LES CAHIERS DE

100 MARCHÉS POUR REBONDIR

SUPPLÉMENT AU NUMÉRO 3174 • 17 DÉCEMBRE 2009 • Ne peut être vendu séparément www.usinenouvelle.com

> LES BUSINESS CACHÉS DE LA HIGH-TECH

> ENERGIE-ENVIRONNEMENT: CES PROJETS À SUIVRE
> LA FRANCE EN CHANTIERS
> EXPORT: LÀ OÙ IL FAUT ÊTRE
 100 maRchés PoUR RebonDIR 

stéPhanIe jayet

international
Pierre-Olivier Rouaud 24 export
Rédacteur en chef délégué Pour la croissance,
cap sur les émergents
énergie / environnement
8 pétrole et gaz

Pari sur la croissance 12

Les points chauds de la planète
électricité
Les promesses des réseaux
électriques intelligents
Et si on oubliait un peu la crise. Exercice difficile. En France,
14 nucléaire
la production industrielle est en berne, l’investissement
La bonne fortune
souffreteux, le chômage enfle, les marchés financiers semblent du démantèlement
une nouvelle fois déconnectés de l’économie du quotidien. 16 biomasse
Bousculées par la grande récession, des filières entières Une filière entière à construire
– l’automobile au premier chef – sont mises à mal.
Pourtant, essayons de changer de point de vue. Dans la aménagement
grande machinerie économique, telle qu’elle fut théorisée par 20 travaux publics
Les grands chantiers de la France
l’économiste Schumpeter, chaque crise est l’occasion d’un
22 equipement
renouveau, la fameuse « destruction créatrice ». En la matière, savoir profiter des événements
l’Amérique reste la référence absolue, avec, de Henry Ford à planétaires
Google, une capacité d’invention et de rebond inégalée. Outre- 26 construction
Atlantique, la grande récession semble brûler de ses derniers Le Qatar, eldorado des bâtisseurs
feux, les entreprises paraissent repartir de l’avant. 27 habitat
Notre vieille économie, elle, serait-elle condamnée à s’étioler, La rénovation en pleine expansion
notre industrie à voir s’amoindrir ses parts de marché ? Non.
high-tech
En la matière, la fatalité n’existe pas, comme le montre
30 télécoms
l’exemple de l’Allemagne depuis dix ans. L’invasion des objets communicants
Chaque jour surtout, des besoins inédits se font jour, 32 informatique
des technologies, y compris les plus éprouvées, trouvent Derrière le “cloud computing”,
de nouvelles applications. Les exemples ne manquent pas une multitude de marchés
34 analyse d’images numériques
Il n’y a pas de fatalité du déclin. Partez avec L’intelligence dope
la vidéosurveillance
nous à la découverte de nouveaux territoires. consommation
38 alimentation
tout le monde se lève pour le bio
dans les énergies, l’environnement bien sûr, les technologies
de l’information mais aussi la mobilité au sens large,
mobilité
42 automobile
et jusqu’au contenu de nos chariots de supermarché.
L’écosystème de l’électrique
Sur la plupart de ces marchés, notre pays a encore voix
44 aéronautique
au chapitre. A ses entreprises de faire preuve d’imagination. Le multimédia s’envoie en l’air
Et d’élargir le champ. Car la planète continue de tourner.
A 100 à l’heure comme les économies chinoise, indienne biens d’équipement
ou brésilienne. La compétition y est impitoyable, les barrières 48 biotechnologies
à l’entrée complexes, les assurances éphémères, mais telle est Le marché des bioréacteurs décolle
la marche du monde. supplément à « L’Usine nouvelle » n°3174 du 17 décembre
Ce supplément concocté par toute la rédaction n’a d’autre 2009 (commission paritaire n° 0712t81903).
ambition que de partir à la découverte de ces territoires. ont participé à ce numéro : Véronique belpois et Valérie
Frölich. ne peut être vendu séparément.
Et s’il vous donne ne serait-ce qu’une idée pour développer Une publication de Gisi, antony Parc II
une affaire ou trouver un client, le pari sera gagné. 10, place du général De Gaulle 92160 antony cedex.
Directeur de la publication : christophe czajka.
Impression : Roto France Impression 77185 Lognes
Photo De coUVeRtURe : tetRa ImaGes / Getty

L’usine nouveLLe | supplément au n°174 | 17 décembre 2009

 4
international
RAPhAeL DeMAReT/ReA

Les pays émergents

porteront l’essentiel
de la croissance
export en 2010. La France
va devoir élargir

Pour la croissance,
son horizon.

cap sur les émergents

A peine touchés par la crise économique, la Chine, l’Inde et le Brésil redémarrent à plein régime.
Leur croissance devrait être supérieure à 5 % l’an prochain selon le FMI. Pour profiter de la reprise
mondiale, les entreprises françaises ne peuvent plus les ignorer.

P
our profiter du redémarrage
économique, les entrepri-
ses françaises vont devoir
élargir leur horizon. « La
reprise se joue à l’interna-
tional. Il faut aller chercher la crois-
sance là où elle se trouve, pour sortir
parmi les gagnants de cette crise »,
martèle Anne-Marie Idrac, la secré-
taire d’Etat au Commerce extérieur,
pour motiver les PME. Alors que la
reprise devrait rester faible en Europe
et aux Etats-Unis l’an prochain, les
pays émergents porteront l’essentiel
de la croissance mondiale en 2010.
Leur PIB devrait progresser de plus
de 5 % contre 0,9 % pour l’Europe et
1,3 % pour les Etats-Unis, selon le
Fonds monétaire international.
« Après des crises importantes,
comme celles de 1993 ou de 2001, la
reprise de l’économie française
dépend très souvent du commerce
extérieur », souligne Karine Berger,
économiste pour l’assureur-crédit
Euler-Hermes. Ce devrait être aussi
le cas en 2010. Grâce aux milliards
injectés par son plan de relance et
ses immenses besoins intérieurs,
l’industrie chinoise a redémarré à

17 décembre 2009 | supplément au n° 3174 | L’usine nouveLLe

 InTeRnATIonAL 

plein régime depuis le printemps,

avec une hausse de 8,9 % du PIB au
Ces niChes qui réussissent
troisième trimestre.
Comment aux pMe françaises
Peu impactés par la crise financière, se faire
le Brésil et l’Inde n’ont pas beaucoup aider? équiper les hôpitaux irakiens
souffert du ralentissement des échan- > Plus de «Nous avons des
ges mondiaux et s’apprêtent même à 1 100 opérations
collectives seront besoins énormes,
rebondir dès 2010, avec une crois-
organisées en 2010 mais nous avons
sance respective de 3,5 % et 6,4 %. pour les PMe l’argent du
Bref, le basculement du centre de gra- à l’étranger.
Le programme pétrole», remarque
vité de l’économie mondiale vers les
est disponible sur un fonctionnaire
pays émergents est en marche. www.programme du ministère
-france.fr

VAhID SALeMI/AP/SIPA
irakien de la Santé.
la Chine s’ouvre au luxe > Pour se Après des années
Dans le secteur du luxe, en recul de renseigner
• Ubifrance, qui de guerre et
8 % en 2009 au niveau mondial, le
regroupe désormais de blocus, la
marché chinois devrait progresser de les missions rénovation du système de santé attise les convoitises. Bagdad
12 %, selon Bain & Company. « Désor- économiques devrait ainsi y consacrer une partie des 600 milliards de dollars
mais, les ouvertures de boutique ne à l’étranger
www.ubifrance.fr promis pour la reconstruction du pays. Quinze hôpitaux sont
se limitent pas à la côte est chinoise
• Les directions en projet. Les grands groupes (Air liquide Medical, Siemens…) ne
mais ont lieu également dans les
régionales du sont pas les seuls à s’y intéresser. Le fabricant de solutions de
grandes villes de l’intérieur, comme commerce extérieur biologie médicale Biolabo (3 millions d’euros de chiffre d’affaires)
Chengdu. L’an prochain, 45 ouvertu- www.dgtpe.fr/drce prévoit en 2010 d’y doubler ses ventes, qui représentent plus
res sont prévues », note Elisabeth • Les Chambres de 10% de son activité. «Avec 30 millions d’habitants, l’Irak est
Ponsolle des Portes, la déléguée géné- de commerce
et d’industrie le marché le plus important de la région», souligne Pascal Leleux,
rale du Comité Colbert, regroupant
à l’étranger le directeur export de GEM, une PME qui fabrique des instruments
les marques de luxe françaises.
www.uccife.fr de chirurgie. Déjà présente au Kurdistan depuis 2006, son
Au-delà de ces fameux BRIC (Brésil-
> Pour le entreprise prévoit de démarcher, via son distributeur local,
Russie-Inde-Chine), les « nouveaux financement les hôpitaux de Bagdad. Dès que la sécurité sera suffisante.
émergents », parfois Suite page 6 3 • La Coface
accorde
des assurances Développer les sports D’hiver en turquie
prospection
Les pays à suivre www.coface.fr Les spécialistes de la montagne suivent de près le développement
Classement des 15 pays* • oséo consent des sports d’hiver dans les pays émergents. «Il n’y a
les plus dynamiques en 2010 des prêts sans
garantie jusqu’à pratiquement plus que dans ces pays que des stations
CroIssanCe Prévue 80 000 euros se créent de A à Z», remarque Xavier Gallot-Lavallée, le PDG du
PIB du PIB en 2010 (%) www.oseo.com groupe MND, le leader mondial des systèmes anti-avalanches
Qatar 102 18,5 (15 millions d’euros de chiffre d’affaires). Le groupe a décroché
ChIne 4327 9 plusieurs contrats en Turquie, où près de 80 millions d’euros
doivent être investis d’ici à 2011 pour moderniser la station
Inde 1206 6,4
d’Erzurum, dans l’est du pays. La société iséroise Poma y construit
Pérou 127 5,8 cinq remontées mécaniques. Une diversification bienvenue,
nIgérIa 207 5 d’autant que ce marché de niche (à peine plus de 1 milliard d’euros
IndonésIe 511 4,8 au niveau mondial) est saturé en Europe. Dans ce domaine, les
égyPte 162 4,5 Français avancent groupés.
Une association, France
araBIe 469 4
saoudIte Neige International,
a été créée pour prospecter.
ChILI 169 4
L’Amérique latine, mais
turQuIe 729 3,7
aussi la Chine, qui compte
thaïLande 273 3,7 déjà 60 stations modernes,
aLgérIe 159 3,7 pourraient devenir
sIngaPour 181 3,6 les prochains relais
de croissance.
BrésIL 1572 3,5
taïwan 391 3,5
MAXPPP

*dont le pIb est supérIeur à 100 mIllIards de dollars

source : FmI

L’usine nouveLLe | supplément au n° 3174 | 17 décembre 2009

  international

Ces niChes qui réussissent aux pMe françaises

venDre Du luxe au kazakhstan profiter De l’essor De l’élevage en Chine
Cartier, Gucci ou Jean-Christophe Hasse, le directeur marketing du fabricant de
Baccarat… L’Asie matériel agricole Kuhn (698 millions d’euros de chiffre d’affaires)
centrale est en en est persuadé: «La Chine est un des pays qui évolue le plus
passe de devenir la vite.» Le groupe alsacien a d’ailleurs ouvert dès 2003 un bureau
nouvelle frontière à Pékin. Car la hausse du niveau de vie des ménages chinois
des géants du luxe. a eu une conséquence: changer les habitudes alimentaires, en
L’exploitation des augmentant la consommation de viandes et de produits laitiers et
STRIngeR RUSSIA / ReUTeRS

réserves pétrolières donc d’équipements agricoles. En 2008, la Chine était ainsi le plus
du Kazakhstan gros producteur mondial de porc. Pour répondre à la demande,
(15 millions le secteur de l’élevage se modernise. «Le principal frein pour les
d’habitants) a fait industriels est le risque de contrefaçon. Mais pour les produits
émerger une classe technologiques difficiles à copier - comme l’alimentation
privilégiée, prête à dépenser sans compter. Avec une prédilection animale, les produits génétiques ou vétérinaires –
pour l’équipement de la maison haut de gamme. «Comme le marché est très
les Russes, les nouveaux riches kazakhs sont attirés par le luxe intéressant»,
à la française, pour des raisons culturelles», souligne souligne la
Christina Duval, la responsable internationale de l’ébéniste responsable
Moissonnier, qui réalise près de 15% de son chiffre d’affaires du secteur
(4,5 millions d’euros) en Russie et en CEI. La PME entend y agroalimentaire à
renforcer sa présence, avec un distributeur spécialisé. Autre règle Ubifrance, qui sera
QILAI Shen/PAnoS-ReA

d’or: cibler les architectes et les décorateurs d’intérieur. «Le présent sur
Kazakhstan fait incontestablement partie des zones de croissance deux salons en
à moyen terme», reconnait Carole Viatte, la responsable de Terre Chine sur l’élevage
de luxe, un groupement de PME lorraines des arts de la table. en 2010.

Suite de la page 5 3 méconnus, devien-
nent de plus en plus des relais de
croissance pour les entreprises fran-
çaises : le Ghana, la Turquie, la
Thaïlande, le Vietnam ou le Mexique.
Le premier ministre François Fillon
s’est rendu au Vietnam accompagné
d’une délégation de 45 chefs d’entre-
prise. Voilà quelques semaines, le
président de la République, Nico-
las Sarkozy, était venu au Kazakh-stan
Cap export soulage les pMe
C’était l’un des dispositifs les plus attendus par
les exportateurs. Lancé début octobre par les pouvoirs
publics, CAP Export permet de redonner aux
fournisseurs la capacité de garantir leurs encours
auprès de clients étrangers lorsque les assureurs-
crédits se sont retirés ou ont réduit leur couverture.
Toutes les entreprises de moins de 1,5 milliard d’euros
de chiffre d’affaires peuvent en profiter.
L’agroalimentaire devrait être l’un des principaux
bénéficiaires. Il suffit de contacter les directions
régionales du commerce extérieur, Ubifrance,
les missions économiques à l’étranger. Et, pour la
prospection ou le financement, la Coface ou Oséo.
pour signer d’importants contrats. «La
concurrence sur ces marchés est un
peu moins rude que dans les grands
émergents, où toutes les multinatio-
nales sont très présentes. Il est plus
facile d’y gagner des parts de marché»,
affirme Pascal Guasp, le président de
la société Eau Pure (8 millions d’euros
de chiffre d’affaires), qui a implanté des
filiales au Vietnam, au Chili et au
Maroc pour y vendre ses solutions de
traitement de l’eau. Et les perspectives
sont encourageantes. La crise n’a pas
ralenti le rythme de développement de
nombre de ces pays de taille moyenne,
dont les besoins en infrastructures
sont énormes. En 2009, les exporta-
tions françaises ont d’ailleurs continué
à progresser vers l’Algérie (+ 19% sur
les sept premiers mois de l’année), les
Emirats arabes (+ 8%), l’Arabie saou-
dite (+ 2 %) ou Singapour (+ 3 %). Et
malgré le (relatif) repli des cours du
baril de pétrole brut, les pays du
Moyen-Orient ont maintenu leurs pro-
jets d’investissement. Ce qui ne doit
pas exclure la prudence, comme le
montrent les problèmes de Dubai.
Beaucoup plus solide qu’en 2001,
année de la crise argentine, l’Amérique
latine émerge aussi comme un parte-
naire de premier plan, notamment le
Chili (+ 4 % de croissance l’an pro-
chain) ou le Pérou (+5,8%). Sans par-
ler du géant brésilien. En Asie, le
Vietnam, qui attire les usines et les
investisseurs étrangers, devrait croître
de 6,5% en 2010.
Saisir ces oppo rtunités reste une
gageure pour les entreprises françai-
ses. Car elles y sont peu présentes.
L’Asie ne compte que pour 10% dans
nos exportations, encore centrées à
65% sur l’Europe. Principal handicap:
la trop faible taille des PME tricolores.
Car plus la destination est exotique,
plus les risques sont importants.
«Pour partir dans les pays émergents,
il faut être patient et prendre le temps
de construire un réseau de distribu-
tion», souligne Jean-Christophe Hasse,
le directeur marketing du fabricant de
matériel agricole Kuhn. Pendant ce
temps-là, les PME allemandes et ita-
liennes n’attendent pas. .
solène Davesne

17 décembre 2009 | supplément au n° 3174 | L’usine nouveLLe

 8
énergie / environnement
PÉTROLE ET GAZ
Les points
chauds
de la planète
Plus de 400 milliards de dollars d’investissement
ont continué, malgré la crise, à se déverser cette
année dans l’exploration-production de pétrole
et de gaz. Les compagnies productrices et leurs
fournisseurs du parapétrolier travaillent toujours
d’arrache-pied à de nouvelles découvertes.
L
a fin du pétrole ? Ce n’est pas
pour tout de suite. De l’huile
et du gaz, on continue à en
trouver tous les jours. Ghana,
Ouganda, Brésil, et même
Etats-Unis sont autant de nouveaux
territoires qui laissent présager encore
un bel avenir aux hydrocarbures.
Pour les exploiter, il faut investir.
Mais la crise est passée par là et, selon
l’Agence internationale de l’énergie,
les investissements ont chuté de
21 % en 2009. Dans le monde, plus
de vingt gros projets ont été annu-
lés ou reportés entre octobre 2008
et avril 2009, soit une perte poten-
tielle de production de 2 millions de
barils par jour de brut et 10 milliards
de mètres cubes de gaz par an.
Pour autant, les experts s’attendent à
une reprise des investissements dès
l’an prochain. Le secteur du raffinage
au Moyen-Orient reste ainsi très dyna-
mique. Le retour d’un prix du baril à
plus de 75 dollars devrait aussi relan-
cer des projets, comme la mise en
exploitation du champ gazier russe de
Shtokman, en mer de Barents ou
d’autres développements en Indoné-
sie ou au Nigeria. C’est le cas aussi des
gaz non conventionnels américains,
qui ont vu leur coût de production
chuter, ou des ante-salifères brési-
liens. Sans compter le Ghana, l’Austra-
lie, le Qatar, le Kazakhstan ou l’Angola.
Focus sur quatre de ces projets.
LE RÉVEiL du BRÉsiL
Nom du projet : tupi
puis autres projets similaires
Montant des investissements à venir
Jusqu’à 550 milliards de dollars
Partenaires : Petrobras opère avec 65 % ;
Bg détient 25 % et galp energia 10 %
Mise en service : fin 2010
Production : 100 000 barils de brut
par jour et 1,5 milliard de mètres cubes
de gaz par an en phase pilote
Réserves : entre 5 et 8 milliards de barils
Avec déjà 23 % de la production off-
shore profond mondiale, le Brésil
veut devenir le fer de lance de l’explo-
ration moderne des hydrocarbures.
Après les nombreuses découvertes
canaDa - Quest
Le gouvernement va injecter 865 millions de
dollars canadiens pour capter et stocker le
CO2 émis par l’usine de traitement des sables
bitumineux de Scotford : 1,1 million
de tonnes de CO2 seront stockées par an.
etats-unis - tiber
A plus de 10 kilomètres
de profondeur, la
découverte de Tiber,
faite en septembre dans
le golfe du Mexique,
laisse espérer 3 milliards
etats-unis - Barnett de barils d’huile en place.
Les gaz non conventionnels BP est opérateur
explosent en Amérique avec 62%, aux côtés
de Petrobras (20%) et
du Nord. Les Etats-Unis
renferment plus de de ConocoPhillips (18 %).
17 000 milliards de mètres
cubes de réserves. Grâce
au forage horizontal,
la production à Barnett
affiche une croissance
forte : 70 millions de mètres
cubes y sont extraits
chaque jour.
Bresil - tupi
Enfouie sous d’épaisses
couches salines, la nouvelle
manne pétrolière brésilienne
s’élève à plus de 50 milliards
de barils. La production est
testée dans le champ de
Tupi, opéré par Petrobras
(65 %) avec BG (25 %) et
Galp Energia (10 %).
récentes, ce pays détient entre 50
et 80 milliards de barils de réserves,
dont 14 dorment dans l’ante-salifère,
des réservoirs de brut léger (30 °API)
enterrés sous d’épaisses couches sali-
nes. C’est dans le gisement de Tupi
que la compagnie brésilienne Petro-
bras devra s’adapter à des conditions
de production dans des réservoirs de
carbonate enfouis sous 2 000 mètres
d’eau, 1 000 mètres de turbidites et
2 500 mètres de sel. La pression y
17 décembre 2009 | supplément au n° 3174 | L’usine nouveLLe
 ÉNERGIE / ENVIRONNEMENT 9

Douze projets à suivre russie - shtokman

Horizon 2013-2014 pour la mise en service
de ce gisement en mer de Barents,
où 3 800 milliards de mètres cubes de gaz
et 37 millions de tonnes de liquides seront
exportés. Gazprom, Total et StatoilHydro
sont en charge de la première phase.

