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Faculté de droit
Université de Moncton
AVERTISSEMENT
Les vedettes sont en vert et en majuscules. Dans le corps de l’article, sont aussi en
vert les mots et les locutions qui s’y rapportent, qui font l’objet d’un renvoi ou qui
présentent un intérêt quelconque. Les liens d’hypertexte sont en bleu et soulignés.
Les exemples et les citations sont en italique. Les termes fautifs sont mis entre
crochets.
Les juristes suivants ont collaboré à l’ouvrage : pour le premier tome, Claude
Pardons a participé à la rédaction, Gérard Snow et Charles Zama ont été
conseillers; pour le deuxième tome, Louis Beaudoin a participé à la rédaction à
titre de consultant, Gérard Snow et Claude Pardons ont été conseillers; Gérard
Snow est demeuré conseiller par la suite.
CTTJ
Faculté de droit
Université de Moncton
Moncton (Nouveau-Brunswick)
CANADA E1A 3E9
Téléphone : 506-858-4145
Télécopieur : 506-858-4102
Courrier électronique : cttj@umoncton.ca
Site W3 : http://www.umoncton.ca/droit/cttj.html
Nous avions déjà des dictionnaires et des vocabulaires qui définissent les termes
juridiques, des ouvrages qui nous enseignent la grammaire, la stylistique et le bon
usage de la langue française, des études qui traitent de la dualité juridique et
linguistique canadienne et de ses conséquences, mais nous n'avions pas encore de
Juridictionnaire. C'est d'ailleurs normal qu'on ait créé un néologisme pour
dénommer un ouvrage vraiment original, qui n'a de précédent ni au Canada ni à
l'étranger.
« On ne peut parler de droit que dans la langue du droit, pour cette raison très
simple que la plupart des institutions et des concepts juridiques n’ont pas de
dénomination dans le langage courant » écrivait Philippe Malinvaud, président de
l’Association Henri Capitant dans l’avant-propos du Vocabulaire juridique de
Gérard Cornu. Si les auteurs du Juridictionnaire ont tenu compte des spécificités
de la langue du droit, ils n’ont pas oublié que les paramètres du français juridique
sont beaucoup plus vastes que ceux de la langue du droit. Le juge qui rend une
décision doit décrire les faits dans la langue courante. Les rédacteurs législatifs
traitent régulièrement de domaines qui, en soi, n’ont aucun caractère juridique. Il
n’en reste pas moins que même les mots courants, lorsque employés dans un écrit
juridique, sont assujettis à des règles particulières. Reconnaître la nécessité de
l’exactitude, de la justesse et de la correction du français en général et du français
juridique en particulier, c’est en reconnaître les difficultés et, par conséquent, les
besoins que vient combler le Juridictionnaire.
Cet ouvrage, dont on publie aujourd’hui le tome premier, m’apparaît donc comme
un outil qui devrait devenir le livre de chevet indispensable non seulement des
traducteurs, rédacteurs et juristes canadiens, mais de tous les juristes du monde
francophone. Je me réjouis particulièrement de constater, comme en fait état
l’introduction, que le Juridictionnaire veut favoriser « la désexisation du discours
juridique et la simplification du langage juridique ». C’est déjà beaucoup!
Après avoir consacré ses énergies à établir une terminologie et à réaliser des
textes, le CTTJ dirige une partie de ses ressources vers l’analyse et la correction. Il
devient, d’une façon plus complète, un centre de jurilinguistique appliquée. En
outre, le public auquel s’adresse le Juridictionnaire, quoique majoritairement
canadien, n’en appartient pas moins à l’ensemble des pays de langue française. Ce
« Recueil des difficultés et des ressources du français juridique », pour rappeler le
sous-titre de l’ouvrage, vise à être utile et apprécié dans toute la francophonie par
la nature et le contenu de ses articles.
TÂCHES DE LA JURILINGUISTIQUE
Les tâches de la jurilinguistique sont nombreuses : les plus importantes sont sans
doute celles de la définition de ses principes et de ses méthodes et, sur le plan de la
terminologie, de l’accélération du processus de normalisation de la terminologie
française de la common law.
Dans le but de favoriser d’une façon concrète l’égalité entre les femmes et les
hommes et d’éviter ambiguïtés et sexisme, il ne faut plus hésiter à s’attaquer à
l’usage grammatical de la rédaction juridique, notamment de la rédaction
législative. C’est à la jurilinguistique qu’il appartient de montrer la voie. Il faut
être inventif, et faire preuve de bonne volonté et d’ouverture d’esprit. Il importe de
trouver des formes d’expression satisfaisantes en matière de règles de rédaction,
de dire le droit d’une façon qui permette aux femmes de se reconnaître, sans nuire
à la clarté du texte et à sa concision.
PRÉSENTATION DE L’OUVRAGE
Les buts visés au moment de la conception initiale de l’ouvrage n’ont pas changé.
Le Juridictionnaire est un outil de travail à l’usage des rédacteurs et des
rédactrices qui ont le souci du mot juste et de la correction de la langue et qui
désirent trouver rapidement la réponse aux questions que soulèvent leurs
difficultés linguistiques; c’est une mine de renseignements sur des questions
diverses de grammaire, de terminologie, de traduction et de rédaction juridiques,
de conventions et de bon usage du langage du droit au Canada et dans la
francophonie; c’est un recueil d’études plus approfondies à l’occasion de certains
problèmes particuliers que le seul énoncé de solution ne suffirait pas à résoudre;
c’est un guide pratique et moderne du français juridique qui expose à l’aide
d’explications éclairantes l’utilisation correcte de termes juridiques et de formules
figées dans des contextes particuliers à certaines branches du droit; c’est enfin un
aide-mémoire permettant de garder à portée de la main des tableaux qui viennent
ramasser dans un cadre mnémotechnique une matière diffuse et diverse.
Jacques Picotte
AVANT-PROPOS
au tome II (1993)
Mais l’ouvrage est aussi une source de culture. On le lit pour s’instruire, pour se
perfectionner dans son domaine d’activité et pour mieux apprécier la spécificité du
langage du droit. Prises ensemble, les entrées se présentent alors comme un
répertoire de connaissances sur le discours juridique dans lequel l’usager puisera à
pleines mains.
Je n’ai pas travaillé seul. La liste serait longue des personnes à qui je dois dire
merci. Ce tome deux n’aurait pas été si allègrement rédigé sans leurs
encouragements et leur appui.
Jacques Picotte
RENSEIGNEMENTS BIBLIOGRAPHIQUES
Il serait sans intérêt de dresser ici la liste complète de tous les documents
consultés, plusieurs étant d’ailleurs des textes marginaux. La confection d’un
dictionnaire de langue permet au lexicographe d’adopter une technique qui
l’autorise à glaner très librement les exemples servant à illustrer ses explications,
et même, dans le cas d’un ouvrage comme le Juridictionnaire, à les extraire des
textes révisés au CTTJ, de nos cours de français juridique, ou à les inventer de
toutes pièces, au besoin.
Aussi tous les périodiques et les monographies qui ont fait l’objet d’un
dépouillement aléatoire ou d’une recherche ponctuelle ne sont-ils pas portés sur
notre liste. Seuls demeurent utiles, croyons-nous, les éléments de bibliographie qui
peuvent éclairer l’usager sur nos sources principales de façon à caractériser
clairement notre projet et à préciser les bases de sa réalisation. Il suffit de
mentionner les textes qui ont fait l’objet d’un dépouillement intégral ou partiel et
les travaux spécialisés auxquels nous devons le plus à ce jour pour la rédaction des
articles.
Ouvrages généraux et de synthèse sur le droit. Droit civil de Cornu, Cours de droit
civil français d’Aubry et Rau, Droit civil de Carbonnier, Leçons de droit civil de
Mazeaud, Traité pratique de droit civil français de Planiol et Ripert, Principes de
droit civil de Laurent, Traité de la responsabilité civile de Savatier, Droit des
biens de Lafond, Précis du droit des biens réels de Bastarache et Boudreau
Ouellet, Les grands arrêts de la common law, tous les ouvrages de doctrine
publiés dans la série Common law en poche, la Common Law d’un siècle l’autre,
sous la direction de Pierre Legrand jr, l’Histoire du vocabulaire fiscal d’Agron, le
Droit des sûretés de Ciotola, Le cautionnement par compagnie de garantie de
Poudrier-LeBel, Institutions judiciaires de Perrot, Institutions judiciaires de
Roland et Boyer, Droit parlementaire d’Avril et Gicquel, Droit administratif
général de Chapus, Traité de droit commercial de Ripert, Droit commercial de
Dekeuwer-Deffosez, le Traité de droit aérien de Michel de Juglart, Le droit aérien
de Cartou, Le droit contre le bruit de Lamarque, la Circulation routière.
L’indemnisation des victimes d’accidents de Legeais, le Droit des assurances de
Lambert-Faine, Procédure civile de Héron, Droit pénal international de Lombois,
le Droit pénal général de Stéfani, Levasseur et Bouloc, Manuel de preuve pénale
de Boilard, Droit pénal général et Criminologie et science pénitentiaire de Stefani
et Levasseur, La preuve civile de Royer, Traité de droit criminel de Merle et Vitu,
Droit du commerce international de Jadaud et Plaisant, Droit des sociétés de
Jeantin, Droit international privé de Mayer, Droit international public de
Combacau et Bur, Droit international public de Reuter, Les effectivités du droit
international public de De Visscher, Les fictions du droit sous la direction de
Ysolde Gendreau, Droit des transports de Rodière, et Droit de la communication
de Derieux, La pénologie de Dumont. Ouvrages d’introduction au droit : ceux de
Falys, d’Orianne, de Monique Chemillier-Gendreau, de Sourioux, d’Aubert et de
Malinvaud. Théorie générale du droit de Dabin et Introduction générale à la
common law de Poirier. Du procès pénal de Salas, Droit préventif de Nreau, La
responsabilité pénale des personnes morales en droit anglais. Un modèle pour la
Suisse ? de Kenel, Technique contractuelle de Mousseron, et le Droit des contrats
de Stephen M. Waddams. Adages du droit français de Roland et Boyer. Pratique
professionnelle de l’avocat de Woog, Les règles de la profession d’avocat et les
usages du barreau de Paris de Lemaire, La nouvelle profession d’avocat de
Blanc. Le droit et l’administration des affaires dans les provinces canadiennes de
common law de Smyth et Soberman et Le droit anglais des affaires de
Charlesworth.
A
A-.
Le préfixe a- dénote l’absence, le défaut, l’écart par rapport à une norme, et
signifie sans, privé de : ainsi, amnistie (absence de sanction), anarchie (absence
d’ordre), anomalie (voir ce mot), anomie (absence de normes, vide juridique),
anonyme (sans nom, inconnu), anormal (qui s’écarte de la norme), apatride (sans
patrie) et asile (absence de poursuite). Quand le préfixe a- se rapproche, dans
certains néologismes, du sens de anti- (voir cette entrée), il devrait être agglutiné
avec le mot : ainsi, apolitique (et non [a-politique]), asocial, asyndical.
ö ANOMALIE.
ö ANTI-.
Abdiquer n’est guère usité à propos d’un droit; le plus souvent, on dit renoncer à
un droit. On le trouve pourtant dans Planiol au sens d’abandonner : « Abdiquer
son droit est encore une manière de l’exercer. »
Le substantif abdication a un sens similaire. Il peut être suivi du nom de celui qui
abdique ou de la chose abdiquée (comme dans les exemples ci-dessus). Le Trésor
de la langue française indique, toutefois, que cette construction semble sortie de
l’usage.
celle qui abdique : « Les droits de l’abdiquant restent entiers ». Le roi abdiquant,
la souveraine abdiquante.
Syntagmes
Faire abdication.
Abdiquer la couronne, la royauté.
ö DÉLAISSEMENT.
ö DÉMISSIONNER.
ö RENONÇANT.
ö RENONCER.
ABERRATIO ICTUS.
Se met en italique ou entre guillemets, selon que le texte est imprimé ou manuscrit.
Si le texte est en italique, le terme est en caractère romain.
Expression latine employée en droit pénal. Elle vise l’erreur commise par le
criminel qui vise A, mais, par maladresse, atteint B. Cette erreur est sans incidence
sur la culpabilité, car l’identité de la victime n’est pas considérée comme un
élément de l’infraction si l’intention de causer la mort était présente.
ö ERREUR.
ö IN OBJECTO.
AB INITIO.
Cette locution adverbiale est apparue très tôt en anglais, au début du XVIIe siècle,
alors qu’elle est attestée en français au début du XXe siècle seulement. Ab initio
signifie depuis le début, dès le commencement, dès l’origine. Grammaticalement,
ab initio s’emploie comme adjectif (compétence, intrusion, nullité ab initio) ou
comme adverbe (compétence conférée ab initio, intrusion commise ab initio,
nullité opérant ab initio). « La Cour a retenu une interprétation beaucoup plus
large de ses pouvoirs de révision et a conclu que la loi lui conférait le pouvoir de
réexaminer l’affaire ab initio. »
Certains traduisent la locution latine. L’équivalent choisi est, selon le cas, depuis
le début, dès sa passation, dès son attribution, dès sa formation, dès son
accomplissement, dès son adoption, dès sa consécration, dès son établissement ou
rétroactif, par exemple dans le droit des contrats (anéantissement rétroactif du
contrat (“rescission ab initio”). Cette tendance peut être dangereuse dans la
mesure où, par le choix d’un équivalent, elle confère un contenu précis à une
expression latine qui l’est moins. Dans les cas où un équivalent n’est pas
normalisé, il vaut mieux ne pas traduire cette locution.
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Syntagmes
ö NUL.
AB INTESTAT. INTESTAT.
1) Se prononcent a-bin (comme dans « bambin ») tès-ta (le t final est muet) et
in-tès-ta.
2) La locution ab intestat est toujours invariable. Elle signifie sans qu’il ait été
fait de testament et se dit soit de la succession non testamentaire, soit de l’héritier
d’une personne décédée sans avoir fait de testament.
Intestat signifie qui n’a pas fait de testament. Décéder intestat. Peut-on dire d’un
de cujus (voir ce mot) qu’il est [décédé ab intestat] ? Puisque intestat signifie qui
n’a pas fait de testament, on dira que le de cujus est décédé intestat. Si on succède
à ce de cujus, on en héritera ab intestat. Cependant, l’usage admet qu’ab intestat
s’applique à une personne intestat : « Elle est morte ab intestat. »
Le terme intestat s’emploie aussi comme nom : « Si un enfant prédécédé laisse une
descendance vivante au moment du décès de l’intestat, la part du conjoint est la
même que si l’enfant était vivant à ce moment. »
Syntagmes
Administration ab intestat.
Administration des biens d’un intestat.
Biens d’un défunt intestat.
Droits successoraux ab intestat.
Hérédité ab intestat.
Successeur, succession ab intestat, les successibles, la successibilité ab intestat.
Succession dévolue ab intestat.
Succession en partie ab intestat, succession partiellement, totalement intestat.
ö DE CUJUS.
ö SUCCESSION.
ö TESTAMENT.
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AB IRATO.
Cette notion est inconnue en common law. L’action qui se rapproche le plus de
l’action ab irato du droit civil serait celle de l’action en annulation de testament
pour cause d’incapacité mentale (“mental incapacity”), et renvoie en particulier
aux notions de démence (“senile dementia”) et de fantasme (“delusions”). Par
exemple, une aversion profonde ressentie par un mari envers sa femme ou par un
père envers ses enfants peut se confondre avec une insanité et le testament fait
dans un pareil état d’esprit peut être attaqué pour cette raison. « La donation
inspirée par la haine ou la colère ressentie à l’endroit des héritiers est une
donation faite ab irato. »
ABJURER. ADJURER.
Ne pas confondre ces deux verbes : abjurer c’est, au sens propre, abandonner une
religion ou une doctrine par un acte solennel et, au sens figuré, abandonner ce
qu’on faisait profession de croire, y renoncer publiquement. « Le terroriste a
abjuré ses idées révolutionnaires et ne présente donc plus de danger pour la
société. » Adjurer signifie sommer ou prier instamment quelqu’un de dire ou de
faire quelque chose. On adjure qqn de + infinitif. « L’avocat du prévenu a adjuré
les membres du jury de se montrer cléments envers son client. » « L’avocat a
adjuré le témoin de dire la vérité. »
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-ABLE.
Le suffixe -able (de même que les suffixes en -ible et en -uble, voir ces entrées),
formateur d’adjectifs, et les substantifs correspondants expriment une possibilité
passive (qui peut + infinitif) : applicable (qui peut être appliqué), vendable (qui
peut être vendu), ou active (qui doit + infinitif, qui cause ou produit qqch.) :
dommageable (qui cause du dommage), justiciable (qui doit passer en justice) et
préjudiciable (qui porte préjudice). Le tableau figurant aux pages suivantes
regroupe certains emplois, auxquels il faudrait ajouter les antonymes appropriés.
ö -IBLE.
ö -UBLE.
-ABLE
ÉPITHÈTE ÉQUIVALENT DOMAINE
OU SYNTAGME
aliénable (bien...) (“alienable”) biens
annulable (contrat...) (“voidable contract”) contrats
blâmable (cause...) (“culpable cause”) délits civils
capable (testateur...) (“competent testator”) successions
compensable (préjudice...) (“compensable injury”) délits civils
congéable (bail à titre...) (“lease at will”) biens
contestable (titre...) (“clouded title”) biens
contraignable (témoin...) (“compellable witness”) preuve
coupable (intention...) (“culpable intent”) procédure pénale
déraisonnable (acte...) (“unreasonable act”) délits civils
dommageable (acte...) (“harmful” ou “injurious biens
act”)
envisageable (résultat (“reasonably contrats
raisonnablement...) contemplated result”)
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Syntagmes
Abrogation en bloc.
Abrogation expresse formelle.
Abrogation générale, partielle, totale.
Abrogation implicite, tacite.
Abrogation par désuétude, par non-usage, par usage contraire.
2) Les adjectifs abrogatif et abrogatoire sont tous deux d’un emploi courant
dans le langage juridique actuel, le premier semblant toutefois avoir la préférence
en rédaction législative : clause abrogatoire, disposition abrogative, texte
abrogatoire. Ces adjectifs, signifiant qui abroge, qui a pour objet d’abroger,
peuvent aussi être suivis d’un complément déterminatif : « La loi du 14 janvier
1981, abrogatoire de celle du 10 mai 1956 ». Loi abrogatoire d’une loi
rétroactive. Mesure abrogative de la contrainte par corps.
Syntagmes
ABONDANT (D’).
Locution adverbiale déjà vieillie au XVIIe siècle, à éviter dans les actes de
procédure écrite. La locution signifie en outre : « À l’encontre de la déclaration de
la demanderesse, la défenderesse allègue : ... Et d’abondant, elle allègue : ... »
Cet archaïsme se remplacera par les locutions plus modernes en outre, de plus ou
de surcroît.
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ABONDER.
Employé au sens de être rempli de, être ou se trouver en grande quantité, ce verbe
est intransitif : « Les déclarations du témoin abondent en contradictions ». La
construction [abonder de] étant vieillie, on évitera de dire : « Le mémoire de cet
avocat [abonde de] fautes », on dira plutôt : « Ce mémoire abonde en fautes » ou
« Les fautes abondent dans ce mémoire ».
La locution abonder dans le sens de quelqu’un veut dire soutenir la même opinion
que quelqu’un, parler dans le même sens que lui. Le sens « donner avec excès dans
la manière de voir de quelqu’un » que signale le Grand Robert n’est pas courant.
On peut donc, sans crainte de commettre un illogisme, dire d’un juge qui souscrit
aux motifs de jugement d’un autre juge qu’il abonde dans le sens de son collègue.
ö ACCORD (D’).
Dérivés
Syntagmes
ö SOUSCRIPTION.
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ABORDAGE. COLLISION.
1) En droit maritime, il y a abordage dès lors qu’il existe une collision entre
deux navires, un heurt matériel de deux ou plusieurs bâtiments. La notion
maritime d’abordage s’étend à la collision entre un navire et un bateau de
navigation intérieure ou aux dommages causés par la rencontre des bâtiments.
Abordage maritime. « L’abordage s’est produit en haute mer. » Abordage fortuit,
fautif, douteux. Indemnité pour abordage. Responsabilité de l’abordage. Situation
d’abordage imminente dangereuse : « Lorsqu’on a compris que le CIELO BIANCO
allait effectivement virer sur bâbord, il existait déjà une situation d’abordage
imminente et dangereuse ». L’abordage fluvial est la collision entre deux ou
plusieurs bateaux de navigation intérieure.
ö AVARIABLE.
ö COLLISION.
Le navire ou l’aéronef abordé est celui qui reçoit l’abordage (voir ABORDAGE),
tandis que le navire ou l’aéronef abordeur est celui qui est l’auteur de l’abordage.
Dans le langage juridique, le mot abordeur a le sens de navire responsable de
l’abordage.
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ö ABORDAGE.
ABORTIF, IVE.
Syntagmes
Employer, pratiquer des manoeuvres abortives sur une femme. « Les manoeuvres
du défendeur avaient-elles un caractère abortif ? »
ö AVORTÉE.
ö AVORTEMENT.
ö INFANTICIDE.
ABOUTISSANTS.
Dans l’usage courant, cette locution signifie tout ce dont une affaire dépend et
toutes les conséquences qu’elle peut comporter (« Un procès dont on n’a pas fini
d’apprendre les tenants et les aboutissants ») ou ce à quoi une chose aboutit
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Plusieurs auteurs, pour une question d’euphonie sans doute, ne répètent pas
l’article défini les lorsque la locution est suivie d’un complément (les tenants et
aboutissants de qqch.), mais ce n’est pas là une règle stricte.
ö ATTENANT.
ö TENANT.
2) Abrégé s’emploie également comme participe passé dans le cas d’un délai :
« Tout délai prescrit par les présentes règles pour la signification, le dépôt ou la
délivrance d’un document peut être prolongé ou abrégé par consentement. » « Le
délai accordé à l’accusé pour communiquer avec un avocat ne peut être abrégé de
façon arbitraire pour accommoder les autorités ou pour les aider à obtenir la
déclaration incriminante souhaitée. ».
ö ABRÉGEMENT.
Le verbe abréger (voir ABRÉGÉ) se conjugue comme les autres verbes en ger. Il
change l’é en è devant une syllabe muette (ils abrègent), sauf au futur et au
conditionnel (j’abrégerai, nous abrégerions). Prend un e après g devant a ou o
(j’abrégeais, nous abrégeons).
ö ABRÉGÉ.
ö DÉLAI.
ö PROLONGATION.
ö PROROGATION.
ABRI. COUVERT.
ö ABRITER (S’).
ABRITER (S’).
Cette expression a le plus souvent un sens péjoratif; elle signifie avancer des
arguments juridiques formels pour se soustraire à une responsabilité, pour
échapper aux rigueurs de la loi. Ainsi dira-t-on d’un justiciable qui élude une
obligation morale ou une responsabilité en invoquant ou en utilisant une
disposition réglementaire qui lui est favorable qu’il s’abrite derrière un règlement,
c’est-à-dire qu’il prétexte l’autorité du règlement pour éviter de s’acquitter de son
obligation ou de faire face à sa responsabilité. « Il existerait une présomption
générale de légitime défense en faveur de tous les délinquants qui s’abritent
derrière cet article de la loi. »
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ö ABRI.
ABROGATION. ABROGER.
ö ABOLIR.
3) En cas d’absence est une locution du langage juridique qui sert, notamment
dans la rédaction de lois et de règlements administratifs, de formule introductive
dans des dispositions prévoyant l’attribution de pouvoirs et de fonctions à un
suppléant. « En cas d’absence ou d’empêchement du président ou de vacance de
son poste, la présidence est assumée par le vice-président du Conseil. » Il
convient de remarquer que la formule figée peut tout aussi bien se trouver à la fin
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Syntagmes
ABSOLUTION.
1) Terme qui a fait son entrée en 1988 dans le langage du droit pénal canadien.
Il remplace le terme [libération] utilisé jusqu’à présent pour rendre “discharge”
dans les expressions “absolute discharge” et “conditional discharge” à l’article 736
du Code criminel.
Le terme absolution a été emprunté (ainsi que le verbe absoudre) au droit pénal
français où, depuis 1975, il désigne la décision rendue par une juridiction
répressive, dispensant de la peine une personne déclarée coupable d’une infraction
si son reclassement est acquis, si le dommage causé est réparé et si le trouble
résultant de l’infraction a cessé.
Syntagmes
ö ABSOUDRE.
ö ABSOUS.
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ABSOUDRE.
Le participe présent est absolvant. Le participe passé est absous et non [absout] et
le féminin absoute. Le passé simple j’absolus est inusité.
ö ABSOLUTION.
ö ABSOUS.
ö EXONÉRER.
ABSOUS, ABSOUTE.
Substantif et adjectif.
1) Le droit couvre la presque totalité des formes d’abus. Il y a abus chaque fois
que l’exercice d’un droit ou l’avantage tiré d’une situation particulière s’opère au
détriment d’autrui ou au mépris de droits légitimes de tiers, outrepassant les
limites de ce que la loi considère admissible, acceptable, normal ou raisonnable.
Autrement dit, l’abus est soit l’usage excessif, déraisonnable, injustifié,
répréhensible ou illicite d’un droit, d’une faculté ou d’une prérogative, soit
l’avantage découlant d’une supériorité utilisée à mauvais droit contre autrui.
2) Il existe plusieurs sortes d’abus juridiques, l’abus de droit (et toutes ses
variétés) en constituant à lui seul une catégorie complète.
Cet abus se manifeste par diverses conduites blâmables telles que, notamment, le
refus injustifié de vente, la vente liée, les conditions de vente discriminatoires ou
la rupture sans motif légitime de relations commerciales. L’exploitation abusive
pourra s’effectuer, par exemple, par rapport à la dépendance économique d’une
entreprise cliente ou d’un fournisseur.
L’abus de biens sociaux (ou abus de bien social) s’entend de l’usage frauduleux
des biens appartenant à une société. Il intéresse le cas de détournement de
mauvaise foi de biens meubles ou immeubles par des dirigeants au préjudice des
associés, de détournement de crédit de la société ou de détournement de leurs
pouvoirs sociaux pour en faire un usage contraire à l’intérêt social, à des fins
personnelles ou à seule fin de favoriser une autre société dans laquelle ils
possèdent un intérêt. Il s’agit là d’une forme de malversation ou de dissipation
frauduleuse.
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Dans le droit des contrats, toutes les clauses abusives relèvent de l’abus
contractuel. Abus du refus d’agrément. Abus d’influence (en matière contractuelle
et successorale), à distinguer du trafic d’influence dans les charges publiques.
L’abus de pouvoir(s) ou l’abus d’autorité se commet lorsqu’une personne ou un
organisme détenant une autorité de droit ou de fait sur un individu ou sur un
groupe exerce à son endroit une contrainte morale pour l’inciter à accomplir un
acte quelconque et, ce faisant, outrepasse ses pouvoirs. Cette forme d’abus est
assimilée à une oppression. L’abus de mineur, encore appelé abus des besoins, des
passions, des faiblesses d’un mineur, et l’abus d’influence sont des variétés
d’abus d’autorité.
abus de privilège (et d’immunité) et peut être motivé par l’opportunisme politique
plutôt que par une question d’urgence ou d’état de nécessité. Allégation d’abus de
privilège.
Les organisations internationales sont régies par des règlements et des conventions
qui prévoient l’attribution de privilèges et d’immunités aux États membres, ces
derniers s’exposant à se rendre coupables et à être inculpés d’abus de privilège en
cas de non-respect des textes habilitants. « L’État partie estime qu’il y a abus d’un
privilège ou d’une immunité accordés par le présent accord. » « Une autorité
compétente ou une entité judiciaire de l’État membre estime qu’il y a eu abus d’un
privilège ou d’une immunité. »
Dans tous les domaines où des privilèges sont accordés (aux conjoints, aux parties
contractantes, aux acheteurs et vendeurs, aux capitaines de navires, aux
constructeurs, à des catégories de professionnels), les titulaires de ces privilèges
risquent de commettre des abus. Abus de privilège journalistique. Abus de
privilèges par titulaires de brevet. Abus de privilège d’émission (du dollar comme
monnaie internationale de fait). Abus grave de privilège de résidence (dans l’État
hôte). Abus de privilège de monopole. Abus des privilèges des experts. Dans le
droit des banques, l’abus de privilège d’emprunt consiste à utiliser des prêts à
d’autres fins que celles auxquelles ils ont été consentis.
En matière civile, cet abus pourra s’expliquer par le fait que le juge n’a pas permis
à une témoin importante de témoigner, a formulé des commentaires désobligeants
susceptibles d’influencer le jury ou a fait preuve d’un parti pris flagrant. En
matière pénale, le juge a pu infliger une peine manifestement trop lourde dans les
circonstances.
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La décision attaquée sera examinée par une cour d’appel, laquelle s’appuiera sur la
norme de l’abus de pouvoir judiciaire discrétionnaire pour procéder à la révision
judiciaire.
L’abus de procédure ou l’abus dans l’exercice d’une action, encore appelé abus
d’ester en justice, est le fait pour un plaideur d’intenter des actions futiles ou
vexatoires, de multiplier les recours judiciaires dans un but différent de celui que
prévoit la loi. Le créancier qui obtient un mandat d’arrestation afin d’exercer de la
pression sur un débiteur récalcitrant commet un abus de procédure. Toute
utilisation excessive ou déraisonnable de la procédure entravant le bon
déroulement d’un processus juridictionnel afin de nuire à la poursuite d’un procès
est une faute constitutive d’une telle forme d’abus. Il convient d’ajouter ici
l’exemple du plaideur ou du justiciable quérulent qui multiplie les recours
vexatoires par suite d’un trouble de la personnalité.
En droit international public, l’abus du signe (de la Croix Rouge, par exemple)
revêt deux formes : l’abus du signe de protection relève d’un acte de perfidie
lorsque le signe, placé sur les personnes et les biens représentant une organisation
reconnue par les conventions internationales, est utilisé à dessein criminel par des
abuseurs malintentionnés ou des terroristes, tandis que l’abus du signe indicatif
relève d’un acte d’usurpation lorsque le signe, placé sur les personnes et les biens,
est utilisé par des personnes qui entendent faire croire tout simplement, sans
dessein criminel, qu’elles ont un lien avec l’organisation, alors qu’elles ne
bénéficient aucunement des dispositions des conventions pertinentes. Abus de
pavillon (dans le droit de la mer).
Abolir, corriger, dénoncer, déraciner, détruire, éviter, extirper, faire cesser, faire
disparaître, ôter, pourfendre, prévenir, redresser, réformer, réprimer, retrancher,
sanctionner, supprimer un abus.
Lutter, protester, s’élever, sévir contre un abus. Mettre fin, réagir, remédier,
s’attaquer à des abus.
Le mot latin abusus est étranger à la notion d’abus. Il désigne l’un des attributs du
droit de propriété, non pas celui d’user de son bien (usus), mais celui d’en disposer
ou de l’aliéner.
ö ABUS DE DROIT.
ö MALTRAITANCE.
ö NÉCESSITÉ.
ABUS DE DROIT.
Avec le temps et son influence grandissant, elle devient théorie : les auteurs
parlent de la théorie classique de l’abus de droit. Lorsque la loi l’adopte enfin
dans plusieurs matières, la théorie devient principe général, naturellement,
puisque les règles de droit qu’énonce le législateur ne sont pas des théories mais
49
2) « Tout droit poussé trop loin, disait Voltaire, conduit à une injustice. »
Aussi peut-on dire qu’il y a abus de droit chaque fois que l’exercice d’un droit
subjectif reconnu, que l’accomplissement d’une prérogative inhérente à ce droit,
que l’acte découlant de ce droit, que l’usage que le titulaire en fait ou que la
conduite manifestée dans l’exercice de ce droit présente un caractère malveillant,
excessif ou abusif.
Par conséquent, commet un abus de droit quiconque outrepasse les limites de son
droit, soit du fait de sa mauvaise foi ou de son intention de nuire, soit par suite de
l’exercice anormal, maladroit ou insouciant de son droit, et, ce faisant, cause un
dommage ou un préjudice à autrui. Abus de droit déguisé, flagrant, grave,
manifesté, présumé, véritable.
L’abus de droit peut résulter d’une action ou d’une abstention. Quoi qu’il en soit,
c’est le dépassement des limites d’un droit d’agir ou de s’abstenir, lequel cause un
dommage ou un préjudice en raison d’une conduite répréhensible eu égard à la
portée légale de ce droit, qui constitue l’abus de droit.
4) Les types ou les formes d’abus de droit sont nombreux selon le domaine
dont il s’agit.
Le propriétaire d’un bien qui fait valoir de mauvaise foi son droit de propriété et
crée des nuisances ou gêne ses voisins dans une intention malveillante ou leur
cause un préjudice inacceptable par son insouciance commet un abus du droit de
propriété. « Il ne peut y avoir abus de droit que si le propriétaire exécute chez lui,
sans aucun profit pour lui-même, un acte qui apporte un trouble au propriétaire
du fonds voisin restant dans les limites de sa propriété. »
En droit judiciaire, le plaideur qui intente une action frivole ou vexatoire, qui
multiplie inutilement les mesures dilatoires et les dénonciations téméraires afin de
nuire à autrui ou pour assouvir un besoin de vengeance personnelle est coupable
d’abus du droit d’agir en justice ou d’un abus de procédures. Abus du droit
d’ester (en justice).
Dans le droit de la famille, les parents qui usent illégitimement de leur droit de
corriger leur enfant se rendent coupables d’un abus du droit parental de
correction.
L’abus de droit contractuel se produit dans les cas de résiliation sans préavis,
anticipée ou intempestive fautive de contrat, d’exercice abusif de garanties, de
rupture injustifiée de pourparlers animée par une intention de nuire et opérée de
mauvaise foi ou avec une insouciance répréhensible ou de clauses abusives.
Résiliation constitutive d’un abus de droit. Création de l’abus de droit. « Il y a
abus de droit lorsqu’une partie agit dans son seul intérêt en vue de retirer un
avantage disproportionné par rapport aux inconvénients que, ce faisant, il fait
51
subir à son débiteur. C’est donc le choix, sans avantage marquant, de la voie la
plus préjudiciable à l’autre partie qui crée l’abus. »
Constitue un abus de droit fiscal toute opération d’un contribuable visant à éluder
tout ou partie de ses obligations fiscales, tel le cas où il recourt à des montages ou
à des combinaisons juridiques à seule fin d’échapper, même indirectement, à
l’impôt. Abus de droit en matière fiscale. Abus de droit fiscal. Masquer,
démasquer tout abus de droit fiscal. Se prémunir, lutter contre l’abus de droit
fiscal. « Les montages fiscaux comportant l’utilisation de crédits ou de réductions
d’impôt pourront désormais être dûment contestés comme principal outil de lutte
contre l’abus de droit en matière fiscale. » Menace de l’abus de droit fiscal. « Le
fisc brandit souvent la menace de l’abus de droit fiscal pour transiger
l’acceptation de redressements. » « En matière fiscale, l’abus de droit est un acte
juridique, ou une convention, dont le but est exclusivement fiscal, et dont le seul
objet est d’éluder ou de transférer artificiellement l’impôt. » Abus de droit par
simulation, abus de droit par fraude à la loi.
Les domaines de mise en œuvre de la théorie de l’abus de droit ont envahi le droit
positif entier et la notion se trouve aussi, notamment, en droit international public,
en droit constitutionnel, dans le droit des sociétés, dans le droit des affaires, dans
le droit des banques, dans le droit d’auteur et en droit communautaire.
5) Le principe de l’abus de droit est reconnu tant par tous les systèmes
juridiques de droit civil que par la common law (“abuse of rights”), bien que la
notion elle-même d’abus de droit ne tire pas son origine de principes élaborés par
la common law. Sous ces régimes de droit, le titulaire d’un droit ou le propriétaire
d’un bien ne peut exercer son droit ni user de son bien que de façon légale,
raisonnable, normale et non abusive.
Il abuse de son droit et, engageant sa responsabilité à l’égard des tiers du fait de sa
titularisation, peut être condamné à réparer le dommage ou le préjudice qu’il cause
par suite de l’exercice abusif reconnu ou prouvé de son droit. « Le titulaire d’un
droit (qu’il faut supposer non contesté) engage sa responsabilité civile s’il cause
un préjudice à un tiers en exerçant abusivement un droit. » « Un individu, lors
même qu’il est reconnu titulaire incontesté d’un droit, se met néanmoins dans son
tort, s’il use de son droit d’une façon abusive. »
52
Autrement dit, l’abus de droit n’existe et ne peut être invoqué que si un droit est
reconnu. On parle de l’abus de droit de propriété ou du droit d’ester en justice
parce que le droit existe et est reconnu. Il ne peut y avoir [abus de droit en matière
de diffamation] puisque la diffamation n’est pas un droit, mais un défaut de droit.
« Lorsque, par une déclaration, un préjudice est causé à autrui, il ne s’agit pas
d’un abus de droit à la liberté d’expression, mais d’un défaut de droit. »
ACADÉMIQUE.
L’adjectif académique ne s’emploie que dans deux sens : qui se rapporte à une
académie et, au figuré, qui est froid, guindé, qui manque de naturel, qui sent
l’école. Les abus les plus fréquents à cet égard figurent dans le tableau ci-après, où
la forme fautive ou incertaine est accompagnée de son correctif.
ACADÉMIQUE
FORME FAUTIVE OU FORME CORRECTE
CRITIQUABLE
année [académique] année scolaire ou universitaire
calendrier [académique] calendrier scolaire ou universitaire
carrière [académique] carrière universitaire
commentateurs [académiques] auteurs, commentateurs
cours [académique] cours de formation générale
diplôme [académique] diplôme universitaire
direction [académique] direction pédagogique
dossier [académique] livret scolaire, dossier scolaire ou
universitaire, résultats scolaires ou
universitaires
écrits [académiques] articles de doctrine
enseignement [académique] enseignement général
54
ACCAPAREMENT. ACCAPARER.
Accaparer une chose, cela veut dire soit s’en emparer pour se la réserver à soi seul
en vue d’un profit, la monopoliser (« L’entreprise a réussi à accaparer tout le
marché. »), soit la prendre, la retenir en entier (« Cet avocat accapare toutes les
causes intéressantes. »). Employé à la forme pronominale, accaparer est un
55
1) Dans le droit des contrats en régime de common law, une offre ayant été
faite au destinataire de l’offre, ce dernier peut soit l’accepter inconditionnellement
ou l’accepter sous conditions, soit la refuser ou la rejeter.
Le retrait peut être conventionnel (appelé aussi réméré en droit civil : faculté de
réméré), lorsqu’il découle de la volonté des parties consignée dans l’accord
d’offre, ou litigieux, lorsqu’il est source d’un litige entre elles.
2) Dans le droit des contrats généralement, l’offre est une proposition ferme,
distincte de la promesse de contrat. Elle émane de l’auteur de l’offre faite à une ou
56
L’offre est valable quand elle est en cours de validité et elle est valide quand,
valablement formée, elle est conforme aux exigences légales et ne risque pas
d’être frappée de nullité pour sa conclusion.
L’offre peut viser une ou des personnes, désignées ou non déterminées : offre à
personne déterminée, offre à personne indéterminée (au public, par exemple).
Elle peut être expresse ou expressément faite, en termes exprès, ou tacite (c’est-à-
dire faite par déduction), exclusive (c’est-à-dire faite uniquement au destinataire).
Dans le droit des créances, l’offre est dite réelle quand le débiteur remet à son
créancier la chose due dans le respect des délais et avec paiement libératoire.
L’offre ferme n’est pas sujette à négociation. Elle n’est pas susceptible d’être
modifiée, dans son prix notamment, sur consentement des parties à l’offre.
L’offre peut être suivie d’une contre-offre, si elle n’est pas ferme, si elle est
négociable. Cette dernière a pour objet de modifier les conditions et (ou) les
modalités de l’offre. Le contrat est formé lorsque l’offrant primitif, l’offrante
primitive accepte la contre-offre émanant du destinataire de l’offre en lui
signifiant son acquiescement ou son consentement à l’égard du projet de
modification de l’offre.
Par rapport à l’offre initiale ou primitive, l’offre peut être modifiée sur proposition
du destinataire. Ayant été acceptée et jugée avantageuse, elle peut être renouvelée,
prorogée.
Assortie de conditions, l’offre est conditionnelle; dans le cas contraire, elle est
sans conditions ou inconditionnelle.
Il ne faut pas confondre la partie retrayante avec la partie qui se désiste d’une
instance, qui l’abandonne.
ö FRAPPER.
58
ACCEPTION.
1) Dans le langage du droit, le mot acception s’emploie dans les locutions sans
acception de et sans faire acception de personne, et signifie sans manifester de
préférence pour, sans tenir compte de, sans faire entrer en ligne de compte.
Dire « Un juge doit juger sans acception de personne » et non [sans exception de
personne]. « La loi ne fait acception de personne et s’applique également à tous,
et tous ont droit à la même protection et au même bénéfice de la loi, ... », c.-à-d.
sans distinction quelle qu’elle soit (“Every individual is equal before and under the
law and has the right to the equal protection and equal benefit of the law...”).
L’expression dans toute l’acception du mot s’emploie pour indiquer que le mot est
employé sans aucune restriction, qu’il est bien celui qui convient : « Il est
responsable, dans toute l’acception du mot. », c’est-à-dire réellement, vraiment.
« Ce sont des considérations théoriques, dans toute l’acception du terme. »
ACCESSION.
accessoires (voir ACCESSOIRE) qui s’y ajoutent ou s’y joignent, soit naturellement,
soit artificiellement, que ce bien soit meuble ou immeuble. Au sens strict,
l’accession se produit lorsqu’une chose appartenant à une personne devient la
propriété d’une autre personne du fait de l’union ou de l’incorporation de la chose
à une chose appartenant à cette dernière. Acquisition par accession ou par
spécification.
2) Sens métonymique. Par extension, l’accession désigne les choses mêmes sur
lesquelles le droit d’accession est exercé (atterrissement, arbres, constructions,
animaux...).
6) Sens usuel. Dans l’usage courant, accession désigne le fait pour une
personne d’accéder à une fonction ou à un pouvoir, ou encore le fait pour un État
d’accéder à la souveraineté. « À mon sens, il n’y a rien dans les propos du juge
LeDain qui indique que la Commission peut faire fi du processus légal
d’accession à la Fonction publique. » « Au cours des quinze années qui ont
précédé son accession au pouvoir, il y a eu plus de deux cents poursuites pour
60
Syntagmes
ö ACCESSOIRE.
ö ACCROISSEMENT.
ö ACQUÉRIR.
ö ANNEXION.
ACCESSOIRE. ACCESSOIREMENT.
1) Sens technique. Dans le droit des biens, l’adjectif accessoire est lié au
principe de l’accession (voir ce mot) et signifie qui suit ou accompagne la chose
principale, qui se rapporte à qqch., qui appartient à qqch.
Sens usuel. Qui suit une chose principale, en dépend ou la complète. Avantage,
clause, contrat, demande, disposition, droits, frais, question, taxe, usages, revenus
accessoires.
Dans la maxime l’accessoire suit le principal, l’accessoire est un objet qui, du fait
de sa dépendance par rapport à l’autre objet, a la même nature juridique que celui-
ci ou est soumis à la même règle.
Au pluriel, les accessoires d’une chose peuvent être les accessoires détachés du
principal ou les accessoires incorporés au capital. Ce peut être les éléments
complémentaires d’un bien qui se sont unis à un élément principal (biens
hypothéqués avec tous leurs accessoires) ou les privilèges, hypothèques et
cautions dans une cession de créance.
Syntagmes
ö ACCESSION.
ACCIDENT. INCIDENT.
Syntagmes
Accidents en chaîne.
Accident entre véhicule et piéton.
Accident entre véhicules.
Accident d’automobile, de voiture.
L’accident survient, se produit.
Description de l’accident, rapport d’accident.
Constat amiable d’accident.
Les circonstances [entourant] l’accident est un pléonasme; dire les circonstances
de l’accident, car dans le mot circonstance, il y a déjà l’idée d’« autour » (en latin
“circum”) que l’on trouve dans « entourer ».
Déclarer, décrire, signaler un accident.
Invoquer la défense d’accident.
Causer, occasionner un accident.
ö CIRCONSTANCE.
ö COLLISION.
ö IMPLICATION.
ö INCIDENT.
Comme adjectif, accidenté se dit d’une personne ou d’une chose qui a subi un
accident (des enfants accidentés, une voiture accidentée) et comme substantif, se
dit de la victime d’un accident (les accidentés de la route, du travail).
65
L’extension de sens aux choses n’était pas admise par les lexicographes. On peut
dire aujourd’hui voiture accidentée, expression que le Grand Robert continue
toujours de signaler comme familière. Dagenais propose voiture accidentée ou
voiture qui a subi l’accident. Pour la notion juridique d’implication d’un véhicule
dans un accident et de voiture impliquée dans un accident, voir ACCIDENT. et
IMPLICATION.
ö ACCIDENT.
ö IMPLICATION.
1) Accidentel a deux sens : qui est provoqué par un accident (« Ses blessures
sont accidentelles. » « Sa mort n’est pas naturelle mais accidentelle. ») et qui est
dû au hasard, qui est imprévu, fortuit (« J’ai été le témoin accidentel de ce crime
monstrueux. »). Dans ce deuxième sens, voir les termes de common law atteinte ou
intrusion accidentelle (“accidental trespass”) et dommage accidentel (“accidental
harm”).
ö ERREUR.
ö LAPSUS.
Deux c, deux m.
En français, accommodation n’est guère usité que dans le sens d’adaptation, par
exemple le pouvoir d’accommodation de l’oeil aux distances. Son homonyme
anglais est très fréquent dans les textes juridiques et peut être source
d’anglicismes. “Accommodation” s’emploie dans deux acceptions : celle de
logement (aménagement, bâtiment, service d’accueil, hébergement, installations et
locaux) et celle de complaisance, en matière de lettres de change.
Accommodation ne doit pas être confondu avec accommodement qui, en droit, est
synonyme de conciliation, d’arrangement, de compromis amiable : « Les deux
parties devront trouver [une accommodation] (= un accommodement) si elles
veulent éviter un procès. ». En venir à un accommodement avec qqn. Faire un
accommodement. Par voie d’accommodement. « Un mauvais accommodement
vaut mieux qu’un bon procès. »
67
ö COMPLAISANCE.
ACCOMPAGNÉ, ÉE.
Pour varier l’expression, on peut remplacer accompagné par les tours suivants :
avec : « Les notifications qui doivent être faites le sont par lettre recommandée
avec demande d’avis de réception ».
68
déposer avec : « La cession d’un acte de vente est enregistrée en la déposant avec
un affidavit ».
également joint à : « Une notice indiquant les dispositions de la loi pertinente est
également jointe à la notification ».
y afférent : « Le conseil doit présenter aux membres les états financiers dûment
vérifiés et le rapport y afférent du vérificateur ».
En parlant d’une personne, accompli signifie parfait en son genre, très compétent,
d’expérience : un praticien accompli. Puisque accompli peut se prendre en
mauvaise part (un scélérat accompli), il faut s’assurer que le contexte est explicite
lorsqu’on utilise cet adjectif.
En parlant d’un âge, ces deux termes se mettent au pluriel et signifient atteindre un
âge. « Pour pouvoir être nommé, le candidat doit être âgé de trente ans
69
accomplis. » « Aux termes du Code civil, l’homme avant dix-huit ans révolus ne
peut contracter mariage. »
ACCOMPLIR.
c) Faire ce qui est demandé, ordonné, proposé, obéir à une volonté, à un ordre,
en se conformant à des modalités, s’acquitter de : accomplir un devoir, un
ordre, une formalité, une obligation.
ACCOMPLISSEMENT.
ö OMETTRE.
1) On peut être d’accord avec une personne, mais peut-on être d’accord avec
une chose ? Les tournures, fréquentes dans le style judiciaire, [être d’accord avec
l’argument, avec la position, avec ce que dit, avec les motifs, etc.] sont incorrectes.
Ne pas dire, par exemple : « Je [suis d’accord avec la décision] de mon
collègue... » ou « Il [n’est pas d’accord avec les valeurs] que l’association donne à
ses éléments d’actif. », mais dire : « Je suis d’accord avec mon collègue lorsqu’il
décide que... », ou encore « J’approuve les motifs de mon collègue. » « Il n’est pas
d’accord avec l’association sur les valeurs qu’elle donne à ses éléments d’actif. »,
l’association étant, dans le dernier exemple, une personne morale.
Ne pas dire : « [En accord avec le juge du procès], je conclus donc que... », mais
« Étant d’accord avec le juge du procès, je conclus donc que... ». Ne pas dire non
plus : « Je [suis en accord avec lui]. », mais « Je suis d’accord avec lui. »
Être en accord s’emploie avec un nom de chose au sens d’être adapté, approprié,
de convenir, et au sens de se trouver en relation harmonieuse ou logique avec
qqch. : « Des actes qui ne sont pas en accord avec les promesses faites. » « Ces
72
Être, demeurer, tomber d’accord (avec qqn) sur qqch. (partager le même point de
vue, être, se retrouver du même avis, reconnaître ensemble que, en venir à la même
conclusion après discussion) : « Il faut demeurer d’accord avec le juge que les
décisions anglaises ne peuvent lier les tribunaux du Québec. » « Seul le juge n’a
pas été d’accord sur ce point » « Les auteurs ne sont pas d’accord sur l’autorité
de la jurisprudence comme source de droit. »
Être d’accord (avec qqn) à propos de qqch. : « Je suis d’accord avec lui à propos
des derniers événements. »
Être d’accord (avec qqn) que (suivi de l’indicatif) : « Comment ne pas être
d’accord avec eux que pareil comportement est inacceptable! » (ou suivi du
subjonctif, si l’action est envisagée dans la pensée) : « Comment ne pas être
d’accord avec eux qu’un tel acte puisse être illégal! »
Se mettre d’accord sur qqch., pour faire qqch. (s’entendre, arriver à une entente,
mettre fin à un différend, conclure une négociation) : « Les jurés se sont mis
d’accord sur un verdict. » « Les Hautes Parties Contractantes se sont mises
d’accord sur le Protocole d’entente. » ou « ... se sont mises d’accord pour
73
déclarer que... »
Se déclarer d’accord pour dire que (se déclarer du même avis que qqn pour
déclarer, pour conclure que) : « Les juges se sont déclarés d’accord pour dire que
l’appelant avait eu raison de prétendre qu’il y avait eu erreur de droit. »
c) bien, bon, admettons, je veux bien, passe encore, va pour, ou encore soit et
74
ö ABONDER.
ö ACCORD (D’).
ö ACCORDER (S’).
ACCORDER (S’).
ö ACCORD (D’).
ACCRÉDITATION. ACCRÉDITER.
Dans le domaine de l’emploi, s’il s’agit d’une personne, d’un travailleur, on parle
de la reconnaissance professionnelle, de la reconnaissance des titres de
75
Accréditer, c’est aussi faire ouvrir un crédit à une personne auprès d’une banque
(on est alors accrédité auprès de cette banque). Par extension, accréditer une
personne, c’est la recommander pour la faire accepter. Agent accrédité.
Représentant dûment accrédité.
Au passif, être accrédité signifie qui jouit de la confiance de qqn, qui a une bonne
réputation : « Le nouveau bureau d’avocats est bien accrédité dans la région. »
Accréditer une chose signifie la rendre digne de foi, la rendre plausible, lui donner
de l’autorité, du crédit : « Les témoins ont accrédité la version des faits des
demandeurs. ». Accréditer des accusations, des bruits, des hypothèques. Pour la
distinction à faire entre accréditer et corroborer, voir CORROBORATION.
76
ö AGRÉER.
ö CERTIFICATION.
ö CORROBORATION.
Les règles développées par la common law pour déterminer quand il y a lieu à
accroissement des rives des cours d’eau et du rivage de la mer forment la doctrine
de l’accroissement (“doctrine of accretion”).
Aux temps composés, le verbe accroître (accru s’écrit sans accent circonflexe) se
conjugue avec l’auxiliaire avoir ou être selon le cas. Comme transitif direct, il
prend l’auxiliaire avoir : « Il a accru son patrimoine. »; comme transitif indirect, il
prend l’auxiliaire être : « La part de Pierre est accrue aux héritiers. »; comme
pronominal, il prend naturellement l’auxiliaire être : « Son patrimoine s’est
accru. »; comme intransitif, la construction avec l’auxiliaire être, vieillie, est
remplacée par la forme pronominale : « Son patrimoine [est accru] » (= s’est
accru).
Syntagmes
1) Accroissement
Droit successoral
2) Accroître
Droit successoral
La part accroît à qqn (c’est-à-dire est acquise, est recueillie par qqn, profite,
revient à qqn).
Accroître pour une moitié à A et pour l’autre moitié à la souche de B.
« Le légataire peut refuser de prendre la part qui lui accroît. »
79
ö ACCRU.
ACCRU.
1) Le participe passé du verbe accroître s’écrit sans accent circonflexe (accru)
à la différence de celui du verbe croître qui s’écrit avec l’accent (crû).
2) L’expression [intérêts accrus] est à proscrire. Il faut dire des intérêts courus.
On trouve aussi intérêts accumulés et intérêts acquis. Relevé de compte avec les
intérêts courus.
Les intérêts courus sont « les intérêts que rapportent des effets de commerce ou
des obligations pour la période comprise entre la dernière date de paiement ou
d’encaissement des intérêts et la date de clôture des comptes ou, selon le cas, la
date d’émission, de remboursement, d’acquisition ou de vente des obligations. »
(Sylvain)
Toutefois, on parle des frais accumulés et non pas des [frais courus], des frais
d’exploitation accumulés et des arriérés accumulés.
ö ACCROISSEMENT.
ö COURIR.
ACCUSATEUR, ACCUSATRICE.
Syntagmes
ö ACCUSATION.
ö ACCUSATOIRE.
ö COURONNE.
ö DISCULPATOIRE.
ö INCRIMINABLE.
ö INCRIMINATION.
ö INDICATEUR.
ö MINISTÈRE.
ö POURSUITE.
81
4) Dans l’usage courant, ce terme vise également le fait d’imputer à qqn une
action coupable ou répréhensible sans que celle-ci fasse l’objet d’une poursuite en
justice : « La gamine, prisonnière de ses mensonges, confirme ses accusations. ».
Lancer, jeter des accusations contre qqn, donner prise à des accusations, être en
butte à des accusations, prêter le flanc à des accusations. Faire une accusation.
Se livrer à des accusations.
Syntagmes
Syntagmes
Syntagmes
Syntagmes
a) Au Canada
b) En France
10) Le jury d’accusation est une autre appellation du grand jury. Le jury
d’accusation se distinguait du jury de jugement. L’institution du grand jury ou
jury d’accusation n’existe plus au Canada.
85
11) Le terme inculpation est employé dans le Code criminel pour désigner
l’accusation ou les accusations officiellement portées contre une personne dans la
dénonciation ou l’acte d’accusation. Il correspond en anglais à “charge”. À la
différence du système français où elle est l’oeuvre du juge d’instruction,
l’inculpation au Canada est faite par le procureur de la Couronne ou le policier qui
dépose la dénonciation.
Syntagmes
En France
ö ACCUSÉ.
ö ACCUSER.
ö CHARGE.
ö DÉNONCIATION.
ö INCRIMINATION.
ö JURY.
ACCUSATOIRE.
Adjectif qualifiant la procédure pénale appliquée dans les pays de common law,
qui permet aux parties de mener le procès devant un juge impartial n’ayant pas
pour mission d’enquêter lui-même sur les faits. Dans ce contexte, accusatoire
s’oppose à inquisitoire (voir INQUISITIF) ou à non accusatoire. On parle de
procédure accusatoire, de système accusatoire (“accusatorial” ou “adversarial
system” en anglais).
86
Par contre, le législateur utilise très rarement le substantif inculpé dans le Code
criminel (par. 486(2)). On le trouve cependant à l’article 11 de la Charte
canadienne des droits et libertés, qui prévoit que : « Tout inculpé (en anglais :
“Any person charged with an offence”) a le droit : a) d’être informé sans délai
anormal de l’infraction précise qu’on lui reproche; ».
Ces trois termes sont également des participes passés; on relève dans le Code
criminel diverses permutations : prévenu inculpé de... (article 535), prévenu
accusé de... (article 471), accusé inculpé de... (formule F-3), inculpé accusé de...
(paragraphe 486(2)), ces solutions étant souvent dictées par le souci d’éviter la
répétition du premier terme employé [« L’accusé est accusé d’avoir... »].
ö ACCUSATION.
ö ACCUSER.
ö DÉFENDEUR.
ö SUSPECT.
ACCUSER. INCULPER.
ö ACCUSATION.
ö ACCUSÉ.
ACCUSER RÉCEPTION.
Cette locution verbale s’emploie sans l’article la; accuser la réception de est
vieilli. Accuser réception d’un écrit. « L’acheteur ou le mandataire à qui est remis
l’exemplaire de la convention doit en accuser réception si le vendeur l’exige. »
Il n’est pas incorrect de dire « Je vous accuse réception de la lettre que vous
m’avez envoyée », car accuser réception de est une locution verbale transitive,
mais pour éviter toute apparence de pléonasme, dire « J’accuse réception de votre
lettre » plutôt que « Je [vous] accuse réception de votre lettre. »
ö QUITTANCE.
ö RÉCÉPISSÉ.
90
À CE QUE.
Dans les autres cas, par exemple pour les verbes s’attendre, consentir et
demander, la construction avec à ce que est jugée, selon les auteurs, soit fautive,
soit moins élégante que la construction avec que. « Le défendeur s’attend que le
tribunal décide de surseoir au prononcé de la sentence. » « La Cour consent que
l’affaire soit instruite à huis clos. » « Le défendeur a demandé que la Cour rende
l’ordonnance sollicitée. »
être dans les deux langues officielles, ou placés ensemble de façon que les textes
de chaque langue soient également en évidence. »
ö AIDER.
ö CONCLURE.
ö DE CE QUE.
ö FAÇON.
ö INCISE.
ACHALANDAGE. ACHALANDER.
Sens étroit : l’achalandage est l’ensemble des passants qui entrent à l’occasion
dans une boutique, tandis que la clientèle est l’ensemble des personnes qui
fréquentent un magasin à titre habituel pour y effectuer des achats. Dans le
langage courant, achalandage et clientèle ont souvent la même signification; ils
désignent indistinctement l’ensemble des clients.
Bien que l’usage du mot achalander pris au sens d’approvisionner soit entériné par
certains dictionnaires, cet usage semble constituer un abus de langage, une
acception incorrecte; il est préférable de ne pas utiliser les termes achalander et
achalandage pour désigner des marchandises ou de l’approvisionnement, afin
d’éviter toute confusion. « Cette librairie est bien [achalandée](= approvisionnée)
en livres de poche. » « L’[achalandage] (= l’approvisionnement) de cette épicerie
est remarquable. Ses produits sont toujours très frais. » « Le prix de vente de ce
fonds de commerce est calculé en fonction des stocks et de l’achalandage » (= de
la clientèle.) « À la suite d’une grosse campagne publicitaire, cette boutique est
devenue très achalandée » (= très fournie en clientèle.)
3) Au Canada, on dit d’une rue où la circulation est dense et où les piétons sont
nombreux qu’elle est [achalandée]; dire plutôt qu’elle est très fréquentée.
éviter l’ambiguïté, il est préférable de dire : J’ai acheté un terrain pour mon père
lorsque l’autre personne est la bénéficiaire de la chose achetée et de réserver la
construction avec la préposition à pour indiquer qui est le vendeur : « Le
demandeur a acheté au défendeur le bien-fonds objet du litige. »
Il convient toutefois de noter que le contexte lève l’ambiguïté dans la plupart des
cas. Celle-ci disparaîtra dans les exemples suivants : « J’ai acheté à mon père le
terrain qu’il possédait au bout de la rue. » « J’ai acheté à mon père le terrain
qu’il désirait depuis longtemps. ». Mais, dans un texte juridique où le doute ne
peut être toléré, il ne faut pas hésiter à recourir à la construction avec de.
Achat et acheter n’ont pas un sens aussi extensif. Ils désignent le fait d’obtenir un
bien quelconque à titre onéreux.
Syntagmes
Acquérir par achat, par voie d’achat, par donation, par échange, par occupation.
Acquérir à titre gratuit, à titre onéreux.
Acquérir la possession, la propriété de qqch.
mort.
Acquisition par achat, par accession, par donation, par échange, par occupation,
par prescription, par succession testamentaire, ab intestat.
Faire l’acquisition de qqch.
Syntagmes
ö ACHAT.
Les arrhes (nom féminin pluriel) désignent une somme (ou un objet) qu’une partie
remet à l’autre au moment de la conclusion du contrat pour en garantir l’exécution.
« Celui qui a fourni des arrhes les perdra s’il se dédit et celui qui les a reçues
devra, s’il se dédit, rembourser le double des arrhes qu’il a reçues. »
Il est très important de remarquer que souvent dans la pratique les parties
dénomment les arrhes des acomptes. Il appartient alors au juge de rechercher
l’intention des parties.
98
2) Le terme dépôt désigne ce qui est confié au dépositaire pour être gardé et
restitué ultérieurement. Il peut s’agir d’un objet ou d’argent. On parlera, par
exemple, de dépôt de garantie, qui désigne un dépôt de fonds destiné à garantir
une créance éventuelle et, plus particulièrement, en matière de location
immobilière, la somme que le locataire verse au bailleur pour garantir le paiement
des loyers ou l’exécution des réparations locatives à la charge du premier : « Il est
d’usage de demander un dépôt de garantie pour une location saisonnière. » « Le
versement d’un dépôt de garantie peut être prévu au contrat de location. »
À noter aussi l’expression publication à compte d’auteur, qui désigne le fait pour
un auteur de faire publier à ses frais et risques une de ses oeuvres par un éditeur.
Livre publié à compte d’auteur.
Syntagmes
A CONTRARIO.
1) Ne pas mettre d’accent grave sur l’a. Se met en italique ou entre guillemets,
selon que le texte est imprimé ou manuscrit. Si le texte est en italique, le terme est
en caractère romain.
3) A contrario est une locution adverbiale qui s’emploie comme adjectif (tirer
un argument a contrario d’un texte) ou comme adverbe (argument tiré a contrario
d’un texte) et accompagne des substantifs comme argument, interprétation et
raisonnement. « Ce raisonnement n’est peut-être pas à l’abri des critiques, car un
argument a contrario, fondé sur le silence de la loi, n’est pas suffisant... » « Par
un argument a contrario, on déduit cette conséquence de l’article du Code... » « Si
l’on s’attache littéralement au texte de cette disposition, on dirait, par
raisonnement a contrario, que... »
ö A PARI.
ö ARGUMENT.
ö A SIMILI.
ACQUÉRIR. ACQUISITION.
ö ACHAT.
ACQUIESCEMENT. ACQUIESCER.
Dérivé
L’acquiesçant, l’acquiesçante.
101
Syntagmes
Acquiescer à la demande.
Acquiescer à un acte, à une décision, à une récusation.
Donner son acquiescement à quelque chose.
Un jugement susceptible d’acquiescement. Acquiescement à jugement.
Un acquiescement pur et simple, conditionnel, exprès, tacite, partiel, total.
Attaquer la décision ayant fait l’objet de l’acquiescement. Éviter de dire : la
décision [acquiescée].
Prendre le silence du suspect pour un acquiescement.
1) Dans les deux locutions pour acquit et par acquit de conscience, acquit
prend un t, car il s’agit du verbe acquitter. Pour acquit est la mention que porte
une personne sur un document pour indiquer qu’elle a reçu le paiement réclamé.
Acquis s’écrit avec un s lorsqu’il s’agit du verbe acquérir, dont le participe passé
est acquis : droits acquis.
2) Il faut dire tenir qqch. pour acquis et non pas, sous l’influence de l’anglais,
[prendre qqch. pour acquis]. « La Cour d’appel a procédé à l’examen en tenant
pour acquis que la version de l’appelant devait être crue intégralement. ». On
peut dire aussi admettre au départ, poser en principe, présumer.
102
Syntagmes
ACTIF. PASSIF.
Il existe pourtant des cas où actif se met au pluriel. D’abord, dans l’expression
actifs financiers (“financial assets”), qui désigne différentes sortes de créances
détenues (billets de banque, actions, obligations, bons...), ensuite, lorsque
plusieurs sortes d’actifs sont en cause (dans le cas où il y a vente d’actifs ou s’il y
a acquisition (“takeover”), ou lorsqu’il s’agit de ce qu’on appelle les actifs
attrayants d’une société (“crown jewels”).
Si la forme du pluriel est commode dans un contexte, on pourra fort bien, pour
éviter les actifs, employer les éléments d’actif.
103
Syntagmes
ACTIONNABLE.
Prend deux n.
Pour une chose, on substituera à l’adjectif actionnable, selon le contexte, l’une des
formulations suivantes :
Donnant un droit d’action, donnant ouverture à une action, ouvrant droit à une
action, passible (rendant passible) d’une action en justice. « Il y a voies de fait
donnant ouverture à des poursuites lorsque quelqu’un menace du poing une autre
104
ACTIONNER.
Prend deux n.
Syntagmes
ö ACTIONNABLE.
105
ACTUS REUS.
Se met en italique ou entre guillemets, selon que le texte est imprimé ou manuscrit.
Si le texte est en italique, le terme est en caractère romain.
Expression latine utilisée en droit pénal canadien pour désigner l’élément matériel
d’une infraction. L’équivalent français qui tend à supplanter le terme latin (en
droit français) est élément matériel. « Chaque infraction est composée de deux
éléments : l’élément matériel ou l’actus reus et l’élément moral ou la mens rea. »
« L’actus reus du meurtre est le fait de causer la mort d’un être humain. »
Syntagmes
ö ÉLÉMENT.
ö MENS REA.
A.D.
Abréviation latine qui signifie Anno Domini, et qui s’utilise en anglais avec les
dates, en particulier dans les formules et les actes de procédure. Elle correspond à
la formule française « après Jésus-Christ » et est le plus souvent rendue dans les
textes français par « en l’an de grâce ».
ö DATE.
106
ADAGE.
ö MAXIME.
ADAPTATION.
ö MUTATIS MUTANDIS.
AD COLLIGENDA.
Locution adjective latine signifiant pour conserver. Sert à former, en common law,
le terme anglais “administration ad colligenda” et ses variantes ad colligenda
bona, ad colligenda bona defuncti et ad colligendum bona defuncti.
ADDITION.
Addition et ses dérivés s’écrivent avec deux d. Le mot adition avec un seul d ne
s’emploie que dans l’ancienne locution juridique adition d’hérédité, qui signifie
acceptation d’une succession.
L’addition désigne tant l’action d’ajouter une chose à une autre (addition d’une
preuve au dossier) que ce qui est ajouté (additions apportées au contrat).
ö ANNEXE.
ö APOSTILLE.
ö COMPLÉMENT.
Adéquat se dit de ce qui correspond parfaitement à son objet, de ce qui est entier,
complet, adapté, approprié ou équivalent, et ne signifie pas ce qui est convenable,
suffisant, raisonnable ou pertinent. La même règle vaut pour adéquatement (« Il a
répondu adéquatement à la question. ») et pour adéquation (« L’adéquation de la
forme au fond, de la pensée à la langue, des moyens aux fins »), qui sont
correctement employés dans ces exemples.
ö IDOINE.
109
ADHÉRENCE. ADHÉSION.
On ne dira pas qu’il y a [adhérence] aux faits, mais un respect des faits, de la
vérité; il n’y a pas [adhérence] à un parti, mais attachement, fidélité à un parti; on
ne manifeste pas une [adhérence] à un devoir, mais on manifeste une fidélité à un
devoir; il n’y a pas [adhérence] à la loi, mais obéissance à la loi.
ö ACCORD (D’).
ö APPROBATION.
ö ATTERRISSEMENT.
ö CONSENTEMENT.
ADHÉRER.
Dans le droit des biens, plus particulièrement pour les questions d’atterrissement
(voir ce mot), adhérer s’emploie au sens de s’attacher par une union physique
étroite à une chose. « L’alluvion doit adhérer à la rive et faire partie intégrante du
fonds riverain. » « Il suffit qu’un atterrissement formé insensiblement dans le lit
d’un fleuve adhère sous les eaux aux propriétés riveraines. »
ö ACCESSION.
ö ATTERRISSEMENT.
111
ADHÉSION.
Pour ce dernier exemple, noter que les termes adhésion et accession sont
synonymes dans un tel contexte, notamment dans les expressions accession à un
traité, accession à une convention. Pour l’emploi du terme accession dans le droit
des biens, voir ACCESSION et ACCESSOIRE.
4) Le contrat d’adhésion est un contrat type dont les clauses sont fixées
préalablement par une partie et que l’autre partie ne peut qu’accepter
intégralement. L’adhérent est une partie à un contrat d’adhésion, l’autre partie
étant la partie rédactrice. (Crépeau) « Au Québec, la Charte de la langue
française édicte que les contrats d’adhésion sont rédigés en français. »
ö MEMBERSHIP.
112
AD HOC.
Locution du langage juridique signifiant littéralement pour cela, à cet effet. Se met
en italique ou entre guillemets, selon que le texte est imprimé ou manuscrit. Si le
texte est en italique, le terme est en caractère romain.
Le premier renvoie à ce qui se fait d’une manière qui convient, à ce qui se fait à
propos, correctement, opportunément, pertinemment. Ainsi, avancer des
arguments ad hoc, c’est présenter des arguments adaptés aux circonstances, des
arguments indiqués, et répondre ad hoc, c’est répondre d’une manière opportune.
Le deuxième sens renvoie à ce qui se fait pour une fin particulière, dans un cas
spécial : ainsi, le juge siégeant ad hoc est nommé spécialement pour une affaire,
l’administrateur ou le tuteur ad hoc est nommé dans le cas où l’administrateur ou
le tuteur ne peut représenter les intérêts de l’incapable du fait de l’existence d’un
intérêt personnel, et le comité ad hoc est constitué pour une fin particulière.
Au Canada, on évite autant que possible la locution latine. Dans la liste qui suit, le
terme ad hoc a été remplacé par le mot ou l’expression justes.
Administrateur suppléant.
Arguments appropriés, adaptés aux besoins du moment.
Aide circonstancielle, aide ponctuelle.
Arbitrage temporaire, spécial; arbitre temporaire, spécial.
Commission, comité, sous-comité spécial (ou encore on désigne l’organisme par
l’expression qui précise ses attributions, pour le distinguer du comité permanent).
Expert désigné au besoin.
Groupe consultatif spécial.
Juge suppléant.
Mesures de circonstance.
Méthodes, moyens appropriés.
Rapport spécial.
Recherche spéciale sur place.
Répondre opportunément.
Revalorisation ponctuelle des droits, des ventes (en matière d’assurance).
Vol à la demande (navigation aérienne).
Une loi ad hominem vise un individu ou un groupe, et est adoptée pour les fins
d’une instance particulière (pour la détention, le procès et la peine à infliger dans
le cas d’un groupe terroriste par exemple).
Un droit ad rem est un droit à une chose, le droit de chasser et de pêcher par
exemple. D’après Mayrand, ad rem se dit également d’une citation ou d’un
argument qui est pertinent, bien au point et à propos.
AD HONORES.
est honorifique. Se dit surtout pour une charge ou un titre. Remplir une charge ad
honores. Plusieurs dictionnaires généraux considèrent le terme comme familier et
vieilli, et préfèrent honorifique, terme plus moderne.
ö HONNEUR.
ö HONORIS CAUSA.
AD IDEM.
Se met en italique ou entre guillemets selon que le texte est imprimé ou manuscrit.
Si le texte est en italique, le terme est en caractère romain.
Ad idem s’emploie en droit des contrats et modifie le verbe (être ad idem) ou dans
le syntagme consensus ad idem. Les parties à un contrat sont ad idem lorsque
chacune d’elles s’entend avec l’autre sur le même objet. Pour qu’un contrat soit
exécutoire, il faut qu’il y ait accord de volonté, cet accord étant appelé consensus
ad idem. S’il n’y a pas pareil consensus, il n’y a pas de contrat.
Ainsi, Jacques désire vendre sa voiture et Claude désire l’acheter, mais Jacques a
en tête sa Chevrolet et Claude croit qu’il s’agit de la Honda. Il n’y a pas ici
consensus ad idem. « Le tribunal a estimé que les parties n’étaient pas ad idem. »
« La règle du consensus ad idem fait partie du droit des contrats écrits au même
titre que de celui des contrats oraux. La signature d’un contrat n’est qu’une façon
de manifester son assentiment à ses stipulations. »
ö CONSENSUS.
116
AD INFINITUM.
ö AD NAUSEAM.
ADJACENT, ENTE.
ö ATTENANT.
ADJOINT, ADJOINTE.
3) La place du mot adjoint est importante, car elle détermine le sens du mot. Le
greffier adjoint de la Cour des successions, par exemple, remplace le greffier de
cette cour en cas d’absence ou d’empêchement de celui-ci, mais l’adjoint au
greffier aide le greffier dans ses fonctions sans jouir de son autorité comme
suppléant. L’adjoint du ministre n’a pas la même autorité que le sous-ministre ou
que le sous-ministre adjoint. De même le directeur adjoint et l’adjoint au
directeur n’occupent pas la même position dans la hiérarchie. Aussi prendra-t-on
toujours soin de bien distinguer l’adjoint au juge en chef du juge en chef adjoint
ou encore l’adjoint au procureur de la Couronne du procureur adjoint de la
Couronne.
ö ASSOCIÉ.
ö GÉNÉRAL.
ö SUBSTITUT.
ö SUPPLÉANT.
118
ADJURER.
ö ABJURER.
AD LIBITUM.
Se rend par à volonté, comme il (ou elle) l’entend, selon son bon plaisir, selon
l’inspiration du moment, ou ne se traduit pas. Dans ce dernier cas, le terme se met
en italique ou entre guillemets, selon que le texte est imprimé ou manuscrit. Si le
texte est en italique, le terme est en caractère romain. Remettre une action
ad libitum.
ö AD NUTUM.
La courte liste qui suit énumère certains termes juridiques formés avec la locution
ad litem et leurs équivalents français.
119
ADMETTRE. AVOUER.
Admettre au sens de reconnaître pour vrai régit l’indicatif dans les phrases
affirmatives (« L’avocat admet que la preuve pertinente a été déposée » (= il n’y a
pas de doute possible) et le subjonctif dans les phrases négatives (« Nous
n’admettons pas que la preuve déposée soit écartée »). Au sens de ne pas
accepter, ne pas tolérer, admettre régit le subjonctif (« Le juge n’admet pas qu’il
soit porté atteinte aux bienséances de la cour »).
120
Ne pas dire : « Admettons que tout cela [est] vrai », mais « que tout cela soit vrai »
(ici admettre signifie supposer, et toutes les suppositions demandent le subjonctif).
« En admettant qu’il soit suffisant d’exercer des violences sur des choses, il faut
tout au moins reconnaître que... ».
Admettre d’office signifie prendre qqch. en considération sans qu’il soit nécessaire
de prouver ou de plaider ce qui est présenté, avancé ou déposé. « Sont admises
d’office les lois fédérales, d’intérêt public ou privé, sans que ces lois soient
spécialement invoquées. » Pour un complément d’information sur cette locution
juridique, voir OFFICE (D’).
ö OFFICE (D’).
ADMINICULE.
Les adminicules que constituent les présomptions et indices dans les restrictions à
l’admission de la preuve testimoniale peuvent revêtir les formes les plus diverses :
signes corporels, le physique d’une personne, une cicatrice, ou signes matériels, un
objet appartenant au défunt, des papiers domestiques, des indications sur une
facture, une note sur un registre, une lettre, une attestation. « Les juges se
contentent, pour adminicules, d’un seul indice et, par dédoublement des indices,
admettent certains d’entre eux, à la place des témoignages, non comme
adminicules, mais comme preuves. » L’adminicule relève du seuil probatoire de
l’admissibilité des modes de preuve. Pour cette raison, il doit être complété par des
témoignages, des présomptions ou tout autre mode de preuve.
ö COMMENCEMENT.
ö INDICE.
ö PRÉSOMPTION.
ö PROBATOIRE.
ö SIGNE.
ADMINISTRATIVISTE.
ADMISSIBLE1. ÉLIGIBLE.
1) Admissible s’emploie pour les personnes et pour les choses. Il signifie qui a
droit à, qui a qualité pour, qui peut être accepté ou reçu (admissible à la
citoyenneté, à un concours, à un emploi, à une prestation), qui peut être reconnu
comme vrai, comme conforme à la raison (hypothèses, idées, interprétations,
opinions admissibles), qui peut être reconnu comme bon, valide (valable et
admissible à l’homologation).
L’emploi substantivé est attesté; voir, par exemple, l’expression elliptique liste des
admissibles.
2) En droit, admissible signifie qui peut être accepté parce que conforme aux
règles du droit : Action, déclaration, témoignage admissible. Ainsi, une preuve est
admissible parce qu’elle peut être présentée devant un tribunal.
Admissible à, au sens d’être autorisé à, suivi de l’infinitif, est rare dans l’usage
courant, mais se trouve plus souvent dans le langage juridique : « Nul n’est
admissible à stipuler les conditions suivantes dans son contrat de mariage : ».
Admissible à exercer la fonction de juré. Admissible à siéger à ce comité. La
forme impersonnelle il est admissible que, il n’est pas admissible que est suivie du
subjonctif.
3) Éligible signifie qui réunit les qualités nécessaires ou les conditions légales
pour être élu (et non pas pour voter). Son emploi doit donc se limiter aux
contextes d’élection. « Les noms et adresses des employés [éligibles] (admissibles)
à voter à certaines élections. » Un exemple de bon usage se trouve à l’article 3 de
la Charte canadienne des droits et libertés : « Tout citoyen canadien a le droit de
vote et est éligible aux élections législatives fédérales et provinciales. ». Candidat,
électeur éligible, rééligible. Certains dictionnaires enregistrent l’emploi d’éligible
avec un nom de chose : âge éligible. L’emploi substantivé est attesté notamment
dans l’expression elliptique liste des éligibles.
123
Syntagmes
ö ÉLIGIBILITÉ.
ö RECEVABILITÉ.
ADMISSIBLE2. ADMISSIBILITÉ.
INADMISSIBLE. INADMISSIBILITÉ.
IRRECEVABLE. IRRECEVABILITÉ.
RECEVABLE. RECEVABILITÉ.
Par ailleurs, l’affaire, la cause, le litige est recevable si elle est ou s’il est en état
d’être jugé au fond. Aussi, on peut dire que les décisions portant sur
l’admissibilité sont des décisions interlocutoires, étant rendues en cours
d’instance, avant le jugement définitif tranchant l’affaire, alors que les décisions
portant sur la recevabilité sont préjudicielles puisqu’elles sont rendues avant
l’introduction de l’action.
Par conséquent, tout ce qui sera jugé admissible, tout ce qui possède la qualité
nécessaire pour être examiné judiciairement sera déclaré recevable, la recevabilité
125
Une demande recevable pourra, au terme du procès, être déclarée mal fondée, tout
comme une preuve, jugée admissible, pourra par la suite être déclarée défaillante
pour quelque motif que ce soit.
ADMONESTATION. ADMONITION.
Ces deux dérivés du verbe admonester sont synonymes. Ils peuvent s’employer
pour désigner notamment une remontrance ou une réprimande sévère,
accompagnée de conseils, faite par une personne en autorité (enseignant, père ou
mère) à un enfant pris en faute, ou par l’autorité judiciaire à un prévenu ou à un
délinquant pour l’inciter à ne pas récidiver, ou, pour une autre cause, au jury ou à
l’avocat.
128
AD NAUSEAM.
Cette locution adverbiale peut se rendre par à maintes reprises, à satiété, à l’excès.
ö AD INFINITUM.
AD NUTUM.
Se met en italique ou entre guillemets, selon que le texte est imprimé ou manuscrit.
Si le texte est en italique, le terme est en caractère romain.
Littéralement : sur un signe de tête. Signifie à volonté, par sa seule volonté, à son
gré. Acte révocable ad nutum.
129
ö AD LIBITUM.
ADOLESCENT, ADOLESCENTE.
Syntagmes
ö CONTREVENANT.
AD QUEM. A QUO.
et dies ad quem = le dernier jour d’un délai, le terme d’arrivée, le point d’arrivée,
le jour de l’échéance; enfin, terminus a quo, littéralement : la limite à partir de
laquelle (par exemple le point de départ d’une voie privée).
Cette adultération produit une substance dont on dit qu’elle est adultérée ou
falsifiée (voir FALSIFICATION). On parle de l’adultération ou de la falsification du
lait, généralement par addition d’eau : on dit aussi le mouillage du lait. Adultérer
des médicaments, des monnaies.
ö ALTÉRATION.
ö FALSIFICATION.
Syntagmes
Acte d’adultère.
Auteur de l’adultère.
Complice d’adultère.
Constat d’adultère.
Délit d’adultère. Flagrant délit d’adultère.
Faits d’adultère.
132
ö ADULTÉRANT.
ö CONVERSATION.
ö ENFANT.
ö EXTRACONJUGAL.
AD VALOREM.
Cette locution, qualifiant les impôts et droits assis sur la valeur de l’objet ou du
bien, décrit une méthode qui consiste à percevoir un impôt ou un droit sur des
marchandises en se fondant sur leur valeur estimative. Ainsi, le droit ad valorem
est un droit calculé au prorata de la valeur, un droit calculé sur la valeur.
Bien distinguer l’impôt ad valorem, ou sur la valeur (par exemple l’impôt foncier
calculé sur la valeur de l’immeuble), et la taxe ad valorem, droit de douane fondé
sur la valeur de l’objet.
Syntagmes
Calcul ad valorem.
Droit ad valorem (“ad valorem duty” : on dit aussi droit proportionnel et droit sur
la valeur).
Droit progressif ad valorem (“ad valorem graduated tax”).
133
Évaluation ad valorem.
Impôt ad valorem (on dit aussi impôt sur la valeur).
Prix ad valorem ou prix déclaré.
Rectification ad valorem.
Tarif, tarification ad valorem.
Taux ad valorem.
Taxation, taxe ad valorem.
ADVENIR.
Advenir étant un verbe impersonnel, on évitera de dire : « Je ne sais pas [ce qui va
advenir] ou [ce qui adviendra] de lui »; on dira : « Je ne sais pas ce qu’il va
advenir ou ce qu’il adviendra de lui ».
ADVERSAIRE.
ö ADVERSE.
ö CONTRADICTEUR.
ö OPPOSANT.
ADVERSATIF, IVE.
En common law, dans le domaine du droit des biens, le terme adversatif est
normalisé pour rendre l’adjectif “adverse” dans les expressions “adverse
enjoyment” (jouissance adversative), “adverse occupancy” ou “adverse
occupation” (occupation adversative), “adverse possession” (possession
adversative), “adverse possessor” (possesseur adversatif) et “adverse use” ou
“adverse user” (usage adversatif).
ö ADVERSATIVEMENT.
ö ADVERSE.
ADVERSATIVEMENT.
ö ADVERSATIF.
135
ADVERSE.
1) Cet adjectif figure dans diverses expressions que l’on trouve dans les textes
juridiques : partie adverse (la partie contre qui on plaide), avocat adverse (l’avocat
plaidant pour la partie adverse), camp adverse (pour désigner l’adversaire) opinion
adverse (l’opinion contraire), prétention adverse (celle de l’adversaire) : « Très
souvent le plaideur, qui reconnaît le bien-fondé de la prétention adverse, allègue
en même temps des faits connexes à la cause de nature à l’excuser ou à le
justifier ». Il signifie qui est opposé à qqn ou à qqch.
Adverse est toutefois d’un emploi beaucoup plus restreint que son homonyme
anglais “adverse”, qui se rend de différentes façons en français : avoir des
conséquences défavorables, dommageables, négatives, préjudiciables, avoir des
effets nuisibles; tirer une conclusion défavorable de qqch.
3) Dans des contextes non techniques, hostile sera préféré à adverse : ambiance
hostile, critique hostile, réaction hostile, mais adverse se dira pour qualifier des
circonstances, des conditions, des forces ou des thèses.
ö ADVERSAIRE.
ö ADVERSATIF.
ö CONTRADICTEUR.
ö HOSTILE.
ö OPPOSANT.
ö TÉMOIN.
Adversus sert parfois à désigner en France les adversaires au procès. Le terme est
inusité au Canada. Versus (plus rarement “against”) est utilisé en anglais sous sa
forme abrégée la plus familière aux juristes (“v.”), la forme “vs.” étant plus
courante pour les profanes.
136
ö CITATION.
ö INTITULÉ.
ö RENVOI.
AÉRI-. AÉRO-.
Syntagmes
ö ÉPAVE.
Ces trois termes ne sont pas synonymes. L’aéroport désigne les services et les
installations destinés aux lignes aériennes de transport. L’aérodrome (on dit un
aérodrome) désigne uniquement les terrains aménagés pour le décollage et
l’atterrissage des avions privés, commerciaux ou militaires.
L’aérogare (on dit une aérogare) désigne l’ensemble des bâtiments d’un aéroport
destinés aux passagers et comportant tous les locaux nécessaires au trafic (les
salles d’attente, les bureaux de la gendarmerie, de la douane et les boutiques).
AÉRONEF. AVION.
Dans l’usage courant, aéronef est vieilli comme terme technique et a été supplanté
par avion. Toutefois, aéronef (“aircraft”) est un terme juridique bien vivant. Dans
les textes réglementaires, le terme désigne l’ensemble des engins soumis au droit
aérien (et ne ressortissant pas au droit spatial). Par aéronef, les juristes entendent
tout appareil se déplaçant dans les airs, qu’il soit plus lourd que l’air, comme
l’avion ou l’hélicoptère, ou plus léger, comme le ballon ou le dirigeable.
Le terme avion ne désigne qu’un appareil plus lourd que l’air. La Loi sur
l’immersion de déchets en mer du Canada définit l’aéronef comme « tout appareil
utilisé ou conçu pour la navigation aérienne, à l’exclusion des appareils conçus
pour se maintenir dans l’atmosphère grâce à la réaction, sur la surface de la
terre, de l’air qu’ils expulsent ».
Syntagmes
AFFAIRISTE.
droit commercial), le droit des affaires est devenu une branche maîtresse du droit
privé interne. L’affairiste est tout à la fois privatiste, commercialiste, économiste,
sociétariste et contractualiste.
2) Affairiste est aussi adjectif. Il qualifie ce qui relève du droit des affaires, ce
qui se rapporte à ce droit. Conceptions, notions, thèses affairistes. Avocat, cabinet,
juriste affairiste.
ö COMMERCIALISTE.
ö CONTRACTUALISTE.
ö ÉCONOMISTE.
ö PRIVATISTE.
ö SOCIÉTARISTE.
2) On dit de la personne qui est affectée à un autre poste que le sien qu’elle est
mutée. La mutation est une adaptation ou une modification du poste de travail,
c’est-à-dire de la fonction qu’elle occupe. Elle signifie que le salarié accomplira
dorénavant les fonctions de son poste dans un nouveau lieu de travail ou dans un
autre établissement de l’entreprise, mais toujours selon sa qualification
professionnelle.
4) On dit du salarié dont le poste fait l’objet d’un échange avec celui d’un
collègue de travail qu’il est permuté. La permutation s’effectue toujours au sein
d’une même organisation ou d’un même service ou pour la même entreprise.
Comme dans le cas de la mutation, le déplacement peut toucher un ou plusieurs
salariés; la permutation vise toujours deux titulaires de poste.
ö LICENCIEMENT.
AFFECTER.
Nous avons dit que le Grand Robert n’atteste pas ce sens. Pourtant, lorsque ce
dictionnaire définit le terme modification, c’est à l’aide du verbe affecter au sens
qui nous intéresse ici qu’il le fait : « Changement qui n’affecte pas l’essence de ce
qui change ». Dans son Nouveau dictionnaire des difficultés du français moderne,
Joseph Hanse, après avoir relevé les quatre principales acceptions du verbe
affecter, note qu’on peut dire au figuré : « Cette discussion a affecté notre
amitié. ». Il est normal, dit-il, de donner aussi à ce verbe un autre sens figuré
(altérer) où l’on retrouve l’équivalent du sens propre. L’Encyclopédie du bon
français dans l’usage contemporain de Dupré souscrit à cet avis. Enfin, dans Les
maux des mots, le Comité consultatif de normalisation et de la qualité du français à
l’Université Laval se demande si affecter peut prendre le sens de modifier un état
de choses, la situation de quelqu’un, comme dans : « Vous ne serez pas affecté par
cette réforme. ». Selon le Comité, cette phrase ne serait qu’une autre façon
d’exprimer la même idée.
2) L’étude des textes juridiques canadiens révèle une forte tendance à suivre
les recommandations des linguistes et à éviter le plus souvent d’employer le terme
affecter au sens figuré. En Ontario, les Règles de procédure civile évitent
systématiquement affecter et emploient plutôt les autres solutions proposées :
concerner [5.04(1)], toucher [10.01(1)], léser [13.01(1)b)], avoir une incidence
sur [14.05(3)a)], etc. Les Règles de procédure du Nouveau-Brunswick ne rejettent
pas entièrement cet usage : affecter [5.04(1), 16.04a)], concerner [11.01, 30.12,
etc.], porter atteinte à [43.04e), 47.02(3)], porter sur [19.01c)], toucher [19.01j)],
intéresser [19.02(1)], avoir une incidence sur [38.12(1), 40.02(2)]. Les Règles de
145
Les divers États membres de la Confédération canadienne ont chacun leur Loi
d’interprétation. L’ensemble de ces lois se prête bien à une étude comparative. La
loi du Nouveau-Brunswick commence par recourir à d’autres solutions : porter
atteinte à, avoir un effet sur [8(1)b), c), d) et e), 8(3) et 8(4)], changer [22f)], mais
finit par employer affecter dans la définition de l’expression acte de transfert à
l’article 38. Bien que la loi de l’Ontario comme la loi fédérale évitent
systématiquement affecter, la loi québécoise, elle, l’emploie sans hésitation aux
articles 12 et 48.
Dans le corpus général des textes législatifs canadiens, le verbe affecter est
employé avec certains compléments en particulier (bien-fonds, effet, emplacement,
fonds, obligations, ordre, validité) et, grammaticalement, il est transitif direct au
sens de viser (affecter les intérêts du demandeur) et transitif indirect au sens de
grever (domaine affecté d’une hypothèque). Il cède le plus souvent sa place à des
équivalents variés, dont une liste partielle suit :
Altérer
Atteindre
Avoir des effets préjudiciables, des répercussions, un effet, une incidence sur,
avoir pour effet de modifier
Causer du préjudice à
Changer (ou ne changer en rien)
Compromettre
Concerner
Demeurer sans effet
Déroger à
Entacher
Être intéressé, lésé, touché
Exercer un préjugé sur
Faire obstacle à
Influer, influencer
Intéresser
Léser (qqn ou qqch.)
Limiter
Modifier
146
Nuire
Porter atteinte, porter préjudice à
Subir un préjudice
Toucher à
Vicier
Viser
En France, l’emploi du verbe affecter au sens qui nous intéresse ici et qui fait
l’objet d’une grande suspicion au Canada est beaucoup plus généralisé; il est
même systématiquement utilisé avec certains compléments (condition, droit,
modalité, obligation, sursis, terme, transfert).
1. affecter de qqch.
« La propriété est affectée d’une condition résolutoire. »
« Le bail serait affecté d’une condition. »
2. affecter qqch.
147
« La condition est une modalité qui peut affecter aussi bien les droits réels que les
obligations. »
« Modalités affectant le droit de propriété. »
Notons enfin que dans les actes européens, le verbe affecter employé dans
l’acception qui nous occupe ici se trouve partout, notamment dans le traité
constitutif de la Communauté économique européenne [46,1; 75,3; 80,2; 85,1].
L’unanimité est loin d’être faite sur le sens exact du terme affecter. La délimitation
de l’aire sémantique est complexe dans la mesure où les dictionnaires de langue ne
font pas tous le même constat.
Un certain usage canadien semble accepter l’emploi de ce verbe, dans les textes
juridiques, au sens de produire un effet sur quelqu’un ou quelque chose.
Condamné par des linguistes, banni de plusieurs dictionnaires, il est attesté par
d’autres et largement employé en France tant dans les domaines de spécialité
(mathématiques, linguistique, économie et droit) que dans l’usage courant.
Il n’y a pas lieu de maintenir l’interdit qui a longtemps frappé l’utilisation du verbe
affecter dans le sens figuré. Toutefois, on emploiera ce verbe avec circonspection
dans des textes non juridiques, où, comme le recommande Delisle, le rédacteur
pourra faire preuve de créativité d’expression et puiser dans les ressources du
français pour trouver l’équivalent susceptible de rendre avec finesse et élégance le
sens à exprimer.
AFFECTER
a) Désigner à un poste.
« Il a été affecté au ministère de la Justice. »
avoir une incidence sur : « ... l’avis du tribunal sur une question ayant une
incidence sur les droits d’une personne. »
concerner : « Le tribunal peut trancher les questions en litige qui concernent les
droits des parties à l’instance. »
léser : « Une personne qui n’est pas partie à l’instance et qui prétend qu’elle
risque d’être lésée par le jugement... »
porter atteinte à : « Sans que la procédure ne porte atteinte aux droits des
réclamants entre eux. »
AFFECTER
Viser qqch.
« La condition est une modalité qui peut affecter aussi bien les droits
réels que les obligations. » « Modalités affectant le droit de propriété. »
« Des irrégularités de fond affectant la validité de l’acte. » « Les
incidents d’instance sont tranchés par la juridiction devant laquelle se
déroule l’instance qu’ils affectent. »
2. Affecter qqch. de qqch.
151
b) Assortir de qqch.
« La propriété est affectée d’une condition résolutoire. » « Le bail serait
affecté d’une condition. » « La suspension du permis de conduire a été
affectée du sursis. »
c) Frapper de qqch.
« Le caractère de deniers publics de toutes les ressources affecte de
nullité radicale la saisie-arrêt pratiquée. » « Être affecté d’un vice de
forme. »
Le mot afférent s’écrit presque toujours -rent, rarement -rant, il s’écrit toujours
affé- et non [affè-] et se prononce a-fé-rent. L’adjectif afférent se construit
généralement avec la préposition à; il peut s’employer en construction absolue,
c’est-à-dire sans le complément attendu. « Les biens acquis par le Conseil
appartiennent à Sa Majesté, les titres de propriété afférents peuvent être au nom
de celle-ci ou au sien. »
Il a deux sens : qui revient à chacun dans un partage (« La part afférente à chacun
des héritiers a été déterminée lors du partage de la succession. ») et qui touche à,
se rattache à, se rapporte à, revient à. Les dépens afférents à l’instance (et non [les
dépens dans la présente instance]). Des renseignements afférents à une affaire. La
rémunération afférente à un emploi. Les sommes afférentes.
Le deuxième sens signalé est celui de revenir (« Quelle part d’héritage lui
affère-t-il? » « La part qui affère à chaque héritier. ») Ainsi, contrairement à ce
qu’affirment plusieurs linguistes et lexicographes, le participe présent afférant
existe, et il serait correct d’écrire la part afférant (c’est-à-dire qui affère) à chaque
héritier, mais incorrect d’écrire [la part afférante] parce que l’adjectif afférant
n’existe pas.
AFFICHAGE. AFFICHE.
2) L’expression loi d’affichage est récente et désigne une loi adoptée par le
législateur pour se donner l’impression d’agir. « Il y a, au Conseil d’État, un
concept en vogue qui devrait être connu de tous les Français : c’est celui de « loi
d’affichage ». Une loi d’affichage, pour les conseillers, c’est un texte que le
gouvernement fait adopter pour amuser la galerie, mais dont on sait qu’elle
demeurera sans effet par rapport à ses buts proclamés. Ce qui ne la dispense pas,
hélas, de produire des effets pervers, parfois très graves. C’est une autre façon de
153
Syntagmes
AFFIDAVIT.
Terme d’origine latine, venu au français par l’anglais. Il désigne en droit canadien
une déclaration écrite faite sous serment ou avec affirmation solennelle, souscrite
par le déclarant, reçue et attestée par toute personne autorisée par la loi à recevoir
les serments et destinée à être utilisée en justice ou ailleurs. Il s’agit là d’un
emprunt utile et nécessaire; la solution déclaration sous serment, recommandée
par certains auteurs, soulève certains problèmes puisque l’affidavit peut être fait
avec affirmation solennelle. « Commet un parjure quiconque fait, avec l’intention
de tromper, une fausse déclaration après avoir prêté serment ou fait une
affirmation solennelle, dans un affidavit, une déclaration solennelle, ... en sachant
que sa déclaration est fausse. »
Syntagmes
AFFIN. AFFINITÉ.
Affin fait au féminin affine. Il s’emploie le plus souvent au pluriel : les affins.
« Tous les parents du mari sont les affins de sa femme, et tous les parents de la
femme sont les affins du mari. » Ce terme a donné affinité : « L’alliance, qu’on
nomme aussi quelquefois l’affinité, est le lien juridique qui unit l’un des époux et
les parents de l’autre. »
Affin et affinité sont vieillis. Ils sont remplacés aujourd’hui par allié et alliance.
Le Comité de normalisation de la terminologie française de la common law a
proposé alliance comme équivalent du terme “affinity”, et allié et parent par
alliance pour rendre “relative by affinity”.
Syntagmes
1) Affirmant (le féminin est affirmante) a été retenu en droit de la preuve par le
Comité de normalisation de la terminologie française de la common law pour
désigner la personne qui fait une affirmation solennelle. On peut aussi parler de
l’auteur de l’affirmation solennelle.
2) Dans son sens courant, affirmation désigne l’action d’affirmer qqch. ou, le
plus souvent, le résultat de cette action : « Le juge n’a pas été convaincu par les
affirmations du témoin. » « Il s’agit là d’une affirmation discutable. »
Dans son sens 1), affirmer s’emploie beaucoup plus couramment que son
équivalent anglais “to affirm”, qui appartient à la langue soutenue.
Dans le langage juridique, “to affirm” a presque toujours le sens de “to make a
solemn declaration”. Il convient de le rendre, dans le cas où il n’est pas suivi d’un
complément d’objet direct, par faire une affirmation solennelle ou, dans le cas
contraire, par affirmer solennellement : « Il a fait une affirmation solennelle. »
« J’affirme solennellement que le témoignage que je vais rendre sera la vérité,
toute la vérité, rien que la vérité. » « Affirmé solennellement devant moi à Ottawa,
le 15 janvier 1991. », afin de lever toute confusion possible avec le sens usuel
d’affirmer qui est d’un emploi beaucoup plus courant : « Le témoin a affirmé avoir
vu l’accusé frapper la victime. » « Si le fait est vrai, comme vous l’affirmez... ».
Dans le cas où le contexte ne prête pas à ambiguïté, le verbe affirmer seul pourra
s’employer : « Voulez-vous affirmer ou prêter serment? »
Syntagmes
1) Au Canada
2) En France
ö AFFIRMATIVE.
ö CONFIRMER.
ö DÉCLARATION.
ö SERMENT.
AFFIRMATIF, IVE.
a) qui assure la vérité d’un fait, qui prétend que des faits existent : allégation
affirmative, défense affirmative, preuve affirmative, réponse affirmative;
c) qui engage à faire qqch. pour le présent ou pour l’avenir : voir le terme de
common law covenant affirmatif;
d) qui autorise qqn à faire qqch., qui donne le droit de faire qqch. : servitude
affirmative (le terme que propose le Comité de normalisation de la
terminologie française de la common law est servitude positive);
f) qui est en faveur de qqch. : vote affirmatif, vote affirmatif unanime (dans les
assemblées délibérantes, on trouve également vote positif et vote favorable).
ö POSITIF.
159
AFFIRMATIVE. NÉGATIVE.
Ces deux termes sont des féminins substantivés des adjectifs affirmatif et négatif.
Ils s’emploient avec l’article défini dans des expressions où ils prennent le sens de
proposition dans laquelle on affirme (ou on nie) et, par extension, de position
adoptée par celui qui soutient l’affirmation (ou la négation).
a) Par
b) Dans
c) Pour
d) Sur
Se tenir sur l’affirmative (ou sur la négative). « Le juge dissident se tient sur
la négative malgré l’opinion contraire de la majorité. »
e) Sans préposition
Le terme afflictif n’a pas, au Canada, le sens technique qu’il a en droit pénal
français dans les expressions peine afflictive et caractère afflictif ou effet afflictif
d’une peine. On évitera donc de les employer dans des textes juridiques qui se
rapportent au droit canadien.
161
Employé en droit pénal français, afflictif qualifie les peines qui punissent le
criminel corporellement (ex. : la réclusion criminelle à perpétuité ou à temps, la
détention criminelle à perpétuité ou à temps). Il s’oppose à infamant, qui vise les
peines qui atteignent moralement le criminel (ex. : le bannissement et la
dégradation civique). Certains auteurs français critiquent toutefois cette
terminologie, estimant que toutes les peines sont afflictives et qu’elles sont
également infamantes en soi.
ö PEINE.
Il faut mettre l’accent grave (et non l’accent aigu ni l’accent circonflexe) à la
deuxième syllabe du mot affrètement. L’accent aigu se met au verbe (affréter) et à
l’actant de l’affrètement (affréteur)
Quand le navire est fourni avec tout son équipage, le capitaine y compris, on parle
d’affrètement à temps. C’est un contrat par lequel « le fréteur met à la disposition
de l’affréteur, pour un temps défini, un navire armé et équipé, dont il conserve la
gestion nautique, alors qu’il transfère la gestion commerciale à l’affréteur. » La
gestion nautique doit s’entendre de l’ensemble des charges liées au
fonctionnement du navire et la gestion commerciale, de l’ensemble des charges
liées à son exploitation.
L’affrètement est dit au voyage, au voyage unique, lorsqu’il est constitué par un
simple contrat de transport. « L’affrètement au voyage est le contrat par lequel le
fréteur met à la disposition de l’affréteur, en tout ou en partie, un navire armé et
équipé dont il conserve la gestion nautique et la gestion commerciale, en vue
d’accomplir, relativement à une cargaison, un ou plusieurs voyages déterminés. »
Il est dit en travers quand il est à forfait, quel que soit le tonnage.
163
et des notions abstraites. L’ellipse ne donne-t-elle pas à penser que l’affréteur est
pourvu d’une coque nue ? Ne tombe-t-on pas ainsi dans l’illogisme ? « Selon une
clause figurant dans chaque charte-partie, l’affréteur coque nue s’obligeait à
approvisionner le navire. » « Atlantic Towing Ltd. était l’affréteur coque nue de la
barge. »
Reste la préposition en. Bien qu’elle soit l’occurrence la moins fréquente, c’est elle
qui paraît la plus adéquate. L’analyse sémantique montre que la préposition en est
formatrice de locutions adverbiales ou prépositives qui expriment, notamment, une
situation. C’est bien le cas du terme en l’espèce, aussi affréteur en coque nue
paraît-il s’imposer tout naturellement. « Le demandeur n’était pas le propriétaire
ou l’affréteur en coque nue du navire transporteur. »
Cette distinction entre l’affrètement coque nue et la location coque nue n’a pas été
retenue par la majorité des maritimistes consultés, lesquels l’ont qualifiée de non
166
évidente.
ö CHARTE-PARTIE.
ö DOUANE.
ö FRET.
ö FRÉTEUR.
ö LOCATION.
ö MARITIMISTE.
A FORTIORI.
À la fin du siècle dernier, le juriste Mignault met l’accent grave. De nos jours,
l’accent grave est maintenu, notamment dans les arrêts de la Cour suprême du
Canada.
Puisque la plupart des ouvrages consultés signalent qu’a fortiori, tout comme les
locutions a priori et a posteriori, est une expression latine, il vaut mieux ne pas
mettre d’accent sur le a. Le Guide du rédacteur de l’administration fédérale
signale avec raison que ces trois expressions latines étant cependant passées dans
l’usage courant, elles restent en caractère romain.
2) A fortiori employé seul signifie à plus forte raison et peut se rendre par cette
expression. « Si l’on a puni quelqu’un qui, par ses coups, a blessé un autre
homme, il faut a fortiori punir celui qui, par ses coups, a occasionné la mort. »
« On ne peut exiger d’un individu plus qu’on ne peut exiger d’une municipalité.
Ce principe s’applique à plus forte raison à l’endroit du propriétaire d’une
maison privée. »
A fortiori est souvent mis en incise : « L’avocat, a fortiori le juge, doit veiller à ce
que son activité professionnelle soit irréprochable. »
ö A PARI.
ö A POSTERIORI.
ö A PRIORI.
ö A SIMILI.
AFRICANISTE. PANAFRICANISTE.
Les africanistes comme les panafricanistes ont vocation naturelle à être des
comparatistes, des spécialistes de la sociologie, de l’ethnologie et de l’histoire
juridique des États africains. Africanistes français, belges, russes. Africanistes de
l’Ouest. Association belge des africanistes. Journal de la Société des Africanistes.
ö COMPARATISTE.
AGENDA.
Se prononce a-jin-da.
En français, agenda, mot latin francisé prenant un s au pluriel, n’a qu’une seule
signification. C’est un carnet destiné à noter jour par jour ce que l’on a à faire. « Je
169
prends note de mes rendez-vous sur mon agenda. » (On dit aussi plus
couramment : dans mon agenda.)
Dans le langage parlementaire, il ne faut pas employer ce mot dans son sens
anglais d’ordre du jour, de programme. « Plusieurs questions figurent à l’[agenda]
de la réunion, de l’assemblée » (= « à l’ordre du jour de la réunion, au
programme de l’assemblée. » « L’[agenda] (= le programme) du nouveau
gouvernement est très chargé. »
Syntagmes
ö AGGRAVATION.
ö AGGRAVER.
ö MITIGATION.
AGGRAVATION. ATTÉNUATION.
ö AGGRAVANT.
ö AGGRAVER.
ö MITIGATION.
AGGRAVER. ATTÉNUER.
ö AGGRAVANT.
ö AGGRAVATION.
ö MITIGATION.
AGISSEMENT.
AGONIE.
En français juridique, le terme agonie ne s’emploie proprement que dans son sens
médico-légal de douleur physique extrême ou de souffrance morale intolérable. La
médecine légale définit l’agonie comme la somme des détresses qui précèdent
immédiatement la mort. « La mort est le résultat d’une somme de détresses, ou de
défaillances, qui constituent les causes du processus complexe qui aboutira au
décès. L’évolution de ce processus, de durée variable, constitue l’agonie. Celle-ci
précède le terme ultime qui est la mort réelle de l’individu. »
Employé en d’autres sens, ce mot donne lieu à certains anglicismes dont il faut se
garder.
Dans le droit des délits civils, l’expression [dans l’agonie du moment], employée
pour qualifier le caractère critique d’une situation, un cas d’urgence, l’imminence
d’un danger, est fautive; il faut dire dans l’angoisse du moment. « Ce qu’on fait ou
omet de faire dans l’angoisse du moment ne peut, en toute justice, être considéré
comme de la négligence. »
Dans les causes qui examinent le cas d’automobilistes placés dans des situations
d’urgence, on évitera la locution incorrecte [agonie de la collision] pour parler de
l’imminence de la collision.
Les juristes canadiens ont tendance à abuser du verbe approuver sous l’influence
de l’anglais “to approve”, alors que le français dispose également du verbe agréer,
175
ö ACCRÉDITATION.
ö CERTIFICATION.
ö CONFIRMATION.
177
ö HOMOLOGATION.
AGRÉMENT. APPROBATION.
Dans le cas où agrément est suivi d’un complément d’objet, celui-ci peut viser soit
la personne ou l’organisme qui donne son agrément (soumettre qqch. à l’agrément
du ministre, d’une commission), soit la personne ou l’organisme qui doit obtenir
l’agrément (demande d’agrément d’un ambassadeur, d’un établissement de soins).
Le contexte permettra le plus souvent de déterminer le sens applicable. Des titres
comme Agrément du bailleur ou Agrément du sous-preneur ne pourront pas
toujours être compris avec certitude sans examen du contexte où ils figurent,
même si on peut croire qu’il s’agit, dans le premier cas, de l’agrément donné par le
bailleur, et, dans le deuxième cas, de l’agrément que le sous-preneur doit obtenir
du bailleur principal.
Syntagmes
Solliciter l’agrément.
Soumettre à l’agrément.
Être soumis, subordonné à l’agrément de qqn, opérations soumises à agrément,
nécessitant un agrément.
Accorder, donner, octroyer, délivrer un agrément, prononcer l’agrément.
Faire l’objet d’un agrément, obtenir l’agrément.
Refuser l’agrément à qqn, à un organisme.
Retirer, suspendre l’agrément.
Modifier, renouveler l’agrément.
Être titulaire, être le titulaire d’un agrément.
ö ACCRÉDITATION.
ö AGRÉER.
ö CERTIFICATION.
ö HOMOLOGATION.
1) Agresser est d’un emploi moins courant en droit que les dérivés agresseur et
agression. Ce verbe appartient surtout au style journalistique (piéton agressé).
Dans les textes juridiques, on trouve surtout commettre une agression ou attaquer.
On dira « elle a été victime d’une agression sexuelle » plutôt que « elle a été
agressée sexuellement ».
Le Code criminel emploie aussi l’expression agression armée, qu’il oppose aux
voies de fait simples et aux voies de fait graves. Il serait en effet aberrant de parler
de [voies de fait armées].
Syntagmes
ö ASSAILLANT.
ö ASSAUT.
ö ATTAQUABLE.
ö ATTAQUE.
ö ATTEINDRE.
ö ATTENTAT.
ö VOIE DE FAIT.
1) On peut aider qqn à faire qqch. et aider à qqn à faire qqch., mais la première
construction est préférable, la seconde étant vieillie ou régionale. On préférera
« Son complice l’a aidé à s’évader. » à « Son complice lui a aidé à s’évader. »
« Aidez-les! » est mieux qu’« Aidez-leur! » « Il a aidé [au coupable] (= le
coupable) à tenter d’échapper à la justice. »
3) Aider et assister ne sont pas synonymes. Aider marque une coopération des
personnes ou des choses pour une action quelconque, assister indique un besoin,
un secours, et signifie aider dans le besoin en apportant un secours matériel ou
moral constant et attentif, tout en impliquant une difficulté : « Ce programme de
secours est conçu pour aider et assister les indigents. »
En droit pénal canadien, on distingue aider (joindre ses efforts à ceux de qqn pour
faciliter la commission d’une infraction) et assister (accompagner dans une action
pour prêter main-forte). Le verbe assister ajoute au sens d’aider la nuance d’une
participation active à la commission d’une infraction.
4) Bien qu’il soit généralement reconnu aujourd’hui que les sens techniques
des termes formant la locution aider et encourager (“aiding and abetting”) en droit
pénal canadien sont liés à des distinctions qui n’ont plus d’application dans le
Code criminel, il reste que le Code lui-même (article 21) et la jurisprudence
reconnaissent que les deux verbes n’ont pas la même signification. « Est coupable
d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de quatorze ans
quiconque... aide ou encourage quelqu’un à se donner la mort. »
Fortin et Viau affirment qu’il ne faut pas faire renaître des concepts techniques que
le législateur a voulu abolir. En revanche, reconnaissent-ils, il peut paraître
téméraire d’employer dans leur sens ordinaire des mots qui ont fait l’objet de près
d’un siècle de jurisprudence; c’est là, pourtant, l’approche la plus satisfaisante et la
plus logique qu’il faut adopter.
ö À CE QUE.
ö ASSISTER.
183
-AIRE.
Toutefois, l’agent désigné par le suffixe en -aire n’est pas toujours la personne en
faveur de qui une chose est faite, pour le compte de qui une personne agit. Ce peut
être l’inverse. Ainsi, plusieurs substantifs peuvent désigner la personne qui prend
l’initiative, qui fait l’action : attestataire (qui fournit une attestation), contestataire
(qui dépose une contestation), prestataire (généralement, qui bénéficie d’une
prestation, mais ce peut être aussi la personne qui fournit une prestation, des
services : prestataire de services), protestataire (qui dépose une protestation),
subventionnaire (qui accorde des subventions).
AJOURNEMENT. AJOURNER.
Il arrive qu’une disposition prévoie le report d’une séance à une heure du même
jour ou à un autre jour : différer et ajourner ont alors un sens complémentaire mais
distinct : « La Cour pourra, si l’intérêt de la justice le commande, différer ou
ajourner une instruction ou une autre audience pour tel délai et aux conditions qui
semblent justes. »
Syntagmes
Prononcer l’ajournement.
Avis d’ajournement.
Ajourner une audience à une date précise, jusqu’à une date précise; ajourner une
audience indéfiniment.
Ajourner une audience pour une période maximale de trente jours, pour un temps
défini.
Ajourner l’audition de la requête d’une date à une autre.
Ajourner une assemblée en une ou plusieurs fois.
Ajourner sine die.
Vocabulaire parlementaire
ö SINE DIE.
Alarme et alerte (“alarm” en anglais) sont des synonymes; ils désignent le signal
sonore qui avertit d’un danger imminent ou d’un sinistre et, par métonymie, une
demande de secours.
Toutefois, dans la phrase « Les pompiers sont arrivés sur les lieux du sinistre dix
minutes après l’alerte. », on ne sait si le mot alerte désigne le signal donné par le
témoin de l’incendie ou le signal reçu au poste de pompiers. Pour bien marquer le
point d’origine et le point d’arrivée de l’avertissement donné, il conviendra de
distinguer les deux termes, de manière à éviter l’ambiguïté (donner l’alarme et
donner l’alerte, sonnerie d’alarme et sonnerie d’alerte).
188
La distinction est fondée sur le point de vue : l’alarme est donnée par le témoin de
l’incendie et l’alerte est déclenchée par l’avertisseur d’incendie au poste de
pompiers. On dira fausse alerte lorsqu’on considérera le point de vue des pompiers
et fausse alarme dans le cas du témoin. « Le témoin a déclaré qu’en arrivant sur
les lieux, il avait constaté le progrès de l’incendie et n’avait pas hésité à [sonner
l’alerte] (= sonner l’alarme). »
Syntagmes
ALBERTA.
Alberta s’abrège ainsi : Alb. (Ne pas oublier de mettre le point abréviatif puisque la
lettre b ne termine pas le mot.) “Alta.” est l’abréviation anglaise.
mots, car Alberta est alors complément de nom : le gouvernement de l’Alberta, les
lois, le procureur général, les tribunaux de l’Alberta.
ALCOOL.
Dans ce mot, comme dans ses dérivés, le groupe -coo- se prononce comme s’il n’y
avait qu’un seul o. Les prononciations [al-co-ol] et [al-caul] sont incorrectes.
Syntagmes
Accoutumance à l’alcool.
L’alcool au volant, l’excès d’alcool au volant.
Capacité de conduite affaiblie par l’effet de l’alcool ou d’une drogue (“impaired
driving”).
Absorber de l’alcool, absorption d’alcool.
Ingérer de l’alcool, ingestion d’alcool.
Dose d’alcool ingérée, doser l’alcool dans le sang.
Quantité d’alcool consommée.
Présence d’alcool dans le sang, dans l’organisme.
Forte odeur d’alcool dans l’haleine.
Diffusion de l’alcool dans le sang.
Élimination respiratoire, urinaire, cutanée de l’alcool.
Prise d’alcool.
Métabolisme de l’alcool.
Oxydation, vitesse d’oxydation de l’alcool.
Teneur du sang en alcool.
ö ALCOOLÉMIE.
ö ALCOOLIQUE.
ö ÉBRIÉTÉ.
190
ALCOOLÉMIE.
Prononciation : al-co-lé-mie.
[La grande majorité des dictionnaires récents indiquent qu’alcoolémie signifie taux
d’alcool dans le sang. Toutefois, selon le Dictionnaire d’alcoologie, on confond
par abus de langage alcoolémie (présence d’alcool et particulièrement d’éthanol
dans le sang) et taux d’alcoolémie. Pour le Dictionnaire de l’Académie française,
alcoolémie signifie présence d’alcool éthylique dans le sang et pour le
Dictionnaire des termes de médecine de Garnier-Delamare : présence passagère
d’alcool éthylique dans le sang à la suite d’ingestion de boisson alcoolique. Le
suffixe -émie dénote simplement la présence dans le sang de la substance désignée
dans le terme de base (glycémie, urémie, etc.). Dans le cas où on indique de façon
exacte la teneur en alcool du sang d’un individu, taux d’alcoolémie serait donc
préférable.
Syntagmes
Présomption d’alcoolémie.
Courbe d’alcoolémie.
Dépistage de l’alcoolémie (par l’air expiré). Dépistage positif d’alcoolémie.
Recherche de l’alcoolémie. Contrôle d’alcoolémie.
Déceler, dépister l’alcoolémie d’un sujet, d’une personne.
Déterminer l’alcoolémie de qqn. Vérifier le taux d’alcoolémie.
Estimer l’alcoolémie de qqn.
Mesurer le degré d’alcoolémie, le taux d’alcoolémie de qqn.
Le seuil délictuel d’alcoolémie, le seuil d’alcoolémie illégal.
L’alcoolémie au volant. Lutte contre l’alcoolémie au volant.
ö ALCOOL.
ö ALCOOLIQUE.
ö ALCOOTEST.
191
ö ÉBRIÉTÉ.
Comme substantif, alcoolique désigne une personne qui est incapable de maîtriser
sa consommation d’alcool, et se dit aussi, dans un sens large, de celle qui passe
pour avoir une consommation excessive d’alcool.
ö ALCOOL.
ö ALCOOLÉMIE.
ö ÉBRIÉTÉ.
ALCOOTEST.
Prononciation : al-co-test.
192
Syntagmes
ALIAS.
Se prononce a-li-ass.
Le mot latin alias est passé dans l’usage courant et reste en caractère romain.
1) Alias traduit “alias” et “also known as” (ou sa forme abrégée courante
“a.k.a.”). Signifie autrement appelé (de tel ou tel nom, surnom ou pseudonyme) et
introduit les différentes identités d’une même personne, physique ou morale : Sa
Majesté la Reine c. Jean Untel, alias Jean Chose; Antares Shipping Corporation
c. Le navire Capricorn (alias le navire Alliance) et autres. Alias ne peut
s’employer pour une chose, le navire dans l’exemple ci-dessus étant considéré
évidemment comme une partie à l’instance, comme une personne morale.
ö PSEUDONYME.
ALIBI.
Des alibis.
1) En droit pénal, l’alibi est le moyen de défense ou l’excuse qui consiste, pour
un suspect ou un prévenu, à invoquer le fait prouvé qu’au moment de l’infraction,
il se trouvait à un autre endroit que celui où l’infraction a été commise. « Ce
suspect a un alibi : il se trouvait à Montréal au moment de l’infraction. » « Tout
alibi soulève inévitablement la question de temps. Aussi, une personne ne peut être
déclarée coupable si elle se trouvait ailleurs au moment du crime. » « Une
défense d’alibi est surtout valable dans les causes où l’identification de l’accusé
n’est pas solidement établie. »
Les substantifs les plus couramment utilisés avec le terme alibi sont fausseté et son
antonyme véracité : « L’appelant prétend que le juge du procès a omis d’expliquer
au jury qu’une preuve en réfutation n’établit pas la fausseté de l’alibi, que le fait
de ne pas accorder foi à l’alibi ne constitue pas une preuve de la culpabilité de
l’accusé et qu’il faut que la fausseté de l’alibi soit établie sans équivoque avant
que le jury puisse la considérer comme une preuve de la conscience de la
culpabilité. » « Dans l’affaire O’Leary, le juge a déclaré que le rejet par un jury
de la véracité d’un alibi ne constitue pas une preuve, à moins que ce rejet ne soit
fondé sur une preuve établissant que l’alibi a été fabriqué. »
Cette extension de sens est reçue par les uns et rejetée par les autres. Les critiques
soulignent qu’en ce sens, alibi prête à confusion puisqu’il ne peut se placer sur le
plan des intentions (prétexte, excuse, justification), mais uniquement sur celui des
faits (le fait de se trouver ailleurs qu’à l’endroit où qqch. s’est produit).
Il vaut mieux ne pas utiliser le mot alibi pour désigner n’importe quelle
justification : « Il invoque une circonstance [comme alibi] = pour se justifier. »
« Il cherche [des alibis] (= des excuses) pour fuir ses responsabilités. »
Syntagmes
ALIMENTATION. APPROVISIONNEMENT.
Au sens d’action de fournir qqch. à qqch. ou à qqn, ces deux termes sont suivis de
la préposition en. Alimentation en eau, en électricité. Approvisionnement en eau,
en aliments, en matières premières.
196
ALINÉA. SOUS-ALINÉA.
1) Ces mots sont masculins. Ils s’abrègent en al. et s.-al. Au pluriel : « Cet
article comporte plusieurs alinéas. ». Noter que la forme abrégée ne prend pas la
marque du pluriel : les al. 3(2)b) et c), les s.-al. 3(2)b)(ii) et (iii).
Noter, de plus, que les appellations des éléments constitutifs des lois ne s’abrègent
jamais dans le texte. L’abréviation est permise dans les notes et les renvois. Ainsi,
on ne dira pas : [L’al. 3a)] de la Loi, mais L’alinéa 3a) de la Loi.
Par convention, la lettre indicative de l’alinéa dans le texte français est en italique
(pour le texte manuscrit ou dactylographié, la lettre est soulignée) et n’est suivie
que de la parenthèse fermante, à la différence de l’anglais qui place la lettre
indicative entre parenthèses : l’alinéa 3(2)c) (“paragraph 3(2)(c)”).
Dans la mesure du possible, marquer l’articulation des idées par l’emploi de mots-
liens (d’une part, d’autre part; ou bien, ou bien; soit, soit; à la fois, à la fois; à
titre de; dans le cas de; si; relatif à; relativement à; par; par le fait que; ceux qui;
concernant; s’il s’agit... ).
Toujours commencer par la même structure syntaxique, c.-à-d. par des mots de
même nature (substantifs, impératifs, locutions prépositives, participes présents).
197
Faire des membres de phrase, et éviter d’utiliser un seul mot par alinéa ou par
sous-alinéa. Il faut éviter la multiplication des alinéas.
La traduction des articles à alinéas (et la remarque vaut également dans le cas de la
rédaction) soulève souvent la difficulté de rendre en français les verbes que le
législateur privilégie lorsqu’il s’agit d’énoncer des dispositions portant sur des
pouvoirs déterminés propres à l’objet de la loi ou du règlement :
“prescribing/prescribe”; “providing/provide” En français, il y aura intérêt, dans
bien des cas, à préférer à prescrire ou à prévoir (voir ces mots), des verbes adaptés
à la situation : adopter, assurer, attribuer, autoriser, classer, conclure, définir,
désigner, déterminer, élaborer, énumérer, établir, fixer, formuler, indiquer, mettre
en oeuvre, ordonner, pourvoir, préciser, régir, réglementer...
En légistique canadienne, la règle veut que les citations se fassent par mention du
plus petit élément et indication des désignations numériques ou littérales dans
l’ordre décroissant : on dira le sous-alinéa 3(2)c)(i) plutôt que le sous-alinéa (i) de
l’alinéa c) du paragraphe (2) de l’article 3.
ö DIVISION.
ö ÉLÉMENTS DES LOIS.
ö PARAGRAPHE.
198
ö PRESCRIRE.
ö PRÉVOIR.
ö SECTION.
ALLÉGEANCE.
« Je, ... , jure fidélité et sincère allégeance à Sa Majesté la Reine Elizabeth Deux,
Reine du Canada, à ses héritiers et successeurs. Ainsi Dieu me soit en aide. »
Syntagmes
ö SERMENT.
Ce qui est qualifié de prétendu découle d’une simple prétention juridique, qui
existe, que l’on fait valoir et qui est opposable, dont l’adversaire peut discuter et
que le tribunal, n’ayant pas établi le bien-fondé de l’assertion, n’a pas encore
accordée. À l’appui, au soutien de ses prétentions, le litigant énonce des éléments
de fait, lesquels sont dits allégués.
Ce qui est qualifié de présumé a un sens beaucoup plus fort et découle d’une
présomption légale ou légitime S née d’une preuve, d’un acte instrumentaire, d’un
aveu, d’une situation factuelle, d’une circonstance aggravante, d’un fait notoire,
200
d’une théorie admise, d’un indice ou d’une contestation ressortant d’une enquête,
d’un serment S que l’on peut, certes, combattre par une preuve contraire, mais qui
permet au juge de procéder à des inductions ou de former sa conviction. Lorsqu’il
comparaît en justice, le prévenu ne peut être décrit comme l’auteur [présumé] de
l’infraction, mais plutôt comme le prétendu auteur ou l’auteur prétendu de
l’infraction.
Contrairement au sens que l’usage courant donne au mot prétendu, ce qui est
prétendu juridiquement ne l’est pas nécessairement à tort : seule la preuve pourra
établir le bien-fondé ou le mal-fondé de la prétention.
L’alliance est le lien qui unit l’un des conjoints aux parents de l’autre : « C’est par
le mariage que l’alliance s’établit entre chacun des époux et les parents de
l’autre. ». Elle se distingue de la parenté, qui est le lien établi, soit par la nature
entre des personnes qui descendent les unes des autres ou d’un auteur commun,
soit par l’effet de la loi, p. ex. entre l’adoptant et l’adopté. Comme les personnes
unies par alliance ne sont pas au sens strict des parents, l’expression parent par
alliance est donc critiquable, bien qu’elle soit consacrée par l’usage. On lui
préférera le terme allié.
Alliance et allié ont remplacé les termes vieillis affinité et affin, et ont été retenus
par le Comité de normalisation de la terminologie française de la common law
comme équivalents, en droit successoral de common law, des termes anglais
“affinity” et “relative by affinity”.
Syntagmes
ö AFFIN.
ö PARENT.
202
ö PARENTÉ.
ALLOCATAIRE. ALLOCATION.
Syntagmes
ö INDEMNITÉ.
ö PRESTATION.
ALLOCUTION. DISCOURS.
Par extension, l’allocution est un petit discours familier et de circonstance fait par
une personnalité à un public précis. Elle s’oppose au discours, qui, lui, est un
exposé d’idées d’une certaine longueur. « Je suis d’avis que les allocutions et les
déclarations publiques de personnalités politiques de Terre-Neuve à ce sujet ne
devraient pas être reçues en preuve... On ne peut pas dire qu’elles expriment
l’intention de la Légistature. » « Dans une allocution prononcée devant le
Lawyers Club de Toronto, le juge en chef McRuer, de la Haute Cour de Justice de
l’Ontario, a déclaré... »
204
Syntagmes
ö EXPOSÉ.
ö INTERVENTION.
ö RÉSUMÉ.
ALLONGE.
Les deux exemples suivants sont tirés de la Loi sur les lettres de change du
Canada : « L’endossement figurant sur une allonge ou sur une copie d’une lettre
émise ou négociée dans un pays où les copies sont admises est réputé fait sur la
lettre elle-même. » « Le paiement par intervention doit être attesté par un acte
notarié d’intervention qui peut être annexé au protêt ou en former une allonge. »
ö EXTENSION.
ö RALLONGE.
205
ALLOUER.
Allouer, au sens de tenir compte de, peut être accompagné de la préposition sur :
« En accordant cette somme le juge a commis une erreur, car il n’a pas tenu
compte des imprévus de la vie ni du rabais qui devait être alloué sur la valeur
actuelle du capital immobilisé. »
2) Terme administratif, allouer se dit du fait pour l’État de verser des sommes à
des citoyens (l’État alloue des pensions) ou, pour une autorité administrative,
d’accorder, d’autoriser le paiement d’une somme en compensation de quelque
chose (allouer cent dollars pour les frais de déplacement).
6) Le verbe anglais “to allow” a des sens que le français n’a pas. La liste
suivante regroupe certains emplois fautifs :
7) L’expression allouer à une partie ses frais est vieillie. On dit aujourd’hui
accorder, adjuger à une partie ses dépens.
Syntagmes
Allouer des dommages-intérêts, des intérêts, une indemnité, une somme, des
crédits, une pension, une gratification en nature, un traitement.
ö ACCORDER (S’).
ö ALLOCATAIRE.
ö OCTROI.
207
La locution conjonctive alors que est vieillie dans son sens temporel, sens qu’elle
conserve encore dans la langue littéraire. On évitera d’employer cette locution au
sens de lorsque ou quand : « Nous connaîtrons le verdict [alors que] le jury aura
fini de délibérer » (= « lorsque » ou « quand le jury aura fini de délibérer » ou « à
l’issue des délibérations du jury. »)
Le sens adversatif de alors que peut être plus ou moins marqué; si ce sens est
moins accentué, la virgule disparaît et alors que prend le sens de à un moment où
au contraire, l’opposition étant renforcée par le sens temporel : « S’il apparaît ou
s’il est prétendu que les débats doivent avoir lieu en chambre du conseil alors
qu’ils se déroulent en audience publique... ».
La locution peut être renforcée en disant alors même que. Cette dernière locution
est suivie du conditionnel, elle marque l’opposition par rapport à une hypothèse et
est synonyme de même si, quand même : « Si le jugement ordonnant l’expertise
s’est également prononcé sur la compétence, la cour peut être saisie de la
contestation sur la compétence alors même que les parties n’auraient pas formé
contredit. »
ö LORSQUE.
ö QUAND.
208
ALTÉRATION. ALTÉRER.
Dans ces différents exemples, les équivalents anglais seraient : “to distort”, “to
tamper with”, et également, ainsi qu’en témoigne le paragraphe 366(2) du Code
criminel canadien, “to alter” : « Faire un faux document comprend :
a) l’altération, en quelque partie essentielle, d’un document authentique; ou
l’article 145 de la Loi sur les lettres de change du Canada : « Est notamment
substantielle toute altération : a) de la date; b) de la somme payable, c)... » « La
lettre n’a pas été altérée. ». Barrement altéré par oblitération ou addition. Altérer
le barrement d’un chèque. Altération essentielle et altération accidentelle (en
matière de lettres de change).
ALTERCATION.
Il est abusif de parler d’une altercation pour décrire l’action de deux individus qui
en viennent aux coups. L’altercation est uniquement verbale, c’est une prise de
bec, une empoignade, une dispute, une discussion vive et soudaine. Le sens est le
même pour le terme anglais “altercation”. Ainsi, dans l’exemple suivant,
altercation est incorrect : « Celui qui frappe un antagoniste réduit à l’impuissance
par les spectateurs de l’altercation n’est pas en état de légitime défense, puisqu’il
210
ALTER EGO.
Cette locution latine signifie littéralement un autre moi, un second soi-même. Pour
le profane, alter ego s’entend au sens propre d’une personne de confiance qui est
chargée d’exercer une fonction par délégation, un bras droit, et, au sens figuré, il
s’entend d’un ami inséparable, d’une âme soeur.
Pour les juristes, alter ego est d’abord une théorie en matière de responsabilité du
fait d’autrui (“vicarious liability”), plus précisément en cas de responsabilité
personnelle des personnes morales et de responsabilité par délégation, ainsi qu’en
cas d’infractions de type professionnel. Responsabilité personnelle par alter ego.
« L’argument du demandeur fait appel, dans une certaine mesure, à ce que l’on a
appelé quelquefois la théorie de l’alter ego, savoir qu’une compagnie, n’ayant en
réalité qu’un seul actionnaire qui dirige toutes les activités de l’entreprise,
constitue simplement l’alter ego de cet actionnaire. »
Le concept d’alter ego est souvent associé à celui d’âme dirigeante (“directing
mind”) et s’applique même aux employés de l’État : « Selon l’appelant, le
sous-ministre adjoint, tout comme le sous-ministre, est un alter ego du ministre... »
Cette doctrine juridique trouve une application en droit maritime (au cours d’un
voyage, le patron de navire est considéré comme l’alter ego de son commettant).
Dans le droit de la preuve pénale, l’alter ego a trait à la question de la
contraignabilité à témoigner, notamment lorsqu’il s’agit de savoir si l’aveu d’un
mandataire ou d’un préposé de l’assuré peut lui être opposable. « Le privilège que
possède un accusé contre l’autoincrimination est un vieux droit de common law
que n’a pas modifié la Loi sur la preuve au Canada... Il s’agit de savoir si un
employé qui est considéré comme l’âme dirigeante d’une compagnie et son alter
ego doit bénéficier du privilège de ne pas incriminer son employeur, alors que ce
privilège lui aurait été refusé s’il avait été l’employé d’une personne physique. »
Parfois dans la jurisprudence, le terme alter ego prend erronément le sens suivant :
personne qui fait figurer son nom comme si elle agissait pour son propre compte,
alors qu’en réalité elle n’intervient que comme mandataire d’une autre. Ce sens est
celui du mot prête-nom, qui n’est pas un concurrent d’alter ego.
ö PRÊTE-NOM.
La faute, venue d’un glissement de sens sous l’influence de l’anglais, est très
répandue. Les meilleurs auteurs ont galvaudé ce vocable.
Si le sens du mot anglais correspond à celui du mot français, soit situation où deux
choix seulement sont possibles, c’est par alternative qu’il sera naturel de traduire
le mot anglais. Dans le cas contraire, le sens du mot anglais étant l’un des deux
choix, le français offre des ressources variées : proposition, éventualité,
possibilité, option, autre ou double suivis du substantif adéquat, ou encore
solution de rechange, solution de remplacement ou solution de substitution.
Une accusation est dite alternative lorsqu’elle présente le fait comme constituant
soit telle infraction, soit telle autre infraction. Une accusation alternative comporte
donc deux accusations. Il est incorrect de parler d’[accusations alternatives] pour
viser les deux accusations comme le ferait l’anglais (“to lay alternative charges”).
Ce serait un contresens en français de traduire par accusations [subsidiaires]. La
solution est d’employer alternative au singulier : on pourra dire porter une
accusation alternative, ou encore porter des accusations sous forme alternative.
213
De même, en droit pénal français, il est interdit de poser des questions alternatives
au jury. Les exemples qui suivent illustrent l’emploi correct du substantif
alternative et de l’adjectif alternatif. « L’alternative dans une question est une des
formes de la complexité : une question alternative ne peut être résolue au scrutin
par un oui ou par un non. » « La jurisprudence tolère les questions alternatives
sous certaines conditions; elle décide que la nullité n’est encourue que si
l’alternative ne permet pas d’apprécier exactement la portée de la réponse. Si
donc les conséquences pénales d’une déclaration de culpabilité résultant du
premier ou du deuxième terme de l’alternative ne sont pas identiques, l’arrêt de
condamnation rendu à la suite d’une réponse affirmative du jury est frappé de
nullité. » « Tandis que la Cour de cassation annule les arrêts correctionnels qui
déclarent, sous forme alternative, que la chose détournée avait été remise au
prévenu ‘à titre de mandat ou de dépôt’, elle admet que le jury peut être interrogé
sous cette forme alternative. »
En droit civil, une obligation est dite alternative lorsqu’elle a pour objet deux ou
plusieurs prestations qui sont dues de telle sorte que le débiteur se libère
entièrement en exécutant une seule d’entre elles.
En droit successoral de common law, on nomme à juste titre legs alternatif soit la
disposition de biens qui contient une alternative quant au destinataire de la chose
léguée, soit le legs de l’une ou l’autre de deux choses, fait à une même personne.
On appelle également [legs alternatif], et cette fois à tort, le second de deux legs
alternatifs. Il serait plus juste dans le cas du second legs de parler de legs
subsidiaire, de legs de remplacement ou de legs de substitution.
Notons cependant que l’adjectif subsidiaire n’a pas le même sens que alternatif
comme en témoignent les expressions demande alternative et demande subsidiaire
de la procédure française. Une demande alternative est une demande tendant à
deux fins dont l’une, si elle est admise par le juge, exclura l’autre. Une demande
214
Syntagmes
Dans la liste qui suit, le mot à proscrire ([alternative] ou [alternatif]) a été remplacé
par l’expression correcte.
Allégation subsidiaire.
À titre subsidiaire.
Autre mode de signification personnelle.
Cause subsidiaire d’action.
Certificat de remplacement.
Conclusions subsidiaires.
Contre-projet, contre-proposition,
contre-rapport.
Disposition subsidiaire.
Exécuteur supplémentaire suppléant.
Garantie de remplacement.
Mesure de rechange.
215
Ordonnance subsidiaire.
Plan de rechange.
Prétention subsidiaire.
Recours distinct subsidiaire.
Sanction de remplacement.
Service de remplacement, service de substitution.
Variante (dans un projet de traité ou un projet d’accord).
ö SUBSIDIAIRE.
A.M. P.M.
Les abréviations A.M. et P.M., que l’anglais a emprunté au latin (ante meridiem et
post meridiem), n’existent pas en français. [11 A.M.] est une notation de l’heure
qui vient du système anglais. En français, l’heure est indiquée généralement en
fonction de la période de vingt-quatre heures. « Le Palais de justice est ouvert tous
les jours de la semaine de 9 h à 17 h. » Parfois, pour éviter toute confusion
possible, on ajoute les mots du matin ou du soir lorsque la notation de l’heure est
faite en fonction d’une période de douze heures : « Le client s’est présenté au
bureau à onze heures du soir. ».
ö HEURE.
Modification est toutefois le terme générique, et l’on pourra dire sans commettre
de faute, mais avec moins de précision : modifier un projet de loi ou apporter des
modifications au projet de loi.
216
Syntagmes
ö MODIFICATEUR.
ö MODIFICATION.
ö MODIFIER.
ö RECTIFICATIF.
AMÉNITÉ.
Au pluriel, aménités s’emploie par ironie ou par antiphrase (dire, échanger des
aménités) au sens d’injurier, d’invectiver : « À la fin de ce procès houleux, les
adversaires n’ont pas hésité à échanger des aménités. »
2) Dans le droit des délits civils, il faut proscrire les termes [aménités de la vie]
(“amenities of life”) et [perte d’aménités] (“loss of amenities”) et les remplacer par
agréments de l’existence et perte d’agrément.
AMIABLE. AMIABLEMENT.
1) Se dit de ce qui se fait par entente entre les parties, par voie de conciliation,
sans procès, de gré à gré. Ainsi, deux personnes en litige peuvent s’entendre à
l’amiable au lieu de saisir un tribunal de leur différend. L’arrangement souscrit par
des adversaires qui se concilient sans recourir à une instance judiciaire statuant sur
leur contentieux est un arrangement amiable. « Chaque fois que cela semblera
possible et notamment lorsque aucune faute ne paraîtra clairement caractérisée,
les solutions devront être recherchées en premier lieu sur le terrain amiable. »
3) Amiable n’a pas le sens d’amical; le premier signifie par entente entre les
parties, le second empreint d’amitié. Aussi est-il impropre de parler d’un
[règlement amical] ou d’un [règlement hors cour] (en anglais “amicable
settlement”, “out-of-court settlement”); il faut dire règlement amiable ou règlement
extrajudiciaire.
Syntagmes
AMICUS CURIÆ.
Cet ami de la cour n’est pas « convoqué », mais est « invité » à intervenir dans
l’instance, ou demande lui-même au tribunal de l’entendre (en matière de faillite,
par exemple). « Toute personne peut, avec la permission ou à l’invitation de la
cour et sans devenir partie, intervenir dans l’instance en vue d’assister la cour à
titre d’ami de la cour et d’y présenter une argumentation. »
du témoin, mais afin de défendre les droits de celui-ci en tant qu’amicus curiæ. »
AMNISTIE. AMNISTIER.
L’amnistie désigne l’acte du Souverain qui efface les condamnations déjà infligées
ou empêche l’exercice de poursuites contre les auteurs de certains crimes (le plus
souvent politiques).
Syntagmes
Mesure amnistiante.
ö GRÂCE.
ö PARDON.
AMONT. AVAL.
Ne pas confondre ces deux termes. L’amont est la partie supérieure d’un cours
d’eau, la partie qui est la plus rapprochée de la source; l’aval est la partie inférieure
d’un cours d’eau, le côté vers lequel il coule. En amont, en aval.
a) Amortissement s’emploie :
2) Locutions verbales
3) L’antonyme non amortissable s’écrit sans trait d’union puisque non est suivi
d’un adjectif. « Du point de vue fiscal, les biens en immobilisation sont
amortissables ou non amortissables. » « La terre est un bien non amortissable et
les bâtiments sont des biens amortissables. »
Syntagmes
AMOVIBILITÉ. AMOVIBLE.
Amovible se dit du titulaire d’une charge ou d’une fonction qui peut être, selon le
cas, remercié, congédié, déplacé ou destitué : un fonctionnaire amovible. « Si les
juges étaient amovibles, la justice n’offrirait aucune garantie d’impartialité. » Il
se dit aussi de la charge ou de la fonction elle-même : une charge, un emploi, une
fonction, une place amovible.
Les termes amovibilité et amovible s’emploient beaucoup moins souvent que leurs
antonymes inamovibilité et inamovible.
ö INAMOVIBILITÉ.
AMPLE. AMPLEMENT.
dans la locution ordonner un plus ample informé, qui signifie ordonner qu’un
examen plus complet, qu’un informé soit effectué : « Le juge a renvoyé l’accusé
jusqu’à plus ample informé. », c’est-à-dire jusqu’à ce que de nouveaux
renseignements permettent de statuer sur son sort.
On dit pour plus ample informé : « Pour plus ample informé, je vous envoie le
document en question. ». Cette locution peut s’appliquer au sujet de la proposition
principale (« Pour plus ample informé, l’avocat a demandé à son client de lui
fournir plus de détail sur la transaction. ») ou au complément (« Pour plus ample
informé (= pour que vous soyez mieux informé), je tenais à vous dire que... »). On
dit aussi, dans un sens moins technique qu’en procédure française, jusqu’à plus
ample informé : « Jusqu’à plus ample informé, l’avocat s’est refusé à toute
déclaration. »
ANACHRONIQUE. ANACHRONISME.
d’une charge à titre amovible peut être destitué sans motif et sans préavis est
devenu un anachronisme. »), une exigence légale (« L’obligation d’apposer le
sceau corporatif peut être considérée comme un anachronisme, ayant été abolie
dans certaines lois provinciales. »), ou encore une expression (« Pour ce qui est de
l’expression ‘sans excuse légitime’, le ministère public soutient qu’il s’agit d’un
anachronisme ayant pour origine une ancienne disposition législative anglaise. »)
Entaché d’anachronisme. Jugement, principe, règle, raisonnement anachronique.
ANCILLAIRE.
Adjectif à bannir du vocabulaire juridique. Son seul sens est qui se rapporte aux
servantes; le terme ne s’emploie plus que dans certaines expressions : amours
ancillaires, liaisons ancillaires.
Dans la liste qui suit, l’adjectif à proscrire a été remplacé par l’expression correcte.
Accord accessoire.
229
ö ACCESSOIRE.
ö DOCTRINE.
ANÉANTIR. ANÉANTISSEMENT.
ANGLO-.
L’élément anglo- dans un mot composé au pluriel reste invariable : les juristes
anglo-américains.
ö BRITANNIQUE.
ANGLOPHONE. FRANCOPHONE.
ANGLO-SAXON.
On fera bien d’éviter l’adjectif anglo-saxon dans des exemples comme ceux-ci :
« L’astreinte est pour le droit français ce que l’outrage au tribunal est pour le
droit [anglo-saxon] (= anglais). » « Au Canada, comme dans d’autres pays
anglo-saxons... (= de tradition britannique ou anglo-normande). »
ANIMUS.
Terme latin signifiant âme, esprit, et marquant une disposition d’esprit, une
volonté (dans le cas de l’animal sauvage : un esprit, une habitude).
Animus se joint au mot factum et corpore dans les locutions animus et factum
(l’intention et l’acte ou le fait accompli) et animo et corpore (par l’intention et par
l’acte physique). Le terme forme également une locution, animus quo (l’intention
avec ou dans laquelle), ou des maximes animus hominis est anima scripti (« les
actes instrumentaires devraient être interprétés si possible de façon à donner effet
à l’intention des parties ») et animus ad se omne ducit (« le droit se préoccupe
toujours de l’intention »).
que la donation est motivée par un animus donandi, l’abdication aurait pour
cause l’animus derelinquendi. » « M. Cormier fonde sa réclamation sur le titre du
bien en invoquant la possession. L’élément qui sert à déterminer la possession
requise est l’animus possidendi, c’est-à-dire l’intention d’exclure de la possession
les copropriétaires et autrui. » Exigence, question de l’animus. Évaluer, prouver
l’animus. Avoir l’animus requis.
Quoique le terme latin soit souvent conservé dans les textes consultés, il reste
qu’il est préférable de traduire la locution latine. L’équivalent choisi sera une
locution substantive ou une locution infinitive. Grammaticalement, la nature de
l’intention est désignée par l’infinitif approprié ou par une épithète, lesquels
serviront à définir la situation en cause ou à la qualifier. « Tel est le cas par
exemple de l’erreur sur la personne de la victime d’un homicide volontaire. Si le
meurtrier ou l’assassin se trompe de victime, il n’en a pas moins l’animus necandi
(= l’intention de tuer) et demeure évidemment responsable. » Intention étant
l’équivalent choisi par le Comité de normalisation de la terminologie française de
la common law pour animus, les locutions latines figurant dans le tableau figurant
aux pages suivantes auront les équivalents y mentionnés.
ANIMUS
ANIMUS INTENTION
cancellandi de canceller (voir ce mot), de détruire, de
raturer (un testament)
capiendi de capturer, de saisir
contrahendi d’obliger en droit
contrahendae societatis de former une société
dedicandi de rendre publique (une voie privée), de
consacrer à l’usage public (un bien-
fonds)
defamandi de diffamer
derelinquendi d’abandonner
deserendi de déserter
233
tenendi de conserver
testandi de testerN
N
Indique que l’équivalent a été retenu par le Comité de normalisation de la terminologie française de la
common law. Toutes ces locutions n’ont pas la même importance, cela va sans dire. Elles sont
regroupées ici par souci de commodité.
Pour ces mots, il faut prononcer les deux n : an-nal, an-nales, an-na-lité, an-
nualité, an-nuel.
Annal (deux n) est un terme juridique signifiant qui ne dure qu’un an. Fait annaux
au pluriel. Ne pas confondre avec anal (un n). Droit annal (qui produit ses effets
au bout d’un an). Location, possession, procuration annale. Délai annal de
l’exécution testamentaire. Prescription annale : le substantif est annalité. Annalité
de l’impôt (qu’on ne paiera que pour une année), d’une possession (qui ne dure
qu’un an). L’annalité d’une location.
Annuel, comme annal, signifie qui ne dure qu’un an. Charge annuelle. Mais
annuel a un autre sens : qui revient chaque année, que l’on perçoit ou paie chaque
année. Assemblée, fête, rente annuelle. Congé annuel. Le vote annuel de l’impôt.
Le substantif est annualité. « Le principe de l’annualité de l’impôt veut que l’impôt
soit voté chaque année. »
ANNALES.
Annales est toujours féminin pluriel. Signifie, par extension, histoire, actes, faits,
souvenirs relatifs à l’histoire de quelque chose : « Son nom restera dans les
annales judiciaires. ». Les annales du crime.
1) En droit, l’annexe est une disposition jointe à un acte pour en compléter les
énonciations ou encore un document, une pièce, une note que l’on joint à un acte
quelconque.
2) Annexe se construit avec à ou de. Annexe à signifie document qui est joint
à, qui est rattaché à : « Règlement constituant une annexe au règlement intérieur
de l’établissement. ». Sous forme d’annexe à la Loi sur les banques. Comme
annexe à ma lettre. Annexe de signifie pièce que comporte le document : Les
annexes du dossier. Annexe A des Lois révisées du Canada (1985). Signifie
également dispositions additives et complémentaires : Les annexes du traité.
Dans le droit des biens de common law, l’adjectif annexe correspond au terme
anglais “appendant” et forme plusieurs termes normalisés : bien annexe, profit
annexe ou profit à prendre annexe, droit annexe.
Annexé s’emploie comme adjectif dans acte annexé, qui n’est pas une annexe
proprement dite, mais un acte qui est joint à un document et qui en fait partie
intégrante. « Les annexes et actes annexés font partie intégrante du présent
accord. »
ö ANNEXE1.
ö CÉDULE.
ö CI-
ö COMPLÉMENT.
ö SUPPLÉMENT.
236
ANNEXE1. APPENDICE.
Dans la langue de l’édition, l’appendice est un texte supplémentaire, qui est ajouté
au corps d’un ouvrage et qui n’est pas essentiel à l’intégrité du document. C’est un
supplément joint à la fin d’un ouvrage.
ö ANNEXE.
ö CÉDULE.
ö COMPLÉMENT.
ö SUPPLÉMENT.
ANNEXION. ATTACHE.
matérielle.
ANNIHILATION. ANNIHILER.
Annihiler : deux n.
Ce verbe à le même sens qu’anéantir (voir ce mot) et signifie réduire à rien l’effet
d’une chose, rendre de nul effet, supprimer totalement. Il est plus abstrait
qu’anéantir et s’emploie le plus souvent, mais pas toujours, avec un complément
désignant une chose non matérielle. « Constitue un acte discriminatoire, s’il est
fondé sur un motif de distinction illicite et s’il est susceptible d’annihiler les
chances d’emploi ou d’avancement d’un individu ou d’une catégorie d’individus,
le fait de... » Annihilation d’un testament. « L’annihilation, c’est l’annulation
d’un acte. » « Le décès du contractant annihile la clause du contrat » (= lui fait
perdre tous ses effets). « Cas d’une volonté annihilée par la violence ou la menace
de violence. »
ö ABOLIR.
ö ANÉANTIR.
ö NUL.
ö NULLITÉ.
ö RESCINDER.
1) Une annotation peut être deux choses : une note d’arrêt ou une explication
de texte. Annotation de la Loi sur l’urbanisme. Loi sur les jeunes contrevenants
annotée de Nicholas Bala et Heino Lilles.
L’annotateur est l’auteur d’une note d’arrêt : Annotateur d’un arrêt commenté à la
Semaine juridique. Par extension, tout auteur d’une explication de texte juridique,
en général en expliquant point par point la portée du texte, est un annotateur : le
professeur Peter W. Hogg, auteur de l’Accord constitutionnel du lac Meech
238
Mais il ne viendrait pas à l’idée d’un juriste canadien de parler de Pierre Lemieux,
auteur de l’ouvrage Les grands arrêts du contrôle judiciaire de l’administration,
ou de Jacques Fortin et de Louise Viau, coauteurs du Recueil d’arrêts en droit
pénal général, comme d’arrêtistes. Au Canada, ce sont des commentateurs, c’est-à-
dire des auteurs qui font des commentaires de jurisprudence, souvent à des fins
pédagogiques, après avoir présenté un certain nombre d’arrêts de principe
ressortissant à un domaine précis du droit. Le terme arrêtiste n’a pas le même sens
au Canada.
des faits pertinents d’une cause, une énumération des points de droit sur lesquels le
tribunal a statué et une indication de la décision rendue.
ö ÉDITEUR.
ö RÉSUMÉ.
ANOMALIE.
Le terme anomalie s’emploie en droit pénal canadien par rapport aux défenses
d’aliénation mentale, d’automatisme (voir ce mot) et d’intoxication volontaire,
ainsi que dans le contexte de la responsabilité atténuée. La jurisprudence et la
doctrine parlent de l’anomalie physique ou mentale et de l’anomalie du
comportement. « L’accusé souffrait, au moment du fait incriminé, d’une anomalie
mentale affectant sérieusement sa capacité mentale. »
-ANT.
Le suffixe -ant s’oppose au suffixe -aire (voir cette entrée) : par exemple, dans le
droit des biens, le baillant-mandant forme un couple avec le baillaire-mandataire,
le covenantant avec le covenantaire, le recouvrant avec le recouvraire, le
délaissant avec le délaissataire et le résignant avec le résignataire.
ö -AIRE.
ö CO-.
ANTE(-)MORTEM.
Ante mortem (on trouve aussi ante-mortem) s’emploie dans le droit de la preuve
pénale en parlant de la déclaration faite peu de temps avant sa mort par une
personne qui avait perdu tout espoir de survie et qui relate les circonstances de
l’événement qui causera la mort. La « déclaration ante mortem » ou déclaration à
l’article de la mort constitue une exception à l’interdiction du ouï-dire, le témoin
n’ayant pas généralement une connaissance personnelle des faits qui sont l’objet
de la déclaration recueillie du mourant. L’équivalent qu’a retenu pour cette
locution le Comité de normalisation de la terminologie française de la common
law est déclaration du mourant.
La locution ante mortem s’emploie en droit des successions de common law dans
l’expression “ante mortem probate”, dont l’équivalent retenu par le Comité de
normalisation de la terminologie française de la common law est homologation du
vivant du testateur.
ANTI-.
La règle traditionnelle veut que les mots composés avec le préfixe anti- s’écrivent
généralement sans trait d’union, sauf dans certains cas, notamment lorsque le
deuxième élément lexical commence par la voyelle i : anti-inflationniste.
Anti- est suivi d’un substantif (antisémitisme), d’un adjectif (antiaérien) ou d’un
verbe (antidater). Antialcoolisme. Anticonceptionnel. Anticoncurrentiel.
Anticonstitutionnel (voir ANTICONSTITUTIONNEL). Antidumping.
242
ANTICIPATION.
céder à l’avance une pension à laquelle il n’a pas encore droit (voir ANTICIPER).
Il vise aussi un empiétement sur le bien ou les droits d’autrui, une usurpation :
« C’est une anticipation sur ma terre, sur mes droits. ». Ce sens est aujourd’hui
vieilli, on utilisera de préférence les termes empiétement ou usurpation.
ö ANTICIPER.
ANTICIPÉ, ÉE.
Anticipé signifiant qui est fait en prévision de qqch., il est difficile de parler d’une
rupture anticipée dans le cas de l’“anticipatory breach”, terme qui, en droit des
contrats, signifie non pas qu’une rupture du contrat est effectuée (comme l’est le
paiement anticipé), mais qu’elle sera effectuée. Il conviendrait alors de trouver une
dérivation nominale (le suffixe -ive, par exemple) qui rendrait le sens que renferme
la notion : rupture anticipative.
ANTICIPER.
2) Un des sens courants du verbe “to anticipate” est “to expect” ou “to
foresee”. Anticiper a perdu ce sens en français même si le Trésor de la langue
française, citant Bélisle, le recense : anticiper une grosse récolte. Il s’agit d’un
anglicisme. On ne dira donc pas [anticiper] des bénéfices, mais prévoir, escompter
des bénéfices, ni « J’[anticipe] que le ministère public fera appel », mais « Je
prévois que le ministère public fera appel », ni « J’[anticipe] un échec des
négociations salariales », mais, selon le contexte : « Je prévois, j’appréhende un
échec des négociations salariales. »
Ces deux termes ne sont pas concurrents. Ils sont différents sur le plan
sémantique : anticonstitutionnel signifie qui est hostile à la constitution politique
du pays, qui est dirigé contre la constitution : disposition, manoeuvre
anticonstitutionnelle; inconstitutionnel signifie qui n’est pas conforme à la
constitution du pays : « Le règlement sera abrogé puisqu’il a été jugé
inconstitutionnel. » (Voir ULTRA VIRES.) Demande, loi inconstitutionnelle. Acte
inconstitutionnel. Être inconstitutionnel (de faire qqch.), d’une manière
inconstitutionnelle (pour éviter inconstitutionnellement, qui ne s’emploie en
général que pour créer un effet de style).
ö CONSTITUTIONNALISER.
ö INCONSTITUTIONNEL.
ö ULTRA VIRES.
Antidater (le mot s’écrit sans trait d’union, voir ANTI-), c’est mettre sur un
document une date antérieure à la date véritable. « Les parties ont décidé qu’il
serait plus indiqué d’antidater le contrat. » Antidater un acte, un chèque, une
lettre.
Postdater (le mot s’écrit sans trait d’union, voir POST-), c’est l’opération contraire
qui consiste à mettre sur un document une date postérieure à la date réelle.
Postdater un chèque, c’est obliger le porteur à ne l’encaisser qu’à la date inscrite.
« La loi interdit-elle vraiment de postdater les chèques à la signature d’un bail? »
« Le jugement ou ordonnance prennent effet à partir de cette date, sauf ordre
contraire de la Cour ou si elle prescrit que le jugement soit antidaté ou postdaté. »
Les substantifs sont antidate et postdate. Mettre une antidate (c’est-à-dire inscrire
sur un document une date antérieure à la date véritable). « L’acte que l’on me
remet porte une antidate. »
ö ANTI-.
ö POST-.
L’américanisme gang (prononcer gangue et non [gagne]) tout comme ses dérivés
antigang, gangster et gangstérisme sont depuis longtemps francisés, aussi se
gardera-t-on de les italiciser dans un texte mis en caractère romain. Le mot gang
est masculin : un gang.
1) Le gang désigne tout d’abord une organisation criminelle. Mais c’est aussi
une bande, surtout de jeunes, organisée en un groupe de délinquants possédant
son signe distinct et sa structure de commandement interne. Ces jeunes utilisent la
violence et des activités illégales dans la poursuite de leurs fins criminelles en
terrorisant les quartiers et en assurant par des confrontations avec d’autres gangs
de rue la domination de leur territoire d’activité. Leur existence constitue une
menace réelle à la sécurité civile. Chefs, membres de gangs.
248
2) Le mot antigang renvoie à la lutte livrée contre les gangs par le recours à
des réglementations antigangs et à leurs moyens d’exécution : loi antigang,
mesures pénales antigangs, brigade, division antigang. Lutte antigang.
Il paraît indiqué de préciser ici que le blocage s’entend dans ce contexte de l’acte
consistant aussi bien à interdire à quiconque de se départir du bien infractionnel et
d’effectuer des opérations sur les droits qu’elle détient sur celui-ci qu’à l’obliger à
le remettre à un administrateur nommé à cette fin. Infraction de participation aux
activités d’un gang.
Ces malfaiteurs ont pour but commun la commission de crimes de droit commun
ou de crimes politiques, les deux étant parfois réunis en actes criminels liés.
« Notre Code entend par association de malfaiteurs toute réunion d’individus
hiérarchiquement organisés et ayant pour but d’attaquer les personnes et les
propriétés privées. Avant même d’avoir exécuté aucune attaque, l’association est
criminelle par cela seul qu’elle s’est constituée dans un tel but. » « L’association
de malfaiteurs, au sens de l’art. 265 C. pén., constitue un délit indépendant tant
250
des crimes préparés ou commis par ses membres que des infractions caractérisées
par certains des faits qui la concrétisent. »
En marge des règles sociales et au mépris des lois, ils font du crime un métier très
lucratif. Souvent, pour faciliter l’exercice de leurs activités illégales ou pour
s’enrichir rapidement et plus facilement, souvent encore parce qu’ils sont forcés de
le faire, ils se réunissent en groupements afin de vivre du produit de leurs actes
répréhensibles.
ANTINOMIE. ANTINOMIQUE.
Par extension, l’antinomie peut porter sur un conflit entre deux droits que
reconnaît la loi.
Syntagmes
ö CONFLIT.
ö LACUNE.
A PARI.
1) Ne pas mettre d’accent grave sur l’a. Se met en italique ou entre guillemets,
selon que le texte est imprimé ou manuscrit. Si le texte est en italique, le terme est
en caractère romain.
2) Locution latine signifiant par analogie, pour la même raison. « Pour quel
motif accorderait-on cette faveur dans un cas, pour la refuser dans les autres?
L’argument a pari me semble avoir ici une force irrésistible. »
3) Les remarques qui ont été faites quant à l’emploi de la locution a contrario
s’appliquent également à la locution a pari, avec cette seule réserve qu’a contrario
n’est pas traduit, alors qu’a pari est souvent traduit par son équivalent par
analogie. Pour le raisonnement a simili, voir l’une des formes du raisonnement a
pari, à l’article A SIMILI.
ö A CONTRARIO.
ö A FORTIORI.
ö A POSTERIORI.
ö A PRIORI.
ö A SIMILI.
APO-.
Préfixe signifiant loin, sur, à part, hors de. Apocryphe, apologie (voir ce mot),
apostille (voir ce mot).
253
ö APOLOGIE.
ö APOSTILLE.
APOLOGIE. EXCUSE.
1) On attribue à tort le sens d’excuse à apologie. Une apologie est une défense
publique de qqn ou de qqch., un plaidoyer, une justification. Ainsi, on ne peut faire
l’apologie de qqn que s’il est attaqué ou critiqué, on ne peut faire l’apologie d’une
règle, d’un principe, d’une doctrine ou d’un concept que s’il est soumis à des
attaques, à la dérision, etc.
ö DÉFENSE.
ö DIFFAMATION.
ö EXCUSE.
ö JUSTIFICATION.
ö RÉTRACTION.
A POSTERIORI.
ö A FORTIORI.
ö A PARI.
ö A PRIORI.
ö A SIMILI.
APOSTILLE.
1) L’apostille est une annotation, une note ou une adjonction placée au pied ou
en marge d’un acte ou d’un document et faisant corps avec lui. Puisque l’addition
peut être portée en marge du document, ce n’est pas un pléonasme de dire que
« l’apostille a été mise au bas de l’acte ».
2) L’apostille est également une marque ou un signe (souvent une croix) tracé
dans le corps du texte ou en marge et suivi de la modification apportée. Les parties
seront appelées à y apposer leurs initiales pour indiquer qu’elles ont pris
connaissance de la modification.
Cet usage est rare au Canada. On dit indifféremment apostille ou renvoi. Le verbe
est apostiller.
Syntagmes
APPAREIL. ARSENAL.
L’expression arsenal législatif ajoute, par rapport à appareil législatif, l’idée d’un
réservoir de principes juridiques, de munitions où puiser pour trouver des
arguments, défendre un point de vue ou une position.
Dans les syntagmes arsenal des lois ou arsenal juridique, le mot arsenal signifie ce
qui fournit des moyens d’action pour attaquer ou se défendre en invoquant des lois
ou des principes de droit à son profit ou en se mettant à l’abri (voir ce mot) des lois
ou des prescriptions du droit : « En France, le droit d’auteur est renfermé dans
deux lois : cet arsenal juridique se révèle inadapté aux particularités de la
création en publicité. ».
6) Dans le domaine de l’édition, le terme appareil critique (on dit tout aussi
bien apparat critique) désigne soit l’ensemble des annotations qui accompagnent
un texte original (par exemple dans les Codes Dalloz, chaque article d’un Code est
assorti d’indications propres à en faciliter l’étude, de commentaires et de renvois
pour tenir le juriste au courant des textes qui l’ont modifié ou complété), soit des
ouvrages variés (traités, manuels, monographies et notes d’arrêt). Les références
dans les ouvrages juridiques constituent des appareils critiques précieux. « Parfois,
le seul moyen de connaître la doctrine est de se référer aux appareils critiques des
travaux juridiques. » Appareil critique doctrinal, jurisprudentiel.
APPAROIR.
L’expression s’il appert que fait souvent place en rédaction législative, selon les
contextes, à des expressions comme s’il se révèle que, s’il paraît que et s’il devient
évident que.
APPARTENANCE. APPARTENANT.
Comme adjectif, appartenant signifie qui appartient de droit à qqn et est vieilli
dans l’usage courant. En français juridique, il est souvent variable, quoique le style
juridique moderne laisse généralement le participe présent invariable. Une maison
à lui appartenante. Les biens à lui appartenants. Deux choses mobilières
appartenant à des maîtres différents.
ö ACCESSOIRE.
ö DÉPENDANCE.
APPARTENIR.
1) Appartenir n’est pas un verbe transitif direct mais indirect (se construit avec
à). « Les particuliers ont la libre disposition des biens qui leur appartiennent. »
« Les biens qui n’ont pas de maîtres appartiennent à l’État. ». Il est incorrect de
dire, sous l’influence de l’anglais : « Il [appartient] ce bien », on dit « Il est
propriétaire de ce bien » « Ce bien lui appartient » ou, avec un peu moins de
précision, « Il possède ce bien ».
ö DROIT.
ö INCOMBER.
261
APPEL. POURVOI.
L’usage est de réserver le terme pourvoi aux appels portés devant la Cour suprême
du Canada et, parfois aussi, devant les cours d’appel provinciales (au Québec
notamment) et d’employer appel pour ceux qui sont portés devant une juridiction
inférieure : Pourvoi contre un arrêt de la Cour d’appel du Nouveau-Brunswick qui
a rejeté l’appel interjeté par l’accusé à l’encontre de sa déclaration de culpabilité
relativement à une accusation d’agression sexuelle. Pourvoi accueilli.
Syntagmes
Faire appel, former appel, interjeter appel, d’une décision. Introduire un appel.
Introduction d’un appel.
Déférer, porter un jugement en appel.
Frapper une décision d’appel.
Décision frappée d’appel, susceptible d’appel.
Accueillir l’appel, faire droit à l’appel.
Accueillir, recevoir qqn en (dans) son appel.
262
ö APPELANT.
ö APPELER.
APPELABLE.
Appelable est rare et s’emploie uniquement au sens de dont on peut appeler. Une
action, une cause appelable (“appealable action”). On lui préférera susceptible
d’appel ou sujet à appel.
APPELANT, APPELANTE.
Syntagmes
ö APPEL.
ö APPELER.
APPELÉ, APPELÉE.
APPELER.
Dans le langage du droit, la tournure [en appeler de] est pléonastique lorsqu’elle
est suivie d’un complément indirect : [Il en a appelé de la décision]; dire « Il a
appelé de la décision. » L’exemple suivant est correct (« Il en a appelé à la Cour
suprême. »), car le pronom en ici tient lieu du complément indirect sous-entendu
décision.
Le pléonasme [en appeler de] devrait être évité, en dépit de l’effet stylistique que
certains auteurs attribuent à l’emploi de cette locution, par exemple dans une
phrase où l’expression répond au sentiment, telle la citation fréquemment relevée
par les dictionnaires : « J’en appelle au roi de ce jugement inique. »
Appeler en justice signifie intenter une action en justice contre qqn. « Les victimes
ont appelé en justice le responsable de l’attentat. »
Être appelé à une succession, c’est-à-dire être choisi, être désigné à une
succession.
Être appelé en cause, c’est-à-dire être mis en cause : avoir droit à un délai pour
appeler en cause le débiteur principal.
5) Noter d’autres sens du verbe appeler, fréquents dans les textes juridiques.
Attirer l’attention de qqn sur qqch. : « L’avocat appelle l’attention de la Cour sur
son argument. », c’est-à-dire qu’il incite la Cour à y réfléchir.
Être désigné : « Il est appelé à une charge, à un emploi, à exercer des fonctions. »
ö APPEL.
ö APPELANT.
265
3) S’attarder à qqch. signifie prendre son temps pour fixer volontairement son
esprit sur qqch., se consacrer momentanément à qqch. La connotation, parfois
dépréciative lorsque le sens est gaspiller son temps à qqch. (par exemple s’attarder
trop longuement sur qqch., s’attarder à des détails, s’attarder à des futilités), ne
l’est pas toujours; ainsi, le membre de phrase : s’attarder à la relation des faits, à
l’examen de la jurisprudence invoquée, signifie simplement se consacrer à cette
activité.
APPLICABILITÉ. APPLICATION.
Applicabilité désigne le caractère qui permet à une règle de droit d’être applicable,
application a trait notamment à l’effet de cette règle de droit, à sa mise en oeuvre
ou à son observation.
Les tribunaux sont appelés parfois à distinguer les deux termes à l’intention des
parties au litige. Dans le cas d’une convention collective par exemple, la
distinction entre applicabilité et application serait la suivante : « En matière
d’applicabilité, ce n’est pas l’effet ou le contenu des dispositions particulières de
la convention collective qui soit en cause, mais la question est de savoir si la
convention dans son ensemble est susceptible de régir une situation donnée. La
portée des dispositions particulières qui n’emportent pas l’applicabilité de
l’ensemble de la convention particulière est matière d’interprétation et
d’application réservée à la compétence de l’arbitre des griefs. »
APPOINTEMENTS. APPOINTER.
usine pourront recevoir des appointements, tandis que les ouvriers toucheront un
salaire (horaire ou hebdomadaire). Donner, recevoir, tirer, toucher des
appointements.
Au sens moderne, appointer signifie verser des appointements à qqn, rétribuer par
appointements. Appointer un commis. Être appointé par une firme. Être appointé
au mois, à l’année.
ö ÉMOLUMENTS.
Syntagmes
Apposer, faire apposer les scellés sur des effets, au domicile, dans la demeure,
chez qqn.
Réapposer le sceau.
Autoriser, demander, requérir l’apposition des scellés.
Procéder à l’apposition, provoquer l’apposition des scellés.
ö SCEAU.
ö SCELLÉ.
APPRÉHENDER. APPRÉHENSION.
Ce dernier exemple montre qu’appréhender que (tout comme les verbes exprimant
une notion de crainte : craindre, redouter, trembler, avoir peur... ) se construit
avec le subjonctif et est accompagné le plus souvent du ne explétif, sans valeur
négative. Il convient toutefois de remarquer que si on désire que la chose se fasse
ou si on craint qu’un événement ne se produise pas, le verbe au subjonctif exige
obligatoirement ne... pas : « J’appréhende que la décision ne lui soit pas
favorable » (= je désire qu’il ait gain de cause, je crains qu’il n’ait pas gain de
cause). Dans le cas contraire, on emploie le ne explétif : « J’appréhende que la
décision ne soit favorable au défendeur » (= je désire qu’il échoue, je crains qu’il
ait gain de cause).
sans mandat au paragraphe 25(4) du Code criminel). La loi canadienne dit arrêter.
Toutefois, appréhender met l’accent sur le fait de se saisir d’une personne, que
celle-ci ait ou non commis une infraction, alors qu’arrêter insiste sur le fait de
mettre une personne en état d’arrestation parce qu’elle a commis une infraction.
Il s’emploie au sens de pressenti par opposition à réel : (le risque appréhendé dans
le droit des délits civils, la guerre, l’invasion ou l’insurrection, réelle ou
appréhendée, dans l’ancienne Loi sur les mesures de guerre, le différend ou le
conflit appréhendé, dans la Loi sur les relations industrielles du
Nouveau-Brunswick, et la destruction, la défaillance ou l’effondrement réels ou
appréhendés de tout ouvrage, dans la Loi sur l’énergie électrique du
Nouveau-Brunswick. Dans le contexte d’une émeute, le Code criminel prévoit que
les conséquences graves appréhendées justifient l’emploi de la force.
ö ANTICIPATION.
ö ARRESTATION.
ö ARRÊTER.
APPROBATION. AUTORISATION.
Ces deux termes ne sont pas des concurrents. En principe, chacun s’utilise dans
une situation juridique précise.
Dans l’exemple qui suit, les deux termes sont utilisés d’une façon qui illustre
clairement la distinction à faire entre les deux notions. « La loi exigerait qu’une
telle autorisation soit donnée par règlement et que le Règlement soit approuvé par
le gouverneur en conseil. » « Les résolutions furent déclarées invalides, la Cour
retenant comme motifs tant le défaut de procéder par voie de règlement que le
défaut d’obtenir l’approbation. »
La séparation entre les deux notions n’est pas toujours nette, puisqu’on trouve
parfois dans des textes officiels le terme autorisation préalable, qui paraît à
première vue pléonastique. En France, en matière de publication d’ouvrages
périodiques ayant reçu l’agrément exprès des pouvoirs publics, l’autorisation
préalable se produit lorsque l’Administration autorise la création de presse ou de
l’agence de presse : « Depuis la loi du 26 octobre 1940, les entreprises
productrices de films ne peuvent être créées sans l’autorisation préalable du
Centre national de la cinématographie française. » En contexte de rédaction, si
on désire que l’approbation soit préalable, il faut le dire expressément.
Syntagmes
Approbation requise.
Sous réserve de l’approbation (du ministre).
Avec l’approbation (du gouverneur en conseil).
Par voie d’approbation.
Condition de l’approbation.
Certificat d’approbation.
Défauts d’approbation.
Procédure d’approbation.
Validité de l’approbation.
3) Approprié n’a pas en français tous les sens de son équivalent anglais
“appropriate”. Selon le contexte, le rédacteur ou la rédactrice pourra choisir parmi
une longue liste d’adjectifs, notamment : indiqué, conforme, convenable, pertinent,
opportun, propre à, correct, bon, suffisant, satisfaisant, nécessaire, requis, exact,
juste, justifié, légitime, utile, efficace, valable.
ö APPROPRIER (S’).
ö INAPPROPRIÉ.
ö RES COMMUNES.
APPROPRIER (S’).
Ne pas oublier non plus l’accord du participe passé. On écrit : Il a dû rendre les
biens qu’il s’est appropriés frauduleusement. », mais « Ils se sont approprié les
biens dont il n’avait que l’administration ».
indue : « Le vol simple consiste dans le seul fait de s’approprier le bien d’autrui,
alors que le vol qualifié est une forme de vol aggravée par l’emploi de la
violence. » « Commet un vol quiconque s’approprie malhonnêtement le bien
d’autrui sans son consentement. »
Le verbe approprier s’emploie aussi dans ce sens, mais cet emploi est assez rare ou
syntagmatique : « L’intention d’approprier étant requise, les tribunaux peuvent
faire les distinctions qui s’imposent entre la tentative et le crime consommé. » « La
soustraction d’argent suppose normalement l’intention d’approprier. ». S’il y a un
complément d’objet direct, la tournure pronominale s’approprier sera préférée.
On le trouve également dans ce sens à la voix passive : « Bien que le gibier soit
par nature une res nullius, il peut être approprié : il appartient au premier
occupant. » « Les choses deviennent des ‘biens’ au sens juridique du mot, non pas
lorsqu’elles sont ‘utiles’ à l’homme, mais lorsqu’elles sont ‘appropriées’. »
3) Approprier n’a pas le sens de son sosie anglais. Au sens anglais de mettre de
côté une chose pour une fin particulière, c’est affecter qu’il convient d’employer et
non [approprier]. Approprier qqch. à qqch. signifie adapter, rendre propre à une
destination : approprier son discours aux circonstances, approprier les lois d’un
peuple à ses moeurs. Affecter des terrains à la construction de routes. Affecter des
sommes ou des crédits à un projet. « Lorsqu’il s’agit d’un contrat de vente sur
description d’objets indéterminés ou futurs, la propriété des objets est transférée à
l’acheteur au moment où des objets livrables sont affectés sans condition au
contrat, ... » (et non [appropriés sans condition au contrat]).
ö AFFECTER.
ö APPROPRIABLE.
ö ARROGER (S’).
APPROUVER. AUTORISER.
Les deux verbes ne sont pas exactement synonymes. Pour la distinction à faire
entre eux, voir APPROBATION.
276
3) Certains linguistes affirment qu’il est incorrect de dire d’une chose qu’elle
est autorisée, parce que, dit-on, on ne peut donner à une chose le pouvoir légal, le
droit de faire quelque chose. Le verbe autoriser employé à la forme passive ne se
rapporterait qu’à des êtres animés. Ainsi, on ne pourrait pas dire : « L’accès au
bien-fonds est autorisé. ». Cette règle ne tient guère. Il est parfaitement correct de
dire : « La publication du document est autorisée par le ministre. », même si la
forme active serait préférable le plus souvent. « Le stationnement alterné en hiver
est autorisé par l’arrêté municipal pour permettre le déneigement des rues »
(= « L’arrêté municipal autorise le stationnement alterné... »).
ö AGRÉER.
ö AGRÉMENT.
ö APPROBATION.
ö CONFIRMATION.
ö HOMOLOGATION.
ö MANDAT.
ö OPINER.
ö PERMETTRE.
ö RATIFICATION.
ö SANCTION.
278
Il s’emploie aussi seul : « Le riverain sur le fonds duquel l’appui est réclamé. »
APRÈS QUE.
Après que se construit avec l’indicatif, ou avec le conditionnel s’il s’agit d’un fait
éventuel, car l’action que la locution introduit étant un fait passé, donc connu,
certain, l’indicatif est logique. « Le procès ne pourra commencer qu’après que les
membres du jury auront été choisis. »
On constate toutefois une forte tendance à construire après que avec le subjonctif
par analogie avec la conjonction avant que qui, elle, introduisant un fait supposé,
un acte projeté, donc un fait incertain, commande le subjonctif. En dépit de cette
tendance, le subjonctif devrait être évité après la locution après que. « Le juge
suspendit la séance après que l’avocat de la défense [eût terminé] (= eut terminé)
son contre-interrogatoire. » (Voir le Hanse à ce sujet.)
Éviter l’erreur qui consiste à confondre le passé antérieur du verbe avoir (eut) et le
plus-que-parfait du subjonctif du même verbe (eût). Puisque le verbe qui suit après
280
que doit se mettre à l’indicatif, il ne faut pas mettre d’accent : « Après que le juge
eut prononcé le jugement, les parties quittèrent la salle d’audience. »
ö LORSQUE.
A PRIORI.
1) S’écrit en deux mots et sans trait d’union (ses dérivés s’écrivent en un mot).
Certains mettent l’accent grave sur le a parce qu’ils considèrent cette expression
comme un emprunt francisé. « À mon avis, il serait inopportun et beaucoup trop
restrictif d’exclure à priori certaines activités de la protection de l’alinéa 2b) de
la Charte... ». Cet usage se répand aujourd’hui (voir A FORTIORI). Il vaut mieux ne
pas mettre d’accent. Le terme a priori étant passé dans le langage courant, il reste
en caractère romain. Il s’emploie comme locution adverbiale, comme locution
adjectivale et comme substantif; dans ce dernier cas, il est invariable.
Mayrand fait remarquer qu’a priori est plus radical que prima facie, qui suppose au
moins un examen superficiel, tel que la lecture d’un document (voir PRIMA FACIE).
ö A FORTIORI.
ö A PARI.
ö A POSTERIORI.
ö A SIMILI.
ö PRIMA FACIE.
ARBITRABILITÉ. ARBITRABLE.
ARBITRAGE.
l’interprétation de celle-ci ou pour régler tout grief de la part d’un employé qui
s’estime lésé. »
Syntagmes
ö COMPROMIS.
La clause compromissoire est un accord par lequel les parties s’engagent, avant
toute contestation, à soumettre à des arbitres les différends découlant du contrat.
Cette clause de style dans un contrat stipule que « tout litige qui pourrait surgir de
ce contrat sera réglé par arbitrage ». Ce que l’on appelle clause promissoire en
droit privé est une clause d’arbitrage obligatoire en droit public.
ö ARBITRAGE.
ö EXPERTISE.
1) Dans le droit des relations de travail au Canada, l’arbitrage (voir ce mot) est
apparenté à la conciliation et à la médiation, mais il s’en distingue par le fait que la
conciliation est l’étape préliminaire du règlement d’un conflit après l’échec des
négociations, que la médiation est l’étape suivante, en cas d’échec de la
conciliation, et que l’arbitrage est le recours ultime et décisif.
recherche active qui a pour but de persuader les parties d’accepter les propositions
du médiateur.
L’étape de la médiation n’est pas obligatoire : « Tout différend entre les parties
découlant de cette disposition sera réglé, sur requête d’une des parties, par la
conciliation ou, en cas d’échec, par l’arbitrage. » « Au Canada, la coutume et,
dans plusieurs cas, la loi exigent du médiateur qu’il prenne l’initiative de formuler
des propositions et d’exercer des pressions sur les parties avant de les aider à
s’entendre. En règle générale, on fait appel à un médiateur, la conciliation ayant
échoué, pour éviter une grève ou un lock-out ou y mettre fin. »
ö CONCILIATEUR.
a) Qui est rendu par un arbitre : décision, sentence arbitrale, jugement arbitral.
c) Qui est composé d’arbitres librement choisis par les parties : collège,
congrès, conseil, comité arbitral, autorité, commission, formation arbitrale.
« Le tribunal arbitral statue ex aequo et bono ou en qualité d’amiable
compositeur uniquement si les parties l’y ont expressément autorisé. »
286
Syntagmes
1) Arbitre (“arbitrator”). Un, une arbitre. Au sens technique, l’arbitre est une
personne agréée par les parties ou nommée pour régler un litige ou trancher un
différend, ou une personne désignée par le tribunal. « Les parties sont convenues
de soumettre leur litige à des arbitres. » « Les arbitres désignés par le tribunal
ont procédé à l’examen du litige et lui ont donné une solution. » Au sens courant,
l’arbitre est une personne prise pour juger sur une contestation, dans un débat, une
dispute.
Le surarbitre, appelé aussi tiers arbitre, a pour fonction de départager les arbitres
en cas de désaccord : « En cas de renvoi à deux arbitres, ceux-ci peuvent nommer
287
à tout moment un surarbitre pendant la période où ils ont le pouvoir de rendre une
sentence arbitrale. » « Si les deux arbitres ne peuvent s’entendre, le
surarbitre peut immédiatement se charger du renvoi à la place des arbitres. »
Le tiers arbitre est désigné pour mettre fin au partage qui divise les arbitres. On
l’appelle aussi surarbitre. « Les parties ou les deux arbitres sont libres de nommer
un surarbitre ou un tiers arbitre. »
Syntagmes
Le complément direct peut être des personnes; arbitrer des personnes, c’est rendre
sa sentence arbitrale dans le différend qui les sépare.
289
Une somme étant une quantité déterminée d’argent et une avance étant une somme
d’argent (prêt ou emprunt) que l’on verse par anticipation, on pourra, lorsque le
contexte le permettra, omettre le mot argent et employer somme et avance
absolument. « Je lui ai avancé une forte somme. » « La banque lui a consenti une
avance. » Toutefois, en français juridique, l’avance peut être une avance d’objets
et non d’argent; le contexte déterminera s’il faut préciser : ainsi, dans l’exemple
« Le demandeur lui ayant consenti une avance... », il n’est pas clair s’il s’agit
d’une avance d’argent ou d’une avance d’objets (voir AVANCE).
Monnaie ne peut s’employer pour argent liquide. Ne pas dire qu’on préfère payer
par chèque plutôt qu’[en monnaie] : « Je préfère vous payer par chèque plutôt que
de vous donner les mille dollars liquides que vous me réclamez. ». Monnaie
(“change” en anglais) a le sens de billet ou de pièce de monnaie. Avoir la monnaie
de cent dollars en billets de deux, de cinq, de dix dollars, ou en pièces de un
dollar. « Gardez la monnaie! »
Ce qu’il faut savoir, toutefois, c’est que la locution paiement au comptant se dit du
paiement en espèces ou du paiement par chèque. Ainsi, on fera bien, ayant à rendre
la notion que l’anglais exprime par le terme “cash”, de ne pas confondre, d’une
part, paiement au comptant et, d’autre part, paiement en argent liquide, paiement
en espèces ou paiement en numéraire (voir ces termes). La confusion pourrait
entraîner des conséquences sérieuses, dans un contrat, par exemple, ou dans un
texte législatif. « Plutôt que d’acheter à crédit, on paie comptant ou en espèces. »
Syntagmes
Rappeler de l’argent.
Être à court d’argent.
Avoir des embarras d’argent (= des difficultés financières).
Avoir de l’argent en abondance (= être pécunieux).
Faire, gagner de l’argent.
Investir de l’argent. Déposer son argent en banque.
Valeur en argent. Contrepartie en argent.
ö AVANCE.
ö CRÉDIT.
ö DENIERS.
ö ESPÈCES.
ö FINANCE.
ö FONDS.
ö LIQUIDE.
ö MONÉTAIRE.
ö NUMÉRAIRE.
ö SOMME.
ö VALEUR.
ARGUENDO.
Ce terme latin se rend en français, selon le cas, par pendant l’argumentation, lors
du débat, devant nous (« En ce qui concerne les questions plus vastes
magistralement couvertes dans le jugement du maître des rôles lord Denning,
mais qui n’ont pas été débattues devant nous... ») ou par pour les besoins ou pour
les fins de l’argumentation, de la discussion, du débat (« Admettons, pour les
besoins du débat, que... »).
ARGUER.
2) Arguer sur qqch. (Débattre de, discuter.) « Les avocats arguent sur un
fait. »
3) Arguer de qqch. (Tirer un argument, une conclusion d’un fait, d’un principe,
déduire, inférer, conclure, établir avec évidence.) « Le juge ne peut rien arguer de
ce témoignage. » « Qu’arguez-vous de cela? »
4) Arguer qqch. de qqch. Arguer de qqch. que... (Prétendre que qqch. est, par
exemple, nul, irrégulier.) Arguer un acte, une pièce de faux, c’est-à-dire affirmer
la fausseté de qqch., la falsification, la contrefaçon de qqch., en contester
l’authenticité ou la sincérité.
Les locutions juridiques argué de faux, argué de contrefaçon donnent lieu à des
emplois fautifs lorsqu’on les fait se rapporter au modèle ou à l’objet déposé ou
breveté plutôt qu’à la copie, à l’objet poursuivi. Argué signifiant ici accusé, c’est
la copie qui est arguée de contrefaçon. On ne dira pas d’une photographie
contrefaite, imitée ou copiée qu’elle est [arguée de contrefaçon], puisque c’est la
copie de la photographie qui l’est.
ARGUER
1) In the Exchequer Court, the Devant la Cour de l’Échiquier, l’appel
appeal was argued on the basis of an a été plaidé suivant un exposé
agreed statement of facts and issues. conjoint des faits et des questions.
- Débat : politiser le débat « Lorsqu’un appel fait l’objet d’un débat sur le
fond... » (“Where the merits of an appeal are fully argued...”) « La Cour
d’appel peut statuer sur l’appel sans autre débat » (“The Court of Appeal
may decide the appeal without further argument”).
3) “For the sake of argument”, version anglicisée du terme latin arguendo (voir
cette entrée) se rend par pour les besoins ou pour les fins de l’argumentation, de la
discussion, du débat.
4) On relève parfois dans des textes juridiques français l’expression par
argument de... où le participe passé tiré est sous-entendu : « C’est à tort qu’on a
prétendu, par argument des dispositions de l’article 142, que la présomption
d’absence... » « Un arrêt avait exigé les deux tiers des membres du conseil par
argument de l’article 90 de la constitution de l’an 8. »
Il peut être suivi de la conjonction que : « L’avocat argumenta que l’accident était
dû à une inattention du conducteur venant en sens inverse. ». Il y a lieu de noter
qu’argumenter s’emploie bien moins souvent que son équivalent anglais “to argue
that...” (voir ARGUER). Il conviendra donc de lui préférer d’autres verbes comme
faire valoir, plaider, prétendre, soutenir.
Argumenter s’emploie aussi dans les textes juridiques au sens de tirer argument de
qqch., tirer une conséquence de qqch. Il peut être suivi de la préposition de : « Ils
argumentent de l’article 420, qui dispose que... » ou de la locution prépositive de
ce que : « D’autres auteurs, argumentant de ce qu’elles peuvent être mandataires,
admettent, au contraire, que les femmes peuvent être chargées de cette fonction. »
Ces constructions ont toutefois un air vieilli aujourd’hui.
Syntagmes
Retenir un argument (« attendu que cet argument ne saurait être retenu »).
Se rendre aux arguments de qqn.
Tirer un argument de qqch., trouver un argument dans qqch.
Être, se trouver à bout, à court d’arguments.
Bonne, solide argumentation, argumentation serrée.
Faiblesse, force, solidité d’un argument, d’une argumentation.
Argumenter faiblement, avec vigueur, adroitement, habilement.
Argumenter en faveur de qqn, de qqch., pour qqch., contre qqn ou qqch.
Argumenter sur qqch.
Argumenter qqch. adroitement, avec vigueur, faiblement, habilement.
ö ARGUER.
ö PRÉTENDRE.
ö SOUTENIR.
ARRÉRAGES. ARRIÉRÉS.
Ce mot désigne les termes échus ou à échoir d’une rente, d’une pension ou d’une
redevance. À la différence d’arriéré, il n’implique pas nécessairement un retard.
« Le crédirentier conserve son droit aux arrérages échus depuis moins de cinq ans
et aux arrérages à échoir dans l’avenir. »
En général, arrérages ne convient que très rarement pour rendre “arrears”, pour
lequel on emploie le plus souvent arriéré comme équivalent (voir ci-après).
Arriéré désigne ce qui reste dû en raison d’un retard sur les délais de paiement
convenus. Il sous-entend toujours un retard dans le paiement. On ne parlera donc
298
pas des [arrérages de salaire], mais des arriérés de salaire. Par contre, on pourra
dire, selon le cas : acquitter les arrérages d’une pension alimentaire (le débiteur
n’est pas nécessairement en retard de paiement) et régler l’arriéré d’une pension
alimentaire (le débiteur paie ce qu’il devait).
À la différence du terme anglais “arrears” qui est presque toujours pluriel, arriéré
s’emploie le plus souvent au singulier.
Arriéré s’emploie aussi au figuré pour désigner ce qui est en retard (“backlog” en
anglais) : « La cause première de l’arriéré judiciaire réside dans l’inflation des
causes ne correspondant pas à un étoffement du cadre des magistrats. ». Résorber
l’arriéré judiciaire.
Syntagmes
Les arrérages échus, dus, passés, en retard. Les arrérages à échoir, à venir.
ARRESTATION. ARRÊT.
3) Même si Félix Leclerc l’a chanté : « Monsieur, vous êtes sous arrêt. », on
évitera cet anglicisme ainsi que ses acolytes [être sous arrestation], [mettre qqn
sous arrêt] et [mettre qqn sous arrestation]. On dira : être en état d’arrestation et
mettre ou placer qqn en état d’arrestation, ou, plus simplement encore, arrêter qqn
(voir cependant les observations sous le point 1) de l’entrée ARRÊTER).
Syntagmes
ö APPRÉHENDER.
ö ARRÊT.
ö ARRÊTER.
ö DÉTENTION.
ö MANDAT.
ARRÊT. JUGEMENT.
1) Dans son acception la plus large, le terme jugement désigne toute décision,
le plus souvent définitive, rendue par une juridiction de l’ordre judiciaire (“a
court”), y compris, par exemple, les arrêts de la Cour suprême du Canada.
Jugement s’emploie aussi dans un sens plus restreint en français et s’oppose à
d’autres termes comme arrêt, ordonnance, sentence (arbitrale), verdict (voir ces
termes). Il désigne alors la décision d’un magistrat statuant comme juge unique en
première instance.
2) On donne par contre le nom d’arrêts aux décisions des tribunaux les plus
élevés dans la hiérarchie judiciaire : au Canada, la Cour suprême du Canada, la
Cour d’appel fédérale ou la Cour d’appel de chacune des provinces prononcent des
arrêts. Recueil des arrêts de la Cour suprême du Canada.
Il faut se garder, sous l’influence de l’anglais, qui ne dispose que du seul mot
“judgment”, d’abuser du mot jugement. Il convient de respecter la distinction que
la langue française établit entre arrêt et jugement dans son sens restreint :
« Pourvoi contre un arrêt (“judgment”) de la Cour d’appel de l’Ontario qui a
rejeté l’appel interjeté contre un jugement (“judgment”) du juge Bordeleau, de la
Cour provinciale. »
301
L’existence de deux équivalents pour “judgment” fait aussi qu’il n’est pas toujours
possible de respecter à la lettre la distinction faite en français. Dans la version
française du Recueil des arrêts de la Cour suprême du Canada, le terme arrêt est
souvent utilisé comme désignation générique lorsque la Cour invoque des
décisions judiciaires à l’appui d’un principe ou d’une solution qu’elle énonce
même si cette décision émane d’une juridiction inférieure. Il y a lieu de noter aussi
que le français, sans y être absolument obligé, tend à ajouter le terme arrêt avant
d’indiquer l’intitulé de la cause invoquée ou examinée, alors que l’anglais se
contente généralement de l’intitulé ou le fait suivre du mot “case” : “In Calder”
(“in the Calder case”) = Dans l’arrêt Calder. Si le tribunal se contente d’examiner
une autre décision pour comparer simplement les faits, on relèvera aussi la
formulation dans l’affaire Calder.
Arrêt peut aussi avoir un sens large comme dans les expressions commentaire
d’arrêt et note d’arrêt. L’arrêt soumis à la réflexion de l’étudiant en droit ou
analysé par l’arrêtiste peut parfois n’être qu’un simple jugement, mais on garde les
désignations commentaire d’arrêt et note d’arrêt (voir ANNOTATEUR).
Arrêt peut également servir d’équivalent pour rendre le mot “case” dans diverses
expressions :
Syntagmes
ö DÉCISION.
ö JUGEMENT.
ö ORDONNANCE.
ö POURVOI.
ö SENTENCE.
ö VERDICT.
ARRÊTÉ.
3) Dans les lois du Canada, le générique “order” est rendu par les spécifiques
arrêté, ordonnance ou décret en série synonymique, soit sous la forme du doublet
arrêté et ordonnance, soit sous la forme du triplet décret, arrêté et ordonnance. Ce
besoin du français juridique de couvrir par l’emploi de différents vocables une
réalité que l’anglais désigne par un seul terme peut expliquer la confusion
terminologique que présente parfois la version française. Ainsi, dans la Loi sur les
grains du Canada, la disposition définitoire prévoit que le terme arrêté correspond
dans la version anglaise au terme “order”. Or, la loi n’utilise que le terme
ordonnance.
Syntagmes
ö ARRÊTER.
ö DÉCRET.
ö ÉDICTER.
ö ORDRE.
ö PRENDRE.
ö RÈGLE.
ARRÊTER.
1) La langue anglaise dispose des verbes “to arrest” et “to stop”, souvent
rendus en français par le verbe arrêter, qui peut avoir le sens soit de mettre qqn en
état d’arrestation, soit d’interrompre ou de retenir qqn ou qqch. dans
l’accomplissement ou le développement de son action.
L’emploi de cet équivalent unique pour exprimer les sens des deux verbes anglais
ne pose en général pas de difficultés, le contexte lui-même dissipant d’ordinaire
tout risque d’ambiguïté. Le paragraphe 213(1) du Code criminel prévoit par
exemple ce qui suit : « Est coupable d’une infraction... quiconque, dans un endroit
soit public soit situé à la vue du public et dans le but de se livrer à la prostitution
ou de retenir les services sexuels d’une personne qui s’y livre : a) soit arrête ou
tente d’arrêter un véhicule à moteur; b) ... ; c) soit arrête ou tente d’arrêter une
personne ou, de quelque manière que ce soit, communique ou tente de
communiquer avec elle. ». À l’égard d’une chose, aucun doute n’existe vu qu’il ne
viendrait à l’idée de personne de mettre une chose en état d’arrestation. Dans le cas
de personnes, le sens du verbe arrêter se dégagera parfois clairement du contexte,
comme l’illustre l’exemple mentionné ci-dessus, ou même celui-ci : « La police a
arrêté la foule. ».
305
Dans le cas où l’emploi d’arrêter au sens de “to arrest” risque d’engendrer une
ambiguïté, on recourra aux formulations plus explicites : mettre en état
d’arrestation ou placer en état d’arrestation.
la chose arrêtée ». Cet emploi étant rare aujourd’hui, il est préférable d’utiliser
saisir-arrêter.
Il peut aussi avoir le sens de saisir par voie de justice : « Le juge a fait arrêter les
exemplaires du livre. ». On dira aujourd’hui saisir. Il peut aussi signifier
intercepter, empêcher d’arriver à destination, et même saisir dans le vocabulaire
administratif : « La police arrêtait les lettres qui lui étaient destinées. » « Un colis
contenant des revues pornographiques a été arrêté à la douane. »
ö APPRÉHENDER.
ö ARRESTATION.
ö ARRÊT.
ö ARRÊTÉ.
ö INTERCEPTER.
ö INTERPELLATION.
ö SAISIE-ARRÊT.
ARRÊTISTE.
ö ANNOTATEUR.
307
ARROGER (S’).
2) Le participe passé de ce verbe s’accorde, non avec son sujet, mais, comme
c’est le cas d’un verbe conjugué avec l’auxiliaire avoir, avec le complément direct
s’il est placé avant le verbe. Il faut donc écrire : « Les droits qu’elles se sont
arrogés. » et « Elles se sont arrogé des droits. »
ö APPROPRIER (S’).
nombres décimaux sont arrêtés à la deuxième décimale, les résultats qui ont au
moins cinq en troisième décimale étant arrondis à la deuxième décimale
supérieure. »
ARSENAL.
ö APPAREIL.
309
Bien connaître ces tournures, recourir à bon escient à ces ressources linguistiques
permet de formuler avec élégance les énoncés du droit, sans négliger la précision.
Les cas où l’article grammatical est omis dans le langage juridique, mission
grammaticale qu’on appelle le degré zéro de l’article, sont variés. Ce peut être une
préposition suivie du substantif (sauf avis, sauf décret; sous condition, sous peine,
sous réserve, sous serment, sous tutelle; par ministère d’avocat, par paroles, par
règlement, par mise en commission; sur déclaration, sur paiement, sur dépôt, sur
délivrance; contre paiement, contre remise; jusqu’à annulation; pour infraction;
après proclamation).
L’article peut être absent par ellipse, notamment dans des formules consacrées
(outrage à magistrat), dans le style de note marginale (assimilation à
fonctionnaire) ou simplement devant l’adjectif indéfini (tous documents...).
Outre les locutions verbales de la langue courante présentes dans le style juridique
(ajouter foi, donner lieu, faire défaut, prendre à témoin), il y a lieu de relever
certains termes plus spécifiques, les mots-actes du droit, soit des verbes de la
terminologie juridique où s’agglutinent en quelque sorte des substantifs
(mainlevée, décharge, renonciation, libération, possession) sans déterminants.
Une typologie des mots-actes a été proposée par Sourioux et Lerat. Elle permet de
classer ces verbes en performatifs (je donne pouvoir, je donne quittance... ),
constatifs officiels (il a élu domicile, il se met en possession, il se porte garant) et
décisions exécutoires, qu’elles soient normatives (expression de la loi ou de la
réglementation) ou judiciaires (expression des décisions des tribunaux), qu’il
310
Empruntons à Sourioux et Lerat cette typologie pour y faire figurer toutes les
locutions verbales juridiques ou parajuridiques glanées ici et là et habituons-nous à
omettre l’article dans les expressions et locutions juridiques qui suivent.
Performatifs : devoir (honneur, respect... ), donner (biens), jurer (fidélité), léguer
(biens), prêter (serment, allégeance), reconnaître (droit et compétence)...
Constatifs : annexer (copie), contenir (obligation certaine), donner (ouverture),
dresser (inventaire, procès-verbal, protêt, quittance), élire (domicile), emporter
(libération, renonciation), entraîner (renonciation), faire (appel, défaut, droit, foi,
fraude, jurisprudence, mainlevée, mention, obstacle, opposition, remise), former
(appel, opposition, partie, société), fournir (caution, copie), impliquer
(renonciation), interjeter (appel), opérer (décharge, mainlevée, transfert),
recevoir (communication), rester (partie commune), signifier (à domicile, à
personne), valoir (décision, délivrance, déni de justice, dénonciation et citation,
libération, mention, possession)... Déclaratifs : avoir (compétence, droit, force et
effet, jouissance, qualité, voix prépondérante), (y) avoir lieu (à exécution
provisoire), accorder (mainlevée), consentir (décharge), délivrer (congé), dénier
(justice), donner (à bail, acte, avis, caution, décharge, droit, force exécutoire,
pouvoir), exiger (restitution), faire (droit), porter (constitution, fixation,
imposition, modification, octroi), prendre (acte, effet, possession et contrôle,
rang), prononcer (mainlevée), rendre (compte, jugement, justice), se constituer
(partie, avocat)...
3) L’article ne se répète pas quand les différents noms se réfèrent à une même
unité de signification ou quands ils constituent un ensemble exprimant le même
concept : les pouvoirs et fonctions du ministre, les droits et privilèges des
311
3) Le verbe articuler s’emploie dans deux sens. Dans le premier sens, il signifie
exprimer, formuler d’une façon générale des accusations, des conclusions, des
griefs, ou avancer un fait; articuler est ici du langage courant : « Le représentant
du syndicat a articulé une longue liste de griefs à l’encontre de l’employeur. ». Le
deuxième sens du mot ajoute une nuance importante par rapport au premier sens :
l’énonciation, la formulation s’effectue article par article, point par point (articuler
des conclusions, articuler les moyens), et articuler est dans ce cas un terme
juridique. « L’acte portant inscription de faux doit articuler avec précision les
arguments que la partie invoque pour établir la falsification de l’acte. »
« L’affidavit articule les faits attestés. » On évitera donc la redondance [articuler
point par point], [articuler un à un].
ö CHEF.
ö MOYEN.
ARTICULÉ, ÉE.
adjectif comme éloquent ou encore une image : bon orateur, bon tribun.
« L’accusé semble [être suffisamment articulé] (= s’exprimer assez bien)... pour
assumer sa propre défense. ». « Le juge est [extrêmement articulé] = s’exprime
très clairement, il s’exprime à la perfection. » De plus, articulé ne peut s’appliquer
à une chose qui a trait à l’éloquence d’une personne; ainsi, on ne peut pas dire de
quelqu’un qu’il parle [d’une façon très articulée] pour dire qu’il parle
distinctement, avec aisance, qu’il s’exprime avec une grande facilité.
A SIMILI.
L’argument a simili, dont une des formes est l’argument a pari (voir cet article),
s’oppose à l’argument a contrario. Si une loi édicte certaines dispositions relatives
aux fils héritiers, par l’argument a simili on les étendra également aux filles; tandis
que par l’argument a contrario on affirmera que ces dispositions ne s’appliquent
pas aux personnes du sexe féminin (Perelman, 1976). On l’appelle aussi
l’argument analogique.
ö A CONTRARIO.
ö A FORTIORI.
ö A PARI.
Assaillir s’emploie aussi au figuré; son sens est alors accabler, harceler,
importuner, et peut être suivi des prépositions de ou par, selon le cas : « L’avocat
a été assailli de questions par les journalistes. » « Le débiteur était assailli par ses
créanciers. »
Son quasi-homonyme anglais “to assail” est parfois employé au sens figuré dans
des textes juridiques : “The appellants assail the findings of the trial judge”. On
utilisera dans ce contexte le verbe attaquer : « Les appelants attaquent les
conclusions du juge du procès. »
ö AGRESSER.
ö ASSAUT.
