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Université Lille 1 — UFR de Mathématiques

Licence de Mathématiques (S5, année 2005–2006)


M305 : ANALYSE COMPLEXE

EXAMEN (PARTIEL) DU 9 NOVEMBRE 2005


(durée : 2 Heures)
Ni documents ni calculatrices
Responsable : Jean-François Burnol

1 Exercice

1.1 On considère la série entière :


2 2 X 2 w2j+1 ∞
F (w) = 2w + w3 + w5 + · · · =
3 5 2j + 1
j=0

Déterminer le rayon de convergence de cette série.

1.2 On suppose |w| < 1. Prouver : F (w) = Log(1 + w) − Log(1 − w).

π
1.3 On suppose |w| < 1 et Im(w) ≥ 0. Prouver 0 ≤ Arg(1+w) < 2 et − π2 < Arg(1−w) ≤ 0.
Quelles sont les inégalités lorsque Im(w) ≤ 0 ? Montrer :
|w| < 1 =⇒ | Arg(1 + w) − Arg(1 − w)| < π

1+w
1.4 On suppose |w| < 1. Justifier : F (w) = Log( ).
1−w

1+w
1.5 On suppose |w| < 1 et on pose z = 1−w . Montrer |z −1| < |z +1|. En déduire Re(z) > 0.

1.6 Réciproquement montrer que pour tout z avec Re(z) > 0 il existe un unique w tel que
z = 1+w
1−w . Exprimer w en fonction de z et prouver |w| < 1.

X

1 z − 1 2j+1
1.7 En déduire : Re(z) > 0 =⇒ Log z = 2 ( ) .
2j + 1 z + 1
j=0

1 1 1 1
1.8 En déduire : 2 ( + ) < Log 2 < 2 ( + ).
3 81 3 72

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2 Exercice


Soit z la détermination principale de la racine carrée sur l’ouvert Ω = C\] − ∞, 0], c’est-

à-dire z = exp( 21 Log z).
√ √
2.1 Que vaut i ? Que vaut −i ?

R √
2.2 Soit γ : [0, π2 ] → Ω, θ 7→ γ(θ) = cos(θ) + i sin(θ). Calculer γ z dz.


2.3 Montrer que z possède une primitive F sur Ω que l’on déterminera explicitement
sous la condition F (1) = 32 .

R √
2.4 Soit Γ : [0, 2π] → Ω, t 7→ 2i + eit . Que vaut Γ z dz ?

3 Exercice

Dans cet exercice on se donne, sur un ouvert U ⊂ C, une fonction f à valeurs complexes. On
∂f ∂ 2 f ∂ 2 f ∂ 2 f ∂2f
supposera que les dérivées partielles jusqu’au deuxième ordre ∂f
∂x , ∂y , ∂x2 , ∂y 2 , ∂x∂y = ∂y∂x
existent et sont des fonctions continues de z = x + iy.
2
∂ ∂ 2
Soit ∆ = ∂x 2 + ∂y 2 le « Laplacien ». On rappelle que l’on dit qu’une fonction F est har-
monique sur un ouvert U si elle admet des dérivées partielles continues jusqu’au deuxième
ordre et si ∆F = 0 sur U .

3.1 Soit g la fonction z 7→ g(z) = zf (z). Prouver :

∂f ∂f
∆g = 2 + 2i + (x + iy)∆f
∂x ∂y

3.2 Prouver que f est holomorphe sur U si et seulement si à la fois f et g = zf sont des
fonctions harmoniques sur U .

Université Lille 1 Partiel du 9 novembre 2005


1

Université Lille 1 — UFR de Mathématiques


Licence de Mathématiques (S5, année 2005–2006)
L305 : ANALYSE COMPLEXE

CORRIGÉ de l’examen du 9 novembre 2005


Responsable : Jean-François Burnol

1 Exercice

1.1 On considère la série entière :


X 2 w2j+1 ∞
2 2
F (w) = 2w + w3 + w5 + · · · =
3 5 j=0
2j + 1

Déterminer le rayon de convergence de cette série.

2 |w|2j+1
corr.: Pour |w| > 1 on a limj→∞ 2j+1 = ∞ donc le rayon de convergence est au plus
2 |w|2j+1
1. Pour |w| < 1 on a limj→∞ 2j+1 = 0 donc le rayon de convergence est au moins 1. Le
rayon de convergence est 1.

1.2 On suppose |w| < 1. Prouver : F (w) = Log(1 + w) − Log(1 − w).

corr.: On sait que |w| < 1 =⇒ Log(1 + w) = ∞ k−1 wk . Donc − Log(1 − w) =


P
k=1 (−1) k
P∞ wk
+ k=1 k . Dans la somme les exposants k pairs donnent des contributions opposées. Il ne
reste que les exposants impairs k = 2j+1, j ∈ N. Et on trouve bien Log(1+w)−Log(1−w) =
w2j+1
2 ∞
P
j=0 2j+1 .

