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Antoine Bricaud

Licence arts parcours arts plastiques


Université de Lille

BCC2 – UE4 - Démarche artistique

Conseils sur la rédaction d’une note d’intention

1. Analyser votre réalisation depuis un point de vue extérieur

La note d’intention doit témoigner de votre capacité à analyser une réalisation achevée telle qu’elle pourrait
se présenter dans un espace d’exposition. Il ne s’agit surtout pas de faire le récit chronologique du processus
élaboration de votre travail. Il s’agit plutôt d’un travail d’analyse dans lequel vous prenez du recul sur ce que
vous avez réalisé en exerçant un regard critique sur une production abordée principalement du point de vue
du spectateur. C’est un exercice qui vous oblige à vous décentrer en prenant en compte le point de vue d’un
public réel ou hypothétique sur ce que vous avez produit.

2. Montrer l’appropriation du sujet

Le sujet n’est pas un « thème » que vous devez chercher à illustrer en proposant une réponse au premier
degré. Le sujet est là pour vous poser un problème auquel vous devez répondre en vous l’appropriant de
façon personnelle pour lui donner sens. La meilleure réponse au sujet n’est pas celle qui est la plus évidente
pour tout le monde (vous courez le risque de dire des banalités) mais c’est la réponse la plus personnelle.
Vous pouvez faire apparaître en guise d’introduction à votre note d’intention la manière dont vous vous êtes
approprié le sujet. Qu’est-ce qui a retenu votre attention dans ce sujet ? Quelles questions vous êtes-vous
posées ? Vous pouvez citer des définitions, des faits ou des expériences personnelles qui vous ont aidé à
interroger le sujet de façon singulière. S’interroger sur les termes du sujet est toujours une méthode
intéressante.

3. Dépasser la simple description

Pour amorcer ce travail d’analyse de votre propre pratique, il convient de présenter la ou les réalisations en
les nommant si elles ont un titre, en précisant leur nature, leurs dimensions, les matériaux et les techniques
utilisées. Vous engagez ensuite, dans un premier temps, un travail de description en faisant preuve de rigueur
et de précision et en employant un vocabulaire spécifique. Vous décrivez votre réalisation telle qu’elle se
présente dans l’espace d’exposition comme si vous découvriez l’œuvre d’un artiste. Il ne s’agit pas de décrire
cette réalisation telle que vous l’avez imaginée mais bien telle qu’elle est, en étant lucide sur la qualité de ce
que vous proposez au public. Pour vous aider à prendre du recul, il est toujours intéressant de montrer vos
travaux à des personnes de votre entourage pour en discuter. Prendre des photos et les publier en ligne peut
aussi vous aider à comprendre la manière dont votre travail est reçu par un public aussi modeste soit-il.
Accordez toute votre attention au point de vue de personnes qui ne cherchent pas particulièrement à vous
flatter mais qui font preuve d’une certaine objectivité.

Après avoir pris le temps de décrire minutieusement votre travail, interrogez-vous sur le sens qu’il produit.
Attention, une œuvre d’art ou une réalisation de l’ordre de l’expression artistique ne délivre pas un simple
« message ». Ce terme ne convient pas dans le champ de l’art. Une œuvre d’art est nécessairement
polysémique. Elle peut être interprétée de différentes manières. Le sens produit est complexe et échappe
même en partie à son auteur. C’est la raison pour laquelle vous ne devez pas vous contenter dans votre écrit
de formuler ce que vous avez voulu dire, mais vous devez vous intéresser également à ce que votre
réalisation dit, en faisant des hypothèses sur la manière dont les spectateurs pourraient la recevoir. Il se peut
qu’il y ait un écart entre ce que vous avez voulu signifier et les effets de sens produits par votre production
plastique. Essayer de juger si cet écart est positif parce que votre pièce gagne en complexité ou si cet écart
est négatif par exemple parce que les moyens que vous avez employés ou le dispositif de présentation choisi
induisent les spectateurs à une interprétation totalement en contradiction avec ce que vous avez voulu
exprimer. Pensez à décrire et à analyser votre dispositif de « monstration » c’est-à-dire les choix que vous
avez opérés dans la manière de présenter votre réalisation au public (scénographie, position dans l’espace,
accrochage, présence d’un socle, conditions d’éclairage, rapport d’échelle...). Dans une œuvre d’art, la
manière de présenter une pièce joue un rôle prépondérant dans la réception par le public. C’est souvent un
aspect négligé par les étudiants.

