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La retranscription sur procès-verbal, réalisée mi-novembre par un huissier de justice, à la demande des deux journalistes, de la conversation entre deux journalistes du Monde et Jean-Pierre Jouyet.
La retranscription sur procès-verbal, réalisée mi-novembre par un huissier de justice, à la demande des deux journalistes, de la conversation entre deux journalistes du Monde et Jean-Pierre Jouyet.
La retranscription sur procès-verbal, réalisée mi-novembre par un huissier de justice, à la demande des deux journalistes, de la conversation entre deux journalistes du Monde et Jean-Pierre Jouyet.
Nelly BENICHOU Jéréme LEGRAIN
Henri BERRUER.
Huissiers de Justice Associés
13/15, Rue des Sablons EXPEDITION CERTIFigE
meee CONFORWE A LORIGiNay
PROCES VERBAL
DE
CONSTAT
L’AN DEUX MIL QUATORZE
ET LE TREIZE NOVEMBRE
ALA REQUETE DI
Monsieur Gérard DAVET, né le 25.08.1966 & COURBEVOIE (92), de nationalité
frangaise, jouraliste, demeurant
Monsieur Fabrice LHOMME, né le 17.11.1965 & PARIS 6°", de nationalité
frangaise, joumaliste, demeurant
LESQUELS M’ONT EXPOS
Qu'ils ont eu le 20 septembre 2014 au matin au palais de I"Elysée, un entretien avec
monsieur Jean Pierre JOUYET, secrétaire général de la présidence de la République, a
occasion de la rédaction d’un ouvrage intitulé « Sarko s'est tuer »,
Que cet entretien a été enregistré avec I’assentiment de monsicur JOUYET,
Quils ont le plus grand intérét 4 me faire constater la réalité des propos tenus par
Monsieur JOUYET a occasion de cet entretien,
Que cet entrefien dune durée de 53 minutes a porté sur divers sujets dont certains sont
ouverts par le secret professionnel, le secret des sources et le secret de la vie privée,
Qu‘en conséquence ils me remettent I’intégralité des extraits ayant trait au déjeuner
entre monsieur JOUYET et monsieur FILLON le 24 juin 2014 et me requiérent d’en
ffectuer la retranscription,DEFERANT A CETTE REQUISITION
Je, Jéréme LEGRAIN, Huissier de Justice membre de la Société Civile
Professionnelle Nelly BENICHOU, Jéréme LEGRAIN et Henri BERRUER,
Huissiers de Justice associés prés le Tribunal de Grande Instance de PARIS, y
demeurant, 13/15 Rue des Sablons, 75116 Pat
J'ai procédé aux constatations suivantes :
Il m’est remis une clef USB contenant un fichier dénommeé « extraits.mp3 ».
Je procéde & I’écoute de l’enregistrement et le retranscrits ci-aprés :
Premier extrait
Interlocuteur 1: Mais dans ce cadre-la on essaie de récupérer un petit peu toutes les
informations qui peuvent nous servir, et dans ce cadre lt le déjeuner que vous aviez
eu avec Fillon nous...
Interlocuteur 2 : ... A été trés intéressant...
Anterlocuteur I : ... Nons intéressait...
Interlocuteur 2 : .. Ben oul ! Moij'ai déjeuné avec Fillon le 24 juin. C'était... c'est...
c'est... J'ai de bonnes relations avec Fillon, et puis surtout, j'ai travaillé trés
étroitement avec Gosset-Grainville, qui est un ami pracke, j'ai travaillé avec lui a ta
Caisse des dépots et on a eu avec Gosset-Grainville 4 un mois d'intervalle la méme
éprewve, c'est-2-dire qu'on a perdi un enfant. Alors ¢a évidemment, ga rapproche. Et
donc, bon... Et, & la Caisse des dépdts, enfin je ne rentre pas dans les détails, mais
Javais comme directeur, comme président de la Caisse nationale de prévoyance,
‘Faugére.
Interlocuteur 1 : D’accord. Ah oui... L’ancien dir cab de... de Fillon.
Interlocueur 2 : De Fillon. Done moi, avec Faugéres, Gosset-Grainville et tout, j'ai
Fillon. J'ai dit au président ; « Est-ce que je vais voir Fillon, puisqu’Antoine m'a dit :
ben, Francois Fillon serait content de te voir, et tout... », bon... Im'a dt, bien sir,
‘faut pas que ce soit & l'Eysée, trés bien, donc on est allés dans un restaurant, @ cété, et
J 6tais avec Antoine et Fillon. Mais faut voir ce que Fillon m'a mis sur le truc ! Il m'a
dit, sur les trucs, UMP, les factures... Olu Fillon a été le plus dur, vraiment le plus dur,
c'est sur le remboursement que Sarkozy avait demande, vous savez...enfin vous
connaissez ca mieux que moi, parce que je connais pas bien...
