Introduction au Droit

des ressources
naturelles
Par Ismaël ITOUA, Spécialiste en Droit des Industries Extractives et Droit
de l’environnement
Plan du cours

u Quelques définitions
u Classification des ressources naturelles :
u Délimitation du cours et Méthodologie
u Cadre légal et institutionnel du secteur extractif au
Sénégal :
u Cadre contractuel du secteur extractif au Sénégal
u Le contenu local dans le secteur extractif au
Sénégal
1. Quelques définitions

u « Ressources naturelles » :
On appelle Ressources naturelles les diverses ressources minérales ou
biologiques nécessaires à la vie de l’homme et partant, à l’ensemble des
activités économiques.
Source : Dictionnaire encyclopédique de l’Ecologie et des Sciences de
l’Environnement, F. Ramade, Ediscience international, Paris, 1993
u Droit des ressources naturelles : définition
Ensemble des règles juridiques relatives aux éléments, issus de la nature,
renouvelables ou non, vivants ou pas, et que l’être humain utilise ou exploite.
Toutes ces règles juridiques visent à encadrer cette utilisation ou exploitation,
de façon plus ou moins stricte, la raréfaction de la ressource entraînant des
règles très contraignantes.
 2. Classification des ressources
naturelles :
Ressources minérales ou ressources minières:
- Ressources minérales: renvoient a des « substances naturelles amorphes ou
cristallines, solides, liquides ou gazeuses ainsi que les substances organiques
fossilisés et géothermiques » art. 1 Code minier communautaire UEMOA, 2003

- Ressources minières: substances minérales à l’exception des hydrocarbures liquides

ou gazeux et des eaux souterraines (Article 2, code minier du Sénégal de 2016)

Déduction: les ressources minérales ont un contenu plus large que les ressources
minières. Les dernières font partie des premières.
 2. Classification des ressources
naturelles :
Les ressources peuvent être subdivisées en deux groupes distincts :
u Les ressources non renouvelables, constituées par les matières premières minérales
et les combustibles fossiles, qui proviennent de gisements formés au cours de
l'histoire géologique de la Terre et correspondant à un stock, par essence même,
épuisable.
u Les ressources renouvelables qui peuvent, en principe, être exploitées sans
épuisement, étant capables de se régénérer en permanence. Elles regroupent l'eau,
les sols (terres cultivables) ainsi que les ressources biologiques, qui sont constituées
par les communautés vivantes exploitées par l'homme (forêts, pâturages, pêcheries
maritimes, biodiversité – espèces animales et végétales) et par les ressources
génétiques (variétés de plantes cultivées et races d'animaux domestiques).
Ce dernier groupe de ressources ne peut être considéré comme inépuisable que dans la
mesure où son taux de prélèvement est inférieur à la productivité nette disponible,
c'est-à-dire au taux de régénération. C'est une condition impérative à l'utilisation
durable de telles ressources et, donc, à la sauvegarde des conditions de vie des
générations futures.
 3. Délimitation du cours et Méthodologie
u Délimitation du cours : ressources naturelles du secteur extractif
Les ressources naturelles concernent un ensemble divers et varié de substances.
Celles-ci sont souvent classées en ressources fossiles, non renouvelables (du moins à
l’échelle d’une vie humaine), et les ressources renouvelables.
Nous avons donc les ressources minérales, les ressources minières, les ressources
forestières, les ressources hydrauliques, les ressources ligneuses (le bois, charbon de
bois) le foncier etc.
A noter toutefois que le cours sera essentiellement axé sur le droit applicable aux
secteurs des hydrocarbures (pétrole et gaz) et des mines au Sénégal.

