Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
M. OMARJEE
Droit communautaire des libertés de circulation La libre circulation des marchandises 2009 - 2010
Informations pratiques
Fond
Ø Ce ne sont que des notes de cours, gratuites. Elles ne doivent en aucun cas
être vendues, revendues, bref monnayées d’une quelconque façon.
Ø Ce ne sont que des notes de cours, perfectibles. La critique est donc toujours
ne
la bienvenue, si tant est qu’elle soit constructive.
hi
Forme
ac
Ø C’est pour des raisons de compatibilité, et d’affichage uniforme, que le fichier
aM
est en PDF.
Ø Par conséquent, et c’est ballo, d’une part, les niveaux de texte (partie, sous-
/L
Annotations
rib
Ø Un (x) signifie qu’un morceau manque à l’appel. Un –x–, --x– ou –x-- signifie
.sc
que le morceau qui manque à l’appel est plus gros, probablement un cours
en moins.
w
Ø Un (≈⋲) signifie que le morceau est à prendre avec des pincettes car
w
Introduction
Le cours portera principalement sur le traité communautaire, document qu’il est
essentiel d’avoir. Il s’agit donc du premier pilier. Le second pilier sera ignoré dans ce cours,
et le troisième pilier sera simplement évoqué. Il s’agit donc du droit de la communauté
européenne.
Paragraphe 1er
Légitimité d’un cours consacré aux libertés de circulation
ne
L’Union Européenne est souvent réduite à un espace sans frontières. Les libertés de
circulation sont à la base même de la construction européenne, elles ont joué un rôle moteur
hi
dans son évolution. A chaque étape importante ont correspondu des avancées en termes de
ac
libre circulation. Cela est peut-être un peu moins vrai depuis les deux derniers traités.
aM
1 · La libre circulation et la création de la Communauté européenne
/L
m
Europe politique. Malgré cela, dès l’origine, la CEE comportait une dimension
essentiellement économique. Jean MONET évoquait à la fois la création d’Etats-Unis
d.
d’Europe et la création d’un marché commun. Celui-ci ne pouvait se faire que sur la base de
quatre libertés de circulation : des marchandises, des personnes, des capitaux et des services.
rib
Le traité de ROME de mars 1957 concrétise ces idées. Cela se traduit dans son
considérant 6, « désireux de contribuer grâce à une politique commerciale commune à la
w
en 1957 est donc l’ouverture d’un espace économique élargi, c’est la création d’un marché
w
où les entreprises des six Etats fondateurs peuvent agir dans une concurrence totalement
libre, au profit des consommateurs. Cela suppose aussi la mobilité des hommes. L’article 3
du traité, qui formule les principes d’action de la communauté, rend compte de ses
objectifs : il prévoit que l’action de la communauté comporte un marché intérieur,
caractérisé par l’abolition entre les Etats membres des obstacles à la libre circulation des
marchandises, des personnes, des services et des capitaux. Ce sont ces libertés qu’on dit
économiques qui sont constitutives du marché intérieur. Cependant, pour des raisons
d’intérêt général la CJCE peut poser des limites à ces libertés (notamment récemment en
matière de jeux en ligne).
ne
L’Acte Unique va donc prévoir, dans ce qui était à l’époque l’article 8A aujourd’hui
article 14, que la communauté arrête progressivement, au cours d’une nouvelle période de
hi
transition qui expire le 31 décembre 1992, des nouvelles mesures destinées à établir le
ac
marché intérieur. Une nouvelle fois, le marché intérieur est défini comme un espace sans
frontières dans lequel la libre circulation est assurée. Entre 1985 et 1992, près de 300 textes
aM
qui visent l’achèvement du marché intérieur vont être adoptés. Cependant, il y a encore
beaucoup de disparités dans la législation nationale.
/L
En 1992 est signé le Traité de Maastricht sur l’Union Européenne : il contient des
co
avancées en matière de libre circulation, même si son ambition principale était de parfaire
d.
l’Europe politique. La CEE disparait pour la CE. Les dispositions relatives à la justice et aux
affaires intérieures sont en rapport avec la libre circulation car elles comportent des mesures
rib
En 1992 est conclu l’accord de Porto entre des pays de l’AELE, Association
Européenne de Libre Echange, (Autriche, Suède, Finlande, Islande, Suisse et Liechtenstein) et
les Etats membres de l’Union Européenne. Cet accord consacre la quadruple identité de la
libre circulation.
ne
Dans un arrêt BOSMAN de 1995, un footballeur belge, en fin de contrat, souhaite
hi
changer de club et établit contact avec un club français, celui de Dunkerque. La
ac
réglementation de l’UEFA admet que le changement de club soit subordonné au paiement
d’une prime de transfert. Or le club de Dunkerque ne pouvait pas payer la prime de
aM
transfert. Le joueur a estimé que cette prime de transfert était contraire à la libre circulation.
La Cour est donc saisie d’une réglementation privée : elle donne raison au joueur en
considérant que l’indemnité de transfert admise par la réglementation de l’UEFA est illégale.
/L
Le sport est donc une activité économique comme une autre et n’échappe pas à la libre
m
circulation. La Cour de justice peut donc même condamner une réglementation qui n’est
pas discriminante. En revanche, les primes de transfert qui concernent les joueurs qui ne
co
sont pas en fin de contrat ne constituent pas une entrave à la libre circulation.
d.
--x--
rib
Paragraphe 2e
w
w
1
Le belge Herman VAN ROMPUY est le premier à accéder au poste selon cette méthode. Il entrera en fonction le 1er
janvier 2010.
Chapitre I · Identification des marchandises bénéficiant de la libre circulation
5 (Art. 23)
Droit communautaire des libertés de circulation La libre circulation des marchandises 2009 - 2010
Paragraphe 3e
ne
ê Le Traité de Lisbonne
hi
ac
Il marque une étape significative. Il reprend la Charte des droits fondamentaux. Ce
serait le nouvel Art. 6 du Traité de l’Union Européenne. Il donnerait une valeur juridique à
aM
cette charte, affirmant que la « Charte a la même valeur juridique qu’un traité ». La charte
resterait annexée mais s’appliquerait directement dans les États membres. L’adhésion de
l’Union Européenne en tant que telle à la CESDH est expressément envisagée. Merci l’Art. 6 §2
/L
du nouveau TUE.
m
travailler, s’établir ou fournir des services dans tout pays membre de l’Union. Ah oui et cet
article implique la liberté de choisir l’emploi. Autre article, celui visant les droits en rapport
w
accordée aux ressortissants de pays tiers, qui résident légalement sur le territoire d’un État
w
membre.
A premier enjeu, la hiérarchie des normes s’implique. Les libertés circulation y ont
un statut nécessairement supérieur. De toute façon, en cas de conflit entre deux libertés,
celle qui est fondamentale prime sur celle qui ne l’est pas. Le droit dérivé doit suivre.
Deuxième enjeu, c’est l’interprétation de ces libertés. La qualification de fondamentale
autorise une interprétation aussi large qu’extensive. En contrepoint, les limites posées à cette
liberté doivent être entendues de manière stricte.
Bon, mais si deux libertés fondamentales entrent en conflit, mais que se passe-t-il.
La jurisprudence communautaire apparaît… incertaine. La CJCE y a été plusieurs fois
confrontée. Libertés de circulation avec d’autres droits ou libertés fondamentales. La CJCE a
tantôt fait prévaloir d’autres libertés sur les libertés de circulation, quand, dans d’autres cas,
elle a fait primer cette dernière sur d’autres.
Dans un autre arrêt du 14 octobre 2004, OMEGA, la CJCE considère que, pour des
raisons de dignité humaine, on pouvait restreindre l’exploitation commerciale d’un jeu de
simulation d’acte d’homicide…
Dans certaines hypothèses, les libertés économiques vont primer. Dans deux arrêts
ne
du 11 et 18 décembre 2007, VICKING et LAVAL, la Cour devait se prononcer sur une
confrontation entre le droit d’action collective du salarié et la liberté d’établissement et de
hi
prestation de service.
ac
aM
/L
m
co
d.
rib
.sc
w
w
w
ne
hi
ac
aM
/L
ne
Les politiques de la communauté sur la libre circulation : les Art. 23 à 31
hi
Ø Quelles sont les marchandises qui bénéficient de la libre circulation ? Toute
ac
ou partie ?
aM
Ø Que recouvre la liberté de circulation ? Il est où le mimi, le rara. Il en découle
des exigences, donc des interdictions, quelles sont-elles ?
/L
Chapitre I
Identification des marchandises bénéficiant de la libre circulation
(Art. 23)
Première question qui se pose, c’est celle d’un critère d’identification.
ne
produits ne peuvent en effet pas bénéficier de la libre circulation quand bien même ils
proviennent d’États membres.
hi
ac
aM
Section 1
L’origine des marchandises
/L
m
co
Paragraphe 1er
d.
sera considéré comme originaire d’un État membre. Cette règle s’accompagne forcément de
restrictions mais aussi d’extensions.
w
Bon, mais que faut-il entendre par marchandise originaire du territoire d’un État
membre ?
Autre question, quel sort réserver au produit qui subit des transformations variables
dans plusieurs pays, quelle origine leur apposer ?
ne
Pourquoi se torturer l’esprit, et bien parce que nombreuses sont les entreprises à
vouloir tirer profit des avantages du marché intérieur communautaire et qui tentent
hi
d’implanter au sein de l’Union Européenne des usines… dites tournevis, des usines qui
ac
n’effectuent que des transformations mineurs du produit (assemblage, finition…) afin de
pouvoir revendiquer la nature communautaire. Le CDC (code des douanes
aM
communautaires), modifié le 30 avril 2009 (déjà « modernisé » en parallèle le 23 avril 2008,
mais dont l’application concrète est encore modifiée du fait de décrets d’application), dans
son Art. 23, fixe les critères d’identification de l’origine d’une marchandise. En premier lieu,
/L
Le problème va se poser lorsque des composants provenant de pays tiers ont une
d.
une entreprise équipée à cet effet et ayant abouti à la production d’un produit
nouveau ou représentant un stade de production important. Le nouveau CDC insiste
w
plus sur cette notion de transformation substantielle. A priori, cette définition est précise,
w
mais insuffisante. Précise car on se rend bien compte qu’une transformation qui donne lieu à
un produit nouveau verra le pays où a eu lieu la transformation être celui du produit.
w
Dans l’affaire VESTEL, c’est pareil mais on vise des TV produites en Turquie avec des
tubes cathodiques made in China.
ne
Les cours considèrent qu’à titre principal, il faut rechercher si l’assemblage
constitue un stade de production déterminant. Et à titre subsidiaire, si ce critère
hi
qualitatif ne permet pas de déterminer l’origine, il faut prendre en compte le critère
ac
quantitatif, la valeur ajoutée de l’assemblage dans la valeur du produit. La Cour invoque
que cette appréciation quantitative n’est à aucun moment évoquée dans l’Art. 24. La Cour
aM
admet toutefois qu’il n’y soit pas contraire.
/L
m
Paragraphe 2e
co
De tels produits sont des marchandises importées de pays tiers. En libre pratique,
elles bénéficient de la libre circulation. Bon mais c’est quoi un produit en libre pratique.
.sc
L’Art. 24 TCE3 en donne définition. Ce sont des produits en provenance de pays tiers pour
lesquels les formalités d’importation ont été accomplies, les droits de douanes et TEE (Taxes
w
d'effet équivalent) exigibles perçues dans un État membre, et qui n’ont pas bénéficié d’une
ristourne totale ou partielle de ces droits et taxes. On entend éviter une double imposition
w
Il y a des raisons à tout ça. Cela est conforme aux règles du GATT et de l’OMC.
L’OMC, une union douanière est acceptable que si elle a pour but de faciliter de commerce,
non opposer des obstacles supplémentaires. Si l’on se réfère à l’Art. 131 TCE4, il est indiqué
qu’en établissant une union douanière entre eux, les États membres entendent contribuer
conformément à l’intérêt commun au développement harmonieux du commerce mondial, à
la suppression des restrictions aux échanges internationaux, et à la réduction des barrières
douanières.
3
Art. 29 TFUE
4
Art. 206 TFUE
Chapitre I · Identification des marchandises bénéficiant de la libre circulation
(Art. 23) 12
2009 - 2010 Droit communautaire des libertés de circulation La libre circulation des marchandises
M’enfin, dans certaines hypothèses exceptionnelles, les États membres peuvent…
demander à la Commission une autorisation de prendre des mesures restrictives à la
circulation des produits en libre pratique. Cette hypothèse est envisagée à l’Art. 134 §2 du
Traité. Cet Art. n’est toutefois plus tellement utilisé car compensé par un règlement du 22
décembre 1994 qui autorise des mesures de… sauvegarde prises par la Commission
européenne, en cas d’importation qui cause ou menace les productions
communautaires. Ces mesures peuvent être de l’initiative de la Commission comme
d’un ou plusieurs États membres. Pour des raisons d’Intérêt général5, les pays ont encore
un peu d’autonomie (santé, moralité, sécurité publiques notamment), avec un risque de
contentieux à la clé.
Paragraphe 3e
L’exclusion des marchandises directement importées d’un État tiers
Les produits directement importés pour la première fois dans la Communauté ne
ne
bénéficient pas d’un libre accès. Faut passer à la caisse. La tendance reste toutefois à la
diminution des droits de douane. Au-delà formalités administratives, statistiques, techniques,
hi
sanitaires sont à respecter. Les produits de pays tiers font ainsi l’objet d’un contrôle par
ac
rapport à la sécurité des produits. Ce contrôle effectué par les autorités douanières peut
conduire à la suspension de l’entrée sur le territoire communautaire. (Aka suspension de
aM
l’octroi de main levée douanière). Deux situations sont visées. En cas de danger grave et
immédiat pour la santé et la sécurité. Ou lorsque les documents de marquage des produits
sont insuffisants.
/L
m
Cette politique est indissociable des négociations faites au sein de l’OMC. L’UE est
représentée par la Commission sur mandat du Conseil. Elle a compétence exclusive pour
d.
négocier les accords commerciaux de l’Union Européenne. Merci l’Art. 133 TCE6. Les États
rib
5
Intérêt général ? Intérêt politique oué…
6
Art. 207 TFUE
Chapitre I · Identification des marchandises bénéficiant de la libre circulation
13 (Art. 23)
Droit communautaire des libertés de circulation La libre circulation des marchandises 2009 - 2010
fonde la compétence du Conseil pour fixer par règlement les droits du tarif douanier
commun. Le Conseil le fait sur proposition de la Commission. L’Art. 277, lui, fournit à la
Commission les éléments dont celle-ci doit s’inspirer lors de l’exercice de son pouvoir de
proposition.
La gestion de ces différents paramètres reste délicate. Des droits importants sont
visés quand d’autres de moindre importance sont également ciblés. Qui plus est, le tarif
douanier commun est obligatoire. Dès lors qu’il est fixé par le Conseil, les États membres
doivent l’appliquer. L’initiative n’appartient plus aux États membres.
ne
part.
hi
Les positions tarifaires fournissent les taux applicables à chaque catégorie de
ac
produit. Il existe également des sous-positions tarifaires. Celles-ci permettent d’attribuer un
taux réduit compte tenu de la destination particulière du produit. La nomenclature opère
aM
quant à elle une classification des différents produits. Il s’agit d’une sorte de tableau
récapitulatif… chaque position comporte le nom d’une catégorie de marchandise et un
numéro. En face de quoi, on retrouve un droit de douane correspondant. On parle
/L
aujourd'hui de nomenclature combinée. Oui car elle sert aussi aux exigences statistiques.
m
des produits dans le cadre de l’OMD, cousine de l’OMC, focalisée sur les douanes. La
d.
