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Formulation Des Détergents-Produits Pour Nettoyage de La Vaisselle
Formulation Des Détergents-Produits Pour Nettoyage de La Vaisselle
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salissures alimentaires (à part quelques exceptions comme le Acides 0 à 2 Ajusteur de pH (neutre)
rouge à lèvres, les traces métalliques…), dont les composants de
base sont : Conservateurs 0 à 1 Évitent la contamination
bactériologique
– des glucides (sucres, féculents, hydrates de carbone…) ;
– des lipides (graisses végétales ou animales) ;
Parfums et colorants 0 à 2 Améliorent les propriétés
– des protides (viande, lait, poisson…) ;
organoleptiques du produit
– des sels minéraux ;
– des additifs divers (colorants…).
Autres additifs 0 à 3 Apportent des propriétés
Quatre facteurs jouent un rôle important lors du lavage de la spécifiques au produit
vaisselle : l’action mécanique, l’action chimique, la température et
le temps. Lors du lavage à la main, la part de l’action mécanique Eau qsp 100 -
est grande (75 %), puisque c’est la brosse ou l’éponge qui éliminent
principalement les salissures. Les contributions relatives du temps
mélange stable et homogène des ingrédients et d’une viscosité
de lavage, de la température et de l’action chimique sont respecti-
adéquate pour ce type de produit. Les compositions actuelles sont
vement de 5, 10 et 10 %. En revanche, lors du lavage de la vaisselle
tellement concentrées que quelques gouttes suffisent pour toute
en machine, les bras d’aspersion étant moins puissants que la
une vaisselle. Plus récemment, d’autres ingrédients sont apparus
brosse, la part de l’action mécanique n’est plus que de 15 %, et ce
dans des compositions davantage positionnées « haut de
manque doit être compensé par l’action chimique du produit de
gamme ».
lavage (35 %), du temps de lavage (25 %) et de la température
(25 %). Exemple : citons les agents de protection pour les peaux sensi-
L’enlèvement des salissures d’une surface donnée dépend de bles, les additifs assurant un meilleur drainage de l’eau (afin d’éviter
l’énergie totale apportée lors du nettoyage. En effet, le degré de dif- la corvée de l’essuyage) ou encore les matières premières permet-
ficulté d’enlèvement sera fonction des énergies mises en œuvre et tant d’obtenir un liquide transparent.
la somme des énergies thermiques (eau chaude), chimique (déter-
gent) et mécanique (« huile de coude ») doit être supérieure aux Les ingrédients entrant dans les compositions de produits de
énergies qui assurent la cohésion de la salissure et son adhésion vaisselle sont sélectionnés pour leur innocuité vis-à-vis de la peau
à la surface. Les forces impliquées vont, par ailleurs, varier selon et font l’objet de tests cutanés sous contrôle dermatologique. On
la nature des aliments et le traitement qu’ils auront subi (cuisson, trouve également aujourd’hui des produits vaisselle Écolabel qui
nature de l’eau, séchage…). présentent un impact réduit sur l’environnement.
Les caractéristiques physico-chimiques typiques d’un produit
1.1 Principaux ingrédients vaisselle sont une viscosité de 100 à 500 cps, un pH compris entre
6 et 8, un point de trouble inférieur à 5 C et un point d’éclaircisse-
Se reporter aux références [4] [5] en [Doc. J 2 281]. ment inférieur à 10 C. Le tableau 2 donne la composition générale
Les produits classiques pour le lavage de la vaisselle à la main d’un produit vaisselle.
sont des produits liquides basés sur un mélange de substances
détergentes aux propriétés tensioactives (agents de surface) (10 à 1.1.1 Agents de surface ou tensioactifs
50 %) dont le rôle principal est de développer une quantité impor- ou surfactifs
tante de mousse. Ils contiennent également des ingrédients desti-
nés à équilibrer le pH, à assurer la conservation du produit et à lui Se reporter aussi aux références [6] [7] [8].
donner sa couleur et son parfum. Des matières premières annexes Les agents de surface, aussi appelés tensioactifs ou surfactifs,
telles que des hydrotropes vont contribuer à l’obtention d’un sont les constituants principaux des produits d’entretien ménagers
pour surfaces dures. Ils confèrent au produit sa capacité à éliminer détergentes des anioniques avec le pouvoir désinfectant des catio-
les salissures des surfaces et à les maintenir en suspension. Les niques et se caractérisent par une excellente tolérance pour la peau
agents de surface sont constitués d’une partie lipophile (queue et les yeux. Ce sont par exemple des bétaı̈nes et, plus particulière-
hydrophobe) qui présente de l’affinité pour les huiles et les graisses ment, le cocoamidopropylbétaı̈ne (CAPB).
et d’une partie hydrophile (tête polaire), soluble dans l’eau. Cette
structure amphiphile permet de dissoudre les salissures. L’action & Non ioniques, sans charge, qui ont un faible pouvoir moussant
mécanique du nettoyage contribue ensuite à les éliminer. Selon la
et qui sont peu irritants [13] [14]. Ce sont classiquement des alcools
charge électrique de la tête polaire, les agents de surface peuvent
être de différents types (figure 1). gras polyéthoxylés (AGE) et, plus récemment, des biotensioactifs
tels que les alkylpolyglucosides (APG) et les alkylglucamides. Com-
& Anioniques [9] si la tête polaire est chargée négativement. Ce binés aux agents de surface anioniques, ils permettent notamment
sont alors de très bons détergents avec un pouvoir moussant élevé ; de neutraliser leur effet irritant. De nombreux fabricants tels que
ils sont faciles à rincer. Ils sont également facilement accessibles et Colgate-Palmolive, Henkel, Kao ou encore Procter & Gamble ont
peu coûteux. Ils permettent d’éliminer les salissures particulaires introduits ces composés dans leurs produits dès le début des
(terre, poussières...) et les salissures grasses et sont, par consé- années 1990.
