Vous êtes sur la page 1sur 14

De la titrisation

à la crise de liquidités
Soit une banque qui a accordé 100 millions
de crédits immobiliers :

Actif Pas sif


Immobilisations 20 Capitaux propres 20
Placements 20 Emprunts 40
Compte à la BC 10 Comptes des clients 100
Liquidités 10
Dettes des clients 100
Total 160 Total 160

N. Rossignol, Professeur de SES, lycée Senghor, Evreux


De la titrisation à la crise de liquidités
Si les clients arrivent à rembourser, ils payent par exemple
5% d'intérêt au bout d'un an (que la banque dépose sur son
compte à la BC : +5 millions), et remboursent 5% de la somme
(5 millions retiré de leurs comptes et diminution des
dettes d'autant) :

Actif Pas sif


Immobilisations 20 Capitaux propres 20
Placements 20 Emprunts 40
Compte à la BC 15 Comptes des clients 95
Liquidités 10
Dettes des clients 95 Bénéfice ou perte 5
Total 160 Total 160

N. Rossignol, Professeur de SES, lycée Senghor, Evreux


De la titrisation à la crise de liquidités
Mais n'y a-t-il pas une erreur ?
Le compte des clients n'est diminué que de 5 millions,
alors qu'ils ont payé 5 millions d'intérêts, plus 5 millions de
remboursement du capital emprunté !
C'est parce qu'on suppose que le capital est remboursé grâce
à de l'épargne nouvelle que l'emrpunt a permis de créer.
Ainsi, seuls les intérêts sont une dépense à proprement parler,
le remboursement en capital n'étant qu'un transfert d'épargne.

100 de crédit ont permis de créer 5 d'épargne nouvelle :


on dispose de 105.
On peut donc rembourser 5 de capital emprunté.
Mais il faut aussi payer ce service : ce sont les 5 d'intérêts.
Reste bien 95 sur le compte, et 95 de dettes restantes
(soit 100 de dettes face à 5 d'épargne propre (100 – 5 = 95).

N. Rossignol, Professeur de SES, lycée Senghor, Evreux


De la titrisation à la crise de liquidités

Toujours garder à l'esprit que le crédit est un


pari sur les capacités de remboursement futures :

On suppose que l'agent économique accumulera,


grâce à l'activité que lui permettra le crédit,
l'épargne nécessaire au remboursement du capital.

Sous cet angle, et pour le débiteur,


le crédit est une transformation d'épargne future
en revenu (ou épargne) actuel(le).

Le remboursement du crédit consiste alors à


consacrer une partie des revenus futurs à la
constitution de l'épargne ... actuelle !

On constituera donc demain, à la longue,


l'épargne qui fait défaut aujourd'hui.
N. Rossignol, Professeur de SES, lycée Senghor, Evreux
De la titrisation à la crise de liquidités

Et finalement la banque fait un bénéfice :

Actif Pas sif


Immobilisations 20 Capitaux propres 20
Placements 20 Emprunts 40
Compte à la BC 15 Comptes des clients 95
Liquidités 10
Dettes des clients 95 Bénéfice ou perte 5
Total 160 Total 160

N. Rossignol, Professeur de SES, lycée Senghor, Evreux


De la titrisation à la crise de liquidités

Mais en cas de défaillance de ses clients, elle risque


de voir la valeur de ses créances (les dettes des clients)
réduite à néant, et d'enregistrer autant de pertes :

Remarque :
Actif
la banque ne peut rien Pas s ifrécupérer
Immobilisationssur les comptes
20 Capitaux propres
de ses clients, 20
Placements 20 Emprunts
puisqu'ils représentent ses 40
Compte à la BC 10 Comptesàdes
dettes clients
elle ! 100
Liquidités 10
Dettes des clients 0 Bénéfice ou perte -100
Total 60 Total 60

N. Rossignol, Professeur de SES, lycée Senghor, Evreux


De la titrisation à la crise de liquidités

La solution trouvée aux Etats-Unis : le crédit hypothécaire,


c'est-à-dire gagé sur les maisons achetées. En cas de
défaillance, la banque récupère les maisons :

