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Le Desir
Le Desir
LE DSIR
DSIR
ET MANQUE
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Chapitre 3 Le dsir
Nous trouvons donc chez Platon deux thmes qui sont prsents
DOMINER
SES DSIRS
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dsirs qui mritent dtre satisfaits et ceux qui ne le mritent pas. Cest
laffection (plaisir ou douleur) qui servira de rgle. Si le dsir dune
nourriture riche et abondante se traduit par une indigestion, alors
mieux vaut laisser ce dsir inassouvi. linverse, il faut savoir parfois
supporter de lgres souffrances pour spargner de plus grandes souffrances lavenir.
Cest donc en comparant et en examinant attentivement ce qui est
utile et ce qui est nuisible que lon pourra distinguer les dsirs naturels
(dsirs conformes la nature de lhomme) et les dsirs vains, qui plongent le sujet dans une perptuelle agitation. Seront ainsi rejets les dsirs
de puissance ou de clbrit, parce quils gnrent davantage dafflictions (inquitude, peurs, dpendance, conflits, etc.) que de profits.
Mais que rpondre celui qui se plaint de navoir pas manger, pas
de toit ou pas de travail ? Abstiens-toi et supporte , disaient les stociens. Le stocisme enseigne en effet lacceptation de tout ce qui est :
abstiens-toi de gmir et supporte avec fermet les coups du sort !
Le stocien pictte distingue les choses qui sont en notre pouvoir
(nos jugements, nos tendances, nos dsirs) et les choses qui ne sont
pas en notre pouvoir (le corps, la richesse, la rputation). Lunique
souhait du dsir, nous rappelle pictte, est datteindre lobjet dsir.
Or, si nous investissons de notre dsir des objets qui ne dpendent pas
de nous, il est fort probable que nous ne parviendrons pas les obtenir, et que nous en serons malheureux. Pour vivre heureux, il suffit
donc de sappliquer ne vouloir que ce qui doit arriver.
LE
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Chapitre 3 Le dsir
dsirons aucune chose parce que nous la jugeons bonne, dit Spinoza,
mais au contraire, nous jugeons quune chose est bonne parce que
nous la dsirons. Ce qui rend les objets dsirables nos yeux ne se
trouve donc pas dans les objets dsirs, mais bien en nous-mmes, en
tant que ces objets favorisent ou augmentent notre puissance dtre.
Quant au sentiment que nous prouvons lorsque nous prenons
conscience que tel ou tel objet a fortifi notre puissance dagir ,
Spinoza lappelle tout simplement la joie.
C. Librez le dsir !
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