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114 Chapitre 6 Équations de Navier-Stokes

Équations moyennées de Navier-Stokes


Lorsque l’écoulement est turbulent, on cherche principalement à déterminer les carac-
téristiques de l’écoulement moyen. Pour cela on considère la décomposition de Reynolds de
la vitesse en une valeur moyenne et une fluctuation : u = ⟨u⟩ + u′ (le symbole ⟨·⟩ désigne
l’opérateur moyenne, u′ la fluctuation de vitesse).
Les équations moyennées de Navier-Stokes s’écrivent :
 
∂⟨u⟩
ϱ + ∇ · ⟨u⟩⟨u⟩ = −∇⟨p∗ ⟩ + ∇ · T̄ − ϱ∇ · ⟨u′ u′ ⟩,
∂t
où p∗ est la pression généralisée. Cette équation est appelée équation de Reynolds. Elle est
semblable à la première (Navier-Stokes) si ce n’est qu’un nouveau terme est apparu

Σt = −ϱ⟨u′ u′ ⟩.

C’est le tenseur de Reynolds qui représente la turbulence. Ce nouveau tenseur (symétrique)


introduit de nouvelles inconnues et il faut donc fournir des relations supplémentaires pour
résoudre le système d’équations. On parle de fermeture des équations du mouvement.

Modèle de longueur de mélange


Le modèle de longueur de mélange fournit une équation de fermeture simple (car al-
gébrique). On écrit que la contrainte turbulente est

d⟨u⟩
τ = µt ,
dy
avec µt la viscosité turbulente et ⟨u⟩ la vitesse moyennée. Dans ce modèle, la viscosité
turbulente vérifie
d⟨u⟩
µt = ϱℓ2 ,
dy
où ℓ = κy est la « longueur de mélange » (κ = 0,41 la constante de von Kármán).

Exercice 1 : écoulement laminaire entre deux plans


parallèles
Dans cet exercice, nous allons considérer l’écoulement d’un fluide newtonien entre
deux plaques horizontales séparées d’une distance 2b. Voir figure 6.1. L’écoulement se fait
selon l’axe x, la longueur des plaques L ainsi que leur largeur ℓ sont beaucoup plus grandes
que l’espace 2b qui les séparent (L ≫ 2b, ℓ ≫ 2b), si bien que l’on peut considérer que
les plaques sont de taille infinie selon x et z. Une pompe impose un gradient de pression
dp/dx dans la direction x. Le fluide est de masse volumique ϱ et de viscosité µ. On suppose
que l’écoulement est permanent, laminaire et on néglige les effets de la pesanteur.

1. Déterminer le champ de vitesse au sein de l’écoulement. Pour cela, partir des équa-
tions de Navier-Stokes, projeter les dans le repère xyz puis éliminer tous les termes
nuls et intégrer l’équation différentielle pour obtenir le champ de vitesse.
Chapitre 6 Équations de Navier-Stokes 115

y
L

2b x
S1 S2

Figure 6.1 : schéma de principe.

y=e=2b

y=b

Figure 6.2 : vue en coupe

2. Déterminer le débit par unité de largeur transitant dans la conduite, en déduire la


vitesse moyenne de l’écoulement.
3. Déterminer la contrainte de cisaillement τ dans l’écoulement.
4. Déterminer la puissance dissipée.

Exercice 2 : circulation sanguine


On considère le sang comme un fluide newtonien de masse volumique constante ϱ =
1000 kg/m3 ; la viscosité cinématique est ν = 5 mm2 /s. Une grosse artère est assimilable à
une conduite circulaire de diamètre d = 8 mm et de longueur moyenne L = 12,5 cm. Un
adulte a environ n = 40 grosses artères. La pression à l’entrée de l’aorte est de 13 kPa. Le
débit artériel total est de 5 L/min.