Interlocuteur 1 : Des pénalités...
Interlocuteur 2 : Des pénalités et des trucs euh... sur pour les dépassements des frais
de campagne. Fillon m'a dit, texto : « Jean-Pierre, c'est de l'abus de bien social.
C'est une faute personnelle, y avait pas de trucs, y avait rien & demander @ I'UMP de
3de de... payer tout ¢a ». Il é1ait extrémement clair. Je lui ai dit, vous pensez que c'est
ppartagé par Raffarin et Juppé ? Ah ben, i m'a dit, « bien str, Juppé le sait, et Raffarin
Te sait ».
Interlocuteur I : Oui parce qu'ils ont vu remonter audit...
Interlocutewr 2 : Ben owais. Il m'a dit, « mais dans quel état vous avez trouvé I'UMP ?
me dit, « mais Jean-Pierre, vous pouvez pas savoir, les machins qu étaient pas
payés, les trucs... Y avait aucune trace, aucune trace, il a dit... Moi je suis quand
‘méme inspecteur des finances, donc je regarde, Je sais ce que c'est des quitus, des
machins... Y avait aucune trace, ni des factures, ni de ce qui était dépensé, ni de
(2...)«. Done on était incapables de faire une comptabilité... incapables de faire une
comptabilité...
Interlocuteur I : Il devait étre atterré quand méme...
Imerlocuteur 2 : Ah ben Fillon qui est quand méme... Ita des défauts mais enfin c'est
pas le genre... Il peut quand méme... A plaisanter sur tout ga...
Interlocuteur 1: Non, non, enfin, it n’a jamais été pris dans une affaire...
Interlocuteur 2 : Non, non, non, no?
Interlocuteur I : C'est pas le genre...
Interlocuteur 2: (?...) Non... Motil se trouve que je m'entends bien avec lui parce
qu’en terme d'homme, je le trouve plus correct que (?...)
Interlocuteur 1 : respectable
Interlocuteur 2 : C'est un opposant dur, mais le type, il est respectable. C'est comme
Juppé, on aime ou on n‘aime pas Juppé, mais enfin, il est respectable...
Interlocuteur 1 : Il ne s’est pas interrogé devant vous devant la lenteur de la justice
justement par rapport & tout ga ?
Interlocuteur 2 : Mais si ! Vous étes bien informés ! Mais si!
Interlocuteur 3 : Ia dit quoi alors ?
Interlocuteur 2: I!m’a dit... I! me dit : « Mais... ». En gros son machin, e'était de
dire : « Mais tapez vite ! Tapez vite ». Ben je lui dis, moi... Je dis @ Gosset-
Grainville : « Ben vois pluiét Sylvie Hubac ou vois plutat tout ¢a, Moi on me dit
qu'on ne peut pas aller plus vite et que c'est la justice qui instruit normalement les
trucs... 9
Interlocuteur 1 : Et surtout si vous mettiez les mains la-dedans vous seriex morts...
Interlocuteur 2 : Voila, et puis il me dit : « Mais Jean-Pierre, ('as bien conscience que
sion... vous vous tapez pas vite, vous allez le laisser revenir ». Alors moi j'ai, je
reviens, aprés j’accomplis ma mission, je reviens voir le président, je lui dis : « Bon
ben écoute, voild ce qu'a dit Fillon, c’était trés intéressant », j'ai... tout le machin,puis je lui dis : « Ce qu'il demande, c'est taper vite ». Il me dit : « Oui mais, taper °
vite, comment ? On peut pas, c'est la justice ». Ben je lui dis: « Je te le fais pas dire,
c'est ce que je lui ai dit. C'est ce que je lui ai dit ». Mais méme si on regardait... Alors
12, 1a, c’est du Frangois pur sucre, c'est de savoir si il préférait garder les trucs
comme ¢a, ou laisser Fillon se démerder avec tout ¢a, ¢a je...
Interlocuteur 3 : Mais quand il vous dit ca, est-ce que vous aviez le sentiment qu'il
vous disait ca, pas pour plaisanter, mais une facon de dire les choses un peu
provocante, ou dans son esprit, vous avez... dans son esprit, ’Elysée a la possibilité
de faire accélérer Ia procédure ?
Imerlocuteur 2 : Moi je pense qu'il y avait les deux, Un, il voulait me faire passer
vraiment le message, et il était trés choqué de ce qu'il avait vu...