quent, les plus utilisés pour les applications en détergence. Ils
incluent des carboxylates (savons), des sulfonates tels que les Parmi les différentes familles de tensioactifs, seuls les cationi-
alkylbenzènes sulfonates linéaires (LABS), les paraffines sulfonates ques ne sont pas utilisés dans les formulations de produits vais-
(PAS), les a-oléfines sulfonates (AOS) et des sulfates tels que les selle à la main. Les tensioactifs non ioniques tels que les alcools
alkylsulfates (SAS) ou sulfates d’alcools gras (FAS) et les alkyléther- gras polyéthoxylés (AGE) ont pendant longtemps été peu utilisés
sulfates (AES). Ils sont cependant irritants et présentent une sensi- dans les formules de liquides vaisselle, notamment en raison de
bilité à la dureté de l’eau dans la mesure où ils forment, avec le cal- leur faible pouvoir moussant et de leur prix plus élevé. En revan-
cium et le magnésium, des sels insolubles. che, les alkylpolyglycosides (APG), totalement biodégradables, pré-
sentent un bon pouvoir moussant, une meilleure tolérance pour la
& Cationiques [10] lorsqu’ils possèdent une charge positive. Ces
peau, une meilleure compatibilité avec les autres ingrédients de la
agents de surface ont un pouvoir détergent plus faible mais peu- formule, tout en ayant des propriétés de mouillage équivalentes à
vent présenter, par ailleurs, une action antimicrobienne efficace
celles des tensioactifs classiquement utilisés [15] [16] [17] [18].
pour les surfaces dures. Ils sont donc plutôt utilisés comme conser-
Combinés aux tensioactifs anioniques (LABS, SAS, AES…), notam-
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H3C (CH2)n SO3Na H3C (CH2)n SO3Na H3C (CH2)n CH CH (CH2)m SO3Na
O CH3
CH3
Sulfate d’alcool gras Alkyléther sulfonate Cocamidopropylbétaïne
(FAS) (AES) (CAPB)
CH2OH
O
H
CH3 OH OH
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H2N C NH2
1.2 Classification des produits
O
et exemples de formules
SO3Na
On distingue trois types de formules :
Cumène sulfonate de sodium Urée – économiques : à environ 20 % de produits actifs ;
(SCS) – intermédiaires : à environ 30 % de produits actifs ;
– haut de gamme : à environ 40 % de produits actifs.
Figure 3 – Hydrotropes couramment utilisés dans les détergents, Les tableaux 4, 5, 6 donnent quelques exemples de formulations
notamment les produits de lavage de la vaisselle à la main pour chacune de ces catégories.
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Eau, parfum, colorant qsp 100 qsp 100 Alkyl (coprah) sulfate de magnésium (PAS) 11,5
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Éthanol 2 Composition
Ingrédients
(%)
EDTA 0,3
Lauryléthersulfate de sodium (SLES) 10
Eau, parfum, colorant qsp 100
Cocoamidopropylbétaı̈ne (CAPB) 1,2
Alkylpolyglycoside (APG) 2,2
Tableau 7 – Composition typique de formule à base de jus
Alkylsulfonate de sodium (SAS) 10
de citron en pourcentage massique
Eau, parfum, colorant qsp 100
Composition
Ingrédients
(%)
Alkylbenzène sulfonate de sodium linéaire 29 Tableau 11 – Composition typique d’une formule diluable
(LABS) à 70 % d’actifs en pourcentage massique
Lauryléthersulfate de sodium (SLES) 14 Ingrédients %
Jus de citron 5 à 20
Alkylsulfonate de sodium (SAS) 55
Éthanol 5 à 6
Lauryléthersulfate de sodium (SLES) 10
Urée 5
Alcool gras polyéthoxylé (AGE) à 7 oxydes 5
Conservateur 0,03 d’éthylène
L’utilisation du jus de citron (tableau 7) permet d’ajuster le pH et Le lavage en machine de la vaisselle est constitué d’une succes-
d’augmenter les performances de nettoyage du produit [37]. sion d’étapes qui répondent à des besoins spécifiques.
L’utilisation de dialkylsulfosuccinates de sodium (tableau 8) per- & Le prélavage : il peut être effectué sans produit. La vaisselle est
met d’obtenir des performances supérieures à la combinaison clas- aspergée d’eau froide par l’intermédiaire des bras d’aspersion.
sique LABS/LES en eau douce comme en eau dure. Cette première étape permet d’éliminer des salissures de manière
La combinaison PAS/APG/AGE (tableau 9) permet d’obtenir un grossière et de commencer à ramollir les aliments restant attachés
produit qui facilite le drainage de l’eau. à la vaisselle.
Les formules diluables sont des formules superconcentrées à & Le lavage : selon la nature et le degré d’ensalissement, il s’effec-
diluer avec de l’eau pour obtenir un liquide vaisselle ayant environ tue à 40 C (verrerie), mais plus souvent à 55 ou 65 C. L’eau conte-
2 % d’actifs [38]. nant le produit lessiviel est projetée sur les articles, ce qui permet
l’élimination progressive de tous les types de salissures présentes
grâce aux différents ingrédients de la formule.
2. Produits pour laver & Les rinçages : un premier rinçage est effectué à l’eau claire, sans
produit. Pour le rinçage final, en eau chaude, le produit de rinçage
la vaisselle en machine (« aide de rinçage ») permet à l’eau de s’écouler uniformément et
de sécher sans laisser de traces ni de coulures.
& Le séchage : soit par simple évaporation, soit de manière forcée.
2.1 La machine à laver la vaisselle Tout au long du cycle, l’eau est filtrée en permanence sur des fil-
tres de différentes dimensions, ce qui permet au lavage de s’effec-
2.1.1 Différentes parties de la machine tuer dans les meilleures conditions en évitant les phénomènes de
Avant d’aborder les produits, il est essentiel de comprendre com- redéposition.
ment fonctionne un lave-vaisselle automatique, véritable « boı̂te
noire » pour beaucoup d’utilisateurs (figure 4). 2.1.3 Évolution des machines
Le premier lave-vaisselle, ou plutôt « lave-assiettes automa-
2.1.2 Déroulements des cycles de lavage tique », fut utilisé pour la première fois en 1885 dans un restaurant
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Le lavage de la vaisselle en machine repose sur 5 facteurs : parisien. La machine, actionnée à la main, était composée d’un ton-
– l’utilisation d’une eau adoucie ; neau de bois et d’une structure métallique alambiquée dans
– l’action physico-chimique du produit de lavage ; laquelle étaient fixées huit assiettes. Celles-ci passaient d’abord
dans un réservoir rempli d’eau chaude pour éliminer les graisses
– l’action mécanique de projection de la solution détergente sur
puis étaient vigoureusement nettoyées par deux brosses avant
les articles ;
d’être rincées à l’eau froide [39]. C’est en 1929 que le premier lave-
– l’action thermique du lave-vaisselle ;
vaisselle électroménager fut réellement développé en Europe.
