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LE GUIDE DE L’USAGER
(Publié dans le Cameroon Tribune du lundi 19 avril 2010, n° 9582/5783, pp. 20-23).
I – LEXIQUE
Affaires foncières : toutes les procédures concernant la gestion des terrains privés
(immatriculation, vente, morcellement et toutes autres transactions).
Bail emphytéotique : contrat de location d’un terrain bâti ou non pour une durée comprise
entre 18 et 99 ans.
Bornage : opération rattachée à une procédure par laquelle une personne physique ou morale
fait délimiter son immeuble par des bornes par les services d’un géomètre du cadastre.
Concession : procédure par laquelle l’État attribue une portion du domaine national de 2e
catégorie à une personne physique ou morale aux fins d’exploitations selon un cahier de
charge spécifique.
Coordonnées : tous les points servant de repères fixes, provisoire ou définitif sur les limites
bornées d’une parcelle de terre.
Déclaration d’utilité publique : acte administratif pris par le ministre en charge des
domaines déclarant d’utilité publique des terrains devant accueillir un projet d’intérêt général.
Domaine public : ensemble inaliénable des biens meubles et immeubles par nature ou par
destination affectés à l’usage direct du public ou des services publics.
Domaine public naturel : ensemble des terrains et espaces non aménagés par l’homme (la
mer, les fleuves, les rivières, les lacs, la terre, les marécages, l’espaces aérien…).
Domaine public naturel maritime : ensemble composé des rivages de la mer jusqu’à la
limite des plus hautes marées et une zone de 50 m mesurée à partir de cette limite.
Domaine public naturel fluvial : ensemble composé des cours d’eaux navigable dans la
limite déterminée par les plus hautes eaux, et une zone de 25 m à partir de cette limite, des
marécages, des cours d’eaux non navigables, des lacs, des étangs naturels et des lagunes.
Domaine public artificiel : domaine public aménagé par l’homme ou l’État, notamment : les
autoroutes et une emprise de 100 m de part et d’autre de l’axe de la chaussée ; les routes
nationales, régionales, départementales et les pistes avec une emprise successive de 40, 25 et
10 m de part et d’autre de l’axe de la chaussée ; les pistes, ports, monuments et édifices
publics, concessions de chefferies traditionnelles…
Domaines public artificiel communal : aménagé par les fonds communaux ou obtenu par
transfert de l’État par un décret.
Erreur matérielle : erreur constatée dans un des documents servant à l’établissement du titre
foncier.
Fusion : procédure par laquelle plusieurs immeubles immatriculés contigus appartenant à une
même personne sont mélangés pour faire l’objet d’un seul titre foncier.
Morcellement : opération consistant à aliéner une partie d’un immeuble immatriculé au profit
d’une tierce personne.
Mutation : transfert en totalité des droits de propriété d’un individu à une autre.
Mutation par décès : transfert des droits de propriété d’un défunt à son ayant droit.
Nullité : caractère d’un document foncier devenu ou rendu sans effet et inexistant.
Prénotation judiciaire : acte par lequel le juge judiciaire suspend toute opération ou toute
transaction sur un titre foncier impliqué dans un litige devant la justice ou l’administration.
Recours gracieux : demande de réexamen d’une décision par l’autorité ayant pris la décision.
Régime domanial : ensemble des lois et règlements régissant la gestion du domaine public,
domaine privé de l’État et du domaine national de 2e catégorie.
Régime foncier : ensemble des lois et règlements régissant la gestion des immeubles privés,
et l’immatriculation des terrains du domaine national de première catégorie.
Revenu du domaine de l’État : somme réglementaire à verser à l’État sur une base
temporelle prédéfinie pour toute occupation du domaine public et du domaine privé de l’État.
8. Dois-je suivre le dossier entretemps pour que ce délai de six mois soit respecté ?
Normalement, vous ne devez pas courir après votre dossier et mettre la pression sur les
agents publics d’une manière ou d’une autre ; cela donne souvent lieu à des trafics et des
arnaques dont vous pouvez être victime. Cependant veillez à ce que toutes les pièces et tous
les frais légaux demandés à chaque étape soient disponibles à temps.
10. Et s’il m’arrive de perdre ma copie de titre foncier, puis-je en obtenir une autre ?
Oui, mais il faut auparavant saisir le tribunal d’un dossier comprenant le certificat de
propriété et le certificat de perte, pour qu’il vous soit délivré une ordonnance vous autorisant à
demander une autre copie du titre foncier. Muni de cette ordonnance, vous vous rendez chez
le conservateur foncier.
21. Mes droits ont été lésés par une immatriculation, que dois-je faire ?
Vous ne pouvez malheureusement pas avoir de recours sur le terrain concerné. S’il y a
eu dol (i.e. fraude), vous ne pouvez engager qu’une action en dommages-intérêts contre le
fraudeur.
23. Puis-je faire une opposition à l’immatriculation d’un terrain dès que j’en prends
connaissance à travers la publicité faite à la sous-préfecture ?