ö ATTAQUABLE.
2) L’adjectif assassin fait assassine au féminin. On évitera cet adjectif dans les
textes juridiques au sens de qui assassine. Il appartient surtout à la langue
littéraire : une audace assassine, une main assassine, une rage assassine. On lui
substituera meurtrier, meurtrière. Il signifie également qui manifeste des
intentions malveillantes : « Les déclarations assassines de dirigeants importants
ont fait sortir le président de sa réserve. »
4) Le mot tueur désigne celui qui tue, mais il s’emploie le plus souvent pour
désigner celui qui a tué à plusieurs reprises ou un professionnel des assassinats,
surtout dans l’expression tueur à gages (et non [à gage] (“hired killer”) : « Le tueur
sadique s’est enfui sans laisser de traces. » « La mafia a envoyé une équipe de
tueurs à gages. »
ö ASSASSINAT.
ö ASSASSINER.
ö HOMICIDE.
315
Syntagmes
ö ASSASSIN.
ö ASSASSINER.
ö EXÉCUTION.
ö HOMICIDE.
3) Tuer est le verbe le plus neutre, il désigne le fait d’ôter la vie à quelqu’un de
façon violente, volontairement ou involontairement. On ne l’emploie cependant
pas pour l’exécution d’un condamné à mort.
ö ASSASSIN.
ö ASSASSINAT.
ö HOMICIDE.
ASSAUT.
b) Voies de fait (p. ex. : les articles 41 et 42, et 265 à 270) : « Exercer des voies
de fait contre un agent de la paix, des voies de fait graves (“aggravated
assault”) ». Voies de fait sur l’épouse, sur la conjointe. C’est le terme qui est
également retenu en responsabilité civile délictuelle de common law où le
terme anglais “assault” au sens strict désigne : “the intentional creation of
the apprehension of imminent harmful or offensive contact”. Il peut y avoir
voies de fait sans qu’il y ait contact physique avec la victime.
c) Agression (p. ex. : les articles 265 à 273) : « Le présent article s’applique à
toutes les espèces de voies de fait, y compris les agressions sexuelles, les
agressions sexuelles armées, ... et les agressions sexuelles graves. »
(paragraphe 265(2)).
ö AGRESSER.
ö ASSAILLANT.
ö ATTAQUABLE.
ö ATTENTAT.
ö VOIE DE FAIT.
ASSERMENTATION. ASSERMENTER.
général. Il est d’un usage extrêmement rare dans les textes juridiques non
canadiens.
2) Pour les mêmes motifs que ceux qui ont été invoqués dans le cas
d’assermenter (voir ci-dessous), on se gardera aujourd’hui d’employer
assermentation pour des choses. Assermentation de créance est attesté; mais cette
tournure est vieillie et rare en plus d’être illogique.
ö COMMISSAIRE.
ö PRESTATION.
ö SERMENT.
ASSESSEUR, ASSESSEURE.
Le vicomte Simon ([1944] A.C. 1962, pages 70 et 71) a décrit les fonctions de
l’assesseur dans un procès : c’est un expert que le juge peut consulter s’il a besoin
d’aide pour comprendre les conséquences et le sens des définitions d’ordre
technique. Il peut, au besoin, transmettre au juge des questions que ce dernier
pourrait poser à un témoin expert dans le but de vérifier le point de vue du témoin
ou de clarifier le sens de sa déposition. Le juge peut le consulter au besoin sur les
conclusions techniques pouvant découler de faits établis ou sur la nature des
divergences apparentes survenues entre les experts dans le domaine. « Lors d’une
321
Le rôle de l’assesseur n’est pas de rendre témoignage, bien que parfois il soit
assigné à comparaître par une partie à l’instance : « La défenderesse a par ailleurs
fait entendre les deux assesseurs du tribunal disciplinaire de même que le
directeur de l’établissement. ». Son avis est souvent sollicité par écrit : « Nous
avons soumis une question à trois volets à notre assesseur, qui a donné la réponse
suivante : ... »
Dérivés
Syntagmes
ö AMICUS CURIÆ.
ö ÉVALUATEUR.
ö EXPERT.
ASSIETTE.
4) Assiette d’une rente : Biens sur lesquels une rente est garantie.
Syntagmes
des procès aux juges : « Le contrôle judiciaire sur les questions mentionnées par le
juge en chef Howland, savoir l’[assignation des juges] aux causes (= l’assignation
des causes aux juges)... » « Les questions portant sur la composition d’un banc
bénéficieraient normalement d’une immunité restreinte, mais permettre qu’elles
soient posées dans les circonstances exceptionnelles de la présente affaire ne
porterait pas atteinte au pouvoir des juges en chef en général d’[assigner des juges
à des causes données] (= d’assigner à des juges des causes données). »
Les lexicographes ne s’entendent pas sur la question de savoir s’il faut dire
assignation à témoin ou assignation de témoin. On trouve les deux dans les
lexiques consultés. Dans les textes, la confusion est la même : les Règles de
procédure du Nouveau-Brunswick parlent d’une assignation à témoin, tandis que
les Règles de procédure civile de l’Ontario préfèrent assignation de témoin.
Généralement, assignation à est suivi d’un infinitif (assignation à produire) et
assignation de est suivi d’un substantif (assignation de juré). Le Comité de
normalisation de la terminologie française de la common law a retenu les termes
assignation de témoin (“witness summons” ou “subpoena” en anglais) et
assignation à témoigner (“subpoena ad testificandum”). Notons que assignation
comme témoin est correct.
8) Le verbe assigner s’emploie surtout dans deux sens. Un sens technique, celui
de sommer qqn de comparaître en justice ou, par extension, de sommer une
personne de remplir les fonctions de juré (assigner les jurés), et un sens général,
celui de déterminer, de fixer, d’attribuer une tâche, une place à qqn. « Les jurés
peuvent être assignés d’après le paragraphe c1), de vive voix, si nécessaire. »
11) Dans le vocabulaire commercial, assigner qqch. à qqch. ou sur qqch. signifie
affecter, destiner un bien immeuble ou une recette déterminée à la libération d’une
dette, ou au paiement d’une rente. « La dotation est l’action d’assigner un revenu à
un service ou à un établissement d’utilité publique. » Assigner, c’est constituer, en
parlant d’une dette ou d’une obligation à laquelle on attribue une garantie. Assigner
une rente sur ses biens.
mais un assigné. L’assigné qui ne tient pas compte de la sommation est un assigné
défaillant.
L’assigné est également la personne (l’étranger visé par un ordre d’expulsion, par
exemple) qui est tenue de résider en un endroit désigné pendant une période
déterminée.
Syntagmes
Dans d’autres contextes, le verbe assimiler est suivi, dans l’ordre normal, lorsqu’il
n’y a pas disparité dans la longueur des deux compléments d’objet, du complément
direct d’abord, puis du complément indirect (« Bien qu’on ne puisse assimiler
l’état d’aliéné (complément direct) à celui d’enfant (complément indirect), il y a
329
manifestement un lien entre ces deux conditions aux fins du droit criminel. »).
Lorsque le complément indirect est plus court que le complément direct, il vient en
premier lieu, par souci d’équilibre de la phrase (« Le règlement dont le requérant
conteste la validité en l’espèce assimile à une rémunération (complément indirect)
les sommes payées ou payables (complément direct) à un prestataire au titre d’une
pension provenant d’un emploi. »).
ö COMPRENDRE.
ö DÉFINITIONS.
ASSISTER.
2) Comme transitif direct, assister s’emploie au sens d’aider (un avocat assiste
son client, assister d’office un accusé), mais il s’utilise surtout au sens de
remplacer une personne frappée d’incapacité juridique en intervenant dans les actes
qui la concernent : « Le curateur assiste le mineur. » « Les avocats inscrits à
l’Aide juridique assistent en justice les personnes à faible revenu. »
ASSOCIÉ, ASSOCIÉE.
Il convient donc d’éviter le terme associé pour rendre “associate”, ce qui pourrait
avoir pour effet d’exposer celui-ci au même régime de responsabilité que les vrais
associés (“partners”). Un équivalent possible pour “associate” serait le terme
331
Il est à noter, cependant, que le mot “associate” peut aussi s’employer dans un sens
plus large et inclure les “partners” ainsi que d’autres personnes participant à
l’activité de l’organisme en question. Dans ce cas, associé pourra convenir, car ce
terme a aussi un sens large et peut viser toute personne unie à d’autres par une
communauté d’intérêt ou de travail.
ASSORTIR.
ASSUMER. ASSURER.
1) Assumer signifie prendre à son compte, prendre sur soi, se charger de. On
peut donc assumer une obligation, une responsabilité, un risque, ou assumer une
charge, un emploi, une fonction, un rôle, une tâche. « Le tribunal lui a ordonné
d’assumer entièrement la charge de l’éducation des enfants. »
2) On donne souvent au verbe assumer des acceptions anglaises qu’il n’a pas en
français, et on dit à tort : « Nous [assumons que] la Cour tiendra compte de nos
arguments. », alors qu’il faut dire « Nous émettons l’hypothèse, posons en principe,
postulons, présumons, supposons, tenons pour établi que la Cour ... ». [Assumer
que (“to assume”)] et le substantif [assomption (“assumption”)] pris en ce sens ne
se disent pas.
nom d’emprunt contracte les mêmes obligations que si elle l’avait signée de son
propre nom. »
La liste qui suit énumère les compléments les plus fréquents utilisés avec le verbe
assumer, correctement ou incorrectement employé, et les équivalents verbaux
proposés.
ö PRÉSOMPTION.
ö SUPPOSER.
ASSURER
ö ASSUMER.
334
ASTREINDRE. ASTREINTE.
Syntagmes
ATERMOIEMENT. ATERMOYER.
Syntagmes
ö CONCORDAT.
ö DILATOIRE.
ö MORATOIRE.
ö REPORT.
ö SURSEOIR.
ö TEMPORISATION.
ATTACHE.
ö ANNEXION.
337
4) Attaqué se dit d’un acte, d’une décision, d’un jugement frappé d’appel et, par
extension, de toute décision contre laquelle un recours a été exercé. Arrêt attaqué.
Ordonner le sursis à l’exécution de l’acte attaqué. « La partie contre laquelle la
Cour ou un autre tribunal a rendu un jugement peut demander à la Cour un sursis
à l’exécution du jugement attaqué. » « Je suis d’avis d’accueillir la demande
fondée sur l’article précité et d’annuler la décision attaquée. »
ö ARGUER.
ö ATTAQUE.
ö CONTESTER.
ATTAQUE.
2) Attaque peut être suivi de la préposition de. Mais cette construction risque
de prêter à confusion si le complément est un être vivant : « L’attaque des policiers
s’est produite peu après la manifestation. ». S’agit-il de l’attaque commise par les
policiers ou de celle dont ils ont été victimes? La difficulté disparaîtra s’il s’agit
d’un complément de chose, même si attaque vise aussi bien le fait d’attaquer que
celui d’être victime d’une attaque : l’attaque de la banque ou une attaque
d’épilepsie.
Pour lever l’ambiguïté, les textes juridiques ont recours à la préposition contre :
« Plusieurs raisons ont été invoquées pour limiter la légitime défense à l’attaque
contre les personnes. » « Toutefois, en cas d’attaque contre les biens, la
proportion entre la défense et l’attaque doit être beaucoup plus rigoureuse ».
Dans son sens figuré de critiques contre qqch. ou de paroles ou écrits hostiles ou
injurieux, on relève les constructions avec les prépositions contre (les attaques
contre les témoins), envers (les attaques envers le chef de l’État) et, plus rarement,
à (« Les lois antérieures de la presse ne prévoyant pas le cas d’attaque à la
mémoire des morts, une grave controverse s’était élevée. »).
Syntagmes
ATTEINDRE.
ATTEINTE. INVASION.
Syntagmes
ö ATTAQUABLE.
ö ATTENTAT.
343
Dans contiguë et contiguïté, le tréma ne porte pas sur le u, mais sur la voyelle
suivante.
Attenant, contiguë et contiguïté se disent, au sens propre, d’un bâtiment, d’un bien-
fonds, d’une chose qui touche à une autre ou de deux choses qui se trouvent en
contact. Des biens-fonds attenants, contigus. La contiguïté des terrains.
ö ADJACENT.
ö MITOYEN.
ATTENTAT.
Cette règle n’est toutefois pas toujours respectée. La préposition à s’est imposée
dans certains syntagmes comme attentat à la pudeur, attentat aux mœurs, attentat à
344
la vie; ces expressions sont elliptiques, la locution verbale portant atteinte étant
sous-entendue : attentat (portant atteinte) à la pudeur. Contre s’emploie
systématiquement dans le cas d’une personne (attentat contre le chef de l’État).
Dans le cas de choses abstraites, on trouve indifféremment les deux constructions
dans les textes juridiques même si la construction avec la préposition contre est
jugée vieillie (attentat à la sûreté de l’État, contre la sûreté de l’État; attentat à la
vie de qqn, contre la vie de qqn; attentat à la liberté individuelle, contre la liberté
du citoyen; attentat à la propriété, contre la propriété; attentat aux droits de
l’individu, contre les droits de l’individu). Utilisé avec le substantif attentat, le
verbe diriger exige la construction avec la préposition contre : attentat dirigé
contre la sûreté extérieure de l’État, attentat dirigé contre la personne du
souverain.
Syntagmes
Attentat criminel.
Se rendre coupable d’un attentat.
Déjouer, préparer un attentat.
Attentat tenté, commis, perpétré, exécuté, consommé.
ö ASSAUT.
ATTENTATOIRE.
S’emploie surtout au sens de qui va contre l’autorité des principes inscrits dans la
loi : jugement attentatoire à la loi.
Attentatoire peut être remplacé, selon les contextes, par portant atteinte à,
dérogatoire, dommageable, préjudiciable, opposé, contraire, injuste, hostile.
ATTENTER.
Atténuer s’emploie au figuré : atténuer une peine, c’est la rendre moins grave.
Atténuer la gravité d’un délit. « Les circonstances ont atténué le délit. »
En droit pénal canadien, s’il s’agit de l’effet du plaidoyer sur la peine, on parle de
la culpabilité atténuée par le plaidoyer (cette culpabilité s’oppose à la culpabilité
aggravée). « Lorsqu’un plaidoyer de justification est invoqué et que l’accusé est
déclaré coupable, le tribunal peut, en prononçant la sentence, considérer que la
culpabilité de l’accusé est aggravée ou atténuée par le plaidoyer. » L’expression
consacrée pour désigner l’effet d’une anomalie mentale (voir ANOMALIE) sur
l’accusation de meurtre est celle de la responsabilité atténuée. (“diminished
347
responsability” en anglais).
Dans l’usage courant, atténuer s’emploie notamment au sens d’excuser (raisons qui
atténuent une faute), d’aplanir (atténuer une difficulté, un désaccord) et de
diminuer (atténuer les effets d’une maladie, les effets de la loi).
ö AGGRAVANT.
ö AGGRAVATION.
ö AGGRAVER.
ö ANOMALIE.
ö MITIGATION.
ATTERRISSEMENT.
Orthographe : deux r.
ö ACCROISSEMENT.
ATTESTATION. ATTESTER.
Lorsque le sujet du verbe est une personne, attester signifie rendre témoignage d’un
fait verbalement ou par écrit, certifier : « Le témoin atteste la vérité de sa
déclaration » ou « atteste que sa déclaration est vraie. » « J’atteste avoir été
directement le témoin de ces faits. » « L’avocat atteste la passation du
testament. »
348
Lorsque le sujet du verbe est une chose, attester signifie servir de témoignage,
contester : « Ce document atteste la vérité des faits. » « Le bordereau attestant
l’achat a été produit au procès comme pièce no 1. » « Sa conduite atteste sa bonne
foi. » « C’est un fait attesté. »
2) Attester est toujours transitif direct. Il ne faut pas suivre l’habitude très
répandue dans nos lois et notre jurisprudence, et qu’attestent certains dictionnaires,
de considérer ce verbe comme un transitif indirect et dire, par exemple, attester
[de] la validité du testament, attester [d’] une procédure. Cette faute s’explique par
la contagion avec témoigner, synonyme d’attester, qui, lui, demande le de.
Attester se construit avec une proposition introduite par que et non de ce que : « Le
témoin atteste que la copie est conforme. » « Le défendeur atteste que l’accident
s’est produit à minuit. »
Dans les formulaires, les déclarations, c’est attestation qui correspond à l’anglais
“certification”. En droit fiscal, on parle de l’attestation des qualités d’un bien
culturel aux fins de l’impôt sur le revenu et de l’attestation de conjoint (crédit
d’impôt pour enfant).
Ce qui distingue l’attestation du certificat, c’est que le premier terme désigne toute
déclaration, toute affirmation, verbale ou écrite, alors que le second désigne
l’attestation écrite, officielle ou dûment signée d’une personne autorisée.
Syntagmes
ö CERTIFICAT.
ö DE CE QUE.
ATTROUPEMENT.
AUBAIN.
Ce terme issu de l’époque féodale, que Pothier assimile, avec l’épave, aux serfs
lorsque l’aubain ne se connaît pas de racines géographiques, a servi à désigner
jusqu’à récemment, en droit international privé, l’étranger non naturalisé dans le
pays où il demeure, la personne née dans un pays étranger et qui doit son
allégeance à ce pays.
350
Le terme est encore présent dans les premières éditions de nos traités
administratifs : « Au Québec, bien que l’on ait tendance à accorder, dans le
recrutement, une certaine préférence aux Canadiens résidant au Québec, les
aubains peuvent être admis dans la fonction publique s’ils prêtent le serment
d’allégeance requis... Au fédéral, par contre, la loi est formelle : les citoyens
canadiens ont toujours ‘priorité’ d’admission sur les aubains. »
Il est également présent dans les anciennes lois (Acte à l’effet de restreindre
l’importation et l’emploi des aubains, Loi sur le travail des aubains), dans la Loi
constitutionnelle de 1867, au point 25, à propos du pouvoir fédéral de légiférer en
matière de naturalisation et d’aubains. Il s’emploie sous forme de doublet avec le
terme étranger : « Il est illégal pour toute personne, compagnie, société ou
corporation, de payer d’avance, de quelque manière, le transport, ou, par quelque
moyen, d’aider, encourager ou solliciter l’importation ou l’immigration d’un
aubain ou étranger au Canada... » (“alien or foreigner”).
Tout comme son équivalent anglais “alien”, aubain est disparu presque entièrement
des lois du Canada depuis l’avènement de la Charte des droits et libertés. On ne le
trouve plus dans les lois sur la citoyenneté et l’immigration.
ö ÉTRANGER.
ö FÉODAL.
AUCUN.
2) L’adjectif aucun ayant une valeur négative, on ne peut employer les adverbes
pas ou point dans la même proposition sans commettre une double négation;
toutefois, on peut fort bien mettre plus ou jamais. « Le locataire n’a
[pas] donné (= n’a donné) aucun préavis de son départ. » « Aucune communauté
de vie ne subsiste plus entre les époux. » « Il n’avait jamais lu aucun arrêt rédigé
de la sorte. »
Le verbe reste au singulier après plusieurs sujets introduits par aucun : « Aucune
renonciation, aucune cession portant sur l’autorité parentale, ne peut avoir d’effet,
si ce n’est en vertu d’un jugement dans les cas déterminés ci-dessus. »
Aucun ayant une valeur positive dans des phrases impliquant une idée négative, on
évitera d’employer la négation ne pour éviter l’illogisme : « Anéantissement des
actes de procédure antérieurement accomplis lorsqu’un certain délai s’est écoulé
sans qu’aucun acte ait été fait. »
ö MOMENT.
ö NUL.
Cette locution se met entre guillemets ou en italique selon que le texte est
manuscrit ou dactylographié. Si le texte est en italique, la maxime latine est en
caractère romain. Maxime, règle, principe audi alteram partem. Dans la langue
parlée, on trouve la forme elliptique : exigences de l’audi alteram partem.
L’essence de la règle est d’assurer aux parties susceptibles d’être lésées par une
décision le droit d’être entendues et de faire valoir des moyens de défense. Elle
353
implique le droit de connaître les arguments qu’une partie peut présenter, mais
également celui de pouvoir y répondre de façon efficace. Le droit d’être entendu
implique aussi, dans certains cas et sans que la règle soit absolue, celui de produire
des preuves à l’appui de ses prétentions, de faire entendre des témoins, d’être
présent en personne à l’audience et d’y être représenté par un avocat, parfois même
le droit de contre-interroger un témoin.
La règle peut être restreinte dans certains cas et ces restrictions ont été créées par la
common law et par la loi.
« Toute personne a le droit sacré d’être entendue avant qu’un tribunal ne rende
une décision qui affecte ses droits. » « C’est un principe bien établi que la règle
audi alteram partem est une règle de justice naturelle que la common law a adoptée
si fermement qu’elle s’applique à tous ceux qui remplissent des fonctions de nature
judiciaire et ne peut être exclue que de façon expresse. » « Depuis sa première
formulation, cette règle vise essentiellement à donner aux parties une possibilité
raisonnable de répliquer à la preuve présentée contre elles. »
4) Dans les textes législatifs, la règle est énoncée à l’aide de formules diverses
allant des plus générales aux plus explicites. Voir l’alinéa 2e) de la Déclaration
canadienne des droits ou encore certaines dispositions du Code criminel : « ... la
Cour d’appel, après avoir donné à l’appelant et à l’intimé la possibilité de se faire
entendre... » « Le poursuivant a le droit de conduire personnellement sa cause, et
le défendeur a le droit d’y faire une réponse et défense complète. » « Un accusé a
le droit, après que la poursuite a terminé son exposé, de présenter,
personnellement ou par avocat, une pleine réponse et défense. »
354
AUDIENCE. AUDITION.
Syntagmes
ö AUDIENCEMENT.
ö AUDIENCIER.
ö AUDIT.
ö CAUSE.
ö ÉVACUER.
ö GREFFIER.
ö INSTRUCTION.
ö SALLE.
AUDIENCEMENT. AUDIENCER.
Néologismes juridiques.
AUDIENCIER, AUDIENCIÈRE.
L’adjectif audiencier signifie qui appelle les causes à l’audience. Il entre dans la
formation de deux titres de fonctions d’auxiliaires de justice : l’huissier audiencier,
“court usher” ou “crier” (on dit aussi huissier d’audience) (« L’huissier audiencier
annonce l’entrée du juge dans la salle d’audience et maintient l’ordre durant les
audiences. ») et le greffier audiencier (qu’on appelle le plus souvent le greffier) qui
a pour fonction de dresser le procès-verbal de l’audience et de faire prêter serment
(« Les témoins sont assermentés par le greffier audiencier. »). « On donne la
qualification d’audienciers aux huissiers qui sont chargés du service des audiences
pour les cours et tribunaux. »
357
ö GREFFIER.
En droit des affaires, lorsqu’il est question non plus de l’expert-comptable, mais du
juriste appelé à vérifier la structure et la situation juridiques d’une entreprise, les
néologismes audit (des audits), auditer et auditeur, sous l’influence de l’anglais
américain, s’emploient couramment en France en matière d’audit juridique, qui est
la mission d’investigation confiée à un cabinet d’audit ou à un juriste-auditeur,
aux termes d’un contrat d’audit, dans une mission ou un programme d’audit, de la
situation juridique d’une entreprise.
ö AUDIENCE.
ö VÉRIFICATEUR.
AUTANT QUE.
L’expression [en autant que] n’existe pas en français. Cet anglicisme peut
notamment être remplacé par les locutions dans la mesure où, pourvu que, autant
358
que et pour autant que. Il ne faut pas dire : « [En autant que] le demandeur est
concerné... , » mais « En ce qui concerne le demandeur » ou « Quant au
demandeur... », non pas [en autant que] faire se peut, mais si possible, autant que
faire se peut.
Autant que et pour autant que commandent soit l’indicatif ou le conditionnel, soit
le subjonctif, ce dernier mode étant utilisé pour exprimer le doute ou l’incertitude.
« Pour autant que je sache, l’accusé et le témoin ne se connaissent pas. » « Ces
manoeuvres dilatoires, pour autant qu’elles se multiplieraient, pourraient entraver
le cours de la justice. » « L’avocat a promis que son client comparaîtrait, autant
que cette promesse dépendait de lui. » « Autant qu’il vous souvienne, étiez-vous à
Montréal le jour du crime? »
AUTHENTIFIER. AUTHENTIQUER.
Ces deux verbes sont synonymes et signifient attester, rendre un acte authentique
par une attestation officielle, garantir le caractère authentique d’un acte.
Dans l’évolution de la langue, authentiquer est apparu d’abord (au XIVe siècle)
comme terme de droit (authentiquer un acte). Authentifier est apparu au
XIXe siècle par nécessité, puisqu’il fallait créer un verbe distinct du terme
juridique; aussi authentifier a signifié alors reconnaître pour authentique par
expertise. Mais il a vite concurrencé authentiqué sur son propre domaine et a fini
par le supplanter entièrement. Aujourd’hui, authentiquer est vieilli. On le trouve
encore dans nos lois (« Lorsque des dépositions sont prises par écrit, le juge de
paix peut signer : a) soit à la fin de chaque déposition; b) soit à la fin de plusieurs
ou de l’ensemble des dépositions, d’une manière indiquant que sa signature est
destinée à authentiquer chaque déposition. »). On dira maintenant authentifié,
certifié authentique, validé, légalisé... « Le sceau du tribunal est destiné à certifier
359
Syntagmes
AUTO-.
La tendance actuelle est d’écrire sans trait d’union les mots composés avec le
préfixe auto-, même ceux dont le deuxième élément commence par une voyelle :
autodestruction, autoaccusation. La liste qui suit regroupe les termes ainsi
orthographiés dans les textes juridiques consultés : autoaccusation,
autoapprovisionnement, autoconsommation, autocorroboration, autodéfense (voir
ce mot), autodétermination, autodrome, autofinancement, autogestion, autographe,
autoincrimination, autolimitation, autopropulsé, autorégulation,
autorenouvellement, autoroute, autostop.
AUTODÉFENSE.
L’autodéfense désigne la défense assurée par ses propres moyens par un individu,
un groupe social contre un danger quelconque, sans faire appel aux services de
sécurité, à la police. Il s’agit d’une défense préventive exercée par un individu ou
un groupe armé : Cours d’autodéfense pour les femmes. Faits d’autodéfense.
Groupe d’autodéfense. Organiser l’autodéfense. Par nécessité d’autodéfense.
« D’où une nécessité ressentie par certains, inquiets de cette insécurité perçue...
360
ö DÉFENSE.
AUTOMATISME.
Se dit de l’état d’esprit d’une personne qui, bien que capable d’agir, n’est pas
consciente de ce qu’elle fait. L’automatisme implique l’accomplissement d’une
action involontaire inconsciente, l’esprit ne souscrivant pas à ce qui se fait
(somnambulisme, amnésie temporaire ou autres formes d’inconscience).
L’automatisme constitue un moyen de défense en droit pénal canadien et s’emploie
par rapport aux moyens de défense fondés sur l’anomalie mentale (voir
ANOMALIE), l’intoxication volontaire (voir INTOXICATION) et l’aliénation mentale
(ou, comme appellation plus moderne, les troubles mentaux). « La jurisprudence a
élaboré les conditions de recevabilité de la défense d’automatisme, qui nie toute
responsabilité pénale du fait d’une anomalie mentale. »
ö ALTÉRATION.
ö ANOMALIE.
ö INTOXICATION.
Syntagmes
ö POST MORTEM.
363
AUTORISÉ, ÉE.
Pour les personnes, autorisé pris en ce dernier sens s’emploie dans la tournure être
autorisé à faire qqch., c’est-à-dire être en droit de faire qqch. « Le demandeur est
autorisé à affirmer que... » « Le témoin se croit autorisé à déclarer que... »
3) Autorisé et approuvé ne sont pas des concurrents. Bien que certaines lois
utilisent les deux termes de façon interchangeable, il reste que chacun entraîne des
effets juridiques distincts. Voir à ce sujet APPROBATION.
ö APPROBATION.
Les autorités invoquées sont tantôt l’avis unanime de la Cour, l’opinion générale,
tantôt certaines catégories de juristes (les auteurs, les magistrats, qualifiés
d’éminents (et non de [savants]), les experts ou un type particulier de justiciable,
modèle de référence : notamment la personne raisonnable ou prudente (en common
law) et le bon père de famille (en droit civil).
Parfois l’autorité est impersonnelle (il est maintenant établi en droit), parfois ce
sera un principe généralement reconnu (l’autorité de la chose jugée, voir cette
entrée), ou le droit lui-même, la common law, traduits dans des maximes ou
adages.
Cette règle veut qu’une personne inculpée d’un crime ne puisse en être déclarée
coupable qu’une seule fois et ne puisse être punie qu’une seule fois pour l’avoir
commis.
Deux maximes sont invoquées dans le cadre de ce principe : Nul ne doit être
poursuivi deux fois pour une seule et même cause (“nemo debet bis vexari pro una
et eadem causa”) et Nul ne doit être puni deux fois pour la même infraction (“nemo
debet bis puniri pro uno delicto”).
Syntagmes
AUTRE.
L’expression et autres s’utilise pour désigner de façon abrégée ceux ou celles qui
ont un intérêt avec qqn dans un procès : « Tesson c. Bouffard et autres ». Elle se
met au singulier s’il n’y a qu’une seule partie ayant un intérêt commun avec celle
dont le nom est mentionné : « Dutertre et autre c. Thibodeau et autres ».
ö ET AL.
1) Les deux termes s’emploient dans le cas où un accusé fait valoir qu’il a déjà
été jugé (soit qu’il ait été acquitté : autrefois acquit, soit qu’il ait été condamné :
367
autrefois convict) pour l’acte incriminé et qu’il ne peut être jugé deux fois pour la
même infraction. « Un accusé peut invoquer avec succès le moyen de défense
d’autrefois acquit chaque fois qu’il établit que cette même question l’a
antérieurement mis en péril devant une cour compétente et que celle-ci a rendu en
sa faveur une décision d’acquittement ou de rejet des accusations. »
ö PÉRIL.
ö PLAIDER.
1) Aval fait avals au pluriel (« Ses avals sont bons. »). Ce terme du vocabulaire
du droit commercial serait une abréviation graphique de la formule à valoir (voir À-
VALOIR). L’aval est une garantie donnée par une personne de payer un effet si le
signataire de l’effet fait défaut. « Le témoin a longuement parlé des lenteurs à
obtenir paiement de la Demande de paiement provisoire no 4, produite en
décembre 1974, qui n’aurait reçu l’aval de l’ingénieur que le 21 mai 1975. »
2) Par extension, l’expression donner son aval en est venue à signifier se porter
garant d’un projet quelconque, puis, plus généralement, accepter, autoriser, donner
son appui, son accord. En ce sens, l’aval est donné à un principe, à une
recommandation, à une pratique, à une conclusion, à une opinion, à un obiter, à
une activité. Donner (expressément) son aval à une chose, à une activité, à un
368
principe, à une thèse, à un jugement. « Si notre Cour devait donner son aval à la
surveillance électronique sans mandat... » « Il s’agit de l’arrêt Canadian Pacific
Ltée c. Gill... dans lequel notre Cour, étant saisie d’un litige résultant d’un
accident mortel, a expressément donné son aval aux principes énoncés dans l’arrêt
Perry. » « Dans une série d’arrêts concernant des mesures législatives prises par
des régimes provinciaux répressifs, la Cour suprême a donné son aval à la thèse
selon laquelle le droit d’exprimer des idées politiques ne pouvait être limité par les
législateurs provinciaux. » « Le lord chancelier Finlay a lui aussi donné son aval
au jugement du juge Bray. »
La tournure donner son aval peut varier : avoir, mériter, recevoir l’aval. Le sujet
peut être une personne, le sens étant ici recevoir caution : recevoir l’aval des
collègues de la profession, ou une chose : « Ces obiter n’ont eu l’aval que de
quatre des huit juges qui ont participé à l’arrêt Vaillancourt. » « Il a soutenu que
le principe suivant lequel les titulaires de droits peuvent exercer ces droits comme
bon leur semble a reçu l’aval de notre Cour. » « En 1958, cette recommandation
recevait l’aval du représentant régional du Service des remises de peines du
ministère de la Justice. »
5) La personne qui donne son aval (au sens technique) est un avaliseur, une
avaliseure. La forme avaliste est attestée également, mais il convient de remarquer
qu’elle apparaît surtout lorsque l’aval n’est pas pris au sens de garantie de
paiement.
369
Syntagmes
Aval de garantie. Bordereau d’aval. Donneur d’aval. Pour aval. Bon pour aval.
Donner sa garantie par un aval. Fournir un aval. Mettre son aval au bas d’une
lettre de change. Signer une lettre par aval. Souscrire un aval.
ö À-VALOIR.
À-VALOIR. À VALOIR.
ö À COMPTE.
AVANCE.
1) Comme plusieurs termes français, avance n’a pas le même sens suivant qu’il
est singulier ou pluriel.
Au singulier, il a un sens général : somme versée à une personne pour lui permettre
d’effectuer des dépenses à justifier, et un sens commercial : somme à valoir sur le
prix d’un contrat, de services ou de marchandises, versée avant que le contrat ne
soit exécuté, les services rendus ou les marchandises livrées.
Au pluriel, avance s’emploie surtout au sens financier de somme prêtée par une
entreprise, de fonds investis dans une société.
370
Syntagmes
Avance en cours.
Avance de fonds de roulement. Avance de petite caisse.
Avance sur loyer, sur fonds de placement.
Avance à justifier (ou soumise à justification).
371
ö À COMPTE.
ö ANTICIPATION.
ö AVANCE1.
ö AVANCE (À L’).
ö CRÉDIT.
ö FONDS.
ö MASSE.
ö PRÊT.
Il faut éviter le pléonasme qui consiste à employer ces locutions avec certains
verbes formés du préfixe pré- (prévenir, prévoir, prédire, pressentir) ou avec le
verbe retenir, tous ces verbes connotant l’idée d’anticipation.
en avance. »).
Dans le droit des fiducies, on a établi quatre chefs de charité (“four heads of
charity”), c’est-à-dire quatre objectifs philanthropiques considérés comme
charitables aux fins du droit privé. Ce sont le soulagement de la pauvreté,
l’avancement de la religion (on trouve aussi promotion de la religion),
373
ö AVANCE.
ö PROMOTION.
AVANCER.
aussi le sens péjoratif de prétendre indûment (« et non pas, comme l’ont avancé
certains auteurs... »). On fera bien d’éviter l’emploi de ce verbe dans des contextes
où aucun doute n’est permis, où règne la certitude (« À la fin de sa plaidoirie, elle a
affirmé (et non pas [avancé]) que son client était innocent. »).
ö AVANCE.
AVANTAGE.
Il convient de noter que prendre l’avantage sur qqn est tout à fait correct pour
exprimer l’idée d’une lutte : « À la fin de la première semaine des débats, la
défense a pris l’avantage sur la poursuite. ».
profit... ».
AVANT-PROJET.
L’avant-projet c’est la rédaction provisoire d’un texte (loi, règlement, contrat, etc.)
pour servir de base à une première discussion en vue de l’élaboration d’un projet.
Syntagmes
ö BILL.
1) Avarie est féminin. C’est un terme de marine qui appartient à deux branches
du droit : le droit maritime et le droit commercial.
376
On fait une distinction entre les avaries communes ou grosses (“general average”),
qui sont à la charge commune du propriétaire du navire et des propriétaires des
marchandises (« Les avaries communes seront réglées, déclarées et réparties... en
conformité avec les règles d’York et d’Anvers. ») et les avaries particulières ou
simples (“particular average”), dépenses supportées par le propriétaire de la chose
qui a subi le dommage ou occasionné la dépense, par exemple les accidents
inévitables résultant d’une collision, d’un naufrage ou d’un échouage.
L’alinéa 22(2)e) de la Loi sur la Cour fédérale prévoit que la Section de première
instance a compétence à l’égard d’une demande de règlement pour l’avarie ou la
perte d’un navire, notamment l’avarie ou la perte de la cargaison. « La règle D
avait pour effet de garder intacts les recours possibles contre une partie dont la
faute a causé le sinistre d’avarie commune qui, à son tour, a donné lieu à la
dépense ou au sacrifice d’avarie commune; elle n’a pas d’autre effet sur la loi
régissant la contribution d’avarie commune. »
Syntagmes
Avaries-frais, avaries-dommages.
Avaries à la cargaison, avaries de la cargaison.
Avarie de route.
Avarie des objets confiés, de bagages enregistrés, de marchandises.
Avarie par eau de mer, par eau douce.
Avarie payable sans égard à la franchise.
Avarie causée, occasionnée par qqch. (par le temps, par un autre changement);
avarie causée à qqch. (à des filets de pêche... ).
Avarie attribuable, imputable à qqch. (à l’eau... ), à qqn (aux appelantes... ).
Avarie influant sur l’état de navigabilité.
Avarie résultant de délits.
Avarie frappant le navire.
Avec avarie particulière.
Action d’avarie.
Chef d’avarie commune.
Classement d’avarie.
Clause de franc d’avarie particulière.
Compromis d’avarie.
Contribution d’avarie commune.
Coût, frais d’avarie.
Déclaration d’avarie.
Dépôt d’avarie.
Franc d’avarie.
Menues avaries.
Réclamation d’avarie, réclamation d’avarie commune, réclamation pour avaries.
Règlement d’avarie commune.
Réparation des avaries.
Répartiteur d’avaries.
Responsabilité de l’avarie.
Sinistre ou événement d’avarie commune.
Théorie des avaries communes.
378
AVENU, UE.
Les locutions nul et non avenu et nul et de nul effet soulèvent la question de la
tautologie. Les juristes civilistes sont plutôt d’avis que la redondance n’est
qu’apparente, tandis que les juristes de la common law en français n’y voient
qu’une répétition du même concept de nullité.
Ainsi, après avoir défini la locution nul et non avenu (« Dépourvu de valeur
juridique comme ne répondant pas aux exigences de la loi (nul) et, comme tel,
insusceptible de produire tout effet de droit (non avenu). »), les juristes civilistes
Roland et Boyer (1983) expliquent pourquoi l’expression n’est pas redondante :
« La nullité entraînant de soi l’inefficacité, l’expression est à première vue
redondante; en réalité, malgré l’usage sans nuance du législateur, le non avenu
entache le nul d’un caractère irrémédiable qui n’est pas la suite nécessaire de la
seule nullité. ».
379
Pour les juristes de common law, la locution correspondante en droit anglais “null
and void” est pure redondance (Black) et s’explique par l’influence du français (ici
le mot nul) dans l’histoire de la formation du droit anglais (Mellinkoff, Dickerson,
Weihofen). Pour Garner, ce doublet est un cliché inoffensif dont le premier élément
(“null”) a pour seule fonction de renforcer le second (“void”).
Bien qu’il paraisse aller de soi qu’il faille remplacer les archaïsmes pléonastiques
(tautologie) à l’aide du procédé de la contraction (voir SÉRIES SYNONYMIQUES), la
contraction est moins indiquée quand l’expression tautologique fait partie de
l’usage courant, comme c’est le cas pour les locutions pur et simple, fait et cause,
forme et teneur, plein et entier, nul et non avenu, risques et périls, voies et moyens.
ö EFFET.
ö NUL.
ö NULLITÉ.
ö SÉRIES SYNONYMIQUES.
AVÉRER.
En outre, l’emploi de s’avérer suivi d’un nom est critiqué : « Le procès [s’est avéré]
l’événement de l’année. », dire « est apparu comme »; de même est critiqué
l’emploi de s’avérer suivi d’un infinitif : « Le juré [s’est avéré] faire partie d’une
organisation criminelle. », dire, par exemple, « Le juré, a-t-on constaté, fait partie
d’une organisation criminelle. ».
AVEU.
4) Passer aux aveux, passer des aveux. On relève ces deux formulations dans la
littérature. Il semble, toutefois, que la première soit préférable et qu’il conviendrait
381
d’éviter [passer des aveux] et de la remplacer par d’autres formulations telles que
faire des aveux ou, plus simplement encore, avouer.
5) À noter aussi le syntagme entrer dans la voie des aveux : « Ses complices
entrèrent rapidement dans la voie des aveux. » « Les deux compères se décidèrent
à entrer dans la voie des larges aveux. ». À certains qui considèrent qu’il s’agit là
d’une périphrase inutile, Dupré fait remarquer que cette expression ne doit pas être
employée dans le sens d’avouer, mais qu’elle est utile pour indiquer qu’une
personne, en disant certaines choses qui ne sont pas encore des aveux, ne va pas
tarder à en venir aux aveux proprement dits.
Syntagmes
Aveu autorisé.
Aveu tacite, aveu incident.
Aveu sur une question de fait, de droit.
Aveu de culpabilité.
Aveu mixte.
Aveux forcés, sincères, spontanés.
Aveu complexe.
Aveu conditionnel, pur et simple, qualifié.
Aveu extrajudiciaire.
Aveu contre intérêt (ou aveu préjudiciable à son auteur).
Aveu d’actes punissables.
Aveu par personne interposée.
Aveu par représentation.
Aveu par coïntéressé.
Aveu par délégué.
Aveu du coconspirateur.
Aveu résultant du silence.
Aveu verbal.
Auteur de l’aveu (voir AVOUANT).
Demande d’aveux. Jugement sur aveu.
Preuve par l’aveu.
Procès-verbal d’aveux.
Aveu mensonger.
Aveu récognitif.
382
ö AVEU1.
ö AVEU2.
ö AVOUANT.
ö AVOUER.
ö CONFESSER.
ö RECONNAISSANCE.
ö SERMENT.
Aussi, en droit pénal canadien, le terme confession a été conservé pour rendre le
terme anglais “confession”, qu’il faut nécessairement distinguer d’“admission”. Le
terme “confession” renvoie à une catégorie particulière d’“admission” en ce qu’elle
383
AVEU2 ET RECONNAISSANCE.
Par l’aveu, l’avouant (voir ce mot) reconnaît pour vrai un fait de nature à produire à
son détriment des conséquences juridiques. Aussi l’aveu procédera-t-il d’une
nécessité, alors que la reconnaissance ne produit pas de conséquences
défavorables.
Tandis que l’aveu implique une contrainte physique ou morale, pouvant aller
jusqu’à la torture, une action extérieure ou intérieure (celle d’un tiers, de la partie
adverse, de la police, d’une autorité judiciaire), en somme un acte fait à
contrecoeur (« Il a fini par faire des aveux complets. »), la reconnaissance évoque
un acte fait plus librement, par un accord de volontés, ou une simple vérification.
Proclamer la reconnaissance d’un État. Reconnaissance de paternité.
Reconnaissance des services rendus. Reconnaissance d’écriture.
Dans la langue du Palais, l’aveu désigne pour une partie la reconnaissance d’un
élément qui lui est défavorable ou, du moins, qui est favorable à la thèse de la
partie adverse (aveu préjudiciable, aveu concédant jugement), alors que la
reconnaissance exclut ce caractère de contrainte (sans aucune reconnaissance
préjudiciable).
ö AVEU1.
ö AVOUANT.
ö RECONNAISSANCE.
AVEUGLEMENT.
Syntagmes
ö INSOUCIANCE.
AVEUGLETTE (À L’).
Pour les verbes, l’emploi est différent : aviser et notifier s’emploient tous deux
dans la langue générale et dans le vocabulaire administratif, mais seul notifier est
un terme de droit. Pour cette raison, aviser, avertir, faire connaître, informer
386
Dans certaines lois du Canada, la notification, définie comme l’envoi d’un acte de
procédure, est réputée à tous égards valoir concession effectuée par lettres patentes
en faveur de qqn : « La notification vaut concession effectuée par lettres patentes
délivrées sous le grand sceau. ». Adressée dans les conditions prévues par la loi,
elle est établie en la forme réglementaire fixée par une autorité (le gouverneur en
conseil par exemple).
Contrairement à l’avis, qui n’a pas nécessairement à être donné par avance, le
préavis est un avertissement qui, suivant les dispositions d’une loi ou les
stipulations d’une entente, doit obligatoirement être donné dans un délai prescrit et
selon des modalités déterminées. La difficulté est que les textes utilisent souvent de
façon interchangeable les termes avis et préavis. La nuance de période préalable
que présente le mot préavis est importante. Le préavis étant un avis préalable
d’intention (par exemple de résilier un contrat ou de licencier un employé), c’est
avec le mot préavis que le complément de durée sera d’ordinaire employé.
Certains linguistes ont critiqué la construction un préavis de dix jours parce qu’au
sens strict, le préavis est une notification d’un fait à venir et non d’une durée. Mais
389
Préaviser s’emploie en droit au sens de donner préavis à qqn, mais cet emploi est
rare.
ö DÉLAI.
ö NOTIFICATION.
AVISEUR, AVISEURE.
Ce terme, qui existait en vieux français au sens de celui qui se connaît parfaitement
à quelque chose, ne figure dans aucun des grands dictionnaires de langue française,
à l’exception du Bélisle. Il ne peut s’employer aujourd’hui pour désigner un
conseiller. Les expressions [aviseur légal] et [aviseur juridique] sont des
anglicismes à bannir, qu’il convient de remplacer par conseiller juridique. On ne dit
pas un [conseil aviseur], mais un conseil consultatif.
ö CONSEIL.
ö INDICATEUR.
ö JURIDIQUE.
ö LÉGAL.
ö AVORTEMENT.
AVORTEMENT. AVORTER.
6) Dans ses deux sens, avorter donne souvent lieu à des constructions vicieuses
en français : employé seul, avorter ne peut jamais être suivi d’un complément
d’objet direct. Il est correct de dire : « Elle a avorté. » « Le procès a avorté. ».
Mais, on ne peut jamais [avorter qqn ni qqch.]. On fait avorter qqn ou qqch. On ne
dira donc pas : « Faut-il [avorter] les handicapées mentales? » ni « L’intervention
de la police a [avorté] son projet d’attaque de la banque. », mais « Faut-il faire
avorter les handicapées mentales? » et « L’intervention de la police a fait avorter
son projet d’attaque de la banque. »
8) Le verbe anglais “to abort” peut être suivi d’un complément d’objet direct et
avoir le sens de “to terminate prematurely”. Par exemple, “to abort an
investigation” pourra se rendre par abandonner, arrêter, interrompre une enquête
ou mettre fin à une enquête. Ce verbe anglais peut également avoir le sens de faire
échouer.
Syntagmes
Avortement clandestin, illégal, légal.
Avortement libre (plutôt qu’avortement sur demande).
Avortement précoce, tardif. Avortement incomplet.
Avortement accidentel, naturel, spontané.
392
ö ABORTIF.
ö AVORTÉE.
ö INFANTICIDE.
393
AVOUANT, AVOUANTE.
Terme non recensé dans les dictionnaires usuels, parfois employé dans les textes
juridiques pour désigner l’auteur d’un aveu : « Quelle est l’étendue de cette force
probante? S’applique-t-elle à toutes les déclarations de l’avouant,
indistinctement? » « L’avouante pouvait rétracter son aveu. » « Naturellement la
preuve de l’erreur incombe à l’avouant qui se targue de la rétractation ».
ö AVEU.
AVOUER.
AXIOME.
ö MAXIME.
AYANT.
1) Le participe présent du verbe avoir permet de créer des noms composés dans
lesquels les substantifs formés à l’aide du mot ayant désignent des intervenants
dans des opérations juridiques. Pour exprimer la pluralité, ayant, demeurant malgré
tout un verbe, se met au pluriel du fait de l’usage, archaïsme conservé par la
pratique, contrairement aux règles grammaticales ordinaires. Les substantifs qui
l’accompagnent gardent la marque du singulier, laquelle se justifie par le sens. Des
ayants droit, des ayants cause. Le trait d’union est facultatif dans ces exemples,
mais il faut s’empresser d’ajouter que l’usage nettement dominant omet le trait
d’union, faisant d’ayant-droit et d’ayant-cause des formes orthographiques
obsolètes.
Ces deux termes s’écrivent sans trait d’union et font au pluriel : ayants cause et
ayants droit. On dit une ayant cause, une ayant droit.
Ayant cause et ayant droit sont synonymes et, en termes d’occurrence, ayant droit
est d’une utilisation plus fréquente. « Le ministre peut, aux conditions qu’il
détermine, reconnaître la qualité d’ayant droit à tout associé d’une société de
personnes quant aux coûts ou frais admissibles engagés par la société. » « Pour
les oeuvres anonymes ou pseudonymes, l’éditeur dont le nom est indiqué sur
l’ouvrage est fondé à sauvegarder les droits appartenant à l’auteur. Il est, sans
autres preuves, réputé ayant cause de l’auteur anonyme ou pseudonyme. »
remarquer qu’une personne à charge qui, à ce titre, a des droits à quelque chose est
désignée également par le nom d’ayant droit, mais que ces deux termes ne sont pas
pour autant synonymes : « Deux de mes enfants à charge ont cessé d’être des
ayants droit. »
5) En droit civil, le terme ayant cause désigne la personne qui tient un droit ou
une obligation d’une personne dénommée son auteur. Ayant droit s’entend d’une
personne ayant par elle-même ou par son auteur vocation à exercer un droit. Mais
dans la pratique, il est souvent employé comme synonyme d’ayant cause.
AYANT DROIT.
ö ALLOCATAIRE.
ö AYANT CAUSE.
ö BÉNÉFICIAIRE.
ö CHARGE.
AZIMUT.
Pour la prononciation, bien faire entendre le t. Ce terme est masculin et fait azimuts
au pluriel : « Le plan de lotissement doit montrer les azimuts et les distances ».
L’adjectif est azimutal, azimutale. Plan azimutal.
B
BACCALAURÉAT.
L’abréviation est LL. B. (Remarquer l’espace devant la dernière lettre et les points
abréviatifs; cette forme d’écriture permet d’éviter la confusion entre l’abréviation
marquant la discipline et l’abréviation marquant le grade.) Elle correspond à
l’expression latine Legum Baccalaureus. Pour les autres diplômes usuels en droit,
les abréviations (toutes en majuscules avec l’espace) sont les suivantes : LL. D. (le
doctorat en droit), LL. M. (la maîtrise en droit) et LL. L. (la licence en droit) : elles
correspondent aux expressions latines Legum Doctor, Legum Magister et Legum
Licentiatus. Les lettres LL. indiquent la discipline (legum signifie des lois) et B.,
D., L. et M., le titre ou grade.
Ces grades universitaires sont conférés à des étudiants et à des étudiantes en droit
(et non [de] droit) qui deviennent ainsi des bacheliers et des bachelières en droit,
des docteurs et des docteures en droit (et non des [doctoresses]), des licenciés et
des licenciées en droit et des maîtres en droit (et non des [maîtresses] pour les
femmes titulaires de ce grade).
Ces personnes seront titulaires (et non [détentrices]) d’un tel diplôme. Pour la
distinction qu’il y a lieu de faire entre détenteur et titulaire, voir DÉTENTEUR.
Pour une liste des principales abréviations et des sigles utilisés en français
juridique, voir LANGAGE ABRÉVIATIF.
ö DÉTENTEUR.
ö LANGAGE ABRÉVIATIF.
398
1) La personne préposée aux bagages, dans un hôtel, une gare, un aéroport, est
un ou une bagagiste; la bagagerie est l’endroit où l’on entrepose les bagages
encombrants.
2) En droit, le transport des bagages est considéré comme faisant l’objet d’un
contrat de transport de marchandises entre le transporteur et le voyageur. Ce
contrat est distinct du contrat de transport du voyageur. Contrat de transport des
bagages.
Les bagages que le voyageur transporte avec lui sont des bagages à main : « Les
voyageurs sont autorisés à se munir de bagages à main à titre gratuit. » Le
problème juridique qu’ils posent est celui de la responsabilité du transporteur en
cas de perte, d’avarie ou de vol.
3) On dit bien avarie de bagages : aussi n’y a-t-il pas lieu de considérer comme
anacoluthe la formule figée destruction, perte ou avarie de bagages : « Le
transporteur est responsable du dommage survenu en cas de destruction, perte ou
avarie de bagages enregistrés ou de marchandises lorsque l’événement qui a causé
le dommage s’est produit pendant le transport aérien. » « La responsabilité du
transporteur pour perte ou avarie de bagages causées directement ou
indirectement par le fait, la négligence ou l’omission du transporteur est limitée à
cent dollars par passager. » Avarie aux bagages se dit par ellipse : avarie causée,
survenue aux bagages.
On dit chariot à bagages (et non [de] bagages), fourgon à bagages (et non [de]
bagages). L’action pour le transporteur de déplacer les bagages, de les charger ou
décharger est la manutention des bagages, et non leur [maniement].
Syntagmes
BAGARRE. BATAILLE.
Au Canada, les jugements rendus dans les affaires de bagarres à coups de poing
entre adversaires consentants varient énormément tant sur le plan du résultat que
sur celui du raisonnement. Mais les tribunaux n’en ont pas moins statué que la
plupart des bagarres ou batailles, sauf les accrochages mineurs, sont illégales parce
qu’il n’est pas dans l’intérêt public que les gens s’infligent ou tentent de s’infliger
mutuellement de véritables lésions corporelles sans raison valable, peu importe si
l’acte a été commis en privé ou en public. « Quiconque cause des lésions
corporelles ou a l’intention d’en causer se livre à des voies de fait. Cela veut dire
que la plupart des bagarres sont illégales, indépendamment du consentement. »
de poing ou à une bataille à coups de couteau lorsque des lésions corporelles sont
voulues ou causées? »
Les syntagmes qui suivent sont les mêmes pour le mot bataille.
Syntagmes
Il y a eu (une) bagarre.
Il s’ensuivit une bagarre.
La bagarre a commencé, s’est poursuivie.
La bagarre a eu lieu, a éclaté, a abouti à, s’est terminée par.
ö ALTERCATION.
ö COMBAT.
ö IMPLICATION.
BAIL.
3) Phraséologie. Une fois l’offre de bail acceptée, les parties peuvent prévoir un
projet de bail, qui donnera lieu, devant l’avocat ou le notaire, à l’établissement en
bonne et due forme d’un bail. Généralement, le bail est établi en double
exemplaire; il est dressé ou rédigé, puis les parties le concluent ou le signent;
lorsque toutes les formalités réglementaires sont remplies, le bail est valablement
passé. Il est intervenu entre le bailleur et le preneur.
Le bail peut commencer par un préambule. Le corps de l’acte renferme des clauses
ou des dispositions; puisque c’est un contrat, on dira qu’il stipule. S’il vise
plusieurs biens, l’un d’eux pourra être libre de bail.
Le bail a un objet (un immeuble d’habitation, par exemple) et il pourra devoir être
exécuté (installer un ascenseur); il prévoit des conditions (se réserver la faculté
d’acheter l’immeuble) et des modalités (relatives au paiement du loyer). Les parties
fixeront le prix du bail et sa durée. Il pourra être déclaré inopposable au bailleur.
Des droits seront conférés par le bail, des obligations en découleront.
Le bail est accordé, consenti ou octroyé. Il prend effet ou entre en vigueur à une
date de commencement et expire à une date de fin de bail, ou cesse de plein droit à
l’arrivée du terme. Il se poursuit ou continue par reconduite ou reconduction; il se
perpétue jusqu’au partage; il peut être modifié ou reporté. Il se proroge ou se
résilie.
Pour éviter toute ambiguïté, la locution cession à bail et son dérivé verbal céder à
bail ne se disjoignent pas : cession à bail des terres, céder à bail un bien breveté
(et non [cession des terres à bail] ni [céder un bien breveté à bail]).
5) Au Canada, le bail qui est établi sans formalités ou qui n’est pas établi dans
les formes réglementaires s’appelle bail non solennel plutôt que [bail informel].
Syntagmes
Bail + à + substantif
Bail à cheptel.
Bail à complant.
Bail à convenant.
Bail à construction.
Bail à court terme, à long terme, à terme certain, à terme d’années, à terme
déterminé, à terme fixe, à terme indéterminé (on dit terme ou durée).
Bail à culture perpétuelle.
Bail à discrétion (“lease at will”).
Bail à domaine, à domaine congéable.
Bail à ferme.
Bail à longues années.
Bail à loyer.
Bail à loyer brut (et non [bail brut] “gross lease”), fixe, hypernet, net,
proportionnel (“percentage lease”), supernet, variable (et non [bail gradué],
“graduated lease”).
Bail à métairie.
Bail à métayage.
406
Bail à moisson.
Bail à nourriture.
Bail à pâturage.
Bail à perpétuité.
Bail à pourcentage.
Bail à rente, à rente foncière.
Bail à usage professionnel.
Bail à vente.
Bail à vie.
Bail + à + verbe
Bail à céder.
Bail à louer, à sous-louer.
Bail + adjectif
Bail domanial.
Bail écrit.
Bail emphytéotique.
Bail exceptionnel (ou d’exception).
Bail exécutoire.
Bail financier.
Bail foncier (“ground lease”), immobilier, mobilier.
Bail franc (“freehold lease”).
Bail gouvernemental.
Bail gratuit.
Bail hebdomadaire, mensuel, semestriel, trimestriel, annuel.
Bail héréditaire.
Bail huîtrier.
Bail initial, originaire, primitif.
Bail irrévocable.
Bail judiciaire, législatif.
Bail locatif.
Bail minier.
Bail mixte.
Bail net, supernet, hypernet.
Bail non résidentiel, résidentiel.
Bail non solennel, solennel.
Bail notarié (et non [bail notarial]).
Bail oral (“oral” ou “verbal lease”), verbal (“parol lease”). Bail ordinaire.
Bail périodique.
Bail perpétuel.
Bail précaire.
Bail principal, secondaire (ou contrat de sous-location).
Bail professionnel.
Bail prolongé.
Bail réciproque.
Bail reconductible, reconduit d’année en année.
Bail réel.
Bail renouvelable à perpétuité.
Bail résiliable.
Bail réversif.
Bail tacite.
408
Bail type.
Bail urbain.
Bail viager.
Bail + en + complément
Bail en années.
Bail en common law (“legal lease”), en equity (“equitable lease”).
409
Bail en nature.
Bail en premier détachement.
Bail en réversion.
Cession-bail.
Crédit-bail.
Prêt-bail.
Sous-bail.
Substantif + de + bail
Année de bail.
Annulation, rescision de bail.
Bénéficiaire du bail.
Cause du bail.
Cessation, extinction de bail.
Cession, concession, cessionnaire, concessionnaire du bail.
Circonstances du bail.
Confirmation, ratification du bail.
Contenu du bail.
Continuation du bail.
Contrat, convention de bail.
Copie, exemplaire du bail.
Délivrance du bail.
Demandeur du bail.
Durée (initiale, minimale, maximale) du bail.
Enregistrement du bail.
Exigences du bail.
Formation du bail.
Forme du bail.
Formule (réglementaire, type) de bail.
Interprétation du bail.
Langue du bail.
Libellé du bail.
Mode de bail.
Négociation du bail.
Période (écoulée, non écoulée) du bail.
Perpétuité du bail.
Présomption de bail.
Prise d’effet du bail.
Prise du bail.
Prolongation, prorogation du bail.
Qualification du bail.
Reconduction du bail.
Réduction du bail.
Renouvellement de bail.
Reprise du bail.
Répudiation du bail.
411
Résolution du bail.
Rupture, violation (fondamentale) du bail.
Statut du bail.
Sortes, types de baux.
Suspension du bail.
Terme du bail.
Titulaire du bail.
Valeur (marchande) du bail.
Validité du bail.
Vendeur du bail.
Substantif + à bail
Adjectif + bail
Nouveau bail.
Premier, deuxième, troisième ... bail.
Simple bail.
Verbe + bail
Accepter un bail.
Acheter, acquérir un bail.
Annuler, rompre un bail.
Approuver un bail.
Assujettir un bail (à des conditions).
Avoir, détenir, posséder un bail.
Céder, concéder un bail.
Contracter un bail.
Contenir au bail.
Contrevenir à un bail, violer un bail.
Convenir par bail.
413
Délivrer un bail.
Diviser un bail.
Faire un bail.
Indiquer au bail.
Invalider un bail.
Maintenir un bail en vigueur.
Mettre fin au bail.
Négocier un bail.
Prolonger un bail.
Ratifier un bail (par une loi spéciale).
Reconduire un bail.
Régir un bail.
Renoncer à un bail.
Renouveler un bail.
Révoquer un bail.
Se conformer au bail.
Sous-louer un bail.
Verbe + à bail
Locution + bail
ö BAILLAIRE.
ö BAILLEMENT.
ö BAILLER.
ö BAILLEUR.
ö CESSION.
414
Dans le cas où une suite de baillements est en cause, le premier baillaire est dit
baillaire primitif; la même remarque s’applique pour le baillant.
La liste qui suit énumère les termes recommandés par le Comité de normalisation
de la terminologie française de la common law.
baillaire “bailee”
baillaire de droit et non [en droit]) “constructive bailee”
baillaire de fait “actual bailee”
415
Le dépôt (voir ce mot) en droit anglais, différent du dépôt français de droit civil, est
l’acte juridique par lequel le bien d’autrui est confié à une personne qui s’engage à
le conserver et à le remettre en nature (“deposit” en anglais).
Contrairement aux notions de garde ou de détention (voir ces mots), qui désignent
le simple fait de détenir un objet ou un chatel (voir ce mot) pour quelqu’un d’autre
(“custody” en anglais), le baillement renferme comme élément essentiel, on l’a dit,
le transfert de la possession juridique de la chose, indépendamment de la propriété.
dans le cadre duquel le baillaire reçoit une compensation pour les services qu’il
rend est le baillement rémunéré. Par opposition, le baillement dans lequel il ne
reçoit pas d’autre compensation que la possession de la chose qui lui est remise est
un baillement non rémunéré ou baillement gratuit. Le baillement de droit, le
baillement involontaire et le quasi-baillement visent la situation où une personne a
acquis la possession d’objets d’autrui, sans consentement mutuel et sans acte
illégitime. Enfin, le baillement révocable à l’appréciation du baillant est le
baillement à discrétion.
baillement “bailment”
baillement à discrétion “bailment at will”
baillement de droit “constructive bailment”
baillement de fait “actual bailment”
baillement gratuit “gratuitous bailment”
baillement involontaire “involuntary bailment”
baillement-mandat “mandate” ou “mandatum”
baillement rémunéré “bailment for hire”, “bailment for
reward” ou “lucrative bailment”
quasi-baillement “quasi-bailment”
Syntagmes
Consentir au baillement.
Constituer, créer un baillement, un sous-baillement.
ö BAILLAIRE.
ö CHATEL.
ö DÉPÔT.
ö DÉTENTION.
ö GARDE.
ö LOCATIO.
BAILLER.
Bailler et bayer se prononcent de la même façon; il faut faire sentir le a long dans
bâiller.
Bailler, sans accent circonflexe sur le a, est vieilli au sens de donner (bailler son
héritage) ou de fournir, prêter, procurer de l’argent, même si le substantif est resté
bien vivant dans l’expression bailleur ou bailleuse de fonds. Bailler des fonds,
bailler de l’argent à quelqu’un.
2) Seul bailler est réservé au langage juridique. Il désigne le fait pour le bailleur
ou la bailleresse (voir BAILLEUR) d’accorder un bail, de donner en location. Bailler
par contrat, bailler par testament. En ce sens, il est concurrencé par les locutions
verbales donner à bail et faire bail.
ö BAIL.
ö BAILLAIRE.
ö BAILLEMENT.
ö BAILLEUR.
BAILLEUR, BAILLERESSE.
1) Dans le cas d’un bail (voir ce mot), les actants sont le bailleur ou la
bailleresse (le propriétaire qui loue son bien, qui accorde un bail ou donne à bail ou
en location) et le preneur ou la preneuse (à bail).
Les termes bailleur et bailleresse (ou donneur et donneuse à bail) ont été retenus au
Canada par le Comité de normalisation de la terminologie française de la common
law. La liste qui suit énumère les termes recommandés par le Comité.
420
ö BAIL.
ö BAILLAIRE.
BALANCE.
L’image de la balance n’est pas neuve. Depuis l’Antiquité, elle représente l’idée de
la justice rendue. Aristote disait que le juge maintient la balance égale entre deux
parties. Dans la symbolique chrétienne, elle illustre l’idée du jugement divin : « La
justice céleste tient une balance dans ses mains. » Les textes sacrés parlent de la
balance du Jugement dernier.
Au 18e siècle, le grand juriste anglais Blackstone utilise l’image de la balance pour
souligner l’importance que les tribunaux accordent au respect de la règle du
précédent : « Car c’est une règle établie de s’en tenir aux décisions antérieures
lorsque les mêmes points de contestation se représentent, tant pour maintenir
ferme et égale la balance de la justice, et l’empêcher de se mouvoir en divers sens
avec l’opinion de chaque juge nouveau. »
L’image sera reprise à diverses fins dans les textes modernes, notamment, au
Canada, pour exprimer l’idée que la Cour suprême doit conserver une attitude
souple par rapport à l’évolution de la common law.
Au centre de la pensée juridique se trouve l’idée que les tribunaux ont le devoir de
tout peser dans une balance exacte. Cette notion fondamentale est présente dans
maintes décisions de justice où sont mis en présence les principes de la recherche
de l’équilibre dans l’adjudication et du respect des droits des parties.
422
2) Expression linguistique
Comment cette image, que Sourioux appelle, avec celle du glaive (voir ce mot), un
instrument-symbole du droit ou encore un outil de l’activité juridique, trouve-t-elle
son expression linguistique dans le langage du droit ?
L’idée est rendue soit par l’utilisation du terme balance lui-même, employé seul ou
dans des locutions substantives ou verbales, soit par une variété de tours dont nous
énumérerons les principaux éléments ci-après.
A. Emploi figuré
Le sens du mot balance dans cet emploi correspond aux notions d’égalité,
d’équilibre, de justice, d’harmonie, de dosage, d’importance relative,
d’adéquation entre deux réalités, de juste appréciation des choses. Balance
de l’équité, du jugement, de la raison. Balance des forces (comparaison
entre deux situations faisant ressortir leurs rapports) : « Cette crise que vit
notre système de justice est défavorable à la balance des forces en
présence » (= à leur équilibre).
B. Locutions verbales
Préposition avec
Conjonction et
« Le Québec est un État démocratique qui met en balance les droits des
minorités et ceux de la majorité. »
Construction absolue
« Ce qu’il peut y avoir de répréhensible dans le moyen proposé doit être mis
dans la balance d’une manière équitable. »
« Il faut aussi mettre dans l’autre bassin de la balance les inconvénients qui
peuvent en résulter. »
5. Laisser en balance
« L’arbitre est obligé de tenir la balance égale entre les deux adversaires. »
11. Faire une balance de deux choses : évaluer en comparant, établir l’équilibre,
peser le pour et le contre.
C. Quasi-synonymes
Composer un équilibre
Maintenir un équilibre
Préserver l’équilibre
Réaliser l’équilibre
2. Soupeser
3. Apprécier
« C’est quand il n’est pas certain que soient suffisants les dommages-
intérêts recouvrables par les parties que [le tribunal doit] rechercher la
décision comportant le plus d’incidences favorables. »
On ne peut pas dire : [Il a été prouvé par prépondérance de la preuve]. On dit
plutôt : Il a été établi par une preuve prépondérante.
4) Emplois particuliers
On dit bien le solde de la balance des paiements, car c’est après avoir établi
l’équilibre (donc la balance) des paiements qu’apparaîtra le solde qui résume
la situation de la balance et qui permet de la juger. Conditions de la balance
des paiements.
Selon les contextes, les termes reliquat, résidu, appoint, surplus remplacent
avantageusement le terme solde.
Dans le premier cas, le terme critiqué évoque l’idée qu’un groupe de députés
ou un parti détient le nombre de voix nécessaires pour mettre le
gouvernement en minorité en votant avec un autre parti, devenant ainsi
l’arbitre de la situation. Ce groupe est appelé groupe qui commande
l’équilibre des partis, et il ne détient pas la [balance du pouvoir], mais il
assure l’équilibre des partis. On parle à ce sujet de la politique de la bascule
(voir BASCULER).
ö BALANCER.
ö BASCULER.
ö PESER.
ö POIDS.
BALANCER. CONTREBALANCER.
1) Balancer est vieilli au figuré lorsqu’il est employé dans les sens suivants :
Le verbe peut signifier également faire contrepoids à qqch., compenser une action
ou un comportement soit par une action dont l’effet est contraire, soit par un
comportement opposé : « Ces désavantages contrebalancent les avantages
énumérés ici » (= font contrepoids à ces avantages).
Le Code canadien du travail prévoit que l’arbitre du Tribunal du travail, s’il décide
que le congédiement d’un employé est injuste, peut enjoindre à l’employeur de
prendre toute mesure qu’il juge équitable de lui imposer et qui est de nature à
contrebalancer les effets du congédiement ou à y remédier.
ö BALANCE.
Les tribunaux ont défini ainsi ce dispositif électronique : « Une balise est un poste
émetteur, ordinairement à piles, qui émet périodiquement des signaux pouvant être
captés par un récepteur. » La balise émet un signal radio qui peut être capté sur
une distance de quelques mètres par un récepteur à balayage de la police. Balise
dissimulée. Surveillance d’un véhicule au moyen d’une balise.
statué qu’une telle installation constitue une fouille abusive au sens de l’article 8 de
la Charte, mais que l’acte d’intrusion était mineur, puisque l’attente en matière de
respect de la vie privée dans un véhicule à moteur est beaucoup moindre que celle
qui existe à l’intérieur d’une résidence ou d’un bureau.
Le contexte métaphorique dénote souvent l’idée d’un parcours ardu parmi des
obscurités ou des ambiguïtés que le juge doit entreprendre dans des textes pour
éclairer sa décision : « Par l’utilisation des termes lorsque le contexte l’exige, le
législateur a simplement prévu un enchaînement syntaxique nécessaire. Il n’a pas
lancé les juges dans un périple sans balises à travers divers articles de loi. »
Cette idée de limite s’exprime dans des expressions (exercer une activité hors de
certaines balises; s’en tenir à des balises; franchir des balises) ou dans des
énoncés complets : « Les appelants devront demeurer à l’intérieur d’étroites
balises qu’ils ne pourront franchir sans s’exposer à être tenus de modifier leur
tir. » « C’est le balisage du comportement et non pas son orientation absolue qui
est l’objectif approprié de la loi. »
Parfois le mot dénote soit une condition (« Cette double immunité constitue l’une
des balises essentielles au fonctionnement d’un système de gouvernement
fédéral. »), soit l’idée d’un fondement, d’une base (« La jurisprudence française
appuyée par la doctrine a bien établi les balises de la théorie du droit à réparation
de la perte d’une chance... »).
436
7) Dans le droit du travail, les balises sont des bornes à l’intérieur desquelles
certains éléments peuvent augmenter : balises des prix, balises des profits, balises
des revenus, balises salariales.
BAN.
Le mot ban (sans c à la fin) est un terme de droit féodal qui évoque trois idées
dominantes : celle de proclamation publique, celle de bannissement ou d’exclusion
par décision d’une autorité et celle d’un ensemble de personnes qui appuient
quelqu’un ou quelque chose ou qui participent à quelque chose. Ces idées se
trouvent exprimées dans des locutions juridiques.
« Tout mariage doit être célébré dans les trois mois suivant la deuxième
publication des bans ou la délivrance d’une licence. » « La publication des bans se
fait à l’église, le dimanche, au cours du service religieux. » Afficher les bans (de
mariage). Publier le premier ban, le deuxième ban, le troisième ban.
[Acheter des bans] (en anglais “to get a marriage licence”) est une expression
suspecte que l’on trouve de plus en plus rarement au Québec puisque la publication
des bans ne peut se substituer à la licence de mariage : « Aucune disposition de la
présente loi ne doit être interprétée de façon à empêcher la publication des bans
selon l’usage de l’église ou de la confession religieuse de l’ecclésiastique qui
entend célébrer la cérémonie du mariage, mais une telle publication des bans ne
remplace pas la licence de mariage. »
On distingue parfois les expressions publier les bans et proclamer les bans, la
première expression renvoyant à l’annonce de l’intention de mariage et la seconde
437
mettant plutôt l’accent sur l’annonce, faite à haute voix, de cette intention : « Avant
que ne soient publiés des bans, quiconque a l’intention de se marier fait
personnellement et séparément une déclaration solennelle, en la forme
réglementaire, devant l’ecclésiastique qui doit proclamer les bans. » Certificat de
publication des bans. « La personne ou les personnes qui publient les bans en
attestent la publication au moyen de la formule prescrite. » Dans le cas où il y a
autorisation de ne pas publier les bans, contrairement à ce qui est prescrit, on parle
d’une dispense de bans.
3) Au ban de. Idée d’exclusion. Être au ban de l’opinion publique. Mettre qqn
au ban de la société. Cette dernière locution est vieillie au sens de condamnation à
l’exil. Aujourd’hui, la locution s’emploie au sens de mettre à l’index. Déclarer
quelqu’un indigne, le dénoncer au mépris, c’est le mettre au ban de la société. Sur
le plan international, la locution s’applique à des États : « L’Iraq a été mise au ban
des nations. »
5) Ban. Idée de proclamation. En France, dans les usages ruraux, les bans sont
des arrêtés municipaux édictés par le maire d’une commune fixant le moment à
partir duquel on pourra procéder à certaines récoltes. Les infractions aux bans sont
des contraventions. Bans de fauchaison, de fenaison, de moisson, de ramée, de
vendanges. « Seront punis d’amende ceux qui auront contrevenu aux bans de
vendanges ou autres bans autorisés par les règlements. »
ö BANNI.
BANALISATION. BANALISER.
Tout ce qui diminue l’importance, la valeur ou l’intérêt d’une règle édictée, rend
insignifiante ou dérisoire une mesure ou une sanction adoptée, atténue l’unicité ou
l’originalité d’une disposition ou entraîne son avilissement ou sa dilution mettra
inévitablement en mouvement le phénomène de la banalisation : « On ne saurait,
sans les banaliser, conclure que les dispositions invoquées s’appliquent au simple
quantum de rémunération pour services rendus. »
2) Emploi concret.
1) Il faut distinguer l’orthographe et le sens des mots ban et banc. Ban est
synonyme de bannissement et correspond au verbe bannir. Il s’emploie dans des
expressions toutes faites comme mettre au ban de la société, être en rupture de
ban, publier les bans (voir BAN).
442
7) L’expression [en banc] employée pour indiquer que plusieurs juges d’une
même juridiction siègent ensemble pour former la cour est à éviter. Il faut employer
plutôt les termes collège ou formation. « Cette affaire a été entendue par une
formation de cinq juges de la Cour suprême du Canada. »
Par ailleurs, lorsqu’on veut dire qu’une affaire a été entendue par tous les membres
d’un même tribunal, il convient d’employer l’expression formation plénière.
« L’affaire a été entendue par la formation plénière de la Cour suprême du
Canada. »
ö BAN.
ö COLLÈGE.
ö MAGISTRATURE.
ö SIÈGE.
ö TRIBUNAL
444
Bancaire signifie qui a rapport aux banques, aux opérations de banque. Droit
bancaire. Exercice de la profession bancaire. « Le banquier se livre à l’exercice de
la profession bancaire; il exerce l’activité bancaire. »
Voici une liste partielle des cooccurrents les plus courants de bancaire.
Faillite bancaire.
Financement bancaire.
Frais bancaires ou de banque (ce sont des frais administratifs).
Garantie bancaire ou de banque (mais on dit lettre bancaire de garantie).
Guichet automatique bancaire.
Législation bancaire (pour un ensemble de lois, mais loi sur les banques pour une
seule loi).
Mandat bancaire ou de banque.
Messageries bancaires ou de banque.
Monnaie bancaire ou de banque.
Opération bancaire (qui se fait dans une banque ou par son intermédiaire; les
opérations qui s’effectuent entre plusieurs banques sont des opérations entre
banques ou opérations interbanques).
Organisation bancaire.
Pratique bancaire.
Procédures bancaires.
Reçu bancaire.
Références bancaires (qu’une entreprise donne dans sa publicité à propos des
banques avec qui elle fait affaire).
Régime bancaire.
Registre bancaire ou de banque.
Relevé bancaire ou de banque.
Secteur bancaire ou des banques.
Service bancaire ou de banque.
Succursale bancaire ou de banque.
Système bancaire ou des banques.
Taux bancaire (et taux interbanques).
Terminal bancaire ou de banque.
Traite bancaire ou de banque.
Virement bancaire ou de banque.
canadiennes, dont la raison sociale française est la suivante (noter l’emploi des
majuscules et des minuscules) : la Banque de Montréal, la Banque de Nouvelle-
Écosse, la Banque Toronto-Dominion, la Banque Nationale du Canada, la Banque
canadienne impériale de commerce et la Banque Royale du Canada. Elles sont
seules à faire des opérations bancaires.
Elles se distinguent des caisses populaires, qu’on appelle aussi caisses d’épargne
et de crédit. Les banques appartiennent à des particuliers, tandis que les caisses
populaires sont la propriété collective de leurs membres. Les caisses populaires se
donnent une mission sociale en accordant aux petits épargnants un meilleur accès
au crédit.
Une institution bancaire de ce genre est dirigée par un directeur ou une directrice,
et non par un [gérant] ou une [gérante].
Syntagmes
Acceptation de banque.
Accords bancaires ou accords interbancaires.
Agent ou agente de banque.
Aval de banque.
Banque accréditée, affiliée, agréée ou habilitée, associée, issue de la fusion (et non
[amalgamée]), notificatrice.
Banque de virement.
Commerce de banque.
Curateur ou curatrice bancaire.
Inspecteur ou inspectrice de banque.
Liste des banques.
Négociable en banque (et non [à une banque]).
Reconnaissance de la banque.
Société de banque
Solde en banque.
Taux d’escompte hors banque.
Valeurs en banque.
BANDE.
Ce mot est soit d’origine francique, il signifie alors lien, soit d’origine germanique,
et il signifie étendard.
de personnes unies par des affinités ou des intérêts communs (bande indienne,
bande d’Indiens; liste de bande; chef, conseil, coutume de la bande). Le mot
s’écrit avec la minuscule.
BANDEAU.
1) Bandit et brigand (de même que leur quasi-synonyme malfaiteur) n’ont pas
de forme féminine. « Elle a été traitée de bandit de grand chemin. » Les féminins
bandite et brigande sont si rares qu’ils ne se sont pas vraiment imposés dans
l’usage.
Les formes les plus communes de banditisme sont les attaques à main armée, les
assassinats, les détournements d’avion, les enlèvements et les prises d’otage. Trois
critères définissent généralement le banditisme : la violence souvent extrême contre
les personnes, le professionnalisme et le support matériel et psychologique d’un
groupe.
449
Aussi, en France, les auteurs d’actes de banditisme entrent-ils dans les catégories
suivantes : les malfaiteurs réunis en bande organisée, les auteurs de vols qualifiés
commis avec port d’armes, les malfaiteurs qui font usage d’explosifs, les auteurs
d’extorsion de fonds, d’homicides volontaires.
ö CRIMINALITÉ.
ö MALFAITEUR.
BANG.
Bang est une interjection, mais c’est aussi un nom commun. La règle grammaticale
de l’accord en nombre voudrait que le pluriel fût invariable; toutefois, l’usage
actuel et la grande majorité des auteurs ne la suivent pas. On écrira des bangs.
Les victimes d’un bang peuvent être des humains ou des animaux; le bang cause
aussi des dommages aux biens. « Dans le cas d’un bang, la détonation constitue le
fait dommageable, le dommage consiste dans les troubles corporels ou dans les
dégâts matériels qui en sont résultés. »
En France, les recours sont faits au titre du Code de l’aviation civile; au Canada, ils
sont exercés en vertu de la réglementation aérienne issue de la Loi sur
l’aéronautique et de la Loi sur la défense nationale.
La jurisprudence sur le bang est abondante en France. Les deux extraits d’attendus
suivants illustrent l’emploi du mot en contexte : « Attendu qu’après avoir relevé
que les époux... avaient, un matin, remarqué que d’importantes lézardes étaient
451
apparues dans leur maison, les mettant dans l’obligation d’évacuer les lieux,
l’arrêt constate que la veille, dans la soirée, un bang supersonique
particulièrement violent avait été entendu par tous les habitants du village... » « Le
tribunal a relevé que l’effondrement du mur s’était produit aussitôt après que
plusieurs bangs imputables à un appareil dont l’État français était responsable
s’étaient fait entendre. »
Syntagmes
ö BRUIT.
453
Le substantif bannissement désigne donc trois choses : c’est l’action de bannir (on
l’a vu dans la citation précédente), le résultat de cette action (« Le bannissement
emporte la dégradation civique. ») et la durée du bannissement (« Le bannissement
sera de dix ans. ») Bannissement temporaire, perpétuel. Bannissement à temps ou
à vie. Bannissement prononcé, proclamé contre qqn. Infraction à la sentence de
bannissement. Être puni du bannissement.
Canada. L’extradition ne vise pas à porter atteinte à ce droit, elle est de nature
temporaire et n’a aucune incidence sur la citoyenneté. Elle existe dans notre pays
depuis plus d’un siècle. »
ö BAN.
ö DÉPORTATION.
ö EXIL.
ö EXPATRIATION.
ö EXPULSION.
ö EXTRADITION.
ö PROHIBITION.
ö PROSCRIPTION.
455
Pour le juriste québécois, la faillite peut être l’état du commerçant qui a cessé ses
paiements (droit civil québécois) ou l’état d’une personne déclarée faillie en vertu
de la loi fédérale sur la faillite.
Le verbe faillir est très rarement employé dans le sens de faire faillite. Déclarer
faillite. Devenir en faillite. Se mettre en faillite; mettre quelqu’un en faillite. « Le
débiteur a été déclaré en état de faillite. »
Syntagmes
Acte de faillite.
Actif, patrimoine de la faillite.
Administration de la faillite.
Année d’imposition préfaillite.
Avis de faillite.
Cas de faillite.
Cession de faillite.
Contribuable en faillite.
Créancier de la faillite.
Déclaration de faillite, déclaration postfaillite.
Déclaration de revenus préfaillite.
Documents de faillite.
État de faillite.
Législation, loi sur la faillite.
Mise en faillite (d’un débiteur).
Personne en faillite.
Procédure de (la) faillite, processus de faillite.
Remboursement postfaillite.
Requête de faillite.
Surintendant des faillites.
Syndic de faillite.
Système de faillite.
ö INSOLVABILITÉ.
457
Les mots baptistaire et baptistère sont des homonymes. Baptistaire désigne un acte
de baptême ou, plus rarement, le registre dans lequel sont inscrits les baptêmes. Il
est parfois employé comme adjectif au sens de qui constate le baptême (un extrait
baptistaire). Le Code criminel du Canada prévoit que la personne qui détruit,
maquille ou détériore illégalement un registre de baptême est coupable d’un acte
criminel et passible d’un emprisonnement maximal de cinq ans.
Le baptistère est un petit édifice qui est élevé près d’une cathédrale et qui sert à
l’administration du baptême. Par extension, il désigne la chapelle des fonts
baptismaux. Attention à l’orthographe (fonts et non [fonds]) et au sens de
l’expression fonts baptismaux. Le mot fonts désigne le bassin destiné à l’eau du
baptême.
Le nom de baptême est le prénom que reçoit celui ou celle qui est baptisé.
Le baptême de l’air, appelé désormais vol d’initiation, est offert par certaines
entreprises aéronautiques contre rémunération. Il a alors le caractère du contrat de
458
BARATERIE.
3) Le terme est attesté depuis le 14e siècle. Baraterie (ou sa variante barterie)
avait alors le sens de tromperie. Jusqu’à la fin du 17e siècle, les dérivés du mot
étaient en usage dans la langue de la procédure ou du palais. Étymologiquement,
un groupe de termes se rattachait à l’italien “barrataria” (fraude) et un autre groupe,
à l’italien “baretta” (chicane) : barat (tromperie, ruse, fourberie), barate
(confusion, agitation, embarras, ruse), baratement (fraude, tromperie), barateor et
le féminin barateresse (trompeur, fraudeur, fripon, chicaneur), barateus (trompeur,
frauduleux), barateusement et barateressement (frauduleusement, par fraude, en
trompant) et barater (tromper, frauder, chicaner, décevoir). Ces termes
correspondaient en anglais, selon leur étymologie, soit au crime de “baratry” (acte
fraduleux commis par le capitaine d’un navire), soit à l’infraction de “barretry”
(abus des contestations et des chicanes). Ainsi, l’étymologie du mot dégage deux
sens : le premier, celui de fraude, le deuxième, celui de chicane.
Cela dit, le terme est archaïsant en France. Le Code de commerce en son article 353
employait encore récemment le terme : « L’assureur n’est point tenu des
prévarications et fautes du capitaine et de l’équipage, connues sous le nom de
baraterie de patron, s’il n’y a convention contraire. » Aujourd’hui, on parle plutôt
de la faute du capitaine.
Au Canada, le terme est conservé, car le délaisser serait perdre une nuance utile.
Les prévarications sont des actes de détérioration volontaire du navire ou de sa
cargaison par le capitaine fraudeur aux dépens des assureurs, de l’armateur ou des
chargeurs (baraterie du patron, baraterie du capitaine, en anglais “barratry of the
master”). Mais la baraterie s’étend également aux actes commis par les membres de
l’équipage, lorsqu’ils sont les préposés du capitaine, ou conjointement par le
capitaine et son équipage, le plus souvent en vue de toucher la prime d’assurance
(baraterie de l’équipage). « La baraterie est tout acte de prévarication volontaire
du maître ou de l’équipage qui cause une perte aux propriétaires ou aux
affréteurs. »
Pour qu’il y ait baraterie, deux éléments doivent être présents : (1) une intention
malveillante (peu importe les mobiles de l’acte) ou une faute volontaire du
capitaine ou de ses préposés et (2) l’acte doit être commis contre les intérêts de
l’armateur. Auteur d’un acte de baraterie. Être coupable de baraterie. Perte du fait
de la baraterie. « Le marin s’est rendu coupable de baraterie. »
460
Dans les lois canadiennes sur l’assurance maritime, la baraterie est assimilée aux
périls de mer : « Une déviation ou un retard dans la poursuite du voyage indiqué
dans la police est excusable... lorsqu’ils sont dus à la baraterie du capitaine ou de
l’équipage, si la baraterie est l’une des fortunes couvertes. »
Cette notion de fréquence de l’acte explique que l’on parlait de “common barratry”,
pratique consistant à appuyer indûment une partie à intenter une ou des actions en
justice dans le but de partager les fruits du jugement.
ö ASSAUT.
ö CHAMPARTIE.
ö CHICANE.
ö CONCUSSION.
ö SUBORNATION.
461
ö VÉNAL.
ö VOIE DE FAIT.
BARBARIE.
Le barbarisme est une faute de vocabulaire; l’emploi est jugé fautif au regard de la
forme ou du sens du mot (barbarisme de mot). Ainsi le mot forgé, déformé sous
l’influence d’une autre langue (ici l’anglais et le latin) ou par l’effet de la
méconnaissance du langage du droit ou de l’histoire du droit, ou de l’ignorance de
la forme correcte, ainsi que l’incorrection, l’impropriété et même le mot mal
prononcé (barbarisme de prononciation) seront, à des degrés divers, des
barbarismes : [dilemne] au lieu de dilemme, [pécunière] au lieu de pécuniaire,
[rénumérer] au lieu de rémunérer. Faire un barbarisme sera donc employer un mot
qui n’existe pas, donner à un mot un sens qu’il n’a pas, employer erronément une
conjugaison ou une déclinaison, recourir de façon irréfléchie à certains dérivés non
admis par l’usage ou construire un mot à l’aide d’un préfixe ou d’un suffixe
incorrect.
Il y a lieu de distinguer le barbarisme du pataquès, qui est l’emploi d’un mot, d’un
auxiliaire, pour un autre mot ou un autre auxiliaire qui lui ressemble : [lors de
l’audition] au lieu de lors de l’audience, [acceptation d’un mot] au lieu d’acception
d’un mot, [sans exception de personne] au lieu de sans acception de personne,
[carambolage] au lieu de carambouillage, en droit commercial. Voir PATAQUÈS.
Le solécisme est une faute contre la syntaxe ou l’ordre des mots dans la phrase :
l’emploi incorrect d’une préposition, d’une conjonction, d’un pronom relatif sera
dénoncé comme faute de construction ou solécisme ([Il en a appelé de la décision]
au lieu de Il a appelé de la décision; [connaître une affaire] au lieu de connaître
d’une affaire).
462
Les exemples de barbarismes et de solécismes sont, hélas, très nombreux dans nos
textes juridiques. Les fautes les plus pernicieuses se trouvent sous les meilleures
plumes et dans les textes officiels. Puisque les personnes qui les commettent en
sont inconscientes, elles ne pourraient pas les trouver dans notre ouvrage à leur
ordre alphabétique. Aussi devons-nous les regrouper dans une liste, au demeurant
fort incomplète, dont la consultation permettra à chacun de s’assurer qu’il ne
pourrait être l’auteur de ces expressions vicieuses.
[Abornage] Abornement
[Acheter de] qqn; [acheter] un billet, un permis; Acheter à, chez, auprès de;
[acheter] une assurance prendre; souscrire
[Par acquis] de conscience; tenir [pour acquit] Par acquit; pour acquis
[Addendum] Addenda
[Addresse] Adresse
... [ce qui va advenir de] lui, [ce qui [adviendra ... ce qu’il va advenir de lui, ce
de] lui qu’il adviendra de lui
[A forciori] A fortiori
Ils [ont l’alternative de] ne pas poursuivre ont le choix, peuvent choisir de
[Appellant] Appelant
[Arhes] Arrhes
466
Des [ayant causes], des [ayant droits] ayants cause, ayants droit
Être [sur le banc]; monter [sur le banc]; jugement Être magistrat, siéger au
rendu [sur le banc] tribunal; accéder à la
magistrature, être nommé juge;
sur le siège, sans délibéré
En sa [capacité] de qualité
La [chartepartie] charte-partie
[Coercion] Coercition
Il [connait] connaît
La [contreverse] controverse
[Créditeur] Créancier
[Démotion] Rétrogradation
[Dilligence] Diligence
[Il a le] droit au bénéfice; [il a] droit de] Il a droit au; il a le droit de
bénéficier
[Dû] à un fâcheux accident; [dû au fait que] Par suite de, à cause de, en
raison de; du fait que
[Dûement] Dûment
[Ect.] Etc.
Un [émoluement] émolument
[En] statuant comme elle l’a fait, [je] En statuant ..., la Cour a, selon
suis d’avis que moi ...
Il [envoira] enverra
[Une] escompte Un
Loi [en force]; [avoir force de] contrat en vigueur; tenir lieu de
[Opposant] Adversaire
[En bon ordre]; être [en ordre]; être En bon état; en règle; déroger
[hors d’ordre]; [soulever un point au règlement, non recevable,
d’ordre]; [par ordre de la Cour] irrecevable, antiréglementaire,
irrégulier; invoquer le
règlement, faire appel, en
appeler au règlement; par
autorité de justice
[Parrainnage] Parrainage
[Payment] Paiement
[Pécunier] Pécuniaire
[Pénitenciaire] Pénitentiaire
[Plannification] Planification
[Possiblement] Peut-être
[Pyromaniaque] Pyromane
[Régistre] Registre
[Rénumération] Rémunération
[Séniorité] Ancienneté
[Sequestre] Séquestre
Ad [solemnitem] solemnitatem
Siéger [sur le] comité; [être sur le] au; être membre du, faire
jury partie du
un [voteur] votant
[Vue] la Loi Vu
ö PATAQUÈS.
ö SOLÉCISME.
BARÈME.
1) Attention à l’orthographe de ce mot, qui s’écrit avec un accent grave (et non
un accent circonflexe) sur le premier e et avec un seul r, même si le mot vient du
nom du mathématicien François Barrême.
Dans un sens plus particulier, le terme désigne une table ou un répertoire de prix
fixés, de droits à acquitter, de salaires à recevoir. Dans la rémunération du travail
par exemple, le tableau qui indique les taux de salaire en ordre croissant est le
barème des salaires. On l’appelle également échelle des salaires ou de
rémunération, échelle salariale, grille ou tarif de rémunération, et non [cédule des
salaires], “wage” ou “salary schedule” en anglais. « Établir des barèmes indiquant
les tarifs de la rémunération ou des allocations payables; ces barèmes peuvent
prévoir un tarif quotidien ou une échelle d’honoraires, ainsi que des indemnités
pour frais. » Barème ou tarif admis établissant ou prévoyant les montants qui
peuvent être appliqués par un titulaire pour tout service. Barème des traitements,
de paiement. Barème de consommation. Barème du prix des légumes. Fixation
d’un barème indicatif. Barème d’indemnisation. « Le président et les autres
administrateurs n’ont droit à aucune autre rémunération, mais peuvent être
indemnisés, selon le barème fixé par règlement administratif du conseil, des frais
de déplacement et de séjour entraînés par l’accomplissement des fonctions qui leur
sont confiées en application de la présente loi. » Barème d’application. « La
Commission fixe par ordonnance un barème d’application pour le calcul de la
somme forfaitaire. »
Ainsi, on commet une erreur lorsqu’on parle du [barème des peines] applicable à
une série de crimes déterminés. Il faut alors parler de l’éventail des peines ou
employer une tournure différente. « La durée des peines prévue pour ce crime
varie de trois à cinq ans. »
Syntagmes
Barème annuel.
Barème applicable aux contributions.
Barème de référence.
Barème de rémunération.
Barème des dividendes. Variations des barèmes de dividendes. Déclaration de
dividendes faite conformément au barème en vigueur.
Barème des droits exigibles.
Barème des prix, des salaires.
Barème des taux de fret.
Barème d’imposition, barème de base.
Barème national fixé.
Appliquer le barème.
Consulter le barème.
Établir, fixer, mettre en place un barème.
ö ÉCHELLE.
ö TARIF.
BARON, BARONNE.
ö LORD.
ö VICOMTE.
BARRAGE. BARRER.
2) Barrage s’emploie dans nos lois au sens d’installation (par exemple les
ouvrages hydrauliques érigés sous l’autorité d’une loi) ou d’obstacle (par exemple
l’utilisation de barrages pour prendre du poisson). En ce dernier sens, le Code
criminel du Canada prévoit que quiconque met volontairement le feu à un barrage
flottant est coupable d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal
de quatorze ans.
3) Au sens de biffer, rayer, raturer, barrer signifie annuler d’un trait de plume.
Barrer un mot dans un texte, un nom sur une liste. Barrer une clause dans une
convention, c’est la supprimer, d’un trait oblique par exemple. Voir les emplois du
synonyme biffer à l’article BIFFAGE. Voir également RADIATION pour la distinction
à faire entre radier et rayer.
Les locutions faire barrage à et faire obstacle à sont synonymes; elles signifient
empêcher d’agir. « Le législateur a voulu, là encore, faire barrage au danger des
motivations de style. »
ö BARREMENT.
ö BIFFAGE.
ö RADIATION.
BARRE.
1) Au sens concret et par extension, une barre est un obstacle naturel formé
d’un amas de sable, de roches, de bois, de terre et autres matières constituant une
barrière naturelle nécessaire à l’existence d’un port public ou une protection
naturelle à l’embouchure d’un fleuve. Échouement sur une barre. Le Code criminel
du Canada dispose que l’enlèvement volontaire d’une barre naturelle sans
permission est un acte criminel et rend son auteur passible d’un emprisonnement
maximal de deux ans.
On dit la barre des témoins, et non la [barre aux témoins] ou la [barre de témoin].
« On ne peut demander à un accusé, encore moins le contraindre, de venir à la
barre des témoins ou de répondre à des questions incriminantes. S’il choisit de
témoigner, il perd évidemment cette protection. » Cette barre n’existe que dans la
procédure française. En common law, le terme serait plus imagé que technique.
500
La barre est la forme métonymique du terme barre des témoins. Déclaration faite à
la barre. Comportement du témoin à la barre. Conduite immédiate à la barre ou
présentation à la barre (procédure de l’instruction préparatoire). « À la barre, il ne
se souvenait plus s’il avait demandé à parler à l’appelant. » « Les techniciens se
sont affrontés à la barre dans des discussions aigres-douces qui déconsidéraient
les experts officiels aux yeux du public et, avec eux, la justice pénale qui fonde ses
décisions sur leur avis. »
5) Il faut éviter d’employer les anglicismes [boîte des témoins] (“witness box”,
“stand” ou “witness chair”) à la place de barre des témoins et [prendre la barre] au
lieu de venir à la barre ou se présenter à la barre. « Lorsqu’un défendeur se
présente à la barre, sa réputation l’accompagne. » Voir BOÎTE.
Intercaler une mention dans les barres. Nom du banquier mentionné entre les
barres. (Voir BARREMENT)
Syntagmes
Barre du tribunal.
ö BARREAU.
ö BARREMENT.
ö BOÎTE.
BARREAU.
pluriel. « L’objet des droits de plaidoirie est de financer la Caisse nationale des
barreaux français. »
Syntagmes
Appartenance au barreau.
Avocat inscrit au barreau.
Cours du barreau.
École de droit reconnue par le barreau. École du barreau.
L’éloquence du barreau.
Radiation du barreau.
ö BARRE.
ö BÂTONNAT.
ö ORDRE.
ö PRÉTOIRE.
1) Barrer un chèque, c’est y tracer deux traits parallèles en diagonale afin qu’il
ne puisse être encaissé que par l’intermédiaire d’une banque ou d’un établissement
de crédit. Les barres parallèles sont apposées au recto, et non au verso. Cette
apposition a pour fin essentielle d’empêcher l’encaissement du chèque par un
porteur illégitime.
Le barrement (et non le [barrage]) du chèque est l’action de le barrer. C’est une
instruction donnée à la banque de payer le montant du chèque soit à une banque
quelconque, soit à une banque désignée; une fois l’opération accomplie, le but du
barrement a été entièrement atteint.
La Loi sur les lettres de change (Canada) établit deux modes de barrement : le
barrement général et le barrement spécial. Est à barrement général le chèque dont le
504
recto est traversé obliquement par deux lignes parallèles comportant entre elles la
mention banque, accompagnée ou non des mots non négociable ou de deux lignes
parallèles, simplement ou avec les mots non négociable, tandis qu’est à barrement
spécial et au nom d’une banque le chèque qui porte en travers de son recto le nom
de cette banque, accompagné ou non des mots non négociable.
Le débarrement est la suppression des barres d’un chèque barré ou encore le fait de
changer un chèque barré en chèque non barré.
Syntagmes
Barrement autorisé.
Barrement émanant du tireur ou du porteur.
Barrement en blanc.
Barrement nominatif.
Barrement oblitéré.
Barrement par oblitération ou addition.
BARRIÈRE.
Cette barrière peut être une condition, une exigence ou une limite faisant entrave à
l’exercice d’un droit ou d’une liberté : « Les droits garantis par la Charte érigent
autour de chaque individu, pour parler métaphoriquement, une barrière invisible
que l’État ne sera pas autorisé à franchir. Le rôle des tribunaux consiste à
délimiter, petit à petit, les dimensions de cette barrière. »
506
3) Dans le droit des biens, le mot désigne toute entrave matérielle à l’accès d’un
immeuble; par exemple, la barrière est ce qui empêche l’occupant d’une terre
aboutissant à un chemin public ou à un cours d’eau d’y avoir libre accès ou d’avoir
accès à son immeuble à partir du chemin ou du cours d’eau. L’expression barrières
contre la mer se dit du cas où l’occupant d’une terre s’expose à ce qu’une
injonction lancée à la requête du ministère public lui interdise d’enlever une
barrière qui protège une autre terre contre l’invasion de la mer.
Toute entrave au commerce, sous quelque forme qu’elle soit, est une barrière :
barrières douanières, barrières tarifaires, non tarifaires (au commerce
international), barrières interprovinciales au commerce, barrières fiscales,
barrières commerciales : « Les États membres entendent contribuer à la réduction
des barrières douanières. » « Il y aurait lieu de remplacer l’article 121 de la
Constitution de 1867 par une nouvelle disposition empêchant l’érection de
barrières au commerce interprovincial. » Barrière économique, barrière
contingentaire (“quota barrier” en anglais).
importations. Elles sont appliquées afin de protéger les industries locales contre la
concurrence créée par les importations et comprennent les quotas à l’importation,
les avantages fiscaux pour les industries touchées par cette concurrence, les frais de
douane et l’application de normes de santé ou de sécurité trop sévères.
Syntagmes
Dresser, élever, ériger, établir, interposer, mettre une barrière entre deux choses.
Être arrêté par une barrière.
Franchir, rompre les barrières.
Opposer une barrière à, contre qqch.
ö BARRE.
BASCULER.
Pour exprimer l’idée qu’une chose passe brusquement d’un état à un autre de façon
irréversible, l’emploi du verbe basculer permet de créer une image évocatrice qui
508
donne au style du relief et du nerf. On trouve surtout le verbe dans la locution faire
basculer. L’action peut être dirigée contre autrui ou vers soi : le sens est alors faire
pencher. « Ces derniers éléments de preuve, non contredits, ont fait nettement
basculer la balance contre la thèse avancée par la défense. » « À aucun moment
l’avocat n’a paru capable de faire basculer à son avantage la thèse de son
adversaire. »
ö BALANCE.
3) Base au figuré n’est pas fautif, mais on l’utilise trop par contagion avec
l’anglais. Si possible, remplacer le mot, lorsqu’il fait partie d’une expression, par
un seul mot (sur une base annuelle = annuellement) ou pour varier le style, utiliser
509
plutôt l’un des nombreux quasi-synonymes suivants : appui, assiette, assise, centre,
clé de voute, condition, fond, fondement, origine, pierre angulaire, pivot, point
d’appui, point de départ, principe, règle, siège, source, soutien, support.
4) Dans le vocabulaire politique, la base est l’ensemble des militants d’un parti,
d’un syndicat. Consulter la base.
SOMMAIRE
BASE. BASER.
I. BASE
1. Substantif
a) premier sens
b) deuxième sens
(i) sens usuel
(ii) sens économique
6. Locutions
a) À base de
b) À la base
c) À la base de
d) Par la base
e) Sur la base de
(i) sens usuel
(ii) sens économique
f) Sur une base (suivi d’un adjectif ou d’un substantif)
(i) sens usuel
(ii) sens économique
7. Locutions verbales
a) Servir de base
(i) sens usuel
(ii) sens économique
b) Jeter les bases
II. BASER
******
511
I. BASE
1. Substantif
b) premier sens : ensemble des éléments, principes, règles sur lesquels repose
quelque chose
b) deuxième sens : point de départ pour l’examen d’une question, la prise d’une
décision
« Le juge n’a pas vérifié que ces inculpations trouvent dans la loi et dans les
faits une base suffisante. » (= un soutien)
« Des précisions doivent être fournies sur cet appel principal, base de
l’appel incident. » (= fondement)
« Les auteurs ont arrêté les bases de l’ouvrage. » (= le corpus, les sources)
512
a) sens usuel
b) sens économique
a) sens usuel
« Sur quelle base juridique peut-il intenter une action contre lui? »
(= fondement)
« Tous les règlements intervenus entre eux se faisaient sur une base
multilatérale. » (= rapports)
b) sens économique
« Cette idée que la propriété est une institution de droit civil donnerait une
base bien fragile au droit de propriété. »
515
« C’est d’un commun accord qu’ils ont établi les bases des futures
négociations. »
h) Jeter les bases. Ex. : Jeter les bases solides d’une formation organisée. (Voir
Locutions verbales, 7b) ci-après)
l) Autres verbes
Au sens usuel, la base est souvent le point de départ de quelque chose (« Ligne de
base désigne ce qui sert de point de départ pour le calcul de l’étendue d’un
territoire. »), ce qui est essentiel (services de base), le plus important ou
fondamental (vocabulaire de base), élémentaire (principe de base), principal (« Il
faut décrire le contexte de base. » « Mes remarques préliminaires s’appuient sur
les données de base de la loi. »); au sens économique, de base signifie par rapport
à (« Le salaire, traitement ou taux de base est le salaire que reçoit un employé par
rapport à un taux horaire déterminé. ») ou qui sert de référence (année, taux,
période de base).
a) sens usuel
b) sens économique
6. Locutions
a) À base de
b) À la base
c) À la base de
« À la base du droit d’auteur figure le droit moral, lequel fait partie des
droits de la personnalité. »
518
d) Par la base
e) Sur la base de
« C’est sur la base de ces principes que sont prévus les recours possibles en
cas de violation des droits fondamentaux prévus dans la Charte. » (= en
fonction de)
519
« C’est sur la base du titre translatif que doivent être réglés les rapports du
défendeur avec le revendiquant. » (= en se reportant.)
« On s’attend à ce que dans un code appuyé sur des principes, le choix des
groupes à protéger se fasse sur la même base. » (= en tenant compte de la
même règle)
« La nullité des clauses aurait été mieux fondée si la Cour s’était bornée à
raisonner sur la base de la théorie générale des obligations. » (= en
s’appuyant sur)
520
« Le contrôle des recettes s’effectue sur la base des constatations comme des
versements des recettes à la Communauté. » (= par référence à)
« Tous ces procès lui ont rapporté, sur la base de mille dollars en moyenne
chacun, une petite fortune. » (= en comptant)
« Les employés sont payés sur la base de trente-cinq heures par semaine. »
(= à raison de)
« Il ne m’appartient pas de dire si, sur cette base, l’affaire est bien
décidée. » (= pour ces motifs)
521
7. Locutions verbales
a) Servir de base
II. BASER
Le verbe baser n’est usité qu’au figuré. S’emploie au sens de faire reposer sur,
fonder, appuyer.
« Cette constatation ne prend pas appui sur la preuve et les procureurs de l’intimé
se sont d’ailleurs bien gardés de baser leur argumentation là-dessus. » (= fonder)
« Cette distinction est difficile à justifier et est basée uniquement sur l’ancienne
version. » (= s’appuie)
2. Forme pronominale
Dans la rhétorique judiciaire, ces mots s’emploient surtout pour rendre, dans le
contexte des garanties constitutionnelles et des droits reconnus dans la Charte
canadienne des droits et libertés, l’idée d’une entité abstraite qui assure la
sauvegarde d’une valeur; c’est une barrière invisible érigée autour de chaque
individu et que l’État ou quiconque n’est pas autorisé à franchir. Le rôle des
tribunaux à cet égard est de limiter les dimensions de cette barrière. C’est
notamment dans ce contexte que sont utilisés métaphoriquement des termes comme
bastion, palladium et rempart.
Le rempart est construit pour assurer une protection contre les menaces à
l’inviolabilité de la personne, de la vie privée et des libertés individuelles :
« Depuis des siècles, la common law a été le fer de lance de la protection des
libertés individuelles. Les doctrines de l’inviolabilité de la personne et du domicile
ont peu à peu été érigées en remparts contre les abus du pouvoir de l’État. » Il
assure la défense de la liberté sous toutes ses formes. Sous cet angle, une institution
comme le jury est considérée comme le rempart des libertés individuelles : « Le
jury peut servir de dernier rempart contre les lois oppressives ou leur
application. »
ö CHÂTEAU.
ö GARANTIE.
526
Ces cinq termes comportent certaines différences de sens et d’emploi qu’il convient
de souligner.
construction; c’est un terme technique qui désigne tout bâtiment ou travail d’art
construit par assemblages de matériaux incorporés au sol, ou, d’après la définition
de Planiol, « tout assemblage de matériaux consolidés à demeure, soit à la surface
du sol, soit à l’intérieur ». Pour un complément d’information, voir ÉDIFICE.
7) Immeuble est un terme générique qui désigne tout bâtiment urbain divisé en
appartements pour particuliers ou aménagé en bureaux. « Elle habite un immeuble
d’habitation. » « Cet immeuble compte deux cabinets d’avocats, un cordonnier et
un cabinet d’experts comptables. » Immeuble à usage de bureaux, immeuble
commercial, résidentiel.
Syntagmes
Accès à un bâtiment.
Aires d’un bâtiment.
Charges d’un bâtiment.
Classification des bâtiments ou parties de bâtiments.
Composants du bâtiment.
Conception, modification du bâtiment.
Construction, démolition, déplacement, enlèvement, reconstruction, réfection,
transformation du bâtiment.
Dimensions du bâtiment.
Éléments (permanents, structuraux) d’un bâtiment.
Élévation d’un bâtiment.
528
ö CONSTRUCTION.
ö ÉDIFICE.
ö IMMEUBLE.
ö OUVRAGE.
ö STRUCTURE.
BÂTONNAT.
ö BARREAU.
BATTOLOGIE. PLÉONASME.
La battologie est la répétition inutile d’une même idée. Le terme est vieilli selon
l’Académie. Ce qui la distingue de ces formes de la redondance que sont la
tautologie, la périssologie et le pléonasme vicieux est que la répétition de l’idée est
529
absurde ou ridicule et que la figure est toujours péjorative. La battologie fait railler
(« Le témoin oculaire a tout vu », « Le cadavre était bien mort », « L’accusé assis
s’est levé »...), tandis que le pléonasme fait sourire [comme par exemple] [ainsi
donc], [ce qui entraîne, par conséquent]. » Le juge juge, le président préside, une
construction construite, une borne qui borne le terrain, prouver, sur preuve
prépondérante.
Il n’est pas toujours facile de faire cette différence. Mimin a relevé des exemples de
battologie (aux dires de ses propres déclarations, dans l’intention de nuire et dans
un mauvais dessein), mais parmi eux un grand nombre sont de simples pléonasmes
(Il résulte qu’il est constant que; demande suffisamment justifiée; préciser
nettement; dans un litige où il était partie en cause; devoirs et obligations; tenir
compte de l’ambiance et de l’atmosphère; librement et volontairement; parvenir à
obtenir.
Puisque le pléonasme n’est pas seulement une figure vicieuse, mais qu’il est
également un procédé de style réservé aux grands écrivains selon bon nombre
d’auteurs, c’est à l’article PLÉONASME que seront traités les emplois répétitifs du
langage du droit.
ö BARBARISME.
ö CACOLOGIE.
ö PLÉONASME.
ö SOLÉCISME.
BATTRE.
Au sens propre, le verbe battre signifie frapper de projectiles (battre les positions
ennemies). Au figuré, cet emploi se trouve attesté dans la documentation par des
tournures telles : « La défense commença à battre les prétentions de l’adversaire. »
locution a surtout le sens de combattre avec succès (battre en brèche les idées
reçues). Si on veut décrire la force de l’argumentation utilisée pour démolir une
doctrine, une théorie, une thèse ou une affirmation de l’adversaire, on se servira
avec profit de cette locution. Battre un argument en brèche, ce sera l’attaquer et le
détruire. « L’avocate a déposé suffisamment de jurisprudence pour battre en
brèche le bien-fondé d’une coutume qui ne saurait avoir de validité à l’encontre
des dispositions claires du Code civil sur la responsabilité du mandataire. »
ö BAGARRE.
ö COMBAT.
ö LUTTE.
BEAU-.
2) On distingue dans l’alliance les mêmes lignes et les mêmes degrés que dans
la parenté. Les alliés sont désignés en faisant suivre de l’expression par alliance
l’indication du degré de parenté. Pour les alliés les plus proches, beau précède
l’indication de la parenté : beau-fils, beau-père. Dans le langage courant, ces
termes désignent respectivement l’enfant du premier mariage et le second mari de
la mère; de même les expressions correspondantes belle-fille et belle-mère. Pour
dénommer le beau-fils et la belle-fille, deux désignations sont propres aux alliés :
gendre et bru.
La liste qui suit présente les mots composés et leurs emplois selon le point de vue
de la désignation.
Pour le père et la mère, le mari d’une fille. L’emploi de beau-fils pour gendre est
rare.
Pour un conjoint, le frère de l’autre conjoint. Pour le frère et la soeur, le mari d’une
soeur. Plus rarement et par extension, le mari d’une belle-soeur.
Pour un conjoint, le père de l’autre conjoint. Pour le fils et la fille, celui avec lequel
la mère s’est remariée.
Pour un conjoint, la fille que l’autre conjoint a eue d’un précédent mariage.
532
Pour un conjoint, la mère de l’autre conjoint. Pour les enfants d’un premier
mariage, la seconde femme de leur père.
ö CONSANGUIN.
ö DEGRÉ.
ö DEMI-.
ö DESCENDANCE.
ö GÉNÉALOGIE.
ö GERMAIN.
ö HÉRÉDITÉ.
ö LIGNAGE.
ö PARENT.
ö UTÉRIN.
ö BELLIQUEUX.
BELLIQUEUX, EUSE.
des choses. Air, caractère, esprit, instinct belliqueux, ardeur, déclaration, humeur
belliqueuse.
Il n’est pas incorrect de dire : « L’avocat de la défense s’est montré très belliqueux
dans sa plaidoirie », mais pour varier l’expression, on peut fort bien parler d’un
avocat batailleur, agressif ou même hostile. D’une rencontre ou d’une réunion
violente, houleuse entre des parties, on dira d’une autre manière que, loin d’avoir
été pacifique ou paisible, elle était belliqueuse.
ö BELLIGÉRANCE.
BÉNÉFICE.
1) Le terme bénéfice ne s’emploie pas dans le même sens et dans les mêmes
contextes que le terme avantage. Ce dernier évoque la supériorité d’une chose ou
d’une personne par rapport à une autre, tandis que le terme bénéfice s’entend, dans
le langage juridique, d’un droit, d’une prérogative, d’une faveur, voire d’un
privilège que la loi accorde à quelqu’un. « Le bénéfice juridique recherché était la
propriété de l’immeuble. » Enlever à quelqu’un le bénéfice de quelque chose. « La
décision rendue est venue enlever à l’intéressé le bénéfice de l’amnistie. »
Conserver le bénéfice (de la libéralité). Maintenir le bénéfice (du système de
publicité). Réclamer le bénéfice (d’une assurance). S’assurer le bénéfice (du retour
légal).
Le bénéfice de division est le droit accordé aux cautions d’un débiteur pour une
même dette d’exiger que le créancier divise son action et la réduise à la part de
chaque caution. « Le bénéfice de division peut être invoqué en tout état de cause. »
« L’article 1946 du Code civil du Québec ne distingue pas si le bénéfice de
division doit profiter aux cautions de dettes civiles ou commerciales. » Mise en
oeuvre du bénéfice de division. Opposer à qqn le bénéfice de division.
5) [Pour le bénéfice de] est un calque de l’anglais “for the benefit of”. En
français, on organise une collecte de fonds au bénéfice de(s) ou au profit de(s)
personnes handicapées (et non [pour le bénéfice des] personnes handicapées); on
agit au bénéfice général d’autrui; on communique un avis public à l’intention de la
population.
Syntagmes
ö BÉNÉFICIAIRE.
ö DISCUSSION.
ö INVENTAIRE.
ö PROFIT.
BÉNÉFICIAIRE.
1) Le bénéficiaire est celui qui jouit d’un droit, d’un avantage, d’un privilège
ou d’une faveur quelconque. Bénéficiaire d’une rente, d’une pension de retraite,
d’une assurance-vie. Le mot peut être employé comme substantif ou comme
adjectif. Être le bénéficiaire d’un jugement, d’une mesure de protection, d’une
pension alimentaire. Acceptation bénéficiaire. Héritier bénéficiaire. Solde
bénéficiaire. Les parties bénéficiaires.
4) On peut être titulaire d’un droit à titre de bénéficiaire des biens de qqn ou à
titre de bénéficiaire dans les biens de qqn; ces deux expressions ne sont pas
synonymes. Être bénéficiaire des biens signifie être bénéficiaire de tous les biens et
être bénéficiaire dans les biens est plus restrictif.
ö AYANT CAUSE.
ö BÉNÉFICE.
ö DESTINATAIRE.
ö DÉTENTEUR.
ö TITULAIRE.
BÉNÉFICIER. PROFITER.
Bénéficier signifie exclusivement tirer profit de, profiter d’un avantage. Bénéficier
des circonstances atténuantes. Bénéficier de la mansuétude du jury. Bénéficier
d’un procès avec jury. « Les instigateurs ont bénéficié d’une décision de non-
lieu. » « Les héritiers ne bénéficieront plus de ces avantages. Pour les en faire
bénéficier, la Cour s’est servie d’un biais, les stipulations pour autrui. »
5) Un acte bénévole est toujours gratuit. On prendra donc garde d’employer des
tournures qui laissent entendre qu’une personne agit à titre gratuit (pour la
différence entre les locutions à titre gratuit et à titre gracieux, voir GRACIEUX),
alors qu’on veut simplement dire qu’elle consent volontiers à faire quelque chose
pour une autre. Ainsi, au lieu de : « L’avocat agissait [à titre bénévole] » (ce qui
540
laisserait entendre qu’il ne voulait pas se faire payer par son client), on préférera :
« L’avocat agissait à titre d’ami de la cour ou d’amicus curiæ. »
Mimin considère que transporteur bénévole est mal venu pour marquer le cas du
transport à titre gracieux. Bénévole désigne une qualité du transporteur, non
rétribué en désigne une autre. Est bénévole ce qui se fait de bonne grâce; aussi,
c’est le passager qui est bénévole (sauf le cas d’enlèvement), que le transport soit
onéreux ou gracieux. Il ajoute : « Si vous voulez faire entendre que ce passager est
transporté à titre gracieux, sans contrepartie, c’est le voiturier qu’il faut qualifier
de bénévole. »
ö AMICUS CURIÆ.
ö GRACIEUX.
ö VOLONTAIRE.
BESOIN.
2) On sait qu’il ne faut pas dire « Les documents [qu’] il a besoin », mais « Les
documents dont il a besoin » parce que la locution verbale avoir besoin veut un
complément précédé de la préposition de. Puisqu’on a besoin de quelque chose, le
pronom relatif à employer est dont. La difficulté se trouve ailleurs. Lorsque le
complément indirect introduit par de est antécédent, on ne peut employer dont sous
peine de commettre un solécisme ou une faute de syntaxe. On ne dira donc pas
« C’est de ces documents [dont] il a besoin pour sa plaidoirie. », mais « C’est de
ces documents qu’il a besoin pour sa plaidoirie. » « C’est de bonnes lois que nous
avons besoin. »
6) En matière d’aide sociale, il faut éviter le calque besoin [de base] (“basic
requirements“ en anglais); la nourriture, le logement, les vêtements, le combustible,
les services d’utilité publique, les fournitures ménagères et les services répondant
aux besoins personnels font partie de ce que l’on appelle les besoins fondamentaux.
9) Au fur et à mesure des besoins est une formule figée que l’on trouve surtout
dans les dispositions financières : « Sont affectés à l’application de la présente loi,
pour l’exercice se terminant le 31 mars 1993, cent millions de dollars à prélever
sur le Trésor au fur et à mesure des besoins. »
10) Les cooccurrents verbaux les plus courants de besoin sont des transitifs
directs (remplir des besoins) ou indirects (faire face à, répondre à, subvenir à,
pourvoir à des besoins). Satisfaire est transitif et intransitif, mais attention à la
nuance de sens dans chacun de ces cas : satisfaire des besoins signifie simplement
les remplir, les contenter, tandis que satisfaire à des besoins ajoute à cette idée le
sens de réagir efficacement en présence des besoins, la réaction du sujet étant
sentie comme une exigence. « En engageant cette poursuite en justice, il
satisfaisait son besoin de vengeance. » « Il y a lieu de satisfaire aux besoins les
plus immédiats du ministère. »
11) Pour l’emploi de la locution pour valoir partout que de besoin, voir VALOIR.
ö VALOIR.
BESTIAUX. BÉTAIL.
Puisque bétail est un nom collectif, il ne peut s’employer avec l’article un que s’il
est accompagné d’une épithète : un bétail empoisonné.
consultation des dictionnaires généraux pourrait nous amener à conclure à tort que
les deux mots sont synonymes. De plus, le sens du mot bétail dans la langue usuelle
et le sens technique du mot en droit sont, pour le moins, différents.
Dans l’usage courant, bétail désigne les animaux de la ferme, la volaille exceptée.
Nom collectif, il se dit de l’ensemble des bêtes d’élevage que compte une
exploitation agricole. Le bétail se divise en gros bétail (chevaux, ânes, mulets,
vaches, boeufs) et petit bétail (moutons, chèvres, porcs), le terme menu bétail étant
sorti de l’usage.
Contrairement à bétail, le mot bestiaux désigne non pas le genre, mais les
individus. Hanse rappelle que pour désigner individuellement les bestiaux, en doit
dire, au singulier, une bête, et, au pluriel, plusieurs bestiaux ou plusieurs bêtes.
Bestiaux employé seul tend à désigner simplement le gros bétail et cède de plus en
plus la place à bétail, sauf dans des expressions figées comme marché aux
bestiaux, passage à bestiaux ou wagons à bestiaux.
Dans le langage du droit, les définitions législatives de bétail sont extensives, c’est-
à-dire qu’elles ajoutent au sens ordinaire du mot un champ sémantique beaucoup
plus englobant. Ainsi, le législateur canadien a prévu dans la Loi sur les banques
une définition du mot qui permet de tenir compte de tous les cas où les prêts aux
exploitations agricoles pourraient être consentis. Sont donc compris parmi le bétail
les chevaux et autres animaux de la race chevaline, les bovins, ovins et autres
ruminants, les porcs, volailles, et même les abeilles et les animaux à fourrure. Pour
un examen de cette technique de rédaction législative, voir DÉFINITION.
3) Le bétail confié par contrat à quelqu’un pour l’entretenir est le cheptel (voir
ce mot), lequel désigne, par extension, l’ensemble des bestiaux d’une exploitation
agricole importante, d’une région ou d’un pays.
4) Il ne faut pas confondre le bétail errant (celui qui circule au hasard, sans
guide, dans les champs ou sur les chemins) et le bétail transhumant (celui qui
change de pacage, qui va paître en montagne pendant l’été). Bétail qui transhume.
Troupeaux transhumant.
546
Dans le droit des délits en régime de common law, la règle de l’intrusion du bétail
(“cattle-trespass rule” en anglais) gouverne les cas où le propriétaire doit veiller à
ce que ses bêtes ne se trouvent pas sur les terres d’autrui.
7) Dans le bail à cheptel, la remise par une partie à l’autre d’un fonds de bétail
signifie la remise d’un ensemble d’animaux susceptibles de croît ou de profit pour
l’agriculteur : « Le bail à cheptel est un contrat par lequel l’une des parties donne
à l’autre un fonds de bétail pour le garder, le nourrir et le soigner, sous les
conditions convenues entre elles. »
Syntagmes
Bétail de race.
Bétail destiné à la vente pour abattage.
Bétail du propriétaire.
Bétail malade, blessé ou présentant quelque autre anormalité.
Bétail pesé et classé.
Bétail rassemblé en vue de la vente.
Bétail sur pied.
ö CHEPTEL.
ö DÉFINITION.
BI-. BIS-.
Le préfixe bi- se présente aussi sous la forme bis- (bisannuel, bisaïeul). Il signifie
deux ou double et il s’agglutine au deuxième élément lexical (biprofessionnel,
biadmissible, terme bisémique). Règlement binational. Lorsque l’initiale du
deuxième élément est s, il y a, pour certains mots, redoublement de la consonne :
année bissextile, mais pas pour tous : la graphie bissexuel cède le terrain à la
graphie bisexuel.
Cet élément lexical, appelé base, peut former un adjectif (acte bilatéral), un
substantif (bijuridisme) ou un verbe (bifurquer).
biennal : est synonyme de bisannuel; comme substantif, signifie qui a lieu tous les
deux ans (La Biennale agricole), et comme adjectif, qui dure deux ans (programme
biennal);
biquotidien : qui se produit ou qui se fait deux fois par jour (relevé biquotidien;
dépôt biquotidien des formulaires réglementaires);
bisannuel : qui a lieu tous les deux ans (rencontre bisannuelle); qui dure deux ans
(plante bisannuelle).
ö BICENTENAIRE.
ö BIENNAL.
ö BIHEBDOMADAIRE.
ö BIMENSUEL.
ö BISANNUEL.
ö CENTENNAL.
ö DÉCENNAL.
ö QUADRI-.
ö QUINQUENNAL.
ö TRI-.
BIAIS. MOYEN.
L’expression par le biais a suscité un certain débat. Peut-elle s’employer avec une
valeur neutre au sens de moyen d’atteindre un but ou a-t-elle toujours un sens
péjoratif?
Si une partie introduit une procédure par la délivrance d’un avis de requête, la voie
choisie, conforme aux règles de procédure, étant directe, c’est par le moyen d’un
avis de requête et non [par le biais] d’un avis de requête qu’elle le fait. De même,
l’employeur qui entend récompenser un employé méritant peut choisir de le faire
directement, au moyen d’une augmentation de salaire, ou, d’une façon détournée
ou indirecte, par le biais d’une indemnité spéciale. Ainsi, on ne dira pas : « [Par le
biais de] sa demande reconventionnelle, l’appelante demande à la Cour
d’ordonner la radiation des marques précitées. » (On dira plutôt Dans ou Par sa
demande reconventionnelle, ou encore Aux termes de sa demande
reconventionnelle.) On ne dira pas non plus : « Il a obtenu cette somme [par le biais
d’] un prêt », mais au moyen d’un prêt.
La locution peut aussi avoir une valeur neutre, mais elle conserve malgré tout ce
sens de voie directe. Ainsi, dans la phrase « Le droit français admet que la victime
puisse mettre elle-même en mouvement l’action publique par le biais de son action
civile », par le biais de est bien employé puisque la victime met indirectement en
branle l’action publique étant donné que c’est toujours le ministère public qui est
partie principale au procès conformément au Code de procédure pénale français.
« On peut agir, indirectement, par voie d’exception, devant le juge répressif lui-
même; ce biais intéresse très directement le droit criminel. »
3) Les deux exemples qui suivent illustrent, l’un, l’emploi correct, l’autre,
l’emploi incorrect de la locution. Dans le premier, l’opposition de sens est bien
marquée par le rapprochement de la locution et de l’adverbe : « Pour le prestataire,
la voie normale de contester les décisions de la Commission, c’est d’abord l’appel
devant un conseil arbitral, ensuite devant un juge-arbitre, et, de là, devant la Cour
par le biais de l’article 28 de la Loi sur la Cour fédérale, ou directement du
conseil arbitral à la Cour fédérale d’appel. » Au contraire, dans l’exemple qui va
suivre, le rapprochement des deux mots est impropre puisque leur sens est
incompatible. Ce rapprochement incongru produit une figure, appelée diversement
par les linguistes oxymoron, antilogie ou paradoxisme, où la complémentarité
syntaxique (ici verbe + adverbe + locution prépositive) est niée par une antonymie :
551
Pour conclure, retenons que la locution par le biais de au sens de moyen d’atteindre
un but doit être distinguée de la locution par le moyen de.
ö BI-.
552
BICENTENAIRE.
Ce terme, longtemps critiqué (on lui préférait deuxième centenaire), est maintenant
bien établi dans l’usage. Il s’emploie comme substantif et comme adjectif. Comme
substantif, il signifie le deuxième centenaire ou le deux centième anniversaire d’un
événement (le bicentenaire de la Confédération). Comme adjectif, il signifie qui a
deux cents ans. Les mêmes remarques s’appliquent pour tricentenaire.
ö BI-.
BIEN.
1) Le bien, au regard du droit, peut être une chose physique qu’on possède (un
bien corporel, matériel, tangible : ma voiture, par exemple), ce peut être un droit
ou un intérêt dont on est bénéficiaire (un bien incorporel, immatériel, intangible :
un fonds de commerce ou la créance que j’ai sur mon débiteur), ce peut être
également la relation juridique qui s’établit entre le titulaire d’un droit et l’objet sur
lequel s’exerce ce droit (le droit de propriété). Plus généralement, un bien est ce
dont on peut disposer et qui peut nous appartenir.
Comme leur nom l’indique, les biens meubles sont des choses (voir CHOSE)
susceptibles d’être déplacées, les biens immeubles, celles qui ne le peuvent pas. Le
critère de distinction est physique et se trouve dans la possibilité de déplacement.
Tous les biens, tant corporels qu’incorporels, sont soit immeubles (par nature, par
destination ou par l’objet auquel ils s’attachent), soit meubles (par nature ou par
détermination de la loi). Les biens consomptibles se détruisent au premier usage
contrairement aux biens non consomptibles. Les biens fongibles sont déterminés
par leur nombre, leur poids ou leur mesure, ils se consomment par l’usage et sont
interchangeables dans un paiement, tandis que les autres sont non fongibles.
Certains biens sont privés, d’autres ont un caractère public. Le Code civil distingue
les biens qui appartiennent aux particuliers de ceux qui appartiennent à l’État et
553
aux collectivités publiques. Les biens indivis, qu’il ne faut pas confondre avec les
biens indivisibles que sont les biens non partageables en nature, sont la propriété
de plusieurs copropriétaires (à la suite d’une succession, très souvent). Les autres
sont appelés biens divis.
En droit anglais, les biens réels sont l’ensemble des intérêts que l’on possède sur un
bien-fonds (voir ce mot), tandis que les biens personnels s’entendent de toutes
choses (objets ou marchandises). Les biens réels se divisent en deux catégories : les
héritages corporels et les héritages incorporels (voir HÉRITAGE); il en est de même
des biens personnels, qui regroupent les chatels réels (un contrat de bail et les
produits non coupés de la terre, par exemple) et les chatels personnels (les choses
possessoires ou biens tangibles et les choses non possessoires ou biens intangibles
comme un brevet ou un droit d’auteur) : voir CHATEL et CHOSE. En common law,
les biens réels sont ceux qui, autrefois, étaient recouvrables en justice au moyen
d’une action réelle (catégorie qui correspond, en gros, aux biens immobiliers de la
tradition civiliste), et les biens personnels (ou chatels) sont ceux qui étaient
recouvrables au moyen d’une action personnelle (y compris les baux).
3) Langage des biens. Un bien est acquis ou il est aliéné (ou cédé par
aliénation) soit à titre gratuit (par donation ou par legs), soit à titre onéreux (par
cession ou par vente). Le bien est aliéné lorsqu’on s’en départit, par vente,
location, cession ou autrement.
On dit d’un bien qu’il a une qualité juridique (par exemple l’aliénabilité du bien),
il peut faire l’objet d’une opération juridique telle l’aliénation (bien aliénable),
laquelle aura un auteur (l’aliénateur, l’aliénatrice) et un ou une bénéficiaire
(l’aliénataire). Le bien acquerra alors un état (bien aliéné).
Certains biens corporels ont une contenance (en parlant d’un terrain, c’est sa
superficie), mais tous ont une consistance (c’est leur description).
On peut régler le sort des biens de diverses manières. Par exemple on fait
volontairement sortir un bien de son patrimoine au moyen d’un acte de disposition.
Les biens demeurent dans la succession ou passent à la succession. En droit civil,
en parlant de l’apport en communauté, on dit que les biens entrent en communauté
ou qu’ils sont tombés dans la communauté de chacun des conjoints.
Syntagmes
Bien industriel.
Biens instrumentaux.
Bien intermédiaire.
Bien inventorié.
Bien libre (d’hypothèque, de servitude).
Bien légué.
Bien licite, illicite.
Bien liquidé, non liquidé.
Bien litigieux.
Bien maintenu (sous séquestre).
Bien médical.
Bien militaire.
Bien minier.
Bien mixte.
Bien national.
Bien neutre.
Bien oisif.
Bien onéreux.
Bien patrimonial.
Bien périssable, non périssable.
Bien permanent.
Bien pillé, volé.
Bien prélevé.
Bien prescriptible, imprescriptible.
Bien présent.
Bien privatif.
Bien productif, improductif.
Biens propres (du mari, de la femme).
Bien pur, impur.
Bien réquisitionné.
Bien résidentiel, non résidentiel.
Bien séquestré.
Bien sinistré.
Bien social.
Bien spécial.
Bien stérile.
Bien substituable.
557
Bien successoral.
Bien tenant.
Bien transmissible (par héritage).
Bien unique.
Bien vendu (judiciairement).
Bien + de + complément
Bien de l’absent.
Bien d’apport.
Bien d’autrui.
Bien de circulation.
Bien de communauté.
Bien de consommation.
Bien de la Couronne.
Bien du domaine privé, public.
Bien de l’entreprise.
Bien d’équipement.
Bien d’État.
Bien de la famille.
Bien d’héritage, de l’hérédité.
Bien d’investissement.
Bien de mainmorte.
Bien d’une municipalité.
Bien de production.
Bien de remplacement.
Bien de retour.
Bien d’une société.
Bien de la succession.
Bien d’usufruit.
Bien + à + substantif
Bien à l’abandon.
Bien à bail.
558
Bien à charge.
Bien à ferme (héréditaire).
Bien à garde (légale).
Bien + à + infinitif
Bien à sauvegarder.
Bien à venir.
Bien + en + substantif
Bien en fiducie.
Bien en litige.
Bien en nature.
Bien en propriété franche.
Bien en rente.
Bien en tenure franche.
Bien en viager.
Substantif + de + bien
Acceptation du bien.
Achat, acquisition du bien.
Administration, gestion du bien.
Affectation, désaffectation du bien.
Aliénation, disposition (avoir la libre disposition) du bien.
Appréhension des biens.
Appropriation des biens.
Bénéficiaire des (ou dans les) biens (voir BÉNÉFICIAIRE).
559
Verbe + bien
Abandonner un bien.
Acheter, acquérir un bien.
Administrer, gérer un bien.
Affecter un bien (à la garantie d’une dette).
Aliéner un bien, disposer, se départir de ses biens.
Approprier un bien.
Attribuer un bien.
Avoir la propriété d’un bien, posséder un bien.
Cacher, dissimuler un bien.
Céder, concéder un bien.
Confisquer, saisir un bien.
Conserver un bien.
Décrire un bien.
Déférer un bien.
Dégrader, détériorer, endommager un bien.
Délaisser, laisser un bien.
561
ö BÉNÉFICIAIRE.
ö BIEN-FONDS.
ö BONA VACANTIA.
ö CHATEL.
ö CHOSE.
ö DOMAINE.
ö HÉRITAGE.
ö PATRIMOINE.
BIEN-ÊTRE.
Syntagmes
BIENFAISANCE. BIENFAIT.
6) Le bienfait est soit un avantage reçu, dispensé, soit l’action bienfaisante que
procure cet avantage. Perte, par le bénéficiaire d’un terme suspensif, du bienfait de
la prorogation du délai d’exécution.
Syntagmes
ö CHARITABLE.
566
BIEN-FONDÉ. MAL-FONDÉ.
1) Ces deux mots peuvent s’employer comme substantifs (le bien-fondé, le mal-
fondé d’une demande) et comme adjectifs (une prétention bien fondée, mal
fondée). Dans le premier cas, ils prennent un tiret, mais pas dans le second.
Examiner le bien-fondé d’une prétention. « L’action est le droit, pour l’auteur
d’une prétention, d’être entendu sur le fond de celle-ci afin que le juge la dise bien
ou mal fondée. Pour l’adversaire, l’action est le droit de discuter du bien-fondé de
cette prétention. » Rejeter un appel comme mal fondé ou l’accueillir comme bien
fondé. « Le juge estimant cette prétention mal fondée l’a rejetée. » Pour déterminer
s’il s’agit du substantif ou de l’adjectif, il suffit de vérifier si le terme est précédé
de l’article ou de l’adjectif possessif ou démonstratif; si oui, le trait d’union est de
rigueur : le bien-fondé, être bien fondé à suivi de l’infinitif, être jugé mal fondé.
« L’affaire devrait être renvoyée au juge pour qu’il examine le bien-fondé des
moyens que la Cour d’appel a déjà jugés non fondés. » « Chaque affaire doit être
jugée selon son bien-fondé. » Au pluriel, seul le deuxième élément du terme
employé comme substantif prend un s : des bien-fondés.
Syntagmes
Appréciation du bien-fondé.
Attestation du bien-fondé.
Critère du bien-fondé.
Débat sur le bien-fondé.
Évaluation (équitable) du bien-fondé.
Faits établissant le bien-fondé.
Reconnaissance du bien-fondé.
Accepter le bien-fondé.
Analyser le bien-fondé.
Apprécier le bien-fondé.
Conclure au bien-fondé.
Confirmer le bien-fondé.
Considérer (avec diligence) le bien-fondé.
Constater le bien-fondé.
Croire au bien-fondé.
Débattre le bien-fondé.
Décider du bien-fondé.
Démontrer le bien-fondé.
Déterminer le bien-fondé.
Discuter le bien-fondé.
Douter du bien-fondé.
Enquêter sur le bien-fondé.
Établir le bien-fondé. (léger pléonasme)
Examiner le bien-fondé.
Faire valoir le bien-fondé.
Garantir le bien-fondé.
569
ö FOND.
ö FONDÉ.
ö FONDEMENT.
ö LÉGITIMITÉ.
ö MÉRITE.
ö RECEVABILITÉ.
BIEN-FONDS.
Ce mot est formé par l’apposition de deux substantifs : bien (au sens de chose
matérielle) et fonds (au sens d’immeuble). Bien est employé comme substantif et
non comme adverbe préfixe (ce qui n’est pas le cas des mots bien-fondé, bien-être
et bien-jugé, dans lesquels bien est adverbe); c’est pourquoi il s’accorde au pluriel
(un bien-fonds/des biens-fonds).
Bien-fonds s’écrit en deux mots et avec un trait d’union. Le Littré recense aussi la
graphie bienfonds. Compte tenu de la soudure des mots composés que préconisent
le Conseil supérieur de la langue française et l’Académie française dans le cadre de
la réforme de l’orthographe, on peut penser à bon droit que cette graphie pourrait
finir par s’imposer. Plusieurs dictionnaires, dont le Dictionnaire de l’Académie,
affirment que ce mot s’emploie le plus souvent au pluriel. Cette affirmation ne vaut
que pour la langue générale (être riche en biens-fonds; placer sa fortune en biens-
fonds). Dans le langage juridique, le mot s’emploie autant au singulier qu’au
pluriel.
Syntagmes
Vendre un bien-fonds.
Zoner un bien-fonds.
ö BIEN.
ö CHATEL.
ö IMMEUBLE.
ö TERRAIN.
ö TERRE.
BIEN-JUGÉ. MAL-JUGÉ.
BIENNAL, ALE.
S’emploie comme substantif (une biennale) et comme adjectif. Signifie qui a lieu
tous les deux ans (la Biennale de la langue française; exposition biennale), ce qui
dure deux ans (action en responsabilité biennale, garantie biennale, prescription
576
biennale, plan biennal), ce qui est exercé pendant deux ans (charge, fonction,
magistrature biennale) et ce qui s’effectue selon un cycle de deux ans (cycle
budgétaire biennal, révision biennale). « Le droit de timbre est de 1 000 F par
mètre carré ou fraction de mètre carré et par période biennale. »
ö BI-.
ö BISANNUEL.
1) Le verbe qui suit la locution conjonctive bien que doit être conjugué au
subjonctif. « Bien qu’ils se soient réunis à plusieurs reprises, les jurés ne
s’entendent toujours pas sur le verdict à rendre dans ce procès. »
De bons auteurs affirment que bien que peut s’employer avec l’indicatif (pour
insister sur la réalité du fait exprimé) ou le conditionnel (pour marquer la condition
ou l’éventualité) quand l’idée de réalité l’emporte sur l’idée d’incertitude, de
supposition, exprimée par le subjonctif. Par mesure de prudence, la règle de
l’emploi du subjonctif devrait toujours être suivie puisque, dans tous les cas, la
notion de concession et d’opposition véhiculée par la locution conjonctive
implique que l’on écarte du plan de la réalité le fait qui est dans un premier temps
envisagé dans la réalité; c’est la raison d’être même de l’emploi du subjonctif.
« Bien qu’il eût raison en droit, le demandeur n’a pas obtenu gain de cause. »
4) Il est possible de faire suivre bien que d’un participe présent ou d’un
participe passé, avec ellipse du sujet et du verbe être. Il faut cependant bien
s’assurer que le sujet implicite du participe soit le même que celui du verbe de la
proposition principale. Il convient également de signaler que ce procédé stylistique
doit être employé avec modération et être réservé aux textes de style soutenu.
« Bien qu’écrivant un français très correct, cette juge préfère rédiger ses
jugements en anglais. » « Bien qu’ayant reçu sa formation en français, elle préfère
rédiger ses jugements en anglais. »
2) Bienséances. Convenances.
3) Il ne faut pas confondre ces termes avec celui de courtoisie. Dans le sens
courant, la courtoisie est la sorte de civilité, d’affabilité ou de politesse qu’il est
recommandé de manifester dans nos rapports sociaux. En droit, la courtoisie
s’inscrit dans le contexte des obligations et des convenances et fait partie d’un
ensemble de règles auxquelles il faut se conformer sous peine de réprimandes ou de
sanctions plus sévères. En matière de procédure par exemple, le défaut manifeste
de courtoisie peut faire l’objet de refus par le tribunal. De même, en droit
international public, elle n’est, suivant une explication fréquemment citée, ni une
question d’obligation absolue ni de simple politesse et de bonne volonté de l’autre.
C’est la reconnaissance qu’une nation accorde sur son territoire aux actes
579
législatifs, exécutifs ou judiciaires d’une autre nation, compte tenu à la fois des
obligations et des convenances internationales et des droits de ses propres citoyens
ou des autres personnes qui sont sous la protection de ses lois : « La courtoisie
internationale impose aux tribunaux canadiens de ne pas passer outre à la légère
aux dispositions bahamiennes en demandant à l’appelant de témoigner en
l’espèce. » « Les règles de la courtoisie en droit international privé doivent, dans
leur application, respecter la structure fédérale de la Constitution. » « Le sens de
la courtoisie doit s’ajuster aux changements de l’ordre mondial en matière de
reconnaissance et d’exécution des jugements étrangers. » Voir, à cet égard, les
considérations relatives aux notions de courtoisie et de sécurité (“comity and
security”) en matière d’extradition.
En son sens usuel, décorum a trois acceptions. C’est d’abord l’ensemble des bons
usages, des règles sociales qu’il convient d’observer dans des circonstances
officielles (« Le décorum a été minutieusement respecté au banquet » = le
cérémonial), dans des cérémonies et pour tenir son rang dans la bonne société. Au
sens d’étiquette et de protocole (recevoir un personnage important avec décorum),
le mot évoque la notion de solennité et d’apparat.
Dans les usages parlementaires canadiens, le décorum fait l’objet d’un chapitre
particulier de la Jurisprudence parlementaire de Beauchesne où les considérations
ont trait aux notions d’ordre et de respect des usages. Être soucieux du [décorum],
des règles du [décorum]. Garder, maintenir, observer le [décorum]. Blesser,
ignorer le [décorum]. On dirait mieux : la bienséance parlementaire, qu’il faut bien
distinguer d’ailleurs des bons usages parlementaires (“amenities of parliament” en
anglais).
ö DÉFÉRENCE.
ö DIGNITÉ.
ö ÉGARD.
BIENVEILLANCE. BONTÉ.
L’anthropomorphisme juridique (la bonté des lois, dura lex sed lex) donne lieu à un
discours particulier dans lequel des sentiments sont prêtés à des entités abstraites.
Ainsi, le législateur ou le tribunal, considérés comme des figures paternelles, sont
des allégories familières. « Ce magistrat bienfaisant jouit de la satisfaction d’avoir
rendu justice même aux plus démunis des justiciables. » « La jurisprudence se
montre bienveillante à cet égard. » « Il est aussi très convenable que les lois
portent le cachet de la tendresse paternelle et qu’on y laisse les marques sensibles
de la bienveillance qui les a dictées. Pourquoi le législateur rougerait-il d’être
père? » (Cornu, 1991b ).
ö BON.
1) Biffer signifie barrer, bâtonner, raturer ce qui est écrit au moyen d’un trait,
d’un barrement ou d’un bâtonnement général pour l’annuler, l’effacer, le
supprimer.
Comme terme de Palais, biffer n’implique pas l’idée de corriger, mais celle de
retrancher, de rayer d’autorité ou de droit. Contrairement à son emploi dans la
langue usuelle, il n’implique pas non plus l’idée d’impatience, de colère ou de rage.
Biffer un écrit, un mot, une phrase, des redites, une signature. Biffer une cause, un
procès (“to strike an action off the roll”) : « Aucune cause ne peut être biffée sur le
rôle général. » (= ne peut être rayée du rôle général).
Biffer dans ou sur qqch. Biffer une clause dans un contrat, une disposition dans un
testament. Biffer une inscription sur un acte, biffer un nom sur le registre (et non
[du] registre).
Biffer qqn au sens de retrancher son nom d’une liste est familier; dire plutôt rayer,
retrancher qqn, supprimer le nom de qqn d’une liste.
582
ö RADIATION.
La monogamie est un fait de culture bien ancré dans notre civilisation occidentale,
aussi la bigamie et la polygamie sont-elles des actes criminels qui rendent leurs
auteurs passibles d’une peine d’emprisonnement.
Le Code criminel du Canada prévoit, en ses articles 290 et 293 sous la rubrique
Infractions aux droits conjugaux, que la bigamie et la polygamie sont des
infractions génériques relatives aux droits conjugaux et à la célébration du mariage
et les classe parmi les crimes contre la personne. Ces infractions sont considérées
comme des atteintes à l’institution du mariage. Le Code prévoit une peine
maximale de cinq ans d’emprisonnement pour le crime de bigamie; le crime de
polygamie est passible d’une peine maximale de cinq ans d’emprisonnement. La
bigamie et la polygamie sont des causes de nullité ab initio du mariage. Pour le
droit français, voir l’article 340 du Code pénal.
Sur le plan juridique, la bigamie, qui se définit par rapport à l’institution légale du
mariage, se distingue de la polygamie par l’exigence de liens conjugaux formels.
Elle se caractérise essentiellement par le fait de passer par la formalité du mariage
alors que l’un des conjoints est déjà engagé par les liens d’un mariage antérieur non
dissous. Dans le cas de la trigamie, un troisième mariage a été contracté alors que
les deux premiers n’étaient pas dissous.
583
Dans son acception la plus générale, la bigamie consiste dans le maintien par un
conjoint d’un lien conjugal avec deux personnes. Lorsque ce lien réunit tous les
époux en une seule entité matrimoniale ou familiale, on parle plus volontiers de
polygamie. Polygamie limitée.
Syntagmes
BIGOT, BIGOTTE.
BIHEBDOMADAIRE.
Pour dire qui a lieu ou paraît toutes les deux semaines, on a recours à cette
périphrase elle-même, ou on dit par approximation tous les quinze jours ou par
quinzaine.
Dans le langage administratif, on trouve les termes moins usités par quinzaine et
par quatorzaine, cette dernière expression venant, peut-on croire, du mode de
rémunération d’un employé : par quinzaine (= vingt-quatre paies par an) et par
quatorzaine (= vingt-six paies par an, “biweekly” en anglais). « Les plafonds
applicables en matière de chômage partiel sont fixés, par quatorzaine, à quatre-
vingt fois le salaire horaire minimum national interprofessionnel garanti. » La
même remarque s’applique dans le cas des paiements hypothécaires : un paiement
peut être effectué deux fois par mois ou deux fois toutes les deux semaines (ce
585
ö BI-.
Le terme bijuridisme est un néologisme qui fait l’objet d’un débat : Le concept
a-t-il une valeur positive? Ne doit-il s’employer que péjorativement? Bijuridisme
signifie-t-il coexistence de deux systèmes juridiques dans un même État?
2) Les auteurs qui estiment à bon droit que l’emploi de bijuridisme avec une
valeur positive correspond à une incorrection de langage appuient leur
raisonnement sur les sens du terme juridisme en français.
Juridisme est un mot récent, étant apparu vers les années 1950. À ce jour, à l’instar
de plusieurs mots formés à l’aide du suffixe -isme, il n’a qu’une charge péjorative.
Les dictionnaires généraux ne l’enregistrent pas tous, mais il est défini
généralement comme a) l’attachement trop étroit à la règle juridique ou l’attitude
de quelqu’un qui s’en tient à la lettre des textes juridiques, du droit; b) la tendance
à considérer toutes les questions sous le seul angle juridique; c) la tendance à juger
selon les prescriptions du droit positif, sans égard à l’équité, le formalisme de
l’esprit qui incline à faire prévaloir rigoureusement l’application des textes sur des
mesures dictées par la justice et l’équité. Le juridisme serait surtout la tendance à
accorder une importance démesurée à la procédure. Faire preuve de juridisme, de
procédurite. Faire preuve d’un juridisme désuet. Juridisme excessif, rigoureux.
Marqué de juridisme. Faire du juridisme. Pratiquer le juridisme. Verser dans un
vain juridisme. « Les excès du raisonnement juridique sont taxés de juridisme. »
Le préfixe bi- (voir cette entrée) étant neutre, sa présence n’affecte en rien la
connotation péjorative attachée au mot.
ö DUALISME.
587
BILAN.
2) En France, le commerçant qui dépose son bilan est celui qui, étant incapable
d’effectuer ses paiements, en fait la déclaration au greffe du tribunal du commerce.
Il s’agit d’une situation juridique assortie de formalités particulières, et on ne
saurait, dans le contexte canadien, employer l’expression [déposer son bilan] pour
parler du commerçant qui est en faillite ou se déclare en faillite. On dit cependant
bilan du failli (“statement of affairs of the bankrupt” en anglais) au Canada. Voir
BANQUEROUTE.
des faits en l’espèce. Exposer le bilan d’une longue poursuite judiciaire, d’une
campagne électorale. « La Commission est chargée d’examiner le bilan annuel de
la négociation collective. »
ö BANQUEROUTE.
Ainsi, un acte bilatéral pourra s’entendre de l’acte qui émane de deux parties (traité
bilatéral, pratique bilatérale d’échange, négociations bilatérales). Par exemple,
une concession (voir ce mot) est un acte juridique bilatéral en vertu duquel le
concédant accorde au concessionnaire la jouissance d’un droit ou d’un avantage
particulier. Des discussions bilatérales ont lieu nécessairement entre deux parties :
« Avant de renvoyer une affaire au gouverneur en conseil conformément au
paragraphe (1) relativement à une province, le ministre tente d’obtenir de la
province, par des discussions bilatérales, tout renseignement nécessaire. »
En droit civil, le contrat peut être parfait (contrat bilatéral parfait) si les parties
s’acquittent des mêmes obligations, ou imparfait (contrat bilatéral imparfait) si
elles assument chacune des obligations différentes; cette distinction est toutefois
contestée par la doctrine.
5) En droit aérien, les accords bilatéraux ont pour but d’assurer des bases
juridiques à des liaisons internationales régulières à destination et en provenance
de leur territoire national. Un accord bilatéral de transport aérien est une
convention conclue entre deux pays passant un contrat de service aérien
international réciproque entre eux, le service devant être exploité par les
transporteurs désignés de chaque pays.
Multilatéral tend à supplanter son concurrent ou, à tout le moins, à lui être préféré
dans le vocabulaire de certains domaines spécialisés. Ainsi, en droit du
développement, de la coopération et de l’aide internationale, c’est multilatéral que
l’on trouve dans la terminologie établie : aide multilatérale, agences, organisations
multilatérales, système multilatéral, banques multilatérales de développement. Il
en est de même en droit aérien : accords, protocoles multilatéraux.
ö CONCESSION.
ö UNILATÉRAL.
BILINGUE. BILINGUISME.
1) Bilingue. Signifie qui est en deux langues (la version bilingue des lois
fédérales; « Le Quemner est un dictionnaire juridique bilingue. »), ou qui parle
deux langues (engager une secrétaire juridique bilingue), où l’on parle deux
langues (« Le Canada est un pays bilingue. »). Ce mot s’emploie aussi comme
591
ö BI-.
593
1) Le mot anglais bill n’a été francisé que dans une seule acception : c’est un
projet de loi présenté aux deux chambres du Parlement anglais, ou, par extension,
une loi.
2) On dit amender un projet de loi, mais modifier une loi parce qu’amender a
un sens plus restreint que modifier : on amende un texte qui n’a pas encore été
adopté.
3) Éviter [projet de loi pro forma] : dire projet de loi fictif; ce texte correspond
au premier projet de loi d’une session.
4) Le “Bill” anglais peut être une Charte (Charte internationale des droits de
l’Homme), une Déclaration (Déclaration canadienne des droits) ou un Code (Code
électoral).
594
Syntagmes
ö LOI.
ö PROJET.
BILLET. TICKET.
On hésite souvent sur le bon usage des mots billet et ticket. Le français a emprunté
le mot ticket à l’anglais, qui l’avait lui-même formé à partir de l’ancien français
estiquet.
595
2) Les mots [billet] et [ticket] sont impropres pour désigner une contravention
(“speed ticket” en anglais).
3) Dans le domaine commercial, un billet est une promesse écrite de payer une
certaine somme. Obligation constatée par un billet. Le mot est également employé
pour désigner divers papiers de crédit et effets de commerce qui ont cours dans le
public : billet à ordre, billet de banque. En ce sens, le ticket est associé à un bon ou
à un document constatant le droit de son titulaire à toucher une somme d’argent :
Subordonner des ventes au placement de bons ou de tickets à des tiers. Dans les
affaires sociales, le ticket modérateur est une quote-part de frais laissée à la charge
du bénéficiaire de soins de santé.
billet de banque
de change
de commerce
de complaisance
billet en blanc
Syntagmes
ö CONTRAVENTION.
Les mots formés à l’aide du préfixe bi- s’écrivent sans trait d’union (entrevue,
période de paie bimensuelle).
Bimensuel signifie qui a lieu ou qui paraît deux fois par mois, et non, ce qui serait
logique, qui a lieu ou qui paraît tous les deux mois; il faut dire alors bimestriel. Un
bulletin bimensuel paraît deux fois par mois; la logique voudrait que l’on dise
bulletin [semi-mensuel], mais l’usage en a décidé autrement.
597
ö BI-.
ö SEMESTRIEL.
BIO-.
Ce préfixe vient du grec bios et désigne la vie en tant que phénomène organique. Il
forme des substantifs et des adjectifs en s’agglutinant à l’élément qui le suit, que ce
dernier soit un suffixe (biotechnie) ou un terme autonome (biopolitique).
Pour l’emploi du trait d’union, la tendance très nette est de le limiter exclusivement
aux mots dont le deuxième élément commence par un i. On écrira donc biotique,
bioéthique, mais bio-industrie.
Les composés que l’on trouve dans les textes juridiques appartiennent à divers
domaines du droit. Deux exemples, tirés du droit médical et du droit de
l’environnement, suffiront à illustrer cette règle.
fondamental est d’amener chaque pays à protéger par des mesures concrètes
les espèces vivantes S plantes, animaux, micro-organismes S présentes sur
son territoire. « La Convention sur la biodiversité a force obligatoire pour
tous les États signataires. »
1) Ces adjectifs sont des deux genres. Leurs doublets comportent comme
deuxième élément le suffixe parti, qui fait partie au féminin. Cette dernière forme,
au début plus usuelle que l’autre, a fini par être employée dans le seul domaine des
sciences naturelles. Aujourd’hui, on ne trouve généralement que la forme partite,
notamment en droit constitutionnel, en droit du travail et des relations
professionnelles et dans le droit des traités.
Dans le droit des cessions, l’acte bipartite est un document qui comporte deux
parties correspondantes. C’est un acte formaliste ou autre instrument passé par un
cédant et un cessionnaire, l’instrument comportant deux parties ou étant en
duplicata.
Un document juridique est dit bipartite s’il est rédigé en double exemplaire, s’il est
établi en double expédition.
L’adjectif bipartite est ainsi amené à qualifier toute chose comportant deux
éléments, deux composantes : analyse, critère bipartite. « Il est bien établi
aujourd’hui au Canada qu’un juge de première instance appelé à trancher la
question du consentement éclairé doit appliquer un critère bipartite. »
3) Tripartite signifie qui réunit trois éléments, trois partis, ou qui intervient
entre trois parties. Commission, gouvernement tripartite. Une conférence tripartite
réunit trois groupes, trois puissances; le système de gouvernement tripartite est
600
Le vocabulaire des relations de travail est riche à cet égard : des organismes
tripartites; la nature tripartite d’une commission. « La loi autorise le tribunal à
exercer des fonctions tripartites. »
ö BI-.
ö BILATÉRAL.
ö BIPARTITE.
601
1) Bis peut être préfixe; il sert alors à former des mots composés (voir BI-).
Quand bis est un adverbe placé en apposition après un numéro d’ordre, il signifie
répété une deuxième fois, et le s se prononce : « Le demandeur habite le 35 bis de
la rue Saint-Honoré. »
De même dans l’exposé d’un énoncé pour bien marquer les différents points d’un
raisonnement : « La confrontation tacite peut bis) s’induire de tout acte, quel qu’il
soit, impliquant de la part de celui qui pouvait agir en nullité ou en rescision
l’intention ter) de renoncer à son action et de faire produire effet à la convention
annulable et rescindable, pourvu que cette intention soit certaine et non
équivoque. »
ö BI.
BISANNUEL, ELLE.
Signifie qui a lieu tous les deux ans (la rencontre bisannuelle des chefs d’États) ou
qui dure deux ans (en parlant de certaines plantes). « Il y aurait lieu de modifier la
Constitution de façon à prévoir la tenue de quatre conférences bisannuelles des
premiers ministres. » Pour dire que quelque chose revient deux fois l’an, employer
semi-annuel ou semestriel.
602
ö BI-.
ö BIENNAL.
En droit pénal canadien, dans le jargon de la doctrine, les notions de bis puniri et
de bis vexari sont des abréviations pour les maximes Nemo debet bis puniri pro
uno delicto (Personne ne doit être puni deux fois pour le même délit) et Nemo
debet bis vexari pro una et eadem causa (Personne ne doit être poursuivi deux fois
pour une seule et même cause), et leur variante Non ibis in idem crimen (Pas deux
poursuites pour la même infraction).
Ces maximes rappellent le principe qu’on ne peut poursuivre une personne pour la
même infraction dont elle a déjà été accusée, règle consacrée par l’alinéa 11h) de la
Charte canadienne des droits et libertés. Elles sont employées comme
prolongement du concept de double péril (“double jeopardy” en anglais), que
certains textes rendent par autorité de la chose jugée : voir CHOSE JUGÉE.
En common law, le principe bis puniri interdit de punir deux fois un contrevenant
pour la même infraction. Les moyens de défense d’autrefois acquit et d’autrefois
convict (voir l’article AUTREFOIS ACQUIT) peuvent être invoqués afin d’empêcher
que cela ne se produise. Avec le temps, on en est venu à considérer que ce principe
comprend celui de nemo bis vexari qui interdit les déclarations de culpabilité
multiples découlant d’un même acte illégal. « Le juge de première instance a
accepté les prétentions de l’accusé selon lesquelles il ne pouvait être poursuivi au
Canada, parce qu’il avait déjà été acquitté pour les mêmes infractions aux États-
Unis. Conséquemment, il a ordonné un arrêt des procédures relativement aux
chefs d’accusation canadiens. Il s’est basé sur les règles et les principes du
plaidoyer d’autrefois acquit, la res judicata, les principes de l’arrêt Kienapple c.
La Reine, la maxime nemo debet bis vexari pro una et eadem causa et l’alinéa 11h)
de la Charte. »
ö AUTREFOIS ACQUIT.
ö CHOSE JUGÉE.
603
En jurisprudence, le blâme est la réprimande faite par le juge. Ainsi, en droit pénal
français, la réprimande est un blâme infligé par le tribunal au mineur qui a commis
une contravention.
État blâmable. Prouver un état d’esprit blâmable. « Dans la plupart des cas
mettant en cause des infractions d’intention générale et l’ivresse, le ministère
605
[Blâmer qqch. sur qqn.] est un anglicisme de mauvais aloi (“to blame something on
someone”) : on blâme qqn de qqch., on impute qqch. à qqn; on rejette la faute, la
responsabilité de qqch. sur qqn.
Attention à la nuance suivante : on dit bien jeter un blâme sur qqn au sens de lui
adresser un blâme, mais on ne peut [jeter le blâme sur qqn] au sens de l’accuser; on
dit rendre qqn responsable de qqch., rejeter sur qqn la responsabilité, la faute.
Syntagmes
Attribution du blâme.
Imputation du blâme.
606
Infliction du blâme.
Notion du blâme.
Sanction (disciplinaire) du blâme.
ö CENSURE.
ö REPROCHE.
BLANC.
1) Étymologiquement, est blanc ce qui n’est pas écrit. Dans les domaines
juridique et commercial, l’adjectif et le substantif blanc ont conservé cette
acception concrète.
Laisser des blancs dans un document, c’est y laisser des espaces vides à remplir :
« ... sauf à y laisser des blancs pour les compléter en fonction de données
particulières. » Ainsi, dans le Code civil belge : « Les actes seront inscrits sur les
registres, de suite, sans aucun blanc. »
Au figuré, on ne dira pas que le témoin a des [blancs de mémoire], mais des
défaillances de mémoire, des trous de mémoire ou des absences (de mémoire).
Cependant, on dit correctement laisser un blanc dans la conversation pour laisser
un silence.
3) Dans son acception figurée, le mot blanc désigne une opération, une
entreprise ou un acte sans résultat ou sans suite.
En France, l’affiche blanche est une affiche administrative; la couleur blanche lui
est réservée : « Les affiches blanches sont interdites en France, sauf pour
l’Administration dans certains cas. »
Bulletin blanc. Bulletin de vote blanc (ou bulletin vierge). Vote blanc. Déposer un
bulletin blanc, c’est voter en déposant dans l’urne un bulletin sur lequel aucune
mention n’a été inscrite. Dans une organisation internationale, le vote blanc est le
fait de participer à un vote sans exprimer de suffrages. « Les bulletins blancs,
déclarés nuls par la majorité, seront comptés comme favorables à l’accusé. »
608
Carte blanche. Avoir, laisser carte blanche, c’est laisser à quelqu’un la liberté
d’une initiative ou de négociation conférée dans l’exécution d’une mission. Voir
BLANC-SEING.
Démission en blanc. Cette forme de démission est une opération qui vise soit une
renonciation à terme non précisée, soit une révocation déguisée.
Opération blanche : opération inutile, qui n’a pas les effets escomptés, et se soldant
par un résultat neutre (“profitless deal” en anglais).
ö BLANCHI.
ö BLANC-SEING.
Le participe s’emploie le plus souvent avec les verbes être et sortir. Sortir blanc est
vieilli; on dit sortir blanchi d’un procès, d’un scandale, d’une affaire. « Il a été
blanchi d’une accusation criminelle à la suite d’une motion de non-lieu. »
610
2) Le nom dérivé de blanchir qui, au figuré, a le sens de disculpation n’est pas
[blanchiment] ni [blanchissage] (voir BLANCHIMENT), mais blanchissement.
ö BLANCHIMENT.
ö NOIRCIR.
Syntagmes
ö BLANCHI.
ö BLOCAGE.
ö RECYCLAGE.
612
BLANC-SEING.
On trouve ce mot écrit avec ou sans le trait d’union : blanc-seing et blanc seing.
L’orthographe courante comporte le trait d’union. Le pluriel fait blancs-seings. La
documentation contient la forme vieillie blanc-signé.
3) Au figuré, on emploie les expressions accorder, confier, donner (un, le, son)
blanc-seing à quelqu’un ou donner blanc-seing à quelqu’un pour signifier qu’on
lui laisse toute latitude, qu’on lui accorde les pleins pouvoirs, pour prendre une
décision. « Cette déclaration donne au vérificateur général blanc-seing pour
consulter tout document que lui seul considère nécessaire. » La personne outragée,
en remettant de l’argent à un homme de main et en lui disant simplement de la
venger lui a donné de cette façon un blanc-seing. L’expression synonyme donner
un chèque en blanc à quelqu’un est plus courante quoique plus familière.
ö BLANC.
ö SEING.
ö SIGNATURE.
ö BLASPHÈME.
ö CALOMNIE.
ö DIFFAMATION.
ö INDÉCENCE.
ö INJURE.
ö LIBELLE.
ö SÉDITION.
BLASPHÈME. BLASPHÉMER.
En droit canonique, blasphémer, c’est proférer des mots ou commettre des actes
avec l’intention de proférer des imprécations ou d’offenser Dieu, soit de façon
immédiate, soit par l’offense envers la Sainte Vierge ou les saints.
Par extension, le blasphème est une parole, un discours, un acte injurieux, indécent
contre une personne ou une chose considérée comme respectable. Blasphémer,
c’est tenir des propos déplacés et outrageants, proférer des insultes à l’endroit
d’une institution ou d’un personnage vénéré : ce peut être des insultes ou des
attaques contre l’intégrité et l’impartialité d’un juge de nature à entraver le cours
normal de la justice, à jeter le discrédit sur la Cour ou à ravaler son autorité. Dire,
615
lancer, proférer, prononcer un ou des blasphèmes.
ö BLASPHÉMATEUR.
ö CALOMNIE.
ö DIFFAMMATION.
616
BLESSÉ, ÉE.
Un blessé, une blessée est une personne atteinte de blessures. Les blessés de
guerre. « La catastrophe a fait dix morts et quarante-cinq blessés. »
Certains condamnent les tours un blessé léger, un blessé grave en faisant valoir que
ce sont les blessures qui sont légères ou graves et non le blessé. Il n’y a pas lieu de
se formaliser de cet illogisme apparent : on dit bien un malade imaginaire. Dans le
style soutenu, on évitera toutefois la formulation un blessé grave, lui préférant un
grand blessé, une grande blessée ou diverses tournures, personne grièvement
blessée, blessé grièvement atteint.
ö BLESSER.
ö BLESSURE.
BLESSER.
2) Dans son sens le plus général, le verbe signifie frapper d’un coup qui cause
une blessure. Blesser qqn grièvement, sérieusement, mortellement, légèrement.
Blesser physiquement. Être blessé en plusieurs endroits.
617
3) Blesser s’emploie comme transitif direct : « La balle a blessé le poumon. »
Le pronominal se blesser signifie se faire une blessure à soi-même. Attention à la
construction du complément : se blesser à la tête (et non [se blesser la tête]). « La
demanderesse s’est blessée à la main. »
ö BLESSÉ.
ö BLESSURE.
BLESSURE.
3) En droit pénal français, les blessures sont des infractions; aussi parle-t-on
des infractions de blessures (volontaires ou involontaires). « Les infractions de
blessures involontaires sont exclues du bénéfice de la loi d’amnistie du 20 juillet
1988. » Blessure par imprudence, par négligence.
ö ASSAUT.
ö ATTEINTE.
ö BLESSÉ.
ö BLESSER.
ö COUP.
ö DOMMAGE.
ö LÉSION.
ö PRÉJUDICE.
ö SÉVICES.
ö TORT.
ö VIOLATION.
ö VOIE DE FAIT.
BLOC.
L’accord des mots composés à partir du mot bloc ne soulève pas de problème
majeur. Les deux substantifs prennent le s et le trait d’union. Un bloc-notes; des
blocs-notes. Un bloc-moteur; des blocs-moteurs.
619
Lorsque bloc est accolé à un adjectif, on ne met pas de trait d’union. Un bloc
opératoire; des blocs opératoires.
Au Canada, dans les lois sur les ventes en bloc, le terme vente en bloc est défini
comme la vente d’un stock ou d’une partie de ce stock, effectuée en dehors du
cadre habituel du commerce du vendeur. Stock en bloc.
Être d’un bloc signifie être tout d’une pièce, sans être divisé ou morcelé. « Le texte
de la loi n’est pas d’un bloc, mais divisé en dispositions sous des articles
numérotés, distingués typographiquement et parfois même intitulés. »
620
3) Dans le domaine du droit international, on emploie le mot bloc au figuré
pour parler de regroupements d’États unis étroitement par des liens politiques,
économiques ou militaires. « Le bloc des pays de l’Est s’est effondré au cours des
dernières années. »
5) Bloc est un anglicisme au sens de rue. Ainsi, on commet une faute lorsqu’on
dit : « J’habite à deux [blocs] d’ici. » Il faut dire : « J’habite à deux rues d’ici. » En
outre, l’emploi du mot bloc au sens d’ensemble d’habitations est condamnable,
même si l’expression est attestée dans Le Robert. Ainsi, au lieu de dire [bloc
d’immeubles], il est recommandé de dire îlot (que certains préfèrent à pâté de
maisons, moins précis). On commet aussi un anglicisme lorsqu’on emploie
l’expression [bloc à appartements] pour parler d’une tour d’habitation, d’un
immeuble à logements multiples, d’un immeuble résidentiel, d’une maison ou d’un
immeuble de rapport.
On trouve les graphies blocage et bloquage, mais le bon usage a décidé que le mot
s’écrit avec un c par influence du substantif bloc dont il dérive plutôt qu’avec qu
par dérivation du verbe bloquer.
Cette action peut être aussi celle de couper toute communication avec l’extérieur,
d’investir un lieu : blocage d’un port (voir BLOCUS).
Bloquer un actif, des avoirs (“to freeze” en anglais), des fonds, des capitaux (on dit
aussi geler, immobiliser), un chèque (“to stop”), un ou des crédits, des
contributions (“to lock in”) (on dit aussi immobiliser), une dette, des créances (on
dit aussi geler), des dépenses, des loyers (“rent-control”), des prix (on dit aussi
fixer, stabiliser, geler), un compte (“to block”) (un compte d’entreprise ou un
compte bancaire), des actions (“to tie up”). Bloquer des stocks. Bloquer une
demande, une plainte.
Au sens de réunir, peuvent être bloqués (“lumped” en anglais) des articles ou des
postes apparaissant dans un chapitre du budget. De même, les questions étrangères
à une clause particulière peuvent être regroupées dans une clause générale : on dit
alors qu’elles sont bloquées.
622
3) En droit criminel canadien, le terme blocage s’utilise en matière de recyclage
ou de blanchiment (voir ces mots) des produits de la criminalité, de blanchiment
des capitaux et de conversion et dissipation de biens. Il s’applique plus
particulièrement aux perquisitions effectuées dans le cadre d’une enquête policière
portant sur les infractions liées aux produits de la criminalité ou à leur recyclage.
Ces perquisitions peuvent être effectuées au titre des dispositions ordinaires sur les
perquisitions (article 487) ou des dispositions spéciales sur les produits de la
criminalité (article 462.32). Ainsi, la partie XII.2 (produits de la criminalité) crée
l’infraction de recyclage et possession et prévoit la délivrance d’ordonnances de
blocage (“restraint order”). Un juge peut rendre une ordonnance interdisant à une
personne de se départir d’un bien ou d’effectuer des opérations sur les droits
qu’elle détient sur le bien et, à la demande du procureur général, portant
nomination d’un administrateur chargé de prendre le contrôle de tout ou partie du
bien, de l’administrer ou d’effectuer certaines opérations à son égard.
L’ordonnance de blocage, rendue par écrit, peut être assortie des conditions que le
juge estime indiquées. Demander une ordonnance de blocage de certains biens.
Bien bloqué. Détenteur des biens bloqués. Restitution, modification de
l’ordonnance de blocage. Poursuite du blocage.
Ce blocage ou cette saisie peut être prononcé contre des parties alors qu’elles font
l’objet de graves accusations de nature criminelle ou d’autres procédures
judiciaires pouvant entraîner leur incarcération. Dans certains cas, le tribunal
hésitera à bloquer tous les biens d’un défendeur qui est citoyen canadien et qui
réside dans son ressort.
Il est bien établi à la fois en droit canadien et en droit anglais qu’un créancier
saisissant peut bloquer et saisir la fraction de la créance que détenait le débiteur
saisi au moment de la saisie-arrêt. Au Canada, les lois sur la saisie-arrêt prévoient
que la signification d’une ordonnance de saisie-arrêt au tiers saisi a pour effet, sous
réserve des droits des tiers, de saisir-arrêter et de bloquer entre ses mains toutes
les dettes et les sommes qu’il doit au débiteur saisi ou la fraction de ces dettes et
sommes qui suffit pour éteindre les obligations pécuniaires résultant du jugement.
Bloquer et saisir-arrêter une somme entre les mains de quelqu’un. Dette saisie-
arrêtée demeurant bloquée entre les mains du tiers saisi pour éteindre une
créance. Somme demeurant bloquée par une procédure. Dette cessant d’être
bloquée au profit de la créance du créancier saisissant. Effet d’une mesure de
blocage. Mesure judiciaire de blocage. Blocage d’une garantie à première
demande. Faire exécuter une ordonnance de blocage définitive, non définitive.
En droit parlementaire européen, le vote bloqué est un vote par lequel l’assemblée,
à la demande du gouvernement, se prononce par un seul vote sur l’ensemble ou une
partie du texte législatif en discussion, ne retenant que les amendements proposés
ou acceptés par le gouvernement.
ö BLANCHIMENT.
ö BLOCUS.
ö CONFISCATION.
ö CONSIGNATION.
ö CONVERSION.
ö DISSIPATION.
ö RECYCLAGE.
ö SAISIE.
625
BLOCUS. BLOQUANT, ANTE. BLOQUÉ, ÉE.
3) L’État bloquant est le belligérant qui impose le blocus, tandis que l’État
bloqué est celui qui en est la victime.
Syntagmes
Déclaration de blocus.
Effectivité, étanchéité du blocus.
Fait du blocus.
Forceur de blocus.
Institution du blocus.
Licéité, validité du blocus.
Mesure, opération de blocus.
Mise en état du blocus.
Notification, sommation de blocus.
Règles du blocus.
Rupture, violation de blocus.
Escadre bloquante.
Forces, puissances bloquantes.
Lieux bloqués.
627
Littoral bloqué.
Zone bloquée.
ö BLOCAGE.
ö BOYCOTT.
ö EMBARGO.
ö QUARANTAINE.
ö SIÈGE.
BOISSON. BREUVAGE.
1) Tout ce qui se boit est une boisson : l’eau, le lait sont des boissons
naturelles, le jus d’orange, une boisson sucrée non alcoolisée, le café, une boisson
alcaloïdique, une tisane, une boisson infusée, et ainsi de suite.
Boisson au singulier peut désigner des boissons alcoolisées. Ainsi, quand on dit
que l’accusé aimait beaucoup la boisson ou qu’il était, au moment de l’infraction,
pris de boisson, on parle alors des boissons alcoolisées ou enivrantes.
4) L’antonyme boisson non alcoolisée ne prend pas le trait d’union après non
puisque alcoolisé est un adjectif.
628
5) Débit de boissons. Il n’y a pas lieu d’hésiter à mettre le s à boisson puisque
le sens commande naturellement le pluriel.
6) On dit boisson enivrante, et non pas [intoxicante], pour désigner une boisson
qui provoque l’ivresse.
Syntagmes
Boisson autorisée.
Boisson consignée.
Boisson fermentée, boisson sans alcool.
Acheter, obtenir, importer, détenir aux frais de vente et vendre des boissons
alcoolisées.
Effectuer une publicité en faveur des boissons.
Fabriquer, produire une boisson alcoolisée.
Frelater des boissons alcoolisées.
Importer, vendre de la boisson enivrante.
Procurer (à un interdit) des boissons alcoolisées.
S’adonner, être adonné à la boisson.
Saisir des boissons alcoolisées.
Tenir en sa possession ou à sa
disposition de la boisson alcoolisée.
ö ALCOOL.
ö ALCOOLIQUE.
ö INTOXICATION.
BOÎTE. BOX.
Le mot box (masc.) ne suit pas la règle générale de formation du pluriel de mots se
terminant en -x (une croix, des croix). Au pluriel, box devient boxes et se prononce
comme au singulier.
ö BANC.
ö BARRE.
1) Certains adjectifs jouent un rôle clé dans le langage juridique en lui donnant
notamment sa spécificité. Les uns, du fait de leur appartenance juridique exclusive,
n’ont de sens que par rapport au droit (ampliatif, assertoire, compromissoire,
conciliatoire, condamnatoire, décisoire, délictuel, dérimant, dévolutif,
emphytéotique, interlocutoire, irréfragable, possessoire, reconventionnel,
synallagmatique...), les autres, par leur double appartenance, n’ont de sens que par
rapport au vocabulaire courant (légitime, recevable, valable, valide...).
Par ailleurs, des adjectifs forment des expressions juridiques dont le sens est
intentionnellement indéterminé. Créées par juxtaposition d’un substantif et d’un
adjectif, elles confèrent à l’adjectif un rôle essentiel dans la détermination du sens
du mot composé, le substantif que ces adjectifs qualifient étant neutre. Tel est le
cas de l’adjectif bon.
Le tableau ci-après regroupe trois matières : 1) les emplois de l’adjectif dans des
expressions et locutions juridiques; 2) son rôle de déterminant de certains
substantifs et les divers sens qu’il prend dans ces contextes; 3) les emplois à éviter,
par exemple lorsque la présence de l’adjectif s’explique par le phénomène du
calque ou celui de la série synonymique.
631
SOMMAIRE
BON, BONNE.
I. Notions-cadres
I. Notions-cadres
Il existe dans le langage du droit des notions qui font appel à des normes que le
législateur ne définit pas généralement, mais auxquelles il a recours à cause de leur
indétermination même, pour laisser au juge un pouvoir d’appréciation. L’usage de
ces termes implique donc un jugement de valeur fondé sur certains critères issus du
réel et possédant de ce fait un certain champ descriptif plutôt que normatif. Ces
notions fonctionnelles permettent dans des cas particuliers qu’il soit dérogé à la
force obligatoire des actes juridiques privés. Notions malléables, passe-partout,
fuyantes, floues (ex. égalité, équité, faute, séparation des pouvoirs, intérêt, intérêt
de l’enfant, urgence...), elles ont un contenu variable. Car quels sont les critères,
les éléments descriptifs, qui permettent de décider en quoi consiste l’intérêt de
l’enfant, par exemple, ou de statuer qu’une clause contractuelle est contraire à la
bonne foi, aux bonnes moeurs ou à l’ordre public? La linguistique juridique
appelle ces concepts des notions-cadres par opposition à ceux dont le contenu est
déterminé ou invariable, soit les notions polysèmes (Cornu).
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1) Bonne entente; bonne intelligence; bonne coopération
La bonne entente ne doit pas être confondue avec la bonne intelligence, cette
notion étant synonyme de concorde, d’harmonie. « L’observation et l’application
des obligations et stipulations conventionnelles sont souvent laissées à l’honneur,
à la bonne foi et à la bonne intelligence de l’autre partie contractante. »
2) Bonne foi
(ii) Sous certains aspects, la bonne foi étant une notion essentiellement
psychologique et morale (loyauté, droiture, honnêteté), elle implique le
respect du droit, la fidélité exacte à la parole donnée, aux engagements pris
dans la conclusion et l’exécution des actes juridiques, l’absence de dol ou de
tromperie dans nos relations avec autrui, et exclut toute intention
malveillante : « Les conventions doivent être exécutées de bonne foi. »
« Tout traité en vigueur lie les parties et doit être exécuté par elles de bonne
foi. » Ainsi, dans l’interprétation et l’exécution des obligations
internationales, la bonne foi est la fidélité aux engagements pris, sans les
diminuer ni les accroître. Remplir de bonne foi les obligations assumées.
Être contraire à la bonne foi. « Sont réputés de bonne foi les locataires qui
exécutent leurs obligations. » « Les actes passés avec les tiers de bonne foi
demeurent valables. » « Les contrats doivent être exécutés de bonne foi. »
Les lois fédérales définissent la bonne foi comme l’honnêteté manifestée au
cours d’une opération, mais cet essai de définition est plutôt tautologique
tout comme est pléonastique l’expression agir avec intégrité et de bonne foi.
Exciper de sa (parfaite) bonne foi.
Les parties sont de bonne foi, c’est-à-dire qu’elles sont honnêtes et loyales
dans l’exécution de leurs obligations conventionnelles : les parties agissent
de bonne foi, c’est-à-dire conformément à une conduite raisonnable dans
l’application d’une convention... « Le présent avis est donné de bonne foi. »
(iii) La bonne foi est aussi la croyance erronée mais involontaire dans la
réalité d’un fait ou d’une règle juridique. Par exemple, faire la preuve de sa
croyance excusable et plausible à l’existence d’un titre, faire de bonne foi un
chèque sans provision, donne droit au bénéfice du doute. En ce sens,
l’acquéreur de bonne foi à titre onéreux est la personne qui, moyennant un
prix, a acquis un intérêt immobilier, sans avoir eu, au moment où elle en a
versé le prix, connaissance de l’existence d’un intérêt que l’on s’efforce de
lui opposer. Tromper la bonne foi de qqn, c’est surprendre sa bonne foi,
635
abuser de sa bonne foi : « Le contractant demandeur a allégué que sa bonne
foi avait été surprise. » Erreur constitutive de la bonne foi.
e) L’antonyme est mauvaise foi (mala fides en latin et “bad faith” en anglais).
« C’est à celui qui allègue la mauvaise foi à la prouver. » Plaideur de
mauvaise foi. Exception déduite de la mauvaise foi. « La notion de
complicité est inséparable de la mauvaise foi, c.-à-d. de la conscience par
l’agent, au moment où il accomplit les faits constitutifs de la complicité, du
concours qu’il apporte à l’exécution d’une infraction principale. » Lorsque
bonne foi et mauvaise foi sont associés, il y a parfois suppression de
l’article : Qu’il ait été de bonne ou mauvaise foi,..., mais « La Loi distingue
entre la bonne ou la mauvaise foi de l’assuré. »
Syntagmes
Les auteurs ne s’entendent pas sur l’accord de l’adjectif dans les expressions
bonne foi et moeurs et bonnes vie et moeurs. Certains croient que l’adjectif
s’appliquant aux deux substantifs doit s’accorder (bonnes vie et moeurs),
d’autres le font accorder avec le substantif le plus proche (bonne foi et
moeurs). La forme la plus répandue et la plus attestée dans la documentation
est la seconde, mais il vaut mieux se ranger du côté de la logique et faire
accorder l’adjectif avec les deux substantifs. Certificat de bonnes vie et
moeurs. Être de bonnes vie et moeurs.
Syntagmes
Ces termes sont apparentés aux notions de bonnes moeurs et d’honorabilité. Ils ont
été normalisés au Canada par le Comité de normalisation de la terminologie
française de la common law et correspondent à l’anglais “good character” ou “good
moral character”, “good reputation” et “good repute”. Avoir bonne moralité.
5) Bon gouvernement
6) Bons offices
En droit international public, les bons offices sont définis comme l’action d’un État
tiers ou d’un groupe d’États pour amener des États en litige à entamer ou à
reprendre des négociations directes entre eux en vue de régler pacifiquement un
différend (“good offices” en anglais).
« Une tierce puissance peut juger bon d’offrir son entremise pour faire cesser un
différend entre deux États. Elle peut intervenir en proposant ses bons offices. » Ce
mode de règlement des conflits internationaux consistant dans l’interposition d’une
tierce puissance ne doit pas être confondu avec la médiation, les bons offices
désignant une action discrète qui se limite à susciter, à encourager, à favoriser la
négociation, mais sans y participer directement. Les bons offices sont la forme la
moins accentuée de l’immixtion. « Le Comité met ses bons offices à la disposition
des États intéressés afin de parvenir à une solution amiable d’une question
litigieuse. » La mission réussie de bons offices est de nature à inciter les parties à
accepter une offre de médiation pour la conduite des négociations.
Syntagmes
Bonus pater familias en latin. Cette notion civiliste renvoie à un modèle de la vertu
moyenne, donc à un type idéal, à un modèle social ou moral plutôt que juridique :
faire pour les autres ce qu’on voudrait qu’ils fassent pour nous-mêmes. En droit
civil, le bon père de famille est une personne normalement prudente, soigneuse et
641
diligente et correspond à la personne raisonnable en common law (“reasonable
man”, “reasonable person”), c’est-à-dire au citoyen moyen. Le bon tuteur du droit
civil est, par exemple, le tuteur qui administre les biens du mineur en bon père de
famille; dans ce contexte, le devoir d’agir en toute diligence correspond en droit
civil québécois à l’obligation d’agir en bon père de famille : la responsabilité du
débiteur et du fiduciaire les oblige à toute la surveillance d’un bon père de famille.
S’acquitter de sa tâche, se comporter en bon père de famille. User de sa chose,
jouir de son bien en bon père de famille. Veiller à qqch. en bon père de famille.
Apporter, employer le soin, tout le soin, tous les soins d’un bon père de famille.
Devoir, prudence de bon père de famille.
La notion donne lieu à des variantes selon le contexte : « Les mêmes raisons de
sécurité sociale qui font exiger du particulier qu’il apporte à l’exécution de son
obligation tous les soins du bon père de famille doivent faire exiger du
professionnel qu’il apporte à l’exécution de la sienne tous les soins d’un bon
professionnel ou, plus exactement, tous les soins d’un bon professionnel de sa
spécialité. » Pour distinguer le bon père de famille du bon citoyen, voir cette
dernière locution ci-dessous à la section II).
8) Bon voisinage
En droit international public, ce terme est employé dans les expressions rapports
de bon voisinage, politique de bon voisinage, et désigne l’esprit de mutuelle
considération, de réciprocité et d’entente confiante qui doit animer les rapports
réciproques des États voisins. Principe général de bon voisinage. « Il y a lieu de
trouver une solution pratique satisfaisante en s’inspirant des considérations de
courtoisie et de bon voisinage. » Pour le rapprochement des notions de bon
voisinage et de courtoisie, voir BIENSÉANCES, pour celle de bonne entente, voir ci-
dessus.
Syntagmes
2) Bonne conduite
Éviter [durant bonne conduite], calque de l’anglais “during good behaviour”. Cette
expression signifie que le titulaire du poste pourra le conserver pendant toute la
durée de son mandat, sauf faute grave pouvant justifier sa destitution. Plutôt
qu’occuper une charge [durant bonne conduite], on dira occuper une charge à titre
inamovible; de même, on parlera de l’inamovibilité des juges plutôt que de la
nomination des juges [pour bonne conduite]. Voir bon plaisir ci-dessous pour la
nomination à titre amovible.
3) Bonne conscience
4) Bon dol
Le dol en droit anglais est un délit civil qui consiste à faire une assertion inexacte
amenant intentionnellement son destinataire à se faire du tort. Action pour dol. Il y
a lieu de distinguer le bon dol (“dolus bonus” en latin) du mauvais dol (“dolus
malus”). Le bon dol ou dol incident, c’est la petite tromperie qui consiste, pour le
commerçant, à vanter exagérément ses marchandises. Cette infraction mineure
n’entraîne pas la nullité du contrat; seul le mauvais dol ou dol véritable ou encore
dol déterminant emporte nullité du contrat.
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5) Bon droit; bonne cause
Le terme bon droit venu de la procédure forme la locution à bon droit; il est
devenu, dans la langue usuelle, une locution familière. Tant dans le vocabulaire
juridique que dans le vocabulaire usuel, à bon droit est employé sans référence à un
fondement juridique, mais par référence à un ordre de justification, dans le sens de
à raison ou à juste titre. À bon droit qualifie le plus souvent la motivation d’un
arrêt : « Le juge a estimé (décidé, déclaré, statué...) à bon droit... » (= à juste titre,
avec raison), ou le caractère de la procédure : « La Cour est saisie à bon droit... »
(= régulièrement). Lorsque la Cour d’appel ou la Cour suprême dit que le premier
juge a à bon droit estimé ceci ou cela, l’expression signifie deux choses : que le
juge était en droit de statuer comme il l’a fait et qu’il est approuvé de l’avoir fait.
La locution est généralement postposée : « Ils en ont déduit à bon droit que la loi
était applicable. » « Un privilège est une règle d’exclusion de la preuve qui est
invoquée à bon droit devant le tribunal. » « Il a conclu que la preuve avait été
écartée à bon droit en vertu de la Charte. » « L’arrêt en énonce à bon droit les
motifs. » Elle est parfois antéposée; elle sert alors à produire un effet stylistique en
mettant l’accent sur l’idée de légitimité ou de régularité : « On ne saurait à bon
droit prêter à ce mot un tel sens dans le contexte où il est utilisé. »
Les expressions être dans son bon droit et être dans son droit sont synonymes.
L’antonyme est être dans son tort, avoir tort. Elles équivalent pour leur valeur
globale à avoir le droit, mais analytiquement, l’emploi du verbe être et de la
préposition dans permet de distinguer être dans son bon droit et avoir le droit; la
première est plus forte, le sujet se percevant comme inclus dans le domaine du droit
plutôt que comme de possédant un droit. Elles signifient donc avoir le bon droit
pour soi, avoir raison, avoir le droit d’agir comme on le fait ou comme on l’a fait.
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La situation ou la formalité accomplie, ou la situation dans laquelle on se trouve
étant conforme au droit ou à la loi, nous justifie d’affirmer qu’on est dans son bon
droit.
Le bon droit est ce qui est considéré comme conforme à l’idée de droit.
Reconnaissance du bon droit de qqn. « Le bon droit ne peut être consacré que par
le juge. » « Le créancier a fait reconnaître son bon droit dans un jugement de
validité. » Étayer, fonder son bon droit à qqch.
Dans la locution bonne cause, le mot cause peut s’entendre au sens de motif, de
raison dominante (pour la bonne cause ou pour le bon motif, c’est-à-dire pour des
motifs honorables en dénotant l’idée des intérêts à faire prévaloir dans un procès)
ou au sens d’affaire litigieuse, de procès. En ce dernier sens, bonne cause peut
désigner l’action juste et légitime intentée en justice ou l’action dans laquelle le
succès est assuré : « L’avocat principal se réserve toutes les bonnes causes. »
C’est aussi l’excellence d’une cause, la bonne cause, la cause juste et équitable :
voir le proverbe ancien bon droit a besoin d’aide, qui signifie qu’en dépit de la
justice d’une cause, il faut compter sur une aide extérieure pour avoir gain de
cause.
6) Bon escient
La remarque faite à propos du parallélisme de sens d’à bon droit vaut pour la
locution à bon escient, qui s’emploie au sens d’à juste titre, avec raison, avec
discernement, à propos. La locution s’utilise avec le verbe (souligner à bon escient
le bien-fondé d’une jurisprudence) ou avec le substantif (utilisation à bon escient
du pouvoir discrétionnaire).
Il convient d’ajouter qu’à bon escient s’emploie aussi au sens d’en (toute)
connaissance de cause, après mûre réflexion, délibérément (“advisedly” ou
“willingly” en anglais). Prouver qu’un acte a été accompli à bon escient.
L’antonyme est à mauvais escient, c’est-à-dire à tort, sans discernement.
Ces locutions se trouvent dans les lois sur la vente d’objets, les lois sur le transport
des marchandises, notamment en matière de connaissement, ou dans celles qui
prévoient qu’un bien doit être remis en l’état où il se trouvait avant qu’une
situation juridique ne se produise ou qu’il doit être gardé en l’état où il se trouve au
moment de sa possession (“proper state of repair”, “good state of repair” ou “good
state” en anglais). Renvoie à l’obligation de droit civil à laquelle est tenu un
entrepreneur, une municipalité, etc. de maintenir un bien, une route... en bon état,
ou de remettre les biens en leur état antérieur.
En bon état : l’expression s’applique notamment à l’objet vendu qui doit se trouver
en bon état lors de la vente. Garantie implicite ou explicite de bon état. Bonne
condition et bon état de conditionnement (“in good order and condition”) se disent
surtout de marchandises : « La jurisprudence s’est souvent prononcée sur ce
point : l’avarie incriminée étant apparente, l’absence de réserves relatives à l’état
apparent engage la responsabilité du transporteur qui est présumé avoir reçu la
marchandise en bon état de conditionnement apparent, sans que la preuve
contraire soit recevable tout au moins contre les tiers porteurs du
connaissement. »
Maintenir, mettre en bon état : « Le transporteur sera tenu de faire diligence pour
approprier et mettre en bon état toutes parties du navire où les marchandises
doivent être chargées. »
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8) Bon état de navigabilité
9) Bonne fin
d) À bonne (ou à mauvaise fin) signifie dans une bonne (ou mauvaise) intention
et s’emploie surtout dans la langue courante. Agir à bonne fin.
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10) Bonne forme; bonne et due forme
L’expression bonne et due forme (“due and proper form” en anglais) s’emploie
avec une valeur adjective (titre, document en bonne et due forme) ou avec une
valeur adverbiale (acte rédigé en bonne et due forme).
Bonne et due forme est doublement redondant : en forme suffirait. Mais certains
expliquent que bonne signifie convenable et due signifie nécessaire. L’expression
s’emploie pour indiquer la régularité d’un acte, d’une opération juridique, sa
conformité aux dispositions, aux règles en vigueur. « Le non-respect de la bonne et
due forme frappe l’acte de nullité. » Elle ne se limite pas à l’aspect extérieur des
documents présentés (actes conclus, établis en bonne et due forme), mais se réfère
à la qualité ou à la capacité de celui de qui ils émanent : « Leurs pleins pouvoirs
ont été trouvés ou reconnus en bonne et due forme. » Signer en bonne et due forme,
c’est-à-dire régulièrement. « Le citoyen doit être avisé en bonne et due forme des
règles de droit. » « Le débiteur a acquiescé en bonne et due forme au jugement de
validité. » En due forme est une variante de cette locution.
Bonne forme est une autre variante de l’expression bonne et due forme : « La
preuve du droit de propriété offre dans la pratique de grandes difficultés, qui vont
en diminuant à mesure que l’instruction amène avec elle le désir de posséder des
titres écrits en bonne forme. » On trouve aussi en ce sens en forme, dans les formes
et pour la (bonne) forme, c’est-à-dire pour satisfaire aux exigences formelles.
Exigences requises pour la forme.
La bonne garde (“safe custody” ou “safe keeping” en anglais) s’applique tant aux
personnes, aux animaux et aux objets : bonne garde des détenus, du bétail, des
livres comptables. La documentation atteste l’emploi de la locution dans plusieurs
domaines, dont la responsabilité délictuelle, les services correctionnels, les services
à la famille, le divorce, la saisie. En matière de baillement par exemple, tous sont
tenus de prendre soin des biens qui sont confiés à leur bonne garde.
Sous bonne garde. Tenir sous bonne garde. Être détenu sous bonne garde signifie
détenir quelqu’un sous garde rigoureuse. Ordonner la mise sous bonne garde : « Le
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lieutenant-gouverneur a décerné un mandat ordonnant la mise sous bonne garde
de l’appelant dans un hôpital psychiatrique. »
Les bons citoyens comme les bons avocats ou les bons juges sont d’abord des
modèles d’honnêteté; selon le cas, ils respectent les lois, les plaident ou les
appliquent dans le cadre de l’ordre établi et conformément aux règles de la vie en
société.
Le bon avocat est celui qui, par sa parfaite connaissance des règles de procédure et
de la jurisprudence, assiste ses clients et soutient leur défense. Il présente l’état du
droit d’une façon si claire et si conforme aux faits de la cause qu’il participe à
l’exercice du bon juge de dire le droit : « Les bons avocats font les bons juges dans
l’hypothèse de l’appropriation de thèses développées par les plaideurs. »
La locution bon juge se prend en bonne part (cas du juge faisant preuve de
beaucoup d’humanité et de compassion pour la victime) ou se dit par ironie (cas du
juge qui, par des excès de sensiblerie, se range du côté de l’accusé pour interpréter
les inflexibles prescriptions de la loi, encourageant le crime en acquittant les
criminels). Aussi l’exemple du bon juge sera-t-il invoqué par les deux parties pour
inciter le tribunal à manifester de la clémence à l’endroit du contrevenant ou de la
pitié à l’endroit de la victime afin d’avoir gain de cause.
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13) Bon jugement
Avoir bon jugement, avoir le jugement bon. Être de bon jugement. Dépendre du
bon jugement de qqn. « La Cour a statué que le droit général d’accès découlant de
la common law dépend du bon jugement du tribunal de première instance. »
La locution bonne justice, qui évoque l’idée d’une justice éclairée, impartiale et
indépendante, entre dans certaines expressions figées.
En bonne justice est surtout employé dans la doctrine et signifie selon la justice, la
morale, l’équité ou l’usage, selon ce qui est de droit. « En bonne justice, il eût fallu
donner à l’instance une autre solution. »
Faire bonne justice. « Par la logique déductive, le juge se convainc lui-même qu’il
a fait bonne justice » (= qu’il a rendu justice).
Être de bonne justice, dans la tournure impersonnelle Il est de bonne justice suivi
de l’infinitif, et sa variante Il est de l’intérêt d’une bonne justice : « Il est de
l’intérêt d’une bonne justice d’accélérer la procédure. » Estimer de bonne justice.
« La Cour estime de bonne justice de donner à l’affaire une solution définitive. »
651
Considérer, regarder comme une garantie de bonne justice : « Le droit anglais
considérait le résumé des débats par lequel le juge rappelle les éléments
principaux de l’affaire et les preuves rapportées comme une garantie de bonne
justice. » « L’appel est regardé comme une garantie de bonne justice en ce qu’il
permet l’examen du même procès par deux juridictions hiérarchiquement
supérieures l’une à l’autre. » « L’inamovibilité des juges est une assurance de
bonne justice pour les justiciables. »
Le bon ordre est souvent associé à la notion de paix (“peace and order”) : « Le
gouvernement doit agir pour assurer la paix et le bon ordre », ou de discipline
(“good order and discipline”) : « Le capitaine, patron ou commandant d’un navire
en voyage est fondé à employer la force dans la mesure qu’il croit, pour des motifs
raisonnables, nécessaires pour maintenir le bon ordre et la discipline à bord du
navire. »
Cette expression, qui évoque l’idée d’une volonté arbitraire, tire son origine des
vieux édits royaux, notamment de la formule « Car tel est notre plaisir », à propos
de l’affirmation du pouvoir souverain. L’usage courant dans la France d’alors était
de parler du bon plaisir du Roi.
L’expression peut être substantive et être suivie d’un adjectif. « L’information des
candidats dépendait du bon plaisir administratif. » Elle s’emploie parfois comme
locution adverbiale par renvoi au pouvoir d’appréciation du juge : « Le juge saisi
d’une action directe en nullité ne décide pas selon son bon plaisir, mais doit
exercer judiciairement son pouvoir de contrôle. »
La formalité visée par cette formule a été abrogée en France par la loi du
12 juillet 1980. La locution s’emploie dans les promesses unilatérales de sommes
d’argent ou de choses quantifiables pour attirer l’attention du souscripteur sur la
nature exacte de son engagement. Bon pour mille francs. Elle signifie que le texte
signé est bien approuvé par le signataire pour éviter les abus de blancs-seings. Elle
peut également être suivie d’une mention relative à une autorisation ou à des
pouvoirs, constatant la nature de l’engagement, ce qui permet une vérification
d’écriture plus aisée en cas de contestation. Bon pour aval. Bon pour pouvoir. Bon
pour autorisation. On trouve aussi comme synonyme approuvé pour.
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22) Bon risque
Dans le droit des assurances, le bon risque s’appelle aussi risque faible (“good
risk” en anglais). On trouve aussi bon sujet d’assurance et bon assuré dans un sens
analogue.
La notion s’applique surtout aux magistrats (le bon sens doit se dégager de leurs
motifs : « Les juges doivent insuffler à leur analyse une solide dose de bon sens. »)
et aux jurés, considérés comme exprimant collectivement le bon sens de la société.
Ce qui fait toute la force du jury, c’est que la question ultime de la culpabilité ou de
l’innocence est tranchée par un groupe de citoyens ordinaires qui ne sont pas des
juristes et qui apportent au processus judiciaire une saine mesure de bon sens.
La notion s’emploie seule (« Il vaut mieux s’en remettre au bon sens des jurés »),
est combinée à une ou deux autres notions ou s’oppose à elles.
655
a) Bon sens employé seul
« Ce principe de droit, admis aussi bien en droit civil qu’en common law,
repose sur la règle du bon sens voulant que le droit n’exige pas
l’accomplissement d’un acte qui ne sert à rien. »
« Le bon sens commande au juge non pas des dérogations mais des
tempéraments. »
« Les juges doivent à l’égard des témoignages d’enfant adopter une position
fondée sur la règle du bon sens. »
« Cette règle repose sur le bon sens et les principes généraux de la justice. »
« Dans son plaidoyer, l’avocat a pressé la Cour de faire preuve de bon sens
et d’esprit pratique en abordant les questions soulevées. »
« Cette présomption n’est écrite nulle part dans nos lois en termes formels,
mais elle résulte à la fois de la tradition et du bon sens. »
Syntagmes
L’adjectif bon joue un rôle important dans la qualification du substantif. Mais ses
sens sont divers selon les contextes et il y aura lieu de respecter les nuances de
sens, parfois subtiles, que le mot bon peut prendre.
Parfois, l’adjectif est sous-entendu parce qu’il est redondant lorsque le substantif
est éclairé par un antécédent ou un contexte positif : « Lorsque la justice et la
(bonne) conscience l’exigent... (il n’y a pas risque ici de confondre la conscience
avec la mauvaise conscience). Le plus souvent il est supprimé parce qu’il n’apporte
rien à l’expression : mener l’enquête à (bon) terme, mesure nécessaire à la (bonne)
conduite de l’instance. Avec certains substantifs (mise en oeuvre, réalisation...), on
le remplace par un adjectif plus adéquat, et parfois il est associé à un autre adjectif :
« La Commission siège et délibère aux moments qu’elle estime appropriés pour la
bonne et prompte exécution de ses travaux. »
La liste qui suit regroupe les constructions phraséologiques les plus fréquentes
rencontrées dans la documentation.
a) administration de la justice
Dans l’intérêt d’une (de la) bonne administration de la justice.
659
« Le procureur général peut les charger de recueillir tous renseignements
qu’il estime utiles à une bonne administration de la justice. »
« Le commissaire en conseil exécutif peut nommer le greffier de la Cour, le
shérif et les autres agents qu’il estime nécessaires à la bonne administration
de la justice et au bon fonctionnement de la Cour. »
c) argument
« Les deux camps ont de bons arguments. »
d) arrêt, décision
« Nous sommes d’avis que les tribunaux ont rendu la bonne décision. »
« C’est un bon arrêt. »
f) critère, facteur
« Le juge a formulé le bon critère de la recevabilité d’une preuve de faits
similaires. »
« L’arbitre n’a pas appliqué le bon critère. »
« L’opinion que le public a de la justice n’est pas le bon facteur à
considérer. »
g) défense
Avoir une bonne défense (une défense valable en droit).
j) équilibre
Trouver, assurer le bon équilibre de qqch.
k) exécution
Garantie de bonne exécution. Se porter caution de la bonne exécution d’un
projet. Garantir la bonne exécution du recouvrement des créances. La bonne
exécution d’une loi.
l) exercice
Permettre un bon exercice du pouvoir.
m) facture
Expression juridique de bonne facture.
n) gestion, inventaire
Souci de bonne gestion.
