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Fond
Ø Ce ne sont que des notes de cours, gratuites. Elles ne doivent en aucun cas
être vendues, revendues, bref monnayées d’une quelconque façon.
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Ø Ce ne sont que des notes de cours, perfectibles. La critique est donc toujours
la bienvenue, si tant est qu’elle soit constructive.
hi
ac
Forme aM
Ø C’est pour des raisons de compatibilité, et d’affichage uniforme, que le fichier
est en PDF.
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Ø Par conséquent, et c’est ballo, d’une part, les niveaux de texte (partie, sous-
m
D’autre part, les liens hypertextes ne sont pas disponibles dans la version
PDF, et il en est de même pour les notes de bas de page.
d.
rib
Annotations
.sc
Ø Un (x) signifie qu’un morceau manque à l’appel. Un –x–, --x– ou –x-- signifie
que le morceau qui manque à l’appel est plus gros, probablement un cours
w
en moins.
w
Ø Un (≈⋲) signifie que le morceau est à prendre avec des pincettes car
w
Ø Un (!) signifie quant à lui une information d’une importance toute particulière,
genre actualité, allusion suspecte au partiel…
Introduction
La sécurité en Europe occupe une part croissante. Elle fait partie de l’actualité,
excite les médias et politiques. Immigration, terrorisme, criminalité organisée sont ainsi
débattus au niveau européen. L’Europe de la défense est rejetée dans le fossé pour les
bienfaits de l’exposé. L’élaboration progressive dans le temps d’un espace – JLS (Justices
libertés et sécurité), ex-JAI – est ici traitée, au travers des traités, tels ceux d’Amsterdam,
Maastricht, ou encore de la convention de Schengen, au travers des institutions, genre
EUROPOL, EUROJUST, etc. On va s’intéresser au processus de formation. Bref comment cet
espace s’est construit en Europe. La suppression des frontières est ainsi une étape
importante. La Chute du Mur de Berlin également. Ces étapes n’ont été le fruit que de luttes
incessantes entre personnes, bureaux, délégations, pouvoirs, idéologies, qu’entend traiter ce
cours. Mais pas seulement, leurs conséquences au niveau des États, et de leurs institutions
également.
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ê Genèse d’un Espace
hi
Ø Des réseaux policiers
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Ø Les entraves à la coopération judiciaire
aM
Ø Les accords de Schengen et l’instauration de la libre circulation
/L
Ø Le Traité d’Amsterdam
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Ø Au niveau de l’Espagne
Chapitre I
La Genèse d’un Espace commun de sécurité en Europe
Section 1
Des réseaux policiers
Dès la fin du XIXème s’instaure un embryon de coopération policière pour lutter
contre les… anarchistes.
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Paragraphe 1er
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Mais que fait la Police ?
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Peu d’institutions sont autant chargées d’une représentation faussée. Cinéma,
télévision, littérature en sont autant d’exemples. Oui parce que la Police n’est pas qu’un…
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divertissement. Elle est chargée en sens politique, à la fois par ceux qui voient en elle un
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Lutte contre la criminalité et question de l’usage de la force par la Police ont été au
centre des préoccupations.
rib
Mais prétendre à… n’est pas avoir. Oui, l’État prélève l’impôt, mais l’impôt ne va pas sans la
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fraude, fraude qui est une forme de résistance à l’impôt. Oui certains États inspirent au
monopole de la violence légitime, mais certains États voient des milices privées +/-
w
La police est en tout cas réputée lutter contre le crime. L’essentiel du travail de la
police n’est pas la traque du criminel, c’est de l’intervention… sociale. 90% du travail du
« 17 » vise des problèmes sociaux et non pénaux.
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tout en assurant un ordre. Une bureaucratie policière naît. Différemment selon les pays.
Elle y est ainsi plus ou moins centralisée. En France, la Police est nationale. Dans d’autres
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pays, Police fédérale, locales, etc. existent. Mais finalement, on dégage deux modèles de
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Police à la base des structures actuelles européennes. On a une haute, et une basse police.
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B · Les métiers de la police
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police, l’un inventé en Grande-Bretagne par Sir Robert PEEL, qui réorganise en 1829 les
forces de police de Londres et qui crée une figure policière nouvelle : le bobby anglais. Une
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Le deuxième modèle est celui qui est fait par D’ARGENSON et De SARTINE,
lieutenants généraux de police du Royaume de Louis XIV. Leur modèle instaure en 1667 une
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lieutenance de police. Celui qui va être la figure de cette police est FOUCHÉ. C’est le modèle
de haute police c’est à dire la surveillance policière des activités politiques. Par défaut,
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l’autre (bobby), c’est la basse police, une police ordinaire luttant contre le crime de droit
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commun et le désordre. Ces deux modèles vont circuler un peu partout : sur le continent,
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la plupart des débats porteront sur la question du bobby. Cette dichotomie a le mérite de
faire éclater l’illusion de l’unité policière. Ce contraste entre une haute police et une basse
police permet encore d’illustrer les tensions qui existent entre d’une part la police comme
instrument de gouvernement capable de connaître et de prévoir, et la police comme
organisation à même de répondre immédiatement aux événements imprévisibles de la vie en
société. Ce qui est intéressant, c’est que ces tensions vont complètement structurer les forces
de police contemporaines. La construction de bureaucraties spécialisées en matière de police
va être très largement marquée par cet antagonisme.
1
Auteur de La naissance de la Police moderne
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populaires, les services municipaux n’y sont pas étrangers.
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Concernant l’ordre politique, la haute police a pour champ d’action la Nation.
Concernant la lutte contre la grande criminalité, on intervient là sur des réseaux,
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transnationaux, transfrontaliers, translocaux, sans lien nécessaire avec le territoire. Enfin,
concernant la sécurité publique, bah là, on tombe dans le local, voire le micro local. La
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territorialité dispose à nouveau d’une importance conséquente.
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En France, dès 1855, une police politique nationale, la police des chemins de fer,
l’ancêtre des RG apparaît. Aux Usa, le FBI est aussi une police politique nationale. Quant à la
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territoire, qui remonte à 1907. Petit détail, au départ, leur fonction était de chopper les
esclaves.
d.
Le contrôle des désordres collectifs, bref le maintien de l’ordre, diffère plus selon les
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mouvements incontrôlés ou presque, genre la Révolution. Les réponses apportées ont été
premièrement et avant tout l’armée. Dans un grand nombre de pays, l’armée s’en occupe
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même toujours. C’est plus simple. Historiquement, le monopole de la violence par l’État
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revenait à l’armée. Bon mais à un moment a lieu une différenciation entre citoyen de l’État
et ceux qui n’en sont pas. Il devient ainsi trop couteux d’employer l’armée pour réprimer des
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troubles collectifs. Envoyer des chars mâter des étudiants, ça fait un peu cher, politiquement
du moins. Sauf peut-être en Chine. Oups. On va préférer des formes plus pacifiées.
Les Gouvernements républicains vont faire voter d’un côté des textes assez libertaires, genre
liberté d’association, liberté politique, impliquant de l’autre côté qu’ils ne puissent que
difficilement taper sur ceux qui ont voté leurs textes. Bon lors de l’épisode la Commune, ça
ne les a pas empêchés d’envoyer la troupe casser du communard. Le Charivari est une forme
ancienne de manifestation. La manifestation au sens actuel ne remonte qu’à 1907, date à
laquelle elle est légalisée. Dans un genre un peu plus massif, le seul exemple, jusque 1907,
il n’y avait que les enterrements, qui s’achèvent de temps en temps en jetés de pierres
tombales, car c’est l’occasion de faire des discours politiques, entrainant logiquement
l’intervention de la Police. Charles TILLY, historien américain qui a travaillé sur la genèse
de l’État en Europe, définit le répertoire d’action collective. C’est la manière que vont
prendre des acteurs pour se manifester collectivement. Ces répertoires varient selon les
groupes sociaux. Ces répertoires d’action sont encore construits historiquement. On passe
ainsi de l’enterrement à la manifestation… banalisée avec service d’ordre, déclaration
préalable et surveillée de près ou de loin par la Police. Pour TILLY, les répertoires d’action
doivent être à la fois familiers et légitimes pour les acteurs.
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Tranquillité Autorité locale, Local, Police locale
ac
publique Public Micro local…
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C · Autonomies, luttes et hiérarchies policières
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Il faut s’intéresser aux propres conceptions qu’ont les policiers eux-mêmes de leur
métier, et de la matière de l’assurer.
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milieu des années 1990, en France par exemple, un renouveau des études sur l’action
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publique opère. Oui car en réalité, ça ne se passe pas trop comme ça. L’action publique
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est traversée par toute une série de médiations avant son application effective. Il importe de
s’intéresser aux acteurs de premier plan, les bureaucrates, les agents publics en charge de
l’action publique, les streets level bureaucrats, dixit LIPSKY. Vincent DUBOIS l’a introduit en
France avec par exemple l’État au guichet.
➊ Un policier sur la voie publique est en effet confronté par définition à des
situations relevant de l’imprévisible.
➋ Le policier est là pour faire appliquer la Loi. Mais la multiplicité des règles et
règlements l’obligerait à verbaliser ad vitam æternam. D’un point de vue pratique, il évalue
plutôt en permanence de la gravité d’une infraction au regard du Code pénal et de sa
propre hiérarchie des normes et valeurs. Bon alors en principe, un crime de sang, il ne le
laissera pas passer. Le port du casque obligatoire, bah ça dépend. D. MONJARDET,
sociologue français, s’y est intéressé. Il évoquait une inversion hiérarchique. « évoquait », car
il (en ?) est mort. L’autonomie de l’agent augmente au fur et à mesure que l’on descend
dans la hiérarchie. Plus on descend, plus l’agent est autonome. De la même manière, les
agents d’un service de renseignement ont une immense latitude dans la collecte
Cette puissante autonomie judiciaire – la police est l’un des corps de métier les
plus syndiqués en France – invalide l’idée d’une Police instrument docile au service des
gouvernants. De là à dire qu’il s’agit d’un État dans l’État, ce serait lui prêter une cohérence,
une cohésion, qu’elle est un tout petit peu loin de posséder. On s’aperçoit, qu’au regard des
carrières, par exemple celles des commissaires de police, que ceux qui viennent des RG pour
aller dans l’ordre judiciaire représentent une proportion de 3%. La probabilité de passer de la
PJ vers la sécurité publique est plus importante. Moralité, tout dépend de la socialisation
professionnelle. C’est en phase avec une grande partie des travaux sur la Police. Ce n’est
pas à l’école de Police qu’un policier apprend son métier, mais dans des services actifs, où
une socialisation est effectuée, différemment car aux côtés de leurs camarades de jeu, selon
des objectifs distincts mais pas forcément imperméables. Un membre des RG s’intéressera
plus aux atteintes aux symboles de la République quant un membre de l’OJ ciblera plus les
atteintes graves aux êtres humains, genre les homicides. La Police criminelle a pour lignes
directrices le Code pénal, les logiques d’administration de la preuve, bref in fine le procès
pénal. La logique est juridique, judiciaire. La logique des RG, c’est plus souvent une logique
politique. Il en résulte une opposition de logiques.
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Ces formes d’autorité sont en compétition, de manière permanente, pour
définir un certain modèle d’excellence, histoire d’obtenir une certaine reconnaissance,
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donc des moyens certains. Il y a une tension assez instable entre les différentes entités qui
forment l’espace policier, évoluant au gré de l’actualité.
