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Les compagnons de

Seïdina Ahmed Tidjani


)
(

Zaouiya Tidjaniya El Koubra d’Europe


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MAJ Janvier 2011

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LE SCEAU DE LA SAINTETE MOHAMEDIENNE
(QU’ALLAH SANCTIFIE SON PRECIEUX SECRET)

Voici, retracée, une infime partie de la vie de Seïdina Ahmed Tidjani ().

Un célèbre maître soufi appelé Sidi Mokhtar El Kounty () avait annoncé que le 12ème siècle de
l'Hégire ressemblerait à maints égards à l'époque du Prophète (), et que c'est à cette époque
particulière qu'apparaîtrait le Sceau de la Sainteté Mohammedienne ().

SON ENFANCE

C’est en 1737/38 (1150 de l'hégire) et à ‘Ain Madhi, petite ville du désert algérien, que naquit
Seïdina Cheikh Ahmed Ibn Mohammed Ibn Mokhtar Tidjani (). Il était le fils du très pieux et
savant Sidi Mohammed Ibn El Mokhtar Tidjani et de la pure et honorable 'Aïcha (). Ils étaient
eux-mêmes d'une ascendance comptant de nombreux savants et saints accomplis. On peut citer à
titre d'exemple son aïeul au 4ème degré qui possédait dans sa demeure une pièce lui servant de lieu
de retraite spirituelle. Il y était constamment enfermé et personne d'autre que lui n'avait le droit d'y
pénétrer. Il avait atteint un certain degré spirituel qui l'obligeait à se voiler le visage, de la salle de
contemplation jusqu'à l'arrivée à la mosquée et de la sortie de la mosquée jusqu'au retour dans ce
lieu. En effet, ceux qui auraient vu son visage n’auraient pas pu cesser de le contempler ne serait-ce
l'instant d'un clin d'œil sous peine d'en mourir, ce qui l'obligea à agir ainsi durant 23 ans.

Seïdina Ahmed Tidjani () était d'ascendance Chérifienne, sa généalogie remontait jusqu'au
Prophète (), par Seïdina ‘Ali et Fatima via leur fils Hassan (), mais il ne le certifia qu'après avoir
posé la question au Prophète lui-même () lors d'une vision à l'état de veille. Le Prophète () lui
affirma par trois fois : « Réellement tu es mon fils ». Puis il ajouta : « Ton ascendance par Hassan fils
de ‘Ali est authentique ». Ainsi, c'est dans cet environnement de foi, de science et de sainteté que
naquit et grandit Seïdina Ahmed Tidjani (). Sa famille était très attachée au Coran et à la sunna,
son père appelait et exhortait les gens au bien, incitant les uns à l'application de la sunna, combattant
toute innovation sans craindre, pour Allah () le tort de quiconque, il fut aimé et respecté. Il
arrivait à son père de recevoir la visite d'êtres spirituels (rouhaniyêt) venant lui proposer de répondre
à ses besoins, il s'en éloignait et leur disait : « Laissez-moi entre moi et Allah, je ne désire aucune
attache autre que celle d'Allah ». Les gens ne se rendaient chez lui que dans le seul but de se rappeler
Allah ().

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L’éducation du saint enfant fut confiée à Mohamed Ibn Hamou Tidjani () homme illustre et
prestigieux (m.1162 H) sous la conduite duquel il mémorisa le texte Coranique en entier, et ce, à
l'âge de sept ans. Il apprit ensuite le droit musulman (fiqh) selon l'école de l'Imam Malek () et
étudia les différents traités de jurisprudence auprès du Connaissant d'Allah, le savant Sidi Mabrouk
ibn Bou'afiya Madaoui Tidjani (). Encore très jeune, Seïdina Ahmed Tidjani () se fit remarquer
pour son intelligence et sa piété, ainsi que ses vertus et sa modestie. Il était assidu dans ses études et
possédait une volonté surprenante. Tout ce qu'il commençait, il le finissait et tout ce qu'il entamait,
il le complétait.

Un jour, durant son enfance, alors qu’il sortait de ses cours, il aperçut devant lui une lumière
immense qui montait jusqu'au ciel, puis le Prophète () lui apparut et l'encouragea en ces termes :
« Continue, car tu es dans la vérité ». Suite à cet évènement, il partit se réfugier dans la maison de sa
tante qui se trouvait à côté de ce lieu. Elle le couvrit et le réconforta tout en lui préparant du pain. Il
lui arrivait souvent étant encore jeune enfant, de voir en rêve le tracé de son destin. En effet, il se
voyait sur un trône gérant et commandant des multitudes de créatures. Une autre fois, il vit le
Prophète () chevauchant un cheval, à 'Aïn madhi et Seïdina () le suivait de très près. Il voulait
lui adresser des demandes, mais il préféra attendre que le Prophète () descende de sa monture,
pour être plus à l'aise. Lorsque le Prophète () descendit, il se dirigea vers un champ et pria,
Seïdina () voulut le rejoindre dans sa prière, mais il ne le rejoignit que dans la deuxième rak'at. Il
comprit à travers ce rêve qu'il n'atteindrait son souhait que dans la deuxième partie de sa vie, ce qui
était représenté par la deuxième rak'at.

Un événement tragique allait lier le destin de Cheikh Ahmed Tidjani () avec celui du saint
Prophète (). En l'an 1752/53 (1166 H), alors qu'il n'était âgé que de seize ans, survint la mort de
son père et de sa mère, le même jour, à la suite d'une épidémie de peste, ce qui le laissera orphelin.
Cela n'entacha pas son moral et il poursuivit avec toujours plus de détermination la suite de ses
études.

SA QUETE

En 1757/58 (1171 H.), alors âgé de 21 ans, il quitte 'Aïn Madhi poussé par une soif
incommensurable, pour la ville de Fès, célèbre cité de la science avec notamment sa fameuse
Université-Mosquée Qarawiyyin. Cette ville était aussi le lieu de rencontre de grands maîtres et
saints que Seïdina Ahmed Tidjani () entreprit de visiter, afin de profiter de leurs enseignements
spirituels et de leurs bénédictions (baraka). Chaque jour sa science recueillie auprès des docteurs de
l'Université augmentait. Il obtint ainsi tous les diplômes lui conférant le droit d'enseigner l’ensemble

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des sciences connues des musulmans de cette époque, mais sa soif ne fut pas étanchée pour autant.
Ses efforts, sa crainte d'Allah (), sa modestie, son amour pour le vrai et son aversion du faux
imposaient le respect de tous.

Un jour il rencontra un Cheikh faisant partie des gens dotés du dévoilement (KACHF) qui l'incita à
retourner dans sa ville natale, ce qu'il fit. Sur la route il s'arrêta à diverses Zaouiya et rencontra de
nombreux hommes de Dieu. Après 'Aïn Madhi, il se rendit à Abiod sidi Cheikh où il demeura
quelque temps auprès de Sidi Cheikh Ben-Eddin () (5 années) puis il partit vers Tlemcen en l'an
1767/68 (1181 H) alors âgé de 31 ans et où il professa plusieurs années. Il y fut aimé et respecté par
ses savants pour sa grande science et sa sagesse. À ceux qui l'interrogèrent sur l'identité éventuelle du
grand érudit par qui il aurait appris un si large savoir, il leur répondait : « Ce savoir je ne l'ai pas reçu
d'une seule personne, mais de tous ceux que je rencontrais ».

Durant toutes ces années, Cheikh Ahmed Tidjani () s'est affilié à plusieurs voies (6 voies) et a
rencontré de grands Wali. Parmi toutes ces voies il y a celle du Pôle Maoulana Taïeb ibn Mohamed
() (m.1180), la voie de Sidi Abdelqader Djilani () qu'il prit à Fès, la Tariqa Nassriya qu'il reçut
du Wali Sidi Mohamed ibn Abdallah Tazani (). Il y eut également la voie du Pôle sidi Ahmed El
Habib ibn Mohamed () (m.1165) plus connu sous l'appellation d’El Ghamary Sejelmassi.
D'ailleurs, ce grand Pôle, après sa mort, rendit visite à Seïdina Ahmed Tidjani () en songe et lui
donna un Nom à évoquer. Il prit aussi du Wali le Malamati Sidi Ahmed Tawachi () (m.1204),
celui-ci lui transmis un Nom et lui dit : « Il te faut la retraite (khalwa), la solitude (El wahda) et le
Dhikr et patiente jusqu'à ce qu'Allah t'ouvre, car tu vas avoir une station immense ». Mais cela
n'arrangeait pas Seïdina () alors Sidi Ahmed Tawachi () lui dit : « Attache-toi à ce Dhikr et sois-
y constant sans retraite ni solitude, Allah t'ouvrira dans cette situation ».

Une fois assimilés les enseignements et secrets des grands maîtres qu'il rencontrait et une fois
parvenus aux degrés spirituels escomptés, cette soif et ce désir d'Allah () qui l'habitaient le
poussaient toujours plus loin. Certains grands saints lui annoncèrent qu'il atteindrait des degrés
auxquels il ne s'attendrait pas. Il rencontra ainsi le grand Wali doté du dévoilement Sidi Mohamed
ibn El Hassan El Wanjali () (m.1185), qui lui affirma qu'il rejoindrait le degré du grand Cheikh et
Pôle de son temps Sidi Abou el Hassan Chadhili () et lui révéla d'autres secrets. Il rencontra aussi à
Fès, le Wali Sidi Abdallah ibn Sidi 'Arbi ibn Ahmed de Aouled Ma'an El Andaloussi () (m.1188)
qui, après s'être entretenu avec lui, clama par trois fois à Seïdina Ahmed Tidjani () : « Allah saisis
par ta main ! ».

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Seïdina () vit également en rêve le grand Wali et Pôle de son temps, le Ghawth Sidi Abou Madian
(), dans une assemblée où il disait : « Celui qui me donne quelque chose je lui donnerai ce qu'il
demande ». Seïdina () lui dit alors : « Je te donne quatre ``Mathaqil`` (unité de poids monétaire) et
garantis-moi le Qotbaniya el 'Oudhma ». Il lui répondit : « Oui je te le garantis et tu ne mourras
qu'après l'avoir eu ». Ce qui confirma son rêve c'est qu'une autre fois Seïdina () rencontra un
homme connu par le fait qu'il voyait à l'état de veille des entités spirituelles (Rouhani), entités qui
l'informaient sur ce qu'il voulait. Seïdina () lui demanda : « J'ai caché quelque chose dans mon
cœur, dis-moi ce que c'est ? ». Lorsque l'homme interrogea les Rouhani, ils lui révélèrent que
Seïdina Ahmed Tidjani () interroge à propos de la Qotbaniya. L'homme constata une personne
mystérieuse à côté des esprits spirituels qui leur dit : « Qui vous a permis d’aborder ce sujet ? ». Ces
esprits spirituels (Rouhani) lui répondirent alors : « C'est lui qui interroge sur cela ». La personne
mystérieuse leur dit alors : « Cette Qotbaniya c'est moi qui le lui ai garanti à Tlemcen avant son
départ, il ne mourra pas sans l'avoir atteint, alors n'intervenez pas là-dessus ni vous, ni les autres ».
Cette personne n'était autre que Sidi Abou Madian le Ghawth (). L'homme qui pouvait parler
aux entités spirituelles (Rouhani) n'avait jamais vu Seïdina () auparavant et il ne le connaissait pas.

Après de multiples efforts Seïdina () ressentit le besoin d'accomplir son pèlerinage, ce fut en
1772/73 (1186) alors qu’il était âgé de 36 ans. Durant son voyage il rencontra d'autres grandes
personnalités, tel que Sidi Mohamed ibn 'Abderrahman El Azhari () dans la région de Zwawa,
près d'Alger, auprès de qui il prit la voie Khalwatiya, puis en arrivant en Tunisie où il rencontra le
Wali Sidi Abdsamad Rahaoui (). Seïdina () vit le Prophète () en Tunisie qui lui dit : « Invoque
pour obtenir la Connaissance ou ce que tu désires et moi je dirai Amin pour ta demande ». Seïdina
() invoqua donc et le Prophète () disait Amin, ensuite le Prophète () a récité la Sourate Wa
Douha (Sourate 93) et lorsqu’il arriva au verset qui dit : « Ton Seigneur t’accordera certes ses
faveurs et alors tu seras satisfait », le Prophète () fixa Seïdina Ahmed Tidjani () de son noble
regard puis termina de réciter la Sourate.

Seïdina Cheikh Ahmed Tidjani () resta une année en Tunisie, entre la ville de Tunis et celle de
Sousse. Il y enseigna diverses sciences ainsi que les Hikam d'Ibn 'Ata allah. Devant l'étendue de sa
science, l'émir du pays lui envoya un message où il lui demandait de s'installer à Tunis pour y
enseigner la noble science et s'occuper des affaires religieuses, mettant pour cela à sa disposition une
demeure, un salaire important et la célèbre université de Zaïtouna. Lorsque Seïdina () reçut la
lettre de l'émir il se tut. Le lendemain il se sauva et prit le bateau pour Le Caire, en Égypte, avec la
ferme intention de rencontrer le célèbre Wali, le Maître majestueux et le Connaissant parfait Sidi
Mahmoud El Kourdiou () originaire d'Irak.

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Lors de leur première rencontre, celui-ci dit à Seïdina Ahmed Tidjani () : « Tu es aimé auprès
d'Allah dans ce monde ainsi que dans l'au-delà ». Seïdina () lui demanda : « D'où te provient
cela ? ». Sidi Mahmoud El Kourdiou () lui répondit : « D'Allah ! ». Seïdina Ahmed Tidjani () lui
dit alors : « Je t'ai vu alors que j'étais en Tunisie et je t'ai dit : Je suis entièrement en acier. Tu m'as
répondu : Oui ! C'est ainsi et je vais transformer ton acier en or ». Lorsque Seïdina () raconta cela,
Sidi Mahmoud () lui répondit : « Oui, c'est comme tu as vu ». Quelques jours plus tard Sidi
Mahmoud El Kourdiou () interrogea Seïdina Ahmed Tidjani () sur ses ambitions, ce à quoi
Seïdina () répondit : « J'ambitionne d'accéder au degré des Pôles Suprêmes (El Qotbaniya el
'Oudhma) ». Le célèbre Maître lui affirma alors : « Ô Mon ami ! Le Très-Haut te réserve beaucoup
plus que cela ».

Il finit par rejoindre la ville sainte de La Mecque et entra en contact avec ses hommes de Dieu. Là
aussi il fit une rencontre des plus capitales, celle du fameux Cheikh Sidi Ahmed Ibn Abdallah El
Hindi () à qui il fut interdit de rencontrer quiconque. Il envoya donc une lettre à Seïdina (), par
l'intermédiaire de son serviteur, dans laquelle il lui annonçait : « Tu es l'héritier de ma science, de
mes secrets, de mes dons et de mes lumières ». Lorsqu'il écrivit cela à Seïdina Ahmed Tidjani (),
Sidi Ahmed ibn Abdallah El Hindi () déclara à son serviteur : « Il est celui que j'attendais et il est
mon héritier ». Ce à quoi son serviteur s'exclama : « Cela fait 18 ans que je suis à ton service et
aujourd'hui il est venu un homme débarquant du Maghreb et tu me dis qu'il est ton héritier ». Sidi
'Abdallah El Hindi () lui dévoila alors : « Je n'attendais que lui, et en cela je n'ai aucune part de
décision, Allah choisi par sa Miséricorde qui Il veut, si j'avais eu une part de décision j'aurais alors
choisi mon fils depuis longtemps ».

Il transmit ainsi à Seïdina () tout ce qu'il détenait en sciences, secrets et lumières et rendit l'âme
après lui avoir confié l'initiation de son fils unique. Il lui annonça également sa rencontre
imminente avec le grand saint et Pôle Suprême (Qotb Jami') Sidi Mohamed ibn Abdelkarim
Samman () (m.1775). En effet, il le rencontra à Médine. Celui-ci le fit rentrer en retraite 3 jours
et lui révéla les secrets et pouvoirs des grands hommes de Dieu. Après Médine L'illuminée et la
visite de la tombe du saint Prophète (), Seïdina Ahmed Tidjani () rejoignit le Caire. Durant ce
nouveau séjour, Sidi Mahmoud El Kourdiou () lui transmit la voie Khalwatiya, en lui délivrant le
diplôme d'autorisation afin qu'il initie, éduque et forme ses disciples à cette voie.