S’assurer de la bonne gestion financière. « La Cour des comptes examine la
légalité et la régularité des recettes et dépenses et s’assure de la bonne
gestion financière. »
Bon et fidèle inventaire.
o) gré, vouloir
« À considérer seulement celui qui a promis quelque chose à autrui, il est
obligé de tenir de son bon gré ce à quoi il a voulu s’engager, et rien de
plus. »
Dépendre du bon vouloir des administrateurs. Selon le bon vouloir du
législateur.
661
« Il ne faut pas confondre discrétion et arbitraire. Alors que l’arbitraire
dénigre le pouvoir exercé à sa guise, selon son bon vouloir, la discrétion,
elle, est assujettie à certaines règles, même si elle écarte l’obligation stricte
d’agir. »
« Il doit être loisible aux parties de contracter selon leur bon vouloir. »
p) jury, verdict
« Les qualités attendues d’un bon jury sont l’impartialité, la représentativité
et la compétence. »
En arriver au bon verdict.
q) motif, raison
« Il n’a pas été arrêté pour les bons motifs. »
« Elle a de bonnes raisons de le soupçonner. »
« Nous avons de bonnes raisons de croire que cette règle est applicable. »
« Un témoin peut-il avoir de bons motifs de mentir? »
Dispense accordée à un juré pour un bon motif.
r) politique, principe
« Le législateur a estimé qu’il était de bonne politique criminelle de prévoir
des sanctions sévères dans ce cas. »
En conformité avec les bons principes.
« La Cour n’a pas appliqué les bons principes. »
« Ces réserves sont étayées par de bons principes d’interprétation. »
s) procédé
« Il s’agit là d’un procédé que la Cour d’appel a qualifié d’échange de bons
procédés. »
t) résultat
« Même si la Cour d’appel a appliqué le mauvais critère, elle est arrivée au
bon résultat. »
« En matière d’obligation de garantie, l’avocat est-il tenu de garantir le bon
résultat des actes qu’il pose? »
u) rôle
« Pour jouer le bon rôle constitutionnel, le pouvoir judiciaire doit être
662
complètement séparé sur le plan des pouvoirs et des fonctions des autres
organes du gouvernement. »
v) usage
Le bon usage judiciaire.
Les bons usages parlementaires, judiciaires (= les prérogatives reconnues,
acceptées, convenues).
a) Par rapport au juste et par opposition au mauvais, le bon est une valeur
morale.
Légitimité du jugement selon le bon et le juste, ou jugement ex aequo et
bono. Réalisation du bon.
« La philosophie du droit étudie notamment les rapports entre le juste et le
bon. »
« Une partie importante du droit criminel repose sur des conceptions
morales de ce qui est bon et de ce qui est mauvais. »
Mais certains cas sont discutables. Tel est celui, au Canada, de la quittance valable
(“good and sufficient discharge”), terme retenu par l’usage moderne qui a
abandonné [quittance bonne et suffisante]. En France, l’expression consentir bonne
664
et valable décharge qui évoque le fait d’affranchir une personne de son obligation
de restitution est jugée correcte. « L’expression par la redondance des adjectifs
veut souligner le caractère irréprochable de la décharge et du même coup sa
pleine efficacité. Strictement la décharge ne s’applique qu’à l’exécution des
obligations de faire; s’agissant du paiement d’un prix, le pur langage juridique
impose le recours à la bonne et valable quittance. »
2) Bonté. Dans le langage juridique, la bonté d’une chose, c’est sa qualité par
opposition à sa quantité : « Dans tous les cas où le propriétaire, dont la matière a
été employée, sans son consentement, à former une chose d’une autre espèce, peut
réclamer la propriété de cette chose, il a le choix de demander la restitution de sa
matière en même nature, quantité, poids, mesure et bonté, ou sa valeur. » Bonté
d’une terre.
ö BIENSÉANCES.
ö BONA FIDE.
ö FIN.
ö FOI.
ö MOEURS.
ö MORALITÉ.
ö VALABLE.
665
BONA FIDE. BONNE FOI.
1) La locution latine bona fide signifie de bonne foi. Elle a été anglicisée, mais
non francisée. On commet un anglicisme lorsqu’on emploie l’expression latine
bona fide dans les textes juridiques français. Ainsi, dans le domaine des relations
de travail, au lieu de parler d’[association bona fide], on doit dire association de
fait ou association de bonne foi. On trouve aussi association authentique.
2) En droit, la locution de bonne foi a deux sens. Elle s’entend en premier lieu
de la loyauté dans la conclusion et l’exécution des actes juridiques. Acheteur de
bonne foi, négocier de bonne foi. Convention exécutée de bonne foi, achat fait de
bonne foi. C’est également la croyance erronée mais non fautive en l’existence
d’un fait, d’un droit ou d’une règle juridique. Erreur commise de bonne foi.
Protester de sa bonne foi.
ö BON.
ö FOI.
Bona vacantia est pluriel (avoir droit aux bona vacantia); attention au singulier en
anglais (“Bona vacantia does not, at common law, extend to legal estates in
freehold property, but it does arise by statute”). Le terme est anglicisé, mais
puisqu’il n’est pas francisé, il se met en italique ou entre guillemets, selon que le
texte français est imprimé ou manuscrit; il se met en caractère romain si le texte est
en italique.
1) L’équivalent français est biens vacants ou biens sans maître; parmi les biens
sans maître on compte ceux qui n’ont jamais eu de propriétaire (par exemple le
gibier). On dira donc d’immeubles que ce sont des biens vacants, mais on parlera
de biens sans maître dans les autres cas. L’expression biens vacants et sans
maître à l’article 539 du Code civil français n’est donc pas tautologique.
Un bien vacant est un bien dont on ne connaît pas le propriétaire et qui est réputé
n’appartenir à personne parce que personne ne le revendique ni n’en réclame la
propriété. Voir le terme apparenté res nullius (chose qui n’appartient à personne).
La signification des biens vacants a varié selon les époques, aussi n’existe-t-il pas
de définition précise qui explique quels sont les biens visés. À l’origine, les biens
vacants naissent en vertu de la prérogative royale, donc en common law.
Selon le droit anglais établi, les biens qui n’ont plus de maître échoient de droit à la
Couronne suivant la règle de common law qui veut qu’un bien doive appartenir à
quelqu’un. Les biens visés le plus souvent par la loi sont ceux d’un intestat qui
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meurt sans laisser de conjoint survivant ou de proche parent. Les biens vacants ne
comprennent pas ceux dont le propriétaire est simplement inconnu. Ces biens
deviennent vacants par présomption après une certaine période.
En droit français, les biens vacants et sans maître (biens qui, par leur nature, sont
susceptibles de propriété privée, mais qui, du fait des circonstances, n’ont pas
encore été appropriés), tout comme les successions de personnes décédées sans
héritier et les successions abandonnées font partie du domaine de l’État.
Par exemple, dans le cas d’une succession, la vacance est l’état d’une succession
abandonnée en fait parce que personne ne l’a réclamée (la Couronne prend
possession des biens personnels en tant que biens vacants); la déshérence
(“escheat” en anglais) est l’état d’un patrimoine immobilier attribué en droit à la
Couronne parce qu’il n’y a pas d’héritiers aptes à le recueillir ou parce que les
héritiers existants l’ont répudié ou y ont renoncé. Succession vacante ou en
déshérence. Succession tombée en déshérence. Dans le droit actuel des successions
vacantes, la dévolution des biens à la Couronne comme bona vacantia s’applique
aux biens réels et personnels.
Dans une convention de fiducie passée entre une société de fiducie et une société
de prêt, la première prend l’engagement de payer les réclamations des déposants de
la seconde. L’argent non réclamé entre les mains de la société de prêt au moment
de la liquidation de la société est-il la propriété de l’État en tant que dividendes non
réclamés ou de la province en tant que biens vacants ou sous le régime de la Loi
sur les biens vacants?
Autre exemple : l’argent d’une société qui a été constituée en vertu d’une loi et
dont la raison sociale a été radiée du registre, puis rétablie en vertu d’une loi
postérieure, n’est pas bona vacantia parce que la société peut, sur requête, être
réputée avoir continué à exister pendant la radiation.
Syntagmes
ö DÉSHÉRENCE.
ö DÉVOLUTION.
ö RES COMMUNIS.
ö RES DERELICTAE.
ö RES NULLIUS.
ö SUCCESSION.
ö VACANCE.
BONI. BONUS.
a) Un bonus est une gratification accordée par une entreprise sur le salaire d’un
employé. Il est alors synonyme de boni (second sens) et constitue un
anglicisme. Il doit être remplacé par prime ou par boni, en tenant compte des
réserves déjà formulées au sujet de ce dernier terme.
ö GRATIFICATION.
ö PRIME.
BORDEREAU.
Abréviation : breau.
1) Le bordereau est un état ou une note qui énumère les éléments qui
composent une somme d’argent ou un compte. Dans les domaines commercial et
bancaire, il désigne généralement la note sur laquelle est exposé en détail chacun
des articles d’un compte ou d’une somme. « Le bordereau de compte récapitule les
articles du compte et indique le solde. » Bordereau de caisse. Le bordereau de
dépôt bancaire est un relevé détaillé des sommes que dépose le titulaire d’un
compte. Dresser, faire, rédiger, remettre un bordereau.
Par extension, le bordereau est un relevé dans lequel sont énumérés et analysés
sommairement les pièces d’un dossier, les éléments d’un inventaire ou les articles
d’un chargement. Bordereau de chargement, d’envoi, de livraison, de
marchandises. Bordereau imprimé, bordereau manuscrit.
2) Dans son sens le plus large, le mot bordereau sert à désigner toute liste
énumérant certains éléments : bordereau de recensement (méthodes statistiques),
bordereau des votes (vocabulaire des élections), bordereau de courtier (bourse),
bordereau de paie (salaires). Délivrer un bordereau.
ö BULLETIN.
ö ÉTAT.
ö RELEVÉ.
Au Canada, l’expert (arpenteur-géomètre) qui est désigné par les parties (bornage
amiable) ou par le juge (bornage judiciaire) rédige un procès-verbal
d’abornement.
Bornes du droit. Déplacer les bornes du droit. Bornes du temps : se dit d’actes
qu’on peut faire un certain temps et d’autres jusque sur le lit de la mort.
Syntagmes
Borner un terrain.
Reculer les bornes séparant deux lots contigus.
ö CLORE.
ö CLÔTURE.
ö FRONTIÈRE.
ö LIMITE.
ö MITOYENNETÉ.
BORNER.
Le sujet du verbe peut être une personne (auteur, avocat, législateur, magistrat,
plaideur) ou une chose (attente, effet, jugement, mission, opération, pouvoir, rôle,
texte). « Je vais tenter de me borner aux observations qui sont nécessaires pour
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trancher le litige. » « Il ne fait pas de doute que l’attente d’un individu au respect
de sa vie privée, loin de se borner au souci de garantir l’inviolabilité de sa
personne, s’étend à ses biens. » « Les pouvoirs du curateur se bornent aux actes de
pure administration. » « La loi se borne à freiner l’accroissement des
contributions fédérales. »
Le pronominal peut être suivi d’un infinitif (décision qui se borne à statuer, arrêt
qui se borne à décider, à déclarer, tribunal qui se borne à énoncer) ou d’un
substantif (se borner à des conseils, à quelques exemples). « L’appelé peut se
borner à servir la rente ou à payer les intérêts. » « Il devrait être permis dans le
cadre d’un débat vif à ne pas se borner à des arguments rationnels sur le fond,
mais à attaquer le crédit de son adversaire. »
ö CANTONNÉ.
BOUCLIER.
L’image est aussi utilisée dans le cas d’un argument fourni par le législateur :
« L’avocat demande à la Cour de conclure que les garanties prévues par la Charte
constituent un véritable bouclier contre toute atteinte aux droits individuels et
collectifs. » Ainsi, l’alinéa 11b) de la Charte canadienne des droits et libertés,
675
dont le but est d’accélérer les procès et de réduire les préjudices causés, est décrit
comme une arme défensive susceptible de se transformer en arme offensive depuis
que le juge Cory s’est servi de cette image dans l’arrêt Askov : « Le droit que
confère l’alinéa 11b), conçu comme un bouclier, peut souvent se transformer en
arme offensive entre les mains de l’accusé. »
ö BAGARRE.
ö BALANCE.
ö BELLIGÉRANCE.
ö ÉPÉE.
ö GLAIVE.
ö GUERRE.
676
BOULE DE NEIGE. CHAÎNE. PYRAMIDE.
Ces ventes sont appelées de diverses manières; il faut signaler, toutefois, qu’elles
comportent naturellement certaines variantes. Les noms les plus souvent relevés
sont les suivants : vente à la boule de neige, vente pyramidale ou à système
pyramidal, vente à la chaîne ou par réaction en chaîne, vente par recrutement,
vente par référence et vente à paliers multiples (“pyramid selling” ou “pyramid
sales scheme” en anglais). L’expression la plus courante dans la documentation
consultée est vente pyramidale.
En France, depuis la loi du 5 novembre 1953, cette vente est un délit. L’infraction
est constituée par le fait d’offrir une marchandise au public en lui faisant espérer
qu’il l’obtiendra gratuitement ou presque s’il réussit à convaincre un certain
nombre de personnes à accepter les mêmes conditions d’achat. « Sont interdits les
ventes pratiquées par le procédé dit de la boule de neige ou tous autres procédés
analogues, consistant en particulier à offrir des marchandises au public en lui
faisant espérer l’obtention de ces marchandises à titre gratuit ou contre remise
d’une somme inférieure à leur valeur réelle et en subordonnant les ventes au
placement de bons ou de tickets à des tiers ou à la collecte d’adhésion ou
inscription. »
Syntagmes
Chaîne pyramidale.
Escroquerie à la boule de neige.
Opération, vente accompagnant la boule de neige.
Pratique, procédé de la boule de neige.
Système de (la) vente à la boule de neige.
Vente, vendre à la boule de neige.
Vente à la chaîne.
ö CHAÎNE.
ö PYRAMIDAL.
ö BRIS.
ö RENVERSEMENT.
BOYCOTT. BOYCOTTAGE.
Boycott et le préfixe de ses dérivés se prononcent soit à l’anglaise, soit comme s’ils
s’épelaient boïcotte. La prononciation à la française (boi-kot) n’a pas été suivie
dans l’usage.
Les deux termes s’emploient avec la préposition de ou sur. Avec de, pour désigner
la nature de l’interdit : boycottage de consommation, boycottage de livraison,
boycottage de production, ou sa source : boycottage d’un parti politique dirigé
contre quelqu’un ou quelque chose. Avec sur, pour désigner l’objet de l’interdit :
boycottage sur les matériaux. La préposition de s’emploie également dans ce
deuxième cas.
De plus en plus, le terme tend à être supplanté dans l’usage par une série de mots
apparentés qui donnent une connotation plus positive à la notion ou qui la précisent
davantage. Grève, clause de refus de travail, grève de solidarité, grève de
sympathie, articles mis à l’index, produits interdits, marchandises intouchables,
sanctions économiques.
Boycottage économique.
Boycottage (d’origine) patronal (ale), ouvrier (ière).
Boycottage entre industriels, syndicats, patrons et ouvriers.
Boycottage exercé sur qqn, effectué par qqn contre qqch. ou qqn.
Boycottage positif, négatif.
Boycottage systématique, organisé, décrété, prononcé.
Acte de boycottage.
Cas, faits de boycottage.
Clause de boycottage.
Conduite du boycottage.
Effets juridiques du boycottage.
Entreprise de boycottage.
Incitation au boycottage.
Manoeuvres, menaces, tentatives de boycottage.
Méthodes, procédés de boycottage.
Mobiles du boycottage.
Plan de boycottage.
Prescriptions du boycottage.
Régime légal du boycottage.
Réglementation, règles du boycottage.
Répression du boycottage.
ö BLOCUS.
ö BOYCOTTER.
ö INDEX.
ö INTERDIT.
BOYCOTTER.
Boycotter est transitif direct : boycotter qqn ou qqch. Boycotter une marchandise,
une personne physique ou morale, c’est la mettre à l’index, prononcer un interdit
contre elle. Le verbe s’emploie aussi avec un complément abstrait : « Il faut
boycotter à tout prix toutes les causes appuyées par le syndicat. »
Ce délit a trait, en régime de common law comme de droit civil, aux déprédations
commises sur les terres ou les cours d’eau d’autrui et est rangé dans la catégorie
des actes d’intrusion.
Dans tous ces emplois figurés, on remarquera que le braconnage consiste en fait
dans la violation d’un droit (intérêt juridiquement protégé ou moralement défendu)
ou dans l’abus d’un droit; c’est une chasse non autorisée sur le terrain d’autrui ou
une chasse excessive sur son propre domaine.
Au sens général noté au point 1), le terme braconnier s’emploie par opposition au
chasseur ou au pêcheur respectueux des lois et des règlements : « Selon les
statistiques, la population de grizzlis diminuera si plus de soixante ours par année
meurent naturellement et par suite de la chasse légale et du braconnage (et il y a
tout lieu de croire que les braconniers en prennent autant que les chasseurs
légitimes). »
Syntagmes
Acte de braconnage.
Braconnage généralisé.
Élimination, répression du braconnage.
Fait de braconnage.
Réseau de braconnage.
BRANCHE.
Une branche du droit est un ensemble de règles juridiques destinées à régir tout un
domaine spécifique de relations sociales. On dit d’une division du droit qui n’a
plus cours qu’elle est une branche morte de ce domaine du droit. « L’interprétation
large donnée à l’article en cause a conduit le législateur à supprimer un autre
article, devenu une division périmée, branche morte du droit aérien. »
Cette citation a été maintes fois reprise par la Cour suprême du Canada : en 1979,
pour l’interprétation des droits linguistiques, en 1980, pour l’interprétation des
pouvoirs de taxation, en 1981, pour l’interprétation de l’article 96 de la
Constitution, en 1984, pour l’interprétation de l’article 6 de la Charte, et ainsi de
suite.
5) Branche d’un moyen. Dans le style des arrêts français, cette expression
s’utilise, pour ce qui concerne le pourvoi en cassation, au sens de subdivision d’un
moyen invoqué au soutien d’un pourvoi et correspondant à chacun des griefs; les
griefs contre la décision attaquée s’articulent en moyens. « Sur le premier moyen,
pris en ses quatre branches... » « Le moyen ne peut être accueilli en aucune de ses
quatre branches. » « Le moyen n’est fondé en aucune de ses deux branches. »
Parfois, l’image donne lieu, dans les conclusions de l’avocat, à une métaphore
687
végétale continuée : s’aventurer hardiment sous les frondaisons des sept branches
des quatre moyens.
ö ALTERNATIF.
BRANLE.
Moyen de mise en branle. « Dans notre système de droit, nul ne peut être arrêté en
l’absence de motifs fondés sur des éléments de preuve. L’arrestation vient donc
modifier la situation des deux parties en servant de moyen de mise en branle du
processus des débats contradictoires. »
BRAQUER. POINTER.
1) Braquer une arme à feu, la pointer, signifie tourner une arme à feu en
direction d’une personne, la diriger vers elle pour que le projectile l’atteigne.
Braquer une arme en direction de la victime. Braquer un fusil sur qqn. Aussi est-ce
un pléonasme de dire : « L’intimé [a braqué] son revolver [et l’a pointé vers] la
victime. »; braquer sur suffit.
Braquer s’emploie en droit pénal canadien en ce qui concerne l’usage d’une arme à
feu dans la perpétration d’un acte criminel. Braquer une arme à feu sur une
personne. L’article 84 du Code criminel crée une infraction pour le geste qui
consiste à braquer une arme. L’article 83 interdit l’utilisation ou la manipulation
négligente d’une arme à feu.
BRAS.
Dans l’expression bras de justice, le mot justice s’écrit avec la minuscule lorsqu’on
parle du système judiciaire et avec la majuscule dans le contexte d’une
personnification du droit.
ö JUSTICE.
ö MAIN.
BREF.
1) Au Canada, le mot bref est employé dans les deux sens suivants : a) acte
introductif d’instance signifié par un huissier au nom du Souverain et enjoignant à
qqn de comparaître en justice; b) ordre exceptionnel émanant d’un tribunal
supérieur en vertu de la prérogative royale pour empêcher un abus de pouvoir ou de
droit.
691
2) La notion a pénétré tous les domaines du droit canadien :
Au Nouveau-Brunswick, les brefs dits de prérogative n’ont pas été abolis, mais
transformés en ordonnances de révision judiciaire sous le régime de la règle 69 des
Règles de procédure. Cette réforme strictement procédurale (le bref est un ordre du
Souverain, tandis que l’ordonnance émane du tribunal) avait notamment pour objet
de simplifier le langage juridique et de supprimer la terminologie latine archaïque.
La règle 69.01 maintient les recours traditionnels exercés par voie de bref de la
Couronne tout en abolissant l’ancienne terminologie. Elle a aussi supprimé la
difficulté de savoir quel bref doit s’appliquer suivant les circonstances de
l’instance. Tous ces recours s’appellent maintenant recours en révision.
Syntagmes
ö CAPIAS.
ö MANDAT.
BREVET. PATENTE.
Outre ces différents sens, le mot brevet s’emploie dans un autre sens, qui fait
l’objet du présent article et des syntagmes énumérés ci-après. Dans le droit de la
propriété industrielle, ou plus généralement en droit commercial, le brevet ou
brevet d’invention est un titre délivré par l’État à l’auteur d’une découverte ou
d’une invention lui donnant le droit exclusif, sous certaines conditions et pour un
temps déterminé (vingt ans dans la plupart des pays), d’exploiter sa découverte ou
son invention à son profit. Le brevet OXO. Brevet intitulé Maxi term. Droit conféré
par un brevet. Caractéristiques décrites au brevet. Accorder, octroyer un brevet.
Brevet abandonné.
Brevet accordé, attribué, délivré, redélivré.
Brevet acheté, acquis, vendu.
Brevet annulé, frappé de nullité, nul.
Brevet cédé, concédé.
Brevet contrefait.
Brevet déchu, tombé en déchéance.
Brevet demandé, déposé.
Brevet exploité, non exploité.
Brevet expiré, maintenu en vigueur.
Brevet restitué, usurpé.
Brevet révoqué.
Brevet utilisé.
ö BREVETABILITÉ.
ö BREVETABLE.
699
ö BREVETÉ.
ö ÉMETTRE.
ö INVENTION.
ö LETTRE.
ö LICENCE.
ö PATENTE.
ö PERMIS.
BREVETABILITÉ. NON-BREVETABILITÉ.
1) L’adjectif brevetable signifie qui est susceptible de faire l’objet d’un brevet
(voir ce mot). « Ce procédé est brevetable. » Invention brevetable. « Le certificat
d’utilité est un titre de propriété industrielle qui a pour objet une invention
brevetable. » Pour être brevetable, l’invention ou la découverte doit être nouvelle,
doit pouvoir être d’application industrielle et doit impliquer une activité inventive
ne procédant pas de l’état de la technique existante. Caractéristiques, informations,
matières brevetables. Déterminer si une invention est brevetable.
2) Antonyme : non brevetable. « Les inventions qui sont contraires à l’ordre public
et aux bonnes moeurs sont non brevetables. »
ö BREVET.
700
ö BREVETABILITÉ.
ö BREVETABLE.
1) Breveté est substantif et adjectif. Le mot signifie qui a obtenu un brevet (voir
ce mot).
Adjectif. Qualifie tant les personnes que les choses. Appellation, invention, société
brevetée. Article, dispositif, inventeur, produit breveté.
ö BREVET.
ö BREVETABILITÉ.
ö BREVETABLE.
La langue générale possède toute une série d’expressions avec bride pour exprimer
la retenue, l’extrême prudence, la surveillance étroite, ou leur contraire.
701
On rencontre l’emploi du verbe brider ou de son participe passé avec un
complément de nom de personne ou de chose au sens d’empêcher quelqu’un d’agir
en toute liberté, de contenir, freiner, gêner, réprimer. Brider qqn par un contrat.
Brider, c’est, pour une chose, gêner son évolution, entraver son développement.
« La loi nouvelle ne s’est pas bornée à codifier purement et simplement la
jurisprudence, elle a également formulé certaines solutions que la jurisprudence,
bridée par les principes généraux, n’avait pas consacrée de sa seule autorité. »
ö BRIMÉ.
BRIGUE. BRIGUER.
2) Dans le vocabulaire des élections, briguer les ou des suffrages, c’est être
candidat à une élection. On trouve aussi briguer les voix, briguer les votes des
électeurs, briguer l’investiture.
702
3) Dans le style des conventions collectives, briguer un poste ou un emploi,
c’est chercher à l’obtenir en faisant acte de candidature : « L’employé mis en
disponibilité peut briguer l’emploi affiché. » Puisqu’en ce sens l’emploi
substantivé est vieilli, on ne parlera pas de [brigue des emplois] ni de [brigueur],
mais de candidature et de candidat à un emploi.
1) Au sens propre, brimer qqn c’est lui faire subir une série de vexations ou de
contrariétés, le plus souvent dans le milieu scolaire (à l’occasion des initiations
cruelles par exemple) et professionnel (par des pressions indues). Être brimé est
alors se sentir maltraité, persécuté, défavorisé : « Les autochtones ont déclaré se
sentir brimés par l’effet de nos lois », et donc éprouver un fort sentiment
d’injustice et de frustration.
Une chose en brime une autre ou brime qqn lorsqu’elle contraint, force, contrarie,
qu’elle limite la liberté en imposant des volontés strictes, en constituant une gêne
ou une entrave à la liberté (réglementation qui brime la population), en empêchant
l’exercice d’un droit (condition brimant le droit d’aliéner) ou en allant à l’encontre
d’une volonté exprimée (brimer l’intention du législateur). « Cette règle vient
brimer les intentions clairement exprimées de la testatrice. »
2) Dans le style judiciaire, brimer est utilisé le plus souvent au sens de léser. Il
s’emploie en construction absolue : « Il n’est pas établi que vos droits aient
jusqu’ici été brimés dans la présente action. » En construction transitive, le
complément direct attendu est régulièrement un mot abstrait comme droit, liberté,
principe : brimer les droits et libertés des justiciables. Lorsque le complément
représentant la personne est object direct, la construction est brimer qqn dans
qqch. : une législation qui brime les étrangers dans leurs intérêts légitimes.
ö BRIDÉ.
703
BRIS.
1) Dans le langage juridique, le mot bris signifie rupture illégale faite avec
violence et constituant un délit : bris de clôture (intrusion), bris de scellés, bris de
prison (évasion), bris de glaces (assurance contre les dangers causés aux glaces
ou autres objets en verre); s’introduire par bris (par effraction) dans une maison.
Évasion du détenu avec bris de prison.
b) Dans le droit des délits contre les biens et contre l’autorité publique, le Code
pénal français prévoit l’infraction de bris de scellés dont la nature est
d’égarer l’information judiciaire par la destruction ou la soustraction de
pièces nécessaires ou utiles à l’action de la justice. L’infraction est
constituée par la destruction ou l’enlèvement de la bande ou de l’empreinte
des scellés apposés soit par ordre du Gouvernement, soit par ordonnance de
justice. Bris de scellés intentionnel. Bris de scellés accompagné de violences.
d) Le bris de navire en droit maritime est une matière liée à l’action pour
abandon de navire par suite d’un échouement. Bris absolu, partiel. Bris
éprouvé par le navire. Bris considérable, grave, léger, peu important.
Échouement (ayant lieu) avec, sans bris. Espèce, nature du bris. Navire
échoué avec, sans bris.
ö BRISER.
ö CONTRAVENTION.
ö EFFRACTION.
ö INEXÉCUTION.
ö RUPTURE.
ö VIOLATION.
Ces termes s’emploient par rapport à la grève. Le brisage de grève est l’utilisation
systématique de travailleurs pendant un arrêt de travail. Le briseur de grève
(“strikebreaker” en anglais) est celui qui compromet le déroulement normal d’une
grève en refusant de s’y associer. Ce peut être le fait du travailleur qui n’interrompt
pas son travail alors que ses camarades sont en grève ou qui est embauché pour
remplacer un gréviste, ou le fait de l’employeur qui, par une action répressive,
contraint ses employés à travailler. Briseur de grève professionnel. Avoir recours à
des briseurs de grève. Dispositions antibriseurs de grève prévues au Code du
travail.
706
Dans la langue familière, l’anglicisme “scab” se rend par des termes tels
supplanteur, jaune ou rat.
ö BRISER.
ö BRISEUR.
ö GRÈVE.
ö GRÉVISTE.
BRISER. ROMPRE.
ö BRIS.
ö BRISAGE.
ö BRISEUR.
ö CASSER.
ö CONSTANT.
En France, est appelée casseur la personne qui, sous prétexte de participer à une
manifestation, commet des déprédations, particulièrement dans les locaux
universitaires, ou, plus généralement, endommage volontairement des biens publics
ou privés. Agissements des casseurs. La formule célèbre Les casseurs seront les
payeurs signifie que ce sont les auteurs de dégradations qui en seront tenus pour
responsables et illustre le thème de la responsabilité individuelle face à la
collectivité. La loi punissant les auteurs et les instigateurs de tels délits s’appelle
loi anticasseurs. Le casseur est un voyou, un vandale; on emploie ces termes
comme substituts pour remplacer l’emprunt “hooligan”, répandu en Belgique à la
suite des événements tragiques du Heysel, le 29 mai 1985.
ö BRISAGE.
ö BRISER.
BRITANNIQUE.
Il est permis d’employer le terme droit britannique pour désigner, de façon plus
globale et moins stricte, le droit écrit émanant du Parlement britannique
(c’est-à-dire le Parlement du Royaume-Uni), mais non pour désigner l’un des trois
systèmes juridiques en vigueur dans le Royaume-Uni. « Le droit britannique offre
maints exemples de la pratique française de la validation législative, notamment
dans diverses lois adoptées par le Parlement britannique pour couvrir des actes
illégaux des troupes britanniques stationnées en Irlande du Nord. »
BROCARD.
Comme terme du vocabulaire juridique, le mot brocard s’écrit avec un d final. Bien
qu’on le signale comme vieilli dans les dictionnaires généraux, il se rencontre
souvent dans la documentation récente.
709
1) Les brocards (d’après le nom latinisé du juriste Burckardt) sont, au point de
vue de la forme, des énoncés concis et frappants, de brèves synthèses,
généralement en latin, mais pas toujours (le mort saisit le vit), qui résultent de
l’expérience et de la tradition; au point de vue du fond, ce sont des vérités d’ordre
général qui ne tiennent pas compte, du fait de leur généralité, des exceptions et
ignorent l’évolution du droit. Leur autorité est tirée de leur ancienneté. Plus
précisément, le brocard est une formule juridique qui résume par son caractère
lapidaire une situation juridique. Il s’inscrit dans la série des adages du droit. Il
n’énonce pas toujours une règle; souvent il ne formule qu’une simple maxime ou
un proverbe. Les plus anciens, on les appelle généralement adages et ils figurent au
Corpus Juris. Différents des principes généraux du droit, ils représentent des points
de vue dont la tradition juridique tient compte et fournissent des arguments dans un
grand nombre de cas ou des règles d’interprétation.
Il y aurait lieu de faire des nuances : par exemple, le style de la formule utilisée
pourrait permettre de distinguer le brocard (aliéné n’aliène) de l’adage ou
aphorisme (Ubi jus, ibi remedium : là où il y a droit, il y a recours; Dura lex sed
lex (La loi est dure, mais c’est la loi); Justice tardive équivaut à injustice), de la
locution sous forme d’axiome, de règle ou de précepte (La loi parle au présent;
Audi alteram partem; “Time is of the essence”), de la maxime (« Il vaut mieux
laisser dix coupables impunis plutôt que de condamner un seul innocent » ou la
710
vieille formule du droit anglais sur l’inviolabilité du domicile : « La maison de
chacun est pour lui son château »), de la notion (alter ego, res ipsa loquitur) ou du
principe (caveat emptor).
Il reste que le terme brocard est de plus en plus concurrencé par le terme adage,
beaucoup plus employé.
ö DICTON.
ö MAXIME.
ö PRÉCEPTE.
ö PRINCIPE.
ö PROVERBE.
ö RÈGLE.
ö SENTENCE.
BRUIT.
On range le bruit dans des classifications diverses : bruit dans l’habitation, bruit
des engins de chantier, des véhicules automobiles, bruit d’origine industrielle ou
commerciale, des transports aériens et terrestres, en milieu de travail, bruits
domestiques et de voisinage.
711
2) Au figuré, le terme juridique bruit public signifie commune renommée et est
défini comme une opinion générale pouvant servir de preuve, en l’absence d’autres
indices. Bien qu’il soit attesté dans la plupart des dictionnaires généraux du 19e et
du 20e siècle, le terme est peu employé.
Syntagmes
ö BANG.
2) Au sens abstrait, brut signifie qui est à l’état de donnée immédiate. Le sens
brut d’un mot. Les faits bruts. « Les définitions de la cause proposées par la
doctrine s’inscrivent dans un spectre dont les faisceaux vont de l’ensemble factuel
brut à la règle de droit abstraite virtuellement applicable. »
4) Au Canada, le bail à loyer net (“net lease” en anglais) est un bail commercial
aux termes duquel le locataire prend à sa charge les frais d’entretien du bien loué
en plus de verser le loyer convenu. Bail net et bail hors frais d’entretien sont des
termes équivalents rencontrés dans la documentation, mais bail à loyer net a été
normalisé par le Comité de normalisation de la terminologie française de la
common law. Termes apparentés : bail à loyer supernet et bail à loyer hypernet.
« Dans un bail à loyer net, le loyer dû au locateur est net de la plupart des frais
afférents à la location. » Dans cet exemple, la locution être net de s’emploie au
sens de déduction faite de, exempt de.
714
5) En contexte de traduction, le terme anglais “gross” se rend par brut lorsqu’il
désigne une chose évaluée avant déduction des frais. En revanche, lorsqu’il désigne
ce qui dépasse la mesure, il est rendu diversement, selon le contexte.
6) Les adjectifs brut et net qualifient les substantifs et les expressions énumérés
ci-dessous.
Achats nets
Actif (corporel, liquide) net.
Bénéfice net.
Biens familiaux nets.
Budget brut.
Chiffre d’affaires net.
Dépenses nettes.
Excédent net.
Gains (moyens) nets.
Imposition nette.
Impôt net.
Liquidités nettes.
Marge bénéficiaire nette.
Montant brut.
Net d’impôts.
715
Net à payer.
Perte (en capital) nette.
Poids brut.
Position nette (débitrice, créditrice).
Prix (de vente) net.
Produit net.
Profit brut.
Recettes nettes.
Rendement net.
Résultat net.
Revenus bruts d’exploitation.
Solde net.
Somme brute.
Valeur nette.
Valeur saine nette à l’arrivée.
Vendre brut pour net.
Ventes nettes.
ö BAIL.
BUDGET. BUDGÉTISATION.
Le Secrétariat d’État a dressé une liste de qualificatifs utiles pour désigner les
différents budgets :
ö BUDGÉTAIRE.
ö BUDGÉTER.
717
BUDGÉTAIRE. BUDGÉTAIREMENT.
ö BUDGET.
ö BUDGÉTER.
BUDGÉTER. BUDGÉTISER.
ö BUDGET.
ö BUDGÉTAIRE.
718
BULLETIN.
Abréviation : bull.
3) Dans le vocabulaire des élections, le bulletin (de vote) est le billet sur lequel
l’électeur ou l’électrice inscrit son vote. En ce sens, billet de vote est vieilli. Le
bulletin de vote est formé du talon détachable et de la souche à laquelle ce dernier
719
est rattaché. Bulletin blanc. Bulletin irrégulier, nul, rejeté. Déposer, mettre son
bulletin de vote dans l’urne. Compter, dépouiller les bulletins.
4) Le bulletin est aussi une sorte de billet (voir ce mot) sur lequel sont portées
des indications manuscrites servant à constater certaines choses. Il s’agit alors
d’une pièce justificative, d’un certificat ou d’un récépissé. Bulletin ou ticket de
bagages, de consigne. « Le bulletin de consigne est un récépissé que
l’établissement commercial remet au client qui lui confie un objet. » Bulletin de
paie. « Le bulletin de paie accompagne obligatoirement le paiement du salaire. »
Syntagmes
ö BAPTÊME.
ö BILLET.
ö CERTIFICAT.
ö FICHE.
ö SCRUTIN.
BUREAU.
g) les membres d’une assemblée, d’un parti ou d’une association, élus par leurs
collègues pour diriger les travaux et exécuter les décisions : élire le bureau.
721
3) Le mot bureau est souvent employé à la place d’un mot plus précis. Ainsi, le
lieu où travaille l’avocat ou le juge s’appelle cabinet. Le bureau d’un notaire est
une étude, celui d’un comptable, un cabinet ou une firme. Dans ce domaine, pour
distinguer entre bureau et cabinet, il suffit de se rappeler que cabinet se dit surtout
pour un travail d’ordre intellectuel, tandis que bureau se dit pour un travail
administratif et souvent collectif : le cabinet du recteur, le bureau d’un
fonctionnaire.
4) Il faut éviter les anglicismes [bureau chef] et [espace à bureaux]. Ils doivent
être remplacés respectivement par siège social ou siège tout court, et superficie
commerciale. Par ailleurs, on livre un colis au bureau (ou à la pièce, à la porte) 316
(et non [no 316]) de l’édifice d’une banque, par exemple. On commet un anglicisme
lorsqu’on emploie les termes [suite] et [chambre] dans ce contexte.
Composition du bureau.
Élection du bureau.
Fonctions, mission du bureau.
Membre du bureau.
ö CABINET.
ö CHAMBRE.
ö ÉTUDE.
3) Le mot but se retrouve dans des locutions prépositives comme dans le but
de, dans un but de, dans un but suivi d’un adjectif. Certains ont critiqué
l’expression dans le but de et lui auraient préféré dans l’intention de, dans le
dessein de parce que le mot but s’entend uniquement dans un sens concret comme
un point que l’on atteint. Pour la même raison, ils ont condamné les tours
poursuivre ou suivre un but et remplir un but, négligeant ainsi le sens figuré du
mot, dessein ou intention. Il est abusif de conclure qu’un but est nécessairement
une cible que l’on vise. Il ne paraît pas possible de condamner ces expressions et
on ne devrait pas hésiter à les employer. Il faut proscrire cependant l’anglicisme
[rencontrer un objectif]; on atteint un objectif.
Syntagmes
ö FIN.
ö INTENTION.
ö MOYEN.
ö OBJECTIF.
ö OBJET.
725
C
C.
Au Canada, on utilisait parfois l’abréviation c. pour indiquer que l’arrêt était traduit
et v. pour souligner que l’arrêt publié en anglais n’avait pas été traduit. Cet usage a
été abandonné.
ö CANON.
ö INTITULÉ.
ö VERSUS.
726
C. A.
CABINET.
Les notaires travaillent dans une étude, mais cabinet peut s’appliquer également à
eux : « Au Québec, à moins qu’ils ne soient employés du gouvernement, les
notaires tout comme les avocats ont généralement leur propre cabinet privé. » Les
comptables travaillent dans une firme ou un cabinet. Cabinet d’experts-comptables.
Par extension et par métonymie, cabinet désigne l’ensemble des affaires des
avocats, l’ensemble de leurs clients : « Le cabinet de cette avocate compte une
nombreuse clientèle. »
ö ÉTUDE.
1) Le cachet est un objet de métal avec lequel on imprime une marque et, par
métonymie, la marque elle-même laissée par cet objet. Apposition du cachet. « Le
cachet de l’huissier est apposé sur l’enveloppe. » « Le visa est un document délivré
ou un cachet apposé par un agent de visas du ministère de l’Immigration. »
Une clause contractuelle, dans un connaissement par exemple, peut être apposée
par cachet ou incorporée par renvoi.
Le cachet apposé par une administration porte généralement une date. Date
figurant sur le cachet du bureau d’émission. Cachet d’envoi; cachet de réception.
« La remise à l’avocat, contre récépissé, d’une copie du mémoire, portant cachet à
date du secrétariat-greffe, vaut notification. »
ö EMPREINTE.
ö SALAIRE.
ö SCEAU.
ö TAMPON.
ö TRAITEMENT.
ö VISA.
CACOLOGIE.
On trouve à profusion des exemples de cacologie dans les textes de personnes qui,
n’étant pas familières avec le langage du droit et ne possédant pas bien leur langue
ou étant distraites ou pressées, commettent des maladresses qui font sourire et qui
étonnent. Ces maladresses portent tant sur le langage courant que sur les termes
techniques : « le demandeur s’est senti [grièvement] malade », « il s’affaissa en
[chancelant] », « hésiter devant [deux] alternatives » « un [certain nombre] de
biens » (au lieu de certains biens), « son absence [à] l’audience » (au lieu de au
cours de l’audience, pendant l’audience), « le [soi-disant] accusé » (au lieu de le
prétendu accusé), « décliner [son incompétence] » (au lieu de sa compétence),
« soulever [l’incompétence] » (au lieu de l’exception d’incompétence),
« contracter des obligations [à l’encontre de] » (au lieu de à l’égard de),
729
« demander la [nullité] d’un acte » (au lieu de l’annulation), « tenter [vainement
d’invoquer] un texte » (au lieu d’invoquer vainement).
ö BARBARISME.
ö BATTOLOGIE.
ö PLÉONASME.
ö SOLÉCISME.
CACOPHONIE.
Le meilleur conseil que l’on puisse donner à la personne qui se soucie d’éliminer
ces maladresses est de se relire à haute voix; elle trouvera plus facilement ainsi des
Il faut qu’on convienne, un trop grand nombre, dans une même phrase ou dans un
même paragraphe, d’adverbes en ment, d’infinitifs en er, de mots ayant la même
forme, toutes maladresses, enfin, qui déparent le style, rendent la lecture difficile et
laissent une impression fort déplaisante.
C.-À-D.
ö CADASTRAL.
ö CADASTRAGE.
ö ENREGISTREMENT.
ö TORRENS.
CADRE.
1) Dans un nom composé, cadre est précédé du trait d’union parce qu’il
constitue avec le premier élément une unité de sens : un accord-cadre (de prêts) est
un type d’accord; calendrier-cadre, contrat-cadre. Si cadre est mis en apposition,
il forme avec son antécédent deux unités de sens et il n’est pas précédé du trait
d’union puisqu’il est pris alors adjectivement : un accord cadre est un accord
général; régime cadre, tribunal cadre. « Grâce à cette réforme judiciaire, un
unique tribunal cadre aura entière compétence à l’égard de toutes les affaires
criminelles. » Au pluriel, les deux éléments sont variables : des lois-cadres, des
systèmes cadres.
2) Une loi-cadre est un texte législatif qui prévoit des dispositions générales
devant servir de cadre aux règles de droit qu’énonceront les textes d’application.
Les anglicismes [organisme parapluie] (“umbrella organization”) et [clause
732
couverture] (“blanket clause”) sont à proscrire; on dit organisme cadre et
stipulation ou disposition générale.
Briser un cadre, demeurer dans un cadre : « Ces légistes ont déclaré qu’ils
entendaient demeurer dans le cadre de la loi antérieure, mais il faut reconnaître
que ce cadre a été brisé. » Décrire le cadre (d’une nouvelle loi); établir le cadre
(d’une collaboration); déborder le cadre (des dispositions établies, des décisions
prises).
Un acte devient caduc à l’égard de qqn : « L’accord est devenu caduc à l’égard
des employés liés par la convention. »
Une loi est qualifiée de caduque lorsqu’elle est tombée en désuétude ou qu’elle est
remplacée par une nouvelle loi. L’abrogation expresse d’une disposition législative
a pour effet de rendre caduc le texte qui s’appliquait jusque-là. Il en est de même
pour un traité, un règlement ou un arrêté. « La Loi de 1984 portant réforme du droit
de la famille a rendu caduques les règles de droit qui régissaient les rapports
familiaux. »
2) Le champ sémantique de l’adjectif caduc est plus étendu que celui de son
équivalent anglais “lapse”. Dans la traduction, on veillera à employer le terme juste
en tenant compte du contexte.
ö CADUCITÉ.
ö PÉRIMÉ.
ö CADUC.
ö DÉCHÉANCE.
ö RÉVOCATION.
CAF et C & F (on écrit aussi C et F) sont des sigles fréquemment utilisés dans les
contrats de vente commerciale internationale, notamment en matière d’assurance
maritime et de crédit documentaire. On les appelle des incoterms (voir cette
entrée), soit des règles internationales pour l’interprétation des termes
commerciaux (“trade terms” en anglais). Ils désignent des conditions ou le type de
livraison convenus et apparaissent dans les clauses de livraison. Leur fonction est
double : répondre à un besoin de rapidité dans ce genre de transaction et assurer
une harmonisation terminologique sur le plan international.
735
Selon que l’on emploie l’un ou l’autre de ces deux termes commerciaux dans un
contrat de vente, l’étendue des obligations respectives du vendeur et de l’acheteur
sera différente, car à chacun d’eux correspond un type de vente particulier. Ainsi,
l’usage du terme CAF pour le transport maritime signifie que c’est le vendeur
plutôt que l’acheteur qui devra s’occuper du transport de la marchandise et c’est
sur lui également que pèsera l’obligation d’assurer celle-ci.
« Dans une vente dite CAF (coût, assurance, fret) le vendeur s’oblige à conclure le
contrat de transport et à mettre la marchandise à bord ainsi qu’à l’assurer contre
les risques de ce transport. »
Syntagmes
Conditions, prix C et F.
Présentation d’une facture CAF.
Règles des INCOTERMS propres à la vente CAF.
Transaction, vente CAF.
Transport par mer sur la base C et F.
Vendeur CAF.
Vente C et F le Havre.
Vente maritime au départ C et F.
ö FOB.
ö INCOTERM.
CAISSE.
2) Dans un sens plus concret, le mot caisse désigne le coffre dans lequel on met
de l’argent, des valeurs. Caisse enregistreuse. Les tiroirs-caisse. La caisse d’un
magasin. Vider la caisse de son contenu.
Bien que ces termes servent tous presque indifféremment lorsqu’il est question de
grand malheur provoqué par des causes naturelles, il y a lieu de souligner certaines
nuances d’emploi; en outre, en contexte de traduction, ce ne sont des équivalents
du mot anglais “disaster” que dans des énoncés particuliers.
Dans un deuxième sens, la calamité est une grande infortune personnelle ou sociale
qui est la conséquence extrême d’un abus auquel il n’a pas été remédié : « En
ajoutant au Code cette section, le législateur a voulu mettre fin à un abus qui
menaçait, en s’étendant, de devenir une véritable calamité. » En cas de tumulte ou
de calamités publiques. Mal public devenu calamité privée. En ce sens, la calamité
était historiquement un dommage, un préjudice d’une certaine importance qui
atteignait quelqu’un.
Les calamités agricoles sont des dommages matériels non assurés et d’importance
exceptionnelle causés par un agent naturel. Dans un contexte plus général, les
calamités publiques sont elles aussi non assurables; ce sont des événements
dommageables d’une exceptionnelle gravité, survenant de façon imprévisible et
provoqués par des forces naturelles. Généralement, la réparation des calamités est
prévue par des textes qui ouvrent droit à diverses formes de dédommagement par
l’État.
Le fléau social, emploi plus fréquent, s’applique tant à l’individu qu’au groupe
entier : proxénétisme, discrimination, stéréotypes, préjugés, propagande haineuse,
toxicomanie, guerre. Il représente souvent un danger économique et social pour
l’humanité. En ce cas, le législateur adopte des lois pour lutter contre ces fléaux
sociaux : « La disposition vise à combattre un fléau social aux ravages cruels et
étendus. » Perpétuer, supprimer un fléau social.
Lorsque l’individu seul est concerné, le fléau qu’il constitue est moins fort que le
danger social en puissance : « Le requérant représente pour la société non pas un
danger, mais un simple fléau social; il n’y a donc pas lieu de maintenir la peine de
détention. »
738
Au sens abstrait, le terme désigne un mal qui affecte un régime, un système, par
exemple le fléau que représente en droit anglais des contrats le principe du lien
contractuel ou de la relativité des contrats et que plusieurs tribunaux ont dénoncé.
Aide financière, plan d’urgence, plan d’intervention, Loi sur les services à assurer
en cas de catastrophe. Gestion des catastrophes.
On peut parler de désastre national dans le cas où, par suite de la violation de la
primauté du droit, un pays est plongé dans l’anarchie et le chaos.
6) Le sinistre (voir ce mot) attire surtout l’attention sur les grandes pertes
matérielles causées. C’est un événement catastrophique ou naturel qui occasionne
des dommages, des pertes (incendie, inondation, naufrage, séisme). Les victimes
sont des sinistrés; elles habitent une zone, une région sinistrée. Toutefois, le terme
s’emploie surtout en matière d’assurance et désigne le fait qui entraîne une
indemnisation. En un sens étroit, le sinistre a trait aux dommages ou pertes subis
par des objets assurés. Remboursement des sinistres.
ö DOMMAGE.
ö ÉVÉNEMENT.
ö FORTUNE.
ö MALHEUR.
ö SINISTRE.
CALENDAIRE.
Ce terme, apparu au début du siècle et dérivé de calendrier, n’est pas attesté par la
plupart des dictionnaires généraux. Le Robert enregistre l’emploi de jour
calendaire, qu’il définit comme une journée du calendrier indemnisée par les
assurances sociales et l’assurance-chômage par opposition au jour férié et au jour
ouvrable.
ö CALENDRIER.
ö JOUR.
CALENDRIER. ÉCHÉANCIER.
Puisque l’avocat et l’avocate sont tenus, dès lors qu’ils ont reçu les fonds
nécessaires de leur client, de procéder aux formalités légales ou réglementaires
qu’impliquent les actes, ils se doivent d’établir le calendrier des formalités.
ö CÉDULE.
ö ÉCHÉANCE.
ö RÔLE.
Syntagmes
Être en butte aux calomnies; être exposé aux attaques de la calomnie; être soumis
à des calomnies; être victime d’une calomnie.
Forger, inventer, répandre une calomnie sur qqn.
Publier une calomnie.
Répondre à une calomnie.
ö DIFFAMATION.
ö INJURE.
ö LIBELLE.
ö OFFENSE.
ö OUTRAGE.
CAMBRIOLAGE. CAMBRIOLER.
Le mot cambriolage n’est pas un terme technique. Dans l’usage courant, il désigne
l’action de voler les biens d’autrui en pénétrant par effraction dans un lieu fermé.
« Le bien volé était le produit d’un cambriolage. »
744
En France, cette infraction est prévue à l’article 382 du Code pénal : il s’agit du vol
simple commis à l’aide d’une effraction extérieure ou intérieure, ou d’une escalade,
ou de fausses clefs ou de clefs volées, ou encore d’une entrée par ruse dans un local
d’habitation ou un lieu où sont conservés des fonds, des valeurs, des marchandises
ou du matériel.
Syntagmes
ö EFFRACTION.
ö VOL.
La personne qui pratique cette activité de plein air en utilisant une tente est un
campeur, une campeuse (le mot tentiste est attesté dans l’Encyclopédie Larousse),
tandis que celle qui utilise une caravane est un caravanier, une caravanière. « Le
camping est pourvu d’une table par groupe de campeurs. »
Les textes juridiques français définissent ainsi le campeur : « Toute personne qui
s’installe en touriste et à titre temporaire à un endroit où il n’a pas de résidence
fixe, à l’aide d’un matériel mobile, lui permettant logement et vie pratique. » « Est
réputé campeur celui qui, muni d’un équipement approprié permettant
l’accomplissement des actes essentiels à la vie matérielle quotidienne, utilise
temporairement un abri transportable établi de façon provisoire sur les
dépendances du domaine public ou privé de l’État, des départements et des
communes ou sur les propriétés privées. »
2) Le droit du camping est une branche du droit des loisirs et du tourisme qui
s’intéresse à la réglementation générale et spéciale du camping, notamment aux
règles juridiques de la création et de l’aménagement des terrains de camping, et de
leur exploitation.
Syntagmes
CAMPUS.
2) Le sens du mot est concret; le terme campus est descriptif et renvoie à une
réalité physique. « Le campus du Centre universitaire de Moncton couvre une
grande superficie. » Contrairement à l’anglais “campus”, il ne désigne pas, par
extension de sens, l’université elle-même en tant que personne morale. On évitera
donc l’anglicisme en disant : « L’Université de Moncton est formée de trois
constituantes ou centres universitaires. »
Canceller (parfois écrit avec un seul l) et son dérivé cancellation sont des
archaïsmes. La cancellation est un vieux terme de notariat; elle désignait l’action
de biffer (voir BIFFAGE), de barrer (voir BARREMENT), de raturer (voir ce mot) tout
document (par exemple le banquier cancellant un chèque payé), mais surtout un
acte testamentaire, en faisant des croix ou des X tracés côte à côte et superposés sur
tout ou partie de l’acte (telle la signature des parties) pour l’annuler; parfois
l’atteinte portée au document était matérielle, elle s’effectuait au moyen d’une
incision ou d’une lacération et annonçait ainsi l’inutilité ou la fausseté de l’acte. La
suppression réalisée, notamment dans le cas de l’acte formaliste (“deed” en droit
anglais), par rature, rayure ou biffage des signatures ou par arrachement du sceau,
était effectuée, soit par une partie, soit par consentement des parties, soit enfin à la
suite d’une décision judiciaire annulant l’acte pour cause de fraude ou d’erreur.
Intention de canceller un testament, de le détruire, de le raturer : animus
cancellandi en latin.
ö BARREMENT.
ö BIFFAGE.
ö RATURER.
752
CANNABIS. CANNABISME.
Cannabis est masculin et s’écrit parfois avec la majuscule (lorsque renvoi est fait
au terme technique de botanique); la minuscule indique que le mot est employé
dans son sens courant. Ce terme latin a été francisé.
ö DROGUE.
ö PHARMACODÉPENDANCE.
ö STUPÉFIANT.
ö TOXICOMANIE.
753
CANON. CANONIQUE. CANONISTE.
Canon et ses dérivés (en termes de droit) s’écrivent avec un seul n, tandis que les
dérivés de canon (en termes militaires) en prennent deux pour des raisons
d’étymologie.
En un sens plus large, le canon est une règle, un décret des conciles en matière de
foi et de discipline. Les canons sacrés.
Les principes qui régissent la transmission de biens réels par voie de succession
sont appelés au Canada, dans la terminologie française normalisée de la common
law, règles d’hérédité (“canons of descent”) et règles de succession héréditaire ou
de transmission héréditaire (“canons of inheritance”).
Syntagmes
ö CANONISANT.
En droit ecclésiastique, on vise par canonisation des lois les cas où le législateur
ecclésiastique s’abstient de donner des normes dans une matière précise et s’en
remet aux lois étatiques, qui s’appliqueront aussi en droit canonique. Cette
755
observation découle de l’énoncé du canon 22 du Code de droit canonique, qui
prévoit ce qui suit : « Les lois civiles auxquelles renvoie le droit de l’Église doivent
être observées en droit canonique avec les mêmes effets, dans la mesure où elles ne
sont pas contraires au droit divin et sauf disposition autre du droit canonique. »
Le commentaire à ce canon ajoute que la technique de la canonisation des lois est
particulièrement apte à régler des matières où est utile la coïncidence des critères
des ordonnancements juridiques de l’Église et de l’État.
C’est dans ce contexte que s’établit la distinction que fait ce droit entre norme
canonisante (qui doit être interprétée avec les critères propres à l’ordonnancement
canonique) et norme canonisée (qui doit être interprétée avec les techniques de
l’ordonnancement juridique d’origine).
ö CANON.
ö ORDONNANCEMENT.
Emploi passif. « Tandis que la loi morale régit le champ entier des activités
humaines... le droit est cantonné dans le domaine (= est limité au domaine) des
relations de l’homme avec l’homme prises dans la perspective de la société
politique organisée. » « Dans la rédaction de la décision, l’utilisation du style
direct est cantonné dans l’exorde (= est réservé à l’exorde). »
ö BORNER.
ö CANTONNEMENT.
CANTONNEMENT.
Les dictionnaires généraux sont à tout le moins très incomplets sur les nombreux
emplois du mot cantonnement. De plus, l’utilisation de la préposition qui
accompagne le verbe cantonner fait problème, comme l’atteste la documentation
(voir CANTONNÉ).
2) Sens de zone.
1) Dans le langage juridique, la personne capable est celle qui remplit les
conditions légales pour exercer certains droits; l’incapable est la personne qui n’a
pas la capacité légale exigée pour la jouissance ou l’exercice de certains droits. « Si
une personne capable de contracter accepte le dépôt fait par une personne
incapable, elle est tenue de toutes les obligations d’un véritable dépositaire. »
« Les interdits et les mineurs sont les principaux incapables définis par la loi. »
« La péremption opère contre les incapables. » Partie (devenue) incapable.
4) Par ailleurs, plusieurs auteurs affirment que l’adjectif capable exprime une
possibilité active fondée sur le pouvoir de faire quelque chose. « Il est capable de
trancher les causes fiscales les plus complexes. » Susceptible exprimerait quant à
lui une possibilité passive, la possibilité de subir une action. « Cet avocat est
susceptible de se décourager si on lui confie un dossier trop complexe. » En
760
d’autres termes, on ne pourrait être susceptible que de recevoir, de subir,
d’éprouver, alors qu’on serait capable de donner ou de faire. S’appuyant sur
plusieurs bons auteurs, certains grammairiens affirment que susceptible peut
s’employer au sens actif de propre à ou de nature à faire quelque chose. « Cette
avocate est susceptible d’ébranler avec de tels arguments les convictions du
tribunal. »
Enfin, capable s’emploie au sens mélioratif ou positif; lorsque le sens est péjoratif
ou négatif, on emploie plutôt susceptible : « Il est [capable] des pires actes » (= est
susceptible, peut commettre).
ö CAPACITÉ.
Syntagmes
ö CAPABLE.
ö DÉCHÉANCE.
ö INAPTITUDE.
ö INVALIDITÉ.
CAPIAS.
Ce terme latin, que l’on trouve encore au Canada dans certaines lois et dans des
textes de jurisprudence et de doctrine, n’a plus qu’une utilité historique depuis
l’abolition de lois portant suppression de la terminologie archaïque. Il reste que les
juristes doivent à l’occasion y faire allusion et que le mot capias entre dans la
formation de plusieurs termes latins devant lesquels il est normal d’hésiter.
Puisque le mot n’a pas été francisé, les termes qu’il forme se mettent en italique ou
entre guillemets, selon que le texte est imprimé ou manuscrit. Si le texte est déjà en
italique, le terme s’écrit en caractère romain. Signification du bref de capias. Bref
de capias décerné lors du procès.
Les deux brefs les plus connus et dont mention est faite régulièrement dans la
documentation consultée sont le “capias ad respondendum” et le “capias ad
satisfaciendum”.
ö BREF.
ö MANDAT.
CAPITAL, ALE.
En criminologie, cet adjectif forme quelques syntagmes : une peine capitale est une
peine de mort, un procès capital et une sentence capitale entraînent la peine de
mort et le crime qui mérite la peine de mort est un crime capital.
Se méfier du pléonasme fautif qui consiste à dire d’un raisonnement qu’il est [faux
et fallacieux].
3) Insidieux se dit de ce qui tend un piège, d’un moyen caché que l’on utilise
pour tromper. C’est l’idée du caractère imperceptible, subtil du piège tendu à
l’esprit qui s’attache à ce terme. Subtilités insidieuses. Un peu comme le font les
affections insidieuses en médecine, qui, explique Littré, ne paraissant pas au
premier abord aussi dangereuses qu’elles le sont réellement sont propres à mettre
en défaut le praticien, les subtilités insidieuses d’un raisonnement tendent à
entraîner l’interlocuteur vers une conclusion propre à rebuter.
2) À la différence de parce que, car est toujours précédé de la virgule. Parce que
l’est uniquement lorsque les actions de la proposition principale et de la
proposition subordonnée ne sont pas pensées simultanément ou si son sens
l’oppose fortement à la première : « La justice sans force est contredite, parce qu’il
y a toujours des méchants. »
4) Parce que peut être repris par que (« Rien ne lui interdit de renouveler sa
demande, parce que la décision n’a pas de valeur juridictionnelle et qu’elle
n’emporte pas l’autorité de la chose jugée. »), mais car ne peut l’être : « La
demande peut être renouvelée, car elle n’a pas de valeur juridictionnelle et
n’emporte pas (et non [et qu’elle]) l’autorité de la chose jugée. »
CARACTÈRE.
2) Suivi d’un adjectif, caractère forme un syntagme utile pour désigner l’état ou
la qualité d’une chose abstraite. Il peut alors être remplacé par le mot nature :
Octroi de pouvoirs à caractère attentatoire; entreprise à caractère lucratif ou de
768
nature lucrative; ordonnance à caractère provisoire ou de nature provisoire.
Caractère raisonnable, abusif d’une décision, d’une mesure. Caractère public
d’un régime de retraite.
Mais il arrive fréquemment que le syntagme formé ne puisse être remplacé par un
substantif : caractère raisonnable d’une décision, d’une mesure; caractère secret
d’un document, d’un dossier.
ö NATURE.
ö QUALITÉ.
ö TITRE.
CARACTÉRISER.
2) Dans le langage juridique, caractériser est employé à bon escient dans le sens
de qualifier, mais c’est surtout au sens de définir, de déterminer qu’il est utilisé
généralement. « La Cour doit caractériser le paiement qui a été fait pour
déterminer s’il s’agit d’un paiement de capital qui ne peut être imputé au revenu. »
« On ne saurait caractériser la commission qui a été constituée de « chambre
étoilée » jouissant d’un pouvoir discrétionnaire absolu d’interroger les personnes
nommées et de scruter tous les aspects de leurs activités. »
ö QUALIFIER.
CARCAN.
Dans le style juridique, l’image évoque tour à tour les idées suivantes :
a) assujettissement : « On leur a imposé le carcan d’une répartition obligatoire
entre les zones urbaines et rurales. » « On ne devrait pas être prisonniers du
carcan des classifications doctrinales rigides ou des limites historiques
excessives. »; b) contrainte : « Les deux conditions que prescrit la loi habilitante
imposent un carcan à la Commission. » « Ce serait une grave erreur d’imposer
aux méthodes habituelles d’enquêtes criminelles un carcan étroit de règles
artificielles. » (“strait jacket” en anglais). « On ne peut limiter les dispositions
relatives à l’aliénation mentale au double carcan des ‘éléments’ et des ‘défenses
exonératoires’. »; c) joug : « Le concept d’indépendance judiciaire développé à ce
772
jour est un modèle plutôt qu’un carcan. » « Le projet de loi vise à libérer les
prestataires du carcan que représentent les modalités impératives de cet article de
la loi. »; d) sujétion : « Ils ont adopté des techniques permettant d’éviter le carcan
dans lequel l’application rigoureuse de ce critère les avait placés, notamment la
technique des infractions continues. »
Le carcan, souvent perçu comme une entrave inutile et arbitraire (« Donner comme
directive au jury d’agir de cette façon serait imposer à ses délibérations un carcan
artificiel et théorique. »), empêche l’évolution normale de la pensée juridique en
confinant l’esprit dans un cadre conceptuel ancien, détaché de la réalité : « Le juge
La Forest a précisé au nom de la majorité que les redressements fondés sur
l’equity, tels les fiducies par interprétation, la reddition de compte, le droit de suite
et l’indemnisation, ne doivent pas être confinés dans le carcan du passé. »
Bref, le carcan est le plus souvent imposé; se trouvant placé dans ce carcan, on
cherchera à s’en libérer.
ö CONTRAINTE.
ö JOUG.
ö SUJÉTION.
CARCÉRAL, ALE.
ö BRIS.
ö INCARCÉRATION.
ö PÉNITENCIER.
CARENCE.
1) Dans son sens usuel, la carence est une déficience ou une pénurie; le mot se
définit comme l’absence, le manque, l’insuffisance de quelque chose.
« L’entreprise souffre en ce moment d’une carence en capital. » Carence
d’approvisionnement.
4) Devant un infinitif, carence se construit avec la préposition à (et non [de] par
analogie avec défaut et manque) : « En cas de carence de sa part à exercer les
droits du syndicat, l’employeur pourra présenter sa requête. »
ö DÉFAUT.
CARITATIF, IVE.
Cet adjectif n’est pas un néologisme. Attesté dès le 14e siècle, il est qualifié de
vieux au 19e siècle, mais est remis à la mode au 20e siècle par les mouvements
d’action catholique. Il a conservé son sens étymologique (vient du latin caritas :
charité) et signifie qui se consacre à la charité, dont le but est de porter assistance
aux plus démunis. L’action caritative découle de l’esprit de charité.
Bienfaisance (voir ce mot) est plus compréhensif que caritatif, mettant l’accent sur
le bien dispensé dans un intérêt social. L’adjectif anglais “charitable” a presque
toujours de bienfaisance comme équivalent dans la documentation bilingue
consultée.
ö BIENFAISANCE.
ö CHARITABLE.
CARTE.
1) La carte est soit un petit carton, un document qui établit certains droits (carte
de commerçant, carte de résident, carte de travail, carte de séjour, carte
d’assurance sociale. « Il m’a répondu qu’il n’était pas titulaire d’une licence
d’électricien ni même d’une carte d’apprenti. »), ou qui enregistre certains faits
(carte d’identité, carte de présentation du chercheur d’emploi, carte de paiement),
soit une représentation à l’échelle d’une région : la carte judiciaire, par exemple,
fait état de la répartition des tribunaux sur un territoire donné. Les ouvrages qui
traitent de l’organisation judiciaire d’un pays sont souvent illustrés par de telles
cartes.
Syntagmes
Accord de cartel.
Contrat, convention, entente de cartel.
ö COLLUSION.
ö CONSORTIUM.
ö MONOPOLE.
ö TRUST.
CAS.
d) au sens d’espèce d’une loi, d’une cause, d’un délit, d’un crime, en ce sens,
on dit bien soumettre un cas au juge; les circonstances du cas;
2) Il y a lieu de faire une distinction entre cause type (sans trait d’union) et cas
typique. La cause type est un arrêt de principe, celui dont on se sert comme modèle
et qui régit tous les autres après lui. On dit en anglais qu’une décision est un
“leading case”; par exemple l’arrêt célèbre Hedley Byrne c. Heller and Partners est
une cause type en matière de responsabilité professionnelle. Le cas typique
présente une situation caractéristique qui vient illustrer un principe de droit :
« Prenons à titre d’exemple le salaire que lui verse l’employeur pendant son
invalidité en exécution d’une obligation qui lui incombe. Ce cas typique est celui
du policier qui a droit à son plein salaire pendant la durée de son invalidité. » Ne
pas confondre avec cause type (“test case” en anglais), qui est une cause
représentative en matière de recours collectif.
3) Voici une liste partielle d’exemples dans lesquels le mot cas est élément d’une
locution ou d’une expression.
781
A. En début de phrase (plusieurs locutions s’emploient également en cours de
phrase).
[Au cas que] [Outre le cas Vieux. Dire Au cas où, outre les cas où.
que]
Dans (ce, ces ou ces derniers, « Le principe audi alteram partem a été
certains, ces divers, ces mêmes, dans ce cas sanctionné par la loi. » « Ils
chaque, d’autres, de nombreux, ne constituent pas dans tous les cas des
de rares, la majorité des, redressements. » « Dans chaque cas, le
la plupart des, quelques, tous juge a rédigé des motifs. » « Dans tous les
les) cas cas de construction à destination
spéciale... » « ...ce qui implique
nécessairement que, dans certains cas, le
traitement juridique... » « Dans la plupart
des cas, il est possible de conclure que... »
Dans des cas (suivi d’un « Ces montants ont été accordés par
adjectif) d’autres tribunaux dans des cas
semblables. »
Dans l’un et l’autre cas « Dans l’un et l’autre cas, la Cour d’appel
fédérale a statué. »
Dans le cas suivi d’un Dans le cas contraire, dans le cas inverse.
adjectif
Dans les cas suivi d’un « Dans les cas déterminés par la loi... »
participe « Dans les cas exprimés aux articles
précédents... » « Dans les cas
susvisés... »
Dans (tous) les cas où « ... les obligations d’une partie envers
l’autre s’avèrent souvent importantes dans
les cas où on prétend que... »
Hors (les) le cas suivi d’un Hors le cas d’excuse légitime; Hors le cas
adjectif ou d’un participe prévu par la loi; « ... et seulement lorsque
celui-ci passe à l’action, hors les cas
particuliers où l’instigation est en elle-
même érigée en délit spécial. »
Hors les cas dans lesquels « Il a rappelé le principe selon lequel les
Hors les où débats sont publics hors les cas où la loi
exige ou permet qu’ils aient lieu en
chambre du conseil ou à huis clos. »
Outre (le) les cas de « Cela englobe, outre les cas de la famille
unilinéaire, toutes les hypothèses dans
lesquelles l’enfant demeure légalement
rattaché à celui de ses parents. »
B. En cours de phrase
4) Traduction. Il ne faut pas abuser du mot cas; cet abus, relevé dans la
documentation, s’explique sans doute par l’influence de son sosie anglais “case” .
L’extension sémantique du terme anglais étant très large, “case” peut se rendre en
français par cas, mais il faudra le traduire le plus souvent par d’autres équivalents.
Il est entendu que la liste qui suit est très partielle, que les équivalents proposés
peuvent varier selon les contextes et qu’ils sont ainsi énumérés uniquement pour
servir d’illustration.
FRANÇAIS “CASE”
les arguments qui militent the case for or against the law
pour ou contre la loi
792
arrêt clé; arrêt de principe; leading case
cause faisant jurisprudence;
jugement de principe
avant que la poursuite n’ait before the close of the case of the
terminé son exposé prosecution
Modulation
Cela est d’autant plus vrai This is even more the case
Même s’il en avait été Even if this were not the case
autrement
ö ADVENIR.
ö CIRCONSTANCE.
ö ESPÈCE.
ö SITUATION.
CASCADE. CHAÎNE.
ö BOULE DE NEIGE.
ö CHAÎNE.
1) Le substantif cassation n’a, dans la plupart des pays, qu’un seul sens : c’est
l’annulation par une cour suprême d’une décision rendue en dernier ressort. Cour
de cassation, en France. Cour suprême de cassation d’Italie. Il ne s’emploie que
pour désigner le fait pour la juridiction suprême de l’ordre judiciaire de mettre à
néant une décision et de renvoyer l’affaire devant la juridiction d’où elle émane
pour qu’elle statue à nouveau sur celle-ci.
Syntagmes
Action en cassation.
Cas d’ouverture à cassation.
Consentement à la cassation du jugement.
Décision frappée de cassation.
799
Délai de pourvoi en cassation.
Demande, demandeur en cassation.
Erreur donnant lieu à, entraînant la cassation.
Étendue de la cassation.
Intervention de la cassation.
Juge de cassation.
Motion en cassation d’un acte d’accusation.
Moyen de cassation.
Pourvoi en cassation.
Recours en cassation.
Renvoi après cassation.
Requête en annulation de cassation de saisine.
Requête en cassation d’une demande d’examen judiciaire.
Voie de la cassation.
Admettre la cassation.
Aller en cassation.
Appeler la cassation.
Déférer à la Cour de cassation.
Demander la cassation.
Donner ouverture à cassation.
Encourir la cassation.
Être l’objet d’un pourvoi en cassation.
Être susceptible de cassation.
Fonder la cassation (sur un texte de loi).
Former un pourvoi en cassation.
Obtenir la cassation (de la décision).
Prononcer la cassation.
Recourir en cassation.
Se pourvoir en cassation.
Se prévaloir de la cassation.
Y avoir cassation.
ö CASSER.
ö CONFIRMATION.
ö INFIRMATION.
ö RÉFORMATION.
800
CASSER.
ö CASSATION.
CASUEL, ELLE.
1) Dérivé du mot cas, casuel se prend en deux sens dans le langage du droit :
d’abord en son sens usuel, rare dans la langue générale, où l’idée de hasard
domine, il signifie qui est accidentel, aléatoire, fortuit, puis en un sens particulier,
que n’enregistrent pas les dictionnaires, où domine l’idée de l’existence d’une
circonstance ou de cas précis, il signifie qui est lié à des cas par rapport à un
principe général.
801
Premier sens. La condition casuelle en droit civil français est définie comme celle
qui dépend du hasard et qui n’est nullement du pouvoir du créancier ni du débiteur.
L’équivalent anglais est “contingent condition”.
Deuxième sens. Est casuel ce qui se rapporte à un cas particulier par opposition à la
généralité. S’il s’agit de distinguer entre la common law (que l’on décrit comme un
système juridique casuistique, voir ce mot) et la tradition civiliste, ou encore de
distinguer la loi dite générale, qui prévoit une règle pour tous les cas d’un genre
donné, par rapport à la loi dite particulière, qui édicte une règle dans un cas concret
ou pour une série de cas, on dira que les articles de la loi particulière sont casuels
par rapport à d’autres dispositions qui seraient générales. « Au niveau de la loi
particulière, le degré de généralité varie : certains textes apparaissent plus larges
que d’autres même si, dans une bonne technique, toute loi doit être une règle
générale pouvant s’appliquer à une série indéterminée d’actes et de faits. Ainsi les
articles 1384 et 1386 du Code civil ne semblent-ils que casuels par rapport aux
articles 1382 et 1383 qui sont la grande loi de la responsabilité civile. »
2) On trouve encore dans nos lois des emplois vieillis de l’adjectif casuel :
emploi casuel, droits casuels, partie casuelle.
Dans les lois sur l’impôt, sur les allocations versées aux anciens combattants, sur
les allocations de guerre pour les civils, les termes revenus casuels et gains casuels
sont encore employés. Exception pour gains casuels consentie aux bénéficiaires de
l’allocation aux anciens combattants.
Dans ce cas, casuel tend de plus en plus à être supplanté dans le bon usage par
d’autres adjectifs, par occasionnel surtout. Il faut remarquer, toutefois, que le
substantif casuel s’emploie couramment au sens de revenu qui varie selon les
circonstances et qui vient s’ajouter au revenu fixe ou régulier d’un emploi : le fixe
et le casuel.
Absence occasionnelle.
Aide occasionnelle.
Avantage occasionnel.
802
Congé de maladie sans certificat médical.
Déficit fortuit.
Dépense imprévue.
Emploi occasionnel.
Employé auxiliaire, occasionnel, temporaire.
Gains imprévus, occasionnels.
Insuffisance de recettes imprévue.
Main-d’oeuvre intermittente, irrégulière, occasionnelle, temporaire.
Personnel irrégulier, occasionnel, temporaire, surnuméraire.
Poste temporaire.
Prêt occasionnel.
Recettes accessoires, imprévues.
Revenus accidentels, occasionnels.
Travail temporaire.
Travailleur auxiliaire, occasionnel, temporaire.
Vacance fortuite, occasionnelle.
ö CASUISTIQUE.
CASUELLEMENT. CAUSALEMENT.
Causalement est très répandu dans le droit des obligations, des délits, des contrats
et en droit pénal. L’adverbe énonce la manière dont est établi un lien entre un
dommage, ou la preuve de ce dommage, et une faute. Le droit pénal prévoit des
peines pour ceux dont les actes sont les causes de certains événements, et
notamment des dommages. Causalement signifie du point de vue de la causalité.
Expliquer causalement l’enchaînement des faits. Preuves causalement reliées à la
faute reprochée. « La Cour a estimé qu’il s’agissait là d’un dommage direct
causalement relié à la faute des appelants. »
ö CASUEL.
CASUISTIQUE.
La situation est la même pour les lois. Dans la technique législative tant en France
qu’en Angleterre, le législateur vise à formuler des règles de droit. Mais la règle
juridique des Français n’est pas celle des Anglais. La loi anglaise présente un
aspect casuistique, tandis que la loi française s’attache à la généralité et descend
moins dans le détail.
1) Une catégorie est un ensemble dans lequel sont rangées, sans idée de
hiérarchie, des choses ou des personnes possédant des caractères communs, alors
qu’une classe est une collection d’individus ou d’objets présentant des caractères
communs. Catégories d’actions, d’assurance, de décrets, de paiements, de valeurs
805
mobilières. Classe d’options, de techniciens. Appartenir à une catégorie
professionnelle. Procéder par catégories. Ranger sous une catégorie.
Ces deux termes semblent à première vue synonymes, mais ils ne sont pas
interchangeables. Le contexte seul dicte l’usage dans ce domaine. En termes de
fréquence, catégorie possède plus d’emplois spécialisés que classe dans le langage
juridique.
Une catégorie juridique est, soit un ensemble de notions qui se définissent les unes
par rapport aux autres : les actes juridiques, les faits juridiques dans leur
classification respective (« Qualifier un acte, c’est déterminer la catégorie
juridique à laquelle il appartient. »), soit un concept fondamental : devoir, droit,
sanction, personne, par exemple, sont des catégories du droit, soit enfin les
grandes dychotomies de la pensée juridique : droit positif et droit naturel, droit
objectif et droit subjectif.
806
Une catégorie de rattachement (“connecting category” en anglais) est un ensemble
de matières ou de règles juridiques auxquelles s’appliquent une ou plusieurs règles
de conflit de lois.
En droit successoral canadien, catégorie a été normalisé pour rendre “class”, notion
anglaise de common law. Catégorie ouverte (“open class”); donation, don à une
catégorie (“class gift”); legs à une catégorie (“class bequest”); fermeture de la
catégorie (“class-closing”); règles de fermeture des catégories (“class-closing
rules”).
ö CLASSER.
ö CODIFICATION.
ö ORDRE.
ö QUALIFICATION.
1) Causa est un terme latin; il signifie cause et entre dans plusieurs maximes et
adages du droit français qui énoncent des principes juridiques. Ainsi, la règle Nemo
judex in causa sua debet esse affirme le principe selon lequel le décideur doit être
désintéressé et impartial et sous-entend la crainte raisonnable de partialité. D’où sa
traduction Nul ne doit être juge dans sa propre cause.
2) Les termes juridiques causa causans, causa proxima et causa sine qua non
se traduisent respectivement par cause déterminante, cause prochaine et condition
essentielle. Ces notions qui ont donné lieu à des constructions doctrinales
traditionnelles devraient toujours être exprimées en français ou, à tout le moins,
être accompagnées de leur traduction française. Par exemple, ne pas dire [la causa
causans de l’accident], mais la cause déterminante de l’accident ou encore la cause
déterminante (causa causans) de l’accident. On évitera la tautologie [cause causa
causans].
ö BIS PUNIRI.
ö CAUSE.
807
Les dictionnaires généraux ne nous sont pas d’un grand secours lorsqu’il s’agit de
déterminer à la fois le sens d’un mot du langage du droit et son emploi. Dans le cas
de l’adjectif causal, seul le Trésor de la langue française peut être d’une certaine
utilité puisqu’il distingue les deux sens du mot. On emploiera causal avec
beaucoup d’attention, car il est facile de confondre les deux sens.
1) Causal signifie d’abord qui est, qui constitue la cause. Il suffit de remplacer
l’adjectif par les mots qui est la cause de pour s’assurer que son emploi est correct.
Acte causal (acte qui est la cause de), action causale, agent causal, facteur causal,
inopérance causale. « La jurisprudence exige que le demandeur en réparation
établisse le lien causal qui unit le dommage qu’il a subi à la faute reprochée au
défendeur. »
CAUSALITÉ.
Linguistiquement, les termes utilisés et les images qui évoquent cette réalité
juridique ont trait, en général, à la création ou à l’établissement de ce lien causal
ou, par opposition, à la brisure, à la coupure, à la destruction ou à la rupture de ce
lien. « Le lien de causalité est rompu si les dommages ne sont pas une conséquence
directe de l’erreur fautive. » « Les défendeurs prétendent que les actes du
demandeur ont coupé tout lien de causalité entre les parties. »
En droit du travail, le lien de causalité doit être prouvé, par exemple, entre le
congédiement et le fait que le salarié a invoqué une loi contre son employeur.
En Europe, dans le droit communautaire, pour que le dommage soit imputé aux
Administrations nationales, il faut qu’il ait été causé par leur fait : l’activité des
Administrations doit avoir entraîné le préjudice subi par le requérant. Un lien de
cause à effet doit exister entre le fait d’un agent et le dommage subi par le
requérant.
Syntagmes
Causalité adéquate.
Causalité à l’égard d’un préjudice.
Causalité déduite des circonstances.
Causalité de l’accident.
Causalité de la faute.
Causalité des dommages-intérêts accordés.
Causalité du fait accompli.
Causalité d’un fait dommageable.
Causalité en droit, causalité juridique.
Causalité fondamentale.
Causalité médicale.
Causalité morale (partielle).
Causalité naturelle.
Causalité partielle.
ö CAUSAL.
ö CAUSE.
ö IMPLICATION.
CAUSE.
En droit canadien, la cause en état (“case ready for judgment” en anglais) est
celle dont l’instruction peut commencer.
b) La cause est aussi une affaire qui se plaide. Plaider sa cause. « La cause R.
c. Potvin a été inscrite au rôle et sera plaidée devant le juge Poulin par
Me Chiasson, pour la poursuite, et Me Arthur, pour la défense. » Cause
civile, criminelle, pénale. Cause susceptible d’appel. Audition, instruction de
la cause. Exposé de cause (“stated case” en anglais). Avoir une bonne, une
mauvaise cause. Déférer une cause.
d) La cause est un événement ou une action qui produit un effet auxquels la loi
attache certaines conséquences juridiques. « En matière de responsabilité
civile, la cause du dommage est appelée cause génératrice. » Acte
constituant la cause du préjudice. Constituer une cause suffisante, une cause
814
de récusation. Cause de nullité d’un acte, découvrir une cause de nullité.
« La cause de la nullité a disparu. »
e) En droit français, la cause peut être l’intérêt de l’acte juridique pour son
auteur. « Pour l’acquéreur, la cause du contrat de vente est l’acquisition de
la propriété, tandis que pour le vendeur, elle est la réception du prix. »
Cause de droit. Cause injuste, illégale, licite, illicite. Expression de la cause;
erreur sur la cause ou fausse cause, fausseté de la cause; cause simulée.
Cause naturelle, contentieuse (de la rupture des relations contractuelles).
Preuve de la cause. Nécessité de prouver la cause, l’absence de cause. « La
charge de la preuve qu’un contrat est causé et que la cause est licite
n’incombe jamais au demandeur qui poursuit l’exécution de son droit; c’est
au débiteur de prouver l’absence ou l’illicéité de la cause. »
Seuls sont dits techniquement à cause de mort les actes passés dont les effets
sont reportés au décès de leur auteur. Par exemple le testament et l’assurance
816
en cas de décès. L’antonyme d’acte à cause de mort est acte entre vifs.
Activité juridique à cause de mort. Demandes relatives à l’exécution des
dispositions à cause de mort.
e) En cause, être en cause. Premier sens : être en jeu. « Dans les procès civils
ou commerciaux, seuls des intérêts particuliers sont en cause. »
j) Faire cause commune. Mettre en commun ses intérêts dans une entreprise.
« Les demandeurs, placés devant pareille adversité, ont alors décidé de faire
cause commune. »
La partie qui est mise en cause s’appelle le mis en cause (la graphie
mis-en-cause est moins courante et n’est pas attestée par les dictionnaires).
818
Dans la langue usuelle, mettre qqn en cause, c’est l’impliquer dans une
affaire louche.
l) Mettre hors de cause. En droit, mettre une partie hors de cause, c’est la
rendre étrangère au procès dans lequel elle a été engagée à tort ou qui ne la
concerne plus. Accusé mis hors de cause. « La compagnie a été mise hors de
cause. » Dans la langue usuelle, mettre qqn hors de cause, c’est le dégager
de toute suspicion qui pouvait peser sur lui ou elle.
m) Pour cause. S’emploie avec un adjectif (pour causes graves, pour cause
résolutoire, déterminée légitime) ou avec la préposition de suivie du
complément. Pour cause de force majeure, d’indignité, d’objection,
d’ingratitude, de nécessité; d’hypothèque, d’aliments (en droit pénal
français), de récusation contre un juge, de sûreté publique. Renvoi pour
cause de suspicion légitime, rescision pour cause de lésion, séparation de
corps pour cause d’adultère. Expropriation pour cause d’utilité publique,
nullité pour cause d’incompétence. « L’arrêt est infirmé pour cause de
nullité. » « L’inexécution du contrat de travail est suspendue pour cause
d’accident du travail ou de maladie professionnelle. »
Variante : Pour autre cause. Être détenu pour autre cause. « Si l’accusé est
absous ou acquitté, il est mis immédiatement en liberté s’il n’est retenu pour
autre cause. »
n) Prendre fait et cause pour qqn : défendre qqn, le soutenir, prendre son parti.
Cause ici a le sens d’intérêts à faire prévaloir contre un adversaire.
« L’avocat consciencieux prend fait et cause pour son client et épouse ses
intérêts. »
o) Quelle que soit l’issue de la cause. Le juge qui est saisi d’une requête
interlocutoire emploie cette formule consacrée à la fin de sa décision
lorsqu’il se prononce sur les dépens. « Le tribunal condamne le requérant
aux dépens, quelle que soit l’issue de la cause », ou « quel que soit le sort du
principal », le principal étant entendu comme ce qui fait l’objet de la
demande initiale (par opposition à l’incident).
819
p) Remettre en cause. Remettre en question. Droits qui ne peuvent être remis en
cause. Droits acquis remis en cause par le décès. Remettre en cause un
principe juridique (= s’interroger sur sa pertinence).
q) Sans cause. Sans juste cause. Être privé sans juste cause de qqch. Dans
l’expression enrichissement sans cause (“unjust enrichment” en anglais), le
mot cause est pris au sens de source de l’enrichissement dépourvu de
fondement juridique; l’enrichissement a une cause lorsqu’il résulte d’un acte
juridique valable, tel un contrat. Pour cause d’enrichissement sans cause
n’est pas incorrect, mais maladroit.
ö ARRÊT.
ö CAUSA.
ö CONTREPARTIE.
ö MOTIF.
ö PEINE.
ö RAISON.
Ainsi, dans le droit des brevets : « Dans une action en invalidation de brevet
intentée sous le régime de l’article 62 de la Loi sur les brevets, la Cour est
habilitée à ordonner au demandeur de déposer un cautionnement judicatum solvi
en faveur du breveté. »
ö CAUTION.
ö CAUTIONNEMENT.
820
CAUTION. CAUTIONNEMENT. PORTE-FORT.
2) La caution est, par définition, une personne qui accepte d’assumer le risque
de défaut d’une autre personne; elle s’engage envers le créancier à remplir
l’obligation du débiteur principal pour le cas où celui-ci ne l’exécuterait pas.
Caution désigne aussi l’engagement donné envers un créancier par un tiers
d’exécuter l’obligation du débiteur si ce dernier n’y satisfait pas lui-même. Être
tenu de donner caution. Le mot désigne enfin la somme versée pour servir de
garantie : verser une caution.
En droit criminel canadien, la mise en liberté sous caution (on trouve aussi sous
cautionnement) est la mise en liberté d’un prévenu moyennant le versement d’une
somme (c’est-à-dire d’une caution ou d’un cautionnement) garantissant à la justice
qu’il se présentera à l’audience. « En accordant le cautionnement, la Cour d’appel
a reconnu qu’il était extrêmement rare qu’un individu condamné pour meurtre
puisse bénéficier d’une mise en liberté sous caution. » « L’habeas corpus peut être
un recours recevable contre un refus de mise en liberté sous caution. » Audience
sur la libération sous caution du prévenu. La mise en liberté sous caution est une
procédure que l’on trouve également en matière d’extradition. La Charte
canadienne des droits et libertés garantit le droit de chacun « de ne pas être privé
sans juste cause d’une mise en liberté assortie d’un cautionnement raisonnable. »
Une des façons de faire exécuter un ordre de ne pas troubler la paix publique
consiste à imposer un cautionnement garanti par un tiers. Les tribunaux exigent le
versement d’une caution pour garantir un engagement. Ce pouvoir est issu de la
common law, qui autorise le tribunal à faire fournir des gages ou des cautions
garantissant qu’une personne ne troublera pas l’ordre public ou qu’elle adoptera
une bonne conduite. Reconnaissance de cautionnement. « Le prévenu a souscrit
un engagement de mille dollars avec caution, garantie par son père. »
L’armateur ou toute autre personne qui a exposé des frais d’avarie commune doit
être certain de rentrer dans ses débours; c’est pourquoi avant la livraison de la
marchandise ou le départ du navire après déchargement, on procède à la signature
du compromis et, éventuellement, à la fourniture de la caution.
Syntagmes
Caution déchargée.
Caution déclarée (par l’emprunteur).
823
Caution de marché public.
Caution douanière.
Caution facultative.
Caution fiscale.
Caution garantissant des engagements commerciaux.
Caution judiciaire.
Caution légale.
Caution obligatoire.
Caution principale.
Caution reconnue bonne et valable (valable seul suffirait).
Caution subsidiaire.
ö CAUTIONNEMENT.
ö CAUTIONNER.
ö CAVEAT.
ö GARANT.
ö NANTISSEMENT.
ö SÛRETÉ.
CAUTIONNEMENT.
Les sûretés (voir ce mot) sont des garanties accordées à un créancier, soit par la loi,
soit par le débiteur lui-même, pour lui assurer l’exécution d’une obligation
principale et le protéger contre les risques d’insolvabilité de son débiteur.
Le cautionnement est une sûreté personnelle admise dans le droit de tous les pays.
Les parties au contrat de cautionnement sont la caution (voir ce mot) et le
créancier. Le débiteur est étranger à ce contrat; le cautionnement peut même
intervenir à son insu. Le but du cautionnement est de garantir une obligation
principale.
2) Définition.
3) Sortes de cautionnement.
Le cautionnement judiciaire est celui qui est donné au cours d’une procédure
judiciaire, par exemple le cautionnement pour les frais du demandeur étranger, le
cautionnement pour les frais et dommages en matière d’injonction, le
cautionnement pour assurer le paiement de la condamnation ou la représentation
des biens saisis avant jugement et remis au défendeur.
Le cautionnement légal est celui qui est donné conformément à une loi qui le
prescrit, par exemple le cautionnement des employés publics, des
secrétaires-trésoriers des municipalités, des titulaires de permis, des courtiers et
vendeurs d’immeubles, des agents de voyage, et le cautionnement pour des travaux
publics.
Le cautionnement conventionnel est celui qui résulte de la volonté des parties, par
exemple le cautionnement de la fidélité des employés d’un employeur privé ou le
cautionnement des travaux de construction est fréquent dans la pratique bancaire et
dans l’industrie de la construction pour la garantie de la bonne exécution des
travaux et le paiement des sous-traitants.
6) Dans le droit des brevets, le plaignant doit fournir un cautionnement pour les
frais du breveté. La Cour peut ordonner le dépôt d’un cautionnement afin de
fournir une certaine garantie que le défendeur obtiendra ses dépens s’il a gain de
cause. En outre, le dépôt d’un cautionnement judicatum solvi pourra être ordonné
en faveur du breveté afin de décourager les attaques abusives contre la validité du
brevet.
828
7) En matière de curatelle et de liquidation, le curateur ou le liquidateur doit
donner une garantie au moyen d’une caution ou d’une reconnaissance selon le
formulaire que le tribunal prescrit pour assurer la bonne exécution de ses fonctions.
« Le tribunal fixe le cautionnement que donne le liquidateur lors de sa
nomination. »
Si le cautionnement à fournir est une obligation solidaire, il est passé sous les
seings et sceaux des parties. Les cautions qui signent cette obligation justifient de
leur solvabilité par serment (affidavit de justification d’une caution) et l’exécution
de l’obligation doit être dûment attestée par l’affidavit d’un témoin signataire
(affidavit du témoin à la signature du cautionnement).
Syntagmes
Cautionnement
administratif.
(réputé) anéanti.
annulé.
bancaire.
bon et approuvé.
civil.
commercial.
consenti.
continu et successif.
d’adjudication.
de bonne exécution.
de contrat (de construction, de vente, de transport...).
de fidélité (des employés).
délivré, signé et remis.
demandé.
de paiement (de la main-d’oeuvre, des matériaux ...).
déposé en garantie.
déposé entre les mains (du séquestre officiel).
de titulaire de permis.
donné, donné en garantie (d’un bail)
écrit.
émanant d’une banque.
en matière pénale.
en espèces.
en vigueur.
830
exprès.
fourni.
garantissant le capital.
général.
illimité.
initial.
judiciaire.
légal.
limité.
par compagnie de garantie.
particulier.
permanent.
personnel, personnel et réel,
personnel pur et simple.
préalable.
pour (les) frais.
prouvé régulièrement.
raisonnable.
reçu.
réglementaire.
solidaire.
souscrit (à qqn).
sous forme de lettre de garantie.
spécifique.
supplémentaire.
valide et suffisant.
verbal.
Acte de cautionnement.
Action fondée sur un cautionnement.
Affection (d’un livret de caisse d’épargne) au cautionnement.
Annulation du cautionnement.
Approbation du cautionnement.
Assurance-cautionnement; assurances de cautionnement.
Augmentation du cautionnement.
Bénéficiaire du cautionnement.
Chute du cautionnement.
Clauses pénales du cautionnement.
831
Commerce du cautionnement.
Conditions du cautionnement.
Confiscation du cautionnement.
Contrat de cautionnement.
Constitution du cautionnement (par titres).
Copie du cautionnement.
Délai du cautionnement.
Détournement du cautionnement.
Durée du cautionnement.
Droits acquittés, garantis par un cautionnement.
Droits des cautionnements.
Étendue du cautionnement.
Exemplaire du cautionnement.
Exercice du cautionnement.
Extinction du cautionnement.
Fixation du cautionnement.
Forme du cautionnement.
Fourniture du cautionnement.
Mainlevée de la saisie sur cautionnement.
Modification du cautionnement.
Montant (intégral) du cautionnement.
Nullité du cautionnement.
Original du cautionnement.
Ordonnance de cautionnement.
Paiement du, sur le cautionnement.
Publicité des cautionnements légaux.
Réalisation en justice du cautionnement.
Réclamation sur cautionnement.
Recouvrement du cautionnement.
Remise du cautionnement.
Restitution du cautionnement.
Société de cautionnement.
Sommes, titres mis en cautionnement.
Suffisance des cautionnements.
Texte du cautionnement.
Types de cautionnement.
Validité d’un cautionnement.
832
À l’égard du cautionnement (garantie détenue...).
À titre de cautionnement.
Au titre du cautionnement (garantie fournie...).
En vertu du cautionnement (garantie reçue...).
Sous forme de cautionnement (garantie donnée...).
Accepter un cautionnement.
Annuler un cautionnement.
Approuver un cautionnement.
Augmenter un cautionnement.
Consentir, donner, fournir, remettre un cautionnement.
Contracter le cautionnement.
Constituer un cautionnement.
Délivrer un cautionnement.
Demander un cautionnement.
Déposer un cautionnement.
Être libéré de son cautionnement.
Être muni d’un cautionnement.
Exécuter un cautionnement.
Exercer un cautionnement.
Exiger, imposer un cautionnement.
Fixer le cautionnement.
Honorer son cautionnement.
Maintenir en cours, en vigueur un cautionnement.
Mettre en cautionnement (une somme, un titre).
Modifier un cautionnement.
Obtenir, recevoir, se procurer un cautionnement.
Passer un contrat de cautionnement.
Payer, verser un cautionnement.
Percevoir un cautionnement.
Produire un cautionnement.
Réaliser le cautionnement.
Recouvrer un cautionnement.
Refuser tout cautionnement.
Restituer un cautionnement.
Signer un cautionnement.
Souscrire un cautionnement.
833
ö CAUTION.
ö NANTISSEMENT.
ö SÛRETÉ.
CAUTIONNER. SANCTIONNER.
Cautionner pour qqn est un archaïsme; dire cautionner qqn (pour une certaine
somme).
En ces deux sens, le verbe n’est pas synonyme de sanctionner, qui signifie
confirmer, approuver légalement ou officiellement, ou encore adopter, consacrer :
voir SANCTIONNER.
ö GARANTIR.
ö SANCTIONNER.
834
CAVEAT.
Se prononce ka-vé-atte.
Dans tous les cas, le caveat est un avis écrit dans lequel avertissement est donné au
destinataire d’une opposition (le “caveatee” en anglais) de ne pas accomplir d’actes
quelconques avant que l’opposant (le “caveator”) n’ait recueilli une preuve dont il
a besoin ou un avis juridique. L’équivalent français recommandé par le Comité de
normalisation de la terminologie française de la common law est opposition (voir
ce mot).
5) Pour les locutions latines formées à l’aide du mot caveat, voir l’entrée
suivante.
ö CAVEAT ACTOR.
ö OPPOSITION.
Le terme caveat signifie, dans ces locutions latines, mise en garde, littéralement
Qu’il prenne garde. La documentation consultée révèle que ces locutions ne sont
pas traduites. Elles se mettent donc en italique ou entre guillemets, selon que le
texte est imprimé ou manuscrit. Si le texte est déjà en italique, la locution s’écrit en
caractère romain.
1) Caveat actor. Que l’auteur de l’action prenne garde. Cette maxime renvoie à
la situation de l’auteur d’une action qui accomplit un acte à ses risques et périls.
Toutefois, sauf exceptions, la règle de présomption de responsabilité a été adoucie,
et il est nécessaire maintenant de faire la preuve d’une intention malveillante ou
d’une négligence.
responsable si, avant de louer sa maison, il ne dit pas au locataire qu’elle risque de
tomber en ruines.
Selon ce principe, l’acheteur doit donc s’assurer que le titre qui lui sera concédé
par le vendeur est un titre valable et marchand. Il doit lui-même prendre les
mesures nécessaires pour vérifier la qualité de la construction ou de la fabrication
du bien, l’état de son entretien, le vendeur n’ayant pas l’obligation en droit de
divulguer quelque défaut ou vice dont il peut avoir connaissance.
3) Caveat venditor. Que le vendeur prenne garde. Cette maxime du droit civil
énonce la règle selon laquelle il incombe au vendeur de faire ce que ferait une
personne raisonnable dans une situation semblable.
4) Caveat viator. Que le voyageur prenne garde. Celui qui circule en voiture
doit faire preuve de diligence pour éviter tous les dangers de la route.
ö OPPOSITION.
Les personnes à qui a été adressée une copie (non conforme nécessairement) ne
sont pas mentionnées à la suite de cette abréviation. Pour ce qui est des personnes
qui ont reçu copie conforme, on énumère leurs noms dans l’ordre alphabétique.
Il est à noter que les deux-points (précédés préférablement mais suivis toujours
d’une espace en français, selon les conventions typographiques) sont facultatifs
mais recommandés; ils sont généralement omis dans la correspondance, mais se
mettent s’il s’agit de textes administratifs ou juridiques.
L’emploi du mot vidimus n’est pas différent en droit. Il désigne soit l’opération qui
permet d’attester qu’un acte a été collationné et constaté conforme à l’original, soit
l’acte lui-même trouvé conforme à l’original et commençant par la formule
vidimus. « Ce n’est pas l’acte original, c’est un vidimus. » « Le juge a mis le
vidimus à cet acte. » Dans le vocabulaire de la diplomatie par exemple, on définit
le vidimus comme l’acte qu’une autorité politique constituée délivre et qui contient
la transcription d’un acte antérieur, dont l’insertion est annoncée par la formule
vidimus; en ce sens, expédier un document antérieur sous la garantie du sceau de
l’autorité constituée ou transcrire un acte certifié conforme à l’original, c’est le
vidimer. Faire vidimer un acte. Actes (d’huissier, de procédure) vidimés. Copie
vidimée.
désigner, en français du moins, le nom d’un code (Code civil : C. civ.; Code
criminel : C. cr.; Code de commerce : C. com.; Code des communes : C. comm.;
etc.) ou d’un tribunal (Cour communale : C. comm.; Cour constitutionnelle : C.
const.; Cour criminelle : C. crim.; Cour de cassation : C. cass.; Cour de chevalerie :
C. chev.; Cour de circuit : C. circ.; Cour de commerce : C. com.; Cour de comté :
C. cté; Cour de la Chancellerie : C. Chanc.; etc.).
ö CERTIFIÉ.
ö COLLATION.
ö COMPTE.
ö COPIE.
C. CR.
L’abréviation [C.C.] pour désigner le Code criminel du Canada est née d’une
convention fautive qu’il faut proscrire. On abrège ainsi : C. (lettre capitale suivie
du point abréviatif), puis cr., en minuscule, l’adjectif criminel s’abrégeant selon la
règle habituelle d’abréviation syllabique. Toutefois, en note infrapaginale : v.
l’art. 1 du C. cr., mais dans le corps du texte, en toutes lettres : voir l’article 1 du
Code criminel.
ö C.C.
CE.
1) En plus de servir à l’énoncé des adages du droit, souvent pour traduire des
maximes latines (Ce qui abonde ne vicie pas. Ce qui est tranquille, il ne faut pas le
troubler), le pronom ce entre dans la formation de plusieurs locutions, soit
840
« La Cour est saisie d’une affaire par une partie contractante à ce habilitée
suivant l’article 48 de la Convention. »
c) La locution elliptique ce que dessus est archaïque, mais elle s’est maintenue
dans la langue juridique et administrative. « Tout ce que dessus sera fait de
suite et sans divertir à autres actes », énonce le Code civil français en son
article 976.
d) De ce (suivi de l’infinitif)
841
e) Le tour et ce, encadré comme il se doit par des virgules, serait étranger au
style juridique. On le trouve pourtant dans les codes. Il est vrai qu’il est
souvent superflu, mais sa présence se justifie lorsque l’idée secondaire vient
appuyer nécessairement l’idée principale de telle sorte que l’énoncé de la
règle souffrirait qu’on en fît deux phrases.
« Cependant, si leur inventaire sur place présente des difficultés, ils font
l’objet de scellés fermés provisoires jusqu’au moment de leur inventaire et
de leur mise sous scellés définitifs, et ce, en présence des personnes qui ont
assisté à la perquisition suivant les modalités prévues à l’article 57. »
« Les actions auxquelles les inscriptions peuvent donner lieu contre les
créanciers seront intentées devant le tribunal compétent, par exploits faits à
leur personne, ou au dernier des domiciles par eux élus sur les bordereaux
d’inscription, et ce nonobstant le décès soit des créanciers, soit de ceux chez
lesquels ils auront fait élection de domicile. »
Le tour et ce, dont il ne faut pas abuser, peut servir à la production d’un effet
stylistique de mise en vedette ou de soulignement.
« Sur ce, le président nomme deux scrutateurs aux fins de procéder aux
scrutins. »
Suivi d’un participe passé, sur ce vient renforcer l’idée exprimée par le
verbe. Ce tour se rencontre surtout en construction impersonnelle.
ö CÉANS.
ö CECI.
ö DÉICTIQUE.
ö NONOBSTANT.
843
1) L’adverbe de lieu céans est vieilli. Il signifie ici, dedans, à l’intérieur du lieu
(de la maison) où l’on se trouve au moment même. Dans la langue courante, on
trouve le mot sous la seule forme maître (maîtresse) de céans, expression usuelle
ou familière désignant avec une nuance de plaisanterie la personne qui est chef du
logis où l’on est.
Il convient de signaler que le tour [la présente Cour] couramment utilisé dans nos
textes juridiques est incorrect. L’adjectif présent antéposé ne s’emploie dans le
style juridique que pour qualifier un document, un texte que l’on a sous les yeux,
une chose qui se fait au moment où l’on parle, une affaire dont il est actuellement
question, une notion marquant le temps ou la durée : le présent acte, le présent
alinéa, la présente disposition, etc.
3) Il ne faut pas confondre céans avec son homophone séant, qui signifie
notamment qui sied, qui est convenable. Le tour impersonnel Il est séant que ou Il
est séant de est vieilli; mais s’il faut l’employer dans un texte historique ou
littéraire, il est séant que sera toujours suivi du subjonctif. « Il est séant (ou : il
sied) que vous présentiez maintenant vos observations au tribunal. »
ö CE.
ö DÉICTIQUE.
844
3) En son sens usuel, céder peut signifier acquiescer, consentir, convenir avec
quelqu’un, concéder, par exemple céder un point de discussion à un adversaire.
4) En droit, céder s’emploie en plusieurs sens. On peut céder un objet pour dire
qu’on le donne simplement, mais la cession peut aussi être un transfert. La phrase
citée hors contexte : Pierre a cédé à Jean sa voiture est ambiguë dans la mesure où
on ne sait si Pierre la lui a donnée ou s’il a voulu en transférer la possession.
845
Céder peut signifier vendre (céder une affaire commerciale, céder à un autre
associé sa part dans une société), rétrocéder (céder un bien acquis à un tiers) ou
transmettre (céder son droit dans un immeuble, céder son droit à la succession,
céder son titre). « Le solde dû devient exigible lorsque l’acheteur, sans le
consentement du vendeur, cède à un tiers le droit qu’il a sur le bien » (= transfère).
« Le principe est admis que le droit du créancier à des dommages-intérêts, dans la
mesure où ce droit est né et existe dans son patrimoine, peut être cédé ou transmis
comme tout élément de son patrimoine. »
Céder s’emploie absolument aussi. Céder à titre onéreux, à titre gratuit, de gré à
gré. « Le grevé ne peut dans ce cas céder à titre gratuit. »
Syntagmes
Céder une assurance, une créance, un droit, un fonds, un immeuble, une indemnité,
un intérêt.
Céder le bénéfice d’un contrat.
Céder une chose (un effet) par la tradition de qqch. d’autre (du titre qui le
constate).
Céder antérieurement (une créance).
Être contraint, obligé de céder (une propriété) (par voie d’expropriation,
moyennant juste rémunération).
ö CESSION.
CÉDULE.
1) Ce terme est vieilli dans presque tous ses emplois ou il est rare. Il ne
s’utilise plus pour désigner le titre reconnaissant une dette (on dit aujourd’hui
billet, pour un engagement, et reconnaissance, pour une dette). La locution figurée
plaider contre sa cédule, au sens de se contredire ou de nier l’évidence, ne se dit
plus. Cédule pour désigner le billet servant à notifier quelqu’un et émanant du
tribunal est désuet et le feuillet utilisé en France avant 1949 pour la déclaration de
certaines catégories de revenu a été supprimé avec l’abrogation de l’impôt
cédulaire.
Seuls se disent encore la cédule de citation, soit l’acte par lequel le juge de
première instance permet l’abrégement des délais de citation, et la cédule
hypothécaire, ou titre ou écrit constatant l’inscription dans un registre foncier d’une
dette foncière sur un immeuble, remis au propriétaire de l’immeuble et susceptible
de négociation. Ce titre incorpore une créance personnelle garantie par un gage
immobilier.
2) Ne pas dire [cédule] pour annexe (d’une loi) ou avenant (dans le cas d’une
police d’assurance). Cette confusion et la fréquence d’emploi de [cédule] au sens
anglais de “schedule” expliquent que l’on trouve fréquemment le terme fautif dans
nos textes juridiques. « Une [cédule] (= annexe) indiquant la durée de chaque
étape des travaux accompagne le bon de commande. » On emploie aussi
847
ö ANNEXE.
ö BARÈME.
ö RÔLE.
ö TARIF.
Ce titre de célébrant s’emploie tant pour le mariage religieux célébré par un prêtre
ou un ministre du culte ou tout dirigeant d’une société religieuse que pour le
mariage civil célébré, selon les régimes de droit, par les greffiers, greffiers adjoints
des cours supérieures nommément désignés à cette fin, les protonotaires, les
commissaires aux mariages et même les notaires, fonctionnaires municipaux
désignés par le ministre de la Justice. Le mot s’emploie parfois même lorsque le
verbe qui le suit directement est célébrer. Il y a lieu de séparer le substantif et le
verbe par quelque procédé stylistique – inversion ou incise – ou par le pronom
démonstratif, ou encore par le titre de sa charge. Au lieu d’écrire « Lorsque le
célébrant célèbre plus d’un mariage, il ne lit qu’une fois la formule
réglementaire », on peut reformuler ainsi le dernier énoncé : « Le célébrant ne lit
qu’une fois la formule réglementaire lors de la célébration de plus d’un mariage ».
En plus de son emploi comme substantif, le mot célébrant est aussi participe
présent : « Le greffier, célébrant le mariage, a souhaité ses meilleurs vœux aux
nouveaux époux. » ou adjectif : « L’officier célébrant, les époux et les témoins ont
tous signé l’acte de mariage. »
2) Dans son sens religieux, le mot célébrant désigne l’officiant d’un acte
liturgique, le prêtre ou le ministre du culte. En ce sens, la célébration est l’action
d’accomplir un office divin, un rite religieux, les cérémonies du culte. D’où, en
droit, le sens d’accomplir avec solennité le mariage, c’est-à-dire dans les formes
prescrites, de façon authentique, et non avec un cérémonial. « Le contrat de
mariage est passé devant notaire avant la célébration du mariage. »
L’objet du verbe désigne, au sens liturgique, une cérémonie rituelle : une messe,
une fête, des fiançailles, des funérailles et le mariage.
ö MARIAGE.
CÉLÉRITÉ.
2) Certaines lois concernant les relations du travail ont pour objet de fournir le
moyen de résoudre avec célérité les différends survenus entre l’employeur et ses
employés.
Québec en son article un énonce ainsi son objet : « La présente loi a pour objet
d’affirmer la spécificité de la justice administrative et d’en assurer la qualité, la
célérité et l’accessibilité, de même que d’assurer le respect des droits
fondamentaux des administrés. » L’article 4 prévoit que l’Administration
gouvernementale prend les mesures appropriées pour s’assurer que les procédures
sont conduites dans le respect des normes législatives et administratives, ainsi que
des autres règles de droit applicables, suivant des règles simples, souples et sans
formalisme et avec respect, prudence et célérité, conformément aux normes
d’éthique et de discipline qui régissent ses agents, et selon les exigences de la
bonne foi. » La qualité et la célérité du processus décisionnel font partie des
objectifs de gestion que se fixe le président du Tribunal, selon l’article 78 de cette
loi. Réformes engagées avec célérité.
Aussi dans les affaires portées en justice les parties doivent-elles procéder avec
toute célérité, avec la célérité qui s’impose, en faisant inscrire au rôle le plus tôt
possible l’audition de leurs demandes. Le devoir de célérité incombe également au
tribunal. « La Commission règle l’affaire avec autant de célérité que le permettent
l’équité et les circonstances. » Suivant le bon usage et par courtoisie et délicatesse
quand besoin est, les juges remercieront les avocats de la célérité dont ils auront
fait preuve pour assurer le déroulement expéditif de l’instance.
853
On dit faire ou ordonner tous actes demandant (la) célérité, requérant célérité.
« Toutes les contestations dans lesquelles une faillite est engagée requièrent
célérité. » « En cas d’empêchement d’un des liquidateurs, les autres pourront agir
seuls pour les actes conservatoires et ceux qui requièrent célérité. »
ö DILIGENCE.
CELLULAIRE. CELLULE.
1) La cellule est une petite pièce réservée, en général, à un seul détenu : cellule
de suspect, cellule matelassée, jours de cellule. Cellule de prison, cellule de
détention provisoire. Cellule à barreaux. Cellule séparée ou commune.
Mettre en cellule : on dit aussi enfermer dans une cellule, détenir une personne en
cellule, être confiné, placé en cellule. Quitter, retourner dans sa cellule. S’évader
de sa cellule.
La voiture cellulaire (ou, par ellipse, le cellulaire) sert à transporter les prisonniers
d’un lieu à un autre sans qu’ils puissent communiquer entre eux, le véhicule étant
divisé en compartiments étroits ou cellules. Transfèrement cellulaire (en voiture
cellulaire).
ö RÉCLUSION.
ö TRANSFÈREMENT.
CENSURE. CENSURER.
3) Les tribunaux civils français peuvent être censurés par les tribunaux
supérieurs, tel le cas où la Cour de cassation s’oppose sans réserve à leurs décisions
qui ne se conforment pas aux principes et aux règles qu’elle a établis. « Les
tribunaux civils, par crainte de la censure de la Cour de cassation, s’alignent
généralement sur sa jurisprudence. » « Il appartient à la Cour de cassation de
censurer la qualification donnée par les juges du fond. » « Le Conseil
constitutionnel a censuré la loi sur les associations. »
On le voit, la censure se trouve dans presque tous les domaines du droit. Dans son
sens le plus général, elle est l’action de critiquer, en émettant un blâme, la conduite
de qqn ou l’expression de ses idées. S’attirer la censure. Exercer une fonction de
censure.
ö SANCTIONNER.
CENTENNAL, ALE.
Qualificatif donné à ce qui couvre une période de cent ans, à ce qui se fait, se
produit, se tient, survient, a lieu tous les cent ans. En droit civil, on dit d’une
prescription qu’elle est centennale pour signifier qu’elle mène à l’acquisition d’un
droit réel principal par la possession prolongée d’un bien pendant cent ans.
À remarquer que la prescription qui s’opère par l’écoulement d’une période d’un
an est annale, de dix ans, décennale, et vicennale si elle se rapporte à un délai de
vingt ans, mais trentenaire si le laps de temps est de trente ans, quarantenaire, s’il
est de quarante ans, cinquantenaire, s’il est de cinquante ans, et ainsi de suite,
mais on ne dira pas [centenaire] pour qualifier la prescription centennale.
Ce qui risque de se produire une fois tous les cent ans, ce qui chaque année a une
chance sur cent de se produire sera aussi qualifié de centennal : crue centennale,
crue de récurrence ou de fréquence centennale.
ö PRESCRIPTION.
857
Considérant l’emploi de ces mots, on constate que la difficulté réside dans le choix
de la préposition ou de la locution prépositive correcte. On ne peut dire qu’une
autorité publique centralise ou décentralise des services, par exemple, [à] une autre
autorité ou [à] une région. Elle les centralise ou les décentralise vers une région ou
au profit de celle-ci.
Remarquer que tous les brefs désignés par des mots latins s’écrivent en italique.
Il faut bien distinguer ces brefs de façon à ne pas les confondre et à savoir quel bref
doit s’appliquer suivant les circonstances. Au Nouveau-Brunswick, les brefs de
prérogative ont été modernisés et sont devenus des ordonnances de révision
judiciaire sous le régime de la règle 69 des Règles de procédure. La réforme avait
pour objet de moderniser le langage du droit en le simplifiant et en supprimant la
terminologie archaïque. Tous ces brefs sont des recours en révision et sont formés
par requête.
3) Le bref de prérogative regroupe tous les brefs décernés par une cour
supérieure en vertu d’un pouvoir discrétionnaire qu’elle tient de la loi ou de la
common law dans le but de contrôler la légalité d’actes ou de décisions de
l’administration publique ou d’un tribunal inférieur.
demander la révision d’une décision rendue par une cour supérieure. Ce recours en
évocation englobe les recours en certiorari et en prohibition.
5) Le terme bref de mandamus, qui disparaît lentement de notre droit sous cette
appellation, est encore utilisé par certains avocats et par une jurisprudence.
Sollicité par requête, il demande à une cour supérieure d’enjoindre à un tribunal
inférieur, à un organisme ou à une personne d’accomplir un devoir que la loi lui
impose ou d’accomplir un acte auquel la loi l’oblige (par exemple forcer la tenue
d’une élection, la délivrance d’un permis ou l’audition d’un grief). C’est
aujourd’hui un « moyen de se pourvoir en cas de refus d’accomplir un devoir qui
n’est pas de nature purement privée ».
6) Le bref de quo warranto est un recours exercé contre une personne qui
occupe irrégulièrement une charge publique ou une fonction de direction dans un
groupement de droit public (ou de droit privé) dans le but d’obtenir qu’elle en soit
dépossédée et que cette charge ou cette fonction soit attribuée à un tiers qui y a
droit, si les faits présentés le montrent. Aujourd’hui, on le désigne par la périphrase
moyen de se pourvoir en cas d’usurpation de charge.
Le terme certiorari signifie être mieux informé. S’il est accueilli, le recours
autorise la cour supérieure à annuler la décision rendue et à renvoyer l’affaire pour
un nouvel examen. Décision révisée par certiorari. On demande, par voie de
certiorari, l’annulation d’une assignation ou, subsidiairement, une ordonnance. Le
recours en certiorari s’exerce, par exemple, dans le cas où le requérant prétend être
860
lésé par une décision qui viole les règles de justice naturelle. « Ce recours qui
existe en common law prévoit le contrôle judiciaire de décisions administratives
qui, à première vue, sont entachées d’une erreur de droit. »
On dit demande de certiorari, mais requête en certiorari. « Plutôt que d’opter pour
une demande de révision judiciaire, laquelle se prescrivait par trois mois, les
demandeurs ont choisi une demande de certiorari. Le juge Diplock a décidé que le
tribunal avait le pouvoir discrétionnaire d’accueillir la requête en certiorari. »
ö ANCILLAIRE.
ö BREF.
ö ÉMETTRE.
ö RECOURS.
On dit que le cessionnaire profite de la cession pour désigner le fait qu’elle s’opère
à son profit.
Cession de quelque chose à quelqu’un, par quelqu’un. Une cession se fait, s’opère,
a lieu, intervient.
3) Le mot concession comporte une variété de sens dans les régimes civilistes,
qui ont trait de façon générale à la transmission d’un avantage dans les domaines
commercial ou immobilier.
La common law en français lui donne, pour rendre le mot anglais “grant”, deux
sens bien précis, savoir celui d’une transmission immobilière par acte volontaire et
celui d’une transmission mobilière à titre onéreux.
Syntagmes
Cession à bail.
Cession absolue, non absolue.
Cession amiable.
Cession à titre gratuit.
Cession à titre onéreux.
Cession au profit des créanciers.
Cession-bail.
Cession-charge.
Cession conditionnelle.
Cession d’antériorité.
Cession de bail.
Cession de biens (futurs).
Cession de brevet.
Cession de chose non possessoire.
Cession de créance (professionnelle), de créances (comptables).
Cession de droit.
Cession de droit litigieux.
Cession de droit successif.
Cession de faillite.
Cession de fait.
Cession de fonds de commerce.
Cession de l’entreprise.
Cession de loyers.
Cession de salaire.
Cession de terme déterminé.
Cession d’hypothèque.
Cession de droits.
Cession d’immeubles.
Cession d’intérêts.
Cession de parts et d’actions.
Cession de priorité.
863
Cession de rang.
Cession de territoire.
Cession de titre.
Cession d’origine législative, non d’origine législative.
Cession forcée.
Cession générale.
Cession gratuite.
Cession implicite.
Cession involontaire, volontaire.
Cession nouvelle.
Cession nulle.
Cession orale.
Accord de cession.
864
Cessionnaire de droit.
Cessionnaire de fait.
Cessionnaire d’un bien.
Cessionnaire d’une créance.
Cessionnaire d’un droit.
Cessionnaire d’un intérêt.
Cessionnaire en common law.
Cessionnaire en equity.
Cessionnaire intermédiaire.
Cessionnaire légal, non légal.
Cessionnaire par effet de la loi.
Cessionnaire (non) par opération législative.
Cessionnaires successifs.
Concession agricole.
Concession cinquantenaire.
Concession commerciale.
Concession convertible.
Concession convertie.
865
Concession de brevet.
Concession de gaz, gazière.
Concession de la Couronne.
Concession de licence.
Concession de mine, minière.
Concession d’origine législative, non d’origine législative.
Concession d’un délai.
Concession de pétrole, pétrolière.
Concession de plage.
Concession de ressources (à exploiter).
Concession de service public.
Concession de terrain.
Concession de terre.
Concession exclusive.
Concession expresse.
Concession funéraire.
Concession juridique.
Concession renouvelable.
Concession royale.
Concession temporaire.
Clause de concession.
Déprise de concession.
Désistement de concession.
Dessaisissement de concession.
Reconduction d’une concession.
Renoncement à une concession.
Transfert par concession.
Transport par concession.
Concessionnaire de droit.
Concessionnaire de fait.
Concessionnaire d’un bien.
Concessionnaire d’une marque.
Concessionnaire en common law.
Concessionnaire en equity.
Concessionnaire pour autrui.
ö CÉDANT.
ö VIF.
C’EST-À-DIRE.
S’abrège ainsi : c.-à-d. (remarquer les deux traits d’union, l’absence du point
abréviatif après à ainsi que l’accentuation). Il faut éviter, en français, l’abréviation
latine i.e. (id est).
Associés par la doctrine des auteurs et la jurisprudence des tribunaux, ces deux
délits intentionnels se rangent sous la rubrique générale de l’assistance en justice.
La champartie est une forme de soutien délictueux. Interdiction de la champartie.
Lois régissant le soutien délictueux et la champartie.
contre l’attribution d’une part du produit du procès n’est pas considéré comme
constituant une champartie. » « Les demandeurs prétendent que cette cession ne
constitue pas une champartie, car rien ne prouve que la bande ait transigé en vue
de partager les profits obtenus du litige. »
Évidemment, il n’y a pas champartie lorsqu’est conclu entre l’avocat et son client
un accord d’honoraires conditionnels (“contingency fee agreement”) : les
honoraires seront, certes, prélevés sur le produit de la poursuite, mais, dans pareil
pacte, l’avocat n’accepte jamais de prendre à sa charge les frais et dépens de
l’action.
Dans l’optique du droit des contrats, les tribunaux de common law, considérant que
la promesse obtenue par la champartie est fondée sur une contrepartie immorale,
refuseront, règle générale, d’en ordonner l’exécution, même si elle est valide au
regard des lois du pays qui régissent le contrat.
services d’une société commerciale pour amasser des fonds afin de poursuivre une
banque sans violer la règle interdisant la champartie.
Il faut se hâter de préciser que les deux formes féminines sont virtuelles. Toutefois,
s’agissant de souteneuse, puisque le suffixe -euse et le vocable, contrairement à
défenseure, évoquent l’infraction criminelle de proxénétisme, le mot se justifie
beaucoup plus en l’occurrence et il y a tout lieu de croire qu’il finira par être
généralement admis comme variante synonyme de défenseure abusive, ce terme
présentant le double désavantage de ne pas comporter de connotation péjorative et
de n’évoquer que le seul cas (parmi plusieurs autres, différents) où l’auteur du
soutien délictueux assure abusivement la défense du plaideur.
ö BARATERIE.
ö DÉLICTUEL.
ö DÉLIT.
ö LITIGE.
ö PACTE.
ö POURSUITE.
ö RECOURS.
ö SORT.
chantage dans les codes et les traités doctrinaux sous les rubriques de la
diffamation, de l’extorsion et des menaces. Les termes normalement associés au
chantage sont la coercition (physique), la contrainte, le harcèlement, l’intimidation
et les voies de fait.
Le chantage est un acte criminel (au Canada) ou un délit pénal (en France) qui
consiste à extorquer ou à tenter d’extorquer à une personne, par force, contrainte
ou ruse, de l’argent ou un quelconque avantage, sous une menace écrite ou verbale.
Les moyens de pression illicites exercés peuvent prendre diverses formes, allant de
l’intimidation à la menace de révélations scandaleuses ou d’imputations
diffamatoires. Chantage commis à l’aide de menaces, d’intimidation. Par exemple,
constitue du chantage le fait d’extorquer une somme d’argent à quelqu’un sous la
menace de révéler son adultère ou ses activités clandestines. Accuser qqn de
chantage. « Le prévenu a mis à la poste une lettre qu’il avait lui-même écrite à une
femme, dans laquelle il exigeait le versement d’une somme d’argent, à défaut de
quoi il étalerait au grand jour sa vie privée. Il a été accusé de chantage, c’est-à-
dire d’avoir fait une demande injustifiée accompagnée de menaces. »
Il y a chantage à exiger de l’argent pour ne pas porter plainte, mais il n’y a pas de
chantage à exiger de l’argent pour retirer une plainte déjà déposée. Chantage
punissable. « Constitue un chantage punissable la menace de publier des photos
impudiques si la victime ne verse pas une somme d’argent, même si la somme n’a
jamais été fixée, la victime ayant porté plainte. »
dès le moment de la menace initiale le montant exact des sommes exigées, qu’il a
d’ailleurs tendance à renouveler ou à majorer si la victime cède à ses menaces. »
L’usage du trait d’union est, pour le moins, flottant : Le Robert, par exemple, met
le trait d’union à l’article chantage, mais l’omet à l’article chanteur. La tendance,
justifiée par la grammaire (le mot est formé de deux substantifs) et le sens (le mot
composé constitue une unité de sens), est de mettre le trait d’union.
Syntagmes
Chantage commercial.
Chantage criminel, litigieux.
Chantage d’argent.
Chantage occasionnel, systématique.
Affaire de chantage.
Commission, perpétration (d’un acte) de chantage.
Instrument, manœuvre, moyen de chantage.
Lettre de chantage.
Peines de chantage.
Système de chantage.
ö CONCUSSION.
ö DIFFAMANT.
ö ESCROC.
ö LIBELLE.
875
ö MENACE.
ö RACKET.
Lorsqu’un domaine du droit ou une situation juridique ne sont pas régis par un
ensemble cohérent de principes ou un corps homogène de règles, que ces principes
et ces règles se contredisent, la pensée juridique associe naturellement cette
incohérence ou ces lacunes au vide (« Si l’on écarte toutes les dispositions illégales
réglant les besoins du pays, il y a vide et chaos. » « Cette déclaration de la Cour
créerait un vide juridique suivi du chaos en la matière. » ), à l’anarchie (« Toutes
les lois sont présumées invalides par un tribunal compétent. Toute autre
présomption contraire entraînerait l’anarchie et le chaos. »), à l’incurie (« Une
autre solution aboutirait nécessairement au chaos et à l’incurie. ») et à la
876
ö LACUNE.
ö VIDUITÉ.
Chapeauter a aussi le sens plus faible de guider. « Avant d’entrer dans le vif du
sujet, il m’apparaît utile de rappeler les principes qui doivent chapeauter un débat
de la nature de celui qu’on soulève ici. »
Au sens de résumé précédant un texte, le participe passé chapeauté est suivi de par
ou de indifféremment. Sommaire chapeauté par des mots-clés. Résumé d’arrêt
chapeauté d’un titre inadéquat.
ö CUMUL.
2) En droit maritime, le fret est le prix payé, dans le cadre d’un accord
(général) de fret, pour l’affrètement d’un navire. Donner, prendre à fret. Prendre
du fret. Gagner le fret. Calcul, taux du fret (contractuel, promotionnel, spécial).
Avance sur fret. Taxation du fret. Recruter le fret. Commission sur fret. Percevoir
le fret. Avoir la charge du fret. Cotation de fret. Unité de fret.
878
Par extension, le fret est le prix payé pour le transport des marchandises par voie
maritime ou fluviale. Il est payable d’avance ou à destination. Fret à temps, fret ad
valorem, fret de retour. Fret à la livraison.
Le fret constitue un des éléments d’actif du patrimoine de mer, que l’on appelle
fortune en droit maritime, soit le navire, le fret et les créances de remplacement du
navire ou du fret.
Le coût du fret, encore appelé fret-loyer ou loyer d’affrètement, peut être fixé à
telle somme par jour (c’est le cas du fret à la journée), à forfait (cas du fret au
voyage) ou à tant la tonne chargée à bord (cas du fret au tonnage). Fret forfaitaire.
« Le fret est dû à la fin du voyage. Il n’est toutefois pas dû en toutes
circonstances. » Fret de distance. Être tenu au fret. Réduction du fret. Fret dû.
Payer le fret prévu. Montant du fret. Supplément du fret.
La surestarie est la somme que doit payer à l’armateur l’affréteur d’un navire pour
le dépassement des staries, c’est-à-dire des délais impartis par la charte-partie pour
effectuer le chargement et le déchargement. « En cas de dépassement des délais
alloués, l’affréteur doit des surestaries; celles-ci sont considérées comme un
supplément du fret. »
Les Incoterm sont des règles internationales qui régissent l’interprétation des
termes commerciaux. Des sigles fréquemment utilisés dans les contrats de vente
commerciale internationale, notamment en matière d’assurance maritime et de
crédit documentaire, servent à indiquer les conditions de livraison et apparaissent
dans les clauses de livraison. Par exemple, dans la vente maritime, le sigle CFR
(nouvelle normalisation, anciennement C & F) signifie coût et fret (coût et fret à
quai), et CIF (nouvelle normalisation, anciennement CAF), coût, assurance, fret.
Le faux fret ou demi-fret est une indemnité que doit verser à l’armateur l’affréteur
ou le chargeur qui a retenu la place pour le transport de marchandises, mais qui ne
les a pas remises. On parle en ce cas de contenance entière des conteneurs ou des
cales. Par exemple, l’affréteur qui n’a rien chargé sur le navire au départ de celui-ci
879
doit payer la moitié du fret convenu. Les suppléments ajoutés au prix du transport
des marchandises rentrent dans la catégorie du surfret (ou des surfrets); les charges
et autres taxes supportées par l’affréteur sont appelées accessoires de fret. Le
surfret est le supplément qui majore le fret en fonction de l’encombrement des
ports (surfret d’encombrement) ou de l’augmentation du prix du combustible
(surfret combustible). Privilège du fréteur. « Le fréteur a un privilège sur les
marchandises transportées pour le paiement du fret et des accessoires du fret qui
lui sont dus. »
Le droit de rétention pour fret est la somme que doit payer au propriétaire du
navire le chargeur, propriétaire des marchandises débarquées d’un navire et
confiées à la garde d’un gardien de quai ou d’un entrepositaire. Acquit pour fret. Le
fret port payé jusqu’à destination (c’est-à-dire jusqu’à la destination convenue
dans le contrat d’affrètement) est le prix payé par l’afréteur pour le transport de ses
marchandises au lieu de destination convenu. La vente fret, port payé est celle dans
laquelle le vendeur paie le fret. Une obligation supplémentaire peut être mise à la
charge du fréteur : il peut être appelé à fournir une assurance transport contre les
risques d’avarie aux marchandises ou de perte de celles-ci pendant le transport (cas
de la vente fret, port payé, assurance comprise, jusqu’à destination).
Il ne faut pas confondre le droit de rétention pour fret avec le privilège de rétention
pour fret, qui est le droit du propriétaire du navire de faire retenir les marchandises,
après débarquement, jusqu’à ce que lui soient payés le fret et les autres frais que lui
doit l’affréteur. Le propriétaire du navire donne au gardien du quai ou à
l’entrepositaire à qui les marchandises sont confiées avis de son privilège de
rétention, et le gardien ou l’entrepositaire doit les retenir jusqu’à mainlevée du
droit de rétention.
des navires en embauchant à cette fin des débardeurs ou des dockers. Le chargeur
est l’expéditeur des marchandises.
ö AFFRÈTEMENT.
ö AFFRÉTEUR.
ö AVARIE.
ö CIF.
ö CFR.
ö FORTUNE.
ö INCOTERM.
ö PATRIMOINE.
ö SURESTARIE.
CHARNIÈRE (D’ÉTAPE).
permettent d’unir les phrases et les paragraphes dans un enchaînement logique qui
épouse le déroulement même de la pensée.
L’idée ici n’étant pas d’épuiser la matière, mais de proposer des moyens
d’expression, voici des exemples de charnières d’étape dont on s’inspirera pour
varier l’expression ou pour trouver l’expression juste. Il convient de remarquer
que, en contexte de traduction, toutes ces charnières d’étape peuvent le plus
souvent se rendre en anglais par les expressions "on balance" ou "all in all".
• Après avoir pesé le pour et le contre. « Après avoir pesé le pour et le contre,
je conclus que justice a été rendue. »
• À tout prendre. « Je conviens avec le juge de première instance que, à tout
prendre, il convient de décider en ce sens. »
882
Dans les pays de tradition civiliste, le droit maritime moderne distingue le contrat
d’affrètement (ou charter, terme emprunté à l’anglais) du contrat de transport. Le
premier est utilisé lorsqu’un navire ou une partie de navire est mis à la disposition
de quelqu’un (appelé l’affréteur); l’écrit qui le constate s’appelle la charte-partie.
La charte-partie est donc l’instrument du contrat d’affrètement. Elle stipule les
obligations des parties et leur tient lieu de loi. « Le contrat, lorsqu’il est écrit, est
constaté par une chartepartie qui énonce, outre le nom des parties, les
engagements de celles-ci et les éléments d’individualisation du navire. » Le second
sert à définir les rapports entre l’expéditeur et le transporteur de marchandises; on
nomme connaissement l’écrit qui le constate.
Syntagmes
Charte-partie à temps, au voyage, coque nue (on trouve aussi, mais plus rarement,
coque-nue).
Charte-partie écrite, verbale.
Charte partie pro forma.
ö CHIROGRAPHAIRE.
ö CONNAISSEMENT.
CHATEL.
En Angleterre, qui s’est vue imposer au XIe siècle la coutume normande, chatel
(devenu en anglais “chattel”) est venu à désigner, de façon large, l’ensemble des
biens non soumis au régime des tenures franches. La notion de chatel est en fait
très proche de celle de bien personnel (voir BIEN); elles sont souvent confondues en
pratique. Contrat de location de chatels. « La demanderesse intente la présente
action en vue de recouvrer les dommages-intérêts découlant de la rupture d’un
contrat de location de chatels. » Vice du chatel. Chatel meuble.
3) La phraséologie de chatel est, grosso modo, celle des mots bien et chose :
voir ces articles à ce sujet.
ö BIEN.
ö CHEPTEL.
ö CHOSE.
ö DOMAINE.
886
CHEPTEL.
Comme toutes les langues admettent qu’un même mot se prononce parfois
différemment, on aurait tort de condamner un usage établi. Il y a lieu, toutefois, de
constater dans tous les cas les tendances que marque l’évolution phonétique des
mots et de formuler des recommandations. Pour cheptel, la prononciation moderne
paraît l’emporter après l’examen de la documentation, aussi prononcera-t-on chèp-
tel.
2) Cheptel et chatel (voir ce mot) sont tous deux empruntés au latin capitale —
dérivé de caput ou tête — qui signifie ce qui constitue le principal d’un bien.
Le rapport sémantique entre les deux termes était plus évident dans la société
féodale, où le bétail occupait une place de choix parmi les possessions mobilières.
Droit de meilleur cheptel (on disait aussi droit obligatoire d’hériot).
3) En droit civil français, les baux à cheptel entrent dans la catégorie générale
des baux ruraux. Complément du bail à ferme et du métayage (ou bail à colonat
partiaire), le bail à cheptel est un contrat de location ou de louage (louage à
cheptel) d’un fonds ou de têtes de bétail moyennant partage des profits ou produits
du cheptel.
Parmi les formes de baux à cheptel régis par un corps de règles particulières
énoncées, entre autres, dans les codes civil et rural français, il y a le (bail à) cheptel
simple ou ordinaire (tout le cheptel est fourni par le bailleur), le (bail à) cheptel à
moitié (chacun des contractants constitués en société apporte la moitié des
bestiaux) et le (bail à) cheptel de fer ou cheptel à métayage (la quantité de bêtes
restituée au fermier à l’expiration du cheptel est égale à celle initialement reçue).
Perte (totale) du cheptel (par cas fortuit).
En droit, le mot cheptel a aussi deux sens extensifs : il désigne soit le bétail qui
forme le fonds du cheptel dans le contrat de cheptel, soit le capital d’exploitation
d’une ferme, le cheptel mort étant, par analogie, le matériel de culture ou
l’outillage, les bâtiments y compris, et le cheptel vif, le bétail. Recomposer un
cheptel.
ö BESTIAUX.
ö CHATEL.
CHÈQUE. CHÉQUIER.
La jurisprudence est riche en causes ayant trait à des abus commis dans l’utilisation
de chèques en blanc (on ne dit pas [blanc de chèque] “blank cheque” en anglais)
préalablement signés par le ou la titulaire du compte. Par exemple, on reprochera à
un prévenu d’avoir inscrit sur les chèques des sommes supérieures à celles dont il
avait été convenu entre les parties (pour le faux en écriture en droit pénal
français — voir ÉCRITURE) ou encore d’avoir utilisé les chèques pour virer sur son
propre compte des sommes destinées à régler diverses factures (le détournement de
fonds — voir DÉTOURNEMENT).
L’ordre de paiement, généralement formulé ainsi Payez (ou Veuillez payer) (contre
889
4) Le chèque est créé en un lieu : on dit qu’il est établi, dressé en ce lieu. Lieu,
date de création du chèque. Établir conjointement un chèque (à l’ordre du vendeur
et de son créancier par exemple). Il est par la suite émis. Aussi convient-il de
distinguer l’émission du chèque de sa création. Cette dernière opération consiste à
porter sur le chèque les mentions obligatoires (la loi prévoit aussi des mentions
facultatives et des mentions interdites). L’émission fait accéder le chèque à la vie
juridique. La réalisation de l’émission s’effectue par l’endossement du chèque ou
sa présentation au paiement.
Le document sur lequel sont portées les indications ou mentions obligatoires est la
formule de chèque. Y figurent diverses informations, dont le mot chèque, l’ordre de
paiement, le nom de la banque, le numéro de chèque et le numéro de compte, la
signature du tireur et la mention de la somme à payer indiquée en toutes lettres et
en chiffres. « La Cour enjoint au titulaire du compte de restituer à tous les
banquiers dont il est le client les formules de chèques en sa possession et en celle
de ses mandataires. »
Le chèque (signé, remis) en blanc a été signé par le tireur, mais n’y sont pas
indiqués le nom du bénéficiaire, la somme à payer ou la date du chèque. Ces
mentions seront complétées avant la présentation au paiement. Compléter un
chèque.
Il est formé de souches affectées d’un numéro de série. On appelle souche ou talon
de chèque la partie non détachable du chéquier où l’on inscrit les renseignements
sur le chèque émis correspondant. Souche d’un chéquier. Perte, vol de chéquier.
Obtenir un chéquier.
On ne doit pas confondre le carnet de chèques avec le livre ou registre des chèques,
expression utilisée en comptabilité et désignant le journal dans lequel sont inscrits
les chèques émis pour assurer la bonne tenue des comptes.
Le chèque au porteur n’est pas libellé au nom du bénéficiaire (s’il l’est, c’est un
chèque à personne dénommée); étant émis avec la mention au porteur, n’importe
qui peut le toucher dès lors qu’il en a la possession (cette personne s’appelle le
détenteur ou la détentrice du chèque). Si le porteur du chèque (la porteuse du
chèque) est titulaire du compte désigné, on dit chèque à soi-même.
Le chèque de virement sert au tireur à transférer des fonds d’un de ses comptes à
un autre compte. Le chèque de garantie n’est pas destiné à être présenté au
paiement, mais à être rendu au tireur lorsqu’il aura exécuté l’obligation promise.
Le chèque est dit certifié dans le cas où le tiré, constatant que la provision (c’est-à-
dire la créance de somme d’argent du tireur contre le tiré dont il est convenu qu’il
peut disposer par chèque) dans le compte bancaire est au moins équivalente au
montant à payer, la bloque jusqu’au terme du délai légal de présentation. Le
banquier peut remplacer le chèque certifié par un chèque de banque, chèque tiré
891
sur lui-même et dont le bénéficiaire doit être désigné. S’il n’y a pas blocage de
provision (situation prévalant en certains pays), la loi distingue le chèque certifié
du chèque visé.
Les expressions [chèque NSF] et [chèque sans fonds] (“NSF cheque” en anglais)
sont à proscrire. On dit d’un chèque émis qu’il est sans provision (sans s) lorsque le
compte bancaire du signataire ne contient pas de provision équivalente au montant
que le tiré doit payer. Autrement dit, le chèque est alors tiré sur un compte
insuffisamment approvisionné. Il y a lieu de remarquer, toutefois, qu’on parle d’un
chèque non provisionné plutôt que d’un chèque [non approvisionné]; c’est le
compte bancaire qui n’est pas approvisionné, et non le chèque : la faute est
commune. « En l’absence chez le tireur de vigilance et d’une honnêteté totale,
voire stoïque, le chèque [non approvisionné] (= non provisionné) constitue le
risque inhérent à l’existence même du chèque. » Chèque tiré sans provision. Police
du chèque sans provision. Complicité d’émission de chèques sans provision. Délit
de chèque sans provision. Répression des chèques sans provision.
Le chèque barré comporte au recto deux traits parallèles en diagonale tracés par le
tireur ou porteur afin d’empêcher l’encaissement du chèque par un porteur
illégitime. Pour un complément d’information à ce sujet et une liste de syntagmes,
voir BARREMENT.
Le chèque est qualifié de périmé une fois écoulée sa durée de validité au moment
où le bénéficiaire le présente au tiré pour l’encaisser; on l’appelle aussi chèque
prescrit.
On écrit chèque de paie et chèque de paye, mais la première forme est plus
moderne.
chèque de caisse (et non le [chèque au comptoir]) est la formule de chèque que l’on
utilise au guichet de l’établissement du tiré pour effectuer un retrait, ou il s’agit
d’un bon remis par l’émetteur à un consommateur, à un client, à un employé, et
imitant le chèque, ne comportant pas de mandat de paiement donné au tiré, mais un
simple engagement de la part de l’émetteur : par exemple le chèque-cadeau, le
chèque-essence, le chèque-repas, le chèque-restaurant ou le chèque-vacances ne
répondent pas à la définition légale du chèque et ne constituent pas des chèques au
sens de la loi.
Le mot chèque peut être le deuxième élément du mot composé : la lettre-chèque est
une lettre attenante au chèque; elle prévoit une clause énonçant une date
d’échéance ou une clause subordonnant à une condition la présentation à
l’encaissement.
Syntagmes
Chèque à découvert.
Chèque antidaté, postdaté (remarquer l’absence du trait d’union).
Chèque à ordre.
Chèque assigné (sur une banque).
Chèque bancaire (il est tiré sur une banque).
Chèque circulaire (il est tiré par la banque sur une de ses succursales).
Chèque civil.
Chèque commercial.
Chèque complet, incomplet.
Chèque contrefait, falsifié postérieurement à l’émission (et non [chèque forgé],
chèque faux (dès l’origine).
Chèque contre(-)passé.
Chèque de complaisance.
Chèque de dépannage.
893
Chèque de remboursement.
Chèque détourné.
Chèque d’indemnisation.
Chèque d’intérêts.
Chèque en double (ou double de chèque ou encore duplicata de chèque).
Chèque frappé d’une opposition (irrégulière, verbale...).
Chèque impayé, payé.
Chèque libellé (en dollars, en francs).
Chèque non provisionné, provisionné (par une ouverture de crédit).
Chèque nul.
Chèque omnibus ou passe-partout (sans souches ou, plus exactement, non
numéroté).
Chèque prébarré, préimprimé.
Chèque prescrit (ou atteint par la prescription).
Chèque refusé, rejeté, renvoyé.
Chèque régulier.
Chèque stipulé payable.
Chèque tiré sur (une ville, les mots une banque de étant sous-entendus).
Chèque valable.
Nature du chèque.
Personne interdite de chèque.
Produit du chèque.
Prohibition du chèque (dans les règlements de peu d’importance).
Propriété du chèque.
Qualification de chèque.
Qualité légale du chèque.
Reçu de chèque.
Régime juridique du chèque (sans provision).
Règlement du chèque (en numéraire).
Régularité du chèque.
Sécurité du chèque (Loi relative à la).
Spécimen de chèque.
Statut (international) du chèque.
Tirage d’un chèque.
Traitement (automatisé) des chèques.
Validité du chèque.
Accepter un chèque.
Antidater, postdater un chèque.
Annuler un chèque (pour cause d’insanité d’esprit).
Apposer une clause sur un chèque.
Confier un chèque (comme on dit confier des titres).
Contre(-)passer un chèque.
Déposer un chèque (dans un compte bancaire).
Endosser un chèque.
Détourner un chèque (à son profit).
Établir un chèque.
Faire certifier un chèque.
Faire porter un chèque au crédit d’un compte.
Faire tirer un chèque (sur un particulier, une personne morale, un compte en
dépôt), tirer un chèque.
Honorer un chèque.
Négocier un chèque.
Présenter un chèque (falsifié).
Régler un chèque (à qqn).
Remettre un chèque.
895
Signer un chèque.
Transférer un chèque.
Usurper, voler un chèque.
ö BARREMENT.
ö CONTRE(-)PASSATION.
ö DÉTOURNEMENT.
ö ÉCRITURE.
ö EFFET.
ö PROVISION.
créancier privilégié) ou un gage (ce serait un créancier gagiste). S’il est dépourvu
de sûreté, le créancier d’une société, comme le fiduciaire pour les détenteurs
d’obligations non garanties, sera réputé créancier chirographaire. Créancière
chirographaire. Droit des créanciers chirographaires. Paiement des créanciers
chirographaires (lors de la distribution). Transaction avec un créancier
chirographaire.
ö CHARTE-PARTIE.
ö CRÉANCE.
ö DÉMUNI.
CIRCONSTANCE.
sur la recherche des causes et des circonstances des décès. Les circonstances
d’une affaire, les circonstances de l’espèce, les circonstances en cause s’entendent
des incidents et des particularités qui caractérisent l’instance et dont le tribunal doit
tenir compte tant dans son exposé des faits que dans son analyse, dans son
appréciation des prétentions et des moyens des plaideurs, dans ses motifs et dans sa
décision. « À défaut de déclaration expresse, la preuve de l’intention dépendra des
circonstances. » Signes, indices ou autres circonstances donnant lieu à soupçon. «
Le juge appréciera toutes les circonstances du cas : la proximité du degré, le lieu
de la résidence, l’âge et les aptitudes des intéressés. » « Le procès-verbal énonce
la date, l’heure, le lieu et les circonstances de la découverte. » « Tous les enfants
dont la filiation est établie ont les mêmes droits et les mêmes obligations, quelles
que soient les circonstances de leur naissance. »
d’instances déterminées. Autres exemples : une loi de circonstance est une mesure
exceptionnelle qui vient justifier une situation particulière. Les infractions de
circonstance sont commises par suite d’un fait fortuit qui joue le rôle d’incitateur :
fait découlant d’une circonstance passagère.
4) [Dans toutes les circonstances] est une expression calquée de l’anglais “in all
the circumstances”. On ne peut pas dire : « Nous avons conclu qu’il serait
préférable [dans toutes les circonstances] (= somme toute, tout bien considéré)
qu’il interjette appel de sa condamnation. »
10) S’accommoder aux circonstances, c’est s’adapter à elles, s’y plier, s’y
soumettre. Être à la hauteur des circonstances, c’est s’acquitter de la tâche à
accomplir, être en mesure de relever le défi.
11) Une circonstance peut être soit disculpatoire (et non [exculpatoire] :
“exculpatory”), soit incriminante ou inculpatoire : “inculpatory”. Elle peut prendre
la forme d’un événement ou d’une intervention irrésistible. Par exemple, l’acte de
Dieu (“act of God”), aussi appelé acte divin, le cas fortuit et la force majeure
constituent des circonstances indépendantes de la volonté humaine ou extérieures
à celle-ci (et non [hors de son contrôle]) qui sont imprévisibles et irrésistibles.
Circonstance fortuite, circonstance imprévisible. Circonstance de force majeure.
« La production de cette pièce décisive a été empêchée par une circonstance de
force majeure. »
développée, qui établit que, dans ces périodes de trouble, sont réputés réguliers des
actes qui, en temps normal, seraient illégaux, ou vice versa. Prendre les mesures
que commandent les circonstances exceptionnelles.
13) En matière de responsabilité pénale, les faits qui obligent le juge à prononcer
une peine plus sévère contre l’accusé sont dénommés circonstances aggravantes
(remarquer le doublement du g), les circonstances atténuantes (et non
[exténuantes] : “extenuating circumstances”) pouvant, au contraire, lui permettre de
faire preuve de clémence. « Le ministre estime que des circonstances atténuantes
justifient une exception à la règle. » « À l’issue des débats, des questions sur la
culpabilité de l’accusé et les circonstances aggravantes sont posées au jury. » Les
circonstances atténuantes jouent en faveur de l’accusé, elles lui sont favorables,
tandis que les circonstances aggravantes pèsent contre lui. Bénéficier des
circonstances atténuantes. Accorder le bénéfice des circonstances atténuantes.
Souffrir des circonstances aggravantes. Accorder, octroyer les circonstances
atténuantes au délinquant, au contrevenant, à l’accusé.
Dans les procès criminels, la peine doit être adaptée aux circonstances
aggravantes ou atténuantes liées à la perpétration de l’infraction. Sont notamment
considérées comme circonstances aggravantes des éléments de preuve établissant
l’harmonisation des peines. Le juge qui détermine la peine doit apprécier les
circonstances particulières de l’affaire dont il est saisi, à savoir les facteurs
aggravants ou atténuants, la nature de l’infraction, la situation de la collectivité au
902
14) En droit international, des contrats, des conventions ou des traités peuvent
être révisés pour cause d’imprévision ou de changement fondamental de
circonstances. Les États peuvent invoquer la règle du changement fondamental de
circonstances (“rebus sic standibus”) en se fondant sur l’article 62 de la
Convention de Vienne sur le droit des traités. « Le changement fondamental de
circonstances, au sens de l’article 62, n’est pas invocable pour les traités
établissant une frontière. » Ce changement fondamental de circonstances constitue
un motif extérieur au traité justifiant le retrait de l’adhésion au traité ou l’extinction
de celui-ci. Lorsque ce principe peut être invoqué, il doit s’agir d’un changement
essentiel, qui porte sur une base fondamentale du consentement à être lié et qui
modifie radicalement la nature des obligations qui restent à exécuter en vertu du
traité.
903
SYNTAGMES
ö CIRCONSTANCIÉ.
ö DOCTRINE.
Ces deux adjectifs sont des paronymes. C’est dire que, presque semblables par la
forme et étant sémantiquement différents, ce sont aussi des quasi-homonymes.
Puisqu’un usage fautif les confond parfois, il convient de les signaler à l’attention.
905
Ne pas confondre avis circonstancié (lequel donne tous les détails pertinents en
l’espèce) et avis motivé (lequel énonce tous les motifs d’une décision). En common
law, l’action pour atteinte indirecte (“action on the case”) est parfois appelée
action fondée sur une transgression circonstanciée, l’adjectif étant pris ici au sens
de transgression indirecte. Une preuve circonstanciée entre dans tous les détails
des faits à établir et présente toutes les circonstances des faits à prouver. « Ces
sanctions présupposent la preuve d’un manquement déjà réalisé ou imminent de la
part du grevé, alors que la preuve de la nécessité de fournir une sûreté peut être
beaucoup plus circonstanciée et mettre en cause le comportement habituel du
grevé, son aptitude générale à remplir les obligations de la nature de celles qui lui
sont imposées, l’importance des biens substitués par rapport à son actif personnel
906
Dans quelles circonstances un verdict de culpabilité peut-il être fondé sur une
preuve circonstancielle ? Pour conclure à la culpabilité, il faut que la seule
explication logique de la preuve circonstancielle soit que le défendeur a commis le
crime. Tirer cette conclusion est essentiellement une question de fait qui résulte
d’une appréciation de la preuve appartenant au jury ou au juge, le cas échéant. Une
déclaration de culpabilité fondée sur une preuve circonstancielle nécessite qu’un
juge fasse certaines inférences au regard des faits prouvés, les inférences devant
toutes être logiquement tirées de la preuve et ne pouvant se réduire à de simples
hypothèses, conjectures, suppositions ou soupçons. Il incombe au poursuivant
d’établir que la culpabilité de l’accusé est la seule inférence logique qui puisse
découler des faits prouvés. Si d’autres inférences raisonnables peuvent résulter de
la preuve, l’accusé doit être acquitté. « C’est une règle de droit bien connue que la
preuve directe n’est pas essentielle à l’obtention d’une déclaration de culpabilité
et que la preuve circonstancielle peut suffire à cette fin si elle est « hors de tout
doute raisonnable », comme l’exige la norme de preuve. » Règles de droit
régissant la preuve circonstancielle. Preuve circonstancielle irrésistible.
Les principes qui doivent régir la création des exceptions à la règle du ouï-dire et
908
ö CIRCONSTANCE.
ö OUÏ-DIRE.
CIVILISTE.
Le civiliste est spécialiste du droit civil entendu en son sens moderne de système de
droit comprenant le droit des personnes et de la famille, le droit des biens et des
obligations, le droit des régimes matrimoniaux, des successions et des libéralités,
en définitive, le droit tel qu’il se trouve réuni en un corps de règles dans un code
civil. C’est aussi le spécialiste de nouveaux droits civils touchant les droits et
libertés fondamentaux, entre autres, le droit au respect de la vie privée, au respect
de son corps, de sa dignité, de son image.
2) Civiliste est aussi adjectif. Il qualifie ce qui relève du droit civil, ce qui se
rapporte à ce droit. Avocat, juriste civiliste. Acception, concept, conception,
culture, discipline, distinction, doctrine, droit, expression, formation, locution,
mécanisme, mentalité, notion, opération, opinion, pensée, phraséologie, principe,
régime, règle, terminologie civiliste.
909
1) En plus d’évoquer dans l’usage courant l’idée de ce qui est caché, de ce qui
se fait dans le secret, de ce qui agit en cachette, l’adjectif clandestin implique une
volonté de dissimulation, aussi les notions d’illicéité et d’illégalité sont-elles
attachées à l’acte clandestin.
L’adjectif peut qualifier une activité (la conception d’un mandat, appelé aussi
mandat dissimulé ou contrat de prête-nom, la confection d’un écrit, la conclusion
d’un traité, les pourparlers menant à la passation d’un marché, la tenue de paris,
l’exercice d’une profession, l’établissement d’un commerce, le trafic d’armes, des
stupéfiants, l’existence d’une collaboration, d’un examen ou d’une recherche), une
action ou une manœuvre (les agissements du proxénète, le transfert de biens, le
virement d’un chèque ou d’un produit, la transmission de documents, de lettres, le
maintien de contacts avec l’étranger) ou une pratique (la facturation d’honoraires).
L’épithète clandestin qualifie tout aussi bien une personne, physique ou morale (un
commerçant, un groupe, un mouvement politique, un intermédiaire), un lieu (une
maison de jeux, un débit de boissons, un laboratoire), des objets (des livres, une
presse) ou des situations (une arrivée, un départ clandestin).
3) Le droit des biens prévoit que, pour ne pas être viciée, la possession, qu’il
faut distinguer de la propriété et de la détention, doit manifester certaines qualités :
elle doit être continue (et non discontinue), paisible (et non violente) et publique
(et non clandestine). La possession qui s’exerce secrètement est dite clandestine
parce qu’elle est cachée aux tiers; le possesseur clandestin dissimule
intentionnellement des faits à ceux qui auraient intérêt à les connaître, ses
agissements rendent la possession suspecte. Actes de possession clandestine. Autre
matière qui intéresse ce droit : le transfert clandestin de biens à l’extérieur du
ressort pour échapper à des mesures d’exécution judiciaires. « L’appelante a eu
l’intention de manquer à ses obligations. Elle a cherché à frauder ses créanciers et
à échapper aux voies de droit des tribunaux au moyen d’un transfert clandestin de
ses biens. »
Clandestin, a-t-on dit, a le sens de ce qui se fait en secret; mais il ne faut pas croire,
pour cette raison, que tout ce qui est secret est clandestin. Ainsi en est-il de la
distinction qu’il faut faire entre le mariage clandestin (qui est célébré, rappelons-le,
sans la publicité légale) et le mariage secret (qui est célébré selon la loi et tenu
secret par les époux).
stipulation par laquelle les parties contractantes conviennent d’avoir recours à telle
juridiction en cas de litige. Le contrat stipule, la loi dispose. La clause s’appelle
disposition dans tous les cas où elle se trouve énoncée, qu’elle soit l’expression
d’une prescription dans un texte ou une règle édictée dans une loi ou un règlement.
3) Une clause est insérée, énoncée, incluse dans un acte. Clause insérée dans le
contrat de vente (on dit aussi au contrat de vente), clause énoncée dans l’acte
d’hypothèque. Un acte peut comporter, contenir, prévoir, stipuler une clause
particulière. « Le bail d’exploitation ne comporte pas de clause de rachat. »
interdites et frappées de nullité absolue. « Est nulle et de nul effet toute clause
attributive de juridiction incluse dans un contrat de travail. »
6) Les clauses qualifiées d’une épithète dont le suffixe est en -oire indiquent
une tendance ou un objet; elles marquent des objectifs à réaliser, des résultats à
obtenir : clause abrogatoire, accessoire, compensatoire, conservatoire,
échappatoire, exonératoire, moratoire, obligatoire, résolutoire, transitoire.
La clause résolutoire est une disposition contractuelle par laquelle il est prévu que
celui qui n’exécutera pas ses obligations perdra le bénéfice du contrat; par
exemple, en matière de loyers, il perdra le bénéfice du bail. « La clause résolutoire
est réputée n’avoir jamais joué si le locataire se libère dans les conditions
déterminées par l’ordonnance du juge. »
Autre cas : celui des clauses dérogatoires. Comme leur désignation le dit, elles
prévoient des dérogations. On appelle clause de sauvegarde ou de prudence la
disposition permettant de déroger temporairement, en tout ou en partie, à la
convention qui la contient. Par exemple, en droit international public, la clause
d’adversité est une clause de sauvegarde puisqu’elle est destinée à permettre la
révision d’un contrat en cas de situation défavorable justifiant la révision.
7) Les clauses qualifiées d’une épithète dont le suffixe est en -ive indiquent un
effet, une fonction ou une tendance de cette fonction; ainsi en est-il de la clause
abrogative, abusive, administrative, affirmative, attributive, complétive, élisive,
évolutive, exclusive, explicative, extensive, justificative, locative, privative,
restrictive.
8) La clause qui est juridiquement dépendante dans le cadre de l’acte est dite
accessoire ou complémentaire. Si elle est énoncée, elle est expresse; sous-
entendue, elle est implicite. Par exemple, la clause rebus sic stantibus en droit
international public est implicite dans tout traité international : elle subordonne la
force obligatoire du traité à l’absence de changement radical des circonstances.
9) Dans le droit des contrats, la clause pénale, du fait qu’elle est ainsi
qualifiée, ne relève pas du droit pénal; on l’appelle ainsi parce qu’elle prévoit une
pénalité en cas d’inexécution du contrat. Mandat assorti d’une clause d’exclusivité
et d’une clause pénale. Sera donc dite pénale la clause insérée dans une convention
par laquelle une des parties, en cas d’inexécution, s’engage à verser, à titre de
pénalité, une somme généralement supérieure à la somme stipulée. Exemple d’une
clause pénale. « W et X reconnaissent que Y paiera une indemnité convenue, à
l’avance et forfaitairement, d’un montant égal à une année de rémunération pour
le cas où Z, au mépris de son obligation de maintenir la convention d’exercice au
profit de la Société, la résilierait unilatéralement. »
13) La clause de style est la disposition habituelle que l’on trouve dans tous les
actes de même nature, dans les contrats d’adhésion, et qui est souvent rédigée par
avance, comme le sont les conditions générales des contrats types et les clauses de
non-garantie dans les contrats de vente. La clause de style est consacrée,
confirmée par l’usage; on l’appelle aussi clause habituelle, clause usuelle ou
clause d’usage.
14) La rédaction des clauses contractuelles repose sur des principes communs à
toute rédaction juridique. Le texte doit être concis, facile à comprendre et organisé
logiquement. Sa lisibilité est fondée sur le choix d’une langue claire, précise et
simple. Le nouveau Code civil du Québec prévoit d’ailleurs, en son article 1436,
qu’une clause illisible ou incompréhensible pour une personne raisonnable, insérée
dans un contrat de consommation ou d’adhésion, pourra être annulée.
L’insertion des clauses doit procéder d’une volonté manifeste d’assurer au texte
une organisation rigoureuse, un ordonnancement logique, leur agencement
répondant à un souci de transparence, d’efficacité et de diligence.
Aussi remarquera-t-on dans les modèles de rédaction ci-après qui ont été puisés ici
et là qu’il importe de privilégier la brièveté des clauses (les phrases excèdent
rarement plus de trente mots) et leur clarté (elles sont prédicatives, c’est-à-dire
qu’elles fournissent dès les premiers mots l’information principale).
La sélection minutieuse des termes qui définissent la nature des clauses est une
opération intellectuelle capitale. Par exemple, le choix des mots employés dans les
clauses d’obligation doit s’exercer de façon stricte pour éviter de dénaturer le
contenu de la clause : la clause d’obligation de moyen et la clause d’obligation de
résultat sont énoncées différemment. La formulation de la clause à l’indicatif
présent pourra créer une obligation négative de ne pas faire (interdiction) : « Le
concédant interdit au licencié de vendre » à tel ou tel endroit, ou une obligation
positive de faire (autorisation) : « Le breveté autorise le licencié à exploiter » telle
invention.
917
Par le choix des termes (souvent du verbe adéquat), les parties expriment leur
certitude ou leur doute sur l’obtention du résultat visé par l’obligation ou même
leur volonté de l’alternative. Ainsi, les clauses de garantie ont généralement pour
effet de prévoir le paiement d’une rémunération, de supprimer ou de limiter l’une
des actions prévues dans le cadre de la garantie légale, de rendre une partie maître
de la garantie à accorder en la subordonnant à une condition, d’attribuer
l’obligation de garantie à l’une d’elles, d’écarter quelqu’un du bénéfice de la
garantie légale, de réduire une obligation, de limiter dans le temps la garantie
légale, d’exclure des objets de la garantie légale, d’obliger une partie à exécuter
une prestation, sous peine de perdre le bénéfice de la garantie, ou de la dispenser
d’un remboursement sous certaines conditions.
Le temps du verbe, présent ou futur, est important. Le présent n’est pas intemporel,
comme il l’est dans une loi. Dans une convention, il marque le moment où l’acte
sera signé. « Les parties conviennent », cela veut dire : aujourd’hui, au moment où
elles s’apprêtent à revêtir l’acte de leur signature. Le futur, employé pour énoncer
les interventions des parties, est normatif et renvoie au moment où sera exécutée la
convention, après la signature et la passation de l’acte. De par son inclusion dans la
clause, la formule « A fera ceci » ne prophétise pas que A pourra le faire, mais elle
l’oblige à le faire.
« Les parties conviennent que leurs relations seront régies par le présent
contrat, à l’exclusion de tout accord qu’elles auraient pu antérieurement
conclure. »
b) La clause définitoire
e) La clause d’exclusivité
f) La clause d’obligation
« La société X fera tout ce qui est en son pouvoir pour que des spécialistes
assistent les techniciens de la société Y dans les divers essais de laboratoire
pendant la période du ... au ... »
h) La clause de responsabilité
i) La clause de durée
« Notre devis est valable pendant trois mois. Passé ce délai, il devient sujet à
révision. »
k) La clause de non-concurrence
l) La clause de secret
n) La clause d’avenir
o) La clause suspensive
p) La clause résolutoire
r) La clause d’interprétation
s) La clause de cessation
922
« Si l’une des parties avise l’autre de son intention de mettre fin à l’entente,
celle-ci prendra fin en tout ou en partie trois mois plus tard. »
u) La clause de reconduction
Clause habituelle.
Clause hypothécaire.
Clause immuable.
Clause impérative.
Clause implicite.
Clause imprimée (d’une police).
Clause incitative.
Clause inconciliable.
Clause indéterminée.
Clause initiale, clause introductive.
Clause inopposable (aux tiers).
Clause interdite.
Clause interprétative.
Clause irritante.
Clause justificative.
Clause léonine.
Clause libératoire.
Clause limitative (de responsabilité).
Clause litigieuse, clause en litige.
Clause locative.
Clause mixte.
Clause mobile.
Clause modificative, clause modificatrice.
Clause monétaire, clause pécuniaire.
Clause moratoire.
Clause normative.
Clause nulle.
Clause obligatoire.
Clause omnibus, clause résiduelle.
Clause opérante.
Clause ouverte, clause non limitative.
Clause particulière.
Clause pénale.
Clause pertinente.
Clause préambulaire.
Clause prescriptive.
Clause primaire.
925
Clause principale.
Clause privative.
Clause procédurale.
Clause prohibitive.
Clause protectrice.
Clause protocolaire.
Clause rattachée au bien-fonds, suivant le bien-fonds.
Clause représentative.
Clause résolutoire, clause de résolution.
Clause restrictive.
Clause révocatoire.
Clause rigide.
Clause rouge, clause verte.
Clause salariale.
Clause secrète.
Clause spéciale.
Clause statutaire.
Clause stimulante.
Clause subrogatoire.
Clause substantielle, clause non substantielle.
Clause suppressive (d’obligation).
Clause tarifaire.
Clause technique.
Clause testamentaire.
Clause transactionnelle.
Clause transitoire.
Clause type.
Clause valable, clause non valable.
Clause valide, clause invalide.
Clauses concomitantes.
Clause + substantif
Clause bonus-valeur.
Clause Calvo.
Clause valeur réelle.
926
Clause + de + substantif
Clause d’abandon.
Clause d’abordage.
Clause d’accession.
Clause d’accroissement.
Clause d’achat (forcé, obligatoire), clause de cœrcition.
Clause d’adaptation.
Clause d’adhésion.
Clause d’administration (conjointe).
Clause d’affiliation.
Clause d’agence.
Clause d’agréage.
Clause d’agrément(s).
Clause d’aliénation.
Clause d’alignement (à l’égard du débiteur).
Clause d’allégement.
Clause d’ameublissement.
Clause d’amiable composition, clause d’amiable compositeur.
Clause d’amnistie.
Clause d’anéantissement.
Clause d’annulation.
Clause d’antériorité.
Clause d’anticipation d’application (extracôtière).
Clause d’approbation.
Clause d’appropriation.
Clause d’approvisionnement.
Clause d’arbitrage.
Clause d’arrangement amiable.
Clause d’assistance (technique).
Clause d’association.
Clause d’assurance (des marchandises en cours de route), clause minimum, clause
à temps).
Clause d’astreinte.
Clause d’atelier fermé.
Clause d’attente.
927
Clause d’incontestabilité.
Clause d’indemnisation.
Clause d’indemnité (de congédiement, de vie chère).
Clause d’indexation (limitée), clause d’indexation des prix, clause du progrès
technique).
Clause d’infirmité.
Clause d’insaisissabilité.
Clause d’insolvabilité.
Clause d’intangibilité.
Clause d’interdiction (d’échange, de grève).
Clause d’interprétation.
Clause d’interruption (de la location).
Clause d’introduction.
Clause d’invalidité.
Clause d’irresponsabilité.
Clause d’isolation.
Clause d’octroi (par exemple, d’octroi au créancier du pouvoir de vente
extrajudiciaire).
Clause d’offre concurrente.
Clause d’option (d’augmentation, de charge).
Clause de (du) non-préjudice.
Clause de boycott.
Clause de capacité de gain.
Clause de certification.
Clause de cessation.
Clause de change.
Clause de circulation.
Clause de classification.
Clause de collision (en mer).
Clause de comblement.
Clause de commission.
Clause de compensation.
Clause de compétence, clause de juridiction.
Clause de complément.
Clause de concession.
Clause de concours à l’instance.
Clause de confidentialité, clause de secret.
929
Clause de ducroire.
Clause de durée.
Clause de force majeure.
Clause de frais d’instance.
Clause de franchise.
Clause de garantie (d’éviction du fait des tiers, du fait personnel, de change),
clause de garantie subséquente.
Clause de gardiennage, clause de surveillance.
Clause de l’assimilation aux nationaux.
Clause de l’orphelin (clause de disparité de traitement, clause de rémunération à
double palier).
Clause de la nation la plus favorisée.
Clause de latitude, clause de non-dénommés.
Clause de libertés.
Clause de licences au retour.
Clause de limitation de responsabilité.
Clause de litrage.
Clause de livraison (différée, tardive).
Clause de magasin à magasin.
Clause de mandataire commun.
Clause de manquement réciproque, clause de défaut croisé.
Clause de mécanisme.
Clause de médiation.
Clause de minima.
Clause de minimum (de garantie, de redevances, d’exploitation garantie).
Clause de mise en vigueur liée.
Clause de modalités.
Clause de modification (unilatérale).
Clause de mortalité.
Clause de nantissement (négative).
Clause de naufrage.
Clause de négligence.
Clause de négociation.
Clause de nomination.
Clause de non-aggravation.
Clause de non-cessibilité.
Clause de non-concurrence, de non-rétablissement.
931
Clause de non-contestation.
Clause de non-déchéance.
Clause de non-dénommés.
Clause de non-discrimination.
Clause de non-échéance.
Clause de non-établissement.
Clause de non-exécution.
Clause de non-garantie.
Clause de non-licenciement, de non-renvoi.
Clause de non-ouverture.
Clause de non-recours à la grève.
Clause de non-responsabilité.
Clause de non-sollicitation.
Clause de nullité (des contrats).
Clause de préciput.
Clause de précompte (généralisé, syndical).
Clause de préférence (stricte, stricto sensu).
Clause de premier refus, de premier exercice.
Clause de prescription.
Clause de privilège.
Clause de prix à dires d’expert, de prix de marché, de prix taxé.
Clause de prohibition des privilèges, clause antiprivilège.
Clause de prorogation.
Clause de protection.
Clause de prudence, clause sans engagement.
Clause de qualité
Clause de quota.
Clause de rabais.
Clause de rachat.
Clause de rappel.
Clause de rattrapage.
Clause de réajustement de la peine
Clause de reconduction (du contrat à l’échéance du terme, de l’hypothèque).
Clause de reconnaissance.
Clause de refus (de travail).
Clause de règlement (de différend).
Clause de reliquat.
932
Clause + en + substantif
Clause en litige.
Clause en surcharge.
Clause en vigueur.
Substantif + de + clause
Verbe + clause
Formules figées
ö DÉROGATION.
ö DISPOSITION.
ö ÉLISIF.
ö LISIBILITÉ.
ö ONÉROSITÉ
ö POTESTATIF.
ö PROHIBER.
ö STIPULATION.
CLÉ. CLEF.
exemples d’emploi du mot clé dans les dictionnaires généraux. Il est vrai que l’on
trouve clé ou clef quand ce substantif n’est pas en apposition (fermer à clef ou à
clés) ou qu’il est employé dans son sens concret (clés ou clefs de voiture). Dans des
expressions figées, le même phénomène linguistique se produit : on écrivait jadis
clefs du royaume, clef de voûte; de nos jours l’orthographe moderne semble
l’emporter, et on prend maintenant la clé plutôt que la clef des champs et on
possède une clé d’accès, beaucoup plus rarement une clef d’accès. Fausses clés ou
fausses clefs, placer sous clé ou sous clef, contrat clés ou clefs en main (et sa
variante belge clé sur porte).
Que le mot soit pris dans son sens concret d’objet matériel ou dans son sens
abstrait ou figuré, la bivalence orthographique, même si elle est présente dans les
textes, le cède devant la prévalence de la graphie moderne. « Sont qualifiées
fausses clefs, tous crochets, passe-partout, clefs imitées, contrefaites, altérées, ou
qui n’ont pas été destinées par le propriétaire, le locataire, aubergiste ou logeur,
aux serrures, cadenas, ou aux fermetures quelconques auxquelles le coupable les
aura employées. » « Le juge ou le greffier peut, dans l’intérêt des parties et à la
demande du créancier saisissant ou du gardien autre que le débiteur, autoriser ce
gardien à enlever les effets saisis ou à saisir pour les tenir sous sa garde, mettre
garnison ou les placer sous clé. » « C’est la nature unilatérale de l’obligation
plutôt que la nature du contrat qui est la clé de l’interprétation stricte des
options. »
Une règle commode peut permettre de dissiper tout doute et d’établir l’usage. Les
noms composés à l’aide du vocable clé ne prennent pas de trait d’union si on
accepte de considérer que chacun des deux substantifs conserve sa signification
propre, clé ayant en l’occurrence le sens de déterminant, essentiel, central, de
première importance. Ainsi, un arrêt clé est d’abord un arrêt, ensuite il est de
937
principe, il fait jurisprudence : deux notions, deux unités de sens, donc, pas de trait
d’union.
Je clos, ils closent. J’ai clos, ils ont clos. J’avais clos, ils avaient clos. J’eus clos,
ils eurent clos. J’aurai clos, ils auront clos. Que je close, que nous closions, qu’ils
closent. Que j’aie clos, qu’ils aient clos. Que j’eusse clos, qu’il eût clos, qu’ils
eussent clos. Je clorais, ils cloraient. J’aurais clos, ils auraient clos. J’eusse clos,
il eût clos, ils eussent clos. Clos, close. Ayant clos, closant. Avoir clos.
Clore est transitif direct (« Tout propriétaire peut clore son héritage. ») et
s’emploie comme pronominal (« Le propriétaire qui veut se clore perd son droit de
parcours et vaine pâture en proportion du terrain qu’il soustrait. »). Obliger son
voisin à se clore (on dit aussi à se clôturer). « Le droit de se clore est le droit du
particulier à s’affirmer chez lui. » « En droit anglais, celui qui occupe une terre
n’est pas tenu vis-à-vis du public de se clore, même quand il jouit de la grand-
939
route. »
L’adjectif clos entre dans la composition de locutions adverbiales : en vase clos (en
secret, sans tenir compte du contexte) et à huis clos (sans la présence du public) et
d’expressions : faire remise, sous pli clos et cacheté, de l’original du testament;
testament clos et cacheté, puis scellé.
1) Au sens propre, clore signifie fermer, boucher : espace clos; clore de murs
un jardin; clore une lettre (la cacheter). « La police a clos toutes les issues. ». Il a
pour synonymes enclore et clôturer.
Au figuré, il signifie finir, amener à une fin, mettre un terme à quelque chose,
achever, conclure, terminer : on clôt une discussion, un sujet, une question, un
examen, un débat, une plénière, une séance, un compte, un marché, sa preuve, un
procès, une succession.
2) Clore a pour nom verbal clôture : « Tout propriétaire a le droit de clore son
héritage, à la condition toutefois de laisser dans sa clôture des ouvertures
suffisantes pour le libre écoulement des eaux des fonds supérieurs. » C’est de ce
substantif qu’a été tiré le verbe clôturer, encore aujourd’hui objet, à tort, de
critiques et de débats chez les grammairiens, plusieurs, en dépit d’un usage devenu
généralisé, n’admettant clôturer qu’au seul sens concret de entourer de clôtures.
Cependant, dans l’usage, les deux verbes entrent en concurrence et se disputent les
cooccurrents, ce qui augmente la confusion dans les esprits et justifie les
hésitations. Par exemple, on dit aussi bien clore que clôturer les débats, clore que
clôturer une session. C’est que, dans un sens général, les deux verbes signifient
déclarer clos, terminé, mettre un terme à quelque chose.
Il faut dire qu’une nuance distingue ces deux synonymes : clore a le sens de mettre
fin définitivement, avec autorité, tandis que clôturer n’a pas l’idée d’arrêt définitif
mais provisoire : clore les débats, c’est y mettre un terme définitif, les clôturer,
c’est les suspendre temporairement. La distinction est similaire s’agissant d’une
session.
Clore une affaire, un marché, c’est amener une transaction ou un contrat à son
règlement définitif, mais, à la Bourse, clôturer en ou à la hausse, c’est terminer
une séance de bourse pour la reprendre le lendemain (si ce jour est ouvrable) alors
que les cours de clôture ont augmenté. La clôture du marché marque la fin de la
séance. Cours de clôture.
On peut clore une fête, une journée, un inventaire, un état, une série, une enquête,
une négociation, un incident, une lettre, un passage, un chapitre, une liquidation
ou un compte, bref, tous faits considérés comme se déroulant dans le temps. Par
exemple, s’il est vrai que l’on peut ouvrir un dossier, en commencer l’examen, puis
le fermer, il reste qu’on ne peut pas le [clore]. Un dossier ne peut pas être [clos]
puisque ce n’est pas une réalité dynamique, un événement, une situation en
progrès. On dit plutôt qu’une affaire est classée, qu’elle est close. De même, on dit
bien ouverture et clôture du scrutin, clôture des mises en candidature : ces réalités
étant en mouvement, elles peuvent être clôturées ou closes.
dépôt de l’avis de clôture au même lieu que l’avis de dissolution. »), mais, en droit
commercial, on parle d’une vente de liquidation et non d’une vente de [clôture].
Autres exemples : ordonnance de clôture, ordonnance close; clôture de
l’instruction, instruction close; clôture de période, période close (dans un acte
hypothécaire); clôture de la controverse, controverse close; clôture d’une session,
session close; séance de clôture, séance close; clôture d’une liste, liste close;
clôture d’un procès-verbal, procès-verbal clos; clôture de l’inventaire successoral,
inventaire clos; clôture de l’hypothèque, hypothèque close, et ainsi de suite.
La clôture (“closure”) est une procédure qui permet à la Chambre, en mettant fin au
débat, de se prononcer sur la question en discussion. Elle mène le débat à sa
conclusion et force la Chambre à donner une solution à une question encore
discutée. Demander, proposer la clôture du débat. Avoir recours, procéder,
recourir à la clôture. Parler contre ou pour la clôture. Employer la clôture (pour
faire adopter un projet de loi). Appliquer, imposer, prononcer la clôture à un
débat (sur un amendement). Débat assujetti à la clôture. Clôture restreinte.
Clôture de la session parlementaire (“adjournment of the session”). Par la force de
la clôture (“by closure”).
Sont utilisés à cette fin des signes sensibles : des bornes pour circonscrire sa
propriété, une clôture (“enclosure”, “fence” ou “fencing”) pour clore son terrain ou
son héritage. Faculté de clore son fonds. Clôturer sa propriété. Héritage clos, non
clos de son voisin. Signe juridique du droit des biens, la clôture définit une aire de
jouissance exclusive. On clôt son terrain pour en interdire définitivement l’accès.
« Tout propriétaire peut clore son terrain à ses frais, l’entourer de murs, de fossés,
de haies ou de toute autre clôture. » Ainsi, une ligne de clôture sera constituée
d’un mur, d’une haie, d’un fossé, d’un treillage, de fils métalliques ou de tout autre
dispositif équivalent. Mur de clôture. Piquet de clôture. Clôture solide
(“substantial fence”). Clôture de fil barbelé, en treillis.
En droit canadien, la clôture est une clôture de bornage (“boundary fence” ou “line
fence”) ou une clôture de séparation ou clôture séparative (“dividing fence” ou
“division fence”) : la première est une enceinte construite entre deux propriétaires
943
partageant une limite commune, tandis que la seconde (qu’il ne faut pas confondre
avec la ligne séparative ou ligne de séparation, encore appelée ligne divisoire :
“dividing line” ou “division line”) est une clôture érigée entre deux propriétaires
partageant une réserve routière commune non ouverte passant entre eux. Elle est
qualifiée de légale (“lawful fence”) lorsqu’elle doit être installée conformément
aux dispositions de la loi.
Est présumée ou réputée mitoyenne la clôture qui sépare des héritages, qui se
trouve sur la ligne séparative ou divisoire des fonds contigus. Un héritage ou un
terrain est dit en état de clôture lorsqu’il se trouve entouré d’une telle enceinte. La
clôture mitoyenne doit être entretenue à frais communs. En droit civil québécois,
la clôture est présumée mitoyenne même si un seul fonds est clôturé, à la condition
qu’elle soit érigée sur la ligne séparative.
En droit civil, le bris de clôture est un délit qui consiste à détruire une enceinte
formant clôture. Escalade ou effraction des clôtures.
En common law, un clos (“close”) est une parcelle, clôturée ou non, dans laquelle
une personne a au moins un intérêt possessoire actuel qui lui permettra d’intenter
une action en intrusion pour bris de clôture (“breach of close”), soit une intrusion
illégale sur son terrain, une violation de propriété privée. Ne pas confondre avec le
bris de clôture (“breach of the parameter”) en administration pénitentiaire,
qualification assimilable au bris de prison ou à l’évasion : voir à l’article BRIS, les
points 1a), b) et c).
ö BRIS.
ö PARCELLE.
CO-.
Ainsi agglutiné avec un terme technique du droit qui constitue un actant, le préfixe
co-, de l’adverbe latin cum signifiant avec, exprime généralement l’idée d’une
participation d’une ou de plusieurs personnes à un acte, à un événement ou à une
opération juridiques. Lorsque le substantif ainsi formé est au singulier, il faut
comprendre qu’une seule personne intervient ou s’associe à l’acte, à l’événement
ou à l’opération; si le substantif est pluriel, plus de deux personnes sont en cause.
Coauteur, coauteurs d’une infraction. « Est considérée comme coauteur la
personne qui intervient de façon particulièrement active dans la commission de
l’infraction. Tel est le cas de celui qui met en circulation un chèque qui lui a été
remis en blanc. » « La jurisprudence admet que le délit est en ce cas l’œuvre de
plusieurs coauteurs. »
945
a) Idée de simultanéité
coaccusé :
« L’accusé et le coaccusé ont été déclarés coupables de meurtre au
deuxième degré. »
« Supposons que deux coaccusés, que je nommerai A et B, soient inculpés
d’une manœuvre frauduleuse complexe. »
codécédés :
« Si des personnes appelées à la succession l’une de l’autre décèdent sans
qu’il soit possible d’établir laquelle a survécu à l’autre, ces personnes sont
réputées codécédées. » Voir comourants ci-après.
codétenu :
Le codétenu est une personne détenue en même temps que d’autres dans un
même lieu.
coïnculpé :
« Le coïnculpé s’est fait représenter par le même avocat que celui qui occupe
pour l’accusé. »
« Des coïnculpés doivent-ils, une fois accusés, subir un procès conjoint ou
des procès distincts ? »
comourants :
« Il convient de considérer que chaque comourant, pour les fins de sa propre
succession, a survécu à l’autre. »
946
colocataire :
Le colocataire est locataire avec d’autres personnes d’un immeuble; il n’est
pas titulaire de bail comme l’est le locataire ou le preneur à bail.
« L’entité créée constituait une forme de syndicat de copropriétaires ou de
colocataires. »
coprévenu :
« Le policier banalisé s’est fait passer pour un coprévenu. »
Contre-interrogatoire des coprévenus.
cosignataire :
« La cosignataire a reçu et payé le connaissement. »
« La jurisprudence a établi que l’existence d’un compte conjoint n’a pas
pour effet de constituer les cosignataires du compte propriétaires indivis des
sommes figurant au compte. »
b) Idée de partenariat
coadministrateur :
« L’administrateur est présumé avoir approuvé toute décision prise par ses
coadministrateurs. »
« Tout administrateur est responsable, avec ses coadministrateurs, des
décisions du conseil d’administration. »
cocontractant :
« L’adjudicataire est le cocontractant d’une administration à l’issue de
l’adjudication d’un marché public. »
« L’acte à titre onéreux ne peut être annulé si les cocontractants étaient de
bonne foi. »
947
coéchangiste :
« Est coéchangiste le cocontractant dans un échange. »
copermutant :
« Est copermutant tout échangiste. »
cobelligérants :
« Les États tiers qui se sont alliés à l’État attaqué pour se porter à sa
défense sont des cobelligérants dans cette guerre. »
coconspirateur :
« La preuve de l’existence du complot a été introduite par le ministère
public aux fins de l’application de l’exception à la règle du ouï-dire à
l’égard des coconspirateurs et comme preuve circonstancielle de la
perpétration de l’infraction substantielle. »
codemandeur :
C’est tout demandeur qui se joint à un autre ou à d’autres pour former la
partie demanderesse dans une action en justice. Dans l’intitulé Jean Untel et
Paul Larue c. Pierre Leduc et Xavier Monet, Paul Larue, comme Jean Untel,
est codemandeur.
« M. et Mme Bienvenue sont codemandeurs dans les actions énumérées en
objet. »
codéfendeur :
C’est tout défendeur qui se joint à un autre ou à d’autres pour former la
partie défenderesse dans une action en justice. Dans l’intitulé Jean Untel et
Paul Larue c. Pierre Leduc et Xavier Monet, Xavier Monet est codéfendeur.
« Le demandeur intente une action pour négligence contre plusieurs
codéfendeurs. »
colitigant :
Est colitigant celui qui, dans un procès, se trouve engagé avec d’autres
plaideurs dans une instance introduite à l’encontre d’un adversaire.
948
coacquéreur :
« C’est encore une indivision qui s’établit lorsque plusieurs personnes,
parents ou non, acquièrent en commun un même bien. Les coacquéreurs sont
dans l’indivision relativement à ce bien. »
coassocié :
« Les contrats conclus par l’un des associés profitent également à ses
coassociés. »
« Chaque associé peut contraindre ses coassociés aux dépenses nécessaires
à la conservation des biens mis en commun. »
coassuré :
« Lors du décès de l’assuré, de sa faillite ou de la cession, entre coassurés,
de leur intérêt dans l’assurance, celle-ci continue au profit de l’héritier, du
syndic ou de l’assuré restant, à charge pour eux d’exécuter les obligations
dont l’assuré était tenu. » Automobilistes coassurés.
coassureur :
« Il n’y a généralement pas solidarité entre les coassureurs : si un assureur
est défaillant et ne peut verser sa quote-part d’indemnité, les autres ne sont
pas tenus de suppléer cette défaillance. »
cobénéficiaires et cogrevés :
« Les accroissements entre les cobénéficiaires des fruits et revenus d’un
même ordre ont lieu de la même façon qu’entre cogrevés du même ordre en
matière de substitution. »
« La charge stipulée au bénéfice de plusieurs personnes sans détermination
de leurs parts respectives emporte, au décès de l’une, accroissement de sa
part en faveur des cobénéficiaires survivants. »
codétenteur :
Le codétenteur est celui qui détient avec un autre un objet, une chose.
949
cohéritier et covendeur :
Le cohéritier est celui qui hérite avec un autre d’une même personne.
coïndivisaire :
« La soustraction frauduleuse d’un objet indivis par un copropriétaire
constitue un vol au préjudice de son coïndivisaire. »
« Les coïndivisaires, s’ils y consentent tous, peuvent convenir de demeurer
dans l’indivision. »
colicitant :
« En droit civil, sont appelés colicitants les coïndivisaires lorsque
l’indivision cesse par voie de licitation. »
copartageant :
« Chaque copartageant demeure toujours garant de l’éviction causée par
son fait personnel. »
« Le cessionnaire doit payer le prix convenu. Pour le paiement, le cédant
jouit des garanties accordées au vendeur ou au copartageant suivant que la
cession constitue une vente ou vaut partage. »
copropriétaire :
« Sont dites communes les parties des bâtiments et des terrains qui sont la
propriété de tous les copropriétaires et qui servent à leur usage commun. »
Copropriétaires conjoints.
cotitulaire :
Le cotitulaire est la personne qui possède le même droit qu’une autre sur le
même objet.
« Les règles sur la représentation successorale ne jouent pas en matière
d’assurance, mais celles sur l’accroissement au profit des légataires
950
coappelé et cogrevé :
« La révocation de la substitution quant à l’appelé profite au coappelé, s’il
en existe, sinon au grevé. »
« La révocation de la substitution quant au grevé profite au cogrevé, s’il en
existe, sinon à l’appelé. »
« L’un des coappelés a accepté le bénéfice conféré par la substitution. »
coauteur :
« L’interruption de la prescription vis-à-vis d’un seul coauteur interrompt la
prescription à l’égard des autres. »
« La compétence à l’égard d’un détenu s’étend à tous coauteurs et
complices. »
cobailleur :
Le cobailleur est un bailleur conjoint avec une ou plusieurs personnes.
codébiteur et cocréancier :
Le codébiteur est celui qui est tenu avec un autre, par la même obligation, au
paiement d’une somme d’argent.
« La confusion qui s’opère par le concours des qualités de créancier et de
codébiteur solidaire ou de débiteur et de cocréancier solidaire n’éteint
l’obligation qu’à concurrence de la part de ce codébiteur ou cocréancier. »
« La novation consentie par un créancier solidaire est inopposable à ses
cocréanciers, excepté pour sa part dans la créance solidaire. »
codonataire et codonateur :
Le codonataire est celui qui reçoit une donation conjointement avec
d’autres, tandis que le codonateur est celui qui fait une donation
conjointement avec d’autres.
951
cœmprunteur :
« Le commerçant qui veut recourir au crédit pour développer son
exploitation devra, dans l’immense majorité des cas, obtenir que son
conjoint accepte de se porter cœmprunteur, faute de quoi il ne trouvera pas
de prêteur. »
cœxploitant :
« S’agissant de cœxploitation, si les différents exploitants ont
personnellement exercé des actes de commerce, tous seront considérés
comme commerçants, ce qui entraînera leur responsabilité solidaire à
l’égard des dettes d’exploitation et, en cas de cession des paiements, le
redressement judiciaire de tous les cœxploitants. »
cofidéjusseur :
En droit civil, le cofidéjusseur est la personne qui avec d’autres se porte
caution d’un même débiteur pour une même dette.
« La caution bénéficie d’un recours personnel contre ses cofidéjusseurs,
outre son recours subrogatoire. »
cogérant :
« Le gérant et chacun de ses cogérants qui exploitent un fonds de commerce
loué par le propriétaire assurent cette exploitation en leurs noms et à leurs
risques et périls. »
« Dans une gestion d’affaire, le gérant et les cogérants s’occupent
volontairement de l’affaire du géré. »
coïntéressé :
« Le tribunal peut ordonner d’office la mise en cause de tous les
coïntéressés. »
colégataire :
Le colégataire est celui à qui un legs est fait en commun avec une ou
plusieurs personnes, à qui une même chose a été léguée conjointement.
« Le légataire particulier peut, comme un successible, demander au tribunal
de déclarer l’indignité d’un héritier ou d’un colégataire. »
952
comandant :
« Lorsque le mandataire a été constitué par des comandants pour une
affaire commune, chaque comandant est tenu solidairement envers lui de
tous les effets du mandat. »
coobligé :
Le coobligé est celui qui est tenu avec d’autres au paiement d’une dette.
« Le coobligé peut acquitter une obligation. »
4) Le substantif formé par l’agglutination du préfixe co- peut fort bien ne pas
être une personne; ce peut être un inanimé, une notion. Coaction, coomission. « La
jurisprudence n’a pas posé de critère bien net permettant de distinguer la coaction
de la complicité. » Cœmphythéose. Présomption de décès simultanés ou
présomption de codécès.
De plus, on peut, par effet de style, mettre le trait d’union pour faire ressortir l’idée
d’association. « La copropriété est le contraire de la dissociation juridique de la
pleine propriété. L’un n’est pas usager, l’autre jouissant, etc. Tous sont co-usants,
co-jouissants, co-disposants, co-gérants, co-administrateurs du tout. Chacun
participe à chacun des attributs du droit. » « Il y aura co-omission lorsque
plusieurs garants, tous tenus par le même devoir juridique d’agir ou par un devoir
juridique d’intensité égale, négligent, ensemble ou séparément, d’intervenir : leurs
passivités respectives caractérisent une participation générale lorsque, par le jeu
de l’équivalence, elles peuvent être assimilées à une action directe, réunissant tous
les éléments constitutifs de l’infraction ou trahissant la volonté de l’auteur de
considérer l’infraction pour sienne. »
L’exemple qui suit réunit les deux graphies. « En droit anglais et français, il y a
co-action lorsque chacun des participants a réalisé tous les éléments constitutifs
de l’infraction. En droit allemand et suisse, la co-action est admise lorsque
plusieurs personnes agissent sciemment et volontairement de concert, assumant
chacune une part égale de responsabilité commune. Objectivement, la coaction est
réalisée par l’organisation, la préparation de l’activité et la part prise à la
décision de réaliser l’infraction. »
les parts sont égales, on compose autant de lots qu’il y a d’héritiers ou de souches
copartageantes. »
ö COMMORIENTES.
CODICILLAIRE. CODICILLE.
3) Le codicille est fait, il est signé par le testateur ou la testatrice et attesté par
des témoins. Lorsque toutes les formalités régissant sa validité ont été remplies, on
dit qu’il est passé (et non [exécuté]). Signer plusieurs codicilles. Codicille notarié
(et non [notarial]). Ajouter, faire ajouter un codicille à son testament. Annexer,
faire un codicille à son testament. Confectionner, rédiger un codicille. Le codicille
du testateur, de la testatrice. L’auteur du codicille. Donner qqch. à qqn par
codicille : « Par son codicille du 1er juin 1995, Pierre Latulippe a légué
l’universalité de ses biens à sa soeur. »
954
4) Par extension, le codicille est une clause ajoutée à un traité, mais l’emploi du
mot en ce sens, enregistré par les grands dictionnaires, est rare.
ö EXÉCUTER.
ö NOTARIAL.
ö TESTAMENT.
Mais, y a-t-il une différence entre coffre et coffre-fort? Certaines lois et l’usage
même appellent indifféremment coffre et coffre-fort le contenant qui sert à mettre
en sûreté de l’argent et des choses précieuses.
Il peut toutefois être suffisamment grand pour permettre qu’on y entre. Le Code
criminel (Canada) dispose qu’est passible d’un emprisonnement maximal de dix
ans quiconque a en sa possession un instrument pouvant servir à pénétrer par
effraction dans un coffre-fort.
Syntagmes
Les époux, par exemple, ont l’obligation en droit civil de faire vie commune et de
choisir ensemble la résidence familiale. Ce qui ne veut pas dire qu’ils doivent
cohabiter et avoir un domicile commun. Les deux concepts de cohabitation et de
vie commune ne doivent pas être confondus (bien que dans la réalité du mariage,
vie commune et cohabitation se confondent); ils renvoient à des réalités
différentes : la notion de cohabitation exprime le fait matériel d’habiter ensemble,
alors que celle de vie commune exprime une volonté et un projet de vie. En
d’autres termes, la vie commune peut être compatible avec l’établissement de deux
domiciles, tandis que la cohabitation implique nécessairement, sauf le cas où les
deux personnes qui cohabitent doivent vivre séparées pour des raisons
professionnelles, le fait que le couple vit sous le même toit.
957
3) Les personnes qui cohabitent s’appellent des cohabitants. Les lois sur les
biens matrimoniaux reconnaissent au Canada la validité juridique des contrats
conclus entre cohabitants de sexe différent. Les cohabitants sont assimilés aux
conjoints dans les conventions collectives et les régimes de retraite ou d’assurance
santé.
Syntagmes
Cesser de cohabiter.
Décider de cohabiter.
958
Renoncer à la cohabitation.
Y avoir cohabitation.
ö CONCUBIN.
1) Il faut bien distinguer par l’orthographe les homonymes que sont le participe
présent coïncidant (exercice coïncidant avec l’année d’imposition) et l’adjectif
qualificatif coïncident (faits coïncidents ou simultanés). La terminaison en -ent de
l’adjectif s’explique par le fait que le mot a été calqué sur l’adjectif latin
correspondant.
Ne pas dire d’une coïncidence qu’elle est [fortuite], car elle est nécessairement le
résultat d’événements fortuits.
ö CONCOMITANCE.
ö CONCORDANCE.
ö CONCORDER.
COL.
La locution substantive col blanc est un terme générique qui sert à désigner les
employés de bureau, les techniciens, les cadres. Ces travailleurs forment diverses
sous-catégories. On les appelle aussi, selon les contextes, bureaucrates, travailleurs
intellectuels, personnel de bureau. Col bleu est générique lui aussi; il désigne les
travailleurs affectés généralement à la production, à l’entretien; on dit aussi
travailleurs de production, ouvriers, salariés, employés hors bureau, personnel
d’exécution. La terminologie de remplacement est pour le moins hésitante et
flottante.
Col d’acier (“steel-collar worker”) est un néologisme, comme l’est la locution col
rose (“pink-collar worker”), qui désigne génériquement des femmes salariées
affectées au travail de bureau ou d’entretien.
3) Le litige soumis aux tribunaux est un procès, une cause, une affaire, une
espèce. Celui qui est judiciairement en puissance est un différend survenu entre
deux ou plusieurs personnes. C’est un conflit, un désaccord, une mésintelligence,
un antagonisme susceptible de conduire à une demande en justice.
4) Il ne faut pas confondre litige et instance. Tandis que le mot litige désigne la
contestation qui oppose des parties, l’instance est le litige soumis à un tribunal. Par
exemple, le procès ("trial") constitue la première instance ("proceeding") d’une
affaire qui pourra connaître des appels successifs dont chacun sera une instance
comportant un litige. Pour cette raison, on appelle juge de première instance le juge
du procès.
Ce n’est pas le juge mais les parties qui, au moyen des prétentions qu’elles fixent
par l’acte introductif d’instance et par l’exposé de la défense (les conclusions en
défense en droit français), déterminent l’objet, le point du litige.
Cet objet pourra être modifié par des demandes incidentes liées aux prétentions
originaires. Il correspond à tout ce qui forme les prétentions des parties. Pour que
soit tranché cet objet, les parties doivent se trouver en litige.
Dans certaines instances, l’objet du litige est parfois divisé en objet principal (la
peine infligée, par exemple) et objet secondaire ou accessoire (les conditions de la
probation dans le même exemple). L’objet principal étant la demande de répartition
des biens matrimoniaux, l’objet secondaire pourra être la garde légale partagée de
962
8) Un litige met en cause un différend survenu entre les parties : une créance,
une cession, une vente, un transfert, un bail, le caractère exécutoire d’une
disposition, la suffisance des biens d’une caution, d’une sûreté offerte, l’état d’un
mineur ou une partie de ses biens mis en tutelle a fait naître une querelle. C’est ce
différend qui est à l’origine du litige et il est apparu par suite de faits déterminés.
Les faits à l’origine du litige ont conduit les parties devant le tribunal. Les faits de
la cause sont les circonstances qui ont suscité la naissance et le développement,
l’évolution du litige. C’est l’énonciation de ces circonstances sous forme
d’allégations, autrement dit les prétentions des parties, qui délimite ou fixe le cadre
du litige, qui circonscrit son contexte, son arrière-plan.
Généralement, les faits d’une affaire sont constants, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas
contestés par les parties; celles-ci contesteront plutôt les conséquences juridiques
de ces faits. Le nœud du litige portera sur ces conséquences, lesquelles se
trouveront au cœur, au centre du litige.
Le droit canadien de la preuve établit une distinction importante entre trois sortes
de faits : le fait en litige ("fact in dispute" ou "fact in issue"), encore appelé fait
principal ("main fact" ou "main fact in issue"), soit celui que doit prouver la partie
auteur de l’allégation, c’est-à-dire le demandeur ou le ministère public (la
Couronne) afin d’avoir gain de cause, le fait contesté ("disputed fact"), soit le fait,
principal ou accessoire, que ne reconnaît pas la partie adverse, c’est-à-dire le
défendeur, et le fait probatoire ("evidentiary fact"), soit celui qui est présenté en
preuve en vue de prouver le fait en litige.
963
11) Le litige porte sur une ou plusieurs questions. La question en litige est un
point de désaccord, objet du débat judiciaire, sujet d’une controverse. « Le litige
porte sur l’interprétation de la convention collective. » On dit : La question en
litige est de savoir et non [à] savoir; l’écart syntaxique s’explique par le fait que
l’on peut dire : La question en litige consiste à savoir. L’objet du litige, dira-t-on
aussi, est circonscrit à la question de savoir.
Ce qui est en litige, ce peut être des mots (interpréter le sens de certains termes),
des dispositions, des nombres, des chiffres, des quantités, des mesures, des règles,
des principes, des droits. Tous ces éléments formant litige sont regroupés sous la
dénomination de questions en litige.
Du point de vue des plaideurs, les questions en litige peuvent être différentes : elles
peuvent toucher tel ou tel problème pour le ministère public (la Couronne) et tel ou
tel sujet pour le défendeur. Il appartient au juge de déterminer la nature des
questions en litige et de les formuler de telle sorte à être équitable pour les parties
en présence.
Les règles de plaidoiries prévoient que ce sont les parties qui précisent les
questions en litige que le tribunal doit examiner. En général, seules les questions
qui sont soulevées dans les plaidoiries peuvent être tranchées pour éviter les pièges
pendant le procès et ne pas permettre que les parties soient prises par surprise.
Enfin, les questions en litige peuvent être des questions de fait, des questions de
droit ou des questions mixtes de droit et de fait. En appel, il n’y a pas de questions
de fait en litige, règle générale, puisqu’elles sont du domaine du premier juge.
12) Le litige est en état d’être jugé quand ont été réglées toutes les questions
préjudicielles.
Être en litige, c’est se trouver en cause, être en jeu (pour une question), c’est aussi
se trouver impliqué dans un procès (pour un plaideur). Mettre en litige, c’est porter
un différend devant les tribunaux. Les parties qui se trouvent engagées dans un
contentieux sont en litige.
965
La preuve, la prescription sont régies par la loi qui s’applique au fond du litige.
Une preuve peut disposer d’une partie du litige ou de l’entier litige, de tout le
litige. En droit international privé, le tribunal, pour pouvoir entendre un litige, doit
s’assurer que celui-ci présente un lien suffisant avec l’État ou le lieu de
commission d’un acte, de la nationalité d’une personne, et ainsi de suite, ce qu’on
appelle le lien, le point, le critère, le facteur, la circonstance de rattachement du
litige.
14) Les litiges qui opposent les parties à l’instance sont portés devant une
juridiction. D’après le principe du double degré de juridiction, on ne peut porter un
litige devant une cour d’appel avant que l’affaire n’ait été jugée par un tribunal de
première instance.
Une partie peut décider d’interjeter appel d’une décision rendue. Cette voie de
recours lui permet de s’adresser à une cour d’appel. Si elle conteste la décision
rendue par la cour d’appel, elle pourra faire juger le litige en dernier ressort. Ce
dernier recours est dénommé pourvoi et seule une juridiction unique (la Cour
suprême du Canada, la Cour de cassation) pourra en être saisie.