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Paragraphe 2e
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XIXème siècle. Les raisons en sont simples. La collaboration entre les institutions policières va
de concert avec la naissance de ces mêmes institutions dans leur sens moderne. Dans
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l’ouvrage Police en réseaux – l’expérience européenne, son auteur, Didier BIGO, étudie la
genèse de cette collaboration. Les policiers ont très tôt collaboré, ont tout au moins eu des
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contacts pour échanger des informations contre les… ennemis communs du moment, les
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vagabonds, les criminels, les migrants, les manants etc. Surtout qu’au milieu du XIXème, les
flux de population étaient encore contrôlables. Fréquemment, on situe le début de la
coopération policière à une conférence, secrète à l’époque, et tenue à Rome en 1898. Les
ministres de l’intérieur de l’époque de différents pays européens se réunissent pour prendre
des mesures communes contre les anarchistes. En réalité, la coopération existe depuis
plus longtemps, et c’est précisément parce que les policiers partagent, au-delà de leurs
nationalités différentes, une même représentation de leur métier. A la différence des
militaires. Entre policiers, la question de la coopération policière, la poursuite d’un objectif
commun transcende les barrières de la souveraineté, toutes limites tenues. Le crime, les délits
et compagnie sont cet objectif commun. Très souvent, cette coopération se fait en raison
des faiblesses gouvernementales. La coopération informelle policière prévient ce qui est
ensuite institutionnalisé. C’est particulièrement le cas pendant les années 70 et 80.
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d’HIMMLER. Heydrich dirige la SS en Europe centrale. On l’appelle même le… boucher de
Prague3. Le fichier du CIPC sert alors exclusivement à chopper tout ce qui n’avait pas pu être
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raflé. La CIPC aurait pu prendre l’eau après la Deuxième Guerre Mondiale. Que nenni, la
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CIPC devient OIPC (Organisation internationale de police criminelle), en 1956. OIPC
aka aujourd'hui INTERPOL. On va nommer à sa tête un Français, commissaire de Police et
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résistant, ce qui permet d’absoudre le passé peu glorieux de la CIPC. Histoire de s’en assurer,
les statuts de la CIPC vont être transformés pour que soit interdit à l’organisation d’intervenir
sur toute affaire présentant un caractère politique, religieux, ou racial. On cherche à éviter
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Enfin sans arriver à se débarrasser de ses vieux démons puisque, au cours des
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ce qui la sauve. Reste à lui trouver un statut légal. S’en suivent une brochette de traités, et
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elle obtient finalement le statut d’organisation internationale reconnue par l’ONU, sans
être financée par de l’intergouvernemental, dépendant donc de subventions versées par des
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États. La France y accueille son siège à Lyon. Argent, nerf de la guerre, mais mère de tous les
vices, c’est le risque de subir des pressions. EUROPOL cherchera à éviter cette précarité
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institutionnelle. Malgré ces difficultés, l’organisation croît dans les années 1960. Tant
est si bien que, durant les années 1990, 300 polices se retrouvent dans INTERPOL, pour
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près de 176 pays membres. 290 personnes dont 95 policiers officiers de liaison avec leur
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L’esperanto, c’est le doux rêve d’avoir un langage commun, mixé entre l’italien, le portugais, espagnol, et le
français.
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C’est notamment lui qui préside la Conférence de Wannsee, qui a un rôle déterminant et déterminé dans la Shoah,
l’organisation des Einsatzgruppen, mais encore lors de la nuit des longs couteaux et plus généralement dans
l’organisation de l’appareil répressif nazi.
Les USA vont notamment prendre un rôle leader sur la question de la drogue. On
va commencer à leur reprocher de mener une politique deux poids deux mesures dans la
lutte contre les stupéfiants. La pseudo guerre totale à la drogue à l’Amérique latine dans les
années 1980 ne trouve certainement pas le même écho en Afghanistan ou au Pakistan. Les
alliances géo-politico-boito-maso-stratégiques plus ou moins éphémères n’y sont pas
étrangères. Il en résulte des oppositions à l’intérieur même d’INTERPOL. Beaucoup de
policiers refusent de collaborer avec des polices considérées comme complices des trafics.
Une idée originale apparaît, faire plusieurs étages dans INTERPOL. En gros les bons qui ont
un coupe-file et les pas bons, les autres quoi.
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de changer les statuts. Tout un tas de pays issus de la décolonisation n’oublient pas qu’ils
étaient concernés comme des terroristes quelques années plutôt. Ils résistent à cette
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conversion des statuts. Alors là, on sort la baguette magique, et le terrorisme relève
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maintenant du criminel. Il faut attendre 1984, pour voir INTERPOL prendre en compte
les actions criminelles faites sur une base politique. Finalement, la coopération policière
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retombe dans l’informel. INTERPOL perd beaucoup de valeur. Les coopérations policières
informelles n’incluent donc ni les Usa, ni les anciens colonisés, et pondent par exemple un
groupe T.R.E.VI. (Terrorisme, radicalisation, extrémisme et violence intérieure, acronyme
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apparu postérieurement car le groupe avait été fait en face de la fontaine de Trêve).
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Paragraphe 3e
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A · Fonctionnement
w
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A partir des années 70, des structures plus restreintes apparaissent, sous la forme
de « clubs », de groupes informels qui rassemblent essentiellement des policiers appartenant
aux pays européens, exclusion faite donc des américains, de tous les anciens pays colonisés
voire des pays producteurs de drogue. Ces clubs sont absents de l’historiographie de la
police. Ces clubs sont le socle dur et durable de l’Europe de la sécurité. Tout le processus
d’institutionnalisation viendra directement de ces structures informelles. C’est une réaction
à la mondialisation inefficace d’INTERPOL d’une part et volonté de clôture du jeu de la
part des européens.
ne
groupes sont des lieux de convergence, d’échange d’idées consensuelles. Ce sont des lieux
hi
communs – dans leur premier sens – où s’élaborent des lieux communs – là dans leur secon
sens, à prendre en tant que manières partagées de comprendre le Monde (© BOURDIEU et
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BOLTANSKY)4. Certains groupes étant très éphémères, les traces qui démontrent leur
existence sont parfois minces. Le réseau GLADIO (en italien, glaive) est un exemple de
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réseau stay behind pour avoir des gens prêts à résister en cas de chute face à l’URSS.
néerlandais, et même ceux des pays nordiques. C’est notamment là que se conçoit toute la
théorie du fil à couper le beurre fil rouge, donc l’intervention indirecte de Moscou.
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journalistes vont donner un écho à cette théorie. Ce qui est secret devient vrai, alors même
que ce n’est pas forcément le cas. Mais cette théorie fonctionne tellement bien qu’elle
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permet l’élaboration d’un fil vert, qui s’arrête à Téhéran, surtout depuis 1979, date à
laquelle elle tourne en République islamique. La recherche du commanditaire est
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permanente, sans pour autant qu’il y ait à chaque fois une hiérarchie mécanique et logique.
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Les analyses produites par ce Club de Berne vont avoir un impact important dans le domaine
de la sécurité. Il va ainsi développer l’idée qu’il faille y avoir systématiquement des visas pour
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les pays non européens. Si bien que les enjeux de Schengen de 1995 vont être bien plus
stricts qu’à l’origine (cf. la notion de déficit sécuritaire)
Un autre groupe, c’est le groupe TREVI. Lui remonte à 1975. La réunion regroupe
des hauts fonctionnaires, mais aussi des ministres de l’intérieur. Lors de ces réunions, les
ministres de l’intérieur sont avertis des dernières tendances en matière de terrorisme dans
chaque pays. Le problème de ces réunions, c’est qu’il y a toujours des politiques. Le
groupe TREVI va s’endormir, et se réveiller dans les années 1986. C’est la première fois où est
institutionnalisée une structure informelle.
4
Pierre et Luc. Deux stars de la sociologie en France, le premier probablement plus, surtout depuis qu’il a passé
l’arme à gauche en 2002.
C · Moralité
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Bon mais de toute façon, il n’existe pas d’histoire naturelle de l’Europe. Paul
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VEYNE , un historien, professeur au Collège de France, s’est intéressé aux manières d’écrire
l’histoire. Il pose un certain nombre de jalons qui remettent en question les formes
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traditionnelles de narration historique, notamment les grands récits un poil trop enjolivés. Ce
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que l’on observe aujourd'hui serait le résultat inévitable d’un processus inscrit pratiquement
dans les gènes de ce que l’on observe. L’Europe se construit, s’élargit, prend du poids, entre
en surpoids, selon une logique toute tracée. Paul VEYNE invite au contraire à s’intéresser
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au hasard, aux échecs. Comprendre ce qui se passe, c’est tenter de « raconter l’Histoire en
train de se faire ». Beh c’est difficile, car tout le monde brode l’Histoire au fil de sa vie, de son
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Section 2
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Paragraphe 1er
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Le projet d’un espace judiciaire européen lancé par ce cher VGE. Qui a dit VGE,
toujours dans les plans foireux ?! Dans le contexte de la deuxième moitié des années 1970,
un projet de coopération pénale voit le jour : l’Espace judiciaire pénal européen. Ce projet
fait l’objet de deux versions successives. La première, proposée en 1976-1977-1978,
comprenait 5 étapes. ➀ tout d’abord, une convention d’extradition simplifiée, ➁
l’assouplissement de la procédure d’entraide pénale internationale entre États, ➂ La mise
en œuvre d’une transmission des poursuites pénales d’un État à l’autre, ➃ la
reconnaissance de la valeur internationale des jugements répressifs, et ➄ enfin la
procédure de transfèrement des détenus entre États. Hélas, hélas tout ça n’entrera pas en
vigueur, les Pays-Bas refusant de signer ce texte. Pas grave. La France, dorénavant socialiste,
poursuite son effort dans une deuxième version. C’est pareil, sauf que ça rajoute une CP€,
une cour pénale européenne. La France use de son influence diplomatique pour y arriver.
5
Auteur notamment de Comment on écrit l'histoire : essai d'épistémologie.
Paragraphe 2e
Souveraineté & Droit pénal
Bon ok, la France se prend un râteau, deux fois de suite, mais pourquoi ? C’est
vraisemblablement parce que la justice pénale est considérée comme la chasse gardée
des États, un des piliers majeurs de leur souveraineté. La circulation économique entre les
différents États membres fait qu’on a préféré se focaliser sur le droit commercial. On touchait
moins à la souveraineté. Perdre une partie de sa souveraineté en matière pénale, s’engager
dans des procédures pénales systématiques, c’est plus tendu.
Dans la deuxième moitié des années 1970, en ITALIE, la justice a entendu donné
une place privilégiée aux repentis, qui témoignaient, dénonçaient leurs anciens camarades
de jeu, en échange d’une immunité. Certains, en France, pendant ces années, ont émis
quelques doutes, sur la véracité de ces témoignages finalement intéressés. Gouvernement et
ne
Justice françaises n’ont donc jamais accepté les jugements italiens liés aux repentis,
considérés comme tendancieux, refoulant les droits de la défense. Le Gouvernement
hi
français refuse alors l’extradition des italiens, en échange de leur abandon de la lutte
ac
armée. On retrouve ainsi des italiens non réfugiés politiques, tolérés en France quant ils sont
considérés en Italie comme criminels, militants politiques un peu trop violents.
aM
L’affaire BATTISTI a ainsi bien fait jaser.
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Section 3
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Paragraphe 1er
La libre circulation, un enjeu pour l’Europe
Un enjeu pour l’Europe, enfin aussi pour les étudiants de M1.