π
1.3 On suppose |w| < 1 et Im(w) ≥ 0. Prouver 0 ≤ Arg(1 + w) < 2 et − π2 < Arg(1 − w) ≤ 0.
Quelles sont les inégalités lorsque Im(w) ≤ 0 ? Montrer :

|w| < 1 =⇒ | Arg(1 + w) − Arg(1 − w)| < π

corr.: Le nombre complexe w′ = 1 + w vérifie, lorsque |w| < 1 et Im(w) ≥ 0 : Im(w′ ) ≥ 0


et Re(w′ ) > 0. Sa coordonnée polaire angulaire est donc comprise entre zéro et π2 . Donc
0 ≤ Arg(1 + w) < π2 . Par contre w′′ = 1 − w est lui situé dans le quadrant Im(w′′ ) ≤ 0 et
Re(w′′ ) > 0 et a donc une coordonnée polaire angulaire dans ] − π2 , 0]. Lorsque Im(w) ≤ 0
les inégalités sont par le même argument 0 ≤ Arg(1 − w) < π2 et − π2 < Arg(1 + w) ≤ 0.

Licence de Mathématiques (S5, troisième année) L305 « Analyse Complexe »


2

Si Im(w) ≥ 0 on obtient 0 ≤ Arg(1 + w) − Arg(1 − w) < π, et si Im(w) ≤ 0 on obtient


0 ≤ Arg(1 − w) − Arg(1 + w) < π. Dans tous les cas | Arg(1 + w) − Arg(1 − w)| < π.

1+w
1.4 On suppose |w| < 1. Justifier : F (w) = Log( ).
1−w

corr.: On a exp(F (w)) = exp(Log(1 + w)) exp(− Log(1 − w)) = (1 + w)(1 − w)−1 . Et la
partie imaginaire de F (w) est Arg(1 + w) − Arg(1 − w) donc par la question précédente
dans ] − π, +π[. Par définition de Log cela veut effectivement dire que F (w) = Log( 1+w
1−w ).

1+w
1.5 On suppose |w| < 1 et on pose z = 1−w . Montrer |z − 1| < |z + 1|. En déduire Re(z) > 0.

2w 2
corr.: On a z − 1 = 1−w et z + 1 = 1−w donc |z − 1| = |w||z + 1|. L’éventualité z + 1 = 0
2
est exclue car elle donnerait 0 = 1−w , donc 0 = 2. Donc z + 1 est non nul et |w| < 1 =⇒
|z − 1| = |w||z + 1| < |z + 1|. Dans le plan complexe les points équidistants de −1 et de
+1 sont ceux de la médiatrice du segment [−1, +1], c’est-à-dire l’axe imaginaire. Les points
plus proches de 1 que de −1 sont ceux du demi-plan à droite de la médiatrice, c’est-à-dire
Re(z) > 0.

1+w
1.6 Réciproquement montrer que pour tout z avec Re(z) > 0 il existe un unique w tel que z = 1−w .
Exprimer w en fonction de z et prouver |w| < 1.

1+w
corr.: L’égalité, pour z fixé, z = 1−w équivaut à z − zw = 1 + w (car w = 1 est impossible
z−1
si z − zw = 1 + w), qui équivaut à z − 1 = (z + 1)w, qui équivaut lorsque z 6= −1 à w = z+1 .
Donc effectivement lorsque z 6= −1, il existe un unique w et il est donné par la formule
z−1
w = z+1 . Lorsque Re(z) > 0 on a expliqué dans la réponse précédente que |z − 1| < |z + 1|
donc effectivement |w| < 1.


X 1 z − 1 2j+1
1.7 En déduire : Re(z) > 0 =⇒ Log z = 2 ( ) .
j=0
2j + 1 z + 1

z−1
corr.: Par la question précédente en posant w = z+1 , on a |w| < 1 et z = 1+w
1−w . Donc
Log(z) = F (w) et il suffit de remplacer dans la définition de F (w) le nombre complexe w
z−1
par z+1 d’où la formule demandée.

1 1 1 1
1.8 En déduire : 2 ( + ) < Log 2 < 2 ( + ).
3 81 3 72

corr.: Pour z = 2 on a w = 13 . La série est à termes positifs. On peut minorer (strictement)


sa somme par les deux premiers termes ce qui donne 2 31 + 2 13 ( 13 )3 = 2 ( 31 + 81 1
). Pour la
2 1 2j+1
majoration, qui sera stricte, on remplace 2j+1 ( 3 ) 2 1 2j+1
pour j ≥ 1 par 3 ( 3 ) = 2 91 ( 19 )j . La
1
2
( 31 )2j+1 est donc strictement inférieure à 2 19 j≥1 ( 91 )j = 2 19 1−9 1 =
P P
somme infinie j≥1 2j+1
9
1
2 72 , d’où la majoration Log 2 < 2 ( 31 + 72
1
). On prendra note que si l’on calcule explicitement
ces inégalités donnent les deux premières décimales de Log 2 = 0, 693147 . . . .