– la durée des différentes phases de lavage.
Les lave-vaisselle évoluent (tout comme les produits) parfois en
Le premier point est certainement le plus important car la moin- facilitant la tâche des fabricants de détergents, parfois en la rendant
dre trace de calcaire sur un verre paraı̂tra catastrophique aux yeux
du consommateur. Contrairement aux lave-linge, les lave-vaisselle
automatiques sont pourvus de résines échangeuses d’ions permet- Bras d'aspersion
tant d’obtenir une très faible dureté de l’eau dans la machine. L’ab- de solution détergente
sence de sels minéraux permet aussi un meilleur enlèvement de
certaines salissures et assure un entretien parfait du lave-vaisselle
lui-même (thermoplongeur, cuve intérieure) en évitant les dépôts
calcaires. L’eau d’alimentation traverse le bac contenant les résines
avant d’alimenter la cuve où aura lieu le lavage. Peu à peu, ces rési-
nes se chargent en ions Ca2+ et Mg2+, libérant en échange leurs
ions Na+ qui ne sont pas gênants ; peu à peu, ces résines sont satu-
rées et il faut effectuer l’opération inverse (apport d’ions Na+ et
rejet à l’extérieur des ions Ca2+ et Mg2+) : c’est la régénération. Les Paniers pour recevoir
les articles à laver
ions Na+ sont apportés par du chlorure de sodium, le « sel régéné-
rant », produit supplémentaire indispensable au bon fonctionne-
ment du système de régénération.
Le second point concerne directement la composition du déter- Sonde
gent que nous détaillerons plus loin. de température
Le troisième point reflète bien le fait que l’action mécanique en
machine (projection de la solution détergente sur les articles sales Bouchon
par l’intermédiaire des bras d’aspersion) est bien inférieure aux du réservoir
gestes de la ménagère en lavage à la main (contact direct). de sel régénérant
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plus ardue. Comme exemple d’évolution favorable, on peut citer doivent faire partie de la « liste positive », c’est-à-dire être autori-
l’apparition des « paliers enzymatiques » au cours des cycles de sées par le ministère de la Santé).
lavage (la température est maintenue à 40 C pendant plusieurs
Les tensioactifs amphotères et cationiques sont peu ou pas utili-
minutes, ce qui permet d’optimiser l’effet des enzymes). En revan-
sés dans les produits pour lave-vaisselle, en raison de leur prix
che, d’autres évolutions vont dans le mauvais sens : citons l’exem-
relativement élevé et de leur incompatibilité avec certains ingré-
ple des distributeurs de détergents dont le volume est de plus en
dients de la formule. En revanche, certains tensioactifs anioniques,
plus faible ou celui de la diminution des consommations en eau et
comme les alkyléthersulfates, sont utilisés en faible proportion
en électricité, ce qui est évidemment très favorable en termes d’en-
malgré leur pouvoir moussant [42]. Classiquement, on rencontrera
vironnement mais qui complique la tâche du formulateur car in
donc surtout des tensioactifs non ioniques [43] [44] [45] [46]
fine, la ménagère veut toujours un résultat impeccable : c’est donc
comme :
au détergent de compenser.
– des copolymères blocs à base d’oxydes d’éthylène (OE) et
En résumé, les machines vont évoluer de la façon suivante :
d’oxydes de propylène (OP) tels que les Pluronics‚ commercialisés
diminution du niveau sonore, diminution de la consommation
par BASF de formule chimique :
d’eau, diminution de la consommation d’énergie, diminution du
volume des distributeurs de produits et, enfin, diminution de l’effi-
cacité du lavage.
HO (CH2CH2O)a (CH2CHO)b (CH2CH2O)c H
Le lavage de la vaisselle se distingue fortement de celui du linge et
a ses propres spécificités. Tout d’abord, contrairement au linge, les CH3
articles à laver doivent rester stables tout au long du processus de
lavage, au risque de se casser. Ensuite, la vaisselle doit sortir sèche L’hydrophobie relative de ces tensioactifs polymériques peut être
du lave-vaisselle, prête à être rangée. Pour cela, le dernier rinçage, contrôlée en faisant varier le rapport OE/OP ;
contrairement à celui du lave-linge, est effectué à 60 C et est suivi – des alcools alkoxylés tels que les Plurafacs‚, également com-
d’un séchage. Enfin, l’eau utilisée doit être adoucie tout au long du mercialisés par BASF, qui sont des alcools primaires aliphatiques
cycle, notamment lors du rinçage qui se fait à chaud et au cours linéaires à base d’oxydes d’éthylène et d’oxydes de propylène de
duquel les sels de calcium pourraient précipiter sur la vaisselle. formule générale :
Trois types de produits sont donc utilisés dans les lave-vaisselle :
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Les tensioactifs non ioniques rencontrés dans les détergents Dans la solution de lavage, la plupart des salissures particulaires
pour lave-vaisselle ont généralement un point de trouble bas. et des surfaces à nettoyer sont chargées négativement. Dans ce
Ainsi, lors de l’augmentation de la température de lavage, ils se cas, le calcium libre joue le rôle de « pont » pour la fixation des
« désolubilisent », ce qui supprime les risques de formation de salissures sur les surfaces à laver. Les salissures grasses contien-
mousse. A des températures supérieures au point de trouble, la nent une certaine quantité d’acides gras qui peuvent se combiner
moussabilité est quasi nulle. La formation de mousse en lave-vais- avec le calcium libre pour former des savons insolubles, principale-
selle (due à la présence de certaines salissures protéiniques, par ment à la surface de la salissure, ce qui empêche le « rolling-up »
exemple) a un effet négatif sur la performance car elle diminue la spontané de la graisse. Des essais ont montré que les ions Ca2+
pression d’arrosage des jets et peut, en cas extrême, augmenter le libres ont un effet négatif sur l’enlèvement de l’amidon, du thé, et
bruit de manière désagréable (phénomène de cavitation de la sur l’apparence des verres. Deux types de forces doivent être prises
pompe de recyclage). Les tensioactifs non ioniques ont également en considération : une force de cohésion entre les molécules d’ami-
une action sur les salissures grasses. Les acides gras (salissures) se don, chargées négativement en milieu alcalin, et une force d’adhé-
transforment en savons en présence des silicates et des tripoly- sion entre l’amidon et la surface des articles. On peut donc en
phosphates. Les tensioactifs non ioniques permettent d’aider les déduire que le calcium libre agit comme un pont qui relie les molé-
savons à se disperser dans le bain de lavage. Il faut noter que cer- cules d’amidon (formation d’un gel) et qui fixe les molécules sur la
tains triglycérides ne sont pas saponifiés même à pH très élevé. Ils surface à nettoyer. Le thé contient des colorants de types polyphé-
sont alors éliminés des substrats par les tensioactifs non ioniques nols. Le mécanisme de l’adsorption du thé sur les surfaces dures
selon les mécanismes de « rolling-up » et de « solubilisation » [41]. n’est pas connu mais on peut supposer que, en milieu alcalin, ce
type de salissure est également chargé négativement (le pKa des
2.2.1.2 Agents anticalcaires : complexants, échangeurs phénols est de l’ordre de 10), donc le calcium libre peut la fixer
d’ions, précipitants [41] sur la surface à nettoyer. Pendant le lavage, la présence de calcium
libre favorise également l’adsorption ou la fixation des protéines
Le calcaire contenu dans l’eau de distribution entrave l’action
(présentes dans le lait, par exemple) sur le verre. Ses propriétés
nettoyante des agents de surface dans les produits d’entretien.
