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LE MANUEL

J NQUIS J TEURS.
LE MANUEL
i:
INQUISITEURS,
A L'f/ G

DES INQUISITIONS
D'Efpagne & de Portugal..
o z/

ABREGE*
D E l'Ouvrage intitulé
DIRJECT'ORIUM JT~M~TOR~M,

.COMPOSÉ vers i~Sparj~eo~; ~y/n~c~


Grand I~quinteur dans le Royaume
d'Arragon.
y ~OM< une courte j~o!fe de ~e~Mt~Menf
~<' f7~M~?Mo~dans le .Roy~M/Me ~o~M~~
~ee du latin de Loms P~r&înOt

f~~ 0 ~JV~

M. li C C. L X IL
AVERTISSEMENT

DE UËDITEUR.

y A M~
av~~ été Z~~C/2/Z~
/C ~0 ~'<ë~M ~7Z-
née z~6*t en yë/'fM~'K/zAccordaût
de ~M~ 7/z~M~ Zc jP.
~Vc/rfj, c:e~zc C~KC~, Ô'
C~/OZ~AM~ JajT/~2~6 j, j~?K~
nom de ~g ~f~ ~e
~K~y /'6'~r~/zc de u~M~Drgj
f/M~ que /'7/(?/2 eA une fore
bonne chofe.
Oyï co/Kp/'<cf/ë~ o'~a~
~e/TZ~~OM/ZOj!y y<?/M/ les J<?/M~-
/z~p~zf pas gfy~/K/' cela de
~1/M du Ct~MCM. ont 1~<?M~
co/K~e c~e'yz~ /?o~~
~OMM~M~~g ~~ïy~/ZM~f~
la jK/'J~M~Ce du ~(!Mf O~C~~
)
~y~. F. c'
Aiij
<~

j~ ~/md~ la ~'û~~e, /~(?a'


~<~e y~ w~<?~~jp/îf<?yz~ ici au
~~c.
~MJ- /M~M<'n?/M ce y~
~M'~ J-?J~ en peu ~/M~ un
~Z~~Z~2f bien confdérable
/ï~ deux Partis.
~mj'~ J~/z/g/z~~ les J~/z/
t/ C<9~ la <~
JP~CM~/Z
J~MMM ~OMV<?~f/~ Pë/~C~
/M~. ~~<7M/Mf
~Mï/e C<?~ C'? <~ cir-
<'o~/?~c~ font c~/z~<M on
~/2/Zë~Z~f/c~C~ aux
,~7JT/ <~ on commence
Âr~?/' les J~&j-. 0/' en C~
de jRo/ les ~/z~ les autres- ont
c~~g~~mo/z/ ~~j~~z
~y ~M~ f MM~~H?~
~/? y
c~ c/'M~y ~o~M/î~e~
~~e'yf /&/M~~
~M~~ëM~~M'OTz~/T~, ~<?&r~
~o/ C~
C<?~ mais c~
c*<?~~ %oK~~o~ y~j ~o~
/f3M/ P~C<?K~~Z6 ~& ~~Mf/'<X-
``
/~<? <?/M/'<?
les 6' 7~/Z/
~~?~?MOM~ <ïy0M~C/'M~OMT~Mr
/tH/~ ~/Mi7/K~ C~M~P~C~ /2<?M~
/7~<3~ ~?~:y<?~g <XM~
~<?M.y /M~E' C<9~7M~M~ {
~K~? au ~M~C ce ~M~ les J~
7?~/?~J'P<9M/<?/Zf ~ë pour la dé-
~/z/~ des 7y~K/z~ y~~z~
Z'M~<?/2.
;C~jM/67~i~ /C/Z~ {
H~r ~K~ les J~Z~/?ej' ~Û~O~~
en
e//M?/<7V<?/" du /f C~C~ {
de
Zc J~M/'Z/P/'M~~Cë /Z~M~Z
~ye/C~?6g ~~J' /'<~1~~ ~m~- J
/c~ ~yo~ ~'My gfg?a~?/-o~ <$'
~MfO/jP~jË~Z?~ C<9<'M:7<M'
€' des y~Ky~~M~ ~c/ïf~~ ~yo~
~c?g/~ jCo~ y/M/z~~je-~ des
jE~~M~ des 7/Z(~ ~M~'
~y~ /Me~foMMf <xg~g- J
c~~o~ co/M~g/ït q/e-f-<?M~o/zc g
jp/yz~ f<?/7z~~ ~~M~z<?j- j S
<'c'aM~r/'z/ze/'pM~
Mo/6'ra~/(7/z~ Aiv
~~M<MM'M'<wmt~)mt~<M~,)~ }
-$
JVûK~ voyons pas trop ~M
y~O~/ë ~~MT/ë~ donner /<?.t
y~ cette t/~c~~ le
j~. ~~V<?/rf nous en croit il ne
M~tt jp~j de fe ~M/' de cet
~M/
On C~e/'C~6/f- ~~M/?~
l'amide la Société M/Zf/
marquer qu'il a traduit ~?Z~~
le texte ~~y~K~/YC<~ celui de
C<7/7?/a'y~ < J'~ ~Z&' de
i~~ ~K~/Z~/<?/Z.' <~<~<?/Z<<9~-
f6/ 7~
~~MO/Ï ~~<7/~J' /f~/Z<f
/C~ /~& ~7~J'
~j~&r 7~M~c~
~y du ~~C-
r<?~ ~P&J' <'<?~Z< ~Z~KC-
~<7~~/? & <S' ~K ~/T<~
que le ?~?~ refufe aux
~C/ZJ' ~JP/M~ naturelles
y<?/S!<?~F~ ~Z 6/? ~M~M~ C~
lde par cela /7Z~~y~P/'C~r~
<a~7 en a ~f~/2~
y~yM~2 c~ ()~ voit
9
p~yc~y travers fa feinte ~o~-
ration une haine cruelle contre le
Saint O~C~ <S' ~/7MM vient
<ï tomber entre les mains de Af~
/~Mr~ /< 7/20'M~~K/'J' fera cer-
tainement brûlé quoique
ne foit pas répondre.
Mais pourquoi /~MfgM/-
~g du Z)z/c?<?zy~c~o~ ~y/?~6'-
ric parmi tant d'autres qui ont écrit
pour /Z/?/'McKo/Z des //Z~M~f<?M~
Il ejl i/<myM~z~ga~c/
c/zf .f/'d:~ë cette matiere avec la plus
grande profondeur on ~6
C~M~r~ f~Mf6K/' anonyme du
Répertoire des Inquisiteurs ~oz'~
~/M fes Singularités fur la Foi,
~'c~ dans y~ Aphorifmes des
Inquisiteurs M~z~ dans ~ArSe-
nai lacré du Saint OSHce AI-
phonfus <xSpina dans le Fortin de
la Foi C~K~ dansfes Rubri-
ques Bernardus C<?~Z~/Ï/M-
Lanterne des Inquifiteurs Zoc~-
f~ ~c~a/Mj' C~e~~j-
Av
ro
Zanchinus ~Z~ ~T/f~
~/T~/YKJ' (?~fï/2<~MJ Ananias,
Simancas, (?~J'~ ~y~y
Z?M~ Co~MM~7~ 6' Due-
~TZ~J' <S'C.Tabienfis & 6'0/~ë~'
\S'JMz7/~C~/Z/J'~ 6'C.Z~J/ZO/TZ~
de ces grands hommes P~û/Zr
fans doute ~7<9/?~f~CC/7Z/7Z~M/
O~y/'Og'~ i mais ~y!leur /2~/2f
7M/?ZC6, nous avouons que les raifons
que /~M~~M/*0/7.PO/ jP/
/~7?c~yM~/ donnée à Eymeric nous
~?~û~Zf ~<?Mf- Nos
-Z<<?C?ëM/~
s'en CO/ÏT~/ZC/'CTM e/Zlifant
la Préface fuivante.
Nous ne difons rien de la courte
HiH;oir&c/ ~z~M/~<?/z
en Portugal. ë/? certain que les
/yz~M~f~M~de. Lisbonne~on~/zf&f/
~'c~~f qu'on /'6~?<?~~ /ze<.z-
/07F.
?

PREFACE

DE LAUTEUR
~E z~G~ z?~7DIRECTOIRE
~J 7/Z~M~f~Z/J'.

T' E Directoire des Inquinteurs


dont nous donnons ici Fex-
trait, a ëté compofé environ vers
le milieu du XI V~~éde par Nico-
las Eymeric Grand Inquinteur
dans le Royaume d'Arragon.
Eymeric adreffa fon Ouvrage
aux Inquifiteurs fes Confreres en
vertu de l'autorité de fa Charge.
Son livre e~Irnë dans les In-
quifitions & confervé ibigneu~e-
ment en manufcrit, y fervit dës-Iors
de règle de conduite & de Code
crimmeL Peu de tems après rin-
vention de rimprimerie on fe
preHa. d'en donner une Edition à
Barceîonne qui le rëpandic bien-
tôt dans toureS les Inquifitions du
monde chrétien. L'eRime gcncrale
!2
qu'on faifbit de cet Ouvrage en-
gagea François Pegna, Dodeur en
Théologie & Canonise à le faire
réimprimer à Rome, avec des fcho-
lies & des Commentaires, M-~bL
<en 1~8. Cette Edition eft dédiée
à Grégoire XfII. Voici quelques
morceaux de i'Epître Dédicatoire,
qui feront voir Fidée qu'on avoit
de l'Ouvrage d~Eymeric.
3, Tandis que les Princes Chré-
tiens s'occupent de toute part à
9~ combattre par les armes les en-
p~nemis de la Religion Catholt-
ques Ôe prodiguent le fang de
leurs foldats pour Ibutenir l~u-
a, nite de FEgliIe ôc l'autorité du
Siège Apon:olique: 11 eft
aufE des Ecrivains zélés qui tra-
vaillent dans Fobicurilé ou à ré-,
futer les opinions des Novateurs~
ou à armer & à diriger la puif-
lance des loix contre leurs per"
Ibnnes ) aHn que la févérité des
peines~: la gr~ieur des iup-
~3plices les contenant: dans les
3~ bornes du devoir faHe fur eux
13
~ce que n'a pu faire l'amour d@
la vertu. Quoique j'occupe
la derniere place parmi ces Dé-
9~ fenfeurs de la Religion je fuis
cependant anime du mcme zéle~
?, pour réprimer l'audace impie des
), Novateurs <Scleur horrible nie-
,3 chancetë. Le travail que je
vous prëfence ici fur le Direc-
toire des Inquifiteurs en fera la
preuve. Cet Ouvrage de Nico-
las Eymeric~refpedable par fon
antiquité contient un Abrégé
des principaux Dogmes de !a
~fbi,&: unein~rudion très-fui-
~9 vie &: crss-méthodiquc aux Tri-
bunaux de la (ainte Inquintion~
3, hurles moyens qu'ils doivent em-
ployer pour contenir &extirper
les Hérétiques. C~ pourquoi
y) j'ai cru devoir en ~ire un nom-
mage a Votre Sainteté comme
9, au Chef de la République Chré-
tienne ~&c.'?
Cette Edition e~ faite in ~J~M~
Populi Rom~ï au Capitole. C'eït
~K 6'f Peuple Rc7n~ï, que
i'4
Te privilège en eft accordé & on
voir au frontispice la devise ~e-
yMf~ Pcpi/~M/~MS Romanus. C'eJ~
celle d'après laquelle on a fait l'A-
brégé fuivanr.
De fortes raifons nous ont dé-
terminé à choifir cet Ouvrage
pour faire connoure les maximes
& la Jurifprudence de rinqui~t-
tion. jo. Le Dired:oiree~ un livre
dogmatique fait e~' Pro/~ pouf
inâruire les Inqui~teurs <Scpour
leur fervir de regle.
2~. Cet Ouvrage e~t autorifé
par les approbations que lui ont
donné les Souverains Pontifes,
toutes les Inquifitions du monde
Chrétien )& tous les Ecrivains qui
ont travaillé depuis pour l'in~ruc-
tion des în<minceurs.
~o. Cet Ouvrage eft un des plus
anciens parmi ceux qu'on a écrie
fur cette madère il a été compo-
sé environ ï ans après la mort
de S. Dominique qui a dé com-
me on le croit, le premier Inqui-
~ur ain~i les maximes qu'on y
ï~
trouve repreientent plus naï-
vement $ &. avec plus de vérité
i'efprit des Tribunaux de rinqui-
fition, & font la véritable bafe fur
laquelle s~eHélevée la Jurifpruden-
ce du Saint Office.
Ces réflexions doivent fu~Ire
pour nous mettre à couvert du
reproche qu'on pourroit nous faire
d'écrire fur une matiere qui a déjà
été traitée par beaucoup d'Auteurs.
L'extrait du Du'e~oire 7~M-
~'reMr~ doit-être pour des Lecteurs
curieux & judicieux un Ouvrage
plus iniéreHant que ceux de quel-
ques Ecrivains comme Dellon, qui
ont écë prifonniers du Saint Office,
& qui avoient à vanger leurs pro-
pres injures ou de quelques Au-
teurs Prote~ans dont l'autorité
"0-
eR ta~n
i"n";n"
toujours un pp`ty
peu ~7(9~P
fufpe6te.
On poura penfer peut être que
les maximes de rinquiHtion font
bien changées depuis le quatorzié-
me nécle qu~au tems d'Eymeric~
comme il paroît par fon Ouvrage
même les Inquifiteurs n'ayant pas
MSNt.)!m-t!
encore d'écabliilemcnt ~xe <~
obliges de fe tranfporter d~unen-
droit à l'autre pour aller au fecours
de la Foi, étoienc forcés d'expé-
dier les Hérétiques en bref, & de
négliger des formes trop longues &
trop icrupuleufes, mais quedepuis
qu'ils ont eû des Tribunaux A~-
b!es~ leur Jurifprudence eft deve-
nue plus régulière & plus humai-
ne, d'où on conclura que le Ta-
bleau qu'on préfente ici del'Inqui-
sition du quatorzièmeûécle,ne ref-
femble pas à TInquifuion telle
qu'elle eft dans le dix-huitième.
Nous répondons qu'en e~ec
les Tribunaux de l'Inquïfttion ont
pris fuccefEvemencdinérences for-
mes on place communément la
création des premieres Inquiétions
au commencementdu treiziéme fié-
de. Les Inquinteurs agiffoient dans
¡ ce rems-Jà~ de concert avec les
JEveques; les prifbns dcrEvêque
d~'Inquiuteur étoient fbuvenc
les ~emes~ & Quoique dans le
cours de là procédure~ rinquif~
~¿..
tcur pût agir en fon nom, il y avo~
certaines choies qu'il ne pouvoic
faire fans FEveque comme de
condamner à la prilbn perpétuci-
ï < r i
le ou de faire appliquer à la
que~ion de prononcer la Sen-
tence définitive, &c. Les difputes
furvenues emre les Evêques & les
Inquisiteurs fur les limites de leur
autonre~ fur les dépouiHes des
condamnes &:c. obligèrent les
Souverains Pontifes de rendre les
Inquifitions indépendantes & fé-
parëes des Tribunaux des Eve"
ques. Cette féparation fe fit en Ëf-
pagne vers l'an 14~ 3 par le Pape
StXte IV. fous le règne de Ferdi-
nand V. Le Pape créa un Inquifi-
teur Général pour l'Efpagne, mu-
fii du pouvoir de nommer des In-
quinteurs particuliers &: Ferdi- y
nand ~bnda & dota les Inquiii-
tions. Les Tribunaux de rinqui-
~ifion furent établis en Portugal.
fur le même pied qu'en Efpagnc
6c dans le Royaume d'Arragon
m
tg
yers le commencement:du ~ecïë
rivant-.
Mais ma!grë ces changemens~
les premieres maximes des T~bu"
nau~ du Saini-Omce, & la forme
de !a procédure J repèrent rou-
jours les mêmes. Ces maximes &:
cette forme étoient fondées fur Jes~
dëcifions des Conciles, des Souve-
rains Pontifes ~c fur les Loix des
Empereurs Ïesinquifiteurs qui les
avoieni fuivies pendancqu'ils agif-
~bient de concerf avec les Eve-
<ques &: qu'ils étoient ~~M~/?~ f
les conferverenr en formant leurs
nouveaux etaMtfÏëmens.
Voici d'autres réflexions qui fer-
viront a'prouver que. les maximes
d'Ëymcnc fubfiftenc encore dans
Jes Tribunaux du S. OfRce.
r~E'édïtion diaprés laquelîè
nous donnons un abrège du direc-
toire, eft de 1~78, c*e~-a-dire
jpoËërieure de deux cent ans a
Fourrage d'Eymcric,& de plus de
~e~ ans à rétaMi~ement des Tn-
b~Naux ~xes de rinquifition en
lEfpagne & en Portugal. OrFEd!
teur François Pegna, qui y a joint
un très-grand nombre de remar-
ques, dëdare qu'il le fait réimpri-
mer pour r:/z~rM~!0/z des J/z~M~-
teurs, que cet OH~r~e ~H~
mirable que re/pe~M~ ô' ~M'072j~
e~tg'ne avec q~M~c de p~fe que
d'érudition,les moyens de contenir Ô*
d'extirper les Hérétiques, ô~c.
2°. Nous avons vu que cette
,édition de Pegna e~ dédiée à Gré-
goire XIII, &: approuvée par ce
Pape nous ajouterons que Pegna
reconnoît en p!uueurs endroits,
qu'il a de grandes obligations aux
Cardinaux Inquifiteurs à Rome
pour les confei!s qu'ils ont bien
voulu lui donner qu'il leur dédie
un recueil de Bulles qui fert de
fupplément au Diredoire & qu'il
ie loue par tout des approbations
authentiques que ces quatre Car-
dinaux ont donne à fon travail.
3 Ce même commentateur cite
par-tout une infinité d'écrivains pol-
térieHrs à Eymeric ou fes propres
~0
contemporains) qui ont fuivi p~
a pas la doctrine du Dire~oire. H
fe plaint même qu'on a fouvent
proficé de cet ouvrage fans faire
honneur à FAuteur des belles cho-
ies qu'on lui dëroboit qu'au re~e
ja bonté la prudence & l'équité
des maximes d'Eymeric en de-
meuroient daucanc mieux prou-
vees que ces maximes croient
adoptées par un plus grand nom-
bre d'Auteurs.
~.°. On ne trouve entre Ïe
commentaire ~s Je texte, que ~es,
dtf~ërences très-légères. Les notes
de Pegna ne font que le dévelop-
pement des maximes du Direôtoire,
& même quelquefois le Commenta-
teur encherit fur la durecé de ro"
riginal.
50. Des Auteurs encore plus
modernes que Pegna, comme Sou<
fa Sa!!elès, Mauni citent con.
nnuehemcnt & avec éloge JEyme-
ric & fon Commentateur.
Dans tout ce qu'ont écrit de
l'etac a~ueî des Inquilitions De-'
as
îon, MarMIier a Limborch on
rcconnoîc les principes cTEymenc
&: de fon Commentateur.
Les maximes d'Eymeric ce font
donc confervées dans les Tribu-
naux du Saint-Office jufqu'à nos
jours par une tradition non inter-
rompue. Si on s'en eft quelquefois
ecarce dans le fait, c'e~ fans les
abandonner dans le droic ces
adouciflemens même ne fe font
gueres faits que dans les Inqui~-
tions d'Iraiie~ tandis que celles
d"Eipagne & fur-tout celles de
Portugal dont il s'agit plus par-
ticulierement ont confervë toute
leur ancienne févérité. Enfin la
do~rine d'Eymerica toujours été
& eft encore aujourd'hui la véri-
table bafe fur laquelle eft écablie
toute la Jurifprudence des Inqui-
.ndons du monde Chrétien véritG
qu'il nous a paru néce~ire d'établir~l'

L'OUVRAGE d'Eymeric eft divi~-


? en. trois Parties la première
préfente un expofé des principaux
points de la foi Chrétienne ~br<
me des décinons des Souverains
Pontifes & des Conciles, & des
Décrétales.
Eymeric ajoute à ces décidons
douze quêtions fur la foi Catho-
lique, plus dire6t:emenc relatives
àrin~rucHon des Inquifiteurs.
Dans la deuxieme Partie qui-
e~ plus confidérable que la pre-
rniere Eymeric recueille les Dé'-
crétalesdes Papes les décidions
des Conciles les Con~icutions
des Empereurs, relatives aux Hé-
rétiques & à leurs fauteurs aux
~Magiciens aux Excommunies
aux Juifs & aux Infidéles il joint à
cesioix la Glofe ordinaire fur
les Décrétales de Grégoire 1 X 9
tit. de ~~ref~M. Le commentaire
d'Henri, Cardinal d'Oïtie fur
le même iujet. La Glofe fur Je
Sexte au même tit. de A~re~cM
& le commentaire de Guido de
Bayfb Archidiacre de Bologne~
La g!ofe iur les Clémentines tir.
de ~ref~c~ & le commentaire
de Paul de .Le~zrï~. Un extrait
d'un Concile de Sarragoffe qui
règle la conduite des Inquisiteurs
enfin il termine cette partie par
l'éxamen de ~8 quêtions.
La troifieme Partie eft plus par"
ticulierement l'ouvrage d'Eymeric
( car les deux autres ne font
comme on vient de le voir ? que
des compilations ) elle eMivifëe
en trois tenions la premiere traite
de la maniere dont on doit com-
n~ncer le Procès en matiere d~hé-
réne; la deuxieme, de la maniere de
le continuer &: la troifieme de
la maniere de le conclure. Cette
troifieme partie eit fuivie, comme
les deux autres 7 de quêtions au
nombre de cent trente-une, qui
fervent à développer & à expli-
quer les régies que l'Auteur à don".
nées.
Nous avons cru devoir nous
~carj:er de l'ordre fuivi par Eyme-;
'~4
~c pour épargner a nos- ie~eurs
ïes rëpëtinons* fans nombre dans
ÏefqueUes cet Auteur eft tombé &:
qui étoient une fuite nëce~ïaire du
plan informe qu'il a ~uivi &:
nous avons rapporte à un cer..
tain nombre de chefs toutes les
fnaximes eparfes dans l'ouvrage
d'Eymeric, &: qu~on y trouve rë-'
pétées juiqu'a trois & quatre fois,
Nous, avons joint à l'extrait du
texte d'Eymeric, Pextrair du com"
mentaire de Pegna cette addition
nous a paru nëce(Ïai!*e parce que
ce commentaire fert à développer
mieux les maximes d'Eymeric, &
fait avec le dire~oire un corps
de Do~rine plus entier & mieux
iuivi) & parce que l'ouvrage de
Pegna prouve une chofe impor-
tante que nous avons avancée
C'eft-a-dire que Ia~Do~rine du Di-
feQ:oire à été mite en pratique) &:
s'eft perpétuée dans les Tribunaux
de 't'Inquintion. Nous avons tou-
jours di~inguë par les citations
les endroits tirés du Dire~oire, de
ceux que nous avons extraits du
Commentaire de Pegna. Si nous
n'avons pas mis fous les yeux de nos
lecteurs les exprefïions latines d~
l'original c'eA que nous avons
craint d'augmenter inutilement la
groiieur du volume, & même de
détourner l'attention.
Nous devons avertir que nous
n'avons pas prétendu donner une
idée complète de la Jurifp~dcnce
de l'Inquiution, & de la forme de la
procédure; ainu nous avons né-
glige quelquefois certains détails,
dont l'omiilton formera peut être
quelques vuides mais outre
qu'Eymeric lui mêmene nous a
pas toujours fourni ces détails
nous avons cru devoir omettre
ceux qui fe trouvent dans des ou-
vrages qui font entre les mains de
tout le monde, ou qui n'étant pas
d'ailleurs fort intéreuans, font en-
tierement communs aux Tribunaux
B
divi!s ôc a ceux de Pînquiut!orï.
Nous ne difons rien de la 6de-
iïtc &: de l'exa~itude de notre tra..
duû:ion elle eft prefque toujours
littérale cependant elle nous a
jCpûcpquelque travail. Nous avions
4 rendre un latin barbare à réca~
blir l'ordre & la nectetg dans cer~
tams endroits à donner de la
j)Eorceà nos-~pre~Rons en confer-
vanc la naïveté de rongtnaï; à
rapprocher quelquefois des trait$
ieloijgnespour les faire fornr run
par l'autre
1 &, ce qui nous a
coû~ beaueoup nous devions
autjS nous ab~enir~communtquer
june foule ~e re~px-ions que l'origi-
nal tendoit a nous arracher- à tous
piofuens. Voiî~ les difficultés que
nous avions a vaincre~ Nous avon$
quelque droit a ~indulgence d~
nps I.-e~eu~~
LE MANUEL

ÏNQU ISIT EU RS.

CHAPITRE PREMIER.
.s
D~oc~Jo~D~Opy~c~
<M~~

matière d'hcréne on proce-'


'$ E. dera tout uniment ~ans les
criaUtenes des Avocats fans
tant de ~blemmtés dans les jugemens..
~t~/M~y 6' J~/d'/x<?~~~oc~fo/'M/H <S'
~<~eMrM~/?/M 6'~M/ C'ej~à-dire
qu'on rendra la procédure la plus courte
<ju'u elt poHIble en en retranchant les
délais inutiles, en travaillant àinËruire
la cauie même dans les jours ou les
autres Juges fufpendent leurs travaux
~n rejettant tout appel qui ne fert qu'à
éloigner le jugement, en n'admettant
pas unejnaultitude inutile de témoins,
Bi!
Z~ Manuel
.~c. Men entendu qu'on n'obmettrâ
po~nt les précautions nécenaires pour
s'apurer de la vérité qu'on ne re-
futera pas à l'Accmé les défendes légi-
times. J9~~?. pag. 369 & 37ô.
C'e~-là un grand &~beau privilège
du Tribunal de FInquiûtion, que les
Juges n'y Soient pas tenus de cuivre
l'ordre judiciaire, &cquerobmi~ion de
quelque formalité de droit ne vitie pas
la procédure, pourvu toutefois qu'on
n'en ôte point les choses eHentielles
au traitement de la cau~e.
Sur quoi j'avertis d'après l'excellente
observation de T'a~& 6' del.oc~&
procès en matière d'héréue, doit
qu'un àuni
être exa~ement fait quant à fes
parties ëu~ntielles ~ue fi ron pro~é'-
doit~elon toutes lës~formes de droit.
~~M/o<j..ycAo/
H y a trois manières de commencer
le procès eh matière d'héreue r~cea-
~OM~ ta ~7ZO/ZCM~O/Ï &:1'7/X~MZ/&M~.
Le procès e~ intenté par accuiation,
lorsqu'un Délateur s'ocre à prouve!-
ëë qu'il avance, en fe Soumettant a la
peine du talion s'il ne le prouve pas.
/Mhquiuteur doit cuivre très-rare-
ment cette manière de procéder ï°.
parc~que ce n'e~: pasl'u&ge ordinaire
T~M~My.y. 2t.9'
&°. paMe que F~ccM/eM~ court de
grands niques 3°. parce que cette
méthode eSt longue &: litigieuse. Il doit
au contraire avertir l'accusateur des.;
riSques qu'il court, &: le détourner au-
tant qu'il eu: en lui.
Si les dépositions ne forment que
des Semi-preuves contre l'Accuse, alors
l'Inquisiteur doit conseiller au Délateur
de changer dans fa plainte le mot d'~cM"
/~<?/2 en celui de ~ca~M~o/ï à cauie
du danger qu'il pourroit courir & ruivre
lui-même rinAance M' o~~o. Que 6 ces
mêmes déportions ne chargent FAccu~e'
en aucune façon alors rtnquiïiteur
confeillera encore au Dénonciateur
de~edéuu:ertout-n-fait, ~cfe déûilera
lui=méme.
lui-même. ~~A l
Si le Délateur peru~e ou reçoit Fac-
cù&tion par écrit, l'Accusateur devient
partie, &: l'Inquinteur n'agit plus d'ofL
6ce mais z/z/?~ ~tï~ Direct
3.part.pag.2.83&:i8~.
La peine du talion n'a pas lieu au~
~ourd'hui dans l'accusation en matière
d'héréûe, &~on ne doit point obliger
les AccuSateurs de s'y Soumettre, an
cas qu'ils ne puissent pas prouver ce
qu'ils avancent; il faut cependant pu~
Bi~
~0 Z~~MS~
nir le Délateur convaincu de faux~
d'une peine très~grave,
Au reSte on ne laiffe plus faire aux
particuj&ers le rôle d'Accufateurs en
titre c'eA un Procureur du Saint Of-
fice appellé Procureur Fifcal, qui in-
tente l'accusation comme chargé d'un
ministère public & qui par consé-
quent n'eA Sbumis à aucune peine,
lorsqu'il ne peut pas prouver fon ac-
cusation. Pegna ~<~0~ lib. J. ~AoA
XIV.S '1
La deuxième méthode de former
le procès parla~MM:c~MM/~ eft la plus
uSitee on dénonce quelqu'un comme
coupable d'hëréSie fans fe rendre par-
tie, &: feulement pour ne pas encourir
l'excommunication p<~tée contre ceux
qui ne dénoncent pas, ou par zéle pour
la~bi.
On reçoit les dénonciations ou dans
un écrit que présente le dénonciateur,
ou bien en écrivant ce qu'il dit de vive
voix, on le fait jurer fur FEvangile de
dire vérité~ & on l'interroge fur les
circonKances du tems & du lieu fur
les motifs qui l'engagent à dénoncer $
&c. Dans le cours de cette procédure~
ItnquiSiteur agit ex <?~c~~ l'AceuS~
t
~Z~K~~Kr~.
n~t pômt de partie adverse..D~&
part. 3. p. 2.8~ &~2.84.
L'Inqui~teur peut recevoir les dé-
nondations a~Aé du feul Grever
&: il n'eA pas néceffaire qu'il y inter-
vienne des témoins, ~~o~. lib.
~f~o/' XV.
L'obligation de dénoncer un hére-~
tique a toujours lieu, nonobn:ant toute"
eipece de ferment, d'engagement, de
promeue de garder le fecret faite ~t
contraire, & il ne faut employer Ix
correction fraternelle avant ~adénon-
ciation que trës~rarement, & après
les plus mûres ré~exions &. il eft
toujours plus iûr de robtnettre. ~/Mf,
2. Schol. i~.
Si uïteaccu&ttofi intentée étoit dé
pourvue de toute apparence de vérité,,
il ne faut pas pour cela que rinquiu-
teur Fe~ace de fon livre, parce que ce
qu'on ne découvre pas dans un tems,
ie découvre dans un autre. 2?~& ~r.
3. p. 283.
La troifiéme manière de commencer
un procès en matiere d'héréne, eft la
voie d~~M~/o~ on l'emploie lori-
qu'il n'y a ni Dénonciateur ni Accu-
jfateur.
Il y a deux espèces d'inquintions $
~â.
32 J~ j~/HX~
une générale .c'en: une recherche des
hérétiques que font faire les Inquisi-
teurs de tems en tems dans un Dio-
ceie ou dans un pays, elle eA prescrite
par le Concile de Touloufe, en ces
termes
Dans toutes les Paroiues, on choi"
iira un ou deux Prêtres & deux ou
trois Laïques gens de bien à qui
on ~era prêter ferment, & qui feront
» des recherches 6'équentes &: icrupu-
lemes dans toutes les. niai&ns dan&
les chambres, greniers, fouterrains,
&:c. pour s'apurer s'il n'y a pas des
Jhérétiques ~cachés.
LorK~ue par ces précautions ou par
d'autres on â découvert un hérétique
alors ~ans qu'il y ait~i Accmateur ni
JOenonc~ateur, l'InquiHteur peut exer-
cer ~bn miniAere &c agir C~M~
Pire~. part. pag. ~8~. ôc adnot. Ijb.
Schol. xvï.
La deuxième espèce d'Inquiutipn a
Ïieu, lorsque le bruit public porte %ux
oretUes de l'InquiHteur que telle ou
telle perJbnne a dit ou ~it quelque
cho~ contre la foi alors l'Inquiuteuï'
cite à ~bn Tribunal des témoins ,&: les
ïhterroge fur la mauvaue réputation
de l'Accusé il leur demande fi on, d~
1 ~3.
tpiè l'Accuse en: hérétique & depuis
quand, ê~ d'après leur réponfe lori-
qu'elle conâate la mauvaise réputation.
Il cite l'Accuse lui-même pour venir
rendre compte de fa foi, & fe faite
purger du foupçon qu'on a fur lui. j~-
~(?. ibidem..
On; peut faire de ieraMables re-
cherches, même contre une personne
qui n'eâ pas diffamée d'herëiie; mais
il faut qu'un Inquifiteur fe conduit
alors avec beaucoup de cH'coR~pc~ion
& de fecret, afin de ne pas donner trop
légèrement atteinte à Phonneiit
egerement l'honneur un,d\ni
Citoyen'. ~J~e<~ lib. 3. Schol. xvi.
La procédure par voie d'inquiutien~
eA appuyée comme on le volt, furie
bruit public mais le bruit public lui-
même doit être con~até par deux té-
moins. Pour obtenir par-là une preuve
complète il faut que les deux témoins
foient graves & connus comme d'hon-
nêtes gens il iu.mt pour con~ater ~a
mauvaife réputation de l'Accute, qu'ils.
duent qu'ils ont entendu dire à un tel
ou a un tel que FAccu~ e~hérétique~ Sc-
leur déposition fait foi, quand les deux:
témoins n'auroient pas entende tenir
ce-propos aux mêmespersonnes.M&.
j. Schol., xx,.
Sv
A J~CjMst~M~
1 a 1
l.orKnfC d<s~témoins déport cm~at
Aeeu~ë a la réputation d'être heret~que~
& qu'on leur demande ce que c'eA que
ïa réputation la renommée (
~<) il n'eA pas néceMaire qu'ils ett
donnent une défiriition exa~e, itâinit
qu'ils dirent que c'eu: ce qu'on dit com-
munément. ~~n~ ~cA<?/. i~.
Quoique regulieî'ement parlant eït
matiere civite, personne ne ~bit obli-
ge de fournir contre lui même, ie~
piee% qui peuvent fervir de preuves
de ~on dejtit cette obligation a lie~
€.R matière d'hereMë; ainR un Accuse
doit donner communication au Saint-
Qmce de toutes îe~ pièces qui peu-
vent fervir au Promoteur Fifcal pour
fondej!' ~n accusation. C'e~ l'avis de
la pl~p~ tîes Doreurs. A pius ~rt&
r ai~o~ ehaettn eA- il obligé de ~burnir~
es pièces qtu peuvent. Servir àcon-c,on..
1J c;!s.~le~esqtU peuvent ,lcmr-
va~cre ujat~ autre personne du crime
d'.h~e~e.M.tOît o:
~~&ar~ 3 i
~t_<

