BTS Blanc Mars 2024 Année 2 Surtourisme

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BREVET DE TECHNICIEN SUPÉRIEUR

BLANC

Toutes filières

Culture générale et expression

SESSION MARS 2024


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Durée : 04h00
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7 pages

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PARIS, VILLE CAPITALE ?

PREMIÈRE PARTIE : SYNTHÈSE ( /40 points)

Vous rédigerez une synthèse objective, concise et ordonnée des documents


suivants :

Document 1 : « Paris écrasée par le surtourisme : une leçon pour Québec et


Montréal », Loïc Tasset, Le journal de Montréal, 14 avril 2023

Document 2 : « Paris dans l’imaginaire national de l’entre-deux-guerres »,


Evelyne Cohen, Publications de la Sorbonne, 1999

Document 3 : Les Voyageurs de l’Impériale, Louis Aragon,


Éditions Robert Laffont, 1942

Document 4 : Touristes devant La Joconde (Musée du Louvre),


www.pariszigag.fr

DEUXIÈME PARTIE : ÉCRITURE PERSONNELLE ( /20 points)

Selon vous, peut-on avoir du plaisir à visiter une capitale comme Paris ?

Vous répondrez à cette question d’une façon argumentée en vous appuyant sur
les documents du corpus, vos lectures et vos connaissances personnelles.

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Document 1

Je n’avais pas mis les pieds Paris depuis des décennies. Je viens d’y séjourner trois semaines.
Le contraste entre le Paris d’aujourd’hui et celui d’il y a quelques années est renversant. Il est
rempli d’enseignements pour d’autres villes, dont Montréal et Québec.
Paris demeure une des plus belles villes au monde. Partout, j’y ai été très bien accueilli. Rien
qui justifie la réputation déplaisante que certains reprochent aux Parisiens.
Les services à l’aéroport sont bien organisés et efficaces. Ceux de la ville fonctionnent bien.
Et même si j’ai séjourné en France au moment des manifestations dans les banlieues, la vie à
Paris même a été très peu affectée par celles-ci.
Le problème est que Paris est tellement envahie par le cancer du surtourisme qu’elle est en
train de devenir dans ses arrondissements centraux une autre Venise, une ville zombie, avec
très peu d’habitants locaux.
En 2013, 29 millions de touristes ont visité Paris. En 2023, ils seront 44 millions. Or, Paris
compte un peu plus de 2 millions d’habitants.
Les Parisiens sont dépossédés de leur centre-ville. Le même phénomène est en train de se
produire dans d’autres villes.
Surtourisme
Le résultat de ce surtourisme est désolant. Les commerces touristiques pullulent dans les
arrondissements centraux. Un des pires endroits est probablement autour de Beaubourg.
La piétonnisation de plusieurs rues a entraîné la mort des commerces locaux et a
puissamment contribué à l’exode des résidents. Les principales lignes de métro sont
bourrées de monde à toute heure du jour. Les menus des bistros affichent presque tous les
mêmes plats pour touristes : escargots, salade césar et hamburgers. La Seine est devenue
une autoroute pour bateaux-mouches.
Plusieurs grandes places sont enlaidies par les kiosques de marchands de machins-trucs
pour touristes. Le parvis de l’hôtel de ville de Paris est défiguré par une immense scène de

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spectacles. La gestion quotidienne des foules qu’elle entraîne rend les rues environnantes
invivables
Bien entendu, les appartements pour location touristique foisonnent, ce qui, comme dans
bien d’autres villes, diminue le stock de logements disponibles et donc chasse les Parisiens
de leur ville.
Et les autorités de Paris annoncent, avec une fierté stupide, que le nombre de touristes va
encore augmenter de plusieurs millions dans les prochaines années.
Leçons
Montréal et Québec devraient tirer des leçons de cette mauvaise gestion du tourisme. Par
exemple, les rues piétonnières ont tendance à chasser les commerces locaux et les habitants
de leurs abords. Pour le bien-être des résidents, il vaudrait mieux ne pas les implanter.
Avec 10 millions de touristes par an pour 1,8 million d'habitants à Montréal et près de 5
millions de touristes par an pour 550.000 habitants à Québec, n’est-il pas temps de cesser de
faire la promotion active du tourisme dans ces deux villes ? D’autres industries moins
déstructurantes, moins polluantes et plus respectueuses des habitants locaux devraient y
être soutenues.

