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• Cette sélection sociale va être à l’origine d’une opposition entre les différents acteurs
sociaux sur :
– le fonctionnement de la société, sur les buts qu’elle recherche,
– sur la justesse et donc la légitimité des inégalités qui la caractérisent
• ne considère pas que le conflit soit la preuve d’une pathologie sociale. Bien au contraire selon lui,
le conflit est, comme le crime, un phénomène normal dans la société.
• Il lui paraît donc illusoire d’espérer une disparition du conflit et l’avènement d’une société
consensuelle. En particulier, il ne croit pas que la croissance et le développement économique se
produisant dans une économie de marché assureront la suppression du conflit.
Introduction
Comme le notent H Mendras et M Forse, Marx est à l’origine de 4 idées fondamentales pour une
sociologie du conflit :
• le conflit de classe n’est pas un épiphénomène mais un trait structurel de la société, il
est inhérent à sa nature et à son fonctionnement. Toute société est donc caractérisée par la
permanence des conflits.
• le conflit ne met jamais en présence que deux groupes ; en effet, dans une société, tout
conflit d’intérêt se ramène toujours à l’opposition entre ceux qui désirent le changement et ceux
qui ont intérêt au maintien du statu quo
• Marx a vu dans les conflits le moteur principal des changements sociaux.
• Marx est un des premiers à s’être intéressé aux facteurs endogènes qui expliquent le
changement social. Il considère que toute société produit elle-même les éléments qui vont
produire sa propre transformation. Ainsi, l’analyse de la lutte des classes explique le changement
par les contradictions structurales des sociétés et non par l’intervention d’un quelconque deus ex
machina.
Selon Marx l’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’est que l’histoire de la lutte des
classes. Cette lutte qui dans tous les modes de production s’est caractérisée par l’opposition entre les
deux classes fondamentales conduit soit à une transformation révolutionnaire de la société toute
entière, soit à la disparition des deux classes en lutte :
• Le premier cas est celui de la lutte qui a opposé la bourgeoisie et la noblesse dans la société
féodale et qui a conduit à l’effondrement du mode de production féodal et à l’instauration du
mode de production capitaliste.
• Mais celui ci n’a pas fait disparaître l’exploitation, l’antagonisme de classe , il n’a fait que le
transformer .
Pour Marx, les classes naissent de la lutte des classes.
Définitions : Chaque société peut se caractériser à un moment donné par son mode de
production qui désigne la combinaison de deux éléments :
• les forces productives qui regroupent les instruments de production: la force de
travail, les sciences et les techniques en vigueur, l’organisation du travail .
• les rapports de production qui correspondent eux au rapport de propriété des moyens
de production (machines, usines) et permettent de donner une définition des classes
sociales selon la place qu’elles occupent par rapport à la propriété de ces moyens.
Pour les différents modes de production qui se sont succédés au cours de l’histoire : ici
1. Les explications de la succession des modes de production
Selon Marx, le mouvement de l’histoire s’explique par les contradictions entre les forces productives et
les rapports de production :
• Dans chaque mode de production, les forces productives représentent un élément dynamique
comme le montre l’histoire des inventions, le progrès de la division du travail, etc.
• Par contre, les rapports de production sont en revanche relativement stables et immuables. Il
arrive alors un moment où ils entravent le développement des forces productives.
* Selon Marx seul le capital variable qui correspond au salaire que reçoit le travailleur crée de la
valeur, le capital constant (machines, matières premières) ne fait que transmettre sa valeur sans
rien ajouter. Or les capitalistes qui se livrent une concurrence effrénée sont obligés pour ne pas
faire faillite d’être compétitifs et de remplacer le capital variable par le capital constant . Ce qui
correspond à une augmentation de la composition organique du capital
Définition : la composition organique du capital capital constant = C.
capital variable V
• La contrepartie de cette augmentation va être une chute du taux de profit : en effet à mesure que
le capital variable diminue relativement au capital constant la plus value( pl ) que le capitaliste
extorque aux travailleurs , c’est à dire la partie du travail non payée que s’approprie la capitaliste
ne suffit plus à compenser le coût du capital qui s’accroît .
• Le capitaliste ne peut trouver de solution que dans une augmentation de l’exploitation c’est à dire
dans une hausse du taux de plus value ou du taux d’exploitation :
Conclusion :
• constate à partir de ce rapport qu’en augmentant la composition organique du capital (le
dénominateur) le capitaliste ne peut maintenir le rapport (le taux de profit) qu’en élevant le taux
d’exploitation .
• Mais alors cela va être à l’origine selon Marx d’une deuxième forme de contradiction : les ouvriers
se rendant compte qu’ils sont exploités vont se constituer en classe sociale afin de prendre le
pouvoir.
Postulat : Marx considère que la disparition du mode de production capitaliste est inéluctable :
• Il est pris dans ses contradictions internes : principalement la baisse du taux de profit, qu’il essaye
de résorber en élevant le taux d’exploitation
• Mais alors il se heurte à une seconde limite historique : la constitution de la classe ouvrière dans
la lutte, sa prise de conscience qui va conduire à une révolution amenant la fin du mode de
production capitaliste .
