visionnaire qui crut connaî-
, écrit M. Texier à M. Albert Lenoir, car j'ai
tre par révélation deux psaumes d'Adam: découvert sur les frontières de la Galatio
le premier composé on transport de joie
, une ville de la plus grande importance. Fi-
à la création de la femme, le second en triste gure-toi plus de trois mille carrés do ter-
dialogue avec Eve, après la chute (1). rain ,couverts de monuments cyclopéens
AMAIMON. Voy. AMOÏMON. d'une belle conservation, des citadelles, des
AMàLARIC roi d'Espagne, qui épousa la
, palais, les murailles avec les portes ornées
princesse Clotilde, sœur du roi des Francs de tètes de lions, et des glacis comme ceux
Chitdebert. La pieuse reine, n'approuvant de nos places, inclinés à 35dcgrés, et de dix
pas les excès de son mari, tombé dans l'aria- à douze mètres de pente, un temple immense
uisme, le barbare, après d'autres mauvais dont l'appareil est admirable. Il est entouré
traitements, lui 11 L crever les jeux. Clotilde de part et d'autre de cellules ou chambres
envoya à son Frère un mouchoir teint de son dont une seule pierre forme la paroi et qui ,
sang, et Childeberl marcha aussitôt avec une cependant ont six à sept mètres de longueur.
armée contre Amalaric. La justice des hom- Avant d'arriver à ces superbes ruines,
mes fut prévenue par la justice éternelle. M. Texier avait reconnu dans la ville mo-
Tandis que le bourreau de Clotilde s'avan- derne de Galagik, Galalon-Teikos, l'ancienne
çait au-devant des Francs, il tomba percé cité des Gallo-Grecs, Galatœ. 11 avait en-
d'un tr it lancé par une main invisible. Des suite suivi le cours de l'Halys, et, deux jours
légendaires ont écrit que cette mort était après l'avoir quitté, il était arrivé à ces rui-
l'ouvrage du diabie; mais le trait ne venait nes. « Si les géographes, écrit-il à M. Dureau
pas d'en bas (2). de la Malle, n'étaient pas aussi unanimes
AMALARIC (Madeleine) , sorcière qui al- pour placer Tavia aux bords de l'Halys, je
lait au sabbat et qui, accusée de onze homi- croirais que j'ai trouvé Tavia. Ce temple ne
cides, fut mise à mort à soixante-quinze ans serait pas autre chose que le temple de Jupi-
dans la baron nie de la Trimouille, à la fin ter avec l'asile. Mais la découverte de cette
du seizième siècle (3). ville, fort importante par elle-même, est
AMARANTHE, fleur que l'on admet parmi effacée par celle d'un monument que j'ai
lessymboles de l'immortalité. Les magiciens trouvé dans les montagnes voisines et qui ,
attribuent aux couronnes faites d'amaran- doit se placer au premier rang des monu-
the de grandes propriétés, et surtout la vertu ments antiques.
de concilier les faveurs et la gloire à ceux qui « C'est une enceinte de rochers naturels,
les portent. aplanis par l'art, et sur les parois de la-
AMASIS. Hérodote raconte qu'Amasis, roi quelle on a sculpté une scène d'une impor-
d'Egypte, eut l'aiguillette nouée, et qu'il fal- tance majeure dans l'histoire de ces peuples.
lut employer les plus solennelles impréca- Elle se compose de soixante figures, dont
tions de la magie pour rompre le charme. quelques-unes sont colossales. On y recon-
Voy. Ligatures. naît l'entrevue de deux rois qui se font mu-
AMAZONES nation de femmes guer-
, tuellement des présents.»
rières, dont Strabon
regarde à tort l'exis- Dans l'un de ces personnages qui est ,
tence comme une fable. François de Torre- barbu ainsi que toute sa suite , et dont l'ap-
,
Rlanca dit (4) qu'elles étaient sorcières; ce pareil a quelque chose de rude, le voyageur
qui est plus hasardé. Elles se brûlaient la avait d'abord cru distinguer le roi de Paphla-
mamelle droite pour mieux tirer de l'arc; et gonie; et dans l'autre, qui est imberbe
le père Méueslrier croit que la Diane d'E- ainsi que les siens, il voyait le roi de Perse,
phèse n'était ornée de tant de mamelles qu'à monté sur un lion et entouré de toute la
cause que les Amazones lui consacraient pompe asiatique. Mais sa dernière lettre,
celles qu'elles se retranchaient. On dit que datée de Constantinople, nous apprend qu'il
cette république sans hommes habitait la à changé son interprétation. En communi-
Cappadoce et les bords du ïhermodon. Les quant ses dessins et ses conjectures aux
modernes ont cru retrouver des peuplades antiquaires de Smyrne, qu'il a trouvés fort
d'amazones en voyant des femmes armées instruits, il s'est arrêté à l'opinion que celte
sur les bords du Maragnon, qu'on a nommé scène remarquable représentait l'entrevue
(1) Ces deux psaumes sont imprimés dans le Codex idolâtries, tiré des procès criminels jugés au siège royal
ps rttâepigraptaus veteîîs testament) de Fâbricifi de Moutmorillon ,en Poilou , la présente année 1399.
(2) LaiiituTiiiii <ie Cruï-Houen Thealrum regium
, liis- p. 29.
panieum, ad au». 310. (4) Epîl. Delict. sive de magia, lib. I, cap. 8.
(") Rikius. Disc, sommaire des sortilèges, vénéfices,
79 DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCULTES. so
annuelle des Amazones avec le peuple voi- voient pas non plus le sommeil ; ils ne voient
sin, qui serait les Leuco-Syriens el la ville
; pas le vent; ils ne comprennent pas la lu-
voisine, où le témoignage des géographes mière, ni cent mille autres faits que pourtan»
l'avait empêché de reconnaître Tavia, se- ils ne peuvent nier.
rait Thémiscyre, capitale de ce peuple. On
a cherché de tout temps à définir ce
Celle explication nous parait offrir toute que c'est que l'âme, ce rayon, ce souffle de
espèce de probabilités. Plusieurs auteurs la Divinité. Selon les uns, c'est la conscience,
anciens, que M. Texier n'a pu consulter à c'est l'esprit; selon d'autres, c'est cet espoir
Constanlinople, parlent en effet de cette en- d'une autre vie qui palpite dans le cœur de
trevue annuelle des Amazones avec les tous les hommes. C'est, dit Léon l'Hébreu, le
hommes d'un pays voisin. Pline dit quelle cerveau avec ses deux puissances, le senti-
durait cinq jours. Au boutde neuf mois on , ment et le mouvement volontaire. C'est une
faisait parmi les enfants qui naissaient un flamme, a dit un autre. Dicéarque affirme
triage, à la suite duquel on gardait les filles, que l'âme est une harmonie et une concor-
et l'on renvoyait les garçons au peuple qui dance des quatre éléments.
avait fourni les pères. Pline nomme ceux-ci Quelques-uns sont allés loin, et ont voulu
gynœcocralumeni, mot dont l'énergique com- connaître la figure de l'âme. Un savant a
position indique la sujétion où ils étaient même prélendu, d'après les dires d'un reve-
vis-à-vis des Amazones, leurs voisines. nant, qu'elle ressemblait à un vase sphéri-
La pompe qui entoure le personnage im- que de verre poli, qui a des yeux de tous les
berbe, suivi d'un magnifique cortège égale- côtés.
ment imberbe, indique naturellement les L'âme a-t-on dit encore, est comme une
,
Amazones et leur supériorité, tandis que la vapeur légère et transparente, qui conserve
barbe, la massue et l'appareil beaucoup plus la figure humaine. Un docteur talmudique,
simple de l'autre cortège s'applique très- vivant dans un ermitage avec son fils et
bien aux Leuco-Syriens, tributaires de quelques amis, vit un jour l'âme d'un de ses
leurs superbes voisines. Ce monument si compagnons qui se détachait tellement de
antique serait donc un nouveau témoignage, son corps, qu'elle lui faisait déjà ombre à la
bien imposant de l'existence des Amazones, tête. 11 comprit que son ami allait mourir, et
longtemps traitée de fable, et dont de savan- fit tant par ses prières, qu'il obtint que celte
tes recherches ne permettent guère aujour- pauvre âme rentrât dans le corps qu'elle
d'hui de douter, malgré son invraisem- abandonnait- « Je crois de cette bourde ce
blance. qu'il faut en croire» dit Leloyer (1) , comme
AMBROS1US ou AMBROISE, roi d'Angle- de toutes les autres bourdes et baveries des
terre. —Voy. Merlin. rabbins. »
AMDUSC1AS, grand-duc aux enfers. Il a la Les Juifs se persuadent, au rapport du
forme d'une licorne; mais lorsqu'il est évo- Hollandais Hoornbeeck, que les âmes ont
qué, il se montre sous une figure humaine. toutes été créées ensemble et par paires ,
11 donne des concerts si on les lui com- d'une âme d'homme el d'une âme de femme;
mande; on entend alors, sans rien voir, le de sorte que les mariages sont heureux et
son des trompettes et des autres instru- accompagnés de douceur et de paix, lors-
ments de musique. Les arbres s'inclinent qu'on se marie avec l'âme à laquelle on a
à sa voix. 11 commande vingt -neuf lé- été accouplé dès le commencement; mais ils
gions. sont malheureux dans le cas contraire. On
AME. — Tous les peuples ont reconnu a à lutter contre ce malheur, ajoute-t-il, jus-
l'immortalité de l'âme. Les hordes les plus qu'à ce qu'on puisse être uni, par un second
barbares ne l'ont jamais été assez pour se mariage , à l'âme dont on a été fait le pair
rabaisser jusqu'à la brute. La brute, n'est dans la création; et cette rencontre est rare.
attachée qu'à la terre : l'homme seul élève ses Philon, juif, qui a écrit aussi sur l'âme,
regards vers un plus noble séjour. L'insecte pense que, comme il y a de bons el de mau-
est à sa place dans la nature; l'homme n'est vais anges, il y a aussi de bonnes et de mau-
pas à la sienne. Chez certains peuples, on vaises âmes, et que les âmes qui descendent
attachait les criminels à des cadavres pour dans les corps y apportent leur bonnes ou
rendre leur mort plus affreuse: tel est ici-bas mauvaises qualités. Toutes les innovations
le sort de l'homme. Cette âme qui n'aspire des hérétiques et des philosophes, et toutes
qu'à s'élever, qui est étrangère aux accidents les doctrines qui n'ont pas leur base dans les
du corps, que les vicissitudes du temps ne enseignements de l'Eglise brillent par de
,
vent elles se molliraient autour Je leurs tom- jusqu'au rivage; là ils trouvaient des navires
beaux. qui leur semblaient vides, mais qui étaient
Quand l'âme tle Patroclc se leva devant chargés d'âmes; ils les ((induisaient à |'Hè
Achille, elle avait sa voix, sa taille, ses yeux, des ombres, où ils ne voyaient rien encore
;
ses habits, du moins en apparence, mais mais ils entendaient les âmes anciennes qui
non pas son corps palpable. venaient recevoir el complimenter les nou-
Origène trouve que ces idées ont une source velles débarquées; elles se nommaient par
respectable, ci que les Ames doivent avoir leurs noms, reconnaissaient leurs parents, etc.
en effet une consistance, mais subtile; il so Les pêcheurs, d'abord étonnés s'accoutu- ,
fonde sur ce qui est dit dans l'Evangile du maient â ces merveilles cl reprenaient leur
Lazare et du mauvais riche, qui ont tous chemin. —
Ces transports d'âmes, qui pou-
deux des formes puisqu'ils se parlent et se vaient bien cacher une sorte de contrebande,
voient, etque le mauvais riche demande une n'ont plus lieu depuis que le christianisme
goutte d'eau pour rafraîchir sa langue. Saint est venu apporter la vraie lumière.
Irénée qui est de l'avis d'Origène conclut
, , On a vu parfois, s'il faut recevoir tous les
du même exemple que les âmes se souvien- récits des chroniqueurs, des âmes errer par
nent après la mort de ce qu'elles ont fait en troupes. Dans le onzième siècle, on vit passer
celte vie. près de la ville de Narni une multitude infinie
Dans la harangue que fit Titus à ses sol- de gens vêtus de blanc, qui s'avançaient du
dats poui les engager à monter à l'assaut de côté de l'Orient. Cette troupe défila depuis le
la tour Antonia, au siège de Jérusalem, on matin jusqu'à trois heures après midi. Mais
remarque une opinion qui est à peu près sur le diminua considérablement.
soir elle
celle des Scandinaves. Vous savez, leur dit- Tous bourgeois montèrent sur les mu-
les
il, que les âmes de ceux qui meurent à la railles craignant que ce ne fussent des
,
guerre s'élèvent jusqu'aux astres, el sont re- troupes ennemies; ils les virent passer avec
çues dans les régions supérieures, d'où elles une extrême surprise. Un citadin, plus résolu
apparaissent comme de bons génies; tandis que les autres, sortit de la ville ; remarquant
que ceux qui meurent dans leur lit, quoique dans la foule mystérieuse un homme de sa
ayant vécu dans la justice, sont plongés sous connaissance, il l'appela par son nom et lui
terre dans l'oubli et les ténèbres (1). demanda ce que voulait dire cette multitude
Il y a, parmi les Siamois, une secte qni de pèlerins. L'homme blanc lui répondit: —
croit que les âmes vont et viennent où elles Nous sommes des âmes qui, n'ayant point
veulent après la mort que celles des hommes
;
expié tous nos péchés et n'étant pas encore
qui ont bien vécu acquièrent une nouvelle assez pures, allons ainsi dans les lieux saints,
force, une vigueur extraordinaire, et qu'elles en esprit de pénitence nous venons de visi-
:
Bretons. Ces peuples plaçaient le séjour des âme, et tout fut rompu.
âmes dans une ile qui doit se trouver entre Généralement les insensés qui vendent
l'Angleterre et l'Islande. Les bateliers et pê- leur âme
font leurs conditions et s'arrangent
cheurs, dit Tzelzèo ne payaient aucun tri-
, pourvivre un certain nombre d'années après
but, parce qu'ils étaient chargés de la corvée le pacte. Mais si on vend sans Gxer de lerme,
de passer les âmes ; et voici comment cela se le diable, qui est pressé de jouir, n'est pas
(1) Josèplie, De Uelto jud., liv. VI, cap. 1, cité dans (2) Ue Cura pro morluis, cilé parCalmet, première
Calmet, première partie du traita Ue* Apparitions, cli. 16. partie, cli. 14.
83 DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCULTES. 84
toujours délicat; et voici un trait qui mérite si elle rouge, et des malheurs si elle
était
altenlion : présentaitunecouleurplombée. Voy. Coipfk.
Trois ivrognes s'entretenaient, en buvant, AMON, ou AAMON, grand et puissant
de l'immortalité de l'âme et des peines de marquis de l'empire infernal. 11 a la figure
l'enfer. L'un deux commença à s'en moquer d'un loup, avecune queuede serpent; il vomit
; et dit là-dessus des stupidités dignes de la de la flamme lorsqu'il prend la forme hu-
;
circonstance. Celait dans un cabaret de vil- in aine, il n'a de l'homme que le corps; sa lêle
lage. Cependant survient un homme de haute ressemble à celle d'un hibou et son bec laisse
stature, vêtu gravement, qui s'assied près voir des dents canines très-effilées. C'est le
des buveurs, et leur demande de quoi ils plus solide des princes des démons: Il sait
rient. Le plaisant met au fait,
villageois le le passé et l'avenir, et réconcilie, quand il le
ajoutant qu'il peu de cas de son âme,
f.iit si veut, les amis brouillés. Il commande à qua-
qu il est prêt à la vendre au plus offrant et à rante légions (3).
bon marché, et qu'ils en boiront l'argent.
— Et combien me la veux-tu vendie? dit le
AMOUR. Parmi les croyaneps superstitieu-
ses qui rattachent innocemment à l'a-
se
nouveau venu. Sans marchander, ils con-
mour, nous citerons celle-ci, qu'un homme
viennent du prix; l'acheteur en compte l'ar-
est généralement aimé quand ses cheveux
gent, et ils le boivent. C'était joie jusque-là.
Mais, la nuit venant, l'acheteur dit Il est : — frisent naturellement. A Roscoff en Breta-
gne, les femmes après la messe balayent la
temps, je pense, que chacun se retire chez
poussière de chapelle de la Sainte-
la
soi; celui qui a acheté un cheval a le droit
Union, du côté par lequel leurs
la soufflent
de l'emmener. Vous permettrez donc que je
prenne ce qui est à moi. —
Or, ce disant, il
époux ou leurs fiancés doivent revenir
et se flattent, au moyen de cet inoff nsif
,
futur du nouveau-né par l'inspection de cette nait un rêve qu'on savait toujours interpré-
coiffe; elle annonçait d'heureuses destinées ter après l'événement. On lui attribue des
venues jusqu'à nous, u inventa la py roman - M lis comme il fallait des préservatifs aux
eu'. \ >i\ b ce Mot, cs| ai fourvoyé», qui sont toujours le
s lus |
li iinli's magiciens, parce qu'il rebâtit les de papier, chargés de versets de l'Ecriture
•mus de Thèbes au son de sa Ivre. sainte. Les lois se montrèrent moins rigides
A.M t'HlSIifcNI-:, serpent auquel ou attribue contre celte coutume, et on laissa aux prê-
doux tête* am
deu« extrémités, par lesquel- tres le soin d'en modérer les abus.
les il mord également. Le docteur Brown a Les Grecs modernes, lorsqu'ils sont mala-
combattu eelle erreur, qne Pline avait adop- des, éciiveut le nom de leur infirmité sur
tée. » On ne nie point, dit Brown (I), guil un papier triangulaire qu'ils attachent à la
n'y ait eu quelques serpenta à deux tôles , porte de leur chambre. Us ont grande foi à
dont chacune était a l'extrémité opposée. cette a roulette.
Nous trouvons dans Abdovrand un têtard de
Quelques personnes portent sur elles lo
celle même l'orme, el tel était peut-être l'am-
commeneeiucnl de l'Evangile de saint Jean
pbisbène dont Cassien du Puy montra la
ligure au savant l'alier. Gela arrive quelque-
comme un préservant contre le tonnerre; et
ce qui est assez particulier, '.'est que les
fois aux animaux qui t'ont plusieurs petits: à
Turcs ont confiance à celte même amulette,
la surtout aux serpents, dont les œufs
fois, et
sil'on en croit Pierre Lcloycr.
étant attaches les uns aux autres peuvent
s'unir sous diverses formes et s'éclore de la Une autre queslion est de s ivoir si c'est
sorte. Mais ce sont là des productions mons- une superstition de porter sur soi les reli-
trueuses, contraires à cette loi suivant la- ques des saints, une croix, une image une
quelle toute créature engendre son sembla- chose bénite par les prières de l'Eglise un ,
ble, et qui sont marquées somme irréguliè- Agnus Dei, etc., et si l'on doit mettre ces
res dans le cours général de la nature. Nous choses au rang dos amulettes, comme le
douterons donc que ramphisbène soit une prétendent les protestants. Nous recon- —
race de serpents à deux têtes, jusqu'à ce que naissons que si l'on attribue à ces choses la
le l'ail soit confirmé. » vertu surnaturelle de préserver d'accidents ,
AMULETTE, On
appelle ainsi
préservatif. de mort subite, de mort dans l'étal de
certains remèdes superstitieux que l'on péché, etc., c'est une superstition. Eile n'est
porte sur soi ou que l'on s'attache au cou pas du même genre que celle des amulettes,
pour se préserver de quelque maladie ou de dont le prétendu pouvoir ne peut pas se rap-
quelque danger. Les Grecs les nommaient porter à Dieu mais c'est ce que les théolo-
;
phylactères, les Orientaux talismans. C'é- giens appellent vaine observance, parce que
t :ienl des images capricieuses ( un scarabée
l'on attribue à des choses saintes et respec-
chez les Egyptiens ), des morceaux de par- tables un pouvoir que Dieu n'y a point atta-
chemin, de cuivre, d'étain, d'argent, ou en- ché. Un chrétien bien instruit ne les envisage
core de pierres particulières où l'on avait point ainsi; il sait que les saints ne peuvent
tracé de certains caractères ou de certains nous secourir que par leurs prières et par
hiéroglyphes. leur intercession auprès de Di< u. C'est pour
Comme cette superstition est née d'un atta- cela que l'Eglise a décidé qu'il est utile et
chement excessif à la vie et d'une crainte louable de les honorer et de les invoquer. Or
puérile de tout ce qui peut nuire, le chrislia- c'est un signe d'invocation et de respect à
nisme n'est venu à bout de la détruire que leur égard de porter sur soi leur image ou
chez les fidèles (2). Dès les premiers siècles leurs reliques; de même que c'est une mar-
de l'Eglise, les Pères et les conciles défen- que d'affection et de respect pour une per-
dirent ces pratiques du paganisme, lis repré- sonne que de garder son portrait ou quel-
sentèrent les amulettes comme un reste ido- que chose qui lui ait appartenu. Ce n'est
lâtre de la confiance qu'on avait aux préten- donc ni une vaine observance ni une folle con-
dus génies gouverneurs du inonde. Le curé fiance d'espérer qu'en considération de l'af-
Thicrs (3) a rapporté un grand nombre de ï.-clion et du respect que nous témoignons à
passages des Pères à ce sujet, et les canons Un saint, il intercédera et priera pour nous
de plusieurs conciles. Il en esl de même des croix el des Agnus Dei
(1) Ess,.i sur les erreurs, liv. III, eli. V6. (4) Voyez Ammiai-Marcellin, lib. XVI, XIX, XXIX, et
(2) Rergier, Dictionnaire Lbéologiquè. le P. tebru'o, liv. 111, cli. 2.
(3) Traité des superstitions, liv. V, cb. 1 (5) D(3p àfi Çsemoniac, pari 111, qju. S.'J.
DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCULTES. m
On voit, dans la vieille chronique de dom que le lendemain il s'éleva une querelle entre
Ursino, que quand sa mère l'envoya, tout lui et un homme de son auberge,
qu'il tua
petit enfant qu'il était, à Saint-Jacques de son adversaire, et qu'il fut pendu huit jours
Compostelle, elle lui mit au cou une amu- après sur la place publique de Riom. —
lette que son époux avait arrachée à un che- C'est un vieux conte renouvelé. On voit
valier maure. La vertu de cette amulette dans Delancre (3) que le pendu s'appelait
était d'adoucir la fureur des bétes cruelles. Jean de Pruom, dont l'anagramme est la
En traversant une forêt, une ourse enleva même.
le petit prince des mains de sa nourrice et J.-B. Rousseau, qui ne voulait pas re-
l'emporta dans sa caverne. Mais, loin de lui connaître son père, parce que ce n'était
faire aucun mal, elle l'éleva avec tendresse; qu'un humble cordonnier, avait pris le nom
il devint par la suite très-fameux sous le de Verniettes, dont l'anagramme fut faite;
nom de dom Ursino, qu'il devait à l'ourse, on y trouva Tu te renies.
:
sa nourrice sauvage, et il fut reconnu par On fit de Pierre de Ronsard, rose de Pin-
son père, à qui la légende dit qu'il succéda dare.
sur le trône de Navarre. On donna le nom de cabale à la ligue des
Les nègres croient beaucoup à la puis- favoris de Charles II d'Angleterre, qui étaient
sance des amulettes. Les Bas-Bretons leur Cl (Tord
i Ashley , Buckingham, Arlinglon,
,
attribuent le pouvoir de repousser le démon. Lauderdale, parce que les initiales des noms
Dans le Finistère, quand on porte un enfant de ces cinq ministres formaient le mot calai.
au baptême, on lui met au cou un morceau On voulut présenter comme une prophétie
de pain noir, pour éloigner les sorts et les cette anagramme de Louis quatorzième, roi
maléfices que les vieilles sorcières pourraient de France et de Navarre: « Va, Dieu con-
jeter sur lui (1). Voy. Alès. fondra l'armée qui osera te résister... »
AMY, grand président aux enfers, et l'un Parfois les anagrammes donnent pourtant
des princes de la monarchie infernale. Il pa- un sens qui étonne. Qu'est-ce que la vérité?
raît là- bas environné de flammes, mais il af- Quid est veritas? demande Pitale à I'Homme-
fecte surlaterredes traits humains. Ilenseigne Dieu; et il se lève sans allenilre la réponse.
les secrets de l'astrologie et des arts libé- Mais elle est dans la queslion dont l'ana-
raux; il donne de bons domestiques; il dé- gramme donne exactement est vir qui adest, :
bell sur Alger : « Il y a dans l'Algérie quelques Maures Le docteur Ahernelhy, dans une leçon sur le goitre,
f
et quelques Juifs qui se prétendent docteurs, fi dus femmes disait qu'il ne savait comment guérir celle maladie, et
qui se disent accoucheuses. Mais les médecins et les chi- que peul-être la meilleure ordonnance serait de siffler. H
rurgiens du pays ne savent pas un mol d'anatomie; ils esl possible eu vérité que les amulettes donnéi s aux
ignorent jusqu'au nom des drogues qu'ils prennent à tort Algériens par leurs marabouts soient les remèdes les plus
et à travers. Eu chirurgie, ils ne Savent |>as même manier innocents de fur pharmacie. »
la lancette. En médecine, ils viennent au secours d'une (i) In Pseudomon. dœmonum..
colique, de la pierre et de la pleurésie, par l'appHcatlOE (3) L'Incrédulité et mécréance, etc., traité 5.
d'un fer rouge sur la partie souffrante : ce traitement (i) De N'attira dx-monum, Mb. IV, in-12; Neapoli, 1562.
force souvent le patieut à crier qu'il est guéri ali:i qu'un
, (iij De Magia el malcDciis, ln-i»; Lut»duni, 1669.
ANARAZEL, l'un des démons chargés de seulement nier le maléfice pour le rejeler
la garde di a trésors souterrains, qu'ils trans- sur celle qui l'a jeté, on prend, le samedi
portent d'un lieu à un autre pour les dérober avant le lever du soleil, une branche de cou-
aux recherches des hommes. C'est Anarazel drier d'une année, et on dit l'oraison sui-
qui, avec ses compagnons Gaiiel etFécor,
vante « Je te coupe, rameau de cetteannée,
:
ébranle les Fondements des maisons, excite « au nom de celui que je veux blesser comme
« je te blesse. » Ou met la branche sur la
les tempêtes, sonne les cloches à minuit, fait
paraître les spectres et inspire les terreurs table, en répétant trois fois une certaine
nocturnes. prière (2) qui se termine par ces mots Que :
sorte d'analhème pour découvrir les voleurs portant à la main un sabre pointu. 11 ap-
et les maléfices: voici celte superstition. prend à ceux qu'il favorise, à tuer leurs en-
Nous prévenons ceux que les détails pour- nemis, maîtres et serviteurs; c'est lui qui
raient scandaliser, qu'ils sont extraits des com-
grimoires. —
On prend de l'eau limpide; on
élève les discordes et les querelles;
mande trente légions.
il
partie dans la peinture qu'on nous a fuite traitent les ânes en frères, prennent leur dé-
des tours de passe passe de Caglioslro. fense, poursuivent en justice et font condam-
ANDRIAGUH, animal fabuleux, espèce de ner à l'amende quiconque les charge trop ou
Cheval ou de griffon ailé, que ies romans de les bat et les outrage sans raison. Dans les
chevalerie donnent quelquefois au* magi- temps de pluie, ils donneront le couvert à un
ciens, qu'ils prêtent même à leurs héros et , âne el le refuseront à son conducteur, s'il
qu'on retrouve aussi dans des contes de n'est pas de certaine condition (I).
fées. Voici une vieille fable sur l'âne Jupiter :
quis de l'empire infernal il se montre sous ; hommes, à son avènement, lui demandèrent
la figure d'un paon à la voix grave. Qu;ind un printemps éternel, ce qu'il leur accorda ;
il paraît avec la forme humaine, on peut le il chargea l'âne de Silène de porter sur la
contraindre à donner des leçons <ie géométrie. terie ce présent. L'âne eut soif, et s'appro-
Il est astronome, et il enseigne de plus à er- cha d'une fontaine le serpent qui la gardait,
;
goter habilement. 11 donne aux hommes des pour lui permettre d'y boire, lui demanda le
figures d'oiseaux ce qui permet à ceux qui
; trésor dont il était porteur, el le pauvre ani-
commercent avec lui d'éviter la grille des ju- mal troqua le don duciel conlre un peu d'eau.
ges. Trente légions sont sous ses ordres (1). C'est depuis ce temps, dit-on, que les vieux
ANDROG1NA. Bodin et Delancre content serpents changent de peau et rajeunissent
(2) qu'en 1536, à Casai, en Piémont, on re- perpétuellement.
marqua qu'une sorcière nommée Andro- , Mais il y a des ânes plus adroits que ce-
gina, entrait dans les maisons, et que bien- lui-là à une demi-lieue du Kaire se trou-
:
tôt après on y mourait. Elle fut prise et li- vait, dans une grande bourgade, un baleleur
vrée aux juges elle confessa que quarante
; qui avait un âne si instruit que les manants
sorcières ses compagnes avaient composé
, , le prenaient pour un démon déguisé. Son
avec elle le maléfice. C'était un onguent dont maître le faisait danser ensuite il lui disait ;
ie consulat de Claudius Marcellus et de Va- lui donnât un peu d'argent pour en acheter
lerius Flaccus : mais la sorcellerie n'é'.ant un autre.
pas encore bien reconnue, on les prenait Après avoir recueilli quelque monnaie :
simplement alors pour des empoisonneu- Ali disait- il, il n'est pas mort, mais il a fait
!
Certains peuples trouvaient quelque chose nobles dames soient montées sur des ânes...
de mystérieux dans cette innocente bêle et —L'âne se levait à ces mots dressant la
—
, ,
on pratiquait autrefois une divination dans tête et les oreilles en signe de joie. Il est
laquelle on employait une tête d'âne. Voy. vrai reprenait le baleleur que le gouver-
, ,
qui concerne l'âne, ne parle d'aucune révolu- qui fut ainsi qu'on sait , transmué en âne.
,
tion survenue dans la distribution de la cou- Vincent de Beauvais (3) raconte la légende de
leur et du poil de cet animal. On peut donc deux femmes qui tenaient une petite au-
,
croire que les ânes ont toujours porté cette berge îuprès de Rome, et qui allaient vendre
marque.
(I) Saint-Poix, t. II des Essais sur Paris.
(1) Wienis, in Pseudomac dœmon. (S) Leou Ai'ricanus, part. 8 délia At'nea, cité dans Le»
Oeijioriomaiiin, liv. lY,
("2j cli. iv. Tableau de ïincon- loyer.
itauoe, etc., liv. fT, dise. i. (3) la Si>ecul. nalur., Ul>. III, cap. su.
t>s ANC »NG '.'«
sis talents sous sa nouvelle peau, elle le me* les récita lous sans hesiler ce qui les con- ,
ii.iii dans le-- Foires des en\ irons, <>ù il lui ga- fondit.
gnait beaucoup d'argent. Un voisin acheta I Ecriture sainte a conservé quelquefois
très-cher cet âne savant. En le lai livrant, la aux démons le nom d'anges mais anges de ,
sorcière se borna à lui recommander il<' ne ténèbres, anges déchus ou mauvais anges.
pas le laisser entier dans l'eau, ce que le Leur chef est appelé le grand dragon et an- I
nouveau maître de l'âne observa quelque cien serpent à cause de la forme qu'il prit
,
Les rabbins font 1res grand cas de l'ânesse voir aussi absolu que celui que les païens
de Balaam. est disent-ils
Il un animal pri-
, , prêtaient a leurs dieux (-2). C'est le culte
vilégié que Dieu forma à la fin du sixième rendu à des dieux secondaires que saint Paul
jour. Abraham se servit d'elle pour porter a condamné (3).
le bois destiné au
sacrifiée d'isaac e te ; Les musulmans croient que les hommes
porta ensuite la femme et le fils de Moïse ont chacun deux anges gardiens dont l'uu ,
dans le désert. Ils assurent que celle ânesso écrit le bien qu'ils font, et l'autre, le mal. Ces
est soigneusement nourrie et réservée dans anges sont si bons, ajoutent-ils, que, quand
un lieu secret jusqu'à l'avènement du Mes- celui qui est sous leur garde fait une mau-
sie juif, qui doit la monter pour soumettre vaise action ils le laissent dormir avant de
,
ANGELIERI, Sicilien du dix-septième siè- à sa droite pour écrire se> bonnes actions, le
cle qui n'est connu que par un fatras dont
,
second à sa gauche pour écrire les mauvai-
il publia deux volumes, et dont il en promet- ses, le troisième devant lui pour le conduire,
tait vingt-quatre sous le titre de Lumière
,
le quatrième derrière pour le garantir des
magique, ou origine, ordre et gouvernement démons et le cinquième devant son front
,
de toutes les choses célestes, terrestres et in- pour tenir son esprit élevé vers le prophète.
fernales, etc. (1). Mongitore en parle dans le D'autres en ce pays portent le nombre des
tome 1" de sa liibliollièque sicilienne. anges gardiens jusqu'à cent soixante.
ANGÉLIQUE plante qui passe pour un
,
Les Siamois divisent les anges en sept or-
préservatif contre les fascinations de la ma- dres, et les chargent de la garde dos planètes,
gie. On la niellait en manière d'amulette au des villes, des personnes. Ils disent que c'est
cou des pelils enfants pour les garantir des pendant qu'on éttrnue que les mauvais an-
maléfices. ges écrivent les fautes des hommes.
ANGERBODE ou ANGURBODE, femme gi- Les théologiens admettent neuf chœurs
gantesque qui se maria avec le diable, selon d'anges, en trois hiérarchies les séraphins,
—
:
Jormungandur et la démonc Héla, qui garde les puissances, les archanges et les anges.
le monde souterrain. Parce que des anges, en certaines occa-
ANGES. Les Juifs, à l'exception des sadu- sions où Dieu l'a voulu, ont secouru les Juifs
céens admettaient cl honoraient les anges
, ,
contre leurs ennemis, les peuples modernes
en qui ils voyaient, comme nous des sub- , ont quelquefois attendu le même prodige. Le
stances spirituelles, intelligentes, et les pre- jour de la prise de Constanlinople par Ma-
mières en dignité entre les créatures. homet II, les Grecs schismatiques comptant ,
à Dieu d'avoir donné trop d'empire à Adam. gièrent dans le temple de Sainte-Sophie, sans
Dieu soutint l'excellence de son ouvrage ,
avoir perdu tout espoir: mais l'ange n'ar
parce que l'homme devait le louer sur la pas, et la ville fut saccagée.
(l) Lux magica acaderojca, cœleslium, terrestiium et Dise, 1687. Ces deux vol. sont in-4° .
infernorum origo, ordo et subordinalio cuiicloruui quoad (2) Bergier, Dictionnaire tliéologique.
esse, fieri et operari , XXIV voluruiuibus divisa. Pars 1, (3) Coloss., cap. ii, vers. 18.
Teuise, 1686, sous le nom de Livio Betaui ; pars 2, Ye-
95 DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCULTES. »6
Cardan raconte qu'un jour qu'il était à par reconnaissance ou par suite des doc- ,
personnes rassemblées, un ange qui planait jet des animaux, de singulières idées. Celse,
dans les nuages , armé d'une longue épée et qui a été si bien battu par Origène soute- ,
risconsulte fit remarquer que ce qu'on voyait même), dans un commerce plus
et qu'ils sont
n'était que la représentation qui se faisait inlime avec la Divinité. Quelques-uns ont
dans les nuées , d'un ange de marbre blanc cherché dans de telles idées, l'origine du culte
placé au haut du clocher de Saint-Golhard. que les Egypliens rendaient à plusieurs ani-
Vov. Armées prodigieuses. maux. Mais d'autres mythologues vous diront
ÂNGEWEILLER. Voy. Fées. que ces animaux étaient révérés, parce qu'ils
AINGUEKKOK, espèce de sorcier auquel les avaient prêté leur peau aux dieux égyp-
Groeiilandais ont recours dans tous leurs tiens en déroule et obligés à se travestir.
embarras. Ainsi, quand les veaux marins ne Voy. Ame des bêtes.
se montrent pas en assez grand nombre on , Divers animaux sont très-réputés dans la
va prier l'anguekkok d'aller trouver la femme sorcellerie comme le coq , le chat , le cra-
,
prodigieuse qui, selon la tradition, a traîné paud le bouc le loup le chien ou parce
, , , ,
la grande île de Disco, de la rivière de Raal, qu'ils accompagnent les sorcières au sabbat,
où elle était située autrefois , pour la placer ou pour les présages qu'ils donnent, ou parce
à plus de cent lieues de là, à l'endroit où elle que les magiciens et les démons empruntent
se trouve aujourd'hui. D'après la légende, leurs formes. Nous en parlerons à leurs ar-
celte femme habite au fond de la mer , dans ticles particuliers.
une vaste maison gardée par les veaux ma- Dix animaux sont admis dans le paradis de
rins; des oiseaux de mer nagent dans sa Mahomet la haleine de Jonas,
: la fourmi de
lampe d'huile de poisson et les habitants de
,
Salomon, le bélier d'Ismaël, le veau d'Abra-
prenantes. Si on la laisse mourir hors de l'eau, taupe ne se rencontrent pas dans l'histoire
qu'on mette ensuite son corps entier dans du naturelle des poissons. D'ailleurs le renard,
fort vinaigre mêlé avec du sang de vautour, le chien , l'âne le lièvre de mer ne ressem-
,
et qu'on place le tout sous du fumier, celte blent pas aux animaux terrestres qui portent
composition « fera ressusciter tout ce qui lui le même nom. Le cheval marin n'est pas plus
sera présenté, et lui redonnera la vie comme un cheval qu'un aigle le bœuf de mer n'est ;
Des autorités de la même force disent en- d'écrevisse; et le chien marin ne représente
core que celui qui mange le cœur tout chaud pas plus le chien de terre que celui-ci ne res-
d'une anguille sera saisi d'un inslincl pro-
,
semble à l'étoile Sirius , qu'on appelle aussi
phétique, et prédira les choses futures. le chien (4). »
Les Egypliens adoraient l'anguille que ,
Il serait long et hors de propos de rappor-
leurs prêtres seuls avaient droit de manger. ter ici toutes les bizarreries que l'esprit hu-
On a heaucoup parlé, dans le dernier siècle, main a enfantées par rapport aux animaux.
des anguilles formées de farine ou de jus de Voy. Bêtes, etc.
mouton c'élait une de ces plaisanteries qu'on ANJORRAND. — Voy. Denis.
ANNEAU. — Il y avait autrefois beaucoup
;
dans les anciennes mythologies. Les païens ne fussent si simples qu'il était évident qu'ils
eu adoraient plusieurs , ou par terreur, ou ne contenaient pis d'amulettes (5).
Les anneaux magiques devinrent aussi de les :Jésus passant nu milieu d'eux f s'en
j-
quelque usage chez les chrétiens, et môme alla (2) puis, ayant posé le tout sur une pla-
;
spécialement doigt annulaire ou doigt destine ou le portera dans h; nid de la huppe clou
À l'anneau, une ligne qui répondait directe- l'on a tiré la pierre, on l'y laissera neuf jours;
ment au cœur; on recommanda donc de met- el quand on le retirera, on fera encore le par-
tre l'anneau d'alliance à ce seul doigt. Le fum comme la première fois; puis on le gar-
moment où le mari donne l'anneau à sa jeune dera dans une petite boîte l'aile avec du mer-
épouse devant le prêtre , ce moment dit un , cure fixé, pour s'en servir à l'occasion. Alors
vieux livre de secrets est de la plus haute
, on mettra la bague à son doigt. Ln tournant
importance. Si le mari arrête l'anneau à l'en- la pierre au dehors de la main, elle a la vertu
trée du doigt et ne passe pas la seconde join- de rendre invisible aux yeux des assistants
ture la femme sera maîtresse; mais s'il en-
,
celui qui la porte; et quand on veut être vu,
fonce l'anneau jusqu'à l'origine du doigt, il il suffit de rentrer la pierre en dedans de la
sera chef el souverain. Celle idée esl encore main, que l'on ferme en forme de poing.
en vigueur, et les jeunes mariées ont géné- Porphyre, Jamblique, Pierre d'Apone et
ralement soin de courber le doigt annulaire Agrippa, ou du moins les livres de secrets
au moment où elles reçoivent l'anneau de , qui leur sont attribués, soutiennent qu'un an-
manière à l'arrêter avant la seconde jointure. neau fait de la manière suivante a la même
Les Anglaises qui observent la même su-
,
propriété. 11 faut prendre des poils qui sont
perstilion, foui le plus grand cas de l'anneau au-dessus de la tête de la hyène, et en faire
d'alliance à cause de ses propriétés. Elles
, de petites tresses avec lesquelles on fabrique
croient qu'en niellant un de ces anneaux dans un anneau, qu'on porte aussi dans le nid de
un bonnet de nuit, el plaçant le tout sous leur la huppe. On le laisse là neuf jours; on le
chevet , elles verront en songe le mari qui passe ensuite dans des parfums préparés sous
leur esl destiné. les auspices de Mercure (planèle). On s'en
LesOrienlaux révèrenllesanneauxelles ba- sert comme de l'autre anneau, excepté qu'on
gues, et croient aux anneaux enchan lés. Leurs l'Ole absolument du doigl quand on ne veut
contes sont pleins de prodiges opérés par ces plus être invisible.
anneaux. Ils ci lent surtout, avec une admiration Si, d'un autre côté, on veut se précaution-
sans bornes, Vanneau deSalomon, par la force ner contre l'effet de ces anneaux cabalisti-
duquel ce prince commandait à toute la nature. ques, on aura une bague faite de plomb raf-
Le grand nom de Dieu est gravé sur celle finé et purgé; on enchâssera dans le chaton
bague, qui est gardée par des dragons, dans un œil de jeune belette qui n'aura porlé des
le tombeau inconnu de Salomon. Celui qui petits qu'une fois; sur le contour on gravera
s'emparerait de cet anneau, serait maître du lesparoles suivantes Apparuit Dominus Si-
:
monde et aurait tous les génies à ses ordres. moni. Cette bague se fera un samedi, lors-
Voy. Sakiiak. —
A défaut de ce talisman pro- qu'on connaîtra que Saturne est eu opposi-
digieux, ils achètent à des magiciens des an- tion avec Mercure. On l'enveloppera dans
neaux qui produisent aussi des merveilles. un morceau de linceul mortuaire qui ait en-
Henri VIII bénissait des anneaux d'or, qui veloppé un mort; on l'y laissera neuf jours ;
avaient, disait-il, la propriété de guérir de la puis, l'ayant retirée,on fera trois fois le
crampe (1). parfum de Saturne, et on s'en servira.
Les faiseurs de secrets ont inventé des ba- Ceux qui ont imaginé ces anneaux ont rai-
gues magiques qui ont plusieurs vertus. Leurs sonné sur le principe de l'antipathie qu'ils
livres parlent de Vanneau des voyageurs. Cet supposaient entre les matières qui les com-
anneau, dont le secret n'est pas bien certain, posent. Rien n'est plus antipathique à la
donnait à celui qui le portait le moyen d'aller hyène que la belette, et Saturne rétrograde
sans faligue de Paris à Orléans, et de revenir presque toujours à Mercure; ou, lorsqu'ils
d'Orléans à Paris dans la même journée. se rencontrent dans le domicile de quelques
Mais on n'a pas perdu le secret de Vanneau signes du zodiaque, c'est toujours un aspect
d'invisibilité. Les cabalisles ont laissé la ma- funeste et de mauvais augure (3).
nière de faire cet anneau, qui plaça Gygès au On peut faire d'autres anneaux sous l'in-
trône de Lydie. Il faut entreprendre celle opé- fluence des planètes, et leur donner des ver-
ration un mercredi de printemps sous les ,
tus au moyen de pierres el d'herbes mer-
auspices de Mercure lorsque cette planèle
,
veilleuses. « Mais dans ces caractères, her-
se trouve en conjonction avec une des autres bes cueillies, constellations el charmes, le
planètes favorables, comme la Lune, Jupiter, diable se coule, » comme dit Leloyer, quand
Vénus et le Soleil. Que l'on ait de bon mer- ce n'est pas simplement le démon de la gros-
cure fixé el purifié; on en formera une bague sière imposture. « Ceux qui observent les
où puisse entrer facilement le doigt du mi- heures des astres, ajoute-t-il, n'observent
lieu; on enchâssera dans le chaton une petite que les heures des démons qui président aux
pierre que l'on trouve dans le nid de la huppe, pierres, aux herbes et aux astres mêmes. »
et on gravera autour de la bague ces paro- — Et il esl de fait que ce ne sont ni des
(l) Misson, Voyage d'Italie, t. III, p. 16, à la marge. (3) Petit Albert.
2) Saint Luc, ch. iv, verset 30.
99 DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCULTES. 100
saints ni des cœurs honnêtes qui se mêlent vous vous en allâtes sans payer, acquittez le
de ees superstitions. passé, et je vous r >i Médit du prés ni...
l'<
ANNEBEHG, —démon des mines; il tua Le préjugé des années rlhniilériijues sub-
un jour de son souille douze ouvriers qui siste encore, quoiqu'on en ail à peu près
travaillaient à r,n^ mine d'argent dent il démontré l'absurdité. Augilsle écrivait à son
avait la garde. C'est un démon méchant, rau- neveu Caïus, pour l'engager à célébrer le
cimier et terrible. H se montre surtout en jour de sa naissance attendu qu'il avait
—
,
Allemagne; on dit qu'il a la figure d'un che- passé la soixanle-troisièine année, qui est
val, avec un cou immense cl des yeux ef- cette grande climatérique si redoutable pour
frovah'rs (1). les humains. —
Beaucoup de personnes crai-
ANNÉE.— Plusieurs peuples ont Célébré, gnent encore l'année climalerique cepen- ;
par des cérémonies plus ou moins singuliè- dant une foule de relevés prouvent qu'il ne
res, le retour du nouvel an. Chez les Perses, meurt pas plus d'hommes dans la soixante-
un jeune homme s'approchait du prince et troisième année que dans les anuéps qui la
lui taisait des offrandes, en disant qu'il lui précèdent. Mais un préjugé se détruit avec
apportait la nouvelle année île la part de Dieu. peine. Selon ces idées, que Pylhagore fit
Ghez nous, on donne encore des élrennes. naître par ses singulières rêveries sur les
Les Gaulois commençaient l'année par la nombres, notretcni|>éramenl éprouve tous les
cérémonie du gui de chêne, qu'ils appelaient sept ans une révolution complète. Quelques-
le gui de l'an neuf ou du nouvel an. Les drui- uns disent même qu'il se renouvelle entière-
des, accompagnes du peuple, allaient dans ment. D'autres prétendent que ce renou-
une forêt, dressaient autour du plus beau vellement n'a lieu que tous les neuf ans :
chêne un autel triangulaire de gazon, et gra- aussi les années climalériques se comptent
vaient sur le tronc et sur les deux plus gros- par sept et par neuf. Quarante-neuf el qua-
ses branches de l'arbre révéré les noms des tre-vingl-un sont desannées très-importantes,
dieux qu'ils croyaient les plus puissants : disent les partisans de celte doctrine mais ;
Theutalès, Ilésus, Tarants, Belenus. Ensuite soixante-trois est l'année la plus fatale, parce
l'un d'eux, vêtu d'une blanche tunique, cou- que c'est la multiplication de sept par neuf.
pait le gui avec une serpe d'or; deux autres Un Normand disait: Encore un des miens
druides étaient là pour le recevoir dans un pendu à quarante-neuf ans et qu'on dise 1
linge et prendre garde qu'il ne touchât la qu'il ne faut pas se méfier des années clitna-
terre. Ils distribuaient l'eau où ils faisaient tériques I
tremper ce nouveau gui, et persuadaient au « On ne doit pourtant pas porter trop loin,
peuple qu'elle guérissait plusieurs maladies dit M. Saignes, mépris delà période septé-
le
et qu'elle étail efficace contre les sortilè- naire, qui marque eneffet les progrès du dé-
ges (2). veloppement et de l'accroissement du corps
On appelle année platonique un espace de humain. Ainsi, généralement, « les dénis de
temps à la fin duquel tout doit se retrouver l'enfance tombent à sept ans, la puberté se
à la même place (3). Les uns comptent seize manifeste à quatorze, le corps cesse de croî-
mille ans pour cette révolution d'autres
,
tre à vingt-un. » —
Mais cette observation
trente -six mille. 11 y en eut aussi qui n'est pas complètement exacte.
croyaient anciennement qu'au bout de celte ANNIUS DE VITEBBE (Jean Nanni), sa- —
période, le monde serait renouvelé, et que les vant ecclésiastique, né à Viterbe en 1432. Il
âmes rentreraient dans leurs corps pour a publié une collection de manuscrits attri-
commencer une nouvelle vie semblable à la bués à Bérose à Fabius Pictor à Caton à
, , ,
que, dans seize mille ans d'ici, nous serons explications de l'Apocalypse. L'auteur pense
à boire chez vous à pareille heure cl dans que Mahomet est l'anlechrist, elque la fin du
celle même chambre. » monde aura lieu quand le peuple des saints
Là-dessus, ayant liès-peu d'argent, en (les chrétiens) aura soumis entièrement les
vrais Allemands qu'ils étaient, ils prièrent Juifs et les mahomélans.
l'hôte de leur faire crédit jusque-là. ANOCCHIATUUA, — fascination involon-
Le cabaretier champenois leur répondit taire qui s'exerce, soit par les yeux, soil pat
qu'il le voulait bien. —
Mais, ajouta-t-il, les paroles , selon les croyances populaire»
parce qu'il y a seize mille ans jour pour jour, des Corses , mais dans un sens trcs-biz.irre,
heure pour heure, que vous étiez pareille- les puissances mystérieuses qui président à
ment à boire ici, comme vous faites, et que l'auocchialura ayant la singulière habitude
(1)Wierus, De Praest;, lit). I, cap. xxii. année. Cicéron, dans un passage de sjn flortensius, con-
elc, t. II.
(2) Saint-Fois, Essais, servé par Servius, t'ait celte grande année de douze mille
(5) Duelques-uns disaient que les corps célestes sen.e- neuf cent cinquante-qu.ilïc dè'S noires.
Uieut£« r«lrouveraieU au niôuiepoinl au boul Ue la grande
toi ANT ANT 102
d'exécuter contraire de ce qu'on souhaite.
le conféraient, si le temps n'en était abréqé en
An i, dans la crainte de fasciner l'-. enl leur faveur joar il se donnera pour le Messie
en leur adressant «les bénédictions ou îles et fera des prodiges cbpahles d'induite en er-
litiges, le peuple qui leur veut du bien le reur 1rs ri s mêmes.
leur prouve par des injures et des Souhaits I.eloyer (V: rapporte celle opinion popu-
d'autant plus favorables qu'ils sont plus af- que
laire, les démons souterrains ne gardent
freusement exprimes (1). que pour lui les trésors caches, au moyeu
ANPIEL, — anges que les rabbins
l'un des desquels il pourra séduire les peuples; et sa
chargent du gouverhembnl tics oiseaux; car persécution sera d'autant plus redoutable,
ils mettent chaque es| ôce créée sous la pro- qu'il ne manquera d'aucun moyen de séduire'
tection d'un ou de plusieurs anges. et agira beaucoup plus par la corruption que
ANSELME DE PARME, astrologue, né — par la violence brutale. C'est à cause des
à Parme, où il mourut en 1440. 11 avait écrit miracles qu'il doit faire que plusieurs l'ap-
des Institutions astrologiques , qui n'ont pas pellent le singe de Dieu.
été imprimées. Wierus(2] et quelques démo- L'Antéchrist aura beaucoup de précurseurs;
nographes le mettent au nombre des sorciers. il viendra peu de temps avant
la fin du monde.
Des charlatans, qui guérissaient les plaies au Saint Jérôme dit que ce sera un homme fils
moyen de paroles mystérieuses que l'on pré* d'un démon. D'autres ont pensé que ce serait
tenîl inventées par lui, ont pris le nom d'an- un démon revêtu d'une chair appareille et
selmisles ; et, pour mieux en imposer, ils se fantastique. Mais, suivant saint Irehèë, saint
vantaient de tenir leur vertu île guérir, non Ambroise, saint Augustin, et plusieurs autres
d'Anselme de Parme, mais de saint Anselme Pères, l'Antéchrist doit être un homme de !a
de Cantorbéry. même nature que tous les autres, de qui il ne
ANSUPKKOMIN, —
sorcier des environs différera que par une malice et une impiélé
de Saint-.lcan-del.uz, qui, selon des infor- dignes de l'enfer.
mations prises soûs Henri IV par le conseiller Il sera Juif, et de la tribu de Dan, selon
Pierre Delancre (.1), fut vu plusieurs fois au Malvenda (5), qui appuie son sentiment sur
sabbat, à cheval sur un démon qui avait ces paroles de Jacob mourant à ses fils :
forme de boue , et jouant de la flûte pour la Lan est un serpent dans le sentier (6); sur
danse des sorcières. Voy. Boucs. celles-ci de Jérémiè Les armiès de Dan dé-
—
:
des années de sa vie. qu'il ne durera que trois ans et demi; après
ANTAMTAPP, enfer des Indiens, plein de quoi les anges feront entendre les trompettes
chiens enragés et d'insectes féroces. On y est du dernier jugement.
couché sur des branches d'épines et conti- Le mot de passe des sectateurs de l'Anté-
nuellement caressé par des corbeaux qui ont christ sera, dit Boguet Je renie le baptême.
:
des becs de fer. Les Brames disent que les Ce qui est assez grotesque, assurément,
supplices de cet enfer sont éternels. c'est que les protestants, ces précurseurs de
ANTECHRIST. Par Antéchrist on entend l'Antéchrist, donnent le nom d'Antéchrist au
ordinairement un tyran impie et cruel, en- pape, comme les larrons qui crient au voleur
nemi de Jésus-Christ. Il doit régner sur la pour détourner d'eux les recherches. Voy.
terre lorsque le monde approchera de sa fin. Abdeel.
Les persécutions qu'il exercera contre les Pendant un moment, dans le peuple, on a
élus seront la dernière et la plus terrible craint que Napoléon ne fût l'Antéchrist. Nous
épreuve qu'ils auront à subir et même ; mentionnons cette petite circonstance commg
Notre-Seigneur a déclaré que les élus y suc- un simple fait.
dise. i.
(6) Genèse, cli. xux.
(i) Discours des spectres, liv. IV, ch. xv„
(7) Boguet. Discours des sorcier^ cli. l
, 01
DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCULTEE
traité de Yflistoire des trois ANTIDE. Une vieille tradition populaire
Le troisième
Sébastien Mi-
par rapporte que saint Antide, évéque de Besan-
possédées de Flandre
j .. „t..:-.,:,^ nm „.l ic eut- l'An-
,
* l'An. çon, vit un jour dans la campagne un démon
chaëlis, donne des éclaircissements sur
i
dires des démons exor- fort maigre et fort laid, qui se vantait d'avoir
lechrist, d'après les
porté le trouble dans l'église de Rome. Le
cisés. « Il sera méchant comme un
enragé.
saint appela le démon, le Dt mettre à quatre
Jamais si méchante créature ne fut sur terre.
fait en enfer pattes, lui sauta sur le dos, se fit par lui
Il fera des chrétiens ce qu'on
transporter à Rome, répara le dégât dont
des âmes; ce ne serapas un mai lyre humain,
l'ange déchu se montrait si fier, et s'en revint
mais un martyre inhumain. 11 aura une foule
porter par en son diocèse par la même voiture (1).
de noms de synagogue; il se fera
les airs quand il voudra ;
Belzébul sera ANTIOCHUS, moine de Séba, qui vivait au
son père.
Une
» .....
sorcière, qui avait des visions, dé-
,
commencement du septième siècle. Dans ses
190 homélies, intitulées Pandectes des divines
Ecritures, la 8k" de Insomniis, roule sur les
clara que l'Antéchrist parlerait en
nais-
sortes de langues, qu'il aurait des visions et les songes (-2).
sant toutes
griffes au lieu de pieds et ne porterait ANTIPATHIE. Les astrologues prétendent
pas de pantoufles; que Belzébul, son père, que ce sentiment d'opposition qu'on ressent
se montrera à ses côtés sous la pour une personne ou pour une chose est
figure
d'un oiseau à quatre pattes, avec une queue, produit par les astres. Ainsi deux personnes
une tête de bœuf très-plate, des cornes, et nées sous le même aspect auront un désir
un poil noir assez rude; qu'il marquera les mutuel de se rapprocher, et s'aimeront sans
siens d'un cachet qui représentera cette gra- savoir pourquoi de même que d'autres se
;
cieuse figure en petit. haïront sans motif, parce qu'ils seront nés
Nous pourrions citer beaucoup de choses sous des conjonctions opposées. Mais com-
pareilles sur l'Antéchrist; mais les détails ment expliqueront-ils les antipathies que les
burlesques et les plaisanteries ne vont qu'à grands hommes ont eues pour les choses les
moitié dans une pareille matière; et peut- plus communes? on en cite un grand nombre
être faut-ildemander pardon au lecteur de auxquelles on ne peut rien comprendre. —
leur avoir déjà donné trop de place. Lamothe-Levayer ne pouvait souffrir le son
Ona raillé l'abbé Fiard, qui regardait d'aucun instrument, et goûtait le plus vif
Voltaire et les encyclopédistes comme des plaisir au bruit du tonnerre. César n'enten-
précurseurs de l'Antéchrist. Il est possible dait pas le chant du coq sans frissonner. Le
que les railleurs aient tort. chancelier Bacon tombait en défaillance
ANTESSER, démon. Voy.BLOK.rjLA. toutes les fois qu'il y avait une éclipse de
ANTHROPOMANCIE, divination par l'ins- lune. Marie de Médicis ne pouvait supporter
pection des entrailles d'hommes ou de femmes la vue d'une rose, pas même en peinture, et
évenlrés. Cet horrible usage était très-an- elle aimait toute autre sorte de fleurs. Le
cien. Hérodote dit que Ménélas, retenu
en cardinal Henri de Cardonne éprouvait la
Egypte par les vents contraires, sacrifia à sa même aversion, et tombait en syncope lors-
barbare curiosité deux enfants do pays, et qu'il sentait l'odeur des roses. Le maréchal
chercha à savoir ses destinées dans leurs d'Albret se trouvait mal dans un repas où
entrailles. Héliogabale pratiquait cette divi- l'on servait un marcassin ou un cochon de
nation. Julien l'Apostat, dans ses opérations lait. Henri 111 ne pouvait rester seul dans
magiques et dans ses sacrifices nocturnes, une chambre où il y avait un chat. Le maré-
faisait tuer, un grand nombre d'en-
dit-on chal de Schomberg avait la même faiblesse.
fanls pour consulter leurs entrailles.
Dans Ladislas, roi de Pologne, se troublait et pre-
sa dernière expédition, étant à Carra en
Mé- nait la fuite quand il voyait des pommes.
sopotamie, il s'enferma dans le temple de la Scaliger frémissait à l'aspect du cresson
Lune; et, après avoir fait ce qu'il voulut avec Erasme ne pouvait sentir le poisson sans
les complices de son impiété, il
scella les avoir la fièvre. Tycho-Brahé défaillait à la
portes, et y posa une garde qui ne devait rencontre d'un lièvre ou d'un renard. Le duc
être levée qu'à son retour. 11 fut tué
dans la d'Epernon s'évanouissait à la vue d'un le-
bataille qu'il livra aux Perses, et
ceux qui vraut. Cardan ne pouvait souffrir les œufs;
entrèrent dans le temple de Carra, sous le le poète Arioste, les bains ; le fils de Crassus,
règne de Jovien, son successeur, y trouvè- le pain ; César de Lescalle, le son de la
osait y toucher. ;• Ces menaces absurdes, or- ciens contours onl placés dans le Septen-
dlnaii es â certains parents, occasionnent («m- trion. Ils étaient transparents comme du cris-
jours de funestes effets qu'on ne peut plus tal, etavaienl les pieds étroits el tranchants
détruire. comme des patins, ce qui les aidait merveil-
Pli no assure qu'il y a une t«»lle antipa- leusement à glisser sur leurs lacs gelés.
thie entre le loup et le obérai, qae si le Leur longue barbe ne leur pendait pas au
cheval passe OÙ le loup a passé, il sent aux menton, mais au bout du nez. Ils n'avaient
j. inities un engourdissement qui l'empêche point de langue, mais deux solides râteliers
île marcher. Un cheval sent le tigre en Amé- de dents, qu'ils frappaient musicalement
rique, et refuse obstinément de traverser une l'un contre l'autre pour s'exprimer. Ils ne
forêt où son odorat lui annonce la présence sortaient que la nuit, et se reproduisaient
de l'ennemi. Les chiens sentent aussi très— par le moyen de la sueur, qui se congelait
bien les loups avec qui ils ne sympathisent el formait un petit. Leur dieu était un ours
pas; et peut-être serions-nous sapes de sui- blanc ('2).
vre jusqu'à un certain point, avec les gens APOCALYPSE. Dans cette clôture redou-
que nous voyons la première fois, l'impres- table du saint livre, qui commence par la
sion sympathique ou antipathique qu'ils nous Genèse l'esprit de l'homme s'est souvent
,
font éprouver; car l'instinct existe aussi chez égaré. La manie de vouloir tout expliquer,
les hommes mêmes, qui le surmontent ce- quand nous sommes entourés de tant du
pendant par la raison. mystères que nous ne pouvons comprendre,
ANTIPODES. L'existence des antipodes a fourvoyé bien des esprits. Après avoir
était regardée naturellement comme un conte, trouvé la bêle à sept têtes et l'Antéchrist
dans le temps où l'on croyait que la terre dans divers personnages, jusqu'à Napoléon,
était n'est pas vrai, comme on
plate. Mais il qui prête du moins à des aperçus piquants,
l'a perfidement écrit, que le prêtre Virgile fut on est aussi peu avancé que le premier jour.
excommunié par le pape Zacharie pour avoir Newton a échoué comme les autres, dans
,
soutenu qu'il y avait des antipodes ce Vir- : l'interprétation de l'Apocalypse. Ceux qui
gile au contraire, à cause de sa science, fut l'ont lue comme un poëme hermétique ont
combléd'honneurs par le saint-siége et nom- leur excuse dans leur folie. Pour nous, at-
mé à l'évêché de Salzbourg. D'ailleurs le tendons que Dieu lève les voiles.
pape Zacharie savait probablement qu'il y a Il y a eu plusieurs Apocalypses suppo-
des antipodes, puisqu'avant lui Origène, le sées, de saint Pierre, de saint Paul, de saint
pape saint Clément et d'autres en avaient Thomas,desainl Etienne, d'Esdras, de Moïse,
parlé. Saint Basile, saint Grégoire de Nysse, dElie, d'Abraham, de Marie, femme de
saint Alhanase et la plupart des Pères n'igno- Noé, d'Adam même. Porphyre a cité encore
raient pas la forme sphérique de la terre. une Apocalypse de Zoroastre.
Voy. Philoponus De Mundi créât, lib. v,
,
APOLLONIUS DE TYANE philosophe ,
c. 13. pythagoricien né à Tyane en Cappadocê,
,
La plupart des hommes, à qui l'éducation un peu de temps après Noire-Seigneur Jé-
n'a pas étendu les bornes de l'esprit, croient sus-Christ. Pbilostratc au commencement ,
encore que la terre n'est qu'un grand pla- du troisième siècle, plus de. cent ans après
teau ; et il serait difficile de leur persuader la mort d'Apollonius dont personne ne ,
qu'on trouve au-dessous de nous des hu- parlait absolument plus, imagina le roman
mains qui ont la tête en bas et les pieds
, de sa vie pour opposer quelque chose de
justement opposés aux nôtres (1). prodigieux à l'Evangile, qu'il croyait détrui-
Les anciens mythologues citent, dans un au- re. Il dit qu'il écrit sur des mémoires laissés
tre sens, sous le nom d'Antipodes, des peuples par Damis, ami et secrétaire d'Apollonius.
fabuleux de la Libye, à qui ont attribuait On peut juger du degré de confiance que
huit doigts aux pieds, et les pieds tournés en méritaient ces sortes d'écrivains par ce trait
dehors. On ajoute qu'avec cela ils couraient de Damis qui assure avoir vu, en traver-
,
Certainement pas le lion légendaire, qui conte chantèrent quand il vint au monde, et la
qu'Antoine, ayant dompté Satan, le contrai- foudre tomba du ciel. Sa vie fut une suite
gnit à demeurer auprès de lui, sous sa forme de miracles. Il ressuscitait les morts, déli-
la plus convenable, qui était celle d'un co- vrait les possédés, rendait des oracles,
chon. Voy. Ardents. voyait des fantômes, apparaissait à ses amis
APANTOMaNCIE, divination tirée des ob- éloignés, voyageait dans les airs, porté par
présentent à ['improviste. Tels sont
jets qui se des esprits el se montrait le même jour eu
,
les présages que donne la rencontre d'un plusieurs endroits du monde. Il comprenait
lièvre ou d'un aigle, etc. le chant des oiseaux.