sont donc modifiées par la présence des protéines, ce qui peut
Cela est particulièrement vrai pour les savons qui précipitent avec
expliquer l’effet néfaste du calcium sur l’apparence du verre. Le
le calcaire en formant des sels insolubles. Plus l’eau est dure, plus
rôle principal du TPP est donc évident dans le lavage de la vaisselle
l’efficacité du produit est compromise. Les agents anticalcaires,
en machine : il permet de diminuer la concentration en calcium
encore appelés builders, sont, après les agents de surface, les
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chaud qui le transforme rapidement en orthophosphate et, d’autre À titre d’exemple, la société PQ Europe commercialise sous la
part, par son impact négatif sur l’environnement puisque les phos- marque Britesil‚ des silicates amorphes pour les tablettes et les
phates sont des engrais pouvant favoriser la prolifération des poudres destinées au lavage de la vaisselle en machine. Ces sili-
algues et l’eutrophisation des lacs et des rivières. Aujourd’hui, les cates sont revendiqués être d’excellents stabilisateurs pour les
formules de détergents pour le lavage de la vaisselle en machine agents de blanchiment, notamment le percarbonate de sodium.
peuvent ou non contenir des tripolyphosphates. La société Clariant, quant à elle, a développé des silicates de
sodium lamellaires (SKS-6‚) de formule Na2Si2O5 obtenus à partir
& Après les TPP, les builders les plus utilisés sont les silicates, par- du disilicate de sodium amorphe dans des conditions particulières
fois même d’ailleurs en combinaison avec les phosphates. Les sili- de température.
cates ont une excellente capacité à lier les ions calcium et magné-
sium, associée à un bon pouvoir nettoyant en raison d’une réserve & Le carbonate de sodium peut jouer deux rôles dans le lave-
d’alcalinité élevée. Multifonctionnels, ils ont également un bon vaisselle :
pouvoir tampon ; ils permettent le maintien des salissures en sus- – un rôle tampon : en solution aqueuse, le carbonate de sodium
pension et sont stables à l’oxydation. De plus, ils inhibent la corro- permet la libération d’ions hydroxyles :
sion du verre, des céramiques et des surfaces métalliques et ont un
profil écologique favorable. Les silicates sont obtenus par réaction Na2 CO3 Ð CO23 - + 2Na +
du sable avec le carbonate de sodium à température élevée. Il
existe différents types de silicates de sodium solubles selon le rap- CO23 - + H2 O Ð HCO3- + HO -
port SiO2/Na2O :
Le carbonate est donc bien une source d’alcalinité si sa concen-
– les orthosilicates : Na4SiO4 ou 2Na2O, SiO2 avec un ratio SiO2/ tration est suffisante. Par exemple, un pH de 11,6 est obtenu
Na2O = 1 ; lorsque la solution contient 0,05 M Na2CO3 par litre (soit 5,3 g/L).
– les monosilicates ou métasilicates de formule générale Cependant, dans les formulations pour le lavage de la vaisselle en
(SinO3)Na2n : si n = 1 on obtient Na2SiO3 ou Na2O, SiO2 avec un machine, c’est le silicate qui est la principale source d’alcalinité ;
ratio SiO2/Na2O = 1 ; – un rôle d’adoucisseur de l’eau : l’addition de carbonate à une
– les disilicates qui remplacent peu à peu les métasilicates : solution de TPP diminue la concentration en calcium libre en situa-
Na2SiO5 ou Na2O, 2SiO2 avec un ratio SiO2/Na2O = 2. tion « underbuilt » (c’est-à-dire en présence d’eau dure et en faible
Tous les silicates de sodium ont un « pH alcalin » : le pH est d’au- dosage). La présence de carbonate n’a pas d’effet sur la concentra-
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tant plus élevé que le ratio SiO2/Na2O est bas. Le métasilicate est tion en calcium libre dans un milieu « built ». Ces agents (ou leurs
donc plus alcalin que le disilicate ; il est capable de délivrer pen- mélanges) permettent d’obtenir de très bonnes stabilités des pro-
duits finis, sans influer sur le taux de décomposition de l’hypochlo-
dant le lavage un pH proche de 12, favorable notamment à la
rite au cours du stockage.
décomposition des huiles, des graisses et des amidons par hydro-
lyse. Toutefois, l’utilisation de métasilicate de sodium rend les for- & Le citrate de sodium est une alternative intéressante au tripoly-
mulations « corrosives », pouvant causer des brûlures graves en phosphate en tant qu’agent complexant « vert », mais il présente
cas de contact avec la peau ou les muqueuses. Les disilicates leur une efficacité moindre.
sont donc préférés. Dans les formules de détergents pour lave-vais-
& Les polycarboxylates sont des substances d’origine pétrochi-
selle, le rapport SiO2/Na2O est typiquement égal à 1 : 2-3.
mique, peu toxiques pour la vie aquatique, mais qui ne sont pas
Le silicate apporte des ions hydroxyles et silicates à la solution ou peu dégradables. Les polycarboxylates de faible masse molé-
de lavage et joue un rôle important dans le processus de lavage. culaire sont à la fois de bons agents séquestrants et dispersants.