FATH EL AKBAR – NAISSANCE DE LA VOIE

Il rentra enfin au Maghreb, passa et s'arrêta dans certaines villes pour aller ensuite s'isoler dans le
désert algérien (départ de Tlemcen en 1196), dans les villages de Chellala (1196 à 1199) et

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Boussemghoune (1199 à 1213). C'est justement dans le village de Boussemghoune que Seïdina
Ahmed Tidjani () eu sa grande ouverture (FATH EL AKBAR). En effet, alors âgé de 46 ans
(1196H) et lors de sa retraite spirituelle, en pleine journée, vint à lui le Prophète Mohammed () à
l’état de veille qui lui annonça : « Je suis désormais ton initiateur, ton Maître, aucun être humain ne
prétendra être ton initiateur. Il te faut en conséquence abandonner tout ce que tu as pris de
l’ensemble des voies précédemment, personne n'aura de reproche à te faire, car c'est moi qui serai
ton intermédiaire auprès d'Allah et aussi ton aide ». Seïdina Ahmed Tidjani () devint donc le
dépositaire de la voie spirituelle du Prophète lui-même (), voie qui renferme en elle toutes les
autres voies : c'est la Tariqa Ahmediya, Mohamediya, Ibrahimiya, Hanifiya qui renferme des grâces
énormes jamais obtenues par toutes les autres voies, tout comme la communauté de Mohammed
() bénéficie de grâces qui n'ont jamais été obtenues par toutes les autres communautés avant
l'Islam. Les vertus attachées à la voie du Prophète () et à son Khalife Sidi Ahmed Tidjani () sont
innombrables.

Ainsi, le Prophète () enseigna son Ouird à Seïdina () et lui dicta les conditions que comportait sa
voie. Il lui dit entre autres conseils lui étant personnels : « Maintiens-toi dans cette Tariqa sans te
retirer du monde, ni cesser d’être en relation avec les hommes jusqu'à ce que tu atteignes la station
spirituelle qui t'es promise, tout en gardant ton état, sans grande gêne, ni difficulté, ni effort cultuel
excessif, renonce désormais à tous les saints ». Il reçut d'année en année l'initiation directe du
Prophète () ainsi que l'ordre et l'autorisation d'appeler les gens à cette voie. S'ensuivit alors une
période de propagation qui dura 13 années dans cette région. Les gens affluaient de multiples
contrées pour tirer profit de sa Baraka et prendre de ce qui lui avait été confié par le Prophète ().
Cet ordre religieux allait connaître une expansion considérable en très peu de temps, ce qui attisa la
jalousie et l'inquiétude des autorités turques de l'époque. Là encore, le destin de Seïdina Ahmed
Tidjani () allait ressembler une fois de plus à celui du Prophète (). Tout comme le Prophète ()
dut s'exiler de La Mecque à Médine, Seïdina () s’exila de Boussemghoune à Fès (départ d'Abi
Semghoune le 17 Rabi'Awwal 1213 ; Arrivée à Fès le 6 Rabi'Thani 1213).

De là-bas, depuis sa demeure, il s'occupa de l'initiation et de l'éducation de ses disciples, leur


enseignant et expliquant le Coran et la tradition du Prophète () à des élèves toujours de plus en
plus nombreux. Très vite, l’étendue de son savoir particulier, la profondeur de ses enseignements et
la manifestation de ses prodiges authentiques vont conquérir toujours de plus en plus de cœurs,
parmi lesquels on trouve un nombre impressionnant de savants érudits, de Wali parfaits et de
maîtres spirituels. Beaucoup étaient de la noble descendance de notre Prophète Mohammed ().

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QOUTBANIYA EL 'OUDHMA, Accession au rang suprême de la Sainteté

Ainsi, depuis sa rencontre à Boussemghoune avec l'Envoyé d'Allah (), il ne cessa tout au long de
ces années de suivre ses enseignements et son éducation au fur et à mesure des évènements, jusqu'au
jour tant annoncé, et tant prédit au cours de sa vie où il fut hissé au rang suprême de la Qoutbaniya
El 'Oudhma au mois de Mouharam de l'année 1214 (à 'Arafat par le biais d’un prodige). Il atteint
alors deux stations uniques dans la hiérarchie spirituelle des saints, celle de la Khatmiya (Le Sceau
des saints : il clôture pour toujours les degrés de sainteté) et celle de la Katmiya (Le Pôle caché :
station spirituelle connue seulement d'Allah () et de son Prophète () atteint le 18 du mois de
Safar, il est l'intermédiaire spirituel entre les Prophètes () et l'ensemble des Wali (). À ce sujet,
le poète a dit :

Le message a été clôturé par notre très saint Prophète (BSDL)


Et la sainteté a été clôturée par Cheikh Ahmed Tidjani (RAN)
Ce qu’on veut faire comprendre ici c’est la suprême sainteté unique
Quant au Pôle de la sainteté commune il existera toujours au fil du Temps,

Par la pure faveur de notre Glorieux Seigneur.

Il est ainsi tout en haut de l'échelle de la sainteté et n'a au-dessus de lui que les Prophètes () et les
compagnons () de notre généreux Prophète Mohammed (). Il est le Pôle caché qui sera dévoilé
au jour du Jugement Dernier par une voix qui clamera : « Ô Gens du rassemblement ! Voici votre
guide par lequel vous étiez irrigués depuis le début de la création jusqu’à maintenant ». Seïdina
Ahmed Tidjani () a révélé : « Le maître de l'existence () m'a informé de vive voix que je suis le
Pôle caché, cela à l'état de veille et non en rêve ». Il a expliqué aussi en ces termes le rôle du Pôle
caché : « Tout saint ne boit et n'est abreuvé que de notre océan depuis la création jusqu'au jour où
on soufflera sur la Trompe du Jugement dernier ». Il a dit aussi : « Tous les flux qui émanent du
Prophète () sont recueillis par les essences des prophètes () et tout ce qui émane et surgit de
leurs essences sont recueillies par mon essence et de moi cela se départage sur l’ensemble des
créatures depuis le commencement du monde jusqu’au jour où on soufflera sur la Trompe du Jour
Dernier, et j’ai des sciences par lesquelles j’ai été particularisé entre le Prophète () et moi sans
intermédiaire ».

Ces paroles ont été prononcées dans l'intention de permettre aux disciples de comprendre
l'importance et la valeur des grâces qu'Allah () a fournies au détenteur de ce degré spirituel, jamais

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atteint par aucun saint, et ainsi d'être reconnaissant envers Allah. Allah () a dit : « [...] et quant aux
bienfaits de ton Seigneur raconte-les ». C'est à ce même titre que le Prophète () avait dit : « J'étais
déjà prophète alors qu'Adam () était entre l'eau et l'argile ». Le Prophète () avait dit aussi : « Je
serai le premier à être ressuscité le jour de la résurrection, je serai l'orateur lorsque les ressuscités
seront rassemblés, et l'annonciateur de la bonne nouvelle lorsqu'ils auront perdu espoir. Je détiens la
bannière de la louange de Dieu, sans prétention, je serai le premier à demander et à obtenir
l'intercession, je serai le premier à frapper à la porte du Paradis et à y être autorisé à entrer, et j'y
entrerai avec les croyants pauvres, je suis le plus méritant parmi tous les enfants d'Adam auprès de
mon Seigneur, sans prétention ». Seïdina Ahmed Tidjani () avait dit : « Mes deux pieds que voici
sont sur la nuque de chaque Wali ». Sidi Mohamed El Ghali (), un éminent compagnon de
Seïdina (), lui fit remarquer que Sidi Abdelqader Djilani () avait dit une parole similaire, il lui
répondit : « Il avait parfaitement raison, mais il ne parlait que des Wali de son époque, quant à moi,
je dis que mes deux pieds que voici n'ont jamais cessé d'être sur la nuque de chaque Wali ». Sidi
Mohamed El Ghali () avait dit au sujet du rôle et du degré de Seïdina Ahmed Tidjani () : « C'est
par son intermédiaire que tous les saints, sans en avoir conscience, reçoivent l'influx des Prophètes
() ».

Seïdina Ahmed Tidjani () quitta ce monde terrestre le jeudi 17 Chawal 1230 à l'âge de 80 ans.
Après avoir accompli la prière du Soubh il s'allongea sur le côté, demanda un verre d'eau qu'il but,
puis son esprit agrée quitta son corps béni. Il fut enterré dans le jardin qui juxtaposait les murs de la
Zaouiya bénie de Fès, par la suite, au fur et à mesure de son agrandissement cette parcelle se vit
inclure dans les murs de la Zaouiya (début de la construction à partir de 1215) et depuis son départ
la lumière qu'il hérita du Prophète () ne cesse de se propager.

Voici un aperçu du portrait de Seïdina Cheikh Ahmed Tidjani (), par le pauvre esclave en Allah,
Mohamed El Mansour El Mohieddine Tidjani, qu'Allah le préserve :

Les traits fins de son visage radieux, d'un blanc rosé, son allure princière, bien qu'il soit le plus
humble, marquent en lui sa haute lignée. Imitant le prophète Mohammed () dans tous les actes et
conditions, sa barbe, filée de poils gris resplendissant, faisait jaillir de lui une lumière mystérieuse.
Riche par Dieu, ne demandant rien à personne, il fut honoré de grâce qui faisait qu'il ne comptait
que sur Dieu. Il dévoila ce qui est permis et cacha ce qui pouvait perturber l'esprit. Par Taha, son
maître et compagnon, tel le soleil et la lune, nul ne pourrait plus séparer ces deux sceaux de la
même famille pour l'amour qu'ils avaient pour Lui.

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Seïdina Ahmed Tidjani () a dit :
« Je n’aime personne avant que nous soit rendu apparent
qu’Allah () et son Prophète () l’aiment et je ne me
détourne de personne avant que nous soit rendu apparent
qu’Allah () et son Prophète () se sont détournés de lui »

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L alla Mannana

La majdhouba (attirée par Allah) connue Lalla Mannana. Elle fut, qu’Allah lui accorde miséricorde,
de ceux dont les pieds étaient enracinés dans le dévoilement (Moukachafa) et son état de
ravissement (Jadhb) prenait le dessus sur elle à certains moments.

Souvent, elle se rendait chez Sidi Ahmed ibn Mohamed El Banani (). Lorsque celui-ci alla chez
elle afin de la consulter sur son désir d’entrer dans la Tariqa, elle l'accueillit avec hospitalité puis lui
conseilla de s'empresser de prendre la Tariqa de Seïdina Ahmed Tidjani (). Elle lui raconta ses
mérites et ce qu’elle avait vécu avec lui. Il a été raconté que lorsque Sidi Banani () voulut la
consulter dans son affaire, elle lui dit avant même qu’il ne dise ne serait-ce qu'un mot : « Ô Sidi
Ahmed ! Tu es venu afin de me consulter au sujet de ton engagement dans la voie de Seïdina
Ahmed Tidjani, si tu acceptes mon conseil empresse-toi de te soumettre à lui, il est certainement le
Sultan. Il m'est arrivé, dit-elle, avec Seïdina Ahmed Tidjani des évènements et je t’en cite un : un
jour où j'étais assise chez moi, il m’est venu deux personnes qui m’ont dit : « Lève-toi afin de parler
au Sultan », je pensais alors qu’il s'agissait du Sultan Souleïman ». En effet, celui-ci lui envoyait
souvent des messages et de même elle allait souvent le voir, il l'affectionnait particulièrement.

Elle continue : « Je suis donc allée avec eux jusqu’à notre arrivée à la porte d’El Ftouh (une des
portes de Fès). Je me suis avancée vers le Sultan et je constatais que ce n’était pas Maoulana
Souleïman, mais c'était Seïdina Ahmed Tidjani et je ne le connaissais pas auparavant. Puis le Sultan
Sidi Ahmed Tidjani me demanda : « Que penses-tu au sujet de la peste qui a envahi la ville ?
Certainement, il ne pouvait que l'envahir vu cette catégorie de gens qui se caractérise par tel et tels
faits » et il cita un ensemble d'agissements ». Sidi Ahmed Banani () continu de raconter :
« Lorsqu'elle entendit cela de sa part, elle lui répondit : « Si tous les saints existants n'ont pas pu faire
face à ce malheur je suis capable de lever cette calamité des gens ». Il me dit : « Es-tu capable de
supporter cela et de l'endurer ? » Elle dit : « Oui ». Il lui ordonna donc de retourner à sa demeure et
lorsqu'elle rentra par la porte de la ville elle entendit derrière elle comme une déflagration qui l'avait
atteinte. Elle tomba sur son visage et resta ainsi jusqu’à ce que les gens la transportent chez elle.
Ceux-ci entendirent le son de la déflagration retentir en elle et, dans cet état, elle criait chaque fois
jusqu'à ce qu'Allah décrète l'élévation de cette calamité sur la ville ».

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Parmi les évènements qui lui sont arrivés, il y a également qu'au cours de certaines années, les
Majadhib (pluriel de Majdhoub) parlèrent souvent des calamités, des épreuves et des changements
de situation qui allaient survenir. Sidi Banani (), après avoir su que la situation était très grave, fut
inspiré de faire une retraite spirituelle dans sa maison. Il invoquait par le nom El Latif avec
l'intention d'écarter ce qui était en train de descendre comme malheur et il persista à l'invoquer
pendant des jours. Or, un jour alors qu'il faisait son Dhikr, Lalla Mannana () vint dans sa demeure
et elle avait souvent l'habitude de le visiter. En entrant chez lui, elle se dirigea sans dire un mot à
personne vers le lieu où Sidi Banani () s'était isolé pour accomplir son devoir. Elle lui dit alors, en
l'apercevant : « On t'a reconnu Ô Sidi Ahmed Banani ! ». Puis elle retourna d'où elle était venue.
Lorsqu’elle revint une autre fois et qu’elle s’entretint avec les gens de la demeure, ils lui
demandèrent : « L’autre jour, tu as fais ceci et cela, et tu n'as parlé à aucun parmi nous, pour quelle
raison ? » Alors, elle répondit : « J’ai vu descendre des cieux une calamité sur cette région et il ne
restait qu’un empan entre le châtiment et la ville. Et j’ai vu les gens apeurés et pleins de regrets, puis
elle cita ce poème :

« Et les vrais hommes ne sont, en vérité, que les vertueux,


Hormis eux tous les autres ne sont que des enfants. »

Puis elle continua : « Ensuite, j'ai vu cette calamité s'élever jusqu’à ce que je perde toute trace. J’ai
cherché la raison par laquelle ce malheur s'était écarté, mais je n'ai pas pu la connaître ni la déceler,
et ce, malgré un effort de recherche (par son dévoilement) considérable. N'ayant pas pu en
connaître la raison, j’ai fait les ablutions durant la nuit et j'ai récité des prières sur le Prophète (),
puis j’ai demandé à Allah () de m'éclaircir sur cette question. Lorsque je me suis endormie, deux
anges vinrent à moi. Ils ont pris mes mains et m'ont transportée jusqu'au lieu où s’était isolé Sidi
Banani, en train de faire le Dhikr. Quand je me suis réveillée, je suis allée le trouver, j’ai su alors
qu’il était la cause de la suppression de cette calamité sur les musulmans, qu’Allah le récompense de
ses biens ».

Cette noble dame a assisté à l'enterrement de Seïdina Ahmed Tidjani (). Trois jours avant son
décès, elle informa le Fqih Sidi Banani () ainsi que certains méritants, de la mort du Sultan après
deux ou trois jours. Lorsque parvint l'enterrement de Seïdina Ahmed Tidjani () on lui demanda :
« Ne nous avais-tu pas dit que le Sultan allait mourir ? » Elle répondit : « Oui, et c’est bien lui le
Sultan ». Seïdina Ahmed Tidjani () lui envoyait certains de ses compagnons qui l'interrogeaient
dans certaines situations, elle les informait sur la vérité de ces situations. Elle est décédée après la
mort de Seïdina Ahmed Tidjani (), peu de temps après lui. Son tombeau est à côté des pressoirs se
situant près de la route principale, dans une mosquée en ruine, dans la ville de Fès.

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Quant à Sidi Banani (), après avoir consulté Lalla Mannana () il s'empressa vers ce grand bien et
prit de Seïdina, la Tariqa Mohammediya. Seïdina Ahmed Tidjani () le rapprochait toujours vers
lui depuis qu’il avait pris la Tariqa et il questionnait à son sujet s'il ne le voyait pas auprès des frères.
Il () appréciait ses paroles et ses discussions et lorsqu’il était dans un état de resserrement (Qabdh) il
le faisait appeler et il discutait avec lui. Seïdina () lui disait : « Que disent les exégètes au sujet de
tels et tels versets ? » Et il lui répondait sur les dires des exégètes. Seïdina Ahmed Tidjani () lui
certifiait les paroles de certains et en réfutaient d’autres qui s'écartaient de l'exactitude et il justifiait la
véracité de ses propos à travers des preuves révélées et logiques. Seïdina Ahmed Tidjani () lui
disait : « Voilà le but des dires des chercheurs parmi les savants de la science extérieure, mais quant
au sens profond du verset c'est ceci et cela ». Il parlait avec lui au sujet des nobles paroles
prophétiques avec la même performance.

Le Fqih Banani () ne quittait Seïdina Ahmed Tidjani () qu’avec un savoir qui éblouit la raison et
que ne peuvent saisir que ceux doués d’une grande science. Parmi les caractéristiques de Sidi Banani
(), c'est sa grande capacité de mémorisation. En effet, il ne connaissait pas l'expérience de l'oubli
tant Allah () lui a donné l'enracinement et la perfection de la mémoire. Seïdina Ahmed Tidjani
() s’adressait à lui par le terme de Maître et quand il parlait avec lui, il suscitait l'étonnement de
l'audition devant sa compréhension des propos de Seïdina ().

