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La protection sociale contribue-t-elle à la redistribution ?

Non elle n'a pas cette objectif. Mais on remarque qu'il y a une réduction des écarts de revenus de 1 à
6 avant protection sociale à 1 à 3 après redistribution.
Ces politiques touchent peu les marges de la population (les plus riches et les plus pauvres). Il y a
un effet de réduction mais qui est réduit par rapport à ce qui est espéré.
Si la PS n'explicite pas sa fonction redistributive, quel registre de justification peut-on utiliser ?
Cela revient à remettre en question la PS dans son ensemble.

Quel est l'effet de la PS sur la performance économique ?

L'objectif de la PS est de lutter contre la pauvreté, protéger les travailleurs, éventuellement réduire
les inégalités.
La performance économique est la situation où on ne peut pas améliorer la situation de l'un sans
détériorer celle de l'autre (selon Pareto). Dans ce cas, toute augmentation d'impôt a des choses de
réduire les utilités d'au moins 1 individu. Si on utilise ce raisonnement, on ne peut augmenter les
impôts pour financer la PS. On ne peut donc pas utiliser le modèle parétien.

La performance économique peut être mesuré par le PIB, par son taux de croissance, le niveau de
chômage, la productivité.
Par rapport au PIB, nous avons 2 extrêmes : les E.-U. avec un fort PIB/hab et de faibles dépenses
sociales et la Suède avec un plus petit PIB/hab et de fortes protection sociale. En moyenne dans
l'OCDE, un PIB élevé s'accompagne d'une plus grande protection sociale.
Si on considère la croissance du PIB, on constate que les rythme de croissance de PIB et de
dépenses sociales sont toutes les 2 élevées. Il y a un rattrapage de la protection sociale. Plus la
croissance économique est forte, plus le niveau de dépenses sociales augmentent. Selon le modèle
économique, c'est plus ou moins rapide et au bout d'un moment il y aura un effet sur les
comportements et un ralentissement. On passe d'une vision macroéconomique à une vision
microéconomique avec les mécanismes de désincitations (arbitrage favorable au loisir par rapport
au travail). Si on est sûr d'avoir un niveau de protection sociale, on peut diminuer l'épargne de
précaution et augmenter sans doute l'épargne patrimoniale. Seulement l'épargne de précaution est
utilisée pour l'investissement. Une imposition élevée peut aussi entrainer une diminution du travail
et développer un comportement de fraudes (trocs pour échapper à la TVA par ex.).

Les politiques de lutte contre ces désincitations : 5 premières heures supplémentaires seront
défiscalisées (pour inciter au travail), des niveaux de revenus de remplacement réfléchis par rapport
à ces désincitations (mécanismes de « trappe à pauvreté » et « trappe à chômage »). Trappe à
pauvreté : si le RMI est supérieur à un certain seuil, c'est une incitation à rester au RMI. Trappe à
chômage, par rapport au retour à l'emploi. Cela est pensé comme si les risques de désincitations
sont plus importants que les risques de non-couverture de base.
Dans un cas, on va considérer que la priorité est l'efficacité économique, la meilleure allocation des
ressources et on va plus s'intéresser aux questions de désincitations.
Ou alors on va rendre prioritaires les besoin de base avec un minimum vital pour répondre aux
besoins de logement, de santé et d'éducation.

Y'a-t-il une spécificité française ou une spécificité européenne en matière de PS ?