Les parties contractantes peuvent décider dans leur contrat ou dans une convention
de recourir à l’arbitrage comme mode de traitement de leurs litiges éventuels, de
confier leurs litiges éventuels à des arbitres. Dans les cas de médiation, d’arbitrage
et, de nos jours, de règlement en ligne, on parle du règlement extrajudiciaire des
litiges, encore appelé règlement extrajudiciaire des conflits; il faut éviter de parler
966
En cas d’arbitrage, l’arbitre reçoit des parties la mission de vider le litige. Dans la
médiation, la mission du médiateur est de rechercher avec les parties les termes
d’un accord amiable supprimant la difficulté qui les oppose. Dans la clause de
médiation, les parties déterminent l’étendue des litiges qui seront soumis à la
médiation et, ce faisant, délimitent les types de litiges susceptibles de donner lieu à
médiation.
Il existe plusieurs types de litiges selon le domaine du droit concerné. Par exemple,
les litiges civils ne sont pas exclus du domaine de l’arbitrage contrairement aux
litiges criminels. Les litiges commerciaux opposent des commerçants à l’occasion
de leurs activités commerciales. Les litiges maritimes ont trait à des questions
relatives à la navigation maritime, au transport des voyageurs et des marchandises
par mer, et, en droit international public de la mer, aux règles de droit qui
déterminent les compétences respectives des États dans le milieu marin et à leurs
obligations dans l’exercice de ces compétences. Les litiges de consommation
soulèvent des questions relatives à la fourniture aux consommateurs de biens ou de
services, tandis que les litiges environnementaux couvrent l’ensemble des règles
régissant le respect de l’environnement.
15) Selon les matières donnant lieu à litige se pose la question de la compétence
du tribunal saisi. Par exemple, les litiges auxquels peuvent conduire les accidents
du travail ou de la circulation relèvent, dans certains systèmes de droit, de la
compétence de tel ou tel tribunal. En France, le juge des enfants est le magistrat du
Tribunal de grande instance compétent à l’égard des mineurs et des litiges se
rapportant à eux, avec les tempéraments que prévoit la loi. S’agissant de la
compétence d’attribution, la valeur de la prestation en litige dicte quel tribunal a
vocation à connaître du litige, à l’instruire. Après avoir déterminé le tribunal
compétent, il importe de tenir compte de la valeur du litige ou en litige, c’est-à-dire
du montant correspondant à la somme en litige qui détermine le taux de
compétence, encore appelé taux du ressort. Au Nouveau-Brunswick, par exemple,
si l’intérêt du litige (la créance en jeu) excède la somme de six mille dollars,
l’affaire ne pourra être jugée par la Cour des petites créances.
967
16) On entend par les fruits du litige son produit, le profit que peuvent vouloir se
partager des parties à l’instance.
Le litige trouve sa solution, son issue quand le juge le résout, conformément aux
règles de droit qui lui sont applicables et à la lumière des explications fournies par
les parties. « Les parties sont invitées à fournir les explications de fait et de droit
que le juge estime nécessaires à la solution du litige. » Apporter, donner une
solution au litige, le résoudre.
Une transaction, un compromis, un jugement passé en force de chose jugée met fin
à l’objet du litige par désistement d’action. Autrement, il est mis fin au litige quand
il est réglé. Il y a règlement du litige dès que le juge énonce la solution qu’il a
trouvée. Le règlement du litige qui se fait à l’amiable s’opère lorsque les personnes
en litige s’entendent entre elles au lieu de s’adresser à un tribunal pour qu’il puisse
vider leur différend. Au Nouveau-Brunswick, le règlement amiable d’un litige
intervient après qu’une offre de règlement amiable présentée avant le procès à
trouvé son aboutissement fructueux dans le cadre d’une conférence de règlement
amiable du litige présidée par un juge.
17) Est litigieux ce qui, étant contentieux, contesté, peut mener à un litige. Plus
généralement, est ainsi qualifié tout ce qui se rapporte au litige ou qui fait l’objet
d’un litige. Affaire, question, matière litigieuse; acte, fait, point litigieux.
Les droits litigieux sont ceux qui sont en litige. Retrait, vente des droits litigieux.
Le bien litigieux fait l’objet d’un différend, la créance est litigieuse, un pouvoir est
litigieux dans la mesure où leur existence ou leur étendue sont susceptibles d’une
contestation judiciaire.
18) Dans la langue de la pratique au Canada, des avocats se sont habitués à dire
qu’ils font du litige. Par cette expression correcte mais familière, ils entendent
signifier qu’ils sont des avocats plaidants, des avocates plaidantes qui représentent
les parties et plaident devant les tribunaux, par opposition aux praticiens et aux
praticiennes du droit qui bornent leur activité professionnelle à la consultation, la
plaidoirie étant exclue.
ö AFFAIRE.
ö ALLÉGATION.
ö ALTERNATIF.
968
ö AVOCAT.
ö CAUSE.
ö CHEF.
ö CIRCONSTANCE.
ö COMPÉTENCE.
ö COMPROMIS.
ö CONFLIT.
ö CONSTANT.
ö CONTENTIEUX.
ö DIFFÉREND.
ö DIRE.
ö DOUTE.
ö ESPÈCE.
ö EXORDE.
ö FAIT.
ö INSTANCE.
ö JUSTICIABLE.
ö PLAIDEUR.
ö POURVOI.
ö PRATICIEN.
ö PRÉJUDICIEL.
ö PRÉTENTION.
ö PROCÈS.
ö TRANSACTION.
ö VIDER.
COLLATÉRAL, ALE.
L’adjectif collatéral vient du latin collateralis, lui-même tirant son origine de latus,
lateris signifiant côté. Il est formé à l’aide du préfixe co- et de l’adjectif latéral, et
donc, qui est à côté par rapport à quelque chose, autrement dit, qui est parallèle.
1) Dans le droit de la famille, les membres d’une même famille sont unis par
des liens familiaux qui sont de trois sortes : les liens de sang, les liens de droit et
les liens d’affection. Ces liens de sang sont illustrés par des lignes et des degrés,
éléments constitutifs des structures élémentaires de la parenté : la ligne peut être
directe, liant ceux qui descendent les uns des autres (grands-parents, parents,
enfants et petits-enfants, soit les ascendants et les descendants) ou elle peut être
collatérale, reliant ceux qui descendent d’un auteur commun (frères et sœurs,
neveux et nièces, cousins germains reliés entre eux). Liens collatéraux,
ramifications collatérales. Succession collatérale.
La ligne (on trouve aussi branche) est qualifiée de collatérale (ou d’angulaire)
969
parce qu’elle forme géométriquement un angle avec ses deux côtés, contrairement à
la ligne directe, qui est rectiligne. La ligne collatérale est celle qui, dans le
graphique illustrant la structure de la parenté, se trouve à côté de la ligne directe,
d’où sa qualification de collatérale. « Dans la ligne collatérale, on compte autant
de degrés que de générations, à partir d’un des parents intéressés, en remontant à
l’auteur commun et en redescendant à l’autre intéressé. Frères et sœurs sont
parents au second degré, oncle ou tante et nièces ou neveux, parents au troisième
degré, cousins germains, parents au quatrième degré. » En ligne collatérale, le
mariage est interdit entre le frère et la sœur, qu’ils soient légitimes ou naturels. Le
calcul des degrés intéresse particulièrement le droit successoral. « En ligne
collatérale, la représentation est admise en faveur des enfants et descendants de
frères et sœurs du défunt, soit qu’ils viennent à sa succession concurremment avec
des oncles ou tantes, soit que, tous les frères et soeurs du défunt étant prédécédés,
la succession se trouve dévolue à leurs descendants en degrés égaux ou inégaux. »
Héritier collatéral, en ligne collatérale. Successible (héréditaire) en ligne
collatérale.
Par exemple, on parle dans le droit des sûretés du bien grevé et de la sûreté
(“collateral”) pour désigner, dans le premier cas, le bien qui est remis au prêteur en
garantie du remboursement de l’emprunt et, dans le cas de la sûreté, de la garantie
elle-même. Le bien grevé tient lieu de sûreté subsidiaire. Hypothèque subsidiaire
(“collateral mortgage”). Garantie accessoire (“collateral warranty”).
Dans les actes instrumentaires et dans le droit des contrats, l’offre, la convention, le
contrat, la condition qui entretient un lien de subordination avec ce qui est
principal est qualifié d’accessoire, le covenant est incident.
En droit judiciaire, ce qui se distingue d’un fait principal est un fait incident, ce qui
s’oppose à la question principale est une question incidente, des circonstances qui
se produisent simultanément ou au même moment sont concomitantes et la
préclusion qui se distingue de la préclusion par jugement est accessoire. Une
preuve, une déposition, un témoignage seront qualifiés de subsidiaires ou
d’indirects, selon les cas. On dira aussi un supplément de preuve.
Enfin, dans le droit des biens, un droit, un intérêt, une délimitation est accessoire
par rapport à ce qui est principal, et, dans le droit de la responsabilité délictuelle, la
négligence incidente se dit en matière de responsabilité du fait d’autrui par rapport
à la négligence personnelle de l’employeur ou de l’entrepreneur.
Il y aurait lieu de réviser ces choix terminologiques et de leur préférer les termes
dommages indirects (qui incluent les blessures corporelles et les accidents mortels)
et dégâts accessoires (qui incluent les destructions d’édifices et d’infrastructures).
ö CONSANGUIN.
ö DEGRÉ.
ö LIGNE.
ö SANG.
ö SÛRETÉ.
Ne pas dire ordre de [collation] des créanciers, mais ordre de collocation des
créanciers.
On dit aussi collation d’un privilège, d’une faculté, d’une prérogative. Collation
(ou constitution) d’une sûreté.
ö COLLOCATION.
ö CONFRONTATION.
COLLIGER.
2) Dans une deuxième acception, plus étroite celle-ci, colliger signifie réunir
des ouvrages, des textes, en choisir des extraits pour en faire un recueil (colliger
des notes, des décisions), un ensemble de textes ou de documents (colliger les
grands arrêts de la jurisprudence commerciale), pour établir une édition critique et
les annoter. Par exemple, la dernière édition du Code criminel annoté et lois
connexes de Dubois contient plus de 1 400 résumés de jurisprudence que l’auteur a
utilement colligés avec minutie, science et patience pour établir une édition
critique. De même ont été colligés sous forme d’extraits et de sommaires les
Résumés de Jurisprudence pénale du Québec, source importante de jurisprudence
pénale au Canada.
COLLOQUIUM.
Se prononce co-lo-coui-yume.
1) Ce latinisme classique qui survit dans les manuels de common law relève du
domaine de la diffamation (“defamation law”), qu’elle soit écrite, le libelle
diffamatoire (“libel”), ou verbale, la calomnie (“slander”). Puisqu’il n’a pas encore
été francisé, il se met en italique ou entre guillemets, selon que le texte est imprimé
ou manuscrit. Si le texte est déjà en italique, le terme s’écrit en caractère romain.
Le mot colloquium signifie qui se rapporte au demandeur, ce qui est dit au sujet du
demandeur. « Il faut alléguer et prouver que les propos diffamatoires ont été tenus
au sujet du demandeur : c’est ce qu’on appelle le colloquium. »
975
Plus précisément, colloquium s’emploie pour désigner deux réalités : soit les
allégations ou imputations de propos diffamatoires qu’aurait tenus, publiés ou fait
publier le défendeur à l’égard du demandeur – qu’il faut distinguer de l’insinuation
(“innuendo”), se reporter aux articles INSINUATIF, INSINUATION et INSINUER) –,
soit, par métonymie, la partie d’une plaidoirie en diffamation qui expose ces
allégations ou ces imputations.
Dans ce dernier sens, le colloquium énonce dans l’exposé de la demande les faits
extrinsèques établissant qu’ils s’appliquent bien au demandeur et qu’ils ont été
tenus effectivement par le défendeur. En common law, dans le cadre d’une action
pour diffamation (on trouve aussi action en diffamation) ou pour calomnie, il est de
rigueur de démontrer que la prétendue déclaration diffamatoire, c’est-à-dire la
déclaration qui tendrait à provoquer le rejet social du demandeur, à jeter sur lui du
discrédit ou à l’exposer à la haine, à la dérision ou au mépris selon le bon jugement
de personnes sensées, visait le demandeur, même si elle ne le nommait pas ou ne le
désignait pas expressément. Dans le cas où il n’est pas spécifiquement identifié, le
demandeur a le fardeau d’établir qu’on pourrait raisonnablement comprendre que
c’est bien lui que visait l’allusion diffamatoire.
Pour qu’un droit d’action soit reconnu, le demandeur doit affirmer par colloquium
dans l’exposé de la demande que la déclaration avait pour lui un sens diffamatoire
donnant ouverture à poursuite.
ö DIFFAMATION.
ö INSINUATIF.
976
ö INSINUATION.
ö INSINUER.
COMBAT. COMBATTRE.
Ainsi, le défendeur oppose tous les moyens de défense propres à prouver le bien-
fondé de sa position : il combat les affirmations de son opposant. Pour ne pas être
débouté, il montrera que tous les moyens qu’il invoque pour combattre par une
preuve contraire les allégations qui sont faites à son encontre sont fausses ou mal
fondées, qu’elles sont sans valeur, sans mérite.
ö BATAILLE.
ö BIEN-FONDÉ.
ö DÉBOUTER.
977
ö DUEL.
ö INSTANCE.
ö LITIGE.
ö MÉRITE.
ö MOYEN.
ö PRÉTENTION.
ö TRIOMPHER.
ö VALEUR.
COMMERCIALISTE.
ö AFFAIRISTE.
ö COMMUNAUTARISTE.
ö CONTRACTUALISTE.
ö ÉCONOMISTE.
ö INCOTERM.
ö MARITIMISTE.
ö PRIVATISTE.
ö PUBLICISTE.
ö SOCIÉTARISTE.
COMMINATOIRE. COMMINER.
1) Dans l’usage courant, souvent dans le style administratif, on dit d’une lettre,
d’une note, d’une directive qu’elle est comminatoire si elle a pour objet de faire
pression sur son destinataire en évoquant la possibilité d’une sanction, disciplinaire
par exemple. Courrier comminatoire. On dit également d’un ton dont se sert une
autorité qu’il est comminatoire parce que, énoncé comme une demi-menace, le
discours prend une allure acrimonieuse, étant destiné à intimider par son caractère
catégorique et absolu, ou encore d’une mesure que l’on entend appliquer (et non
que l’on applique effectivement) qu’elle est comminatoire, étant destinée à pousser
à l’action ou à s’en abstenir. Avis, délai comminatoire. L’allusion comminatoire a
pour but d’intimider sans en avoir l’air, par exemple en glissant une remarque
d’ordre général susceptible de concerner directement l’interlocuteur, en adoptant le
point de vue d’autrui, que l’on condamne, pour pouvoir mieux le tourner en
dérision. Dans l’alternative comminatoire, on déguise une menace en offrant un
choix à son interlocuteur ou on répond à une concession de l’adversaire en en
offrant une à son tour. « Le notaire avait reçu de part et d’autre des directives
comminatoires lui demandant de retenir le prix jusqu’à la solution judiciaire du
litige. » « Une communication officielle et pressante de l’administrateur de la Ville
démontre clairement que les seules ventes consenties le furent en conséquence de
pressions presque comminatoires de la part de l’autorité municipale. »
Par la clause pénale, le débiteur promet de verser une pénalité pour le cas où il
n’exécuterait pas son obligation, où il l’exécuterait mal, où il mettrait du retard à
l’exécuter. Cet accord conventionnel né de la volonté des parties est conclu afin
d’assurer l’exécution d’une obligation principale. Le créancier retire du caractère
comminatoire de la clause pénale la sécurité de l’exécution de son obligation par le
débiteur.
La peine qualifiée de comminatoire n’est pas subie, elle n’est pas encourue,
puisqu’elle pourra ne pas être infligée. Pour cette raison, on dit que son rôle est
comminatoire et répressif. Détournement comminatoire de l’action en contrefaçon.
pourquoi le voleur, par exemple, n’a pas légalement le choix entre le vol et la
peine comminée pour sa répression. » « Peut être déchu de la nationalité l’individu
qui a été condamné du chef d’une infraction passible d’une peine comminée égale
ou supérieure à dix ans de servitude pénale. »
ö CLAUSE.
COMMISSOIRE.
2) L’article 2747 du Code civil du Québec, qui prévoit que le créancier doit
rendre au constituant (d’une hypothèque) les sommes perçues qui excèdent
l’obligation due en capital, intérêts et frais, « malgré toute stipulation selon
laquelle le créancier les conserverait, à quelque titre que ce soit », interdit ainsi le
pacte commissoire comme étant usuraire; il prohibe la clause qui limite à l’avance
les dommages-intérêts que pourrait subir le créancier, le principe général étant que
l’intérêt de celui-ci dans le bien hypothéqué ne peut être supérieur à la mesure de
ses droits.
d’inexécution, par l’un des contractants, de ses obligations et que sont énoncées les
règles régissant les conséquences de cette résolution. Nullité du pacte commissoire.
Constituer un pacte commissoire prohibé. Renonciation au pacte commissoire.
« Le pacte commissoire n’étant stipulé qu’au profit du vendeur qui peut y
renoncer, une cour d’appel a décidé à bon droit que la clause résolutoire n’est
acquise que lorsque son bénéficiaire a marqué son intention de s’en prévaloir. »
ö CLAUSE.
ö GAGE.
ö PACTE.
ö PROHIBER.
ö RÉSOLUTOIRE.
ö USURAIRE.
1) On ne trouve plus le mot commodat et ses dérivés que dans les traités de
droit, les codes civils et les classifications traditionnelles du droit des biens. Le
terme est vieilli et ne présente plus qu’un intérêt historique. Il désigne ce qu’on
appelle dorénavant le prêt à usage, espèce de contrat de dépôt à titre gratuit.
ö BAILLEMENT.
ö DÉPÔT.
ö GAGE
ö LOUAGE.
ö MANDAT.
ö PRÊT.
COMMODITÉ.
Dans d’autres cas, une formule d’application générale sera édictée par commodité
juridique.
985
2) Dans les textes de loi, les règles d’interprétation législative prévoient que les
intertitres annonçant chaque article de la loi ou du règlement ne servent qu’à des
fins de commodité et qu’ils n’en font pas partie intégrante. Les fins de commodité
s’entendent ici du rôle que jouent les intertitres : ils servent à orienter le lecteur
dans la suite des articles et à lui donner une idée (parfois très générale en raison du
caractère lapidaire des formules employées) de l’objet des dispositions.
Le texte officiel des Lois du Canada est publié dans la Gazette du Canada. La
Commission de révision des lois créée par l’article 3 de la Loi sur la révision des
lois peut faire publier, en édition à feuilles mobiles, des parties de la codification
pour la commodité des abonnés. La commodité des abonnés s’entend ici du besoin
des abonnés qui ne veulent consulter que des lois choisies et qui ne désirent
recevoir que certaines lois codifiées.
Il en est de même pour les notes explicatives et les tableaux qu’elle insère dans sa
codification : ils ne font pas partie des Lois révisées et n’y figurent que pour des
raisons de commodité. Le texte des décrets qu’elle y insère n’y paraît que pour des
raisons de commodité, sans que le pouvoir d’abroger ou de remplacer ces décrets
en soit atteint ou modifié.
986
5) Le législateur peut désigner des districts, par exemple aux fins d’attribution
des numéros d’assurance sociale, dans lesquels les personnes qui y résident
peuvent présenter leur demande et, compte tenu de leur commodité pour le public,
désigner dans chacun d’eux des lieux où elles pourront adresser leur demande.
Une réglementation peut être édictée dans l’intérêt du public ou pour la protection
ou la commodité du public. La loi pourra prévoir des arrangements dans l’intérêt ou
pour la commodité des résidents canadiens.
9) Les locutions par souci de commodité et les variantes pour des raisons de
commodité, pour plus de commodité, par commodité, à des fins de commodité
exprimées dans un contexte de lisibilité juridique signifient toutes pour rendre la
lecture plus simple et l’énoncé des idées plus clair. « Par souci de commodité, je
désignerai ‘période en litige’ celle qui s’étend entre ces deux dates. » « Pour des
raisons de commodité, je reproduis à nouveau le passage pertinent de cet article. »
« Pour plus de commodité, ces dispositions sont reproduites dans l’annexe A. »
« Par commodité, les dispositions pertinents sont de nouveau reproduites ici. »
« Pour la commodité du propos, je rappellerai les faits non contestés. »
Commodité juridique, administrative. Considérations de commodité
administrative. Commodité et nécessité publiques, commodité et protection
publiques. Faire valoir des motifs de commodité. « Les motifs de commodité que
fait valoir la défenderesse dans son argumentation ne tiennent en compte que ses
propres intérêts. » Commodité d’un recours.
ö CÉLÉRITÉ.
ö CODIFICATION.
ö DÉJUDICIARISATION.
ö FORUM.
COMMON LAW.
Il faut éviter de tenter de traduire le terme common law, maintenant francisé, par
des équivalents approximatifs tels [droit coutumier], [droit commun], [droit anglo-
normand] ou [droit jurisprudentiel]. La dualité juridique canadienne est constituée
de deux composantes : le droit civil au Québec et la common law dans le reste du
pays.
2) Le terme common law est polysémique selon qu’on le définit par rapport à
l’EQUITY ou au regard des sources principales du droit anglais.
Il désigne d’abord l’un des grands systèmes de droit du monde occidental, dont
l’origine remonte à la conquête de l’Angleterre, en 1066, par Guillaume, duc de
Normandie, et qui s’est propagé dans le reste des Îles britanniques (sauf l’Écosse)
et sur l’ensemble des colonies britanniques. Dans ce sens large, la common law se
distingue notamment de la tradition juridique romano-germanique ou civiliste, qui
a inspiré en particulier les droits européens et coloniaux codifiés suivant le modèle
français ou allemand (le Québec et la Louisiane sont principalement de tradition
civiliste, malgré une influence marquée de la common law). On trouve souvent
l’expression droit anglais employée dans ce sens, mais il y a alors risque de
confusion avec le droit propre à l’Angleterre contemporaine.
La common law (ou commune ley, comme on disait à l’époque où elle était
pratiquée en français) se distinguait, à l’origine et durant tout le Moyen Âge, des
diverses coutumes régionales ou seigneuriales administrées par des tribunaux
distincts des tribunaux royaux dont la juridiction, elle, était « commune » à tout le
royaume. À partir de la Renaissance, elle se distingue plutôt du régime de droit
découlant des décisions des tribunaux d’equity.
Malgré la fusion des tribunaux de common law et d’equity qui s’est faite à partir de
la fin du XIXe siècle, la common law et l’equity, comme systèmes de principes
juridiques, ont conservé leur identité, si bien qu’aujourd’hui encore la distinction
entre les droits et les recours en common law (“at common law” ou, plus
succinctement, “at law” ou “legal”, voir ci-après pour la traduction de l’adjectif
989
Issue de la coutume normande, puis façonnée par les tribunaux sous l’éclairage de
la doctrine, la common law se distingue aussi, sur un autre plan, du droit édicté par
la branche législative (“statutory law”) de l’État. On parlera ainsi des obligations
de common law par opposition aux obligations d’origine législative.
Dans un autre sens, les règles de droit contenues dans un texte législatif forment le
droit législatif (“statute law” ou “statutory law”), alors que celles qui se dégagent
des arrêts rendus par les tribunaux composent la common law ou droit
jurisprudentiel (“case law”).
Le terme common law servant souvent à désigner l’ensemble des règles de droit en
vigueur dans les pays de culture juridique anglo-saxonne, on distinguera la
common law anglaise de la common law canadienne, de la common law
américaine, de la common law australienne, de la common law néo-zélandaise, et
ainsi de suite.
3) À noter que “common law”, en anglais, n’a pas toujours un sens technique.
Ainsi, l’expression “common (-) law courts” peut aussi désigner les tribunaux de
droit commun, par opposition aux tribunaux spécialisés, tels les tribunaux
ecclésiastiques, militaires ou autres. De même “common (-) law husband” et
“common (-) law wife” se rendent en français, entre autres, par concubin,
concubine (voir CONCUBIN), soit par compagnon de fait, compagne de fait et,
mieux, avec l’évolution des mœurs et du droit, par conjoint de fait, conjointe de
fait. Le “common (-) law marriage” ne se rend ni par [mariage], ni par [common
law], mais par union de fait, union consensuelle, union libre, cohabitation (hors
mariage) ou concubinage, “common (-) law child” serait un enfant de fait
(proposition de traduction) et “common (-) law family”, une famille de fait.
On aura remarqué dans les exemples ci-dessus que le trait d’union est mis entre
parenthèses. Les dictionnaires anglais attestent l’usage répandu du trait d’union
dans la graphie de l’adjectif “common law”. Cette variante n’a aucun effet en
français, la locution adjectivale formée avec le terme common law ne prenant
jamais le trait d’union.
990
Un même terme pourra exprimer tour à tour ces deux rapports, selon l’intention
manifestée dans la rédaction. L’action en common law est gouvernée par la
common law telle qu’elle se développe au fur et à mesure que se rendent les
décisions judiciaires qui font jurisprudence, tandis que l’action de common law
signifie que ce genre d’action est propre au système juridique de la common law
par opposition au droit civil, par exemple. De même en est-il des droits de common
law et des droits en common law. Grammaticalement, la préposition de annonce un
complément pris adjectivement, ce qui n’est pas le cas de la préposition en. Pour
cette raison, certains estiment que l’on peut employer indifféremment l’une ou
l’autre construction dans la plupart des cas. Il reste qu’il y a tout lieu de tenir
compte de la nuance pour éviter de confondre les notions et de créer des illogismes
en parlant d’un avocat [en] common law plutôt que d’un avocat de common law,
d’une étudiante [de] common law au lieu d’une étudiante en common law ou d’un
enseignement [en] common law en voulant parler d’un enseignement de la common
law.
Rien n’empêche, toutefois, de recourir dans une phrase à des tournures plus
longues, telles que fondé sur la common law, reconnu en common law, conféré par
la common law, prévu par la common law, tiré de la common law, établi par la
common law, justifié en common law. Par exemple, la phrase : « Le pouvoir en
common law d’infliger une peine pour outrage au tribunal a été conservé par
l’article 9 du Code criminel » peut être reformulée ainsi : « Le pouvoir d’infliger
une peine pour outrage au tribunal, prévu par la common law, ... » ou encore :
« Le pouvoir que conférait la common law d’infliger une peine pour outrage au
tribunal... ».
Syntagmes
ö CONCUBIN.
ö DROIT.
ö EQUITY.
ö LÉGAL.
En ce cas, la loi crée une présomption plutôt qu’une fiction; elle pose une
présomption de survie, différente selon les régimes juridiques, établie selon divers
critères, l’âge et le sexe par exemple, qui constituent la théorie des commorientes
ou théorie des comourants. Cette conception assigne un ordre chronologique
présomptif des décès : par exemple, le plus âgé des enfants qui ont péri sera
présumé avoir survécu, de même en sera-t-il, dans le cas de personnes âgées, de la
plus jeune parmi celles qui sont décédées dans le même accident, et ainsi de suite.
Succession des comourants. « Lorsque l’ordre des décès ne peut être présumé ni
prouvé, la succession de chacun des comourants doit être déférée à ses autres
successibles. » Grâce à la théorie des comourants, il est donc possible d’établir à
qui aurait dû être dévolue en dernier lieu la succession et qui est censé l’avoir
recueillie, ce qui permet de l’attribuer ensuite aux héritiers vivants.
Au Canada, les lois sur les présomptions de survie relatives aux comourants (Loi
sur les présomptions de survie du Nouveau-Brunswick) prévoient des règles
générales applicables aux cas dans lesquels un testament existe (codécès de
l’exécuteur testamentaire et du testateur), les cas de propriétés conjointes (codécès
des propriétaires conjoints), les cas des biens matrimoniaux (codécès du mari et de
sa femme), les cas des circonstances particulières et les cas des codécès antérieurs à
l’entrée en vigueur de la loi. « Lorsque deux ou plusieurs personnes décèdent dans
des circonstances ne permettant pas de déterminer avec exactitude laquelle d’entre
elles a survécu à l’autre ou aux autres, elle sont réputées, aux fins de la présente
loi, être décédées en même temps. »
ö FICTION.
ö PRÉSOMPTION.
ö SUCCESSION.
996
En droit civil, on appelle contrat commutatif, par opposition au contrat aléatoire (le
contrat de rente ou d’assurance, par exemple), la convention à titre onéreux par
laquelle chacun des contractants connaît dès le moment où il contracte l’étendue
des prestations qu’il devra fournir ou s’engage à donner ou à faire une chose
regardée comme l’équivalent de ce qu’il reçoit. « Le contrat est commutatif
lorsque, au moment où il est conclu, l’étendue des obligations des parties et des
avantages qu’elles retirent en échange est certaine et déterminée. Il est aléatoire
lorsque l’étendue de l’obligation ou des avantages est incertaine. »
ö COMMUÉ.
ö COMMUABLE.
ö COMMUTATION.
COMMUNAUTARISTE. EUROPÉANISTE.
L’adjectif qualifie ce qui ressortit au droit européen. Les termes tels avocat ou
avocate, chercheur ou chercheuse, juriste, praticien ou praticienne européaniste
sont formés de deux substantifs dont le second, mis en apposition, joue le rôle d’un
adjectif.
Cerexbe, Gerkrath, Magnette, Manin, Philip, Reuter, Rideau et Teitgen sont des
européanistes.
Au sens propre, il désigne le remplacement d’une chose par une autre. Ainsi, en
droit pénal, commutation (de peine, d’une condamnation) et substitution sont
synonymes.
2) La commutation, en français, n’a pas tous les sens de son homonyme anglais
“commutation”. Attention aux faux amis nombreux dans les lois et les décisions
judiciaires. Par exemple, pour une servitude, on doit dire rachat, pour un impôt, on
parle de dégrèvement, pour un prix, on emploie le mot escompte, rabais, remise ou
ristourne, pour un paiement de taxes on dirait mieux substitution, pour une rente,
de son rachat, de sa conversion, pour des droits, de leur remise, pour une pension,
d’une liquidation ou d’une capitalisation.
ö ABSOLUTION.
ö AGGRAVATION.
ö AMNISTIE.
ö COMMUABLE.
ö COMMUÉ.
ö MITIGATION.
ö PEINE.
ö RELAXE.
ö SENTENCE.
ö SURSIS.
ö SUSPENSION.
COMPARAISON.
ö COLLATION.
Le mot comparution se met au pluriel dans les intitulés de cause pour indiquer les
noms des parties.
2) On dit que les avocats, les témoins, les experts comparaissent à l’audience;
1003
Syntagmes
COMPARATISTE.
la publication d’ouvrages en droit comparé. Un, une comparatiste. René David est
un comparatiste renommé.
ö CONSTITUTIONNALISTE.
COMPARSE. COMPLICE.
le décrira parfois dans la langue usuelle à l’aide de mots tels compère, larron,
acolyte et affidé. S’associer à des comparses. « L’une des opérations les plus
utilisées à cette fin consistait pour ce copropriétaire à vendre à un comparse ami
ou proche parent un petit lot ne présentant pas apparemment une grande valeur. »
Être complice d’une infraction, dans une infraction. « Les complices d’une
infraction sont passibles des mêmes peines que les auteurs mêmes de l’infraction. »
« Le témoin était complice dans l’infraction visée. » « La Cour a jugé qu’il n’était
pas complice dans cet acte de torture. » Être complice (allié, partenaire,
auxiliaire) dans une action. Être complice de qqn. « Lors de ces deux vols, un
mineur était son complice. » Être complice de la commission d’un acte criminel.
Dans l’énoncé d’une phrase, les expressions avant le fait et après le fait pourront
être encadrées par des virgules selon que le commanderont les besoins de la
syntaxe. « Quiconque est complice, après le fait, de la perpétration d’un tel acte
criminel est coupable d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal
de quatorze ans. » « Il a été déclaré complice de meurtre après le fait. »
Au Canada, la question s’est posée de savoir si le complice après le fait doit être
considéré comme un complice. Des auteurs ont proposé auxiliaire après le fait et
partie ou participant auxiliaire après le fait pour désigner le complice après le fait.
1008
Complice s’emploie comme adjectif. « Dans cette affaire, notre Cour a donc
conclu que le demandeur du statut de réfugié avait commis des crimes contre
l’humanité en raison de sa responsabilité complice attestée par le partage d’une
fin commune et sa connaissance des faits. »
ö COMPLICITÉ.
ö COMPLOT.
ö INCULPATION.
À la différence du précis, qui est un petit ouvrage qui ne donne que l’essentiel
d’une matière (précis de grammaire), du résumé, qui condense cette matière encore
plus (voir ce mot pour le résumé d’arrêt), de l’extrait, qui n’en donne que des
1009
3) Le mot s’emploie libéralement de nos jours et est venu à désigner des titres
de documents, d’oeuvres ou même de colloques. Compendium de la législation
canadienne. Compendium de recherche sur la violence familiale et le
fonctionnement des familles des détenus.
On se méfiera du faux emploi de ces deux termes. Ainsi, l’avocat qui s’est montré
compendieux en sa plaidoirie n’a pas été prolixe mais bref.
L’adjectif et l’adverbe se disent aussi bien pour les personnes que pour les choses :
« Les parties ont reconnu l’admissibilité en preuve de ces livres compendieux. »
6) Bien que les dictionnaires généraux accueillent l’adverbe qui est devenu
vieillot, on se gardera de l’employer; il suffira de le reconnaître lorsqu’on le
trouvera au hasard de ses lectures de textes de jurisprudence.
ö DIGEST.
ö RÉSUMÉ.
ö SOMMAIRE.
Dans le cas d’une succession en déshérence (on pense ici au concept “escheat” du
droit anglais), le complément d’objet indirect désigne l’État. « Ces biens
obviennent de droit à l’État. »
Compéter signifie, enfin, qui est le fait, le propre d’un sujet de droit. Les exceptions
qui compètent au débiteur, par exemple, sont des exceptions qu’il soulève, qu’il lui
appartient de mettre de l’avant.
ö COMPÉTENCE.
ö CONNAÎTRE.
ö ÉCHOIR.
ö JURIDICTION.
ö OBVENIR.
ö RELEVER.
1012
Il faut dire que la formule est si courante en droit qu’elle s’est figée avec le temps
et que les juristes l’emploient abondamment, reprenant ce faisant le langage même
de la législation. L’attestent les nombreuses occurrences dans les codes et chez les
auteurs : « La juridiction civile de droit commun est seule compétente pour
connaître des contestations sur la nationalité française ou étrangère des personnes
physiques. » « Le droit du Québec attribue à ses autorités une compétence
exclusive pour connaître de l’action qui a donné lieu à la décision étrangère. »
Le pléonasme léger ne doit pas donner lieu à proscription; cependant, pour effacer
l’effet pléonastique, on peut dire que le tribunal a compétence pour instruire une
affaire et pour en décider. On peut tourner aussi autrement : juridiction ayant
vocation à connaître d’une affaire, tribunal ayant mission de connaître d’une
matière, cour étant chargée de connaître d’une question. « La Cour suprême a
vocation à connaître de toutes les affaires qu’elle a accepté d’entendre et de
juger. »
1014
Les emplois de ce mot sont multiples, aussi est-on forcé de les regrouper autour de
catégories particulières pour organiser la matière : la Constitution distribue les
compétences. La compétence peut être attribuée à l’État (compétence étatique :
pouvoir de l’État de soumettre des personnes physiques ou morales, des biens et
des activités à son système juridique) et à ses ordres législatif (compétence
législative : pouvoir de légiférer, d’édicter des normes juridiques d’application
générale ou limitée, d’intérêt public ou privé), exécutif (compétence exécutive :
pouvoir de donner effet aux ordres émanant de son système juridique et de les
exécuter) et judiciaire (compétence judiciaire ou juridictionnelle : pouvoir
d’administrer la justice par le bras de justice, par l’intermédiaire de ses
juridictions). Dans ce dernier cas, la compétence s’entend à la fois du droit et du
pouvoir pour les tribunaux de juger des affaires.
Au Canada, la compétence parens patriae est dévolue aux cours supérieures des
provinces et des territoires. Elle est fondée sur le besoin d’agir pour assurer la
protection des personnes qui sont réputées incapables de prendre soin d’elles-
mêmes. Ce mécanisme juridique permet d’obtenir une subrogation personnelle
pour des enfants ou des adultes négligés, maltraités ou réputés incapables.
Une compétence est fonctionnelle lorsqu’elle trouve son fondement et ses limites
dans les fonctions qui sont prescrites. Ainsi, s’il y a la compétence des juridictions,
il y a celle aussi qui est propre à chaque magistrat. Le juge ne peut remplir que les
fonctions qui s’attachent au grade qu’il occupe dans une hiérarchie judiciaire et il
n’a compétence pour exercer ces fonctions que dans la juridiction à laquelle il est
affecté, sauf exceptions, notamment celle qui permet à un juge d’une juridiction
supérieure de remplacer un juge d’une autre juridiction.
Enfin, la compétence peut être implicite ou explicite (ou expresse) selon qu’elle est
reconnue ou attribuée implicitement ou expressément par un texte de l’autorité
compétente.
1016
Ce sont les chefs de compétence qui permettent d’établir des distinctions en matière
de compétence. S’agissant d’un État, le chef de compétence peut être l’autorité sur
son territoire, l’autorité à l’égard de ses sujets et l’autorité à l’égard des pouvoirs
publics.
La compétence est nationale ou interne lorsque, s’agissant d’un État, celui-ci peut
l’exercer sans aucune intervention extérieure. Les compétences concurrentes sont
attribuées à plusieurs titulaires.
Elle s’entend du droit qui lui est reconnu par la loi d’exercer un pouvoir (de
statuer) ou d’accomplir un acte (ordonner une mesure). Le tribunal compétent (et
non le [tribunal de juridiction compétente] : “court of competent jurisdiction”) ou
la juridiction compétente est légalement habilité à connaître de certaines matières.
S’adresser, faire appel au tribunal compétent (pour qu’il statue sur une question).
« Le recouvrement peut être poursuivi devant tout tribunal compétent. » « Toute
personne, victime de violation ou de négation des droits ou libertés qui lui sont
garantis par la présente charte, peut s’adresser à un tribunal compétent pour
obtenir la réparation que le tribunal estime convenable et juste eu égard aux
circonstances. »
Il y a équivalence de sens entre les termes tribunal compétent (ou cour compétente)
et juridiction compétente. « La dénonciation est déposée à la Cour supérieure
compétente de la province. » (= qui est la juridiction compétente). Le tribunal de
juridiction ou d’instance compétente est celui qui relève d’un ordre de juridiction
qui a compétence pour juger certaines questions. Ainsi, la Cour du Banc de la
Reine du Nouveau-Brunswick est le tribunal compétent au Nouveau-Brunswick
pour instruire des causes dont appel a été interjeté en première instance. Du point
de vue du degré de juridiction ou du degré de compétence, elle se trouve à
l’échelon intermédiaire entre la Cour provinciale et la Cour d’appel du Nouveau-
Brunswick.
Lorsque l’arbitre décide qu’il a compétence pour entendre une affaire, il a statué
sur sa compétence à la demande des parties. Lorsqu’il juge que l’affaire n’est pas
de son ressort, il se désiste. S’il estime, enfin, que les parties risquent de ne pas
s’entendre sur les modalités d’exécution de sa sentence, il énonce dans le dispositif
de la sentence qu’il conserve sa compétence pour le cas où les parties jugeraient
nécessaires de s’adresser à lui de nouveau pour qu’il tranche certaines questions
demeurées irrésolues entre elles.
En outre, ces autorités législatives n’ont pas [juridiction] dans certains domaines,
mais elles sont investies d’une compétence d’origine constitutionnelle. Une matière
ne peut être [de] ou [sous juridiction] fédérale, provinciale ou territoriale, une
société d’État, un aéroport ou une activité non plus. Dans un système fédéraliste, le
développement économique n’est pas une [juridiction] partagée, mais un domaine,
un secteur de compétence commune, conjointe ou concurrente.
11) Dans la fonction qu’il occupe et qui est définie par son acte de nomination,
lequel renvoie au statut de la magistrature, le juge exerce dans le cadre de sa charge
judiciaire un pouvoir circonscrit par la loi et par les règles de procédure : c’est sa
compétence.
Préalablement à tout débat, tel qu’il a été mentionné précédemment, le juge saisi
doit se demander si, du fait du domicile des parties, de la nature de l’affaire et
d’autres considérations, il a compétence pour instruire l’affaire et si l’objet porté
devant lui est de ceux à la solution duquel la loi lui donne la compétence de rendre
une décision.
Si tel n’est pas le cas, l’une ou l’autre des parties pourra exciper de son
incompétence ou, pour le dire autrement, soulever son incompétence, son défaut de
compétence. Les parties pourront refuser de reconnaître la compétence du juge :
elles la contesteront, la déclineront en invoquant le moyen déclinatoire de
compétence. Ne croyant pas que sa compétence est fondée, elle exciperont de son
incompétence.
En pareil cas, de même qu’une partie par le ministère de son avocat décline la
compétence du juge saisi, de même que l’adversaire qui soutient que la demande
n’est pas régulière soulève une exception d’incompétence, de même le juge lui-
même, ayant considéré la question de sa compétence, peut décliner sa compétence,
soit reconnaître qu’elle n’est pas fondée et refuser de l’exercer.
Par ailleurs, si le juge doit examiner des questions dont il n’est pas saisi ou traiter
de questions exorbitantes de sa compétence, on dit qu’il atteint sa compétence, au
sens où atteindre sa compétence signifie la perdre. Il sort de sa compétence, il se
trouve hors de sa compétence (dans le cas contraire, il serait dans sa compétence),
il excède, il outrepasse (les limites) de sa compétence s’il procède malgré tout et
erronément à l’instruction de l’affaire.
Son excès de compétence constitue une erreur liée à son incompétence, c’est-à-dire
non pas à son [manque] ou à son [défaut de compétence], mais plutôt à son
inaptitude à accomplir un acte juridique parce qu’il méconnaît les règles de sa
compétence. Son incompétence étant soulevée par les parties, elle est relevée
d’office. C’est dans ce contexte qu’on appelle exception d’incompétence le moyen
de défense que les parties peuvent invoquer comme question préjudicielle, avant
toute défense au fond. Le juge dont l’incompétence est prétendue (et non
[présumée]) doit se prononcer sur cette exception avant de pouvoir statuer (s’il a
compétence) sur le fond du litige.
12) Si, dans son emploi juridictionnel, la compétence est l’aptitude à être saisi
d’un litige, à l’instruire et à le juger, l’incompétence se définit comme l’inaptitude
du tribunal à examiner une question, à en être saisi, à en connaître.
Pour le sujet de droit, la distinction est la même : elle est du même ordre. La
compétence est l’aptitude à accomplir des actes juridiques et l’incompétence,
l’inaptitude à cet égard.
Il ne faut pas hésiter, dès lors, à user de formules comme : le tribunal s’est dit
incompétent, a jugé qu’il était incompétent. Dans le langage du droit et en contexte,
il n’existe aucun risque de confondre cette acception avec celle de la langue
courante, qui conçoit l’incompétence comme le manque de connaissances ou
d’habiletés dans une matière.
13) Dans le droit des contrats en régime de common law, une règle prévoit que
les parties peuvent, par l’insertion dans leur contrat d’une clause compromissoire,
renoncer à s’en remettre à la compétence du juge et décider que tout différend
survenu entre elles serait jugé par voie d’arbitrage. Si la saisine du juge est
obligatoire en vertu des lois et des règlements, le juge ne pourra se dessaisir; dans
le cas contraire, il remettra la compétence à l’arbitre. Les parties auront alors
invoqué une clause attributive de compétence, une clause attribuant compétence,
pour confier la saisine à un tribunal d’arbitrage.
ö DESSAISIR.
ö DOMICILE.
ö EXCIPER.
ö RESSORT.
ö SAISINE.
1023
COMPÉTER.
ö CONCURRENCE.
COMPLÈTEMENT. COMPLÉTUDE.
Les règles juridiques étant éparpillées dans les lois et les règlements, des juristes
entreprennent de les regrouper, de les rassembler et de les classer dans des
ouvrages doctrinaux, dans des monographies. En raison des redites et des lacunes
constatées, le tribunal invité à trancher des litiges s’emploiera à rapprocher ces
règles ou à assurer leur complètement, à les compléter.
ö COMPLÉTUDE.
ö ORDRE.
ö PROHIBITION.
En droit canadien, le complot est soit une infraction criminelle, un crime (cas du
crime ou de l’infraction de complot en droit pénal), soit un délit (cas du délit de
complot en droit de la responsabilité civile délictuelle). Le complot peut donc être
criminel ou délictuel.
Il ne peut donc y avoir complot que s’il y a réunion, concordance, accord des
volontés. L’intention réelle des parties au moment où elles se mettent d’accord
pour participer à l’acte projeté est un élément déterminant du crime de complot.
Dans l’acte de complot, l’entente en soi est la substance de l’infraction. L’élément
matériel du complot est l’entente. Aussi le fondement de l’infraction de complot
est-il l’entente dans le dessein de commettre un crime, d’accomplir un acte illicite.
« Le juge a indiqué que l’essence d’un complot au sens du Code criminel est
l’entente en vue de commettre un acte criminel. » Crime de complot. « Le crime de
complot peut être consommé sans que rien n’ait été fait pour le mettre à
exécution. »
2) Un complot est arrangé, arrêté, couvé, fait, fomenté, formé, machiné, mijoté,
ourdi dans un but précis et contre quelqu’un ou quelque chose. Il est conduit,
mené, monté, organisé, préparé, tramé par deux ou plusieurs individus, les
conspirateurs et coconspirateurs, lesquels sont les auteurs et les coauteurs, les
organisateurs du complot, qui trempent ou s’embarquent dans le complot ou qui
s’y affilient ou s’y associent.
Si on a vent du complot, s’il y a soupçons de complot et qu’il est mis au jour, on dit
qu’il est découvert, déjoué, dénoncé, dévoilé, éventé, noué, percé, révélé, signalé,
avant d’être réprimé par les forces publiques.
Le complot a un but, une cible, qui, s’agissant d’une personne, est la victime du
complot. Se dire victime d’un complot.
Le complot qui est mis à exécution, qui est réalisé, est commis ou perpétré.
Complot commis au Canada.
4) L’infraction de complot est jugée dans le cadre d’un procès pour complot.
Le complot qui est allégué par le ministère public et qui est imputé dans l’acte
d’accusation ou visé par celui-ci est dit complot reproché. « La simple lecture de
l’acte d’accusation a permis à l’appelant de déterminer le complot qui lui était
reproché. »
5) Pour éviter une maladresse de style, dire être inculpé de complot au lieu de
être accusé de complot quand le mot accusé est le sujet de la phrase. « L’appelant a
été accusé de complot en vue de faire le trafic de résine de cannabis. » « L’accusé
a été inculpé de complot en vue de fabriquer des faux. »
D’après le contexte juridique, le terme complot civil peut désigner le fait pour des
individus de projeter de participer à des actes délictueux ou de s’entendre pour le
faire, même s’ils ne se rendent pas compte qu’ils commettent un délit. Agir
conformément à un complot civil. Complot visant à induire en erreur.
1029
Le complot civil comporte trois éléments constitutifs. Il faut qu’il y ait entente entre
deux ou plusieurs individus. Le demandeur doit établir que les défendeurs avaient
comploté en vue de lui causer un préjudice et démontrer la raison principale du
complot. Il lui appartient de prouver, enfin, qu’il a subi une perte pécuniaire par
suite du complot.
La plupart des infractions de complot civil peuvent être réparties dans les domaines
des infractions en matière de commerce, des infractions contre l’ordre public, des
infractions liées au mensonge, des infractions contre les personnes et la réputation,
des infractions contre l’administration du droit et de la justice et des infractions
contre la moralité publique et la conduite désordonnée. Complot en vue d’engager
des poursuites injustifiées. Complot visant l’atteinte à la concurrence. Délit civil
de complot en vue de nuire aux intérêts commerciaux du demandeur.
Syntagmes
Complot allégué.
Complot appréhendé.
Complot armé.
Complot attentatoire à la sûreté de l’État, complot contre la sécurité de l’État.
Complot avorté.
Complot civil.
Complot commun.
Complot criminel.
Complot de common law.
Complot délictuel.
Complot économique.
Complot global.
Complot imputé.
Complot international.
Complot ourdi.
Complot partiel.
Complot présumé.
Complot prétendu.
Complot principal.
Complot prouvé.
Complot réel.
Complot tortueux.
Accusation de complot.
Acte de complot.
Affaire de complot.
Affiliation à un complot.
Allégation de complot.
Association à un complot.
Auteur, auteure, coauteur, coauteure de, du complot.
But du complot.
Chef de complot.
Cible du complot.
1031
Acquiescer à un complot.
Alléguer un complot.
Arranger un complot.
1032
Arrêter un complot.
Avoir vent d’un complot.
Commettre, perpétrer un complot.
Conclure un complot.
Conduire un complot.
Couver un complot.
Découvrir un complot.
Déjouer un complot.
Dénoncer un complot.
Détruire un complot.
Dévoiler un complot.
Élaborer un complot.
Empêcher un complot.
Enquêter sur un complot.
Entrer dans un complot.
Établir l’existence d’un complot.
Être accusé, être inculpé de complot.
Être impliqué dans un complot, être mêlé à un complot.
Être la cible du complot.
Être victime du complot.
Éventer un complot.
Exécuter, mettre à exécution un complot.
Faire la preuve du complot, prouver le complot.
Faire l’objet d’un complot.
Favoriser un complot.
Fomenter un complot.
Former un complot.
Machiner un complot.
Mettre au jour un complot.
Mettre qqn dans un complot.
Mijoter un complot.
Miner un complot.
Monter un complot.
Nouer un complot.
Organiser un complot.
Ourdir un complot.
Paraître dans un complot.
1033
Participer à un complot.
Percer un complot.
Prendre part, prendre une part active à un complot.
Préparer un complot.
Réaliser un complot.
Réprimer un complot.
Reprocher un complot.
Révéler (l’existence d’) un complot.
S’affilier à un complot.
S’associer à un complot.
Se joindre à un complot.
Signaler un complot.
Tramer un complot.
Tremper dans un complot.
ö COMPLICE.
ö INCITATION.
ö TENTATIVE.
ö SÉDITIEUX.
Il faut l’éviter dans le cas où le verbe marque une action qui se produit à une
date déterminée : une loi, par exemple, n’entre pas en vigueur [à compter d’]une
date en particulier, mais à la date marquant le début de son application dans le
temps. « La présente loi entre en vigueur à la date fixée par proclamation. » (et
non [à compter de] la date de sa proclamation). Toutefois, on peut dire : « Le
contrat a force obligatoire à compter de la date de sa passation. »
5) À la fin d’un acte, on appose la mention Fait (et non [Daté]) suivie du nom
du lieu où a été passé l’acte et de l’année. Fait reste au masculin, même si
l’appellation de l’acte est du genre féminin. « Fait (ou FAIT) à Moncton, le 15
juillet 2008. »
COMPULSATION. COMPUTATION.
pour donner suite à une demande formulée par un commerçant, un importateur par
exemple, ou son représentant autorisé. Toutefois, on aurait tort de limiter l’emploi
de ce mot au seul domaine commercial. On peut fort bien parler de la compulsation
des dispositions, des actes de procédure, des témoignages, des décisions de justice
ou des ouvrages doctrinaux et jurisprudentiels.
ö COMPULSER.
ö SUPPUTATION.
COMPULSER. COMPUTER.
3) Computer a le même sens et s’utilise dans les mêmes contextes que son
dérivé substantif. Il se conjugue comme les verbes en -er du premier groupe et est
soit transitif : « L’une des fonctions du greffier est de computer les délais impartis
par la Cour », soit intransitif : « À l’aide de l’état des frais, le fonctionnaire chargé
du calcul compute en utilisant le tarif réglementaire des dépens. »
Computer et supputer sont synonymes, mais pour tenir compte des nuances, il faut
se rappeler que les deux termes se rapprochent aussi bien par synonymie que par
analogie. Lire à ce sujet l’article SUPPUTATION.
ö COMPULSIF.
ö SUPPUTATION.
En droit, compulsif est vieilli. Il signifie qui contraint, oblige, force qqn. Il ne
s’emploie plus qu’en psychologie : acte compulsif, conduite compulsive.
L’acte authentique a, dans la plupart des cas, été dressé par-devant notaire ou se
trouve sous la garde ou en la puissance de tout autre dépositaire ou officier publics.
En son livre V, traitant des matières non contentieuses, le Code de procédure civile
du Québec prévoit la possibilité pour le tiers, et non pour la partie à l’acte notarié
qui a libre accès au document, de faire une demande, introduite par requête, à un
juge ou à un greffier. La demande se rapporte généralement à des questions de
tutelle, de curatelle, de modification du registre de l’état civil, de changement de
nom ou de jugement déclaratif de décès. Lettres de compulsoire.
ö COMPULSATION.
COMPULSOIRE. OBLIGATOIRE.
Pour aller à l’essentiel, il suffit de dire ceci : bien que la plupart des juristes ne se
méprennent guère sur la signification du terme anglais “compulsory” (et ses quasi-
synonymes “enforceable”, “imposed”, “obligatory”, “mandatory”...), qui signifie
obligatoire, forcé, requis, ils s’interrogent à bon droit sur le contenu sémantique de
ce mot qui déborde celui de compulsoire, l’homonymie risquant d’être une cause
d’erreur.
Il ne s’ensuit pas qu’appelé à traduire des termes juridiques, on n’ait pas raison
d’hésiter : faut-il traduire par compulsoire, terme qui évoque l’idée d’une
obligation?
Compulsoire, on l’a vu, n’est jamais adjectif, même en français juridique; c’est un
nom. L’adjectif anglais “compulsory” ne correspond à compulsoire que dans le
langage du droit civil anglais, comme “compulsory inspection” que l’on trouve
dans le Code de procédure civile du Québec.
Dans tous les autres cas, il faudra choisir parmi les adjectifs assujetti, coercitif,
exécutoire, forcé, impératif, légal, obligatoire, réglementaire, requis, entre autres,
ou la locution d’office, termes qui évoquent tous l’idée d’une obligation législative,
1039
ö COERCITIF.
ö EXÉCUTOIRE.
ö FORCÉ.
ö OBLIGATOIRE.
Apparu au XVIe siècle, le terme conciliatoire ne se répand dans l’usage qu’à partir
du XVIIIe siècle. Dérivé du verbe latin conciliare signifiant unir, réunir,
rassembler, il se range jusqu’à tout récemment dans la catégorie des adjectifs dont
le sens relève exclusivement du droit. Aujourd’hui, il envahit le discours politique
et qualifie tout ce qui a qualité de rassembleur et de pacificateur.
Le seul objet de la justice conciliatoire consiste à laisser aux parties, si telle est leur
volonté, sous l’éclairage expert et les conseils avisés de la juridiction saisie, le soin
soit de trouver elles-mêmes leur propre terrain d’entente et de se mettre d’accord
sur une solution de règlement de leur différend, soit de demander à la juridiction
saisie de faire émerger ou de proposer une solution, si elles n’y sont pas parvenues
elles-mêmes.
ö CONCILIATION.
Employé dans le premier sens, il implique une similitude ou une analogie (on
parlera, par exemple, après avoir évoqué le droit d’ester en justice, du droit
concomitant ou analogue de renoncer à une poursuite), tandis que dans le
deuxième sens, il comporte l’idée de temps, précisément celle de simultanéité.
L’adjectif concomitant est souvent accompagné de son antonyme. Dans le droit des
délits et des contrats, on oppose les responsabilités concomitantes aux
responsabilités alternatives des parties. Application concomitante ou
complémentaire de deux clauses. Circonstances antérieures ou concomitantes à la
formation du contrat. Notes antécédentes ou concomitantes. Promesse
concomitante ou postérieure.
1049
Parfois, les deux acceptions sont comprises dans l’emploi du mot : une action peut
être entreprise en même temps qu’une autre, mais de façon accessoire à l’action
principale. « Il y a néanmoins deux catégories de mesures de sûreté : celles où le
traitement et la réadaptation sont au premier plan, et celles où la première place
est tenue par un souci de neutralisation immédiate du délinquant à réadapter de
façon concomitante mais subsidiaire. »
date de sa formation. » Les deux éléments coexistants sont, ainsi, unis par la
préposition et, ce qui traduit d’une manière plus frappante pour l’esprit
la notion de concomitance. « Sauf en matière de fiducies testamentaires, le
transfert des biens par les constituants et l’acceptation par le fiduciaire sont
concomitants, suivant la règle du consensualisme. »
temps qu’une autre : les peines d’emprisonnement seront purgées en même temps
ou concurremment, par opposition aux peines cumulatives ou consécutives pour
lesquelles elles seront purgées l’une après l’autre.
Ainsi, la personne déclarée coupable qui subit, à l’égard de chacun des trois chefs
d’accusation, une peine d’emprisonnement de six mois pour le premier chef, de
neuf mois pour le deuxième et de neuf mois pour le troisième purgera au total un
emprisonnement de quinze mois si les peines infligées au regard des deuxième et
troisième chefs sont des peines concomitantes et suivent la peine prononcée quant
au premier chef.
De même, dans le cas où il y a deux chefs d’accusation et que la première peine est
de trois mois et la deuxième, de six mois, si les peines sont concomitantes, le
coupable purgera en tout un emprisonnement de six mois.
Dernier exemple : la peine initiale de trois ans de prison est entrée en vigueur le 1er
janvier 1996; une peine concomitante de trois ans est venue s’ajouter à la première,
prenant effet le 1er juillet de la même année, ce qui porte la durée totale de la peine
à trois ans et demi.
13) Lorsqu’en droit coexistent deux actes accomplis ou deux faits survenus, on
exprime ce rapport par la notion de concomitance. Ainsi en est-il, dans l’ordre de
la responsabilité médicale qui régit la relation entre le médecin et son patient, du
lien qui unit la divulgation de dossiers médicaux et la confiance qui règne entre les
deux parties. « Il y a concomitance du devoir de divulguer et de la confiance que le
1054
On sait qu’en droit pénal la notion de temps est fondamentale lorsqu’il s’agit de
déterminer la nature et la gravité d’un acte criminel : des mots et des locutions
comme après, au moment de, consécutif à et peu de temps avant servent au juge et
au jury à trancher la question. Ainsi en est-il des dispositions de common law
1055
15) S’il s’agit d’évoquer le lien étroit qui existe entre deux demandes différentes
mais que les nécessités de la justice commandent qu’elles soient jugées ensemble
afin d’éviter des incompatibilités ou des divergences dans les solutions qui leur
seront données, on ne parlera pas de concomitance, mais de connexité (voir ce
mot). La notion de concomitance se rapporte à l’instruction « simultanée » des
demandes plutôt qu’à la nature du lien qui les rapproche.
ö CONFUSION.
ö CONNEXITÉ.
ö CONSÉCUTIF.
ö CUMUL.
CONCORDANCE. ÉQUIVALENCE.
On dit qu’une concordance est établie entre deux choses. « Pour qu’il soit
enregistré, le plan de lotissement doit établir la concordance entre les anciens et
les nouveaux numéros de lots. »
Par ailleurs, les problèmes de concordance sont variés. Lorsqu’une loi nouvelle est
adoptée, le législateur prévoit des mesures transitoires pour éviter les conflits,
assurer une certaine concordance et permettre que des dispositions abrogées par la
nouvelle loi s’appliquent quand même.
Le tribunal doit parfois confronter des textes juridiques émanant de deux États pour
trancher une affaire qui lui est soumise. Il doit s’assurer, alors, qu’il y a
concordance entre les définitions d’une infraction que donnent les deux autorités
législatives. Si cette concordance est absente, le problème juridique devient plus
épineux, plus délicat à résoudre. Défaut de concordance.
1058
Pour justifier un choix terminologique, on pourra, dans certains cas, faire prévaloir
dans sa démarche analytique la règle de l’équivalence fonctionnelle, que l’on
distingue de l’équivalence structurelle (la syntaxe anglaise diffère de la syntaxe
française) et de l’équivalence systémique (la culture anglaise produit des formes
linguistiques ou d’expression différentes de celles que crée le génie français).
ö CONCORDANT.
ö CONCORDER.
ö ÉQUIVALENCE.
1) L’adjectif concordant signifie qui présente avec une chose une conformité,
une équivalence propre à créer une similitude, une ressemblance, une convenance.
Il s’emploie de façon absolue, sans complément : « Ces témoignages ne se
contredisent pas; ils sont concordants. » « L’avocat a rappelé les versions
concordantes des faits. » La construction adjectivale concordant avec ne se trouve
pas dans la documentation consultée.
juge a rédigé des motifs concordants. » « Dans son bref jugement concordant, elle
a confirmé la décision rendue par le juge de première instance. »
5) Mais, lorsqu’on emploie le mot équivalent, comment savoir s’il faut écrire -
ent ou -ant? On se pose la question suivante : le mot tel que je l’utilise pourrait-il,
dans la phrase, être remplacé par un féminin? Si la réponse est oui, il s’agit de
l’adjectif (-ent), si le féminin est impossible, on écrit -ant.
Par exemple, dans la phrase « En établissant cette règle, le droit anglais est arrivé
à un résultat équivalent », on peut dire aussi « ... le droit anglais est arrivé à une
solution équivalente », le mot est donc adjectif et s’écrit -ent. Dans la phrase « En
établissant cette règle, le droit anglais est arrivé à un résultat équivalant à celui
du droit français », la situation se complique puisqu’on peut dire « ... est arrivé à
une solution équivalente à celle du droit français », et le mot s’écrit alors -ent. Si
on veut dire « est arrivé à un résultat qui équivaut à celui auquel est arrivé le droit
français », on est justifié d’écrire -ant puisqu’on a affaire à un participe présent
« Peuvent être considérés par le juge comme équivalant à un commencement de
preuve par écrit les déclarations faites par une partie lors de sa comparution
personnelle, son refus de répondre ou son absence à la comparution. ».
Le cas du mot équivalent suivi d’un adverbe est plus simple, puisqu’il s’agit
nécessairement d’un participe présent : procédé équivalant parfaitement à ce qui
est prévu; solution jurisprudentielle équivalant nécessairement au principe
énoncé.
Puisque taxe d’effet équivalent signifie taxe ayant un effet qui est l’équivalent de
l’effet d’un droit de douane, il faut considérer que le mot est ici un adjectif et qu’il
s’écrit -ent et non [-ant], l’effet de la taxe en question n’équivalant pas à un droit de
douane, mais à l’effet d’un droit de douane. Dans l’autre cas, l’expression mesure
équivalant à des restrictions quantitatives résoud tout le problème.
Si équivalent est introduit par de, il est adjectif : « En matière de divorce, la cruelty
1062
des droits de common law est tenue pour équivalente des sévices et injures graves
du Code civil. »
Équivalent signifie aussi tout ce qui a même valeur ou fonction qu’une autre chose
et peut être remplacé par les adjectifs comparable, identique, similaire, synonyme.
« Ces faits allégués dans les deux mémoires sont équivalents. » « Cette expression
est équivalente à une autre. »
ö COÏNCIDANT.
ö CONCORDER.
1064
ö CORRESPONDRE.
ö ÉQUIVALENCE.
CONCORDAT. CONCORDATAIRE.
Le concordat est préventif s’il permet d’éviter la faillite et solutif (et non
[extinctif]) s’il y met fin. Si le débiteur respecte ses engagements, il sera
définitivement dégagé de ses obligations. « Le concordat met fin à la faillite et,
sans clause contraire, libère le débiteur. »
Syntagmes
Annulation du concordat.
Clause d’un concordat.
Demande en concordat.
1065
Formation du concordat.
Modalité de concordat.
Procédure en concordat.
Projet de concordat.
Résolution du concordat.
Concorder entre... quant à qqch. « Les pièces produites par les futurs époux
doivent concorder entre elles quant aux prénoms et à l’orthographe des noms. »
ne concorde pas avec les dates mentionnées dans l’acte d’accusation. » Mais,
attention au pluriel : dire que des témoignages concordent [entre eux] est
commettre un léger pléonasme.
5) Concorder s’emploie avec faire : faire concorder des accusations avec des
preuves.
Ce verbe ne peut être actif; c’est donc commettre un solécisme que de le construire
comme un verbe transitif direct. On ne peut pas (de nos jours) dire d’une chose
qu’elle [équivaut qqch.] d’autre. La faute, facile à détecter lorsque le verbe est à
l’infinitif, s’immisce plus aisément, et chez les meilleurs auteurs, en cas d’inversion
ou lorsque le verbe est employé avec un pronom. « La disposition du règlement
sera rédigée de telle sorte qu’elle [y équivale] (au lieu de équivaudra à) celle de la
loi. »
9) Valoir a un sens plus fort et n’a pas cette valeur approximative que renferme
(surtout au sens propre) équivaloir. Il signifie avoir exactement la même valeur, la
même signification (juridique) qu’une autre chose. « La remise des conclusions au
greffe vaut signification. » Il a comme synonyme la locution verbale tenir lieu de :
« Les offres réelles tiennent lieu à son égard de paiement. » Comme emporter
(« S’il y a dissentiment entre ceux-ci, ce partage emporte consentement »), valoir
s’emploie fréquemment en droit avec un complément qui n’est pas accompagné de
l’article. Cette omission de l’article (« En fait de meubles, possession vaut titre »)
est une caractéristique du langage juridique et permet de créer l’effet Thémis.
Valoir s’emploie absolument, comme satisfaire, au sens d’être fondé : « Cet appel
ne vaut pas » (= ne satisfait pas, n’est pas fondé).
ö COÏNCIDANT.
ö CONCORDANT.
Au sens restreint, on entend par concubinage le fait pour un couple d’avoir hors
mariage des relations continues, mais limitées à la communauté de lit. En ce cas,
les partenaires, qui ne vivent donc pas en ménage, sont appelés usuellement des
amants, des maîtresses, des amis, des compagnons, termes évidemment à écarter
dans la rédaction juridique.
Au sens large, le mot désigne le type de relations qui se caractérise par une
1068
Si tel est le cas, comment appelle-t-on les sujets de l’union libre? On les identifie
comme des concubins, des conjoints, des partenaires, des compagnons. L’usage est
répandu chez les juristes. Toutefois, de plus en plus d’auteurs les appellent des
covivants (formé sur l’anglais “live-in”), des cohabitants (de l’anglais “cohabitee”).
C’est ce dernier terme qui tend à supplanter les autres, l’accent étant mis surtout sur
le fait de la cohabitation. Pour la distinction à faire entre cohabitation et
concubinage, voir COHABITANT.
Syntagmes
Concubin abandonné.
Concubin à charge.
Concubin de la mère de l’enfant conçu, concubin d’un assuré social.
Concubin survivant.
Concubinage adultère, concubinage simple (couple formé de deux personnes
célibataires).
Concubinage choisi, recherché, voulu.
Concubinage non voulu, subi.
Concubinage notoire.
Principe du concubinage.
Qualité de concubin.
Reconnaissance du concubinage.
Rupture (unilatérale) du concubinage.
Situation de concubinage, des concubins.
Source du concubinage.
Statut (légal) du concubinage.
Rompre le concubinage.
Vivre (ensemble) (publiquement) dans le concubinage.
ö COHABITANT.
CONCURREMMENT.
mots ont exactement la même origine et le même sens. En linguistique, on dit que
ces deux mots se commutent, peuvent se commuter, c’est-à-dire qu’ils sont
interchangeables étant synonymes. « Les adjectifs ‘commuable’ et ‘commutable’
s’emploient concurremment. » On dira de même pour des images, des notions, des
principes qui, dans le langage du droit, apparaissent simultanément dans le discours
ou à la pensée parce qu’ils relèvent du même champ métaphorique, notionnel ou
sémantique, selon le cas, ou qui ressortissent au même fonds de règles.
Syntagmes
ö CONCURRENT.
Pour l’emploi du mot concurrence en droit pénal (concurrence des peines), voir
PEINE.
Entendu dans son sens le plus général, le droit de la concurrence comporte deux
aspects : le droit de la concurrence en tant qu’instrument de maintien, sur le
marché, d’une concurrence suffisante et le droit de la concurrence déloyale. Ces
deux aspects – positif et négatif – de la notion de concurrence présentent une
phraséologie et un catalogue d’images bien distincts que révélera la liste des
syntagmes ci-après.
Définie comme un rapport entre des entreprises qui tentent d’obtenir la même
clientèle, la concurrence est une forme de compétition puisque l’esprit conçoit bien
que, placées en situation de concurrence ou de compétition, les entreprises
cherchent à soutirer un avantage à leurs rivales. En ce sens, les deux notions se
recouvrent. La concurrence comme la compétition impliquent des efforts, une
stratégie pour l’emporter sur les autres. Aussi, la concurrence étant conçue comme
la cause, l’effet sera la compétition : les entreprises venant en concurrence seront
dites en compétition dans une économie compétitive. Si on se place du point de vue
de la cause, on définira la concurrence comme une situation économique; du point
de vue de l’effet, elle devient compétition économique. « La situation de
concurrence se manifeste par la compétition qui joue, sur un même marché, entre
plusieurs entreprises. »
1076
Syntagmes
Concurrence-compétition.
Concurrence-moyen.
Concurrence-résultat.
Atteinte à la concurrence.
Auteur de concurrence (déloyale).
Avantages, désavantages de la concurrence.
Capacité de concurrence.
Caractères de la concurrence.
Cessation de concurrence (déloyale).
Clause, obligation de non-concurrence.
Comportement (restrictif) de la concurrence.
Condition(s) (normale(s)) de la concurrence.
Conséquences de la concurrence.
Débiteur, preneur de la concurrence.
Degré de concurrence.
Développement de la concurrence.
Droit (canadien, communautaire) de la concurrence.
Droit de concurrence (Abus du).
Économie de concurrence.
Effet(s) (restrictif(s)) de la concurrence.
Éléments (matériels) de la concurrence.
Établissement de la concurrence.
État, réalité, situation de la concurrence (dans une industrie, sur un marché).
Exercice de la concurrence.
Existence de la concurrence.
Faits de concurrence.
Formes de la concurrence.
Instruments de la concurrence (concurrence par les prix, par la différenciation des
produits).
Insuffisance de la concurrence.
Intensité de la concurrence.
Interdiction, prohibition (par le législateur uniquement) de la concurrence.
Jeu (normal) (libre jeu) de la concurrence.
Légitimité de la concurrence.
Liberté de la concurrence.
Limitation de la concurrence.
Loi sur la concurrence.
Loyauté de la concurrence.
Maintien de la concurrence.
Manifestation de la concurrence.
1080
Méthodes de concurrence.
Modèle de concurrence.
Nature de la concurrence.
Nécessités de la concurrence.
Nerf de la concurrence.
Poids de la concurrence.
Politique de la concurrence.
Pratiques (restrictives) de concurrence.
Pression de la concurrence.
Problèmes de concurrence.
Protection contre la concurrence, de la concurrence (deux sens distincts).
Rapport de concurrence.
Régime de concurrence.
Réglementation de la concurrence.
Règles (communautaires, nationales) de la concurrence.
Relations de concurrence.
Répression de la concurrence (déloyale).
Restrictions à la, de la concurrence.
Résurgence de la concurrence.
Rôle de la concurrence.
Sanctions (civiles, pénales) de la concurrence (déloyale).
Situation de concurrence.
Structure de la concurrence.
Système de concurrence.
Tarifs de concurrence.
Théorie de la (libre) concurrence.
Tribunal de la concurrence.
Victimes de la concurrence (déloyale).
Zones de concurrence.
Actions concurrentielles.
Activité concurrentielle.
Agissements (abusifs) extraconcurrentiels.
Capacité concurrentielle.
Compagnies, entreprises, industries concurrentielles.
Dommage concurrentiel.
Équilibre concurrentiel.
1081
Éthique concurrentielle.
Fonctionnement concurrentiel (d’un marché).
Force concurrentielle.
Marchés concurrentiels.
Mécanismes concurrentiels.
Modèle concurrentiel.
Prix concurrentiel.
Processus concurrentiel.
Secteur concurrentiel (de l’économie).
Stratégie concurrentielle.
Structure(s) concurrentielle(s), quasi concurrentielle(s).
Système concurrentiel.
ö COLLUSION.
ö DÉTOURNEMENT.
ö DOMINANT.
ö ÉCONOMISTE.
ö PEINE.
ö PROHIBER.
ö VENTE.
3) Les syntagmes utilisés pour traiter de la concussion sont ceux que l’on
1083
Syntagmes
Produits de la concussion.
ö DÉTOURNEMENT.
ö EXACTION.
ö MALVERSATION.
CÔNE. MURAILLE.
Aux termes imagés muraille de Chine et cône (ou mur) du silence on peut fort bien
substituer, au besoin, les termes neutres de cloisonnement, de compartimentage et
de cloison pour désigner plus concrètement les moyens matériels que prend un
organisme, un bureau ou un cabinet pour empêcher que circule librement
l’information confidentielle.
ö DÉONTOLOGIE.
ö IMAGES (DU DROIT).
CONFESSOIRE. NÉGATOIRE.
1) Ces deux adjectifs inconnus de la common law se disent d’une sorte d’action
réelle intentée sous le régime du droit civil. Ainsi, le propriétaire qui entend faire
reconnaître un droit réel (droit in rem) dont il prétend être titulaire à l’égard d’une
servitude greffée à son fonds dominant jouit d’une action réelle en revendication
que l’on appelle action confessoire et qui, bien qu’étant apparentée de très près à
l’action pétitoire, demeure distincte de l’action possessoire. Action confessoire de
servitude.
des règles de droit ou de façon abusive – d’introduire une action dite négatoire.
ö CONFESSION.
ö DÉMEMBREMENT.
ö PÉTITOIRE.
ö POSSESSOIRE.
ö SERVITUDE.
1) Dans son sens moderne, que les dictionnaires généraux n’enregistrent pas
tous, le verbe conforter, au mode actif et employé au figuré, signifie ce qui donne
des forces à une idée, à une affirmation, à une thèse, ce qui vient confirmer un
énoncé, une conclusion. « De cet arrêt et de la jurisprudence qu’il conforte, on
trouve l’enseignement qu’il convient. »
1086
Bien que le mot s’emploie le plus souvent au pluriel, le singulier n’est pas rare.
« Le témoin ne connaissant pas la réponse à la question qui lui était posée a
hasardé une conjecture dans son explication. » « Pour que le doute entretenu par
le juge relativement à l’existence d’un complot équivaille à une erreur de droit, il
faut que ce doute tienne de la pure conjecture et ne puisse trouver quelque appui
dans la preuve. »
On ne dira pas [spéculer] sur quelqu’un, mais conjecturer à son sujet, faire des
conjectures. « Je ne me propose pas de conjecturer à leur sujet. » Spéculer n’a pas
ce sens en français.
3) Une conjoncture, c’est d’abord une situation qui résulte d’un concours
d’événements. « Je me suis trouvé dans une conjoncture difficile. » Ce sens
rapproche le mot du cas, de la circonstance, du moment, de l’occasion, de
l’occurrence. « L’accusé a profité de la conjoncture qui lui était favorable pour
acquérir les terrains en question. » « Ce témoignage a persuadé le juge qu’il ne
s’agissait pas là d’une réponse à court terme à un changement de conjoncture. »
C’est, enfin, la prévision de l’évolution prochaine des événements reposant sur des
données scientifiques. Établir la conjoncture démographique d’une population.
Syntagmes
Changement de conjoncture.
Études de conjoncture.
Évolution, fléchissement, fluctuations des variations de la conjoncture.
1) Dans le droit de la famille et dans le droit des successions, ces notions sont
déterminantes puisqu’elles influent directement sur les structures de la famille (les
liens de famille) et la vocation successorale (la dévolution de la succession et la
vocation du successible à l’hérédité). Dans les liens de famille sont compris les
liens de sang. La base biologique et naturelle de la famille, de la parenté, est le
sang, plus particulièrement la communauté de sang ou d’origine.
Les membres de la famille unis par le sang s’appellent les parents (ce sont les
grands-parents, les parents : les père et mère, les enfants : les frères et sœurs, et les
petits-enfants). Ils constituent ensemble, puisqu’ils ont le même sang, la famille
biologique ou naturelle. Les liens de famille forment des lignes qui organisent,
avec les degrés, les structures élémentaires de la parenté.
Le droit civil traditionnel conçoit la consanguinité comme le lien qui unit les
enfants issus du même père. Le degré de consanguinité caractérise la situation de
parenté dans laquelle se trouvent placés ceux qui sont unis par des liens de sang du
côté paternel. Les frères et les cousins d’une personne sont ses parents collatéraux,
c’est-à-dire qu’ils sont en consanguinité avec elle.
1091
On appelle frères et sœurs consanguins, dans une optique différente, les enfants
dont le père s’est remarié et qui sont issus de ses unions successives, nommées
dans le langage concret du droit, les lits : les enfants du premier lit, du second lit,
sont consanguins. Dans le cas du remariage de la mère, ses enfants issus de ses
unions successives, enfants du premier lit, du second lit, sont qualifiés d’utérins.
Les frères et sœurs qui sont issus du même lit, étant nés d’un même mariage, sont
dits frères et sœurs germains.
On appelle mariage consanguin celui qui unit des personnes qui ont, entre elles,
une parenté par le sang, tel le cas du mariage entre cousins permis dans les limites
de la loi.
Consanguin, germain et utérin sont, par conséquent, des antonymes : ils se disent
par opposition les uns aux autres. Ils s’emploient aussi comme substantifs. « Les
parents sont des germains lorsqu’ils sont parents à la fois du côté paternel et du
côté maternel. Les consanguins ne sont parents que du côté du père, les utérins,
que du côté de la mère. »
2) Consécutif à signifie qui résulte de, qui est la suite de. Dégâts consécutifs à
l’accident. Inventaire de succession consécutif au décès. Outrage consécutif à une
ordonnance d’injonction civile. Préjudice consécutif à la mise en oeuvre d’un
régime d’enquête.
CONSEIL.
2) Placé en apposition, le mot conseil est précédé du trait d’union et forme avec
le substantif indiquant le nom de profession un mot composé. Il est variable en
nombre. Une avocate-conseil, un juriste-conseil, des jurilinguistes-conseils.
ö C.R.
CONSERVATOIRE.
1) Dans le droit des biens et en droit commercial, la consignation est une sorte
de dépôt (se reporter au point 2). Dans l’opération de consignation,
le consignateur, la consignatrice agit comme le ferait le déposant ou l’expéditeur :
il confie à une autre personne, le ou la consignataire agissant à la manière d’un
dépositaire (ou d’un commissionnaire, en droit français), des marchandises,
cargaisons ou objets de toutes sortes (les marchandises en consignation). Le
consignateur en demeure propriétaire jusqu’à ce que le ou la consignataire les ait
vendus à son nom ou pour son compte (vente en et non [de] consignation) contre
rémunération convenue calculée sur le produit de la vente et dans le respect des
conditions dont tous deux conviendront dans une convention, une entente ou un
contrat de consignation. Demande, mesure de consignation. Procès-verbal de la
consignation. Consignation assortie d’une échéance. Effectuer, opérer une
consignation. Y avoir consignation. Recevoir en consignation. Retirer une
consignation. « Le débiteur ne peut retirer sa consignation au préjudice de ses
codébiteurs ou de ses cautions. »
ö BAILLEMENT.
ö CAUTION.
ö CAUTIONNEMENT.
ö CONSTAT.
ö CONSTATATION.
ö DÉPÔT.
ö ENTIERCEMENT.
ö EXPÉDITION.
ö MAINLEVÉE.
ö STIPULATION.
ö VALEUR.
CONSORT. LITISCONSORT.
La désignation collective et consorts signifie et tous ceux qui, étant du même avis,
agissent avec lui. Elle est, en bonne logique, toujours employée au pluriel et n’a
pas nécessairement en droit la connotation péjorative qu’elle conserve toujours
dans la langue usuelle. « LeBlanc et consorts étaient opposés au projet de
construction de l’immeuble dans leur quartier. » « Les époux Fabien, la société
Harpon et consorts ont fait signifier régulièrement la mise en demeure. »
Dans la langue du Palais, les consorts sont aussi dénommés litisconsorts ou, terme
plus fréquent, colitigants. Ces plaideurs sont tous impliqués dans une affaire et
forment une même partie, qu’elle soit demanderesse, défenderesse, intervenante ou
mise en cause.
Il ne faut pas confondre les litisconsorts (soit les différentes personnes qui
ensemble forment une partie dans une action) avec les litigants (qui sont les
différentes parties à un procès).
1099
ö LITIGANT.
CONSTANT, ANTE.
Il s’accompagne souvent d’un autre adjectif formant doublet et dont le rôle est
celui d’un renforcement par effet de complémentarité. Caractère constant et
uniforme d’une manière d’agir, d’un usage. Ferme et constante résolution.
Possession (d’état) paisible et constante. Fait notoire et constant. « La possession
d’état, en plus de devoir être paisible, doit être constante, c’est-à-dire continue. »
« La possession constante d’état s’établit par une réunion suffisante de faits qui
indiquent les rapports de filiation entre l’enfant et les personnes dont il est issu. »
« La rédaction d’un acte de notoriété suppose l’existence d’un fait notoire et
constant. » « Ces présomptions ou indices résultent de faits graves et dès lors
constants, c’est-à-dire avérés, notoires (attitudes envers l’enfant, faits d’hérédité
physiologique, marques de linge, etc. » Jurisprudence ferme et constante. Codifier
une jurisprudence constante. Selon, suivant, d’après une jurisprudence constante.
La jurisprudence constante pourra être source de droit. On lui oppose la
jurisprudence flottante, non encore fixée.
3) Constant qualifie aussi ce qui est avéré par un long usage, ce qui est établi,
fixé, ce qu’on ne peut plus remettre en question ou contester. Délit, crime constant.
« Il fallait que le crime fût constant, c’est-à-dire que le corps du délit fût
suffisamment établi. »
opération juridiques, une règle sera maintes fois exprimée par une jurisprudence
constante. Règle issue d’une tendance jurisprudentielle constante, d’un courant
jurisprudentiel constant.
4) Dans le style des arrêts, les tournures impersonnelles Il est de droit constant,
Il est de jurisprudence constante, et leurs nombreuses variantes, servent à désigner
les règles de droit, les principes dégagés par la jurisprudence ou la doctrine qui
sont de ce fait fermement établis, qui se perpétuent tels qu’ils ont été reconnus à
l’origine. Ce qui est universellement reconnu dans une matière du droit est
nécessairement constant. Par exemple, il est de droit constant qu’il appartient au
juge du procès d’établir les faits et d’en tirer les conclusions en matière de preuve,
qu’en matière de garde d’enfants et d’accès l’intérêt supérieur de l’enfant prime
tout, que c’est à l’appelant qu’il incombe de prouver que la décision attaquée est
mal fondée ou, dernier exemple, qu’un syndic de faillite n’a pas plus de droits que
le failli lui-même. « Il est constant en matière d’interprétation des lois qu’une
clause particulière a priorité sur une clause plus générale. »
tribunaux ont retenu cette exigence de façon constante. » « Mais, de façon plus
constante, c’est vers la common law britannique que les tribunaux canadiens se
sont tournés en cette matière. » Règle d’application constante, règle appliquée de
manière constante, appliquée constamment. Notre Cour a constamment statué
que... Les arbitres ont constamment conclu que... On a constamment jugé que...
Selon des principes constamment réaffirmés depuis cet arrêt,... Il est acquis d’une
manière constante en jurisprudence que...
1) Au premier chef, les consuls sont des agents ou des attachés commerciaux
officiels; ils ne sont pas assimilés à des ambassadeurs. Le législateur peut toutefois
prévoir qu’il y a assimilation du diplomate au consul général pour l’application
d’une loi. Par exemple, au Canada, la Loi sur la pension spéciale du service
diplomatique définit le diplomate comme l’ambassadeur, le ministre, le haut-
1102
commissaire ou le consul général du Canada auprès d’un autre pays. La Loi sur le
ministère des Affaires étrangères et du Commerce international considère comme
chefs de mission les ambassadeurs, haut-commissaires et consuls généraux du
Canada. La Loi d’interprétation fédérale assimile les agents consulaires aux
agents diplomatiques.
(consuls electi) qui, n’étant pas exactement des fonctionnaires de l’État qu’ils
servent, peuvent exercer d’autres professions, principalement la profession
commerciale ou toute autre activité lucrative.
Dans certains pays, le consul général est le grade le plus élevé dans la hiérarchie
consulaire. Consul général résident, consule générale non résidente.
7) Il ne faut pas confondre les agents consulaires avec les agents du service
consulaire, ces derniers étant exclus de la charge des chefs de poste consulaire. Le
poste consulaire s’entend de tout consulat général, consulat, vice-consulat ou
agence consulaire; la circonscription consulaire désigne le territoire attribué à un
poste consulaire pour l’exercice des fonctions consulaires.
Même si les dictionnaires enregistrent le tour critiqué, il faut reconnaître que les
habitudes du français nous invitent à éviter, règle générale, l’abus des adjectifs
quand ils remplacent un complément introduit par la préposition de. Ainsi, dans
l’exemple précité, force est de reconnaître que consul canadien soulève une
ambiguïté et peut ne pas dire ce qu’il est censé dire : veut-on parler du consul du
Canada ou du consul qui est de nationalité canadienne ?
10) Le consul général du Canada est dit, rappelons-le, auprès d’un autre pays
puisqu’il est au service du Canada dans cet autre pays, qu’il entretient des rapports
officiels avec celui-ci.
11) Le consul dirige ses affaires dans un poste consulaire, lequel est établi sur
un territoire. « La demande de remise de la taxe d’accise doit être approuvée au
nom du chef de la mission, du poste du consul ou du bureau du délégué
commercial. »
1106
12) Le consul exerce, dans l’ancien droit français, des attributions judiciaires
(arbitrages, interrogatoires, commissions rogatoires). Les affaires ou les litiges qui
le concernent ressortissent à la juridiction ou au tribunal consulaire. La juridiction
consulaire est le pouvoir de juger, anciennement reconnu aux consuls de la mer
par certains traités ou usages consignés dans le Consulat de la mer (“Consulate of
the Sea”) , ou encore l’ensemble des tribunaux établis dans le consulat pour
exercer le pouvoir de juger reconnu aux consuls par certains traités. « Au Moyen
Âge, les consuls étaient à la fois magistrats municipaux et juges, d’où le nom de
juridiction consulaire qui est resté. »
Les règlements consulaires regroupent les lois, décrets et ordonnances qui traitent
des règlements du service consulaire appliqués par les États. Ces dispositions sont
souvent d’un grand intérêt pour le juge consulaire puisqu’elles lui permettent de
connaître quel est le droit consulaire en vigueur dans l’ordre juridique interne des
États. Un grand nombre d’États ont des législations concernant les règlements
consulaires.
14) Les consuls ont encore aujourd’hui des attributions en matière civile :
rédaction d’actes consulaires, célébration de mariages consulaires, tenue du
registre consulaire, contrôle des formalités consulaires, établissement des factures
1107
16) On appelle consulat soit l’agence officielle créée par un État dans une ville
étrangère pour assurer auprès des autorités locales la protection des intérêts,
généralement commerciaux, de l’État et de ses ressortissants, (Monsieur Untel est
consul en poste au consulat général du Canada à New York; le consulat général
du Canada à Buffalo : remarquer la minuscule à consulat, le consulat général
honoraire), soit, par extension, le lieu où le consul général a ses bureaux ou sa
demeure (locaux consulaires, pavillon (et non [drapeau]) consulaire, création,
siège, circonscription administrative d’un consulat, ouverture d’un vice-consulat),
soit encore, dans un sens vieilli, la charge de consul, le poste, les pouvoirs et les
fonctions du consul (exercer son consulat), ainsi que le temps pendant lequel un
consul exerce sa charge.
d’être soumis aux tribunaux ou qui le sont effectivement ou de tout ce qui donne
lieu ou peut donner lieu à une action en justice. Ainsi, des faits, des situations, des
actes sont dits contentieux parce qu’ils peuvent faire l’objet d’une demande en
justice. Une affaire contentieuse est une affaire ou une question litigieuse en ce
sens qu’elle peut être soumise à l’appréciation d’un tribunal. Faits non contentieux.
Actions, instances contentieuses. Procédures précontentieuses. Règles de la
procédure contentieuse. Attributions informations, précisions contentieuses.
Créances contentieuses. Recours contentieux, voies de recours contentieuses.
Pratiques, techniques contentieuses. Saisies contentieuses. Solutions
contentieuses.
Ainsi, le contentieux criminel vise l’ensemble des litiges qui relèvent du droit
criminel, le contentieux administratif, l’ensemble des litiges qui relèvent du droit
administratif, et ainsi de suite, notamment pour le contentieux commercial, le
contentieux constitutionnel, électoral, fiscal, maritime, médical ou successoral.
Normalement, les juridictions s’organisent selon deux ordres, d’où trois
contentieux principaux : l’ordre judiciaire (les contentieux civil ou des affaires
civiles et pénal ou des affaires pénales) et l’ordre administratif (le contentieux
administratif ou des affaires administratives).
1109
5) L’objet du contentieux peut porter sur des questions litigieuses opposant des
ordres de gouvernement (le contentieux fédéral - provincial - territorial au
Canada), sur un conflit ou sur une crise entre deux pays ou deux nations (le
contentieux israélo-arabe, le contentieux sino-russe, le contentieux sino-
vietnamien). « Il semble que tout contentieux soit un conflit, dans sa signification
profonde ou exacte de heurt entre des points de droit, dans le partage d’un
héritage physique, psychique ou symbolique. » En ce sens, le contentieux peut être
qualifié de long et de profond, quand il s’étend sur des siècles de luttes et de
déchirements, et de léger, quand il se limite au partage territorial d’une zone
frontalière, tel le contentieux sino-russe ou le contentieux récent en développement
canado-américano-russe concernant le passage du Nord-Ouest précipité par les
effets du réchauffement climatique sur les glaciers et menaçant la souveraineté
canadienne sur le Passage.
1111
8) L’objet du contentieux peut porter sur l’ensemble des litiges portés devant
des ordres de juridictions : le contentieux de la Cour suprême du Canada, le
contentieux de la Cour de cassation, le contentieux de la Cour internationale de
Justice, le contentieux du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie.
« Master 2 Professionnel Contentieux européens 2007-2008. Ce diplôme a pour
objet de couvrir l’ensemble des contentieux européens, qu’il s’agisse des litiges
portés devant les juridictions communautaires et la Cour européenne des droits de
l’homme ou des litiges portés devant les juridictions nationales qui relèvent des
droits européens. »
11) L’objet du contentieux peut se rapporter aux prestations offertes aux clients
de ces entreprises ou de ces cabinets dans le cadre d’un suivi des dossiers
intéressant les organisations qui ont recours aux services spécialisés de
contentieux. Les syntagmes sont formés à l’aide du complément du nom ou du
procédé de l’ellipse par inversion des substantifs. Contentieux du recouvrement
(amiable ou judiciaire) de créances (civiles ou commerciales) contestées.
Contentieux du renseignement commercial (sur les entreprises). Recouvrement
contentieux. Société, compagnie, bureau, cabinet de recouvrement contentieux.
Procédure de recouvrement en contentieux. Recueillir, traiter des contentieux.
Gérer des contentieux. La gestion des contentieux est une spécialité
professionnelle axée sur l’ensemble des procédures de règlement des contentieux
tant privés que publics dans des secteurs diversifiés. Résolution des contentieux.
En ce sens, le contentieux s’entend tout à la fois de la gestion des litiges et des
procédures contentieuses. Risques contentieux. Éviter les contentieux (par le
règlement amiable).
13) Dans un sens spécifique, le mot contentieux peut désigner, pour une
entreprise ou un établissement, l’ensemble des factures de la clientèle qui
demeurent impayées après le délai de paiement fixé au moment de l’envoi de la
facturation. « Notre hôpital doit faire face à un contentieux malheureusement
assez important mettant ainsi en danger son équilibre financier, aussi a-t-il mis en
place un système permettant de prévenir, contrôler et maîtriser le contentieux. »
En ce sens, mettre au contentieux signifie transmettre aux agents de recouvrement
de créances les factures non acquittées.
1113
ö CYBERESPACE.
ö JUSTICIABLE.
ö LITIGE.
1) Est contestable ce qui peut être attaqué en justice, ce qui peut faire l’objet
d’une CONTESTATION juridique ou judiciaire, ce qui autorise la discussion, ce qui
soulève le doute, la controverse, et, donc, ce qui est recevable en droit.
Le fait contestable est douteux, incertain, mal établi. Un droit est contestable s’il
est contentieux, litigieux, s’il peut faire l’objet d’un procès. Être contestable en
droit. Argument, critère, hypothèse, interprétation, opinion, postulat, supposition,
théorie contestable.
ö CONTESTATION.
ö INCONTESTABLE.
CONTINUER.
1) Il ne faut pas, par contagion du verbe anglais “to continue”, dire d’un
organisme, d’une société, d’un groupement qu’il est [continué] pour signifier que
son existence est maintenue par la constitution d’une nouvelle entité juridique. On
dit plutôt que le corps dont il s’agit est maintenu en existence ou qu’il est prorogé.
Ainsi, dans le langage des successions, on dit que l’héritier continue la personne
du défunt pour signifier qu’il lui est directement substitué à la tête du patrimoine
hériditaire. Il prend la place du de cujus (voir ce mot) dans tous les rapports
juridiques où celui-ci se trouvait impliqué avant le décès, il le continue.
Cette idée de continuité juridique, bien que propre au droit civil, n’interdit pas son
emploi pour d’autres régimes de droit, même si, en droit anglo-saxon par exemple,
un autre personnage vient s’interposer entre le défunt et l’héritier : l’administrateur
de la succession. Il n’en demeure pas moins que, en dépit du fait que l’image est
diminuée et moins propre à d’autres droits, elle peut s’employer pour évoquer le
fait que par la dévolution testamentaire, la personne du de cujus survit dans les
effets et le résultat de la transmission des biens.
1115
Mais, pour le droit civil, l’image est fidèlement la traduction de la réalité du droit;
par continuité juridique, on entend que l’héritier est censé avoir acquis la propriété
de l’héritage à l’instant même du décès de son auteur. Il crée de la sorte une
continuité juridique parfaite entre le droit du défunt et celui du successeur qui
continue sa personne.
3) On dit aussi bien continuer à que continuer de. « Les membres du conseil
continuent malgré les dissensions manifestées à expédier les affaires courantes. »
« Il faut continuer de protéger avec vigueur les citoyens contre toute entrave
exercée par l’État. »
ö CONTINUATION.
ö DE CUJUS.
Afin de permettre une interprétation contra legem, le juge déclarera, par exemple,
qu’il faut parfois s’écarter de la loi (de son esprit), mais non de son texte (la lettre
de la loi) lorsque l’interprétation littérale conclut à des résultats insoutenables.
2) Intra legem est l’antonyme; une lacune intra legem est celle que fait
volontairement le législateur en s’abstenant de préciser par omission ou en utilisant
1116
des notions floues. Comblement des lacunes intra legem. Notions intra legem. « Le
droit d’équité doit rester confiné au domaine du comblement des lacunes intra
legem; l’utilisation de l’équité contre la loi est illégale et anticonstitutionnelle en
droit suisse. »
On oppose, par ailleurs, à la lacune intra legem la lacune praeter legem, celle que
fait involontairement le législateur et qu’il sera appelé à combler par l’adoption
d’une loi modificatrice. Droit praeter legem (établi dans le silence de la loi) par
opposition au droit secundum legem (établi conformément au texte clair de la loi).
La coutume qui se développe et s’applique en l’absence de solution légale,
comblant une lacune et complétant ainsi la loi est dite praeter legem, tandis que
celle qui s’applique en vertu de la loi, s’appelle coutume secundum legem.
Ces locutions latines seront en italiques ou entre guillemets, selon que le texte sera
manuscrit ou imprimé. Si le texte est en italique, comme l’a montré le premier
article, elles seront en caractère romain.
ö COUTUME.
ö LACUNE.
4) À la forme participiale, contracté signifie qui a été conclu par contrat ou qui
découle d’un contrat. Convention contractée par erreur, dol ou violence.
Obligations contractées. « Les obligations contractées sont des obligations
souscrites. »
ö CONTRACTUEL.
ö CONTRAT.
CONTRACTUALISME. CONTRACTUALISTE.
NÉO-CONTRACTUALISME.
CONTRACTUEL, ELLE.
CONTRACTUELLEMENT.
EXTRACONTRACTUEL, ELLE.
INTRACONTRACTUEL, ELLE.
POSTCONTRACTUEL, ELLE.
PRÉCONTRACTUEL, ELLE.
Les dérivés de contractuel formés à l’aide des préfixes anti, extra, intra, post et
pré ne prennent pas le trait d’union. L’usage a fini par préférer la soudure à
l’emploi du trait d’union.
11) L’adjectif contractuel peut avoir forfaitaire pour synonyme dans le cas du
marché ("bargain"). Vente faite à un prix contractuel ou forfaitaire. Le marché est
la convention par laquelle l’entrepreneur (celui qui s’engage à accomplir un travail
pour le compte d’autrui) s’oblige envers le maître de l’ouvrage (celui qui lui confie
ce travail).
12) On ne dit pas intenter une action [en contrat], mais intenter une action en
responsabilité contractuelle ("action ex contractu", "action of contract" ou "action
in contract"). De plus, les parties contractantes ou parties au contrat sont appelées
aussi des contractants, jamais des parties [contractuelles].
13) Il faut éviter de dire : « Il a violé ses obligations [en vertu du] contrat », ce
qui conduit à un illogisme, le contrat ne pouvant permettre leur violation. On dit
plutôt : « Il a violé ses obligations contractuelles ». Se reporter à l’article
LOCUTIONS ADVERBIALES ET PRÉPOSITIVES.
14) L’adverbe contractuellement signifie ce qui se fait par contrat, ce qui est
conforme aux stipulations du contrat. « Le contrat bilatéral oblige
contractuellement deux ou plusieurs parties les unes à l’égard des autres. » Délai
de préavis contractuellement prévu, fixé, stipulé, imparti. Déroger
contactuellement à la loi. Être actionné contractuellement par le maître de
l’ouvrage. Être contractuellement tenu à ses engagements. Obliger qqn
contractuellement. Prestations attribuées contractuellement. Risques exclus
contractuellement. S’engager contractuellement. Se soustraire contractuellement à
la responsabilité stricte.
Syntagmes
Accord contractuel.
Action en responsabilité contractuelle.
1122
Limitation contractuelle.
Limite contractuelle.
Locataire contractuel.
Location contractuelle.
Loyauté contractuelle.
Mandat contractuel.
Matière contractuelle.
Mécanisme contractuel, extracontractuel.
Mesure(s) réparatoire(s) contractuelle(s).
Montages contractuels.
Négociations contractuelles.
Obligation contractuelle, extracontractuelle,
précontractuelle.
Obligation contractuelle première, secondaire.
Obligation non contractuelle.
Opération contractuelle.
Partenaires contractuels, précontractuels.
Période précontractuelle, contractuelle, postcontractuelle.
Permission contractuelle.
Permissionnaire contractuel.
Phase précontractuelle.
Phénomène contractuel.
Plafond contractuel.
Politique contractuelle.
Pourparlers contractuels.
Pratique contractuelle.
Prévisions contractuelles.
Privilège contractuel.
Prix contractuel.
Procédure contractuelle.
Promesse contractuelle.
Rapports contractuels.
Recours contractuel.
Régime contractuel.
Relations contractuelles.
Réparation contractuelle.
1124
ö CONTRACTÉ.
ö CONTRAT.
CONTRAINDRE.
Certains grammairiens affirment qu’il existe une nette tendance dans le langage
soigné à employer la préposition à après les formes actives et de dans les autres cas,
où contraint est pris adjectivement. « Le créancier peut contraindre le débiteur à
payer. » « La police l’a contraint à avouer la vérité. » « Le débiteur s’est vu contraint
1125
de payer. » « Dans une négociation, les parties sont contraintes de faire des
concessions. »
Grevisse tranche le débat en faisant remarquer qu’un certain nombre de verbes, dont
contraindre, construisent l’infinitif complément avec à ou de indifféremment et que
c’est l’oreille qui décide. La solution euphonique paraît trop subjective et trop vague
pour qu’on ne lui préfère pas celle qu’ont avancée les grammairiens dont il a été fait
allusion ci-dessus.
Pour se tirer d’affaire, on applique la règle énoncée par Grevisse pour le passif : à
quand le participe a réellement la valeur verbale (« Il est contraint à passer aux
aveux. ») ( = on l’oblige à passer aux aveux), de quand il est pris adjectivement
(« Devant pareille dénonciation, il a été contraint de passer aux aveux. » ( = il ne peut
pas s’abstenir de ne pas tout avouer).
Contraindre qqn sur qqch. « L’héritier qui a pris à sa charge le paiement des dettes
de la succession ou celui qui y est tenu peut être contraint sur ses biens personnels
pour sa part des dettes restées impayées. »
Ces distinctions de sens se justifient moins et ne sont plus utiles s’il s’agit d’exprimer
une idée marquant une forme particulière de contrainte juridique. En ce cas, il est de
bon style d’employer le verbe astreindre dans le sens d’être tenu ou obligé par
devoir : « L’avocat est astreint au secret professionnel », par la loi : « Pendant la
durée du curage, les riverains sont astreints à laisser passer sur leurs propriétés les
ouvriers, entrepreneurs et fonctionnaires chargés de l’exécution des travaux destinés
à rétablir le cours d’eau dans sa profondeur et sa largeur naturelles » ou encore par
la fixation judiciaire d’une astreinte : « Le débiteur solvable a été astreint à acquitter
l’intégralité de sa dette. »
ö CŒRCITION.
1127
ö CONTRAINTE.
ö VIOLENCE.
CONTRAINTE.
1) Dans le premier emploi général du mot, la contrainte est une obligation, une
exigence exercée à l’égard d’une personne (au moyen d’une pression, d’une
cœrcition, d’une injonction, d’une menace) pour l’obliger à faire ce qu’elle ne veut
pas faire. Être, se trouver sous la contrainte de quelqu’un, c’est un asservissement,
une soumission, une servitude, une sujétion ou une tutelle.
La contrainte peut servir une fin positive et être bénéfique : c’est la contrainte
sociale que représente la loi, le règlement ou un code de discipline. Lorsqu’elle
sert une fin négative, elle est le résultat d’une violence physique ou morale exercée
sur une personne. La violence est ici la cause, la contrainte en est l’effet. En ce cas,
la contrainte illicite est une atteinte illégitime provoquant chez une personne une
crainte qui la détermine à agir contre sa volonté, par exemple à conclure malgré
elle un acte juridique. Une contrainte pareille entraîne la nullité de l’acte accompli
ou du consentement donné. « La contrainte vicie le consentement en entravant la
liberté de choix. »
Ici, le mot contrainte est employé seul ou avec d’autres (intimidation, cœrcition)
au sens de fait physique ou moral ayant forcé un individu, par une oppression de sa
volonté, à commettre une infraction ou un crime. « L’usage de la contrainte rend
une action cœrcitive. »
3) Dans le droit des biens en régime de common law, il y a contrainte sur les
biens ("duress of goods") dans le cas d’un acte consistant à saisir délictuellement
des biens ou à les détenir contre un ayant droit et exigeant l’accomplissement
d’une certaine action pour qu’ils soient remis.
4) La contrainte par corps est une voie d’exécution qui consiste à priver de la
liberté la personne du débiteur insolvable pour le contraindre à obéir à un ordre du
tribunal lui enjoignant, par exemple, de payer une somme due au Trésor public,
notamment une amende ou des dépens, ou à s’acquitter de sa dette ou encore à
répondre aux questions qui lui sont posées sur sa situation financière.
La contrainte par corps peut être prononcée aussi en cas d’outrage au tribunal.
Requérir une contrainte par corps. La règle 76.01 des Règles de procédure du
Nouveau-Brunswick dispose que celle-ci s’applique « chaque fois qu’une loi
prévoit la contrainte par corps, la mise sous séquestre ou quelque autre peine
pour outrage au tribunal sans prévoir de procédure d’exécution. » « Le juge de la
Cour du Banc de la Reine a le droit d’annuler une ordonnance de contrainte par
corps pour outrage au tribunal si son obtention a été abusive. » Solliciter une
ordonnance de contrainte par corps.
Syntagmes
1) Contrainte administrative.
Contrainte bénéfique.
Contrainte corporelle.
Contrainte économique, contrainte extra-économique.
Contrainte excessive.
Contrainte irrésistible.
Contrainte légale (réelle).
Contrainte légitime, contrainte illégitime.
Contrainte licite, contrainte illicite.
Contrainte morale, contrainte psychologique.
Contrainte oppressive.
Contrainte rigoureuse.
Contrainte sociale.
Contrainte technique.
Contrainte de fait.
Contrainte en common law.
Contrainte par coups.
Contrainte sur la personne.
Contrainte sur les biens.
Employer la contrainte.
Éprouver une contrainte.
Être soumis à la contrainte.
Être sous la contrainte de qqn.
Éviter les contraintes (par exemple du droit).
Exercer une contrainte.
Faire face à la contrainte.
Faire qqch. par contrainte.
Fuir une contrainte.
Influencer qqn par contrainte.
Invoquer la contrainte.
Plier devant une contrainte.
Prendre une décision sous la contrainte.
Se trouver sous la contrainte.
Tenir qqn dans la contrainte.
2) Contrainte commerciale.
Contrainte exécutoire.
Contrainte financière.
Contrainte judiciaire.
Contrainte légale.
Catégories de contraintes.
Effets de la contrainte.
Formes de contraintes.
Opposition à la contrainte.
Procédures de la contrainte.
Validité de la contrainte.
ö CŒRCITION.
ö CONTRAINDRE.
ö VIOLENCE.
CONTRAT. CONVENTION.
2) Aussi bien en français qu’en anglais, les auteurs parlent du droit du contrat
ou du droit des contrats. Les principes du droit enropéen du contrat. “Law of
Contract” de Cheshire, Fifoot et Furmston, “Principles of Contract” de Pollock,
“Essays on Contract” d’Atiyah, “The Law of Contract in Canada” de Fridman,
“Law of Contracts” de Waddams et “Chitty on Contracts”.
L’usage le plus répandu est de considérer les contrats dans leur diversité, d’où
l’usage généralisé du pluriel. Aussi y aura-t-il lieu de parler du droit des contrats,
même si la deuxième conception qui fait dire le droit du contrat a ses partisans.
Les auteurs estiment aujourd’hui que, bien que le contrat et la convention soient,
d’une certaine façon, synonymes, le contrat (“contract”) est une espèce, une forme
particulière de convention (“agreement”). Il faut ajouter, toutefois, que la
convention peut être conçue comme une partie intégrante du contrat. Par exemple,
le contrat d’achat-vente d’une maison constitue l’entente, entière en elle-même,
que l’acheteur et le vendeur concluent, tandis que chaque clause obligeant les
parties à faire quelque chose constitue une convention; de là la formule qui suit
l’intitulé et qui précède le corps du contrat : « Les parties s’entendent et
conviennent comme suit. » Au sens strict, la convention est le générique
(convention d’achat, convention de bail), le contrat, le spécifique (contrat d’achat,
contrat de bail). C’est pourquoi on distingue parfois, en régime de common law, la
décharge du contrat (“discharge of contract”) de la décharge conventionnelle
(“discharge by agreement”) et que l’on parle de la convention extinctive de contrat
(“agreement to discharge a contract”) et de la convention sous réserve de contrat
(“agreement subject to contract”).
Mais, lato sensu, le contrat peut être considéré comme le générique, la convention
n’étant qu’un spécifique. De ce point de vue, on trouvera des conventions énoncées
dans un contrat; elles pourront prendre la forme de clauses générales. Par exemple,
1133
une convention d’arbitrage peut être insérée dans un contrat de travail. L’article
2638 du Code civil du Québec la définit comme un contrat par lequel les parties
s’engagent à soumettre un différend né ou éventuel à la décision d’un ou de
plusieurs arbitres, à l’exclusion des tribunaux judiciaires.
Les juristes de common law s’entendent pour dire que la common law exige
l’existence de trois éléments essentiels pour qu’il y ait contrat : une offre, une
acceptation et une contrepartie. L’offre et l’acceptation sont les éléments
constitutifs de l’accord consensuel, source des obligations, alors que la
contrepartie confirme l’échange auquel les parties ont consenti. L’intention des
parties constitue la source des obligations contractuelles. La vente de marchandises
est sans doute l’un des cas les plus fréquents d’opérations contractuelles résultant
d’une offre et de son acceptation.
En un mot, le vocable contrat met à la charge des parties des obligations, des
responsabilités, des devoirs. Les parties devront non pas [respecter le contrat],
mais respecter les clauses du contrat. Elles s’acquitteront des obligations qu’il
impose.
4) Par métonymie, le mot contrat désigne aussi l’écrit qui constate les
engagements contractuels, l’accord des parties, les conditions et les modalités sur
lesquelles elles se sont mises d’accord et qui permet de prouver l’obligation
contractée. Le document signé par les parties matérialise le contrat et en constitue
la preuve. Par exemple, la police est un document qui matérialise le contrat
d’assurance.
1134
5) En stipulant des clauses, les parties se soumettent à des règles : elles sont
régies, en droit international privé, par la loi du contrat ou par la loi contractuelle.
On peut entendre de deux façons l’expression loi du contrat dans ce contexte : soit
de quels tribunaux relèveront l’interprétation et l’application du contrat en cas de
contestation de celui-ci, soit le lieu de la conclusion du contrat qui déterminera
quelle sera la loi applicable.
Cette question de la loi du contrat met généralement les parties dans la nécessité
d’insérer une clause obligatoire dans tout contrat bilatéral. Par exemple : « Les
parties aux contrats commerciaux désignent le droit anglais comme le droit du
contrat et auront recours aux tribunaux anglais afin de régler leurs différends. »
« Le présent contrat sera régi par la loi du Nouveau-Brunswick » (“by the laws of
New Brunswick”).
Il convient de préciser que le contrat que concluent les parties constitue la loi des
parties et que la loi du contrat doit s’entendre aussi du régime de droit qui sera
applicable au contrat, que ce soit un régime législatif ou la common law.
Le contrat peut être entaché d’un vice (erreur, lésion, dol, contrainte, violence... ),
ce qui provoque sa révision. Réviser un contrat. « Le juge ne peut réviser un
contrat qui ne correspond plus aux prévisions des parties. » Il pourra être anéanti
ou on pourra le faire disparaître (anéantissement, disparition du contrat) ou le
maintenir (maintien du contrat). « Le tribunal peut, en cas de lésion, maintenir le
contrat dont la nullité est demandée. » La confirmation du contrat ("affirmation of
contract") résulte de la volonté, expresse ou tacite, de renoncer à en invoquer la
nullité. « Le contrat frappé de nullité relative est susceptible de confirmation. »
Un contrat est dit nommé s’il présente des caractères qui permettent de le situer
dans les classifications usuelles du droit des contrats ou dont la spécificité est
soulignée par l’existence d’une législation particulière (mandat, contrat de travail,
contrat d’entreprise, contrat d’assurance). Le contrat nommé correspond à une
appellation consacrée par la loi ou par l’usage et est soumis à certaines règles
spéciales; de là la dénomination contrat spécial pour désigner le contrat nommé.
Le contrat innommé ou sui generis est élaboré en dehors des catégories nommées.
Il ne faut pas confondre le contrat spécial du régime civiliste du contrat formaliste
(“special contract”) que l’on trouve en régime de common law, ce contrat étant
généralement scellé (“contract under seal”). Il ne faut pas confondre non plus le
contrat formaliste avec le contrat formel (“formal contract”), qui s’entend du
contrat définitif établi dans les formes requises et dont les parties sont convenues
de tous les éléments se rapportant à sa formation en bonne et due forme.
Le contrat certain est celui dans lequel la chose à faire est censée dépendre de la
volonté des contractants ou, dans le cours normal des événements, se produire de
1136
Le contrat consensuel n’est pas ainsi qualifié parce qu’il tire sa source d’un
consensus, mais parce que sa validité repose sur le consentement des parties. Il est
fondé et réalisé du simple accord des contractants sans formalité externe ou sans
acte symbolique accompli pour déterminer l’obligation. Il est conclu au gré des
intéressés, sous une forme quelconque. En ce sens, il s’oppose au contrat solennel
(contrat d’adoption, contrat de mariage) dont la formation est subordonnée à
l’accomplissement de formalités déterminées par la loi sous peine de nullité.
Le contrat réel est celui dans lequel il est nécessaire qu’il y ait plus qu’un simple
consentement, tel un prêt d’argent, un dépôt, un nantissement, qui, de par sa
nature, rend nécessaire la délivrance de la chose. En common law, on qualifie ainsi
le contrat qui porte sur un bien immobilier, par exemple le bail immobilier à durée
déterminée. Ce contrat ne peut se former que par la remise matérielle de la chose
(prêt, dépôt).
1137
Le contrat est dit à titre onéreux quand aucune intention libérale n’existe dans les
relations entre les contractants. Chaque partie retire un avantage en échange de son
obligation. On l’oppose au contrat à titre gratuit dans lequel une chose est donnée
ou promise sans contrepartie. L’une des parties s’oblige envers l’autre pour le
bénéfice de celle-ci sans retirer d’avantage en retour.
Le texte du contrat à contenu prédéterminé a été rédigé à l’avance par l’une des
parties. Il se limite à exposer les responsabilités et obligations principales des
parties pour renvoyer, quant au reste, à un corps de clauses prévues dans un autre
document qui, selon une formule classique, est réputé faire partie intégrante du
contrat, comme s’il y apparaissait au complet. Cette pratique se justifie pour des
raisons de commodité.
Le contrat d’adhésion est préétabli par une partie. Il met à la charge de la partie la
plus faible ou la plus vulnérable (le consommateur, par exemple) et qui n’a pas lu
le contrat les conditions d’un document élaboré, rédigé et imprimé par l’autre. On
le trouve surtout dans le domaine de l’assurance, du prêt hypothécaire et des biens
de consommation. Tout contrat qui n’est pas d’adhésion est de gré à gré.
Le contrat dit complexe englobe plusieurs sortes de contrats. Les contrats liés
entre eux par une identité d’objet forment ce qu’on appelle une chaîne de contrats.
Les contrats concomitants (“concurrent contracts”) portent sur un seul objet dont
l’exécution se fera en même temps tels les contrats concomitants d’affrètement au
voyage, en droit maritime, par opposition aux contrats consécutifs du même genre.
Le contrat est léonin lorsqu’il est de nature à procurer à l’une des parties un
avantage excessif. On l’appelle plus couramment contrat exorbitant ou contrat
abusif.
Est dit licite le contrat dont les obligations sont permises par la loi.
Il faut bien distinguer le contrat de travail, que les codes civils appellent louage de
services (du latin locatio operarum) et la common law “employment contract” (ou
“contract of service”) du contrat d’entreprise, qui correspond en gros au louage
d’ouvrage ou d’industrie (du latin locatio operis faciendi) des codes civils et au
“contract for services” ou “contract for the supply of services” de la common law.
Dans le premier cas, la relation contractuelle est entre employeur et employé (ou
salarié), dans le second, entre client (ou maître ou donneur de l’ouvrage ou
1139
Le droit québécois reconnaît aussi une troisième forme de contrat, appelée contrat
de service, qui, sans postuler un lien de subordination (à l’instar du contrat
d’entreprise), crée néanmoins (à la manière du contrat de travail) une obligation
de moyens.
Dans la phase précontractuelle, les parties aux pourparlers sont des partenaires.
Partenaires de l’avant-contrat. Contrat en pourparlers. Discuter une proposition
de contrat avec les partenaires.
On appelle punctation le fait d’établir par écrit, en cours de pourparlers, les points
sur lesquels les partenaires s’entendent. Opération matérielle de punctation.
Obligation résultant de la punctation du contrat escompté.
Le SORT du contrat est lié au succès des négociations. Si celles-ci connaissent une
suite heureuse, les parties deviennent des acceptants, des parties acceptantes, pour
mettre en évidence le fait qu’elles acceptent les conditions du contrat. Dans une
autre acception, l’acceptant s’oppose à l’offrant.
Le contrat est dit définitif une fois l’offre acceptée. « L’acceptation de l’offre
vaudra contrat définitif entre les parties. » « Seul un contrat définitif permet
l’exécution par les intéressés de leurs obligations . »
Le quasi-contrat est une FICTION juridique inventée par les tribunaux de common
law pour permettre le recouvrement par réparation contractuelle.
1140
Les avant-contrats (par lesquels des personnes décident de réaliser dans l’avenir
un contrat) sont des contrats à fin de contracter; ce sont des contrats préalables,
par exemple les contrats intérimaires, les contrats partiels et les contrats
préparatoires. Le contrat préparatoire est un accord ayant pour seul objet de
préparer un contrat à venir. Il vise à préparer l’information des partenaires ou à
aménager leur rapprochement. Le contrat intérimaire crée des obligations pour le
seul temps de la période de négociation. Le contrat partiel porte, lors de la
négociation du contrat, sur des accords partiels couvrant certains éléments
seulement du projet initialement soumis à négociation.
On dit qu’un contrat contient des dispositifs pour signifier qu’il prévoit des
dispositions. Ainsi peut-on appeler une disposition contractuelle un DISPOSITIF.
1141
On appelle matière du contrat ce qui est, en fait, son objet. L’objet du contrat est
l’opération juridique qui est envisagée par les parties au moment de sa conclusion,
telle qu’elle ressort de l’ensemble des droits et des obligations que le contrat fait
naître.
Du point de vue temporel, le contrat comporte une étendue. Par exemple, dans le
contrat de transport aérien de personnes, le contrat commence généralement avant
la mise en marche du véhicule et couvre les opérations d’embarquement et de
débarquement. Point de départ du contrat. Il se termine une fois les personnes
débarquées du véhicule.
Cette étendue comprend une durée. La période visée par le contrat de transport de
biens commence dès le moment où le transporteur prend en charge le bien et le
contrat prend fin par la délivrance du bien et non par l’arrivée à destination.
1142
Afin d’établir les bases prévues du rapport juridique qu’elles entendent créer et
d’éviter la fixation arbitraire d’un objet par la partie la plus favorisée, les parties
doivent se mettre d’accord sur la détermination de l’objet du contrat, par exemple
le prix. Dans la perspective de l’obligation contractuelle, le créancier doit savoir
ce qu’il peut réclamer et le débiteur, ce qu’il doit exécuter. C’est une règle de bon
sens que la common law appelle la certitude du contrat.
En outre, il ne faut pas confondre l’objet du contrat (l’ensemble des droits et des
obligations que fait naître le contrat étant le régime contractuel) avec l’objet de
chacune des obligations stipulées. Objet illégal, illicite, immoral du contrat.
10) Le contrat étant formalisé, c’est-à-dire étant rédigé d’une manière jugée
satisfaisante par les parties et étant en bonne et due forme, vient le temps de le
conclure. Celles-ci deviennent des contractants, des parties contractantes; celles
qui contractent avec elles sont des cocontractants. Du point de vue des promesses
auxquelles elles s’engagent dans le contrat, on les désigne sous le vocable de
promettants.
On ne peut pas dire des contractants qu’ils [sont sous contrat] quand on désire
exprimer le fait qu’ils entendent désormais être liés par contrat.
Si l’original du contrat est déposé auprès d’une autorité (avocat ou notaire) qui en
devient le dépositaire, on dit que ce document est la minute du contrat. Le
dépositaire pourra en remettre des copies ou des extraits.
que de sa remise en vigueur. Il prend effet étant conclu et passé dans le respect de
toutes les formalités prévues, mais il appartient aux contractants de fixer la date de
prise d’effet du contrat.
La preuve du contrat écrit est constituée par l’exemplaire signé du contrat qui
constate les engagements réciproques des contractants.
Un contrat est de bonne foi lorsque son exécution est fondée sur la bonne foi et la
loyauté des parties pour maintenir l’équité de la relation contractuelle. La mauvaise
foi d’une partie entraînera la nullité du contrat ou sa déchéance.
Le contrat peut être exprès (les parties font connaître ouvertement leur volonté de
contracter), tacite ou implicite (il faut déduire leur intention, les objets de l’entente
n’étant introduits dans le contrat que d’une façon moins explicite). Ne pas
confondre tacite et implicite. Est tacite ce qu’on peut déduire d’un comportement,
d’un fait. Implicite englobe, en plus, ce qui peut découler de la loi ou de la raison.
Il peut être verbal ou écrit, civil (il relève du droit civil) ou commercial (son objet
relève du commerce) judiciaire (l’accord des parties est conclu devant un juge),
forcé, imposé (cas où toutes les clauses sont fixées par une réglementation légale :
contrat d’assurance), ou paralégale (contrat d’adhésion).
requises ne sont pas remplies, la résiliation, acte unilatéral, ne peut produire ses
effets et le contrat se poursuit de plein droit, il subsiste. Si l’autre partie accepte
l’offre de résilier, le contrat prend fin à la date anniversaire de sa prise d’effet ou à
la date convenue d’un commun accord.
Autre distinction : le contrat résolu est réputé n’avoir jamais existé, tandis que le
contrat résilié cesse d’exister pour l’avenir seulement.
Quand une contrepartie est entière et indivisible et qu’elle est illicite, le contrat est
nul dans son intégralité (in toto). Quand elle est divisible et qu’une partie de celle-
ci est illicite, le contrat est nul pour autant (pro tanto). « Divisibilité du contrat. »
1147
Est indivisible le contrat dont la contrepartie est indivisible pour les deux parties
contractantes. La réalisation intégrale de la promesse par elles constitue une
condition préalable à la réalisation d’une partie quelconque de la promesse faite à
l’autre. Par conséquent, chaque fois qu’il y a accord de payer la somme stipulée, le
contrat est indivisible. Le contrat divisible est celui dont la contrepartie est, de par
ses modalités, susceptible de répartition par l’une ou l’autre partie de façon à
correspondre à la contrepartie non déterminée de l’autre, tel un contrat de payer
une personne pour la valeur de ses services pour autant qu’elle effectuera le travail
ou encore de payer un certain prix pour toute marchandise qui correspond à
l’échantillon accepté d’un commun accord.
Quand un contrat comporte plusieurs parties, qui peuvent être considérées comme
parties intégrantes de l’ensemble du contrat, le contrat est indivisible. Quand les
parties peuvent être considérées comme étant constituées de plusieurs contrats
distincts, indivisibles à un certain moment et exprimées dans le même acte
instrumentaire, mais non par ce fait constituées en un seul contrat, le contrat est
divisible. Toutefois, si la contrepartie est unique et indivisible, le contrat peut être
jugé comme étant indivisible, même si son objet peut être formé de plusieurs
choses distinctes et entièrement indépendantes.
On dit que le contrat est exécuté quand plus rien ne reste à faire par les parties et
que l’opération est terminée au moment où l’arrangement est conclu, que l’article
est vendu et livré et que paiement a été versé sur livraison. On dit alors que le
contrat est consommé. Mais, il est qualifié d’exécutoire quand quelque acte futur
doit obligatoirement être accompli avant qu’il ne soit considéré comme exécuté.
Seules les personnes parties au contrat peuvent intenter un recours fondé sur le
contrat. Cette règle s’appelle la règle de la relativité des contrats, encore appelée
principe de la relativité des conventions et principe de l’effet relatif du contrat;
elle est issue de l’adage latin selon lequel ce qui est conclu entre les uns ne peut
nuire ni profiter aux autres. En ce sens, le contrat ne produit aucun effet à l’égard
des tiers. « Le principe de la relativité du contrat entraîne l’inopposabilité du
contrat de sous-traitance au maître de l’ouvrage. » En common law, on parle en ce
sens de la connexité contractuelle. Voir CONTRACTUEL, point 5).
Ensuite, celle de la force obligatoire du contrat, qui s’impose tant aux parties
(respect de leur volonté initiale) qu’au juge (il ne peut modifier le contrat). On
parle de l’opposabilité des contrats dans la perspective de leur force obligatoire.
Les principaux recours judiciaires pour rupture de contrat sont les dommages-
intérêts (voir DOMMAGE) et l’exécution en nature ("specific performance") (voir
EXÉCUTION). En common law, ce second recours n’est accordé
qu’exceptionnellement, en vertu des règles d’equity.
Syntagmes
Contrat abrégé.
Contrat abusif.
Contrat accessoire.
Contrat administratif.
Contrat agricole.
Contrat aléatoire.
Contrat anéanti, mis à néant.
Contrat annulable.
Contrat annulé.
Contrat anticipé.
Contrat apparent.
1150
Contrat attributif.
Contrat authentique.
Contrat avantageux.
Contrat bilatéral.
Contrat caduc.
Contrat cessible.
Contrat cautionné.
Contrat civil.
Contrat clandestin.
Contrat collectif.
Contrat commercial.
Contrat commutatif.
Contrat complémentaire.
Contrat complexe.
Contrat conclu.
Contrat concurrentiel.
Contrat conditionnel.
Contrat confidentiel.
Contrat consensuel.
Contrat consenti.
Contrat contraire à l’ordre public.
Contrat constitutif.
Contrat construit.
Contrat corporatif.
Contrat couplé.
Contrat défectueux.
Contrat définitif.
Contrat dépendant.
Contrat déraisonnable.
Contrat désavantageux.
Contrat désavoué.
Contrat désintéressé.
Contrat détruit.
Contrat direct.
Contrat discutable.
Contrat disparu.
1151
Contrat dissimulé.
Contrat distinct.
Contrat domestique.
Contrat divisible.
Contrat économique.
Contrat écrit.
Contrat élémentaire.
Contrat enregistré.
Contrat escompté.
Contrat essentiel.
Contrat éteint.
Contrat exécuté.
Contrat exécutoire.
Contrat exempté de droits.
Contrat exigeant la plus grande foi.
Contrat existant.
Contrat exorbitant.
Contrat exprès.
Contrat extinctif.
Contrat extinguible.
Contrat ferme.
Contrat fiduciaire.
Contrat financier (à terme).
Contrat flottant.
Contrat forcé.
Contrat formaliste.
Contrat formel.
Contrat garanti.
Contrat général.
Contrat global.
Contrat gouvernemental.
Contrat hétérogène.
Contrat homogène.
Contrat hypothécaire.
Contrat illégal (quant à son exécution, à sa formation).
Contrat illicite.
1152
Contrat immoral.
Contrat implicite.
Contrat important.
Contrat impossible (à exécuter).
Contrat incessible.
Contrat inconditionnel.
Contrat inattaquable.
Contrat indépendant.
Contrat indexé.
Contrat individuel.
Contrat indivisible.
Contrat inexécutable.
Contrat inexécutoire.
Contrat informatique.
Contrat initial.
Contrat injuste.
Contrat innommé.
Contrat instantané.
Contrat interdit (par la loi).
Contrat intérimaire (à effet définitif, à effet provisoire).
Contrat international.
Contrat interne.
Contrat intéressé.
Contrat intuitu personae.
Contrat invalide (ab initio).
Contrat irréalisable.
Contrat judiciaire.
Contrat juste.
Contrat léger.
Contrat léonin.
Contrat lésionnaire.
Contrat licite.
Contrat litigieux.
Contrat lisible.
Contrat lourd.
Contrat lucratif.
1153
Contrat préliminaire.
Contrat prérédigé.
Contrat présumé.
Contrat primitif.
Contrat principal.
Contrat privé.
Contrat projeté.
Contrat proposé.
Contrat prorogé.
Contrat provisoire.
Contrat public.
Contrat pur et simple.
Contrat reconductible.
Contrat reconduit.
Contrat réduit.
Contrat réel.
Contrat réglementé.
Contrat renouvelable.
Contrat répartissable.
Contrat répétitif.
Contrat rescindable.
Contrat résiliable.
Contrat résilié.
Contrat résoluble.
Contrat résolutoire.
Contrat rural.
Contrat sauvage.
Contrat scellé.
Contrats concomitants (d’affrètement au voyage).
Contrat secret.
Contrat simple.
Contrat social.
Contrat solennel.
Contrat sommaire.
Contrat spécial.
Contrat spécifique.
1155
Contrat spéculatif.
Contrat standardisé.
Contrat stéréotype.
Contrat successif.
Contrat synallagmatique.
Contrat tacite.
Contrat terminal.
Contrat traditionnel.
Contrat translatif de propriété.
Contrat transmis.
Contrat type.
Contrat uniforme.
Contrat unilatéral.
Contrat usuraire.
Contrat valable (et inattaquable).
Contrat valide.
Contrat verbal.
Contrat de gage.
Contrat de garantie.
Contrat de garde.
Contrat de gré à gré.
Contrat d’indemnisation.
Contrat d’ingénierie, d’ingénierie-conseil.
Contrat de grossiste.
Contrat de jeu.
Contrat d’intégration.
Contrat d’intermédiaire.
Contrat d’investissement.
Contrat de licence (de brevet).
Contrat de location, de location-gérance, de location-vente.
Contrat de louage (d’immeuble, d’ouvrage, de service).
Contrat de maintenance.
Contrat de mandat.
Contrat de manutention.
Contrat de marchandage, de fourniture de main-d’œuvre.
Contrat de mariage.
Contrat de mise à disposition.
Contrat d’emploi.
Contrat d’emprunt.
Contrat de nantissement.
Contrat de négociation.
Contrat d’engagement.
Contrat d’entreprise.
Contrat d’entretien.
Contrat de pari.
Contrat de participation.
Contrat de particuliers.
Contrat de passage.
Contrat de patronage.
Contrat de plan.
Contrat de porte-fort.
Contrat de prestation de services, de matériaux.
Contrat de prêt.
1158
Contrat de prête-nom.
Contrat de prise ferme.
Contrat de privatisation.
Contrat de production (audio-visuelle).
Contrat de programme.
Contrat de progrès.
Contrat de promesse (unilatérale de vente) (de porte-fort).
Contrat de propriété intellectuelle.
Contrat de publicité.
Contrat d’équipement (agricole, industriel).
Contrat de recherche (à frais partagés).
Contrat de recherche-développement.
Contrat de référence, de référencement.
Contrat de réglementation.
Contrat de remorquage.
Contrat de réparation.
Contrat de représentation.
Contrat de réservation.
Contrat de salaire différé.
Contrat de satisfaction.
Contrat de sécurité.
Contrat de services (après-vente) (personnels).
Contrat de société.
Contrat de solidarité.
Contrat de sous-affrètement.
Contrat de souscription à forfait.
Contrat de sous-entreprise.
Contrat de sous-traitance.
Contrat de sous-vente.
Contrat de stabilité.
Contrat de sûreté.
Contrat d’État.
Contrat de transfert (de technologie).
Contrat de transport (maritime, de marchandises, de passagers).
Contrat de travail.
Contrat d’étude.
1159
Acceptation du contrat.
Administration du contrat.
Agencement du contrat.
Analyse du contrat.
Anéantissement, mise à néant du contrat.
Année (d’application) du contrat.
Annexe du contrat.
Annulation du contrat.
Apparition des contrats.
Application du contrat.
Approbation du contrat.
Aspect (consensualiste, patrimonial, volontariste) du contrat.
Audit du contrat.
Auteur, auteure du contrat.
Base du contrat.
Bénéficiaire du contrat.
Bien-fondé du contrat.
Cause (concrète, déterminante, impulsive, subjective) du contrat.
Certitude du contrat.
1160
Cessation du contrat.
Cession du contrat.
Chaîne du contrat.
Charte du contrat.
Classification des contrats.
Clause du contrat.
Conclusion du contrat.
Condition (d’exécution, de réalisation) du contrat.
Conditions (générales) du contrat.
Confection d’un contrat.
Confirmation du contrat.
Consommation du contrat.
Constatation du contrat.
Constitution du contrat.
Construction du contrat.
Contenu du contrat.
Contentieux du contrat.
Contrôle du contrat.
Copie du contrat.
Corps du contrat.
Coût du contrat.
Création du contrat.
Date (anniversaire) (de clôture) (de la prise d’effet) du contrat.
Décharge (conventionnelle, par effet de la loi) du contrat.
Dénaturation du contrat.
Dénégation de contrat.
Dénomination du contrat.
Dénonciation du contrat.
Déséquilibre du contrat.
Désignation du contrat.
Destruction du contrat.
Disparition du contrat.
Dispositif du contrat.
Disqualification du contrat.
Dissolution du contrat.
Diversification des contrats.
1161
Divisibilité du contrat.
Domaine du contrat.
Droit (anglais, américain, écossais, français) des contrats.
Droit (commun) du contrat, des contrats.
Droit positif du contrat.
Droits (d’enregistrement) du contrat.
Duplicata du contrat.
Durée (initiale) du contrat.
Échange de contrats.
Échéance du contrat.
Économie du contrat.
Effet (créateur, extinctif, translatif, rétroactif) du contrat.
Efficacité du contrat.
Élaboration du contrat.
Élément (constitutif, essentiel) du contrat.
Enregistrement du contrat.
Ensemble de contrats.
Entérinement du contrat.
Équilibre du contrat.
Essence du contrat.
Exécution (forcée) (en nature) du contrat.
Exemplaire du contrat.
Existence du contrat.
Exorbitance du contrat.
Expédition du contrat.
Expiration du contrat.
Extinction du contrat.
Faisceaux de contrats.
Fin du contrat.
Finalité du contrat.
Fondement du contrat.
Forçage du contrat.
Force (obligatoire) du contrat.
Formalisation du contrat.
Formation du contrat.
Formule type de contrat.
1162
Frais du contrat.
Gestion du contrat.
Indivisibilité du contrat.
Inexécution du contrat.
Immutabilité du contrat.
Imprévision du contrat.
Intention du contrat.
Intérêt du contrat.
Interprétation du contrat.
Intitulé du contrat.
Inviolabilité des contrats.
Juge du contrat.
Justice du contrat.
Liberté des contrats.
Lien des contrats.
Lisibilité du contrat.
Logique du contrat.
Loi du contrat.
Maintien du contrat.
Malformation du contrat.
Matière du contrat.
Minute du contrat.
Modalités (financières) du contrat.
Modification du contrat.
Moralisation du contrat.
Nature du contrat.
Négociateur, négociatrice du contrat.
Négociation du contrat.
Notion de contrat.
Nouveauté du contrat.
Nullité du contrat.
Objet du contrat.
Offre (publique) de contrat.
Option de contrat.
Passation du contrat.
Perfection du contrat.
1163
Perpétuation du contrat.
Portefeuille de contrats.
Pratique des contrats.
Préparation du contrat.
Prestation du contrat.
Preuve du contrat.
Principes (directeurs) du contrat.
Prise d’effet du contrat.
Prix (fixe, global, variable) du contrat.
Profit du contrat.
Projet de contrat.
Prolongation du contrat.
Promesse de contrat.
Propagation du contrat.
Prorogation du contrat.
Punctation du contrat.
Qualification, requalification du contrat.
Ratification du contrat.
Rattachement du contrat.
Réalisation du contrat.
Reconduction du contrat.
Rectification du contrat.
Rédacteur, rédactrice du contrat.
Rédaction du contrat.
Réduction du contrat.
Régime du contrat.
Réglementation des contrats.
Règne du contrat.
Relativité des contrats.
Renouvellement du contrat (en cours).
Répartition du contrat.
Répudiation de contrat.
Rescision de contrat.
Résiliation (conventionnelle, forcée) du contrat.
Révision du contrat.
Révocation du contrat.
1164
Accepter un contrat.
Acquérir un contrat.
Adjuger un contrat.
Agréer un contrat.
Anéantir, mettre à néant un contrat.
Annoter un contrat.
Annuler un contrat.
Antidater un contrat.
Approuver un contrat.
Atteindre l’essence du contrat.
Attribuer un contrat.
1165
Brûler le contrat.
Céder un contrat.
Clôturer un contrat.
Conclure un contrat.
Confier un contrat.
Confirmer un contrat.
Consentir un contrat.
Consommer un contrat.
Constater un contrat.
Constituer un contrat.
Créer un contrat.
Dater un contrat.
Déchirer un contrat.
Dédire un contrat.
Défaire un contrat.
Dénaturer un contrat.
Dénommer un contrat.
Dénoncer un contrat.
Désavouer le contrat.
Détruire un contrat.
Discuter un contrat.
Dissoudre un contrat.
Dresser un contrat.
Enregistrer un contrat.
Entériner un contrat.
Équilibrer, rééquilibrer un contrat.
Établir un contrat.
Éteindre le contrat.
Exécuter un contrat.
Exploiter un contrat.
Faire un contrat.
Faire disparaître un contrat.
Falsifier un contrat.
Forcer l’exécution du contrat.
Formaliser un contrat.
Garantir un contrat.
1166
Gérer un contrat.
Homologuer un contrat.
Honorer un contrat.
Interpréter un contrat.
Invoquer un contrat.
Libeller un contrat.
Maintenir un contrat.
Matérialiser un contrat.
Modifier le contrat.
Négocier un contrat.
Obtenir un contrat.
Octroyer un contrat.
Parachever le contrat.
Parfaire le contrat.
Passer un contrat.
Perdre un contrat.
Perpétuer un contrat.
Préparer un contrat.
Procurer un contrat.
Prolonger un contrat.
Proposer un contrat.
Qualifier, requalifier un contrat.
Ratifier un contrat.
Ravir un contrat.
Réaliser un contrat.
Recevoir un contrat.
Reconduire un contrat.
Rédiger un contrat.
Réduire un contrat.
Régir un contrat.
Régulariser un contrat.
Remplir un contrat.
Renouveler un contrat.
Répudier le contrat.
Rescinder le contrat.
Résilier un contrat.
1167
Résoudre un contrat.
Respecter un contrat.
Révoquer un contrat.
Rompre un contrat.
Sauver le contrat.
Se dédire du contrat.
Se dégager du contrat.
Se délier d’un contrat.
Se prévaloir d’un contrat.
Signer un contrat.
Solliciter un contrat.
Souscrire un contrat.
Suspendre un contrat.
Tenir un contrat.
Transférer un contrat.
Valider un contrat.
Vendre un contrat.
Vicier un contrat.
Contrat + à + substantif
1168
Contrat + à + infinitif
Contrat à exécuter.
Contrat à survenir.
Contrat à venir.
Contrat + en + substantif
1169
Contrat + INCOTERM
Contrat + locution
Phraséologie
Intervenir au contrat.
Le contrat dispose, stipule.
Le contrat lie, oblige les parties.
Le contrat se poursuit de plein droit.
Le contrat stipule des garanties conventionnelles.
Le contrat subsiste.
Les tiers au contrat.
Loi applicable au contrat.
Moyennant contrepartie fixe et valable.
Moyens d’exécution du contrat.
Obligations découlant, naissant, résultant du contrat.
Prendre l’initiative du contrat.
Principe de la liberté de contracter.
Principe de la relativité du contrat, de la connexité contractuelle.
Règles gouvernant le contrat.
Rendre le contrat invalide.
Sauf disposition, stipulation contraire du, dans le contrat.
Se porter partie au contrat.
S’établir par contrat.
Stipuler dans un contrat en faveur de qqn.
Suivant les dispositions de l’article 10 du contrat.
Tenir un droit du contrat.
Transférer des biens par contrat.
ö CLAUSE.
ö CONTRACTANT.
ö CONTRACTÉ.
ö CONTRACTUALISME.
ö CONTRACTUEL.
ö CONTREPARTIE.
ö CONVENTION.
ö DISPOSITIF.
ö DOMMAGE.
ö EXÉCUTION.
ö FICTION.
ö OFFRE.
ö OBLIGATION.
ö PASSATION.
ö PROMESSE.
ö RUPTURE.
ö SIGNATAIRE.
1173
ö SIGNATURE.
ö SOUSCRIRE.
CONTRAVENTION. CONTRAVENTIONNALISER.
CONTRAVENTIONNEL, ELLE. CONTREVENIR.
3) La contravention étant une infraction, on ne peut pas dire qu’une loi vient
[en contravention avec] un texte, mais qu’elle va à son encontre, qu’elle entre en
conflit avec lui, qu’elle y déroge.
contravention), soit une amende (due pour cette infraction : infliger, payer une
contravention), soit encore un document (portant le procès-verbal de la
contravention : formulaire de contravention, trouver une contravention sur son
pare-brise).
l’égard d’une infraction a été déterminée par le tribunal, soit par acceptation de
son plaidoyer de culpabilité, soit en la trouvant coupable. » La nouvelle version de
cette disposition a corrigé le calque [trouvé qqn coupable]; le législateur dit
maintenant : en la déclarant coupable. On parle aussi de l’auteur de l’infraction; le
terme infracteur est peu usité. Jeune contrevenant primaire. Contrevenante
d’occasion. Contrevenants présumés. Les contrevenants aux règlements.
Culpabilité, dissuasion, punition, redressement du contrevenant.
Syntagmes
Contravention administrative.
Contravention alléguée, anticipée.
Contravention commise, poursuivie, punie.
Contravention connexe à une infraction.
Contravention encourue.
Contravention essentielle du contrat.
Contravention impayée.
Contravention passible d’(un) emprisonnement.
ö CRIME.
ö DÉCRIMINALISATION.
ö DÉLIT.
ö INFRACTION.
CONTREDIRE. CONTREDIT.
Syntagmes
Auteur du contredit.
Copie du contredit.
Défendeur au contredit.
Délai du contredit, délai pour former contredit.
Formes du contredit.
Formules du contredit.
Irrecevabilité du contredit.
Jugement frappé de contredit.
Modalités du contredit.
CONTRE-ENQUÊTE.
ö ENQUÊTE.
La contrefaçon peut porter sur des monnaies (contrefaçon de monnaie), des billets
de banque (contrefaçon de billets), des sceaux de l’État (contrefaçon de sceau),
des signatures, des écritures (contrefaçon de signature, d’écritures), des clés
(contrefaçon de clé), des cartes de crédit (contrefaçon de carte), des ordonnances
médicales, des médicaments (contrefaçon médicale, médicamenteuse), des produits
ou des substances pharmaceutiques (contrefaçon pharmaceutique), des signaux
(contrefaçon informatique) et sur toutes autres formes de contrefaçon. Contrefaçon
dialectuelle, criminelle. Action en ou pour contrefaçon de brevet, de marque
déposée. Contrefaçon directe, préjudiciable. Combattre, lutter contre le fléau de la
contrefaçon. Se méfier des contrefaçons. Poursuivre quelqu’un en, pour
contrefaçon. Être condamné pour contrefaçon.
1180
Contrefaire est transitif direct; une liste partielle de ses compléments se trouve
dispersée tout au long du présent article. Acte, ouvrage contrefait. Monnaie
contrefaite, symboles de valeur contrefaits. Pièce de monnaie, monnaie de papier
contrefaite, billet de banque contrefait. Marque contrefaite. « La marque X est
contrefaite par la marque Y. »
On dit contrefaire, et non [forger], une signature, un chèque, mais il est correct de
dire forger un document, une relation des faits.
S’il s’agit d’un faux consommé aux fins de servir d’élément de preuve dans un
procès, on distingue le faux matériel du faux intellectuel. Dans le premier cas, le
document est physiquement falsifié ou altéré en tout ou en partie, comme dans la
fabrication d’une pièce ou d’une signature. La supercherie ne peut être mise au
jour que par un examen minutieux du document lui-même. « La fabrication d’une
pièce ou d’une signature, une addition, une suppression, une altération, une
radiation, un grattage, une surcharge, une lacération, la substitution d’un acte à
un autre, un changement même dans la ponctuation d’un acte, si le sens en est
changé, dénaturé ou modifié, sont autant de circonstances à l’aide desquelles le
faux matériel peut être consommé. »
Le faux matériel laisse des traces physique, tandis que le faux intellectuel ne laisse
aucune trace matérielle. « Le faux est dit matériel lorsqu’il se consomme par une
altération physique d’un écrit et laisse des traces corporelles. » « Le faux est dit
intellectuel lorsqu’il porte sur le contenu d’un acte et ne laisse aucune trace
matérielle. »
ö CONTREFACTEUR.
ö FRAUDE.
ö PIRATAGE.
d’un droit ou d’un fait ayant des conséquences juridiques. Elle invoque des
déclarations mensongères pour induire sciemment en erreur, forger ou établir des
documents faisant état de faits matériellement inexacts, commettant ainsi un faux :
fausse attestation, fausse déposition, fausse déclaration, faux certificat, faux
rapport d’expert, faux témoignage. Le faux témoin rend sous serment un faux
témoignage, un témoignage mensonger, contraire à la vérité.
La subornation est une forme d’incitation faite à un faussaire de réaliser des faux
pour qu’ils soient produits en justice. La dénonciation téméraire ou calomnieuse
émane souvent d’un faussaire qui a forgé de faux documents à l’appui de ses
prétentions. « Les faussaires ont fait des copies des certificats authentiques. » « La
faussaire était en outre la fournisseuse des faux passeports. » « Les faussaires
étaient experts dans la fabrication de faux billets de banque et dans l’imitation de
signatures. »
ö CONTREFAÇON.
ö FRAUDE.
ö SUBORNATION.
Un seing, des seings. Des contreseings, des sous-seings. Seing se prononce sein.
L’acte sous seing (privé), encore appelé par abréviation le sous-seing, se dit par
opposition à l’acte authentique. Il est passé entre particuliers, sous leur seule
signature (c’est en cela qu’il est sous seing privé), sans l’intervention d’un avocat
ou d’un notaire. Cette écriture sous seing privé est formalisée par la mention de la
date et de formules obligatoires. « L’acte sous seing privé, reconnu par celui
auquel on l’oppose, ou légalement tenu pour reconnu, a, entre ceux qui l’ont
souscrit et entre leurs héritiers et ayants cause, la même foi que l’acte
authentique. » Inventaire sous seing privé. Mandat donné, vente faite, procuration
accordée, état descriptif dressé par acte sous seing privé.
Préparer, signer un acte sous seing privé. « Les acquiescements sont dispensés
d’enregistrement s’ils sont donnés par acte sous seing privé ou par acte en
greffe. » Écrit sous seing privé. « La police d’assurance est un écrit pratiquement
toujours sous seing privé. »
ö BLANC-SEING.
ö SIGNATURE.
L’usage n’est pas fixé sur le nombre de ces mots : le pluriel supplante le singulier
chez les meilleurs auteurs et dans les grands dictionnaires.
Après un certain temps, le taux des surestaries peut augmenter; dans la pratique on
donne au nouveau tarif plus élevé le nom du contrestarie, contre-surestarie ou
sursurestarie. C’est la somme que l’affréteur du navire doit verser à l’armateur pour
chaque jour de retard additionnel (“demurrage” ou “additional demurrage” en
anglais) qui dépasse le nombre de jours convenus dans la charte-partie (voir ce
mot) pour effectuer le chargement et le déchargement. C’est, en quelque sorte, un
supplément du fret. Devoir, payer des surestaries. Y avoir contre-surestaries. Être
responsable des surestaries.
en connaître. »
ö CHARTE-PARTIE.
ö STARIE.
CONTRETEMPS.
1) La raison qui explique qu’on hésite devant l’orthographe de ce mot est qu’en
dépit du fait que l’agglutination soit généralement de rigueur en français lorsque
contre précède une consonne, les exceptions à la règle sont nombreuses tant dans
l’usage courant que dans le vocabulaire du droit : contre-caution, contre-dater,
contre-déclaration, contre-demande, contre-dénonciation, contre-gage, contre-
garantie, contre-lettre, contre-passation, contre-plainte, contre-prestation, contre-
prétention, contre-preuve, contre-projet, contre-promesse, contre-proposition,
contre-requête, contre-sceau, contre-sommation, contre-valeur.
2) Dans l’acception qui nous intéresse et par extension, un contretemps est une
sorte d’empêchement ou d’obstacle, une circonstance soudaine, un événement
imprévu, un accident ou un incident inopiné qui vient suspendre la suite à donner à
des mesures prises ou déranger la réalisation d’un projet. Droit exercé par
l’entrepreneur ou le prestataire de services à contretemps ou à un mauvais
moment pour le client.
Une controverse existe, porte sur, est soulevée au sujet de qqch., par exemple le
sens à donner à un mot, à une disposition. Il y a (une) controverse relativement à,
quant à qqch. On s’engage dans une controverse, on se prononce sur une
controverse qui oppose des experts, on tente de la trancher, de la régler, de la
1191
résoudre, d’y mettre un terme. Une question qui fait l’unanimité est hors de
controverse.
ö DÉBAT.
ö POLÉMIQUE.
1) Ces deux adjectifs, usités en matière criminelle dans les mêmes contextes,
sont-ils de parfaits synonymes ? Convaincu et coupable peuvent-ils être employés
de façon interchangeable, l’accusé qui est convaincu d’un crime par le tribunal
paraissant, à première vue, être coupable de ce crime? « Il a été convaincu
d’homicide involontaire coupable. » « Il a été déclaré coupable d’infanticide. »
« Le tribunal de police déclare l’accusé convaincu d’injure verbale. » « La Cour
supérieure du Québec a déclaré l’accusé coupable du crime de fabrication de
faux. »
2) Dans le langage juridique, la personne qui est convaincue d’un acte illégal
est celle dont la culpabilité a été prouvée. À l’infinitif, le verbe convaincre, pris en
cette acception, signifie amener le tribunal, une autorité, à reconnaître la
culpabilité de l’accusé et, de ce fait, à le déclarer coupable, la conviction étant,
dans cette perspective, la certitude qui résulte de la production de preuves
irrésistibles de la culpabilité reprochée.
Par conséquent, l’adjectif convaincu s’emploie selon deux points de vue : d’abord,
celui du tribunal, qui est convaincu (qui a l’intime conviction), de la culpabilité de
l’accusé, ensuite, celui de l’accusé, qui est convaincu du crime.
1192
7) Le terme convaincu pris en ce sens paraît n’être usité que dans le discours
juridictionnel ou, du moins, ne relever que de ce type de discours : la
1193
10) Dans une autre acception, il demeure entendu que la culpabilité est l’état de
l’individu convaincu d’avoir commis une infraction. Ainsi, l’individu convaincu,
au vu des preuves produites, de détournement de fonds ou d’abus d’influence est
coupable; sa reconnaissance de culpabilité et sa déclaration de culpabilité dans
l’énoncé des motifs de jugement précèdent immédiatement sa condamnation.
ö ABUS.
ö CONVAINCRE.
ö CONVICTION.
ö CULPABILITÉ.
ö DÉTOURNEMENT.
1194
CONVENIR. CONVENU.
2) Un inanimé peut être le sujet du verbe convenir. Ainsi, le Code civil français
dispose : « Les statuts peuvent convenir que cet agrément sera obtenu à une
majorité qu’ils déterminent. » Toutefois, puisque généralement ce sont des
1195
sens à donner à ce terme. » « Les lots sont faits par l’un des cohéritiers s’ils
peuvent convenir entre eux sur le choix, et si celui qu’ils avaient choisi accepte la
commission. »
7) Dans le style des contrats, il faut éviter la rupture syntaxique que produit la
suite des verbes convenir et s’engager (calque de l’anglais “to agree and
undertake”). On ne dira pas : « Les parties [conviennent] et [s’engagent] à
respecter les clauses suivantes. », mais : « Il est convenu entre les parties
contractantes qu’elles s’engagent à respecter les clauses suivantes. » ou : « Les
parties contractantes conviennent de leur engagement à respecter les clauses
suivantes. », ou autre tournure du genre.
8) Convenir s’emploie avec l’auxiliaire avoir ou être selon que l’on envisage
un état ou une action, le sens étant identique dans les deux cas. « Les parties ont
convenu que les engagements suivants seraient pris. » « Les parties sont
convenues des engagements suivants. » « Les parties sont convenues de ce qui
suit ». « Elles sont convenues comme suit ». « Elles sont convenues ainsi qu’il
suit. » Être convenu expressément.
Bien que la tendance actuelle dans la langue courante soit à l’emploi exclusif de
l’auxiliaire avoir pour les deux sens de ce verbe, il importe de préciser que, dans
l’usage soutenu, dans le style administratif et juridique, notamment dans les actes
officiels et dans les conventions, l’auxiliaire être, d’un emploi plus littéraire,
supplante largement l’auxiliaire avoir. « Il est convenu entre les parties
contractantes que la prise d’effet du présent acte aura lieu le 1er juin 2003. » À
moins que les parties n’en soient autrement convenues. S’il n’en est autrement
convenu. « Il faut se rappeler que la question en litige est, comme en sont
convenues les parties, de savoir si cette interprétation est juste et raisonnable. »
« Le greffier s’est adressé aux jurés en ces termes : ‘Mesdames et messieurs les
jurés, êtes-vous convenus d’un verdict ?’, et le président du jury a répondu : Oui. »
9) Le participe passé convenu s’emploie au sens de ce qui est établi par suite
d’un accord intervenu. Prix, somme, terme convenu. Selon la procédure convenue.
« L’emprunteur est tenu de rendre les choses prêtées en même quantité et qualité,
et au terme convenu. » « Le louage d’ouvrage est un contrat par lequel l’une des
parties s’engage à faire quelque chose pour l’autre, moyennant un prix convenu
1197
10) La locution comme convenu a été longtemps critiquée par les grammairiens
en raison de sa tournure elliptique; mais elle est parfaitement correcte. « Comme
convenu (= Comme il en a été convenu précédemment), nous ajournerons la
séance à 16 heures. » « Le contrat a été exécuté comme convenu »
(= conformément à ses stipulations).
11) Bien que ce qui est convenu soit effectivement ce qui a été décidé, convenu
signifie aussi ce qui est le résultat d’une convention sociale et peut comporter en ce
sens une valeur dépréciative. Par exemple, un langage convenu peut s’entendre
d’un langage artificiel (le quasi-synonyme de convenu étant en ce cas l’adjectif
conventionnel). On fera attention de ne pas faire apparaître cette ambiguïté en
tournant de telle façon à montrer que le sens de convenu est décidé et non artificiel,
banal ou même conventionnel.
CONVENTION.
2) Il faut dire que c’est beaucoup plus dans l’usage courant que l’on emploie
ces deux notions comme synonymes. En réalité, les juristes distinguent ces deux
institutions du droit en disant que la convention est le genre et le contrat, l’espèce.
Pour cette raison, le contrat et la convention sont tous deux définis, en droit civil,
le contrat devant répondre à un régime spécial en common law, comme un accord
de volontés destiné à produire des effets juridiques. La notion traditionnelle de
convention en fait d’ailleurs une sorte de contrat qui peut avoir pour effet de
modifier ou d’éteindre des obligations, ou encore de constituer, de transférer, de
modifier ou d’éteindre des droits réels. De là, par exemple, la convention
d’extinction de contrat (“agreement to discharge a contract”) en common law ou
encore la convention sous réserve de contrat (“agreement subject to contract”).
par rapport au contrat (“contract”) est le genre parce que ses effets pourront être
différents de ceux qui résulteront du contrat. Ainsi, on dira que la vente, comme
opération juridique, est une convention par laquelle l’un s’oblige à livrer une chose
et l’autre, à la payer. Dans le cadre de cette convention, un contrat de vente pourra
s’élaborer et intervenir. D’un point de vue moins formaliste, il convient de le faire
remarquer, on ramène plus simplement cette distinction à une question d’usage,
contrat et convention pouvant s’employer indifféremment, disent certains.
Selon l’article 1134 du Code civil français, « Les conventions légalement formées
tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites. » La même règle est énoncée dans le
cas du contrat, qui tient lieu de loi à ceux qui l’ont conclu. Si on peut appliquer la
même conception à la convention et au contrat, linguistiquement la même
syntagmatique s’appliquera, pour l’essentiel, aux deux notions. Aussi les
syntagmes énumérés à la fin de l’article CONTRAT seront-ils souvent les mêmes
pour la convention, et il ne sera pas utile de les répéter tous. On se reportera au
premier pour compléter le présent article.
3) D’un autre point de vue, la convention prend une autre acception et peut être
conçue comme faisant partie du contrat : la convention d’arbitrage est considérée
comme une convention distincte des autres clauses du contrat de travail.
1199
[informelle], mais non formaliste. La convention informelle, quant à elle, est celle
qui ne respecte pas toutes les formalités de l’établissement d’une convention,
n’étant pas en bonne et due forme.
La convention prescrit un moment pour réaliser son objet ou elle peut reporter
cette réalisation.
Elle établit des modalités, des conditions. Elle peut fixer, réduire, proroger un
délai. Elle peut aussi être muette, silencieuse sur une question.
Elle est régie par la loi applicable dans le lieu où elle est conclue et précise le
régime du contrat dans lequel elle est énoncée.
terme, qu’on ne peut excéder (« La convention qui excède trente ans est réduite à
cette durée »), sauf renouvellement, prolongation, prorogation par reconduction,
tacite ou expresse.
7) Par métonymie, la convention est aussi l’écrit même qui constate l’accord
intervenu entre les parties. On peut considérer aussi le cas de l’ellipse du mot texte
dans des tournures comme avoir la convention en main et soumettre la convention
à l’examen du tribunal.
L’acte authentique fait foi de la convention, laquelle bénéficie aux parties qui la
concluent.
8) La convention peut être conclue par erreur, violence ou DOL. Elle peut être
opposable aux tiers.
On dit qu’elle lie, qu’elle oblige les parties, qu’elle est obligatoire, qu’elle a force
obligatoire (“binding agreement”) pour marquer son obligatoriété (“binding
character”), qu’elle est juridiquement obligatoire (“legally binding agreement”) ou
que l’obligation qu’elle impose est juridiquement contraignante (“legally binding
obligation”) pour marquer qu’elle doit être nécessairement exécutée par les parties
conformément au droit ou à la loi.
La convention est dite exécutée (exécution de la convention) lorsque son objet est
mis en œuvre ou réalisé. Elle oblige non seulement à ce qui y est exprimé, mais
aussi à toutes les suites que l’équité, l’usage ou la loi donnent obligation d’après sa
nature. Normalement, le défaut d’exécution, donne lieu à réparation. « Le défaut de
remise des titres autorise le cessionnaire à demander exceptionnellement la
résolution de la convention. »
1202
Elle est nulle de plein droit lorsqu’elle n’est pas conclue en bonne et due forme,
qu’elle ne respecte pas les droits des parties ou qu’elle enfreint les règles du droit.
Pour ne pas être déclarée entachée de nullité, elle doit être légalement formée.
10) En ce qui concerne la question du trait d’union reliant des substantifs tels
que cadre ou type constituant une apposition pour former des noms composés,
l’usage n’est pas fixé dans le cas de la convention (-) cadre, même si la plupart des
auteurs mettent le trait d’union comme on le fait pour loi-cadre. Convention cadre
pour la sauvegarde du climat. Convention-cadre sur la protection des minorités
nationales. Pour le cas du mot convention type, des auteurs hésitent encore, mais
généralement on ne met pas le trait d’union : une convention type, des conventions
types. Convention type de sauvegarde.
11) Dans les rapports qu’il entretient avec d’autres États, un État doit respecter
les conventions conclues avec eux. Ces conventions sont bilatérales lorsqu’elles
n’intéressent que deux États signataires ou contractants (Convention entre le
Canada et les États-Unis d’Amérique en matière d’impôts. Convention Canada-
Québec sur le fleuve Saint-Laurent) et multilatérales ou plurilatérales lorsqu’elles
intéressent plus de deux États (Convention multilatérale interdisant les armes
chimiques).
Même s’il n’existe pas de forme particulière quelconque pour les conventions
internationales, la Convention de Vienne sur le droit des traités de 1980 limite la
portée des conventions internationales aux accords établis par écrit entre les États.
Dans le préambule, les États parties à la Convention énoncent les grands principes
sur lesquels reposent les dispositions conventionnelles. Chaque énoncé, précédé
par la formule Les États parties à la présente Convention, commence généralement
par un verbe au participe présent ou par une locution participiale (considérant,
reconnaissant, rappelant, ayant présent à l’esprit le fait que), l’ensemble de ces
considérants ou de ces attendus se terminant par la formule usuelle sont convenus
de ce qui suit (voir CONVENIR), ce qui permet d’éviter la rupture syntaxique ou
l’anacoluthe que produirait une expansion se trouvant placée en tête de phrase
devant des éléments auxquels elle ne se rattacherait pas. Le sujet des participes
présents formant les considérants doit être énoncé pour ne pas créer une
discontinuité syntaxique qu’entraînerait une formulation comme celle-ci :
« Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de
la famille humaine est l’un des fondements de la liberté, de la justice et de la paix
dans le monde, [la présente Convention]... », puisque ce sont les États signataires
qui sont le sujet du participe et non la convention elle-même.
La convention est formée d’une partie principale, qui contient les dispositions ou
les clauses essentielles rédigées généralement sous forme d’articles divisés en
parties, chapitres ou sections, numérotés consécutivement à partir de l’article
premier (jamais l’article [un]) et de clauses finales.
La réserve est une déclaration unilatérale que fait un État en signant ou en ratifiant
une convention multilatérale, ou en y adhérant, et par laquelle il vise à exclure ou à
modifier l’effet juridique de certaines dispositions de la convention dans leur
application à cet État. « Aucune réserve incompatible avec l’objet et le but de la
présente Convention n’est autorisée. »
Syntagmes
Convention accessoire.
Convention additionnelle.
Convention alimentaire.
Convention alléchante.
Convention amalgamée.
Convention amiable, à l’amiable.
Convention annexe.
Convention annuelle (de services).
Convention antérieure (au bail).
Convention bancaire.
Convention bilatérale.
Convention collective (de travail).
Convention commerciale.
Convention complémentaire.
Convention concordataire.
Convention conditionnelle.
Convention connexe.
Convention consensuelle.
Convention constitutionnelle.
1207
Convention consulaire.
Convention définitive.
Convention directrice.
Convention distincte.
Convention douanière.
Convention dynamique.
Convention écrite.
Convention européenne.
Convention exécutoire.
Convention exorbitante.
Convention expresse.
Convention extérieure.
Convention extinctive.
Convention fermée.
Convention fiscale.
Convention formaliste, convention non formaliste.
Convention formelle, convention informelle.
Convention fusionnante.
Convention générale.
Convention habilitante.
Convention hypothécaire.
Convention immobilière.
Convention implicite.
Convention interaméricaine.
Convention intergouvernementale.
Convention internationale.
Convention locative.
Convention maritime.
Convention matrimoniale.
Convention militaire.
Convention mixte.
Convention modifiable.
Convention modifiée.
Convention mondiale.
Convention monétaire.
Convention multilatérale.
1208
Convention multipartite.
Convention mutuelle.
Convention négociable.
Convention nouvelle.
Convention nulle (et de nullité absolue).
Convention obligatoire.
Convention oppressive.
Convention orale.
Convention ouverte.
Convention particulière.
Convention pertinente.
Convention pluripatronale.
Convention principale.
Convention privée.
Convention provisoire.
Convention quadripartite.
Convention réciproque.
Convention régionale.
Convention renouvelable.
Convention résoluble.
Convention restrictive.
Convention salariale.
Convention secondaire.
Convention semi-mensuelle, semi-trimestrielle.
Convention subsidiaire.
Convention supplémentaire.
Convention syndicale.
Convention tacite.
Convention tarifaire.
Convention transitoire.
Convention tripartite.
Convention type.
Convention unanime (des actionnaires).
Convention unilatérale.
Convention unique.
Convention universelle.
1209
Convention valable.
Convention valide.
Convention verbale.
Convention-cadre.
Convention-pirate.
Phraséologie
ö ACCORD.
ö CLAUSE.
ö CONTRAT.
ö CONVENIR.
ö CONVENTIONNEL.
ö CONVENTIONNELLEMENT.
ö DÉCLARATION.
ö DOL.
ö PACTE.
ö PROTOCOLE.
ö TRAITÉ.
ö CONVENTION.
CONVENTIONNEL, ELLE.
Le mot conventionnel qualifie ce qui est relatif à une convention conclue par le fait
de la volonté des parties et non du fait de la loi. Acte, arbitrage, droit, régime,
usage conventionnel, indivision, obligation, représentation, situation, subrogation
conventionnelle. En ce sens, conventionnel se dit par opposition à légal. « Le
régime matrimonial, qu’il soit légal ou conventionnel, prend effet du jour de la
célébration du mariage. » Changement conventionnel ou légal de régime. « La
subrogation dans les droits du créancier au profit d’une tierce personne qui les
paie est ou conventionnelle ou légale. » « Exception conventionnelle ou légale à
1216
une règle. » Par effet de la loi ou par une stipulation conventionnelle. Taux
d’intérêt conventionnel ou légal. Évaluation légale ou conventionnelle des
dommages-intérêts.
Est conventionnel ce qui résulte du consentement des parties dans le cadre exprès
d’une convention, d’un accord. « Le régime de séparation conventionnelle de biens
s’établit par la simple déclaration faite à cet effet dans le contrat de mariage. »
Mais à conventionnels et légaux s’ajoutent les faits de droit qui sont judiciaires (du
fait des tribunaux) ou naturels (du fait de la nature). Ainsi l’obligation peut être
légale (elle est prescrite par la loi), naturelle (cas, par exemple, de la prestation
d’aliments entre frères et sœurs) ou conventionnelle (cas, par exemple, du
remplacement à neuf d’un bien détruit effectué en vertu d’un contrat d’assurance).
Dans le droit des obligations, la compensation, qui est l’extinction des obligations
entre personnes mutuellement créancières et débitrices, peut être conventionnelle
(elle résulte de la convention des parties), légale (elle s’opère de plein droit par
l’effet de la loi), ou judiciaire (elle résulte d’une décision de justice).
Dans le droit des obligations contractuelles de common law, les parties peuvent
prévoir d’avance les sommes qu’il y aura lieu de payer en cas d’inexécution; ces
sommes sont des dommages-intérêts conventionnels (“agreed damages”), lesquels
se distinguent, notamment, des dommages-intérêts judiciaires (“unliquidated
damages”), que fixe le tribunal, et des dommages-intérêts légaux, encore appelés
dommages-intérêts d’origine législative (“statutory damages”), qui sont établis par
une disposition de la loi.
Dans le droit des biens réels en régime de common law, le domaine viager
conventionnel (“conventional life estate”) est opposé au domaine viager légal
(“legal life estate”) ou domaine viager par effet de la loi (“life estate by operation
of law”) : le premier naît de l’action volontaire d’une personne dans le cadre d’une
convention, tandis que le second naît automatiquement, sans intervention
volontaire, généralement à la suite du décès d’un des conjoints.
Il faut bien distinguer ce qui est conventionnel (qui résulte d’une convention) de ce
qui est CONSENSUEL (qui résulte du consentement des intéressés).
ö CONSENSUEL.
CONVENTIONNELLEMENT.
ö CONVENTION.
ö CONVENTIONNEL.
CORRECTIONNALISATION. CORRECTIONNALISER.
ö DE -.
ö DÉCRIMINALISATION.
C.R.
2) Dans la langue des affaires et en droit commercial, l’abréviation c.r. (ou CR)
signifie contre remboursement (“C.O.D.” en anglais pour “cash on delivery”). On
dit aussi payable à la livraison.
1220
Cette mention sur une facture indique que le consignataire doit payer au
transporteur au moment de la livraison le produit qu’il a acheté.
CRÉNEAU.
Créneau prend l’accent aigu. Au pluriel : des créneaux. Le mot créneau désignant
au sens concret une ouverture dans un parapet, une forme que présente un vide
entre deux pleins, il a pris par extension un sens élargi, concret ou abstrait, pour
désigner tout espace, intervalle de temps, place disponible. Aussi s’emploie-t-il
dans différents domaines qui intéressent le droit : le droit des entreprises, le
vocabulaire de l’économie et du commerce, le droit de l’information, de la
publicité ou, plus généralement, du travail, et le droit de la circulation routière.
1) Un texte est lacunaire s’il comporte des vides, des trous, des espaces blancs
qu’on laisse le soin au lecteur de combler. L’étudiant en droit qui se livre à des
exercices lacunaires dans son cours de droit est invité à remplir les espaces laissés
dans des phrases incomplètes en indiquant les mots justes qui manquent.
L’adjectif lacunaire a ce sens concret, mais, pour sa part, lacuneux a une valeur
figurée et un sens abstrait, ce qui explique pourquoi des juristes le préfèrent au
précédent pour qualifier ce qui se rapporte à la lacune dans le droit ou dans la loi.
Telle loi est lacuneuse, tel système de droit est lacuneux s’il révèle une absence de
norme ou de règle nécessaire pour régler un cas d’espèce.
Il conviendrait de faire une nuance entre une loi (volontairement) lacunaire, qui ne
1222
prévoit pas tout dans le moindre détail, et une loi (involontairement) lacuneuse ou
défectueuse. Cette nuance fait nettement apparaître que lacunaire a un sens neutre
par contraste avec lacuneux.
Cette concurrence que se livrent les deux adjectifs est favorisée par un usage qui ne
fait pas suffisamment apparaître une distinction plus nette et mieux établie entre
eux, ce qu’attestent, d’ailleurs, les dictionnaires généraux, quoiqu’ils mentionnent
que lacuneux dans la langue usuelle soit vieux.
2) Les lacunes en droit ou les lacunes du droit (éviter de dire les lacunes [de]
droit) visent les cas où le droit ou la loi ne prévoient pas de principe ou de norme
susceptible de régler un cas donné ou une situation particulière. La lacune
juridique (on dit en anglais, selon les contextes, "lacunae", "legal blank", "legal
leak", "legal loophole", "gap in the law" ou "missing link") est donc un vide, un
manque, à la rigueur une insuffisance, mais non une obscurité. On peut la
considérer soit comme l’absence de disposition légale applicable, soit comme un
cas non prévu par la loi, mais qui devrait l’être. « Les lacunes du droit peuvent être
révélées dans toutes les situations qui ont normalement vocation à être couvertes
par le droit et qui, pourtant, ne le sont pas. » Dans la perspective sociologique,
pour ne citer que cet exemple, il y a lacune du droit dans tout ce que recouvre le
non-droit.
Si tous les juristes ne s’entendent pas sur l’existence des lacunes du droit – certains
invoquant la théorie de la plénitude du droit pour affirmer que le droit ne peut
souffrir l’existence d’une lacune puisqu’il forme un système complet et clos tout à
fait étranger à la réalité des lacunes –, en revanche, tous reconnaissent comme
allant de soi la présence des lacunes dans les lois puisque l’ordre législatif
comporte inévitablement des lacunes, le législateur ne pouvant, ce qui est naturel,
tout prévoir. Lacunes permettant d’échapper aux effets de la législation fiscale.
Lacune législative.
1223
3) Les lacunes sont qualifiées de vraies quand les règles ou les normes
manquent; on dit alors que ce sont des lacunes subies. Les fausses lacunes portent
sur des règles ou sur des normes qui existent, mais qui ne sont pas propres à régler
les cas dont on recherche les solutions; ces lacunes sont créées. « Nous disons
généralement qu’il y a lacune du droit (ou encore lacune en droit) lorsque manque
dans un ordonnancement juridique une norme dont le juge puisse faire usage pour
résoudre un cas déterminé [...] lorsque la règle figurant dans l’ordonnancement
juridique pour résoudre un cas déterminé n’apparaît pas opportune, satisfaisante
ou juste. » Étude des lacunes. Théorie des lacunes juridiques. Existence des
lacunes dans l’ordre juridique.
Des auteurs distinguent les lacunes proprement dites (par exemple, la loi institue
une action sans indiquer quel tribunal est compétent pour la juger, ou elle impartit
un délai sans fixer le point où il commence à courir) des prétendues lacunes (qui
consistent en des insuffisances de réglementation, lesquelles permettent au juge de
se substituer au législateur et de créer du droit).
Cette entrée en matière fait apercevoir que différentes classifications des lacunes
existent. Outre la distinction usuelle entre lacune volontaire (infra legem) et lacune
involontaire (praeter legem), on trouve chez les philosophes de la théorie du droit,
les logiciens et les juristes de véritables théories des lacunes. Celle qu’Amadeo G.
Conte a élaborée (1968) permettra d’avoir un aperçu et de se faire une idée de la
perspective adoptée dans ce type de réflexion et d’apprécier son intérêt pour la
jurilinguistique dans le rapport qu’elle entretient avec la logique et la pensée
juridiques de même qu’avec l’argumentation juridique.
5) L’expression lacune de la loi est une métaphore qui recouvre trois notions
différentes : la lacune logique (cas de l’existence d’une antinomie en droit, cas de
la lacune par contrariété : par exemple, un système de droit contient une règle qui
ordonne de faire une chose et une règle qui interdit de faire cette chose), la lacune
axiologique (cas de la lacune de lege ferenda : par exemple, dans le domaine des
règles d’organisation, il y a institution d’une révocation, mais absence de règles
d’organisation construisant la procédure de l’acte de révocation) et la lacune de
construction (cas de la discordance du droit et du système des valeurs accepté,
prétexte qui permet de ne pas appliquer une règle instituée par le législateur parce
qu’elle conduit à des décisions manifestement injustes ou déraisonnables).
7) Les juristes établissent une distinction entre les creux du droit et la matière
particulière des lacunes. Tandis que les creux apparaissent par suite de la
technicisation et de la socialisation et impliquent un droit à refaire en raison de
l’évolution et de la mutation sociale, portant de ce fait sur des matières qui existent
déjà, mais qui sont dépassées par le temps, les lacunes, au contraire, se rapportent à
des normes qui n’existent pas dans le droit et qu’il faut s’empresser de combler.
Les creux portent sur les principes et sur les systèmes à repenser : ils invitent au
renouvellement du droit; les lacunes obligent à la construction du droit par le
comblement des vides constatés. « Le juge peut combler les lacunes, mais non les
creux, qui exigent une action du législateur. »
8) Les juristes qui entreprennent l’étude des lacunes élaborent leurs analyses
dans le cadre général des techniques législatives et de l’argumentation juridique,
ainsi que dans la perspective de la pensée et du raisonnement juridiques.
Puisque la lacune en droit entretient des rapports étroits avec le thème du silence
de la loi, se reporter à l’article SILENCE pour un complément d’information.
ö ESPRIT.
ö NON-DROIT.
ö SILENCE.
ö VIDE.
ö FORENSIQUE.
ö PÉNALISTE.
CRISTALLISATION. CRISTALLISER.
Termes venus des sciences biologiques, ils décrivent l’action ou le fait (ou
l’aptitude) d’amener une substance à l’état de cristaux (on trouve souvent la forme
fautive [crystaux] sous l’influence de l’anglais), de donner à ce corps solidifié la
contexture régulière des cristaux.
Le créancier est dépourvu de garantie sur les biens personnels grevés si la charge
flottante n’est pas cristallisée par la nomination d’un séquestre. Déclaration de
cristallisation (et avis de nomination de séquestre). Opérer, provoquer la (une)
cristallisation. « L’ordre de priorité n’est pas déterminé lors d’une cristallisation
provoquée par le débiteur par avis. »
En droit québécois, cette sûreté de common law n’existant pas, la doctrine préfère
utiliser une terminologie différente pour décrire une situation juridique apparentée.
1229
Ainsi, dans le droit des contrats, les parties ayant conclu une opération
commerciale entreprennent de cristalliser leurs droits et obligations respectifs aux
termes d’une convention juridique en vertu de laquelle elles seront liées. En outre,
la bonne foi contractuelle a pour rôle de cristalliser l’exigence de collaboration
nécessaire à l’exécution du contrat. « Par ce contrat de prêt, les parties entendent
cristalliser le taux d’intérêt. »
Dans le droit en général, la cristallisation se dit souvent des droits, des règles, des
principes, des méthodes (« Ce rapport cristallise la méthode que nous avons suivie
depuis plusieurs années »), des situations, des positions, des revendications qui se
fixent de façon certaine, définitive et irrévocable. « Les conséquences de l’article
2602 du Code civil entraînent la cristallisation des droits de la victime au jour du
sinistre. » On dit aussi qu’un texte, la Charte canadienne des droits et libertés par
1230
La formule de style sous toutes réserves (“without prejudice” en anglais) que l’on
trouve au bas d’un acte de procédure ou au haut d’une lettre envoyée à un client,
n’a pas le même sens dans chacun des cas (voir RÉSERVE); elle sert à indiquer, dans
le premier cas, que les conclusions déposées en justice par l’avocat ne cristallisent
pas la position du plaideur, c’est-à-dire qu’elles ne fixent pas irrévocablement le
terrain du débat, alors que la mention sous toutes réserves dans un contrat ou dans
la correspondance indique que l’obligation ou la responsabilité de l’auteur du
document ou des parties contractantes ne sont pas cristallisées définitivement.
ö CHARGE.
ö CLÔTURE.
ö RÉSERVE.
1231
CRITIQUABLE.
Le barbarisme [criticable] vient de l’analogie que fait l’esprit avec tous les mots
français dont la syllable finale est telle.
L’adjectif critiquable s’écrit avec qu, comme le verbe dont il dérive. Forme, règle,
terme critiquable. Être critiquable à un point de vue. « Cet arrêt est critiquable au
point de vue des principes. »
S. CYBERESPACE.
CYBERS
1) Le préfixe cyber- est un mot base qui sert à créer au moyen de mots existants
des composés S le plus souvent soudés et non reliés par un trait d’union S et leur
dérivés se rapportant à l’ensemble des réseaux télématiques que constitue le réseau
Internet. Tout ce qui existe dans Internet (on dit aussi dans l’Internet, ce mot
s’écrivant aussi avec la minuscule dans l’usage actuel) ou qui touche directement à
Internet peut se prêter à ce procédé de formation néologique. Cybercafé,
cyberconférence, cyberculture, cybermarché, cybersécurité.
5) On appelle cyberespace l’espace virtuel des ordinateurs reliés entre eux par
des réseaux télématiques. Le droit considère le cyberespace comme un milieu
global d’intérêt puisqu’il forme un environnement dans lequel se produisent des
événements qui entraînent des conséquences juridiques diverses.
De plus en plus d’infractions cybernétiques sont sanctionnées par les lois et les
codes criminels tels le méfait à l’endroit des données informatiques, l’utilisation
non autorisée d’un ordinateur et la possession de moyens permettant de recourir à
ses services.
D
DATIF, IVE.
1) Cet adjectif vient du latin impérial juridique dativus (qui est donné), qui
qualifiait aussi bien l’institution de la tutelle que le tuteur lui-même. L’étymologie
dativus - dare (donner) explique l’apparition en français juridique d’un autre
terme : dation (voir ce mot).
2) Issu du droit civil, datif signifiait d’abord ce qui est donné, établi, institué,
nommé par testament. Il s’emploie aujourd’hui à propos d’une charge que le juge
peut conférer ou de son titulaire; plus précisément, il qualifie ou bien le curateur, la
curatrice ou le tuteur, la tutrice à qui le tribunal confie la charge de la curatelle ou
de la tutelle (droits et obligations du curateur datif, du tuteur datif), ou bien la
curatelle ou la tutelle ainsi déférée judiciairement (désignation d’une curatelle
dative, ouverture de la tutelle dative, exercice des tutelles datives).
Selon la règle prescrite par le droit antérieur, toutes les tutelles étaient datives; le
droit nouveau prévoit dorénavant qu’elles peuvent être légales. La tutelle légale
1235
résulte de la loi, tandis que la tutelle dative est celle que défèrent les père et mère
du mineur ou le tribunal. La tutelle testamentaire est considérée comme dative.
Conversion des tutelles datives conférées sous l’ancien droit en tutelles légales.
ö CURATELLE.
ö DATION.
ö TUTELLE.
Le préfixe négatif de- devient dé- ou dés- lorsqu’une voyelle au début du mot pris
pour racine ferait hiatus. Il n’a pas toujours la même valeur : il peut servir à former
des mots en exprimant les idées de privation, de cessation ou de négation. Il forme
des néologismes appartenant à diverses activités humaines : la déclergification est
l’action de priver l’Église de son caractère clérical ou, du moins, d’atténuer ce
caractère, ou le résultat de cette action; la décohabitation est l’opération qui tend à
mettre fin au fait pour un certain nombre de personnes qui ne sont pas de la même
famille de cohabiter en un même lieu par la construction et la mise à disposition de
logements adaptés à leur destination; la déconsommation est l’état qui crée une
baisse de la demande de biens et de services; la déhiérarchisation est l’action de
suspendre temporairement ou définitivement l’organisation hiérarchique d’un
ensemble, d’une entreprise, ou d’abolir systématiquement les hiérarchies; la
1236
départisation est l’action dont l’objet est d’affaiblir le rôle des partis politiques et
de diminuer l’intérêt que lui porte la population; la déségrégation est la
suppression de toute forme de ségrégation, notamment raciale; la désincarcération
est l’opération qui, dans la langue technique du sauvetage, consiste à libérer les
victimes d’un accident bloquées dans un véhicule ou sous un éboulis; la
désinformation est l’action de tenir le public dans l’ignorance d’un problème ou
d’une situation; et la désyndicalisation est la réduction du recrutement des
membres et l’atténuation de la conscience syndicale des travailleurs et des
travailleuses.
Au cours des trente dernières années, la langue du droit a senti la nécessité de créer
certains dérivés parasynthétiques de ce type afin de mieux décrire des réalités
juridiques nouvelles. Voir, à ce sujet, DÉCRIMINALISATION.
ö BUDGET.
ö DÉCRIMINALISATION.
DEBELLATIO.
Formé sur le mot latin bellum ou guerre, et plus précisément dérivé de de bellare
(terminer la guerre en vainqueur), debellatio se prononce dé-bel-la-sio. Il se met en
italique ou entre guillemets, selon que le texte est imprimé ou manuscrit. Si le texte
est en italique, le mot est en caractère romain.
Utilisé uniquement dans les textes de droit international public, debellatio évoque
l’idée de la conquête par les armes du territoire d’un État aboutissant à son
anéantissement. C’est, d’après la théorie classique, laquelle, selon les auteurs,
appelle des précisions importantes et des réserves, l’acquisition complète d’un
territoire effectuée à la suite d’opérations militaires, lorsque l’État vaincu disparaît
et l’État vainqueur établit sa souveraineté sur l’ensemble du territoire qui relevait
de cet État. Debellatio d’un État par un autre État. Tentative de debellatio. Échec
de la tentative de debellatio du Koweit par l’Irak en 1990.
Pour que l’on puisse parler proprement de debellatio, ou pour qu’elle se produise,
il faut non seulement que la lutte soit terminée (sinon on dit qu’il y a occupation) et
que le gouvernement ait disparu, mais encore qu’il y ait volonté d’incorporer ou
d’annexer le territoire. Ainsi, en cas d’anéantissement de l’ennemi et de disparition
de ses autorités, l’extinction de la personnalité internationale de l’État par la
destruction de son appareil étatique, ou debellatio, met le vainqueur en mesure
d’annexer la totalité de son territoire, par un acte nécessairement unilatéral.
vainqueur a invoqué la debellatio pour tirer à son profit toutes les conséquences
de la prétendue disparition de l’État occupé. »
Ce débouté au fond, ainsi dénommé du fait que le rejet prend appui sur l’examen
du droit substantiel invoqué par le plaideur, devient un débouté d’appel en cas de
rejet de la demande formée en appel ou un débouté d’opposition s’agissant de tout
autre recours. Prononcer un débouté. « Pour les motifs qui précèdent, notre Cour
doit prononcer le débouté. » « Par ces motifs, la Cour dit X recevable, mais étant
mal fondé en son appel, l’en déboute. »
La décision qui rejette la demande pour tout autre motif que son mal-fondé ne peut
s’appeler un [débouté] en dépit d’un certain usage critiquable qui étend le débouté
à toute décision de justice rejetant une demande pour quelque motif que ce soit.
[comme mal fondés]; on se limitera à dire qu’il convient de débouter les époux X
de leur demande.
Il importe de noter, cependant, que l’on tend à réserver l’emploi du mot décideur
ou du mot décideuse à la personne qui prend des décisions en toutes matières et du
mot décisionnaire à un organisme (l’organisme décisionnaire, le décisionnaire) ou
à un groupe qui prend des décisions de nature politique et administrative. Par
exemple, le décisionnaire fédéral est l’autorité fédérale qui délivre les
autorisations nécessaires à la réalisation d’un projet ou l’autorité qui est chargée de
la gestion d’une exploitation quelconque ou qui en est le promoteur. Ce pourra être
le ministre ou son représentant. « Le comité de direction notifie au ministre de
l’Environnement toute proposition qui lui est soumise visant un projet de
développement qui relève d’un décisionnaire fédéral. » Décisionnaires d’un projet
de développement.
Au sein des organismes privés, l’agent décideur aura le dernier mot dans la
décision prise. Ce qui n’est pas le cas de l’arbitre qui préside un tribunal
administratif, lequel s’appelle lui aussi agent décideur. « Il s’agit d’une demande
d’autorisation formée à l’encontre de la décision de l’agent décideur de ne pas
faire droit à la demande dont il était saisi. »
1241
DÉCISOIRE. SUPPLÉTOIRE.
Décisoire est emprunté du latin decisorius, dérivé du verbe decidere, qui signifie
décider. Comme le suffixe en -oire l’indique, il évoque l’idée d’une fin à réaliser,
d’un objectif à atteindre, le résultat recherché étant l’obtention d’une décision. Est
qualifié de décisoire ce qui a vertu de décider, ce qui entraîne l’obligation de
prendre ou de rendre une décision.
Prêté sur l’honneur, ce serment constitue un mode de preuve que prévoient les
codes civils et les codes de procédure civile. Par exemple, le demandeur se
1242
trouvant démuni de preuve établissant que le défendeur lui doit quelque chose peut
le sommer de jurer qu’est vraie ou fondée la prétention qu’il avance dans sa
demande. On dit alors qu’il lui défère le serment. Tel peut être le cas du débiteur
qui, se trouvant incapable de prouver qu’il a remboursé son créancier, lui demande
de jurer qu’il n’a jamais été remboursé.
d’affirmer que ces deux modes de preuve, abandonnés au profit des expertises et
des enquêtes, sont, tout comme le serment purgatoire dans le procès pénal, frappés
aujourd’hui d’obsolescence.
2) Dans un sens large, l’adjectif décisoire qualifie ce qui doit ou peut conduire
à une décision.
La consultation décisoire est celle qui est menée auprès des personnes concernées
ou des groupes intéressés; on la trouve dans le droit des affaires ou dans le droit
des entreprises et elle est dirigée par des organismes ou des sociétés auprès de leurs
membres dans le cadre d’assemblées des membres ou des actionnaires en vue
d’une prise de décision. Elle peut être menée aussi auprès de la population en
général. Par exemple, pour une autorité publique ou un gouvernement, elle n’a pas
nécessairement d’effet décisoire à propos d’une norme, d’un programme ou d’une
option politique.
La cause décisoire et l’arrêt décisoire ont pour objet de décider une question
litigieuse opposant deux parties : ils ont force exécutoire. Ces termes se disent en
matière contentieuse par distinction d’avec la cause ou l’arrêt qui, en matière
purement consultative, se limitent à répondre à une demande d’interprétation,
s’agissant, par exemple, de l’arrêt ou du renvoi qui répond à une question portant
sur l’interprétation d’un texte constitutionnel. La juridiction saisie rend alors un
arrêt interprétatif plutôt qu’un arrêt décisoire. « Les contestations faites par les
barreaux quant à la constitutionnalité de la disposition législative ont abouti à
l’arrêt décisoire de la Cour suprême de la Colombie-Britannique sur la question. »
Instance (et non [décision]) décisoire.
La phase décisoire du texte d’un arrêt est celle par laquelle le tribunal est amené à
statuer; elle précède la phase de la motivation de la décision. La phase décisoire
d’un procès est celle par laquelle le tribunal, ayant entendu les parties, rend sa
décision ou se retire pour délibérer. Phase décisoire du procès civil, du procès
pénal.
ö DÉFÉRER.
ö DÉLATION.
ö OBSOLESCENCE.
ö SERMENT.
DÉCLENCHER. ENCLENCHER.
Ces deux verbes, que l’on trouve assez fréquemment utilisés au figuré dans le style
judiciaire et chez les auteurs, sont formés sur la même base, clenche, mais leur
préfixe diffère : dé et en, ce qui indique déjà la nuance de sens de ces deux termes,
distinction qu’on ne fait pas toujours et qui nous amène à employer à tort les
mêmes compléments d’objet pour chacun d’eux.
Les deux sens relevés expliquent clairement l’emploi figuré du verbe : déclencher,
c’est mettre en mouvement d’une façon soudaine (déclencher une émeute), brusque
(déclencher une attaque surprise), automatique (déclencher les hostilités, une
grève) par suite de la violation d’une entente quelconque. C’est déterminer un
1245
Au figuré, enclencher signifie donc engager une action par suite d’une autre, les
rendant ainsi solidaires, la deuxième étant comme la conséquence de la première.
Le cooccurrent le plus fréquent, si attendu que le syntagme devient cliché, est le
mot processus : « La présentation de la demande a enclenché le processus qui a
mené à la délivrance de l’ordonnance. » « L’incompatibilité existant entre la
décision du Conseil et certaines dispositions de sa loi constitutive a enclenché le
processus de révision. »
ö BRANLE.
1246
Déclinatoire est adjectif ou substantif. Dans les deux cas, c’est un terme
exclusivement juridique.
d’obtenir un délai, tandis que l’exception déclinatoire, on l’a dit, vise à déférer une
affaire à un autre tribunal (et non pas à la [différer], autre exemple de paronymie).
3) Cet emploi substantivé du mot se trouve notamment dans les attendus des
jugements : « Vu le déclinatoire de compétence... »; on dit aussi le déclinatoire sur
incompétence. Déclinatoire de compétence arbitrale, de compétence ratione
materiae. Procédure du déclinatoire devant le tribunal, devant la cour.
Recevabilité du déclinatoire. Déclinatoire opposé, soulevé par une partie. Élever,
faire, présenter, signifier un déclinatoire. Exciper de l’incompétence d’un tribunal
ou proposer un déclinatoire. Apprécier la régularité du déclinatoire. Déposer le
déclinatoire in limine litis.
La locution décliner son identité signifie donner, énoncer officiellement ses nom,
prénoms, titres et qualités, les énumérer, afin de se faire connaître. Décliner son
état civil. Décliner une nationalité. « L’article 38 accorde à la femme étrangère la
faculté de décliner la nationalité française par une déclaration antérieure à la
célébration du mariage. »
Ajoutons que décliner les lignes directrices d’une politique, les grands principes
d’une théorie, par exemple, c’est en énumérer les composants, tandis que décliner
une offre, c’est la refuser.
La récusation du tableau des jurés est le droit donné aux parties litigantes, lors de
la constitution d’un jury criminel ou civil, de refuser d’accepter une personne
comme juré. À distinguer du désaveu (de procureur) et du désistement (voir ces
mots).
Syntagmes
1249
ö COMPÉTENCE.
ö DÉFÉRER.
ö DÉPORT.
ö DÉSAVEU.
ö DÉSISTEMENT.
ö DILATOIRE.
ö EXCEPTION.
ö EXONÉRATION.
ö JURÉ.
ö PARONYMIE.
ö RÉCUSABLE.
DE COMMODO ET INCOMMODO.
La locution latine exprime l’idée que, pour être en mesure de prendre sa décision,
l’administration publique doit recueillir l’avis de toutes les personnes intéressées
au projet (d’expropriation ou d’aliénation) et, pesant le pour et le contre,
déterminer si les avantages (la commodité entendue en son sens étymologique) que
procureront l’opération envisagée et l’exécution de l’objet du permis sollicité ou de
la permission demandée (l’expropriation en vue de la construction d’un immeuble
ou de l’établissement d’une industrie) l’emportent sur les désavantages ou les
inconvénients (l’incommodité) possibles ou éventuels (généralement le bruit ou
toute forme de nuisance causée dans le voisinage).
Ces néologismes sont des dérivations savantes du préfixe négatif dé- et des bases
adjectivales coupable, criminel, judiciaire, législatif et pénal.
1251
judiciaire officielle, aux personnes qui ont des démêlés avec la justice.
Les émissions sans provision sont dites dépénalisées, c’est-à-dire qu’elles ne sont
plus constitutives d’infraction que lorsqu’elles sont perpétrées dans l’intention de
nuire. On serait tenté de considérer la pénalisation comme l’antonyme de la
dépénalisation, mais c’est l’incrimination qui est son contraire.
Syntagmes
ö CORRECTIONNALISATION.
ö INCRIMINATION.
Comme adjectif, il est toujours variable; il est postposé : après un substantif (les
propriétaires défunts) ou un adjectif possessif (ses défuntes associées), ou
antéposé avec un déterminant (la défunte mère de l’accusé).
Comme nom, le défunt, la défunte est une personne qui a cessé de vivre : les
créanciers, les héritiers, le patrimoine du défunt; les dernières volontés de la
défunte.
2) Le nom feu et l’adjectif feu sont des homonymes et des homographes. Ayant
une étymologie différente, ils ne signifient pas la même chose : le nom vient du
latin focus (foyer), l’adjectif est emprunté au latin fatum (destin).
La règle grammaticale veut que feu varie quand il suit l’article ou l’adjectif
possessif et qu’il reste invariable dans les autres cas. Il est invariable devant le nom
ou le possessif parce que, perdant sa fonction d’épithète, il devient adverbialisé
(Feu mes père et mère). Mais l’usage est hésitant, comme le montrent les exemples
ci-dessus.
3) De cujus.
Par souci de brièveté, on dit le ou la de cujus. « L’acte a été rédigé par le de cujus.
De cujus est invariable : « Les de cujus ont été déclarés avoir été incapables
d’administrer leurs biens. »
Cette entrée en matière permet de constater que le terme de cujus se met en italique
(plutôt qu’entre guillemets) dans un texte en caractère romain, et en caractère
romain lorsque le passage est italicisé.
Il est vrai que les efforts de modernisation du français juridique ont porté surtout
sur l’élimination du latin en usage dans la basoche (voir ce mot); les termes
1256
critiqués avaient, dans bien des cas, des équivalents qui exprimaient parfaitement
le contenu notionnel des latinismes.
D’ailleurs, les codes civils appellent défunt (dans les livres consacrés aux
successions) la personne qu’on nomme fréquemment de cujus dans les décisions
judiciaires et les actes notariaux. En revanche, les lois canadiennes bilingues
conservent parfois le terme latin dans la version française comme équivalent du
terme anglais “deceased” (on trouve aussi d’ailleurs “decedent” et “deceased de
cujus”).
L’unanimité n’est pas faite. Certains, considérant qu’il faut moderniser le langage
du droit, bannissent le terme critiqué; d’autres estiment à juste titre que de cujus est
plus précis comme terme de droit et que défunt n’évoque pas l’idée de la
succession ouverte : le défunt peut fort bien ne désigner, en contexte, qu’une
personne décédée (par suite d’un homicide, par exemple).
Aussi dirons-nous qu’il est préférable de remplacer le terme de cujus par défunt,
défunte, ou par testateur, testatrice (si cette personne est décédée) lorsque le
contexte relève du droit successoral; on conservera le terme de cujus si le contexte
ne dit pas clairement qu’il s’agit de régler une succession ouverte. « Le de cujus
n’a pas laissé de testament valide » (= le défunt). « Tous les biens meubles et
immeubles de la de cujus Lise Larue font partie de sa succession. » (= la défunte)
« La de cujus a choisi sa meilleure amie comme unique héritière de ses biens »
(= la testatrice). « Le bien faisait partie du patrimoine du de cujus à son décès
(= du défunt ou du testateur). »
Pour varier l’expression, on pourra employer les deux termes dans une même
phrase : « La règle générale veut que les héritiers soient investis du patrimoine du
défunt, c’est-à-dire de l’ensemble de ses droits et de ses obligations appréciables
en argent, dont le de cujus était titulaire. »
1257
Syntagmes
ö SUCCESSION.
DÉCULPABILISATION.
ö DE-.
ö DÉCRIMINALISATION.
1) Il ne faut pas confondre ce qui est défaillant et ce qui est défailli. Alors que
défailli (du verbe intransitif défaillir signifiant qui ne se réalise pas : « La
condition suspensive a défailli. ») se dit de ce qui ne s’est pas accompli et de ce
dont on est certain que l’accomplissement ne se fera jamais, défaillant évoque tout
ce qui relève du défaut (au sens d’omission) d’accomplissement, l’auteur de ce
défaut ou de cette omission étant dénommé le défaillant, la défaillante, la partie
défaillante. Le débiteur qui fait défaut de payer son créancier, c’est-à-dire
d’exécuter volontairement son obligation contractée, défaille, il est défaillant.
2) L’occurrence de ces mots est la plus élevée dans le droit des obligations,
plus précisément en parlant de la condition. Ainsi, la condition défaillie est
l’antonyme de la condition accomplie : c’est celle qui ne s’est pas réalisée. « La
condition qui n’est assortie d’aucun délai pour son accomplissement peut toujours
être accomplie; elle est toutefois défaillie s’il devient certain qu’elle ne
s’accomplira pas. »
Le défaut est une situation juridique plus tranchée que la défaillance : il signifie
abstention, refus. Par exemple, faire défaut de comparaître, de déposer une défense
ou d’accomplir les actes de la procédure est réputé constituer un acte volontaire de
refus. La défaillance, forme d’inaction, n’implique pas toujours pareil refus. Le
défendeur défaillant peut justifier sa défaillance ou son absence en invoquant des
motifs légitimes.
Dans le cas d’une défaillance légitime, la partie défaillante jouit d’une voie de
recours : elle pourra former opposition au jugement par défaut en faisant valoir, par
exemple, qu’elle n’a pas été assignée en personne dans les formes régulières ou en
excipant de sa bonne foi. Défaillir au procès.
La défaillance, cas rare, peut être le fait du juge (juge défaillant) ou d’un juré (juré
défaillant) qui ne se trouve pas présent au moment fixé pour le début de l’audience.
Celle-ci ne pourra commencer qu’au moment où le juge ou le juré seront présents,
ayant été retardés par une circonstance extérieure indépendante de leur volonté, ou
auront été remplacés, en cas de circonstance grave, d’accident ou de décès.
4) Dans le droit des contrats, la défaillance est la situation dans laquelle l’un
des contractants fait défaut d’exécuter une obligation ou une clause contractuelle
venu le terme fixé dans le contrat. Le défaillant est la partie contractante qui
manque à ses engagements. Défaillance de l’entrepreneur en cours d’exécution.
l’expiration du contrat, elle perd toute sa valeur, elle n’existe plus, elle est perdue
ou détruite, elle n’est pas exécutée conformément à l’engagement donné, ce qui
rend impossible l’exécution de l’obligation. Du fait de la défaillance de la
contrepartie, l’un des contractants – le destinataire de la contrepartie – ne reçoit
pas le bénéfice de l’exécution puisque la contrepartie défaille, ne produisant pas
l’avantage stipulé. La défaillance de la contrepartie comporte deux degrés : elle
peut être totale ou partielle.
ö COMPARANT.
ö CONDITION.
ö CONTREPARTIE.
ö DÉFAUT.
ö EXCIPER.
ö LIBÉRALITÉ.
ö OMISSION.
ö PENDANT.
ö PLAIDEUR.
Un acte peut être défectueux en substance ou au fond (acte entaché d’un vice) ou il
peut être défectueux en la forme ou quant à la forme. Affidavit gravement
défectueux en sa forme. Transcription défectueuse. Contrat défectueux.
Contrepartie défectueuse.
Une dénonciation, une déclaration est défectueuse, par exemple, pour vice de
forme quand elle mentionne le mauvais article du règlement pertinent. Des chefs
d’accusation seront ainsi qualifiés si aucun ne révèle une infraction. « L’acte
d’accusation défectueux est entaché de nullité. »
La décision de justice qui ne comporte pas de motifs est défectueuse. Les motifs
prononcés peuvent être défectueux s’ils ne tirent pas de conclusions sur les faits
reprochés ou s’ils omettent de répondre aux questions posées au tribunal. L’exposé
1263
du juge au jury peut être ainsi qualifié s’il enfreint les règles de procédure ou le
Code criminel. Ses instructions seront gravement défectueuses s’il omet de donner
des directives particulières au jury. Notes défectueuses du juge.
Des témoignages peuvent être déclarés défectueux tout comme l’interrogatoire des
témoins. Un redressement accordé peut être défectueux.
En common law, dans le droit des contrats, l’exécution est défectueuse (“defective
performance”) lorsque le contractant accomplit un acte stipulé sans que celui-ci
soit conforme aux dispositions conventionnelles portant sur l’exécution de l’acte
ou promet d’accomplir un acte, mais en accomplit un autre quant au moment de
l’exécution, à la qualité de l’objet à livrer ou à sa quantité.
4) Il faut se garder dans tous ces cas d’employer l’adjectif [déficient] au lieu de
défectueux; ce serait commettre un anglicisme (“defective”).
1264
Vicié a un sens plus fort que défectueux, aussi l’emploi de ces deux adjectifs ne
crée pas de redondance. Par exemple, un avis est dit défectueux et vicié s’il omet de
préciser un élément essentiel à communiquer (la victime est décédée) et s’il est
entaché d’une erreur grave qui, le viciant, entraîne sa nullité. Un consentement,
défectueux parce qu’il est mal informé, sera vicié parce qu’il aura été donné par
erreur ou sous la contrainte : ce vice emportera nullité du consentement.
Une procédure peut être défectueuse sans être viciée : « La procédure suivie dans
le présent dossier, bien que défectueuse, n’est pas fatalement viciée. » Un avis de
nouvelle cotisation est défectueux quand il n’énonce pas le nom du cotisant, mais
ce défaut, n’étant pas un vice, n’annulera pas la nouvelle cotisation.
ö DÉFAUT.
ö VICE.
ö VICIÉ.
surseoir à son exécution. Différer une affaire, une cause, une demande, une
démarche, un examen, un interrogatoire, une requête. Différer un délai, une
échéance, un paiement. Différer l’achat, la vente d’un bien. « L’octroi de ces
délais ne peut, en aucun cas, avoir pour effet de différer le paiement de l’indemnité
au delà de dix années à compter de l’ouverture de la succession. » « La Chambre
des lords a le pouvoir de différer » (= de reporter l’adoption d’un projet de loi).
L’exemple suivant réunit les deux vocables en cause : « Le Conseil peut différer
(= reporter à plus tard) l’étude de la demande présentée en vertu du présent article
ou la déférer (= soumettre) au comité compétent. »
Différer une procédure n’est pas la suspendre, mais la reporter; la nuance est
importante, et le législateur en est fort conscient lorsqu’il déclare : « Toute
procédure prévue par la présente loi peut être soit différée, soit suspendue jusqu’à
ce que le tribunal compétent ait tranché sur la poursuite criminelle. »
Dire d’un texte qu’il diffère d’un autre texte, de l’original, signifie qu’il s’écarte de
façon appréciable, fondamentalement, de ce dernier, qu’il ne dit pas la même
chose que lui.