S aïdat Safiya Loubadat

La sainte et vertueuse aux prodiges éclairants, la Majdhouba connue, Saïdat Loubadat (). Parmi les
évènements étranges rapportés à son sujet il y a que lorsqu’elle était saisie par ses états, elle sortait au
marché et parlait le langage des Majdhoub puis elle se rendait à la ruine où plus tard serait construite
la Zaouiya bénie. Ensuite, elle collait son oreille en bougeant sa tête et en interpellant les passants en
ces termes : « Venez écouter « Lê ilêha ila Allah », « Lê ilêha ila Allah » ! » Cette dame majestueuse
était célèbre pour ses nombreux prodiges et ses dévoilements, il était fréquent lorsqu’elle subissait
ses états qu’elle sortit de la ville.

Le Wali vertueux Sidi Ibn Lahboub () a raconté qu’une fois il l’a vu sortir de la ville en marchant
rapidement et en pleurant abondamment jusqu’à ce qu’elle rencontra le Wali Sidi Hafidh ben
‘Adwa () qui l’interpella en ces termes : « Que t’arrive-t-il ? Tu as renversé ce monde sur tes
épaules par ces pleurs et ces lamentations. » Elle lui répondit : « Et comment ne pleurerais-je pas

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alors que la nuit passée j’ai vu trois anges qui descendirent du ciel et qui restèrent sur terre jusqu’à
l’aube. L’un d’entre eux a alors saisi la pudeur et il s’en alla avec, le second a saisi la bénédiction et il
s’en alla avec, puis le troisième a voulu se saisir du Qoran mais il ne put le faire alors il le laissa. » Le
Wali lui dit alors : « Ne te mêles pas de cela, Allah est Celui qui fait et qui choisit et le serviteur n’a
pas de choix à faire dans Sa Volonté. » Elle avait six enfants et tous prirent la Tariqa de Seïdina
Ahmed Tidjani ().

S idi 'Abbas Charaïbi

Le savant pieux, le connaissant Abou Ahmed Sidi 'Abbas Charaïbi () prit la Tariqa des mains
mêmes de Seïdina Ahmed Tidjani (). Il but à son bassin jusqu'à devancer ses contemporains.

La raison qui l’incita à prendre la Tariqa Mohammediya est la suivante : Le sultan Maoulana
Souleïman, qu'Allah sanctifie son âme au Paradis, avait pour coutume de réunir en sa présence des
savants majestueux, les sommités de son époque, en vue de l'évocation et de l'enseignement de la
science ainsi que la lecture des exégèses. Parmi ces savants se trouvait notamment Sidi 'Abbas
Charaïbi () qui était un de ceux qui récitaient. À son arrivée à Fès, Seïdina Ahmed Tidjani () fut
convié à cette noble assise. Il se retrouva donc présent au sein de cette assemblée. Ce jour-là, il
s'agissait du commentaire de la sourate An-NAS et à cette occasion un Cheikh se nommant Taïeb
ibn Kirane commença à en en faire l’exégèse, eu égard à son rang élevé dans le domaine de la
science apparente et livresque. Il fut d’ailleurs tellement éloquent sur le sujet qu’il pensait que
personne n'égalerait le niveau de son interprétation, chose que pensaient également plusieurs autres
membres de cette assemblée.

Après son intervention devant cette noble assise, le Sultan se tourna vers Seïdina Ahmed Tidjani
() et lui demanda : « Que dit le Cheikh sur ces versets ? ». Seïdina () commença donc à
s’exprimer sur le sujet tout en exposant des arguments logiques et scripturaires jusqu'à parvenir
précisément au point que le savant Taïeb ibn Kirane avait si bien détaillé, lui qui pensait encore à ce
moment-là que personne ne serait en mesure d’égaler son exégèse. Seïdina Ahmed Tidjani ()
parvenait cependant sur ce point précis et stipula à cet instant l’inexactitude de cette exégèse et qu’il
ne pouvait pas alors être pris en considération par les gens doués de compréhension. Le Cheikh en
question lui dit alors, tout en haussant le ton : « Me contredirais-tu alors que je tiens cela de tel et
tel commentateur ? ». Seïdina () lui répondit : « Ces propos ne tendent pas à te viser

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personnellement, mais ils s’adressent plutôt à ces commentateurs en question, ne soit pas tel celui
qui, quelle que soit la charge qu'on lui donne, la prend sans regarder son contenu ».

Par la suite, Seïdina Ahmed Tidjani () clarifia indubitablement l’aspect réel de cette exégèse par le
biais d’arguments logiques et scripturaires au point que la vérité se manifesta sans conteste à tous
ceux qui étaient encore sceptiques. En effet, la vérité apparut et le faux disparut et tout le monde
pouvait le confirmer. Les gens de l'assemblée déclamèrent : « Par Allah ! C'est bien cela la vérité
éclatante ». Cet évènement se déroula en présence du roi, et lorsque finalement l'assemblée se
dispersa en témoignant de la gratitude envers Seïdina () et sans tarir d'éloges à son égard, le Sultan
s'adressa alors aux gens restant en leur disant : « Vous connaissez le degré de Sidi Ahmed Tidjani et
sa majesté dans la science apparente, sachez qu'en ce qui concerne la science cachée, il en est à la fois
le père, la mère et leurs enfants, quel en est votre avis ? ». Ils répondirent : « Ces paroles sont vraies,
la vérité s'est manifestée sans mensonge et la réalité s'est éclaircie pour tout le monde ».

Depuis ce jour, le savant Taïeb ibn Kirane tint rancune dans son cœur, qu'Allah lui pardonne ainsi
qu’à nous tous. Quant à notre personnage, Sidi 'Abbas Charaïbi (), il se rendit le lendemain auprès
de Seïdina () pour lui demander dou’a et afin qu'il lui pardonne son manquement dans le domaine
de l’adeb, car en son for intérieur et dans sa poitrine, son âme (Nefs) était en faveur de son Cheikh,
Taïeb ibn Kirane. Il lui raconta également ce qui s’était déroulé après son départ de l'assemblée, lui
avouant que, selon l'état respectif des gens, certains faisaient son éloge tandis que d'autres
l'injuriaient. Suite à cet incident justement, il fit un rêve la veille où il se voyait en train de discuter
avec des gens de Dieu au sujet de l'affaire se rapportant à Seïdina Ahmed Tidjani (), il racontait ce
qui se déroula entre lui et ce groupe. Ces hommes dirent alors à Sidi 'Abbas Charaïbi () : « Ô mon
frère, n'as-tu pas entendu la parole de Dieu qui dit : « Ô vous qui croyez ! Ne soyez pas comme
ceux qui ont offensé Moussa. Allah l'a déclaré innocent de leurs accusations, car il était honorable
auprès d'Allah » (Sourate 33 Al-Ahzab, verset 69), c'est ainsi qu'est l'état de Seïdina Ahmed Tidjani
avec ces gens-là » et il se réveilla. Sidi 'Abbas Charaïbi () demanda l'autorisation à Seïdina Ahmed
Tidjani () de prendre cette Tariqa. Seïdina acquiesça et invoqua l'ouverture pour lui.

S idi ‘Abbas Charqawi

Le Wali parfait, le Connaissant relié au cœur sain et à la grâce immense, le majestueux Mouqadem
Abou ‘Abdallah Sidi ‘Abbas Charqawi (), une élite parmi les compagnons de Seïdina Ahmed
Tidjani (). Seïdina Cheikh l’autorisa, de son vivant, à transmettre la noble Tariqa Mohammediya

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à tous ceux qui la réclameraient et il accomplit son rôle de la meilleure manière. Il faisait également
partie des neuf personnes qui furent choisies afin de réciter des formules de protection,
conformément à l’ordre que reçut Seïdina Ahmed Tidjani () de la part du Prophète ().

Avant son entrée dans la Tariqa, il exerçait la profession de témoin instrumentaire agrégé dans les
témoignages. Lorsqu’il prit la Tariqa, Seïdina () lui ordonna d’abandonner cette profession (en
raison de l’étendue de la corruption qui y sévissait) et il lui dit : « Sois porteur ou marchand de
charbon, mais surtout ne t’approche pas de cette fonction ». Comme suite à cet ordre, notre
personnage délaissa sa charge, mais il ne parvenait pas à trouver un autre métier qui lui aurait permis
de subvenir à ses besoins. Il se rendit donc auprès de Seïdina () afin qu’il l’autorise à réintégrer son
métier d’origine. Il se plaignit à lui en disant : « Ô mon maître, regarde ma situation ». Seïdina lui
répondit : « Retourne chez toi et restes-y, ta subsistance t’y rejoindra ». Et depuis, chaque mois, il
recevait ce qui pouvait lui suffire en quantité de grains, de nourriture et autres besoins provenant de
la part de Seïdina Ahmed Tidjani (). Seïdina () ordonnait également à certains de ses
compagnons de visiter notre personnage chez lui et on rapporte à son sujet des faits extraordinaires.
Le grand Wali Moulay Mohamed Ben Abi Nasr El ‘Alawi () avait affirmé après le décès de notre
personnage : « Sidi ‘Abbas Charqawi était l’un des Wali foudroyants parmi les grands ». Il est mort
aveugle après le décès de Seïdina Ahmed Tidjani () et parmi les propos qu’il a laissés il y a : « Trois
choses permettent de diriger la raison d’une personne et son aspiration : son Messager (), ses
paroles et sa conduite ».

S idi ‘Abdallah Soufi

Le majestueux Mouqadem, aux caractères nobles, Abou Mohamed Sidi ‘Abdallah Soufi () faisait
partie des Mouqadem méritants de la Tariqa et de ceux qui furent désignés par Seïdina () pour
transmettre cette Tariqa Mohammediya. Il était honoré et respecté auprès de Seïdina ainsi qu’auprès
de l’ensemble des compagnons, et ce, du vivant de Seïdina () comme après sa mort, cela jusqu’à
son décès dans la ville de Souf, en Algérie. Voici une lettre écrite par le grand Wali Sidi Mahmoud
Tounsi () à l’adresse des disciples résidants dans la ville de Souf, lettre dans laquelle il dément
formellement une rumeur mensongère qui se propagea au sujet du soi-disant décès de Seïdina
Ahmed Tidjani () :

« À l’ensemble de nos aimés et de nos amis, compagnons de Seïdina dans la ville de Souf, à
l’ensemble, je vous adresse une salutation complète, globale, parfaite et absolue de la part de celui
qui vous écrit, le pauvre serviteur en Allah, prisonnier de ses péchés, Mahmoud Tounsi, ensuite : Si

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vous vous interrogez au sujet de notre guide, l’essence de la vérité parmi ses serviteurs, notre maître
Ahmed ibn Mohamed Tidjani, qu’Allah nous abreuve, et vous aussi, de son océan par les plus
grands récipients, sachez qu’il se porte pour le mieux, lui, ainsi que ses enfants, ses serviteurs et Sidi
Mohamed ibn Mechri. Quant à ce qu’ont propagé les sots de cette époque, méprisables et
répugnants, concernant la prétendue mort de l’esprit des particuliers, le cœur des incomparables, il
s’agit là d’un mensonge, d’une falsification et d’une diffamation et nullement autre chose. Certes le
maître de l’existence () l’a informé par une promesse véridique en laquelle il n’y a rien à redire,
qu’il passera le reste de sa vie dans la Qotbaniya et c’est un total de quatre-vingts années qu’il vivra
durant lesquelles certains réussiront par ses mains tandis que d’autres perdront et il déverse son
irrigation sur l’ensemble de l’existence comme cela a été évoqué. Les entêtés subiront les
conséquences de leurs agissements et ce qu’ils en récolteront personne ne pourra s’y opposer, car
certes Allah possède des anges scribes qui inscrivent tout ce qui survient comme paroles et actes
pour chaque créature, soit en bien soit en mal. L’auteur du bien en sera récompensé quant aux
autres ils seront punis à tel point que les opposants à ce maître diront : « Ô malheur à moi, que
j’eusse été un cochon plutôt qu’un opposant ! »…

En effet, Seïdina Ahmed Tidjani () a vécu au total quatre-vingts années, car il naquit en 1150 de
l’Hégire et décéda en 1230.

S idi Abdel ‘Adhim El ‘Alami

L’honorable savant, le plus parfait des méritants aux sciences abondantes et au degré illustre, le
vénérable Chérif, Sidi Abdel ‘Adhim El ‘Alami (). Ce maître, qu’Allah lui fasse miséricorde, faisait
partie des savants renommés de la Tariqa, parmi ceux qui s’abreuvèrent de connaissances émanant
de Seïdina () par le récipient de la Réalité. Ils ont puisé de sa niche les lumières et ont extrait dans
ses diverses sciences les plus éclatantes et les plus illuminées. Seïdina Ahmed Tidjani () l’aimait et
lui rendait hommage, de plus, il lui demanda d’enseigner le Moukhtasar Khalil à ses deux nobles
enfants, pleines lunes illuminées, Sidi Mohammed El Kebir et Sidi Mohammed El Habib ().
Notre personnage demanda à Seïdina () : « Ô mon maître, indiquez-moi le moment le plus
approprié à leur enseignement afin que je me présente à eux ». Seïdina () lui répondit : « C’est
plutôt toi qui es le plus en droit de choisir, et le moment, et l’endroit qui te conviennent pour y
enseigner, car on se doit d’aller vers la science et non pas au contraire de la faire venir ». Notre
personnage se conforma à cette recommandation jusqu’au décès de Seïdina ().

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On rapporte que les frères lui demandèrent d’enseigner la noble science, dans la Zaouiya bénie,
après la mort de Seïdina Ahmed Tidjani () et il accepta leur requête. Cependant, alors qu’il
s’apprêtait à débuter le premier cours et qu’à cette occasion les gens l’honorèrent, il se leva soudain
précipitamment et franchit la porte en s’enfuyant, comme si quelqu’un le poursuivait. Il jura
solennellement de ne plus jamais retourner à la Zaouiya en vue d’y enseigner. Tout cela était dû à
ce qui venait de se dérouler entre Seïdina () et lui. En effet, il vit Seïdina le fixer du regard depuis
son tombeau et il l’entendit le réprimander pour avoir pris la place d’honneur, devant le Mihrab,
d’une manière ostentatoire, comme le font la plupart des enseignants. Il sortit précipitamment de la
Zaouiya bénie, fuyant à la fois sa propre personne et ses agissements, se conformant ainsi à la
bienséance requise.

Par la suite, il déconseilla fortement toute réunion qui comprendrait des cercles d’enseignements au
sein de la noble Zaouiya. Cela est permis seulement à ceux qui délaissent tout faste, parmi ceux
qu’Allah a préservés des maladies de l’âme et qui ne tirent aucun sentiment de supériorité quant au
fait d’enseigner à autrui. Ils ne font aucun reproche à ceux qui ne prennent pas place à leurs assises
d’enseignement, ni à ceux qui opposent une objection sur un point de ce même enseignement, et
ce, qu’ils aient tort ou raison. De plus, ils ne se considèrent point comme savant parmi l’ensemble
des frères, ni ne recherchent au milieu d’eux des marques distinctives de respect, de vénération, de
révérence et d’honneur. Ils ne se considèrent pas non plus comme étant les plus en droit de leur
enseigner ni ne regardent de haut ceux qui les ont devancés. Ils n’éprouvent également aucun
ressentiment envers ceux qui les concurrencent dans l’enseignement, dans l’Imamat de la prière ou
dans la direction de la Wadhifa, se considérant comme leur égal. Quant à celui qui décèle en lui le
moindre ressentiment à l’égard de celui qui agirait conformément à lui à sa place, alors celui-là est
en grand danger. C’est également pour toutes ces raisons que le grand Wali Moulay Mohamed ben
Abi Nasr El ‘Alawi () mettait fortement en garde contre l’accomplissement de l’enseignement au
sein de la Zaouiya et il proférait des paroles très dures à cet égard. Pour illustrer ce cas, voici
l’évènement survenu au Connaissant Moulay Ahmed ‘Abdelaoui ().