Cette ouverture repose donc sur des raisons politico-économiques. Les divers
représentants des ministères de l’intérieur voient cette ouverture d’un mauvais œil. Dès
l’entrée en vigueur des accords de Schengen – en 1986 – des policiers en charge de ces
sujets vont introduire l’idée que cette ouverture doit intégrer des mesures compensatoires.
Dès lors, aucun débat sur la libre circulation n’aura lieu sans parler de mesure
compensatoire. A l’époque, le discours sur l’insécurité urbaine est très présent,
notamment en France et en Allemagne. La Révolution iranienne de 1979, qui a coûté cher
au Shah, fait parallèlement peur.
Les conventions d’application de Schengen sont signées en… 1990. Ces cinq
années vont faire l’objet d’intenses activités de lobbying de policiers, généralement en
clubs, contre un « déficit de sécurité ». Tout un discours sur l’immigration, le crime, la
drogue, le terrorisme et compagnie prend une envergure certaine.
ne
compensatoires. On entend contrôler les frontières sur l’Espace extérieur. Il y a une
confiance commune entre les signataires de ces accords dans le contrôle des frontières
hi
extérieures. Schengen pose la question des visas entre signataires. Les règles en matière de
visa, de réfugiés, doivent être harmonisées. Tourisme, travail, sont visés. En France, à
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compter de 1974, l’immigration de travail entend être stoppée, au profit du
aM
regroupement familial et du statut de réfugié politique. Aujourd'hui, 10000 demandes visent
le travail, 10000 aussi pour le statut de réfugié politique et 90000 pour le regroupement
familial. Ce rapport pousse le Gouvernement à transformer ce droit au regroupement familial
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criminels importants et les étrangers devant faire l’objet d’un refus d’admission pour des
raisons de sécurité. Des codes de couleur visent des pays à risque, de même que sont listés
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des profiles risqués afin d’empêcher la délivrance de visas. On démultiplie les formes de
contrôle. La fin des frontières à l’intérieur de l’Espace européen ont vu le nombre de
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1985 : Signature des accords de Schengen
hi
ac
1986 : AUE (Acte Unique Européen) et entrée de l’Espagne et du Portugal. aM
1989 : Chute du mur
1999 : 11 monnaies fondues en un euro. Sommet TAMPERE, Conseil européen spécial visant
.sc
2002 : Conseil européen de Copenhague rajoutant une bonne couche d’états membres :
République Tchèque, Estonie, chypre, Lettonie, Lituanie, Hongrie, Malte, Pologne, Slovénie,
Slovaquie. Effectif le 1er mai 2004.
L’une des stratégies, à la mode lors des années 1990, repose sur l’urgence. Vite
fait bien fait ? Si l’Europe ne s’élargit pas, c’est la fin. Certains voient l’ouverture des
frontières comme un instrument de construction de l’Europe, quand d’autres voient ces
frontières comme un rempart au déficit de sécurité, et vont donc s’appuyer sur des
ne
mesures compensatoires. La psychose sur l’urgence va permettre de débloquer des
situations. Avec cette accélération, les clubs policiers reviennent à la mode. TREVI, Berne
hi
(…) sont les grands pourvoyeurs de réflexions sur les thématiques liées à l’ouverture. On va
créer des continuums pour les fondre dans des menaces globales.
ac
aM
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Chapitre II
m
co
L’institutionnalisation de l’Espace
d.
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Section 1
.sc
Européenne, basée sur par 3 piliers. Le premier a pour doux nom « CEE, CECA et
EURATOM ». Le second, c’est la PESC citron. Politique étrangère et sécurité communes. Le
troisième, c’est le JAI (Justice et affaires intérieures). Dans le premier pilier, la commission
joue un rôle primordial dans les compétences qu’ont transféré les États membres. Dans les
deux autres piliers, c’est bien plus intergouvernemental, mais à l’unanimité. L’Europe
devait être un pôle de stabilité dans un océan d’incertitude 6. En 1989, il faut dire que le
Mur de Berlin tombe en ruines, emportant avec elle le Pacte de Varsovie, la réunification des
deux Allemagnes, en parallèle de quoi l’URSS et le bloc soviétique voient leurs pieds d’argile
s’effriter. Ah oui, c’est sans oublier les premières épurations dans les Balkans. Toutes les
structures mentales d’hommes politiques, de policiers (…) reposaient jusqu’ici sur cette
division. Alors on reprend les mêmes mais on change tout. Toute la réflexion stratégique de
la guerre froide apparaît périmée, la question militaire restant toujours d’actualité. Les
conflits du futur entre les troupes du pacte de Varsovie et celles de l’OTAN ne se passeront ni
en Allemagne, ni en Ukraine, du moins pas sous cette forme. Oyez oyez, en veux-tu de mon
char LECLERC, belle bête de 56 tonnes à 8,6 millions de dollars l’unité, optimisée pour de la
6
Merci Helmut KOHL pour cette profonde pensée venue du large.
Les deux premiers piliers ont alors une grande importance quand le dernier est
alors de moindre importance. Le JAI qui, au départ, devait s’appeler justice et sécurité
intérieure, va être l’occasion d’un conflit entre militaires et policiers. La sécurité
européenne, c’est le domaine de prédilection des militaires. Le flou sémantique n’est sans
ne
comparaison avec la précision du rayon d’action de ce pilier. Les États membres considèrent
hi
comme des questions d’intérêt commun les politiques d’asile, les règles de franchissement
des frontières extérieures, les politiques d’immigration vis-à-vis des pays tiers (conditions
ac
d’entrée, de circulation, de séjour des non-citoyens européens), mais encore la lutte contre
la toxicomanie, et les coopérations en matière judiciaire, douanière, policière (terrorisme,
aM
drogue, criminalité internationale). Il convient de noter que, peu à peu, la question de
l’immigration va se déporter vers le premier pilier. Le Traité de Maastricht prévoit aussi
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nationalistes, allez ratissons large, les menaces à l’Ordre public). Les clubs de police
redeviennent alors des acteurs importants sur les nouvelles politiques de collaboration
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L’un des éléments parmi les plus concrets envisagé par le Traité de Maastricht,
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d’INTERPOL. Cette idée n’avait pas forcément plu aux policiers autres qu’européens. Le BKA,
la Bundeskriminalamt, la police fédérale quoi, se dissocie des polices locales. C’est un peu le
cousin du FBI. Quoi ? EUROPOL… un FBI à l’européenne ? C’est en tout cas ce que
souhaite le BKA. Son point de vue va être d’autant plus important qu’il gagne en
importance. Il va essayer de faire intégrer son mode de fonctionnement, ses modes actions.
Le BKA est ainsi l’une des premières polices à utiliser de la technologie. Très tôt, elle recourt
au profiling, elle va recruter des analystes en matière de renseignement (…). Alors
évidemment ça tranche, comparé à d’autres polices, genre en France, où on refuse
pendant longtemps de recourir à ces méthodes. Le BKA subit les foudres d’une bonne
partie des pays européens. Mais c’est sans compter sur Helmut. Helmut va mettre tout son
poids – politique – dans la balance pour faire aboutir l’idée d’une police européenne
calquée sur le modèle du BKA. L’activisme d’Helmut va porter ses fruits dans le contexte des
années 1990, certes pas comme il l’avait totalement imaginé. Il parvient en tout cas à
imposer l’idée d’une police européenne. Helmut va parvenir à ses fins en surfant sur la
réunification. Cette phase soulève de véritables doutes. A ces inquiétudes, Helmut répond
7
On se rappellera au bon souvenir d’HUNGTINTON.
ne
communautarisation, et la France qui attend de voir ce sur quoi cela débouche. EUROPOL
s’installe à Strasbourg, dirigée par Jürgen STORBECK, un peu le Derrick version européenne.
hi
Le premier caillou d’EUROPOL est donc posé en 1992. Son lancement se fait dans des
préfabriqués. Eh oui, n’oublions pas qu’il n’y a pas de budget communautaire8. A
ac
l’époque, 6 Allemands, 2 Anglais et 3 Français forment les rangs d’EUROPOL. Le G5, France,
aM
Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Espagne sont le cœur d’EUROPOL qui intègre tous les
membres de l’Union Européenne.
/L
grands bretons emmêlée avec l’IRA, mais avec le soutien de l’Espagne qui chasse du
co
Basque. Outre le terrorisme, les formes graves de criminalité internationale sont un autre
cheval de bataille d’EUROPOL. Ça inclut les trafics de matière nucléaire, d’armes, de
d.
l’Allemagne avec les inquiétudes sur les bus polonais. C’est pourquoi EUROPOL touche d’un
doigt fébrile l’immigration illégale, mais elle y touche quand même de par les liens avec
.sc
la criminalité organisée.
w
plusieurs entités nationales ». C’est pourquoi d’ailleurs l’Allemagne enverra du BKA et des
w
membres des polices des Länder. Toutes les polices à statut militaire vont refuser d’y
participer, préférant créer de leur côté une FIEP (France Italie Espagne Portugal). Au niveau
purement policier, ce sont surtout les polices criminelles qui vont squatter EUROPOL.
EUROPOL, c’est une bourse à l’information, à l’information analysée. EUROPOL recrute au
passage des analystes. EUROPOL est un office européen de Police. C’est donc un
organisme indépendant ayant une personnalité juridique propre. EUROPOL est ainsi
représenté par un directeur, disposant d’un conseil d’administration. Son lien avec les
institutions européennes va rester abscons. La Commission européenne assiste au conseil
d’administration. On touche au 1er pilier, mais comme EUROPOL relève du 3ème pilier,
l’emprise de la Commission est réduite.
Les personnels d’EUROPOL ont aussi fait l’objet de palabres entre fédéralistes et
souverainistes, si bien qu’ils restent des fonctionnaires de polices nationaux. On les appelle
les officiers de liaison. Tous parlent Français, Allemand, Anglais, enfin aujourd'hui surtout
Anglais. Reste à savoir ce qu’ils y font. Leur rôle va être d’assurer un relai entre des demandes
8
Cela changera au 1er janvier 2010, date à laquelle EUROPOL devient agence communautaire, avec un budget donc
communautaire. Une décision du Conseil JAI du 6 avril 2009 le prédit.
ne
savoirs, des énoncés sur les menaces. INTERPOL s’est lui modernisé, se dotant d’un service
informatique performant. INTERPOL goûte aux charmes slaves en s’intéressant au grand
hi
Est, prenant acte des divisions européennes dans ce domaine. C’est ce qui lui permet de
prendre un nouveau souffle. EUROPOL va davantage s’intéresser sur la criminalité organisée.
ac
aM
Une transnationalisation des cadres de production de savoir et d’analyse prend
racine avec EUROPOL, ce qui est phase avec ce qui est décrit9. EUROPOL reçoit, compile,
analyse et diffuse ce savoir sur les menaces identifiées.
/L
m
co
Section 2
d.
Paragraphe 1er
.sc
D’Amsterdam à TAMPERE10
w
w
l’instauration d’un espace dédié au JAI, chose qui n’a été possible qu’en raison du fait que
les opposants à la libre circulation à l’intérieur des frontières européennes aient fait
campagne sur le déficit sécuritaire. Amsterdam, puis Tampere sont des jalons majeurs dans
l’institutionnalisation d’un espace de sécurité en Europe. Depuis cette époque, aucun
sommet n’a eu cette importance.
9
ERICKSON et HAGGERTY ont écrit un ouvrage dans lequel ils expliquent que la police est de plus en plus une
institutionnalisation qui produit du savoir sur le risque.