L’orientation générale est de viser les propriétés objectives des marchandises pour les classer
in fine.
.sc
Allemagne, en l’espèce l’œuvre d’un artiste américain. Le bureau des douanes de Berlin le
w
range dans la catégorie des ouvrages en matières plastiques. La CJCE considère qu’il y art,
qu’on doit donc la ranger dans la catégorie des objets artistiques. D’où une tarification
w
douanière différente.
L’héroïne est également classée. Elle peut être en effet utilisée à titre de sevrage,
tout au moins à des fins pharmaceutiques.
Une fois la catégorie déterminée, encore faut-il déterminer sa valeur douanière, sur
laquelle le droit de douane – un pourcentage – s’applique. Avec un règlement du 28 mai
1980, la valeur en douane est la valeur transactionnelle déclarée. On vise ici l’évaluation par
les parties de la valeur de la marchandise.
7
Art. 32 TFUE
Chapitre I · Identification des marchandises bénéficiant de la libre circulation
(Art. 23) 14
2009 - 2010 Droit communautaire des libertés de circulation La libre circulation des marchandises
Le CDC définit cette valeur comme le prix effectivement payé / à payer pour la
marchandise à destination de la Communauté. La valeur douanière résulte… du
consentement des parties… nécessairement subjectif. On peut donc parfois avoir quelques
doutes sur ce consentement, la régularité du prix. En cas de doute, d’autres paramètres
interviennent. Le prix de revente en est un premier exemple. La valeur des biens identiques,
similaires, proches, peut également entrer en jeu.
Les droits de douane peuvent être suspendus par le Conseil. Celui-ci a, en vertu de
l’Art. 26 TUE8, sur proposition de la Commission, une telle compétence, de percevoir des
droits inférieurs, ou encore d’ouvrir des contingents tarifaires. Ce, dans le but de conserver
ou améliorer les approvisionnements de l’Union Européenne. L’ouverture de contingents
tarifaires consiste à réduire ou supprimer les droits de douane dans la limite d’une certaine
quantité de marchandises. Les politiques doivent s’opérer en accord avec l’OMC et autres
obligations internationales.
Une question est apparue sur le recouvrement a posteriori des droits de douane.
Que se passe-t-il lorsque l’Administration réclame a posteriori des droits de douane non
réglés. Le contribuable peut-il a posteriori obtenir alors une remise, partielle ou totale, de ces
droits ?
ne
Un arrêt du 22 juin 2006 a vu la CJCE traiter d’un litige entre le Conseil Général de
hi
la Vienne et la Direction des douanes françaises. Celle-ci réclamait au premier le
ac
recouvrement a posteriori de droits de douane correspondant à la perception sur les billets
d’entrée du Futuroscope de Poitiers d’une redevance complémentaire correspondant elle à
aM
du matériel audiovisuel acquis auprès d’un fournisseur canadien. Le Conseil Général a
quémandé remise. La CJCE a été consultée sur cette possibilité. Oui, tu peux, mais. Mais trois
conditions. ➀ L’erreur doit être imputable à l’Administration. ➁ Le redevable doit encore être
/L
déclaration en douane. Alors, une remise peut être octroyée. Mais la Commission
européenne est saisie si le montant en jeu est supérieur à 500 K€ (à l’époque, 50000 €).
co
d.
rib
B · Les mesures de politique commerciale destinées à lutter contre les pratiques déloyales
1 · La réglementation antidumping
.sc
w
décembre 1995, modifié par deux règlements du 27 avril 1998. Cette brochette de
règlements tient compte des orientations de l’OMC.
w
ne
de règlements de douane provisoire est une première illustration. On peut aussi fixer des
droits de douane… définitifs. Reste à le justifier devant l’OMC et même devant le Juge
hi
communautaire. Une ordonnance du 27 janvier 2006, rendue par le Tribunal de première
ac
instance, Van MANEKUS c/ Conseil Européen, voit être précisées les justiciables susceptibles
former un tel recours en annulation. Merci l’Art. 238 TUE9. Le Tribunal indique que les
aM
producteurs et exportateurs du produit visé y ont ainsi droit. De la même manière, les
importateurs du produit visé, et même les importateurs associés à des exportateurs de pays
tiers dont les produits sont visés.
/L
m
co
Elles visent la lutte contre les subventions à l’exportation d’un pays tiers des
.sc
Il vise de manière générale l’ensemble des pratiques illicites, définies comme toute
pratique imputable à pays tiers et incompatibles avec les règles de Droit international. La
limitation par des États tiers des produits de base, le contrôle des importations (…) sont des
exemples.
9
Art. 272 TFUE : La Cour de justice de l'Union européenne est compétente pour statuer en ver tu d'une clause
compromissoire contenue dans un contrat de droit public ou de droit privé passé par l'Union ou pour son compte.
Chapitre I · Identification des marchandises bénéficiant de la libre circulation
(Art. 23) 16
2009 - 2010 Droit communautaire des libertés de circulation La libre circulation des marchandises
commerciaux défavorables pour les entreprises communautaires soit identifié sur le marché
des pays tiers.
Section 2
La nature des marchandises
ne
Paragraphe 1er
hi
Identification
ac
aM
Les produits des États membres bénéficient de la libre circulation, encore faut-il que
ces produits soient qualifiés de marchandises. Oui car on parle de libre circulation des
marchandises, pas de libre circulation des produits. La qualification apparaît essentielle.
/L
m
comme tel de former l’objet d’une transaction commerciale. La CJCE a pose cette
définition dans un arrêt du 10 décembre 1968 COMMISSION EUROPEENNE c/ ITALIE.
d.
rib
Le Gouvernement italien considérait que la libre circulation ne visait que les biens
de consommation ou d’usage courant. Le Gouvernement italien considérait que les œuvres
.sc
d’art, dont il s’agissait en l’espèce, ne devraient pas relever de la libre circulation des
marchandises. De manière générale, le Gouvernement italien entendait exclure la notion de
w
tout bien mercantile. La CJCE rejette cela. La CJCE entend repousser les mesures
w
Les biens immatériels sont ainsi inclus dans la libre circulation des marchandises.
L’électricité est un bon exemple. Le 23 octobre 1997, la Cour l’établit dans un arrêt là encore
dans un litige entre Commission européenne et Italie.
Paragraphe 2e
Tempéraments
Les trésors nationaux, à valeur historique, artistique ou archéologique,
peuvent être toutefois exclus du champ de la libre circulation. Ce qui permet à certains
pays d’envisager que la spécificité culturelle des œuvres d’art, qu’en conséquent, il faudrait
les exclure de la libre circulation. Pour l’instant cette opinion n’a pas reçu d’écho.
Les services culturels font partie du domaine des services, même sur un plan
mondial.
Les œuvres de l’esprit sont à inclure dans la libre circulation. Dans un arrêt EMI du
24 janvier 1989 visant les œuvres musicales sur un support matériel, dans un autre arrêt du 17
mai 1988 WARNER BROS, c’est affirmé.
ne
Les brevets des droits de marque, des droits d’auteur relèvent encore de la libre
circulation.
hi
ac
Les logiciels aussi. aM
Les médicaments également. Dans un arrêt 17 mars 1989, SCHUMACHER, c’est
révélé. Les compléments alimentaires y sont rattachés.
/L
Bon et pour les déchets, dans un arrêt du 9 juillet 1992 COMMISSION c/ BELGIQUE,
m
la Cour considère que les déchets, recyclables ou non, doivent être considérés comme des
produits dont la circulation ne doit pas être entravée. Un arrêt COMMUNE DE FROHLEITEN
co
1974 est un exemple de jurisprudence. En l’espèce, les bananes étaient ciblées. Riz, sucre etc.
sont d’autres exemples.
.sc
w
Paragraphe 3e
w
w
Limitations
La seule limite, la CJCE la caractérise. C’est la vente d’un droit, même
appréciable en argent, et même s’il vise des marchandises. Le 21 octobre 1999, avec un
arrêt JÄGERSKIÖLD, sur la pêche au lancer, la CJCE l’établit. En l’espèce, cela visait une
autorisation de pêcher. Pour la Cour, même si les marchandises portent sur des biens
immatériels, une autorisation n’est pas une marchandise.
10
Art. 346 TFUE
Chapitre I · Identification des marchandises bénéficiant de la libre circulation
(Art. 23) 18
2009 - 2010 Droit communautaire des libertés de circulation La libre circulation des marchandises
L’arrêt JÄGGERSKIÖLD montre que, dans certaines situations, la distinction entre
marchandise et service peut s’avérer délicate. D’autres arrêts apparaissent peut-être plus…
probants, genre l’arrêt SACCI du 30 avril 1974, voit la vente de programme télévisé,
d’émission de messages télévisés, y compris publicitaires, relèvent de la prestation de service.
Cela relève de la libre circulation des marchandises. Ne relèvent pas de la libre circulation des
marchandises les échanges concernant le matériel, les supports, de son, de film ou tout autre
produit pour la diffusion de messages télévisés.
Paragraphe 4e
Délimitations
Finalement, on peut distinguer deux situations. Une première où le service est
l’accessoire de la marchandise, et une seconde, où les marchandises seraient accessoires
d’un service.
ne
Avec un arrêt du 11 juillet 1985, CINETECH, la Cour considère qu’on ne peut pas
qualifier de service, mais plutôt de marchandise, des travaux de fabrication de vidéocassettes,
hi
dès lors que les prestations du fabricant de celles-ci conduisent directement à la fabrication
ac
d’un objet matériel. La commande de travaux d’imprimerie, concrétisée par des journaux,
des magazines, est accessoire des dits… ouvrages, et ils font partie de la libre circulation des
aM
marchandises. Un arrêt du 7 mai 1985 COMMISSION c/ FRANCE le rappelle.
Bref, toute activité qui conduit à la mise sur le marché d’un objet matériel est
/L
Si les marchandises sont accessoires d’un service, alors, la libre circulation des
co
l’importation de matériel publicitaire concernant les loteries. Pas de bol. Les douanes
britanniques saisissent ces enveloppes, et ne les distribuent surtout pas. La Cour considère
w
que ces enveloppes ne servaient qu’à organiser la loterie, elles n’étaient que l’accessoire du
w
service.
Section 1
La suppression des droits de douane et TEE
ne
Paragraphe 1er
hi
Le sens classique de l’exigence (Art. 23 et 25)
ac
Les Art. 2311 et 2512 TUE posent les interdictions. L’Art. 23 évoque précisément
aM
l’interdiction entre les États membres, d’une part, des droits de douane à l’importation,
d’autre part, l’interdiction de toute taxe d’effet équivalent.
/L
m
a été assez rapide, elle n’a pas suscité beaucoup de difficultés. On peut considérer que
l’objectif de suppression des droits de douane entre la CEE puis UE a été atteint au 1er juillet
w
1968. Cette rapidité n’est pas due à l’Euromillion. Les droits de douane sont aisément
w
identifiables. Identifiés, ils ont pu être facilement supprimés. Cette situation contraste
grandement avec les taxes d’effet équivalent.
11
Art. 28 TFUE
12
Art. 30 TFUE
D’un point de vue théorique, les TEE devaient passer à la trappe au plus tard en
1970. En réalité, elles résistent. Elles perdurent pour deux raisons. La première, c’est le fait
que des États jouent des difficultés à les identifier pour les maintenir. D’autant plus que ça
rapporte. La qualification de TEE dépend du rôle du Juge. C’est lui qui fixe les critères
permettant de qualifier la TEE. Les décisions rendues par la Cour résultent de deux recours,
d’une part les recours en manquement exercés à l’initiative de la Commission contre les États
vu l’Art. 226 TUE13 ; d’autre part les questions préjudicielles posées par des juridictions
nationales au Juge communautaire, généralement sur l’initiative de particuliers.
ne
Ces critères ont évolué au gré des affaires soumises devant la CJCE. Au regard de
hi
l’arrêt du 14 décembre 1962 sur le Pain d’épice, la CJCE avait mis en avant l’identité
des effets produits par la taxe en rapport aux effets produits par un droit de douane.
ac
Une taxe serait d’effet équivalent parce que, précisément, elle produit les mêmes effets
aM
qu’un droit de douane, un résultat discriminatoire ou protecteur.
administratif. La Cour va proposer une définition de la TEE assez complète, en tout cas plus
co
Est une TEE au sens du Traité toute charge pécuniaire, fût-elle minime,
rib
Dans un arrêt COMMISSION c/ ITALIE du 21 juin 2007, concernant une taxe sur des
w
gazoducs passant sur le territoire de la Sicile, comme dans un arrêt du 8 novembre 2007
w
Le critère de charge pécuniaire est inné à la TEE. C’est une entrave tarifaire.
Contrairement aux mesures d’effet équivalent.
13
Art. 258 TFUE
Le critère de la raison d’être de la taxe implique que la taxe soit perçue en raison de
son franchissement à la frontière, en importation comme en exportation. Ce critère permet
d’exclure toutes les taxes fiscales intégrées dans un système général d’imposition… sauf
si l’on arrive à démontrer que se cache une TEE derrière… Quoi qu’il en soit, c’est ce critère
qui est à la base de la majeure partie des litiges.
ne
locaux qu’aux déchets importés. Cette taxe ne serait-elle pas une entrave à la circulation des
déchets. La Cours a considéré que la taxe n’était pas perçue en raison d’un passage à la
hi
frontière. La raison d’être restait le dépôt de déchets. La Cour considère donc cette taxe
ac
comme légale. aM
Dans un arrêt du 31 mai 1979, DENKAVIT, il s’agissait d’une taxe sur des viandes
importées, quand les produits similaires nationaux étaient exonérés. La Cour considère qu’il
y a TEE. Elle ajoute toutefois que si les produits nationaux sont aussi taxés, mais selon
/L
des critères différents qui les favorisent, la taxe pourra également être considérée comme
m
TEE.
co
Dans un autre arrêt du 21 juin 2007, COMMISSION c/ ITALIE, était en cause une
d.
taxe dite environnementale, instaurée en Sicile pour financer des investissements destinés à
réduire ou prévenir des risques pour l’environnement. Ces risques découlent de gazoducs
rib
installés sur le territoire de la Sicile. Pour le Gouvernement italien, le fait générateur était la
propriété de gazoducs. Ce n’est pas le franchissement de frontières. Que nenni répond la
.sc
CJCE, saisie par la Commission Européenne. Ce gazoduc transporte du gaz, du gaz qui
provenait de l’Algérie, transitant par la Sicile pour aller vers d’autres États membres. Cette
w
taxe entravait donc la circulation, l’exportation de gaz de l’Italie vers d’autres États membres.
w
Le fait générateur est qu’il n’y a pas de gazoduc sans gaz, qu’il en résulte donc l’entrave à la
circulation du gaz, donc une atteinte à l’union douanière, au tarif douanier commun, mais
w
encore à l’exportation du gaz vers les autres États membres. Cette taxe ne peut être qu’une
TEE.
ne
hi
A partir des arrêts de 1969, on avait retenu que le critère discriminatoire n’était pas
déterminant. Il n’est pas besoin de démontrer une discrimination, une protection du marché
ac
national pour caractériser une TEE. Cela dit, la notion de discrimination reste
implicitement présente. Lorsqu’il existe des productions nationales comparables aux
aM
productions importées, la taxation des seuls produits importés est bien un élément entrant
en jeu dans la qualification de TEE. On constate qu’un certain nombre de décisions
/L
déduisent la qualification de TEE du fait que la taxe n’affecte finalement que les produits
importés. Un arrêt du 11 juin 1992 est un bon exemple. Inversement, lorsque la taxe affecte
m
tant les produits locaux qu’importés, il est plus tendu d’affirmer qu’il y a TEE. Une taxe
perçue sur les véhicules automobiles, s’appliquant sans aucune distinction entre véhicules
co
nationaux et importés, n’est pas forcément une TEE. Un arrêt DIAS de juillet 1992
d.