Les acides gras contenus dans les salissures à base de graisse Les copolymères acide acrylique/anhydride maléique sont généra-
sont neutralisés et ainsi transformés en savon soluble. Une aug- lement plus efficaces que les homopolymères acryliques en rai-
mentation des ions OH– a un rôle positif sur l’élimination des salis- son de la plus forte teneur en groupements carboxylates par
sures (effets électrostatiques : à pH élevé, la plupart des salissures unité de monomère. Des polycarboxylates hydrophobiquement
et substrats sont chargés négativement). Comme nous l’avons vu modifiés (Sokalan‚ de BASF par exemple) combinés à certains
précédemment, il y a donc répulsion entre les salissures entre agents complexants montrent une efficacité en termes de déter-
elles et entre les salissures et le substrat. Par contre, un pH élevé gence équivalente aux formules à base de phosphates [48]. Dans
provoque la décoloration de l’aluminium par exemple et l’attaque ce cas, les chaı̂nes hydrophobes des polycarboxylates interagis-
de certains décors. sent avec les constituants hydrophobes des salissures comme
Les ions silicates présents dans la solution peuvent s’adsorber à les huiles et les graisses, permettant leur élimination et leur dis-
la surface des substrats pour former une fine couche siliceuse qui persion dans l’eau. La meilleure compréhension du mode d’action
protège certaines surfaces de la corrosion (acier inoxydable de cer- à l’échelle moléculaire, notamment en ce qui concerne les inter-
tains articles ou de l’intérieur du lave-vaisselle) ou inhibe la décora- actions entre les polymères hydrosolubles et les tensioactifs non
tion sur émail de certains types d’assiettes (porcelaine). ioniques et anioniques, contribue fortement au développement
On distingue le silicate de sodium amorphe qui réagit avec les actuel de nouveaux polycarboxylates synthétiques aux propriétés
ions calcium et magnésium par précipitation, comme le carbonate additionnelles.
de sodium, et le silicate de sodium lamellaire qui adoucit l’eau en & L’éthylènediaminetétraacétique (EDTA) sous forme de sel de
échangeant les ions Na+ par les ions Ca2+ et Mg2+ conduisant à des sodium n’est presque pas biodégradable. A cause de sa faible
particules qui se dispersent spontanément dans l’eau. Les zéolithes capacité d’adsorption et de sa bonne solubilité dans l’eau, la
(A), qui sont des aluminosilicates de sodium constitués de groupe- concentration de cette substance peut rapidement augmenter
ments SiO2 et Al2O3 associés dans une structure cage tridimension- dans le milieu aquatique. L’EDTA, en lui-même, n’est pas très
nelle, agissent également par ce même mécanisme d’échange toxique pour la vie aquatique. Son inconvénient majeur est qu’il
d’ions. Peu coûteuses et efficaces, elles sont une alternative inté- ne séquestre pas seulement le calcaire mais aussi de nombreuses
ressante aux tripolyphosphates, et on les rencontre dans les com- autres substances comme les métaux lourds et les micronutri-
positions détergentes pour le linge commercialisées notamment ments. C’est ainsi que les métaux lourds complexés par l’EDTA
dans les pays où les tripolyphosphates sont interdits. Cependant, peuvent entrer dans la chaı̂ne alimentaire écologique. Le nitrilotria-
n’étant pas solubles dans l’eau, elles se déposent sur la vaisselle cétate (NTA), bien que formant des complexes relativement stables,
et ont un effet abrasif inacceptable limitant leur utilisation dans les se dégrade plus facilement que l’EDTA. Il est cependant classé
produits pour lave-vaisselle. Leur déposition peut néanmoins être comme potentiellement cancérigène. Enfin, le sel trisodique de
empêchée ou limitée en introduisant dans la formule des agents l’acide méthylglycine diacétique (MGDA), connu également sous
dispersants à base de polycarboxylates. la marque Trilon‚ M (BASF), est « écologiquement plus acceptable »
tout en assurant des performances équivalentes aux compositions Comme il n’est efficace qu’à partir de 60 C, on le combine géné-
à base de phosphate, notamment lorsqu’il est combiné aux poly- ralement à des activateurs synthétiques tels que le N, N, N’, N’-
carboxylates modifiés : tétraacétyléthylènediamine (TAED), largement utilisé par un grand
nombre de sociétés en Europe, Asie et Amérique latine, et le sel de
sodium de l’acide nonanoyloxybenzène sulfonique (NOBS), utilisé
COOH en Amérique du Nord par la société Procter & Gamble ainsi qu’au
COOH COOH
Japon. Ces activateurs réagissent avec les ions perhydroxyles
N COOH
HOOC N HOOC N HOOC N HOO– formés pour conduire à des oxydants plus puissants que
H2O2, respectivement les acides peracétique et pernonanoı̈que
COOH COOH HOOC (figure 5).
NTA MGDA EDTA Lors de la réaction de perhydrolyse, le TAED réagit avec l’anion
perhydroxyle HOO–, résultant de la dissociation en condition alca-
L’association de sels alcalins et d’agents anticalcaires perfor- line de l’eau oxygénée générée par le persel, et deux molécules
mants tels que le tripolyphosphate de sodium assure des condi- d’acide peracétique sont formées simultanément avec le diacétyl-
tions optimales au processus de lavage en garantissant à la fois éthylènediamine (DAED), composé aisément biodégradable et non
un milieu alcalin modéré (pH ª 10), favorable à l’action des agents toxique. Cette réaction se fait en quelques minutes à pH 10-11 qua-
de blanchiment et aux réactions d’hydrolyse, et un effet antiredépo- siment de manière indépendante de la température. Le mécanisme
sition des salissures. Cependant, pour les raisons environnementa- par lequel l’acide peracétique réagit ensuite avec les chromophores
les évoquées précédemment, il est important aujourd’hui de trou- de la salissure n’est pas encore complètement élucidé. En revan-
ver des alternatives à l’utilisation des TPP. Il existe des formules che, de part son activité biocide, il détruit les micro-organismes
sans phosphate qui utilisent simultanément le citrate, le carbonate adhérant sur les salissures alimentaires. La réaction de blanchi-
et le silicate de sodium, mais il est alors nécessaire de leur ajouter ment est du premier ordre par rapport à l’agent oxydant et dépend
un polymère, de type polyacrylate ou polyméthacrylate, pour fortement de la température. Elle est par ailleurs optimale à pH 9-
empêcher la redéposition des particules de salissures. 10. Les agents de blanchiment à base de perborate ou de percarbo-