Il faut se garder de dire [référer à qqn ou à qqch.], expression calquée sur l’anglais
“to refer to”; on ne [réfère] pas une question au tribunal, mais on la lui défère, on la
lui renvoie ou on le saisit de la question; on ne [réfère] pas un client à un autre
avocat, mais on l’adresse à un autre avocat, on le dirige vers lui, on le lui envoie,
on le lui recommande ou on conseille à son client d’aller le voir. Ajoutons, pour un
complément d’exemples utiles qu’on ne [réfère] pas une partie à une clause du
contrat, mais on la renvoie à cette clause, qu’on ne [réfère] pas le tribunal à un
élément de preuve, mais qu’on le lui cite ou on le lui mentionne, et qu’on ne
[réfère] pas son client au fait que la vente a eu lieu, mais qu’on lui rappelle ce fait,
on le lui signale, ou on l’en met au courant, on l’en informe.
ö COMMINATOIRE.
ö DÉFÉRANT.
ö DÉFÉRENCE.
ö DILATOIRE.
ö ÉVOCATION.
ö SERMENT.
1) Il ne faut pas confondre les adjectifs définitif et final : le premier signifie qui
se fait de telle sorte à ne plus avoir à y revenir, qui se fait une fois pour toutes,
tandis que le second se dit de ce qui met fin à ce qui a été commencé, souvent dans
1269
La confusion s’explique par le fait que les deux termes, qui ne sont pas proches par
le sens, sont toutefois formés sur le même mot : fin. En contexte de traduction, le
mot anglais “final” se rend souvent par définitif, mais, dans bien des cas, il invite à
la solution facile et erronée du sosie.
L’acte juridique qualifié de définitif est établi, fixé et réglé une fois pour toutes,
irrémédiablement (et non irrévocablement); s’agissant par ailleurs d’un accord
final, on comprend qu’étant le dernier il complète et achève l’accord préliminaire,
celui qui est intervenu en premier lieu. Par conséquent, on ne peut qualifier un
règlement conclu entre les parties de [final]; il faut dire définitif puisque les parties
se sont mises d’accord sur les termes du règlement de manière à considérer qu’il ne
sera plus nécessaire d’en discuter la teneur ni les modalités ou les conditions, sauf
à y apporter plus tard, si besoin est, les modifications jugées nécessaires.
2) Un jugement est dit définitif (on parle du caractère définitif d’un jugement)
quand il a pour effet de terminer la contestation, quand il la tranche de telle sorte
que le juge étant dessaisi de ce fait n’aura plus à revenir sur le point qu’il a réglé et
qui portait sur l’objet même de la demande. « Par le prononcé du jugement
définitif, le tribunal se trouve dessaisi et sa juridiction est épuisée. » En ce sens, le
jugement définitif est encore appelé jugement sur le fond (il statue sur le fond du
litige). Au Canada, on l’appelle aussi jugement au mérite (la demande présentée
étant jugée au mérite, c’est-à-dire au fond ou sur son bien-fondé).
Que le juge ait statué sur le fond du droit ou sur un incident de procédure, qu’il ait
décidé une question de compétence, il reste que le jugement est définitif parce qu’il
met fin à l’instance. Revêtu de ce caractère, on dit qu’il a l’autorité de la chose
jugée; il acquiert force de chose jugée quand il est insusceptible d’appel ou
d’opposition. Par exemple, le jugement contentieux est investi d’un caractère
définitif et de l’autorité de la chose jugée entre les parties. Il est irrévocable quand
il ne peut plus être attaqué, toutes les voies extraordinaires de recours ayant été
1270
épuisées ou leurs délais impartis ayant expiré. Ainsi, ce n’est pas nécessairement
parce qu’un jugement est dit définitif qu’on se trouve fondé à le qualifier
d’irrévocable.
En revanche, c’est commettre un truisme que de dire que le jugement définitif est
aussi [péremptoire]; plutôt que d’ajouter l’idée du caractère définitif de la
décision rendue, péremptoire ne dit rien de plus que ce que signifie l’adjectif
définitif : le jugement définitif étant un jugement sur le fond (la Cour suprême ne
statuant pas sur les faits mais sur le droit), il est péremptoire de ce fait.
1271
Si une décision tranchant des questions de preuve est incorporée dans le jugement
définitif, les parties pourront la contester par appel de ce jugement, la décision
pouvant constituer un moyen d’appel invoqué pour que soit annulé le jugement
définitif.
Une décision est définitive quand elle statue sur le bien-fondé d’un appel. Dès
qu’elle a, acquiert, présente, revêt un caractère définitif, elle devient exécutoire.
« L’intérêt public consiste à assurer le caractère définitif des litiges. » Principe du
caractère définitif des décisions, des instances, des jugements, des litiges.
(les clore), règlement provisoire ou définitif d’un contrat, d’un différend, d’une
transaction, d’une affaire.
10) L’arrêté ministériel est une décision à portée générale ou individuelle que
prend un ministre. On dit qu’il est définitif (et non [final]) pour souligner le fait
qu’il est insusceptible d’appel.
11) S’il s’agit de marquer le fait que le président d’un organisme ou que le juge
saisi se prononce sur une affaire qu’il a instruite, on dit ou bien qu’il se prononce
définitivement ou à titre définitif sur l’affaire ou sur une question soumise à son
examen, les deux tours étant tout à fait corrects, ou bien qu’il se prononce
souverainement, l’adjectif souverain, en ce sens, signifiant qui juge sans possibilité
d’appel, qui échappe au contrôle d’une organe supérieur. Pouvoir souverain
d’appréciation. Droit souverain. « Le président se prononcera souverainement sur
la question de compétence. » Définitivement acquis, acquitté, adopté, déclaré
coupable et puni, établi, levé, réglé. Apprécier, arrêter, compromettre, conclure,
confirmer, consacrer, décider, disposer, éliminer, établir, fixer, juger, rejeter,
réfuter, renoncer, répondre, résoudre, statuer, trancher définitivement,
souverainement.
La décision du juge souverain est sans appel et ne peut être soumise à la révision
ou au contrôle judiciaire. Une assemblée (législative, nationale) est souveraine
dans la mesure où elle n’est subordonnée à quiconque dans l’exercice de ses
pouvoirs et de ses activités.
ö ADMISSIBILITÉ.
ö CARACTÈRE.
ö DESSAISISSEMENT.
ö FOND.
ö INCIDENT.
ö IRRÉVOCABLE.
ö MÉRITE.
ö OBJECTION.
ö PÉREMPTOIRE.
L’usage n’étant pas définitivement fixé, il est impératif de les distinguer dans un
second sens. Tandis que définitoire tend à privilégier l’acception de ce qui donne
ou formule ou sert à donner ou à formuler la définition d’un mot (par exemple, le
dictionnaire se présente toujours sous une forme définitoire), définitionnel préfère
quant à lui se cantonner généralement dans l’acception différente de ce qui
concerne la définition, ce qui s’y rapporte (phrase, structure définitionnelle).
2) Dans le langage du droit, définitoire a vite occupé presque à lui seul tout le
terrain ouvert. Le suffixe en -oire, qui sert à marquer un objectif, à viser une fin à
réaliser, plus évocateur et plus répandu dans le vocabulaire juridique que le suffixe
en -el, qui ne porte pas en lui la même force créatrice, offre à définitoire l’occasion
de s’imposer à l’esprit dans l’expression de l’activité propre au droit. Citation,
contexte, exemple définitoire.
Les textes, surtout les lois, les règlements, les actes, les conventions et les traités,
notamment, comportent des sections entières consacrées aux dispositions
définitoires. Celles-ci ont pour objet de définir juridiquement les termes employés
dans ces documents.
DÉFINITIONS ET INTERPRÉTATION
Définitions
2(1) Sauf indication contraire du contexte, les définitions qui suivent s’appliquent aux
présentes règles.
Interprétation
2(2) En cas d’incompatibilité, les dispositions de la règle 20 l’emportent sur toute
autre disposition des présentes règles.
5) Dans les études de légistique, la technique définitoire renvoie aux règles qui
gouvernent la portée et l’emploi d’expressions et de formulations usuelles en matière
de rédaction législative.
DÉGUERPIR. DÉGUERPISSEMENT.
1277
Le motif de l’abandon peut être répréhensible ou légitime : tels sont les cas de la
personne qui déguerpit pour se soustraire à ses charges foncières ou de celle qui laisse
un logement inhabitable.
4) En France, le déguerpissement est une notion ancienne du droit civil définie soit
comme il vient d’être dit, soit comme le droit du débiteur de se soustraire aux
poursuites de ses créanciers en lui abandonnant la chose grevée de gage ou
d’hypothèque. Le droit français utilise maintenant des notions apparentées : abandon,
délaissement, renonciation, ou encore exponse.
1278
Le Code civil du Québec a conservé cette institution dans les cas d’emphytéose et de
louage de choses. Mais, ce n’est pas uniquement l’acte volontaire de celui qui entend
ne pas respecter ses obligations; ce peut être un acte involontaire. « Les locataires,
propriétaires des maisons et bâtiments, n’ayant aucun titre à ces immeubles, peuvent
être appelés à tout moment à déguerpir et à perdre ainsi le fruit de leurs impenses et
de leurs améliorations. »
ö DÉLAISSEMENT.
ö EXPONSE.
ö RENONCIATION.
DÉJUDICIARISATION.
ö DE-.
ö DÉCRIMINALISATION.
DÉJURIDICISATION.
ö DE-.
ö DÉCRIMINALISATION.
DÉJURIDICTIONNALISATION.
1279
ö DE-.
ö DÉCRIMINALISATION.
DÉLAI. RETARD.
1) Base, bloc, limite ou tranche de temps, le délai est un laps de temps accordé ou
prévu pour accomplir une action ou pour s’en abstenir. Ce temps accordé pour remplir
une formalité, une exigence ou une obligation ou pour s’acquitter d’un devoir ou
encore pour attendre avant d’agir peut être fixé par la loi (délai légal ou délai
d’origine législative), par le juge (délai judiciaire ou délai de justice), par les
contractants (délai conventionnel), par un règlement (délai réglementaire), par une
règle de droit (délai juridique ou délai de droit) ou par un organe administratif (délai
administratif). Le délai de justice peut s’entendre aussi bien du délai légal que du
délai judiciaire.
On peut considérer le délai comme une date limite (un dernier délai), une date
d’échéance (échéance du délai) ou d’expiration (expiration du délai). C’est la date à
laquelle on est tenu de faire quelque chose ou encore le temps alloué pour exécuter
une obligation. Par exemple, ce peut être une période à l’expiration de laquelle une
dette devient exigible (délai d’exigibilité) ou une obligation devient exécutoire (délai
d’exécution).
2) L’objet du délai peut être considéré dans un sens passif. Il s’agit d’attendre un
certain temps avant d’agir ou de s’abstenir d’agir. Il peut s’agir d’un temps d’attente
ou de réflexion (délai d’attente ou délai de réflexion des époux divorçants) avant
d’accomplir un acte. Ainsi, dans le droit des relations de travail, le délai de préavis
ou délai-congé, encore appelé délai de congédiement, est le laps de temps qui s’écoule
entre le moment où l’employeur signifie à l’employé qu’il ne requiert plus ses services
et la cessation des effets du contrat de travail. Le délai de préavis peut être également
1280
le laps de temps que doit respecter chacune des parties engagées dans un contrat de
travail ou une convention collective avant d’aller en arbitrage après avoir signifié à
l’autre le dépôt d’un grief.
Il peut s’agir aussi d’une période où toutes activités doivent cesser. Ainsi, le délai
d’approvisionnement est le temps pendant lequel aucun travail ne peut être effectué
parce que les pièces et les matériaux nécessaires ne peuvent être livrés
immédiatement.
Dans le droit des biens en régime de common law, le délai de perpétuité (“perpetuity
period”) s’entend du laps de temps pendant lequel la jouissance d’un bien grevé d’un
intérêt futur ne peut être pérenne ou perpétuelle, mais doit être limitée par une durée
de vie existante, plus vingt et un ans (et une période de gestation de neuf mois en sus,
le cas échéant).
Dans un sens actif, le délai peut renvoyer à une période de temps prévue pour
accomplir une opération. Par exemple, le délai d’exécution est le laps de temps prévu
pour exécuter un acte ou un jugement. En droit successoral canadien, l’exécuteur ou
l’exécutrice testamentaire dispose d’un délai d’un an, règle générale, pour préparer
l’état de la succession (délai annal de l’exécuteur testamentaire).
1281
Il peut s’agir d’un laps de temps qui impose une obligation. Le délai pré-inculpatoire
ou délai antérieur à l’accusation est la période de temps qui s’écoule entre la
commission de l’infraction et le dépôt de l’acte d’accusation en matière de droits de
la personne. Ce délai impose une obligation à toutes les personnes qui participent à
l’enquête préalable à l’introduction de procédures judiciaires.
Le délai de grâce est le report du terme d’une dette ou un échelonnement des dettes
que le juge français peut accorder pour tenir compte de la situation du débiteur. Par
exemple, le moratoire sur les dettes est un délai de grâce accordé temporairement par
un texte spécial pris en raison de circonstances exceptionnelles. Le délai de grâce est
accordé à un débiteur, tandis que le délai de paiement est accordé par l’État à un
contribuable.
Plus généralement, le délai de grâce est le laps de temps supplémentaire accordé après
l’expiration du délai initial. Bénéficier d’un délai de grâce. « La Commission établit
un rapport provisoire dans les neuf mois suivant sa constitution ou dans le délai de
grâce fixé par le lieutenant-gouverneur en conseil. »
Alors que le délai d’ajournement est accordé au défendeur pour lui permettre de
comparaître en justice, le délai de prescription est le laps de temps fixé par la Loi sur
la prescription pour intenter une action en justice. « En cas d’infraction délictuelle,
le délai de prescription est de trois ans. » Délai légalement prescrit. « En ce cas, le
délai de prescription ne constitue pas un obstacle à la demande reconventionnelle. »
3) Peu importe les diverses situations dans lesquelles il est fixé ou sa nature variée,
le délai s’exprime linguistiquement au moyen d’une phraséologie particulière et
s’accompagne d’une cooccurrence qui lui est propre.
Le délai est imparti, c’est-à-dire qu’il est accordé, alloué, attribué ou octroyé. « Le
juge a le pouvoir d’impartir les délais. » Le verbe impartir s’emploie presque
exclusivement avec le mot délai, lequel est arrêté, déterminé, fixé, prescrit ou prévu.
Le délai peut être court, bref ou long. Il est raisonnable ou suffisant. Il peut être
minimal ou maximal, strict et rigoureux. Si un délai additionnel ou supplémentaire
est accordé ou consenti à une partie, il sera dit prolongé, prorogé ou étendu. La
prolongation, et non le [prolongement] de délai, est l’action de prolonger dans le
1282
temps, tandis que le prolongement est surtout une extension dans l’espace. La
prolongation de délai remise à une date postérieure à celle qui avait été convenue
initialement (dans un contrat par exemple) ou prescrite dans une loi.
Le calcul des délais (on dit aussi décompte et supputation des délais) s’appelle la
computation des délais, terme qui désigne la manière dont les délais sont calculés et
la nature des événements qui allongent ces délais. Cette computation est la prise en
compte ou non du jour servant de point de départ du délai (“dies a quo” en latin) et
du jour servant de point d’arrivée du délai (“dies ad quem”). Exclusion du dies a quo.
Le dies a quo est compté.
On dit que le délai se compte. « Le délai de remise des pièces de l’état civil se compte
en remontant à partir du jour du mariage. » Le point de départ du délai consiste, en
cas de non-paiement de crédit, dans la première échéance laissée impayée par
l’emprunteur. Le point d’arrivée du délai consiste, en ce cas, dans la survenance du
terme du délai, l’emprunteur encourant de ce fait une pénalité pour paiement en retard.
Dans le décompte des délais, en principe, le jour du point de départ du délai n’est pas
compté. Autrement dit, si l’acte constituant le point de départ tombe le 1er du mois, le
délai commence à courir à partir du 2 du mois; si le jour du point d’arrivée du délai
est le 30 du mois, le délai expire le 31 ou le lendemain. Mais si le délai est franc
(c’est-à-dire s’il ne comprend aucun des jours termes, ni le dies a quo ni le dies ad
quem), il expire le jour même du point d’arrivée du délai, soit le 30 du mois.
Lorsque le tribunal prolonge les délais, on dit qu’ils sont prorogés pour indiquer que
leur durée est étendue afin de permettre que s’accomplissent les actes de la procédure
et l’exécution d’un jugement. Par exemple, le juge peut proroger tout délai qui n’est
pas de rigueur ou rigoureux, c’est-à-dire obligatoire.
Le délai est dit passé pour désigner l’arrivée de l’échéance. « Passé ce délai,
l’assureur ne peut plus se prévaloir du sinistre pour résilier le bail. »
1284
On dit qu’un délai a expiré, l’auxiliaire avoir marquant l’action (« Le délai a expiré
à minuit. ») ou est expiré, l’auxiliaire être marquant l’état (« Le délai stipulé est
maintenant expiré. »).
5) La notion floue de bref délai a fait l’objet d’une jurisprudence abondante et est
appréciée suivant les cas d’espèce. Ainsi, l’action doit être intentée le plus rapidement
possible, dès que l’on a connaissance de la cause d’action, l’existence d’un vice par
exemple. C’est là une action intentée à bref délai. Dans le cas du vice constaté, c’est
le jour de la connaissance du vice par l’acquéreur qui constitue le point de départ du
bref délai imparti pour agir.
6) Dans le délai de est une locution tout à fait correcte, mais elle donne lieu à des
ambiguïtés. Au lieu de dire : « Ces actions sont prescrites dans le délai d’un an », dire
plutôt qu’elles sont prescrites « par le délai d’un an ». De même, au lieu de dire que
la condition n’est réalisée qu’autant que la demande est parvenue au bailleur « dans
le délai de trois mois » avant l’expiration du bail, il est préférable de dire « au moins
trois moins avant l’expiration du bail », l’idée étant plus clairement exprimée ainsi.
Dans le plus bref délai signifie dès que possible, le plus rapidement possible.
« L’audience doit avoir lieu dans le plus bref délai. »
7) Dans les plus brefs délais. « Le formulaire doit être retourné, dûment rempli
et signé, dans les plus brefs délais. Il ne faut pas confondre les mots délai et retard.
Dans son sens général, le délai étant un laps de temps autorisé pour réaliser quelque
chose, il va de soi qu’on ne doit pas le confondre avec le retard, qui peut être le laps
de temps passé depuis le moment où un acte a été accompli. Pourtant, la confusion se
produit souvent. On distinguera donc le délai administratif, qui accorde un certain
temps pour faire quelque chose, des retards administratifs, qui ralentissent le bon
déroulement d’une procédure de traitement ou de décision.
À cause, d’abord, de l’influence de l’anglais “delay”, terme qui n’a pas tous les sens
du mot délai, mais celui uniquement de retard, on est amené à dire qu’on se décide
après bien des [délais] et des atermoiements, quand on veut dire que l’on diffère
l’accomplissement d’une action, mais après bien des retards.
1285
Ensuite, parce que les deux locutions adverbiales sans délai et sans retard sont
synonymes. Elles signifient toutes deux séance tenante, sur-le-champ, immédiatement,
le plus tôt possible, selon les contexte d’emploi.
Avoir recours sans délai, sans retard à l’assistance d’un avocat. « Le demandeur doit
produire sans retard ( = sans délai) tous les documents nécessaires. » « L’officier de
l’état civil fera sans délai (= sans retard, sans tarder) une mention sommaire des
oppositions sur le registre des mariages. » « La femme peut se remarier sans délai (
= sans attendre, sans tarder) quand le divorce a été prononcé dans les cas prévus aux
articles 237 et 238. »
La locution fort répandue [dans les meilleurs délais] est une impropriété. Il faut dire
plutôt à bref délai, le plus tôt possible, le plus rapidement possible, en toute diligence,
avec la célérité requise. « Le président du Comité d’appel convoque le comité [dans
les meilleurs délais.] » ( = à bref délai, dans les plus brefs délais). Ce n’est pas la
qualité des délais qui est en cause, mais leur longueur. Un délai ne pouvant être
considéré bon ou mauvais, il ne peut pour cette raison être qualifié de [meilleur] ou
de [pire].
Syntagmes
Délai contraignant.
Délai conventionnel.
Délai équitable, délai inéquitable.
Délai fatal.
Délai ferme.
Délai fixe.
Délai franc, délai non franc, délai ordinaire.
Délai impératif.
Délai inextensible.
Délai initial.
Délai judiciaire, délai de justice.
Délai juridique, délai de droit.
Délai légal, délai d’origine législative.
Délai maximal, délai minimal.
Délai nécessaire.
Délai normal.
Délai nouveau.
Délai obligatoire, délai de rigueur, délai rigoureux.
Délai péremptoire.
Délai permis, délai non permis.
Délai préalable.
Délai préjudiciable.
Délai procédural, délai de procédure.
Délai raisonnable, délai déraisonnable.
Délai rapproché.
Délai réglementaire.
Délai révolu.
Délai satisfaisant, délai insatisfaisant.
Délai suffisant, délai insuffisant.
Délai spécial.
Délai strict.
Délais successifs.
Délai uniforme.
Délai utile (pour faire qqch.).
Délai voulu.
1287
Délai abrégé.
Délai achevé.
Délai allongé.
Délai arrêté.
Délai augmenté.
Délai compté.
Délai convenu.
Délai déterminé, délai prédéterminé.
Délai doublé.
Délai écoulé.
Délai éloigné.
Délai enfermant (une action).
Délai épuisé.
Délai établi.
Délai excédant ( + indication des jours, mois, années).
Délai expiré.
Délai fixé.
Délai imparti.
Délai institué.
Délai interrompu.
Délai limité.
Délai mentionné, délai non mentionné.
Délai modifié.
Délai ouvert (à qqn pour faire qqch.).
Délai porté à ( + indication des jours, mois, années).
Délai précisé.
Délai prescrit.
Délai prolongé, délai prorogé.
Délai ramené à ( + indication des jours, mois, années).
Délai réduit.
Délai reporté.
Délai spécifié.
Délai stipulé.
Délai supprimé.
Délai suspendu.
1288
Délai d’abréviation.
Délai d’acceptation, délai de refus.
Délai d’achèvement, délai de parachèvement.
Délai d’action.
Délai d’adhésion.
Délai d’administration.
Délai d’affichage.
Délai d’ajournement.
Délai d’annulation.
Délai d’appel.
Délai d’application.
Délai d’attente.
Délai d’augmentation.
Délai d’avis, délai de préavis.
Délai de comparution.
Délai (de) (-) congé, délai de congédiement.
Délai de conservation.
Délai de déclaration.
Délai de démarrage.
Délai de dénonciation.
Délai de dépôt, délai de remise.
Délai d’exécution.
Délai d’exigibilité.
Délai de forclusion.
Délai de garde à vue.
Délai de grâce.
Délai de huitaine, délai de quinzaine.
Délai de livraison.
Délai de paiement.
Délai de perpétuité.
Délai de préclusion.
Délai de présentation.
Délai de prescription (acquisitive, extinctive).
Délai de présomption.
Délai de priorité.
Délai de protection.
1289
Abréger un délai.
Accepter, refuser un délai.
Accorder, allouer, attribuer, octroyer un délai.
Allonger un délai.
Appliquer un délai.
Assigner un délai.
Augmenter le délai.
Bénéficier d’un délai.
Consentir un délai.
Demander, solliciter un délai.
Dépasser un délai.
Déterminer un délai.
Différer un délai.
Disposer d’un délai.
Écourter un délai.
Éviter les délais (inutiles).
Exiger un délai.
Faire courir le délai.
Faire valoir un délai.
1291
ö ABRÉGEMENT.
ö COMPUTATION.
ö ÉCHÉANCE.
ö IMPARTIR.
ö PRESCRIPTION.
ö PROLONGATION.
ö RECEVABILITÉ.
ö REPORT.
ö RETARD.
ö RIGUEUR (DE).
ö TERME.
Dans une acception spécifique au droit des biens, le délaissement est, en common law,
un mode de cession de biens. Cette opération juridique se distingue de la renonciation
en ce que cette dernière est le plus souvent écrite et s’effectue par le renonçant, la
renonçante au profit de la personne bénéficiaire de la renonciation, soit le ou la
renonciataire. Acte de délaissement (“release”). Faire signer un acte de délaissement.
C’est la notion d’abandon qui est évoquée en cet emploi. Tel le cas de la femme qui
délaisse, moyennant contrepartie valable en faveur de son mari, tous les droits qu’elle
1293
Dans une telle action en justice, ce n’est pas la valeur de l’immeuble ou du meuble qui
est en litige, mais la créance du poursuivant. Le délaissement et la vente en justice
sont des mesures d’exécution auxquelles donne lieu le jugement, dans l’éventualité
où la créance n’est pas acquittée.
3) Dans les emplois ci-dessus, le verbe délaisser peut être transitif direct ou se
bâtir en construction absolue. Délaisser qqch. à qqn ou au profit de qqn. Délaisser
l’immeuble hypothéqué au créancier. « Le jugement le condamne à délaisser au
créancier hypothécaire l’immeuble affecté d’un privilège ou grevé d’une
hypothèque. » Sommation de payer ou de délaisser. « Les ayants cause à titre
particulier peuvent délaisser. » « Pour délaisser, il faut avoir la capacité d’aliéner. »
versement de l’indemnité qui eût été payée en cas de perte totale. En ce sens, il y a lieu
de distinguer délaissement et abandon, ce dernier terme s’employant particulièrement
pour désigner l’action de laisser des objets à des tiers de façon à payer tout ou partie
de leur créance.
L’enfant délaissé est celui dont les parents ont expressément formulé leur intention
de s’en désintéresser. Commettre un délaissement. Au sens du Code pénal français,
le délaissement est une infraction assimilée à l’exposition d’enfants. Exposition et
délaissement d’enfants. « Sont punis ceux qui ont exposé ou fait exposer, délaissé ou
fait délaisser un enfant ou un incapable, hors d’état de se protéger lui-même à raison
de leur état physique ou mental. » Ce texte punit de sept ans d’emprisonnement et de
700 000 F d’amende le délaissement d’un mineur de moins de quinze ans dans des
conditions susceptibles de porter atteinte à sa santé ou à sa sécurité.
ö ABANDON.
ö DÉSISTEMENT.
ö RENONCIATION.
ö TEXTE.
DÉLATION. RELATION.
1296
Outre son sens de fait pour le délateur ou la délatrice de dénoncer un crime ou un délit
ou de dénoncer un coupable, le mot délation sert de substantif au verbe déférer,
s’agissant notamment et surtout du serment judiciaire, qu’il soit décisoire ou
supplétoire. La délation s’entend ainsi de l’action par laquelle un plaideur, incapable
de prouver le bien-fondé de sa prétention, défère le serment décisoire à son adversaire.
« La délation du serment décisoire par la partie suppose la renonciation à tout autre
moyen. Aucune preuve ne peut être admise contre le serment, sauf les poursuites
pénales en cas de faux serment. »
En cette acception, le mot délation (emprunté du latin delatio) a pour antonyme le mot
relation (emprunté du latin relatio), lequel sert de substantif au verbe référer en
parlant du serment. Par exemple, dans la procédure civile, le défendeur, démuni de la
preuve établissant qu’il a effectivement remboursé son créancier demandeur, somme
celui-ci de jurer sur son honneur qu’il n’a pas été remboursé intégralement par lui :
il lui défère ainsi le serment décisoire. Plutôt que de prêter serment, le demandeur lui
réfère le serment, c’est-à-dire qu’il le lui défère à son tour, se soumettant ainsi à l’effet
décisif que produira le serment prêté par le défendeur : le créancier perdra son procès.
ö DÉCISOIRE.
ö DÉFÉRER.
ö SERMENT.
ö SUPPLÉTOIRE.
1) La locution latine de lege (en vertu de la loi) forme deux locutions fréquentes
dans les analyses de la doctrine.
De lege ferenda signifie quant à la loi qu’on souhaiterait voir adoptée. Elle renvoie
à la loi telle qu’elle serait si, comme on le souhaite, elle était changée. Placée au début
de la phrase, elle annonce l’utilisation du conditionnel présent puisqu’elle envisage
la possibilité d’une réforme éventuelle. « De lege ferenda, la faillite du mariage
déclarée par le juge serait la cause principale du divorce. » « De lege ferenda,
l’institution de la séparation de corps devrait être écartée. »
1297
Étant locution adverbiale, elle modifie, règle générale, un verbe ou un adverbe. « Nous
avons dégagé le statut du concubinage en droit et fait quelques suggestions de lege
ferenda. » « Le devoir de communauté de vie s’oppose au mariage simulé sanctionné
de lege ferenda par la nullité rétroactive. »
Mais elle peut modifier un adjectif ou un attribut et qualifier un substantif. « Une telle
indépendance relative des ordres juridiques confessionnel et civil paraît préférable
de lege ferenda. » Bigamie de lege ferenda. « La nullité de lege ferenda serait une
nullité ex nunc. »
DÉLÉGIFÉRATION.
ö DE-.
ö DÉCRIMINALISATION.
1) Ces trois adjectifs se disent des personnes ou des choses, ils ont un sens propre
et un sens figuré très voisins et impliquent tous l’idée d’une action mauvaise : ce qui
est qualifié de délétère, de nocif ou de nuisible peut causer un dommage. Mais
délétère – terme scientifique – est plus fort que nocif – terme de médecine – , lequel
l’emporte, de ce point de vue, sur nuisible, plus soutenu, faut-il dire, que mauvais, qui
1298
qualifie beaucoup plus une manière d’être que l’idée de perte, de ruine ou de mort.
2) Bien que les trois vocables qualifient les mêmes sujets ou les mêmes objets pour
désigner ce qui est mauvais et dangereux, ils ne s’utilisent pas de façon
interchangeable, aussi ne peut-on en faire des synonymes. Au sens propre, ils
s’emploient généralement, dans la documentation consultée, en droit criminel, dans
le droit de l’environnement, dans le droit du travail et en droit agricole, notamment,
puis, au figuré, dans la jurisprudence générale.
Les juristes emploient l’adjectif délétère (ou des quasi-synonymes comme malsain ou
pernicieux) au sens figuré pour qualifier un climat, une ambiance (qui seraient
néfastes, suicidaires), une situation : « Les femmes juristes de Centreafrique
dénoncent la situation délétère dans le pays. » (= exécutions sommaires, arrestations
arbitraires, transmission du VIH), une doctrine (elle serait dangereuse), une maxime,
un précepte, un principe, une théorie (ils seraient moralement corrupteurs), un
1299
5) Ce qui est nocif, au sens propre, est ce qui est dangereux, non bénéfique, non
bienfaisant, ce qui peut nuire. Effet nocif du tabac, de l’usage du tabac sur la santé.
Substance déclarée, désignée nocive, produit qualifié de nocif. L’adjectif toxique est
synonyme si on a à l’esprit la santé des gens, mais si on songe à la maison dans les
murs de laquelle de la mousse isolante d’urée-formol ou MIUF aurait été injectée,
alors ce sont les adjectifs nuisibles ou dommageables qui seraient adéquats.
En outre, une substance peut être nocive sans être toxique par nature. Produit
(reconnu) nocif, conséquences nocives pour le consommateur, pour l’employé.
Immersion (en mer) de déchets ayant un effet nocif sur le milieu marin. Déversement
de substances liquides nocives dans les eaux et dépôt de matières solides nocives dans
les terres. Répercussions nocives sur l’écoulement des eaux souterraines, sur le
bétail, sur les populations fauniques, sur les habitats des poissons. Émanations,
fumées, odeurs, vapeurs nocives.
Nocif est souvent renforcé par un autre adjectif pour marquer le caractère malsain de
l’objet ainsi qualifié. Produit exempt de tout élément nocif ou dangereux. Objets
dégageant des odeurs nauséabondes ou nocives. Liquide nocif ou incommodant.
Au figuré, est qualifié de nocif ce qui peut nuire moralement ou socialement. Effet
nocif de la propagande haineuse. « L’affichage érotique cause-t-il un préjudice et a-t-
il un effet nocif sur la société ? » Est nocif ce qui est funeste, néfaste, non salutaire,
telles une influence, une lecture, une politique, une théorie parce qu’elles sont
susceptibles de pervertir l’intelligence ou la conduite humaine par leur caractère
1300
6) Est nuisible tout ce qui cause un danger, du tort, un préjudice, tout ce qui porte
atteinte à des intérêts ou à des droits. Acte, conduite, geste nuisible. « La volonté de
nuire sans acte nuisible ne constitue en aucun cas un crime en droit civiliste. »
Comme délétère et nocif, nuisible s’emploie au sens propre et au sens figuré. Des
animaux, des produits seront ainsi qualifiés en raison soit de leur action agressive ou
destructrice, soit de leur caractère économique ou social néfaste. Nuisible est alors
opposé à ce qui est bénéfique, favorable ou utile. On définira la pollution, par
exemple, comme une modification ou une altération nuisible qui cause ou risque de
causer une dégradation de la qualité de l’environnement pour tout usage qui peut en
être fait.
tribunal d’interdire dans la salle d’audience des activités qu’il estime nuisibles au
bon déroulement de sa procédure. »
DÉLIBÉRATION.
1) Dans la plupart des cas, délibération s’emploie aussi bien au singulier qu’au
pluriel : la délibération des membres d’un conseil, les délibérations des juges en
formation collégiale lors du délibéré. Délibération judiciaire, publique, droit de
délibération, délibérations budgétaires, préliminaires. Délibérations prises à la
majorité (absolue) des voix. La délibération peut avoir lieu en assemblée plénière ou
en comité. Les actionnaires sont invités à assister aux délibérations d’une assemblée
des actionnaires régulièrement constituée.
2) Ce qui est ou ce qui entre en délibération est à l’étude, en discussion, tandis que
ce qui vient en délibération, tel un projet de loi, se trouve faire l’objet d’un examen
auquel procède une assemblée dans le cadre d’une procédure. Délibération portant
approbation du projet de loi. Délibération à huis clos, de la législature, sur la motion
d’ajournement. Délibération(s) du jury. Processus de délibération du jury. Semer la
confusion dans les délibérations du jury. « La délibération du jury a été relativement
brève. »
La common law a établi une règle sur le secret des délibérations du jury. Cette règle
a été codifiée à l’article 649 du Code criminel qui érige en infraction criminelle toute
violation du secret de ces délibérations.
Bien que la délibération puisse être parfois sereine, brève, paisible, fructueuse, ou,
au contraire, longue, interminable, animée, difficile, exténuante, intense, pénible,
houleuse, orageuse, infructueuse, peu importe son caractère, au regard du droit elle
doit être valable, c’est-à-dire régulière. Délibérer valablement . « En cas de
mobilisation générale, le conseil municipal délibère valablement après une seule
convocation lorsque la moitié de ses membres non mobilisés assiste à la séance. » «
Si le tuteur nommé est présent à la délibération qui lui défère la tutelle, il devra sur-
le-champ, et sous peine d’être déclaré non recevable dans toutes réclamations
ultérieures, proposer ses excuses sur lesquelles le conseil de famille délibérera. »
ö DÉLIBÉRÉ.
conseil, cette salle s’appelle, en France, chambre du conseil. Au Canada, les juges se
réunissent à huis clos, c’est-à-dire sans la présence des parties et du public (“in
camera” en anglais), en cabinet ou dans la salle des délibérés selon la durée prévue
du délibéré . La discussion entre eux ou la période de réflexion que prend le juge
unique a pour but d’arrêter les termes de la décision qui sera rendue.
Le délibéré n’est pas propre aux tribunaux de juridiction supérieure; il se dit aussi
pour les tribunaux administratifs et en matière d’arbitrage.
2) On dit la mise en délibéré, et non la [prise du] délibéré, pour désigner le fait
pour le tribunal, à la clôture des plaidoiries ou des débats, de réserver l’examen de
l’affaire avant de rendre sa décision; il la soumet à une délibération préalable au
prononcé après renvoi de la décision à une date ultérieure. Affaire, cause mise en
délibéré.
3) Dans la procédure française, la note en délibéré est le document dans lequel les
plaideurs représentés par leurs avocats remettent au tribunal saisi, après les
plaidoiries, leurs observations écrites pour l’aider dans son délibéré. « À partir de
la mise en délibéré, seules peuvent être remises au tribunal les notes, qualifiées de
notes en délibéré, qui doivent se borner à rappeler et à préciser les arguments
développés à l’audience et ne doivent contenir aucun moyen de droit ou de fait non
consigné dans les conclusions. »
1304
4) Vider un délibéré signifie rendre une décision après s’être consultés ou après
réflexion. La cour vide son délibéré lorsqu’elle prononce son jugement en audience
publique.
5) Le délibéré est qualifié de judiciaire quand il est le fait des tribunaux judiciaires
et d’administratif quand il est celui des tribunaux administratifs ou des assemblées
délibérantes.
Le délibéré judiciaire peut revêtir trois formes. Les magistrats peuvent délibérer sur
le siège, et non [sur le banc] ou, comme on trouve en Belgique, [sur les bancs]; on dit
alors qu’ils délibèrent séance tenante. Il y a en ce cas jugement sur le siège, les juges
se concertant à voix basse dans la salle d’audience avant de rendre jugement sur-le-
champ, l’affaire ne présentant pas de difficultés particulières. Motifs rendus sans
délibéré, et non [à partir du siège].
Il arrive souvent aux juges de première instance de rendre des jugements sans délibéré
(“unconsidered”), les exigences de ces procès étant telles qu’ils n’ont pas le temps de
consulter la jurisprudence.
Les juges peuvent se retirer et, après un intervalle plus ou moins long, rendre leur
jugement. Le délai – de huitaine, de quinzaine ou d’une période indéterminée – tient
lieu de délibéré. Le juge qui délibère en cabinet, contrairement à celui qui délibère
sur le siège, réfléchit dans son bureau à la décision qu’il rendra.
Enfin, le prononcé du jugement peut être remis à une date ultérieure, non précisée :
l’affaire est alors en délibéré.
6) La juridiction tient séance, elle siège en audience publique ou à huis clos. Dire
qu’elle est en délibéré signifie qu’elle s’est retirée pour réfléchir, ne siégeant plus.
Aussi faut-il éviter de dire, même à propos de la première forme de délibéré, qu’un
tribunal [siège en délibéré].
Dans l’exemple suivant, l’emploi du pronom relatif qui est fautif : « Les décrets qui
doivent être délibérés en Conseil des ministres donnent toute la latitude au chef de
l’État pour inscrire ou non à l’ordre du jour les décrets qu’il souhaite réserver à sa
signature. » Il eût fallu écrire : dont il doit être délibéré.
Il est assujetti à d’autres conditions de validité : il doit réunir tous les juges qui ont
assisté à toutes les séances de la cause et les magistrats participant au délibéré doivent
avoir la qualité de juge. Les questions déjà tranchées ou les questions non pertinentes
sont rejetées du délibéré, les mémoires sont écartés du délibéré. Délibérer
valablement, délibéré valable.
9) Le délibéré peut être bref (quelques minutes s’il est sur le siège) ou mériter une
plus ample réflexion : long délibéré. Il peut s’étendre sur quelques semaines ou,
même, sur quelques mois. Il peut être facile, simple ou difficile, ardu, complexe,
épineux, divisif.
10) En droit successoral, délibérer se dit notamment de l’héritier qui s’accorde une
période de réflexion avant de se prononcer sur le legs dont il est bénéficiaire. «
L’héritier a, pour délibérer sur son acceptation du legs, un délai de quarante jours.
» Faire inventaire et délibérer.
11) Plus généralement, on appelle délibéré toute concertation entre les membres
d’un organisme appelé à prendre une décision ou d’une assemblée délibérante. Durant
cette concertation, les membres s’accordent une période de discussion et de réflexion
pour s’assurer du bien-fondé et de la teneur de leur décision.
12) Il faut éviter de dire qu’une décision que doit rendre une autorité judiciaire ou
administrative est [en réserve] (“under reserve”); on remplacera cet anglicisme de
construction par la locution en délibéré. « À la clôture de l’audience, j’ai indiqué que
je mettrais ma décision en délibéré » (“reserve my decision”). Il convient d’ajouter
qu’il est tout à fait correct de dire que, lorsque le juge met une affaire en délibéré, il
en réserve l’examen avant de rendre sa décision, ce qui n’autorise pas nécessairement
1306
13) Dans l’usage courant, est qualifié de délibéré ou bien ce qui est volontaire,
c’est-à-dire ce qui est conscient, intentionnel et voulu, ou bien ce qui est ferme, c’est-
à-dire ce qui est assuré, décidé, déterminé, énergique, hardi et résolu. Aussi ce qui est
fait délibérément est-il fait à dessein, consciemment, de plein gré, de sang-froid, en
(toute) (pleine) connaissance de cause, exprès, expressément, intentionnellement,
sciemment ou volontairement.
Les acceptions juridiques sont toutefois plus nuancées. En effet, le droit établit des
distinctions et considère qu’il importe de ne pas confondre les desseins et les
intentions. Le sens juridique de l’adjectif conscient enrichit celui de l’adjectif délibéré
en ajoutant l’idée que ce qui est délibéré doit être fait en connaissance de cause. « Un
acte scellé doit être signé, scellé et remis, et l’apposition du sceau doit être faite de
propos délibéré et en pleine connaissance de cause. » En matière pénale, la
connaissance conjuguée à l’acte délibéré peut être considérée comme un degré
minimal de culpabilité, un élément constitutif de la culpabilité.
ö ACTUS REUS.
ö DÉLIBÉRANT.
ö DÉLIBÉRATIF.
ö DÉLIBÉRATION.
ö DÉLIBÉRATOIRE.
ö DESSEIN.
ö INTENTION.
ö INTENTIONNEL.
ö MENS REA.
ö PRÉMÉDITATION.
ö PRONONCÉ.
ö SÉANCE.
ö SESSION.
ö SIÈGE.
ö VIDER.
ö VOLONTAIRE.
1) Est dit délictuel (par opposition à contractuel, qui tire sa source d’un contrat)
tout ce qui, trouvant sa manifestation dans un délit, relève du droit des délits, encore
appelé droit de la responsabilité délictuelle et, par analogie avec le droit criminel,
droit délictuel. Ce qui est d’origine délictuelle tire sa source de cette branche du droit,
laquelle s’intéresse à la responsabilité qui résulte de la commission d’un délit. Ainsi,
délictuel ne se prend pas en mauvaise part, il ne comporte en lui aucune charge
juridique négative ou défavorable : il est neutre. La même remarque doit être faite à
propos de tous les adjectifs qui se rangent sous cette acception générale, le plus
notable étant sans doute l’adjectif criminel. On ne [commet] pas un acte [délictuel];
s’il est commis, l’acte est délictueux.
2) Est dit délictueux (le suffixe -eux étant formateur d’adjectifs qui expriment,
notamment, une valeur, une notion dépréciative qui correspond à celle que porte avec
lui le substantif base) tout ce qui revêt ou manifeste le caractère de l’illégalité, d’un
délit ou constitue un délit. L’intention délictueuse ou criminelle est la ferme
résolution, le ferme propos, la volonté délibérée de commettre un délit, un crime.
Celui qui commet volontairement un fait interdit par la loi a mis au jour, a révélé une
telle intention. On dit, en common law, qu’il possède la mens rea, l’intention
coupable, élément essentiel pour que l’infraction ou le crime soit constitué. Acte,
comportement, agissements, fait, caractère, homicide délictueux (et non [délictuel].
L’homicide est qualifié de délictueux quand il est fautif, lésionnaire, illicite, plus
précisément quand il a été causé par le fait, par l’acte, par la faute de son auteur; il
s’oppose à l’homicide involontaire, par exemple à l’homicide commis par imprudence.
1309
ö CHAMPARTIE.
ö CRIMINEL.
ö DÉLIBÉRÉ.
ö DÉLIT.
ö MENS REA.
DÉLIEMENT. DÉLIER.
3) Du point de vue du tribunal, délier les parties de leur contrat, c’est confirmer
par autorité de justice que l’obligation contractuelle qui les liait n’existe plus. « Le
code québécois rejette en principe la résolution contractuelle de plein droit et oblige
1310
Du point de vue financier, le déliement est l’action qui consiste à fournir une aide
financière. Recommandation de l’OCDE sur le déliement de l’aide publique au
développement (= les Membres conviennent de s’28 octobre 2005ducroire.
appliquer à délier leur aide, à fournir de l’aide aux pays en développement).
5) La locution sans bourse délier signifie sans rien payer, gratuit. La personne qui
acquiert un bien sans bourse délier ne paie rien pour son acquisition.
ö DUCROIRE.
L’objet de la demande intéresse le sujet du verbe (demander pour soi) ou toute autre
personne (demander pour autrui). Demander (ou solliciter) la reconnaissance d’un
droit, l’annulation d’un contrat, une injonction, une ordonnance, des dommages-
intérêts.
La demande ainsi conçue est dite formulée en justice. Demander en justice signifie
donc simplement soumettre au tribunal une ou des prétentions. Il y a lieu de distinguer
cette locution de deux expressions apparentées : ester en justice et plaider en justice.
Au sens large, ester (du latin stare : se tenir debout) signifie exercer une action en
1311
justice (“to sue or be sued” en anglais), comparaître devant un tribunal pour y faire
valoir ses droits. En un sens plus restreint, c’est agir en justice, intenter une action,
entamer des poursuites, introduire une instance ou une demande (“to sue”). S’il est
employé en ce deuxième sens, il ne forme pas une expression redondante dans
l’exemple suivant : « La coentreprise n’ayant pas la personnalité morale, elle ne peut
ester ou être poursuivie en justice. »
On dit ester (en justice) « dans » une action, mais « devant » un tribunal. « Le
principe de common law qui permet à quiconque d’ester en justice dans une action
civile en dommages-intérêts est bien établi. » « Cette société ne peut ester en justice
que devant les juridictions de droit commun et non devant la Cour de l’Échiquier du
Canada. »
La capacité d’ester est celle de pouvoir se porter partie. La faculté d’ester a trois
faces : l’une, active, comme partie demanderesse, l’autre, passive, comme partie
défenderesse, et une troisième, intermédiaire, comme partie intervenante; elle varie
selon la nature de l’action engagée.
En plus de ces notions, les concepts le plus souvent associés à cette locution verbale
sont ceux de qualité et d’intérêt (faire reconnaître son intérêt de poursuivre, avoir un
intérêt suffisant pour contester une décision : voir LOCUS STANDI). « En equity,
beaucoup plus de justiciables ont qualité et intérêt pour ester en justice qu’en
common law. » « Il est universellement admis que l’intérêt pour ester en justice doit
exister au moment où se forme le recours. »
5) Les exemples précédents ont montré que le cooccurrent justice fait rarement
place à un autre terme lorsqu’il suit ester. La documentation atteste toutefois ester en
demande, ester en défense, ester à l’instruction : « Les demandeurs mis en faillite ne
peuvent ester à l’instruction à ce titre que si le juge conclut que leurs droits, dévolus
au syndic, leur sont rétrocédés. » Ester en jugement : « La femme peut maintenant
ester en jugement sans devoir être autorisée à cette fin par son mari. » Ester en
matière civile, en matière pénale : « Les syndicats peuvent ester en matière civile. »
Ester en répétition de qqch. : « Les avocats soutiennent qu’aucun transfert du droit
d’ester en répétition des débours engagés n’a été effectué. »
Ester en justice est tout à fait courant dans les textes juridiques et il figure encore dans
la nomenclature des vocabulaires; on voit mal comment on pourrait le remplacer ainsi
sans appauvrir notre langue.
ö COMPTE.
ö DEMANDE.
ö DEMANDEUR.
ö LOCUS STANDI.
ö PLAIDER.
ö SOLLICITER.
DÉMARIAGE. DÉMARIER.
1313
Terme du vieux français remis à la mode par Carbonnier, le démariage est, stricto
sensu, la séparation juridique des époux; mais le mot recouvre les divers modes
d’anéantissement, de dissolution et de relâchement du lien conjugal. Le divorce (voir
ce mot) est une forme de démariage, les autres formes ou causes étant l’annulation du
mariage et la séparation de fait. Constater le démariage (par des moyens de droit, par
des sanctions).
ö CORPS.
ö DIVORÇANT.
ö MARIAGE.
DÉNI.
3) Le Code civil français dispose : « Le juge qui refusera de juger, sous prétexte
du silence, de l’obscurité ou de l’insuffisance de la loi, pourra être poursuivi comme
coupable de déni de justice. » Dénier justice c’est, pour un tribunal, ne rendre aucune
1314
décision sur la demande dont il est saisi. Cette obligation faite au juge de statuer
conduit, en cas de refus d’obtempérer à l’ordre donné par le législateur, à la
constitution d’une infraction pénale.
Le déni peut porter notamment sur le refus de reconnaître un droit ou sur une
méconnaissance des règles de droit. Constituer un déni. Déni du droit à l’égalité. La
discrimination exercée à l’endroit d’une partie peut conduire au déni de son droit à
l’égalité réelle.
et célérité, énoncés dans la règle moderne : « Tout citoyen est en droit de s’attendre
à ce que le système de justice fonctionne de façon équitable, efficace et avec une
célérité raisonnable ». Cette règle est confirmée au Canada à l’article 11 de la Loi
constitutionnelle de 1982 : « Tout inculpé a le droit d’être jugé dans un délai
raisonnable. »
Dans les affaires qui n’ont pas été menées avec une détermination absolue, la justice
différée, pour la partie qui veut se faire entendre, est un déni de justice naturelle. Les
irrégularités de procédure équivalent souvent à un déni d’équité procédurale. Si le
déni de justice correspond au déni d’être entendu en justice, le déni de justice
naturelle est le refus de reconnaître, dans le cas d’une personne qui s’adresse à la
justice, le principe de justice naturelle. C’est une forme de manquement aux règles de
justice naturelle.
Il y a déni de justice naturelle chaque fois que l’on empêche une partie de participer
à un processus de prise de décision qui la concerne au premier chef. Un délai, par
exemple, ne constitue un délai de justice naturelle pour une partie que s’il porte
atteinte directement à sa capacité de se défendre. Le fait de tenir une audience à un
moment et en un lieu tels qu’une des parties ne peut se permettre d’y comparaître
équivaut à pareil déni justifiant la révision de la décision rendue ou même l’annulation
de la décision. Autres motifs de déni : l’insuffisance ou l’absence de motivation de la
décision, la violation d’un droit ou d’une liberté garantis par la Constitution, le
tribunal a décidé au préalable de la culpabilité du requérant et a déterminé d’avance
la peine qu’il allait lui infliger, ce qui suscite une crainte raisonnable de partialité et
constitue de ce fait un tel déni, la description de la plainte n’est pas suffisante pour
permettre à l’avocat de la défense de présenter une défense pleine et entière,
l’omission délibérée et volontaire de porter à l’attention du tribunal toutes les
décisions pertinentes qu’il connaît pour éviter tout déni de ce genre ou le refus
d’ajourner l’audience en dépit du fait qu’une partie n’a pas été avisée de la tenue de
l’audience. Le justiciable qui constate qu’il y a risque pour lui d’être victime d’un déni
de justice naturelle invoque normalement l’article 7 de la Loi constitutionnelle de
1316
Le déni de justice à l’égard des étrangers peut prendre trois formes : le déni de justice
par le refus de l’accès aux tribunaux, le déni de justice procédural ou formel à la suite
de graves irrégularités procédurales et le déni de justice substantiel ou matériel
lorsque les décisions judiciaires rendues sont manifestement injustes au fond. « Le
déni de justice matériel consiste en une violation importante du droit interne qui porte
sur le fond même du jugement. »
1318
Syntagmes
Déni absolu.
Déni complet.
Déni considérable.
Déni constant.
Déni délibéré.
Déni déraisonnable.
Déni discriminatoire.
Déni entier.
Déni erroné.
Déni explicable.
Déni explicite.
Déni exprès.
Déni flagrant.
Déni fondamental.
Déni formel.
Déni grave.
Déni imputable (à qqch., à qqn).
Déni inéquitable.
Déni injurieux.
Déni injustifié.
Déni irrémédiable.
Déni légal.
Déni manifeste.
Déni matériel.
Déni permanent.
Déni présumé.
Déni prétendu.
Déni procédural.
Déni terrible.
Déni substantiel.
Déni total.
Absence de déni.
1320
Alléguer un déni.
Causer un déni.
Commettre un déni.
Conclure à l’absence, à l’existence d’un déni.
Conduire à (un) déni.
Constituer un déni.
Contester un déni.
Corriger un déni.
Créer un déni.
Démontrer (l’existence d’) un déni.
Dénoncer un déni.
Donner lieu à (un) déni.
Donner naissance à un déni.
Donner ouverture à (un) déni.
Empêcher un déni.
Emporter (un) déni.
Entraîner (un) déni.
Équivaloir à (un) déni.
Établir un déni.
Être coupable d’un déni.
Être, faire l’objet d’un déni.
1321
Éviter un déni.
Faire preuve de déni.
Invoquer un déni.
Plaider un déni.
Prouver un déni.
Provoquer un déni.
Rectifier un déni.
Redresser un déni.
Remédier à un déni.
Représenter un déni.
Réparer un déni.
Résulter en un déni.
Subir un déni.
Il s’agit d’un déni.
Il s’est produit un déni, un déni est survenu.
Il y a déni.
ö DÉNÉGATION.
ö DÉNIER.
ö JUSTICE.
DÉONTOLOGIE. DÉONTOLOGIQUE.
La déontologie, faut-il préciser tout de suite, au sens de corps des règles et des devoirs
régissant une profession, réunit en forme de code les règles relatives à la
responsabilité des membres de professions organisées en ordres professionnels. Au
départ, ces professions étaient exclusivement libérales. Aujourd’hui, des codes
déontologiques réglementent toutes sortes d’activités professionnelles. Code de
déontologie médicale, Code de déontologie des vétérinaires , des chirurgiens-
dentistes, des sages-femmes, des pharmaciens, des infirmières et des infirmiers, des
audioprothésistes, des chiropraticiens. Code de déontologie des architectes, des
arpenteurs-géomètres, des experts-comptables, des comptables agréés, des
comptables généraux licenciés , des agronomes, des administrateurs agréés, des
chimistes, des conseillers d’orientation. Code de déontologie des notaires. Code de
déontologie parlementaire, judiciaire.
Il convient d’ajouter que les syndicats jouent de plus en plus un rôle actif, avec le
concours de l’autorité patronale, dans l’élaboration de codes de déontologie
applicables à leurs membres. Code de déontologie des travailleurs sociaux. Code de
déontologie de la fonction publique. Code de déontologie des agents de police
municipale, de la police nationale, de la Gendarmerie royale du Canada.
Pendant la durée de leur carrière, les professionnels sont soumis à des obligations
déontologiques particulières dont la violation peut être punie par des sanctions
pénales quand ils enfreignent les lois ou par des sanctions disciplinaires (allant de
l’admonestation, de la réprimande, du reproche, du blâme à la révocation ou à la
radiation, quand ils commettent des manquements à leur code de déontologie, c’est-à-
dire quand ils commettent des actes qui portent atteinte à leur devoir de probité,
d’intégrité, à l’honneur, aux bonnes mœurs.
vie quotidienne.
Le débat n’est pas clos sur la question de savoir si les codes de déontologie
ressortissent au droit ou à la morale. Des juristes estiment que la sanction donnée par
le pouvoir réglementaire fait de ces préceptes moraux des prescriptions juridiques
puisque les manquements aux dispositions des codes entraînent des sanctions
disciplinaires. Pour eux, la déontologie est manifestement une source du droit
professionnel. D’autres sont d’avis inverse : la morale serait une source de la
déontologie.
règles déontologiques. Les avocats mis en cause sont passibles de poursuites aussi
bien disciplinaires que judiciaires. C’est ainsi considérée que la déontologie ressortit
au droit.
Mais s’il est vrai que les codes de déontologie sont des corps de règles applicables à
la discipline professionnelle, il faut dire qu’ils ne le sont qu’à titre indirect. Leur rôle
est avant tout de rassembler les règles morales principales qui régissent une pratique
professionnelle particulière. « Les codes de déontologie ont pour mission essentielle
de servir de guide aux interrogations de conscience d’un professionnel. » « Le Code
ne cherche pas à définir ce qui constitue une inconduite professionnelle, il ne tente
pas non plus d’évaluer l’importance respective des diverses règles existantes et de la
gravité qu’entache leur violation. Ces fonctions appartiennent aux divers organes
directeurs de la profession. Le but des règles ci-dessous énoncées est de servir de
guide. » C’est dire que les codes de déontologie encouragent l’autoréglementation.
C’est sous forme de droit disciplinaire que la déontologie est entrée dans le droit
positif pour devenir ce qu’il est convenu d’appeler, très justement d’ailleurs, le droit
déontologique.
ö CODE.
ö DÉONTOLOGUE.
ö FAUTE.
DÉONTOLOGUE.
services financiers.
Il lui revient d’ériger une muraille de Chine au sein de son entreprise. En ce sens, il
assure l’application régulière de la procédure qui tend à prévenir la circulation
d’informations confidentielles. Mais sa mission ne se limite pas à cette seule fonction.
Il doit gérer le risque d’atteinte à la réputation et à l’image de l’établissement et
sensibiliser en permanence l’ensemble du personnel aux dispositions réglementaires
nouvelles. Il veille généralement à l’intégrité du marché financier et à la primauté des
intérêts des clients.
ö CODE.
ö DÉONTOLOGIE.
ö MURAILLE.
DÉPÉNALISATION.
ö DE-.
ö DÉCRIMINALISATION.
DÉPENS.
Le mot dépens renvoie à la partie des dépenses légales qu’entraîne un procès. Ce sont
des frais de justice ou des frais judiciaires.
1327
2) Il faut se garder de confondre les débours et les dépens. On appelle débours (ou
déboursés dans la langue usuelle) les frais que l’avocat de la partie qui a gain de cause
a engagés ou exposés (et non [encourus] ni [assumés]). On dit débours parce que ce
sont des frais que l’avocat a avancés et qu’il entend bien récupérer ou recouvrer quand
l’action en justice sera terminée. Les débours font partie des dépens.
3) Les dépens, qui sont comme tous les frais irrépétibles des frais de justice,
comprennent, outre les débours, les honoraires judiciaires, lesquels sont des frais
obligatoires. On dit judiciaires parce qu’ils sont prévus, au Canada, au tarif figurant
dans les Règles de procédure. Ils seront calculés, fixés, déterminés, évalués en
fonction d’un montant clé.
Il ne faut pas confondre les dépens avec les frais extrajudiciaires, soit les honoraires
ou les frais que l’avocat peut réclamer pour ses services professionnels ou en sus des
frais judiciaires et qui découlent de l’exercice de sa profession.
4) Les dépens étant des frais, on évitera d’user de la formule redondante [frais et
dépens], lui préférant celle, plus logique, des dépens et autres frais.
5) La défaite en justice entraîne des conséquences sur les dépens. Un des principes
maîtres qui régissent le droit procédural en la matière établit que l’adjudication des
dépens représente un compromis entre l’indemnisation de la partie gagnante et
l’application d’une charge non excessive à l’endroit de la partie perdante.
8) Le juge qui déclare qu’il fait masse des dépens ou qui emploie la tournure
impersonnelle il est fait masse des dépens entend que tous les dépens, les entiers
dépens sont réunis en une seule masse qui est attribuée ou adjugée au gagnant et que
le perdant devra supporter.
Il convient de remarquer que le juge n’emploie pas le futur en ce cas; il n’écrit pas que
le tribunal [dit] qu’il [sera] fait masse des dépens; il déclare, en statuant sur les
dépens, qu’il est fait masse des dépens. « En raison de la succombance des parties,
il est fait masse des dépens de première instance et d’appel que chacune supportera
par moitié. » En faisant masse des dépens, il établit le total des frais constituant les
dépens, qu’il partagera ensuite selon le sort de l’instance. Faire masse des dépens
pour les défendeurs.
Le tribunal adjuge les dépens au gagnant, lequel pourra se les faire rembourser par
le perdant, sauf décision juridictionnelle contraire. Les dépens sont par conséquent
récupérables, recouvrables auprès de la partie perdante, laquelle se trouve de ce fait
à être condamnée aux dépens.
subit les dépens parce qu’il doit les payer. Cette obligation aux dépens de
l’action permet de dire que les dépens incombent au perdant. Il appartient à celui-ci
de rembourser les dépens engendrés, occasionnés, entraînés par le procès. C’est pour
cette raison que l’on parle de la charge des dépens. Les dépens sont à la charge, ils
sont mis à la charge du perdant.
On dit qu’une partie a droit aux dépens pour signifier qu’elle a le droit de les
recouvrer sur la partie perdante.
10) Il arrive souvent qu’une ordonnance sollicitée par les parties n’entraîne pas
l’adjudication de dépens. En ce cas, le tribunal se sert à cette fin de diverses formules.
« Il n’y aura aucune ordonnance quant aux dépens » (ou relative aux dépens).
« L’ordonnance est rendue sans dépens » (ou avec dépens).
Le fait pour le tribunal de n’adjuger aucuns dépens ne signifie pas que l’instance n’a
pas engendré de dépens : il n’existe pas d’instance sans frais. Le fait de ne rendre
aucune ordonnance quant aux dépens signifie plutôt que le tribunal décide que les
dépens resteront à la charge des parties qui les ont exposés.
11) Perdre sa cause avec dépens. Un appel peut être accueilli ou rejeté avec ou
sans dépens. On ne met pas la virgule après le participe passé ou le verbe. Pourvoi
accueilli avec dépens. « Je suis d’avis de rejeter le pourvoi avec dépens. »
13) Le tribunal réserve les dépens lorsqu’il ordonne la réouverture des débats à
l’audience à telle date aux fins qu’il aura exposées précédemment. Il réservera le
surplus des dépens en cas de surplus des demandes et de nécessité de commettre un
expert afin de pouvoir être en mesure de statuer définitivement.
1330
14) En principe, le montant des dépens est indiqué dans le dispositif du jugement.
Mais, s’il arrive que le montant global des dépens (et non le [montant total],
expression pléonastique puisque le montant est, par définition, un total) ne sera connu
qu’après l’exécution du jugement, ce montant ne pourra être liquidé (c’est-à-dire
calculé ou chiffré) dans le jugement, aussi appartiendra-t-il à l’avocat de la partie qui
les a avancés ou au greffier de dresser les frais du procès que le gagnant récupérera
sur le succombant. La liquidation des dépens relève du liquidateur des dépens.
15) Les frais deviennent des dépens une fois qu’ils sont taxés par l’officier taxateur,
dit le taxateur des dépens, ou le fonctionnaire chargé du calcul des dépens, ou par le
juge lui-même. Les dépens afférents à l’instance seront taxés sur une base : dépens
taxés sur la base des honoraires réclamés par un avocat à son client (ou dépens taxés
sur la base procureur-client), dépens taxés sur la base des frais entre parties (et non
[frais taxés entre parties]). Taxation des dépens récupérables.
Aux fins de la taxation des dépens, le taxateur des dépens prend en compte le calcul
des dépens dans l’établissement du mémoire de dépens ou de l’état des frais.
17) En matière de règlement des dépens, la distraction des dépens (distraire les
dépens) est un mécanisme par lequel, à la demande de l’avocat du plaideur gagnant,
le tribunal l’autorise à recouvrer directement sur la partie perdante les frais qu’il a
exposés pour son client. Par la distraction des dépens, le tribunal adjuge à l’avocat
distractionnaire les dépens qu’il dit avoir avancés pour le compte de son client. En
ce sens, la distraction est un droit de recouvrement des dépens. Prononcer la
distraction des dépens au profit de l’avocat de la partie gagnante. Exécutoire de
dépens. « Le greffier en chef liquide les dépens dont distraction a été ordonnée au
profit des avocats-défenseurs. » « La société défenderesse sera condamnée aux
1331
Le déport est, en droit civil, l’acte par lequel, pour des motifs légitimes, un juge se
retire d’une affaire, avant même qu’il y ait eu récusation (voir DÉCLINATOIRE), ou un
arbitre décline la mission qui lui avait été confiée par la convention d’arbitrage et qu’il
avait acceptée. « La récusation d’un magistrat fait — sauf déport — l’objet d’une
transmission à la Cour d’appel qui admet ou rejette. »
ö DÉCLINATOIRE.
ö DÉMETTRE.
ö RÉCUSABLE.
DERECHEF. SUR-LE-CHAMP.
DERELICT.
Pas d’accent aigu sur les e. Prononciation : dé-ri-likt. Le mot est variable : des
derelicts.
Ce terme anglais, attesté par certains dictionnaires généraux, est formé sur le participe
passé latin derelictus, du verbe derelinguere, qui signifie abandonner, délaisser.
ö CHOSE.
ö DERELICTIO.
ö DÉRÉLICTION.
ö LAIS.
DERELICTIO.
Terme latin du droit civil. Il se met en italique dans un texte à caractère romain ou en
caractère romain dans un texte italicisé.
Appelé res derelicta (ou res derelictæ au pluriel) dans le droit des biens, l’objet de la
derelictio est devenu dès lors chose susceptible d’être appropriée ou occupée, selon
le cas, par le premier venu.
3) Pour l’emploi des termes formés sur le mot res, voir ce mot.
ö DÉLAISSEMENT.
ö DERELICT.
ö RES.
DÉSEMPARER.
De cette situation géographique naît la servitude d’enclave, encore appelée dans cette
circonstance servitude de passage, sans laquelle le propriétaire, le locataire ou
l’occupant enclavé, encore appelés l’enclavé et, pour la forme féminine, l’enclavée,
qui est établi sur le fonds enclavé ne pourrait sans un passage suffisant quitter son
bien sans devoir traverser le fonds servant. « C’est de l’état d’enclave, titre légal, que
dépendent la naissance et l’extinction de la servitude d’enclave ou de passage. » «
Les tribunaux ont jugé le droit de passage ouvert pour les nécessités de la desserte
d’une habitation ou dans le cas où l’établissement d’une issue serait trop onéreux
pour l’enclavé. »
Une enclave peut se trouver au sein d’une division territoriale, cas, par exemple, du
lotissement formant enclave au cœur d’une agglomération.
Un fonds est par conséquent dit enclavé quand aucun accès ne permet de le relier à la
voie publique. Existence, cessation d’une enclave. « L’extinction de la servitude de
passage s’opère en cas de cessation de l’enclave. »
L’enclave ou l’état d’enclave est alors conçu comme la situation dans laquelle se
trouve l’État qui, par opposition a un État côtier, n’a pas accès à la mer puisqu’il n’a
pas de littoral.
1337
Les États enclavés ou sans littoral sont géographiquement défavorisés par rapport aux
États côtiers, qui ont toute liberté de navigation et qui sont en mesure, sur leur
territoire maritime et terrestre, de contrôler le commerce en provenance ou à
destination du pays enclavé; ils peuvent même, à l’occasion de conflits, empêcher ce
commerce.
Est dite partiellement enclavée ou formant partiellement une enclave toute partie du
territoire d’un État qui est entièrement entourée par le territoire d’un autre État.
Enclave espagnole de Llivia en France, enclave belge de Baerle-Due, aux Pays-Bas.
L’enclave anglaise de Cabinda en République démocratique du Congo possède un
débouché vers la mer. Cette situation d’enclavement provoque souvent des conflits
armés entre le territoire enclavé et l’État sur lequel se trouve pareil territoire. « Le
FLEC est un mouvement armé qui lutte pour l’indépendance de l’enclave de Cabinda.
» « En 1997, l’Arménie a accepté en principe un accord de paix en ce qui concerne
l’enclave contestée de Nagorno Karabakh. » Toutefois, un État ou un territoire
enclavé peut avoir une ouverture, totale ou partielle, sur la mer. La principauté de
Monaco est enclavée en territoire français, mais elle possède un débouché sur la mer.
La principauté de Monaco est enclavée en territoire français, mais elle possède un
débouché sur la mer.
Un massif montagneux, par exemple, peut empêcher une partie du territoire d’un État
de présenter un lien géographique avec le reste de ce territoire et ne pas permettre de
passage effectif entre les deux. On décrit cette réalité juridique en soulignant
l’existence d’une quasi-enclave. Ainsi, certaines communes autrichiennes et
allemandes sur la frontière austro-germanique sont quasi enclavées.
ö ENCHÂSSÉ.
ö QUASI.
ö SERVITUDE.
ö TÈNEMENT.
1338
On dit désertion à l’étranger lorsque le soldat quitte son pays, désertion en présence
de l’ennemi lorsqu’il se trouve sur le champ de bataille ou engagé dans une action
militaire, et désertion à l’ennemi lorsqu’il abandonne son camp ou son poste et passe
à l’armée adverse.
partie de poursuivre l’appel : « Si le dossier conjoint n’est pas produit dans le délai
prévu par l’article 503, un juge de la Cour d’appel peut, sur demande, rendre les
ordonnances appropriées et même déclarer l’appel déserté. »
Cette disposition explique le nombre élevé des occurrences de ce mot dans notre
jurisprudence. Déserté ne s’applique en ce sens qu’à un appel ou à un pourvoi :
« L’appel a été déclaré déserté à l’initiative de la Cour par application de la
règle 524 des Règles de procédure civile. » « La Cour peut, d’office ou à la requête
d’une partie, déclarer dilatoire ou abusif un appel qu’elle rejette ou déclare déserté. »
La langue moderne, plus simple, préfère parler d’un appel qui a été abandonné; on
trouve aussi la tournure plus recherchée, un peu affectée même : appel dont
désistement, à l’exemple de plusieurs expressions juridiques formées sur le pronom
relatif dont (voir ce mot) amenant une proposition sans verbe. On dira, plus
simplement, qu’une partie s’est désistée de l’appel.
ö DONT.
ö MARTIAL.
ö TRAHISON.
DÉSHÉRENCE.
Il ne faut pas se surprendre de constater dans des lectures que ce substantif féminin
comporte à sa première syllabe deux graphies : deshérence et déshérence, lesquelles
ont un effet direct sur la prononciation du terme. La première graphie, désuète et rare,
n’est pas attestée dans les dictionnaires généraux; seule la seconde est en usage de nos
jours. « À défaut d’héritiers, la succession est acquise à l’État. Les successions
attribuées à l’État à défaut d’héritiers sont dites en deshérence. » Droit de
déshérence. Bien tombé en déshérence . Recueillir tout ou partie des droits en
déshérence. « Le titre de propriété a été acquis par déshérence. » Il faut donc le
prononcer dé-sé-rence conformément à sa graphie moderne.
ö BONA VACANTIA.
ö VACANCE.
1) Le préfixe dé- est le doublet du préfixe dis- dans les verbes désinculper et
disculper et leurs dérivés nominaux synonymes.
Désinculper, verbe transitif formé sur le latin dis-, préfixe à valeur négative, et de
culpa (faute), a été supplanté dans l’usage moderne par son concurrent disculper, qu’il
ne faut pas confondre avec déculpabiliser (voir CORRECTIONNALISATION).
3) Par extension, disculper signifie soit justifier d’une faute imputée : (« L’avocat
de la défense a pour mission de réunir tous les éléments de preuve susceptibles de
disculper son client », soit absoudre, excuser : « Cette action si généreuse le disculpe
de sa mauvaise réputation ». Justifier un acte ou une personne de qqch. par la preuve
que la faute reprochée était inévitable ou légitime, ou qu’elle a été commise en toute
innocence, c’est disculper l’acte ou la personne.
öBLANCHI.
öCORRECTIONNALISATION.
öCOUPABLE.
öCULPABILITÉ.
öDISCULPATOIRE.
öEXONÉRATION.
öINCULPATION.
öINCULPER.
DESSAISIR. DESSAISISSEMENT.
Ainsi, pour une juridiction, le dessaisissement se dit dans le cas de la perte du pouvoir
de juger une affaire dont elle était saisie, soit avant de la juger (cas d’incompétence,
par exemple), soit en cours d’instance (cas de maladie du juge, par exemple), soit du
fait de l’avoir jugée (cas de l’épuisement, en jugeant, du pouvoir de juger). Se trouver
dessaisi. « Par le prononcé du jugement définitif, le tribunal se trouve dessaisi et sa
juridiction est épuisée. » Le juge, le tribunal qui est déchargé de sa compétence, qui
l’a perdue du fait du dessaisissement, est dit functus officio.
Par ailleurs, le dessaisissement est une dépossession qui se produit dans d’autres
situations juridiques. Être dessaisi d’un droit. « L’appelant prétend être dessaisi de
tout droit sur l’action. »
Dessaisir le jury (“to take, to withdraw the case from the jury”). S’il advient que le
défendeur ne présente aucune preuve, le juge dans un procès devant un juge et un jury
peut dessaisir le jury et prononcer un verdit d’acquittement. « Les raisons pour
lesquelles un juge peut dessaisir le jury sont très limitées. »
2) Si, dans un sens moins technique, saisir s’entend de l’acte de soumettre une
demande à une autorité pour qu’elle lui donne suite, alors, dessaisir se dit également
1343
dans le cas d’une autorité ou d’une personne qui se trouve dépossédée d’un pouvoir
ou d’une fonction ou à qui est retiré le pouvoir de faire quelque chose.
3) Le deuxième sens du verbe dessaisir marque une action; le verbe sera souvent
employé à la voix active. C’est abandonner volontairement un pouvoir, un titre, une
faculté. Se dessaisir sur-le-champ, automatiquement, sans tarder. Se dessaisir d’un
bien, d’un titre, d’un héritage. « Celui qui a rédigé l’original d’un acte authentique
(ou la minute) ou l’a reçu en dépôt ne peut s’en dessaisir. »
Le dessaisissement est une forme de dépouillement. Ainsi, dans la donation entre vifs,
le donateur se dépouille à titre gratuit de la propriété d’une chose en faveur du
donataire dont l’acceptation est requise et rend le contrat parfait. En ce sens, on dit
que la donation est un acte de dessaisissement.
ö DÉNI.
ö DÉPOUILLEMENT.
ö ÉVOCATION.
ö FUNCTUS OFFICIO.
ö SAISINE.
ö SAISIR.
1344
DÉTOURNEMENT. DÉTOURNER.
1) Il y a détournement chaque fois qu’une personne est orientée dans une direction
non conforme à son intérêt ou contraire à sa destination légitime ou à ses devoirs ou
qu’un bien est volé, dissimulé ou soustrait en vue de tirer de l’acte illicite un profit,
un gain, d’assouvir une vengeance personnelle ou une passion condamnable ou de
causer tout autre préjudice soit à la personne ainsi détournée, soit au propriétaire du
bien. Par exemple, le détournement d’argent est généralement inspiré par la cupidité
et est signe de corruption, tels les cas de malversations (de fonctionnaires), de
corruption, de concussion (de percepteurs) et de prévarications (de ministres).
Le détournement est frauduleux quand son auteur savait qu’il n’avait pas la propriété
des biens détournés et entendait nuire au propriétaire par le détournement. Somme
détournée. Victime du détournement. Détournement de fonds publics, mais aussi
d’actes (de procédure, d’état civil). Détournement de pièces dans un procès. Se rendre
coupable de détournement ou de tentative de détournement de biens contenus dans
un dépôt public. « Le fait de détourner un acte ou un titre, ou des fonds publics ou
privés, ou des effets, pièces ou titres en tenant lieu ou tout autre objet, qui ont été
remis, en raison de ses fonctions, à une personne dépositaire de l’autorité publique
ou chargée d’une mission de service public, à un comptable public, à un dépositaire
public ou à l’un de ses subordonnés, est puni de sept années d’emprisonnement et de
1345
700 000 F d’amende. La tentative de ce délit est punie des mêmes peines. » Se rendre
coupable de détournement ou de tentative de détournement de gage ou d’objet saisi.
Détournement de l’objet constitué en gage. « Le fait, par le saisi, de détourner un
objet saisi entre ses mains en garantie des droits d’un créancier et confié à sa garde ou
à celle d’un tiers est puni de trois ans d’emprisonnement et de 2 500 000 F d’amende.
La tentative de cette infraction est punie des mêmes peines. »
sans ses manœuvres déloyales, son conjoint aurait été fidèle. Anciennement, l’action
appartenait au mari contre le séducteur de sa femme. Aujourd’hui, le séducteur, par
l’effet de l’évolution sociale et, par voie de conséquence et d’entraînement, de la
désexisation du droit, est dénommé tiers ou tierce partie.
ö ABUS.
ö CONCUSSION.
ö CORRUPTION.
ö DISSIPATION.
ö DISTRACTION.
ö INFRACTEUR.
ö MALVERSATION.
ö MÉSUSAGE.
ö PRÉVARICATION.
DIAGNOSTIC. DIAGNOSTIQUE.
DICTAT. DIKTAT.
1) Le mot est péjoratif. Il désigne, à l’origine, comme terme allemand, une chose
dictée, ordonnée par la force, plus précisément dans le contexte des relations
internationales, et surtout dans le vocabulaire de la politique internationale, tout traité
imposé, toute convention diplomatique ou clause imposée. Ainsi, diktat évoquait pour
les Allemands nationalistes le traité de Versailles de 1919, décision dure, règlement
unilatéralement imposé à un peuple vaincu.
Son emploi s’est généralisé et le mot s’est fixé comme lieu commun dans des formules
figées : diktats des grandes puissances, dictats des gouvernements totalitaires.
semble ordonné impérieusement par une force extérieure : les diktats de l’histoire, de
la nature. Il ne restait plus qu’à l’appliquer au langage judiciaire ou législatif au sens
de prescription, demande, exigence, principe qui s’impose par la force de la chose
jugée ou légiférée. Toute demande impérative du tribunal qui a couleur d’ultimatum
ou d’injonction devient un diktat. Le terme doit être associé à des exigences absolues,
à des conditions imposées sans autre justification que la force de la juridiction. Étant
donc la condition prescrite par le plus fort, des auteurs utiliseront le mot à propos
d’une cour supérieure ou suprême avec une faible nuance péjorative : placer des
diktats sous le couvert du droit suprême. « La lecture de la Loi constitutionnelle de
1867 persuadera aisément les sceptiques des fondements britanniques de la
Constitution canadienne. S’il était nécessaire de s’en convaincre davantage, les
diktats de la Cour suprême devraient effacer tout doute. »
3) Il ne faut pas confondre les quasi-homonymes dictat, mot français, et dicta, mot
latin.
ö DICTA.
Les latinismes dictum, obiter dictum, ratio decidendi et ratio legis ne sont pas
francisés; ils se mettent en italiques dans un texte en caractère romain et vice versa.
Il ne faut pas les guillemeter. Dictum et obiter dictum sont du genre masculin et ratio
decidendi et ratio legis, du genre féminin. Le masculin [le] ratio dans ces deux
derniers termes est à proscrire.
Quoique la tendance actuelle soit de ne pas traduire les locutions ratio decidendi (par
le terme motif déterminant) et ratio legis (par l’expression raison d’être de la loi), il
convient de souligner que les latinismes dictum et obiter dictum sont de plus en plus
souvent traduits par remarque, observation incidente, commentaire ou équivalents
semblables. « Il s’agit là d’une remarque incidente du juge en chef plutôt que de la
ratio decidendi de l’arrêt. » Remarque faite en obiter dictum. Concilier la ratio
decidendi d’une décision et les obiter dicta d’autres décisions.
Il arrive que des obiter dicta repris, appliqués et suivis dans une jurisprudence
constante deviennent la ratio decidendi de plusieurs décisions subséquentes.
Des juges privilégient la forme abrégée ratio. Ils estiment qu’ils ne risquent pas,
même à défaut de contexte clair et non équivoque, de créer une confusion
terminologique puisque le mot français homonyme ratio, qui signifie coefficient ou
rapport de deux grandeurs, est du genre masculin. L’emploi de l’article féminin suffit
pour dissiper tout risque d’ambiguïté.
En droit législatif, la ratio decidendi du droit judiciaire devient la ratio legis, forme
abrégée de la maxime Ratio legis est anima legis (La raison d’être de la loi révèle
l’esprit de la loi.)
Il ne faut pas confondre la raison d’être de la loi, qui est le but principal de son
adoption, son objet déterminant, avec son esprit (et sa lettre) de même qu’avec son
économie (et son régime).
Il convient dès lors de considérer la ratio decidendi comme étant étroitement liée au
principe du stare decisis, encore appelé principe ou règle du précédent, lequel
contraint les tribunaux inférieurs, assujettis à la force de la chose jugée ou res
judicata, à être liés sur un point de droit par les décisions comportant la même ratio
1349
DIFFÉREND. DISPUTE.
2) Dans certains systèmes de droit, le différend est une contestation qui donne
matière à une action en justice; le différend est donc susceptible de dégénérer en
procès, sans être encore un véritable litige, aussi est-ce une contestation dont le juge
ou l’arbitre n’est pas encore saisi. Différend réglé à l’amiable (par la voie du
compromis). Trancher un différend entre les parties par un compromis. Porter un
différend en justice. Quand le juge ou l’arbitre s’en saisit, le différend n’a plus la
même désignation : on l’appelle une affaire, une cause, un litige, un procès. Différend
périmé (“stale dispute” en anglais). « Les délais de prescription visent notamment à
protéger les parties contre les différends périmés. »
Dans d’autres régimes juridiques, en droit canadien par exemple, le différend est une
contestation qui peut se trouver déjà devant le tribunal. Instruire, juger un différend,
statuer sur un différend. Cet usage est critiquable.
Dans un sens plus général, le différend est un simple désaccord, un conflit d’intérêts
entre des personnes. « Ils sont en différend sur plusieurs questions politiques. »
1350
3) La dispute est un débat vif, une discussion serrée, parfois violente, une
controverse, une querelle même. Les adversaires en présence sont des antagonistes,
des argueurs, des contradicteurs, des controversistes, des discuteurs, des disputeurs.
On dit que le juge statue sur les contestations portées devant lui (et non sur les
[disputes] dont il est saisi). On parle d’un cas en litige, de l’indivisibilité d’un litige,
d’un conflit de compétence ou d’interprétation, du règlement des conflits sur la
compétence, d’un avis de contestation, d’un contredit, d’une contestation de la
validité d’un acte juridique, de la matière d’un différend qui entre dans les attributions
d’une juridiction, d’une cause portée à l’audience, et on dit que la compétence des
tribunaux est déclinée, que l’accusation, les faits, une question sont contestés, qu’il
y a contestation sur les limites d’un terrain, qu’une ligne séparative de bien-fonds est
contestée, comme peut l’être un bulletin de vote, et que l’application d’une clause peut
être écartée en cas de désaccord des parties.
Syntagmes
Différend collectif.
Différend conjugal, matrimonial.
Différend de droit privé, de droit international.
Différend frontalier, de frontière.
Différend international, (d’ordre) local.
Différend justiciable, non justiciable.
Différend minier, ouvrier, patronal-ouvrier.
Différend pendant devant la Cour.
Différend politique.
Différend relatif à une affaire, à une question.
ö CONTESTATION.
ö DÉFÉRER.
ö DÉMÊLÉ.
DIGEST. DIGESTE.
Il ne faut pas confondre ces deux homonymes. Le premier est du langage courant. La
prononciation du i, du s et du t de ce mot de l’anglais américain contemporain
qu’attestent nos meilleurs dictionnaires est francisée et tend à supplanter nettement
la prononciation à l’anglaise du i (daï-gest). Le mot est variable : des digests.
1) Aux États-Unis particulièrement, digest désigne le résumé concis que l’on fait
d’un livre ou d’un article, ou la publication qui réunit ce genre de résumés. On dirait
en français un abrégé, une analyse, un mémento, un raccourci, un résumé ou un
sommaire.
Au Canada, le terme continue d’être employé dans des titres d’ouvrages : Digest de
sécurité générale ou Digeste (avec l’e, titre doublement fautif) de la construction au
Canada. Comme titre de document ou d’ouvrage exhaustif, le mot “digest” en anglais
peut se rendre en français, selon la nature de la matière traitée, par abrégé, bulletin,
condensé, guide, précis, recueil d’exemples (par analogie avec le genre des morceaux
choisis), résumé ou sommaire (sommaire d’une décision : “digest of a decision”;
résumé de données d’enquêtes : “digest of surveys”, parmi de nombreux exemples).
2) Digeste relève du droit. Son usage français tire sa source du droit romain : le
digeste était une sorte de compilation des lois romaines, un recueil méthodique des
principales décisions des plus célèbres jurisconsultes romains. Le plus connu est le
Digeste ou Pandectes de Justinien composé par ordre de l’empereur du même nom.
Les lois du Digeste.
1354
DILATOIRE.
Cet adjectif s’emploie surtout en droit, mais il n’est pas exclusivement juridique.
1) Est dilatoire ce qui est lent, tardif, ce qui tarde à agir, ce qui tend à différer, à
retarder une procédure, une instance ou l’exécution d’une décision.
Nos règles prévoient des dispositions qui sanctionnent ce qu’on appelle les lenteurs
de la procédure ou de la justice, ou toute lenteur à agir (“dilatoriness” en anglais).
« La Cour pourra, sur demande ou de sa propre initiative, rejeter une demande
présentée en vertu de l’article 28 en raison du retard injustifié du requérant à la faire
valoir. » Elles autorisent cependant le recours, dans certains cas (le défendeur, par
1355
exemple, demande l’arrêt de la poursuite pour le temps fixé par la loi ou par le
jugement qui accueillera sa requête) à des moyens dilatoires, appelés aussi exceptions
dilatoires.
Dans la procédure civile, le moyen dilatoire est un moyen préliminaire (comme le sont
le moyen déclinatoire, voir ce mot — et le moyen de non-recevabilité) par lequel le
défendeur demande au juge de suspendre momentanément la procédure engagée ou
l’instance en cours afin d’accomplir (ou de faire accomplir par le demandeur) certains
actes ou même de proroger un délai imparti. Si le tribunal fait droit à la requête
présentée, on dit qu’il la reçoit sur un des moyens dilatoires soulevés.
Ainsi, dans le cas de l’action intentée par un plaideur qui demande au tribunal de lui
accorder un délai avant d’instruire et de juger l’affaire, elle sera qualifiée de dilatoire
si le juge est saisi de prétentions fondées dont l’intention manifeste n’est pas de
retarder le procès, mais d’en suspendre le déroulement à bon droit. Par exemple,
l’exception dilatoire permet au défendeur de réclamer à juste titre l’ajournement des
poursuites engagées contre lui. Si l’intention est de prolonger le procès, on accusera
la partie fautive de se servir de manœuvres ou de tactiques dilatoires. Les parties
peuvent se trouver soudain engagées dans une procédure dilatoire : la chicane, par
exemple, est une formalité dilatoire de procédure.
Dans la procédure civile française, l’appel dilatoire est un abus de procédure; il est
interjeté sans moyens sérieux ou légitimes, dans le seul but d’éviter l’exécution du
jugement de première instance. « En cas d’appel principal dilatoire ou abusif,
l’appelant peut être condamné à une amende civile de 100 F à 10 000 F, sans
préjudice des dommages-intérêts qui lui seraient réclamés. »
2) Le droit anglais prévoit, lui aussi, des moyens préliminaires par lesquels la
partie défenderesse requiert l’arrêt momentané de l’instance. Elle peut soulever
1356
5) Dans le droit des contrats, est dilatoire tout ce qui permet à une partie
contractante de retarder indéfiniment l’exécution du contrat. « L’inobservation des
engagements contractuels s’est dissimulée sous des échanges dilatoires. » Multiplier
les démarches dilatoires (pour entretenir l’illusion chez le contractant du bon
1357
6) Le droit du travail, plus précisément les relations du travail et les régimes des
conventions collectives, à l’exemple du modèle judiciaire et parlementaire, connaît
aussi les exceptions dilatoires (on les appelle aussi objections dilatoires). La
procédure qui régit les rapports entre les syndicats et le patronat prévoit également des
propositions dilatoires et des moyens dilatoires.
8) [Dilatoire] ne se dit pas d’une personne, par exemple de celle qui flâne. La
jurisprudence canadienne consacrée à l’interprétation du verbe flâner utilisé par le
Code criminel (alinéa 171(1)c)) ne dit pas qu’une personne [est dilatoire] (“to be
dilatory” en anglais), mais qu’elle bouge, déambule, marche lentement, ou qu’elle
reste sur place à ne rien faire, qu’elle est oisive, qu’elle tarde à faire quelque chose,
qu’elle prend son temps ou qu’elle s’attarde.
Syntagmes
ö DÉCLINATOIRE.
ö EXCEPTION.
ö FLÂNER.
ö FRIVOLE.
ö FRUSTRATOIRE.
ö FUTILE.
ö MOTION.
ö MOYEN.
ö VEXATOIRE.
DILEMME.
1) Voir ALTERNATIF.
discréditer son point de vue, un dilemme dans lequel deux possibilités contradictoires
mènent à une même conclusion.
Pour limiter ainsi le cadre du débat à deux solutions, l’avocat plaidant peut enfin
proposer deux possibilités, toutes deux difficilement acceptables, mais entre lesquelles
le choix paraît aller de soi; le reste de son argumentation consistera à prouver que la
solution proposée revient à préférer le moindre des deux maux.
De son côté, le juge peut placer le plaideur devant un dilemme, pour conclure que,
dans l’une ou l’autre branche de l’alternative, il est tenu de prendre une certaine
décision. Les exemples abondent du profond dilemme de l’intervention judiciaire,
dont le choix entre droits collectifs et droits individuels n’est pas le moindre. Le juge
est ainsi enfermé parfois dans un dilemme de conscience insupportable.
3) Par extension, le dilemme est l’obligation pour quelqu’un de choisir entre deux
partis présentant l’un et l’autre de graves inconvénients, une situation problématique
offrant des issues apparemment inconciliables. On pense ici au dilemme de
l’assurance et de la dissuasion dans le droit moderne de la responsabilité délictuelle
qu’ont souligné les tribunaux.
Être placé devant un dilemme est donc se trouver dans une situation sans issue
favorable, être dans une impasse. Par exemple, pour répondre à une question qui lui
est posée dans une requête, la Cour doit résoudre un dilemme : il peut être nécessaire,
pour examiner à fond la question soumise à son appréciation, que soient révélés des
renseignements confidentiels que l’on cherche par ailleurs à protéger. La requête
présentée perd alors tout son sens. Ou encore, le commerçant qui veut observer le
samedi en n’ouvrant pas son commerce en raison de ses croyances religieuses se
trouve aux prises avec un dilemme en l’absence d’une loi sur l’observation du
dimanche : il doit choisir entre l’observance de sa religion et l’ouverture de son
commerce afin de faire face à la concurrence; s’il choisit d’observer les préceptes de
sa religion et qu’existe une loi sur l’observation du dimanche, il se trouvera dans une
position fâcheuse : son entreprise restera fermée le samedi et le dimanche.
La compétence des tribunaux face à celle des organismes législatifs est un exemple
de dilemme juridique que les juges tranchent souvent en adoptant le principe de
nécessité. Le législateur peut s’ingérer dans la common law; par ailleurs, la common
1360
law peut s’immiscer dans le droit. Le principe de nécessité permet au tribunal de sortir
de ce dilemme et de statuer.
Syntagmes
Espèce de dilemme.
Forme, termes d’un dilemme.
Mécanisme de résolution des dilemmes.
Objection à un dilemme, réfutation d’un dilemme.
Portée d’un dilemme.
Réponse à un dilemme, solution d’un dilemme.
ö ALTERNATIF.
DILIGEMMENT. DILIGENCE.
DILIGENT, ENTE. DILIGENTER.
2) Dans toutes les branches du droit où s’emploie le mot diligence, son sens
désigne l’attention et le soin particuliers qu’une personne doit apporter dans une
situation donnée. Le devoir ou l’obligation de diligence s’attache généralement au
soin avec lequel, notamment, tout professionnel est tenu d’exécuter sa mission pour
respecter les dispositions des lois habilitantes et des codes de déontologie. Par
exemple, les juricomptables et autres spécialistes ont recours à un ensemble de
procédures d’enquête et d’examen avant la conclusion d’une opération ou d’un audit
pour s’assurer qu’ils ont fait preuve d’une diligence appropriée, requise, convenable,
raisonnable, voulue, due, c’est-à-dire qu’ils ont manifesté un degré d’attention et de
soin auquel on peut à bon droit s’attendre d’eux dans les circonstances. Norme de
diligence, norme de la diligence raisonnable.
Dans pareil contexte, la défense de diligence raisonnable constitue un moyen qui leur
permet, en cas de contestation judiciaire, d’apporter la preuve qu’ils ont pris toutes les
précautions nécessaires pour prévenir tout grief ou en atténuer le plus possible les
conséquences.
1363
Devoir se dit surtout dans des contextes où il revêt un caractère moral, social ou
professionnel, le mot obligation étant usité quant à lui par rapport au lien de droit
qu’elle crée entre deux ou plusieurs personnes, lequel emporte obligation d’exercer
une diligence opportune.
1364
En droit civil, le principe de base est que le seul fait d’entretenir une négociation
engendre entre les négociateurs un rapport de confiance qui les oblige à la diligence.
Faire ses diligences contre quelqu’un s’emploie dans le style soutenu et dans la
langue de la pratique au sens d’intenter une action ou des poursuites contre quelqu’un.
La partie diligente est celle qui fait les diligences, qui intente une action en
justice. Faire ses diligences contre un tiers.
Cette locution est fort usitée. Elle permet de désigner l’instigateur d’une procédure ou
la personne qui en provoque la reprise après sa suspension ou son interruption. « Dès
l’achèvement d’une mesure d’instruction, l’instance se poursuit à la diligence du
juge, ce qui lui donne pouvoir d’entendre immédiatement les parties. » En cas de
renvoi introduit devant la juridiction primitivement saisie, on dit que l’instance se
poursuit à la diligence du juge.
En droit, est diligent celui qui ne fait pas preuve de négligence. Le porteur diligent est
ainsi qualifié par opposition au porteur négligent. Le Code du commerce français
prévoit que le porteur diligent est celui qui, faute de paiement de l’effet impayé, fait
dresser protêt à bref délai (le lendemain de l’échéance), se réservant ainsi les facilités
de recouvrement spéciales au droit cambiaire. « L’établissement du protêt fait partie
des diligences qui incombent au banquier qui s’est chargé de l’encaissement. »
La partie diligente, la plus diligente se dit, s’agissant d’actes pouvant être accomplis
à l’initiative de plusieurs personnes, de celle qui les accomplit la première, en faisant
preuve de célérité et d’un esprit disposé à la mise en mouvement d’une action. Parent
le plus diligent. Sur la pétition du plus diligent des intéressés. À la demande du plus
diligent. « En cas de désaccord, le mandataire sera désigné en justice à la demande
du plus diligent. » « La réception de l’acte intervient à la demande de la partie la plus
diligente. » « Il a été statué sur le bien-fondé de la demande à la requête de la partie
la plus diligente. »
enquête judiciaire, un appel, une opposition, une contestation, une intervention, une
expertise. « L’avocat spécialisé est chargé de diligenter la procédure d’expropriation
devant le juge compétent. » « Dans la mesure où le débiteur est salarié et où le
créancier connaît le nom et l’adresse de son employeur, le créancier a tout intérêt à
diligenter une procédure de saisie-arrêt sur salaire. »
Verbe dérivé de l’adjectif diligent, du latin diligere, diligenter signifie, selon les
dictionnaires généraux, hâter, presser la conduite, l’exécution de quelque chose.
Diligenter une affaire, des préparatifs. Dans le style soutenu, on définit en France
l’information comme une instruction judiciaire diligentée (c’est-à-dire conduite, mise
en œuvre, exécutée avec soin et diligence), notamment par le juge d’instruction. Le
syntagme le plus fréquent dans l’usage est diligenter une enquête. On le trouve à la
forme pronominale : se diligenter signifie se hâter, s’empresser de faire quelque
chose.
En droit, diligenter peut désigner le fait de conduire une procédure, mais c’est aussi
et surtout celui d’apporter tous ses soins, tout son zèle, à l’accomplissement d’une
procédure, de se hâter de faire ce que le devoir commande de réaliser promptement.
En ce sens, diligenter une procédure signifie pour les parties au procès qu’elles
doivent partager avec le tribunal la charge de favoriser une solution du litige qui soit
équitable, efficace et raisonnablement rapide. « Les parties diligentent loyalement la
procédure sous les charges qui leur incombent; il leur appartient d’accomplir les
actes de la procédure dans les formes et délais requis. »
En droit, cette nuance se retrouve dans le trio célérité (promptitude dans la langue
courante) diligence et prudence (vigilance dans la langue courante).
C’est en ce sens technique que l’on trouve des séries synonymiques formées à l’aide
du mot diligence : soin et diligence, prudence, diligence et compétence, degré de soin,
de diligence et d’habilité. Exercer une diligence et une prudence raisonnables.
DIRIMANT, ANTE.
procédures civiles appelle à la prudence, elle n’est donc pas pour autant un
empêchement dirimant au prononcé d’une ordonnance de dédommagement. »
6) Dans son emploi littéraire, ce verbe signifie supprimer ou réduire qqch. le plus
possible : dirimer la prolixité et le verbiage inutile.
1372
DISCULPATOIRE. INCULPATOIRE.
1) Est disculpatoire ce qui tend à innocenter qqn, à le mettre hors de cause, tandis
qu’est inculpatoire ce qui l’incrimine. « Les déclarations disculpatoires de l’accusé
contredisent les déclarations inculpatoires de tous les témoins. »
Syntagmes
ö DÉSINCULPATION.
ö DISCULPATION.
ö INCULPATION.
Par extension, disculper signifie justifier une personne contre une accusation pouvant
peser sur elle : « La mère a tout fait pour disculper d’avance son enfant mis en cause
dans une affaire louche. »
Il faut conserver la nuance qui existe entre disculper et justifier. Ce qui disculpe qqn
prouve son innocence, ce qui le justifie établit qu’il a fait ce qu’il a dû faire; ou,
comme l’explique Dupré, on disculpe qqn en plaidant le fait et on le justifie en
plaidant le droit.
Exciper n’a qu’une construction : c’est un transitif indirect. On ne peut pas dire
[exciper qqch.], mais exciper de qqch. De même, ce serait faire une faute syntaxique
ou commettre un solécisme de dire : « L’appelant [excipe que]... »; on devrait tourner
autrement : « L’appelant argue de ce que... » Le verbe exciper ne peut pas introduire
une proposition subordonnée.
3) Exciper vient du latin excipere qui signifie soit excepter, soit prendre de, retirer
de, recevoir. Ces deux sens ont survécu en français dans l’emploi juridique du terme.
En droit, exciper signifie, dans un premier sens, invoquer un fait pour en tirer une
exception, soulever, pour sa défense, une exception de procédure, arguer d’une
exception, tirer de qqch. un moyen préjudiciel pour faire rejeter une demande en
justice ou, à tout le moins, pour la faire écarter momentanément (voir DÉCLINATOIRE
et EXCEPTION). L’idée qui domine ici est celle de l’exception invoquée. Exciper de
l’autorité de la chose jugée, de la nullité d’un acte, de l’incompétence d’une
juridiction, de l’incapacité d’une partie, d’un droit de propriété, de la prescription
de l’action. « À la fin de non-recevoir tirée de la tardivité de l’appel, l’appelant
défendeur à un incident peut exciper de la nullité de l’acte de signification qui n’a pas
été précédé d’une signification à avocat, bien qu’il ait conclu sur le fond. »
Dans un deuxième sens, exciper signifie invoquer qqch. pour se défendre, opposer à
son adversaire un moyen de défense, étayer sa défense sur un moyen, s’appuyer sur
1375
une pièce, un document, pour faire qqch. « Il est interdit d’exciper de sa propre
turpitude pour échapper à ses obligations. » « Pour sa défense, il a excipé d’un
précédent. » « L’accusé est parfaitement en droit d’exciper de ces moyens dans la
procédure d’extradition. » Exciper d’une clause, d’une disposition. Exciper de sa
bonne foi. Exciper d’un acte, d’un contrat. L’idée qui domine ici est celle de la
défense opposée à une prétention.
Justifier de peut être suivi de l’infinitif : « Pouvez-vous justifier d’avoir été notifié? »
4) Dans son emploi littéraire, exciper de n’est pas neutre comme en droit; il est
plutôt dépréciatif et n’a que le deuxième sens souligné ci-dessus, soit celui de faire
état de qqch. pour sa défense, comme excuse ou prétexte. Exciper de sa jeunesse, de
son impuissance, de son droit à faire qqch., de services rendus.
5) Attention à l’impropriété qui consiste à employer exciper dans un sens qu’il n’a
pas. Le barbarisme que contient la phrase suivante est doublé d’un solécisme, puisque
le juge fait d’exciper un verbe transitif direct : « Le tribunal est d’avis que la Loi et
son règlement d’application constituent un code global de réglementation de la
publicité dont les parties sont si étroitement reliées qu’il serait illusoire de vouloir
[exciper de la loi] certaines dispositions qui relèvent du champ de compétence du
fédéral ». Il eût fallu dire extraire de la loi...
ö CHARGE.
ö DÉCLINATOIRE.
ö DISCULPATION.
ö EXCEPTION.
ö EXONÉRER.
ö INCULPATION.
ö JUSTIFICATION.
1376
DISPOSITION.
1) On appelle disposition toute clause d’un acte juridique ou d’un texte. Le terme
s’emploie aussi bien pour un contrat, un testament ou un acte formaliste que pour une
loi ou un règlement. Mais, techniquement, la disposition figurant dans un contrat, par
exemple la disposition de confiscation, s’appelle stipulation, terme réservé au
vocabulaire du contrat.
Dans son sens général, la disposition que prévoit un texte législatif ou réglementaire
est une prévision, puisqu’elle prévoit des cas pour lesquels elle édicte une règle; elle
est aussi une prescription, puisqu’elle a pour objet de prescrire, d’ordonner, de
permettre ou d’interdire, de sanctionner ou de prohiber, selon le cas. Dans cette
perspective, il faut éviter d’écrire qu’une disposition légale prescrit que les parties
[peuvent] faire quelque chose, puisqu’une prescription de la loi emporte obligation et
non faculté. La teneur d’une disposition, c’est son contenu, ce sont ses termes, tandis
que le libellé d’une disposition désigne sa formulation.
2) La disposition légale ou législative est fixée, prévue, édictée par une loi. On
peut la définir comme un acte du pouvoir législatif contenant une règle de droit
générale, permanente et impérative. « Les droits sur les biens tant meubles
qu’immeubles sont régis par la loi du lieu où ces biens se trouvent. » En outre, toutes
les maximes du droit n’ont de valeur que si elles sont consacrées par des dispositions
légales ou par les principes généraux du droit, lesquels ne font pas partie du droit écrit
et se distinguent par conséquent des dispositions édictées par le législateur.
La disposition peut être de fond; en ce cas elle est encore appelée aussi bien
disposition de droit substantiel : enlever tout effet à une disposition de fond dûment
adoptée que disposition fondamentale et disposition matérielle. On l’oppose à la
disposition procédurale ou disposition de procédure, laquelle vise, par exemple, la
forme et l’instruction des demandes, les voies de recours et les voies d’exécution.
La disposition légale, qu’on ne confondra pas avec la disposition statutaire, que l’on
trouve dans les statuts d’un être moral (ordre professionnel, organisme, société,
association), qui est énoncée dans l’acte constitutif ou dans les dispositions
constitutives de la personne morale ou qui est prévue par un statut (condition des
fonctionnaires, de la femme mariée, d’une institution fixée par des règles que la loi
1377
établit) peut notamment réglementer des rapports, contractuels ou autres, conférer des
pouvoirs ou des facultés, prévoir des formalités ou fixer des sanctions. Elle se présente
sous une variété considérable d’espèces, de types ou de genres : disposition
d’obligation (« La présente loi lie Sa Majesté du chef du Canada ou d’une
province. »), disposition habilitante ou d’habilitation, disposition administrative
prévoyant la composition d’un organisme, son siège, ses attributions, disposition
constitutionnelle, juridictionnelle, disposition parallèle, disposition de concordance,
disposition de prescription, disposition d’exclusion, disposition litigieuse, disposition
en matière d’appel, disposition justificative, disposition d’interdiction déterminative
ou disposition de présomption, cette dernière étant repérable linguistiquement par
l’emploi de participes comme censé, présumé, réputé : « Un titre secondaire est
réputé ne pas être un dépôt. » « La convention collective qui ne stipule pas sa durée
ou qui est établie pour une durée inférieure à un an est censée avoir été établie pour
une durée d’un an. »
Une disposition est dite réparatrice, rectificative ou corrective (et non [curative])
lorsqu’elle prescrit une forme de redressement ou de réparation en cas de préjudice.
« L’article 686 du Code criminel permet à une cour d’appel de rejeter un appel
malgré le fait que l’appel pourrait être décidé en faveur de l’appelant en raison d’une
erreur de droit, si la cour est d’avis qu’aucun tort important ou aucune erreur
judiciaire grave ne s’est produit. »
réglementaires. »
La disposition répressive ou pénale prévoit des peines, des sanctions, des pénalités,
des amendes en cas d’inobservation ou de non-respect de la loi. « Quiconque
contrevient au présent article est passible d’une peine d’emprisonnement de dix ans. »
« Commet une infraction punissable, sur déclaration de culpabilité par procédure
sommaire, d’une peine d’un an d’emprisonnement ou d’une amende de cent mille
dollars, ou de ces deux peines, quiconque transgresse les prescriptions énoncées au
présent article. »
Cette formule introductive est suivie des définitions proprement dites, lesquelles sont
constituées de phrases nominales ou de phrases verbales, le terme défini – simple ou
multiple – étant placé entre guillemets : « Canada » Le Canada comprend la mer
territoriale du Canada au sens de la Loi sur la mer territoriale et les zones de pêche,
le fond de la mer et le sous-sol marin. « loi » Loi fédérale. « Dans la présente loi,
« biens » ou « actif » désigne les biens réels et personnels, et comprend les « biens
incorporels. »
Son objet peut être d’énoncer un principe ou une règle d’application, d’expliquer le
sens à donner à une expression ou de délimiter la portée d’une exemption. En ce cas,
il est possible de repérer linguistiquement ce type de disposition par le recours à des
tournures telles que il est, il demeure, il reste entendu que, précédant l’énoncé d’une
précision relative à l’application de la règle de droit, ou encore il est précisé, pour
plus de certitude, que..., tournure permettant de marquer une insistance. Voir plus loin
le cas de la disposition harmonisée.
La formule d’édiction des lois peut être ainsi libellée : pour les lois fédérales, la
rédaction est uniforme : « Sa Majesté, sur l’avis et avec le consentement du Sénat et
de la Chambre des communes, édicte : »; pour une loi provinciale ou territoriale, la
rédaction, quoique sensiblement la même, n’est pas uniforme : « Sa Majesté, sur l’avis
et du consentement de l’Assemblée législative du Nouveau-Brunswick, décrète : » « Sa
Majesté, sur l’avis et avec le consentement de l’Assemblée législative de la
Saskatchewan, édicte : » « Le commissaire des Territoires du Nord-Ouest, sur l’avis
et avec le consentement de l’Assemblée législative, édicte : » « Le Commissaire du
territoire du Yukon, sur l’avis et avec le consentement de l’Assemblée législative,
édicte ce qui suit : » « LE PARLEMENT DU QUÉBEC DÉCRÈTE CE QUI SUIT : ».
Pour la distinction à faire entre les verbes décréter et édicter, voir DÉCRÉTER.
4) Les dispositions générales ou d’ordre général ont trait à divers sujets tels les
pouvoirs du ministre chargé de l’application de la loi, les dépenses administratives,
les attributions du président d’un conseil, le siège d’un organisme, la tenue des
réunions, la durée du mandat d’un président, et ainsi de suite. Exemple d’une
disposition générale d’ordre financier : « L’article 3 n’empêche pas le gouvernement
fédéral de verser des subventions ou des contributions additionnelles à la
Fondation. »
Il ne faut pas confondre ces dispositions générales avec les dispositions générales
concernant les textes d’application (« Les textes d’application de la présente loi
peuvent incorporer par renvoi toute classification dans leur état premier. ») et les
dispositions réglementaires générales qui précèdent les disposition finales. « Le
gouverneur en conseil peut prendre des règlements sur l’aéronautique et notamment
en ce qui concerne les matières ci-après énumérées. »
souvent interpréter une disposition générale comme excluant les cas couverts par les
textes spécifiques. »
Dans une loi, la disposition exécutoire est l’article qui désigne la personne ou
l’organisme chargé de l’application, de la mise en œuvre ou de l’exécution de la loi.
« Le ministre de la Santé est chargé de l’application de la présente loi. »
en son paragraphe 11(2) pour régler le problème de la disparité de contenu des deux
versions linguistiques d’une même disposition. « Sauf dans le cadre de l’activité
commerciale normale de la Compagnie, les installations de celle-ci qui sont
essentielles à des activités de télécommunication ne peuvent faire l’objet d’une vente
ou d’une autre forme de disposition, ni être louées, [“be sold or otherwise disposed
of, leased or loaned” dans la version anglaise] sans l’autorisation préalable du
Conseil. »
De même, le terme aliéner étant plus restreint que disposer et étant inclus dans le
concept rendu par le verbe “dispose” de la version anglaise, l’expression droit
d’aliéner dans la version française de l’ancienne Loi sur les immeubles fédéraux, L.C.
1991, ch. 50, a été remplacée par pouvoir de disposer au moyen de la disposition
harmonisée suivante : « Les définitions qui suivent s’appliquent à la présente
loi. « immeuble fédéral » Immeuble appartenant à Sa Majesté ou dont elle a le
pouvoir de disposer [“power to dispose”]. Se reporter au point 9).
La disposition non limitative vise à mettre en parallèle (on l’appelle aussi disposition
parallèle) deux dispositions législatives afin de préciser que l’une n’a pas pour effet
de limiter la portée générale de l’autre ni de faire obstacle à son application générale.
Elle s’énonce d’ordinaire par la formule liminaire Sans qu’en soit limitée la portée
générale de l’article... ou ses variantes Sans que soit limitée la portée générale de
l’article... ou Sans qu’il soit porté atteinte à l’application générale de l’article... . Il
faut veiller à éviter l’anacoluthe ou la rupture syntaxique que constituerait l’emploi
de l’infinitif [limiter] ou [porter atteinte à] puisque le sujet de la proposition principale
qui suit cet énoncé ne fait pas l’action exprimée par cet infinitif. Les cas de rupture
syntaxique sont très nombreux en rédaction juridique, le plus fréquent, sans doute,
étant celui qu’introduit l’emploi du participe présent (par exemple dans les attendus
ou les considérants d’un préambule). Pour être certain qu’il n’y a pas faute syntaxique,
il faut toujours s’assurer, dans ce cas particulier d’anacoluthe, que le sujet de la
proposition principale fait l’action qu’exprime le verbe se rapportant à ce sujet.
La disposition prohibitive énonce une interdiction. Elle est rédigée dans des termes
qui impliquent une contrainte, une obligation de ne pas faire. « Il est interdit
d’entraver l’action de l’agent dans l’exercice de ses fonctions. »
Par exemple, les dispositions transitoires ont pour objet d’aménager la transition entre
la loi ancienne et la loi nouvelle ou le passage d’un régime antérieur à un régime
nouveau. Elles suivent généralement les dispositions abrogatives. « Le législateur
prend soin de régler lui-même le conflit possible au bénéfice de dispositions
transitoires. » « L’alinéa 178(1)d) de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité, dans sa
version édictée par l’article 32 de la présente loi, ne s’applique qu’aux faillites visées
par des procédures intentées après l’entrée en vigueur de cet article. »
Le législateur qui fixe des modalités d’application dans le temps de la loi qu’il édicte
peut prévoir son application rétroactive, la survie temporaire ou permanente de la loi
ancienne, sous forme de droits acquis, par exemple, et prescrire l’effet immédiat de
la loi nouvelle dans un domaine où le droit commun admet normalement la survie de
la loi ancienne.
La disposition régit une matière, une situation, un cas, elle figure dans une loi, dans
un texte, elle est portée dans un article de loi ou à un Code, elle se trouve renfermée
ou est contenue dans un texte ( « Les dispositions contenues dans le titre premier de
la présente loi sont de rigueur. ») ou elle est issue d’une loi (« Les nouvelles
dispositions issues de la Loi n’entrent en vigueur que plus tard. »).
Elle peut être d’ordre public ou d’ordre privé (la loi, elle, étant d’intérêt public ou
d’intérêt privé). Elle produit des effets et elle peut être licite ou illicite.
Une formalité sera dite impérative et non indicative ou directive si sa violation est
sanctionnée ou frappe de nullité le texte qui la renferme. Par ailleurs, la disposition
ayant valeur de directive prévoit des formalités : elle peut être impérative ou, alors,
n’avoir qu’une valeur indicative. De telles dispositions sont repérables par l’emploi
du verbe devoir ou de la locution verbale être tenu de ou leurs équivalents, dont
l’indicatif présent ayant valeur d’obligation (cas de la disposition impérative) et le
verbe pouvoir (cas de l’antonyme).
Une disposition peut être expresse (la prescription est explicitement énoncée, la règle
de droit est énoncée en termes formels); son contraire est la disposition tacite ou
implicite (cas de la prescription qui doit être déduite de l’énoncé). Une disposition
peut être formelle (“technical”), mais elle n’est pas [technique].
La disposition contraire (à une autre disposition) établit une prescription qui contredit
celle que l’on édicte : « Toutes dispositions contraires au présent contrat sont nulles
et non avenues. »
1387
Lorsqu’un article de loi, une stipulation dans une convention ou tout acte juridique
prévoit un énoncé libellé en une seule phrase et ne contenant qu’une seule
prescription, l’usage permet de dire que cet énoncé rédigé sous forme d’article distinct
renferme des dispositions; l’emploi du pluriel se justifie par le fait que cet article
pourra être modifié et que des prescriptions nouvelles pourront s’ajouter à la
prescription unique. Cet usage n’empêche pas que l’article peut, en une seule phrase,
comporter une règle et une ou des restrictions.
Décharger une partie des dispositions lui faisant grief. Dispositions civiles,
dispositions pénales d’un arrêt. Maintien des dispositions. « Par ces motifs, infirme
le jugement entrepris; décharge en conséquence la société appelante des dispositions
lui faisant grief et des condamnations prononcées contre elle. » « Par ces motifs,
casse et annule l’arrêt précité en toutes ses dispositions civiles, toutes autres
1388
8) Dans un sens plus large, on entend par dispositions d’un arrêt les différents
énoncés du juge qui fondent son argumentation en fait et en droit. Corps des
dispositions. Infirmer la disposition prise par le premier juge. « C’est de l’application
d’une règle de droit aux faits de l’espèce que le juge a déduit sa solution. Cette règle
s’inscrit dans un corps de dispositions plus larges dont elle n’est qu’un aspect. » « La
Cour de cassation censure les décisions qui se prononcent par voie de dispositions
générales, en méconnaissance du principe dit de la prohibition des arrêts de
règlement. »
9) Dans une autre acception, la disposition est une forme d’aliénation. C’est
l’action de disposer d’un bien, de s’en défaire, de renoncer à sa jouissance, notamment
par vente, cession ou transmission. On le voit, les concepts d’aliénation, de vente, de
cession, de transmission sont plus restreints que celui de disposition. « Sous réserve
de toute autre loi, la disposition ou la location d’un immeuble fédéral ou d’un bien
réel fédéral ou la délivrance d’un permis à son égard sont assujetties à la présente
loi. » Disposition ou aliénation du bien grevé.
La disposition peut s’opérer entre vifs (cas de la donation) ou à cause de mort (celle
qui est consignée dans un testament ou un codicille). Elle peut aussi s’effectuer à titre
onéreux (cas de la vente d’un bien) ou à titre gratuit, qu’on appelle dans l’usage
libéralité (la donation, soit le transfert d’un bien au profit d’un tiers sans contrepartie,
est un mode de disposition). Consentir une disposition. « Il n’y a pas donation lorsque
le disposant ou donateur agit dans un intérêt personnel pour obtenir du donataire un
avantage personnel qu’il n’aurait pas reçu s’il n’avait pas consenti la disposition
considérée. » Moment de la disposition. Acceptation de la disposition. Notification
de la disposition.
11) L’expression avoir (la) libre disposition d’un bien signifie que le sujet de droit
peut jouir sans contrainte de son bien et l’aliéner à son gré. « Les particuliers ont la
libre disposition des biens qui leur appartiennent sous les modifications établies par
la loi. »
ö CLAUSE.
ö DÉCRÉTER.
ö DÉROGATION.
ö DISPOSITIF.
ö STIPULATION.
ö STATUTAIRE.
1391
2) La distraction entendue en ce sens peut aussi s’appliquer aux pensions. Loi sur
la saisie-arrêt et la distraction de pensions (Canada). Distraction des prestations de
pension aux fins des obligations alimentaires. Distraction de prestations de retraite.
3) Est distrait ce qui est séparé, détaché de quelque chose. « Une nouvelle
répartition des sièges au conseil de communauté peut intervenir dans le cas où le
territoire d’un ensemble urbain est distrait de celui de la communauté urbaine par
application de la disposition pertinente de la Loi. » « La zone délimitée par le
périmètre d’urbanisation est distraite des communes dont elle fait partie pour
constituer provisoirement un ensemble urbain. »
Distraction s’oppose ainsi à fusion. « Les actes qui prononcent les fusions ou les
distractions de communes en déterminent toutes les conditions autres que celles qui
sont mentionnées aux articles susdits. » On dit défusion au Québec en parlant de
municipalités fusionnées que l’on décide de défusionner pour leur permettre de
retrouver leur statut primitif.
ö DÉPENS.
ö DÉTOURNEMENT.
ö INCIDENT.
ö RECOUVREMENT.
ö SAISIE.
DIVIS, ISE.
Antonyme d’indivis.
ö INDIVIS.
1) Parmi les nombreuses définitions du divorce que donnent les auteurs et les
dictionnaires, retenons-en deux, qui paraissent les plus claires : c’est la rupture
définitive et légale du mariage civil ou du lien conjugal, du vivant des époux; c’est,
encore, la dissolution du mariage civil, résultant d’une décision judiciaire, à l’issue
1393
d’une procédure engagée à la demande d’un des époux ou des deux pour l’une des
causes établies par la loi. Phénomène juridique et judiciaire, le divorce est judiciaire
(pour divorcer, il faut poursuivre son conjoint en justice), et du point de vue du régime
légal régissant les cas le prévoyant, on le qualifie de législatif (la loi en détermine les
causes tout en établissant des mécanismes de conciliation).
Cette institution juridique met en présence deux sujets, les époux divorçants, qui, une
fois la rupture consacrée et souvent par acte consensualiste, terminent leur union en
se conformant à certaines formalités qui dépendent de facteurs tels l’intérêt des
enfants et le partage des biens.
2) On dit intenter une action en (et non [de]) divorce (“divorce action” ou “divorce
proceedings” en anglais), une requête en divorce, une demande de divorce, mais un
procès et une procédure de ou en divorce.
Le divorce doit être justifié : la loi prévoit des causes ou des motifs de divorce, qui
sont admis, déterminés, établis ou péremptoires.
Au Canada, la Loi sur le divorce prévoit, depuis 1985, que l’échec du mariage est le
seul motif de divorce. Cet échec peut être établi par la preuve de l’adultère, de la
cruauté, physique ou mentale, ou de la séparation depuis un an. Le divorce peut être
contentieux (ou contesté), ou gracieux (ou non contesté). On demande, on obtient le
divorce, le tribunal y consent, l’accorde, le prononce, le refuse, ou surseoit au
prononcé.
Les codes et la doctrine ont établi des divisions, des typologies des cas de divorce. La
liste des syntagmes ci-après donne un aperçu de la terminologie du divorce à cet
égard : divorce aux, en cas de, par, pour, sur..., les constructions lexicales étant aussi
variées que le sont les classifications elles-mêmes. Ainsi, la doctrine a proposé de
1394
classer les divers types de divorce. Sont apparues plusieurs classifications, dont les
plus simples ont eu le mérite de dissocier les cas que la loi regroupait sous diverses
rubriques; de là une terminologie plutôt déroutante.
En France, la classification la plus exacte paraît être celle de l’article 229 du Code
civil, qui propose un classement tripartite : le divorce peut être prononcé en cas de ou
par consentement mutuel, en cas de ou pour rupture de la vie commune ou en cas de
ou pour faute. Le nouveau Code de procédure civile distingue le divorce sur demande
conjointe, le divorce demandé par un époux et le divorce demandé par un époux et
accepté par l’autre, appelé divorce sur aveu indivisible. Cette présentation succincte
des classifications actuelles illustre la variété et la richesse lexicales de ce domaine
du droit de la famille.
Puisqu’on légifère sur le divorce et qu’on prévoit des règlements pour le régir, on
parle de la législation sur le divorce (et non [du] divorce), bien qu’on dise pourtant
la Loi du divorce, sauf si on renvoie au titre même du texte législatif : Loi sur le
divorce. On dit toutefois la réglementation du divorce.
Toute une série de termes composés à l’aide du mot divorce ont été créés par les
auteurs. Ces raccourcis de la terminologie manifestent des attitudes différentes face
aux causes et aux conséquences de la désunion. Le principe du divorce-faillite (on dit
aussi divorce-rupture et divorce-échec) vise le cas où chacun des époux peut
demander le divorce lorsque le lien conjugal est si profondément atteint que la vie
commune est devenue insupportable, le divorce-sanction, dans le cas où le divorce ne
peut être prononcé que si la faute de l’un des époux est prouvée, le divorce-remède,
cas où le divorce est perçu comme un remède à un mal social ou comme une
conséquence d’une plus grande liberté individuelle. On trouve aussi le divorce-constat
(divorce par consentement mutuel ou par répudiation unilatérale), le divorce-
relâchement, le divorce-libération et le divorce-convention.
Toutefois, dans certaines phrases, pour des raisons d’euphonie, d’avec est à préférer
à de. Par exemple, quand il suit divorce plutôt que divorcer : « le divorce de Marie »
fait équivoque, sinon contresens; « le divorce d’avec Marie » lève toute ambiguïté.
Syntagmes
Période de l’après-divorce.
Procédure du divorce.
Processus du divorce.
Prononcé du divorce.
Reconnaissance du divorce.
Règlement du divorce.
ö CORPS.
ö DÉMARIAGE.
ö DIVORTIALITÉ.
ö MARIAGE.
ö SÉPARATION.
DIVORTIALITÉ. NUPTIALITÉ.
ö DIVORÇANT.
1) Lato sensu, le mot doctrine s’entend de l’ensemble des opinions que professent
des auteurs sur un sujet particulier du droit (la doctrine par opposition à la législation
et à la jurisprudence) ou encore de l’ensemble des auteurs d’ouvrages et d’articles
traitant soit de domaines, de questions ou de problèmes précis du droit, soit du droit
en général, ou de tous ces travaux réunis (voir DOCTRINAL), en ce dernier sens, la
doctrine ou les auteurs par opposition au législateur et aux tribunaux.
Il faut dire que la question présente une réelle pertinence dès lors que la confusion
paraît dominer sur cette distinction et se manifester par un manque d’uniformité
terminologique, les uns appelant doctrine ce que d’autres, pour une même notion du
droit, nomment théorie, principe ou règle.
Le mot doctrine peut désigner aussi bien une théorie qu’un principe, mais jamais une
règle. La théorie de l’alter ego, encore appelée théorie de l’identification ("alter ego
doctrine"), pose qu’une personne peut en représenter une autre et lui être
indispensable au point que ce qu’elle accomplit est considéré l’être par l’autre. La
1400
théorie des mains propres ("clean hands doctrine") est, en réalité, fondée sur le
principe d’equity qui énonce que quiconque veut l’équité doit avoir les mains propres,
c’est-à-dire qu’il doit avoir une conscience tranquille. Selon cette théorie, le
demandeur à l’action ne peut s’attendre à ce que justice lui soit rendue s’il a lui-même
quelque chose à se reprocher (s’il a les mains sales), quand il se présente devant le
tribunal, concernant l’affaire qu’il porte en justice.
5) La notion de doctrine se confond avec celle de théorie lorsqu’il est fait allusion
à une idée, à une conception, à une tendance soutenue par un petit nombre de juristes
et non accueillie de facto par une jurisprudence constante.
Cette opinion défendue par des juristes, laquelle peut être admise ou non, s’appelle
aussi théorie de la « peine privée ».
Les mots doctrine et théorie sont ainsi interchangeables lorsqu’ils évoquent un simple
point de vue, une conception exposée par des juristes, que des auteurs soutiennent,
que d’autres rejettent, idée qui peut même être reprise dans d’autres perspectives. En
ce sens, la doctrine ou la théorie met en branle ou anime ce qu’on appelle un
mouvement doctrinal , dont l’incidence sur le droit positif peut d’ailleurs être très
inégale selon les pays et les systèmes juridiques : elle peut être accueillie en common
law, mais rejetée par les régimes civilistes.
Il en va tout autrement lorsque la théorie est qualifiée de générale : elle désigne alors
un ensemble de principes et de règles, construction vaste et diversifiée, assimilable
1401
à un système organisé, qui s’applique à une branche particulière du droit : ainsi en est-
il de la théorie générale des obligations, en droit civil, ou de la théorie générale des
contrats en common law.
7) Ce que des auteurs appellent la doctrine ex turpi causa est, en réalité, sur le plan
de l’expression la forme elliptique d’une règle énoncée par la maxime Ex turpi causa
non oritur actio : la créance née d’une cause immorale ou illégale ne peut être
réclamée en justice. Des tempéraments ayant été apportés par les tribunaux, elle ne
peut être conçue comme une [doctrine], mais comme un principe qui, prenant forme
à l’aide des mots introductifs Ex turpi, parfois Ex turpi causa, sert de moyen de
défense : la défense ex turpi.
8) Voici comment il est possible d’illustrer le passage d’une règle à une doctrine
en empruntant la voie du principe et de la théorie.
Soit tout d’abord une matière : l’immunité de la personne morale. Cette matière peut
être abordée sous l’angle d’une règle : cette règle sera édictée par un article de loi.
C’est ainsi qu’elle devient la règle de l’immunité. Elle établit qu’on ne peut invoquer
l’immunité à l’encontre d’une personne de bonne foi dans certaines circonstances.
Une fois énoncée, elle devient, au regard des cas qui relèvent d’elle, une théorie, la
théorie de l’immunité, laquelle prend assise sur un double fondement – un fait : la
personne morale jouit, en droit, d’une personnalité distincte de celle de ses
membres – et un principe: la personne morale qui agit dans son intérêt propre ne peut
lier ses membres. Cette théorie soulève une exception au principe de l’irresponsabilité
des membres de la personne morale.
1402
9) Il convient d’ajouter que dans l’usage on qualifiera ces règles de maximes (si
le point de vue adopté par le locuteur vise la forme de l’énoncé du nom de la règle :
maxime Audi alteram partem) ou de principes (si le point de vue s’élève et considère
que l’intitulé de la règle évoque le principe selon lequel le respect de l’équité
procédurale est de rigueur).
10) Les principes juridiques reconnus donnent lieu à des théories qui trouvent
application dans des règles. Par exemple, la common law (au sens large) est un
système de droit qui se compose de deux régimes juridiques, la common law (au sens
strict) et l’equity. Ces régimes sont gouvernés par des principes qui se concrétisent
dans des théories, desquelles, pour leur application dans les différents domaines de
ce système, découlent des règles distinctes, les règles de common law et les règles
d’equity.
Dans le droit des biens, la théorie domaniale ("doctrine of estates") a ses règles
particulières qui dérivent du principe fondamental de la propriété concurrente. Cette
théorie comprend une opération juridique (un propriétaire foncier lègue son bien-
fonds de façon concurrente à vie à une première personne et, résiduellement, à une
deuxième personne), un effet juridique (au décès du testateur, les deux légataires
deviennent propriétaires concurrents du bien-fonds, le domaine du premier faisant
l’objet d’une jouissance immédiate, celui du second, d’une jouissance différée) et un
état de droit (les deux domaines issus du legs sont concurrents). Elle a ses règles
jurisprudentielles particulières qui découlent du principe fondamental de la propriété
concurrente.
11) Les théories ont leur source dans la jurisprudence. Les tribunaux élaborent des
théories, qui deviennent reconnues, consacrées, classiques : théorie de l’abus de (du)
droit, théorie de la stipulation pour autrui, théorie de l’enrichissement sans cause.
En interprétant les principes édictés par le législateur, ils édifient des ensembles de
règles qui forment des régimes : la responsabilité du fait des choses inanimées, la
responsabilité du fait d’autrui; c’est ainsi que la jurisprudence donne au système
juridique des règles prétoriennes qui sont de droit positif. Mais seul le législateur peut
édicter des règles de droit; ce sont des règles d’origine législative. Aux tribunaux
alors, à défaut de créer des règles, d’en proposer, d’innover, d’inventer; ce sont des
règles jurisprudentielles. Raisonnant par analogie ou par déduction, ils trouvent des
solutions en énonçant des propositions générales, en invoquant des théories qui
s’appliquent au cas d’espèce. Producteurs de droit, c’est en ce sens qu’ils font œuvre
créatrice.
1404
12) Le principe est le plus souvent l’expression d’un idéal : justice égalitaire,
justice pour tous, égalité devant la loi, égalité d’accès à la loi, courtoisie
internationale, primauté du droit, indépendance judiciaire. En common law, selon le
principe de l’application régulière de la loi ("due process of law"), rien ni personne
ne se trouvent au-dessus des lois. Principe de la primauté du droit ou de la loi, encore
appelé principe de la souveraineté ou de la suprématie du droit ou principe de
légalité ("rule of law").
Il se distingue de la règle (dont l’objet est de régir, par opposition au principe, qui
explique) en ce qu’il constitue un énoncé général du droit applicable à un large
ensemble de circonstances indéterminées. On dit bien le principe de la justice
naturelle, le principe de l’égalité des sexes (et non la [règle]). Il a une portée plus
large que la règle : par exemple, la règle de la fiducie par déduction prévoit que, pour
obtenir gain de cause, la partie lésée doit démontrer qu’elle a apporté une contribution
en argent à l’acquisition du bien, tandis que le principe de l’enrichissement sans
cause, dont la portée est plus étendue que la règle particulière, n’oblige pas à prouver
l’apport de la contribution financière.
13) Il arrive que le principe soit érigé en règle de droit. Par exemple, en droit pénal
canadien, le principe de l’autorité de (la) chose jugée vise à empêcher que l’accusé
soit jugé deux fois pour un même crime. Ce principe devient l’occasion d’énoncer une
règle de droit, la règle relative à l’autorité de la chose jugée, laquelle tire son origine
de deux maximes latines qui énoncent des règles : Nemo debet bis vexari pro una et
eadem causa (= Nul ne doit être poursuivi deux fois pour une seule et même cause)
et Nemo debet bis puniti pro uno delicto (= Nul ne doit être puni deux fois pour la
même infraction). Le principe de l’interdiction des condamnations multiples est érigé
en une règle interdisant les déclarations de culpabilité multiples.
1405
14) Le principe peut se trouver à l’origine d’une théorie. Soit le principe selon
lequel le titulaire d’un droit conféré par une loi n’est pas habilité à l’exercer dans
certaines circonstances au motif qu’il ne peut l’exercer qu’à certaines fins. Des règles
régissent, gouvernent les cas où les fins donnent lieu à contestation. L’ensemble que
forment le principe, les règles et les décisions qui tranchent ces constatations
constitue, dans le droit des délits, une théorie, celle de l’abus de droit ou du droit
applicable au cas où une personne exerce un droit dans le but unique ou prédominant
de causer un préjudice à autrui.
De même, la règle fondée sur un principe peut se trouver à la source d’une théorie qui
constitue une inférence naturelle d’une théorie stricte. Par exemple, la règle générale
selon laquelle un contrat ne peut conférer des droits ou imposer des obligations aux
tiers étrangers au contrat est fondée (en common law), sur le principe de la connexité
contractuelle ("privity of contract doctrine") ou (en droit français) de l’effet relatif des
contrats qui veut que la loi du contrat ne s’applique qu’aux parties contractantes, d’où
s’élabore dans les deux systèmes de droit toute une théorie de la connexité ou de
l’effet relatif des contrats, selon le cas.
15) La règle (qui s’applique à une situation concrète) s’inspire d’un principe
(d’ordre plus abstrait et général). Par exemple, dans le droit des biens en régime de
common law, la règle d’interdiction des doubles possibilités (il y a nullité de bail
quand celui-ci prend effet en étant fondé sur un imprévu qui dépend lui-même d’un
autre imprévu) prend appui sur un principe (est nulle toute restriction subordonnée
à plus d’une possibilité). De même, la règle d’interdiction de l’inaliénabilité (par
exemple, sont interdites les donations directes assujetties à une restriction permanente
visant leur aliénation) est tirée d’un principe fondamental du droit anglais (on ne peut
rendre des biens inaliénables) et de la règle d’interdiction de perpétuités.
16) Une décision judiciaire n’établit pas à elle seule un principe mais une règle :
règle établie dans l’arrêt Hodge (et non [règle dans Hodge], ellipse créée par le
jargon de la pratique). Il en est de même de toutes les règles qui ont leur source dans
la jurisprudence : règle établie dans l’arrêt Phillips c. Eyre, règle énoncée dans
l’arrêt Rylands c. Fletcher, règle formulée dans l’arrêt Saunders c. Vautier, règle
prescrite dans l’arrêt Shelley.
1406
Elle reçoit plusieurs applications selon les cas, entraînant avec elle des exceptions :
par exemple, la règle de prépondérance de la preuve peut souffrir exception dans le
cas de l’outrage au tribunal, pour lequel la preuve rapportée ne doit pas laisser place
à un doute raisonnable.
Dans la première manière, la maxime peut soit constituer la règle elle-même, soit
sous-tendre une règle. Ainsi, la maxime Audi alteram partem est constituée en règle
fondamentale, en common law et en droit civil, qui établit le droit des parties à un
litige d’être entendues. « Il ne peut être prononcé sur une demande en justice sans que
la partie contre laquelle elle est formée n’ait été entendue ou dûment appelée. »
Autres exemples : règle Accusare nemo se debet nisi coram deo (= Personne n’est
obligé de s’accuser si ce n’est en présence de Dieu), règle de droit judiciaire selon
laquelle on ne peut témoigner contre soi-même; règle Actor sequitur forum rei (= Le
demandeur suit le tribunal du défendeur), règle de compétence territoriale selon
laquelle le demandeur doit intenter l’action devant le tribunal du domicile du
défendeur; règle Actori incumbit probatio (= Le fardeau de la preuve incombe au
demandeur), règle de droit judiciaire selon laquelle celui qui veut faire valoir un droit
doit prouver les faits qui soutiennent sa prétention, règle Sub judice (= sous le juge),
règle de droit qui interdit la publication de tous commentaires susceptibles
d’influencer la décision judiciaire, règle Alteri stipulari nemo potest (= Personne ne
peut stipuler pour autrui), règle du droit des contrats d’après laquelle les contrats n’ont
d’effet qu’entre les parties contractantes et les tiers n’en retirent aucun avantage.
1407
18) Il arrive aussi qu’une locution ou une maxime latine soit érigée en règle que
l’usage nommera tout aussi bien règle que principe selon le point de vue adopté et non
par suite d’une confusion terminologique. Ainsi, les locutions caveat actor, caveat
emptor, caveat venditor et caveat viator sont introduites dans le discours juridique par
les termes règle ou principe (la règle caveat emptor, le principe caveat venditor) selon
qu’il s’agit de considérer la règle établie dans un système juridique (en common law,
la règle veut qu’il appartienne à l’acheteur de bien examiner l’objet du contrat et que
le vendeur ne soit pas tenu des vices apparents dont l’acheteur a pu lui-même
connaître l’existence) ou le principe qui gouverne, qui régit la situation ayant donné
naissance à l’établissement de la règle (en common law, c’est à l’acheteur de s’assurer
que le titre qui lui sera concédé par le vendeur est un titre valable et marchand).
ö DOCTRINAL.
ö PRINCIPE.
ö RÈGLE.
ö SUIVRE.
ö THÉORIE.
ö THÈSE.
ö VOILE.
DOL.
1) Emprunté au latin classique dolus (ruse, fraude, tromperie), le mot dol, espèce
de tromperie, de ruse, de fourberie, d’imposture, de mystification, de duperie ou de
tricherie, est un recours intentionnel à des manœuvres frauduleuses, à des artifices, à
une machination dans le dessein, délictuel, contractuel ou criminel, de tromper autrui,
de l’induire ou de l’entretenir dans une erreur ou une fausse croyance propre à le faire
agir contrairement à ses intérêts ou encore une volonté de nuire pour lui causer un
résultat préjudiciable. Être entaché de dol. « L’administration de preuves ne doit pas
avoir été entachée de dol. »
contrat ou d’un marché. Le dol principal et le dol incident sont tous deux de mauvais
dols. « Toute négociation internationale, même menée de bonne foi, suppose une part
de rouerie, et la distinction entre le bon dol et le mauvais dol n’est pas aisée. »
Dans le droit des sociétés, le dol peut viser un souscripteur d’actions. La nullité de la
souscription doit être demandée par l’actionnaire qui a subi les manœuvres dolosives.
Pour être une cause de nullité de souscription, le dol doit être déterminant et émaner
des fondateurs. Il consiste plus précisément en des agissements destinés à tromper le
souscripteur par la communication de faux renseignements sur la situation de
l’entreprise faisant l’objet d’un apport. Le fait de fournir de simples renseignements
inexacts ou incomplets ne constitue pas un dol, mais la volonté délibérée de le tromper
pour l’amener à souscrire des actions peut entraîner la nullité de la souscription.
L’action en nullité se prescrit par cinq ans du jour où le dol a été découvert.
On appelle dol négatif le simple mensonge ou même la réticence, le silence gardé sur
un aspect du contrat ou de son objet que le cocontractant devrait connaître.
Le dol est ainsi une atteinte directe au principe de la bonne foi puisque celle-ci oblige
les parties à agir dans un esprit de loyauté et d’honnêteté. C’est en ce sens que l’on
peut dire que la mauvaise foi est un élément constitutif du dol. « Le dol suppose
toujours une intention frauduleuse ou une mauvaise foi caractérisée. »
provient de son dol ou d’une faute qui, d’après la loi du tribunal saisi, est considérée
comme équivalente au dol. »
4) La common law connaît le dol (“deceit”) dans le droit des contrats et dans le
droit des délits. Les manœuvres frauduleuses accomplies pour tromper quelqu’un et
l’amener à conclure un contrat ou à passer un acte peuvent se manifester dans le cadre
de la formation du contrat ou phase précontractuelle ou en cours d’exécution du
contrat. Par exemple, les agissements répréhensibles peuvent déterminer une personne
à contracter ou à conclure le contrat dans des conditions moins favorables pour elle
ou susceptibles de préjudicier à ses droits. L’intention frauduleuse ou l’intention
consciente de tromper, autrement dit la mens rea, est un élément constitutif du délit
civil de dol.
Les types de conduites susceptibles de donner lieu à une action pour dol en common
law se limitent aux conduites dans lesquelles leur auteur a intentionnellement voulu
frauder autrui dans un dessein illicite.
L’action pour dol (“action for deceit”) a pour objet de sanctionner le délit civil
consistant à faire une fausse assertion, la sachant telle, dans l’intention claire et
résolue de tromper autrui en vue de l’amener à agir à son propre détriment, à se faire
du tort dans l’accomplissement d’un acte juridique, par exemple en passant un contrat.
« Il va sans dire que dans une action pour dol il faut prouver la fraude. » « Elle a fait
valoir que l’omission de divulguer le bénéfice secret donnait ouverture à une action
pour dol ou pour manquement à l’obligation fiduciale. » « Le juge de première
instance a conclu que la société Hydro était responsable du délit civil de dol. » Dol
personnel. « La requête civile était fondée sur le dol personnel de la partie qui avait
eu gain de cause. »
Dans le dol éventuel ou dol possible, l’auteur a mesuré le risque sans vouloir le
résultat dommageable, mais a poursuivi sa machination en acceptant le résultat pour
le cas où il se produirait. Sa faute est non intentionnelle en ce sens.
1412
Le dol pénal est une espèce d’escroquerie grâce à laquelle une personne obtient d’une
autre par le jeu d’une supercherie la remise d’une chose mobilière.
Le droit anglo-saxon admet lui aussi des degrés dans l’intention criminelle. Pour la
Chambre des lords, il y a dol simple toutes les fois que le résultat paraît quasi
inévitable et que l’accusé a agi en connaissance de cause. Le dol éventuel est admis
lorsque l’auteur a eu à tout le moins la certitude que le résultat préjudiciable se
produirait; il demeure dans le cadre de la faute par absence de scrupules ou
insouciance (“recklessness”) manifeste.
Le Code criminel du Canada classe le dol sous la rubrique des opérations frauduleuses
en matière de contrats et de commerce. Il l’appelle supercherie (“deceit”) et ne
distingue pas le moyen dolosif (“fraudulent means”) de l’acte frauduleux. Frauder,
frustrer, léser, leurrer, tromper le public par supercherie, mensonge ou autre moyen
dolosif. « Si la plupart des fraudes comportent une supercherie ou un mensonge, la
fraude par « un autre moyen dolosif » vise tous les autres moyens qu’on peut
proprement qualifier de malhonnêtetés. »
6) Bien qu’au sens strict le dol et la fraude soient des notions juridiques distinctes
(revendiquer des dommages-intérêts pour fraude et dol), elles sont à ce point
apparentées dans l’usage qu’elles sont souvent employées de façon interchangeable
dans les textes lorsqu’elles ne sont pas accompagnées d’autres notions qui viennent
faire ressortir les nuances nécessaires. Le phénomène se manifeste surtout dans la
traduction.
Le français étant la langue d’arrivée, “fraud” est souvent rendu par dol s’il est
employé seul ou s’il n’est pas accompagné de la notion de “deceit”.
1413
Mais “fraud” est rendu par fraude s’il est accompagné d’une notion complémentaire
telle que “duress” ou “deceit”.
Syntagmes
Dol actuel.
Dol caché.
Dol contractuel.
Dol délictuel.
Dol déterminant.
Dol déterminé, indéterminé.
Dol éventuel.
Dol incident.
Dol honnête, malhonnête.
Dol malicieux.
Dol négatif.
Dol pénal.
Dol personnel.
Dol possible.
Dol présumé.
Dol principal.
Dol réel.
Dol répréhensible.
1414
Dol spécial.
Découvrir le dol.
Devenir, être victime de dol.
Donner lieu à dol.
Établir, démontrer, prouver le dol.
Être accusé de dol.
Être constitutif de dol.
Être coupable de dol.
Invoquer le dol.
Répondre du dol.
Réprimer le dol.
Sanctionner le dol.
Se laisser surprendre par un dol.
Se livrer au dol.
Y avoir dol.
ö DOLOSIF.
ö ERREUR.
ö FRAUDE.
ö MANŒUVRE.
ö PRÉJUDICIER.
ö TROMPERIE.
DOLLAR. MARC.
ö CHIROGRAPHAIRE.
1) Est dolosif ce qui est entaché de dol, soit tout fait ou toute situation présentant
le caractère du dol. Agir de manière dolosive ou dolosivement, c’est agir dans
l’intention manifeste de tromper autrui en vue de l’amener à agir à l’encontre de son
intérêt supérieur. Action, application dolosive. Caractère dolosif d’un acte. « Il
s’agissait d’une action dolosive de sa part, une machination, une tromperie, une
fraude. » « La décision est si manifestement déraisonnable qu’elle constitue une
application dolosive de la loi. » « Le caractère dolosif des manœuvres est apprécié
souverainement par les tribunaux. »
Pour les tribunaux de common law, l’adjectif dolosif, ainsi employé dans le Code
criminel du Canada et considéré comme terme ambigu, s’interprète comme exigeant
une intention coupable de tromper en vue d’en retirer un avantage.
ö DOL.
ö FRAUDULEUX.
1418
Dot, du latin juridique dos, dotis, est féminin; le masculin est archaïque. Dans la
prononciation, le t se fait entendre.
1) Historiquement, la dot était l’apport de la femme dans les biens du ménage, son
apport au mari pour contribuer aux charges du mariage. Aujourd’hui, cette forme
d’allocation ou de prime au mariage désigne l’apport de la femme ou du mari,
indifféremment, en vue du mariage.
Dans son sens plus large, la dot désigne les biens donnés aux futurs époux par les
parents ou par des tiers.
2) Une dot est constituée (par ou pour les père et mère). Constitution de dot.
Constituer une dot (pour biens paternels et maternels, en biens communs). Constituer
en dot des biens communs, des biens propres. Les époux peuvent aussi se constituer
une dot (sur leurs biens personnels).
Le constituant, la constituante de dot. Selon le cas, les constituants peuvent être les
époux eux-mêmes, les parents ou des tiers. Acte constitutif de dot.
Le conjoint qui reçoit la dot est dit époux doté. Enfant doté, fille dotée (par ses père
et mère).
3) La dot (ou la somme de la dot) est déterminée ou indéterminée. Elle peut être
servie sous diverses formes : pension annuelle ou rente viagère. Dans un contrat de
mariage, la dot est stipulée (elle est, par exemple, stipulée payable à terme).
Clause d’imputation de la dot. On dit que la dot est imputée sur (les droits de la
future épouse dans la succession paternelle). « La clause prévoit expressément que
1419
La dot est prise sur (les biens des constituants). Elle est fournie, promise (en effets ou
biens personnels). Elle se prend sur (les biens, la succession). La dot est à la charge
des parents, de l’un d’eux. Elle oblige les parents. Elle est mise à la charge de la
communauté. Hypothèque de la dot.
Lorsque la dot est un apport d’argent, la somme produit des intérêts. Dot productive
d’intérêts. Intérêts de la dot. « Par dérogation à la règle générale, les intérêts de la
dot courent de droit du jour du mariage. »
4) Par analogie, la dot moniale ou dot des religieuses est soit la part qu’une
religieuse apporte avec elle au couvent, soit la donation faite à une congrégation pour
assurer l’entretien de la personne entrée en religion.
5) Dotal qualifie ce qui a rapport à la dot. Bien, fonds dotal. Contribution dotale.
Constitution dotale, régime dotal. Être marié sous le régime dotal. Se soumettre au
régime dotal. « La dot n’est pas spéciale au régime dotal; elle existe sous tous les
régimes, sauf sous le régime de la séparation de biens. »
Le régime dotal français prévoyait, avant son abrogation en 1965, que les biens
apportés par la femme étaient inaliénables et insaisissables, et qu’ils étaient soumis
à l’administration du mari. En ce sens, la dotalité était soit le caractère d’un bien dotal,
soit le régime auquel étaient assujettis les biens dotaux.
6) Doter. Construction transitive directe : doter qqn (« Les père et mère ne sont
pas obligés civilement de doter leurs enfants »). Voix pronominale : se doter, se faire
doter (« Les enfants n’ont aucune action pour se faire doter par leurs parents »).
Forme adjectivale ou participiale : doté (enfant doté) (« Les époux sont réputés avoir
doté chacun pour moitié. »)
7) On ne dit plus donner une chose [en dot] à une personne physique ou morale
au sens de lui attribuer un revenu, mais faire une dotation (voir ce mot).
1420
Syntagmes
ö DON.
ö DOTATION.
1421
DROIT.
I.
1) Le mot droit s’abrège dans l’indication des branches du droit conformément
aux règles habituelles d’abréviation, mais en tenant compte de l’usage dominant
adopté par la plupart des auteurs. Ainsi, notamment : dr. aér. (droit aérien), dr. aff.
(droit des affaires), dr. ass. (droit des assurances), dr. civ. (droit civil), dr. com. (droit
commercial), dr. comm. (droit communautaire), dr. cout. (droit coutumier), dr. crim.
(droit criminel), dr. d’aut. (droit d’auteur), dr. fisc. (droit fiscal), dr. mon. (droit
monétaire), dr. notar. (droit notarial), dr. obj. (droit objectif), dr. pén. (droit pénal),
dr. pénit. (droit pénitentiaire), dr. pos. (droit positif), dr. priv. (droit privé), dr. prof.
(droit professionnel), dr. prop. ind. (droit de la propriété industrielle), dr. propr. litt.
(droit de la propriété littéraire et artistique), dr. publ. (droit public), dr. rur. (droit
rural), dr. soc. (droit social), dr. sociét. (droit des sociétés), droit subj. (droit
subjectif), dr. trav. (droit du travail).
2) Dans l’abréviation des noms des grades et des diplômes usuels en droit, on met
les majuscules aux premières lettres du nom suivies du point abréviatif. La minuscule
est de rigueur lorsque le nom n’est pas abrégé. « La Faculté offre un programme
spécialisé menant au baccalauréat en droit (LL. B.). » L’espace entre les éléments
constitutifs du nom permet de distinguer clairement le nom de la discipline et le titre
du diplôme. Voir BACCALAURÉAT.
L’usage diffère lorsque les diplômes constituent des titres qui n’ont aucun lien avec
une origine latine. B. C.L. (baccalauréat en common law), M. C.L. (maîtrise en
common law), M. D.A. (maîtrise en droit des affaires.) « Le CICLEF propose un
programme d’études conduisant au diplôme d’études en common law, le Dip. E.C.L. »
« La Faculté offre un programme combiné de baccalauréat en droit-maîtrise en
administration publique, le LL. B-M. A.P. »
Ainsi, pour le droit des délits, des contrats ou des successions, par exemple, on pourra
dire soit en droit délictuel, contractuel ou successoral, soit dans le droit des délits,
des contrats ou des successions.
Si l’adjectif qualifiant le mot droit est suivi d’un déterminant, on emploie la locution
prépositive d’après ou les prépositions suivant ou selon : d’après, selon, suivant le
droit interne du Canada, ou toute autre tournure équivalente.
Pour le doyen Carbonnier, le « grand droit » (soit le droit objectif avec la majuscule)
serait frappé de paralysie si le « petit droit » (soit le droit subjectif avec la minuscule)
n’existait pas. Le rapport qu’ils entretiennent est vital. Dans une formule heureuse et
claire, il explique la distinction qu’il convient de faire entre le droit objectif et le droit
subjectif. « Si le droit (objectif) nous permet de faire quelque chose, nous avons le
droit (subjectif) de le faire. » Il importe de remarquer que, même s’il indique que le
droit objectif prend, dans un certain usage propre aux juristes, la majuscule à l’initiale
du mot droit, par contraste avec la minuscule mise au mot droit en parlant du droit
subjectif, lui-même ne la met pas systématiquement, à l’instar des autres juristes
tenants de cette règle d’écriture.
stylistiques, et touchent même les règles d’écriture et le bon usage, de façon à faciliter
l’emploi correct du mot.
À la lecture des textes juridiques, on constate rapidement que des termes comme droit
subjectif, droit objectif, droit réel, droit personnel, droit substantiel, droit procédural,
droit processuel, droit de fond, droit de bail, et ainsi de suite, sont posés sans
discussion, comme si leurs sens, en dépit des systèmes de droit, leurs distinctions
fondamentales étaient connus au préalable ou allaient de soi.
Or, ces distinctions méritent réflexion. On ne peut employer adéquatement des termes
techniques quand leurs acceptions demeurent floues à l’esprit et quand, se trouvant
évoqués dans des contextes différents (sociologie du droit, droit nouveau, philosophie
du droit, histoire du droit, droit comparé) ou même dans le cadre de régimes de droit
distincts, ils révèlent manifestement leur polysémie.
À cet égard, les manuels, les traités, les monographies, les vocabulaires, la littérature
juridique, sont, certes, d’une importance inestimable, mais, leur objet étant particulier,
ils deviennent, pour cette raison seule, d’une utilité limitée.
Le droit édicte des normes de conduite : par exemple, quiconque cause un dommage
ou un préjudice doit le réparer. Ces règles étant à caractère normatif et, donc, étant
coercitives, nul ne peut y déroger sans encourir de sanctions. En revanche, quiconque
s’estime lésé ou entend faire reconnaître son (bon) droit peut recourir à la loi pour
obtenir justice.
Par conséquent, dans son acception générale et première, le droit est un ordre, un
système juridique dans lequel s’organise un ensemble ou un corps de règles destinées
à régir ou à réglementer soit des rapports entre les personnes et les institutions, soit
des comportements ou des conduites En ce sens, le mot droit s’entend des règles
juridiques. Par exemple, l’ignorance du droit est illustrée dans la maxime Nul n’est
censé ignorer la loi, autrement dit, la méconnaissance du droit (= des règles de droit)
n’est pas une excuse. Ou encore, le droit se conçoit comme correspondant à la loi. Par
exemple, le juge dit le droit parce qu’il est tenu de le connaître et il l’applique d’office
parce que c’est là son devoir. C’est un attribut de sa fonction que de fonder sa
motivation sur les règles de droit.
Chacun de ces domaines comporte des sous-domaines, soit les matières de tous ces
droits, le droit des biens, par exemple, ayant ses propres divisions et sous-divisions.
Le droit peut être envisagé sous des éclairages différents. Les distinctions s’établissent
à partir des adjectifs qui qualifient le mot droit, lequel se conçoit généralement à partir
d’une vue dualiste de la réalité du droit, dans des perspectives doubles : celle, par
exemple, de l’obligation (le respect des règles) et de la prérogative (le recours à la
justice), celle qui présente une autre dichotomie : le droit naturel et le droit positif.
1425
Ainsi dit-on que le droit positif est l’ensemble des règles de droit en vigueur dans une
société donnée; il est consigné dans des textes : le droit positif est donc un droit écrit.
Par contraste, le droit naturel ou idéal est inscrit au cœur de la nature humaine : il
existe au-delà de toute formulation précise, vu son caractère hautement moral : le droit
naturel est un droit non écrit. Quiconque sait d’instinct qu’on ne peut pas tuer autrui
impunément, qu’on est sur la terre pour y vivre et y mourir, d’où le droit à l’existence,
le droit à la vie, le droit à la santé, le droit à la dignité et à l’intégrité de sa personne.
Par l’adoption d’une autre démarche de la pensée, on est fondé à dire que le droit est
à la fois objectif et subjectif. Le droit objectif (dans objectif il y a objet) établit dans
ses normes un rapport entre les sujets de droit et un objet, la règle de droit, un lien qui
les unit entre eux, ainsi que l’ensemble des règles (obligations et contraintes) qui
régissent l’organisation et le fonctionnement de la société, de l’État.
Par conséquent, tous les droits découlant de la personne relèvent du droit subjectif,
tandis que les droits ressortissant à l’objet des principes qui règlent la conduite
humaine dans les rapports sociaux se rattachent nécessairement au droit objectif.
Par opposition au droit naturel ou idéal (qui est inscrit dans la nature humaine), le
droit positif regroupe toutes les règles de droit qui sont en vigueur dans un État
(“substantive law”) et tous les droits substantiels (“substantive rights”). Il se distingue
du droit procédural, celui grâce auquel on peut jouir en toute égalité des droits, des
privilèges et des immunités fondamentales et assurer leur mise en œuvre dans le cadre
du droit d’agir en justice, lequel permet de faire valoir ses droits en conformité avec
les règles du droit judiciaire et, plus généralement, du droit régissant le procès
équitable considéré dans ses assises principales que constituent les théories de l’action
judiciaire, de la juridiction et de l’instance ou droit processuel.
On appelle droit commun l’ensemble des règles juridiques édictées par l’autorité
publique. Elles visent les sujets de droit, par opposition aux dispositions spéciales qui
s’appliquent à des cas particuliers, dits exorbitants du droit commun.
1426
Vu sous un autre angle, est public le droit qui concerne l’organisation des
collectivités, y compris l’État, et leurs rapports avec les particuliers, et est privé le
droit qui organise les rapports juridiques ne mettant en cause que les individus. Si les
règles visent les États entre eux, on parle de droit international public, et si elles
s’appliquent aux particuliers dans leurs rapports avec un État étranger, on parle plutôt
de droit international privé.
Par ailleurs, les règles de droit sont le plus souvent purement pratiques. Elles se
trouvent énoncées, expressément ou implicitement, dans les lois, dans la
jurisprudence, dans la doctrine et dans la coutume. Ce sont là ce qu’on appelle les
sources du droit. Elles peuvent être du droit non écrit (comme dans le cas des usages
et des habitudes formant la coutume) ou du droit écrit (comme dans les lois et les
décisions de justice) et se divisent en sources formelles et en sources informelles ou
réelles du droit.
Cette pensée s’abreuve à deux sources fondamentales du droit : les sources réelles ou
informelles, soit tous les éléments de l’activité humaine qui concourent par
l’établissement de leur propre système à la création des règles de droit et à l’évolution
du droit, telles les activités socioéconomiques et politiques, ainsi que les sources
formelles du droit, soit l’ensemble des manifestations de ce qu’on appelle la
production du droit : la loi, la jurisprudence et la coutume.
7) Le terme sources du droit désigne aussi bien les données et les forces qui sont
à l’origine du droit, de l’ordre juridique, que les modes de production du droit, de la
1427
norme juridique.
Que l’on considère les sources du droit dans une acception large, comme le font les
systèmes de common law, ou dans une acception stricte, comme le font les systèmes
romanistes européens dits systèmes civilistes, un fait demeure : le droit objectif repose
sur des sources différentes.
Dans les systèmes civilistes, le droit objectif est doté de sources réelles et de sources
formelles. Les sources réelles comprennent l’ensemble des facteurs extrajuridiques
qui influent sur le droit positif, qui lui donnent son impulsion, qui le modifient en
profondeur ou qui contribuent, chacun à sa manière, à son développement : facteurs
économiques, politiques, sociaux et moraux.
Aux sources réelles les systèmes civilistes opposent les sources formelles ou
productrices du droit que constituent la loi (la Constitution, les lois et leurs
règlements d’application, les décrets, arrêtés et circulaires) et la coutume
exclusivement.
Elles sont consignées dans des recueils, des ouvrages, des registres d’actes
instrumentaires. La jurisprudence et la doctrine ne sont pas des sources formelles,
mais des sources historiques du droit. « Dans notre système juridique, écrit Cornu,
la définition précise donnée à la source formelle ne permet pas d’étendre cette
qualification à la jurisprudence et à la doctrine (...) car (...) ce qui sort de la plume
du juge ou de l’auteur, au moment de la décision ou de l’avis, ce n’est pas, à la
source, un élément constituant de l’ordre juridique, un morceau de droit positif
émanant d’une volonté dotée du pouvoir autonome d’en décider. Aucun juge ne
donne, par décision, l’être à une règle. Même dans le silence de la loi, il invoque le
droit, il le dit : donc il s’y réfère. »
Pour les systèmes de common law, le mot source dans ce contexte conserve son
caractère métaphorique et s’entend des textes qui produisent le droit. Les sources
formelles maîtresses qui font jaillir le droit sont, par ordre d’importance, la
jurisprudence (le droit produit par les juges), la législation (les lois et leurs
règlements d’application), la doctrine et la coutume. Le juge d’abord, puis le
législateur non loin derrière depuis la fin du XIXe siècle, l’auteur d’ouvrages
doctrinaux et le groupe social sont eux aussi des producteurs de droit. C’est dans les
règles qu’ils édictent, qu’ils dégagent ou créent, qu’ils conçoivent ou qu’ils
1428
perpétuent, selon le cas, que se trouve la norme de droit. En tant que manifestations
concrètes des sources formelles du droit, les règles légales, jurisprudentielles,
doctrinales et coutumières sont des règles de droit.
Pour certains juristes, les systèmes de common law considèrent les données
documentaires, la révélation transmise par la culture judéo-chrétienne et la
philosophie juridique comme des sources formelles secondaires du droit.
Les sources formelles du droit international sont les conventions internationales, les
traités, les chartes, les protocoles et la coutume des nations, la jurisprudence
internationale et tous les principes de droit reconnus par la plupart des droits
nationaux.
Pour les systèmes civilistes comme pour la common law, les sources de droit positif
sont diverses : les contrats, les quasi-contrats, les délits civils, les conventions
collectives, et ainsi de suite.
Ainsi, la source du droit fait naître le droit objectif, tandis que la source de droit (ou
d’obligation) est tout élément qui produit des règles relevant du droit subjectif, tout
fait ou phénomène, toute institution ou situation ou tout régime ou principe qui se
trouve à l’origine d’une prérogative individuelle reconnue et sanctionnée par le droit
subjectif.
1429
Dans une perspective évolutive, il est permis de distinguer, grosso modo, trois grandes
époques dans cette évolution. Il y a d’abord l’époque du droit féodal. Le droit se
fonde alors essentiellement sur le statut (les nobles jouissent de droits en raison de
leur statut personnel).
Puis, au milieu du XVIIe siècle naissent l’État-nation et un nouvel ordre juridique dans
lequel le droit confère des droits à l’être humain non plus en raison de son statut ou
de sa nature d’être humain supérieur à d’autres êtres humains, mais uniquement
comme sujet, le sujet de droit.
Quand les colons français et anglais s’établissent dans le Nouveau Monde, ils sont
considérés comme des sujets britanniques. À partir de la Déclaration d’indépendance
américaine du 4 juillet 1776, ils ne revendiquent plus de droits en tant que sujets
britanniques, mais ils prétendent à la reconnaissance de droits de la personne qui
existent indépendamment de tout gouvernement. Le concept de droits de la personne
(de droits de l’homme, de droits des êtres humains) remplace alors celui de droits des
sujets.
Enfin, les droits sont reconnus et garantis à l’égard de la personne. Aujourd’hui, les
droits de la personne sont à l’avant-scène des grands textes juridiques, des chartes et
déclarations des droits et libertés, tel le droit au respect de la vie privée, garanti à la
fin du XIXe siècle et dans les limites de l’époque par le Quatrième Amendement de la
Constitution américaine et restreint aux atteintes exercées par la force publique.
Dans l’optique des droits subjectifs, de ceux qui appartiennent au sujet de droit, au
titulaire, au bénéficiaire d’un droit, une phraséologie s’élabore : chaque mot a un sens
précis. En matière juridique, la précision terminologique est de rigueur. C’est la nature
1430
Un droit (subjectif) naît, est créé, constitué (légalement), est protégé (juridiquement),
il est mis en œuvre et, en cela, il se réalise. Il peut devenir caduc : on dit alors qu’il
s’éteint. Selon le point de vue sous lequel on le considère, ce droit est apparenté à un
pouvoir (un droit réel confère à son titulaire un pouvoir sur une chose), à une
prérogative (le droit subjectif est une prérogative reconnue à une personne par le droit
objectif pour la satisfaction d’un intérêt personnel) : « Le titulaire du droit réel n’est
pas toujours doté, sur cette chose, des mêmes prérogatives. »), à une faculté (un droit
de créance ou droit personnel ouvre à son titulaire la faculté d’exiger d’une autre
personne une certaine prestation), à une liberté, à un intérêt, à une aptitude, à une
capacité.
Un droit est établi par une règle, la règle de droit. Celle-ci commande de respecter,
d’observer ce droit. Elle affirme l’existence d’un droit (affirmation d’un droit).
L’individu est investi du pouvoir de faire reconnaître son droit dans une action en
justice, celui d’en obtenir l’exécution forcée par les voies de droit que lui ouvre la loi.
La force du droit se manifeste dans les sanctions qu’il applique en cas d’inobservation
ou de violation des règles édictées. Sa finalité, dans le règlement des relations
qu’entretiennent les individus entre eux, vise à faire régner l’ordre public et la paix
sociale.
L’individu est assujetti à des droits et à des devoirs (c’est là le point de vue du droit
des obligations), mais il jouit, en contrepartie, de droits et de libertés (c’est là le point
de vue du droit de la personne).
Ainsi, le droit réel (du latin res signifiant chose) porte sur une chose, le droit réel par
excellence étant le droit de propriété. Son titulaire possède un pouvoir direct sur elle.
« Le titulaire d’un droit de propriété ou d’un autre droit réel jouit de la faculté d’agir
en justice pour faire reconnaître ce droit. » On qualifie de personnel le droit qui
confère une prérogative sur une autre personne. Ce droit s’attache à la personne, il la
suit partout où elle va : tel le cas du droit à son nom, à son image, à sa vie privée, à
son corps, à son identité, à sa personnalité.
Le droit de créance n’est pas un [droit réel]; c’est un droit personnel puisqu’il attribue
au créancier le pouvoir d’exiger du débiteur l’exécution d’une prestation. Le droit réel
est donné sur une chose, le droit personnel est attribué à l’encontre d’une personne
et non d’une chose.
De cette manière, une chose comme une personne peuvent faire l’objet d’un droit. On
dit que le droit réel met son titulaire au contact d’une chose, tandis que le droit
personnel le met au contact d’une personne. Le titulaire d’un droit réel a le droit
d’usage, le droit d’user de la chose (de s’en servir), le droit de jouissance, le droit
d’en jouir, et le droit de disposition, le droit d’en disposer, encore appelé droit
d’aliénation, droit de l’aliéner, soit en la vendant, en la donnant ou même en la
détruisant.
Un droit confère des pouvoirs de la même manière que des opérations juridiques
confèrent des droits. Il est accordé, attribué, adjugé.
Aussi un droit s’établit-il entre son titulaire et la chose ou entre lui et une autre
personne, l’obligé, créant de la sorte un rapport juridique, un lien de droit, autrement
dit une obligation.
Le sujet de droit possède des droits. Pour cette raison, des auteurs parlent plutôt du
sujet de droits. Ce sujet peut être investi d’un droit (l’investiture) ou l’acquérir
(l’acquisition).
1432
Peut être réel ou personnel le droit dit patrimonial. Ce droit comporte pour son
titulaire un avantage en argent, il représente une valeur économique, comme l’illustre
le droit d’auteur, droit exclusif d’un créateur d’une œuvre littéraire ou artistique d’en
tirer tous les avantages et toutes les utilités. Au contraire, un droit est qualifié
d’extrapatrimonial quand, étant hors du patrimoine d’une personne, il n’a pas de
valeur pécuniaire, on ne peut l’évaluer en argent, il est hors commerce, comme
certains droits familiaux et matrimoniaux, les droits de la personnalité et les droits
moraux. Par exemple, s’agissant des droits de la famille, le droit extrapatrimonial de
l’autorité parentale concernant la garde, la surveillance et l’éducation de l’enfant n’a
pas de valeur monétaire, s’agissant des droits matrimoniaux, celui des époux au
respect et à l’affection réciproques, ou le droit à son corps comme droit moral.
Un droit peut être plénier ou il peut être démembré. Dans le premier cas, sa qualité
principale, son attribut constitutif est d’être plein, sa plénitude fait de lui un droit
entier, comme il arrive dans le cas de la pleine propriété. Le droit de propriété confère
à son titulaire tous les attributs de ce droit, c’est-à-dire tous les droits constitutifs qui
contribuent à la formation de ce droit complet : le droit d’usage, le droit de jouissance
et le droit de disposition de la chose. S’il n’est pas plénier, il est alors qualifié de droit
démembré puisqu’il ne confère que certains attributs et non pas tous les trois.
Par rapport à un droit dit principal, le droit accessoire donne à son titulaire le moyen
ou la garantie d’en assurer la réalisation, tel le droit de sûreté ou de garantie de
paiement attribué au créancier, droit constituant l’accessoire de la créance.
Un droit viager dure du vivant de son titulaire, tel le droit à une rente qualifiée de
viagère, un droit dit perpétuel ne s’éteint pas au décès, étant établi à jamais, telles, en
ce sens, la propriété et l’hérédité.
11) On dit d’un droit qui est accordé, attribué, conféré ou même adjugé qu’il naît.
S’il convient de préciser l’identité du bénéficiaire, on ajoute que ce droit naît sur sa
tête. Faire naître, faire reposer, fixer un droit sur la tête de qqn. Droit demeurant sur
sa tête. « Le délit engendre la responsabilité civile; il fait naître, sur la tête de la
victime, un droit à réparation. » « Lorsque, par l’effet d’un acte ou d’un fait
juridique, un droit subjectif est né sur la tête d’un individu, il reste à déterminer
comment le titulaire du droit peut l’exercer. » Tout individu a des droits sur sa tête.
Le droit de propriété s’ouvre sur la tête du propriétaire. Un droit s’ouvre à son
titulaire lorsque, certaines conditions étant réunies, ce droit lui est acquis
conditionnellement. Âge d’ouverture du droit à pension. Droit ouvert. « Le droit aux
prestations de sécurité sociale s’ouvre du chef du prestataire. »
Accorder la maintenue d’un droit signifie assurer le maintien ou la validité d’un droit
par confirmation judiciaire. « Le tribunal a accordé au demandeur la maintenue de
son droit de possession. »
Lorsque des droits sont contestés devant les tribunaux, on les revendique; on ne peut
réclamer des droits que si ceux-ci s’entendent dans leur acception monétaire ou
financière.
On ne peut exercer ses droits, en jouir et en tirer avantage ou profit que dans la
mesure où ils sont garantis par la loi, reconnus par elle ou par l’autorité de justice.
Reconnaître un droit signifie admettre officiellement son existence juridique. Une fois
son droit admis, on ne peut être troublé ou inquiété dans l’exercice de celui-ci. Est
remplie de ses droits la personne qui parvient à faire reconnaître l’entièreté de ses
droits. Par exemple, l’attribution ou l’abandonnement est une opération juridique qui
permet d’attribuer à un indivisaire à titre de partage les biens lui permettant d’être
rempli de ses droits (voir ci-après au point 17).
Pour concrétiser son droit, il importe de suivre une procédure fixée par la loi; ainsi
en est-il des titulaires de privilège et des créanciers. Dans le cas de ces derniers, pour
pouvoir recouvrer leurs créances, ils doivent concrétiser leur droit de recouvrement
en se conformant à la procédure prévue à cette fin.
Un droit s’éteint quand son exercice prend fin dans le temps. La résurrection d’un
droit s’entend du fait, pour la loi, de faire revivre un droit éteint. « Une loi qui étend
un délai ne sera généralement pas appliquée à faire revivre un droit éteint avant son
entrée en vigueur. » « L’application de cette loi nouvelle implique la résurrection
d’un droit auparavant aboli. » Doctrine de l’extinction d’un droit ancestral par la
voie législative. Résurrection du droit naturel. Résurrection d’un droit impérial tenant
en échec le droit international.
Un droit peut survivre à la suite d’une décision visant à le faire disparaître, tel un droit
ancestral présumé avoir survécu à l’imposition d’un régime colonial.
12) Le droit qui est insusceptible de s’éteindre par le jeu de la prescription est
imprescriptible, celui qui ne peut être aliéné, par cession ou autrement, ou dont on ne
peut pas perdre la titularité est inaliénable. Le droit qui ne peut être modifié, qu’on ne
peut ni changer ni transformer, auquel on ne peut porter atteinte est, selon les
contextes, immuable, inviolable, sacré, tel le droit de propriété, et celui qui est au-
dessus de tous les autres droits, qui l’emporte sur tous les autres est qualifié de
souverain.
Le droit que son titulaire peut céder est dit cessible par contraste avec le droit
incessible.
On dit d’un droit qu’il est concret quand il se modèle sur les réalités du domaine dont
il relève, tel, pour le droit du travail, le droit à indemnisation en cas d’accident du
travail.
Le droit contingent varie avec le temps. En ce sens, il est dit droit en situation : il
évolue rapidement jusqu’au moment où il devient caduc ou périmé. Au droit
contingent il convient d’opposer le droit permanent.
Le droit dont l’état est complet dans toute sa force est plein, il a atteint sa plénitude.
S’il est incomplet, s’il présente des lacunes, il y aura lieu d’assurer son complètement.
tire.
Dans le droit des biens en régime de common law, le titulaire d’un simple droit de
propriété sur un bien corporel n’a ni possession de ce bien ni droit de possession sur
celui-ci.
Les droits dérivés se disent par opposition aux droits propres. Dans le droit du
travail, le salarié bénéficie d’un droit propre qui lui permet d’obtenir la prise en
charge par les organismes sociaux des prestations auxquelles il a droit. Sa famille, par
ailleurs, pourra bénéficier de droits dérivés dans la mesure où elle ne bénéficiera des
prestations sociales qu’en raison seulement de ses liens familiaux avec le salarié (le
conjoint, l’enfant, l’adulte à charge est titulaire, à ce titre, de droits dérivés). Dans
d’autres domaines du droit, le terme droit dérivé aura une acception apparentée et on
le désignera aussi sous le vocale de droit indirect par opposition à un droit direct.
Le droit que l’on peut contester en justice est attaquable. Tout droit dit incontestable
dont jouit une personne est de ce fait inattaquable. Le droit manifeste est l’antonyme
du droit apparent. Le droit formel est assujetti à des formalités, à des conditions de
forme, contrairement au droit informel.
Le droit conditionnel est subordonné à une ou plusieurs conditions, ce qui n’est pas
le cas du droit absolu. Dans le droit des biens en régime de common law, le droit
absolu de propriété s’oppose au droit relatif de propriété, le propriétaire ne détenant
pas dans ce dernier cas la totalité des droits sur le bien, une autre personne en ayant
la possession ou le bien étant grevé. Le droit consommé se conçoit par opposition au
droit virtuel, le droit corporel, au droit incorporel, le droit actuel, au droit futur, le
droit dépendant, au droit indépendant, soit celui qui ne dépend d’aucun autre droit,
dont l’effet n’est subordonné qu’à sa seule existence, le droit conjoint, en matière de
tenance conjointe, au droit individuel, le droit possessoire, soit le droit à la
repossession physique d’une chose, au droit non possessoire, et le droit propriétal,
à savoir le droit exclusif et absolu à la propriété d’une chose, au droit non propriétal,
le droit unique, au droit commun, le droit réel dont jouit une personne sur un bien,
c’est-à-dire d’un intérêt opposable à quiconque, erga omnes, au simple droit
personnel opposable à certaines personnes seulement.
notamment, permettent à l’auteur d’interdire toute atteinte à son œuvre qui risquerait
d’entacher sa réputation ou de révéler son identité, et des droits voisins ou connexes
du droit d’auteur, soit les nouveaux droits de propriété intellectuelle attribués, entre
autres, aux artistes-interprètes et aux producteurs de phonogrammes et de
vidéogrammes ainsi qu’aux entreprises de communication audiovisuelle. « Le terme
‘droits voisins’ désigne les droits touchant la rémunération des artistes-interprètes
et des producteurs pour la présentation publique, la radiodiffusion, la location ou la
reproduction de leurs prestations ou de leurs enregistrements sonores. » « Les droits
voisins reposent sur le principe selon lequel l’exécution d’une œuvre créé une œuvre
‘voisine’ qu’on appelle une ‘ prestation d’artiste-interprète’.
13) Un droit est bon (un bon droit) quand il est valable et incontestable ou reconnu,
déclaré tel. La règle juridique a essentiellement un caractère bénéfique : elle porte en
elle une charge de bien. Le terme bon droit, qui évoque l’idée d’un droit éclairé,
légitime et valable, vient de la langue de la procédure et sert à former quelques
locutions. Pour une analyse approfondie de ce terme, se reporter au point II, 5 de
l’article BON.
Le bon droit est ce que l’on considère conforme à l’idée du droit. La locution être
dans son bon droit signifie que l’on estime que l’acte que l’on a accompli est reconnu
par le droit comme étant juridiquement valable. Exciper de son bon droit. Prouver son
bon droit, c’est prouver son innocence (en matière pénale) ou se justifier d’une
accusation infondée ou non fondée.
La locution à bon droit est d’usage dans la langue courante. Dans le langage du droit,
elle signifie que l’on accomplit un acte à raison, à juste titre. La référence est étrangère
à un fondement juridique comme tel, reposant, au contraire, sur un ordre de
justification. Une personne décide à bon droit de faire quelque chose et elle s’estime
tout à fait justifiée dans son action.
L’antonyme de cette locution est à mauvais droit. « L’appelant soutient que le juge
a mal interprété le droit relatif à la possession et, à mauvais droit, l’a déclaré
coupable. » Arrêt à mauvais droit (= mal décidé). Pouvoir exercé à mauvais droit.
Les locutions être dans son bon droit et être dans son droit sont synonymes. Elles
supposent qu’on a le bon droit pour soi, qu’on a raison, qu’on a le droit d’agir comme
on le fait. Elles ont pour antonymes les expressions être dans son tort, avoir tort.
Être fort de son bon droit signifie que l’on trouve sa force, son assurance dans son
bon droit, dans son innocence. « Fort de son bon droit, il restait stoïque sous les
injures. »
La locution par droit de met en évidence le fondement d’un droit, de succession par
exemple (par droit d’hérédité) ou la source d’un état (par droit de filiation) ou encore
le mode d’acquisition de la propriété (par droit d’accession).
Un droit est juste (un juste droit) quand il est légitime aux yeux de la loi, son triple
attribut étant la licéité, l’équité et la raisonnabilité, le bon droit et le juste droit étant
souvent associés dans la pensée : droit juste et bon.
Le terme droits civils (le plus souvent au pluriel) désigne l’ensemble des prérogatives,
des pouvoirs et des avantages attachés à la personne, tels le droit au respect de la vie
privée et de la vie familiale, le droit au respect du domicile et au respect de sa
correspondance, le droit à la liberté et à la sûreté de sa personne, le droit à la liberté
de pensée, de conscience, de religion, d’expression, bref à la plupart des droits et
libertés fondamentaux. Il faut se garder de le confondre, quand il est employé au
singulier, avec le terme droit civil, soit le système propre aux pays de tradition
1439
Un droit est qualifié de strict lorsque son interprétation doit être étroite, sous
extension analogique d’un texte à des cas non assimilés à la lettre de ce texte, tels le
droit pénal et les lois d’exception. Par exemple, une loi sur les mesures de guerre est
de droit strict dans son interprétation.
Il est extrême dans tous les cas d’abus de droit. L’usage d’un droit peut être abusif et
engager la responsabilité de son titulaire qui cause ainsi un dommage ou un préjudice
à autrui. Le droit extrême est exercé dans l’unique intention de nuire.
Un droit négatif est un droit de ne pas faire quelque chose par opposition au droit
positif ou permissif qui permet de faire. Il ne faut pas confondre les droits positifs
avec le droit positif, qui regroupe l’ensemble des règles de droit en vigueur au sein
d’une autorité législative.
Par ailleurs, un droit passif ne peut être exercé que si sont fournis ou prévus les
moyens permettant cet exercice, sans quoi il demeure passif. Le droit qualifié d’actif
est son antonyme : il peut s’exercer parce que des moyens d’exercice sont mis à la
disposition de son titulaire.
14) Dans le droit postmoderne, on qualifie de droit mou (“soft law”), plus rarement
de droit gazeux ou de quasi-réglementation, l’ensemble des normes juridiques
dépourvues de tout effet obligatoire, règles, par conséquent, non contraignantes. Ces
normes sont établies dans divers textes, aussi bien dans des lois que dans des codes
de conduite, des ordonnances administratives, des recommandations, des lignes
directrices et des chartes éthiques émanant de personnes privées, d’associations
professionnelles ou d’organisations non gouvernementales.
Les auteurs de travaux de sociologie du droit portant sur le droit mou se proposent de
retracer ces manifestations du droit dans des textes de droit civil, de droit social, de
droit commercial, de droit de l’environnement, de droit du travail, de droit national,
international et communautaire où se trouvent un nombre croissant de règles de droit
présentant un caractère et des concepts mous.
1440
La question du droit mou suscite une réflexion sur l’éclatement des sources du droit,
sur l’évolution du droit conduisant à la mondialisation du droit, sur la nécessité d’un
nouvel ordre juridique mondial et sur les producteurs de ce droit. Les auteurs de la
norme molle exercent leur activité tant au sein de l’autorité publique que des pouvoirs
parapublics et des groupes d’acteurs privés, faisant ainsi ouvertement concurrence au
législateur, autrefois l’auteur exclusif de la norme de droit.
Le droit mou apparaît quand des lois pertinentes sont inexistantes ou mal adaptées à
la réalité (droit de l’Internet par exemple) ou que des textes doivent suppléer soit
l’absence de normes dans un domaine d’activité nouveau ou particulier, soit le retard
des normes édictées à passer au stade de la mise en œuvre du fait, entre autres, du
phénomène de l’inflation législative. Le droit mou est une forme atténuée de non-droit
ou de quasi-non-droit (voir ci-après).
Au droit mou on oppose naturellement le droit dur (“hard-law”), celui qui émane de
l’État, dans des codes criminels ou pénaux, dans les lois dont des dispositions
prévoient des sanctions comminatoires et impératives. C’est le droit classique, le droit
fondé sur les interdictions, les prohibitions, les peines et les contraintes.
La notion de droit mou doit être mise en parallèle avec la réflexion des animateurs et
des tenants de la théorie et de la sociologie du droit, notamment du doyen Carbonnier
dans son ouvrage Flexible droit, ainsi que de l’anthropologie du droit sur les normes
floues, droits indéterminés aux contours imprécis.
Ce thème du droit flou (“fuzzy law”) a été abordé concurremment par les spécialistes
de la rhétorique juridique (par Chaïm Perelman, notamment, le père de la rhétorique
moderne) dans des travaux séminaux consacrés aux notions floues du droit, source
d’insécurité juridique et d’inégalités.
L’anthropologie juridique enseigne que trois principes sont à la base du droit mou :
le principe de prudence, le principe de précaution et le principe de nécessité.
L’ensemble des textes non normatifs rédigés sous forme de vœux pieux (emploi de
verbes tels que promouvoir et favoriser au lieu de garantir) et au moyen de formules
vagues, parfois vides juridiquement, rend difficile pour les tribunaux leur mission de
dire le droit avec certitude, les règles et les normes étant trop floues.
15) La notion de droit tripode a été conçue par les animateurs de l’anthropologie
juridique, notamment dans les travaux de Michel Alliot qui ont inspiré ceux d’Étienne
Leroy sur les trois archétypes fondamentaux correspondant à un modèle de société
particulière : l’archétype de la soumission à un ordre préétabli, celui de l’identification
et celui de la différenciation.
À ces trois archétypes correspondent des façons d’envisager le droit, des philosophies
du droit, des mécanismes de contrôle et des sanctions. Ce droit tripode implique, entre
autres, l’adoption de langages du droit distincts dans lesquels le droit monolithique
fait place au multijuridisme. Il repose sur trois fondements bien établis : les normes
générales et impersonnelles, les modèles coutumiers de conduites et de
comportements ainsi que les systèmes de dispositions durables appelés dans la
terminologie de Pierre Bourdieu des habitus, lesquels auront des effets
jurilinguistiques aussi bien sur le vocabulaire du droit que sur son énonciation.
juridiquement (dans des chartes, dans des constitutions). Individuels, ils sont le plus
souvent de nature politique et socioéconomique. Pour cette raison, on les considère
comme des droits fondamentaux.
Étant énoncés dans les préambules ou les dispositions déclaratives de ces textes, on
dit que ce sont des droits constitutionnels, des droits égaux et inaliénables dont
jouissent tous les membres de la famille humaine. Par exemple, s’agissant des droits
de la personnalité, on parlera de droits tels le droit à la vie, à l’inviolabilité et à
l’intégrité de sa personne, le droit au respect de son nom, de sa réputation et de sa
vie privée. Tous ces droits ne pouvant être cédés à quiconque et étant attachés à sa
personne, on les qualifie pour cette raison de droits incessibles.
Syntagmes
droit + à + l’ + substantif
droit à l’information.
droit à l’initiative économique.
droit à l’intégrité corporelle.
droit à l’inviolabilité de la personne (du domicile).
droit à l’usage (de l’eau).
droit au bail.
droit au brevet.
droit au cumul de juridiction.
droit au divorce.
droit au désaccord.
droit au logement.
droit au maintien dans les lieux.
droit au paiement (d’une juste rémunération).
droit au respect de la vie privée.
droit au secours.
droit au secret (gouvernemental, professionnel).
droit au silence.
droit au sol.
droit au soleil.
droit au suicide.
droit au travail.
droit + à + la + substantif
droit à la survie.
droit à la vie privée (au respect de sa vie privée).
droit + à + substantif
droit à déduction.
droit à indemnisation.
droit à indemnité.
droit à jouissance (différée).
droit à pension.
droit à prestation.
droit à récompense.
droit à réparation.
droit à titre congéable.
17) De droit. La locution de droit précédée d’un substantif (nom de chose ou nom
de personne) formant syntagme a pour antonyme la locution de fait. Ce qui appartient
au droit, ce qui relève du droit, ce qui est conforme au droit, ce qui existe
conformément au droit, ce qui s’accomplit en conformité avec le droit, ce qui est juste
aux yeux de la loi ou au regard du droit, ce que la loi sous-entend ou présume, ce
qu’elle impose ou prescrit, ce qui est légal, légitime, ce qui est fondé en droit se
conçoit comme intrinsèquement distinct de tout ce qui ressortit au domaine du fait.
Les termes qui se regroupent sous cette catégorie locutionnelle relevant aussi bien du
droit civiliste que de la common law font apparaître nettement le jeu de la
concurrence ou l’opposition juridique naturelle et commune du fait et du droit.
La locution en droit se dit elle aussi par opposition à la locution en fait. Elle signifie
légal par contraste avec effectif, le fait étant un acte effectif ou positif. Restriction en
droit, restriction en fait.
Au sens large, en droit signifie selon ce que la loi prévoit (être responsable en droit,
c’est-à-dire aux yeux de la loi), selon ce qui est établi en droit (l’erreur en droit, à
distinguer de l’erreur de droit). « Est abusif ce qui est non fondé en droit. » Préjugé
en droit.
En common law, est dit en droit ce qui est “at law”. Position juste et soutenable en
droit. Mais on ne dit pas avoir le droit [en droit] (= “at law”) de faire telle ou telle
chose, mais avoir le droit en common law de le faire.
En common law toujours, cette locution s’entend de ce qui est reconnu par la common
law. « La connaissance et le contrôle sont des éléments qui constituent la possession
en droit. »
Dans le langage judiciaire, est dit en droit le fait pour le juge de trancher le litige
conformément aux règles de droit qui lui sont applicables, et non selon des
considérations d’opportunité ou en fait.
1448
Quid juris ?, formule latine courante chez les juristes, signifie Qu’en est-il en droit ?
Elle traduit une attitude de perplexité devant une question non tranchée par les textes
et par laquelle s’amorce l’analyse des termes de la discussion en vue de dégager la
solution la plus appropriée.
Comme de droit signifie ainsi de plein droit, c’est-à-dire par le seul effet de la loi, du
seul fait de la loi, en vertu de la loi seule ou du droit même, sans qu’il soit nécessaire
de le prévoir expressément ou de le stipuler au contrat. Par exemple, par le seul effet
du contrat, les parties contractantes sont de plein droit liées par ses stipulations
puisque, suivant la règle de droit édictée à cette fin, il est leur loi. Être nul de (plein)
droit. Le testament qui est fait après l’ouverture de la tutelle est nul de droit. « La
convention contractée par erreur, violence ou dol n’est pas nulle de plein droit. »
La locution être saisi de plein droit d’une affaire se dit pour une juridiction, tandis que
la locution être saisi de plein droit des biens du défunt, par exemple, se dit de
l’héritier légitime, du légataire ou de l’exécuteur testamentaire.
Jouer de plein droit. « L’indignité successorale joue de plein droit lorsque les
conditions légales en sont réunies. » Produire de plein droit. « Les sommes non
restituées produisent de plein droit intérêt au taux légal. » Porter intérêt de plein
droit. Se produire de plein droit. « La nullité des actes de l’indigne se produit de plein
droit. »
Ainsi, en common law, ce qui est comme de droit (“as of right”) n’est subordonné à
aucune condition qui ne relève pas d’un droit dont on est titulaire. Par exemple, la
jouissance comme de droit n’est assujettie à aucune demande d’autorisation, elle
s’exerce de façon continue, publique et notoire par une personne qui ne risque pas
d’être considérée comme un intrus. L’usage comme de droit n’a nul besoin d’une
permission ou d’une autorisation pour s’exercer.
De droit s’entend aussi par opposition à ce qui est laissé à l’appréciation souveraine
du juge, à ce qui devient, dès lors, facultatif. Par exemple, dans une demande de
divorce, le juge statue sur la violation de certains devoirs conjugaux selon la gravité
de la situation ou les intérêts en présence et non en vertu de la loi seule, de façon
obligatoire : il statue alors de droit.
De droit s’entend enfin de ce qui est issu des règles de droit, de ce qui découle de la
force du droit ou de la loi, de ce que l’on tient d’un droit légitime, de ce qui est
valable en droit. Société de droit.
Employée surtout dans la doctrine, la locution de droit désigne le droit établi : selon
le droit établi, selon ce qui est de droit reconnu. Par exemple, la locution en bonne
justice signifie selon ce qui est de droit, puisque la justice est la reconnaissance du
bon droit de quelqu’un.
À bon droit. Cette locution signifie de façon indiquée, fort à propos, justement,
correctement. Elle qualifie notamment l’interprétation qui est donnée correctement à
un texte. Dans le langage judiciaire, à bon droit se dit de la décision dont les motifs
prennent appui sur une appréciation exacte de ce que les parties invoquent. La
locution peut s’appliquer aussi bien aux plaideurs et aux avocats plaidants qu’au juge.
1450
Dans le discours judiciaire, le juge qui se déclare incompétent pour entendre une
affaire renvoie les parties à se pourvoir devant la juridiction qualifiée. Plutôt que de
la désigner nommément, il y renvoie au moyen de la locution à qui de droit. « Les
parties doivent s’adresser à qui de droit. »
La locution qui de droit est une variante synonymique de la locution à qui de droit.
« Le délai court contre toutes personnes, même contre le mineur, sauf, s’il y a lieu,
le recours contre qui de droit. »
À toutes fins que de droit. Cette locution signifie suivant toutes les prescriptions
légales. « Nous aimerions souligner que l’infraction criminelle originelle subsiste, à
toutes fins que de droit, même après la période d’extinction. » « La condamnation du
demandeur n’est pas effacée à toutes fins que de droit. » « Le casier judiciaire n’est
pas annulé à toutes fins que de droit. » « Il ne s’agit pas d’une décision définitive à
toutes fins que de droit sur la nature de la cession ou de la prétendue révocation. »
Mise au singulier, la locution a la même signification et a pour variante à telle fin que
de droit, à telles fins que de droit, c’est-à-dire suivant celle ou celles des prescriptions
que prévoit la loi dans tel ou tel cas. « Cette désignation de fiduciaire a, à telle fin que
de droit, le même effet que si elle relevait de l’article pertinent de la Loi. » « L’appel
est rejeté à toute fin que de droit. »
1451
Aux charges de droit. Cette locution sert de clause de style dans un acte écrit. Elle
signifie aux conditions fixées par la loi pour tous les actes du même type emportant
transfert de propriété tels l’acte de vente, l’acte d’échange ou la donation. On la trouve
aussi dans les actes sous seings privés relatifs à la jouissance d’un bien.
Ce que de droit. Cette locution se rapporte à une preuve contenue dans un acte
instrumentaire. Elle s’emploie habituellement avec les verbes servir et valoir (voir ci-
après). On la trouve dans un écrit qui permet à son auteur d’attester la réalité d’un
fait, d’un témoignage ou d’une opération quelconque. Elle sert à l’intéressé à prouver
la vérité de ce qu’il avance; à ses yeux, elle vaut preuve de ce qu’il déclare. Clause de
style bien souvent, elle ne présente alors aucune portée juridique véritable, sauf en
fonction de l’autorité de son auteur. « En foi de quoi, je lui ai délivré le présent
certificat pour servir et valoir ce que de droit. »
En fraude des droits. Cette locution signifie qu’une chose a été faite à l’encontre des
droits de quelqu’un. « Le partage a été effectué en fraude des droits des créanciers. »
« La séparation des époux a été prononcée en fraude des droits de leurs créanciers. »
Loi sur les cessions en fraude des droits des créanciers. « L’acte de cession a été
conclu en fraude des droits de Sa Majesté. » Faire quelque chose en fraude de
quelqu’un signifie commettre une action en fraudant une personne. « L’avocat a
soutiré cet argent en fraude de ses clients. » (= en fraudant ses clients, à leurs dépens.)
En garantie de son droit. Cette locution signifie qu’un sujet de droit peut exiger d’un
autre une certaine garantie pour s’assurer que son droit sera sauvegardé. « L’époux
peut exiger une caution de son conjoint en garantie de ses droits. »
Être maître de ses droits. Cette locution se dit de la personne qui possède la pleine
capacité d’exercer ses droits civils par elle-même, sans devoir recourir à la
représentation par tutelle, par curatelle ou par assistance. « Rétabli dans la plénitude
de ses facultés et prérogatives, maître de ses droits, il a revendiqué, sous tutelle,
l’entièreté de ses pouvoirs légitimes. »
Être nul de droit. Cette locution signifie qu’un acte ne présente plus aucune valeur
aux yeux de la loi. « Les actes passés par le majeur incapable postérieurement au
jugement d’ouverture de la tutelle sont nuls de droit. »
1452
Faire droit. Cette locution s’emploie dans le langage judiciaire à propos du juge qui
statue, favorablement ou non selon la préposition qui introduit le complément. Faire
droit à une demande signifie accueillir, donner une suite favorable à une prétention
exposée au tribunal, adjuger le bénéfice des conclusions développées. En construction
absolue, faire droit signifie faire bonne justice et renferme un jugement de valeur.
Faire droit sur la demande signifie exercer le pouvoir juridictionnel à propos de la
cause soumise. Cette locution est l’antonyme de la locution dénier justice et il ne faut
pas la confondre avec la locution dire le droit qui signifie que le juge se prononce sur
le fond de l’affaire dont il est saisi.
Quant à la locution faire reste de droit, elle est synonyme de faire droit. Le tribunal
fait reste de droit ou fait droit quand, dans la rédaction de ses motifs, il signale qu’il
rejette un argument à lui présenté qui ne lui paraît pas mieux fondé qu’un argument
précédent.
La locution la plus courante est faire droit suivi d’un complément d’objet indirect :
faire droit à une demande, l’accueillir. Faire droit à une action, à une allégation, à
un appel, à un argument, à une assertion, à des conclusions, à une contestation, à un
contrôle, à une défense, à un examen, à une exigence, à une fin de non-recevoir, à un
grief, à une injonction, à un intérêt en cause, à une mesure, à une motion, à un moyen,
à une objection, à une opposition, à une ordonnance, à un plaidoyer, à une plainte,
à un pourvoi, à une prétention, à un privilège, à une procédure, à une réclamation,
à un recours, à un redressement, à une réparation, à une requête, à une
revendication.
Dans la procédure civile française, on distingue les jugements avant dire droit (ce sont
les jugements dits préparatoires) des jugements interlocutoires. Par exemple,
s’agissant d’un procès mettant en cause la responsabilité civile d’une partie, le juge
dira que, avant faire droit, c’est-à-dire avant de statuer définitivement, il déclare le
défendeur seul responsable des conséquences de l’accident et ordonne une expertise
médicale avant de fixer les dommages-intérêts et d’adjuger les dépens.
Liquider les droits. Ce syntagme signifie, en droit, dégager soit la part qui revient à
chacun au moment de l’ouverture d’une succession, de la cessation d’une indivision,
de la dissolution d’une société, du partage du régime matrimonial des époux, soit le
montant de la pension du salarié qui prend sa retraite. Faire liquider ses droits à
pension. « Les personnes âgées de 60 à 65 ans peuvent faire liquider leurs droits de
1453
Pour valoir ce que de droit. Cette locution est une variante de la locution servir et
valoir ce que de droit. Elle signifie en vue d’obtenir les effets juridiques ou ceux qui
se trouvent inclus à l’état virtuel dans le fait ou l’acte dont on demande la constatation
ou la consignation. Par exemple, le certificat médical sollicité par la femme battue est
dressé pour valoir ce que de droit : le médecin ne fait que constater les sévices subis
sans donner au certificat une fin juridique quelconque. Il appartient à la victime de
l’utiliser à une fin quelconque, dans une action en divorce ou dans une poursuite
judiciaire. Il incombe au tribunal de lui accorder la valeur juridique qu’il mérite. De
même en est-il du rapport d’expertise ou de quelque document que ce soit.
Remplir de son droit. Cette locution signifie notamment satisfaire pleinement un ayant
droit en lui attribuant exactement ce qui lui est dû. « Il est rare que dans une
procédure de distribution par ordre ou par contribution, tous les créanciers soient
intégralement remplis de leurs droits. »
Sans égard au fond du droit. Cette locution est propre à la phase de recevabilité dans
un procès et se trouve aussi dans une procédure extrajudiciaire. Elle signifie à s’en
tenir à la régularité formelle, en dehors de tout examen sur le bien-fondé de la
demande. « Le conservateur des hypothèques refuse ou rejette la formalité de
publication des titres lorsqu’il constate, sans égard au fond du droit, que les
documents présentés ne sont pas conformes aux règles qu’il a mission de faire
respecter. »
Sans préjudice des droits. Cette locution signifie sans que le droit dont l’intéressé est
titulaire en souffre ou en soit atteint. « Le tout, sans préjudice du droit du cédant de
conserver ses parts. » Elle a pour antonyme la locution au préjudice des droits.
1454
Sur son affirmation de droit. Cette locution signifie sur simple déclaration sans que
l’on soit tenu de la prouver. C’est, elle aussi, une clause de style. Elle s’emploie
relativement à l’adjudication des frais de l’instance qui clôt l’énoncé des chefs de
demande contenus dans les conclusions. « Condamne X... aux entiers dépens dont
distraction au profit de Me Y... sur son affirmation de droit. »
Tel que de droit. À telle personne que de droit. Il faut se garder de confondre ces deux
locutions apparentées. La première s’emploie dans le langage judiciaire et signifie
d’une façon jugée satisfaisante par le tribunal, tandis que la seconde se dit de toute
personne que la loi considère comme la personne habilitée pour accomplir tel ou tel
acte ou pour en être la bénéficiaire : elle est quasi-synonyme de la locution à qui de
droit, qui n’est pas une locution technique du droit. On dit s’adresser à qui de droit,
mais on ne peut pas [s’adresser] à telle personne que de droit.
Tirer toute conséquence de droit. Pour le juge, c’est apprécier librement l’attitude de
la personne et lui donner telle suite que de raison. Par exemple, si le plaideur refuse
de se prêter à un examen ou déclare telle ou telle chose, le juge sera amené à former
sa conviction dans un sens en particulier.
1455
Tous droits et moyens réservés. Cette locution se trouve placée en tête du dispositif
de certaines dispositions dans le style judiciaire français. Elle permet au juge de
déclarer qu’il ne statue pas au fond, mais provisoirement ou avant dire droit. Tous
droits et moyens des parties étant réservés, le juge des référés ordonne la mise sous
séquestre d’un objet, par exemple pour éviter qu’il disparaisse.
18) La place de l’adjectif par rapport au nom qu’il qualifie est importante
sémantiquement parce qu’elle donne un sens différent au syntagme selon que
l’adjectif est antéposé ou postposé. Par exemple, le droit nouveau se dit par opposition
au droit antérieur : il découle de la modification de règles en vigueur, de l’état du
droit, par l’adoption de nouvelles règles ou par l’abrogation de règles de droit. Le
droit nouveau s’oppose aussi au droit ancien (ancien parce que maintenant révolu,
aboli, disparu, périmé, caduc, dépourvu d’effet et de réalité actuelle, ne présentant
plus qu’un intérêt historique).
Dans cette acception, le nouveau droit s’entend de l’ensemble des règles qui régissent
une nouvelle réalité juridique. « Dans le nouveau droit du cyberespace, il y a
concurrence de régulations. Aucune autorité ne peut exercer un monopole sur
l’énonciation des règles ainsi que sur leur application. » Nouveau droit du commerce
électronique. Nouveau droit de l’aide personnalisée à l’autonomie.
Il arrive que, dans la syntaxe française de l’adjectif, la place qu’il occupe par rapport
au nom qualifié ne change aucunement le sens. On dit tout aussi bien droit flexible
que flexible droit, droit pur que pur droit. L’adjectif antéposé met l’accent sur la
qualification sans toucher au sens du terme. Question de pur droit, question de droit
1456
Mais dans l’expression créer un nouveau droit, le pléonasme léger n’empêche pas
l’expression d’être correcte, même s’il vaut mieux, en bonne rédaction, écrire établir,
édicter, prévoir ou employer d’autres verbes adéquats.
L’emploi de ces images dans les textes didactiques et dans l’enseignement présente
plusieurs avantages : il éveille l’intérêt, pique la curiosité, ajoute vie et couleur, fait
aimer le droit par la connaissance des origines et des développements de l’image
particulière tout en facilitant la compréhension du concept et en constituant, fait
appréciable, un procédé mnémotechnique fort efficace.
20) Lorsque le droit considère qu’un fait ou qu’un phénomène social représente une
institution, qu’il lui accorde un statut, on dit qu’il le consacre : il consacre, par
exemple, la famille comme une institution sociale de droit privé.
Si cette consécration vise une institution fondamentale, on dit alors que cette dernière
constitue un pilier du droit. Dans l’ensemble, les auteurs estiment que le droit est
soutenu par trois piliers : la famille, la propriété et le contrat.
Le droit du commerce électronique repose sur trois piliers : la personne, les contrats
électroniques et les nouvelles propriétés. « Dans le domaine du droit pénal
international, trois piliers principaux doivent concourir à l’établissement d’un
système de justice pénale : un pouvoir judiciaire (des magistrats) indépendant; un
ministère public qui préserve l’intérêt public; des avocats de la défense jouissant de
l’indépendance nécessaire à remplir leur mandat de manière vigoureuse et efficace. »
L’image du pilier sert également à désigner le fondement d’un droit ou les divers
éléments principaux d’un texte ou d’un système. « Le droit à réparation reposait sur
deux piliers dont l’un ne cesse de se renforcer, l’autre de s’effriter. Le pilier, qui,
demain, sera sans doute le seul soutien du droit est l’exigence, en fait, d’une union
stable et durable (...) Le pilier qui s’écroule est le caractère non délictueux de l’union
adultérine. »
Dans le droit de la personne et son lien de plus en plus étroit avec le droit de
l’environnement, un auteur estime que le développement durable repose sur les trois
piliers que constituent le système socioculturel, le système économique et le système
écologique.