1. Quel est le débit dans une grosse artère ?


2. Quelle est la vitesse moyenne ?
3. Quel est le nombre de Reynolds ? Le régime est-il laminaire ou turbulent ?
4. Calculez la forme du champ de vitesse en supposant un régime laminaire. (On dé-
montre ici la loi de Poiseuille dans un cylindre)
5. Intégrer le profil de vitesse pour déterminer le débit.
6. Calculer la variation de pression caractéristique pour une grosse artère en suppo-
sant que le débit est constant (on néglige le caractère pulsé de la circulation san-
guine). Qu’en déduisez-vous par rapport à la pression à l’entrée de l’aorte ? Que se
passe-t-il si le diamètre de l’artère diminue ? (sténose).
116 Chapitre 6 Équations de Navier-Stokes

Figure 6.3 : vue en coupe

Figure 6.4 : vue en coupe

Hypothèses : écoulement laminaire, gravité négligée.

Exercice 3 : vidange d’un réservoir de fluide visqueux


Un réservoir de glycérol dont le niveau est maintenu à une hauteur H = 10 cm ali-
mente une conduite circulaire de rayon r = 2 mm et de longueur L = 5 cm. Déterminer,
à l’aide des réponses de l’exercice 2 :

1. Le débit de sortie.
2. La vitesse moyenne et maximale de l’écoulement
3. La force totale de frottement sur le tube
Chapitre 6 Équations de Navier-Stokes 117

y
x

H Glycérol
µ = 1 Pa · s
ρ = 1,3 · 103 kg/m3

L
2r

Figure 6.5 : vue en coupe

Exercice 4
En station d’épuration, une des étapes du traitement primaire des boues est la décan-
tation. Pour déterminer combien de temps on va devoir attendre pour que les particules
supérieures à un diamètre D = 10 µm soient déposées au fond du bassin, l’ingénieur doit
faire au préalable le calcul de la sédimentation de ces particules. Les particules ont une
masse volumique ϱp = 2650 kg/m3 , elles sédimentent dans de l’eau (ϱf = 1000 kg/m3 ,
ν = 10−6 m2 /s. On étendra le raisonnement à un parachutiste.

1. Le régime étant supposé laminaire, donner l’expression de la force visqueuse, du


poids et de la poussée d’Archimède qui s’exerce sur les particules de diamètre D =
10 µm.
2. Calculer la vitesse de sédimentation.
3. Calculer le nombre de Reynolds particulaire 1 . Somme-nous bien dans un régime
laminaire ?
4. Combien de temps doit-on attendre pour que les particules tombent au fond sachant
que la hauteur du bassin est H = 1,5 m.
5. Calculer la vitesse de chute dans le cas d’un parachutiste (D = 1,8 m) dans l’air
(ϱf = 1,2 kg/m3 et ν = 10−5 m2 /s). La vitesse vous semble-t-elle raisonnable?
6. Sachant qu’un parachutiste chute à environ 10 m/s, calculer le nombre de Reynolds.
Quel est le régime ?

Exercice 5 : viscosimètre de type Couette


On se propose de mesurer expérimentalement la viscosité d’un fluide newtonien. Pour
ce faire on dispose d’un viscosimètre muni d’une géométrie de type Couette (voir figure
1. « Particulaire » signifie ici que l’on prend le diamètre de la particule comme longueur carac-
téristique
118 Chapitre 6 Équations de Navier-Stokes

Figure 6.6 : décanteur dans une station d’épuration

6.7). Il s’agit en fait de deux cylindres concentriques d’axe z entre lesquels se trouve le
fluide. Le cylindre intérieur de rayon R1 = 5,0 cm est en rotation à vitesse angulaire
constante Ω1 , tandis que le cylindre extérieur de rayon R2 = 5,5 cm est fixe (Ω2 = 0). Pour
entretenir la rotation, on doit appliquer un couple C constant sur le cylindre intérieur.
Hypothèses : écoulement laminaire, gravité négligée.

