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La victoire du Hamas aux élections palestiniennes

Plusieurs acteurs en Israël et dans le monde, comme aussi dans les territoires occupés, ont
fait part de leur surprise, voire même de leur choc devant la victoire fulgurante du Hamas
lors des dernières élections en Palestine. Par contre, pour qui connaît et tente un tant soit
peu de comprendre et d’analyser la réalité palestinienne, la chose ne semble aucunement
surprendre.
A la suite de la signature des accords de paix d’Oslo, il existait une sorte de joie positive
envers la venue d’une paix pour le Moyen Orient. En contre partie, ces accords avaient
pour faute de laisser sans réponses plusieurs questions lourdes et centrales concernant le
conflit et sa solution – les réfugiés, Jérusalem et les colonies. Ainsi, il est possible
d’avancer que les accords d’Oslo n’étaient qu’un premier pas vers une solution complète
du problème Israélo-palestinien, et que certains dossiers essentiels demeuraient vagues et
sans issue. Par la suite, l’autorité palestinienne, sous la direction du Fatah, se bâtie en tant
que régime sans avoir sur quoi exercer son autorité. La vie quotidienne du citoyen
palestinien moyen s’est vue devenir plus difficile après les accords – plus de barrages
militaires ; la saisie de beaucoup de terres ; la construction de routes secondaires pour les
colons ; l’élargement des colonies et aucun espoir à l’horizon. En tant qu’autorité, le
Fatah est donc entré dan un cul de sac – il continue d’être le corps autoritaire, est
demandé de sauvegarder la sécurité d’Israël et de combattre tous les sous-groupes qui
refusaient les accords, en agissant tant en Israël que dans les territoires à travers des
actions violentes et attentats. Ainsi, le Fatah n’a pas réussi à atteindre quelconque
résultat qui aurait pu amener un avenir autre pour le peuple palestinien, hors d’un autre
coté, à travers la signature des accords et la coopération avec Israël, il a cesse d’être un
acteur important, dans les yeux des palestiniens, dans la lutte nationale pour l’autonomie
et la liberté palestinienne.
Cette réalité – la poursuite de la violence, la saisie des terres, la construction du mur, … -
a porté à la hausse de la popularité de ceux qui se tenaient maintenant à la tête du
mouvement ‘AlMukawame’ – la résistance – le Hamas et le Jyhad islamique. D’un coté,
la dépendance du Fatah envers le support financier européen et américain a amené
l’autorité palestinienne à jouer son jeu selon les inserts de ses pourvoyeurs et ainsi de
laisser tomber la ‘résistance’. D’un autre cote, la corruption au sein de l’autorité a haussé
le niveau de frustration du peuple envers le Fatah et lui a construit une image négative.
La victoire du Hamas représente donc, à mon avis, la haine et le désenchantement du
peuple envers le Fatah et l’autorité, qui pendant 40 ans fut le dirigeant de la lutte
palestinienne. Ce désenchantement provient tant du déroulement peu casher du régime
que de l’impossibilité de se sortir de l’impasse politique dans lequel il se trouvait, sans
oublier l’importance stratégique que le Fatah a accordé à l’inégale négociation
d’allégements sporadiques avec les Etats-Unis et Israël. Le choix du Hamas ne représente
pas, en ces termes, le choix sociologique d’un régime islamiste par-dessus un régime
laïque. Il ne représente pas non plus la renonciation à la demande historique de la
création d’un pays palestinien sur le territoire de 67. En mon sens, le choix du Hamas
représente d’abord et avant tout le choix d’un changement et d’une marque de non
confiance envers le Fatah.
Ce qu’on appelle aujourd’hui « le mouvement de paix » israélien a été complètement
détruit en 2000, et ce qui en reste se trouve dans toutes sortes de groupes « gauchistes
radicaux ». Ce qui démontre cette tendance le mieux est la jonction historique de
membres du parti travailliste et du Likoud, deux partis politiques autrefois considères
comme gauche et droite respectivement, dans le nouveau parti Kadima. En contre partie,
je ne crois pas que la victoire du Hamas pourra entraver la lutte jointe palestinienne et
israélienne pour une alternative, par exemple la lutte contre le mur a Beilin, surtout parce
que ces formes d’actions sont effectuées à un niveau beaucoup plus local. D’un autre
coté, il est difficile d’affirmer comment la victoire du Hamas influencera les
développements politiques globaux vers la recherche d’une solution au conflit. Ces
développements sont fonctions de plusieurs éléments, parmi eux les choix stratégiques et
politiques que le Hamas fera, cette fois en tant qu’acteur autoritaire.

Fadi Shbeita
Directeur, Sadaka Reut – Arab Jewish youth partnership

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