CHAPITRE 1

DES T~Mo~jv~~

Y7 N faveur de la foi on reçoit en.


i'L témoignage dans les causes d'héré-
iie.
i~. Les Excommuniés.,
2. Les complices de FAcdue.
Les infâmes &. les personnes con~
pables de quelque ctime que~ ce tbit~
~<z. ~1iI..
Les hérétiques contre &: jamais:
en j&veur de l'Accusé. Cette loi paroît
d'abôrdcon'traire à réquité,H~turellc~.
en ce qu'elle été aux Accuses des.
moyens de prouver leur innocence y
mais-elle e~ au fond très-raifbnnable
puHqtfon ne peut pas croire à la pa-
yole de: eeM qm a violé h ~bi qu'H
devoit au Seignettr~ Se qu'on ne ~au-
~oit compter iur la ndéllté du témoi-
gnage de celui qni eu: in~dele a Dieu.
Mais dira-t-on pourquoi croire air
témoignage de ce même hérétique,
Ï0tfqu11 dépose contre un Accuse, iî
ron~ ne y eut pas le croire,, lof~que~
$epo6Ëon. eÊ favorable, ~Accufé u.ïr-
N~
3~ JL<.~ë%~
tout devait, Mion une maxïme fe~n~
da~ t0tt~~e$ 'M~HM~Ifupp~
plutôt innocent que coupable..
La dimcuh~éen-preMahtè, mais voici
je crois la réponse qu'on, y peut faire,
Lorfqu'un hérétique dépose en faveur
d'un Accuse, on: prémme quec'sA etr
haitte de l'Eglise, &; pour empêcher
que les crimeg commis contre la foi,,
ne foient punis comme ils méritent de
rêtre. Or cette présomption n'a plus
lieu, lorsque ce même hérétique dé-
pose contre rAcciue. Perfonne que je
içache n'a encore donné cette raifon.
que crois neuve &; déciËve. jP~t?.
~~E'M <~o~. ~c~o~
On reçoit en témoignage les in-.
Bdëles quelconques les. Jui~; y&:cela.
non-~ulement quand il eA quefMon de
rechercher fi rAecujfe eA tombé dans.
Kn6delitc ou a judane mats,meme<
pejnr con~ater des péchés commis con~~
tre des artietes particutiers de la ~oi.
chrétienne. j9~& ~/M~ F~. ~$'
x-
6~. Les parjures contre le Otemeac-
jEU~edans ïà même cau~, ainË Hn
tém~omvient de &.jparjurer, il peut cor-
Tig~y & premjefe dépo~tio~ & alors~
Juge$ s'en ti~ie~ont à Jta. &eonde<.
<~y ~m/~fj~. 3'~
Cette loi eft particuliere à la procédure
contre les hérétiques car dans les Tri-
bunaux ieculiers on s'en tient au pre-
mier témoignage. Cependant il faut re-
marquer que la Seconde déposition ne
doit remporter que lorfqu'elle charge
l'Accufé, car fi elle étoit à ia décharge,
alors on s'en tient à la première ainït,
fi quelqu'un dépose d'abord qu'un tel
a dit que le Purgatoire a été inventé
par les Prêtres, & rétrade ensuite ~bn~
accusation, le premier témoignage iub"
alitera malgré la rétraetation, poité-
rieure. H e~: vrai cependant que la ie-
conde déposition affoiblira un peu la
premiere, & qu'on doit punir celui qui
s'en: ainu rétra&é comme faux témoin..
Ennn. il faut bien prendre garde, qu'en
ajoutant trop de foi à ces rétractations,,
le crime d'héré~e ne demeure impunL
Z~~S. <S'of. lib. ~<t /~2.
7°. Le&témoins domeuiques, c'eA-
à-dir~, la ismme les encans les pa-
rens & les domestiques d'un Acctue,.
font reçus en témoignage contre lui,
quoiqu'on ne les admette point à té-
moigner en fa faveur, ce que l'on a ré-
glé ainii, parce que de pareils témoi-
gnages ont beaucoup de &rce. jD~tX,
~<Mf.M<B/?.~0~
~S. H ~c ~~x~
"e~Fopmïôn detÔus'nonM~
<p~en mâtiné d*herë6~ ~le irëre penf
tétintoign~r contre te 6'ere, &: lé 6l5
contre iepere. Le R. Q. Simancas a vou-
lu excepter les- pères les en~ns de
cette loi, mais on ne doit pas s'en
tenjrà~bn ~ejfUimest~ qui e~ <~iHeufs
combatttt~ par-de &rtes r~t~bn&;1~pre-
Miiere, c'eAau'iit faut plutôt obéir à
Dieu qu'à Ïes:parëBS la Seconde, c'en:
~ue sTI @A permis de tuer ~ba p@r&
torïquil eAennemi de la patrie, à plus
~brtë raidît peut~on le detïORcer îor~
qu'il e~ coupaMë d'here~ë. Au rené, îe
ms detateur d~ ~ba père ë~ ~buArait
aux peines përtees par le dr'oit cciitre
les encans des ttérétiques SE ceia pour
peeoinïpen~e de délation. ZB~~MMa~
~0~ <M~e~
Moas av<Ms dit <qHetes Temoiïis
dome~iques c~ a d~re, 1~ pâ-
ï'ett&, ïes amis &: lë$' domeÊiquesde-
j~ecn~ë jfbnf fe~tts témoigne!' eon-
îfe hn., t~aM non pas en fa faveur
Ïa fai~on de cette di~erence eH que
d'une part on ~uppo~e qu'il a'y a qu<~
Ïa~ tbrce de Ïa vént~ qM ptti~ ar-
jfae~ër ~des teaTto~HS de cette ~pec~
tt~depGiitï~N contMtre aI'~eëH~e~ ~c
~qnede Fautre on peut crMte que t~
des ~M~~M~.
ÏIaiSbns qui uninent les parens le maî-
tre & les domeuiques &:c. les portent
naturellement à mentir pour Sauver le
coupable, 6 ce font fes enfans, par
exemple, pour éviter FmSamie qui re-
jaillit fur eux de la condamnation de
leur père. Les dépofitions des témoins
tbntauSH très-néceSIaires, parce que le
crime d'héréSie fe commet ordinaire-
ment dans le fecret des maubns.o~.
j ~yc~pA f~.
Lorsqu'un témoin fe présente pour
déposer contre un Accufe, ou, loriqu'ii
eit cité pour cela, rinquiuteur rexa-
mine & reçoit fes dépoutions, aul&é
d'un Greffier ou Notaire. Ille fait d'a-
bord jurer de dire 'vérité enfuite om
lui demande- s'il connoît l'Accufé ~e
depuis quand, fi l'Accusé eft regardé
comme bon ou mauvais Catholique'
dans Fendroit ouil fait fa réudence s'iï
eft dinamé. comme ayant dit ou fait
quelque choie contre la foi fi le Dépo-
tant a entendu ou vu l'Accule dire 01~
faire quelque chofe contre la foi, en
présence de qui, & combien de fois
ce qu'a dit ou fait rAccu~é, a été dit
ou &it Sérieusement ou parplaifanterie,
&c. Après quoi on enjoint le fecret ait
témoin. On appelle à, cet examen des
JE,e jM~MM~
t <*

témoins une ou deux peribnnes pruden-


tes, au moins vers la En de Fexàmehy
ou même pendant tout l'examen, fi~air<?
le peut, mais couvent cela eft décile à
rinquiuteur. Z~& p. ~2~.
Deux témoins ât~&~ent, à la tigueur
pour condamner dé6mtivemen.t en ma-
tiere d~heréMe cependant il nous paroît
plus équ~able de ne regarder cette
preuve comme~ui&iante~que lorsqu'elle
€it jointe à la mauvaife réputation de-
l'Accusé; cette indulgence eft d:'autant
plus neceuaire que dans laproeëdure"
en matière d?ltéreue, on s'écarte des
pratiques reçues dans les autres Tribu-
naux rA<:cuie n'étant point confronté
a!~ecles"témoins,&: ne les connoulant
mêmepas toutes chofes. qu'on a réglé
en faveur de la rbt. Or, comme l'Ac-
cu~ë ne peut pas deviner, &:qu'il lui e~
plus décile'de fe dépendre, Hnquiu-
icur en; obligé d'examiner les témoins
avec plus de ~oin. ~r~.j ~K~?.
7~
Ce que dit ici Eymeric, qu'il eft plus
équitable de ne pas condamner ujr la
dspoStion de deitx &uîs témoins, €&
a&î'émsntun&ntimentbiendoux;caT
les LoiXjSsI'opinlop commune de pre~
que t<âu&les.Do~es laijBent aux ïncnu-
des ~~M/ ~f
Ëteursnne entière liberté de condamner
un Acculé feulement fur le témoignage
de deux témoins idoines"; on ne voit
pas en effet qu'il faille en matière d'hé-
réiie, donner atteinte à la maxime de FE-
~riture~norg duorum ~H~o/H~e
y~M/3. On ne peut pas dire que dans
la procédure du Saint-Office, l'Accu~
n'ait pas toute la faculté de fe dé~endre~
qu'il peut demander, vu qu'on examine
la cau~e avec tant de foin avant la con-
damnation.. ~~o~. ~ycAoA~(~
On ne doit point publier les noms
des témoins ni les faire côîmo~tre à
FAcclue, lorsqu'il y a danger pour les
Accufateurs, &il eft très-rare que ce
danger n'ait pas lieu. En effet, lorsque
rAccmé n'eu: pas à craindre par fes ri-
che~es., ou~a nobleue ou fa famille,
il FcH: fouvent par fa propre méchan-
ceté, ou par celle de fes complices
qui étant quelquefois des gens déter-
minés, & n'ayant rien a perdre ~bnt
plus dangereux pour les témoins; c'en:
ce que l'expérience m'a appris. Z~f?.
j ~M~/?. On a quelquefois
moins à craindre, lor~e l'Accula ou
fes amis {ont des perfonnes nobles ou
riches un bon Marchand par exem-
ple y regarde à deux fois avant de &
vanger.
`
~i Zs jMa'/M~/
JLof~ttetout danger ce~e e~ecUve"
ment pour les Acct.dateurs, on peut
~aire connoîtr~ à t'Accuse les témoins
qui ontdépole contre lui. ~j~
G'eA principa'Ienïent en cc~mtmini-'
quant le Procès-verbat à FAccu~e,
qu'on peut craindre qu'il ne découvre
~uels ~st Ïcs tentûins qui ont depo~
€ontf'H: voici les afoyéns dont on
peut fie Ïe~vir poitr îai dérober cett~
connouïance 1°. on iotervertira ror~
dre~elon îeqtiel les noms font placés
dans î'originâî, en attribuant a Fun la
<dépo'6tiott de rautre~ 2;~ Qncommuni-
qHeraîeProcès-vefbaî~nsnoïNsd''Ae-
cu&tetïrs &les notïMdes Aecufàt~rs
a~~pàrt, auxquels oh ajoutera ça ëe
ta d'attirés nomsétranger& de gens ~m
~oht jâtttais déporte contre rAccn~
Ces deu~ fnoyens tant dângereuy
~Mr ~c~/a~H~, §e par cette raucMt
il nefaut s'en Servir que rarentent.
3~. Onpourralire le Procès-verbal a
t'Accusé en Atpprïïnant abibïnmehr
Ïcs nojnfts des dénonciateurs <Sealors.
É'eA à rAccu~S conjec~trer qui ~bntt
~eux qui ont~rmé contre lui teHes op
teUês~ccuiatiohs, $ les récuser, ou
tR~Ftït~ leNTsté~oign~ës c'e~îa me-
~M j~~M~eM~~ 1
thode que l'on obferve communément.
jE~~?. part. 3, ~<~ ~97'
Ces précautions Se de jfemblables
{ont néceuaires parce que le capital
doit toujours être demettre les témoins
à couvert, il faut prendre pour cela
tous les moyens imaginables y parce
ne voudroit
qu~autrement personne plus
laire de dénonciations, d'ott il réuilte-
roit de grands incorrvéniens pour la
République chrétienne. La pratique des
Inquifitions d'Espagne à ce u!)et peut
fervir de modèle en communiquant
t'acctuation on y fupprime t<~ttes les
circonûances du tems du lieu, des
personnes & tout ce qui pourroit met-
tre l'Accuse fur la voie de découvrir
quels font fes Accu&teurs. ~~o~.
~~c~j(~,
Quelques Auteurs ont pen~e qu~on
pouvoit quelquefois confronter les
témoins à l'Accufé lorsqu'il n'y avoit
pour ceux-là aucunruque a courir mais.
ropinion contraire eft plus u~re, §c doit
être Suivie dans la pratique hors de
certains cas tout-à-~it rares; c'eA l'e~
prit de rexcellente inArudion à rouage
des Inquiutions de Madrid, dont voici
les paroles Q~o~M~ dans les ~M~MT'
~7/ ~e~t CQM~M/Kë ~~<?Mr(~~
Z<!Jt~M~
COMf/Ï/'la t~~C ) CO~ ~/?~MT
/ca: c~c/M~~ %c<
~e~/x'WM~
7~ o~ ~e ces
~0~0~ ~C/M <~P/<ÏM~C/M-
y~O~ /~KC/ ~J~M MC~y /M /!C/M~!
<&~<&~M/ <M: ~~HC~ fX
<Z~0~~ ~0~ ~M 0/3'<
~~6 ~o~/OM/yM~M&~e<&grands ~aco~-
~M/M. Adnot. Ïib. 3 Scjhpi. xviii.
Engehéraî on ~uppc~e toujours au-
i,oiird'liu-1 qu'il y a danger pour les Ac-
ctuateurs & on cache absolument les
noms des témoins, ~~o~. j Je~.

Les témoins con~ainGus de faux font


condamnes (feulement) à la prifo~
perpeftfeHe, (même ior~qu~s ont jfbu-
tenH leurs depoMtions pendant tout le
cours delà procédure, & qu'ils n'ont
a.vouë' leur cr~me qu'au moment oit
rAceu~eslIottetre 1*ivre à la Ju~ce
entiere.) J3~
~)~'
Plu~îeùrs Auteurs veutent qu'onde-
jcerne contre: Je~ faux témoitTS la peine
du Talio'n, c~ prétendent que quoique
ÏeT~!ionn?ait plus Heu pour les Accu-
<afeups/ïiA';M~e encore pour les té-
moins, e'eA ropinion de Roîas,
~M Z~K~SM~. 4~
sîma~s prétend mêmequ'il exifte une
GonAitution du Pape Leon X. qui au-
torife les Inquifiteurs à abandonner les
faux témoins à la Junice Séculière.
Pour moi, comme je ne vois aucune
difpofition du Droit ancien qui décerne
la peine du Talion en pareil cas je crois
qu'on ne doit pas décider auMi légere-
ment qu'il faut l'employer les anciens
Conciles de Narbonne, de Touloufe,
~cc. qui Sont entrés dans les plus grands
détails fur cette matiere ne font au-
cune mention de la peine du Talion; le
-Concile de Bourges condamnées Saux
témoins à porter l'habit de pénitence
avec des croix; aucun desanciens*Ca-
noniAiSs, au moins de ceux que j'ai lu,
ne les condamne à la peine du Talion;
le Décret de Leon X. dont parle Si-
manas n'en: ni reçu ni observé la
{ainte tnquiution de Rome ne livre
point les faux témoins à la Juftice fé-
culière. a
A la vérité lorjtque le faux témoin
ayant accufé une personne du crime for-
mel d'héréuc l'Accuse, quoiqu'inno-
cent, a été condamné &: brûlé comme
hérétique négatif &: impénitent fi les
Juges croyent qu'en un pareil cas les té-
moins doivent être punis de la peine du
~jM~~M~
Talion /ils n'ont qu'à coniuher nu* ceÏ~
le Grand Inquiuteur. ~zof. /j~, ~e~.
~<?.
Ajoutonsque rinqmnteur peut dé-
cerner la que~ion contre un témoin
convaincu du crime de faux à fon Tri-
lntnal. Quelques Canonises lui rentrent
ce droit, mais il paroît être une nute
des autres pouvoirs de rinquiMteur; la
queH:Ion & même la punition des faux
témoins devient partie <duProcès d'au-
leurs, le témoin lui-même eft alors mis
en cauïe par rinquiuteur. J'ai vu le cas
arriver à Touloufe en 131~. Un père
ayant accufé fon fils pardevant les fn-
quniteurs &t mis à la quenion ré"
yoqua jfa depoûtion. ~~t?. ~S/ j
~~?.~
~~M~ëM~. 47

CHAPITRE III.

De /'7~/T<?~0~ /<-M/

T 'INQUISITEUR Sera d'abord jurer


JLj FAccuSé fur l'Evangile de dire vë"
rité fur tout ce dont on l'interrogera
,& même fur fon propre compte. On
lui demandera enSuite quel eS~Son nom.,9
le lieu de ia nai~ance, dans quel en~
droit il a demeuré &c. S'il a entendu
parler de telle & telle matiere ( celle
iur laquelle on Fa accufé d~hérëue ) de
la pauvreté de Jeuis-Chri~ p3r€xe~T~-
ple, ou de la vifion beatifique. S'il en
a parlé lui-mêm~ &: ce qu'il en a dit, ib
ce qu'il en croit, &:c. Toutes ces ré-
ponses feront écrites, & on les lui fera
ligner. Un Inquisiteur habile s'en Ser-
vira enfuite pour Se faire des modèles
~de queSHon pour les interrogatoires
iuivans. Z~?./7~. 3. pag. 186.
On doit demander auui à l'AccuSes'H
fçait pourquoi il a été pris, quelles font
les perSonnes qu'il Soupçonne de l'avoir
fait prendre, quel eSt Son ConSeSTeur
depuis quand il s'eft confeSIé, &:c.L'In~-
~uiSiteur doit bien prendre garde d~
~8 Zgj~aM~
~burmr, par la manière dont lefdits in-
~ërrôgaïp~res croient faits, de fournir
dts-;e~ àrAccu~e des échappatoires;
& pour éviter cet inconvénient les
quêtions doivent être prévue toujours
vagues & générales, ~~o~.
<y~o/. ~.Dans l'interrogatoire de FAc-
icuieunln~ui&teurne~auroit employer
trop de prudence, de circonspection
dé fermeté. Les Hérétiques font d'une
adre~e extrême à cacher ~e~~rs erreurs
ils gavent jouer la iainteté, &: verger
des larmes jointes, capables de toucher
les Juges les pins impitoyables. Mais un
ïnqui&teur doit ~e dépendrecontre tous
<:es arti~ees y ëc âippo&r qu'on veut
toujours le tromper. ~&c~. j,
.~A.2/.
Les Héréttques ont dix manières de
tromper les tnquiûteurjS qui leur'font
fubirrinterrogatoire.
f ~eur premier~ ârti~ce eït réquivô-
~ue comme quandon leurparle du rat
Corps de JeÏus-C: ils répondent, de fon
Corps my~iquc ou fi on leur demande
Jfi cela ~/g Corps de ~/M~-(. ils ré-
pondent oui en entendant par cela leur
propre corps, ou une pierre voumeen
'ce ~ns, que tous les corps qui ~on~daMS
~emonde font à D~euy & par conséquent
a
des 7/ëM~.
à Jéius Chriu: qui eu: Dieu. Ou fi on
leur demande Cyo~ vous que Jefus-
Ils répondent =
CAr~/?e/?/~ d'une ~?
fermement; entendant par-là la fermeté
avec laquelle ils perfiftent dans leur
héréfie.
Le fecond artifice qu'ils mettent en
uiage eft Faddition d'une condition
qu'ils ibus-entendent, la reu:ri0:ion men-
tale, comme quand on leur demande
<7y< vous la r~/7'~?/c~ c~t:
OMz s'il Z?~ répondent ils,
entendant qu'il ne plaît pas à Dieu qu'ils
croient ce myAère.
Leur troifième méthode efl de rétor-
quer l'interrogation ainfi fi on leur
demande C/'c~o~~ que /'7/yo~ un
péché ? Ils répondent, 6' ~<?y~-
vous vous ~~ë ? On leur dit Nous
croyons avec tous fM Catholiques que
~? un péché. Alors ils ajoutent
jV<?M~croyons ~M~. Sous-entendez que,
vous le cro/ë~.
Leur quatrième méthode eu: de ré-
pondre par admiration. Ainfi, fi on leur
demande Cro~-w~ que 7~(~? /g
~o~ incarné dans ~y~M d'une ? Ils
répondent Oh Mo~23~M/~c'&o/ /77g
faites-vous de y~6~ ~Ke/?M~j;? Me
~yOK~~OM~ un 7~? J~ C~-
c
Z<! ~M'~S&/
MM,~-/<f ~<M.y..f0~ ~&~ bon
<c~ entendgnt qu'un bon Chré-
tien ne do~t~pas croire cela.
En cmqMième îien, ils emploient 6~é-
cpuejdinM'jtttlâ-tergiver~tton, en repon-
dant fur ce dont on ne le~ mtefroge
p~int~ 6e,en n'e.repondapt pas Atrce
d~o'to~4@sit-ï~M'oge.
Leuï'ËXjènïë~tey~tg~ e~tlé détour-
t~er te dncoua's ain~, N on leur de-
tnande: <y0~<c~
e/z~c~ /K~~ /<Mcë
/<? C/-& 1~ répondent~ ~f
~Ko~ c~~ ~a'r &?<*
~s~ ~~9~ ~ic<?/~ /& y~z
~§'x~ ;af~ ~o~ /7z~~
~OKt ~o~<&~n. /<)w CM~~?~
~< ~?o~
~N~Fcroz/ c~ye~e y<?Maf,r<?~~~/?'g/
J~M.
En ils~e remettent quel-
~ep~èïae-Iieu
~e~M.à~&M~lêHr' apologië~~ amu Ë
on les interroge nir que!<pte~point;dë"
~Ot, i~s repondèn'H OA ~e~ P~B~
a'% ~û/ ~~a yë .7~~
J9~ <~M~ ~c~e,y'o/~ /~yM~-
~K):' & t~M~T'C~ ~'<9X~
~~J@/ -dans '~KS/~K~
<S'OHy/'OM e'M~~ ~M/
e/ j nom ~23~ ~<'j' <~
~r~ ~~<?/z~.
des ~& ~1 l
s". Les Hérétiques emploient iou-
t.
vent un autre artmce ils feignent de
trouver mal, loi']fqu'ils fe voient un
peu prêtes par les interrogatoires fi
on les en croit, ils ont la tête accablée,
e~ ne peuvent plus fe Soutenir fur leurs
jambes ils demandent qu'on les ren-
voie ils vont fe mettre au lit, &: fon-
gent en attendant à ce qu'ils répondront.
Ils emploient fur-tout cette rufe lor~
qu~ils voient qu'on va les mettre à la
question ils difènt qu'ils font bien foi-
bles & qu'ils mourront dan,s~es tour-
mens, &:les femmes ceignent d"êtrc m-
jettes aux accidens particuliers à leur
fexe., pour retarder ainfi la quefiion, 6'
<ro,6/' les T~~M~~K~.
Une autre ru~e qu'ils emploient
eA de contrefaire les infenfés.
to°. Enfin on
peut compter parmt
les artinees des Hérétiques ra~ëdation
de modeu:ie qu'ils ont dans leurs h~biî-
lemens, ~.r leur vliage, 6~ dans toute
leur manière de vivre. Z~ part.
pag. 2.8 9,~90,~ Y.
A ces rufes il ïaut que rïnquiûteur
en opppfe d'Autres a.~n de payer les
Hérétiques de la -même monnoys (
f/M c~o ~M/z~~) &: afin de p.ou-
voir leur dire ennjite avec l'Apôtre
-M
!W.¡J¡,)!i!
?2 Le Manuel
Comme j'étois fin je vous ai pris par
nneue cum <z/?M~~ dolo vos c~~
ad Co~2 cap. <2.Or voici les prin-
cipales rufes que l'Inquisiteur pourra
employer contre les ruies des Héréti-
ques.
ï". Il doit les forcer par des interro-
gations répétées, à répondre nettement
&: précifément aux queftions qu'on leur
fait. Z~~t?. part. 2.91.
i'\ Si l'on préfume qu'un Accufé
qu'on vient de faifir foit dans la réfo-
îution de cacher fon crime ( ce qu'il eft
àiïe de découvrir avant l'interrogatoire,
oit par les Geoliers, foit par des émif-
~aires qui fonderont FAcetue, ) alors il
faudra que l'Inquinteur parle à l'Héré-
tique avec beaucoup de douceur, lui
donne à entendre qu'il ~çait déjà tout,
6~ lui tienne ce ducours ou un Sembla-
ble ~o~ mon enfant j'ai pitié de
fOM~ on a féduit f<Wë~/n~C vous
vous jP~< ~e~~ quoique vous
~oy~~ criminel, celui qui vous a ~K~
/'c/? encore plus que yoM~ ne vous rendez
pas coupable du péché ~M~BZ 6' TZëvous
<~?~'xe~ pas pour maître après avoir. été
~ey/ eo/MM la vérité car
comme vous le ye/Të~je fçais tout mais
~~yco/ë~Te/' votre réputation, &afinque
des 2/2~M~ëM~
~M/ vous r~~rg ~/2/J~, &*~cM~
J~~ ~MCë <S- ~0~~ /7~
en ~~t: VO~~/7?~0/Z ~K<9~
6/? Ct' ~ûK~ co/o/~K ? ~b~
~/z~ /<7~/z~~ L'ïnqui~teur
doit lui tenir de femblabtes dlicours, 6'
~oy!r de ~ë/ ~yc/e. ~c/z~ 9
toujours fans fe troubler, en iuppo~ant
que le 6ut eu: vrai, &' en n'interrogeant
rAccufé que fur les circonstances. Z)~
r~. j pag. ~c)i.
Le R. P. Ivonet fournit un autre mo-
dèle de discours qu'on peut tenir à l'Hé-
rétique qui eu: dans la dupohtion de ca-
cher ion crime Ne f/'<Hg7~ ditl'in-
quiûteur ~ztw~ ~z/ ~o~~ ~K~ re-
~W<~ ~&M les ~OM.! 0/!fy~K~
M~f bonnes~A', yo~pg/~e~ ~i'y//y
/ë~ C<9~~ ~OM~ ~OM~ ~0/ ~Vf<:
~C~g il pourroit ~/7'/y~ des
JE'/?M y~~ que ~OM~~~r/'g /6'<~ de
/o/ Adnot lib. Schol. xxvn.
3~. Si un Hérétique contre lequel
les témoignages n'ont pas fourni une
entière convi~ion quoiqu'il y ait de
forts indices continue de nier rin-
quifiteur le fera comparoître lui fera
des interrogations au haïard &: lor~
que FAccmé aura nié quelque ~ait~9
(~2~ hoc ~M~) il `prendra
C iij
Le Manuel
entre fes mains le Broces-verbal dans
lequel les interrogatoires précédents
~ont compris, les ~euilletera &: dira
J7 ~? e~zr <~ ~p~~ me M~~ la M/Y~
c~~ <M~M~. En~brte que
l'Accujfe croie qu'il eâ convaincu o~
que le Procès-verbal ~burnk des preu-
ves contre lui ( ~/f c/ye con-
~%M/M ~c ~p~M~'r~ )
-L''Inquiuteur peut encore tenir entre
les mains un écrit, &: quand FAccu~e
niera quelque &it, il ~era rëtonnë, &:
dH'a~:,C9/Ëp~y~-VOM~ ~~H~ chofe
~e ? (~/<z ~~M c~~r? Enu.ute
il lira dans ~bn papier, Ilyr~era les
changemens nëce~ires~ il ajoutera:
~A ~~TZ~ ~M ,y/Z <ïyo~ ~CMC ?
(7~ W~M /B~MZ C~A!M.
~M~/? </ZM/ ~Mû/Mû~OAg~
/?~~ HO~/Zg ~KM~?/ €'fM~C~~t
in C~M~M' <$*/6~~ M/MC~
)
II faut au reue, qu'eti cela rtnquiu-
teur prenne garde de dépendre dans des
détails que l'Accuse pourroit voir qu~iî
ignore il doit s'en tenir aux termes
généraux. jD~<?./M~. j. pag. 2.c)i.
Si rAccu~e s'obAine à nier ~bn
crime rinquiuteur lui dira, qu'il va
inceuamment partir pour aller plus loin~
7/M~.
& qu'ait ne fçait pas quand il reviendra~ 1)
qu'il eft bien fâche de'fe voir de
le laiHer pourrir dans les priions, qu'il
auroit jfbuhaité de tirer la vérité de~a
bouche .pour .pouvoir Fexpédier &:
terminer fbn procès mais que puisqu'il
6'obH:in.eà ne vouloir rien avouer, il va
le laiffer aux fers )uiqu"à fon retour
qu~il eit touché decompa~Ionpour lui,
vu qu'il e~: délicat, qu'il tombera in-
failliblement malade. ~c. ( jE'~ofo~<z-
/r 6*v~ <~c~ w~~ ~y~
-~gr~tï/K K~~ty~y~ ~MM~g~c~ y
yo~~ ~y~r /T~ <B~r~K~-
/zë/~ /<; ~M f~~ ~<
fM ~f? A~o c~c~ ~f~~ co~z'g-
~M~' ~g r~~yK~ MëH~ 6'
y/ /M~/ ~MM/zë/< ~&!<z/z~n~g~M'r y
~'c. Ïbid. ~p.~2.
SiFAccu~e continue de nier.,rin-
qui~teur multipliera les interrogatoires
&: les interrogations alors ou rAccu~e
avouera., ou il variera dans ~aréponse
s'il varie, c'en cit allez pour lui faire
donner la que~ion, ~ec les autres In-
dices Se ravis des gens habiles, on Fy
fera appliquer pour tirer la vérité de fa
bouche cependant on ne multipliera
les interrogations que lorsque FAcu~e
montrera une grande opiniâtreté car à
Civ
L? A~
des interrogatoires fréquens~uF la mê-
me matiere & en différens tems il eft
extrêmement facile de varier dans fes
réponfes, il ri'y a perfonne quine pût
yêtrefttrpris. T~M.p. 2.e)2..
6~. L'Accufé perfiftant toujours dans
la négative, l'Inquifiteur pourra luipar-
ler doucement, le traiter avec un peu
plus. d'attention pour le boire & le man-
ger faire en~brte que des gens de bien
.aillent le voir, s'entretiennent avec lui
lui inspirent quelque confiance en eux,
lui conseillent d'avouer~ en lui promet-
tant que l'Inquiûteur lui fera grace-, c~
en ~e rendant médiateurs entre lui 6~
l'Accuse rinquiûteur pourra fur la
6n promettre lui-même à l'Accufe de
lui faire grâce, &: la lui faire en effet,
( car tout eA grace dans ce qui fe fait
pour la convedion des Hérétiques, les
pénitences font des faveurs & des re<-
médes ) & lorfquc rAceufé avouant
ion crime, demandera fa grace on lui
tepondra en termes généraux qu'onfera
encore plus pou~lui qu'il ne pourroit
demander, enforte qu'on découvre la
vérité ce que l'Hérétique toit converti,
&c. 7~ pag. 2.92., ëc 2. &; qu'on
.Nativeau moins ton âme. ~~o~, lib,
i~Me-