De grands hommes de la Tariqa se réunissaient fréquemment avec les frères devant le Mihrab de la
Zaouiya bénie afin de procéder à la lecture du livre Djawahirou-l-Ma’ani. Celui qui était en
charge de cela et qui avait une place d’honneur devant le Mihrab était Sidi Hajj Mohamed Kanoun.
Il était le seul à enseigner et personne ne le concurrençait dans le domaine de l’enseignement, ni
dans la direction de la prière. Cela était justifié, car Allah () l’avait gratifié d’une connaissance et
d’une mémoire éblouissante. Un jour Moulay Ahmed () assistait justement à l’une de ces assises
où affluaient des gens de toute part pour venir écouter la lecture du livre mentionné. Sidi Kanoun
avait le privilège d’être en face de l’auditoire comme nous venons de le mentionner. Il répétait les

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propos de Seïdina () de telle manière que cela pouvait indiquer et laisser paraître avec conviction
qu’il avait réussi face à son auditoire. Moulay Ahmed () s’adressa alors à lui en disant : « Les
paroles de Seïdina () sont bien au-dessus de tout ce que tu pourras en dire et seuls les savants
peuvent les comprendre ; or tu n’es point savant ». Lorsqu’il l’entendit dire qu’il n’était point
savant, le Fqih changea complètement d’attitude et ne put se maîtriser devant son assemblée, il
répliqua violemment en proférant du mal de lui et en dénonçant son ignorance, mais Moulay
Ahmed () n’en fut point affecté, il se contenta simplement de lui dire : « Le signe qui montre que
tu n’es point savant est ton attitude alors que tu te tiens face au tombeau de Seïdina (), et que tu es
vu et entendu par lui ». Le cercle se dispersa et un groupe parmi ceux qui avaient une affinité avec
le Fqih en question se forma et s’opposa à Moulay Ahmed (), s’écartant de lui, éprouvant de la
colère à son encontre, allant même jusqu’à délier leur langue contre lui. Cependant, Moulay
Ahmed () resta imperturbable jusqu’à ce que ses opposants furent témoins du soutien d’Allah
contre eux.

En effet, l’ensemble des personnes du groupe qui s’en était pris à lui fut atteint d’un mal. Parmi les
savants ayant participé à cette affaire se trouvait Sidi ‘Alal ibn Chaqroune et suite à cet évènement, il
fut atteint d’une maladie qui allait engendrer sa mort. On le visita et tous ceux qui étaient informés
de son malheur s’apitoyèrent sur son sort tandis que Moulay Ahmed ‘Abdelaoui () n’était pas au
courant. Lorsque sa maladie s’aggrava Sidi ‘Alal informa ses amis qu’il avait eu une vision où le
Prophète () lui disait : « Tu m’as causé du tort en t’en prenant à ‘Abdelaoui ». Sidi ‘Alal leur
demanda d’aller le supplier de venir le voir afin qu’il implore son pardon et il lui fit don du livre
Djawahirou-l-Ma’ani. Moulay Ahmed ‘Abdelaoui () se présenta à lui et Sidi ‘Alal ibn
Chaqroune () s’en réjouit fortement, il s’humilia alors auprès de lui, le suppliant de lui pardonner.
Il l’informa par ailleurs de ce que le Prophète () avait affirmé à son sujet. Moulay Ahmed fut saisi
d’un état et lui dit : « Je te pardonne pour le Prophète () » Sidi ‘Alal ibn Chaqroune () fut
considérablement apaisé après avoir été intensément affligé et mourut peu de temps après.

S idi Hajj Abdelmajid Bouhlal et son frère Hajj Mou’ti

Les deux aimés, méritants et Connaissants, les deux lunes éclatantes, les Wali célèbres Sidi Hajj
Abdelmajid Bouhlal et Sidi Hajj Mou’ti (). Seïdina Ahmed Tidjani () les aimait d’un amour
particulier et aimait également tous leurs proches. Seïdina () avait déclaré à leur sujet : « Les
enfants Bouhlal font partie de nos aimés dans ce monde et dans l’autre ». Il avait également affirmé à
nos deux personnages : « Vous faites partie de mes compagnons, avec ou sans le Ouird ».

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S idi ‘AbdelQader ibn Abdel Malek El Idrissi

L’homme aux mérites bénis, le Connaissant relié d’origine chérifienne, Abou Abdallah Sidi
Abdelqader ibn Abdel Malek El Idrissi () originaire de Khott El Jerid (situé dans le sud de la
Tunisie). Il faisait partie des plus méritants parmi l’élite des compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani
() et des plus grands parmi ceux qui eurent l’Ouverture dans cette Tariqa Mohammediya. Il faisait
également partie des quatre personnes qui fondèrent le village de ‘Aliya. Sidi Ahmed ‘Abdelaoui
() a rapporté que depuis le jour où notre personnage mourut et où il fut enterré dans le cimetière
proche de ‘Aliya, on ne cesse d’entendre le soir, la récitation de l’oraison du Wadhifa. Cela est un
fait reconnu par tous les habitants de cette région.

S idi ‘Abdelwahab Baniss l’aveugle

Le connaissant parfait, le pieux wali, le maître 'Abdelwahab Baniss (). Il comptait parmi l'élite des
compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani () et parmi ceux qui eurent l'Ouverture au point que
Seïdina () lui déclara : « Tu es pour moi ce qu’Ibn Oum Maktoum (célèbre compagnon du
Prophète qui était également atteint de cécité) était pour le Prophète () ». Il était très attaché à sa
religion qu’il préservait avec empressement, s’affairant à recueillir le bien avec effort, détermination
et persévérance. Il était aveugle, mais il voyait par l'œil du cœur. C’était d’ailleurs lui qui avait
entendu des esprits se présenter mutuellement leurs condoléances à la mort de Seïdina Cheikh ().
En effet, il revenait de la prière du Soubh, prière qu’il avait effectuée dans une mosquée voisine de
la demeure de Seïdina Ahmed Tidjani () et, alors qu'il marchait le long de la route, il entendit ces
esprits se parler entre eux. À ce sujet, il raconte : « Lorsque j'entendis cela, je voulus en avoir le
cœur net, je me rendis donc dans la maison de Seïdina Ahmed Tidjani (), je constatais alors que
son esprit béni venait juste de quitter son corps ».

Parmi les propos que l'on a rapportés de lui on y trouve le suivant : « J'ai entendu Seïdina () dire :
« Lorsque vous constatez que quelqu'un possède sur lui du tabac alors qu'il se trouve dans
l'assemblée du Wadhifa, faites-le sortir » ». Il a été relaté par Sidi 'Arbi ibn Sa-ih () que notre
personnage lui a dit : « L'autorisation de Mouqadem que m’attribua Seïdina () relative à la
transmission du Ouird est conditionnée par le fait qu'il m’est interdit de le donner au
consommateur de ces impuretés tant par voie nasale ou orale, qu’en fumant ». Le Mouqadem Sidi
Taïeb Sefîani () a rapporté également qu'il avait lu le titre de Mouqadem ainsi que la condition de

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transmission de Sidi ‘Abdelwahab Baniss (), à peu près en ces termes : « Il ne doit pas donner le
Ouird au consommateur de ces impuretés, tant par voie nasale, orale qu’en fumant, et cela, aussi
bien pour l'utilisation du hachisch que celui du tabac et de l’opium. Par contre, il peut le
transmettre à celui qui absorbe des breuvages enivrants, car celui-là il est possible d’espérer son
repentir tandis que la plupart des autres ne se repentent pas de leurs méfaits ». Sidi Taïeb Sefîani ()
a pareillement raconté : « J'ai vu que cette condition, relative à la transmission des oraisons, lui était
exceptionnelle sauf pour le cas de Sidi Ibrahim Riyahi () qui, lui non plus, ne donnait pas la
Tariqa à un consommateur de tabac ».

On rapporte que le Mouqadem Sidi Taïeb Sefîani (), lorsqu’il se rendit en Tunisie pour quelques
affaires, fut convié par des frères. Certaines personnes présentes dans l’assemblée firent l’éloge de
Seïdina Ahmed Tidjani () et de la Tariqa, aspirant à y accéder, ils déclarèrent : « Le savant Sidi
Ibrahim Riyahi nous a défendu l’entrée dans la Tariqa du fait que l’on consomme et fume du tabac,
il a émis la condition d’abandonner cela pour pouvoir y accéder, mais nous n’arrivons pas à
arrêter ». Sidi Taïeb () leur dit alors : « Si vous êtes déterminés à prendre cette Tariqa alors je vous
la transmets, et ce, même si vous faites usage du tabac ». Il leur transmit la noble voie et ils eurent
une joie immense. Puis, en sortant de la maison, ils jetèrent leurs allumettes en s’exclamant : « Il n’y
a aucun bien dans ces choses qui ont empêché certains Mouqadem de nous transmettre la Tariqa ».
Ils firent alors le serment solennel à Allah () de ne plus jamais en consommer.

Il a été rapporté par ailleurs que le Chérif Sidi Moussa ibn Ma’zouz () excluait personnellement de
l’assemblée du Wadhifa toute personne possédant du tabac sur elle. Seïdina Ahmed Tidjani ()
déclara à propos du tabac : « La consommation du tabac est interdite (haram) et cette interdiction a
pour origine la parole du Prophète () qui dit : « Tout ce qui provoque un état de faiblesse est
interdit ». Or le tabac est pris en compte dans ce hadith en raison de l’état d’accoutumance qu’il
entraîne ». Seïdina () a dit aussi à une certaine occasion : « Celui qui ne se repent pas de sa
consommation (on parle ici du tabac et des autres substances similaires) ne mourra pas de la
meilleure fin ».

Sidi Hajj ‘Abdelawahhab ibn El Ahmar () a rapporté qu’un des serviteurs de Seïdina () fut un
jour atteint d’une grave maladie. Alors qu’il se trouvait à l’agonie, il proférera des paroles vulgaires
sans que sa langue ne parvienne à prononcer l’attestation de foi malgré le fait qu’elle lui soit
pourtant répétée. Les frères s’étonnèrent de ce fait et certains déclarèrent : « Mais comment cela
peut arriver à son serviteur alors que Seïdina est en vie ? ». Ils allèrent trouver Seïdina Ahmed
Tidjani () et lui rapportèrent l’incident, Seïdina () leur dit : « Interrogez sa femme sur ce qu’il
faisait ! ». Lorsqu’ils l’interrogèrent, elle se mit alors à décrire ses nombreuses qualités religieuses, sa

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fermeté dans l’obéissance à son Seigneur () mis à part le fait qu’il consommait du tabac. Seïdina
Ahmed Tidjani () leur affirma, après qu’on lui ait rapporté ses propos : « C’est à cause de ces
herbes répugnantes, allez le voir et demandez-lui de se repentir auprès d’Allah ». Ils se rendirent
donc auprès de ce serviteur et lui rapportèrent les paroles de Seïdina (). Il se repentit et put enfin
prononcer la formule d’attestation de foi avant que son esprit ne quitte son corps.

S idi Hajj Abdelwahhab ibn El Ahmar

Le Mouqadem qui a eu la sainteté la plus élevée, le détenteur de la bénédiction qui porta assistance
à de nombreuses créatures, celui qui n'a plus goûté à la saveur du sommeil depuis qu'il a été séparé
de Seïdina Ahmed Tidjani () jusqu’à son décès, Sidi Hajj Abdelwahhab ben Taouadi () plus
connu sous l’appellation d’Ibn El Ahmar. Ce maître, qu'Allah lui fasse miséricorde, faisait partie de
l'élite des compagnons de Seïdina () et de ceux qui l’accompagnaient régulièrement, qu'il soit
résidant ou en voyage, jusqu'à parvenir au summum des désirs. Il faisait partie des dix compagnons à
qui le Prophète () avait garanti la Grande Ouverture (Fathou-l-Akbar) comme l'avait mentionné
Seïdina Ahmed Tidjani (). En effet, il fut questionné à leur propos lorsqu’ils eurent accompli une
importante mission : « Seront-ils récompensés pour cela ? ». Seïdina Ahmed Tidjani () a
répondu : « Le Prophète () leur a garanti la Grande Ouverture ».

Sidi Hajj Abdelwahhab () était l'armoire des secrets de Seïdina () ainsi que celui du Khalife Sidi
Hajj ‘Ali Harazim Berada (). D'ailleurs, Seïdina Ahmed Tidjani () lui avait ordonné de voyager
avec l'immense Khalife lorsqu’il partit pour le Hijez (en Arabie). Ainsi, il l'a accompagné jusqu’à son
décès à Badr aux alentours de 1218 de l'Hégire, dans ce lieu où notre Maître et Prophète () eut la
grande victoire. Sidi Hajj Abdelwahhab () l'y enterra puis repartit pour Fès en ayant obtenu son
agrément. Il était d’un cœur sain, cheminant dans le chemin de la religion par sa voie la plus droite,
il s'empressait d’accomplir les bonnes œuvres jusqu’à parvenir au meilleur de son intention, il aimait
le bien pour tous en raison de sa poitrine saine, loin des maladies de la passion. On rapporte qu’il a
dit : « La Tariqa Tidjaniya a trois fondements qui en sont son noyau et son secret : L’amour
constant envers la famille du Prophète () ; Effectuer ses prières à l’heure ; L’abondance des prières
sur le Prophète () ». Parmi toutes les œuvres dont il recommandait l'accomplissement, il y a Salât
Tasbih. Il disait à ce sujet : « J’aurais aimé que tous les compagnons l’accomplissent ».

Il se distinguait par des dons particuliers que lui octroyait Seïdina Ahmed Tidjani (). Parmi les
prodiges de Sidi Hajj Abdelwahhab (), il y a le fait qu’il voyait souvent le Prophète () en rêve.
Une fois, il raconta à certains de ses proches qui l’avaient interrogé à ce sujet, la chose suivante : il

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avait vu le Prophète () avec Abou Bakr et ‘Omar (), tandis que Sidi Hajj Abdelwahhab les
rejoignait. Le Prophète () se tourna alors vers ses deux compagnons () et leur dit : « Écrivez son
nom sur votre liste des compagnons », tout en désignant Sidi Hajj Abdelwahhab (). Cette vision
confirme et corrobore la parole rapportée par Seïdina Ahmed Tidjani () : « Le Maître de
l'existence () m’a dit : « Tes compagnons sont mes compagnons et tes disciples sont mes
disciples » ». Sidi Hajj Abdelwahhab ibn El Ahmar () s'installait souvent près du noble Mihrab de
la Zaouiya bénie, après la mort de Seïdina () pour y faire son Dhikr. Un jour justement, alors qu’il
était occupé à accomplir son Ouird comme à son habitude, il vit Seïdina Ahmed Tidjani () sortir
de sa tombe et se diriger vers lui. Il lui dit : « Lève-toi ! ». Il se leva, fit deux ou trois pas en sa
compagnie et voilà que le Prophète () apparut. Suite à cette apparition Seïdina () lui dit : « Te
voilà avec ton Prophète ». Sidi Hajj Abdelwahhab () tout en pleurant embrassa la main du
Prophète (), il sortit ensuite de son état d'absence et se retrouva de nouveau assis dans son
emplacement initial.

Parmi les prodiges démontrant son parfait pouvoir de gérance sur les choses (Tasrif), il y a ceci :
Tandis que Sidi Hajj Abdelwahhab () accompagnait une caravane qui transportait les biens de
Seïdina Ahmed Tidjani (), des voleurs surgirent et s’emparèrent entièrement du butin de la
caravane. Face à cette agression Sidi Hajj Abdelwahhab () mit en garde les voleurs en leur disant :
« Ô gens ! Craignez Allah, cette caravane appartient au Wali d'Allah Sidi Ahmed Tidjani ». Ils
répondirent : « Et alors ! On ne le connaît pas et on ne renoncerait pas, même s’il fallait que vous
mouriez ou que l'on meure ». Ils pointèrent leurs armes et s'emparèrent de tous les biens. À ce
moment-là, ils ressentirent une lourdeur qui s'emparait de tout leur corps et qui les étouffait, les
rendant impuissants à tel point qu’ils ne pouvaient même plus marcher, comme si la terre les
absorbait insensiblement. Face à cette situation, les voleurs s’écrièrent : « Oh Gens ! Venez et
reprenez vos biens, libérez-nous de ce malheur !». Sidi Hajj Abdelwahhab ben Taouadi () leur
dit : « Nous vous avions prévenu, ces biens appartiennent à Sidi Ahmed Tidjani et maintenant
repentez-vous auprès d’Allah pour ce que vous venez de faire ou bien vous courrez à la perdition ».
Ils se repentirent auprès d’Allah () et rendirent tous les biens qu’ils venaient de dérober. Ensuite,
ils accompagnèrent la caravane et se dirigèrent chez Seïdina () où ils prirent la Tariqa
Mohammediya tirant ainsi profit de sa baraka. Ils sont ainsi repartis dans leur pays, repentis de leurs
méfaits, attachés désormais à la corde de la guidance alors qu'autrefois leur tribu était connue
comme un centre de désordre. Tout cela s’est déroulé par la cause de Sidi Hajj Abdelwahhab () et
grâce à la force spirituelle élevée de Seïdina Ahmed Tidjani (). À sa mort le célèbre Fqih
Mohamed Kensoussi () a clamé : « Les secrets de la Tariqa sont morts avec sa mort ».