1. Déterminer les composantes non nulles du champs de vitesse au sein du fluide à


l’aide de considérations de symétrie et de l’équation de conservation de la masse.
2. Simplifier les équations de conservation de la quantité de mouvement.
3. Établir la relation
   
1 ∂ ∂uθ uθ ∂ 1 ∂(ruθ )
r − 2 = .
r ∂r ∂r r ∂r r ∂r

4. Donner l’expression du champ de vitesse dans la cellule grâce aux conditions li-
mites.
5. Déterminer la relation entre le couple qu’il faut exercer pour maintenir la vitesse
de rotation du cylindre intérieur constante et la viscosité du fluide sachant que les
cylindres ont une hauteur h = 10 cm. Calculer ensuite la viscosité du fluide sachant
que pour Ω1 = 0,1 rad/s on mesure un couple C = 2,42 · 10−3 N m.
Chapitre 6 Équations de Navier-Stokes 119

ez
y

M
r
R1 θ
x
R2

Figure 6.7 : vue et représentation schématique d’une géométrie de type Couette.


120 Chapitre 6 Équations de Navier-Stokes

Problème 1
Au LHE, un doctorant étudie les écoulements granulaires. À cet effet, il utilise un canal
incliné dont le fond est mobile (c’est un tapis roulant) ; voir figure 6.8. Avec ce dispositif,
il peut créer des écoulements permanents d’épaisseur uniforme h. La vitesse du fond est
notée u0 . L’écoulement granulaire est supposé isochore. Il est constitué de grains dont le
diamètre est d ; la masse volumique moyenne du mélange est ϱ. La pente du canal est noté
θ. Le fond est rugueux et il y a adhérence à la paroi. L’air n’exerce aucune contrainte sur
la surface libre. Voir figure 6.9.

Figure 6.8 : vue du canal incliné composé d’un tapis roulant. Dans cette expérience, un
fluide interstitiel est utilisé afin de rendre le mélange iso-indice (donc transparent). Les
particules sont marquées avec un colorant fluorescent qui réfléchit la lumière d’une nappe
laser émise dans une certaine longueur d’once, permettant ainsi de les repérer.

(a) Écrire les équations de conservation de la quantité de mouvement et les simplifier en tenant
compte des symétries du problème. Comment s’écrivent les conditions aux limites ?
(b) En déduire une relation pour la contrainte normale totale Σy = σy − p et la contrainte
tangentielle τ après intégration en fonction de y.
(c) En première approximation, le doctorant suppose que le matériau granulaire se comporte
comme un fluide newtonien de viscosité dynamique µ. Intégrer la relation τ (y) en tenant
compte des conditions aux limites afin d’obtenir le profil de vitesse u(y). Calculer le débit
(par unité de largeur) associé à ce profil.
(d) Il suppose maintenant que le matériau granulaire se comporte comme un fluide non new-
tonien dont la viscosité µ(γ̇) peut être estimée à partir de la loi empirique dite « µ(I) »
qui généralise la loi de Coulomb en supposant que le frottement varie avec le taux de
cisaillement γ̇
dγ̇
τ = µ(I)|σy | avec I = p
|σy |/ϱ
(I est un nombre adimensionnel appelé le plus souvent « nombre inertiel »). Le calage sur
des données de laboratoire a permis de proposer une loi (dite loi de Jop), qui a la forme
Chapitre 6 Équations de Navier-Stokes 121

suivante
µ2 − µ 1
µ(I) = µ1 + ,
I0 /I + 1
avec µ1 et µ2 deux constantes correspondant aux frottements en statique et dynamique, et
I0 une autre constante (reflétant un critère de transition entre régimes). On supposera que
la pression est nulle (p = 0) à travers toute la couche (dans ce modèle, on suit le principe
de Terzaghi, c’est-à-dire la contrainte totale Σy = σy − p résulte de la superposition d’une
contrainte fluide p – supposée isotrope – et d’une contrainte σy dite effective représentant
les contraintes dans le milieu granulaire). Intégrer τ (y) et obtenir u(y) en tenant compte
des conditions aux limites. Tracer l’allure du profil de vitesse ainsi obtenu et le comparer
avec le profil newtonien.