Oui. Dans ce cas, il faut saisir immédiatement le sous-préfet ou le chef du district,
président de la commission consultative.
24. Comment puis-je faire une opposition à l’immatriculation d’un terrain après la
publication d’un avis de clôture de bornage ?
Il faut saisir le conservateur dans un délai de 30 jours après la parution de l’avis de
clôture de bornage dans le bulletin régional des avis domaniaux que publie mensuellement
chaque délégation régionale.
Immatriculation directe :
- 5 F/m² dans la zone urbaine (minimum à percevoir 5000 F) ;
- 1 F/m² dans la zone rurale (minimum à percevoir 3000 F).
Hypothèque et privilège :
- de 1 franc à dix millions de francs : 1% ;
- de dix millions à cent millions : 0,75% ;
- de cent millions à cinq cent millions : 0,50% ;
- à partir de cinq cent millions : 0,3%.
Mutations totales :
- par vente : 2% du prix d’achat ;
- par décès : 0,50% de la valeur vénale déclarée de l’immeuble ;
- par échange : 1% de la valeur énoncée par l’acte notarié ;
- par apport au capital de société : 1% de la valeur des actions ;
- par donation entre vifs : 1% de la valeur énoncée par l’acte notarié.
III-1– La concession
46. Et si je ne mets pas le terrain en valeur dans une période de trois ans ?
1 - Le préfet établit un constat de non mise en valeur et l’adresse au ministre chargé
des domaines.
2 - Le ministre chargé des domaines prononce votre déchéance sur la propriété de ce
lot.
3 - Dès cet instant, le lot ne vous appartient plus, il est retiré et attribué à une autre
personne susceptible de le mettre en valeur.
53. Les organismes internationaux et des missions diplomatiques peuvent-ils obtenir une
attribution en jouissance ou en propriété ?
Oui, les organismes internationaux ainsi que les missions diplomatiques et consulaires
installées au Cameroun peuvent devenir propriétaire ou locataire de terrains domaniaux
(article 12, ordonnance 74-2 du 6 juillet 1974).
N.B. : Le marécage fait partie du domaine privé naturel, géré par l’État. Je ne
suis pas autorisé à l’occuper.
61. L’État a-t-il le droit de m’exproprier alors que je dispose d’un titre foncier ?
Oui. Lorsque l’État déclare d’utilité publique les travaux devant être réalisés sur votre
propriété. Il vous exproprie et compense ce préjudice par une indemnisation pécuniaire ou en
nature.
65. Cela veut-il dire que la procédure de rétrocession n’est pas légale ?
Elle ne repose pour l’instant sur aucune base juridique, malgré les usages anciens.
66. Que dois-je faire de la copie du titre foncier que je détiens entre mes mains lorsque je
suis exproprié et indemnisé ?
Cette copie titre foncier qui est déjà invalide doit être déposée auprès de la
commission d’évaluation. En aucun cas, je ne dois la garder par devers moi et m’en servir
pour d’autres transactions.
N.B. : La forêt vierge fait partie du domaine national, gérée par l’État. Je ne peux
la vendre que si j’y obtenu un titre foncier !
77. Cela veut-il dire que les travaux des géomètres privés sont soumis à l’approbation
des géomètres du cadastre ?
Les géomètres privés travaillent sous le contrôle de l’administration du cadastre qui
vise les plans.
80. Y a-t-il un modèle de bornes qu’il faut absolument avoir pour faire borner son
terrain ?
Non. Cependant, il faut disposer des bornes suffisamment grandes et solides pour être
visibles et pouvoir résister à l’usure du temps.
83. Puis-je déplacer une borne de mon terrain si mn voisin consent à me céder du
terrain ?
Non. C’est une opération relevant des services du cadastre et de l’immatriculation.
Déplacer une borne est un délit réprimé par la loi.
85. Les géomètres exigent que les frais à payer soient majorés de 10% qui vont dans
leurs poches. Est-ce normal ?
Oui. Les 10% à majorer sur tous les travaux topographiques sont fixés par la loi des
finances en vigueur et sont alloués effectivement au personnel ayant effectué les travaux.
86. Dois-je verser aussi les frais de rédaction des procès-verbaux ?
Non. Les frais fixés pour les travaux planimétriques incluent les frais de rédaction des
procès-verbaux.
87. Combien dois-je payer pour les travaux de bornage si mon terrain est situé dans le
périmètre urbain ?
– 27 500 FCFA/are pour une superficie inférieure ou égale à 5 000 m².
– 5 50 FCFA/are supplémentaire pour une superficie supérieure à 5 000 m².
88. Combien dois-je payer pour les travaux de bornage si mon terrain est situé hors du
périmètre urbain ?
– 27 500 FCFA/are pour une superficie inférieure ou égale à 5 hectares.