Actif Pas s if
Immobilisations 120 Capitaux propres 20
Placements 20 Emprunts 40
Compte à la BC 10 Comptes des clients 100
Liquidités 10
Dettes des clients 0 Bénéfice ou perte 0
Total 160 Total 160

N. Rossignol, Professeur de SES, lycée Senghor, Evreux


De la titrisation à la crise de liquidités

Mais si toutes les banques cherchent à revendre les maisons


saisies, la valeur des maisons diminue, disons de 10%
(les 100 millions ne valent plus que 90), ce qui fait faire
à la banque autant de pertes :

C'est un mécanisme
ActifCar toute perte Pas sde
if valeur
Immobilisationsde contagion de la crise20
110 Capitaux propres
Placements des actifs provoque
du marché immobilier 40
20 Emprunts
Compte à la BC une
10 perte
Comptes des
vers le système bancaire au
clients 100
Liquidités bilan
10 comptable
Dettes des clients 0 Bénéfice ou perte -10
Total 150 Total 150

N. Rossignol, Professeur de SES, lycée Senghor, Evreux


De la titrisation à la crise de liquidités

Deuxième solution imaginée : la titrisation, qui consiste à


revendre les créances douteuses sous forme d'obligations,
c'est-à-dire d'emprunts fractionnés. La banque crée une
société pour cela, et lui vend ses créances :

Créances
douteuses

Société

Banque

Liquidités

N. Rossignol, Professeur de SES, lycée Senghor, Evreux


De la titrisation à la crise de liquidités

La société revend ensuite ces créances sur un marché,


après les avoir transformées en obligations (ABS et CDO).
Ces obligations son très risquées, donc très rémunératrices
(tant que le risque n'est pas réalisé...) !

Assurance
du risque Placement Société
Assureur d'investissement
spécialisé
Emission
d'obligations

Société

N. Rossignol, Professeur de SES, lycée Senghor, Evreux


De la titrisation à la crise de liquidités

Mais quel est l'intérêt de cette titrisation ?

Pour la banque il est triple :


1. Elle reporte le risque sur un autre agent financier
2. Elle récupère des liquidités (c'est du refinancement)
3, Elle fait sortir ces créances de son bilan, et donc elle
contourne les règles prudentielles pour pouvoir prêter
à nouveau !

Pour la société d'investissement :


Tout placement rémunérateur est bon à prendre, d'autant
qu'il est assuré...

Pour l'assureur :
Il se fie à la notation des actifs en vente, notation qui
est bonne tant que le marché immobilier est en croissance...

N. Rossignol, Professeur de SES, lycée Senghor, Evreux


De la titrisation à la crise de liquidités

D'où il suit que :

Les banques sont incitées à prêter de manière démesurée


par rapport aux fonds dont elles disposent effectivement ;

Le risque de défaillance des emprunteurs est diffusé dans


l'ensemble du système au lieu d'être limité à la banque ;

Comme « on n'a jamais vu un arbre monter jusqu'au


ciel », le retournement du marché immobilier va faire
s'effondrer la valeur des ABS et CDO sur emprunts
hypothécaires. Certaines ne seront carrément plus cotées
ce qui signifie que leur valeur sera réduite à 0...

N. Rossignol, Professeur de SES, lycée Senghor, Evreux


De la titrisation à la crise de liquidités

Mais qu'est-ce que ça change ?


Cela change que la banque peut prêter plus encore !
1. La banque s'est refinancée
et donc 2. elle peut prêter
à nouveau...
Actif Pas s if
Immobilisations 20 Capitaux propres 20
Placements 20 Emprunts 140
Compte à la BC 110 Comptes des clients 100
Liquidités 10
Dettes des clients 100
Total 260 Total 260

N. Rossignol, Professeur de SES, lycée Senghor, Evreux


De la titrisation à la crise de liquidités

Résumé :

N. Rossignol, Professeur de SES, lycée Senghor, Evreux

Vous aimerez peut-être aussi