O
x

u(y)
u0

y=h

Figure 6.9 : schéma de principe du canal incliné composé d’un tapis roulant.
122 Chapitre 6 Équations de Navier-Stokes

Problème 2
On considère l’écoulement permanent d’un fluide newtonien incompressible de visco-
sité cinématique ν entre deux plans parallèles de grandes dimensions, placés horizontale-
ment, et séparés d’une distance d (voir figure 6.10). Le fluide est mû par un gradient de
pression constant ∂px = −a < 0 (avec a une constante positive). L’axe x est orienté dans
le sens de l’écoulement.
(a) En supposant que l’écoulement est en régime laminaire, écrire les équations de Navier-
Stokes et les conditions aux limites. Les simplifier en tenant compte des symétries simples
du problème.
(b) Résoudre les équations : déterminer le profil de vitesse en fonction de a, le tracer. Quelle
est la vitesse moyenne du fluide ū ?
(c) Calculer la contrainte de cisaillement et tracer son profil.
(d) Le coefficient de Darcy-Weisbach f est lié aux pertes de charges (ici le gradient de pression
qu’il faut imposer pour mouvoir le fluide) de telle sorte que

1 L
|∆p| = f ϱū2
2 Dh
avec Dh = d le diamètre hydraulique, L la longueur sur laquelle est appliqué le gradient
de pression (si ∆p est la différence de pression entre deux points séparés de L, alors ∂x p =
∆p/L = −a), ϱ la masse volumique du fluide.
Calculer f en régime laminaire en fonction du nombre de Reynolds Re = 4Dh ū/ν.
(e) On considère maintenant que l’écoulement est en régime turbulent. On adopte une équa-
tion algébrique de fermeture de type « longueur de mélange » pour la viscosité turbulente.
Quelle est la forme du profil de vitesse moyennée près de la paroi (on supposera que la
contrainte est constante et égale à la contrainte pariétale).

y=d
g d

Figure 6.10 : écoulement entre deux plaques parallèles.


Chapitre 6 Équations de Navier-Stokes 123

Problème 3
On étudie un des problèmes de Stokes : l’écoulement oscillant d’un fluide newtonien
de viscosité cinématique ν et masse volumique ϱ placé entre deux plaques (supposées
de dimensions infinies). L’épaisseur de fluide est notée h. La plaque supérieure subit un
mouvement oscillant dans la direction x : x(t) = A sin(ωt) avec A l’amplitude et ω la
fréquence angulaire du mouvement (ou pulsation). La plaque inférieure est immobile. On
cherche à calculer le champ de vitesse fluide entre les deux plaques. La pression est notée
p. Le champ de vitesse est noté u = (u,v). On admet qu’il n’y a pas de gradient de pression
dans le sens horizontal : ∂x p = 0. On introduit un repère cartésien galiléen fixe (0, x, y)
tel qu’il est montré sur la figure 6.11. Le vecteur gravité est dans ce repère g = (0, − g).

O x

Figure 6.11 : oscillation d’une plaque entraînant un fluide newtonien.

(a) Déterminez les conditions aux limites cinématiques.


(b) Compte tenu des symétries du problème (qui permettent de simplifier sa formulation),
déterminer quelles sont les variables du problème.
(c) Sur la base de la dernière question, comment se simplifie l’équation de Navier-Stokes
(conservation de la quantité de mouvement) projetée selon y ?
(d) Comment se simplifie l’équation de Navier-Stokes projetée selon x ?
(e) Quelle est la solution à l’équation de Navier-Stokes parmi celles reportées ci-dessous ?
124 Chapitre 6 Équations de Navier-Stokes

Correction des exercices


 
1 ∂P y 2 3
Exercice 1 (1) u =µ ∂x 2 − by . (2) Débit Q = − 23 bµ ∂p
∂x et vitesse moyenne Um =
Q b2∂p 3 2
S = − 3µ ∂x . (3) τ = ∂x (y − b). (4) ϕ
∂P
= 32 bµ ∂P
∂x .

