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III.

LA DIAGENESE

Elle est la transformation des sédiments en roches sédimentaires. Que le sédiment soit
détritique ou chimique il se dépose soit par pure gravité soit après transformation par des
courants. Il est alors sous forme de boue non consolidée très riche en eau (jusqu’à 90%)
Le processus d’apport étant permanent les boues sont recouvertes dès leur dépôt par
d’autres.
On considère comme diagénétiques, les modifications de structure de composition des
sédiments réalisés dans les conditions de stabilité des minéraux formés en surface. Ceci
exclut les changements réalisés autrement que dans les conditions ordinaires de la surface
(magmatisme, métamorphisme).
Le domaine de la diagenèse se trouve limité à la zone externe de la lithosphère mais cette
limite correspond à des conditions très diverses selon la nature du matériel.
Un sédiment à la fois silico‐alumineux et calcique comme certains grauwackes où peuvent
se développer vers 100 C certaines zéolites instables en surface quitte le domaine de la
digenèse dès que ces minéraux apparaissent, même s’il est encore meuble et baigné de
saumures.
L’autre limite du domaine de la diagenèse est donné par l’altération qui correspond
également à une mise en équilibre dans les conditions locales de surface des minéraux et des
roches,à leur changement en nouveaux minéraux ou solution. Mais l’altération avec son
moteur essentiel l’hydrolyse va donner dans le sens d’une dégradation de ce matériel.
La diagenèse n’intervient pas toujours seulement après la mobilisation et le dépôt. La
transformation en argile des granites vitreux basaltiques accumulés sur le fond des océans
est une altération. A l’inverse, l’aggradation des minéraux argileux au cours de leur transport
a les caractères d’un processus diagénétique.

Exemple de diagenèse : l’argilite : une boue argileuse est formée lors de son dépôt de 70% à 90%
d’eau. Les parties minérales sont par exemple les minéraux argileux : la kaolinite, l’Illite,
lamontmorillonite,de la chlorite et un peu de feldspaths, de calcite et du quartz. La glauconie
apparait dans les conditions oxydantes.

Les proportions de chlorite augmentent au détriment de la montmorillonite, on observe :

‐ Transformation progressive de la vase argileuse en argile plastique.


‐ La porosité du sédiment, donc sa teneur en eau diminue considérablement de 72% à 0m, elle
passe à 35% à 500m de profondeur.
La vase argileuse se transforme en argilite plastique. Des concrétions de carbonate de calcite
et des sulfures tels que la pyrite apparaissent.
‐ Transformation de l’argilite plastique en argile compacte. La pression augmente avec la
profondeur vers 2000m de profondeur, l’argile n’a plus qu’une porosité de 13% elle est dite
compacte.
Sur le plan minéralogique, il y a disparition progressive de la kaolinite au profit de l’Illite
et de la sericite, de la montmorillonite au profit de la séricite, de la chlorite et de l’illite.
‐ Les transformations ultérieures se situeront donc dans le domaine du métamorphisme à
pression et température plus élevées.
PROCESSUS GENERAUX DE LA LITHIFICATION

La lithification est la transformation des roches meubles en roches consolidées.

C’est la jonction entre la cimentation et la compaction.

La cimentationest liée aux précipitations à partir des eaux interstitielles enrichies précocement
en ions. En effet la diminution de la porosité lors de la consolidation est accompagnée par le
déplacement latéral de l’eau qui s’achemine vers des milieux plus poreux.

L’hétérogénéité granulométrique des faciès permet ce déplacement latéral.

L’augmentation des pressions partielles des gaz tels que le CO2 confère à l’eau un plus grand
pouvoir de dissolution. Celle‐ci se charge en ions.Lors de son arrivée dans un milieu poreux, il y a
précipitation des éléments dissous.

A coté de la compaction et de la cimentation la température accélère la lithification. La


température joue un rôle déterminant dans l’accélération de la cinétique des réactions.