Lorsqu’une taxe peut être considérée de taxe fiscale intérieure, alors, cette
w
L’Art. 90 TUE14 consacre l’imposition intérieure. Une telle qualification permet donc
d’exclure celle de TEE. La notion d’imposition intérieure consiste à exiger une imposition non
discriminatoire en parallèle de l’interdiction de la TEE. La CJCE affirme avec véhémence que
l’interdiction des impositions discriminatoires intérieures et des TEE constituent deux
prohibitions distinctes, mais encore exclusives l’une de l’autre. Si bien que le cumul de
qualifications est interdit. Deux arrêts le démontrent. Celui du 8 novembre 2007,
FROHLEINTEN, précité, et celui KOOSTRAP du 8 juin 2006, sur les crevettes.
Les difficultés surgissent quant à la distinction entre ces deux notions. Il est
d’autant plus ardu de les distinguer que les TEE ne sont pas forcément discriminatoires.
Elles peuvent affecter tant les produits importés que les produits nationaux. Finalement, le
critère principal de différenciation repose dans la raison d’être de la taxe.
14
Art. 110 TFUE
ne
Une difficulté peut apparaître pour la CJCE. Les circuits financiers peuvent
hi
l’empêcher de se prononcer. Dans ce cas, la Cour renvoie l’analyse au Juge national. Allez, tu
reprends ton dossier et pas de mais.
ac
b · Le prix d’un service rendu, avantage réel, facultatif, individuel et avec montant proportionné
aM
L’idée ici, c’est qu’une taxe qui frappe des produits, y compris importés, n’est pas
/L
inégale, car elle représente simplement le prix d’un service rendu à un importateur.
m
Les conditions d’admission de cette notion sont strictes. La Cour ne la retient que
co
rarement.
d.
bizarrement, du pétrole est visé, il arrive en Italie pour être réacheminé vers l’Allemagne et
l’Autriche. L’Administration italienne réclame à la société en charge certaines taxes à
w
l’occasion des opérations de débarquement. S’agit-il d’une TEE, interdite, ou d’un service
rendu à l’opérateur. Pour la CJCE, cette taxe ne constitue que la contrepartie, la
w
rémunération, le prix de l’utilisation des installations portuaires et eaux dont l’entretien est
w
assuré par les autorités italiennes. Un autre arrêt du 11 août 1995, GARNOROR, est une autre
application. Dans un arrêt du 17 mai 1983, COMMISSION C/ Belgique, la CJCE refuse de
considérer comme le prix d’un service rendu des droits dits de magasin qui frappaient des
marchandises importées et déposées dans des entrepôts douaniers pendant
l'accomplissement des formalités douanières. Elle refuse car il n’y a pas d’avantage réel,
pas de service rendu, mais une formalité obligatoire. Dans un arrêt du 30 mai 1989,
COMMISSION C/ ITALIE, la CJCE refuse encore la notion de service rendu. Les autorités
douanières réclamaient à un transporteur qui se présente en dehors des horaires d’ouverture
normaux des droits supplémentaires. Il n’y a pas ici de service rendu, et encore moins
d’avantage.
➁ Deuxième condition, il faut que le service rendu soit facultatif, et non pas
obligatoire. On ne peut pas réclamer des droits pour des contrôles sanitaires effectués à
l’importation. Ces contrôles sont obligatoires, ce ne sont pas des avantages ou des services
rendus. Le service doit être facultatif tout en procurant à l’opérateur économique un
avantage. L’arrêt du 5 février 1976 BRESCIANI voit la CJCE l’affirmer.
Mais que se passe-t-il lorsque la taxe, pourtant payée, est déclarée illégale ?
ne
L’arrêt du 19 novembre 1991 FRANCOVITCH l’avait affirmé. La norme violée doit
conférer des droits au particulier, la violation communautaire doit être suffisamment
hi
caractérisée, et enfin, il faut un lien de causalité entre le viol de l’obligation et le dommage
subi. Mais bon, ça ne permet que d’obtenir des dommages et intérêts.
Comment alors organiser cette action, le Juge national en est saisi, mais doit-il se
baser sur le droit interne ou le droit communautaire.
d.
rib
les modalités de remboursement de la taxe. Le risque, c’est que le renvoi au Droit national
restreigne les droits des requérants. En effet, les États membres peuvent être tentés de
w
limiter les recours en action pour répétition de l’indu, en adoptant une procédure
w
L’application des procédures internes ne doit pas avoir pour effet de rendre
impossible l’exercice de l’action. Dans une telle hypothèse, l’effectivité même du Droit
communautaire serait remise en cause. Un arrêt REWE du 16 décembre 1976 l’exprime.
Enfin, la Cour précise que les États membres ne peuvent imposer au requérant
comme condition au remboursement de prouver que ce dernier n’entraînerait pas
d’enrichissement injuste, de prouver l’absence d’une répercussion sur les clients du montant
ne
pourrait bien couter cher à l’État. Si bien que certains États ont avancé que cette
conception… radicale de la rétroactivité pouvait faire peser sur les finances nationales ou
hi
locales une épée de Damoclès. Plusieurs années peuvent s’écouler entre la saisine de la Cour
ac
et le rendu son arrêt. L’arrêt du 9 mars 1978 avait vu la Cour considérer que les règles
communautaires devaient produire leurs effets à partir de leur entrée en vigueur et ce
aM
pendant toute leur durée de validité. Dès lors, l’interprétation de la Cour précise le sens de la
norme communautaire telle qu’elle aurait dû être comprise depuis l’entrée en vigueur de la
norme. Cela signifie que l’illégalité affirmée par la Cour vaut pour la période antérieure à
/L
de limiter la portée dans le temps de son arrêt. Un arrêt du 7 novembre 1996, CADI-
d.
Paragraphe 2e
w
Extension de la notion
w
w
Des questions sont apparues à propos des départements d’Outre-mer, qui ne sont,
au risque de radoter, qu’associés au territoire douanier communautaire. Une taxe, l’octroi de
ne
mer, est perçue dans le cadre des importations dans les départements d’Outre-mer. Certains
opérateurs économiques ont contesté la validité de cette taxe au regard du Droit
hi
communautaire.
ac
A priori, c’est une entorse à la libre circulation des marchandises. Sa spécificité,
c’est qu’elle vise tant les produits provenant des États membres, que ceux de la métropole.
aM
Ce n’est pas un droit de douane stricto sensu. Ce n’est pas non plus d’une taxe fiscale,
car les produits locaux sont exonérés de cette taxe. De là à dire qu’il s’agit d’une TEE,
/L
encore fallait-il qu’il réponde à ses critères. Trois questions pouvaient se poser. ➀ La
première, c’est de savoir si une taxe perçue à une frontière régionale, et non nationale, bref
m
lors de l’introduction d’une marchandise sur une partie d’un territoire national, peut être
co
considérée comme TEE. ➁ Ensuite, savoir si une taxe non perçue sur les seules marchandises
des autres États membres mais qui frappe aussi celles de l’État concerné, peut-elle être
d.
encore qualifiée de TEE. ➂ En cas d’illégalité, celle-ci vise-t-elle également les importations en
provenance de la métropole ?
rib
Cour a fourni des réponses à deux des questions précitées. Ainsi, une taxe perçue à une
frontière régionale en raison de l’introduction de produits dans une région d’un État
w
membre, constitue une entrave au moins aussi grave à la libre circulation des
marchandises qu’une taxe perçue à une frontière nationale d’un État. La frontière
régionale est donc assimilée à la frontière nationale. Une telle taxe « heurte » l’unicité du
territoire douanier communautaire. Le fait que les marchandises métropolitaines soient
également taxées est inopérant.
M’enfin, l’octroi de mer reste perçu dans les départements d’Outre-mer. Tous les
produits, mêmes locaux sont aussi taxés. Mais on exonère certaines catégories de produits
locaux. Le Conseil des ministres a accepté cela dans une décision rendue de 1989 et
confirmée en 2003. La raison d’être n’est plus le franchissement des frontières, l’assiette de
l’octroi de mer a été élargie, le transformant en taxe fiscale… le régime de l’octroi de
mer ainsi modifié a été prorogé jusqu’en 2014 par une décision du 10 février 2004. A
priori, les 27 pays membres sont beaucoup moins chauds sur le fait de laisser survivre cet
octroi modifié.
ne
hi
Section 2
L’interdiction des impositions intérieures discriminatoires ac
aM
L’Art. 90 TUE15 la prévoit. Elle est rangée dans les dispositions fiscales, non celles
/L
indirectement les produits nationaux similaires. L’imposition intérieure, c’est la fiscalité hein.
Le second alinéa estime en outre qu’aucun État membre ne frappe des produits des autres
.sc
Cet article se réfère directement aux produits des autres États, aux importations,
donc à la libre circulation. Dans les deux cas, il s’agit d’éviter de pénaliser les produits
w
des autres États par rapport aux produits nationaux similaires ou par rapport aux
w
15
Art. 110 TFUE
L’Art. 90 est également appliqué à la fiscalité sur les exportations, alors même
qu’à sa lecture, elles ne sont pas ciblées. La CJCE considère comme incompatible avec ledit
article toute discrimination fiscale à l’encontre des produits destinés à l’exportation. L’Art. 90
apparaît basé sur un principe général d’interdiction des discriminations en matière fiscale,
qui inclue par analogie les exportations. Plusieurs arrêts l’illustrent. L’arrêt NYGARD du 23
avril 2002 (les porcs…), ou l’arrêt KOOSTRAP du 8 juin 2006 (les crevettes…). Une taxe fiscale
qui pénalise les exportations est de nature à les décourager et affecte par conséquent la
circulation des marchandises. On peut se demander quel est l’intérêt pour un État de taxer
plus lourdement les exportations. L’intérêt peut viser la protection de certaines
productions.
ne
La conception large se traduit encore par le fait que la CJCE ait refusé toute
distinction entre produit importé et utilisation des produits importés. Elle a refusé de
hi
dissocier la taxation de produits proprement dite et la taxation de l’utilisation qui est faite de
ac
ces produits. La Cour a pris cette position à propos de la taxation en France de l’exploitation
des appareils automatiques de jeu mis à la disposition du public dans certains
aM
établissements. La France invoquait qu’elle n’entendait pas taxer la production ou
l’importation de ces machines, mais leur seule utilisation. L’arrêt LAMBERT (≈⋲) du 15 mars
1989 l’exprime.
/L
m
L’objectif de l’Art. 9016 n’est pas fondamentalement différent de celui poursuivi par
17
l’Art. 23 , relatif aux effets équivalents. Le but reste de ne pas décourager les exportations,
co
plus généralement la circulation des marchandises. Encore une fois, on relève un certain
parallélisme des deux textes. La CJCE a précisé que dans le système du Traité
d.
suppression des droits de douanes et d’effets équivalents, ont pour but d’assurer la
libre circulation des produits à l’intérieur de la Communauté, dans des conditions
.sc
Si bien que la frontière entre les deux textes apparaît assez ténue.
16
Art. 110 TFUE
17
Art. 28 TFUE
Bon mais en tout cas, ce qui est certain, c’est la nécessité d’avoir un système
transparent, une législation nationale suffisamment transparente pour faire la part des
choses.
ne
La CJCE s’est posée le 3 février 2000 des questions dans un arrêt DOUNIAS.
hi
Dans cet arrêt, la Cour s’est dispensée de qualifier la charge au regard des Art. 23 et 90 TUE.
ac
Il s’agissait en l’espèce d’une taxe sur la régulation d’ordinateurs importés. La Cour a
invoqué qu’à partir du moment où cette charge sur les ordinateurs n’était imposée que sur
aM
les produits importés, elle ne faisait pas nécessairement partie d’un régime d’imposition,
plutôt d’un régime de TEE. La Cour poursuit en soulevant qu’il suffit de constater qu’en
imposant une taxe supplémentaire uniquement sur les produits importés, la taxe est
/L
intrinsèquement discriminatoire. Dès lors, elle est contraire, soit devant l’Art. 23 soit devant
m
l’Art. 90. La Cour rejette la distinction devant les juges nationaux. L’essentiel dans cet
arrêt, c’est de sabrer la charge. La Cour entendait amoindrir la distinction.
co
d.
effet, à la différence des TEE, les impositions intérieures ne sont pas interdites par
principe, compte tenu notamment de la souveraineté fiscale des États. L’interdiction
.sc
apparaît moins forte que pour les TEE. Seules sont prohibées les impositions intérieures
discriminatoires. Finalement, une différence de règle fiscale entre produits nationaux et
w
produits importés demeure théoriquement possible, dès lors qu’elle ne défavorise pas les
w
répétition porte sur la totalité de la taxe. Elles sont interdites, donc en tant que telles, on les
rembourse. Ce qui est injustement perçu doit être rendu. En cas d’imposition intérieure
discriminatoire, le remboursement ne porte que sur la partie discriminatoire, pas sur la
totalité de l’imposition intérieure. Seule est illégale la partie discriminatoire. Dans l’arrêt
DOUNIAS, il faudra que le Juge national se bouge le popotin pour que soit déterminé ce qui
doit être remboursé.
Paragraphe 2e
Les conditions d’application de l’Art. 90 TUE
L’Art. 90 §1 évoque une double notion, qu’il convient de définir. Il faut définir la
notion de produit similaire. Bon, mais c’est quoi un produit similaire ? Ensuite, on
s’intéressera sur la notion de discrimination.
ne
considérant ces produits similaires. Il s’agit pour la CJCE de boissons alcoolisées
suffisamment communes.
hi
ac
L’absence de similarité doit résulter de critères objectifs. En effet, l’utilisation de
matières premières distinctes, de procédés de fabrication distincts, exclue la similarité,
aM
quand bien même il y aurait un usage identique. D’où la possibilité alors d’imposer des
niveaux de taxe différents. Dans un arrêt du 14 janvier 1981, CHEMIALFARMACEUTICI,
la transformation de l’éthylène donnant lieu à un alcool de synthèse était taxée en Italie plus
/L
lourdement que l’alcool issu de la formation des produits agricoles. La Cour accepte la
m
outre que les alcools de synthèse étaient majoritairement imposés. La discrimination n’est
toutefois pas relevée. La différence de procédés de fabrication permet d’exclure la
d.
discrimination. Dans un arrêt John WALKER du 4 mars 1986, la CJCE considère que le
rib
Whisky ne pouvait pas être considéré comme un… vin de fruit genre les vins de liqueur. Le
Whisky est à base de la distillation de céréales, quand les liqueurs reposent sur la
.sc
B · La différence de charge fiscale entre les produits importés et les produits similaires nationaux
w
Bref, la discrimination.
➀ L’Art. 90 exclue toute différence dans les taux d’imposition. C’est une
exigence d’identité des taux. Le 17 novembre 1992, la CJCE établit dans un arrêt
COMMISSION C/ GRÈCE que la Grèce appliquait un taux différent aux voitures importées et
aux voitures assemblées sur place, qu’il en résulte une différence de taux discriminatoire.
➁ Il faut encore une identité des modes de calcul. L’Art. 90 le régit. Une
différence se traduirait par des montants supérieurs pour les produits importés. L’arrêt REWE
du 17 février 1976 le démontre. Dans cet arrêt, l’imposition uniforme visait un premier cas,
l’imposition progressive dans un second cas. Il y a différence de calcul. Pan.