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S idi ‘Abdelwahab Tazi El Fesi

Il était contemplé par Seïdina Ahmed Tidjani () par un regard d’agrément tout au long de sa vie,
et ce, jusqu’à sa mort. Il faisait constamment la prière à l’heure et dans la Zaouiya bénie sauf en cas
d’empêchement extrême. Chaque fois qu’il lui arrivait de devoir faire sa prière en dehors de la
Zaouiya, il venait ensuite accomplir le même nombre de prières, mais en surérogatoire (Nawafil). Il
accomplissait beaucoup de prières dans ce lieu béni, car il avait la certitude qu’elles y étaient
acceptées comme l’a affirmé Seïdina () : « La prière dans notre Zaouiya est acceptée sans aucun
doute » Il habitait dans une demeure située à la rue Taouil et sur le chemin menant à la Zaouiya, il y
avait constamment une meute de chiens qui circulait la nuit et qui, s’ils n’étaient pas gardés, nuisait
aux passants. Notre personnage ne ratait jamais la prière du Soubh à la Zaouiya et il sortait de chez
lui une heure avant la prière afin de pouvoir s’y rendre. Tous les jours, en sortant de chez lui, il
trouvait un chien en face de sa demeure comme s’il guettait sa sortie et il se mettait à le suivre.
Lorsqu’il rencontrait la meute de chiens en question, ce chien-là les affrontait férocement au point
qu’ils l’entouraient. Ainsi, Sidi Abdelwahab () pouvait traverser et parvenir à la Zaouiya sain et
sauf. Cela se déroulait pareillement tous les jours et il ne savait pas d’où provenait ce chien. Il se
pouvait cependant que cela ait été un Rouhani qui eut la responsabilité de le protéger par l’ordre de
Seïdina () en raison de la sincérité de son intention.

Notre personnage était très clément envers les pauvres, cherchant à les réjouir, il accomplissait du
bien envers le lointain et le proche, en public comme en secret. On rapporte qu’une femme après
avoir perdu son mari, se retrouva seule avec quatre filles. Elle était certaine qu’elle-même et ses
quatre filles allaient être confrontées à la misère, car personne ne voudrait assumer une telle
responsabilité et elle s’attrista de cette situation. Notre personnage entendit parler d’elle. Il la
demanda en mariage et prit un grand soin de ses filles, qu’Allah lui fasse miséricorde.

S idi Abdelwahid Boughaly

Le majestueux Mouqadem, le guide parfait à la bénédiction fulgurante, le Chérif honorable Abou


Mohamed Sidi Abdelwahid Boughaly, l’une des élites dont on a attesté la détention de la Grande
Ouverture. Il préservait avec une grande assiduité sa religion et on ne le trouvait qu’en train
d’évoquer ou de prier, consacré à accomplir ses cinq prières à la Zaouiya bénie, mettant toute son
énergie à profiter des actes de bienfaisance, cheminant dans la Tariqa par son sentier le plus droit et
il était recherché pour tous les besoins. Notre personnage était agité par une grande crainte de son

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Seigneur, il était vite saisi par l’état au moment de l’évocation, son état était une exhortation pour
les gens et ses propos une orientation vers Allah ().

Il a creusé deux tombes pour lui-même et il s'est promis avec le bien-aimé de Seïdina Ahmed
Tidjani (), le détenteur de l'immense Ouverture Sidi Mahmoud Tounsi (), que celui des deux
qui décéderait le premier serait enterré dans l'une des tombes puis le suivant dans l'autre. Ainsi,
lorsque Sidi Mahmoud () décéda, il fût enterré dans l'une et notre personnage fût enterré par la
suite dans l'autre. Ils furent enterrés ensemble dans le même tombeau. Dans leur caveau, sur leurs
recommandations, furent enterrés un groupe d'entre les compagnons. Parmi eux il y a le
majestueux Mouqadem Sidi Abdelwahhab Ibn El Ahmar () qui est situé au niveau de leurs pieds
et devant eux il y a Sidi Moussa ibn Ma’zouz (), il y a aussi Mohamed Ibn Ghazi () et d'autres,
qu'Allah leur fasse miséricorde.

S idi Hajj Abderahman Berada

Il est le pieux, l'évocateur, le reconnaissant aux œuvres bienfaisantes et aux mérites abondants, Sidi
Hajj 'Abderahman Berada (). Il fait partie de l'élite des compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani
(), célèbre pour sa grande Connaissance d'Allah (). Il avait une place importante auprès de
Seïdina () à tel point qu'il ne l'appelait que par le terme de « Maître ». Il était obèse et éprouvait
des difficultés à plier ses jambes lorsqu'il était assis. Lors de sa première assise avec Seïdina () après
avoir pris la Tariqa, il allongea un pied à cause de sa corpulence. Seïdina () lui dit : « Discipline-
toi, mon pauvre ». Sidi Hajj 'Abderahman Berada () répondit : « Mon maître, en vérité, j'ai
honte, car je n'arrive pas à m'asseoir convenablement comme vous le voyez ; je vous demande donc
pardon ». Seïdina () ajouta : « On doit se discipliner en présence des Chouyoukh, car même si je
te pardonne, la station quant à elle ne pardonne pas à celui qui lui manque de respect ». Depuis ce
jour, Sidi Hajj 'Abderahman Berada () suivit à la lettre la discipline qui convient en présence des
grands Chouyoukh, malgré le désagrément qu'il subissait.

On rapporte d’ailleurs à ce sujet que deux Connaissants vêtus de vieux habits furent aperçus par des
enfants ; l'un d’entre eux jeta une pierre qui atteignit la jambe de l'un des Connaissants. Au moment
où la pierre atteignit l'homme, l'enfant responsable de ce geste mourut sur-le-champ. Son
compagnon se tourna vers lui et lui demanda : « Mais quel est donc cet excès de bouillonnement
intérieur qui a causé la mort de cet enfant ? ». Le Connaissant répondit alors : « Par Allah ! Mon
cœur n'a pas été touché par cet acte, mais la station (Martabat) ne pardonne pas à celui qui lui
manque de respect ». C'est pour cette raison que les guides du droit chemin, qu'Allah sanctifie leurs

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secrets, et conformément à la Loi Mohammadienne, affirment que celui qui veut être préservé dans
ce bas monde et dans l'autre, doit prendre garde à ne mépriser aucune créature d'Allah ().

Un jour, alors que Sidi Hajj 'Abderahman Berada () lisait un ouvrage de Cha'rani (), voilà qu'il
ressentit en lui un excès de valeur à son égard, presque au point de rompre la relation qui lie le
disciple à son cheikh. Il n’avait pas pris conscience de cela jusqu'au moment où Seïdina () apparut
à ses côtés miraculeusement et lui signifia : « Qu'est-ce donc que cela ? Es-tu Cha'rani ou
Tidjani ? ». Sidi Hajj 'Abderahman Berada () entièrement confus répondit alors : « Mon maître, je
me repens auprès d'Allah ». Cet évènement se déroula alors que Seïdina () se trouvait dans le
désert tandis que son disciple était à Fès. Cela fait partie des prodiges de Seïdina Ahmed Tidjani ()
et cela montre sa bienveillance à l'égard de Sidi 'Abderahman () ainsi que son omniprésence
auprès de son disciple, et cela où qu'il soit. C'est précisément à ce sujet et dans ce sens que Sidi
Ahmed Kalabanani () nous a transmis les paroles qui vont suivre, propos qui furent relatés à
Seïdina () concernant le Connaissant en Allah, notre maître 'Abdelkader Jilani (). Le grand
maître s’exprima sur sa protection et sa bienveillance vis-à-vis de son disciple, en sa présence
comme en son absence en déclarant : « Mon compagnon, lorsqu’il s’apprête à dormir, j'étends au-
dessus de lui mon aile et je le recouvre par une autre ». Lorsque Seïdina Ahmed Tidjani ()
entendit cette parole, il déclara : « Quant à moi, je ne délaisse jamais mon compagnon ne serait-ce
l'instant d'un clin d'œil ».

Un jour, en Égypte, le fils de Sidi Hajj 'Abderahman Berada () traversa une rue et aperçut dans
une Zaouiya un groupe d’hommes effectuant le Dhikr. Cela l'attira, il entra à l’intérieur et s'assit en
leur compagnie, en dépit du fait qu’il ne s’agissait pas de Tidjani. Sans en être conscient, il s'assoupit
et vit Seïdina () qui lui faisait le reproche suivant : « Que fais-tu ô untel ? Félicitation pour ton
nouveau cheikh ! » Il se réveilla angoissé et terrorisé et s'enfuit en courant.

S idi Abdrahman Chinguiti

Le maître incontesté parmi les Chouyoukh des sciences de la réflexion et de la transmission, il avait
les pieds fermement enracinés dans les connaissances des fondements juridiques et ses branches
(Oussoul El Fiqh), Abou Yazid Abdrahman ibn Ahmed Chinguiti, descendant d’Abou Bakr Siddiq
(). Cet homme majestueux faisait partie des élites aux grands mérites parmi les compagnons de
Seïdina Ahmed Tidjani (). Il le connut avant qu’il ne soit entièrement manifesté et tira ainsi de sa
niche des lumières particulières avant celles qui furent générales. Il écrivit des poèmes élogieux sur
Seïdina () dont certains, concernant le mérite des oraisons, sont retranscrits dans Djawahirou-l-

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Ma’ani. Il était un imam érudit dans plusieurs sciences. Il enseignait d’ailleurs à Fès et tous les
nobles de son époque traversaient la ville à pied afin d’assister à son assise. De sa main surgirent
d’éminents personnages. Sidi Abderahman Chinguiti, que Dieu sanctifie son âme, avant d’être
affilié à Seïdina Ahmed Tidjani () était considéré comme un individu très particulier. Il lui était
reconnu un rang élevé, car il détenait la science qui caractérise les grands Connaissants parmi les
gens au dévoilement authentique.

Un jour il lui survint l’événement suivant avec l’un de ses élèves nommé Sidi Sba’i, qui plus tard
prendra la Tariqa de Seïdina Ahmed Tidjani (). Ce dernier poursuivait ses études auprès de Sidi
Abdrahman Chinguiti () dans la grande mosquée située sur les hauteurs de Fès. Lors d’un de ses
cours donc, Seïdina Ahmed Tidjani () entra auprès d’eux en étant accompagné de quelques
compagnons. Il se dirigea vers un pilier de la mosquée afin d’y accomplir la prière de salutation
(Tahhiyêt el Masjid). Sidi Abdrahman () en observant Seïdina () cessa d’être attentif à son cours
et à son auditoire. Constatant que Seïdina Ahmed Tidjani () avait clôturé sa prière, il interrompit
sa lecture et s’adressa à ses élèves en leur disant : « Levez-vous afin que l’on tire profit de la
bénédiction de ce Cheikh ». Ils s’empressèrent d’obéir à leur maître en pensant néanmoins que
Seïdina () ne pouvait atteindre le degré de leur Cheikh en fait de science et d’œuvres. Sidi
Abdrahman () s’assit avec bienséance et décence et sollicita de la part de Seïdina () une pieuse
invocation en sa faveur et en faveur de ses élèves. Seïdina acquiesça puis Sidi Abdrahman
l’interrogea à propos de certaines questions qui le préoccupaient. Seïdina () lui répondit de
manière claire et évidente puis il lui enjoignit de retourner à son cours.

Lorsque Seïdina Ahmed Tidjani () se retira, Sidi Abdrahman continua et termina son
enseignement. Sidi Sba’i, son élève, lui dit alors : « Ô Sidi, je jure par Dieu que l’on t’a pris comme
maître et que l’on s’est abstenu de considérer tout autre que toi, en raison de notre certitude qu’il
n’y a personne de plus savant que toi dans l’ensemble du Maroc, puis voila que tu te lèves pour cet
homme originaire du désert, à l’allure de bédouin, qui se sert la tête avec un fil fabriqué en poil de
chameau et qu’en plus de cela tu l’interroges en t’inclinant devant ses réponses ! ». Sidi Abdrahman
() lui répondit : « Tais-toi ! Ô mon enfant, je jure par Allah, Celui en dehors duquel il n’y a point
de divinité, que je ne connais pas sur cette Terre un plus grand savant que lui ». Cet événement fut
la cause de l’attachement de Sidi Sba’i envers Seïdina () à tel point qu’il s’affilia à sa voie.

On rapporte le récit suivant sur la cause ayant provoqué la maladie de sidi Abdrahman (), maladie
qui allait engendrer sa mort : un habitant de Fès l’invita en compagnie d’érudits et d’éminents
personnages, ils passèrent la nuit chez leur hôte et y évoquèrent le cas des Saints contemporains à
leur époque. Un individu se permit de critiquer Seïdina Ahmed Tidjani () tandis que parmi les

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gens présents certains le soutinrent dans ses propos. Or Sidi Abdrahman (), bien qu’ayant la juste
réplique à leurs critiques, s’abstint de leur répondre. Il fut alors pris par un état de somnolence et vit
Seïdina Ahmed Tidjani () qui le saisit et s’envola dans les airs tout en le réprimandant par ces
paroles : « Pourquoi n’as-tu pas répondu ? Et que fais-tu ici ? » Il se réveilla effrayé par cette vision
et ressentit une douleur en lui. Ce fut la cause de la maladie qui engendra sa mort. Au terme de sa
vie, il raconta son histoire dans le dessein de mettre en garde ses frères et coreligionnaires et dans
l’intention de les informer sur le rang et le degré élevé de Seïdina Ahmed Tidjani ().

S idi ‘Abdsalem Abou Taleb

Le détenteur des qualités agréées, au comportement louable et pur, la source des secrets, des
connaissances et des dons sacrés Seigneuriaux, le chérif d'origine, l’homme majestueux Abou
'Abdallah Sidi 'Abdsalem Abou Taleb (). Il comptait parmi l'élite des compagnons de Seïdina
Ahmed Tidjani () et faisait partie des anciens qui eurent le privilège de l'accompagner depuis son
apparition, qui ont puisé de sa niche la lumière jusqu’à voir apparaître l'ouverture éclatante, il avait
une station de sainteté solide.

Le Mouqadem Sidi Taïeb Sefiani () et beaucoup d'autres, ont rapporté qu’un homme pieux
effectuait couramment sa prière au sein de la Mosquée Andalous à Fès. Une nuit, il rêva qu'il se
rendait dans cette mosquée et sur la route il aperçut soudain une source d’où s’écoulait du lait. Il
s'étonna de cette vision et un homme apparut devant lui à qui il demanda : « Je te demande par
Allah de m'expliquer l'origine de cette source ». L'homme lui répondit : « Suis-la et entre dans le
jardin d'où elle provient, car elle s'écoule d'un tombeau où est enterré un grand saint ». Ainsi, il la
suivit, entra dans le jardin et finit par trouver l’origine de sa provenance. Lorsqu’il se réveilla, il se
rendit à l'endroit précis de son rêve, mais n’y trouva pas de tombeau. Or, quelques jours après, Sidi
'Abdsalem () mourut, on pria sur lui à la Mosquée Andalous et on le ramena dans ce jardin.
L'homme qui avait fait ce rêve se mit à les suivre et constata qu'ils l'enterrèrent exactement à
l'endroit de son rêve. Sa sainteté fut ainsi confirmée par ce rêve authentique. Chaque vendredi, Sidi
Taïeb Sefiani () le visitait et constatait l'effet bénéfique que produisaient ces visites. Un jour il
réprimanda un vagabond en train d'uriner sur la tombe : « Ne crains-tu donc pas Allah en salissant
et en profanant ce tombeau ? » Le vagabond répondit : « De quoi te mêles-tu ? » Tout en levant sa
main en signe de révolte ; celle-ci resta paralysée, il subit de grands dommages qui engendrèrent sa
mort.

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S idi Abdsalem Zamouri

Le juriste Abou Mohamed Sidi Abdsalem Zamouri prit la Tariqa de Seïdina Ahmed Tidjani (). Il
puisa un grand profit par l’amour qu’il lui portait et par sa grâce il parvint au-delà de ce qu’il
pouvait espérer. Tandis qu’il se trouvait emprisonné à Marrakech par le gouverneur de l’époque, il
écrivit un poème élogieux à Seïdina (). Face à cette situation désobligeante, il désirait ainsi obtenir
le secours d’Allah () à travers la bénédiction qu’Il accordait à Seïdina Ahmed Tidjani (). En
effet, peu de temps après son invocation sa liberté lui fut rendue.

S idi Ahmed ‘Abdelaoui

Le connaissant en Allah, le célèbre Wali détenteur de nombreuses qualités et aux prodiges


apparents, Sidi Moulay Ahmed ‘Abdelaoui (). Il est né deux mois avant la mort de Seïdina
Ahmed Tidjani () et passa toute son enfance dans sa maison. Au septième jour de sa naissance, de
nombreux compagnons illustres étaient présents et parmi eux le Pôle Sidi Hajj ‘Ali Tamacini ().
Le jour même de sa naissance est venu à son père l'esprit du célèbre Wali, le grand connaissant, aux
états étranges et aux prodiges étonnants, le compagnon de Seïdina (), le Chérif Sidi Abou-l-
Hassan Chtioui () qui lui a dit : « C'est mon fils et celui qui en doute qu'il craigne alors pour lui-
même ». Ensuite il est reparti comme il était venu sans que l'on sache par où il avait pu passer et il
s'est avéré qu'il n'était venu que pour faire cette annonce et afin de mettre l'accent sur le mérite de
notre personnage. Il a été éduqué au sein de la sainteté, protégé par l'attention immense des
proches et des lointains. Sidi Mohamed El Habib () le considérait comme un frère, un ami, un
aimé et un compagnon. Sidi Ahmed 'Abdelaoui () était le coffre de ses secrets et son compagnon
dans chaque assemblée, de jour comme de nuit, jusqu'à la mort du fils de Seïdina () qui fut
satisfait de lui. Il avait une relation privilégiée avec lui.