des 7/ 1 ~7
Sur cette promeîie que i'inquiliteur
fait au coupable d'user de mifféricorde
envers lui & de lui faire grace s'il veut
avouer fon crime, on peut demander
i~. Si Ffnquinteur peut employer lici<
tement cette nue pour découvrir la
vérité ? 2.°. Lorsqu'il a fait une Sembla-
ble promeffe, s'il eft obligé de la tenir t
Le Doreur Jerôme Cuchalon déci-*
de la premiere que~ion, en approuvant
cette dimmulation de la part de l'Inqui-
fiteur &: il la juftifie par l'exemple de
Salomon jugeant les deux femmes. Quoi-
qu'une pareille feinte i~bit~~aprouvée
par Julius Clarus & d'autres Jurifeon-
sultes en matiere civile; je penfe qu'on
peut l'employer dans les Tribunaux de
rinquintion. La raison de cette diffé-
rence eft que FInquiuteur a un pouvoir
bien plus ample que les autres
Juges
puisqu'il peut relâcher à fa volonté des
peines pénitentielles & canoniques.
Ainu pourvu qu'il ne promette pas au
coupable~ l'impunité abfolue il peut
toujours lui promettre qu'il lui fera grâ-
ce & remplir fa promené en diminuant
quelque chofe de ces mêmes peines ca-
nonrques qui dépendent entièrement
de lui.
Cv
<8 Le Manuel.
Quant à la Seconde que~ion il y a
deux ~entimens opposes. Phmeurs Doc-
teurs très-graves penfent que, même
après avOir promis Fimpunité au cou-
pable~ rinquiuteurn'eÊ point obligé de
garder ~fapromeSe, parce que cette frau-
de cA bonne, &: utile au bien public, &C
que s'iÏ e~ permis de tirer la vérité de la
bouclie d\ln Accuse, par les tourmens,
~.plûs j~ peut-on ieiervir
pour cela de di~mula~tion de men-
ïbnges, ~M. C'eu: le fentiment de
Pfœpoûtus ) de Geminianus, de Felyn~
d~ugutius, d'Archidiaconus, deSoto,
cléCynus, ~c.
Il e~ vrai que quelques autres font
d'avis contraire mais on peut accor-
der ces deux opinions en disant que
quelques promets que &jSent les In-
quiuteurs elles ne doivent s'entendre
t[ue,dës peines de la rigueur desquelles
? peuvent rel~ciTtçr~ç'e~-à-dire de$
~ines canoniques &:penitentiales, e<:
non pas des pemes de droit &: mêm~
quelque petite que ~oit la rémiHIon de la
peine canonique que rinquiuteuf ac-
cordera, à l'Accufo, il aura toujours ac-
compli ~promeiTe. Cependant pp~
pn~is grande cureté de conscience, les
ïnqumteurs ne doivent faire de pro-
meHes qu*ën termes fort généraux &~
?9
ne jamais promettre que ce qu'ils peu-
vent tenir. ~Mf. XXIX.
Une autre ruie de l'Inquisiteur
Sera d'avoir quelque complice de FAc-
cuSé, ou une perfonne qui lui iera agréa-
ble, &: en qui l'on puiffe Se fier, d'en-
gager cette personne à parler Souvent
au Prisonnier, &; a en tirerfon fecret..
S'il en eu: besoin cette perfonne fein-
dra d'être de la ~ede de rHerétique
d'avoir abjuré par crainte &~devoir
tout déclaré à FInquinteur & lorique
l'Hérétique aura pris quelque connan*
ce un ~bir cet efpion pourra la con-
verfation un peu avant dans la nuit
dira qu'il eft trop tard pour qu'il ~e re-
tire, & reftera dans la priibn alors on
apoflera, dans un lieu commode des
Gens qui puisent entendre leur con-
verfation & s'il Se peut, un Grever
pour recueillir les aveux de l'Héré-
tique que l'homme en queSHon engage-
ra à raconter tout ce qu'il a Sait..D/<?<?.
~pag. 193.
Il faut remarquer que celui qu'on
envoye à FAccuSe pour tirer de lui
fous le femblant de l'amitié, la confef-
iion de fort crime peut bien feindre
qu'il eft de la Seûe de FAccufé, mais
non pas le dire; parce qu'en le diSant~
Cv~
60 ~ë ~M~/
il commettroit au moins un péché vé-
niel, & on fçait qu'il n'en faut point
commettre pour quelque raubn que ce
puiffe être.
(<z) En un mot, il ne faut employer
que les nneues qui n'emportent avec
elles aucune apparence de menfonge.
Si par ces moyens ou quelqu'autre
Finquiuteur parvient à faire avouer
quelque chofe à l'Accufé il faut qu'it
~e donne bien de garde d'interrompre
l'interrogatoire &: il ne faut pas qu'il
s'embal-raire de reculer fon dîner ou ton
couper ou de s'en paffer tout-à-fait,
parce que ces concernons coupées ne
ïum~ent jamais pour découvrir la vérité;
c~ parce qu'on voit fouvent des Accu-
ies après avoir commencé d'avouer,
nier à l'interrogatoire Suivant, & re-
venir à leur vomiffement. `
Telles font les ru~es ou adreHes
qu'employèrent les Inquifiteurs pour
tirer la vérité de la bouche des Héré-
tiques, gratiofe (b) & fans avoir recours
aux tourmens & à la que~ion. Ib. p. 2~

(~) 11eu difficilede bien déterminerla diffé


rencequ'ily a pourFe~piondontil s'agît, entre
feindre qu''il€K de la jfe~rede FAccuie, & le
dire.
(b) Cr~c~ eHeïnbarraGantà traduire.
des ~MM~ 61ï
Ennn, on peut tirer de toutes les ob-
fervations précédentes, cette règle gé-
nérale que les Inquifiteurs doivent
mettre en iuage, la prudence la plus
ibutenue pour découvrir la vérité, c~
varier leur conduite felon la différence
des ~ed;ej & des personnes auiquelles
auront affaire & des autres circonf-
tances car, comme dit très-élégam-
ment &ctrès-fagement Ovide, dans fon
Livre des remèdes d'amour

-y~ ~MO/~M7/Z ~M/ <ï/Z//n~


y~yM~~S~
<$'/zo~~
Mille ~ëc~~ /M~y~/M~~ ëy&
Adnot. lib. 3. Schol. XXIII.

On nous oppofera peut-être rauto-.


rite d'Ariflote qui dans le fein du
Paganifme a condamne toute espèce
de dimmulation & celle des Jurifcon-
](ultes qui dé&pprouvent les artifices
dont les Juges peuvent te lervir pour
tirer la vérité de la bouche des crimi-
nels mais il y a deux efpeces d'a-
dre~es les unes dirigées à une mau-
vaife 6n qu'on ne doit pas fe per-
mettre & les autres louables
~KC~
~-udiciaires pour idac(~tvrir la vente
&: celles-ci neiçauro~ent être Marnées..
j, ~cA. ~jï-rj.
Les protections que ~mt les Accu-
ses de croire tout ce que croit FEglife
ne doivent pas les excuser d'herëue aux
yeux des MquiRtjeurs lor~qu'H e~ ques-
tion des dugEtss que chaque Fidèle eft
tenu de crmTB Explicitement. Dans les
~res Dogmes pour que la proteita-
tion foit de quelqu'utilité à FAccu~e
il faut qu'après les avertiûemens de
HnquNiteur il abandonne fes erreurs
autrement il devient hérétique 6c
même hërétiqne obûiné & impénitent.
Quelques Auteurs ont prétendu que les
avertiuemens dui ~eui ïnqùi~teur ne
iuin~bient pas pour cela mais le Sen-
timent du plus grand nombre & le Seul
qui puiue être ituivi, eft que toutes les
fois que rinqui'ntenr agiuant comme
Juge avertit< FAcctHe
). queAtelle<S~tell~
r ?'<
opinion eA héfétique même loriqu"il
s'agit (Tune opinion qui n'a pas été ou-
vertement condamnée FAccufe eit
obligé de l'abandonner ~bus peine
d'être regardé comme hérétique ob-
~inë. jO~S. ~a~. ~<~o~
~cAo/. 2~.
c~ 2/~R~~r.y. 63

CHAPITRE IV.

J9~ <Z/~ ~j~M/tf.

T ORSQu'UN Accuse confeffe le crime


-L' pour lequel il e~ mis à l'Inquiiition 9
il eft inutile de lui accorder des dëfenfes-~
quoique dans les autres Tribunaux
l'aveu du criminel foit inm~Kant à
moins qu'il n'y ait d'ailleurs un corps
de délit bien conftaté en mâture d'hé-
réfie. D'après la feule con~eHion du
coupable., on peut procéder à la'con-
damnation parce que l'héréue étant
un crime de l'efprit ne peut ibuvent
fe prouver autrement que par l'aveu
du criminel. 23~?. jp. j ~p~, -<?~
3 j~
Quoique cette maxime foit incon-
teftable, comme les défenfes de l'Ac-
cuse Semblent être de droit naturel, on
doit encore laiffer au criminel la liberté
d'employer celles qui font légitimes &
de droit.
Les principales font l'intervention
d'un Avocat que l'Accuse pui~e con"
Aliter; la récu&tion des témoins y lori-
Z~ A~MM~
qu'il parvient à deviner qui font ceux
qui ont dépofé contrelui la récusation
de l'Inquifiteur & l'appel.
On ne donne d'Avocat à l'Accuse
que lorsqu'il nie les crimes dont on
l'accufe, & cela après avoir été averti
par trois fois de conteuer la vérité.
L'Avocat doit être plein de probité,
gavant & zélateur de la Foi. Il e~
nommé par rinquiuteur on lui fait
jurer qu'il dérendra l'Accuse avec équi-
té & avec ndelité, & qu'il observera
un fecret inviolable fur tout ce qu'il
verra & ce qu'il entendra. Son prin-
cipal foin fera d'exhorter l'Accmé à
conteuer la vérité & à demander par-
don de fon crime s'il e~ coupable.
L'Accufé fera ~a réponse de vive voix
eu par écrit, de concert avec fon
Avocat, & cette réponfe fera commu"
niquée au Fifcal du Saint-Omce. Au
ren'e, cette communication de l'Accufé
& de fon Avocat ~e fera en prépuce
de l'Inquinteur. ~~<?~. j
.3~-
J'ai entendu quelquefois douter, <i
lorsque rAc~ufé demande un autre
Avocat que celui qui exerce ordinai-
rement cet emploi au Tribunal du S.
Office, rinquiuteur peut lui accorder
<~ F/MM/y?~~ 6~')
fa demande. Il nous paroît que l'In-
quifiteur a ce droit en vertu de l'étendue
des pouvoirs de fa Charge &; que les
Loix ne le lui refufent point il doit en
uSer furtout lorsque l'Avocat ordinaire
eu: ennemi ou parent de FAccuSé. ~t~-
/zo~.lib. 3 Sch. 34.
Par le ch. des Décretales
de Grégoire IX. tit. ~B/c/.t', & par
d'autres difpofitions du Droit Canoni-
que, il eft défendu à tous Avocats
Notaires &c. de prêter leur miniu:ere
aux Hérétiques. Les Auteurs ne font
pas bien d'accord fur l'interprétation
de ces Loix. Voici ce qu'il y a d'incon-
teStable. Il n'efl permis de plaider en
aucune manière ni en quelque cauSc
que ce foit pour un Hérétique connu
certainement pour tel. Mais Sile crime
d'héréfie eft encore douteux, comme
],prSque FAccuSe n'a pas été encore
convaincu par des témoins ou d'autres
preuves légitimes l'Avocat peut alors
exercer pour lui fon miniAere fous
l'autorité & avec la permission de FIn-
quifiteur après avoir prêté ferment
d'abandonner la CauSe auSu-tôt qu'il
Sera prouvé que le Client eft Hérétique;
c'eSt la louable Coutume de toutes les
Inquisitions. Adnot. ~cA.~77.
6~ .K~/
II ne faut pas que les Accuses s Ima-
ginent qu'on admettra 'facilement la
récusation des témoins en matière
d'héréfie car il n'importe (non refert)
que îes témoins fbyent gens de bien
ou infames, complices du. mêmecrime,
excommuniés, hérétiques ou coupa-
bles en quelque manière que ce foit,
ouparjures, &:c. C'eH:ce quia'été réglé
en faveur de la ~Foi. 7~ /~fo/
.Z~T.y~f.~ p. ~)<~
La SeulecauSe légitime de récusation
des témoins, eft l'inimitié capitale. Or
par l'inimitié capitale il ne faut en-
tendre que celle qui s'eH: montrée par
des attentats fur la vie, commeles bie~
~:res graves dont Ïa mort pouvoit
etreianute. Les autres inimitiés an~bi-
bïi~ent un peu le témoignage <
tam <ï/~y, mais ne ~u~~ent pas
pour fonder une récusation légitime.
.Z~n?~.ubi fupra. (<?)
Lorsque les noms des témoins n'ont
pas été communiqués à FAcc~ué., l'In-
quisiteur doit Secharger lui-même d'exa-
miner avec foin Si les témoins font
véritablement ennemis capitaux de

(<) Le. Commentateur Pegua n'explique pas


finunitie capitale d'une manière au~ &riû:e.
des ~M~t~~ 67
l'Accule parce que celui-ci ne {ca-
chant précifément quels font fes Accu-
iateurs, ne peut ie défendre que d'une
manière bien vague qu'après tout
il n'cil pas devin. Z~f?. y~ j
~9~
Comme les Acciues récurent
e quel-
quefois les témoins ~bus le faux pré-
texte de cette inimitié capitale voici
quelques moyens de les empêcher
d'employer cette détente, fans de légi-
times raifons.
i On peut demander à FAcclue
avant de lui communiquer le Procès-
verbal, s'il n'a point d'ennemis capi-
taux qui ayent pu dépojfer contre lui
par haine &: par méchanceté c~ quels
ils font après cela il ne peut récufer
que ceux qu'il a nommés.
3/\ On peut aum lui demander avant
la communication du Procès-verbal, con-
/2o/tw,M K/z <$'un tel ? ( Ceux qm
ont dépofé contre lui les chofes les
plus graves. ) S'il répond 1 /M/2, il ne
peut plus les récuser comme {es enne-
mis capitaux. S'il répond <?M~on lui
demande s'il ~çait que cet homme ait
tenu des propos contre la Foi, & quels ?
S'il répond qu'il lui en a entendu, tenir,
( ce qui doit arriver fouvent parce
6? Le Manuel
que les coupables croyent par-là innr-
mer le témoignage de leurs Accusa-
teurs ). On lui demandera fi cet homme
eft fon ami ou fon ennemi? Alors l'Ac~
cuSé pour appuyer ce qu'il vient de
dire répondra que cet homme n'eu:
pas fon ennemi, & dèSlorsil ne pourra
plus le récuser. Au cas qu'il due qu'il
n'a rien entendu dire à cet homme
contre la Foi on lui demandera auSu
s'il y a entr'eux, &
quelqu'inimitié
felon fa reponfe on admettra ou re-
jettera la récusation. Cependant ces
deux artifices doivent être employés
avec quelque réserve, parce que l'Ac-
cuse ainfi interrogé à l'improviue, peut
fort aiSément Se nuire à lui-même fans
être coupable. jP/~f?. p. 2<~ 6' 2~
Il faut cependant remarquer qu'en
certain cas l'inimitié même capitale
n'empêche pas la validité du témoigna-
ge. Il y a des gens qui lorsqu'ils ont
commis quelque crime contre la Foi &:
qu'ils Sçavent que quelqu'un peut ren-
dre témoignage contre eux font aSIez
méchans pour chercher querelle de
propos délibéré à celui qui peut les
accufer & le maltraitent pour pou-
voir le récufer enfuite fous prétexte
d'inimitié capitale. Or comme la fraude
,7/~M~/?M/ 6~
ne doit jamais être utile à fon Auteur,
une inimitié capitale de cette cSpece
n'eSi:pas un motif légitime de récusa-
tion. Adnot. /3 ? /cA. <2~.
Paffons maintenant à la récusation
du Juge. Regle générale on ne peut
récuSer un Inquifiteur que pour raifon
d'inimitié capitale ou tout-à-Sait grave.
Adnot. /J 5'
Dans le cas de récuSation l'Inquiû-
teur choifira un arbitre homme de
bien 6e FAccufé un autre S'ils font
d'accord la récuSation aura fon effet
s'ils font d'avis oppofé ils choisiront
un troifiéme arbitre dont Favis déci-
dera de la nullité ou de la légitimitité
de la récuSation. 23/ëc?. part. 3 2~

Quoique la récuSation des Juges; 9


tant délégués qu'ordinaires, ait lieu
dans les caufes civiles & criminelles
cependant de célèbres Auteurs préten-
dent que les Inquifiteurs ne peuvent être
récufés comme SuSpe~ts parce qu'on
doit toujours Suppoier qu'on ne choifit
pour remplir cette grande Sbnction que
des hommes très-juStes très-prudens,
& au-deS~is de toute efpece de Soup-
çon c'eSt le Sentiment d'Archidiaconus,
de Ripa de Ro~as & de Bernardus"
70 J~r~K~
eomenns ce dernier mêmeajoute dans
y~ j&~e~ a~ mot ..X~-
<MoM, que là récusation n'a prévue
jamais lieu dans les Tribunaux du Saint-
OSHce.
Quoique ce fentiment Soit plus con.
Sbrme à l'opinion avantageuse qu'on
d'oif avoir delà probité des Inquisiteurs,
l'opinion contraire e~ çe~endaat plus
fiire, doit être admire parce qu'elle
eîoigne mieux tout Soupçon d''mjnSHce
de ce Saint Tribunal. ~.j?
:.T:
L~ÏnqtuSit~ï'~ deux moyens de ren-
dre nuUeJa~'ecuSadon que rAccuSe fait
deMr.
D'aboT-d~ s'il préSumeque l'AccuSe
feuille le récufer, il faut avant que la
récusation lui Soit SigniSiée, qu'il donne
tous Ses pouvoirs aune autre perfonne
qui jugera FAccuSë par comminion de
ce moment l'Inquisiteur lui-même ne
pourra pas être rëcuSë, non plus que le
Comminaire à qui il aura donné fes pou-
voirs.
En fécond lieu, lorsqu'une recuSa-
tion Sera présentée à rinquISiteur &
qu'elle Sera Sondée Sur de bonnes rai-
Sons, comme, par exemple fur ce qu'il
auroit renuë à l'AccuSë les défënSes de
des ~a~~K~.
a 9 1t

-1-.1
droit ou abufe de quelqu'autre ma-
nière de fon miniAëre., il faudra que
rinquiûteur corrige les fautes qu'il aura
faites, & remette le Procès dans Fêtât
ou ilétolt avant le moment auquel il a
donné lieu à la récusation par le vice de
~a procédure alors il-dira à l~Acclue:
Je remetsle P/'OC~ /f ça: ~0~ /<~
que vous ftyg?crM~vo: /crMgr votre reeK-'
y~Mo~, je vous accorde les ~M/M~
droit ainfi ~o~ ~e~ffo~ devient-
nulle. Dired': part. p. 2.~8.
Quant à rappel que FAccu~e ~ait de'
rtnquiuteur au~ouverainPonti~, voi-
ci queIquesobServations importantes.
i °. Toutes les Loix décident que le"
bénéHce de Fappel eil absolument in-
terdit aux hérétiques, c'eâla Loi de'
FEmpereur Frédéric, &: le Concile de
Conftance l'a fuivie en rejettant comme-
vain & illusoire rappel interjette par
JeanHus. Cependant il y a des cas o~
Fappelde FÀccuie eît autôriîepar les'
Loix même mais cette opposition Se-
concilie facilement. Les hérétiques ne,
peuvent jamais appeller de la Sen-
tence dénnitive, parce que Fappel a été~
établi en faveur de Finnoeence c~ nbïT
pas pour fervir de dé~enSeau crime; or
il eft mam~eAe qu'on ne condamne la"
yx Le Manuel
mais perfonne comme coupable d'héré-
fie par une Sentence dé~nitive qu'il
n'ait avoué ou qu'il ne foit légitime-
ment convaincu.
D'ailleurs, on a été obligé de rejetter
tout appel de la Sentence dénnitive, en
faveur de la foi, en haine des hérétiques,
& pour empêcher que les Jugemens ne
trament en longueur ennn il feroit in-
décent qu'une Sentence portée après un
long examen & une mure délibération
pût être ainfi innrmée par des calom-
nies injures.
Mais les Accusés peuvent appeller
des Sentences interlocutoires, lorfqu'ils
s'apperçoivent qu'on s'écarte envers
eux des régies de l'équité c'eA ce que
duent très-bien Eymeric,-D~f?. part.
~M<~?. Zanchinus Simancas, Squil-
lacenfis, &c. Adnot. Sch.
t~. L'appel qu'un Accufé fait de l'In-
quifiteur n'empêche pas celui-ci de de-
meurer Juge contre lui mr d'autres
chefs d'accufation. Z~t?. part. 3
3~
Ainu, fi un Accufé après fon appel
interjette eft dénoncé à l'Inquiiiteur
comme coupable d'autres héréfies l'In-
quifiteur peut procéder contre lui Sur
€es nouveaux chefs y nonob~ant l'ap-
pellation.
des Z'&M/ 7?
pellation. ~2.
30. L'appel que l'Accuse fait de l'In-
quifiteur peut être tantôt fans fonde-
ment légitime &: tantôt appuyé fur
de juites motifs.
Dans le premier cas, FInquifiteur,
après avoir accordé un délai à FAccufe
ce délai expiré lui fignifiera que fon ap-
pel eA mis à néant, &cdétruira dans ia
réponse, qui fera communiquée par
écrit, les prétextes fur lesquels rAccufé
aura fondé fon appel.
Dans le deuxième cas, c'c~-à-dire loi~
que la récusation eft fondée âtr'dejuH;es
motifs, FInquifiteur fera droit iur rap-
pel de l'Accufé dans un écrit conçu de la
manière buvante.
.Mw.?Inquifteur, r~7<?/z~ /p~~
~f~e~ (fi C~M~/Z~ votre t/g/TZ~ë mé-
rite le nom d'appel légitime. ) Z?//0~~
<S'~t:~0/Z~ que nous avons procédé en-
f~ vous felon les regles du droit Ici l''In-
quifiteur détruira les raifbns de FAc-
cufé, le moins mal qu'il lui fera pof-
fible. /o// il fuit, que notre procédure
~K//&~ que nous ne vous avons
jpo~ donné ~yM/?g~raifons .ë/~ appeller.
Votre appel ejl ~<?/X<:/XN/(S*~yc' vous
7Z~ <M~ recours que pour votre
~'K/?6C9Nt/~M~ 6' /?0~ /~yo/7~/Hë.ï
D
y~ fe Mï~K~~
pas tenus ~J~ <ïy0J;raucun égard; c~M"
y~oM/ë Q'7<~c/
X!<?M le rec evons /~oM~vous ~<?/ :J
tant de tems pendant lequel vous
~0/Z~M~ Rome fous bonne €&~ garde,
piéces de votre procès /'C~e~ qui
il appartiendra, 6*
Je con~elUe auxInqmUteurs de ne
point aHer eux-mêmes à Rome ~dvre
les causes dans lesquelles on a interjette
appel car ces voyages leur coûteront
beaucoup d'argenté dé fatigue, & leur
cauleront auvent beaucoup de chagrin.
Que s'il arrive qu'ils foient cites en
personne à la tequiûtion des Accuses,
qu'ils fauent tout ce qu'ils pourront
pour ne point entrer en caufe êc
pour réduire toute la procédure à la
di~cumon des pièces du procès. Au
feâe les citations .des Inquifiteurs à
la Cour de Rome entraînent les plus
grands ineonvéniens pour la Républi-
que Chrétienne. Pendant leur absence,
leurs Commiuaires ne Suivent pas les
eaufes avec la même vigueur, on ne les
craint pas autant que les InquiuteuM
l'audace des hérétiques augmente,~ les
Inquifiteurs eux-mêmes, voyant que
leur zèle pour la ~bi, les a exposés à
Beaucoup de chagrins fe relâchent dç
T~H~?~~
teur rigueur dans la pourfuite de î hë<
rêne.. Z?~ j.jM/ pag. ~Oî. ~os.
303.
Ce$ inconvéniens ont déterminé les
Souverains Pontifes à opprimer les cita-
tions perfonnelles des Inquisiteurs &:
è attribuer la connoiffance des appels
interjettes dans les inquifitions parti-
culieres aux Inquifiteurs généraux éta-
blis dans les différens Royaumes, c'eit
ainfi que dans toute FESpagne on ap-
pelle à rinquiûteur général, &: celui-
ci décide avec fon Confeil. Adnot.
~.5'~o.~2. \!1

D~
Le Manuel

CHAPITRE V.