KaZaKhstan - Kashagan
La première huile de ce champ
situé en mer Caspienne sortira
en 2012, avec 450 000 barils
ghana - Jubilee par jour: 38 milliards de
dollars y seront investis par,
Grâce aux multiples entre autres, Eni, Shell, Total
découvertes offshore, le et ExxonMobil.
Ghana deviendra exportateur
de pétrole en 2010.
Dans ce nouvel eldorado iran - south Pars 11
africain, Tullow démarrera South Pars renferme pas moins
la production de brut sur de 14 000 milliards de mètres
Jubilee dans moins d’un an. cubes de gaz, soit environ 8 %
Son développement a coûté des réserves mondiales.
3,2 milliards de dollars. Qatar - Qatargas 3&4 Total s’est fait damer le pion
Le train de 7,8 millions de en juin par le chinois CNPC,
tonnes par an de GNL de qui a signé un contrat de
Qatargas 3, emmené par Qatar 5 milliards de dollars pour
Petroleum et ConocoPhillips, développer la phase 11.
démarrera en 2010.
Il faudra attendre une dizaine
d’années pour voir Qatargas 4
entrer en piste avec un train de
même capacité, avant la suite.

angola - Bloc 32
ouganDa - lac albert
Pas moins de 12 découvertes
dans l’offshore ultraprofond Les réserves de brut atteignent
du bloc 32. La production 2 milliards de barils autour
pourrait démarrer en 2011 du lac Albert. L’exploitation
et atteindre un pic de débuterait fin 2010, mais les australie - gorgon lng
130 000 barils par jour. tensions avec la République L’exploitation de cet immense
Total (30 %) y est présent. démocratique du Congo rendent réservoir de gaz destiné au
Les Chinois veulent y entrer. le calendrier aléatoire. marché asiatique débutera
en 2010. Chevron (50 %),

SOURCE L’USINENOUVELLE
ExxonMobil (25 %) et Shell
(25 %) se partagent ce projet
qui produira 20 milliards de
mètres cubes de GNL par an.
PETROBRAS/ITH-REA

atteint 600 bars et la température
y est très basse. Les concentrations
importantes en sulfure d’hydrogène
Unité flottante et en dioxyde de carbone compliquent
de la compagnie encore la tâche. Petrobras déclare
Petrobras, qui ouvertement qu’il aura besoin d’aide.
exploite le gisement Avis aux amateurs. Malgré les incer-
de Tupi, au Brésil. titudes, le brésilien estime que l’ex-
ploitation de l’ante-salifère coûtera
de 30 à 45 dollars par baril. Certains
analystes avancent une fourchette de
60 à 70 dollars par baril.
L’ausTRaLiE À PLEin GaZ
Nom : gorgon lng
Montant : 37 milliards de dollars
Partenaires : chevron (opérateur, 50 %),
exxonmobil (25 %), shell (25 %)
Mise en service : 2014
Production : 20 milliards de mètres cubes
de GNL par an
Réserves : 1 300 milliards de mètres cubes
de gaz naturel
Le pays des kangourous est en passe
de devenir un sérieux concurrent du
Qatar. En 2020, la capacité de pro-
duction de gaz naturel liquéfié (GNL)
pourrait dépasser 108 milliards de
mètres cubes par an, contre 104 mil-
liards au Qatar. La première phase du
gigantesque projet Gorgon prévoit
trois trains de liquéfaction de 6,7 mil-
liards, soit 20 milliards au total, mais
une deuxième phase pourra étendre
la capacité à 34 milliards. Le gaz de
Gorgon est cher, en partie à cause de
la forte teneur Suite page 10 3

L’usine nouveLLe | supplément au n° 3174 | 17 décembre 2009

 10 énergie / environnement

Suite de la page 9 3 en dioxyde de car-
bone des gisements. Le gaz sera
liquéfié sur l’île de Barrow et le CO2
extrait sera injecté à plus de
2 000 mètres sous terre, au rythme de
4,6 milliards de mètres cubes par an.
Chevron, ExxonMobil et Shell ont
voulu s’assurer de la viabilité d’une
telle entreprise, avec la signature
d’accords d’approvisionnement de
long terme, le prix du GNL sur les
marchés spot étant très volatil. Envi-
ron 70 % de la capacité de production
de Gorgon est aujourd’hui contractée.
Il en reste donc 30 % à saisir. La
Chine, la Corée du Sud, l’Inde et le
Japon ont signé des accords d’une
durée allant de 15 à 25 ans.
Gilles Demerliac, directeur des achats groupe chez Technip
LEs PRoMEssEs du Ghana
Nom du projet : Jubilee et projets
similaires
Montant : 3,2 milliards de dollars
à ce stade
Partenaires : tullow est opérateur
avec 35 %, aux côtés de Kosmos energy
(23 %), anadarko (23 %), ghana
national Petroleum corp. (14 %)
Mise en service : second semestre 2010
Production : 240 000 barils de pétrole/jour
et 3 milliards de mètres cubes de gaz/an
Réserves : 1,2 milliard de barils
équivalent pétrole
Avec la mise en service du gisement
de Jubilee (il a été découvert en 2007,
l’année du 50e anniversaire de l’indé-
pendance du pays), le Ghana pourrait
rejoindre la cohorte des dix pays
d’Afrique de l’Ouest exportateurs de
pétrole en 2010. Et ce n’est qu’un
début car Tullow et ses partenaires
multiplient les découvertes au large
des côtes ghanéennes. C’est dans
l’offshore ultraprofond du golfe de
Guinée que ce groupe britannique a
trouvé une nouvelle manne d’huile
légère. Et cela attise les convoitises.
ExxonMobil et la société nationale
ghanéenne GNPC se disputent la
part de 23 % du texan Kosmos
Energy dans ce gisement. Kosmos
indiquait le 5 octobre avoir conclu
un accord « ferme et définitif » avec
ExxonMobil, pour 4 milliards de dol-
lars. Mais depuis, Ghana National
Petroleum Corp aurait réuni les
fonds suffisants pour faire valoir son
droit de préemption.

Technip reste ouvert LE TRioMPhE du QaTaR

Nom : Qatargas 3

à de nouveaux fournisseurs Montant : 2 milliards de dollars

(usine de liquéfaction)
Partenaires : Qatar Petroleum
Quelle est votre vision du marché ? Repart-il ? (70 %), conocoPhillips (30 %)
Nous avons observé un net ralentissement du marché depuis la fin 2008. Mise en service : 2010
Les signes de reprise restent timides malgré les attributions récentes de Production : 10,5 milliards
contrats, principalement au Moyen-Orient. Le plus conséquent concerne la de mètres cubes de GNL par an
raffinerie de Jubail en Arabie saoudite. Le niveau d’activité chez nos Inutile de présenter le mastodonte
fournisseurs reste faible et ceux-ci disposent encore de gros stocks. Nous gazier qu’est le Qatar. Premier expor-
sommes donc toujours clairement dans un marché « acheteur ». tateur de GNL au monde et détenteur
Quelles sont vos attentes vis-à-vis de vos fournisseurs ? de 16 % des réserves gazières mon-
Dans un marché ultracompétitif, nous devons mettre l’accent sur la baisse diales, cet émirat a lancé en septem-
des coûts des projets. Pour les produits les moins technologiques, nous bre, avec un an de retard, le premier
recherchons des fournisseurs dans les pays low cost, c’est-à-dire en Asie et projet GNL intégré : Qatargas 2. Il
dans les pays du Golfe. Pour les projets les plus complexes actuellement en consiste en la liquéfaction de 10,5 mil-
phase d’étude, comme les unités flottantes de GNL ou les plates- liards de mètres cubes par an de gaz
formes en zone arctique, nous travaillons surtout avec les groupes et sa regazéification au terminal gal-
internationaux ayant une grande capacité d’innovation. lois de South Hook, mis en service en
Quelle place pour les PME françaises dans ce contexte ? octobre. La société nationale qatarie
Environ 15 % de nos achats se font auprès d’entreprises françaises. détient 65 % de Qatargas 2 aux côtés
Nous avons dans le groupe environ 3 000 fournisseurs. Sur les 100 d’ExxonMobil (18 %) et de Total
DR

premiers, une douzaine sont français, mais il s’agit essentiellement
de grandes entreprises. Nous travaillons aussi avec de nombreuses
PME françaises capables d’apporter de la technicité à bas
coût, par exemple grâce à des partenariats en pays low cost.
Comment sont organisés les achats de Technip ?
Ils sont décentralisés, avec sept entités régionales
assistées d’une structure transversale comprenant
13 managers, chacun spécialiste d’une ligne de
produits. Nous concentrons tous nos appels d’offres
sur une plate-forme électronique (www.epc-
business.com), où nous échangeons avec des
fournisseurs internationaux. Néanmoins, Technip
développe son sourcing en permanence. .
ProPos recueillis Par s. D.
(17 %). La phase 3, emmenée par
Qatar Petroleum et ConocoPhillips,
devrait aussi glisser et ne démarrer
qu’en 2010, soit avec un an de retard.
Il s’agit du sixième train de liquéfac-
tion du projet Qatargas. Le GNL sera
destiné surtout au marché améri-
cain. Environ 50 % de la capacité de
Qatargas 2 est déjà vendu. Au-delà
se profilent Qatargas 3, 4 et 5,
partiellement contractés (Chiyoda,
Technip, Total, Shell, ExxonMobil…).
Il se passe toujours quelque chose
au Qatar. . stéPhanie Delage

17 décembre 2009 | supplément au n° 3174 | L’usine nouveLLe

 12 énergie / environnement
électricité
Les promesses des réseaux
électriques intelligents
Les “smart grids” – réseaux électriques intelligents – passent du projet à la réalisation.
Il s’agit d’optimiser les réseaux pour diminuer les pertes et favoriser l’utilisation d’énergie décarbonée.
Les mises à jour logicielles et matérielles seront massives dans les prochaines années.
D
e plus en plus complexes !
Qui est Quels que soient les spé-
concerné?
cialistes interrogés, tous
sont d’accord pour dire que
> Les exploitants les réseaux de transport et
de réseaux de distribution d’électricité deman-
électriques
comme RTE, ERDF, dent un pilotage de plus en plus fin.
Elia, National Grid, Outre des besoins énergétiques gran-
Vattenfall… dissants, la principale raison tient à la
> Les producteurs grande variabilité des flux. Les éner-
d’électricité gies renouvelables complexifient le
comme EdF,
Electrabel, délicat équilibre entre production et
GdF Suez… consommation qui, s’il est perturbé,
> Les opérateurs peut entraîner des black-out. Une
alternatifs menace qui s’inscrit sur fond d’in-
comme Voltalis, terconnexion croissante entre les
Direct Energie,
Poweo… réseaux des pays voisins. L’accident
survenu en novembre 2006 sur un
> Les
fournisseurs câble à haute tension en Allemagne
de solutions avait plongé 20 millions d’Européens
comme Areva T & D,
dans le noir ! « Les gouvernements
GE, Schneider
Electric, Siemens… connaissaient l’importance de la pro-
duction d’énergie, mais pas celle de
> Les grands
intégrateurs son transport. La prise de conscience
d’équipements date de quelques années », souligne
de production Gerhard Seyrling, le responsable
électrique comme
Alstom, GE, ABB… innovation chez Areva T & D.
L’Union européenne, avec son pro-
> Les fabricants
de câbles gramme 20/20/20 (20 % d’énergies
comme Nexans, renouvelables, 20 % d’économies
Hew-Kabel… d’énergie, en 2020) va investir mas-
sivement sur ces sujets. De leur côté,
les Etats-Unis ont planifié 7,5 mil-
liards de dollars pour la rénovation
d’un réseau électrique au bord de
l’asphyxie, dont les besoins s’élè-
vent à 2 000 milliards d’euros d’ici à
2030. De nombreux autres pays lan-
cent des programmes analogues : la
65 milliards
de dollars en 2013
Le marché mondial des “smart
grids” devrait atteindre
65 milliards de dollars en 2013,
selon le cabinet Lux Research.
informatique
Outils de pilotage réseau,
systèmes de contrôle-commande,
logiciels dédiés…
électronique
Capteurs de puissance, capteurs
de température, géolocalisation,
compteurs intelligents…
télécoms
Connecteurs, routeurs, fibre…
câbles de nouvelle
conception
A l’avenir, de nouvelles
technologies seront concernées,
notamment les batteries à haute
capacité et les supercapaciteurs.
Chine, l’Australie, la Russie, l’Inde,
etc. Selon le cabinet américain Lux
Research, le marché potentiel des
réseaux intelligents comptera pour
65 milliards de dollars en 2013,
contre environ 42 milliards de dol-
lars en 2008.
Ces milliards ne bénéficieront pas
uniquement aux nouvelles techno-
logies. Dominique Maillard, le pré-
sident de RTE (Réseau de transport
d’électricité), rappelle que « beaucoup
d’acteurs développent des réseaux
17 décembre 2009 | supplément au n° 3174 | L’usine nouveLLe
intelligents sans dire le mot ». « Il ne
faut pas réduire les “smart grids” à la
question de la gestion informatique. Il
s’agit d’interactions entre les réseaux
électriques et informatiques. C’est un
métier de l’électrotechnique », affirme
Gerhard Seyrling. Ils s’appuient sur
trois leviers d’innovation : l’utilisation
de technologies réseaux pour perfec-
tionner le pilotage, l’amélioration des
structures physiques et le dévelop-
pement d’interfaces clients/réseaux,
dans le but d’affiner la gestion de la
consommation.
L’informatique au service
des salles de contrôle
L’informatique permet l’optimisation
des salles de contrôle. Par exemple,
RTE inaugurera à la fin de l’année
son nouvel outil Ipes (Insertion de
la production d’énergie éolienne et
solaire) pour garantir la stabilité de
son réseau. En février 2009, Elia, le
gestionnaire du réseau belge, et RTE
– lesquels, depuis, se sont associés
au britannique National Grid – ont
investi 1 million d’euros pour lancer
la plate-forme Coreso dont le but est
de fournir aux gestionnaires natio-
naux des analyses prévisionnelles
de sécurité. Bull assure la fourniture
du matériel informatique et la gestion
des serveurs. ERDF, la filiale de dis-
tribution d’EdF, envisage le dévelop-
pement du concept de “self healing
networks” (littéralement : réseaux
auto-guérissables). Les réseaux, eux-
mêmes, calculeront des schémas de

réalimentation en cas de panne. Pour
fonctionner, ces outils s’appuient sur
des données de terrain. Les transfor-
mateurs et autres postes de tension
se voient bardés de capteurs intelli-
gents capables d’optimiser la main-
tenance préventive. Les capteurs de
données physiques et de géolocalisa-
tion permettent de repérer plus facile-
ment les points sensibles du réseau.
Areva T & D a fourni des dispositifs
électroniques intelligents à l’institut
américain Electric Power Research
Institute (EPRI) dédié à la protection
à distance, à la protection des trans-
formateurs, à la gestion différentielle
des courants en ligne et à la mesure
de phase.
De puissants réseaux
de communication
Pour être parfaitement exploités,
les capteurs emploient de puissants
réseaux de communication. Por-
tés par de la fibre optique, du CPL
(courant porteur en ligne) ou même
du WiMAX, ils sont tout aussi exi-
geants qu’internet. De nouveaux
acteurs, venus des télécoms, arri-
vent sur ce marché. Cisco a ainsi
créé, le 17 septembre, une division
dédiée. « Il y a plus de nœuds réseaux
sur les réseaux électriques que sur
celui d’internet », s’enthousiasme
L’usine nouveLLe | supplément au n° 3174 | 17 décembre 2009
éNERGIE / ENVIRoNNEmENT 13
des économies d’énergie dans la maison
A l’intérieur de la techniques: compteur applications de loisirs.
maison se cachent aussi intelligent, réseau Sur ce marché en
des gisements filaire ou non, capteurs devenir, les PME
d’économies d’énergie, reliés à ce réseau, innovantes ont une
par la gestion boîtier d’interconnexion carte à jouer (modules
intelligente du pour recevoir des ordres de communication,
chauffage, de envoyés d’un téléphone boîtiers électroniques,
l’éclairage et des mobile (augmenter le développement
appareils informatiques chauffage avant d’applications utilisant
et électroniques. d’arriver chez soi, le protocole sans fil
Concrètement, cela se fermer les volets, etc.). ZigBee…), tout comme
traduit par des besoins Les réseaux pouvant les installateurs, pour
en infrastructures aussi supporter des apporter du conseil.
Laurent Blanchard, vice-président moins avancé, existent déjà en Alle-
de Cisco Europe et directeur général magne, en Italie, au Royaume-Uni,
de Cisco France. Comprendre : il y a en Suède, en Australie, dans plu-
de quoi fournir switchs et routeurs sieurs Etats américains… Ce mar-
en quantité ! ché comptera pour 4,7 milliards de
Au plus près des consommateurs, dollars en 2013, selon Lux Research.
les compteurs intelligents consti- Ces outils permettront entre autres
Salle de contrôle tuent la partie émergée de l’iceberg. de réaliser des effacements diffus. En
EdF du réseau En France, ERDF a déjà programmé cas de pic de consommation, les uti-
électrique le remplacement des 35 millions de lisateurs volontaires autoriseront les
national. Sur compteurs électriques à l’horizon gestionnaires de réseaux à diminuer
l’écran, un 2017, une opération chiffrée à quel- la consommation de certains de leurs
graphique suit
que 4 milliards d’euros. La fabri- équipements (chauffage, machine à
en temps réel
le niveau de la cation des boîtiers a été confiée à laver, etc.) afin de prévenir le besoin
consommation Actaris, Landis+Gyr et Iskraemeco, de sources de production polluante.
électrique en leur déploiement à Steria. Les mêmes L’innovation porte également sur l’in-
France. programmes, à un stade plus ou frastructure. Areva T & D propose des
câbles de transmission d’énergie à
très haute tension en courant continu
(800 000 volts) pour relier à la terre
les futurs champs éoliens offshore
de plusieurs dizaines de gigawatts.
RTE a lancé un programme de test
de câbles à faible dilatation, qui per-
mettent de gagner jusqu’à 50 % d’in-
tensité. L’objectif est de diminuer les
pertes d’énergie entre la production et
la consommation, qui s’élèvent de 5 à
15 % en moyenne, et donc de mieux
ajuster la production à la demande.
Les spécialistes affirment que la
différenciation sur ce marché est la
capacité d’innovation. Areva T & D a
décidé d’investir 250 millions d’euros
en R & D sur quatre ans, uniquement
pour ce type de technologie. En 2009,
GE a dépensé 1,4 milliard de dollars
en R & D pour les énergies propres au
sens large. Gerhard Seyrling le prédit :
PAScAL SITTLER/REA
« L’ultime point de l’innovation, c’est
l’autopilotage des réseaux. » .
ludovic dupin
 14 énergie / environnement

Nucléaire
La bonne fortune du démantèlement
Entreprises de génie civil, de mécanique et de conditionnement de déchets s’activent sur le marché de la
déconstruction d’installations nucléaires. Celui-ci est promis à un bel avenir ces dix prochaines années.

Des occasions à saisir dans toute l’Europe les plus âgés, en particulier ceux de
la génération graphite-gaz, sont déjà
arrêtés. « Nous calons notre rétro-
Installations   planning sur l’ouverture du centre de
à démanteler stockage des déchets de faible activité
d’ici à 2020 à vie longue, promise pour 2019. A
cette échéance, nous pourrons traiter
le bloc réacteur, puisque les déchets
Réacteurs
5 2 qui en seront issus disposeront d’une
Suède filière. D’ici là, on doit traiter l’amont,
de recherche, 3 et il faudra bien dix ans pour cela »,
usines
de fabrication Norvège explique Serge Klaeylé, le directeur
de combustible, 1 Lituanie 4 du Ciden, le Centre d’ingénierie de la
usines de 7 12 Russie déconstruction d’EdF.
retraitement
Royaume-uni Tous les corps de métier de  
l’électromécanique interviennent
Pays-Bas 1 Dans l’immédiat, il y a de multiples
Réacteurs Belgique 1 1 réacteurs de recherche et des usines
de puissance 14 17 2 4 Ukraine de transformation du combustible à
Allemagne traiter. Spie Nucléaire s’en est fait une
Slovaquie
17 9 spécialité. Cette entreprise (150 mil-
lions d’euros de chiffre d’affaires en
France 2 Bulgarie 2008, avec 1 500 salariés) affiche une
5 4 Arménie 1 croissance de 10 à 20 % par an. « Le
5 1 Italie démantèlement fait intervenir tous
Espagne les corps de métier de l’électromé-
canique. Nous les avons réunis en
une prestation clés en main hors
génie civil », précise David Guillon,
source : OCDE / NEA
l’un des responsables de ce marché
chez Spie. Le cas échéant, l’entre-

T
Réacteurs deaprès
rente ans recherche,
son déploie-usines de fabrication
ment en Europe, le parc
Pour en de combustible, usines de retraitement
nucléaire a vieilli. Pour les
savoir plus  géants du génie civil, les
> Rapport   Réacteurs de puissance
spécialistes de la roboti-
de la Cour   que en milieu hostile et les décou-
des comptes 
www.ccomptes.fr peurs de tuyauterie industrielle, un
> Rapport de
fabuleux marché s’ouvre. D’après
l’Autorité de sûreté la Commission européenne, 50 à
nucléaire 60 réacteurs sur les 157 en service
www.asn.fr dans l’Union devraient être déman-
telés à l’horizon 2025. Sachant que
le coût par réacteur est évalué à 10
ou 15 % de l’investissement initial,
les sommes en jeu sont énormes. La
Cour des comptes les chiffre entre 20
et 39 milliards d’euros pour le seul
parc français. Le démantèlement de
la centrale de Brennilis (Finistère) a
déjà coûté 482 millions d’euros alors
que le niveau 3 – la dénucléarisation
totale – n’a pas débuté.
Le gros du marché hexagonal, ce
seront les centrales EdF, même si les
pouvoirs publics décidaient de pro-
longer leur exploitation. Les premiers
chantiers ont d’ores et déjà com-
mencé. Les réacteurs de puissance
prise s’associe avec un spécialiste
du génie civil. Car, avant de décons-
truire, il faut construire : ateliers de
découpe, stations de traitement d’ef-
fluents, bâtiments d’entreposage de
déchets, etc.
Traditionnellement, les appels d’of-
fres sont fragmentés en plusieurs
lots. Le démontage d’un réacteur de
puissance, par exemple à la centrale
de Chooz A (Ardennes), donne lieu
à la passation de 8 ou 10 marchés.
« Comptez 6 à 10 millions d’euros
pour un lot moyen, 20 à 70 millions
pour un gros contrat intégré », calcule

17 décembre 2009 | supplément au N° 3174 | L’usine nouvelle


Philippe Gros-Gean, le directeur du
développement d’Onet Techno-
logies, société marseillaise qui a
gagné trois contrats de démantèle-
ment pour EdF en février. En France,
« un noyau d’une vingtaine de socié-
tés » est concerné, selon Jean-Pierre
Rozain, le directeur du patrimoine et
de l’assainissement du CEA, maître
d’ouvrage de cinq grands chantiers de
démantèlement en France.
Outre Spie Nucléaire et Onet, on
compte Vinci et sa nouvelle entité
Nuvia. Et, naturellement, Areva, qui
a la particularité d’être à la fois maître
d’ouvrage, maître d’œuvre – comme
c’est le cas avec l’usine de retraite-
ment UP2 de La Hague (Manche) –, et
prestataire, par exemple à Marcoule
(Gard), pour le CEA. Areva a mis sur
pied une branche ad hoc nommée
« valorisation des sites nucléaires »
(350 millions d’euros de chiffre d’af-
faires en 2008). Le marché français
commence à intéresser quelques
entreprises étrangères. Comme le
britannique VT Nuclear Services,
qui participe au démantèlement de la
centrale d’Ignalina, en Lituanie, et à
celle de Bohunice, en Slovaquie, deux
sites équipés de réacteurs russes, qui
sont parmi les plus gros marchés du
genre en Europe.
Une spécificité française
En France, les marchés liés aux activi-
tés de recherche du CEA exigent une
grande technicité. C’est le cas pour la
cuve du réacteur de recherche Siloé
à Grenoble (Isère), le réacteur à neu-
trons rapides Rapsodie de Cadarache
(Bouches-du-Rhône) et le réacteur
Phénix à Marcoule. Parmi les autres
« oiseaux rares », on compte aussi
l’ex-usine de retraitement UP1, qui
pèse à elle seule les deux tiers du
budget déconstruction du CEA, et
bien sûr Superphénix à Creys-Mal-
ville (Isère). Ou encore les boîtes à
gants du site qui confectionnait du
énergie / environnement 15
Six grands types de prestations
Un démantèlement type représente 10 à 15 %
du coût du réacteur à sa construction, soit environ
500 millions d’euros.
Dans un chantier, on distingue six lots de travaux :
• Réacteur et cuve : 35 à 40 % du coût
• Salle des machines : 20 à 25 %
• Ingénierie, études : 15 à 20 %
• Génie civil : 3 à 12 %
• Robotique, visionique : 4 à 6 %
• Assainissement, conditionnement de déchets : 5 à 10 %
Source : Ciden
Mox à Cadarache, à l’origine d’une
récente polémique sur les quantités
de plutonium résiduel, largement
sous-estimées. « Nous n’imposons
pas de technologie mais un résultat »,
précise Serge Klaeylé, chez EdF.
Pour tous les acteurs, l’avance prise
sera déterminante pour gagner
sa place sur les gros marchés de
demain. .Guillaume Maincent
 16 éneRgie / enviRonnement

Biomasse
Une filière entière à construire
La prochaine vague d’appels à projets pour la production de chaleur par utilisation de la biomasse
devrait générer des dizaines de millions d’euros d’investissement.