Parmi ce qui a été rapporté à ce sujet il y a ce récit qu'il raconte lui-même : « Une fois j'étais en
train d'appendre certains écrits sur la grammaire lorsque notre maître Sidi Mohamed El Habib ()
m'aperçut et me dit : « Laisse donc cela et lis plutôt ce qui te sera profitable ». J'ai laissé cette lecture
afin de me conformer à ce commandement. Puis, un autre jour, alors que j'étais assis avec lui il me
dit : « Ô Sidi Ahmed ! J'ai certaines oraisons cachées qui appartiennent à Seïdina et il n'est permis à
personne d'autre que moi de les voir. Or j'aurais aimé les évoquer, mais j'ai peur de faire des fautes.
Je voudrais apprendre la grammaire et on se doit d'apprendre le Alfiya ». Dès lors, j'écrivais tous les

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jours dix vers et je les apprenais tandis que Sidi Mohamed El Habib () n'écrivait que quatre vers.
Lorsque j'atteignis la porte concernant les prépositions, je jetai un œil sur son ardoise et constatai
avec étonnement qu'il était arrivé à la fin du Alfîya, je lui dis alors : « Ô Sidi ! Comment cela se
fait-il ? » Il me répondit : « Je ne suis pas comme toi à dormir toute la nuit, je ne dors qu'une heure
et ensuite je m'occupe de ce qui me concerne ». Ensuite, on s'occupait de la réciter auprès du
savant Sidi Ahmed ibn 'Achour () et ce, jusqu'à sa mort ».

Sidi Ahmed ‘Abdelaoui () rapporte aussi que les ennemis avaient envoyé à Sidi Mohamed El
Habib () une lettre dont le contenu était le suivant : « Tu dois venir à Alger pour que l'on profite
de ta bénédiction ». Après avoir ouvert de ses mains ce courrier, il pénétra dans le jardin et me
demanda de le suivre ensuite, il donna l'ordre à un serviteur de fermer la porte et de ne laisser
personne entrer. Lorsque nous fûmes assis, il me dit par allusion : « Ô Ahmed ! L'ânesse vient
d'accoucher ». Je lui dis alors : « Qu'est-ce qu'il y a ? » Et il me raconta puis me dit : « Réponds-lui
et dis-lui que je ne viendrai jamais le voir et si je le dérange dans ce pays, alors la terre de Dieu est
vaste ». Par la suite, je le laissais et il était habituel que je dîne avec lui le soir sauf ce soir-là
précisément, car j'étais soucieux par rapport à toute cette affaire. Le jour d'après, il m'envoya
chercher et lorsque j'arrivais vers lui, un des serviteurs me demanda : « Pourquoi n'es-tu pas venu
hier pour dîner, le fils de Seïdina n'a rien mangé jusqu'à maintenant et je n'en connais pas la
cause ». Puis lorsque je vins à sa rencontre il me dit () : « Je demande à Allah de ne jamais me
faire voir le visage des chrétiens (c'est-à-dire les colonisateurs) et de ne jamais recevoir une lettre
d'eux ». Il ne s'est pas passé quatre jours qu'Allah () lui reprit son âme bénie.

Sidi Ahmed ‘Abdelaoui () a dit également : « Lors de la mort de Sidi Mohamed El Habib (), il
laissa des enfants en bas âge et j'ai eu peur de perdre les secrets de Seïdina Ahmed Tidjani (). Je
me suis donc entretenu avec quelques particuliers à ce sujet, ensuite nous nous sommes dirigés vers
la demeure de Sidi Mohamed El Habib () et nous demandâmes la permission à sa fille aînée
d'aller dans la pièce où était entreposé le coffret. Elle nous le permit et après être entré, j'ouvris le
coffret béni et j’y trouvais trois rangées pleines de livrets. La première chose que j'aperçus fut une
carte différente des autres feuillets de ces livrets, qui était posée au-dessus. Je la pris et je l’ai lu, tout
en remarquant l'écriture de Sidi Mohamed El Habib () : « Que celui qui a pris cette feuille sache
qu'il s'agit là des Livrets Cachés (Kounache Maktoum) qui contiennent ce qu'il y a entre Seïdina
notre père et le Prophète (). Ils n'ont été écrits que par notre père et l'intermédiaire Sidi
Mohammed ibn ‘Arabi ainsi que le khalife Sidi 'Ali Harazim, et je vous mets en garde de le lire et
de le montrer aux savants (fouqaha), car ce serait la cause de votre perte et la leur ». Après avoir lu
cette carte, je la laissai tomber d'entre mes mains et j'aperçus le bout d'une feuille de ce livret, car
l'œil est vicieux. Il était écrit dessus : « Sache que ce Ouird immense est pour les gens de la grande

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félicité, ceux qui sont sortis du cercle de la flatterie et de l'égoïsme ». Alors, j'ai dissimulé ce que
j'avais vu et j’ai refermé le coffret, obéissant à l'ordre ».

Un savant entendit parler de ces livrets et déclara : « Les livres ont été faits pour être lus ! » Ensuite,
il partit vers le coffret, l'ouvrit, prit quelque chose et le lut. Or, il ne s'était pas passé deux jours,
qu'il devint aveugle et dix jours après son acte il succomba d'une forte fièvre. Désormais ce coffret
est fermé jusqu'à maintenant et ne sera ouvert que par l'Imam attendu, et Allah Seul est Savant sur
la vérité.

S idi Ahmed Baniss

Il est l'imam œuvrant, le dévot scrupuleux, le pieux ascète, le cheikh Ahmed Baniss (). Il comptait
parmi les élites des compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani (), celle qui a bu dans son bassin. Il
avait un grand amour pour Seïdina () et lui demandait souvent de lui montrer le Prophète () en
état de veille ou en sommeil et Seïdina le lui avait promis.

Il a été rapporté que Sidi Ahmed Baniss () tomba gravement malade durant la vie de Seïdina
Ahmed Tidjani () et un jour il s'est évanoui si longuement que sa famille croyait qu'il était mort et
se mit à le pleurer. Mais d'un seul coup, il se réveilla et leur dit : « Pourquoi pleurez-vous ? Je suis
sain et sauf et je ne mourrai pas maintenant. Je me suis vu devant Seïdina Ahmed Tidjani dans la
Zaouïa bénie (à Fès), il m’a pris par la main et m'a emmené devant le Prophète (). Puis Seïdina a
dit au Prophète () : « Ô ! Messager d'Allah, celui-là est mon compagnon et il a demandé à te
rencontrer ». Le Prophète () sourit et posa sa noble main sur mon épaule en me disant : « Tout va
bien pour toi désormais et lorsque ce sera le moment, nous t'enverrons chercher ». À ces mots, la
tristesse de sa famille se transforma en joie et bonheur. Il vécut après cela plusieurs années et décéda,
qu'Allah lui fasse miséricorde, en ayant obtenu ce qu'il avait demandé à Seïdina Ahmed Tidjani ().

S idi Ahmed Benounah

Le majestueux, le pieux, le parfait détenteur de la force spirituelle élevée et au caractère de grande


valeur, notre maître Ahmed Benounah (). Il recherchait les hommes saints quelles que soient leurs
stations de façon à tirer avantage de leurs bénédictions et demeurer en leurs compagnies. Il avait
récolté d'eux beaucoup d'évocations particulières et d'oraisons. Lorsqu'il rencontra Seïdina Ahmed
Tidjani (), il l'aima intensément et rechercha à obtenir son amour et sa compassion. De ce fait, il

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ne le quitta que très rarement. Il renouvelait souvent sa demande d'autorisation pour qu'il lui
transmette le noble Ouird, mais à chaque fois Seïdina Ahmed Tidjani () lui répondait : « À
condition que tu délaisses tout ce que tu as récolté comme oraisons des maîtres ». Mais son Nefs ne
cédait pas en cela.

Il a été rapporté à son sujet qu'il passa une nuit bénie durant laquelle il a accompli tous les Aourad
qu'il possédait, puis il demanda à Allah () de lui montrer la station de Seïdina (). Au cours de
son sommeil, il vit en rêve Seïdina Ahmed Tidjani () qui grandissait de plus en plus jusqu'à
atteindre une dimension immense couvrant ainsi l'horizon. Sidi Ahmed Benounah () s'accrocha à
sa main tant il en fut impressionné, et ce, jusqu'à son réveil. Puis il se leva d'un bond, partit à la
majestueuse Zaouiya bénie et demanda où trouver Seïdina (). On lui indiqua l'endroit où il était
et Sidi Ahmed Benounah () rentra alors chez lui pour préparer à manger puis il alla le rejoindre.
Pendant ce temps, Seïdina () discutait avec ses compagnons jusqu’au moment où il leur a dit :
« Que l'un de vous parte chercher l'un de nos amis qui est à mi-chemin, car il ne sait pas où l'on se
trouve ». L'un d'entre eux se leva donc et revint avec Sidi Ahmed Benounah (). Après s'être assis
et quelque peu reposé, ce dernier voulut lui raconter sa vision devant cette assemblée bénie, mais
avant qu'il en ait eu l’occasion, Seïdina Ahmed Tidjani () tourna la tête vers lui et raconta son
histoire à tous ses compagnons sans dévoiler toutefois qu'il s'agissait de ce personnage.

Il dit : « II y avait un homme qui a tenu compagnie à plusieurs maîtres et a pris d'eux de nombreuses
oraisons. Par la suite, il voulut prendre la Tariqa d'un Cheikh qu'il avait rencontré, mais ce dernier
ne le lui accorda qu'à condition qu'il abandonne toutes les autres oraisons. Or cet homme ne le
voulut pas. Puis il demanda à Allah de lui montrer la station de ce Cheikh en question et il le vit qui
dépassait l'horizon. À son réveil, il alla vers ce Cheikh pour prendre son Ouird en acceptant sa
condition. Il le trouva assis auprès de ses compagnons et le Cheikh en question lui autorisa avant
même qu'il puisse lui raconter sa vision. Il le menaça même de ne raconter cette vision à quiconque
sous peine d'en mourir ».

Ensuite, Seïdina Ahmed Tidjani () se tourna vers Sidi Ahmed Benounah () et l'autorisa pour le
noble Ouird. Notre personnage avait compris ce que Seïdina () voulait lui dire et il garda son
secret jusqu'à la mort de Seïdina Ahmed Tidjani (). Plus tard, il contracta une maladie qui devait
entraîner sa mort et lorsqu'il constata qu'il était arrivé aux derniers instants de sa vie, il raconta son
histoire à toutes les personnes présentes et s'éteignit, qu'Allah lui fasse miséricorde.

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S idi Moulay Ahmed Boukili

Le connaissant en Allah, la haute bénédiction, le noble Chérif, Moulay Ahmed Boukili connu sous
l’appellation de Sebtari (). Il fait partie des élites parmi les compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani
(), de ceux qui ont atteint leur but et qui ont entreposé leurs Nefs entre ses mains en son absence
comme en sa présence. Grâce à la pureté de leurs intentions, ils ont abandonné tout ce qui peut être
cause de rupture, d’opposition et de détournement envers les Chouyoukh. Moulay Ahmed a pris
cette Tariqa Mohammediya des mains de Seïdina Ahmed Tidjani () jusqu’à ce qu’il ait atteint
l’Ouverture (Fath). Malgré cela, il se voilait à travers l’ombre de la simplicité s’occupant de son
métier de cordonnier comme le commun des gens.

Il a été rapporté que lors de son décès, ses enfants ont demandé au Mouqadem l’autorisation pour
l’enterrer dans la Zaouiya bénie. Mais il le leur a interdit en raison de la parole de Seïdina (), qui a
dit : « Celui qu’on enterrera dans la Zaouiya sera au Feu ». Il les en informa et il raconte lui-même :
« On était un groupe de frères dans la Zaouiya bénie et moi j’étais en train de parler avec les enfants
de Sidi Ahmed Boukili () jusqu’au moment où certains frères me dirent : « Ô Mouqadem !
Regarde l’agissement étrange de cet oiseau qui n’arrête pas de rentrer et sortir de la Zaouiya, il nous
montre cet emplacement ». C’était un endroit situé à côté de la noble Zaouiya. On l’observait
entrer et sortir et les enfants du pieux défunt regardaient avec étonnement l’étrange apparence de
cet oiseau. Nous fumes alors unanime pour l’enterrer dans le lieu indiqué par l’oiseau et je prends
Allah comme témoin que j’ai vu, de mes deux yeux que voici, les lumières sortir de sa tombe ». Ce
lieu se trouve dans la cour de la mosquée El Khotba proche de la Zaouiya bénie.

S idi Ahmed Dabizah

Parmi eux le célèbre savant en hadith (Mouhadith), le grand érudit, aux mérites abondants, Abou-
l-Abbas Sidi Ahmed Dabizah le Chérif ‘Alaoui (). Il faisait partie des savants œuvrant et des Wali
parfaits. Il comptait, auprès de Seïdina Ahmed Tidjani (), parmi ses aimés particuliers qui étaient
couverts de son regard d’attention. C’est à lui que Seïdina () adressa sa fameuse parole : « Ceci ne
concerne pas la famille du Prophète () ».

En effet, cela était en rapport avec le prodige accordé à Seïdina Ahmed Tidjani () sur le fait que
celui qui le verrait le lundi et le vendredi entrerait au Paradis sans jugement et sans châtiment. Or
une fois, notre personnage partit visiter Seïdina () au cours justement de l’un de ces deux jours, il

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s’assit en sa présence et prolongea son regard sur lui puis il lui demanda : « Ô Seïdina ! Quel jour
sommes-nous aujourd’hui ? » Comprenant l’allusion faite par notre personnage, le visage de Seïdina
Ahmed Tidjani () brilla et il eût de la retenue en raison de l’immense respect qu’il éprouvait pour
la famille du Prophète (), il lui répondit alors en voulant l’honorer : « Ceci ne concerne pas la
famille du Prophète () ». Voici donc ce que récoltent ceux dotés de véracité et d’amour envers les
gens d’Allah. Sidi Ahmed Dabizah () qui était caractérisé d’une science vaste et d’une lignée pure,
par son amour et sa recherche de la bénédiction, a été gratifié de l’attestation du Pôle lui confirmant
son rang de Chérif avec tout ce que cela comporte comme valeur et mérite.

Seïdina Ahmed Tidjani () reçut ce prodige et cette grâce immense dans le fait qu’entreront au
paradis ceux qui le verront ces jours-là; il le reçut directement du Prophète () et en ces nobles
termes : « Par la Puissance de mon Seigneur ! Le lundi et le vendredi, je ne te quitte pas un instant
du Fajr au Maghreb et avec moi il y a 7 anges. Et tous ceux qui te verront durant ces deux jours, les
7 anges inscriront leurs noms sur un panneau en or et ils seront considérés alors comme des gens du
Paradis et j’en serai témoin. Excède dans la prière sur moi pendant ces deux jours. Chaque prière
que tu prieras sur moi je l’entendrais et je te répondrais et il en est ainsi pour chacune de tes œuvres
qui me sont alors exposées et Salem ».

Sidi ‘Arbi ibn Sa-ih () explique dans le Boughia : « En fait, en ce qui concerne l’information
donnée par Seïdina Ahmed Tidjani () sur la garantie du Prophète (), c'est-à-dire que tous ceux
qui le verront entreront au Paradis sans jugement et sans châtiment, cela est valable que ce soit aussi
bien durant ces deux jours cités ou tout autre qu’eux. Ainsi, la garantie du Prophète (), attachée à
sa vision, lui a été donnée à la fois de manière générale, mais aussi de manière particulière en ce qui
concerne ces deux jours et il ne fait pas de doute qu’en ces deux jours particuliers il y a alors un
surplus de mérites, car la promesse fut précédée d’un serment.