DE LA T'O~T~

F~~N donne la torture a l'Accuse pour


1
lui faire avouer fon crime.
Voici les regles qu'on doit cuivre
pour décerner la question.
On applique à la queuion ï~. un Ac-
'cu~équivarte dans fes réponses au- des
circonAances en niant le &it principal.
2. Celui qui ayant la réputation d'ê-
tre hérétique, & ~a diffamation étant
prouvée a contre lui un témoin ( mê-
me unique ) qui dépose de l'avoir en-
tendu dire ou faire quelque chofe con-
tre la foi, parce qu'alors ce témoin
& la mauvaife réputation de rAcc~ué
font une femi-preuve & forment deux
indices qui u-im~ent pour décerner la
queflion.
3~. Si au lieu du témoin qu'on vient
de appeler il ~e joint à la diffamation
d'héréfie pinceurs autres indices vehe-
ments ou même un feul, on doit encore
donner la queâion.
Même lorsqu'il n'y a pas dinama-
7/M~. 77'
tion d'héréûe, un ieul témoin qui a vu
ou entendu faire ou dire quelque chofe
contre la foi c< d'autres parts un ou
plusieurs indices vëhémens iu~ïfcnt
pour décerner la queu:ion.
En général des chofes u.uvantes u:i
témoin de fcience certaine la mauvai-
se réputation en matière de foi, un in-
dice véhément, une feule ne âi~Hipas
deux enfemble font néce~aires &; ~uf-
fifans pour ordonner la quei~ion. Z)~<?.
~j,~M/?. 42. Adnot. /j ?/ y'
a
Il y cependant une exc~tion à
faire à ce que nous venons de dire que
la mauvaife réputation ne n.tHit pas
feule pour décerner la quejfUon &
ç"en: 1°. lorsqu'à la mauvaise réputation
font jointes de mauvaises moeurs car
les gens de mauvaifes mœurs tombent
tellement dans rhéré~ie &: u.:rtout dans
les erreurs qui autorifent leur vie cri-
minelle. C'eft ainû par exemple que
ceux qui ~bnt très-incontinens & qui
ont un grand penchant pour les femmes
(e ,periuadent aisément que la limpic
fornication n'eu; pas un péché. 2.°.LorP
jque FAcc~ue s'eu: enfui, cet indice joint
a la mauvaife réputation, u.imt encore
pour décerner la queûion.
j.yec?. //<?.
,Dnji_.
~s I~M~i~
II y a des cas où les indices ne ium-
~ent pas pour enjoindre la purgation
canonique ou l'abjuration (~) tandis
qu'ils font mm~ans pour décerner la
queAion. La raifon de cela eft que la pur-
gation &: l'abjuration font des peines
très-graves, à raison du danger que cou-
rent ceux qui y ont été foumis d'être
livrés au bras Séculier à la premiere
~aute qui eu: regardée comme une re-
chute. La quenion au contraire n'eA
pas {i dangéreuie, &Cc'e~: un des meil-
leurs moyens qu'on mette en uiage
pour purger le Soupçon d'héréûe, Adnot.
/<-A.
Voici la forme de la Sentence de tor-
ture « Nous, parla grace de Dieu N.
)) J~~M~eNr, ~c. eo~/?~y~~ avec atten-
» MO~19C~Z~?'M~<'OK/e~0~~t ~<
» que yoM~y~r/~ dans vos réponfes 6' ~H'~
contre vous des indices y&
Pour tirer la vérité de votre proprebou-
ë' afin que vous ne y~2'RM~ plus les
oreilles de vos Juges /z~M~ jugeons, dé-
clarons &décidons ~M*s/zteljour à telle
heure VOM~~ë~appliqué ~T<X~BC~
Quoiqu'on ait ûippo~e dans cette for-
mtile qu'il y avoit variation dans les ré<
(a) On verra plus bas ce que c~Aque raj~
juration& ~apurgadoncaconiquet
ries 7/MM~<H~. 79
de FAccuie, &: d'autre part in-
portes
dices SumSanspour l'appliquer à la quef-
tion ces deux conditions ensemble ne
font pas nëcei~ires, elles fnmient ré-
ciproquement l'une fans l'autre. Z?~
j.j.
On ne doit décerner la quemon que
lorsqu'on a déja mis inutilement en
tnage tous les autres moyens de dé-
couvrir la vérité. De bonnes manières~
de la nneue, les exhortations de quel-
bien intentionnées.,
mtentlOnnces, ~â
la
ques personnes
penonnes
rénexion les incommodités d$ la pri-
fon iu~I~ent fouvent; i pour tirer des
coupables l'aveu de leur ~aute~
Les tourmens mêmes ne font pas un
moyen sur de connoître la vérité. Il y
a des hommes foibles qui ala première
douleur avouent même les crimes qu'ils
n'ont pas commis & d'autres vigou-
reux & opiniâtres qui apportent les
plus grands tourmens. Il y en a qui
ayant déjà ibtUtert la question, la fou-
tiennent avec plus de constance, parce
que leurs membres s'étendent presque
tout de fuite & réfifient fortement &:
d'autres qui par leurs fortiléges devien-
nent comme infenfibles &: mourroient
dans les fupplices plutôt que de rien
avouer. Ces malheureux employent
JDjv_,
~0 Manuel
pour leurs maléfices des pauages de
l'Ecriture qu'ils écrivent d'une maniere
étrange fur des parchemins vierge, ils
y mêlent des noms d'Anges qu'on ne
connoît point., des cercles, des caractè-
res finguliers, & portent ces caractères
fur quelque endroit caché de leur corps.
Je ne fçai pas encore de remedes bien
sûrs contre ces Sortilèges on fera ce-
pendant bien de dépouiller Se de vifiter
les coupables avec foin avant de les
mettre à la que~ion. Adnot. /j.
Lorsque la Sentence de torture aura
été portée, & pendant que les Bour-
reaux fe di~o~eront à l'exécuter, il
faudra que l'Inquisiteur & des gens de
bien Sauent de nouvelles tentatives
pour engager FAccuSé à confeffer la
Les Tortionnaires dépouille-
ront le Criminel avec une efpece de
trouble, de précipitation &de triâeiTe
qui puiuent l'effrayer, & lorsqu'il fera
tout-à-fait dépouiHé on le tirera à part
& on l'exhortera encore à'avouer. On
lui promettra la vie à cette condition
à moins qu'il ne foit relaps, auquel cas
il ne faut pas la lui promettre ( ~).
(~) C'eft-à-dire que l'Iuquifiteurpromet-
tra la vie à ceux que les Loix ne condamnent
point à la mortM
~j 7)'MW
Si tout eu: inutile, on rappliquera à
la queAion pendant laquelle on lui
iera.iubir l'interrogatoire d'abord fur
les articles les moins graves fur le-fquels
il eft Soupçonne parce qu'il avouera
plutôt les fautes légères que les plus
conudérables.
S'ils'obuine toujours à nier, on 1m
mettra fous les yeux les in~rumcns
d'autres uipplices, &; on lui dira qu'il
lui faudra pauef par tous s'il ne veut
pas confeffer la vérité.
En~in, ii l'Accuse n'avoue ri~n, on
pourra continuer la question le fecond
&: le troifiéme jour, mais on ne pourra
q'AS continuer les tortures &; non les
répéter (~z), parce qu'on ne doit pas les
répéter fans de nouveaux indices qui
Tfhrviennent, mais il n'eu: pas défendu
de les continuer ( ad co/~TZM~z~/n/xo/ï
iC~~c/z~/n, ~K~ iterari /M/~debent, /z/
~o~ y~?~/t~~H~2~M indiciis yg~ cc/z-
tinuari non ~roÂ/g/zf~ é
Lorsqu'un Accufé a Supporté la que~-
tion fans rien avouer, l'Inquiûteur doit

(~) On ne voit pas bien quelle di~rence


1 y a pour le Patient entre continuer ou
répéter la torture mais il faut croire qu'il y
ett a une pour l'Inquifiteur. D~ff?. part.
<F~-F'y~
.mL..
~1- J~ Manuel
lui donner la liberté par une Sentence
qui portera qu'< un &<M~<zyo/~<'&
~e/o/! procès on n'a rien trouve de légiti-
sz~M~/z~~ûM~e contre /H~yMr crime~07M
Olt./~VO~ <tC<:M/~
Pour ceux qui avouent, ils font trai-
tés comme les hérétiques pénitens non
relaps fi c~ pour la premiere fois
comme les impénitens, s'ils ne veulent
pas abjurer &: comme les relaps fi
c'eH: e~e~ivement la feconde fois qu'ils
font tombés dans Fhéréûe (a).
Dans les commencemens de rétablie-
ornent de rinquiution, tes Inquifiteurs
ne ~ai~bient pas. appliquer eux-mêmes
les Ac.cufés à la queAion, de peur d'en~
courir l'irrégularité. Ce foin regardoit
les Juges Laïcs, d'après la Bulle ad ex-
tirpanda, du Pape Innocent IV. dans la-
quelle ce Pontife enjoint aux Magiftrats
de contraindre par les tourmens les J?&-
re~Ke~ ces des ames <$'ces
voleurs Foi cA/H~z/M des Sa-
<:MŒM~ de Dieu, de les, contraindre d'a-
vouer leurs crimes &: de dénoncer les
autres hérétiques leurs complices. Dans
la fuite comme on remarqua que la pro-
cédure n'étOît pas affez fecrete & qu'il
(~) On verra plus bas les peines décernées
danscesdurées cas.jP~
J~~M~/?~ s?
ërtrén.:îtoitdegrands inconvémens pour
IaFoi;onatrouvé plus commode &;plus
falutaire d'attribuer aux Inquiliteurs le
droit d'infliger eux-mêmes la que~ion
fans avoir recours aux Juges Laïcs en
leur accordant outre cela le pouvoir de
le relever mutuellement de l'irrégulari-
té qu'ils peuvent encourir dans certains
cas (<z).
Nos Inquifiteurs employent ordinal-
rement cinq efpèces de tourmens dans
la queu'ion; commec"elt une choie con-
nue de tout le monde, je ne m'y arrête-
rai pas. On peut coniulter Pauhîs Gh!"
landus Locatus, &:c. Le Droit Canoni-
que n'ayant pas déterminé tel c~teUnn-
plice en particulier, les, Juges peuvent
fe fervir de ceux qu'ils croiront les plus.
propres à tirer de FAccu~é la con~e~ionr
de fon crime cependant on ne doit
point faire u~age de tourmens irmutés.
Marfilius fait mention de quatorze efp 8-
ces de tourmens il ajoute même qu'il
en a imaginé d'autres comme la iouP-
tradion du fommeil, en quoi il eft ap-
prouvé par Grillandus & par Locatus
mais fi l'on me permet d'en dire natu-
(a) Comme lorfque les Accules meurent
~aosles tourmëw.Adnot.L. ~cAo~
DvA
§~ 2~ A~~Mc/
tellement mon avis ce font là des re"
cherches de bourreaux plutôt que des
traités de Théologiens.
C'eA agrément une coutume loua-
ble dàppliquer les criminels à la quief-
tion mais je désapprouve fortement
ces Juges fanguinaires, qui par je ne
içai quelle vaine gloire, employent des
tourmens recherchés &; fi crueîs que
Ïes AcClues meurent dans la torture ou
perdent quelques-uns de leurs membres.
Ce qu'Antoine Gomès blâme auMi avec
beaucoup de ~brce.
TLeprivilégie que les Loix accordent
~~perjbnnes nobles de ne pouvoir
<Kfe mUesà là que~ion dans les autres
values n'a pas lieu en matière d'hé-
fé~e &: dans le Royaume d'Arragon
oit la torture n'eu; jamais employée
pour les crimes civils on la met en
tuage dans les Trihunaux du Saint-
0n5ce. Adnot. ~<)/.
Les Criminels ceignent couvent la
folie pour éviter ta torture mais lor~-
<~u'on ibupçonne que cette démence
:n'eft que ûmulée, il ne ~aut pas dinerer
pour cela de 4c~ appliquer à la qtte~Ioh
qui pourra mieux fervir en pareil cas à
&ire connoître fi Ïa deinence ejHvrais
Jf/MM~M~. S<{
ou feinte Se pourvu qu'il y ait d'ailleurs
d'autres indices, il n'y a point d'incon-
vénient à les éprouver ainii vuqu'U
a
n'y pas danger de mort. Adnot. L~. j.
~~oA
~MM~

CHAPITRE VI,

Z~e co/z~/n~~ë /<ï~Mz~<~


Co~ë.

T T N Accuse peut être absent pour ~e&


araires &: ignorant qu'il a été dé-
féré à l'Inquisiteur ou bien il~a pris la
fuite pour éviter d'être ~aui.
Lorique l'Accuse eft absent debonne
&)i, l'Inqniûteur doit s'informer le plus
~crettement qu'il fera ponibl&, s'il doit
revenir ou non. S'il doitrevenir, il ~aut
attendre patiemment un an &plus, &
après ~on retour onprocédera contre lui.
S'il ne doit pas revenir, alors il fautle
citer à comparoîtré en pcribnne dans un
temsdonné.s'it necomparoît pas on l'ex-
communie s'il demeure fous rexcom-
munication une année la coutumace
~û décidée. On requiert alors les Sei-
gneurs temporels des lieux ou s'il eft
enfiii de le faire ifaiur fi on ne peut pas
s'emparer de fa perfonne on inuruit
la contumace on prononce la Sen-
tence contre lui~ & on le livre à la JtuU~
des j~ ~7'
~e Séculière qui le fait brûler en emgie.
Si l'Accuîe a pris la faite pour ie
~bu~raireà FInquiûtion il y a trois cas
difîerens.
Le premier, quand le Fugitif e~ con"
Vaurcu par fa propre confeffion ou par
Fëvidence du fait, ou par des témoi-
gnages u.uïuans. Le fecond, lorsqu'il eA
feulement défère &; cité au Tribunal du
Saint-OfRce comme fiupe~ d'héréile.
Le trouieme y lorfqu'il eit fauteur d'hé-
rétique.
Dans tous ces cas il eu: cité à @om"
paroître dans un tems donné fi après
les citations il ne comparoît pas, il eft
frappé de l'excommunication; & s'il y
croupit une année entière il eft con-
damné comme hérétique, &: foumis
à toutes les peines de droit.
Cependant il faut remarquer que
dans le fécond Se le troisième cas il
peut fort bien arriver que le Fugitif ne
~bit pas e~ectivement hérétique mais
il eu:toujours condamné comme tel par
une ncHon ou présomption de droite
~~pf, J~ j. Schol. <
Z~ .M~J

pour c~~<?~ d'un .~r~ co;w~M~


C<?/Z~M< fugitif, on employe la
~po/H/ë y~z~~ .·

Nous Inqmilteurs de la Foi 1 à


Vous N~ natif d'un tel endroit d'un
~telDioceÏe Dieu vous fende plus lage,
Notre plus grand deur a toujours
été que la Vigne du Dieu Sabaoth,
plantée par la droite du Pere colère,
arrogée par le Sang de fon Fils ren-
due féconde par les dons de rEiprit*
Saint, Se douée des plus grands pri-
sièges par toute ta bienheuretife &
iheompréhenilMe Trinité, ne ~ut pas
dévorée par le Sanglier de la Forêt,
c'eA-à-dire, par rHérétique, ni étou~
fée par les ronces de 1'hereHe, ni em-
» poifonnée par le fouffle empesé du
Serpent ennemi. Nous mettions
~tout notre foin à empêcher les petits
renards de Sam~bn, qui font les hère-
tiques de manger la moiubn du
champ du Pere de FamiIIe & d'y
mettre le feu avec leurs queues en-
nammées c'eA-é-dirc de pervertir
par des Subtilités damnables la pu"
reté de la Foi catholique c~eApour
cela qu~apres vous avoir convaincu
des Z~f7M~/?~M~. So
d'être tombé dans telle &: telle héré-
ûe, &: nous être ~aili de vous nous
)) vous prépanons des remédes ~alutai-
res mais conduit & féduit par ref-
prit malin vous vous êtes ennu de
sfvotre pnibn. Nous vous avons cite à
notre Tribunal, & vous avez refuic
de comparoitre Nous vous avons
excommunie, &; vous êtes demeure
dans l'excommunication pendant tant
de tems !Nous ignorons en quel en-
droit le Démon vous a conduit Nous
» avons attendu avec bonté qu~ vous
retournanlez au fein de FEgliie.Main-
tenant donc, que vous perdez danss
ces criminelles dispositions, nous vous
if citons pour la derniere fois à com-
paroître en perfonne un tel jour
en tel endroit, c~c. en vous fignifiant
que ce terme arrivé, nous prononce-
rons contre vous la Sentence défini-
tive que vous comparoii?iex ou non,
&: a~nque vous n'en prétendiez eau~e
Nous ordonnons que les
d'Ignorance
~preientes Lettres de citation foient
~a~ichées &~ publiées &:c. ~ë~.
P~j.c.
On joint à ces citations des Lettres
adreuees aux Inquifiteurs, ou aux- Ma.-
~o Z<' Manuel
glitrats des .Lieux dans leiqueis le cou-
pable s'eft enfui.
L'Inquifiteur y dit en parlant du
Fugitif: t.e malheureux, accumulant
» crime fi.tr crime, conduit par fa folie
& déduit par l'ennemi qui a trompé
» le premier homme, craignant les re-
médes Salutaires qu'on vouloit appli-
» quer à fes ble~ures., & ren.uant de Su-
bir la peine temporelle pour éviter la
)) mort éternelle, ~eu: joué de Nous c~:
de la fainte EgMSe en fuyant de fa
prifon. Pour Nous voulant encore
plus fortement qu'auparavant, le gué-
rir des playes que lui a faites Pennena
du Salut & défirant avec la plus
grande tendreffe- vifceratiter de le
ramener dans la pï-tfon m~i~, pour
examiner s'il marche dans les téne-
bres, ou dans. la lumiere Nous.vous
requérons & exhortons de le faire
faifir, & de nous l'envoyer fous borp-
ne & fure garde; nous engageant par
les Préfentes à payer toutes les dé-
penfes que vous ferez obligés de faire,
c~c, Z?~?..P~.j.jo3.jo6~ ~oy.
Au rc~e, rHérétique contumax eft
foumis aux peines portées contre les
Hérétiques conVfHncus, c~ lo~fqu'il eâ
des Inquifiteurs. ~Ï
Ïaiû il eu: puni ielon la nature de fa
faute c~eH-à-dire comme hérétique
impénitent, s'il s'obâine a Soutenir fes
erreurs comme relaps fi c'eil pour la
deuxième fois &c.
Si le Fugitif comparoît au jour pref-
crit, & qu'il '{erepente on le traitera
comme rhérétique pénitent. V. plus bas.
S'il ne comparoît pas on prononce
contre lui une Sentence par laquelle on
le déclare hérétique impénitent,~ on le
livre, comme tel au bras Séculier s'il
eA pris ïbf) procès e~:tout fait, on le
traite comme rhérétique impénitent.
Voy. plus bas.
Zanchinus, Campegius c~ d'autres Au-
teurs tres-rejipe~ables ailurent qu'on doit
tenir pour convaincu, & condamner
comme tel tout homme qui s'enfuit de
fa prifon mais on peut dire feulement
que la fuite fortifie beaucoup le foup-
çon d'hérésie. Au fond il eu: plus rai-
fonnable de Soupçonner qu"un pauvre
homme s'enfuit parce qu'il eft mal en
prifon ou par la crainte des tourmens a
que garce qu'il eu: hérétique cepen-
dant fi on reprend un fugitif, on ne
doit pas laïffer ia~fuite impunie il fau-
dra le fouetter publiquement pour fa
~ute feulement R c'eft un homme
9~ Le ~MK~
du commun ii c'eAun Do~euf ou un
Religieux, le garder plus étroitement
& le punir de quelqu'autre manière très-
~evere. ~~7~. j J~z~
La remarque précédente doit s'en-
tendre d'un hérétique qui s'enfiait pen-
dant l'innrucHon de fon procès mais
fi un hérétique s'enfuit de la prison per-
pétuelle à laquelle il a été condamné,
il doit être puni de mort comme l'hé-
rétique impénitent., parce qu'on doit
présumer qu'il a encore un levain d'hé-
féne caché dans leooeur puisqu'il ~e
~buArait à la. pourfuite qui lui a été
enjointe. Z3~~c?.~~~r~. ~Me~. (~).
Lorsque l'hérétique convaincu &;
contumax a été condamné, il- peut
être pris,,dépouillé & même tué par
tput particulier, en cas de relance.
pn e~t, il, eu: au ban du Pape & des
Princes iéeuliers & on eft avec lui
dans l'état de guerre. C'eft ce qu'ensei-
gnent Geminianus Godo~redus, Ga-
zaros, Roias &:c. ~~o~. j,
4<?.
Quoiqu'il &it dépendu partesLoix
(<ï) Ce ~eat!ïnentd'Eymenc eA adoptepar
~4/!CA<!M~M~j Dominicus,~g/<M Zanchi-
nus, ~c. Mais ~bn Commentateurconvient
~u'U e~unpeutrop dur. Sch.~44.
f~ T~?~K~. <)~
enmatiere civile &;criminelle d'emen-
idre les témoins S~ de juger dénniti-
vement fans que la cau~e foit débattue
d'un & d'autre côté, & fans que la Sen-
tence ~bit contradictoire, le débat de
la cau~e étant., felon les Jurl~confultes,
la bafe de tout jugement, cette règle
ne s'obferve point en matiere d'héré-
fie, parce que en faveur de la Foi les
Inquiiiteurs font autorifés à négliger
toutes ces formes, &: procéder yM~
ic~y 6* de ~zo. Ainfi la dépofition des
témoins même en rab&nce du coupa-
ble ou d'un Procureur pour lui, pro-
duit ici tout fon ef~t, quoiqu'il n'en
foit pas de même dans les caufes d'un
autre genre. ~M/M~. 2. fch.
TLe.~M~e?

CHAPITRE VII.

X?. JL* B 0 Z !7 r J 0 JV.

N absout l'Accuie loriqu'aprcS un


mûr examen on ne trouve aucue
preuve contre lui, & que d'ailleurs U
n'eu: ni nupe& ni mal ~ame voici la
~ub~ance de cette Absolution.
» Le Saint Nom de Dieu invoqué
» nous déclarons qu'il tl'y a rien de lé-
gitimement prouvé contre vous qui
puiiïe vous faire regarder comme ~t~-
pe~: d'héréue c'eit pourquoi &c.
Il faut bien prendre garde d'inférer
dans la formule d'Absolution que FAc-
cu~e eft innocent (Mv~M/o~~o~ po-
natur ~M<?~ ~? ~7'o/ï~) mais feulement
qu'il n'y a pas dg preuves ~um~antes
contre lui. Sed quod non fuit probatum
/e~ contra ~M/Mprécaution qu'on
prend afin que fi dans la fuite l'Accuse
qu'on absout étoit remis en cau~ë
FAb~blution qu'il reçoit ne puiÛe pasiui
Servir de de~n~e, j
3~'
des 7/~M~M~. ~?
C'en: une maxime générale qu'en fa-
~eurdela Foi&: en matiere d'hérëj'ie,
une Sentence d'Absolution ne doit ja-
mais être regardée comme un dernier
jugement. ~f~M.
Zë M<MMg~

CHAPITRE VI IL

.P<~ différentes peines décernées par


/Y/Z~KZ/~0/Z.

E s peines décernées par FInquiû-


S-~ tion font la purgation canonique
l'abjuration dans 4es cas de Soupçon
d'héréue, & les pénitences dont elle
eft Suivie les peines pécuniaires, c'eû-
à-dire, les amendes & la confifcation
des biens ~a privation de toute efpece
d'Office & d'Emploi la prifon perpé-
tuelle,. & rabandonnement du Con-
damné à la JuiUce Séculière.

De la purgation canonique.

La purgation canonique eft enjointe


à ceux qui ayant été traduits devant
FInquiûteur comme dinamés d'héréfie,
n'ont pas pu être convaincus d'avoir dit
ou fait quelque chofe contre la Foi
mais font feulement accufés d'héréiie
par le bruit public.
Pour la purgation canonique FAc-
cuie
des 7/M~N~ ~y
cufeeA obligé de trou verun certain nom-
bre de gens de bleu, bons Catholiques,
&;de Fêtât même qu'il exerce des Reli-
gieux,s'il eu:Religieux, Ô~c.on les appel-
le Cû/n~r~orM le nombre doit en être
plus ou moins grand, Suivant la gravité
du foupçon d'héréûe il faut qu'ils ayent
connu le coupable depuis plusieurs an-
nées. On fait jurer l'Accuféiur les Evan-
giles qu'il n'a point tenu ni enseigné
& qu'il ne tient n'enfeigne pas les
doûrines hérétiques fur lefquelles on
l'avoit accufé & fes Compurg~teurs
jurent avec les mêmes formalités qu'ils
croyent que l'Acculé a dit la vérité
dans le ferment qu'il vient de faire. La
purgation fe fait dans toutes les Villes
où l'Accufé a été di~âmé. J9~<?. part.
j, 6' ~/j.
On donne un certain tems à FAccuîc
pour chercher fes Compurgateurs. S'il
ne peut pas les fournir au nombre qu'on
exige ou tels qu'on les demande c'eA-
à-dire du même état que le ûen ou de
bonnes moeurs &c. il eA dès lors
convaincu & condamné comme héré-
tique. Z~6<?. ibid.
D'après la même règle celui qui ne
peut pas trouver des gens qui veuil-
lent lui fervir de Purgateurs ~/K
E
Le A~M~
.J< in purgatione & qui auparavant
mtroit été trouvé coupable d'héréûe
.doit être jugé &: condamné comme
Relaps & livré au bras Séculier c'eft
l'opinion commune.C'&u; pourquoi il ne
faut pas ordonner légérement la purga-
tion canonique, parce qu'elle dépend de
la volonté d'autrui. /j~A.
La purgation canonique eft quelque-
fois prefcrite à des personnes diffamées
par le bruit public & qui ne font pas
entre les mains des Inqniûteurs alors
~el~i qui refufe de s'y Soumettre jeA
excommunié & s'il demeure un an
fous rexcommunication il eft tenu
pour hérétique &: -foumis à toutes
les peines de droit..Z3~t?. ~r~. j
~3~.
<~ 7~~&~g&t 99

CHAPITRE IX.
DE z'jc/r~o~.

Tf 'Abjuration eu; ordonnée dans le


"L-j cas du foupçon léger d'héréue
levi,dans celui du ibupçon~ëM~~ë y~-
~/M~ &. dans le cas du Soupçon vio-
lent, ubi quis g~/M/~gf?~' /~r~?~û/t'/Z-
ter ce font trois degrés difTérens.
Les formules d'abjuration font, ~-peu*
près les mêmes dans les trois cas mais
elles font Suivies de punitions diâeren-
tes pour le moment, &: ce qu''il y a de
principal de peines très-différentes dans
le cas ou celui qui a fait abjuration vien-
droit à retomber dans l'héréne car le
relaps après l'abjuration de n'e~ pas
livré au bras Séculier au contraire
après l'abjuration ~s~M. Dire~.
part. 3-, p. 31~ c~luiv.
Les abjurations fe font ordinairement
dans FEgliIè en préfence de tout le
peuple. On les fait précéder par la
levure du Symbole & des autres articles
<lela croyance Chrétienne, & par celle
d~une lifte des erreurs principales &:
fur-tout de celles que FAccu~c a foute-
Eij
ÏOO ~z/ï~gf.
nues. Apres cela FInquiûteur ~bmme
t'Aëcufe de con~e~er à haute voix qu'il
eA tombe dans telle ou tieHehefe~e. Ce'
pendant Foh cï'aiKt queTAccuIcajnn
jfbmme ne veuille s'excuser devant le
peuple, alors, pour éviter le Mandate
il nefaut pas l'interroger iur la fauueté
ou la vérité des accmations parti-
eulieres intentées eontre lui ) mais lui
demander feulement s'il veut abjurer
~es propoutions hérétiques dont on
vient de faire levure. Z"~t?. ?
p. 327.
Dans l'abjuration ~e~M y rinquijfi"
ieur donne à l'Abjurant raverti~ement t
qui~it. «Moncher 61s prenez ~rde
à vous ear qnoï~je~ legere~-
ment, pourunnen,~o 7no~o, vous-S
» devien~nez ~t~fpe~ gfavemeat, &
» vous &ï'iez
M feriez,: obHge
obligé d'a~Ufer
d, L' comme
tel, ~6 ~o~ ~to~tez yous &riez
livre ~ns ;Mi~Coyd@ ~u bra;! SÉeu~
lier pour être putN du dernier fup-
plice~.
Après cela l'itiqui6teuf lui enjoindra
la pénitence qu'il jugera à propos..Z~-
/?./Mt~. ~J/
.Dansle~cas/qme~ceîuidu~bnp'-
~on <~ t'TM~ I''abjuratic'n .eAAtivie
~omniunenïent de la peine de la priinn
des z'~&< s ï6ï

~our un tems, ou de l'obligation de ~e


tenir aux portes de l'Eglue pendant la
Meffe, avec un cierge à la main ou
de celle de faire un tel pèlerinage
mais l'Accufé n'en: point emprifonné
pour toujours & ne porte point de
croix jaunes fur fes habits, ces peines
étant paticulieres aux hérétiques, pro-
prement dits. J9~?. y~. p. ~i~.
Dans le troifieme cas qui eft celui
du y~M~o~ y~o/ë'ï~, l'abjuration eu u.u-
vie de peines plus graves voici la
forme de la Sentence que l'Inqui~teuf
prononce au coupable.
Nous Inquuiteur S~c. vous ayant
» trouvé coupable de telles & telles
fautes pour lesquelles vous êtes avec
~uiticc ~bupç~nnéviolemment d~héré-
fie; eomme vous avez iuivi un bon
conieil en abjurant, Nous vous don-
nons l'absolution, de rexconimunica-
» tion que vous aviez encourue mais
comme nous ne pouvons pas iaiffer
impuni le crime que vous avez
M commis contre la Majéu'é Divine
& afin que vous deveniez déïbr-
mais plus circon~peû, &: que dans
l'autre monde vous foyez moins fé-
verement puni Nous vous con-
xr damnons j ï~npocter par-deHus vos
j~
?'e'Ï Ze j~/?~
vetemens.ordinaires, un habit brtm
» en forme de ~capu!aire de Moine fans
capuchon avec des croix jaunes de-
vant & derrière, longues d'un pied
&c demi &: larges de deux. 2. Vous
vous tiendrez à, la porte de telle
Eglife avec votre habit & vos croix,
)) aux grandes Fêtes de tannée.
Vpus ferez en prifon pendant tant
de tems, c~c.
près la Sentence prononcée~ FIn-
quiiiteur dira au coupable, mon cher
fils pr enez patience & ne vous dé-
fefpérez pas u nous voyons en vous
des fignes de nous adou-
repentir
cirons votre pénitence mais gar-
dez-vous bien de vous écarter de ce
que nous vous prefcrivons parce
que ô vous y manquez vous ferez
puni, comme hérétique impénitent.
JL'InquIïiteur nnira par donner une
indulgence de quarante jours à ceux
qui auront aHiu:è à la cérémonie, c~
de trois ans à ceux qui y feront entrés
pour quelque chofe c~c. ~<?. part.
j. p. 3~.
On péut quelquefois, felon les cif<-
conu~ances, fe relâcher fur la prifon
& fur la nourriture au pain & à
Ï'eau mais il ne ~nt jamais tuer d'in"
~~6~Ky~. TOf
eMgence âtr l'article de l'habit &~dcs-
croix, parce qu'elles font pour ceh.u
qui les porte une pénitence Salutaire y
& pour les autres un grand ~ujct d'édi-
~cation~ J9/ëf?. part. j.
Si le coupable retombe dans rhére-
fie il eft livré au bras Séculier com-
me relaps on Fen avertit dans la cé-
rémonie de fon abjuration c~ de ion
absolution.
On fait faire au~i l'abjuration aux
hérétiques pénitens non relaps &; re--
laps mais ils font outre cela punis les
premiers de la prison perpétuelle &:
les relaps abandonnés à la Juâice ie-
culiere.
On demande fi celui qui a abjuré une
héréue en particulier, retombant dans
une héréue di~inguée de la premiere,
doit être' cen{e relaps Andréas penie
que non mais Archidiaconus Gémi-
nianus &: d'autres font d'opinion con-
traire. Le fentiment d'Andréas paroît
plus vrai àconn.uterle iens propre du
terme relaps; celui d'Archidiac.onus fera
préféré, fi on confidere que toutes les
~éréûes fe tiennent &: font liées étroite-
ment. Au refle cette quen:ion devient dé-
formais inutile à traiter parce que Fu-
magea~uel étant d'exiger toujours une
E iv
YO~ Le A~z~H~~
abjuration générale de toute héreHe
Ï$hque l'Accufé cA Soupçonne fë~
menti ait ~o~/z~y; au moyen de quoi
lorsqu'il retombe dans quelque heréue
que ce foit il el~ans dimcuîté cenfé re-
taps. ~f~c~. lib. 2. ~'<o/. 47.
Ona fait cette difpofition, afin que dans
les casde rechute,les coupables ne puuent
plus fe défendre en difant qu'ils ne font
pas tombés dans l'héréfie qu'ils avoient
précédemment abjurée, & ne préten-
<tiuent échapper par-là aux peines dé-
cernées contre les relaps. ~~o~.
Schol..5.5.
On prescrit quelquefois enfemble
l'abjuration &: la purgation canonique.
C'eA ce qu'on fait lorsqu'à la mau-
vaife réputation d'un homme en ma-
tière de" Doctrine, il ~ejoint des indi-
ees conudérables qui s'ils étoient
un peu plus forts tendroient à le con-
vaincre d'avoir eiîecUvement dit ou ~ai~
quelque chofe contre la foi. L'~ccu~ë
qui eu dans ce cas, eft obligé d'abjurer
toute héréfie en général, & alors s'il
retombe dans quelque hérésie que ce
foit même di~inguée de celles fur lef-
quelles il avoit été âupeS-, il eft puni
comme relaps &Clivré au bras Séculier.
D~ j. part. p. 3 24,
f/?~K~J/ 10~
a dé-
Mais n'y at-il pas de mj'-unce
cerner en mcme-tems deux peines pour
1
un 2~lti
~d CA'.
&: Y3ît~Tle
mcme crime,
Cx1132: &; aà con
& contrain-
tram-
dre d'abjurer celui à qui on vient d'en-
joindre aufli ia Purgation canonique
par laquelle il iemble s'être déjà lavé
du ibupçon d'héréue ? Campegius ré-
pond a cette di~HcuIté que la purga-
tion eu ordonnée pour l'in&mie &: l'ab-
juration pour le Ibupçon d'hérciie mais
cette explication n'e~ pas recevable,
parce que la purgation ayant déja dé-
truit le ibup~on ce ne peut plug être
pour le Soupçon même qu\)n exige
l'abjuration. Panormitanus a mieux ré-
solu la di~culté, en difant que la pur-
gation en: pour l'infamie, le Scandale c~
le Soupçon véhément, &: l'abjura-
tion tombe fur la familiariteque
avec les hé-
rétiques, & non pas fur les héréues
dont. rAccu~ s'eA pur~é canonique-
ment. ~~o~. lib. 2. Schol. XI.
Ceci nous conduit auHiàrejettef~
comme trop ievere l'opinion de Car-
dinalis de Squillacenns, &:c. qui préten-
dent qu'il faut d'abord mettre à la quef-
tion un Accufé foupçonné violemment
s'il n'avoue rien lui ordonner la pur-
gation canonique &: s'il parvient a ~e
purger canoniquement, l'obliger à faire
abjuration. ~A. xi. Ev
Yo6 1~ Manuel

CH/ PÏTRE X.