u Méthodologie :
Le cours se fera en présentiel : le cours sera interactif avec des Cas pratiques,
Illustrations et exemples.
 4. Cadre légal et institutionnel du secteur
extractif au Sénégal : Secteur minier

u La Présidence de la République
u Le Ministère des Mines et de la Géologie est l’entité responsable de la mise en œuvre et du
suivi de la politique du gouvernement dans le secteur minier.
u Le Ministère de l’environnement et du développement durable
u Le Ministère des finances et du budget
u SOMISEN SA : dénommée Société des Mines du Sénégal, société nationale placée sous la tutelle
technique du Ministre chargé des Mines et sous la tutelle financière du Ministre chargé des
Finances.
u Fonds d’Appui au Secteur Minier
u Fonds d’Appui et de Péréquation pour les Collectivités Territoriales
u Fonds d'appui au Développement Local
 4. Cadre légal et institutionnel du secteur
extractif au Sénégal : Secteur minier

Textes communautaire et national:

u AUSCGIE, Code minier communautaire UEMOA, Directive communautaire CEDEAO
u Loi n°2016-32 portant Code minier
u Le Code minier de 2003 et son décret d’application de 2004 applicables aux conventions minières signées avant le 20 mars 2017
u Décret n°2017-459 fixant les modalités d’application du Code minier
u Décret n° 2009-1335 en date du 30 novembre 2009, portant création et fixant les modalités d’alimentation et de fonctionnement du Fonds
de réhabilitation des sites miniers.
u Code de l’environnement
u loi 2012-31 portant Code General des impôts
u loi 2012-32 modifiant diverses dispositions législatives relatives aux régimes fiscaux particuliers dans le secteur minier
u loi 2018-10 modifiant diverses dispositions législatives relatives aux régimes fiscaux
u Code des douanes
u Code forestier
u Code des investissements
u Code de l’eau
4. Cadre légal et institutionnel du secteur
extractif au Sénégal : Secteur minier

u Droits miniers
Un droit minier ou titre minier résulte d’un acte administratif de l’État.
Il permet à son titulaire, dans un périmètre déterminé et pour certaines
substances, d’entreprendre des activités minières. Il existe une grande
diversité de droits miniers selon les différentes étapes du projet : Titres
miniers de prospection, Titres miniers de recherche et Titres miniers
d’exploitation.
4. Cadre légal et institutionnel du secteur
extractif au Sénégal : Secteur minier

u Principes gouvernant les droits miniers

u les ressources minérales (du sol et du sous-sol, eux territoriale…) appartiennent à l’Etat/au
peuple; les substances minérales extraites appartiennent aux détenteurs de permis
d’exploitation. L’Etat en assure la gestion et la valorisation.
u les droits d’exploration et d’exploitation des ressources minérales peut être temporairement
transféré a un particulier ou à une société par un document écrit appelé permis ou titre
u les doits miniers octroyés en vertu d’un tel permis sont considérés propriété foncière mais
sont indépendants des droits de propriété des terrains en surface
u le permis octroyé ne fait généralement pas état de limites géographiques matérielles (ex.
clôtures), zone habituellement délimitée par des coordonnées géographiques
u les titulaires du permis octroyé doivent remplir des conditions préétablies pour conserver
leurs droits sur la zone en question
u lorsque la validité du permis expire, les droits reviennent à l’Etat
4. Cadre légal et institutionnel du secteur
extractif au Sénégal : secteur pétrolier &
gazière

u Présidence de la République (avec le Cos-pétrogaz)

u Ministère du Pétrole et des Energies
u CRSE, Régulateur du secteur de l’Energie
u CNSCL, Régulateur du marché du contenu local
4. Cadre légal et institutionnel du secteur
extractif au Sénégal : secteur pétrolier &
gazière
u Code pétrolier et Décret d’application
u Code gazier
u Code de l’environnement et Décret d’application
u Loi relative au contenu local dans le secteur des hydrocarbures
u Décret N°2020-2047 du 28 octobre 2020 relatif au CNSCL ;
u Décret N°2020-2065 du 28 octobre 2020 fixant les modalités de participation
des entreprises sénégalaises dans les activités pétrolières et gazières ;
u Décret N°2021-249 du 22 février 2021 portant modification décret N°2020-
2065 fixant les modalités de participation des investisseurs dans les activités
pétrolières et gazières
u Décret N°2021-248 du 22 février 2021 relatif au FADCL
5. Cadre contractuel du secteur extractif
5. Cadre contractuel du secteur extractif au
Sénégal

u Le régime juridique du secteur extractif est structuré de manière

hiérarchique, de la Constitution au contrat : En théorie, la réponse est bien
claire : la hiérarchie des normes est fermement établie, la Constitution
siégeant au sommet, suivie des lois, des règlements et finalement des
contrats au plus bas de l'échelle. Et les lois ont la préséance sur les contrats.