Un autre affirme qu’une stratégie en droit familial axée sur les besoins des enfants à
la suite d’une séparation ou d’un divorce doit prendre appui sur trois piliers : les
services de justice familiale, la réforme législative et l’expansion des tribunaux unifiés
de la famille.
Enfin, un projet de loi présenté récemment en droit criminel compte, dit son parrain,
trois piliers : la création d’un statut de repenti, l’instauration du “plaider-coupable”
et l’infiltration des bandes organisées.
l’importance de l’objet du propos. Tel article, dira-t-on, est l’un des trois principaux
piliers du temple de la justice, un des piliers de la loi. Tel texte est l’un des piliers
législatifs d’un système en particulier, le système judiciaire national unifié, l’un des
piliers de la Constitution canadienne. Le rapport fiducial est établi sur les deux piliers
du titre aborigène, tel motif est l’un des piliers d’une décision judiciaire, le principe
du contradictoire, l’un des piliers de tout un système juridique, l’indépendance
judiciaire constitue l’un des piliers de la démocratie constitutionnelle, le droit de
présenter une défense pleine et entière ou la règle de la divulgation sont des piliers de
la justice criminelle. « Le droit d’accès aux tribunaux constitue sous le régime de la
primauté du droit un des piliers de base qui protège les droits et libertés des
citoyens. »
21) Pour exprimer le fait que tel domaine du droit relève d’une catégorie de droit,
on dit qu’il s’y rattache : le droit de la famille se rattache au droit privé dans les
systèmes romanistes. Ce rattachement est source d’images, surtout végétales, car le
droit est souvent apparenté à un arbre, comme la Constitution canadienne est
comparée à un arbre vivant (“living tree”).
D’où la métaphore filée des branches du droit et des branches des droits, puis, allant
ainsi du plus grand (l’arbre, le tronc et les multiples branches, de la branche originale
aux branches maîtresses et secondaires) au plus petit, on évoque les racines, les
rameaux du droit, de ses matières, lesquelles sont conçues comme des ramifications
qui contribuent à structurer, à organiser le droit pour en faire, en somme, un système
vivant. « Le droit civil constitue dans l’ensemble des branches du droit une branche
originale. » Ramification du droit. « Le droit se ramifie en branches maîtresses, ce
sont les divisions du droit, et en branches secondaires, ce sont les sous-divisions du
droit. » « L’ordre juridique n’est pas d’une seule pièce. Le droit objectif se divise en
branches, dont chacune se subdivise en rameaux. » « La règle de droit a ses racines
dans le pouvoir de l’État de régir de nombreux aspects de la vie des sujets de droit. »
22) Les droits sont souvent conçus dans leurs rapports avec d’autres réalités
juridiques. Quand ces réalités entretiennent des liens essentiels avec eux de telle sorte
1459
Le langage du droit privilégie non seulement l’usage des doublets (droits et actions;
droits et charges; droits et conditions; droits et limitations; droits et privilèges; droit
ou autorisation; droit ou avantage; droit ou bénéfice; droits ou hypothèques; droits
ou immunités; droits ou intérêts; droit ou mandat; droits ou restrictions; droit ou
servitude; droit ou titre; domaine ou droit), mais aussi celui des triplets (droits, biens
et créances; droits, pouvoirs et privilèges; droits, privilèges et obligations) et, même,
des quadruplets, surtout en common law, du fait du souci de précision et de
complétude qui caractérise ce régime de droit aux fins de sécurité juridique (droits,
pouvoirs, immunités et privilèges; droits, privilèges, restrictions et conditions; droits,
privilèges, restrictions et obligations).
En se subdivisant, ces actes deviennent des faisceaux (théorie des faisceaux des
droits). Le mouvement de l’imagination juridique allant de nouveau du plus grand au
1460
plus petit, ces faisceaux sont constitués par des liens, des attaches, des attributs grâce
auxquels est assurée la cohérence du droit. « Le droit parental est à trois
dimensions : c’est un droit des relations entre parents et enfants, un droit des
relations entre parents, un droit des relations entre enfants des mêmes parents.
Chacun des liens qui forment ce faisceau obéit à des principes propres et
complémentaires. » « Le gouvernement de la personne du mineur regroupe les
attributs proprement dits de l’autorité parentale. Ces attributs forment un faisceau
(...) » « Ce type de revendication territoriale générale n’est pas qu’un simple faisceau
de droits ancestraux distincts autorisant l’exercice d’activités particulières. »
Faisceau de droits formant le droit de propriété.
À ces faisceaux sont attachés des effets de droit nés du nœud ou du noyau des règles
fondamentales qui gouvernent un état de droit ou une situation juridique.
Dans une autre perspective, plus ancienne celle-là, les juristes imaginent le droit
comme un immense corps de règles constituant l’autonomie du droit : corps de droit,
corps cohérent de règles de droit (“corpus juris”), pour en faire un système, avec ses
organes (de conception, d’application, d’exécution). Ainsi définit-on le droit du point
de vue de sa constitution comme un corps de règles gouvernant sujets et situations.
Dans l’éclairage des métaphores foncières et des images matérielles, le droit est vu
comme un vaste domaine, un champ, un terrain, ponctué de marques, de bornes, de
jalons, de balises, de frontières, de limites. Sous l’angle de ses fondements, l’image
privilégiée est naturellement celle de ses assises : les assises du droit privé demeurent
ses grands principes fondamentaux. « L’une des assises du droit de l’arbitrage est le
consentement des parties à l’arbitrage. »
Le pouvoir de dire le droit est celui, pour le juge, de statuer. Il possède celui
qu’autorise la mise à exécution de la décision de justice, soit commander. Cette
dualité est représentée notamment dans les images-symboles de la balance de justice
(deux plateaux : se prononcer sur le pour et le contre, balancer les droits et les intérêts
des parties), d’un côté, et, de l’autre, de l’épée ou du glaive et du bouclier (exécution
et préservation, protection des droits).
Ainsi, un droit-fonction naît lorsque le droit dont s’agit est attribué dans la perspective
d’un pouvoir et d’une compétence, lesquels sont mis au service d’une fonction
particulière. Au pluriel, on écrit des droits-fonction lorsque plusieurs droits ont le
caractère d’une fonction. Dans le droit de la famille, la loi confie aux père et mère ou
au tuteur, le cas échéant, des droits-fonction à l’égard de l’enfant, droits de garde, de
surveillance et d’éducation qui ne visent aucunement leur intérêt en soi, mais qui
mettent en valeur le bénéfice retiré par l’enfant de la fonction qu’ils sont tenus
d’exercer à son endroit.
Le droit n’a pas toujours un caractère fonctionnel; sa nature peut relever de facultés
ou de créances. Dans les droits de la personne, on considère les droits civils et
politiques dans la sphère de sa liberté et de son initiative. Le droit à la justice, à la vie,
le droit de vote, de liberté de pensée et de religion et l’interdiction de la torture
notamment entrent dans une catégorie qualifiée de droits-facultés ou de droits-
autonomie.
25) La règle de droit émane d’une loi, d’une décision de justice ou d’un ensemble
de lois ou de décisions. Elle énonce une ligne de conduite que les sujets de droit
doivent suivre dans leurs rapports mutuels, vu une situation donnée, pour assurer
l’ordre social.
qu’une règle de droit considérée comme un précédent doit être écartée pour céder la
place à un principe de droit. Le principe a une portée plus large et peut être invoqué
avec succès lorsqu’on se trouve en présence de règles contradictoires ou restrictives.
Il permet d’élever le débat au-dessus des règles incompatibles, de les reformuler ou
d’en établir ou édicter de nouvelles.
26) On ne fait pas toujours la distinction entre l’État de droit (avec la majuscule à
l’initiale du mot État) et l’état du droit (avec la minuscule) : dans le premier cas, État
désigne un pays, un territoire où règnent l’ordre juridique et la primauté du droit, dans
le second, état désigne une situation de fait dans laquelle s’appliquent régulièrement
et normalement les règles de droit et les lois en vigueur, l’état de droit étant assimilé
à la règle de droit. Les sociétés démocratiques reconnaissent toutes les concepts de
règle de droit et d’état de droit, érigés en principes fondamentaux dans tout État de
droit.
1463
Cette distinction capitale conduit nécessairement à une autre : celle qui oppose le
droit, le quasi-non-droit et le non-droit.
Les juristes qualifient de non-droit tout ce qui dans la vie civile n’appartient pas au
droit, tout ce qui empêche l’infiltration du droit dans l’édifice juridique.
Le non-droit peut être appréhendé dans une double perspective : positive ou négative.
Toutes les actions humaines qui ne sont pas judiciarisées, notamment en droit
criminel, relèvent du non-droit, toutes les situations non prévues par la loi sont des
situations de non-droit (à ne pas confondre avec les situations illégales), tous les
endroits dont l’accès est déclaré inviolable, que le droit considère comme des lieux
réservés à la vie privée des citoyens, sont des lieux de non-droit, tous les territoires
sur lesquels le droit ne peut s’ingérer ou intervenir sont des zones de non-droit, tous
les mois de l’année ou toutes les heures de la nuit où la loi interdit que soient
accomplis des actes de droit, telles les significations par huissier, les délivrances de
mandats, les opérations de perquisition et de saisie, les expulsions de locataires
défaillants sont des temps de non-droit. C’est là le non-droit envisagé dans une
perspective positive.
Mais le non-droit évoque sous un autre angle une sombre réalité. La jurisprudence de
la Cour internationale de Justice et les rapports présentés à divers comités de
l’Organisation des Nations Unies signalent de nombreux exemples de non-droit dans
le monde.
Il existe des zones de non-droit dans lesquelles les êtres humains sont des esclaves au
service de pilleurs des ressources naturelles du pays, des trafiquants d’armes et des
1464
bandits de tout acabit. On trouve des capitales du non-droit, des zones de non-droit,
qui sont interdites d’accès même aux forces de l’ordre, des terres, des îles de non-
droit ravagées par des révolutions, des guerres de gangs, des soulèvements populaires
qui suspendent la vie du droit, des pays où ne peuvent plus s’appliquer des textes
légaux et des conventions internationales. Des États de non-droit sont soumis à la
dictature ou sont le théâtre de violences impunies, des groupes de terreur y font la loi,
il y a là absence d’état de droit. Des zones-frontières dans lesquelles des étrangers
dont le statut est indéfini vivent sans droit effectif dans des situations qui ne sont
régies par aucun texte, cette absence de réglementation leur étant préjudiciable.
Il arrive que des États créent des droits et des obligations particuliers qui n’ont aucun
lien avec le droit général. La zone normative qui les entoure paraît demeurer une zone
de non-droit tant qu’un lien juridique et légal n’existera pas entre le droit général et
des règles particulières.
Lorsque l’État semble incapable d’étendre son autorité dans certains domaines du
droit, tels le droit de la personne, le droit du travail ou, même, le droit des affaires,
des zones de non-droit prospèrent et sont propices aux actions de groupes criminels
ou terroristes. Il y a existence du non-droit lorsque se manifeste le mépris flagrant des
garanties internationales concernant des droits fondamentaux (droit à la vie, droit à
l’accès à la justice, droit à la sécurité humaine), le non-droit devenant une rupture de
l’ordre juridique par la commission d’actes illicites.
Le quasi-non-droit est assimilé au droit mou : se reporter ci-dessus au point 14). Les
situations de guerre, les abus de droit, les systèmes judiciaires non crédibles, la
formation de zones urbaines de non-droit où les dégradations, la pauvreté, la misère
et le dénuement tendent à devenir des milieux de vie permanents, la constitution de
paradis fiscaux, judiciaires et bancaires, repaires de la criminalité organisée, de la
corruption, du trafic d’influence, de la fraude et de l’évasion fiscales ainsi que
d’opérations délictueuses contribuent, chacune à sa manière, à propager une
atmosphère de non-droit, à multiplier le nombre des victimes de non-droit en
entretenant l’impunité, en favorisant la corruption et en rendant inopérants les textes
légaux.
La locution avoir le droit de est suivie d’un infinitif. On a le droit de faire quelque
chose. On ne dit pas : [J’ai droit] de le faire, mais bien J’ai le droit de le faire. Les
locutions être en droit de et avoir le droit de sont synonymes.
On a un droit ou des droits sur une chose parce qu’il est sous-entendu qu’un droit
s’exerce sur une chose. Acquérir un droit sur un fonds, sur une clientèle. « Les droits
des créanciers inscrits s’exercent, avec leur rang antérieur, sur le fonds transformé. »
1466
« Les peines pécuniaires, amputant le patrimoine, frappent tous ceux qui vivaient de
ce patrimoine ou qui avaient des droits sur lui. » (= ou qui avaient des droits qu’ils
exerçaient sur lui).
Cependant, puisqu’on ne peut exercer des droits [sur] une succession, on dit
correctement que l’on a des droits dans une succession.
Syntagmes
droit adjectival.
droit administratif.
droit aérien.
droit aéronautique.
droit aérospatial.
droit agraire.
droit antidumping.
droit antitrust.
droit astronautique.
droit atomique.
droit autochtone.
droit bancaire.
droit bioéthique.
droit boursier.
droit cambiaire.
droit canon, droit canonique.
droit civil.
droit colonial.
droit commercial.
droit commun.
droit communal.
droit communautaire.
1467
droit comparé.
droit comptable.
droit constitutionnel.
droit consulaire.
droit contractuel.
droit conventionnel.
droit coopératif.
droit corporatif.
droit correctionnel.
droit coutumier.
droit criminel.
droit cunéiforme.
droit délictuel.
droit déontologique.
droit diplomatique.
droit ecclésiastique.
droit économique.
droit écrit.
droit électoral.
droit environnemental.
droit étatique.
droit étranger.
droit familial.
droit fédéral.
droit féodal.
droit financier.
droit fiscal.
droit fluvial.
droit foncier.
droit forestier.
droit francophone.
droit gouvernemental.
1468
droit humain.
droit humanitaire.
droit hypothécaire.
droit idéal.
droit immobilier.
droit industriel.
droit international (privé, public).
droit interne.
droit judiciaire.
droit jurisprudentiel.
droit justinien.
droit latin.
droit législatif (et non [légiféré] ni [statutaire] en ce sens).
droit linguistique.
droit local.
droit national.
droit naturel.
droit naval.
droit non écrit.
droit nucléaire.
droit objectif.
droit océanique.
droit oral.
droit oriental.
1469
droit ouvrier.
droit parlementaire.
droit patrimonial.
droit pénal (international, spécial).
droit pénitenciaire.
droit pharmaceutique.
droit politique.
droit pontifical.
droit positif.
droit prétorien.
droit privé.
droit procédural.
droit processuel.
droit professionnel.
droit provincial.
droit public.
droit régional.
droit religieux.
droit rural.
droit scolaire.
droit sémitique.
droit social.
droit spatial.
droit subjectif.
droit substantiel.
droit successoral.
droit syndical.
droit testamentaire.
droit traditionnel.
droit urbain.
droit aborigène.
droit africain.
droit algérien.
droit allemand (au sens de droit national).
droit américain.
droit anglais.
droit anglo-américain.
droit anglo-normand.
droit anglo-saxon.
droit arabe.
droit australien.
droit belge.
droit burundais.
droit byzantin.
droit camerounais.
droit canadien.
droit centrafricain.
droit congolais.
droit costaricain.
droit européen.
droit français.
droit gabonais.
droit germanique.
droit ghanéen.
droit grec.
droit gréco-romain.
droit guinéen.
1471
droit hébraïque.
droit inuit.
droit islamique.
droit ivoirien.
droit juif.
droit libanais.
droit luxembourgeois.
droit malien.
droit marocain.
droit mauricien.
droit musulman.
droit nigérien.
droit québécois.
droit romain.
droit romanien.
droit sénégalais.
droit soviétique.
droit suisse.
droit tchadien.
droit tunisien.
droit vietnamien.
droit aboli.
1472
droit absolu.
droit accessoire.
droit acquis (par prescription).
droit actif.
droit actuel.
droit aliénable.
droit anéanti.
droit annexe.
droit annihilé.
droit antérieur.
droit apparent.
droit applicable.
droit attaché.
droit bénéficiaire.
droit caractérisé.
droit cédé.
droit certain.
droit cessible.
droit civique.
droit codifié.
droit coercitif.
droit collectif.
droit compensateur.
droit compensatoire.
droit complémentaire.
droit complet.
droit concomitant.
droit concurrent.
droit conditionnel.
droit conjoint.
droit conjugal.
droit consommé.
droit constant.
droit constitutionnel.
droit contestable.
1473
droit contesté.
droit contraignant.
droit contraire.
droit conventionnel.
droit corporel.
droit correctif.
droit culturel.
droit déchu.
droit déclaratoire.
droit défectueux.
droit déficient.
droit dépendant.
droit dérivé.
droit dérogatoire.
droit détaché.
droit déterminant.
droit déterminé.
droit dévolu.
droit divis.
droit domanial.
droit dominant.
droit dur.
droit effectif.
droit efficace.
droit égalitaire.
droit éminent.
droit enregistré.
droit étatique.
droit éteint.
droit étendu.
droit éventuel.
droit exclusif.
droit existant.
droit exorbitant.
droit expectatif.
1474
droit exprès.
droit exproprié.
droit externe.
droit extinctif.
droit facultatif.
droit fictif.
droit figé.
droit flexible.
droit flou.
droit foncier.
droit fondamental.
droit formel.
droit futur.
droit gazeux.
droit héréditaire.
droit illicite.
droit illimité (aux dividendes).
droit immédiat.
droit immobilier.
droit implicite.
droit imprescriptible.
droit inaliénable.
droit incertain.
droit incessible.
droit incitatoire.
droit inconditionnel.
droit incontestable.
droit incontesté.
droit incorporel.
droit indépendant.
droit indéterminé.
droit individuel.
1475
droit indivis.
droit inexistant.
droit inhérent.
droit initial.
droit inné.
droit intellectuel.
droit intransmissible.
droit inviolable.
droit invoqué.
droit irréfragable.
droit irrévocable.
droit juridique.
droit justiciable.
droit légal.
droit légitime.
droit licite.
droit limité.
droit litigieux.
droit matériel.
droit mixte.
droit mobilier.
droit moral.
droit mou.
droit né.
droit négatif.
droit négociable.
droit neuf.
droit non possessoire.
droit non propriétal.
droit non réalisé.
droit normatif.
droit nouveau.
droit nu.
1476
droit obligatoire.
droit parental.
droit particulier.
droit partiel.
droit passif.
droit pécuniaire.
droit pérenne.
droit périmé.
droit permanent.
droit perpétuel.
droit personnel.
droit pertinent.
droit plein.
droit politique.
droit possessoire.
droit postérieur.
droit postmoderne.
droit prédominant.
droit préférentiel (de souscription).
droit prépondérant.
droit prescriptible.
droit présent.
droit préventif.
droit prévisible.
droit primaire.
droit primitif.
droit prioritaire.
droit privatif.
droit privilégié.
droit programmatoire.
droit propre.
droit propriétal.
droit rationnel.
droit ravivé.
droit réalisé.
1477
droit récepteur.
droit réciproque.
droit reconnu (par la loi).
droit reçu.
droit réel.
droit réfragable.
droit régalien.
droit résiduel.
droit résolutoire.
droit restreint.
droit rétrocédé.
droit réversible.
droit réversif.
droit révisoire.
droit révocable.
droit révoqué.
droit sacré.
droit saisi.
droit saisissable.
droit sous-jacent.
droit souverain.
droit strict.
droit successif.
droit superficiaire.
droit supérieur.
droit territorial.
droit transitoire.
droit transmissible.
droit tripode.
droit uniforme.
droit unique.
droit universel.
droit véritable.
1478
droit viager.
droit virtuel.
droit vivant.
droit voisin.
droits analogues.
droits civils.
droits emmêlés.
droits identiques.
droits mutuels.
droit de la banque.
droit de la concurrence.
droit de la consommation.
droit de la construction.
droit de la diffamation.
droit de la drogue.
droit de la famille.
droit de la fonction publique.
droit de la guerre.
droit de la presse.
droit de la preuve.
droit de la procédure (civile, pénale).
1479
droit de la santé.
droit de la sécurité sociale.
droit de l’air.
droit de l’arbitrage.
droit de l’artiste-interprète.
droit de l’assurance.
droit de l’entreprise.
droit de l’environnement.
droit de l’espace.
droit de l’expropriation.
droit de l’immobilier.
droit de l’immigration.
droit de l’impôt.
droit de l’informatique.
droit de l’invention.
droit de l’urbanisme.
droit + de + substantif
droit de bassin.
droit de base.
droit de brevet.
droit de cabotage.
droit de captation d’eau.
1480
droit de censure.
droit de cessibilité.
droit de change.
droit de chasse.
droit de circulation.
droit de citoyenneté.
droit de clôture.
droit de common law.
droit de communage (annexe, dépendant, indépendant).
droit de communauté.
droit de communication.
droit de compensation (de l’acheteur).
droit de congédiement.
droit de conquête.
droit de consommation.
droit de contribution.
droit de contrôle.
droit de conversion.
droit de coordination.
droit de copie.
droit de copropriété.
droit de correspondance.
droit de côte.
droit de coupe.
droit de créance.
droit de cuissage.
droit de défense.
droit de dénonciation.
droit de déplacement.
droit de dépôt.
droit de désengagement.
droit de déshérence.
droit de détraction.
droit de diffusion.
droit de disposition.
droit de dissolution.
1481
droit de distraction.
droit de dividende.
droit de douaire (consommé, virtuel).
droit de drainage.
droit de fabrication.
droit de façade.
droit de flottage.
droit de forclusion.
droit de gage.
droit de garde.
droit de gérance.
droit de gestion.
droit de grâce.
droit de grève.
droit de grief.
droit de légation.
droit de légitime défense.
droit de location.
droit de majorité.
droit de marque.
droit de minorité.
droit de modification.
droit de mouillage.
droit de mutation.
droit de naissance.
droit de nantissement.
droit de navigation.
droit de négociation.
droit de pacage.
1482
droit de participation.
droit de passage (coutumier, d’exploitation, de nécessité, en common law,
en equity, général, indépendant, limité, privé, public).
droit de paternité.
droit de pâturage (de vaine pâture).
droit de pêche.
droit de pension.
droit de péremption.
droit de péréquation.
droit de pétition.
droit de possession.
droit de poursuite (étendu).
droit de pratique.
droit de préemption.
droit de préférence.
droit de prélèvement.
droit de premier refus.
droit de prescription.
droit de présence.
droit de présentation.
droit de prêt au public.
droit de primogéniture.
droit de priorité (de rang).
droit de prise.
droit de prise de possession.
droit de propriété (acquis, en common law, naturel).
droit de prospect.
droit de quai.
droit de raccordement.
droit de rachat.
droit de rappel.
droit de réclamation.
droit de recours.
droit de recouvrement.
droit de rectification.
1483
droit de refus.
droit de réfutation.
droit de regard.
droit de réméré.
droit de renouvellement.
droit de rentrée (en possession) (pour non-respect de condition).
droit de répartition.
droit de repentir.
droit de répétition.
droit de réplique.
droit de réponse.
droit de représailles.
droit de représentation.
droit de reprise de possession.
droit de reproduction.
droit de réserve.
droit de résolution.
droit de rétablissement.
droit de rétention (pour fret).
droit de retour.
droit de retrait.
droit de réunion.
droit de revendication.
droit de revente.
droit de réversion.
droit de révision.
droit de riverain.
droit de riveraineté.
droit de saisie.
droit de saisie-gagerie.
droit de séjour.
droit de servitude.
droit de souscription (à des actions).
droit de subordination.
droit de substitution.
droit de succession.
1484
droit de suffrage.
droit de suite.
droit de superficie.
droit de sûreté.
droit de surface.
droit de survie.
droit de vente.
droit de veto.
droit de vie et de mort.
droit de visite.
droit de voisinage.
droit de vote.
droit de vues et de jours.
droit + du + substantif
droit du camping.
droit du commerce (international, électronique).
droit du cyberespace.
droit du divorce.
droit du jeu.
droit du mandat.
droit du numérique.
droit du ouï-dire.
droit du tiers.
droit du transport foncier.
droit du travail.
droit + d’ + substantif
droit d’échange.
droit d’éclairage (d’éclairement).
droit d’écoulement (des eaux).
droit d’édition.
droit d’égalité.
droit d’égout des toits.
droit d’élection.
droit d’émission (de polluant).
droit d’emption.
droit d’enquête.
droit d’entrée (originaire, pour non-respect de condition).
droit d’escale.
droit d’escompte.
droit d’établissement.
1488
droit d’évocation.
droit d’examen.
droit d’exclusivité.
droit d’exercice.
droit d’exploitation.
droit d’exposition.
droit d’expropriation.
droit d’extraction.
droit d’habitation.
droit d’hébergement.
droit d’hérédité.
droit d’héritier (par représentation).
droit d’impression.
droit d’initiative.
droit d’injonction.
droit d’inspection.
droit d’installation.
droit d’intervention.
droit d’occupation.
droit d’option.
droit d’orientation.
droit d’usage (actif, actuel, éventuel, exclusif, exprès, futur, mouvant, de l’eau,
du second degré, non parfait, non réalisé, parfait, passif, réalisé, réversif,
surgissant).
droit d’usufruit.
droit d’utilisation.
droit + en + substantif
verbe + droit
abandonner un droit.
abdiquer un droit.
abolir un droit.
abuser d’un droit.
accorder un droit.
acquérir un droit.
affirmer un droit.
aliéner (qqch.) de droits, les droits (de qqn) sur (qqch.).
anéantir les droits (de qqn).
annuler un droit.
appuyer un droit (sur qqch.).
assujettir un droit.
atteindre un droit.
attribuer un droit.
avoir un droit (de créance, de regard).
céder un droit.
compromettre un droit, sur un droit.
concéder un droit.
conférer un droit.
confirmer un droit.
consacrer un droit.
conserver un droit.
consolider un droit.
constater un droit.
contester un droit.
créer un droit.
déléguer un droit.
demander un droit (d’asile).
démembrer un droit (de propriété).
dénier un droit.
départager les droits (de certaines personnes sur qqch.).
déposséder (qqn) de son droit.
dépouiller (qqn) d’un droit.
déroger à un droit.
détenir un droit.
détourner un droit.
dire le droit.
disposer d’un droit (de jouissance).
donner un droit.
enregistrer un droit.
épuiser son droit.
établir son droit.
établir un droit.
éteindre un droit.
étendre un droit.
être déchu de son droit.
être entravé dans son droit.
être nanti d’un droit.
être privé d’un droit.
être saisi des droits (de qqn).
être subrogé à, dans des droits.
évaluer un droit.
exciper d’un droit.
exécuter un droit.
exercer un (le) droit.
exiger un droit.
garantir un droit.
garder un droit.
grever (qqch.) d’un droit.
léguer un droit.
limiter un droit.
matérialiser un droit.
méconnaître les droits (de qqn).
menacer un droit.
mésuser d’un droit.
modifier un droit.
nier un droit.
parfaire un droit.
perdre un droit.
posséder un droit (de gérance).
poursuivre les droits (de qqch.).
préjudicier aux droits (de qqn).
prétendre à un droit.
prévoir un droit.
priver d’un droit.
proclamer un droit.
promouvoir un droit.
protéger un droit.
réaffirmer un droit.
reconnaître un droit.
réformer un droit.
refuser un droit.
régler le droit.
réintégrer (qqn) dans son droit.
renoncer à un droit.
répartir un droit.
répudier un droit.
réserver des droits.
respecter le droit (de qqn).
restreindre un droit.
rétablir un droit (qqn dans ses droits).
retirer un droit (à qqn).
rétrocéder un droit.
revendiquer des droits.
réviser un droit.
sanctionner un droit.
sauvegarder un droit.
se désister d’un droit.
se prévaloir d’un droit.
se prononcer sur un droit.
se réclamer d’un droit.
se réserver un droit.
1493
unifier le droit.
uniformiser le droit.
user d’un droit.
utiliser son droit (de veto).
dérogation à un droit.
détenteur d’un droit.
discussion d’un droit.
disposition d’un droit.
faisceau de droits.
garantie de droits.
branche du droit.
caractère du droit.
connaissance du droit.
consolidation du droit.
contenu du droit.
contours du droit.
développement du droit.
domaine du droit.
école de droit.
éléments du droit.
1498
fond du droit.
fondements du droit.
forme du droit.
harmonisation du droit.
histoire du droit.
limites du droit.
lisibilité du droit.
pérennité du droit.
philosophie du droit.
pilier du droit.
pratique du droit.
primauté du droit.
rameau du droit.
réception du droit.
réforme du droit.
règne du droit.
science du droit.
secteur du droit.
simplification du droit.
sociologie du droit.
sources du droit.
stabilité du droit.
suprématie du droit.
technique du droit.
théorie du droit.
1499
unification du droit.
uniformisation du droit.
unité du droit.
abus de droit.
apparence de droit.
condition de droit.
doctrine de droit.
effet de droit.
énoncé de droit.
état de droit.
État de droit.
fait de droit.
fiction de droit.
incidence de droit.
mécanisme de droit.
modalité de droit.
précepte de droit.
prétention de droit.
principe de droit.
régime de droit.
règle de droit.
solution de droit.
1500
système de droit.
terme de droit.
II Dans son acception monétaire ou pécuniaire, le mot droit s’entend d’un impôt,
d’une taxe, d’une redevance, d’une charge, bref de tous frais à débourser ou de toute
somme à percevoir ou à collecter. Le mot droit représentant une somme d’argent est
le plus souvent employé au pluriel.
1) Il convient de distinguer les mots droit et frais. Ils s’entendent tous deux d’une
somme à payer, mais s’emploient selon le point de vue adopté.
3) Il ne faut pas confondre non plus les termes frais de scolarité et droits de
scolarité. C’est le point de vue adopté qui détermine l’emploi de l’un ou l’autre de ces
termes. Les frais sont des dépenses que l’on engage ou expose, les droits sont des
entrées d’argent, des recettes. Ainsi, les droits d’inscription sont perçus par
l’établissement d’enseignement; du point de vue de l’étudiant, le fait d’acquitter des
droits d’inscription constitue une dépense, aussi ces droits d’inscription représentent-
ils pour lui des frais d’inscription.
Cette distinction doit être observée dans tous les cas de concurrence entre ces deux
mots. Droit d’admission et frais d’admission; droit d’agrément et frais d’agrément;
droit d’adhésion et frais d’adhésion; droit d’avis et frais d’avis; droit
d’immatriculation et frais d’immatriculation; droit d’inscription et frais d’inscription.
On perçoit des droits et on paie des frais. Ainsi, en droit maritime, s’il faut parler de
la rémunération à verser aux personnes grâce auxquelles a lieu une opération de
sauvetage en mer d’un navire ou de sa cargaison, on dira frais et non [droits] de
sauvetage, et frais (et non [droits]) de manutention, s’il s’agit de la rémunération à
verser aux personnes affectées au chargement ou au déchargement d’un navire
marchand dans un port.
1501
4) Un même terme peut signifier deux réalités juridiques différentes selon les
régimes de droit dont il relève et créer une confusion de sens avec des termes
homonymiques. Par exemple, le terme droit au bail en régime civiliste est un prix à
payer, tandis que c’est une faculté ou une prérogative en régime de common law. Il
faut se garder de confondre ce terme avec le droit de bail, qui est une somme que paie
le preneur au bailleur au moment que fixe le contrat de bail.
Seul le contexte permet parfois de déterminer si le mot droit formant un syntagme doit
s’entendre dans le sens soit de faculté ou de prérogative, soit dans son acception
monétaire. La liste ci-dessous fait apparaître les syntagmes qui peuvent créer de la
confusion à défaut de contexte.
Syntagmes
droit + d’ + substantif
droit d’abordage.
droit d’accès.
droit d’accise.
droit d’accostage.
droit d’acte.
droit d’adduction.
droit d’adhésion.
droit d’administration.
droit d’admission.
droit d’affouage.
droit d’agrément.
droit d’allège.
droit d’amarrage.
droit d’ancrage.
droit d’apport.
droit d’assujettissement.
droit d’atterrissage.
droit d’avis.
droit d’eau.
1502
droit d’écluse.
droit d’émission (d’obligations d’épargne).
droit d’emmagasinage.
droit d’emplacement.
droit d’encaissement.
droit d’enregistrement.
droit d’entrée.
droit d’entreposage.
droit d’entrepôt.
droit d’équilibre.
droit d’estacade.
droit d’expédition.
droit d’héritage.
droit d’hivernage.
droit d’immatriculation.
droit d’immobilisation.
droit d’inscription.
droit d’insuffisance de provision.
droit + de + substantif
droit de bail.
droit de bassin.
droit de blocage.
droit de cession.
droit de chancellerie.
droit de charte-partie.
droit de circulation.
droit de commission.
droit de concession .
droit de consommation.
1503
droit de constitution.
droit de coupe.
droit de débarcadère.
droit de dédouanement.
droit de dépôt.
droit de désarmement.
droit de déviation.
droit de distribution.
droit de donation.
droit de douane.
droit de fabrication.
droit de fournage.
droit de franchisage.
droit de franchise.
droit de garantie.
droit de garde.
droit de gare.
droit de greffe.
droit de jury.
droit de justice.
droit de liaison.
droit de licence.
droit de magasinage.
droit de manœuvre.
droit de mouillage.
droit de mutation.
droit de navigation.
droit de pacage.
droit de participation.
1504
droit de passage.
droit de patente.
droit de péage.
droit de permis.
droit de perception.
droit de phare.
droit de pilotage.
droit de police.
droit de port.
droit de présence.
droit de protection.
droit de quai.
droit de réciprocité.
droit de recommandation.
droit de redevance.
droit de représentation.
droit de sceau.
droit de sortie.
droit de succession.
droit de surestarie.
droit de timbre.
droit de transcription (d’actes).
droit de transit.
substantif + droit
exemption de droits.
fraction de droits.
suspension de droits.
droit acquitté.
droit ad valorem.
droit antidumping.
droit auxiliaire.
droit combiné.
droit compensateur.
droit compensatoire.
droit consolidé.
droit constaté.
droit consulaire.
droit contingentaire.
droit conventionnel.
droit définitif.
droit dégrevé.
droit différentiel.
droit discriminatoire.
droit douanier.
droit élevé.
1506
droit excessif.
droit exigible.
droit exorbitant.
droit fixe.
droit forfaitaire.
droit garanti.
droit judiciaire.
droit mixte.
droit modéré.
droit modique.
droit moyen.
droit ordinaire.
droit payable.
droit perçu.
droit prélevé.
droit prescrit.
droit prohibitif.
droit proportionnel.
droit provisoire.
droit recouvré.
droit remboursable.
droit requis.
droit saisonnier.
droit spécial.
droit spécifique.
droit successoral.
droit variable.
1507
acquitter un droit.
affranchir des droits.
ajouter un droit.
asseoir un droit.
augmenter un droit.
diminuer un droit.
donner ouverture à un droit (= ou paiement d’un droit).
libérer de droits.
liquider des droits.
payer un droit.
percevoir un droit.
prélever un droit.
prescrire un droit.
purger des droits.
réclamer un droit.
recouvrer un droit.
1508
supprimer un droit.
toucher un droit.
verser un droit.
ö APTITUDE.
ö BACCALAURÉAT.
ö BON.
ö CAPACITÉ.
ö FACULTÉ.
ö INTÉRÊT.
ö JURIDICITÉ.
ö LITTÉRATURE JURIDIQUE.
ö POUVOIR.
ö PRÉROGATIVE.
ö SATISFACTION.
DUCROIRE. NON(-)DUCROIRE.
Le terme de commerce ducroire est un substantif. Il s’écrit en un mot ou, cas moins
fréquent, en deux mots (du croire en raison de son étymologie, croire, infinitif
substantivé ayant le sens ancien de crédit).
Cette garantie qu’il donne pour la bonne fin de l’opération (garantie appelée
engagement de ducroire ou mandat ducroire) est stipulée dans une clause
1509
Le ducroire n’est ni général (il ne peut se rapporter qu’à des affaires ou à des
clients déterminés) ni total (il ne peut engager le commissionnaire que pour un
montant représentant une partie de la perte éventuelle). Sommes dues par le
commissionnaire, sommes payées par le commettant à titre de ducroire. Il relève
des garanties et des sûretés personnelles dans le secteur des activités financières et
des marchés financiers.
ö CLAUSE.
DUEL. DUELLISTE.
ö BAGARRE.
ö COMBAT.
ö ORDALIE.
1512
ÉCONOMISTE.
E
Dérivé du substantif économie, le mot économiste est substantif et adjectif.
De cette acception originelle (le terme a été créé au siècle dernier), le vocable s’est
vite enrichi de sens extensifs qu’il convient de passer en revue dans des textes de
lecture qui, selon l’habitude des textes que contient le présent ouvrage, mettent en
relief ses diverses manifestations linguistiques et ses unités syntagmatiques.
L’effectivité sera ce qui se réalise en fait pour être valable ou opposable aux tiers,
ce qui prévaut dans les faits et dont l’existence indiscutable justifie la
reconnaissance ou l’opposabilité. La souveraineté d’un territoire pourra être
attribuée non pas au pays qui détient le titre régulier de souveraineté sur celui-ci,
mais à celui qui, dénué de titre, administre effectivement le territoire.
l’État peut n’avoir sur le territoire qu’une effectivité réduite ou partielle (deux
autorités rivales prétendant à la qualité de gouvernement de l’État), son concurrent
et lui se la partageant en permanence; on parle en ce cas d’une effectivité partielle
durablement localisée. Conserver une effectivité partagée. Il se peut aussi qu’il ait
une effectivité exclusive (hypothèse du gouvernement unique) sur une partie
seulement de ce territoire (l’État victime de la sécession ou de la scission n’arrive
plus à conserver son autorité sur la collectivité qui aspire à se constituer en État)
sans parvenir à empêcher son concurrent de maîtriser mieux que lui cette partie du
territoire, même si son ordre juridique se veut encore efficace sur elle.
9) Il faut bien distinguer les adjectifs effectif, efficace et efficient. Pour être
effective, la signification à personne doit se faire en main propre; pour être efficace,
une réparation judiciaire doit s’opérer dans les faits, un moyen de défense doit
1517
convaincre le tribunal et une enquête doit révéler l’existence des faits recherchés.
Pour être efficiente, l’administration de la justice doit éviter le double emploi et la
bureaucratie. En conséquence, l’effectivité d’une ordonnance judiciaire sera son
aptitude à être exécutée après son prononcé, l’efficacité d’un moyen de preuve sera
sa force probante et l’efficience d’une exploitation sera conditionnée par la
maximisation du rapport entre les résultats obtenus (les extrants) et les moyens mis
en œuvre pour obtenir ces résultats (les intrants).
10) Est effectif ce qui devient réalité. « La disparition de cette infraction ayant
été décidée par le législateur est devenue effective l’an dernier. » « Le gouverneur
en conseil peut-il, par règlement, rendre effectives les stipulations des traités
signés par le Canada ? »
Est effectif aussi ce qui existe réellement, ce qui est tangible, ce dont la réalité est
incontestable. Préjudice matériel effectif. Acte de confiance effectif, la contrepartie
effective tenant lieu de contrepartie fictive dans le droit des contrats en régime de
common law. Dans le droit des biens en régime de common law également, on
oppose la délivrance effective à la délivrance fictive. Nationalité effective. « La
nationalité n’est internationalement opposable aux autres États que si elle est
effective. » « Il doit exister un lien substantiel entre l’État et le navire; l’État doit
notamment assurer l’exercice effectif de sa compétence et de son contrôle sur les
navires battant son pavillon. »
Est effectif, enfin, ce qui se traduit par un effet réel, ce qui produit l’effet recherché.
« Est garanti le droit à la réparation de toute lésion effective des droits. » « Toute
personne dont les droits et libertés reconnus dans la convention ont été violés a
droit à l’octroi d’un recours effectif devant une instance nationale. »
Consentement effectif (dans le droit des délits en régime de common law).
Attention : une loi n’est pas [effective] à partir d’une certaine date, mais elle entre
en vigueur, elle a ou elle prend effet à compter d’une date fixée expressément par
le législateur.
12) Le champ sémantique de l’adjectif efficient est plus restreint que celui de son
homonyme anglais “efficient”, lequel, en plus de renvoyer comme son sosie
français à ce qui est opérant, performant, productif, rationalisé et rationnel, se
rend notamment, selon les contextes, par des adjectifs tels que avantageux, bon,
capable, commode, compétent, discipliné, efficace, énergique, excellent, facile,
fécond, fructueux, habile, judicieux, satisfaisant, utile, vaillant et valeureux.
Il en est de même pour l’adjectif effectif, l’homonyme anglais “effective” ayant une
aire sémantique beaucoup plus large. On évitera les anglicismes sémantiques
auxquels donne lieu l’emploi de l’adjectif effectif en choisissant, selon les
contextes, l’un des adjectifs suivants : actif, agissant, appliqué, bon, concret,
convaincant, décisif, efficace, frappant, judicieux, réel, saisissant, tangible, utile,
véritable.
öBLOCUS.
1519
ÉGARDS.
Pour l’expression avec égards employée comme formule de déférence dans le style
judiciaire et comme figure de rhétorique principale du discours juridictionnel au
Canada, se reporter aux articles DÉFÉRENCE et INSINUATION.
ö DÉFÉRENCE.
ö INSINUATION.
Le verbe élider, vieilli, n’a pas été retenu ou repris par l’usage. L’adjectif élisif,
dérivé du substantif élision, est, quant à lui, très courant. Il qualifie tout ce qui
permet ou tend à permettre ou bien d’échapper à une responsabilité, à une
obligation, à une exception, à une infraction, à un délit, ou bien, au contraire, d’être
privé d’une faculté, d’une prérogative, d’un droit.
L’auteur d’une violation du droit d’autrui qui agit délibérément, sans se soucier du
droit qu’il doit respecter, commet une faute élisive de la faculté d’invoquer à son
profit l’exception d’abus de droit. « En matière civile, la bonne foi n’est pas élisive
de la contrefaçon, délit défini comme étant constitutif d’une atteinte aux droits de
l’auteur. »
Aux termes de l’article 71-2 15o du Code pénal du Luxembourg, « [l]a contrainte,
pour être élisive de l’imputabilité d’une infraction, doit résulter d’un événement
indépendant de la volonté humaine et n’avoir pu être prévue ni conjurée par cette
volonté et ne doit non plus provenir d’une faute ou négligence. » Consentement de
la victime non élisif de l’infraction. Cas de force majeure élisif de toute
responsabilité. « À titre principal, le défendeur soutient qu’il n’est pas tenu de
réparer le préjudice subi par la demanderesse dans la mesure où il est dû à un cas
de force majeure élisif de toute responsabilité dans son chef. » « Ne constitue pas
un état de nécessité élisif de toute responsabilité pénale le fait qu’une réduction de
5 % de tous les salaires était nécessaire pour éviter la faillite de l’entreprise. »
Circonstance élisive de culpabilité.
(= elle ne tend pas à le priver d’une faculté). « Bien que cette demande doive être
présentée anticipativement, l’accomplissement d’opérations préparatoires dans les
opérations complexes n’est pas élisif. » Demande élisive, non élisive.
ö CLAUSE.
ö IRRESPONSABILITÉ.
ö RESPONSABILITÉ.
L’emploi du verbe revêtir (mettre sur un acte ou un document les signes matériels
de sa validité) se limite aux choses apposées sur des actes ou sur des documents.
On dira d’un acte qu’il est revêtu d’un sceau. On revêtira un passeport d’un
tampon, une lettre ou un acte d’un timbre ou d’un cachet, un document d’un visa.
2) Les termes figurant en vedette représentent tous une marque, en leur sens
concret, mais ils se distinguent par leur nature et leur fonction.
Il ne faut pas confondre l’estampille avec l’étampe, laquelle est soit une matrice
destinée à produire une empreinte sur le métal, et non sur le papier, soit, par
métonymie, la marque produite par cette matrice.
5) La griffe est une marque, faite sous forme d’empreinte, qui imite une
signature ou, sous d’autres formes, qui sert à authentifier un ouvrage et à en
empêcher la contrefaçon. La griffe de l’éditeur. Apposer sa griffe sur un document.
6) Comme l’estampille, le label est une marque qui atteste la qualité d’un
produit, mais il indique que ce produit est fabriqué sous les auspices d’un syndicat
professionnel. Label ouvrier. Label syndical. Label écologique. Le label a aussi
1523
On dit d’une marque qu’elle est déposée parce qu’elle fait l’objet d’un dépôt légal
afin de protéger la propriété du déposant et de lui en réserver l’exclusivité. Elles
sont notées par la mention md, ainsi indiquée.
8) Le poinçon est, notamment, un outil ou la marque laissée par l’outil qui sert
à apposer sur les bijoux en métal précieux la marque indiquant qu’ils sont au titre
légal et certifiant l’authenticité des métaux précieux ou l’origine d’une
marchandise. Monnaie marquée à l’aide du poinçon de l’État.
C’est aussi un instrument qui sert au contrôle des billets de chemin de fer,
d’autobus, généralement en les marquant d’une perforation.
En France, le garde des sceaux (ou le Garde des Sceaux) est le ministre de la
Justice, chargé de la garde des sceaux de l’État.
Dans son sens courant, le timbre est la marque apposée sur un document pour
attester sa provenance, sa date de réception, son usage, et, par extension
l’instrument qui sert à apposer la marque. Timbre dateur, timbre numéroteur,
timbre de caoutchouc.
Aux sens d’instrument et de marque faite par celui-ci, tampon, timbre et cachet
sont synonymes dans l’usage courant, bien que leur occurrence dépende du
contexte d’emploi.
12) Par rapport à tous ces termes, le visa est soit la mention officielle qui atteste
qu’une chose a été examinée par une autorité, soit l’acte sur lequel cette mention
est apposée. Au premier sens, c’est une formule ou un sceau, accompagné, en
principe, d’une signature et apposé sur un acte ou un document juridique pour le
rendre régulier ou valable, ou pour autoriser sa diffusion ou sa publication. Visa de
censure (pour un film). Visa du consulat (pour un passeport). Visa du contrôleur
financier (pour un engagement de dépenses).
1525
Le visa du greffier sur la copie d’un acte de procédure est une formule ou un sceau
accompagné d’une signature constatant sa remise ou sa communication.
ö CACHET.
ö CHÈQUE.
ö DACTYLOSCOPIE.
ö REVÊTIR.
ö SCEAU.
ö VISA.
3) Ces mots sont toutefois critiqués comme constituant des calques des
métaphores anglaises auxquelles donne lieu le sens figuré des deux verbes anglais
imagés dont les significations sont complémentaires : "to enshrine" et "to
entrench". Le premier fait image religieuse (conserver religieusement, d’où, au
figuré, faire partie intégrante de qqch. : « Nos droits fondamentaux font partie
intégrante ("are enshrined") de la Constitution. »), le deuxième, image militaire
(fermement retranché, cantonné, d’où, au figuré, être solidement implanté, être
bien ancré : « Le principe de la primauté du droit est fermement implanté dans la
common law. »).
Ainsi, au lieu de dire que tel droit, à la manière d’une pierre précieuse, est
enchâssé dans la Constitution ou que telle garantie, à la manière d’un bijou, s’y
trouve enchâssée, il vaudrait mieux recourir à une formulation plus française
d’inspiration et plus conforme à nos habitudes langagières.
Ces droits et libertés sont constitutionnalisés, ils sont inscrits, consacrés, garantis
dans la Constitution, une valeur ou une force constitutionnelle leur étant donnée,
conférée, ils sont élevés, haussés au rang de règles constitutionnelles, à la dignité
constitutionnelle. Cette phraséologie serait adéquate pour équivaloir à l’image
d’inspiration religieuse ("to enshrine"); une partie de celle-ci (constitutionnaliser,
rendre constitutionnel, inscrire), à laquelle vient s’ajouter des verbes ou des
locutions verbales tels que fixer, figurer dans, faire partie intégrante de (et non
[insérer], [intégrer], [consacrer], [inclure], [reconnaître] et [ériger]), correspondrait
à l’image d’inspiration militaire ("to entrench").
Il importe plutôt de dénoncer les emplois d’enchâsser et de ses dérivés dans des
contextes où l’image paraît incongrue, nullement évocatrice au point de sembler
factice, fausse, inadéquate ou forcée. Dire de la règle de l’atténuation du préjudice
qu’elle est [enchâssée] dans la jurisprudence, que le principe de l’enrichissement
sans cause est fermement [enchâssé] dans le droit canadien ou qu’une condition
d’autorisation est [enchâssée] dans un principe constitutionnel relève beaucoup
plus d’une mauvaise habitude langagière, d’une maladresse de l’expression et d’un
style boiteux ou, dans l’activité traduisante, d’une servilité à la langue de départ et
d’un automatisme de la pensée que de l’incorrection et de l’écart linguistique.
ENCHEVÊTREMENT.
ö DÉMEMBREMENT.
ö INDIVIS.
ENDOMMAGEMENT. ENDOMMAGER.
ö DÉGRADER.
ö DOMMAGE.
ö LÉSER.
ö PRÉJUDICE.
1530
ENJOINDRE.
De plus, [enjoindre absolument] est redondant. Il en sera de même chaque fois que
le verbe sera modifié par un adverbe marquant le caractère impératif de l’ordre
donné puisque le sens d’enjoindre implique ce caractère.
Exiger, c’est faire savoir que l’on veut impérativement que quelque chose soit fait.
Enjoindre ajoute à ce sens l’idée que la volonté exprimée se double d’un ordre
expressément donné. « La loi fédérale exige ou enjoint que l’approbation de la
Commission soit obtenue au préalable. » Enjoindre et exiger deviennent de
parfaits synonymes si on fait suivre le dernier verbe d’un adverbe marquant le
caractère péremptoire de l’ordre donné. Exiger expressément, formellement,
impérativement.
Imposer, c’est obliger quelqu’un à subir ou à accomplir une action, lui faire
accepter ou admettre quelque chose par acte d’autorité. « Le conseil municipal a
imposé aux automobilistes que le stationnement soit payant au centre-ville. »
Mettre en demeure, c’est, proprement, signifier à quelqu’un qu’il doit remplir une
obligation, plus particulièrement aviser le débiteur, par ordre, de se libérer : mettre
un débiteur en demeure. « Le créancier doit prouver qu’il s’est trouvé en fait dans
l’impossibilité d’agir plus tôt, à moins qu’il n’ait mis le débiteur en demeure dans
l’année écoulée, auquel cas les aliments sont accordés à compter de la demeure. »
Par extension, c’est exiger formellement de quelqu’un qu’il fasse quelque chose. «
Le propriétaire a mis le voisin en demeure de consentir au bornage. »
Notifier, comme intimer, signifie déclarer avec autorité, comme le fait la mise en
demeure, ou porter un acte juridique ou une décision à la connaissance des
intéressés en observant pour le faire les formes légales. « L’intéressé a notifié ses
observations au demandeur et au directeur de l’état civil. » « L’indivisaire est tenu
de notifier par acte extrajudiciaire aux autres indivisaires le prix et les conditions
de la cession de ses droits dans les biens indivis. » À remarquer qu’on notifie
quelque chose à quelqu’un et que notifier [quelqu’un de quelque chose] est un
solécisme qui s’explique par l’analogie avec la construction aviser qqn de qqch.
Sommer a le sens de signifier à quelqu’un dans les formes établies qu’il doit faire
quelque chose, mais sans que ce soit un ordre, car la sommation est fondée sur la
loi ou sur la puissance, non sur l’autorité. « Je vous somme d’ouvrir, a crié
l’huissier, le mettant ainsi en demeure de le laisser entrer dans l’édifice. »
6) En son sens faible, demander n’impose pas une obligation comme enjoindre,
bien que ce sens impératif puisse être sous-entendu. On évitera l’emploi de verbes
au sens faible dans des textes qui expriment ou imposent un ordre.
Ainsi, le style des testaments commande l’emploi dans un legs précatif de verbes
impératifs nécessaires à la création d’une obligation si on veut éviter que le
testateur exprime ses volontés par un terme dénotant une prière, un vœu, un désir
ou un espoir. Demander, exhorter, prier, recommander ne sont pas, comme
enjoindre, des verbes dont le sens est suffisamment fort pour traduire une volonté
ferme (que le doublet anglais “to order and direct” manifesterait, par exemple).
7) L’anglais juridique “to enjoin” peut signifier deux idées contraires : exiger
formellement, aux termes d’une injonction le plus souvent, l’accomplissement ou
le non-accomplissement d’un acte (“to enjoin to” ou “to enjoin upon” en anglais
britannique et canadien) ou interdire, prohiber l’accomplissement d’un acte (“to
enjoin from” en anglais américain). En ce dernier sens, on pourra dire que des
tribunaux peuvent interdire (“enjoin from”) au besoin l’exercice d’activités tout à
fait légales.
ö COMMANDEMENT.
ö COMMETTRE.
ö DÉCRET.
ö DEMEURE.
ö IMPOSER.
ö INJONCTION.
ö INTIMER.
ö MANDER.
ö NOTIFIER.
ö ORDONNER.
ö PRESCRIRE.
ö REQUÉRIR.
ö SOMMATION.
1) La morale et le droit nourrissent des liens très étroits. Ces deux domaines se
recoupent. Parmi les mots du droit, un groupe déterminant et le plus nombreux
appartient au vocabulaire de la morale, supérieur d’ailleurs à celui de la politique,
puisque le droit consiste au premier chef à organiser en un système de règles tout
ce qui, dans la vie en société, se rapporte à la justice : il faut rendre à chacun le sien
et respecter ou faire respecter son droit.
Le vocable entaché est emprunté lui aussi à la morale. Il évoque une souillure, une
tache, ce qui est gâté, terni, atteint. Est dit entaché l’acte qui est affecté d’une
irrégularité, d’un vice qui le rend nul. Entaché de nullité signifie qui est déclaré nul
en raison d’un vice, de forme ou de fond, qui l’affecte.
De même, une décision sera entachée de nullité en raison d’un vice de procédure
grave ou pour cause d’absence de motifs. L’acte ou l’omission qui est accompli en
violation des prescriptions de la loi est entaché de nullité. Au Canada, une loi
1538
Entaché de nullité (ab initio, absolue), d’une cause de nullité, d’une condition
illicite, d’un manque de base légale, d’un vice (caché, fondamental, grave, ab
initio, inhérent, de fond, de procédure, irrémédiable), d’une erreur (de fait, de
droit, d’écriture, dominante et manifeste, manifestement déraisonnable, flagrante,
fatale, matérielle, grave, juridictionnelle), d’une irrégularité (grave, fatale, de
fond), d’une invalidité, d’un défaut (technique, de garantie), d’une omission
(illicite, importante), d’une interprétation (erronée, fausse), de fraude, d’illégalité,
de dol, de malhonnêteté, de corruption, d’arbitraire, de partialité, d’une
apparence de partialité, de parti pris, de favoritisme, de préférence frauduleuse,
d’influence indue, d’injustice, de négligence (grave, répréhensible), d’abus de
pouvoir, de conflit d’intérêts, de violence, de contrainte, de crainte, de faux, de
supercherie, de distorsions, d’allégations, de réticences (significatives),
d’inexactitudes, de contradictions, d’ambiguïtés, d’anomalies, d’assertions
inexactes, de mauvaise foi, d’un motif (illicite), d’iniquité, d’un manque d’équité,
d’une violation (de la loi, de la justice naturelle), de collusion, de connivence, de
criminalité, d’immoralité (coupable), d’incompétence, d’excès de compétence,
d’une intervention (injustifiée).
ö BON.
ö DROIT.
ö FAUTE.
ö FRAUDE.
ö JUSTICE.
ö VICE.
1539
La chose mobilière du gage affecté à la garantie d’une dette ou, plus fréquemment,
de plusieurs dettes différentes est remise à titre conservatoire en mains tierces, plus
précisément entre les mains neutres d’un intermédiaire, appelé tiers convenu,
plutôt qu’entre celles du ou des créanciers gagistes. Le tiers ainsi choisi par les
parties à la convention d’entiercement conserve l’objet entiercé, la chose entiercée
pour le compte du créancier ou de tous les créanciers jusqu’à la réalisation d’une
condition stipulée dans la convention à laquelle l’autorité de justice doit, au besoin,
confirmer tous les effets par ordonnance d’entiercement. « L’entiercement, c’est-à-
dire la détention d’un bien par un tiers pour le bénéfice du créancier gagiste, fait
partie intégrante du concept traditionnel de gage. »
S’il n’y a pas remise à un tiers, mais remise uniquement assujettie à une condition,
il n’y a pas entiercement.
1541
S’agissant d’un acte juridique, l’acte entiercé ou acte délivré sous condition ne
pourra prendre effet ou produire tous ses effets que lorsque la condition stipulée
sera réalisée, que le délai de conservation aura expiré ou que se sera produit
l’événement objet d’une stipulation expresse. On dit aussi, en ce cas, que l’acte
formaliste est bloqué, ses effets étant interrompus jusqu’à la fin de l’entiercement.
Pour qu’il y ait entiercement, la remise entre les mains du tiers gardien, appelé tiers
convenu (“escrow” au sens métonymique, “escrowee”, “escrow holder” ou, le plus
souvent, “escrow agent”), doit être physique.
Dans ce genre d’entiercement, les actions sont transférées à une personne morale,
qui délivre aux actionnaires des certificats d’entiercement (“pooling certificates”)
représentant leur nombre d’actions. Ces certificats sont échangés pour les actions à
la fin de la convention. Les actions entiercées, encore appelées actions bloquées et
actions incessibles, selon le contexte, sont incessibles, mais les certificats le sont,
par endossement.
Le tiers convenu détenteur du dépôt prend parfois le nom d’entiercé dans une
certaine doctrine et dans des textes. Puisque cet emploi substantivé est rare et qu’il
n’est pas sanctionné par un usage général ou répandu, on fera bien d’être prudent
et de continuer de parler du tiers convenu. « L’avocat pourra faire office
d’entiercé » (= de tiers convenu).
Au Canada toujours, entiercer marque l’action qui consiste à délivrer un bien, une
chose, un objet à un tiers sous condition et sous forme de dépôt. Comme les autres
dérivés, il ne s’emploie que dans le cas où la délivrance se fait à un tiers, la chose
étant déposée entre des mains neutres. Dans tous les cas où il y a absence de tiers
convenu, on préférera dire délivrer sous condition (“to escrow”, “to deliver in
escrow”), expression ayant d’ailleurs fait l’objet d’une normalisation. « L’acte de
transfert sera délivré à l’entiercé, l’avocat de la demanderesse » (= au tiers
convenu).
ö BLOCAGE.
ö FIDUCIE.
ö GAGE.
ö NANTISSEMENT.
ö SÉQUESTRE.
ö TIERS.
1544
ENVIRONNEMENTALISTE.
les règlements, des sources nationales d’ordre législatif et réglementaire ainsi que
des chartes de l’environnement, encore peu nombreuses.
ö COMPARATISTE.
ÉPOQUE. MOMENT.
Payer (un capital) à une époque déterminée, indéterminée. Époque d’un compte
courant, époque actuelle, ancienne, antérieure, primitive, originaire,
contemporaine, éloignée, périmée, récente, transitoire. Frais engagés jusqu’à
l’époque de la renonciation. Selon les époques. Valeur pouvant donner lieu,
suivant les époques, à des estimations différentes.
ö TEMPS.
ÉQUIPOLLENT, ENTE.
ö SACRAMENTEL.
Ces expressions se mettent en italique ou entre guillemets, selon que le texte est
imprimé ou manuscrit. Si le texte est en italique, elles sont en caractère romain.
Inconnus de la common law, les latinismes erga omnes et inter partes sont tirés du
langage du droit judiciaire et s’emploient en droit international (les obligations
erga omnes, l’exécution erga omnes des obligations, par exemple) et en droit civil
dans les branches du droit privé ou public, du droit administratif et du droit pénal.
Règle générale, ils s’appliquent à des actes (ce peut être l’enregistrement d’un bien
immobilier) ou à une décision de justice (ce peut être le jugement déclaratoire) et
qualifient essentiellement l’effet de droit qui s’attache à eux.
erga omnes »), être en droit, erga omnes, de faire qqch. (« La banque est en droit,
apparemment erga omnes, de s’approprier tout ce que le client lui a cédé en
garantie »).
Par exemple, en droit international, les faits illicites – délits ou crimes –, parce
qu’ils portent atteinte à des intérêts d’ordre public international, n’auront plus
uniquement d’effet à l’égard du seul État qui en subit les conséquences naturelles,
mais erga omnes, c’est-à-dire à l’égard de tous les membres de la communauté
internationale.
3) Les équivalents français ainsi que les expressions les plus usuels de ces
locutions latines sont envers et contre tous (« Le successible a été déclaré héritier
pur et simple envers et contre tous, par l’effet du jugement rendu »), à l’égard de
tous et à tous égards, ou vice versa (« À compter de la date du jugement
prononçant l’adoption : a) l’adopté devient, à tous égards et à l’égard de tous,
l’enfant légitime de l’adoptant et celui de son conjoint si ce dernier s’est porté
partie à la requête d’adoption; ») et opposable à tout le monde (« La convention
de donner, lors même qu’elle a pour objet un meuble corporel, transfère, par sa
1549
seule force, non pas seulement une propriété relative, mais une propriété absolue,
opposable à tout le monde »).
ERREMENTS. ERRER.
1) Au sens figuré de faire erreur, commettre une erreur, tomber dans l’erreur, se
tromper, se méprendre, s’écarter ou s’éloigner de la vérité, avoir une fausse
opinion, le verbe intransitif errer a quitté l’aire où le tenait cantonné l’usage
traditionnel. Il ne s’emploie plus que dans la langue littéraire.
Commettre une erreur ayant supplanté errer au point que des dictionnaires du
français d’aujourd’hui n’attestent plus ce sens primitif du verbe, on a voulu le
bannir de la langue du droit, dont l’un des attributs, d’ailleurs, est qu’elle se plaît à
émailler son discours de mots ou d’expressions sortis de la langue usuelle.
On dit errer en droit, errer en fait, mais commettre une erreur de droit (et non [en]
droit), commettre une erreur de fait (et non [en] fait).
Toutefois, l’usage actuel tend de plus en plus à remplacer errer par des verbes ou
des locutions verbales plus modernes (commettre une erreur, se méprendre,
méconnaître, se tromper) ou encore par des tournures qui rendent l’idée de l’erreur
commise (motif erroné, interprétation mal fondée).
1551
En outre, errer dans la déclinaison verbale présente des difficultés d’emploi qui
forcent à le remplacer avantageusement par un autre verbe.
ESPÈCE.
Abréviation : esp.
1) Comme terme de droit, le mot espèce s’entend du litige qui est soumis à une
juridiction – judiciaire, quasi judiciaire, administrative. Ainsi, on peut l’employer
s’agissant d’une instance judiciaire, d’une sentence arbitrale ou d’une décision
rendue par un tribunal administratif. Il s’apparente aux mots cas, cause, instance,
litige, affaire, procès. « Affaire par affaire, cas par cas, espèce par espèce, le juge
ne connaît que les causes qui lui sont soumises par les plaideurs. » « Ces principes
ont été récemment rappelés dans une espèce où un homme, après avoir séduit, puis
rendue mère une très jeune fille, l’avait épousée. » « Les drames passionnels sont
les espèces dans lesquelles les acquittements sont les plus fréquents. »
Il faut éviter de dire [en l’espèce] dans le contexte d’une affaire ou d’une
circonstance étrangère au droit ou à l’administration; on dit plutôt en l’occurrence
(deux c et deux r).
2) Pour désigner soit la cause qu’il a entendue ou dont il a été saisi, soit les
parties qui ont comparu devant lui, le juge emploie la locution figée en l’espèce ou
l’expression dans la présente espèce, c’est-à-dire dans le cas qui nous occupe (et
1552
non [dans le cas à l’étude]); il ne dit ni [en espèce] ni [cette espèce], sauf si, dans le
dernier cas, il vient de mentionner l’espèce en question. Le requérant en l’espèce,
l’intimée en l’espèce et non [en instance], quoiqu’on puisse dire en l’instance ou
dans la présente instance.
S’il y a renvoi à plusieurs affaires jugées, on dit dans ces espèces, dans les espèces
mentionnées, le mot s’employant au pluriel en ce sens. « Les motifs des jugements
prononcés dans les deux espèces sont publiés simultanément et doivent être lus
conjointement. » Les espèces Taillefert et Robichaud. « Dans les espèces soumises
à son examen, le juge ne peut prendre que des décisions individuelles dont la
portée se limite à chaque affaire. »
Soumettre une espèce à la décision du juge. Être saisi d’une espèce. Statuer en
l’espèce. « Le juge n’a pas le pouvoir de prendre une décision applicable en
dehors de l’espèce qui lui est soumise. Le tribunal saisi d’une espèce est tenu de
rendre une décision. » Pour la distinction à faire entre prendre une décision et
rendre un décision, se reporter à l’article DÉCISION.
3) Connaître d’une espèce signifie avoir compétence pour instruire une affaire,
pour l’entendre et la juger. « Dans l’exercice de sa fonction judiciaire, le juge fait
application du droit objectif : il remplit un rôle qui finit par dépasser le cadre des
espèces dont il connaît. »
8) Dans un sens non juridique, espèce signifie cas. « Les décrets portant
création des stations hydrominérales déterminent, suivant les circonstances de
chaque espèce, les mesures à prendre pour faciliter le traitement de ces
personnes. »
ö DÉCISION.
ESPÈCES.
1) Les espèces sont des billets de banque et des pièces de monnaie. Elles
représentent tout ce qui est monnaie ou numéraire (“cash” en anglais). Payer en
espèces, c’est payer comptant, payer en liquide. Régler en espèces sonnantes. « Les
espèces ont cours légal. »
ö DENIERS.
ö DISPONIBILITÉS.
ö FONDS.
ö LIQUIDITÉS.
ö NUMÉRAIRE.
ö TRÉSORERIE.
ESTER.
Le pouvoir d’ester en justice (être admis, être habilité à ester en justice) est
subordonné au respect de trois conditions : avoir la capacité nécessaire pour agir
suivant la nature de l’action engagée (par exemple, un mineur, un incapable, un
interdit ne peut ester en justice que s’il est représenté par son tuteur à l’instance),
avoir qualité pour agir (quiconque jouit de la pleine personnalité juridique –
personne physique ou morale – a qualité pour ester (personnellement) en justice,
c’est-à-dire qu’il peut poursuivre ou être poursuivi (“to sue and be sued”)) et
posséder l’intérêt nécessaire pour ester en justice (l’intérêt permettant d’ester en
justice doit être suffisant). Droit fondamental des particuliers, des personnes
morales d’ester en justice. Délai de prescription limitant le pouvoir d’ester en
justice. « Il incombe à tous les plaideurs d’ester en justice au moment opportun ou
de se taire à jamais. » « La disposition constitutive d’une personne morale
comporte l’attribution du pouvoir d’ester en justice dans les délais impartis. »
ö DEMANDER.
ö INTENTER.
ö POURSUIVRE.
1556
ESTIMATOIRE.
1) Cet adjectif qualifie tout ce qui vise à procéder à une estimation. Processus,
révision estimatoire.
En cas de refus par le commerçant de consentir une remise au client qui prétend
que l’objet qu’il s’apprête à acheter ou dont il prend livraison doit être estimé
judiciairement faute d’entente de gré à gré, le client acheteur introduit une action
estimatoire. Le but de cette action en justice consiste à demander au tribunal
d’estimer, à l’appui d’une expertise, s’il le faut, la valeur de la chose vendue pour
en diminuer le prix et de prononcer la réfaction judiciaire. S’il demande que la
vente soit résiliée, il introduit plutôt une action rédhibitoire.
ET AL. ET AUTRES.
La locution et al. est une abréviation des mots latins et alii qui signifient et les
autres. Étant maintenant francisée, elle s’écrit dans le même caractère que celui qui
est utilisé pour la ou les mentions qui la précèdent. Et al. a un emploi juridique et
un emploi didactique.
1557
En France, et al. tend à être remplacé par l’expression et autres, le plus souvent
dans sa forme abrégée et a. par mesure d’économie d’espace. Girard, épse
Granier et a. c/ CRCAM Alpes-Provence. Sté Martinache et a. c/ Fina France.
Logirep c/ BPC et autres.
ETC.
Souvent, il faut le reconnaître, etc. dans le discours, surtout oral, cache le vague
d’une idée et camouffle, sous l’apparence d’une multitude d’exemples ou de
notions implicites, un vide de l’esprit. On dit etc. afin de faire entendre qu’on
manque de temps pour énumérer un flot d’idées ou d’exemples du genre de ceux
qu’on vient d’énoncer, quand, effectivement, ceux-ci ne montent pas vraiment à
l’esprit ou n’existent pas.
ÉTOILEMENT. ÉTOILER.
accord.
Sous un premier aspect, l’euthanasie prend tout son sens étymologique, le mot
venant du grec euthanatos, qui signifie belle mort, mort douce. L’euthanasie est,
en ce sens, une mort douce entourée de soins palliatifs. Ce serait ainsi la bonne
mort, celle qui, dans les circonstances désolantes où se trouve la personne
souffrante, s’impose comme paraissant la plus digne et la moins cruelle.
compassion, est l’une des questions les plus litigieuses jamais débattues en
politique moderne. »
La décision d’euthanasie serait illégitime d’autant plus qu’il est parfois impossible
d’obtenir le consentement du malade en phase terminale. Son consentement à
l’euthanasie assistée doit être réfléchi et éclairé, libre et exprès.
Dans un arrêt de principe, la Cour suprême des États-Unis a jugé que l’euthanasie
était inconstitutionnelle, même si le législateur dans certains États progressistes a
constitutionnalisé la pratique de l’euthanasie, notamment dans les lois de l’État de
l’Oregon (1994) et de l’État de la Californie (1976). Ces lois permettent aux
malades de faire connaître leur volonté d’opposition à toute intervention
thérapeutique.
Pour être déclaré coupable ou être convaincu d’euthanasie, il faut que soient
réunis un élément matériel ou l’actus reus (l’utilisation, l’administration de
substances de nature à anticiper ou à entraîner la mort, le fait de donner la mort) et
un élément mental ou moral la mens rea (l’intention de tuer, de procurer la mort).
Pour les tribunaux, le mobile est toujours indifférent.
position estiment que « la mort étant inéluctable, la plupart des humains veulent,
dans nos sociétés occidentales, être rassurés sur les conditions de leur fin de vie
(...) et refusent dans une très grande majorité la déchéance physique et
intellectuelle. » (Comité spécial du Sénat canadien sur l’euthanasie, 2000.)
Revendication d’un droit à l’euthanasie. Tenant, partisan, défenseur, détracteur de
l’euthanasie. Affaire d’euthanasie. Euthanasie liée au sida, à la mort clinique, à la
sclérose en plaques, à une maladie terminale ou dégénérative. Décès par
euthanasie.
ö HOMICIDE.
ö MOBILE.
Toutefois, pour couvrir le cas des procédés non réprimés par la loi et l’utilisation
licite par le contribuable de la fiscalité (voir FISC) afin de se prévaloir des
aménagements avantageux que prévoit le législateur et réduire ainsi sa dette fiscale
dans le respect des dispositions en vigueur, la Loi emploie le terme évitement
fiscal, que l’on appelle optimisation fiscale en France et choix de la voie la moins
imposée en Belgique.
1567
En cas d’opération d’évitement, prescrit cette RGAÉ, les attributs fiscaux d’une
personne doivent être déterminés de façon raisonnable dans les circonstances de
façon à supprimer un avantage fiscal qui découlerait, même indirectement, de cette
opération ou d’une série d’opérations dont cette opération fait partie. Le
contribuable reconnu coupable de cette infraction est passible d’une amende ou
d’un emprisonnement. Selon la procédure de mise en accusation, il encourt une
amende minimale de 100 % et maximale de 200 % de l’impôt qui a été éludé. Le
juge peut infliger une peine d’emprisonnement maximale de cinq ans.
L’erreur de bonne foi commise dans l’application des dispositifs fiscaux devenus
de plus en plus complexes n’emporte pas fraude fiscale.
ö FISC.
ö IMPÔT.
1568
Tandis que l’expulsion est la sortie physique d’une personne (ou d’un groupe de
personnes), par la force (manu militari) ou non, d’un lieu où elle se trouve sans
droit, soit, par exemple, l’acte consistant à ordonner à un locataire ou à un preneur
défaillant de vider les lieux, de quitter les locaux loués ou pris à bail, de
déménager, à un étranger interdit de séjour de quitter le territoire national, à moins
d’obtenir le statut de réfugié, ou encore à des manifestants qui occupent des
bureaux de quitter les lieux, l’éviction ne s’entend pas en ce sens. Sorte de
dépossession ou, dans certains cas, d’expropriation, elle désigne la perte d’un droit
réel sur un bien acquis, la privation du bien que l’on croit posséder à bon droit,
soit, pour l’acquéreur du bien vendu, le fait de s’en trouver privé totalement – cas
de l’éviction totale – ou partiellement – cas de l’éviction partielle, par suite de
l’exercice sur ce bien par un tiers d’un droit qui exclut la possession qu’exerce
l’acheteur. Plus simplement, c’est le fait de perdre son droit de possession en
faveur du droit supérieur d’un tiers.
en retire, si l’éviction, totale ou partielle, provient d’un vice du droit transféré que
le donateur connaissait, mais n’a pas révélé lors de la donation. »
ö DÉPOSSESSION.
ö EXPROPRIATION.
ö VIDER.
EXCIPANT, EXCIPANTE.
On dénomme excipant, excipante tout plaideur qui excipe d’une exception ou qui,
plus généralement, soulève ainsi un moyen de défense. « Devant le tribunal
correctionnel, si l’exception préjudicielle est reconnue recevable,
l’excipant a l’obligation de saisir la juridiction compétente dans le délai qui lui est
imparti, faute de quoi il est passé outre à l’exception et la procédure principale se
continue, sans plus d’égard à l’incident. »
ö EXCIPER.
EXCIPER.
recueillir, disposer par une clause spéciale. Dans le latin de la basse époque,
"excipere" signifie faire une réserve, une opposition. D’où les deux sens d’exciper
en droit exposés à l’article DISCULPER.
ö DISCULPER.
EXÉCUTION. EXÉCUTOIRE.
Ainsi, lorsque le débiteur fournit au créancier la prestation qu’il lui doit (somme à
payer, acte à accomplir, service à rendre, logement ou objet à fournir, meuble à
livrer, ouvrage à exécuter, à réaliser), il exécute son obligation : c’est là une
illustration de l’exécution volontaire.
C’est la loi qui prévoit comment s’opérera l’exercice des voies d’exécution. Ces
voies d’exécution sont les moyens employés pour réaliser l’exécution. Par
exemple, les moyens traditionnels d’assurer cet exercice sont la saisie et la vente
des biens de la saisie ou encore la saisie des créances ou des capitaux appartenant
au débiteur. Exécution sur des biens, sur des créances, sur des capitaux. Ces voies
d’exécution s’inscrivent dans le cadre d’une procédure civile ou pénale
d’exécution selon que la matière objet de l’exécution est civile ou pénale.
On appelle juge de l’exécution le juge qui est chargé de veiller à la bonne marche
de la voie d’exécution adoptée. Il dispose à cette fin d’un pouvoir souverain pour
apprécier si les circonstances font apparaître que l’exécution a été menée à bonne
fin ou à son terme ou qu’elle a été entravée par l’inaction ou la résistance du
débiteur. C’est à lui qu’appartient la tâche d’ordonner dans ce dernier cas des
mesures d’exécution forcée de l’obligation. Mettre à exécution. « Le juge ordonne
aux huissiers de mettre à exécution le jugement qu’il prononce. » « Les parties
sont convenues de rédiger une convention formelle afin de mettre leurs intentions
à exécution. » (= de lui donner effet).
2) En pareil cas, l’adjectif exécutoire est substantivé. On dit que, dans son
ordonnance, le juge prie le greffier en chef de délivrer exécutoire (c’est-à-dire un
titre exécutoire) à l’expert, considérant qu’aucun paiement n’a été effectué.
« Ordonnons que le complément, soit la somme de (...), sera versé par (...) à
l’expert, à qui, en cas de non-paiement, il sera délivré, sur sa demande, exécutoire
par le greffier en chef. »
Muni du titre exécutoire, l’expert pourra, en matière civile, recourir aux voies de
l’exécution forcée contre son débiteur. En matière pénale, il n’aura nul besoin du
titre exécutoire pour recouvrer sa rémunération : l’ordonnance de taxe rend
exécutoire le mémoire présenté par l’expert. « La distraction des dépens ne peut
1572
être prononcée que par le jugement qui porte condamnation aux dépens; la taxe
est alors poursuivie et l’exécutoire, délivré à l’avoué. » Exécution civile, exécution
pénale.
La voie d’exécution met en œuvre les moyens qui permettent d’obtenir de la partie
succombante les prestations prononcées par un jugement devenu exécutoire. Le
caractère exécutoire de la décision (ou de tout titre) s’explique par le fait de
l’épuisement des recours ou de l’extinction des délais.
3) Est exécutoire ou est en forme exécutoire ce qui doit être mis à exécution ou
ce qui permet de mettre à exécution : les lois sont exécutoires dès leur
promulgation. Loi déclaratoire et exécutoire. Règlement exécutoire des différends.
Décision exécutoire à titre provisoire. « La décision est exécutoire dès qu’elle
revêt un caractère définitif. » « La décision exécutoire sur minute est notifiée au
maire chargé de l’exécution. » Acte, mandat, force, formule, titre (en forme)
exécutoire. Cession, consentement exécutoire. Convention exécutoire de vente.
Article vendu à titre exécutoire.
On dit d’un jugement qu’il est exécutoire, qu’il a force exécutoire quand il permet
le recours à la force publique ou à l’autorité de l’officier ou de l’auxiliaire de
justice pour en assurer l’exécution. La force exécutoire est la possibilité d’exécuter
une obligation en faisant appel à cette autorité. Cette possibilité est conférée par la
formule exécutoire des actes des notaires ou des décisions de justice. C’est un
énoncé qui donne force exécutoire à un acte en ordonnant aux agents chargés de
l’exécution des lois de prêter main-forte à son exécution. Procès-verbal,
ordonnance revêtue de la formule exécutoire.
Faire exécuter une décision, une ordonnance, une contrainte par corps, c’est
commander, prescrire que suite lui soit donnée, avec tous les effets qu’elle
comporte. Faire exécuter un contrat, c’est s’assurer que ses stipulations sont
réalisées.
mesures de mise en œuvre et d’adaptation des peines dont sont chargés des
organismes relevant du ministère de la Justice. Exécuter un crime, un délit.
Exécuter une peine. Mode, régime d’exécution de la peine. Modalités et techniques
d’exécution des peines. Surseoir à l’exécution d’une peine. « Relevant du ministère
de la Justice, la Direction de l’exécution des peines supervise l’exécution des
peines dans les établissements pénitentiaires et de redressement. » Loi sur
l’exécution des peines.
Elle a, grosso modo, le même sens que la locution en application de. On peut tout
aussi bien dire qu’un acte est accompli en application des dispositions d’une loi
qu’en exécution de celles-ci. « Les pensions visées en exécution des dispositions de
la présente section sont cumulables sans limitation avec toutes autres pensions ou
retraites. » « En exécution du Décret, les recours contre les décisions du Conseil
de la Concurrence sont portés devant la Cour d’appel de Paris. » Décision
pratiquée en exécution d’une ordonnance. Vente ordonnée en exécution d’une
décision de justice. « Le détenteur est celui qui, en exécution d’un contrat,
conserve le bien pour le compte d’autrui. » Règlement pris en exécution d’une loi.
Syntagmes
Exécution à la lettre.
Exécution arbitraire.
Exécution complète.
Exécution complexe.
Exécution correcte.
Exécution défectueuse.
1576
Exécution diligente.
Exécution directe.
Exécution effective.
Exécution entière.
Exécution étalée.
Exécution fautive.
Exécution fidèle.
Exécution fondamentale.
Exécution forcée.
Exécution immobilière.
Exécution impraticable.
Exécution incorrecte.
Exécution interprovinciale.
Exécution illégale.
Exécution illicite.
Exécution instantanée.
Exécution intégrale.
Exécution malveillante.
Exécution mobilière.
Exécution non réglée.
Exécution partielle (d’une obligation).
Exécution personnelle.
Exécution pleine (et entière).
Exécution prompte.
Exécution provisoire.
Exécution pure et simple.
Exécution rapide.
Exécution réciproque (d’une ordonnance, de jugements).
Exécution régulière.
Exécution simple.
Exécution stricte.
Exécution substantielle.
Exécution successive.
Exécution tardive.
Exécution testamentaire.
Exécution totale.
1577
Exécution volontaire.
Exécution d’un acte (de transfert).
Exécution d’une affaire.
Exécution d’un arrêt.
Exécution d’un arrêté.
Exécution d’un bail.
Exécution d’un bref.
Exécution d’un cautionnement.
Exécution d’une commission.
Exécution d’une condition.
Exécution d’une contrainte.
Exécution d’un contrat.
Exécution d’une convention.
Exécution d’un crime.
Exécution d’une décision.
Exécution d’un délit.
Exécution d’un devoir.
Exécution d’une disposition.
Exécution d’un engagement.
Exécution d’une entente.
Exécution d’une fiducie.
Exécution d’une fonction.
Exécution d’une instruction.
Exécution d’un jugement (étranger) (sommaire).
Exécution d’un legs.
Exécution d’une loi.
Exécution d’un mandat.
Exécution d’un marché.
Exécution d’une mesure.
Exécution d’une mission.
Exécution d’une obligation (alimentaire).
Exécution d’une œuvre (en public).
Exécution d’une ordonnance (de pension alimentaire).
Exécution d’un ordre.
Exécution d’un ouvrage.
Exécution d’un paiement.
1578
Exécution en nature.
Exécution en retard.
Acte d’exécution.
Agent d’exécution.
Bref d’exécution.
Calendrier d’exécution.
Certificat d’exécution (de jugement).
Clause d’exécution.
Condition(s) d’exécution.
Date d’exécution.
Défaut d’exécution.
Délai d’exécution.
1579
Disposition d’exécution.
Droit(s) d’exécution.
Échéance d’exécution.
Faute d’exécution.
Frais d’exécution.
Garantie d’exécution.
Jugement d’exécution.
Mandat d’exécution.
Mesure(s) d’exécution.
Modalité(s) d’exécution.
Norme d’exécution.
Procédure d’exécution.
Procès-verbal d’exécution.
Protocole d’exécution.
Refus d’exécution.
Sursis d’exécution.
Suspension d’exécution.
Voie d’exécution.
Bonne exécution.
Fidèle exécution.
Insusceptible, susceptible d’exécution.
1580
Arrêt de l’exécution.
Code de l’exécution.
Commencement de l’exécution.
Garantie de l’exécution.
Immunité de l’exécution.
Incident de l’exécution.
Interruption de l’exécution.
Juge de l’exécution.
Report de l’exécution.
Reprise de l’exécution.
Territorialité de l’exécution.
Opposition à exécution.
Retard à exécution.
Sursis à exécution (et non [d’]exécution).
Action en exécution.
Accorder l’exécution.
Assurer l’exécution.
Autoriser l’exécution.
Cesser l’exécution.
Différer l’exécution.
Empêcher l’exécution.
Exiger l’exécution.
Forcer l’exécution.
Obtenir l’exécution.
Ordonner l’exécution.
Poursuivre l’exécution.
Pratiquer l’exécution.
Refuser l’exécution.
Reporter l’exécution.
Réviser l’exécution.
Solliciter l’exécution.
1581
Surveiller l’exécution.
Suspendre l’exécution.
Accord à exécuter.
Contrat (de vente) (impossible) à exécuter.
Mal exécuter.
Accepter d’exécuter.
Omettre d’exécuter.
Refuser d’exécuter.
ö PRESTATION.
ö SHÉRIF.
L’accent aigu dans exonérer se change en accent grave devant une syllabe muette,
sauf au futur de l’indicatif et au conditionnel présent. J’exonère, mais nous
exonérons; j’exonérerai, nous exonérerions.
2) Le verbe exonérer prend son sens fiscal actuel dès la fin du XVIIIe siècle.
Exonérer, c’est décharger quelqu’un d’une obligation financière, d’où
spécialement exonérer un contribuable. Contribuable exonéré. Le verbe s’applique
aussi à des choses : biens, éléments, produits exonérés. Exonérer prend aussi au
XXe siècle le sens de dispenser, ce qui explique la confusion que l’on opère entre
les quasi-synonymes exemption et exonération, deux concepts voisins en fiscalité.
On ne peut pas employer dispenser pour exonérer, ce verbe étant réservé pour
qualifier l’exemption d’une obligation : dispenser d’une déclaration, dispenser
d’une formalité, dispenser d’un paiement, dispenser d’un bilan.
Lorsque la Loi de l’impôt sur le revenu dispose : « N’est pas inclue dans le calcul
du revenu d’un contribuable pour une année d’imposition la somme exonérée de
l’impôt sur le revenu par toute autre loi fédérale », cette exonération fiscale
constitue une exemption fiscale prévue par une autre loi du gouvernement
canadien.
de défense, un comportement par ailleurs illégal et donnant lieu à une sanction est
excusé et soustrait à toute sanction [de là la qualification d’exonératoire] parce
qu’il est considéré, à bon droit, comme résultant d’une décision « involontaire du
point de vue moral » d’accomplir un acte qui, aux yeux de la société, a une valeur
sociale positive qui l’emporte sur l’effet préjudiciable de l’infraction. » Autres
moyens de défense exonératoires : l’aliénation mentale, l’absence d’intention
coupable, la provocation ou la légitime défense.
ö COUPABLE.
ö DISPENSE.
ö EXEMPT.
Sa francisation justifie qu’on écrive ce mot en caractère romain (et, donc, qu’on
abandonne l’italique) et qu’on lui donne des dérivés : jugement exequaturé,
décision exequaturée, exequaturer un jugement.
Le jugement rendu dans le cadre d’une telle demande est un jugement d’exequatur.
Jugement susceptible d’exequatur.
L’exequatur est dit partiel lorsqu’il n’est accordé qu’à une partie du jugement, les
différents chefs du dispositif pouvant être dissociés.
D’un autre point de vue, l’exequatur est un principe (principe de l’exequatur) qui
permet de déférer un jugement aux fins d’exequatur.
ö AMPLIATIF.
EX FACIE. IN FACIE.
1) L’expression latine ex facie est une locution adverbiale qui comporte deux
acceptions. Dans un premier sens, elle signifie littéralement à la face de ou à la vue
de, c’est-à-dire manifestement, évidemment, pour indiquer que le simple examen,
la simple consultation ou la simple lecture d’un énoncé (règle, principe,
proposition) ou d’un document (acte, formule, assignation) permet d’en connaître
la nature et le contenu et d’en tirer la conclusion qui s’impose. Titre ex facie.
« Cette déclaration est ex facie équivoque ou ambiguë » (= manifestement). « Le
jugement de la Cour d’appel a ex facie été prononcée dans le cadre d’un appel
régulièrement porté devant la Cour » (= a été manifestement prononcé).
Ordonnance nulle ex facie. En ce sens, ex facie peut se rendre en français, selon les
contextes, par littéral (« Je trouve difficile, voire impossible d’interpréter le
paragraphe 92(14) comme englobant non seulement le pouvoir de poursuivre en
matière d’application du droit criminel fédéral, mais aussi comme diminuant la
portée littérale (= “the ex facie impact”) du paragraphe 91(27) qui inclut la
procédure en matière criminelle. ») ou, à sa lecture, en lisant (le texte) ( « Il
ressort nettement du texte même de l’alinéa 1f) que la question de l’attribution
d’un pouvoir discrétionnaire n’aurait jamais pu se poser dans le contexte de cette
disposition qui, comme on le constate en la lisant, est rédigée en des termes qui
laissent entendre que ce genre d’interrogatoire est parfaitement acceptable une
fois remplies les conditions préalables établies par la Loi. »)
Il ne faut pas confondre ex facie avec prima facie; ces deux expressions sont
proches par le sens, mais elles ne sont pas synonymes. On ne dira pas qu’un accord
est invalide [à première vue (ou prima facie)] quand on veut affirmer qu’il l’est
manifestement (“ex facie invalid”).
1589
ö OUTRAGE.
ö PRIMA FACIE.
Exhéréder son fils, son parent. « Le défunt peut exhéréder son conjoint en
disposant par testament de tous ses biens. » Exhéréder quelqu’un, c’est le
1590
déshériter, le priver d’un héritage qu’il était en droit de recueillir ou qu’il croyait
obtenir. Exhéréder un héritier ou un légataire de sa part de l’héritage. « Le
testateur a exhérédé d’une manière générale tous ses héritiers. »
ö BONA VACANTIA.
ö DÉSHÉRENCE.
Exorde est masculin. Il vient du latin exordium, dérivé du verbe exordiri signifiant
commencer, amorcer, entreprendre, particulièrement un discours, un exposé ou une
communication.
2) Dans la construction des motifs de jugement, dans leur plan, dans leur
composition, dans leur ordonnancement, la partie du jugement qui forme le premier
des éléments constitutifs des motifs s’appelle l’exorde. Des auteurs l’appellent les
préliminaires. « Les préliminaires sont doubles, relation des faits constants et
exposé de l’objet du litige. » Le terme soutènements est toujours au pluriel lorsqu’il
désigne, pour les auteurs belges, ce qu’on appelle généralement l’exorde ou les
préliminaires. « On appelle soutènements la partie des motifs qui contient l’exposé
des prétentions respectives des plaideurs et leurs moyens auxquels le juge doit
répondre. Les soutènements précèdent la discussion, encore appelée analyse. »
Dans l’exorde de type classique, le juge expose, relate ou narre les faits constants
qui ont donné naissance au litige, il mentionne les textes pertinents qui sont
applicables à l’espèce avant d’énoncer les prétentions et les moyens des parties.
« L’exorde constitue la partie narrative ou descriptive du jugement, par opposition
aux motifs proprement dits où le discours deviendra analytique, démonstratif et
déductif. »
ö CONSTANT.
ö CONVICTION.
ö DISPOSITIF.
ö ESPÈCE.
ö MOTIF.
1594
ö MOYEN.
ö PLAIDOIRIE.
ö PRÉTENTION.
EXPURGATOIRE.
Par ailleurs, est qualifiée de disculpatoire (et non d’expurgatoire), encore moins
d’[exculpatoire]) la déclaration qui, au contraire de la déclaration incriminante,
vise à disculper le défendeur de toute faute ou de toute culpabilité qu’on pourrait
lui imputer.
ö DISCULPATOIRE.
ö RESPONSABILITÉ.
1) Les latinismes extra petita, infra petita, omnia petita et ultra petita ayant été
francisés, ils ne sont pas italicisés dans un texte en caractère romain, et vice-versa.
1595
La graphie sans le trait d’union est plus courante dans l’usage moderne que la
graphie traditionnelle avec le trait d’union.
Par leur nature grammaticale, ces expressions sont des locutions substantives, des
locutions adjectivales ou des locutions adverbiales. Elles appartiennent au
vocabulaire de la procédure civile ou pénale et s’emploient dans le discours
juridictionnel. Elles se disent de la décision de justice, que ce soit en matière de
justice judiciaire, de justice administrative ou de justice arbitrale, tant en droit
interne qu’en droit international privé ou public.
2) Selon la règle dite de l’ultra petita (et non la [règle ultra petita]), sous
réserve des exceptions légales, toute juridiction ne peut, au risque d’outrepasser les
limites de sa compétence et de rendre sa décision ultra vires, excéder le domaine de
sa saisine en adjugeant plus que le montant réclamé, en accordant un remède qui ne
lui est pas demandé ou en se prononçant sur des questions hors litige ou étrangères
aux prétentions qui lui sont soumises. Si elle devait agir de la sorte, elle
commettrait un ultra petita. « L’ultra petita, commis par une juridiction
répressive, constitue un excès de pouvoir donnant ouverture à cassation. » La
Cour suprême du Canada, par exemple, dérogerait à cette règle et commettrait un
ultra petita si, appelée seulement à déterminer le sens d’un article de loi, elle
s’égarait et statuait sur la constitutionnalité de cette loi.
La règle tire son origine de la disposition des codes de procédure qui prévoit que le
juge ne peut fonder sa décision sur des faits qui ne sont pas dans le débat. Elle
s’inspire du principe de l’ultra petita selon lequel l’ordre public commande que le
débat judiciaire se limite à ce qui est demandé. Si le juge déroge à la règle, compte
tenu des exceptions légales, on dit qu’il statue ultra petita, que, en accordant plus
que ce que le requérant demande, il fait de l’ultra petita. « Sur le moyen unique
soulevé d’office et tiré du fait que les juges ont statué ultra petita (...) Attendu que
la Cour d’appel a statué sur les dispositions pénales, alors qu’elle n’en était pas
saisie (...) ». « Le juge d’appel ne peut statuer ultra petita en aggravant la
condamnation prononcée par la première juge. » « En condamnant
l’Administration à payer des dommages-intérêts supérieurs à ceux qui sont
réclamés, la juridiction saisie a fait de l’ultra petita. » Affirmation ultra petita.
« La question est de savoir si cet énoncé constitue une affirmation ultra petita. »
Vice d’ultra petita (en parlant d’une décision viciée par le dérogation à la règle
1596
d’ultra petita).
Si on formule la règle par la négative, on l’appelle règle non ultra petita. « Il était
devenu prévisible que la Cour, en vertu de la règle non ultra petita, ne statuerait
pas formellement sur ce point de vue dès lors que, dans ses conclusions finales,
l’État demandeur n’avait pas repris l’énoncé du moyen qu’il avait initialement
avancé dans sa requête introductive d’instance. »
4) Plutôt que de considérer les termes ultra petita et extra petita comme des
synonymes ou ce dernier comme constituant une variante du premier, il paraît plus
juste d’en faire des quasi-synonymes, la nuance sémantique qui les distingue étant
fondée sur leur niveau de conceptualisation. Ainsi, il serait plus exact de parler de
l’ultra petita quand la cour adjuge un montant supérieur à celui qui est demandé S
ultra signifiant littéralement au delà de S et de l’extra petita quand elle juge des
questions étrangères à la demande S extra signifiant littéralement en dehors de.
6) L’antonyme commun d’ultra petita et d’extra petita est infra petita, infra
signifiant littéralement en deçà de. Commet un infra petita par omission de statuer
la juridiction qui manque à son obligation de se prononcer sur une prétention ou
sur des chefs de la demande ou qui tranche la demande principale en négligeant de
décider une des demandes subsidiaires. « Infra petita ou en dessous de l’objet de la
demande, le juge administratif a l’obligation d’examiner les demandes des parties
et de statuer, au besoin par rejet, sur toutes ces demandes. » « L’appelant
1597
reproche à la Cour d’avoir statué infra petita en omettant de répondre à l’un des
griefs. »
Décision entachée, viciée d’infra petita. « La décision des premiers juges est
entachée d’infra petita en ce qu’elle statue uniquement sur l’exception de
prescription quadriennale opposée par l’État sans se prononcer sur la
responsabilité de celui-ci. »
Il importe de préciser que la juridiction qui accorde moins que le montant réclamé
ne commet pas d’infra petita. En outre, même si elle est tenue de statuer sur tous
les chefs de la demande, elle n’a pas toutefois à répondre à chacun des arguments
qu’avancent les parties.
ö SAISINE.
ö ULTRA VIRES.
EXTRANÉITÉ.
On dit l’extranéité de qqn. à qqch. : « À la partie, qui est sujet d’un acte juridique
ou plaideur engagé dans une procédure, on oppose le déclarant, le témoin et aussi
le tiers dont l’extranéité à l’acte ou à la procédure, le cas échéant, est plus ou
moins entière selon les cas considérés. » Dans ce dernier exemple, l’extranéité
s’entend de la situation d’une partie qui est étrangère, à des degrés divers, à un acte
ou à une situation juridiques.
Les infractions assorties d’un tel élément sont généralement commises en partie
dans un État et en partie dans un autre. Si un Canadien dévalise une banque aux
États-Unis, il y a dans l’infraction perpétrée un élément d’extranéité, en
l’occurrence la nationalité de l’infracteur.
4) Il n’est pas sans intérêt de noter que l’anglais, en plus des mots “alienage”,
lequel fait bien ressortir le sens strict du mot, et “extraneity”, recourt à des termes
descriptifs pour désigner la réalité juridique de l’extranéité : “foreign character”,
“foreign element”, “foreign nationality”, “foreign origin”, “alien status” ou encore
“transnational offence” et “transnational transaction”.
ö ÉTRANGER.
ö EXTRADER.
ö INFRACTEUR.
1600
F
FACE.
1) Si on peut dire au figuré que la face est l’aspect sous lequel une chose se
présente (les faces d’une question, ou son diminutif facette, les facettes d’une
question, examiner une question sous toutes ses faces, c’est-à-dire sous tous ses
angles, sous tous ses côtés, de tous les points de vue), si on peut opposer la face au
fond des choses (considérer le fond plutôt que la face des choses, c’est-à-dire leur
apparence) et si la locution prépositive à la face de, qui signifie en présence de, à
la vue de, est bien française (clamer sa vérité à la face du monde), est-il justifié, en
parlant d’un document, par exemple, de dire, comme le fait l’anglais au départ du
latin "facie", [à sa face] au sens de à première vue (voir PRIMA FACIE), à sa lecture,
de toute évidence, selon les contextes ?
3) On peut fort bien dire que l’accusé a clamé son innocence à la face du
monde, mais la locution à la face de ne peut s’employer à propos de textes, de
documents, de motifs, de faits. Au sens concret, on dit au recto de la formule, au
recto du contrat, et non [à leur face]. Au sens abstrait, on dit à première vue pour
marquer une idée temporelle, à priori pour marquer une étape dans le
raisonnement et, donc, une idée de conséquence.
1601
5) On peut employer aussi des mots, des expressions, des tournures de phrases
qui indiquent le caractère manifeste des éléments que comporte le document :
figurer sur (renseignements figurant sur l’attestation), laisser croire, permettre de
croire (« L’apparence du document laisse croire qu’il provient du défendeur. » «
Ces motifs permettent de croire qu’il ne sera pas fait droit à la demande. »),
apparoir, (il appert), apparaître (il apparaît), ressortir (« Cette distinction ressort
du texte même de la législation » : "appear on the face of the law"), être évident,
manifeste, manifestement, d’après, au regard de, il est évident, il est prévu sur (« Il
1602
est prévu sur le dossier un espace permettant d’inscrire la mention nécessaire. »),
dans (allégation formulée dans une déclaration), il est indiqué sur (la couverture
du dossier). Vice apparent à l’examen de l’autorisation.
6) Dans un autre sens, on ne dit pas non plus que les déclarations ont été
produites [à la face] d’un article de loi (“in the face of”), mais qu’elles l’ont été
contrairement à cet article ou en contravention de celui-ci.
ö APPAROIR.
ö EX FACIE.
ö PRIMA FACIE.
ö VU.
Est facultatif ce qui dépend de la faculté conférée à une partie de faire ou de ne pas
faire une chose; est potestatif ce qui se trouve subordonné, à un degré quelconque,
à la volonté d’une partie.
Une certaine jurisprudence considère que le verbe pouvoir ou des mots ou des
tournures analogues sont potestatifs seulement, sauf les cas où ils sont attributifs
d’une compétence judiciaire ou quasi judiciaire (remarquez l’absence du trait
d’union ici : voir QUASI à ce sujet), que le pouvoir a été conféré en vue d’assurer la
mise en œuvre d’un droit ou encore que le pouvoir attribué comporte l’obligation
d’exécuter un devoir.
Le droit français et allemand des inventions, des brevets, des dessins et des
modèles admet la théorie nouvelle de l’affectation volontaire à l’employeur des
droits sur les inventions des salariés. Ce droit de l’employeur de s’attribuer
unilatéralement ces inventions de service ou hors mission de ses salariés se
rapproche très étroitement du droit potestatif ainsi défini : droit personnel ou
pouvoir d’acquérir l’invention par un acte unilatéral (d’où la qualification de droit
potestatif) jusqu’à l’exercice de l’option, c’est-à-dire la faculté que la loi accorde à
l’employeur de se faire attribuer ou non l’invention. Après la levée de l’option, le
1605
bénéficiaire devient acquéreur : l’employeur est désormais titulaire d’un droit réel,
droit à caractère patrimonial qui est exercé directement sur une chose, en
l’occurrence sur l’invention.
ö ALTERNATIVE.
ö CONDITION.
ö DÉCLARATIF.
ö DROIT.
ö IMPÉRATIF.
ö INDICATIF.
ö LÉGISTIQUE.
ö MIXTE.
ö POUVOIR (VERBE).
ö RESCISION.
ö SUSPENSIF.
FAISCEAU.
ö DROIT.
FENTE.
successorale. Puisque cette ligne forme une division entre la ligne paternelle et la
ligne maternelle, elle est dénommée fente. La fente successorale désigne la règle
qui divise la succession en deux portions ou masses égales, l’une pour les parents
de la ligne paternelle, l’autre pour les parents de la ligne maternelle. Règle de la
fente. « Générale en principe, la règle de la fente est parfois exclue par la nature
des choses ou la volonté de la loi. »
ö COLLATÉRAL.
ö LIGNE.
ö MASSE.
Par l’emploi du participe passé censé, l’adage « Nul n’est censé ignorer la loi »
crée-t-il une présomption ou une fiction ? Si, dans une définition légale, le
législateur canadien assimile à Sa Majesté les sociétés d’État et les établissements
publics ou s’il assimile à une chose une autre chose qui ne peut lui être assimilée
dans la réalité de tous les jours, entend-il adopter une présomption ou une fiction ?
S’il déclare dans la formule introductive d’une loi : « Sa Majesté, sur l’avis et du
consentement de l’Assemblée législative, édicte : », entend-il présumer que c’est
Sa Majesté (et non l’Assemblée législative) qui édicte la loi ou invente-t-il une
fiction ?
d’étendre la norme juridique à une situation qui ne saurait normalement être prévue
sans elle.
La plupart des auteurs s’entendent pour dire que la mission confiée au tribunal de
trouver l’intention du législateur et sa vocation à se limiter à dire le droit (oubliant
qu’il est aussi producteur et créateur de droit) constituent des fictions.
Dans les matières régies par la common law, l’argument de fiction permet de
rappeler au tribunal que le mot loi, par exemple, doit être entendu au sens des
règles de fiction produites par les précédents judiciaires anglais retenus en droit
canadien de même que par les précédents canadiens ou par le législateur.
D’un autre point de vue, c’est une règle de droit, d’origine législative ou judiciaire,
par laquelle l’inférence d’un fait connu permet de supposer qu’un fait présumé
existe tant que cette présomption n’aura pas été réfutée. En ce sens, la présomption
est un mode de preuve indirecte visant à établir l’existence d’un fait inconnu à
partir d’un fait connu. L’argument de présomption devient une conséquence
juridique que la loi tire d’un fait connu pour établir un fait inconnu ou contesté.
Cette preuve indirecte invoque la présomption comme principe de droit : par
exemple, la présomption d’imputabilité en matière d’accident du travail et la
présomption d’innocence en matière pénale sont des principes de droit.
La common law connaît, par exemple, dans le droit des fiducies, la fiducie par
présomption (“presomptive trust”), cette présomption légale étant que la fiducie a
toujours été envisagée par les parties : l’intention nécessaire se trouve dans la
nature de l’opération et non dans la teneur de l’acte formaliste lui-même, à laquelle
il convient d’ajouter la présomption de fiducie réversive (“presumption of resulting
trust”). Autres exemples : dans le droit des délits, la négligence par présomption
(“presumptive negligence”), encore appelée négligence présumée, qu’il ne faut pas
1609
5) La présomption est dite légale lorsqu’elle est requise par la loi; elle a force
obligatoire, à condition que certains faits soient prouvés. Cas de présomptions
légales. On distingue les présomptions légales de droit civil des présomptions
légales de common law. La présomption de bonne foi des parties au contrat que
reconnaît le régime civiliste, ou celle qui fixe, selon les régimes juridiques, la
maturité sexuelle des filles à tel âge et celle des garçons à tel autre âge en sont des
exemples.
Si la présomption est créée ou admise par une disposition expresse de la loi, elle
est dite (d’origine) législative et se distingue en droit anglo-normand de la
présomption de ou en common law.
La présomption qui tire son origine du juge, qui émane des tribunaux ou de la
jurisprudence est qualifiée de judiciaire : par exemple, la présomption de la
personne raisonnable en common law, référence traditionnelle comparable à celle,
maintenant ancienne, du bon père de famille en droit civil.
Par ailleurs, le tribunal peut décider que le fait qu’une personne refuse de concourir
à l’administration de la preuve constitue une présomption de reconnaissance du
bien-fondé de la prétention de son adversaire. La présomption judiciaire est dite
1611
7) La présomption légale qui est irréfragable est qualifiée d’absolue parce que
la loi n’autorise pas le demandeur à en rapporter la preuve contraire, à en
combattre la conséquence. On l’appelle encore présomption juris et de jure. Au
contraire, étant réfragable, c’est une présomption simple ou relative : la preuve
contraire est en ce cas admise. On l’appelle aussi présomption juris tantum. « La
présomption qui concerne des faits présumés est simple et peut être repoussée par
une preuve contraire; celle qui concerne des faits réputés est absolue et aucune
preuve ne peut lui être opposée. »
1612
loi, est souvent présentée comme une fiction dont l’effet est de placer le
représentant à la place, au degré de parenté et dans les droits qu’aurait eus le
représenté. »
9) Une fiction est créée : par exemple, la fiction créée par l’effet déclaratif du
partage successoral. Elle établit une règle : la fiction établit que chaque héritier est
réputé avoir succédé seul et immédiatement à tous les biens compris dans son lot.
10) On peut rapporter une preuve, établir une preuve par présomptions, à l’aide
de présomptions. Un article de loi fait peser sur quelqu’un (le mari ici) une
présomption, laquelle porte sur quelque chose (la paternité). « L’article 312 fait
peser sur le mari une présomption en vertu de laquelle il est réputé le père des
enfants de sa femme. » La présomption est désignée, énoncée, contenue, posée,
puisée dans un texte : par exemple, les présomptions de propriété sont énoncées au
contrat de mariage. Elle est admise lorsque la preuve contraire peut être produite à
son encontre. Le tribunal juge sur des présomptions. L’appréciation des
présomptions est subordonnée au pouvoir souverain du juge. Une présomption
existe (dans une loi, dans une affaire). Elle fait foi d’un fait par une conséquence
tirée d’un autre fait. Elle peut être constatée à première vue ou prima facie :
« Dans la présente espèce, il existe une présomption prima facie de dépendance
économique. » Elle est établie par un texte (« La présomption légale établie par
une disposition expresse de la loi constitue une dispense de preuve. ») ou par un
fait juridique (« La possession établit une présomption de propriété. »).
Une présomption peut être faible ou forte. Étant absolue ou irréfragable, elle est
irréfutable, inattaquable, indestructible; dans le cas contraire, elle est réfutable,
attaquable, destructible.
ö COMMORIENTES.
ö FIDUCIE.
ö IMPUTABILITÉ.
ö JEU.
ö PREUVE.
1) On dit le droit des fiducies (“Law of Trusts”) comme on dit le droit des
contrats, le droit des successions, le droit des testaments ou le droit des biens. En
mettant le mot fiducie au pluriel, on considère les fiducies dans leur diversité au
lieu d’appréhender l’institution de la fiducie sous l’éclairage d’un principe
unificateur qui permet de dégager de la variété de la matière une notion uniforme.
2) En common law, la fiducie (du mot anglais “trust” signifiant confiance) est
issue du système de l’equity. Espèce de tenure de propriété, elle entretient des
ressemblances avec le baillement, le dépôt, le mandat et le contrat; on évitera de
confondre ces institutions du droit anglais.
intérêt dit propriétal, ce qui lui assure un rang, une préséance ou une priorité sur
d’autres personnes, par exemple sur des créanciers qui revendiqueraient des droits
sur le bien.
Ces actants jouent des rôles précis dans l’opération. Le fiduciaire cède ou met un
ou plusieurs biens en fiducie (ces biens sujets ou assujettis à la fiducie pouvant
être une part : part détenue en fiducie ou part fiducialement détenue, ou de
l’argent : actif, capital de la fiducie, fonds de la fiducie, somme en fiducie), le
fiduciaire tient le titre en common law (titre de propriété détenu fiducialement ou
détenu en fiducie), l’administre (administration de la fiducie) et l’exécute
(exécution de la fiducie) comme bon lui semble; il peut en disposer à son gré, sous
réserve des conditions de l’acte de fiducie, des lois pertinentes (par exemple la Loi
sur les fiduciaires) et des obligations imposées par la loi et par l’equity. On dit
qu’il reçoit le bien en fiducie pour signifier qu’il doit le tenir au profit du
bénéficiaire de la fiducie.
Les fiducies peuvent être d’intérêt privé, d’intérêt public ou d’intérêt commercial.
Elles sont constituées à des fins personnelles (fiducie personnelle au sens de la Loi
de l’impôt sur le revenu, fiducie finalitaire privée, fiducie testamentaire, fiducie
alimentaire, fiducie au bénéfice exclusif d’un époux, fiducie au profit du conjoint,
fiducie de famille, fiducie finalitaire non caritative), à des fins publiques (fiducie
caritative, fiducie finalitaire créée en vue de réaliser une fin plutôt qu’au bénéfice
d’un bénéficiaire, fiducie de promotion de la religion, fiducie pour l’avancement
de l’éducation, fiducie de soulagement de la pauvreté, fiducie pour le bénéfice
d’employés) ou à des fins commerciales (fiducie d’assurance, fiducie de vote
corporatif, fiducie sans droit de regard, fiducie de fonds mutuels ou de fonds de
rentes, fiducie de placement (à participation), fiducie de sûreté, fiducie en faveur
des détenteurs de débentures ou d’obligations). Pour un bref aperçu de la néologie
et de la normalisation en matière de fiducies finalitaires, ou à buts dans la
terminologie traditionnelle, voir FINALITAIRE, au point 2).
en fiducie par testament ou fiducie testamentaire (legs en fiducie, léguer des biens
personnels ou réels en fiducie, fiducie entre vifs).
Elle est valide (validité de la fiducie), si elle respecte les règles des trois
certitudes : certitude d’intention ou certitude quant à l’intention, certitude d’objet
ou certitude quant à l’objet, certitude de matière ou certitude quant à la matière, si
le fiduciant et le fiduciaire possèdent la capacité fiduciale requise (capacité de
créer une fiducie), si elle est constituée régulièrement par déclaration, si elle
respecte les règles d’interdiction des dévolutions perpétuelles, de l’inaliénabilité et
de la capitalisation, et si, enfin, elle est conforme aux prescriptions de la loi.
La fiducie a une durée. Il y a extinction ou, terme plus large, fin de la fiducie
lorsqu’il est mis fin à la fiducie, lorsqu’elle prend fin, qu’elle s’éteint, autrement dit
lorsque le but ou la finalité de la fiducie a été réalisé et que le bien tenu en fiducie a
été remis régulièrement ou en bonne et due forme au bénéficiaire.
10) Il est intéressant de remarquer que, du point de vue fiscal, la fiducie participe
d’une fiction puisqu’elle est considérée comme une personne physique au sens de
la Loi de l’impôt sur le revenu. À cause de cet anthropomorphisme, fréquent
phénomène dans le langage du droit, la voilà qui doit produire annuellement une
déclaration de revenu dans laquelle sont effectués les calculs du revenu net, du
revenu imposable et de l’impôt à payer. La Loi prévoit qu’elle est présumée être un
particulier (la fiction donnant lieu à une présomption), bien que plusieurs
déductions et crédits d’impôt ne lui soient pas accordés. Présomption de fiducie.
Fiducie réputée. Guide et déclaration de revenus des fiducies.
1620
11) La fiducie peut être simple ou nue (le fiduciant n’ayant pour seul devoir de
remettre au bénéficiaire le bien qu’il détient pour son compte) ou elle peut être
complexe. Dans la fiducie discrétionnaire, que l’on oppose à la fiducie impérative,
le fiduciant accorde au fiduciaire un large pouvoir d’appréciation concernant la
distribution du revenu de la fiducie et même le choix des bénéficiaires. Elle peut
être à titre gratuit (le fiduciant ne recevant pas de contrepartie), active (le fiduciant
demandant au fiduciaire de prendre certaines mesures concrètes dans l’exécution
de la fiducie concernant la vente du bien et la distribution du produit de cette
vente) par opposition à passive, ou de covenant (encore appelée fiducie sur les
droits créés par un engagement) et de droit. Enfin, elle peut être parfaite ou
imparfaite, réputée ou par présomption, protectrice ou réparatoire, orale ou
littérale, fixe ou mouvante, virtuelle ou éventuelle. Pour avoir un aperçu complet
de la riche diversité terminologique de la matière et, après ce survol de la
phraséologie de la fiducie, trouver des explications complémentaires sur les
catégories et les espèces de fiducies, sur les apports continuels de la néologie en la
matière (confidentiaire, constructoire, résultoire), se reporter à JURITERM, la
banque terminologique de la common law la plus actuelle sur le sujet.
ö BAILLEMENT.
ö CONTRAT.
ö DÉPÔT.
ö DISPOSANT.
ö EQUITY.
ö FICTION.
ö FINALITAIRE.
ö MANDAT.
ö NU.
ö TESTAMENT.
FILIATION.
3) Dans ces mises en situation judiciaire, la filiation doit être établie : elle se
prouve par reconnaissance volontaire ou par jugement déclaratif du tribunal saisi
ou par la loi. Existence (conditions d’existence) d’un lien (régulier, irrégulier) de
filiation. Filiation légalement, juridiquement établie. Moyens de preuve des faits
de la filiation. Preuve du lien de filiation. Prouver juridiquement la filiation. Effets
de la filiation. Constater, prononcer une filiation. Fausse, véritable filiation.
Inopposabilité de la filiation.
L’ensemble des éléments de la filiation qui identifient un individu est son état
civil. Par ailleurs, la filiation est un des éléments constitutifs de l’état des
personnes, soit le corps des règles qui définissent la personnalité juridique d’une
personne physique par rapport à sa famille et à autrui.
ö DEGRÉ.
ö ÉTAT.
ö LIGNE.
1623
FINALITAIRE.
Le mot est loin d’être répandu dans l’usage actuel. Statut finalitaire (le statut de
compétence attendu du monde dans la terminologie de la métascience ergon en
métaphysique moderne), marketing finalitaire (replacé dans son cadre stratégique,
autour de la finalité de l’entreprise), agencement finalitaire. « Dans une
encyclopédie, le détail que l’on risque de perdre est pour ainsi dire compensé par
un agencement finalitaire de tous les apports singuliers » (= axé sur la finalité de
l’ouvrage).
La finalité ou les buts de la fiducie finalitaire sont divers selon qu’elle est d’intérêt
privé (planification fiscale ou successorale, secours apporté à des personnes
mineures, à des personnes âgées, à des incapables, réalisation de gains au moyen
de placements, financement de projets) ou d’intérêt public (avancement de
l’éducation, de la religion, soulagement de la pauvreté, progrès sportif, politique,
social ou communautaire).
1624
ö CARITATIF.
ö FIDUCIE.
FISC. FISCALITÉ.
1) Le mot fisc vient du latin fiscus. La graphie moderne fisc apparaît à partir du
XV siècle. Depuis le XVIIe siècle, ce mot désigne l’ensemble des administrations
e
Dans son sens général, le fisc, c’est l’État considéré comme l’autorité habilitée à
prélever les impôts des contribuables. Fisc fédéral, provincial, territorial. Fisc
canadien, fisc américain, fisc anglais. « À mon avis, il y a matière à distinction du
fait que le fisc anglais est investi de certains pouvoirs de large portée que Revenu
Canada ne possède pas. »
Dans un sens plus particulier, on entend par fisc l’ensemble des administrations
dont la fonction consiste à établir l’assiette fiscale et à recouvrer les impôts.
Déclarer un revenu au fisc. « L’entière confidentialité protégeant les cotisations et
les négociations entre les contribuables et le fisc est essentielle au bon
fonctionnement du régime. » En ce sens, l’actant qui entre en rapport avec le fisc
est le contribuable (et non le [payeur de taxes], calque de l’anglais "taxpayer").
« Que l’approche téléologique favorise le contribuable ou le fisc dépendra
uniquement de la disposition législative en cause et non de l’existence de
présomptions préétablies. » « La jurisprudence actuelle reconnaît que le fisc
assume envers l’ensemble des contribuables l’obligation légale de les traiter avec
équité. »
Fisc a produit plusieurs dérivés, dont fiscal et fiscalité, de même que fiscalement,
fiscalisation, fiscaliser et fiscaliste.
Lato sensu, c’est la façon d’exiger les impôts. Par métonymie, on dit que la
fiscalité est la tendance à étendre, à augmenter les impôts. Fiscalité directe,
fiscalité indirecte. Fiscalité latente (les opérations qui auront éventuellement une
incidence sur le résultat fiscal), fiscalité personnelle (celle qui relève de la fiscalité
du particulier par opposition à la fiscalité des entreprises). Fiscalité propre,
fiscalité transférée et fiscalité privilégiée. Utiliser la fiscalité pour réduire sa dette
fiscale. Refonte, réforme, restructuration de la fiscalité. Révision de la fiscalité.
Allégement, poids de la fiscalité (au sens de la charge fiscale, du fardeau fiscal).
Baisse, réduction de la fiscalité. Fiscalité agricole, fiscalité économique, fiscalité
foncière, fiscalité immobilière, fiscalité locale, fiscalité internationale.
ö BACCALAURÉAT.
ö FISCAL.
ö IMPÔT.
FISCAL, ALE.
1) Est qualifié de fiscal tout ce qui se rapporte au fisc ou à la fiscalité (voir ces
mots). Ainsi en est-il du droit fiscal, du droit pénal fiscal, des droits fiscaux, du
juge fiscal, de la compétence fiscale, du contentieux fiscal, des lois fiscales, du
régime ou du système fiscal, de l’assiette fiscale, de la politique fiscale, de la
réforme fiscale, de l’équité fiscale, des dégrèvements fiscaux, du prélèvement
fiscal, de la charge fiscale des contribuables ou des entreprises, de la dette fiscale,
de la pression fiscale, de l’évasion fiscale (voir ÉVASION), de l’évitement fiscal, de
l’infraction fiscale, des pénalités fiscales ou des amendes fiscales qu’infligent les
autorités fiscales ou l’Administration fiscale.
1626
2) L’homonyme anglais “fiscal” n’a son sosie français comme équivalent que
lorsqu’il qualifie ce qui a trait au fisc, autrement il se rend différemment selon le
sens, notamment par financier (l’agent financier : “fiscal agent”, les comptes
financiers de l’État : “fiscal accounts”, les mesures financières : “fiscal actions”, le
déficit financier : “fiscal deficit”, les prévisions financières : “fiscal forecast”, le
plan financier : “fiscal plan”, la responsabilité financière : “fiscal responsability”
ou l’année financière, l’exercice (financier) : “fiscal year”, ou par budgétaire (le
comptable budgétaire : “fiscal accountant”, les initiatives budgétaires : “fiscal
actions”, l’austérité budgétaire : “fiscal austerity”, l’équilibre budgétaire : “fiscal
balance”. Voir aussi politique douanière : “fiscal policy”, administration des
finances publiques : “fiscal administration”, détérioration des finances publiques :
“fiscal deterioration”, le mois, le trimestre d’exercice : “fiscal month”, “fiscal
quarter”, et la clôture de l’exercice : “end of fiscal year”.
ö ÉVASION.
ö FISC.
ö IMPÔT.
FONCIER, IÈRE.
L’adjectif foncier est issu du latin fundus ou fonds de terre, qui a donné en ancien
français fons, dont le mot fonds est devenu une variante graphique et a permis de
créer tréfonds (le soussol) au 13e siècle, foncier au 14e siècle et bien-fonds au
18e siècle.
2) L’adjectif foncier qualifie au premier chef une des divisions du droit des
biens appelée le droit foncier. Par ellipse, on dit aussi, simplement, le foncier. Il
convient de signaler sa variante graphique très répandue, le Foncier (avec la
majuscule). « Le droit de la terre, les droits sur les terres, ensemble, constituent le
Foncier. » Le droit foncier s’intéresse au rapport qu’entretient la personne avec la
terre, au droit de la terre, ce mot étant entendu au sens du fonds et du bien-fonds. Il
réunit l’intégralité actuelle des règles qui régissent les terres : le droit de la terre ou
des terres et les droits sur les terres, et se divise en droit foncier rural (Loi fédérale
sur le droit foncier rural de la Confédération suisse) et droit foncier urbain.
« Juridiquement, le foncier émerge du statut du fonds (terre ou fonds de terre),
immeuble par nature, qui ne circule pas. Ainsi, le sol et sa fixité sont les attributs
fondamentaux du foncier. »
Le terme droit foncier est polysémique : il s’entend aussi du droit que possède sur
sa terre le propriétaire foncier.
Syntagmes
Achat foncier.
Aménagement foncier.
Arpentage foncier.
Bien foncier.
Bilan foncier.
Bornage foncier.
Cadastre foncier.
Champ foncier.
Conflit foncier.
Contrat foncier.
Crédit foncier.
Détenteur foncier.
Développement foncier.
Domaine foncier.
Financement foncier.
1628
Impôt foncier.
Indicateur foncier.
Litige foncier.
Livre foncier.
Marché foncier.
Monopole foncier.
Observatoire foncier.
Parcellaire foncier.
Prêt foncier.
Régime foncier.
Revenu foncier.
Système foncier.
Titre foncier.
Affectation foncière.
Aliénation foncière.
Appropriation foncière.
Autorité foncière.
Chose foncière.
Codification foncière.
Concession foncière.
Conditionnalité foncière.
Décentralisation foncière.
Écologie foncière.
Gestion foncière.
Immatriculation foncière.
Insécurité foncière.
Logique foncière.
Maîtrise foncière.
Politique foncière.
Pratique foncière.
Pression foncière.
Redevance foncière.
Réforme foncière.
Rente foncière.
Réserve foncière.
1629
Saturation foncière.
Sécurisation foncière.
Spéculation foncière.
Stratégie foncière.
Transaction foncière.
Transition foncière.
ö BIEN-FONDS.
FOND. FORME.
Le juge statue à la fois sur les faits et sur le fond du litige, c’est-à-dire sur le droit
invoqué, sur la prétention elle-même (d’où le sens de l’expression juridique au
fond). On dit qu’il statue au principal quand il décide les questions qui doivent être
tranchées avant les questions subsidiaires, lesquelles sont annoncées dans les
jugements canadiens par la formule À titre subsidiaire ou Subsidiairement (et non
[Dans l’alternative]) en cas de rejet de la demande principale.
5) Le fond d’un cas, d’une question, d’une instance est assimilé à son mérite,
c’est-à-dire à la substance, à l’essentiel du cas, de la question, de l’instance, par
opposition à la forme. Demande jugée au fond, au mérite. Discuter une question au
fond, c’est examiner le bon ou le mauvais qu’elle comporte, en apprécier tout le
mérite.
ö BIEN-FONDS.
ö CONNAÎTRE.
ö FOR.
ö MÉRITE.
ö PRINCIPAL.
ö SOUVERAIN.
FOR.
Le latinisme for est une forme abrégée de forum, au sens de tribunal. Puisqu’il a
été francisé dès l’époque du vieux français, on l’écrira en caractère romain. Un for,
des fors. Remarquer que ce mot ne comporte pas de t final.
Pour désigner le tribunal devant lequel le litige est porté à partir de la saisine
jusqu’au dessaisissement, on dit le for saisi (du litige) au lieu de recourir à des
périphrases : le tribunal devant lequel l’affaire est pendante, est jugée, est
instruite, le tribunal chargé de l’affaire.
« Dans le cas où le défendeur réside dans un autre ressort où la loi interne permet
la pleine indemnisation en matière délictuelle, l’application de la loi du for ne
porte ni préjudice au défendeur ni atteinte aux intérêts du ressort où l’accident est
survenu. » « La loi du for doit s’appliquer quand c’est elle qui a le lien le plus
important avec les parties. » D’où une série de principes fondés sur la loi du for,
par exemple le principe de soumission de la procédure à la loi du for selon lequel,
s’agissant du déroulement du litige, une juridiction interne applique ses propres
règles de procédure et elles seules.
Le tribunal statue lege fori s’il applique la loi de l’État auquel il appartient pour
résoudre un conflit de lois ou un conflit de juridictions. Lorsque la règle de conflit
du for désigne un droit étranger, le tribunal saisi tient compte des règles de conflit
de ce droit étranger. Ainsi, la loi nationale peut déterminer que la loi d’un autre
pays est compétente dans telle ou telle matière; dans ce cas, c’est cette dernière loi
qui sera appliquée. La Convention de Genève portant loi uniforme sur la lettre de
change et le billet à ordre du 7 juin 1930 a établi ce principe.
3) L’État du for, c’est l’État dont les tribunaux sont saisis. Application
extraterritoriale des lois de l’État du for ("forum state"). Intérêts de l’État du for.
Le for contractuel désigne le tribunal dans le ressort duquel un contrat de portée
internationale a été conclu. C’est le tribunal de l’État contractant. Le for désigné,
c’est le tribunal compétent désigné par les parties pour régler tout différend
1633
survenu entre elles. Il est ainsi désigné dans une clause d’élection du for. Droit
commun du for saisi. Juge du for. Compétence du for. For étranger.
6) C’est une impropriété de langage ou, à tout le moins, une extension de sens
non reçue que d’employer le mot for en parlant d’un tribunal hors le domaine
particulier du droit international, qu’il soit privé ou public. En droit interne, on ne
parle pas du [for] à propos d’un tribunal judiciaire.
ö FORUM.
FORENSIQUE.
Venu du latin forum signifiant place publique, lieu du jugement dans l’Antiquité
romaine, forensique est repris de l’allemand, de l’italien, mais surtout de l’anglais
(“forensic”) avec le sens de qui appartient à la cour de justice, qui relève du
domaine de la justice. Il qualifie les sciences qui s’inspirent de l’ensemble des
principes scientifiques et des méthodes techniques appliquées à l’investigation
1634
Il ne faut pas confondre le terrain d’élection des sciences forensiques avec celui de
la criminologie. Tandis que les premières et les spécialistes de la médecine légale
épaulent, en laboratoire, les services policiers à l’œuvre sur les lieux du crime, la
seconde, avec ses équipes de criminologues, étudie le comportement déviant ou
antisocial du criminel. « Si les sciences forensiques sont expérimentales, proches
de la chimie et de la biologie, la criminologie relève des sciences sociales, de la
psychologie et de la sociologie. »
2) Forensique n’est entré dans la langue française que sous cette seule
acception. Dans tous les autres cas où l’adjectif anglais “forensic” qualifie un
substantif qui se rapporte de près ou de loin à la criminalistique ou à la
criminologie, il faut traduire par judiciaire, légal ou médico(-) légal, notamment,
selon les contextes. Analyse, laboratoire, entrevue, expertise, preuve, psychologie,
vérification non pas [forensique], mais judiciaire. Hématologie, médecine,
obstétrique, odontostomatologie légale. Balistique, biologie, chimie, expert,
expertise, preuve médico(-) légale.
expertises pathologiques sur les lieux de crimes, exhume des cadavres et examine
des ossements.
ö CORONER.
ö CRIME.
ö CRIMINALISTIQUE.
ö CRIMINOLOGIE.
ö FORUM.
ö INVESTIGATION.
ö JUDICIAIRE.
ö LÉGAL.
ö LÉGISTE.
FORFAIRE.
au pluriel. Forfaire à ses devoirs, à ses obligations. « Dans cet arrêt, le juge a tout
simplement forfait aux règles du bon sens. »
ö FORFAIT.
ö FORFAITURE.
Le prix forfaitaire d’un marché, d’un contrat comprend l’ensemble des prestations
commandées et des travaux à exécuter. Son montant global est invariable pour la
durée stipulée. La somme forfaitaire ou globale est ainsi qualifiée pour trois
raisons : elle est fixée par avance, elle est invariable et elle comprend l’ensemble
des objets qu’elle vise.
ö CRIME.
ö FORFAIRE.
FORFAITURE.
L’article 166 de l’ancien Code pénal de France disposait : « Tout crime commis
par un fonctionnaire public dans l’exercice de ses fonctions est une forfaiture. »
Constituer les fonctionnaires en forfaiture. Le nouveau Code pénal n’a pas repris
ce terme.
1639
ö CONCUSSION.
ö CONFISCATION.
ö CORRUPTION.
ö DÉCHÉANCE.
ö DÉTOURNEMENT.
ö EXACTION.
ö EXTORSION.
ö FORFAIT.
ö MALVERSATION.
ö TRAFIC.
FORUM.
Puisque forum n’est pas francisé comme terme juridique, il se met en italique ou
entre guillemets, selon que le texte est imprimé ou manuscrit. Si le texte est en
italique, forum est en caractère romain.
Il faut éviter, par le jeu de la double contagion du latin d’abord, puis de l’anglais,
qui a anglicisé le latinisme, de parler du [forum] en français pour désigner un
tribunal ou, dans un sens extensif, toute procédure préalable au procès, telle
l’enquête préliminaire, ou tout lieu ou endroit propice à l’audition d’une affaire.
« De par sa fonction et sa structure, l’enquête préliminaire est un [forum]
approprié (= une procédure appropriée) pour prononcer l’exclusion de
déclarations obtenues en violation de la Charte. » « L’audience de libération ne
constituerait pas un lieu propice ("proper forum") pour mener l’examen détaillé
que nécessite pareille détermination. » « La partie demanderesse peut-elle
introduire sa demande devant le [forum] (= le tribunal) qu’elle estime le plus
1640
Cette expression évoque la faculté qui est ouverte au tribunal saisi de décliner sa
compétence; c’est la décision par laquelle le juge du for estime opportun de
déclarer recevable une cause qui lui est soumise. Au contraire, dans le cas du
principe de common law (d’origine écossaise) appelé principe du forum non
conveniens (on trouve aussi principe relatif au forum conveniens), le juge du for
décide qu’il est opportun de déclarer irrecevable une cause qui lui est soumise, un
autre for lui paraissant plus approprié pour juger la cause. Allégation de forum non
conveniens. Favoriser le forum conveniens aux dépens du forum non conveniens.
Question concernant le forum conveniens.
La loi donne dans certains cas le choix au demandeur du tribunal devant lequel il
peut présenter sa demande. Celui-ci préférera naturellement s’adresser au tribunal
le plus accessible pour lui et pour ses témoins ou encore le tribunal qui, selon lui,
lui sera le plus favorable.
Le principe (que certains nomment la théorie, mais il ne faut pas dire la [doctrine])
du forum conveniens trouve des applications dans plusieurs domaines du droit,
notamment dans le droit de la famille, le droit pénal, le droit commercial, le droit
maritime, le droit des contrats et le droit des biens.
1641
la Cour fédérale. »
Le forum originis est le tribunal de l’État dans lequel une personne est née, où elle
a son domicile de naissance, et le forum domicilii, notion apparentée, est le tribunal
du domicile du défendeur.
On dit forum rei pour désigner le tribunal du lieu où réside le défendeur, lequel a le
privilège de faire juger une affaire dans laquelle il a à se défendre sans avoir à se
déplacer et le forum res ou forum res sitae ou rei sitae pour désigner le tribunal du
lieu où se trouve la chose ou l’objet du litige. « La règle de compétence du forum
res ne vaut en principe que pour les biens immobiliers. »
Le forum arresti est le tribunal du lieu de la saisie des objets litigieux et le forum
contractus, en matière commerciale et contractuelle, est le tribunal du lieu de la
formation et de la conclusion du contrat. Voir aussi le forum hereditatis en matière
successorale.
6) Le terme anglais forum shopping, que les juristes européens préfèrent aux
formes françaises reconnues au Canada de sondage des tribunaux, de recherche du
tribunal favorable, évoque un type de fraude non pas à la loi, mais au jugement.
Cette pratique du forum shopping (éviter en ce sens le québécisme [magasinage])
est une manœuvre, un procédé de recherche, par des plaideurs, du for le plus
favorable à leur cause en vue de se soustraire à l’application de la loi nationale qui
leur est normalement applicable en portant leur litige devant une juridiction
étrangère. Donner lieu au forum shopping, à la recherche d’un tribunal favorable.
« La demanderesse était à la recherche d’un tribunal favorable lorsque la saisie a
été pratiquée. » Quête du lieu le plus avantageux. Exemple cité par un manuel de
droit, celui de deux Chiliens qui, pour échapper à l’application de leur loi
nationale, vont porter leur divorce au Mexique ou dans l’État du Nevada. « Le
forum shopping se caractérise par une manipulation des critères de compétence
juridictionnelle. » « Le forum shopping réalise une fraude au jugement qu’aurait
prononcé le tribunal normalement compétent. » « Le forum shopping utilise la
diversité des fors, et donc des systèmes de droit international privé. » Se prêter au
forum shopping. Recourir au forum shopping. Moyens de défense contre le forum
shopping.
ö FOR.
FRANCO. RENDU.
1) Dans les relations internes, par opposition aux ventes internationales, des
formules d’usage – avec leurs variantes selon les contextes économiques
concernés – permettent aux parties à une convention de transport de biens ou de
marchandises de désigner le moment de survenance du transfert des risques de
perte ou d’avarie.
Les parties peuvent choisir de conclure une vente au départ ou une vente à
l’arrivée. En choisissant de conclure une vente au départ, elles font supporter à
l’acheteur les risques liés aux opérations du transport; dans le cas de la vente à
l’arrivée, c’est le vendeur qui devra prendre à sa charge ces risques.
1646
C Franco-usine : à la livraison
C Franco-départ : à la sortie des entrepôts du vendeur
C Franco-gare de départ : à l’arrivée sur le quai du chargement
C Franco-wagon ou wagon-départ : au chargement d’un wagon complet
C Franco-zone de destination : à l’arrivée à la gare de déchargement
C Franco-rendu gare de destination : au déchargement du wagon complet
C Franco-domicile ou franco-rendu à votre porte : après déchargement dans
les entrepôts de l’acheteur
Voici quelques exemples d’Incoterms formés à l’aide des mots franco ou rendu :
ö CIF.
ö CLAUSE.
ö INCOTERM.
ö VENTE.
Par anthropomorphisme, des auteurs ont distingué deux variétés de fraude suivant
que le fraudeur agit directement pour frauder autrui ou la loi ou procède par voie
indirecte. La fraude dite nue est celle dans laquelle le fraudeur emprunte sans
détours la voie habituelle du procédé ouvert, non déguisé, qui permet de tourner la
loi à son avantage (cas, par exemple, de l’évitement fiscal), tandis que la fraude est
vêtue quand il emprunte un acte pour en réaliser un autre qui, lui, est prohibé,
détournant le second de sa finalité ou encore se sert de quelque autre déguisement
ou dissimulation pour parvenir à sa fin (cas, par exemple, de l’acte à titre gratuit
transformé en acte à titre onéreux, du mariage simulé pour obtenir un changement
de nationalité).
6) Tout acte frauduleux, encore appelé acte entaché de fraude ou acte empli
d’une fraude, peut être annulé dans le cadre d’une action en nullité, ce qu’exprime
l’adage latin inspiré par la morale chrétienne Fraus omnia corrumpit : la fraude
corrompt tout.
loi se limite à ne pas retenir la loi devenue compétente par l’effet de la fraude au
profit de la loi qui serait normalement applicable.
ö DISSIMULATION.
ö DOL.
ö ÉLUDER.
ö IMPÉRATIF.
ö PROHIBITION.
ö SIMULATION.
FRUCTIFIER.
1) Au sens que lui donne le droit des biens, le verbe fructifier désigne l’action
de faire produire, à propos d’un bien ou d’une chose, un bénéfice, des fruits. Pris
en cette acception, il s’emploie, à la forme infinitive, presque exclusivement dans
la locution verbale faire fructifier. On trouve aussi laisser fructifier. Le souci de la
rentabilité est entendu dans l’action consistant à faire fructifier un bien. S’agissant
de biens confiés, l’administrateur a toute latitude pour faire fructifier le patrimoine
de l’administré. L’administrateur chargé de la pleine administration est tenu, à
l’égard du bien, de le conserver et de le faire fructifier. Faire fructifier un
patrimoine par des placements sûrs. « Comme le tuteur du mineur, le curateur
public est chargé de conserver le patrimoine du majeur et de le faire fructifier,
mais uniquement par des placements sûrs. »
Le créancier peut faire fructifier aussi bien le capital qu’il prête en recevant des
intérêts sur la somme que les intérêts eux-mêmes. Au regard de la common law, le
premier devoir du fiduciaire est de préserver les biens en fiducie. Les détenant pour
le compte des bénéficiaires, il s’occupe de ces biens pour leur compte. Il est tenu
de les conserver, de préserver leur valeur et d’en augmenter les bénéfices en les
faisant fructifier. Tout placement visant à les faire fructifier doit être autorisé par
l’acte constitutif de fiducie ou par la loi. Faire fructifier une somme, l’argent
investi, une entreprise, une épargne.
1651
ö FRUCTUS.
ö FRUGIFÈRE.
ö FRUIT.
FRUCTUS.
Le mot latin fructus (ou jus fruendi, son synonyme) désigne dans le droit des biens
en régime civiliste les fruits d’un bien. Il renvoie généralement à la possibilité
d’utiliser, de consommer les fruits, à l’attribut d’un droit, plus précisément à l’un
des attributs, à l’une des composantes du droit de propriété de l’usufruitier sur une
chose, le droit d’en percevoir les fruits, les revenus, sous forme, par exemple, de
loyers. Le fructus désigne la jouissance du bien. Par le fructus, le propriétaire a le
pouvoir de s’approprier les fruits de la chose, par l’usus, celui d’en user, et par
l’abusus, celui de l’aliéner. La combinaison du fructus et de l’usus forme
l’usufruit.
Le latinisme fructus sert à former des adages latins, dont les suivants : Fructus
augent haeriditatem, c’est-à-dire les fruits augmentent l’hérédité, ils accroissent à
la succession; Fructus est quid ex re nasci et renasci solet, le fruit est ce qui a
l’habitude de naître et de renaître d’une chose; Non sunt fructus nisi impensis
deductis, il n’y a pas de fruits, à moins que les dépenses ne soient déduites. Fructus
entre également dans l’expression fructus ventris pour désigner, au sens concret et
par assimilation, l’enfant à naître, l’enfant considéré comme le fruit, le produit de
sa mère. L’enfant est le fructus, le fruit d’une union, d’un mariage.
ö FRUIT.
ö JOUISSANCE.
1652
ö USUFRUIT.
ö USUFRUITIER.
ö USUS.
FRUGIFÈRE.
1) Dans le droit des biens, l’adjectif frugifère (et non [fructifère]) qualifie tout
ce qui porte ou produit des fruits : un bien, une chose frugifère. Le mot fruits doit
s’entendre ici au sens juridique qu’il a en droit civil, soit le rapport périodique et
régulier d’un bien sous la forme de revenus, d’intérêts, de loyers, de capitaux et du
croît des animaux.
2) Le bien, la chose frugifère rapporte des revenus, des fruits, tels le sol pour
les récoltes, l’argent placé pour les intérêts, l’œuvre qui permet de percevoir une
rémunération. « Le droit de suite est un droit d’essence frugifère qui permet à
l’auteur-artiste de percevoir une rémunération au fur et à mesure des aliénations
successives. » Fonds (de terre) frugifère.
ö CROÎT.
ö FRUIT.
1653
FRUIT.
1) En régime civiliste, les fruits, au sens juridique retenu ici, se distinguent des
produits. Ce sont aussi bien les fruits de la terre que tous les revenus que l’on peut
tirer d’un bien. Le Code civil du Québec associe étroitement les notions de fruits et
de revenus. « Les fruits et revenus sont ce que le bien produit sans que sa
substance soit entamée ou ce qui provient de l’utilisation d’un capital. Ils
comprennent aussi les droits dont l’exercice tend à accroître les fruits et revenus
du bien. » Il distingue les fruits des revenus en précisant que les premiers
regroupent tout ce qui est produit spontanément par le bien, ce qui est produit par
la culture ou l’exploitation d’un fonds, de même que le croît des animaux, les
revenus étant les sommes d’argent que les fruits rapportent. Acquérir les fruits et
revenus, en être comptable, les percevoir, en profiter. « Les fruits et revenus de
bien légué profitent au légataire à compter de l’ouverture de la succession ou du
moment où la disposition produit effet à son égard. » Fruits et revenus remployés,
échus, provenant des droits (de propriété intellectuelle et industrielle).
Au sens du Code civil français, les fruits sont des biens de toutes sortes, que ce soit
de l’argent ou des biens en nature, périodiquement et régulièrement produits par les
choses sans altération ni modification de leur substance; ce sont des revenus tirés
des capitaux (et non du travail). Le Code établit dans une terminologie archaïsante
trois catégories de fruits : a) les fruits naturels sont les produits de la nature, ceux
qui sont, par conséquent, spontanés, qui viennent de la terre, tels les produits des
plantes, des arbres non cultivés, fruits pendant par branches, non encore cueillis,
et fruits tenant par racines, non encore récoltés, et le croît des animaux, b) les
fruits industriels, qui correspondent à tous les fruits qui viennent, par culture ou
exploitation, du labeur humain, tels les produits agricoles, et c) les fruits civils (que
le Code civil du Québec appelle désormais revenus), obtenus dans le cadre d’un
contrat dont le capital est l’objet, tels les loyers des maisons, les intérêts d’un prêt
d’argent ou d’un placement, procurés par des fruits. La notion de fruits et revenus
remplace celle des fruits naturels, industriels et civils. Quand un bien est mis en
valeur, la jouissance des fruits consiste dans le droit de percevoir les fruits qu’il
produit, les revenus (par la récolte), ou d’encaisser des revenus. Le droit de
jouissance comporte celui de conserver ou de consommer les fruits perçus.
1654
S’approprier les fruits, les absorber, en avoir usage, les administrer, les attribuer,
les acquérir, les recueillir, en avoir la jouissance, en être comptable, en rendre
compte, les consommer, en profiter, les prendre, les remployer, les perdre, les
remettre, les restituer, les rendre, les compenser, les imputer, les recevoir, les
payer, les faire siens, les grever, les réclamer, les répartir, les immobiliser, les
devoir. Fruits de la chose. Rembourser la chose perdue avec les fruits et les
intérêts. Prélever des dépenses sur les fruits. Les loyers sur les fruits. Les fruits
accroissent (à qqch.), ils appartiennent (à qqn), ils sont produits (de qqch.). On a
droit aux fruits, on en est propriétaire, possesseur, bénéficiaire, on en est privé.
Sort des fruits. Fruits d’un fonds, d’un immeuble; classification, classe des fruits,
types, sortes, espèces de fruits.
ö CROÎT.
ö JOUISSANCE.
ö USUFRUIT.
ö USUFRUITIER.
ö USUS.
De plus, une preuve est inutile, et donc vaine et frustratoire, si le fait proposé en
preuve n’est pas susceptible de servir de fondement à la demande ou à l’exception
qui fait la matière du litige et ne saurait par conséquent influencer sa solution. La
preuve frustratoire est dénuée de toute pertinence, aussi est-elle inutile à
l’instruction de l’affaire dont le tribunal connaît.
Une instance peut être jugée frustratoire si, après appréciation de la preuve
rapportée, le juge estime qu’elle a été intentée inutilement. La partie à qui sera
causé un préjudice de ce fait aura la faculté de réclamer le versement d’une
indemnité compensatoire. « Le paragraphe 34(1) permettra à l’Office d’ordonner
le versement d’une indemnité pour toute perte ou tout retard résultant d’une
instance jugée frustratoire. »
pas modifier une ordonnance rendue par la Commission, sauf si celle-ci a commis
une erreur de principe dans l’exercice de son pouvoir discrétionnaire ou si elle l’a
exercé d’une façon arbitraire ou vexatoire. » « Dans l’arrêt American Cynamid c.
Ethicon, la Chambre des lords a conclu que, pour satisfaire à ce critère, il suffisait
de convaincre la Cour de l’existence d’une question sérieuse à juger, par
opposition à une réclamation futile ou vexatoire. »
La règle 419 des Règles de la Cour fédérale prévoit qu’une requête en radiation
d’une plaidoirie peut se fonder sur un moyen selon lequel la plaidoirie est
scandaleuse, futile ou vexatoire, elle constitue une déviation d’une plaidoirie
antérieure, elle fait un emploi abusif des procédures de la Cour ou elle peut causer
un préjudice ou gêner ou retarder l’instruction équitable de l’action. « La plainte
était vexatoire en ce qu’elle cherchait à entretenir un conflit de travail qui avait
déjà été résolu. »
ö DILATOIRE.
1658
GÉSINE.
G
La langue courante a supplanté le mot gésine pour le remplacer par le mot
accouchement. On ne dit plus qu’une femme est en gésine; elle est plutôt en train
d’accoucher. Le mot subsiste en droit dans l’expression frais de gésine.
2) Dans l’ancien droit français, étaient appelés frais de gésine les frais qui
étaient employés au soulagement de l’accouchée et aux premiers secours de
l’enfant à naître. C’étaient les honoraires du médecin accoucheur, de la sage-
femme, la note d’hôpital, les médicaments et autres dépenses que la fille-mère
devait supporter et qu’elle était en droit, sous certaines conditions, de réclamer au
père de son enfant pour se faire indemniser des dépenses occasionnées par la
grossesse et l’accouchement. L’action pour frais de gésine trouvait sa source dans
la loi. Recours pour frais de gésine. Le droit aux frais de gésine était propre à la
grossesse, au fruit que la fille-mère portait en elle; il n’était pas considéré comme
le droit aux aliments auxquels pouvait prétendre la mère ou l’enfant. C’était une
assistance que donnaient à l’enfant la mère et ses aides pour le mettre au monde et
lui permettre de vivre. L’action pour frais de gésine avait son fondement dans le
1659
Code civil et se prescrivait par deux ans. Plus tard, le caractère alimentaire de cette
action était reconnu judiciairement.
En France, la Convention nationale votait en 1753 une loi pourvoyant aux frais de
gésine de la mère et à tous ses besoins pendant le temps de son séjour à l’hôpital.
Par un décret-loi du 28 juin 1793, elle institutionnalisait la procédure. Chaque
district allait devoir se doter d’une maison où « la fille enceinte pourra se retirer
secrètement pour faire ses couches », tout en disposant : « il sera pourvu par la
Nation aux frais de gésine et à tous les besoins pendant le temps de son séjour et
[que] le secret sera gardé sur tout ce qui la concerne. » C’était là, a-t-on dit, l’acte
fondateur de l’accouchement dans l’abandon secret, œuvre de la Révolution
française.
La gésine étant l’état d’une femme en couche, on disait payer la gésine, c’est-à-
dire payer les frais de l’accouchement. Accord pour frais de gésine.
1) Les opérations juridiques sont très diverses, mais pour que toutes soient
effectives, il faut que se réalisent des actes juridiques. Dans les nombreuses
espèces d’actes juridiques, on oppose les actes à titre gratuit et les actes à titre
1660
2) En droit, est par conséquent qualifié de gratuit l’acte dont l’auteur qui
l’accomplit ou l’établit sans y être tenu n’exige aucune contrepartie pécuniaire ou
aucune contreprestation particulière; il le fait dans une intention purement libérale.
Ainsi, le titre, peut-on dire, de l’acte à titre gratuit ne dépend pas d’une chose
devant être donnée en retour. Toutes les libéralités relèvent de l’acte à titre gratuit,
lequel vise, dans une intention libérale, à gratifier autrui ou à lui rendre service.
Entre vifs, la libéralité dont il s’agit est une donation, à cause de mort, un legs. La
remise de dettes à titre gracieux est un autre acte à titre gratuit, auquel on peut
ajouter le contrat de bienfaisance. Acte juridique souscrit à titre gratuit;
disposition à titre gratuit ou libéralité (donation, legs). Acquéreur à titre gratuit,
acquisition gratuite (succession).
L’acte à titre onéreux, au contraire, est accompli moyennant soit une contrepartie
qui est de la nature d’une prestation monétaire, soit une prestation pécuniairement
appréciable. Dans l’acte à titre onéreux, il y a une réciprocité d’avantages entre
l’auteur de l’acte et son destinataire qui n’existe pas dans l’acte à titre gratuit.
Lorsque les parties contractantes concluent un contrat à titre onéreux, chacune
s’engage à donner quelque chose à l’autre, chacune promet, à condition de recevoir
son dû. Dans l’acte de vente, l’acheteur promet d’acheter dans la mesure où il
pourra recevoir le bien qu’il paie; de son côté, le vendeur promet de vendre, à
condition de recevoir le prix. Ayant cause à titre onéreux (l’acheteur); acquéreur à
1661
3) L’exposé qui précède s’applique tout aussi bien, en common law, aux actes
gratuits ou à titre gratuit (“gratuitous act”) qu’aux opérations à titre gratuit
(“gratuitous transactions”) établis ou effectuées, selon le cas, sans contrepartie ni
obligation par rapport aux actes et aux opérations à titre onéreux.
On trouve des illustrations des syntagmes pertinents tant parmi leurs occurrences
dans le droit des biens (acquéreur, acquisition à titre gratuit, baillaire, baillant,
baillement à titre gratuit, cession, concession à titre gratuit, dépôt à titre gratuit,
donation à titre gratuit, prêt gratuit, à titre gratuit, transfert et transport à titre
gratuit) que dans le droit des contrats (contrat, contrepartie à titre gratuit, mandat
gratuit, à titre gratuit, promesse à titre gratuit) le droit des fiducies (fiducie à titre
gratuit) et le droit successoral (règlement de succession à titre gratuit).
5) Dans une autre acception, est gratuit ce qui est injustifiable, ce qui se fait ou
s’accomplit de façon injustifiée ou aveugle, par pure malveillance ou méchanceté,
arbitraire ou absurdité, sans scrupules, et qui suppose que la volonté génératrice de
la décision gratuite (et donc injustifiée et arbitraire) n’a elle-même aucun motif
valable pour se décider, comme dans le cas des allégations gratuites et de
l’imputation gratuite. Ainsi en est-il, dans le droit des délits civils et en matière de
négligence en common law, de l’acte gratuit (“wanton act”), de la fausse
manœuvre ou de l’inconduite gratuite (“wanton misconduct”), du comportement
gratuit (“wanton behaviour”) et de la négligence gratuite (“wanton negligence”).
L’auteur de l’acte gratuit ne sera pas exonéré ou déchargé de sa responsabilité
civile à l’égard d’autrui du fait du caractère gratuit de l’acte reproché.
ö CONTREPARTIE.
ö CONTREPRESTATION.
ö DÉPÔT.
ö DONATION.
ö LEGS.
ö LIBÉRALITÉ.
ö MANDAT.
ö PATRIMOINE.
ö VIF.
1663
GRÉ.
1) Appliqué à une personne, ce mot signifie goût, bon plaisir, accord, volonté.
Il peut s’employer seul (le gré de quelqu’un, son bon gré, son mauvais gré : on ne
peut pas, par exemple, exercer le droit de chasse contre le gré des propriétaires du
sol), mais on le rencontre plutôt dans la composition de locutions figées.
De son seul gré signifie par sa seule volonté : par exemple, l’assureur ne peut, en
cours de contrat, modifier de son seul gré la prime stipulée, mais les parties
peuvent de leur seul gré fixer la durée de leur contrat.
4) La locution adjectivale de gré à gré permet de créer des termes qui mettent
en relief le caractère privé et mutuel d’une opération juridique, le fait qu’elle se
réalise à l’amiable, avec l’accord des parties, directement, c’est-à-dire sans qu’il y
ait intervention de tiers. Traiter de gré à gré. Accord, adjudication, transaction de
gré à gré.
Par exemple, une rémunération peut être fixée de gré à gré ou elle peut être
tarifiée. La vente de gré à gré est une opération privée entre l’acheteur et le
vendeur; elle s’oppose à la vente publique dans laquelle quiconque peut se porter
acquéreur.
1664
ö AMIABLE.
ö DISCRÉTION.
ö ENCHEVÊTREMENT.
ö VENTE.
1665
HARCÈLEMENT. HARCELER.
H
HARCELEUR, HARCELEUSE.
2) Dans harceler et ses dérivés, le h est aspiré : on ne dit pas le fait d’[harceler]
quelqu’un, mais de le harceler. Pour la conjugaison, je harcèle, nous harcelons.
L’orthographe ne double pas le l devant une syllabe muette (le e ne prend pas
d’accent en ce cas) par suite des rectifications apportées à l’orthographe moderne.
Nous les harcelons de demandes, Je la harcèle de questions.
Le verbe harceler et ses dérivés intéressent le droit dans leur emploi figuré.
Harceler signifie importuner une personne au point de la tourmenter cruellement,
conduite que prohibent les lois pertinentes.
que l’on trouve dans les codes civils et le code du travail. « Constituent un
harcèlement moral au travail tous les agissements répétés visant à dégrader les
conditions humaines, relationnelles, matérielles de travail d’une ou plusieurs
victimes, de nature à porter atteinte à leurs droits et dignité, pouvant altérer leur
état de santé et compromettre leur avenir professionnel. »
Le harcèlement sexiste vise le sexe de la victime, laquelle est harcelée non pas en
vue d’obtenir des faveurs sexuelles, mais de la diminuer du fait qu’elle est un
homme ouune femme. Cette forme hideuse de harcèlement psychologique et moral
se manifeste le plus souvent lorsqu’elle vise une femme par une agression
systématique antiféministe. « Il s’agit d’un continuum de comportements qui
favorisent un rapport d’abus de pouvoir et une vision sexiste des femmes. »
Sur le lieu de travail, le harcèlement racial revêt diverses formes lui aussi :
remarques désobligeantes, rebuffades, brimades, injures, insultes, voies de fait
même, dommages causés à la propriété de la victime ou aux lieux et objets mis à la
disposition de cette dernière. Il se caractérisera par sa nature violente, subtile,
vexatoire, répétitive, hostile, non désirée et préjudiciable.
6) En général, les lois sur les normes d’emploi disposent que, pour qu’il y ait
harcèlement psychologique au sens où elles l’entendent, quatre facteurs non
exclusifs doivent être pris en compte : une conduite vexatoire (c’est-à-dire
humiliante, offensante ou abusive) doit comporter un élément de répétition ou de
gravité, l’acte doit revêtir un caractère hostile ou non désiré, il doit y avoir atteinte
à la dignité ou à l’intégrité psychologique ou physique (se sentir diminué,
dévalorisé ou dénigré) et le milieu de travail doit s’avérer néfaste (sentiment
d’isolement, de rejet, d’abandon). Caractéristiques du harcèlement. Manifestation
de harcèlement. Situations de harcèlement. Types de harcèlement. Faire cesser le
harcèlement. Prévenir le harcèlement. Se plaindre de harcèlement.
L’acte interdit comprend, outre celui de suivre de façon répétée une personne ou
une de ses connaissances, le fait de communiquer avec elle de façon répétée, même
indirectement, de cerner ou de surveiller sa maison d’habitation ou son lieu de
résidence, de travail ou d’activité professionnelle et de se comporter de façon
menaçante à son endroit ou à l’égard d’un membre de sa famille.
Harcèlement injustifié (d’un témoin au procès, d’un juré, d’un juge, d’un
procureur). Harcèlement judiciaire. Harcèlement personnel, à l’endroit de la
personne. Harcèlement policier, de la police. Harcèlement exercé contre qqn,
auprès de qqn.
HONORAIRE.
1) Honoraire est du genre masculin. Bien que le pluriel soit d’usage pour ce
mot, il faut se garder de condamner – comme on le fait souvent pour certains
termes du vocabulaire juridique – l’emploi du singulier sous le prétexte que les
dictionnaires et les ouvrages de difficultés consacrés à la langue usuelle affirment
péremptoirement que le mot honoraires « ne se dit qu’au pluriel » ou qu’« il ne
peut plus s’employer au singulier ». Le français juridique a des usages qui lui sont
propres et que méconnaît souvent la langue courante.
Cette rétribution de l’avocat conçue comme un « présent » que lui fait un client
reconnaissant est, on le sait très bien, tombée en désuétude. La langue a évolué elle
aussi, mais il convient de préciser qu’aujourd’hui comme hier le singulier et le
pluriel peuvent s’employer dans un même texte en parlant des honoraires.
invitent l’avocat à prendre conscience du prix de revient (...), qui a pour mérite de
rendre compte du travail fourni. Il ne peut, pour autant, suffire à évaluer
l’honoraire dont, le plus souvent, il ne constitue que l’une des données.
L’évaluation de l’honoraire est soumise à d’autres composantes, lesquelles ne
pourront être connues qu’après l’achèvement de la mission. »
L’avocat demande ou exige des honoraires qui doivent être justifiés par les
circonstances en cours. Lorsqu’il établit son état ou son compte (de frais et)
d’honoraires (note d’honoraires se dit dans les professions libérales pour les
services rémunérés à l’acte), il le fait dans le cadre strict d’un mode de fixation
d’honoraires ou (en France) d’un barème indicatif d’honoraires comportant divers
facteurs à considérer. Une jurisprudence canadienne constante établit à huit le
nombre d’éléments dont il doit être tenu compte dans tous les cas. Ce sont a) le
temps et l’effort consacrés à l’affaire, b) la difficulté et l’importance du dossier, c)
la prestation de services habituels ou exigeant une compétence particulière, d) les
honoraires généralement exigés dans le même genre d’affaires par des avocats de
réputation égale dans la même localité et dans des circonstances comparables, e)
dans les matières civiles, les montants et la valeur en cause, dans les matières
criminelles, le danger et le risque courus par le client, f) les résultats et g) les
honoraires prévus aux tarifs officiels ou toute entente pertinente conclue.
1672
L’avocat ne [facture] pas son client, il ne procède pas à une [facturation] des
honoraires, la facture et ses dérivés étant des termes que l’on emploie en matière
commerciale : il faut éviter leur emploi quand on parle de professions libérales.
L’avocat envoie à son client une note d’honoraires, qu’il établit. Il demande des
honoraires pour les services et les prestations qu’il rend. « L’avocat doit supporter
des frais généraux qui constituent une part essentielle (entre 40 à 60 %) de
l’honoraire qu’il facture à ses clients » (= qu’il demande). « Le client a toujours la
possibilité de s’enquérir à l’avance, dès le premier rendez-vous, du montant des
honoraires qui lui seront démandés. »
Ses honoraires sont distincts de ses frais et de ses débours (“disbursement”) (et de
ses déboursés) (“out of pocket expense”). Ce seront des honoraires de consultation,
de conseil, de rédaction d’actes sous seing privé, de représentation, de plaidoirie.
Ils pourront même être contestés en justice, le client ayant légalement le droit dans
certaines provinces canadiennes de faire réviser en justice tout accord fixant
d’avance le montant ou le chiffre des honoraires. Dans certains cas, le client
pourra contester judiciairement le paiement des honoraires et refuser de les payer,
l’avocat ayant manifesté, selon lui, un comportement fautif. De son côté, l’avocat
pourra lui réclamer en justice le paiement de ses honoraires dans le cadre d’une
procédure de recouvrement des frais et honoraires.
Il y aura ventilation ou répartition des honoraires dans le cas où l’avocat agit pour
plusieurs clients. Le partage des honoraires a lieu quand un deuxième avocat vient
l’assister dans son travail.
égaux à celle-ci. En Amérique du Nord, cette pratique est admise sous l’appellation
d’accord d’honoraires conditionnels (“contingency fee agreement”). En France, les
avocats peuvent recevoir des honoraires de résultat en application de l’article 10
de la loi du 31 décembre 1971. L’avocat peut être rémunéré au forfait ou au temps
passé, sur la base d’un taux horaire qui dépend, entre autres, de la complexité de
l’affaire et de la spécialité de l’avocat. Dans les deux cas, il est possible d’ajouter
un honoraire de résultat, calculé en fonction du gain obtenu ou de la rapidité avec
laquelle il l’a été. La loi prohibe la fixation d’honoraires faite en fonction
uniquement du résultat judiciaire. Les honoraires sont fixés d’un commun accord
dans une convention d’honoraires. « Le montant des honoraires est fixé librement
et peut faire l’objet d’un contrat écrit dès le premier entretien : la %convention
d’honoraires&. » Ils pourront être taxés.
ö DÉBOURS.
ö FACTURATION.
ö FRAIS.
ö PAIE.
HYBRIDE. MIXTE.
au Québec et la common law en droit fédéral, que des juristes se sont habitués à
qualifier de bijuridisme. Précisons que le droit québécois est hybride parce qu’il
intègre des éléments de la common law, par exemple en procédure civile et dans le
droit des compagnies. La common law provinciale ou territoriale ne peut être
considérée comme constituant un droit hybride.
2) L’adjectif hybride s’emploie dans le droit des brevets à propos des semences
hybrides (par distinction d’avec les semences génériques) dans l’exploitation
forestière, des variétés hybrides de semences (en croisant des plantes qui se
reproduisent d’elles-mêmes), des plantes hybrides et des voitures hybrides qui
combinent une batterie à un petit moteur à combustion.
3) Est hybride ce qui, dans une classification, occupe une place intermédiaire
entre deux ou plusieurs éléments, ce qui évoque une dualité.
On trouve ainsi, en régime de common law, des intérêts qui présentent le double
caractère de porter sur des biens personnels aussi bien que sur des biens réels, des
actes juridiques qui seront considérés, selon les intérêts des parties concernées,
comme relevant aussi bien de la matière civile que de la matière commerciale, des
conventions qui auront pour objet un usage personnel pour une des parties et un
usage professionnel pour l’autre partie; ces intérêts, ces actes, ces conventions
seront dits mixtes ou hybrides.
De même, en droit pénal canadien, les peines hybrides sont des peines mixtes dans
la mesure où elles comportent deux espèces différentes de sanction, l’une pénale,
l’autre civile : l’emprisonnement et l’amende. Autrement dit, les peines sont
qualifiées d’hybrides ou de mixtes lorsqu’elles sont réparties en deux volets. Par
exemple, le premier pourra être une peine d’incarcération et le second, une peine
d’emprisonnement avec sursis purgée sous surveillance au sein de la collectivité. Il
convient d’ajouter que les tribunaux ont jugé que cette dernière peine est illégale et
qu’elle est incompatible avec l’objet fondamental du régime d’octroi du sursis à
l’emprisonnement. Quoi qu’il en soit, il reste que, linguistiquement, la concurrence
entre les deux adjectifs fait apparaître une synonymie quasi parfaite.
L’exemple le plus probant à cet égard est celui des infractions. En droit pénal
canadien toujours, on dit qu’une infraction est hybride ou mixte (ou encore qu’elle
est à option de procédure) lorsqu’elle peut faire l’objet de poursuites par deux
sortes d’actes de procédure : la mise en accusation et la procédure sommaire.
« L’inculpé est accusé d’une infraction mixte ou hybride. » La décision de recourir
à la mise en accusation ou à la procédure sommaire relève exclusivement du
poursuivant, contrairement aux règles qui gouvernent d’autres régimes issus de la
common law. La conduite avec faculté affaiblie, le manquement aux conditions de
l’ordonnance de probation et certaines infractions sexuelles illustrent le cas des
infractions hybrides ou mixtes.
La procédure qui est qualifiée d’hybride ou de mixte est conçue dans l’optique de
deux démarches distinctes : par exemple, la procédure de révision hybride prévoit
à la fois un appel et une révision judiciaire. Dans le cas d’une personne qui est
accusée suivant une procédure hybride, une dénonciation est déposée, puis le
poursuivant décide de procéder par voie sommaire. Motion hybride, motion mixte.
Appel hybride. Dans le droit français de la famille, on qualifie tout aussi bien de
divorce hybride que de divorce mixte les deux espèces de divorce par
consentement mutuel que constituent le divorce sur demande conjointe et le
divorce sur demande acceptée.
Des documents hybrides ou mixtes sont classés par une partie au procès dans deux
catégories; le demandeur pourra classer un groupe de documents décrits à la fois
comme des communications entre avocats et représentants et des documents
découlant du produit du travail des avocats.
Des actions accomplies pourront, elles aussi, être qualifiées d’hybrides si elles se
fondent sur une dualité d’attributs. « Les actions du procureur général sont
hybrides en ce sens qu’il existe un va-et-vient perpétuel entre ses attributions
juridiques et politiques. »
Des tribunaux exercent des fonctions hybrides quand ils sont classés dans deux
catégories à la fois : ce sont des tribunaux quasi judiciaires et des tribunaux
administratifs. La loi peut permettre de transformer une cour supérieure en un
tribunal hybride au sein duquel se fondent les fonctions supérieures et inférieures.
1678
Mixte évoque l’idée de ce qui vient se joindre à quelque chose pour le constituer.
Dans le cas d’un comité, par exemple, il peut être considéré du point de vue de son
caractère mixte ou de celui de son caractère hybride ou mixte.
Les conseillers municipaux exercent des fonctions hybrides puisque celles-ci sont à
la fois de nature législative et politique; il en va de la sorte des conseillers
juridiques dont les fonctions sont qualifiées d’hybrides ou de mixtes parce qu’ils
fournissent des conseils à leurs clients tout en les représentants en justice, si besoin
est.
En droit du travail, une poursuite judiciaire dans laquelle un syndiqué fait valoir
des demandes contre l’employeur pour violation de la convention collective et
contre le syndicat pour manquement au devoir de représentation équitable
s’appelle action hybride.
garantie plus importante parce que l’assureur jouit d’une plus grande certitude sur
le plan des risques; ils sont moins aléatoires que les contrats dits « sur la base des
événements », ces événements étant plus imprévisibles. « Les tribunaux devraient
prendre soin de ne pas interpréter les contrats « sur la base des réclamations » ou
les contrats hybrides de façon à exclure les réclamations découvertes par l’assuré
au cours de la période d’assurance au motif que la réclamation est entachée d’une
erreur de forme. »
Une situation hybride présente deux éléments qui, quoique opposés, se complètent
étant mis en présence. Tel est le cas du demandeur qui vole en détournant à son
profit de l’argent d’une autorité publique tout en recevant d’elle en tant que
prestataire des sommes auxquelles il n’a pas droit en faisant des déclarations
erronées : la situation hybride naît du fait que le demandeur est à la fois voleur et
prestataire de mauvaise foi.
Enfin, la société commerciale qui possède des installations qui lui permettent
d’être à la fois entreprise de télécommunication et revendeur est une société
hybride. Le commerce qui est moitié bureau de poste et moitié pharmacie est
hybride à cause de la dualité de son caractère, mais on peut le qualifier de mixte si
on le considère du point de vue de sa constitution en deux entreprises de nature
différente. Le titre hybride dans le vocabulaire boursier comporte à la fois des
caractéristiques de titre de créance et de titre de participation. Investissement
hybride. Forme hybride de taxe à la consommation. Instruments hybrides de
capital. Modes hybrides de financement.
ö BIJURIDISME.
HYPOTHÉCAIRE.
Tous deux concluent un contrat, une convention hypothécaire. S’il advient que le
débiteur n’honore pas le paiement de cette créance, le créancier jouit de recours
hypothécaires, que ce soit la prise de possession du bien hypothéqué, par vente aux
enchères ou autrement, la prise en paiement du bien hypothéqué ou l’action
hypothécaire.
Le prêt hypothécaire est celui que consent le créancier hypothécaire, tandis que
l’emprunt hypothécaire est celui que sollicite le débiteur hypothécaire. Il existe
toute une variété de prêts hypothécaires : à quantité de financement élevée, à taux
fixe, à taux flottant, à taux mixte, à taux variable, à taux variable inférieur au taux
1683
La common law considère que cette clause constitue un contrat distinct du contrat
d’assurance. La thèse des contrats distincts est acceptée par les tribunaux relevant
du droit civil. « La clause de garantie hypothécaire est un contrat qui lie
l’assureur et le créancier hypothécaire et qui est distincte du contrat qui lie
l’assureur et l’assuré (le débiteur) dans la même police. Le créancier est, par
conséquent, à l’abri des agissements fautifs de l’assuré-débiteur. »
ö COLLOCATION.
ö CONTRAT.
ö CRÉANCE.
ö HYPOTHÈQUE.
HYPOTHÈSE.
il sera procédé à la répartition des sièges dans les conditions susénoncées. Dans
cette hypothèse, le délai d’exercice du droit de retrait est prolongé de six mois. »
HYPOTHÈQUE. HYPOTHÉQUER.
Ainsi, dans le système civiliste, l’hypothèque est définie comme une sûreté établie
sur un bien immeuble qui permet au créancier hypothécaire qui en est bénéficiaire
de faire vendre l’immeuble qu’a hypothéqué le débiteur sur défaut de ce dernier de
lui remettre le prix de l’opération de prêt et d’être payé sur le prix de vente par
préférence à d’autres créanciers, s’il en est.
À deux autres points de vue, c’est un acte à titre onéreux (non un acte à titre
gratuit) et c’est aussi un acte entre vifs (non un acte à cause de mort).
4) À l’instar des autres codes civils, le Code civil du Québec distingue trois
sortes d’hypothèques découlant de la sûreté : celle qui résulte d’une convention
établie par le créancier hypothécaire et le débiteur hypothécaire, l’hypothèque
conventionnelle ou, en ne considérant que sa forme, l’hypothèque notariée, celle
qui résulte uniquement de la loi, l’hypothèque légale, et celle qui résulte d’un acte
de procédure judiciaire, l’hypothèque judiciaire.
Sous ces trois espèces d’hypothèques viendront se ranger toute une variété
d’hypothèques : hypothèque agricole, commerciale, maritime; hypothèque
1687
Pour être valable, l’hypothèque doit être consentie par le débiteur au moyen d’un
acte solennel ou authentique. Hypothéquer ses biens signifie consentir sur eux des
hypothèques. Biens grevés d’hypothèques, chargés d’hypothèques, alourdis
d’hypothèques.
Par extension, on dit que le créancier hypothécaire prend rang par rapport aux
autres créanciers en cas de pluralité d’hypothèques. Ce n’est pas la date de
naissance ou de constitution de l’hypothèque qui donne son rang au créancier,
mais le jour de l’inscription ou de l’enregistrement de l’hypothèque. « Entre les
créanciers, l’hypothèque, soit légale, soit judiciaire, soit conventionnelle, n’a rang
que du jour de son inscription prise par le créancier à la conservation des
hypothèques, dans la forme et de la manière prescrites par la loi. » Transcription
d’hypothèque. « S’il y a conflit entre une transcription et une inscription
d’hypothèque, la préférence est accordée au titre dont la date est la plus
ancienne. »
9) Les biens qui ne sont plus grevés ou chargés d’hypothèques sont dits libérés
de leurs hypothèques. On appelle purge d’une hypothèque l’opération qui consiste
à libérer un bien de sa charge hypothécaire, à l’en débarrasser. Hypothèque
purgée. Purger une hypothèque, purger un bien d’une hypothèque. Faire
disparaître l’hypothèque. « On appelle purge de l’hypothèque la procédure
faisant disparaître l’hypothèque en payant aux créanciers une somme égale à la
valeur réelle de l’immeuble. » « La purge ne peut porter que sur les hypothèques
inscrites avant la publication de l’acquisition par l’acquéreur. » « Le créancier
hypothécaire peut, à l’échéance de la dette, poursuivre l’expropriation de
l’immeuble hypothéqué à l’encontre du tiers détenteur, à moins que ce dernier ne
préfère payer la dette, purger l’hypothèque ou délaisser l’immeuble. » « Le
plaignant a payé la pénalité de différentiel au moment de purger son hypothèque à
la vente de sa propriété. » Mode de purger les hypothèques. Purge amiable (dans
la pratique notariale).
11) L’hypothèque a un coût, une durée de vie. Elle s’éteint (en droit civil) ou est
rachetée (en common law) lorsque son coût total a été remboursé au créancier.
Extinction, rachat de l’hypothèque.
12) Le bien qui cesse d’être hypothéqué, d’être affecté à une hypothèque, d’être
grevé d’une hypothèque devient déshypothéqué (attention à l’orthographe de ce
mot). Si on peut hypothéquer des biens, des immeubles, des propriétés, des
maisons, on peut, à l’inverse, suspendre leurs hypothèques, les déshypothéquer.
Comme pour son antonyme hypothéquer, déshypothéquer est transitif direct. Les
formes conjuguées de ces verbes, au présent, au futur et au conditionnel, devant
une syllabe muette, s’écrivent avec l’accent grave : il hypothèque, déshypothèque,
il hypothèquera, déshypothèquera, il hypothèquerait, déshypothèquerait.
ö ADMINISTRATION.
ö CONSERVATOIRE.
ö DÉLAISSER.
ö DÉSINTÉRESSER.
ö DISPOSITION.
ö GRATUIT.
ö GRÈVEMENT.
ö HYPOTHÉCAIRE.
ö MORT.
ö ONÉREUX.
ö PRÉROGATIVE.
ö SÛRETÉ.
ö VENTE.
ö VIF.
1690
IDOINE.
I
1) Archaïque dans la langue usuelle, l’adjectif idoine se dit encore, dans la
langue du droit, de ce qui est propre à un usage, de ce qui est destiné spécialement
à une application, à une opération, de ce qui convient parfaitement dans les
circonstances.
Il qualifie aussi bien des personnes que des choses : l’adulte idoine et l’avocat que
le jeune contrevenant, vu l’absence de ses père et mère, a le droit de consulter, les
deux témoins idoines au sens des articles 844 et 851 du Code civil du Bas-Canada,
le poste idoine dans lequel l’administrateur général de la fonction publique peut
garder le fonctionnaire en cas de manque de travail ou de suppression d’une
fonction ou encore la réparation idoine d’une injustice. « Le témoin Paquet est un
témoin idoine parce qu’il est totalement étranger au procès criminel et qu’il était
inconnu tant du coroner que du substitut. » Être idoine à quelque chose. « Est-ce
que la Cour d’appel a confondu la preuve d’un droit constitutionnel avec le
fardeau qu’a le prévenu d’établir le type de réparation idoine à son
redressement ? »
ö AD HOC.
Suivant ce principe, une fois l’instance engagée, ses éléments ne peuvent souffrir
aucun changement. Autrement dit, dans la conception classique de l’immutabilité,
le litige est fixé par la demande introductive d’instance. Les plaideurs ne peuvent
changer, leur qualité doit rester la même tout au long du litige. L’objet précisé dans
la demande doit, lui aussi, rester le même. Immutabilité du procès. « Attendu que,
selon le principe de l’immutabilité du procès, le lien d’instance que fait naître
entre les parties la demande introductive d’instance doit demeurer inchangé dans
ses éléments (parties, qualité des parties, objet, cause) depuis l’acte initial de la
procédure jusqu’au jugement; que, de ce fait, dès lors que l’instance a été
engagée, ses éléments, son cadre ne doivent pas être changés ou modifiés en ce
sens qu’on ne peut substituer un tiers à un plaideur ou changer la qualité de ce
dernier (...) »
données de fait et le droit qui leur est applicable pourront contribuer au phénomène
de l’évolutivité du procès par la survenance de faits nouveaux. C’est en ce sens que
les juristes parlent de la mutabilité des éléments de fait et des éléments de droit.
Il demeure entendu que cette immutabilité n’est pas absolue mais relative. Les
modifications et les abrogations législatives tout comme les revirements et les bris
jurisprudentiels participent du caractère évolutif du droit.
nom ne peut plus être modifié une fois qu’il a été inscrit au registre de l’état civil.
« Le pseudonyme, dès lors qu’il n’est pas intégré à l’état civil, n’est pas
transmissible à la descendance en raison du principe d’immutabilité des noms
patronymiques. » « L’objectif de la loi du 4 mars 2002 est de garantir
l’immutabilité du nom de l’enfant. »
IMPARTIR.
En ce sens, impartir n’a pas de dérivé nominal; l’impartition se dit dans le domaine
de la gestion de l’entreprise. Pour le choix du substantif à employer avec délai
comme complément de nom, voir DÉLAI.
ö DÉLAI.
1697
IMPENSE.
Ce terme s’emploie aussi bien au singulier qu’au pluriel, même s’il est vrai que
plusieurs dictionnaires ne l’enregistrent encore qu’au pluriel et qu’il est plus rare
aujourd’hui dans son usage primitif au singulier.
Le préfixe im- donne à entendre que ce terme se limite à ce qui concerne des biens
immobiliers.
Les impenses ne sont pas autre chose que les dépenses (son synonyme) effectuées
sur un bien immeuble dont on jouit comme possesseur, non comme propriétaire, et
faites à trois égards : soit pour sa conservation, soit pour ajouter à sa valeur, soit
encore pour la satisfaction personnelle et le propre agrément de son possesseur.
Aussi distingue-t-on traditionnellement en droit français dans la qualification des
impenses les catégories jurisprudentielles et doctrinales des impenses nécessaires
(elles assurent la conservation du bien : refaire un toit qui coule), des impenses
utiles (elles permettent, par l’entretien et l’amélioration du bien, d’en accroître la
valeur : construire un mur, une clôture), et des impenses voluptuaires, encore
appelées impenses somptuaires, d’agrément, de pur agrément (elles servent à
embellir le bien, à satisfaire les goûts personnels du possesseur sans augmenter
nécessairement la valeur du bien : changer la couleur d’un carrelage).
« Quiconque doit restituer un bien culturel qu’il avait acquis de bonne foi a droit,
au moment du retour, au versement d’une indemnité établie sur la base du prix
d’achat et des impenses nécessaires et utiles à la protection et à la préservation du
bien culturel. »
Les impenses peuvent être faites, exposées, effectuées, engagées par un détenteur,
un locataire, un gérant, un indivisaire, un grevé, lequel est l’auteur des impenses.
« Le séquestre ne peut faire, relativement au bien sous séquestre, ni impense ni
aucun acte autre que de simple administration, à moins de stipulation contraire ou
d’autorisation du tribunal. » Elles ne pourront pas être [encourues], le verbe
encourir ne se disant jamais pour des sommes d’argent.
ö ENCOURIR.
ö SOMPTUAIRE.
Tandis que le premier terme se dit de ce qui relève d’une obligation absolue, d’un
ordre formel et péremptoire émanant de ce qui fait autorité et appelant soumission
inconditionnelle, le second qualifie ce qui commande de façon pressante et
urgente, ce qui apparaît comme irrésistible et nécessaire.
personne) dont le caractère juridique est obligatoire, mais impérieux, qui se dit
aussi bien d’une chose que d’une personne (un meneur impérieux, un regard
impérieux), comporte un élément psychologique plutôt que juridique.
Dans l’exemple qui suit, les deux adjectifs sont employés correctement.
« L’honneur, la loyauté, l’indépendance et la délicatesse sont pour l’avocat des
devoirs impérieux. C’est là une règle impérative que pose le Règlement Intérieur. »
Mais il se peut que la loi soit source de devoirs impératifs; ils emporteront alors
obligation rigoureuse de ne pas s’en détourner. Adresser des exhortations
impératives (on ne peut pas les ignorer), formuler des exhortations impérieuses
(étant de l’ordre du souhait pressant, on n’est pas tenu pour autant de s’y plier
nécessairement). Critère impératif, circonstance impérieuse. Besoins impérieux,
motifs impérieux d’ordre général. Invoquer des raisons impérieuses ou des
exigences impératives d’intérêt général.
Toutefois, si la notion d’obligation absolue s’estompe pour faire place à une simple
idée de nécessité ou de diligence, alors impératif et impérieux se disent l’un pour
l’autre au sens de ce à quoi on ne peut échapper. Nécessité impérative, impérieuse;
exigence impérative, impérieuse; solution impérieuse, impérative; consigne
impérative, impérieuse; modalité impérative, impérieuse; raison impérative,
impérieuse; circonstance impérative, impérieuse; situation impérieuse, impérative;
question impérieuse, impérative; règle impérieuse, impérative; logique impérieuse,
impérative; condition impérieuse, impérative; considération impérieuse,
impérative.
Par exemple, les lois prévoient généralement un régime d’exceptions; elles sont
soit impératives (exceptions expresses auxquelles on ne peut déroger), soit
discrétionnaires (exceptions applicables au cas par cas, au gré de l’autorité
compétente, auxquelles il est permis de déroger). Les dispositions impératives sont
celles auxquelles nul ne peut se soustraire; ce sont des dispositions contraignantes
rédigées à l’aide du verbe devoir ou à l’indicatif présent – formule impérative – ;
on leur oppose les dispositions potestatives (celles qui, rédigées à l’aide d’une
formule potestative bâtie généralement au moyen du verbe pouvoir ou d’une
1702
« Il est impératif que ces normes soient respectées. » (= il faut absolument). « Il est
impératif que l’accord que nous avons signé soit respecté. » (= il est de rigueur).
« Il est impératif que les dispositions du règlement d’application soient conformes
aux dispositions de la loi. » (= il est de nécessité absolue). « Il est impératif que le
Règlement soit interprété et appliqué conformément à l’objet de la Loi. » (= il
s’impose que). « Il est impératif que toute personne accusée ait la possibilité de se
défendre. » (= il est de règle absolue). « Il est impératif que la communication des
documents ait lieu avant l’audience. » (= il est de toute rigueur).
ö COMMINATOIRE.
1703
IMPLICATION.
L’implication d’une personne dans quelque chose peut évoquer une situation
péjorative : implication dans des activités criminelles liées à la drogue, ou
1704
ö IMPLIQUER.
IMPLIQUER.
L’expression est impliqué à propos d’un véhicule à moteur, qui figurait déjà dans
la Convention de La Haye du 4 mai 1971, est introduite en France par l’édiction de
la loi no 85-677 du 7 juillet 1985 sur l’indemnisation des victimes d’accidents de la
circulation. « Les dispositions du présent chapitre s’appliquent, même lorsqu’elles
sont transportées, en vertu d’un contrat, aux victimes d’un accident de la
circulation dans lequel est impliqué un véhicule terrestre à moteur. »
L’usage du verbe impliquer dans cette acception s’est répandu au Canada sous
cette influence et non à cause de l’influence de l’anglais. Au Nouveau-Brunswick,
la Loi sur les véhicules à moteur comporte de nombreuses occurrences du verbe
impliquer au participe passé. Voir ACCIDENT, au point 3.
2) Ce qui est dit ici à propos du véhicule terrestre à moteur dans le droit des
accidents de la circulation automobile vaut également pour la collision de bateaux
ou de navires en droit maritime. « Constitue un abordage fluvial la collision entre
deux ou plusieurs bateaux de navigation intérieure. Si un navire est impliqué dans
la collision, l’abordage est toujours maritime. »
Le Code criminel du Canada ajoute même les aéronefs; il prévoit que commet une
infraction quiconque omet d’arrêter son véhicule, son bateau ou son aéronef
impliqué dans un accident.
3) Impliquer une personne, c’est la mettre en cause dans une accusation, une
procédure, une poursuite, un procès, soit d’une manière indirecte (en invoquant son
nom, sa participation, en soulevant des soupçons à son égard), soit d’une manière
directe (en l’obligeant à être partie à une affaire, par exemple en tant
qu’intervenante, mise en cause ou partie principale à l’action). La mise en cause est
une procédure incidente qui vise à forcer un tiers à intervenir dans un procès. Être
impliqué dans un procès, dans une procédure. Le sens est péjoratif dans la mesure
où le sujet de l’action participe à l’événement contre son gré.
4) Le verbe impliquer peut aussi avoir pour complément direct une chose : il a
le sens d’entraîner comme conséquence. Une notion en implique une autre, un
énoncé implique une proposition implicite. « Le devoir de loyauté implique un
1706
respect entier des engagements pris ou imposés par la loi, des règles d’honneur et
de probité, et une prise en charge des intérêts de la personne morale. » « L’égalité
réelle implique que des personnes différentes doivent être traitées différemment. »
« Ce principe ouvert à tous peut impliquer des exclusions. » « L’évolution du litige
implique la révélation nouvelle d’un fait susceptible d’éclairer le litige d’un jour
nouveau et inattendu et il implique l’existence d’un élément nouveau né du
jugement ou survenu postérieurement. »
ö ACCIDENT.
ö IMPLICATION.
1707
IMPOSER.
Avec des compléments qui expriment un sens passif du fait que ce qui est subi l’est
par contrainte ou par suite d’une conséquence appliquée par une autorité, l’emploi
de ce verbe paraît impropre, abusif, vieilli. C’est commettre un archaïsme, à tout le
moins, que d’employer le verbe [imposer] en parlant de dépens, de dommages-
intérêts, d’une sentence, d’une peine, d’une sanction, d’une mesure disciplinaire
(tels une suspension, un renvoi), d’une amende, d’une pénalité, de frais, de verdict.
Le tribunal prononce, inflige une peine, une sanction, une amende, une pénalité, il
la détermine, il en décide, il l’applique, il prend une mesure disciplinaire et
condamne le coupable à une peine, à des dommages-intérêts, aux dépens. Ce
dernier pourra être frappé, puni d’une peine, il sera mis à l’amende, soumis à une
sanction, qu’il subira. Le tribunal fera accomplir au délinquant telle ou telle peine,
1708
3) C’est abusivement que l’on dit aussi [imposer] une exclusion, une
inadmissibilité; on la prononce, on la prescrit, on l’ordonne. Au lieu d’[imposer]
une limite de crédit, une redevance, on préférera la fixer. Car imposer, c’est
réclamer, exiger, requérir, aussi est-ce conforme au bon usage et à la logique
d’imposer des charges, un fardeau, des conditions, des obligations, des modalités
ou des restrictions dont on devra s’acquitter, que l’on devra remplir, auxquelles il
y aura lieu de donner suite, selon le cas, tous actes dénotant un caractère actif.
On peut imposer des personnes (les contribuables et non les [payeurs de taxes]) ou
des choses (des revenus, des bénéfices, des frais, des cotisations, des droits (de
douanes), des biens, des immeubles, des propriétés, des produits, des matériaux,
un rendement (du capital), des placements, des investissements, des prestations,
des gains, des profits).
ö IMPOSITION.
ö IMPÔT.
IMPOSITION.
XIIIe siècle, celui d’action d’imposer des contributions au milieu du XVIe siècle et
celui d’assiette de l’impôt au milieu du XVIIIe siècle.
Cette obligation fiscale touche aussi bien les personnes que les choses. Imposition
des contribuables, des particuliers. Imposition à l’importation, à la source.
Imposition ad valorem, directe ou indirecte, extraterritoriale, locale, municipale,
provinciale, fédérale, individuelle, multiple. Imposition arbitraire, discriminatoire,
exclusive, glissante, potentielle, répressive, spéciale.
3) On ne dit plus, comme autrefois, l’[imposition] d’une peine (voir les autres
compléments à l’article IMPOSER), mais son prononcé, son infliction (ce mot n’est
pas vieilli en droit), son application, la condamnation à une peine. Cette
expression attestée dans le Dictionnaire de Godefroy est sortie de l’usage.
ö DÉLAI.
ö IMPOSER.
1710
IMPUTABILITÉ.
Dans un procès, le fond du litige pourra porter sur l’imputabilité de l’infraction par
opposition à la recevabilité de l’action, qui ne relève pas du fond, mais de la
régularité ou de la forme du litige. Imputabilité de l’infraction à une tierce
personne. Absence d’imputabilité. Cadre, structure d’imputabilité. Imputabilité
claire, financière, politique, publique. Imputabilité des pouvoirs publics. Entente
d’imputabilité. Imputabilité certaine, possible, probable.
1711
ö FAUTE.
ö FOND.
ö IMPUTABLE.
ö IMPUTATION.
ö IMPUTER.
ö INFRACTEUR.
ö RESPONSABILISATION.
ö VICTIMISATION.
IMPUTABLE.
1) Imputable se dit d’un acte, d’un fait, d’une faute, d’une infraction, d’une
négligence, d’une mission ou, plus généralement, de tout ce qui peut ou doit être
attribué à quelqu’un. Le sujet ainsi qualifié est toujours un être inanimé : une chose
est imputable à quelqu’un ou à quelque chose. « On ne peut rendre mon client
responsable d’un fait qui ne lui est pas imputable. » Accident, délit, échec, erreur,
faute, négligence, omission imputable à son auteur.
1712
2) Dans le sens d’une valeur, d’une opération budgétaire, d’un calcul, d’une
dépense, est dit imputable sur quelque chose ce qui doit être prélevé sur un
compte, sur un crédit, sur une réserve ou ce que l’on peut déduire de quelque chose
sur quoi on l’a affecté. Somme imputable sur une autre. « Les dépenses
d’équipement sont imputables sur le compte ouvert à cet effet par l’entreprise. »
On en est venu à employer cette construction en matière pénale. « Les six mois de
détention provisoire sont imputables sur la peine d’emprisonnement. » En ce sens,
imputable est synonyme de déductible.
3) Être [imputable] au sens d’être tenu de rendre compte, d’être responsable est
un emploi à proscrire. C’est un anglicisme sémantique (“to be held accountable”).
« Les députés ont reconnu qu’ils devaient être imputables devant les électeurs »
( = qu’ils devaient répondre de leurs actes). Voir l’article IMPUTABILITÉ au
point 2).
ö IMPUTABILITÉ.
ö IMPUTATION.
ö IMPUTER.
IMPUTATION.
méfait, de vol. Imputation de motifs, de visées (au sens d’insinuations, de procès d’intention).
L’imputation peut être fondée ou être dénuée de fondement, sans fondement, mal
fondée, sans preuve, non étayée par la preuve, non motivée. Le plus souvent elle
revêt une connotation négative, se révélant calomnieuse, diffamatoire, fausse,
gratuite, injurieuse, mensongère. Ainsi, on commet une diffamation lorsqu’on
charge une personne d’une imputation qui porte atteinte à son honneur ou à sa
réputation. Soulever (et non [porter] une imputation (directe). Être, faire l’objet
d’imputations. Se défendre contre une imputation, se justifier d’une imputation.
Imputation de l’accusation. Accueillir, rejeter les imputations.
L’imputation est affectée sur qqch., par exemple sur une part d’héritage aussi bien
que sur le capital d’une dette. Imputation d’un chèque sur un compte (on trouve
aussi, mais plus rarement, à un compte).
déterminées dans le cas où la somme par lui versée s’avère insuffisante pour
acquitter l’intégralité des dettes dont il est tenu à son égard. Choix de l’imputation.
Jeu des imputations.
ö IMPUTABILITÉ.
ö IMPUTABLE.
ö IMPUTER.
ö RESPONSABILISATION.
IMPUTER.
Le verbe est transitif direct : imputer un crime, et, pour désigner le sujet ou l’objet
visé par l’imputation, il se construit avec la préposition à. « Le délit a été imputé à
tort à mon client. » « La perte subie par le demandeur doit être imputée à sa
négligence. » « Le député a compris que la ministre lui imputait des motifs. »
Imputer des motifs à qqn, c’est lui faire un procès d’intention, lui prêter des visées.
On dit imputer (et non [charger]) des frais, des coûts, des sommes, des dépenses,
des débours, des virements.
ö IMPUTABILITÉ.
ö IMPUTABLE.
ö IMPUTATION.
INCHOATIF, IVE.
auteurs d’un acte qui conduit à la consommation d’une infraction par suite de
conseils, d’une incitation ou d’une tentative.
Dans le cas d’un meurtre, par exemple, on dira qu’une personne est coupable d’une
infraction inchoative, si, sans l’avoir commis elle-même, sans en être l’auteur
principal, elle a tenté de le commettre ou a incité quelqu’un à le perpétrer ou lui a
donné des conseils en ce sens. Pour cette raison, la responsabilité inchoative est
définie comme une responsabilité pénale secondaire, par opposition à la
responsabilité pénale principale, qu’a engagée l’infracteur.
propriétal. Le projet de contrat, le contrat que toutes les parties intéressées n’ont
pas encore signé ou passé n’est qu’un contrat virtuel (“inchoate contract”), comme
l’est l’instrument ou l’acte instrumentaire virtuel qui n’a pas encore été enregistré.
Le privilège virtuel (“inchoate lien”) est celui qui ne se matérialisera que plus tard.
Le mariage inachevé (“inchoate marriage”) est celui au sujet duquel toutes les
formalités gouvernant sa validité n’ont pas été remplies.
En droit successoral, le décès latent (“inchoate death”) est celui dont on prévoit
qu’il surviendra; dans le droit de l’immigration, la nationalité latente (“inchoate
nationality”) est celle d’un candidat à la nationalisation; en droit criminel, le
soupçon naissant (“inchoate suspicion”) de l’agent de police relève de l’intuition
ou du pressentiment; enfin, en droit international public, le titre provisoire qui
résulte de la découverte d’un territoire et dont la complétude commande
l’occupation effective n’est pas un [inchoatif] mais naissant (“inchoate title”).
ö COMPLICITÉ.
ö VIRTUEL.
de délits, le prévenu excipe d’un droit de propriété ou de tout autre droit réel, le
tribunal saisi de la plainte statuera sur l’incident. »
2) On dit que c’est un incident parce qu’il peut avoir une incidence sur le
procès. Les incidents d’instance influent sur le cours du procès. Les actes de
procédure qui interviennent au cours de l’instance sont des incidents, qu’ils soient
des incidents de procédure ou des incidents de fond, lesquels modifient le fond du
procès et peuvent résulter, par suite d’une demande incidente, en un jugement
incident rendu sur un point accessoire à la demande principale.
3) Au sens large, sont considérés comme constituant des incidents tous les
événements qui, survenus dans le cadre de l’instance, en modifient le cours
ordinaire. Tels sont notamment les exceptions soulevées, la modification d’un acte
de procédure produit par une partie, l’intervention d’un tiers, la récusation
(incident de récusation), la réunion d’actions, la constitution d’un nouvel avocat.
Le plus souvent les incidents portent sur des questions ayant trait à la compétence
du tribunal (incident de compétence), à la récusation du juge, d’un expert, d’un
avocat (incident de récusation), à l’authenticité d’une pièce, d’un document
(incident de faux), d’une écriture, d’une signature liée à un élément de preuve
(incident de vérification d’écriture soulevé dans le cade d’une procédure principale
par opposition à une procédure incidente), à l’administration de la preuve, à la
régularité de la procédure et aux exceptions dilatoires sans toucher au bien-fondé
lui-même de la demande principale. Défendeur à l’incident.
ö DÉCORUM.
ö DILATOIRE.
ö EXCEPTION.
ö FOND.
ö INSTANCE.
1720
1) Incontestable se dit d’un fait, d’un principe, d’une preuve, d’une autorité,
d’un pouvoir dont l’existence ou la validité tombe sous le sens, ne nécessite ni
objection ni discussion, en raison de sa force probante, le fait allégué étant certain,
l’autorité en cause étant indisputable, le principe invoqué étant juridiquement
reconnu, le pouvoir dont s’agit étant légalement conféré. Ne pouvant les contester
ni apporter contre eux quelque argument valable, on les dit incontestables.
Affirmation, avantage, argument, bonne foi, maxime, précepte, preuve, valeur,
vérité incontestable.
Dans le cadre d’une instance, ce qui est incontesté recueille l’assentiment des
parties impliquées. « Il est incontesté que la décision à rendre en l’espèce dépend
de la réponse qui sera donnée à cette question. »
3) La preuve étant jugée incontestable, elle est par le fait même indiscutable,
elle n’a pas à être examinée, débattue, discutée. « Il est indiscutable que cet
élément de preuve ne répond pas aux exigences de la loi. » « Il est indiscutable que
la conduite de l’accusé a provoqué la perpétration d’un crime atroce. » « En
France, la loi du 21 décembre 1957 a rendu indiscutable la possibilité de
poursuivre judiciairement le paiement des honoraires. »
Est indiscuté ce qui n’est pas discuté parce qu’il ne fait l’objet d’aucun doute : le
fait est incontesté, reconnu, notoire. Des droits sont indiscutés quand ils sont
inscrits dans la Constitution, une maxime est indiscutée, comme une règle ou un
principe, parce qu’elle recueille l’assentiment général. « D’après la preuve
1721
ö CONTESTABLE.
ö IRRÉFRAGABLE.
ö PÉREMPTOIRE.
1) Dans son acception courante, indicatif se dit par opposition à exhaustif. Est
indicatif ou à titre indicatif tout ce qui est porté à la connaissance de quelqu’un
pour l’informer, tout ce qui se limite à indiquer sans obliger, à renseigner, à
informer, à conseiller, à guider, à orienter. Une liste est indicative quand elle a
pour seul objet d’énumérer une partie seulement de tous les éléments qu’elle porte
en elle en puissance. Aussi à la liste purement indicative oppose-t-on la liste
exhaustive, qui épuise l’énumération de tous ses éléments constitutifs. S’il s’agit
de donner des exemples de personnes appelées à rendre compte de leur gestion de
la chose d’autrui, on n’en donnera qu’une liste indicative pour faire comprendre,
pour fournir une explication éclairante. « Doivent ainsi des comptes S la liste n’est
qu’indicative S le mandataire, le gérant d’affaires, l’exécuteur testamentaire, le
tuteur, le séquestre et le curateur à succession vacante. » Un texte jugé
inconstitutionnel ou des peines déclarées incompatibles avec la Constitution ne
pourront plus servir aux tribunaux qu’à titre indicatif; ces derniers ne pourront pas
les appliquer dans leur état : « La Cour suprême des États-Unis a déclaré que les
peines minimales d’une durée déterminée prévues dans les lignes directrices
fédérales sur la détermination de la peine étaient inconstitutionnelles et qu’elles
ne devraient être utilisées qu’à titre indicatif. » Proposer à titre indicatif et non
obligatoire. Citer, présenter, signaler, communiquer à titre indicatif seulement.
Exemples fournis à titre indicatif. « Il emploie le mot notamment afin de préciser
que les exemples donnés ne sont énumérés qu’à titre indicatif et qu’ils n’ont pas
pour effet de limiter la portée générale de la phrase introductive. » « La Cour n’a
employé le mot billet qu’à titre indicatif. » Preuve utile à titre indicatif.
Propositions du juge acceptées à titre indicatif et non obligatoire. Souscrire à une
affirmation, à une déclaration, à un énoncé, à un argument à titre indicatif et non
1723
obligatoire.
Si elle comporte le verbe devoir et qu’il est dit qu’une chose doit ou devra être
réalisée, ou si son verbe est à l’indicatif présent exprimant l’idée d’une obligation,
la disposition sera jugée généralement comme portant effet obligatoire. Les verbes
devoir ou falloir, des locutions verbales comme être tenu ou toute formulation de
cette nature placée devant un infinitif expriment une obligation à laquelle nul n’est
censé pouvoir se soustraire, aussi relèveront-ils du caractère de la disposition
impérative.
Mais une difficulté redoutable surgit. Il se peut qu’ainsi formulée le tribunal décide
malgré tout que la disposition est directive, qu’elle emprunte une forme directive,
qu’elle adopte un ton directif, que, compte tenu de l’objet de la loi, elle a valeur
directive, effet directif ou de directive, que son libellé est directif, que sa teneur est
directive.
Selon une jurisprudence constante, la distinction entre ce qui est impératif et ce qui
est directif est, la plupart du temps, fondée sur une question de fin et non de
moyens. « Le respect de cet article est impératif en ce qu’il dispose que le membre
‘doit’ être informé des raisons de sa libération; toutefois, il est directif quand au
respect strict de cette obligation. »
Autrement dit, les verbes devoir, falloir, l’indicatif présent, les tournures
impersonnelles n’expriment pas nécessairement une obligation stricte en rapport
direct avec l’objet de la loi; ils pourront connoter une obligation atténuée qui n’est
pas strictement liée au respect contraignant de l’objet de la loi. Voilà pour la
1725
Est supplétif ce qui vient combler une lacune, ce qui supplée ce qui manque pour
assurer la complétude et la suffisance d’un objet auquel il manque quelque chose
pour permettre de décider. La loi est supplétive quand elle s’applique en l’absence
de volonté contraire. La norme supplétive ne permet de faire jouer son plein effet à
une règle qu’à défaut de norme légale ou réglementaire. Il existe des règles
supplétives non écrites qu’il faut respecter, sauf si elles sont écartées par d’autres
règles expresses. La jurisprudence est supplétive quand elle crée des normes dans
des domaines où la loi reste muette ou n’est pas encore intervenue. Jugement
supplétif. « Un jugement supplétif est la décision que prend un tribunal pour
remplacer un acte authentique, soit que son établissement fût obligatoire et qu’il a
été omis, soit qu’il ait été détruit. »
1) L’adjectif indivis ne se dit pas de ce qui ne peut pas être divisé, de ce qui est
indivisible, mais plutôt de ce qui peut être divisé matériellement. Il s’emploie dans
le droit des biens en matière d’indivision ou de copropriété.
Sont qualifiés d’indivis des biens, des droits, des intérêts, des propriétés, des
patrimoines sur lesquels plusieurs personnes possèdent un intérêt ou un droit et qui
ne sont pas divisés entre elles. Biens, droits, intérêts indivis, masse, propriété
indivise. Les réalités juridiques qui sont indivises sont, par conséquent, communes,
elles participent d’un bien commun. L’antonyme est divis, divise. Biens divis,
partie, propriété divise.
2) En droit successoral, la succession dont le partage n’est pas opéré parmi les
héritiers successibles est dite indivise parce qu’elle demeure non divisée entre eux.
Dans le droit des sociétés la part indivise est la participation d’un associé dans une
société acquise pour chaque tranche de tant de dollars. « L’appelant a acquis sa
part indivise de l’entreprise pour une contrepartie égale à cent mille dollars. » «
Dans une vente obligatoire, le prix d’achat de la part indivise est le prix offert par
le copropriétaire acheteur. »
Dans le droit de la copropriété, la part indivise est celle qu’un propriétaire détient
par rapport aux autres propriétaires avant qu’elle ait été individualisée.