10
Cf. L’Europe et la sécurité intérieure, ouvrage qui retrace les principales évolutions et traités, les pas en avant deux
pas en arrière et compagnie.
ne
l’idée d’adopter des règles minimales communes en matière pénale, tant au niveau des
éléments constitutifs de l’infraction que des sanctions. Des magistrats européens vont
hi
alors s’exciter pour faire naître un corpus juris européen. Sans succès. Avec Amsterdam,
en 1997, et surtout avec TAMPERE, en 1999, est fait le souhait de créer une unité européenne,
ac
constituée de procureurs, magistrats, officiers de police, pour assurer la coordination entre
aM
autorités nationales en matière de lutte contre la criminalité organisée. Il faudra attendre
2001, et le Traité de Nice, pour que prenne ainsi forme EUROJUST.
/L
C’est en 1999, avec le sommet TAMPERE, qu’on passe d’un réseau a minima à EUROJUST,
première unité de justice pénale multilatérale et institutionnalisée. EUROJUST est un
d.
projet créé en concurrence d’autres, tels le projet d’un Code pénal européen ou celui d’un
rib
procureur européen. EUROJUST est formé au détriment du procureur européen, sauf peut-
être au regard du mandat européen.
.sc
l’exemple. C’est ainsi lui qui sera le premier coordinateur antiterroriste européen. Leur
rôle aura été de techniciser le politique, la décision politique, tout en politisant le technique,
en attirant son regard sur la chose technique. L’initiative relève finalement d’eux.
EUROJUST rentre ensuite dans le jeu des présidences. Tous les pays n’y sont pas
fondamentalement favorables. C’est en 2000 qu’EUROJUST sort au JO, sous la présidence
française. C’est une unité de coordination judiciaire, composée d’un membre national par
État membre, ayant qualité de procureur, magistrat ou officier de police, pour des formes
11
Carte soi-disant confidentielle de hiérarchisation des visas sauce Schengen, En plus d’un État civil régulier, des
conditions de ressource, certificats d’hébergement, billet d’avion aller-retour au cas où, etc. sont demandés. Avec
SIS2, on récolte en prime les empruntes digitales.
12
En 1996, les espagnols, au travers du protocole AZNAR, se battent pour que le statut de réfugié politique ne soit
pas harmonisé, avec succès. Le but, c’est d’isoler le problème du nationalisme basque espagnol.
13
En France et en Europe, 10000 demandes par an, un peu moins de 400000 pour toute l’Europe.
14
Cultures & Conflits (2006), n°62, « Arrêter et juger en Europe. Genèse, luttes et enjeux de la coopération
pénale ».
ne
techniques possibles et imaginables pour blanchir de l’argent sale. Ils en appellent à la
création d’un véritable espace judiciaire européen. Ces magistrats16 sont de tout premier
hi
rang, s’étant souvent rendus célèbre pour leur lutte contre le blanchiment ou la corruption
politique. Ils ont professionnellement une compétence notoirement reconnue en la matière.
ac
Tous ont approché des affaires ayant des relents internationaux. Dans le cadre du travail
aM
mené, ils ont servi de cobayes quant aux difficultés que les relations internationales
supposent. Et ils sont pas contents, d’une part contre les cloisonnements, d’autre part
quant aux formes d’ingérence politique sur ce type de dossiers.
/L
mode. L’Italie, forcément, avec l’opération « mains propres »17 de 1992, l’imputation de
co
450 hommes politiques italiens par la justice italienne compromis des affaires de corruption,
de détournement de biens publics et compagnie. La figure judiciaire, c’est le Juge Di
d.
développement, etc. Van RUYMBEKE, JOLY, HALFEN… Ces juges d'instruction vont plus ou
moins recevoir une brochette d’affaires, une centaine environ. Les partis politiques
s’échangent les gentillesses. Merci la Loi du financement des partis politiques qui referme
.sc
une grande partie de ces affaires, au grand dam des juges d’instruction. Quoi qu’il en soit,
les acteurs judiciaires obtiennent une certaine importance.
w
w
L’ENM, créée en 1970, instaure un recrutement par concours. Cela a pour effet de
w
15
Magistrats en réseau contre la « criminalité organisée », Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg (2008)
16
Balthazar GARZON a ainsi mis en examen Augusto PINOCHET, a tâté l’antiterrorisme basque, s’est intéressé au
blanchiment de la drogue. Renaud Van RUYMBEKE est un autre exemple. Un Suisse, un autre Espagnol, un Belge,
deux Italiens sont encore sur la liste.
17
Mani pulite (en italien, Mains propres) est le nom d'une opération judiciaire lancée en 1992 contre la corruption
du monde politique italien et qui a abouti à la disparition de partis comme la Démocratie chrétienne (DC) et le Parti
socialiste italien (PSI). Le système de corruption et de pots-de-vin ainsi découvert fut baptisé Tangentopoli (de
tangente, pot-de-vin, et de poli, ville en grec).
18
Violaine ROUSSEL a écrit à ce titre un ouvrage intitulé affaires de juges.
ne
acteurs, un journaliste – Denis ROBERT – et un éditeur. Il va en résulter un livre d’entretiens
avec les magistrats de la Pègre21. Le mort d’ordre, bah c’est la criminalité organisée. La
hi
stratégie discursive qui se base sur la généralité pour défendre une cause universelle afin de
ratisser large. Finalement, c’est la justice ou l’apocalypse. Cela va recevoir un certain écho
ac
auprès des institutions européennes, suffisamment excédées par les détournements
aM
des aides communautaires. C’est en restant assez flou sur les délimitations de la
thématique que cet écho fût possible.
/L
L’appel de Genève voit des membres des institutions européennes rejoindre donc
la cause. Cet appel est parfois relayé sur un plan national. Les signataires de l’appel sont
m
reçus au Parlement européen, car une clique de fonctionnaires est acquise à leur cause.
co
l’UCLAF (Unité pour la coordination de la lutte anti-fraude). On entend réagir aux critiques
sur une certaine gabegie des institutions européennes, d’où une lutte effective contre la
rib
pénaliste. Elle a consacré depuis les années 1970 une grande partie de son travail à la
criminalité financière. Mimi a très souvent été sollicitée pour des commissions de réforme de
la justice. Son rayonnement juridique politique est indéniable. Les institutions européennes y
font donc naturellement appel. On entend donner un maximum de légitimité au projet.
L’appel de Genève, en 1996, est très bien vu par les défenseurs du corpus juris, en 1997.
C’est pourquoi ils vont se mobiliser administrativement, politiquement, quitte au passage à
reformuler une problématique de la fraude communautaire en l’intégrant dans la fraude
communautaire dénoncée par les auteurs de l’appel de Genève. Hélas, ce projet va se révéler
mort-né. L’idée du corpus juris, reflet d’une communautarisation de la justice, entre en
compétition avec EUROJUST, structure bien plus légère ne recherchant qu’une coopération
19
L’Italia dei Valori (en italien, l’Italie des Valeurs) est un parti politique italien fondé à Rome en 1998 par Antonio Di
Pietro.
20
Howard BECKER a largement traité le sujet
21
La justice ou le chaos (1996), livre d'entretien avec 6 magistrats européens impliqués dans la lutte contre la
corruption et la délinquance financière : Renaud Van RUYMBEKE (France), Bernard BERTOSSA (Suisse), Gherardo
COLOMBO (Italie), Carlos JIMENEZ VILLAREJO (Espagne), Balthazar GARZON REAL (Espagne), Edmondo BRUTI
LIBERATI (Italie), et Benoît DEJEMEPPE (Belgique). C’est suite à ce livre qu’est lancé l’appel de Genève.
Paragraphe 2e
De L’UCLAF à l’OLAF
L’UCLAF (Unité pour la coordination de la lutte anti-fraude), institution au sein de
l’Union Européenne est responsable de la lutte contre la fraude communautaire, voit son
évolution aller de pair avec celle de deux secteurs clé de la construction européenne, les
compétences budgétaires et l’intégration des États membres dans l’espace judiciaire
européen. Une tension importante existe entre 1er et 3ème piliers. Autant les États sont
réticents à perdre leur compétence judiciaire, autant ils sont plus conciliants sur l’idée que
cette institution soit chargée de la lutte contre la fraude communautaire.
ne
Dès qu’il existe des fonds propres aux institutions européennes, se développe
hi
simultanément des organes de contrôle de ces fonds. En 1978 est ainsi créée la CC€, la Cour
ac
des Comptes Européennes, institution indépendante des États membres, destinée à vérifier,
contrôler l’usage fait des deniers européens. Avec le début des années 1980 pleuvent les
aM
rapports constatant irrégularités, fraudes, visant essentiellement la PAC. A cette époque,
la PAC c’est plus de 70 % des subventions versées par l’Europe. Le petit problème, c’est
que cette Cour des comptes européennes n’est pas dotée d’un pouvoir d’investigation. Elle
/L
n’est d’ailleurs pas dotée de compétences suffisantes en la matière. Certes elle contrôle, mais
m
en gros… c’est tout… En 1987, l’Unité de coordination de la lutte anti-fraude voit alors le
jour. Elle devient opérationnelle en 1988. Le projet de l’UCLAF, c’est de combler les
co
aux membres de l’Union pour redorer le blason des institutions communautaires. En 1994 et
1995, des traités européens y seront même consacrés.
w
L’UCLAF, qui a plus de pouvoirs que la CC€, n’a cependant pas énormément
w
peu, on entend donc pallier aux lacunes de l’UCLAF, la renforcer. En 1999, c’est chose faite
ou presque avec l’OLAF (Office de Lutte Anti-Fraude).
Section 3
Le 11 septembre 2001 : Un accélérateur
Paragraphe 1er
La Global War On Terror, nouvel unilatéralisme américain ?
ne
Les attentats qui frappent les USA le 11 septembre 2001 marquent les esprits,
d’autant plus vu l’efficacité au regard de leur relative simplicité d’organisation.
hi
ac
L’Afghanistan est d’emblée visé, militairement. Pendant ce temps, une petite
brochette de 10 à 12000 personnes de confession ou d’origine musulmane est raflée, sur
aM
3 à 7 semaines. La logique se veut préventive. On ratisse large. Rapidement sont prises des
lois de protection du territoire, genre la mise en place d’un homeland security defense ou
le patriot act. Ce dernier permet la mise sur écoute… massive, y compris des citoyens
/L
Suite à ces réactions épidermiques, on va mettre en place des… trous noirs… des
co
lieux de détention (Pologne, Roumanie, Kosovo, Base de Diego Garcia, Guantanamo…), qui
ne sont pas des prisons au sens où ceux qui y font escale ne sont pas considérés comme
d.
mesure), cette notion d’ennemi combattant est appliquée. Elle est également appliquée ça
et là, permettant aux services de renseignement américain ou nationaux d’enlever en Italie,
w
A l’intérieur des Usa, il y a le FBI 22. C’est un service de PJ, mais surtout un service
de renseignement. Les deux thèmes de prédilection, ce sont surtout la corruption politique
ne
et le contre-terrorisme. Non, il n’y a pas de serial killeur tous les mercredis soir à 20h30. Le
service va passer d’un rôle de service de renseignement assez classique, à un rôle bien plus
hi
affranchi des formes de contrôle politique qui pouvaient jusque-là peser sur lui. Cette
ascension va s’effectuer graduellement. Un consensus politique pour contrer la menace
ac
politique est une première étape. Le rouge, c’est le diable. McCarthy, sénateur jusqu’ici
aM
assez méconnu, peut-être pas pour ses frasques alcooliques, va se faire le héraut de la lutte
anti-coco. L’Administration est infestée de la vermine communiste. McCarthy reprend le
schéma de la Prohibition. Il a des listes de communistes, enfin il prétend les avoir pour
/L
dénoncer ces rougeurs. Le Parti communiste est assez faible aux Usa, mais qu’à cela ne
tienne, on va quand même s’acharner. La crainte maladive de voir des idées communistes
m
qui pourraient y être favorables. Ensuite, l’élargissement des droits civiques va être assimilé à
la chose communiste. Martin Luther King sera taxé de communisme. Exit la simple
rib
lumière les pratiques du FBI des années ≈⋲ 1950 à 1968. Congrès et Sénat mettent la main à la
w
pâte. L’événement déclencheur a été l’intrusion dans le bureau local du FBI par des étudiants
de Berkeley. De manière anodine, ils tombent sur l’ensemble de ces programmes, allant des
assassinats, aux fausses accusations et compagnie. Youhou ! Résultat des courses, 300 000
exemplaires en sont imprimés à partir du lendemain. Le scandale est inévitable. On se rend
compte que la disruption consiste à monter les militants contre les autres. Divulguer de
fausses allégations, discréditer des hommes politiques, supposer des penchants suspects
pour le même sexe etc.