Au niveau européen, les dépenses sociales par rapport au PIB sont supérieures en moyenne à 25%.
Aux E.-U. et au Japon, les dépenses sont entre 18 et 20%. Les nouveaux pays en croissance sont de
12%.
L'Europe a un modèle moins inégalitaire mais avec un degré de tolérance d'inégalités plus faible.
Aux E.-U. l'inégalité est plus dépendante du mérite. Ora partout dans le monde, les inégalités se
sont accrues sur la base d'une financiarisation du capitalisme.
Au sein de l'Europe, la France fait parti des 5 pays qui ont les plus fortes dépenses sociales.
Elle fait aussi parti des pays hors Europe de l'Est dont les inégalités ont cru le plus vite sur 10 ans.
Elle fait parti des pays dans lesquels la polarisation du travail est la plus forte avec l'Italie, l'Espagne
et le Portugal.
La France a un problème d'intégration de ses jeunes, qui se traduit par une difficulté d'emplois des
jeunes importante. On dit que 25% du taux de chômage des jeunes non-scolarisés sont au chômage,
or ils représentent 20% des jeunes, ce qui fait 8% des jeunes, or ces jeunes sont peu qualifiés. Il y a
une grande polarisation. Il y a une prolongation d'études ne débouchant pas sur des travaux
compatibles avec les niveaux de diplômes. Il y a donc un problème d'ascenseur social en France,
sortir de son milieu social est quasi-impossible en France aujourd'hui. Déclassement social : on a
plus de risques d'avoir le même revenus ou des revenus plus faibles des parents.
Il y a aussi un problème d'intégration des immigrés. Au début c'était des hommes seuls qui
s'hébergeaient dans des hôtels. Ensuite les femmes viennent et font des enfants. On est passé de
l'invisibilité à la survisibilité. La France a raté sa politique d'intégration par rapport à d'autres pays
comme le Royaume-Uni ou l'Allemagne.
Les inégalités régionales sont monstrueuses avec une décentralisation ratée.

Suffit-il de redistribuer de l'argent pour réduire les inégalités ?

Elle agit sur la pauvreté monétaire mais ne répond pas à « l'accès à ».


Et cela ne résoud pas les problèmes des « capacities » (A. Sen). Capacités à faire des choses, à
choisir librement sa vie. En France, l'importance des réseaux et des règles informelles fait que
l'appartenance à un milieu social est très discriminante. Le lieu où l'on nait et le lieu où on vit
ensuite va jouer de façon forte sur les réseaux qu'on peut mobiliser.
On va donc avoir des politiques axées sur l'égalité des chances pour accéder à certains lieux, il y a
aussi les bourses qui ne suffisent pas à elles-mêmes.
La France doit renforcer ses « accès à », on a droit au logement et à la santé, mais on y accède pas.
Pour cela faut-il des quotas, surévaluer par des politiques de discriminations positives ?
Et comment résoudre les problèmes de « capabilities » ?
Selon Maurin, les caractéristiques principales de la France sont les ghettos. Le problème c'est le
passage d'un territoire, d'un travail, d'un monde à un autre.

II – 2) Crise de l'Etat-providence, nouvelle question sociale et gestion du risque social

1) Comment caractériser la crise de l'Etat-providence ?

L'Etat-providence a été pensée par rapport à l'espace national avec des taux d'ouverture faible.
L'internationalisation et de globalisation ont modifié la capacité des Etats-providence à survivre.
L'internationalisation par rapport à la compétitivité des nations européennes, avec le coût de la
main-d'oeuvre, composé d'un coût indirect qui finance la protection sociale. La structure de la
valeur ajoutée au sein des Etats est modifiée avec une part plus forte pour le capital et moindre pour
le travail. La mobilité du capital va avoir pour effet d'abaisser la pression fiscale sur le capital. Un
capitalisme financier mondialisé rend difficile le financement de la protection sociale.
Rosanvallon : La crise de l'etat-providence prend 3 formes : une crise économique et financière
(importance des déficits), une crise de solidarité (à quoi sert la protection sociale ? Registre de la
responsabilité), une crise de légitimité (l'Etat efficace ? Qui produit ? Qui participe à ?).
Il y a aussi un problème d'égalités ou d'inégalités. L'État comme agent unique serait source
inneficience. Mais il a aussi des fonctions contracycliques et d'amortisseur.
On est dans un régime de sous-emploi chronique qui rend difficile le financement de la protection
sociale.
Les types de modèle de reconstruction de l'Etat-providence

1) Le modèle d'allocation universelle

Puisque le travail devient un facteur rare, pourquoi ne pas donner à tout le monde un revenu
minimum. Ce modèle a été développé en 1796 par Thomas Peyne. Cela remplacerait l'aide sociale,
supprimerait le chômage et garantirait à tous des revenus.