Interlocuteur 3 : D’accord,
Interlocuteur 2 : Et je connais Filton, il aime pas Sarkozy, m'enfin, je
‘quand méme balancer sur des affaires, sur des trues comme ¢a, j'ai jamais vu Fillon
la, léededans, La, i était quand méme trés choqué de ce qu'il voyait, trés choqué de
Bygmalion, tres choqué des trues, et trés choqué de cette affaire de pénalités que vous
connaissez miewe que moi... Et aprés, deuxiéme partie du déjeuner, c'était pour me
{faire passer : « Mais agissez ! Agissez ! Faites le truc I». Ben je lui dis : « Quoi ? ». Je
lui dis : « La justice est indépendant... ». Il pense toujours, et tout le monde pense, je
vous parle trés franchement, que I'Elysée a toujours une main invisible sur la justice,
et qu’on va (?
Interlocuteur 1 : Mais ce fut le cas, ce fut le cas sous Sarko...
Interlocuteur 2 : Oui mais...
Interlocuteur 1 : C'est leur logiciel & eux...
Interlocuteur 2 ; Mais c'est plus le cas, j'y peux rien !
Interlocuteur 3 : Oui, oui.
Interlocuteur 2 : Méme les trucs de Sarkozy...
Interlocuteur 1 : Mais tant mieux que ce ne soit pas le cas...
Interlocuteur 2 : Ben bien sfr, c'est un grand progrés de la démocratie...
Interlocuteur 1 : Ah ben oul...
Interlocuteur 2 : Dans tous les trucs... Moi, la garde & vue, je vous parle franchement,
6a lui a fait de la pub...jusqu’é 3 heures du matin...je l'aurais peut-tire pas foutu
quand méme pour un truc jusqu’é 3 heures du matin, mais enfin, on Va foutu, jusqu’a
3 heures du matin, mais c'est pas nous qui l’avons demandé. Moi maintenant fe vois
‘comment les choses se passent dI'Elysée.Interlocuteur 2 : M'enfin quand Fillon m'a dit ¢a, j'ai dit, « tiens, oui, on pourrait
ppeut-ttre quand méme simplement signaler le machin et ... Mais Frangois m’a dit
«non, non, on ne s’en occupe pas, le true, le machin »...
Troisi¢me extrait
Interlocuteur 3 : Et, et de mémoire, c’était quoi les mots exacts de Fitton ? C’était
sos Intervenet » ?
Interlocuteur 1 : « Tapez vite » ?
Interlocuteur 3 : C'est comme...
Interlocuteur 2 ; C’était... Oui, y avait... C’était, était plutdt « il faut quand méme
sortir vite », ou quelque chose comme ca. Je suis désolé, je ne savais pas que... Et puis
‘comme dans ce genre de déjeuner, autant je prends souvent des notes, mais la.
Interlocuteur 3 : C’était compliqué
Interlocuteur 2 : Je ne pouvais pas...
Interlocuteur 1 : C’étalt quel restaurant ?
Interlocuteur 2 : Ah, je sais pas ot on était, sic’était... vous saves, ily aun
restaurant, li, rue Boissy d’Anglas, un italien a, (..) comment, qui est, regardez, &
cté du Sofitel, it était bien d'ailleurs, on n'était pas... On n'était pas emmerdés.
Interlocuteur 3 : Et est-ce qu'il a parlé... Ita parlé un peu dans le détail des autres
affaires ? Enfin, des « affaires » en fait ?
Inerlocuteur 2 : Non, il m’a parlé de Bygmalion...
Interlocuteur 3 : Ouai
Interlocuteur I : Des pénalités...
Interlocuteur 2: Le fait qu'il y ait absolument aucun papier, de factures, ga, ¢a m'a
quand méme... J'ai bien entendu. Indépendamment de Bygmalion, hein ? C'est--dire
qu'il arrivait dans un parti, y avait aucune comprabilité tenue.
Interlocuteur 3 : D’accord.
Interlocuteur 2 : Je peux vous dire que c'est quand méme une grande PME l'UMP,
hein...
Interlocuteur 3 : Ouais.
Interlocuteur 2 : Je vais pas raconter d'histoire, et, troisiémement, de trucs..., mais
vraiment, Fillon trés chogué par ces histoires de pénalités...
Ce qui est vrai d'ailleurs.
HM n'a pas tort...
Interlocuteur
InterlocuteurInterlocuteur 2: Moi, moi, moi il m'a dit trés clairement, la je me souviens bien du
terme, parce que j’ai quand méme fait un peu d'autorité des marchés financiers, il ma
dit, « Jean-Pierre, c'est de l'abus de bien social »...