APARCT1ENS, peuples fabuleux que d'an- Philoslrate conte qu'étant venu au tom-
'1) M. Saignes, des Erreurs et des préjugés, t. IF, p. 72. (2) Supplément à l'Iiistoire véritable de Lucien.'
DlCTIONN. DES SCIENCES OCCULTES. I.
»07 DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCOl.TES 108
beau d'Achille, à qui il voulait parler, Apol- lonius est annoncé par un démon. Les cy-
lonius évoqua ses mânes ; qu'après u» trem- gu s chaulent à sa naissance. Tous les autres
blement de terre autour du ni beau, il vil l prodiges sont combinés ainsi de manière à
paraître d'aboid un jeune homme d' sept pouvoir être comparés aux faits divins de
pieds et demi; que ie fantôme, qui était la plus auguste histoire avec cette diffé- ,
d'une beau é singulière s'éleva ensuite à , rence, entre autres, que ceux d'Apollonius
dix-huit pieds. Apollonius lui lit des ques- ne méritaient pas même le peu de succès
tions frivoles. Comme le spectre répon- qu'ils ont eu.
dait grossièrement, comprit qu'il était pos- il La foudre qui tombe du ciel est opposée
sédé d'un démon, qu'il chassa; après quoi il à l'étoile qui parut en Belhléhem; les letlr. s
enl sa conversation réglée. de félieitation que plusieurs rois écrivirent
Un jour qu'il était à Rome, où il avait ren- à la mère d'Vpolionius répondent à l'ad na-
du une jeune Glle morte le matin (Je
la vie à tion des mages; les discours qu'il pronon-
ses noces, il y eut une éclipse de lune ac- çait, fort jeune, dans le temple d'Esculape, à
compagnée de tonnerre. Apollonius regarda la dispute de Jésus enfant parmi les doc-
le cii et dit d'un ton
l ,
prophétique :
— leurs le f.iniôme qui lui apparut en traver-
;
vera pas. —
Trois jours après, la foudre dans le désert, etc. « Ces parallèles montrent
tomba sur la table de Néron, et renversa la la malice grossièreet la finesse mal lissue
coupe qu'il portait à sa bouche; ce qui était de. Philostrale ( pillard de Lucien (2); et le
l'accomplissement de la prophétie,. cas qu'on doit faire de ces fables n'est pas
Dans la suite l'empereur Domilicn, l'ayant de les rapporter à le magie , comme a fait
soupçonué de sorcellerie, lui fit raser le poil François Pic, mais de les nier totalement (3)
pour s/assurer s'il ne portail pas les mar- comme des stupidités niaises.
ques du diable, comme dit Pierre Delanere ;
Hier .clés, qui osa faire sous Dioclétien,
mais Apollonius disparut alors, sans qu'on dans un. écrii spécial , la comparaison d'A-
sût par où il s'était sauvé. Ce n'était pas la pollonius et de Noire-Seigneur Jésus-Christ,
première fois qu'il s'éch ppait ainsi. Sous a été dignement, réfuté par Eu-èbe, qui veut
Néron on avait dre>sé contre lui un acte
, bien regud r Apollonius comme un magi-
d'accusation le papier se trouva tout blanc
;
cien. Leloyer pense que ce fut Simon qui lui
au moment où le juge voulut en prendre enseigna la magie noire ; et Ammien
lecture. Marcellin se contente de. le mettre dans le
De Rome il se rendit à Ephèse. La peste nombre d s hommes qui ont été assistés de
infestait cette ville; les habitants le prièrent quelque démon familier, comme Socrate et
de les en délivrer. Apollonius leur comman- Nnma.
da de sacrifier aux dieux. Après le sacrifie;', On sait peu de chose sur la fin de la vie
il vit le diable en form - de gueux loul dé- d'Apollonius. On assure qu'à l'âge de c ait
guenillé; il commanda au peuple de l'as- ans il fut emporté par le diable, qui était
sommer à coups de pierre, ce qui fut fait. son père, quoique Hiéroclès ait eu le front
Lorsqu'on Ôta les pierres, on ne trouva plus de soutenir qu'il avait été enlevé au ciel.
à la [il ace du gueux lapidé qu'un chien Vopiscus dit que , par la suite , le spectre
noir, qui fut jeté à la voirie; et la pesle d'Apollonius apparut à l'empereur A urélien,
cessa'. qui assiégeait Tyane, cl lui recommanda
Au moment où Domilien périt, Apollo- d'épargner sa ville, ce que fil Ausélien.
nius, au milieu d'une discussion publique, il y a eu des gens qui ont trouvé. Apol-
s'arrêta, et, changeani de voix, s'écria, ins- lonius vivant au douzième siècle. Voy. Ak-
pire par le diable C'est bien fait, Sté-
: — TEPHIIIS.
phane , courage! lue le lyran! Ensuite, — APO.MAZAR. Des significations et e'véne-
après, un léger in'le.i ville, il reprit Le ty- : — mrnts des songes selon la doctrine des In-
,
i;in e^i moi t. Stéphane en ce moment assas- diens, Perses et Egyptiens, par Apomazar.
mii.iii Domilien. Vol. in-8° ; Paris, 1580. Fatras oublié, mais
Ce alors, à re qu'on croit, que le sor-
lut rare.
cier Tespesion pour montrer qu'il pouvait
,
APONE. Voy. Pierre d'Apone.
eneli.iniei les arbres, commanda à un orme APPARITION. On ne peut pas très bien
de saluer Apollonius , ce que l'orme fit ; préciser ccque c'est qu'une apparition. Dom
mais d'une voix grêle ei efféminée (1). C'ô- Calmct dit que si l'on voit quelqu'un en
,
t iil bien excusable de la part d un orme. songe, c'est une apparition. « Souvent .
bre à Tyane, à Rome, à Byzarce, à Antio- fois un fait surnaturel quand il a des re-,
qu'une chose qui est arrivée autrefois dY- gure d'un chien; à Pylhagore, sous celui
vrait arriver encore. 11 y a bien des choses d'un fleu\e ; à Apollonius, sous celle d'un
qui oui eu lieu jadis el qui ne se renou- orme (1). etc.
vellent pas, dans ie système mémo des ma- Excepté les démons de midi, les démons at
térialistes eoiume il y a bien des choses
,
les spectres apparaissent la nuit plutôt iju le •
qui oui lieu aujourd'hui, et que jadis on joui-, et la nuit du vendredi au samedi de
n'a pas soupçonnées. préférence à toute autre, comme le témoigne
Nous devons admettre et noire les appa- Jean Itodiu.
ritions rapportées dans les saintes Ecritu- Les apparilions des esprils, dit J.ambliqu'e,
res. Nous ne sommes pas tenus a la même sont analogues à leur essence. L'aspect des
foi dans simples histoires
les et il y a des;
habitants des ci eux est consolant, celui des
apparitions qui, réelles ou intelleciueiies, archanges terrible, celui des anges moins
son! l'oit surprenantes. On lit dans la vie de sévère ce i:i des dénions épouvantable. H
,
;
se montrent guère à trois personnes en- apparaît sous une peau de chien ou sous
semble. toute autre forme laide est un démon ; niais
Il y a des apparitions imaginaires causées le diable est si malin, qu'il vient aussi sous
par les remords; des meurtriers se sont crus des traits qui le font prendre pour un ange.
harcelés ou poursuivis par leurs victimes. I! faut donc se défier. Voy. pour les anecdo-
Une femme, en 1726, accusée, à Londres, tes,Visions, Spectres-, Fantômes Halluci-
d'être complice du meurtre de son mari, niait nations, Esprits, Lutins, Vampires, Reve-
le fait; on lui présente l'habit du mort, qu'on nants, Songes, Armées prodigieuses, etc.
secoue devant elle son imaginai, on épou-
; Voici, sur les apparitions, un petit fait qui
vantée lui fait voir son mari même; elle se jet le a eu lieu à La Rochelle, et que les journaux
à ses pieils et déclare qu'elle voit son inari. rapportaient en avril 1843. « Demis quelque
Mais on trouvera des choses plus inexplica- temps, la population se préoccupait des re-
bles. venants qui apparaissaient ions les soirs
Les apparitions du diable, qui a si peu be- sous la forme de flammes phosphorescentes,
soin de se montrer pour nous séduire, faibles bleuâtres et mystérieuses. Ces revenants ont
que nous sommes, oui donné lieu à une mul- été pris au trébuche! c'étaient cinq gros
:
titude de contes merveilleux. Des sorciers, réjouis de paysans dus environs qui, grimpés
brûlés à Paris, ont dit en justice que, quand tous les soirs sur des arbres (rès-élevés, lan-
le diable veut se faire un corps aérien pour çaient des bou elles phosphor ques ,ivec un
se montrer aux hommes, « il faut que le fil imperceptible. Pendant la nuft, ils don-
vent soit favorable et que la lune soit
, naient le mouvement et la direction qu'ils
pleine.» Et lorsqu'il apparaît, c'est tou- voulaient à leurs globes de feu, et quand
jours avec quelque défaut nécessaire, ou les curieux couraient après une flamme, elle
trop noir, ou trop pâle, ou trop rouge, ou devenait aussitôt invisible; mais, à l'instant,
trop grand, ou trop petit, ou le pied fotir- il en surgissait une autre sur un point op-
(1) Gabriel Naudé, Apol pour les grands pyersopxtages V
(2) L'inconstance des démons, liv. dise, %.
(il DICTIONNAIIlE DBS SCIENCES OCCULTES. 112
posé pour détourner l'attention. Ce jeu s'ef- L'esprit se remit à faire du bruil le 26; il
fectuait iiinsi pendant quelques instants suc- verrouilla les portes, dérangea les meubles,
cessivement, et puis simultanément, de ma- ouvrit les armoires ; et pendant que M. de S""
nière à produire plusieurs flammes à la fois. tremblait de tous ses membres, l'esprit, sai-
<— Cette jonglerie trompa bien des incrédul- sissant l'occasion, lui parla enfin à l'oreille
es effrayés; mais enfin il se trouva un es- et lui commanda de faire certaines choses
prit rassis. Caché derrière une haie, il ob- qu'il tint secrètes, et qu'il fit quand il fut
erva attentivement la mise en scène et sorti de l'évanouissement que la peur lui
devina le secret de la comédie. Suffisamment avait causé. L'esprit revint au bout de quinze
édifié, il alla quérir la gendarmerie, et les jours pour le remercier, frappa un grand
rinq mystificateurs furent arrêtés au moment coup de poing dans une fenêtre en signe
où ils donnaient une nouvelle représenta- d'actions de grâces ; —
Et voilà l'aventure de
tion. Quel était leur but? On l'ignore le ;
de Saint-Maur, que M. Poupart a le
l'esprit
plus curieux de l'histoire, c'est qu'une com- bon esprit de regarder comme inexplicable,
mission scientifique avait déjà préparé un à moins qu'elle ne soit l'enfantement d'un
rapport sur l'étonnant phénomène météoro- cerveau visionnaire. Voy. Meyer , Cal-
logique de ces mauvais plaisants. met , etc.
APULEE. Philosophe platonicien, né en
Dissertation sur ce qu'on doit penser de l'ap- Afrique, connu par le livre de l'Ane d'or.
parition des esprits, à l'occasion de l'aven- Il vécut au douzième siècle sous les Anlo-
ture arrivée à Saint-Maur en 1706, par nins. On lui attribue plusieurs prodiges aux-
M. Poupart, chanoine de Saint-Maur, près quels, sans doute, il n'a jamais songé. Il dé-
Paris. Paris, 1707. pensa tout son bien en voyage, et mit touj
L'auteur croit, avec la modération conve- ses soins à se faire initier dans les mystères
nable, aux. apparitions. 1.1 raconte l'aventure des diverses religions païennes; après quoi
il s'aperçut qu'il était ruiné. Comme il était
de Saint-Maur; elle a fait tant de bruil à Pa-
ris dans sa nouveauté, que nous ne pouvons
bien fait, instruit et spirituel, il captiva l'af-
la passer sous silence. M. de S"*, jeune
feclion d'une riche veuve de Carthage, nom-
homme de vingt cinq ans, fixé à Saint-Maur, mée Pudentilla, qu'il parvint à épouser. Il
entendit plusieurs fois la nuit heurter à sa était encore jeune, et sa femme avait soixante
porte, sans que sa servante, qui y courait ans. Cette disproportion d'âge et la pauvreté
aussitôt, trouvât personne. On tira ensuite connue d'Apulée firent soupçonner qu'il avait
les rideaux de son lit; et le 22 mars 1706,
employé, pour parvenir à ce riche mariage,
la magie elles philtres. On disait même qu'il
sur les onze heures du soir, étant dans son
cabinet avec trois domestiques, tous quatre avait composé ces philtres avec des filets de
entendirent distinctement feuilleter des pa- poissons, des huîtres et des pattes d'écre-
piers sur la table. On soupçonna d'abord le visses. Les parents à qui ce mariage ne
,
(1) Sa défense se trouve dans ses oeuvres , sous le litre (3J Delancre. Tableau de l'inconstance des démons, etc.
lie Oralio de mania. liv.IV cb. 1 èr .
BTeC des renia n) ues, in- 12. Paris, 1698. mise en cataplasme sur les tempes guérisse la
sa pièce, mais un de ses amis l'en empêchai sont encore dévoués aux esprits de l'enfer :
la pièce alla aux nues, et l'auteur n'en de- le poirier sauvage , l'églantier, le figuier, la
meura pas moins persuadé qu'une araignée verveine la fougère, etc.
,
porte bonheur lorsqu'on l'écrase (2). Des arbres ont parlé ; chez les anciens ,
Dans le bon temps de la loterie, des fem- dans les forêls sacrées, on a entendu des
mes enfermaient le soir une araignée dans arbres gémir. Les oracles de Dodone étaient
une boîte, avec les quatre-vingt-dix numéros des chênes qui parlaient.
(1) Des Erreurs et des préjugés, t. I, p. S10. par une société de gens de lettres, t. I, au mot Abaco.
(î) Annales dramatiques ou Dictionnaire des théâtres,
, (5) Les Admirables secrets d'Albert le Grand, llv. III.
115 DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCULTES. 116
On entendit, dans une forêt d'Angleterre, histoire de revenant qui fit assez de bruit à
Un arbre qui poussait des gémissements; on Marseille; c'était uue espèce de feu ardent
le disait enchanté. Le propriétaire du terrain ou d'homme de feu. Le comte et la comtesse
tira beaucoup d'argent de tous les curieux d'Alan voyaient toutes les nuits un spectre
qui venaient voir une chose aussi merveil- enflammé se promener dans leur chambre ,
leuse. A la fin, quelqu'un proposa de couper et aucune force humaine ne pouvait le forcer
l'arbre le maître du terrain s'y opposa
; ,
à se retirer. La jeune dame supplia son mari
non par un motif d'intérêt propre, disait-il, de quitter une maison et une ville où ils ne
niais de peur que celui qui oserait y mettre pouvaient plus dormir. Le comte, qui se
la cognée n'en mourût subitement; on trouva plaisait à Marseille, voulut employer d'abord
un homme qui n'avait pas peur de la mort tous les moyens pour l'expulsion du fantôme.
subite et qui abattit l'arbre à coups de
,
Gassendi fut consulté; il conclut que ce fan-
hache alors on découvrit un tuyau qui
:
tôme de l'eu qui se promenait toutes les nuits
formait une co.nmnnication à plusieurs toi- était formé par des vapeurs enflammées que
ses sous terre et par le moyen duquel on
j
produisait :c souffle du comte et de la com-
produisait les gémissements que l'on avait tesse ;.... d'autres savants donnèrent des ré-
remarqués, ponses aussi saliS'I'aisantes. On découvrit
ARC EN-CIEL. LechapilrcIXde la Genèse enfin le secret. Une femme de chambre ,
semble dire, selon des commentateurs, qu'il cachée sous le lit , faisait paraître un phos-
n'y eut point d'arc- en -ciel avant le déluge : phore à qui la peur donnait une taille et des
mais je vu qu'il n'y en
ne sais (1) où l'on a formes effrayantes et la comtesse elle-même
;
aura plus quarante ans avant la lin du faisait jouer celte farce pour obliger son
monde, « parce que la .sécheresse qui pré- mari à partir de Marseille , qu'elle n'aimait
cédera l'embrasement de l'univers consu- pas....
mera matière de ce météore. » ('/est
la ARGENS ( Royer d' ) , marquis, né en
pourtant une opinion encore répandue chez 170V, à Aix en Provence. Ontrouve, parmi
ceux qui s'occupent de la lin du monde. beaucoup de fatras, des choses curieuses
L'arc-en-fiel a son principe dans la na- sur les gnomes, les sylphes, les ondins et les
ture et croire qu'il n'y eut point d'arc-en-
;
salamandres, dans ses « Lettres Cabalistiques,
ciel avant le déluge, parce que Dieu Dû fit le ou Correspondance philosophique, historique
signe de son alliance, c'est comme si l'on et critique entre deux cabalisies, divers es-
di-ait qu'il n'y avait point d'eau avant l'insti- prits élémentaires et le seigneur Astarolh. »
tution du baptême. Et puis, Dieu ne dit point, La meilleure é iilion est de 17(59 7 vol. in- ,
au chapitre IX de la Genèse, qu'il place son 12. Ce livre, d'un Irès-mauvais esprit, est
are-en-ciel, mais son arc en signe d'alliance; infecté d'un philosophisme que l'auteur a dés-
et comment atlrihuera-t-on a l'arc-eh-ciel avoué ensuite.
ce passage d'Isaïe J'ai mis mon arc et ma
: ARGENT. L'argent qui vient du diable
flèche dans les nues? est ordinairement de mauvais
Delrio aloi.
ARDENTS (mal des), appelé aussi fru in- conte qu'un homme, ayant reçu du démon
fernal. C'était au onzième et au douzième" une bourse pleine d'or, n'y trouva le lende-
siècle une maladie non expliquée, qui se main que îles charbons et du fumier.
manifestait comme un l'eu intérieur et dévo- Un inconnu, passant par un village, ren-
rai! ceux qui en étaient frappés. Les per- contra un jeune homme de quinze ans, d'une
sonnes qui voyaient là un effet de la colère figure iplçressante et d'un extérieur fort
céleste l'appelaient feu sacré; d'autres le simple. 11 lui demanda s'il voulait être riche ;
nommaient feu infernal; ceux qui l'attri- le jeune homme ayant répondu qu'il le dési-
buaient à l'influence des astres le nommaient rait, l'inconnu lui donna un papier plié, et
sidéralion. Les reliques de saint Antoine, lui dit qu'il en pourrait faire sortir autant
qu:' le comte de Josselin apporta de la Terre d'or qu'il le souhaiterait, tant qu'il ne le
Sainte à la Mnthe-Saint-Didier, ayant guéri déplierait pas; et que s'il domptait sa curio-
plusieurs infortunés atteints de ce mai on , sité, il connaîtrait avant peu son bienfaiteur.
le nomme encore feu de saint Antoine. Le jeune homme rentra chez lui, secoua son
Ou fêtait à Paris sainte Geneviève des Ar- trésor mystérieux il ,en tomba quelques
dents, en souvenir des cures merveilleuses pièces d'or.... Mais, n'ayant pu résiste/ à la
opérées alors par la châsse de la sainte (2) tentation de l'ouvrir, il y vil des griffes de
sur les infortunés atteints de ce mal. chat, des ongles d'ours, des pattes de cra-
ARDENTS exhalaisons enflammées qui
, pauds, et d autres figures si horribles, qu'il
paraissent sur les bords des lacs et des mu- jeta le papier au l'eu OÙ il fut une demi-
,
([) Browo, Erreurs populaires, liv. VII, ch, .'i. é|iilémique, une sorte de lèpre brûlante, dont on dut U
(2) Le mai i/c> ardents, qui .se nommait aussi feu infer- gué ison à saiiuc Geneviève.
iul, et reu Saint-Antoine, était a Paris uue alTreuse maladie (ôj Discours dos spectres, liv I, ch. 7.
U7 AKU A IU 118
qu on l'enterrât M
te mi, parce qu'il trouv.iit part de ce soufre; versez uessus trois fois
l'idée de s'en séparer décimante. <m ne lui son poids d'esprit blanc mercuriel exilait
promit rien précisément; ci il mourut en du vitriol miner. il; bouche/ bien le Vase;
contemplant stm 6h Alors on lui arracha l.l faites digérer .ni liai n vaporeux jusqu'à ce
bourse des mains, ce qui ne se lit pas sans que le souire soil rerinil en liqueur; alors
peine. Mais quelle lui la surprise de la fa- versez dessus de Ires-bon esprit de tin à
mille assemli'ce lorsqu'on ouvrant le sac
,
poids égal; digérez-les ensemlile pendant
on y trouva, non plus des pièces d'or, mais quinze puirs passez le loul par l'alambic ;
;
qve vingt sous pour toute fortune se mit à médecine, fond l'hvdropisie et guérit lous les
(Ire aa vin aux passants. Pour gagner maux intérieurs al.
davantage, il mettait autant d'eau que de vin AlU'.OUr.KS. Voy. Fées, à la fin.
dans ce qu'il vendait. Au bout d'un certain ARIGNOTE. Lucien conte qu'à Corinthe,
temps, il amassa par celle voie injuste, la
,
dans lequartier de Craiiaiis, personne n'o-
somme de cent livres. Ayant serré cet argent sait habiter une maison qui était visitée d'un
dans un sac de cuir, il alla avec un île ses spectre. Un certain Arignole, s'étant muni
amis faire provision de vin pour continuer de livres magiques égyptiens, s'enferma dans
son trafic; mais, comme il ét.:it près d'une celte maison pour y passer la nuit, et se mit
rivière, il tira du sac do cuir une pièce de à lire tranquillement dans la cour. Le spectre
vingt sons pour une petite emplette; il tenait parut bientôt pour effrayer Arignoto, il prit
;
lé sac dans la main gaucho cl la pièce dans d'abord la figure d'un chien, ensuite celles
la droite; incontinent un oiseau de proie d'un taureau et d'un lion. Mais, sans se
fondit sur lui et lui enleva son sac qu'il ,
troubler, Arignote prononça dans ses livres
laissa tomber dans la rivière. Le baiivre des conjurations qui obligèrent le fantôme à
homme, dont toute la fortune se trouvait se retirer dans un coin de la cour, où il
ainsi perdue , dit à son compagnon Dieu : — disparut. Le lendemain on creusa à l'endroit
est équitable; je n'avais qu'une pièce de où le spectre s'étail enfoncé; on y trouva un
vingt sous quand j'ai commencé à voler; il squelette auquel on donna la sépulture, et
m'a laissé mon bien, et m'a ôté ce que j'a- rien ne parut plus dans la maison. Celte —
vais acquis injustement (2). anecdote n'est autre chose que l'aventure
Un étranger bien Vêtu, passant au mois d'Alhénodore, que Lucien avait lue dans
de septembre ÎGOG clans un village de la Pline, et qu'il accommode à sa manière pour
Franche-Comté, acheta une jument d'un divertir ses lecteurs.
paysan du lieu pour la somme do dix-huit ARIMANE prince des enfers chez les
,
diicatons. Comme il n'en avait que douze anciens Perses, source du mal, démon noir,
dans sa bourse il laissa une Chaîne d'or en
,
engendré dans les ténèbres (6), ennemi d'O-
gage du reste, qu'il promit de payer à son romaze, principe du bien. Mais celui-ci est
retour. Le vendeur serra le tout dans du éternel, tandis qu'Arimane est créé et doit
papier, elle lendemain trouva la chaîne dis- périr un jour.
parue , et douze plaques de plomb au lieu ARIOCH démon de la vengeance selon
, ,
soufre bleu céleste; mettez-lé dans un vase d'un cerf, Wierns dit sous la figure d'un
de verre; versez dessus d'excellent esprit corbeau (8). —
Hérodote rapporte, dans son
de vin; faites digérer au bain pendunt vingt- quatrième livre, que cet Arislée, entrant un
quatre heures; et quand l'esprit de vin adra jour dans la boutique d'un foulon, y lomba
attiré le soufre par distillation, prenez une mort; que le foulon courut avertir ses pa-
(1) Osarii Hist. de morientiBus, cap. 39 Miroc.lib. H.
(5), Traité de chimie pliilosoph. el hermétique, p. 168.
(2) Suiiil Grégoire de Tours, livre des Miracles. I*tul;irqiie, sur Isis et (Jsiris.
(6)
ti)
(3) Roguei, Discours des sorciers.
7) Traité sur la magie, etc., p. 6G.
(4) Tliiers, Tr»iié des superst., eic.
fi) De Pr»sligus d*iii., lib, J, cap. 11.
Si
i\ô IMC IONNAIRE
i DES SCIENCES OCCULTF.P. 120
renis, qui arrivèrent pour le faire enterrer. sion. Le Macédonien, écoutant les leçons île
Mais on ne trouva plus le corps. Toute la la sagesse promit de rompre d'indignes
,
ville était en grande surprise, quand des gens liens. L'Indienneconnut la cause de ce chan-
qui revenaient de quelque voyage assurèrent gement subit et prit la résolution de s'en
qu'ils avaient rencontré Aristée sur le che- venger. Elle alla trouver le philosophe, et
min de Crolone (1). Il paraît que c'était une comme il n'était protégé que par sa pauvre
rspèce de vampire. Hérodote ajoute qu'il re- philosophie, elle i'eui bientôt séduit par ses
parut au bout de sept ans à Proconèse, y agaceries. Quand elle eut tourné l'esprit du
composa un poëme et mourut de nouveau. vieillard, elle exigea, pour prix de ses sou-
Lenoyer, qui regarde Aristée comme un rires, qu'il satisfît à un désir qu'elle avait
sorcier à extases (2) cite une autorité d'a-
, toujours eu ; c'était qu'il consentît à la lais-
près laquelle, à l'heure même ou ce vampire ser se mettre à cheval sur son dos. Arislole,
disparut pour la seconde fois, il aurait été chauve et ridé, n'eut pas la force de refuser
transporté en Sicile, et s'y serait fait maître une demandeaussi absurde. La fine Indienne,
d'école. allant chercher aussitôt une selle et une
Il se montra encore cent quarante
trois bride, plaça la selle sur le dos du philosophe,
ans après, dans de Métaponte et il
la ville , et la bride dans sa bouche; puis elle sauta
y fit élever des monuments qu'on voyait du sur lui comme sur un roussin. En ce mo-
temps d'Hérodote. Tant de prodiges engagè- ment, Alexandre, qui était prévenu, parut à
rent les Siciliens à lui consacrer un temple, une fenêtre, et put adresser à son maître les
où ils l'honoraient comme un demi-dieu. mêmes leçons que ce dernier lui donnait peu
AR1STODEME roi des Messéniens. Voy.
de jours auparavant (6).
,
(6) Al, Leroux tic Lincy, Légende d'Hippocraie. latine, iiiierjircte Muruiolao Barbara. Haie, in-8", 1330.
i.-i AliM AUN m
Cette divination, qui comprend aussi une Mius vous imaginez, ni de vrais fantômes,
partie de la cabale des Juifs (!) ni de vrais soldats. Nous sommes les âmes
AR1DS, fameux hérétique qui niait la di- de ceux qui ont été tués en Cet endroit dans
vinité de Jésus-Christ, Notre-Seigneur. Voici la dernière bataille. Les armes et les chevaux
Alexandre, évoque de Byzance, voyant que supplice, comme ils l'ont été de nos péchés.
les sectateurs d'Arlus voulaient le porter en Nuis sommes tout en feu, quoique vous n'a-
triomphe, le lendemain dimanche, dans le perceviez en nous rien qui paraisse eu
temple du Seigneur, pria Dieu avec zèle flammé. — On dit qu'on remarqua en leur
d'empêcher ce scandale, de peur que si compagnie le comte Enrico et plusieurs au-
Arius entrait dans l'église, il ne semblât que tres seigneurs tués depuis peu d'années, qui
l'hérésie y lût entrée avec lui. Et le lende- déclarèrent qu'on pouvait les soulager par
main dimanche, au moment où l'on s'atten- des aumônes et des prières (•!). Voy. Appa-
dait à voir Arius, l'hérétique ivrogne, sen- ritions, Phénomènes, Visions, Aurore uo-
tant on certain besoin qui aurait pu lui être KÉAI.E. etc.
fort incommode dans la cérémonie de son ARMIDE. L'épisode d'Armide, dans le
triomphe, fut obligé d'aller aux lieux se- Tasse, est fondé sur une tradition populaire
crets, où il creva par le milieu du ventre, qui est rapportée par Pierre Delancre (•'$).
perdit les intestins, el mourut d'une mort Cette, habile enchanteresse était fille d'Arhi-
infâme et malheureuse, frappé, selon quel- lan, roi de Damas elle fut élevée par Ili-
;
ques-uns, par le diable, qui dut eu recevoir draote, son oncle, puissant magicien, qui en
l'ordre, car Arius était de ses amis. lit une grandi- sorcière. La nature l'avait si
bre. Il n'y eut plus de maléfice dès lors, et par l'inspection des épaules (4). On juge en-
l'on a eu tort de voir là autre chose que de core aujourd'hui qu'un homme, qui a les
la malice. épaules larges, est plus fort qu'un autre qui
ARMÉES PRODIGIEUSES. Au siège de les a étroites.
Jérusalem par Tilus, et dans plusieurs au- ARNAUD DE BRESSE, moine du douzième
tres circonstances, on vit dans les airs des siècle, disciple d'Abcilard. Turbulent et am-
armées ou des troupes de fantômes, phéno- bitieux, il se fit chef de secle II disait que
mènes non encore expliqués, et qui jamais les bonnes œuvres sont préférables au sacri-
ne présagèrent rien de bon. fice de la messe ce qui est absurde
;
car le ;
Plularque raconte, dans la vie de Thémis- sacrifice de la messe n'empêche pas les bon-
toile, que pendant la bataille de Salamine, nes œuvres il les ordonne au contraire et
, ;
on vit en l'air des armées prodigieuses et sa comparaison n'avait pas le sens commun.
des figures d'hommes qui, de l'île d'Egine, 11 avait jeté le froc, comme tous les réfor-
tendaient les mains au-devant des galères mateurs. Ayant excité de grands troubles, il
grecques. On publia que c'étaient les Eaei- fui pris el brûlé à Rome en 1155. Ou l'a mis
des qu'on avait invoqués avant la ba-
, au rang des sorciers; il ne t'était guère,
taille. mais il était dissolu el il fil beaucoup de mal.
Quelquefois aussi on a rencontré des trou- AKNAULD ( Angélique ). Apparition de
pes de revenants et de démons allaut par ba- la mère Marie- Angélique Arnauld abbesse ,
taillons el par bandes. Voy. Retz, etc. de Porl-Royal de Paris, peu avant la mort
En 1123, dans le comté de Worms, on vit, de la sœur Marie-Dorothée Perdereau, ab-
pendant plusieurs jours, une multitude de besse intruse de ladite maison; rapportée
gens armés, à pied et à cheval, allant et ve- dans une lettre écrite en 1685, par M. Du
nant avec grand bruit, et qui se rendaient fossé, à la suite de ses mémoires sur Port-
tous les soirs vers l'heure de noue, à une Royal. — * Deux religieuses de Port-Royal,
montagne qui paraissait le lieu de leur réu- étant à veiller le Saint Sacrement pendant la
nion. Plusieurs personnes du voisinage s'ap- nuit, virent tout d'ot« coup la feue mère An-
prochèrent de ces gens armés, en les conju- gélique, leur ancienne abbesse, se lever du
rant, au nom de Dieu, de leur déclarer ce lieu où elle avait été inhumée ayant eifc ,
que signifiait cette troupe innombrable et main sa crosse abbatiale, marcher lout le
quel était leur projet. Un des soldats ou fan- long du chœur et s'aller asseoir à la place
tômes répondit : Nous ne sommes pas ce que où se met l'abbesse pendant les vêpres.
(1) Delancre, Incrédulité et mécréaiice du sortilège (4) Du mot latin armus, épaule.
Les anciens appli
pleinement convaincue, traité 5. quaient surtout cette divination aux animaux. Ils ju-
(-2) Chronique d'Ursperg.
geaient par l'arniomancie si la victime était bonne pour
(3J Tableau de l'inconstance des mauvais anges, etc., les dieux.
Il v- 1.
123 DICTI0NNA1KE DES SCIENCES OCCULTES. 124
« Etant assise, elle appela une religieuse dont les Quades fermaient l'issue, et mou-
qui paraissait au même lieu, et lui ordonna rant de soif sous un ciel brûlant, il fit tom-
d'aller chercher la sœur Dorothée, laquelle, ber, par le moyen de son art, une pluie pro-
ou du moins son esprit, vint se présenter digieuse qui permit aux Romains de se dés-
devant la mère Angélique qui lui parla ,
altérer, pendant que la grêle et le tonnerre
pendant quelque temps, sans qu'on pût en- fondaient sur les Quades et les contraignaient
tendre ce qu'elle lui disait après quoi, tout ; à rendre les armes. C'est ce que racontent,
disparut. dans un but intéressé quelques auteurs ,
« On ne douta point que la mère Angé- païens. D'autres font honneur de ce prodige
liqu •
n'eût eité la sœur Dorothée devant aux impuissantes prières de Marc-Aurèle.
Dieu ; et c'est la manière dont elle l'inter- L s auteurs chrétiens, les seuls qui soient
préta fil -même, lorsque les deux religieu- ici dans la vérité, l'attribuent unanimement,
se^ qui avaient été témoin de «elle appari- et avec toute raison, à la prière des soldats
tion la lui rapportèrent. Klle s'écria: Ali 1 — chrétiens qui »e trouvaient dans l'armée ro-
je mourrai bientôt. Et en effet, elle mourut maine.
quinze jours ou trois semaines après. » ARNUS, devin tué par Hercule, parce qu'il
Voilà ! faisait le métier d'espion. Apollon vengea la
ARNAULD DE VILLENEUVE, médecin, mort d'Arnus, qu'il inspirait, en mettant la
astrologue et alchimiste, qu'il ne faut pas peste dans le camp des Héraclides. Il fallut,
confondre; comme on l'a fait quelquefois, pour faire cesser le fléau , établir des jeux en
avec Arnaud de Bresse. Il était né auprès de l'honneur du défunt.
Montpellier; il mourut dans un naufrage en AROÏ. Voi/. Marot.
131V. ARPHAXAT sorcier perse, qui fut tué
,
La chimie lui doit beaucoup de découver- d'un coup de foudre, si l'on en croit Abdias
tes il ne cherchait, à la vérité, que la pierre de Bsbylone (5) à l'heure même du martyre
—
; ,
phiibsojpnaic el ne songeait qu'à Caire de de saint Simon et de saint Jude. Dans une
l'or; mais il trouva les Irois acides sulfuri- possession qui fit du bruit àLouduu(G), on
que, murialique et nitrique. Il composa le cite un démon Arphaxat.
premier de l'alcool et du ralafia; il fit con- ART DE SAINT ANSELME. Moyen super-
naître l'essence de térébenthine, régularisa stitieux de guérir,employé par des impos-
la distillation, etc. Il mêlait à ses vastes teurs qui prenaient le nom d'anselmistes. Us
connaissances en médecine des rêveries as- se contentaient de toucher, avec certaines
trologiques, et il prédit la fin du monde pour paroles, les linges qu'on appliquait sur les
l'année 1335. blessures. Us devaient le secret de leur art,
On l'accusa aussi de magie. François Pe- disaient-ils, à saint Anselme de Cantorbéry.
gna dit qu'il devait au démon toul ce qu'il Aussi l'appelaient-ils l'art de saint Anselme,
savait d alchimie, et Mariana (t) lui repro- voulant de la sorte se donner un certain ver-
che d'avoir essayé de former un homme avec nis. Mais Delrio assure que leur véritable
de certaines drogues déposées dans une ci- chef de file est Anselme de Parme.
trouille. Mais Delrio justifie Arnauld de Vil- ART DE SAINT PAUL. Moyen de prédire
leneuve de ces accusations; et le pape Clé- les choses futures que des songes creux ont
,
ment V ne l'eût pas pris pour son médecin prétendu avoir été enseigné à saint Paul
s'il eût donné dans la magie. —
L'inquisi- dans son voyage au troisième ciel. Des char-
,
tion de Tarragone fil brûler ses livres, trois latans ont eu le front de s'en dire héritiers.
ans après sa mort, mais elie les fit brûler ART DÉS ESPRITS, appelé aussi art un-
comme étant empreints de plusieurs senti- gélique. Il consiste dans le talent d'évoquer
ments hérétiques. les espritsj el de les obliger à découvrir les
On recherche d'Arnauld de Villeneuve un choses cachées. D'autres disent que l'art an-
traité de l'explication des songes (2) mais ; gélique est l'art de s'arranger avec son ange
on met sur son compte beaucoup d'ouvrages gardien, de manière à recevoir de lui la ré-
d'alchimie ou de magie auxquels il n'a pas vélation de tout ce qu'on veut savoir. Cet art
eu la moindre part. Tels sont le livre des : superstitieux se pratique de deux manières,
Ligatures physiques (3), qui est une traduc- ou par des extases, dans lesquels on reçoit
tion d'un livre arabe et celui des Talismans ; des avis, ou par des entretiens avec l'ange
des douze signes du zodiaque (h). On lui at- que l'on évoque, qui apparaît, et qui, en
tribue aussi faussement le livre stupidë et celte circonstance; n'esl pas, sans doute, un
infâme des Trois imposteurs. ange de lumière. Voy. Evocation.
ARNOUX, auteur d'un volume in-12, pu- ART NOTOIRE espèce d'encyclopédie ,
un goût bizarre et propre à troubler les connaissance de toutes les sciences en qua-
imaginations faibles, par des coules de vi- torze jouis. L'auteur du livre dit effronté-
sions et de revenants. ment que le Saint-Esprit le dicta à saint
ARNUPHIS, sorcier égyptien. Voyant Marc- Jérôme. Il assure encore que Salomon n'a
Aurèle et son armée engagés dans des défilés obtenu la sagesse el la science universelle
que pour avoir lu en une seule nuit ce mer- tion latine de Rigaut(2), et quelques tra-
Houx livfô.
> .-, faudrait i|li'il eût déjà èU
Il duelions françaises (.'!).
dirté à quelque enfant d'Israël; car c6 serait ARTEPFIIUS, philosophe hermétique du
Ull prodige trop grand, t(UO Salomon eût lu douzième siècle, que les alchimistes disent
le manuscrit Jérôme. M is les fai-
(te -aiut i
a\ oir véi u plus de milleans par les secrets ,
seurs d'écrits de ce genre ne reculent pas de la pierre philosophale. François Pie. rap-
pour si peu. porte le senlimenl de quelques savants qm
Gilles Rourdin a publié, au seizième siècle, affirment qu'Ai lephius est le même qu'Apol-
nu grimoire obscur, rfotts le litre de VArl no- lonius deTyanes, né au premier siècle, SOUS
toire. Il n'est pas probable que ce soit la ce nom et mort au douzième , sous celui
,
jeûnes, des prières, des retraites puis leur , préface, avoir composé à l'âge de mille vingt-
faisaient entendre, à genoux, la 'dure du I
cinq ans ;2" la Clef' de la Sagesse suprême (V) :
livre de 1.1(7 notoire, et leur persuadaient 3" un livre sur les caractères des planètes,
qu'ils étaient devenus aussi savants que Sa- sur la signification du chant des oiseaux sur ,
Ce livre a été condamné par le pape Pie V. ouvrages, au seizième livre de la Variété des
Mêlant les choses religieuses à ses illusions, choses, croit qu'ils ont été composés par
l'auteur recommande entré autres soins de quelque plaisant qui voulait se jouer de la
,
réciter tous les jours, pendant sept semaines, crédulité des partisans de l'alchimie.
les sept psaumes de la pénitence, et de chan- ARTHÉMIA, fille de l'empereur Dioclétien.
ter tons les malins, au lever du soleil, le Elle lut possédée d'un démon qui résista aux
Veni, Creator, en commençant un jour de exorcisles païens, et ne céda qu'à saint Cy-
nouvelle lune pour se préparer ainsi à la
,
riaque, diacre de l'Eglise romaine.
connaissance de l'Art notoire (1). Erasme, L'idée de rire et de plaisanter des posses-
qui parle de ce livre, dans un de ses col- sions et des exorcismes de l'Eglise est venue
loques, dit qu'il n'y a rien compris; qu'il quelquefois à des esprits égarés, qu'il eût été
n'y a trouvé que des figures de dragons, de bon peut-être d'exorciser eux-mêmes.
lions, de léopards, des cercles, <\vi triangles,
des caractères hébreux, grecs, latins, et
ARTHUS ou Artds, roi des Bretons, cé-
qu'on n'a jamais connu personne qui eût rien
lèbre dans les romans de la Table-Ronde, et
dont entourée de fables. On pré-
la vie est
appris dans tout cela.
tend qu'il revient la nuit dans les forêts de
Des doctes prétendent que le véritable Ars ,
épreuves.
échos du voisinage (7 L'orfraie, la buse el
.
voyage dans noire Bretagne, y eut connais- était mouillé de pleurs et annonçait un grand
sance d'une vieille chronique, intitulée: chagrin.
Brut-y-Brenhined (Histoire des rois bretons). Introduite devant le prince, elle le salua
Aucun livre ne devait flatter davantage un respectueusement, et s'élant essuyé les yeux,
Anglais aussi Gautier lit-il copier celui-ci,
: lui demanda pardon de venir l'importuner
et il l'emporta en Angleterre, dans le dessein de ses douleurs mais on lui avait pris, di-
;
écrit en bas-breton; mais Gautier savait que, elle pleurait et se voyait condamnée aux
parmi ses compatriote», les habitants de la larmes, jusqu'à ce qu'il lui lût rapporté. Il
province de Galles entendaient celle langue, n'y avait que le plus brave des chevaliers
et il s'adressa, pour faire traduire sa chro- qui pût le conquérir et le lui rendre; el où
nique, à un moine gallois, nomme Geoffroi chercher ce héros ailleurs qu'à la cour d'un
de Monmoulh. Geoffroi la traduisit en effet, si grand roi? Elle pria donc Artus de per-
et, quoiqu'on ignore quand elle fut publiée, mettre que quelques-uns des braves qui
néanmoins ce fut postérieurement à l'année l'écoulaient voulussent bien s'intéresser à
1138; mais le translateur, pour embellir son son malheur. Elle assurait !e chevalier qui
sujet, se permit d'y faire des additions, et consentirait à devenir son champion, qu'il
d'y insérer certaines tradilious populaires, serait conduit sûrement au lieu du combat
(1) Théâtre d'Honneur, l. II. p. 136 par sa mule.
1-2» AflT ART 150
Tous allaient l'offrir et briguer l'honneur autour du héros les vagues écornantes s'éle-
il u choix;mais le sénéchal messire Queux vaient en grondanl el s'élançaient sur lui
,
tous les vents déchaînés mugissaient à la fois, aux fenêtres, partout le silence affreux de la
des torrents grondaient comme le tonnerre ; solitude. Un nain paraît enfin et le regarde
des montagnes s'écroulaient avec un fracas avec attention. Gauvain lui demande quel est
horrible. Aussi quoique l'air y lût plus froid
,
son seigneur ou sa dame, où l'on peut les
et plus glaçant que celui de mille hivers en- trouver, el ce qu'ils exigent. Le nain ne ré-
semble, la sueur ruisselait sur tout son corps. pond rien et se relire. Le chevalier poursuil
11 sortit pourtant, à la faveur de sa monture. sa route et voit sortir d'une caverne un géant
Après avoir encore marché quelque temps, d'une laideur affreuse, les cheveux hérissés,
il arriva enfin à une rivière large et profonde et armé d'une hache. Celui-ci applaudit à son
dont les eaux noires n'offraient ni pont ni courage; mais il le plaint d'être venu tenter
bateau, mais seulement une barre de 1er en une aventure dont l'issue ne peut que lui
forme de planche. Queux, ne voyant point là être funeste, et que palissade terrible eût
la
de passage, renonça à l'aventure et revint sur dû l'avertir d'éviter. lui offre ses services
Il
ses pas. Malheureusement, il fallait repasser cependant, le fait manger, le traile bien , le
par la vallée et la forêt. Les serpents et les mène à la chambre où
il doit coucher mais, ;
lions s'élançaient sur lui avec une espèce de avant de sortir, il ordonne au héros de lui
joie, et il en eût été dévoré mille fois , s'ils abattre la léle, en annonçant qu'il viendra le
l'eussent pu faire sans loucher à la mule. lendemain à son tour lui en faire autant.
Du plus loin qu'on l'aperçut du château, Gauvain prend son cimeterre, et fait rouler
on s'apprêta à rire. Les chevaliers s'assem- la léte à ses pieds. Mais quel est son étonne-
blèrent , comme pour le recevoir avec hon- ment de voir celui à qui elle appartient la
neur ; Artus lui-même yint au devant de lui; relever, la replacer sur ses épaules et sortir.
lininmcs el femmes enfin, chacun le plaisan- Il se couche néanmoins et dort tranquille-
procha, lui offrit avec assurance son épée , on le loue, on l'embrasse. Il demande alors
promit de tarir ses larmes, et partit à son où il pourra aller chercher le frein et Ci ,
i! déchire le haubert. Après un long combat son départ. En vain Artus et la reine la pres-
cepenégirt il est lue. Un autre est détaché sèrent d'attendre que les fêtes fussent termi-
plus grand et [dus furieux encore il périt de : nées; rien ne put la retenir : elle prit congé
même. Gauvain, ne voyant plus d'ennemis d'eux, monta sur sa mule cl repartit...
paraître, demande le frein. Le géant, sans lui Tels étaient généralement les romans de
répondre, le reconduit à sa chambre II lui chevalerie et de féerie si chers à nos pères.
lait servir à mangrr pour rétablir ses forces, Voy. Fées, Enchantements, etc.
fi présente ensuite un autre ennemi.
lui ARUNDEL (Thomas). Comme il s'était op-
Celait un chevalier redoutable, celui - là posé (quatorzième siècle) aux séditions des
même qui avait planté les pieux de l'enceinte, wickleffiles, Chassaignon, dans ses Grands et
-
qui de sa main y avait attaché les têtes
[
redoutables jugements de Dieu, imprimés à
des quatre cents chevaliers vaincus. On leur Morges en 1581, chez Jean Lépreux, impri-
amène à chacun un cfieyal; on leur donne meur des très-puissants seigneurs de Berne,
une Forte lance ils s'éloignent pour prendre
; Chassaignon, réformé et défenseur de tous
carrière et fondent l'an sur l'autre. Du pre- les hérétiques, dit qu'il mourut cruellement,
mier choc leurs lances volent en éclats et , l,a langue tellement enflée qu'il ne pouvait
les sangles de leurs chevaux se rompent. Ils plus parler, « lui qui avait voulu empêcher
se relèvent aussitôt pour commencer à pied dans la bouche des disciples de Wickleff, le
un combat nouveau. Leurs armes retentis- cours de la sainte parole.... » Mais il n'ose
sent sous leur épée redoutable leur ccu , pas rechercher si Thomas Arundel fut ,
étincelle, et pendant deux heures entières la comme Wickieff, étranglé par le diable.
victoire reste incertaine. Gauvain redouble ARUSPICES devins du paganisme,
, dont
de courage il assène sur la tête de son ad-
: l'art se nommait Us examinaient
aruspieine.
versaire un si terrible coup, que, lui fendant les entrailles des victimes pour en tirer des
le heaume jusqu'au cercle il l'étourdit et , présages; il fallait être de bonne maison
l'abat. C'en était fait du chevalier il allait : pour exercer cette espèce de sacerdoce. Ils
périr s'il ne se fût avoué vaincu et déjà on , prédisaient 1" par la simple inspection des
lui arrachait les lacets de son heaume. Mais victimes vivantes; 2" par l'état de leurs en-
il rendit son épée et demanda la vie. Dès ce trailles après qu'elles étaient ouvertes 3° par ;
moment, tout fut terminé. Le vainqueur avait la flamme qui s'élevait de leurs chairs brû-
droit au frein; on ne pouvait le lui refuser : lées..— La victime qu'il fallait amener avec
il ne restait plus que la ressource de l'y faire violence, ou qui s'échappait de l'autel, don-
renoncer lui-même , et voici comment on nait des présages sinistres,; le cœur maigre,
espéra réussir. le foie double, ou enveloppé d'une double lu-
Le nain, venant le saluer avec respect, nique, et surtout l'absence du cœur ou du
l'invita, de la part de sa maîtresse, à manger foie, annonçaient de grands maux. On croi-
avec elle. Elle le reçut très-parée, assise sur rait que les aruspices étaient habiles dans
un siège magnifique dont les pieds étaient l'art d'escamoter, car le cœur manqua aux
d'argent, et que surmontait un pavillon orné deux bœufs immolés le jour qu'on assassina
de broderie et de pierres précieuses. Pen- César. —
C'était encore mauvais signe quand
dant le repas, elle lui avoua que la dame la flamme ne s'élevait pas avec force ei n'é-
dont il servait la cause était sa sœur, et tait pas transparente et pure; et si la queue
qu'elle lui avait enlevé le frein. de la bête se courbait en brûlant, elle mena-
—
Mais si vous voulez renoncer aux çait de grandes difficultés dans les affaires.
droits de votre victoire, ajouta-t-elle, si vous Voy. HÉPATO--COPIE.
voulez vous fixer auprès de moi et me vouer ARZELS. Voy. Cheval.
ce bras invincible dont je viens d'éprouver ASAPH1NS, devins ou sorciers chauléens,
la force, ce château et trente-huit autres plus qui expliquaient les songes et liraient les
beaux encore sont à vous avec toutes leurs horoscopes.
richesses; e| celle qui vous prie de les accep- ASCAROTH. C'est le nom que donnent les
ter, s'honorera elle-même de devenir l'é- démonographes à un démon peu connu, qui
pou e du vainqueur. protège les espions et le» délateurs. Il dépend
Gauvain ne fut point ébranlé par ces offres du démon Nergal.
séduisantes. 11 persista toujours à exiger le ASC1K- PACHA, démon turc, qui favorise
frein ; et quand il l'eut obtenu, il repartit sur les intrigues secrètes, facilite les accourh -
sa mule, au milieu des cris de joie d'une ments, enseigne les moyens de rompre les
foule de peuple qui, à son grand élonnement, charmes (1) , etc.
accourut sur son passage c'étaient les habi-
: ASCLETARION, sorcier qui prédit à l'em-
tants du châ;eau qui, confinés jusqu'alors pereur Domitien qu'il serait mangédes hiens; i
dans leurs maisons par la tyrannie de leur sur quoi l'empereur le fil tuer, « ce qui ne
dame, ne pouvaient en sortir sans être aus- l'empêcha pas d'être mangé des chiens ca- ,
sitôt dévorés par ses lions, et qui, maintenant suel'emenl, après sa mort (2).
libres, venaient baiser la main de leur libé- ASLLLE. —
L'aselle aquatique, espèce de
rateur. cloporte , était révérée des Islandais, qui
De retour à Carduel, le chevalier fut reçu croyaient qu'eu tenant cet insecte dans la
de la dame avec les transports et la recon- bouche, ou son ovaire desséché sur la langue,
naissance que devait inspirer un pareil ser- , ils obtenaient tout ce qu'ils pouvaient dé-
(1J Wierus, de Praest dsem., lit). I, cap. vi. (2) Bi'giR'i, Discours des sorciers, ch. u.
t:s ASM Asn !3i
sirer. Us appelaient sou ovaire sec pi<rrc à BOri qu'OO peut
forcer à découvrir-le
soi-
soûl xante-douze légions lui ohei-seul
(|). (),, e
ASUMOLE nomme
|
(
Lui ). antiquaire et alchimis- encore ('.h iinmolai Sydonaï. —I o
ci
le anglais, ne en 1017. On lui doit qulqnes Sage a d'Asmodée lu
fait hépos d'un de ses
OUI i iges utiles, et le Musée ashinolerud'Ox- romans Uuddc b,ili u.r j.
( le
philosophes anglais qui oui écrit >ur les ni) s- s 'abandonner ni à la vie, ni à la
mort. \ s -
tères lu rincliques. Six ans après, il fit im- wilh mourut le premier cl, suivant leur ac-
primer li' Chrmin du bonheur, in-4% 1(158. cord, Asmond, après avoir enseveli son
ami,
(le traité, qui n'est pas de lui, mais auquel avec son chien et son cheval dans une grande
il mit une préface, roule aussi sur la pierre caverne, y porla des provisions pour une
philosopliale. Yoy. l'iuituic ruii.osuriiALii. année et s'enferma dans ce lombeau. Mais
ASILE. Les lois qui accordaient droit ajoute gravement un historien
(2), le diable,
d'asile aux criminels dans les églises, excep- qui était entré dans le corps du mort, lour-
taient ordinairement les sorciers qui, d'ail- menla Asmond, le déchirant, lui dé-
le lidèle
leurs ne cherchaient pas trop là leur recours. figurant visage et lui arrachant même une
le
AS1MA, démon qui rit quand on l'ait le oreille, sans lui donner de raisons de
sa fu-
mal. Il a été adoré à Linalh, dans la tribu reur. Asmond, impatienté, coupa la tête du
de Mcphtali, avant que les habitants de celle mort, croyant rogner aussi le diable qui
ville lussent transportés à Samarie. s était logé là. —
Sur ces entrefaites, préci-
ASMODJiE, démon destructeur, le même sément, le roi de Suède, Eric, passant devant
que Samuel, suivant quelques rabbins. Il est la caverne murée et entendant du vacarme,
aux enfers surintendant des maisons de jeu, crut qu'elle renfermait un trésor, gardé
par
selon l'esprit de quelques démonomanes, qui des démons. Il la lit ouvrir, et fut bien sur-
ont écrit comme s'ils eussent fait en touristes pris d'y trouver Asmond, pâle, ensanglanté
le voyage ilel'aulre monde. Il sème la dissi- auprès d'un cadavre puant il lui lit conter
pation et l'erreur. —
Les rabbins content son histoire, el, ravi de sa fidélité et ch> son
;
qu'il détrôna un jour Salomoii;inaisque bien- courage, il l'obligea par de bons procédés, ,
expulsé, avec la fumée du fiel d'un poisson, sensions, les procès el les querelles.
du corps de la jeune Sara qu'il possédait, ASOORS. C'est le nom que les Indiens don-
l'ange Ùaphaël l'emprisonna aux extrémités nent à certains mauvais génies qui font tom-
de l'Egypte. Paul Lucas dit qu'il l'a vu dans ber les voyageurs dans des embûches.
un de ses voyages. On s'est amusé de lui à ASPAME. « Zorobabel était épris d'un si
ce sujet cependant on a pu lire dans le
; fol amour pour Aspame, qu'elle le souffle-
Courrier de l'Egypte que le peuple de ce tait comme un esclave et lui était le diadème
pays adore encore le serpent d'Asmodée, le- pour en orner sa tête, indigne d'un le! orne-
quel a un temple dans le désert de Ryanneh. ment, dit Delancre (3) elle le faisait rire et
On ajoute que ce serpent se coupe par mor-
;
veiller fous les morts pour 1p jugement der- chiffres à 12. Vous voulez deviner quel-
1
lent cette plante fiente du diable (dtiivelsdrek). sur un papier que vous aurez passé au-dessus
ASSASSINS secte d'Ismaéliens qu'on eni-
, de la fumée du bois de genièvre placez ce ;
vrait de hrarhicket à qui on faisait un dogme papier renversé sur la table, et jetez les dés.
de tuer. Le souverain dos Assassins s'appe- — Vous écrirez les mesure qu'elles
lettres à
lait le cheick ou vieux de la Montagne. Il est se présentent. En
combinant, elles vous
se
célèbre dans l'histoire des croisades. Voy. donneront la réponse 1 vaut la lettre A 2 : ;
G, ou J; 11 vaut L, M, ou N 12 vaut R. ;
;
—
sibilité des apparitions. Si la réponse est obscure, il ne faut pas s'en
ASTAROTH, grand-duc très-puissant aux étonner le sort est capricieux. Dans le cas
;
enfers. Il a la figure d'un ange fort laid, et où vous n'y pouvez rien comprendre, recou-
se montre chevauchant sur un dragon inter- rez à d'autres divinations. La lettre H —
nai ; il tient à la main droite une vipère. n'est point marquée, parce qu'elle n'est pas
Quelques magiciens disent qu'il préside à nécessaire. Les règles du destin se dispen-
l'Occident, qu'il procure l'amitié des grands sent de celles de l'orthographe. PH s'expri-
seigneurs, et qu'il faut l'évoquer le mercredi. me fort bien par la lettre F, et CH par la
Les Sidoniens, les Philistins et quelques sec- lettreX.
tes juives l'adorèrent. Il est, dit-on, grand- Les anciens pratiquaient l'astragaloman-
trésorier aux enfers, et donne de bons avis cie avec des osselets marqués des lettres de
quand on émet des lois nouvelles. Wierus l'alphabet, et les lettres que le hasaid ame-
nous apprend qu'il sait le passé, le présent nait faisaient les réponses. C'est par ce
et l'avenir, qu'il répond volontiers aux ques- moyen que se rendaient les oracles d'Her-
tions qu'on lui fait sur les choses les plus cule en Achaïe. On mettait les lettres dans
secrètes, et qu'il est facile de le faire causer une urne et on les tirait comme on tire les
sur la création, les fautes et la chute des an- numéros des loteries.
ges, dont il connaît toute l'histoire ; mais ASTRES. La première idolâtrie a com-
dans ses conversations il soutient que pour mencé par le culte des astres. Tous les peuples
lui il a été puni injustement. Il enseigne à fourvoyés les adoraient, au temps de Moïse.
fond les arts libéraux et commande quaran- Lui seul dit aux Hébreux « Lorsque vous :
te légions. Celui qui le fait venir doit pren- élevez les yeux vers le ciel, que vous voyez
dre garde de s'en laisser approcher, à cause le soleil, la lune et les autres astres, gardez-
de son insupportable puanteur. C'est pour- vous de tomber d.ins l'erreur et de les ado-
quoi il est prudent de tenir sous ses narines rer, car c'est Dieu qui les a créés » Deuté- (
taux, Astarté est le même qu'Astaroth et , son esquif, traversait l'Océan toutes les nuils
Astaroth le même qu'Astarté. pour retourner d'occident en orient.
ASTIAGLS roi des Mèdes. Quand Cyrus
, D'autres physiciens ont prétendu que les
eut vaincu l'Asie, on publia qu'Asliages , étoiles sont les yeux du ciel, et que les lar-
son grand-père, avait songé en dormant que mes <|ui en tombent forment les pierres pré-
dans le sein de sa fille Mandane croissait une cieuses. C'est pour cela, ajoutent-ils que .
vigne qui, de ses feuilles, couvrait l'Asie en- chaque étoile (ou plutôt chaque planète) a sa
tière; présage de la grandeur de Cyrus, fils pierre favorite.
de Mandane. ASTROLABE, instrument dont on se sert
ASTRAGALOMANCIE, divination parles pour observer les astres et tirer les horoscopes.
dés. Prenez deux dés, marqués comme d'u- Il est souvent semblable à une sphère a nui Mai-
sage des numéros 1, 2, 3, 4, 5, 6. On peut re. L'astrologue, instruit du jour, de l'heure,
jeter à volonté un dé seul, ou les deux dés à du moment où est né celui qui le consulte, ou
la fois ;on a ainsi la chance d'amener les pour lequel on le consulte, met les choses à
(1) Wierus, in l'seuiloinuuarcbia dam (I) Bergier, Di«t, Ihéolog., au mot Astres.
«37 AST ast r.s
son thème Mtivi.nl la position îles planètes du couronnement fut renouvelée, à la grande
cl des constellations. satisfaction de Schah Sephi qui mourut ,
moyen d'un astrolabe. « Le ciel, disaient-ils, reur n'ose rien entreprendre sans avoir con-
est un livre dans lequel on voit le passé, le sulté sou. thème natal.
présent Ol l'avenir; pourquoi De pourrait-on La vénération des Japonais pour l'astrolo-
pas lire les événements de ce monde dans gie est plus profonde encore; chez eux per-
un instrument qui représente la situation sonne n'oserait construire un édifice sans
des corps célestos (1) ? » avoir interrogé quelque astrologue sur la
ASTROLOGIE, art do dire la bonne aven- durée du bâtiment. 11 y en a même qui, soi
ture et de prédire les événements, par l'as- la réponse des astres, se dévouent et se
pect, les positions ei les influences des corps tuent pour le bonheur de ceux qui doivent
célestes. —
On croit que l'astrologie , qu'on habiter la nouvelle maison (21.
appelle aussi astrologie judiciaire parce ,
Presque tous les anciens, Hippocratc, Vir-
qu'elle consiste en jugements sur Ici per- gile, Horace, Tibère, croyaient à l'astrologie.
sonnes et sur les choses, a pris naissance Le moyen-âge eu fut infecté. On tira l'horos-
dans laChaldée, d'où elle pénétra en Egypte, cope de Louis XIII et de Louis XIV et Boi- ;
en Grèce et en llalie. Quelques antiquaires leaudit qu'un téméraire auteur n'atteint pas le
attribuent l'invention de celte science à Chain, Parnasse, si son astre ennaissant ne l'a formé
de Noé. Le commissaire de Lamarre, dans
fils voëte
son Traité de police, titre 7, chap. 1", ne En astrologie, on ne connaît dans le ciel
repousse pas les opinions qui établissent que sept planètes, cl douze constellations
qu'elle lui a élé enseignée par le démon. dans le zodiaque. Le nombre de celles-ci
Diogène Laérce donne à entendre que les n'a pas changé mais il y a aujourd'hui
;
Hérodote, qui enseignèrent à quel dieu cha- gauche; Jupiter, à l'estomac; Mars, aux par-
que mois, chaque jour est consacré, qui ob- ties sexuelles Mercure, au pied droit, et
—
;
servèrent les premiers sous quel ascendant Saturne, au pied gauche; ou bien Mars
un homme est né, pour prédire sa fortune, gouverne la tête, Vénus le bras droit, Jupi-
ce qui lui arriverait dans sa vie, et de quelle ter le bras gauche,
le Soleil l'estomac, la
mort il mourrait. Lune parties sexuelles, Mercure le pied
les
« J'ai lu dans les registres du ciel tout ce droit et Saturne le pied gauche.
qui doit vous arriver à vous et à votre fils, » Parmi les constellations, le Bélier gouver-
disait à ses crédules enfants Bélus, prince ne Taureau, le cou; les Gémeaux,
la tête; le
de Babylone. Pompée , César , Crassus , les bras et les épaules; l'Ecrevisse, la poitrine
croyaient à l'astrologie. Pline en parle el le cœur; le Lion, l'estomac; la Vierge, le
comme d'un art respectable. Cette science ventre; la Balance, les reins et les fesses; le
gouverne encore la Perse et une grande par- Scorpion, les parties sexuelles; le Sagittaire,
lie de l'Asie. « Rien ne se fait ici, dit Taver- les cuisses; le Capricorne, les genoux; le
nier dans sa relation d'Ispahan, que de l'avis Verseau, les jambes; et les Poissons, les
des astrologues. Ils sont plus puissants et pieds.
plus redoutés que le roi, qui en a toujours On a mis aussi le monde , c'est-à-dire les
quatre attachés à ses pas, qu'il consulte sans empires et les villes, sous l'influence des
cesse et qui l'avertissent du temps où il doit constellations. Des astrologues allemands, au
se promener, de l'heure où il doit se renfer- seizième siècle, avaient déclaré Francfort
mer dans son palais, se purger, se vêtir de sous l'influence du Bélier, Wurtzbourg sous
ses habits royaux, prendre ou quitter le celle du Taureau, Nuremberg sous les Gé-
sceptre, etc. Ils sont si respectés dans cette meaux, Magdebourg sous l'Ecrevisse, Ulm
cour, que le roi Schah-Sophi étant accablé sous le Lion Heidelberg sous la Vierge,
,
depuis plusieurs années d'infirmités que l'art Vienne sous la Balance Munich sous le ,
ne pouvait guérir, les médecins jugèrent Scorpion, Stultgard sous le Sagittaire, Augs-
qu'il n'était tombé dans cet état de dépéris- bourg sous le Capricorne, lngolstadt sous
sement (pie par la faute des astrologues, qui le Verseau, et Rastibonne sous les Poissons.
avaient mal pris l'heure à laquelle il devait Hermès a dit que c'est parce qu'il y a sept
être élevé sur le troue. Les astrologues re- trous à la tête, qu'il y a aussi dans le ciel
connurent leur erreur ils s'assemblèrent de
: sept planètes pour présider à ces trous Sa- :
« Le Soleil préside à l'œil droit, dit-il, <l Quand ceux qui partagent le ciel par
la Lune à l'œil gauche, parce que tous les sixième se rencontrent à l'heure de l'opéra-
deux sont les jeux du ciel Jupiter gou- ; tion comme le Bélier avec les Gémeaux
, le ,
Mars, le pertuis droit du nez Vénus, le per- ; Vaspcct sextil, qui est médiocre.
tuis gauche; et Mercure, la bouche, parce
Quand ceux qui partagent le ciel en qua-
qu'il préside à la parole. »
Ire comme le Bélier avec l'Ecrevisse le
Ajoutons encore que Saturne domine sur
, ,
bonheur, le gain, les héritages; Vénus, sal- Balance le Taureau avec le Scorpion les
, ,
l'or, la Lune à l'argent, Vénus à l'étain, Mars maison des richesses et des moyens de for-
au fer, Jupiter à l'airain, Saturne au plomb, tune.
