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Chapitre 1 : Introduction à l’électronique de puissance

1.1. Introduction à l’électrotechnique


Etymologiquement, l’Electrotechnique est l'étude des applications techniques de l'électricité. En
France, on réserve plutôt ce terme aux applications qui mettent en jeu plutôt une énergie qu'un
signal. En France toujours, on l'appelle aussi Génie Electrique. Son domaine d'intervention est la
production, le transport, la distribution, le traitement, la transformation, la gestion et l'utilisation
de l'énergie électrique. Si l'électricité est déjà connue des Grecs, l'électrotechnique a commencé à
exister avec la domestication de l'énergie électrique. On situe ce moment à l'invention de la
dynamo par Zénobe GRAMME en 1869.
L'énergie électrique est invisible (avec les dangers que cela peut occasionner) mais omniprésente
et indispensable à notre civilisation. Imaginons les conséquences d'une grève des électrons...
L'Electrotechnique est une composante majeure du développement de notre monde.
L’électrotechnique se rencontre partout : dans l'industrie, mais aussi dans l'automobile ou chez
soi. Elle est tellement présente qu'elle passe inaperçue. On remarque sa présence universelle
quand... elle n'est plus disponible (panne, grève,...).
En traitement de l'énergie, on rencontre des alimentations de plus en plus sophistiquées sur tous
les appareils électriques (alimentations à découpage dans les ordinateurs, téléviseurs, chaînes
haute-fidélité,...). Dans ce type d'application, la puissance unitaire de chaque appareil tend à
diminuer. Mais le nombre d'unités en service est en constante augmentation. Dans les
applications où l'on désire convertir l'énergie électrique en énergie mécanique (ou vice-versa), on
utilise des moteurs ou génératrices. On peut compter le nombre de moteurs dans une automobile
(démarreur, ventilateur de radiateur, essuie-glace avant et arrière, essuie phares, lève-glaces,
ventilateur d'air chaud, d'air froid, pompes de lave-glace,...) ou chez soi (aspirateur, machines à
laver le linge et la vaisselle - tambour ou pompe de lavage, pompe de vidange, programmateur,
robots ménagers, aérateurs, ventilateurs, hottes aspirantes, rasoirs électriques, magnétophones,
magnétoscopes, platines disques ou compacts (rotation, tiroir), appareils photos (avance du film,
mise au point,...), machines de bricolage,... Contrairement aux convertisseurs statiques utilisés
seuls, la puissance demandée aux moteurs à tendance à augmenter et le nombre de moteurs
s'accroît. De plus, les machines sont de plus en plus utilisées en association avec des
convertisseurs ce qui leur donne une plus grande souplesse d'utilisation grâce à la vitesse
variable. C'est le cas sur les perceuses, en électroménager (lave-linge, aspirateur,...).
L’électrotechnique se rencontre aussi dans l'industrie. Les usines emploient un très grand nombre

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de moteurs et de variateurs pour la ventilation, le pompage, l'entraînement à vitesse variable de


machines (machines-outils, laminoirs,...).
Le monde des transports utilise aussi beaucoup l'énergie électrique aussi bien dans le domaine
ferroviaire (TGV3, motrices classiques, métros) que dans le domaine du transport urbain
(tramways, trolleybus). L'aéronautique fait aussi un large appel à l'électricité (réseau de bord 400
Hz, commandes électriques d'Airbus A3204,...). Le développement du véhicule électrique urbain
permettra de diminuer la pollution des zones fortement urbanisées.
Le domaine de l'Electrotechnique est très vaste. Les actionneurs les plus petits ont des puissances
de l'ordre du nW (micromoteurs électrostatiques dans les artères) ou de l'ordre du µW (montre à
quartz). Les installations les plus importantes ont des puissances de quelques milliers de MVA
(centrales de production électrique, liaisons haute tension courant continu,...).
La particularité de l'électrotechnique par rapport à l’électronique, l'Automatique et l'Informatique
vient du fait que la première s'intéresse essentiellement au traitement et à la conversion de
l'énergie électrique plutôt qu'au traitement du signal (ou de l'information). La figure 1 illustre
cette complémentarité.
Cette différence impose une manière différente de percevoir et de gérer les phénomènes
électriques. Bien qu'utilisant les mêmes lois physiques que l’électronique, l’électrotechnique a ses
propres hypothèses simplificatrices, ses propres développements, ses propres raisonnements qui
sont spécifiques à son domaine.
Cependant, tous ces domaines se rejoignent dès que l'on doit considérer les problèmes
d'évacuation de chaleur, de performances massiques ou volumiques, de pollution
électromagnétique,...
En conclusion, on peut noter que l'électrotechnique d'aujourd'hui est une science
pluridisciplinaire au carrefour de :
- L’électrotechnique traditionnelle (machines tournantes, transformateurs),
- L’électronique de Puissance (convertisseurs statiques),
- L’électronique du signal (composants, commandes),
- L’Automatique et l'Informatique (commande d'ensembles),
- La Physique du Solide (étude interne des composants),
- La Thermique (évacuation des pertes),
- La Mécanique (charges entraînées),