On découvre aussi un charmant programme Chaos, lui mené par la CIA, et qui
consiste tout bonnement à monter 13000 dossiers sur les étudiants allant à l’étranger.
Hoover est mort depuis 2 ans. En 1974, Nixon est sur le point de se faire taper sur
les doigts.
22
KELLER, dans Hoover & the liberals, s’intéresse aux 40 ans d’HOOVER à la tête du FBI.
ne
croissante dans la délimitation du terrorisme. Le 11 septembre 2001 permettra de
redistribuer les cartes entre armée, CIA, FBI et Département d’État.
hi
La première manifestation, militaire, c’est la war on terror. L’Afghanistan en prend
ac
pour son grade. Peu de temps après, c’est au tour de l’Irak. Ce type de réponse est lié à la
force qu’ont acquis un certain nombre de stratèges de l’entourage du président de l’époque,
aM
Bush junior. C’est également lié à la recomposition du modèle américain de guerre.
La Révolution dans les affaires militaires opère. C’est la redéfinition par l’armée de son
/L
rapport à la guerre. Exit le modèle clausewitzien. Des scenarios de guerre sont émis. Le
fondement de cette redéfinition repose sur l’asymétrie, la supériorité quasi absolue de
m
l’armée américaine tant quantitativement que qualitativement sur n’importe quel autre
co
adversaire. L’objectif étant de pouvoir mener des guerres avec 0 morts… cela implique
une utilisation maximum des technologies mais encore le refus autant que faire se peu
d.
la guerre civile. On se rappellera à ce titre le luisant film la chute du faucon noir. Pan pan
partout. Bon enfin les troupes US finissent par quitter la Somalie.
.sc
Les Usa vont alors appliquer la théorie du 2+2, 2 conflits importants et 2 conflits
w
périphériques. Plus besoin de déclarer la guerre. Alessandro DAL LAGO en déduit que les Usa
w
interviennent tels une police globale, partout où les intérêts américains sont menacés.
w
Bon, on tape sur l’Afghanistan, on tape sur l’Irak, on tape sur tout ce qui bouge,
mais ensuite ? Le territoire occupé est à gérer, quand les populations autochtones sont loin
d’être réjouies de la présence massive de troupes étrangères. Les stratégies de guerre contre
insurrectionnelles ressortent alors des fourrés. La question coloniale est en toile de fond. Les
stratégies et manières et de penser puisent dans les conflits de décolonisation. L’une des
idées fortes, c’est qu’il ne s’agit plus d’une guerre classique, avec des ennemis clairement
identifiés, mais qu’il s’agit plus d’une « guerre dans la population ». Gné ? Le modèle
clausewitzien, entre ami et ennemi, entre intérieur et extérieur, combattant et non-
combattant, passe à la trappe. Les formes de résistance sont dissimulées au sein de la
population. Il faut donc identifier, isoler, et neutraliser l’ennemi qui joue à cache-cache.
Cela suppose de connaître la population, de la contrôler, et si possible d’obtenir son
allégeance, en tout cas son obéissance. La population devient le centre de gravité du
conflit. L’une des contreparties, c’est que l’ennemi ne soit plus considéré comme un ennemi,
celui qui se prend une tarte mais qu’on respecte. Maintenant, l’ennemi, c’est soit un
criminel, soit un bandit, un… subversif, ou même un terroriste. La notion d’ennemi
combattant permet de passer outre la notion d’ennemi, en costume ou non, à la
manière de la Convention de Genève.
ne
Ces 4 mouvements ont été théorisés dans la Doctrine de la Guerre Révolutionnaire,
par TRINQUIER, colonel, et GALULA, général. Eux résume tout ça par la métaphore du
hi
poisson : « Il faut attraper le poisson et tenir la vase ». Il faut… filtrer l’eau, hin hin,
contaminer ensuite l’eau (agir), et ensuite bah vider l’eau (déplacer), pour laisser apparaître
ac
les vilains poissons. Le « guérillero est poisson dans l’eau au sein de la population », dixit
aM
Mao. Et bah qu’à cela ne tienne. Matthieu RIGOUSTE, dans son ouvrage de 2009, intitulé
l’ennemi intérieur, se base sur les archives militaires appliquant cette doctrine, pour mieux la
mettre en lumière.
/L
Cette doctrine circule. Algérie, Argentine, Malaisie, Chili etc. elle est en tout cas
m
mise en place autant en Afghanistan qu’en Irak. Avec quelques évolutions, la conquête des
co
Enfin Algérie, Indochine, Chili, Vietnam sont loin d’avoir été des succès
détonants.
rib
La CIA et le FBI sont rapidement remis en cause après le 11 septembre 2001, pour
.sc
n’avoir su prévenir des attentats particulièrement réussis avec plus de 3000 morts… Les
théories du complot sont alors apparues, emportant avec elles des mécanismes sociaux très
w
puissants, d’où un écho certain. Il est clair que la version officielle reste parfois très bancale, il
w
est également clair que des éléments ont été faussés. Bref des parts d’ombre subsistent, mais
w
En tout cas, on sait que les services américains disposaient d’un nombre
suffisamment important d’informations sur des projets. Avant le 11 septembre 2001, le
renseignement US avait fait le choix de privilégier le renseignement technologie, la capacité
de voir, écouter tout ce qui se passe. Le programme ECHELON, mis en place par la NSA,
banalement appelé programme des grandes oreilles, absorbe toute communication utilisant
les réseaux téléphoniques, depuis belle lurette. Les communications sont analysées, filtrées
selon des mots-clés. L’association de mots dans une corrélation particulière fera l’objet d’un
traitement humain. Quand d’autres services préfèrent le renseignement humain. Le
choix technologique fait par les Usa a clairement mis en lumière ses limites. Le FBI a
ainsi pris cher. La CIA saute sur l’occasion. Elle va alors être à même de mettre en œuvre un
idéal typique en matière de renseignement. L’idée va être de pouvoir extraire de
l’information sans se préoccuper de quoi que ce soit. Résultat, les personnes suspectées
de chopper de l’information pourront être détenues, autant que faire se peut, sans que
quelque chose leur soit reproché formellement. D’où la mise en place de lieux de détention
ça et là. Entre 2001 et 2005, les organisations de défense de Droits de l'Homme ont recensé
70000 personnes détenues à cette mode. Le suspect sera enlevé, selon des
ne
sont tentées. Le Gouvernement anglais a alors accepté de sortir de l’Art. 5 CESDH, de 2001 à
hi
2004.
ac
A Guantanamo, on retrouve des radicaux, des talibans vendus par des chasseurs de
prime contre 5000 $, d’autres sont pas forcément directement liés à la cause terroriste. Si
aM
bien que certains, relâchés, se radicaliseront.
tout un tas d’individus. En Italie, un mollah d’une mosquée de milan est ainsi éjecté en
m
Egypte, pendant 2 ans, et fini par être relâché. 24 agents de la CIA sont impliqués. Une fois le
paquet expédié, ils festoient. Le SISMI, le service de renseignement italien les aide. En Italie,
co
ce sera fait avec l’aval du chef des renseignements italien, sans l’aval du Gouvernement. En
d.
Allemagne, ça aurait été fait avec l’aval du Gouvernement. Bref aujourd'hui, la pratique
perdure, mais a priori avec la bénédiction des Gouvernements des pays où sont enlevés les
rib
suspects.
.sc
23
« La Convention contre la torture autres peines et traitements cruels ou dégradants » définit la torture dans son
article 1, comme « tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aiguës, physiques ou mentales, sont
intentionnellement infligées à une personne. » Elle exige de tout Etat partie qu'il prenne « des mesures législatives,
administratives, judiciaires et autres mesures efficaces pour empêcher que des actes de torture soient commis dans
tout territoire sous sa juridiction », indiquant « qu'aucune circonstance exceptionnelle, quelle qu'elle soit ne justifie
la torture », écartant toute invocation d'ordres supérieurs (art.2).
Les modes d’emploi de la torture, effectuée soit par une membre de la CIA soit par
un militaire formé par la CIA, ont fini par être révélés. Les techniques sont variées, dignes
de l’Inquisition. Appuyer sur des phobies avec des insectes, de l’eau (water boarding… ), en
privant de sommeil pendant 70 à 120 heures jusque 180 heures, en enfermant dans des lieux
exigus, histoire de briser les résistances. Dans tous les cas, on veut… juste… torturer, pas
tuer. On contrôler médicalement que le prisonnier suspecté ne clamse pas. Celui qui est
présenté comme le cerveau des attentats du 11 septembre a ainsi subi 183 traitements…
personnalisés. Il révélé avoir fomenté 60 autres attentats. On remet en question cette
pratique car elle permet de faire dire finalement tout voire n’importe quoi puisque la
personne finira par tout accepter pour que la torture cesse.
Les Usa n’ont pas été les seuls à employer ces méthodes. Le Royaume-Uni, au
travers du MI-6, y a aussi recouru. La DST, elle, en a profité pour interroger des prisonniers
ne
français envoyés à Guantanamo. Le service de renseignement français veut raisonner de
hi
manière intermédiaire.
ac
Vivienne JABRI s’est penchée sur la symbolique de ce mode de torture. Il y a
vraisemblablement un lien avec l’exercice d’une souveraineté pure, avec un caractère non
aM
honteux de la torture. Finalement, d’un pouvoir nu, exhibé. Elle appuie sur la fierté perçue
par les tortionnaires. On se rappellera des photos des humiliations effectuées à
Abou Grahib. Tous les clichés sont utilisés pour humilier.