La différence dans les modes de calcul vise aussi la valeur imposable. Celle-ci doit
être identique. Dans l’arrêt précité DOUNIAS du 3 février 2000 (charge sur des ordis…), la
ne
En dehors de cette hypothèse d’imposition indirecte, la CJCE considère que les
hi
impositions fondées sur le type de moteur, la cylindrée, ou le classement environnemental,
sont plus neutres, donc admissibles. Dans un arrêt du 5 octobre 2006, NADASDI, la Cour vise
ac
une taxe sur l’immatriculation des véhicules en Hongrie. La raison d’être de cette taxe n’est
pas le franchissement des frontières, mais la mise en conformité légale des véhicules.
aM
/L
BELGIQUE.
w
Section 3
La suppression des restrictions quantitatives
et des mesures d’effet équivalent
Cette question amène au contentieux le plus nourri devant la CJCE. Sont en
cause les Art. 28 et 29 TUE18. L’Art. 28 prévoit que les restrictions quantitatives à
l’importation, ainsi que toute mesure d’effet équivalent, sont interdites entre États membres.
L’Art. 29 vise lui l’exportation. Au fond, ces dispositions sont d’effet direct. Elles peuvent être
invoquées devant des juridictions nationales au même titre que les Art. 23 et 90. Les
particuliers se sont fait plaisir. La jurisprudence va surtout porter sur les mesures d’effet
équivalent. La jurisprudence est aussi extensive sur la notion. Le fait le plus notable de cette
conception extensive, c’est le caractère général reconnu à l’Art. 28. Dans un arrêt du
3 mars 1988, BERGANDI, la CJCE considère que l’Art. 28 visait toutes les mesures
entravant les importations qui ne sont pas déjà spécifiquement visées par d’autres
dispositions du Traité. Toute entrave qui ne relève pas d’un texte spécial peut se faire
guillotiné au titre de l’Art. 28.
ne
hi
L’Art. 28 comporte donc une prohibition générale des restrictions à la libre
circulation des marchandises.
ac
aM
C’est pourquoi on le place sur un piédestal dans la lutte des obstacles à la libre
circulation. Une mesure relative à l’emballage d’un produit pourrait être un obstacle à la
libre circulation, de même qu’une mesure afférente à la présentation d’un produit, de même
/L
que les horaires d’ouverture. Ahh… En tout cas, on dépasse largement les entraves tarifaires.
L’Art. 28 s’intéresse à toute entrave à la libre circulation qui n’est pas tarifaire. Cette
m
l’Art. 28, a été quelque peu critiquée par les États. Au fil de l’évolution de la jurisprudence de
la CJCE, les diverses réglementations des États ont été remises en cause.
d.
Paragraphe 1er
w
18
Art. 34 et 35 TFUE
ne
mesure d’effet équivalent dès lors que l’État membre concerné avait accordé un soutien
moral, financier, à cette campagne, quand bien même aucun acte juridique contraignant
hi
n’avait été adopté. Une telle campagne marque une volonté du Gouvernement irlandais à
ac
substituer les produits nationaux aux produits intérieurs sur le marché national irlandais.
aM
La CJCE considère que l’abstention d’un État peut être également une mesure
d’effet équivalent.
/L
d’agriculteurs contre les produits espagnols et belges engendre des violences. La CJCE
condamne la France à cette occasion en considérant que la France s’était bizarrement
co
abstenue de prendre les mesures requises pour faire face à une entrave manifeste à la libre
circulation. Il s’agissait pourtant de comportements privés mais la Cour établit que le seul fait
d.
de la laisser faire, de ne pas prendre des mesures pour y faire face, est constitutif d’une
rib
mesure d’effet équivalent. L’Art. 28 TUE impose en effet aux États non seulement de ne pas
adopter eux-mêmes des actes ou des comportements susceptibles de caractériser des
.sc
obstacles aux échanges, mais impose également aux États membres de prendre toutes les
mesures nécessaires et appropriées pour assurer le respect de la libre circulation des
w
Dans une autre affaire, celle du 12 juin 2003, SCHMIDT-BERGER, déjà vue (la libre
w
Ces mesures discriminatoires sont la forme la plus évidente des mesures d’effet
équivalent. S’il existe réellement au sein d’une législation une discrimination à l’encontre des
produits importés, cette discrimination est un obstacle à la libre circulation.
ne
Le fait que des articles de bijouterie, importés d’autres États membres, doivent
hi
revêtir le terme foreign, constitue une discrimination. L’arrêt SOUVENIR D’IRLANDE du 17 juin
ac
1981, COMMISSION C/ IRLANDE l’illustre. aM
Un décret qui interdit l’importation en Italie d’autobus usagés, dont la construction
remonte à plus de 7 ans, en invoquant des conditions de sécurité, est contraire à l’Art. 28,
dès lors que cette interdiction n’existe pas sur un plan national. L’arrêt COMMISSION C/
/L
Une méthode de fixation des prix favorisant des produits nationaux est également
co
une mesure d’effet équivalent. Une affaire du 9 juin 1988, COMMISSION C/ ITALIE, voit une
réglementation en matière de médicament ne pas prendre en compte dans la fixation du prix
d.
les frais et charges liés à l’importation du produit. Si bien que la vente des médicaments
rib
importés se faisait presqu’à perte, favorisant donc les médicaments non importés. Là encore
l’Italie se fait sabrer.
.sc
seuls produits fabriqués sur le territoire national, et élaborés à partir de matières premières
nationales, est une réglementation discriminatoire. Elle favorise les produits nationaux,
w
constitue donc une entrave au commerce au sens de l’Art. 28. L’arrêt PISTRE du 7 mai 1997 le
w
démontre.
L’Art. 29 TUE vise les différenciations fondées sur le pays de destination. Elles
sont également interdites. Elles sont constitutives de mesures d’effet équivalent. Des normes
de qualité ne s’appliquant qu’aux seuls produits destinés à l’exportation, à l’exclusion donc
des produits commercialisés à l’intérieur d’un État, sont jugés contraires à la libre circulation.
Le but de l’Art. 29, c’est en effet d’interdire toute mesure ou réglementation qui a pour effet
de restreindre les exportations, aboutissant à une différence de traitement entre le commerce
intérieur d’un État et le commerce d’exportation. Un arrêt du 9 juin 1992 DELHAIZE l’affirme.
En l’espèce, un importateur de vin situé en Belgique achète en masse auprès d’un
producteur espagnol, qui se révèle bloqué par une mesure espagnole limitant l’exportation
en vrac et obligeant une mise en bouteille située dans la région de production. Pour la CJCE,
cette réglementation est contraire à l’Art. 29, d’une part pour la limitation quantitative,
d’autre part pour l’avantage donné aux entreprises espagnoles d’embouteillage situées dans
la zone de production.
Cette prise de position n’a pas été celle initialement envisagée par la Commission
européenne. Dans la directive du 22 décembre 1969, la Commission européenne
accordait une présomption de légitimité aux mesures indistinctement applicables. Cette
présomption pouvait être renversée toutes les fois que les mesures nationales dépassaient les
effets propres de réglementations de commerce, bref allant au-delà du réel. La position était
ne
cependant ambiguë car il fallait dissocier le normal de l’anormal.
hi
Finalement, c’est grâce à la CJCE que tout a bougé.
ac
L’arrêt DASSONVILLE du 11 juillet 1974 est ainsi un premier tournant. La CJCE
aM
donne une définition des mesures d’effet équivalent :
lot… de scotch whisky. In vino veritas. Le fait d’exiger un certificat d’origine dans ces
rib
conditions constitue une mesure d’effet équivalent. Celui qui importerait directement du
Royaume-Uni ne serait pas confronté de la même manière à celui qui passe par la France,
.sc
d’où une gêne, révélatrice d’une entrave indirecte au commerce, à la libre circulation. L’arrêt
y ajoute le terme d’entrave potentielle histoire de ratisser large.
w
ne
Cette jurisprudence entend supprimer les obstacles à la libre circulation que
constituent les barrières techniques liées à la spécificité des normes nationales, tout au moins
hi
incluses dans les législations nationales.
ac
Les réglementations qui concernent les caractéristiques des produits, leur
aM
dénomination, composition, forme etc. Ces réglementations sont suspectes en tant que
mesures d’effet équivalent car elles rendent les importations plus coûteuses. Une
réglementation relative au conditionnement d’un produit, qui est appliquée à un produit
/L
rappeler que ces réglementations obligent à des fabrications différenciées selon les États de
co
une mesure d’effet équivalent, car c’est un obstacle à l’importation en Italie de pâtes
légalement obtenues… à partir de blé tendre mais dans un autre État. Un arrêt du 10
.sc
novembre 1982, RAU, vise une réglementation belge qui n’autorise à vendre au détail de la
margarine qu’en emballage de forme… cubique. Buk. La CJCE considère que c’est pas bien !
w
C’est une mesure d’effet équivalent qui rend plus difficile, plus onéreuse l’importation de ce
w
ne
hi
Compte tenu de la subsistance de nombreuses entraves à la libre circulation, le
ac
rapprochement des législations nationales par l'harmonisation des législations apparaît plus
efficace pour assurer cette libre circulation. Plus le contenu des droits nationaux est
aM
homogène, mieux la libre circulation sera assurée.
mise en cause a posteriori des législations nationales. Bref on cherche à agir en amont. La
m
succession de la condamnation des États n’est pas la plus constructive des méthodes qui soit.
co
s’articule-t-il entre le Droit primaire (Art. 28) et le Droit dérivé (les directives d’harmonisation) ?
En présence d’une harmonisation complète ou harmonisation totale, l’analyse se fait au
w
regard du Droit dérivé. Si l'harmonisation n’est pas complète, pour les matières harmonisées
on regarde toujours le Droit dérivé, et ce qui est incomplet sera visé par l’Art. 28.
w
w
Les États peuvent invoquer l’Ordre public mais l’Art. 95 §5 permet aux États,
postérieurement à une directive d'harmonisation, d’adopter des mesures nationales basées
sur des preuves scientifiques nouvelles qui prennent en compte l’apparition d’un problème.
19
Art. 114 TFUE
20
Art. 36 TFUE
La CJCE a étendu son contrôle à des réglementations qui ne visent pas seulement
les caractéristiques des produits, à des réglementations relatives aux modalités de vente sur
lesquelles l'harmonisation n’a que peu d’impact.
ne
qu’en sabrant ces mesures, la CJCE entend non seulement à éviter que les importations
soient défavorisées, mais tout bonnement à favoriser le commerce. Allez hop, on
hi
condamne toute mesure susceptible de restreindre le commerce. Toutes les réglementations
ac
qui encadrent ou limitent les modalités de vente, sous réserve d’Intérêt général, peuvent
s’attendre au pire.
aM
La Cour entend mener la vie dure aux interdictions de commercialiser un produit,
même si elles sont indistinctement applicables. Les réglementations nationales qui s’y
/L
égarent sont assimilées à des mesures d’effet équivalent, parce qu’elles entravent le
m
salle d’un film. A l’époque… 1 an. La CJCE la condamne. Même si elle touche tout film,
qu’elle ne rend pas plus coûteuse l’importation de films étrangers, ou la production de film.
.sc
Retarder la commercialisation, c’est une entrave à la libre circulation, donc une mesure
d’effet équivalent. La France a dû revoir sa copie, fixant le délai à 6 mois. Il devrait être de
plus en plus réduit…
w
w
ligne de mire de la CJCE. Ce sont typiquement des cas de modalité de vente. La CJCE,
obstinée, a ainsi mis en cause tout un tas de réglementations nationales indistinctement
applicables.
Dans une décision du 16 mai 1989, un arrêt BUET, la Cour s’intéresse à une
interdiction française de démarchage sur la vente de matériel pédagogique. La Cour
condamne car cette interdiction prive les autres acteurs économiques vendant du matériel
pédagogique d’une méthode de promotion.
Paragraphe 2e
Les conséquences de cette conception extensive
Les interrogations, formulées par autorités nationales, deviennent légions. La Cour
a dû reconsidérer sa position. Elle a tenté d’encadrer de manière un peu plus précise la
notion de mesure d’effet équivalent.
La tentative a pris une double forme. Elle a exclu de l’Art. 28 les mesures dont les
effets sont jugés trop indirects et aléatoires. Elle a encore exclu de l’Art. 28 les mesures
concernant les modalités de vente non discriminatoires.
A · L’exclusion du champ de l’Art. 28 des mesures dont les effets sont trop indirects et aléatoires
La Cour affirme traditionnellement qu’un effet restrictif, même négligeable,
ne
suffit à la qualification de mesure d’effet équivalent. En dépit de cette affirmation, un
premier tempérament a eu lieu.
hi
ac
Un arrêt KRANZ du 7 mars 1990, a traité d’une législation permettant à
l’Administration fiscale de saisir des biens chez un commerçant, même si ces biens
aM
proviennent d’un fournisseur d’un autre État membre, même si ces biens ont été vendus à
crédit avec une clause de réserve de propriété. Cette législation n’est pas contraire à l’Art. 28.
En effet, la circonstance, que les fournisseurs des autres États hésiteraient à vendre à crédit à
/L
des acheteurs de l’État membre concerné, parce que ces biens risqueraient d’être saisis en
m
dépit d’une clause de réserve de propriété, est trop aléatoire et indirecte pour que la
législation soit considérée comme contraire à l’Art. 28.
co
Autre exemple, l’arrêt YAMAHA du 13 octobre 1993, où est en cause une règle
d.
que le concessionnaire n’entend pas assurer pas la garantie des produits qui passent par des
circuits autres que ceux du concessionnaire. La CJCE rejette la qualification de MEE, prenant
.sc
en compte l’absence d’effet direct. L’effet est trop aléatoire et indirect. Elle précise que ce
n’est pas l'obligation d’information qui est à l’origine du risque d’entrave à la circulation,
w
mais plus la circonstance que les concessionnaires ne garantissent pas les produits issus de
circuits parallèles.
w
w
Finalement, un effet restrictif même négligeable mais certain, probable, sur la libre
circulation peut conduire à la qualification de mesure d’effet d’équivalent. Si cet effet est
aléatoire, peu probable, indirect, la qualification de MEE aura beaucoup moins de chance
d’être retenue.
21
Cf. Cours de Droit international privé.
La CJCE s’interroge cependant sur le fait que cette éventualité suffise à la qualifier
de MEE.
ne
La Cour indique que, « étant donné que les opérateurs économiques invoquent de
hi
plus en plus l’Art. 28 du Traité pour contester toutes espèces de réglementations qui ont
ac
pour effet de limiter leur liberté commerciale, même si elles ne visent pas les produits en
provenance d’autres États membres, la Cour estime nécessaire de réexaminer et de
aM
préciser sa jurisprudence en la matière ».
qui a été jugé ici, n’est pas apte à entraver directement ou indirectement, actuellement ou
m
relatives aux conditions, caractéristiques, des produits, qui rentrent dans la catégorie
de MEE, avec d’autre part les mesures qui limitent ou interdisent certaines modalités
.sc
à Moralité
w
Les mesures relatives aux caractéristiques des produits sont toujours des
w
MEE.
Les mesures relatives aux modalités de vente ne sont pas MEE, sauf si elles
sont discriminatoires. Mais si elles ne le sont pas, a priori, on ne les interdit
pas.
Les mesures relatives aux modalités de vente ne sont finalement pas des MEE sauf
si elles revêtent un caractère discriminatoire. Encore faut-il que ces mesures
s’appliquent à tous les opérateurs concernés et qu’elles affectent de la même manière,
en droit comme en fait, la commercialisation des produits nationaux et des produits en
provenance d’autres États membres.
22
Petite piqûre de rappel : « La mesure d’effet équivalent est définie comme toute réglementation
commerciale des États membres susceptible d’entraver directement ou indirectement, actuellement ou
potentiellement, le commerce intracommunautaire ».
ne
gêne en fait d’avantage l’accès des produits en provenance d’autres États membres. Les
effets sont suffisamment restrictifs, pas assez aléatoires, alors pan, la mesure est d’effet
hi
équivalent.
ac
Dans un arrêt du 11 septembre 2008 opposant Commission et Allemagne, vise la
aM
législation allemande relative à la fourniture des médicaments aux hôpitaux allemands.