S
i vous avez raté le dernier,
Qui en vous pouvez retenter votre
chance ! Un nouvel appel à
profite? projet biomasse a été lancé
> Les chaudiéristes le 19 octobre par l’Ademe, et
> Les spécialistes devrait être renouvelé l’an prochain.
du traitement Dans le cadre du plan chaleur, issu
des fumées
du Grenelle, l’agence a été dotée de
> Les entreprises 1 milliard d’euros pour subvention-
de collecte
et transport ner des projets de production de cha-
leur, notamment à partir de biomasse
> Les forestiers,
les scieries, (bois, déchets agricoles…). Le gouver-
l’agro-industrie, nement compte développer l’usage
les gestionnaires d’une ressource plutôt abondante. La
de réseau
France abrite en effet le plus impor-

de chaleur
tant stock européen de bois sur pied,
Pour des
informations pouvant être transformé en électri-
complémentaires cité ou en chaleur. Une matière pre-
sur les critères mière qui peut être complétée par
de candidature
www.ademe.fr/ des déchets (fractions organiques de
fondschaleur paille, marc de raisin…).
Attention ! En 2007, la biomasse représentait
Date limite de 71 % de la production de chaleur
remise des dossiers renouvelable en France et 5 % de la
31 mars
pour le prochain consommation d’énergie finale. Mais
appel d’offres. sa contribution doit doubler d’ici à
2020 si la France veut suivre sa feuille
de route en matière de développement
des énergies renouvelables. Depuis
2005, trois appels d’offres pour déve-
lopper la filière biomasse de produc-
tion d’électricité ont été lancés, des
Saint-Denis passe au bois
Dès 2011, deux chaudières biomasse de 8 MW chacune
chaufferont l’équivalent de 36000 logements et
fourniront, en été, toute l’eau chaude sanitaire de la
ville de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Montant de
l’investissement: environ 13 millions d’euros. Les
chaudières seront fournies par Weiss France. L’entreprise
qui réalisera le génie civil n’a pas encore été choisie.
Pour ce projet, l’Etat via l’Ademe a offert 2 millions d’euros
de subvention à Saint-Denis, soit 15% du budget total.
Les 40000 tonnes de plaquettes forestières nécessaires
proviendront d’Ile de France et de Picardie.
Stock de biomasse de l’unite de séchage de sciure de l’usine EO2, en Auvergne.
dizaines d’entreprises en ont profité :
Tembec, Dalkia, Saipol, etc. Mais ces
projets sont lents à monter. La bio-
masse est moins accessible que le vent
ou le soleil. «Il ne s’agit pas de ramas-
ser les déchets forestiers ou agricoles»,
prévient Pierre Ducray, le secrétaire
général de l’association France Bio-
masse Energie. Il faut mettre en réseau
les gestionnaires de ressources et les
exploitants d’unités énergétiques, afin
de créer des filières d’approvisionne-
ment durables. Et éviter les conflits
d’usage (chauffer ou nourrir). Résul-
tat, le premier appel d’offres lancé en
2005 a fait un flop. Seuls quatre des
quatorze projets agréés ont vu le jour.
Surtout, la taille moyenne des premiè-
res unités – 10 à 20 MW – était trop
importante : une unité de 20 MW
nécessite 400 000 tonnes de plaquet-
tes forestières par an.
Pour la chaleur, le principe est diffé-
rent. Même si la taille minimale légale
des projets est de 1 000 tonnes équiva-
lent pétrole (tep), les quantités à mobi-
liser sont moindres. L’appel qui vient
de se conclure a privilégié des usages
RichARD DAMORET/REA
de bois dans le Sud-Ouest, touché par
la tempête Klaus en janvier 2009. Six
projets en Aquitaine et Midi-Pyré-
nées exploiteront ainsi, sur dix ans,
470 000 tonnes de plaquettes fores-
tières. Les projets utilisant au moins
50 % de bois chablis pourront encore
bénéficier d’une aide bonifiée.
Le tertiaire, grand absent
Sur la première vague de projets cha-
leur, 31 ont été retenus sur 37, pour
une production énergétique totale
de 145 400 tep par an. L’aide appor-
tée par l’Ademe a été en moyenne
de 417 euros par tep. Le prochain
appel d’offres devrait représenter
175 000 tep. L’industrie agroalimen-
taire s’est bien placée avec 17 projets
financés (60 % des financements).
Ainsi Roquette, la laiterie Triballat,
le groupe Mont Blanc font partie des
bénéficiaires. Grand absent en revan-
che : le tertiaire. Or, le gouvernement
veut mettre l’accent sur les bureaux,
les logements, les établissements
recevant du public… Des pistes à pri-
vilégier. . AgAthe Remoué

17 décembre 2009 | supplément au n° 3174 | L’uSine nouveLLe

 18 éNErgIE / ENvIrONNEmENt
à SAISIr
Eau pure
en Seine-Normandie
Pas moins de 9 milliards d’euros
d’investissement et subventions
sur 2010-2015 : le nouveau
schéma directeur d’aménagement
et de gestion des eaux du bassin
Seine-Normandie prévoit ainsi
200 interventions techniques
et réglementaires. Il comprend
l’assainissement des collectivités
(61%), la lutte contre les pollutions
agricoles (23 %), la qualité
physique des milieux aquatiques
(10 %) et la lutte contre les
pollutions industrielles (5 %).
Tous les documents d’urbanisme
devront être compatibles avec
le schéma directeur.
Incinérateurs en forme
L’Europe est le premier marché
de transformation des déchets
en énergie, selon Frost &
Sullivan. En 2008, 429 usines
d’incinération y ont été
recensées (France et Allemagne
en tête), générant un chiffre
d’affaires de 3,1 milliards d’euros.
Avec l’interdiction de mise
en décharge des déchets et des
objectifs de valorisation revus
à la hausse, de nouvelles unités
d’incinération devraient voir
le jour ces prochaines années.
De l’énergie verte
pour l’Afrique
Six pays africains - l’Afrique du Sud,
l’Egypte, le Maroc, le Mozambique,
le Niger et la Zambie - vont recevoir
1,1 milliard de dollars en dons
et prêts pour développer
les énergies renouvelables.
Un consortium de banques
mené par la Banque mondiale
en assurera le financement.
L’Afrique du Sud bénéficiera ainsi
de 500 millions de dollars pour
produire 4% d’électricité à partir de
sources renouvelables d’ici à 2013,
améliorer son efficacité énergétique
de 12% d’ici à 2015 et équiper 1
million de foyers en chauffe-eau
solaires dans les cinq ans à venir.
nucléaire
La relance de l’atome britannique
e
n rachetant British Energy
en 2008, EdF a mis la main
sur un parc de production
vétuste, mais c’est surtout
pour participer à la relance de l’atome
qu’il a fait cette acquisition. Londres
envisage en effet dix nouveaux
réacteurs à partir de 2017. Début
novembre, le gouvernement a désigné
les dix sites retenus. Sept ont déjà
JIrI rEZAc/rEA
abrité des installations nucléaires, dont
trois en Cumbria, près de l’usine de
retraitement de Sellafield (BNFL).
Un site de British Energy, à Dungeness La centrale tailles, depuis l’îlot nucléaire jusqu’aux
(Kent), a, lui, été écarté pour des raisons électrique de petites fournitures », explique Robert
environnementales. Mais le groupe British Energy à Pays, directeur adjoint de l’ingénierie
français, allié pour 20 % au britannique Hartlepool, sur nucléaire chez EdF. Encore faut-il être
Centrica, va pouvoir passer en phase laquelle doit sur place. C’est ce qu’a fait, par exemple
être construit
active sur ses quatre autres sites. Les fin octobre, Eiffage, en s’associant au
un nouveau
équipementiers français entendent bien réacteur. groupe Carillion. Les allemands E.ON
s’engouffrer dans la brèche. « Il y aura et RWE veulent, eux, investir
2 000 emplois sur chaque tranche et 16,7 milliards d’euros sur ce marché. .
150 contrats à passer. Des lots de toutes PIErrE-OlIvIEr rOUAUD
transport de gaz
GRTgaz modernise à grands frais
Le gestionnaire du réseau français de transport de de compression. « Les lots les plus importants
gaz prévoit d’investir 6,5 milliards d’euros sur la sont l’achat des tuyaux en acier, la pose et la
période 2009-2018. Ce plan décennal a été révisé modernisation des stations de compression »,
à la hausse : l’an dernier, le transporteur, filiale note Jean-François Lechat, le directeur technique.
de GdF Suez, prévoyait 5 milliards d’euros sur GRTgaz s’appuiera sur Converteam, Thermodyn,
2008-2017. Les investissements seront consacrés Cegelec et Ineo pour les marchés liés à la
à l’amélioration du réseau, au renforcement compression ; sur Spie-Capag, Spac, Denyes
des interconnexions aux frontières terrestres et Ghizzoni pour la pose de canalisations.
ou maritimes et à la modernisation des stations Mais il reste ouvert à d’autres offres. .
équipements
Contrats au Kazakhstan, emplois en France
Un montant de 1,2 milliard Azerbaïdjan. Le consortium groupes français vont faire
d’euros, c’est ce qui reviendra emmené par Spie-Capag en affaire au Kazakhstan. Areva
aux entreprises françaises attend des emplois directs. va produire et commercialiser
dans le cadre d’un protocole Le fabricant dunkerquois du combustible nucléaire avec
d’accord signé début octobre de tôles GTS Industries, par la société Kazatomprom. GdF
avec le Kazakhstan. Le pré- exemple, recevra une charge Suez et Total vont racheter la
contrat – sur un total possible de travail équivalente à moitié des parts de la société
de 2 milliards – porte sur la six mois pour 600 salariés. d’Etat KazMunaiGaz dans le
construction et la pose d’un Le « pool France » compte champ gazier de Khvalinskoye,
oléoduc reliant le champ aussi les fabricants de tubes détenue en majorité par le
pétrolier de Kashagan, en Mannesmann France, Europipe russe Loukoil, pour 1 milliard
mer Caspienne, à Bakou, en et ArcelorMittal. D’autres d’euros. .
17 décembre 2009 | supplément au n° 3174 | L’usine nouveLLe
 éNErgIE / ENvIroNNEMENT 19

renouvelables Patrice
Le Maroc Fonlladosa
passe au vert directeur général
de veolia Water AMI
Déjà deuxième pays africain après
(Afrique, Moyen-
l’Afrique du Sud en matière de
mécanismes de développement propre, orient, sous-
le Maroc se veut aux continent indien)
avant-postes de l’économie verte.
A la clé, des milliards d’euros
d’investissement dans l’énergie,
les services collectifs ou l’efficacité
énergétique, avec la mise aux
normes environnementales de
bâtiments publics, notamment les
écoles. Début novembre, le roi
Mohammed VI a officialisé un
projet de production d’énergie

“Dans l’eau, il reste de la place

solaire d’une capacité de 2 000 MW
pour 9 milliards d’euros. Ce projet
est réparti entre cinq sites et s’étale

pour des technologies pointues”

jusqu’en 2020. Dans l’éolien, le
royaume prévoit d’investir près de
2 milliards d’euros d’ici à 2012 pour
une capacité de 1 400 MW. Quant au
traitement des déchets et de l’eau, le Les marchés au Moyen-Orient dans le Maharashtra, qui compte
pays va consacrer 9 milliards d’euros semblent moins porteurs. Où en 2 millions d’habitants. Nous serons
(5 pour la gestion des déchets, sont les perspectives de croissance ? sur les rangs des appels d’offres.
4 pour le traitement de l’eau et C’est vrai que beaucoup de Sur ce genre de projets, pouvez-
l’assainissement) d’ici à 2020. Pour projets ont été retardés ou découpés vous emmener des PME françaises
mener à bien ce dernier chantier, la en plusieurs phases. Le marché dans votre sillage ?
construction de stations d’épuration le plus actif du moment est Dans cet univers de très haute
est prévue dans 330 villes. . l’assainissement. Notamment technologie, la préférence nationale
en Arabie saoudite. L’Etat n’est en général pas la règle.
prévoit d’investir des dizaines Les maîtres d’ouvrage souhaitent
hydraulique de milliards de dollars les meilleures technologies,
pour améliorer l’état parfois durables et au meilleur coût !
L’Algérie améliore déplorable de ses villes. Pour les pompes, la robinetterie,

ses infrastructures A Abou Dhabi et au Qatar, l’heure

est davantage à la prise de
Les relations bilatérales ne sont pas conscience du coût de l’eau. Nous
au beau fixe. Il n’empêche, l’Algérie allons y augmenter les capacités
prévoit d’investir 15 milliards de dollars des usines de dessalement, et
dans des infrastructures liées à mettre en place la réutilisation
l’eau d’ici à 2014. C’est, du moins, d’eau post-station d’épuration,
la promesse du ministre algérien pour l’arrosage. Une autre
des Ressources en eau, Abdelmalek excellente nouvelle : le marché
Sellal. Cette somme sera destinée indien s’ouvre enfin, après dix ans
à l’amélioration de la fourniture d’efforts et de projets pilotes,
et de la qualité de l’eau. Quelque notamment au Karnataka. Tout
19 barrages et 15 stations de y est à faire ! L’Etat a compris le
dessalement devraient être construits risque économique et sanitaire
et le réseau de distribution sera de l’urbanisation galopante. Il a
optimisé. Ces marchés s’adresseront dégagé un budget et financera à
à des entreprises algériennes. Les 70 % des projets municipaux
besoins technologiques laisseront d’approvisionnement en eau
toutefois la place à des partenariats potable. Cinquante villes sont
avec des acteurs étrangers. . déjà sur les rangs, comme Nagpur,
dr
les joints… à condition d’avoir des
technologies un peu spéciales,
des alliages particuliers, les PME
françaises ont toute leur place.
Peuvent-elles y aller seules
ou doivent-elles être dans la roue
d’un grand groupe ?
Y aller seul, c’est très difficile.
Cela demande du temps, un
investissement important. Qu’elles
restent plutôt à l’affût des appels
d’offres des constructeurs.
Les postes d’expansion économique
et les ambassades sont un canal
d’aide à ne pas négliger. Désormais,
les équipes en place sont très
actives sur ces questions.
Elles connaissent bien les marchés
et les appels d’offres à venir. .
PrOPOS rEcUEIllIS PAr AgAthE rEmOUé

L’usine nouveLLe | supplément au n° 3174 | 17 décembre 2009

 20
aménagement
PHOTOPQR/L’ALSACE/JEAn BECkER
travaux publics
Les grands chantiers
de la France
Aéroport, canal, lignes ferroviaires à grande vitesse, ports et universités… Le plan de relance
est l’occasion d’un saut en matière d’investissement public. Autant d’occasions à saisir.
C
es prochaines années, les
grands programmes d’in-
vestissement de l’Etat et
des collectivités locales,
secondés, le cas échéant,
par des partenaires privés, permet-
tront au site France de maintenir un
de ses principaux atouts. A savoir
des infrastructures de transport de
qualité et une main-d’œuvre bien
formée. Les engagements du Gre-
nelle de l’environnement et les prio-
rités du plan de relance se combinent
pour offrir de nouvelles opportunités
aux secteurs du BTP, du ferroviaire,
aux ingénieristes et aux construc-
teurs de machines. Mais aussi aux
entreprises de secteurs en difficulté
soucieuses de diversifier leur acti-
vité. A ces cinq « zooms », il convien-
17 décembre 2009 | supplément au n° 3174 | L’usine nouveLLe
A l’image de la ligne
à grande vitesse
Rhin-Rhône,
les investissements
ferroviaires vont
rester soutenus
en 2010 et au-delà.
drait d’ajouter les chantiers futurs
du Grand Paris en débat au Parle-
ment avec le projet de métro péri-
phérique. Mais aussi ceux de tous
les nouveaux quartiers et zones d’ac-
tivité en cours de réalisation ou en
projet un peu partout dans l’Hexa-
gone. Sans compter les effets du
grand emprunt. .
pascal gateaud, avec la rédaction
 AMÉnAGEMEnT 21

LE CANAL SEINE-NORD
Les investissements à venir POUR DÉSENGORGER LA ROUTE
Chaînon manquant entre les bassins de la Seine
et du nord-Pas-de-Calais, le canal Seine-nord
Europe, long de 106 kilomètres, doit être
UN AÉROPORT POUR LE GRAND OUEST mis en service en 2015, entre Compiègne (Oise)
L’aéroport de notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) et Aubencheul-au-Bac (nord). La voie d’eau,
doit ouvrir en 2016, malgré les oppositions locales. large de 54 mètres, accueillera des barges de
L’investissement est estimé à 580 millions d’euros. 4 000 tonnes. La moitié de l’investissement,
Bâtiments, automatismes, énergie, convoyage… Tout est à faire. estimé à 4,2 milliards d’euros, sera financée par
Situé à une vingtaine de kilomètres au nord de nantes, un partenariat public-privé. Quatre plates-formes
il remplacera l’aéroport actuel, enclavé à l’ouest de la Dunkerque multimodales d’activités seront aménagées
ville. Le groupement chargé de sa construction et de sa concession sous la responsabilité des collectivités locales
sur 55 ans sera choisi début 2010 parmi les trois candidats Lille le long du canal. Les objectifs de trafic sont
encore en lice : Taranis (conduit par SnC Lavallin, avec Albertis de 13 à 16 millions de tonnes en 2020.
et Fayat), Vinci (avec Cife, ETPO et la chambre de commerce Aubencheul-au-Bac
et d’industrie de nantes) et Amera (composé Le Havre Rouen
des groupes Bouygues, Colas, Macquarie, Canal Seine-Nord
Europe LGV Est-
de la Caisse des dépôts et de la CCI). européenne
Caen Compiègne Lorraine (phase 2)
LGV vers
la Normandie Paris Baudricourt
LGV Bretagne-
Pays-de-la-Loire
Rennes Strasbourg
• Paris intra-muros
Notre-Dame-des-Landes Le Mans • Condorcet Paris-Aubervilliers
• Saclay
Tours

Nantes -
Saint-Nazaire La Rochelle

UNE DIZAINE DE CAMPUS LGV Sud-Europe

TRANSFORMÉS Atlantique Lyon
Angoulême
Lancé en février 2008, le plan
Campus est le plus important
programme universitaire
depuis le plan U3M (Université du Grenoble
troisième millénaire) de la fin des années
1990. Il doit permettre de répondre Bordeaux
aux nouveaux besoins des universités Contournement
et d’absorber le trop-plein d’étudiants, de Nîmes
mais aussi de rénover un parc de locaux et Montpellier Nîmes
vétustes. Une dizaine de campus feront Aix-
l’objet d’un effort budgétaire de l’Etat Marseille
de 5 milliards d’euros. Dans le cadre du Toulouse
Montpellier
plan de relance, les universités de Lille et
de la Lorraine bénéficient aussi de cette
opération. Les premiers appels d’offres Marseille
seront lancés en septembre 2010 pour les SOURCE L’USInE nOUVELLE

partenaires privés. Les travaux devraient

débuter en 2012, avec livraison en 2015.
UNE NOUVELLE DONNE DANS LES PORTS
La réforme, destinée à améliorer la compétitivité des grands ports français,
se traduit par le transfert de la manutention (personnel et outillage) à
des entreprises privées. Les sept ports autonomes, rebaptisés grands ports
maritimes, ont chacun adopté un projet stratégique qui s’accompagne
d’investissements importants sur la période 2009-2013. Soit environ 2,5 milliards
d’euros : 700 millions au Havre (Seine-Maritime), 600 millions à Marseille (Bouches-
du-Rhône), 368 millions à Dunkerque (nord), 350 millions à Rouen (Seine-Maritime),
300 millions à Saint-nazaire (Loire-Atlantique), 98 millions à Bordeaux (Gironde) et
50,5 millions à La Rochelle (Charente-Maritime).
QUATRE AUTRES LIGNES À GRANDE VITESSE
Le plan de relance a confirmé la construction, d’ici à
2020, de quatre lignes de chemins de fer à grande
vitesse (LGV), dans les cartons depuis longtemps. Il
reste encore à boucler les tours de table financiers. La plus
avancée, la deuxième phase du TGV Est, entre Baudricourt
(Vosges) et Strasbourg, coûtera 2,1 milliards d’euros. Seront
aussi réalisées la LGV Sud-Atlantique Tours-Bordeaux
(7,2 milliards d’euros), la LGV de contournement de nîmes-
Montpellier (1,6 milliard d’euros) et la LGV Bretagne-Pays-
de-la-Loire Le Mans-Rennes (1,6 milliard d’euros). Une autre
ligne est prévue dans le cadre du Grand Paris, entre la capitale
et Le Havre, avec une bifurcation vers Caen.