/L
m
Et bah malgré tout, la logique judiciaire, niée, refait surface. Italie, Royaume-
co
Uni, et même Usa, surtout depuis l’élection d’OBAMA en font l’objet. Si bien que
5 responsables avérés d’Al-Qaeda, emprisonnés à Guantanamo, vont être jugés par des
d.
tribunaux civils. Le vide juridique avait été comblé dans un premier temps par la mise en
place d’un tribunal militaire, et finalement le recours aux tribunaux civils. Certains
rib
avortée du Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab n’a pas du tout redoré son blason. Le FBI,
opposé dès 2003-2004 à ce mode de fonctionnement, ressort des fourrés ! Il y a un
w
savoir-faire de police criminel qui permet d’aboutir à des résultats. Au grand dam de la CIA.
w
Paragraphe 2e
L’affirmation de l’Europe comme acteur international
L’Union Européenne va jouer un rôle nouveau en matière d’anti-terrorisme. Avant
le 11 septembre 2001, seuls 7 États avaient des formes de législations anti-terrorisme
(Allemagne, Espagne, France, Grèce, Italie, Portugal et Royaume-Uni). Après, Harmonisation
européenne oblige, tous les États ont dû à procéder à un rattrapage en instituant les
législations anti-terrorisme, le plus souvent ex-nihilo. Le terrorisme va être encadré, des
traités en matière de coopération sont être ratifiés…
ne
opposant au régime iranien (mais déjà auparavant contre le Shah…). Bon, mais ce qui est
plus intéressant, c’est de savoir comment faire pour figurer dans ces listes. Le règlement du
hi
27 décembre 2001 le définit. Des indices sérieux et crédibles, provenant d’une autorité
ac
compétente, doivent être fournis. Des preuves ? Bof. Cette liste est révisée épisodiquement
par une instance – une Clearing House – composée par les ministres européens des affaires
aM
étrangères, en fonction de la situation politique ou d’informations de tout genre. Comme
l’Union Européenne, Nations Unies, OSC (Chine, Russie, Mandchourie et républiques d’Asie
centrale…), s’échangent leurs listes.
/L
m
2002 définit les infractions terroristes « comme des infractions commises intentionnellement
d.
pas encore. Ahhh. Cette définition est assortie d’une harmonisation des peines. Ce règlement
w
invite les États membres à adopter les mesures nécessaires pour que des individus,
appartenant à des organisations terroristes, soient punis de 15 ans d’emprisonnement pour
w
C’est encore à cette époque que s’intensifie la coopération avec les USA. Le 20
septembre, une déclaration commune avec les Usa est signée entre le Conseil JAI (Ministres
de la Justice et de l’intérieur de tous les pays membres). Elle vise, outre l'harmonisation, à
améliorer la coopération transatlantique. Deux mesures à retenir, c’est premièrement la
coopération pénale avec les Usa, et notamment la question de l’extradition, avec les
problèmes de différence de normes (genre la peine de mort…). Un accord, de 2003, voit les
États européens accepter une telle extradition en échange de quoi les Usa s’engagent à ne
pas exécuter la peine de mort quand bien même elle serait prononcée. Ça sent l’embrouille.
Le deuxième type de mesures porte sur l’échange de données personnelles, entre
EUROPOL et les USA. Il en résulte un affaiblissement des protections, mais c’est surtout le
premier exemple de traité entre EUROPOL et un acteur tiers à l’Union Européenne. Cet
accroissement de la coopération peut être interprété de deux manières. Soit on est plutôt
pessimiste et finalement, l’Union Européenne s’affaiblit face aux Usa, soit on est plutôt
optimiste et l’Union Européenne joue enfin le rôle d’acteur international autonome.
Reste la troisième option, l’Union Européenne parle d’une seule voix, somme toute frêle.
ne
retrouve le… nom, l’adresse postale… l’adresse de facturation, les modes d’information liés
au payement du billet, les itinéraires effectués, les raisons des voyages, les informations
hi
visant les voyageurs fréquents, le régime alimentaire, les allers simples, les passagers
défaillants, les remarques des passagers avant le vol… mais pas la marque de slip. Les
ac
douanes se servent en libre service et maintenant, les compagnies aériennes envoient tout
par défaut comme ça. En théorie, les douanes américaines n’ont pas accès aux données qui
aM
ne visent pas les vols visant indirectement ou directement les USA. Bizarrement la réciproque
ne marche pas. Les douanes sont supposées utiliser ces informations pour le terrorisme, et
/L
puis tous les crimes sérieux transnationaux. Ces données sont conservées… pendant
3 ans et 1/2, 8 ans pour celles qui auront la chance d’avoir été consultées. Les douanes
m
Pourquoi glaner toutes informations et dans quel but ? Recouper avec d’autres
informations, potentialiser des risques, élaborer finalement des profils. Le profil menaçant à
rib
l’époque, c’est voyager vers l’Egypte, la Jordanie, ou dans d’autres pays d’Afrique ou du
Moyen-Orient, payer en liquide, prendre un aller simple. Ahhh. Tu es étudiant, tu es
.sc
menaçant !! Je précise avoir écris cette dernière phrase avant l’attentat raté du 25 décembre
dernier. Quand bien même plusieurs signes ont été transmis aux autorités américaines, il
w
ne
l’espace national. De là à écarter totalement l’influence du politique…
hi
Le champ d’application de ce mandat d’arrêt européen est relativement large.
Il s’applique ainsi aux infractions, pour lesquelles une peine d’emprisonnement au
ac
minimum d’1 an, est applicable. Il s’applique encore si la peine a déjà été prononcée,
d’une condamnation définitive d’au moins 4 mois. Les infractions ne sont pas cantonnées
aM
à un domaine particulier. Le mandat d’arrêt s’applique à tout crime non encore prescris, y
compris ceux entrés en vigueur avant l’entrée en vigueur du mandat d’arrêt européen (avec
/L
pour restriction la France, jusque 1993, pour l’Italie et l’Autriche jusque 2002). Pour 2006,
5832 mandats d’arrêt européens ont été émis. 1500 personnes environ ont été remises
m
aux autorités. C’est relativement important. Sur ces 1500, 50 % l’ont été avec leur
co
consentement. Dans 30 % des cas, il s’agissait des nationaux du pays qui les a remis. Depuis,
le nombre de ces mandats augmente régulièrement. Autour de 8500 en 2007. Dans 1 cas
d.
sur 4, les mandats donnent lieu à des recherches et des arrestations sur place. En général, les
délais d’extradition tournent autour de 5 semaines lorsque les personnes visées ne donnent
rib
par leur consentement. Avant, c’était plus du 9 mois. Dans l’effervescence post-11
septembre, c’est une évolution qui lui est consécutive. C’est même une réalisation majeure
.sc
connaît un essor certain. Les attentats du 11 mars 2004 et ceux du 7 juillet 2005 y sont
w
pour une part importante. Les attentats de Madrid ont visé les RER version madrilène. 191
morts. Le commando est assez rapidement identifié. Une bombe n’explose pas, on retrouve
la carte SIM, et finalement les auteurs sont assez intégrés. Les attentats de Londres sont du
même ordre. Les auteurs sont également implantés depuis longtemps, certains sont nés au
Royaume-Uni. On parle alors de Home grown Terrorists. La prévention du terrorisme évolue.
La mode Us visant à fermer les frontières, à filtrer au maximum ceux qui veulent entrer sur un
territoire donné pour commettre des attentats, est inefficace. Il faut arriver à les cibler.
D’autant plus que le coût des attentats peut s’avérer faible. 8000 € pour les attentats de
Madrid. C’est pourquoi l’Union Européenne lutte contre la radicalisation violente. En octobre
2004, la Commission explique qu’il serait bien de s’opposer à la radicalisation violente de
nos sociétés, et rompre les logiques facilitant le recrutement des terroristes. 2005, 2006,
2007 vont voir être prises tout un tas de déclarations, de groupes de travail, avec un
financement conséquent sur la recherche, mais encore l’installation d’un coordinateur de
l’anti-terrorisme en Europe, Gilles de KERCHOVE, l’un des artisans d’EUROJUST. Parmi les
objectifs énoncés en 2005, on retrouve la recherche des facteurs contribuant au recrutement,
mais aussi l’examen des liens entre « des croyances religieuses ou politiques extrêmes, des
facteurs socio-économiques, et le soutien au terrorisme, et enfin le respect de l’État de Droit,
avec une stratégie d’entente interculturelle/interreligieuse avec le monde islamique ».
ne
bien pu être plutôt celle de savoir pourquoi les hommes ne se révoltent-ils pas plus
souvent ?
hi
Nombre d’études vont analyser la frustration comme le moteur du passage à
ac
l’acte violent, notamment après 2001. Des interprétations… psychologisantes sur le
aM
terrorisme vont être alors effectuées. Des individus… fragiles… manipulables… frustrés
seraient d’autant plus réceptifs à des mécanismes de radicalisation. D’où des
conclusions souhaitant interdire les discours radicaux pour du coup couper le mal à la racine,
/L
à défaut de supprimer les individus. La radicalité des opinions se traduit par une radicalité
des actes, et c’est en supprimant les discours radicaux qu’on inhibe les radicalismes. Ces
m
études se focalisent sur l’individu. On va alors rechercher ce qui les prédispose ces individus
co
finalement qu’un seul acteur, celui qui passe à l’acte, que ce soit l’individu ou le groupe.
rib
➋ Une deuxième branche va alors s’intéresser aux relations entre les acteurs.
L’action des forces de police, des politiques étrangères ont autant d’importance dans le
.sc
processus de radicalisation que les propriétés intrinsèques de l’individu qui va faire sauter
une bombe. La dynamique d’escalade, absente dans les théories précédentes, est intégrée
w
dans cette branche. C’est pourquoi elle implique de s’intéresser aux services qui combattent
w
les radicalisations et donc les politiques des Gouvernements. Charles TILLY, autre auteur
w
américain, s’interroge dans La France conteste sur les conditions de ces mobilisations, mais
encore sur les dynamiques sociales. Ce qui est finalement étonnant, c’est la rareté du
passage à l’acte. Et les erreurs des acteurs ont tous comptes faits plus de poids que les
efforts. Ceux qui ont commis les attentats de Londres se sont radicalisés dans une salle de
sport en visionnant des films sur la situation en Irak, alors que certains d’entre eux n’étaient
même pas religieux.
ne
contact d’une autorité ou d’une force, vécu comme injuste, discriminatoire. L’IRA a ainsi
eu un certain succès suite à ce qui apparaît comme une forme d’oppression des autorités
hi
dans des enclaves catholiques irlandaises. Une fois entré dans le groupe clandestin, c’est
quelque part renaître, changer en tout cas d’identité. Qui dit groupe clandestin dit groupe
ac
relativement restreint, avec des règles donc strictes. Il y a ainsi… un prix d’entrée. Entrer dans
aM
le groupe, c’est payant. C’est ce qui est supposer générer de la loyauté. On entend rendre la
défection coûteuse. Jambisation de l’ennemi de classe, rites initiatiques, argent… qui
empêchent de faire facilement machine arrière. Alors il y a bien des repentis, avec les risques
/L
se faire truffer au plomb. Le degré de clandestinité fait que la vie est articulée autour des
logiques de l’organisation. Plus l’organisation est restreinte, plus le degré de coupure par
m
rapport au reste de la société est élevé, voire total. Action directe, c’était ainsi une dizaine de
co
personnes clandestines, une centaine sur le plan logistique, pour environ 15000
sympathisants. Les brigades rouges, 2000 clandestins au maximum, 20000 au plan
d.
logistique, 1000000 sympathisants lors de certaines manifestations. Mais un trop haut degré
de clandestinité nuit nécessairement à l’impact de l’organisation clandestine. Action directe
rib
Bon, mais que faire des organisations radicales qui existent en Europe ?