u Toutefois, la théorie ne correspond pas toujours à la réalité et celle-ci peut

s'avérer être complètement différente. Il existe des cas dans lesquels les
contrats sont spécifiquement conçus pour outrepasser les lois nationales (bien
qu'il puisse arriver que ces mêmes lois ne le permettent pas). En outre, il y a
des clauses de stabilité juridique et des accords susceptibles d'affecter la
hiérarchie des normes.
5. Cadre contractuel du secteur extractif
u La Constitution
La constitution établit l'autorité d’un gouvernement pour rédiger et appliquer des
lois. Elle peut également porter sur la propriété des ressources naturelles du pays et,
dans ce cas, précise généralement que les ressources sont la propriété des citoyens de
la nation, ou détenues pour leur compte par le gouvernement (Ex.Sénégal:Les
ressources naturelles appartiennent au peuple. Elles sont utilisées pour
l’amélioration de ses conditions de vie. L’exploitation et la gestion des
ressources naturelles doivent se faire dans la transparence et de façon à générer
une croissance économique, à promouvoir le bien-être de la population en
général et à être écologiquement durables, Article 25-1 Constitution)
u Les lois et les règlements
La loi sur le pétrole contient des règles spécifiques concernant les droits et les
responsabilités attribuées dans le contrat. D'autres lois constituent également une
partie essentielle du « régime pétrolier » : les lois pour la protection de
l'environnement, la sécurité, la santé, le travail et les lois sur la fiscalité. Des
règlements pétroliers peuvent également être mis en place, en conformité avec la loi
sur le pétrole. En descendant dans la structure hiérarchique du système - de la
constitution, aux lois, et aux règlements pétroliers - les règles relatives à
l'exploitation du pétrole sont de plus en plus détaillées et spécifiques.
 5. Cadre contractuel du secteur extractif

u Introduction aux conventions minières:

Les conventions minières permettent à l’investisseur minier et à l’Etat de
déterminer leurs engagements contractuels respectifs. Ces conventions, qui sont par
essence contractuelles, ne peuvent en général pas déroger aux dispositions
impératives du code minier applicable.
1. Le préambule
- il place le projet dans un contexte politique et économique et permet
d’envisager le projet dans son ensemble, notamment lorsqu’il s’agit d’un projet
intégré, et dans toute sa durée
- Il permet de considérer l’ensemble des volets minier et infrastructures relatives
au projet
- Il rappelle le contexte juridique dans lequel s’inscrit la convention, c’est-à-dire
ses fondements légaux tel que le code minier par
 5. Cadre contractuel du secteur extractif

2. La durée de la convention
La convention minière a une durée qui est en général alignée sur celle du titre
minier d’exploitation, y compris lors de ses renouvellements. La durée de la
convention peut également faire l’objet d’extension en cas d’extension du
périmètre par exemple
3. Les engagements des parties
A. Les engagements de l’Etat: Titres miniers et autorisations; Poursuite de
l’exploration et de l’exploitation; Foncier; Garanties économiques (Liberté de
choix des partenaires, fournisseurs et sous-traitants ; Libre importation-
exportation et transport des équipements, carburants, minerais), Non-
discrimination; Garanties financières (Liberté de mouvement de capitaux,
Distribution des recettes/divendes entre actionnaires, Non rapatriement des
fonds détenus dans tous ses comptes en banque off-shore); stabilisation Régime
fiscal, douanier, changes, admission temporaire; Mesures relatives à la sécurité
des personnesl; Infrastructures; Règlement des différends.
 5. Cadre contractuel du secteur extractif