Ceux-ci peuvent s’approvisionner à la pharmacie interne, d’un autre hôpital soit auprès
d’autres pharmaciens. Sous condition. La livraison doit être régulière, associée à des conseils
/L
réguliers, bref le pharmacien doit participer activement. Pour la Commission, il s’agit d’une
m
mesure relative aux modalités de vente tombant sous la coupe de l’Art. 28. Les conditions
mises à l’externalisation gênent d’avantage l’accès des pharmacies situées dans d’autres
co
États membres. La CJCE suit la position invoquée par la Commission. Les conditions posées
supposent une proximité géographique entre la pharmacie et l’hôpital, rendant plus difficile
d.
l’accès aux pharmacies des autres États membres. Il y a risque d’entrave. La Mesure est
rib
d’effet équivalent.
.sc
Avec un arrêt du 20 juin 1996 SEMERANO CASA UNO, la fermeture dominicale est
ciblée. Des exploitants de centres commerciaux, sanctionnés, font valoir qu’une part
w
importante de leur chiffre d’affaire est réalisée sur des produits d’autres États membres. En
interdisant leur ouverture le dimanche, cela a un effet restrictif sur la circulation des
w
marchandises. La Cour va farfouiller dans le marché italien pour constater que ce marché est
w
L’arrêt du 11 février 1995 voit être visée une mesure nationale relative à l’interdiction
en France de la publicité télévisée en faveur du secteur de la distribution. Bon depuis 2007,
c’est possible. Mais bon, en 1995, la Cour retient que cette mesure est indistinctement
applicable et confirme que les dites mesures sont bien relatives aux modalités de vente,
relève de la jurisprudence KECK-MITHOUARD, condamnables que dans le cas où il y a
discrimination.
ne
est relevée. La mesure a beau affecté le volume global des produits vendus, ce constat est
insuffisant pour conclure à la discrimination. Il faut réellement savoir si la réglementation
hi
affecte les produits importants. La CJCE ne s’estime pas en mesure de se prononcer. « Les
éléments dont dispose la Cour ne lui permettent pas de déterminer avec certitude (…), il
ac
appartient à la juridiction de renvoi de vérifier s’il y a un effet discriminatoire ». D’où l’intérêt
du renvoi préjudiciel ?
aM
Finalement, la jurisprudence KECK MITHOUARD a une conséquence sur la
/L
limitation des ventes de produits à certains circuits de distribution. Avant cette jurisprudence,
l’extension de la MEE conduisait la Cour à condamner irrémédiablement la limitation des
m
conduit à abandonner cette solution s’il n’existe pas d’effet discriminatoire à l’encontre des
produits importés. Cette jurisprudence permet de préciser la notion de MEE. Elle évite le
d.
mouvement de déréglementation totale au sein des États. Elle limite de fait la conception
trop extensive de MEE. Enfin elle engendre un certain nombre de difficultés.
rib
Ces difficultés concernent d’abord les règles visant les modalités de vente (horaires,
points de vente, publicité…)
w
w
Les modalités de vente sont les règles qui limitent ou interdisent certaines
formes de publicité, ou restreignent la possibilité de faire de la pub pour certains
produits. Ce sont les règles qui interdisent certains moyens de promotion de vente, règles
qui limitent les heures et les jours d’ouverture de magasins, et les règles qui déterminent les
points de vente où peuvent être écoulés les produits (établissement fixe, ambulant, etc.…).
Les jurisprudences qui suivent tournent autour du pot pour tenter de cerner la
notion de modalité de vente. Je les cite à titre indicatif pour les gourmands qui voudraient en
savoir plus (?). Ce sont les arrêts CJCE, 6 juillet 1995, Mars ; CJCE, 26 juin 1997,
FAMILIAPRESS ; CJCE, 8 mars 2001, GOURMET ; CJCE, 18 septembre 2003, MORELLATO ; et
CJCE, 20 septembre 2007, COMMISSION c/ PAYS-BAS.
Il faut bien distinguer, d'une part, les mesures relatives aux conditions auxquelles
doivent répondre les caractéristiques des produits: arrêt Cassis de Dijon s'applique; leur effet
restrictif est acquis (sauf justification, voir plus bas).
Il y a également les mesures qui concernent les modalités de vente: MEE que si elles
ont un effet discriminatoire, ce qui signifie qu'elles ne doivent pas en fait être de nature à
gêner davantage l'accès aux marchés nationaux, ou ne doivent pas empêcher l'accès à ces
marchés nationaux. La condamnation des MEE dépend aussi du caractère certain de l'entrave
aux échanges, et s'il y a un effet aléatoire ou indirect d'une mesure, l'effet discriminatoire ne
sera pas retenu.
ne
Il reste cependant important de prendre en compte le caractère indirect d’une
discrimination. La discrimination indirecte oblige à se demander si dans les faits la mesure ne
hi
gêne pas davantage les produits importés. Il y a une vraie difficulté d’appréciation.
ac
aM
Chapitre III
/L
m
L’Art 30 TUE23 énonce des justifications aux restrictions à la libre circulation. Genre
la notion d'exigence impérative d'intérêt général, inaugurée par l'arrêt CASSIS DE DIJON.
.sc
d'entraver la libre circulation au nom de l'Intérêt général. Ainsi, ne peuvent être maintenues
w
dans les Etats que les mesures qui poursuivent un tel but d'intérêt général. Ces deux
w
Section 1
Les limites de l’Art. 36 TFUE (ex Art. 30)
Selon cet Art. 30, les dispositions des articles 28 et 29 TUE24 ne font pas obstacle aux
interdictions ou aux restrictions d'importation, d'exportation ou de transit justifiées par des
raisons de moralité publique d'ordre public, de sécurité publique, de protection de la santé,
de la vie des personnes et des animaux, ou de préservation des végétaux, de protection des
23
Art. 36 TFUE
24
Art. 34 & 35 TFUE
Ø Buk ?25
Ø Est-ce une caractéristique ou une modalité de vente?
Ø Est une MEE?
Ø Y a-t-il une raison d'intérêt général?
Ø Sans oublier un contrôle de proportionnalité de la raison d'intérêt général
ne
Paragraphe 1er
hi
Les règles d’interprétation de l’Art. 30
ac
aM
Lorsqu'il s'agit de protéger l'Intérêt général, il n'y a pratiquement pas de domaine
réservé pour les Etats. Bien que ces raisons d'Intérêt général soient liées aux intérêts
nationaux des Etats, la CJCE refuse de considérer l’Art. 30 comme un domaine réservé aux
/L
Etats, qui serait exclusivement lié à leur souveraineté, et qui serait donc soustrait à son
contrôle.
m
co
Les Etats demeurent certes libres de choisir des raisons qui permettent de justifier
des restrictions (au sein de l'article 30), il n'en reste pas moins que ce choix tombe sous le
d.
recours par les Etats à l'article 30. Si ce n'était pas le cas, la notion de MEE n'aurait plus de
sens, car les Etats entraveraient sans arrêt la libre circulation en invoquant cet article 30.
.sc
Par son contrôle, la Cour refuse tout motif économique, et en particulier, elle
w
vérifie que, sous couvert des raisons prônées par l’Art. 30, ce ne sont pas en réalité des motifs
w
économiques qui motivent les mesures nationales. Donc, en aucun cas des difficultés
w
Paragraphe 2e
Les motifs de dérogation le plus souvent invoqués
A · La moralité publique, l’ordre public et la sécurité publique
Dans ces trois hypothèses, il s’agit de protéger les intérêts essentiels de l’État. La
sécurité publique et l’ordre public visent surtout la circulation des personnes. S’agissant
des marchandises, si ordre public et sécurité publique interviennent, c’est surtout la
moralité publique qui y a intérêt.
ne
pornographiques… indécents, obscènes est discriminatoire mais qu’en raison de la moralité
publique, l’interdiction peut se justifier. Un arrêt du 14 décembre 1979 le démontre. La Cour
hi
accepte la moralité publique pour permettre au Royaume-Uni d’apposer cette interdiction.
ac
Elle a considéré à cette occasion que les États membres demeuraient libres de déterminer les
exigences de moralité sur leur territoire, selon leur propre échelle de valeurs, et selon la
aM
forme de leur choix. Il y a ainsi une certaine autonomie des États. Les États ne sont donc pas
tenus de s’aligner sur les valeurs des autres.
/L
mesure. La Cour va vérifier qu’un État qui s’amuse à invoquer des raisons de moralité
co
publique pour justifier des atteintes à la libre circulation des marchandises, donc d’interdire
leur importation, a lui-même pris les mesures nécessaires pour empêcher la circulation des
d.
marchandises sur son territoire. Dans l’arrêt CONEGATE du 11 mars 1986, les autorités
rib
pas validé la mesure d’interdiction, dans la mesure où la Loi britannique ne contenait aucune
interdiction de production, de commercialisation des poupées gonflables. Il s’agit finalement
d’une exigence de non-discrimination.
w
w
Cette exigence de santé publique vise également les réglementations sur les
médicaments. A ainsi été justifié l’enregistrement de tout médicament commercialisé aux
Pays-Bas. L’arrêt KORTMANN du 28 janvier 1981 le démontre.
ne
Certaines personnes ont contesté en France que la vente de lentilles de contact soit
hi
réservée aux opticiens. Dans un arrêt du 25 mai 1983, LABORATOIRES DE PROTHÈSES
ac
OCCULAIRES, la Cour repousse cette contestation. aM
Bref, la difficulté porte surtout sur la nécessité de la mesure. Un arrêt du 28
septembre 2006, ANDERS, où un régime finlandais d’autorisation préalable d’importation
d’alcools visait des importations. La Cour admet les raisons de santé publique mais renvoie
/L
du 8 novembre 2007, LUDWIGS, voit être en cause une mesure d’interdiction allemande de
publicité sur les médicaments. La santé publique est invoquée. La Cour met sur un piédestal
co
la santé publique parmi les biens et intérêts protégés par l’Art. 30.
d.
Juge national. On ne pas tellement dire qu’il y ait une cohérence de la CJCE.
w
w
L’Art. 30 vise en matière de marque à protéger les titulaires de la marque contre les
risques de confusion de nature à permettre que des tiers tirent indument partie de la
réputation des produits du titulaire de la marque. C’est la raison pour laquelle il est admis
qu’une entreprise titulaire d’une marque puisse s’exciter contre la commercialisation de
produits similaires aux siens, quand bien même ils auront été régulièrement fabriqués dans
un État membre. Le titulaire d’une marque devra invoquer le risque de confusion.
Paragraphe 3e
Les conditions d’application de l’Art. 30
L’Art. 30 exprime que les interdictions ou restrictions ne doivent pas être une
ne
mesure de discrimination arbitraire ni une restriction arbitraire entre États membres.
L’idée est d’éviter tout abus dans l’utilisation de ces justifications ou restriction. On entend
hi
toujours éviter les mesures protectionnistes.
ac
La Cour souligne que cette phrase a pour but d’empêcher que les restrictions aux
aM
échanges, fondées sur les motifs de l’Art. 30, ne soient détournées de leurs fins, utilisées de
manière à protéger les productions nationales.
/L
m
La justification ne doit pas être utilisée pour pénaliser les produits importés. Ce
pourrait être le cas si les produits importés sont soumis à des contrôles sanitaires ou de
rib
sécurité quand les produits nationaux n’y sont pas. La CJCE, dans un arrêt SCHOLH, du 12
juin 1986, considère qu’une obligation de contrôle technique des véhicules importés n’était
.sc
admissible que dans le cas où cette condition est imposée, dans les mêmes conditions, aux
véhicules nationaux.
w
w
w
Dans un arrêt ROSENGREN du 5 juin 2007, une Loi suédoise interdit les
importations directes de boissons alcoolisées. Il faut passer par des importateurs autorisés. La
Suède invoque la santé publique. Dans cet arrêt, la Cour se livre en même temps au contrôle
de nécessité et de proportionnalité. Le Gouvernement suédois démontrait qu’il fallait limiter
la consommation d’alcool. La Cour va considérer que la mesure n’est ni nécessaire, ni
proportionnelle. Elle avance que rien ne garantie la baisse de la consommation d’alcool.
ne
Section 2
hi
Les exigences impératives d’Intérêt général reconnues par la CJCE
ac
aM
L’expression date de l’arrêt CASSIS DE DIJON du 20 février 1979. La Cour avait
considéré que les obstacles à la libre circulation pouvaient être admis s’ils satisfaisaient des
exigences impératives.
/L
m
Bon, a priori c’est pas totalement pareil que l’Art. 30. Donc, reste à savoir l’utilité
de cette articulation.
d.
rib
.sc
Paragraphe 1er
w
L’arrêt CASSIS DE DIJON ne fournit pas de définition. On peut trouver des exemples
de ce que la CJCE considère comme exigence impérative. « Notamment » l’efficacité des
contrôles fiscaux, la protection de la santé publique (encore elle ?), la loyauté des
transactions commerciales, et la défonce défense des consommateurs.
Parfois, la Cour n’accepte pas les raisons invoquées par un État. La qualité des
produits n’a ainsi pas été reconnue comme exigence impérative d’Intérêt général. La Cour l’a
Paragraphe 2e
Les conditions entourant le recours aux exigences impératives
Ce sont les mêmes conditions qui entourent les raisons de l’Art. 30.
ne
hi
Comme pour les mesures fondées sur l’Art. 30, les mesures fondées sur les
exigences impératives doivent être nécessaires au regard du but d’Intérêt général poursuivi,
ac
et aussi proportionnelles.
aM
Lorsqu’un choix est possible entre plusieurs mesures qui sont aptes à atteindre
l’Intérêt général, il convient d’adopter la mesure la moins contraignante pour la libre
/L
circulation. L’exigence de proportionnalité vise en effet à limiter, autant que faire se peut,
l’atteinte à la libre circulation qu’autorise l’Intérêt général. La solution est constamment
m
des consommateurs, admissible, peut être atteinte par des moyens moins restrictifs, une
simple information, un étiquetage, et non des compartiments séparés. C’est un exemple de
d.
contrôle de proportionnalité.
rib
.sc
Il existe une certaine incertitude sur la répartition des rôles entre le Juge national et
w
Paragraphe 3e
L’articulation entre les exigences impératives et l’Art. 30
A · Une articulation complémentaire ?
Est-ce que les raisons de l’Art. 30 et les exigences impératives sont
complémentaires ?
Ce qui peut être un problème, c’est par exemple l’impératif de santé publique. Il
figure dans l’Art. 30 et dans les exigences impératives. Incohérence ? Redondance entre les
textes communautaires et la jurisprudence ? Bof, c’est habituel. Bon et puis l’exigence de
santé publique est d’une importante particulière.