Que faire ainsi de la Mosquée de Finsbury Park, haut lieu du radicalisme musulman
qui va occuper l’espace médiatique surtout entre 2004 et 2007. Ce n’est qu’un exemple,
faut-il les interdire, faut-il fermer les sites Internet qui prêchent la radicalisation, faut-il fermer
des lieux de culte et / ou de prière. Bref tout un discours sur les gateway organisations prend
de l’ampleur. On se rappellera du « londonistan ». Ces organisations radicales seraient le
vivier dans lequel se recrutent par la suite les terroristes. Il y aurait un retour à une version
très… puriste du Coran prônant l’ascétisme, l’humilité et le prosélytisme. Sont-elles un
accélérateur ou un garde-barrière au passage à la radicalisation ? Les services secrets sont
divisés. Au sein même des pays ou en dehors. Les sciences sociales vont plutôt dans le sens
de l'hypothèse d’organisations garde-barrières, en raison notamment de l’histoire de
processus de radicalisation, reprenant les exemples de l’Irlande du nord, l’Afrique du Sud ou
du pays basque espagnol. L’existence d’organisations politiques, même très radicales, a été
un élément crucial dans les processus de paix. Très souvent, on suppose naïvement que le
Sin Fein soit la vitrine politique de l’IRA. C’est faux. Les processus de paix se négocient dans
Paragraphe 3e
La lutte contre le financement du terrorisme
Cette lutte, c’est l’un des axes d’engagement majeur de l’Union Européenne. Mais
ce combat est tout compte fait plus international. Le combat va ainsi se matérialiser
notamment par le GAFI (Groupe d’action financière sur le blanchiment des capitaux). Gilles
FAVAREL GARRIGUES s’est intéressé sur la régulation de la criminalité organisée en Russie, sur
ne
les dispositifs de lutte contre la fraude économique et financière avant et après
l’effondrement de l’URSS. Il s’est également penché sur tout l’univers du blanchiment de
hi
l’argent sale. Dans son ouvrage, Les sentinelles de l’argent sale, il a ainsi interrogé des
ac
spécialistes de la Police et du Monde bancaire. aM
Avant les attentats du 11 septembre, la lutte relevait plus d’organisations
internationales du genre ONU. Dès 1989, sous la pression des USA, le GAFI est créé afin
d’enquêter sur la provenance des fonds déposés dans les institutions bancaires. C’est ce
/L
qu’on appelait à l’époque la question du blanchiment de l’argent sale, argent gagné par des
m
moyens illégaux. On s’inscrivait alors dans une guerre contre la drogue déclenchée quelques
années plus tôt par l’Administration de Ronald. Les casinos furent un temps un mode de
co
blanchiment d’argent, mais ensuite et surtout, ce fut via les organismes bancaires. Le GAFI
n’a pu enquêter en soulevant le secret bancaire qu’en assurant les banques de ne pas
d.
toucher à la fraude fiscale. Tout un tas de résolutions de l’ONU ont posé pour principes dans
rib
différente. Il ne s’agit plus essentiellement de viser l’origine des fonds, mais bien plus d’en
w
ne
hi
Chapitre III
ac
aM
Les trajectoires nationales de l’anti-terrorisme européen
/L
Section 1
.sc
La France
w
En France, l’anti-terrorisme est traité avant tout par la DCRI (Direction Centrale du
w
Renseignement Intérieur). Mais pas seulement. Toute une série de Ministères y ont un
w
intérêt.
Paragraphe 1er
L’architecture juridique de la lutte anti-terroriste
Les attentats du 11 septembre 2001 n’ont eu aucun effet fondamental sur
l’organisation de la lutte anti-terroriste française. On est toujours long à la détente de toute
manière.
Avant le début des années 1980, le terrorisme était un délit spécifique rentrant
dans la catégorie « crime et délit contre les intérêts de la Nation ». La classe. Terrorisme,
Espionnage, rentraient dans cette catégorie. Une juridiction spécifique, la Cour de Sûreté de
l’État, traitait ce domaine. Elle avait été créée en 1963 et s’intéressait tout particulièrement
aux charmes de l’OAS. Cette juridiction était composée de 3 magistrats et 2 généraux. Mais
Au début des années 1980, le Gouvernement va faire une sorte de marché avec les
organisations clandestines. En gros, allez on ferme les yeux sur tes pratiques, mais
maintenant, tu ranges tes jouets et tu te calmes. Ah oui et maintenant, le terrorisme devient
du Droit commun. Ce n’est plus un délit politique, si bien que les aménagements
relativement positifs qui y étaient liés passent à la trappe.
Ce choix politique remporte dans un premier temps des succès. On a toute une
brochette de repentis italiens qui arrivent en France et renoncent à la lutte armée pour éviter
le voyage retour en terre natale synonyme de poursuites et compagnie. Mais cette volonté
de faire table rase ne suffira pas à évincer la violence politique des années 1980.
Dès 1982, ça repart de plus belles. Entre 1982 et 1986, la France se prend plusieurs
tartes, des attentats liés à la situation au Moyen-Orient, notamment au Liban. Tati, Publicis,
rue des rosiers n’en sont que des exemples. Action Directe reprend au passage les armes. Les
ne
Corses aussi, les Basques aussi.
hi
Dans ce contexte, cela ouvre la porte à de nouvelles interprétations de l’anti-
ac
terrorisme. aM
Alain MARSAUD a été à l’initiative de certaines d’entre elles. Il est à l’époque
juge d'instruction au TGI de Paris, chargé des affaires de terrorisme. Il se révèle l’un des
/L
artisans d’une Loi refondant les dispositifs juridiques en matière d’anti-terrorisme. En 1993, il
devient député.
m
Loi du 9 novembre 1986 relative à la lutte contre le terrorisme et aux atteintes à la sûreté de
d.
Section. MARSAUD, de 1986 à 1989, la dirige. Aucun crime ou délit lié au terrorisme ne lui
échappe, peu importe qu’il ait lieu à Ajaccio, Biarritz, Nouméa ou Capriiii, c’est finiiiii.
w
w
spécialisés. Ils sont professionnels et compétents partout. C’est un petit coup au principe du
Juge naturel. Le Jury est lui aussi spécialisé.
En outre sont introduites des mesures dérogatoires au Droit commun, pour les
questions d’anti-terrorisme. Ainsi, la garde-à-vue passe de 48 à 96 heures. L’avocat
intervient quant à lui à la 72ème heure. Le Code pénal est modifié afin d’aggraver les
sanctions sur les infractions existantes lorsqu’elles sont en relation avec une entreprise
terroriste. En prime, le Code pénal crée des infractions spécifiques à la cause terroriste.
Le terrorisme écologique, le financement d’une entreprise terroriste sont maintenant
encadrés.
Un élément va faire particulièrement jaser. L’ensemble des peines est durci pour les
cas de terrorisme, mais au fait, une entreprise terroriste, c’est quoi ? Et le lien avec une
entreprise terroriste, c’est quoi ? La relative imprécision qui entoure ces notions surprend,
inquiète. Et bah la Cour de cassation valide quand même. La notion est traduite dans le Code
pénal en 1992, avec le délit d’ « association de malfaiteurs en relation avec une
entreprise terroriste ». AMT, pour les intimes. Ce délit entre en vigueur réellement en 1994.
Ainsi, dès lors qu’est établi un élément matériel révélant du terrorisme, on peut être
taxé de terrorisme. La figure de l’AMT entend relier les logiques policières – informatives - et
judiciaires – probantes.
ne
Une Loi LSQ, votée le 15 novembre 2001, sur la sécurité quotidienne, prévue
auparavant, est précipitée. Une autre, pour la sécurité intérieure passe en, 2003. Une
hi
autre encore en 2003. Et enfin une plus spécifique, en Janvier 2006, consécutivement
aux attentats de Londres. Contrôles, fouilles, écoutes et compagnie sont facilitées. La Loi
ac
de 2006 vient répondre aux volontés d’un certain nombre de professionnels de l’anti-
aM
terrorisme. La garde à vue est rallongée de 48 heures bonus, ce qui nous fait une petite
semaine derrière les barreaux, soit 6 jours. L’association de malfaiteurs est dorénavant punie
de 20 ans d’emprisonnement. On passe de la notion de délit à une notion de crime.
/L
L’application des peines est désormais centralisée au TGI de Paris. Jusqu’ici, il était
« difficile » de suivre un vilain après sa sortie. En centralisant, on espère mieux savoir.
m
co
Paragraphe 2e
.sc
Cette lutte mobilise des sections entières de la PJ (Police judiciaire). Elle excite
w
La DST a été créée en novembre 1944. Elle recherche et prévient les activités
inspirées, engagées ou soutenues par des puissances étrangères. Brrr. Alors à l’époque, c’est
surtout le KGB qui était visé. C’est le contre-espionnage qui est sa spécialité. Depuis le
tomber de rideau soviétique, et bah ça continue.
Pour les RG, c’était pas pareil. Leurs membres n’avaient aucun pouvoir judiciaire,
exception faite de la section des… courses et jeux. Les RG avaient pour mission la recherche
et la centralisation des renseignements d’ordre politique, social, et économique,
nécessaires à l’information du Gouvernement. Jules MOCH, Ministre socialiste de
l’intérieur en 1936, est leur père fondateur, suite à l’attaque par des coco d’une réunion
ne
d’extrême droite. Finalement, les RG sont la manifestation de la Haute police, donc des liens
avec le Gouvernement et préfets. C’est d’ailleurs pourquoi ces derniers ont bataillé pour leur
hi
maintien lorsqu’a été envisagée la dissolution de ces RG. Il a fallu attendre 1994 pour que
les RG abandonnent officiellement le suivi des partis politiques. On a bien dit
ac
officiellement. En effet, en 1994, le Comité central réuni à la Villette avait été écouté. Roh.
aM
S’en suit une polémique et PASQUA fait dissoudre le service qui était chargé de la
surveillance des partis politiques. Et on entend par les partis politiques ceux qui ont une
représentation parlementaire. C’est sensiblement différent pour les autres. Avant, il y avait
/L
aussi un service chargé de l’analyse électorale (OCSS), avant, pendant comme après, mais en
97, pan, lui aussi est dissous. La surveillance vise finalement tout groupe susceptible de
m
toucher l’ordre public. Environ 130 mouvements étaient ainsi surveillés, du PKK aux FARC, en
co
passant par les membres du sentier lumineux, etc. En 2006, 4000 fonctionnaires étaient aux
RG, 1700 pour la DST.
d.
Enfin, il y a la gendarmerie. Elle a aussi son intérêt. Ce n’est certes pas sa première
rib
spécialité. Mais il y a par exemple le GIGN. 50 % des affaires de la DNAT, SDAT aujourd'hui,
sont reprises d’affaires traitées par la gendarmerie.
.sc
terroriste, instituée en 1984. Elle synthétise les informations envoyées par les services
w
24
Pour plus d’information sur l’IE, voici un site spécialisé : http://www.metis-acie.fr/
ne
de gras »). Cette compétition est d’autant plus forte en période de disette budgétaire… Si
bien que le contexte servira de variable d’ajustement. Si la DST fonctionnait bien dans la
hi
Guerre froide, après il y a forcément eu remise en question. De même, les RG marchaient très
bien sous De Gaulle ou Pompidou. Avec l’alternance, bah leur efficacité est aussi remise en
ac
question.
aM
Avec la réforme de Septembre 1986 monte en puissance la PJ. Ce qui devient la
DNAT végète alors pendant environ 4 ans. en 1990, le Commissaire MARION entre en jeu.