Mercure au vif-argent, etc. ,La troisième maison est celle des Gémeaux
Le Soleil est bienfaisant et favorable Sa- ; appelée la demeure des frères. C'est la maison
lurne, Inslc, morose et froid Jupiter, tem- ; des héritages et des bonnes successions.
péré et bénin Mars, ardent Vénus, bien-
; ; La quatrième maison est celle de l'Ecre-
veillante; Mercure, inconstant; la Lune, visse. On l'appelle le fond du ciel, l'angle de
mélancolique. la terre, la demeure des parents. C'est la mai-
Dans les constellations, le Bélier, le Lion et son des trésors et des biens de patrimoine.
le Sagittaire sont chauds, secs et ardents; le La cinquième maison est celle du Lion ,
Taureau, la Vierge et le Capricorne, lourds, dite la demeure des enfants ; c'est lamaison,
froids et secs ; les Gémeaux, la Balance et des legs et des donations.
le Verseau, légers, chauds et humides; l'E- La sixième maison est celle de la Vierge ;
crevisse, le Scorpion et les Poissons, humi- on l'appelle ['amour de Mars. C'est la maison
des, mous et froids. des chagrins , des revers et des maladies.
Au moment de
naissance d'un enfant
la La septième maison est celle de la Balance,
dont on veut tirer l'horoscope ou bien au , qu'on appelle l'angle occidental. C'est la mai-
jour de l'événement dont on cherche à pré- son des mariages et des noces.
sager les suiles.il faul d'abord voir sur l'as- La huitième maison est celle du Scorpion,
trolabe quelles sont les constellations et pla- appelée la porte supérieure. C'est la maison
nètes qui dominent dans le ciel , et tirer les de l'effroi des craintes et de la mort.
,
ilile le milieu du ciel. C'est la maison îles des hor08COpe8 tout dressés, d'après les cons-
charges , des dignités et des couronnes. tellations de la naissance. Voy. HoROscoPBv
a onzième maison est celle du Verseau ,
1. Tels sont, en peu de mots, les principes de
qu*on appelle l'amour de Jupiter. C'est la cet art, autrefois si vanté, si universellement
maison des amis , des bienfaits et de la for- répandu, et maintenant un peu tombé en dé-
tune. suétude. Les astrologues conviennent que le
La douzième maison est celle tles poissons, globe roule si rapidement, que la disposition
appelée l'amour de Saturne. C'est la plus des astres change en un moment. 11 faudra
mauvaise de toutes et la plus t'unesto ; c'est donc, pour tirer les horoscopes, que les sa-
la maison des empoisonnements des misè- , ges-femmes aient soin de regarder attentive-
res de l'envie do l'humeur noire cl de la
, , ment les horloges de marquer exactement
,
des planètes avec les constellations. Si Mars, léle, le reste du corps ne parait pas de suite,
par exemple se rencontre avec le Bélier à
, comme il arrive, quelle disposition des astres
l'heure de la naissance.il donne du courage, sera funeste ou favorable? sera-ce celle qui
de la Qerté et une longue vie ; s'il se trouve aura présidé à l'apparition de la léle, ou celle
avec le Taureau, richesses et courage. En un qui se sera rencontrée quand l'enfant esl en-
mot, Mars augmente l'influence des constel- tièrement né?... »
lations avec lesquelles il se rencontre, et y Voici quelques anecdotes sur le compte des
ajoute la valeur et la force. Saturne , qui — astrologues :
donne les peines les misères, les maladies,
, Un valet, ayant volé son maître, s'enfuit
augmente les mauvaises influences et gâte avec l'objet dérobé. On mit des gens à sa
les bonnes. Vénus , au contraire , augmente poursuite, et, comme on ne le trouvait pas, on
les bonnes influences et affaiblit les mauvai- consulta un astrologue. Celui-ci habile à
—
,
ses. Mercure augmente ou affaiblit les in- deviner les choses passées, répondit que le
fluences suivant ses conjonctions. S'il se ren- valet s'était échappé parce que la lune s'é-
contre avec les Poissons , qui sont mauvais, tait trouvée, à sa naissance, en conjonction
il devient moins bon; s'il se trouve avec le avec Mercure, qui protège les voleurs, et que
Capricorne qui est favorable , il devient de plus longues recherches seraient inutiles.
meilleur. — ,
La Lune joint la mélancolie aux Comme il disait ces mois, on amena le do-
constellations heureuses; elle ajoute la tris- mestique qu'on venait de prendre enfin,
,
un homme du peuple nommé Alinius (t), et prodiges; réimprimé en 1721, avec des addi-
lui onloiina d'aller dire de sa pari aux con- tions.
suls qu'il n'avait pas été routent de celui qui AUBRY ( Nicole possédée de Laon au
) ,
menait la danse aux derniers jeux et que , seizième siècle. Boulvese, professeur d'hé-
l'on recommençai la fi&le BVCC un autre dan- breu au collège de Monlaigu homme qui
—
,
seur. Le Romain, à son réveil craignit , croyait facilement et qui était facilement
de se rendre ridicule en publiant ce songe; dupé a écrit l'histoire de celle possession
,
,
et le lendemain son (ils, sans être malade, qui fit grand bruit en 1566.
mourut subitement. La nuit suivante, Jupi- Nicole Aubry, de Vervins, fille d'un bou-
ter lui apparut de nouveau et lui demanda cher et mariée à un tailleur, allait prier sur
s'il se trouvait bien d'avoir méprisé l'ordre le tombeau de son grand-père, mort sans
des dieux, ajoutant que s'il n'obéissait, il lui avoir pu faire sa dernière confession. Elle.
arriverait pis. Alinius, ne s'étant pas encore crut le voir sortir du tombeau, lui demandant
décidé à parler aux magistrats , fut frappé de faire dire des messes pour le repos de son
d'une paralysie qui lui ôta l'usage de ses âme , qui élail dans le purgatoire. La jeune
membres. Alors il se fit porter en chaise au femme en tomba malade de frayeur. On s'ima-
sénat et raconta tout ce qui s'était passé. 11
, gina alors que le diable avait pris la forme,
n'eût pas plutôt fini sou récit, qu'il se leva, de Vieilliot, grand-père de Nicole, et qu'elle
rendu à la santé. —
Toutes ces circonstances était maléficiée. Si celte femme jouait une
parurent miraculeuses. On comprit que le — comédie , elle la joua bien car elle fit croire;
mauvais danseur était l'esclave battu. Le à toute la ville de Laon qu'elle élail possédée
maître de cet infortuné fut recherché et puni ;
de Belzébut.deBallazoelde plusieurs autres
on ordonna aussi de nouveaux jeux qui fu- démons. Elle disait que vingt-neuf diables ,
rent célébrés avec plus de pompe que les pré- ayant formes de chats et taille de moutons
cédents. —
An de Home 265. gras, l'assiégeaient de temps en temps. Elle
ATROPOS, l'une des trois Parques ; c'est obtint qu'on l'exorcisât ; el on publia que les
elle qui coupait le Gl. Hésiode la peint comme démons s'étaient enfuis , Astarotb sous la
très-féroce; on lui donne un vêtement noir, figure d'un porc , Cerberus sous celle d'un
«les traits ridés et un maintien peu séduisant. chien, Belzébut sous celle d'un taureau. On
ATTILA dit le Fléau de Dieu , que saint
,
ne sait (rop comment juger ces faits incon-
Loup, évêque de Troycs, empêcha de ravager cevables, si fréquents au seizième siècle.
la Champagne. Comme il s'avançait sur Rome Nicole Aubry parvint à se faire présenter,
pour la détruire, il eut une vision il vil en : le 27 aoûl 1566, au roi Charles IX, qui lui
songe un vieillard vénérable , vêtu d'habits donna dix écus d'or.
sacerdotaux, qui Cépée nue au poing, le
, AUGEROT, Voy. CnoRnoriQUE.
sorcier.
menaçait de le tuer s'il résistait aux prières AUGURES. Les augures étaient chez les
du saint pape Léon. Le lendemain, quand le Romains les interprètes des dieux. On les
pape vint lui demander d'épargner Rome, il consultait avant toutes les grandes entrepri-
répondit qu'il le ferait, et ne passa pas plus ses ils jugeaient du succès par le vol , le
:
avant. Paul Diacre dit, dans le livre xv de chant et la façon de manger des oiseaux. On
son Histoire de Lombardie, que ce vieillard ns pouvait élire un magistrat , ni donner
merveilleux n'était aulre selon l'opinion , une bataille, sans avoir consulté l'appétit
générale, que saint Pierre, prince des apô- des poulels sacrés ou les entrailles des vic-
tres. times. Annibal pressant le roi Prusias de
Des légendaires ont écrit qu'Attila étail le livrer bataille aux Romains, celui-ci s'en
fils d'un démon. excusa, en disant que les victimes s'y oppo-
ATTOUCHEMENT. Pline dit que Pyrrhus saient. —
C'est-à-dire, reprit Annibal que ,
guérissait les douleurs de rate en touchant vous préférez l'avis d'un mouton à celui d'un
les malades du gros doigt de son pied droit ; vieux général.
et l'empereur Adrien, en touchant les hydro- Les augures prédisaient aussi l'avenir, par
piques du bout de l'index, leur faisait sortir le moyen du tonnerre et des éclairs par les ,
l'eau du ventre. Beaucoup de magiciens et de éclipses el par les présages qu'on tirait de
sorciers ont su produire également des cures l'apparition des comètes. Les savants n'é-
merveilleuses par le simple attouchement. taient pas dupes de leurs cérémonies et ,
Voy. Charmes, Écrouelles, elc. Cicéron disait nu'il ne concevait pas que
AUBIGNÉ (Nathan d'), en latin Albineus, deux augures pussent se regarder sans rire
fils du fameux huguenot d'Aubigné. Il élail Quelques-uns méprisèrent, il est vrai la ,
partisan de l'alchimie. lia publié, sous le science dis augures; mais ils s'en trouvèrent
titre de Bibliothèque chimique (2), un recueil mal parce que le peuple la respectait. On
,
de divers truites recherché par ceux qui
,
vint dire à Claudius Pulcher, prêt à livrer
croient à la pierre philosophale. bataille aux Carthaginois, que les poulets
AUBREY (Jean), Albcrius savant anti- , sacrés refusaient de manger. Qu'on les —
quaire anglais, mort en 1700. Il a donné, en jolie à la mer, répondit-il s'ils ne mangent
,
5° un bruit inconnu entendu dans la maison, dans Jacques de Varasc une gracieuse lé-
et qu'on attribuait à quelque lutin ; 6° le cri gende sur ce grand saint :
9° le feu qui pétille. Les anciens pensaient les ramasse où je les trouve , et je les écris à
que Vulcain leur parlait alors dans le foyer; leur place pour savoir plus aisément ce que
10" ils tiraient encore divers présages lorsque chacun me doit. Montrez-moi dit le— ,
la flamme étincelait d'une manière extraor- pieux évéque d'Hippone quels péchés j'ai ,
dinaire; 11° lorsqu'elle bondissait, ils s'ima- faits depuis ma conversion?.... Le démon
ginaient que les dieux Lares s'amusaient à ouvrit le livre, et chercha l'article de saint
l'agiter; 12° enfin, ils regardaient comme un Augustin il ne trouva que celle petite
où
—
,
motif d'augure une tristesse qui leur surve- •note : a oublié tel jour de dire les com-
Il
nait tout-à-coup. piles. Le prélat ordonna au diable de l'at-
Nous avons conservé quelques traces de tendre un moment ; il se rendit à l'église >
ces superstitions , qui ne sont pas sans récita les complies, et revint auprès du dé-
poésie (1). mon , à qui il demanda de lire une seconde
Les Grecs modernes tirent des augures du fois sa note. Elle se trouva effacée. Ah t —
cri des pleureuses à gages. Us disent que si vous m'avez joué, s'écria le diable,.... mais..
l'on entend braire un âne à jeun, on tom- on ne m'y reprendra plius En disant ces :
bera infailliblement de cheval dans la jour- mots, il s'en alla peu content (4).
—
née, pourvu toutefois qu'on aille à cheval.
Voyez OltNITBOMÀNCIE AlGLE CORNEILLE
Nous avons dit que saint Augustin avait
, , ,
réfuté le pelit livre du Démon deSocrate, d'A-
Hibou , Aruspices , elc.
pulée. On peut lire aussi de ce Père le traité
AUGUSTE. Leloyer rapporte , après quel- de l'Antéchrist et divers chapitres de son ad-
(I) Dictionnaire philosophique, au mol Augures. (i) Legenda aurea Jac. de Voragine, aucta a Claudine- ..
mir.ibleouvrage de la Ciir <!< !u.n, qui ont ou déscinbarrer, et se rendra invisible étant
rapport au genre de merveilles dont nous prisonnier, il répond que non. —
Interrogé
nous occupons. s'il sait dire des messes pour obtenir la gue-
—
AUMONE. Le peuple croit en Angleterre rison des malades, il répond qu'il en sait dire
que, pour les voyageurs qui ne veulent pas en l'honneur des cinq plaies de Noire-Sei-
s'égarer dans leurroute, c'est une grande gneur et de monsieur saint Coiue. —
Pour
imprudence de passer auprès d'une vieille tirer de lui la vérité, selon les usages d'alors,
femme sans lui donner l'aumône, surtout on l'appliqua à la question. Il avoua qu'il
quand clic regarde en face celui dont elle était allé au sabbat; qu'il lisait dans le gri-
sollicite la pitié (1). moire ;
que le diable, en forme de mouton,
Nous rapporterons sur l'aumône une anec- plus noir que blanc, se faisait baiser le der-
dote qui ne lient pourtant pas aux supersti- rière; que Gratoulet, insigne sorcier, lui avait
tions. C'est celle de cet excellent pure H ri- appris lo secret d'embarrer, d'étancher et
daine, missionnaire toujours pauvre, parce d arrêter le sang; que son démon ou esprit
qu'il donnait tout. Un jour il alla demander familier s'appelait Belzébut, et qu'il avait
à coucher au curé d'un village, qui n'avait reçu en cadeau son petit doigt. Il déclara
qu'un lit et qui le lui Qt partager. Le père qu'il avait dit la messe en l'honneur de Bel-
Bridaine se leva au point du jour, selon son zébut, et qu'il savait embarrer en invoquant
usage, pour aller prier à l'église. En sortant le nom du diable et en niellant un liard dans
du presbytère, il trouva un pauvre mendiant une aiguillette; il dit, de plus, que le diable
qui lui demanda l'aumône. Hélas mon — I parlait en langage vulgaire aux sorciers, et
ami, je n'ai plus rien, répondit le bon pré- que, quand il voulait envoyer du mal à quel-
Ire, en touchant cependant son gousset, où qu'un, il disait ces mots « Vach, vech, sCel,
:
il fut très-élonné de sentir quelque chose; tty, slu! » Il persista jusqu'au supplice dans
car il n'y avait rien laissé. Il fouille vive- ces ridicules révélations, mêlées d'indécentes
ment, lire un petit rouleau de quatre écus, grossièretés (2). Pour comprendre ces cho-
crie miracle, donne le rouleau au mendiant ses, voy. les articles Sabbat, Boucs, etc.
cl court remercier Dieu. AUBORE BOREALE, — espèce de nuée
Au bout d'un instant, le curé arrive le : rare, transparente, lumineuse, qui paraît la
père Bridaine, dans 1'obscurifé, avait mis la nuit du côlé du nord. On ne saurait croire,
culotte du curé pour la sienne. Les quatre dit Saint-Foix, sous combien de formes l'i-
écus étaient le bien, le seul trésor peut-être gnorance et la superstition des siècles pas-
du pauvre bon curé. Mais le mendiant avait sés nous ont présenté l'aurore boréale. Elle
disparu; il fallut bien qu'il se consolât de la produisait des visions différentes dans l'es-
perle de son argent, et le père Bridaine de la prit des peuples, selon que ces appariions
perte de sou pelit miracle. —
Une aventure étaient plus ou moins fréquentes, c'est-à-dire,
semblable a été attribuée à un curé de selon qu'on habitait des pays plus ou moins
Bruxelles au dix-septième siècle. éloignés du pôle. Elle fut d'abord un sujet
AUPETIT (Pierre), —
prêtre sorcier, du d'alarmes pour les peuples du nord; ils cru-
village de Fossas, paroisse de Paias, près la rent leurs campagnes en feu et l'ennemi à
ville de Chalus, en Limousin, exécuté à l'âge leur porte. Mais ce phénomène devenant
de cinquante ans, le 25 mai 1598. Il ne — presque journalier, ils s'y sont accoutumés.
voulut pas d'abord répondre au juge civil; il Ils disent que ce sont des esprits qui se que-
en fut référé au parlement de Bordeaux, qui rellent et qui combattent dans les airs. Celta
ordonna que le juge laïque connaîtrait de opinion est surtout très-accréditée en Sibérie.
cette affaire, sauf à s'adjoindre un juge d'é- Les Groënlandais, lorsqu'ils voient une au-
glise. L'évéque de Limoges envoya un mem- rore boréale, s'imaginent que ce sont les
bre de l'officialité pour assister, avec le vice- âmes qui jouent à la boule dans le ciel, avec
sénéchal et le conseiller de Peyrat,à l'audi- une tête de baleine. —Les habitants des pays
tion du sorcier. —Interrogé s'il n'a pas été qui tiennent le milieu entre les terres arcti-
au sabbat de Menciras, s'il n'y a pas vu ques cl l'extrémité méridionale de l'Europe,
Antoine Humons de Saint-Laurent, chargé de n'y voient que des sujets tristes ou mena-
fournir des chandelles pour l'adoration du çants, affreux ou terribles; ce sont des ar-
diable; si lui, Pierre Aupetit, n'a pas tenu le mées en feu qui se livrent de sanglantes
fusil pour les allumer, etc.; il a répondu que batailles, des télés hideuses séparées de leur
non, et qu'à l'égard du diable, il priait Dieu tronc, des chars enflammés, des cavaliers qui
de le garder de sa figure ce qui signifie, au se percent de leurs lances. On croit voir des
—
:
jugement de Delancre, qu'il était sorcier. pluies de sang on entend le bruit de la mous-
;
Interrogé s'il ne se servait pas de graisses, queterie, le son des trompettes, présages fu-
et si, après le sabbat, il n'avait pas lu dans nestes de guerre et de calamités publiques.
un livre pour faire venir une troupe de co- Voilà ce que nos pères ont aussi vu et en-
chons qui criaient et lui répondaient « Ti- : tendu dans les aurons boréales. Faut-il
» ran, liran, ramassien, ramassien, nous s'étonner, après cela, des frayeurs atl'reuses
» réclamons cercles et cernes pour faire l'âs- que leur causaient ces sortes de nuées quand
» semblée que nous t'avons promise; » il a elles paraissaient?— La Chronique de Louis XI
répondu qu'il ne savait ce qu'on lui deman- rapporte qu'en 1465 on aperçut à Paris une
dait. —Interrogé s'il ne sait pas embarrer
(2) Delaiicre, Tableau de l'inconstance des mauvui-i
(I) FieMing, Tuui Jomes, liv. XIV, ch. 2. anges, liv. VI, dise. 4.
151 DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCULTES. 152
aurore boréale, qui fit paraître toute la ville mort vers le milieu du onzième siècle, fameux
en feu. Les soldats qui taisaient le guet en par le grand nombre et l'étendue de ses ou-
furent épouvantés, et un homme en devint vrages, el par sa vie aventureuse. On peut
fou. On en porta la nouvelle au roi, qui en quelque sorte le comparer à Agrippa. Les
monta à cheval et rourul sur les remparts. Arabes croient qu'il maîtrisait les esprits et
Le bruit se répandit que les ennemis qui qu'il se faisait servir par des génies. Comme
étaient devant Paris se reliraient et mettaient il rechercha la pierre philosophale, on dit
le feu à la ville. Tout le monde se rassembla encore dans plusieurs contrées de l'Arabie
en désordre, et on trouva que ce grand sujet qu'il n'est pas mort; mais que, grâce à Pe-
de terreur n'était qu'un phénomène. lixir de longue vie et à l'or potable, il vit
AUS1T1F, —
démon peu connu, qui est cité dans une retraite ignorée avec une grande
dans la possession de Loudun, en 1643. — puissance. 11 a—composé divers traités
AUSPICES, —
augures qui devinaient sur- d'alchimie recherchés des songe-creux. Son
tout par le vol et le chant des oiseaux. Voy. traité de la Congélation de la pierre et son
Augures, Abuspices, etc. Tractatulus de Alchimia se trouvent dans les
AUTOMATES. — On croyait autrefois que deux premiers volumes de Y Art aurifera.
ces ouvrages de l'art étaient l'œuvre du dé- Baie, 1610. Son Ars chimiea a été imprimé à
mon. Voy. Albert le Grand, Bacon, En- Berne, 1572. On lui attribue encore deux
chantements, Mécanique, etc. opuscules hermétiques insérés dans le Thea-
AUTOPSIE,— espèce d'extase où des fous trum chimicum, et un volume in-8° , publié à
se croyaient encommerce avec esprits. les Bâle en 1572, sous le titre de la Porte des élé-
AUTRUCHE. — est bien vrai qu'elle
Il ments, Porta elementorum. —
Les livres de se-
avale du fer, car elle avale tout ce qu'elle crets merveilleux s'appuient souvent du nom
rencontre; mais il n'est pas vrai qu'elle le d'Avicenne pour les plus absurdes recettes.
digère, et l'expérience a détruit cette opinion AXINOMANCIE, divination par le moyen
erronée (1 1. d'une hache ou cognée de bûcheron. Fran-
AUTUN (Jacques d'). —
Voy. Cbevanes. çois de Torre-Blanca, qui en parle (4), ne
AVENAR, —
astrologue qui promit aux nous dit pas comment les devins maniaient
Juifs, sur la foi des planètes, que leur messie la hache. Nous ne ferons donc connaître que
arriverait sans faute en 1414, ou, au plus lard, les deux moyens employés ouvertement dans
en 1464. « Il donnait pour ses garants Sa- dans certains
l'antiquité et pratiqués encore
turne, Jupiter, l'Ecrevisse et les Poissons. pays du Nord.
Tous les Juifs tinrent leurs fenélres ouvertes 1° Lorsqu'on veut découvrir un trésor, il
pour recevoir l'envoyé de Dieu, qui n'arriva faut se procurer une agate ronde, faire rou-
pas, soit que l'Ecrevisse eût reculé, soit que gir au feu le fer de la hache, et la poser de
les Poissons d'Avenar ne fussent que des pois- manière que le tranchant soit bien perpen-
sons d'avril (2). » diculairement en l'air. On place la pierre
AVENIR. —
C'est pour en pénétrer les se- d'agate sur le tranchant. Si elle s'y lient, il
crets qu'on a invenlé tant de moyens de dire n'y a pas de trésor; si elle tombe, elle roule
la bonne aventure. Toutes les divinations ont avec rapidité. On la replace trois fois, et si
principalement pour objet de connaître l'a- elle roule trois fois vers le môme lieu, c'est
venir. qu'il y a un trésor dans ce lieu même; si elle
AVERNE, — marais con-acré à Pluton, prend à chaque fois une route différente, on
près de B;iyes. en sortait des exhalaisons
Il peut chercher ailleurs.
si infectes, qu'on croyait que c'était l'entrée 2° Lorsqu'on veut découvrir des voleurs,
des enfers. on pose la hache à terre, le fer en bas et le
AVERROÈS, —
médecin arabe et le plus bout du manche perpendiculairement en
grand philosophe de sa nation, né à Cordoue l'air; on danse en rond à l'enlour, jusqu'à
dans le douzième siècle. Il s'acquit une si ce que le bout du manche s'ébranle el que la
belle réputation de justice, de vertu et de hache s'étende sur le sol le bout du manche
:
sagesse, que le roi de Maroc le fit juge de indique la direction qu'il faut prendre pour
toute la Maurilanie. Il traduisit Aristote en aller à la recherche des voleurs. Quelques-
arabe, et composa plusieurs ouvrages sur la uns disent que pour cela il faut que le fer da
philosophie et la médecine. Quelques démo- f?i hache soit fiché en un pot rond « Ce qui :
nographes ont voulu le mettre au nombre des est absurde tout à fait, comme dit Delan-
magiciens et lui donner un démon familier. cre (5) car quel moyen de ficher une cognée
;
Malheureusement Averroès était un épicu- dans un pot rond, non plus que coudre ou
rien, mahométan pour la forme, et ne croyait rapiécer ce pot, si la cognée l'avait une fois
pas à l'existence des démons (3). L'empereur mis en pièces » !
de Maroc, un jour, lui fil faire amende hono- AYM. Voy. Haborym.
rable à la porte d'une mosquée, où tous les AYMAR (Jacques), paysan né à Saint-Vé-
'passants eurent permission de lui cracher au ran, en Dauphiné, le 8 septembre 1662, entre
visage, pour avoir dit que la religion de Ma- minuit et une heure. De maçon qu'il était, il
homet était une religion de pourceaux. se rendit célèbre par l'usagé de la baguette
AV1CENNE, —
célèbre médecin arabe, divinatoire. Quelques-uns qui donnaient
,
;
(1) Voyez Brown , Des Erreurs populaires, liv. III, et alii epicurei, qui, uni cum Saducaeis dœniones esse
ch. 22. negaruni. (Torreblama , Denis magiques, liv. Il, cli. v.)
(2) M. Salgqes, Des Erreurs el des préjugés, i. I, p. !)0. (t) sive de niagia, lil>. I, cap. 2i.
lipist. delict.
(3) Magiacn dsemouiacaui pleno ore aegjrunt Averroès (5) L'Incrédulité et mécréanee, elc., trailé Î5.
133 ha a IÎAA 15<
dans l'astrologie, ont attribué son rare talent AZABL, anges qui se révoltèrent
l'un îles
É l'époque précise de sa naissance; car son contre Dieu. Les rabbins disent qu'il est en-
frère, né dans le même mois, deux ans plus chaîné sur des pierres pointues, dans un en-
lard, ne pouvait rien taire avec la bagaette. droit obscur du désert, eu attendant le juge-
Voy. Baguette divinatoire. ment dernier.
AYMON îles QUATRE ni. s). Siècle de Cbnr- AZARIEL, ange qui, selon les rabbins du
lemagne. Ils avaient un cheval merveilleux. Talinud, a la surintendance des eaux de la
Voy. Bâtard. terre. Les pêcheurs l'invoquent pour pren-
AYOLA (Vasques de). Vers 1570, un jeune dre de gros poissons.
homme nommé Vasques de Ayola étant allé
à Bologne, avec deux de ses compagnons,
AZAZEL, démon du second ordre, gardien
pour y étudier en droit, et n'ayant pas trouve du bouc. A la fête de l'Expiation, que les
Juifs célébraient le dixième jour du septième
de logement dans la ville, ils habitèrent une
grande et belle maison, abandonnée parce mois (1), on amenait au grand prêtre deux
qu'il y revenait un spectre qui épouvantait
boucs qu'il tirait au sort L'un pour le Sei-
:
chaînes. On s'informa qui ce pouvait être; ler prendre son âme dans l'Inde, et j'étais
mais on ne put rien découvrir de certain. On surpris de le trouver près de loi en Pales-
fit faire au mort des obsèques convenables;
tine... — Voy. Mort, Ame, etc. — Mahomet
on l'enterra, et depuis ce temps la maison ne pour prouver que nul ne
citait celle histoire
fut plus inquiétée. Ce fait, rapporté par An- peut échapper à sa destinée. Azraël est —
toine de Torquemada, est encore une copie différent d'Asralil.
des aventures d'Alhénodore et d'Arignote.
AYPEROS comte de l'empire infernal.
, (I) Le septième mois chez les Juifs répondait à sep-
il
BAAL
grand duc dont la domination est
, déterminé. Souvent, en Asie, il aétépris pour
aux enfers. Quelques démono-
très-étendue le soleil.
Imânes le désignent comme général en chef BAALBÉRITH, démon du second ordre ,
'des armées infernales. Il était adoré des maître ou seigneur de l'alliance. Il est ,
Hébreux passèrent la mer Rouge et on lit , dait sous le nom de Sabasius. « Bacchus, dit
dans le Targum que l'ange exterminateur, Leloyer, n'était qu'un démon épouvantable
ayantbrisélesstalues de touslesaulresdieux, et nuisant, ayant cornes en tête et javelot en
ne laissa debout que Baalzephon. main. C'était le maître guide-danse (2), et
BAAKAS, planlemerveilleuse, queles Ara- dieu des sorciers et des sorcières ; c'est leur
bes appellent herbe d'or, et qui croît sur le chevreau, c'est leur bouc cornu, c'est le prin-
mont Liban. Ils disent qu'elle paraît au mois ce des bouquins, satyres et silènes. Il appa-
de mai, après la fonte des neiges. La nuit, raît toujours aux sorciers et sorcières, dans
elle jette de la clarté comme un petit flam- leurs sabbats, les cornes en tête et hors des
;
beau, mais elle est invisible le jour et mê- ; sabbats bien qu'il montre visage d'homme,
,
me, ajoutent-ils, les feuilles quoi, a enve- les sorcières ont toujours confessé qu'il a le
loppées dans des mouchoirs disparaissent pied difforme, tantôt de corne solide comme
ce qui leur fait croire qu'elle est ensorcelée, ceux du cheval, tantôt fendu comme ceux du
d'autant plus qu'elle transmue les métaux en bœuf (3). x>
or, qu'elle rompt les charmes et les sortilè- Les sorciers des temps modernes l'appel-
ges, etc. —
Josèphe , qui admet beaucoup lent plus généralement Léonard, ou Satan ,
d'autres contes, parle de cette plante dans ou le bouc, ou maître Rigoux.
son histoire de la guerre des Juifs (1). « On Ce qui sans doute appuie cette opinion ,
ne la saurait toucher sans mourir, dit-il , si que le démon du sabbat est le même que
on n'a dans la main de la racine de la même Bacchus, c'est le souvenir des orgies qui a-
plante; mais on a trouvé un moyen de la vaient lieu aux bacchanales.
cueillir sans péril on creuse la terre tout
: BACIS, devin de Béotie. Plusieurs de ceux
alentour, on attache à la racine mise à nu qui se mêlèrent de prédire les choses futu-
un chien qui, voulant suivre celui qui l'a at- res portèrent le même nom de Bacis (i). Le-
taché enlève la plante et meurt aussitôt.
, loyer dit que les Athéniens révéraient les
Après cela, on peut la manier sans danger. vers prophétiques de leurs bacides, i qui é-
Les démons qui s'y logent, et qui sont les taienllrois insignes sorciers très-connus (5).»
âmes des méchants, tuent ceux qui s'en em- BACON (roger) parut dans le treizième
parent autrement que par le moyen qu'on siècle. C'étaitun cordelieranglais.il passa
vient d'indiquer et, ce qui d'un autre côté
;
pour magicien , quoiqu'il ait écrit contre
n'est pas moins merveilleux, ajoute encore
la magie, parce qu'il étudiait la physique
Josèphe, c'est qu'on met en fuite les démons et qu'il faisait des expériences naturel-
des corps des possédés aussitôt qu'on appro-
les. II est vra: pourtant qu'il y a dans ses
che d'eux la plante baaras. » écrits de singulières choses, et qu'il voulut
BABA1LANAS, Voy. Catalonos. élever l'astrologie judiciaire a la dignité de
BABAU, espèce d'ogre ou de fantôme dont science. Onlui attribue l'invention de la pou-
les nourrices menacent les petits enfants dre. Il paraîtrait même qu'on
lui doit aussi
dans les provinces du midi de la France , les télescopes à longue vue.
et les lunettes
comme on les effraie à Paris de Croquemi- Il était versé dans les beaux-arts, et surpas-
t.iine, et en Flandre de Pier-Jan Claes, qui
sait tous ses contemporains par l'étendue de
est Polichinelle. Mais Babau ne se contente
ses connaissances et par la subtilité de son
pas de fouetter, il mange en salade les enfants génie. Aussi on publia qu'il devaitsa supério-
qui sont méchants. rité aux démons, avec qui il commerçait.
BABEL. La tour de Babel fut élevée cent Cet homme savant croyait donc à l'astrolo-
quinze ans après le déluge universel. On gie et à la pierre philosophale. Delrio, qui
montre les ruines ou les traces de cette tour n'en fait pas un magicien, lui reproche seu-
auprès de Bagdad. —
On sait que sa con- lement dessuperstilions. Par exemple, Fran-
struction amena la confusion des langues. Le çois Pic dit avoir lu, dans son livre des six
poète juif Emmanuel, à propos de celle con- sciences, qu'un homme pourrait devenir
fusion, explique dans un de ses sonnets com-
prophète et prédire les choses futures par
ment le mot suc est resté dans tous les idio- le moyen d'un miroir, que Bacon nomme al-
mes. « Ceux qui travaillaient à la tour de
muchefi, composé suivant les règles île per-
Babel avaient, dit-il, comme nos manœuvres, spective, » pourvu qu'il s'en serve, ajoute-
chacun un sac pour ses petites provisions. t— il, sous une bonne constellation, et après
Quand le Seigneur confondit leurs langages, avoir tempéré son corps par l'alchimie.
la peur les ayant pris, chacun voulut s'en-
Cependant Wierus accuse Bacon de magie
fuir, et demanda son sac. On ne répétait par-
goétique et d'autres doctes assurent que
;
tout que ce mot et c'est ce qui l'a fait pas-
;
l'Antechristseserviraduses miroirs magiques
ser dans toutes les langues qui se formèrent
pour faire des miracles.
alors. »
Bacon se Gl , dit-on , comme Albert le
BACGHUS. Nous ne rapporterons pas ici
(2) Discours des spectres, liv. VII, ch. m.
(1) Liv. VII, ch. 23. Elieu, de Animal., liv. XIV, (5) Discours des spectres, liv. VIII, ch. v.
ch. xxvii, accorde les mêmes vertus à la piaule aylaoplio- (i) Cicero, Do Divin., lib. I, cap. xxxiv. i
is. Yojei ce mol. Ci) Discours des spectres, liv. VII, ch. u.
157 DAC bac VM
Grand , un androide. C'était, assurent les » Ce n'est pas du reste, le seul passage
,
ciuiii'ui's, une tête de bronze qm parlait dis- Ou Bacon parle avec celle assurance de la
tinctement , ri mena qui prophétisait. Ou (luadralure du cercle car à l'occasion d'A-
;
Dn savant de nos jours (M. E. J. Delécluze) sue complètement aujourd'hui. — /Vnm i/ua-
a publié sur Bacon une remarquable notice, ili (itiiniin cii cul i se ignorasse confit etur, quod
dont nous citerons quelques passages cu- lus (liclnis scitur veruciter.
rieux. Bacon s'est beaucoup occupé avant , »Pour donner une idée complèle de tous
Montesquieu, de l'Influence des climats, mais ou prétendus, sur l'appli-
les secrets, vrais
il e-n tire des inductions plus précises. Lais- cation desquels Bacon voulait appeler l'at-
sons parler M. Delécluze : tention de ses contemporains, je rapporterai
« Tout le morceau où il est question des quelques phrases tirées d'une lettre de ce
climats, et qui mène droit à l'aire une science philosophe (1), par lesquelles il indique des
de l'astrologie judiciaire, est on ne peut plus idées de machines extraordinaires, dont plu-
ingénieux et justifie jusqu'à un certain point sieurs en effet ont été mises en pratique de-
le préjugé entretenu si longtemps cnKurope, puis lui et particulièrement de nos jour;.
eu faveur de ces idées étranges. Ainsi, par- Après s'être efforcé de prouver que, par lo
tant des grandes divisions de la terre, qui secours des sciences, on peut exécuter réel-
par le cours du soleil déterminent les cli- lement des choses que la magie prétend pro-
mats dont personne ne conteste la réalité et duire, mais auxquelles elle n'atteint pas ef-
l'influence prise en grand, Bacon arrive, de fectivement, il dit: —
« Parlascience et l'art
proche en proche, à établir des subdivisions » seulement, on peut faire des machines pour
pour les pays, pour les contrées, les pro- » naviguer sans le secours de rameurs, de
vinces, les villes et môme pour les hommes a manière à ce que les bâlimenls soient por-
pris un à un, qu'il place sous l'influence » tés sur les fleuves et sur la mer avec une
d'un cône plus ou moins étroit dont le cer-
, » vélocité extraordinaire , et sous la dire-
cle supérieur comprend ceux des astres qui » ction d'un seul homme. Il est également
influent sur la naissance la nature et la
, » possible d'établir des chars mis en mou-
destinée des lieux, des objets et des êtres qui » vement avec une promptitude merveilleu-
se trouvent sur certains points du globe. » » se, sans le secours d'animaux de tirage,
Le savant moine est plus hardi encore sur » semblables à ce que l'on croit qu'étaient
d'autres croyances, par exemple sur l'art de » les chars de guerre armés de faux chez les
prolonger la vie. Sur la parole d'un homme » anciens. On pourrait faire aussi des mé-
en qui il avait pleine confiance, il cite ce fait » caniques pour voler ; l'homme serait as-
« qu'un savant célèbre de Paris, après avoir » sis au milieu et développerait quelqu'in-
coupé un serpent par tronçons, en ayant eu » vention au moyen de laquelle des ailes ar-
soin toutefois de conserver intacte la peau » tificielles frapperaient l'air. On peut faire
de son ventre, lâcha ensuite l'animal, qui se » un instrument très-petit, pour élever et
mit à ramper sur des herbes dont les vertus » abaisser des poids immenses ( la grue, le
le guérirent aussitôt. L'expérimentateur » cric ). Et avec le secours d'un instrument
ajoute Bacon, alla reconnaître les herbes , » de trois doigts cubes et même moindre ,
qui étaient d'un vert extraordinaire. D'après » il serait facile à un homme de s'échapper
l'autorité d'Artephius , il répète comment » en s'élevant ou en descendant avec ses
un certain magicien, nommé Tantale, atta- » compagnons, d'un cachot ou d'une prison.
ché à la personne d'un roi de l'Inde , avait » On pourrait encore composer un appa?
trouvé, par la connaissance qu'il possédait » reil avec lequel un seul homme entraine-
de la science des astres , le moyen de vivre » rait et malgré eux une foule
violemment
plusieurs siècles. Différentes anectodes de » immensed'autres. Il est d'autres machi-
la même force, empruntées à Pline ou à quel- » nés qui serviraient à se promener au fond
ques auteurs modernes, suivent celle de Tan- » des fleuves et de la mer, sans aucun dan-
tale, puis il s'étend longuement sur la thé- » ger pour la vie. Ces choses ont été faites
riaque, qu'il regarde comme propre à pro- » anciennement et dans nos temps. On peut
longer excessivement la durée de la vie il ; » encore en faire beaucoup d'autres, com-
vante la chair des serpens ailés comme un » me des ponts sans piles (suspendus) etc.,
spécifique contre la caiucité de l'homme, et » etc. »
recommande surtout l'hygiène d'Artephius «L'alchimie, dit-il ailleurs, néglige les
qui, à ce que l'on assure, dit-il, a vécu mille moyens fournis par l'expérience ; aussi ar-
vingt-cinq ans, ce qui doit faire préférer sa rive-t-il rarement qu'elle donne de l'or à
méthode à toute autre. Quant à Aristote et à vingt-quatre degrés (karats). Encore y a-
Platon, ajoute-l-il encore, on ne doit pas s'é- t-il eu peu de personnes qui aient porté l'al-
tonner de ce qu'ils n'ont pas su prolonger chimie à ce point. Mais au moyen du secret
leur vie, puisque ces philosophes fameux des secrets d' Aristote, la science expérimen-
ainsi que tant d'autres ne connaissaient pas tale (la chimie) a produit de l'or non-seule-
cette grande doctrine médicale, et qu'Ari- ment de vingt-quatre degrés, mais de trente,
stole déclare même d'ans ses avertissements de quarante, et d'aussi fin que l'on veut.
qu'il ignore la quadrature du cercle, secret operlbus
(1) Epistola Frat. Roserii Baconis de secrelis
fort inférieur à celui d'Artephius. arlis et ualuras et de nuilitale magise. Hambourg, 1618.
r>9 DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCULTES. 160
Et c'est à cette occasion qu'Arislole dit à qui aurait été blessé par un animal veni-
Alexandre : —
Je veux faire connaître le meux , fait que Beda avance dans son hi-
plus grand des secrets, car non-seulement il stoire ecclésiastique et que nous savons par
procurerait le bien-être de la république et expérience. Tout cela prouve qu'il y a une
des particuliers, niais il prolongerait en- foule de choses étrangères dont nous igno-
core la car l'opération qui purgerait
vie ;
rons les propriétés , faute d'avoir recours à
les métaux plus vils des parties corrom-
les l'expérience. »
pues qu'ils contiennent, du manière à ce Voici d'autres idées de Bacon :
qu'ils devinssent de l'argent ou de l'or pur, « De tous les exemples que on pour-
sérail jugée susceptible par tous les savants rait citer en faveur de la supériorilé de la
d'enlever les parlies corrompues du corps sagesse sur la force , je choisirai celui que
humain si complètement qu'elle prolonge-
,
me fournit la vie d'Alexandre. En quittant la
rait la vie humaine pendant plusieurs siè Grèce pour aller conquérir le monde, il n'a-
clés. » vait que trente-deux mille fantassins et qua-
Passons en revue quelques autres secrets. tre mille cinq cents cavaliers. Cependant, dit
« Le nombre des moyens trouvés pour re- Orosius, lorsque l'on considère cet homme
pousser et pour détruire les ennemis de allant porter la guerre au monde avec une
l'Etat sans armes et sans même les toucher si petite armée , on se demande ce qui doit
est grand, dit Bacon. On pratique des opé- étonner le plus de la hardiesse de son pro-
rations qui blessent exclusivement l'odorat ;
jet ou de sa réussite. Dans le premier enga-
non pas en modifiant la qualité de l'air, gement qui eut lieu entre lui et Darius six ,
comme l'a fait Alexandre, mais en l'infec- cent mille Perses tombèrent, tandis que le
tant. On possède aussi d'autres moyens pour Macédonien ne perdit que cent vingt cava-
blesser et pervertir les autres sens. Par le liers et neuf fantassins. A la seconde ba-
contact seul de certaines matières on com- taille, Alexandre mit quarante mille Perses
promet on peut même ôter la vie.
,
hors de combat et de son côlé il perdit cent
,
» La malihe, espèce de bilume fort con- trente piétons et cent cinquante cavaliers ;
nue, lancée bouillante surdes hommesarmés, mais le résultat fut qu'il frappa facilement
les brûle. Les Romains , dans leurs guer- et tout à coup le monde entier de terreur.
res , en ont fait un fréquent usage, comme Toutefois , ajoute Orosius ce fut autant par
,
l'atteste Pline. L'huile de bitume (oleum ci- la science que par le courage que le Macé-
trinum pelreolum), que l'on tire de la pierre, donien devint viclorieux. Eh comment au- 1
consume tout ce qu'elle rencontre lors- rait-il pu en être autrement lorsque nous li-
qu'elle est préparée d'après certaine recette, sons dans la vie d'Aristote que ce philoso-
et le feu qu'elle produit ne peut être éteint, phe accompagnait Alexandre dans ses expé-
même par l'eau. ditions guerrières? Sénèque lient le même
» D'autres opérations étonnent et blessent langage, et, selon ce dernier, si le Macédo-
tellement l'ouïe, que si l'on en fait usage nien remporta constamment la victoire, c'est
avec adresse et pendant la nuit, une ville pas qu'Aristote el Callistène étaient réellement
Îtlus qu'une armé** n'en peuvent supporter les chefs, les conducteurs de ces entreprises
es terribles effets. Aucun bruit de tonnerre el qu'ils enseignaient toute espèce de scien-
ne peut être comparé à celui que produisent ces à Alexandre.
ces préparations. » Mais Aristole a livré principalement le
» On peut aussi imprimer la terreur par monde à Alexandre Aristole qui connaissait
;
la vue, en produisant des éclats de lumière toutes les voies de la science dont il est le
qui jettent le trouble dans toutes les âmes. père... »
Nous empruntons cette expérience d'un jeu Les curieux recherchent, de Roger Bacon,
d'enfant en usage dans presque tout le le petit traité inliluléSpéculum Alchimiœ ,
monde. Il consiste à faire un instrument traduit en fiançais par J. Girard de Tour-
(cartouche) de la longueur du pouce d'un nus, sous le lilre de Miroir d'Alchimie, in-12
homme, avec lequel on produit par la vio- et in-8° , Lyon, 1557; Paris, 1012. Le même
lence de ce que l'on nomme sel de pierre (sal a traduit l'Admirable puissance de l'art et de
petrœ) un bruit si horrible, bien que l'in- la nature, in-8 , Lyon, 1557; Paris, 1729. De
strument ne soit qu'un petit morceau de polestate mirabili artis et nalurœ (2).
parchemin que le bruit du tonnerre et l'é-
,
Onne confondra pas Roger Bacon avec
clat de l'aurore ne sont ni plus grands, ni François Bacon grand chancelier d'Angle-
,
plus brillants que ceux que cet instrument terre , mort en 16i6, que Walpole appelle
occasionne (1). o le prophète des vérités que Newton est
y a aussi plusieurs choses (res) dont
» Il venu révéler aux hommes. » (
le contact le plus léger fait mourir les ani- BACOTI. Nom commun aux devins et aux
maux venimeux en ne formant même
;
sorciers deTunquin. On interroge surtout le
qu'un cercle avec ces choses les bêtes ve- ,
bacoli pour savoir des nouvelles des morts.
nimeuses que l'on y renferme ne pourront Il bal le tambour, appelle le mort à grands
en sorlir et mourront sans en être touchées. cris, se lait ensuite pendant que le défunt
Ces choses, réduites en poudre, deviennent lui parle à l'oreille sans se laisser voir, et
un spécifique sûr pour guérir tout homme
(2) Ce n'est qu'un chapitre de l'ouvrage intitulé : Epi-
(1) On pense que Bacon a trouvé la recelte du lapou- slula Fralris Rogerii tîacouis de seerclis operilius artis et
dre a ciiioii dans le Iraitê d'un certain Grec nommé Marco, nalurte et de nullitate inagis In-i". Paris, 1542 ; Haut
intitulé le Livre det [eu.i. bourg, 1008 et 1G18, in-8".
161 MAC. BAC 16Ï
donne ordinairement du bonnes nom elles, roaslrc, Pylliagore, les sorciers de Pharaon,
parce qu'on le-, paie mieux. voulant singer la Verge de .Moïse, avaient
BAD. Génie des \eul-. cl des tempêtes chez une baguette Bomulus
prophétisait avec
;
BADCCKB. Plante dont on prétend que le en liehant une baguette en terre. Quelques
fruit pris dans du lait , glace les sens. Les
,
devins de village prétendent encore deviner
magiciens l'ont quelquefois employé pour beaucoup de choses avec la baguette. Mais
nouer l'aiguillette. Il suffit, dit-on, d'en faire c'est surtout a la lin du dix-septième siècle
boire une infusion à celui qu'on veut lier. qu'elle fit le plus grand bruit Jacques Ay- :
BAEL. Démon cité, dans le Grand Gri- mar la mit en vogue en 1(>92. Cependant,
moire en tôle des puissances infernales.
,
longtemps auparavant, Delrio (2) avait indi-
C aussi par lui que Wiérus commence
est qué, parmi les pratiques superstitieuses,
l'inventaire de sa fameuse Pseudomonarchia l'usage d'une baguette do coudrier pour dé-
dœmonum. Il appelle Bael le premier roi de couvrir les voleurs ; mais Jacques Aymar
l'enfer; ses Etats sont dans la partie orien- opérait des prodiges si variés et qui surpri-
tale. Il se montre avec trois têtes, dont rent tellement, que le Père Lebrun (3) et Io
l'une a la ligure d'un crapaud , l'autre savant Malebranclio (4) les attribuèrent au
celle d'un homme , la troisième celle d'un démon , pendant que d'autres les baptisaient
chat. Sa voix est rauque ; mais il se bat du nom de physique occulte ou d'électricité
très-bien. Il rend ceux qui l'invoquent fins souterraine.
et rusés, et leur apprend le moyen d'être in- Ce talent de tourner la baguette divina-
visibles au besoin. Soixante-six légions lui toire n'est donné qu'à quelques êtres privi-
obéissent. —
Esl-ee le même que Baal ? légiés. On peut éprouver si on l'a reçu de
BjETILES. Pierres que les anciens consul- la nature ; rien n'est plus facile. Le cou-
taient comme des oracles et qu'ils croyaient drier est surtout l'arbre le plus propre. H
animées. C'étaient quelquefois des espèces ne s'agit que d'en couper une branche four-
de talismans. Saturne, pensant avaler Jupi- chue, et de tenir dans chaque main les deux
ter, dévora une de ces pierres emmaillotée. Il bouts supérieurs. En mettant le pied sur
y en avait de petites, taillées en l'orme ronde, l'objet qu'on cherche ou sur les vestiges qui
que l'on portait au cou; on les trouvait sui- peuvent indiquer cet objet , la baguette
des montagnes où elles tombaient avec le tourne d'elle-même dans la main , et c'est
tonnerre. un indice infaillible.
Souvent les bœtiles étaient des statues ou Avant Jacques Aymar, on n'avait employé
mandragores. On en cite de merveilleuses la baguette qu'à la recherche des métaux
qui rendaient des oracles, et dont la voix propres à l'alchimie. A l'aide de la sienne,
comme celle des jeunes Anglaises. On
sifflait Aymar fil des merveilles de tout genre.
assure même que quelques baetiles tombèrent Il découvrait les eaux souterraines les ,
directement du ciel ; telle était la pierre bornes déplacées les maléfices , les voleurs
,
noire de Phrygie que Scipion Nasica amena et les assassins. Le bruit de ses talents s'é-
à Borne en grande pompe. lant répandu, il fut appelé à Lyon , en 1672,
On révérait à Sparte , dans le temple de pour dévoiler un mystère qui embarrassait
Minerve Chalcidique, des baetiles de la forme la justice. Le 5 juillet de celle même année,
d'un casque, qui, dit-on, s'élevaient sur sur les dix heures du soir, un marchand de
l'eau au son de la trompette, et plongeaient vin et sa femme avaient été égorgés à Lyon,
dès qu'on prononçait le nom des Athéniens. enterrés dans leur cave, et tout leur argent
Les prêtres disaient ces pierres trouvées avait été volé. Cela s'était fait si adroitement
dans l'Eurotas (1), qu'on ne soupçonnait pas même les auteurs
BAGOÉ. Devineresse que quelques-uns du crime. Un voisin fit venir Aymar. Le lieu-
croient être la sybille Erythrée. C'est, dit-on, lenant criminel et le procureur du roi le con-
la première femme qui ait rendu des oracles. duisirent dans la cave. Il parut très-ému en
Elle devinait en Toscane, et jugeait surtout y entrant son pouls s'éleva comme dans
;
des événements par le tonnerre. Voy. Bi- une grosse fièvre ; sa baguette , qu'il tenait
ooïs à la main tourna rapidement dans les deux
,
chu de coudrier, d'aune, de hêtre ou de pom- par la baguette ou par un sentiment inté-
mier, à l'aide duquel on découvre les métaux, rieur , il suivit les rues où les assassins
les sources cachées, les trésors, les maléfices avaient passé, entra dans la cour de l'arche-
et les voleurs. vêché sorlit de la ville par le pont du
,
(1) Tome III' des Mémoires de l'Académie des inscrip- in-12. Paris, 1093, et dans son Histoire des pratique»
tions. superstitieuses.
magisc, lib. III, sect. ult. (4) Dans ses réponses au père
Lebrun. On écrivit une
(2) Disquisit.
(3) Dans ses Lettres qui découvrent l'illusion des philo- multitude de brochures sur celte matière.
sojilies sur la bagu«Ue et qui détruisent leurs systèmes,
1(3 DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCULTES. <M
trois, qu'ils avaient entouré une table et vidé baguette; il s'arrêta à la boutique d un orlévre,
une bouteille sur laquelle la baguette tour- qui nia le vol et se trouva très-offensé de
nait. Ces circonslances furent confirmées l'accusation. Mais le lendemain on remit à
par l'aveu de deux enfants de neuf à dix l'hôtel le prix des flambeaux; quelques per-
ans, qui déclarèrent qu'en effet trois hom- sonnes dirent que le paysan l'avait envoyé
mes de mauvaise mine étaient entrés à la pour se donner du crédit.
maison et avaient vidé la bouteille désignée Dans de nouvelles épreuves, la baguette
par le paysan. On continua de poursuivre les prit des pierres pour de l'argent, elle indi-
meurtriers avec plus de confiance. La trace qua de l'argent où il n'y en avait point. En
de leuis pas, indiqués sur le sable par la un mot, elle opéra avec si peu de succès,
baguette, montra qu'ils s'étaient embarqués. qu'elle perdit son renom. Dans d'autres ex-
Aymar les suivit par eau , s'arrêlant à tous périences, la baguette resta immobile quand
les endroits où les scélérats avaient pris il lui fallait tourner. Aymar, un peu confon-
terre, reconnaissant les lits où ils avaient du, avoua enfin qu'il n'était qu'un charlatan
couché , les tables où ils s'étaient assis, les adroit, que la baguette n'avait aucun pou-
vases où ils avaient bu. voir, et qu'il avait cherché à gagner de l'ar-
Après avoir longtemps étonné ses guides, gent par ce petit procédé...
il s'arrêta enfin devant la prison de Beau- Pendant ses premiers succès, une demoi-
caire et assura qu'il y avait là un des crimi- selle de Grenoble, à qui la réputation d'Ay-
nels. Parmi les prisonniers qu'on amena, un mar avait persuadé qu'elle était douée aussi
bossu qu'on venait d'enfermer ce jour mémo du don de tourner la baguette, craignant que
pour un larcin commis à la foire fut celui que ce don ne lui vînt de l'esprit malin, alla con-
la baguette désigna. On conduisit ce bossu sulter le père Lebrun, qui lui conseilla de
dans tous les lieux qu'Aymar avait visités : prier Dieu en tenant la baguette. La demoi-
partout il fut reconnu. selle jeûna et prit la baguette en priant. La
En arrivant à Bagnols, il finit par avouer baguette ne tourna plus; d'où l'on conclut
que deux Provençaux l'avaient engagé, com- que c'était le démon ou l'imagination trou-
me leur valet, à tremper dans ce crime qu'il
; blée qui l'agitait.
n'y avait pris aucune part; que ses deux On douta un peu de la médiation du dia-
bourgeois avaient fait le meurtre et le vol, et ble, dès que le fameux devin fut reconnu
lui avaient donné six écus et demi. pour un imposteur. On lui joua surtout un
Ce qui sembla plus étonnant encore, c'est tour qui décrédita considérablement la ba-
que Jacques Aymar ne pouvait se trouver guette. Le procureur du roi au Châtelel de
auprès du bossu sans éprouver de grands Paris fit conduire Aymar dans une rue où
maux de cœur, et qu'il ne passait pas sur un l'on avait assassiné un archer du guet. Les
lieu où il sentait qu'un meurtre avait été meurtriers étaient arrêtés, on connaissait les
commis, sans se sentir l'envie de vomir. rues qu'ils avaient suivies, les lieux où ils
Comme les révélations du bossu confir- s'étaient cachés la baguette resta immobile.
:
maient les déiouvertes d'Aymar, les uns ad- On fit venir Aymar dans la rue de la Harpe,
miraient son étoile et criaient au prodige, où l'on avait saisi un voleur en flagrant dé-
tandis que d'autres publiaient qu'il était sor- lit; la perfide baguette trahit encore toutes
cier. Cependant on ne put trouver les deux les espérances.
assassins, et le bossu fut rompu vif. Néanmoins la baguette divinatoire ne périt
Dès lors plusieurs personnes furent douées point; ceux qui prétendirent la faire tourner
du talent de Jacques Aymar, talent ignoré se multiplièrent même, et ce talent vint jus-
jusqu'à lui. Des femmes mêmes firent tour- qu'en Belgique. 11 y eut à Heigne, près de
ner la baguette. Elles avaient des convul- Gosselies, un jeune garçon qui découvrit les
sions et des maux de cœur en passant sur un objets cachés ou perdus au moyen de la ba-
endroit où un meurtre avait été commis; ce guette de coudrier. Celle baguette, disait-il,
mal ne se dissipait qu'avec un verre de vin. ne pouvait pas avoir plus de deux ans do
Aymar faisait tant de bruit, qu'on publia pousse. — Un homme, voulant éprouver l'art
bientôt des livres sur sa baguette et ses opé- de l'enfant de Heigne, cacha un écu au bord
rations. M. de Vagny, procureur du roi à d'un fossé, le long d'un sentier qu'on ne fré-
Grenoble, fit imprimer une relation intitulée : quentait presque pas. Il fit appeler le jeune
Histoire merveilleuse d'un maçon qui, conduit garçon et lui promit un escalin, s'il pouvait
par la baguette divinatoire, a suivi un meur- retrouver l'argent perdu. Le garçon alla
trier pendant quarante-cinq heures sur la cueillir une branche de coudrier, et tenant
terre, et plus de trente sur l'eau. Ce paysan dans ses deux mains h s deux bouts de eetta
devint le sujet de tous les entretiens. Des baguette, qui avait la forme d'un Y, après
philosophes ne virent dans les prodiges de la avoir pris différentes directions, il marcha
baguette qu'un effet des émanations des cor- devant lui et s'engagea dans le petit senlier.
puscules, d'autres les attribuèrent à Satan. Le La baguette s'agitait plus vivement. Il passa
père Lebrun fut de ce nombre, et Malebrau- le lieu où l'écu était caché; la baguette cessa
che adopta son avis. de tourner. L'enfant revint donc sur ses pas;
Le fils du grand Condé, frappé du bruit de la baguette sembla reprendre an mouvement
tant de merveilles, fit venir Aymar à Paris. très-vif; elle redoubla vers l'endroit qu'on
On avait volé à mademoiselle de Condé deux cherchait. Le devin se baissa, chercha dans
petits flambeaux d'argent. Aymar parcourut l'herbe et trouva le petit écu, à l'admiration
quelles rues de Paris en faisant tourner la de tous les spectateurs.
16!> I M. n.\r. 161
manda qui l'avait instruit. « C'est le hasard, trent dans corps de l'homme muni de la
le
dit-il; ayant un jour perdu mon couteau eu baguette l'agitent tellement, que de ses mains
gardant les troupeaux de mou père, et sa- la matière subtile passe dans la baguette mê-
illant tout ce nu on disait de la baguette de me, et, n'en pouvant sortir assez promplc-
coudrier, j'en lis une qui tourna, qui me lit menl, la fait tourner ou la brise ce qui me :
retrouver ce que je cherchais et ensuite beau- paraît la chose du monde la plus facile à
coup d'autres objets perdus. » croire... »
C'était très-bien. Malheureusement d'au- Le bon père Méncstrier, dans ses Ré-
tres épreuves, examinées de plus près, ne flexions sur les indications de lu baguette,
réussirent pas, et on reconnut que la ba- Lyon, 1694, s'étonne du nombre de gens qui
guette divinatoire était là aussi une petite devinaient alors par ce moyen à la mode.
supercherie. Mais on y avait cru un siècle et « A combien d'effets, poursuit-il, s'étend au-
des savants avaient fait imprimer cent volu- jourd'hui ce talent 11 n'a point de limites.
1
mes pour l'expliquer. On s'en sert pour juger de la bonté des étof-
« Faut-il rassembler des arguments pour fes et de la différence de leurs prix, pour
prouver l'impuissance de la baguette divina- démêler les innocents des coupables, pour
toire? ajoute M. Salgues (1). Que l'on dise spécifier le crime. Tous les jours cette vertu
quel rapport il peut y avoir entre un voleur, fait de nouvelles découvertes inconnues jus-
une source d'eau, une pièce de métal et un qu'à présent. »
bâton de coudrier. On prétend que la ba- 11 y eut même en 1700, à Toulouse, un
guette tourne en vertu de l'attraction. Mais brave homme qui devinait avec la baguette,
par quelle vertu d'attraction les émanations ce que faisaient des personnes absentes. Il
qui s'échappent d'une fontaine, d'une pièce consultait la baguette sur le passé, le pré-
d'argent ou du corps d'un meurtrier tordent- sent et l'avenir; elle s'abaissait pour ré-
elles une branche de coudrier qu'un homme pondre oui et s'élevait pour la négative. On
robuste lient fortement entre ses mains? pouvait faire sa demande de vive voix ou
D'ailleurs, pourquoi le même homme trou- mentalement; « Ce qui serait bien prodi-
ve-t-il des fontaines, des métaux, des assas- gieux, dit le père Lebrun, si plusieurs ré-
sins et des voleurs quand il est dans son pays, ponses (lisez la plupart) ne s'étaient trouvées
«l ne trouve-t-il plus rien quand il est à Pa- fausses (3). »
ris ? Tout cela n'est que charlatanisme. Et ce Un qui n'est pas moins admirable,
fait
qui détruit totalement le merveilleux de la c'est que la baguette ne tourne que sur les
baguette, c'est que tout le monde, avec un objets où l'on a intérieurement l'intention
peu d'adresse, peut la faire tourner à vo- de tourner. Ce serait donc du ma-
la faire
lonté. 11 ne s'agit que de tenir les extrémités gnétisme ? Ainsi , quand on cherche une
de la fourche un peu écartées, de manière à source, elle ne tournera pas sur autre chose,
faire ressort. C'est alors la force d'élasticité quoiqu'on passe sur des trésors enfouis ou
qui opère le prodige. » sur des traces de meurtre.