Les étapes de la diagenese


1) Transformations de minéraux et réactions

Les transformations les plus évidentes affectent les minéraux produits par précipitation à
partir des solutions.

a) Mise en solution d’éléments et leur migration


D’après leur stabilité, les solutions issues de la décomposition des roches peuvent se
diviser en 3 groupes :
‐ Les alcalis absolument stables en solution
‐ Les alcalino‐terreux et le fer, ce dernier étant moins stable
‐ L’aluminium et le silicium sont les ions les moins stables. Ils peuvent donner des solutions
colloïdales s’ils n’entrent pas en réaction. C’est surtout la silice qui joue un grand rôle dans le
phénomène de diagénèse. Elle peut migrer fort loin et donner des ciments de grés ou
silicifier les différents sédiments.
Les solutions colloïdales ne se diffusent pas, mais elles peuvent être entrainées par les
courants dans les pores des roches très poreuses.

b) Précipitation
Les matériaux amenés en solution et qui se déposent dans les vides sont les suivants :
quartz, calcite,dolomite, oxyde de fer, opale, anhydrite pyrite, sidérite, calcédoine,
kaolinite, illite, montmorillonite et accessoirement barytine et matière bitumineuse. Les
sédiments et les squelettes aragonitiques peuvent se transformer en calcite, les calcites
magnésiennes en calcites et dolomites.

L’augmentation de la concentration en NaCl et de la température limite le domaine du


gypse.

La Sylvine KCl, connue dans les dépôts d’évaporite peut être précipitée à partir de l’eau de mer
seulement à une température voisine de 0°C , ce qui est incompatible avec les données géologiques.
Elle apparait secondairement dans les évaporites à partir d’autres sel potassique tels que : la
carnallite KMgCl3 6H2O

La formation de la dolomite intervient dans les dépôts actuels lorsque le rapport des concentrations
en Mg2+ et Ca2+ atteint 10 fois la valeur qu’il a dans l’eau de mer normale (1,2% pour Ca2+ et 3,7%
pour Mg2+). Elle se produit en particulier à partir des saumures de lagunes soumises à une
évaporation intense. Les dépôts actuels des dolomites sont rares et limités aux lagunes ou aux
milieux récifaux.

Les dolomies ne prennent un développement important que dans les séries mésozoïques,
paléozoïques et protérozoïques. La dolomitisation commence par une cimentation des zones du
récif, où les eaux circulent. La concentration en Mg2+ nécessaire peut être obtenue par évaporation
dans la lagune.

La dolomitisation est particulièrement active au niveau des nappes d’eau saumâtres alimentées par
des pluies qui remettent en solution les carbonates où le rapport peut atteindre
30, car la saturation en Ca2+ est atteinte pour des concentrations beaucoup plus faibles. CaCO3
précipite alors Mg2+ reste en solution. Cette transformation des carbonates de calcium en dolomite
correspond à une modification de la composition globale.

L’évolution des minéraux argileux qui commencent pendant leur transport se poursuit pendant
et après leurs dépôt. La glauconite verte voisine des illites et des muscovites n’est connue
actuellement que dans les fonds marins en petit agrégats de 100 ou sur des fondscalcaires, où elle
est associée à des phosphates. Dans les calcaires anciens, on la voit d’autres part remplir des cavités
et en particulier les loges des foraminifères.

Cette association avec les restes organiques et les croûtes phosphatées laisse penser que sa
formation est en relation avec les films gélatineux formés sur les surfaces sous‐marines avec les
algues vertes et bleues. La glauconie est un minéral dont on admet le caractère diagénétique et qui
est recherché pour les mesures d’âge des sédiments par les méthodes utilisant la désintégration
Rb87 en Sr 87.