« Paris écrasée par le surtourisme : une leçon pour Québec et Montréal », Loïc Tasset, Le journal de
Montréal, 14 avril 2023

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Document 2

Comme Londres, Berlin, New-York, Vienne, à différentes époques, Paris se présente dans
l’entre-deux-guerres comme une capitale de rang mondial. Elle a une image de « Capitale
Universelle ». « Paris » est un instrument du rayonnement international de la France, un des
attributs de la grandeur française.
La France est devenue depuis 1889, la première puissance touristique du monde. Chaque
année, deux millions de touristes sont attirés par les palaces français, les souvenirs de la
Grande Guerre, les Expositions Internationales. Ce tourisme sera atteint de plein fouet par la
crise économique internationale de 1929.
Une véritable politique culturelle de la France se met en place qui valorise ce que l’on
ressent comme un « atout français ». Elle met en avant une image de Paris et de la France,
de ce qu’il « faut » voir de beau, d’intéressant, de pittoresque, d’édifiant, de grandiose,
d’évocateur... Paris apparaît comme une « ville-miroir ». Paris se mire1 littéralement dans les
yeux de milliers d’artistes, d’écrivains, de populations en tous genres qui le dépeignent,
l’écrivent, le disent.
Les guides de tourisme consacrés à Paris se présentent comme une architecture réfléchie de
l’image de Paris. Les grandes expositions internationales et universelles sont également un
élément de la politique culturelle de la France, une image construite à l’intention de ceux
qui viennent voir Paris. Il y a un plaisir à voir Paris et Paris a plaisir à être vu.

Certains intellectuels publient des « portraits » de villes, sortes de guides qui « promènent »
leurs lecteurs au travers de Paris. Ce genre littéraire est assez apprécié dans
l’entre-deux-guerres de même que les nombreuses « enquêtes » menées auprès du public
sur les « attributs » de Paris, ses qualités, ses quartiers, ses monuments...

« Paris dans l’imaginaire national de l’entre-deux-guerres », Evelyne Cohen, Publications de la


Sorbonne, 1999

1
Se mirer : se contempler

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Document 3
A Paris pour l’Exposition Universelle de 1889, le personnage de Paulette aperçoit la tour
Eiffel.
« Oh, quelle horreur ! » s'écria Paulette.
Il faisait un temps magnifique, un de ces ciels où c'est un bonheur qu'il y ait des
flocons de nuages, pour que quelque chose y puisse être de ce rose léger qui les rend plus
bleus. Au débusqué du Trocadéro, sur les marches, on se heurtait à cette grande cloche vide
au-dessus de Paris, de la Seine et des jardins. Les jardins dévalaient toutes eaux dehors
cascades, bouquets d'écume, jets surgis en panaches de la pièce centrale et chargés dans la
lumière de statues d'or étincelantes, de massifs de fleurs vivaces, avec une couronne
d'arbres inclinés jusqu'au fleuve, d'où jaillissaient, de droite et de gauche, tourelles et
terrasses, de bizarres architectures de bois aux toits de couleur.
Dans tout cela, la foule, une foule ahurie, bigarrée2, avec des Arabes, des Anglais, des
Parisiens, des badauds grimpés, le melon sur le nez, sur des ânes blancs conduits par des
fellahs3, les extravagantes modes de l'année avec leurs tournures embarrassantes et les
petits chapeaux étroits et perchés, retenus d'une bride sous le menton, la flâne des ouvriers
en blouse, des enfants qui courent dans vos jambes, et l'un d'eux dans les escaliers tombe et
pleurniche, les pantalons rouges des militaires, les chéchias4 des spahis5, les redingotes6
noires et cintrées de messieurs barbus qui pérorent, des floppées et des floppées de gens
qui arrivent et qui s'en vont, comme un chassé-croisé de fourmis où l'on était pris, avec un
relent de poussière et de sueur, la sensation irrépressible qu'on entrait pour des heures dans
un engrenage de fatigue et d'émerveillement, qu'on allait rouler avec les autres, sans
pouvoir s'arrêter, sur cette pente où déjà depuis le matin s'étaient esquintés les visiteurs
solitaires, les familles époustouflées, les mille et une nations du monde accourues pour
l'Exposition.
« Oh, quelle horreur ! » répéta Paulette.

Louis Aragon, Les Voyageurs de l’Impériale, Éditions Robert Laffont, 1942

2
Bigarrée : De différentes couleurs.
3
Un fellah est un paysan égyptien.
4
Coiffure en drap rouge, cylindrique, portée par de nombreux peuples africains, naguère adoptée par certains corps des troupes
d'Afrique.
5
Cavalier des corps auxiliaires indigènes de l'armée française en Afrique du Nord, recrutés d'abord en Algérie et par la suite en Tunisie
et au Maroc.
6
Vêtement d'homme long, plus ou moins ajusté à la taille. Se porte en général en manteau.

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Document 4

Touristes devant La Joconde (Musée du Louvre), www.pariszigag.fr, 2019

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