On les appelle aussi des indivisaires parce que ce sont des propriétaires par ou en
indivis. « La convention d’indivision interdit à ses auteurs de demander le partage,
tant qu’elle a effet. Si elle n’a pas été passée par quelques-uns des indivisaires,
elle n’oblige que ceux-ci. » « En l’absence de convention, un seul indivisaire ne
peut imposer aux autres le maintien de l’indivision. » Considérés du point de vue
du groupe qu’ils forment au regard du même bien à partager, ce sont des
coïndivisaires. « Le partage est un acte juridique qui met fin à une indivision en
répartissant les biens entre les coïndivisaires. » « Tous les coïndivisaires ont des
droits concurrentiels sur l’ensemble de la masse indivise. » Il convient de
remarquer que la voyelle i qui suit immédiatement le préfixe co- prend le tréma,
1727
Pour éviter que le sens donné dans ces exemples au verbe posséder employé au
sens propre ne se rattache dans l’esprit à ceux que l’on donne en droit aux
substantifs possession et possesseur (sens distincts de ceux des substantifs
propriété et propriétaire), on ferait bien de privilégier plutôt des emplois qui
mettent en évidence l’idée de propriété plutôt que celle de possession. Aussi
pourrait-on dire que les indivisaires ont la propriété indivise du bien, qu’ils en ont
la propriété indivisément; ils sont dans l’indivision avec leurs coïndivisaires. Dans
le même souci d’éviter toute ambiguïté, il y aurait lieu de dire être propriétaire
d’une maison en indivis plutôt que d’employer la tournure suspecte posséder une
maison en indivis.
ö INDIVISION.
1728
INDIVISION.
Les propriétaires d’un fonds sur lequel s’exerce une même servitude peuvent soit
procéder à un partage, soit rester dans l’indivision. Il y a en ce cas indivision sur
un fonds, chaque indivisaire jouissant de la servitude ou la subissant, le cas
échéant.
biens. On dit que l’indivision s’établit entre eux jusqu’à ce moment. « Une
indivision s’établit lorsque plusieurs personnes, parents ou non, acquièrent en
commun un même bien. Les coacquéreurs sont dans l’indivision relativement à ce
bien. » Sources, objets de l’indivision. Période d’indivision. Organisation, gestion
de l’indivision.
ö HÉRÉDITÉ.
ö INDIVIS.
ö INDIVISAIRE.
ö SERVITUDE.
INDU. RESTITUTION.
Lorsqu’une somme d’argent est versée par l’État ou à l’État en violation du droit
établi (par exemple, l’aide étatique est obtenue, alors que les conditions de l’octroi
ne sont pas remplies ou une taxe est perçue illégalement par l’autorité publique) et
qu’il y a contestation, le tribunal doit se prononcer sur l’existence et l’étendue du
droit à répétition de l’indu en reconnaissant ou non un fondement légitime à ce
droit.
Dans un arrêt ancien qui reflète toujours l’état du droit, le Conseil privé
d’Angleterre a jugé que le bénéficiaire de l’octroi d’une subvention assujettie à
certaines conditions ne les ayant pas remplies devait restituer l’argent reçu, le
versement étant illégal de ce fait. De même, le propriétaire d’un terrain a dû
rembourser une indemnité d’expropriation, ayant omis de donner en location un de
ses terrains, condition posée par le législateur pour l’obtention de l’indemnité.
en trop puisque, dans la plupart des cas, l’Administration procède de son propre
fait au remboursement du trop-perçu ou de l’indu. Le versement en trop,
l’excédent, la prime en trop, le trop-perçu sont des formes d’indu.
Il en est de même pour les droits de douane, en dépit d’une limitation du droit à
répétition qui prévoit que les sommes payées à la suite d’une erreur de droit
(assimilée à une manifestation de volonté) ne sont pas remboursables. Dans les cas
de l’erreur de fait et du paiement réalisé sous la contrainte, le droit à répétition de
l’indu n’est pas contesté.
ö ACCEPTENS.
ö DETTE.
ö FRUIT.
ö ILLICÉITÉ.
ö INDU. (2)
ö PRESTATION.
ö REDEVABLE.
1732
ö RÉPÉTER.
ö RÉPÉTITION.
ö RESCISION.
ö SOLVENS.
INFRACTIONNEL, ELLE.
De même, est dit infractionnel le lieu qui est tenu ou utilisé en vue de la
perpétration d’un acte criminel.
ö GANGSTÉRISME.
INJONCTION.
2) Par leur nature et leur objet, les injonctions sont de deux sortes : elles sont
prohibitives ou négatoires, telles les injonctions restrictives ou les injonctions
préventives, ces dernières étant encore appelées injonctions quia timet, ou elles
sont mandatoires (et non [mandataires]), telles les injonctions conservatoires. Les
secondes commandent l’exécution d’une obligation de faire (respecter une clause,
conserver des éléments d’actif, construire un ouvrage, pratiquer une ouverture dans
un mur mitoyen, le démolir), les premières, d’exécuter une obligation de ne pas
faire (ne pas causer de dégradations, de nuisance, ne pas troubler la paix publique,
1734
ne pas empiéter sur un bien, ne pas contrefaire un brevet, ne pas porter atteinte à un
droit).
Du point de vue de leur durée, elles sont interlocutoires, telles les injonctions
provisoires, ou permanentes, encore appelées injonctions perpétuelles. Injonction
interlocutoire mandatoire, injonction mandatoire permanente. Injonction
intérimaire.
3) Au sens large, non technique, l’injonction n’est plus un recours, mais tout
ordre que donne le juge aux parties à l’instance, à leurs avocats ou à des tiers
intéressés. Par exemple, il peut ordonner en toutes matières la mise en cause d’un
tiers. Sur réception de cet ordre, le tiers doit déférer à l’injonction. De même en
est-il du cas où un avocat, reçoit du juge l’ordre de réécrire un mémoire rédigé à la
hâte et incomplet ou une ordonnance qu’il doit signer. L’avocat est soumis à cette
injonction.
ö DÉFÉRER.
1735
ö INTERLOCUTOIRE.
ö MANDATOIRE.
ö NÉGATOIRE.
ö PLÉONASME.
ö PROHIBITIF.
ö QUIA TIMET.
ö RECOURS.
1) Ces mots illustrent comme bien d’autres deux phénomènes courants dans la
terminologie française de la common law. Premièrement, la survie ou la
renaissance d’un vieux mot – issu du droit ou non – pour désigner une réalité
juridique actuelle : tel est le cas de l’adjectif insinuatif. Deuxièmement, l’entrée
dans le droit d’un terme courant du fait de son utilité dans une branche du droit : le
terme usuel insinuation enrichit le vocabulaire juridique dans le contexte précis du
droit de la diffamation.
Même s’il est employé dans un contexte juridique, le mot insinuation n’appartient
pas pour cette raison au vocabulaire juridique; ce n’est pas un terme technique du
droit. « Les prétentions des appelants sur ce point constituent tout au plus de
simples conjectures fondées sur des insinuations, sur des suppositions ou sur des
descriptions injustes de déclarations et d’événements. » « L’information révélée au
jury constituait tout au plus une insinuation. » « Il n’y a pas la moindre
insinuation que l’un des jurés choisis a effectivement eu des rapports avec
l’accusé, aussi refusons-nous de juger que cette décision ait eu pour effet
1736
Dans le cas où le sens ordinaire et habituel des mots par rapport à leur sens
insinuatif ne se dégage que par le jeu d’une inférence ou d’une interprétation, le
sens diffamatoire large donné à ces propos ou à ces commentaires est qualifié de
« faux » ou « populaire », d’où la pseudo-insinuation (“false” ou “popular
innuendo”), laquelle ne donne pas ouverture à une cause d’action distincte. « En
common law, chaque insinuation reprochée donnait lieu à une cause d’action
distincte, entraînant un verdict distinct. La jurisprudence américaine distingue
entre ‘l’induction’ – les faits dont le sens diffamatoire découlerait – et
‘l’insinuation’ – qui permet de prouver le sens diffamatoire par référence à de tels
faits. »
En français, [innuendo] ne se dit pas; c’est un barbarisme (il n’existe pas dans la
langue) ou un anglicisme, selon le point de vue.
1737
En matière criminelle, l’acte d’accusation, dans l’un de ses chefs, doit énoncer le
sens dans lequel il faut comprendre l’allégation et l’imputation de diffamation. Par
exemple, un chef d’accusation pour la publication d’un libelle peut porter que la
matière publiée a été écrite dans un sens qui, par insinuation, en rendait la
publication criminelle et peut spécifier ce sens insinuatif sans affirmation
préliminaire indiquant comment la matière a été écrite en ce sens. Le même
principe s’applique en cas de diffamation verbale.
Pour qu’il y ait insinuation, les propos ou les commentaires doivent être indirects
et porter atteinte à l’honneur et à la bonne réputation du demandeur, la victime de
l’insinuation.
En droit, ce procédé est largement utilisé tant dans le discours juridictionnel, par
exemple par l’avocat plaidant à l’endroit du tribunal, par le juge dans ses motifs de
dissidence, dans ses motifs de jugement visant l’infirmation de la décision rendue
par un tribunal d’instance inférieure ou dans ses remarques incidentes destinées au
législateur, que dans le discours doctrinal, par l’auteur qui s’oppose à un principe
jurisprudentiel, à une thèse, à une théorie, à une doctrine ou encore à une opinion
communément professée par des auteurs d’ouvrages juridiques, aux motifs de droit
sur lesquels reposent des décisions de justice, ou même, à des dispositions
controversées édictées par le législateur.
Syntagmes
ö COLLOQUIUM.
ö DIFFAMATION.
ö LIBELLE.
ö RHÉTORIQUE.
1740
INSTITUER. INSTITUTION.
INSTITUTIONNALISATION. INSTITUTIONNALISER.
INSTITUTIONNEL, ELLE.
Ce qui ne veut pas dire que la chose instituée doit être éternelle : dans sa durée de
vie propre, elle conserve une permanence. Instituer une fête, un congé férié, un
ordre, une confrérie, une commission royale, des taxes, des redevances, et ainsi de
suite. « L’organisme compétent peut instituer, sous réserve d’approbation de
l’autorité supérieure, les taxes et redevances correspondant aux services
assurés. »
Ce qui est institué l’est toujours par une autorité; un subordonné, un second, une
entité démunie de pouvoir ne peut [instituer] quoi que ce soit. L’autorité publique
ou politique institue un règlement, des lois, l’autorité judiciaire institue quant à elle
des règles de procédure, l’autorité administrative institue des formalités, des
directives. Le législateur institue des mesures législatives et réglementaires; c’est
pour cette raison qu’on peut dire que les lois sont ses institutions.
Instituer s’emploie aussi à la forme pronominale : des liens, des rapports, des
relations s’instituent entre des groupes, des pays, dès le moment de leur
établissement.
3) Le substantif institution a tous les sens du verbe dont il dérive. C’est l’action
d’instituer. Institution d’un usage, d’une tradition, d’une pratique, de mœurs, de
manières. « La création d’une commune associée entraîne de plein droit
l’institution d’un maire délégué. » Ce qui est institué, la chose instituée, devient
une institution : l’institution du mariage civil, d’une réalité, d’une opération
juridiques.
Au pluriel, les institutions sont soit les structures sociales constituées par la loi ou
la coutume (les institutions nationales), soit les créations qui émanent du droit, soit
encore des régimes établis politiquement (les institutions démocratiques).
Il importe donc de considérer le point de vue adopté avant de choisir le mot juste.
Par exemple, en Acadie du Nouveau-Brunswick, on dit que la société Assomption
Vie est un établissement qui s’occupe principalement d’assurances; en ce sens, on
ne peut la désigner comme une [institution]. Pour pouvoir la considérer ainsi, il
faut la voir sur deux plans : dans une perspective concrète, comme une société
formant avec des organismes analogues une réalité juridique particulière appelée
institution financière, dans une perspective abstraite, comme un organisme qui
exerce une influence diverse et déterminante dans son milieu d’origine. « La
société Assomption Vie est devenue une véritable institution en Acadie. » En ce
dernier emploi, institution se dit de tout organisme à caractère social, économique,
politique ou autre qui joue un rôle de premier plan dans un milieu déterminé.
La même distinction doit être faite s’agissant de tout organisme. Ainsi, l’Université
de Moncton est tout d’abord un établissement d’enseignement quand on la
considère comme un lieu de haut savoir, mais c’est une institution très importante
dans la vie sociale de l’Acadie.
1742
INTERJECTION.
ö INTERJETER.
INTERJETER.
ö INTERJECTION.
INTERNATIONALISTE. TRANSNATIONALISTE.
des règles juridiques régissant la conduite des sujets du droit international. Ses
études portent, notamment, sur les règles qui gouvernent les relations
internationales et sur les traités ou les normes qui réglementent les accords que
concluent les États. Charles Rousseau est un internationaliste publiciste réputé.
Doctrine des internationalistes privatistes, théories des internationalistes
publicistes. Le substantif a un dérivé adjectival. « Cette revue est d’orientation
nettement internationaliste publiciste. » « La question revêt à la fois un aspect
internationaliste privatiste et un versant internationaliste publiciste. »
ö PRIVATISTE.
ö PUBLICISTE.
avant la reprise des travaux de la Chambre, les leaders ou chefs parlementaires ont
l’occasion de se consulter pour définir une stratégie parlementaire ou se renseigner
sur la conduite des travaux. La consultation s’effectue en comité parlementaire.
Période d’intersession. La Chambre est en intersession. Réunion du comité
parlementaire pendant l’intersession. Groupe consultatif intersessions. Comité
intersessions (et non comité [intersessionnel]). Dates de l’intersession.
Un comité pourra étudier une question, par exemple l’étude du budget des
dépenses, en dehors des périodes au cours desquelles le Parlement siège, pendant
l’intersession. Intersession de janvier, d’hiver. Prolonger d’un mois l’intersession.
Intersession après l’ajournement de juin.
2) Dans son sens général, l’intersession est une interruption des travaux de la
Chambre. Mais cette interruption peut prendre différentes formes selon sa nature et
sa durée. Aussi ne faut-il pas confondre l’intersession (“recess” en anglais) avec le
congé parlementaire (“recess” aussi) – congé de Noël, congé d’été – , qui est suivi
de la rentrée parlementaire, encore appelée rentrée des Chambres, et de la pause
parlementaire (“recess” ou “break”), la pause-dîner par exemple, et l’interruption,
qui peut être l’interruption du soir. Ce sont là des formes de période de relâche, de
prorogation, de dissolution ou de simple interruption de session, selon le cas. « La
Chambre a été en congé, puis en intersession. » Le président de la Chambre
suspend la séance ou les travaux, il ajourne. Il y a reprise de la session après la fin
de l’ajournement lorsque le gouvernement reconvoque le Parlement. Ce dernier
rentre de l’intersession pour reprendre ses travaux dans le cadre de l’ouverture
d’une nouvelle session.
ö SÉANCE.
Le préfixe -trans qui se joint au mot base mission, du verbe remettre, pour
construire le mot transmission éclaire la distinction qu’il y a lieu de faire entre ce
terme et le mot cession, que l’on conçoit à tort et trop rapidement comme étant des
synonymes. Ce sont plutôt des termes apparentés.
Ainsi, les termes transmission et cession ne sont pas des synonymes parfaits, aussi
ne peut-on pas les employer de façon interchangeable.
2) Dans le droit des biens, on dit qu’il y a transmission lorsque des biens, des
charges, des intérêts, des droits, des prérogatives, des facultés, des pouvoirs
passent d’un patrimoine à un autre. Ce passage que traduit la transmission
recouvre plusieurs réalités juridiques.
Elle découle de deux sources principales : elle peut s’opérer du fait de la volonté
du transmettant ou de la transmettante ou elle peut s’effectuer du fait de la loi.
Dans le premier cas, la transmission est volontaire, dans le second, elle est légale.
Mécanismes de la transmission. Droits de transmission. « Afin d’encourager la
transmission volontaire du patrimoine, les donations bénéficient de réductions de
droits de transmission, selon l’âge du donateur. » En matière de transmission du
patrimoine, on parlera donc de succession légale et de succession volontaire tout
comme de dévolution légale et de dévolution volontaire.
1747
La transmission volontaire est de deux sortes : celle qui tire son origine de la
volonté d’un seul sujet de droit, comme dans le cas de la transmission successorale
ou testamentaire, et celle qui résulte d’une entente entre deux ou plusieurs parties.
Transmission successorale du patrimoine du défunt. Transmission du patrimoine
héréditaire. « Le patrimoine héréditaire est une universalité de droit parce qu’il ne
se transmet que sous déduction des dettes de la succession. »
Contrairement à l’aliénation, la transmission peut viser tant des biens, des droits,
des intérêts, des charges que des obligations. L’aliénation S par voie d’échange, de
donation, de legs ou de vente S ne peut se dire à propos d’[obligations]. Il apparaît
opposé à la logique juridique d’envisager un cas où seraient [aliénées] des
obligations, lesquelles, dans le contexte de transfert, ne peuvent être que
transmises ou cédées. À la limite peut-on dire qu’elles seraient transférées.
Puisque les héritiers sont tenus des dettes du défunt, on dit que la transmission
héréditaire englobe l’actif comme le passif. Mode de transmission des obligations.
« L’utilisation de la notion unificatrice d’obligation s’avère particulièrement
indiquée pour appréhender des phénomènes de circulation des créances, dettes ou
contrats qui, en droit public comme en droit privé, constituent des modes de
transmission des obligations. » Transmission des obligations en droit
administratif. Transmission de plein droit des obligations à l’ayant cause à titre
particulier.
La transmission (ce qui est vrai pour les opérations spécifiques que représentent la
cession et le transfert) qui se réalise au profit de sujets de droit vivants est dite
entre vifs. Dans le cas d’un décès, elle est effectuée à cause de mort. « Les éléments
du patrimoine sont transmissibles à cause de mort. »
S’il y a obligation de payer une somme d’argent pour obtenir la propriété de l’objet
de la transmission, on dit que la transmission est à titre onéreux; dans le cas
contraire, elle est à titre gratuit.
La transmission qui touche tous les biens est, de ce fait, universelle, tandis que
celle qui ne touche que certains biens seulement est à titre particulier.
1748
Toutes les fois qu’il y a lieu de souligner le caractère que présente le fait que des
éléments, quels qu’ils soient, sont transmissibles, en recourant au suffixe en -ité
qui dévoile le sens du caractère que revêt une opération, on parle de leur
transmissibilité. De même pour la cession : il y a cessibilité quand des biens sont
cessibles et saisissabilité quand des biens sont saisissables. Le contraire s’exprime
linguistiquement par l’emploi du préfixe -in, lequel marque l’absence, le défaut, le
manque ou l’impossibilité. Ainsi dira-t-on qu’il y a intransmissibilité dans le cas
où, par exemple, des biens sont intransmissibles à cause de mort. Indisponibilité,
intransmissibilité, incessibilité, insaisissabilité de la créance alimentaire.
ö ABANDON.
ö ALIÉNATION.
ö CESSION.
ö DÉVOLUTION.
ö PATRIMOINE.
ö SUCCESSION.
ö TRANSFERT.
1) En régime civiliste, l’inventeur est, dans le droit des biens, la personne qui
découvre un trésor, c’est-à-dire une chose qui est précieuse, mobilière, non un
immeuble par nature ou par destination, et qui a été appropriée. L’article 716 du
Code civil français établit le système qui règle le mode d’attribution du trésor et
d’acquisition de la propriété par l’inventeur. « La propriété d’un trésor appartient
à celui qui le trouve dans son propre fonds : si le trésor est trouvé dans le fonds
d’autrui, il appartient pour moitié à celui qui l’a découvert, et pour l’autre moitié
au propriétaire du fonds. Le trésor est toute chose cachée ou enfouie sur laquelle
1749
personne ne peut justifier sa propriété, et qui est découverte par le pur effet du
travail. » C’est ce qu’on appelle le droit du fonds ou jus fundi.
L’inventeur peut être ou ne pas être propriétaire du fonds et il n’importe pas qu’il
ait cherché ou non le trésor qu’il a trouvé fortuitement. S’il l’est, on parle du
propriétaire inventeur; dans le cas contraire, on le désigne par le vocable tiers
inventeur. Le droit de l’inventeur s’appelle en latin le jus inventionis.
En common law, l’invention recouvre cette notion puisqu’elle est définie par la
jurisprudence et par la doctrine comme la découverte d’un bien personnel donnant
droit, faute de propriétaire ou de possesseur connu, à l’acquisition de la possession.
1750
On entend par droits d’inventeur les droits dont se trouve investi l’inventeur par
rapport à ceux de tout possesseur subséquent et qui ne peuvent prévaloir contre
tous, sauf le véritable propriétaire. Tous les droits de possession de l’inventeur
perdent leur effet dès que le propriétaire de l’objet perdu en fait réclamation.
On dit faire une invention puisque l’invention est une forme de découverte. Le
droit de l’invention constitue une branche du droit des biens ressortissant à la
matière de la possession ou des choses possessoires.
Dans la plupart des cas, l’inventeur n’est pas le propriétaire de l’invention, lequel
est l’exploitant de l’invention brevetée. « L’ordonnance du juge de la Section de
première instance déclare que M. Jean est l’inventeur et la Société ABC, le
propriétaire de l’invention, conformément à l’article 52 de la Loi sur les brevets. »
Sont appelés coïnventeurs tous les auteurs d’une même invention par opposition au
cas de l’unique inventeur.
8) La question que doivent décider les tribunaux pour déterminer qui est
l’inventeur véritable ou quelle valeur doit être accordée à la demande de brevet
repose en grande partie sur l’inventivité. L’inventeur véritable est celui qui a fait
preuve de génie créatif ou d’inventivité. Pour qu’il y ait brevetabilité, l’inventeur
1752
doit démontrer dans son mémoire descriptif que son invention est le fruit de son
inventivité et de son ingéniosité. Les caractéristiques nouvelles et le succès
commercial ne sont que deux des très nombreux faits dont le tribunal doit tenir
compte pour déterminer s’il y a inventivité. « En matière d’évidence ou de manque
d’inventivité, il faut déterminer si la personne versée dans l’art, mais dénuée
d’inventivité, serait, compte tenu de l’état de la technique et des connaissances
générales courantes qui existaient au moment de l’invention, directement et
facilement arrivée à la solution que préconise le brevet. » L’esprit inventif ou
l’ingénuité inventive est l’un des critères que doivent retenir les tribunaux appelés
à déterminer dans une contestation qui est l’inventeur véritable.
ö BAILLAIRE.
ö BREVET.
ö BREVETABILITÉ.
ö DÉPOSITAIRE.
ö DOMAINE.
ö ÉPAVE.
INVESTIGATION.
À ces vocables près par le sens, investigation ajoute l’idée d’une marche
méthodique, approfondie et persistante, comme celle qu’adoptent les scientifiques,
pour parvenir à la vérité. Dans le chapitre réservé aux règles propres à la matière
gracieuse, le nouveau Code de procédure civile de France prévoit, en son article
27, que le juge procède, même d’office, à toutes les investigations utiles. Pour
illustrer cette règle, le Code dispose en complément que le juge a la faculté
d’entendre sans formalités les personnes qui peuvent l’éclairer et celles dont les
intérêts risquent d’être affectés par sa décision.
Ainsi, l’expert assiste le juge chaque fois que le litige soumis à l’examen judiciaire
dépasse les limites de la science juridique. Ensemble, ils se livrent à toutes les
investigations considérées essentielles à la manifestation de la vérité.
La mission des auxiliaires de justice ne les conduit pas à mener de la même façon
des investigations. « L’officier d’état civil n’a pas à effectuer d’investigations pour
s’assurer de la réalité du consentement des futurs époux. »
De même, la présomption légale peut ne pas être combattue par une preuve qui
serait irréfragable ou absolue. Les civilistes disent aussi qu’elle est juris et de jure.
Mais la présomption réfragable peut être écartée ou renversée par une preuve
contraire, dite simple ou juristantum. Autrement dit, la présomption est qualifiée
d’irréfragable quand aucune preuve, aussi forte soit-elle, aucun argument ni
aucune considération ne permet de la réfuter. C’est en ce sens qu’elle est absolue.
Tel est le cas de la présomption de chose jugée, de la présomption de validité des
jugements, d’incapacité pénale de l’enfant de moins de douze ans, de divulgation à
l’avocat de faits confidentiels ou de partage de renseignements confidentiels dans
un grand cabinet d’avocats, présomptions qui, toutes, seraient irréfragables.
ö FICTION.
ö INCONTESTABLE.
ö PÉREMPTOIRE.
ö PRÉSOMPTION.
ö PREUVE.
IRRÉPÉTIBLES. RÉPÉTIBLES.
Issu du verbe latin repetere signifiant réclamer en justice, irrépétible a été construit
au XXe siècle sur l’adjectif répétible pour former son antonyme. N’ayant qu’un
sens, on dit qu’il est monosémique. En outre, il ne qualifie qu’un seul substantif.
On ne le trouve qu’au pluriel parce que le mot qu’il qualifie n’a qu’un seul nombre.
1757
Il existe deux types de frais de justice ou de frais judiciaires : les frais répétibles et
les frais irrépétibles.
2) Dans le cadre d’une instance judiciaire, les frais irrépétibles sont les frais de
justice que la partie gagnante a exposés (au titre des honoraires de son avocat, de
ses frais de déplacement, de démarches, de voyage et de séjour pour les besoins du
procès, des frais qu’elle a engagés pour obtenir certaines pièces, des frais
d’expertise amiable) et qui ne font pas partie des dépens.
Les frais irrépétibles et les dépens s’entendent de frais qui ne sont pas du même
type. Pour cette raison, il faut se garder de parler des [frais et dépens]. Cette
impropriété est fort répandue. Les dépens étant eux aussi des frais, il apparaît plus
juste, logiquement et dans une langue correcte, de dire les dépens et autres frais.
La procédure civile prévoit que la partie gagnante peut demander au tribunal que
les frais qu’elle a exposés pour les besoins du procès soient mis à la charge de la
partie succombante. On les qualifie d’irrépétibles parce que ce sont des frais que la
partie perdante ne devrait pas normalement payer. Ils sont de ce fait insusceptibles
de remboursement par le perdant, sauf appréciation contraire du tribunal. Charge
des frais irrépétibles. « La partie succombante a été condamnée par le juge à
supporter la charge des frais irrépétibles. »
Les frais répétibles font partie des dépens. Ils sont dits répétibles parce que la
partie qui a eu gain de cause peut les réclamer à la partie qui est condamnée à payer
les dépens sous forme d’une indemnité forfaitaire, à titre de compensation.
Demande présentée au titre des frais répétibles. Condamnation au titre des frais
répétibles. Montant, recouvrement des frais répétibles. Régime des frais répétibles.
ö DÉPENS.
ö INSUSCEPTIBLE.
ö SUCCOMBANCE.
-ISTE.
tournures descriptives. Les dérivés en -iste ont souvent pour base un substantif ou
le radical d’un substantif, un adjectif ou le radical d’un adjectif, le dérivé d’un
terme juridique, le radical d’un verbe ou un emprunt au latin.
Ce peut être aussi une ressource stylistique, comme dans le procédé itératif ou la
formule itérative dont on trouve maints exemples dans les textes juridiques,
notamment dans les formules de visa (Vu ... Et Vu...), les attendus et considérants
(Attendu..., Attendu... Et Attendu...). Emploi réitératif d’un terme.
Dans l’ancien droit français, les mandements itératifs étaient faits à plusieurs
reprises.
1759
Dans le Code de procédure pénale, l’article 494 prévoit de façon analogue que
l’opposition est non avenue si l’opposant ne comparaît pas à la date qui lui est
fixée soit par la notification à lui faite verbalement ou par écrit et constatée par
procès-verbal au moment où l’opposition a été formée, soit par une nouvelle
citation (c’est là le cas de l’itératif défaut) délivré à la personne de l’intéressé. Pour
qu’il y ait itératif défaut, il faut qu’il y ait eu un précédent défaut, tout comme dans
l’itératif commandement il faut qu’il y ait eu un précédent commandement. Le
nouveau défaut devient un itératif défaut et le nouveau commandement, un itératif
commandement.
ö RÉITÉRANT.
ö VISA.
1761
J
JARGON.
1) On entend par jargon des juristes (“legalese”) soit les mots ou les
expressions employés par les spécialistes du droit dans leur pratique que les non-
juristes trouvent difficile à comprendre et qui enfreignent parfois les principes de la
lisibilité juridique ou de la compréhension propres à une communication efficace,
soit l’argot entendu dans l’usage commun, comportant des formes relâchées,
familières, voire fautives de la langue du droit, soit encore le galimatias et le
charabia (“gobbledygook”), forme de baragouin ou de jargon prétentieux fréquent
dans la langue de la pratique et qui ne tient aucunement compte des règles de
simplification du langage juridique.
Ce peut être l’argot entendu au sens technique, soit une forme de langue dont une
partie du lexique spécifique est ou bien liée à l’exercice du droit considéré comme
évoluant dans un cercle fermé (l’argot du Palais), ou bien élaborée pour former une
1762
langue (la langue de bois) dont la compréhension, étant seule accessible aux initiés
ou aux membres de la profession, nécessite une formation spécialisée ou une
longue fréquentation de textes particuliers relevant d’un des discours du droit.
ö LISIBILITÉ (JURIDIQUE).
ö SIMPLIFICATION (DU DROIT).
JOUIR. JOUISSANCE.
la titularisation, tandis que la seconde, étant une capacité, renvoie tant à une
aptitude à la titularisation qu’à l’exercice ou à l’exécution, selon le cas, de l’objet
de la jouissance.
Dans cette première acception se rangent tous les syntagmes qui dénotent une
aptitude ou une capacité : jouissance d’une autorité, d’une prérogative, d’une
faculté, d’une légitimité, d’une autonomie patrimoniale.
Le complément de nom est ici une réalité matérielle, concrète. Jouissance d’un
fonds de terre, d’un bien-fonds, d’un lieu, d’une servitude. Procurer la jouissance,
la posséder. Condition, modalité, mode de la jouissance. Jouissance octroyée au
preneur par le bailleur. « Le locateur doit procurer au locataire la jouissance
paisible des lieux qu’il a loués. » « Le survivant possède la jouissance des acquêts
ou des biens de la communauté venant à ses enfants du chef du conjoint prédécédé
jusqu’à leur majorité ou leur émancipation. »
Les tribunaux et les auteurs distinguent différentes formes de jouissance. Elle est
dite actuelle (“present”) quand la possession et l’utilisation s’opèrent dans l’ici
1766
maintenant, par opposition à celles qui sont reportées à un certain moment dans
l’avenir et qui procureront la jouissance future, différée ou subordonnée (“future”
ou “ postponed”). Elle est simple (“simple”) quand celles-ci ne sont soumises à
aucune condition, elle est paisible ou tranquille (“peaceful”, “quiet”) quand celles-
ci ne sont nullement entravées par le fait ou par l’intervention du bailleur ou de
l’un quelconque de ses ayants droit, souvent par l’effet du covenant de jouissance
paisible (“covenant for quiet enjoyment”). Elle est légitime (“lawful”) quand
celles-ci sont fondées en droit.
12) Dans le droit des sociétés de personnes, la notion d’apport est essentielle à
la formation et à l’essor de la société. L’apport s’entend des biens (sommes
d’argent, fonds de commerce, immeuble, moyens) que les apporteurs mettent en
commun pour assurer le bon exercice des activités de la société. Par cette
contribution, ils reçoivent en contrepartie la qualité d’associé ainsi que des droits
sociaux sous forme de parts ou d’actions.
L’apport en jouissance est, par conséquent, la mise à disposition d’un bien pour un
temps déterminé sans transfert de propriété. L’apporteur reste propriétaire du bien
1767
Les actions qu’acquiert l’apporteur devenu associé sont dites actions de jouissance
par distinction d’avec les actions de capital. « Le droit de vote attaché aux actions
de capital ou de jouissance est proportionnel à la quotité du capital qu’elles
représentent et chaque action donne droit à une voix. » Les actions de jouissance
sont des actions intégralement amorties.
Syntagmes
Jouissance actuelle.
Jouissance adversative.
Jouissance à temps partagé partiel, plein.
Jouissance bénéficiaire.
Jouissance collective.
Jouissance conséquente.
Jouissance continue.
Jouissance de droit, de plein droit, comme de droit.
Jouissance différée.
Jouissance divise, indivise.
Jouissance effective.
Jouissance en titre.
Jouissance exclusive (à l’égard de tous, erga omnes).
Jouissance exclusive et particulière.
Jouissance exclusive et privative.
Jouissance future.
Jouissance gratuite, à titre gratuit.
Jouissance immédiate.
Jouissance indéniable.
Jouissance individuelle.
Jouissance irrégulière, régulière.
Jouissance juridique.
Jouissance légale.
Jouissance légitime.
1768
Jouissance notoire.
Jouissance onéreuse, à titre onéreux.
Jouissance paisible.
Jouissance pleine, pleine jouissance.
Jouissance privative.
Jouissance prolongée.
Jouissance subordonnée.
Jouissance temporaire.
Jouissance tranquille.
Jouissance viagère.
Jouissance, non-jouissance d’un bien, d’une chose, d’une capacité, d’un droit, de
la vie.
Abus de jouissance.
Acquisition de la jouissance.
Acte de jouissance.
Action de jouissance (sens financier).
Anéantissement de la jouissance.
Apport en jouissance.
Aptitude à la jouissance.
Atteinte à la jouissance.
Attestation de la jouissance.
Attribution de la jouissance.
Avantage de la jouissance.
Bénéfice de la jouissance.
Date de la jouissance.
Délivrance de la jouissance.
1769
Dérogation à la jouissance.
Diminution de la jouissance.
Discrimination, non-discrimination dans la jouissance.
Droit de jouissance exclusif, exclusif et privatif, exclusif et particulier.
Durée de la jouissance.
Faculté de jouissance.
Formes de jouissance.
Frais de jouissance, inhérents à la jouissance.
Immeuble en jouissance.
Impossibilité, possibilité de jouissance.
Objet de la jouissance.
Octroi de la jouissance.
Origine de la jouissance.
Partage de la jouissance.
Pérennité (du droit) de jouissance.
Période de jouissance.
Perte de jouissance.
Plénitude de jouissance.
Pouvoir (direct) de jouissance.
Privation de jouissance.
1770
Règlement de jouissance.
Remise en jouissance.
Restriction à la jouissance.
Rétablissement de la, dans la jouissance.
Sacrifice de jouissance.
Accorder la jouissance.
Accroître la jouissance.
Acquérir la jouissance.
Alléguer la jouissance.
Améliorer la jouissance.
Anéantir la jouissance.
Assurer la jouissance.
Attester la jouissance.
Attribuer la jouissance (à caractère ou à titre gratuit ou onéreux).
Autoriser la jouissance.
Avoir la jouissance.
Céder la jouissance.
Conférer la jouissance.
Conserver la jouissance.
Délivrer la jouissance.
Demander la jouissance.
Déroger à la jouissance.
Détruire la jouissance.
Diminuer la jouissance.
Disposer de la jouissance.
1771
Entraver la jouissance.
Être établi dans sa jouissance.
Être pourvu de la jouissance.
Être privé de la jouissance, de son droit de jouissance.
Faciliter la jouissance.
Faire bénéficier d’une, de la jouissance.
Faire obstacle à la jouissance.
Garantir la jouissance.
Gêner la jouissance.
Justifier la jouissance.
Limiter la jouissance.
Louer une jouissance.
Nuire à la jouissance.
Octroyer la jouissance.
Perdre la jouissance.
Porter atteinte à la jouissance.
Posséder la jouissance.
Pourvoir qqn de la jouissance.
Procurer la jouissance.
Prolonger la jouissance.
Promouvoir la jouissance.
Protéger la jouissance.
Régir la jouissance.
Remettre qqn en jouissance.
1772
Renoncer à la jouissance.
Restreindre la jouissance.
Retrouver la jouissance.
S’assurer la jouissance.
Se réserver la jouissance.
Se rétablir dans la jouissance.
Supprimer la jouissance.
JUDICIARISATION. JURIDICISATION.
ö CONTENTIEUX.
ö DÉJUDICIARISATION.
ö DÉJURIDICISATION.
1774
JURÉ, JURÉE.
1) Le juré est la personne choisie par le sort pour faire partie d’un jury criminel
ou civil. La forme féminine de ce substantif est jurée. Au pluriel : jurés. Loi sur les
jurés.
Il faut éviter de dire [servir de] juré (“to serve as a juror”) ou le [service de juré];
on dit plutôt remplir ou exercer les fonctions de juré ou encore siéger comme juré.
Le terme juré désigne non seulement la personne choisie pour juger une affaire
donnée, mais aussi celle qui figure sur la liste de jurés ou sur le tableau de ou des
jurés. Ce double emploi ne crée pas normalement de difficulté. Dans le cas où il y
a lieu d’établir la distinction, on parlera des candidats-jurés (“prospective jurors”).
Le Code criminel du Canada, en ses articles 626 à 644 actuels, emploie
indifféremment les termes liste et tableau pour rendre le terme anglais “jury
panel”. Il serait préférable de distinguer les deux termes français. La liste de jurés
(“jury roll” ou “jury list”) désignerait la liste générale de toutes les personnes aptes
à exercer les fonctions de juré dans une circonscription donnée et tableau des jurés
(“jury panel”, voir au point 3) ci-dessous), la liste des personnes choisies sur la
liste générale en vue de constituer le jury de jugement. On trouve aussi la forme
tableau de jurés. « Lorsqu’un jury doit être désigné, le juge qui fixe la date du
procès doit prescrire au shérif d’assembler un tableau de jurés. » « La
Commission de jury a pour fonction de concourir à la confection de la liste de
jurés ou au tirage au sort des jurés devant faire partie du tableau de jurés. »
Former un tableau de jurés, c’est dresser la liste du jury ou former un jury.
des jurés, appel du corps des jurés (“drafting of panels from the jury lists”).
3) Mode de sélection des jurés. Choix des jurés. Ballotage, répartition des
jurés. Rapport de noms de jurés (“return of jurors”) Registre des jurés. Les jurés
sont sélectionnés par les avocats à partir d’un tableau dont le mode de constitution
varie selon les régimes juridiques.
Le greffier du tribunal tire au sort le nom d’un candidat-juré et les avocats doivent
approuver ou récuser la candidature ainsi choisie. Observations des avocats au
moment du choix des jurés (“jury advocacy”). Récuser, approuver une candidate-
jurée. Récusation motivée, récusation péremptoire des candidats-jurés. Nombre
maximal des récusations péremptoires de jurés. Juré ayant fait l’objet d’une
récusation péremptoire. Récusation du tableau, de la liste des jurés. Récusation
rédigée selon la formule réglementaire. « Le poursuivant ou l’accusé ne peut
demander la récusation du tableau des jurés que pour l’un des motifs suivants :
partialité, fraude ou inconduite délibérée du shérif ou des autres fonctionnaires
qui ont constitué le tableau. » Juré dispensé (“excused”), récusé (“challenged”) ou
mis à l’écart (“stand by”), écarté provisoirement. Juré suppléant (“supplementary
juror”).
France box des jurés. Voir BOÎTE. Un juré peut être remplacé ou libéré lorsque, au
cours du procès, le juge est convaincu que le juré ne devrait pas continuer à siéger
pour cause de maladie ou pour tout autre motif raisonnable. Remplacement d’un
juré libéré.
5) Pour le sens à donner aux notions de grand juré, de petit juré et de juré de
jugement, voir JURY.
6) Le mot juré peut s’employer adjectivement au sens de qui est consacré dans
ses fonctions par le serment qu’il a prêté. Interprète juré. Traducteur juré,
traductrice jurée.
ö BOÎTE.
ö JURY.
ö RÉCUSABLE.
JURIDICITÉ.
S’il s’agit de déterminer la qualité d’un ordre normatif, sa juridicité sera fonction
1777
l’a créé), par son contenu (c’est le droit qui gouverne son contenu), par son régime
(c’est le droit qui régit son utilisation), par sa caractéristique fondamentale (fondée
sur l’intention de communication juridique et la substance juridique du message
transmis par le signe). Un signe est juridique quand il est porteur d’un message
juridique, par exemple l’enseigne commerciale ou la borne qui délimite un terrain.
8) Pour un éclairage théorique sur les différents sens du mot juridicité dans la
perspective de la théorie et de la sociologie du droit, se reporter au Dictionnaire
encyclopédique de théorie et de sociologie du droit publié sous la direction
d’André-Jean Arnaud.
ö INDICE.
JURISTICIEN, JURISTICIENNE.
JURISTICIEN, IENNE.
Juristes sociologues et, souvent, historiens juristes par la force des choses, le
juristicien et la juristicienne (“legal sociologist”) sont des spécialistes de la
discipline scientifique que constitue la sociologie juridique ou sociologie du droit.
Leur intérêt principal porte en grande partie sur les phénomènes juridiques (loi,
arrêt, jugement, décision administrative), sur les rapports qu’entretiennent le droit
et la sociologie, sur l’influence exercée par les règles de droit sur la société dans
son ensemble (la famille, les institutions) ou dans ses groupements particuliers (les
organisations, les professions, les groupes de contestation, les activistes), sur les
causes sociales et les effets sociaux qu’elles produisent de même que sur le
développement du droit considéré dans la perspective de l’évolution sociale
(mœurs, facteurs démographiques, économiques et politiques).
Dans leurs études sociojuridiques et leurs démarches, ils sont inspirés et guidés par
les analyses sociologiques de juristiciens éminents tels Carbonnier, Lévy-Bruhl,
Duguit et Comaille dans lesquelles la sociologie tout autant que l’histoire,
l’anthropologie, l’économie, la politique, la psychologie et la psychiatrie viennent
éclairer les phénomènes juridiques et les comportements particuliers orientés par le
droit et reliés au droit de même qu’aux causes sociales qui expliquent l’existence
des normes juridiques.
1779
JURY.
On définit le jury comme l’ensemble des jurés (voir ce mot) dans une affaire
criminelle ou civile. Jury criminel, jury civil, jury spécial. Loi sur le jury. L’action
qui est instruite sans jury est dite action sans jury (“non-jury action”). Au Canada,
le jury mixte se compose généralement d’un nombre égal de francophones et
d’anglophones, tandis qu’aux États-Unis le jury mixte (“mixed jury”) se compose
de personnes de races différentes.
Procès avec jury (et non [par] jury), procès sans jury. Cause entendue sans jury.
Procès devant juge et jury (“jury trial”). Juge présidant un procès devant jury.
Subir son procès devant un juge et un jury. Choisir d’être jugé par un juge sans
jury, par un juge seul, par un tribunal composé d’un juge et d’un jury. Dans les cas
d’absence de jury, on dit que l’accusé est jugé devant un juge siégeant sans jury.
« L’accusé peut choisir de subir son procès devant juge et jury ou encore devant
un juge seul. » « Il a subi son procès devant un jury. » L’alinéa 11f) de la Charte
canadienne des droits et libertés garantit à l’accusé un procès avec jury, sauf le
cas d’une infraction régie par le droit militaire ou relevant de la justice militaire.
2) Au Canada, le rôle du jury dans le cadre d’un procès devant juge et jury est
d’être le juge du fait (on dit aussi l’arbitre des faits (“trier of facts”), le juge du
procès se réservant celui de juge ou d’arbitre du droit.
Au début du procès, le juge expose au jury, qui prend place sur le banc du jury,
1780
aussi appelé banc des jurés (terme normalisé au Canada) ou sièges des jurés
(“jury(-)box”), le rôle qu’il sera appelé à jouer et énonce les règles et les principes
pertinents tout en lui expliquant quelles seront les différentes étapes du procès. Il
peut lui donner des avertissements. Les avocats s’adressent ensuite au jury,
l’avocat ou le procureur du ministère public (représentant le gouvernement fédéral,
mais on dit aussi l’avocat de la poursuite, le poursuivant, le procureur ou l’avocat
de la Couronne pour le représentant du gouvernement provincial ou territorial) en
premier lieu, suivi de l’avocat de la défense, pour lui exposer les éléments
constitutifs de l’infraction reprochée et résumer leur preuve avant de lui présenter
leurs plaidoiries. Présentation au jury de la preuve par voie d’exposé initial. Leur
tâche consiste à convaincre le jury et non le juge. « La partie dont la preuve
consiste à réfuter les allégations de l’autre partie n’a pas le fardeau de convaincre
le jury. »
Le jury peut visiter tout lieu, toute chose ou toute personne sur instructions que le
juge lui donne. Visite du jury.
Après avoir tiré ses conclusions (“findings”), le jury doit rendre son verdict ou sa
décision en se fondant exclusivement sur la preuve qui lui a été présentée et qui a
été produite au procès tout en respectant les instructions ou les directives qu’il
reçoit du juge au moment où ce dernier lui expose ses recommandations à la fin
des plaidoiries. Le juge adresse ses directives au jury. Exposé du juge au jury. Le
1781
jury peut poser des questions au juge « Ayant constaté l’erreur de droit dans la
réponse du juge à la question du jury, je dois rejeter l’appel et confirmer
l’ordonnance de nouveau procès . » Le juge qui préside le procès doit, avant de
libérer ou de dissoudre le jury qui a déclaré un accusé coupable de meurtre au
deuxième degré et passible d’un emprisonnement à perpétuité, demander à celui-ci
s’il souhaite formuler une recommandation au sujet du nombre d’années que le
condamné doit purger avant de pouvoir bénéficier de la libération conditionnelle,
recommandation dont il tiendra compte avant de prononcer la peine
d’emprisonnement. Recommandation du jury.
Même si le jury prononce ou rend un verdict (voir ce mot) qui paraît mal fondé, le
tribunal ne peut infirmer sa décision. « La Cour ne peut substituer son verdict à
celui du jury. »
Pour distinguer les jurys nombreux de ceux qui étaient constitués d’un petit
nombre de jurés, on parlait autrefois du grand jury (le jury d’accusation) et du
petit jury (le jury de jugement). Cette distinction est disparue. Nous n’avons plus
au Canada que le jury de jugement, qu’on appelle communément et simplement le
jury.
1782
6) Les délibérations du jury ont lieu dans la salle des délibérations du jury
(aussi appelée chambre ou salle des jurés et chambre des délibérations). Elles sont
secrètes. Il ne peut y avoir communications des membres du jury avec des
personnes de l’extérieur, des policiers, des enquêteurs par exemple. Encore moins
avec des témoins au procès. Ces communications peuvent entraîner, dans le cas où
elles se produisent, l’arrêt de la procédure et même la tenue d’un nouveau procès.
Il faut dire, toutefois, que la séquestration du jury pendant toute la durée du procès
est une pratique en voie de disparition; le jury n’est plus séquestré que pendant la
durée de ses délibérations.
8) Le jury ayant rapporté son verdict, qu’il soit négatif ou positif, il est ramené
dans la salle d’audience. Après réception du verdict du jury prononcé par la voix
du ou de la chef (on trouve maintenant la forme féminine cheffe) ou du président
ou de la présidente du jury (traditionnellement “foreman of the jury”, mais, dans le
langage désexisé, “foreperson of the jury” ou, mieux, “presiding juror”), lequel ou
1783
10) Dans l’usage courant, jury se dit aussi d’une commission chargée
d’examiner une question particulière. Jury d’examen. Jury d’honneur. Jury de
sélection.
ö CORONER.
ö JURÉ.
ö VERDICT.
JUS.
ö DROIT.
ö INVENTEUR.
ö JUS COGENS.
JUSTICIABLE.
1) On affirme à tort que le mot justiciable ne se dit, au sens propre, que pour
une personne physique ou morale. En procédure civile, par exemple, on dit
correctement qu’une question est justiciable pour signifier qu’elle est contentieuse
ou, pour le dire autrement, qu’elle relève de la compétence des tribunaux, qu’elle
1785
est susceptible d’être tranchée par la justice, qu’elle est réglable par les voies de
justice.
Considéré par rapport aux pouvoirs publics, l’individu est un particulier; sujet de
droit, il devient justiciable quand il est susceptible de paraître en justice. Étant
investi du droit d’agir en justice, il a qualité et intérêt pour ester en justice. Pour un
justiciable, ester en justice s’entend du fait de comparaître devant un tribunal pour
y faire valoir ses droits ou pour se défendre dans une contestation, d’exercer, de
soulever une action en justice, de se porter partie, du fait d’agir devant une
juridiction en qualité de demandeur, de défendeur, de tierce partie, d’intervenant
ou de mis en cause.
1786
Tout justiciable a le droit de choisir à son gré son défenseur, d’être entendu suivant
la règle ou le principe audi alteram partem. Il ne peut être jugé de nouveau pour
une infraction à l’égard de laquelle il a été jugé, conformément au principe de
l’autorité de la chose jugée.
LABILE.
L
Au figuré, cet adjectif qualifie la personne qui est instable, influençable,
susceptible de subir l’influence de son milieu. Dans le discours judiciaire, il se dit
surtout, s’agissant des jeunes délinquants et des jeunes détenus, des contrevenants
qui, marqués par le milieu criminel et par leurs antécédents, sont peu enclins à être
intimidés par la sévérité de la justice pénale à leur endroit. « Le délinquant est
labile, il est exposé à tomber, à faiblir à la moindre secousse. »
LATÉRAL, ALE.
La common law a pour règle que le propriétaire d’un terrain doit être assuré que le
sol et le sous-sol de son terrain sont capables de supporter les ouvrages,
constructions et édifices qu’il y édifiera. Aussi jouit-il de ce fait d’un droit
d’appui, lequel est latéral quand l’appui vient du côté, tel le cas du mur d’appui, et
vertical quand l’appui s’exerce du dessus ou du dessous, tels les cas du bâtiment
soutenu par le haut, de l’appui sur l’étage inférieur ou encore de l’appui sur le sol.
Ce droit d’appui latéral, qui concerne l’intégrité du sol dans son état naturel, peut
être assorti conventionnellement d’une servitude d’appui latéral que le propriétaire
foncier obtient après entente conclue avec son voisin. Ce qui est latéral devient
collatéral quand il s’exerce par rapport à une chose située à côté de lui.
1788
La question qui se pose en tel cas est de savoir s’il y a lieu de prononcer une
déclaration d’inhabilité contre le nouveau cabinet. S’il est établi que celui-ci a
rapidement mis en œuvre des mécanismes de protection ou d’isolement efficaces,
appelés dans la rhétorique judiciaire canadienne des murailles de Chine (qui visent
à séparer physiquement l’avocat qui change de cabinet de ses collègues qui sont
commis au dossier en cause) et des cônes du silence (soit les garanties personnelles
que donnent les avocats qui changent de cabinet et les avocats commis au dossier
et selon lesquelles aucun renseignement confidentiel n’a été divulgué), la
déclaration d’inhabilité n’est pas prononcée de facto ou automatiquement.
ö COLLATÉRAL.
ö CÔNE.
ö MURAILLE.
1789
LÉGAL, ALE.
Ainsi, on dira d’une acquisition originaire de la propriété qu’elle est légale parce
que la loi prend en considération des éléments factuels auxquels elle donne un effet
acquisitif, d’une construction intellectuelle qu’elle est légale parce qu’elle est
l’énoncé législatif d’une théorie, par opposition à la construction juridique
qu’édifient les auteurs doctrinaux et à la construction judiciaire qu’érigent en
principe les précédents. Des formalités sont légales parce qu’elles sont prescrites
par la loi, les délais de prescription sont légaux parce qu’ils sont impartis par la loi,
l’âge de la majorité et le cours des monnaies sont légaux parce qu’ils sont définis
par la loi et des voies, des recours, des moyens sont qualifiés de légaux parce qu’ils
sont fournis ou prévus par la loi. Enfin, la distinction que fait le Code civil
lorsqu’il dispose que tous les biens sont meubles ou immeubles est dite légale
parce qu’elle est établie par la loi.
Dans la liste de syntagmes qui suivent, l’adjectif légal est correctement employé
parce qu’il renvoie dans tous les cas à la loi plutôt qu’au droit. Il convient
naturellement de faire remarquer que le contexte, comme en toutes choses, fera que
l’expression ci-relevée pourra être juste ou erronée, selon le sens qu’on lui
donnera.
1790
Acte légal (comploter, ce peut être accomplir un acte légal en recourant à des
moyens illégaux).
Action légale.
Activité (professionnelle) légale.
Administration légale (du bien; elle est prescrite par la loi), administrateur légal
(en common law).
Admission légale (dans un pays par un étranger).
Adoption légale.
Âge légal.
Annonce légale.
Appellation légale.
Aptitude légale.
Arrestation, détention légale.
Arrêt (de travail) légal.
Autorisation, permission légale.
Autorité légale.
Avortement légal (il est autorisé par la loi).
Base légale (d’une disposition, d’une incrimination, d’une sanction).
Billet (de banque) légal.
Borne, marque légale d’arpentage, jalon, pieu, piquet, poteau légal (on dit aussi
borne cadastrale).
Capacité, incapacité légale (de contracter, de tester; incapacité du failli).
Capital légal.
Caractère légal (d’un séjour au pays, d’un instrument de mesure).
Cause légale (elle est énoncée dans la loi).
Cession légale (ou d’origine législative).
Charge légale (d’un enfant).
Cohabitation légale.
Communauté légale.
Communication légale (de documents).
Compensation légale (elle est prévue par la loi).
Compétence légale (elle est attribuée par la loi).
Concours, jeu légal, loterie légale.
Conditions légales (de nomination des juges).
Congédiement légal.
Consentement légal.
Contenance légale (d’un récipient).
1791
Contexte légal.
Contrat légal.
Cours légal (d’une monnaie).
Critère légal (il est énoncé dans une loi).
Déclaration légale.
Définition légale (terme défini dans la loi).
Dépôt légal (de documents).
Descendant (ancêtre) légal, descendante légale.
Détenteur légal, détentrice légale, titulaire légal.
Dettes légales.
Devise, monnaie légale (en cours légal, ayant cours légal, ayant force libératoire).
Devoir légal (de prêter assistance).
Dévolution légale.
Dispositif légal (arrangement, régime des prescriptions de la loi).
Disposition légale (ou législative).
Domaine (viager) légal (il est créé par la loi).
Domicile légal (pour les personnes physiques et morales, par opposition au
domicile d’origine et au domicile volontaire).
Douaire légal (maintenant aboli par la loi).
Droit légal (il est conféré par la loi).
Évasion (fiscale) légale.
Exclusion légale.
Excuse, justification légale.
Exécution légale (d’un acte, selon les formalités légales).
Exigence légale (le serment d’allégeance, le serment professionnel énoncé dans la
loi).
Existence légale (d’une personne morale).
Expiration légale (d’une peine).
Expulsion légale.
Faute légale.
Fête légale (ou chômée : le 1er juillet au Canada, d’après la loi).
Force légale.
Formalité, forme légale (par exemple, la notification aux parties ou à l’intéressé se
fait dans les formes que prévoit la loi).
Garantie légale.
Garde légale (d’un enfant, d’un bien).
Gardien légal, gardienne légale.
1792
Peine légale.
Père légal.
Peuple légal (celui qui vote la loi par rapport au peuple qui vaque à ses activités
journalières).
Poids légal (d’une monnaie).
Possesseur légal, possesseure légale.
Possession légale (d’une arme à feu).
Pouvoir légal (il est conféré par la loi).
Prescription légale (permis de conduire, obligations du voisinage, et au sens du
mode d’acquisition d’un droit ou d’extinction d’un droit passé un délai et sous les
conditions déterminées par la loi).
Présomption légale.
Preuve légale (de la célébration du mariage).
Privilège légal.
Procédé légal (le fait de confectionner une loi pour établir le droit).
Procédure(s) légale(s).
Protection légale (celle que la loi assure).
Publicité légale.
Punition légale.
Reconnaissance légale.
Recours légal (il est ouvert par la loi).
Redevance légale.
Réduction légale (de peine).
Régime légal (il est établi dans les dispositions de la loi).
Règle légale (de présentation de la preuve par opposition à la règle technique).
Règlement légal (il est conforme à la loi).
Renonciation légale.
Représentant légal, représentante légale (à ne pas confondre avec le représentant
personnel ou la représentante personnelle).
Représentation légale.
Reprise légale (de possession).
Réserve légale.
Résidence légale.
Résident légal, résidente légale (d’un pays).
Responsabilité légale (qu’impose la loi par opposition à la responsabilité
contractuelle).
Restriction légale.
1794
Retraite légale.
Saisie légale (de biens).
Séparation légale (elle précède le divorce).
Situation légale (d’exercice).
Statut légal (de citoyen, de ressortissant).
Subdivision légale.
Succession légale (ab intestat).
Sûreté légale (par opposition à la sûreté conventionnelle prévue par les parties à
une convention).
Surveillance légale (des lieux).
Taux légal (d’alcoolémie, d’intérêt).
Tenance viagère légale ou par effet de la loi (à distinguer d’une telle tenance en
common law).
Texte légal (en contexte clair, texte employé sans qualificatif ni déterminant doit
s’entendre d’une loi ou d’un règlement).
Titre légal de propriété ou par effet de la loi (à distinguer du titre fondé en
common law), ou titre légal (d’une monnaie).
Tutelle légale.
Tuteur légal, tutrice légale.
Unité légale (de mesure).
Valeur légale (d’une dispense, d’une transmission, elle a une valeur aux yeux de la
loi).
Validité légale (de l’énoncé jurisprudentiel, la durée de validité légale d’un
certificat, d’un permis, de la signature électronique).
Verbe légal (le langage législatif).
Version légale (d’un texte).
Voie (de droit) légale.
Dans la liste qui suit, l’adjectif juridique qualifie ce qui se rapporte au droit
(“legal” en anglais).
Abstraction juridique.
Accord juridique.
Acte juridique.
Adjoint, adjointe, assistant, assistante juridique.
Affaire, question juridique.
Aide, assistance (avocat, bureau, services de l’) juridique.
1795
Analyse juridique.
Approche juridique.
Argument juridique (fondé sur le droit).
Aspect juridique.
Attaché, attachée juridique.
Autorité juridique.
Auxiliaire juridique.
Avis, conseil, opinion juridique (et non avis, aviseur [légal]).
Cabinet juridique (cabinet d’avocat(s), et non [étude légale]).
Cadre juridique.
Capacité, incapacité juridique.
Comité, commission juridique.
Concept, notion juridique.
Conseiller, conseillère juridique (et non [aviseur légal]).
Conséquence juridique.
Construction juridique (voir construction légale).
Consultation juridique.
Continuité juridique.
Critère juridique.
Débat juridique.
Description juridique (ou officielle du bien).
Désignation juridique.
Différend (d’ordre) juridique.
Division juridique.
Doctrine, principe, règle, théorie juridique.
Document, texte juridique.
Domaine juridique.
Effet juridique (et non [conséquence légale]).
Entité juridique.
Esprit juridique.
Fait juridique.
Fiction juridique.
Fondement juridique.
Forme juridique.
Frais juridiques (versés à l’avocat chargé d’une mission; à distinguer des frais
judiciaires).
Interprétation juridique.
1796
L’adverbe légalement modifie des adjectifs, des participes, des verbes qui
expriment ce qui se fait d’une manière légale, c’est-à-dire ce qui se fait en vertu de
la loi, pour assurer l’application ou l’exécution de la loi, comme le prévoit la loi.
Abus de droit.
Acte fautif en droit.
Argument de droit (et non [soumission légale]).
1799
Avantage de droit (par opposition au préjudice de droit dans le droit des contrats).
Conclusion, inférence de droit, fondée en droit.
Connaissance du droit.
Effet de droit.
État de droit (et non [position légale]).
Études de droit (et non études [légales]).
Exercice, pratique du droit.
Intérêt détenu, possédé partiellement en droit.
Lien de droit (ou juridique, et non [relation légale]).
Mesure fondée en droit.
Moyen de droit.
Point de droit (ou litigieux).
Possession de droit (par opposition à la possession de fait).
Préjudice en droit.
Prétention de droit.
Preuve suffisante en droit (et non [légalement] suffisante).
Primauté du droit.
Principe de droit.
Professeur, professeure de droit.
Questions de droit (ou questions juridiques).
Règle de droit.
Science du droit.
Sensibilisation au droit.
Terme de droit (ou terme juridique).
ö BASOCHE.
ö COMMON LAW.
ö CONSTRUCTION.
ö DOMICILE.
ö DROIT.
ö EQUITY.
ö HYPOTHÈQUE.
ö JUDICIAIRE.
ö JURIDIQUE.
ö LÉGITIME.
ö LICITE.
ö MÉTROLOGIE.
ö PROHIBER.
ö RÉCEPTION.
ö SERMENT.
ö TEXTE.
LÉGALISATION. LÉGALISER.
Outre le sens de rendre légal, de dépénaliser par un texte de loi une activité ou un
objet (légalisation du jeu, de l’usage de stupéfiants, de la drogue, de la marijuana),
1801
légaliser a aussi le sens de certifier matériellement quelque chose, par exemple une
signature.
« Le maire est tenu de légaliser toutes les signatures apposées en sa présence par
l’un de ses administrés connu de lui ou accompagné de deux témoins connus. » Un
fonctionnaire public, un notaire, un avocat peut légaliser la passation d’un
instrument, une signature apposée sur un acte : en ce cas, il en certifie
l’authenticité. Entendue en ce sens, la légalisation est une procédure assimilable à
la procédure d’authentification et de certification. Légalisation par (-) devant
notaire. Légalisation des actes sous seing privé, des actes publics étrangers.
ö AUTHENTIFIER.
ö CERTIFICATION.
ö DÉPÉNALISATION.
ö LÉGAL.
Hormis, en droit pénal, les cas de la peine (lourde ou légère), de la pénalité (lourde
ou légère), de l’amende (lourde ou légère) et de la sanction (lourde ou légère), la
lourdeur et la légèreté au sens figuré s’attachent principalement à la notion de
faute.
L’article 1054.1 du Code civil du Québec et les dispositions pertinentes des lois sur
l’indemnisation des victimes d’actes criminels, par exemple, permettent de
comprendre que c’est l’ampleur exceptionnelle de l’écart constaté entre la conduite
reprochée et celle à laquelle il y aurait eu lieu de se conformer qui distingue la
faute lourde de la faute légère, aussi bien en matière délictuelle que contractuelle.
Faute lourde, faute légère du débiteur. Plainte pour faute lourde. Être victime
d’une faute lourde. Preuve de la faute lourde. Pénalités pour faute lourde. Fautes
lourdes de carence.
Dans le droit du transport public, la faute lourde du transporteur découle d’un acte
de négligence d’une extrême gravité. « Attendu que la faute lourde s’entend d’une
négligence d’une extrême gravité, confinant au dol et dénotant l’inaptitude du
transporteur, maître de son action, à l’accomplissement de la mission
contractuelle qu’il a acceptée; (...) » La faute dolosive ou intentionnelle est
assimilée à la faute lourde.
Il importe d’établir une distinction entre la négligence et la faute. Les deux termes
ne sont pas des synonymes. La négligence est constitutive d’une faute, cette
dernière se caractérisant notamment par la commission d’un acte de négligence. La
faute lourde comporte un degré extrême de négligence. Ainsi trouve-t-on dans le
champ sémantique de la faute lourde la notion de négligence lourde.
En common law, s’il est question de négligence en droit délictuel, notion proche de
celle de faute, on ne parle pas de négligence [lourde] par opposition à la négligence
1803
LÉGISTE.
2) Un usage canadien a donné au mot légiste l’acception, non attestée par les
dictionnaires généraux et spécialisés, de personne dont l’activité professionnelle
consiste à rédiger des lois. Quoiqu’il faille dire correctement en ce sens rédacteur
législatif, rédactrice législative (on trouve aussi rédacteur, rédactrice de lois),
l’usage répandu du mot pris en ce sens a fini, après les tribulations linguistiques
qu’on imagine, par s’imposer, au Canada comme en Belgique et en Suisse. Il faut
donc s’incliner et ne plus condamner l’emploi du mot légiste pris en ce sens. « Le
légiste francophone utilise, pour faire référence dans un texte législatif à tout ou
partie d’un autre texte, des moyens souvent différents de ceux auxquels a recours
le légiste anglophone et, surtout, généralement plus nuancés que les siens. » Par
un phénomène de contagion, le substantif s’est adjectivé et a formé un terme
comme rédacteur, rédactrice légiste, que l’usage hésite à accueillir.
5) Autre usage abusif : dire du procureur du ministère public (au palier fédéral)
ou de l’avocat ou procureur de la Couronne (au palier provincial) qu’il est un
[légiste de l’État] (“law officer of the Crown”). Ces auxiliaires de justice sont des
officiers publics et ministériels. On dit aussi officiers de justice.
1805
6) Il est préférable de dire d’un avocat qui se spécialise dans une branche
particulière du droit qu’il est spécialisé dans ce droit ou qu’il est juriste (en faisant
suivre ce mot de la mention du droit pertinent) que de lui donner, par erreur, le titre
de [légiste] de ce droit. Par exemple, Me Untel est spécialiste du droit spatial ou
encore juriste – droit aérien et spatial (“space lawyer”) et non [légiste – droit
interplanétaire].
ö ANNOTATEUR.
ö CORONER.
ö JURISCONSULTE.
ö LÉGISTIQUE.
LIBÉRATOIRE.
1) Dans le droit des obligations, est dit libératoire tout ce qui, se rapportant à
une obligation, à un engagement, à une dette ou à une prestation, a pour effet de
libérer le débiteur et d’éteindre son obligation. L’acquit libératoire est la
reconnaissance par le créancier qui constate le paiement d’une dette et la libération
du débiteur. Versement, paiement libératoire. Se prévaloir des dispositions de
paiement libératoire. Cause libératoire. « Le débiteur doit faire la preuve de la
cause étrangère libératoire, telle la force majeure. » Reçu libératoire. Quittance
libératoire. Effets libératoires de la novation.
Une devise ou une monnaie a pouvoir libératoire lorsqu’un versement dans cette
devise est accepté en échange de tout bien ou service et en paiement des impôts et
taxes dans une zone géographique donnée. « L’euro a pouvoir libératoire dans
douze pays d’Europe et au Montenegro. »
5) En common law, la rente libératoire (“quit rent”) dans le droit des biens
correspondait à une redevance fixe que le tenant franc payait au seigneur du fief.
Ce paiement avait pour effet de le libérer de certains services agricoles dont il était
autrement tenu.
paternelle, selon le cas, et ligne directe descendante (elle relie les père et mère à
leurs enfants et à leurs petits-enfants). Parents de la ligne paternelle, de la ligne
maternelle. La seconde relie les parents qui descendent d’un auteur commun (les
frères et sœurs entre eux, les neveux et nièces à leurs oncles et tantes, les cousins
germains entre eux). Parents en ligne directe, en ligne collatérale.
Ainsi, la ligne maternelle (tous les parents qui sont unis à une personne par sa
mère) matérialise la branche maternelle de la ligne directe ascendante, tandis que
la ligne paternelle (tous les parents qui sont unis à une personne par son père)
matérialise la branche paternelle de la ligne directe ascendante.
La notion de ligne est d’une utilité certaine : elle permet d’organiser l’hérédité et la
vocation successorale en matière de droits successoraux
ab intestat et de représentation, elle structure la matière de la filiation, elle établit
un principe fondamental régissant la prohibition du mariage, elle fixe les modalités
applicables à la vocation alimentaire ainsi qu’au choix du tuteur d’un mineur.
Ligne successorale (voir FENTE).
ou
ø
2) Il ne faut pas confondre les termes apparentés ligne, lignage et lignée. Alors
que la ligne désigne la suite, la série, la succession – marquée par un trait, matériel
ou conceptuel – des descendants ou des ascendants d’une famille, autrement dit la
filiation, le lignage et la lignée, ces deux mots venant étymologiquement de ligne,
ne renvoient pas à une série temporelle, mais à un ensemble ou à un groupe.
Vieilli dans l’usage courant, le lignage est un terme collectif encore utile en droit
moderne; il s’entend de l’ensemble des parents qui descendent d’un membre
fondateur commun, l’auteur commun étant l’ancêtre, tandis que la lignée, terme
opposé à lignage et concret celui-là, désigne la descendance, les enfants par
rapport aux parents, la progéniture, bref, le groupe des descendants d’une personne
et renvoie à la postérité, contrairement à lignage, qui évoque le groupe familial
auquel on appartient.
Dans le lignage, le groupe est constitué par les individus qui descendent d’un
ancêtre commun en vertu d’une règle de filiation unilinéaire (voir plus loin au
point 3), au contraire de la lignée, pour laquelle sont indifférentes aussi bien cette
règle de filiation que la ligne, directe ou collatérale, dans laquelle est établie la
parenté. Entrer, sortir du lignage. Lignage par l’effet du mariage. « Dans une
société patrilinéaire, la veuve, sortie de son lignage par l’effet du mariage, épouse
le frère cadet du défunt pour assurer son avenir et celui de ses enfants. » « En se
mariant, elle est entrée dans un nouveau lignage. »
À cause de leur sens complémentaire mais différent, la ligne aura des qualificatifs
empruntés surtout au vocabulaire de la géométrie, la lignée, à la généalogie, à la
biologie et à la génétique, et le lignage, à l’anthropologie. Par exemple, si la ligne
1810
Lignes des hautes eaux. « Le lit des lacs et des cours d’eau navigables et flottables
est, jusqu’à la ligne des hautes eaux, la propriété de l’État. »
5) En droit international public, la ligne est une limite qui marque l’extrémité
d’un territoire ou la séparation des territoires (de pêche, d’exploitation maritime)
des États et leurs frontières. Plus généralement, elle sert à fixer les limites des
frontières d’un État.
entre deux États limitrophes (ligne de démarcation). « Le litige porte sur la ligne
qui sépare les zones extracôtières respectives de ces deux provinces. » « La ligne
a-t-elle été tracée dans le cadre d’un accord ? » Ligne déterminée par accord.
Ligne convenue. Description des lignes par mesurage et délimitation.
Emplacement des lignes. Absence, existence, présence de lignes. Lignes
d’administration des ressources minérales. Ligne tiretée. Direction, longueur de la
ligne.
7) En droit bancaire, on dit tout aussi bien ligne de crédit que marge de crédit,
encore appelées ouverture ou autorisation de crédit, ligne de découvert, ligne
d’escompte (pour le cas particulier des traites acceptées à l’escompte) et crédit
autorisé pour désigner le montant de crédit accordé par une banque ou tout autre
établissement de crédit à son client, sur lequel les paiements que le client peut
avoir à faire sont imputés jusqu’à concurrence du chiffre de crédit consenti ou
alloué. Ligne de crédit active, gagée sur biens immobiliers, illimitée, non utilisée,
personnelle.
ö AB INTESTAT.
1813
ö ATTERRISSEMENT.
ö BORNAGE.
ö COLLATÉRAL.
ö DEGRÉ.
ö FENTE.
ö FILIATION.
ö HÉRÉDITÉ.
ö MITOYEN.
ö PROPRIÉTÉ.
LÉGISTIQUE.
2) La légistique, entendue comme l’étude des aspects formels de la loi, est une
méthode, une discipline, certains osent même dire une science, auxiliaire de la
jurilinguistique et, plus généralement, de la science juridique. Elle s’intéresse au
premier chef à toutes les questions se rapportant à la technique législative, notion
qui recouvre l’ensemble des règles, procédés et usages concernant la forme et la
rédaction des textes législatifs et réglementaires : présentation matérielle du texte,
processus de son élaboration par les rédacteurs et les rédactrices législatifs (qu’il y
a lieu de distinguer des légistes), forme linguistique, autrement dit la « plastique
de la loi » pour suivre Ihering, composition de la loi (au sens de sa confection,
comme l’entendait déjà Montesquieu), soit le plan de la loi, ses découpages, sa
disposition, la formulation de la loi, plus précisément son style (aspects
1814
Les études de droit comparé qui s’organisent autour du thème unificateur des
législations nationales et des codes participent des travaux de légistique comparée,
notamment dans la mesure où elles ne perdent pas de vue les aspects formels de
l’acte législatif.
ö BIJURIDISME.
ö JURILINGUISTIQUE.
ö LÉGISTE.
LEGS.
autre, elle fait un legs. En ce sens, le legs est une opération juridique.
Le legs a pour objet la transmission des biens du testateur. Il opère une disposition
de biens. Faire bénéficier qqn de la disposition du legs. Bénéficiaire du legs. Si
l’objet est autre, ce n’est pas un legs; c’est une clause ou une disposition
testamentaires.
2) Il existe différentes sortes de legs. Classification des legs selon les systèmes
de droit. Catégories, types de legs.
3) En droit civil, les legs sont conçus comme des libéralités contenues dans un
testament. Ils sont de trois sortes principales. Le legs est universel quand le
testateur donne à une ou à plusieurs personnes vocation à recueillir la totalité,
l’universalité de la succession. Le légataire universel est celui qui est appelé à
recevoir par testament tous les biens du défunt. Le legs résiduaire, encore appelé
legs de residuo et legs de résidu, constitue une variété de legs universel qui permet
au testateur de désigner une personne qui pourra recueillir tous les biens de la
succession au cas de décès du légataire universel. Celle-ci, à son propre décès,
remettra à une autre personne, qu’elle désignera dans le testament, la quote-part
non utilisée des biens légués.
Le legs est à titre universel quand le testateur ne donne qu’une quote-part de ses
biens : le légataire à titre universel reçoit une partie (le tiers, la moitié ou toute
autre proportion) ou l’universalité des biens meubles ou immeubles du défunt. Il
existe deux variétés de legs à titre universel : l’un donne vocation à recueillir la
propriété (legs de la propriété), l’autre, à recevoir un démembrement du droit de
propriété (legs d’un démembrement du droit de propriété). Le legs à titre universel
pur et simple rend le légataire copropriétaire de l’hérédité.
Tout autre legs est à titre particulier; c’est un legs particulier. Le légataire à titre
particulier reçoit du défunt un bien en particulier. Les legs à titre particulier ont
priorité sur les autres legs.
En somme, le legs universel se distingue du legs à titre universel, tandis que le legs
particulier est synonyme du legs à titre particulier.
Le legs général n’énonce pas de précisions particulières à l’égard des biens légués
et ne sépare pas un bien, en vue de sa disposition testamentaire, de l’ensemble ou
de la masse des biens faisant partie de la succession. Il s’oppose au legs spécifique,
encore qualifié de particulier dans la documentation consultée (legs à titre
spécifique de biens personnels, de biens réels), dans lequel le testateur fait don, au
ou à la légataire, de tous ses biens d’une certaine espèce ou catégorie ou, le plus
souvent, qui vise un bien ou des biens déterminés, telles une voiture, une maison
ou une œuvre d’art. Le legs démonstratif vise le don d’une quote-part payable sur
un fonds en particulier ou sur une partie des biens du testateur en vue de l’achat
d’un bien-fonds. Legs à titre démonstratif de biens personnels.
5) Le legs est dévolu (“vested”) ou non réalisé (“executory”) selon qu’il prend
effet au décès du testateur ou moyennant la réalisation d’une condition précisée ou
la survenance d’un événement lui aussi précisé dans le testament.
Le légataire prend le nom de destinataire dans le cas où le legs est non réalisé, tel
le destinataire de legs (de biens réels) non réalisé (“executory devisee”). Il faut
remarquer par l’accord en nombre du complément avec le sujet que c’est le legs qui
n’est pas réalisé et non les biens, qu’ils soient réels ou personnels.
Le legs substitué (“substituted”) est celui qui remplace un legs antérieur à la même
personne. Il se distingue du legs cumulatif (“cumulative”) qui s’ajoute plutôt au
premier. Legs substitué de biens personnels, de biens réels. Legs cumulatif de
biens personnels, de biens réels.
Le legs est dit subséquent (“gift over”) dans le cas de celui qui n’est destiné à ne
prendre effet qu’à l’extinction du legs précédent. Il peut porter sur des biens réels
ou personnels et être dévolu ou non. Legs subséquent de biens réels, de biens
personnels; legs subséquent dévolu, non réalisé.
8) Les buts du legs peuvent être très variés; sa désignation a pour fonction de
les faire apparaître. Ainsi, dans le cas où il est fait à un organisme de
1820
On trouve dans la documentation le legs déterminé qui est dit certain (“certain”) :
legs certain de biens personnels, de biens réels, par opposition au legs incertain
(“uncertain”). Il peut être pécuniaire (cas du legs d’une somme d’argent) ou se
rapporter à quelque autre sorte de biens : legs non pécuniaire et non [pécunier].
On dit que le legs a un sort pour signifier ce qu’il advient du legs dans la suite qui
doit lui être donnée. « Quand le mari a légué un objet particulier dépendant de la
communauté, le sort du legs dépend du partage. »
10) Les tribunaux sont très souvent appelés à interpréter des legs, notamment
pour déterminer la capacité requise pour recevoir un legs, la validité d’un legs, la
désignation des légataires, la volonté exprimée dans le legs par le testateur. Legs
caduc, nul, legs frappé de caducité, de nullité. Legs sans effet. Efficacité du legs.
Legs déclaré nul. Legs ambigu, vague, indéterminé. Bénéfice du legs. Nature du
legs. Répudiation du legs. Anéantissement, révocation du legs.
Le legs est exécuté quand il est donné par suite de l’intention du testateur. « Quand
le mari a disposé d’une manière générale de sa part dans la communauté, le legs
est exécuté seulement jusqu’à concurrence de sa part. » Le legs qui s’exécute est
celui qui se réalise, peu importe que ce soit en nature, en valeur ou de quelque
autre manière. « Si le bien légué est mis au lot des héritiers du mari, le legs
s’exécute en nature, et l’objet doit être délivré au légataire; si ce bien est mis au
lot de la femme, le legs s’exécute par équivalent : les héritiers du mari, n’ayant
pas la chose, doivent remettre au légataire sa valeur en argent. » Exécution totale
du legs, exécution en nature ou par équivalent. Legs mettant un bien au lot d’un
héritier.
Syntagmes
Acceptation de legs.
Aliénation par legs.
Constitution de legs.
Création par legs (d’une fondation, d’un organisme).
Délivrance du legs.
Droit au legs.
Entrée en possession du legs.
Énumération, liste de legs.
Objet déterminé, déterminable du legs.
Prélèvement de legs (sur la masse successorale avant le partage).
Réception d’un legs.
1822
Accepter un legs.
Acquérir un legs, par legs.
Aliéner par legs.
Attaquer, contester un legs.
Constituer un legs.
Créer par legs.
Destiner un legs (à qqn).
Entrer en possession d’un legs.
Obtenir un legs.
Prélever un legs.
Recevoir un legs.
Recueillir un legs.
Renoncer à un legs.
Restituer un legs.
Révoquer un legs.
Supporter un legs.
Y avoir legs.
ö LÉGATAIRE.
ö TESTAMENT.
1) Les mots libellé et teneur ne sont pas synonymes, aussi ne peut-on pas les
employer de façon interchangeable. Alors que le libellé évoque la forme d’un
énoncé, d’une disposition, d’une clause, d’une stipulation, d’un acte, la teneur
renvoie au fond du texte. Les exemples qui suivent illustrent dans une première
approche la distinction sémantique. « Il est ajouté un article nouveau II, ainsi
1823
Prendre une teneur. Redresser un libellé. « La première phrase de cet article est
supprimée et prend la teneur suivante : » « À l’article 10, le libellé de l’alinéa
10(1)a) est redressé comme suit : ».
2) Le libellé a donc trait à la façon dont un texte est rédigé, aux termes dans
lesquels est rédigée une formule. Libellé d’un acte de cession, d’un contrat, d’un
testament. Disposition, ordonnance ainsi libellée, libellée comme suit, libellée
ainsi qu’il suit.
Des formulaires exposent la façon dont les actes sous seing privé et les formules de
procédure doivent être rédigés : ce sont des modèles de libellés.
distinction qu’il convient d’établir entre les deux mots : l’analyse étymologique et
l’analyse linguistique.
siècle, tous deux venant du latin libelle, qui signifie livre ou encadré, ce dernier
terme désignant un texte mis en évidence grâce au procédé typographique S et
donc formel S du filet, lequel détache le texte encadré de l’ensemble de l’écrit. Le
mot libellé fait apparaître étymologiquement la caractéristique formelle attachée à
son sens.
Plus ancien puisqu’il est attesté dès le XIIe siècle, le mot teneur vient, comme son
équivalent anglais “tenor”, du latin juridique tenor, qui signifie contenu en parlant
d’un acte, sens conservé encore de nos jours. Ainsi, le libellé s’entend de la forme
d’un texte, la teneur, de son contenu.
Dans une conception logique binaire, on peut dire que le libellé est opposé et lié à
la teneur comme l’est la forme au fond, l’expression à l’idée, la lettre à l’esprit, le
contenant au contenu, le signifiant au signifié.
6) Les nombreux adjectifs qui servent à qualifier les deux substantifs sont
différents. On dit d’un libellé qu’il est, notamment, admirable, ambigu, amélioré,
bâclé, bien ficelé, catégorique, clair, complexe, conforme, contraignant, déficient,
dense, directif, efficace, exact ou inexact, explicite ou implicite, flou, généreux,
générique, habituel ou inhabituel, impératif, indicatif, initial, laborieux, large,
littéral, long, mauvais, moderne, modifié, original, parfait ou imparfait, piètre,
précis ou imprécis, rigoureux, simple, soigné ou vague.
Ainsi, affirmer, par exemple, qu’un texte présente des faiblesses dans son libellé
revient à dire qu’il est mal rédigé.
De la teneur d’un texte, on dira plutôt, comme on le ferait pour une idée ou un
contenu, qu’elle est abstraite, adéquate, cohérente ou incohérente, complète ou
incomplète, complexe, bien ou mal comprise, concrète, contestable, dissuasive,
embrouillée, erronée, féconde, floue, générale, ingénieuse, juste, lumineuse,
malencontreuse, nébuleuse, répétitive, circulaire, novatrice, obscure, originale,
raisonnable ou déraisonnable, rationnelle, singulière, sommaire, spécieuse,
suffisante ou insuffisante, superficielle, suspecte, vague, vraisemblable ou
invraisemblable, tous ces adjectifs qualifiant les idées d’un texte, son fond, son
contenu.
Teneur d’une sentence, d’une décision, d’un arrêt, d’un jugement. Le libellé d’un
jugement est la façon dont le tribunal a rédigé sa décision, tandis que sa teneur est
tout à la fois l’exposé du contexte de l’affaire, l’historique de la contestation,
l’analyse et la motivation, puis la conclusion et le dispositif. « Les parties
demandent au tribunal de rendre une ordonnance qui reprendra essentiellement le
libellé et la teneur de celle qui est jointe à la présente convention de règlement. »
1826
La teneur juridique d’une question posée au tribunal est la quantité de droit, peut-
on dire, et non la base factuelle, qu’elle comporte dans son contenu. « Toutes les
questions posées en l’espèce ont une teneur suffisamment juridique pour faire
l’objet d’un renvoi. »
10) Puisque la teneur d’un écrit s’entend de son contenu exact et intégral, c’est
commettre un pléonasme, à tout le moins léger, que de le qualifier ainsi. On évitera
de parler de la teneur [exacte] ou de la teneur [intégrale] d’un document ou de
propos en évoquant le contenu même de l’écrit ou de l’entretien. Il vaut mieux
employer le mot contenu en ce cas que le mot [teneur] pour éviter la tautologie. « Il
ne peut se souvenir de la teneur exacte de leur conversation. » (= du contenu
exact). Examiner la teneur intégrale de l’entente. (= la teneur de l’entente).
11) Dans une autre acception, est dit libellé ce qui est exposé, formulé, indiqué
par des mots, non par des chiffres. Somme libellée en toutes lettres. Lettre,
demande libellée régulièrement. Chèque libellé à l’ordre du créancier.
12) La polysémie du mot libellé est complète si on ajoute aux sens relevés
précédemment celui d’inscription, de mention. On appelle libellé un nom, un titre,
un intitulé, c’est-à-dire l’inscription placée en tête d’un texte, d’un dossier, d’un
fichier et servant à préciser la nature du contenu à consigner, le genre d’opérations
qui doivent y être constatées ou enregistrées. Libellé d’un compte.
1827
LIRE.
C’est calquer l’anglais “reads as follows” que de dire, pour annoncer une citation
textuelle, que tel texte [se lit comme suit], ce qui signifierait, notamment, qu’on
doit le lire de telle ou telle façon, à voix haute ou à voix basse, et ainsi de suite. On
dira mieux, selon les contextes, qu’un texte dispose, prévoit, pose, déclare ou dit,
qu’il est ainsi rédigé, qu’il est rédigé comme suit, ainsi qu’il suit ou en ces termes,
qu’il est ainsi formulé, qu’il s’exprime en ces termes. On peut employer les
prépositions selon, suivant ou d’après, la locution prépositive aux termes de, ou les
tournures dont la teneur suit ou est ainsi libellé. On recourt de plus en plus dans le
style judiciaire à la phrase substantive Texte de cette disposition, de cet article, de
l’article, ou à sa variante Voici le texte de cette disposition, de cette ordonnance.
2) Dans l’interprétation législative, le juge qui dit, par exemple, que tels ou tels
articles doivent être lus ensemble affirme que ces textes doivent être confrontés
pour en interpréter correctement le sens.
Le tribunal pourra déclarer que deux articles de loi doivent être lus ensemble pour
s’assurer que l’un ne limite pas la portée de l’autre, pour justifier une interprétation
1828
ou l’étayer, pour faire apparaître une interprétation commune qui soit conforme à
l’intention du législateur, à la philosophie sous-jacente de la loi et à la nature
exceptionnelle des renvois.
Il déclarera également que deux documents doivent être lus ensemble parce qu’ils
se complètent et facilitent l’exercice d’interprétation, que deux articles de loi, s’ils
sont lus ensemble, généralisent à outrance une autorisation accordée par le
législateur, la rendant de ce fait illégale ou abusive, et, pour cette raison, qu’il
conviendra d’en retrancher un dans l’analyse. « Bien que les alinéas 3i) et 3h), lus
ensemble, signifient que l’autorisation d’écoute électronique était trop générale,
l’alinéa 3i) peut être retranché de l’autorisation. » « L’alinéa 2c) renforce
l’argument selon lequel les alinéas 2a) et b) ne peuvent être lus ensemble. »
5) Pour varier l’expression, on pourra dire que des textes sont lus l’un avec
l’autre (dans le cas de deux textes) ou les uns avec les autres (dans le cas d’une
pluralité de textes), ou encore à la lumière d’autres textes.
Et puisque dans cette acception le verbe lire signifie aussi bien interpréter
qu’examiner, analyser, rapprocher, prendre ou mettre ensemble, on pourra tourner
en disant qu’un article doit être interprété au regard d’un autre article, que des
textes sont interprétés ensemble, conjointement, en conjonction ou de concert, que
des dispositions doivent être analysées ensemble, que des clauses combinées
renvoient à telle ou telle interprétation, que des traités doivent être rapprochés
pour dégager leur portée, que des attendus sont pris ou mis ensemble ou dans leur
1829
ensemble, ou encore que des éléments de preuve sont examinés ou considérés dans
leur ensemble.
ö COMPLÉTUDE.
ö ENSEMBLE.
LITTÉRATURE JURIDIQUE.
C’est en ce sens strict et global qu’on emploie le terme dans la section des travaux
de recherche appelée revue de la littérature, qui couvre l’ensemble des principaux
ouvrages produits en droit sur une question particulière. « C’est à travers des
siècles de littérature juridique qu’un peuple peut saisir l’évolution de son droit. »
« L’ensemble des textes formant la littérature juridique constitue un héritage
historique et la mémoire juridique de l’humanité. » Évolution de la littérature
juridique.
Les textes émanant des ordres législatif et exécutif (les lois et leurs règlements
d’application, les traités, arrêtés, décrets, ordonnances et édits), les textes produits
par l’ordre judiciaire (arrêts et jugements, sentences arbitrales, ordonnances, ordres
et mandats), les textes coutumiers, les adages, maximes et aphorismes du droit tout
comme l’ensemble des textes issus de la pratique, (actes juridiques et
instrumentaires, conventions, contrats, accords et ententes, testaments, et ainsi de
suite), sont, en ce sens, de la littérature juridique. Éditeur de littérature juridique.
commise [en vertu de] la loi, cette dernière n’ayant pas pour objet d’autoriser la
commission d’infractions. De même, il est doublement illogique de parler d’une
infraction commise [en vertu d’] une disposition pénale : une disposition légale ne
peut autoriser la perpétration d’une infraction et on ne peut commettre une
infraction à une disposition qui crée une infraction. On dira, dans le cas d’une
infraction : infraction à telle disposition, infraction prévue à tel article, par telle
loi, à tel code, infraction punie, sanctionnée par tel article.
Par exemple, dans chacune des phrases suivantes, la locution prépositive établit un
lien de subordination différent entre un fait (l’obligation de fait) et un texte s’y
appliquant. « Le soutien au congé doit être payé en application de la loi » : la loi
prescrit le paiement, lequel se fait en application de celle-ci. « Le soutien au congé
doit être payé en conformité avec les modalités que prévoit l’ordonnance
judiciaire » : l’ordonnance énonce la manière (ce peut être la consignation au
tribunal) dont le paiement doit être effectué. « Le soutien au congé doit être payé
en vertu de l’entente de séparation » : le paiement est effectué par suite du pouvoir
contraignant de l’entente.
Ainsi, les locutions en application de et par application de, qui seraient, d’après
les dictionnaires et les lexiques, des synonymes, ne peuvent pas s’employer l’une
pour l’autre sans créer un glissement de sens. Bien qu’étant toutes deux construites
à l’aide des prépositions en et par et marquant de ce fait le même rapport de
moyen, elles se distinguent par une nuance subtile. Si l’action du sujet de droit est
directe et découle d’une prescription, on dit en application de. Par exemple,
l’article 10 « exigeant » la constitution d’un comité du Conseil, on dira à
l’article 5 : « Le Conseil constitue un comité en application de l’article 10. »
Linguistiquement, le point de vue est ici actif. Si, en revanche, le point de vue
devient passif, c’est par application de qu’il faut dire. « Le comité constitué par
application de l’article 10 relève du Conseil. » Ou bien le texte dit que la loi
s’applique (par application de), ou bien il dit qu’elle est appliquée (en application
de). « Le demandeur se prévaut, en application de l’article 242 du Code civil, de
la faute imputable à sa femme » (= le sujet de droit est ici actif linguistiquement
parlant.) « Par application de l’article 242 du Code civil, le tribunal a autorisé le
demandeur à se prévaloir de la faute imputée à sa femme » (= l’action du tribunal
est ici indirecte, le point de vue étant passif.)
Le rapport qu’elle marque avec le mot modifié est aussi varié que celui
qu’entretient la locution prépositive avec les mots qu’elle lie ou subordonne.
Les locutions adverbiales pourront indiquer que la nullité d’un acte remonte à son
origine, au moment de sa formation (ab initio), qu’une succession émane d’une
personne qui est décédée sans avoir fait de testament (ab intestat) qu’une chose a
été dite, écrite ou accomplie sous l’empire de la colère (ab irato), qu’un argument
s’oppose à un raisonnement menant à une conclusion contraire (a contrario),
absurde (ab aburdo), ou semblable (a simili) ou encore qu’une personne est
nommée dans un cas spécial (ad hoc), et ainsi de suite. Plusieurs de ces latinismes
qui caractérisent la langue du droit sont des emprunts francisés (a fortiori, a priori,
a posteriori).
a) à bon droit a) D’une façon juste et légitime, à raison. a) « D’après la Cour d’appel, le premier
b) de droit juge s’est prononcé à bon droit en
c) de plein droit * Rapport de raison, de conformité au faveur du demandeur
Comp. à bon escient, à juste titre droit, d’exactitude, de légitimité, de (= 1) il était en droit de statuer comme il
régularité. a fait; = 2) il est approuvé de l’avoir fait.)
Syntaxe : la locution est généralement « La Cour est saisie à bon droit de cette
postposée (« déduire à bon droit que »; question »
« preuve écartée, invoquée à bon droit »); (= régulièrement)
antéposée, elle produit un effet stylistique
en mettant l’accent sur l’idée de légitimité b) « Les actes frauduleux sont nuls de
ou de régularité (« On ne saurait à bon droit. » « Les ministres sont membres de
droit prêter à ce mot un tel sens. »). droit du Cabinet. »
b) Légal, prévu par les textes; qui ne peut c) « Il bénéficie de plein droit de tous les
donner lieu à discussion; péremptoire, avantages du Régime. »
irréfragable.
« La résidence séparée des époux, au
* Rapport de conséquence. cours de la procédure de divorce ou de
séparation de corps, entraîne de plein
Souligne le fait que le juge n’a qu’à droit domicile distinct. »
constater la preuve qui lui est présentée et
à statuer en conséquence.
à bon escient a) Parrallélisme de sens et de rapport avec a) « La Cour a souligné à bon escient le
la locution à bon droit : à juste titre, avec bien-fondé de cet argument. »
raison, avec discernement, à propos.
« Le tribunal a invoqué l’utilisation à
Construction : avec le verbe ou avec le bon escient de son pouvoir
substantif. discrétionnaire. »
a) à cet effet a) En vue de cela, dans cette intention, a) « La Commission assiste la Cour dans
pour cet usage. toute affaire dont elle est saisie; à cet
b) à cette fin effet, elle désigne les délégués. »
*Rapport d’intention.
« La Cour peut demander qu’il soit
b) Pour parvenir à cette fin. procédé à la rectification des erreurs
matérielles constatées; à cet effet, elle en
* Rapport de but. donne directement instruction au
greffier. »
Bien distinguer ces deux locutions.
b) « Le greffier est tenu de rectifier les
Si on se propose de faire quelque chose, erreurs matérielles constatées; à cette fin,
on présente une demande à cet égard; si il apporte dans les registres les
une partie décide de poursuivre quelqu’un rectifications nécessaires. »
en justice, elle devra prendre les mesures
nécessaires à cette fin.
à défaut de/faute de En l’absence de, par manque de. « À défaut de remise ou de signification
du mémoire... »
Comp. en l’absence de/en présence de * Rapport d’omission, de manque, de ou
restriction.
« À défaut de remettre ou de signifier le
Construction substantive ou infinitive. mémoire... »
à dessein de En vue de, dans l’intention de. « Le conseil estime qu’il y a, à dessein
de publicité, abus des droits que confère
* Rapport d’intention, de but, de finalité. le présent article. »
On trouve aussi dans le dessein de, « On ne peut user d’un droit dans le
locution jugée plus moderne que la dessein de nuire. »
première par les dictionnaires généraux.
1839
à (seule) fin de/aux fins de/ La locution aux fins de introduit l’objet « Le juge se saisit d’office aux fins
de la démarche juridique. On la remplace d’ouverture d’une tutelle. »
souvent par la locution pour les besoins
de « La déclaration a été présentée aux fins
de faire cesser la sauvegarde de justice. »
* Rapport de finalité, de but.
« Le juge peut commettre un médecin
Elle doit avoir pour complément un nom aux fins de tout examen qui lui paraîtrait
d’action et non d’état. « Aux fins nécessaire. »
d’[impôt] » est une impropriété; on dirait
plutôt : pour usage fiscal. « Il y a lieu de traduire le prévenu devant
(Multidictionnaire) le juge aux fins de le juger. »
À éviter : [pour les fins de]. « L’autre époux a été assigné à fin de
conciliation. »
à la lumière de Grâce à, à l’aide de, par le fait de, en se « La Cour ne sera compétente que s’il
référant à, sur la base de, sous l’angle de, s’agit d’une erreur de droit apparente "on
sous l’éclairage de, sous le rapport de, the face", c’est-à-dire si l’erreur en
dans la perspective de. question peut apparaître à la lumière de
l’acte seul. » (= au vu de, à la lecture de)
* Rapport de moyen.
« Lorsqu’il constate, [à la lumière] du
La locution est fréquente chez les certificat qui lui est présenté, que le
commentateurs, chez les auteurs. Elle ne véhicule est défectueux, l’administrateur
doit pas être incongrue, la métaphore peut ordonner la mise en fourrière du
qu’elle comporte devant convenir tant au véhicule. » (= la locution au vu de eût
terme régissant qu’à son régime : ainsi un été plus adéquate).
fait « s’apprécie » à la lumière des
« dispositions » pertinentes de la loi; des « Il semble nécessaire de permettre au
règles sont « établies » à la lumière de la tribunal de décider, à la lumière des
« pratique », etc.; des arguments sont circonstances de chaque cas, si la tutelle
« examinés » à la lumière du « droit » en doit être exercée par les deux parents. »
vigueur; il est « statué » à la lumière du
cas » d’espèce soumis; une comparaison « Cet article se lit à la lumière des règles
s’est « opérée » à la lumière de la sur la prescription. »
« raison » de la « loi », et ainsi de suite.
« La responsabilité de l’architecte se
déduit à la lumière du contrat. »
à l’appui de/au soutien de * Rapport de confirmation, d’appui. « Aucun fait précis n’a été articulé à
l’appui de la demande d’enquête
présentée par le défendeur. »
à la suite de/par suite de * La première marque un rapport de « Les blessures qu’il a subies par suite
temps, tandis que la seconde marque un de l’accident « (et non [à la suite] de
rapport de conséquence. l’accident. »
1841
à l’effet de En vue de, afin de, pour. « Il a engagé l’instance d’appel à l’effet
d’obtenir un droit de visite. »
* Rapport d’intention, de but, de finalité.
« L’État confère officiellement à l’un de
On aurait tout intérêt à utiliser plus ses agents qualité à l’effet de le
souvent cette locution d’appartenance représenter auprès d’un autre État. »
juridique exclusive. Elle présente
plusieurs avantages, dont ceux de produire « Le lieutenant-gouverneur en conseil
l’effet Thémis, de tenir lieu des locutions peut prescrire toute autre question qu’il
« afin de », « en vue de », ou de la estime nécessaire à l’effet de protéger les
préposition « pour », réservant cette intérêts des consommateurs. »
dernière pour marquer un autre rapport
que le but, par exemple celui de durée,
d’intérêt, de conséquence, de cause,
d’opposition ou de concession.
à l’égard de/au regard de/en regard de La locution à l’égard de est très fréquente « Le jugement est réputé contradictoire à
dans la langue du droit. l’égard de tous. » À l’égard des tiers.
à même de Sens : en état, en mesure de (faire qqch.). « Les parties doivent être à même
d’organiser leurs défenses. »
* Rapport de capacité.
« Le juge ne peut retenir, dans sa
décision, les moyens, les explications et
les documents invoqués ou produits par
les parties que si celles-ci ont été à même
d’en débattre contradictoirement. »
à peine de/sous peine de Sens : avec le risque de, sous la sanction « Si le mineur doit quelque chose au
de. tuteur, celui-ci devra le déclarer dans
l’inventaire, à peine de déchéance. »
* Rapport de conséquence.
« En outre, au cas où la modification
Locutions synonymes, la première serait mentionnée ne porte que sur partie des
vieillie selon les dictionnaires généraux, immeubles grevés, ces immeubles
mais la documentation atteste une nette doivent, sous peine de refus du dépôt,
préférence pour à peine de dans la langue être individuellement désignés. »
du droit, locution de style soutenu.
à raison de/en raison de * Rapport de mesure ou rapport de cause. « L’employeur a retenu ces candidats à
raison de leurs connaissances. »
À raison de. Premier sens : sur la base de,
en comptant, au prix de. Deuxième sens : « Il doit être payé en raison du temps
à cause de, en considération de, à qu’il y a consacré. »
proportion de, suivant.
« La juridiction est incompétente en
En raison de. Premier sens : à proportion raison du montant de la demande. »
de, selon, dans la mesure. Deuxième sens :
du fait de, vu, eu égard à, en tenant « Il a été jugé à raison des infractions
compte de, en conséquence de, à cause de. commises. »
partielle qui suit sont traitées dans l’article qui correspond au substantif à l’aide
duquel elles sont formées; par exemple, les locutions par dérogation à, sous le
régime de et sous réserve de sont étudiées aux articles DÉROGATION, RÉGIME et
RÉSERVE respectivement.
1846
ö DÉROGATION.
ö RÉGIME.
ö RÉSERVE.
ö TEXTE.
LOGER.
Ce verbe ne se rencontre en droit qu’au sens que lui donne le domaine du droit au
logement, lequel trouve des applications dans les différents régimes que prévoient,
par exemple, le droit relatif aux locaux d’habitation, le droit des propriétaires et
des locataires, le droit du divorce et le droit des biens matrimoniaux. En ces
matières, il signifie habiter à demeure ou provisoirement dans un logement ou,
comme transitif, abriter dans un logis ou héberger. C’est le sens qu’il a, d’ailleurs,
dans la langue usuelle.
C’est dire que loger n’a qu’une des acceptions qu’il partage avec son quasi-
homonyme anglais “to lodge”, qui s’emploie aussi et surtout avec des compléments
désignant généralement des recours ou des formes de dénonciation ou de
protestation : “action”, “caveat”, “claim”, “proceedings”, “suit”, “appeal”, “blame”,
“complaint”, “grievance”, “protest”, “accusation”, ou une forme de garantie :
“security”. Il a alors le sens de présenter formellement à une autorité, de déposer,
d’intenter ou poursuivre, d’inscrire ou d’enregistrer.
Ainsi dira-t-on en français, par exemple, non pas [loger] mais introduire, intenter
une action, présenter, introduire une requête, une demande, une motion,
prononcer une mise en garde, saisir (une autorité) d’une requête, d’une
réclamation, d’une demande, d’une motion, présenter une réclamation, déposer
une preuve de réclamation, de sinistre, exercer, présenter un recours, intenter une
ou des poursuites, appeler, faire ou interjeter appel, former un pourvoi, se
pourvoir, déposer au greffe, déposer une plainte, porter plainte, déposer, formuler,
porter, présenter un grief, former, mettre une ou des oppositions, soulever des
objections, déposer une protestation, produire des créances, constituer une
caution, déposer une garantie.
1848
MALTRAITANCE.
M
Dès 1987, le néologisme maltraitance ne tarde pas à entrer en vive concurrence
avec mauvais traitements et maltraitement pour combattre l’impropriété que
constitue le mot [abus] pris en ce sens. Il tend aujourd’hui à les supplanter.
Les négligences actives et les négligences passives constituent aussi une forme de
maltraitance, appelée maltraitance par omission. Maltraitance active,
maltraitance passive.
La personne maltraitée (et non traitée mal, expression qui est beaucoup moins forte
et qui implique une infraction aux usages généralement reconnus), objet de
violences, d’une extrême dureté, d’une inhumanité, brimée, malmenée, la victime
de maltraitance, peut être une personne âgée, une conjointe, une personne
handicapée, bref une personne vulnérable vivant à domicile ou en institution, dans
un foyer de soins. Maltraitance à domicile, en institution. Les violences peuvent
être psychologiques, financières, physiques, civiques, médicamenteuses. Elles
prennent d’autres formes aussi. Les séquelles (physiques, psychologiques,
mortelles parfois) de la maltraitance sont permanentes.
3) Les actes, les atteintes ou les faits de maltraitance vont des punitions, des
privations et des châtiments corporels à la malnutrition volontaire et imposée, à
l’humiliation constante, à l’isolement, à l’enfermement, à l’inceste et à l’abus
sexuel (encore appelé agression, violence, exploitation sexuelle, bien que tous ces
termes ne soient pas de parfaits équivalents).
5) Parmi les actes de maltraitance, il y a lieu de distinguer les actes qui sont
sanctionnés pénalement et ceux qui relèvent du droit commun. Dans les cas de vide
1850
ö ABUS.
ö VIDE.
Hormis, en droit pénal, les cas de la peine (lourde ou légère), de la pénalité (lourde
ou légère), de l’amende (lourde ou légère) et de la sanction (lourde ou légère), la
lourdeur et la légèreté au sens figuré s’attachent principalement à la notion de
faute.
L’article 1054.1 du Code civil du Québec et les dispositions pertinentes des lois sur
l’indemnisation des victimes d’actes criminels, par exemple, permettent de
comprendre que c’est l’ampleur exceptionnelle de l’écart constaté entre la conduite
reprochée et celle à laquelle il y aurait eu lieu de se conformer qui distingue la
faute lourde de la faute légère, aussi bien en matière délictuelle que contractuelle.
Faute lourde, faute légère du débiteur. Plainte pour faute lourde. Être victime
d’une faute lourde. Preuve de la faute lourde. Pénalités pour faute lourde. Fautes
lourdes de carence.
Dans le droit du transport public, la faute lourde du transporteur découle d’un acte
de négligence d’une extrême gravité. « Attendu que la faute lourde s’entend d’une
négligence d’une extrême gravité, confinant au dol et dénotant l’inaptitude du
transporteur, maître de son action, à l’accomplissement de la mission
contractuelle qu’il a acceptée; (...) » La faute dolosive ou intentionnelle est
assimilée à la faute lourde.
Il importe d’établir une distinction entre la négligence et la faute. Les deux termes
ne sont pas des synonymes. La négligence est constitutive d’une faute, cette
dernière se caractérisant notamment par la commission d’un acte de négligence. La
faute lourde comporte un degré extrême de négligence. Ainsi trouve-t-on dans le
champ sémantique de la faute lourde la notion de négligence lourde.
En common law, s’il est question de négligence en droit délictuel, notion proche de
celle de faute, on ne parle pas de négligence [lourde] par opposition à la négligence
légère (“slight negligence”), mais de négligence grave (“aggravated negligence”).
La mission du mandataire, ses pouvoirs et ses devoirs sont portés dans le mandat.
2) Le mandat légal est conféré par la loi, le mandat judiciaire est décerné ou
lancé par le tribunal et le mandat conventionnel est issu d’une convention passée
par les deux parties.
C’est dans ce dernier type de mandat que l’on assimile au mandat la procuration.
Le mandat est le contrat donnant pouvoir de représentation, tandis que la
procuration est ou bien ce pouvoir de représentation lui-même que reconnaît ou
que confère le mandat, ou bien le document qui le constate.
Les deux termes sont apparentés. Ils ne sont pas synonymes comme le donne à
penser la définition légale du mandat que l’on trouve dans les codes civils. C’est à
juste titre que l’on peut affirmer que la formulation de la définition n’est pas
heureuse puisqu’elle crée une ambiguïté qui conduit auteurs et lexicographes à
parler de synonymie.
De même, quand on dit que mandataire et procureur (ce dernier terme est vieilli en
droit) sont synonymes, l’affirmation doit être nuancée. Les deux termes ne peuvent
s’employer indifféremment dans tous les contextes sous peine de confusion. Par
exemple, on donne une procuration, on la signe, dans le cas d’une assemblée
générale où il y aura lieu de voter sur des résolutions et à laquelle on ne pourra pas
assister en personne. Celui qui est nommé dans la procuration s’appelle fondé de
pouvoir. Autrement dit, la procuration est, effectivement, non un [mandat] stricto
sensu, mais un des effets du mandat. Elle est générale quand elle s’applique à
1854
l’intégralité des affaires du mandant, elle est spéciale quand elle se limite à une
affaire en particulier.
Ces sortes de mandats se rangent dans la catégorie des mandats véritables, que
l’on oppose aux mandats apparents, ainsi qualifiés parce que le mandant a tout
lieu de croire, de bonne foi et se fondant sur des motifs raisonnables, que le
mandataire est tenu de le représenter. Dans cette qualification, le représentant n’a
pas fait connaître sa qualité et on ne sait s’il détient les pouvoirs suffisants pour
réaliser sa mission. Les tiers peuvent légitimement croire qu’il a agi en sa qualité
de mandataire pour le compte du mandant. Dans le contrat de mandat, le mandat
est transparent parce que les tiers connaissent le mandant et le mandataire. La
représentation dans cette sorte de mandat est dite parfaite. Elle est imparfaite, par
exemple, dans la commission : il y a opacité du commettant parce que les tiers ne le
connaissent pas.
Dans le mandat clandestin, encore appelé mandat dissimulé ou mandat occulte, qui
est un contrat de prête-nom, le mandataire, tout en agissant pour le compte du
mandant et en son nom, laisse croire qu’il agit pour lui-même et assume
personnellement les charges du mandat. L’entente conclue entre le mandant
occulte et le mandataire (appelé, dans la circonstance, prête-nom) n’est pas portée
à la connaissance des tiers : le prête-nom agit en son propre nom (d’où son
appellation de prête-nom) et sans représentation (d’où le caractère clandestin, au
1855
10) La common law établit une nette distinction entre le mandat (“agency”) et la
fiducie (“trust”). Contrairement à cette dernière, le mandat trouve sa source entière
dans un contrat conclu entre le mandant (“principal”) et le mandataire (“agent”),
lequel n’est pas titulaire, comme l’est le fiduciaire (“trustee”), d’un droit de
propriété sur les biens objet du mandat. Quant au fiduciaire, il est le véritable
propriétaire en common law des biens de la fiducie.
Les mandataires ont pour rôle d’administrer les biens des mandants ou de
représenter ces derniers; les fiduciaires jouissent d’une plus grande liberté, pouvant
même, sous certaines conditions, aliéner les biens à leur gré.
11) Dans le droit des sociétés par actions (“business corporation law”), la société
par actions ou société d’affaires (“business corporation” ou “company limited by
shares”) est une entreprise dans laquelle une ou plusieurs personnes, appelées
actionnaires, détiennent un intérêt.
Le mandat pourra être apparent quand ce type de société laisse croire au tiers, par
ses assertions ou son comportement, que le mandataire agit censément en son nom
et pour son compte et est investi de l’autorité nécessaire pour conclure une
transaction ou pour procéder à quelque opération et que le tiers agit sur la foi de
ces assertions ou de ce comportement. Le mandat ordinaire ou usuel découle du
poste occupé ou des fonctions exercées par le prétendu mandataire. Mandat par
préclusion.
12) En droit pénal, le mandat est un ordre donné par une autorité de justice. En
France, le Code de procédure pénale prévoit que le juge d’instruction est habilité à
décerner et à délivrer (on dit aussi à donner) les mandats de comparution,
d’amener, de dépôt ou d’arrêt (et non d’[arrestation], l’arrêt renvoyant à la maison
d’arrêt comme le dépôt renvoie au lieu de dépôt). Au Canada, selon les textes, on
dit aussi bien mandat d’arrestation que mandat d’arrêt. Lancer un mandat contre
quelqu’un.
Le mandat précise l’identité de l’inculpé; il est daté et signé par le juge mandant,
puis est scellé ou muni, revêtu de son sceau. La nature de l’inculpation et les
articles de loi applicables figurent sur les mandats d’amener, de dépôt et d’arrêt.
1859
Le mandat est donc un ordre, non une [ordonnance], judiciaire dirigé contre un
prévenu ou un inculpé. Cet ordre peut porter sur la personne même de l’individu ou
sur sa comparution en justice. Ordonner par mandat.
Le Code criminel du Canada prévoit qu’un mandat peut être délivré (non [émis])
pour l’arrestation d’un prévenu (cas du mandat d’arrestation) ou pour le dépôt ou
l’internement ou la détention sous garde du prévenu (cas du mandat de dépôt).
Le télémandat est décerné par téléphone, par télécopieur ou par tout autre moyen
de communication. Il est ainsi délivré pour accélérer l’obtention du mandat par un
policier incapable de se présenter personnellement et immédiatement devant le
juge mandant. Il n’est autorisé que dans les cas d’actes criminels. Demande de
télémandat. Télémandat d’entrer dans une demeure. Télémandat de perquisition.
La personne qui fait l’objet d’un mandat, qui est visée par le mandat d’arrestation
tombe sous le coup du mandat d’entrée dans une maison d’habitation, lequel
autorise la force publique à l’arrêter avec ou sans mandat. Le mandat d’arrestation
peut être lancé également contre un témoin qui s’esquive. Mandat de main-forte.
Validité constitutionnelle du mandat de main-forte.
Dans le mandat de dépôt, le mot dépôt, employé par extension, désigne dans la
terminologie de la pratique la prison, le lieu d’internement destiné à accueillir les
personnes recherchées en vertu de ce mandat. Cet ordre enjoint à un agent de la
paix d’appréhender le prévenu et de le conduire à une prison (= le lieu de dépôt)
pour qu’il y soit interné jusqu’à sa remise entre d’autres mains selon le cours
régulier de la loi.
1860
Le mandat d’amener un témoin est décerné contre un témoin qui est probablement
en état de rendre un témoignage essentiel pour le poursuivant ou pour la défense et
qui ne comparaîtra pas sans y être contraint, se soustrait à la signification d’une
assignation, ne s’est pas présenté aux jour, heure et lieu indiqués dans l’assignation
ou était tenu, suivant les conditions d’un engagement, de se présenter et de
témoigner et a négligé de le faire.
Le mandat de perquisition est l’autorisation donnée par ordre d’un juge de paix à
un agent de la paix ou à une personne qu’il désigne d’effectuer une perquisition
dans un lieu en vue d’y trouver des objets ayant servi ou pouvant servir à la
commission d’une infraction ou qui constituent des éléments de preuve établissant
la perpétration d’une infraction. Mandat de fouille, mandat de saisie. Mandat de
saisie-exécution.
1861
Le visa du mandat est une formule signée par le juge de paix; il répond à la
demande qui lui est adressée concernant l’arrestation d’un prévenu visé par un
mandat d’arrestation ou l’exécution du mandat joint au visa. Viser un mandat.
Apposer un visa sur le mandat. Mandat valide. Mandat révocable, irrévocable.
Mandat nul.
ö AD LITEM.
ö ASSIGNATION.
ö BAILLEMENT.
ö CONTRAT.
ö FIDUCIE.
ö OCCULTE.
ö SUCCESSION.
ö TENU.
ö TESTAMENT.
ö THÉORIE.
ö TRANSFÈREMENT.
ö VISA.
MANDATEMENT.
ö MANDAT.
ö MANDATER.
MANDATER.
L’écrit qui constate le mandat donné s’appelle aussi une procuration dans les seuls
cas du mandat de représentation, mais mandat et procuration ne sont pas pour cette
raison de parfaits synonymes.
ö MANDANT.
ö MANDAT.
ö MANDATEMENT.
ö MISSION.
ö PROCURATION.
MANDATOIRE.
Cet adjectif est propre au droit canadien. Canadianisme correctement formé sur le
mot racine mandat au sens de ce mot en droit pénal, soit ordre, et sur le suffixe -
oire marquant, dans la langue du droit, un objectif, une fin, une finalité à atteindre,
un résultat recherché, il est emprunté à l’anglais “mandatory”, signifiant
obligatoire, impératif.
ö INJONCTION.
ö MANDAT.
ö PROHIBITIF.
MANDER.
ö ASSIGNER.
ö CITER.
ö MISSION.
ö SOMMER.
MARITIMISTE.
la mission est surtout orientée depuis plusieurs années vers les activités propres au
droit maritime qu’elle a une solide tradition maritimiste. Cabinet maritimiste.
C’est dans les écrits maritimistes que l’on trouve exposés les grands principes qui
animent le droit maritime. L’avocat spécialisé en droit maritime ou qui travaille
dans le droit des activités maritimes (transport de marchandises, assurances,
sécurité des ports, pêche, location de navire, actions judiciaires en responsabilité)
est un avocat maritimiste. Chercheur, juriste maritimiste. « Le juriste maritimiste
est un spécialiste du droit maritime. Son rôle consiste à prévenir et à guérir les
litiges juridiques relatifs au monde maritime. » « Les maritimistes trouveront dans
la dernière livraison des travaux du comité plusieurs thèmes d’un intérêt
particulier. » Doctrine maritimiste. « Le thème des clauses attributives de
compétence dans le transport maritime se trouve, depuis plus d’un siècle, à la
croisée des préoccupations de la doctrine maritimiste et de la doctrine
internationaliste. » Sensibilité maritimiste, sensibilité de maritimiste. Point de vue
maritimiste. Explication maritimiste. Analyse maritimiste.
MÉJUGER.
ö ADMISSIBILITÉ.
ö MÉRITE.
MÉRITE.
3) Le mot mérite est assimilé également au fond d’un cas, d’une question,
d’une instance, à la substance, à l’essentiel d’un procès, d’une affaire, d’une cause,
d’une demande, par opposition à la forme. Démontrer le mérite d’une demande,
c’est prouver l’existence des éléments susceptibles de l’étayer. La demande qui est
non fondée ou qui est mal fondée est dénuée ou dépourvue de mérite : elle est
jugée sans mérite.
Si le mérite d’une thèse est qu’elle est bien fondée, le mérite d’un plaideur sera son
bon droit et se justifiera par le fait qu’il a le bon droit pour lui.
1868
4) Il faut éviter d’employer mérite au pluriel dans cette acception. C’est par
imitation de l’homonyme anglais "merits" que l’on tombe dans ce piège,
commettant ainsi un anglicisme.
Le tribunal ne juge pas [les mérites] d’une demande; la demande est jugée au fond,
au mérite. Une plainte n’est pas rejetée [sur les mérites] : elle est rejetée comme
non fondée, comme étant sans mérite. On ne peut pas dire : considérant que [les
mérites] sont pour le défendeur, quand ce qu’on veut dire est plutôt : considérant le
bien-fondé de la défense ou considérant que le défendeur a le bon droit pour lui. En
outre, une défense n’est pas [basée sur les mérites]; elle se fonde sur les faits de la
cause, aussi pour cette raison la qualifie-t-on de défense au fond. Chaque cas doit
être jugé par lui-même, c’est-à-dire, non pas [sur les mérites], mais au fond. Le
jugement au fond tranche le fond du litige, non les questions de forme ou de
procédure. Le fond de la cause est en état : c’est s’exprimer en franglais que de dire
que la cause est en état [sur les mérites]. Le tribunal se prononce sur le fond, non
[sur les mérites]. On discute une question au fond, non [sur ses mérites], on en
discute le pour et le contre, on examine ce qu’il y a de bon ou de mauvais dans
celle-ci, aussi peut-on dire qu’on en discute ou qu’on en examine le mérite.
5) Les mérites d’une demande s’apprécient non pas en fonction de son bien-
fondé (de son mérite), mais au regard de sa légalité, autrement dit en fonction de sa
nature, de son objet, de sa validité. Ces éléments d’appréciation relevant tous du
pouvoir souverain du tribunal sont des fondements, des conditions préalables de sa
recevabilité. « Est recevable la demande en justice dont le juge est tenu d’examiner
les mérites au fond. »
Autrement dit, dans l’ordre de préséance qui règle le sort de la demande en justice,
il est permis d’affirmer que ses mérites ou sa légalité précèdent son mérite puisque
les premiers portent sur sa recevabilité, tandis que le second se rapporte à son bien-
fondé, à sa valeur intrinsèque, laquelle justifiera le juge, en dernière analyse, d’y
faire droit, de l’accueillir, de la dire accueillie au fond, de la déclarer bien fondée.
6) Dans une autre acception, le mot mérite employé au pluriel désigne les
points à retenir, les éléments pertinents d’un acte juridique, d’un raisonnement,
d’une plaidoirie, d’un argument, d’une argumentation. On pourra dire, par
exemple, que, selon les règles de rédaction des motifs de jugement, le juge ne doit
pas, dans l’exorde de ses motifs, prendre parti sur les mérites de l’argumentation
exposée.
ö BIEN-FONDÉ.
ö BON.
ö EXORDE.
ö FOND.
ö FORME.
ö RECEVABLE.
ö SORT.
ö VALEUR.
MÉSUSAGE. MÉSUSER.
Toutefois, on ne dit pas mésusage dans tous les cas d’abus. Des termes techniques
renvoient à des infractions précises prévues dans les lois et les codes. Des formules
consacrées ne pourront pas être substituées au profit du mot mésusage, qui n’est
pas un terme technique, mais qui vient complémenter dans le discours l’emploi du
terme technique. Ainsi parlera-t-on, suivant les contextes particuliers à une
infraction, d’abus de droit, d’usage abusif ou de détournement de la procédure, de
détournement de pouvoir ou d’abus de confiance, d’abus d’autorité ou de
forfaiture, de prévarication et d’extorsion de fonds, ou encore de malversation.
ö ABUS.
ö DÉTOURNEMENT.
ö USAGE.
La métrologie légale s’intéresse aux opérations officielles qu’un État peut effectuer
en vue de l’attribution de la qualité d’instrument de mesurage légal à un tel
instrument de mesure. Pour l’attribution de cette qualité, les opérations
comprennent, selon l’Organisation internationale de métrologie légale,
l’approbation du modèle, la vérification primitive et le jaugeage, pour la
conservation de cette qualité, la vérification et la surveillance.
La métrologie est qualifiée de légale parce qu’elle porte, entre autres, sur les unités
de mesure et les instruments de mesurage dans leur conformité avec les
prescriptions légales afin de garantir la sécurité publique concernant la précision
des poids et mesures. Métrologie des procédés, des processus, du contrôle de la
qualité. Métrologie générale, appliquée. Vocabulaire de métrologie légale.
1871
MINISTÈRE.
Vieillie dans la langue usuelle, la locution par (le) ministère de est courante en
droit. Elle est suivie d’un complément de personne; il s’agira le plus souvent d’un
avocat, d’un huissier, d’un auxiliaire de la justice. En cet emploi, le mot ministère
signifie assistance, concours, entremise, intervention, participation.
1872
Ainsi, dire que, pour un acte, le ministère d’un avocat est obligatoire, cela signifie
que le plaideur ne peut accomplir cet acte qu’avec le concours de l’avocat, qu’il ne
peut l’accomplir seul. Être dispensé de recourir au ministère d’un avocat. Signifier
une mise en demeure par ministère d’huissier. « Toute poursuite en expropriation
d’immeuble doit être précédée d’un commandement de payer fait, à la diligence et
requête du créancier, à la personne du débiteur ou à son domicile, par le ministère
d’un huissier. » « Les valeurs mobilières qui sont inscrites à une cote officielle
sont vendues par le ministère d’un agent de change. Les autres sont vendues aux
enchères par le ministère d’un agent ou d’un notaire. »
MISSION. VOCATION.
Mais le juge a aussi vocation à rendre justice; c’est là une obligation, un devoir, ce
à quoi il est strictement tenu. Mission et vocation seraient-ils de parfaits
synonymes ?
La tâche confiée au droit d’édicter des règles de vie sociale, d’établir un ordre, un
ordonnancement juridique est-elle une mission ou une vocation ? Car ce rôle qu’il
assume de régler les comportements humains dans la vie civile, d’élever ses sujets
dans le respect de sa règle, ne peut être conçu autrement que comme une fonction.
La vocation de la règle de droit (et non sa [mission]) est de s’appliquer à tous (en
général) ou à un groupe d’individus (en particulier). Mais certaines règles, dira-t-
on, ont vocation (et non [mission]) de principe, et d’autres ont valeur d’exception.
L’exception est une règle aussi puisqu’elle a vocation (et non [mission]) à saisir
une série de cas. La vocation générale de la règle se traduit dans le temps : elle a
pour vocation de régir le présent aussi bien que l’avenir.
La mission évoque un rôle à exercer (ce qui explique la fréquence d’emploi du mot
au pluriel : on parle de la multiplicité, de la pluralité, de la diversité des missions
de l’avocat), une tâche à accomplir, un projet à réaliser, une démarche à
entreprendre, dans l’immédiat ou à long terme : la mission implique l’action.
Est vocation ce qui est potentiel, virtuel, ce qui n’est qu’en puissance, en réserve.
On comprend, alors, que des expressions telles que [vocation éventuelle],
[vocation latente], [vocation potentielle], [vocation virtuelle] sont bien des
pléonasmes vicieux.
3) L’usage des deux termes permet malgré tout de répartir leur emploi selon
deux sens : un sens large et un sens strict.
conciliation des parties. En ce sens, on peut dire que cette mission entre dans sa
vocation. Ce sont les parties qui investissent le juge d’une mission; sa vocation, il
la tient exclusivement de sa charge elle-même.
Toutefois, pris au sens large de fonction générale, les deux termes s’emploient de
façon interchangeable. « Lorsqu’il est ainsi régulièrement constitué amiable
compositeur, le juge a mission (pouvoir et devoir) de statuer ex aequo et bono : il
lui demeure permis de trancher le litige par application des règles de droit, mais il
acquiert spécifiquement vocation à écarter, en l’espèce, l’application du droit,
pour donner au litige une solution équitable, si l’application stricte du droit lui
paraît, dans le cas, engendrer des résultats iniques : cette dispense légitime est
l’effet spécifique de l’amiable composition, mission calquée sur celle qui peut être
confiée à l’arbitre. »
4) Le complément du mot mission en fonction de sujet peut être tout aussi bien
une personne qu’une chose. « La mission du droit pénal consiste moins à lutter
contre la délinquance qu’à canaliser, limiter et contrôler la distribution des
sanctions. » « En matière de médiation, la mission la plus urgente du médiateur
est de s’entremettre pour aider à régler un conflit. »
On est nommé, désigné, élu avec mission de faire quelque chose. « Le curateur a
été nommé par le tribunal avec mission d’administrer et de liquider la
succession déclarée vacante. » Remise d’un effet de commerce avec mission
d’en encaisser le montant.
1876
On peut être chargé d’une mission ou demander d’en être déchargé. « Les avocats
peuvent être chargés par l’État de missions temporaires même rétribuées, mais à
la condition de ne faire pendant la durée de leur mission aucun acte de leur
profession, ni directement ni indirectement. » « L’avocat collaborateur d’un autre
avocat peut demander à ce dernier de le décharger d’une mission qu’il regarde
comme contraire à sa conscience ou à ses conceptions. » On peut aussi refuser une
mission, la décliner : par exemple, le déport est l’acte par lequel l’arbitre décline la
mission que les parties lui confient dans leur convention d’arbitrage.
Une mission est confiée à quelqu’un : par exemple, les parties contractantes
peuvent confier à un tiers la mission de déterminer un élément nécessaire à la
formation de leur contrat.
On dit d’une mission qu’elle est dévolue ou qu’il y a dévolution de mission quand,
par exemple, l’appel qu’on interjette produit un effet dévolutif en ce qu’il confie à
la juridiction d’appel mission de statuer à nouveau sur les points demeurés en litige
qui sont contenus dans la décision attaquée.
Avoir pour vocation de est d’un emploi courant. « Le système canadien de soins de
santé a pour vocation d’être universel, transférable, complet et financé et
administré par l’État. »
Vocation forme aussi la locution ouvrir vocation à, laquelle peut être suivie d’un
substantif ou d’un infinitif. Elle signifie donner droit à. « La succession ouvre
vocation à acquisition par décès et à titre universel. » « La représentation ouvre
vocation au successible qui n’est pas du degré le plus proche à recueillir la part
qu’eût obtenue son auteur prédécédé. »
ö CHARGE.
ö DESTINATION.
ö FONCTION.
ö MANDAT.
ö OFFICE.
ö VIRTUEL.
MOINS-VALUE. PLUS-VALUE.
1) Le mot value (aujourd’hui sorti de l’usage quand il s’emploie seul) est dérivé
de valoir et vient de l’ancien français au sens de valeur, de prix. Il permet de
former des substantifs en se joignant à un adverbe pour désigner la valeur que l’on
peut accorder à une chose, à un bien. Ainsi parle-t-on de la moins-value et de la
1878
plus-value d’un terrain, d’une marque de commerce, d’un titre, d’une entreprise
ou d’un élément d’actif.
Dans ces deux mots composés joints par le trait d’union dans l’usage dominant,
value est variable : des moins-values, des plus-values. Prise en compte des moins-
values. Moins-values cumulées au bilan. Plus ou moins-values professionnelles.
Imposition de la plus ou moins-value nette à court terme, à long terme.
Dans le droit des biens en régime de common law, plus précisément dans la
branche du droit de la famille, la moins-value totale désigne la diminution totale de
valeur de l’actif d’un conjoint à un moment déterminé qui apparaît supérieur à la
valeur totale de la plus-value de cet actif et du revenu qu’on en tire. La Loi sur les
biens matrimoniaux du Manitoba dispose, en son paragraphe 4(4) : « Lorsqu’en
application du paragraphe (3) la moins-value totale de tout l’actif d’un conjoint
excède la valeur totale de toute plus-value de cet actif ainsi que le revenu qu’il
produit, l’excédent de la moins-value ne peut être déduit qu’en application d’une
ordonnance du tribunal rendue suite à [sic] une demande faite sous le régime de la
partie III. » Plus-value, moins-value de l’élément d’actif du conjoint.
La moins-value est latente lorsqu’elle découle d’une simple constatation sans perte
réelle, mais elle devient réalisée ou constatée quand elle conduit à une perte réelle
« Entre deux opérations successives, la valeur d’un bien immobilier peut avoir
diminué. C’est donc cette différence négative entre le prix de vente possible et le
prix d’achat qui est appelée moins-value. Elle peut être latente (bien non encore
revendu) ou constatée (bien revendu) ». Moins-value immobilière.
MONTANT. SOMME.
3) Le mot anglais “amount” se dit aussi bien d’une somme que d’un montant,
aussi faut-il se garder d’employer l’un de ces deux termes pour l’autre. C’est
commettre un anglicisme que de dire [montant] quand il s’agit d’une somme.
Consignation d’une somme (et non d’un [montant]) au tribunal. « Le locataire a
payé le montant exigible ». (= la somme exigible).
Autres syntagmes formés avec le mot somme, le mot montant étant plus rare ou,
dans certains contextes, à bannir : acquitter, affecter, allouer, attribuer, arrondir,
avancer, collecter, consacrer, créditer, débiter, débourser, déduire, dépenser,
détourner, devoir, économiser, emprunter, extorquer, investir, mandater, octroyer,
partager, percevoir, rassembler, recevoir, recueillir, rembourser, toucher, verser,
virer une somme.
MORT. VIF.
Cet adage trouve sa consécration légale, avec les modifications de fond et de forme
apportées nécessairement par l’évolution du droit, dans le Code civil français et
dans le Code civil du Québec.
2) Dans les espèces d’actes juridiques, l’acte dit entre vifs est celui dont les
effets juridiques se produisent du vivant de son auteur. La donation entre vifs
s’oppose à la donation à cause de mort. La locution adverbiale ou adjectivale à
1882
À cause de mort vient du latin mortis causa et entre vifs, du latin inter vivos. On
trouve couramment ces locutions latines dans le droit actuel. Donation mortis
causa ou causa mortis et donation à cause de mort sont synonymes.
L’acte à cause de mort ne produit tous ses effets qu’au moment du décès de son
auteur. Tels sont les cas de l’assurance vie, de l’acte testamentaire et de la
succession. L’assurance sur la vie profite au bénéficiaire désigné dans le contrat
d’assurance quand l’assuré décède. Le testament est un acte juridique unilatéral à
cause de mort et à titre gratuit. Au décès du testateur, il devient irrévocable. La
succession est un mode d’acquisition à cause de mort et à titre gratuit également. Il
y a transfert de propriété, transmission de biens dans les actes à cause de mort.
Dans les actes entre vifs, les effets sont divers : dans la donation entre vifs, il y a
remise de la chose objet de la donation, dans la reconnaissance de paternité ou de
maternité, il y a acte juridique générateur d’effets de droit (rétroactivité,
irrévocabilité, contestabilité de la reconnaissance, effet erga omnes de
l’opposabilité) et, dans la vente, il y a transfert d’un bien moyennant un prix en
argent.
3) L’exposé qui précède s’applique tout aussi bien, en common law, aux actes
entre vifs (“inter vivos instruments”) et aux opérations entre vifs (“inter vivos
transactions”) établies ou effectuées, selon le cas, du vivant des parties et non à
leur décès (cas de la transmission héréditaire : “inheritance”) ou à cause de mort
(cas de la donation à cause de mort ou testamentaire : “gift mortis causa” ou “gift
causa mortis”, encore appelée “testamentary gift”).
On trouve des illustrations des syntagmes pertinents tant dans le droit des biens et
des transactions mobilières (aliénation, concession, donation, option, transfert et
transport entre vifs) que dans le droit des fiducies (fiducie entre vifs, constituée en
vue de prendre effet du vivant du fiduciant) et dans le droit des successions
1883
ö ACTE (JURIDIQUE).
ö DE CUJUS.
ö DONATION.
ö ERGA OMNES.
ö GRATUIT.
ö SAISINE.
ö SUCCESSIONS.
ö TESTAMENT.
Plutôt que de recourir à une périphrase pour désigner la personne qui présente une
motion et l’appeler l’auteur, l’auteure de la motion, il vaut mieux recourir au mot
juste et la dénommer le, la motionnaire.
Le mot proposeur réussit tant bien que mal à entrer dans l’usage : le proposeur, la
proposeure d’une motion. On considère que le ou la motionnaire intervient dans le
débat ou dans les travaux pour soulever une question aussi bien de procédure que
de fond, tandis que le proposeur ou la proposeure n’entendrait soulever qu’une
question d’ordre procédural. On réserve généralement le nom de proposeur ou
proposeure à l’auteur ou à l’auteure d’une proposition et celui de motionnaire à
l’auteur ou à l’auteure d’une motion.
MOYENNANT.
Elle signifie ensuite, et c’est là son sens le plus fréquent, au prix de, contre, en
échange de. Dans cette acception courante, moyennant se rapproche, tout en s’en
distinguant, de la locution adverbiale en contrepartie de. « Le maire peut,
moyennant le paiement de droits fixés par un tarif dûment établi, donner des
permis de stationnement. » « Le louage d’ouvrage est un contrat par lequel l’une
des parties s’engage à faire quelque chose pour l’autre, moyennant un prix
convenu entre elles. » « Moyennant des reçus, l’agence peut accepter de
rembourser certaines dépenses. »
Le mot récidive est emprunté du verbe latin recidere qui signifie choir, tomber.
Dans la langue courante, les personnes qui tombent une seconde fois dans une
même faute ou qui refont la même erreur commettent une récidive, elles sont en
récidive, elles récidivent.
5) Dans la rédaction juridique, plutôt que d’user des périphrases en cas d’une
deuxième infraction ou en cas de commission d’une infraction de même nature, ou
de périphrases semblables, il vaut mieux employer le mot juste et dire en cas de
récidive ou s’il y a récidive. Pour chaque récidive. Pour chaque récidive
subséquente. Pour toute récidive.
6) Le ou la récidiviste est une personne qui est condamnée pour avoir commis
une deuxième fois la même infraction ou une infraction de même nature. Casier
judiciaire, dossier du récidiviste. Dangerosité du récidiviste. Identification des
récidivistes dangereux ou violents. Récidiviste chronique, invétéré, violent,
dangereux.
MYSTIQUE.
2) Toujours en droit civil, le divorce dit par consentement mutuel est qualifié
de mystique lorsque le motif du divorce est non divulgué, les époux étant dispensés
de révéler au juge la cause de leur désunion. On l’appelle pour cette raison divorce
pour cause secrète ou divorce pour cause inexprimée parce que la convention de
divorce a pour cause un motif que les époux n’ont pas à divulguer.
ö OCCULTE.
ö OLOGRAPHE.
ö TESTAMENT.
1891
N
NÉCESSITÉ.
Selon un vieil adage du droit français venu du droit romain, la nature des choses
peut commander que l’on enfreigne les lois sans pour autant encourir de sanction.
Devant une situation de péril ou de danger, un individu pourra se trouver contraint
à se conformer à ce que la nécessité exige de lui et à violer la loi impunément.
Nécessité fait loi (ou sa variante, synonymique malgré sa formation antithétique,
Nécessité n’a point de loi).
1) La nécessité est une notion importante en droit. Elle relève d’une catégorie
juridique fondée sur la théorie de l’état de nécessité, laquelle trouve application
comme fait justificatif aussi bien en droit pénal (le prévenu allègue l’état de
nécessité s’étant brusquement trouvé placé dans la nécessité absolue d’agir afin
d’éviter un péril imminent et immédiat), dans le droit de la responsabilité civile
(cas de l’individu qui commet un acte de désobéissance civile pour défendre un
intérêt social supérieur sans aucun profit pour lui-même ou du médecin qui se délie
de son obligation de silence s’étant trouvé dans un état de nécessité d’agir pour
éviter qu’un criminel dangereux, son patient, ne commette un crime grave), en
droit contractuel (l’état de nécessité viciant le consentement est une cause de
nullité du contrat et, en common law, il peut obliger une personne à agir comme
mandataire par nécessité à l’insu ou sans l’autorisation du mandant en vue de
protéger les biens ou les intérêts de ce dernier exposés à un péril imminent), en
droit administratif (l’état de nécessité fonde l’expropriation), dans le droit de la
mer (cas de l’habileté de nécessité dont est investi le capitaine d’un navire
requérant des services de sauvetage et qui l’autorise à conclure une convention de
sauvetage pour le compte du propriétaire du navire) qu’en droit constitutionnel
1892
L’excuse de nécessité peut être avancée par un individu accusé d’avoir commis un
acte illicite et constituera une circonstance atténuante. Bien qu’il ait agi au mépris
de la loi, il n’encourra aucune sanction du fait d’une situation de nécessité qui l’a
conduit à agir comme délinquant.
La nécessité de la faim peut amener une mère à voler pour nourrir son enfant
affamé qui risque de mourir de faim, ou un naufragé, à commettre un acte de
cannibalisme. La nécessité du froid ou de la survie risque de conduire un individu
1893
à devenir intrus en entrant par effraction dans une maison qui n’est pas la sienne
afin de trouver abri pour sauver sa vie, si survient une tempête hivernale ou une
catastrophe naturelle.
C’est la notion d’état de nécessité qui inspire des dispositions législatives relatives
à la nécessité de la légitime défense et fondées sur le principe de l’irresponsabilité
civile ou pénale. « N’est pas pénalement responsable la personne qui, face à un
danger actuel ou imminent qui menace elle-même, autrui ou un bien, accomplit un
acte nécessaire à la sauvegarde de la personne ou de biens, sauf s’il y a
disproportion entre les moyens employés et la gravité de la menace. »
La restriction énoncée à la fin de cette disposition illustre bien les précautions que
prend le législateur pour préciser que l’état de nécessité ne peut s’étendre à des cas
non prévus par la loi. Ne seront couvertes par la nécessité que les infractions
suscitées par l’imminence d’un danger réel et celles dans lesquelles le préjudice
évité est plus considérable que l’acte commis et l’intérêt sauvegardé, supérieur à
l’intérêt sacrifié.
intérêt public).
Dans le droit des biens en régime de common law, le droit de passage de nécessité
(“right of way of necessity”) prend appui sur une concession ou une réserve
implicites, le caractère implicite découlant de la nécessité d’emprunter un passage
dit de nécessité (“way of necessity”) pour avoir accès aux lieux concédés ou
utilisés par le concédant ou la concédante.
L’insigne que l’on porte à l’occasion de réunions ou de congrès pour indiquer son
identité est qualifié de nominatif (et non de [nominal]).
ö NOMINALEMENT.
1) Ces trois adverbes sont des synonymes au sens de ce qui se fait en nommant
une personne ou une chose par son nom.
S’il s’agit de désigner des personnes ou des choses par leurs noms, de les nommer,
cette désignation se fait nominalement, nominativement ou encore nommément. En
outre, s’il s’agit de mettre en évidence la manière dont un fait ou un acte s’opère au
nom de quelqu’un ou de marquer la manière dont un objet quelconque est adressé
ou destiné à quelqu’un personnellement, on peut employer indifféremment l’un de
ces adverbes. « Seules les personnes nominalement invitées par les organisateurs,
quel que soit le caractère privé ou public du lieu où elle se tient, peuvent assister à
1897
une réunion privée. » « L’impôt direct est établi nominalement d’après les facultés
contributives personnelles du contribuable qui est perçu par voie de rôle nominatif
et supporté par celui qui en est légalement redevable. » « Le testateur a imposé à
un héritier ou à un légataire une charge au profit d’un tiers nominativement
désigné. » « La délégation de signature est le transfert, par le titulaire, d’une
partie de ses attributions à un fonctionnaire nommément désigné pris dans une
catégorie déterminée par la loi. » « Lorsque le tribunal ordonne la publication
d’un avis, il détermine la date, la forme et le mode de cette publication; le cas
échéant, il indique, en les désignant nommément, ou en les décrivant, ceux des
membres qui seront avisés individuellement. L’avis indique la description du
groupe, les noms et adresses des parties. » « La définition du terme ‘enseigne
publicitaire’, s’entend également de tout type d’affiche désignant nominativement
une entreprise particulière. »
ö NOMINAL.
1898
NON(-).
Cas d’exception, si l’adverbe non forme avec l’adjectif ou le participe une espèce
de nom composé, et les exemples sont rares, l’usage exigerait la présence du trait
d’union. Une langue non-écrite, une distinction non-fonctionnelle. Des pays non-
alignés. Il faut admettre que cet usage est flottant et qu’il n’est pas rare de trouver
les deux graphies dans des textes de bonne tenue, la tendance étant de supprimer le
trait d’union.
écrire employé non syndiqué, Indien non inscrit, personne non appelée.
On donne par conséquent pour notoire ce qui par son authenticité et son caractère
manifeste appartient au domaine de la notoriété, l’adjectif publique, d’ailleurs,
servant à mettre en relief l’idée complémentaire de la connaissance par plusieurs et
n’étant pas, dès lors, tautologique. Il n’y a ni redondance ni pléonasme vicieux à
qualifier de publique ce qui est de notoriété. Vérité notoire et publique. Constater
la notoriété publique du contenu d’un document, d’un acte juridique largement
diffusé, d’un fait, d’un comportement.
La notoriété se dit aussi bien d’une personne que d’une chose. Notoriété d’un
juge, notoriété d’un arrêt de principe, notoriété d’une interdiction, notoriété du
droit de passage.
Pour libérer les avoirs successoraux qui leur reviennent de droit, les héritiers
doivent produire aux établissements bancaires qui ont bloqué les fonds du défunt
des documents qui font foi de leur qualité d’héritiers. Dans ce certificat, les
témoins choisis par ces derniers attestent solennellement leur connaissance
personnelle du fait du décès et la notoriété publique de l’existence de la qualité
d’héritiers des ayants droit. « La preuve de la qualité d’héritiers peut résulter d’un
acte de notoriété que seul un notaire peut dresser à la demande des ayants droit. »
Se prévaloir de l’acte de notoriété. Héritiers désignés dans l’acte de notoriété.
3) En matière criminelle, des lois ont été adoptées en vue d’empêcher les
criminels de tirer financièrement profit de la notoriété de leurs crimes en
concluant des contrats d’utilisation du récit de leurs actes criminels. Loi sur les
profits découlant de la notoriété en matière criminelle.
Notoire vient du latin juridique notorius signifiant qui fait connaître. Notable a
pour origine latine l’adjectif notabilis signifiant qui est digne d’être noté. Une
conduite, une inconduite, un acte de bravoure, de bon samaritain, un fait notoire
est ce que l’on connaît, ce qui est reconnu, ce dont nul ne peut contester
l’authenticité ou l’existence et qui comporte pour cette raison une valeur juridique
ou une force probante.
Le fait notoire est à ce point reconnu et accepté sans conteste, notamment par la
science et les progrès des connaissances et de la technologie, que les tribunaux
l’accepteront sans exiger qu’il soit prouvé. Un fait dit de commune renommée est
de notoriété publique; c’est un fait notoire qui constitue un mode de preuve. Fait
manifeste et notoire. État notoire d’immoralité (suivant le casier judiciaire du
proxénète), d’insolvabilité (le débiteur est déjà sous saisie). « Lorsque la
1902
probabilité de confusion avec une marque de commerce notoire ayant droit à une
protection étendue a été démontrée, il est difficile de réfuter cette preuve. » Preuve
d’expert notoire. Absence de moralité notoire d’un témoin. Il est notoire que..., Il
est de connaissance notoire que... « Il est notoire que cette organisation a commis
des actes de terrorisme. » « Il était de connaissance notoire que le travail d’un
vérificateur comptable dans un bureau de comptables agréés comprenne
l’administration financière. »
ö BON.
ö DOMAINE.
ö FORCE.
ö HÉRITIER.
ö JOUISSANCE.
ö PROBANT.
ö VALEUR.
1) Est nue la personne qui n’est pas vêtue; elle est dévêtue, sans vêtements. En
droit, ce qui est qualifié de nu (exception faite du droit artistique) est dépouillé de
certains ou de tous attributs. Sa nudité juridique, quoique partielle, est réelle. La
métaphore de la nudité sert à qualifier tout ce qui est dépourvu du nécessaire pour
assurer la confirmation ou la validité d’un acte ou d’une chose, ce qui manque des
conditions jugées obligatoires, ce qui est incomplet, limité ou simple.
Le bon usage veut qu’on laisse l’adjectif invariable dans les locutions adverbiales,
mais tel n’est pas le cas ici. L’invariabilité de nu formant avec le substantif une
expression figée de la langue juridique n’a pas prévalu. Particularité de la langue,
nu s’accorde en genre et en nombre avec le substantif qu’il qualifie : il s’associe
avec lui pour former un terme ayant une unité de sens et devient locution
substantive : une nue-propriété, des nues-propriétés; un nu-propriétaire, des nus-
propriétaires.
2) Au sens concret, on dit d’un bien, d’un fonds (non d’un bien-fonds), d’un
terrain qu’il est nu pour signifier qu’il est vague, qu’il est non construit, c’est-à-
dire qu’aucune construction n’est érigée sur son sol, que le terrain est
constructible, qu’il est à bâtir, qu’il n’est pas viabilisé. Association condominiale
de terrain nu. Achat d’une unité de terrain nu. Terrain nu cadastré, clôturé de
murs. Condominium de terrain nu.
1904
testateur au regard des biens qui lui sont dévolus pour assurer l’exécution de ses
dernières volontés.
Dans le droit des biens et dans le droit des délits civils, le nu-permissionnaire
(“bare” ou “naked licensee”) est une personne dont le propriétaire ou l’occupant
tolère la présence justifiée de quelque manière que ce soit dans ses lieux sans
nécessairement l’approuver. L’exemple type en est la personne qui, pour emprunter
un raccourci, et c’est là sa justification, passe sur le terrain du permettant
(“licensor”). Il est qualifié de nu parce qu’il n’est muni d’aucune permission pour
se trouver ainsi sur les lieux d’autrui, sauf celle, implicite, qui lui permet de ne pas
être considéré comme un intrus (“trespasser”). Contrairement au nu-
permissionnaire, l’intrus nu ne peut de quelque façon que ce soit expliquer sa
présence ou son passage sur les lieux d’autrui auxquels il ne peut prétendre à
aucun des attributs du droit de propriété. La permission à titre gratuit (“gratuitous
licence”) de passer sur un terrain ou de se trouver dans un lieu occupé par autrui ou
appartenant à autrui est qualifiée de nue (“naked” ou “mere licence”) parce qu’elle
est simple, ne comportant ni condition ni restriction particulière; elle est réputée
suffisante pour écarter l’acte d’intrusion et n’emporte transmission d’aucun intérêt
foncier ou propriétal.
L’engagement nu, qui est donc pris sans contrepartie, n’a pas force obligatoire.
Voir aussi la maxime Nudum pactum obligationem non parit : un pacte nu ne
donne pas naissance à une obligation.
En common law, la charte-partie coque nue est une forme de contrat d’affrètement
d’un bien meuble par lequel le propriétaire ne conserve sur le navire que le droit de
propriété dont il est titulaire. Son interprétation est régie par les principes généraux
de common law relatifs aux contrats. Des juristes estiment qu’il y aurait tout lieu
d’éviter, à l’exemple des maritimistes Carbonnier et, à sa suite, Rodière, de parler
en l’occurrence de contrat de location ou de louage de chose, quand il s’agit en
vérité d’un affrètement, quoique, il faut en convenir, affrètement et location soient
des notions juridiques étroitement apparentées. Par extension, on dit qu’un bateau
de pêche est livré coque nue quand il n’est pourvu que de sa coque et en bon ordre
de marche, mais sans grément ni engin de pêche.
7) Dans le droit des marques de commerce, la licence nue est celle qui est
dépourvue de dispositions relatives au contrôle de la qualité.
juridique mène à le considérer, non comme un refus, mais comme un silence nu. »
« Rien ne peut s’induire du silence nu; il est par hypothèse neutralité, indifférence,
absence d’être. »
ö AFFRÈTEMENT.
ö AFFRÉTEUR.
ö BAILLAIRE.
ö BAILLEMENT.
ö CHARTE-PARTIE.
ö CONNAISSEMENT.
ö CONTRAT.
ö CONTREPARTIE.
ö DÉMEMBREMENT.
ö DÉPOSANT.
ö DÉPOSITAIRE.
ö DÉPÔT.
ö DÉPOUILLER.
ö DOMAINE.
ö GRATUIT.
ö INTÉRÊT.
ö JOUISSANCE.
ö LOCATION.
ö MARITIMISTE.
ö PERMETTANT.
ö PERMISSION.
ö PLÉNITUDE.
ö POSSESSION.
ö PROMESSE.
ö PROPRIÉTAL.
ö PROPRIÉTÉ.
ö RIGUEUR (DE).
ö SEING.
ö SILENCE.
ö SUCCESSIONS.
ö USUFRUIT.
ö USUFRUITIER.
ö VIABILISER.
1909
ö VOCATION.
1910
1) Dans un emploi plus relevé que celui du mot endetter et dans la langue
soutenue, la personne dite obérée est celle qui se trouve si lourdement endettée
qu’elle peut contempler de graves difficultés financières, même la faillite ou la
ruine. Les occurrences de ce vocable, dans ses formes substantivale et verbale, sont
plus nombreuses dans les textes relevant du droit des obligations et du droit des
affaires.
Le verbe s’emploie aussi à la forme pronominale. Elle s’obère, autrement dit, elle
s’endette.
OBJECTER.
1) C’est par analogie avec le verbe s’opposer qu’on en est venu à dire
[s’objecter] dans l’ancien parler du Canada français. Encore de nos jours,
d’ailleurs, l’emploi d’objecter à la forme pronominale est fort répandu et
persistant, comme l’attestent les nombreuses occurrences de cette forme vicieuse
dans notre langue, tant parlée qu’écrite.
En plus d’être un barbarisme (le mot [s’objecter] n’existe pas en français), c’est un
solécisme (objecter étant syntaxiquement construit à la forme pronominale) et un
anglicisme (c’est sous l’influence de l’anglais “to object” que l’on prête à objecter
le sens anglais de s’opposer à quelque chose, de protester contre quelque chose).
On le remplacera, selon les contextes d’emploi, par des locutions verbales telles
que s’opposer à, être contre, différer d’opinion, s’inscrire en faux contre, s’élever
contre. « L’avocat s’est opposé avec véhémence à la procédure irrégulière. » « La
députée a déclaré qu’elle était contre cette motion. » « Le juge a dit qu’il différait
d’opinion quant à cette interprétation de la règle de droit. » « Je m’inscris en faux
contre de tels propos. » « Nous nous élevons contre pareils agissements. »
1912
Le verbe modifie une suggestion, une opinion; en ce cas, il peut évoquer soit l’idée
de réfutation, de contradiction, signifiant alors opposer une raison, un fait, une
idée, un argument en réponse à une demande, à une affirmation, à une proposition,
à une autre raison : « Il a objecté la règle 33 à (ou contre) l’opposition soulevée
par la partie interrogeante », soit l’allégation, la contestation, signifiant alors
opposer à quelqu’un une raison pour l’empêcher de dire, de faire valoir quelque
chose : « Le tribunal lui objecte les moyens mêmes qu’elle avance. » « Il ne trouve
rien à objecter à cet argument. ».
Dans ce sens faible, objecter s’emploie alors en incise pour mettre l’accent sur le
sujet de la proposition principale. « L’avocat de la partie adverse, a-t-il objecté, a
eu amplement l’occasion d’interroger mon client. »
ö BARBARISME.
ö OBJECTION.
1913
OBJECTION.
1) Dans le cadre d’un procès, les objections ne peuvent être soulevées qu’à
certains moments au cours de l’instance. La prudence commande de ne pas faire
objection quand l’adversaire présente ses observations préliminaires (même s’il
présente des arguments fondés sur le droit ou sur les faits, qu’il fait allusion à des
éléments de preuve inadmissibles ou qu’il exprime son opinion personnelle) ou
expose ses conclusions (même s’il invoque erronément la preuve produite ou des
règles de droit, résume une argumentation sur un point litigieux non fondé sur la
preuve ou présente son opinion personnelle). Certes, des objections légitimes
pourront être émises durant l’exposé de cause, les plaidoiries et les conclusions,
mais le véritable terrain réservé aux objections est ailleurs.
Il y aura lieu d’indiquer dans une phrase courte la raison pour laquelle il convient
d’intervenir pour formuler une objection, surtout lorsque le motif de l’objection
n’est pas apparent. Dans des circonstances évidentes pour le tribunal, on fera
connaître son opposition par le seul mot exclamatif et d’une voix forte :
« Objection ! », sans avoir à expliquer la nature de l’objection. Généralement,
l’énoncé de l’opposition à une question ou à une réponse ou à l’intention de la
partie adverse de déposer une pièce comportera le motif de l’objection.
Si la question posée au témoin n’a aucun rapport avec l’objet du litige, il sera
impératif de faire objection pour que l’avocat de la partie interrogeante reformule
l’énoncé de sa question.
Le tribunal pourra décider aussi que l’objection est prématurée ou non pertinente,
et on sera tenu de la retirer.
Les règles de procédure prévoient que la partie qui formule une objection a le droit
d’obtenir une décision sur chaque objection. Le tribunal doit se prononcer sur
toute objection présentée.
3) Des manuels de plaidoirie ont recensé une trentaine d’objections fondées sur
les règles de preuve et les règles de droit. Elles portent sur la question posée au
1915
témoin, sur la réponse donnée à la question ou sur la production d’une pièce jugée
inadmissible. Les plus courantes sont les suivantes.
Objection portant sur le préjudice que cause la production d’une pièce par
rapport à sa valeur probante (« Monsieur le juge, objection ! L’effet préjudiciable
de cet élément de preuve l’emporte sur sa valeur probante. »)
4) Lorsque l’avocat soulève une objection, on ne peut pas dire qu’il [s’objecte],
faute courante, puisque le verbe objecter n’a pas de forme pronominale. Dire, par
exemple, [Je m’objecte] à cette question, à cette décision, à ce dépôt est commettre
un barbarisme. On dit plutôt : Je m’oppose à cette question, à cette décision, à ce
dépôt.
L’avocat qui ne souhaite pas faire une objection répond à la question qui lui est
posée concernant l’opportunité d’une objection en disant, par exemple : « Je n’ai
pas d’objection à faire valoir » ou « Je n’ai rien à objecter ».
Syntagmes
Objection fondée.
Objection forte.
Objection injustifiée.
Objection justifiée.
Objection légitime.
Objection mal fondée.
Objection nécessaire.
Objection non fondée.
Objection non pertinente.
Objection pertinente.
Objection prématurée.
Objection raisonnable.
Objection solide.
Objection valable.
Objection véhémente.
Dans la langue usuelle, obsolescence, ayant une aire sémantique plus large, offre
l’avantage de se dire de tout ce qui n’a plus cours, de ce qui est périmé, aussi bien
en matière de langage (notions frappées d’obsolescence) que de toute activité
humaine (obsolescence d’un produit, d’une machine, d’un équipement, d’une
pratique, d’une technique).
Les réalités juridiques qui n’ont plus cours sont décrites comme étant frappées
d’obsolescence. Par exemple, en droit français, le serment décisoire, devenu
inusité, le serment purgatoire, en matière pénale, et le serment supplétoire, étant
abandonnés par l’usage, sont obsolescents.
Tout ce qui se périme et devient désuet par suite de l’évolution des mœurs et des
politiques, des pratiques et des progrès sociaux, des avancées scientifiques, de la
transformation des croyances peut être dit atteint, touché d’obsolescence.
1920
Telle coutume, telle théorie, telle procédure, telle action en justice n’ayant plus
cours en droit devient obsolescente, bien qu’elle puisse continuer à présenter un
certain intérêt historique et à éclairer la réalité nouvelle.
Le droit se nourrit de l’obsolescence, dans ses grandes règles, dans ses principes,
dans ses lois, dans sa terminologie (surtout au double regard des modifications
normales des termes juridiques et des conséquences des travaux de néologie et de
normalisation), dans sa jurisprudence, dans sa doctrine. Après leur dépérissement,
ils n’ont plus valeur qu’historique ou tombent carrément dans l’oubli, relégués
dans des bibliographies, dans des recueils que ne consultent généralement que les
historiens du droit.
L’obsolescence est entraînée par des phénomènes aussi divers que, notamment,
l’instauration d’un droit nouveau, l’application du nouveau droit et la réception ou
l’implantation d’un système juridique.
Il reste, toutefois, que, malgré cette entrée en force du néologisme obsolescent dans
le discours juridique, l’adjectif obsolète l’emporte d’emblée sur le plan du nombre
d’occurrences et qu’il qualifie des termes qui se trouvent employés dans des
contextes portant sur l’obsolescence.
ö CADUCITÉ.
ö DÉSUÉTUDE.
ö PÉRIMÉ.
ö RÉCEPTION.
OCCULTE. OCCULTER.
Occulte a pour antonymes les adjectifs connu, évident, manifeste, public, officiel,
patent, notoire, visible, ostensible, apparent. L’acte apparent dissimule un acte
occulte qui trompe quelqu’un ou qui cache une réalité. Négociation, tractation
occulte. Force occulte du lobbying. Mesure fiscale occulte. Caisse de financement
occulte. Bénéficier de quelque chose, contrôler quelque chose de façon occulte.
5) En common law, toutes les notions qui renvoient à ce qui est caché et à ce
qui est dissimulé peuvent être qualifiées d’occultes au sens péjoratif. Ainsi, dans le
droit de la responsabilité délictuelle, le danger caché (“hidden danger”) et le vice
caché (“latent defect”) sont occultes dans la mesure où ils ne sont ni divulgués ni
notoires, sans l’acte volontaire du propriétaire du bien ou du produit, tandis que le
danger dissimulé (“concealed danger”) ou le vice dissimulé (“concealed defect”)
sont occultes du fait de l’acte intentionnel du propriétaire. De plus, est occulte ce
qui est « non publié » par enregistrement.
ö MYSTIQUE.
OCCUPER. REPRÉSENTER.
1) L’avocat est appelé à jouer divers rôles dans l’exercice de sa profession. S’il
accepte de défendre les droits d’un justiciable, il en exerce deux : celui de
conseiller ou de conseil et celui de défenseur.
L’expression juridique occuper pour renvoie au second de ces rôles. Elle signifie
représenter un plaideur en justice, défendre sa cause. Le conseiller juridique ou
l’avocat qui assure devant le tribunal la représentation de celui-ci occupe pour lui.
Cette expression n’est pas vieillie, mais elle est moins fréquente que son pendant
1924
ö REPRÉSENTATION.
OCCURRENCE.
ö ESPÈCE.
OLOGRAPHE.
Tester par forme olographe. La présence d’un témoin n’étant pas nécessaire pour
assurer la validité du testament olographe, cet acte testamentaire peut demeurer
secret.
ö TESTAMENT.
ö TESTATEUR.
1) Bien que les adjectifs oral et verbal soient considérés comme des
synonymes, une nuance les distingue, ce qui explique le choix de leurs
cooccurrents. Oral renvoie à l’usage de la parole, des mots sous leur aspect
phonique, tandis que verbal se conçoit dans son opposition à l’écrit. Le nombre des
cooccurrents du premier sera par conséquent plus élevé que dans le cas du second.
1926
Ainsi, sont qualifiées d’orales des conclusions, des déclarations, des dépositions,
par exemple, parce qu’elles sont énoncées de vive voix, par la parole. Des récits,
des témoignages sont dits oraux parce qu’ils sont transmis ou rendus, selon le cas,
par oralité, par la parole, tel le jugement oral du tribunal, qui, de ce fait, est
prononcé par le juge.
La fiducie créée de vive voix est une fiducie orale par opposition à la fiducie
littérale, créée par un écrit. En matière contractuelle, l’acceptation peut être orale
ou écrite. De même en est-il de la convention et de l’accord, du contrat et de
l’engagement.
On dit qu’un acte fait grief lorsqu’il intervient dans l’ordonnancement juridique,
c’est-à-dire lorsqu’il produit un effet sur les règles de droit déterminant la situation
des personnes soumises à cet acte, de même que sur leurs droits et leurs
obligations.
L’ordonnancement juridique n’est pas constitué par une série de règles de droit
éparses, succession désordonnée, sans lien, mais forme un corps cohérent de droit,
un ensemble homogène. C’est là une condition essentielle à la constitution d’un
ordonnancement. Par exemple, il peut être commode de réunir, en un corps
homogène de règles, le statut familial pour en faire un code à part. Cet
ordonnancement pourra accueillir d’autres règles avec le temps, qui viendront s’y
insérer, le renouveler, le dynamiser.
L’ordonnancement juridique peut aussi être conçu d’une façon plus large et
comprendre tout le corps de règles, de jurisprudence et de doctrine. Lorsqu’un État
ratifiera un traité, les dispositions de celui-ci ne seront pas automatiquement
intégrées dans l’ordonnancement juridique interne, mais son intégration ou sa
non-intégration dépendront de la nature du système juridique, support et cadre de
cet ordonnancement.
ö LACUNE.
ö RÉCEPTION.
OUÏ-DIRE.
ouï-dire, c’est-à-dire qu’il entend forcer, par exemple, des conjoints à témoigner
l’un contre l’autre).
Si A rapporte à la barre avoir fait une déclaration que B peut corroborer ou s’il
rapporte la déclaration que C lui a faite, on dit qu’il rend un témoignage
constituant un ouï-dire simple; s’il affirme que B lui a dit que C lui a fait telle
déclaration, il rend un témoignage constituant un double ouï-dire, aussi appelé ouï-
dire multiple, surtout dans le cas où la chaîne des on-dit est plus longue (A lui a dit
que B a dit ou qu’un groupe de personnes ont dit que telle déclaration avait été
faite). Ouï-dire cumulatif contenu dans un document de guerre ou encore dans un
document d’affaires. Double ouï-dire figurant dans des pièces commerciales (par
exemple, un document est établi par une personne travaillant dans l’entreprise à
partir de renseignements que lui ont communiqués d’autres personnes).
Le tribunal ne peut accepter le ouï-dire parce que la partie qui rend témoignage a
juré de dire la vérité quant à son témoignage; elle ne peut jurer de dire la vérité à
propos du contenu des déclarations de tiers puisque ces derniers n’ont pas fait leurs
déclarations sous serment. Toutefois, elle peut présenter par écrit ces déclarations
dans la mesure où elles sont faites sous serment, par exemple dans un affidavit ou
une déclaration solennelle de l’auteur des déclarations. Dangers (traditionnels),
risques du ouï-dire : absence de serment du déclarant, absence de contre-
interrogatoire au moment de la déclaration et absence de preuve quant au
comportement.
Les règles de la common law ont apporté des tempéraments à cette interdiction et il
n’est pas rare que les tribunaux acceptent des déclarations par ouï-dire. Le Code
civil du Québec a codifié les règles relatives aux déclarations par ouï-dire.
1932
ö VOIR-DIRE.
OUTRE.
OUVERTURE. OUVRIR.
Ouvrir droit désigne le fait de donner droit, d’avoir droit, de rendre accessible à
quelque chose, de permettre d’obtenir quelque chose, d’octroyer le droit de
bénéficier de quelque chose ou d’accorder l’habilitation nécessaire pour recevoir
quelque chose.
On dit d’une décision de justice contre laquelle un appel est ouvert qu’elle est
susceptible de recours; de même dit-on d’une pareille décision contre laquelle un
appel est ouvert qu’elle est susceptible d’appel. La notion de susceptibilité doit être
rapprochée, elle aussi, de la notion d’ouverture entendue en ce sens.
Les jugements rendus par la Cour des petites créances ne sont pas ouverts à appel,
aussi peut-on dire qu’ils sont insusceptibles d’appel. Les décisions de justice
susceptibles d’une voie de recours lui donnent nécessairement ouverture : par
exemple, la tierce opposition est, dans la procédure civile française, une voie de
recours extraordinaire ouverte à tous les tiers lésés ou risquant d’être menacés d’un
1935
préjudice par l’effet d’un jugement qui ne les concernait pas. Elle est ouverte ou
recevable, elle est admise contre toute espèce de jugement, autrement dit, en
principe, tous les jugements sont susceptibles de tierce opposition.
P
PARCELLAIRE. PARCELLE. PARCELLEMENT. PARCELLER.
PARCELLISATION.
1) La parcelle est une unité spatiale foncière. Étant une petite partie, une
portion de bien-fonds, de terrain ou de terre, il y a lieu de se méfier de la
surprécision. Le contexte étant suffisamment clair, on écrira : « Le plan de
lotissement déposé indique que la parcelle [au lieu de parcelle de terre] a été créée
pour être ajoutée à une parcelle attenante. » « L’arpenteur doit relier aux bornes
de coordonnées toutes les bornes cadastrales qu’il pose par la suite et qui
concernent les parcelles que leurs propriétaires désirent inclure dans le plan. »
(parcelles de terrains serait pléonastique ici). « L’acquéreur d’un bien-fonds
devient titulaire d’un ensemble de droits relatifs à la parcelle acquise, c’est-à-dire
qu’il obtient la tenure franche du bien-fonds. » (parcelle de bien-fonds appellerait
la même remarque). Parcelle attenante, parcelle cadastrale. Dimension, plan
d’une parcelle. Parcelle agricole, urbaine; parcelle en exploitation. La
délimitation d’une parcelle prend en compte, notamment, la tenure, l’affectation et
la superficie de la parcelle.
Parcellariser ne s’emploie pas dans le droit des biens; il est réservé à ce jour au
discours des théories de l’organisation du travail et s’accompagne de compléments
comme travail et tâches.
6) Est dit parcellaire ce qui donne le détail des pièces de terre, qui est divisé en
parcelles. Ce mot peut être adjectif et, par contraction, substantif. Annexe,
cadastre, groupement, plan, structure parcellaire. Altération, formation,
morphologie du parcellaire. Remaniement, remembrement, réunion parcellaire.
« Le cadastre présente le plan parcellaire des terres. » « Le parcellaire du
lotissement a été déposé conformément au règlement. » Petit parcellaire (de deux
hectares). Parcellaire du lotissement. Registre parcellaire graphique
(identification géographique informatisée des parcelles agricoles en France).
1939
Au figuré, parcellaire qualifie ce qui est limité, restreint, à courte vue et s’oppose à
global, d’ensemble, systématique. Avoir une vue parcellaire de la situation. On
peut, à propos d’une question, adopter une perspective parcellaire ou, au contraire,
privilégier une perspective systémique, plus globalisante, une perspective
d’ensemble.
ö SCINTILLA.
PARTICULIER.
Les particuliers – les simples particuliers – , ce sont les personnes physiques (et
non les personnes [naturelles]), les individus isolés, par opposition aux personnes
morales, aux organismes, aux groupements. Comme les personnes morales, ils sont
dotés de la personnalité juridique.
2) Aux yeux du droit civil, le particulier est, au départ, un être humain, une
personne humaine, qui se distingue de l’entité morale, mais qui, à l’instar de celle-
ci, est une personne juridique.
Dans la catégorie qu’il forme comme personne, il est sujet de droit; à ce titre, il a
acquis en naissant, il convient de le répéter, la personnalité juridique. Il est
1940
Dans la vie juridique, le particulier est appelé à jouer des rôles attachés à sa
situation : aux yeux de la linguistique, c’est un prime actant quand il fait l’action,
un second actant quand il la supporte et un tiers actant quand l’action se fait à son
bénéfice ou à son détriment.
Considérés par rapport aux pouvoirs publics, les individus sont dénommés des
particuliers. Ainsi dira-t-on que l’objet du droit public est d’organiser les pouvoirs
publics dans leurs rapports avec les particuliers, tandis que celui du droit privé est
de régir les rapports des particuliers entre eux.
défendeurs devant les défendre, intervenants devant faire valoir leur point de vue
dans l’affaire, tiers ayant un intérêt dans celle-ci.
6) Étant membre d’un groupe social défini considéré comme participant à la vie
de la cité, le particulier est un citoyen. Dans sa vie sociale, c’est un membre
productif de la société, à laquelle il contribue par son travail. C’est un travailleur,
qui peut, s’il adhère à un syndicat, être un syndiqué. Dans sa vie économique, c’est
un consommateur qui achète des biens et des services.
Syntagmes
ö INDIVIDU.
ö PERSONNE.
PASSATION. PASSER.
1) On passe, on souscrit dans les formes établies par les lois, des actes
juridiques – actes formalistes, actes de fiducie, de transport, actes de vente,
échanges, partages, baux, acceptations de dons ou legs, acquisitions, transactions,
marchés, conventions, contrats, actes unilatéraux, commandes, testaments –, c’est-
à-dire qu’on les accomplit, qu’on les réalise, qu’on les conclut dans les formes
légales. Aussi, conclure et passer, quoique très près par le sens, ne sont pas
synonymes.
En ce sens, le verbe passer forme souvent avec son complément une expression
dépourvue d’article défini ou indéfini. Passer accord ferme. Passer commande.
Passer abonnement. Passer bail à qqn de qqch. « Le tuteur ne peut acheter les
1943
biens du mineur, à moins que le conseil de famille n’ait autorisé le subrogé tuteur
à lui en passer bail. » Passer titre, passation de titre. « Le défaut du promettant
vendeur de passer titre confère au bénéficiaire de la promesse le droit d’obtenir
un jugement qui en tienne lieu. De même, le promettant vendeur peut exercer le
recours en passation de titre, en cas de défaut du promettant acheteur. »
La passation des pouvoirs se dit aussi lorsque le gouvernement central cède les
pouvoirs qu’il détenait dans un secteur d’activité à un autre palier de gouvernement
(“devolution of powers”).
Une affaire aussi peut passer devant une juridiction; ainsi dira-t-on aussi bien
d’une instance qu’elle passe devant tel ou tel tribunal judiciaire que d’une autre
qu’elle passe en appel ou devant la Cour.
1944
8) On dit d’une décision de justice qu’elle est passée en force de chose jugée
lorsqu’elle ne peut plus être attaquée par une voie de recours ou un appel : la
décision rendue est définitive, elle est insusceptible d’appel. Le verbe passer a ici
le sens d’acquérir. « La question de compétence a été définitivement tranchée par
notre Cour dans l’ordonnance du protonotaire rendue le 19 février 2002 et, en
conséquence, sa décision est passée en force de chose jugée. Aussi est-il interdit à
la demanderesse de soulever de nouveau cette question. » Voir RES JUDICATA.
9) Il est correct de dire d’une personne interrogée par la police qu’elle passe
aux aveux puisque dans cet emploi passer signifie en venir à, finir par;
on comprend, pour cette raison, que la forme passer [des] aveux est suspecte,
quoiqu’on la trouve dans la documentation consultée. Il vaut mieux devant
l’hésitation recourir à des tournures plus simples, comme faire des aveux, ou au
verbe avouer tout court.
1945
ö CONCLURE.
ö CONCLUSION.
ö EXÉCUTION.
ö JUSTICIABLE.
ö OUTRE.
ö RES JUDICATA.
ö SIGNATAIRE.
PASSÉ.
Dans son groupe prépositionnel, il représente à lui seul une difficulté puisque,
contrairement aux prépositions courantes (à, après, avant, avec, chez, contre, dans,
de, depuis, derrière, dès, devant, durant, en, entre, envers, hors, jusque, malgré,
outre, par, parmi, pour, proche, sans, sauf, selon, sous, sur ou vers), on peut
aisément le confondre avec le participe du verbe passer ou l’adjectif dérivé de ce
verbe.
Est ainsi invariable le mot passé employé comme préposition dans des
constructions dénotant son sens temporel ou spatial, telles les suivantes : « Passé
la date fixée pour le dépôt, le tuteur est de plein droit débiteur des intérêts. »
« Passé ces délais, ils ne pourront plus prétendre à l’exécution de leur mission. »
« Passé ces bornes et limites, les biens-fonds appartiennent à son voisin. » « Les
organismes ne peuvent prolonger l’affectation des fonds passé les échéanciers
comptables. » « Passé la zone verte, l’implantation industrielle est permise. »
PASSIBLE.
Le sens fondamental de la tournure être passible de étant qui expose à une peine, à
une sanction, à une mesure négative ou répressive, cet emploi au sens de
l’assujettissement à l’impôt est considéré par certains comme abusif (cette mention
figurant, d’ailleurs, dans Le Robert), mais nombre de contribuables seraient sans
doute d’accord pour estimer que leur fardeau fiscal représente une lourde peine. En
cas de doute ou d’hésitation quelconque, on peut fort bien remplacer cette tournure
par des expressions comme être soumis, être assujetti à l’impôt, être redevable de
l’impôt, être susceptible d’un impôt.
Passible signifie aussi justiciable d’une juridiction donnée. Se dit aussi bien d’une
personne que d’une chose. Crime passible de la Cour martiale. « Tout déserteur
est passible de la Cour martiale. »
ö ENCOURIR.
ö JUSTICIABLE.
ö PUNISSABLE.
ö SUSCEPTIBLE.
1948
PAYER. PRÉLEVER.
4) La tournure payer une personne pour un service, pour un travail, est correcte
puisqu’elle signifie la payer pour faire le travail, pour qu’elle fournisse le service.
Toutefois, est incorrect en ce qu’il constitue un anglicisme de construction (“to pay
for”) le tour consistant, par l’emploi de la préposition pour, à faire du complément
direct de payer un complément indirect. Par exemple, l’avocat ne demandera pas
au témoin combien il a payé [pour] la maison qu’il a achetée, mais, plutôt, combien
il a payé la maison pour l’acheter, combien elle a coûté. On paie quelque chose
pour l’acheter. « Le demandeur a affirmé avoir payé la maison 200 000 $ », et non
avoir payé 200 000 $ [pour] la maison.
1949
« Quoique irresponsables dans l’exercice de leur charge, les juges doivent payer
pour leurs fautes privées. » « S’ils sont déclarés coupables, ils paieront. »
Commandement de payer.
PEINE. SENTENCE.
1) En droit pénal, la peine est un châtiment, une punition, une sanction que
prévoit la loi et qu’inflige le tribunal dans le double but de prévenir et de réprimer
la criminalité.
3) On ne peut qualifier une peine de [pénale] puisque cet adjectif est un dérivé
de peine : on dit une sanction pénale. Ne pas confondre sanction pénale et clause
pénale (voir CLAUSE, point 9). Les clauses pénales figurant dans des contrats
stipulent des peines comminatoires. Peine contractuelle.
4) En droit pénal canadien, on oppose les peines lourdes ou sévères (on les
qualifie aussi de peines fortes et dures), soit les peines d’emprisonnement de deux
ans ou plus, aux peines légères ou mineures, telles les peines de substitution, aussi
appelées peines alternatives, soit les pertes de droits, de privilèges ou de
prérogatives, la déchéance de charge, la destitution, la rétrogradation, l’exécution
de tâches supplémentaires, un nombre déterminé d’heures de travail
communautaire, dit travail d’intérêt général en France. Les premières sont des
peines privatives de liberté (“custodial sentence”), les secondes, des peines non
privatives de liberté (“non custodial sentence”).
consécutives les peines qu’inflige le tribunal dans le cas susdit avant d’ordonner
que les peines d’emprisonnement soient effectuées l’une après l’autre
(“consecutive sentences”). La peine infligée commence après l’expiration de la
première peine.
10) Est qualifiée de capitale la peine de mort. Cette peine a été abolie au Canada
en 1976 et, en France, en 1981. Elle continue d’être prononcée dans des États
américains et dans plusieurs pays. La peine du fouet est une peine corporelle; elle a
été abolie, elle aussi, comme constituant un traitement ou une peine cruel et
inusité.
12) Une peine est prédéterminée lorsque le texte de loi précise que la peine est
une amende de tant de dollars ou un emprisonnement de tant d’années. La peine
non déterminée est celle que le législateur laisse à l’appréciation du tribunal tout en
le guidant par la fixation d’une peine minimale ou minimum et d’une peine
maximale ou maximum. « Nulle peine n’est une peine minimale à moins qu’elle ne
soit déclarée telle. » Invalider une peine minimale. Peine de durée déterminée, de
durée fixe; peine de durée indéterminée.
restant à courir. La peine a donc une durée : peine de longue durée, longue peine.
Elle a un commencement et une fin. La peine commence au moment où elle est
prononcée, sauf lorsque le texte législatif applicable y pourvoit de façon différente.
Expiration légale de la peine.
14) Des degrés, des genres de peines existent à l’égard d’une infraction. On
parle métaphoriquement d’une gamme, d’un éventail, d’une fourchette, d’un
barème des peines (“range of sentences”, aussi appelé en Angleterre “tariff
sentence”) convenables, applicables, justifiées pour un crime donné, tel l’homicide
involontaire coupable. « Cette stigmatisation est exprimée dans la peine ou
l’éventail des peines pouvant être infligées. » « L’emprisonnement avec sursis se
situe dans la fourchette des peines qui pouvaient être prononcées dans les
circonstances. » « Le point de départ peut être considéré comme étant situé au
milieu de l’échelle traditionnelle de peines applicables à un genre particulier de
crime. » Crimes assortis d’une gamme de peines plus ou moins sévères. Les peines
ont aussi un plafond. Elles sont souvent assorties de conditions ou d’une
ordonnance.
16) Le principe de légalité des peines (et non de [l’égalité]) fonde l’obligation
pour le juge de préciser la source législative de la peine prononcée. Les tribunaux,
la jurisprudence et la doctrine ne peuvent créer des peines; celles-ci doivent être
prévues dans des lois. Le Code criminel du Canada dispose qu’il n’y a de peine à
l’égard d’une infraction que dans la mesure où la loi le détermine. Des dispositions
générales supplétives prévoient le cas où le législateur, après avoir créé une
infraction, omet de préciser la peine applicable ou la peine afférente à cette
infraction.
11h) : « Tout inculpé a le droit [...] h) d’une part de ne pas être jugé de nouveau
pour une infraction dont il a été définitivement acquitté, d’autre part de ne pas
être jugé ni puni de nouveau pour une infraction dont il a été définitivement
déclaré coupable et puni ».
20) Quoique attesté par le Grand Robert (mais non enregistré par d’autres
dictionnaires), le verbe imposer au sens d’obliger à subir ou à faire quelque chose
de désagréable ou de pénible, employé à l’égard d’une peine, d’un châtiment,
d’une punition ou d’une sanction, continue de constituer un archaïsme pour la
plupart des lexicographes. Les juristes canadiens n’hésitent guère pourtant à
recourir à cette tournure, inspirée d’ailleurs de l’anglais (“to impose a sentence”). Il
est préférable de dire prononcer, infliger, appliquer une peine ou condamner à une
peine. La documentation atteste aussi l’emploi des syntagmes punir, frapper,
sanctionner, décider d’une peine ou encore soumettre à une peine.
21) Le juge prononce des peines lorsqu’il les inflige à haute voix; il ne peut les
[prononcer] par écrit. Cette observation vaut aussi pour les syntagmes prononcer
une décision, prononcer un jugement, qui ne peut être que le fait de rendre à haute
voix ou oralement une décision ou un jugement. Infliger une peine juste.
Condamner à une lourde peine. Appliquer la peine la plus appropriée. Punir
l’accusé. Frapper le contrevenant d’une peine sévère. Sanctionner une infraction
1956
22) La personne condamnée à une peine doit la purger; s’il est correct de dire
qu’une peine se purge, rien n’empêche d’exprimer d’une autre manière la même
idée en disant que la peine s’exécute, qu’elle s’effectue, qu’elle s’accomplit ou
qu’elle se subit.
S’il faut éviter l’infinitif imposer en cet emploi, on bannira le substantif imposition,
qui ne se dit qu’en matière fiscale. Pour une peine, on dit plutôt prononcé,
infliction, application et condamnation.
24) Le terme sentence n’a pas le même sens en français et en anglais. “Sentence”
signifie le plus souvent peine, châtiment, punition, sanction, tandis que la sentence
est une décision (comme la sentence arbitrale), un jugement, une condamnation.
La peine est la sanction encourue, alors que la sentence est la décision de justice
qui condamne à une peine.
25) S’il est vrai que c’est prêter le flanc à la critique que de dire [imposer] une
peine (se reporter au point 22), ce l’est encore plus dans le cas d’une sentence, car
le sens de l’expression critiquée conduit à un illogisme : on ne peut pas plus
[imposer] une décision ou un jugement aux parties à l’instance qu’on ne peut
[imposer] une sentence à un condamné. Face à une hésitation devant l’emploi des
mots peine et sentence, il suffit de remplacer le premier par sanction et le second
par décision ou jugement pour savoir quel terme employer. La peine et la sentence
sont deux notions bien distinctes. Ne dit-on pas que la pénologie (voir ce mot) est
la discipline qui a pour objet l’étude des peines et des sentences ?
La locution prépositive sous peine de signifie avec le risque de, en faisant encourir
telle ou telle peine, si on ne veut pas s’exposer à tel ou tel risque, sous menace de.
Son emploi est plus courant que celui d’à peine de. Sous peine d’amende, sous
peine de dommages-intérêts, sous peine de refus, sous peine de sanctions, sous
peine de déni de justice. « Le juge est tenu sous peine de déni de justice de statuer
sur les demandes à raison desquelles la loi proroge sa juridiction. » La locution
peut être suivie d’un infinitif. « L’ajournement oblige le défendeur à comparaître
sous peine d’être condamné pour défaut. »
L’emploi de ces deux locutions produit un effet de style juridique (dit l’effet
Thémis) ou remplace fort avantageusement une longue subordonnée. « S’il
n’observe pas ces conditions, la demande sera jugée irrecevable. »
(= « L’observation de ces conditions est de rigueur, à peine d’irrecevabilité. »)
« La partie qui entend récuser un juge doit le faire dès qu’elle a connaissance de
la cause de récusation. En cas d’omission de celle-ci de former sa demande de
récusation dans les délais prescrits, la demande de récusation sera jugée
irrecevable. » (= La partie qui entend récuser un juge doit, sous peine
d’irrecevabilité, présenter sa demande motivée dans les délais prescrits. »)
On trouve fréquemment ces deux locutions dans le même texte. Par exemple, à
peine de, à l’article 967 du Code civil du Québec, et sous peine de, à l’article 1103.
« Il est tenu, à peine de déchéance, de le faire dans l’année à compter de la date de
prise de possession par le propriétaire du fonds auquel la partie a été réunie. »
« L’action doit, sous peine de déchéance, être intentée dans les soixante jours de
l’assemblée. » Il en est de même dans le Code civil français.
Syntagmes
Peine accessoire.
1958
Peine administrative.
Peine adoucie.
Peine afflictive.
Peine aggravée.
Peine allégée.
Peine alternative.
Peine appropriée.
Peine arbitraire.
Peine atténuée.
Peine capitale.
Peine carcérale.
Peine clémente, peine inclémente.
Peine collective.
Peine comminatoire.
Peine commuée.
Peine commuable.
Peine complémentaire.
Peine concomitante.
Peine concurrente.
Peines confondues.
Peine consécutive.
Peine contractuelle.
Peine convenue.
Peine corporelle.
Peine correctionnelle.
Peine courte.
Peine criminelle.
Peine cruelle.
Peines cumulatives.
Peine curative.
Peine dégradante.
Peine dérisoire.
Peine déterminée, peine indéterminée.
Peine disciplinaire.
Peine discontinue.
1959
Peine discrétionnaire.
Peine disproportionnée, peine proportionnée.
Peine distincte.
Peine divisible.
Peine éducative.
Peine égale.
Peine élevée.
Peine entière.
Peine éliminatrice.
Peine excessive.
Peine exemplaire.
Peine fixe.
Peine forte.
Peine globale.
Peine grave.
Peine immodérée.
Peine incompressible.
Peine inconstitutionnelle.
Peine indiquée.
Peine infamante.
Peine inférieure.
Peine inhumaine.
Peine inique.
Peine injustifiée, peine justifiée.
Peine inusitée.
Peine légale.
1960
Peine légère.
Peine lourde.
Peine obligatoire.
Peines parallèles.
Peine patrimoniale.
Peine pécuniaire.
Peine perpétuelle.
Peine plurifonctionnelle.
Peine politique.
Peine prédéterminée.
Peine prescrite.
Peine principale.
Peine privative.
Peine proportionnelle.
Peine raccourcie.
Peine réduite.
Peine réformatrice.
Peine restrictive.
Peine rigoureuse.
Peine sévère.
Peine stipulée.
Peine subsidiaire.
Peine supérieure.
1961
Peine temporaire.
Peine temporelle.
Peine testamentaire.
Peine type.
Peine unique.
Peine véritable.
Calcul de la peine.
Caractères de la peine.
Certitude de la peine.
Classification des peines.
Clémence de la peine.
Cohérence des peines.
Commencement de la peine.
Confusion de peines.
Constitutionnalité, inconstitutionnalité d’une peine.
Cours de la peine.
Cumul des peines.
Disproportion de la peine.
Durée de la peine.
Fin de la peine.
Fixation de la peine.
Fonctions de la peine.
Fourchette des peines.
Individualisation de la peine.
Infliction de la peine.
Inopérabilité, opérabilité d’une peine.
Inscription de la peine (au casier judiciaire).
Justesse de la peine.
Justice des peines.
Légalité de la peine.
Majoration de peine.
Menace de peine.
Mesure de la peine.
1963
Mitigation de peine.
Modification de la peine.
Nature de la peine.
Quantum de la peine.
Réalisation de la peine.
Recouvrement d’une peine.
Réduction de la peine.
Régime des peines.
Remise (intégrale, partielle) de peine.
Sévérité de la peine.
Sortes de peines.
Stipulation de peine.
Suppression de la peine.
Sursis de peine.
Terme de la peine.
Peine d’amende.
Peine d’avertissement.
Peine de confiscation.
Peine de déchéance.
Peine de dégradation.
Peine de destitution.
Peine de détention.
Peine de dommages-intérêts.
1966
Phraséologie et expressions
ö AUDIENCE.
ö CHÂTIMENT.
ö CONDAMNATION.
ö PUNITION.
ö SANCTION.
ö SENTENCE.
ö CHÂTIMENT.
ö CRIMINALISTE.
ö PEINE.
ö SANCTION.
PERFECTEUR, PERFECTRICE.
Si l’auteur de l’acte est celui qui le conçoit et qui le rédige, les coauteurs sont les
personnes qui concourent à sa formation, par exemple les cocontractants dans la
formation du contrat et les courtiers d’affrètement dans le contrat d’affrètement.
Pour que le juge soit coauteur de l’acte soumis à son contrôle, il faut qu’il l’annule
ou le modifie, car alors sa volonté influe directement sur le contenu de la norme de
l’acte.
1968
C’est par la distinction des compétences que l’on peut procéder à l’attribution des
responsabilités. Ainsi, la définition de la compétence du perfecteur rend possible la
délimitation de sa responsabilité. La responsabilité du perfecteur découle
nécessairement de sa compétence de perfection liée à sa compétence de décision
d’un acte de perfection.
ö ACTE (JURIDIQUE).
ö AFFRÈTEMENT.
ö COMPÉTENCE.
ö CONTRESEING.
1969
ö EFFECTIVITÉ.
ö EXÉCUTION.
ö EXÉCUTOIRE.
ö PARFAIRE.
ö PARFAIT.
ö PERFECTION.
ö RESPONSABILITÉ.
ö VOLONTÉ.
PÉRIODICITÉ.
2) Dans un sens plus faible mais comportant également l’idée de ce qui est
périodique, la périodicité désigne la fréquence régulière à laquelle s’accomplit un
acte ou se réalise un événement. Périodicité de la réduction des peines infligées.
Périodicité de la production, périodicité d’achat. Périodicité du renouvellement du
bail. Absence, exigence de périodicité. Présomption de périodicité. Périodicité de
la tenue des réunions, de la présentation des réclamations, de la publication des
rapports. « Le comité établit ses propres règles quant à la durée du mandat de ses
membres – au maximum deux ans – , ainsi qu’à la date, au lieu et à la périodicité
de ses réunions. » « La valeur des rapports annuels est notablement influencée par
leur périodicité. » « La société de secours fixe, par règlement administratif, la
périodicité de ses assemblées. »
1970
PERSÉVÉRANCE JURIDIQUE.
Pour achever comme il se doit une opération commencée, l’exécutant est tenu d’y
apporter tout le soin nécessaire. Le droit commande d’y pourvoir avec diligence,
certes, mais aussi avec prudence et constance.
L’article 2008 du Code civil français décide que, si le mandataire n’a pas appris la
nouvelle du décès du mandant ou telle autre cause provoquant la cessation du
mandat, ce qu’il a fait dans cette ignorance est valide. Persistance du mandat. « Le
1971
L’adage de Loysel est ici de mise : Qui s’entremet doit achever. L’obligation de
persévérance s’étend, en droit, sur un vaste champ d’action qui ne se limite pas à
l’entremise du médiateur, à la représentation du tuteur ou à la gestion du curateur.
L’avocat est obligé de remplir son mandat d’occuper jusqu’à l’exécution du
jugement, le sauveteur ne doit pas interrompre sa mission de secours et doit porter
assistance à la personne en danger jusqu’à l’arrivée des services de secours. « Le
gérant est obligé de continuer sa gestion encore que le maître vienne à mourir
avant que l’affaire soit consommée, jusqu’à ce que l’héritier ait pu en prendre la
direction. »
PÉTITOIRE.
ö CONFESSOIRE.
ö NÉGATOIRE.
ö POSSESSOIRE.
Aux actes de piraterie sont associés les actes de contrefaçon. « Les actes de
piraterie portant atteinte au droit d’auteur sont associés étroitement à la
contrefaçon de marques parmi les infractions relevant du crime organisé. » « La
piraterie est le terme généralement employé pour définir la contrefaçon. »
Le pirate pille les ouvrages d’autrui dans l’intention de tirer des profits illicites de
son activité de piratage. Il pourra pénétrer illicitement des systèmes en vue d’y
déposer des documents ou des renseignements compromis. Piratage des données
informatisées.
4) En droit international public, plus précisément dans le droit de la mer (et non
en droit maritime), le pirate (de la mer) est, par métonymie, un navire qui se livre à
la piraterie ou le capitaine et les membres de l’équipage qui pratiquent cette
activité criminelle par le recours à la force ou à des violences ou par des moyens
subtils. Piraterie maritime. Piraterie sur mer, en haute mer. « Tous les États
coopèrent dans toute la mesure du possible à la répression de la piraterie en haute
mer et en tout autre lieu ne relevant pas de la juridiction d’aucun État. »
coupable est un meurtre lorsqu’un personne cause la mort d’un être humain
pendant qu’elle commet ou tente de commettre un acte de piraterie.
La peine prévue pour sanctionner la commission d’un acte de piraterie est fixée à
l’article 75. « Quiconque, étant au Canada ou à l’étranger, selon le cas : a) vole
un navire canadien; b) vole ou sans autorisation légale jette par-dessus bord,
endommage ou détruit quelque chose qui fait partie de la cargaison, des
approvisionnements ou des installations d’un navire canadien; c) commet ou tente
de commettre un acte de mutinerie à bord d’un navire canadien; d) conseille à
quelqu’un de commettre un des actes mentionnés aux alinéas a) b), ou c), est
coupable d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de quatorze
ans. »
8) Le verbe pirater est intransitif (pirater en haute mer) et, par extension,
transitif direct (pirater un réseau informatique, une oeuvre de l’esprit). Il signifie
exercer l’activité de pirate, se livrer à la piraterie.
ö DILATOIRE.
ö INJONCTION.
PLÉNITUDE.
On entend par plénitude l’état de ce qui est complet, de ce qui est dans toute sa
force. Par exemple, la plénitude des pouvoirs, d’une habilité, d’une prérogative,
d’un privilège, des compétences, des fonctions exprime aussi bien leur complétude,
leur caractère entier ou achevé, que l’autonomie de leur titulaire. « En cas
d’empêchement du maire, le préfet peut désigner, pour le remplacer dans la
plénitude de ses fonctions (= dans l’exercice entier de toutes ses fonctions), un
délégué choisi parmi les membres du conseil municipal. » En plénitude. « La
servitude constitue en plénitude une charge réelle. » « Le droit de passage est
fondé sur le besoin, mais sur un besoin à satisfaire en plénitude, s’il est normal. »
La plénitude d’un droit, c’est son entièreté au regard des effets qu’il produit, c’est
son intégralité, sa totalité; de là découle la locution juridique de plein droit.
Rétablir qqn dans la plénitude de ses droits. « La plénitude est la normalité du
droit de propriété et le démembrement est, par nature, temporaire. » La plénitude
de juridiction d’une cour de justice l’assure de la pleine compétence sur les
matières qui relèvent de son autorité. « La cour d’assises a plénitude de juridiction
pour juger les individus renvoyés devant elle par l’arrêt de mise en accusation. »
Plénitude et suffisance d’une preuve. Appliquer une règle dans la plénitude de sa
raison d’être. Être doté en plénitude d’une capacité, être doté d’une plénitude
d’effets. Conférer la plénitude de l’utilité de la chose appropriée.
ö COMPLÉTUDE.
1977
POLICE.
1) Le sens concret du mot ne fait pas problème. Le terme police sert à désigner
par métonymie l’ensemble des services étatiques de police qui relèvent de la force
publique et qui sont chargés du maintien de l’ordre, de la sécurité, de l’exécution
des lois et, généralement, du respect des règles de police. Corps de police de la
communauté urbaine. Police rurale, urbaine. L’objet de la police municipale
consiste à préserver le bon ordre, la sécurité et la salubrité publique sur le territoire
de la municipalité. Police de l’air, de la circulation, de l’environnement, de port,
des chemins de fer, des mœurs. Police de l’affichage et de la publicité. Police de la
langue française. L’Office québécois de la langue française a un service constitué
d’agents dont le mandat est de s’assurer que les commerces et les entreprises
respectent les prescriptions de la Charte de la langue française et de son règlement
d’application.
2) En ce sens, on entend par police judiciaire non pas la police des tribunaux,
mais le corps de police créé par l’État et chargé de faire enquête, de constater les
infractions, de réunir les éléments de preuve susceptibles de punir les infracteurs.
Selon l’autorité publique concernée ou le ministère qui s’acquitte de la direction de
cette police, on la désigne sous le nom de police judiciaire ou de police criminelle.
Pouvoirs, règlements de la police judiciaire. Actes, procès-verbaux des officiers de
police judiciaire.
Par exemple, les parties à l’instance jouissent d’une liberté de parole (qui couvre
aussi bien ce qui est dit, la manière de le dire que ce qui est écrit) limitée. Elles
sont tenues au respect d’une obligation de réserve qui limite cette liberté aux
propos qui sont nécessaires à la cause et qui sont pertinents en l’espèce. Le juge ne
manquera jamais de rappeler à l’ordre l’avocat qui s’égare ou qui s’emporte
excessivement, celui qui abuse de cette liberté tant au cours des interrogatoires
qu’à tout moment du procès. C’est en ce sens que l’on dit que le magistrat qui
préside les débats dispose de la police de l’audience.
Il peut également user de son pouvoir de police pour prononcer des injonctions
afin d’assurer la police de l’audience. Au Canada, les règles de procédure des
différents tribunaux et en France, plus précisément les articles 24, 437 et 438 du
Nouveau code de procédure civile, obligent les parties à garder en tout le respect
dû à la justice et donnent au juge qui préside les débats le pouvoir de supprimer des
écrits, de les déclarer calomnieux et de prononcer d’office des injonctions. Ce
faisant, il met en branle la police de l’audience.
Une fois établie (et non pas [émise], émettre se disant proprement des billets,
traites, emprunts, valeurs monétaires ou boursières mises en circulation ou offertes
au public), puis agréée (et non [approuvée], la police est délivrée à l’assuré. Elle
pourra être annulée, modifiée ou reconduite dans le cas où les parties ne se seront
pas entendues ou, au contraire, se seront mises d’accord pour la renouveler, la
modifier ou en repousser le terme. Cette faculté de reconduction stipulée dans la
police est prévue par le contrat et par la loi.
La police sera assortie d’une prime. On dira qu’elle est acquittée, affranchie ou
libérée quand la prime aura été payée. L’assuré sera muni de sa police, il en sera le
titulaire et il en aura nommé le bénéficiaire.
ö AUDIENCIER.
ö DESTINATION.
ö ÉMETTRE.
ö HUISSIER.
1980
Par exemple, concernant les baux d’habitation, les loyers sont quérables puisque le
bailleur, en principe, vient les chercher au domicile du locataire. Les modalités de
paiement doivent figurer dans le contrat de bail. Comme le terme du paiement, le
lieu du paiement fait partie des modalités. Une clause du bail doit normalement
préciser si le loyer est quérable (paiement fait au domicile du locataire) ou
portable (paiement fait au domicile du bailleur). Dans le silence du contrat, le
paiement est quérable. « Le paiement du loyer est une obligation essentielle du
bail. Le locataire ne peut y échapper au motif que le commandement de payer son
loyer quérable n’a pas été précédé d’une réclamation. »
Toutefois, par extension, les juristes recourent à ces qualifications commodes pour
désigner le lieu d’exécution d’un acte juridique ou le lieu de destination d’une
information. En matière de publicités légales, par exemple dans le droit des
sociétés, la publicité quérable se dit par opposition à la publicité portable pour
désigner le lieu de destination de la publicité légale touchant les entreprises.
L’information quérable est celle qu’il faut aller chercher dans un registre. Par
exemple, en matière de brevets, de marques de commerce, de propriété industrielle
et intellectuelle, dans le cas d’une recherche d’antériorité (de la marque ou du
brevet), il faut aller consulter un registre national avant de choisir un nom pour une
société, pour une marque de commerce. Dans ces registres, les publications sont
sur support papier, elles sont quérables. Les publicités portables sont mises à
disposition de façon inverse : ce sont celles qui sont communiquées aux intéressés.
Dans le cas des paiements effectués sur Internet, le lieu du paiement se situe à
l’adresse indiquée par le commerçant. Ainsi, le paiement sur Internet serait
implicitement portable et non quérable.
Par ailleurs, après la cessation d’emploi, le solde de tout compte est quérable,
c’est-à-dire que la seule obligation de l’employeur est de l’établir et de le tenir à la
disposition du salarié. C’est à ce dernier d’aller le chercher dans l’entreprise (en ce
sens, le solde du compte est quérable); le salarié peut toujours demander à
l’employeur de le lui envoyer par la poste ou autrement (en ce cas, il serait
portable), mais ce dernier n’est nullement obligé de donner suite à cette demande.
portables sont celles que le possesseur doit porter sans qu’on les lui demande. De
droit commun, les rentes sont requérables, mais les titres les rendent
ordinairement portables. »
ö ACTE (JURIDIQUE).
ö ANTÉRIORITÉ.
ö DOMICILE.
ö EXÉCUTION.
ö FOR.
ö FORUM.
ö MODALITÉ.
ö PUBLICITÉ.
POSSESSOIRE.
Cet adjectif s’emploie aussi bien en droit civil qu’en common law.
Une chose est dite possessoire lorsqu’elle est en possession contrairement à une
chose non possessoire (“thing” ou “chose in action” ou encore “thing in
suspense”). Cession de chose non possessoire (en common law, en equity, mixte,
personnelle, réelle). Chose non possessoire cessible (“assignable chose in action”).
ö DOMAINE.
ö NON(-).
ö POSSESSION.
ö TROUBLE.
1985
POST-.
Règle générale, car l’usage n’a pas encore fixé une orthographe uniforme, les
vocables – substantif, adjectif, verbe – formés à l’aide de ce préfixe s’écrivent en
un seul mot, même s’ils commencent par une voyelle : postacquisition,
postarbitrage, postaudit, postchèque, postcontractuel, postconciliation,
postcotisation, postdate, postdécisionnel, postévaluation, postfaillite,
postméridien, postnatal, postposition, postscolaire, postvérification,
postuniversitaire, postviolation.
ö ANTE(-)MORTEM.
ö ANTIDATE.
ö A POSTERIORI.
ö POSTCONTRACTUEL.
ö POSTDATE.
ö POST(-)MORTEM.
ö PRÉ-.
PRÉ-.
Du préfixe latin præ- signifiant avant, en avant ou devant, le préfixe pré- marque
l’antériorité temporelle (cas le plus fréquent des occurrences) ou spatiale. Il
1986
signifie ce qui est préalable ou préparatoire, ce qui vient avant, ce qui est fait à
l’avance, et forme de nombreux mots composés qui, dans l’orthographe moderne,
s’écrivent généralement sans le trait d’union, même quand le second élément
commence par une voyelle : préaccident, préachat, préacheminé, préacquis,
préadditionné, préadmissibilité, préagonie, préapprentissage, préautorisation,
préaveu, préavis, précession, précompte, préconstitué, prédécéder, prédécès,
prédédouanement, prédécisionnel, prédélinquant, prédire, préenquête, préétabli,
préfiançailles, préfolie, préinscription, préjuger, prénatal, préopiner, prépaiement,
préretraite, présalaire, présanction, présélection, présentenciel.
3) Cette règle est générale, l’usage n’ayant pas encore fixé définitivement une
orthographe uniforme, comme le constatent les dictionnaires généraux.
ö ANTE(-)MORTEM.
ö POST-.
En ce sens, il est permis d’affirmer que, tout détenteur étant un détenteur précaire,
ces deux termes sont des synonymes; la qualification ne vient que renforcer l’idée
d’obligation de restitution implicite dans le vocable détention.
précaire puisqu’il est tenu à une obligation de restitution. Faire cesser la précarité
à l’égard du détenteur précaire.
En common law, le terme se prend en une acception différente dans le droit des
biens. La jouissance précaire (“permissive enjoyment”) se conçoit par rapport aux
diverses formes de jouissance d’un bien réel : elle est précaire parce qu’elle
dépend d’une autorisation qui ne revêt pas de caractère permanent et que le
propriétaire peut retirer à son gré.
1989
8) Le droit précaire (“precarious right”) est celui dont on jouit selon le bon
vouloir de son titulaire légitime, droit qu’il peut révoquer à tout moment. De même
en est-il du prêt précaire (“precarious loan”) dont l’objet peut être réclamé au gré
du prêteur : c’est dans cette sujétion à la volonté d’autrui que la précarité prend
tout son sens. Du point de vue du prêteur et dans une autre acception, le prêt est dit
précaire parce qu’il risque, pour quelque raison, de ne jamais être remboursé; dans
le cas particulier du prêt d’une somme d’argent, le prêt précaire est consenti à un
débiteur qui risque de disparaître ou de faire faillite, ce qui constituera, au regard
de la comptabilité et de la gestion financière, une créance irrécouvrable.
ö CERTAIN.
ö DÉTENTION.