Cependant on croit encore à la baguette Pour découvrir une fontaine, il faut mettre
divinatoire dans le Dauphiné et dans le ll.ii- sur la baguette un linge mouillé si elle :
naut; les paysans n'en négligent pas l'usage, tourne alors, c'est une preuve qu'il y a de
et elle a trouvé des défenseurs sérieux. For- l'eau à l'endroit qu'elle indique. Pour trou-
mey, dans Y Encyclopédie, explique ce phé- ver les métaux souterrains , on enchâsse
nomène parle magnétisme Ritter, professeur successivement à la tête de la baguette di-
de Munich, s'autorisait récemment des phé- verses pièces de métal, et c'est un principe
nomènes du galvanisme pour soutenir les constant que la baguette indique la qualité
merveilles de la baguette divinatoire; mais du métal caché sous terre, en touchant pré-
il n'est pas mort sans abjurer son erreur. cisément ce même métal.
L'abbé de La Garde écrivit au commence- Nous répétons qu'on ne croit plus à la ba-
ment avec beaucoup de foi l'histoire des pro- guette, et que cependant on s'en sert encore
diges de Jacques Aymar; en 1692 même, dans quelques provinces. Il fallait autrefois
Pierre Garnier, docteur-médecin de Mont- qu'elle fût de coudrier ou de quelquo autre
pellier, voulut prouver que les opérations de bois spécial depuis on a employé toute
; ,
la baguette dépendaient d'une cause natu- sorte de bois, et même des côtes do baleine;
relle (2); cette cause naturelle n'était, selon on n'a plus même exigé que la baguette fût
lui, que les corpuscules sortis du corps du en fourche.
meurtrier dans les endroits où il avait fait le Secret de la baguette divinatoire et moyen
meurtre et dans ceux où il avait passé. Les de la faire tourner, tiré du Grand Grimoire,
galeux et les pestiférés, ajoute-t-il, ne tran- page 87 (4).
spirent pas comme les gens sains, puisqu'ils Dès le moment que le soleil paraît sur l'ho-
sont contagieux; de même les scélérats lâ- rizon, vous prenez de la main gauche une.
matière qui n'est pas épuisée. Nous emprun- « Depuis que les hommes se mêlent de
tons ce qui suit au Quarterly Magazine : philosopher, on n'a point examiné une ma-
La baguette dhinatoire n'est plus em- tière plus curieuse cl plus importante, que
ployée à la découverte des trésors, mais on celle qui esl traitée ici cl je puis dire que
;
dit que, dans les mains de certaines per- si l'on avait une fois expliqué clairement la
sonnes, elle peut indiquer les sources d'eau cause du mouvement de la baguelle divina-
vive. Il y a cinquante ans environ que lady toire sur les sources d'eau, sur les minières,
Newaik se trouvait en Provence dans un sur les trésors cachés et sur les traces des
château dont le propriétaire, ayant besoin criminels fugilifs, il n'y aurait plus rien de
d'une source pour l'usage de sa maison, si occulte dans la nature, qui ne fût bientôt
envoya chercher un paysan qui promettait dé\eloppé et mis dans un grand jour.
d'en faire jaillir une avec une branche de » Car si l'on connaissailcommenl les écou-
coudrier; lady Newaik rit beaucoup de l'idée lements des corpuscules qui s'exhalent des
de son hôte et de l'assurance du paysan ; eaux souterraines, des métaux et du corps
mais, non moins curieuse qu'incrédule, elle de certains hommes, s'insinuent par la res-
voulut du moins assister à l'expérience, ainsi piration insensible dans les pores d'un autre
que d'autres voyageurs anglais tout aussi homme, on comprendrait bientôt pourquoi
philosophes qu'elle. Le paysan ne se décon- les maladies contagieuses et populaires alla-
certa pas des sourires moqueurs de ces étran- qKent les uns et épargnent les autres ; on dé-
gers; il se mil en marche suivi de toute la couvrirait celte roule invisible par où coule
société, puis tout à coup s'arrétant, H dé- ce flux et reflux d'humeurs malignes qui
clara qu'on pouvait creuser la terre. On le sortent d'un corps par la transpiration et
fil; source promise sortit, et elle coule en-
la que la respiration fait rentrer dans un autre.
core. Cet homme était un vrai paysan, sans Et si ce chemin était bien reconnu, la méde-
éducation il ne pouvait expliquer quelle
: cine trouverait ensuite facilement le secret
était la vertu dont il était doué, ni celle du de préserver o.i de guérir les hommes de
talisman niais il
; assurait modestement tant de maladies dont ta propagation se fait
n'être pas le seul à qui la nature avait donné par les écoulements des corpuscules conta-
le pouvoir de s'en servir. Les Anglais pré- gieux qui sont répandus dans l'air. Cela est,
sents essayèrent sans succès. Quand vint le ce me semble, de la dernière importance.
tour de lady Newark, elle fui bien surprise » Mais de quelle utilité ne serait point
de se trouver tout aussi sorcière que le pay- l'usage de la baguette divinatoire pour la
san provençal. A son retour en Angleterre, découverte des sources d'eau, donl ou ne
• Ile n'osa faire usage de la baguette divina- saurait se passer dans la vie, et pour la re-
toire qu'en secret, de peur d'être tournée en cherche des métaux les plus nobles, qui font
ridicule. Mais en 1803, lorsque le docteur aujourd'hui tout le lien de la société hu-
Hulton publia les Recherches d'Ozanam, où maine.
re prodige est traité d'absurdité (loin. IV. p. » Certainement le grand éclat que l'hi-
^IGO), lady Newark lui écrivit une lettre si- stoire du paysan du Dauphiné ( Jacques
gnée X. Y. Z., pour lui raconter les faits qui Aymar), a fait dans le monde, et l'empresse-
étaient à sa connaissance. Le docteur ré- ment que chacun a marqué pour s'en infor-
pondil, demandant de nouveaux renseigne- mer, montrent mieux que ce que je pourrais
ments à sou correspondant anonyme. Lady dire, combien le public croit qu'il est impor-
Newark le salisfit, el alois le docteur désira tant d'expliquer cette physique si surpren-
être mis en rapport direct avec elle. Lady nante
Newaik alla le voir à Woolwich, et, sous » Je sais bien que certains savants om-
ses yeux, elle découvrit une source d'eau brageux ne feront pas grand cas de tout ce
dans un terrain où il faisait constiuiresa qu'on pourrait dire de bon sur ce qui regarde
résidence d'été. C'est ce même terrain que le mouvement de la baguette et qu'ils conti-
le docteur Hulton a vendu depuis au collège nueront de la regarder comme la chose du
de Woolwik, avec un bénéfice considérable monde la moins digne de leur attention. Ils
à cause de la source. Le docteur ne pul ré- en penseront ce qu'il leur plaira, mais je
sistera l'évidence lorsqu'il vil, à l'approche de puis leur citer d'aulres savants qui n'ont pas
l'eau, la baguelle s'animer (oui à coup pour cru employer mai leur lemps de tourner
ainsi dire, s'agiter, se ployer, el même se bri- leurs études de ce côlé-là. Nous voyons par-
ser dans les doigts de lady Ncvvaik. On cilc mi les mémoires de l'académie royale de.6
169 UAL liAL 17U
» C'est de là que le monde s'est rem- originaire de Phénicie, expliquait les phéno-
pli de tant de fables grossières et ridicules mènes de la nature par les corpuscules,
louchant les sorciers. Ceux qui savaient un c'esl-à-dire par les particules, ou petites
peu de grec et d'hébreu il y a quelques
,
parties insensibles de la matière. Slrabon,
centaines d'années, passaient pour des ma- qui rapporte cela, ajoute que Moschus vivait
giciens. Il est arrivé plusieurs fois à des avant la guerre de Troie, et par conséquent
ignorants de prendre des figures de mathé- plusieurs siècles avant qu'aucun des philo-
matiques pourdes caractères magiques. Jean sophes grecs parût dans le monde.
Shiphower, de l'ordre des ermites de saint » Voilà l'ancienne origine de la philoso-
Augustin, du couvent d'Ofenburg, dans le phie des corpuscules; et, puisqu'elle est phé-
comté d'Edimbourg, parlant de l'imprimerie nicienne, on a tout sujet de croire que c'a
vers l'an 14-4-0, dit que, dans ces premiers été celle des Hébreux, d'où elle a passé chez
commencements, les superstilieuxet les igno- les Grecs.
rants la faisaient passer pour un art où il y » Personne, dans ces derniers temps, n'a
pouvait avoir de la magie la plus criminelle. si bien cultivé la philosophie que M. Boyle,
Il n'y a point de bateleurs dont les subtilités comme on le peut voir par tant de beaux en-
ne passent pour des sorcelleries auprès de droits de ses observations que j'ai rapportés
beaucoup de monde. C'est encore par le dans ce traité. Et si le P. Lana, jésuite, n'é-
même esprit que nous voyons aujourd'hui tait pas mort sitôt, il l'aurait encore portée
accuser de magie les opérations de la ba- beaucoup plus loin, comme il est aisé dt le
guette, parce quela cause n'en est pas connue. juger par son grand et excellent ouvrage, in-
» Van-Helmont a fort bien remarqué qu'on titulé : Magisteriam artis et naturœ,oà l'on
ne saurait trop déplorer le mal que ces pré- peut remarquer que cet homme
laborieux si
jugés font dans les sciences, et surtout dans philosophait, comme on dit, les expériences
la physique. Y a-t-il rien, dit-il, déplus sur- à la main, sans quoi, eu matière de physi-
prenant et de plus déplorable, que de voir que, on ne sait pas qù conduisent les raison-
les arts vils et mécaniques se perfectionner nements comme on ne sait pas si l'on ne s'é-
;
tous les jours, pendant que la physique de- gare point quand on marche sans guide dans
meure toujours quasi dans le même état ? un pays inconnu. Un physicien, disait le P.
Rien ne retarde tant le progrès de la science Kirker, jésuite, qui philosophe sans faire des
naturelle, que les criailleries et les censures expériences, est connue un aveugle qui au-
injustes des ignorants, parce qu'elles épou- rait la folie de vouloir dspu'er des couleurs :
vantent, arrêtent et font même reculer ceux In ])hysicis rébus sine expérimenta philoso-
que quelque ouverture d'esprit et une lon- phari, idem est ne si cœcus de colore judicium
gue élude auraient mis en état de contribuer ferre insipientius prœsumeret. Mand. subter.
à perfectionner la physique. I. X, 3, p. 188.
» Je déclare que je n'ai point été retenu » Il semble qu'il m'aurait toujours manqué
par cet épouvantail, car enDu nous sommes quelque chose, si je n'avais raisonne que
dans un siècle éclairé, de qui on doit atten- sur des relations dont tout le monde ne s'ac-
dre plus de justice que de ceux sur lesquels commode pas. Entin cet homme, si fameux
Dictionnaire des sciences occultes. I. 6
171 DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCULTES. m
i
Jacques Aymar) est venu à P.iris le 21 de on qu'Aymar également sensi-
soit toujours
janvier 1693, par l'ordre d'un grand prince. ble aux impressions de Fair? Mais, afin de
Je l'ai vu deux heures par jour, presque un rectifier les idées de ces gens qui voudraient
mois duraul; et on peut croire que, dans qu'il réussît toujours, il n'y a qu'à les ren-
t. tut ce temps-là, je l'ai tourné et r tourné voyer à l'inclinaison de la verge de fer ai-
connue je devais. I! est certain que la ba- mantée. Ils verront que la méthode dont on
lle divinatoire lui tourne entre les mains se sert pour trouver cette inclinaison de-
sur les traces des voleurs et des meurtriers mande une exactitude si scrupuleuse, que,
fugitifs. Il n'en sait pas la raison, et s'il en d'ordinaire, de vingt expériences il ne s'en
c innaissait la cause physique, et qu'il eût rencontrera pas quatre qui soient entière-
;issez d'élendue d'esprit pour raisonner là- ment semblables. Ainsi le bon sens veut que
dessus, je puis assurer que quand il entre- les essais qui ne réussissent pas, ne fassent
prendrait une expérience, il n'y manquerait point de préjugé contre les expériences con-
j.,mais. Mais un piiysan, qui ne sait ni lire stantes.
i>i écrire saura bien moins ce que c'est » Je ne nie pourtant pas qu'il n'y ait des
cju atmosphère, volume, écoulements de cor- fourbes qui en donnent à croire, et qui
puscules répandus dans l'air. I! ignore encore poussent l'usage de la baguette à trop de
plus comment ces corpuscules peuvent se choses, comme il arrive aux charlatans qui
inger cl cesser do produire le mouve- ayant effectivement un bon remède particu-
nl et l'inclinaison de la baguette. Il n'est lier, le rendent eux-mêmes méprisable, en
- capable non plus de reconnaître combien voulant le faire passer pour universel.
i! lui importe, pour réussir, de sayoir s'il est
» Et j'ajoute à cela qu'on découvrira des
lui-même dans un éLit tel qu'il faut pour gens qui, ayant une sensibilité plus vive et
être sensible aux impressions djs corpuscu- plus délicate, auraient encore plus abon-
les qui s'exhalent des corps sur lesquels la damment que lui la faculté de trouver les
baguette s'incline; car ii ne faut presque sources, les minières, les trésors cachés, les
rien pour déranger l'ordre des causes natu- voleurs et les meurtriers fugitifs. On nous
relles et pour faire manquer une expérience. mande déjà de Lyon qu'il y a un garçon de
M. Boyle a fait un traité entier sur cette ma- dix-huit ans, qui, là-dessus, surpasse de
tière. On y peut apprendre comme une seule beaucoup Jacques Aymar; et chacun peut
circonstance de plus ou de moins empêche voir à Paris, chez M. Geoffroi, ancien éclie-
l'action ordinaire de la nature. vin de cette ville, un jeune homme qui trouve
» Ainsi, quoique Jacques Aymar soit un l'or caché en terre par une violente émotion
homme simple et de bonnes mœurs, il lui qu'il ressent, du moment qu'il marche des-
peut arriver d'entreprendre ce qu'il n'exé- sus »
cutera pas toujours bien, par la raison qu'il BAGUETTE MAGIQUE. On voit , comme
ne sait pas qu'il doit être dans uns cer- nous l'avons dit, que toutes les fées ou sor-
taine disposition présente de sensibilité, afln cières ont une baguette magique avec la-
que les corpuscules répandus dans l'air puis- quelle elles opèrent. Boguet rapporte (1) que
sent lui causer quelque sensation; et que Françoise Sccrétain et Thévenne Paget fai-
cette disposition si rare peut être facilement saient mourir les bestiaux en les touchant de
renversée par un mouvement de crainie leur baguette; et Cardan cite une sorcière
ou par d'autres émotions subites et véhé- de Paris, qui tua un enfant en le frappant
mentes. doucement sur le dos avec sa baguette ma-
» Quoiqu'il ne puisse pas démêler tout gique.
cela, cependant il reconnaît qu'il se peut C'est aussi avec leur baguette que les sor-
bien tromper, et qu'il ne sait pas précisé- ciers tracent les cercles, fout les conjura-
ment, toutes les fois que sa baguette tourne, tions et opèrent de toutes les manières. Cette
si c'est sur de l'eau, sur du métal, ou sur baguette doit être de coudrier, de la pousse
un cadavre, parce qu'elle se meut sur tout de l'année. Il faut la couper le premier mer-
ce qui transpire beaucoup. S'il assure que credi de la lune, entre onze heures et mi-
c'est un meurtrier qu'il suit, c'est qu'il re- nuit, en prononçant certaines paroles (2).
connaît que la sensation qu'il a prise au lieu Le couteau doit être neuf et retiré en haut
de l'assassinat, est la même qui dure le long quand on coupe. On bénit ensuite la baguette,
du chemin, et dont il est toujours également disent les formulaires superstitieux; on écrit
agité. Voilà son Critérium. au gros bout le moi Agla f, au milieu On f;
» Si Jacques Aymar se hasarde donc à et Tetragammaton f au petit bout, et l'on
des essais qui ne ui réussissent pas, on ne dit Conjuro te cilo mihi obedire, etc.
:
s'en étonnera point, pour peu qu'on se soit BAHAMAN, génie qui, suivant les Perses,
formé une juste idée de la conduite de la na- apaise la colère, et, en conséquence, gou-
ture, et qu'on ait étudié la physique par les verne les bœufs, les moutons et tous les
expériences. Car on saura que le mécanisme animaux susceptibles d'être apprivoisés.
de la nature demande une proportion si BAHIR , titre du plus ancien livre des
exacte dans l'arrangement, dans la force et rabbins, où, suivant Buxlorf, sont traités
dans le mouvement des causes, que le moin- les profonds mystères de la haute cabale des
dre obstacle en renverse les effets. Les meil- Juifs.
leurs chiens de chasse ne tombent-ils pas BA1AN. Wiérus et vingt autres démono-
quelquefois en défaut? Pourquoi donc veut- graphes comptent que Baïan ou Bajan, fils
du Siraéon, roi des Bulgares, était bî grand transportée a Bruck où se faisait le sab-
,
magicien, qu'ilen loup, se li'ansrbruitil bat (-1). Elle profila de l'occasion se fil sor- ,
quand il voulait, pour épouvantât spd peu- cière , et peu après fût arrêtée comme telle.
ple, ii qu'il pouvait prendre loutc suite 11- Il y Mir le balai d'autres croyances, Ja-
;i
gura de bête féroce, et même se f( Bdre Invi- mais, dans le district de Lesncwii en Bre- ,
puissants démons, comme dit Nlnauld dans su prétend que c'est en éloigner le bonbeur ;
f.ycanthropie. que les âmes s'y promènent, et que les mou-
BAlEll (Jean-Guillaume), professeur de vements d'un balai les blessent et les écar-
tent. Ils nomment cel usage proscrit halaie-
théologie à Alton, mort en 1729. Il a laissé
inent des morts. Ils disent que la veille duj
une Ibèse intitulée Dissertation sur Behe- :
que les Israélites errants daus le désert se pour être né sous le signe de la Balance qu'on
disposaient à passer le Jourdain Balac, roi , donna à Louis XIII le surnom de Juste.
de Moab, qui les redoutait, chargea Balaarn Les Persans prétendent qu'il y aura au
de les maudire. Mais le magicien, ayant con- dernier jour une balance, dont les bassins
sulté le Seigneur qu il connaissait, quoi- , seront plus grands et plus larges que la su-
qu'il servît d'autres dieux et que surtout il , perficie des cieux, et dans laquelle Dieu pè-
redoutait, reçut une défense précise de céder sera les œuvres des hommes. Un des bassins
a celle invitation. Cependant, les magnifiques de celte balance s'appellera le bassin de lu-
présents du Roi l'ayanl séduit, il se rendit à mière, l'autre le bassin de ténèbres. Le livre
son camp. On sait que l'ange du Seigneur des bonnes œuvres sera jeté dans le bassin
arrêta son ânesse qui lui parla. Balaaui , de lumière, plus brillant que les étoiles ; et
aînés s'être irrité contre la bête aperçut , le livre des mauvaises dans le bassin de té-
l'ange se prosterna promit de faire ce que
, , nèbres, plus horrible qu'une nuil d'orage. Le
commanderait le Dieu d'Israël et parut au ,
fléau fera connaître qui l'emportera, et à quel
camp de Balac trè -embarrassé. Lorsqu'il ,
degré. C'est après cet examen que les corps
lut devant l'armée des Israélites en pré- ,
passeront le pont étendu sur le feu éternel.
sence de la cour de Balac fort surprise, pen- BALCOIN (Marie), sorcière du pays de La-
dant qu'on s'attendait à entendre des malé- bour, qui allait au sabbat du temps de Henri
dictions il se sentit dominé par un enthou-
,
IV. On lui fit son procès, où elle fut convain-
siasme divin et prononça malgré lui une
, , ,
cue d'avoir mangé, dans une assemblée noc-
titagni(h)ue prophétie sur les destinées glo- turne, l'oreille d'un petit enfant (o). Elle fut
i eues du peuple de Dieu. 11 annonça même sans doute brûlée.
îe Messie. Balac furieux, le chassa ; par la ,
BALEINE. Mahomet place dans le ciel la
suite les Hébreux ayant vaincu les Ma- ,
baleine de Jouas.
dianiles, tirent Balaam prisonnier et le tuè-
BALI, prince des démons et roi de l'enfer,
rent.
selon les croyances indiennes. Il se batlit au-
BALAI. Le manche à balai est la mou- trel'ois avec Wishnou, qui le précipita dans
ture ordinaire des sorcières lorsqu'elles se l'abîme, d'où il sort une fois par an pour faire
rendent au sabbat. Rémi coule à ce sujet que du mal aux hommes ; mais Wishnou y met
la femme d'un cordonnier allemand, ayant ,
ordre.
sans le savoir, fourré le bout de son manche Les Indiens donnent aussi le nom de Bâti
à balai dans un pol qui contenait l'o; guent aux farfadets à qui ils offrent du riz, que
,
des sorcières, se mil machinalement aussitôt ces lutins ne manquent pas de venir manger
à califourchon sur ce manche et se sentit , la nuit.
(1) Dissertatio de Beheiuolu et de LeviaUian, ek-plias (ô) Voyage de Canibry daus le Finistère, t. Il, p. 32.
ei baUpn-j . e Job it, 41. Respôndl G. Slepli. Stifeber. (4) Wierus, in l'seudoiuouarcliia daeni.
l(i-l° , Allorf, 1708. (5) H .il.' ( i-,'l
I .liteau il.' l'iUCOUStaiH iMk'ideillOU*, oit ,
BALLES. On a cru autrefois que certains personnes qui la passent pour la première
guerriers avaient un charme contre les bal- fois une cérémonie qu'ils appellent le bap-
les, parce qu'on tirait sur eux sans les attein- tême de la ligne et qui consiste en une as-
,
dre. Pour les tuer, on niellait dans les cartou- persion plus ou moins désagréable, dont on
ches des pièces d'argent, car rien, dit-on, ne évite souvent les ennuis par une générosité.
peut ensorceler la monnaie. Les personnages qui font la plaisanterie se
BALTAZO l'un des démons de la posses-
, travestissent le Père la Ligne arrive dans
;
sion de L'aôn. Voy. Adbry. Il paraît que ce un tonneau, escorté par un diable, un cour-
démon, ou quelque chenapan qui se fit p.;s- rier un perruquier el un meunier. Le pas-
,
ser pour tel, alla souper avec le mari de Ni- sager qui ne veut pas donner pour boire aux
cole Aubry la possédée, sous prélexte de
,
malelols est arrosé ou baigné, après avoir été
combiner sa délivrance, qu'il n'opéra pas. poudré et frisé. On ne sait trop l'origine de
On remarqua en soupant qu'il buvait très- cet usage, ni pourquoi le diable y figure.
sec ; ce qui prouve, dit Leloyer, que l'eau est BARAT maladie de langueur, ordinaire-
,
contraire aux démons (1). ment d'un sort jeté qui conduit
le résultat ,
petit-fils de Nabuchodonosor. Un soir qu'il opinions bretonnes, est guérie par les eaux
profanait dans ses orgies les vases sacrés de de la fontaine de Sainte-Candide près de ,
mots signifiaient que ses années étaient Bois il se montre sous la figure d'un archer
;
moments à vivre, et que son royaume al- forêls. Quatre rois sonnent du cor devant
lait être divisé. Tout se vérifia peu de jours lui. Il apprend à deviner par le chant des
après. oiseaux le mugissement des taureaux les
, ,
BALTDS (Jean-François), savant jésuite, aboiements des chiens elles cris des divers
mort en 1743. Lisez sa Réponse à l'Histoire animaux. Il connaît les trésors enfouis par
des oracles de Fontenelle, in-8° , Strasbourg , les magiciens. Il réconcilie les amis brouilles.
17*9, où il établit que les oracles des an- Ce démon, qui était autrefois de l'ordre des
ciens étaient l'ouvrage du démon et qu'ils , vertus des cieux ou de celui des dominations,
furent réduits au silence lors de la mission est réduit aujourd'hui à commander trente
de Jésus-Christ sur la terre. légions infernales. Il connaît le passé et le
BANIANS, Indiens idolâtres, répandus sur- futur (i).
tout dans le Mogol. Us reconnaissent un Dieu BARBE. Les Romains gardaient avec un
créateur ; mais ils adorent le di.ible, qui est soin superstitieux leur première b.irbe. Né-
chargé , disent-ils de gouverner le monde. , ron faisait conserver la sienne dans une
Ils le représentent sous une horrible figure. boile d'or enrichie de pierreries (5).
Le prêtre de ce culte marque au front, d'un BAKBE-A-D1EU. Thiers dans sou Traité ,
qui dès lors les reconnaît et n'est plus si Barbe-à-Dieu ; c'est une prière superstitieuse
porté à leur faire du mal (2). encore populaire et qui se trouve dans di-
,
BAPTÊME. On dit que les sorcières, dans vers recueils. La voici « Pécheurs et péche-:
leurs cérémonies abominables baptisent au , resses, venez à moi parler. Le cœur me dut
sabbat des crapauds et de petits enfants. Les bien trembler au ventre comme fait la ,
crapauds sont habillés de velours rouge, les feuille au tremble comme fait la Loisonni
,
petits enfants de velours noir. Pour celte quand elle voit qu'il faut venir sur une pe-
opération infernale le diable urine d.ms un , tite branche, qui n'est plus grosse ni plus
trou ; on prend de cette déjection avec un membre que trois cheveux de femme grosse
goupillon noir, on en jette sur la tête de ren- ensemble. Ceux qui la Barbe-à- Dieu sauront,
iant ou du crapaud, en faisant des signes de par-dessus la planche passeront, et ceux qui
croix à rebours avec la main gauche, et di- ne la sauront, au bout de la planche s'assise-
sant In nomine patrica, malrica araguaco
: , ront, crieront, braieront Mon Dieu- hélas : !
petricu agora, agora Valentia ; ce qui veut malheureux élat Est comme petit enfant
!
ruptibililé et la vie éternelle: que Barbclolh, Barkukebat, fil» de l'étoile, el prétendit qu'il
un jour, plus gai qu'à l'ordinaire, avait en- annoncée par Ralaam. Il se mit
était l'étoile
gendré la lumière, qui, perfectionnée par à laire des prodiges. Saint Jérôme raconlo
Ponction de l'esprit, s'appela Cbrilt; (|ue qu'il vomissait du feu par la bouche, au
Christ désira l'intelligence et l'obtint; que moyen d'un morceau d'étoupes allumées
l'intelligence, la raison, l'incorruptibilité et qu'il se mettait dans les dénis, ce que font
Christ s'unirent; que la raison ei l'intelli- maintenant les charlatans des foires. Les
gence engendrèrent Autogène qu'Autogène ;
Juifs le reconnurent pour leur Messie. Il se
engendra Adamas, l'homme parfait, et sa lit couronner roi. rassembla une armée, et
femme la connaissance parfaite; qu'Adamas soutint contre les Romains une guerre assez
et sa femme engendrèrent le bois; que le longue; mais enfin, en l'année 136, l'armée
premier ange engendra le Sainl-E9prit, la juive fut passée au fil de l'épée et B.irkoke-
sagesse ou Prunic que Prunic engendra
;
bas lue. Les rabbins assurent que, lorsqu'on
Protarchonte ou premier prince, qui fut in- voulut enlever son corps pour le porter à
solent et sot; que Protarchonte et Arrogance l'empereur Adrien, un serpent se présenta
engendrèrent les vices et toutes leurs bran- autour du cou de Barkokebas, et le fil res-
ches. Les barbeliots débitaient ces merveilles pecter des porteurs et du prince lui-même.
en hébreu, et leurs cérémonies n'étaient pas BARNAUD (Nicolas), médecin protestant
moins abominables que leur doctrine était du seizième siècle, qui rechercha la pierre
extravagante ( !)• philosophale. Il a publié sur l'alchimie di-
BARBIER. jeune (2) avait on af-
Pliin< le vers petits traités recueillis dans le troisième
franchi, nommé Marc, homme quelque peu volume du Theatrum chimicum, compilé par
lettré, qui couchait dans un même lit avec Zetzner; Strasbourg, 1059.
son jeune frère. Marc, dans le sommeil, crut BARRABAS. « Quand les sorcières sont
voir une personne assise au chevet du lit, entre les mains de la justice, dit Pierre l)e-
qui lui coupait les cheveux du haut de la lancre (4), elles font semblant d'avoir le dia-
tète. A son réveil il se trouva rasé, et ses ble leur maître en horreur, et l'appellent par
cheveux jetés au milieu de la chambre. La — dédain Barrabas ou Barrabam. »
même chose arriva, dans le même temps, à BARTHOLIN (Thomas), né à Copenhague
un jeune garçon qui dormait avec plusieurs en 1619. On recherche de lui le livre De Un-
autres dans une pension. Il vit entrer par la guento armario. Ce traité de la poudre de
fenêtre deux hommes vêtus de blanc, qui sympathie se ressent du temps et de la cré-
lui coupèrent les cheveux comme il dormait. dulité de l'auteur; on y trouve cependant
A son réveil, on trouva ses cheveux répan- des choses singulières et qui ne sont pas in-
dus sur le plancher. —
« A quoi cela peut-il dignes de quelque attention.
être attribué, dit D. Calmel (3), si ce n'est à BARTHOLE, jurisconsulte, mort à Pérouse
des follets? » —
ou aux compagnons de lit? en 1356. Il commença à mettre de l'ordre
11 y a quelques lutins, du genre de ceux- dans la jurisprudence; mais on retrouve les
là, qui ont fait pareillement les fonctions de bizarreries de son siècle dans quelques-uns
barbiers. Les contes populaires de l'Allema- de ses ouvrages. Ainsi, pour faire connaître
gne vous apprendront que les revenants la marche d'une procédure, il imagina un
peuvent ainsi faire la barbe aux vivants. procès entre la sainte Vierge et le diable,
BARB1ERI. Dialogues sur la mort et sur jugé par Notre-Seigneur Jésus-Christ (5).
les âmes séparées Dialoghi délia morte e
: Les parties plaident en personne. Le diable
dell' anime separate, di Barbieri. In 8° . Bolo- demande que le genre humain rentre sous
gna, 1600. son obéissance; il fait observer qu'il en a été
BARBU. On appelle démon barbu le démon le maître depuis Adam; il cite les lois qui
qui enseigne le secret de la pierre philoso- établissent que celui qui a été dépouillé
phai; on le connaît peu. Son nom semble- d'une longue possession a le droit d'y ren-
rait indiquer que c'est le même que Barba- La sainte Vierge lui répond qu'il
trer. est
tas, qui n'a rien d'un démon philosophe. Ce un possesseur de mauvaise foi, et que les
n'est pas non plus Barbas, qui se mêle de lois qu'il cite ne le concernent pas.
épuise On
mécanique. On dit que le démon barbu est des deux côtés toutes les ressources de la
ainsi appelé à cause de sa barbe remar- chicane du quatorzième siècle, et le diablo
quable. est déboulé de ses prétentions.
BARESTE (Ecgène), auteur de la Fin des BARTON (Elisabeth), religieuse de Kent,
Temps de quelques prophéties du moins
et
qui prévit et révéla, en 1525, les excès où
Irès-spirituelles. Il est le rédacteur de VAlma- tomberait bientôt le schisme qu'elle voyait
nach prophétique, pittoresque et utile, la plus naître en Angleterre. Les partisans de
remarquable assurément de ces légères pro- Henri VIII s'écrièrent qu'elle était possédée
ductions que chaque année ramène. du diable. La protection de Thomas Morus,
BARKOKEBAS ou BARCHOCHEBAS, im- loin de la sauver, la perdit en 1533, celte
:
posteur qui se fit passer pour le Messie juif, pieuse et sainte fille fut mise à mort avec
sous l'empire d'Adrien. Après avoir été vo- beaucoup d'aulres, sous prétexte de sorcel-
leur de grand chemin, il changea son nom
de Barkoziba, fils du mensonge, en celui de (4) Tableau de l'inconstance des mauvais anges, etc.,
liv.VI, dise. 3. Paris, 1612.
(1) Bergier, Dict. lliéolog. au mot Barbelios. (5) Ce singulier ouvrage, intitulé Processus Satanae
:
(2) t.ib. XVI, epist. 27. contra Virginem corarn judice Jesu, est imprimé dans le
(*3) Dissertation »ur lesapparitiont, Processus juris jocoserius. In-8° . Hanau, 1611.
173 DICTIONNAIRE DES SCIii.NC.ES OCCULTES. 180
lerie ,
réformés
par qui se vantaient
les ,
BASILIC, serpent, »ong d'un demi-
petit
d'apporter la lumière et la liberté. mètre, qui n'a été connu que des anciens. Il
BAS. Oui a chaussé un de ses bas à l'en- avait deux ergots, une tête et une crête de
vers, recevra dans la journée un conseil,
— coq, des ailes, une queue de serpent ordi-
probablement celui de le retourner. naire, etc. Quelques-uns disent qu'il naît de
BASCANIE, sorle de fascination employée l'œuf d'un coq couvé par un serpent ou par
par les magiciens grecs; elle troublait telle- un crapaud. Boguet, au chapitre 14 de ses
ment les yeux, qu'on voyait tous les objets à Discours des sorciers, le fait produire de l'ac-
rebours blanches les choses noires, rondes
:
couplement du crapaud et du coq, comme le
les choses pointues, laides les plus jolies mulet naît d'un âne et d'une jument.
figures, et jolies [es plus laides. C'est une opinion encore répandue dans
BASILE. Michel Glycas (1) raconte que lescampagnes ,
que les vieux coqs pondent
l'empereur Basile, ayant perdu son fils bien- un œuf duquel naît un serpent. Ce petit œuf,
aimé, obtint de le revoir peu après sa mort, imparfait n'est comme on sait , que l'effet
,
par le moyen d'un moine magicien; qu'il le d'une maladie chez les poules ; et l'absurdité
vit en effet et le tint embrassé assez long- de ce conte bleu n'a plus besoin d'être démon-
temps, jusqu'à ce qu'il disparût d'entre ses trée.
bras. « Ce n'était donc qu'un fintôme qui Il est possible que les anciens, dans leurs
parût sous la forme de son fils (2). » expériences, aient pris des œufs de serpent
I! ASILE-VALENTIN alchimiste, qui est
, pour des œufs de coq. Voyez Coq. Quoi —
pour les Allemands ce que Nicolas Flamel qu'il en soit, on croit que le basilic lue de ses
est pour nous. Su vie est mêlée de fables qui regards; et Mathiole demande comment on a
ont fait croire à quelques-uns qu'il n'a ja- su que le basilic tnait par son regard s'il a ,
mais existé. On le fait vivre au douzième, au tué tous ceux qui l'ont vu. On cite toutefois
treizième, au quatorzième et au quinzième je ne sais quel historien, qui raconte qu'A-
siècle; on ajoute même, sans la moindiv lexandre le Grand, ayant mis le siège devant
fireuve, qu'il était bénédictin à Erfurl. C'est une ville d'Asie, un basilic se déclara pour
ui qui, dans ses expériences chimiques, dé- les assiégés, se campa dans un trou des rem-
couvrit {'antimoine, qui dut son nom à cette parts et lui tua jusqu'à deux cents soldats
,
circonstance , que , des pourceaux s'étant par jour. Une batterie de canons bien servie
prodigieusement engraissés pour avoir avalé n'eût pas fait mieux.
ce résidu de métal, Basile en fit prendre à a II est vrai ajoute M. Salgues (10) que si
,
,
des religieux, qui en moururent. le basilic peut nous donner la mort, nous
On compte que, longtemps après la mort pouvons lui rendre la pareille en lui présen-
de Basile-Valentin, une des colonnes de la tant la surface polie d'un miroir les vapeurs :
cathédrale d'Erfurt s'ouvrit comme par mi- empoisonnées qu'il lance de ses yeux iront ,
racle, et qu'on y trouva ses livres sur l'al- frapper la glace, et, par réflexion, lui renver-
chimie. Les ouvrages de Basile, ou du moins ront la mort qu'il voudra donner. C'est Ari-
ceux qui portent son nom, écrits en haut slole qui nous apprend celle particularité. »
allemand, ont été traduits en latin, et quel- Des savants ont regardé en face le serpent
ques-uns du latin en français. Les adepl s qu'on appelle aujourd'hui basilic, et qui n'a
recherchent de lui YAzotli (3J les Douze , pas les accessoires dont les anciens l'ont
Clefs de la philosophie de frère Basile-Valen- embelli malgré tous les vieux contes
;
ils ,
tin, traitant de la vraie médecine métalli- sont sortis bi-n portants de cette épreuve.
que ,4), à la suite de la traduction de l'Azolh, Mais, nous le répétons, le reptile auquel les
in-12, 1660; in 8° , 1669; Y Apocalypse chimi- modernes donnent le nom de basilic, n'est
que (5) la Re'vélatiun des mystères des tein-
; peut-être pas le basilic des anciens car il y ;
l'usage et des vertus de tous les sels miné- duisit l'Intelligence larqueile produisit le
,
raux, animaux et végétaux, recueillis par Verbe, qui produisit la Prudence; la Pru-
Antoine Solmincius, dans les manuscrits de dence eut deux filles la Puissance et la Sa-
:
dernier ciel firent le monde sublunalrc; ils un bâton dont on prétend que le diable a it I
d'un homme, fil les miracles qu on raconte, poudrés de salpêtre pi cez pardessus, dans ;
i i
, pendant I ; passion , il donna son appa- le cœur du bâton, sep! feuilles de verveine,
rence Simébn
le Cyrénéen, qui fut crucifié
à cueillies la veille de la Saint-Jean-Bapliste,
I
o'r pendant que, sous les traits de Si-
Ini, avec une pierre de diverses couleurs qui se
i l'on il se moquait des Juifs;
, après quoi il trouve dan. le nid de la huppe; bouchez en-
remonta aux cicux sans avoir été précisé- suite le bout du bâton avec une pomme à
ineiit connu. » votre fantaisie, et soyez assuré que ce bâton
Basilidc, à côté de ce système étrange, en- vous garantira des brigands des chiens en— ,
seignait encore la métempsycose, et il don- r.igés des bêtes féroces des animaux veni-
, ,
nai! aux hommes deux âmes pour accorder , meux, des périls, et vous procurera la bien-
les combats qui .-'élèvent sans cesse entre la veillance de ceux chez qui vous loge-
raison et les passions. rez... »
Il était très-habile, ajoute-t-on, dans la ca- Le ne
lecteur qui dédaigne de tels secrets ,
bale des Juifs. C'est lui qui inventa le puis- doit pas oublier qu'ils ont eu grand crédit,
sant talisman Abràcadabra dont nous avons , et qu'on cherche encore, dans beaucoup de
parlé, el doni l'usage fut longtemps extrême- villages, à se procurer le bâton du bon voya-
ment répandu. Il fit un évangile apocryphe et geur...
des prophéties qu'il publia sous les noms de BATRACHYTE, qui suivant que
pierre ,
le soleil, et révérait prodigieusement les trois corps de la grenouille el qui a , disent les ,
cent soixante-cinq révolutions de cet astre bonnes gens , de grandes vertus contre les
autour de la terre. Voy. Abracax. poisons et contre les maléfices.
BAS1LIUS. Il y eut à Rome, du temps BATSCUM BASSA ou BATSCUM -PACHA,
de saint Grégoire un sénateur de bonne et , démon turc que l'on invoque en Orient
ancienne famille, nommé Basilius, magicien, pour avoir du beau temps ou de la pluie. On
scélér sorcier, lequel, s'élant rendu
: t et se le rend favorable en lui offrant des tarti-
moine pour éviter la peine de mort, fut en- nes de pain grillé, dont il est très-friand.
fin brûlé avec son compagnon Prélextatus, BAUME UNIVERSEL, élixir composé par
comme lui sénateur romain el de maison les alchimistes c'est disent-ils
: le re- , ,
sais qui, en 1582, prédit à sir Robert Mil vil, baume universel une facétie fort triviale,
,
si l'on encroitles mémoires de JacquesMelvil, que pourtant nous pouvons citer, en récla-
son frère, une partie des événements arrivés mant l'indulgence du lecteur.
depuis à MaricStuarl, alors réfugiée enAngle- Un alchimiste de Besançon avait trouvé la
terre. Il ne fallait pour cela que quelque con- pierre philosophale, l'élixir de longue vie et
naissance du temps et des hommes. Les autres le baume universel. Avec la première décou-
prédiction-; deBassanlin ne se réalisèrent pas. verte, il était sûr d'être l'homme le plus riche
Son grand traité d'Astronomie ou plutôt de la terre; et comme son eiix.it lui assurait
1
d'Astrologie, aé.lë publié en français cteu latin. une vie qui ne finirait pas de longtemps il ,
On cherche l'édition latine de Genève 13 19, , n'attachait d'intérêt à son baume, qu'autant
que les éditeurs appellent ingens et doçtutn qu'avec ce puissant remède il pourrait être
volwncn. Tous ses ouvrages présentent un utile à ses semblables. Ce baume guérissait
mélange d'heureuses observations et d'idées toute espèce de blessure aussi vite que la
superstitieuses (2). pensée; il ne laissait aucune trace de cica-
BATELEURS, faiseurs de tours eu plein trice. Mais la foule doula. Pour prouver l'ef-
il arracha les yeux à son camarade il retira ; qui règnes aux parlies occidentales, je l'ap-
les intestins du troicième, après quoi il posa pelle et invoque au nom de la Divinité; je le
du baume sur les plaies, et les trois patients commande, en vertu du Très-Haut, de m'en*
ne sentirent pas la moindre incommodité. voyer présentement devant ce cercle on (
Pour rendre le prodige plus éclatant, quel- nomme dont on veut se servir Pas
l'esprit
qu'un ayant demandé qu'on laissât un inter- siel, Rosus, etc.), et les autres esprits qui te
valle entre le dégât et le rétablissement , l'al- sont sujets, pour répondre à tout ce que je
chimiste sûr de ses moyens , voulut bien
,
leur demanderai. Si lu ne le fais, je te tour-
attendre au lendemain, li fil porter à son menterai du glaive du feu divin; j'augmen-
logis les pièces enjevées et les recommanda
,
terai tes peines et te brûlerai. Obéis, roi
à sa servante, qui négligea la commission. Bayemon (1).»
Pendant qu'elle était dehors, ayant laissé le BAYER. En 172G, un curé du diocèse de
tout dans un saladier, un chien mangea les Constance, nommé Bayer, pourvu de la cure
intestins et le reste. Dans la peur d'une ré- de Rutheim , fut inquiété par un specire
primande , la servante soupçonnant le chai, ou mauvais génie qui se montrait .sous la
l'assomma, prit ses yeux, qu'elle mit sur une forme d'un paysan mal velu, de mauvaise
assiette, acheta les tripes d'un cochon qu'on mine et Irès-puant. 11 vint frapper à sa
venait de tuer, et couiut au gibet où elle , porte; étant entré dans son poêle, il lui dit
coupa la main d'un filou qu'on avait pendu qu'il était envoyé par le prince de Constance,
le matin. son évêque, pour certaine commission qui
Le lendemain, tout Besançon se rassembla se trouva fausse. Il demanda ensu.le à man-
à la porte de l'alchimiste. Les trois compa- ger. On lui servit de la viande, du pain et du
gnons arrivèrent. Le savant remit au pre- vin. Il prit la viande à deux mains et la dé-
mier la main du pendu; par un hasard qui vora avec les os, disant «Voyez comme je
:
n'a rien de surprenant, la servante avait pris mange la chair et les os; faites-vous de
au filou sa main droite tandis qu'il fallait, même (2)? «Puis il prit le vase où était le
une main gauche ce qui parut singulier ;
,
vin, et l'avala d'un trait; il en demanda
cependant on passa outre, en soutenant au d'autre qu'il but de même. Après cela il se
Savoyard que c'était bien sa main. Les yeux retira sans dire adieu; et la servante, qui le
du chat s'ajustèrent dans la lêle da second ;
conduisait à la porte, lui ayant demandé
les intestins étrangers lurent remis au troi- son nom, il répondit «Je suis né à Rulsin-
:
sième. Toutes les plaies disparurent; tout le gue, et mon nom est Georges Raulin;»ce
monde cria au prodige. La réputation de l'al- qui était faux encore.
chimiste fui faile. Il passa le reste du jour à se faire voir
On ajoute que les trois hommes rajustés se dans le village, et revint, le soir à minuit, à
rencontrèrent un an après. —
C'est singulier, la porte du curé, en criant d'une voix terri-
dit le premier, la main qu'on m'a raccommodée ble Mynheer Bayer, je vous montrerai qui
:
Bées au curé, frayeurs qui ont pu lui don- BECHARI), démon désigné dans les Clavi-
ner îles visions. cules dt Sa/omon comme ayant puissance sur
BAYER (Jean), ministre protestant, né à les vents et les tempêtes. Il fait grêler, ton-
Augsbourg au seizième siècle. On recherohe ner et pleuvoir, au moyen d'un maléfice qu'il
de lui une ilièse sur celle question o Si l'exi- :
compose avec des crapauds fricassés et au-
stence (les anges peut se démontrer par les tres drogues.
seules lumières naturelles (1)'?» BECHET, démon que l'on conjure le ven-
BAYLE (François), professeur de méde- dredi. Voy. Conjurations.
cine a Toulouse, mort en 1709. Nous ne ci- BEDE (le vénérable), né au septième
terons de ses ouvrages que la Relation de siècle, dans le diocèse de Durham, en An-
l'état de quelque» personnes prétendues possé-
gleterre. 11 mourut à soixanle-lrois ans. On
dées, fuite de l'autorité du parlement de Tou- dit qu'il prévit l'heure précise de sa mort.
louse, in-12; Toulouse 1<>82. Il veut prouver Un instant avant d'expirer, il dictait quel-
que les démoniaques, s'ils ne sont pas des ques passages qu'il voulait extraire des œu-
charlatans, sont très-souvent des fous ou des vres de saint Isidore ; le jeune moine qui
malades. écrivait le pria de se reposer parce qu'il par-
BAZINE,
célèbre reine des Tongres, qui lait avec peine : —
Non, répondit Bède, pre-
épousa Childeric et qui fut mère de Clovis. nez une autre plume, et écrivez le plus vite
Elle est représentée par les vieux historiens que vous pourrez. —
Lorsque lejeune homme
comme unehabile magicienne. On saitqu'elle eut dit : —
C'est fait. —
Vous avez dit la vé-
était femme de Bising, roi des Tongres ; que rité, répliqua Bède; et il expira. Peu de
Childeric, chassé de ses Etats par une révo- temps après sa mort, on dit qu'il se fit voir
lution et réfugié à la cour de Bising, plut à à un moine, nommé Gamète, à qui il témoi-
sa femme; que lorsqu'il fut rétabli sur le gna le désir d'être enterré à Durham au-
trône, Baziue quitta tout pour venir le trou- près de saint Cuthbert. On se hâta de le sa-
ver. Childeric l'épousa. Le soir de ses noces, tisfaire, car on avait un grand respect pour
frayer, et de retourner une seconde fois et stres dont les races ont disparu. On voit dans
même une troisième fois. 11 vit à la seconde le procès d'Urbain Grandier que Béhémoth
fois des ours et des loups, et à la troisième des est bien un démon. Delancre dit qu'on l'a
chiens et d'autres petits animaux qui s'en- pris pour un animal monstrueux, parce qu'il
tre-déchiraient. —
«Les prodiges que vous se donne la forme de toutes les grosses bê-
avez vus, lui dit-elle, sont une image de tes. 11 ajoute que Béhémoth se déguise aussi
l'avenir; ils représentent le caractère de avec perfection en chien, en renard et en
toute notre postérité. Les lions et les licor- loup.
nes désignent le fils qui naîtra de nous ; les Si Wierus, noire oracle en ce qui concerne
loups et les ours sont ses enfants, princes les démons, n'admet pas Béhémoth dans son
vigoureux et avides de proie; et les chiens, inventaire de la monarchie infernale, il dit,
c'est lepeuple indocile aujougde ses maîtres, livre I", des Prestiges des démons chapitre ,
soulevé contre ses rois livré aux passions 21, que Béhémoth ou l'éléphant pourrait bien
—
,
des puissants et souvent victime (2). » Au être Satan lui-même, dont ou désigne ainsi
reste, on ne pouvait mieux caractériser les la vaste puissance.
rois de cette première race; et si la vision Enfin, parce qu'on lit dans le chapitre 40
n'est qu'un conte, il est bien imaginé (3). de Job que Béhémoth mange du foin comme
BEAL. — Voy. Bérith. un bœuf, les rabbins ont l'ait de lui le bœuf
BEAUVOYS de CHAUVINCOURT ,
gentil- merveilleux réservé pour le festin de leur
homme imprimer en 1599 un
angevin, fit Messie. Ce bœuf est si énorme, disent-ils,
volume intitulé Discours de la Lycanthro-
: qu'il avale tous les jours le foin de mille
pie ou de la transmutation des hommes en montagnes immenses, dont il s'engraisse de-
loups. puis le commencement du monde. Il ne quitte
(1) An Angelorum exislentia a solo luinine nalurali pos- seraient un jour renversés du trône par les grands et la
ait demouslrari? In-i" Witl< bergae, 1658. peuple, dont les petits animaux étaient la figure:
|2) Selon d'autres chroniques, elle dit que les lions et (5) Dreux du Radier, Tablettes des reines de France.
les licornes représentaient Clovis, les loups et les ours (4) Démonomanie des sorciers, liv. I, ch. i.
BEKKER (Baltasar), docteur en théologie disent si tolérants et qui le sont si peu, pour-
réformée, et ministre à Amsterdam, né en suivre si sérieusement un livre que sa pro-
1634. « Ce Balthasar Bekker, grand ennemi lixité seule devait rendre inlisihle. « Il y a
de l'enfer éternel et du diable, et encore plus grande apparence, dit encore Volt lire, qu'on
de la précision, dit Voltaire, fit beaucoup de ne le condamna que par ledépit d'avoir perdu
bruit en son temps par son gros livre du son temps à le lire. » —
Dans le livre I", ou
Monde enchanté. » Alors la sorcellerie, les premier volume, qui a quatre cents pag -s,
possessions, étaient en vogue dans toute l'auteur examine les sentiments que les peu-
l'Europe, ce qui le détermina à combattre le ples ont eus dans tous les temps et qu'ils ont
diable. « On eut beau lui dire, en prose et en encore aujourd'hui touchant Dieu et les
vers, qu'il avait tort de l'attaquer, attendu esprits; il parle des divinations, de l'art ma-
qu'il lui ressemblait beaucoup, étant d'une gique, des manichéens et des illusions du
laideur horrible rien ne l'arrêta; il com-
: diable; il entre en matièredèsle tome second.
mença par nier absolument le pouvoir de Ce tome ou livre second a 733 pages énor-
Satan et s'enhardit jusqu'à soutenir qu'il
, mes. L'auleur traite puissance des es-
de la
n'existe pas. « S'il y avait un diable, disait- prits, de leur influence, des effets qu'ils sont
il, ilse vengerait de la guerre queje lui fais.» capables de produire. Il prétend qu'il n'y a
Le laid bonhomme se croyait important. «Les aucune raison de croire qu'il y ait des dé-
ministres, ses confrères, prirent le parti de mons ou anges, ou vice-dieux il 9'cmbarrasse;
que ces météores ne sont pas des présages de Dans le troisième volume, Bekker veut
malheurs, et combat les idées superstitieu- démontrer, dans le même style prolixe, que
ses que le peuple attache à leur apparition. le commerce avec le diable et les pactes des
Cet ouvrage fut reçu sans opposition. 11 n'en sorciers sont des idées creuses; il remarque
fut pas de même de son livre De Betooverde que les livres saints ne font aucune mention
de Loudun.
(1) Saint- Albin, Histoire îles diables une multitude d>- libelles. Benjamin Binet l'a réfuté dans
(2) Il publiadeux espèces de catéchisme en langue hol- un volume intitulé Traité historique des dieux du pa-
:
landaise, Vaste spize (le Mets de carême), et Gesneden ganisme, avec des remarques crili iucs sur le système de
brood (le Pain coupé). Bailli sur Bekker. Delft, 1696, in-12. Ce volume se j"iut
(3)Bekker élait si laid que La Monnaye lit sur lui celle ordinairement au\ quatre de Bekker; il a aussi élé im-
épigramme : primé sous le titre d'Idée générale de la théologie
Oui, par toi.de Satan la puissance esl bridés; païenne, servant de réfutation au syslème de Balthasar
Mais lu n'as cependant pas encore assez l'ait : Bekker, etc. Amsterdam et Trévoux , 1699. Les autres
Pour nous ôter du diable entièrement l'idée, réfutations du Monde enchanté sonl Melchioris Lejdek-
:
Bekker supprime ton portrait, keri (Jissertatio de vulgalo nuper Bekkeri volumine, elc.
(i) Pendant que les minisires d'Amsterdam prenaient ln-8° Ultrajecl», 1693. Br vis méditatif) ac.ulcmiea de spi-
le parti du diable, un ami de l'auteur le défendit dans rituum aeiionibus in honnie s spirltualibus, enjus doelrù se
un ouvrage intitulé Le Diable triomphant, panant s r
: usus eontra Bekkeriim et alios fanstieos exhibetur a J. Zi-
te mont Parnasse; mais le synode qui avait dépesé , p. llio. In B° . Francorfiirti, 1701, elc.
Bekker, ne révoqua passa sentence. On écrivit conlre lui
«M BEL I EL m
d'actes <li société avec le diable, que les de- dignités et les faveurs, fail vivre les amis en
vins de l'antiquité él ienl des imbéciles sans bonne intelligence, donne d'habiles servi-
talent et sans pouvoir. Il se |ue, dans teurs. Il commande quatre-vingts légions de
le quatrième volume, de ceux qui croient à l'ordre des Vertus et de Tord c de, Anges. Il
la magie, al dos juges qui condamnent les est i
xael à recourir ceux qui se soumettent
sorciers. à lui; s'il y manquait, il est facile de le châ-
BEL, divinité suprême des Chaldéens.Wié- tier, comme lit Salomon, qui l'enferma di
iiis dit que c'est un vieux démon dont la une bouteilleavec toutesses légions, lesquel-
voix sonne le creux (t). Les peuples qui en les tout une armée de cinq cent vingt-deux
liront un ili. n cou .'lient qu'au commencement
t mille deux cent quatre-vingts démons. I!
le momie n'était qu'un chaos habile par des fallait que la bouteille fût de grande (aille.
monstres; que Bel les tua, arrangea l'u- Mais Salomon ét.iit si puiss tnt que dans ,
nivers, se lit couper la tête par un de ses une autre occasion, il emprisonna pareille-
serviteurs, détrempa la terre avec son sang ment six mille six cent soixante-six millions
et en forma les animaux et les horonp de diables qui ne purent lui résister. Des —
BELAAM, démon dont on nesait rien sinon doctes racontent encore que Salomon mit la
qu'en 1632 il entra dans le corps d'une des bouteille où était Bélial dans un grand puits,
possédées de Loudun, avec lsaacarum et qu'il referma d'une pierre, près de Babylone ;
regardaient sa rencontre comme un présage point de mal tant qu'il a de quoi mettre sous
funeste. la dent.
On prétend que sa cendre, appliquée en BÉLIER. Le diable s'est quelquefois trans-
cataplasme, guérit les migraines et les ca- mué en bélier, et des rnaléficiés ont subi
taractes; et le livre des Admirables Secrets cette métamorphose. C'est même sur une
d'Albert le Grand assure que, si on fait man- vieille tradition populaire de cette espèce
ger à un chien le cœur et la langue d'.:ne qu'Hamilton a bâti son conte du Bélier.
belette, il perdra incontinent la voix. Il Il paraît que le bélier a des propriétés
ajoute imprudemment un secret qu'il dit magiques lorsqu'on accusa Léonora
; cor,
éprouvé, et qu'il certifie infaillible c'est : Galigaï, femme du maréchal d'Ancre,
d'avoir
qu'un amateur n'a qu'à manger le cœur d'une fait des sorcelleries, on prétendit que, pen-
belette encore palpitant pour prédire les cho- dant qu'elle s'occupait des maléfices, elle ne
ses à venir (3)... mangeait que des crêtes de coq et des ro-
BELIAL, démon adoré desSidoniens. L'en- gnons de bélier.
fer n'a pas reçu d'esprit plus dissolu, plus Pour l'influence du bélier, signe du zodia-
crapuleux, plus épris du vice pour le vice que, voy«'z Astrologie et Horoscopes.
même. Si son âme est hideuse et vile, son BELIN (Albert), bénédictin né à Besan-
extérieur est séduisant, lia le maintien plein çon en 1610. On recherche parmi ses ou-
d. grâce et de dignité. Il eut un culte a So- vrages 1° le :Traite des talismans, ou
dnme et dans d'autres villes; mais jamais on Figures astrales, dans lequel il est montré
n'osa trop lui ériger des autels. Delancre dit que leurs effets ou vertus admirables sont
que son nom signifie îvbelleou désobéissant. naturels, ensemble la manière de les faire
— Wiérus,dans son inventaire de la mouar- et de s'en servir avec profit, in-12, Paris,
chie de Satan, lui consacre un grand ;irticle. 1G71. On a joint à l'édition de 1709 un traité
« On croit, dit-il, que Bélial, l'un des rois de du même auteur, de la Poudre de sympathie
l'enfer, a été créé immédiatement après Lu- justifiée ; 2" les Aventures du philosophe, in-
cifer, et qu'il entraîna la plupart des anges connu en'la recherche et invention de la pierre
dans la révolte : aussi il fut renversé du ciel philosophait divisées en quatre livres, au
,
un des premiers. Lorsqu'on l'évoque, on i'o- dernier desquels il est parlé si clairement de
blige par des offrandes à répondre avec sin- la manière de la faire que jamais on n'en a
cérité aux questions qu'on lui fait. Mais il traité avec tant de candeur. In-12; Paris,
conte bien vite des mensonges, si on ne l'ad- 1664 et 1674.
jure pas, au nom de Dieu, de ne dire nue la BEL1NUNCIA, herbe consacrée à Belenus,
vérité. Il se montre quelquefoissuus la figure dont les Gaulois employaient le suc pour
d'un angepleinde beauté, assis dans un char empoisonner leurs flèches. Ils lui attribuaient
de feu;il parle avec aménité; il procure les la vertu de faire tomber la pluie. Lorsque le
Celle que le sort amenait était regardée le dépeint au gré de son imagination. Millon
comme l'organe de la volonté des dieux. lui donne un aspect imposant, et une haule
C'était surtout avant les expéditions mili- sagesse respire sur son visage. L'un le fait
taires qu'on faisait usage de la bélomancie. haut comme une tour; l'autre d'une taille
Les Chaldéens avaient grand'foi à cette di- égale à la nôtre; quelques-uns se le figurent
vination. sous la forme d'un serpent il en est qui le
;
Les Arabes devinent encore par trois voient aussi sous les Iraits d'une femme.
flèches qu'ils enferment dans un sac. Ils Le monarque des enfers, dit Palingènc
écrivent sur l'une: Commandez-moi , Sei- in Zodiaco vitœ, est d'une laille prodigieuse,
gneur; sur l'autre : Seigneur, empêchez-moi, assis sur un trône immense ayant le front,
et n'écrivent rien sur la troisième. La pre- ceint d'un bandeau de feu, la poitrine gonflée,
mière flèche qui sort du sac détermine la le visage bouffi, les yeux élincelants, les
résolution sur laquelle on délibère. Voy. sourcils élevés et l'air menaçant. 11 a les
Flèches. narines extrêmement larges, et deux grandes
BKLPHÉGOR, démon des découvertes et cornes sur la tête ; il est noir comme un
des inventions ingénieuses. Il prend souvent Maure deux vasles ailes de chauve-souris
:
un corps de jeune femme. Il donne des ri- sont attachées à ses épaules ; il a deux larges
chesses. Les Moabiles, qui l'appelaient Baal- pattes de canard, une queue de lion, et de
phégor, l'adoraient sur le mont Phégor. Des longs poils depuis la tête jusqu'aux pieds.
rabbins disent qu'on lui rendait hommage Les uns disent de plus que Belzébulh est
sur la chaise percée et qu'on lui offrait
, encore Priape ; d'autres, comme Porphyre,
(1) Chassanion, Des Grands et redoutables jugements v. 15). Les scribes reprochaient au Sauveur qu'il chassai'
de Dieu. Morges, 1381, p. 6t. les diables au nom de Belzîbutii, prince des démons,
(2) Noire-Seigneur Jésus-Christ même lui donne ce (ô) Démonomauie des sorciers, liv. IV. ch. m.
nom 'saint Matthieu, en. xu. v. M; saint Luc, ch. xi,
ISS BEN BF.N 19i
leconfondent avec Baecuus. On a cru le re- de Dieu ajoute même qu'il fut étranglé par
troorerdansleBelbog,ou Belbach(dieu blanc) le diable et qu'après sa mort, son âme lut
,
desSIavons, pane que son image ensan- condamnée à errer dans les forêts sous la ,
glantée était toujours couverte de mouches, forme d'une bête sauvage, avec un corps
comme celle de Bel/ehulh chez les Syriens. d'ours à longs poils une queue de chat et
,
On dit aussi que c'est le même que l'luton. une tête d'âne. Un ermite qui le rencontra lui
Il est plus vraisemblable de croire que c'est demanda pourquoi il avait celle ligure. « J'é-
Baél que Wiérus l'ail empereur des enfers;
,
tais un monstre, répondit Benoit, et vous
d'autant mieux que Belrébulh ne Bgure voyez mon âme toujours été. »
telle qu'elle a
pas sous son nom dans l'inventaire de la Voilà qui gracieux. Mais Benoit IX,
est très
monarchie infernale. au contraire, mourut dans la retraite sous le
On voit, dans les Clavicules de Salomon, cilice, pieusement et saintement, en 105V. Il
que Bclzébuth apparaît quelquefois sous de est encore là une des victimes de la calomnie
monstrueuses formes comme celles d'un
, historique.
veau énorme ou d'un bouc suivi d'une longue BENSOZIA. Certains canonistes des dou-
queue; souvent, néanmoins, il se montre zième et treizième siècles s'élèvent fortement
sous lu figure d'une mouche d'une extrême contre les femmes d'alors qui allaient à une
grosseur. Quand il est en colère, ajoute-l-on, espèce de sabbat sur lequel il ne nous est
il vomit des flammes et hurle comme un parvenu que très-peu de notions. On disait
loup. Quelquefois enfin Astaroth apparaît à que des fées ou des démons transformés en
ses côtés, sous les traits d'un âne. femmes s'associaient toutes les dames qui
BENEDICT (Jean), médecin allemand du voulaient prendre part â leurs plaisirs; et
seizième siècle. On lui doit un livre sur les que toutes, daines et fées ou démons, moulées
Visions el les révélations naturelles et surna- sur des bêtes ailées, allaient de nuit faire des
turelles, qui n'est presque pas connu (II. courses eldes fétesdans les airs. Elles avaient
BENOIT VIII, cent quarante-huitième pape, pour chef la diablesse ou fée Bensozia, à
élu en 1012, mort en 102ï. On lit dans Pla- qui il fallait obéir aveuglément avec une sou-
tiné, cité par Leloyer et par Wiérus (2), que mission sans réserve. C'était, dit-on, la Diane
quelque temps après sa mort, Benoît VIII des anciens Gaulois ; on l'appelait aussi No-
apparut, monté sur un cheval noir, à un cticula, Hérodias ou la Lune. On voit, dans
saint évéque dans un lieu solitaire et écarté ;
des manuscrits de l'église de Cousérans, que
que l'évéque lui demanda comment il se fai- des dames au quatorzième siècle avaient le
sait, qu'étant mort, il se montrât ainsi sur un renom d'aller à cheval aux courses noctur-
cheval noir. A quoi le pape répondit que, nes de Bensozia. Toutes, comme les sorcières
pendant sa vie, il avait été convoiteux d'a- au sabbat, faisaient inscrire leur nom sur un
masser des biens ; qu'il était en purgatoire ; catalogue, et après cela se croyaient fées. On
mais qu'il n'était pas damné, parce qu'il avait remarquait encore au dernier siècle, à Mont-
fait des aumônes. 11 révéla ensuite le lieu où morillon eu Poitou, sur le porlique d'un an-
il avait caché des richesses, et pria le saint cien temple une femme enlevée par deux
évéque de les distribuer aux pauvres. — ,
(t) Joannis Benedicli Lihellusde visionibus et rcvela- (3) Naudé, Apologie pour tous les grands personnages
tionibus uaiuralibus et diviuis. ln-8° . Moguniise, 1550. soupçonnés de magie, eh. xix.