'Des ~/n~ 6' de la Co/z~c~~o~


des biens.

~\UTRE les Pénitences, l'Inquiuteur


peut impofer des peines pécuniai-
tes par la même raifon qu'il peut en-
joindre des pélerinages des jeûnes, des
prières, &c. Ces amendes doivent être
employées en œuvres pies., comme au
Soutien &: à l'entretien du Saint-Omce.
Il eft jufle en effet que l'Inquiuteur faue
payer fes dépens à ceux qui font tra-
duits à ion Tribunal, parce que, felon
Saint Paul aux Corinth. I. Ch. IX. Per-
sonne n'eu obligé de faire la guerre à
Ses dépens. Nemo cogitur /?~<?~~ y~M
militare. Les
Inquiûteurs peuvent auiR
recevoir des prefens, pourvu qu'ils ne
foient pas trop conuderables mais il
faut que les Inquifiteurs ne montrent
pas trop d'avidité, de peur de fcanda-
lifer les Laïcs.
Que fi ils font des exacHons, ils doi-
vent fçavoir qu'ils font excommuniés
par le Chap. Nolentes de Heret. in Clema,
D/ Part. //7. J~
/i, ~C-'7
De toutes les œuvres pics la plus
utile étant Fétabli~ment &: le main-
tien de l'Inquifition les amendes peu-
vent être fans dijfHculté appliquées à
l'entretien des Inquisiteurs & de leur
&: il ne faut pas croire que
cette application ne doive fe faire que
dans le cas de néce~ite, parce qu'il ei~
très utile & très- avantageux à la Foi
Chrétienne que les Inquisiteurs ayent
beaucoup d'argent, afin de pouvoir en-
tretenir & payer leurs familiers, pour la,
recherche rempri~onnement des Hé-
tétiques, &c. & fubvenir aux autres
dépenfes qu'il leur faut faire cet em-
ploi des amendes eu d'autant plus nece~
&ire~;que felon Guido-Fulcodius, de-
puis Pape, fous le nom de Clément IV,
les mains des ~yg/o~~ t'ë~~e~,
~0~~ C<?~ P/-g/77Z ~/Z~-
ces funt /n~~K~ m~ ~/z/?~M~
c'eft-à-dire qu'ils ne ~burniuen.t pas~o-
iontier&aux frais n~cenaiMS pour la
pouriuite & la punition des Hérétiques.
~~<?~. 1~. III. Schol. <S' (~).
En Italie ou les Inquifiteurs font
pauvres ils. font entretenus aux dé-
(a) Ceciefi relatif aupremier état des Inqui--
~teurs lorfqu'ellesn'étoient pasencorefepa.
!B&sdes Tribunauxdes Evêques.
E.vj
Fo~ Le ~4~Ms/
pens de la c~o/6 ~KM~~c ce qui a été
réglé par Innocent IV. dans Sa Bulle
.~M extirpanda. Après tout, le Public
paye bien des Bouchers des Méde-
cins & des Maîtres des Arts libéraux &:
méchaniques, pourquoi ne payeroit-il
pas les Inquisiteurs qui fupportent de
plus grands travaux ê~ qui font plus
utiles ? Les Egyptiens nourrii~bient
bien les Prêtres de leurs Idoles, & le
Peuple Chrétien ne nourriroit pas les
Censeurs de la FoL, qui maintiennent
parmi eux l'observation de la Loi de
Dieu, & la pureté des Dogmes Catho-
Ëqnes ? ~~o~. Z~. J7Z. Sch. /6~.
De la c~~T'~c'~ des biens.

La confifcation des biens e~ ordon-


née contre les Hérétiques pénitens
non relaps lorsqu'ils ne Seconvertiuent
qu'après la Sentence prononcée (car les
Héretique& pénitêns avant la Sentence
ne font pas Soumis à la même peine )
contre les Hérétiques impénitens, con-
t~îes relaps, &c. & généralement
contre tous ceux qui font livrés au
bras Séculier. Z~S. Pars 777.~<~m.
Si les Hérétiques pénitens avant la
Sentence ne perdent pas leurs biens,.
~J ~7~?f~ ÎOO
t1 <
ce n'c~r que par pure bonté qucn les
leur laiife au~i-bien que la vie, va qu'ils
ont mérité de perdre Fun &: autre, En
effet, les biens d'un Hérétique ceffent
de lui appartenir font connfqués-
par le ieul &it. Z?z~ P~r.! 77/. Q~tB/?.
<oQ.<$'~<of. Z~. /77. ~c~.
La commifération pour les enfans du
coupable qu'on réduit à la mendicité ne
doit point adoucir cette iévérité puis-
que par les Loix divines &: humaines, >
les enfans font punis pour les fnutes de
leurs peres. Z~~?. Pf!r~7.J~
Les encans des Hérétiques~ même
lorfqu'ils font Catholiques ne ibnt pas
exceptés de cette Loi~ & on ne doit
rien leur laiifer, pas même la légitime
qui paroît leur appartenir de droit na-
turel. HoiHenûs a prétendu que cette
di~poution du Droit Canonique mo-
derne n'étoit pas aum équitable~ que les
Loix civiles anciennes qui admettoient
les enfans Catholiques à la ~uccenlon de
leur pere, mais il ie trompe. Il n'y a
point-là d'inju~ice parce que cela eft
néceuaire pour détourner les peres d'un
crime aum grand que Fhéréûe c~:c'eA
la commune opinion.
Les Inquifiteurs pourront cepen-
dant par grace pourvoir à la iubHAancc
tîÔ Le M<M~'
des enfans des Hérétiques on fera ap-
prendre un métier aux garçons, &: on
mettra les filles au iervice de quelque
femme de conûdération de la même
Ville pour ceux que leur âge ou
leur ~bible fanté mettroit hors d'état
de gagner leur vie, on leur fera donner
quelques petits recours.
Que fi les encans de quelque Prince
étoient dans le cas dont nous parlons
& qu'il y eut des filles il faudra leur
donner une dot honnête. ~<~o~. Z,77.
Sch. 6~
Régulièrement la dot de la femme
d'unHérétique n'eH pas connïquée ave~c
les biens de fon mari mais il y a deux
l'écririons à faire à cette maxime.
1°. La dot eC Sujette à confifcation
lorfque la femme en fe mariant a ~u
que fon époux étoit Hérétique. -D~~f?.
Pars p. ~o. 2. La dot qui n'cu:
pas ât}ette à confifcation n'efl pas celle
qui eft exprimée par le contrat de ma-
riage, mais feulement celle que la
femme prouvera par des témoins &;
par la dépofition du Notaire lui avoir
été réellement comptée comme le re-
marque très bien Gabriel Quemada.
Quant aux biens acquis pendant la com-
munauté quelques Auteurs prétendoit
des ï ï i
~~J/~t'&
iquils doivent être conmques entière-
ment mais il me paroit ju~e d'en ren-
dre la moitié à la femme. ~/zo~. Lib.
7/7. ~A.
La confifcation des biens doit fe faire
par les Seigneurs temporels, & elle en;
au pr ofit du Fifc (après avoir prélevé
les dépentes faites par l'Inquiuteur pour
la recherche, la capture &: la nourritu-
re de l'acculé.) Z?/(?.P~ /7/. /7. ~o.
Les biens des Hérétiques confifqués
furent d'abord appliqués au Fifc dans
les Terres des Princes Séculiers & à
l'Eglife dans les Terres de FEgli~é. Dans
la fuite on en fit trois portions, dont la
premiere Rtt appliquée à la Commu-
nauté [ Civile ]) une autre aux Inqui-
fiteurs, & la troiûénre mite en réiérve
pour être employée encore à la pour-
fuite & à l'extirpation des Hérétiques.
Cela fut réglé par Innocent 1 V. mais
lorsque les ïnquiuteurs commencèrent
à avoir des prifons particulières &; des
Oniciers à leurs gages les biens con-
6i'qués furent attribués particulière-
ment aux ~euls Inquifiteurs par Clé-

(~) La Note buvantede Pegua fur cet en-


dro!tfaitvoir que cette Jurifprudencea éprouvé
Depuisquelquechangement.
M. Le .~MMC~
ment V. C'eâ ce qui s'observe aujour-
d'hui dans toute PËfpagne. ~c~o/. /32.
Après la mort d'un hérétique on peut
encore déclarer fes biens fujets à con-
nScation en priver Ses héritiers quoi-
que cette déclaration n'ait' pas été faite
du vivant de l'hérétique. Z~zr~j, a

Quoique ce Soit une règle générale


en droit civil que Fanion contre le Cri-
minel s'éteint par fa mort, cette loi
n'ayant pas lieu en matière d'héréiie a
caufe de l'énormité de ce crime, on
peut procéder contre un hérétique
après &mort & le déclarer tel àreSet
de conn~quer~es biens ( ~S'~jmcor-
~~M~t ) ehléver ces biens à celui qui
les poHëde jtt~qu'â la troiûeme main&:
les appliquer ait- profit du Saint-Office.
Sàlycetus, Angélus & d'autres Juri~-
confultes ont penfé que ce droit des
Inquisiteurs n'avoit plus lieu après le
terme de cinq ans expirés. Mais Roias,
Felynus, Gomès qui uuveht en cela les
di~poutions du droit canonique, fou-
tiennent avec raifon que les enfans &
les héritiers des hérétiques ne jouiffent
du bénénce de îa prescription pour poi-
Seder les biens qu'ils en ont reçu qù'a-<
près l'espace de quarante années, pour~
//2~M~. Ïîy
vu cependant qu'ils les ayent poHedé de
bonne foi pendant ce temps-là, c'eA-à-
dire, pourvu qu'à la mort de leur père
ou parent &: pendant le cours entier de
ces quarante années ils ayent toujours
cru que fe déiunt étoit bon catholique
car s'ils avoient découvert pendant
cet intervalle que le teflateur etoit hé-
rétique ils font cenfés avoir été de ce
moment poueffeurs de mauvaise foi
& alors même, après les quarante ans
pauës les Inquifiteurs peuvent s'em-
parer des biens de l'hérétique défunt.
~~<?~. /e~. t
Lori~qu~on~aitle Procès àla mémoire
un hérétique mort pour ôter à fes hé-
ritiers les biens dont ils fe font mis en
poHe~ion, on entend des témoins com-
me dans la procédure à l'ordinaire &:
on cite pour défendre le défunt ceux
qui font intéreues à ce que fa mémoire
ne foit pas condamnée; forfqu'il ne
paroît aucun défendeur, c'eft à FInqui-
fiteur à en nommer un qui 1er vira d'A-
vocat au mort, le Procureur Fiscal du-
dit Office formant de fcn coté fon accu-
fation.
On doit terminer en bref les caufes
de cette nature, & ne pas tenir les hé-
ritiers en fufpens à caufe du défaut de
ïr~ jEg ~M~
preuves contre l'Accuse, à moins qu~tî
ne foit vraifemblable qu'on aura bien-
tôt de nouveaux indices. Mais cela
n'empêchera pas que l'AccuSé ayant été
absous on nepuiSIe reprendre le Procès
de nouveau fi de- nouveaux témoins
viennent déposer, parce qu'en faveur
de la Soi dans les cauSesd'hérésie, une
Sentence d'abSolution ne doit jamais
être regardée commeun dernier Juge-
ment. ~~<?~. ~yc~<?/. /<
Lorsque des hérétique~ excommu-
niés & contumax &: privés de leurs
biens en punition de leur contumace
repréfentent aux Inquifiteurs, on
peut les recevoir à pénitence, mais on
ne leur rendra pas leurs biens conn~
eues .o~. /) /e~. (x) ~'6~
Nousterminerons ceqtie nous avons
à diremjf la confifcati on des-biens des
hérétiques, en propofant une grande
diHi culte uir cette matière-, à ravoir
fi un hérétique qui n'efi encore ni
condamné m môme dénoncé eu: obligé
dans le for de la confcience d'offrir
tous fes biens au fifc ou aux Inquisi-
teurs & s'il eft en état de péché
mortel, tant qu'il ne les reSUtue pas,
Panormitanus Felynus Magnerius,
yiraquellus Alfonfus Caurus &:c.
~M T~M~M~~ rî~
décident que l'hérétique caché eft obli-
gé à faire cette reuitution mais d'au-
tres Doreurs très-graves le déchar-
gent de cette obligation comme Corra-
dus, Clavafius Sylvefler Gomès 9
Simancas Vaiquès Gabriel, &c.
En effet dire qu'un hérétique ca-
ché eu obligé de porter fes biens aux
Inquiiiteurs, c"e~ lui impofer l'obliga-
tion de fe dénoncer lui-même. Or, cela
eu bien dur, & toutes les raifons qu'AÎ-
phonfus CaËrus apporte au contraire
font très-bien réâitées par le R. P. Si-
manias C~~A.inflit. tit. ~). Nous y ren-
voyons nos lecteurs.
La que~ion eft un peu plus embar-
raHante relativement a un hérétique
non plus caché comme nous venons de
le ûippo~er, mais qui a nié fon crime
en Jugement, &~ qui par le défaut de
preuve a été renvoyé libre &: abîbus.
On peut douter u un tel homme n'e~:
pas tenu devant Dieu de donner fes
biens à MeHieurs les Inquifitetirs. Il
faut conn~dter fur cette matière Soto
de 7~?~. ë' /K/-e. ~~o~ j
~'Ao/. /j/.
<t6 Ze Manuel

CHAPITRE Xï.

2~ Aï~y~~o~ <~ ~<?&jE'c~, C~c.?,


jS~~s, Z)~ Pc~yc~, ~M~<?/
~ro/zo~c~ cc/z~rsles ~e~~Hë~ /eH~
~?ï/a~ <S'c.

Tf E s Hérétiques Sec. font prives


-.t~ par le feul droit, fans qu'H foit
befoin d'une nouvelle Sentence de
tout Otnce Bénënce Pouvoirs Di-
gnités, &c. La Sentence dëcîaratoire
@Anéceuaire pour les hauteurs des Hé-
rétiques. Z~?. P<ïr~. ~i'/f~?. ~/j.
~~c~. ~Ac/. /.i3.
Les enfans des Hérétiques devien-
nent inhabiles à pouéder à acquérir
toute e~peGe d'Q~ice &. de Bénénce
ce qui eA très-juAe, tant parce qu'ils
font tachés de Fin~ânue de leur père,
que parce qu'il faut que les parens
foient détournés du crime par Famour
même qu'ils portent à leurs enfans.
Quelques Auteurs prétendent que cette
peine ne regarde que les en&ns nés de-
puis que le père eH:tombé dans l'herc-
fie mais cette diiUn~ion n'e~ étabue
Z~M~ ï i~
~ur aucun fondement folide, & on peut
la combattre par cet~c ra~bn déclive,
que cette punition ayant été imaginée
pour contenir les peres par l'amour
même qu'ils portent à leurs enfans elle*
doit tomber fur tous puisqu'ils aiment
ceux qui font nés avant leur crime, au.
tant que ceux qui ne font nés qu'après.
C'en: une queAion difficile que celle-
ci l'incapacité de pofféder des Offices
ou Bénéfices doit-elle s'étendre aux
Offices ou Bénénces que les enfans des
Hérétiques poilédoient avant le crime
du pere ou ne regarde-t-elle que'ceux
qu'ils peuvent acquérir dans la ~uitc ?
quoique le premier Sentiment foit em-
braHe par le plus grand nombre des Ca-
îioniAes,&: que moi-même je l'aye adop-
té dans mon Livre ~M.y ~F<-e'
je crois devoir m'en tenir à la feconde
opinion l'autre me paroiffant trop fé.;
vere. ~~<?~. Z~. 3. Schol. /j<~
Cette incapacité de po~cdef &: d'ac-
quérir toute fortes d'Once c~ Bénénce
s'étend ju~qu~àla Seconde génération du
côté du pere mais elle ne paffe pas la
premiere du côté de la mere ainfi fi le
pere eft Hérétique, fon fils & fa 611e,»
les enfans de fon fils & de fa fille de-
viennent inhabiles à-pofféder tout o~.
tï? J~A~/MMf
cc&bénénce;maisulamefetombe
dans rhéréûe la peine ne s'étend que
fur le nls &: la fille au premier degré.
On demande à ce Uïjet, fi les enfans
des Relaps convertis qu'on livre à la
Juïtice Séculière font compris fous
cette même Loi pour moi je penfe
qu'on ne doit pas les en excepter car
quoique ces Relaps fe repentent on
ne peut pas dire qu'ils foient réincor-
porés à l'Eglife ;-ils ne font point de pé-
nitence ils ne montrent point d'aman-
dement (<ï). On doit dire la même chofe
des enfans des Hérétiques qui font en
fuite & coutumax. ~~xo~. Lib. 3.
J~o/.
A la privation de tout emploi, offi-
<:e, bénénce &: dignité, il faut ajouter
celle de toute efpece d'autorité.
Dès l'InAant qu'un homme & rend
toupable d'hérÔMe il perd l'autorité
civile qu'il a fur fes dome~iques l'an*
torité politique qu'il a Utr fes Sujets, &
l'autorité ou droit qu'il a fur fes biens;
le droit qu'il a fur ceux qui fe font obli-
gés envers lui par quelque ferment que

(a) L'Auteur veut dire qu'on n'eA pas~r


de la ~bliditéde leur conver~on mais on ne
~m- donnepas te tems de la montrer.
7~ YTa
ce fbit; &: en&i même l'autorité pater<
nelle.
Ce n'en: pas une petite peine que la
privation de l'autorité paternelle car
elle produit des effets finguliers qu'il
ne fera pas inutile de confidérer. Les
enfans deviennent dès-lors étrangers à
leurs parents &: ne font plus tenus de
leur obéir; ils deviennent dès-lors fui
juris; remancipation, les.fubftitutions,
&:c. les teHamens S~c. les autres
~es d'autorité paternelle, ne font plus
d'aucune force, ~c. Toutes ces peines
,ont été établies en haine de l'héréîie g
font particulières à ce crime.
De-là fuivent plufieurs conféquen-
ces ) dont quelques-unes méritent d'être
rapportées. Par exemple celui qui a
reçu un dépôt d'un Hérétique n~eft
point tenu de le lui refUtuer. Une fem-
me Catholique n'eu: point obligée de
rendre ~edevoir à fon mari devenu héré-
tique.
Un Commandant de Place n'ef~ point
obligé de rendre ni de conferver fa
Place auPrincc qui la lui avoit confiée.
&:c.
Il faut cependant remarquer quecette
difïblution de toute obligation contrac-
.tée avec des Hérétiques n'a lieu que
110 Le .A~/M~f
3or~que rhéréue -e~ /7z~/ï~?e mais
rhéréûe eft mâture, toutes les fois
qu'on peut la prouver car un crime
,qu'on peut prouver, n'eA pas caché,
mais manife~e.
Ainû, par exemple, un pere perd par
l'héréûe fon autorité fur fes encans,
ïnême avant que le crime ait été dé-
clare par la Sentence du Juge Ecclé-
~aAïque. ~<&!<!AZ~. j. ~cAo~. ~3~.

CHAPITRE
îl:
.~M~M~.

CHAPIT RE XII.

De la prifon perpétuelle.

TT A peine de la prifon perpétuelle eu:


jLj particulierement décernée contre
l'hérétique pénitent non relaps. J9~c?.
6*~f~o~. ~<K,
On annoncera d'abord au peuple
qu'un tel jour, à telle heure, dans une
telle Eglife on fera faire abjuration à
un hérétique pénitent, & qu'on lui
prononcera fa Sentence qu'on fera un
germon iur la foi S~ que les aniuans
y gagneront des indulgences.
Avant le jour de l'abjuration, on dif-
pofera toute chofe, c'eu:-à-dire, la for-
mule de l'abjuration oc de la fentence
un endroit élevé oit l'on placera le cou-
pable, de maniere qu'il pui~e être vu
de tout le monde on fera faire les ha-
bits de pénitence, c~eu-à-dire une espèce
de fcapulaire de Moine de couleur
obfcure, avec des croix devantes der-
rière de toile ou de drap jaune.
Au jour marqué le coupable fera
placé fur FeUrade dès le commencement
F
Tli Le Manuel
de la Meue. Après l'Evangile, l'Inqui~.
feur (ou quelqu'un à fa place) 'fera
'fermo.n contre l'héréue &: fur tout
contre celle dans laquelle le coupable
eft tombé. Le fermon fini, il tiendra
au peuple ce difcours ou un femblable
mes freres celui que vous voyez la
eft tombé dansl'héré6ë contre laquelle
je, viens devous prêcher, comm-evous
le verrezpar h lecture qu'on va &ire
alors un Religieux ou un Clerc lira à
haute voix la lifte des erreurs qu'a fou-
tenu l'hérétique pénitent.
La lechire nnie l'Ihquiûteur de-
mandera au coupable: convenez-vous
que vous êtes tombé dans les erreurs
» dont onvient de faire mention l'ac-
cusé répondant qu'il en convient, lln-
'quinteur continuera: voulez-vous en-
~.core persévérer dans vos erreurs ou les
abjurer. Alors l'Acctué répondant qu'il
veut les abjurer, on lui fera faire une
abjuration générale de toute héréfie
c~ une des héréfies dont il
aura étéparticuliere
convaincu.Une promeue de dé-
férer tous les hérétiques qu'il connoî-
tra aux Inquifiteurs de ne reculer
aucune des pénitences qu'on lui impo-
fera,& de les accomplir avec exactitude.
De ne jamais s'abfenter fans la per-
des ~M~ 11%
ïniSuon des Inquisiteurs ( ceci n'a iieu
que dans le cas ou on Se relâche de la
peine de la prifon perpétuelle, comm~
il arrive quelquefois en donnant à un
Hérétique pénitent la Ville pour pri-
Sbn ) & de fe repréfenter toutes les rôle
qu'il en fera requis. Il SeSoumet encore,
encas qu'il manque, aux promeffes qu'il
vient de faire à toutes les peines décer-
nées contre les relaps.
Le Greffier aura grand foin d'inférer
dans fon Procès-verbal que l'Hérétique
a abjuré comme convaincu d'héréSie par
fa propre conSeSHon afin que s'il re-
tombe, il foit puni comme les relaps
méritent de Fêtre.
L'Inquisiteur parlera enSuite à l'Ab-
jurant en ces termes. Mon cher fils
vous avez fait fagement d'abjurer vos
~erreurs parce que vous avez évité
l'enfer, &: que, Dieu aidant, vous fe-
» rez reçu~ fi vous le voulez, au Paradis
ornais je vous avertis d'être désormais
très-circonSpeû: dans vos avions, dans
~vos paro~ & dans le choix de votre
~Société car fi dans la fuite vous vous.
rendiez coupable de quelque héréSIe
ou fi vous favorifiez les Hérétiques,
vous feriez livré fans miféricorde à la.
JuSUceSéculiere~pour être puni du der-
-f-
ï~4 Le Manuel
nier Supplice, c'eA pourquoi je vous
confeille de prendre garde à vous.
L'Inquifiteur abfoudra enfuite le cou.
pable de l'excommunication qu'il avoit
encourue & il ajoutera
» Mon fils rEe;K{e de Dieu vous a
» reçu avec miséricorde, & vous voilà
mis au nombre de Ses enfans; mais afin
» que vous f oyezdéformais plus circont-
peu, que Dieu vous pardonne, & que
vous ferviez d'exemple aux autres
nousallons vous impofer une pëniten'
~ce,non pas auffi grande que vous l'avez
méritée, mais proportionnée à votre
tbibleue. Et ne vous effrayez point fi
~elle vous paroît dure;parce quefi vous
montrez de bonnes diipoutions vous
trouverez en nous de l'indulgence.

jFûy/KH/ede Sentence contre /e~M~~


.PM/MM.

Nous, Frere N. de l'Ordre des Pre~-


eheurs, Inquisiteur de la Foi, délègue
par le Saint Siège.
Conûdprant que vous~f. natifd'un
» tel endroit dans un tel Diocèse,
avez été déféré à notre Tribunal,
par le bruit public & riniinuation des
gens dignes de foi, comme coupable
7~
dhérélie, & que vous êtes demeure
dans vos erreurs pendant plufieurs
années., au grand détriment de votre
): âme cet avis a porté la douleur dans
notre cœur. Nous avons donc voulu
fçavoir ii vous marchiez dans les té-
nebres ou dans la lumière & après
M l'examen le plus attentif, nous avons
découvert que pendant tant d'années
vous avez cru de cœur, & couvent
foutenu de bouche telle & telle hère"
)) fie comme que 'la ~'ë~ ~7/
avoir donné ~c~ <ï /e/M~-C~~?
eu encore d'autres de S. J~
Mc~c. Or, comme Dieu permet quel-
querbis les héréfies, pour que les Ça"
tholiques & les Sçavans s'exercent
dans Fétude des Saintes Ecritures, &
que ceux quitombent deviennent plus~
humbles c~ s'exercent dans les œu-
vres de pénitence, nous gavons que
touché de nos exhortations vous
avez abjuré, &: que vous abjurez ÔC
détenez vos erreurs; nous levons
donc la Sentence d'excommunication
majeure que vous aviez encourue
& nous vous réconcilions àl'Eglue~9
parce que nous mppo~bns que votre
converfion en: uncère Mais il feroit
horrible que les injures faites au
Fiij
%L3K~ j~e ~<MBM
Maître du Ciel & de la terre ne mi-
!)[eTit
pas vangées tandis qu'on punit
~celles qu'on fait à la majeure des Rois
» afin donc que Dieu ait pitié de vous
» que vous ferviez d'exempt aux au-
tres, &: que vous foyez déformais plus
circonspect voici la Sentence que c.,
nous prononçons contre vous, en
vous. laiffant par grace la vie que
» vous aviez mérite de perdre.
)) 1°. Vous allez être revêtu d'un ha-
bit brun, ~ait comme un fcapulairede
Moine fans capuclion, avec des croix
jaunes devant &ederriere longues de
deux palmes ) &c larges d'une demie-
paîme. Vous porterez cet habit & ces
croix i~r vos a~tMS habits pendant
toute votre vie & torique l'habit Se
les croix feront lues vous ne man-
querez pas d'en faire faire un autre
parce~ que les croix font le Symbole
de la pénitence &: loin de Lesavoir
en horreur; vous devez les aimera
» parce que Notre Seigneur leuis a
porté humblement la croix fur fes
épaules.
» 2.°. Dès que vous ~erez revêtu de
» cet habit, &: tout à l'heure, vous fe-
rez placé dans un endroit élevé à la
porte d'une ~eUe Eglife, où vous de-
des Z~cR~ ïa.?'
meurerex )u~u'à Pheure du (Muer, &:
»-depuis le premier coup de Vêpres jui-
» qu'au coucher du Soleil, expofé aux
regards des a~lans & des yenans.
~3~. Vous ferez ainfi placé à la porte
» de telle ou telle Eglise ( celles ou il
va le plus de monde, ) à telles &.telles
Fptes de l'année.
» Nous vous condamnons à la pn-
fon perpétuelle & à la nourriture au
pain & à Feau, nous réfervant ce-
pendant d'adoucir cette pénitence
» de Faggraver ou de la commuer, fe-
Ion notre bon plâiur.
Après la Sentence, l'InquiMeur dira
en particulier à rhéretique, mon cher
nls, fup-portez votre Sentence avec ré-
» ugnation, ne tomber pas dans le dé~e~-
poir, parce que je vous auure, que fi
))vous montrez de la patience vous
éprouverez notre s~iféricorde ».
La Sentence lue, & pendant qu'on
habillera le coupable rinquiuteur ac-
cordera quarante jours d'Indulgence a
a. tous les auiuans, trois ans a ceux qui
ont contribué à la capture, Fabjuration,
la condamnatioR, e~c. de FHérétique,
& enfin trois ans au~i de la part de no-
tre Saint Pere le Pape à tous ceux qui
~énonceront quelqu'autre Hérétique.
J~/y~j. F iv
<2.X ~cMM~
1,'ïnquiuteur, comme on ra vu fë
réserve dans la Sentence le pouvoir
d'adoucir & de commuer la pénitence,
& il doit ufer de ce droit felon que le
coupable montrera plus ou moins d'a-
mendement, de patience & d'humilité
c'eft ce qu'onf pourra faire envers les
Hérétiques qui ont abjuré leur héréûe
fans beaucoup de dimculté, & aux pre-
miers avertiMemens des Inquifiteurs.
On peut fe relâcher envers eux utr la
nourriture au pain Se à Peau, mrla pri-
fon perpétuelle, en leur donnant, par
exemple, la Ville pour prifon mais il
ne faut jamais tuer d'indulgence Air Far-
ticle des croix parce qu'elles font
une pénitence falutaire pour ceux qui
les portent, &: pour les autres un grand
jfujet d'édincation.
Si rinquiuteur, après s'être relâché
en faveur d'un Hérétique pénitent n7.r
l'article de la prifon perpétuelle, pou-
voit craindre qu'il en résultât quelque
inconvénient pour les intérêts de- la
Religion, il pourra remettre de nou-
veau l'Hérétique en prifon, & l'y tenir
enfermé pour toujours quand même
le motif de cette rigueur ne lui ~eroit
point fourni par aucune nouvelle taute
du coupable. On lent bien qu'il n'y au'
~s""
T/~M~ca~. 12.~
folt à cela aucune injufHce, les intérêts
de la Foi & la caufe de Dieu étant pré-
férables à toutes les autres confidéra-
tions. ~~o~. 3. Sch. 62.
Quant aux Hérétiques qui ont mon-
tré beaucoup d'obnmation comme
leur abjuration & leur converfion font
auez ordinairement nmulées il faut
les garder en prifon & ne leur laiffer-
aucune communication avec tles per-
sonnes foibles dans la Foi, qu'ils pour-
roient inférer, & fur- tout avec les
femmes qui fe lai~Ient déduire plus fa-
cilcment. 9
C'eA dans cet esprit que le Concife'
de Narbonne dit éléganrent ~y
docet, qu'il faut enfermer entre quatre
murailles les Hérétiques qui ont atten-
du que le temps de grace fut écoulé
pour venir con~euer leur crime. Ce
même Concile, dans les Inn-rucHons
qu'il donne à certains Inquifiteurs, ajou-
te Cependant', commenous avons ë/
~M dire que f~~f ~~r~~HM
de CM~ ~'ë<'6, ~K'~vous feroit difficile <&

(~) Le tems de grâce étoit-unternsqueles


Inquifiteursalorsambulans& arrivansdansua'
endroit, accordoientaux Hérétiques, avantde
procéder contr'eux felon toute la rigueur des
Ï~ouc..