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c Burnol, 2005–2006
3

2 Exercice


Soit z la détermination principale de la racine carrée sur l’ouvert Ω = C\] − ∞, 0], c’est-à-dire

z = exp( 12 Log z).
√ √
2.1 Que vaut i ? Que vaut −i ?
√ π
√ √ √
corr.: Log(i) = i π2 , donc i = ei 4 = 2
2 (1 + i). De même −i = 2
2 (1 − i).

R √
2.2 Soit γ : [0, π2 ] → Ω, θ 7→ γ(θ) = cos(θ) + i sin(θ). Calculer γ
z dz.

R √
corr.: Avec z = γ(θ) = eiθ , et dz = i eiθ dθ, on obtient, par définition, γ z dz =
R π/2 iθ/2 iθ R π/2 3iθ/2  2 3iθ/2 π/2 2 3iπ/4 √ √
2 2 2
0 e i e dθ = i 0 e dθ = i 3i e 0
= 3 (e − 1) = 3 (− 2 − 1 + i 2 ).


2.3 Montrer que z possède une primitive F sur Ω que l’on déterminera explicitement sous la
condition F (1) = 23 .

corr.: En effet l’ouvert Ω est étoilé par rapport au point 1. Donc toute fonction holomorphe
admet une primitive dont on peut fixer la valeur arbitrairement en un point donné. Mais
dans le cas de figure présent, on sait bien que la dérivée de z a est az a−1 , donc une primitive
3
est donnée par 23 z 2 . Il faut simplement préciser que l’on utilise ici aussi la détermination
3
principale, c’est-à-dire z 2 = exp( 32 Log z). La dérivée est en effet, par la formule de déri-

vation des fonctions composées : 23 exp( 32 Log z) z1 = 32 exp( 21 Log z) = 32 z. Et en fait la
3
primitive trouvée F (z) = 32 z 2 vérifie F (1) = 23 c’est donc bien celle qui est demandée.

R √
2.4 Soit Γ : [0, 2π] → Ω, t 7→ 2i + eit . Que vaut Γ
z dz ?

corr.: Il s’agit d’un lacet dans Ω et nous venons de voir que z admet une primitive.
L’intégrale est nulle.

3 Exercice

Dans cet exercice on se donne, sur un ouvert U ⊂ C, une fonction f à valeurs complexes. On
∂f ∂ 2 f ∂ 2 f ∂2f ∂2f
supposera que les dérivées partielles jusqu’au deuxième ordre ∂f
∂x , ∂y , ∂x2 , ∂y 2 , ∂x∂y = ∂y∂x existent
et sont des fonctions continues de z = x + iy.
2 2
∂ ∂
Soit ∆ = ∂x 2 + ∂y 2 le « Laplacien ». On rappelle que l’on dit qu’une fonction F est harmonique sur

un ouvert U si elle admet des dérivées partielles continues jusqu’au deuxième ordre et si ∆F = 0

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sur U .

3.1 Soit g la fonction z 7→ g(z) = zf (z). Prouver :

∂f ∂f
∆g = 2 + 2i + (x + iy)∆f
∂x ∂y

∂ ∂ ∂ 2 ∂ ∂ 2
corr.: On a g = (x + iy)f donc ∂x g = f + (x + iy) ∂x f , ( ∂x ) g = 2 ∂x f + (x + iy)( ∂x ) f.
∂ ∂ ∂ 2 ∂ ∂ 2
De même ∂y g = if + (x + iy) ∂y f et ( ∂y ) g = 2i ∂y f + (x + iy)( ∂y ) f . En faisant la somme
cela donne la formule demandée.

3.2 Prouver que f est holomorphe sur U si et seulement si à la fois f et g = zf sont des fonctions
harmoniques sur U .

corr.: On sait déjà, vu en en cours et/ou tds, que toute fonction holomorphe est harmonique
(ses parties réelle et imaginaire sont des fonctions harmoniques à valeurs réelles, la fonction
holomorphe est harmonique à valeurs complexes). Et si f est holomorphe, zf l’est aussi.
Donc f et zf sont toutes deux harmoniques. Réciproquement, par la formule de la question
précédente si f et g = zf sont harmoniques, alors on obtient 2 ∂f ∂f
∂x +2i ∂y = ∆g−(x+iy)∆f =
0, donc ∂f ∂f ∂f ∂f
∂x + i ∂y = 0, ∂y = i ∂x . Cela n’est qu’une des formes usuelles pour les équations
de Cauchy-Riemann, donc f est holomorphe. L’équivalence est démontrée.

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