– 50 000 FCFA pour une superficie comprise entre 5 et 20 ha
– 10 000 FCFA/ha supplémentaire au-delà de 20 ha.
89. Combien dois-je payer pour les travaux dits planimétriques (mise à jour des plans,
implantation, vérification des limites, reconstitution des bornes, expertise foncière,
etc.) ?
– Frais fixes de 27 500 FCFA avant toute descente sur le terrain ;
– 5 500 FCFA par borne reconstituée, rectifiée ou implantée.
90. Combien dois-je payer pour les travaux dits altimétriques (plans de masse et de
situation pour permis de bâtir, relevés avec courbes de niveau et points côtés, etc.) ?
– 38 500 FCFA/are pour une superficie inférieure ou égale à 1000 m².
– 770 FCFA/are supplémentaire pour une superficie supérieure à 1000 m².
V – LE PATRIMOINE DE L’ETAT
100. Quelles sont les personnes qui doivent être logées gratuitement ?
Les membres du Gouvernement et assimilés ; les gouverneurs des provinces, les
secrétaires généraux auprès des gouverneurs, les préfets, les sous-préfets, les chefs de
districts, le Président de la Cour suprême et le Procureur général près la Cour suprême ; les
magistrats responsables à la Cour suprême ; les présidents de cour d’appel, les procureurs
généraux près des cours d’appel, les présidents des tribunaux, les procureurs de la
République ; les personnels de l’assistance technique dans le respect des dispositions
conventionnelles, les personnes logées en application des dispositions des conventions
internationales.
103. En dehors de ces catégories, plusieurs autres fonctionnaires ne sont-ils pas logés ?
Effectivement, une fois que les ayants droits sont logés, et en fonction des
disponibilités, d’autres fonctionnaires peuvent être logés.
105. Suis-je autorisé à effectuer des aménagements dans le logement qui m’est attribué ?
En principe non ! Il revient à l’administration du MINDAF d’entretenir les logements
de l’État. Mais compte tenu de la rareté des ressources, vous pouvez être autorisé à procéder à
ces aménagements, de commun accord avec le MINDAF. Ces aménagements se font dans ce
cas à vos frais, et vous ne pourrez en aucun cas adresser la facture à l’État.
107. En cas d’affectation dan une autre ville, suis-je autorisé à laisser la famille dans
cette maison ?
La maison est attribuée intuitu personae, et non à la famille. Tout acte d’affectation
rend caduque votre attribution.
108. Je suis retraité, puis-je continuer à occuper la maison en attendant de trouver une
maison personnelle ?
Non. Le logement de l’État est attribué exclusivement aux agents de l’État en activité.
On, doit le libérer dès qu’on perd sa retraite.
111. S’agissant de véhicules par exemple, peut-on les réformer n’importe quand ?
Non. À l’exclusion des épaves de véhicules accidentées, aucun véhicule ne peut être
réformé avant l’âge de 5 ans.
116. Quelle est la procédure à suivre pour une administration qui acquiert un véhicule
pour ses services ?
Le véhicule doit être réceptionné par une commission au garage administratif et
enregistré. On lui donne un certificat d’immatriculation (carte grise spéciale), une autorisation
de circuler pour l’utilisateur d’une durée de moins de trois mois renouvelable.
121. Quels sont les actes que je peux contester si mes droits sont violés ?
– Immatriculation des terrains dans le livre foncier (délivrance des titres fonciers).
– Arrêtés prononçant le retrait de titre foncier.
– Arrêtés constatant la nullité d’ordre public de titre foncier, décrets autorisant la
rectification de titres fonciers.
– Arrêtés approuvant les ventes de terrains de gré à gré ou par adjudication.
– Arrêtés portant attribution des terrains en concession provisoire ou définitive.
– Arrêtés autorisant la conclusion des baux ordinaires ou emphytéotiques sur le
domaine privé de l’État.
– Décrets autorisant la conclusion des baux emphytéotiques.
– Décisions autorisant la vente de gré à gré des terrains domaniaux.
– Décisions portant règlement des oppositions ou autres litiges fonciers.
– Décisions prononçant la déchéance des droits fonciers sur des terrains domaniaux.
– Arrêtés de déclaration d’utilité publique.
125. Que faut-il pour instruire un dossier auprès de l’administration des domaines et
affaires foncières ?
Il faut :
– disposer de dossier souches des titres fonciers contestés en vue de vérifier la
conformité des pièces aux dispositions législatives et réglementaires en vigueur ;
– avoir un plan d’état des lieux ou la situation des parcelles concernées en cas
d’empiètement ou pour vérifications si lesdits titres fonciers sont établis sur un même terrain.
126. Comment procède l’administration pour régler des litiges sur le terrain ?
L’autorité administrative peut créer des commissions administratives ad hoc pour le
traitement des recours en matière domaniale et foncière.
128. Quel est l’organe chargé de l’examen des recours gracieux et contentieux au
ministère des domaines et des affaires foncières ?
C’est la division des affaires juridiques.