B. Les engagements de l’Investisseur: Respect de la règlementation; Respecter les

engagements financiers et le programme de travail minimum décrit; Commencer les
travaux; Respect de l’environnement; Respect du contenu local; Respect des règles
anti-corruption; Registres comptables et état financiers; obligation d’information de
l'autorité minière;
4. L’adaptation, la renégociation du contrat et la force majeure
La convention peut prévoir qu’en cas de changement dans certaines circonstances,
ou de bouleversement économique ayant des répercussions importantes sur la
viabilité du projet, qui induirait une modification de la convention, une partie puisse
soumettre à l’autre une proposition que l’autre partie devra examiner avec soin,
afin qu’elles trouvent un accord écrit.
L’adaptation du contrat et la possibilité (ou non) que se donnent les parties de
renégocier la convention minière durant son exécution peut être périodique ou non.
La force majeure peut faire l’objet d’une définition, notamment par référence aux
usages du droit international, ou non.
5. Cadre contractuel du secteur extractif

5. La résiliation de la convention:
La convention minière prévoit en général les principales causes de sa résiliation,
parmi lesquelles :
• Le non-respect des engagements de la société minière. Tel peut être le cas du
non- respect des engagements financiers de l’investisseur, après mise en
demeure par l’Etat ;
• Le retrait des titres miniers par l’Etat, conformément à la législation en
vigueur ;
• La renonciation de la société minière à ses titres miniers ;
• Une procédure collective ou d'insolvabilité de la société minière.
5. Cadre contractuel du secteur extractif

6. Les clauses fiscales, douanières et la règlementation des changes

Les règles applicables en matière fiscale, douanière et de règlementation de
changes sont les suivantes :
• Nationales. Ces dispositions peuvent être générales telles que résultant du
code général des impôts par exemple, ou de textes spéciaux tels que le code
minier, code des investissements, etc.
• Régionales. En matière de règlementation de changes et douanières
notamment, les réglementations régionales résultant de la CEDEAO, la CEMAC ou
de l’UEMOA par exemple trouveront application.
• Internationales. Les traités internationaux relatifs à ce questions, tels que les
traités de non double imposition par exemple pourront trouver application.
5. Cadre contractuel du secteur extractif

7. Les clauses de stabilisation

La clause de stabilisation est une disposition par laquelle l'État souverain accepte
que l'exercice futur de son pouvoir législatif ou réglementaire ne puisse produire
d'effets à l’encontre de son cocontractant. Cette disposition peut résulter de la
convention comme de la loi. Les dispositions applicables à la relation
conventionnelle seront celles applicables à la date de signature de la convention,
le régime légal est donc gelé. Il est nécessaire de préciser que cette définition
reste générale, dans la mesure où les clauses de stabilisation peuvent avoir une
étendue et un régime variable.
Ces clauses sont d’une importance particulière pour les investisseurs, dans la
mesure où elles le garantissent contre un des risques majeurs existants dans
certains pays du continent à savoir l’instabilité politique.
8. Les clauses environnementales et culturelles
9. Les clauses sociales et contenu local
Les clauses relatives au contenu local (local content).
- Emploi de personnel local ; répartition ou quotas de travailleurs nationaux
selon qualification ;
- Formation de personnels locaux ;
- Préférence donnée à compétence égale aux entreprises locales ; appui au
développement des entreprises locales ;
- Participation au développement communautaire ; Investissements dans les
infrastructures et projets locaux ;
- Transfert de technologie.
 5. Cadre contractuel du secteur extractif

u Illustration du Partage de production petrolière

6. Le cadre juridique du contenu local dans
le secteur extractif au Sénégal

Adoption de la Loi sur le contenu local dans le secteur minier

Adoption de la Loi sur le contenu local dans le secteur des hydrocarbures