L’usine nouveLLe | supplément au n° 3174 | 17 décembre 2009

 22 Aménagement

Jeux Olympiques, Coupes du Monde, Expos…

Savoir profiter
des événements planétaires
Les manifestations sportives ou culturelles de dimension mondiale offrent des milliards d’euros
d’affaires à saisir. Mieux vaut pour cela s’assurer un pied-à-terre dans le pays d’accueil
avec une filiale ou un partenaire. Et partir tôt.

I
ls auront lieu en août 2016 mais manifestations. La question étant de appel d’offres est publié, les organi-
Pour en c’est le moment de s’y intéresser. savoir comment aborder ces marchés sateurs ont souvent déjà sondé les
Au menu des premiers jeux un peu particuliers. fournisseurs potentiels, voire rédigé
savoir plus Olympiques du Brésil : 12 mil- En la matière, la solution la plus évi- l’appel d’offres pour en favoriser cer-
sur les liards d’euros d’investissement dente est une candidature directe tains. D’où l’importance de se tourner
opportunités prévus, à se partager entre entrepri- auprès des organisateurs. Certains bien à l’avance vers les missions éco-
de marché ses du BTP, du ferroviaire, des réseaux mettent en ligne des sites d’appels nomiques Ubifrance présentes dans
> Londres 2012 d’énergie, du contrôle d’accès, de la d’offres. C’est le cas par exemple pour 44 pays, ou les consultants privés.
www.competefor. signalétique ou du catering. le comité des JO d’hiver de Vancouver « C’est difficile pour une PME de pré-
com La vingtième édition de la Coupe du (www.2010commercecentre.gov.bc.ca) tendre à un marché quand on ne
> Sotchi 2014  monde de football, en 2014, a, elle, ou le comité d’organisation de Lon- connaît personne », confie Bruno
www.sc- déjà permis à Alstom Transport de dres 2012 (www.competefor.com). « Si Moreau, le PDG de la société ASK,
olympstroy.ru/en/
contest/current_ décrocher un contrat de 140 millions le site a le mérite d’exister, il n’est pas spécialisée dans les technologies sans
competitions d’euros pour la construction à Brasi- vraiment efficace pour décrocher un contact. Après avoir décroché plu-
> Les missions lia du premier tramway moderne du contrat », estime-t-on chez Ubifrance. sieurs grands contrats, notamment à
économiques continent. Un exemple des affaires En effet, ce système peut être utile en Pékin en 2008 pour les 14 millions de
d’Ubifrance que peuvent générer les grandes matière d’information, mais lorsqu’un tickets des JO, grâce à un partenaire
à l’étranger 
www.missioneco.
org
> Une journée Le calendrier des sept prochaines années
« acheteurs »
sera organisée Lieu Dates Budget
en juin 2010
par Ubifrance Jeux olympiques d’hiver 2010 Vancouver (Canada) 12 au 28 février 1,5 milliard d’euros
à Moscou
concernant Coupe du monde Afrique du Sud 11 juin au 11 juillet 3 milliards d’euros
les JO de Sotchi. de football 2010
Exposition universelle Shanghai (Chine) 1er mai au 31 octobre 1 milliard d’euros
de Shanghai 2010
Coupe du monde de rugby 2011 Nouvelle-Zélande 9 septembre au 23 octobre 1 milliard d’euros
Exposition internationale Corée du Sud 12 mai au 12 août 1 milliard d’euros
de Yeosu 2012
Jeux Olympiques d’été 2012 Londres (Grande-Bretagne) 26 juillet au 12 août 12 milliards d’euros
Coupe du monde Brésil Eté 2014 ND
de football 2014
Jeux olympiques d’hiver 2014 Sotchi (Russie) 7 au 23 février 10 milliards d’euros
Exposition universelle Milan (Italie) Printemps-été ND
de Milan 2015
Jeux olympiques d’été 2016 Rio de Janeiro (Brésil) Du 5 au 21 août 12 milliards d’euros
ND : Non disponible / Source : organisateurs et Ubifrance

17 décembre 2009 | supplément au N° 3174 | L’usine nouvelle


chinois, cette société niçoise de
30 millions d’euros de chiffre d’affai-
res a décidé de candidater seule pour
Londres, forte de sa notoriété sur la
carte magnétique du métro de la capi-
tale britannique.
Des cellules de prospection
mises en place
Car la réputation acquise lors de pré-
cédents événements est une bonne
carte de visite. « Nous avons battu
des records de performances sur
Pékin, en réussissant à terminer deux
systèmes de signalisation avec deux
mois d’avance sur les 24 prévus », se
félicite Marc Amblard, le vice-prési-
dent d’Alstom Transport, qui y voit
une excellente référence pour les pro-
chaines manifestations du genre.
Pour aborder ces grands événements,
certains groupes mettent en place des
cellules de prospection. C’est le cas
L’usine nouvelle | supplément au N° 3174 | 17 décembre 2009
de Doublet SA, le spécialiste de la
signalétique et de la décoration, qui
a créé une division commerciale de
11 personnes depuis la Coupe du
monde de football de 1998. En la
matière, les Français accusent un cer-
tain retard. Bouygues Construction et
Alstom Transport par exemple ne
jugent pas ce genre de marchés très
« différents » des autres. Il en va tout
autrement pour Siemens. A Munich,
ce groupe fait travailler en perma-
nence une équipe dédiée de quelques
personnes, menée par un dirigeant
rompu aux marchés internationaux.
L’approche est quasi scientifique. Sur
chaque événement, Siemens estime
d’abord la valeur totale du marché,
puis la part qui correspond aux
métiers sur lesquels il est présent et
se fixe enfin un objectif de parts de
marché. C’est ainsi que le groupe
allemand a fonctionné pour la Coupe
aménagement 23
Vancouver
fait sa promo
Les jeux Olympiques, c’est surtout
une belle occasion pour les villes
d’organiser leur promotion.
Vancouver, où débuteront en février
les Jeux d’hiver, l’a bien compris.
La ville va inviter pendant 4 jours
une cinquantaine d’entreprises
du monde entier à assister aux
épreuves sportives tous frais payés !
Son but : les inciter à investir
dans la troisième cité du Canada,
et première de la Colombie
britannique (2 millions d’habitants).
« Les besoins en infrastructures,
biotechnologies, traitement des
déchets et énergies renouvelables
sont énormes. La ville veut réduire
de 33 % ses émissions de gaz à
effets de serre entre 2007 et 2020 »,
note Bernard Schillès, le PDG
du consultant Corvalis, qui traque
les candidats français. Et espère
qu’au moins cinq groupes tricolores
pourront faire partie de cet échange.
Pour en savoir plus :
info@corvalis.com.
La liste des opportunités
en Colombie britannique
Jonathan Hayward/AP/SIPA
est disponible sur :
http://www.partnershipsbc.ca/files/
projects.html
du monde de football en Afrique du
Sud. Un événement qui s’est soldé
par 1 milliard d’euros de prises de
commandes dans différents domai-
nes (éclairage, production et gestion
de l’énergie…).
Quoi qu’il en soit, pour décrocher un
marché, mieux vaut s’assurer d’un
pied-à-terre dans le pays d’accueil.
Différentes options sont possibles, à
commencer par l’alliance avec une
entreprise locale. C’est le choix fait
par Bouygues Construction pour la
Coupe du monde de football 2010 en
Afrique du Sud. Le groupe de BTP
a signé un contrat de 70 millions
d’euros pour construire un stade de
46 000 places, en s’appuyant sur son
allié local de longue date, Basil
Read. Même démarche concernant
les JO d’hiver de Sotchi en 2014 pour
Johnson Controls Neige (lire
page 24), une société Suite page 24 3
 24 aménagement

Sotchi 2014 : les Français sur des pistes brumeuses

« C’est le plus grand défi de l’histoire
de l’olympisme d’hiver ! », estime l’ancien
champion olympique Jean-Claude Killy,
président de la Commission de
coordination des JO d’hiver de Sotchi 2014.
Car tout est à construire sur cette bande
côtière à l’extrême-sud de la Russie. Les
investissements devraient dépasser
ITAR-TASS
la signature de contrats, la mission économique
d’Ubifrance en Russie organisera en juin 2010 une
« rencontre acheteurs » à Moscou et à Sotchi. En attendant,
certains ont déjà pu décrocher des marchés. Le
constructeur grenoblois de remontées mécaniques Poma
(250 millions d’euros de chiffre d’affaires) a gagné
la construction de trois télécabines et un télésiège, pour
environ 16 millions d’euros. Le savoyard Montagne Neige

10 milliards d’euros, contre 1,5 milliard
habituellement pour les JO d’hiver.
D’énormes Attention toutefois, les conditions d’accès à ces marchés
investissements sont complexes. « Il y a un manque de transparence
sont attendus pour sur les appels d’offres. Les attributions ne se font pas
les JO d’hiver 2014 ouvertement. Le comité d’organisation Olympstroy est géré
à Sotchi en Russie. par l’Etat russe », confient des observateurs. Pour faciliter
Développement (MND) fournira des détecteurs d’avalanches
et des filets de protection pour 10 millions d’euros, tandis
que Johnson Controls Neige livrera des équipements
et des machines à neige pour 4 millions d’euros. Alstom
Transport, qui détient 25 % du constructeur ferroviaire
russe TMH, attend les résultats d’un appel d’offres pour
la fourniture de matériels roulants.

Suite de la page 23 3 spécialisée dans
l’enneigement artificiel, qui emploie
100 personnes et réalise 40 millions
d’euros de chiffre d’affaires à partir
de son siège de Dardilly (Rhône). Elle
a décroché un contrat de 4 millions
d’euros pour des équipements d’en-
neigement à Sotchi. « Un partenaire
local est indispensable pour avoir un
bon contact avec les interlocuteurs
russes, à la fois pour des questions
culturelles et linguistiques, mais
aussi pour décrypter les rouages
locaux et les articulations entre les
acteurs publics et privés », explique
Marc Rougeaux, le responsable du
marketing de cette filiale du groupe
américain Johnson Controls.

17 décembre 2009 | supplément au N° 3174 | L’usine nouvelle


Mais attention, les alliances compor-
tent aussi des risques. Mieux vaut
s’assurer que le partenaire ne repren-
ne pas ensuite à son compte son
savoir-faire et sa technologie !
Hydrostadium, filiale d’EdF basée à
Annecy (Haute-Savoie), qui a notam-
ment conçu le stade d’eau vive des JO
de Pékin 2008, vient d’en faire l’ex-
périence à ses dépens. Son associé
australien à Sydney en 2000 est
devenu son principal concurrent sur
l’appel d’offres du parc d’eau pour les
JO d’été de Londres en 2012 !
L’autre moyen pour décrocher un
contrat est de s’appuyer sur une filiale
locale, solution utilisée surtout par les
grands groupes qui disposent d’un
réseau international. C’est le cas d’Elyo,
filiale de GdF Suez, qui réalisera sur
Londres 2012 un réseau de chaleur et
de froid pour le village olympique et
deux centrales de production d’énergie.
La filiale de GdF Suez Energie Services
consentira 120 millions d’euros d’in-
vestissement mais compte sur 1,5 mil-
liard d’euros de chiffre d’affaires
cumulés sur quarante ans.
Dans ce genre de situation, mieux vaut
mettre en avant sa filiale locale, son
intégration dans le tissu économique
et les enjeux en termes d’emploi.
« Notre présence, avec une société en
propre mais aussi une usine de
1 500 salariés à São Paulo, a été un
argument supplémentaire pour que
nous soyons choisis pour concevoir
et fabriquer le tramway de Brasilia »,
estime Marc Amblard, le vice-prési-
dent d’Alstom Transport (5,7 milliards
d’euros de chiffre d’affaires en 2008)
en charge de la stratégie.
Des partenariats avec
des collectivités locales
Pour être présentes sur ces grands
événements, certaines sociétés
nouent des partenariats avec une
organisation ou une collectivité locale
française qui prévoit d’être présente
aménagement 25
sur un événement. Même s’il s’agit
souvent de marchés limités.
Lors des jeux Olympiques de Turin
en 2006, Doublet (qui réalise 35 mil-
lions d’euros de chiffre d’affaires et
emploie 300 salariés), avait pu décro-
cher un partenariat grâce au conseil
général des Hautes-Alpes pour l’amé-
nagement et la décoration de stands.
De même, le breton Armor-Lux
(72 millions d’euros de chiffre d’af-
faires) a pu fournir sur les JO de Pékin
2008 les tenues des 1 000 officiels et
bénévoles du Centre de voile olympi-
que, soit un marché de 60 000 euros,
grâce à un jumelage entre Brest et
Qingdao, la ville d’accueil des épreu-
ves de voile. L’expérience paye puis-
qu’Armor-Lux habillera le personnel
d’accueil du Pavillon de France lors
de l’exposition universelle de Shan-
ghai en 2010, soit environ 200 per-
sonnes durant six mois. Pour chaque
événement, il y a forcément des affai-
res à faire. . Adrien Cahuzac
 26 AménAgement

construction
Le Qatar, Eldorado des bâtisseurs
Dans ce pays francophile, le secteur de la construction bénéficie d’une vitalité que la crise a
peu entamée, à la différence de Dubai. Les majors du secteur comme les ingénieristes profitent
de nombreux contrats qui répondent à d’énormes besoins en logements et infrastructures.

u
ne belle affaire ! La bran-
che construction du groupe
Qui peut Bouygues a remporté un
aider contrat de 950 millions
à exporter? d’euros au Qatar. L’affaire
> Contactez est engagée avec Barwa Financial Dis-
le poste trict, filiale de Barwa Real Estate, le
d’expansion plus grand groupe immobilier semi-
économique
Tél : public du Qatar. Ce projet comprend
+ 974 483 22 79 notamment neuf tours de bureaux et
e-mail : un centre commercial. Il confirme la
doha@dree.org
vitalité du BTP dans ce pays du golfe
Pour en arabo-persique, qui fait partie des
savoir plus premiers producteurs mondiaux de
> Sur le secteur
de la construction gaz liquéfié (avec d’énormes investis-
au Qatar, rendez- sements à la clé).
vous sur le site Alors que sa voisine Dubai vient d’ex-
www.qatarcons ploser en vol, croulant sous les dettes,
truction. com
> Sur l’état le Qatar, gonflé de ses revenus gaziers,
de l’économie, n’a pas l’intention de ralentir la mise

lisez l’étude en œuvre de ses projets d’aménage-
www.globalinv.
net/research/qatar- ment. Son PIB devrait croître d’envi-
economic-062009. ron 15 % l’an prochain.
pdf
Doha s’est lancée dans la course
pour les JO de 2020
Quelque 198 projets de construction
sont recensés pour les années à venir,
dont seulement 7 ont été annulés.
Reste un marché global de… 82,5 mil-
Pléthore de mégaprojets
> Nouvel aéroport international de Doha (11 milliards
de dollars). Il devrait être terminé en 2015
> Nouveau port de Doha (7 milliards de dollars)
qui doit être achevé vers 2025
> Réseau ferré de 140 km (1 milliard de dollars)
qui sera finalisé en 2015
> Projet immobilier Barwa Al-Khor (8,2 milliards
de dollars) qui devrait compter
plus de 24000 logements d’ici à 2015
> Projet The Pearl avec notamment 16000 logements
et 5 hôtels qui devraient voir le jour d’ici à 2011.
Le projet The Pearl, à Doha, prévoit notamment la construction de 16000 logements.
liards de dollars. Malgré la crise, la
construction devrait connaître cette
année une croissance de 5 %, selon
le Business Monitor International.
Poussés par une croissance démo-
graphique et une accélération des
investissements publics, les projets
pleuvent. Pour le plus grand bon-
heur des constructeurs, ingénieristes,
fabricants de matériaux ou d’ascen-
seurs. « Nous avons atteint notre plus
haut point de production en octo-
bre 2009 depuis notre arrivée dans
le pays, en 1997 », témoigne Loren
Zanin, responsable au Qatar de l’ac-
tivité granulats et béton du groupe
Lafarge. Début septembre, Doha, la
capitale, s’est lancée dans la course
pour les JO de 2020…
Les grands projets, d’ores et déjà, ne
manquent pas, à l’image de Lusail,
une ville flambant neuve de 21 km²,
située au nord de Doha, dans laquelle
200 000 habitants sont attendus à
D. R.
partir de 2011. De plus petits projets
sont à saisir dans les mois et années
à venir. En mars, Vinci a ainsi obtenu,
via l’autorité des travaux publics de
Doha, un contrat de 358 millions
d’euros pour la construction d’une
station de pompage. Le groupe est
aussi leader du consortium chargé de
la conception et de la construction du
plus long pont du monde (40 km), qui
reliera le Qatar et l’île de Bahreïn. Un
projet de 3 milliards de dollars, qui
s’achèvera en 2011. En janvier 2009,
l’ingénieriste Egis a raflé la mise avec
l’audit du projet du nouvel aéroport
international de Doha.
Un bon conseil enfin pour s’implanter
au Qatar : « Soyez patient », prévient
Loren Zanin. Dans ce pays, les liens
de confiance sont primordiaux pour
les affaires. Et ce type de relation, ça
se construit dans le temps. Avec le
bon partenaire… .
Olivier JAmes

17 décembre 2009 | supplément au n° 3174 | L’usine nouveLLe


habitat
La rénovation en pleine expansion
L’écoprêt à taux zéro et le crédit d’impôt développement durable incitent les particuliers à rénover
leur logement. Et fournissent une opportunité économique aux professionnels d’un secteur florissant.
les parois opaques: murs,
planchers, plafonds, toiture
Produits Matériaux d’isolation,
laines minérales et polystyrène…
Acteurs industriels
Saint-Gobain, Actis, Knauf,
Carea, STO…
Marché estimé en 2007*
3,3 milliards d’euros (+9% par rapport
à 2006); 33600 emplois
Marché potentiel en 2012
7,4 milliards d’euros; 69000 emplois
les ouvertures
Produits Fenêtres, portes, volets…
Acteurs industriels Millet, Bouvet,
Bel’m, Lapeyre, Somfy…
Marché estimé en 2007*
4,1 milliards d’euros (+6% par rapport
à 2006); 53500 emplois
Marché potentiel en 2012
8,6 milliards d’euros; 107500 emplois
SOuRCES : ADEME ; « L’uSinE nOuVELLE »
P
our Philippe Pelletier, avocat
et président du comité stra-
tégique du plan bâtiment
du Grenelle de l’environ-
nement, « la rénovation du
parc de logements existants est une
action de masse. La France compte
31 millions de logements, dont 27 de
résidences principales ». Et force est
de constater que la plupart des habi-
tations sont de véritables passoires
L’usine nouveLLe | supplément au n° 3174 | 17 décembre 2009
énergétiques... Aujourd’hui, le sec-
teur consomme à lui seul 42,5 % de
l’énergie finale du pays et concen-
tre 23 % des émissions nationales
de CO2. Objectif du Grenelle de l’en-
vironnement : réduire les consom-
mations d’énergie de 12 % en 2012
et d’au moins 38 % d’ici à 2020. Ce
qui implique la rénovation complète
de 400 000 logements par an à par-
tir de 2013. Pour y parvenir, le cré-
AMénAGEMEnT 27
l’audit thermique
Service Réalisation d’une étude
thermique (1000 à 2500 euros)
Acteurs EdF Bleu Ciel, bureaux d’études
indépendants…
Marché potentiel
40millions d’euros dès 2010
l’équipement de chauffage
Produits Chauffage et chauffe-eau
solaire, chauffage au bois, chaudière
à condensation, pompe à chaleur…
Acteurs industriels Viessmann,
Atlantic, De Dietrich Thermique, Frisquet…
Marché estimé en 2007*
3,8 milliards d’euros (solaire thermique,
appareils de chauffage au bois, pompes
à chaleur, chaudières à condensation);
26700 emplois
Marché potentiel en 2012
11 milliards d’euros; 74000 emplois
*marché lié à l’amélioration énergétique
dans le secteur résidentiel (habitat
individuel et collectif) et tertiaire
dit d’impôt développement durable
a été prorogé jusqu’en 2012. Quant
à l’écoprêt à taux zéro (PTZ), lancé
en avril, son succès ne faiblit pas :
30 000 demandes ont d’ores et déjà
reçu une suite favorable. Ces deux
mesures devraient inciter les pro-
priétaires à améliorer la performance
énergétique de leur logement. Les
industriels ont devant eux un vaste
chantier. . C. C., m. D. et O. J.
 28 aménagEmEnT
à saisir
Bordeaux s’active
Un décret du 5 novembre a fait
de Bordeaux-Euratlantique une
Opération d’intérêt national. Bien
plus qu’un simple réaménagement
de la gare Saint-Jean, cette
opération a pour but de créer un
nouveau quartier, sur une surface
de 738 hectares répartis entre
Bordeaux, Bègles et Floirac, avec un
centre d’affaires au rayonnement
international.Quelque 2,5 millions
de mètres carrés pourraient
être construits, comprenant
des logements (15 000, dont 25 %
de locatifs sociaux), des bureaux
(500 000 m²), des commerces
et des équipements publics.
L’isolation végétale
a le vent en poupe
Signe d’une évolution sur le marché
de l’isolation, trois industriels
- Buitex, Soprema et Steico -
GiLLES ROLLE/REA
viennent de créer l’Asiv
(Association syndicale des
industriels de l’isolation végétale),
pour représenter les spécialistes
des matériaux d’origine végétale
(bois, cellulose, chanvre, coton,
lin...). La jeune association veut
promouvoir ces produits en
s’appuyant sur la procédure
de l’Avis t echnique qui valide
leur aptitude à l’usage, et sur
la certification Acermi qui garantit
les performances annoncées.
Un fuseau
pour la THT
France-Espagne
La future ligne électrique à très
haute tension (THT) entre la France
et l’Espagne traversera les Pyrénées
par un tunnel. Le ministre de
l’Ecologie et de l’Energie vient de
valider le fuseau proposé par le
préfet des Pyrénées-Orientales
en avril dernier, à l’issue de
la procédure de concertation
publique. Long de 8 kilomètres,
ce tunnel sera creusé à proximité
immédiate du tunnel de la
ligne ferroviaire à grande vitesse
Perpignan-Figueras. La procédure
d’enquête publique, qui sera
lancée en 2010, devrait être
précédée d’une nouvelle phase
de concertation.
Bâtiment et travaux puBlics
Les bons effets du plan de relance
A
lors que l’activité des
entreprises de travaux publics
devrait reculer de 6 % cette
année, les professionnels
attendent avec impatience les
retombées du plan de relance lancé
Des milliers
début 2009 par le gouvernement.
de nouveaux
Des maîtres d’ouvrage aux fabricants
chantiers
de matériaux de construction en
devraient
passant par les entreprises artisanales,
profiter à
les multiples mesures censées accélérer toute la
la sortie de crise ont été accueillies filière du BTP.
hôpitaux
L’investissement
sur-vitaminé
Le plan Hôpital 2012 mobilise pour la période 2008-
2012 près de 10 milliards d’euros, dont 5 milliards
apportés par l’Etat. Au menu : la construction de
bâtiments, le désamiantage ou bien encore
la rénovation de services vétustes. Pas moins de
93 projets immobiliers ont été validés pour la
première phase de ce programme. Une manne pour
les majors de la construction et les milliers de PME
sous-traitantes. Parmi ces contrats, celui remporté
en juillet par Bouygues Construction pour
l’édification de l’hôpital d’Amiens, qui s’élève à
260 millions d’euros. Les travaux, qui viennent de
démarrer, dureront quatre ans et devraient
mobiliser plus de 600 personnes en période de
pointe. Parmi les projets d’envergure du plan
Hôpital 2012 figurent la reconstruction du site
du Grau du Roi du CHU de Nîmes, pour
32,5 millions d’euros, et celle du centre hospitalier
de Carcassonne, pour 144 millions d’euros.
La seconde phase du plan Hôpital 2012 est en
cours de définition, les derniers arbitrages seront
rendus fin 2010. .
17 décEMBRE 2009 | suppléMEnt au n° 3174 | L’usine nouveLLe
favorablement. C’est le cas, tout
spécialement, du remboursement
anticipé de la TVA aux collectivités
territoriales. Au cours de l’année, près
de 20 000 collectivités, en premier lieu
les communes et leurs groupements,
se sont engagées à accroître leurs
investissements pour 54 milliards
d’euros, dont 20 milliards profiteront
au seul secteur des travaux publics.
En octobre, 24 200 logements
avaient déjà par exemple bénéficié
d’aides à la rénovation, générant
200 millions d’euros de commandes
aux artisans du bâtiment ; plus de
100 000 nouveaux logements avaient
été financés et 850 chantiers lancés
par l’Etat. Selon la Fédération nationale
des travaux publics (FNTP), un peu
moins de la moitié des 10 000 projets
réalisables qu’elle avait recensés ont,
d’ores et déjà, démarré ou sont achevés.
Les mois à venir devraient donc
voir la concrétisation de nombreux
chantiers. . OLiviEr JamEs
isolation
Le décollage des
« murs manteaux »
C’est un nouveau créneau pour les
spécialistes de l’isolation. Les mesures
gouvernementales incitant à la
rénovation des logements dans le cadre
du Grenelle de l’environnement
(écoprêt à taux zéro, crédit d’impôt)
profiteront aux systèmes d’isolation
par l’extérieur. Ces « murs manteaux »
ne représentent pour l’instant
que 7 % du marché de l’isolation
en France, mais leur part a d’ores et
déjà augmenté de 30 % en 2008.
Les spécialistes comme Carea,
STO, Isover et autres Zolpan
s’attendent à une forte progression
de la demande en 2010. Selon
l’Agence pour le développement et
la maîtrise de l’énergie (Ademe),
l’isolation par l’extérieur permet
de mieux réguler les ponts
thermiques à l’intérieur de la maison
et protège ainsi des variations
climatiques. .
 AménAGEmEnT 29