(2) Leloyer, Discours des spectres, Mv. VI, cli. mm. (4) Dom Martin, Keligion des Gaulois, t. H, p. 59 el 6JS.
Wiérus, De Praest., lit». I, cap. xvi.
105 DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCULTES. 196
miens, leur dit-il, pour détruire l'influence elles venaient en chiens j'étais accablé par
:
des démons, sorciers et farfadets qui désolent le miaulement des uns et l'aboiement des au-
les malheureux habitants de vos Elals. » tres. Que ces huit jours furent longs » I
11 ajoute qu'il est tourmenté par le diable Berbiguier s'adressa à un tireur de cartes,
depuis vingt-trois ans et il dit que les far-
: qui se chargea de combattre les deux sorciè-
fadets se métamorphosent sous des formes res mais il ne lui amena que de nouveaux
;
dans une alcôve, et les sorcières se retirè- M. Berbiguier neuf jours de suite la
fit
rent pour attendre l'effet... Je rentrai chez même opération, sans se voir débarrassé des
moi à dix heures du soir je trouvai mes trois
;
farfadets et des magiciens.
croisées ouvertes, et j'entendis au-dessus de Ses trois volumes sont partout de cette
ma tête un bruil extraordinaire. J'allume force, et nous ne dirons rien de trop en ran-
cônes (hiikI.i m c a\ ce des sorciers cl des dé- il entendit marcher derrière lui il se retourne :
mons. 11 rapporte des lettres faites par îles et entrevoit un spectre nu, hideux, qui lu
plaisants asaei malhabiles , et qu'il attribue poursuit... C'est sûrement un fantôme en-
à Lucifer, à RolhoraagO et i d'autres dont voie par le berger... Il pique son cheval qui
elles portent les signatures. Bn voici une nu'il ne peut plus courir. Pour comble de frayeur,
a transcrite scrupuleusement. le Spectre saute sur la croupe du cheval, en-
ger, de rôtir, empoisonner, poignarder et li- conte sa mésaventure. On lui apprend que
tifier le très-humble et très-patient vassal le Spectre qui lui a causé tant de frayeur est
Bcrbiguier pour avoir maudit la tiès-hono-
,
un fou échappé qu'on cherche depuis quel-
rable et indissoluble société magique en loi : ques heures (à).
de quoi nous avons l'ait apposer les armes de Les maléfices de bergers ont eu quelque-
la société. fois des suiles plus fâcheuses. Un boucher
» Fait au soleil, en face de la lune, le grand avait acheté des moutons sans donner le pour-
officier, ministre plénipotentiaire, le 5818° boire au berger de la ferme. Celui-ci se ven-
jour et la 5819* heure de nuit, grand'eroix et gea; en passant le pont qui se trouvait sur
tribun de la société magique. Le présent pou- leur route, les moulons se ruèrent dans l'eau
voir aura son effet sur son ami Coco (C'était la tête lapremière.
l'écureuil de M. B: rbiguier). On
conte aussi qu'un certain berger avait
» Thésaurochutsonicochrysioès. fait un sort avec la corne des pieds de ses
» Par son ex eilence le secrétaire, bêtes, comme cela se pratique parmi eux
» PlNCHICHI-PlNCHl. pour conserver les troupeaux en santé. Il
» 50 mars 1818. portail ce sort dans sa poche un berger du :
son lit de mort Bérenger reçut la visite de muudilion, perdition, destruction; et au bout
son ancien ami Fulbert, lequel recula de- de neuf jours il délerra son maléfice et le
vant le lit où gisait le malade, disant qu'il sema dans l'endroit où devait paître le trou-
n'en pouvait approcher, parce qu'il voyait peau de son voisin, qui fut détruit.
auprès de lui un horrible et grand démon D'autres bergers, avec trois cailloux pris
très-puant. Les uns disent qu'on chassa ce en différents cimetières et certaines paroles
démon; d'autres assurent qu'il tordit le cou magiques, donnent des dyssenleries, envoient
à l'hérétique mal converti et l'emporta. la gale à leurs ennemis, et font mourir au-
BERGERS On est encore persuadé, dans tant d'animaux qu'ils souhaitent. C'est tou-
beaucoup de villages, que les bergers com- jours l'opinion des gens du village. Quoique
mercent avec le diable, et qu'ils font adroi- les bergers ne sachent pas lire, on craint si
tement des maléfices. Il est dangereux, as- fort leur savoir e! leur puissance, dans quel-
^ sure-t-on, de passer près d'eux sans les saluer; ques hameaux, qu'on a soin de recommander
ils fourvoient loin de sa roule le voyageur aux voyageurs de ne pas les insulter, et de
'
qui les offense, font naître des orages devant passer auprès d'eux sans leur demander
ses pas et des précipices à ses pieds. On conte quelle heure il est, quel temps il fera, ou
là-dessus beaucoup d'histoires terribles. Voy. telle autre chose semblable) si l'on ne veut
Danjs. avoir des nuées, être noyé par des orages,
Un voyageur, passant à cheval à l'entrée courir de grands périls, et se perdre dans des
d'une forêt du Mans, renversa un vieux ber- chemins les plus ouverts.
ger qui croisait sa route, et ne s'arrêta pas Il est bon de remarquer que, dans tous
pour relever le bonhomme. Le berger, se leurs maléfices, les bergers emploient des
tournant vers le voyageur, lui cria qu'il se Pater, des Ave, des neu vaines de chapelet.
souviendrait de lui. L'homme à cheval ne fit Mais ils ont d'aulres oraisons et des prières
pas d'abord attention à celle menace mais ; pour la conservation des troupeaux. Voy.
bientôt, réfléchissant que le berger pouvait Tr upeaox; et pour l'histoire des bergers lie
lui jeler un maléfice, et tout au moius l'éga- Brie, Voy. H.icyuE.
(1) In Historia Auylor. sub Gullielmo I. (2) Madame Gabrielle de P'", Hist. des Kautfoiles, elc,
{<. 205.
199 DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCULTES. 200
BERITH, duc aux enfers, grand el terrible. but, il fallait que le docteur irlandais eût en
Il est connu sous trois noms; quelques-uns sa possession une créature humaine, dont il
le nomment Béai, les Juifs Bérilh et les né- ne dût plus rendre compte que devant Dieu.
cromanciens Bolfri. Il se montre sous les Le point embarrassant était de savoir où
traits d'un jeune soldat habillé de rouge des rencontrer le sujet nécessaire à son auda-
pieds à la léte, monté sur un cheval de cieuse expérience. Berkeley se mit donc en
même couleur, portant la couronne au front ; campagne pour le trouver et, plus d'une fois,
;
il répond sur le passé, le présent et l'avenir. au moment où il croyait le tenir, son espoir
On le maîtrise par la vertu des anneaux ma- fut trompé, et il se vit forcé d'aller chercher
giques; mais il ne faut pas oublier qu'il est plus loin la victime qu'il voulait offrir en sa-
souvent menteur. Il a le talent de changer crifice à la science. »
tous les métaux en or aussi on le regarde
: Enfin, après bien des recherches et bien
quelquefois comme le démon des alchimistes. des tentatives infructueuses, « il a en sa pos-
Il donne des dignités et rend la voix des session une créature abandonnée des hom-
chanteurs claire et déliée. Vingt-six légions mes sur laquelle il croit pouvoir sans
, ,
C'était l'idole des Sichemites, et peut-être Maître absolu de cet enfant, qui se nom-
est-ce le même que le Béruth de Sanchonia- mait Mac Gralh, le docteur commença la
ton,quedes doctes croient être Pallas ou série d'expériences qui devait faire revivre
Diane. d;ms l'Europe moderne les grandes races
L'auleur du Solide trésor du Petit Albert d'hommes de l'antiquité biblique. Beikeley
conte de Bérilh une aventure qui ferait croire avait observé que les plantes les plus élevées
que ce démon n'est plus qu'un follet ou lutin, sont celles qui croissent là où il y a le plus
si toutefois c'est le même Berith. de chaleur humide; que les arbrisseaux de-
« Je me suis trouvé, dit-il, dans un château viennent arbres quand ils accomplissent à
où se manifestait un esprit familier, qui de- l'oindre el dans des terrains chauds et maré-
puis six ans avait pris soin de gouverner cageux les phénomènes de la végétation ; il
l'horloge et d'étriller les chevaux. Je lus cu- savait que la croissance est plus développée
rieux un malin d'examiner ce manège : mon chez les habitants des pays boisés que parmi
étonnement fui grand de voir courir l'étrille les hommes qui vivent dans des contrées ex-
sur la croupe du cheval sans qu'elle parût
, posées au veut et au soleil. Fort de ces obser-
conduite par aucune main visible. Le pale- vations, Berkeley relégua son élève dans un
frenier me dit que pour attirer ce farfadet à lieu où il eut soin d'entretenir une températu-
son service, ii avait une petite poule noire, re humide et chaude, où les rayons de l'astre
qu'il avait saignée dans un grand chemin du jour ne venaient frapper qu'obliquement;
croisé que du sang de la poule, il avait écrit
;
il le soumit à l'usage abondant de la bière,
sur un morceau de papier ; « Bérith fera ma du lail et de l'hydromel. Il lui prodigua des
besogne pendant vingt ans, el je le récom- aliments chauds et délayants; il l'obligea à
penserai » qu'ayant ensuite enterré la poule
; se nourrir de tout ce qui pouvait engraisser,
à un pied de profondeur, le même jour le far- détendre ramollir les mailles de ses tissus
,
fadet avait pris soin de l'horloge et des che- organiques; il le sevra de toute société et il
vaux, et que de temps en temps lui-même éloigna lout ce qui pouvait éveiller l'imagi-
faisait des trouvailles qui lui valaient quel- nation de Mac Gralh, ou donner quelque ac-
que chose.... » tivité à son esprit; enfin , il le condamna à
L'historien semble croire que ce lutin était la vie animale car, dans sa futile et coupa-
;
une mandragore. Les cabalislcs n'y voient ble vanité, Berkeley ne demandait à la science
autre chose qu'un sylphe. que le pouvoir de former un animal prodi-
BERKELEY. Nous empruntons cet article gieux.
à M. Michel Masson : L'orgueil du grand docteur dul être sa-
« George Berkeley passe, à bon droit, pour tisfait à l'âge de seize ans, Mac Gralh avait
:
l'un des plus grands métaphysiciens du 18* déjà sept pieds de haut! Ce fait extraordi-
siècle. L'Irlande s'honore de l'avoir vu naî- naire fut consigné dans toutes les gazelles de
tre il
: a laissé de beaux ouvrages les ; l'Europe; les poètes du temps firent des vers
sciences lui doivent des découvertes utiles. à la louange de Berkeley de toutes paris il
;
Ces laborieux travaux suffiraient pour lui reçut le nom d'immortel ; on osa même dire
assurer une incontestable célébrité; mais, qu'il étail le régénérateur de l'espèce hu-
aveuglé par un fol amour de la gloire, Ber- maine, tandis qu'il n'était que le bourreau
keley ne se contenta pas de l'estime de ses d'un enfant!
contemporains, il voulut attacher à son nom En instruisant son élève, en cherchant à
l'admiration de la postérité et, pour l'obte-
; former son cœur et son esprit, le docteur eût
nir, il conçut l'extravagant projet de former doté la société d'un homme de plus ; mais
un géant. Ayant lu dans l'Ecriture sainte il ne songeait qu'à forcer le corps de Mac
que le fils d'Enock Og, roi de Basan, avait Grath à grandir outre mesure , sans soup-
plus de quinze pieds de haut, il s'imagina çonner, l'impitoyable savant, qu'il allait don-
qu'au moyen d'un régime alimentaire conve- der au monde le spectacle de l'infirmité hu-
nable il parviendrait à faire croître artifi-
, maine la plus hideuse l'idiotisme.
:
ciellement un individu au point que celui-ci « A mesure que Mac Grath continuait à
pourrait le disputer en hauteur de taille avec grandir, ses facultés morales l'abandonnaient
le géant de la Bible. Mais pour arriver à ce de plus en plus ; il avait entièrement perdu
«01 Ill'K m;rt Î02
In mémoire. A force de >< lenir l;i (été cour- hypocondriaque causée par la mauvaise
bée, il avait, pour ainsi dire, oublié que nourriture despaw res diables
que l'on pour-
l'homme est né pour regarder le ciel. or- Se suivait comme sorciers.
raconlequeson père
Il
tout avec lui sans que personne l'aperçût : prêtre flamand qui se vantait d'être Elie.
ils'entretenait fréquemment, dit-on, avec cet Taillepied dit avoir entendu Berson prêcher
esprit qu'on ne voyait pas de manière qu'on ; cette bizarrerie devant le frère du roi, à
le prenait pour un fou (et ce n'était pas au- Château-Thierry (k).
tre chose). 11 confessa aussi avoir humé le BERTHE. Voy. Robert, roi.
sang de divers petits enfants, et fait plusieurs BERTHIER (Guillaume-François), célèbn;
méchancetés exécrables. Pour ces faits atro- jésuite, mort en 1782. Voltaire a publié la
ces il fut brûlé. relation de la maladie, de la mort et de l'ap-
BERNACHE ou BERNACLE, voy. Macreu- parition du jésuito Berthier; mais ce n'est
ses. qu'une assez mauvaise plaisanterie. Le père
BERNARD. Cardan pense que la sorcelle- Berthier vivait encore.
rie ne fut souvent qu'une espèce de maladie BERTHOLD. Après la mort deCharles-le-
(1) Démonnmanie des sorciers, liv. n, p. 279. opere chimieo, et responsio ad Tliomam de Bononia. Bâle,
{i) Voyez dans les Légendes lie la sainte Vierge, l'en- 1600. —Opuscula cheuiica de lapide pliilosopltoruin en
f.mt de cliœur de Notre-Dame du Puy. français. Anvers 1567. — ,
vient. » Le confesseur, étant entré, récita I niable défendait à tous de prier Dieu, d'ul-
•
quelques prières, auxquelles Berlhold répon- ler à la messe, de faire les Pâques ; et que
dit; puis il tomba dans une longue extase; pour lui, il avait l'ail mourir plusieurs per-
et, quand il en sortit il raconta un voyage ,
sonnes et plusieurs bêtes, au moyen des pou-
que son âme venait de faire. dres qu'on lui donnait au sabbat (2).
Il était allé en purgatoire conduit par un , BERTHOMÉE DE LA BEDOUCHE. Voy.
esprit il y avait vu beaucoup de gens, qu'on
;
BoNNEVAULT.
faisait geler et bouillir tour à tour. Parmi les BÉRUTH. Voy. Bérith.
prélats s* trouvaient Ebbon, archevêque de BETES. Il y a, dans les choses prodigieu-
Reins; Léopardelle ou Pardule, évêque de ses de ce monde, beaucoup de bêles qui figu-
Laon, et Pévêqua Enée, qui étaient vêtus rent avec distinction. Les bêtes ont été long-
d'habits déchirés et roussis ; ils avaient le temps des instruments à présages les sor- :
visage ridé, la Cgure basanée. Ils l'appelè- ciers et les démons ont emprunté leurs for-
rent :
mes souvent on a brûlé des chats et des
; et
Recommandez à nos amis, dirent-ils, de chiens dans lesquels on croyait reconnaître
prier pour nous. un démon caché ou une sorcière.
Bcrthold le promit. Revenu à lui, il fit Dans les campagnes, on effraie encore les
faire la commission , tomba derechef en ex- enfants avec la menace de la Bête à sept têtes,
tase, et, retournant en purgatoire, il irouva dont l'imagination varie en tous lieux la
à la porte Ebbon avec lis autres prélats qui laideur. L'opinion de cetle bête monstrueuse
en sortaient habillés de blanc, et qui le re-
.
. remonte à la Bêle de l'Apocalypse.
mercièrent. 11 vit ensuite l'âme du roi Char-
Des personnes accoutumées aux visions
les-le-Chauve étendue dans un bourbier, et
extraordinaires ont vu quelquefois des spec-
tellement décharnée, qu'on pouvait compter
tres de bêtes. On sait la petite anecdote de
ses os et ses nerfs.
ce malade à qui son médecin disait —
Priez l'archevêque Hincmar de me soula-
:
Ami priez les miens de s'intéresser à moi, que les revenants et les ^peclres ne sont peut-
être que les âmes des bêtes qui, ne pouvant
,
(1) llincmaiï arehiop. F.pist.. t. II, p 806. Lelff (ï) Discours sommaire des sortilèges el \énétices lire
Disc. <'i bist. dess| ectres, liv.,YI, ch xui Doni Calmet des procJs criminels jugés au siège royal de Mouuuôril-
Traité sur les apparit.. eh 4 •> H. Gariuel, Histoire d h
. lo'n, '-il Poitou, en l'année Ia99, p. Î9
liee, en récitant à rebours le psaume cité, si la personne pesait moins, elle était inno-
que depuis le matin elle ne pouvait faire sou cente ; si elle pesait plus, elle était jugée
beurre. Le laquais récita alors naturellement coupable; ce qui ne manquait guère d'arri-
le psaume, et le beurre se fit (3). ver, car bien peu d'in-folio pèsent un sor-
Dans Finistère, dit-on , l'on ensorcelle
le cier.
encore leOn croit aussi dans ce pays
beurre. On consuffdH encore la destinée ou le sort,
que si l'on offre du beurre à saint Hervé, les en ouvrant la Bible avec une épingle d'or,
bestiaux qui ont fourni la crème n'ont rien et en tirant présage du premier mot qui se
à craindre des loups, parce que ce saint étant présentait.
aveugle se taisait guider par un loup (i).
B1ETKA. Il y avait en 1597, à Wiina en
BEURRE DES SORCIÈRES. Le diable don- Pologne une fille nommée Bietka, qui était
,
nait aux sorcières de Suède, entre autres recherchée par un jeune homme appelé Za-
animaux destinés à les servir, des chats charie. Les parents de Zacharie ne consen-
qu'elles appelaient emporleurs, parce qu'elles tant point à son mariage, il tomba dans la
les envoyaient voler dans le voisinage. Ces mélancolie et s'étrangla. Peu de temps après
emporleurs, qui étaient très-gourmands , sa mort, il apparut à Bietkn, lui dit qu'il ve-
profitaient de l'occasion pour se régaler nait s'unir à elle et lui tenir sa promesse de
aussi, et quelquefois ils s'emplissaient si mariage. Elle se laissa persuader; le mort
fort le ventre, qu'ils étaient obligés en che- l'épousa donc, mais sans témoins. Celte sin-
min de rendre gorge. Leur vomissement se gularité ne demeura pas longtemps secrète,
trouve habituellement dans les jardins pota- on sut bientôt le mariage de Bietka avec un
gers. « Il a une couleur aurore et s'apoclle esprit on accourut de toutes parts pour
,
le beurre des sorcières (5). » voir la mariée; et son aventure lui rapporta
BEVERLAND (Adrien) avocat hollandais, , beaucoup d'argent, car le revenant se mou-
de Middelbourg, auteur des Recherches phi- trait et rendait des oracles; mais il ne don-
losophiques sur le péché originel (6) pleines , nait ses réponses que du consentement de sa
de grossièretés infâmes. Les protestants mê- femme, qu'il fallait gagner. 11 faisait aussi
mes ses co-religionnaires, s'en indignèrent
, beaucoup de tours il connaissait tout le
;
(1) Dans son Disc, de b connaissance Jus bêtes. Paris, liorloHespeiidnni, lypis Adanii et Eva.', terras lit. in-8° ,
i' éd., 1696. 1678. La Justa detè'stalto libelli sceletalissiini Hadriani
(2) Tlncrs, Traité des superstitions, I. I". Il n'y a pas Beverlandi de péceato original! In-8° . Gorincheiuii, 1680,
.
de psaume Nolile fteri. Ce n'est qu'une division du est une réfutation de cet écrit détestable, dont on a pu-
psanrtie 31. blié en 173i, in- 12 , une imitation mêlée de contes aussi
(ô) Démonomanie des sorciers, liv. II, en. I". méprisés.
(t) Cambry, Voyage dans le Finistère, t. 1", p. Il cli'j. (7) Gabriel Peignot, Diet. des livres condamnés au feu.
jiSJ tickkcr, Le Monde enchanté, liv. IV, cl) •!').
(8) Delancre.lderédnliléol niécréaricedusortîlégv, etc.
(0) Hadriani Beverlandi peccaluin originale philolo- traite 7. Voyez Université.
gice elucubralum, a Thêniiilis alumuo, EleulUerônoli iu
207 DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCUI/ll.S. 208
l'époux de Rietka, dcclara que le prétendu par Jean Rabel traduit du.lalin rie Jean Do-
,
revenant était le démon qui lui appartenait, rat en vers français. Paris, 1586, in-folio.
le renferma de nouveau dans nue bague, et R1RAGUFS (Fl4Mimo de), auteur d'une fa-
le remporta en Italie, en assurant qu'il eût cétie intitulée l'Enfer de la mère Cardine,
:
rausé de très-grands maux en Pologne s'il traitant de l'horrible bataille qui fut aux en-
l'y eût laissé (1). De sorte que la pauvre fers aux noces du portier Ccrberus et de Car-
Bielka en fut pour trois années de mariage dine, in-8° , Paris, 1585 et 1IS97. C'est une satire
avee un démon. Le fait est raconté par un qui ne tient, que si on le veut bien , à la dé-
écrivain qui croit fermement à ce prodige, monographie. P. Didot l'a réimprimée à cent
et qui s'étonne seulement de ce que ce dé- exemplaires en 1793. L'auteur était ne-
mon était assez matériel pour faire tous les veu du chancelier de France, René de Bi-
jours ses trois repas. Des critiques n'ont vu ragues.
là qu'une suite de supercheries, à partir de RIRCK (Hiîmbert), notable bourgeois
la prétendue strangulation de l'homme qui d'Oppenheim et maître de pension mort en .
d'un monstre. Lorsqu'il prend forme hu- on ouït certains bruits dans la maison où il
maine, il rend l'homme savant en astrologie, avait demeuré avec sa première femme; car,
et lui enseigne à connaître les influences des étant devenu veuf, il s'était remarié. Son
planètes il excelle
; dans la géométrie ; il beau-frère soupçonnant que c'était lui qui
connaît les vertus des herbes des pierres revenait, lui dit :
—
,
BIFROST. L'Edda donne ce nom à un pont l'on allait puiser de l'eau, et troublait le voi-
tricolore, qui va de la terre aux cieux et , sinage, se manifestant par des coups redou-
qui n'est que l'arc-en-ciel auquel les Scan-
, blés, un gémissement, un coup de silflet ou
dinaves attribuaient la solidité. Us disaient un cri lamentable. Cela dura environ six
qu'il est ardent comme un brasier, sans quoi mois.
les dénions l'escaladeraient tous les jours. Aubout d'un an, et peu après son anni-
Ce pont sera mis en pièces à la fin du monde, versaire, il se fit entendre de nouveau plus
après que les mauvais génies sortis de l'en- fort qu'auparavant. On lui demanda ce qu'il
fer l'auront traversé à cheval. Voy. Surtlr. souhaitait il répondit d'une voix rauque et
—
;
B1GOIS ou B1GOTIS, sorcière toscane qui, basse: Faites venir, samedi prochain, le
dit-on, avait rédigé un savant livre sur la curé et mes enfants.
connaissance des pronostics donnés par les Le curé étant malade ne put venir que le
éclairs et le tonnerre. Ce savant livre est lundi suivant, accompagné de bon nombre
perdu, et sans doute Bigoïs est la même que de personnes. On demanda au mort s'il dé-
Bagoé. sirait des messes? il en désira trois ; s'il vou-
B1LIS. Les Madécasses désignent sous ce lait qu'on fît des aumônes? il dit Je sou- : —
nom certains démons, qu'ils appellent aussi haite qu'on donne aux pauvres huit me-
anges du septième ordre. sures de grain que ma veuve fasse des ca-
;
BILLARD (Pierre). Né dans le. Maine en deaux à tous mes enfants, cl qu'on réforme
1653, mort en 1726, auteur d'un volume in- ce qui a été mal distribué dans ma succes-
12, intitulé la Bêle à sept télés, qui a paru sion, —
somme qui montait à v ingt florins.
en 1693. Cet ouvrage lourd, dirigé contre les Sur la demande qu'on lui fit, pourquoi il
jésuites, est très-absurde et très-niais. Se- infestait plutôt celle maison qu'une autre,
lon Pierre Billard ,la bêle à sept tètes pré- il répondit qu'il était forcé par des conjura-
dite par l'Apocalypse était la société de tions et des malédictions. S'il avait reçu les
Jésus. —
sacrements de l'Eglise? Je les ai reçus, dit-
BILLIS, sorciers redoutés en Afrique où , il du curé, votre prédécesseur.
, On lui fit —
ils empêchent le riz de croître et de mûrir. dire avec peine le Pater et l'Ave, parce qu'il
Les nègres mélancoliques deviennent quel- en était empêché, à ce qu'il assurait, par le
quefois sorciers ou billis le diable s'em-
; mauvais esprit, qui ne lui permettait pas de
fiare d'eux dans leurs accès de tristesse, et dire au curé beaucoup d'autres choses.
eur apprend alors, disent ils, à faire des Le curé, qui était un prémontré de l'abbaye
maléfices et à connaître les vertus des plan- de Toussainls, se rendit à son couvent afin
tes magiques. de prendre l'avis du supérieur. On lui donna
B1NET (Renjamin), auteur du petit volume trois religieux pour l'aider de leurs conseils.
intitulé :Traité des dieux et des démons du Us se rendirent à la maison, et dirent à Hum-
yayanisme, avec des remarques critiques sur bert de frapper la muraille il frappa assez
—
;
Se système de Bekker; Delft, 1696, in-12. doucement. Allez chercher une pierre ,
R1NET (Claude). On recherche de Claude lui dit-on alors, el frappez plus fort. Ce qu'il
Binet, avocat du seizième siècle, tes Oracles fil.
des douze sibylles, extraits d'un livre antique, Quelqu'un dit à l'oreille de son voisin, le
avec les figures des sibylles por traites au cif, plus bas possible : Je souhaite qu'il frappe
(1) Ailrieu Kegenvolsius, Systems historico-i hronologicum ecclesijruni sclavooicarum. Ulrcelii, 1652, p. !)5
201) HIS ItIS ilO
scpi lins , ot aussitôt l'Ame frappa sept Quand de te consoler je lirais mon élude?
Parle ... !' ne le puis, cessons cet entretien
fuis.
Prouve-moi ton autour, os me déguise rien;
Ou dit la lendemain les trois messes que La peine est plus légère alurs qu'un la partage .
missi à faire un pèlerinage qu'il avail spé- Tu le veux, apprends donc un horrible secret :
premier jour, et, dés que ses dernières \ o- Il égorgea suu Frère, et le ciel en courroux
sien. Bon, dit-il. Et il s'appelle Bour- Aux y.ux de son époux doux et précieux gage
guignon. —
Ah! je suis perdu, s'écria le
D'un amour étemel, d'un avenir serein,
Ecarte de son front le voile du chagrin.
maréchal on m'a prédit que si je pouvais
; Il éprouve en son âme une joie inconnue ;
éviter par derrière le coup d'un Bourgui- Ainsi lorsqu'einportant une orageuse nue,
Le vent chasse la pluie, aussitôt les forêts
gnon, je serais roi. Se |iareul d'un éclat plus riant el plus frais.
M. Chabot de Bouin a écrit très-agréable-
ment cette légende développée dans l'Ai— Homme, que je le plains situ livres ton âme
,
A aimé sans cesse d'une femme,
l'espoir d'être
manach prophétique de 184-U. Surtout lorsque sou cœur une lois a changé!
BISCAB (Jeannette) sorcière boiteuse Sons les drapaux français depuis nu an rangé,
,
Arthur, jeune Breton, d'une origine illustre,
du Labour, que le diable, en forme de bouc, Dans la guerre de Naple a trouvé quelque lustre.
transportail au sabbat, où, pour le remer- Il revient chevalier aux champs de ses aïeux ;
cier, elle faisait des culbutes et des ca- C'est la que de longs pleurs ont scellé ses adieux ;
dans les villes et dans les villages. Celle amante parjure est l'épouse du Comte !
BISCLAVABET. C'est le nom que donnent Saisi par les transports d'un désespoir sans frein.
Sous les habits grossiers d'un obscur pèlerin,
les Bretons au loup-garou. On le dérive de A voir celle qu'il aime Arthur se détermine ,
bleiz-garv (loup méchant). Nous emprunte- Vers le château du Comte aussitôt s'achemine;
rons aux Légendes françaises de M. Edouard Il vole; au jour mourant il frappe: on l'introduit,
d'Anglemonl. dont on n'a pas oublié le suc- Et dans la grande salle un varlet le conduit :
loup-garou.
—
—
Pèlerin, pour la nuit, vous demandez un gîte?
Ce n'est pas pour cela, Madame, que je vieil*.
Mes
J'ai
pas de l'Armorique onl foulé les rivages;
vu sis liauls genêts et ses landes sauvages; Vous souvient-il d'Arthur? —
O ciel —Tu
l'en souviens,
!
Kl souvent, sous l'abri d'un gothique manoir, Ai-je donc mérité celle cruelle injure?
Tandis que dans le lait je trempais un pain noir, Devais-je donc ni'atteudre à le trouver parjure,
Que la crêpe pour moi, sous la main d'une femme, Lorsque, pour l'obtenir d'un ère ambitieux,
|
Naissait en frémissant au milieu de la flamme, Je cherchais des combats les honneurs périlleux?
Eh bien! J'oubliai tout, si le sort nous rassemble!
Sur l'escabeau de bois auprès de l'âtre assis,
J'ai du àtre breton entendu les récits;
Qu'ensemble nous vivions, que nous mourions ensemble
|
Non loin du champ témoin d'un combat immortel ( i), — Exilons-nous, cherchons quelque plage ignorée.
S'élevait autrefois un superbe castel ;
—Non, nia faute peut être autrement réparée :
!
Knlouré de varlels vêtus d'habits de deuil,
Qui peul donc, cher époux, te chagriner ainsi? Et couvert d'un drap noir seine de blanches larmes,
Kl pourquoi vers la nuit chercher la solitude OU du Comte gisaient le mantel el les armes.
(t) Livre des prodiges, édit. de 1821, p. 73. (5) Espèce de cornemuse,
(2) Delancre , Tableau de l'inconstance des mauvais (i) Le combat, des Trente.
auges, etc., liv. II, dise. I.
•211 DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCULTES. 213
Le convoi rui des Dambeaux,I u m s a l'un dos yeux la prunelle double, l'attire
Partil le .-ii.
l turm no r
1. shamp des lombeaus
r
! i
;
prunelle était marquée de la figure d'un
A ce lugubre aspect Ipus les cœurs se serrèrent,
Les > illageois surtout s'émurent et pleurèrent cheval (1).
;
une avinée de disciples de ions ceux qui n'.i- que devenu parfait, il peut Faire librement^
vaionl rien de Unis ceux qui aimaient la
cl tout ce qu'il veut; que les loi, et les pré-
débauche désordre.
cl le ceptes ne sont établis que pour les pécheurs
;
A côté des Loll tri», se dressaionl les Beg- que la pratique des vertus n'est utile qu'aux
g. mis, dh im's .11 plusieurs si clious. Ceux-là âims imparfaites ; que ses disciples ne de-
venaient de l'Allemagne et liraient leur mmi vaient Se contraindre en rien au inonde, at-
du mot alli'inand Beyghen, qui .signifie men- tendu que tout ce qu'ils pouvaient l'aire
dier. D'abord, mhis un niasq.ue rigide, ils était bien.
sciaient présentés eu façon de gens 'l 11 re- ' Elle appelait ceux qui la suivaient frères
noncent à tout dans le monde; bientôt ce- et sœurs du Libre-Esprit, flatteuse désignation
pendant ils mendiaient par ban. les, du (on que reçurent avec empressement tous les
de ces hommes qui vous attendent au coin il 'un Beggards et tous les Lollards, ceux qui affec-
bois, et qui vous disent, un gourdin à la taient s haillons, comme ceux qui
I
recher-
main J'ai besoin de dis [canes. Pendant
: chaient les jouissances du luxe.
quelque temps, ils se prétendirent soumis à Ces divagations ne se bornèrent pas au
la règle de saint François. Ils l'abandonnè- Brabanl. Les frères et les sœurs du Libre-Ks-
rent bientôt, déclarant qu'ils avaient soif prit se répandirent de tous côtés. En linéi-
d'une plus nantie perfection, imaginant des ques lieux, on les nomma frérots et fratri
théories bizarres et taisant mille folies. celles ou petits frères, en Italie bizochi, qui
OsBeggards ne se recrutaient pas d'hom- veut dire besaciers, en France, par altéra-
seulement; des multitudes de femmes et
ii'i's tion de leur nom, bigards et picards, dans le
déjeunes tilles se joignaient à eux, parlaient Midi, tu du pins à cause de leurs facéli s. On
en publie, prophétisaient cl se subdivisaient se mit aussi à les appeler béguins et bégui-
tous les jours en une foule de petites sectes nes, sans doute à cause de Bloermardine,
qui souvent avaient peine à s'enlendre. Alors leur grande prétresse, qui portait encore
une Bruxelloise perça totil à coup, avec un l'habit de béguinage, quoiqu'elle n'y demeu-
certain lustre, parmi les femmes libres, ses rât plus, et que les honnêtes béguines de
compatriotes. Elle était fille d'un lampisle, Bruxelles répudiassent ses erreurs.
nommé Blocmaerd, et prétendait que s. un On ferait un livre curieux de tous les ex-
origine lui donnait le droit de distribuer la cès déplorables auxquels se livrèrent ces fa-
lumière. On l'appelait Bloemardine (1). natiques, qui croyaient se sanctifier par les
Son père l'avait fait élever au Béguinage, débauches et les emportements. En 1308, ils
fondé à Bruxelles depuis l'an 1250. Plusieurs s'étaient jetés sur les Juifs, avaient pillé
fois les béguines avaient mal auguré de la va- leurs maisons, et voulaient si ardemment les
nité étourdie de leur élève, de son esprit vaga- exterminer, que le duc Jean II avait dû ac-
bond, de son imagination folle et de son hu- corder aux enfants d'Israël le château de
meur indépendante plusieurs fois elles
;
Genappc pour refuge. Une multitude en fu-
avaient annoncé que Bloemardine ne ferait reur, où l'on remarquait surtout les frères
jamais une bonne et sage ménagère qu'i lie ,
du Libre-Esprit du métier des savetiers et
commettrait des extravagances, et que son ceux du mélier des tisserands les avait ,
antipathie pour toute espèce de frein la mè- poursuivis jusque-là, les avait tenus assiégés
nerait de travers. Le lampiste et sa famille et ne s'était dispersée que devant l'armée na-
avaient ri de ces prévisions; ils admiraient tionale, commandée par le duc en personne.
l'esprit singulier de Bloemardine, sans sa- Il y eut d'autres faits audacieux qu'il fal-
voir qu'un esprit mal réglé est un guide de lut réprimer par la violence et par les sup-
l'espèce des feux-follets, qui ne conduisent plices. Mais l'esprit de rébellion changeait
que dans les précipices. de batteries et ne s'éteignait pas. Devant les
Cependant le bon sens public aurait dû prédications de Bloemardine, les mœurs se
offrir un contrepoids à l'engouement du père perdaient, les ménages étaient troublés, les
Bloemard; car sa fille entrait dans sa vingt- familles désunies; et le parti de cette femme
cinquième année sans avoir trouvé un mari. était devenu si nombreux, que l'autorité
Ce l'ut pour lors que, dérivant tout à fait, contre elle se sentait impuissante.
entraînée par sa lête folle et peut-être par le Comme il y eut en France récemment de
dépit, Bloemardine se mit à la tête des Beg- jeunes existences empoisonnées par le sainl-
gardeS et prêcha une vaste morale qui ral- simonisme et le fouriérisme, alors assuré-
lia plusieurs sectes autour d'elle. Elle réu-
ment chez Icï Brabançons plus d'un cœur
fut froissé dans ces innovations. Nous n'en
nissait des assemblées d'hommes et de fem-
mes, les présidait hardiment cl parlait avec
citerons qu'un souvenir. Une jeune fille,
chaleur. Eile enseigna d'abord que le ma- Elisa Moerinkx, épouser Bernard Drug-
allait
riage était inutile; puis elle le condamna man. Dans famille et dans
l'aisance de sa
comme, une intolérable chaîne et comme un l'heureux caractère de celui qu'elle aimait,
elle ne voyait qu'un riant avenir, quand Ber-
obstacle à la perfection. Les mauvais ména-
ges l'approuvèrent; les filles délaissées se nard fut entraîné par ses amis à une assem-
blée des frères et des sœurs du Libre-Esprit;
(I) Prononcez Bloumardine. protégé par son amour, il se crut assez
2t5 IdUIONNAIHE DES SCIENCES OCCULTES. 218
fort ; honnête chrétien jusqu'alors, il se crut Dans la semaine qui précédait le moment
assez affermi pour assister là en simple cu- fixépour son mariage, un jour qu'il venait
rieux. 11 ignorai! qu'on ne brave pas impu- de quitter sa fiancée, il rencontra deux de
nément certains dangers. ï/sns l'atmosphère ses amis qui lui reprochèrent gaîment sa
de la licence, il en respira les premiers en- fuite, qui le raillèrent un peu sur le lien
ivrements ; et comme il était aussi faible qu'il allait contracter, et qui lui lurent des
qu'il se croyait solide, il y prit goût. passages de deux écrits que venait de rédiger
Pour la première fois il dissimula avec sa Bloemardinc, l'un sur l'esprit de liberté, l'autre
fiancée; il lui cacha son apparition parmi les sur l'amour séraphique. Ces lectures paru-
Iieggards ; il retourna aux assemblées et s'y rent le frapper. Ils lui contèrent alors qu'ils
laissa initier. Il en eut regret une heureaprès, se rendaient à une séance curieuse. Un jeune
et il pressa son mariage. prêtre, qui venait d'être ordonné, et qui se
Mais la jeune fille apprit que Bernard nommait Jean de Ruysbroeck, allait com-
avait été vu dans les réunions des fratricel- batîrc dans une discussion publique Bloe-
les. Ardente, indignée, elle lui fit de vifs mardinc et ses doctrines. D'autres curieux
reproches. Elle pleura avec colère de ce qui arrivaient à chaque instant et se joignaient
lui paraissait un opprobre, et ce n'était pas aux trois amis; ils entraînèrent Bernard,
autre chose. Pourtant, voyant Bernard tou- qui composa avec lui-môme, en se proposant
ché et confus, elle admit ses excuses, dé- d'applaudir le défenseur des mœurs et de la
plora sa faiblesse et finit par se calmer , en vérité.
ne lui imposant d'autre peine et d'autre Le voilà donc de nouveau parmi les esprits
épreuve qu'un retard de quinze jours pour libres. Jean de Ruysbroeck parla dignement
les noces; peut-être eût-elle dû, au con- et savamment. Mais son langage sérieux et
traire, en avancer le moment. Bernard, vé- grave fut étouffé par les répliques de Bloe-
ritablement revenu de son égarement, se mardinc, qui ne s'adressait qu'aux passions,
sentit plus épris que jamais; il se promit el qui n'eu réprimait aucune. Le jeune prê-
bien d'éviter désormais ses pernicieux amis, tre fut hué par l'assemblée les plus éveilles
;
d'autant plus que l'on connut, sur ces entre- de la bande firent même contre lui des chan-
faites, à Bruxelles, une décision du saint- sons burlesques et détestables, que l'on
siége, qui condamnait les frères et les sœurs chanta aussiiôt dans les rues de Bruxelles.
du Libre-Esprit. Bernard ne prit pas sa défense, et il crut s'ac-
Les vraies béguines avaient été fort déso- quitter avec lui-même ,en ne le sifflant
lées d'apprendre qu'on les confondît avec les pas.
femmes du parti des Beggards. Elles s'étaient Tiraillé entre le bien et le mal, il sentait
adressées fidèlement au souverain pontife. qu'il devait se retirer, donnant raison dans
Déjà au concile de Vienne, en 1310, les dé- ce qui lui restait de droiture à Jean de Ruys-
sordres de ces hérétiques avaient élé frappés broeck, lorsqu'un de ses amis lui dit:— Vous
d'anathèmeparlepapeCIémenlV. Jean XXII, allez voir quelque chose de nouveau.
son successeur, venait de déclarer spéciale- En attendant cetle nouveauté si vaguement
ment, dans une décrétale, que celle censure annoncée, on se mit à danser ; Bernard ,
ne regardait aucunement les béguines des emporté dans ce tourbillon désordonné s'y ,
Pays-Bas, qui étaient restées pures d'erreurs, abandonna. Après la danse, on but de la
<'t qui ne tiraient pas leur origine des Beg- bière forte, et les tètess'échauffaient, lorsque
gards dissolus , mais du vénérable Lam- la nouveauté parut; c'était un siège en ar-
bergBcygh, prêtre de Liège, fondateur des gent, offert à Bloemardine par ses disciples.
béguinages en 1180. On l'apportait sur un brancard qui s'abaissa
L'ignorance où ils ont été de celle décré- devant elle. On fit monter la femme libre
tale a fourvoyé la plupart des historiens, qui sur cette espèce de trône, on l'éleva, en
ont reproché confusément aux pieuses bé- quelque sorte, sur le pavois, puis ou la pro-
guines des infamies qu'elles ont toujours mena en triomphe par les rues de Bruxelles,
abhorrées. La même pièce aggravait encore en même temps qu'on chansonnailson pieux
les condamnations portées contre les sectai- adversaire.
res de Bloemardinc. Les disciples marchaient trois à trois, se
Bernard évita donc toute occasion de re- tenant par le bras, chantant et hurlant, pré-
tourner aux assemblées; mais il luttait con- cédés de drapeaux et de lambours. Bernard,
tre la tentation; une fois qu'on a mis le entre ses deuxamis qui ne le quittaient point,
pied dans le mal, il est rare qu'on n'y seule étourdi, à demi-ivre, ne s'aperçut pas qu'il
pas un attrait de retour , qui est comme passait sous les fenêlres d Elisa. — Elle
une puissance magnétique, contre laquelle le reconnut, recula et ferma la verrière.
ce qui est bon dans le cœur doit résister avec Après avoir traversé Bruxelles, la bande,
force. Il voyait tous les jours Elisa, puisait portant toujours sa reine sur son trône d'ar-
dans son entretien de la constance, et s'oc- gent, marcha jusqu'à Vilvorde, où l'on entra
cupait de son mariage. 11 se promettait tou- au clair de la lune. Il fallut y coucher. A son
jours qu'une fois uni à celle qu'il aimait, il réveil, Bernard honteux s'échappa et revint
ne songerait plus aux frères libres. Il eût pu à Bruxelles. Après avoir rajusté sa toilette ,
remarquer cependant que plus d'un heureux il courut chez sa future. Elle était absente,
mari était tombé dans le piège, et il se fai- la maison fermée, et personne ne sut lui dire
sait illusion en cherchant son appui ailleurs nù il trouverait Elisa et sa mère.
que dans une vertu solide. Plusieurs jours passèrent ainsi.
!I7 Cl II 1.01 218
Pendant ce temps-là, le scandale des di* des bas biens, une barbe rôtisse, un cha-
gclples rie Bloemardine allait en croissant; peau pointu. Il les emportait a travers les
1rs sectaires Faisaient tous les jours dos pro- airs à hluktila, aidé d'un nombre suffisant de»
grès ils en venaient aux nudités des adami-
;
démons pour la plupart travestis en chè-
,
(is elrentraient à grands pas dans l'étal sau- vres; quelques sorcières, plus hardies, ac-
vage- La partie saine de Bruxelles, qui fai- compagnaient le cortège, â cheval sur des
sait ponrlanl la majorité, s'alarma sérieuse- manches â balai. Celles qui menaient des
ment. enfants plantaient une pique dans le der-
Les magistrats, soutenus par les honnêtes rière de leur chèvre; lous les enfants s'y per-
bourgeois, prirent des mesures sévères, chas- chaient à califourchon , à la suite de la
sèrent Bloemardine, et dispersèrent les frères sorcière et faisaient le voyage sans en-
,
Ce ne fut qu'un mois après sa promenade leur sang un engagement ou pacte on les ;
de Vilvorde, que Bernard désolé retrouva baptise ensuile au nom du diable, qui leur
Elisa. Elle s'était réfugiée au béguinage. Le donne des raclures de cloches. Ils les jettent
pauvre jeune homme ne put reconquérir le dans l'eau en disant ces paroles abomi-
,
dire pour obtenir son pardon, la jeune lille De môme que celle raclure ne retour-
resta inflexible ;el lorsqu'il lui rappela qu'une nera jamais aux cloches dont elle est venue,
première fois elle lui avait fait grâce, elle ainsi que mon âme ne puisse jamais entrer
se contenta de répondre On revient de la
: dans le ciel.
colère, on ne revient pas du mépris. La plus grande séduction que le diable
Bloemardine en vieillissant perdit son in- emploie est la bonne chère; cl il donne à ces
fluence et tomba dans le décri. Après sa gens un superbe festin, qui se compose d'un
mort, on Gt présent de son fauteuil d'argent potage aux choux el au lard, de bouillie d'a-
à la duchesse de Brabant. Mais comme les voine, de beurre, de la il et de fromage. Après
partisans de la femme libre assuraient que le repas, ils jouent et se battent; et si le dia-
ce siège avait des vertus merveilleuses el ble est de bonne humeur, il les rosse lous
qu'il faisait des miracles, on jugça qu'il fal- avec une perche, «ensuite de quoi il se met à
lait détruire cet aliment de superstitions vai- rire à plein vontre. » D'autres fois il leur
nes on l'envoya à la fonte, et c'est dommage,
; joue de la harpe.
c'était un curieux monument de la folie hu- Les aveux que le tribunal obtint apprirent
maine. que les fruits qui naissaient du commerce
Longtemps après les événements que nous des sorcières avec les démons étaient des
venons de rapporter, vers l'année 1330, sous crapauds ou des serpents.
le règne de Jeanne, un homme courbé par Des sorcières révélèrent encore celte par-
l'âge et plus encore par le chagrin pleurait ticularité, qu'elles avaient vu quelquefois le
et sanglotait amèrement à l'enterrement
, diable malade, el qu'alors il se faisait appli-
d'une béguine. quer des ventouses par les sorciers de la
La défunte si regrettée était Elisa Moe- compagnie.
rinckx, morte fille; l'homme désolé était Le diable enfin leur donnait des animaux
Bernard Di ugman, qui n'avait jamais pu flé- qui les servaient el faisaient leurs commis-
chir sa rigueur et qui n'avait pas voulu re- sions, à l'un un corbeau, à l'autre un chat,
chercher une autre femme. Singulier nié- — qu'ils appelaient emporteur, parce qu'on l'en-
lange de faiblesse et de force. voyait voler ce qu'on désirait et qu'il s'en
,
mort ; une
foule d'autres furent arrêtées, et tiaux qu'il désigne dans sa pensée sonl traits
quinze enfants se trouvèrent mêlés dans ces aussitôt jusqu'à épuisement. Ils employaient
débats. le même moyen pour nuire à leurs ennemis,
On disait que les sorcières se rendaient de qui souffraient des douleurs incroyables pen-
nuit dans un carrefour, qu'elles y évoquaient dant tout le temps qu'on lirait le cordon. Ils
le diable à l'entrée d'une caverne, en disant tuaient même ceux qui leur déplaisaient, en
(rois fois frappant l'air avec un couteau de bois.
—
:
Anlesser, viens 1 et nous porle à Blo- Sur ces aveux on brûla quelques centaines
kula de sorciers sans que pour cela il y en eût
—
1 ,
C'était le lieu enchanté et inconnu du vul- moins en Suède (1). Voilà des faits; poul-
gaire, où se faisait le sabbat. Le démon An- ies comprendre, voy. Boucs et Sabbat.
lesser leurapparaissait sous diverses formes, BOBIN (Nicolas), sorcier jugé â Montmo-
mais le plus souvent en justaucorps gris , rillon, en Poitou, dans l'année 1599. Il fit à
avec de* chausses rouges ornées de rubans, peu près la même confession que Berlhoutô
Uj Pnfihuzar Bekker, Le Monde enchanté, liv. IV, cli. 29, d'après les relations originales.
819 DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCULTES. 220
du Lignon. 11 était allé, comme lui, au sab- juger Bodin. On lui attribue un livre inti-
bat cl s'était donné au diable, qui lui avait tulé Colloquium heptaplomeron de abditis
:
ayant la voix cassée d'un vieillard; que, manière que les chrétiens cèdent souvent
quand il appelait le diable, il venait à lui en l'avantage aux musulmans, aux juifs, aux
homme ou en bouc ;
que lorsqu'il «i liait au déistes. Aussi l'on a dit que Bodin était à la
sabbat y était porté par un vent; qu'il y
, il fois protestant, déiste, sorcier, juif et athée.
rendait compte de l'usage de ses poudres, Pourtant, ces dialogues sont-ils vraiment de
qu'il avait toujours fidèlement employées à lui? On ne les connaît que par des copies
mal faire ; qu'il portait la marque du diable manuscriles ; car ils n'ont jamais été impri-
sur l'épaule; que quand il donnait des mala- més. —
Sa Démonomanie des sorciers parut
dies, il les donnait au nom du diable et les , in-k", à Paris, en 1381; on en a fait des édi-
guérissait au même nom; qu'il en avait l'ait tions sous le tilre de Fléau des démons et des
mourir ainsi, et guéri plusieurs (1)... sorciers (Niort, I61G). Cet ouvrage est divisé
BOCAL , sorcier qui fut arrêté à vingt- en quatre livres ; tout ce qu'ils contiennent
sept ans dans le pays de Labour, sous de curieux est cité dans ce dictionnaire.
Henri IV, comme convaincu d'avoir été vu L'auteur définit le sorcier, celui qui se
au sabbat, vêtu en prêtre, et servant de dia- pousse à quelque chose par des moyens dia-
cre ou de sous- diacre les nuits des trois jours boliques. Il démontre que les esprits peu-
qui précédèrent sa première messe dans l'é- vent s'associer et commercer avec les hom-
glise deSibour (car ce malheureux était prê- mes. Il trace la différence d'humeurs et de
tre) et, comme on lui demandait pourquoi
; formes qui dislingue les bons esprits des
il disait plutôt la messe au sabbat qu'à l'é- mauvais. Il parle des divinations que les dé-
glise, il répondit que c'était pour s'essayer mons opèrent des prédictions licites ou il-
,
saient l'avoir vu au sabbat , chantant la que la magie; il voir qu'on peut évoquer
fait
messe , il fut condamné à mort après avoir les malins esprits, faire pacte avec le diable.
été dégradé. Lorsqu'il allait être exécuté, il être porté en corps au sabbat, avoir, au
était tellement tendu à rendre son âme au moyen des démons , des révélations par ex-
diable, auquel il l'avait promise, que jamais tases se changer en loup-garou; il termine
,
il ne sut dire ses prières au confesseur qui par de longs récits , qui prouvent que
l'en pressait. Les témoins ont déclaré que la les sorciers ont pouvoir d'envoyer les mala-
mère, les sœurs et toute la famille de Bocal dies, stérilités, grêles et tempêtes, et de tuer
élaient sorciers , et que quand il tenait le les bêtes et les hommes.
bassin des offrandes, au sabbal, il avait don- Si le livre II traite des maux que peuvent
né l'argent desdites offrandes à sa mère, eu faire les sorciers, on voit dans le livre 111
récompense, sans doute, de ce qu'elle l'a- qu'il y a manière de les prévenir : qu'on
vait , dès sa naissance , voué au diable , peut obvier aux charmes et aux sorcelleries;
comme font la plupart des autres mères sor- que les magiciens guérissent les malades
cières (2). frappés par d'autres magiciens. Il indique
BODEAU (Jeanne) , sorcière du pays de les moyens d'empêcher les maléfices.
illicites
Labour qui, au rapport de Pierre Delancre, Rien ne étranger, li assure que par
lui est ,
conta qu'à l'abominable cérémonie, appelée des tours de leur mélier, les magiciens peu-
la messe du sabbat on faisait l'élévation
, vent obtenir les faveurs des grands et de
avec une hostie noire de forme triangu- ,
la fortune les dignités ,la beauté et les ,
propriété d'indiquer si une jeune fille n'a excellent moyen de faire avouer. Un long
pas fait de faute. Il faut dérober à celle chapitre achève l'œuvre, sur les peines que
dont on veut apprécier ainsi la sagesse, méritent les sorciers. Il conclut à la mort
l'épine qui attache sa collerette en guise cruelle et il dit qu'il y en a tant
; que les ,
d'épingle, et la poser sur la surface de l'eau : juges ne suffiraient pas à les juger ni les
tout va bien si elle surnage mais si elle ; bourreaux à les exécuter. «Aussi, ajoule-t-il,
s'enfonce, c'est qu'il y a blâme. n'advieiit-il pas que de dix crimes il y en
BOD1N (Jean), savant jurisconsulte et dé- ait un puni par les juges, et ordinairement
monographe angevin mort de la peste en, on ne voit que des bélîtres condamnés. Ceux
1596. L'ouvrage qui fit sa réputation fut sa qui ont des amis ou de l'argent échappent.
République, que La Harpe appelle Se germe L'auteur consacre ensuite une dissertation
de VEsprit des lois. Sa Démonomanie lui à réfuter Jean Wierus, sur ce qu'il avait dit
donne ici une place mais il est difficile de
; que les sorciers sont le plus souvent des ma-
Discours sommaire des sortilèges et vénéflees tirés
(1) (2) Delancre. Tableau de l'inconstance des démons, etc.,
dis procès criminels jugés au siège ro.y.d de Monlmorillon, liv. VI, page 420.
en Poitou, en l'année 1509, p. 50. (5) lbid.,Uv. VI, dise. 5.
99.1 mil HOC 229
ladevun des unis, el qu'il ne dallait paa les perstith uses au bœuf gras qu on promène,
brûler. dans celle \ille, au son
des tim- îles llùlos et
—
Je lui répondrai, dit Bodin, pour la dé« bales, non pas comme
partout le jour du
f(use des juges, qu'il appelle bourreaux. carnaval, niais la veille et le jour de la l'ele-
L'auteur de la Démonomamie avoue que Dieu. Des gavants ont cru voir là une trace
ces horreurs lui l'ont dresser ta poil en la du paganisme; d'autres ont prétendu que
Mie el il déclare qu'il feu) exterminer les
, e'âtail un usage qui remontait au boni; émis-
sorciers il ceux i|in ou oui pillé i'I brûler , saire des Juifs, M,.is Kul'li, dans son His-
les livres île Wierus (I). toire de Marseille rapporte un acte du qua-
,
pétuel. Théodoric avait l'ait présent d'une de compter les bœufs. Fulgose rapporte qu'un
ces c'epsydres à Gondebaud, roi des Bour- peu avant la mort de César un bœuf dit à
guignons. Ces peuples s'imaginèrent que son maître qui le pressait de labourer :
—
quelque divinité, renfermée dans ootte ma- Les hommes manqueront aux moissons
chine, lui imprimait le mouvement c'est là : avaut que la muissou manque aux hommes.
sans doute l'origine de l'erreur où sont tom- On voit dans Tile-Live et dans Valère-
,
bés ceux qui l'ont accusé de magie. Ils en Maxime, que pendant la seconde guerre pu-
donnent pour preuves ses automates car ou nique un bœuf cria en place publique —
—
:
;
assure qu'il avait fait des taureaux qui mu- Rome, prends garde à toi François de 1
gissaient, des oiseaux qui criaient et des Torre-Blanca pense que ces deux bœufs
serpents qui sifflaient. Mais Delrio dit (2) étaient possédés de quoique démon (5).
que ce n'est là que de la magie naturelle. Le Père Engelgrave (Lux evungelica, pag,
BOEHM ( Jacob ) , né en 1573, dans la 286 des Dominicales) cite un autre bœuf qui
Haule-Lusace. De cordonnier qu'il était il se a parlé. Voy. Béhémoth.
fit alchimiste homme à extases et chef
, BOGAHA. Arbre-Dieu de l'Ile de Ceylan.
d'une secte qui prit le nom de boehmistes. On conte que cet arbre traversa les airs afin
II publia, en 1G12, un livre de visions et de de se rendre d'un pays très-éloigné dans
rêveries, intitulé l'Aurore naissante, que l'on celte. île sainte, et qu'il enfonça ses racines
poursuivit. Il expliquait le système du monde dans le sol pour servir d'abri au dieu Bud-
par la philosophie hermétique, el présentait hou; qu'il couvrit de son ombrage tout le
Dieu comme un alchimiste occupé à tout temps que ce dieu demeura sur la terre
produire par distillation. Les écrits de cet il- Quatre-vingt-dix-neuf rois ont eu l'honneur
luminé, qui forment plus de cinquante vo- d'être ensevelis auprès du grand arbre-dieu.
lumes inintelligibles, ne sont pas connus en Ses feuilles sont un excellent préservalif
France excepté ce que Saint-Martin en a
,
contre tout maléfice et sortilège. Un nombre
traduit L'Aurore naissante, les Trois prin-
: considérable de bulles l'environnent pour
cipes et la Triple vie. Ce songe-creux était recevoir les pèlerins et les habitants plan- ;
nnthropomorphite (3j el manichéen il ad- ; tent partout de petits bogabas, sous lesquels
mettait pour deuxième principe du monde la ils placent des images et allument des lam-
colère divine ou le mal , qu'il faisait éma- pes. Cet arbre, au reste, ne porte aucun fruit
ner du nez de Dieu. On recherche, parmi et n'a de recommandable que le culte qu'on
ses livres d'alchimie, son Miroir temporel de lui rend.
l'éternité, ou de la Signature des clioses, tra- BOGARM1LES, BOGOM1LES et BONGO-
duit en français, in-8" Francfort, 16(i9 (4).
; MILES. de manichéens qui paru-
Sorte
Ses doctrines philosophiques ont encore des rent à Constanlinople au douzième siècle. Ils
partisans en Allemagne. disaient que ce n'est pas Dieu, mais un mau-
BOEUF. Le bœuf de Moïse est un des dix vais démon qui avait créé le momie. Ils
animaux que Mahomet place dans son pa- étaient iconoclastes.
radis. BOGUET (Henri), grand juge de la terre
On attache à Marseille quelques idées su- de Saint -Claude au comté de Bourgogne,
(1) Jo.mnis Boilini universœ nnturae. tliealrum, in qno (i) On peut voir encore Jacob; 1! lehmi, alias dicli leu-
rcnim omnium ('(Tectrices causae cl liées contemplaulur. toilini phjlosoplii clavis pracjiniarjim rermn ipi:e. i.i reli-
,
mort on 1t>19 , auteur d'un livre pitoyable, résie, en ce que les sorciers renient Dieu.
plein d'une crédulité puérile et d'un zélé Aussi on remet quelquefois la peine à l'héré-
outré contre les sorciers. Ce livre, publié au tique repenti on ne doit jamais pardonner
;
Duvernois et de quelques autres. L'auteur autres magiciens doivent être punis de mort.
détaille les abominations qui se font au sab- Le volume de Boguel est terminé par l'in-
bat ; il dit que les sorciers peuvent faire struction pour un juge en fait de sorcellerie.
tomber la grêle ; qu'ils ont une poudre avec Cet autre morceau curieux est connu sous le
laquelle ils empoisonnent ; qu'ils se grais- nom de Code des sorciers. Voy. Code.
sent les jarrets avec un onguent pour s'en- BOHÉMIENS. Il n'y a personne qui n'ait
voler au sabbat ; qu'une sorcière tue qui entendu parler des Bohémiennes et de ces
elle veut par son souffle seulement qu'elles ;
bandes vagabondes qui sous" le nom de Bo- ,
ont mille indices qui les feront reconnaître : hémiens, de Biscaïens et d'Egyptiens ou Gi-
par exemple que la croix de leur chapelet
,
tanos se répandirent au quinzième siècle
,
quand on les force à renoncer au diable , gne, avec la prétention de posséder l'art de
qu'elles ont des marques sous leur cheve- dire la bonne aventure et d'autres secrets
lure, lesquelles se découvrent, si on les rase; merveilleux. Les Flamands les nommaient
que les sorciers et les magiciens ont tous le heyden, c'est-à-dire païens, parce qu'ils les
talent de se changer en loups ; que sur le regardaient comme des gens sans religion.
simple soupçon mal lavé d'avoir été au sab- On leur donna divers autres sobriquets.
bat même sans autre maléfice on doit les
, , Les historiens les ont fait venir sur desimpies
condamner que tous méritent d'être brûlés
;
conjectures, del'Assyrie, de laCilicie,duCau-
sans sacrement, et que ceux qui ne croient case,de la Nubie.de l'Abyssinie, delaChal-
pas à la sorcellerie sont criminels. dée. Bel Ion, incertain de leur origine, soutient
Il faut remarquer qu'en ces choses ce n'é- qu'au moins ils n'étaient pas Egyptiens; car
tait pas le clergé qui était sévère mais les , il en rencontra au Caire, où ils étaient re-
juges laïques qui se montraient violents et gardés comme étrangers aussi bien qu'en
féroces. Europe. Il eût donc été plus naturel de croi-
A la suite i!e ces discours viennent les Six re les Bohémiens eux-mêmes sur leur paro-
avis, dont voici le sommaire : le, et de dire avec eux que c'était une race
1" Les devins doivent être condamnés au de Juifs, mêlés ensuite de chrétiens vaga-
feu , comme les sorciers et les hérétiques et , bonds. Voici ce que nous pensons être la vé-
celui qui a été au sabbat est digne de mort. . rite sur ces mystérieux nomades.
Il faut donc arrêter sur la plus légère accu- Vers le milieu du quatorzième siècle, l'Eu-
sation la personne soupçonnée de sorcelle- rope et principalement les Pays-Bas, l'Alle-
rie, quand même l'accusateur se rétracte- magne et la France , étant ravagés par la
rait ; peut admettre en témoignage
et l'on peste, on accusa les Juifs, on ne sait pour-
contre de person-
les sorciers toutes sortes quoi , d'avoir empoisonné les puits et les
nes. On brûler.i vif, dit-il, le sorcier opi- fontaines. Celte accusation souleva la fureur
niâtre, et, par grâce, on se contentera d'é- publique contre eux. Beaucoup de Juifs s'en-
trangler celui qui confesse. fuirent et se jetèrent dans les forêts. Ils se
2" Dan» le crime de sorcellerie, on peut réunirent pour être plus en sûreté et se mé-
condamner sur de simples indices conjec- , nagèrent des souterrains d'une grande éten-
tures et présomptions on n'a pas besoin ; due. On croit que ce sont eux qui ont creu-
pour de tels crimes de preuves très-exactes. sé ces vastes cavernes qui se trouvent encore
3° Le crime de sorcellerie est directement en Allemagne et que les indigènes n'ont ja-
contre Dieu (ce qui est vrai dans ce crime, mais eu intérêt à fouiller.
s'il existe réellement, puisque c'est une né- Cinquante ans après, ces proscrits ou leurs
gation de Dieu et un reniement) aussi il : descendants ayant lieu de croire que ceux
faut le punir sans ménagement ni considé- qui les avaient lant haïs étaient morts, quel
ration quelconque... ques-uns se hasardèrent à sortir de leurs
4° Les biens d'un sorcier condamné doi- lanières. Les chrétiens étaient alors occupés
vent être confisqués comme ceux des héré- des guerres religieuses suscitées par l'hérésie
tiques; car sorcellerie est pire encore qu'hé- de Jean Hus. C'était une diversion favorable.
(l| Lu vol. in-8". Paris, 1603; Lyon, 1602, 1607, 1608, parce que la famille (Je Boguet s'efforça d'en supprime)
1610; Kouen, lbOO. 'foules ces édiiiuiu s'inl Irès-rares, les exemplaires.