Si vous analysez plusieurs pièces, ne les évoquez pas nécessairement de manière successive. Il peut être très
intéressant de les confronter et de les comparer pour mettre en évidence la cohérence de votre démarche, les
références artistiques et culturelles sur lesquelles elle se fonde mais aussi pour établir des distinctions entre
vos différentes réalisations.

4. Confronter votre réalisation à des références artistiques.

Les références que vous convoquez dans votre note d’intention doivent être des références légitimes dans le
champ des arts plastiques. Référez-vous en priorité à des œuvres abordées dans le cadre de vos cours qu’ils
soient pratiques ou théoriques, des œuvres découvertes à l’occasion de visites d’expositions dans les musées
et les centres d’art reconnus dans le champ des arts plastiques ou encore des œuvres vues dans les ouvrages
ou la presse spécialisés. Méfiez-vous des références découvertes au détour d’une recherche un peu
superficielle sur Google ou Instagram. Vous risquez de mettre en relation votre travail avec des pratiques
jugées peu légitimes dans le champ de l’art contemporain (qui peuvent être néanmoins très populaires) en
faisant des rapprochements assez pauvres sur la base de simples liens formels, « thématiques » ou liés aux
techniques employées. Même si vous faites une recherche sur Internet, assurez-vous que la source est
légitime (grands musées nationaux ou internationaux, collections des FRAC, sites de revues de
références…).

Confronter votre réalisation à une ou plusieurs références artistiques légitimes vous aidera à prendre du recul
sur votre propre travail. En analysant finement ce qui vous rapproche d’autres démarches artistiques mais
aussi ce qui vous en distingue, vous parviendrez plus facilement à formuler ce qui fait la singularité de votre
propos. Par ailleurs, des rapprochements judicieux vous permettront de situer votre travail dans le champ de
l’art contemporain en mettant en avant la pertinence de votre démarche par rapport à des questions qui
traversent la société dans laquelle nous vivons. Il ne suffit pas de citer des références mais il faut bel et bien
exploiter ces mises en relation pour enrichir et complexifier vos analyses. Livrez-vous à un exercice de
comparaison en cherchant à aller au-delà des apparences et en mettant en relation votre démarche avec des
démarches voisines développées par des artistes reconnus. Attention, une référence artistique n’est pas
forcément une « inspiration » c’est-à-dire une œuvre qui aurait exercé une influence sur votre processus de
création. La mise en relation entre votre travail et une référence artistique peut très bien apparaître une fois la
réalisation achevée alors que vous prenez du recul et que vous cherchez à analyser ce que vous avez produit.

5. Faire preuve de rigueur

Votre note d’intention doit être exprimée dans une langue simple et claire en cherchant à employer les mots
les plus justes. Évitez des formulations inutilement complexes. Par exemple, je vous déconseille d’utiliser le
passé simple qui n’est presque plus utilisé dans la langue d’aujourd’hui. Ne cherchez pas à condenser trop
d’idées dans une seule et même phrase. N’hésitez pas à simplifier votre expression en développant un
raisonnement complexe grâce à plusieurs phrases. Structurez votre note en plusieurs paragraphes. Utilisez les
correcteurs d’orthographe, relisez-vous plusieurs fois et faites-vous relire – y compris par des non
spécialistes. Soyez vigilant sur tous les éléments de la langue : les majuscules, les accents, les tirets, les
règles de ponctuation et les normes typographiques. Légendez systématiquement vos visuels en citant vos
sources selon les normes universitaires. Vérifiez que vos visuels ne sont pas déformés. Structurez votre texte
en paragraphes pour faciliter sa lecture, mais ne revenez pas à la ligne sans raison.

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