Une autre objection repose sur le fait que l’Art. 30 établisse une liste limitative, si
bien qu’on voit mal la jurisprudence compléter une liste pourtant limitative. Bon, ok, mais le
régime des exigences impératives est sensiblement distinct du régime de l’Art. 30. C’est
peut-être ce qui explique
ne
ARAGONESA du 25 juillet 1991, à propos de la santé publique, la Cour avait donné un léger
avantage à l’Art. 30, considérant clairement qu’il était inutile de rechercher si la santé
hi
publique était une exigence impérative dans la mesure où l’Art. 30 l’inclue. Le recours aux
ac
exigences impératives que si l’Art. 30 ne peut pas justifier la mesure. D’où… finalement…
une certaine complémentarité.
aM
La différence importante entre les deux est qu’en principe, les mesures
/L
discriminatoires ne peuvent être justifiée par des raisons de l’Art. 30. Les mesures
indistinctement applicables peuvent être aussi bien justifiées par les exigences
m
personnes et des agents économiques. Des arrêts du 18 juillet 2007 ou du 11 décembre 2007
appliquent cette distinction. Mais la CJCE justifie parfois des mesures discriminatoires par des
rib
exigences impératives…
.sc
ne
hi
ac
aM
/L
Il y a finalement une libre circulation des agents économiques. Cela assure pour les
ressortissants communautaires d’exercer une activité professionnelle, quelle qu’en soit la
forme, dans un autre État membre.
ne
Chapitre I
hi
ac
Les liens entre libre circulation des personnes & citoyenneté européenne
aM
Section 1
/L
Un lien… étroit
m
co
Paragraphe 1er
d.
exprime qu’est instituée une citoyenneté de l’Union. Est citoyen de l’Union toute personne
w
aux devoirs prévus par le présent Traité. L’Art. 18 (Art. 21 TFU) fait le lien entre la citoyenneté
et la libre circulation. Il prévoit en effet que tout citoyen de l’Union Européenne ait le droit de
circuler et de séjourner librement sur le territoire des États membres, sous réserve des
limitations et conditions prévues par le présent Traité et par les dispositions prises pour son
application… si l’Art. 20 TFU ne présente aucune réserve, l’Art. 21 exprimes les réserves.
53 Chapitre I · Les liens entre libre circulation des personnes & citoyenneté européenne
Droit communautaire des libertés de circulation La libre circulation des personnes et 2009 - 2010
agents économiques
Paragraphe 2e
L’articulation avec le Droit dérivé R1612-68 & D2004/38
L’avènement de la citoyenneté n’a pas fait disparaître les limitations et restrictions
prévues par les autres dispositions de Droit primaire ou des dispositions de Droit dérivé.
C’est une solution qui découle de l’Art. 18.
ne
« droits des citoyens de l’Union et des membres de leurs familles de circuler et de
séjourner librement sur le territoire des États membres ». Cette directive, dont la limite de
hi
transposition s’établissait au 30 avril 2006, modifie le règlement 1612-68. Cette directive
abroge les directives de 1990 sur les vieux, étudiants et catégories résiduelles. Aujourd'hui,
ac
c’est le texte de Droit dérivé à retenir, en relation toujours avec le règlement 1612-68 pour les
aM
travailleurs. On entend dépasser l’approche sectorielle, fragmentaire, pour atteindre une
approche plus… uniformisée, basée sur la citoyenneté. On entend en faire comme le statut
de base de la libre circulation. Le titre même de la directive le démontre.
/L
en œuvre concrète. Les Droits de séjour et de circulation dépendent des autres conditions
posées par d’autres textes. La CJCE a entendu démontrer que ce n’était pas si simple.
.sc
Section 2
w
Chapitre I · Les liens entre libre circulation des personnes & citoyenneté européenne 54
2009 - 2010 Droit communautaire des libertés de circulation La libre circulation des personnes et agents économiques
Paragraphe 1er
Pallier à l’inapplicabilité des dispositions de Droit primaire et de Droit dérivé
Deux arrêts sont à retenir.
ne
effectué ses études en France. La Cour exprime que le Droit communautaire s’oppose à ce
qu’un État membre refuse à l’un de ses ressortissants étudiant, à la recherche d’un premier
hi
emploi, l’octroi de ces allocations d’attente, au seul motif que cet étudiant a terminé ses
ac
études secondaires dans un autre État membre. Ok, mais le fondement ? La Cour ne pouvait
pas se fonder sur la libre circulation des travailleurs car Mlle D’HOOP était à la recherche
aM
d’un premier emploi. La Cour s’est donc reportée sur la notion de citoyenneté européenne.
Pour contourner l’inapplicabilité des dispositions relatives à la liberté des travailleurs, la Cour
se repose sur l’Art. 18 et donc la citoyenneté, « statut fondamental des ressortissants des États
/L
membres ».
m
Ils se heurtent toutefois à la législation néerlandaise qui existe la résidence aux Pays-Bas au
rib
éventuellement pu invoquer la directive résiduelle relative aux non actifs qui ne bénéficient
pas du Droit de séjour. L’Art. 18, relatif à la citoyenneté n’était pas invocable, car il s’agit
w
de pallier à l’inapplicabilité des autres dispositions. Pour la CJCE, ces personnes sont des
w
55 Chapitre I · Les liens entre libre circulation des personnes & citoyenneté européenne
Droit communautaire des libertés de circulation La libre circulation des personnes et 2009 - 2010
agents économiques
Un arrêt du 11 septembre 2007 GOOTJES-SCHWARZ s’intéressait à la déduction de
l’impôt sur le revenu de 30 % versé à des écoles privées nationales. La Cour a relevé que,
dans la mesure où la juridiction de renvoi pourrait conclure à l’inapplicabilité de l’Art. 49
relatif à la prestation de service, il convient d’examiner la réglementation au regard de l’Art. 18.
La Cour recourt à l’Art. 18 pour contourner ou atténuer les limites des conditions
posées par le Droit dérivé.
ne
Paragraphe 2e
hi
La citoyenneté européenne permet de nuancer
ac
les limites et conditions issues du Droit dérivé
aM
Un arrêt du 17 septembre 2002, BAUMBAST & R, voit la Cour pallier aux
/L
insuffisances de la liberté des travailleurs. Un ressortissant allemand se voit octroyer une carte
m
de séjour au Royaume-Uni en 1993, y exerce une activité économique, comme salarié puis
chef d’entreprise. Un beau jour, il va en Chine et au Lesotho, pendant 5 ans, tout en
co
s’était vue posée la question. La Cour énonce que le citoyen de l’Union qui ne bénéficie plus
rib
du Droit de séjour en tant que travailleur peut bénéficier du Droit de séjour en tant que
citoyen européen.
.sc
De là à en déduire que la Cour fait peu de cas des limitations et conditions prévues
w
par le Droit dérivé ? En réalité, elle les prend en compte, mais les encadre strictement, au
regard de l’Art. 18. La cour constate l’existence de la directive de 1990, relative aux non-actifs,
w
Paragraphe 3e
La citoyenneté permet de contourner les limites du Droit dérivé
Un arrêt du 15 mars 2005 voit la Cour se fonder sur l’Art. 18 pour contourner
les dispositions restrictives de la directive du 29 octobre 1993 sur le droit de séjour des
étudiants. Ce qui était en cause, c’était le refus par les autorités britanniques d’accorder à un
étudiant français un prêt spécifique pour les étudiants, tout simplement parce qu’il n’est pas
Chapitre I · Les liens entre libre circulation des personnes & citoyenneté européenne 56
2009 - 2010 Droit communautaire des libertés de circulation La libre circulation des personnes et agents économiques
établi au Royaume-Uni. La Directive de 1993 dispose en son Art. 3 qu’elle ne constitue pas un
fondement d’un Droit au payement par l’État membre d’accueil de bourses d’entretien aux
étudiants bénéficiant du Droit de séjour. Cette limite a été confirmée par la Directive du 29
avril 2004, permettant aux États de limiter l’octroi des aides d’entretien sous la forme de
bourses ou prêts pour les étudiants n’ayant pas acquis un droit de séjour permanent –
supérieur à 5 ans. Pour la CJCE, une chose est de pas reconnaître un Droit au citoyen, c’en
est une autre leur interdire à en bénéficier. S’il est vrai que l’Art. 3 de la directive de 1993 ne
fonde pas de Droit aux allocations d’entretien pour les étudiants dans l’État membre où ils
séjournent, rien n’interdit que ce Droit ne puisse être reconnu aux étudiants. La Cour recourt
à l’Art. 18, combiné à l’Art. 12 sur le principe de non-discrimination, pour fonder le droit des
étudiants aux allocations d’entretien, donc condamner le refus britannique.
ne
déplacement des personnes. La Cour écarte les limitations du Droit dérivé au bénéfice de la
citoyenneté européenne. L’objectif invoqué par les grands bretons était de contrôler les
hi
chômeurs. Ça ne suffit pas.
ac
aM
Section 3
/L
Paragraphe 1er
d.
A · Le critère de la nationalité
.sc
L’Art. 2 de la Directive du 29 avril 2004 reprend tout ça. Bref, ce sont les
w
Quoi qu’il en soit, la nationalité, si elle est déterminante, pas l’origine, ni le statut
du territoire.
57 Chapitre I · Les liens entre libre circulation des personnes & citoyenneté européenne
Droit communautaire des libertés de circulation La libre circulation des personnes et 2009 - 2010
agents économiques
MICHELETTI, un Italo-Argentin se heurte au refus de séjour en Espagne. Dès lors que cette
personne a la nationalité italienne, cela suffisait à appliquer la libre circulation.
Finalement, l’Art. 48, ses deux critères, ont pour application pratique d’être
subordonnée à l'activité réelle de la société. L’Art. L122-3 CCom est à ce titre révélateur.
2 · Extensions aux personnes qui bénéficient d’accords d’association avec l’Union Européenne
ne
On entend ici les personnes extérieures à l’Union Européenne qui bénéficient de la
libre circulation.
hi
ac
a · L’AELE (Association européenne de libre échange) aM
Ça, et ben c’est un accord de coopération avec l’Union Européenne. Résultat des
courses, c’est l’incarnation de l’espace économique européen. Merci l’accord de Porto,
/L
l’Autriche, la Finlande, la Suède, avec l’entrée dans l’Union Européenne des trois derniers, et
bah seuls les trois premiers nous intéressent maintenant.
d.
rib
Par cet accord, les ressortissants peuvent circuler librement dans l’Union
Européenne, et réciproquement.
.sc
Alors oui en théorie, la Suisse est un temps intéressée à l’adhésion à l’AELE, mais,
w
référendum oblige, ils préfèrent la rejeter. D’ailleurs à ce titre, le badaud qui aura suivi
l’actualité voudra cliquer là27, histoire de construire soi-même un minaret en carton,
w
culminant à 50 cm de haut, sans autorisation. Parce que l’intolérance, c’est mal. Et parce
w
Ceci mis à part, avec un accord du 21 juin 1999, intervenant entre l’Union
Européenne et la Suisse, les Suisses peuvent dorénavant circuler librement dans l’Union
Européenne.
Ces accords sont moins étendus qu’avec l’espace économique européen. Et par
eux se révèlent la liberté de réglementer l’entrée et le séjour dans les États visés par ces
accords.
26
Art. 54 TFUE
27
http://www.dirtyhandsprint.com/stuff/miniminaret.pdf
Chapitre I · Les liens entre libre circulation des personnes & citoyenneté européenne 58
2009 - 2010 Droit communautaire des libertés de circulation La libre circulation des personnes et agents économiques
Le principal apport de ces accords en matière de séjour, c’est d’instaurer une
égalité de traitement entre les ressortissants, de ces États, de ceux de l’Union Européenne,
et réciproquement.
On retiendra par exemple les accords de coopération avec les pays du Maghreb,
avec les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique). Oh et tien aussi ceux d’Ankara de 1963 avec
ça alors la Turquie, modifiés depuis sa candidature. A l’Art. 12 de ces accords, il est fait
mention d’une « réalisation progressive des travailleurs ». En 1980, une décision du Conseil
d’association issu de ces accords a prévu dans un Art. 6 que la réalisation progressive et
durable du libre accès au travail, se fait en faveur aussi des travailleurs turcs.
ne
Ø De l’Union Européenne
Ø Des AELE
hi
Ø Des accords de coopération
ac
En principe, et bah tout le reste est exclu.
aM
/L
Il faut ceci dit mettre à part deux situations. ➀ La situation des membres de la
rib
famille des ressortissants communautaires, ➁ et les ressortissants des États tiers qui
séjournent déjà sur le territoire des États membres.
.sc
ressortissants des États tiers. Plus particulièrement le statut des ressortissants de pays tiers de
w
Le statut de résident de longue durée confère à son titulaire un Droit de séjour sous
le sceau de l’égalité de traitement. Le statut de résident de longue durée ouvre encore à son
titulaire la faculté de séjourner au-delà de 3 mois dans les autres États membres, quel qu’en
soit le motif.
Restent les obstacles. La situation professionnelle leur est opposable. Buk. Cela
sous-entend que priorité est faite aux ressortissants communautaires à l’accès au travail.
Ensuite, les États membres peuvent limiter le nombre de personnes admises à séjourner à ce
59 Chapitre I · Les liens entre libre circulation des personnes & citoyenneté européenne
Droit communautaire des libertés de circulation La libre circulation des personnes et 2009 - 2010
agents économiques
titre. Qui plus est, les ressources doivent toujours être stables, régulières et suffisantes. Enfin,
il doit avoir un logement approprié.
Affinons. Est-ce qu’un ressortissant d’un État membre peut-il, dans l’État dont il est
le ressortissant, être traité moins favorablement qu’un ressortissant communautaire pour
une même situation ? On touche là à la discrimination à rebours.
ne
La CJCE y a répondu. Tout va dépendre de l’intéressé. Et sa situation au regard de
la libre circulation.
hi
ac
1 · L’intéressé est en situation de circulation aM
Dans cette hypothèse, sa situation est comparable à celle de n’importe quel
ressortissant communautaire. Ainsi, le national peut se prévaloir des règles relatives à la libre
/L
revanche, elles ne doivent pas être interprétées de façon à exclure du bénéfice du Droit
communautaire. Les ressortissants d’un État membre déterminé, lorsque ceux-ci, par le fait
d’avoir résidé régulièrement sur le territoire d’un État membre, et d’y avoir acquis une
qualification professionnelle, se trouvent à l’égard de leur État membre dans une situation
assimilable à celle de tout autre ressortissant communautaire.
Dans l’arrêt SINGH du 7 juillet 1992, une britannique est mariée à un indien. La
Femme bosse en Allemagne et son mari la suit. Lorsqu’ils reviennent au Royaume-Uni, ça
couine. La Femme peut invoquer les règles communautaires de la libre circulation au
profit de son conjoint.
Cet arrêt a été confirmé par celui en date du 23 septembre 2003 AKRICH, visant une
prestation de service.
Chapitre I · Les liens entre libre circulation des personnes & citoyenneté européenne 60
2009 - 2010 Droit communautaire des libertés de circulation La libre circulation des personnes et agents économiques
Dans un autre arrêt, du 11 juillet 2002, CARPENTER, on vise la prestation de service
mais on aboutit au même résultat.
ne
qui s’y rattachent. Toutes les situations qui ne correspondent pas à un mouvement de la
circulation entre États membres sont des situations purement internes.
hi
ac
Actuellement, il y a pression pour que la CJCE tâte un peu plus de ces
situations purement internes, notamment avec l’action d’avocats généraux. Sans
aM
succès pour l’instant.
activités sur territoires des États tiers, compte tenu du critère de rattachement. Il faut tout de
m
même qu’il y ait un lien de rattachement suffisant avec le territoire communautaire. D’autant
plus s’il y a des effets sur le territoire communautaire.
co
employé sur l’Algérie, mais qui travaille au sein de l’ambassade d’Allemagne en Algérie. La
rib
Cour prend en compte le rattachement de ce contrat de Droit allemand, qui comporte une
clause attributive de juridiction en faveur des tribunaux allemands. La Cour considère que le
.sc
Droit communautaire peut s’appliquer à une telle situation dès lors que la relation de travail
garde un rattachement suffisant, suffisamment étroit avec le territoire communautaire. La
Cour a choisi le critère du rattachement au Droit allemand, pas seulement au droit
w
communautaire. La solution avait été déjà soulevée dans un arrêt WALRAVE KOCH de 1974.
w
w
Paragraphe 2e
La famille du ressortissant communautaire
Est-ce que la famille du ressortissant communautaire dispose du droit de séjour de
celui-ci ?