La fragilité de la kaolinite est mise en évidence par sa disparition dans les niveaux inferieurs des
séries argileuses récentes de grande épaisseur. Elle se transforme en pyrophyllite

Al4 (OH)8+ 4SiO2 2Al2 (OH)2+2H2O

Cette réaction se produit à des températures déjà élevées de l’ordre de 300 à 400°C selon la
pression. Le domaine des montmorillonites se limite également à la zone superficielle.

La compaction :
Elle se manifeste d’une manière beaucoup plus intense sur les sédiments argileux que sur tous les
autres. Cette compaction tend à réduire considérablement la porosité. Il y a une relation directe
entre la compaction et la charge des dépôts qui ont recouvert le sédiment. Il y a aussi une relation
avec l’intensité des efforts tectoniques. Il en résulte que les solutions mères accompagnant les argiles
originelles sont expulsées au cours de la compaction. Ces solutions minérales peuvent aller se
déposer ailleurs causant par exemple la cimentation des grès.

Cette compaction n’est pas limitée seulement aux argiles et se produit aussi dans les boues
carbonatées donnant les calcaires. Si les sédiments argileux sont déposés sur une colline enterrée la
compaction est plus forte sur les flancs que sur les sommets. Ce qui est dû à la différence d’épaisseur
des couches argileuses. La pression exercée sur un sédiment formé de particules sphériques de taille
équivalente produit une réduction du volume par modification de l’arrangement de ces particules.

La cimentation

Après la compaction, les niveaux argileux sont indurés. Mais ce cas n’est pas valable pour les
niveaux constitués de particules en grains où la diminution de la porosité est très limitée. C’est
seulement le phénomène de la cimentation qui peut provoquer la consolidation de ces roches. Pour
que la cimentation se produise il faut que les éléments nécessaires à la formation du ciment soient
présents dans la solution.

Les carbonates, les argiles, la silice sont les liants naturels les plus communs. Mais les oxydes de fer,
les phosphates, les chlorures et les sulfates participent également à la formation du ciment.

La cimentation des grès par un liant argileux passe par une accumulation de ce liant comme dans les
bêtons artificiels. Ceci suppose une recristallisation des minéraux argileux présents.

La cimentation par calcite des sédiments carbonatés formés des particules allochimiques présente
des aspects comparables à la cimentation des quartzites.

Lorsque ces particules sont des fragments squelettiques monocristallins, le réseau des cristaux de
calcite du ciment prolonge quelque fois celui des débris qui demeurent cependant bien
reconnaissables grâce à leur structure réticulée caractéristique.

Le processus le plus complexe lorsque le sédiment est formé de particules allochimiques


constituées d’aragonite instable. L’aragonite se change le plus souvent en agrégat de cristaux
calcitiques et la forme initiale n’est plus perceptible que par les impuretés internes. La
transformation de l’aragonite rend difficile la distinction du ciment et de la matière cimentée.
IV. La Catagénèse et la métagénèse
Après les processus diagénétiques, les roches sédimentaires vont se trouver sous d’autres
conditions thermodynamiques ce qui permet un changement de leur composition
minéralogique et de leurs propriétés physiques. Au cours de la catagenèse, il y a les
processus suivants :
‐ La compaction des roches : Ces processus ont lieu à la suite des rapprochements des
particules de la roche, la diminution de la porosité et du remplissage des pores par le ciment.
‐ La dissolution de certaines substances instables de la roche
‐ La formation des nouveaux minéraux qui seront stables dans les conditions présentes.
‐ La recristallisation sous l’influence des hautes températures de pression. Certains minéraux
mal cristallisés se transforment en grands cristaux. Ceci est caractéristique à la calcite.
‐ Déshydratation pour des pressions très élevées : les roches se déshydratent et l’humidité
relative de ces roches ne dépasse pas 5%.
La métagenèse est le stade intermédiaire entre la catagenèse et le métamorphisme ; dans ce
processus la roche change sa composition c’est pourquoi il est souvent difficile de
différencier la métagenèse du métamorphisme.

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