Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Vu la requête, enregistrée le 14 avril 2006 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, présentée par la FEDERATION
TRANSPYRENEENNE DES ELEVEURS DE MONTAGNE (…) et autres demandent au Conseil d'Etat :
1°) d'annuler pour excès de pouvoir la décision en date du 13 mars 2006 du ministre de l'écologie et du développement
durable d'introduire cinq ours slovènes dans les Pyrénées ;
(…)
Considérant qu'aux termes de l'article 8 de la convention sur la diversité biologique, adoptée à Rio le
22 mai 1992 : Chaque partie contractante, dans la mesure du possible et selon qu'il conviendra : (...) /
f) Remet en état et restaure les écosystèmes dégradés et favorise la reconstitution des espèces
menacées moyennant, entre autres, l'élaboration et l'application de plans ou autres stratégies de gestion
; que ces stipulations créent seulement des obligations entre les Etats parties à la convention et ne
produisent pas d'effet direct dans l'ordre juridique interne ;
Considérant que si les paragraphes 2 et 3 de l'article 6 de la convention d'Aarhus du 25 juin 1998 sont
en raison de leur libellé d'effet direct, ils ne régissent la participation du public au processus
décisionnel en matière d'environnement qu'en ce qui concerne les activités particulières mentionnées à
l'annexe 1 à cette convention, laquelle ne comprend pas les mesures de réintroduction d'espèces
animales menacées de disparition ; que, pour les activités particulières autres que celles énumérées à
ladite annexe, la convention laisse au droit interne de chaque Etat le soin de définir les mesures
d'application nécessaires ; que, par ailleurs, les stipulations du paragraphe 4, selon lesquelles Chaque
Partie prend des dispositions pour que la participation du public commence au début de la procédure,
c'est-à-dire lorsque toutes les options et solutions sont encore possibles et que le public peut exercer
une réelle influence ne créent d'obligation qu'entre les Etats parties à la convention et ne produisent
pas d'effet direct dans l'ordre juridique interne ;
(…)
Considérant qu'il ressort des pièces du dossier que le ministre de l'écologie et du développement
durable, s'il a manifesté la volonté, en janvier 2005, de mettre en œuvre un plan permettant
d'augmenter la population ursine dans les Pyrénées, a décidé d'engager, dès cette date, une
concertation portant sur la localisation des réintroductions envisagées, sur le choix du pays d'origine et
sur les mesures d'accompagnement à mettre en œuvre ; que ce n'est qu'à l'issue de cette concertation
que la décision de procéder à la réintroduction des ours a été juridiquement prise ; qu'ont été
notamment associés à la concertation les élus locaux des territoires concernés, les responsables des
organismes intervenant dans la gestion du massif, des comités départementaux regroupant les
représentants des différents acteurs, les fédérations de chasseurs, les associations de protection de la
nature et diverses instances scientifiques ; que des auditions publiques ont été réalisées et qu'une
enquête a été menée auprès du public, invité à faire part de ses réactions et propositions sur un site
Internet ; que, contrairement à ce qui est soutenu, la concertation s'est étendue au département des
Pyrénées-Atlantiques ; que, par suite et en tout état de cause, les moyens tirés de la méconnaissance de
l'article 7 de la Charte de l'environnement et du 4° de l'article L. 110-1 du code de l'environnement ne
peuvent qu'être écartés ;
(…)
DECIDE:
--------------
(…)
Article 3 : La requête de la FÉDÉRATION TRANSPYRÉNÉENNE DES ÉLEVEURS DE
MONTAGNE ET AUTRES est rejetée.