Exercice 2 (1) q = Q
n = 2,08 × 10−6 m3 /s. (2) ū = q
π(d/2)2
= 4,14 cm/s. (3) Re =
ūd
ν = 66. On peut considérer l’écoulement comme laminaire. (4) uz = a
4µ (r
2 − R2 ). (5)
∂p πR4 ∂p ∆p
Q = − ∂z 8µ . (6) ∂z = L = − 128µ
πd4
q, soit sur la longueur d’une artère on a donc
∆p = − 128µ
πd4
qL = −13 Pa soit un gradient de ∂p/∂z = −103 Pa/m.

Exercice 3 (1) q = 0,01 mL/s. (2) umax = 0,064 m/s. (3) F = 4 mN.

Exercice 4 (1) La force exercée par le fluide sur la particule est Fd = 3πµdup =
3πνϱf dup . Les autres forces qui s’appliquent sont la poussée d’Archimède Πa = π(d3 /6)ϱf gez
ϱ −ϱ gd2
et le Poids Fg = −π(d3 /6)ϱp gez . (2) up = − pϱf f 18ν ez . AN : up = 90 µm/s. (3)
Re = 9 × 10−4 , on est bien en régime laminaire. (4) Le temps de sédimentation est de
l’ordre de 46 h. (5) La vitesse de sédimentation devrait être de 108 m/s ! (5) En condition
normale de chute Re = 1,2 × 106 , Il s’agit d’un écoulement turbulent, il faut prendre en
compte une force de traînée de type Fd = Cd ϱf d2 u2 .

 
R12 Ω1 R22
Exercice 5 (1) u = uθ (r)eθ et ur = 0. (4) uθ = R12 −R22
r 1− r2
. (5) M ==
R12 R22
4πhµ R12 −R2
Ω1 ez . AN µ = 1,34 Pa s avec C = Mo = 2,42 10−3 Nm.

Correction du problème 1

Question (a)
La conservation de la quantité de mouvement s’écrit

d
ϱ u = ϱg − ∇p + ∇ · σ.
dt
Comme on est en régime permanent uniforme, les termes en ∂x et ∂t disparaissent. Donc
on peut simplifier grandement. Par ailleurs l’équation de continuité impose que v = 0
(voir démonstration du cours). La projection de cette équation dans un repère cartésien
nous donne

0 = ϱg sin θ + ,
dy
et
dp dσy
0=− − ϱgy cos θ + .
dy dy
Chapitre 6 Équations de Navier-Stokes 125

Question (b)
En tenant compte de τ (h) = 0 et Σy (h) = 0, l’intégration est triviale et nous indique
que le champ de contraintes est linéaire avec la profondeur, et cela indépendamment de la
forme de la loi de comportement

τ (y) = ϱg sin θ(h − y), (6.1)

Σy (h) = σy − p = −ϱg cos θ(h − y). (6.2)

Question (c)
La loi de comportement est τ = µγ̇ que l’on égale à la distribution (6.1) :
du ϱ
γ̇ = = g sin θ(h − y),
dy µ
soumis à u(0) = −u0 . L’intégration donne le profil parabolique
 
ϱ 1 2
u(y) = g sin θ hy − y + C
µ 2

avec la constante d’intégration telle que u(0) = −u0 , donc C = −u0 . Le profil est donc
 
ϱ 1 2
u(y) = g sin θ hy − y − u0 . (6.3)
µ 2

Une nouvelle intégration donne le débit par unité de largeur :


Z h    h
ϱ 1 2 1 3 gh3 sin θ
q= u(y)dy = g sin θ hy − y − u0 y = − hu0 ,
0 µ 2 6 0 3ν

avec ν = µ/ϱ.

Question (d)
La loi de comportement est τ = µ(I)σy que l’on égale à la distribution (6.1) :

τ = µ(I)|σy | = ϱg sin θ(h − y),

soumis à u(0) = −u0 . On a pris p = 0 et donc σy est donné par (6.2). On a donc

µ(I) = tan θ.