Ce qui montre encore ce supplément de mérites pour les deux jours désignés, c’est le fait que les
anges inscrivent le nom de celui qui l’a regardé sur un panneau en or alors que cela n’est pas
mentionné pour les autres jours. En conclusion, la vision de Seïdina () chaque jour est une cause
pour entrer au Paradis sans jugement et sans châtiment et c’est un prodige qu’Allah lui a accordé. Il
est rapporté par ses compagnons ayant atteint l’ouverture que la particularité de ces deux jours, pour
celui qui l’a vu, ne concerne que ceux qui ont été devancés dans la science d’Allah comme étant
parmi les gens de la félicité, ce seront ceux-ci qui pourront le voir et le mécréant entre dans ceci.
Ainsi, il n’y a que celui qui doit finir dans le bonheur qui pourra le voir, quel qu’il soit, si un
mécréant le voit au cours d’un de ces deux jours il clôtura sa vie dans la foi, mais pour le musulman
cela lui est possible dans la vision de tous les jours ». Fin de citation

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Parmi les éléments qui illustrent ce fait, il a été rapporté de l’élite des compagnons de Seïdina
Ahmed Tidjani () qu’un juif cousait un habit pour Seïdina, quelques compagnons se sont alors
assis en sa présence et ils ont discuté entre eux au sujet de ce prodige. Le juif a entendu toute leur
discussion sans qu’ils ne s’en rendent compte et il fit en sorte de terminer sa couture durant l’un des
deux jours en question, le lundi ou le vendredi. Ensuite, il demanda au responsable de pouvoir
montrer lui-même à Seïdina () son travail, lui évoquant qu’il désirait lui demander de pieuses
invocations (Dou’a). Le responsable se concerta avec Seïdina () lui exposant le désir du couturier
et il l’autorisa. L’homme entra donc et s’assit près de lui en posant longuement son regard sur son
visage, ensuite il lui dit : « Ô Sidi ! Voilà que j’ai regardé ton visage alors que nous sommes tel
jour ! » Seïdina Ahmed Tidjani () invoqua pour lui et ils se séparèrent. Le couturier retourna à sa
vie et ensuite, après la mort de Seïdina () il s’avéra qu’il mourut certes musulman s’étant converti
à l’Islam, certifiant ainsi la garantie du Prophète () fortifiée par son serment.

Il a été rapporté que le grand Wali Moulay Mohamed ben Abi Nasr El ‘Alawi (), passa dans la rue
Charabiline de la ville de Fès. Lorsqu’il arriva à la rue Zaqaq Rouh, il trouva Seïdina () debout là,
les gens des quatre chemins le regardant en passant. Il resta auprès de lui jusqu'au moment où il
partit puis il l’accompagna jusqu'à sa demeure. Ensuite il lui demanda : « Ô Sidi ! Quelle est la cause
pour laquelle tu es resté si longtemps debout à cet endroit ? » Seïdina () lui dit : « Il m’a été dit de
la Sainte Présence Divine (Hadra Ilahiya) : « Sors vers mes serviteurs à mon image, celui qui t’a vu,
il m’a vu » ».

Remarque : « À mon image » signifie « À l’image de l’attribut de Ma miséricorde » comme il est


dit aussi dans le hadith : « Allah créa Adam à son image » c’est-à-dire en lui déléguant l’attribut de la
vie, de l’ouïe, de la vue et de la parole. En effet Allah – Glorifié et Exalté – est exempt de toute
image et description, Allah dit : « […] Il n’y a rien qui Lui ressemble ; et c’est Lui l’Audient, le
Clairvoyant » (Sourate 42 Choura, verset 11)

Il faut savoir que cette particularité concernant la vision de Seïdina () ne concerne que ceux qui
ne lui causent pas de tort et qui n’ont pas de mauvaises pensées à son sujet. Ce qui appuie la
nécessité d’y croire et de ne point s’opposer pour pouvoir profiter de ce prodige, est contenu dans
le récit rapporté par l’auteur de Rimah : « Un sultan visita la tombe d’Abou Yazid Bistami () et
demanda : « Y a-t-il quelqu’un qui a connu et rencontré Abou Yazid ? » On lui désigna alors un
homme âgé qui était présent non loin de là, le Sultan lui demanda : « As-tu entendu quelques-uns
de ses propos ? » Il répondit : « Oui en effet, il a dit : « Celui qui m’a vu, le feu ne le touchera
pas » ». Le Sultan fut étonné et lui dit : « Comment Abou Yazid a-t-il pu dire cela alors qu’Abou

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Jahal a vu le Prophète () et pourtant le feu le brûlera ? ». Ce cheikh expliqua au sultan : « Abou
Jahal n’a pas vu le Messager d’Allah (), il a vu l’orphelin d’Abou Taleb. S’il avait vu le Messager
d’Allah () le feu ne l’aurait pas brûlé ». Le sultan fut étonné par sa réponse. C’est à dire qu’en fait
il ne l’a pas vu avec respect, honneur et croyance qu’il est le Messager d’Allah (). Car, s’il l’avait vu
avec ce regard, le feu ne l’aurait pas brûlé, mais il l’a regardé avec mépris et la croyance qu’il n’est
que l’orphelin d’Abou Taleb. Or cette vision ne lui a été d’aucun profit »

S idi Ahmed Dadouch El Moussaoui Semghouni

Sidi Ahmed Dadouch () faisait partie des aimés de Seïdina Ahmed Tidjani () et de ceux qui
avaient pris la Tariqa auprès de lui, dès son début. Il éprouvait pour Seïdina un amour sincère en sa
présence comme en son absence et n’hésitait pas à renier ses détracteurs. Il était fermement attaché à
la corde de cette Tariqa et il accomplissait ses oraisons avec lesquelles il dépensait ses nuits et ses
jours.

Il visitait souvent Seïdina Ahmed Tidjani () en effectuant le déplacement du village de Aouled
Moussa à ‘Aïn Madhi, même si les habitants de son village le critiquaient pour cette raison. Un jour,
ceux qui s’acharnaient contre lui allèrent le dénoncer auprès de quelques personnes qui avaient
déposé chez lui une partie de leurs récoltes. Ils affirmèrent que notre personnage les avait
consommés, ce qui poussa ces derniers à venir réclamer leurs dépôts. Or, il en avait presque
consommé l’intégralité, mais dans l’intention d’un emprunt qu’il aurait restitué au moment de la
récolte. En effet, il était persuadé que les gens lui avaient donné l’autorisation d’en faire usage, mais
voilà qu’à présent, ils lui demandaient expressément de leur restituer leurs biens. Face à ces
circonstances, il partit voir Seïdina Ahmed Tidjani () et l’informa sur sa fâcheuse situation. Seïdina
lui remit alors quelques cailloux en lui ordonnant de les mettre dans la récolte. Il devait après ça
peser le poids de l’ensemble de ce qui était en dépôt chez lui, tout ceci sans la présence de
quiconque, et enfin, il ne devait plus accepter de les reprendre. C’est ainsi qu’il exécuta les
recommandations de Seïdina Ahmed Tidjani (), puis il rendit l’intégralité des dépôts. Les
dénigreurs furent surpris de constater qu’il n’avait rien consommé et ils se sont dit : « Mais de quoi
se nourrissait-il alors ? ».

Les propriétaires des dépôts reconnurent que les dénonciateurs n’étaient que des menteurs et ils
demandèrent à Sidi Ahmed Dadouch () de reprendre leurs biens chez lui, mais il refusa. Après
cela, il se rendit chez Seïdina Ahmed Tidjani () et le trouva en compagnie de quelques-uns de ses

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compagnons. Il commença alors à danser en signe de joie devant ce prodige qui venait de lui
arriver, ce qui provoqua un sourire à Seïdina () et à ses compagnons (). Certains frères
l’interrogèrent au sujet de ce qui s’était passé, il leur répondit : « J’avais l’impression que la récolte
augmentait quand je la déposais sur la balance, alors que je ne déposais pas grand-chose ! ».

S idi Hajj Ahmed Djawiyed Tanji

Cet homme fait partie des hommes de Dieu passionnés dans l’amour de notre maître Mohammed
(). Il était, avant sa rencontre avec Seïdina Ahmed Tidjani (), à la recherche de celui qui lui
prendrait la main dans le cheminement. Très engagé dans le désir d’atteindre ses demandes, il était
vêtu du costume du disciple qui s’abandonne à son maître. Chaque fois qu’il entendait parler d’un
Cheikh d’entre les Chouyoukh, il voyageait vers lui pour le rencontrer et prendre de lui jusqu’à ce
qu’il entendit parler de la présence de Seïdina Ahmed Tidjani () à Fès.

Il quitta alors la région de Tanja pour voyager vers lui. Il arriva à Fès un vendredi au zénith
(zawwal) et il entra à la mosquée Qarawiyyine pour accomplir le Djoumou’a. Il se dirigea vers le
mihrab et trouva une place libre au premier rang, proche d’un endroit où était préparé comme une
sorte de tapis. Il fit la prière du salut à la mosquée à côté de cette place en question, puis Seïdina
Ahmed Tidjani () vint et pria sur cette place préparée pour lui. Notre personnage fut pris d’un
état intense qui lui était étranger. Il n’avait jamais vu Seïdina () auparavant, ni ne le connaissait.
Lorsque notre personnage eut terminé sa prière, son état persista. Ni il ne leva la tête, ni il ne se
tourna vers Seïdina Ahmed Tidjani () en raison de ce qu’il avait comme crainte révérencielle
majestueuse. Ensuite Seïdina (), après avoir clôturé sa prière, commença à réciter le Coran de son
début et il le clôtura au moment où les gens commencèrent à attendre la sortie du sermonnaire.

Notre personnage a écouté la lecture de son début à sa fin en étant sûr de ce qu’il avait entendu et il
fut très étonné de cette lecture entière accomplie en si peu de temps. Il s’est dit en lui-même que
c’était ce qu’il recherchait et c’était le premier prodige de Seïdina auquel il assista. Puis, lorsque le
sermon et la prière furent clôturés, les gens vinrent saluer et visiter Seïdina Ahmed Tidjani ()
comme c’était leur habitude lorsqu’ils le voyaient. Sidi Ahmed Djawiyed () interrogea les gens sur
l’identité de ce Cheikh qu’ils venaient ainsi visiter et ils lui répondirent qu’il s’agissait là de Cheikh
Tidjani (). Il s’avança alors vers lui avec un adeb parfait et se présenta à lui, le suppliant de
l’accepter parmi ses disciples. Et, sur le champ, il a pris la Tariqa s’abreuvant de son océan, il
retourna dans sa région, triomphant d’avoir désormais atteint son souhait.

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S idi Ahmed ibn Abdrahman Semghouni

Le Wali parfait, le connaissant relié doté de la majestueuse bénédiction, Sidi Ahmed ibn
Abdrahmane Semghouni (), l’une des élites parmi les compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani
(). Il était caractérisé par une aspiration élevée et il était très considéré au sein des élites comme du
commun. Il a été rapporté que lorsque notre personnage a rencontré l’immense Khalife Sidi Hajj
‘Ali Tamacini () à Boussemghoume, il lui a évoqué le cas des enfants de Seïdina Ahmed Tidjani
() jusqu'à ce qu’il lui dise : « Je pense que personne ne pourra les ramener de Fès, car il ne désire
point en sortir pour se rendre dans le désert, sauf par le biais d’un secret. » Sidi Hajj ‘Ali () lui dit
alors : « Je vais les ramener par le biais d’un secret et tu le constateras de toi-même. »

Il se rendit donc à Fès et y trouva les enfants de Seïdina Ahmed Tidjani () lassés et tracassés par
l’évènement survenu avec le fils du Sultan et ils étaient fort désireux de s’en aller. Or, les
compagnons de Seïdina () qui vivaient à Fès lui déclarèrent qu’ils ne laisseraient jamais partir les
enfants de Seïdina Ahmed Tidjani avec lui. La situation paraissait donc sans issue au point que la
seule solution fut de porter cette affaire au prince de l’époque Maoulana Sultan Souleïman, qu’Allah
sanctifie son âme au Paradis. Une fois devant lui, les disciples de Fès argumentèrent en disant : « Les
enfants de Seïdina Ahmed Tidjani sont nés à Fès (en fait, seul Sidi Mohamed El Habib y est né) et
c’est le lieu où ils sont installés, ils ne doivent pas en sortir. » Seïdina Hajj ‘Ali () dit alors : « Leur
origine est de ‘Aïn Madhi et leur irrigation ne se trouve pas dans cette ville, mais elle est dans le
désert. » faisant allusion à la parole de Seïdina Ahmed Tidjani () qui avait dit : « Il n’y a que le
désert qui convienne à mes garçons, ils s’y assainiront et y vivront. » Le verdict trancha en faveur de
Sidi Hajj ‘Ali () mais à la condition toutefois que les enfants de Seïdina Ahmed Tidjani ()
désirent effectivement voyager. La situation s’apaisa et s’arrangea entre Sidi Hajj ‘Ali () et les
disciples.

Parmi les propos qu’ils s’échangèrent, ils lui demandèrent : « Nous aimerions que tu nous informes
sur l’identité de celui d’entre les membres de cette Tariqa Mohammediya qui est apparu
conformément à la parole de Seïdina Ahmed Tidjani () qui avait dit : « Il y a certain d’entre mes
compagnons que, si on rassemblait l’ensemble des Pôles de cette communauté, on ne pourrait les
peser devant l’étendue d’un seul cheveu de leurs océans. » et il a dit que l’un d’entre eux est apparu
et qu’il est de père et de mère Fèsi (originaire de Fès) mais sans pourtant le nommer, le dissimulant
entièrement. » Sidi Hajj ‘Ali () leur dit : « Mais que feriez-vous donc avec lui si vous le voyez ? »
Ils répondirent : « Nous l’honorerions et nous nous conformerions à ses ordres. » Il leur demanda :

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« N’est-ce pas qu’il ne serait qu’un serviteur de Seïdina Ahmed Tidjani () et de ses enfants ?! » Ils
dirent : « Oui, en effet. » Il leur dit alors : « Il vous suffit alors d’honorer les enfants de Seïdina
Ahmed Tidjani et de vous conformer à leurs ordres en priorité, vu ce que cela implique comme
observance des commandements de Seïdina Ahmed Tidjani. Or ses enfants vous ordonnent de
renoncer à votre opposition hostile au sujet de leur voyage si vous désirez réellement l’agrément
d’Allah par la satisfaction de Seïdina (). » C’est à cet instant que les disciples abandonnèrent leurs
contestations pour ce départ. Sidi Hajj ‘Ali () put ainsi partir avec les enfants de Seïdina Ahmed
Tidjani () laissant derrière eux les yeux des disciples en pleurs, leurs cœurs consumés par cette
séparation. Les gens restèrent ébahis devant ce départ, car ils étaient convaincus de son impossibilité.

Cet événement laisse entrevoir deux faits particuliers : Le premier est que Seïdina Ahmed Tidjani
() avait informé que seul le désert conviendrait à ses garçons, qu’ils s’y assainiront et y vivrons,
quant aux filles il n’y a que la ville qui leur conviendrait. Il est rapporté dans El Ifadat-l-
Ahmediya que la cause de ses propos est qu’une personne proposa sa fille pour Sidi Mohamed El
Habib (), alors Seïdina Ahmed Tidjani () s’excusa en lui déclarant ces propos-là et il ne s’est pas
écoulé une année qu’ils s’y sont effectivement rendus. Le second est que Sidi Hajj ‘Ali () avait
affirmé à Sidi Ahmed ibn Abdrahman Semghouni () qu’il allait ramener les enfants de Seïdina
Ahmed Tidjani () dans le désert par le biais d’un secret et c’est ce qui s’est déroulé.

Remarque : Sidi Arbi ben Sa-ih () fut interrogé sur cette personne originaire de Fès dont a parlé
Seïdina Ahmed Tidjani (). Il répondit : « Par cette insinuation, il ne veut pas désigner la ville de
Fès mais il insinue en fait par la mère la Tariqa et par le père l’esprit de Seïdina Ahmed Tidjani () »

S idi Moulay Ahmed ibn Abdsalem El Filaly

Le grand Connaissant, le célèbre Wali aux nombreux prodiges et aux caractères nobles, le Chérif
authentique Moulay Ahmed ibn Abdsalem El Filaly (). Ce maître faisait partie de l’élite des élites
des compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani () qui l’aimait d’un amour particulier que tous lui
enviaient. Il faisait partie d’un de ceux qui subirent le tort du savant Sidi Mohamed ibn Mechri ().
Ce dernier, se fiant à son propre degré, s’est laissé illusionner face à leur degré et il a voulu agir
contre eux et ainsi est survenu ce qui est survenu.

Seïdina Ahmed Tidjani () dut ordonner à Sidi Hajj Ali Harazime () d’intercéder auprès du
Prophète () par l’intermédiaire de Seïdina Ibrahim () afin que le Fqih Sidi Mohamed ibn

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Mechri () soit pardonné pour ce qui est arrivé. La vision qu’eut Sidi Hajj Ali Harazime ()
confirma cela. En effet, il vit le Prophète () sous une coupole verte et rayonnante de lumière et
parmi ceux qui se trouvaient en sa compagnie, il y avait Seïdina Ibrahim (). Celui-ci en
l’apercevant sut sa requête et il s’avança alors vers le Prophète () et intercéda en faveur de Sidi
Mohamed ibn Mechri. Le Prophète () se plia à son intercession tout en lui disant : « Si tu n’étais
pas mon père je ne lui aurais pas pardonné ». Ensuite, il ordonna qu’il quitte le pays où il se trouvait
avec mansuétude et douceur et ainsi jusqu’à la fin de la scène, car cette vision est longue et nous
n’avons rapporté qu’une partie. Moulay Ahmed ibn Abdsalem El Filaly () est enterré en Tunisie,
qu’Allah lui fasse miséricorde.