Interlocuteur 1 : En Voccurrence c'est plutbt de Pabus de confiance je dirais, parce
que c'est une association, mais quoi qu'il en soit.
Interlocuteur 2 : Oui, mais enfin on se comprend
Interlocuteur 1 : Quoi qu’il en soit...
Interlocuteur 3 : It n'a pas tort, parce qu'il y a une enquéte judiciaire la-dessus.
Interlocuteur 1 : Aujourd’hui ily a une enquéte.
Interlocuteur 3 : Et nous, nos sources nous ont dit que c’était une enguéte qui
pouvait étre emmerdante pour Sarko.
Interlocuteur 1 : Qui va étre emmerdante pour Sarko.
Interlocuteur 2 : Ah ben la, vu ce que m'a dit Fillon... I est certain que...
Interlocuteur 1 : Ils ont déguisé ga...
Interlocuteur 2: Hm'a dit: « La»... Im'a dit : « c'est pas Copé, c'est pas
Bygmalion, hein. » I! m'a dit, « la c'est lui. C'est lui hein, C'est un true personnel, que
tu fais prendre en charge par... »
Interlocuteur I : 360 000 euros...
Interlocuteur 2 ; ..par l'UMP. Ouais c'est ¢a, c'est ce gu'll m’a dit d peu pres. Na
&1é un peu plus large...
Interlocuteur 1 : Environ 400 000 quoi...
Interlocuteur 2 : Oui 400, voila c'est ca
Interlocuteur I : Et ils ont habillé ca avec deux demandes juridiques, en leur
demandant, est-ce que c’est possible, pas possible, d des conseils juridiques. Ils leur
ont dit, oui c'est possible y a pas de souci, et ils sont partis la-dessus, qu
Interlocuteur 2 : Ouais
Interlocuteur 1 : Or la justice estime aujourd’hui que non, c'est pas possible, quoi,
et fort logiquement, quoi, voila. C’est logique.
Interlocuteur 2 : Mais c'est pas possible, enfin...
Interlocuteur 1 : D’ailleurs le patron...
Interlocuteur 2 : D'ailleurs méme pas la justice, je vous dis, le type qui prend en
charge l' UMP, les trois, le triumvirai, ils considérent que c'est pas possible.
Interlocuteur 1 : Méme le patron de la commission des comptes de la campagne, de
‘campagne le ditInterlocuteur 2 : Ouais, ouais.
Interlocuteur 3 : Non mais... Et vous n’étier pas surpris du coup qu'il puisse
‘finalement étre aussi violent, ita quand méme é&é son premier ministre pendant cing
‘ans, il appartient au méme parti, que ce soit d ce point-l
Interlocuteur 2 : Ouais, mais il le connait, .. le true... Et puis je erois qu'il est, que
Fillon n’aime pas...naime pas tout l’entourage. Ila été victime de l'entourage, ils ont
sorti des trues sur lui et tout le machin...
Interlocuteur 3 : Parce que li, aller jusqu’a espérer que le pouvoir interfere sur la
Justice pour emmerder Sarko, il faut.
Interlocuteur 2: It m'a dit « il faut aller vite », ¢a fe m’en souviens...
Interlocuteur 3 : It faut aller vite.
Interlocuteur 1 : Parce qu'il anticipait le retour...
Interlocuteur 2 : Oui voild.
Interlocuteur 3 : Mais oui, pour lui casser les pattes...
Interlocuteur 2 : Pour lui casser les pattes avant
Interlocuteur 3 : ...Avant...
Interlocuteur 1 : Non mais il réfléchissait avec le vieux logiciel...
Interlocuteur 2 : Oui, avec le views logiciel. Mais vous savez dans la politique, ils
réfléchissent souvent comme ¢a
Interlocuteur 3 : Et peut-étre qu’a travers vous, il avait Vespoir que vous soyez un
‘peu encore « dans son camp », entre guillemets
Interlocuteur 2 : Oui... Non mais, que je Vaide... Non mais il avait V'espoir surtout...
qu'il savait que f'allais en parler au président (...)le ruc .
Interlocuteur 1 : ...Et que les choses bougeraient...
Interlocuteur 2 ; ..[t que les choses bougeraient
Interlocuteur 3 : Non, c'est intéressant.
Intertocuteur 2 : ...11 le savait ¢a, il le savaitJe restitue la clef USB mes requérants.
Telles sont mes constatations.
ET DE TOUT CE QUE DESSUS J’AI FAIT ET DRESSE LE PRESENT
PROCES VERBAL DE CONSTAT POUR SERVIR Ef VALOIR CE QUE DE
DROIT.