22!ï lillll UOII 228
Sur rapport de leurs espions
le les Juifs ,
les à l'incendie. Ils se mirent aussi à
dire
eaclies quittèrent leurs cavernes, sans au- la bonne aventure, sur l'inspection du visa-
cune ressource, il esi vrai, pour se garantir ge, des signesdu corps, et principalement
île la misère mais pendant leur demi-siècle sur l'examen des lignes de
; lamain et des
de solitude, ils avaient étudié les divinations doigts. Ils annonçaient tl<^ si belles choses,
et particulièrement l'art de dire la bonne a- et leurs devineresses déployaient tant d'a-
venture par l'inspection de la main ce qui ;
dresse ,
que les femmes et les jet s tilles
ne demande ni instrument, ni appareil, ni les traitèrent dès lors avec, bienveillance.
dépense aucune et Ils comptèrent bien que
; Cependant la fureur contre les Juifs s'é-
la chiromancie leur procurerait quelque ar- tait apaisée ; ils furent admis de nouveau
gent. dans les villages, puis dans les villes. Mais
Ils se choisirent d'abord un capitaine ,
il resta toujours de ces bandes vagabondes
nomme Zumlel. Puis comme il fallait décla- qui continuèrent la vie nomade, découvrant
rer ce qui les amenait en Allemagne, qui ils partout l'avenir, et joignant à celte profes-
étaient , d'où ils venaient , et qu'on pou- sion de nombreuses friponneries plus ma-
vait les questionner aussi sur leur religion; térielles. Bientôt, quoique la nation juive
pour ne pas se découvrir trop clairement, fût le noyau de ces bandes, il s'y fit un tel
ni pourtant se renier, ils convinrent de dire mélange de divers peuples, qu'il n'y eut pas
que leurs pères habitaient autrefois l'Egyp- plus entre eux de religion dominante qu'il
te, ce qui est vrai des Juifs; et que leurs an- n'y avait de patrie. Ils parcoururent les
cêtres avaient été chassés de leur pays pour Pay-Bas et passèrent en Franco, où on les
n'avoir pas voulu recevoir la Vierge Mario appela Bohémiens, parce qu'ils venaient de la
et son fils Jésus. —
Le peuple comprit ce re- Bohême.
fus, du temps où Joseph emmena le divin En- Pasquier, dans ses Recherches, raconte à
fant en Egypte pour le soustraire aux reher- peu près ainsi leur apparition mystérieuse
ches d'Hérode; au lieu que les vagabonds sur le sol fiançais et leur arrivée aux por-
juifs l'entendaient persécution qu'ils
de la tes de Paris en li:>7; —
Ils étaient au nom-
avaient soufferte cinquante ans auparavant. bre de cent vingt l'un de leurs chefs por-
;
De là vient le nom d'Egyptiens qu'on leur tait le titre de duc, un autre celui de comte;
donna et sous lequel l'empereur Sigismond ils avaient dix cavaliers pour escorte. Ils
leur accorda un passe-port. disaient qu'ils venaient de la Basse-Egypte,
Ils s'étaient formé un argot ou un jargon chassés de leur pays parles Sarrasins, qu'ils
déguisé, mêlé d'hébreu et de mauvais alle- étaient allés à Rome confesser leurs péchés
mand qu'ils prononçaient avec un accent é-
,
au pape, qui leur avait enjoint pour péni-
tranger. Des savants qui ne voyaient pas plus tence d'errer sept tins par le monde sans ,
loin, furent flattés de reconnaître certains coucher sur aucun lit. Les gens éclairés
(
termes de la langue allemande dans un pa- n'ajoutèrent sans doute pas foi à ce conte.
tois qu'ils prenaient pour de l'égyptien. Us dé- — On les logea au village de La Chapelle ,
)
naturaient aussi plusieurs appellations ils près Paris et une grande foule alla les voir.
—
; ;
appelaient un enfant un criard , un manteau Ils avaient les cheveux crépus, le teint
un preneur de vent, un soulier un marcheur, basané et portaient aux oreilles des an-
,
un oiseau un volant. Toutefois, la multitude neaux d'argent. Comme leurs femmes disaient
de mots hébreux qui est restée dans le lan- la bonne aventure et se livraient à des pra-
gage des Bohémiens suffirait seule pour tiques superstitieuses et mauvaises, l'évéque
trahir leurorigine juive. de Paris les excommunia défendit qu'on
,
Ils avaient des mœurs particulières et les allâtconsulterel obtint leur éloignement.
s'étaient fait des lois qu'ils respectaient. Le seizième siècle fut infecté de Bohé-
Chaque bande se choisissait un roi, à qui miens. Les Etatsd'Orléans, en 1560, les con-
tout le monde était tenu d'obéir. Quand par- damnèrent au bannissement sous peine des
mi eux une femme se mariait, elle se bor- galères , s'ils osaient reparaître. Soufferts
nait, pour toute cérémonie, à briser un pot dans quelques contrées que divisait l'héré-
de terre devant l'homme dont elle voulait sie, chassés en d'autres lieux comme des-
devenir la compagne ; et elle le respectait cendants deCham, inventeur de la magie,
comme son mari autant d'années que le va- ils ne paraissaient nulle part que comme
se avait produit de morceaux. Au bout de ce une plaie. On disait en Flandre qu'ils étaient
temps, les époux étaient libres de se quitter si experts en sorcellerie, que dès qu'on leur
ou de rompre ensemble un nouveau pol de avait donné une pièce de monnaie, toutes
terre. On citerait beaucoup de bizarreries de celles qu'on avait en poche s'envolaient aus-
ce genre. sitôt et allaient rejoindre la première, opi-
liés que les nouveaux Egyptiens virent nion populaire qui peut se traduire en d'au-
qu'ils n'étaient pas repoussés, implorèrent ils tres termes et qui veut dire que les Bohé-
la pitié des Allemands. Pour ne pas paraître miens étaient des escrocs. —
Leurs bandes
à charge, ils assuraient que, par une grâce diminuèrenlau dix-septième siècle (1). Pour-
particulière du ciel, qui les protégeait en- tant on en voyait encore quelques rares dé-
core on les punissant les maisons où ils , tachements il y asoixante ans. Sous les nou-
étaient une fois reçus n'étaient plus sujet- velles lois de police des Etals européens, les
(I) Il y uvait des Bohémiens dans les Antennes, au vagsbonds, vit un Bohémien crépu avec deux femmes e|
commencement du dix-huitième siècle. Une légende po- un entant. Le Bohémien l'ajustait de suu esniugole lui, ;
pulaire coule qu'un lansquenet, allant a ta élusse du ces ajusta le Bohémien de sou mousquet. Le Bohémien fut
Ê27 DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCULTES m
sociétés bohémiennes sont dissoutes. Mais il que femme de la famille de la défunte bour-
y a toujours ça et là îles individus qui di- geoise qu'elle voulait faire son héritière ;
sent la bonne aventure, et des imbéciles qui vous êtes celle que je cherche...
vont les consulter. Voy. Chiromancie. A ce récit extravagant, Bélise ne riait que
Voici une anecdote de Bohémienne qui a pour faire l'esprit fort car le désir d'être ,
fait quelque bruit sous Louis XIV; Dufres- héritière augmentait sa crédulité.
îiy l'a mise au nombre de ses Nouvelles. — Mais , reprit-elle, comment savoir si je
Plusieurs grands hommes, dit-il, ont ajouté suis parente de la bourgeoise qui vivait il y a
aux diseurs de bonne aventure. Tel capi- cent ans?
foi
taine qui affronte mille périls craindra les — El si j'étais aussi parente? dit l'amie de
présages qu'une Bohémienne verra dans sa Bélise.
main pardonnez donc cette faiblesse à une
;
La Bohémienne n'y trouva point d'appa-
femme c'est une riche bourgeoise que je
; ,
rence ; pourtant de faire l'épreuve
ravie
nommerai Bélise. La Bohémienne qui l'abu- douille, elle demanda à l'instant deux verres
sa , et qui est présentement au Châlelet , a de cristal qu'on alla remplir d'eau claire;
,
croire l'incroyable. Sachant que Bélise allait un œil, et de regarder attentivement avec
souvent chez une amie la Bohémienne la l'autre.
— Celle qui est parente de
,
Est-ce que vous me connaissez ? lui dit La Bohémienne avait mis dans chaque
Bélise en s arrêtant aussi. verre une petite racine leur disant que c'é- ;
—
Si je vous connais répond la Bohé- ! tait la racine des enchantements qui attirait
mienne dans son jargon oui madame et , , , les génies l'une de ces racines était apprê-
;
je suis sûre que vous serez heureuse de me tée avec une composition chimique qui dé- ,
—
,
vous avez envie de gagner la pièce en me di- brillants de différentes couleurs avec des ,
sant la bonne aventure je n'y crois pas; : paillettes dorées. C'en était assez pour faire
mais ne laissez pas de me la dire. voir à une femme prévenue tout ce que son
Bélise la 6t entrer chez son amie et lui , imagination lui représentait déjà. Bélise à ,
présenta la main: la Bohémienne, en l'ob- la première bulle d'air, s'écria qu'elle voyait
servant , feignait d'être dé*plus en plus sur- quantité de perles.
prise et réjouie d'avoir rencontré une per- — Vous en allez voir bien d'autres dit la ,
instruire par une femme qui avait servi Bé- vait de perdre l'esprit. Elle sauta au cou de
lise mais ce qu'elle voyait de plus certain ,
:
celle qui la faisait si riche et , croyant déjà ;
c'était disait-elle une fortune prochaine. tenir des millions elle lui promit de l'enri-,
— Je vois
, ,
avec confiance dans le piège qu'elle lui ten- difficultés à vaincre: le diable, qui est gar-
dait. Après avoir persuadé aux deux bour- dien de tous les trésors enfouis, en doit pren-
geoises qu'elle avait des liaisons avec les es- dre possession au bout de cent ans ; c'est la
prits et les génies elle leur conta l'histoire
, régie. Par bonheur, il n'y a que quatre-
d'une princesse qui était venue mourir à Pa- vingt-dix-huitans que la princesse a enterré
ris , il y avait cent ans elle leur dit que ; le sien. Je crains pourtant qu'il ne nous dis-
cette princesse étrangère avait enterré un pute la date... Encore votre main , ajouta-t-
trésor dans une cave, et qu'ensuite, vou- elle je me trompe fort si le même diable ne
,
lant faire son héritière une bourgeoise de ce vous a pas déjà lutinée.
temps-là qu'elle avait prise en affection ,
— Justement, dit Bélise ; car, cet été à la ,
personnede l'autre monde ne peut parler aux sée de faire peur à sa maîtresse pour l'obli-
gens de celui-ci que par l'entremise des es- ger de revenir à Paris.
prits ; or, le mien connaît la princesse et je ;
-» Menez-moi chez vous dit-elle en re ,
suis chargée de lui trouver dans Paris quel- gardant le verre le trésor se trouve dans la
;
\ois qu'il consiste en deui caisses dont , pour l'ait d'escroquerie et de sorcellerie.
l'une est pleine de \ieux ducats et l'autre de Mahthe l\ noiifsnuKNNB. C'est une tradi- —
pierreries. tion populaire, traduite de l'anglais de Théo-
Itelise, ravie emmena clic/ elle son amie , dore llook.
et la Bohémienne nui l'aveflM chemin fai- ,
, Dans le voisinage de Bcdlbrd-Sqiiarc, vi-
sant , que , pour adoucir le malin esprit , vait le respectable Harding qui tenait un ,
elle allait faire des conjurations , des fumi- rang honorable, et remplissait une place dans
gations, et flo'il I allait amorcer le diable par Sominerset-House. Cet homme avait uni;
une petite cIÏiimoii d'or. fille, appelée .Maria, qui était le modèle de la
lai avcz-vous chez vous , continua-t- piété filiale mais d'une couiplexiou extré
. -
Port bien répondit l'autre je ne veux , ; qui se trouvait allié à sa famille et qui se ,
loucher de vous ni or ni argent avant que , nommait Frédéric Longdale les parents dos ;
j'en aie rempli vos coffres vous mettre/ ; deux familles convinrent de ne pas presser
vous-même l'or dans le creuset au fond de , celle union, à cause de la jeunesse des futurs.
la cave cl vous le verrez fondre a vos jeux
, M. Harding, se rendant un jour à Soimncr-
par un l'eu infernal qui sortira des entrailles sel-Ilouse, selon sa coutume, fut accosté par
de la terre en vertu de certaines paroles
, une de ces Bohémiennes qui mendient en
que je prononcerai. Je veux que vous soyez Angleterre. —
N'oubliez pas la pauvre Mar-
témoin de ces merveilles. the, la Bohémienne
dit la bonne femme.
! —
On arriva chez llélise où le reste de la , M. Harding, qui n'avait pas de monnaie, ré-
fourberie était préparé les caves en ques- ; pondit qu'il n'avait rien sur lui, et qu'il était
tion n'étaient séparées des caves voisines que pressé. Mais sa réponse ne rebuta pas celle
parmi vieux, mur où la servante avait fait un femme qui le suivait en réitérant ses lamen-
trou. La Bohémienne aidée par elle com- , , tations. —
N'oubliez pas la pauvre Marthe 1
posa un spectre semblable à celui qui s'était — Inriléde cette persévérance, le père de Ma-
montré à la campagne , et disposa son appa- ria, contre sa coutume, se retourna et pro-
reil. Belise prit les cinq louis qu'on devait nonça d'un ton de colère une malédiction
, ,
l'embrassant, que la princesse s'était rendue Elle répéta si vivement cette apostrophe,,
chez elle; qu'elle approuvait lout:que quant que M. Harding subjugué la regarda avec ,
lui, en promettant de lui donner mille écus; noirs tombaient sur ses joues olivâtres un ;
Bélise répondit qu'elle avait toute con- mienne vous et moi devons nous rencon-
;
fiance en elle, et qu'elle la priait de se char- trer encore ; vous me verrez trois fois avant
ger de lui remettre elle-même l'argent. de mourir ; mes visites seront terribles, et la
Cependant la Bohémienne demanda en- , troisième sera la dernière....
core qu'on lui donnât force robes, coiffures ,
Ces paroles frappèrent vivement le cœur
jupes, draps et serviettes, afin de tapisser la de M. Harding voyant quelques passants
;
cave où la princesse devait se rendre, comme s'approcher, il fouilla dans sa poche, en lira
elle l'avait promis. Les robes devaient ser- de l'argent qu'il voulut donner à Marthe
—
:
vir à vêtir les génies qui raccompagneraient. De l'argent à présent, répondit la sor-
Bélise aida elle-même à porter ses bardes cière Ne suis-je plus maudite ? Il est trop
1
I
ouvait ainsi rien soupçonner, car elle igno- l'avenlure à sa femme, qui lui répondit,
rait la communication des caves voisines , comme il devait l'attendre, de sa tendresse et
par où les génies plièrent la toilette. Ainsi ,
de sa raison et après une discussion sur la
;
les Bohémiennes eurent toute la nuit pour faiblesse d'esprit qui fait ajouter foi aux dis-
sortir de Paris avec le bulin et l'héritière , ; cours de ces malheureuses on alla se cou-i ,
vail comme de conltim<\ toujours inquiet et rent à Lausanne ; mais l'absence ne calma
l'espritrempli île Marthe mnis honteux de ,
point leurs regrets, et au bout de deux ans,
l'empire qu'il laissait prendre sur lui à ces ils revinrent à Londresipour assister au ma-
ment de son aimable Maria, en qui les sym- souper, où toute la famille fut invitée. Après
ptômes de la consomption se développèrent la collation comme on priait la mariée de
,
qu'ils n'en parlassent que comme d'un mal semblable à celui d'un poids qui aurait roulé
peu sérieux montrèrent parleurs soins
, , , sur toutes les marches de l'escalier la porte :
qu'ils n'étaient pas sans inquiétudes. Trois du salon s'entr'ouvrit comme enfoncée par
,
mois s'étaient écoulés depuis la fatale ren- un coup de vent. M. Harding pâlit regarda ,
contre de Marthe, le temps et une distraction sa femme, et dit, en se tournant vers l'as-
constante avaient délivré presque entière- semblée, que ce bruit venait de la rue et ,
ment l'esprit de M. Harding de la terreur que qu'il ne fallait pas s'en troubler mais on vit ;
ment, son carrick l'attendait pour le con- parer à une nouvelle calamité. J'ignore ,
duire à une vente de chevaux, où son père quel malheur nous menace, dit-il mais il ;
avait donné commission d'en examiner est suspendu sur nos têtes ; il y tombera
lui
qu'il avait l'intention d'acheter. M. Harding cette nuit même. —
Mon ami, dit mislriss
proposa au jeune homme de l'accompaguer Harding, que voulez-vous dire ?.... Ma —
aux criées de Hyde-Park, puisqu'il n'était pas chère, je l'ai vue pour la troisième fois 1
—
occupé ce jour-là. Celle proposition fut ac- Qui ? — Marthe la Bohémienne.... Lorsque la
ceptée , et ils partirent ; mais M. Harding , porte s'ouvrit d'une manière surnaturelle ,
qui tenait les rênes reconnut bienlôl que , je la vis Ses yeux effrayants étaient atta-
1
la menace de la sorcière , fit une telle im- publiée en 1632, à Amsterdam (1), livre qui
pression sur lui , que son effroi joint aux ,
ne manque pas d'hérésies.
douleurs qu'il ressentait lui fit perdre con- , BOHQN-HUPAS, arbre poison qui croît
naissance. Cependant les deux infortunés dans l'île de Java, à trente lieues de Batavia.
furent promptement secourus. Le jeune Fré- Les criminels condamnés allaient autrefois
déric fut longtemps dans un état trèsalar- recueillir une gomme qui en découle, et qui
mant quant à M. Harding, il recouvrait de
: est un poison si prompt et si violent, que les
jour en jour la santé ; mais son jugement oiseaux qui traversent l'air au-dessus de cet
semblait l'abandonner, l'aspect de sa pauvre arbre tombent morts du moins ces choses
, ;
fille presque mourante contribuait encore à ont été contées. Après que leur sentence était
troubler chaque instant de sa vie. Elle de- prononcée, lesdils criminels pouvaient choi-
manda à voir Frédéric, qui alors se trouvait sir, ou de périr de la main du bourreau ou ,
triss Harding, fermez un peu le volet, je vous plus de cent ans que ce pays était habité par
prie. —
M. Harding se leva et ouvrant la , , un peuple qui se livrait aux iniquités de
croisée , il poussa un cri d'horreur en s'é- Sodome et de Gomorrhe; que Mahomet ne
criant : — Elle est là 1 —Qui ? répliqua mis- voulut pas souffrir plus longtemps leurs
triss Harding, surprise el effrayée. —Elle, mœurs abominables qu'il engagea Dieu à
;
Mislriss Harding courul à la fenêtre et vit, bohon-hupas, qui détruisit les coupables, et
dans la rue, Marthe la Bohémienne. rendit le pays à jamais inhabitable. Les
Etant retournée vivement au lit de Maria, Malais regardent cet arbre comme l'inslru-
elle poussa un gémissement plaintif Maria :
(1) Joanuis Bnlunii Psychologia, cum vera applications
était morte... Ses parents désolés, se retirè- Joanuis Angeli. Jn-â4. Auislul 1652.
Î.'.S uni. noN 23*
ment de la Prophète; et, toutefois,
colère «lu soutint que les visions d'esprits n'étaient au-
la mort <|u'ii procure passe chez eux pour tre chose que des contes de vieilles, épouvan-
honorable; voilà pourquoi les criminels qui tailsde petits enfanls.Lc parlement ne décida
vont chercher lo poisou se revêtent en gé- , rien et renvoya la cause au tribunal de la
néral <le leurs plus beaux, habits (1). Tournelle.qui par son arrêt maintint la rési-
BOIS. —
Les anciens avaient une divina- liai ion du bail (8).
tion qui se pratiquait par le moyen de quel-
DOLFRI, Voy. Bérith.
ques morceaux de bois. Voy. Xylomancie. BOL1NGBROKE, Voy. Glocestei».
lia croyaient les forêts habitées de divinités BOLOMANC1E. C'est la Bélomancie. Voy.
bizarres; et dans les pays superstitieux ou ,
ce mot.
v redoute encore les lutins. Les Kamsleha- BOLOTOO, Ho imaginaire où les naturels
ilales disent que les bois sont pleins d'esprits des de Tonga placent leur paradis. Ils
iles
malicieux- Ces esprits ont des enfants qui croient que b's âmes de leurs chefs y devien-
pleurent sans cesse pour attirer les voya- nent des divinilés du second ordre. Les ar-
geurs qu'ils égarent ensuite et à qui ils bres do Bololoo sont chargés, disent-ils, des
—
,
.
ôtent quelquefois la raison. Enfin, c'est meilleurs fruits et toujours couverts des plus
généralement dans les bois que les sorciers belles fleurs, qui renaissent (oulcs les fois
font le subbal. qu'on les cueille. Ce séjour divin est rempli
BO!S Dli VIE. —
C'est le nom que les al- d'animaux immortels q ue l'on ne lue que pour
«liimislcsdonnent à la pierre parfaite du la nourriture des dieux et des élus; mais
grand œuvre, plus clairement appelée baume aussitôt qu'on en tue un, un autre le remplace.
universel ou panacée qui guérit tous les, BONA (Jean), savant et pieux cardinal,
maux, et assure à ceux qui la possèdent une mort en 1674. On recherche de lui un Traité
jeunesse inaltérable. du discernement des esprits, in-12, publié en
Les Juifs nomment bois de vie les deux 1673 et traduit par l'abbé Leroy de Haute-
bâtons qui tiennent la bande roulée sur la- fontaine, 1676. Le chapitre 20 de cet ouvrage
quelle est écrit le livre de leur loi. Ils s-jnt traite avec beaucoup de lumières de ce qu'il
persuades que l'attouchement de ces bâtons y a de plus difficile dans la matière des vi-
affermit la vue et rend la santé. Ils croient sions et des révélations particulières (4).
aussi qu'il u'y a pas de meilleur moyeu de BONASSES, Voy. Gullets.
faciliter l'accouchement des femmes, que de BONATI (Gui) astrologue , florentin du
leur faire voir ces bois, qu'il ne leur est pas treizième siècle. Il vivait, dit-on, d'une ma-
permis de toucher. nière originale, et possédait l'art de prédire
BOISTUAU ou BOA1STUAU (Pierre), dit l'avenir. Les troupes de Rome, sous le pon-
Luunay, Nantais, mort à Paris en 1566. Ou tificat de Martin IV assiégeaient Forli ,
,
recherche de lui deux ouvrages rares et ville de la Romngne, défendue par le comte
curieux 1° Histoires prodiyieuses, extraites
: de Montferr.it. Bonati, qui s'y était retiré,
de divers auteurs, in-S", 1561. Aux quarante voyant la ville prête à faire une sortie, an-
histoires de Boistuau, Tcsseranl en ajouta nonça au comte qu'il serait blessé dans la
quinze. Belleforèt, Hoyer Marionville les et mêlée. L'événement justifia la prédiction ;
firent réimprimer avec une nouvelle conti- et le comte de Montferrat, qui avait porté
nuation, en 1573, six vol. in-16; 2" His- — avec lui ce qu'il fallait pour panser sa bles-
toires tragiques, extr aites des œuvres italien- sure, fit depuis le plus grand cas de l'astro-
nes de Bandel, et mises en langue française, logie. Bonati, sur la fin de sa vie, reconnut
1568 et années suivantes, 7 vol. in-16. 11 n'y pourtant la vanité de sa science, se fit fran-
a que les six premières histoires du premier ciscain, et mourut pénitent en 1300. Ses ou-
volume qui aient été traduites par Boistuau ; vrages ont élé recueillis par Jacques Caute-
les autres sont de la traduction de Beliefo- rus, sous le litre de Liber aslronomicus, in-4%
rêt, qui lui était bien inférieur. Voy. Visions, rare. Augsbourg 1491.
Sympathie, Apparitions. BONGOM1LES. —
Voy. Bogarmiles.
BOJAN1 (Michel}. Ou peut lire de lui une BONICA, imaginaire de l'Amérique, où
île
Histoire des songes (2), publiée en 1587. Déotatus, médecin spagirique , place une
Nous ne la connaissons que par le litre. fontaine dont les eaux, plus délicieuses que
BOLACRÉ (Gilles), bonhomme qui habi- le meilleur vin, ont la vertu de rajeunir.
tait une maison d'un faubourg Ue
Tours, où BON1FACE VIII, pape, élu le 24 décembre
il prélendilqu'il revenait
des esprits qui l'em- 1294. On a conté que, n'étant encore que
pêchaient de dormir. C'était au seizième siè- cardinal, il fit percer une muraille qui avoi-
cle. Il avait loué celle maison
et comme il ; sinait le lit du pape Célestin, et lui cria au
s'y faisait un bruit et
tintamarre d'esprits moyen d'une sarbacane, qu'il eût à déposer
invisibles, sabbats et lutins, qui ne lui lais- la tiare s'il voulait être sauvé; que le bon
saient aucun repos, il voulut à toute force pape Célestin obéit à cette voix qu il croyait
faire résilier le bail. La cause fut portée de- venir du ciel, et céda la place à Boniface. —
vant le siège présidial à Tours, qui cassa le Mais ce récit n'est qu'une imposiure entiè-
bail. Le propriétaire eu appela au parlement rement supposée par les protestants, qui
de Paris; son avocat, maître René Chopin, ont imagine cette calomnie comme tant d'au-
des Voyages de M. Foersech, Hollandais, Leloyer. Disc, des spectres, liv. vi, en. 15.
(1) Extrait (3)
Mélanges de la litléraiure étrangère, t. I, p. 63. (4) Joannes cardinalis Bona, De discretione spirituum.
(1) Mieliaelis Uojani, Hisloria de Somniis. In-8° . Wit- In-12. Paris, 1673.
teuiberg, 1587.
JJlCIIONN. DES SCIENCKS OCCULTES. I.
335 DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCULTES. 35u
très. La vérité est que le pape Célestin dé- aucune douleur, d'où on le jugea bien sor-
posa la tiare pour s'occuper uniquement de cier. confessa qu'ayant épousé en pre-
Il
son âme. Le cardinal Cajclan (depuis Boni- mières noces Berthomée de la Bédouche,
face V11I) n'y fut pour rien. qui était sorcière comme ses père et mère,
BONNE AVENTURE. Les diseurs de bonne il l'avait vue faire sécher au four des ser-
aventure et les magiciens étaient devenus pents et des crapauds pour des maléfices;
;si nombreux à Rome du temps des premiers qu'elle le mena alors au sabbat, et qu'il y
empereurs, qu'ils y avaient une confrérie et ; vit le diable, ayant des yeux noirs, ardents
c lendemain du jour où fut tué Caligula, des comme une chandelle. Il dit que le sabbat
magiciens venus d'Egypte et de Syrie de- se tenait quatre fois l'an la veille de la :
BONNES. On appelle bonnes, dans certai- tous ces procès, si nombreux pendant les
nes provinces, des fées bienveillantes, des troubles de la réforme.
espèces de farfadets femelles sans malice, BONZES. Les bonzes chinois font généra-
qui aiment les enfants el qui se plaisent à lement profession de prédire l'avenir et
les bercer. On a sur elles peu de détails ; d'exorciser les démons ; ils cherchent aussi
mais c'est d'elles, dit-on, que vient aux ber- la pierre philosophale. Lorsqu'un bonze
ceuses le nom de bonnes d'enfants. Habondia promet de faire pleuvoir; si dans l'espace
est leur reine. de six jours il n'a pas tenu sa promesse, ou
BONNET (Jeanne), sorcière de Boissy en lui donne la bastonnade.
Forez, brûlée le 13 janvier 1583 pour s'être Il existe des bonzes au Congo. On croit
vantée d'avoir eu des liaisons avec le diable. que leurs âmes sont errantes autour des
BONNET BLEU. Voy. Dévouement. lieux qu'ils ont habités. Quand on voit un
BONNET POINTU, ou esprit au bonnet; tourbillon balayer la plaine et faire lever la
voy. Hecdeckin. poussière et le sable, les naturels s'écrient
BONNEVAULT. Un sorcier poitevin du que c'est l'esprit des bonzes.
seizième siècle, sommé Pierre Bonnevault, BOPHOMET, voy. Tête de Bophomet.
fut arrêté parce qu'il allait au sabbat. Il con- BORAK, jument de Mahomet qu'il a mise
fessa que la première fois qu'il y avait été dans son paradis. Elle avait une face hu-
mené par ses parents, il s'était donné au maine, et s'allongeaii àchaque pas aussi loin
diable lui permettant de prendre ses os
, que la meilleure vue peut s'étendre.
après sa mort; mais qu'il n'avait pas voulu BORAX, sorte de pierre qui se trouve,
donner son âme. Un jour, venant de Mont- disent les docles, dans la tête des crapauds;
morillon où il avait acheté deux charges on lui attribue divers effets merveilleux,
d'avoine qu'il emportait sur deux juments, comme celui d'endormir. 11 est rare qu'on la
il entendit des gens d'armes sur le chemin; puisse recueillir, et il n'est pas sûr qu'elle
craignant qu'ils ne lui prissent son avoine, il soit autre chose qu'un os durci.
invoqua le diable qui vint à lui comme un BORBORITES, voy. Génies.
tourbillon de vent, et le transporta avec ses BORDELON Laurent) né à Bourges en
( ,
deux juments à soîi logis. Il avoua aussi 1633, mort en 1730; écrivain médiocre, qui
qu'il avait fait mourir diverses personnes toutefois savait beaucoup de choses , cl s'é-
avec ses poudres; enfin il fut condamné à tait occupé de recherches sur les supersti-
mort. Voy. Tailletroux. tions, les sciences occultes et les erreurs po-
Jean Bonnevault, son frère, fut aussi ac- pulaires. 11 est fâcheux qu'il ait écrit si
cusé de sorcellerie; et le jour du procès, de- pesamment. On achète encore ses entretiens
vant l'assemblée, il invoqua le diable qui sur V Astrologie judiciaire, qui sont curieux.
l'enleva de terre environ quatre bu cinq Le plus connu de ses ouvrages (et il a été
pieds, el le laissa retomber sur le carreau réimprimé plusieurs fois) est intitulé : «His-
comme un sac de laine sans aucun bruit, toire des imaginations extravagantes de Mon-
quoiqu'il eût aux pieds des entraves. Etant sieur Ou/le, causées par la lecture des livres
relevé par deux archers, on lui trouva la peau qui traitent de la magie, du grimoire , des
decouleur bleue tirant sur le noir il écumait; démoniaques , sorciers , loups-garoux , in-
et souffrait beaucoup. Interrogé là-dessus, il cubes , succubes et du sabbat des fées,
, ,
répondit qu'ayant prié le diable de le tirer ogres, esprits, follets, génies, fantômes et
de peine, il n'avait pu l'enlever attendu , autres revenants ; des songes de la pierre ,
que, comme il avait prêté serment à la jus- philosophale, de l'astrologie judiciaire, des
lice, le diable n'avait plus pouvoir sur lui. horoscopes, talismans, jours heureux el
Mathurin Bonnevault, parent des deux malheureux, éclipses, comètes et almanachs;
précédents, accusé comme eux de sorcelle- enfin de toutes les sortes d'apparitions, de
rie, fut visité par experts. On lui trouva sur divinations, de sortilèges, d'enchantements
l'épaule droite une marque de la figure et d'autres superstitieuses pratiques. »
d'une petite rose, dans laquelle on planta On voit que nous avons cOpïé
par ce titre,
Une longue épingle, sans qu'il en ressentît tout entier, que l'auteur avait pris un cadre
(1) Granier de Casbagiiac, Littérature des esclaves. assez vaste. Dans ses deux volumes in-12.
£S7 mm mut 23tf
Monsieur Oulle avait une femme, deux fils, vipère, en mouche, en vache enfin indiffé- ;
nions d'une foule de savants sur la magie et mutations parce qu'il avait lu qu'elles
,
la sorcellerie, sur les spectres et les fantô- avaient été exécutées. Il croyait que des
mes, les loups garoux, les esprits follets, les roses pouvaient rendre la première forme
fées, les ogres, l'astrologie judiciaire, les di- à ceux qui avaient subi ces transforma-
vinations , les apparitions etc. L'abbé Dou- ,
tions.
dou , aîné de M. Oufle , faisait un mé-
fils Un des jours de carnaval, M. Oufle donna
lange très - mal assorti de science et de à souper à toute sa famille cl à quelques-
crédulité. Il croyait que tout ce qu'il trou- uns de ses amis. On y mangea abondam-
vait d'extraordinaire dans les livres était ment on y but de même car il ne laissait
, ;
vrai, ne se pouvant persuader que l'on fût pas d'aimer la bonne chère et la joie, à con-
d'assez mauvaise foi pour faire imprimer des dition pourtant qu'on ne renverserait point
choses surprenantes , si elles n'étaient pas de salière qu'on ne mettrait point de cou-
,
ce qu'il voulait absolument croire. Sansugue, nuellement des santés , satisfaisait à celles
le second Ois, avait pris le parti de la finance, qu'on lui portail ; de sorte qu'il prit plus de
et ne cherchait que les moyens et les occa- vin que sa lête n'en pouvait porter.
sions de s'enrichir. Quand on lui parlait des Après le repas tous se retirèrent très-con-
diables qui faisaient trouver des richesses, tents les uns des autres. M. Oufle fit de son
l'eau lui en venait si fort à la bouche, qu'il mieux les honneurs du départ de ses hôtes,
ne les aurait pas renvoyés malgré les for- ,
et gagna ensuite sa chambre. Sansugue,
mes épouvantables dont on se sert pour les aussitôt qu'il fut rentré chez lui prit un do ,
représenter. Il n'était pas si crédule sur l'ap- ses babils de masque dont il avait grand
,
parition des âmes des défunts, parce que, nombre, et alla courir le bal avec d'autres
disait-il ces fantômes de morts ne parais-
,
jeunes gens qui l'attendaient.
sent d'ordinaire que pour faire des demandes Mais à peine M. Oufle se fut-il retiré, qu'il
aux vivants ou pour donner des frayeurs
, lui prit une de ses inquiétudes qui ne per-
qui n'aboutissent qu'à glacer le sang de ceux mettent pas que l'on reste en place , sans
qui les voient. Venons à ses deux filles. qu'on puisse dire pourquoi on se met en
L'aînée nommée Gamèle, croyait tout ce
, mouvement. Après s'être promené quelque
que lui disait son père quand il lui parlait, temps dans sa chambre il en sort, et cela
,
et ensuite elle n'en croyait rien quand elle seulement pour en sortir il monte un es-;
sa sœur, au goût de son père et de sa mère; pour savoir s'il y était ou pour jaser avec
,
mais ce que celle-ci faisait par simplicité, lui. N'y trouvant personne, mais seulement
celle-là le faisait par artifice c'était une ; les habits de masque que son fils avait ou-
fine mouche, qui jouait, en quelque manière, blié de serrer, il en remarqua un fait exprès
toute sa famille. pour se déguiser en ours; il le considéra
Noncrède, frère de M. Oufle, passait dans attentivement. Il était fait de peaux d'ours
l'esprit de tous ceux qui le connaissaient, avec leur poil, cousues de manière qu'elles
pour un homme plein de sagesse et de pro- donnaient, depuis la tête jusqu'aux pieds, la
bité, mais qui adoptait peut-être trop facile- ressemblance de cet animal à celui qui en
ment les opinions téméraires des prétendus était couvert. Après l'avoir retourné il lui ,
philosophes. Il faisait à son frère et à l'abbé vint d.ins l'esprit de s'en servir pour faire
Doudou, son neveu, une guerre continuelle une plaisanterie à sa femme. Cette plaisan-
sur leur confiance et leur penchant en ma- terie était de vêtir cet habit, et ensuite de
tière d'apparitions et de sortilèges. Après lui aller faire peur. On ne peut croire com-
avoir dépeint les caractères venons sur-le- , bien s'applaudissait à lui-même d'avoir
il
cement vers l'appartement de sa femme, pour première expérience sur une sérénade qui
et son imagina- bruissait dans la première rue qu'il parcou-
y jouer le rôle que l'occasion
tion lui avaient fait inventer. Comme il était rut. Quand les musiciens entendirent un des
près de commencer la scène , il entendit du hurlements de M. Oufle, la terreur que leur
bruit, et reconnut que la femme de chambre inspira celte horrible symphonie, à laquelle
de madame Oufle élait encore avec elle. Ce ils ne s'attendaient pas, glaça leur sang de
il prit sur une table le premier livre qui se qu'il pensait être lui-même, et s'enfuirent
trouva sous sa main c'était la Démonoma-: 'de toutes leurs forces.
nie de Boclin : il l'ouvre, et tombe par hasard En ce moment quatre jeunes gens, qui de-
sur un endroit qui traitait des loups-garoux. puis peu de temps étaient délivrés de la vie
il passa environ une demi-heure dans celle gênante des collèges, sortant du cabaret, où
lecture et dans celle de quelques autres su- ils avaient vidé plus de bouteilles que leurs
jets analogues. Enfin, le vin, le feu et la si- petites têtes n'étaient capables d'en porter ,
tualion tranquille où il était, l'assoupirent et venaient d'imaginer un projet qui leur pa-
le plongèrent insensiblement dans un som- raissait héroïque. C'était de se donner de
meil si profond qu'il ne songeait plus à ce
,
grands mouvements, pour arracher les cor-
qu'il avait fait, ni à ce qu'il avait résolu de faire. des des sonnettes pour ôter les marteaux
,
Madame Oufle, qui n'avait aucun soupçon des portas ; ou , s'ils n'en pouvaient venir à
de ce qu'on macbinait contre elle ne man- , bout de sonner , de heurter de toutes leurs
,
qua pas, comme on juge bien, de se coucher, forces, de déranger les bornes, de briser les
et de dormir de son côlé aussi tranquillement sièges de pierre de brouiller des serrures ,
,
resta que l'idée de sa prétendue transmuta- jouaient gros jeu. Je ne sais par quelle fan-
tion en loup , avec le dessein d'aller courir taisie il s'obstina à hurler plus fort et plus sou-
les rues, d'y hurler de son mieux d'y mor- , vent qu'iln'avaiteiuore fait:uncoupn'atlen-
dre, et de mettre en pratique tout ce qu'il dait presque pas l'autre, tant ses hurlements
avait ouï dire que les loups-garoux avaient étaient promplement répétés. Les joueurs
coutume de faire. Il part donc sans différer, l'entendirent ; ceux qui perdaient parurent
sort dans la rue, et commence à hurler d'une n'y laire pas grande attention ceux qui ga- ;
traillé, et dont la voix était naturellement dans la rue , la frayeur le saisit ; il rentre
jaute ferme et tonnante. La poussant pen-
, ferme la porte avec tous les verroux qu'il
iant la nuit aussi loin qu'elle pouvait aller , peut trouver, souhaitant même pour sa sû-
ivec les tons effroyables qui accompagnent reté qu'il y en eût encore davantage ; il se
l'ordinaire les hurlements on ne doit pas ,
tint quelque temps sur l'escalier pour rap-
tu KOK IlOI 141
peler ses esprils, et ne paraître pas si effrayé. premiers a assurer qu'ils l'avaient vu, traî-
Heureusement pour lui , M. Oufle prit parti nant des chaînes d'une grosseur cl d'une lon-
ailleurs. On ne tombera point dans une gueur prodigieuses, el si grand que sa léte
description exacte de toutes les frayeurs qu'il atteignait presque jusqu'aux premiers éta-
lii cette nuit-la en qualité de loup-garou on ;
ges ; car, comme dit le proverbe, on n'a ja-
p isse sous silence les petite-, aventures pour
mais mi de petit loup; on veut toujours per-
s'arrêter seulement à une de plus grande suader que ceux que l'on trouve sout d'une
importance que voici. grandeur démesurée, et cela apparemment ,
Un bomme de considération courant la pareeque l'on proportionne son étendue à
posta dans une chaise, étant escorté de deux celle de la crainle que l'on a. D'autres assu-
( \ aliers qui couraient avec, lui, trouva dans raient qu'on lui avait coupé une patte en se
>;>:) pass loup-garou. Les chevaux rc-
je le défendant contre ses violences ; (lue, comme
at si promptement, et se cabrent de telle c'était un sorcier changé en loup, on l'avait
s aie qu'ils renversent les cavaliers par le lendemain trouvé dans son lit, sans main,
,
1,1 ro. L'homme de la chaise voyant la héte , et qu'on lui allait faire son procès. 11 avait
Bort avec précipitation le loup se jette tan-
:
dévoré la tête d'une fille de dix-huit ans,
tôt sur l'un, tanlôl sur l'autre, puis sur les prêle à se marier son futur, après avoir
;
avec eux dans celte allée, hurle plusieurs déchiré le visage. D'autres niaient qu'on eût
fois de toutes ses forces une infinité de têtes
;
blessé le loup-garou prétendant que ces
,
vait-il arriver assez ItVt pour sa satisfaction. comme entendent le même bruit qui l'a-
ils
Il lui demanda enfin ce qu'il souhaitait de vait épouvantée, ils ouvrent la porte avec
son service. Point de réponse; on ne parlait une telle violence que les trois combattants
(|ue des yeux, encore n'était-ce qu'au chien. en furent eux-mêmes effrayés.
Le menuisier s'impatientant enfin de voir une M. Oufle leur crie aussitôt, en montrant le
taciturnilé si obstinée chien, qu'ils se donnassent bien de garde de
— Est-ce
:
, lui dit-il, monsieur, que vous l'approcher, parce que c'était un diable.
ra'avez venir seulement pour regarder
fait L'artisan se tourmente pour leur prouver
mon chien? Vous n'aviez qu'à me le deinan- que ce n'était point un diable, mais un chien,
der,je n'aurais pas pris la peine de venir; un chien vérilable, un chien fait comme les
je vous l'aurais envoyé avec la liberté de le autres, qu'il l'a élevé fort petit, et qu'il y a
regarder à votre aise, tant que vous auriez plus de trois ans qu'il mange de son pain,
voulu, sans qu'il vous en eût coûté un sans qu'il ait paru qu'il y eût la moindre dia-
sou. blerie dans sa conduite.
M. Ouflc, qui n'avait regardé avec tant Le chien n'aboyait plus il ne disait pas
,
d'attention ce chien, que parcequ'il lui était un mot, comme s'il eût voulu donner à son
venu dans l'esprit, par le ressouvenir de ses maître tout le temps qui lui était nécessaire,
lectures (1 que ce pauvre animal était un
, pour détruire l'atroce médisance qu'on faisait
diable, etqu'il se croyait en quelque manière de lui, et pour bien entendre un éloge qu'il
insulté par l'artisan, rompit enfin le silence, croyait mériter. Mais M. Oufle soutenait tou-
/Mi élevant la voix avec fureur, pour lui dire jours, sans en vouloir démordre, que c'était
qu'il était un magicien, qui lui amenait un un vrai diable qui avait pris la forme d'un
démon pour le tourmenler et mettre le dés- chien.
ordre chez lui. Ruzine fit signe au menuisier de se taire,
Jamais surprise ne fut pareille à celle du lui dit tout bas que son père haïssait tant les
menuisier. Comme il ne connaissait pas la chiens, qu'il ne pouvait pas plus les souffrir
folie de ce pauvre homme, il repoussa ce re- que des démons, et enfin l'engagea à se reti-
proche par un ton de voix qui n'était pas rer sans bruit.
moins élevé que celui dont on venait de se Camèle, qui crut que ce chien était vérita-
servir. blement un diable, parce que son père l'avait
M. Oufle répliqua avec le même emporte- dit, et que Mornand paraissait le croire, alla
ment, mais cependant n'ôtant point du tout tout effarée trouver samère,et l'assurer qu'un
sa vue de dessus le chien, tant il craignait magicien déguisé en menuisier, avait amené
qu'il ne l'attaquât et le mil en pièces. chez son père un diable sous la forme d'un
Le chien de sou côté, qui semblait entendre chien d'une laideur effroyable et qui faisait
,
que quelque magicien envoyait courir lot blerie s'emparait aussitôt de son esprit; il
ruei, pour maltraiter les passants, ou tordre prétendait encore être autorisé en cela pai!
lo cou A ceux i|ui géraient ns&rz fmprndents il temples.
i
pour regarder par la fenêtre. I! y phi plu- Il se l.iss enfin de ers prétendues perse.
i
sieurs personnes i|iii n'approchaient <lti (•niions. Se. livrée vinrent à son seetfurt,
chien ilu menuisier qu'avec crainte, et qnl pour le garantir des tourmenta qu'il craU
prenaient autant de précautions eu le voyant gnnlt du pouvoir et îles artifices de ces mau-
que s'ils a\ aient \ u e diable. vais esprits.
M. Oufle se persuada encore, parce qu'il Là première ressource dont il s'avisa est
que parmi tes pourceaux, il y n
l'avait lu, i c le qu'on attribue à 1racine baaras, qu'on
1
avait beaucoup qui étaient do vrais (liantes, assure avoir la vertu de chasser les mauvais
quand il en voyait un, il frémissait d'hor- esprits. Il ne la mit pourtant pas en usage,
reur. Pendant tout le temps, que durèrent car il lui fut impossible de la trouver. Les
ris imaginations, il ne voulut point manger herboristes, loin de la lui fournir, ne la con-
de la chair de ces animaux, quoique atipa- naissaient point du tout et n'en savaient pas
vanl elle lût fort de son goût. même le nom. C'est peut-être qu'elle n'a
Leur épouvantable figure, disait-il, n'est- point eu d'autre existence que dans les livres
elle pas véritablement diabolique ? Leurs cris qui en on! parlé; aussi bien qu'une certaine
sont-ils moins effroyables que ceux des diables pierre qui se trouve, dit-on, dans le Nil, et
qui tourmentent les damnés dans les enfers T qu'il souhaitait extrêmement avoir pour lo
N'avous-nous pas vu souvent dans îles spec- même strjet. Quoi qu'il en soit, il s'en consola
tacles les diables armés de vessies de cochon d'autant pins aisément, qu'il avait, disait-il,
tendues et enflées dont ils se servaient pour eri lui-même des moyens qui ne lui pou-
battre et pour faire peur? Le plaisir que ces vaient pas manquer pour arriver à ses lins.
animaux prennent à se plonger d ;ns l'or- Le premier, c'était de se servir d'une épée :
dure, n'est-ce pas parce que le diable ses lectures lui ayant appris qu'il n'y a rien
n'aime rien tant que la vilenie et l'impureté? que les diables craignent tant que des épées
Toute puanteur était pour lui une preuve dé aînées et mises en mouvement. Non con-
de la présence de quelque démon et quand ; tent île ceil" qu'il avait, parce que ce n'était
conduite, il ne se mît point en danger de se il fil l'aire une image qui représentait deux
faire servir par quelque démon. têtes, l'une d'un homme qui regardait en
Si quelqu'un qui ne le connaissait point dedans, et l'auire d'une femme qui regardait
l'appelait par son nom, un soupçon de tlia- en dehors; il se tint le plus gai qu'il put,
247 DICTIONNAIKE 1>KS SCIENCES OCCULTES. 218
afin que la mélancolie ne donnât aucune en- dans une rue, se trouvant au passage d'un
trée aux démons, comme on en menace ceux homme qui bâilla de toute l'étendue de sa
qui s'abandonnent à la tristesse; et pour bouche, qui grande. M. Oufle se re-
était fort
surcroît, ou plutôt, selon lui, pour consom- cula plus de trois pas en arrière voyant cet:
mation et perfection de remèdes à ses inquié- étrange bâilleur, il crut que c'était un sorcier
tudes, le tonnerre étant tombé dans la cour qui fallait avaler tout vif. Et, s'il arrive que
de sa maison, il se ressouvint d'une opinion les lecteurs se moquent de celte appréhen-
bizarre de certains peuples, et crut avec eux sion ; qu'ils se moquent donc aussi des au-
que le ciel avait banni pour toujours les teurs qui la lui ont suggérée.
diables de chez lui. 11 se trouva, par la force On sait (et je ne doute pas que le lecteur
de son imagination, délivré de la crainte des ne l'ait quelquefois éprouvé ) qu'il y a des
apparitions des mauvais esprits. Les chiens, gens qui , en parlant éclaboussent souvent
,
les pourceaux, les mouches, les papillons, de leur salive ceux qui les écoutent, s'appro-
les lieux puants, etc-, ne" furent plus pour lui chanl d'eux le plus près qu'ils peuvent. C'est
des sujets de trouble, d'agitations ctd'inquié- une impolitesse des plus incommodes et des
tud s. Mais il n'en fut pas pour cela plus plus condamnables; c'est de plus une mal-
tranquille; car de ces terreurs il passa à propreté. M. Oufle évitait autant qu'il pou-
d'autres qui n'étaient pas moins vives. vait ces maussades; mais c'était bien moins
Jamais homme ne fut plus tourmenté que par aversion pour leur importunité que parce
lui de tout ce qui est du ressort des sortilè- qu'il se croyait averti par ses lectures qu'ils
ges et cnchanlements. Ses meilleurs amis pou vaient être des sorciers,et sorciers d'autant
l'inquiétaient; les personnes qu'il n'avait plus dangereux qu'il était à craindre, comme
pas coutume de voir, et qui avaient un exté- il pensait, qu'ils ne fissent mourir leurs au-
rieur extraordinaire ou qui montraient quel- diteurs en leur crachant ainsi au visage.
que difformité étrange, le jetaient dans de si Un homme à larges manches l'étant venu
grandes défiances qu'il se tenait en garde
,
voir pour une affaire importante et sur la-
avec autant de circonspection que s'il avait quelle on avait fait depuis plusieurs jours de
eu à soutenir un violent combat contre de grands mouvements, fut obligé de le quitter
cruels ennemis. Si on le heurtait par hasard, sans avoir pu le faire discourir sur ce dont
si on lui frappait sur l'épaule, il rendait sur- il s'agissait. M. Oufle eut sans cesse les yeux
le-champ la pareille, sans ménager aucune attachés sur les manches de cet homme, pour
bienséance; si on le regardait fixement, il voir s'il n'en sortirait point du feu, et s'il n'y
fuyait avec autant de vitesse que si des dards entendrait point gronder le tonnerre.
avaient dû partir des yeux qui étaient fixés Un chien qui tenait un grand os dans sa
sur lui. Malheur à ceux qui lui faisaient gueule , passait devant sa maison dans le
quelque grimace; ils risquaient d'être aussi temps qu'il en sortait; il le regarde et le suit,
sévèrement traités que s'ils avaient voulu lui redoublant ses pas de toute sa force, et cou-
arracher la vie. Lui envoyer un présent, rant même quelquefois afin de ne pas le per-
c'était lui donner un sujet d'inquiétude, tant dre de vue. Le chien qui se voyait ainsi
,
il craignait qu'il ne lût accompagné de quel- suivi, se retournait de temps en temps, gron-
que sortilège. dant comme il aurait fait si un autre chien
Ayant appris qu'un sorcier avait maléGcié avait paru vouloir lui arracher sa proie, ou
le pain qu'un boulanger mettait dans son du moins en avoir sa part. M. Oufle s'arrêtait
four, il se mit dans l'esprit que tout le pain quand le chien s'arrêtait; et celui-ci, à cha-
qui n'était pas très-blanc, pouvait avoir été que pas qu'il faisait regardait son specta-
,
sujet au même inconvénient ; car, disait-il, teur du coin de l'œil, dans la crainte où il
le noir est la couleur favorite des sorciers : était d'en recevoir quelque .supercherie. En-
c'est avec des robes noires que les magiciens fin il entra chez son maître, et notre homme,
paraissent; les diables sont toujours repré- après être resté près d'une heure à la porte,
sentés noirs. ne le voyant plus paraître jugea qu'il ap- ,
S'il entendait prononcer par quelqu'un partenait à quelqu'un de cette maison. Il s'in-
ce mot frappe frappe
:
, ,son expérience lui forma du voisinage et sut que c'était le
,
disait que dans ce moment quelque homme chien d'un savant, logé dans une quatrième
mourait de mort violente ou qu'il arrivait
, chambre sur le derrière qui avait donné ,
son portrait, de crainte qu'on ne s'en servît un sorcier à sa disposition, pourvu qu'on sa-
pour tourmenter et faire mourir l'original. che les pouvoirs de la magie et qu'on en
Kien n'égale la frayeur qu'il eut un jour veuille faire usage.
149 mut nou 250
Le Laurent Bordelon est lerminé
livre de in-l-2 (1). Ce livre est un recueil de dix let-
par une description du tabbat. On la trou- tres, dont les deux premières roulent sur
vera Ici plus complète. Voy. Sabbat. les espritsélémentaires. L'abbé de Villars en
BORDI ou AI. lumiil. montagne qui, se- a donné un abrégé dans l'ouvrage intitulé :
lon les Perse*! est l'œuf de la terre; ils diaenl Le Comte de Gabulis.
qu'elle était d'abord très-petite, qu'elle gros- BOS (Françoise). Le 30 janvier 1606, le
Bit au commencement, produisit le monde et juge de Cueille procéda contre une femme
s'accrut tellement, qu'elle supporte aujour- de mauvaise vie, que la clameur publique
d'hui le soleil sur sa cime. Ils la placent au accusait d'avoir un commerce abominable
milieu de noire globe. Ils disent encore qu'au avec un démon incube. Flic était mariée et
lias de cette montagne Fourmillent quantité se nommait Françoise Bos. De plus elle avait
de dives ou mauvais génies; et qu'au-des- séduit plusieurs de ses voisines et les avait
sous est un pont où les âmes passent pour engagées à se souiller avec ce prétendu dé-
aller dans l'autre inonde, après qu'elles ont mon, qui avait l'audace de se dire capitaine
rendu compte de ce qu'elles ont fait dans du Saint-Esprit; mais qui au témoignage ,
du ciel, et prélendit que Dieu l'avait choisi de la vertu, et des propriétés du nombre sep-
pour réformer les hommes et pour rétablir ténaire.
son règne ici-bas. II ne devait y avoir, disait- BOTANOMANC1E, divination par le moyçn.
il, qu'une seule religion soumise au pape, à des feuilles ou rameaux de verveine et do
qui il fallait desarmées, dontlui, Boni, serait bruyère, sur lesquelles les anciens gravaient
le chef, pour exterminer tous les non catho- les noms et les demandes du consultant.
liques. Il montrait une épée miraculeuse que On devinait encore de cette manière:
saint Michel lui avait donnée; il disait avoir lorsqu'il y avait eu un grand vent pendant la
vu dans le ciel une palme lumineuse qu'on nuit, on allait voir de bon matin la disposi-
lui réservait. Il soutenait que la sainte Vierge tion des feuilles tombées, et des charlatans
était de nature divine, conçue par inspira- prédisaient ou déclaraient là-dessus ce que
tion, égale à son fils et présente comme lui le peuple voulait savoir :
(1) La Chiave del gabinetto del cavagliere G. F. Borri, allie cose degue di curiosita e molli segreli bellissiini. Co,
cet l'avor délia quale si vedono varie lellere scientitlce, logne (Genève), 1CSI
«tiimice. e curiosissiiue, cou varie instruztoui iioliticbe, ed
S51 MCTIONN.WRE I>ES SCIENCES OCCULTES. 252
L'auteur dos admirables sériels d'Albert de l'ancienne famille, réduite maintenant à
le Grand dii, au chapitre 3 du livre II, que deux têtes, le vieux chevalier de Scheu-
si on se Imite le visage de sang de boue qui renbof et sa fille.
aura bouilli avec du verre et du vinaigre, Rarement habitants du village voyaient
les
on aura incontinent des visions horribles et le vieux chevalier; il vivait dans la retraite
épouvantables. On peut procurer le même la plus profonde. Sa fille, Mathilde, avait dix-
plaisir à des étrangers qu'on voudra trou- huit ans, et on la citait, dans cette contrée,
bler. Les villageois disent que le diable se connue par la beauté et la fraîcheur de ses
montre fréquemment en forme de bouc, à jeunes filles, comme la plus fraîche et la plus
ceux qui le l'ont venir avec le grimoire. Ce belle. Elle était encore un ange de bonté. 11
fut sous la figure d'un grand bouc qu'il em- fallait voir avec quels soins, avec quelle af-
porta Guillaume le Roux, roi d'Angleterre. fectueuse piété, elle s'appliquait à adoucir les
Voici une aventure de boue qui peut tenir derniers jours de son vieux père. Et ce —
ici sa place. Un voyageur, couché dans une n'était pas trop de tout cet amour pour don-
chambre d auberge, avait pour voisinage, ner la résignation au vieillard car les dou- ;
sans le savoir, une compagnie de chèvres et leurs et les infirmités de la vieillesse ne trou-
de boucs, dont il n'était séparé que par une blaient pas seules la vie du chevalier de
cloison de bois fort mince, ouverte en plu- Sclieureuliof.Un autre motif,etun motif plus
sieurs endroits. Il s'était couché sans exa- grave, ne lui laissait point de repos.
miner son gîle et dormait paisiblement, A l'époque où se passe l'événement q-ue
lorsqu'il reçut la visite d'un bouc son voi- nous al Ions raconter, celte partie duLimbourg
sin l'animal avait profité d'une ouverture
: était singulièrement agitée, non point parune
pour venir le voir. Le bruit de ses sabots guerre, mais par quelque chose de pire, par
éveilla l'étranger, qui le prit d'abord pour unebandede brigandsdont lesouveniralaissë
un voleur. Le bouc s'approcha du lit et mit des traces dans tout le pays. Cette bande éten-
ses deux pieds dessus. Le voyageur, balan- dait lethéâtrede ses exploilsdans toutlevasle
çant entre le choix d'une prompte retraite carré compris entre Aix-la-Chapelle, Maës-
ou d'une attaque vigoureuse, prit le parti de tricht, Huremonde et Wassemberg. Elle dé-
se saisir du voleur prétendu. Ses pieds, qui borda même souvent jusque dans la Campine
d'abord se présentent au bord du lit, com,- liégeoise. Elle avait a elle tous les villages,
mencent à l'intriguer; son effroi augmente, tous les hameaux, tous
les bourgs compris
lorsqu'il louche une face pointue, une lon- dans quatre angles de ce territoire, et
les
gue barbe, des cornes... Persuadé que ce ne elle y régnait par la terreur et l'épouvante.
peut être que le diable, il saute de son lit Ceux qui la composaient, habitants de ces
tout troublé. Le jour vint seul le rassurer, bourgs, de ces hameaux, de ces villages, se
en lui faisant connaître son prétendu démon. reconnaissaient entre eux par un mot d'or-
Voy. Grimoire. dre et par une petite carte marquée d'un si-
gne hiéroglyphique. Le jour, Us travaillaient
La chapelle des boucs.
aux champs, ou buvaient dans les tavernes
Ce qui va suivre explique quelque chose (car l'argent ne, leur manquait jamais). La
des mystères de la sorcellerie el surtout du nuit, ils rassemblaient au signal d'un
se
sabbat. Nous devons ce récit intéressant à coup de sifflet qui partait du fond d'un hal-
M. André Van Hasselt, qui l'a publié à lier ou qui retentissait dans les solitudes
Bruxelles, dans YEmaneipition. d'une bruyère. Alors l'effroi se répandait de
Nous voici en l'année 1773. Par une chaude toutes parts. Les fermes tremblaient. Les
journée du mois d'août, nous suivons lente- églises étaient dans l'inquiétude. Les châ-
ment l'ancienne route de Maëstricht à Aix- teaux frémissaient d'anxiété. Partout on se
la-Chapelle, cette voie nonchalante el pares- disait avec terreur et tout bas
—
:
seuse qui se traîne, par de longs détours, à Malheur voilà les Boucs qui vont ve-
!
(rayera les
;'i ans. De là le nom de Boucs t|ui resterait la victoire.
leur lui iloiiné. Cela dura vingt uns tout entiers. Celui qui
L'origine de celle handedoiiclreattribuéo à voudrait, tomme nous avons eu le courage
quelques déprédations isolée-, l 'ommises av M de le faire, interroger les registres formida-
silices. M ils plus lard ,
quand le nombre iin- bles des différentes justices «fui, dans le Lini-
inrnsedes Houes se fuluccru au point d'inspi- bourg, COrenl a s 'occuper d<s procès des
rer des craintes sérieuses a la république des BOUCS, serait Stupéfait ilei ant le chiffre énor-
Provint es-l!nics,on soupçonna des lainiliea- me des malheureux, coupables 00 non cir
lions si étendues et desplaus si étranges, qui! l.i justice se trompait quelquel'oisj, qui péri-
Ibisloi irii doit ilouter de la venté des convi- rent de par la loi dans cet espace de temps.
cl ions. icq ises par plus d'un <les ju^es qui siégè-
ii Dans un rôle du tribunal île Fauquoniont
rent pour examiner les brigands dont la jus- seul, nous avons compté cent quatre pen-
tice parvenait à s'emparer. On allait jusqu'à dus et écarteles en deux année-, de 1772 à
dire que Frédéric le Grand, pour avoir les 1774.
coudées franrbes en Allemagne et occuper Ce manoir de Scheurenhof était situé pré-
les Provinces-unies, entretenait lui-mémo cisément au milieu du foyer de ces briganda-
par des agents secrets ce terrible incendie. ges. —Le vieux chapelain entra dans la salle.
On ajoutait même que l'initiation des adop- —
Nous apporlez-vous de mauvaises nou-
tes se faisait d'après un moyeu inventé par velles, mon père? lui demanda vivement le
d'Alembert. seigneur.
Voici comment ces initiations avaient lieu. —
Il est difficile d'en espérer de bonnes
— Dans quelque chapelle perdue au fond d'un répondit le prêtre. La nuit passée, l'incendie
a éclaté sous les toits de Bingelraedl.
bois ou d'un bruyère, s'allumait une petite
lampe, au milieu d'une nuit obscure et ora- Ainsi l'orage s'amasse de plus en plus ;
geuse. cette nuit Bingelraedt, il y a trois jours
Schinveidt il y a six jours Neuenba-
L'adepte était conduit par ces deux par- ,
gen.
rains dans ce bois ou dans cette, bruyère, et
Et en disant ces mots le vieillard baissa
la chapelle s'ouvrait. 11 en faisait trois fois le
,
feu le feu
uu pivot. Le récipiendaire assis, on se met- ! I
des deux pères, ni le fils ni la fille ne quit- vous avez vos maisons, vos femmes, vos en-
taient cet espoir. Et c'était la crainte d'un fants. Si l'on vous savait ici on brûlerait
,
danger pour Walter qui avait fait rouler les vos maisons, on dévasterait vos champs,
larmes des yeux de l'héritière de Schcuren- on ruinerait vos biens on vous réduirait à
,
hof, au moment où l'incendie éclata devant la misère. Toi, Martin, demeure. Tu n'as
elle du côté du manoir. rien à perdre. Je le nomme , dès ce moment,
— Vous avez donc pris vos mesures? de- mon premier garde-chasse. Tu t'acquitteras
manda le chapelain en se tournant vers le bien de cette charge, car nul mieux que
sire de Srheurenhof. toi ne connaît les sentiers de mes bois. Vous,
—
Mes murailles sont assez forles encore mes amis, rentrez dans vos demeures.
pour que nous puissions repousser la pre- En disant ces mots, il tendit la main au
mière attaque, répondit celui-ci. bailli et à tous ses compagnons, qui ne se
A peine le chevalier eut-il achevé ces retirèrent qu'à regret.
mois, qu'un serviteur de la maison, Job, A peine furent-ils parvenus au bas du sen-
entra tout effaré dans la salle. tier qui conduit à Hoensbrock, qu'ils enten-
— Eh hien Job, que veut dire celte pâ-
1 dirent un cavalier glisser à côté d'eux, mais
leur? fit le maître du manoir. ils ne purent le distinguer suffisamment pour
— Messire, des hommes du village dési- le reconnaître à cause de l'obscurité de la
rent vous parler. nuit.
— Et qui est à leur tête? — Qui va là? s'écria le bailli.