61 Chapitre I · Les liens entre libre circulation des personnes & citoyenneté européenne
Droit communautaire des libertés de circulation La libre circulation des personnes et 2009 - 2010
agents économiques
Aujourd'hui, les Art. 10 à 12 du règlement 1612-68 s’appliquent. Les Art. 12 à
13 de la Directive du 29 avril 2004 aussi.
A · La notion de famille
De 1968, à aujourd'hui, la notion a évolué. L’Art. 10 du Règlement 1612-68 prévoit
que le Droit de séjour est ouvert au conjoint du bénéficiaire. Mais pas seulement, les
descendants de moins de 21 ans ou alors à charge. Ceux-ci sont les descendants du couple,
tout au moins de l’un des membres du couple. La Famille entend aussi les ascendants, du
travailleur et de son conjoint, à condition qu’ils soient à leur charge.
Dans un arrêt REED du 17 avril 1986, la CJCE précise que la notion de conjoint
vise celui ou celle qui a formellement contracté un mariage civil reconnu par la Loi. L’arrêt du
23 septembre 2003 a lui précisé que n’étaient visés que les mariages authentiques. Exit les
mariages de complaisance. Cela permet implicitement aux autorités de vérifier l’intégrité du
mariage. Le concubinage n’est pas non plus pris en compte.
ne
La directive de 2004 élargit la notion de famille. De deux manières. Elle crée ainsi
hi
une nouvelle catégorie de personnes, les membres de la famille dont le séjour doit être
ac
favorisé. Et étend aux bénéficiaires le partenariat. L’Art. 2 de cette directive précise que le
partenaire, avec lequel le citoyen a contracté un partenariat enregistré, sur la base de la
aM
législation d’un État membre, si, conformément à la législation de l’État membre d’accueil,
les partenariats enregistrés sont équivalents au mariage, dans le respect des conditions
prévues par la législation pertinente de l’État d’accueil.
/L
m
Bon, mais qu’entendre par famille à charge. Cette notion figure dans le règlement
rib
de 1968 et la directive de 2004. Dans l’arrêt JIA du 9 janvier 2007, la CJCE a apporté quelques
précisions. En l’espèce, une ressortissante chinoise qui rejoint son fils en suède avec un visa
.sc
touristique. Ce fils, également chinois, est marié à une ressortissante allemande qui exerce
une activité salariée en Suède. La Mère se heurte à une mesure d’expulsion. La CJCE pose
w
une première règle. La notion de membre de la famille à charge résulte d’une situation de
fait. Cette situation de fait est caractérisée par le fait que le soutien matériel du membre
w
n’inclut pas seulement l’existence d’une pension alimentaire. La Cour opte pour une
conception plutôt extensive de la notion, en rappelant les dispositions communautaires
relatives à la libre circulation. Il n’est pas besoin de s’interroger sur les raisons profondes de
la dépendance économique d’une personne à une autre. Enfin, en réalité, il faut simplement
s’interroger sur le fait de savoir si l’intéressé peut ou pas subvenir à ses besoins. Petite
précision, c’est que le soutien matériel doit exister dans l’État d’origine, ou de
provenance de ses ascendants. Il existe au moment où il demande à rejoindre le
ressortissant communautaire. Il est normal que l’État membre d’accueil demande que la
preuve de la dépendance matérielle soit faite, par tout moyen sauf indication contraire. Une
attestation des autorités compétentes de l’État d’origine, voire l’employeur, suffit. C’est un
élément suffisant, pas une condition obligatoire. La Cour précise que le seul engagement du
ressortissant communautaire à prendre en charge un membre de la famille peut être
considéré comme insuffisant.
Chapitre I · Les liens entre libre circulation des personnes & citoyenneté européenne 62
2009 - 2010 Droit communautaire des libertés de circulation La libre circulation des personnes et agents économiques
irlandais est citoyen européen par le Droit irlandais. Pour permettre à son enfant d’exercer
son droit de séjour en tant que citoyen de l’Union Européenne et beh il faut permettre à son
ascendant le même Droit, dérivé finalement du Droit de l’enfant. La Cour confère un effet
utile au Droit de séjour de l’enfant.
La directive de 2004 crée pour autre catégorie les membres de la famille dont le
séjour doit être favorisé. L’Art. 3 §2 le démontre. Buk.
C’est tout autre membre de la famille, qui si, dans le pays de provenance, est à
charge, fait partie du ménage du citoyen de l’Union à titre principal, ou, lorsque, pour des
raisons de santé grave, le citoyen de l’Union doit impérativement et personnellement se
concentrer du membre de la famille concerné.
ne
hi
ac
B · La nationalité de la famille aM
L’Art. 10 du Règlement 1612-68 confirmé par les Art. 12 et 13 de la Directive de 2004,
précise que les droits au regroupement familial est ouvert et ce, quelle que soit la
/L
nationalité.
m
Le Droit reconnu aux membres de la famille est dérivé de celui dont peut se
co
prévaloir le citoyen de l’Union. C’est la raison pour laquelle la distinction, entre membre
de la famille qui est ressortissant d’un État membre et membre de la famille qui est
d.
ressortissant d’un État tiers, reste primordiale, même si la directive de 2004 l’attenue.
rib
En effet, le premier séjourne au regard d’un Droit dérivé, mais au regard d’un
.sc
Droit personnel. Le second, lui, ne dispose pas d’un Droit personnel, sauf cas particulier
du résident de longue durée.
w
63 Chapitre I · Les liens entre libre circulation des personnes & citoyenneté européenne
Droit communautaire des libertés de circulation La libre circulation des personnes et 2009 - 2010
agents économiques
savoir si le droit de séjour du membre de la famille d’un ressortissant d’un État tiers pouvait
être fondé sur la nécessité de permettre aux enfants du couple de suivre dans l’État d’accueil
des cours d’enseignement… normalement. Bref, est-ce que le droit de séjour des enfants
permet-il et si oui dans quelle mesure le séjour du ressortissant d’un État tiers ? Et
derrière cette question se cache celle de permettre qu’un parent d’un État tiers puisse rester
sur le territoire d’un État membre. L’effectivité du séjour des enfants dans l’État d’accueil
pour y suivre des cours d’enseignement, commande de reconnaître un droit de séjour au
parent qui en a la garde, quelle que soit sa nationalité.
ne
2 · Les solutions prévues par la directive de 2004
hi
ac
La directive de 2004 intègre les solutions jurisprudentielles et les précise. Dans
deux dispositions distinctes. D’une part les conséquences du décès ou du départ du
aM
bénéficiaire à titre principal (Art. 12), d’autre part les conséquences du divorce, de
l’annulation du mariage, ou encore la rupture d’un partenariat (Art. 13).
/L
La Directive intègre ici l’arrêt du 17 septembre 2002. Elle lie le Droit de séjour du
parent à la garde des enfants. Elle précise en effet que le départ ou le décès du citoyen de
d.
effectivement la charge, quelles que soient leurs nationalités. Pour autant que les enfants
résident dans l’État membre d’accueil et soient inscrits dans un établissement scolaire pour y
.sc
Le Droit de séjour du parent est préservé, qu’il ait ou non la nationalité d’un État
membre. Le Droit de séjour reste cependant subordonné à la garde des enfants, résidents et
w
scolarisés. Et les enfants en bas âge ? L’effet utile des dispositions relatives à la libre
w
Bon, mais ceux qui n’ont pas la nationalité d’un État membre, donc ressortissants
d’État tiers, ne devraient pas pouvoir rester, dès lors qu’il n’y a pas de garde d’enfant
en jeu. Pas nécessairement. L’un des apports de la directive de 2004 est d’accorder des
droits de séjour aux membres de la famille, uniquement en cas de décès du bénéficiaire,
pas en cas de départ du bénéficiaire à titre principal. Enfin il faut tout de même remplir
des conditions, résider avec le bénéficiaire principal dans l’État d’accueil depuis
au moins 1 an, devoir à titre principal personnel relever d’un des domaines de la libre
circulation (genre travailleur salarié indépendant, justifier de ressources suffisantes,
disposer d’une Assurance maladie…).
Chapitre I · Les liens entre libre circulation des personnes & citoyenneté européenne 64
2009 - 2010 Droit communautaire des libertés de circulation La libre circulation des personnes et agents économiques
La Directive de 2004 permet donc de nuancer la distinction entre membres de la
famille issus d’un État membre et membres de la famille issus d’un État tiers.
Là aussi, il faut dissocier ceux des États membres de ceux des États tiers.
L’Art. 13 §1 affirme qu’un tel cas n’affecte pas le Droit de séjour des citoyens
d’un État membre, sous réserve de se trouver dans une situation de travail, de
ressources suffisantes ou de disposer de l’assurance maladie.
S’agissant des membres ressortissants d’État tiers, ils peuvent conserver leur
Droit de séjour, mais sous des conditions plus strictes. Outre les domaines de la libre
circulation, il faut remplir l’une des conditions suivantes, certes alternatives, donc non
ne
cumulatives.
hi
➀ Le mariage ou partenariat doit avoir duré au moins 3 ans avant le début de la
ac
procédure d’engagement d’annulation, divorce, rupture, dont 1 an au moins dans l’État
membre d’accueil.
aM
➁ La garde des enfants doit avoir été confiée à ce membre de la famille soit
par décision de justice, ou alors par accord entre les partenaires ou conjoints, ou si des
/L
➂ Il peut rester s’il bénéficie d’un Droit de visite à l’enfant mineur. Ce Droit
d.
étant attribué par décision de justice ou accord entre les époux, les partenaires…
rib
La Directive de 2004 a pour but d’instituer un Droit de séjour permanent pour les
citoyens d’État membre qui ont vécu dans le territoire d’accueil depuis au moins 5 ans de
.sc
manière ininterrompue. Ce Droit s’applique encore à tout membre de la famille, quelle que
soit la nationalité du membre.
w
w
w
Chapitre II
Libre circulation & exercice d’une activité économique
La notion de citoyenneté européenne nuance l’importance de la distinction des
bénéficiaires quant à l'activité économique. Il existe des restrictions pour certaines catégories
qui restent pertinentes. Certaines activités restent aussi en dehors de la libre circulation.
ne
Tout ça, sous réserve d’Ordre public, sécurité publique, santé publique.
hi
➃ Exclusion est faite de ces dispositions pour les emplois dans l’Administration
ac
publique.
aM
A · La notion communautaire de travailleur salarié
/L
m
Il y a nécessité d’une notion unique et réelle car la situation varie selon les États,
co
quand les relations impliquant le travailleur salarié varient également entre États.
d.
L’arrêt du 3 juillet 1986 LAWRIE-BLUM voit la CJCE considérer qu’il faut retenir
w
notion de travailleur à partir de la relation de travail, et non pas s’arrêter à celle de contrat
de travail. Pour la CJCE, la caractéristique de la relation de travail est la circonstance qu’une
personne accomplit, pendant un certain temps en faveur d’une autre personne, sous la
direction de celle-ci, des prestations en contrepartie desquelles elle touche une
rémunération.
La Cour interprète de manière large tout ça. Elle a eu à traiter le travail à temps
partiel ou le travail occasionnel. Pour la Cour, ce sont toujours des relations de travail, pour
vu qu’il s’agisse d’activités réelles et effectives. Le niveau de rémunération importe peu.
L’arrêt BERNINI du 26 février 1992 l’exprime. Dans un autre arrêt LEVIN du 22 mars 1982, elle
considérait que l’effet utile du Droit communautaire serait compromis en cause si la libre
circulation était réservée aux seules personnes exerçant un travail à temps plein. Et c’est
28
Donc Art. 45 et 46 TFUE.
Les emplois dans l’Administration publique sont exclus de tout ça. Dans un
arrêt du 17 décembre 1980 COMMISSION C/ BELGIQUE, la Cour considère que n’étaient
considérés au titre de cette exclusion que les emplois qui comportent une participation
directe ou indirecte à l’exercice de la puissance publique et aux fonctions ayant pour objet la
sauvegarde des intérêts généraux de l’État ou des autres collectivités publiques. Ce qui
suppose de la part des titulaires un rapport particulier de solidarité à l’égard de l’État ainsi
que la réciprocité des droits et devoirs qui sont le fondement du lien de nationalité.
L’arrêt SOTJIU du 19 février 1974 a vu la Cour avoir affirmé que le caractère du lien
ne
juridique entre Administration et travailleur est indifférent. Peu importe la nature publique
ou privée du contrat, ce qui compte, c’est la nature de l’emploi, pas la nature du contrat.
hi
La conception de l’emploi dans l’Administration publique est fonctionnelle, non
ac
pas institutionnelle.
aM
B · La notion d’activité économique
/L
m
Une activité relève de la libre circulation des travailleurs dès lors qu’elle
co
L'activité économique est celle qui relève du secteur marchand. On exclut donc les
rib
du Salut en Belgique. La Cour a renvoyé au Juge national pour considérer si les prestations
relevaient du marché de l’emploi…
w
12 décembre 1974 WALRAVE vise le cyclisme. L’arrêt du 14 juillet 1976 DONA et MONTERO
w
s’intéresse au football. Celui du 11 avril 2000, le judo, enfin, l’arrêt du 13 avril 2000, le basket.
L’exercice du sport peut constituer une activité économique, relever de ce fait du Droit
communautaire. Il n’y a d’incompatibilité de principe. Dans l’arrêt WALRAVE, c’est « dans la
mesure où il constitue une activité économique ». Le fait d’y coller « dans la mesure », c’est
ambigu, est-ce seulement lorsqu’il constitue une activité économique ou est-ce toujours. La
Cour a retenu que c’est le cas seulement lorsque le sport est la pratique de sportifs
professionnels, semi-professionnels, car on retrouve le critère de la rémunération.
Dans l’arrêt du 11 avril 2000, le fait qu’une fédération range ses sportifs dans la
catégorie des amateurs, cela est sans influence sur la nature économique. Ce qui compte,
c’est la réalité, s’il y a rémunération, il y a activité économique.
Ainsi, il y a pour conséquence que les emplois offerts par des clubs sportifs
professionnels doivent être en totalité ouverts aux ressortissants communautaires. Au nom
de la libre circulation des travailleurs, la Cour condamne toute clause de nationalité limitant
le nombre de joueur dans des clubs professionnels. Elle condamne aussi les indemnités de
transfert ou de formation, avec précision que toute clause financière de ce genre joue en fin
de contrat.