Fv
Ï~O ~M~~ t
trouvernon-feulement f~r~T~ mais
pierres 6' mortier /z~ce~~&ï pour co~
truire ~M~OTH~jf~Mf cachots, t//f:M-
différer de ~~r yo~/?/o/yH/~K~ ce
~M~vous <ty~.(CC/Ï/H~C ~OKV6Mt?Ï Pon-
~~yM/- cela. Adnot. hb. 3. Schol. xii.
Quoique généralement parlant L'hé-
rétique pénitent doive être condamné
à la prifon perpétuelle il y a cependant
quelques exceptions à cette règle c~
on fe relâche de cette rigueur, i °. en-
vers ceux qui reviennent à l'Eglife avant
d'être accufés ou dénonces 2. envers
ceux qui tout de fuite après, avoir été
pris, confeffent leur crime ô~ &)nt
connoître d'autres hérétiques leurs
complices 3°. ceux qui même quel-
que tems après; avoir été faifis mais
avant qu'on leur objede le& dépos-
itions. des témoins abandonnent
leurs erreurs; cependant dans ces deux
derniers cas, il fera mieux & plus con-
forme au droit commun, de condam-
ner rhérétique à la pri6m perpétuelle
&: de lui faire grace enfuite. C'eâ la
Coutume de nnquiiition de Rome.
jBCX. &A< t~~
Voici quelques obiervation~ utiles
relativement aux pri~bns~
t°, R y a. une di~rence temarqua~
des ~~K~~M~. 1311
Me entre le Droit Civil & le Droit Ca-
nonique quant aux prifons. Selon le
Droit Civil, les prifons ne font devi-
nées qu'à tenir durement ceux qu'on
doit juger elles '"font ad <?c~z'
Dans le Droit Canonique, la prifon
en: fouvent une peine ad ~tB/2~' Ad-
not. lib. 3. Schol. 116.
Cependant il faut prendre garde que
les cachots ne foient trop affreux &
trop mal fains, parce que fi les priibn"
niers venoient à y mourir les Inqui"
~Iteurs deviendroientirrréguliers. C'en;
la raifon que donnent Zabarella~ J~oca"
tus & d'autres celébresDoe~eurs. ~~o~.
3 ~'c~<?/.î 16.
Au reue, il faut fçavoir que les In-
quiuteurs & leur$ Vicaires peuvent
s'absoudre les uns les autres de l'irré-
gularité dans laquelle ils pourroient
tomber fans y prendre garde. Ce droit
leur a été accordé par Urbain IV. Z~-
yëc?.jM/ j). pag. 3~8,
2. L'obscurité &: la dureté des ca-
chots doivent être proportionnées &
la grandeur des crimes, & à la qua-
Eté des perfonnes- Il ne faut
point mettre les hommes & les femmes
çnfemble. 4°. On peut mettre un mari
& fa femme dans le même cachoty lo~
Fv~
?~ Zë Manuel
qu'ils font condamnés enSemMe mais
Fun des deux eft innocent la fem-
me par exemple, on doit lui donner un
itbre accès auprès de fon mari. Il ne
faut point mettre deux prifonniers dans
le même cachot, à moins que l'InquiSI-
teur n'ait pour-cela des raifons particu"
lieres, parce que l'infortune commune
forme bientôt entre, deux coupables
une liaifon étroite, & qu'ils étudient
de concert les moyens de s'enmir de
cacher la vérité, 8d. 6°. Les Inquifi-
teurs doivent viiitèr de tems en tems
îes prifonniers, & leur demander fi on
ïeur donne les choses néceuaires, &
s'ils font bien ou mal. Il en: même à
propos'que ces vifites foient Sréquentes~
iorSque le prifonnier fouffi-e impatiem-
ment fa captivité car fi la vue d'un
Juge eft terrible, un mot d'humanité &:
de compaSHon de fa part, cA quelque-
fois une grande conSbJation.
EnSîn il y a beaucoup d'autres prati-
ques utiles &: fages pour lesquelles
nous renvoyons à I~uSagequi inih-uira
mieux- que vos leçons d'autant plus
qu'il y a en ce genre certaines choSës
qu'il eSt important de ne point divul"
guer, &: qui font affez connues des tn-
qui~teurs. ~f~A lib. j. ~'< ïj7.
J~M~~X~ 'n

CHAPITRE XIII.
Z)g /M~/2/7~ des condamnés par
/7/~?M/2 à la j7//?/CëSéculiere.
N abandonne (~) à la Ju~ice Sécu-
liere 1°. les relaps pénitens 2.°. les
hérétiques impénitens non relaps; les
hérétiques impénitens & relaps ~.°. les
hérétiques négatifs, c'eH-a-dire, ceux
qui convaincus par des preuves u.ini~an-
tes, s'obninent à nier leur crime. ~°. les
hérétiques contumax lorsqu'on ~)eut les
~aiûr ce qu'on exécute ~ur leur effi-
gie, lorsqu'on, ne peut pas s'emparer
de leur perfonne.
Des relaps pénitens. On appelle relaps
proprement celui qui foutient de nou-
veau telle ou telle opinion hérétique-,
dont il avoit été convaincu, & qu'il
~) 1/a.bandonnementà la Juflice Séculière
eAla dernierepeinequeprononceI'InquI~t:on
c'e~ Fautonte~ecuiierequi décernela peine de
mort. Il eft vrai que les Magistratsfontexcom-
muniés &traités comme hérétiques s'ils ne
mettent pas tout de fuite à mort les coupa-
bles qui leur font livrés maisles Inquisiteurs
prétendenttoujoursqu'ilsn'ont aucuneparr à la.
mort de l'Hérétique parceque les Loixqui les:
condamnentà perdre vie, font l'ouvraged~
laJufUcefëculieret
~~M~/
avoit abjurée mais outre les reiaps
proprement dits il y a plufieurs autres
cas ou le criminel eA cenfé relaps &
puni comme tel~ôc c~eu, ï~. lorfque
fans avoir été véritablement convaincu
la premiere fois il retombe dans telle
héréue qu'il avoit abjurée comme
mentement ou f/o/<cMM~ Soupçonné.
2.°.. Lorfqu'apfèsavoir été véhémente-
ment ou violemment foupçonné d'une'
telle héréûe,8~ avoir abjuré Fhéréue en
général, il retombe dans quelque héré-
ne que ce foit, même diAinguée de celle
dont iî avoit été Soupçonné. 3°. Lorf
qu'après avoir été véritablement con-
vaincu devoir Soutenu telle héréHe~
êc avoir abjuré d'après cette convi~ion y
il communique avec des hérétiques~
4.°. Lorfqu'après avoir abjuré feule-
ment comme m~pe~ il eA uirvenu de
nouvelles preuves contre lui, qui ont
eonnaté fon premier crime & qu'il com-
munique avec des hérétiques parce
que ces nouvelles preuves, quoiqu'ac-
quues depuis fon abjuration, font con-
noitre que des la premiere fois, cet
homme étoit véritablement coupable
~héréHe, &: qu'on l~aju~é trop. &.vora-'
blement en ne le &i~ant abjurer que
<:omme j~upect~
des ~N~f. !?~
On voit que dans tous les cas o~
rhérétique eA cenfé relaps, on iuppo~e
toujours une héréile particulière une
abjuration précédente de plus, cette
abjuration doit avoir été ordonnée, ou
en vertu du Soupçon véhément, ou e~
vertu du Soupçon violent. Ancharanus
&~ Matheus de ont prétendu.
que Fabjuration précédente, ordonnée
en vertu du Soupçon léger, levi
fuffifoit pour faire regarder un héréti-
que comme relaps, loriqu'après cette
abjuration on découvre qu'il avoit e~
~e<~ivemeni Soutenu rhéréiie dont il
etoit légèrement Soupçonné &: qu'il
eft retombé dans cette héréûe mais
cette opinion eft trop rigoureuie, en.
ce qu'elle ne met point de différence
entre la rechute après l'abjuration de
&: la rechute après l'abjuration y
de celui qui eft véhémentement ou vio~
temment Soupçonné. ~~<?. part. j<r
~< ~~o~. 2.M< 6~.
La ry
L ;t a~, 'd
purgation canonique précédente
entraîne les. mêmes fuites que l'abjura-
tion c~eA-a-dire que lorfque rAccuïe
s'en: purgé d'une telle hérésie en
par?
ticulier, s'il tombe dans cette même
héré6e, il eu: cenfé relaps & puni com-
~ne tel. Aijdi ~û un homme a été &)upy
~onné de penser qu'on doit ~o~y les
hérétiques & que fur ce foupçon on
l'ait obligé de fe purger canoniquement,
s'il vient à foutenir la même erreur, il
fera cenfé relaps mais lorsqu'on a
ordonné la purgation canonique que
d'après le Soupçon d'héréne en gêne-
rat, fi FAceu~e tombe dans quelque
héréfie en particulier, il eA a la vérité
puni très-ieverement, mais il n'e~ pas
abandonne au moins pour la premiere
fois, à la Juu~iceSéculière. Je dis au
moins pour la premiere fois car fi ces
rechutes étoient fréquentes alors je
crois qu'il faudrait le traiter comme re~
Ïaps. ~<~3<?~. /j. ~'eAo/. ~i.
Les relaps donc, lorfque la rechute
eft bien conûatée, doivent être livrés
à la Ju~ice ~eculiere~ quelque proteu~a'-
tion qu'ils fanent pour l'avenir, & quel~-
que repentir qu'ils témoignent fine au-
quâcumque. Direct, part. 2. quaeA.
40. part. 3. p. 331.
En effet c'en: auez que de pareilles
gens ayent trompé une feule fois FE-
glife par- une faufle converfion. ~~c~.
2. ~~c/. <
On doit d'abord envoyer au cou-
pable des gens de bien qui l'entretien-
tb~nt du mcprt~du monde, des m~e?e&
~~M~y~ ï~
3e cette vie, de la gloire & des joies
du Paradis. Après ce préambule, ils
lui feront entendre qu'il ne lui eft pas
poffible d'éviter la mort temporelle, &:
qu'il faut qu'il mette ordre aux affaires
de fa conscience ,o~c.On lui accordera
les Sacremens de Pénitence &: d'Eucha-
ï~ie s'il les demande avec humilité.
L'Inquiiiteur ne paroîtra pas devant lui.,
parce que fa préfence pourroit le met-
tre en fureur &: le détourner des fen-
timens de patience & de pénitence
qu'on doit lui infpirer.
Après avoir ainfi employé ~quelques
jours à difpofer le coupable à la mort,
l'Inquifiteur fera avertir la Jufiice Se-
culier, qu'un tel jour, à telle heure &
dans tel lieu on lui livrera un héréti-
que, &: on fera annoncer au peuple
qu'il ait à fe trouver à la cérémonie,
parce que FInquiuteur fera un fermon
fur la foi &: que les auin'ans y gagne-
ront les indulgences accoutumées. Z~t-
j. p. 331,
La Sentence contre l'Hérétique pé-
nitent &relaps fe prononcera dans la for-
me fuivante Nous Frère N. de l'Or-
dre des Prêcheurs, Inquifiteur contre
» les Hérétiques délégué par le Saint
Siège, nous fommes bien & dueme!'t
ï~S .</
informés que vous, N. natifd'un tel e~
adroit, dans un tel Diocèie/~k accuféde
telle &telle héréue, aviez été convain-
~cu de les avoir enedivement~butenues;
&: que devenu plus ~fage,vous les avie%
abjurées. On nous avoit rapporté
depuis que vous étiez retombé dans
ces mêmes en~urs nous avons e~-
miné la cho~e avec foin, & nous avons
reconnu que vous êtes en effet relaps.
Comme vous revenez au giron de rE-
~gli~e,& que vous abjurez votre héréiie,
nous vous accordons les Sacremens
» de la Pénitence & deTEuchariuie que
vous demandez avec humilité, mais
FEgIiie de Dieu ne peutphis rien faire
de vous après que vous avez abu~
déjà de.ifes bontés. A ces causes y
nous vous déclarons relaps, nous
» vous rejettons du for de l'Eglife &:
nous vous livrons à la Juflice ~écu-
» lière, en la priant néanmoins, &: cela
» eiHcacement, de modéreg,~a Sentenf
ce/en~brte que tout fe pa~e envers
vous fans e~uuon de ~ang, 6c fans
danger de mort. « Z~~c?.j.pag.
332 &3H.
Cette priere que l'inquiuteur fait à la
Justice iéculiere, que tout fe paffe fans
~.dion de ~ang doit être ~bigneu~
Z~s'. ïj~
ment mue en uïage afin que les Inqui-
fiteurs ne tombent pas dans Firrégulari-
të. Covarruvias indique une autre pré-
caution utile pour cela. Iî dit qu'au lieu
de livrer ~t~ les Hérétiques au bras
Séculier, il feroit plus mr de les con-
damner en préfence du Juge laïc., de les
chaffer du for de FEgliie, ~/77~~fo~
~n~ JKr~cKo/M dimittere, afin que ~ir
te champ ut ~c/M~ /?~ le Juge Sé-
culier les reçoive & les puniue du der-
nier fupplice /M~~y~fM/ eos recipiat
M/e'e/'c' <ï~t;M~. C'e~ e~eûi-
vement ce qui s'obferve da~s la prati"
que.
Quant à FinterceSion de FInquiuteuf
auprès du Juge Séculier en lui livrant
rHérétique quoique, comme on vient
de le voir elle ne ~bit que de ~orme on
peut demander fi l'Inquiuteur peut la
~aire en uu-eté de confcience vu qu'il
eu défendu par pluueurs Loix d'intercé-
der en faveur des Hérétiques mais
nous répon.dans c~à la vérité il ne fe-
roit pas permis d'employer pour un Hé-
rétique une interce~ion qui feroit de
quelqu'avantage pour lui, ou qui ten-
droit à empêcher la juu:ice qu'on doit
tirer de fon crime mais bien celle dont
te but eft de ~muh-aljrel'Inquiûteur à rir.
..v
t20 ~M~?
régularité qu~il encoureroit. ~~zo~.
z. Schol. xvn.
Selon quelques Auteurs il ne faut
pas lire les Sentences des condamnés!
dans l'Eglife, parce qu'elles conduisent
à la mort. Mais l'illuSh-e & le gavant
Doreur Martin d'Afpilcueta dans fon
Manuel, foutient ropinion contraire par
d'airez bonnesraifons; cependant il faut
convenir qu'une ou l'on
grande place,
peut dfeuer des echaffauts ou e~rades
très-élevees, &: oti un grand Peuple peut
jfe ra~ïembler en: encore plus conve*
nable que les Eglifes mêmes- qui font
rarement aiïez grande& & affez commo-~
des. C'eA pour cela qu'en Efpagne on
fait toujours ces cérémonies hors del'E~
glife.o~. /~j.6~.
Lorfque le Coupable aura été livré à
la Juftice Séculière celle-ci prononcera
fa Sentence, & le Criminel fera conduit
au lieu du fupplice desperSbnnespieu~
~(es l'accompagneront l'aubcieront à
leurs prières, prieront avec tui, & ne
~e quitteront point qu'il n'ait rendu fon
ame à fon Créateur. Mais elles doivent
bien prendre garde de rien dire ou de
rien faire qui puiSïe hâter le moment de
~a mort, de peur de tomber dans l'irré-
gularité, Ain6~ on ne doit point e.xhor~
<~ //Z~~6~. 1~
ïcr le criminel à monter fur l'écha~ut, t
ni à fe préfenter au bourreau ni avertir
celui ci de dMpo~er les inûrumens du
fupplice de manière que la mort s~en-
iuive plus promptement, & que le Pa.
lient ne languide point, toujours à caufe
de l'irrégularité. ~f?.<z~. j. p. ~3 2.,
3 ~~o~. j Sch. 63
Quelques Jurifconfultes ont prétendu
que les Magiftrats laïcs après avoir re"
çu les Hérétiques qui leur font aban*
donnés par FInquintion, peuvent fe diP
penfer de porter contre eux la Sentence
de mort. Mais leur opinion ~t .combat-
tue par tous les Canonises appuyée
d'ailleurs fur les ConAitutions des Sou-
verains Pontifes. Boniface VIII, Ur-
bain IV & Alexandre IV. Si donc les
Magiftrats diiîeroient trop long-tems
rexécution des Criminels, il faudroit les
regarder comme fauteurs des Héréti-~
ques, ôc pourfuivre comme tels ceux qui
j!e rendroient coupables d'un auni grand
crime.
Nous diions s'ils différoient trop
long-tems car il y a des Pays où Fumage
établi eA de différer l'exécution de quel-
ques jours, cpmmeen Italie. On y con-
duit les Criminels dans les prifons après
J.a Sentence du Saint Onice après quoi
t'Ai Ï.c Manuel
on les en tire un jour ouvrier pour les
brûler. Le Pape Innocent IV, dans fa
Bulle extirpanda accorde juSqu'à
cinq jours de délai, par où Fon voit que
les Magiftrats qui dînèrent feulement Fe"
xécution pendant quelques jours ne
doivent pas être regardes comme fau-
teurs d'héréSie.
En Efpagne FuSageeSt que la JuSUce
Séculière auSu-tôt après que la Senten-
ce des Inquifiteurs eu: portée, prononce
elle-même la Sienne, & conduit les cou-
pables droit au lieu du Supplice, ~~o~.
3. Sch. QQ.
Dans quelques Inquiutions du mon-
de Chrétien on ne livre point les Héré-
tiques à la Juuice Séculière les jours de
Fête. Je ne prétends pas blâmer les cou-
tumes louables en ufage dans les diffé-
rens Tribunaux du Saint Office; cela eft
aHez indinérent, pourvu que FHéréti-
que-Sbit puni du fupplice qu'il a mérité
mais je prendrai la liberté de dire que
~'approuve beaucoup qu~on SaSïe cett~
céremomeles jours de Sêtes, parce que,
comme le dit très-bien Joannes Andréas,
il eft utile qu'une grande multitude foit
préfente au fupplice & aux tourmens
des Coupables afin que la crainte les
détourne du mal. C'eu: fans doute cette
ii'des J/~M~M/
1 1 Y~
fai~cn qui a déterminé les Tribunaux
d'Eipagne choifir les jours de Fête pour
les actes de Foi. La présence des Chapi-
tres, des Eglifes & des Magiftrats y
rend la cérémonie très-éclatante. C'en:
un Spectacle qui remplit les autans ds
terreur, &une image effrayante du Ju-
gement dernier. Or cette crainte eft le
fentiment qu'il convient le mieux d'in~-
jpirer, & on en retire les plus grands
avantages. ~n< ~cAo/. 6j.
Peribnnene doute qu'il ne faille faire
mourir les hérétiques mais on peut
demander quel genre de Suppliée il con-
vient d'employer. AIrbnnis Caurus
7~. 2 ~<z hiereticor.~M~M~o/ïe,penié
'qu'il eK auez indifférent de les faire
'périr par l'épée, ot?par le feu ou par
'quelqu'autre fupplice mais Hoflienfis 9
'Godb~edus, Covarruvias., Simancas
Roïas &c. Soutiennent qu'il faut abfo-
~ument les brûler. En effet comme le
dit très-bien Hôu:ienus le iupplicedu
~eu ~n: la peine due à l'héréue. On lit
dans Saint Jean, chap. i~ Si quis in
me non manferit mittetur foras ficut palmes
<S'~/e~ <~ colligent cM~ in ignerit
6' ~r~ '3 Celui qui ne demeure
pas en moî~era jette dehors comme
un iarment, & il féchera on l's
ï44 2~ Manuel
ramafiera, &: on le jettera au feu, c:
il brûle. Ajoutons que la coutume
univerfellede la République chrétienne
vient à l'appui de ce fentiment. Sima-
noas &Roïas ajoutent qu'il faut les brû-
ler vifs, mais il y a une précaution qu'iî
faut toujours prendre en les brûlant,
C'eA de leur attacher la langue ou de
leur fermer la bouche afin qu'ils ne
fcandalifent pas les afïiAans par leurs
impiétés, ~~o~. lib,;z' ~XY.FYJ. 6'
~9~t?.
Quelquefois des hérétiques devien-
nent fous avant l'exécution de leur
Sentence quelques Auteurs ont pré-
tendu qu'il falloit profiter des interval-
les lucides qu'ils peuvent avoir pour les
conduire au fuppliee; mais dans des cas
femblables il eu: plus fur de confulter le
Souverain Pontife. ,< lib. 3 yi~
~~r,

Des Hérétiques ~/Kp~ ~<?~

L'hérétique impénitent non relaps


efi abandonné, comme le relaps, a la
JfuHice Séculière. Il faudra tâcher d'a-
bord. de le convertir on pourra lui
envoyer des Prêtres~ des Religieux
~difputent avec tuUaBiMeàla main.
des .~M~M~ T~y
:I ne faut pas fe preiier de le livrer au
bra~ Séculier. On le tiendra d'abord dans
un cachot obfcur & incommode bien
ferré dans les fers. S'il réSiûe à cette
épreuve, on cherchera à le ramener par
d'autres moyens en le traitant avec
un peu plus de douceur en le mettant
dans une bonne chambre, en lui don-
nant un peu mieux à manger, & en lui
promettant que s'il fe convertit on le
recevra avec miséricorde S~ilne donne
aucun Signe de changement après quel-
ques jours, on laiffera venir auprès de
lui fes enfans, s'il en a iurtou~ les plus
jeunes & fa femme pour l'attendrir
fi tout cela eft inutile on le livrera
au bras féculier. Z)~ pag.
3~
S'il
arrivoit que l'hérétique prêt à
être attaché au pieu pour être brûlé
donnât des fignes de converfion on
pourroit peut-être le recevoir par gra-
ce finguliere & i'enfermer entre quatre
murailles comme les hérétiques péni-
tens, quoiqu'il ne faille pas ajouter
beaucoup de foi à une pareille conver-
~fton, & que cette indulgence ne foit
autorifée par aucune disposition Eu
droit, mais cela eft fort dangereux 9
j'en ai~vu u~ exemple à Barcelonne~
G
i~ Le Manuel
Un Prêtre condamné avec deux au-
tres hérétiques impénitens, &: déja au
milieu des flammes cria qu'on le re"
tirât &~qu'il vouloit fe convertir on
le retira en éffet déjà brûlé d'un côté
je ne dis pas qu'on ait bien ou mal fait,
ce que je ~çai, c'eA que quatorze ans
après on s'apperçut qu'il dogmatifoit
encore, & qu'il avoit corrompu beau-
coup de perfonnes on l'abandonna
donc une autre fois à la Jufiice, &
il fut brûlé. Z~r~?. part.3, j~.
Aujourd'hui on n'u~e plus d'une pa-
reille indulgence envers les hérétiques
qui fe convertiffent après avoir été li-
vres à la JuAice iéculiere, parce qu'on
présume que ces converfions ne font
pas l'effet du regret d'avoir o~e:uë
Dieu, mais de la crainte du ~ëu qui eft
allumé fous les yeux des coupables
ainfi quand ils promettroient mille &:
mille fois de fe convertir, il eA toujours
plus fur de ne les entendre en aucune
manière. L'inuruûion &ite en 1~61 à
Fufage des Inquiétions d'Efpagne, aver<
tit fagement de ne pas recevoir même
les hérétiques négatifs qui fe conver-
tiuent au Sortir de la prifon avant que
leur Sentence leur foit prononcée~ or
les impénitehs ne doivent pas ctretrai?-
des 7/MM~MM~. 1~7
tés plus favorablement que les négatifs,
&; il n'y a rien de plus ju~e, puiiqu'a-
vant de les produire en public on eft
cenfé avoir fait les plus grands efforts
pour les convertir, ~~o~. ~.j fch.
c~yc&c~.6~.
On peut nous faire robjeûion nii-
vante
Lorsqu'on punit de mort un héréti-
que impénitent, on perd fon ame &
c'e~ fans doute un plus grand mal de
perdre une -âme que de laiffer rhéréti-
que impuni. A cela on peut répondre, t
lorsqu'on brûle un hérétique ce n'eA
pas feulement pourfon bien, mais prin-
cipalement pour l'édincation & le bien
fpirituel du peuple catholique c~ le
bien public eA préférable à l'avantage
particulier de cet homme qu'on damne
en le faifant mourir impénitent. ~/zo~.
~y~o/.jc.x~
J9~ ~M ~~c/z~g/M yg~

L'hérétique impénitent &: relaps eft


livre à la Juu:ice iéculiere comme les
précédens.
Voici ce qu'on doit objferver à fon
égard.
Il faudra le tenir dans un cachot bie~
Gij
y~ Z~ Manuel
incommode c~ bien jfur, bien jferré dans
les~rs&. attaché avec une chaîne, de
peur qu'il ne s'échappe <8c qu'il n'en
aille gâter d'autres. L'Inquiûteur îe fera
auvent comparoître., &: tâchera de le
convertir; que 6 on en vient à bout
avec la grâce de Dieu, il faudra cepen"
dant lui faire entendre par quelques
~ensde bien, qu'il ne peut pas éviter la
mort temporelle &: qu'il mette ordre
aux anaires de fa conscience. Lorsqu'on
lui aura donne un tems ~u~I&nt pour fe
dupoSer la mort, ( qu'il jfe repente
ou non, ) on le livrera a la JuAice ]fë'
culiere, en lui pronoaçant &Sentence
dans la~orme qui âlit:
Nous, Frère N. de rOrdre des Prê.-
~cheurs,Inqui6teurdëlafo~c.Vous
~étiez déjà tombé dans pMeursherë'
Hes vous aviez paru vous repentir,
~rEgli~e vous avoitabjfbus,&: vous
~avoit r'ouvert fon fein mais nous
avons appris avec bien du chagrin que
vous êtes retombe dans les erreurs
que vous aviez abjurées, Nousav<?ns
examine la cho& avec le plus grand
~bin, nous avons conuaté yotre re~-
chute nous déûrions de tout notre
cœur, comme nous délirons encore
~e vous ~ire rentrer dans le ~m de
des ~&~r~. <~
?) rEglue, & Dieu nous eft témoin des
grands efforts que nous avons fait pour
cela; mais déduit par le malin Esprit y
vous avez mieux aime brûler éternel"
ment dans les enfers & être brûle
Mici bas, que de renoncer à vos damna-
bles &:criminelles erreurs. C'e~ pour-
quoi comme FE-glue ne peut plus rien
faire de vous, & qu~elIe a épuise inuti-
lement envers vous toutes ~esreubur"
» ces pour la converûon des pécheurs,
nous vous déclarons relaps & impé-
» niteht, S~nous vous abandonnons à la
Justice Séculière, en priant cegjendant
» ladite Cour, S~cela efficacement, que
tout fe paile envers vous ~ans danger
Mde mort & fans effufion de ~ang, &c.

De l'hérétique

On donne cenomàrhérétique con-


vaincu par des témoignages ~um&ns
qui nie ~bn crime, &con le livre au bras
isculier. La raiibn de cela ett que celui
qui nie le crime dont il eft convaincu
€~ évidemment impénitent. 2?~6f?.
part. ~M<B~?.
Il faut cependant examiner les té-
ïRoins avec le plus grand ~bin, don-
ner du tems à FAcc~ue pour qu'il ~e
Gii~
ï<0 jM~~M~
deterunne a avouer; c~ employer k<,
meilleurs moyens. pour obtenir cet
aveu par exemple, il faudra le tenir
dans un cachot incommode les fers aux
pieds & aux mains, & là l'exhorter ibu-
vent à confeffer fon crime.S'il avoue,on
le traitera comme l'hérétique pénitent,
(en n.!ppoïant cependant qu'il ne foit pas
relaps ;) s'il s'obAine à nier, il fera li-
vré à la Ju~ice Séculière, &traité com-
me l'hérétique impénitent.
La Sentence contre l'hérétique néga-
.tif, & les cérémonies qui précédent &.
qui mivent l'abandonnement qu'on en
fait à lajuu:ice Séculière, font à peu de
chofes près femblables à ce qui s'obfer-
ve pour l'hérétique impénitent.
Si l'hérétique avouoit lorsqu'il fera
prêt à être brûlé & déjà arrivé au-lieta
du Supplice quoique cette converuon
doive être regardée comme l'effet de la
crainte de la mort, plutôt que de l'a-
mour de la vérité, on pourra lui ac-
corder la vie~ en Fen~ermant entre qua-
tre murailles. Les Loix, n'obligent ce-
pendant pas les Inquifiteurs à avoir
cette indulgence. ~'rg~ j' ~<~
~7'
Lorsque les hérétiques négatif pro-
tègent qu'tls croyent fermement tout
7/M7/MK~. I~ï 1
Ce que croit FEgliie Romaine quel-
ques Auteurs prétendent qu'on ne
doit pas les abandonner a la Ju~ice fé-
culière mais cette opinion n'en: pas
recevable elle eu: rejettée prefqu'um-
ver~ellement. A la raifon que nous
avons donnée plus haut, que l'Héréti-
que négatif eft impénitent, on peut en
ajouter beaucoup d'autres également
fortes. L'Hérétique négatif ne fatisfait
pas à l'Eglise qui exige de lui une Satis-
faction il ne fe corrige point, & on
ne peut accorder le pardon qu'a l'amen-
éement. En~n il ne con~eu~ pas fon
crime &: la confemon du péché eft
néceuaire pour en obtenir le pardon,
&; pour montrer de dignes fruits de
pénitence.
Après tout fi quelqu'innocent eft
condamné in~u~ement, il ne doit pas
fe plaindre du jugement de FEglife, qui
a ~ugé d'après des preuves ~um~antes
& qui ne lit pas dans les cœurs &:
de faux témoins l'ont fait condamner,
il doit recevoir fa Sentence avec réfi-
gnation, &: fe réjouir de mourir pour
,la vérité, ~~o~. /j. ~cA. <~
Il ie préfente ici une belle que~ion
à traiter on demande fi celui qui. eit
innocent & condamné en conféquence
Giv
t<2. Le ~<ï~K~
dé la dépofition de faux témoins, peut
avouer le crime qu'il n'a pas commis
& fe couvrir de l'ignominie que l'héré-
fie entraîne pour éviter la mort. Il
Semble d'abord que la réputation étant
un bien extérieur chacun eft le maître
de le facrifier pour éviter les tourmens
qui font un mal, ou racheter fa vie qui
eft le plus précieux de tous les biens
d'ailleurs en perdant ainfi ia réputation,
on ne fait tort à perfonne.
Mais ces raisons ne nous paroiuent
pas uimfantes. Celui qui s'acctue ainfi
commet au moins un péché véniel com-
tre la charité qu'il fe doit à lui-même
il fait un mensonge en avouant un cri-
me qu'il n'a pas commis ce menfonge
eft furtout criminel lorsqu'on le fait à
un Juge qui interroge juridiquement
car c'eu: alors un péché mortel c~
quand ce ne feroit qu'un péché véniel,
il ne feroit pas encore permis de le
commettre pour éviter la mort & les
tourmens ainfi, quoiqu'il doive pa-
roître bien dur à un innocent condam-
né comme hérétique négatif~ de mou-
rir, dans des cas Semblables, le Con-
~e~eur qui l'exhorte doit lui faire en-
tendre qu'il ne lui eft pas permis de
.s'accuser fauHemen~ c~ que s'il j{bu&'e
~M~~r;f. 1~
le fupplice & la mort avec reugna-
tion, il obtiendra la couronne im-
mortelle du martyre. ~f~o~. j 9_/c~.