2) Un modèle américain

Concentré sur des filets de sécurité avec des minima sociaux assurés par les Etats et une assurance
sociale privée et volontaire. Ces minima peuvent être plafonnés. L'assurance privée qui peuvent être
prise en charge par l'individu ou par l'entreprise est volontaire. Ce modèle s'accompagne d'une forte
baisse des dépenses publiques et il responsabilise. Le risque est la compensation par la dépense
privée. Le risque maximum est l'exclusion de la protection sociale.
Ce modèle va de pair avec une idée que la pauvreté est choisie.

3) Le modèle européen

Il y a un processus de remarchandisation partiel de la protection sociale, une mise en concurrence


de gestionnaires de soins (caisse de sécurité sociale) ou des médecins. Une territorialisation de la
politique sociale est développée avec un lien plus fort avec le local.
La remarchandisation partielle passe surtout par la santé et la retraite. Une part de la prise en charge
va être assumée de façon facultative par des organismes privées, des mutuelles ou des assurances.
Concernant la concurrence, en G-B, les médecins sont mis en concurrence. Le NHS transfert des
budgets au niveau local, ces autorités locales avaient il y a 20 ans des médecins salariés
fonctionnaires inscrits sur des listes. On a remplacé ce médecin salarié par un mécanisme de
contractualisation par un pool de médecin (6-7 personnes), ce pool passe des contrats avec des
spécialistes et des hôpitaux. Il y a donc 2 contractualisations.
Aux Pays-Bas, il existe une caisse de SS publique, une mutuelle et l'autre privée. Elles achètent à
des médecins et à des hôpitaux des soins qu'elles contractualisent. Le patient choisit la caisse et
cofinance avec l'Etat. Il existe un panier de biens stable et obligatoire et un panier de biens
optionnel et complémentaire. Il y a une concurrence entre les caisses et entre les médecins et
hôpitaux.

Les premiers modèles de quasi-marché datent de 1992 selon Le Grand. Il ne faut pas trop de
grandes assymétries d'informations, pas trop de coûts de négociations, le marché doit être
relativement atomisé.

La territorialisation est mise en place pour augmenter l'efficacité. On recherche un effet de taille
dans la qualité pour faire des économies d'échelle et pour avoir la meilleure expériences. C'est un
effet de regroupement. Au plan local, on ouvre des maisons de santé pour s'occuper des urgences.

Un modèle est préconisé par la Banque mondiale préconisé depuis le début des années 2000, pour
passer d'un modèle de prise en charge du social qui repose sur la prise en charge des risques. Les
risques peuvent être de 2 natures : les risques humains ou non humains, avec 3 stratégies :
prévention des risques, atténuation des risques et compensation du risque.
Il y a 3 types d'opérateurs : l'Etat, la famille et les marchés financiers. On doit combiner dans la
prise en charge l'action du public, l'action informelle de la famille et la protection par les marchés.
L'atténuation des risques passe par les enfants et par l'épargne. Si le risque se réalise, il faut réduire
l'impact, l'Etat devient important pour donner un filet de sécurité ou les obliger/inciter à avoir des
stratégies de préventions.
Dans ce nouveau modèle, le pouvoir public ne peut pas assumer seul la gestion des risques, il faut
une augmentation des actions informelles et développer les marchés financiers.

3) Le renouveau du paupérisme

Il y a en France 10 millions de pauvres et 30 millions de précaires, avec des sentiments d'exclusion


et de désafilliation.
Travail

Vulnérable Intégré
Isolation
Réseaux
Capabilities
sociaux

Désafillié Assisté

Inactivité

La pauvreté n'est pas qu'une question de revenus du travail mais d'une capacité à activer ses réseaux
sociaux.

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