— Le de Hoensbrock.
bailli — Ami répondit une voix qu'ils ne recon-
— Qu'on les
1
Noble seigneur, nous venons vous of- Peu de minutes après, la poignée d'une
rir nos services en ce moment de danger. épée frappa vivement à la porte du ma-
Vous avez toujours été pour nous charitable noir.
et bon. Il est juste que nous vous soyons re- — Qui frappe ainsi? demanda Martin, ar-
connaissants. mé d'un de chasse de son maître.
fusil
Le visage du vieillard s'éclaircit à ces pa- — Un ami, qui veut parler au de Scheu- sir
roles; il jeta un regard rapide sur les braves renhof, répondit la voix que les habitants
accourus à son secours en les nommant cha- de Hoensbrock avaient déjà interrogée.
cun par leur nom comme d'anciennes con- La porte s'ouvrit, et le cavalier entra.
naissances. M;iis ses yeux s'arrêtèrent avec Martin, tenant le canon de son fusil tourné
étonnernent sur une figure cachée à demi vers l'étranger, lui dit
—
:
dans un des coins les plus obscurs de la salle. Avancez jusque sous cette lanterne et
C'était un vigoureux jeune homme dont le dites ce que vous voulez.
front était bruni par le soleil, dont les bras — Je te l'ai dit, parler à ton maître.
eussent déraciné un arbre du sol et dont les — Qui êtes-vous?
prunelles trahissaient à la fois la ruse et l'au- — Ton maître le saura.
dace. Martiu ab.iissa son arme. 11 avait reconnu
— Ehl Martin, exclama le sire de Scheu- la figure de l'étranger.
renhof, comment se fait-il que je te rencon- — Ah! c'est vous, messire? murmura-l-i|
tre ici parmi mes amis? avec étonnernent. Suivez-moi.
— Châtelain de Srheurenhof, répondit Ils se dirigèrent vers la salle où se tenaient
l'autre sans manifester la moindre surprise, le sire de Scheurenhof, sa fille et le chape-
je n'ai jamais été que l'ennemi du gibier de lain, regardant l'incendie qui diminuait et
votre chasse, parce que je suis d'avis que la flamme qui devenait de plus en plus
Dieu n'a pas donné de maître à ce qui vit faible.
dans dans l'air et dans les forêts, et
l'eau, — Attendez ici que je vous annonce, fit
qu'il a créé pour le valet aussi bien que Martin à son compagnon.
pour seigneur, le lièvre de la forêt, l'oi-
le A ces mots, il ouvrit la porte de la salle
seau du poisson de la rivière. Vous,
ciel et le et dit à haute voix
—
:
d'une fois vous me l'avez montré par votre Walter! exclama Malhilde avec une ,
à mon égard agi avec inhumanité comme vos De Hegen s'écria le vieux châtelain
I
amis, je n'ai que deux souhaits à lin sur la terre; mon père est mort; ma
former premier, c'est le salut de ma Glle ;
; le mère est morte ; toute ma famille est tombée.
le second, c'est que le ciel me mette un jour Je n'ai plus de toit et je viens vous demander
a même de récompenser votre loyauté. Vos une place sous le vôtre.
services, je ne puis les accepter, parce que — Jeune homme , l'hospitalité est une
2R7 HOU not) 858
7ieille habitude de ma maison ;
qu'elle soit pela Jr in-lo-fiancal, tous armés ju qu'aux
la Henné; je t'y offre un asile qui demain dents ei [il éts a nous tailler une ruilc bc-
n'appartiendra plus à nous -mêmes peut- sogne.
être. — Combien en as-tu compté? reprll ca
— Messirc, si mon cœur est fort,mon pilaine.
le
'
épée est forte aussi, répliqua lejeune homme — Un grand nombre, ménétrier. fit le
( avec fermeté. L'obscurité ne m'a pas permis de les distin-
On allait inviter Walter à prendre place guer suffisamment. Mais j'ai vu luire leurs
i\ table pour partager le repas du soir, quand armes a la faible clarté de la lune et j'ai en-
Martin reparut et s'avança vers le châtelain tendu leurs chevaux hennir comme après
en jetant sur Begen un regard de défiance. une longue course.
— Quedésircs-tu, Martin? demanda le vieil- Le récit du Bancal cl les assurances qu'il
lard. ne cessait de donner augmentèrent dans l'es-
— J'ai quelque chose à vous confier, mes- prit des bandits la conviction que Scheuren-
sirc. hof venait de recevoir une garnison capable
— Parle à haute voix. Cet homme est mon d'une longue défense. Le capitaine était —
hôte ii peut savoir tout ce qui nous in- le seul qui doutât des paroles du ménétrier.
—
;
—
:
aurons toujours le temps de lui faire faire Ce n'est qu'une méprise, compagnons,
des enirechals entre ciel et terre... leur dit-il. On va vous ouvrir la porte, et foi
—Tu as raison, fit le sire de Scheuren- de gentilhomme vous sortirez sains et saufs
!
lin se remit devant la meurtrière, dans la- leurs fondements. Ce ne fut qu'un instant,
quelle il replaça son fusil rechargé. ce ne fut qu'une seconde. Puis tout était re-
—Faut-il faire feu, maître? tombé dans une obscurité épaisse, et vous
—Ce ne sont pas des lièvres, Martin. Ces n'eussiez plus entendu que des cris, des gé-
'
onimes sont sous ma sauve-garde de gen- missements de blessés et de mourants. Une
tilhomme. clameur générale couvrit bientôt ces gémis-
Le braconnier ne céda qu'à regret à cet sements et ces cris : —
Victoire victoire ! !
contre l'attaque des bandits. Tout cela fait, commandement de la troupe. Soyons sur nos
on ouvrit les caveaux et le souterrain qui, gardes avant tout!
conduisant du château au bord du ruisseau Car il craignait qu'une autre mine, prati-
de Geleen, offrirait une retraite assurée, si le quée sous le sol où ils marchaient, ne fit un
manoir était enlevé. nouveau carnage parmi les siens.
Deux heures pouvaient s'être écoulées, — Ne redoutez rien avancez, si vous n'êtes
!
quand les abords de Schcureuhof se trouvè- des lâches répond il aussi tôt une voix q ne vous
!
rent cernés d'une multitude de bandits. On eussiez reconnue pour celle de Walter de
n'entendait que des armes qui s'enlre-cho- Hegen.
qiiaient, que des sifflets qui s'interrogeaient — A l'allaque! reprit Pierre-le-Diable.
et se répondaient de toutes parts, que des Et les bandits se rangèrent en un vaste
voix qui se parlaient et des ordres qui cou- cercle autour du jeune homme qui, son épée
raient de rang en rang. Le gros de la troupe à la main , se tenait sur le seuil de l'habita-
avait atteint le pont-levis. tion dont il essayait de défendre l'entrée.
— En avant! s'écria aussitôt le capitaine. Alors recommença un combat terrible.
— Et les bandits s'avancèrent. Les mains vigoureuses de Walter brandis-
Mais, au même instant, une détonation saient sa redoutable épée, qui semblait se
terrible partit de toutes les meurtrières du multiplier et faire une roue de fer autour de
château, qui était demeuré jusqu'alors dans lui. Cependant le cercle qui l'enveloppait se
le plus profond silence. rétrécissait de plus en plus et le serrait de
Bien visé, Martin, dit le châtelain, en plus près. Un moment arriva où les bandits
voyant chanceler le chef des assaillants triomphèrent de cet homme seul et jetèrent
qu'une balle avait frappé à la poitrine. un hurlement de joie : — Il est pris 1
—
Le bandit tourna sur lui-même et leva On le renversa sur Dix haches, dix
le sol.
—
En avant! le capitaine en écartant
Les brigands hésitèrent un moment et n'o- lesbrigands. Cet homme ne peut mourir
sèrent avancer. —
Une deuxième détonation comme un brave.
illumina les meurtrières , et six hommes — Qu'on pende aux le bras du pont-levis'
mordaient la poussière à côté du cadavre de ditJean-le-Bancal.
leur capitaine. —
Alors le trouble redoubla. — Qu'on jette dans le le Geleen , continua
Mais un cri de vangeanec éclata presque aus- un mire.
sitôt parmi la foule exaspérée :
— Je sais mieux que cela, reprit Pierre-
— Hourra 1 hourra! le-Diable. Qu'un aille chercher son cheval,
Et ils se ruèrent en avant avec une in- cl qu'on m'apporte l'un d^s câbles qui ont
croyable fureur. C'était une masse compacte servi à monter le pont.
et serrée où portaient toutes les balles qui Alors on jeta le prisonnier en travers du
partaient du château comme une grêle de cheval, sur lequel on se mit en devoir de
plomb. Une partie des Boucs, descendus dans l'attacher avec force, après lui avoir noué
le fossé , s'étaient hissés au pont-levis au les bras et les jambes. Puis au moyen des
moyen de cordes et travaillaient à scier les cordes on se mit à frapper le pauvre animal ;
chaînes qui le retenaient. Un moment après et, quand on l'eut frappé longtemps :
le pont s'abaissa avec fracas. La porte cra- — Maintenant qu'on le lâche! s'écria le
quait sur ses gonds, entamée par le tran- capitaine.
chant du fer. Chaque coup grondait sous la Le cheval fut lâché, et il partit comme un
voûte d'entrée et mêlait son bruit sourd au éclair, à travers les buissons, à travers^ les
bruit des armes à feu et aux blasphèmes qui balliers, courant comme si un ouragan l'em-
tonnaient dans la foule comme un orage. La portait. Le cheval et le cavalier ayant dis-
porte tomba déracinée et la multitude se pré- paru, on se mit à fouiller dans le château;
cipita en hurlant sous la voûte ténébreuse. on brisa toutes les portes, on força tous les
Tout à coup une explosion terrible éclata et meubles, on interrogea tous les réduits.
ébranla les murailles du manoir jusque dans —
C'est une chose inconcevable, se dirent
261 BOU non 261
les bandits, q ii.i.hI après .noir lotit fouille, s'arrêta brusquement et dit voix basse
— Arrête/.
, ,j :
tourelle de l'est pour foire supposer que tes près de la chapelle des boucs. Mais il so—
fugitifs s'étaient échappés de ce côté. Le sire pencha au bord du ravin, et leur Ht signe de
de Seheurenhof et toute sa maison marchaient marcher avec précaution
—
:
dans l'obscur souterrain, éclairés par la lu- Avancez à pas de loup, leur dit-il tout
mière d'une lanterne sourde que Martin por- bas; nous sommes ici dans un endroit plein
tait devant eux. Parvenus à l'issue au milieu de péril.
d'un épais fourré, Martin éteignit sa lan- Toute la troupe descendit le ravin dans le
terne, et tous virent les pâles étoiles au ciel. plus grand silence. Ils laissèrent à leur gau-
On entendait de loin la rumeur des Boucs che les toits d'Ooste, et entrèrent après une
qui s'éloignait et s'éteignait dans la nuit demi-heure de marche à Fauquemont.
vers le village d'Amslenraed, dans une di- — Grâce au ciell nous voici sauvés, s'écria
rection opposée à celle que suivaient les fu- le sire de Seheurenhof.
gitifs. — Mais à peine le châtelain eut-il Pendant ce temps Martin
, s'était glissé à
mis le pied hors du souterrain, qu'il recula, travers les buissons et les hautes herbes jus-
saisi d'effroi, et que Malhilde jeta un cri. 11 qu'auprès de l'entrée de la chapelle. 11 y vit
s'était l'ait un grand bruit dans les buissons, accomplir les mystères d'une initiation. De-
comme celui d'un cavalier dont le cheval, vant l'autel se tenait debout ce fameux juif
effrayé par un coup de tonnerre, aurait pris Abraham Nathan, qui joua un rôle si terri-
le mors aux dents. Ce bruit devenait de plus ble dans l'histoire de la bande. 11 était vêtu
en plus distinct. Celaient des branches qui d'une espèce de chasuble brodée d'or et rece-
se cassaient, des feuillages qui se froissaient, vait le serment d'un pauvre vacher que l'on
des hennissements étouffés. Au même in- venait de descendre du bouc de bois.
stant quelque chose de lourd vint s'abaltre — Tu renies Dieu? lui demandait le juif.
aux pieds de la jeune fille. — Oui repondit le paysan d'une voix
— Walter de'Hcgen
,
Malhilde.dit avinée.
— El la Vierge et les saints?
1
roula sur les joues de l'héritière de Seheu- afin qu'il t'accorde en échange les biens de
renhof, et tous se mirent en devoir de défaire la terre , l'or, les richesses et le pouvoir de
les nœuds qui élreignaienl Walter. le transporter par ta volonté partout où tu
— Comment cela s'est-il fait? demanda le voudras?
vieillard à peine revenu de son étonnement. — Oui.
— Je vous dirai cela plus tard, répondit le — Eh bien j'accepte au nom de l'enfer ton
1
j'une homme. Songeons d'abord à nous met- âme à ce prix, dit Nathan. Et maintenant lu
tre en sûreté. Je connais près d'ici le meu- es des nôtres. Voici la carte qui te fera re-
nier d'Hullebroeck. Nous y trouverons des connaître des frères.
chevaux. Nous nous dirigerons vers Geulh , Puis , après lui a voir remis une carte mar-
où nous passerons la Meuse. quée d'un signe hiéroglyphique, le juif lui
Et, sans se donner le temps de reprendre donna l'accolade fraternelle et lui répéta :
haleine, il conduisit la troupe. A ce soir. —
Us avaient laissé à leur gauche le village —
Cela ne sera pas, se dit Martin en lui-
de Heeck, et descendaient un étroit ravin même.
vers le clocher de Saint-Peter. Ils n'y lurent Et, passant le canon de son fusil entre lès
pas plutôt engagés que Martin, qui marchait branches d'un buisson, derrière lequel il se
à la tête de la troupe en guise d'éclaireur, - tenait caché, il ajusta Nathan qui se penchait
,
d'initiation. Au même instant la détente par- « Origine, cause, preuve et découverte d'une
tit une halle fracassa la tête du nouvel ini-
;
bande impie el conjurée de voleurs de nuit
tié el entra dans les chairs du bras droit du et de brigands dans les pays d'outre-Meuse
juif. et contrées adjacentes, avec une indication
Un cri effroyable retentit dans la chapelle : exacte des exécutés el des fugitifs, par 5.-P.-
•-Trahison] trahison! J. Sleinada. »
Le nouveau Bouc roula sur les marches de BOUCHER.— Ambroise Paré raconte, dans
l'autel, se torditun instant et rendit le der- son livre des Monstres, chapitre 28, qu'un
nier soupir. Le juif éleva son bras ensan- valet nommé Boucher, étant plongé dans des
glanté el dit aux deux compagnons qui lui pensées impures, un démon ou spectre lui
restaient en monlrant le mort Frères, : — apparut sous la figure d'une femtne. Il suivit
vengez-moi et vengez cet homme. le tentateur; mais incontinent son ventre et
Les deux parrains prirent leurs carabines ses cuisses s'enflammèrent tout son corps ,
pendu le 24 septembre 1772, à Heeck, sur donner à manger à bien qu'à son
la bêle , si
retour, elle le frappa vivement au visage....
la bruyère de Graed.
Elle avait la forme d'une guenon, que l'on
Malgré la sévérité des juges malgré les ,
faire deMadeleine Bavai). On le convainquit tiques , les rabbins, les sorciers ; car il
y
d'avoir noue et dénoué l'aiguillette, de s'être avait alors à Amsterdam des sorciers de pro-
mis sur des charbons ardent! suis se brûler fession. Ses nombreux ouvrages qui fuient ,
et d'avoir lait plusieurs abominations. H tons imprimés sous ses yeux, en français,
souffrit la question sans rien dire, parce qu'il eu flamand et en allemand, combattent tout
avait le sort de laciturnilé , comme l'ob- culte extérieur et toute liturgie, en faveur
serve Boisroger. Cependant quoiqu'il n'eût
,
d'une perfection mystique inadmissible. Les
rien avoué, parée qu'il avait la marque des plus célèbres do ses écrits sont le traité du
sorciers et qu'il avait commis des actes in- Nouveau Ciel et du règne de l'Antéchrist, et
fâmes en grand nombre, il fut, après amende son livre de ['Aveuglement des hommes et dt
honorable, brûlé vil', à Rouen sur le Vieux- la lumière née en ténèbres
liarché, le 2-2 août 16V7 (1). BOURY. Voy. Flaque.
BOULLENC (Jacques), astrologue à Bou- BOURRU. Les Parisiens faisaient autrefois
logne-la-Grasse né au diocèse de Dol en Bre-
, beaucoup de contes sur un fantôme imagi-
tagne. Il fit plusieurs traités d'astrologie que naire qu'ils appelaient le moine bourru; il
nous ne connaissons pas; il prédit les trou- parcourait les rues pendant la nuit, tordait
bles de Paris sous Charles VI, ainsi que la le cou à ceux qui mettaient la tête à la fe-
prise de Tours par le Dauphin, il dressa ausi, nêtre, et se permettait un grand nombre de
dit-on, l'horoscope de Pothon de Sainlrailles, tours de passe-passe. Il paraît que c'était une
en quoi on assure qu'il rencontra juste (2). espèce de lutin. Les bonnes et les nourrices
BOULVÈSE, professeur d'hébreu au col- épouvantaient les enfants de la menace du
lège de Montaigu. Il a écrit l'histoire de la moine bourru. Croque-mitaine lui a suc-
possession de Laon, en 1556; c'est l'aventure cédé.
de Nicole Aubry. C'était un homme excessi- BOURREAU. Le maître des hautes-œuvres
vement crédule. avait jadis diverses prérogatives. On lui at-
BOUNDSCHESCH, livre de l'éternité , très- tribuait même, dans plusieurs provinces, le
révéré des anciens Persans. C'est là qu'on privilège de guérir certaines maladies, en
voit qu'Ormusd est l'auteur du bien et du les touchant de la main lorsqu'il revenait
,
monde pur, Arimane l'auteur du mal et du d'une exécution de mort (3). On croit encore,
monde impur. Un jour qu'Ormusd l'avait dans nos campagnes, que le bourreau est
vaincu, Arimane, pour se venger, tua un un peu sorcier, et il n'est pas rare que des
bœuf qu'Ormusd avait créé du sang de ce : malades superstitieux se fassent traiter par
bœuf naquit le premier homme, sur lequel lui quoiqu'il n'ait plus de graisse de pendu.
,
BRIFFAUT, démon peu connu, quoique suisses au service du roi de France curieux :
chef de légion, qui s'était logé dans le corps de voir le magicien français , il reconnut le
d'une possédée de Beau vais, au commence- malheureux Brioché qui l'avait tant fait rire
ment du dix-septième siècle. à Paris. Il se rendit en toute hâte chez le
BRIGITTE. Il y a, dans les révélations de juge après avoir fait suspendre d'un jour
:
par sa bouche, parlait hébreu, grec, latin, de ces erreurs soient dissipées. Les connais-
anglais, etc. Ou disait aussi qu'elle décou- sances du docteur Brown sont vastes, ses ju-
vrait les secrets on assure que dans ses ca-
;
gements souvent justes ; quelquefois cepen
brioles , s'élevait quelquefois à quatre
elle dant il remplace une erreur par une autre.
pieds de terre. L'Essai sur les erreurs populaires est di-
L'official d'Orléans qui se défiait d'elle, lui visé en sept livres. On recherche dans le
dit qu'il allait l'exorciser, et conjugua, dans premier la source des erreurs accréditées ;
Despaulère, les verbes nexo et texo. Le dé- elles doivent naissance â la faiblesse de l'es-
mon aussitôt la renversa à terre, où elle fit prit humain, à la curiosité, à l'amour de
ses contorsions. Charles Miron, évéque d'An- l'homme pour le merveilleux, aux fausses
gers, devant qui elle fut conduite, la fit gar- idées, aux jugements précipités
der dans une maison de confiance. On mit, à Dans le second livre on examine les erreurs
son insu, de l'eau bénile dans sa boisson, qui qui attribuent certaines vertus merveilleuses
n'opéra pas plus d'effet que l'eau ordinaire; aux minéraux et aux plantes telles sont les
:
on lui en présenta dans un bénitier, qu'elle qualités surnaturelles qu'on donne à l'ai-
crut bénite, et aussitôt elle tomba par terre, mant et le privilège de la rose de Jéricho qui,
se débattit et fil les grimaces accoutumées. dans l'opinion des bonnes gens, fleurit tous
L'évêque, un Virgile à la main, feignit de les ans la veille de Noël.
vouloir l'exorciser, et prononça d'un ton Le troisième livre est consacré aux ani-
grave Arma virumaue cano. Les convulsions
:
maux et combat les merveilles qu'on débite
de Marthe ne manquèrent pas de redoubler. sur leur compte et les propriétés que des
Certain alors de l'imposture, Charles Miron charlatans donnent à quelques-unes de leurs
chassa la prétendue possédée de son diocèse, parties ou de leurs sécrélions.
comme on l'avait chassée d'Orléans. Le quatrièmelivre traite des erreurs rela-
A Paris, les médecins furent d'abord par- tives à l'homme. L'auteur détruit la vertu
tagés sur son état; mais bientôt ils pronon- cordiale accordée au doigt annulaire , le
cèrent qu'il y avait beaucoup de fraude, peu conte populaire qui fait remonter l'origine de
de maladie, et que le diable n'y était pour saluer dans les éternuments à une épidé-
rien Nihil a dœrnone, multa ficla, a morbo
:
mie dans laquelle on mourait en élernuant,
la puanteur spéciale des Juifs, les pygmées,
fauca. Le parlement prit connaissance de
affaire, et condamna Marthe à s'en retour- les années climalériques.
ner à Romorantin, chez ses parents, avec dé- Le cinquième livre est consacré aux er-
fense d'en sorlir, sous peine de punition cor- reurs qui nous sont venues par la faute des
porelle. peintres; comme le nombril de nos premiers
Cependant, elle se fit conduire quelque parents, le sacrifice d'Abraham où son fils
temps après devant l'évêque de Clermont Isaac est représenté enfant, tandis qu'il avait
qu'elle espérait tromper mais un arrêt du ;
quarante ans.
parlement la mit en fuite. Elle se réfugia L'auteur discute, dans le livre sixième, les
a Rome, où elle fut enfermée dans une com- opinions erronées ou hasardées qui ont rap-
munauté là finit sa possession. On peut voir
;
port à la cosmographie et à l'histoire. 11
sur cette affaire les lettres du cardinal d'Os- combat les jours heureux ou malheureux,
sat et une brochure intitulée Discours véri- : les idées vulgaires sur la couleur des nègres.
table sur le fait de Marthe Brossier, par le Le septième livre enfin est consacré à l'exa-
médecin Marescot, qui assista aux exorcis- men de certaines traditions reçues, sur la
mcs(in-8° , Paris, 1399J. mer Morte, la tour de Babel, les rois de l'E-
BROUCOLAQUES. Yoy. Vampires. piphanie, etc.
BROUETTE DE LA MORT. C'est une opi- Le savant ne se montre pas crédule; ce-
nion généralement reçue parmi les paysans pendant il comme tout chrétien, aux
croyait,
de la fiasse-Bretagne que, quand quelqu'un sorciers et aux démons. Le docteur Hutehin-
est destiné à rendre bientôt le dernier sou- son cite de lui un fait à ce sujet dans son Es-
pir, la brouette de la Mort passe dans le voi- tai sur la sorcellerie. En 1664, deux person-
sinage. Elle est couverte d'un drap blanc, et nes accusées de sorcellerie allaient éire ju-
des spectres la conduisent le moribond en- ; gées à Norwich ; le grand jury consulta
tend même le bruit de sa roue (2). Dans cer- Brown, dont on révérait l'opinion et le sa-
tains cantons, celle brouette est le char de la voir. Brown signa une attestation dont on a
Mort, carrick an Nankou, et le cri de la fre- conservé l'original, dans laquelle il recon-
saie annonce son passage (3). naît l'existence des sorciers et l'influence du
(l) Tableau de l'inconstance de» mauvais anges, etc.. (3) M. Krratry, Le Dernier des Eeanmanoir, ch. xxvi.
p. 75 (4) Pseudodo\ia epidemica or eiiquiries Ihe vulgar «r-
(2) Voyage de M. Cambry dans le Finistère, t. I rors, elc. la-fol. Londres, 1646.
*7S Kit H BUC 374
diable; il y cite même des faits analogues a. ses mauvaises mœurs. 11 avait consumé beau-
ceux qui faisaient poursuivre les deux accu- coup de temps a l'étude des rêveries herméti-
ses, et qu'il présente comme incontestables. ques; il a même laissé des écrits sur l'alchi-
Ce fut celte opinion qui détermina la con- mie (ï), et d'autres ouvrages dont quelques-
damnation des prévenus. uns ont partagé son bûcher (5). On s étonnera
BROWNIh', lutin écossais. Le roi Jacques peut-être de celte rigueur mais alors les ;
regardait Brownie comme un agent de Sa- crimes que l'on poursuivait ainsi et qui trou-
tan; Kirck en fait un bon génie. Aux îles blaient la société inspiraient plus d'horreur
d'Arkney, on fait encore, des libations de lait que n'en inspire aujourd'hui chez nous l'as-
dans la cavité d'une pierre appelée la pierre sassinat.
de Brownie, pour s'assurer de sa protection. BRUNON. L'empereur Henri III allait en
«
Le peuple de ces îles croit Brownie doux et bateau sur Danube, en son duché de Ba-
le
pacifique; mais si on l'offense, il ne reparaît vière accompagné de Brunon, évêque de
,
baigner, raser, saigner, couper les cheveux Brunon, lui disant Evoque sache que
:
,
et appliquer les ventouses. Ce modèle de je suis un diable, et qu'en quelque lieu que
l'almanach de Liège fit d'autant plus de ru- tu sois, tu es à moi. Je ne puis aujourd'hui
meur à Bruges, que le magistral, qui don- te mal faire ; mais tu me verras avant peu.
nait dans l'astrologie, fit très-expresses dé- Brunon, qui était homme de bien, fit le
fenses à quiconque exerçait dans sa ville le signe de la croix, el après qu'il eut conjuré
métier de harberie, de rien entreprendre sur le diable, on ne sut ce qu'il devint. Mais
le menton de ses concitoyens pendant les bientôt comme l'empereur dînait à Ebers-
jours néfastes. berg, avec sa compagnie, les poutres et pla-
François Rapaërt, médecin de Bruges, pu- fond d'une chambre basse où ils étaient, s'é-
blia contre Bruhesen le Grand et perpétuel croulèrent; l'empereur tomba dans une cuve
almanack, ou fléau des empiriques et des char- où il ne se fit point de mal, et Brunon eut
latans (1). Mais Pierre Haschaert, chirurgien en sa chute tout le corps tellement brisé qu'il
partisan de l'astrologie, défendit Bruhesen en mourut. —
De ce Brunon ou Bruno nous
dans son Bouclier astrologique contre le fléau avons quelques commentaires sur les Psau-
des astrologues de François Rapaërt (2), et mes (6). » —
11 n'y a qu'un petit malheur
depuis on a fait des almanachs sur le modèle dans ce conte rapporté par Leloyer, c'est
de Bruhesen, et ils n'ont pas cessé d'avoir un que tout en est faux.
débit immense. BRUTUS. Plutarque rapporte que peu de
BRULEFER. C'est le nom que donnent les temps avant la bataille de Philippes, Brutus
Véritables clavicules de Salomon à un démon étant seul et rêveur dans sa tente, aperçut
ou esprit qu'on invoque quand on veut se un fantôme d'une taille démesurée, qui se
faire aimer. présenta devant lui en silence, mais avec un
BRUNEHAUT, reine d'Austrasie, au sixiè- regard menaçant. Brutus lui demanda s'il
me siècle, accusée d'une multitude de crimes était dieu ou homme, et ce qu'il voulait. Le
et peut-élre victime historique de beaucoup spectre lui répondit : —
Je suis ton mauvais
de calomnies. Dans le siècle où elle vécut, génie, et je t'attends aux champs de Philip-
on ne doit pas s'étonner de trouver au nom- pes. —
Eh bienl nous nous y verrons ré- 1
pide dans le fond, maligne dans les détails, faire passer pour béate. Mais bientôt ses vi-
de toutes les religions, et spécialement de la sions et ses extases devinrent suspectes;
religion chrétienne. quelquefois assiégée par les
elle s'était dile
L'auteur ayant voulu revoir sa patrie, fut démons ; elle accompagner d'un
se faisail
arrêté à Venise en 1598, transféré à Rome, prétendu moine, qui disparut dès qu'on vou-
condamné et brûlé le 17 février de l'an 1600, lut examiner les faits elle ; se proclama pos-
moins pour ses impiétés flagrantes, que pour sédée. Pour s'assurer de la vérité des pro—
BUCER (Martin), grand partisan de Lu- gne récompense de la peine qu'il avait priso
ther, mort à Cambridge en 1551. « Etant aux de rétablir par le manichéismo la puissance
abois de la mort, assisté de ses amis, le dia- de S ii.ni I
ble s'y trouva aussi, l'accueillant avec une BUER, démon de seconde classe, prési-
figure si hideuse, qu'il n'y eut personne qui, dent aux enfers; il a la formo d'une étoile ou
de frayeur, n'y perdît presque la vie. Icelui d'une roue à cinq branalies, et s'avance en
diable l'emporta rudement, lui creva le ven- roulant sur lui-même. Il enseigne la philoso-
tre et le tua en lui tordant le cou et em- , phie, la logique et les vertus des herbes médi-
porta son âme, qu'il poussa devant lui, aux cinales. Il donne de bons domestiques, rend
enfers (2). » la santé aux malades, et commande cinquante
BUCKINGHAM (George Villiers, duc de), légions.
favori de Jacques I", mort à Porlsmoulli en BUGNOT (Etienne gentilhomme de la ) ,
1628, illustre surtout par sa fin tragique. chambre de Louis XIV, auteur d'un livre
On sait qu'il fut assassiné par Felton, offi- rare intitulé Histoire récente pour servir
:
cier à qui il avait fait des injustices. Quelque de preuve à la vérité du purgatoire, vérifiée
temps avant sa mort, Guillaume Parker, an- par procès-verbaux dressés en 1663 et 1 6 V , 1
cien ami de sa famille, aperçut à ses côtés avec un Abrégé de la Vie d'André Bugnot,
en plein midi le fantôme du vieux sir George colonel d'infanterie, et de son apparition
Villiers, père du duc, qui depuis longtemps après sa mort. In-12 Orléans 1665. Cet, , ,
ne vivait plus. Parker prit d'abord cette ap- André Bugnot d'Etienne. Son
était frère
parition pour une illusion de ses sens; mais apparition et ses révélations n'ont rien d'o-
bientôt il reconnut la voix de son vieil ami, riginal.
qui le pria d'avertir le duc de Buckingham BUISSON DEPINES. Selon une coutume
d'être sur ses gardes , et disparut. Parker, assez singulière, quand il y avait un malade
demeuré seul, réfléchit à celte commission, dans une maison, chez les anciens Grecs, on
et, la trouvant difficile, il négligea de s'en attachait à la porte un buisson d'épines pour
acquitter. Le fantôme revint une seconde éloigner les esprits malfaisants.
fois et joignit les menaces aux prières, de BULLET (Jean-Baptiste), académicien de
sorte que Parker se décida à lui obéir; mais Besançon, mort en 1775. On recherche ses
il lut traité de fou, et Buckingham dédaigna Dissertations sur la mythologie française et
son avis. sur plusieurs points curieux de l'histoire de
Le spectre reparut une troisième fois, se France. In-12, Paris, 1771.
plaignit de l'endurcissement de son fils, et BUNE, démon puissant, grand-duc aux en-
tirant un poignard de dessous sa robe :
— fers. 11 a la forme d'un dragon avec trois tê-
Allez encore , dit-il à Parker ; annoncez à tes, dont la troisième seulement est celle d'un
l'ingrat que tous avez vu l'instrument qui homme. 11 ne parle que par signes; il déplace
doit lui donner la mort. les cadavres, hante les cimetières et rassem-
Et de peur qu'il ne rejetât ce nouvel aver- ble les démons sur les sépulcres. Il enrichit
tissement, le fantôme révéla à son ami un des et rend éloquents ceux qui le servent; ou
plus intimes secrets du duc. Parker re- — ajoute qu'il ne les trompe jamais Trente
tourna à la cour. Buckingham, d'abord frappé légions lui obéissent (5).
de le voir instruit de son secret, reprit bien- Les démons soumis à Bune et appelés ,
mis, et quelques-uns de ses amis, craignant l'accusent d'avoir travaillé sept ans à la mer-
pour ses jours, pouvaient fort bien se faire veilleuse tête d'airain qui parla, comme on
des hallucinations. sait (6). On ajoute que Thomas était magi-
BDCON , mauvais diable , cité dans les cien, et on en donne pour preuve qu'il publia
Clavicules de Salomon. Il sème la jalousie un livre de la magie naturelle, de Magin na-
cl la haine. turali, aujourd'hui peu connu. Mais Delrio
BUDAS, hérétique qui fut maître de Ma- l'absout de l'accusation de magie (7), et il
lt) Lettres du médecin Saint-André sur.la magie et sur lih. I, cap. ixi.
(4) Socrate, Histor. eccles.,
les maléfices, p. 188 et 431.
(5) Wierus, iu Pseudomouarcuia
daemon.
(2) Delancre, Tableau de l'inconstance des démons, etc.,
(6) Voyez Bacon.
liv. I, dise. 1.
(7) Disquisit. magie, lib. I, cap. m, qu. 1.
t3J Discours des spectres, liv. VIII, cli. v.
877 IIIX IlYft 278
nvotic qne son livre ne ronllont qu'une cer- dans In littérature hébraYque, mort en 1(529.
taine dose d'idées superstitieuses. One autre Les curieui lisent son [brégé du Talmud, 3a
preuve qu'il n'était pai magicien mai* , Bibliothèque rabbinùjut el sa Synagogue ju-
teulement un peu mathématicien , c'est iliiii/uc, (S). Cet ouvrage, qui traite des dog-
qu'on l'élut provincial îles franciscains en mes et des cérémonies des Juils, esl plein des
Angleterre (1). rêveries des rabbins, à coté desquelles on
BUNIS.Voy. Hune. trouve des recherches curieuses.
l'I.VGKou KPPTAGB. «Apres la ba-
III BYLETiï, démon fort et terrible, l'un des
tailledonnée entre lo roi Anliochus et les rois de l'enfer, selon la Pseudomonarchie de
Romains, un officier nommé Boplage, mort Wierus. 11 se montre assis sur un cheval
liens le combat où il avait reçu douze
, blanc, précédé de trompettes el de musiciens
blessures morlelles, se leva tout d'un coup de tout genre. I.'exorcislc qui l'évoque a be-
au milieu de l'armée romaine victorieuse ,
soin de beaucoup de prudence, car il n'obéit
et cria d'une voix aréle a l'homme qui le qu'avec fureur. Il faut, pour le soumettre,
BURTON (Robert) auteur d'un ouvrage , Paris ,1819. Celle nouvelle, publiée sous
intitulé Anatomie de la mélancolie, par 1)6-
: le nom de lord. Byron, n'est pas l'ouvrage
mocrite le jeune, in-4° , 1624- mort en 1639. ; de ce poëte, qui l'a désavouée. L'auteur n'a
L'astrologie était de son temps très-respeclée pas suivi les idées populaires sur les vampi-
en Angleterre, sa patrie. Il y croyait et vou- res; il a beaucoup trop relevé le sien. C'est
lait qu'on ne doutât pas de ses horoscopes. un spectre qui voyage dans la Grèce, qui fré-
Ayant prédit publiquement le jour de sa quente les sociétés d'Athènes, qui parcourt
mort, quand l'heure fut venue il se tua pour le monde, qui se marie pour sucer sa femme.
la gloire de l'astrologie et pour ne pas avoir Les vampires de Moravie étaienî extrême-
un démenti dans ses pronostics. Cardan et ment redoutés ; mais ils avaient moins de
quelques autres personnages habiles dans la puissance. Celui-ci, quoiqu'il ait l'oeil gris-
science des astres ont fait, à ce qu'on croit, mort, fait des conquêtes. C'est, dit-on, une
la même chose (4). historiette populaire de la Grèce moderne
BUSAS, prince infernal. Voy. Pruflas. que lord Byron raconta dans uu cercle, et
BUTADIED démon rousseau, cité dans
, qu'un jeune médecin écrivit à tort ; car il re-
des procédures du dix -septième siècle. mit à la mode, un instant, des horreurs qu'il
BUXTORF (Jean) , Westphalien , savant fallait laisser dans l'oubli.
(1) Naudé, Apol. pour les grands personnages, etc.,' Berlin, 1. 1, p. 31.
p. 495. (S) Operts talmudici brevis recensio et Bibltotheca rab-
(2) Traité dogmatique des apparitions, t. II, p. 153 biuica. Iii-S" , Bàle, 1613. — Synagoga judaica. ln-8» ,
Leloyer, p. 253. Baie, 1603, eu allemand et en latin. Hanau, 1604. Bile,
15)
Godwin, Vie des Nécromanciens, 16*1.
t) Curiosités de la littérature, Irad. de l'anglais, par
379 DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCULTES. sao
c
CAABA. Voy. Kaaba. ques combinées, et fit des miracles avec l'al-
CAACRINOLAAS, nommé aussi Caassi- phabet.
violar et Glassialabolas, grand président aux La grande cabale,ou la cabale dans la
enfers. 11 se présente sous la forme d'un sens moderne proprement dite est l'art da
,
chien, et il en a la démarche, avec des ailes commercer avec les esprits élémentaires ;
de griffon. Il donne la connaissance des arts elle tire aussi bon parti de certains mots
libéraux, et, par un bizarre contraste, il mystérieux. Elle explique les choses les plus
inspire les homicides. On dit qu'il prédit obscures par les nombres par lo change-
,
bien l'avenir. Ce démon rend l'homme invi- ment de l'ordre des lettres et par des rap-
sible et commande trente-six légions (1). Le ports dont les cabalistes se sont formés des
grand Grimoire le nomme Classyalabolas, et règles.
n'en fait qu'une espèce de sergent qui sert Or, voici quels sont, selon les cabalistes,
quelquefois de monture à Nébiros ou Nabe- les divers espritsélémentaires:
rus. Voy. Cerbère. Les quatre éléments sont habités chacun
CABADÈS. Voy. Zocbdadever. par des créatures particulières, beaucoup
CABALE ou CABBALE. Pic de la Miran- plus parfaites que l'homme, mais soumises
dole dit que ce mot qui dans son origine
, comme lui aux lois de la mort. L'air, cet
hébraïque, signifie tradition, est le nom d'un espace immense qui est entre la terre et les
hérétique qui a écrit contre Jésus-Christ, et cicux , a des hôtes plus nobles que les oi-
dont les sectateurs furent nommés caba- seaux et les moucherons. Ces mers si vastes
listes (2) ont d'autres habitants que les dauphins et
L'ancienne cabale des Juifs est, selon quel- les baleines. La profondeur de la terre n'est
ques-uns une sorte de maçonnerie mysté-
,
pas pour les taupes seulement; et l'élément
rieuse selon d'autres, ce n'est que l'expli-
;
du feu , plus sublime encore que les trois
cation mystique de la Bible , l'art de trou- autres, n'a pas été fait pour demeurer inu-
ver des sens cachés dans la décomposition tile et vide.
des mots (3), et la manière d'opérer des pro- Les salamandres habitent donc la région
diges par la vertu de ces mois prononcés du feu; les sylphes, le vague de l'air; les
d'une certaine façon. Voyez Thémura et gnomes, l'intérieur de la terre ; et lesondins
Théomancie. Celte science merveilleuse si , ou nymphes, le fond des eaux. Ces êtres sont
l'on en croit les rabbins, affranchit ceux qui composés des plus pures parties des éléments
la possèdent des faiblesses de l'humanité, qu'ils habitent. Adam, plus parfait qu'eux
leur procure des biens surnaturels, leur com- tous, était leur roi naturel ; mais depuis sa
munique le don de prophétie, le pouvoir de faute, étant devenu impur et grossier, il
faire des miracles, et l'art de transmuer les n'eut plus de proportion avec ces substances,
métaux en or, c'est-à-dire la pierre philoso- il perdit tout l'empire qu'il avait sur elles ,
phai. Elle leur apprend aussi que le monde et en ôta la connaissance à sa postérité.
sublunaire ne doit durer que sept mille ans, Que l'on se console pourtant ; on a trouvé
et que tout ce qui est supérieur à la luue en dans la nature les moyens de ressaisir ce
doit durer quarante-neuf mille. pouvoir perdu. Pour recouvrer la souverai-
Les Juifs conservent la cabale par tradi- neté sur les salamandres, et les avoir à ses
tion orale; ils croient que Dieu l'a donnée à ordres, on attire le feu du soleil, par des mi-
Moïse, au pied du mont Sinaï ; que le roi roirs concaves, dans un globe de verre; il s'y
Salomon, auteur d'une figure mystérieuse forme une poudre solaire qui se purifie elle-
que l'on appelle l'arbre de la cabale des Juifs, même, des autres éléments, et qui , avalée,
y a été très-expert , et qu'il faisait des ta- est souverainement propre à exhaler le feu
lismans mieux
que personne. Tostat dit qui est en nous, et à nous faire devenir pour
même que Moïse ne faisait ses miracles ainsi dire de matière ignée. Dès lors, les
,
avec sa verge, que parce que le grand nom habitants de la sphère du feu deviennent nos
de Dieu y était gravé. Valderame remarque inférieurs, et ont pour nous toute l'amitié
que les apôtres faisaient pareillement des qu'ils ont pour leurs semblables , tout le
miracles avec le nom de Jésus, et les partisans respect qu'ils doivent au lieutenant de leur
de ce système citent plusieurs saints dont le créateur.
nom ressuscita des morts. De même pour commander aux sylphes,
,
La cabale grecque, inventée, dit-on, par aux gnomes, aux nymphes, on emplit d'air,
Pythagore et par Platon, renouvelée par les de terre ou d'eau, un globe de verre; on le
Valentiniens, tira sa force des lettres grec- laisse, bien fermé, exposé au soleil pendant
Jl) Wierus, in Pspudomonarchia daem. bolique, qui eut l'impiété d'écrire beaucoup de chose*
(2) « Un ignorant voulait faire des affaires à
critique contre Jésus-Christ même , qui forma une hérésie détes-
Borne, au prince Pic de la Mirandole. particulièrement table et dont lessectaleurs s'appellent encore cabalistes?»
pour le nom de cabale qu'il trouvait dans les ouvrayes de (Gabriel Naudé, Apologie pour les grands personnages ac-
ce prince. On demanda à ce critique ce qui l'indignait si cusés de magie. Adrien Baillet, Jugements des savants.
fort dans ce mot de cabale. —
Ne savez-vuus pas, répondit Chap. xia, § ï des Jugements sur les livres en général.)
le stupide , que ce Cabale était un scélérat lout a f.nl ilia- (3) Voyez Âbdeel.
281 CAB CAO «W
un mois. Chacun de ces cléments, ainsi pu- de n'avoir pas voulu suivre ses bons con-
rifié , est un aimant qui attire les esprits qui seils.
lui sont propres. Plusieurs hérétiques des premiers siècles
Si on prend tous les jours , durant quel- mêlèrent la cabale juive aux idées du chris-
ques mois, de la drogue élémentaire formée tianisme et ils admirent entre Dieu et
,
ainsi qu'on vient de le dire dans le bocal ou l'homme quatre sortes d'êtres intermédiai-
globe de verre, on voit bientôt dans les airs res, dont on a fait plus lard les salamandres,
la république volante des sylphes, les nym- les sylphes les ondins et les gnomes. Les
,
phes venir en l'ouïe au rivage, les gnomes , Chaldéena sont sans doute les premiers qui
gardiens des trésors et des mines, étaler leurs aient rêvé ces êtres ils disaient que les es-
;
richesses. On ne risque rien d'entrer en com- prits étaient les âmes des morts qui pour
, ,
siècles. Mais qu'est-ce que le temps auprès de mais elles se ressemblent beaucoup dans le
l'éternité?.... ils gémissentdonc de leur con- fond.
dition. Mais il n'est pas impossible de trou- On conte sur ces matières une multitude
ver du remède à ce mal car, de même que
; d'anecdotes. On dit qu'Homère, Virgile, Or-
l'homme , par l'alliance qu'il a contractée phée furent de savants cabalistes.
avec Dieu, a élé l'ait participant de la divi- Parmi les mots les plus puissants en ca-
gnomes, les nymphes et
nité, les sylphes, les bale, le fameux mot uijla est surtout révéré.
les salamandres, deviennent participants de Pour retrouver les choses perdues, pour ap-
l'immortalité en contractant alliance avec
, prendre par révélations les nouvelles des
l'homme. (Nous transcrivons toujours les pays lointains pour faire paraître les ab-
,
docteurs cabalistes.) Ainsi, une nymphe ou sents, qu'on se tourne vers l'orient, et qu'on
une sylphide devient immortelle, quand elle prononce à haute voix le grand nom Agla.
est assez heureuse pour se marier à un sage ; Il opère toutes ces merveilles, même lorsqu'il
et un gnome ou un sylphe cesse d'être mor- est invoqué par les ignorants. Voyez Agla.
tel, du moment qu'il épouse une fille des On peut puiser sur les rêveries de la ca-
hommes. On conçoit par la que ces êtres se bale des instructions plus étendues dans di-
plaisent avec nous quand nous les appelons. vers ouvrages qui en traitent spécialement,
Les cabalistes assurent que les déesses de mais qui sont peu recommandables 1° Le :
l'antiquité, et ces nymphes qui prenaient comte de Gabalis, ou Entretiens sur les scien-
des époux parmi les mortels et ces démons , ces secrètes par l'abbé de Villars. La
,
incubes et succubes des temps barbares, et meilleure édition est de 1742, in-12; 2° Les
ces fées qui, dans le moyen âge, se mon- Génies assistants, suite du Comte de Gabalis,
traient au clair de la lune ne sont que des
, in-12, même année; 3° Le Gnome irréconci-
sylphes ou des salamandres , ou des on-
, liable, suite des Génies assistants; k° Nou-
dins. veaux Entretiens sur les sciences secrètes,
11 y a pourtantdes gnomes qui aiment suite nouvelle du Comte de Gabalis, même
mieux mourir que risquer, en devenant im- année 5° Lettres cabalistiques, par le marquis
;
mortels, d'être aussi malheureux que les dé- d'Argens, La Haye, 174-1, 6 volumes in-12. Il
mons. C'est le diable (disent toujours nos faut lire dans cet ouvrage, plein, beaucoup
auteurs) qui leur inspire ces sentiments il ; plus que les précédents, de passages con-
ne néglige rien pour empêcher ces pauvres damnés, les lettres du cabaliste Abukiback.
créatures d'immortaliser leur âme par notre Voy. Gnomes, Ondins, Salamandres, Syl-
alliance. phes, Zédéchias, etc.
Les cabalistes sont obligés de renoncer à CABIKES, dieux des morts, adorés très-
toutcommerce avec l'espèce humaine, s'ils anciennement en Egypte. Bochard pense qu'il
veulent ne pas offenser les sylphes et les faut entendre sous ce nom les trois divinités
nymphes dont ils recherchent l'alliance. Ce- infernales Plulon, Proserpine et Mercure.
:
pendant, comme le nombre des sages caba- D'autres ont regardé les Cabires comme
listes est fort petit, les nymphes et les syl- des magiciens qui se mêlaient d'expier les
phides se montrent quelquefois moins déli- crimes des hommes, et qui furent honorés
cates, et emploient toutes sortes d'artifices après leur mort. On les invoquait dans les
pour les retenir. périls et dans les inforlunes. Il y a de gran-
Un jeune seigneur de Bavière était incon- des disputes sur leurs noms, qu'on ne décla-
solable de la mort de sa femme. Une syl- rait qu'aux seuls initiés (1). Ce qui est cer-
phide prit la figure de la défunte , et s'alla tain, c'est que les Cabires sont des démons
présenter au jeune homme désolé, disant que qui présidaient autrefois à une sorte de sab-
Dieu l'avait ressuscitée pour le consoler de bat. Ces orgies, qu'on appelait fêtes des Ca-
son extrême affliction. Ils vécurent ensemble bires, ne se célébraient que la nuit l'initié, :
plusieurs années, mais le jeune seigneur après des épreuves effrayantes, était ceint
n'était pas assez homme de bien pour rete- d'une ceinture de pourpre, couronné de
nir la sage sylphide; elle disparut un jour, branches d'olivier et placé sur un trône illu-
et ue lui laissa que ses jupes et le repentir
(1) Delandine. L'Enfer des peuples anciens cU. xu.
885 DICTIONNAIRE DES SCIENCES OCCULTES. 284
pendant qu'on exécutât! auteurde lui des dan- a Païenne, en 1760, un orfèvre nommé Ma-
ses hiéroglyphiques plus ou moins infâmes, rano, descendant des Juifs ou des Maures,
CACODÉMON, mauvais démon. C'est le qui ont laissé tant de vestiges dans le midi
nom que les anciens donnaient aux esprits de l'Europe. On citait son avarice et sa cré-
malfaisants. Mais ils appelaient spécialement dulité superstitieuse. Enrichi par l'usure et
ainsi un monstre effrayant, un spectre hor- la mauvaise foi, il faisait assez souvent des
rible, qui n'était pas assez reconnaissante brèches à sa fortune pour des tentatives in-
pour être désigné autrement. sensées qui devaient, au moyen de l'alchi-
Chaque homme avait son bon et son mau- mie ou de 'a magie, lui donner des millions,
et avec ces millions le fameux élixir qui em-
vais démon, eude'mon et cacodémon.
Les astrologues appelaient aussi la dou- pêche de mourir.
zième maison du soleil, qui est la plus m .- En 17(J0, pourtant, Marano était devenu
vaise de toutes, cacodémon, pire que Sa- moins cinquante ans; l'expé-
facile. Il avait
turne y répand ses malignes influences, et rience lui était venue, et il fallait, pour l'at-
qu'on n'en peut tirer que dos pronostics re- traper dans quelque piège , un peu plus
doutables. d'il ihileté. Toutefois, depuis quelque temps,
CACTONITE, pierre merveilleuse, qui, se- il prêtait une oreille attentive aux relations
lon quelques-uns, n'est autre chose que la qu'on lui faisait des merveilles opérées par
cornaline. On lui attribue de grandes pro- un jeune Sicilien plein de mystères. Celui-ci
priétés. Les Anciens en faisaient des talis- ne commerçait pas avec les démons et ne re-
mans qui assuraient la victoire. cherchait pas la pierre philosophale; il s'en-
CACUS, espèce d'ogre de l'antiquité. Il tretenait avec les anges il dominait ainsi
:
était fils de Vulcain et vomissait du feu par les esprits des ténèbres, et de grands secrets
la gueule. Ce monstre, de taille gigantesqu !, lui On le nommait Joseph
étaient révélés.
moitié homme et moitié bouc, mangeait 1rs Balsamo. Tous bourgeois de Païenne, où
les
passants dans sa caverne, au pied du mont il était né, voyaient en lui le fils très-intelli-
Aventin, et accrochait les têtes à sa porte. gent de parents obscurs; mais quelques jeu-
Il fut étranglé par Hercule. Cacus a été— nes gens, qui paraissaient mieux instruits,
peint quelquefois avec une tête de bête sur disaient que sa famille apparente était sup-
un corps d'homme. posée, et qu'il était fils d'une grande prin-
CADAVRE. Selon la loi des Juifs, quicon- cesse d'Asie. Ce jeune homme extraordinaire
que avait touché un cadavre était souillé ; il avait dix-sept ans; il parlait peu; sa figure
devait se purifier avant de se présenter au et ses regards exerçaient une sorte de fasci-
tabernacle du Seigneur. Quelques censeurs nation. On ne savait rien de sa vie intérieu-
des lois de Moïse ont jugé que cette ordon- re; seulement, plusieurs l'avaient entendu
nance était superstitieuse. Il nous paraît au s'entretenir en hébreu avec les anges. Lui
contraire, dit Bergier, qu'elle était très-sage. seul, disait-on, les voyait; mais ceux qui
C'était une précaution contre la superstition l'épiaient avaient pu tout entendre, à la vé-
des païens , qui interrogeaient les morts rité sans y comprendre autre chose que les
pour apprendre d'eux l'avenir ou les choses sons de plusieurs voix qui leur avaient sem-
cachées abus sévèrement interdit aux Juifs,
: blé très-mélodieuses.
mais qui a régné chez la plupart des na- L'orfèvre, que sans doute on voulait sé-
tions. Voy. Aimant, Cercueil, etc. duire, rêvait de Joseph Balsamo. C'était là
CADMEE ou CADMIE, qu'on appelle plus enfin l'homme qu'il lui fallait pour réparer
généralement calamine, fossile bitumineux d'un seul coup toutes ses pertes. Il ne man-
qui donne une teinte jaune au cuivre rouge, quait aucune occasion de le voir, le considé-
et que certains chimistes em-doient pour rait avec une vénération profonde , mais
faire de l'or. n'osait lui adresser la parole.
CADIERE. Voy. Girard pria l'un des
Bientôt il n'y tint plus : il
CADUCEE. C'est avec cette baguette, or-
admirateurs ou des compères de Joseph, qui
née de deux serpents entrelacés, que Mer-
se vantait d'être dans ses bonnes grâces, de
cure conduisait les cames aux enfers et qu'il
le présenter au jeune ami des esprits céles-
les en lirait au besoin.
tes. Celui-ci lui amena Balsamo, qui, malgré
CADULUS, pieux soldat, dont la légende ses privilèges surnaturels , toujours logé
rapporte qu'il était obsédé par le diable en
chez ses pauvres parents, n'avait pas encore
forme d'ours (l). Il s'en délivra par la prière.
une salle où il pût recevoir. Il n'en était pas
CTECULUS, petit démon né d'une étincelle moins fier et superbe il laissa dignement
:
la fumée. Les cabalistes font de lui un sala- no. J'ai été trompé par divers imposteurs
mandre. qui m'ont enlevé une partie des biens gagnés
CAF. Voy. Kaf. par mon travail persévérant. Il vous serait
facile de réparer ces dégâts
1) Bollaudi Acla sanclorum, 21 aprilis.
—Je le priis, si vous croyez, dit Joseph.
9SS CàG CAG '280
— Si je crois? répliqua l'orfèvre : je crois L'ami des esprits célestes ne releva pat
et j'ai confiance. cette exclamation il reprit silencieusement
— Tronvrz- OUI donc demain à
j
sente, il comptait ses pas troi attentivement, Nous nous séparerons ici et vous saurez ;
et l'arrêtai) aii centième avec une précision nue, sur votre léte, vqus ne devez jamais
mathématique. Comme sil heures sonnaient (lire un mol de ce qui vient de se passer.
am horloges de la ville, le favori des anges lui même temps, il fit un mouvement p oU r
était devant lui; il salua l'orfèvre en silence s'éloigner.
et le conduisit sans dire ut) mot à une grotte — Un seul instant, jeune seigneur, s'écria
qui se trouvait écartée dans une espèce de Marano, d'un ton suppliant; soixante onces
solitude, à la distance d'environ trois-quarts d'or! est-ce donc le dernier mol?
de lieue. — Je le pense, répliqua froidement Joseph;
— en ouvrant enfin la bou-
Ici, lui dit-il et il refit le mouvement d'un homme qui s'é-
che, repose un trésor de grand prix, soif; la loigne.
garde des esprits infernaux. Deux des auges — Un seul instant, reprit encore l'orfèvre,
qui viennent à ma voix savent les dompter. qui avait supputé toute la valeur du trésor,
Mais je ne puis enlever co trésor moi-même, à quelle heure demain matin?
ni le toucher, ni m'en servir, sans perdre — A six heures, au mémo lieu
ma pureté et ma puissance. Et le merveilleux jeune homme quitta di-
—
Bl moi? qui en cela n'ai rien à perdre, gnement Marano, qui se contenta d'ajouter
demanda l'orfèvre. en gémissant
— Je serai
:
même posture. Aussitôt on entendit dans le exactement les mêmes réponses que le jour
vague une voix harmonieuse et claire qui précédent.
disait —
Le trésor contient soixante onces
: L'orfèvre tira son or, qui lui tenait au
de perles, soixante onces de rubis, soixante cœur et aux mains, et dont il lui paraissait
onces de diamants, dans une boîte d'or ciselé triste de se dessaisir.
du poids de cent vingt onces. Les démons — N'entrez-vous pas avec moi dans cette
qui le gardent le remettront aux mains de grolte profonde? demanda-t-il.
l'homme que présente notre ami, s'il a cin- — Non, répondit Balsamo; je dms rester
quante ans... ici, jusqu'au moment où les esprits noirs,
— Je ai depuis huit jours, interrompit
les dépossédés de leur trésor, viendront se ruer
joyeusement l'orfèvre. sur vos soixante onces.
— a des enfants...
S'il — N'y a-t-il aucun danger?
— J'en deux, vivants.
ai — Aucun, si le compte est fidèle.
— porte quelques poils
S'il gris... L'orfèvre déposa son précieux fardeau à
— J'en possède abondamment dans mes l'entrée de la grotte; il fit quelques pas ,
l'orfèvre écoutait encore à genoux. fût pas attendu à rencontrer des démons, lui
— Vous avez entendu? reprit le jeune barrèrent le chemin avec des grondements
homme. sinistres et se mirent à le faire pirouetter
— Soixante onces d'orl dit Marano avec dans la grotle. 11 poussa des cris, auxquels
un immense soupir. personne n'accourut ct que les trois gaillards
287 DICTIONNAirtE DES SCIENCES OCCULTES. 288
réprimèrent promptement en le rouant de ne voyaient en lui qu'un adroit charlatan.
coups. Brisé d'effroi et de douleur, Marano On disait qu'un hermétique nommé Allotas,
tomba ventre à terre. Il lui fut signifié, en qui avait longtemps voyagé avec lui qu'il ,
langage intelligible et clair, de rester là sans avait perdu à Malte et dont il parlait comme
mouvement, s'ilne voulait pas élre assommé. du plus sage des hommes, lui avait appris
Après quoi il se trouva abandonné à lui- les arts magiques On parlait encore d'un
même et n'entendit plus aucun bruit. joueur de gobelets avec qui Caglioslro avait
Pendant un quart d'heure, il n'osa remuer été 1res— lié ; ce joueur de gobelets était assislé
mains, ni la tête; il s'enhardit enfin
ni les , d'un esprit et cet esprit était l'âme d'un juil
;
nouvelle friponnerie, plus hardie et plus l'encourager avait daigné lui accorder la
,
violente que les anciennes revint pénible- , vision béatifique; qu'il venait convertir les
ment à Palerme , et alla déposer sa plainte. incrédules et relever le catholicisme Avec
Mais on ne retrouva plus Joseph Balsamo, une si haute mission, il disait la bonne aven-
qui évidemment avait quitté le pays. turc donnait l'art de gagner à la loterie,
,
Le 19 septembre 1780, dans une guinguette expliquait les rêves, et faisait des séances de
extérieure de Strasbourg, au milieu d'un fantasmagorie transcendante. Aussi le bon
groupe de modestes buveurs qui regardaient abbé Fiard est-il excusable de n'avoir vu
par les fenêtres la foule immense, agitée par dans Cagliostro qu'un démon détaché du
l'attente de quelque événement extraordi- sombre empire; en le jugeant ainsi l'abbé ,
lerme; et après avoir tenté la fortune à Lon- anges s'écria Marano , frappé de cette cir-
1
dres et à Paris, il était venu s'établir à Stras- constance. Pour lors je dois absolument le
bourg où il était toujours orfèvre. Il venait voir. Quel âge a-t-il?
\oir, comme toute la ville, le personnage — Est-ce qu'un élre pareil peut avoir un
prodigieux que l'on attendait. Cet homme, âge? dit le droguiste. On dit qu'il paraît
qui produisait plus de sensation qu'un grand porter trente-six ans.
monarque, était le comte de Cagliostro. I! — Oh oh marmotta l'orfèvre si c'était
1 I ,
qu'il a tout à fait les beaux yeux noirs de sa dait dans tout ce qu'on appelait modérément
mère. ses intrigues. Son luxe expliquait ce que di-
— Et qu'il descend en droite ligne de saient les gens sensés, que Cagliostro n'était
Charles-Martel, dit un écrivain public. autre chose qu'un membre voyageur de la
— Il date de plus loin, interrompit un cor- maçonnerie templière, constamment opulent
dier, car il a assisté aux noces de Cana. par les secours nombreux qu'il recevait des
— C'est donc le juif-errant? dit Marano. différentes loges de l'ordre. Quelques-uns
Mieux que cela. Des gens à qui on peut donnaient au faste qu'il étalait une source
avoir foi prétendent qu'il est né avant le encore moins honorable. Toutefois, il exer-
déluge. çait la maçonnerie élevée; et c'était lui qui
— Voilà qui est fort; si c'était le diable?.... avait institué les mystères de ce qu'on appelle
Ces idées, que nous rapportons fidèlement la maçonnerie égyptienne. On dit même qu'il
et qui s'enrichissaient des plus singuliers avait toujours été un charlatan subalterne,
commentaires étaient alors en effet géné-
, jusqu'au moment où il avait pu se faire ad-
ralement répandues dans le peuple sur , mettre en Angleterre dans les hauts grades
l'homme mystérieux qu'on appelait le comte de la franc-maçonnerie. Il avait compris dès-
de Caglioslro. Les uns le regardaient comme lors tout le parti qu'il pouvait tirer de l'as-
un saint, un inspiré, un faiseur de miracles, sociation; et il avait imaginé ce rite particu-
un être tout à fait extraordinaire et hors de lier, dont il prétendait avoir reçu les élé-
Va nature; on n'expliquait pas les cures nom- ments dans les pyramides d'Egypte. Le fait
breuses qui lui élaientaltribuées. Les autres est qu'il avait emprunté au manuscrit d'un
sa» CAO CAO 29B
nommé Georges Coston le plan de sa ma- Une partie du peuple tomba à genoux;
çonnerie égyptienne , moitié jonglerie et une autre partie s'empaca du pauvre orfèvre,
cabale moitié science hermétique et Ibor-
, cl le brillant cortège poursuivit sa marche
bèrie, avec quelque magnétisme dont il abu- triomphale. De tels faits certainement excu-
sait d'autant plus aisément que l'on ne con- sent l'abbé Fiard d'avoir vu le diable dans cet
naissait pas encore celte puissance. homme.
Son institution avait pour but de conduiro Arrivédans Strabourg en fêle, Cagliostro
les adeptes qu'il recevait à la perfection, par s'arrêta devant une grandi" salle où les cor-
la régénération physique et la régénération nacs qui le précédaient partout avaient ras-
morale. La première rendait les formes de la semblé un grand nombre de malades. Le fa-
jeunesse et empêchait de vieillir; il la prati- meux empirique y entra et les guérit tous,
quait au moyen de son elixir universel, re- les uns par le simple attouchement, les au-
mède qu'il appliquait a tous les maux. La tres pardes paroles, ceux-ci par le moyen
seconde restituait l'innocence perdue et con- d'un pourboire en argent, ceux-là par son
duisait l'homme à l'état d'ange. Elle s'obte- remède universel. Il est vrai que les arran-
nait, non par le repentir et l'humilité, mais geurs de ces cures surprenantes avaient
par la foi aux promesses du grand Cophte choisi leurs malades et qu'ils n'avaient pas
( c'est le grade que c'était donné Cagliostro ), admis certains cas sérieux auxquels ils
et en conséquence de cette foi qui devait être avaient promis des secours à domicile.
absolue, par des visions et des extases, par « Quant au savoircn médecine de Caglios-
l'évocation des esprits, par des communica- tro ( l'auteur anonyme de sa notice,
dit
tions avec les anges. dans bibliographieuniverselledcMichaud),
la
Mais le grand Cophte n'avait de puissance il paraît constant que ce savoir était très-
que par l'intermédiaire d'un jeune garçon borné. Comme tous les partisans des doctri-
ou d'une jeune fille, qu'il appelait ses pupil- nes hermétiques et paracelsiques, il faisait
les ou ses colombes et qui devaient être de grand usage des aromates et de l'or. Nous
l'innocence la plus pure. Après que ces en- avons eul'occasion de goûter sonélixir vital,
fants avaient reçu ce que le grand Cophte ainsi que celui d'un fameux comte de Saint-
appelait la consécration, ils prononçaient Germain; ils n'avaient point d'autre base. »
devant une carafe pleine d'eau les paroles Quoi qu'il en soit, Cagliostro sortit de la
qui évoquent les anges. Les anges venaient salle des malades, au milieu des acclama-
dans la carafe; quelquefois on les entendait tions et des trépignements de la foule; il alla
donner leurs réponses; le plus souvent il s'installer dans le magnifique hôtel qui était
fallait que les pupilles lussent ces réponses préparé pour lui, il admit à sa table somptueuse
qui arrivaient dans la carafe à fleur d'eau l'élite de la société de Strasbourg; et le soir
et qui n'étaient visibles que poureux(c'était il voulut bien donner une séance de ses co-
du somnambulisme). lombes.