ferroutage
Chantal
En plein centre DuChène
des Pyrénées Directrice générale
On en parle depuis plus de trente ans ! du Groupement des
A l’origine, il s’agissait de construire autorités régionales
une nouvelle route au centre des de transport (Gart),
Pyrénées, avant que les régions
frontalières ne se prononcent pour
qui réunit
un projet de type ferroutage capable 191 agglomérations,
de faire face à l’accroissement du 61 départements
transport de marchandises entre et 21 régions
la péninsule ibérique et l’Europe.
En janvier 2008, les deux pays se
sont mis d’accord pour étudier
l’ouverture d’un axe ferroviaire à
grande capacité au centre des
Pyrénées. Un groupe européen

“Sept milliards d’euros

d’intérêt économique vient d’être
constitué pour réaliser les études
préliminaires de cette liaison ferrée.

dans les transports publics”

Le Geie NAFGCT est issu d’un
contrat entre Réseau ferré de France
(RFF) et Adif, le gestionnaire
espagnol des infrastructures
ferroviaires. Ces études iront
de la viabilité financière à l’impact Quelles sont les perspectives 2014. Il faut s’attendre à une
écologique de la ligne. . de développement rationalisation des réseaux
des transports urbains ? existants, avec l’utilisation de
L’air du temps est au davantage de matériels roulants.
lignes moyenne tension développement des transports Quelles sont les tendances
en matière de matériels roulants ?
30 000 kilomètres
collectifs. Les agglomérations
doivent répondre à des besoins Les lignes de tramway ont presque

à enfouir importants en matière de

déplacement périurbains.
A la suite de la tempête qui avait Le marché va donc encore se
touché le Sud-Ouest dans la nuit développer. Malheureusement,
du 23 au 24 janvier 2009, plus de le système de financement est à
100 000 particuliers avaient été bout de souffle. Ce qui coûte le plus
privés d’électricité. Le gouvernement cher en matière de transport, c’est
avait demandé à RTE et ERDF un l’exploitation. A chaque fois que
retour d’expérience. Pour diminuer l’on développe le réseau, on crée
les risques de coupures prolongées, le du déficit d’exploitation. Avec la
plan arrêté prévoit l’enfouissement réforme de la taxe professionnelle,
de plus de 30 000 kilomètres de les arbitrages financiers des
réseau moyenne tension en dix ans, collectivités locales vont devenir
pour 2,3 milliards d’euros. très sévères. On n’échappera pas
En parallèle, ERDF réalise des à une augmentation de la
programmes ciblés d’élagage. Enfin, participation des usagers.
la filiale d’EdF s’est engagée à A combien chiffrez-vous les projets
construire plus de 90% des nouvelles de transports en commun en site
lignes moyenne tension en propre pour les années à venir ?
technique souterraine. L’ensemble A la suite de l’appel à projets lancé
des investissements d’ERDF devrait par le gouvernement, les autorités
s’élever cette année à 2,5 milliards régionales de transport ont fait état
d’euros, à 2,7 milliards en 2010 et de 7 milliards d’euros de projets
2011 et à 3,7 milliards en 2012, (métros, tramways, bus à haut
contre 2 milliards en 2008. . niveau de service [BHNS]) d’ici à
DB
toutes été réalisées. Les
agglomérations vont investir de
plus en plus, dans les BHNS, qui
circulent sur des voies réservées. On
va aussi vers la création de lignes
de cars à haut niveau de service
sur des axes structurants d’entrées
de ville. Le problème urgent à
résoudre, c’est celui des transports
périurbains, pour les familles à
revenus modestes parties habiter
loin des transports collectifs.
Qu’en est-il du développement
des tram-trains ?
Le tram-train, beaucoup de
métropoles en rêvent. Les autorités
régionales de transport seront
amenées à privilégier des tramways
périurbains empruntant des lignes
TER. Il s’agira en quelque sorte de
TER plus légers, permettant des
arrêts plus nombreux que des TER
normaux, et qui seront capables
d’accélérations plus rapides. .
PrOPOs rEcUEiLLis Par PascaL gaTEaUd

L’usine nouveLLe | suppléMEnt au n° 3174 | 17 décEMBRE 2009

 30
high-tech
Thermoesthesia.
Cette installation
permet d’apprécier
la température
d’un objet virtuel.

marché des objets communicants

en europe de l’ouest
A partir de 2008, en millions d’unités
Compteurs (électricité, eau, gaz) ........................... 300
Véhicules personnels ................................................ 200
JEan CLaUDE MOSCHETTI/REa

Véhicules professionnels ............................................ 30

Systèmes de sécurité et alarmes ............................... 30
Eclairage public ............................................................ 20
Distributeurs automatiques ....................................... 10
Equipements points de vente .................................... 10
Bureautique (imprimantes multifonctions)............ 10
Télécoms source : Idate

L’invasion des objets

communicants
Ils ne pensent pas encore, mais ils communiquent de plus en plus. Via les réseaux sans fil
du téléphone et, depuis peu, via internet. Les objets s’animent par la grâce des semi-conducteurs.
Un marché de 220 milliards de dollars en 2010, à investir sans attendre.

P
as de panique. Le réfrigé-
rateur communicant qui
analyse son contenu et
déclenche une commande
par internet lorsque le lait
ou les œufs viennent à manquer n’a
aucun avenir. Trop coûteux, surtout
lorsqu’il faut coller une puce sur cha-
que pack d’œufs ! Le yaourt qui véri-
fie si l’amateur de laitage fermenté
sera là dans les prochains jours – et
qui effraye Nathalie Kosciusko-Mori-
zet, la secrétaire d’Etat chargée de la
Prospective et du Développement
de l’économie numérique – n’est
donc pas pour demain. Pour autant,
barder des objets de capteurs pour
qu’ils envoient des informations via
les réseaux mobiles ou fixes a un
réel avenir. D’autant qu’au marché
des applications professionnelles
permettant de faire communiquer
des machines entre elles (Machine to
Machine, ou M2M) va s’ajouter celui
de l’internet des objets. Et les chiffres
donnent le tournis.
Les industriels estiment que 10 mil-
liards d’objets sur la planète sont déjà
équipés de processeurs leur permet-
tant de communiquer sur leur état.

17 décembre 2009 | supplément au n° 3174 | L’usine nouveLLe


L’Idate évalue au niveau mondial à
2 milliards de machines (360 millions
en Europe) le potentiel réel du mar-
ché du M2M, soit quelque 220 mil-
liards d’euros de produits et services
à se partager dès 2010. « Avec l’émer-
gence de nouvelles applications sans
fil pour le grand public, les perspecti-
ves de volumes sont de 10 à 100 fois
supérieures à celles des applica-
tions industrielles », évalue Emma-
nuel Walckenaer, le PDG d’Anyware
Technologies. Et la liste des applica-
tions est longue : compteur d’élec-
tricité livrant son relevé à distance,
distributeur automatique demandant
son réapprovisionnement, poubelle
pesant ses déchets avant de récla-
mer sa vidange, alarme appelant le
service de surveillance, capteur car-
diaque contactant les urgences, clés
dévoilant où elles sont cachées…
Une multitude d’intervenants
Une diversité qui fait aussi la fai-
blesse de ce marché en devenir. Pour
construire de tels services, une mul-
titude d’intervenants est nécessaire :
fabricants de capteurs, de modules de
communication, de boîtiers électroni-
ques, mais aussi sociétés de services
informatiques et opérateurs télécoms.
Et chacun d’y aller de son protocole
d’échanges. Pour le standard d’inter-
communication locale bas débit et
basse consommation, un consensus
semble néanmoins se dégager parmi
les industriels autour des technolo-
gies 868 MHz et ZigBee. Mais « cela
va prendre du temps pour voir un
protocole s’imposer pour les appli-
cations grand public », reconnaît Oli-
vier Courtade, le directeur général de
M2M Solution. « Ce n’est pas la pré-
sence d’un protocole unique qui fera
décoller ce marché, tempère Damien
DR
Hasbroucq, le directeur de la promo-
tion de Promotelec. Nous préférons
communiquer sur les usages. »
Concernant l’internet des objets, les
offres grand public doivent encore
trouver leur marché. Elles reposent
presque toutes sur le même prin-
cipe : des puces sans contact (éti-
quettes radiofréquences RFID ou
sans contact de proximité NFC) sont
collées ou intégrées à des objets. Un
lecteur, branché sur un PC connecté
à internet, permet l’accès à un site
L’usine nouveLLe | supplément au n° 3174 | 17 décembre 2009
web pour exécuter une action en ligne
ou partager informations, astuces et
Qui en programmes. Parmi les pionniers, on
profite? trouve Tikitag, une start-up interne
> L’électronique d’Alcatel-Lucent, Airtag, jeune pousse
embarquée de Vanves (Hauts-de-Seine) et Violet,
> La connectique l’inventeur du célèbre lapin Nabaztag,
> Les fabricants
de puces qui vient d’être acquis par Mindscape.
> Les éditeurs Mais le marché peine à décoller.
de logiciels Pour l’heure, seul le marché profes-
Les clients à viser sionnel du Machine to Machine a fait
> Les opérateurs ses preuves, le télérelevé automati-
télécoms, ceux que de compteurs étant l’activité la
des transports
> Les intégrateurs plus porteuse. « Elle est aidée par la
de systèmes de période, qui veut plus d’écologie, donc
sécurité, d’effica- moins de déplacements et plus de
cité énergétique contrôles pour une meilleure optimi-
et d’e-santé
sation des consommations », explique
Pour aller Stefan Gonnet, le directeur marketing
plus loin d’eDevice, fabricant de modules M2M.
L’internet des L’automobile est l’autre grand secteur
objets - une étude
de voxinternet porteur, avec des applications de ges-
www.voxinternet. tion de flotte à distance ou le suivi des
org/IMG/pdf/IdO.pdf compteurs pour les nouvelles assu-
rances au kilomètre. Le marché de la
Pierre Vollaire, administrateur du pôle Solutions
communicantes sécurisées (SCS) et vice-président d’aRCSIS
L’avenir est aux cartes
à puces sans contact
Comment se présente
le marché des objets
communicants ?
L’avenir est aux cartes à
puces sans contact, qui se
développent déjà beaucoup
aux Etats-Unis. Il en
circule déjà 30 millions
dans le monde comme
carte de transport. Le marché des
tags RIFD (marqueurs et lecteurs)
est lui aussi en pleine croissance :
de 8 milliards d’euros en 2007, il
atteindra 25 milliards d’euros en 2015.
Quels sont les secteurs porteurs ?
Outre le transport et le paiement sans
contact, celui des papiers d’identité
numériques est le plus dynamique.
Il va passer de 450 millions d’euros
en 2006 à 1,4 milliard d’euros en
2010. La santé, avec des besoins de
traçabilité des patients, des
HIgHT-TECH
HIgH-TECH 31
télémédecine et du maintien à domi-
cile est lui aussi prometteur. « En
revanche, la domotique n’a pas encore
trouvé de modèle rentable », recon-
naît Daniel Nabet, le directeur M2M
d’Orange Business Services. Avec la
taxe carbone, le modèle économique
pourrait être rapidement trouvé.
Les PME de l’électronique embarquée,
comme Wavecom, Kerlink, Webdyn,
Erco, Gener ou encore Watteco sont
en tout cas à la pointe de l’innova-
tion. Toutefois, ce dynamisme a ses
limites. Les PME peuvent apparaître
comme un maillon faible pour les très
grands projets impliquant des centai-
nes de milliers de machines. L’arrivée
de grands fabricants, comme l’équi-
pementier télécoms chinois Huawei,
devrait y remédier. Gemalto, le leader
mondial des cartes à puces a claire-
ment affiché son intérêt pour ce mar-
ché. Si la place est donc déjà bien
encombrée, les jeux ne sont donc pas
pour autant faits. . aUréLie barbaUx
médicaments, des analyses, est
aussi très demandeuse. On parle
aussi beaucoup de territoires
intelligents. Grâce à des capteurs
d’air, d’eau, de gaz, de feu, les
collectivités vont pouvoir sécuriser
leurs communes.
La France peut-elle conserver
un rang mondial ?
Nous avons en France de nouveaux
leaders internationaux, comme
Inside Contactless ou SPS. La
politique des pôles de compétitivité,
notamment SCS, a permis d’investir
500 millions d’euros dans des
projets innovants et de rester dans
la course. Mais la France a du mal à
utiliser elle-même ses technologies.
Les acteurs français, opérateurs et
banquiers, doivent apprendre à
partager pour faire croître le gâteau. .
ProPos recUeiLLis Par aUréLie barbaUx
 32 high-tech
informatique
Derrière le “cloud computing”,
une multitude de marchés
Le succès de l’informatique externalisée va de pair avec la multiplication des centres de données.
Leur création et leur exploitation stimulent de nombreux métiers et compétences.
L
e “cloud computing” a le vent
en poupe. Selon une étude de
qui en Kelton Research pour le
profite? consultant Avanade, le nom-
> Les éditeurs bre d’entreprises qui pré-
de logiciels, voient de passer à l’informatique
les sociétés
de conseil et externalisée de type « cloud » a forte-
les intégrateurs ment augmenté : 63 % des sociétés
> Les fabricants interrogées contre 46 % en janvier.
de serveurs et L’une des composantes particulière-
les équipements
liés ment appréciée du cloud est l’utilisa-
> Les construc- tion de logiciels en mode hébergé,
teurs de centres sous forme de service. Plus de la moi-
de données : tié des entreprises consultées utili-
architectes,
spécialistes sent déjà ce type de service.
de la gestion Ce développement est en train de
des flux, du faire naître un écosystème. Si certai-
refroidissement
nes entreprises font appel à un pres-
> Les fabricants
et installateurs tataire unique maîtrisant l’ensemble
de systèmes de la chaîne, d’autres préfèrent
électriques conserver plus de liberté et choisir
plusieurs fournisseurs. Une aubaine
pour les intégrateurs, qui peuvent
aider dans les choix et assurer l’as-
semblage des différentes briques.
« L’entreprise recentre l’ensemble de
ses prestataires au sein du datacenter,
analyse Stéphane Duproz, le directeur
général pour la France de l’opérateur
de centres de données TelecityGroup.
Ce dernier agit comme un carrefour
de compétences et de prestations, au
point de devenir une sorte de place
de marché. » D’où différents métiers,
et pas uniquement informatiques,
peuvent tirer des revenus.
Le développement de l’informatique
décentralisée, c’est d’abord celui des
centres de serveurs. En France, pas un
mois ne se passe sans qu’un nouveau
centre fasse l’objet d’une extension,
s’ouvre ou soit annoncé, à l’image de
celui de Carinae Group (10 000 m2)
prévu à Pantin pour fin 2010.
Pour cela, au premier chef, il faut bien
sûr installer les serveurs, mettre en
place des systèmes de sécurité infor-
matique robustes, le réseau interne
au centre, assurer les connexions
avec l’extérieur. Des prestations qui
demandent un savoir-faire particulier
car un centre de données n’a pas
grand-chose à voir avec la salle infor-
matique d’une PME… Avant la mise
en place de l’informatique, il faut
construire physiquement le centre.
Exigeante, la conception architectu-
rale doit par exemple prendre en
compte dès le départ le circuit de cir-
culation de l’air pour faciliter le refroi-
dissement des machines, ou encore
la présence de systèmes pour réduire
le niveau de bruit. En la matière, les
entreprises de construction ont leur
rôle à jouer. « Dans un des centres de
données que nous sommes en train
de terminer, il a fallu forer 110 trous
jusqu’à une profondeur de 50 mètres
pour stabiliser le bâtiment », explique
Stéphane Duproz.
Pourquoi Pas votre “cLoud” Privé ?
Le cloud computing peut être
constitué d’un ensemble de
plusieurs centres de données,
installés dans des pays différents,
ou bien d’un seul (par sécurité
ou parce que certaines entreprises
l’exigent). Mais les très grandes
entreprises peuvent aussi
transformer leur système
17 décembre 2009 | supplément au n° 3174 | L’usine nouveLLe
En matière de business généré vien-
nent ensuite l’installation de l’infras-
tructure, la fourniture électrique, la
mise en place des groupes électrogè-
nes, des onduleurs et des systèmes
ALASTAIR MILLER
pour le contrôle de l’air ; car il faut
conserver en permanence dans les
locaux une température de l’ordre de
23° C et un taux d’humidité de 50 %.
A titre d’illustration, le seul marché
des onduleurs représente en France
un chiffre d’affaires d’environ
200 millions d’euros.
L’enjeu principal : réduire
la consommation électrique
La question de la consommation élec-
trique est centrale. Un centre de don-
nées peut nécessiter une puissance
de plusieurs mégawatts, dont entre
un tiers et la moitié pour les seuls ser-
veurs. En la matière, tous les systè-
mes permettant de réduire la
consommation, en particulier celle de
la climatisation, sont source d’écono-
mie. Et là, l’imagination est au pou-
voir. IBM a par exemple construit
pour IBO, une société auvergnate de
gestion de données, un bâtiment
informatique en cloud privé.
Elles peuvent ainsi optimiser leurs
systèmes informatiques pour offrir
à leurs filiales des applications sous
forme de service. Il s’agit alors
d’une importante transformation
du système informatique,
nécessitant de faire appel à des
compétences extérieures.