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- L’électrochimie (piles et accumulateurs),


- La Physique en général (compréhension des processus, choix des capteurs).
Toutes ces sciences doivent être simultanément utilisées lorsqu'il s'agit de concevoir des systèmes
aux caractéristiques poussées.
Note : l'électrotechnique est à la fois une science et une technologie encore que ces deux termes
ne soient pas si éloignés, la technologie étant (Petit Larousse Illustré 2000) l'ensemble de savoirs
et de pratiques fondé sur des principes scientifiques dans un domaine technique.

Information Information
Energie Energie Système Electrique,
Système
Automatique ou
Electrotechnique Informatique
ou signal ou signal

Information Support
de contrôle énergétique

Figure 1 : Complémentarité de l’électrotechnique par rapport à l’électronique, l'Automatique et l'Informatique.

1.2. Introduction à l’électronique de puissance


Pour des raisons économiques, l'énergie électrique est fournie par des réseaux triphasés (trois

tensions sinusoïdales déphasées entre elles de ) à la fréquence de 50Hz. Du point de vue de
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l'utilisateur, l'énergie est souvent utilisée en continu ou à des fréquences différentes de celle du
réseau.
Jusqu'au début des années 1970 environ, la mise en forme de l'onde électrique afin de l'adapter
aux besoins a été obtenue au moyen de groupes tournants (moteurs). Les performances des
composants semi-conducteurs de l'électronique de puissance (diodes, thyristors, triacs,
transistors) ont ensuite permis de réaliser de telles conversions; on supprime ainsi les parties
tournantes et on réduit la masse, l'encombrement et le coût de ces matériels.
Les convertisseurs statiques sont les dispositifs à composants électroniques capables de modifier
la tension et/ou la fréquence de l'onde électrique.
On distingue deux types de sources de tension:

· Sources de tension continues caractérisées par la valeur V de la tension.

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· Sources de tension alternatives définies par les valeurs de la tension efficace V et de la


fréquence f.
La mise au point des redresseurs de puissance, diodes, thyristors et transistors et les applications
de ces composants représentent un intérêt considérable dans le domaine de l’électronique
industrielle. Cette technique d’ordinaire appelée électronique de puissance permet de mettre en
jeu des puissances importantes et considérable pour développer des fonctions industrielles de
base, nécessaires dans des multiples domaines, exemple:
• Entraînements réglés,
• Variation de vitesse,
• Usines et réseaux électriques,
• Alimentation auxiliaires de secours,....etc.

Donc, il est devenu nécessaire de traiter cette technique distinctement de ces voisines:
électrotechnique classique et électronique général. Les circuits développés, appelé
convertisseurs statiques, permettent non seulement d’effectuer à moindre coût les différents
réglages cités ci-dessus, mais de modifier la présentation de l’énergie électrique. On différencie
quatre types de convertisseurs dont les schémas de principe sont donnés sur la figure 2:
9 Convertisseur alternatif-continu (redresseur)
9 Convertisseur continu-continu (hacheur)
9 Convertisseur continu-alternatif (onduleur)
9 Convertisseur alternatif-alternatif : c'est un gradateur lorsque seule la valeur efficace de la
tension alternative est modifiée, sinon c'est un cyclo convertisseur.
Citons quelques applications des convertisseurs statiques:
1. Redresseurs : alimentation des moteurs à courant continu, charge des batteries.
2. Hacheurs : commande des moteurs à courant continu (vitesse variable) ; fonctions
d'interrupteur onduleurs ou alimentation à découpage ;
3. Onduleurs : production de tensions alternatives, alimentation des appareils électriques
autonomes, protection contre les surtensions et coupures de réseau (informatique),
commande des machines à courant alternatif ;
4. Cycloconvertisseurs : production des vitesses variables en alternatif (levage, machine-
outil).

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Entrée Sortie Entrée Sortie

(AC) (DC) (DC) (DC)

Convertisseur Alternatif (AC) - Continu (DC) Convertisseur Continu (DC) - Continu (DC)

Entrée Sortie Entrée Sortie

(DC) (AC) (AC) (AC)

Convertisseur Continu (DC) - Alternatif (AC) Convertisseur Alternatif (AC) - Alternatif (AC)

Figure 2 : Les différents types de convertisseurs.