nate permettent l’utilisation d’enzymes, ce qui est impossible avec
2.2.1.3 Agents de blanchiment : oxydants forts, oxydants les agents chlorés.
à base d’eau oxygénée et additifs
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M = Na : NaDCC Dissolution
M = K : KDCC
O O
En solution dans l’eau, les dichloroisocyanurates s’hydrolysent 2-
rapidement et libèrent du chlore actif sous forme de HClO et de H3C C C CH3 HO O O OH
ClO–, dont le rapport varie selon les conditions de pH. N CH2 CH2 N + B B
2 Na+
H3C C C CH3 HO O O OH
& Aujourd’hui, les agents de blanchiment peroxygénés tels que
les perborate et percarbonate de sodium capables de libérer de O O
l’eau oxygénée (H2O2) in situ sont préférés. Le percarbonate de
sodium (Na2CO3) agit aux basses températures ; il est en effet TAED solide Perborate solide
actif dès 20 C. Il est fabriqué à partir de soude et d’eau oxygénée.
Le perborate (monohydraté NaBO2, H2O ou tétrahydraté NaBO2, Figure 5 – Mécanisme de blanchiment du système perborate
4H2O) est surtout utilisé dans les formules de lessives en poudre. de sodium/TAED
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classiquement le manganèse, le fer et le cobalt, et de ligands plus pour formuler des produits concentrés ou des tablettes. De plus,
ou moins complexes. Ils « activent » la salissure par un mécanisme elles sont complètement biodégradables. Les développements en
d’oxydo-réduction et la rendent ainsi plus facile à éliminer à tempé- cours concernent l’optimisation des enzymes actuelles (meilleur
rature ambiante par le système de blanchiment qui permettra par rendement en cycles courts, action à plus basse température) et
ailleurs la régénération du catalyseur. A titre d’exemples, citons le l’introduction de nouvelles souches permettant d’agir sur des salis-
complexe à base de cobalt(III), pentammineacetatocobalt(2+) dini- sures difficiles comme les oxydases pour les salissures oxydables.
tritate de formule [Co(NH3)5OAc]2+(NO3–)2 breveté par la société
Procter & Gamble [51] [52] [53], et le complexe dinucléaire à base 2.2.1.5 Colorants, pigments et parfums
de manganèse, MeTACN, breveté par la société Unilever [54] [55] [56]
de formule : Des colorants et des pigments sont présents dans la plupart des
produits. Ils distinguent les produits entre eux et les rendent visuel-
lement attractifs. Aujourd’hui, notamment dans les tablettes, ils
permettent de visualiser certains actifs (grains colorés) ou de diffé-
2+ rencier les différentes couches. La concentration en colorants est en
N N général assez faible, de l’ordre de 0,005 à 0,01 %.
O Les parfums ont pour rôle d’apporter une odeur fraı̂che et natu-
N Mn O Mn N (PF6- )2, H2O relle. Ils masquent les odeurs désagréables des aliments pendant le
O lavage et lors de l’ouverture du lave-vaisselle. L’utilisation des par-
N N fums dans ce type de produit diffère fortement de celle dans les
détergents pour le linge, en ce sens qu’ils ne doivent surtout pas
imprégner la vaisselle. Ces substances ne contribuent pas à l’action
des produits de nettoyage, elles n’ont qu’un rôle hédonique. Toute-
Hexafluorophosphate de 1,4,7-triméthyl- fois, elles forment un groupe souvent sous-estimé du point de vue
1,4,7-triazacyclononane (MeTACN) des risques pour la santé et l’environnement. Les parfums synthé-
tiques entraı̂nent souvent une bioaccumulation dans l’environne-
Précisons également que certaines formules peuvent contenir ment ou chez l’utilisateur ainsi que des réactions allergiques.
des phosphonates, utilisés comme stabilisateurs de blanchiment.
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Tableau 15 – Composition de Sun poudre (Unilever) Tableau 16 – Exemple de formules de poudres non
par ordre décroissant du pourcentage massique irritantes avec phosphates
des ingrédients [59]
Composition
Ingrédients
Ingrédients Rôles (% massique)
Parfum +
Parfum Parfum
Carbonate de sodium 0 à 15
Aujourd’hui, avec les poudres concentrées et les pastilles, le sulfate
de sodium n’est plus utilisé. L’étidronate (Didronal™), qui joue le Bicarbonate de sodium 0 à 35
rôle d’agent complexant des ions calcium et magnésium, est un
des premiers diphosphonates mis sur le marché de formule : Perborate de sodium 6 à 20
TAED 2 à 7
O OH O OH
P H 3C P Amylases +
O OH C OH
OH OH Lipases +/-
P HO P
O OH O OH Protéases +
Pyrophosphate Étidronate
Sulfate de sodium 0 à 25
2.2.2.2 Poudres non irritantes. Exemples de formules concentrés sont des phosphates ou des mélanges citrates/polymè-
res (selon les pays), du disilicate, un peu de tensioactifs et surtout
Les premières poudres non irritantes sont apparues au début des des agents de blanchiment à base de TAED et de perborate ou per-
années 1990 (Sun Progress d’Unilever). Elles sont à la fois plus carbonate, comme dans le domaine du lavage du linge (tableaux 16
sûres (moins irritantes) et plus écologiques (le dosage est divisé et 17). L’absence d’agents chlorés permet en plus d’ajouter des
par 2). Les ingrédients de base utilisés pour formuler ces enzymes.