ALASTAIR MILLER
Tiré par le cloud, le marché des datacenters reste dynamique. Ici Interxion 5, un centre nouvelle génération venant d’ouvrir à Aubervilliers.
enfoncé de 20 centimètres pour pro-
fiter de la fraîcheur du sol. Une solu-
tion qui amène, selon la multinationale
américaine, un gain de 7 à 8 % sur la
consommation électrique.
Certains exploitants de centres choi-
sissent le refroidissement par eau des
armoires qui accueillent les serveurs.
Ce qui exige un groupe froid et un vrai
travail de plomberie !
Autre chantier, la sécurité. Là encore,
les centres de données sont mieux
protégés que beaucoup d’entreprises,
et disposent de contrôles d’accès fai-
sant appel aux systèmes de biomé-
trie, de surveillance (il faut des
dizaines de caméras pour un centre)
ou de sécurité anti-incendie.
Le cloud computing, c’est, à la base,
une manière différente d’envisager
l’informatique. Cette approche remet
par exemple en cause la distribu-
tion et la maintenance des logiciels,
assurées par un important tissu
de revendeurs informatiques de
proximité, dont le lien avec les PME
est fort. Puisqu’en mode hébergé, les
logiciels ne sont pas installés dans
l’entreprise.
Techniquement par ailleurs, un logi-
ciel développé de manière tradition-
nelle ne fonctionne pas dans un
L’usine nouveLLe | supplément au n° 3174 | 17 décembre 2009
univers cloud. L’inertie – il est normal
que les entreprises utilisent de
nombreuses années un logiciel leur
donnant satisfaction – fait qu’actuel-
lement, l’utilisation en mode hébergé
ne concerne qu’une faible part de
l’ensemble des logiciels. Pour rester
dans la course, les éditeurs doivent
faire l’effort d’adapter leur offre afin
de proposer à leurs clients plusieurs
modes d’utilisation. Les nombreux
petits éditeurs français peuvent s’ins-
pirer de l’exemple des plus grands,
qui ajoutent à leur catalogue des
applications sous forme de service.
Dans certains secteurs, comme le
transport routier, l’utilisation de logi-
ciels en mode hébergé est déjà très
importante. Gros consommateur de
systèmes de virtualisation, qui per-
mettent un meilleur taux d’utilisation
des serveurs, les centres de données
ont aussi besoin de personnel quali-
fié dans ce domaine.
du conseil pour choisir
la meilleure solution technique
Face à cette nouvelle manière d’uti-
liser l’informatique, les entreprises,
les PME en premier lieu, vont avoir
besoin de conseils pour choisir la
meilleure solution technique. Les
hIgh-TEch 33
de quoi parle-t-on?
> En simplifiant, le “cloud computing”
consiste à externaliser complètement
son informatique. La puissance de
calcul, les capacités de stockage et les
applications sont proposées sous forme
de «services», souvent en location.
> Les ressources matérielles,
les applications et les données sont
réparties dans différents centres
informatiques. Pour l’entreprise
cliente, l’intérêt est d’être déchargée
de l’installation et de la maintenance.
> A terme, l’informatique pourrait même
devenir une sorte de service public,
à la manière de l’électricité. A côté des
IBM, Google, Capgemini ou Amazon,
on trouve parmi les offreurs de
solutions des entreprises françaises de
dimension modeste ayant développé
une compétence pointue, comme Pi3C.
spécialistes du service et de la main-
tenance vont également devoir adap-
ter leur offre pour se mettre au
niveau exigé par les opérateurs de
centres de données ou des grandes
entreprises qui mettent en place un
cloud privé.
Alors, le cloud computing, une idée
d’avenir ? « L’externalisation se déve-
loppe, surtout en période de crise,
explique Mathieu Demoor, le respon-
sable marketing de la société d’info-
gérance Linkbynet. L’utilisation de
logiciels en mode hébergé répond aux
besoins des entreprises qui veulent
limiter leurs investissements infor-
matiques tout en gardant une visibi-
lité suffisante. » Aujourd’hui, 80 %
des déploiements de Linkbynet sont
ainsi en mode cloud au sein d’un
environnement virtuel. Cette PME,
qui emploie 180 personnes, est un
bon exemple du succès du mode
externalisé. Depuis sa création en
2000, sa croissance est d’une parfaite
régularité, comprise entre 20 % et
30 % par an, et l’année 2009 ne
devrait voir aucun ralentissement.
L’entreprise, qui restera largement
bénéficiaire, loue aujourd’hui quatre
centres de données. Le cloud, ce n’est
pas que du virtuel. . Patrice desmedt
 34 high-tech

analyse d’images numériques

L’intelligence dope
la vidéosurveillance
Toujours en pleine forme, le marché
de la vidéosurveillance fait désormais appel
à des systèmes d’intelligence artificielle.
Une carte à jouer pour les groupes
et PME spécialisés dans ces nouvelles technologies
numériques d’analyse d’images.

E
n dépit du débat sur les
libertés individuelles et
le coût élevé de ces solu-
tions, face aux menaces
terroristes et à l’augmentation
de la délinquance urbaine, la
vidéosurveillance séduit tou-
jours plus. Depuis dix ans,
le marché mondial a connu
une progression de 8 à 12 %
par an. Le nombre de camé-
ras vendues devrait passer de
9,3 millions d’unités en 2007 à
plus de 26,5 millions en 2013.
Selon le cabinet IDC, le mar-
ché mondial du matériel vidéo
s’élèvera à 5,3 milliards de
dollars en 2013.
Une analyse en temps réel
Mais, pour être plus efficace
– et moins coûteuse – la vidéo-
surveillance doit gagner en
intelligence. Les nouvelles tech-
nologies d’analyse d’images
numériques en temps réel arri-
vent à point nommé. Ces logi-
ciels aux algorithmes poussés
peuvent détecter automatique-
ment des intrusions, surveiller
des flux routiers ou dépister
des comportements suspects.
Ils commencent à être déployés
sur des installations comportant
jusqu’à plusieurs centaines de
caméras. Ce, afin de sécuri-
ser des sites sensibles (cen-
trales énergétiques, aéroports,
gares...) sans générer le besoin
d’une multitude de gardiens aux
yeux rivés sur leurs écrans.
Le gouvernement français a
annoncé que, outre un plan
de 1 000 caméras supplémen-
taires à Paris d’ici à fin 2010, il
investirait 555 millions d’euros
sur cinq ans dans le dévelop-
pement des nouvelles techno-
logies dans ce domaine. De quoi
booster le marché émergent de
la vidéosurveillance intelligente,
inexistant il y a encore dix ans.
Si celui-ci ne pèse que 200 mil-
lions de dollars dans le monde,
il enregistre une croissance
annuelle moyenne de 50 %.

1 000 caméras de plus à Paris

Fin 2010, les premières des 1 250 caméras du plan
« 1 000 caméras » pour Paris seront installées aux abords des
bâtiments municipaux et à la surveillance du trafic routier.
Elles s’ajouteront aux 350 déjà en place dans le domaine public,
aux 9 500 sur les réseaux RATP et SNCF et aux 30 000 dans les
bâtiments privés (banques, sièges sociaux, etc.). Le budget est
estimé entre 250 et 300 millions d’euros. Les modalités de
financement entre les partenaires restent à définir.

17 décembre 2009 | supplément au N° 3174 | L’usine nouvelle


Fin 2007, il y avait 396 000 caméras
autorisées en France dont 80 %
dans les établissements du secteur
public. Ces chiffres devraient avoir
triplé d’ici à fin 2009.
Encore fragmenté, le marché est
pour l’instant occupé par quel-
ques dizaines d’acteurs de
niche, principalement des
start-up comme l’américain
ObjectVideo, l’israélien Ioimage,
quelques anglais, allemands,
russes et une belle poignée de
français : Keeneo, Evitech,
Foxstream, Kaolab, Survision…
De grandes entreprises, comme
IBM ou Thales, développent
aussi leurs propres algorithmes,
notamment pour la surveillance
des zones urbaines, avec des
systèmes plus robustes garan-
tissant l’intégrité des images
stockées dans les bases de don-
nées et permettant l’enrichisse-
ment de métadonnées liées à
ces images issues de multiples
caméras, pour faciliter la recons-
titution des événements. Mais,
seuls, les éditeurs de logiciels
d’analyse vidéo ne peuvent rien.
Pour construire une solution
complète de vidéosurveillance
L’usine nouvelle | supplément au N° 3174 | 17 décembre 2009
35
dr
intelligente, ils doivent travailler
avec de grands intégrateurs,
comme Sagem, Thales,
Bouygues ou Cegelec. Ce sont
ces derniers qui, en contact avec
les clients, construisent les solu-
tions en associant les logiciels
d’analyse et leur support de
calcul avec les caméras et les
plates-formes de gestion et de
stockage de flux vidéo. Dans
cette chaîne, il reste nombre de
places à prendre. .  
 Aurélie Barbaux
Qui en profite ?
> Les éditeurs de logiciels et start-up
> Les fabricants d’équipements :
caméras, serveurs d’images vidéo,
stockage…
> Les grands intégrateurs
> Les installateurs
Pour aller plus loin
> Intérêts et limites de la
vidéosurveillance intelligente
www.evitech.com/docNews
/FRENCH/Evitech_AViRS08_04.pdf
> Rapport sur l’efficacité
de la vidéoprotection
(ministère de l’Intérieur)
www.videoprotection.interieur
.gouv.fr/index/commission
 36 high-tech
à SaiSir
L’aventure photonique
Affichage, vision, mesure, santé,
défense, télécommunications,
énergie solaire… Les secteurs
que les technologies de la lumière
peuvent révolutionner sont
nombreux. Le marché mondial
de la photonique s’élève à
291 milliards d’euros, selon
l’European Photonics Industry
Consortium (Epic). En Europe,
quelque 5 000 entreprises
employant 246 000 personnes
se partagent un marché de
56,5 milliards d’euros, qui touche
des acteurs variés, des fabricants
de composants comme le français
Ixfiber à Lannion aux grands
intégrateurs comme Sagem.
Les émergents adeptes
du paiement mobile
Si les services financiers sur
téléphone mobile ont du mal
à décoller en Europe, il en va
tout autrement dans les pays
en développement. Ces derniers
concentrent en effet plus de 70 %
des clients mobiles dans le monde
et les guichets bancaires y sont
rares. On estime ainsi qu’au moins
5 milliards de personnes dans
le monde n’ont pas accès aux
services financiers. Le téléphone
permet alors de déposer et de
transférer de l’argent ou de payer
des factures. Des opportunités
pour les constructeurs de
terminaux, les opérateurs et les
éditeurs de logiciels.
Surfer sur les réseaux
sociaux professionnels
Les entreprises n’ont plus le
choix. Elles doivent équiper
leurs salariés des mêmes outils
2.0 que ceux qu’ils utilisent
sur le web pour communiquer.
Un marché s’ouvre donc, mais
pas tant pour les éditeurs de
logiciels – la plupart des outils
étant open source – que pour les
sociétés de services et de conseil
en management. Car, comme
l’e-business en son temps, l’usage
des réseaux sociaux, blogs, wiki et
autre flux RSS oblige à réinventer
les rapports hiérarchiques. Un
accompagnement au changement
est indispensable.
robotique
L’émergence des robots compagnons
L
a Japan Robotics Association
le promet : dans un futur proche,
il y aura des robots partout,
pour l’aide aux personnes
âgées, l’assistance domestique, la
surveillance… Ces premiers robots
de service à la personne sont attendus
ImAgEFORUm/STF/YOSHIKAZU TSUNO
pour les prochaines années, mais
il s’est déjà vendu dans le monde,
à fin 2008, 4,4 millions d’appareils
domestiques robotisés, 2,8 millions
de robots ludiques, 63 000 de services
professionnels et 1,35 million de robots
industriels. Enjeu majeur, la robotique Le «Cybernetic du programme francilien Cap Robotics.
touche aux technologies du numérique, Human», de Cette communauté, lancée dans
de l’électronique, de la mécatronique, l’institut public le cadre du pôle de compétitivité
des télécommunications, de l’interface japonais AIST, francilien Cap Digital, a été créée
homme-machine, de l’intelligence préfigure les pour intégrer tous ces savoir-faire en
artificielle… « Autant de domaines
robots de
robotique, logiciels et interactions
service à la
dans lesquels la France dispose de personne homme-machine. Aux côtés du Japon
compétences au niveau mondial », et de la Corée, la France se rêve
des prochaines
estime Bruno Maisonnier, le PDG années. le troisième pays du robot. .
d’Aldebaran Robotics et chef de file auréLie barbaux
télécoms
La relance par la quatrième licence
L’arrivée d’un quatrième opérateur mobile en France les dernières technologies… Du pain béni pour
a tout d’un cadeau tombé du ciel pour un secteur les fournisseurs d’équipements réseaux et de
sinistré. Si Free, le seul candidat en lice, est services (Ericsson, Nokia Siemens Networks,
retenu par l’Arcep, le gendarme des télécoms, Motorola, Alcatel-Lucent ou encore Huawei)
il devra investir vite pour pouvoir lancer son mais aussi pour les installateurs d’antennes,
offre commerciale mi-2011. Pour construire son qui devront en effet déployer entre 12 000
réseau, le fournisseur d’accès internet estime et 15 000 émetteurs. Les sociétés de services
à 1 milliard d’euros le financement initial. informatiques (Accenture, Capgemini, Steria...)
Auquel il faut ajouter les investissements pour ont aussi une belle opportunité à saisir
étendre la couverture territoriale et déployer dans le domaine du système d’information. .
télécoms
L’internet mobile pour tous
Près de 40 % des Européens (le taux d’équipement de la (jeux, services financiers,
surferont sur internet depuis population avoisine 90 % d’actualités…) et lancent leurs
leur téléphone mobile d’ici à dans les pays développés). boutiques en ligne. Tous n’ont
2014, contre 17 % en 2009, De fait, les constructeurs qu’un objectif : faire aussi bien
selon une étude du cabinet de terminaux (Nokia, que l’américain Apple. Plus
américain Forrester publiée Samsung…), les opérateurs de deux milliards d’applications
cet été. L’internet mobile (Orange, Vodafone,…) ont été téléchargées
devrait ainsi représenter un mais aussi les géants de depuis plus d’un an sur
relais de croissance important l’informatique (Google, l’App Store. Cette boutique
pour des acteurs évoluant Microsoft…) se positionnent en ligne propose désormais
sur des marchés saturés sur les applications mobiles 100 000 applications. .
17 décembre 2009 | supplément au n° 3174 | L’usine nouveLLe

jeux vidéo
La France mise
sur le sérieux
Le marché français des « jeux sérieux »
ne pesait que 10 millions d’euros
en 2008. Mais dans le monde, ces jeux
vidéo conçus pour être des outils
de formation ou de promotion
représentent déjà 50 milliards de
dollars. L’Idate promet 600 millions
à 1 milliard d’utilisateurs potentiels.
Les clients se trouvent surtout
aux Etats-Unis, dans le secteur
public, la défense ou la publicité.
La police y a recours pour simuler
des prises d’otages, et les hôpitaux
pour familiariser le personnel à
certaines interventions. Les sociétés
françaises s’y mettent pour
promouvoir leurs marques
ou former leurs salariés. Le volet
“Des investissements massifs
numérique du plan de relance
contient même un appel à projets
sur le sujet (20 millions d’euros
dans 48 projets collaboratifs). De
quoi sortir de l’ombre ce marché où
opèrent des petits éditeurs comme
Qoveo (logiciel de RH) ou Donuts
dans le haut débit”
(jeux vidéo) et des grandes sociétés
de formation comme Cegos. .
numérique
Et la 3D vint
à la télé
« Le drôle de Noël de Scrooge » en
est un bon exemple, les films 3D
font leur entrée au cinéma et les
salles s’équipent de projecteurs
adaptés, de lunettes et de toiles
d’écran. D’ici à 2012, 25 % des films
pourraient être produits en 3D.
Un engouement dont profiteront
les constructeurs de lunettes 3D,
comme le français Eyes3Shut.
Et aussi le marché de la télévision.
Les appareils dits « 3D » arrivent
chez Panasonic, Samsung, Sony ou
LG, des modèles offrant un taux de
rafraîchissement élevé et dotés d’un
système de pilotage de lunettes
actives, proposées par exemple par
Nvidia. Dans le même temps arrive
la première webcam 3D destinée au
grand public. Le marché décolle. .
L’usine nouveLLe | supplément au n° 3174 | 17 décembre 2009
Roland
Montagne
Directeur des
activités télécoms
de l’Idate, cabinet
d’études spécialisé
dans les technologies
de l’information
et de la
communication
DR
Dans les télécoms, quels sont
les marchés les plus porteurs ?
Que ce soit pour la télévision
haute définition, les jeux en ligne,
la téléphonie sur internet, les gens
sont en quête de nouveaux usages.
Même si beaucoup de choses ont
pu être faites avec le réseau
téléphonique classique, les débits
doivent désormais être supérieurs
à ceux de l’ADSL. Ce qui passe par
le déploiement de la fibre optique.
Il va falloir investir 20 milliards
d’euros pour câbler 40 % de la
population française. Le génie civil
représente entre 60 et 80 % du coût
global. En parallèle, le très haut
débit mobile (technologie LTE)
va nécessiter 2 milliards d’euros
d’investissement pour assurer
la couverture de 60 millions
d’habitants. La taille des cellules
étant dans ce cas plus petite, il va
falloir densifier le réseau.
Ces deux ruptures technologiques
– fibre optique et LTE – ne vont
pas l’une sans l’autre. Il y a une
vraie convergence.
HIgH-TECH 37
Le marché des smartphones a-t-il
encore de beaux jours devant lui ?
Réservés aux clients professionnels
jusqu’à peu, les smartphones
ont gagné le marché résidentiel.
On voit le succès de l’i-Phone
d’Apple ! Le phénomène va
s’amplifier avec la 4G. Tous les
constructeurs l’ont compris.
Dans l’électronique grand public,
quels sont les segments
en croissance ?
L’une des ruptures à venir aura lieu
dans la télévision. Les grands
constructeurs progressent dans la
télévision connectée à internet. Par
ailleurs, la télévision en 3D devrait
arriver dans quatre ou cinq ans.
La plupart des grands constructeurs
ont mis au point des prototypes.
Dans le domaine des objets
communicants, les outils existent.
L’obstacle principal reste la mise en
œuvre car tous les foyers ne sont
pas équipés de la même manière
pour tirer parti de ces technologies
encore en devenir.. .
ProPoS recueiLLiS Par camiLLe chandèS
 38
consommation
conso
rea

alimentation

Tout le monde
se lève pour le bio
Près de 25 % d’augmentation en 2008 : le boom du marché de l’alimentation biologique
en France ne pouvait pas laisser plus longtemps insensibles les grands noms de l’alimentaire.
Tout un écosystème en profite. Donnant des idées à la cosmétique.

L
es grandes marques se lan-
cent ! Les unes après les
autres, les multinationales de
l’alimentaire apposent le petit
logo AB sur leurs produits. En
France, après Kraft, qui a sorti une
gamme de biscuits sous la marque
Lu, après Heinz et son premier ket-
chup bio, après Unilever et ses soupes
Knorr, voici Saint-Hubert et Lesieur
qui se convertissent avec une marga-
rine et des huiles biologiques.
Avec 2,6 milliards d’euros de ventes,
le marché du bio en France reste une
niche (il pèse 6 milliards en Allema-
gne) et représente un peu moins de
2 % des ventes totales de l’alimen-
taire. Mais c’est surtout un marché
dont la croissance (25% en 2008) est
sans commune mesure avec les
2 à 3 % qu’enregistre chaque année
le secteur agroalimentaire. L’institut
d’études Precepta prévoit un marché
à la croissance plus «normale» de 8 à
10% par an sur la période 2009-2012.
Impossible pour les ténors de l’alimen-
taire de laisser plus longtemps ce mar-
ché aux acteurs historiques tels que
Léa Nature, Distriborg ou Euro-nat.
«Nous ne visons pas les 310000 foyers

17 décembre 2009 | supplément au n° 3174 | L’usine nouveLLe

 consommaTion 39

serge adida, responsable marketing de la marque

Knorr chez Unilever

Tant que le bio était une

qui fréquentent les circuits spécialisés
ni le million de gros consommateurs
de bio, mais les 3,7 millions de foyers
« bio-convertibles » qui n’y sont pas
encore passés», explique Serge Adida,
responsable marketing chez Unilever.
Même raisonnement dans les cosméti-
ques (le bio représente 2,5 % du mar-
ché). Sephora, Marionnaud et Yves
Rocher se sont « convertis ». « Depuis
deux ans, l’essentiel des nouvelles
adhésions provient des entreprises
traditionnelles de la cosmétique »,
confirme Thierry Recouvrot, le prési-
dent du syndicat Cosmébio.
30% des produits bio consommés
en France sont importés
La distribution alimentaire n’est pas
en reste : Monoprix et Carrefour ont
déjà plus de 300 références à leurs
marques propres. Les enseignes tra-
ditionnelles de la grande distribution
sont d’ailleurs en train de dépasser
les distributeurs spécialisés (Biocoop,
Naturalia…). La restauration collective,
privée ou publique (des objectifs ambi-
tieux sont fixés en restauration scolaire
et restauration collective publique), s’y
met aussi timidement.
Le développement du bio est une
aubaine pour beaucoup d’entreprises.
Les six organismes certificateurs du sec-
teur (Ecocert, SGS, Ulase…) ont du pain
sur la planche: le nombre de transfor-
mateurs et distributeurs français certi-
fiés a augmenté de 1 000 sur un an
pour atteindre près de 7 400 en 2008.
Le sourcing des matières premiè-
res reste le principal problème de la
filière. Au total, 30% des produits bio
consommés en France viennent de
l’étranger, selon l’Agence BIO, le grou-
pement d’intérêt public en charge de
la promotion de l’alimentation biolo-
gique. Pour les agriculteurs français,
il y a donc un marché à ne pas rater.
Un plan de développement ambitieux
lancé en 2007 par Michel Barnier, alors
ministre de l’Agriculture, vise à porter
le bio d’ici à 2012 à 6 % des surfaces
niche, nous n’avions pas
droit de cité. aujourd’hui,
D.r.
nous sommes beaucoup
plus légitimes. Le rôle des
grandes marques va être de
démocratiser le bio.
agricoles, contre les 2% existants. Ce
qui profite jusqu’aux fabricants d’in-
trants agricoles, tel le groupe Roullier.
Chez Knorr, on reconnaît que l’ap-
provisionnement est tendu, et on ne
préfère pas préciser ses sources. Beau-
coup d’industriels travaillent avec des
matières premières importées, parfois
de très loin (Amérique du Sud, Afri-
que…), en contradiction avec la logique
environnementale… Quand Lesieur
lance trois références d’huiles biolo-
giques, des volumes importants sont
attendus, d’où la nécessité pour ces
puissants groupes de sécuriser leurs
achats. « Les collecteurs et transfor-
mateurs ont compris que le dévelop-
pement passe par la structuration des
filières avec une base contractuelle sur
plusieurs années », estime Elisabeth
Mercier, la directrice de l’Agence BIO.
Pour les fournisseurs d’ingrédients,
arômes ou additifs, mais aussi de
produits alimentaires intermédiaires
(PAI), il y a aussi des places à prendre.
Etre référencé comme fournisseur fia-
ble de bio peut permettre de mettre un
pied en tant que fournisseur de pro-
10 a 15% de croissance par an
rea
Le bio et
l’équitable
ont la cote
> 2,6 milliards
duits conventionnels. Et demain pour- d’euros
quoi pas les fabricants d’emballages ? en 2008
Dans certaines démarches marketing, Les ventes
de produits
l’industriel n’hésite pas à remiser au alimentaires bio
rencart le plastique pour privilégier en France
le PLA (acide polylactique dérivé de devraient passer
à 3,7 milliards
l’amidon) ou encore un carton issu de en 2012, soit 2,5 %
forêts gérées durablement. Il peut éga- de la consomma-
lement favoriser des encres végétales tion alimentaire.
pour l’impression des étiquettes. Ces > 250 millions
comportements pourraient se généra- d’euros
Les ventes de
liser. Logiquement, l’emballage léger cosmétiques bio
en bois devrait en profiter. «Il y a aussi en 2007 (+ 40 %)
des besoins d’équipement en matériel > 256 millions
de transformation à petite échelle, sur d’euros
les exploitations agricoles ou dans les Les ventes
PME », souligne Elisabeth Mercier. du commerce
équitable en France
Enfin, au fur et à mesure que les en 2008 (+ 27 %).
grands acteurs de l’alimentaire se Depuis 2006, les
piquent de développement durable, le ventes ont doublé.
sources : precepta, max Havelaar
bio pourrait entraîner la microniche
du commerce équitable dans sa crois-
sance. D’ailleurs, de plus en plus, les
logos AB et Max Havelaar cohabitent,
notamment sur les produits exotiques
comme le café, le thé ou le cacao. Et
ils font plutôt bon ménage. .
Patrick DénieL
qui en profite ?
Le secteur agricole, les organismes
certificateurs, les fournisseurs
d’ingrédients (arômes, colorants,
texturants) et de produits alimentaires
intermédiaires (PAI).
les circuits à viser
Les grandes et moyennes surfaces
(GMS), les enseignes spécialisées
(Biocoop, Naturalia...) qui pèsent
pour l’instant autant sur le marché.
pour aller plus loin
www.agence.bio.fr
www.cosmebio.fr
www.maxhavelaar.fr