De ~~yg~~Rc contumax.

Lorfque l'hérétique contumax & rn-


gitif ne comparoait pas après les cita-
tions qu'on a vu plus haut foit qu'il ait
été convaincu ou qu'il foit fimplement
contumax, on le livre à la Juuice ~ecu-
!iere comme hérétique impénitent, par
la Sentence mivante.
» Nous, Frère N. Inquuiteur.,conû-
dérant que vous N. natif d'un tel en-
droit, dans un tel Diocèse, étiez dé-
feré à notre Tribunal comme cou-
Mpable d~héréiie par le bruit public &
par Finunuatiort de gens dignes de ~bi
pour remplir les devoirs de notre
charge, nous avons voulu rechercher
fi le bruit qui étoit venu )u~qu'à nos
oreilles étoit fondé fi vous mar-
chiez dans la lumière ou dans les téné-
Mbres. Nous vous avons ~ait appeller
devant nous vous avez avoué vo-
'? tre crime & promis d'abjurer vos er-
~reurs &:d&vous îbnmettreauxpémten-
ces que nous voudrions vous imposer.
Gv
~4 <4 J~M~M~
Mais j~édmtdepuis par les arttnces~du
~démpn,& craignant les remèdes iaîu-
taires, Fhuiïe &le vin que noMSnous
~préparions à appliquer à vos bîeuures~
» vous vous êtes enâli de votre prison,
~~c vous cachant tantôt dans un endroit
&:tantôt dans un autre, vous vous de-
rcbez à np~ per~uiltions de mantere
que nous ignorons aMblument ou Fei-
~prit malin Audit vous a pu conduire.
(Ce ~M'(M: M~de V<W CO/2M6~~f-
~M/~MM< <i /'J7&r~M co~cK,
~'M/ M/M</C J~! JPr~/O~~ ~Q/C~OM~
~'jNe~~M co~a~M~ j~ ~M~ M~
JR~ M<WC<0/n~ ~C 7&Ï M~~ </M
.y<ï~-<?~ y<Myo~/M
~c/M~M'c~. ) Nous vous avons cite
&:vous, en ~tiyant tin cpnïeil ingénie,
vous n'êtes point comparu.
M Nous vous avons excommunie
~you~avëz&utehnrexcommunicatton.
La ~iate Eglue de Dieu a attendu N~ïu-
~tiî~niënt que vous revinMtez au~~ein
~de~aïni~ticorde~ ûvous aviez quitta
xvcs erreurs, elîe &di~potbit à vous
~nourrir avec les Mameîies.de & ci~-
~meMe niais tous fes jfoinsppurypus
=
ont été inutiles~
~Nousvousavonsmenacédeproïlon~
~cer en&icp~ye vous HNeSentence d~
des /~K/6&~ Ï~
punitive; le refus obAinc q'ne vous tai-
~tes de comparoître nous montre aûe~
que vous voulez demeurer toujours
~dans vos erreurs ce qui nous cau~e
une grande douleur. Mais comme nous
ne pouvons pa~ tolérer davantage une
fi grande de~bbéiuance à rEglue de
Dieu, après un mur examen de votre
~eauie,nous,ams dans notre Tribunal
les faints Evangiles placés fous nos
yeux afin que notre Jugement forte
de la facedu Seigneur~ que nos yeux
~voyent réquité ayant pour guide la
~vérité irrén'agable de la re~gion &:
~poUnModclele bienheureux S. Paul,
~nous portons contre vous la Sentence
iulvantë
MLe nom de Jeuis~Chriu; invoqué.
Nous vous déclarons hérétique ob~i"
~.né Se impénitent, &: comme tel nous
vous abandonnons à la Juj~icë fecu*
liere, en priant cependant aSe~ucu-
~ïement)~) laJuu:ice ~uidite~
Mii jamais elle peut vou& avoir en R
~puiHance de modérer fa Sentence
» envers vous de manière que toutes
~pa~e~ans danger de mort 8e fans eSu~
» faon de fang. Z~~<?. jMrjf.j.

Gvj
~6 Z~ JM<SM<~

CHAPITRE XIV.

J~M Crimes J~H~M 7a/7/<Ko~


Saint-Office.

'T"'OUT hérétique en général eft


jt. Soumis à l'animadverSion du Saint-
O~Rce, mais il y a certaine genres de
crimes qui ne font pas héréfie propre-
ment dite 6~ qui rendent cependant
celui qui en e~t coupable, juuiciable de
rinquintion. Voici quelques détails fur
cela.
i* Les blasphémateurs qui dans leurs
bla~pbême&, difent des chofes contrai-
res à là foi chrétienne, doivent être
jregardés comme hérétiques; &comme
tels ils font ibumis au jugement des
Inquisiteurs & punis des peines de
droit par exemple, celui qui dit, /<z~H-
fou </?/?M/<M/M que Dieu /n~c nelpourroit
nous donner du beau temps péche en
matière de foi contre le premier article
du Symbole. Z~n'<?.2. part. ~M~.
Quelques Auteurs ont prétendu que
ceux qui blafphêment dans
FyvreSïe,
peuvent être punis comme hérétiques
<M~ Y ?7
ïbrSque leur yvreûe en: pauee parce
<qu'on doit croire qu'ils ne laiffent échap-
per que des opinions qu'ils avoient dans
leur bon fens mais ce Sentiment eft
trop révère il faut cependant infliger
quelque peine à ceux qui tombent dans
de pareilles fautes.
Mais cette indulgence ne doit s'em-
ployer qu'envers ceux qui étoient dans
une yvreffe entiere; & non pas envers
un homme entre deux vins comme
l'a très-bien remarqué Campegius. ~<
~<M. j. ,y~o/.
On peut compter parmi ~s Ma~phé-
mateurs ceux qui font des plaifante-
ries contre la toi contre Dieu & fes
Saints. C'eA auul à FInquIuteur
qu'il
appartient de les punir. A la vérité les
loix n'ont pas règle la peine qu'on doit
décerner dans des cas pareils. Il fie pa-
yo~t pas qu'on doive les punir comme
des hérétiques véritables,parce que pour
conAituer i'héréiie il ~aut erreur dans
l'entendement & ob~ination dans la
volonté ce qui ne fe trouve pas dans
les plaifanteries. Si cependant une per-
~bnne après avoir dit en plaifantant,fi
je /<M ~oM~ /MMe en ce monde
j'en aurai une dans /M~~ foute-
noit cette extravagance, alors il ren-
~8 z~ A~
treroit dans la claffe des hérétiques.
C'eA auni un crime énorme que de
faire des applications profanes des pa-
roles de l'Ecriture Mainte, ou de les ern~
ployer comme on le fait quelquefois eti
amour pour toucher le cœur d'une
femme. lib. 3. ~c~. /;7. v
1°. Les Sorciers & Devins font ~ufti-
ciables du Saint ~Omce. Lorfque dans
leurs fortileges ils font des chofes qui
fentent rhéreue comme de rebaptifer
les enfans,d'encenfer une tête de mort)5
&:c.mais s'ils fe contentent de deviner
Favenir par la chiromantie, ou infpec-
tion des mains ou en tirant à la courte
paille ou en comultantTa~rolabe, il
n'y a là que fimple Sortilège, & c'eit
au Juge Séculier à les punir..Z~rM?. 2.
~M~/?. ~2. On*peut placer parmi
<$!Sderniers, ceux qui donnent des
breuvages aux~ëmmes pour s'en faire
aimer. ~M~?.~j<
3°< Ceux qui invoquent Ies'Démony~
& dont on peut faire trois claHes. La
première de ceux qui rendent aux dé-
mons un culte de latrie, en facrifiant,
en ~e proAernant en chantant des
prières, en. gardant la continence ou en
jeûnant en ton honneur, en allumant.
des cierges enbr.Maat de l'encens, o~c.
des î~ t
J/
La ieconde eft de ceux qui le conten-'
tent de rendre au diable un culte de
Dulie ou d'Hyperdulic en mêlant les
noms des diables aux noms des Saints
dans des litanies en les priant d'être
leurs médiateurs auprès de Dieu, &~c=i
La troifieme claffe comprend ceux qui
invoquent les démons, en traçant des
figures magiques, en plaçant un enfant
au milieu d'un cercle en ~é Servant
d'une épée, d'une couche d'un mi-~
roir, &c. En, général on {'"ut recon-
noître ailex facilement ceux qui invo-
quent les démons à leur regard fa-
rouche, & à un air terrible que leur
donnent les entretiens 6-équens qu'ils~
ont avec les diables.
Tous ceux qui invoquent les démons
de l'une de ces trois manieres, font tujet&
à la Juri~dichon du Saint-O~Ece comn~e
hérétiqu.es~&: doivent être punis corn*
me tels.
En en!et, n/M~c~M~ qui ~e trouve
dans les trois casque nous venons d'ex-
pliquer, eA toujours un a~e d'héréfie
de quelque manière qu'on la pratique.
.Z~r~?. ~M<B/?.
Si cependant on ne demandoit au
diable que des chofes qui font de fon
iinétier comme de tenter une femme-
f~ fe~~a~
du péché de luxure, pourvu qu'on h'em~
pîoïe pas les termes d~~r~o/z Se de
mais ceux de commandement1
tî y a des Auteurs qui penfent qu'en ce
cas on as ~ë rend pas coupable d'hé-
téue.
D'après cette dërme~e observation y
6 en invoquant le diable, pour ren-
dre par exemple une femme ieniï-
bleàramour, le~ai&urde fortileges
& fert de l'itnpérat!f;jM commande, je
t'ordonne ~t-~s, ~e. rhéré6c a'eA pas~
Ïâ bien tnarquée; mais 6 II dit, je
ye ife co~ je ~e~z~ ~c. rhé-
reiie eft manifë~e, parce que ces pa-
roles de prières Atppoient Se renfer-
mentradoratiom~
Parmi ceux qui invoquent ïës dé-
mons, on peut compter les AArotogues
& JesAlchymi~es~ qui îor~qtt~ls ne
peuvent pas aux (~coMVertes
qu'ils cherchent ne inanquent pas de
fecourir au diable, Ïm &nt des <acri-
Aces t'invoquent., o~î expre~ement
<0utacitement. 2?~~ ~j. p. 2.
L'aîchymie conduit <ur-tottt a Ïinvo-
cation des démons ceux qui s~ Kvrent
&ns argent; car tt tm homme riche oc
pNiSanLteherche âiaire de l'or, on peut
a&~lMmept ~e di&ea~er de le ~bupcon-
ZM~~M~. Ï~E1
ner de magie mais les Alchymiftes qui
n'ont pas de grands moyens fe rui-
nant communément dans leurs entre-
prises fe mettent ordinairement ou à
mvoquer les démons ou à faire de la
faune monnoie.
Les ChymiAes s'élèveront peut-être
contre moi mais il faut confidérer que
je ne n.tis pas feul de mon fentiment, &
que des Auteurs très-graves & très-fça-
vans ont penfé de meme.
Je ne vois pas d'ailleurs ce qu'ils
peuvent répondre à l'autorité du Pape
Jean XXH qui dans fa conu~ution 1>
Spondent quas non exhibent divitias pau-
peres ~A~/H//?~ décerne des peines
très-~ëverescontre ceux qui vendent de
For ou de l'argent fait par les Alchy-
miu:es. ~~o~. Schol.
Les Juifs les infideles les pre-
miers, lorsqu'ils pèchent contre leur
croyance dans les articles de leur foi,
qui font les mêmes chez eux & chez
nous comme quand ils facrifient aux
démons ce qui eA attaquer Funité de
Dieu, dogme commun aux Juifs & aux
Chrétiens.
Une autre raifon démontre que les
Jui~s doivent être foumis à l'animadver-
ûon. de$ tnquiûteurs loriqu'ils atta-
I<~ Z~jM~M~
quent les dogmes communs entr'eux
& nous. On fçait que les enfans des
Juifs qui ont reçu le baptême, ou même
les adultes qu'on a obligés par des me-
naces ou par la confifcation de leurs
biens ou à force de coups, ou même
par la crainte de la mort à recevoir le
baptême, doivent être contraints d'ob-
ferver les promeues qu'ils ont faites en
recevant la foi de JeSus-ChriSt à plus
forte raifon peut-on les obliger d'être
idoles à Dieu dans les engagemens
qu'ils ont contracté librement, d'ob-
ferverfes préceptes moraux~ de croire
en lui, d'autant plus qu'ils ont reçu par-
là la ~01chrétienne en.~K~ comme
le dit très-bien S. Thomas. Z~n:~?.part.
2. ~M<s/?.
On peut même étendre ce droit des
Inquifiteurs, aux cireonAances c~t les
Juifs ne pécheroient que contre la foi
chrétienne parce qu'alors par le délit
même qui eft eccléËaâique, ils fe fou-
mettent aux Juges ecclésiastiques ils
ceiîent d'être étrangers à l'Eglife, &: on
ne peut plus leur appliquer la maxime
de l'Apôtre Saint Paul, que l'Eglife ne
)Mge point ceux qui font hors de Son
Sein, his qui ~o/-My&~ ce qui eft
,vrai Sur-tout lorScru~ les crimes quik
<~M~&~6~~ ï6~
commettent peuvent entramer les
Chrétiens dans les mêmes excès. ~~<?~.
lib. 2. ~~<9/. ~2.
Quant aux Infidéles l'Eglife &~ le
Pape par conséquent l'InquiufQur,
Juge délègue par le Souverain Pontife,
peuvent auui. les punir lorfqu'ils pèchent
contre la loi de nature la leule qui leur
re~e, &: même lorsqu'ils adorent les
idoles. En effet les Sodomites furent
punis par Dieu. Or on ne voit pas
pourquoi le Pape, qui eft le Vicaire
de Jeius-Chri~ ne pourrok pas faire la.
même choie.
D'ailleurs Jenis-Chri~ a donné au
Pape le pouvoir de paître {es brebis
or les Infidéles font les brebis de Dieu
parla création, ainfi le pouvoir du Sou-
verain Pontife ..s'étend ~uques ~ur les
inndéles. C'eA la décifion des Doreurs.
6~. Les Excommuniés qui croupirent
dans l'excommunication pendant une
année entière ce qui ne doit pas feule-
ment s'entendre de ceux qui ont été ex-
communiés pour ca<ued'héréue) ou com*
me fauteurs des Hérétiques mais des
Excommuniés, pour quelque catué que
ce Ibit en effet, le mépris de l'excom-
munication les rend iuipe~s d'héréne
foit parce qu'on en pettt légitimement
%~t Z~jM~~K~
conclure qu'ils ne penfent pas bien des
Sacremens de l'EgIne, dont ils ne s'em-
barraûent pas de s'approcher comme les
autres Fidèles foit parce qu'on peut
foupçonner qu'ils ne croyent pas au
pouvoir des Clefs. Z~r~?. ~M~/?.
~~yzo~. 2. Sch.
y°. Les Chrétiens apo~ats, qui fe font
Juifs ou Mahométans quand même ils
apo~aueroient par la crainte de la mort
& des ûtppfices, fans avoir aucun le-
vain d'heréâe dans le cœur font Hé-
tétiques aux yeux de l'Eglife, qui les
juge par les aSes extérieurs. La crainte
delà mort 6~ des Supplices, n'étant pas
nne crainte qui puiffe aSeeter un hom-
me ~erme dans la Foi, ne içauroit excu-
fer rapc~aHe, felon- ce que dit S. Au~-
guH:in qu'il vaut mieux mourir de
faim que de fe nourrir de viandes offer-
tes aux Idoles.. Ibid. ~M~.
8". Les fauteur~des Hérétiques,
A1 c'e~-
.0
à-dire, ceux qui empêchent remprubn-
ïiement la punition des Hérétiques
les Seigneurs temporels 6c les Magif-
trà< qui requis par les Inquifiteurs
~e~bnt pas emprifonner les Hérétiques
otme les puniHent pas aNezprompte-
ment, loï~qu'on les a abandonnés à la
Ju~ice iëcuUer€) & ennn tous ceux qui
des 7/~M~ ï 6
empêchent directement ou mdirecte-
~ement l'exécution des Loix contre les
Hérétiques. On peut Soupçonner d'être
fauteurs d'Hérétiques ceux qui les viu-
tent, c~ qui leur donnent à manger
ceux qui font mauvaife mine à Meffieurs
les Inquifiteurs &: qui les regardent
de travers. Un hommehabile distingue-
ra cela fans peine à leurs yeux & à leur
nés. Si l'on y prend garde, on verra
que ces geus-là ne peuvent pas Suppor-
ter la vue de ceux qui poursuivent les
Hérétiques. C'eSt une remarque du R. P.
Ivonet. ~M~. ~cA.
En excommuniant ou en puninant les
Magi~rats & les Seigneurs temporels
qui empêchent directement ou indirec-
tement l'exécution des Loix contre les
Hérétiques il faut que les Inquifiteurs
fe Souviennent toujours qu'ils ne font
pas les plus forts & qu'ils ont beSbin
du Secours de la PuiSIance temporelle.
Ils doivent employer d'abord les voies
de la douceur §c enfin lorSqu'il eft
queSHon d'en venir aux dernieres ex~
trémités, il faudra conSulter les Grands
ïnquiSiteurs c~ les Souverains PontiSes
toutes ces attentions font fur -tout né~
ceSïaires lorfque ces Seigneurs & ces
~agiStrats ne dépendent pas de Princes
t~<$ Z~.M<MM~
plus puluans qu'eux & zélés pour les
intérêts de la Religion, ~~o~. lib. 3.
~'eAoZ.
On regarde comme Fauteur celui qui
fauve un Hérétique des mains des ïn-
quiuteurs, qui l'avertit de s'en~ur, c~c.
( II ëâ puni par la confifcation de tous
fes biens &: ~a maifon eft ratée. ) Les
Loix civiles ont réglé que ceux qui
Sauvent des malfaiteurs des mains de la
Justice ne doivent pas être traités
avec la même iëvérité lorfque ces
mal~iteurs font leurs parens mais le
Répertoire des Inquiutéurs \P~M~Gril-
~d'autres Auteurs pensent
que cette Loi ne doit pas être étendue
aux hauteurs des Hérétiques à cau~e
de l'énormité du crime d'héréue ce-
pen'danton peut pemer que, lorsqu'on
dbnMë a~yle à uri Hérétiqueen un pareil
cas c~eu:moins eh &veur dé l'Héréne
qu'en faveur de la ~parenté; & il faut
~ahs doute pauer quelque chofe aux
liens du fang 8e à la nature dont on
n'étouffe pas facilement la voix. C'en:
le Sentiment le plus doux le plus
commun cC il me paroît qu'on doit
l'observer dans la pratique. Cependant
U~fautremarquer que quoiqu'on doive
punir alors le auteur d'une peine moin<:
des ~~M~f~K/ ~7
~vere, il faut toujours le punir. De
plus, un fils qui donne afyle à fon pere
ou une femme qui fauve fon mari, &c.
doivent être traités avec moins de ri-
gueur que ii la par enté eu; plus éloi-
gnée. Si-un ami fauve fon ami ou
une amante fon amant, on peut auni
ufer de quelqu'indulgence parce que e
commele dirent Ciceron,Baldus& Cur-
tius, l'amour c/? une fureur mais il
faut examiner avec foin fi l'amitié eu:
vraiment grande Se 6 Famour eft
violent.
Celui qui, lorsque les Inquisiteurs font
à la pourmite d'un Hérétique, feint d'être
celui qu'on cherche, quoiqu'il foit Ca-
tholique, & fe fait prendre pour favori-
fer revaûon du coupable, eu: encore
regardé comme Hérétique ( fes biens
~bnt conniqués, & il eft condamné à la
prifon perpétuelle. )
Il faut dire la même chofe de ceux
qui ne dénoncent pas les Hérétiques
( on excepte cependant de cette Loi
une femme qui ne dénonce pas fon
mari, qui mange gras les jours maigres
lorfqu'elle peut craindre qu'il ne l'a~ïb-
mât, s'il ~avoit qu'il a été dénoncé par
elle.2M. 2. LIX.
Enfin, les Juifs & les autres Infidèles
t< ~?!M~
qui pervertirent les Chrétiens &at
auffi regardés comme fauteurs d'héré-
tiques, Soumis pour cela à la Juridic-
tion des Inquifiteurs, & punis des peines
de droit.
Quoiqu'il foit défendu par plufieurs
Décrétales, de donner quoique ce foit
aux Hérétiques on ne regarde pas com-
me fauteur d~héréiie celui qui donne à
manger à un Hérétique prêt à mourir
de faim parce qu~un tel homme peut
encore ~e convertir. jP~S. x.

pa de L'Extrait du Dïre~Oïr~
~Mj&iqMt~gKr~.

HISTOIRE
HISTOIRE
2?

L'ÉTABLI S SE MENT
DE L'INQUISITION
DANS LE RQYAUM'Ë

DE PORTUGAL,

Tjr RJEJEde y'O~n~ Louis à Paramo


J~ëMy dans le Royaume de ~~f/g
intitulé De origine & progreHn
OiRcii Sat~ss Inquiûtionis.

Mâtriti, ex T~cg-y~~ R~ ~~S~

0 u s le regne de Jean premier


Roi de Portugal l'an de notre falut
1~.08 le fouverain Pontife Boniface IX.
dé&'ant d'établir dans ce Royaume des
Tribunaux du Saint-Office ~ur le mo-
dele de ceux de Caftille qui etoient en-
H
ï4~r'
tt~ Ïé! n~M <~ M~~ic~ns erea
Ï~Bite~r ~néfai te R. P. ~meerït de
HsS~B~ pF~vitiëiài de eet Ordre
mais cet etabliiïement déchut en aHez
peu~tea~.
(~elquës ~hnee§ s'ccouÏeretTit Scîe
Pape Clément VU.. i~brmé par le Rct
Jean I. que les Ju!& c~ les Hérétiques
~mmettoient toutes fortes d~mpïëté~
dans le Portugal, nomma Inqùiûfeur
dans~ceRoyaHme le R. P. DMacus de
Sylva, ;Mmmië de Saint FrânçôYs de
Paule.
LeR.. P. de Syl~à ayant commencé a
s~adonnerauxfbncHonydetQnmmiAere,
pluHëurs perfbnnescon6dérables qui fe
virent dénoncées &:pouriuivies,aecute-
fent les Inquiuteurs de tyrannie c-c de
cruauté auprès duRoi,&: animèrent tel-
lement ce Prince qu'il ~iyit au Pape
/M~7\Z7~K~~<M ~n~yo/ï
~O~~MC étoit < au
yM/~M J fis propresintérêts ~g~re
/C~nÈa ~M~C ~<Mï.
Le Pape touché par les repr~fenta~
t~Hs dun Pi-mcetfop ÉtcUe, ï-evoqua
~pus les pouvoirs ~e~ordés aux Inqui-
siteurs nouvellëiïient établis, & autorifa
Mare ) Evêque de SinigagUa à absou-
dre les A~çuiës, ce qu'il Ht. On reta-
~M~ .a T*~

lit dans leurs ornées dtgmtés ceux


qui en a voient été privés, §ë on déli-
vra beaucoup de gens de la crainte de
vdir leurs biens conntqués.
Cette libéralité & cette indulgence ex-
trêmes encouragèrent bientôt ces hom-
mes aveugles infenfés à fè livrer aux
plus grands excès & îe Roi Jean HL
~eâtf pas longtems~ans déplorer la trop
grande ~a~Hte de ~esprédéceueurs. tl de-
manda donc au Pape Paul IÏI, & obtint
de ce Pontife de nouveaux înqui6teurs
Mais fans leur accorder d'étà~iuement
tab~blument fixe, ces Inquisitions étant à
peu près jfurlepieddespremieres établies
vers Fan ïlt6 y lorsqueles Inquifiteurs
~étoient encore ambulans. Envain les
Empereurs &: les fouverains Pontifes
avoient Sollicité fouvent les Rois de
Portugal de donner dans leurs Etats aux
Tribunaux du Saint-Onice la forme (Se
la confiflance qu~ils avoient dès-lors
~ans les Royaumes de Camille &: d'Ar"
ï'agon. Ces Princes féduits par de mau-
vais confeils n'avoient jamais voulu
consentir à cet établissement fi falutaire
àrEglijfeo~ à leur Royaume.
Mais que le Seigneur eft admirable
dansées voyesj Ce que les Empereurs
Hir
~7~
<8~ les MuverainsPonti~s n'avaient pu
obtenu' partaatd'in~ances.le Roi Jean
raccorda deluMnême à unMpon adroit
dontDieu ~eServit pour cette bonne oeu-
vre. En enet, les méchans font fouvent
des inArumens utiles des deilems de
Dieu~ il ne réprouve pas ce qu'ils font
debien ;e''eâ ainû qu'et; S~Marc~Jean
di~nt à NptEe Seigneur J. C. MaHre,
~nousavonsvu,unhomniéjquMi'eA point
Mvotre DilCqiple, 8c qui çh~oit les dé-
~monsen votre nom, 6c nous ravons
empêche. Jeius leur répondit:Ne rem-
péchez pas~ car celui qui ~t.desïnira-
des en mon nomne dira.point d~jmaî
~de moi;~ celui qui ne y~us e~ pas cqn-
~traifeeA pour vous. = y
On vit donc paroître en Portugal un
coquin appelle Sahavedra qui pour
chauer de ce Royaume le démonde rhé-
~éue, employa des moyens û étranges
c~ 6 inpuis que ~e douterois de ce que
récris fi je ne le pavois pas de Science
certaine &: que j'ai peine à compren-
dre comment Fadrenë o~ la fourberie
d'un hommea pu aller aum loin. Qui
croira en enet qu'un &urbe ait e~e ~br-
,tnerc~ exécuter le projet détromper des
Rois, des Princes, le iouverain Pontiie
lui-même ~o~ des milliers d'hommes~a
~M~ ~~f
Ce ïi~eAcependant pas une ~able nous
ne raconterons que ce que nous avons
lu dans un ouvrage écrit de la propre
main de Sahavedra & qui eu: dépo~
dans la Bibliothèque de Saint Laurent à
rË~euriàI.
Sahavedra naquit à Cordoue d'une
famille honnête. Il s'inuruiût de bonne
heure dans l'art de contrefaire l'écriture
&: defaire de faux feings.Un despremiers
~uits qu'il retirade fon adreffe fut de
mettre en poueuion d'une Commande-
fie.deFOrdre de Saint Jacques de trois
mille ducats par an en vertu de la
Signature contrefaite du. Roi il la po~
~ëda~pendant dix-fept ans. Il tira auui à
diVëH&s tbis des hommes confidérablcs
des Receveurs des deniers royaux.
L'an 1 il vint dans rAndaloufie
là il fit connoiuance avec un homme
mAruit & d'un efprit très-délié celui-
ci, après quelques conversations, dit
à Sahavedra qu'il avoit un bref du Pape
qui l'autori~bit à établir une Maifon ré-
ligteUÏe en Portugal mais que cette
pièce quoique fcellée de l'Anneau du
Pêcheur lui étoit inutile, parce qu'on
n'y avoit point -fait mention d'un fien
Compagnon qui devoit entrer dans cet-
~e anaire. Sahavedra lui dit qu'il étoit
Hilj
M -r Z< jS~MM~
Mrt~xerce fort adroit à coatre&ir~
toutes &ftes d'écritures & qu'il le ti-
jpe~Mt de l'embarras il ~s voyoit.
Alof~ il pdt le Bref <Sc <:<~tre6t ~ur te
diamp avec tant d~adre~~ue cet hom-
me &~bn Compagnon en furent ïn6n~
PMnrt~atis&its*
Sahavedï-a tes voyant ~ac&aï~es de
ce premier ë&j[, iem' eo~6a le grand
projet <:{~ a~t &nné d'établir n~-
~u~oaeaJ~rt~aly &: iare~ution
où il et~itd'e~Èoyef à ceia~MM fes
&ms &: tous ~-3vanx. Il a~ta qu'ti
ne ~<an<qtteM)it pas d~rgent, ~<:e ~u'U
y av<Mt de p~ts impûftaa.t ~qu~ avoit
des modeî~ d'e.cntHee -de ûgnatufe
de t~Htes Jes peï~jajMSdM't j'aj~e~en-
tion ét~it nécessaire p~ur ~et étabK~e-
tnent ,u'U etoit tur de!~eseeatee~ife
fi bien que ee& personnes eUes-mêmes
s'ytyomperotent.
Peut-être, reprk ra~fre enhardi par
cette ouverture, .peut-être que dans le
~nonde entier vo~M ne trouveriez per-
sonne qui put vous être a'u~ utile que
moi pourrexécutioti de votre projet, Il
nous imtt un Cardinal Légat latere,
muni par Je Souverain Pontife des pou-
voirs les plus amples c~ des lettres
du Pape de rEmperetty au Roi Jean~
~~M~ 17~
contenant des Ibilicitation~ prelian-
tes pour rëtabliuement de l'Inquiû-
tion dans ~es Etats. Je vous dide !s
jfbrme que nous devons donner à la Bul~e
du Souverain Po.ntite & je vous aide-
rai pour tout le refle.
Ces gens étant d'accord on tranfcri-
vit la Bulle prétendue &: on fit faire les
cachets &:autres choies dont on avoit
befoin pour la rëufÏite de rentrepriie.
Mais pour s'anurer fi la Bulle &: les au-
tres papiers étoient bien faits Sahave-
dra s'adreffa à un Provincial de r0rdr&
de Saint François il lui dif~u'à quel-
que di~ance de la Ville il .avoit trouvé
ces parchemins, & qu'il ibupçonnoit
des gens qu'il avoit rencontres c~ qui
couroient la po~e fur le chemin de Ba-
<i~os de les-avoir perdus que fi c'e-
toit des chofes qui leur 6ment de quel-
qu'utilité il les fuivroit pour les leur
rendre dut-il lui en coûter juiqu'à cin-
quante ducats. Le Provincial y après
avoir lu tout avec attention, lui dit que
ces papiers étoient de la plus grande im-
portance, qu'il falloit monter fur le
champ à cheval, afin que fa négligence
nent pas manquer une anaire dont le
j(ucces intëreHoit le bien de la religion
que c'ëtoit une Bulle pourW vl'ëtabli~c-
Hiv
~ë M!
ment de l'Inqui6tion en Portugal, éta-
blinement que les Souverains Pontifes
tous les Princes CHrétiens, & iuneut
tes Rois de Camille avoient défiré avec
Ïà plus grande ardeur, & auquel les
Rois de Portugal s'étoient toujours re-
lies; qu'il croyoit que ces gens qu'il
avoit rencontrés fur le chemin étoient
le Cardinal-Légat & fa fuite, qu'appa-
temment ce Cardinal n'étoit pas vieux
puisqu'il alloit fi bon train, c~ que pro-
bablement ilalloit à Badajoz c~ s'y ar-
~eTëroit pour former fa maifon &: dilpo-
fer ton entrée en Portugal.
Sahavedra voyant par les réponses
'EtuProvincial que fes papiers étoient en
Mgle.~e transporte à Séville avec les
deux-~npons dont nous avons parlé plus
~Mtut, c~ dont l'un prend te ~itre de Ma-
~ordome, ce l'autre celui de Secrétaire
de ~bnEminence.On fait préparer auLé-
gatdela vaiffelle une litiere, des ha-
bïljemens magni6ques. Sahavedra pen-
dant ce tems qupique -dans la Ville
!le voyoit fes compagnons qu'en Secret,
ceux-ci dnant toujours qu'ils attendoient
fon Eininence. Omtaitennuteîa Maifon
de M. le Légat formée de cent vingt-fix
dome~iques.
~un jour c<~venu, Sahavedra étant
des .y~M~ ~7?
ibrti de la Ville tout fon train en partit
pour aller, difoit-on, au-devant du Car-
dinal qui arriva de nuit à douze mille de
Séville le Majordome & le Sécré-
taire le reçurent avec les plus grandes
démonitrations de re~eû: & de foumif-
fion. Le lendemain il fit fon entrée dans
la Ville, y ait reçu avec beaucoup
d'honneur par le Clergé Se par le Peu-
ple, & logé dans le Palais de l'Arche-
vêque il y demeura vingt jours, Se
pendant ce tems il tira treize mille du-
cats deshéritiers d'un riche Seigneur du
pays en produisant une obligation con-
trefaite'de pareille fomme que ce Sei-
gneur reconnolûbit avoir emprunté du
Légat pendant fon Séjour à Rome &:les.
exécuteurs-Testamentaires reâuant de
payer, il les y contraignit par les Cenfu-
res Ecclénamques, & partit pour Bada-
joz. CheminfaiSant,&: paiÏantpar Lerena
où il y avoit une efpece d'Inquifition
anciennement établie, il emmena avec
lui trois EcclénaAiques qui préfidoient
à ce Tribunal, à deueinde les employer
dans les Inquifitions qu'il alloit former.
Le prétendu Légat arrivé à Badajoz
adreua au Roi Jean les lettres de FEmpe-
reur & du Pape qu'il avoit ~~briquées.
Le Prince reçut aHez mal le ~rétaire
Hv
-~$' ~g j~a~M~
~mi'~tOta'na~E&aye~ers-tbn Cardinal
~Sc t'ext~Mâ ÂaÈ~ndonner jRan projet.
~Sahàvedi'a~faprèsavtMrïsEpris~ortement
~bh ~ecfètaa'e~e ~"trep grande timi-
dité, 1@~ar~ya stnR:ioi &r le rhamp,
ien l@~harge&Mde déclarer à ce Prince
<€fue&~Mte~i diStinicut-pasutïe répon&
<qU(,~fi:<¡~lùi
~sve~le yepatta- ,une,¡rép01;fe
itatteit ~nnoit'P.as tout de âme
~~ttr~ë~e~ ~e~e& ~onanda 2~0 ~ours.
Saha~edra /e~ttHt ~ecet'eïpace.de tems
Me ~R~~pas ~p@M- ~qu*'0iïipût envoyer
àRi~Hie &ea~ j~gee~o~fune M'poa&
~ceotdae~d~b~
En6n4~obtco<ïqté ~"tant .d~utt-
"~ces ea~o~t ~at retendu Légat un
~esOranésd~~e~a'~ptMM'deTece~oir,
& ~luilaïRa~at~pE~vstr pour Pétabli~-
~eïnei~t des~bmBMXdu TSaint-Onice
~ahs ~EM~~Sa~a~ed~ ~vmt à la €our
ott U 6it ~u du~rinsB avecibeaucQup
-d~ 'bonté, ïî y paBa ~ois mois, aptes
~M~iil etnpIe~~tFoisatttl'e~~mois à &!r-
~~t- ~tabitr des~nbunatac de l'Ïn-
'~ti~tïOh dans 1~'pïmEipales ailles du
~yàume.
'GësT~bunaux'<sommeneercnttoutde
~mte~~xereerl~ûr'jMiidi~ion, jScil~e fe
~t un ~nd noïnbre-de condamnations
~d~~t~tt<Ms'd'heTétique& t'elaps ) 8c
~s-on~ d'hérétiques :péïuten&
T~&M/~M~. I~C)
Six mois s'étoient ainfi panes lors-
qu'on reconnut la vérité de ce mot de
l'Evangile il n'y a rien de caché qui ne
fe découvre. Le Marquis de Villeneuve
de Barcarotta, Seigneur Efpagnol, (qui
avoit été ~o/~ë ou volé par ~d~g-
dra, comme beaucoup <a~ 6' qui
avoit probablement découvert la ~M<~
du prétendu Z. ) engagea le Gou-
verneur de Mora a le feconder dans le
projet qu'il avoit formé d'enlever le
fourbe. Pour cet effet le Gouverneur de
Mora invita le Légat à un grand ~e~in
à ~aïnaubn de campagne, Se~le Mar-
quis ayant apoué ~u~ le chemin cin-
quante hommes bien armés, ~e faifit de
Sahavedra lui ayant fait paner
là riviere qui fépare la. Camille &cle Por-
tugal, le, conduifit à Madrid ou le Roi
etoit.
Onle fit cpmparoître par-devant Jean
de Tavera Archevêque de Tolede
~r~cepteur du Prince & grand Inquiu-
teur. Ce Prélat étonné de tout ce qu'il
apprit de la, fourberie & de l'adreHe du
;faux Légat, .envoya toutes les pièces du
Procès auPape Paul III. auui bien que
les ac~es desinquiutions que Sahavedra
avott étabUes, & par lesquelles
TT il pa-
Hvj
i <SO j~ Manuel
î-oiubit qu'on avoit condamne o~ jugé
déja un grand nombre d'hérétiques.
Le Pape ne put s'empêcher de recon-
noître dans tout cela le doigt de Dieu
& un miracle de fa Providence, & il
écrivit au grand Inquifiteur de ne p!S
juger cet homme felon toute la rigueur
des Loix, parce qu'il feroit bien aife de
le voir.
Le Criminel ayant été mis dans Ïes
prifons de Madrid, on répeta contre lui
plus de trois cens mille ducats qu'ilavoit
extorqués par de faunes iignatures. 11
fut transféré dans les Prifons du Saint-
Office, oc condamné à dix ans de galè-
res, à quoi le Confeil Royal ajouta une
défeme d'écrire quoique ce foit fous
peine de ta vie. Après qu'il eut demeuré
pluueurs années aux galères le Pape
Paul IV. touché de compaulon lui 6t
rendre la liberté & il vint fe présenter
au Roi qui avoit défiré de le voir.
Telle eu: l'origine de l'Inqumtion de
Portugal qui s'eA conservée depuis ce
tems-là dans leRoyaumeutrIemême pied
que dans la Cauille elle a un Inquifiteur
général & des Inquifiteurs particuliers y
& dans la réun' h~ ureute qui s'eu faite
du Portugal à la Couronne d'Espagne ~bns
notre glorieux Monarque PhiUppe 11~
~M f~M~~M~. :?y
tout e~ demeuré dans le même état
qu'auparavant. AParamo 0~7~. C~c.
J.x~I~a, c~. (~)'