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Tableau 18 – Exemple de formules de liquides conven- Tableau 19 – Exemple de formules de produits de rinçage
tionnels exprimées en pourcentage massique
Composition
Ingrédients
(% massique)
Ingrédients Formule A [61] Formule B [62]
Tensioactifs non ioniques (ex : Plurafac‚, 10 à 25
TPP anhydre 13
Pluronic‚, PPG-2 C12-15 Pareth-6)
TPP.6H2O 28
Hydrotropes (ex : toluène sulfonate ou 0 à 8
xylène sulfonate de sodium)
Silicate de sodium 23 5
Acide citrique 8 à 15
Métasilicate de sodium 15
Isopropanol ou éthanol 5 à 10
Zéolithe A 5
Eau qsp 100
Carbonate de sodium 5
Soude (50 %) 1 Aussi, de façon générale, la formulation d’un produit liquide est
moins complète que celle d’une poudre ou d’une tablette.
Hypochlorite de sodium 1 1
A notre connaissance, il n’existe qu’un seul type de produit de
type liquide concentré dans le commerce dont la particularité
Tensioactif anionique (ex : 0,8
consiste en la présence simultanée d’agent chloré et d’enzymes
sodium C14-17 alkyl-sec-
(SUN, Unilever). Pour réussir ce défi technologique, l’idée a été
sulfonate)
d’introduire l’agent chloré sous forme de microcapsules de cire
ayant un point de fusion aux alentours de 46 C. Cette technique
Antimousse 0,16
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Tensioactifs
a
1 à 1,5 2 à 2,5 4 à 4,5
b non ioniques
TPP 55 à 60 49 à 52 52 à 53
Percarbonate
8 à 10 10 à 12 10 à 12
de sodium
Carbonate
20 à 22 15 à 17 12 à 15
de sodium
c d
Disilicate de sodium 2 à 3 3 à 5 5 à 7
Lipase - - 1 à 1,3
e
colorées. Les capsules sont utilisées comme les pastilles classi-
ques, c’est-à-dire avec le produit de rinçage et le sel régénérant.
Figure 6 – Présentation de détergents pour lave-vaisselle sous forme Cependant, leur efficacité est plus élevée, grâce, d’une part, à l’ac-
de pastilles [59] [68] tion des enzymes et, d’autre part, à celle des oxydants forts.
Il existe des capsules de gel prédosées qui contiennent les trois
compartiments séparés et permettant d’incorporer, dans un même produits. Le gel, ultrasoluble, agit dès le début du lavage sans lais-
produit, trois agents de lavage ultraconcentrés, chimiquement ser de résidus sur la vaisselle. Cette nouvelle technologie permet
incompatibles (figure 6d). Chacun de ces ingrédients est libéré d’associer, grâce au procédé d’encapsulation, des agents de blan-
séparément, au bon moment du cycle de lavage. Ce produit est chiment avec des enzymes dans un gel. Elle permet également
composé d’une micropoudre avec fonction sel intégrée qui élimine une libération programmée des agents actifs au cours du proces-
les résidus incrustés tenaces, d’un compartiment basé sur la tech- sus de lavage : d’abord les enzymes, ensuite les agents de blanchi-
nologie « Powerball » qui agit sur les taches tenaces (thé, café) et ment. Certaines formules intègrent également la fonction de pro-
un gel ultraconcentré avec fonction rinçage intégrée qui élimine tection du verre (tableau 22).
les taches et les traces conférant à la vaisselle une brillance excep-
tionnelle. Le produit contient au moins 30 % de phosphates, des
tensioactifs non ioniques (5 à 15 %) , des agents de blanchiment
oxygénés (< 5 %), des polycarboxylates (< 5 %), des enzymes (pro-
téases et amylases) et des parfums
3. Nettoyage des verres
2.5.3 Capsules
et des métaux
Le principe consiste à encapsuler dans un film hydrosoluble un
liquide de lavage concentré contenant les principaux ingrédients Le verre est un solide non cristallin (amorphe) dans un état phy-
suivants : sique particulier de la matière appelé état vitreux. Il est composé à
– tensioactif non ionique ; plus de 60 % d’oxyde de silicium (silice SiO2), introduite sous forme
– TPP ; de sable, d’oxyde de sodium apporté par du carbonate et servant
– silicate de sodium ; de fondant qui facilite la fusion du matériau vers 1 500 C au lieu
– carbonate de sodium ; de 1 800 C, et d’alcalinoterreux sous forme de chaux ou de dolo-
– enzymes (protéases, lipases, amylases) ; mie (oxyde double naturel de calcium et de magnésium). Un verre
– oxydants forts (dérivés chlorés) encapsulés dans les cires dont classique, appelé verre sodocalcique, peut contenir par exemple
le point de fusion est de 35-40 C. 76 % de silice, 12 % de soude et 12 % de chaux. Des additifs spéci-
fiques peuvent également être incorporés dans le but de conférer
La capsule (figure 6e) est introduite directement dans la machine au verre des propriétés particulières. Ainsi, les verres borosilicates
(elle peut être mise par exemple dans le panier de la vaisselle). comme le Pyrex‚ contiennent de l’anhydride borique (B2O3)
Après dissolution du sachet hydrosoluble, le produit est libéré ( ª 13 %) pour diminuer le coefficient de dilatation et améliorer la
dans le lave-vaisselle. D’abord, tous les ingrédients, en particulier tenue à la chaleur. Les verres au plomb sont obtenus par ajout
les enzymes, entrent en action. Ensuite, lorsque la température du d’oxyde de plomb qui permet d’augmenter l’indice de réfraction ;
bain de lavage atteint le point de fusion de la cire, les oxydants lorsque la teneur en oxyde de plomb est supérieure à 24 %, on
sont libérés. Ceux-ci vont agir alors très efficacement sur les taches obtient du cristal.
Ingrédients Rôle
Eau Solvant
Glycérine Solvant a formation d'un film b formation de lignes c formation d'un film
coloré sur toute ou de rayures laiteux
Bicarbonate de sodium Agent alcalin la surface (irisation)
PPG-2 C12-15 Pareth-6 Tensioactif non ionique Figure 7 – Types de corrosion chimique du verre [39]
la qualité du verre…
viscosité
La corrosion du verre se manifeste principalement de trois
Propylèneglycol Hydrotrope façons différentes (figure 7).