L’usine nouveLLe | supplément au n° 3174 | 17 décembre 2009

 40 consoMMaTion

À saisir E-cOMMERcE

de la stevia
dans votre assiette
C’est le nouvel édulcorant miracle.
Composé issu de la stevia, plante
originaire d’Amérique du Sud,
le rebaudiose-A est le premier
édulcorant intense d’origine
naturelle. Les Etats-Unis et
la France ont été les premiers
à l’autoriser. Des aliments sucrés
à la stevia devraient déferler
dans les rayons ces prochains
mois. Ce qui fait le bonheur
des spécialistes du sourcing,
de l’extraction ou du contrôle
qualité.
le retour des basiques
de l’agroalimentaire
Avec la crise, les Français
ont retrouvé le chemin de leur
Les bonnes ventes des fabricants
avec leur boutique en ligne
A
ugmenter ses ventes,
déstocker, s’affranchir des
distributeurs ou mieux
connaître les attentes des
clients. Les raisons du déferlement
actuel des fabricants de produits de
grande consommation sur internet sont
nombreuses. Tous espèrent, via leur
boutique en ligne, pouvoir tirer parti
des 25 % de croissance de l’e-commerce,
qui devrait représenter cette année
25 milliards d’euros en France,
selon la Fédération de l’e-commerce
et de la vente à distance (Fevad).
Trois ans après sa création, le site

cuisine. Les ventes en valeur
des produits basiques retrouvent
du tonus, selon le panel IRI (en
cumul annuel mobile à fin juin).
Exemples : + 9 % pour les œufs ;
+ 10 % pour le vinaigre, les
conserves de tomates, la compote
appertisée, les fruits secs et la
farine. Et même + 11 % pour les
sardines en conserve et les aides
à la pâtisserie ; + 12 % pour
le riz et les pâtes ; + 16 % pour la
semoule et les fruits au sirop.
l’air pur chez soi
Réputé plus pollué que l’air
extérieur, l’air intérieur devient
aussi un enjeu de santé ! Une
aubaine pour les fabricants
de purificateurs, à l’heure où
les virus de grippes font la une
de l’actualité... AirInSpace,
Biolysair ou Biozone Europe
n’hésitent plus aujourd’hui
à utiliser l’argument.
D.R.
marchand du spécialiste du textile
outdoor, Lafuma, réalise un tiers des Le site de les commandes et les envois d’articles
10 millions d’euros générés par son Lafuma réalise à des spécialistes de la vente en ligne.
pôle distribution (30 magasins), avec un tiers C’est le cas du maroquinier
une croissance annuelle de 20 à 30 %. du chiffre Le Tanneur & Cie, qui a passé un accord
Mais lancer son site demande des d’affaires avec la société Mixcommerce pour gérer
investissements et la mise en place
de son pôle toute l’activité de sa boutique en ligne.
distribution.
d’outils logistiques spécifiques. En échange, ce dernier se rémunère sur
Certains fabricants préfèrent confier chaque vente. . adrien cahuzac
SaNTé
La télémédecine prend son envol
Consultation médicale, diagnostic, suivi d’un patient croître fortement : certains experts parlent
à domicile : la télémédecine est un outil qui de 25 % d’ici à 2012. La télémédecine fait appel
favorise l’accès aux soins sur tout le territoire et à des technologies diverses issues des
permet de faire face à la diminution attendue du secteurs des technologies de l’information,
nombre de médecins. Ce marché est encore des télécommunications, ou encore
naissant et fragmenté. Le consultant Alcimed de l’électronique grand public. Les industriels
l’estime cependant à 90 millions d’euros en qui s’affirmeront sur ce marché seront
France et à 1,2 milliard d’euros en Europe. sans nul doute ceux qui réussiront les
Mis en avant dans le cadre du grand emprunt meilleurs partenariats avec les experts de
ou dans le plan Hôpital 2012, ce marché devrait chaque technologie. .

HaBITaT

L’éolienne domestique tente une percée

Loin des pylônes de plusieurs
dizaines de mètres de haut,
les éoliennes domestiques
susceptibles d’être installées
chez des particuliers pour
produire une partie de leur
énergie commencent à
jeunes entreprises innovantes
se sont positionnées sur le
créneau. Au printemps,
Apple-wind commercialisait
son éolienne compacte. En
septembre, Aeolta lançait
AeroCube, une éolienne de
de fond : il y a quelques mois,
l’entreprise italienne Pramac
avait proposé, à l’occasion de
la Biennale du design de
Saint-Etienne, un projet
d’éolienne dessinée par le
designer Stark. La proposition
DR

apparaître sur le marché. toiture. Autre signe de ce qui s’était vue récompensée AeroCube est un module éolien de toiture
Ces derniers mois, plusieurs pourrait être une tendance par un prix. . mis au point par Aeolta.

17 décembre 2009 | supplément au n° 3174 | L’usine nouveLLe

 CONSOMMATION 41

éclaIRagE PhiliPPe
Les LED arrivent Moati
Directeur de
dans la maison recherche au Centre
Si les lampes à incandescence vivent de recherche
leurs dernières années, en raison pour l’étude
de la décision européenne de les et l’observation
supprimer au profit des lampes
basse consommation, ces dernières
des conditions
pourraient être à leur tour de vie (Crédoc)
remplacées plus vite que prévu.
Les diodes électroluminescentes
(ou LED pour Lighting Emitting
Diodes) commencent à percer
dans l’éclairage domestique.

“Le marketing
Elles devraient bénéficier des
propositions commerciales des
grands fabricants. Philips a lancé

doit se réapproprier
sa MasterLED au printemps, Osram
et GE arrivent avec la leur. La raison
de ce développement attendu ?

le discours produit”
Une durée de vie très longue
(des dizaines de milliers d’heures)
et une consommation énergétique
extrêmement réduite.
Leur colorimétrie qui restait
problématique (trop blanche) s’est La crise modifie-t-elle les stratégies du produit qu’il achète à travers
également améliorée. de vente des entreprises ? son utilité pour lui ou ses proches.
Le marché de l’éclairage public est Oui, elle a accéléré des tendances Les fabricants doivent d’abord
le premier à avoir sauté le pas latentes. Le consommateur est penser aux effets utiles de leurs
et à s’être mis aux LED : il pèse en train de changer ses habitudes produits pour les clients et, surtout,
aujourd’hui 5,1 milliards de dollars d’achat. Il apprend à apprécier tenir les promesses. Ils doivent
et pourrait atteindre 9 milliards la qualité des choses, après avoir s’engager sur la qualité pour
en 2013. . été trop souvent déçu par les reconquérir les consommateurs
produits. Il n’est plus dupe sur les par des labels par exemple. Les
ENTRETIEN discours marketing et est devenu effets utiles pour la société, comme
de plus en plus méfiant et prudent. le développement durable,
Les lessives Grâce à internet, il arbitre, commencent à peser sur l’acte

rattrapées s’informe et essaie d’être malin

pour mieux orienter ses achats.
par la vague verte Cela concourt à installer un climat
de défiance entre consommateurs
Les lessives lavaient déjà plus blanc d’un côté et industriels
que blanc. Elles vont maintenant laver et distributeurs de l’autre.
plus vert que vert ! Sur un marché Quelles sont les leviers
total de 1 milliard d’euros (en baisse de croissance pour les entreprises
de 7 % en 2008), les lessives françaises ?
dites écologiques (Ecolabel ou Il y a un potentiel pour un autre
certifiées par Ecocert) ont progressé modèle de consommation. Jusqu’à
de 15 %, à 40 millions d’euros. présent, on se concentrait sur l’acte
Un marché de niche qui attire de d’achats des produits, en oubliant
plus en plus d’acteurs. Après leur consommation et leurs effets
les pionniers, comme Ecover, utiles. Le marketing doit se
Rainett et L’Arbre Vert, réapproprier le discours produit
les distributeurs se lancent sur ce et pas seulement celui du prix.
marché, suivis par les géants Le consommateur veut consommer
mondiaux comme Henkel. . mieux et souhaite qu’on lui parle
DR
d’achat mais ne sont pas encore
l’argument le plus déterminant.
Quelles sont nos atouts à l’export ?
Les entreprises doivent jouer
la qualité et rendre des services
aux consommateurs en vendant
des produits durables dans le
temps. C’est un argument que
les Français doivent mettre en avant
car ils ne peuvent plus lutter sur
les coûts. Les différences de prix
doivent être justifiées par la qualité
du produit. Et je crois plus
aux vertus du bénéfice
d’un produit pour l’individu
qu’aux arguments altruistes
comme le « made in France » ou
le développement durable. .
ProPos recueillis Par adrien cahuzac

L’usine nouveLLe | supplément au n° 3174 | 17 décembre 2009

 42
mobilité
Automobile

L’écosystème de l’électrique
recherche, production, distribution, utilisation… la voiture électrique réinvente l’ensemble
de la filière automobile. alors que la technologie évolue chaque jour, de nombreuses places restent
à prendre pour des entreprises innovantes. Et téméraires.

e
piphénomène ou boulever-
sement radical du paysage
automobile ? Aucun expert
n’est capable de dire si la
voiture électrique représen-
tera 2, 4 ou 10 % des ventes en
2020. Entre ultrapessimistes et
hyperoptimistes, la fourchette varie
ainsi de 1,4 à 7 millions d’unités
annuelles. Soit un possible gâteau
de plusieurs dizaines de milliards
illustrations rocco
d’euros au niveau mondial ! Dans ce
contexte, Renault affiche son ambi-
tion de devenir le leader européen
de la voiture électrique.
En outre, cette technologie en deve-
nir ouvre également de nouveaux
marchés à des acteurs absents de la
filière automobile, en premier lieu
les fabricants de bornes ou de bat-
teries, les spécialistes de la gestion
électronique ou thermique et les
développeurs de systèmes de géo-
localisation.
Défenseur actif du véhicule décar-
boné, Jean-Louis Borloo, le ministre
de l’Ecologie et de l’Energie, promet
un parc français de 2 millions de
véhicules zéro émission vers 2020.
Il y voit un vecteur de relance des
sites français de Renault et de PSA
et, au-delà, de toutes les PME enga-
gées dans ce pari… . Anne léveillé

distribution location et autopartage
Deux fois plus chère à l’achat qu’une essence, la voiture électrique ne
devient intéressante que si l’on lisse les coûts sur l’ensemble de sa
durée de vie, en tenant compte des faibles tarifs de l’électricité.
Prêts à proposer des abonnements mensuels, des distributeurs comme
Arval, Hertz ou Avis vont concurrencer les concessionnaires traditionnels.
L’utilisateur pourra toutefois préférer l’autopartage
type Autolib’. Seuls ou associés, Vinci Park, la SNCF, mais aussi Google
ou Orange se proposent de gérer ces futurs parcs partagés et leurs
emplacements de stationnement. Maîtrisant la géolocalisation par GPS,
ils sauront guider les utilisateurs, via leurs portables, vers une voiture
disponible et leur indiquer, en temps réel, le niveau de la batterie.
La naissance de nouvelles habitudes de vie?
véhicules utilitaires
le premier marché est là
L’utilitaire zéro émission devrait être le premier à
s’imposer à grande échelle, malgré des tarifs doubles
de ceux du thermique. Voitures de sociétés porteuses
d’une image écolo ou engins de livraison devant circuler
dans des centres-ville interdits un jour aux moteurs
thermiques, leur avenir est assuré. Proposant des
locations longue durée sur des produits multimarques,
des concessionnaires d’un nouveau genre, comme
Newteon ou ElecTruckCity, se lancent sur le créneau. Pour
Michel Albrand, cofondateur d’ElecTruckCity, «la
demande est là, mais l’offre est encore trop restreinte.
Nous espérons passer rapidement à 500 ventes par an».

17 décembre 2009 | supplément au n° 3174 | L’usine nouveLLe

 mobilité 43

batterie Le maillon perfectible

Tout dépend d’elle… Pour que la voiture bleue prenne son envol vers 2030,
la densité énergétique des batteries – aujourd’hui majoritairement nickel-métal
hydrures – devra offrir des autonomies proches de celles de voitures thermiques.
Les leaders asiatiques du lithium-ion comme Samsung ou NEC, mais aussi
des PME françaises travaillent d’arrache-pied à l’amélioration des performances,
à la gestion thermique et à la sécurisation de ces batteries (encore sujettes à
explosion). Et les industriels accumulent les alliances. En France, Bolloré ouvre
une usine dédiée à la technologie lithium-polymère. Les pouvoirs publics ont
lancé un vaste plan de R&D et d’industrialisation de la filière associant Renault,
le CEA et le FSI, et doté de 600 millions d’euros.

équipementiers que les meilleurs gagnent

Encore peu nombreux dans un domaine où la R&D est cruciale, les infrastructures
équipementiers innovants vont pouvoir dans un premier temps s’assurer sans bornes point de salut!
des marges plus confortables que sur les véhicules actuels. Entre logiciels
embarqués, systèmes de récupération d’énergie au freinage, Le gouvernement prévoit l’installation de
refroidissement ou modélisation numérique, 4,4 millions de points de recharge d’ici
l’avenir appartiendra à ceux qui sauront gérer à 2020. Neuf sur dix à domicile et sur les lieux
la capacité et l’autonomie de la batterie. de travail, le reste dans les parkings publics
Bosch, l’IFP ou Continental s’affirment et sur la voirie. Design des bornes, système
déjà par leur savoir-faire dans la de monétique par carte à puce, sécurisation
gestion thermique ou l’électronique des prises, les problématiques sont
de puissance. A l’exemple de nombreuses. Schneider ou Legrand se lancent
l’alterno-démarreur Stop&Start de sur le marché, dont l’un des pionniers est
Valeo ou de la roue motorisée Active DBT, une PME du Pas-de-Calais. Fabriquant
Wheel de Michelin, les technologies des bornes pour La Rochelle, elle mise sur
inédites ont la voie libre. De leur côté, ses quinze ans d’expérience pour s’imposer.
des acteurs classiques comme Leroy Pour son PDG, Hervé Borgoltz, «mettre
Somer ou des PME innovantes comme en place l’infrastructure avant la
Phénix (Haute-Saône) travaillent à commercialisation des voitures est la bonne
améliorer le rendement des approche. Le potentiel est énorme.
moteurs. Dominique Condamin, de Idéalement, il faudrait un maillage national
Leroy Somer, explique: «Un point offrant un point de recharge public tous
gagné en rendement moteur, c’est les 80 kilomètres». Aujourd’hui, il n’y en
autant de batteries nécessaires en moins.» a que 4300 sur l’ensemble du territoire.

L’usine nouveLLe | supplément au n° 3174 | 17 décembre 2009

 44 MobiLité

AéronAutique
Le multimédia s’envoie en l’air
Les systèmes de divertissement en vol évoluent vers des services plus interactifs.
Ils sont devenus le deuxième poste de dépense d’équipement des compagnies, après les moteurs.
Un créneau porteur pour des entreprises comme Thales, Panasonic et quelques PME innovantes.

L
es systèmes de divertisse-
ment en vol (diffusion de
Qui en films, jeux vidéo…) sont en
profite? passe de devenir une bana-
> L’électronique lité. Quasiment plus aucun
de loisir long-courrier n’est livré sans un tel
> Les éditeurs système dit IFE (In-Flight Entertain-
de logiciels ment). Et la vague gagne les courts-
> Les spécialistes courriers. Ainsi, 70 % d’entre eux en
des télécoms
sont désormais équipés, offrant de
Les clients à viser plus en plus de confort aux passagers
> Les avec notamment des écrans incrustés
compagnies dans les sièges. Aujourd’hui, environ
aériennes
qu’elles soient 6 000 avions proposent des services
premium de divertissement soit environ 35 %
ou low cost de la flotte mondiale.
> Les

avionneurs
Airbus, Boeing, Des solutions essentielles
etc.
pour les compagnies aériennes
> Les Il faut dire que les compagnies aé-
intégrateurs riennes, malgré leurs finances mises
Thales, Panaso-
nic, etc. à mal par la crise du trafic aérien,
considèrent ce type de solutions
comme essentiel et ne reculent pas
devant la dépense. En moyenne, l’in-
vestissement pour équiper un avion
long-courrier d’un système IFE est de
l’ordre de 2 à 5 millions de dollars, soit
le second poste de dépense en équipe-
ment après les moteurs ! « Quels que
soient leur profil, low cost ou pre-
mium, leur flotte, courts ou longs-
courriers, les compagnies continuent
d’investir dans les systèmes IFE. Cela
leur offre une capacité de différencia-
tion vis-à vis-de la concurrence, en
personnalisant leurs services, et leur
permet aussi d’engranger des revenus
35 % DE La fLottE MonDiaLE éQuipéE
> 6000 avions sur 21000 sont dotés de systèmes de
divertissement IFE (In-Flight Entertainment)
> Le marché des équipements de divertissement de vol
devrait atteindre environ 1,5 milliard de dollars en 2009
et 2,7 milliards en 2012.
clés USB, connexions Wi-fi et GSM, ethernet... Les standards technologiques s’imposent à bord.
additionnels liés à la consommation
de nouveaux services », explique
Gil Michielin, le vice-président de
Thales en charge de l’activité liée aux
avions commerciaux. Les compagnies
ont ainsi dépensé 1,5 milliard de dol-
lars dans les systèmes IFE en 2008,
auxquels s’ajoutent 500 millions de
dollars pour l’achat de contenu. Le
niveau de dépense devrait être simi-
laire en 2009.
Toutefois, sur ce marché, les intégra-
teurs sont peu nombreux. Le français
Thales et le japonais Panasonic domi-
nent le marché. « Pour concevoir une
offre IFE de bout en bout, il faut addi-
tionner les compétences de dévelop-
pement d’un grand systémier, d’un
expert des contraintes et de la sécu-
rité aéronautiques, et d’un spécialiste
du matériel électronique et informa-
tique », indique Gil Michielin.
En revanche, l’arrivée de nouveaux
services plus interactifs comme la
téléphonie ou l’accès internet pourrait
faire émerger de nouveaux acteurs.
Des start-up comme Axess Europe
AIr frAncE
travaillent sur des antennes de nou-
velle génération pouvant offrir une
connexion internet à 30 Mbps. Pour
sa part, OnAir, la filiale commune de
Sita et d’Airbus créée en 2005, spé-
cialiste de la connectivité en vol, a
déjà séduit bon nombre de compa-
gnies aériennes dont Air Asia, British
Airways, Qantas, Ryanair, TAM, etc.
Son système devrait équiper environ
80 avions d’ici à la fin de l’année, et
1 500 avions d’ici à 2013 selon son
plan de développement. Il s’appuie
techniquement sur les minirelais
GSM de Siemens, qui peuvent gérer
14 appels simultanés. Une des clés du
succès des prétendants sur ce marché
résidera dans leur capacité à importer
dans l’avion les standards technolo-
giques déjà éprouvés au sol : ether-
net pour le réseau de transport des
données, des systèmes d’exploitation
ouverts de type Linux pour garantir
une informatique évolutive, ou le Wi-
Fi pour les communications sans fil.
Sans compromettre la sécurité de
l’appareil. .
Hassan MEDDaH