Comme on utilise la loi empirique de Jop


µ2 − µ 1
µ(I) = µ1 + ,
I0 /I + 1
on tire la relation entre I et θ :
tan θ − µ1
I = I0 .
µ2 − tan θ
126 Chapitre 6 Équations de Navier-Stokes

Un écoulement permanent n’est possible que sur la plage de pentes : µ2 ≥ tan θ ≥ µ1 . En


utilisant la définition de I, on en déduit le taux de cisaillement :
I0 p tan θ − µ1
γ̇ = g cos θ(h − y) .
d µ2 − tan θ
L’intégration donne le profil en loi puissance 3/2
p 2I0 tan θ − µ1
u(y) = C − a g cos θ(h − y)3 avec a =
3d µ2 − tan θ
p
avec la constante d’intégration telle que u(0) = −u0 , donc C = −u0 + a g cos θh3 . Le
profil est donc  
p  y 3/2
u(y) = −u0 + a g cos θh 1 − 1 −
3 . (6.4)
h

La figure 6.12 compare les deux profils, qui ont des formes assez similaires (ce qui est
normal car l’un varie en (h − y)2 et l’autre en (h − y)3/2 ) en dépit de la différence de
rhéologie.

1.0

0.8

0.6
y

0.4

0.2

0.0
-0.4 -0.2 0.0 0.2 0.4
u(y)

Figure 6.12 : profil de vitesse pour un fluide newtonien (trait discontinu) – donné par
le profil (6.3) – et granulaire (trait continu) – donné par le profil (6.4) – ; les unités sont
arbitraires. Les paramètres ont été choisis en sorte que la vitesse au fond et celle à la surface
libre prennent les mêmes valeurs pour les deux rhéologies.

Correction du problème 3
Chapitre 6 Équations de Navier-Stokes 127

Question (a)
Il y a adhérence du fluide aux parois donc u = 0 et v = 0 en y = 0, tandis qu’en y = h,
u = dx/dt = Aω cos(ωt) et v = 0.

Question (b)
Le fluide est mu par la plaque supérieure. On s’attend à avoir une pression hydrosta-
tique, pas de vitesse verticale, et une vitesse horizontale qui ne dépend que de la profondeur
y. Donc u(y,t) et p(y) sont les variables qui nous intéressent.

Question (c)
L’équation originale à résoudre est
   
∂v ∂v ∂v ∂p ∂2v ∂2v
ϱ +u +v =− − ϱg + µ + ,
∂t ∂x ∂y ∂y ∂x2 ∂y 2
Compte tenu des symétries, on obtient directement
1 ∂p
0=− −g
ϱ ∂y
Cela confirme que la distribution de pression est hydrostatique.

Question (d)
L’équation originale à résoudre est
   2 
∂u ∂u ∂u ∂p ∂ u ∂2u
ϱ +u +v =− +µ + 2 ,
∂t ∂x ∂y ∂x ∂x2 ∂y
Après simplification, on obtient
∂u ∂2u
= ν 2.
∂t ∂y

Question (e)
Dans la limite h → ∞, l’effet de la paroi immobile sur l’écoulement devient négligeable.
On recherche alors une solution périodique de la forme

u(y, t) = f (y) cos(ωt + ϕ) = R(f (y)eıωt ),

avec f une fonction complexe. Pour simplifier la notation, on a fait un changement de


variable : l’ordonnée y pointe désormais vers le bas et la position de la plaque mobile est
en y = 0.
On a donc
∂u ∂2u
= ν 2 ⇒ ıω = νf ′′ .
∂t ∂y
128 Chapitre 6 Équations de Navier-Stokes

La solution générale est de la forme


r
−(1+ı)ky (1+ı)ky ω
f (y) = ae + be où k = ,

et a et b sont deux constantes d’intégration. Les conditions aux limites imposent b = 0


et a = Aω. La composante horizontale de la vitesse est donc

u = ωAe−ky cos(ωt − ky)

tandis que v = 0.

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