Paragraphe 2e
Les travailleurs indépendants
A · Les Art. 43 et suivants : la liberté d’établissement
Les Art. 43 (49 TFUE) et suivants les visent. L’Art. 43 §1 considère que les
restrictions à la liberté d’établissement des ressortissants des États membres dans l’État
membre d’accueil sont interdites. De même pour la création d’agence, succursale, filiale.
ne
On entend par société celles, civiles ou commerciales, poursuivant un but lucratif. L’arrêt
BAARS du 13 avril 2000 précise ce qui peut signifier la gestion d’entreprise. En l’espèce, un
hi
ressortissant d’un État membre détient la totalité des actions d’une société dans un autre État
ac
membre. La Cour considère que cela fait partie de la liberté d’établissement, au sens de la
gestion d’entreprise et de société. Mais peu importe finalement que soit ou pas détenue la
aM
totalité des actions. Le fait d’influencer les décisions de la société suffit.
relève de la liberté d’établissement. Le régime d’autorisation peut être considéré comme une
entrave. S’il est justifié par la santé publique, il échappe au couperet. En l’occurrence c’est le
co
des avantages fiscaux, des déductions fiscales de cotisations accordées à des entreprises, dès
lors que ces cotisations sont versées à des assurances complémentaires de vieillesse se situant
.sc
En réalité, ➊ soit le prestataire de service se rend sur place pour fournir le service
sans pour autant s’établir, et auquel cas, le caractère durable, stable verrait s’appliquer la
liberté d’établissement ; ➋ soit le prestataire de service peut fournir sa prestation à partir de
son pays d’origine. Les ventes par internet en relèvent par exemple. Bon alors pour parler de
prestation de service, on sous-entend la rémunération. L’Art. 50 (60 TFU) le rappelle, dans la
Un arrêt sur les paris en ligne du 8 septembre 2009, rendu en Grande chambre,
considère ces derniers comme des services au sens de la libre prestation. La CJCE considère
que le fait de réserver le monopole est une atteinte, mais qui se justifie.
ne
Les destinataires de service sont également inclus dans le champ de la libre
hi
prestation de service.
ac
L’arrêt du 31 janvier 1984, LUISI CARBONNE, voit deux touristes italiens
aM
condamnés pour avoir exporter des devises d’un montant supérieur à celui autorisé. Ces
italiens font valoir que ces devises étaient destinées à des prestations de service. La Cour suit
leur argumentation. En tant que touriste, cette réglementation qui limite affecte sa liberté à
/L
COMMISSION C/ ESPAGNE, la législation qui réserve l’accès gratos aux musées aux seuls
Espagnols est une atteinte à la libre prestation de service en tant que destinataires. Un arrêt
.sc
du 24 novembre 1998, BICKEL, souligne que relèvent de l’Art. 49 du Traité les ressortissants
des États membres, qui, sans bénéficier d’une autre liberté garantie par le Traité, se rendent
w
dans un autre État membre dans le but de recevoir ou de disposer de la faculté de recevoir
w
Section 2
Les non-actifs
Le Droit de séjour de tels badauds repose sur la directive du 28 juin 1990 pour les
vieux, ou une directive d’octobre 1993 pour les étudiants. La Directive du 29 avril 2004 a
fait table rase.
Les non-actifs sont les retraités, les étudiants, et les personnes qui ne bénéficient
pas d’un Droit de séjour au regard d’un texte spécifique. L’idée générale est que ces
personnes ne doivent pas devenir une charge pour le système d’assurance sociale de l’État
La Directive interdit aux États de fixer un montant a priori. Elle exige des États de
prendre en compte la situation personnelle de l’intéressé, vu l’Art. 8 §4 de la Directive.
La Directive établit toutefois des seuils. L’intéressé ne doit pas disposer d’un niveau
de ressources inférieur au niveau en deçà duquel une assistance sociale peut être accordée
par l’État d’accueil.
ne
En ce qui concerne la condition de l’assurance maladie, le Droit de séjour des non-
hi
actifs est soumis à la condition qu’ils, et le cas échéant leur famille, d’une assurance maladie
ac
complète, couvrant l’ensemble des risques. L’Art. 7 de la directive l’exprime.
aM
Chapitre III
/L
m
Section 1
rib
Le Droit de séjour
.sc
w
Paragraphe 1er
La liberté de déplacement et de cours séjour
C’est d’abord le Droit de sortir de son propre territoire, le Droit de quitter le
territoire de l’État dont on est le ressortissant. L’Art. 4 §1er le prévoit. La CJCE est sur la même
longueur d’onde. Les ressortissants des États membres tirent du Droit communautaire le
Droit de quitter leur territoire d’origine pour se rendre sur un autre État membre et y
séjourner.
Les seuls documents requis sont la carte d’identité, un passeport, en aucun cas un
visa de sortie.
La CJCE valide les deux exigences, compte tenu du caractère imparfait du contrôle
aux frontières extérieures, bref en matière d’immigration. L’arrêt WIJSEENBEEK du 21
septembre 1999 l’exprime. Elle admet également que le ressortissant soit sanctionné s’il
s’amuse à refuser de présenter un document. Mais le pays ne peut pas refuser l’entrée, car
ce serait disproportionné. L’arrêt OULANE du 17 février 2005 va dans ce sens. La CJCE
ne
précise que la présentation d’autres documents, témoignages devrait suffire. Devrait…
hi
devrait… c’est vite dit.
ac
Cours séjour ? On entend une durée inférieure à 3 mois. L’Art. 6 de la Directive
précise clairement que cette période va jusqu’à 3 mois, sans autres conditions ou autres
aM
formalités que d’être en possession de la carte d’identité ou d’un passeport. Ce Droit est
ouvert aux membres de la famille, quelle que soit leur nationalité. Le refoulement, c’est
/L
toujours disproportionné.
m
Paragraphe 2e
.sc
Ce Droit est directement conféré par le Traité et les dispositions relatives à son
w
application. La conséquence, c’est que le particulier peut s’en prévaloir directement devant
le Juge. Il faut rappeler que, malgré la citoyenneté européenne, le Droit de séjour reste
soumis à certaines conditions.
ne
comme condition un niveau de ressources… suffisantes. L’Art. 39 CE, aujourd'hui 45 TFU,
suppose que la libre circulation comporte le droit de répondre à des emplois effectivement
hi
offerts. Avec un arrêt du 8 novembre 1976, ROYER, la Cour énonce que les ressortissants
communautaires ont le droit d’entrer et de séjourner chez les États membres pour y
ac
rechercher une activité professionnelle salariée ou indépendante. Dans le principe, la
aM
libre circulation aux fins de la recherche d’emploi est permise. Reste à en savoir quelle peut
être la durée. L’arrêt ROYER ne précise pas. La CJCE ne donne pas de délai précis, si ce n’est
un délai raisonnable. Il ne peut être inférieur à 3 mois. Dans un arrêt du 22 février 1991,
/L
ANTONISSEN, la CJCE considère qu’un délai de 6 mois, c’est suffisant. Bref de 3 à 6 mois.
Passé ce délai, on peut dégager le ressortissant, à moins qu’il apporte la preuve qu’il
m
continue de chercher un emploi, et surtout qu’il a des chances d’être engagé. Dans un arrêt
co
du 23 mars 2004, COLLINS, et dans l’arrêt TSIOTRAS du 26 mai 1993, la Cour considère
que l’impossibilité objective d’obtenir un emploi justifie la possibilité de bouter le
d.
séjour. Le travailleur doit ainsi toujours produire la preuve de son activité. Bon, mais
w
l’attestation n’a pas de durée. Au-delà de 5 ans de résidence légale, le droit de séjour devient
w
permanent. Ce Droit est octroyé aux membres de la famille du ressortissant. Mais les
membres de la famille qui n’ont pas la nationalité d’un État membre se verront attribués une
carte de séjour de membre de la famille, à condition de justifier le lien familial, le passeport
valide, ou celle de personne à charge. L’Art. 9 de la Directive le prévoit. Cette carte de séjour
ne fait que constater un Droit qui découle du lien familial. La Cour le rappelle dans l’arrêt du
14 avril 2005 COMMISSION C/ ESPAGNE.
Section 2
L’égalité de traitement
Est ici en cause l’Art. 12 du Traité29 qui prohibe de manière générale les
discriminations fondées sur la nationalité. L’Art. 45 TFU prévoit aussi l’abolition de
toute discrimination fondée sur la nationalité pour les ressortissants des États
membres. Emploi, rémunération, autres conditions de travail sont notamment visées. Le
règlement 1612/68 dont les Art. 7 à 12 sont consacrés à l’emploi et l’égalité de traitement sont
aussi à retenir. L’Art. 7 invoque le principe d’égalité de traitement pour les avantages
sociaux.
Paragraphe 1er
Les discriminations interdites
ne
La source de la discrimination est indifférente. Etatique, Public, privé sont visés. La
hi
nature de la réglementation discriminatoire importe également peu. La discrimination sera
ac
toujours condamnée, peu importe qu’on la retrouve dans la Loi, le règlement, etc., ou toute
clause de convention collective. Le caractère facultatif ou non d’un avantage est également
aM
indifférent. Peu importe que l’avantage soit accordé de manière facultative ou en dehors
même de toute disposition car dès lors que l’avantage est accordé, il doit l’être sans
discrimination sur la nationalité.
/L
m
une disposition qui est susceptible d’affecter d’avantage les travailleurs migrants que les
rib
travailleurs nationaux. Les travailleurs frontaliers sont assimilés aux travailleurs migrants.
.sc
29
Art. 18 TFUE
Paragraphe 2e
Le domaine de l’égalité de traitement
Ce domaine ratisse large car il vise tant l’accès à l’emploi que les conditions de
travail, cette notion étant elle-même entendue de manière large. Les avantages fiscaux sont
aussi visés. Bref tout un tas d’avantages offerts aux ressortissants communautaires.
L’accès à l’emploi égal concerne autant les emplois salariés que non salariés.
L’Art. 39 comporte le droit de répondre à des emplois offerts, de se déplacer pour les
ne
rechercher etc. tout système d’autorisation de travail est applicable aux étrangers non
communautaires, pas ceux communautaires. Alors tout quota, c’est pareil, c’est proscris.
hi
ac
Dans l’arrêt du 23 mars 2004 précité COLLINS, la CJCE a considéré que, compte
tenu de l’instauration de la citoyenneté de l’Union Européenne, il n’est plus possible
aM
d’exclure du principe fondamental d’égalité de traitement une prestation financière destinée
à faciliter l’accès à l’emploi sur le marché. Un ressortissant qui séjourne a donc aussi droit
aux allocations afférées à la recherche d’emploi.
/L
m
d’assistance sociale pendant les 3 premiers mois de séjour aux personnes qui séjournent
d.
conformément au TFU et à son Art 39 §2. Les prestations de nature financière qui,
w
La CJCE a condamné une législation nationale limitant l’exonération d’une taxe sur
les transactions immobilières aux seules opérations effectuées entre sociétés de droit
national. C’est l’arrêt HALIBURTON du 12 avril 1994. De la même manière, une politique
fiscale à l’égard des consortiums qui consiste à n’octroyer des avantages fiscaux qu’aux
seules sociétés qui contrôlent les filiales ayant leur siège sur le territoire national, à l’exclusion
des autres filiales, est contraire à l’Art. 43. Ici c’est l’arrêt du 16 juillet 1998.
ne
L’arrêt du 10 septembre 2009 précité, sur le travail salarié, a vu la Cour stigmatiser
hi
une discrimination fiscale à l’égard des travailleurs salariés. La discrimination fiscale se fait ici
indirectement à l’égard des travailleurs frontaliers.
Paragraphe 3e
ac
aM
De l’égalité de traitement à l’interdiction des entraves non discriminatoires
/L
m
On sabre également les entraves à la libre circulation des personnes quand bien
même elles ne sont pas discriminatoires.
co
La Cour condamne des indemnités car elles sont une entrave à la libre circulation. Elles
dissuadent, entravent les joueurs à quitter leur club pour exercer leur « activité » dans un
w
autre État membre. Les indemnités de transfert s’appliquaient quelle que soit la nationalité
des joueurs. Vu l’arrêt du 13 avril 2000, la Cour confirme que l’entrave à la libre circulation
w
Section 3
Les exceptions et limites au Droit de séjour
Bref, les justifications des restrictions à la libre circulation.
Paragraphe 1er
Les exceptions textuelles
Les Art. 39 §3 (45 §3 TFU), 46 (52 TFU), et 55 (62 TFU) sont à (re)noter.
Ces trois dispositions prévoient comme motifs de restriction à la libre circulation les
ne
raisons d’Ordre public, de sécurité publique et de santé publique.
hi
La Directive du 29 avril 2004 (Art. 27 à 33) reprend ces raisons. Elle dégage
ac
une Directive du 25 février 1964. aM
L’Ordre public ? Buk. Les États membres en disposent d’une marge
d’appréciation. La CJCE le décrit dans une décision du 4 décembre 1974 avec l’arrêt VAN
/L
DUYN. La CJCE est toujours régulièrement saisie de la question de l’Ordre public. Cela l’a
poussé à affiner les comportements qui pouvaient motiver des restrictions fondées sur
m
l’Ordre public. De telles mesures de restriction ne pouvaient être fondées que sur le
comportement personnel de l’intéressé. L’Art. 27 §2 reprend cette jurisprudence.
co
d.
Une mesure de restriction au séjour ne saurait donc pas être prononcée dans un
but de dissuasion ou prévention à l’égard des autres étrangers car il faut un comportement…
rib
L’Art. 28 prévoit que toute décision doit être faite au cas par cas, compte tenu de
w
Les citoyens qui ont un droit de séjour permanent sont protégés par l’Art. 8 §2
de la Directive. Il est exigé que la mesure soit nécessaire et proportionnelle. L’État membre
d’accueil ne peut jeter le citoyen ou des membres de leur famille qui ont acquis un Droit de
séjour permanent, sauf pour des raisons… impérieuses d’Ordre public ou de sécurité
publique.
Dans le cadre de l’ancienne Directive, la CJCE avait relevé dans un arrêt de 1980
que le recours n’était suspensif que dans le cas où le Droit national le prévoyait. Aujourd'hui,
avec l’Art. 31 §2 de la Directive de 2004, on prévoit qu’une demande en référé visant à
obtenir le sursis à exécution accompagne le recours contre la mesure.
L’ensemble de ces garanties bénéficie aux ressortissants d’État tiers qui jouissent
d’un statut privilégié, genre les membres de la famille d’un citoyen de l’Union, mais encore
les bénéficiaires d’accords d’association.
ne
jugée contraire à l’Art. 49 relatif aux prestations de service au sujet du détachement des
travailleurs. La CJCE juge que l’exigence d’une obligation d’effectuer une déclaration
hi
caractérise une discrimination. Exit le motif impérieux d’Intérêt général invoqué. Un arrêt
ac
plus récent du 1er octobre 2009 voit la Cour saisie d’une réglementation qui réserve aux
seules personnes ayant leur domicile ou lieu de résidence en Autriche la délivrance à titre
aM
gratuit d’une vignette permettant aux handicapés de circuler gratuitement sur les routes à
péage. Un allemand proteste. Ah ces allemands. Il invoque la mesure discriminatoire. La
Cour admet la justification soulevée par l’État autrichien, une raison basée sur l’intégration
/L
Paragraphe 2e
co
Celles-ci se des entraves justifiées par l’Intérêt général des États membres. Il n’y a
.sc
pas de critère de justification des décisions admises. Les États membres ont large attitude
pour invoquer des raisons d’Intérêt général. Ces justifications relèvent de la conception
w
d’Intérêt général propre à chaque État. Pour vu qu’il ne s’agisse pas de raisons
économiques visant à protéger le marché national, ce qui reviendrait donc à du
w
La mesure contestée, pour pouvoir être justifiée, doit être strictement nécessaire
et proportionnelle à l’objectif poursuivi. Si un choix est possible entre plusieurs mesures
aptes à atteindre le même but, l’État doit opter pour la décision qui entrave le moins la
libre circulation.
Conclusion
Il y a convergence entre les libertés économiques. Personnes, marchandises voient
être condamnées non seulement les entraves discriminatoires, mais aussi les entraves non
discriminatoires. L’idée de reconnaissance mutuelle irrigue la question de la libre circulation.
Les doubles charges sont ainsi pourchassées. Ensuite, le domaine des justifications aux
restrictions symbolise cette convergence. On constate dans les deux domaines une tendance
à renvoyer l’analyse de la proportionnalité de la mesure au Juge national. Là-dessus, la
cohérence est toute relative. La CJCE procède de temps à autres au renvoi, quand elle
apprécie parfois elle-même la proportionnalité. Les raisons textuelles sont plus
importantes en matière de marchandises, 8, contre 3 pour les personnes. Ces raisons
sont entendues plus largement pour les personnes. Dans les deux cas, les mesures
discriminatoires ne peuvent être justifiées que par des raisons textuelles, mais la CJCE
n’est parfois pas toujours cohérente alors bon…
-- Fin du cours --
ne
hi
ac
aM
/L
m
co
d.
rib
.sc
w
w
w