ö IRRÉCOUVRABLE.
ö JOUISSANCE.
ö POSSESSION.
PRÉCEPTE.
Quand Montesquieu écrit dans L’Esprit des lois : « Les lois humaines, faites pour
parler à l’esprit, doivent donner des préceptes et point de conseils », il emploie le
mot lois dans son sens général de normes ou de systèmes de normes juridiques ou
extrajuridiques, et non au sens de texte voté par le législateur, et le mot précepte a
pour lui le sens de commandement qui émane d’une autorité politique et morale et
que l’on peut énoncer sous la forme d’une proposition ou d’une règle.
Ces règles de morale sociale très générales pourront, au fil du temps, fonder
l’établissement de règles du droit positif.
Dans un autre sens, le précepte désigne, à l’origine, soit l’injonction intimée par le
juge au cours du procès, soit l’ordre d’un gouverneur de province, soit encore, et
plus rarement, une disposition de la loi impériale.
1991
Dans tous les cas, le praeceptum se présente comme un acte d’autorité. Les princes
finiront par abandonner cette terminologie que conservera le droit canonique sous
la forme de décrets impérieux auxquels il n’est pas permis de déroger. Préceptes
incontestables.
Dans l’usage moderne, le précepte est une formule qui exprime une règle, un
commandement, surtout dans les domaines de la morale et de l’art. Sa forme
littéraire est l’aphorisme, la maxime ou la pensée. Le précepte juridique, lui, est un
facteur d’ordre. L’illustration la plus approchante du texte préceptorial se trouve
dans les préceptes juridiques ou préceptes du droit qu’énumèrent, par exemple, les
recueils des maximes d’equity et des adages du droit. Ces grands principes font
encore partie du droit appliqué par les tribunaux et dont s’inspire le législateur. À
la différence de la disposition législative, le précepte énonce sommairement un
concept ou un principe que sous-tend un système de droit. Par exemple, l’equity
prend appui sur deux préceptes fondamentaux : « L’equity n’admet pas qu’un
préjudice ne soit pas réparé » et « L’equity agit sur la personne ». Les trois
maximes suivantes sont des préceptes qui servent de fondement au système
juridique français : « Nul n’est censé ignorer la loi », « Nul ne peut stipuler pour
autrui » et « Bonne foi est toujours présumée ». Les préceptes juridiques, parce
qu’ils sont des principes fondamentaux, n’ont pas nécessairement une valeur
absolue. Ils ont, comme toute règle de droit, des tempéraments.
ö MAXIME.
ö TEMPÉRAMENT.
1992
1) Le verbe préjudicier est transitif indirect. Aussi doit-on éviter d’en faire un
transitif direct : préjudicier [les parties concernées] est incorrect. On dit
préjudicier à qqn ou à qqch. Préjudicier à des droits acquis, à un privilège, à
l’intérêt public, à un créancier, à un débiteur. « La demande doit indiquer en quoi
l’arrêt attaqué préjudicie aux droits des tiers. » « Dans le doute, l’erreur
préjudicie à celui qui l’a commise. » Préjudicier à sa réputation, préjudicier à son
voisin.
ö DOMMAGE.
ö LÉSER.
ö PRÉJUDICE.
ö VICTIME.
3) Les substantifs correspondant à ceux qui se rapportent à ces actants sont les
mots base dont ils dérivent. Ainsi parle-t-on de la prise d’un effet de commerce
pour désigner l’acte consistant à accepter d’en être le bénéficiaire, de sa
souscription, c’est-à-dire de sa signature, de son établissement ou de son émission,
1994
ainsi que de son tirage, autrement dit de son paiement, de son règlement ou de son
acquittement.
ö EFFET DE COMMERCE.
ö LETTRE DE CHANGE.
Civilement, la prescription est une présomption dont l’effet est double : il peut être
créatif ou extinctif. C’est, proprement, un principe de droit qui repose sur
l’écoulement d’un certain laps de temps, qui reconnaît les effets de l’écoulement
du temps sur l’existence d’un droit. L’intérêt jurilinguistique qu’elle présente porte
sur la phraséologie de la prescription, celle-ci étant surtout centrée sur la
computation des délais de prescription et les moyens linguistiques mis en jeu pour
en décrire les effets.
Quels que soient les régimes juridiques en cause, la prescription dans le droit des
biens est un principe reconnu. Règles légales de la prescription. Conditions
d’existence de la prescription. Prescription (acquisitive) de common law
(“common law prescription” ou “prescription at common law”). Prescription
d’origine législative (“statutory prescription”).
1995
3) Grosso modo et avec les distinctions qu’il s’impose de faire, on peut dire
que, comme le droit civil, la common law reconnaît que la prescription acquisitive
prend appui sur le principe selon lequel, après un certain écoulement de temps et à
certaines conditions, l’usage permet d’acquérir positivement des droits fonciers.
Droit acquis par prescription (“prescriptive right”), intérêt acquis par prescription
(“prescriptive interest”). Par contraste, la prescription extinctive a pour seul effet,
comme son nom l’indique, d’éteindre un droit, soit celui de pouvoir faire valoir son
titre en justice. L’un de ses effets est l’extinction par dépossession, conséquence de
cette espèce de prescription.
On dit que la prescription s’opère, suivant les cas, par dix, par vingt, par trente,
par quarante ans. En ce sens, elle est un mécanisme, un jeu. La prescription joue,
c’est-à-dire qu’elle s’opère d’une certaine manière. Fonctionnement de la
prescription. Par exemple, dire que toutes les actions tant réelles que personnelles
sont prescrites par trente ans signifie qu’elles se prêtent toutes au jeu de la
prescription par trente ans.
L’examen des substantifs et des verbes qu’emploient les tribunaux et les auteurs
pour parler du moyen tiré de la prescription du titulaire de ce moyen et de
l’exercice de ce moyen permet de relever les vocables suivants : bénéfice, profit,
avantage, faveur, faculté, privilège. Pour parler du titulaire du moyen de la
prescription, on dit le ou la bénéficiaire, alors que pour parler de l’exercice du
moyen tiré de la prescription on emploie les verbes profiter de, bénéficier de et
prendre parti de.
6) Un bien classé comme relevant du domaine public ne peut être acquis par
prescription; il est à l’abri de la prescription.
1997
On dit que la prescription court ou ne court pas contre quelqu’un; pour cette
raison, il devient logique de dire, par esprit de suite, qu’elle peut être opposée ou
ne pas être opposée à quelqu’un.
Le Code criminel du Canada a toutefois prévu une prescription de six mois dans le
cas des infractions dites, par ellipse, sommaires ou, mieux appelées ou plus
logiquement désignées sous le nom d’infractions punissables sur déclaration de
culpabilité par procédure sommaire. « À moins d’une entente à l’effet contraire
entre le poursuivant et le défendeur, les procédures se prescrivent par six mois à
compter du fait en cause. » Il prévoit aussi des prescriptions particulières
s’agissant de certaines poursuites, par exemple celle de trois ans pour les cas de
trahison.
L’un des modèles les plus courants de la disposition légale fixant le délai de
prescription est le suivant : Toute action (indication du genre d’action) se prescrit
par (indication du nombre d’années) à compter de (date de la naissance de la cause
d’action ou date du jugement).
ö COMPUTATION.
ö DÉLAI.
ö DÉMEMBREMENT.
ö IMPRESCRIPTIBLE.
ö JEU.
ö ORDRE.
ö PRÉSOMPTION.
ö RÉVOLU.
2000
PRESCRIRE.
Comme verbe pronominal, se prescrire signifie être éteint, être perdu par la
prescription. « Les actions se prescrivent par cinq ans à compter de la naissance
de la cause d’action. » « L’instance pour infraction au présent article se prescrit
par deux ans à compter du jour où les faits sur lesquels elle se fonde sont venus à
la connaissance de l’intéressé. »
ö ORDONNER.
ö PRESCRIPTION.
2001
ö PRÉSENT.
ö PRÉSENTE.
PRÉTENDRE.
ö PRÉTENTION.
ö SOUMETTRE.
PRÉTENDU, UE.
1) Dans la langue courante, est qualifié de prétendu ce qui passe pour ce qu’il
n’est pas, ce que l’on prétend à tort être tel : un prétendu crime est un crime qui, en
réalité, n’a pas été commis ou encore un acte répréhensible qu’on ne devrait pas
appeler crime. En ce sens, prétendu s’apparente à ce qui est apparent, à ce qui est
supposé, pour tout dire, à ce qui est faux.
Ce sens péjoratif n’appartient qu’à la langue usuelle. En droit, ce qui est prétendu
(“alleged” en anglais) est ce qui relève des prétentions, ce qui est allégué et, par
conséquent, ce qui reste à déterminer, ce qui pourra se révéler vrai. « L’action en
recherche de paternité est exercée contre le père prétendu ou contre ses
héritiers. »
2003
Par rapport au substantif, l’adjectif peut être postposé ou antéposé sans que sa
position n’en affecte le sens. Par exemple, dans une action en justice, le titulaire
d’un droit prétendu (et non [présumé]), cherche à le faire reconnaître par le
tribunal en dépit du fait qu’il est contesté par l’adversaire. Le prétendu
contrevenant (et non [soi-disant]) est celui qui, au terme du procès, sera déclaré
coupable ou innocent. La prétendue victime est celle qui cherche à obtenir
réparation en justice. Le prétendu aveu est celui que la police affirme être parvenue
à soutirer au prévenu. « L’enfant s’est mis en possession des biens prétendus
paternels. » « La possession d’état ne pourra dispenser les prétendus époux qui
l’invoqueront respectivement de représenter l’acte de célébration du mariage
devant l’officier de l’état civil. »
2) Il n’est pas rare que des termes appartenant au vocabulaire du droit aient une
dénotation différente dans la langue générale, aussi faut-il recourir avec grande
circonspection aux dictionnaires généraux avant de se croire fondé à employer tel
ou tel mot dans le sens que ces dictionnaires lui attribuent. La démarche naturelle
ne consiste-t-elle pas, dans le cas d’une langue de spécialité, à consulter des
dictionnaires spécialisés ?
PRÉTENTION.
1) Dans une action en justice, la prétention d’une partie est, au sens générique,
sa demande en justice (“the claim of a party”), le moyen qu’elle avance, qu’elle
invoque, qu’elle allègue pour faire reconnaître le bien-fondé de sa cause. Dans ce
sens propre, le terme prétention désigne la demande (principale du demandeur ou
reconventionnelle du défendeur), mais non la défense. Ce mot est généralement au
singulier.
2) Le juge saisi de la prétention des parties doit statuer sur l’objet du litige; cet
objet du litige est déterminé par l’ensemble des prétentions des parties, autrement
dit par leurs prétentions respectives, d’où l’on dit qu’il statue sur les prétentions.
Cet emploi pluriel du mot prétention annonce le sens spécifique. Les prétentions,
ce sont ce que les parties avancent devant le juge pour obtenir gain de cause. La
partie qui aura l’avantage dans le procès, celle qui sera gagnante, qui réussira, fera
reconnaître ses prétentions par le tribunal.
3) On dit proprement que les parties émettent des prétentions. Pour pouvoir
émettre des prétentions, les plaideurs qui s’affrontent doivent avoir qualité et
capacité pour ester en justice). S’ils peuvent agir en justice, l’un, le demandeur,
sera admis à élever ses prétentions au procès, l’autre, le défendeur, pourra les
combattre en s’y opposant.
Des éléments de fait (l’allégation) sont introduits dans le débat par une partie; ils
sont présentés à l’appui ou au soutien de ses prétentions. Ces faits sur lesquels elle
prend appui doivent être propres à fonder ses prétentions. Si elles le sont, on
parlera du succès des prétentions, et, dans le cas contraire, de leur rejet. Faire
rejeter les prétentions de son adversaire.
4) Les parties à l’instance fondent leurs prétentions sur des moyens de fait ou
de droit ou sur des moyens mixtes de droit et de fait. Les moyens des plaideurs
sont les raisons de fait ou de droit, les circonstances, les faits de la cause que les
parties invoquent au soutien de leurs prétentions. Leur argumentation regroupe ou
réunit l’ensemble des arguments qu’il présentent à l’appui de leurs prétentions.
Leur droit d’être entendus implique celui, notamment, de produire des preuves
comme fondement de leur prétentions. Ces dernières pourront être déclarées
recevables ou irrecevables (et non [admissibles] ou [inadmissibles] : recevabilité,
irrecevabilité des prétentions. « Est irrecevable toute prétention émise par ou
contre une personne dépourvue du droit d’agir. »
Les parties doivent prouver leurs prétentions. Celles qu’elles formulent sont bien
fondées si elles sont conformes aux règles de droit qui leur sont applicables, si elles
sont justifiées en fait et en droit. Tout moyen qui tend à faire débouter l’adversaire
de ses prétentions comme non justifiées après examen du fond du droit constitue
une défense au fond.
Celui qui émet des prétentions en est l’auteur. Il doit être entendu sur le fond de
ses prétentions. Le juge peut le dire bien ou mal fondé en ses prétentions, il peut
les dire bien ou mal fondées. L’adversaire discute le bien-fondé des prétentions de
l’autre partie, il peut émettre des contre-prétentions. Le juge, ultimement, accepte
ou rejette les prétentions qui sont soumises à son examen. Lorsque le demandeur
2006
démontre le bien-fondé de ses prétentions, le juge lui donne gain de cause; dans le
cas contraire, il le déboute de sa demande.
Une partie peut solliciter une injonction quia timet afin de prévenir la survenance
d’une perte appréhendée de ses intérêts. Le demandeur ou le requérant, en faisant
valoir des faits plutôt que des preuves, doit établir suffisamment l’imminence
d’une menace pour justifier une réparation préventive ou quia timet. Par exemple,
dans une procédure préventive reprochant une contrefaçon de brevet, la déclaration
doit alléguer à l’appui de la prétention le fait que constitue, notamment, l’intention
exprimée et délibérée de s’engager dans une activité dont le résultat implique une
forte possibilité de contravention. « Dans le cas d’une demande quia timet comme
celle qui nous occupe, il est impossible de démontrer l’existence d’un préjudice
réel parce que l’auteur de la prétendue contrefaçon n’exerce encore ni ne menace
expressément d’exercer une activité commerciale. » Intervenir (pour le tribunal)
quia timet. Compétence quia timet. « Le droit de notre pays comprend depuis
longtemps les ordonnances quia timet lorsque l’intérêt de la justice et la
protection des voies de droit judiciaires l’exigent. »
2) Est préventif ce qui se fait pour empêcher qu’un mal se produise, qu’un
incident fâcheux ou malheureux survienne. Le droit criminel comporte un aspect
préventif, par opposition à répressif, pour empêcher, en prévenant, la perpétration
d’actes criminels ou pour protéger le public contre la possibilité que des actes
criminels ne soient commis. Lorsqu’il s’attaque à ses causes ou à ses moyens, il le
fait pour prévenir la criminalité, l’empêcher, la tuer dans l’œuf. Les gouvernements
adoptent des politiques préventives pour lutter contre le gangstérisme et la
prolifération des gangs et de la délinquance.
11) Dans le droit des entreprises, la requête en règlement préventif est présentée
par le débiteur; elle expose les perspectives de redressement de son entreprise et
l’apurement du passif. Elle indique les créances pour lesquelles il demande la
suspension des poursuites individuelles et présente une proposition de concordat
préventif. Demandeur d’un règlement préventif. Dépôt d’une offre de concordat
préventif. Décision de règlement préventif. Exécution du concordat préventif.
ö ADMISSIBLE.
ö CRIMINALITÉ.
ö DÉJUDICIARISATION.
ö DÉLINQUANCE.
ö GANG.
ö GANGSTÉRISME.
ö GRIEF.
ö INJONCTION.
ö MÉDIATION.
ö RECEVABLE.
ö RÉPRESSIF.
2010
ö TEMPÉRAMENT.
PRIMER.
ö PRÉSÉANCE.
ö RANG.
Mais il ne faut pas confondre privatif avec privé, même si parfois ces deux
adjectifs sont synonymes. Le garage d’un immeuble en copropriété sera privatif
2011
s’il est affecté à l’usage exclusif d’un seul copropriétaire. En revanche, s’il est
désigné partie commune, il n’en restera pas moins un lieu privé (privé étant alors
entendu au sens de privatif) puisque seuls les copropriétaires pourront en faire
usage. Il n’est pas ouvert au public. Jardin privatif, cour intérieure privative. En ce
sens, privatif s’oppose à commun, tandis que privé est l’antonyme de public. Mur
privatif, clôture privative. Ouvrage construit à des fins privatives.
Il arrive parfois que des parties communes soient affectées à l’usage exclusif ou
privatif d’un ou de plusieurs copropriétaires; elles sont dites alors parties
communes à usage exclusif ou parties communes particulières par opposition aux
parties communes générales.
La clause privative intégrale, véritable ou générale est celle qui déclare que de
telles décisions sont définitives et péremptoires, qu’elles sont insusceptibles
d’appel et que, par conséquent, toute forme de contrôle judiciaire est exclue.
« Lorsque la loi emploie des mots qui visent à limiter le contrôle, mais qui ne
correspondent pas au libellé traditionnel d’une clause privative intégrale, il faut
déterminer si ces mots comportent un effet privatif intégral ou une norme de
retenue moins élevée. » Mots conférant à la loi constituante un effet privatif limité.
Une disposition sera dite de droit privatif, que l’on distinguera du droit privatif
dont il a été question au point 2) (ou encore de nature privative), si elle prive (par
restriction ou suppression) une personne, physique ou morale, ou un organisme de
pouvoirs, d’attributions ou de responsabilités qui lui sont autrement reconnus. « La
notion de droit civil lie les parties à une transaction, dans ce cas-ci l’employeur et
2013
ö COPROPRIÉTÉ.
PRIVATISTE.
ö INTERNATIONALISTE.
ö PUBLICISTE.
ö VOLONTARISTE.
PROBANT, ANTE.
Ainsi, un fait probant, un acte probant, une pièce probante sont des éléments qui
servent de preuve juridique, non des éléments qui sont destinés à servir de preuve
ou qui participent de la nature de la preuve, comme il faut entendre l’adjectif
probatoire.
La preuve probante est celle qui est pertinente et qui est admissible, peu importe
qu’elle soit convaincante ou non. « L’intérêt public prépondérant peut justifier
l’exclusion de preuves qui seraient par ailleurs pertinentes et probantes. »
Le dossier très bien documenté qui contient toutes les pièces dont communication
a été faite à la partie adverse conformément aux règles de procédure est probant
puisqu’il constitue, en l’état, une preuve jugée recevable.
L’élément probant est un élément de preuve que l’on utilise pour étayer son
argumentation. « Je suis d’accord pour dire que ce n’est pas obligatoire, mais les
2015
La valeur probante d’une preuve est la force qu’elle possède pour contribuer à la
manifestation de la vérité, entendue ici dans son sens judiciaire. Le juge doit
toujours soupeser la valeur probante d’une preuve par rapport au risque de
préjudice qu’elle peut causer. « La preuve produite n’a pas de valeur probante
pour l’accusation dont le juge était saisi. » « Il est nécessaire de peser la valeur
probante du témoignage de l’expert. »
Force probante. « Toute copie certifiée conforme est admissible en preuve et, sauf
preuve contraire, a la même force probante que l’original. » Valeur, force
probante marquée, significative, véritable. Il importe de souligner que la force
probante en matière de preuve est tout à fait étrangère au fait qu’elle soit
convaincante ou persuasive : c’est sa force comme constituant une preuve, peu
importe, en ce sens, qu’elle emporte conviction ou qu’elle soit écartée par le
tribunal. « La preuve à l’appui des revendications autochtones peut couvrir toute
la gamme des forces probantes, de la preuve hautement convaincante à la preuve
hautement contestable. »
La forme probante est la régularité d’un acte, le fait qu’elle est conforme aux
formalités prescrites. « Tout procès-verbal ou rapport n’a de valeur que s’il est
probant, régulier en la forme. » C’est aussi la forme que prend une chose au regard
de la preuve. « Sa forme probante est celle d’une présomption ou d’un
commencement de preuve par écrit qui permet de faire la preuve de la
2016
Tout argument, tout cas, tout exemple, tout indice, tout motif, tout résultat, tout
signe qui, du fait de la probité, de l’honnêteté notoire de celui qui l’énonce ou
l’invoque et de son caractère rationel et persuasif, possède la force nécessaire pour
emporter conviction peut être qualifié de probant.
Est probant le plaidoyer qui illustre toutes les qualités qu’il faut pour permettre
qu’on le qualifie de la sorte : il est ardent et éloquent, émouvant et habile, il
impressionne par la logique de sa présentation et la force de ses arguments, il est
passionné et persuasif. Démonstration, raison probante. Données probantes.
Motifs probants.
ö PREUVE.
ö PROBATOIRE.
PROBATIONNAIRE.
ö PROBATION.
2018
ö PROBATOIRE.
ö SURSIS.
PROBATOIRE.
Un système probatoire est constitué d’un ensemble légal organisé qui est prévu
pour régir l’administration de la preuve, les modes et les moyens de preuve, la
hiérarchie des preuves, les techniques de preuve (modes, moyens, hiérarchies,
techniques probatoires) dans une matière particulière. Par exemple, le système des
preuves de la filiation en droit familial est un système probatoire de la filiation, le
système des preuves du mariage est un système probatoire du mariage et le
système des preuves des infractions sexuelles est un système probatoire des
infractions sexuelles mis à la disposition des victimes pour établir qu’il y a eu
commission de telles infractions.
Les modes probatoires sont les méthodes de preuve légales comme la preuve
littérale, la preuve testimoniale, la preuve indiciaire ou indiciale, la preuve
présomptive ou circonstancielle, l’aveu et le serment décisoire ou litisdécisoire.
Effet probatoire des modes de preuve. Modalités probatoires.
Les restrictions probatoires sont celles qui sont apportées dans l’administration de
certaines preuves relatives à des actes juridiques où à des faits. On dira que ces
actes ou que ces faits sont soumis à des restrictions probatoires.
français, l’écrit a soit une valeur probatoire, soit une fonction solennelle tendant à
protéger le consentement des parties. Dans ce dernier cas, il est exigé ad
validitatem pour assurer la validité juridique de l’acte. » Valeur probatoire de
l’écrit. Statut probatoire. L’écrit destiné à servir de preuve présente une valeur
probatoire. L’acte établi en vue de l’établissement d’une preuve est qualifié de
probatoire ou d’acte ad probationem.
Le référé probatoire prévu à l’article 145 du Nouveau code de procédure civile est
ainsi qualifié parce qu’il se rapporte à la conservation ou à l’établissement d’une
preuve destinée à servir dans un éventuel litige. Par voie de requête, demande est
présentée au juge des référés d’ordonner toutes mesures d’instruction propres à
conserver ou à établir avant tout procès la preuve des faits dont pourrait dépendre
la solution d’un litige. Cette disposition fonde aussi l’action probatoire, encore
appelée action en référé probatoire. Par exemple, l’employeur qui entend
démontrer au moyen de courriels que son employé commet ou a commis des actes
fautifs justifiant son congédiement pour motif réel et sérieux s’adressera au juge
pour obtenir l’autorisation de procéder à la recherche et à la sauvegarde des
éléments de preuve tout en préservant les droits et les garanties fondamentales de
l’employé au titre de sa vie privée. « L’article 145 NCPC sert à la recherche et à
la conservation des preuves sans qu’il puisse permettre de découvrir un fondement
probatoire pour une demande en justice postérieure. »
En matière de probation, le sursis dit probatoire est celui qui est ordonné pour que
l’exécution de la peine d’emprisonnement encourue par le délinquant soit
suspendue. Le tribunal décide alors d’éprouver la sincérité du délinquant qui
déclare être déterminé à ne pas récidiver et à vivre désormais dans le respect des
lois. Le sursis de la peine est assorti d’une probation, d’où la qualification du
sursis.
Le permis probatoire est accordé aux personnes qui obtiennent leur permis pour la
première fois et à toutes celles qui ont repassé l’examen du permis de conduire
après avoir perdu leur permis par décision judiciaire ou de police ou après avoir
2023
perdu tout leur capital de points à la suite d’une infraction grave ou de plusieurs
infractions au code de la route.
En France, le permis probatoire est doté d’un capital de six points pendant une
période probatoire de trois ans. Au Québec, il est délivré au titulaire d’un permis
d’apprenti conducteur qui, après une période de conduite automobile de douze
mois, réussit l’examen pratique de la Société de l’assurance automobile du Québec.
Selon le point de vue adopté, cet espace de temps plus ou moins long selon le
régime d’emploi est une période probatoire dans l’optique de l’employeur et une
période d’attente dans celle de l’employé.
Le stage probatoire est la période pendant laquelle le stagiaire doit démontrer qu’il
possède les qualités ou les aptitudes nécessaires pour satisfaire à des exigences
imposées et obtenir la permanence. On peut appeler du terme d’employé en stage
probatoire tout employé dit stagiaire, en stage, en probation, à l’essai ou à
l’entraînement.
On ne dit jamais d’un témoignage probant qu’il est [probatoire]. Une preuve
probante a du poids, elle est convaincante, concluante, et non [probatoire]. Le fait
probatoire dans le régime français de la common law permet d’établir l’existence
2024
d’un fait substantiel, d’un fait sur lequel repose le fond du procès, ou de le réfuter,
tandis que le fait probant est concluant.
ö CÉLÉRITÉ.
ö PREUVE.
ö PROBANT.
ö PROBATION.
ö PROBATIONNAIRE.
ö RÉCIDIVE.
constatation écrite a pour but de garantir l’existence du fait survenu et d’en garder
la preuve, sous forme de pièce ou en tant que document d’archives.
4) En France, les huissiers, sur constatation faite qu’il leur est impossible de
poursuivre l’exécution de la saisie dont un jugement ou un autre titre exécutoire les
charge parce que le débiteur saisi ne possède aucun bien saisissable, dressent en
pareil cas un procès-verbal de carence.
PROCESSUALISTE.
Henri Modulsky, François Terré, Louis Boyer, Serge Guinchard et les Labbée,
Dollaz, Martin, Jeuland et Perrot sont des processualistes éminents.
2027
ö -ISTE.
ö JUDICIAIRE.
ö PROCESSUEL.
PROCESSUEL, ELLE.
Le droit processuel fait porter son regard et ses réflexions sur l’histoire du procès,
sur ses espèces, (procès national ou international, procès civil, criminel ou pénal,
procès administratif, procès arbitral), sur ses définitions (surtout doctrinales), sur la
théorie générale du procès, sur les principes généraux applicables à l’organisation
du procès, et non à l’organisation judiciaire, sur sa technique, sur l’acte de juger,
sur l’autorité du juge, sur son intervention et son office, sur les conceptions du
procès et sur les principes directeurs de l’instance.
Par jeu de rapprochements, le droit processuel est amené à examiner les règles
applicables à tous les genres de procès, à celles qui organisent le procès dans
divers systèmes de droit et, plus particulièrement, celles qui s’appliquent dans tous
les contentieux, considérant dans l’analyse les aspects multiformes qui s’avèrent
communs (ou non) aux pratiques juridictionnelles, ce qu’on appelle dans le droit
2029
Le droit processuel prend bien soin de ne pas écarter de son domaine de réflexion
aussi bien l’aspect jurilinguistique de l’étude du procès (le vocabulaire du procès,
le discours juridictionnel, l’écrit judiciaire) que l’aspect proprement juridique que
constitue l’étude des conflits réglés sans que les parties ne s’adressent à la justice,
tels les cas de déjudiciarisation que représentent les modes alternatifs de règlement
des différends, que ce soit la conciliation, la médiation ou l’arbitrage.
ö ARBITRAGE.
ö CONCILIATION.
ö CONTENTIEUX.
ö DÉJUDICIARISATION.
ö JUDICIAIRE.
ö MÉDIATION.
ö PROCÉDURAL.
ö PROCÉDURE.
ö PROCÈS.
ö SUBSTANTIEL.
1) Ce verbe, du latin prohibere, écarter, tenir à distance, ne se dit que pour les
lois, les dispositions légales et réglementaires. Prohiber est transitif direct : le
législateur prohibe un acte, un comportement, une activité, ou il prohibe une
personne de faire ou de s’abstenir de faire une chose. Dans l’exemple suivant, la
structure syntaxique est parfaitement correcte, mais la phrase comporte une
2030
Les lois prohibent certaines activités commerciales qui sont contraires aux règles
généralement convenues et respectées en la matière. Ce qui est prohibé est par
conséquent défendu par la loi. Le Code criminel du Canada prohibe le port
d’armes à feu par quiconque n’est pas autorisé à en avoir sur soi; les armes à feu
ainsi prohibées sont de ce fait interdites. Le degré de parenté qui constitue une
proximité trop grande entre les futurs époux est dit prohibé et emporte
empêchement dirimant. L’union incestueuse interdit à deux être de contracter
mariage parce qu’ils sont unis par un lien de parenté ou d’alliance au degré
prohibé. Des pratiques sexuelles, la pornographie infantile sont prohibées. Le
législateur édicte des périodes légales de chasse et de pêche; le temps prohibé est
la période pendant laquelle ces activités sportives sont interdites; les engins
prohibés sont ceux dont il est interdit de se servir dans la pratique de ces activités.
Il prohibe également l’importation et l’exportation de certaines marchandises.
Prohiber le clonage thérapeutique.
ö DIRIMANT.
ö HARCÈLEMENT.
ö MALTRAITANCE.
ö PIRATAGE.
ö PLÉONASME.
ö PROHIBITIF.
ö PROHIBITION.
ö SANCTIONNER.
PROHIBITIF, IVE.
Le Code civil du Québec dispose que « les lois prohibitives emportent nullité,
quoiqu’elle n’y soit pas prononcée. » Le mot lois employé ici est entendu au sens
de règles de droit. Inspirée du droit français, cette règle trouve son équivalent en
common law. Les tribunaux prennent appui sur elle pour décider qu’un contrat ou
quelque acte non contractuel est entaché de nullité, s’il enfreint une loi prohibitive.
ö DIRIMANT.
ö IMPÉRATIF.
ö INJONCTION.
ö MANDATOIRE.
ö ORDONNANCE.
ö PROHIBITION.
Ainsi, on ne peut pas employer ces deux termes de façon interchangeable en les
considérant comme synonymes. Il est incorrect de dire, par exemple, que la
[prononciation] du jugement a lieu après que les deux parties ont présenté tous
leurs arguments. Le sursis de peine est la mesure par laquelle le juge, au terme d’un
procès criminel où l’accusé a été déclaré coupable, ajourne non pas la
[prononciation] de la peine pour ordonner qu’il soit libéré à certaines conditions,
mais le prononcé de la peine. Prononcé de l’union des époux par l’officier de
l’état civil. Prononcé de la titularisation.
ö DISPOSITIF.
ö SACRAMENTEL.
ö TITULARISATION.
PROVOQUER.
Dans un sens neutre, provoquer s’emploie en droit pour désigner, au sens faible,
l’acte consistant pour une autorité à demander à quelqu’un de répondre à des
questions, à l’inviter à donner des explications, à intervenir dans une instance, à
communiquer une information, à hâter ou à entraîner la survenance d’un
événement. Par exemple, le juge qui, à son initiative, amène les parties à se
concilier provoque la conciliation. La tentative de conciliation est un essai destiné
2035
ö INITIATIVE.
Syntagmes
Droit du pseudonyme
Droit exclusif de propriété sur un pseudonyme.
Intransmissibilité du pseudonyme à la descendance.
Port du pseudonyme.
Porteur de pseudonyme.
Possesseur titulaire du pseudonyme.
Propriétaire d’un pseudonyme déclaré, enregistré.
Protection juridique du pseudonyme.
Usage du pseudonyme, du sobriquet, du surnom, d’un faux nom.
Usurpation de pseudonyme.
Utilisation du pseudonyme.
ö ALIAS.
ö NOM.
PUBLICISTE.
ö INTERNATIONALISTE.
ö PRIVATISTE.
PUTATIF, IVE.
1) L’adjectif qualifie d’abord tout acte qui n’existe que dans la pensée de son
auteur et qui, pour cette raison, étant imaginaire, perd les effets qu’il eût autrement
2039
produits. Cet acte inexistant dans la réalité, mais existant malgré tout dans la
pensée de son auteur, n’est pas pour autant un acte fictif, c’est-à-dire apparent,
l’équivalence de sens n’étant pas parfaite. Titre putatif, testament putatif. « Un
testament inexistant est un titre putatif qui ne permet pas au possesseur qui
l’invoque de se prévaloir de la prescription acquisitive abrégée. » Le titre putatif
ou imaginaire s’oppose au titre réel ou véritable. « Un titre putatif suffit pour
l’usucapion ordinaire, si la bonne foi du possesseur est justifiée. »
2) Dans une acception plus large, putatif qualifie l’acte nul que son auteur a
erronément cru valide et qui, du fait de cette erreur, produit certains effets en
faveur des intéressés de bonne foi. Tel est le cas du mariage putatif, réellement
célébré et valide de bonne foi aux yeux de l’un au moins des époux. Effets d’un
mariage putatif. La bonne foi d’un seul des époux suffit pour qu’un mariage nul
produise les effets d’un mariage putatif et, en particulier, que soit attribuée la
légitimité des enfants issus de cette union. Théorie du mariage putatif. « Les
demandeurs ont appuyé leur prétention d’enfants légitimes sur la théorie du
mariage putatif. » Mariage valant comme putatif. Base, condition du mariage
putatif. Mariage traité comme putatif. Principes régissant le mariage putatif en
droit interne, en droit international privé. « Par définition, le mariage putatif est
un mariage légitime, déclaré nul à cause de certains vices qui l’affectent, mais
auquel la loi, en raison de la bonne foi des époux, ou au moins de l’un d’eux,
attribue les effets d’un mariage valable, et notamment la légitimité des enfants qui
en sont issus. » Admissibilité du bénéfice du mariage putatif. « Pour être admis au
bénéfice du mariage putatif, il faut que l’époux au nom duquel on s’en prévaut ait
été de bonne foi. » Époux putatif.
Le père putatif est celui que l’on croit à tort être le père d’un enfant. Enfant,
cousin, mari, fils, petit-fils putatif. Mère, fille, soeur putative. Héritier, légataire
putatif.
3) Dans une autre acception large, putatif se dit de tout acte ou événement déjà
réalisé à l’insu des parties. Tel est le cas du mandat intervenu à l’insu du mandant,
le mandataire ayant décidé soudainement de s’occuper des affaires du mandant en
constatant la présence imminente d’un état dit de nécessité. Mandataire putatif.
« Le simple remboursement des dépenses d’un mandataire putatif ne suffit pas
pour permettre de conclure à l’existence d’un mandat; les faits dans leur ensemble
doivent être pris en considération. »
2040
Dans cette acception, putatif est synonyme d’apparent. « Dans un mandat apparent
où des mandataires ont un pouvoir manifeste ou apparent, il n’existe pas de
consentement véritable entre le mandant putatif et le mandataire putatif. »
Délit putatif par croyance erronée. « Si le délit putatif par croyance erronée en
l’existence d’une condition préalable n’est pas punissable, sauf indication
2041
contraire du législateur, c’est que l’on ne peut s’appuyer dans cette hypothèse sur
la théorie de la tentative (...) Cette exclusion du délit putatif ne doit pas faire
conclure à une rupture entre la condition préalable et l’élément moral de
l’infraction. »
La requête est déposée par un ou plusieurs plaignants nommés, c’est-à-dire dont les
noms sont portés à la connaissance du tribunal, au nom d’un groupe défini de façon
abstraite. On parle de groupe putatif (“putative class”).
Recours collectif putatif. Appel interlocutoire putatif. « Le 29 juin 2002, une action
en justice, qui était à l’origine un recours collectif putatif, a été intentée contre
Pre-Paid auprès de la cour de district de Canadian County. » « La cour d’appel
des États-Unis pour le dixième circuit a formulé un règlement le 26 octobre 2004
rejetant un appel interlocutoire putatif déposé par les demandeurs en recours
collectif. »
8) Putatif se dit aussi de tout acte juridique légitimé en apparence. « Les divers
transferts de propriété se sont faits au moyen d’actes légitimés – ne fût-ce qu’en
apparence, tel l’acte putatif lorsque, par exemple, l’acte notarié de vente est signé
pour le compte du vendeur par un mandataire qui fait usage d’une procuration
révoquée à l’insu de l’acheteur – et ont été légalement transcrits. »
Q
QUASI.
1) Ce mot se joint par un trait d’union à un substantif avec lequel il crée ainsi
une unité de sens (un quasi-délit) tout en demeurant invariable de par sa nature
(des quasi-contrats). Malgré un usage contraire suffisamment répandu pour qu’il
vaille la peine de le souligner, le trait d’union doit disparaître devant l’adjectif ou
l’adverbe modifié (acte, dommage quasi délictuel, faute quasi délictuelle, droit
quasi criminel, loi quasi criminelle), puisque, en toute logique, quasi forme avec
lui un terme dont les deux éléments constituent deux unités de sens. Ainsi : quasi-
intérêt propriétal, mais intérêt quasi propriétal.
2) Quasi signifie presque, à la manière de, comme s’il y avait, ce à quoi cette
notion se rapporte. Devant un substantif à valeur quantitative, l’adverbe traduit
l’idée d’une approximation (quasi-unanimité, quasi-totalité), mais il peut aussi
présenter à l’esprit l’idée d’une insuffisance de degré (quasi-impossibilité), d’une
similitude (quasi-monopole) ou d’une assimilation qualitative (quasi-nécessité)
devant des substantifs qui évoquent d’autres valeurs.
juridiques qui se rattachent par plusieurs aspects à des notions plus générales tout
en demeurant régies par des règles et des principes distincts.
Ainsi, on dit quasi-contrat parce que les sources d’obligations que fait naître ce
genre de convention sont extracontractuelles et entraînent des conséquences
comparables (d’où le mot quasi) à celles qui découleraient d’un contrat. Le quasi-
contrat est, dans une autre perspective, considéré comme une obligation imposée
judiciairement pour éviter que ne se commette une injustice ou un enrichissement
sans cause.
En droit civil, le quasi-délit se rattache à la notion de délit. C’est un fait illicite qui
cause à autrui un préjudice, un dommage, sans intention de nuire, mais, résultat
d’une négligence, d’une imprudence, d’une méprise, il oblige son auteur à
réparation. Au regard du délit, c’est un acte dommageable non intentionnel.
Autrement dit, il y a délit quand l’auteur du dommage a eu l’intention de nuire ou,
du moins, l’a causé sciemment et quasi-délit quand le fait est non intentionnel,
involontaire, le dommage ayant été causé sans le faire exprès, par négligence ou
imprudence.
Est quasi délictuel ce qui prend sa source dans un quasi-délit et quasi contractuel
ce qui tire son origine d’un quasi-contrat (obligation quasi contractuelle) ou qui se
rapporte à un quasi-contrat (en matière quasi contractuelle).
Les mots délit et quasi-délit ont disparu du Code civil du Québec. L’expression
responsabilité délictuelle ou quasi délictuelle a été remplacée par l’expression
responsabilité extracontractuelle. Ainsi, est une obligation extracontractuelle
l’obligation de réparer qui a sa source dans la loi, l’obligation contractuelle ayant,
quant à elle, son origine dans le contrat.
2044
4) Le mot quasi signifie aussi ce qui est apparenté à quelque chose, ce qui se
rapproche de quelque chose; de cette approximation s’établit une concurrence avec
para, autre élément de composition employé comme préfixe : on écrit tout aussi
bien quasi judiciaire que parajudiciaire (remarquez la soudure pour cet adverbe),
quasi légal que paralégal, qui n’a pas le sens, d’ailleurs, du mot anglais
“paralegal”, qui se rend, comme substantif, par technicien juridique, technicien en
droit, technicien parajuridique, adjoint parajuridique, ou par le néologisme
parajuriste, selon les contextes, et comme adjectif, par le même mot : adjoint
parajuridique au contentieux (“litigation paralegal”), agent, représentant,
spécialiste parajuridique ou parajuriste.
L’effet de commerce qui est doté de certains seulement des éléments constitutifs de
la négociabilité ou du titre négociable est un titre quasi négociable.
Dans le cas où le terme auquel se combine l’adverbe quasi représente une personne
physique, on dit bien, par exemple, quasi-associé pour désigner celui qui se joint à
d’autres dans une entreprise qui, en dépit des apparences, n’est pas encore une
société de personnes, quasi-baillaire pour désigner celui qui a en sa possession un
bien perdu qu’il a trouvé, mais qui n’a pas obtenu, cela s’entend, le consentement
du propriétaire pour que soit effectué régulièrement le transfert de possession du
bien, condition essentielle du baillement, devenu en ce cas un quasi-baillement,
quasi-arbitre pour désigner le professionnel à qui on demande d’instruire un litige
pour qu’il possède le titre officiel d’arbitre ou quasi-tuteur pour désigner celui qui,
sans avoir été nommé tuteur ou sans avoir en droit la qualité de tuteur assume les
fonctions de cette charge en exerçant la surveillance de la personne du mineur, la
gestion de ses biens ou sa représentation dans les actes juridiques. Le quasi-
fiduciaire, de par la position qu’il occupe par rapport à une autre personne, soutire
à celle-ci un avantage par suite d’un abus de confiance et, de ce fait, doit en rendre
compte comme s’il faisait fonction de fiduciaire. Toutefois, si la personne en
question prétend à tort posséder telle qualité, passe pour ce qu’elle n’est pas, se dit
2046
ou se prétend être telle ou telle, n’est pas ou n’est pas vraiment ce qu’elle semble
être, il faut recourir alors à des termes tels faux, prétendu, soi-disant, censé,
présumé ou supposé pour la qualifier. Ainsi parlera-t-on d’un prétendu expert,
d’un faux témoin oculaire, d’un soi-disant avocat, et ainsi de suite. L’emploi de
quasi dans ce cas serait injustifié puisque cet adverbe ne comporte aucune nuance
dépréciative quelle qu’elle soit.
La règle est la même s’agissant d’une personne morale. La quasi-société exerce ses
activités en tant que telle sans avoir encore satisfait à toutes les obligations légales
lui permettant d’être officiellement et formellement constituée en personne morale.
La quasi-société publique est celle dont le caractère relève à la fois du droit privé
et du droit public; c’est un organisme qui est régi par des lois édictées par le
législateur, mais qui demeure contrôlé par l’État ou par une autre autorité
publique : tel est le cas de la société d’énergie électrique non privatisée qui est une
société à but lucratif fournissant un service public tout en étant tenue de rendre
compte de ses activités à l’autorité étatique.
QUASI-CONTRAT.
QUASI-DÉLIT.
QUASI JUDICIAIRE.
Le mot usufruit est formé par combinaison de deux mots latins, usus ou usage et
fructus ou fruits, d’où l’adage « L’usufruit emporte l’usus et le fructus. »
1) Le droit de l’usufruit est une institution que le droit civil a emprunté au droit
romain, pour lequel l’usufruit est le droit de faire usage du bien d’autrui et d’en
jouir sans en changer la nature. La notion d’usufruit renvoie à un droit réel sur la
chose d’autrui. L’usufruit n’investit son bénéficiaire que du droit d’usage (usus) et
du droit de jouissance (fructus), à l’exclusion du droit d’aliénation ou de
disposition (abusus) de la chose frugifère. De ce point de vue, l’usufruit constitue
un démembrement des attributs de la pleine propriété ou du droit de propriété, au
même titre que l’usage, les servitudes et l’emphythéose. Il laisse au propriétaire du
bien, devenu le nu-propriétaire, dépouillé de deux des composantes du droit de
propriété, les droits d’usage et de jouissance, le seul droit de propriété (en
l’occurrence, de la nue-propriété).
dont elle est formée. Il en jouit et peut l’utiliser, s’en servir, en faire usage : il en
use.
4) Le droit d’usufruit (qui peut être attribué, par exemple au conjoint survivant)
permet à son titulaire de tirer un moyen de subsistance de la chose. « Dans la
succession ab intestat, la loi confère au conjoint survivant un droit d’usufruit sur
les biens du défunt : usufruit afin de vivre. » L’ascendant qui partage, entre ses
enfants, ses biens de son vivant se réserve généralement l’usufruit. Exercer
l’usufruit, l’abandonner. Retenir l’usufruit. « Dans cette donation-partage, chaque
successible reçoit immédiatement une part en nue-propriété, mais l’ascendant
donateur retient l’usufruit du tout. » Propriété grevée, bien grevé, chose grevée
d’usufruit. Bien livré à l’usufruit. Libéralités en usufruit. Droits d’usufruit
personnels, droits personnels, de la nature d’un usufruit. Droit d’usufruit
perpétuel.
7) L’usufruit qui porte sur des choses consomptibles, (l’argent, les grains, les
liqueurs) à charge de restitution après usage et jouissance est un quasi-usufruit. La
personne bénéficiaire du quasi-usufruit est le quasi-usufruitier, la quasi-
usufruitière. Être titulaire d’un droit de quasi-usufruit, être quasi-usufruitier. Le
quasi-usufruitier, la quasi-usufruitière peut consommer à son usage la chose
grevée d’usufruit, à charge de la restituer sous une forme semblable ou d’en
restituer la valeur à la fin de la période de l’usufruit. Le quasi-usufruitier est
débiteur de la valeur du bien consommé à l’extinction de son droit. Le quasi-
usufruit diffère de l’usufruit véritable ou usufruit proprement dit en ce que
l’attribut de l’abusus se trouve dans le droit de quasi-usufruit puisque la chose est
consomptible. Le nu-propriétaire n’est que créancier de l’usufruitier et exercera sa
créance à la fin du l’usufruit.
ö ABUSUS.
ö DÉMEMBREMENT.
ö EMPHYTHÉOSE.
ö FRUCTUS.
ö FRUGIFÈRE.
ö NU-PROPRIÉTAIRE.
ö NUE-PROPRIÉTÉ.
ö PRÉCAIRE.
ö SERVITUDE.
ö TÊTE.
ö USAGE.
ö USUS.
QUERELLÉ, ÉE.
QUITTE.
En ce sens, celui qui est quitte de quelque chose en est délivré, débarrassé. Être
quitte d’un procès.
3) L’acte qui constate que l’on est quitte au sens 1) énonce le règlement entier
et définitif d’une dette; c’est une quittance.
2052
ö DÉFINITIF.
ö QUITTANCE.
QUORUM.
Dans le droit des sociétés, le quorum est déterminé par la partie du capital social,
ou par le nombre des associés présents ou représentés, nécessaire pour qu’une
assemblée générale puisse se tenir valablement, délibérer et prendre des décisions.
Il y a, en ce cas, exigence de quorum. La condition concernant le quorum ayant un
caractère impératif, son inobservation emporte nullité. L’ajournement est de
rigueur. « À défaut de quorum à l’ouverture de l’assemblée, les actionnaires ou
souscripteurs présents ne peuvent délibérer que sur son ajournement aux date,
heure et lieu qu’ils fixent. »
La disposition consacrée au quorum se trouve dans toutes les lois d’intérêt privé
constitutives de sociétés et dans les lois d’intérêt public portant création
d’organismes publics à caractère décisionnel.
Il faut éviter de dire que le quorum n’est pas [présent]; on dit plutôt qu’il n’est pas
atteint, constitué, formé, obtenu ou réuni.
2054
Syntagmes
Quorum équivalent (à la majorité, aux trois quarts (...) des membres présents).
Quorum légal.
Quorum réputé avoir toujours existé.
Fixation du quorum.
Formation du quorum.
Obtention du quorum.
Perte de quorum (cas d’empêchement, de décès).
Rétablissement du quorum.
Réunion du quorum.
Atteindre le quorum.
Avoir le quorum.
Constater le quorum.
Constituer le quorum.
Déterminer le quorum.
Fixer le quorum.
Former le quorum.
Obtenir le quorum.
Prévoir le quorum.
Rétablir le quorum.
Réunir le quorum.
ö MAJORITÉ.
ö QUANTUM.
2056
RÉCÉPISSÉ. REÇU.
R
On appelle récépissé tout écrit constatant le dépôt ou la réception de pièces,
d’objets, de marchandises, d’envois postaux ou de fonds. Récépissé muni du sceau
postal. Cette forme de reçu peut également se rapporter aussi bien à une demande,
à une lettre qu’à une somme d’argent. « Toute demande de création d’une station
uvale est adressée au préfet, qui en donne récépissé. »
Pour produire son entier effet, pour être pleinement efficace, l’acte réceptice doit
être reçu par l’intéressé. « L’acte réceptice doit son existence à sa réception. »
Aussi l’auteur de l’acte doit-il faire le nécessaire pour obtenir une preuve de la
réception.
2) On dit de l’acte réceptice que c’est un acte à personne dénommée parce que
l’écrit ne s’adresse qu’au destinataire spécifié. Ainsi, sont qualifiés de réceptices
ou, dans une autre terminologie civiliste, moins répandue, de déclarations faites à
partie, tous les actes juridiques unilatéraux dont le seul but est d’être notifiés à leur
destinataire adressé.
3) Il arrive que l’acte soit qualifié de réceptice, même s’il ne remet pas en cause
les droits de l’intéressé, cas de l’huissier qui notifie au requérant une décision de
justice ou, à l’intéressé, un acte de procédure, cas aussi de l’administration qui
notifie à l’administré la décision qu’elle a prise à son sujet, lesquels ne portent pas
nécessairement atteinte à des droits.
4) Étant notifié à une personne en particulier et à elle seule, on dit aussi que
l’acte réceptice est un acte ad personam, qualité de l’acte notifié qui vise une
personne individuelle. Autres caractéristiques de cet acte : du point de vue de
l’intéressé, il revêt deux autres caractères. D’abord, et souvent, il remet en cause
ses droits ou, d’une autre manière, il porte atteinte à son intérêt (son mandat, son
logement, la possession de ses biens menacés de saisie), ensuite, il est
2058
comminatoire, c’est-à-dire qu’il est rédigé, en ces cas, sur un ton menaçant, tels
ceux de la mise en demeure et du commandement aux fins de saisie. « La mise en
demeure constitue un acte unilatéral réceptice : son efficacité est donc
subordonnée à une notification au débiteur et le créancier doit se ménager une
preuve de sa réception. »
Il est possible d’établir une analogie entre l’acte unilatéral réceptice et, dans le
droit de la procédure, l’acte introductif d’instance.
7) Aux actes réceptices on oppose les actes non réceptices (les déclarations
non faites à partie), comme la reconnaissance d’enfant naturel. Les actes collectifs
ou d’audience (qui s’adressent à un groupe d’intérêt déterminé) et les actes de
masse ou à tout entendeur (qui s’adressent à tous les sujets de droit d’un État) sont,
2059
RÉCEPTION JURIDIQUE.
1) Lorsque les juristes emploient le mot réception en parlant, par exemple, d’un
système de droit ou d’un droit quelconque, ils évoquent l’ensemble des moyens
dont dispose un État pour manifester expressément son acceptation de ce système
ou de ces règles de droit pour permettre son entrée dans ce qu’on appelle l’ordre
juridique national ou interne.
Par exemple, s’il est question de la réception du droit communautaire par les droits
nationaux, il y aura lieu de comprendre par le mot réception l’ensemble des
moyens dont disposent les autorités étatiques membres des Communautés
européennes pour concrétiser leur acceptation du droit communautaire et permettre
leur adhésion à l’ordre juridique interne.
Chaque fois qu’il se produit importation – même forcée – d’un système juridique
extérieur, on peut parler de réception, forme d’introduction d’un droit étranger
dans un droit national ou interne, aboutissant, règle générale, à une superposition
de droits. L’exemple parfait étant, s’agissant des systèmes juridiques africains, la
réception des systèmes de droit des pays colonisateurs par les colonies. Le
Cameroun, territoire partagé entre Britanniques et Français après la défaite
allemande de 1918, devient un terrain d’élection de la réception de droits
étrangers. Le colonisateur transplante littéralement son propre droit dans ses
colonies à une date précise, qui est la date de réception du droit externe. Elle
marque le point de départ d’un développement relativement autonome du système
juridique de la colonie.
Règle générale, la réception juridique emprunte trois voies pour pénétrer dans le
droit interne d’un État. La voie législative est le chemin privilégié pour assurer la
pérennité de l’entrée dans l’espace juridique interne. La voie normative consiste en
l’établissement d’une norme interne qui permet l’application de la norme externe.
La voie juridictionnelle est préférée lorsque le juge interne constate le bien-fondé
de l’application de la norme externe en tant que telle.
Il convient d’ajouter que la réception s’effectue aussi par la voie de l’emprunt, cas
des États indépendants. Un pays empruntera au droit externe certaines institutions;
on verra dans cet emprunt une forme de réception.
4) Des juristes estiment que la réception des droits exclut les influences
coloniales puisqu’elle serait le fait d’États indépendants. Lorsqu’un État accède à
l’indépendance, il fait rarement table rase du système juridique que lui lègue le
colonisateur. On part alors d’une réception globale dans la continuité et elle est
2061
Avec le temps, le droit de l’État indépendant est modifié sans que disparaisse pour
autant le phénomène de réception. Les réceptions sont dorénavant partielles et
elles se présentent tant dans la continuité qu’au cœur du changement politique.
Réception partielle dans la continuité, réception partielle dans le changement. La
réception peut être constante. « La réception constante de la définition du droit
administratif jusqu’à nos jours témoigne de l’emprise de ses orientations
originelles. »
5) La doctrine, les autorités publiques et les juges sont considérés comme les
intercesseurs de la réception. Dans le cas du comportement des États issus du
système colonial avec le transfert massif du système de droit des anciens, dont la
France et le Royaume Uni constituent le type même des États colonisateurs, la
notion contraire serait la réception mimétique.
Il reste que la réception est une importation des principes juridiques, la réforme, ni
plus ni moins, du droit public ou privé d’un pays. De ce fait, elle constitue
l’intégration d’une norme étrangère dans un contexte entièrement différent.
réformistes du droit moderne animés par des juristes activistes et éclairés. Elle se
fait institutionnellement et se réalise pratiquement, tout en marquant une rupture
avec un droit ancien, avec des coutumes, avec des traditions, avec des usages bien
ancrés.
9) Bref, la réception est une notion réciproque qui s’apprécie dans un double
sens. Il convient d’envisager les changements qu’elle produit dans le droit
récepteur et d’apprécier les modifications qu’elle entraîne sur le droit reçu. Elle est
contrastée quand des difficultés surgissent dans l’assimilation de certaines règles
de droit, mais que d’autres règles de droit pénètrent plus facilement dans la société
réceptrice. Ce sont alors et surtout les réserves jurisprudentielles et les
interrogations doctrinales qui viennent freiner la réception harmonieuse du droit
nouveau (et non du [nouveau droit]).
RECOUVRER.
recouvrer un droit signifie être rétabli, être restitué dans un droit; recouvrer un
statut, c’est le réintégrer. « À défaut de complet paiement à l’échéance, le
créancier peut demander la restitution du bien afin de recouvrer le droit d’en
disposer. » Recouvrer l’exercice d’une action. Elliptiquement, recouvrer
s’emploie comme intransitif dans le langage du droit : recouvrer en justice,
recouvrer en replevin, le complément direct étant sous-entendu : recouvrer un bien
en justice, recouvrer des objets saisis en replevin.
2) Il faut éviter de dire que l’on recouvre quelque chose [de] quelqu’un; dire
plutôt auprès de quelqu’un. « Le compte débiteur est un compte de bilan dans
lequel on enregistre les sommes à recouvrer d’un tiers. » (= auprès d’un tiers).
3) On ne peut recouvrer que ce qui nous revient de droit ou que ce que nous
voulons récupérer. En ce sens, recouvrer n’est pas synonyme de recevoir ni de
percevoir. Ainsi, recouvrer une créance signifie pour le créancier reprendre
possession de ce qui lui revient, de ce qui lui est dû, de ce qui est exigible. Sa
créance étant une dette du point de vue du débiteur, il recouvre la créance, non la
[dette], il ne l’[obtient] ni ne la [perçoit].
ö RECOUVREMENT.
L’acte de récusation a pour effet, s’il est admis, d’écarter cette personne du procès.
4) Une des questions les plus épineuses que doivent traiter les juges et les
avocats est celle de savoir si un juge devrait se récuser d’une affaire ou faire
l’objet d’une récusation. La difficulté se résout d’elle-même lorsque le juge choisit
de se désister, même si la récusation n’est pas requise en droit, parce que son
retrait ne pose pas d’inconvénient et permettra même d’éviter un certain
mécontentement, par exemple d’une partie qui le suspecterait de partialité à son
endroit. On appelle cette décision personnelle du juge le déport, soit l’acte par
lequel le juge (ou l’arbitre) se retire de l’affaire. « Les arbitres ne pourront se
déporter si les opérations sont commencées. » Pour un simple scrupule de
2065
5) Le dérivé adjectival récusable signifie soit qui peut être récusé (arbitre,
expert, juge, juré, témoin récusable), soit en quoi on ne peut avoir foi, et il qualifie
alors, par métonymie du sujet, une chose : décision, témoignage récusable.
L’antonyme est irrécusable. « La Cour ne doit radier la demande que si la lecture
des plaidoiries lui permet de constater que l’action ne peut être retenue ou s’il
existe une défense irrécusable à l’action. »
8) Récuser [pour cause] est une construction fautive (« L’accusé peut être
appelé à déclarer s’il récuse un juré péremptoirement ou [pour cause]. »)
L’expression [pour cause], fréquente dans des contextes de congédiement, de
destitution, de révocation de charge (employé congédié [pour cause], directeur
destitué [pour cause]) est vicieuse lorsqu’elle est employée seule, sans adjectif ou
sans complément de nom; on peut dire correctement : pour cause juste, pour cause
légitime, pour cause d’incompétence.
Il n’existe pas de solution unique pour chacun des cas. Il faudra, selon le contexte
et la situation juridique, trouver l’expression adéquate pour rendre l’idée à
exprimer. Toutefois, l’analyse des occurrences permet d’établir une règle purement
pratique et non normative qui pourrait s’appliquer dans la plupart des cas. Quand
l’expression incorrecte [pour cause] forme un syntagme avec un substantif, c’est le
plus souvent le substantif motif ou l’adjectif motivé qu’il faut mettre : récusation
2066
pour motif d’intérêt personnel, récusation motivée. Dans les autres cas, ce sont les
locutions pour un motif valable, pour un motif déterminé, pour un motif légitime.
Récuser un juré pour un motif admissible.
Syntagmes
Récusation abusive.
Récusation admise, rejetée.
Récusation (déclarée) admissible, inadmissible.
Récusation du tableau des jurés.
Récusation en sa personne.
Récusation faite devant la Cour.
Récusation irrecevable, recevable.
Récusation motivée.
Récusation péremptoire.
Abus de la récusation.
Acte de récusation.
Admissibilité, inadmissibilité de la récusation.
Admission, rejet de la récusation.
Cause, motif, moyen de récusation.
Champ de la récusation.
Demande de ou en, motion, requête en récusation.
Droit à, de récusation.
Effet(s) de la récusation.
Formalisation de la récusation.
Juge de la récusation.
Jugement sur la récusation.
Modalités de récusation.
Procédure de récusation.
2067
Recevabilité de la récusation.
Traitement de la récusation.
Abuser de la récusation.
Accepter, contester une récusation.
Acquiescer, s’opposer à une récusation.
Admettre, rejeter une récusation.
Connaître de la récusation.
Constituer une cause, un motif de récusation.
Demander la récusation.
Épuiser son droit de récusation.
Exercer une récusation contre qqn.
Exercer son droit de récusation.
Faire une récusation.
Formuler la récusation.
Invoquer une cause, un motif, un moyen de récusation.
Juger (de) la récusation, statuer sur la récusation.
Notifier la récusation.
Prononcer la récusation.
Proposer la récusation.
Rejeter la récusation.
Renoncer à une récusation.
Récuser qqn péremptoirement.
Récuser l’autorité, la compétence du tribunal.
Savoir cause de récusation.
Traiter de la récusation.
ö DÉPORT.
ö DESSAISI.
RÉFACTION. RÉFECTION.
Le commerçant accorde une réfaction au client qui établit que l’objet qu’il
s’apprête à acheter ou dont il prend livraison ne respecte pas les conditions
stipulées dans le contrat de vente quant à son bon état. En ce sens, la réfaction
s’entend d’une réduction, d’une diminution du prix. Barème de réfactions.
3) Le droit civil prévoit que c’est par la voie d’une action estimatoire que
l’acheteur peut obtenir réfaction et d’une action rédhibitoire qu’il peut faire
résoudre la vente. En régime de common law, l’acheteur a la faculté de faire
annuler la vente ou, si telle est sa demande, profiter d’une réfaction pour vices
cachés en empruntant la voie de l’action en responsabilité du fait du produit.
6) Il ne faut pas confondre les paronymes réfaction et réfection. Bien que ces
deux termes dérivent du verbe refaire, leur acception est différente. Au sens figuré,
la réfection d’un acte instrumentaire aussi bien que, au sens propre, matériellement
et concrètement, d’une chaussée ou d’un bâtiment a lieu lorsque les circonstances
commandent que l’acte soit refait, rédigé de nouveau pour vice de forme, ou que
des travaux publics soient entrepris pour refaire ou bien un ouvrage ou un bâtiment
abîmé par l’usure, ou bien un monument ou un ornement défiguré par le passage du
temps.
ö AVARIE.
ö ESTIMATOIRE.
ö RÉDHIBITOIRE.
ö VENTE.
ö VICE.
Quand il a pour sujet des parties, des témoins, des experts dans une action en
justice, réitéré pris adjectivement signifie entendu de nouveau. Est réitéré ce qui
est soumis une deuxième fois à l’appréciation d’une juridiction. Demande, requête
réitérée.
2) En droit familial français, le divorce sur demande conjointe peut être accordé
à la suite d’une requête réitérée, dite, notamment, requête réitérée en divorce par
consentement mutuel. Dans une requête unique, les époux réaffirment, après une
période de réflexion, leur volonté de divorcer. Ensemble, ils demandent au juge
d’homologuer la convention définitive et de prononcer le divorce.
On dit que la requête est réitérée pour signifier que le consentement des époux est
exprimé par écrit une deuxième fois. « Avant de réitérer leur requête, les époux
doivent patienter trois mois à compter de leur première audition. » « La
2070
réitération.
RELIGION.
1) Ce mot, apparu dans le vocabulaire doctrinal, est employé par les juristes à
propos des juges, des tribunaux, pour évoquer leur justice, leur prudence, parfois
même leurs croyances; jamais les auteurs ne feront usage du mot religion, employé
au figuré, par référence au législateur ou à tout autre actant ou acteur du droit.
Ainsi dira-t-on, par exemple, que les présomptions sont abandonnées à la religion
du magistrat (= à sa justice, à sa prudence). La religion du juge se dit aussi quand
un plaideur n’a pas le fardeau de le convaincre.
2072
3) Par référence toujours aux juges, religion se dit parfois, comme l’usage l’a
répandu dans un emploi littéraire ou dans la langue soutenue, au sens d’idées
fondant la croyance de quelqu’un : surprendre, tromper la religion des juges, ou
encore au sens de conviction : éclairer la religion du tribunal (= lui fournir les
arguments nécessaires pour asseoir sa conviction). L’avocat, un expert, un service
judiciaire, une organisation judiciaire peut rassembler des informations pour
éclairer la religion des juges sur une question particulière.
4) La locution ma (sa, notre, votre, leur) religion est faite signifie, à propos
d’une question, que l’opinion de quelqu’un ou la sienne est arrêtée. Le juge, par
exemple, pourra dire : « Là-dessus ma religion est faite » ou encore « En ce qui
me concerne, ma religion est faite » pour signifier que sa conviction intime est
maintenant acquise, formée.
ö APPRÉCIATION.
ö CONNAISSANCE.
ö CONVICTION.
ö CROYANCE.
ö DISCRÉTION.
ö JUSTICE.
ö PLAIDEUR.
2073
ö PRUDENCE.
REMPLACER.
ö SUBSTITUER.
ö SUBSTITUTION.
REMPLIR.
Le sujet de droit qui est rempli de ses droits obtient toujours un avantage
appréciable en argent. Son intérêt pécuniaire est satisfait, les valeurs recherchées
sont d’ordre économique et les richesses obtenues sont matérielles. On est rempli
de ses droits quand l’objet que l’on réclame a une expression monétaire; autrement
dit, on ne peut être rempli que de droits de créance ou de droits personnels, c’est-
à-dire de droits qui nous permettent d’exiger d’une autre personne une prestation
par opposition aux droits réels, c’est-à-dire aux droits qui permettent à leur titulaire
d’exercer un pouvoir direct sur une chose.
ö SATISFACTOIRE.
RÉPÉTER. RÉPÉTITION.
Ce n’est que dans le langage du droit que le verbe répéter (du latin repetere
signifiant réclamer) et son dérivé nominal répétition s’entendent au sens, non
d’une action qui recommence ou qu’il faut reprendre ou accomplir de nouveau,
mais bien plutôt d’une demande, d’une réclamation. Par exemple, dans le droit des
obligations, on dit que la personne qui acquitte sciemment une dette dont elle n’est
pas redevable ou qu’elle n’a pas à payer ne jouit pas dans tous les cas de la faculté
2074
Le verbe est transitif direct (répéter les dommages-intérêts, les frais, une dépense,
une part, une portion, une dette, des impenses, des améliorations, des intérêts, une
chose reçue en échange, un bien, meuble ou immeuble, une dot, le prix de services
rendus, d’un travail fait, un objet mis en dépôt) ou intransitif. Il s’emploie même
absolument. « Le créancier peut seulement répéter les dommages et intérêts tant
contre les débiteurs par la faute desquels la chose a péri que contre ceux qui
étaient en demeure. » « Une partie ne peut répéter les frais de plus de cinq témoins
entendus sur le même fait, à moins que le juge n’en décide autrement. » « Le
débiteur solidaire qui a exécuté l’obligation ne peut répéter de ses codébiteurs que
leur part respective dans celle-ci, encore qu’il soit subrogé aux droits du
créancier. » « Si, pour user de la chose, l’emprunteur a fait quelque dépense, il ne
peut pas la répéter. » « L’emprunteur qui a payé des intérêts qui n’étaient pas
stipulés ne peut ni les répéter ni les imputer sur le capital. » « Le copermutant qui
est évincé de la chose qu’il a reçue en échange a le choix de conclure à des
dommages et intérêts ou de répéter sa chose. » « Quand l’exécution a eu lieu
d’avance, librement et sans erreur, on ne peut répéter. »
Avoir une répétition. « L’époux n’a pas, pour cet excédent, de répétition contre le
créancier, à moins que la quittance n’exprime qu’il n’entend payer que dans la
limite de son obligation. » Droit de répétition. « L’administrateur du bien d’autrui
qui abuse de ses pouvoirs en faisant des actes de procédure manifestement mal
fondés peut être condamné personnellement aux dépens, sans droit de répétition. »
2075
On fait bien de parler de répétition de l’indu plutôt que d’employer une périphrase
descriptive de la notion juridique en cause, par exemple en disant : Le
recouvrement d’une somme payée par erreur.
ö INDU.
ö INDÛMENT.
ö RESCISION.
ö RESTITUTION.
Requérir a un sens beaucoup plus fort que demander : c’est exiger d’une façon
impérative, réclamer instamment l’application d’une mesure, d’un recours, d’un
droit ou l’intervention, l’aide à laquelle donne droit la loi. C’est parfois même
intimer l’ordre ou sommer. Ainsi, le gouvernement qui requiert la force publique,
laquelle peut être policière ou militaire, lui ordonne, de par l’autorité qui lui a été
2076
Le sens est ici celui d’ordonner, acception que l’on retrouve dans tous les
domaines du droit où une autorité donne l’ordre à quelqu’un de faire quelque chose
en s’appuyant sur la loi ou sur les règles de procédure pertinentes. « En matière
d’arbitrage, le médiateur peut requérir des parties la production de tout document
jugé utile. »
8) Le participe passé requis, requise s’emploie dans tous les sens du verbe dont
il dérive. Est requis, ce qui est réclamé par autorité de justice, par la force de la loi
ou au moyen d’une réquisition. Dans le droit français des réquisitions, le substantif
requis permet de distinguer temporellement, s’agissant du prestataire à qui les
autorités civiles ou militaires ordonnent de fournir une prestation de service, pour
laquelle, d’ailleurs, il recevra une indemnité de réquisition, entre le réquisitionné
(la réquisition a été effectuée) et le requis (la réquisition n’a pas encore été
exécutée). « Le requis, qui conserve ses droits jusqu’à la prise de possession,
supporte aussi les risques jusqu’à ce moment. »
Ainsi en est-il lorsque le mot requis est adjectif verbal. Un bien, un immeuble est
requis, avant l’exécution de la réquisition, mais il est réquisitionné quand la
réquisition a été opérée.
Est aussi requis ce qui est demandé et ce qui découle d’une nécessité.
Consentement requis, capacité requise. Remplir les conditions requises. Jugement
requis. « La condamnation civile s’élevait à une somme supérieure à celle
demandée par la partie qui avait requis jugement. »
2078
En droit international, l’État requis est l’État à qui il est demandé d’exécuter un
acte. « La signification se fera par les soins de l’autorité compétente de l’État
requis. »
ö CE.
ö DEMANDE.
ö INTIMER.
ö REQUÊTE.
ö RÉQUISITION.
ö SOMMER
La réquisition est écrite. Il y aura lieu pour l’autorité publique de se procurer des
biens ou d’utiliser des personnes par (voie de) réquisition chaque fois que se
présentera une situation d’urgence, un cas de force majeure, comme en temps de
catastrophe naturelle, d’insurrection civile ou de guerre, ou, généralement, quand
des circonstances extraordinaires l’exigeront pour le bien et la sécurité des
citoyens. Pour cette raison, la réquisition civile ou militaire est un droit. Droit de
réquisition (directe).
10) Le terme réquisition perd son sens technique dans tous les cas où il devient
simple synonyme de demande. « Un avis de tout contrat de mariage doit être
inscrit au registre des droits personnels et réels mobiliers sur la réquisition du
notaire instrumentant. » « Le bref de saisie avant jugement est délivré par le
greffier sur réquisition écrite du saisissant. »
envers elle. Ce peut être une réquisition quant à la production de documents, une
réquisition quant à la rectification d’un vice entachant le titre, une réquisition
quand à l’arpentage ou toute autre réquisition de même sorte. On appelle ces
demandes des réquisitions parce qu’elles sont, de par leur nature et leur importance
dans l’opération, expresses et formelles et que tout défaut d’y donner suite risque
d’entraîner la résiliation du contrat projeté.
Ces réquisitions sont faites dans une lettre de réquisitions (“letter of requisitions”)
et elles doivent respecter le délai de production fixé conventionnellement à cet
effet. Autres sortes de réquisitions : la réquisition en replevin, la réquisition de
mainlevée, la réquisition de versement, la réquisition d’une ressource.
l’hérédité seront remis à celui que tous les héritiers ont choisi pour en être le
dépositaire, à la charge d’en aider les copartageants, à toute réquisition. » (= sur
toute demande de leur part).
14) Dans le droit français des réquisitions, branche du droit public, une
terminologie a été fixée. Ainsi sont mis en présence, en cas d’ordre de réquisition,
le prestataire, soit celui qui doit effectuer les prestations de service mentionnées
dans cet ordre (le propriétaire ou l’usager du bien dont le droit sur la chose est
atteint par la réquisition), et le bénéficiaire (celui qui tire profit de la réquisition).
L’auteur de la réquisition, que l’on pourrait nommer le réquisitionnant, la
réquisitionnante, encore appelé l’autorité requérante, détient le pouvoir de
réquisition; c’est lui qui ordonne la réquisition en délivrant et signant l’ordre de
réquisition qui rend la réquisition exécutoire. Le destinataire de la réquisition,
personne physique ou morale, est le réquisitionné, la réquisitionnée, ou le requis,
la requise selon le point de vue auquel on se place dans le temps.
L’adjectif verbal réquisitionné peut qualifier aussi bien une personne qu’une
chose : expert réquisitionné, logements, navires réquisitionnés. Il va de soi que le
verbe réquisitionner signifiant mettre en réquisition a pour complément des êtres
animés ou inanimés. « Les huissiers agissent avec l’aide ou sous la protection de
la force publique. Ils peuvent notamment réquisitionner un serrurier pour ouvrir
les portes. » Réquisitionner indûment des biens ou des services. « Le ministre ou
un agent du service forestier peut réquisitionner, pour la durée d’un incendie, tout
véhicule, bateau, avion, outil, appareil ainsi que tout matériel ou installation se
trouvant en la possession d’une personne, dont un incendie exige l’utilisation. »
ö PLAIDOIRIE.
2084
ö REQUÉRABLE.
ö REQUÉRIR.
ö REQUIS.
ö RÉQUISITIONNABLE.
ö RÉQUISITOIRE.
ö TRANSPORT.
Le réquisitoire est, par conséquent, une présentation, souvent orale, que fait le
représentant du ministère public ou le procureur de la République lui-même des
moyens de l’accusation. Préparer son réquisitoire, le terminer. Prononcer un
réquisitoire modéré, violent, impitoyable. Répondre à un réquisitoire.
2) Au Canada, le réquisitoire n’a pas le sens technique que lui donne le régime
de droit civil en matière pénale. Lorsque, après les plaidoiries, le procureur de la
Couronne s’adresse au jury avant que celui-ci ne délibère sur le verdict, on dit qu’il
fait son exposé au jury plutôt que son [réquisitoire]. Quant au juge, il lui adresse
des directives.
ö PLAIDOIRIE.
ö PLAIDOYER.
ö REQUÉRIR.
ö RÉQUISITION.
2086
RESPECT. RESPECTUEUSEMENT.
Dans le droit des obligations, la rétention est le fait d’exercer le droit de rétention.
La loi permet la rétention en vue d’obtenir le paiement d’une obligation de donner
et non le refus de restituer un bien corporel, c’est-à-dire l’inexécution d’une
obligation de délivrance qui, elle, se manifeste. Le droit de ne pas exécuter
l’obligation porte le nom de droit de rétention quand il s’applique à la délivrance
ou à la livraison d’un bien matériel.
RÉVOLU, UE.
Dans le compte de l’âge, quand on dit d’une personne qu’elle a dix-huit ans
révolus, on signifie par là qu’elle avait dix-huit ans accomplis le jour de son dix-
huitième anniversaire de naissance, qu’elle entre dans sa dix-neuvième année.
ö MAJORITÉ.
RIGUEUR (DE).
1) Dans la technique contractuelle, les parties doivent préciser dans quels délais
doivent être exécutées les obligations. Faute de pareille clause, le droit commun
s’applique et les obligations sont exigibles dès le moment de la conclusion du
contrat. En présence de cette clause type, les parties auront prévu un calendrier, un
échéancier d’exigibilité des obligations en usant de termes suspensifs et extinctifs.
Si elles prévoient des délais impératifs plutôt qu’indicatifs, ceux-ci seront
appliqués avec rigueur, à tel point qu’ils constitueront une condition essentielle du
2088
La clause relative au respect rigoureux, obligatoire des délais est libellée de telle
sorte à ne laisser aucun doute sur la nécessité absolue pour les parties de se
conformer à l’obligation stipulée. Est de rigueur ce qui est absolument obligatoire,
ce qui ne comporte ni réserve, ni dispense, ni rémission. « Dans la présente
convention, le respect des délais est de rigueur » (= est une condition essentielle,
est d’une absolue nécessité, à peine de résiliation ou de nullité). Aussi, plutôt que
d’écrire : « Cette stipulation est une condition essentielle du contrat », on peut dire
plus succinctement, dans une formule ramassée propre au style juridique : « Cette
stipulation est de rigueur. »
ö DÉCHÉANCE.
ö DÉLAI.
ö EXTINCTIF.
ö IMPÉRATIF.
ö INDICATIF.
ö OBLIGATOIRE.
ö SUSPENSIF.
ö TAUTOLOGIE.
1) Comme substantif, il désigne le propriétaire d’un fonds sis sur le bord d’un
rivage ou d’une rive ou bordé ou traversé par une eau courante, non seulement une
rivière ou un fleuve, mais tout cours d’eau ou plan d’eau, qu’il soit navigable ou
flottable ou non. Riverain d’une eau courante, riveraine d’un étang. Droit d’accès
du riverain qui n’est pas propriétaire de la plage.
Il s’entend aussi, plus rarement et par extension, de tout propriétaire de fonds sis au
bord d’une route ou d’une forêt. Riverain d’une voie publique. « Le plan
d’alignement a laissé entre les nouvelles limites de la voie et les propriétés
riveraines des bandes de terrain appelées des délaissés. »
Lorsque deux fonds sont séparés par un cours d’eau, on appelle riverain d’en face
ou riverain opposé (ou sa variante propriétaire riverain du côté opposé) le
propriétaire dont le fonds est situé sur la rive opposée à celle du propriétaire
riverain. « Le propriétaire de la rive riveraine du côté opposé y peut venir
réclamer le terrain qu’il a perdu. » Droits du riverain. Droits de riverain.
Personne riveraine. « Toute personne, même non riveraine, peut puiser l’eau, s’y
laver ou baigner, y abreuver son bétail. » Le propriétaire du fonds situé au bord de
la rive s’appelle le propriétaire du fonds riverain supérieur (“upper riperian
owner” en anglais) par rapport à celui qui possède un fonds derrière lui, le
propriétaire du fonds riverain inférieur (“lower riperian owner”).
L’adjectif qualifie aussi des choses. Ainsi, le terrain riverain borde ou enferme des
eaux riveraines. Sont qualifiées de riveraines les limites du bien-fonds qui borde la
rive d’un cours d’eau ou le rivage de la mer (« Les limites riveraines d’un bien-
fonds ne sont pas juridiquement immuables. »), sa délimitation (délimitation
riveraine), sa surface, tels le champ riverain, le fonds riverain, les ouvrages y
érigés (constructions riveraines) ou même l’eau qui s’étend le long du bien
(jouissance des eaux riveraines). Rivière ou fleuve enlevant une partie d’un champ
2090
ö TITULARITÉ.
RUINE.
La ruine, totale ou partielle, peut résulter d’un défaut d’entretien ou d’un vice de
construction, aussi entraîne-t-elle la responsabilité du propriétaire de l’immeuble
du seul fait que, titulaire du droit de propriété sur le bien, il est, aux yeux de la loi,
gardien de l’immeuble. Il appartient à la victime du préjudice de prouver que la
ruine de l’immeuble est, en fait, la cause du préjudice. Invoquant la responsabilité
générale pour le fait des biens, elle bénéficie de la présomption de faute qui pèse
sur le gardien de l’immeuble. « Le propriétaire, sans préjudice de sa
responsabilité à titre de gardien, est tenu de réparer le préjudice causé par la
ruine, même partielle, de son immeuble. »
2) Une ruine étant un accident, elle se produit, elle survient, elle arrive. « Le
propriétaire d’un bâtiment est responsable du dommage causé par sa ruine,
2091
3) Le substantif ruine se met au pluriel lorsque le point de vue s’arrête sur les
débris de l’édifice dégradé ou écroulé : les ruines d’un bâtiment. Ainsi, la locution
adjectivale en ruine peut s’écrire au singulier ou au pluriel selon que l’on a à
l’esprit l’idée d’effondrement de l’immeuble (immeuble tombé en ruine) ou les
débris causés par l’effondrement (bâtiment tombé en ruines).
Litiges, contentieux relatifs aux bâtiments, aux édifices menaçant ruine. Pouvoirs
du juge en matière d’immeubles menaçant ruine. « La police municipale a pour
objet d’assurer le bon ordre, la sûreté, la sécurité et la salubrité publiques. Elle
comprend notamment tout ce qui intéresse la sûreté et la commodité du passage
dans les rues, quais, places et voies publiques, ce qui comprend le nettoiement,
l’éclairage, l’enlèvement des encombrements, la démolition ou la réparation des
édifices menaçant ruine [...] ».
ö DÉGRADATION.
2092
SACRAMENTEL, ELLE.
S
Sacramentel qualifie en droit des termes, des mots, des paroles, des formules qui
doivent être employés littéralement, qui ne peuvent comporter des variantes dans
leur prononcé ou dans leur libellé sous peine de nullité ou d’invalidité. Les mots
ainsi qualifiés doivent nécessairement figurer dans des actes sous seing privé pour
que ces derniers soient valides. Par exemple, la formule que prononce le président
ou la présidente du jury pour communiquer au tribunal la décision prise par les
jurés est sacramentelle parce qu’elle est fixée par les règles de procédure et qu’elle
ne souffre aucune variante, le libellé du serment que prononce le ou la témoin
avant de rendre son témoignage au procès est fixé par la loi. Certaines déclarations
solennelles sont sacramentelles, mais non pas toutes, elles sont assujetties à une
formule sacramentelle lorsqu’elles sont consacrées par l’usage, par la pratique, par
des règles ou par la loi; elles sont alors immuables, leur libellé est obligé, il ne peut
pas être changé.
La formule qui n’est pas sacramentelle, mais qui est équivalente aux yeux du droit,
est dite équipollente, cet adjectif étant l’antonyme de sacramentel.
ö ÉQUIPOLLENT.
ö SOLENNEL.
SAISINE. SAISIR.
1) Il est facile de confondre les mots saisie et saisine : dans l’un de ses sens, la
saisine s’entend du fait de saisir des biens. Or, la saisie en matière successorale n’a
rien à voir avec la confiscation, la saisine qu’a le syndic des biens du failli, la mise
2093
sous séquestre ou la saisie-arrêt en tant que prise de possession d’un bien par un
créancier en vue d’obtenir paiement de sa créance ou d’en faire disposer
judiciairement, ce qu’on appelle la saisie mobilière ou immobilière (et non la
[saisine] mobilière ou immobilière dans le droit des biens). Cette appréhension de
biens est la mise en possession de l’hérédité, du patrimoine du défunt par les
héritiers, appelée saisine successorale ou saisine héréditaire.
Ainsi, en droit successoral, on entend par saisine l’acte par lequel les héritiers
légitimes (héritiers naturels, conjoint survivant) saisissent de plein droit les biens
du défunt, appréhendent la succession, c’est-à-dire se mettent en possession, sans
formalité préalable, du seul effet de la loi, des biens du de cujus.
Selon la Cour suprême du Canada, citant l’arrêt Brière avec approbation, la saisine
ne doit pas s’entendre de l’opération de transmission de la propriété du défunt
2094
2) Dans le droit des biens en régime de common law, la saisine (“seisin” ou,
plus rarement, “seizin”) est définie comme le fait pour un propriétaire franc
(“freeholder”), c’est-à-dire le propriétaire d’une tenure libre et perpétuelle, d’avoir
la possession et le titre d’un domaine franc (“freehold estate”). Elle se dit aussi soit
de l’acte d’être ainsi mis en possession, soit de l’acte de prendre possession, soit
encore du bien objet de la saisine. Saisine s’entend par opposition aussi bien à la
possession d’un domaine à bail (“leasehold estate”) et autres biens personnels qu’à
leur occupation (“occupation”), forme de possession effective (“actual
possession”) plutôt que de possession de droit (“legal possession” ou “possession
in law”).
La saisine peut être effective (“seisin indeed” ou “actual seisin”), simple (“simple
seisin”), légale (“seisin in law”), en common law (“legal seisin”) ou en equity
(“equitable seisin”).
La personne qui est titulaire du titre de propriété sur des biens personnels
emportant droit de possession est dite saisie ou en être saisie, en avoir la saisine,
en détenir la saisine ou être investie de leur saisine. Investir le bénéficiaire de la
saisine, investiture de la saisine. Saisine d’uses. Saisine suspendue, tenue en
suspens.
Dans ce mode d’introduction de l’instance, on parle de saisine parce que, dès lors
que l’avis introductif d’instance ou la requête est déposé au greffe, la juridiction est
saisie, autrement dit, il y a de sa part appréhension de l’objet du litige sur lequel
elle est tenue de statuer. Saisine du tribunal de première instance, de la Cour
d’appel, de la Cour suprême. Formalité procédurale, la saisine permet à une
juridiction de connaître d’un litige. Saisine d’un tribunal, du juge, d’une
commission, d’un conseil d’arbitrage, d’un comité de discipline. Saisine du jury.
SAMARITAIN.
2) Par allusion à l’Évangile selon saint Luc, la langue courante emploie des
2097
expressions qui évoquent la personne qui, dans la vie civile, se comporte comme le
personnage biblique. Dans ce cas, la majuscule est obligatoire : « Voulez-vous agir
comme le bon Samaritain de l’Évangile ? »
3) Mais lorsque l’allusion biblique s’estompe et qu’il ne reste plus que l’image
elle-même, dépouillée de son contenu religieux, de la personne qui se montre
secourable, qui est toujours disposée à aider autrui, surtout ceux qui sont dans le
besoin, les plus démunis, la majuscule disparaît : elle est remplacée par une
minuscule. Être le bon samaritain de qqn; faire le bon samaritain. La maison du
bon samaritain, les œuvres du bon samaritain, la Commission du bon samaritain.
La question que se pose le droit est la suivante : Doit-on inciter les sujets de droit à
se porter au secours de la personne en danger et risquer, du fait qu’ils ne possèdent
pas la compétence du sauveteur personnel, de voir leur responsabilité être mise en
jeu si leurs efforts échouent ? Il importe d’inviter les gens à faire preuve de civisme
en prêtant secours à des citoyens mis en danger, tout en évitant qu’ils s’engagent
dans des opérations de secours entreprises avec précipitation ou, pire, avec
négligence.
parce qu’il voulait partager cet argent avec lui » (acte de générosité), le droit
criminel (s’agissant de l’exécution d’une tâche de [bon samaritain] dans le cadre
du maintien de la paix, de la prévention du crime, d’arrestations de criminels, de
contrevenants ou de prévenus), le droit social (agir comme [bon samaritain] en
reconduisant chez elle une personne incapable de conduire son véhicule parce
qu’elle est ivre) ou l’acte physique consistant à enlever un enfant de ses parents
parce qu’il serait en danger avec eux : « L’article de loi ne peut assurément avoir
pour objectif de punir une personne qui a une justification légitime d’emmener
l’enfant, tel le [bon samaritain] animé d’un motif charitable. », ou encore s’arrêter
le long de la route pour venir en aide à un automobiliste en panne, agir en [bon
samaritain] en intervenant dans une altercation. La règle du bon samaritain, qui
fait partie du système juridique de la common law, se limite à une situation
juridique bien précise, et c’est à mauvais escient qu’on l’invoque pour qu’elle
s’applique à tout autre contexte que celui de l’imputation de responsabilité civile
délictuelle à un secouriste venu assister la victime d’un accident, notamment celui
qui met sa vie en péril pour sauver celle d’une victime d’un accident ou d’un
crime.
ö BON.
SANG.
Les parents sont les membres de la famille qui sont unis par le sang. La famille
biologique ou naturelle est formée de membres ayant le même sang, c’est-à-dire
étant de la même lignée. La famille par le sang est la famille d’origine, par
opposition à la famille adoptive, fondée en dehors de tout lien de sang ou lien
biologique ou naturel. « L’adoption confère à l’enfant une filiation qui se substitue
2099
La parenté par le sang unit les membres d’une même famille qui ont le même sang.
Règle générale, le mariage unit des personnes qui n’ont pas, entre elles, de parenté
de sang, hormis les cas des mariages consanguins autorisés dans les limites de la
loi.
2) Le mot sang s’emploie au sens concret que lui donne le droit criminel. On
entend par alcoolémie la présence d’alcool et particulièrement d’éthanol dans le
sang d’une personne.
ö ALCOOLÉMIE.
ö CONSANGUIN.
ö DEGRÉ.
ö FILIATION.
ö LIGNE.
SATISFACTION. SATISFAIRE.
Les verbes démontrer et prouver sont du même ordre. Il va de soi que les faits, les
éléments de preuve qui sont démontrés, établis ou prouvés convainquent de leur
véracité.
Le seul contexte dans lequel l’expression pourrait être justifiée serait dans celui où
on entend préciser que, tout en l’acceptant, le juge a posé des conditions.
4) La tournure [être satisfait que] n’est pas française. Le tribunal est convaincu
par la solidité, par le bien-fondé de la preuve. On ne prouve rien [à sa satisfaction]
: on présente, on produit une preuve suffisante pour le convaincre, pour l’amener à
telle conclusion.
Le verbe peut être transitif direct (satisfaire ses créanciers, des besoins, des
intérêts, des engagements, des promesses, des offres, des attentes, des dispositions,
des stipulations, des buts, des suppositions, des aspirations, une idéologie). « Les
droits-créances sont une catégorie de droits de l’homme qui supposent que
l’individu est en droit d’exiger une action effective de l’État ou de la société pour
satisfaire ses besoins. Ils s’opposent aux droits-libertés. »
Satisfaire est aussi transitif indirect (satisfaire à des conditions, à des devoirs, à
des exigences, à des critères, à des obligations, à des normes, à des prescriptions,
2102
à des règles, à des principes, à des politiques, à des lignes directrices, à une
échéance, à un mandat). « Le montant est insuffisant pour satisfaire à toutes les
réclamations. » Satisfaire aux saisies-exécutions. « Le juge peut ordonner au
shérif de prélever un montant suffisant pour satisfaire à une réclamation
litigieuse. »
La difficulté réside dans le fait qu’un même mot peut être complément direct ou
complément indirect du verbe satisfaire : tout dépend du sens que l’on entend
donner à l’idée à exprimer. Satisfaire des besoins, satisfaire à des besoins;
satisfaire des intérêts, satisfaire à des intérêts.
La construction transitive directe permet d’énoncer l’obligation (ce qui est attendu,
ce qui est exigé, ce que l’on doit faire pour contenter), tandis que la construction
transitive indirecte permet d’énoncer l’exécution (ce qui est fait, ce qui est réalisé).
Dans le premier cas, l’accent est mis sur ce qui vient à soi : satisfaction réclamée;
dans le second, ce qui doit sortir de soi pour accorder satisfaction.
Ainsi, on peut satisfaire des conditions (l’esprit conçoit que la satisfaction s’opère
du fait qu’elles ont été arrêtées, définies, dictées, établies, fixées, imposées,
indiquées, posées, prescrites, requises, signifiées, qu’on les a fait connaître, qu’on
les a énoncées) comme on peut satisfaire à des conditions (l’esprit conçoit que la
satisfaction s’opère en y répondant, en les remplissant, en les exécutant).
De même en est-il dans tous les autres cas : satisfaire une exigence (que l’on a fait
connaître, que l’on a fixée, formulée, manifestée, motivée, relevée) et satisfaire à
une exigence (y accéder, y céder, y obtempérer, s’y plier, s’y soumettre); satisfaire
un objectif (dont l’atteinte, la réalisation est réclamée pour obtenir satisfaction) et
satisfaire à un objectif (on l’atteint, on le réalise, on le remplit en y donnant
réponse ou solution pour accorder satisfaction). Satisfaire une demande, une
requête, une revendication.
SATISFACTOIRE.
SAUF.
SCINTILLA.
ö PARCELLE.
1) La séance désigne aussi bien la réunion des membres d’une assemblée, d’un
conseil, d’un corps constitué ou d’un tribunal qui siège pour délibérer que le temps
que dure cette réunion. Aussi la séance ne peut-elle durer que quelques heures, une
journée tout au plus. « Le Comité a tenu deux séances de quatre heures chacune
aujourd’hui. » « Le directeur général a présidé une séance extraordinaire du
conseil de direction de l’entreprise. » Salle des séances. Les séances du tribunal
(et non les [sessions]) au sens d’audiences. Séance plénière. « La Cour exerce ses
attributions en séance plénière. » (“full court”)
2) La séance que tient, que préside, que dirige un tribunal est une audience (et
non une [audition]). Être en séance, tenir séance. Lever, ouvrir, suspendre la
séance. Séance levée, suspendue, prorogée, close. Séance tenante, au sens figuré,
signifie sans délai, sur-le-champ, et, au sens concret, pendant la tenue de la séance,
au cours de la séance.
3) Le mot session, qu’il ne faut pas confondre avec son homonyme cession (qui
désigne le fait ou l’action de céder), se dit des assemblées délibérantes et des
tribunaux; c’est la période de l’année pendant laquelle ils siègent. Elle se répartit
généralement en plusieurs séances et dure des jours, des semaines ou des mois. Cas
extraordinaire, la session peut ne comprendre qu’une seule séance. Les sessions du
tribunal (et non les [séances]) au sens de périodes. C’est sous l’influence de
l’anglais “session” (qui possède les deux sens de séance et de session) que l’on est
porté parfois à employer [session] à la place de séance. On dit une session
parlementaire (et non [séance]), une séance d’ouverture du Parlement (et non
[session]). Tenir une séance (et non une [session]), mais on dit bien tenir une
nouvelle session du Parlement pour adopter un règlement. On ne peut [être en
session], on siège, on est en cours de séance, en séance. « Nous venons de mettre
un terme à une longue [session] (= séance) de travail. »
Un débat se tient ou a lieu à huis clos (séance à huis clos ou secrète) ou, au
contraire, en séance publique. Séance d’information (et non [Session] en séance
2107
Une séance comporte un ordre du jour (et non pas des [ordres du jour]. Motion
portée à l’ordre du jour de la prochaine séance. Il y a renvoi ou report du débat à
une séance ultérieure, ou ajournement du débat, lorsque la question objet du débat
n’a pas été vidée et que d’autres points doivent être débattus. Ce report sera suivi
de la reprise du débat en séance.
Lorsque le député désire prendre la parole pour présenter le point qu’il a fait mettre
à l’ordre du jour et qui figure au feuilleton de la Chambre, on dit qu’il saisit la
Chambre de sa question en cours de séance. Il y a séance plénière lorsque tous les
membres d’un comité de la Chambre sont présents à la réunion. Séance
extraordinaire. Demande de séance extraordinaire. Séances extraordinaires après
la clôture d’une session.
On dit prendre séance au sens de siéger, de prendre son siège, de prendre place à
l’assemblée. Le député qui prend séance prend place, en Chambre, au pupitre qui
lui a été attribué.
La Loi sur le Parlement prévoit qu’une indemnité annuelle est versée à tous les
députés; cette indemnité parlementaire est une indemnité de session (et non une
indemnité [sessionnelle]). L’employé qui est affecté au service des parlementaires
pendant une période où siège le Parlement est un employé de session.
6) Une session est commencée et tenue, elle est ouverte à un endroit, à une
date; elle est ajournée (elle ne [s’ajourne] pas), elle est suspendue, reprise,
terminée et prorogée à d’autres dates. Un parlement tient chaque année, par
exemple, deux sessions ordinaires : la première s’ouvre à telle date, sa durée étant
de tant de jours. Il se réunit en sessions extraordinaires à la demande du premier
ministre. Session ouverte, close. Ordre du jour de la session. Ordres de session.
Intervalle des sessions. Un conseil municipal se réunit ordinairement en session
ordinaire tant de fois l’an. La durée de chaque session est de tant de jours dans les
grandes villes; mais ce n’est pas là, il faut bien comprendre, une règle. Le conseil
est convoqué en session extraordinaire par le maire. Les séances du conseil sont
présidées par le maire ou par son suppléant; elles sont publiques ou à huis clos.
Assistance (des conseillers) à la séance. Procès-verbal, ordre du jour de la séance.
8) Lorsque le tribunal tient une audience, il est dit en séance (laquelle peut être
publique ou à huis clos); elle est consacrée aux débats et aux plaidoiries ainsi
qu’au prononcé des décisions. Ces séances se tiennent dans le cadre de sessions de
la cour. Le juge en chef (au Canada), le premier président de telle cour (en France)
peuvent ordonner des sessions supplémentaires. Durée des sessions.
La Cour suprême du Canada tient chaque année, dans la ville d’Ottawa, trois
sessions consacrées aux appels. La première session commence le quatrième mardi
2109
Session d’assises. « La tenue des assises a lieu tous les trois mois en principe; des
sessions supplémentaires peuvent être ordonnées par le premier président de la
cour d’appel à Paris; les assises sont permanentes, à raison d’une session par
mois. La date d’ouverture de chaque session d’assises est fixée par ordonnance du
premier président de la cour d’appel. Le rôle de chaque session est arrêté par le
président des assises sur proposition du ministère public. » « La Cour a jugé vingt
causes à la dernière session des assises. »
ö AUDIENCE.
ö CHAMBRE.
ö INTERSESSION.
ö LÉGISLATURE.
ö PARLEMENT.
SEIN.
2) On peut dire tout aussi bien au sein de que dans le sein de pour exprimer le
fait, par exemple, qu’un organisme élit son président ou sa présidente parmi ses
membres. « Le comité procède en son sein à l’élection de la présidence. » « La
Commission élit son président dans son sein. » « Chacun des conseils élit dans son
sein, au scrutin secret, le nombre de délégués fixé par la décision d’institution. »
Autre façon d’exprimer la même idée : « La commission syndicale est présidée par
un syndic élu par les délégués et pris parmi eux. »
3) Il ne faut pas confondre en raison de leur homonymie les mots sein (au sein
d’une même loi; dans le sein du droit pénal général) et seing (abus de blanc-seing,
acte sous seing privé par opposition à acte authentique), apposer son seing, acte
portant contreseing du ministre).
ö BLANC-SEING.
ö SEING.
SÉMIOLOGIE (JURIDIQUE).
ö SÉMIOTIQUE (JURIDIQUE).
ö SYMBOLIQUE (JURIDIQUE).
SÉMIOTIQUE (JURIDIQUE).
grâce à la connaissance d’un code élaboré pour initiés. Ainsi la norme est-elle
ouverte à diverses interprétations. Le juriste cherche ce que l’auteur de la norme a
voulu dire (dans les textes préparatoires, dans les motifs du jugement), il cherche
dans le texte ce que l’auteur dit effectivement avant de déterminer la cohérence du
texte par rapport au but que s’est fixé l’auteur, en écartant toute présupposition,
ainsi que ce que veut y trouver le destinataire dans la perspective de ce qui est
conforme à ses intérêts, à ses attentes et à ses besoins.
C’est dans la mise au jour de la polysémie, c’est-à-dire des sens multiples des mots
employés, et des mystères des codes en jeu que le jurilinguiste trouve son compte
et exploite la matière précieuse objet de ses propres analyses.
ö SÉMIOLOGIE (JURIDIQUE).
ö SYMBOLIQUE (JURIDIQUE).
SERVITUDE.
Les auteurs introduisent cette matière dans leurs titres ou leurs sous-titres en
employant le singulier ou le pluriel. Au singulier, ils conçoivent qu’un principe
2113
Selon la branche du droit dans laquelle elle trouve application – droit privé et droit
administratif ou public – elle est soit un privilège qui se réalise en un intérêt acquis
entrant dans la catégorie des héritages incorporels et en un droit accessoire, soit
une sujétion, une restriction au droit de propriété, une charge imposée sur le bien-
fonds d’un propriétaire pour l’usage et l’utilité du bien-fonds voisin.
En droit privé, ce bien-fonds (terrain, parcelle) sur lequel la servitude est imposée
et qui sert d’assiette à celle-ci est appelé fonds servant puisque c’est lui qui, dirait-
on, est mis au « service » de la servitude, qui la subit : il est le débiteur de la
servitude. Au contraire, celui qui tire avantage de la servitude, qui en tire utilité ou
profit, qui en est bénéficiaire est dit fonds dominant (son propriétaire est le
titulaire, le bénéficiaire de la servitude).
ouverture pratiquée dans un mur) lui permet, du fait de la configuration des lieux,
d’apparaître à l’œil humain; elle est non apparente ou occulte dans le cas contraire.
La servitude privée relève des fonds privés et la servitude publique porte sur tout
ce qui relève du domaine public. Servitude d’intérêt privé, servitude d’intérêt
public; servitude d’utilité privée, servitude d’utilité publique. Ainsi, le propriétaire
d’un fonds dominant peut exercer une servitude privée d’accès au fonds servant
pour y accomplir les actes légitimes qu’autorise sa servitude, puis, se prévalant
d’une servitude publique, accéder à un chemin public dépendant.
Les servitudes en common law ou en equity portent normalement sur l’eau, sur
l’air, sur la lumière, sur l’accès, sur le passage, sur l’appui ainsi que sur les
cloisons et les clôtures. Considérées comme des intérêts acquis, elles se distinguent
de la permission, des droits naturels, des droits publics et des profits à prendre.
8) Les sortes, les catégories, les types, les espèces de servitudes s’énoncent le
plus souvent au moyen d’une construction grammaticale simple : substantif,
préposition de et complément du nom. Les plus courantes sont les servitudes
d’accès, de passage, d’enclavage, d’eau, d’aérement, d’aqueduc, d’écoulement des
eaux, d’appui (latéral, naturel, sous-jacent tréfoncier, vertical), d’éclairement, de
commodité, de clôture, de jour, de nécessité, d’égout des toits, d’utilité privée ou
publique, de puisage, de voie publique ou de voirie, de vue, de prospect (que la
common law ne reconnaît pas comme constituant une servitude valide), de pacage
et de pâturage.
En droit civil, la servitude prend fin par non-usage trentenaire, par impossibilité
d’exercice, par affectation du fonds servant au domaine public ou par confusion du
fonds servant et dominant entre les mains d’un même propriétaire.
10) La servitude négative s’exprime par l’emploi de verbes tels que interdire,
prohiber, contraindre, imposer, obliger, empêcher, tandis que la servitude positive
s’énonce par l’emploi de verbes tels que autoriser, permettre, souffrir, accepter,
tolérer.
ö CHARGE.
ö DÉMEMBREMENT.
ö DÉSENCLAVÉ.
ö DOMINANT.
ö ENCLAVÉ.
ö GRÈVEMENT.
ö HÉRITAGE.
ö OCCULTE.
ö PARCELLE.
ö PRIVILÈGE.
ö PROFIT.
ö SERVANT.
ö TROUBLE.
SHÉRIF.
La fonction de shérif prend toute son importance dans certaines tâches qui lui sont
confiées, telles celles de l’exécution des saisies et ventes et de l’assignation des
candidats jurés. Dans ce dernier cas, c’est lui qui dresse, à partir de la liste
électorale, un tableau de candidats jurés, qui fait les convocations au palais de
justice dans une sommation par lui établie. Il lui appartient d’accorder ou de
refuser les exemptions demandées à cet égard.
Syntagmes
ö HUISSIER.
ö PRÉVÔT.
ö SOMMATION.
SIÈGE.
2) Le siège est aussi le lieu de résidence principale d’une autorité quelle qu’elle
soit ou d’une société commerciale. Ce lieu prend généralement le nom de la ville
où elle se trouve. « New York est le siège de l’Organisation des Nations Unies. »
Le siège d’exploitation d’une société commerciale est le lieu où elle exerce ses
activités et où se trouvent ses bureaux d’exploitation, son ou ses usines, son ou ses
entrepôts. Le siège d’exploitation n’est pas nécessairement le siège social.
On appelle siège social (ou siège seulement si le contexte est explicite) le lieu
déterminé par les statuts constitutifs d’une société ou d’une association où celle-ci
a fixé son domicile, lequel est qualifié de statutaire en l’occurrence. « Le siège
2121
social de l’entreprise se trouve à Montréal. » Ce lieu désigné par les statuts permet
de la localiser juridiquement et de déterminer le droit qui lui est applicable.
Déménager son siège social.
On dit que le siège est fixé, situé, qu’il se trouve à tel ou tel endroit. « La société
Hydro Québec a son siège à Montréal. » « Le siège de la Cour d’appel du
Nouveau-Brunswick est fixé à Fredericton. »
Le siège du tribunal est la ville où le tribunal a ses bureaux et ses salles, où il tient
ses audiences. Le siège d’un organisme international est le lieu où il est établi. «
Strasbourg est le siège du Conseil de l’Europe, du Parlement européen, de la Cour
européenne des droits de l’homme, de l’Institut international des droits de
l’homme et de l’Assemblée des régions de l’Europe. »
Par métonymie, le siège peut désigner aussi la formation de juges qui connaît d’une
affaire. Comprendre (une, des personnes) sur le siège d’une cour. « Aux fins d’une
affaire déterminée, la Cour peut en outre comprendre sur le siège une ou plusieurs
personnes pour siéger comme juges ‘ad hoc’. »
Un député occupe un siège à (et non [dans]) l’Assemblée législative (cas des
provinces ou des territoires), à l’Assemblée nationale (cas du Québec) ou à la
Chambre des communes (cas du gouvernement fédéral). Il doit demeurer à son
siège pendant la période des débats. « Les députés sont censés demeurer à leur
siège jusqu’à la fin du vote, puis ils peuvent quitter la Chambre. »
Il convient de préciser que l’état de siège militaire peut exister aussi bien en temps
de guerre qu’en temps de paix. En temps de guerre, une ville ou le pays tout entier
étant assiégé, l’autorité militaire exerce tous les pouvoirs; en temps de paix,
l’autorité publique accorde aux forces militaires des pouvoirs étendus en cas de
2123
Par analogie, l’état de siège est celui dans lequel on se trouve quand on se sent
assiégé par une force extérieure devenue cœrcitive. Le sujet assiégé peut être une
personne ou une chose. « Notre système de santé est en état de siège, accablé par
le tarissement des contributions fédérales. » « La ferme familiale canadienne est
en état de siège. » « L’une de nos ressources les plus précieuses, nos forêts, se
trouve véritablement en état de siège. » « Nos retraités ont l’impression de vivre en
état de siège, à cause des impôts élevés et des mesures de protection sociale qui
sont loin de leur assurer le revenu dont ils ont besoin pour jouir de leur retraite. »
ö DÉLIBÉRATION.
ö DOMICILE.
ö PARLEMENT.
ö RÉQUISITION.
ö SÉANCE.
ö SEIN.
ö SESSION.
SIÉGER.
Il faut mettre l’accent aigu, ainsi : siégerai, siégerait, et non l’accent grave, comme
dans [siègeras], [siègeront], la règle étant que l’é du radical se change en è devant
un e muet (il siège), à tous les temps, sauf au futur et au conditionnel. Lorsque la
dernière syllabe n’est pas muette, mettre l’accent aigu et non l’accent grave :
siégeant. Magistrat siégeant seul.
1) Siéger signifie occuper une place, un siège, au sein d’une organisation, être
membre de celle-ci. On ne siège pas [sur] un comité, mais à un comité. « Les
conseillers élus sont tous appelés à siéger au conseil municipal. » Un député,
membre du Parlement canadien, ne peut pas dire qu’il siège [dans] la Chambre des
communes, mais à la Chambre des communes ou au Parlement. Il ne peut dire
qu’il siège dans le Parlement que s’il conçoit ce dernier terme dans son sens
concret, soit dans l’édifice lui-même. « Les nouveaux députés sont nerveux et ils
aiment siéger dans ce grand Parlement, haut lieu de la démocratie occidentale. »
De même, on dit que le juge siège dans l’affaire dont est saisie la Cour à laquelle il
2124
appartient. Il est juge siégeant à une cour et non juge [d’une] cour puisqu’il n’est
pas seul à siéger au sein d’une juridiction particulière.
L’organe qui siège a le lieu principal d’exercice de son autorité ou de son activité à
tel endroit, par exemple, pour un tribunal administratif ou judiciaire, ce lieu où elle
fonctionne et tient ses audiences est le siège de sa juridiction, pour une société
commerciale ce lieu est la résidence principale de son activité d’affaires. « La Cour
suprême du Canada siège à Ottawa. » « L’Assomption Vie siège à Moncton, au
Nouveau-Brunswick. »
Par métonymie, on parle de l’intérêt mis en jeu dans une affaire qui siège dans un
certain lieu pour déterminer le ressort propice à la tenue d’un procès équitable,
autrement dit le tribunal compétent. « Quant à la compétence géographique, elle
2125
est fixée en tenant compte du lieu où siège l’intérêt qui doit être protégé. » Ainsi,
le défendeur est en principe assigné à comparaître devant le tribunal de son
domicile pour éviter que son adversaire l’oblige à exposer des frais inutiles. Mais
cette règle souffre des exceptions : par exemple, dans une action en paiement d’une
pension alimentaire, le tribunal compétent sera celui où se trouve le siège ou le
domicile du créancier. Siéger dans un ressort territorial.
Siéger en nombre impair (pour éviter le cas de l’égalité des voix). « La Cour
suprême du Canada siège toujours en nombre impair. »
Dans le droit bancaire ou dans le droit des lettres de change et des effets de
commerce, ou droit cambiaire, le mot domiciliation désigne, outre une opération
bancaire, le lieu du paiement, soit, règle générale, le siège d’un établissement de
crédit où le tiré possède un compte.
ö DOMICILE.
ö DOMICILIATION.
ö FOR.
ö RESSORT.
ö SÉANCE.
ö SEIN.
ö SIÈGE.
3) La suscription désigne aussi toute mention portée sur un document et, plus
précisément, toute inscription portée sur un document scellé et indiquant la qualité
ou la fonction de la personne à qui ou auprès de qui est remis le document, par
exemple celle de greffier, de registraire, d’huissier, d’adjudicateur, d’avocat ou de
notaire.
porte que sur une portion de la chose payée. Souscrire à une publication, à un
emprunt.
10) En common law, la souscription régulière d’un acte (“signing”) n’est qu’un
élément constitutif de la passation régulière (“due execution”), cette dernière
notion s’entendant de l’opération qui consiste non seulement à signer l’acte ou
l’instrument, mais aussi à le sceller et à le remettre (“to sign, seal and deliver”)
dans le respect strict des règles gouvernant sa validité. Souscription et passation
régulières d’un testament, d’un acte de cession ou de vente. Souscription d’un
affidavit.
11) Souscrire à ce qui est dit, c’est y donner son entière approbation, son
adhésion, son accord. À la fin du texte des arrêts canadiens, les juges qui ont siégé
en appel souscrivent aux motifs de leur collègue chargé de rédiger la décision ou
marquent leur dissidence. « Nous souscrivons aux motifs. » Après l’énoncé de cette
formule sont apposées les signatures des juges formant la majorité.
On ne peut être d’accord qu’avec une personne, non avec un inanimé ou une chose.
Au lieu de dire : nous sommes [d’accord avec] ces motifs, on dit plutôt nous
souscrivons aux motifs, nous nous rallions à ceux-ci, nous les adoptons, nous les
acceptons, nous les partageons. Mais on peut être d’accord avec une personne
morale. Mieux vaut cependant employer souscrire dans tous les cas où il y a
hésitation de la pensée : souscrire à un énoncé, à des propos, à des témoignages, à
une déclaration.
ö ACCORD (D’).
ö BILLET.
ö DISSIDENCE.
ö INSTRUMENT.
ö RÉGULIER.
ö SEING.
SILENCE.
Les personnes qui s’abstiennent de voter font acte de silence. De même en est-il de
celles qui s’abstiennent de répondre à une offre ou de décider une question.
Répondre, c’est donner à une demande, à une réclamation une suite expresse; mais
la réponse peut consister en une suite donnée qui commande le silence. Ainsi
l’Administration peut-elle par son silence donner suite à une demande présentée
par un administré.
En matière pénale, en principe, celui qui par son inaction, par son silence, laisse
commettre une infraction ou se réaliser un préjudice qu’il aurait pu empêcher par
son intervention échappe à toute responsabilité pénale, le silence n’étant pas la
cause principale du délit. Toutefois, dans les cas où des motifs sérieux permettent
de croire qu’un crime devait être commis, l’abstention ou le silence qui s’est
réalisé à l’occasion d’une activité qu’il exerçait ou d’une situation particulière
dans laquelle il se trouvait et qui lui imposait l’obligation d’agir pourra constituer
une faute pénale [justifiant condamnation]. Tel est le cas de l’automobiliste qui, en
n’annonçant pas son approche, est la cause d’un préjudice corporel à un tiers, tel
celui du commerçant qui laisse entrer dans son établissement une personne
grièvement blessée ou très malade et qui lui refuse, sous prétexte qu’il n’est pas
médecin, de lui fournir des soins, ou tel encore le cas du propriétaire qui, par son
silence, ne prend pas les précautions nécessaires pour que les choses dont il a la
propriété ne causent pas d’accidents.
Autres cas de silence emportant une responsabilité pénale : le juge qui ne fait pas
cesser une détention dont il sait qu’elle est arbitraire, la défaillance d’un témoin de
rendre témoignage en faveur d’un prévenu dont on peut prouver l’innocence, la
lâcheté du témoin qui, par son silence, laisse condamner un innocent ou celle d’un
juré de faire apparaître ce fait au cours des délibérations du jury, le refus de prêter
main-forte à l’autorité policière ou de sécurité publique à la demande de celle-ci en
cas de désordre ou de calamités publiques, le fait de taire un projet ou un acte de
2130
Ce qui est implicite ou tacite est une forme de silence. Dans un contrat, l’obligation
de divulgation par la partie la mieux informée est implicite; on dit qu’elle est
passée sous silence, même si elle constitue un devoir implicite que les parties
doivent respecter. Est implicite ou tacite ce qui est passé sous silence, ce qui n’est
pas formellement, expressément exprimé, ce qui est tenu sous silence tout en
manifestant une volonté. Le pacte, l’aveu, l’acceptation, l’offre, l’accord,
l’acquiescement, le consentement, le contrat, le mandat, la permission, la promesse,
la résiliation, la révocation tacites ou encore l’assertion, la condition, le covenant,
la fiducie, la garantie, la concession, la réserve, la servitude implicites sont toutes
des formes de silence qui emportent, d’une manière ou d’une autre, obligation. Par
exemple, est tacite ce qui, dans le silence du contrat, est sous-entendu, ce qui se
déduit des faits, du comportement, des déclarations des parties et est implicite ce
qui renvoie à certaines clauses, lesquelles, étant non écrites, se rattachent à ce
qu’on nomme le silence du contrat. « Il s’agit ici de dégager, dans le silence de
l’acte de donation, une règle interprétative de volonté. »
2131
En matière de dol, la dissimulation, soit le fait de cacher ce que l’on doit révéler,
comportement qui peut être constitutif de fraude, de recel, de complicité, est
assimilée au silence. Par exemple, le fait de dissimuler des revenus, des documents,
des faits propres à éclairer la justice est qualifié de silence de leur auteur. De
même, la réticence ou la tromperie est un silence gardé intentionnellement en vue
de tromper l’autre partie.
6) Ce qui est énoncé, exposé, affirmé en tant que de raison est un procédé qui
consiste à appliquer par transposition un raisonnement à un cas, à une règle ou à
une matière, à l’appliquer et à l’étendre, dans le silence d’un cas, à une règle ou à
une matière non spécifiées.
loi implique une lacune, un CREUX, une absence de norme ou de règle permettant
de régir un cas donné, autrement dit un droit incomplet.
Il en est de même des parties à une convention : dans le silence du texte qui les
gouverne (les formules courantes « Sauf stipulation expresse des parties », « À
défaut de disposition contraire », « En l’absence de déclaration formelle des
parties » signalent le silence de la convention), les parties doivent s’entendre ou
soumettre leur cas d’espèce à l’autorité judiciaire, qui le réglera au regard des
principes d’équité et de justice, dans l’esprit des conventions analogues et
conformément au droit en vigueur.
2133
Le tribunal ou l’arbitre saisi du litige doit établir ce qu’on appelle une norme
supplétive (voir SUPPLÉTIF), laquelle est obligatoire et supplée au silence du texte
en cause. « Dans le silence du contrat, le tribunal doit considérer que les risques
commencent à courir à partir de la signature de la police ou de la remise à
l’assuré de la note de couverture. » « Le droit communautaire prévoit, dans
certains cas spécifiques, que le silence d’une institution a valeur de décision
lorsque cette institution a été invitée à prendre position et qu’elle ne s’est pas
prononcée à l’expiration d’un certain délai. »
10) Il est interdit au juge de garder le silence lorsqu’il est saisi d’une affaire : il
est tenu d’en connaître, de se prononcer sur tout ce qui est demandé et seulement
sur ce qui est demandé, aux termes de l’article 5 du Nouveau Code de procédure
civile de France. Son refus de juger sous prétexte du silence, de l’obscurité ou de
l’insuffisance de la loi est considéré comme une abstention illicite qui est cause
d’annulation de la décision. « Le juge qui refusera de juger, sous prétexte du
silence, de l’obscurité ou de l’insuffisance de la loi, pourra être poursuivi comme
coupable de déni de justice. » Le juge ne peut donc pas se prévaloir du silence de
la loi pour refuser de statuer sur le chef de demande qui lui est soumis.
12) Autres formes de silence (du point de vue du public) : dans le vocabulaire
parlementaire et judiciaire, les documents frappés d’embargo et les ordonnances de
huis clos, et, dans le vocabulaire de l’Administration, la non-divulgation des
renseignements personnels et la confidentialité comme marque de respect de la vie
privée des citoyens et de l’absence d’intrusion dans la vie privée et les affaires
d’un individu. À ces formes particulières de silence, il convient d’ajouter le secret
professionnel, la consigne du silence en matière de violence familiale et la
présomption d’absence en droit successoral.
ö CREUX.
ö IMPLICITE.
ö SUPPLÉTIF.
ö VIDE.
2134
SIMPLICITER.
Lorsque le contexte permet de savoir que la norme dont il est question est celle du
caractère raisonnable simpliciter, il y a tout lieu d’employer le synonyme norme de
la raisonnabilité pure et simple ou ses variantes norme de la décision raisonnable
simple et norme du simple caractère raisonnable, qui présentent le triple avantage
d’être plus concis, d’être plus clairs et de privilégier le français par rapport au latin.
2135
ö COURTOISIE.
ö ÉQUITÉ.
ö FORUM.
ö ORDRE.
ö SIMPLE.
SITUATION.
Le sens juridique et le sens usuel du mot se rejoignent dans le fait que la situation
d’un objet renvoie généralement à la manière dont il est situé ou orienté dans
l’espace. La situation du bien n’est autre chose que l’implantation géographique,
l’emplacement, la position d’un lieu (maison, jardin, terrain, et, en droit
international public, littoral, île, détroit, zone de délimitation, mer).
On parle de la situation d’un bien pour désigner son lieu de situation (“situs of
property”). Lorsque ce lieu est déterminé, l’expression comporte un terme initial
annonçant cette détermination même : le shérif du comté de la situation des biens
réels. « Le lieu de la situation du bien sera déterminé conformément aux règles
prescrites. » Il est permis, pour varier l’expression sans encourir le reproche de la
périphrase, de remplacer cette formulation substantive par les mots « où sont situés
les biens ».
ö ASSIETTE.
ö SITUS.
SITUS.
Latinisme qui signifie lieu, emplacement; littéralement, le site. Le mot n’est pas
italicisé puisqu’il est francisé dans la langue du droit. Un situs, des situs. Les situs
du débiteur et du créancier.
2) Le situs peut être aussi le lieu où la loi exige que soit tenu le registre des
actions d’une société : le situs des actions ordinaires, le situs des actions
priviliégiées.
juridictionnelle.
ö RATTACHEMENT.
ö SITUATION.
SOCIÉTARISTE.
2) Sociétariste est aussi adjectif. Il qualifie ce qui relève du droit des sociétés,
ce qui se rapporte à ce droit. Avocat, cabinet, praticien sociétariste. Universitaire
sociétariste. Points de vue, conception, théories sociétaristes. Analyse sociétariste.
ö AFFAIRISTE.
ö CONTRACTUALISTE.
ö COMMERCIALISTE.
2141
ö ÉCONOMISTE.
ö PRIVATISTE.
1) Somptuaire et voluptuaire sont des synonymes. Ils servent, dans le droit des
biens, à qualifier les impenses, c’est-à-dire les dépenses faites par le possesseur
d’un bien – et non par le propriétaire de ce bien – pour son seul agrément,
l’embellissement du bien n’ajoutant à celui-ci aucune plus-value.
ö IMPENSE.
2142
SOUPÇON. SUSPICION.
4) Tandis que le soupçon est teinté d’une valeur morale (soupçon abominable,
cruel, honteux, horrible, injurieux, jaloux, odieux, outrageant, révoltant, ridicule,
terrible, vilain, la suspicion se pare de principes juridiques : détention (de réfugiés)
sur base de simple suspicion; suspicion investiguée dans le cadre d’une enquête
criminelle; requête en suspicion légitime. « En matière criminelle, correctionnelle
ou de police, la chambre criminelle de la Cour de cassation peut dessaisir toute
juridiction d’instruction ou de jugement pour cause de suspicion légitime. » « La
jurisprudence détermine la suspicion légitime à partir d’éléments révélant la
partialité de la juridiction visée. »
2143
La loi italienne sur la suspicion légitime prévoit que la notion de suspicion légitime
peut être invoquée pour demander le renvoi d’une affaire devant une autre
juridiction. La suspicion légitime repose sur des circonstances graves qui risquent
de perturber le cours normal et équitable du procès. Invoquer la suspicion légitime.
« Contrairement à la récusation d’un juge, la suspicion légitime entache la
réputation du tribunal tout entier. » Elle évoque une défiance présumée justifiée
envers un tribunal dont on craint la partialité.
Une interprétation judiciaire non justifiée par un texte pourra être considérée à bon
droit avec suspicion pour tel ou tel motif, par exemple parce qu’elle impose de
sévères limites à l’application d’un principe bien établi.
La suspicion implique malgré tout une norme de preuve moins stricte que celle que
requiert, en droit canadien, la norme de prépondérance de preuve (en matière
civile) ou de preuve hors de tout doute raisonnable (en matière pénale). En outre,
elle a beaucoup moins de force que l’imputation et que l’inculpation.
Tandis que le soupçon pèse, plane, se porte sur qqn, la suspicion l’entoure, un
lourd climat de suspicion l’enserre; il y a lieu de la lever, de l’éliminer.
ö IMPUTATION.
ö INCULPATION.
ö PRÉPONDÉRANCE.
ö SOUPÇONNER.
ö TEXTE.
SOUPÇONNER. SUSPECTER.
Les deux verbes sont formés sur le même préfixe latin, sub-, qui marque le
mouvement de bas en haut, comme par méfiance, dédain, inquiétude, et le même
mot primitif latin a concouru à sa création, suspicere, regarder de bas en haut.
Les dictionnaires attestent leur synonymie (tous deux signifient mettre en doute
quelqu’un ou quelque chose), mais si la signification est analogue, elle n’est pas
rigoureusement univoque. Aussi pourront-ils, dans une certaine acception,
s’employer de façon interchangeable. Dans plusieurs emplois, toutefois, on aura
raison de préférer l’un à l’autre de sorte à bien faire apparaître la nuance de sens.
Seul suspecter est un terme du Palais. « Il ne suffit pas que les juges soient
irréprochables, il faut encore qu’ils ne puissent pas être suspectés. »
Suspecter a un sens plus fort que soupçonner : on croit tout à fait légitime sa
suspicion, elle ne nous trompe guère, tandis qu’un doute plus senti pointe dans
l’esprit quand on forme des soupçons.
L’explication que donne Dupré dans son Encyclopédie du bon français dans
l’usage contemporain et que reprend à son compte le Trésor de la langue française
2145
pour lui ajouter foi suffit pour nos besoins, aussi nous contenterons-nous de la citer
intégralement. « Très souvent, les deux mots sont pris l’un pour l’autre. Mais
uniquement lorsqu’on soupçonne (ou suspecte) quelqu’un d’une faute ou d’un
crime. Quand l’objet du soupçon n’a rien de peccamineux, on dit toujours
soupçonner : Je soupçonne (et non Je suspecte) Paul d’aimer Jeanne en secret. En
outre, seul suspecter peut être suivi d’un inanimé avec le sens de % tenir pour
suspect& : Je suspecte son honnêteté, sa bonne foi. Avec soupçonner, on dirait : Je
soupçonne son honnêteté d’être feinte. » Autrement dit, on peut soupçonner à tort
une personne ou une chose, mais on a des raisons de la suspecter. Ces raisons
fonderont les requêtes en récusation notamment. « Tout juge peut être récusé s’il y
a entre lui et l’une des parties toutes manifestations assez graves pour faire
suspecter son impartialité. »
ö PALAIS.
ö SOUPÇON.
ö SUSPICION.
Les juristes entendent par sources du droit, non pas ses sources historiques, mais
les textes qui sont à l’origine de la production du droit de même que les usages qui
forment chez un peuple sa coutume. Les sources sont, par conséquent, des normes
et des règles de droit, écrites ou non, qui animent un système juridique par
opposition aux règles générales de la conduite sociale et de la bienséance et aux
règles morales.
En ce sens, les sources du droit d’un pays ne seront pas nécessairement celles qui
régissent le système de droit d’un autre pays. Par exemple, les sources du droit
canadien ne sont pas les mêmes que les sources du droit français.
Aux sources formelles des juristes ajouteront les sources réelles (événements
historiques), les sources documentaires (codes, journal officiel) et les sources
matérielles (les trois ordres de pouvoir étatique). S’agissant d’un système de droit
en particulier, des classification diverses apparaissent. Pour le droit de l’Union
européenne, les sources se regroupent sous trois titres : les sources primaires ou
droit primaire (les traités fondateurs et constitutifs), les sources dérivées ou droit
dérivé (les actes unilatéraux et les actes conventionnels) et les sources de droit
subsidiaire (la jurisprudence de la Cour de Justice, le droit international et les
principes généraux du droit).
Dans la perspective des branches du droit, on parle des sources du droit public et
du droit privé, du droit du travail, du droit constitutionnel, du droit parlementaire,
du droit administratif, du droit fluvial, du droit de la mer, du droit fiscal, et ainsi
de suite. Les sources pourront aussi être qualifiées de directes et d’indirectes, de
nationales et d’internationales, d’internes et d’externes. Des chercheurs
s’intéresseront à l’histoire et à la filiation des sources du droit.
SOUSCRIPTION.
SOUSCRIPTEUR, SOUSCRIPTRICE.
SOUSCRIRE.
Dans l’acte sous seing privé, la souscription est privée, c’est-à-dire qu’elle est
apposée sans autre intervention que celle des parties elles-mêmes.
Le verbe est transitif direct quand l’intention vise à mettre l’accent sur l’action
d’apposer sa signature, cette apposition emportant engagement ou acceptation.
Souscrire un acte, des actions, une assurance, un billet, un certificat, un chèque,
un contrat, une traite.
Souscrire est transitif indirect quand l’intention vise plutôt à mettre l’accent sur
l’engagement ou l’acceptation que manifeste l’apposition de la signature. Souscrire
à un abonnement, à une campagne de financement, à un titre de créance.
3) Le souscripteur est dit preneur dans les cas d’un contrat de location ou de
bail, ou d’un contrat d’assurance, et tiré en matière d’effet de commerce, lettres de
change ou chèques. L’engagement ou l’acceptation porte, dans le premier cas, sur
l’achat d’une assurance, par exemple, et, dans le second, sur le paiement de la lettre
de change ou du chèque.
SOUSSIGNÉ, ÉE.
SOUSSIGNÉ, SOUSSIGNÉE.
SOUSSIGNER.
Il faut s’interdire d’encadrer par des virgules le pronom personnel qui précède le
mot soussigné. Toutefois, la mention du nom du signataire, de sa qualité ou de son
adresse est inscrite entre virgules après l’adjectif. Voici des exemples de la syntaxe
combinatoire de la formule de souscription dans plusieurs de ses variantes.
Aucune raison, même impérieuse, ne justifie que l’on tolère le recours à la solution
typographique (usage des parenthèses, du trait d’union ou de la barre oblique) pour
exprimer le féminin dans les formules de souscription. Conformément aux règles
relatives à la désexisation du discours juridique et administratif, il ne faut pas
hésiter à répéter la formule dans les deux genres et il n’y a pas lieu de craindre
d’allonger un tant soit peu la phrase et de ralentir son dynamisme, s’il s’agit de
promouvoir le principe fondamental de l’égalité des sexes et du respect de
l’identité par l’application des formes féminines de langage.
L’acte sous seing privé est dressé par les parties elles-mêmes. Il est établi sous leur
propre signature apposée sans l’intervention d’un tiers – notaire, avocat ou officier
public. Cette souscription privée fait d’elles les soussignées à l’acte.
Dans la rédaction d’un acte sous seing privé, d’une attestation, d’un certificat,
d’une déclaration sous serment, encore appelée affidavit en régime de common
law, d’une renonciation, d’une libération ou de tout autre acte, on ne peut jamais
parler de [soussigné] dans le texte si on ne trouve au pied du document aucun
espace réservé à la mention du soussigné et à sa signature.
2151
SOUSTRAIRE.
7) À la hauteur de l’appel, le juge se penche sur les questions de droit ou sur les
questions mixtes de fait et de droit. Dire que sa discrétion est absolue, que son
pouvoir discrétionnaire échappe à tout contrôle est une autre façon d’affirmer qu’il
examine, apprécie, décide, statue souverainement. Appréciation souveraine de la
Cour d’appel, de la Cour de cassation, de la Cour suprême. « La Cour d’appel,
qui n’était pas tenue de suivre les parties dans le détail de leur argumentation, en
a déduit, par une appréciation souveraine de la valeur et de la portée des
stipulations du contrat, que la vente était parfaite. » « La Cour de cassation dit
que c’est par une appréciation souveraine que, sans être tenus de suivre l’avis de
2154
l’expert et de procéder à une recherche qui ne leur était pas demandée, les juges
d’appel ont, par une décision motivée, évalué le montant de l’indemnité
d’occupation. »
ö APPRÉCIATION.
ö DISCRÉTION.
ö INSUSCEPTIBLE.
ö PRÉPONDÉRANCE.
Les locutions latines stamus decisis et stare decisis ne sont pas francisées; elles se
mettent en italiques dans un texte en caractère romain et vice versa. Il ne faut pas
les guillemeter. Elles sont du genre masculin.
Cependant, par pure courtoisie judiciaire, ces décisions ne lient pas les tribunaux
qui appartiennent à la même cour.
2) Le stare decisis n’est ni, proprement, une [doctrine] ni une [théorie]; c’est un
principe, celui du précédent, encore appelé règle du précédent. La décision
juridictionnelle antérieure servant de norme autorise les juges à fournir sur un point
de droit la solution pour tous les cas similaires soumis à leur examen. Cette
solution durable se trouve revêtue du caractère obligatoire en droit judiciaire
interne et s’apparente étroitement au principe de l’autorité de la chose jugée ou res
judicata.
2155
5) Il faut dire que ce principe souffre des exceptions. Il a perdu une partie de
son obligatoriété; des règles, notamment d’ordre constitutionnel et procédural, sont
venues apporter des tempéraments, poser des conditions d’application réfléchie,
autrement dit, atténuer la rigueur excessive de la règle. Pour assouplir la rigidité de
ce formalisme juridique, des moyens d’éviter l’application aveugle du stare decisis
ont été proposés, des distinctions ont été établies et la ratio decidendi pertinente a
été adoptée par souci de modernisation du droit; en outre, des circonstances ont été
ajoutées en vue d’habiliter les juges à s’affranchir des décisions antérieures dans
des cas particuliers. Dérogation au principe du stare decisis. « Il ne fait aucun
doute que notre Cour a le pouvoir d’infirmer l’un de ses arrêts s’il existe des
raisons impérieuses de déroger au principe du stare decisis. » Limites du principe
2156
du stare decisis. « Depuis 1966, la Chambre des lords est explicitement dégagée de
l’obligation créée par le stare decisis, ce qui permet, très exceptionnellement, de
révoquer des précédents devenus manifestement inadaptés ou injustes. »
STATUER.
Le sujet de statuer peut être un animé (le juge statue) ou un inanimé (le jugement,
la sentence arbitrale statue). « Le jugement statuera sur la contestation. » « La
sentence arbitrale ayant statué sur le fond il n’y a pas de délai additionnel. »
Dans son sens faible, il se rencontre dans l’énoncé des motifs qui forme le corps du
jugement, après l’en-tête ou l’intitulé et avant le dispositif. Il s’accompagne de la
préposition sur (« L’arbitre peut statuer sur sa propre compétence. ») ou de la
conjonction que ou si introduisant une subordonnée complétive. En ce sens
atténué, il signifie déclarer avec autorité, apprécier, décider, conclure, déterminer,
trancher. « Le protonotaire a adjugé les dépens, mais a omis de statuer sur
certains moyens des parties. » « Le tribunal a statué (= a déclaré) que l’ancienne
législation avait une portée trop large. » « Le juge a pris appui sur cet arrêt pour
statuer que pareille conclusion était déraisonnable. » « Le juge des requêtes a-t-il
eu raison de statuer que le Tribunal pouvait poursuivre l’audience ? » « Il
incombait à l’arbitre de statuer (= de déterminer) si elle était fonctionnaire au
sens de l’article 92. » Le plaideur s’adresse au tribunal pour faire statuer sur sa
demande. « Le locataire peut s’adresser au tribunal pour faire statuer sur la durée
ou sur la modification demandée, sinon il est réputé avoir accepté les nouvelles
conditions. »
Il faut se méfier du piège que tend le sens faible du verbe statuer. On ne peut pas
dire, par exemple : « Il incombait à l’arbitre de statuer (= de décider) si elle était
fonctionnaire au sens de la Loi. » Statuer ne peut pas non plus s’employer de façon
interchangeable avec des verbes comme conclure, déterminer, juger, qui ont entre
eux une analogie de sens avec des nuances sémantiques particulières à chacun
d’eux. Car, bien qu’il soit vrai que tous ces verbes quasi-synonymes ont une idée
commune, il reste qu’il peut y avoir synonymie dans des sens très différents qu’il
est nécessaire de distinguer si on veut choisir le seul terme qui convienne à l’idée
dans son contexte.
Après avoir statué sur les prétentions et les arguments des parties, après avoir tiré
des conclusions et des inférences à l’occasion desquelles il a été conduit à statuer à
diverses reprises dans l’articulation de son raisonnement, dans sa discussion faisant
partie intégrante de l’énoncé de ses motifs, le juge prononce sa décision, statuant
(au sens fort) dans le libellé de sa décision qui forme le dispositif du jugement.
Dans ce sens fort, le verbe statuer sera employé absolument (« Tout rapport
d’expert ou autre document sur lequel les arbitres peuvent s’appuyer pour statuer
doit être communiqué aux parties. ») ou intransitivement. « Le Conseil statue par
2159
Statuer sur pièces signifie trancher une question sur la foi des documents : « Le
juge a statué sur pièces reconnues ou déclarées fausses depuis le jugement. »
Statuer au nom de (conformément à) la loi. Statuer avant dire droit. Statuer à tire
préjudiciel. Statuer au fond, sur le fond, statuer au principal. Statuer avec équité.
Statuer ex aequo et bono (d’après ce qui est équitable et bon) par opposition à
2160
Surseoir à statuer : L’article 3137 du Code civil du Québec prévoit que l’autorité
québécoise peut surseoir à statuer si une décision pouvant être reconnue au
Québec a déjà été rendue par une autorité étrangère. « Le procureur est tenu d’agir
s’il en est requis par une administration publique ou par une tierce personne ayant
soulevé l’exception de nationalité devant une juridiction qui a sursis à statuer en
application de l’article 29. »
4) Statuer n’a pas uniquement comme sujets des actants tels que le juge,
l’arbitre et le protonotaire. Toute autorité à qui est reconnue la compétence lui
permettant de décider une question peut statuer. « Le conseil de famille ne peut
statuer qu’après audition des futurs conjoints. »
ö DÉCIDER.
ö JUGER.
ö RÉGLER.
ö TRANCHER.
2161
Comme terme technique du droit, stipuler désigne par conséquent l’acte consistant
à prévoir sous forme de stipulations ou d’énonciations l’objet même de la
convention, de l’accord, de l’entente de même que les modalités et les conditions
de cet engagement.
On peut stipuler pour soi comme on peut stipuler pour autrui, pour un tiers. Ainsi
stipule-t-on tant dans un acte unilatéral que dans un acte bilatéral ou
multilatéral. Stipuler dans un testament, dans un traité.
En revanche, seule une personne S physique ou morale S peut stipuler. C’est par
une extension du langage que le verbe en est venu à avoir pour sujet un nom de
chose. À l’origine, on ne concevait pas qu’un inanimé, qu’un contrat pût stipuler.
Avec le temps, l’aire verbale de stipuler s’est élargie et on dit depuis longtemps
maintenant que le contrat stipule.
Cependant, c’est par un abus de langage qu’on dit, commettant de ce fait une
impropriété grossière, qu’une loi, qu’un article de loi, qu’un code, qu’un
règlement, qu’un décret, qu’un arrêté, qu’un arrêt ou qu’un jugement, qui ne sont
aucunement des actes contractuels, [stipule]. Le législateur, l’officier ministériel, le
juge, n’étant nullement parties à des conventions, ne peuvent [stipuler]. Le juge
statue, décide, le lieutenant-gouverneur en conseil décrète, prend des règlements, le
législateur édicte, l’arrêt décide, la loi dispose.
Les parties qui stipulent sont appelées parties stipulantes ou, à la forme
substantive, les stipulants. Le stipulant, la stipulante est la personne S physique ou
morale S qui énonce expressément les conditions du contrat. Dans le droit des
obligations, le débiteur s’engage et promet, tandis que le créancier stipule, c’est-à-
dire obtient l’engagement du promettant. En ce sens, stipuler s’emploie par
opposition à promettre.
2162
Le verbe stipuler est transitif direct. Il peut s’employer absolument. Stipuler les
conditions des versements échelonnés, les modalités de la fourniture des
approvisionnements, les conditions de l’exécution des clauses testamentaires, les
précisions relatives à l’échange de prestations réciproques, les termes qui régiront
des relations futures, le régime du traité, les réserves auxquelles seront
subordonnés les droits ou les avantages attachés à l’objet du contrat. Stipuler une
garantie, une caution, un cautionnement, une attribution de parts, des intérêts à
payer, le paiement de loyers, des arrhes, une faculté de dédit, la solidarité,
l’indivisibilité. Stipuler au profit d’autrui. « On peut stipuler au profit d’un tiers
lorsque telle est la condition d’une stipulation que l’on fait pour soi-même ou
d’une donation que l’on fait à un autre. »
SUBSTITUER.
Substituer, qui signifie mettre une personne ou une chose à la place d’une autre, ne
se construit pas de la même façon que son synonyme remplacer. On substitue une
personne ou une chose à une autre et non, sous l’influence de l’anglais, [pour] une
autre. Toutefois, on remplace une personne ou une chose par une autre. Substituer
une ordonnance à une autre. Substituer une partie à une autre.
ö CHANGER.
ö SUBSTITUT.
ö SUBSTITUTION.
SUBSTITUT.
4) Le mot substitut peut aussi s’employer pour des choses. En matière pénale, il
désigne notamment les peines de substitution : on parle en ce cas des substituts aux
peines d’emprisonnement.
ö PROCUREUR.
ö SUBSTITUTION.
SUCCOMBANCE.
ö DÉPENS.
ö IRRÉPÉTIBLES.
ö SORT.
ö SUCCOMBER.
ö TEMPÉRAMENT.
ö BATAILLE.
ö COMBAT.
ö DÉBOUTÉ.
ö DÉFENSEUR.
ö DÉPENS.
ö ÉCHOUER.
ö MINISTÈRE.
ö PLAIDEUR.
ö PROCÈS.
ö TRIOMPHER.
Les suffrages exprimés sont les votes valablement émis dans le cadre d’une
proposition mise aux voix ou d’une élection, les suffrages recueillis étant
comptabilisés, déduction faite des abstentions ou des bulletins rejetés. Écart,
égalité, majorité, partage, report, total des voix. Mettre une question aux voix.
Elle est consultative lorsqu’elle ne constitue qu’une simple opinion émise par un
membre invité à siéger à une assemblée sans droit de vote. Avoir voix
2167
Est qualifié de consultatif le pouvoir d’émettre des avis, mais non celui de décider
ni de voter dans une délibération. Ainsi, il n’est attribué au conseil consultatif
qu’un pouvoir de consultation et non de décision. Sa mission se limite à donner des
avis sur les questions dont le saisit l’organe chargé de la prise de décision. Exercer
une fonction consultative. « Les comités ne peuvent exercer que des fonctions
consultatives. »
4) Le suffrage qui emporte la décision en cas d’égalité lors d’un vote prend la
nom de voix prépondérante. Le président d’une assemblée délibérante, le président
d’une formation de juges, le dirigeant d’un organe chargé de délibérer ont
généralement voix prépondérante en ce sens que, pour rompre l’égalité constatée
après le vote, le président de séance, se prévalant de sa prérogative en cas de
partage des suffrages exprimés, apporte sa voix aux votes accordés pour une
mesure qu’il favorise.
qui semblerait autrement insoluble. » « Si les voix avaient été partagées à trois
contre trois, le président aurait pu se prévaloir de sa voix prépondérante. »
ö VOTE.
SUIVRE.
S’il s’agit d’exprimer l’idée d’une chose dont la remise s’accompagne d’une autre
chose ou se fait avec une autre, suivre rend cette idée : la chose léguée est délivrée
avec les accessoires nécessaires, elle suit le legs. Legs suivant le sort du partage.
« Quand le mari a légué un objet particulier dépendant de la communauté, le legs
suit le sort du partage. »
S’il s’agit d’exprimer l’idée qu’une chose en comprend une autre, suivre désigne
le fait de cette inclusion. En matière contractuelle, l’obligation de délivrer
comprend la remise de l’objet vendu, de ses accessoires et de tout ce qui est
destiné à son usage perpétuel; cette obligation est suivie des accessoires de la
chose vendue et des éléments propres à son usage.
ö SORT.
SURSITAIRE.
SURVEILLER. VEILLER.
SUS.
En sus d’une allocation, d’une amende, d’un apport, des arrhes, des coûts, d’un
délai, des dépenses, des dettes, des émoluments, des frais, de la franchise, des
heures, d’une indemnité, d’une majoration, d’un montant, d’une obligation
alimentaire, d’une pénalité, d’une pension, d’une période, d’un préavis, d’une
prestation, des redevances, d’une rente, du salaire, d’une somme, de tant de jours,
de la valeur marchande.
2172
Toutefois, il n’est pas rare de la trouver dans des emplois qui excluent l’idée
d’argent, de chiffre ou de calcul. « Les gardes chargés de la conservation des bois
peuvent exercer, en sus de leurs fonctions, les attributions dévolues aux gardes
champêtres par l’article L.132.2. » En sus de ce qui précède, de ce qui est normal
et nécessaire, de ce qui est prévu. En sus de ce qui a été dit. Travaux effectués en
sus du régime normal. En sus d’une obligation légale, d’un recours, d’une mesure
de réparation. En sus de la requête, de la notion de perpétration d’une infraction,
des observations présentées, de la jurisprudence pertinente, des déclarations
rapportées, d’une disposition, d’une peine, d’une sanction.
3) Lorsqu’il sert de préfixe pour construire des termes qui servent à renvoyer à
ce qui a été dit plus haut, le mot sus signifie plus haut (et non le barbarisme [ci-
haut]), ci-dessus, précédemment. Il se joint, généralement sans trait d’union dans
la graphie moderne, au participe passé et se prononce ou bien su, ou bien susse,
selon les usages phonétiques nationaux et les constatations divergentes des
dictionnaires, la prononciation susse étant la plus fréquente : susdésigné, susdit,
susénoncé, susindiqué, susmentionné, susnommé, susrelaté et susvisé. Il convient
d’ajouter que l’adjectif précité ne peut remplacer dans cette énumération que le
mot susmentionné puisqu’il signifie ce qui a été cité ou mentionné précédemment.
Le ministre susdésigné, l’arrêt susdit, les susdits, les motifs susénoncés, l’article
susindiqué, l’affaire susmentionnée, les accusés susnommés, les faits susrelatés, le
délai susvisé.
SUS(-).
susmentionné et susdit ainsi : sussmentionné, sussdit. Mais il faut ajouter que des
auteurs recommandent de le prononcer suss quand le radical commence par une
consonne : susnommé : sussnommé, susdésigné : sussdésigné, ou quand ils
s’écrivent en un seul mot, et suz quand le radical commence par une voyelle :
sus(-)énoncé : suzénoncé, sus(-)indiqué : suzindiqué. Pour uniformiser la
prononciation, il conviendrait sans doute de prononcer suss dans tous les cas.
L’orthographe n’est pas encore fixée définitivement pour certains de ces mots,
sauf pour susdit, susmentionné, susnommé et susvisé. On trouve donc les deux
orthographes pour sus(-)désigné, sus(-)énoncé, sus(-)indiqué et sus(-)dénommé.
partie perdante paiera des dommages-intérêts en sus des frais de justice et des
dépens. « Une allocation leur est versée en sus de tout montant qui leur est
payable. » « La peine minimale de trente jours doit être purgée en sus de la peine
infligée. »
Toutefois, il n’est pas rare de trouver en sus de dans des emplois qui excluent
toute idée d’argent, de chiffre ou de calcul. « Les gardes chargés de la
conservation des bois peuvent exercer, en sus de leurs fonctions, les attributions
dévolues aux gardes champêtres par l’article L.132-2. » En sus de ce qui précède,
en sus de ces motifs, de ces principes.
SYNALLAGMATIQUE.
Ce qualificatif vient d’un mot grec qui signifie contrat. D’appartenance juridique
exclusive et commun au droit civil et à la common law, il ne peut qualifier qu’un
contrat ou des termes apparentés au contrat (acte, convention, engagement
synallagmatique, promesse synallagmatique de contrat), par exemple un bail, un
contrat de travail ou un contrat de vente, dans lequel les contractants s’obligent de
façon réciproque et interdépendante. On dit de ce contrat qu’il fait naître à la
charge des parties des prestations mutuelles. Synallagmatique se dit par
opposition à unilatéral.
ö DONATION.
2176
TARDIVETÉ.
T
1) Dérivé de l’adjectif tardif, ce substantif a deux suffixes, -eté et -ité, mais la
concurrence que se livrent tardiveté et tardivité n’a pas d’écho dans la
documentation consultée puisque les seules occurrences relevées sont celles du
premier, la seconde forme étant privilégiée dans les textes littéraires et
didactiques.
Le suffixe -eté désigne le caractère que traduit le mot base, aussi la tardiveté
s’entend-elle du caractère de ce qui se produit tardivement, de ce qui arrive plus
tard que prévu, de ce qui se fait ou se réalise d’une manière tardive, à une période
tardive ou avec du retard, de ce qui est en retard. L’antonyme de tardiveté est
précocité, parfois célérité, parfois diligence selon le contexte, même s’il faut se
garder de considérer ces deux derniers mots comme de parfaits synonymes. Pour
l’équivalent anglais, il faudra choisir entre “lateness” ou “delay”, mais surtout
entre “timeliness” et “tardiness”.
Une partie pourra soulever la tardiveté d’une demande, laquelle a été présentée le
dernier jour des plaidoiries; une autre pourra invoquer la tardiveté de l’inscription
du jugement. Pour sa part, le tribunal pourra rejeter une demande, une action pour
tardiveté, au motif, pour cause de tardiveté, eu égard à la tardiveté de la
procédure engagée. « Le juge a accueilli la requête en rejet de l’appel incident en
raison de sa tardiveté. » « Vu sa tardiveté, la demande doit être rejetée. » « Le
vendeur ne peut se prévaloir de la tardiveté de la dénonciation de l’acheteur. »
ö CÉLÉRITÉ.
ö DÉLAI.
ö DILIGENCE.
ö RETARD.
TÉLÉOLOGIQUE.
Les tribunaux font appel à la finalité ou au but du texte dans leur mission
d’interprétation pour corriger des erreurs manifestes qui se sont glissées dans le
texte, pour lever les incertitudes que soulève son sens ou encore pour en
restreindre ou en étendre le sens. On parle de directives téléologiques auxquelles
ils doivent obéir dans l’interprétation des lois par opposition à des directives
sémantiques.
téléologique ont toutes pour dénominateur commun le recours au but visé par la
question en cause. « Bien qu’une interprétation téléologique de la Charte soit
influencée par une préoccupation dominante pour la dignité humaine, la
démocratie et les autres valeurs qui sous-tendent la Charte, elle doit d’abord et
avant tout s’attacher à l’objet de la disposition en question. »
ö INTERPRÉTATION.
TEMPÉRAMENT. TEMPÉRER.
4) Délaissant les formules abstraites trop générales, une loi pourra descendre
dans le détail, multiplier les exceptions à une règle, les tempéraments à une
exception et les dérogations à des tempéraments. En outre, dans l’énoncé d’un
principe, le législateur l’accompagnera de tempéraments. Par exemple, le principe
selon lequel l’étendue de la chose jugée a pour mesure ce qui a été effectivement
décidé par le tribunal entraîne une conséquence : seules les énonciations du
dispositif sont dotées d’une telle autorité. Des tempéraments sont prévus à la
rigueur du principe : certains chefs du dispositif en sont dépourvus, sous forme
d’atténuations, la chose jugée n’étant pas nécessairement exclue parce que les
questions n’ont été réglées que d’une manière implicite.
2180
Une innovation législative pourra venir tempérer, sans l’abolir, une interdiction.
Par exemple, une loi française permet à une juridiction de l’ordre judiciaire de
s’adresser à la Cour de cassation pour obtenir son avis sur l’interprétation d’un
droit avant de juger sur le fond une affaire dont elle est saisie. Mais le législateur
pose trois conditions à pareille demande émanant d’un juge, lesquelles sont
suffisantes pour tempérer l’interdiction de refuser de statuer. Ce tempérament
prescrit par la loi constitue une forme d’atténuation qui permet de sauvegarder le
principe sacré qui oblige tout juge à statuer sur toute affaire dont il est saisi.
préalable indemnité. » « Toute personne peut contracter si elle n’en est pas
déclarée incapable par la loi. » « Tous ceux auxquels la loi ne l’interdit pas
peuvent acheter ou vendre. »
Ces moyens, parmi d’autres, tempèrent le caractère absolu et strict que traduisent
des adjectifs indéfinis (aucun, chaque, tout), des adjectifs à valeur adverbiale
(seul), des pronoms indéfinis ou relatifs employés absolument (chacun, nul,
personne, quiconque, rien, autrui), des adverbes (seulement, uniquement, jamais,
toujours) ou des formules consacrées, des tournures et des expressions (en toutes
circonstances, à quelque titre que ce soit, il est interdit, il est défendu, il n’y a, il
ne peut, il faut, dans tous les cas de, ni... que).
ö DÉROGATION.
TENU, UE.
La construction la plus fréquente quant aux occurrences relevées est celle qui
comprend la préposition de et qui a le sens de être responsable, être débiteur, ne
pas être lié par quelque chose. « Le successeur particulier n’est pas, de plein droit
et comme tel, directement tenu des obligations personnelles de son auteur. »
« L’acquéreur de l’actif mobilier d’une société n’est pas tenu des dettes de celle-
ci. » « L’acquéreur d’un fonds de commerce n’est pas tenu de plein droit de la
clause de non-concurrence consentie par son vendeur à l’égard d’un tiers. » Être
tenu des obligations du bail. Être tenu d’une dette envers son créancier.
3) Si on est tenu de faire ou de ne pas faire une chose, c’est qu’on doit
l’accomplir, qu’on est obligé de s’exécuter, ou, alors, qu’on doit s’abstenir d’agir.
« L’administrateur du bien d’autrui est tenu de réparer le préjudice causé par sa
démission si elle est donnée sans motif sérieux. » « Nul n’est tenu de rester dans
l’indivision. » « L’acquéreur d’un animal n’est pas tenu de réparer les dommages
causés par celui-ci alors qu’il appartenait à son ancien maître. » « L’acquéreur
d’un immeuble n’est pas, en sa seule qualité de successeur, tenu de l’action
paulinienne à laquelle se trouvait soumis son auteur. »
TÊTE.
On dit d’un fait ou d’un acte juridique qu’il a pour effet de faire naître sur la tête
d’un individu un droit subjectif. Des effets de droit se produisent sur sa tête.
L’individu a des droits sur sa tête. L’enfant conçu bénéficie par avance de
certains droits – dits du fœtus –, notamment celui de fixer sur sa tête une vocation
successorale.
Dans le droit des biens, on dit d’un titre qu’il est né sur la tête du possesseur. «
L’institution d’une concession crée sur la tête du concessionnaire un droit distinct
de la propriété de la surface. » Une interversion de titre peut se produire sur la
tête du détenteur qui devient possesseur. De même, l’usufruit passe et repose sur
la tête d’un bénéficiaire déterminé, il demeure sur la tête de l’usufruitier. « Pour
le calcul de la durée de la disposition de l’usufruit, l’usufruit cédé continue à
reposer sur la tête du cédant. » « Dans le démembrement des attributs de la
propriété, le droit de disposition demeurerait sur la tête du nu-propriétaire. »
Propriété reconstituée en plénitude sur la tête du nu-propriétaire. Réunion de
qualités sur la tête d’un même sujet de droit.
4) Ce qui vient en tête d’un acte juridique (le préambule, l’intitulé de cause, les
mentions d’usage des lieu et date) s’oppose à ce qui vient au pied du texte (la
signature et le contreseing, par exemple).
ö ÂME.
ö BOUCHE.
ö BRAS.
ö COEUR.
ö CORPS.
ö FACE.
ö FRONT.
ö MAIN.
ö OUÏ.
ö OUÏ-DIRE.
ö PIED.
ö VENTRE.
ö VIAGER.
TIREUR, TIREUSE.
3) Les substantifs correspondant à ceux qui se rapportent à ces actants sont les
mots base dont ils dérivent. Ainsi parle-t-on de la prise d’un effet de commerce
pour désigner l’acte consistant à accepter d’en être le bénéficiaire, de sa
souscription, c’est-à-dire de sa signature, de son établissement ou de son
émission, ainsi que de son tirage, autrement dit de son paiement, de son règlement
ou de son acquittement.
ö EFFET DE COMMERCE.
ö LETTRE DE CHANGE.
structure d’accueil. Elle émet des titres S d’où les dérivés néologiques substantif,
adjectival et verbal titrisation, titrisable et titriser.
Les prêts hypothécaires ou commerciaux, les soldes de cartes de crédit et les prêts
à la consommation se prêtent à ce genre d’opération et deviennent des créances
titrisées. (“securitized receivables”) du fait de la transformation des actifs en titres
négociables. La titrisation est un montage financier, c’est-à-dire l’organisation du
financement, qui permet à une société d’améliorer la liquidité de son bilan.
Les mesures législatives de titrisation viennent établir le cadre légal qui permet la
constitution d’organismes de titrisation. Loi sur la titrisation. « La titrisation
permet à un cédant (personne physique ou morale) de céder à un organisme de
titrisation les risques liés à des créances, à d’autres biens ou à des engagements
assumés par des tiers ou inhérents à tout ou partie des activités en émettant des
valeurs mobilières dont la valeur ou le rendement dépendent de ces risques. Ces
actifs ou risques sont représentés par des titres (actions, obligations, certificats)
nominatifs ou au porteur constatant les revenus ou les flux générés. » « Le titre
adossé à ces créances confère à son porteur un droit de propriété sur les créances
titrisées. » « Le titre d’emprunt est assorti d’une sûreté sur les créances
titrisées. »
TITULARISABLE. TITULARISATION.
TITULARISÉ, ÉE. TITULARISER.
TOMBER.
Une règle tombe, un principe tombe dès qu’il cesse de produire ses effets à cause
de sa caducité ou pour toute autre raison. « L’irrévocabilité des donations à cause
de mort étant un principe établi par le droit antérieur, il s’ensuit qu’il doit tomber
dès lors que la règle nouvelle établit la révocabilité de ces donations d’une façon
impérative. »
2) Faire tomber un acte, c’est le rendre caduc (du latin caducus dérivé de
cadere signifiant tomber), provoquer du fait de cet acte une déchéance (du latin
populaire decadere signifiant tomber) ou, simplement, en faire cesser les effets.
Par exemple, dans cette dernière acception, le vice de forme ou de fond d’un acte
de procédure, son irrégularité, aura pour effet de faire tomber l’acte ou la
procédure, d’en arrêter le cours et, ce faisant, d’en annuler ou d’en suspendre les
effets.
2189
3) Les locutions verbales tomber sous le coup de, tomber sous l’empire de,
tomber sous l’égide de ("to fall under") signifient s’exposer à la menace de
quelque chose, encourir les effets de quelque chose. Fait matériel tombant sous le
coup de plusieurs incriminations. Tomber sous le coup de la loi, d’une exception,
d’une ordonnance, d’une accusation, d’une condamnation. « La livraison de
biens autres que ceux susvisés tombe sous le coup des dispositions de cette loi. »
« Les faits postérieurs à l’entrée en vigueur de la loi tombent sous l’emprise de la
loi nouvelle, même s’ils concernent des situations juridiques créées
antérieurement. » Tomber sous le coup du régime législatif, d’une interdiction,
d’une prescription. Tomber sous l’égide de. « Le règlement tombe sous l’égide de
cette disposition législative. »
On ne peut pas dire tomber [sous l’application] d’une loi en parlant d’une
personne ou d’une chose; c’est commettre un anglicisme de construction. Une
personne entre dans le domaine, dans le champ d’application d’une disposition
légale, une chose se trouve ou se range dans la portée de cette disposition, mais
elle ne peut pas tomber [sous son application].
De même, on ne peut pas se trouver à tomber [sous la définition] prévue par une
loi : on tombe sous le coup, sous l’empire (et non [sous l’emprise], sous l’égide
d’une définition pour dire qu’on est visé par elle. On peut dire aussi qu’on tombe
dans le domaine d’application de la définition pour signifier qu’on entre dans sa
portée.
Tomber en dehors de quelque chose se dit surtout à propos d’un régime, d’un
cadre, de limites. « Pour être considérée comme déraisonnable, l’ordonnance
relative à la détermination de la peine doit tomber en dehors des limites
acceptables fixées par la loi. »
L’adjectif translatif qualifie tout ce qui a pour rôle ou pour effet de faire passer
d’un état à un autre, d’une situation ou d’un rapport juridiques à une autre
situation ou à un autre rapport juridiques.
Dans le droit des biens, la translation est l’action de transmettre (le plus souvent
une propriété, un bien, un droit) d’une personne à une autre. Ainsi, l’acte
translatif de propriété concerne la translation de cette propriété. Loi sur les actes
translatifs de propriété et le droit des biens. Acte translatif de propriété relatif à
des tènements corporels. On l’oppose à l’acte qui n’est que déclaratif de cette
propriété, ou encore à l’acte constitutif et à l’acte attributif de propriété.
L’acte ou le titre translatif fait passer, transfère un droit d’un titulaire à un autre;
il se limite par son objet à transmettre à un nouveau titulaire un droit existant. Le
cas se présente notamment dans deux opérations juridiques : la vente et la cession.
2191
TRÉSOR. 2
1) Le trésor (notez la minuscule) est, dans le droit des biens, tout objet caché
ou enfoui et sur lequel personne ne peut faire preuve de propriété. Ce bien
particulièrement précieux, de grande valeur ou estimé telle, on l’appelle épave
(terrestre) quand on le conçoit uniquement comme objet perdu, égaré. En droit
maritime, on qualifie ce terme pour le distinguer de l’objet égaré par son
propriétaire : épave maritime, épave fluviale.
2192
En droit civil, le trésor, avec les épaves, se range dans la catégorie du droit
commun, résiduel, des exceptions à l’acquisition, par invention, de la propriété de
choses mobilières. Droit commun du trésor. Acquisition du trésor et des épaves.
« Le droit civil laisse une place, en dehors des lois spéciales, à l’acquisition du
trésor et des épaves, suivant des modalités diverses. »
Le Code civil français définit le trésor comme « toute chose cachée ou enfouie
sur laquelle personne ne peut justifier sa propriété et qui est découverte par le
pur effet du hasard. » Sont considérées comme étant des trésors des choses
précieuses (l’or, l’argent, les bijoux, les pièces ornementales, des valeurs, des
titres, des documents), mobilières (mais non un site archéologique) et appropriées
(mais non une richesse naturelle); les trouvailles archéologiques ne ressortissent
pas au droit commun du trésor. Le trésor n’est pas nécessairement une chose
ancienne et sa vétusté n’est pas exigée par la loi. Chercher, trouver un trésor.
Chercheur, chercheuse de trésors. Propriété du trésor. Prouver sa propriété sur
2193
Ayant écarté la définition du trésor prévue par le Code civil du Bas-Canada, qui
reprenait textuellement celle du Code civil français précitée et à laquelle le
législateur québécois n’attribuait pas de sens juridique particulier, le trésor étant
pris en son sens ordinaire et usuel, le nouveau Code civil du Québec range le
trésor dans la catégorie des biens sans maître (res nullius); comme tout bien
n’ayant pas de propriétaire actuel, le trésor peut être approprié par l’occupation.
Le Code reconnaît le droit d’acquérir un trésor par occupation et reprend la règle
usuelle en droit civil concernant sa propriété, mais exclut l’inventeur qui agit pour
le compte du propriétaire. « Le trésor appartient à celui qui le trouve dans son
fonds; s’il est découvert dans le fonds d’autrui, il appartient pour moitié au
propriétaire du fonds et pour l’autre moitié à celui qui l’a découvert, à moins que
l’inventeur n’ait agi pour le compte du propriétaire. »
La propriété des trésors provenant des fouilles archéologiques est régie, aussi
bien en France qu’au Québec, par des lois spéciales.
Par métonymie, Trésor se dit de l’ensemble des finances publiques qui se trouvent
sous l’autorité et la surveillance d’un organe gouvernemental. Au Canada, le
receveur général ou la receveuse générale exerce cette fonction : les fonds publics
sont déposés à son crédit. Le Trésor est, dans cette acception, le total des fonds
publics en dépôt à son crédit. Aussi peut-on dire que le crédit est une autorisation
que donne le Parlement, dans une loi de crédit, d’effectuer, de prélever des
paiements sur le Trésor. Sommes versées au Trésor. Fonds payables sur le
Trésor. Ordre de paiement exécuté sur le Trésor.
2194
Les gouvernements provinciaux ont eux aussi des conseils du Trésor. Les
provinces Maritimes comptent un Conseil du Trésor régional, qui est rattaché à la
Commission d’enseignement supérieur des Maritimes.
Pour le Québec, il faut noter la variante orthographique du mot trésor, qui s’écrit
avec la minuscule. « Le Secrétariat du Conseil du trésor assiste le Conseil du
trésor et sa présidente dans leurs fonctions. Il les conseille sur la gestion des
ressources humaines, budgétaires, matérielles et informationnelles de la Fonction
publique québécoise. »
Billet du Trésor, bon du Trésor. Le billet du Trésor (“treasury note”), avec ou sans
certificat, est émis par Sa Majesté ou en son nom. Suivant la définition qu’en
donne la loi fédérale sur les lettres de change, le billet constate le droit du
bénéficiaire inscrit ou du porteur, à une date tombant dans les douze mois de celle
de son émission, de toucher la somme qui y est indiquée à titre de principal. Le
bon du Trésor (“treasury bill”) est un titre de créance. C’est un emprunt à court
terme et ne portant pas intérêt qu’émet à un bénéficiaire le Trésor à un taux
inférieur à sa valeur nominale et dont l’échéance est brève. Vente d’un bon du
Trésor à la Banque XYZ. Le Code criminel du Canada définit le bon du Trésor
comme un billet de banque, une obligation, un billet, une débenture ou une valeur
émise ou garantie par Sa Majesté sous l’autorité du Parlement ou de la législature
d’une province. En Belgique, on l’appelle certificat de trésorerie.
2195
ö CRÉDIT.
ö ÉPAVE.
ö INVENTION.
ö POSSESSION.
ö PROPRIÉTÉ.
ö TRÉSORERIE.
TRIOMPHER.
ö BATAILLE.
ö BIEN-FONDÉ.
ö COMBAT.
ö CONSTANT.
ö CONVICTION.
ö DUEL.
ö MÉRITE.
ö RÉUSSIR.
ö SUCCOMBER.
ö VALEUR.
TYPE.
En dépit du phénomène récent qui consiste à former des mots composés avec le
vocable type en les unissant par le trait d’union et malgré les exceptions
qu’énoncent des grammairiens à la règle générale proscrivant le trait d’union, il
importe de suivre l’usage dominant, tant dans la langue usuelle que dans la langue
du droit, et d’omettre le signe de ponctuation quand le mot type est juxtaposé à un
nom.
Dans la liste partielle qui suit, le mot type a le sens de modèle, d’exemple. Accord
type. Acte type. Barème type. Budget type. Cas type. Clause type. Compte type.
Classification type. Contrat type (ou d’application générale). Dimensions types.
Document type. Écart type. Erreur type. Espèces types. Formulation type.
Formules types. Formulaire type. Lettres types. Objets types. Pièces types. Police
type d’assurance. Projet de loi type (à distinguer du projet de loi uniforme).
Schéma type. Taux types.
2197
U
UNILATÉRAL, ALE.
1) Est qualifié d’unilatéral ce qui émane de la volonté d’une seule personne, tel
le pouvoir discrétionnaire du juge, le testament, la reconnaissance de dette, la
renonciation ou la révocation faite par le mandataire, l’acte unilatéral de volonté de
l’employeur, l’offre de vente, l’offre de contracter, les contrats de dépôt et de prêt,
la sûreté constituée par acte juridique unilatéral, la résiliation de bail, la rupture d’un
contrat, la dissolution d’un pacte, la rétractation, le désistement, le droit d’option du
bénéficiaire du contrat de promesse unilatérale de vente et tous actes ou opération qui
ne sont le fait que d’une seule personne à l’égard d’une autre ou de plusieurs autres
personnes.
les conséquences qui en découlent selon la loi française, lors même que les autres
éléments de la filiation auraient pu dépendre d’une loi étrangère ».
4) Est qualifié d’unilatéral ce qui s’oppose à ce qui est réciproque et à ce qui est
conjoint ou mutuel. L’obligation unilatérale (qui est créée par une seule partie à un
acte), l’expertise unilatérale, la requête unilatérale. Tous les actes de procédure qui
se poursuivent sans la présence de la partie adverse relèvent de la procédure
unilatérale, telles la demande de saisie, la demande de nomination du tuteur
d’instance, la requête en révision, la demande de divorce, la requête en divorce (par
opposition à la requête conjointe en divorce).
Le devis est un acte juridique unilatéral qui émane du fournisseur et qui ne deviendra
contrat que lorsqu’il aura été agréé par la personne à qui il est proposé; une fois
accepté, il devient un acte réciproque puisqu’il profitera, du fait de modifications que
les parties y auront apportées par exemple, aux deux parties intéressées et ne reposera
plus sur la seule participation du fournisseur.
5) En common law, l’acte formaliste unilatéral émane d’une seule personne, soit
son auteur, et oblige sa seule participation. Par exemple, ce peut être un acte scellé
établi sous la forme d’une déclaration erga omnes de l’acte et de l’intention de son
auteur de changer de nom ou de consentir une procuration. Autres exemples pris dans
la matière contractuelle : la décharge unilatérale (par opposition à la décharge
bilatérale), l’erreur unilatérale (par opposition à l’erreur mutuelle) et l’offre de
contrat unilatéral (dont l’obligation de faire ou de ne pas faire contenue dans l’offre
ne lie aucunement le destinataire de promesse).
2199
Dans le droit des successions, le parent unilatéral ("half-blood" en anglais) (le demi-
frère, la demi-sœur, en langage courant, opposé au frère germain, à la sœur germaine
né des mêmes père et mère), le frère utérin, la sœur utérine) est parent consanguin,
n’ayant qu’un seul ascendant commun ou étant frère ou sœur par le père ou la mère
seulement. Le demi-frère, la demi-sœur de même père (le frère consanguin, la sœur
consanguine) ou de même mère (le frère utérin, la sœur utérine, par opposition aux
frères germains ou aux sœurs germaines) appartient au groupe formant la parenté
unilatérale (la parenté en ligne paternelle ou maternelle seulement ou en ascendance
unique).
ö BILATÉRAL.
ö CONJOINT.
ö CONSANGUIN.
ö ERGA OMNES.
ö GERMAIN.
ö MULTILATÉRAL.
ö MUTUEL.
ö PLURILATÉRAL.
ö RÉCIPROQUE.
ö SYNALLAGMATIQUE.
ö UTÉRIN.
USUFRUCTUAIRE.
revenus. Ainsi on peut dire que les réparations usufructuaires sont celles qui sont à
la charge de l’usufruitier.
ö TÊTE.
USURAIRE. USURE.
USURIER, USURIÈRE.
1) Usuraire vient du latin usurarius signifiant qui est relatif aux intérêts. Cet
adjectif se rapporte au prêt d’argent dont l’intérêt est excessif et qualifie des termes
tels que créance, crédit, profit, intérêt, marché, manœuvre, prêt, taux, taux d’intérêt,
prélèvement.
Le délit ou l’infraction d’usure est puni pas des sanctions pénales et civiles. Les
sanctions pénales sont l’amende ou la prison. La loi française du 16 décembre 1992,
en son article 322, prévoit une peine d’emprisonnement de deux ans et une amende
de 45 000 euros, ou l’une de ces deux peines seulement, pour quiconque consent à
autrui un prêt usuraire ou apporte sciemment son concours à l’obtention ou à l’octroi
d’un prêt usuraire. La sanction civile oblige le prêteur à restituer la part des intérêts
et rémunérations qu’il a perçus et qui excèdent ces taux maximaux fixés par la loi.
En son article 157, le Code pénal suisse prévoit que celui qui aura exploité une
personne en se faisant accorder ou promettre des avantages pécuniaires en
disproportion évidente économiquement avec la prestation obtenue en échange ou
celui qui aura acquis une créance usuraire et l’aura aliénée ou fait valoir sera puni
de la réclusion pour cinq ans au plus ou de l’emprisonnement.
Les lois punissent l’usure qui entache le prêt d’argent. Entaché d’usure. Emprunter
à l’usure. L’usure relève du droit des obligations monétaires découlant du prêt
d’argent et du droit commercial. Elle se fait particulièrement sentir dans le crédit à
la consommation (notamment dans les ventes à tempérament) et dans le domaine des
prêts personnels. L’opération d’usure se dit par opposition à l’opération bancaire.
« L’obligation de payer une commission aussi exorbitante relève d’une pratique
répréhensible qui est plus à assimiler à une opération d’usure qu’à une opération
bancaire. » Répression de l’usure. Seuils de l’usure. En France, le plafond du taux
2202
4) Il convient de distinguer le taux d’intérêt légal, celui que fixent les lois (Loi sur
l’intérêt, Loi sur les petits prêts, Loi sur les prêteurs sur gage, Loi sur les prêts à la
consommation, Code de la consommation), codes civils, du taux d’intérêt
conventionnel déterminé par les parties dans le cadre d’une opération de prêt. « Le
prêt d’une somme d’argent porte intérêt de plein droit. Le tribunal peut, en cas de
lésion, réviser les modalités du contrat, même pour une autre cause qu’un taux
d’intérêt usuraire. » Le tribunal peut même, faut-il ajouter suivant une jurisprudence
récente, déclarer l’ensemble de la convention de prêt inexécutoire, y compris
l’obligation de rembourser le capital.
On dit d’une dette qu’elle est susceptible de porter un taux d’intérêt usuraire. Le taux
usuraire est, par conséquent, un taux excessif exigé sur le prêt d’une somme d’argent,
ce prêt étant dénommé prêt à usure ou prêt usuraire. Faire, pratiquer l’usure. Prêter
à (grande) usure. « Les arrangements de prêt usuraire abusifs et les autres contrats
ayant un objet criminel devraient être déclarés nuls ab initio. » Commettre (une)
usure. Exercer l’usure.
2203
VALEUR.
V
1) Dans le domaine moral, spirituel, intellectuel, social et professionnel, la valeur
représente un ensemble de qualités qui font naître l’estime, l’admiration, l’émulation,
la considération, la déférence, le respect, auxquelles on attache un prix, qui
produisent l’effet souhaité, l’efficacité désirée, l’utilité recherchée, le résultat
escompté, l’admiration méritée. Valeur individuelle, personnelle. Haute valeur.
Valeur hors pair, de premier ordre, exceptionnelle. Donner, attacher de la valeur à
quelque chose. Jugement de valeur.
Quant au nombre des occurrences relevées, la valeur prend surtout soit un sens
purement monétaire et renvoie au prix en argent d’un objet, d’une chose, d’un bien,
d’un service, que ce soit un acte, un titre, un effet de commerce, une créance, un
capital, des immobilisations, un équipement, un terrain, un immeuble ou un
achalandage, soit un sens utilitaire. Les acceptions se rattachent en conséquence et
pour la plupart au droit commercial, économique, fiscal, bancaire, boursier,
comptable ou douanier, au droit des biens, de la gestion d’entreprise et des
assurances.
5) Sont tenus juridiquement pour être sans valeur ou être dénués, dépourvus de
valeur, c’est-à-dire n’ayant ni force ni effet, les opérations réputées nulles ou non
avenues de même que les actes frauduleux ou illicites, les titres inexistants et les
actes frappés de nullité absolue, soit ceux que la loi ou les tribunaux déclarent être
sans effet ou inopérants.
2206
Il convient de signaler que la valeur juridique se dit aussi bien d’un argument, d’une
argumentation, d’une acceptation, d’un accord, d’une accusation, d’une allégation,
d’une aliénation, d’une déclaration, d’un droit, d’un intérêt, d’un motif, d’un moyen,
d’un plaidoyer, d’un témoignage dont le bien-fondé et la régularité sont reconnus en
droit.
6) Dans le droit boursier ou financier, les valeurs mobilières sont des titres
susceptibles d’être cotés en bourse (valeurs cotées, valeurs inscrites en bourse). Ce
sont précisément des titres de placement qui présentent une telle importance juridique
qu’ils constituent à eux seuls une sous-branche ou un rameau du droit. Droit des
valeurs mobilières. Loi sur les valeurs mobilières.
7) Les valeurs peuvent être soit des actions ou des parts dans une société, si les
émetteurs sont des sociétés privées qui les établissent sur une portion de leur capital
social, soit des obligations, si les émetteurs sont des sociétés d’État ou des
collectivités publiques qui les établissent sur une portion d’un emprunt public à long
terme, soit des bons ou des droits de souscription, si le droit autorise à souscrire des
valeurs des émetteurs, soit encore des contrats à terme qui sont négociables sur des
marchandises, des valeurs ou autres instruments financiers.
La valeur à l’échéance est celle que possède une obligation venue non pas [à
maturité], mais à terme. Elle peut être émise dans le cadre d’un placement privé ou
public. Son existence peut être constatée par un certificat ou elle peut être émise en
vertu d’un prospectus. Elle peut être au porteur ou à ordre; dans le cas d’une valeur
mobilière nominative, elle est émise au nom de l’acheteur de la valeur.
Syntagmes
8) On dit d’une personne physique ou morale qu’elle possède une valeur active
pour désigner le fait qu’elle détient un élément d’actif ou un bien, qu’elle en est le
propriétaire. Il ne faut pas confondre cette valeur avec la valeur actuelle, qui est celle
2209
d’un bien au jour où cette valeur est établie. Elle s’apparente à ce qu’on appelle sa
juste valeur marchande.
La valeur locative d’un bien correspond à la valeur fondée sur le revenu que rapporte
un immeuble donné en location. La valeur marchande s’entend de la valeur vénale,
de la valeur de ou du marché ou du prix de marché, du prix courant de ce bien, de sa
valeur commerciale, c’est-à-dire de sa valeur d’échange fondée sur son prix courant.
10) En droit bancaire, la date ou le jour de valeur est la date de référence à partir
de laquelle l’établissement financier commence à calculer des intérêts débiteurs sur
un prêt qu’il a consenti ou des intérêts créditeurs sur un dépôt qu’il a reçu.
Selon le point de vue adopté, la date de valeur s’appelle également date de débit
comptable ou date de crédit comptable. « Sur la plupart des relevés de compte
apparaissent deux dates : une date d’opération et une date de valeur. Les dates de
valeur correspondent aux dates à partir desquelles les opérations effectuées sur un
compte bancaire sont prises en compte, que ce soit au débit ou au crédit d’un
compte. » Principe de fonctionnement des dates de valeur. Date de valeur antérieure,
postérieure à la date de l’opération. Débiteur, débitrice, créditeur, créditrice en
valeur.
Dans l’actualité jurisprudentielle, les systèmes des dates de valeur font l’objet de
contestations judiciaires, la question posée aux juges étant de savoir si les dates de
valeur constituent des clauses abusives, vu, entre autres, la rapidité nouvelle produite
par le progrès du traitement informatique. Délai de valeur.
2210
11) Dans le droit des entreprises, la valeur actualisée correspond à celle qui résulte
des bénéfices futurs de l’entreprise à un taux de rendement approprié. La valeur
capitalisée est celle d’un bien déterminée par la capitalisation des revenus ou des
bénéfices qu’elle produit.
Sa valeur corporelle (et non [tangible]) est celle de son actif, que l’on appelle valeur
de l’actif corporel et dont l’antonyme est la valeur de l’actif incorporel. Valeur
corporelle nette. La valeur comptable s’entend de la valeur de son actif net. La
valeur nette réelle et la valeur comptable sont, en ce sens, synonymes. Valeur
intrinsèque d’une entreprise. La valeur patrimoniale de l’entreprise correspond à la
valeur de son actif, tant corporel qu’incorporel.
12) Dans le droit de la fiscalité, lorsqu’il s’agit de prélever une taxe ou un droit sur
des marchandises et que ce prélèvement s’effectue en fonction de la valeur de la
marchandise, on emploie une méthode de calcul dite ad valorem, c’est-à-dire un
calcul effectué suivant la valeur de la marchandise; on dit aussi que le prélèvement
est fait à la valeur ou sur la valeur.
13) Dans le droit des assurances, la clause de valeur de remplacement doit être
distinguée de la clause de valeur à neuf. La première garantit à l’assuré la valeur
correspondant au prix d’achat ou de reconstruction de son bien en cas de perte ou de
sinistre. La seconde a pour objet de garantir à l’assuré, moyennant paiement d’une
prime de la valeur à neuf, que son bien sinistré ainsi assuré sera remplacé en fonction
de sa valeur totale de remplacement, peu importe l’état de vétusté dans lequel il se
trouvait avant la survenance du sinistre.
La valeur déclarée d’un bien assuré est celle que l’assuré déclare ou indique dans la
proposition d’assurance et en fonction de laquelle sera fixée la valeur de la prime
qu’il devra payer pour assurer son bien.
La clause de valeur agréée est celle qui permet à l’assureur et à l’assuré d’attribuer
2211
La valeur vénale du bien assuré est celle du prix de vente de ce bien avant tout
sinistre. Elle est égale à la valeur à neuf du bien, déduction faite de sa vétusté. Valeur
vénale immobilière.
Syntagmes
Valeur accumulée.
Valeur acquise.
Valeur active.
Valeur actualisée.
Valeur actuelle.
Valeur ajoutée.
Valeur ajustée ou rajustée.
Valeur annuelle.
Valeur appropriée.
Valeur assignée.
Valeur attendue.
Valeur autorisée.
Valeur boursière.
Valeur brute.
2212
Valeur cadastrale.
Valeur capitalisée.
Valeur comptable.
Valeur consacrée.
Valeur constitutionnelle.
Valeur contractuelle.
Valeur contributive.
Valeur courante.
Valeur déclarée.
Valeur démocratique.
Valeur déontologique.
Valeur disponible.
Valeur documentaire.
Valeur effective.
Valeur équivalente.
Valeur espérée.
Valeur éthique.
Valeur extrinsèque.
Valeur finale.
Valeur fondamentale.
Valeur globale.
Valeur imposable.
Valeur indicative.
Valeur intégrale.
Valeur intrinsèque.
Valeur juridique.
Valeur légale.
Valeur liquidative.
Valeur locative.
2213
Valeur négative.
Valeur négociable.
Valeur nette.
Valeur nominale.
Valeur nominative.
Valeur nulle.
Valeur objective.
Valeur passive.
Valeur patrimoniale.
Valeur pécuniaire.
Valeur positive.
Valeur pratique.
Valeur présumée.
Valeur prétendue.
Valeur primaire.
Valeur probante.
Valeur probatoire.
Valeur professionnelle.
Valeur rachetable.
Valeur réalisable.
Valeur réduite.
Valeur réelle.
Valeur réglementaire.
Valeur relative.
Valeur réputée.
Valeur résiduelle.
Valeur secondaire.
Valeur subjective.
Valeur symbolique.
2214
Valeur taxable.
Valeur théorique.
Valeur totale.
Valeur transactionnelle.
Valeur unitaire.
Valeur utilitaire.
Valeur d’achat.
Valeur d’acquisition.
Valeur d’assurance.
Valeur d’avenir.
Valeur d’échange.
Valeur de confirmation.
Valeur de conversion.
Valeur de croissance.
Valeur de l’actif.
Valeur de liquidation.
Valeur de marché.
Valeur d’emprunt.
Valeur de premier, de second ordre ou rang.
Valeur de prévision.
Valeur de rachat.
Valeur de réalisation.
Valeur de rebut.
Valeur de récupération.
Valeur de règlement.
Valeur de remboursement.
Valeur de reprise.
Valeur de sortie.
ö AD VALOREM.
ö BIEN-FONDÉ.
ö EFFET.
ö FORCE.
ö FRAPPER.
ö MÉRITE.
ö PROBANT.
ö PROBATOIRE.
2215
ö RÉGULARITÉ.
VEILLE.
Veille tire son origine du vocabulaire religieux. Il vient du latin vigilia signifiant jour
qui précède une fête religieuse, d’où les vigiles. Il s’emploie surtout à propos de la
jurisprudence et de la doctrine ainsi que sur le temps passé par les auteurs à étudier
studieusement une question. On parle de veille jurisprudentielle et de veille
doctrinale pour désigner soit la longue application, la contention d’esprit assidue qui
est donnée à l’étude d’une discipline juridique (l’idée de privation de sommeil étant
figurativement présente dans la notion), soit l’ensemble des travaux réalisés à
l’occasion de cette étude minutieuse. Fécondes veilles doctrinales sur une théorie.
Doctes, illlustres, savantes, studieuses veilles.
En cette acception, veille s’emploie aussi bien au singulier qu’au pluriel. Vieilli dans
la langue courante où il conserve une teinte littéraire (« Cet ouvrage est le fruit de ses
veilles. »), il est d’usage courant chez les juristes. Les veilles des jurisconsultes.
« Est-ce une conséquence de la diffusion électronique de la jurisprudence ou bien un
effet de la veille jurisprudentielle affûtée menée par la doctrine maritimiste et les
institutions internationales rassemblée par cet éminent juriste ? » Veille
réglementaire. Assurer une veille permanente. « Face à une réglementation en
constante évolution, le déontologue financier doit assurer une veille réglementaire
permanente. »
ö DÉONTOLOGUE.
ö VEILLER.
2216
VENIR.
Pour pouvoir employer venir à, il faut que deux conditions soient réunies :
l’acceptant doit être appelé à la succession (s’il entend y venir) et il doit l’accepter.
C’est uniquement à ces deux conditions que l’on peut dire proprement du légataire
qu’il vient à la succession, qu’il est venu au partage.
Si on peut dire que les héritiers en viennent à la succession, c’est, en toute logique
juridique, que la loi les y appelle. « Lorsqu’un individu propriétaire de certains biens
décède ab intestat (c’est-à-dire sans avoir réglé lui-même, par testament, la
dévolution de ses biens après sa mort), son patrimoine est dévolu, lege, aux héritiers
que la loi appelle à la succession . » Biens venant aux enfants du chef du conjoint
prédécédé.
VENTE.
2) Pour déterminer les espèces, les genres, les sortes, les types de ventes, la
langue recourt à diverses ressources, dont l’adjectif : vente judiciaire (ou en justice),
vente conditionnelle (par opposition à vente inconditionnelle ou absolue), vente
forcée (par opposition à vente volontaire), vente ferme ou définitive, vente collective,
vente consultative, vente domiciliaire ou en réunion, vente précipitée ou rapide, vente
dramatisée, vente électronique, vente facultative, vente fictive, vente fiscale, vente
automatique, vente admissible, vente éventuelle, vente assurée, vente foncière (ou sa
sous-catégorie vente immobilière), vente mobilière, vente hypothécaire, vente
pyramidale (ou vente en cascade ), vente clandestine (et non [sous le comptoir]),
vente additionnelle, vente libre, vente spéciale, vente agressive, vente ambulante,
vente internationale, vente jumelée, dite aussi vente liée, couplée ou subordonnée,
vente publique, vente privée, encore appelée vente de gré à gré ou à l’amiable, les
prépositions à ou au : vente à crédit (par opposition à vente au comptant, vente au
détail, vente à l’agréage, vente à découvert, vente à domicile (ou sa sous-catégorie
vente de porte à porte), vente à la boule de neige ou à la chaîne , vente à la
commission et sa variété vente de consommation, vente à tout prix , au rabais ou à
sacrifice, vente à l’agrément, vente à distance, vente au comptant, vente à
l’embarquement, vente aux enchères, laquelle peut être privée ou publique, telle la
vente à la criée, et les enchères pouvant être silencieuses, vente à l’essai, vente à
perte, vente à réméré, vente à l’acquitté, vente à l’exportation, vente à forfait, vente
à tempérament, vente à terme, vente à l’abonnement, la préposition par : vente par
correspondance, vente par souscription, vente par consignation, vente par Internet,
vente par recommandation, vente par agence exclusive, vente par anticipation, vente
par appât (encore appelée vente d’appel ou en substitution), vente par appel d’offres,
vente par catalogue, vente par filière , la préposition en : vente en dépôt, vente en
magasin, vente en bloc, vente en ligne, la préposition sur : vente sur qualité vue ,
vente sur conversion de saisie immobilière, vente sur accréditif, vente sur document,
vente sur description, vente sur échantillon, vente sur folle enchère, vente sur navire
désigné, vente sur publication, vente sur saisie, vente sur saisie-gagerie, vente sur
marché, ou sous forme abrégée dans le cas des Incoterms : vente C et F
2218
(orthographiée aussi C & F), pour vente coût et fret, vente CAF (pour vente coût,
assurance, fret), vente FOB (pour vente franco bord) et vente FAS (pour vente franco
le long du navire).
Ces diverses formes d’expression ont pour but de préciser la nature de la vente, le
caractère de la vente, l’objet de la vente, les méthodes et la technique de vente, les
procédés de vente, le moyen employé pour réaliser la vente, le système de vente, la
façon dont le vendeur doit exécuter son obligation de livraison ou de prestation ou
encore les conditions que doivent remplir l’acheteur et le vendeur.
La vente est formée (étant un contrat) ou elle se réalise quand les parties
accomplissent les formalités prévues, procèdent à l’établissement des engagements
et des conditions ou à la remise d’un document afférent à la vente, et elle est conclue
quand les parties contractantes s’engagent à respecter leur engagement et, dans les
cas qui s’appliquent, revêtent l’acte de vente de leur signature.
VERDICT.
1) C’est par extension de sens et improprement que l’on dit que les juges ont
rendu leur verdict ou que le tribunal prononce un verdict. « La Cour ne peut
substituer son verdict à celui du jury. » L’arrêt d’une cour n’est pas un [verdict].
Lorsqu’ils se retirent pour délibérer dans le secret, puis reviennent dans la salle
d’audience pour se prononcer sur la culpabilité ou la non-culpabilité de l’accusé, les
jurés ont la charge de juger une affaire : ils répondront par oui ou par non aux
2220
Après avoir tiré ses conclusions, le jury est tenu de rapporter un verdict, à peine, s’il
refuse de s’acquitter de son devoir, d’être dessaisi. Le verbe rapporter met en relief
l’idée que les jurés se sont retirés de la salle d’audience pour délibérer, puis qu’ils
sont revenus prendre place sur le banc du jury, encore appelé banc des jurés, pour
faire rapport au juge de leur décision. En cet emploi, rapporter signifie prononcer
(sens concret, parce que le verdict est rendu oralement) et rendre (sens abstrait, parce
qu’il est communiqué au tribunal par écrit avant d’être prononcé). Prononcer,
rapporter, rendre un verdict.
3) Le verdict peut être positif (on dit aussi affirmatif) ou négatif. Dans le verdict
positif, l’accusé est déclaré coupable : verdict de culpabilité; dans le verdict négatif,
il est déclaré non coupable : verdict de non-culpabilité. Le verdict négatif annonce
l’innocence de l’accusé et, par voie de conséquence, son acquittement : verdict
d’acquittement, lequel exclut la notion de verdict de culpabilité non établie : verdict
exclu ou inadmissible. « Un verdict négatif ne met pas obstacle à ce que la Cour
examine si le fait poursuivi, dépouillé des circonstances qui lui imprimaient le
caractère d’un crime, n’est pas néanmoins de nature à engager la responsabilité
civile de l’accusé. » Le verdict du jury a pour effet de charger d’une accusation ou
de décharger de toute accusation la personne accusée. Ainsi, le verdict positif est
défavorable à l’accusé, tandis que le verdict négatif lui est favorable.
6) Puisque, en droit canadien, le rôle du jury dans le cadre d’un procès devant
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juge et jury est d’être le juge du fait ou des faits (on dit aussi l’arbitre des faits) et
celui du tribunal, d’être le juge ou l’arbitre du droit, il arrive que le juge ordonne au
jury de rendre tel ou tel verdict. En ce cas, on dit, dans une terminologie nouvelle,
que le verdict est imposé (plutôt que de dire qu’il est commandé ou dirigé).
7) Le verdict peut être juste (et non [correct]), raisonnable, prudent, équitable,
impartial ou fondé ou, au contraire, s’avérer injuste, déraisonnable, imprudent,
inéquitable, partial ou mal fondé.
Il peut même être inique (et non [pervers]) quand les jurés n’ont tenu aucun compte
des témoignages rendus, de la preuve produite ou des instructions, directives ou
indications du juge à eux données au début du procès. On le qualifie ainsi pour
souligner vivement le fait qu’il est incompatible avec ces éléments obligatoires de
leur charge.
8) Après réception du verdict, le tribunal peut soit demander aux jurés, un par
un, leur verdict, soit s’adresser uniquement au chef ou à la cheffe du jury, encore
appelés président ou présidente du jury, pour lui permettre de prononcer le verdict.
Le verdict rendu ayant été vérifié par le tribunal (vérification du verdict), le jury est
libéré.
Sans pouvoir souscrire au verdict rendu ni l’infirmer, même dans le cas où il est
incompatible avec les témoignages rendus au procès, la preuve produite ou les
instructions du juge (verdict contraire à la teneur des dispositions), le tribunal a la
faculté de tenir compte de circonstances atténuantes dans la détermination de la peine
en cas de verdict de culpabilité.
En appel, le verdict primitif (le verdict rendu en première instance) pourra être soit
rétabli ou confirmé, soit infirmé ou annulé : rétablissement, confirmation,
infirmation, annulation du verdict.
10) On peut employer le singulier ou le pluriel dans le cas de pluralité des chefs
d’accusation ou des questions posées au jury : on dit aussi bien le jury a rendu son
verdict que le jury a rendu ses verdicts, même si le singulier est, en ce cas, plus
fréquent.
ö JURÉ.
ö JURY.
ö TEMPÉRAMENT.
1) L’adjectif viager qualifie ce qui doit durer non pas jusqu’à date certaine, mais
tout le long de la vie de la personne concernée et uniquement pendant sa vie, ce qui
exclut toute succession ou transmission aux légataires à la survenance du décès.
Droit viager. Usufruit présumé viager.
Viager a perpétuel comme synonyme au sens de ce qui produit des effets de droit
jusqu’au décès.
matière d’assurance vie, cette pension est payable périodiquement pendant une durée
subordonnée à l’événement du décès d’une ou plusieurs personnes désignées au
contrat. Rente constituée à titre viager.
3) Puisque est viager ce qui est à vie, les notions de common law que constituent
le bail viager, le domaine viager, l’intérêt viager, la participation viagère , la
propriété viagère, le résidu viager, la réversion viagère, la tenance viagère et le
terme viager ne se conçoivent et ne s’appliquent qu’au regard d’une catégorie de
droits dits droits viagers qui n’ont d’effet que pour une durée fixée au temps de la vie
de la personne concernée, et pas au delà, ou encore « pour autre vie », c’est-à-dire
pour toute la vie d’une autre personne que celle du bénéficiaire du bail, du domaine,
de l’intérêt, de la tenance, et ainsi de suite.
VIDER.
1) De même que l’on vide une question, un sujet quand on traite chacune de ses
matières ou qu’on épuise tous les éléments de réflexion pertinents ou tous les
arguments avancés, de même dit-on, dans le langage de la pratique judiciaire, que le
tribunal vide le litige pour signifier qu’il l’a jugé définitivement. Il vide le débat ou
une affaire quand il statue sur toutes les questions litigieuses, qu’il a réglé le débat
ou résolu l’affaire en lui apportant une solution définitive. Vider tout le litige, l’entier
litige. « La décision qui a été rendue est venue vider le débat. » Vider un différend,
une querelle, une contestation . « Il ne peut être statué sur la recevabilité au fond
d’une action tant que les fins de non-recevoir n’auront pas été vidées. » « Le juge des
saisies est seul compétent pour vider les contestations soulevées en matière de mise
2224
2) Le juge vide sa saisine, c’est-à-dire l’ensemble des questions dont il est saisi
et sur lesquelles il est tenu de répondre, quand il tranche le litige dont il devait avoir
connaissance et il vide son délibéré quand, ayant réglé tous les éléments de réflexion
qui avaient été soumis à son examen et qui faisaient l’objet de ses délibérations ou
de son délibéré, il prononce son jugement en audience publique.
En France, le jugement préalable appelé avant dire droit ayant été rendu, le tribunal
prononce un jugement sur le fond en le faisant précéder de la formule figée « Vidant
son jugement avant dire droit rendu le... ».
En matière d’expulsion, qu’il ne faut pas confondre avec l’éviction, vider les lieux
signifie déménager, quitter les lieux.
On dit qu’une personne, le plus souvent un débiteur, se vide les mains pour signifier
qu’il remet au créancier judiciaire (et non au créancier [sur jugement]) les sommes
saisies en règlement de dettes.
4) En emploi courant, on dit que les dispositions d’un texte sont vidées de leur
contenu pour signifier qu’on leur enlève toute leur substance, qu’on les prive de leur
2225
signification originaire. Par exemple, le fait pour le tribunal de retenir une certaine
interprétation de la définition d’un terme peut avoir pour effet de vider la définition
de son contenu. Vider une notion de son contenu, une disposition, une procédure de
son effet. « Faire fi de la finalité et du cadre de cette disposition risque de la vider
d’une partie de son effet. » Vider une procédure de son sens , c’est la priver de
l’efficacité recherchée par le législateur.
ö DÉLIBÉRÉ.
ö ÉVICTION.
VIGILANCE.
La vigilance des autorités civiles est marquée par toutes les prescriptions de la loi
relevant de la sûreté et de la sécurité publiques. Elle doit être constante, rigoureuse,
notamment dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité. Elle est assurée par
l’adoption de mesures qui lui garantissent sa légitimité. « Le maire prend les arrêtés
à l’effet d’ordonner des mesures locales sur les objets confiés par les lois à sa
vigilance et à son autorité. »
3) Par ailleurs, les parents ont à l’égard de leurs enfants une obligation de
vigilance. La vigilance du public envers les tribunaux est un aspect fondamental de
l’administration de la justice et les tribunaux eux-mêmes doivent exercer une
vigilance accrue dans le mode d’interprétation des lois s’ils entendent remplir
consciencieusement leur fonction normative. Vigilance judiciaire, constitutionnelle,
législative. Vigilance de la common law. « Par sa vigilance, la common law, tout en
permettant la liberté contractuelle, veille à ce qu’on n’en abuse pas. » Interprétation
empreinte de vigilance. « Selon nous, notre interprétation des articles 16 et 19 de la
Charte doit être empreinte de cette même vigilance afin d’assurer que les droits
linguistiques ne soient pas lettre morte. »
ö CONTRÔLE.
ö DILIGENCE.
ö PRUDENCE.
ö SOIN.
ö SURVEILLANCE.
ö VEILLER.
VOCATION.
ö MISSION.
VOILE.
en est venu, devant la réalité économique et la nécessité d’assurer le respect des lois,
à établir des règles qui autorisent les autorités publiques, par l’entremise des autorités
judiciaires, à lever le voile social (“to lift” ou “to draw aside the corporate veil”), à
percer le voile social (“to pierce the corporate veil”), et non le [voile corporatif], pour
mettre au jour les mécanismes d’exploitation de ces sociétés à l’effet, par exemple,
d’en vérifier la légalité. En levant le voile social, les tribunaux font abstraction de la
personnalité juridique de la société dans certaines circonstances déterminées et à des
fins précises prévues par la loi : cas de fraude, de techniques d’évitement fiscal,
d’agissements répréhensibles ou illégaux, de protection de tiers, de non-respect de
prescriptions légales ou d’obligations. Se cacher derrière le voile du secret du
délibéré. On peut même lever le voile d’une branche du droit pour statuer sur une
matière qui présente à première vue des cas particuliers relevant d’un domaine du
droit qui s’avère incomplet ou en pleine mutation. « Tous les juges de la Cour ont
reconnu qu’il est nécessaire de lever le voile du droit des biens pour trancher les
litiges relatifs aux droits fonciers des Autochtones. »
VOIR-DIRE.
Un tel interrogatoire peut aussi avoir pour but d’établir le caractère volontaire d’un
aveu fait par un accusé à un agent de police. En ce cas, le voir-dire vise à faire
apprécier le caractère volontaire des déclarations extrajudiciaires de l’accusé faites
à une personne placée en situation d’autorité. Voir-dire au procès. Présider un voir-
dire. Admettre des déclarations après, sans voir-dire.
La preuve de voir-dire entend établir qu’on sait quelque chose pour l’avoir appris
directement d’un témoin. Ne pas confondre voir-dire et ouï-dire. Le serment de voir-
dire est déféré par le tribunal à un témoin, qui s’engage, aux termes de ce serment,
à dire la vérité en réponse aux questions qui lui seront posées lors ou au cours du
voir-dire. Voir-dire à huis-clos. Déroulement, poursuite du voir-dire. Questions
examinées dans un voir-dire, pendant un voir-dire. Étape du voir-dire. Preuve
produite durant le voir-dire. Terminer le voir-dire. À la suite du voir-dire, au terme,
à l’issue du voir-dire. Décision (rendue), sur, après le voir-dire. Motifs sur le voir-
dire. Clôture du voir-dire. Durée du voir-dire. « Le voir-dire a duré une semaine. »
Déclaration extrajudiciaire admise sans voir-dire. Aux fins du voir-dire. « Il a été
accepté, aux fins du voir-dire, que la marchandise avait été volée. » Se prononcer sur
un voir-dire.
ö OUÏ-DIRE.
VRAISEMBLABLE. VRAISEMBLANCE.
Le subjonctif s’emploie aussi, mais pour renforcer l’idée de doute, le fait étant
envisagé dans la pensée et non dans sa réalité (« La Cour estime qu’il est
vraisemblable que des faits similaires à ceux qui ont été relatés se produisent dans
pareilles circonstances. ») et quand la proposition principale est négative,
interrogative ou conditionnelle (« Il n’est pas vraisemblable que pareils faits se
soient produits. » « Est-ce vraisemblable que ces faits soient survenus ? » « Il ne
serait pas vraisemblable que de tels faits se produisent de la manière dont ils ont été
rapportés. »).
2) Est vraisemblable ce qui semble vrai, sauf preuve contraire et selon toutes
probabilités, ce qui paraît conforme à la vérité ou qui en comporte toutes les
2230
Les concurrents les plus fréquents que qualifie cet adjectif sont les suivants : acte,
affirmation, alibi, allégation, analogie, analyse, argument, argumentation, assertion,
attestation, aveu, cause, conclusion, construction (juridique), corroboration,
déclaration, démonstration, excuse, fait, filiation, indice, interprétation, justification,
motif, paternité, présomption, preuve, témoignage, théorie.
Rendre vraisemblable. « Les tribunaux règlent les conflits de filiation pour lesquels
la loi n’a pas fixé d’autre principe en déterminant par tous les moyens de preuve la
filiation la plus vraisemblable. » « La réunion de fait des époux rend vraisemblable
la paternité du mari. »
ö POSSIBILITÉ.
ö PREUVE.
ö PRÉVISIBILITÉ.
ö PROBABILITÉ.
ö VÉRITÉ.
VU.
Par exemple, les sentences arbitrales sont généralement précédées d’un intitulé formé
du terme vu, lequel est obligatoirement suivi du titre de la loi pertinente, puis de
l’expression dans l’affaire de qui énonce la nature du grief avant de présenter les
parties à l’instance. « VU la Loi sur les relations industrielles et DANS L’AFFAIRE
d’un grief... » Vu et Dans l’affaire de sont des formules qui ne peuvent jamais être
interchangeables. Il serait illogique de dire : [Dans l’affaire de la] Loi sur les
relations industrielles.
La Cour de cassation s’éloignera parfois de cette convention d’écriture et, plutôt que
de déclarer, par exemple : « Attendu que, selon le principe qui veut que [...] », elle
s’exprime ainsi : « LA COUR : – Sur le moyen unique; Vu le principe selon lequel
[...] » Il eût fallu en ce cas réserver l’attendu à sa fonction première qui est
d’annoncer l’énoncé des faits et de la procédure.
2232
Vu est le visa qui figure dans l’en-tête ou l’intitulé d’un arrêt français et qui énonce
les conditions de la saisine du tribunal ou de la cour, tandis qu’ Attendu précède
l’exposition des faits et de la procédure.
Sur le vu de, variante de au vu de, s’emploie dans la langue notariale et dans le style
judiciaire pour désigner le fait de la présentation et de l’examen d’actes, de pièces
devant être communiqués ou produits. Sur le vu de ces pièces , de ces documents,
c’est-à-dire après leur réception et leur examen.
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Il faut employer cette locution à bon escient. On ne peut pas dire, par exemple, que
quelqu’un exprime un point de vue [au vu et au su de tous], quand on veut dire qu’il
l’exprime publiquement. De plus, la tournure [au vu et au su de tous, et
publiquement] est superfétatoire : publiquement suffit.
Selon des lexicographes, elle est vieillie, d’autres considèrent que c’est un
régionalisme.
Devant pareille confusion, ne vaut-il pas mieux, somme toute, lui préférer puisque
et les autres équivalents mentionnés, qui ne posent pas ce genre de traquenard ?
ö VISA.