L’apparition d’un film coloré (figure 7a), résulte de la formation
Éthylènediaminetétraméthylène Agent anticalcaire d’une couche superficielle constituée généralement des silicates
phosphonate de pentasodium (séquestrant) apportés par le détergent. Cette couche, ayant un indice de bris dif-
férent de celui du verre, a un aspect légèrement bleuté. Cet effet
Copolymère styrène/ Agent antiredéposition peut aussi résulter de l’extraction des ions calcium et sodium de
anhydride maléique la surface du verre par le détergent. La formation de lignes ou de
rayures (figure 7b) est due à une variation de la composition du
Dichloroisocyanurate de sodium Agent de blanchiment verre à ces endroits lors de la fabrication du verre. Enfin, un film
oxydant laiteux (figure 7c), souvent confondu avec un simple dépôt de cal-
caire, peut apparaı̂tre après un nombre élevé de lavages. Il résulte
Cire synthétique Additif de l’accumulation rapprochée des rayures sur la surface du verre,
procurant une lumière plus diffuse qui donne au verre l’apparence
Citrate de zinc Inhibiteur de corrosion d’un film laiteux.
Le cristal est un verre particulier enrichi en silicates de plomb et
Parfum Additif de potassium. Cette composition lui confère une brillance accrue
et, en comparaison au verre ordinaire, le cristal est plus sensible à
Sorbitol Additif l’action chimique des détergents et les phénomènes de corrosion
peuvent survenir plus tôt.
Sulfite de sodium Antioxydant Enfin, le verre borosilicate comme le Pyrex‚ possède de meilleu-
res propriétés mécaniques, thermiques et chimiques (résistance à
Protéase Enzyme l’abrasion, à la température, aux produits alcalins…) par rapport
au verre classique sodocalcique. En raison de sa composition
PEG-80 Agent agglomérant riche en bore (environ 12,5 % sous forme d’oxyde minéral et
d’acide borique), le verre borosilicate est relativement très résistant
Hexylcinnamal Parfum aux problèmes de corrosion.
Certains produits de lavage contiennent aujourd’hui un agent
Amylase Enzyme protecteur de la corrosion du verre à base de sels de zinc (gluco-
nate de zinc, par exemple) [73] et capable de prolonger la brillance
Talc Additif et la transparence du verre, lavages après lavages.
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1965 1967 1970 (...) 1987 1990 1992 1995 1997 2000 2002 2005 2007
Enzymes
modifiées
Premiers liquides Premières tablettes Polycarboxylates
de rinçage modifiés
Tablettes
Tablettes
2 couches
2 en 1
Premières tablettes
sans phosphate
L’aluminium est sensible aux milieux acides et basiques. Dans L’argent peut également se corroder lorsqu’il est en contact avec
l’eau de lavage alcaline, une dissolution de la couche de passiva- un autre métal. La corrosion par contact, comme dans le cas de
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tion en oxyde d’aluminium protectrice peut avoir lieu conduisant à l’inox, est à l’origine de la formation de piqûres. Elle résulte d’une
une décoloration, qui peut être amplifiée en présence de traces différence de potentiel entre les métaux. Ce phénomène est appelé
métalliques contaminant l’eau de rinçage. « effet pile ». L’argent peut alors s’oxyder en Ag2O.
L’acier inoxydable, beaucoup moins sensible, peut s’altérer après
plusieurs lavages. La corrosion de l’inox peut apparaı̂tre sous plu-
sieurs formes : 4. Conclusion
– une corrosion uniforme résultant de la dissolution du chrome
en milieu basique sous forme d’ions chromates solubles dans
l’eau ; Les produits détergents pour lave-vaisselle ne cessent d’évoluer.
– une corrosion non uniforme qui se traduit par l’apparition de Aujourd’hui, les pastilles connaissent un réel succès qui s’explique
piqûres. Certaines vont présenter des auréoles de couleur rouille, à la fois par leur praticité et leur capacité à remplir plusieurs fonc-
conséquence du contact entre deux pièces de nature métallique dif- tions : lavage, rinçage, sel et désodorisant. Les poudres classiques,
férente ; ce contact déclenche un couple électrochimique qui quant à elles, restent privilégiées pour certains ménages qui les
entraı̂ne une dissolution de l’acier. D’autres piqûres ne présente- jugent plus économiques. La tendance est au « multifonctionnel »
ront pas ces auréoles ; dans ce cas, la corrosion est due aux chloru- avec les produits « tout en un ». Les innovations dans ce domaine
res présents dans les produits alimentaires et dans l’eau (sel). se situent à deux niveaux : les innovations « chimiques » telles que
l’introduction d’agents de blanchiment, l’utilisation d’enzymes, l’in-
Enfin, en ce qui concerne l’argent, il peut prendre, en surface, corporation de catalyseurs de blanchiment et, plus récemment, de
des colorations jaunes, brunes voire noires. Ces colorations peu- polycarboxylates spéciaux, et les innovations techniques, plus
vent être provoquées par : « visibles » par l’utilisateur, qui concernent par exemple le passage
– une oxydation (formation d’oxyde d’argent, Ag2O), due à l’oxy- de la forme poudre aux tablettes ou encore les technologies per-
gène de l’air et à la présence des agents oxydants ; mettant de minimiser la consommation d’énergie et d’eau. La
figure 8 résume la chronologie des principales innovations dans le
– une sulfuration (formation de sulfure d’argent, Ag2S), due à la
domaine des produits détergents pour lave-vaisselle.
pollution de l’air et aux aliments riches en soufre (moutarde…) ;
– une chloration (formation de chlorure d’argent, Ag2Cl), due aux Aujourd’hui, les principaux défis à relever dans le domaine de la
traces de sel ou aux agents de blanchiment chlorés. détergence, et notamment, les produits pour laver la vaisselle
concernent les tensioactifs, les agents de blanchiment, les enzy-
Certains produits de lavage contiennent des agents passivants mes, les builders, les polymères et les procédés, toujours dans un
anticolorations, comme le benzotriazole (cf. formule Sun poudre, esprit de respect de l’environnement, de diminution de la consom-
par exemple) qui, au cours du lavage, agissent en complexant la mation d’eau et d’énergie, tout en s’attachant à améliorer et optimi-
surface argentée pour former un film protecteur. ser les performances du produit.
P
O
U
Formulation des détergents R
Produits de nettoyage de la vaisselle
E
par Véronique NARDELLO-RATAJ
Ingénieur ESCOM N
Docteur en chimie organique et macromoléculaire
Professeur à l’université de Lille 1
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P
L A lire également dans nos bases documentaires
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