(~) L'origine que donne à Paramo à l'et~-


tliuement nxe des Tribunaux de rinquilttion
en Portugal, e~ reconnue & avouée par tous
les autres Auteurs qui ont traité de la même
matiere entr'autres par Illiefcas Sala&c,
Mendoca, Fernandès Placentinus, &c. Un
feul Auteur Antoine de Soufa dans fes Apho-
rifmes des Inquifiteurs révoque en doute la
.narration qu'on vient de lire mais fes raifons
font bien ibibtes contre tant d'autorités oppo-
fées. Son pnnctD3.t argument eft queSahavedra,
qu'on prétend avoir écrit ainfi fon Hif~re y a
~ort bien pu s'acculer lui-même, fans être cou-
pable, en considération de la grande gloire qui
devoit lui en revenir, & dans l'eipérance de
vivre dans la mémoire des hommes, en s'at-
tribuant un Ouvrage auiu admirable que l'éta-
Mulementderinquifition cette raifon ne mérite
pas d'être réfutée. D'aDteurs Soufadansie récit
qu'il lub~itue à celui d'à Paramo fe rend iu<-
pecr iui-meme. De mauvaife foi, il cite deux
Bulles du Pape Paul Ul au Roi Jean ÏII, ~c
deux autres du même Pontife au Cardinal
Henry, frere du Roi mais on lui oppofe avec
raison que ces Bulles ne te trouvent dans
aucune des coUediuns de'- Bulles Aporrbtiques,
&. lui-même ne les a pas fait imprimer dans
fon Ouvrage. Deux raifons décinvesde rj~etter
fon opinion ) & de s'en tenir à celle qui efi ap-
puyée par la commune opinion.
.Comm~ ~Ouvrage de Louis à Paramo, d'où
t~2. 2~ jM~<M/
EXTRAIT
;â~Equelques~
endroitsde l'~ùvragPde Louisi~
9
Paramoj
Z?~CMe/~<c~rMM
or~M~M
<~7'0'HfMg~Lou!s
O~CH
~<?<BZ~~M~MOK~.
Cet Auteur voulant donner à l'In-
quiution l'antiquité la plus reculée Il
commence par faire voir qu'Adam &:
Ëve~ font rendus coupables du crime
d'heréue c'ej(He but du titre premier j,
~~CM~ <S* infidelitate Lib. i.
Ce principe établi, il traite au tit. i,
du m~me Livre 2. de la maniere dont
Dieu procéda contre Adam en qualité
du premier înquiuteur contre mé-
chanceté. des ~M~ ë~ il trouve
dans la conduite, que Dieu tint la ~br"
me de procéder du Saint-Office.
« D'abord Adam eft cité Adam, z~z
M? & cela .pour enseigner aux Tribu-
naux futurs de la Sainte Inquintion
que le défaut de citation rend la procé-
dure nulle & de nul effet. Adam fe pré-
~ente~Dieu commencel'interrogatoire,
& juge par lui-même & fécretement le
coupable. Les Inquifiteurs Suivent exac-
nous avonstiré l'anecdotequ'on,vientdélire,
eft rare & rempli de chofesaCez étranges,
dous ferons peut-être plaifirà nos LeReurs1-
en. leur en dojNiantHnetegefeidée,
des
A 7/MM!~M/f. < t ï8~3
tëment la même terme de procéder
qu'ils empruntent de Dieu même. »
« Les habits d~s peau que Dieu nt a
AdarnScàEve~ font évidemment le
modéle des ~M-o dont on revêt
lesHérétiquespënitens. Les croix qu"on
y attache &: qui étoient autrefois
droites ont été depuis couchées &: rap-
prochées de la foirne d'une croix de
Saint André pour marquer que les
gens qui les portent ie font écartés de
la droiture de la foi chrétienne.
« Apres avoir revêtu Adam de cet
habit d'ignominie, qui repré~cn~e rhom-
me rendu par le péché {ëmblable aux
bêtes. Dieu le chaffe du Paradis ter-
reu:re; c~ c'eA de-là que rinquiiition
a pris la coutume deconfifquer les biens
des Hérétiques. Cette Loi eu: fans doute
fort fage puisque felon Platon L~. 4.
<&Lgg~M.! &: d'Annoté, jM'. Af<z~7z.
j~o~~Mw les b~ens de ce monde fans
la vertu ~fbnt~ine~es à c@uxqui les pof-
iedent, lervent d'aliment à leurs paf-
iicns &: d'inârument a leurs crimes.
4<Adam au auiR privé de Fempire
qu~il avoit fur les animaux par oh nous
voyons qu'un Hérétique perd toute
autorité naturelle civile &: politique.
fes enfans ceu'ent d'être "(bus fa puif-
&nce les eiclaves font libres &c fes
~t. -1 Le .~a/x&~
jL~etsam~nchis deTobéinance qu~iIslui
dévoient.~
«Outre nos premiers parens, on
doit regarder comme Hérétiques au
premier âge du monde & punis de
Dieu comme tels, Caïn qui douta de
la fcience infinie de Dieu lorsqu'il
dit Je j~g~d'Moù 6/2 mo~~r~ & qui
dé~péra de fa miséricorde, en croyant
que~c~~ecAc étoit trop grand, pour qu'il
en obtenir le pardon les hom-
mes du tems de Noë, qui felon Saint
Thomas, s'étoient mis dans la tête que
Ïà fornication n'etoit point un péché
qui ne voulurent pas-croire au déluge
dont ce Patriarche les menaçoit, oc
qui fe moquèrent de ~oh Arche.
<« Au&cbnd âge du monde~Nemrod6~
les'Ouvriers de la Tour de Babel turent
Hérétiques. Le premier, en introdui-
jfant l'idolâtrie &: le culte du ~eu, 8e
ceux-ci en fè battant que leHr edinte
les mettrpit à*côavert des fléaux de la
colère Divine.
~Autrpi6éme âge, les Sodomites~
rendirenr~coupables d'héréiië en çe
que chacun d'eux s'ëitbrçoit de persua-
der à ~bn prochain que tous les genres
de volupté étoient licites & permis.
AumDieu les punit-il des peines em-
ployées contre les Hérétiques, e'eA-
T/MÏM/~&M. ïS~
1
< <' ·

à-dire, de la convocation des biens


car il eft dit qu'Us ne pouvoient plus
trouver la porte de leurs maifons) &
enfuite de la peine du Seu.
« Ifmaël étoit Hérétique & Idolâtre
&: Sara remplit à fon égard l'office d'In-
quiSiteur en le chaSïant de la maiSbn
paternelle de peur qu'il ne pervertît
ïiaac.
E~au fut deshérité par fon pere
parce qu'il fe rendit coupable de Simo-
nie, en vendant pour un plat de len-
tilles ~n droit d'ameue auquel le Sa.-
cerdoce étoit attaché.
Les liraëlites pendant le tems de
leurs pèlerinages dans le désert, fe ren-
dirent coupables d'héreHe en mille oc-
eaiions &: loriqu'ils révoquèrent en
doute la vérité de la mi~ion de Moue
c~ lorfqu'ils murmurèrent contre lui,
calorique fe dénant de la Providence di-
vine, ils craignirent de mourir de faim &
de~bif. Se lorsqu'ils obligèrent Aaron de
,leur fabriquer îe veau d'or, c~ lorsqu'ils
adorèrent Moloch &: Béelphegor. Enfin
ils av oient une fi forte haine contre
Dieu que fi dès' ce tems-là il SeSut fait
homme parmi eux ils n'auroient pas
.manqué de le crucifier. C'eSt donc le
crime d~réSie qui attira fur eux tous
tît~~ps 4p~t ~ï~t accaj~s~
~u~r~at~.ans .d'erce~M dans ~e dé~l~
j&ns p.0~0~' e;~er ~n p~Se~o~ ~e
Terre promt~~ ma~e~ dp tMnte!-
jtr~at~e~i~~t~~s paf Jes a~a~s 5 des
JLëvjït~ qsu~repr~nt~t~: J~ ~v~
~H~ ~S I~HpU~t~HFS ja~€S l'M<~$1tj!'i~
dn ye~t d'c~; jta iBCMtdje,pht6eup$pi~-
he~s de coupables aux~epulchf~s ~c~
pottCMpï~enee ~a.6n ~~r~tMede C~ré
J~atban& AMroja avec leurs :~mtpi~s
& leu~ eh&M la~a~e des ~rpens~
yingf-quàtfe~ cnîîe hommes é~rgés
pour avoir rendu un culte à P~ape le
J~ieu desMoabites, <8cc. isv
« L'HMoife des Jmfs depuis leur entrée
dans !à PaleAmë ~uqu'à Samuel, nous
je~~pay-bEmt des venges de Mhqui&-
~on. (3t&dniel Aodqui a~uEaa le Roi
de Moab Abimelech qui égorgea ïoi-
Xante-dix de ~es frères Atr la même
pierre,, ëc qui brûla mille hommes ré-
~[~ies dans le Temple de Baal Jephte
,&: les autres Juges qui & montrèrent
€hnemis de l'idolâtrie, etoient revêtue
~e la dignité d'InquiËteurs.
«PourHeli.nierë~e eA clairement
parquée dans fes paroles torique Sa-
aa&t!.eMui annonce de la part de Dieu
~K/~MK~. ~"y
les maux qui alloient accabler les Mraé"
lites. Il eA le maître, dit-il, qu'il ~aue ce'
qui e~t juâeà jfes yeux. ~?ûm~M~ ~o~
~o/?M/K ~o~/M~H~~K~ Ce qui
dSgnine que Dieu eir un tyran qui &it
tout ce qui lui plaît fans conâilter 1%
~uAiee. Ses enfans couchoient avec les
&mmes qui veilloient à la porte du ta~
bernacle o~ qui ~elon ropinion d'un'
habile homme, étoient Rel'igieu~s ~o"
~<2& Et d'aill.eufS yCoa)n'ïe 1s raconte,
I~criture~ Ibr~qu'on avo~it intmolé les
vi~imes, leur valet venoit avec une
grande fbuFChettte à trois dent%~la pion*
geoit dans la marmite oh cuifoient les
yiandes, &: prenoit.pour ies-tMa~res
ce que la fourchette emportoit, toutes"
~ho&s qui les. rendit véritablement.
~.upeûs du crime d'hérésie. Or ces cri-
mes & cette héreMe du grand Prêtre
Heli, de fes enfans & de tout le peu-
ple, attirèrent ïur eux les fléaux de Dieu.
Hell, Ophni ëc Phinees moururent mi-
(' «ela"te z ~uatre mille
'1 1 & ëe trente-quatre
j~eràblemént
M-aélites périrent par le glaive des Phi-
Ïmins.~
« Les Ifraélites ayant demandé unRo~
Saul revêtu de l'autorité Souveraine 1
âtt en même-tems Inquifiteur car il fit
mourir les Magiciens, les Devins les
~.nroliques.~
XSS Z<!
« Mais s'étant depuis rendu coupable
de magie, en consultant le Pythonine
d'Endor, il Sut réprouvé de Dieu, oC
perdit la couronne &: la vie.
« Auquatriéme âge du monde, le Roi
David fut Inquisiteur très-zélé il fit
brûler les dieux des Philiftins, Salo-
mon fon fils lui accéda. Dieu lui ap-
parut en fonge &lui dit, 7/y~-<
adorent dés 29~~ étrangers
~M~ .de ~ï terre ~&~y&
leur'ai <~M:e. Je <~< ~jp~
je détrùirai ~M~/o/ VoUà
encore exprimées les peines dues à
t'héréue, c'en-à dire, l'exil, la confif
cation des biens Se une infinité d'autres
maux.~
« Salomôn doue par Dieu de la plus
haute ~agene", <S~comblé de fes bïen-
~its laiMa corrompre ton cceur &
adora les'dieux des Nations. Il fut puni
dans la personne de ~bn fils Roboam
de la confifcation de fes biens c~iï per"
dit dix tribus.
« Sur quoi on peut remarquer que la
punition de ce Prince ne fut pas au~t
révère qu'elle auroitdu rêtre, puiique
par fon idolatrie il auroit.mérite de per-
dre fa couronne mais Dieu les traita
doins rigoureusement en coruidération
~2~<
< T< i~d
<îeton pere David, d'ou nou$ devons
conclure qu'en puniffant les hérétiques~
il faut ufer d'un peu moins de Sévérité
pour ceux dont les parens font fermes
danslafbi.~
« Roboam, Roi de Juda, adora bien-
tôt les idoles des nations, Dieu l'en
punit par la confifcation de fes biens,
en fufcitant contre lui Sefac Roi d'E-
gypte, qui dévala fon Royaume, dé-
truifit un grand nombre de Villes &:
pilla le temple & Jérusalem.
« D'un autre côté Jéroboam,J~oi d'H-
jrael, i ayantérigé les veaux d'or à Sa-
marie, Hu: puni par la mort de fon fils;
-par la famine & par beaucoup d'autres
fléaux.
« Abias, fils de Roboam, fuivant les
traces de fon père, fut puni de mort. »
« Afa fon nls animé de l'etprit de
Dieu, exerça l'Office d'Inquifiteur, brû-
la les idoles, &: détruitit les hauts lieux,
auui ion regne iut-il heureux & tran-
quille.
« Héla Roi d'Ifrael, idolâtre obUIné,
.~ut atraMiné par Zamri fon domeûicue,
,qui regna après lui pendant fept ~ours
&: qui remplit l'Office d'Inquttiteur, en
.exterminant toute la maitbn de Baia~
pere d'Hela.
~û~ X~JM~t~
« SoN~te régate d'Aehab, Rot d'Hraeî~
:~ieœ:ostr~ toute la ~ëvént~d'tM la-
~ui6teur en ~i&nt jnourir 8~0 Pro-
phètes de J3aaL
«Ennn le Roi Joiaphat~IePropnete
iEIMee, Jebu le grand Prêtre Joaiada
Si!:€ch~as Jofias Nabujchodono~br
E~ras Mathatlas ~c fes cinq Ëts ~es
Maebabé~ tous les per~ONnages de
jTii~otfe iainte, qui ont été les Mijtu~-
tfos des vengeances de Dieu étoient
autant d'JEn~iSteurs des hérétiques.
« Dans la loi nouvelle, Jefu~-Chriit a
~ête le premier Inquifiteur, & il en à
~exerc~ les- ~bn~ions dès Ïe treizième
jour de ~tnaiMance, en faifant annon-
cer à la ville de Jeru&tem parles trois
Rois Mages, qu'il ~toit venu au monde~
& depuis en ~i~ant mourir Herode
mangé de vers en chauant les ven-
deurs du temple &c. &; en livrant la
Judée à des tyrans, qui Ïa pillèrent en
punition de fon Inndéîitc.«
«Après Jeuts-Chrut~ Saint Pierre
Saint Paul & tes autres Apôtres ont
exercé l'Office d'Inquiuteur qu'ils ont
IranHnis aux Papes & auxEvcques îeurs
j&cceMeurs.
Tels on~:été felon A Paramo les coïn-
~f~M~. Ï<~
mencemens de PInqnHitMn dont f<~
~zf ï~e~ dit-H dans i~
PréMce, depuis ~e~~Myes ~<xM
branches dans le mo?!~ e~~er,
~o7~c les fruits les ~<?M. Nous ne
cuivrons pas FAu~eur dans rhiitoire
.<~U'ilfait de rëtsbUiïenrtent des Inqtu~-
tïons dans tous les pays du monde, de
peur de tattguer les Le~eurs en leuf
mettant fous les yeux des détails toit~
jours revoltans pour ~humanité, par
le fang-froid, & quelquefois par la )oie'
cruelle avec lâque,Me on y rapporte les
barbaries exercées par les Inqu~teurs.~
En voici cependant quelques traits.
«Moi, Frère Dominique (c'e~ Saint
Dominique qui parle) je reconcilie à
i~Eglue le nommé Roger porteur des
présentes, a condition qu'il te fera
fouetter par un Prêtre trois Dimanches
confécutifs depuis rentrée de la Ville
]juiqu'à la porte de l'Eglife qu'il ~era~
maigre toute la vie qu'il jeûnera troi~
Carêmes dans rannée qu'il ne boira )~
mais de vin, qu'il portera le fan-benito
avec des croix, qt.t'il récitera le Ëreviai"
re tous les jours dix ~a~r dans la jour-
née & vingt a rheure de minuit, qu'il
&
gardera déiformais la continence
K préfentera tous les ~ois au Cure de
M~ X<J~~?
<&ParotjSe, &c. tout cela fous pem~
d'être traité comme hérétique, parjure
<ScImpénitent. Z~. c~. ,2.
« Sous les aufpices de Sainte Madelei-
ne, le Comte de Montfort prit d'anaut
la Ville de Beziers & en fit ma~acrer
tous les Habitans. Z~. x f~. c~. 2.
« ALavaÏonbruîaàune ~eulefois ~oo
Albigeois dans tous les HiAoriens de
Ï'InquiiItipn quej'ailus, je n'ai jamais vu
un acte de foi au~I célèbre ni un fpec-
tacle auai ~blemnei.
«AuVIUage de Cazeras on en brilla
60 autres ,& dans un autre endroit
ï8o.M!
~A la Guadeloupe, les Ïnquntteurs
Hrent brûier 2. hérétiques. cap.
«ASe ville comme on cherchoit à faire
un exemple de Sévérité fur les Juifs,Dieu
qui fçait tirer le mal du bien permit
qu'un jeune homme qui attendoit une
~/6 vit par les fentes d'une cloiïbn une
~ïemblée de Juifs, o~les dénonça. On
(e~amt d'un grand nombre de ces mal-
heureux,& on les punit comme ils lemé-
yitoient.JL~. tit. 2., e. 2,
« ASe ville, en vertu de divers Edits
des Rois d'Efpagne c~ des Inquifiteurs
généraux & particuliers établis dans ce
Royaume il y eut d'abord en fort peu
de
7/Mm/ #,
~t tt f Q3'
de tems environ deux mille hérétiques
brûles & plus de quatre mille de l'an
1~8~ juSqu'à 1~2.0 une innnité
d'autres furent condamnés à la prifon
perpétuelle, ou foumis à des pénitences
de différens genres. Il y eut une fi
grande émigration qu'on y comptoit
cinq mille maifons vuides, & dans le
DiocèSe trois mille & en tout il y eut
plus de cent mille hérétiques mis à mort,
ou punis de quelqu'autre manière, on
qui s'expatrierent pour éviter le châ-
timent. Ainfi ces Peres pieux ~rent un
jtErand carnage des Hérétiques. Sicque
~Z illi patres/K~/Ï~/K Ag/'ë~~O/?/g/7Z
ediderunt. Z,z~.2, tit. 2, cap.
« A la follicitation du Frere Turrecre-
mata, grand Inquifiteur en Efpagne le
Roi Ferdinand V. nu-nommé le Catho-
lique, bannit de fon Royaume tous les
Jui~s, en leur accordant trois mois à
compter de la publication de fon Edit >
après lequel tems il leur étoit défendu
fous peine de la vie de fe retrouver fur
les terres de la domination ESpa~nole.
Il leur étoit permis de fortir du Royau-
me avec les effets & marchandifes qu'ils
auroient achetées mais déScndu d'em-
porter aucune eSpece ou matiered'or 8~
d'arget. 1
w Manuel'
Jbe Frère Turrecremata appuya cet
Edit dans le Diocèse de Tolède par une
dé~n&àtous Chrétiens, fous peine
d'excommunication, de donner quoique
ce foit aux Juifs, même des chofes les
plus nécefïaires à la vie. »
« D'après ces Loix il fortit de la Gatalo<
gne, du Royaume d'Arragon, de celui
de Valence ~&:des autres pays Soumis à
~domination dé*Ferdinand, environ un
million de Juifs, dont la plupart périrent
Hli~éraMement; de forte qu'ils compa-
~rent les maux qu'ils ~bu~rirent en ce
tems-îà à leurs calamités Tous Tite
&us Veipaûen, Cette expul&ondesjua~
cau~aà tous les Rois Catholiques une
~die incroyable.
:~« Quelques Théologiens ont blâmé ces
Edits du Roi d'Eipagne leurs -raifons
P~t~jpales font qu'on ne doit pas con"
!Éf'ain<h'e les Infideles à embraser la &'t
~e J~&s'-Chî'm, & que <?esviolences
iontrianonte de notre religion.~
'« Mais ces~argumetis~bntbten ~I~IeS)
&Ej~~buticas que rEdit e~ pieux, ~u~e
louable; ia violence par laquelle on
exige des Juifs qu'ils fe convertirent
a~etoitpas une violence ab~blue, mais
~sditionnelle pui~qu~ pouvoient s~
ZM~t'f. IQ<
Mu&raire en quittant leur patrie d ail-
leurs ils pouvoient gâter les Juifs nou-
vellement convertis &: les Chrétiens
mêmes or., jfelon ce que dit Saint Paul,
quelle communication peut-il y avoir
entre la Jun:ice & l'iniquité, entre la
Ïumiere & les ténèbres entre Jeius-
Chri~ &: Belial ? >
« Quant àla confifcation de leurs biens~
rien de plus ju~e, parce qu'ils les avoicnt
acquis par des ufures envers les Chré-
tiens qui ne ~ailbient que reprendre ce
~muleur appartenoit.
« Ennn par la mort de Notre Seigne~ïr
~~s Juifs font devenus enclaves or tout
ce qu'un eiclavc poffede appartient à
fon maître ceci foit dit en paffant con-
tre les injuAes cenfeurs de la piété de
la )un;ice irrépréhenuble &:de la fainteté
de FEdit du Roi Catholique. L~. ~f.
2,e~.(~~
» UétabliiÏementdennquiCtion à To-
lede fut une iburce feconde de biens
pour l'Eglise Catholique. Dans le court
efpace de deux ans, elle fit brûler 2.
-hérétiques obninés Se no furent con-
damnés par contumace d'ou l'on peut
con)eû:urer de quelle utilité cette Inqui-
-tion a été depuis qu'elle e~ établie
In
îa<$ ~Ma'~K~/
fi
pui~qu en peu de tems elle avoit fait
de fi grandes chofes. Z~. 2 lit. 2
cap. 7.~
« L'an i i quelques milliers d'héré-
tiques s'étant répandus dans le Crema~c,
les Freres Dominicains en nrënt brûler
la plus grande partie, & arrêtèrent par
le feu les ravages de cette peAe. Lib. 2

« Au commencement de l'établiMement
de nnquintion dans le Milanôis, vers
îe milieu du treizième ûëcle les héré-
tiques n'étoiënt point Soumisà la pe~~
de mort dont ils font cependant fi (~
gnes parce que les Papes n'étoient pas
auëz reipe~es de l'Empereur Frederic
qui poHedoit cet Etat, mais peu de tems
après c'eu-à-dire vers 12.2., on brûla
les hérétiques à Milan comme dans les
autres endroits de l'Italie. Z~
cap. jo. &:c.c<c. c~c.

Po~fcriptum de FEctiteuf.

Zfy~ frOMV~ï~~Mf- des per-


/c/y ~<?~7Z~~
6' des ~y~/z/
fui nous ~<?~~i/a~y~M~
des 7/w.~ '97
/f yeux f~<2M.~ c~
~M<?~OM.f T/ZO/ZJ-
de ~yZf~ e/~
<<~M ~f<X~ ou ~M~/
~A~y on ~f f/'<?M~ <'ï(2/7'~r y~~
/'< fur des o~ <ZM~/<?/-
f~
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/p<?M~r ces y~oc~~
KOK-y /M~y~ ~yK~r que c'~
jp/c~/Me/z~ parce ~z~ ces f~/M~e
/C/Z~/T/0/M/ZJ-,~K~7~/?~gC~
/72<?~ ~'CKy~/Z ~7~ /~<?/-
/K/ ~M~ fOM~j,ces C/'M~f~
ont été d!M~~ ~yzfjp~
/~c/y JV~~o/zj'que yzcM~<~?-
~c/M~o/y~ <&qui p/z~o~/z~
~~c'~ une ~z<?/ que ~/2~K~
jP~J ~M/'O~e ces /M~~Z/K~~ ~0/-
font encore /d/ comme
~ÏC/ que ~/M ~M~6~ ce ~?
~& :core"J
~)~~ 'i- .d~ nr-e '~ae
~S~
~$'.c~ -feul
~~i~& ~~é~~ ~4-
i~ &ï 5'M
jS~ ( ~)~ e/? donc ~/2C0ye
~/g ~c~g ~M~

(~)t'ÀûteureAM.~Abbcde
~veyrac." j~

F IN.

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