Avec la possibilité dans certains convertisseurs de varier la fréquence ou le niveau de tension


et/ou de courant (amplification).
Les convertisseurs statiques sont réalisés à partir de composants de puissance qui permettent le
transit de courants de valeurs souvent élevées (jusqu’à de kA) et peuvent avoir à leurs bornes des
tensions tout aussi élevées (jusqu’à des kV). Ces valeurs de tension et de courant ne peuvent
exister en même temps sinon la puissance dissipée dans le composant entraînerait sa destruction
immédiate.
Le domaine de l’électronique industrielle peut être subdivisé en 2 parties :
1. L’électronique de puissance où l’amplification en puissance et la puissance de sortie des
dispositifs mises en jeu sont prépondérantes
2. L’électronique de réglage et de commande où l’élaboration de signaux et le transfert sont
primordiaux, tandis que la puissance en jeu est normalement faible.
A la base de l’électronique de puissance se trouvent les éléments de puissance qui subdivisent en
éléments non contrôlables (diodes) et en éléments contrôlables (thyristors, transistors). Les
éléments de puissance sont associés à des dispositifs auxiliaires (commande de gâchettes,
radiateurs, circuits de protection des composants).

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Dans ce domaine les fabricants ont développé des séries de modules standards dans le but de
faciliter la réalisation de dispositifs remplissant des fonctions variées. Il existe 2 catégories :
- Module analogiques
- Module logiques

Ces modules standards permettent de composer des organes et des équipements de commande et
de réglage fonctionnant :
- Soit de manière purement analogique (réglage)
- Soit purement digitale (commandes, réglages digitaux)
- Soit encore hybride (c.a.d. comportant des modules logiques et analogiques combinés)
La combinaison des équipements de puissance avec des équipements de réglage permet de
réaliser un convertisseur statique. En combinant ce convertisseur avec des machines électriques
ou hydrauliques ou thermiques on obtient un système complet.
Dans le cas des installations complexes caractérisées par des exigences de réglage ou de
commande élevées, on fait appel à des micro-ordinateurs, des micro-contrôleurs ou des
microprocesseurs.
Cette classification peut se résumer par l’organigramme suivant de la figure 3.
L’électronique industrielle se trouve dans les domaines suivants :
1. Traction
9 Alimentation des moteurs de traction par convertisseurs : réglage de démarrage, de vitesse,
et de freinage. Marche automatique.
2. Réseaux électriques
9 Excitation et réglage des alternateurs
9 Interconnexion de 2 réseaux
9 Réglage de turbines et de chaudières
9 Dispositifs de protection et de commande
3. Entraînements réglables
9 Machines outils, machines pour matières plastiques, machines à imprimer, ...etc.
9 Laminoirs, ventilateurs, monte-charge
4. Machines-outils
9 commandes à séquence ou numérales

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5. Processus chimiques et métallurgiques


9 Alimentation de fours et de bains électrolytiques
9 Réglage de réacteurs chimiques et de fours électriques
6. Installations de recherches (nucléaires)
9 Alimentation des aimants
Réglage de courant à haute précision

Electronique Industrielle

Electronique de commutation
Electronique de puissance
et de réglage

Module standards Eléments de puissance

Analogiques, logiques ou hybride Contrôlables ou non contrôlables

Convertisseurs statiques
Redresseurs, Hacheurs, Onduleurs, etc...

Micro-ordinateur Machines Electriques


Micro-processeur Thermiques ou
hydrauliques

Système complet

Figure 3 : Organigramme.

Le diagramme typique d’un système d’électronique industrielle liant les autres disciplines est
représenté sur le schéma de la figure 4.

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Chapitre 1 : Introduction à l’électronique de puissance

L’élaboration technique d’un système complet, dans un domaine spécifique, et la réalisation des
installations réglées ou commandées font appel à de nombreuses disciplines dont les plus
importantes seront citées ci-dessous :
1. Installations électriques: pour une exécution et protection correctes des installations et des
câblages.
2. Electronique générale: compréhension du fonctionnement des modules standard.
3. Technique de mesures: pour le choix et le développement de dispositifs de mesure dans
des circuits de réglage.
4. Machines électriques et mécaniques: pour la compréhension de leur fonctionnement
statique et dynamique.
5. Théorie des systèmes: pour une analyse théorique et une description mathématiques des
systèmes.
6. Théorie des réglages automatique: pour l’analyse de stabilité et de la qualité de réglage.
7. Théorie des systèmes logiques: pour l’analyse et la synthèse théorique des systèmes de
commande.
8. Ordinateurs et microprocesseurs: pour la programmation de calculs numériques et de
calculateurs de processus.

Entrée de Filtre Circuit de Filtre de


puissance Charge
puissance d'entrée sortie

Boucle de réaction
Variables électriques
Composant de Circuit de
puissance contrôle

Boucle de réaction
Variables mécaniques

Régulation
manielle

Figure 4 : Diagramme typique d’un système d’électronique industriel.

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