Conséquences : La nouvelle société qui apparaîtra alors présentera deux caractéristiques essentielles
:
L’aliénation par le travail est caractéristique de la société capitaliste. En effet comme le note R Aron
dans le mode de production capitaliste les hommes sont aliénés et la racine de l’aliénation est
économique (on retrouve le matérialisme historique) .Le travailleur est dépossédé du fruit de son
travail et n’en voit plus la finalité
Selon Marx :
• La révolution prolétarienne amènera la fin du mode de production capitaliste sous l’égide de la
classe ouvrière, comme la révolution bourgeoise a entraîné la disparition du mode de production
féodal.
• Mais il existe une différence notable entre les deux, contrairement à la bourgeoisie, la classe
ouvrière ne va pas confisquer la révolution, elle va abolir les classes en général.
• Marx considère que le conflit de classes est nécessairement ouvert, aigu et violent .
Or :
– Mendras et Forsé constatent que : « les données empiriques conduisent au contraire à
penser qu’il ne prend que rarement la forme d’une guerre civile.
– Les changements structuraux qui ont affecté les sociétés occidentales depuis le 19ème
siècle ont abouti à l’institutionnalisation du conflit de classes, si bien qu’une classe
opprimée peut obtenir par la discussion et la négociation des changements de structure ».
Dahrendorf cherche à trouver aux conflits sociaux une autre origine que la seule propriété des moyens
de production. Pour cela il va faire appel à la sociologie de Weber en particulier à deux concepts qui
occupent une place importante chez Weber : le pouvoir et l’autorité :
• « Le pouvoir est la probabilité pour qu’un acteur engagé dans une relation sociale soit
en position d’imposer sa volonté, en dépit de toute résistance , et ceci
indépendamment des raisons qui fondent cette probabilité » (Weber). Le pouvoir s’attache
donc à la personne
• L’autorité est « la probabilité pour qu’un ordre ayant un contenu spécifique soit suivi
par un groupe donné de personnes »(Weber). L’autorité contrairement au pouvoir n’est pas
attachée à la personne mais à un rôle ou à une position sociale.
Dahrendorf va donc redéfinir la notion marxiste de classe sociale en expliquant les conflits
de classe :
• non plus par la seule propriété des moyens de production,
• mais par le contrôle pour l’exercice de l’autorité.
• En d’autres termes la cause des conflits sociaux doit être recherchée dans cette distribution
inégale de l’autorité qui se traduit par des relations de domination-soumission.
Conséquences : Cette opposition crée à son tour un autre type de conflits : les conflits d’intérêts
entre ceux qui exercent le pouvoir et ceux qui y sont soumis. Dahrendorf va distinguer deux types
d’intérêts:
• les intérêts latents qui sont des intérêts communs mal explicités qui provoquent des conflits,
mais ne correspondent pas à un degré de conscience collective suffisante pour donner lieu à des
groupes d’intérêts. Ils ne constituent que des catégories sociales composées d’individus dont les
intérêts sont identiques, mais qui ne sont pas capables de les défendre de façon organisée.
• Les intérêts manifestes, eux, donnent naissance à des groupes d’intérêts organisés et
capables d’agir sur ces bases .
Conséquences : De la sorte :
• il existe une pluralité de conflits sociaux.
• Les conflits entre groupes étant de nature très variée, on ne peut plus les ordonner comme chez
Marx entre deux grandes classes sociales .
• C’est une des erreurs de l’analyse de Marx que de penser que la domination industrielle implique
nécessairement la domination dans les autres domaines de la société, Etat, Eglise, organisations,
etc.
Conséquences :
• On passerait ainsi d’une société de classes à une société caractérisée par une
stratification complexe. Il en découle une augmentation générale du niveau de compétence
politique et une demande accrue de participation au processus de décision .Les citoyens
n’accorderaient plus leur confiance aux organisations traditionnelles ( parti, syndicat )censées
assurer dans le modèle pluraliste une médiation efficace entre le pouvoir et eux.
• Dans le même temps , on assiste parmi les nouvelles générations de la classe
moyenne à l’apparition de nouveaux enjeux qui proviennent plus de différences dans
le style de vie que de besoins économiques. On peut citer par exemple la protection de
l’environnement, le rôle de la femme, la redéfinition des valeurs qui se substitueraient au conflit
entre la bourgeoisie et la classe ouvrière.
Il va s’efforcer de montrer que les conflits sociaux sont caractéristiques d’un type de société et donc,
que quand les sociétés se transforment, les conflits sociaux évoluent :
• Dans la société industrielle les conflits sociaux tournent autour de l’industrie comme
chez Marx.
Pour en savoir plus : ici
Dans une société , les conflits sociaux sont très divers. Touraine distingue ainsi :
• les conflits d’intérêts qui cherchent à modifier la relation coûts-bénéfices en leur faveur.
• Les mouvements sociaux qui mettent en cause ,au-delà de l’organisation sociale et du
système de décision, les relations de domination au niveau de la société.
• Les mouvements révolutionnaires qui sont plus globaux encore puisqu’ils identifient une
domination sociale à un régime politique.
Remarque : Ces différents types de mouvements sont largement autonomes mais en même temps ils
portent la marque du conflit social central de la société
Exemple :T ouraine prend l’exemple du mouvement ouvrier qui occupe dans les sociétés industrielles
une place centrale :
• même quand les ouvriers revendiquent pour des augmentations de salaire, pour la
reconnaissance d’un droit syndical, pour une reconnaissance institutionnelle,
• derrière se trouve la marque du mouvement ouvrier basée sur la lutte des classes.
Conclusion : Il faut donc pour Touraine rechercher derrière tout conflit le conflit social central
caractéristique de la société dans laquelle il se déroule.