/L
Roger – c’est son prénom – arrive avec l’idée de faire de la DNAT une véritable unité
anti-terroriste opérationnelle. Alors là, les commissions rogatoires vont pleuvoir, au
m
détriment des SRPJ locaux. Evidemment, la DST apprécie, d’autant plus qu’en 1990,
co
Juge BRUGUIERE. Au détriment des RG qui échappent au couperet en 1991. Les politiques
les trouvant désuets. Les relations de confiance s’étaient probablement dégradées. En 1990,
l’Histoire d’un pasteur pédophile assassiné alors qu’il était surveillé par les RG fait tache. Le
w
consensus politique est suffisamment large pour les sabrer définitivement. Les préfets vont
w
missions, histoire de réapparaître dans les petits papiers des gouvernants, alors occupés par
les violences urbaines et les affaires politico-financières. Au début des années 1990… pas
moins de 90 affaires de ce type apparaissent. Les RG vont s’intéresser à ces deux domaines,
avec un certain succès pour les violences urbaines, beaucoup moins pour le politico-
financier, car beaucoup plus en concurrence avec les juges d'instruction ou la PJ. Brigitte
HENRI, commissaire de police des Renseignements généraux, va prendre très cher (17 mises
en garde-à-vue etc.).
En 1998, le préfet ERIGNAC est assassiné par des nationalistes. Roger MARION se
jette et jette la DNAT dans cette affaire. Manque de bol, ça ne va pas se couronner de succès.
ne
350 arrestations, aucune réellement efficace. La DNAT est sabrée par les responsables de
police locaux, et par les parlementaires. La DNAT voit alors être écarté de la direction de
hi
MARION par CHEVENEMENT. Enfin il se retrouve sous-directeur de la PJ. Il est le supérieur de
ac
son successeur à la DNAT. Ne s’entendant pas avec lui, il retire au moins la moitié des vivres
en hommes et fonds de la DNAT. La DNAT se retrouve marginalisée. Et elle s’en n’est
aM
toujours pas totalement remise.
Les attentats du 11 septembre 2001 ne changent rien à l’équilibre entre les services.
/L
m
co
d.
rib
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w
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w
Paragraphe 3e
La lutte contre le radicalisme musulman en France
Il y a des répartitions historiques des groupes au sein des services de
renseignement. Les missions d’information sont traditionnellement la chasse gardée des RG.
Le conseil du Culte musulman a ainsi été le fruit des analyses des RG. En outre, les RG
sont chargés de la surveillance est générale. On surveille les lieux de culte pour savoir qui
fait, veut quoi, histoire d’en déterminer des rapports de force internes. Ce sont des méthodes
de milieu ouvert, c'est-à-dire des contacts officiels avec les représentants des organisations,
de même qu’une grande partie du renseignement en fait partie. Ce travail de milieu ouvert
se traduit encore par la recherche de pôles de radicalité.
ne
L’AMT va être utilisée de deux manières. Policière et judiciaire, ce qui se recoupe,
hi
mais pas nécessairement. L’usage policier de l’AMT permet d’incriminer dans la même
ac
affaire tout un tas de personnes. On ratisse large. On arrête les gens qui sont de près ou
de loin à l’affaire en question. Cela permet de casser des réseaux. Forcément, ça ne plait pas
aM
trop à amnesty international et compagnie. Surtout quand une grande partie de ceux qui
sont arrêtés sont relaxés, parfois avant même que ne s’ouvre le procès. L’affaire TARNAC est
une illustration. L’AMT est en outre la principale incrimination sur le sujet. C’est sur cette
/L
judiciaire. En 2005, sur 358 personnes incarcérées pour fait de terrorisme, détention
provisoire comprise, 300 l’étaient pour AMT. De 2003 à 2006, l’AMT est la condamnation
co
avec par exemple dès 2005 la mise en place par les RG de pôles régionaux de lutte contre
l’Islam radical. 22. Ils regroupaient des services vétérinaires, fiscaux, préfectoraux, policiers…
.sc
l’idée étant qu’il y ait de fortes chances qu’un lieu suspect contient d’autres failles. Sur un
autre motif que le terrorisme, on arrive à fermer tel lieu. La régularité du séjour des étrangers
w
fait partie de ces motifs. 500 locaux, et 2000 personnes par an sont contrôlées. Deux
w
Ministère de l’intérieur. Les AME sont la mesure privilégiée pour lutter contre les prêcheurs
de haine, qui, pour leurs propos, peuvent se faire bouter hors du territoire français. En 2006,
17 responsables en ont fait l’objet. Une petite note blanche des RG suffit. Il n’y a pas besoin
de la justifier à l’individu. Mais c’est un arrêté administratif, ce qui peut être cassé.
Dernièrement, les RG et DST ont donc fusionné. Cette fusion a été effective au
1er juillet 2008. Résultat des courses, la DCRI. Malgré la fusion institutionnelle, les
différences subsistent.
(≈⋲)
Section 2
L’Espagne
Paragraphe 1er
De la transition démocratique à la lutte contre le séparatisme
ne
hi
(≈⋲ franquisme)
ac
PUIG ANTICH, c’est le dernier séparatisme à se faire exécuter, en 1974. 1 an avant la
aM
mort de FRANCO, et cette exécution va mettre en lumière la répression franquiste.
Une des questions centrales du franquisme cible la lutte armée au Pays basque
/L
par Sabino ARRANA. Sabino, il est conservateur, catho et aussi raciste. Il va ainsi se
mobilier très fortement pour la défense des droits politiques, essentiellement coutumiers,
co
accordés – feudos – ça et là. Le franquisme va s’y intéresser d’une manière toute particulière.
Le meilleur moyen, c’est d’industrialiser la région, et de faire venir une tripotée de
d.
traditionnel bien à droite s’est renforcé, au sein du PNV, car naît à cette époque une
bourgeoisie industrielle basque ; mais en prime se développe un nationalisme… marxiste
.sc
chez les ouvriers déplacés, au sein d’ETA, institué en 1959. Résultat des courses, et ben c’est
l’effet inverse. Et en 1973, ETA élimine l’amiral CARRERO BLANCO, qui n’était autre que le
w
dauphin de FRANCO. Si bien qu’à sa mort, en 1975, Juan CARLOS prend les rennes du
pouvoir. Enfin son père d’abord, mais il abdique de suite.
w
w
ETA est alors partagé entre le militaire et le politico-militaire, mais de 1959 jusqu’en
1972, ETA bute 4 personnes, alors qu’entre 1976 et 1978, 93, et entre 1976 et 1988, 452.
Parmi les victimes, la moitié fait partie des forces de l’ordre. ETA n’est pas le seul à s’exciter
sur la violence politique. Les GRAPO également. Et plusieurs tentatives de coups d’état ont
lieu. 1977, 1981 sont des dates à retenir. Quoi qu’il en soit, il n’y a pas réellement de
défranquisation. L’administration ou les services de sécurité perdurent. Début des années
1980, forcément, toute une brochette de dispositifs anti-terroristes vont être adoptés. Parmi
ceux-ci, est centralisée toute affaire de terrorisme à Madrid, au sein de l’audienca national ,
sorte de Parquet. Balthazar GARZON est l’un des magistrats de ce Parquet. L’action
policière est parallèlement élargie, renforcée en matière anti-terroriste. En 1983 sont mis en
place des plans spécifiques pour le Pays basque. Le Code pénal introduit aussi la notion de
repenti, permettant des promo sur les peines, voire leur suppression pure et simple.
250 membres d’ETA vont se laisser séduire. Et les prisonniers, on les dégage, à l’opposé,
notamment à Cadix.
Dès les années 1980, les autorités espagnoles s’émeuvent du sort très favorable
accordé aux militants nationalistes basques en France. Opérationnellement, les autorités
ne
Droits de l'Homme en Espagne. Mais, pour lui, l’Espagne est une démocratie d’Europe. Si
démocratie il y a, pas de violation des Droits de l'Homme il y a. refuser d’extrader, c’est nier
hi
tout ça, et bon alors aucun pays européen est démocratique. Et donc, il ne peut pas y avoir
d’asile politique entre pays européens. En 1996, c’est chose faite, avec le protocole
ac
AZNAR, la « Convention relative à l’extradition entre États membres » du 27 septembre
aM
1996, qui amende le Traité de 1957, qui empêche de reconnaître le statut de réfugié
politique à un ressortissant de l’Union Européenne au sein d’un État membre.
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L’offensive policière contre l’ETA est accompagnée d’un consensus politique fort
sur la question de règlements possibles de la question basque. Les principaux partis
m
s’interdisent la négociation avec l’ETA, sauf accord commun. Cette offensive se couple d’une
co
premier temps, on cible l’ETA. Mais bon, c’est pas trop dans les habitudes de l’organisation
d’effectuer des attentats de cette ampleur aussi aveugles. Sauf peut-être dans les années
w
1980 où elle s’amuse à faire péter un supermarché, qui tue 6 personnes. Pas 191 non plus.
w
On se rend compte vite que ce n’est pas l’ETA car on retrouve une bombe qui n’a pas pété,
w
et une camionnette qui a servi, où on retrouve des détonateurs, une cassette prônant le
djihad etc. Et sur la bombe qui n’a pas explosé, on retrouve le portable, la carte SIM, donc
son acheteur. Des pakistanais sont repérés. Les attentats ont lieu le 11, quand des
élections législatives ont lieu le 14. S’opère alors une… ultra-politisation des attentats.
A ce moment, le Gouvernement est déjà critiqué pour avoir envoyé ses soldats en Irak. 4
millions manifestent ainsi en février 2001. Dans un premier temps, le ministre de l’intérieur
campe sur ses positions : c’est l’ETA, quand bien même des éléments lui permettaient de
l’écarter. Alors bizarrement, le parti populaire se fait jeter lors des élections. Il y a donc
alternance. 2 jours plus tard, une bombe du même style opératoire est retrouvée sur les rails,
mais n’explose pas. Moins d’une semaine après, la police qui enquête sur les cartes SIM
tombe relativement par hasard sur un appartement, pour faire une vérification de routine. Ils
se font tirer dessus, les forces spéciales interviennent, et 7 membres se font alors péter.
1 se casse en sortant les poubelles. Il sera choppé un peu plus tard. S’ouvre alors le procès
du 11 mars. Le contexte politique est alors tendu. En effet, il va y avoir une coalition avec
certains membres du parti populaire, certains journalistes, notamment El Mundo, Tele
madrid, qui s’amusent à faire courir le bruit d’une conspiration. Moralité, les attentats ont
été organisés par ETA… avec la complicité de la Police, du Parti socialiste espagnol, de
mercenaires, pour gagner les élections. Faut dire que récemment, c’était sous le parti
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Paragraphe 2e
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Centro Nacional de Inteligencia & Comisaría General de Información
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Le centre national du renseignement, le CNI, a été créé en 2002. Il est
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ancêtre, c’était le CESID, créé lui en 1977. Il est assez traditionnel dans son mode de
fonctionnement. Il recherche l’information politique. Il s’est tout naturellement intéressé à la
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question basque, mais pas seulement ETA. En 1995, on l’accuse d’écouter le Roi. Bon, mais à
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part ça, il a développé les liens avec les services du Maghreb et français (surtout les RG). Le
CNI n’a aucune compétence judiciaire. Il est composé de militaires, dont la garde civile, mais
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rapproche du fonctionnement de feu la DST avec qui il entretenait ses relations. Au CGI, on
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Clairement, sur les 500 agents de la CGI, moins de 50 travaillaient sur les questions
internationales. Du moins avant le 11 mars 2004.
La guardia civil et les polices autonomes ont aussi des services de renseignement,
sur lesquels on ne s’attarde pas.
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