L’usine nouveLLe | supplément au n° 3174 i 17 décembre 2009

 46 mObilité
à saisir
bientôt des gros cubes
hybrides
Si le poids lourd électrique
n’a pas d’avenir sur les longues
distances, le camion hybride
est un marché prometteur.
Mercedes, Man ou iveco ont
déjà présenté des véhicules
utilitaires jusqu’à 12 tonnes.
Et volvo trucks va livrer ses
premiers camions-poubelles
dans les prochaines semaines.
ces véhicules consomment
entre 10 et 15 % d’énergie en
moins par rapport à un camion
traditionnel. Revers de la
médaille, ils coûtent beaucoup
plus cher (+ 30 %).
roulez turbo
En matière d’automobile,
le meilleur moyen de baisser
les consommations, et donc
les émissions de co2, c’est
l’optimisation des rendements,
qui passe par la réduction des
cylindrées (downsizing), couplée
à la généralisation des turbos.
Sur les petits moteurs comme sur
les gros, sur les essences comme
sur les diesels. Les spécialistes
des turbos, comme continental,
Honeywell ou borgWarner
se frottent déjà les mains.
la géoloca-
dR
lisation
au secours
Pour lutter contre
l’insécurité dont
sont victimes les
chauffeurs et leurs
dR
camions et plus
généralement pour
mieux gérer les flottes,
notamment en terme de
consommation les solutions
de géolocalisation ont un beau
potentiel de croissance. Le taux
d’équipement faible (entre 10
et 20 %), il a stagné cette année
avec la crise mais devrait pro-
gresser ces prochaines années.
L’enjeu est de taille avec un parc
européen de camions estimé à
5 millions. transics, le numéro
1 européen des solutions de
gestion de flottes poids lourds,
a vu ses ventes passer
de 13 millions d’euros en 2004
à 43,5 millions en 2008.
Ferroviaire
La voie est libre pour le fret vert
L
e Grenelle de l’Environnement
a promis la relance du fret
ferroviaire. Mais faire passer
la part du rail dans le transport
de marchandises de 14 % aujourd’hui
à 25 % en 2022 va demander
une réorganisation de Fret SNCF,
structurellement déficitaire,
et de lourds investissements. L’Etat
investit 7 milliards d’euros jusqu’en
Ludovic GRA / SNcF
2020. De son côté, la SNCF remet
1 milliard d’euros au pot. Ainsi,
1,5 milliard d’euros (sur quinze ans)
seront consacrés à la rénovation Le Grenelle des caisses dans le combiné)
d’un réseau orienté fret et 4,5 milliards souhaite que et les fabricants de wagons. Pour le test
d’euros à la suppression des goulets la part du fret grandeur nature du fret à grande vitesse,
d’étranglement (contournement de ferroviaire la somme promise est de 170 millions
l’agglomération lyonnaise, de Nîmes soit de 25 % pour les raccordements au réseau et les
et de Montpellier). Des marchés en 2022. plates-formes parisienne et lyonnaise,
potentiels pour les industries liées soit un débouché pour le BTP
aux infrastructures (rails, signalisation, et l’équipement logistique. Sans oublier
ballast, caténaires…), mais aussi pour 300 millions d’euros pour le matériel
les équipementiers (transbordement roulant. . Olivier COgnasse
Deux-roues
L’avenir aux paresseux
Sur 3,5 millions de vélos vendus le Renault Espace), Matra MS a mis au
en France, seuls 15 000 sont point une gamme de 12 vélos, allant
électriques. Un chiffre en croissance de 1 450 à 2 600 euros. Spécialiste
de 30 % cette année. Champions des motorisations électriques, la
du monde de la catégorie, les PME charentaise ISD s’est elle aussi
Chinois exportent des modèles diversifiée dans le domaine. Elle vend
à partir de 400 euros, réputés actuellement 200 vélos par mois,
pour leur piètre robustesse à un prix moyen de 1 300 euros.
et le manque de longévité de Enfin, Peugeot revient sur le marché
leur batterie. Les Français des cycles, en partenariat avec
veulent se démarquer l’américain Ultra Motor, et propose
en misant sur la qualité. un vélo à 2 290 euros, dont la batterie
Pour charger son site de lithium-ion de 36 V offre 70 km
Romorantin (où était fabriqué d’autonomie. .
aéronautique
Nouveau confort aérien
Un nouveau filon pour les acteurs que les sièges de base, formés développer 1 800 sièges
de l’aménagement de cabines ? ici d’une coque fixe inclinable. auprès de l’équipementier
Air France vient de lancer sa La compagnie aérienne B/E Aerospace, soit un
classe « premium voyageur », compte équiper l’essentiel de investissement de 75 millions
une catégorie intermédiaire sa flotte long-courrier (B 777, d’euros, qui correspond
entre les classes économique A 330, A 340) soit 76 appareils à environ 41 600 euros par
et affaires, 40 % plus spacieuse au total. Air France a fait passager. .
17 décembre 2009 | supplément au n° 3174 | L’usine nouveLLe

aéronautique
Vieux coucous
à recycler
6000 C’est le nombre
d’appareils qui devraient
arriver en fin de vie d’ici à vingt ans,
selon l’Afra, l’association
internationale du recyclage
d’avions. Sur les 400 à 450 appareils
démantelés chaque année, les
membres de l’Afra (Boeing,
Rolls Royce, Snecma, aéroport de
Châteauroux…) en désossent déjà
environ un tiers sur les sites de
Châteauroux et de Tarbes. De quoi
récupérer jusqu’à 30 000 tonnes
d’aluminium et 1 800 tonnes
“Les constructeurs veulent
d’autres alliages ré-exploitables
chaque année. Par ailleurs, les
pièces démontées ont une valeur
des produits sur étagère”
marchande d’environ 2 milliards
de dollars. Et d’autres gains sont
à venir. Selon Martin Fraissignes,
le directeur exécutif de l’Afra,
le volume de matériaux
aéronautiques recyclés pourrait
passer de 70 % actuellement à 95 %
d’ici à 2016. .
Maintenance
L’armée a besoin
de soutien
La politique d’externalisation du
maintien en condition opérationnelle
(MCO) lancée par le ministère de
la Défense au profit des entreprises
se concrétise. Depuis un an, les
gros contrats se multiplient avec
les fournisseurs des armées,
notamment DCNS, Thales ou
Nexter. Dernier en date, un contrat
de 900 millions d’euros avec
Nexter pour l’entretien des chars
Leclerc. Cette politique profite aussi
aux grosses PME comme Sabena
Technics, qui a remporté la MCO
des avions ravitailleurs KC 135
français. Les crédits de paiement
prévus pour 2010 se montent
à la bagatelle de 2,4 milliards
d’euros, une somme en constante
augmentation depuis 2005.
Pour cela, une seule porte d’entrée :
la DGA. .
L’usine nouveLLe | supplément au n° 3174 | 17 décembre 2009
Gérard
Yahiaoui
Membre du comité
opérationnel
du pôle de
compétitivité Movéo,
PdG de Nexyad
(mathématiques
appliquées) basée
à Saint-Germain-
en-Laye (Yvelines)
Les PME ont-elles à gagner
dans l’automobile verte ?
Il existe de vraies opportunités de
marchés pour les entreprises
spécialisées dans les technologies
high-tech liées au contrôle qualité,
à la mesure ou à l’amélioration des
process. Cela peut être une source de
diversification ou de reconversion
pour les entreprises de mesures
par ultrason ou par caméra, qui
travaillaient principalement pour
l’armement. Celles qui sauront
répondre à des problématiques
de recyclage ou d’allègement, les
spécialistes des matériaux
composites, des thermoplastiques,
voire de la physique fondamentale
appliquée au traitement de surface
vont aussi être très recherchées.
Y a-t-il une évolution de la
demande des constructeurs
vis-à-vis de leurs fournisseurs ?
Les centres de recherche externalisée
qui offrent des prestations de
services pures sont en perte de
vitesse. Les clients, constructeurs
et équipementiers de premier rang
veulent aujourd’hui des « produits
sur étagère », autrement dit des
innovations développées et
produites, qui ne demandent plus
qu’à être commercialisées.
MobiLité 47
HERvé boutEt PouR «L’uSiNE NouvELLE»
Les PME françaises peuvent-elles
faire face ?
La France dispose d’une mine de
PME innovantes, mal exploitée.
Elles manquent de financement et
de capitaux qui leur permettraient de
dépasser le stade de la recherche pour
passer à celui de l’industrialisation
et de la commercialisation. Elles
pourraient alors atteindre une taille
critique pour se positionner plus
efficacement face aux grands
donneurs d’ordres. Mais vu la
conjoncture, plus personne ne veut
parier sur l’automobile. Les rares
fonds qui s’y risquent recherchent
une rentabilité à court terme, alors
que l’automobile s’appréhende
par cycles de cinq ans.
Il faut aussi en finir avec le virus du
« NIH » (not invented here). Par
fierté mal placée, les grands acteurs
rechignent à considérer les
innovations externes.
Contrairement aux Etats-Unis ou à
l’Allemagne, où les industriels sont
prêts à soutenir, voire à racheter
une PME qui aurait inventé un
produit dont ils ont besoin, les
Français préfèrent souvent lancer
leur propre programme de
recherche. C’est une ineptie. .
PrOPOs reCueillis Par anne léveillé
 48 Biens d’équipement

Biotechnologies
Le marché
des bioréacteurs
décolle
Avec le nombre croissant de médicaments
produits par voie biotechnologique,
les bioréacteurs ont beaucoup évolué.
Aujourd’hui, une demande de
ces équipements à façon émerge.

U
n peu partout dans le posés chimiques. Et il n’est pas

monde, l’industrie des
biotechnologies a pris
son élan. Conséquence
directe, un nombre toujours plus
important de structures se dote
de capacités de production avec,
au cœur du système, les bio-
réacteurs. Un marché de niche
mais qui représente déjà envi-
ron 300 millions d’euros, avec
10 % de croissance. Ces cuves en
inox – dans lesquelles les cellu-
les se multiplient en fabriquant
le médicament ou le produit
chimique –, poussées par des
demandes de plus en plus pré-
cises, se modernisent. « Je truffe
mon fermenteur de capteurs,
j’indique au fabricant exacte-
ment ce que je veux », affirme
Olivier Nore, le directeur de
l’industrialisation de Metabolic
Explorer, qui utilise la fermen-
tation pour fabriquer des com-
dr
le seul à exiger une flexibilité de
ces équipements.
Des cuves de 2 à 10 000 litres
Plusieurs fabricants de bioréac-
teurs se sont positionnés sur
des produits à façon, comme
l’entreprise 3C France, localisée
à La Chapelle-d’Angillon, dans
le Cher. Qu’il s’agisse de bio-
réacteurs de culture cellulaire
de 2 litres ou de 10 000 litres,
l’entreprise, qui emploie une
centaine de salariés, développe
pour chaque client un système
englobant le bioréacteur et les
automatismes qui l’entourent.
« Nous concevons la chaîne de
fabrication, nous l’informati-
sons et nous la testons chez
nous en grandeur nature »,
raconte Serge Kronenberg, le
directeur de 3C France. L’en-
treprise réalisera cette année

l’usage unique en progression

Beaucoup d’acteurs des biotechnologies évaluent actuellement
les différentes technologies de bioréacteurs à usage unique
en plastique, et passeront commandes dans les deux prochaines
années. « Le marché est aujourd’hui de 40 à 50 millions d’euros,
il augmentera d’environ 25 % par an dans les années
qui viennent », estime Davy De Wilde, le responsable de
l’activité des bioréacteurs jetables de Sartorius Stedim Biotech
pour les secteurs Europe et Asie.

17 décembre 2009 | supplément au N° 3174 | L’usine nouvelle

 49
Trouvez
vos futurs fournisseurs
parmi 4 500 exposants
et 35 000 produits
www.usinenouvelle.com/expo

visuel non contractuel

L’EXPO PERMANENTE
dr

L’entreprise 3C France, à La Chapelle-d’Angillon (Cher), développe pour 4 500 EXPOSANTS ET 35 000 PRODUITS
chacun de ses clients des bioréacteurs et les automatismes qui les entourent. 18 SECTEURS D’ACTIVITÉS

un chiffre d’affaires avoisinant production à façon. Ils allègent

les 11 millions d’euros. les procédures et ôtent tout ris-
Produit phare du marché, le que de contamination croisée »,
bioréacteur jetable peut pren- explique Joëlle Dumas, char-
dre la forme de simples gée de mission biopro-
poches en plastique duction du Genopole,
de 500 litres position- Les sites de à Evry. Plus besoin de
nées sur des plates- production nettoyer les cuves en
formes rotatives. Plus se inox entre chaque lot !
récemment, de gran- multiplient De plus, le coût d’inves-
des poches ont inté- tissement est divisé par
> Le marché
gré des agitateurs et mondial des deux. « Pour un bioréac-
contiennent jusqu’à médicaments teur jetable de 200 litres,
2 000 litres de culture biotech a atteint il faut compter entre
85,1 milliards de
cellulaire. Ce volume dollars en 2008 80 000 et 100 000 euros,
est aujourd’hui un (+ 8,7 %), dont contre 200 000 euros
standard dans les pro- 36 % en Europe pour un bioréacteur
cess de bioproduction. > Entre 2005 et classique en inox », indi-
D’abord hésitante, l’in- 2007, les capacités que Davy De Wilde, le
de bioproduction
dustrie des biotechno- mondiales ont responsable de l’activité
logies s’est appropriée augmenté de 30 % des bioréacteurs jetables
ces techniques jeta- > Une dizaine de Sartorius Stedim Bio-
bles, avec leurs mul- de sites sont tech, pour l’Europe et
tiples avantages. Ces en construction l’Asie. Grâce à cette diffé-
en France, dont
produits à usage uni- 5 majeurs rence de prix, les petites
que donnent notam- Source : Leem Biotech/ entreprises de biotech-
ment de la souplesse Genopole, Pharmaceutiques nologies investissent de
et permettent de réagir plus en plus dans leurs
vite à une augmentation de pro- propres capacités de produc-
duction. « Les bioréacteurs jeta- tion. Ce qui contribue d’autant à
bles sont particulièrement bien faire grandir le marché des bio-
adaptés aux petits lots ou à la réacteurs. . Anne Pezet

L’usine nouvelle | supplément au N° 3174 | 17 décembre 2009

 50 Biens D’équipement

moteurs électriques

Le haut rendement devrait

à saisir
créer 40 000 emplois en dix ans
L
a fabrication et la vente de moteurs compte pour 24 % de l’électricité
Des besoins électriques à haut rendement devrait consommée en France. Le règlement
de contrôle-commande entraîner la création d’environ européen n° 640/2009 prévoit de
Installations vieillissantes en 40 000 emplois en Europe d’ici rendre obligatoires les seuls modèles
Un atelier de
Europe et aux Etats-Unis, à 2020, selon la Commission européenne. fabrication à haut rendement. Dès le 16 juin 2011,
nouvelles usines en Asie : les Le parc européen compte 12 millions de moteurs la vente de moteurs affichant un
systèmes numériques de contrôle- d’unités. Les moteurs électriques électriques, rendement inférieur à la norme IE2
commande ont là un terreau fertile représentent 70 % de la consommation chez Leroy (ex-classification EFF1) sera interdite.
pour leur croissance. C’est la filière électrique de l’industrie, qui, elle-même, Somer. Puis, en 2015, seuls les moteurs IE3
de l’énergie qui est la plus friande
dits Premium, seront autorisés pour
de ces cerveaux industriels,
qui comptent pour 5 à 6 % les machines de puissance élevée (7,5 et
du coût total d’une usine. Le 375 kW). Cette même obligation
marché mondial dominé par ABB, s’étendra à la gamme de puissance
Honeywell, Siemens et Emerson, inférieure (0,75 à 7,5 kW) en 2017.
et estimé à 16,7 milliards de Toutefois, les moteurs de type IE2
dollars en 2008, devrait atteindre pourront encore être vendus après 2015,
24 milliards en 2012. L’Asie à condition d’être équipés d’un variateur
drainera environ la moitié de cette de vitesses, permettant d’économiser
somme, l’Europe un quart. jusqu’à 50% d’électricité. Les économies
StEPHAnE AUDRAS/REA

d’énergie générées pourraient atteindre

Biomatériaux à bord 135 TWh en 2020, soit 10 %
Les bioplastiques ont la cote dans de consommation théorique totale
des moteurs. . LuDovic Dupin
l’automobile. PSA Peugeot Citroën
se donne pour objectif de tripler
la proportion des « matériaux
verts » dans les pièces en plastique
des voitures à l’horizon 2011, plasturgie
pour atteindre une part en masse
de 20 % à cette échéance, puis de
30 % en 2015. Aujourd’hui, ces
Les dispositifs médicaux ont la santé
11%
matériaux, composés notamment C’est la progression, Des prothèses de hanches en polyéthylène
de fibres végétales naturelles, sont entre 2006 et 2008, du aux polymères utilisés dans la recherche
utilisés à hauteur d’environ 6 % marché français des comme surfaces de réaction, en passant par les
dans les véhicules du groupe.
dispositifs médicaux, dont plus de la moitié produits consommables (seringue, pipette…),
sont en plastique. Le marché s’élevait, le succès du plastique va croissant, détrônant
Batteries à recycler en 2008, à 6,2 milliards d’euros (53,6 milliards peu à peu le métal et le verre, grâce à sa facilité
La directive européenne sur d’euros en Europe). Tous matériaux de mise en œuvre. Les plasturgistes
les batteries et accumulateurs confondus, on recense quelque 1 500 sociétés, s’investissent de plus en plus comme
implique une augmentation
essentiellement des PME, qui mettent fournisseurs mais aussi comme partie prenante
du taux de recyclage. En 2007,
le Vieux Continent a mis au au point ces produits dans l’Hexagone. du développement des projets. .
rebut quelque 200 000 tonnes
de batteries et piles, dont sidérurgie
35 200 tonnes seulement ont été
valorisées. Mais rien pour celles
fonctionnant au lithium, pourtant
13 millions de tonnes de laitiers à valoriser
de plus en plus nombreuses. Issus de la transformation de la En témoigne le récent contrat Riva a noué des partenariats
Leur traitement n’est pas rentable fonte en acier dans les hauts- entre ArcelorMittal et Excell avec des sous-traitants comme
à cause de la rareté des composés fourneaux ou du recyclage des Minerals à Imphy (Nièvre). SPB, MTMS Gagneraud et
récupérables. En revanche,
ferrailles, les laitiers peuvent La société canadienne y a Cogesud. Cette valorisation
les éléments polluants sont
nombreux : métaux lourds, sels, servir de matériau dans la inauguré son premier site français représente un marché en pleine
arsenic... Le français Recupyl construction. Poussés par une de traitement des laitiers. Il expansion. Dans l’Hexagone,
a breveté une technologie de réglementation de plus en plus devrait valoriser les matériaux 13 millions de tonnes de laitiers
recyclage pour les accumulateurs exigeante, les aciéristes de ce crassier d’ici à 2012. sidérurgiques pourraient être
lithium, mais la filière reste à créer. s’activent pour les valoriser. De même, l’aciériste italien valorisées. .

17 décembre 2009 | supplément au n° 3174 | L’usine nouveLLe

 BIEnS D’éQUIPEMEnt 51

biolubrifiants
PhiliPPe
L’éveil des Choderlos
huiles vertes de laClos
Directeur général
Chaînes de tronçonneuses, voies
ferrées, engrenages, moteurs, usinage du Centre technique
des métaux... Les lubrifiants, dont des industries
la consommation est évaluée à mécaniques (Cetim)
800 000 tonnes par an en France,
sont omniprésents dans l’industrie
et les infrastructures. Un projet de
décret devrait inciter les utilisateurs
à se tourner vers les biolubrifiants
produits à partir de la biomasse,
dans un certain nombre de zones
naturelles protégées. Basés pour la
plupart sur des huiles végétales
issues du colza et du tournesol, ces

“L’énergie et l’aéronautique
produits s’avèrent en général plus
biodégradables et moins nocifs pour
l’environnement que les dérivés

en soutien de la mécanique”
pétroliers. Les industriels tels Condat,
Fuchs, Novance mais aussi Total ou
Motul planchent pour mettre au
point ces lubrifiants et tentent de
minimiser leur surcoût (2 à 5 fois
supérieur aux huiles minérales). Comment l’industrie mécanique, démontre les bienfaits d’une telle
La production française actuelle, qui traverse une période difficile, stratégie pour la mise en œuvre
confidentielle (environ 1 000 tonnes), peut-elle réagir ? concertée d’un programme
devrait décoller : le marché pourrait Notre secteur connaît une forte d’innovation ou pour répondre à un
atteindre 95 000 tonnes en 2015 baisse des commandes. Il faut appel d’offres avec une solution
et 145 000 tonnes en 2030, selon continuer à innover, chercher les complète. Inspirons-nous de ce que
les fabricants. . secteurs qui ont le vent en poupe. font si bien et depuis longtemps
Le Cetim s’est investi depuis les entreprises allemandes…
deux ans dans des domaines qui Reste, pour les PME, l’épineuse
microsources d’énergie connaissent une activité soutenue, question du financement
Maxi-marché l’énergie et les nouveaux
programmes de fabrication
de l’innovation…
Le crédit d’impôt recherche est
La quête d’une meilleure efficacité aéronautique notamment… hélas très peu utilisé par les PME.
énergétique passera peut-être par les L’industrie médicale, avec ses Il est vrai qu’il ne permet pas tout,
microsources d’énergie capables de produits à forte valeur ajoutée, est une application immédiate
fournir quelques microwatts/heure aussi un domaine qui ne faiblit pas. par exemple. Les PME manquent
à partir de vibrations, de gradients Seul problème : le ticket d’entrée d’un système de financement
de température ou encore de y est très élevé. comme l’était le programme Atout,
sources lumineuses. Ces dispositifs Quelles activités faut-il renforcer ? au début des années 2000.
permettront de rendre autonomes des Nous constatons que la R & D est La pression écologique devient
capteurs placés sur des équipements moins touchée par la crise que la de plus en plus forte…
industriels ou des puces RFID dans production. La recherche appliquée Les écotechnologies constituent
le cadre d’activités logistiques. est donc un levier de croissance des débouchés à ne pas négliger
Autres applications : les implants important. La diversification des car il s’agit d’activités à long terme,
corporels (auditifs et cardiaques), marchés est un autre impératif. sources de profits sensibles.
rechargés par les vibrations ou la Sans oublier les activités de service, D’autant plus que la France abrite
chaleur du corps. Ce marché va plus rémunératrices, qu’il faut sur son sol plusieurs entreprises de
connaître une croissance exponentielle. renforcer. L’export reste, dans une taille mondiale spécialisée dans ces
CEtIM / CHRIStIAn BARREt

Le consultant américain Darnell Group économie globalisée, un objectif technologies. Mais les PME n’en
estime que 164 millions d’unités permanent. Mais les PME doivent sont qu’aux balbutiements dans
de récupérateurs d’énergie seront s’allier pour pouvoir « chasser en cette activité. .
vendues dans le monde en 2013. . meute ». Notre programme Acamas propos recueiLLis par mireL scherer

L’usine nouveLLe | supplément au n° 3174 | 17 décembre 2009