Ce qu'il y a de plus merveilleux dans tout On amena dans le salon de Cagliostro,
ceci c'est que la maçonnerie égyptienne
, éclairé par des procédésoù l'optique et la
éleva tout-à-coup Cagliostro au niveau de fantasmagorie jouaient un grand rôle, plu-
ce qu'il y avait de plus grand en Europe. En sieurs petits garçons et plusieurs petites filles
France surtout, à côtédel'esprit philosophi- de sept à huit ans. Le grand Cophte choisit
que qui niait les saintes merveilles, ces mer- dans chaque sexe la colombe qui lui parut
veilles absurdes furent accueillies avec une montrer le plus d'intelligence; il livra les
admiration qui allait jusqu'au fanatisme. Le deux enfants à sa femme, qui les emmena
portrait de celui qu'on osait appeler le divin dans une salle voisine où elle les parfuma,
Cagliostro fut partout, jusque sur les éven- les vêtit de robes blanches, leur fit boire un
tails, sur les bagues, sur les tabatières. On verre d'élixir elles représenta ensuite prépa-
coula son buste en bronze, on le sculpta en rés à l'initiation.
marbre. Les plus grands personnages de Cagliostro ne s'élait absenté qu'un mo-
cette époque de philosophie se firent admet- ment pour rentrer sous le costume de grand
tre dans ses loges ; tout le monde voulut Cophte. Celait une robe de soie noire, sur
assisteraux séances publiques de ses colom- laquelle se déroulaientdes légendes hiérogly-
bes. phiques brodées en rouge; il avait une coif-
Un grand cri retentit lorsque le comte fure égyptienne avec les bandelettes plissées
de Cagliostro passa devant la guinguette. et pendantes après avoir encadré la tête; ces
Marano l'avait reconnu et il avait arrêté les bandelettes étaient de toile d'or. Un cercle de
chevaux de sa voiture. pierreries les retenait au front. Un cordon
I
—
C'est Joseph Balsamo, disait-il; et l'a- vert émeraude, parsemé de scarabées et de
postrophant avec colère, il répétait ces seuls caractères de toutes couleurs en métaux ci-
mots Mes soixante onces d'or!
: selés, descendait en sautoir sur sa poitrine.
Cagliostro regarda à peine l'orfèvre, ne A une ceinture de soie rouge pendait une
montra aucune émotion; mais au sein du large épée de chevalier, avec la poignée en
profond silence que ce singulier incident croix. Il avait une figure si formidablement
avait jeté dans la foule épaisse, on entendit imposante sous cet appareil ,
que toute
sur-le-champ une voix qui paraissait venir l'assemblée fit silence dans" 'une sorte de ter-
des airs et qui disait reur.
— Ecartez du chemin cet insensé,
:
on mit derrière les deux enfants, transfor- de toutes les marq-uesde la vénération. Lors-
més en pupilles ou colombes un paravent on remarqua enfin que l'or-
qu'il fut parti,
pour les abriter. fèvre Maranon'avait pas reparu chez lui; on
Deux valets de chambre, vêtus en esclaves le retrouva dans un fossé où il avait été'
égyptiens, comme ils sont représentés dans noyé, le jour de l'arrivée de l'illustre voya-
les sculptures de Tfrèbés, fonctionnaient au- geur. On considéra sa triste fin comme un
tour de la table. Ils amenèrent les deux en- châtiment mérité.
fants devant legrandCopble.qui leurimposa Cagîioslro parcourut de nouveau, dans un
les mains sur la tête, sur les jeux et sur la grand éclat, la France, l'Angleterre, l'Italie,
poitrine, en faisant silencieusement des si- la Suisse, faisant partout des cures dites
gnes bizarres, qui pouvaient figurer aussi des merveilleuses, étalant sa fastueuse bienfai-
hiéroglyphes, et que l'ordre appelait des my- sance avec une affectation habile, qui fit
thes ou symboles. dire à la marquise de Ciéquy qu'il avait de
Aprèscetle première cérémonie (magnéti- l'esprit de plus d'une sorte, opérant des pro-
que), un des valets présenta à Cag iostro la diges surprenants, s'il faut en croire les re-
petite truelle d'or, sur un coussin de velours lations. Car on a conté qu'il fit paraître de-
blanc. Il frappa du manche d'ivoire de sa vant quelques grands seigneurs de Paris et
truelle sur la table d'ébène et demanda: de Versailles dans des glaces, sous des
—
,
Que fait en ce moment l'homme qui ce cloches de verre et dans des bocaux/ des
ce matin, aux porles de la vîile, a insulté le spectres animés et se mouvant, des person-
grand Cophlc? nes absentes, et différents morts qu'on lui
Les colombes regardèrent dans la carafe; désignait. On a même rapporté, comme chose
et apparemment qu'elles y virent quelque très-véridique, que dans des soupers qui
chose; car la petite Glle s'écria Je l'aper-
: — firent alors grand bruit à Paris, Cagîioslro,
çois qui dort. nouveau Faust, avait évoqué les plus illus-
On a prétendu que le dessous de la table Ires morts, Socrate, Platon, Cliarlmiagne,
était préparé de manière à faire passer sous Pierre Corneille, et môme Volt lire et d'Alem-
la carafe des figures et des caractères. Ce bert. Mais depuis que la fantasmagorie est
qui le ferait croire, c'est que dans les cas devenue à Paris un spectacle public, on a
qui sortaient du cours ordinaire des répon- compris ces illusions.
ses banales, les enfants ne voyaient rien. Il est bon toutefois de lire les éloges qu'on
Mais alors la voix des anges invisibles répon- faisait alors du grand homme. Bordes, dans
dait. ses Lettres sur la Suisse, le qualifie d'homme
Sur l'imitation de Cagîioslro, qui annonça admirable. « Sa figure, dit-il, annonce l'es-
qu'on pouvait faire toute question, plusieurs prit, décèle le génie; ses yeux de feu lisent
dames s'émurent. L'une demanda ce que au fond des âmes. 11 sait presque toutes les
faisait sa mère, alors à Paris? La réponse fut langues de l'Europe et de l'Asie son élo-
:
qu'elle était au spectacle entre deux vieil- quence étonne et entraîne, même dans celles
lards. Une autre voulut savoir quel était qu'il parle le moins bien. »
l'âge de son mari; il n'y eut point de répon- Le marquis de Ségur et MM. deMéroménil
se ; ce qui filpousserdesciis d'enthousiasme, et de Vergennes, en 1783, recommandaient
car cette dame n'avait point de mari; et l'é- Cagîioslro dans les termes les plus flatteurs.
chec de cette tentative de piège fit qu'on n'en Cependant
lorsqu'il revint à Paris en 1785,
tendit pas d'autres. ses rapports avec les anges ne le préservè-
Une troisième damedéposaun billetfermé. rent pas d'une aventure fort désagréable. II
Le petit garçon lut aussitôt dans la carafe se trouva très-gravenient compromis avec le
ces mots :
—
Vous Ue l'obtiendrez pas. —On
' prince deRohan,dans malheureuse affaire
la
ouvrit le billet, qui demandait si le régiment du collier. La comtesse de La Motte l'accu-
que la dame poursonfils lui serait
sollicitait sait d'avoir reçu le collier des mains du
accordé. Cette justesse éleva encore l'admi- prince et de l'avoir dépecé pour grossir le
ration. trésor occulte de sa fortune inouïe- Le grand
Un juge, qui pourtant doutait, envoya se- Cophte fut arrêté le 22 août et mis à la Bastille.
crètement son fils a sa maison, pour savoir Il publia un mémoire où, pour justifier ses
ce que faisait en ce moment sa femme; puis dépenses, il nomme les banquiers qui, dans
quand il fut parti, il fit cette question au t us les pays de i'Europe, lui fournissent des
grand Cophte. La carafe n'apprit rien, mais fonds. Mais il ne fait connaître ni l'origine,
une voix annonça que la dame jouait aux ni la source de ses richesses.
cartes avec deux voisines. Ce mémoire, très-adroitement rédigé, était
Cettevoix mystérieuse, qui n'était produite attribué à un magistrat célèbre; et il augmen-
par aucun organe visible, jeta la terreur tait lepoids de cette réflexion que la con-
dans une partie de l'assemblée; et le fils du science elleslalenîsde certains avocats sont
magistral étant venu confirmer l'exactitude choses qui se vendent, puisque, moyennant
de l'oracle, plusieurs dames effrayées se reti- argent, lis défendent toute cause quelcon-
rèrent. que, juste ou injuste, loyale ou déloyale.
On
raconte que d'antres merveilles signa- Comme on avait détaché dans le factum
lèrent cette soirée; mais les détails en sont quelques-unes des aventures romanesques
très-vagues. de Cagîioslro, il fut accueilli dans le public
Pendant le peu de temps, que le comte de avec tout l'empressement qu'inspirait le per-
Cagîioslro resta à Strasbourg, il fut comblé sonnage.
5«)S CAG CAG sm
du parlement de Paris, du .'1 mai
I. 'arrêt tique , des apparitions qui ont troublé de
I7 (>, déchargea Cagliostro des accusations
v
paisibles consciences.
intentées contre lui, et il l'ut mis en liberté, Il a renie le catholicisme et s'est levé contre
mais avec ordre de Quitter Paris dans les lui eu établissant sa maçonnerie égyptienne.
\ iogt-quatrc heures et le roj atlrhe flâtis trois SdVez-vbos quels mystères impurs et scan-
semaines. Lorsqu'il s'embarqua à Boulogno, daleux se pratiquaient dans ses lofes té Hé*
il était suivi d'un cortège de dualre à cinq hreuses ?
mille personnes qui lui demandaient sa béné- lui s'exeitant pardes potions violentes pour
diction... se donner l'air inspiré, il s'est rendu fréné-
Il passa on Angleterre, dû il séjoui 11a deux tique; et pour ce motif seul, il devait êlro
ans, continuant d'établir ses IbiïeS égyptien- surveillé.
nes et propageant son rite particulier, qu'il Vous l'appelez le comte de C iglioslro. Mais
appelait aussi Je rite de Mi/raïm. apprenez qui- ce rtotn même est une de ses
Kl le matin du t avril de l'année 17)1, A innombrables impostures. Son nom, à Pa-
Rome, au milieu d'une afflùence a'ide de ïenne où il est né, est Joseph Balsamo, A
curieux, le tribunal du saint-office Jugeait ittl Venise, il s'appelait le marquis de Pellegrini.
homme important. Cet homme avait nu nom Il s'est no îé encore Tischio Belmonté,
,
européen, diversement estimé, aflgfi poUr les Haral, Métissa Fenix; il a été docteur, co-
,
uns, démon pour les autres, bienfaiteur de lonel, gentilhomme, nàhseur, sans parler de
l'humanité et divin philosophe devant les professions moins honorables. Il a volé avec
tètes légères, charlatan saugrenu et redou- une grande adresse des sommes énormes; à
table imposteur devant leS personnes gra- peine adolescent il a escroqué d'un seul
,
ves. Cet homme était le comte de Cagtiostfb: coup soixante onces d'or à un orfèvre de Pa-
De Londres il était encore retourne en ïenne, pauvre idiot que les séides du comte
Suisse; puis il était venu en Savoie, puisa de Cdglrostrri ttfil noyé à Strasbourg. Il serait
Gùnes, à Varsovie, à Trente d'où il s'était triste et de mauvais exemple de publier toute
fait ehasser; puis à Rome où il avait eu l'au- la vie de cet homme.
dace d'ouvrir des loges et de faire des récep- — Mais, reprit encore Mattéo.dans sa lettre
tions pour sa maçonnerie égyptienne. On au peuple français, datée de Londres le 20
l'avait arrêté avec sa femme, le 27 décembre juin 1786, Cagliostro prédit que la Bastille
1789, et transféré au château Saint-Ange. serait démolie et deviendrait un lieu de pro-
Quoique accusé de franc-maçonnerie, de ma- menade. Comment expliquer cela?
gie, d'apostasie, d'hérésie et mêjie de fréné- —
D'une manière bien naturelle. Celte dé-
sie, on avait mis plus de seize mois à in- molition était déjà dans les projets de
struire sa cause, que les renseignements re- Lous XIV; et en 1788, la Bastille tombait en
cueillis chargeaient de toutes sortes de cri- ruines. Croyez bien que Joseph Balsamo,
mes. avec tous ses noms et tous ses titres, n'est
— Mais, disait le jeune Matteo Ferrante à qu'un imposteur dangereux et un fripon.
Paolo Rambaldi, son oncle dans la cour du L'oncle et le neveu entrèrent alors dans la
saint-office, il est étonnant que l'inquisition, salle où se plaidait la cause de l'homme fa-
qui est ici un tribunal si doux, poursuive meux. Les faits de sa vie, en se déroulant,
criminellement ce gentilhomme. Qu'a-l-il ne présentaient que des vices et des crimes.
donc fait? Tant de rapports s'accordent aie Les juges, après avoir tout pesé, condam-
peindre comme un être vénérable, dont la nèrent Cagliostro à la peine de mort.
conduite est exemplaire. On l'a vu guérir les Mais à Rome on donne aux condamnés le
malades, soulager les pauvres, répandre les temps du repentir. Le pape Pie VI commua
consolations et prodiguer les bienfaits, dans la peine de Cagliostro en une prison perpé-
le seul but de soulager l'humanité. tuelle; on mit sa femme dans une maison de
— Ce que vous dites là, mon enfant, pénitence; on l'enferma lui dans le château
répliqua Paolo, n'est que de l'exagération, Saint-Ange.
à propos d'un très-adroit charlatanisme. Cet On lui laissait une liberté de mouvement
étalage de bienfaisance cachait tous les vices. assez étendue mais on reconnut bientôt qu'il
;
Que direz-vous, si l'on vous établit que l'ar- ne fallait pas oublier un des motifs de son
gent qu'il distribuait ainsi était de l'argent mandat d'arrêt, la frénésie; car on le surprit
volé? Il est facile de là sorte d'être charitable. un jour occupé à étrangler un bon prêtre,
Que direz-vous, si l'on vous fait voir qu'il qu'il avait demandé sous prétexte de se con-
empoisonnait par ses remèdes empiriques fesser, et sous les habits duquel il méditait
ceux qu'en apparence il soulageait un mo- son évasion. On arriva assez lot pour empê-
ment? Que direz-vous, lorsqu'on vous aura cher la consommation de ce nouveau forfait;
montré que cet homme est le plus dangereux et,depuis, l'ami des anges fut surveillé avec
des escrocs? grand soin.
Vous vous étonnez de le voir accusé de Quand les Français entrèrent à Rome
magie mais c'est lui-même
: qui s'est donné en 1797, quelques officiers se rappelèrent
pour magicien, dominait ur îles esprits in- Cagliostro, qu'ils avaient \ u à Pars. Ls vou-
fernaux. lurent, le visiter dans sa pth6ti. Mais .uni" il
Il s'est dit en correspondance avfC les y avait deux ans que l'homme prodigieuc,
anges, faisant lui-même les demandes elles ne pouvant plus nuire à personne, s'était
réponses; car il est VENT1ULOQUK. étranglé lui-même.
11 a feint, par fantasmagorie et jeux d'op- On met sur le compte de Cagliostro une
,
détestable brochure qui apprend aux vieilles » — donc à eux qu'il faut se confier?..
C'est
femmes l'art de prévoir les numéros gagnants » —
Silence, M. le marquis; ne distrayons
des loteries , par l'interprétation de leurs pas notre pensée par des idées accessoires;
ïêves. Avant la suppression de la loterie en n'oublions pas que c'est au devant des morts
Fiance, on vendait tous les ans un nombre que nous allons...
inouï d'exemplaires de ce fatras dont voici » Je me lus; pendant quelque temps, je
le litre Le Vrai Cagliostro, ou le Régulateur
:
reconnus les rues par où nous passions mais ;
des actionnaires de la loterie , augmenté de bientôt les lumières disparurent peu à peu
;
nouvelles cabales faites par Cagliostro ; volume bientôt les roues de la voilure ne retentirent,
in-8% orné du portrait de Cagliostro, au bas plus sur le pavé; nos lanternes s'éteignirent,
duquel on lit ces treize syllabes, que l'éditeur et l'obscurité fut complète. Me penchant à la
tempête.
comme prononçait ce mot, la portière s'ou-
il
Cagliostro et la
vrit d'elle-même, le marchepied se baissa
« Au milieu des premiers symptômes de sans que personne y mil la main; je descen-
la révolution, on parlait autant, à Paris, de dis le premier, non sans émotion.
Cagliostro, de Mesmer, de Swedenborg et du « L'espace, autant que je pouvais le dis-
comte de Saint-Germain, que de l'assemblée tinguer, était vaste, et, dans tout ce vide noir
des notables qui venait d'avoir lieu , et de que j'avais devant moi, il me sembla qu'un
l'assemblée des états-généraux qu'on allait seul bâtiment s'élevait... Et nous y touchions.
bientôt avoir. « Pendant que nous étions en voiture, j'a-
» Les philosophes de l'école de Voltaire vais entendu quelques rafales de vent; quand
et de Rousseau étaient fort répandus dans la j'eus mis pied à terre, je sentis qu'il en fai-
société; chaque grand seigneur en avait un sait beaucoup, et je m'enveloppai dans mon
chez lui, qu'il nourrissait et hébergeait. Dans manteau.
toutes les familles les Cabanis, les d'Holbach, — « Vous aurez moins froid ici , » me dit
les Helvétius, les Raynal, les Diderot, étaient mon guide.
devenus intimes. Les aventuriers et les im- » Et comme il parlait, une porte s'ouvrit
posteurs avaient beau jeu. Aussi Cagliostro sans bruit.
faisait-il fureur; tout le monde se le dispu- » Alors je vis autre chose que le noir de la
tait. Le marquis de Choiseul-Beaupré, menin nuit. L'intérieur de la maison ou de la bara-
de M. le dauphin l'ayant rencontré chez
, que, de la grange ou de la chapelle où Ca-
madame la duchesse de Grammont, et l'ayant gliostro me commandait d'entrer, était fai-
entendu assurer qu'il avait le pouvoir d'évo- blement éclairé par une lumière qui me sem-
quer les morts, il avait pris le magicien à part, blait à une grande distance du seuil; cette
et lui avait dit à l'oreille qu'il désirait voir lumière bleuâtre et vacillante était à une
sa femme, qui venait de mourir à vingt ans. certaine hauteur du sol. Par instant, et com-
» — Vous la verrez , avait répondu Ca- me par bouffées, sa lueur, se ravivant, lais-
gliostro; séquestrez-vous du monde, restez sait voir un autel mortuaire, entouré de plu-
chez vous, jeûnez et priez et, dans trois , sieurs cercueils, et tout à coup ces objets lu-
nuits, j'irai vous prendre à votre hôtel. gubres disparaissaient dans les ombres.
» Je lui donnai mon adresse , dit M. de » J'avais fait une vingtaine de pas en avan-
Choiseul , dont le récit a été recueilli dans çant du côté de la lumière, quand un coup
une lettre du comte de Motleville; et ef- — de vent plus bruyant que tous ceux qui
,
fectivement, la troisième nuit, Cagliostro avaient soufflé depuis une heure, ébranla ré-
vint vers les onze heures. difice où nous nous trouvions.
» Il dut me trouver pâle et faible; car, sans — « Cette tourmente va passer, » ditCaglio-
ajouter beaucoup de foi à ce qu'on m'avait stro.
raconté de lui j'avais cependant obéi à son
,
» Il se trompait, elle ne fit que redoubler
ordonnance depuis trois jours, je n'étais pas
;
de furie. Bientôt le tonnerre se mêla à la tem-
sorti de chez moi, j'avais jeûné et prié de mon pête. Jamais de ma vie je n'avais entendu
mieux. Quand je le vis entrer dans mon salon, d'ouragan rugir de la sorte. En ce moment
je sonnai pour faire avancer ma voilure; j'acquis la cerlitudequele bâtiment, qui nous
mais il me dit abritait encore, n'était pas de pierres , mais
—
:
llammo agitée el rougeâlre, je distingu ilri ti tilles, Adima et Lébuda, voulut unir Caîn
têtes demorl el dea ossomenla croisés, trnn- avec Lébuda, el Aclima avec. Al> I. Or, Caïn
chnnl en blane sur lei draperies funèbres. était épris d' Aclima. Adam, pour mettre ses
Tous ces emblèmes, loales ces Ogurcs du sé- (ils d'accord leur proposa un sacrifice et ,
, ;
pulcre soulevées
, abaissées par le veni
, , comme on le sait, l'offrande de Cnïn fut re-
avaient quelque chose d'effrayant : on eût jotée. il ne voulut pourtant pascéder Aclima;
du une autre danse macabre. il résolut, pour l'avoir plus sûrement, de tuer
— « Nous ferions mieux de remettre à un son frère Abel mais il ne savait comment s'y
;
autre jour la vision », dis—je à l'homme qui prendre. Le diable, qui l'épiait, se chargea
m'avait promis d'intervertir pour moi l'ordre de lui donner une leçon. Il prit un oiseau
de la nature. qu'il posa sur une pierre, et avec une autre
— « Non, dit-il, je vais conjurer l'orage ;
pierre il lui écrasa la léle. Caïn, bien instruit
il cessera bientôt. » alors, épia le moment où Abel dormait, et lui
» 11 n'avait pas achevé ces paroles, que laissa tomber une grosse pierre sur le front.
l'ouragan, pins furieux, plus rugissant, plus A la suite de ce crime, disent les mêmes doc-
terrible que jamais, enfonça toute une des leurs, il se trouva dans un autre embarras;
pailles latérales et la légère charpente de la
; il ne savait que faire du corps. H l'enveloppa
couverture, n'étant plus soutenue que d'un dans une peau de bêle, et l'emporta sur ses
côté, s'écroula sur l'autel mortuaire el sur épaules pendant quarante jours. L'infection
les cercueils qui l'environnaient A cet in- l'obligea à la fin de déposer son fardeau, qu'il
stant, Cagliostro, effrayé, s'écria enterra; après quoi, il mena une vie errante
—
:
Sauvons-nous. »
« et vagabonde, jusqu'à ce qu'il fût tué par un
» Et je fis bien de suivre ce conseil; car, de ses petits— Gis, qui, ayant la vue courte, le
à peine étais-je sorti, que tout le frêle édifice prit pour une bête fauve...
fut renversé. 11 y a eu dans le deuxième siècle
, une ,
CALCERAND -ROCHEZ. Pendant que Hu- vanls les plus laborieux et les plus utiles do
gues de Monradc était vice-roi de Sicile pour dernier siècle, mort en 17.'i7, dans son ab-
le roi Ferdinand d'Aragon, un gentilhomme baye de Senones. Voltaire même mil ces qua-
espagnol, nommé Calccrand-Rorhez, eut une. tre vers au bas de son portrait :
de Païenne se révoltèrent. Cette sédition, il admet facilement les vampires. Il est vrai
dont la vision susdite donnait clair présage, qu'il rapporte ce qui est contraire à ses idées
ne fut apaisée que par les soins de Charles avec autant de candeur que ce qui leur est
d'Autriche (Charles-Quint) (1). favorable. Voy. Vampires.
CALCHAS, fameux devin de l'antiquité, CALDNDBÔN1US, pierre magique dont on
qui prédit aux Grecs que le siège de Troie ne désigne ni la couleur ni la forme, mais
durerait dix ans et qui exigea le sacrifice
, qui a la verlu d'éloigner les esprits malins,
d'Iphigénie. Apollon lui avait donné la con- de résister aux enchantements de donner à ,
naissancedu passé, du présent et de l'avenir. celui qui la porte l'avantage surses ennemis,
Il serait curieux de savoir s'il aurait prédit et de chasser l'humeur noire.
aussi la prise de la Bastille. Sa destinée était CALVIN (Jean), l'un des chefs de la ré-
de mourir lorsqu'il attrait trouvé un devin forme prétendue né à Noyon en lo09. Ce
, ,
plus sorcier que lui. Il mourut en effet de dé- fanatique qui se vantait comme les autres
,
,
pit, pour n'avoir pas su deviner les énigmes prolestants d'apporler aux hommes la li-
,
CALEGDEJERS-I.es plus redoutables d'en- ve! , son ami, parce qu'il différait d'opinion
tre les génies chez les indiens. Ils sont de avec lui, n'était pas seulement hérétique, on
taille gigantesque et habitent ordinaire-
, l'accuse encore d'avoir été magicien. « Il fai-
ment le patala ou l'enfer. sait des prodiges à l'aide du diable qui, quel-
CALENDRIER. L'ancien calendrier des quefois ne le servait pas bien car un jour il :
païens se rattachait au culte des astres; et voulut donner à croire qu'il ressuscitait un
presque toujours il était rédigé par des as- homme qui n'était pas mort et, après qu'il ;
Suisse, et de cent autres recueils où l'on voit cettemauvaise comédie (3). » Quelques-uns
exactement marqués les jours où il fait bon ajoutent que Calvin fut étranglé par le dia-
rogner ses ongles et prendre médecine mais ; ble ; il ne l'aurait pas volé.
ces détails mèneraient trop loin. Voy. Alma- En son jeune âge Calvin avait joué la co-
,
hostie et d'un calice noirs, et qu'à l'élévation trois nourrices qu'ils n'en profiteraient pas
ils disent ces mots Corbeau noir! corbeau
: mieux (4), Luther, qui élail Irès-superslitieux,
noir! invoquant le diable. dit dans ses Colloques que ces enfants-là ne
CAL1GDLA. On prétend qu'il fut empoi- vivent que sept ans il raconte qu'il en vit
;
sonné ou assassiné par sa femme. Suétone un qui criait dès qu'on le touchait el qui ,
CALMET (Dom Augustin), bénédictin de la qu'un jour un cavalier, voyant ce gueux très-
congrégation de Saint-Vannes l'un des sa- ,
embarrassé pour passer un fleuve, prit , par
compassion , le petit enfant sur son cheval,
li) Leloyer, Oise, et Inst. des spectres, p. 272.
(2) Deiandine , Enfer des peuples anciens ch. n , ,
(5) Bngnet, Discours des sorciers, ch. xvm.
I
5tB. Delancre, L'Inconstance des démons, etc.. Iiv. VI, (il Delancre, Tableau de l'inconstance Lies démons,
f. itil. liv. III, à la ti.i. Ituijiu, Dénionomauie, liv. II, ch. vu.
sm CAM (.AN TAU
innis qu'il était si lourd que i<< cheval pliait mais <le peu «le jugement, né dans un bourg
^ >tisii> poids. Peu do temps nprès le men- , de la Calabre en IS68. Tout jeune, il rencon-
diant, étanl pris, avoua n *- c'était un petit de
*
i tra, dit-on un rabbin qui l'initia dans les
,
démon qu'il portail ainsi, et quecet affreux secrets de l'alchimie, et qui lui apprit tou-
marmot, depuis qu'il le traînait avec lui, tes les sciences en quinze jours , au moyen
avait toujours agi de telle sorte que personne de l'Art Notoire.
do lui refusait l'aumône (I). Avec ces connaissances, Campanclla, en-
tré d;ins l'ordre, des dominicains, so mit a
CAMÉLÉON. Démocrile, au rapport do
Pline, avait fait un livre spécial sur les su-
combattre la doctrine d'Aristote , alors eu
peratitions auxquelles le caméléon a donné
grande faveur. Ceux qu'il attaqua l'accusè-
rent de magie ; et il fut obligé de s'enfuir de
lieu. On plaideur éiait sur de gagner son pro-
portait avec lui la langue d'un ca- Naples. On s'empara de ses cahiers ; l'inqui-
cès», s'il
sition y trouvant des choses répréhensibles,
méléon arrachée à l'animal pendant qu'il
vivait.
condamna l'auteur à la retraite dans un cou-
On tonner et pleuvoir en brûlant la
faisait
vent notez que c'était l'inquisition d'Etal et
:
la tétc et le gosier d'un caméléon sur un l'eu que la vraie cause qui lui fit imposer le si-
de bois de cliène ou bien en rôtissant son lence dans une sorte de séquestration , fut
,
sur les secrets merveilleux de la nature (6). gnes du zodiaque. Voy. Horoscope.
Enfin, Elie Camérarius, autre rêveur de CANG-HY, dieu des cieux inférieurs, chez
Tubingue , a écrit en faveur de la magie et les Chinois. Il a pouvoir de vie et de mort.
des apparitions, des livres que nous ne con- Trois esprits subalternes sont ses minisires:
naissons pas. Tankwam, qui préside à l'air, dispense la
CAMPANELLA (Thomas), homme d'esprit, pluie ; Tsuikwam, qui gouverne la mer et
(1) Boguet, Discours des sorciers, rh. xiv. L'édition ln-S° de Tubingue, 1683, est augmentée et con-
(2) De iiatura el afieclionibus dxmouuta libri duo. Lip- tient XX centuries.
sia;, 1370 In-8° .
(7) De sensu rerum et magia libri IV, etc. In-4° . Franc-
(3) Commenlarius de generibus divinationnjfl, ac graecis fort, 1G20.
lalinisque eannii vocabulis. l.ipsise, 157U. [11-8° .
(i) De purgatorio igné. Rom», 13'i7. (8) Aslrologicorum libri VI. In-i° . Lyon, 1629. L'édition
(5) Horaruoi nàtalium cehturise II pro crtiludine as- de Francfort, 1630, est plus recherchée, parce qu'elle
irologiae. In-4° . Francfort, 1 607 et 1010. contient un septièjuc livre intitulé: De fato siderali vilando.
(6) Sylloge memorabilium riedicinœ et mirabiUwn na- (0) La Vida de Roberlo el Diablo, etc. In-folio. Seville,
turœ arcanorum centuria? XII. fn-12, Sirasbourg, 1621. 1029.
,
elle cnchaniail et envoûtait avec des figures particulièrement bénite contre les revenants,
de cire, et par ses conjurations magiques
,
la délivrerait de sa vision. Ce n'était qui; de
forçait la lune à descendre du ciel. l'eau ordinaire; mais l'imagination de la
CANTEKMË , nom que donnaient les an- vieille femme se rassura parce petit strata-
ciens à certains enchantements et malé- gème, qu'elle ne soupçonnait pas, et elle ne
fices vil plus rien.
CANTWEL (André-Saml'et.-Mictiei,), mort CAPRICORNE. L'un des signes du zodia-
bibliothécaire des Invalides le 1) juillet i'SQl. que. Voy. Horoscopes.
Il est auteur d'un sot roman intitulé le Châ- : CAPUCIN. Ce sont les protestants qui ont
teau d'Albert ou le Squelette ambulant, 171-9, mis à la mode ce slupide axiome supersti-
2 vol. in-18. tieux, que la rencontre d'un capucin était un
CAOUS. Lis Orientaux donnent ce nom à mauvais présage. Un jour que l'abbé de Voi-
des génies malfaisants qui babitenl les ca- senon était allé à la chasse sur un terrain
vernes du Caucase. très giboyeux, il aperçut un capucin. Dès ce
CAPNOMANCIE, divination par la fumée. moment il ne tira plus un coup juste, et
Les anciens en faisaient souvent usage on : comme on se moquait de lui Vraiment, : —
brûlait de la verveine et d'aulrcs plantes sa- messieurs, dit-il, vous en parlez fort à votre
crées on observait la fumée de ce feu, les
: aise; vous n'avez pas rencontré un capu-
ligures et la direction qu'elle prenait, pour cin (1).
en tirer des présages. CAQUEUX ou CACOUX. Les cordiers
On distinguait deux sortes de capnoman- nommés caqueux ou cacoux, en Bretagne,
cie : l'une qui se pratiquait en jetant sur des sont relégués dans certains cantons du pays
charbons ardents des grains de jasmin ou de comme des espèces de parias on les évite; ;
pavot, et en observant la fumée qui en sor- ils inspirent même de l'horreur, parce qu'ils
tait ; l'autre, qui était la plus usitée, se pra- font des cordes autrefois instruments de
,
tiquait par la méthode que nous avons in- mort et d'esclavage. Ils ne s'alliaient jad s
diquée. Elle consistait aussi à examiner la qu'entre eux et l'cnlrée des églises leur
,
fumée des sacrifices. Quand celte fumée était était interdite. Ce préjugé commence à se
légère et peu épaisse, c'était bon augure. On dissiper; cependant ils passent encoie pour
respirait même cette fumée; et l'on pensait sorciers. Us profilent de ce renom ; ils ven-
qu'elle donnait des inspirations. dent des talismans qui rendent invulnéra-
CAPPAUTAS grosse pierre brute qui,
, ble, «les sachets à l'aide desquels on est in-
dans les croyances^ populaires guérissait ,
vincible à la lutte; ils prédisent l'avenir;
de la frénésie ceux qui allaient s'y asseoir; on croit aussi qu'ils jettent de mauvais
elle se trouvait à trois stades de Gylheum eu vents.
Laconie. On les disait, au quinzième siècle, juifs
CAPPEKON , doyen de Saint-Maixant. Il d'origine, et séparés par la lèpre du reste des
publia, dans le Mercure de 1726, une lettre hommes. Le duc de Bretagne, François II,
sur les fausses apparitions, que Lenglel-Du- leur avait enjoint de porter une marque de
fresnoy a réimprimée dans son recueil. Il drap rouge sur un endroit apparent de leur
montre peu île crédulité et combat les faus- robe. On assure que le vendredi saint tous
ses apparitions avec des raisons assez bon- lescaqueux versent du sang par le nombril.
nes. 11 conte qu'un jour il fut consulté sur Néanmoins on ne fuit plus devant les cor-
une femme qui disait voir chaque jour, à diers mais on ne s'allie pas encore aisé-
;
midi, un esprit en figure d'homme, velu de ment avec leurs familles (2). N'est-ce pas ici
gris, avec des boutons jaunes, lequel la mal- la même origine que celle des cagoihs? Voy.
traitait fort, lui donnant même de grands ce mol.
soufflets ; ce qui paraissait d'autant plus cer- CARABIA ou DECARABIA. Démon peu
tain qu'une voisine protestait qu'ayant mis connu, quoiqu'il jouisse d'un grand pouvoir
sa main contre la joue de cette femme dans au sombre empire. 11 est roi d'une partie de
le temps qu'elle se disait maltraitée, elle l'enfer, et comle d'une autre province con-
avait senti quelque chose d'invisible qui la sidérable. Il se présente sous la figure d'une
(1) M. Salgues, Des erreurs et des préjugés, etc., t. I, (2) Cambry, Voyage dans le Finistère, t. 111, p 146;
p. 509. i. I, ete.
;v>5 cm <:\u r.oc
6(olloàcinq rayons. El connaît les vertus des Il dit, dans le livre h de Variété desh
plantes el des pierres précieuses; Il domino choses, qu'il tombait en extase quand il vou-
sur il'* oiseaux, qu'il rend familiers. Trente lait, el qu'alors son Ame voyageait hors de
légions sonl à ses ordres (I). son corps, qui demeurai! impassible eteommu
CARACALLA. L'empereur Caracalla re-
inanimé. —
Il prétendait avoir deux âmes,
l'une qui le portail OU bien et à la science,
naît d'être lue par un soldat. \u moment où.
l'autre qui l'enlralnait au mal et à l'abrutis-
l'on n'en savait encore rien à Rome, on vil
un diable en forme humaine qui menait un Bernent.
Il assure que, dans sa jeunesse, il voyait
Ane, tantôt au Capitole, tantôt au palais de
clair au milieu des ténèbres; que l'âge affai-
l'Empereur, en disant tout haut qu'il cher-
blit en lui celle faculté que ci 'pendant quoi-
chait un maître. On lui demanda s'il cher-
:
une imagination presque toujours délirante, d'Angleterre, plus de cinquante ans de rè-
el on l'a souvent excusé en disant qu'il était gne, d'après les règles de l'art. Mais par mal-
fou. heur Edouard VI mourut à seize ans.
Il rapporte, dans le livre De vita propria, Ces mêmes règles lui avaient fait voir clai-
que, quand la nature ne lui faisait pas sen- rement qu'il ne vivrait que quarante-cinq
tir quelque douleur, il s'en procurait lui- ans. Il régla sa foi tune en conséquence; co
môme en se mordant les lèvres, ou en se ti- qui l'incommoda fort le reste de sa vie. Quand
raillant les doigts jusqu'à ce qu'il en pleu- il dut avouer s'être trompé dans ses calculs,
rât, parce que s'il lui arrivait d'être sans il refit son thème,- et trouva qu'au moins il
douleur, il resscutail des saillies et des im- ne passerait pas la soixante-quinzième an-
pétuosités si violentes, qu'elles lui étaient née. La nature s'obstina encore à démentir
plus insupportables que la douleur même. l'astrologie. Alors, pour soutenir sa réputa-
D'ailleurs, il aimait leiml physique à cause tion, et ne pas supporter davantage la honte
du plaisir qu'il éprouvait ensuite quand ce d'un démenti ( car il pensait que l'art est in-
mal cessait. faillible et que lui seul avait pu se tromper),
(1) Wicrus, in Pseudomo.iarcliia dsem. (2) I.eloycr, llisi. et dise, des spectres, liv. IIF, cti. su
.V)7 lUCliONNAIItE DES SCIENCES OCCULTES. 303
«m assure que Gard. m se laissa mourir de calier de la chaire cl lui annonça qu'il irait
faim. le voir dans trois jours. D'autres disent que
« De tous les événements annoncés par les l'homme noir se tint devant lui le regardant
astrologues, je n'en trouve qu'un seul qui d'un œil fixe, à quelques pas de la chaire et
soit réellement arrivé tel qu'il avait été armi les auditeurs. Quoi qu'il en soit, Car-
prévu, dit un écrivain du d rnier siècle (1), i:ostad se troubla; il dépêcha son prêche, et,
c'est la mort de Cardan, qu'il avait lui-même au sortir de la chaire, il demanda si l'on con-
prédite et usée à un jour marqué. Ce grand naissait l'homme noir qui en ce moment sor-
jour arriva Cardan se portait bien; mais il tait du temple. Mais personne que lui ne
fallait
:
(1) Essai sur |ps superstitions, par M. L. C. In-12. (5) Cette anecdote se trouve encore dans les écrits de
(2) fin
Incrédulité et mêçréance, etc., traité 1", p. 13,
'
ither, et dans un livre du dernier siècle, intitulé
Luth La :
Chou un oncle du législateur il»- > Hébreux, l'en empêchai. Mais enfin, le fils du roi étant
ci, souiini toujours ion parti avec
comme >i
mort, soit que Caron le prit simplement pour
le Mis de quelque seigneur, soit que les ri-
zèle, ce dernier, dit-il, lui apprit l'alchimie
clies-.es qu'il avait acquises enflassent son
et le leerel du grand œuvre, avec lequel il
amassa des sommes immenses, audace, il arrêta le prime comme les autres,
Hérodote nous a indiqaé l'opinion la pins prétondit avoir son droit; et, se moquant de
toutes les raisons qu'on lui put alléguer, il
sure Caron fui d'abord un simpto prêtre do
:
bout de neuf mois, elle mit au monde un fils — « Ecoutez-moi, sire, il ne faut pas trai-
qu'elle nomma Caron. Il croissait à vue d'oeil, ter si lestement les choses. Ce n'est pas pour
mais la malice de son esprit surpassait infi- moi que j'ai tiré ce tribut de vos sujets, c'est
niment la force de son corps. pour vous, dont on ne prend pas assez les
» Dès qu'il fut grand, ses mauvaises incli- inlérêls. Qu'ai-je besoin de ces richesses, moi
nations le portèrent aux crimes les plus af- qui sais me rendre heureux à si peu de frais?
freux. Voyant qu'on ne fait rien dans ce et peut-on dire que c'est pour en jouir dans
monde sans argent, il s'avisa de camper sur les délices, lorsqu'on me voit tous les jours
les bords du lac, à l'endroit où l'on passait exposé aux insultes de ceux qui mènent les
les morts pour les ensevelir dans les grottes convois funèbres? Vous allez, sire, approu-
destinées aux momies. Là, pour chaque mort ver ma conduite je me suis persuadé que,
:
qui traversait, il exigeait, bon gré malgré, puisque vos intendants vous volaient, il fal-
une somme assez considérable; et, afin qu'on lait du moins que quelque sujet fidèle remit
ne lui fît point de résistance, il publiait qu'il dans vos coffres ce qu'ils en ôtaient. J'ai
était chargé par le roi de lever cet. impôt. A voulu être ce fidèle sujet; je vous ai acquis
mesure qu'il gagna de l'argent, if prit avec déjà de grandes richesses, et j'espère vous
lui d'autres brigands pour le soutenir dans en donner encore de plus grandes. »
la collecte de la taxe qu'il avait imaginée (2). » Le roi envoya aussitôt au lieu où Caron
11 lit ce métier plusieurs années, sans qu'on déposait le produit de l'impôt qu'il levait sur
(U Delandine, Enfers des peuples anciens, cb. ix. Union, on proposa d'établir un im;ô( sur les cercueils,
\i) C'était une taxe sur les enterrements, comme il y L'auleur de cette motion pensait qu'au moins rel impôt nu
eu a à l'aris de si énormes. — Dans notre dernière revu- iferait pas crier ceu\ qui useraient de l'objet taxé.
?l! DICTIONNAIRE DF.S SCIENCES OCCULTES. 3(1
que l'impôt s'exigea par ordre du roi. Caron grand nombre de bras armés de massues, de
gagna des sommes énormes, el devint en- sabres et de flèches. 11 se prélasse à cheval
suite si puissant , qu'il fit assassiner le roi et sur un paon.
se mit la couronne sur la télé. Ainsi la pro-
CARTOMANCIE, divination par les car-
phétie qui avait consolé sa mère fut accom- connue sous le nom d'art de tirer
tes, plus
plie. »
les cartes.
Celte histoire n'est qu'une tradition popu- On dit que les cartes ont été inventées
laire rappor;éc à Paul Lucas par des Egyp- pour amuser de Charles VI; mais
la folie
tiens, sur les bonis du lac de Kern ; mais ces qui écrivit sous le nom d'Eiteilla ,
Allielte ,
sortes de traditions servent quelquefois à dé-
nous assure que la cartomancie, qui est l'art
brouiller les faits obscurs de la vieille his- de tirer les caries, est bien plus ancienne. Il
toire; et l'on pourrait douter si c'est de ce
fait remonter celte divination au jeu des bâ-
que nous venons d'extraire que les poêles tons d'Alpha (nom d'un Grec fameux exilé
ont tiré la fable de Caron, le batelier des en- en Espagne, dit-il). Il ajoute qu'on a depuis
fers, ou si c'est des poêles que les Egyptiens
perfectionné cette science merveilleuse. On
tiennent leur conte populaire.
s'est servi de tablettes peintes; el quand Jac-
CARPENTIER (Richard) bénédictin an-
, quernin Gringoneur offrit les cartes au roi
glais du dix-septième siècle. On recherche. de Charles le Rien-Aimé, il n'avait eu que la
lui 1° la Ruine de l'Antéchrist, in-8° , 11)48;
: peine de transporter sur des carions ce qui
2' Preuves que l'astrologie est innocente, utile était connu des plus habiles devins sur des
et précise, in- 4° , Londres, 1653. Il a publié planchettes. Il est fâcheux que celte asser-
une autre singularité intitulée « la Loi par- tion ne soit appuyée d'aucune preuve.
fuite île Dieu, sermon qui n'est pas sermon, Cependant les cartes à jouer sont plus an-
qui a été prêché et n'a pas été prêché, 1G52.» ciennes que Charles VI. Boissonade a re-
CARPOCRAT1ENS, hérésiarques du n* siè- marqué que le petit Jehan de Sainlré ne fut
cle ,qui reconnaissaient pour chefCarpo- honoré de la faveur de Charles V que parce
crate professeur de magie, selon l'expres- qu'il ne jouait ni aux cartes ni aux dés. Il
,
sion de saint Irénée. îls contaient que les fallait bien aussi qu'elles fussent connues en
anges venaient d.' Dieu par une suite de Espagne lorsque Alphonse XI les prohiba
générations infinies, que lesdils anges s'é- en 1332, dans les statuts de l'ordre de la
1,'iicnt avisés un jour de créer le monde et Bande.
les âmes, lesquelles n'étaient unies à des Quoi qu'il en soit, les cartes, d'abord lolé-
corps que parce qu'elles avaient oublié Dieu. rées furent ensuite condamnées ; et c'est
,
Carpocrate prétendait que tout ce que nous une opinion encore subsistante dans l'esprit
apprenons n'est que réminiscence. Il regar- de quelques personnes crédules que qui lient
dait les anges comme nous les démons il les ;
les cartes tient le diable. C'est souvent vrai,
disait ennemis de l'homme, et croyait leur au figuré. « Ceux qui font des tours de cartes
plaire en se livrant à toutes ses passions el sont sorciers le plus souvent, » dit Boguet.
aux plaisirs les plus honteux. S s disciples Il cite un comte italien qui vous mettait en
cultivaient la magie, faisaient des enchante- main un dix de pique, et vous trouviez que
ments el avaient des secrets merveilleux. Ils c'était un roi de cœur (l). Que penserail-il
marquaient leurs sectateurs à l'oreille et des prestidigitateurs actuels?
commettaient beau coup d'abominations. Cette Il n'est pas besoin de dire qu'on a trouvé
secte ne subsista pas longtemps. tout dans las cartes, histoire, sabéisme, sor-
cellerie. Il y a même eu des doctes qui ont
CARRA (Jean-Louis), aventurier du der- vu toute l'alchimie dans les figures ; et cer-
nier siècle, qui se fil girondin et fut guillo-
tains cabalisles ont prétendu y reconnaître
,
tain-brunes. Voici ce que Biguiflc chaque Quatre dames de sulli*, grands ciquets:
curie: dois il, unes de suite , tromperies; deux da-
Les huit cœurs. —
Le roi de cœur est un nies de mile, amitié<
homme honmrablo qui chercho à vous faire Quatre valots de suite, maladie conla-
dii bien-, s'il est renversé, il sera arrêté dans gicuse; trois valets de suite, paresse deus ;
pouvez attendre des Ben ices si elle est reu- ; suite, libertinage deux as de suite, inimitié,
;
versée, c'est le présage d'un retard dans vos Quatre dix de suite, événements ilésa-
pgpérances. Le valet do cœur est un brave gréablcs; trois dix de suite, changement
jeune homme, souvent un militaire, qui doit d'état; deux dix de suite, perte,
entrer dans voire famille et chnrc.be à vous Quatre neuf de suite, bonnes actions; trois
être Utile il en sera empêché s'il est ren-
; neuf de suite imprudence deux neuf de
, ;
un homme assez important qui pense à vous Après avoir mêlé le jeu, on le fait coupe»
nuire, et qui vous nuira s'il est renversé. La de la main gauche par la personne pour qui
dame est une méchante femme qui dit du mal on opère; on compte les caries de sept en
de vous et qui vous fera du mal si elle est sept, mettant de coté la septième de chaque
renversée. paquet. On répèie l'opération jusqu'à ce
Le valet de carreau est un militaire ou un qu'on ail produit douze cartes. Vous élendez
messager qui vous apporte des nouvelles ci's douze cartes sur la table les unes à côté
désagréables et s'il est renversé, des nou-
; des autres, selon l'ordre dans lequel elles sont
velles fâcheuses. L'as de carreau annonce venues ensuite vous cherchez ce qu'elles si-
;
une lettre ; le dix de caireau, un voyage né- gnifîcnt, d'après la valeur et la position de
cessaire et imprévu; le neuf, un relard d'ar- chaque carte, ainsi qu'on l'a expliqué,
gent ; le huit, des démarches qui surpren- M is avant de tirer les caries, il ne faut pas
dront de la part d'un jeune homme le sept, ; oublier de voir si la personne pour la'quelle
un g;.de loterie ; s'il se trouve avec l'as de
in on les lire est sortie du jeu. On prend ordi-
. carreau, assez bonnes nouvelles. hairement le roi de cœur pour un homme
Les huit piques. —
Le roi représente un blond marié; le roi de trèfle pour un homme
commissaire, un juge un homme de robe, brun marié; la dame de cœur pour une dame
avec qui on aura d.s disgrâces; s'il est ren- ou une demoiselle blonde; la dame de trèfle
versé, perte d'un procès. La dame est une pour une dame ou une demoiselle brune ; lo
veuve qui cherche à vous tromper si elle : valet de cœur pour un jeune homme blond ;
est renversée elle vous trompera. Le valet
, le valet de trèfle pour un jeune homme brun,
est un jeune homme qui vous causera des — Si la carie qui représente la personne pour
désagréments; s'il est renversé présage de , qui on opère ne se trouve pas dans les douze
trahison. L'as, grande tristesse; le dix, cm- cartes que le hasard vient d'amener, on la
prisonnement ; le neuf, retard dans les af- cherche dans le reste du jeu , et on la place
faires ; le huit, mauvaise nouvelle ; s'il est simplement à la fin des douze caries sorties.
suivi du sept de carreau, pleurs et discordes. Si, au contraire, elle s'y trouve, on fait tirer
Le sept querelles et tourments , à moins
, à la personne pour qui on travaille (ou l'on
qu'il accompagné de cœurs.
ne soit tire soi-même si c'est pour soi que l'on con-
Les huit trèfles. —
Le roi est un homme suite) une treizième carie à jeu couvert. On
juste, qui vous rendra service; s'il est ren- la place pareillement à la fin des douze caries
versé, ses intentions honnêtes éprouveront étalées parce qu'il est reconnu qu'il faut
,
les méthodes varient, ainsi que la valeur CASAUBON (MÉDÉR.ic),fils d'Isaac Casau-
des cartes, auxquelles on donne dans les li- bon, né à Genève en 1599. On a de lui un
vres spéciaux des sens très-divers et très-ar- Traité de l'Enthousiasme , publié en 1G55 ;
bitraires; mais les résultats ne varient pas. in-8° . Cet ouvrage est dirigé contre ceux qui
deux rois, deux as, etc., en retournant tou- Dée et certains esprits, 1G59, in-fol.
jours à découvert sur chaque paquet la carte —
CAS1. C'est re nom d'une pagode fameuse
qui suit celle que vous enlevez. Pour que la sur les bords du Gange. Les Indiens recher-
réussite soit assurée, il faut que vous retiriez chent le privilège d'y mourir carEswara ne ;
racle varfait devait paraître en 1788; que la el le dieu discrédita ses pronostics. Aussi ,
censure l'arrêta, et qu'on n'a pu qu'en 1802 quoique grande magicienne et sorcière
en gratifier le public. La méthode de ce livre comme dit Delancre (4), elle ne put pas em-
est embrouillée; l'auteur veut qu'on emploie pêcher la ruine de Troie, ni se garantir elle-
vingt cartes disposées en cinq tas, de celte même des violences d'Ajax.
manière: un au milieu, un au-dessus, un CASSIUS de PARME. Antoine venait de —
au-dessous, et un de chaque côté; ce qui perdre la bataille d'Actium; Cassius de Par-
fait une croix. Les caries d'en haut signifient me, qui avait suivi son parti, se relira dans
ce qui doit arriver bientôt, les caries de Athènes: là, au milieu de la nuil, pendant
droite ce qui arrivera dans un lemps plus que son esprit s'abandonnait aux inquiétu-
éloigné; les cartes d'en bas sont pour le pas- des, il vit paraître devant lui un homme noir
se; les cartes de gauche pour les obstacles ; qui lui parla avec agitation. Cassius lui de-
les cartes du milieu pour le présent. On ex- manda qui était. — Je suis ton démon (5),
— répondit
ii
(3) Augelogruphia , 2 vol. in-8". Francfort, to97 et les Grecs dainwn, simplement, si^mii.iil un (finie, une
1603. bonne intelligence , comme le démon de Sociale cl quel
(ô) Nucleus mysteriorum naluv;e cnticlcatus , IGOj. tmes autres.
il S".
517 CAS <:\s 3!»
fraya, «'i appela ses esclaves; nais le «le n me, en quelques lieux par leurs arts perni-
disparut sans se laisser voir à d'aulros youx. cieux ils se faisaient porter par les diables
.
Persuadé qu'il rêvait Cassius se recoucha , dans les nuées de ille en ville et quelque-
, \ ,
et chercha à se rendormir; aussitôt qu'il fut fois faisaient cent lieues le jour Mais comme
seul, le démon reparut avec les mémos cir- la justice divine ne veut pas longuement
constances. Le Romain n'eul pas plus de for- SOUurir les malfaiteurs, Dieu permit qu'un
ce «lue d'abord; il se lit apporter des lumiè- curé, nommé messire Hennît la l'ave, pis-
res, passa le reste de la nuit au milieu do scs sant près de Dôle rencontrât CCS Espagnols
,
esclaves, et n'osa plus rester seul. Il l'ut tué avec leur servante, lesquels se mirent en
peu de jours après par l'ordre du vainqueur compagnie avec lui, et lui demandèrent où
d'Acliuui (I). il Après leur avoir déclaré et conté
allait.
CASSO ou ALOUETTE. — On assure que une partie de son ennui pour la longueur du
celui qui portera sur soi les pieds de cet oi- chemin, un de ces Espagnols, nommé Diego
seau ne sera jamais persécuté ; au contrai- Castalin lui dit
, : —
Ne vous déconforlez
re, il aura toujours 1 avantage sur ses enne- nullement, il est près de midi mais je veux ;
mis. Si on enveloppe l'œil droit de l'alouette que nous allions aujourd'hui coucher à Bor-
dans un morceau de la peau d'un loup ,
deaux.
l'homme qui le portera sera doux, agréable » Le curé ne répliqua rien, croyant qu'il
et plaisant; et on le met dans du vin, on
si le disait par risée, vu qu'il y avait près de
se l'era personne qui le boira (2).
chérir de la cent lieues. Néanmoins après s'être assis ,
doit l'or potable qui guérit de tous maux , dénonce Espagnols et la femme. On
les trois
in-8° , rare, Paris, 1611 ; le Paradis terrestre, fouille leurs bagages, où se trouvent plu-
où l'on trouve la guérison de toute maladie, sieurs livres , caractères billets cires , cou- , ,
in-8", Paris , 1613; a le Grand miracle de na- teaux, parchemins et autres denrées servant
ît ture métallique, que, en imitant icellc sans à la magie. Ils sont examinés; ils confessent
« sophistiqueries , tous les métaux impar- le tout, disant, entre autres choses, d'avoir
« fails serendront en or fin, et les maladies fait, par leurs œuvres périr les fruits de la
,
« incurables se guériront,» iu-8", Paris, terre aux endroits qu'il leur plaisait, d'a-
1615. voir fait mourir plusieurs personnes et bes-
CASTALIE. —
Fontaine d'Anlioche au , tiaux , et qu'ils étaient résolus de faire plu-
faubourg de Daphné; ses eaux étaient pro- sieurs maux du côté de Bordeaux. La cour
phétiques et il y avait auprès un oracle cé-
,
leur fit leur procès extraordinaire, qui leur
lèbre qui prédit l'empire à Adrien. Quand cet fut prononcé le 1" mars 1610, et condamna
oracle fut accompli, Adrien fit boucher la Diego Castalin, Francisco Ferdillo, Viucen-
fontaine avec de grosses pierres, de peur tio Torrados et Catalina Fiosola à être pris
qu'un autre n'y allât chercher la même fa- et menés par l'exécuteur de la haute justice
veur qu'il avait obtenue. en la place du marché au porcs et être con-
CASTAL1N (Diego). « Discours prodi- — duits sur un bûcher, pour là, être brûlés tout
gieux et épouvantable de trois Espagnols et une vifs, et leurs corps être mis en cendres,
Espagnole, magiciens et sorciers, qui se fai- avec leurs livres, caractères, couteaux,
saient porter par les diables de ville en ville, parchemins, billets et autres choses propres
avec leurs déclarations d'avoir fait mourir servant à la magie.
plusieurs personnes et bétail parleurs sor- » L'Espagnole qui les servait, nommée
tilèges, et aussi d'avoir fait plusieurs dégâts Catalina Fiosela, confessa une infinité de
aux biens de la terre. Ensemble, l'arrêt pro- méchancetés par elle exercées entre autres ,
noncé contre eux par la cour de parlement que par ses sortilèges, elle avait infecté,
de Bordeaux, in-8° (rare). Paris, i626. » avec certains poisons, plusieurs fontaines ,
femme espagnole aussi sorcière et magicien- mourir plusieurs bétails, et fait, par ses
ne, se sont promenés par l'Italie, Piémont, charmes, tomber pierres et grêles sur les
Provence, Franche-Comté, Flandre, et ont, biens et fruits de la terre.
par plusieurs fois traversé la France, et,
,
» Voilà qui doit servir d'exemple à plu-
tout aussitôt qu'ils avaient reçu quelque dé- sieurs personnes qui s'étudient à la magie ;
plaisir de quelques-uns, en quelques vil- d'autres, sitôt qu'ils ont perdu quelque cho-
les, ils ne manquaient, par le moyen de leurs se, s'en vont au devin et sorcier, et ne con-
pernicieux charmes, de faire sécher les blés sidèrent pas qu'allant vers eux, ils vont vers
cl les vignes; et pour le regard du bétail, il le diable, prince des ténèbres. »
languissait quelques trois semaines, puis CASTELLINI (Luc), frère prêcheur du dix-
demeurait mort, tellement qu'une partie du septième siècle. On reneonlre des prodiges
Piémont a senti ce que c'était que leurs mau- infernaux dans son Traité des miracles (3j.
dites façons de faire. CASTOR. C'est une opinion trôs-ancienno
(1) Valère-M.ixime, et d'autres nncinns. (3) Traclatus de Miraculis. l'.ome, 1C2).
(2i Admirables secrets d'Albert le Grand.
319 DICTIONNAIRE Dr.r> sUE.NCLS OCCULTES. 5-2C
et très commune que le castor se mutile les jours pour l'exhorter à faire ce qu'il lui
pour se dérober à la poursuite des chas- avait ordonné. Enfin, un malin avant le
seurs. Ontrouve dans les hiéroglyphes
la jour, comme il était en prière, il aperçut Ca-
des Egyptiens, dans les fables d'Esope, dans lalde velu de l'habit épiscopal, lequel lui dil
Pline, dans Arislote, dans Elien mais cette ; avec une contenance sévère Tu n'as pas : —
opinion n'en est pas moins une erreur au- tenu compte de chercher le livre que je l'a-
jourd'hui reconnue (1). vais enseigné et de l'envoyer au roi Ferdi-
CASTOR et POLLUX fils de Jupiter et de , nand sois assuré, celte fois pour toutes, que
;
Léda.On en Ot des dieux marins; et, dans si lu n'exécutes ce que je l'ai commandé, il
Les histoires grecques et romaines sont pour l'accompagner au lieu marqué. On y ar-
remplies d'apparitions de Castor et Pollux. riva, on creusa la terre; on trouva un petit
Pendant que Paul-Emile faisait la guerre en coffre de plomb, si bien clos et cimenté que
Macédoine, Publius V.itinius, revenant à l'air n'y pouvait pénétrer, et au fond du cof-
Rome, vit subitement devant lui deux jeunes fre se vit le livre où toutes les misères qui
gens beaux et bien faits montés sur des ,
devaient arriver au royaume de Naples, au
chevaux blancs, qui lui annoncèrent que le roi Ferdinand et à ses enfants, étaient décri-
roi Persée avait été fait prisonnier la veille. tes en formes de prophétie, lesquelles ont eu
Valinius se hâta de porter au sénat cette lieu; car Ferdinand fut tué au premier con-
nouvelle; mais les sénateurs, croyant déro- flit; son fils Alphonse, à peine maître du
ger à la majesté de leur caractère en s'arrè- trône, fut mis en déroule par ses ennemis,
laut à des puérilités, firent mettre cet homme cl mourut en exil. Ferdinand, le puîné, périt
en prison. Cependant, après qu'on eut re- misérablement à la fleur de son âge, acca-
connu par les lettres du consul que le roi blé de guerres, et Frédéric, petit-fils du dé-
de Macédoine avait été effectivement pris ce funt Ferdinand, vil brûler, saccager et rui-
jour-là, on tira Vatiuius de sa prison; on le ner son-pays (i).
gratifia de plusieurs arpents de terre, et le CATALONOSou BARAILANAS, prétresses
sénat reconnut que Castor et Pollux étaient des Indiens des îles Philippines. Elles lisent
les protecteurs de la république. Pausanias dans l'avenir et prédisent ce qui doit arri-
explique cette apparition « C'étaient, dit-il, : ver. Quand elles ont annoncé le bien ou le
des jeunes gens revêtus du costume des Tyn- mal à ceux qui les consultent, elles font le
darides, et apostés pour frapper les esprits sacrifice d'un cochon qu'elles tuent d'un coup
crédules. » —
On sait que Castor et Pollux do lance et qu'elles offrent en dansant aux
sont devenus la constellation des Gémeaux. mauvais génies et aux âmes des ancêtres,
CASTRO (Alphonse de), célèbre prédica- lesquelles, dans l'opinion des Indiens, fixent
teur né au Pérou, et l'un des plus savants leurs demeures sous de grands arbres.
théologiens du seizième siècle, auteur d'un CATANANCEE, planle que les femmes de
livre contre les magiciens (2). Thessalie employaient dans leurs philtres.
CATABOLIQUKS. « Ceux qui ont lu les On en trouve la description dans Diosco-
anciens savent que les démons cat abdiques ride
sont des démons qui emportent les hommes, CATARAMONACH1A, anathème que ful-
les tuent, brisent et fracassent, ayant cette minent les papas grecs. Dans quelques îles
puissance sur eux. De ces démons calaboli- de la Morée, on dil que cet anathème donne
ques, Fulgeuce raconte qu'un certain Cam- une fièvre lente dont on meurt en six se-
pester avait écrit un livre particulier qui maines.
nous servirait bien si nous l'avions, pour CATELVN (Laurent), pharmacien do
apprendre au juste comment ces diables Montpellier au dix-septième siècle. Il a laissé
traitaient leurs suppôts, les magiciens elles une Histoire delà nature, chasse, vertus,
sorciers (3). propriétés et usajes de la Licorne , Montpel-
lier, in-8", 1024, et un Rare et curieux Dis-
CATALDE, Cvéque de Tarente au sixième
cours de la plante appelée Mandragore, Paris,
siècle. Mille ans après sa mort, on raconte
in-12. 1(539.
qu'il se montra une nuit, en vision, à un
jeune Tarenlin du seizième siôele et le
CATHARIN (Asibroise), dominicain de
Florence, mort à Rome en 1553, auteur d'uno
,
(t) Brown, DesErreurs populaires, liv. III, ch. iv. (S) Discorso conlra la ilotlrina e le profulie di Girolamo
•'2) De Sorlilegis ac nialelieis , euruQiquo punitions. Savon ii'ola, da .'. .ibrosio l'a arino porno. Iii-S". Venise,
Lyon, 15G8. 1518 Tliomas Neri eoinbailit cel omrage dans un lis re in.
(3; Leloyer, Ilisi. ri dise, des spectres, liv. VII, cit. iv. liuilé : Àpolugia di Towaso .Neri, iu ulfesa délia domina
|ij llis'oircs prodigieuses de lkiisluaiix, tom. I. ili (j.i. 1j no Savonarola. l.i-S". l'ioru.ice, IJGi.