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Cours de Français. Classe de Première. 2022/2023.

Période 3
Textes et consignes

POÉSIE. Étude de l’œuvre intégrale : Hélène DORION, Mes forêts, 2021. La poésie, la nature, l’intime.

TEXTE 1 – Paul VALÉRY, Album de vers anciens, « Été » (1896, puis 1920 pour Album)
Consigne : Vous ferez l’explication linéaire du texte. La question de grammaire porte sur
les accords dans la strophe surlignée.

À Francis Vielé-Griffin.

Été, roche d’air pur, et toi, ardente ruche,


Ô mer ! Éparpillée en mille mouches sur
Les touffes d’une chair fraîche comme une cruche,
Et jusque dans la bouche où bourdonne l’azur ;

Et toi, maison brûlante, Espace, cher Espace


Tranquille, où l’arbre fume et perd quelques oiseaux,
Où crève infiniment la rumeur de la masse
De la mer, de la marche et des troupes des eaux,

Tonnes d’odeurs, grands ronds par les races heureuses


Sur le golfe qui mange et qui monte au soleil,
Nids purs, écluses d’herbe, ombres des vagues creuses,
Bercez l’enfant ravie en un poreux sommeil !

Dont les jambes (mais l’une est fraîche et se dénoue


De la plus rose), les épaules, le sein dur,
Le bras qui se mélange à l’écumeuse joue
Brillent abandonnés autour du vase obscur

Où filtrent les grands bruits pleins de bêtes puisées


Dans les cages de feuille et les mailles de mer
Par les moulins marins et les huttes rosées
Du jour… Toute la peau dore les treilles d’air.
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TEXTE 2 – Yves BONNEFOY, Les planches courbes, « Que ce monde demeure ! » (2001)
Consigne : Vous ferez l’explication linéaire des trois premières sections du poème et
étudierez grammaticalement les formes verbales dans le passage surligné.

I
Je redresse une branche
Qui s'est rompue. Les feuilles
Sont lourdes d’eau et d’ombre
Comme ce ciel, d’encore

Avant le jour. Ô terre,


Signes désaccordés, chemins épars,
Mais beauté, absolue beauté,
Beauté de fleuve,

Que ce monde demeure,


Malgré la mort !
Serrée contre la branche
L'olive grise.

II
Que ce monde demeure,
Que la feuille parfaite
Ourle à jamais dans l’arbre
L’imminence du fruit !

Que les huppes, le ciel


S’ouvrant, à l’aube,
S’envolent à jamais, de dessous le toit
De la grange vide,

Puis se posent, là-bas


Dans la légende,
Et tout est immobile
Une heure encore.

III
Que ce monde demeure !
Que l’absence, le mot
Ne soient qu’un, à jamais,
Dans la chose simple.
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Textes et consignes

L’un à l’autre ce qu’est


La couleur à l’ombre,
L’or du fruit mûr à l’or
De la feuille sèche.

Et ne se dissociant
Qu’avec la mort
Comme brillance et eau quittent la main
Où fond la neige.

[…]
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TEXTE 3 – Marie-Claire BANCQUART, Terre énergumène, « Dépaysages » (2009)


Consigne : Vous ferez le commentaire du texte et étudierez grammaticalement la
subordination dans la partie surlignée.

[…]

En revoyant cette mer au-milieu-des-terres


qui sont les patries de mon cœur,
de Ramsès à saint Augustin
d’Homère au dernier des Abencérages,
en la revoyant
telle qu’aujourd’hui (bleue, certes, bleue, même violette au crépuscule)
une secrète peur me prend

mon ventre se bétonne


avec les parcs à touristes de ses bords occidentaux

mon élan s’effiloche, haillon supplémentaire


sur des murs de guingois, souvent mitraillés, au sud, à l’est.

Elle a vieilli bien avant moi, la mer.


Maintenant
ensemble
nous voyageons

mes années d’usure avec ses millénaires usés.

Vent debout, cependant.

La Méditerranée d’avant ces blessures


ne reviendra pas. Mais que du moins
à la bonne aventure d’un souffle, d’un rêve,
je puisse frotter mon corps à quelque talus de mer aux herbes raides
inconstructible
comme
mon attachement à ses rives.

[…]
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TEXTE N°4 – Hélène DORION, Mes forêts (2021), page 9


Consigne : Vous ferez l’explication linéaire du texte. Etude lexicale des mots surlignés.

Mes forêts sont de longues traînées de temps


elles sont des aiguilles qui percent la terre
déchirent le ciel
avec des étoiles qui tombent
comme une histoire d’orage
elles glissent dans l’heure bleue
un rayon vif de souvenirs
l’humus de chaque vie où se pose
légère une aile
qui va au cœur

mes forêts sont des greniers peuplés de fantômes


elles sont les mâts de voyages immobiles
un jardin de vent où se cognent les fruits
d’une saison déjà passée
qui s’en retourne vers demain

mes forêts sont mes espoirs debout


un feu de brindilles
et de mots que les ombres font craquer
dans le reflet figé de la pluie

mes forêts
sont des nuits très hautes
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TEXTE N°5 – Hélène DORION, Mes forêts (2021), page 64


Consigne : Vous ferez l’explication linéaire du texte et étudierez grammaticalement
l’expansion du nom dans les lignes surlignées.

Il fait un temps de bourrasques et de cicatrices


un temps de séisme et de chute

les promesses tombent


comme des vagues
sur aucune rive
les oiseaux demandent refuge
à la terre ravagée
nos jardins éteints
entre l’odeur de rose et de lavande

il fait un temps de verre éclaté


d’écrans morts de nord perdu
un temps de pourquoi de comment

tout un siècle à défaire le paysage

mon chant soulève la poussière


de spectacles muets
comme un trou béant
dans la maison noire des mots

il fait un temps jamais assez


un temps plus encore et encore
plus encore
plus
on ne pourra pas toujours
tout refaire

dans ce temps de bile et d’éboulis


les forêts tremblent
sous nos pas
la nuit approche
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TEXTE N°6 – Hélène DORION, Mes forêts (2021), page 79


Consigne : Vous ferez l’explication linéaire du poème ci-dessous et étudierez
grammaticalement le passage surligné.

Nos matins de brume comme


surgit l’ondée claire
parmi les arbres
le regard hésite
hier demain
un chemin voudrait venir

alors que je rêve


un reste de vie
chute comme un écho
une bourrasque
hier demain
le vent se disloque
dans un grondement de clarté

alors que je rêve


vers toi mon corps s’enroule
frêles pétales
au bout de la nuit des mots
frémissent comme
ces brumes inapaisées
encerclent nos silences

***
APPENDICE

à l’aube blancheur brutale


la lumière irradie sa paix
tous cris amortis
par la neige
clandestine venue de nuit
à flocons précautionneux

Colette NYS-MAZURE, Seuils de Loire, 2003

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