S idi Ahmed ibn ‘Achour Semghouni

Le savant dont la renommée s’est propagée à l’ensemble des contrées, l’homme à la poitrine de
laquelle ont émergé les sources des secrets, Abou-l-‘Abbas Sidi Ahmed ibn ‘Achour Semghouni
(). Ce maître majestueux était très aimé auprès de Seïdina Ahmed Tidjani () et ce, malgré son
jeune âge. Son père faisait partie des proches particuliers de Seïdina (). À la mort du père de notre
personnage, sa mère l’emmena à Seïdina () afin qu’il invoque en sa faveur et il était alors un jeune
enfant. Seïdina Ahmed Tidjani () invoqua en sa faveur puis il crachota dans sa bouche et depuis
lorsqu’il parlait ses auditeurs espéraient que plus jamais il ne se taise en raison de ce qu’Allah faisait
surgir sur sa langue comme sagesse Seigneuriale et connaissance subtile.

Il était une source de savoir et un Kaouthar où pouvaient s’abreuver les élites et le commun. Le fils
de Seïdina (), Sidi Mohammed El Habib () le respectait énormément et il a appris diverses
sciences auprès de lui. De plus, à l’époque de l’oppression de la gent injuste envers les gens de cette
région, il lui demanda de composer des vers afin de les réciter après l’accomplissement de la
Wadhifa et depuis c’est ce qui est récité dans ces régions. Lorsque les ennemis s’emparèrent du pays,
ils envoyèrent une lettre à Sidi Ahmed ibn ‘Achour () afin de l’inviter à venir enseigner la science
à Alger alors que bien entendu leur objectif était de l’emprisonner. Il fut très inquiet et il répondit
au gouverneur d’Alger par un refus, celui-ci lui renvoya alors un courrier lui demandant de
demeurer où il était pour l’enseignement de la noble science comme à son habitude, mais en
revanche il devrait désormais payer un fort tribut. Notre personnage n’accepta pas cette injustice et
en fut irrité, il décida alors de fuir en direction de la ville de Figuig, il ne se passa qu’un court
moment avant qu’il ne meure comme Exilé dans la voie d’Allah.

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S idi Ahmed ibn ‘Asaker El Djaza-iri

Le détenteur de la grande maîtrise, à la station élevée, Abou-l-Abbas Sidi Ahmed ibn 'Asaker El
Djaza'iri (). Ce maître était immergé dans l'amour de Seïdina () qui l'aimait aussi vu son sincère
et complet amour.

Il a été rapporté que notre personnage demandait souvent à Seïdina Ahmed Tidjani () de lui
garantir l'acquisition de la station identique à celle du grand et célèbre connaissant, le wali Abou
Zayd Sidi Abdrahman (), mais Seïdina () le mettait en garde contre cela. Or un jour il accepta sa
requête en lui disant : « Tu auras cela, mais à une condition, c'est que tu acceptes les épreuves de sa
station ». Il lui répondit : « Ô mon maître certes j'accepte cela ». Conformément au décret d'Allah,
il survint des évènements entre les Turcs et lui, évènements qui aboutirent à son exécution. Au
cours d’une période durant laquelle il visita Seïdina () à Fès, il rencontrât également la célèbre
Majdhouba Lalla Mannana (). Lors de cette entrevue, elle lui dévoila en premier lieu son nom
puis elle lui raconta d'autres choses jusqu'à lui dire : « Le mal te viendra dans ton jardin ». Or il
s'avéra qu'en retournant à Alger, les Turcs passèrent dans son jardin et trouvèrent quelque chose qui
les poussa à le tuer par erreur, qu'Allah lui fasse Miséricorde.

S idi Ahmed ibn Isma’il El Laghouati

Le juriste, le savant détenteur de la clairvoyance et de l'âme vertueuse, Sidi Chérif Ahmed ibn
Isma'il El Laghouati (). Il était aimé par Seïdina Ahmed Tidjani () qui faisait souvent son éloge.

Parmi les évènements que l’on rapporte sur lui, il y a qu’un jour avant le fajr il se trouvait dans
l'ancienne mosquée de Laghouat et il lisait discrètement le Qor'an. À ses côtés se trouvait le
compagnon de Seïdina, Sidi 'Issa Charraz () qui faisait du Dhikr. Soudain, ce dernier vit le
Prophète () qui lui dit : « Dis à Ahmed ibn Isma'il qu'il élève sa voix en récitant le Qor'an ». Sidi
'Issa Charraz () se dirigea alors vers Sidi Ahmed ibn Isma'il El Laghouati () et l'informa de ce que
le Prophète () venait de lui ordonner. Notre personnage commença donc à lire le Qor'an à voix
haute conformément à l'ordre noble et sa récitation semblait être une flûte parmi les flûtes de
Seïdina Daoud ().

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S idi Ahmed ibn Kirane

Le méritant, l’évocateur, le reconnaissant Abou-l-Abbas Sidi Ahmed ibn Kirane (). Il était parmi
les aimés et les proches de Seïdina () et il faisait partie des Connaissants et des évocateurs
abondants d’Allah. Il était un de ceux qui accomplissaient l’Adhan dans la Zaouiya à l’approche de
la mort de Seïdina Ahmed Tidjani () et même après. Seïdina lui avait dit : « Tous ceux qui
verront ton visage entreront au Paradis et de même pour ceux qui verront ceux qui t’ont vu ». Il
s’asseyait fréquemment à la porte de la Zaouiya et il disait : « Regardez mon visage afin que vous
réussissiez, certes mon maître m’a dit ceci et cela ».

S idi Ahmed ibn Ma’amar Laghouati

Celui qui portait la couronne de la sainteté et qui était entouré par l’œil de la préservation, Abou-l-
‘Abbas Sidi Ahmed ibn Ma’amar connu sous le nom d’ibn Salim Laghouati (). Cet homme
majestueux pour qui a été devancé l’aide Seigneuriale, les dons de la connaissance et l’affection de
Seïdina (), faisait partie des méritants de l’élite des compagnons. Il a été rapporté que lorsque
Seïdina Ahmed Tidjani () est arrivé à Laghouat, et que pour l’occasion ses compagnons se sont
réunis, il leur a dit : « Je vous ai ramené une bouchée de Fès et je veux vous la remettre ». Sidi
Ahmed Lakhdar () lui dit : « Ô ! Sidi, cette bouchée que tu veux nous remettre donne-là à cet
enfant » et il désigna du doigt Sidi Ahmed ibn Ma’amar (). Seïdina () invoqua pour lui ensuite il
posa sa noble main sur sa tête et il dit : « Qu’Allah te préserve du mépris, de la pauvreté et du
châtiment de la tombe, et qu’Il grave la sainteté dans ton cœur ». A partir de cet instant notre
personnage eut la Grande Ouverture et l’immense Connaissance comme l’ont attesté le commun et
l’élite parmi ceux qui l’ont connu.

C’est à lui que s’adressait Seïdina Ahmed Tidjani () lorsqu’il avait dit : « Donner pour ALLAH »
comme il est rapporté dans le livre El Ifadat. En effet, notre personnage interrogea Seïdina () sur
une coutume qu’avaient leurs ancêtres et qui était de donner chaque année de l’orge aux
descendants du Pôle connu Sidi Abdelqader Ibn Mohamed () enterré dans la ville d’El Bayadh. Il
lui demanda : « Que nous ordonnes-tu à propos de cette coutume ? » Seïdina () répondit :
« Donnez ou laissez » et il le répéta 3 fois. Sidi Ahmed Ibn Ma’amar () lui redemanda et ajouta :
« Ô ! Sidi, si le disciple diverge avec son Cheikh il en récolte alors la perte, informe-nous sur ce que
tu nous ordonnes ». Seïdina Ahmed Tidjani () lui dit : « Celui qui veut donner qu’il mette
l’intention de donner pour ALLAH ».

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Parmi les évènements qui lui sont survenus avec le Pôle Sidi Hajj ‘Ali Tamacini () et qui
concernait une situation entre les Turcs et les enfants de Seïdina. il vit en songe que Seïdina Ahmed
Tidjani () avait trois tentes qui étaient entourées de boue, or Sidi Ibn Ma’amar () vit en songe
Seïdina () qui lui dit : « Dis-leurs : Prenez une tente et emmenez-là à l'Ouest de Laghouat, la
deuxième emmenez-là à l’Est et laissez l’autre jusqu’à ce que la boue disparaisse » Sidi Ahmed Ibn
Ma’mar () raconte : « Suite à ce rêve je me réveillai et ne mis personne au courant de ce que
j’avais vu. Or ; au matin même où j’ai eu ce songe, voilà que le messager du gouverneur turc
apporta une lettre destinée aux enfants de Seïdina (). Le gouverneur leur demandait de venir
pour qu’il puisse tirer bénédiction d’eux, mais son objectif était bien autre chose. Les compagnons
qui étaient présents en ce temps-là se sont réunis et le Pôle Sidi Hajj ‘Ali Tamacini () était parmi
eux ; ils commencèrent à discuter sur cette situation et sur ce qu’ils allaient faire. Allaient-ils laisser
les enfants de Seïdina () partir voir le gouverneur ou non ? Et ils envisageaient quelles seraient les
conséquences de tout cela. Sidi Ahmed Lakhdar (), le compagnon de Seïdina () dit alors à ce
groupe : « Il serait peut-être préférable pour la paix dans les deux camps qu’ils partent les voir ! »
Sidi Hajj ‘Ali Tamacini () lui dit : « Par le Majestueux ! Comment abandonnerions-nous les
enfants de Seïdina () aux mains des Turcs afin qu’ils jouent avec, cela ne se fera jamais » » Ensuite,
Sidi Hajj ‘Ali () se tourna vers notre personnage et lui demanda : « Dis-nous ce que Seïdina ()
t’a demandé de nous transmettre » alors que Sidi Ahmed Ibn Ma’amar () n’avait parlé à personne
de son rêve. Il a donc raconté sa vision, ce qui causa l’étonnement de l’assemblée et cela a confirmé
le fait qu’il ne fallait pas laisser partir les enfants de Seïdina ().

Par la suite Sidi Hajj ‘Ali Tamacini () a pris avec lui Sidi Mohamed El Kebir () pour l’emmener
à Tamacine et il envoya Sidi Mohamed El Habib () à Boussemghoune et ces deux-là
représentaient les deux tentes dont a parlé Seïdina () dans le rêve, dont l’un devait partir à l’Est de
Laghouat et l’autre à l’Ouest. Et, toujours conformément à la vision, Sidi Hajj ‘Ali Tamacini ()
ordonna de laisser le reste de la famille de Seïdina () à ‘Aïn Madhi. Certains lui dirent :
« Comment laisser la famille de Seïdina () à ‘Aïn Madhi alors que les ennemis vont être lancés
contre eux ? » Sidi Hajj ‘Ali () les rassura en ces termes : « Je n’ai pas peur pour eux.»
Effectivement, les Turcs assaillirent les habitants de ‘Aïn Madhi et détruisirent la ville ; et alors qu’ils
étaient sur le chemin du retour, ils furent surpris par un tremblement de terre qui décima leur
armée et ils retournèrent défaits. Au cours de cet évènement, la famille de Seïdina () et sa maison
furent protégées par Allah (). Par la suite, Sidi Hajj ‘Ali () ordonna de faire revenir les enfants de
Seïdina () à ‘Aïn Madhi, mais lorsqu’ils arrivèrent sur place ils constatèrent que toute la ville était
détruite alors ils retournèrent sur leur pas. Sidi Hajj ‘Ali () ordonna aux disciples de reconstruire la

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ville et de l’habiter et Sidi Ahmed Ibn Ma’amar () était de ceux qui s’acharnèrent à accomplir
cette tâche jusqu’à la parfaire.

Sidi Mohamed El Habib () fut impressionné par le travail accompli par Sidi Ahmed Ibn Ma’mar
() au point qu’il envoya un courrier à Sidi Hajj ‘Ali Tamacini () pour lui faire-part de ce
dévouement. Il le mit au courant de la remise en état de l’ensemble de la ville, ceci fut un prodige,
car la ville qui était entièrement en ruine fut reconstruite en seulement dix jours et personne ne
ressentit de la fatigue, au contraire se fut un apaisant repos tout au long des travaux. Sidi Hajj ‘Ali
Tamacini renvoya une réponse à Sidi Mohamed El Habib () et par rapport à Sidi Ahmed Ibn
Ma’amar et son mérite il lui révéla : « Ceci est la part qu’Allah lui a donné et qui lui a été réservée
dans la préexistence, Seïdina () l’aimait énormément et on a entendu justement de Seïdina Ahmed
Tidjani : « Je n’aime personne avant que nous soit rendu apparent qu’Allah et son Prophète ()
l’aiment et je ne me détourne de personne avant que nous soit rendu apparent qu’Allah et son
Prophète () se sont détournés de lui » ».

Lorsqu’il mourut en l’année 1268 de l’Hégire et qu’il fut enterré, Sidi Mohamed El Habib () vint
cinq jours après et se recueillit auprès de sa tombe. Il ordonna aux gens présents de partir puis il
s’assit auprès de sa tête, orienté vers la Qibla et il resta ainsi pendant deux heures et le Mouqadem
Ibn Mechri Rayan () s’assit derrière lui. Lorsque Sidi Mohamed El Habib () se leva, il dit au
Mouqadem en question : « Je lui ai fait quelque chose, qui même s’il se trouvait dans le feu, il en
serait sorti ».

S idi Ahmed ibn Mohamed Fathan Bannani Fesi

Il fait partie des élites et parmi les meilleurs de son temps, il était raffermi dans la science et avait une
haute aspiration spirituelle s’incarnant à travers la générosité et l’indulgence. Il a reçu de la part de
Seïdina Ahmed Tidjani () des sciences, des secrets et il a bénéficié de ses lumières. Ainsi, il a pris
de la Chari’a son essence et de la Haqiqa sa contemplation. Il fut installé sur le tapis de la proximité
dans la Tariqa auprès de la sainte présence Tidjani (), il s’est abreuvé alors de la science et de
l’action. Il a pris la Tariqa directement de Seïdina (), avant son père, suite à ce qu’il a vu de la part
du Cheikh () en tant que Baraka et en raison de la sympathie qu’il avait pour lui.

On rapporte qu’il est tombé un jour, ce qui a provoqué le bleuissement de ses deux jambes, on l’a
donc emmené chez lui avec beaucoup de chagrin. Son père, Sidi Mohamed, est allé lui chercher
des médecins et parmi eux le médecin célèbre nommé Bisantissi. Il lui a fait un plâtre et il lui a

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ordonné de s’allonger et de s’abstenir de tout mouvement en conseillant à son père de bien veiller à
ce qu’il reste dans cet état par crainte de perdre l’usage de ses jambes. Sidi Ahmed Bannani () fut
affligé à cause de cela, il a considéré que le conseil du médecin était très difficile à réaliser par
conséquent il implora le secours d’Allah par l’intermédiaire de Seïdina Ahmed Tidjani () puis il
fut pris de somnolence en raison de la grande douleur. Il a vu Seïdina Ahmed Tidjani ()
accompagné d’un homme à qui il a dit : « Ô ‘Ali ! fais-lui un médicament » puis il a mis sa main
bénie sur ses deux jambes et il lui a dit : « Donne-moi ta main, lève-toi et marche » Suite à cela il a
senti la fraîcheur de l’apaisement et il s’est réveillé tout en ayant la certitude que Seïdina Ahmed
Tidjani () lui avait apporté la guérison à travers le Wali célèbre, médecin des Aouliya, Moulay ‘Ali
Boughaleb (). Puis la douleur s’est estompée, il a fait bouger ses jambes et il a voulu se mettre
debout.

Ceux qui étaient présents avaient peur pour lui, mais il n’a pas prêté attention à leurs propos, il a
pris une canne avec sa main et il s’est levé. Son père, ayant été informé de sa volonté de se lever,
s’est précipité près de lui afin de l’en empêcher. Mais il l’a trouvé dans cet état sans qu’il éprouve
pourtant la moindre douleur, son père voulut le sermonner à cause du non-respect des consignes du
médecin, Sidi Ahmed informa alors son père de sa vision, ainsi il se tranquillisa et il eut la certitude
sur la présence de Seïdina Ahmed Tidjani () et sur la concrétisation de sa Baraka. Quant au
médecin évoqué précédemment, il s’est étonné de cette guérison soudaine, puisqu’il ne croyait pas
en son rétablissement. Par conséquent, il a compris que cela faisait partie des prodiges de Seïdina
Ahmed Tidjani (). Ainsi, Sidi Ahmed Bannani () s’est rétabli entièrement. Ceci fait partie des
causes qui ont incité le père de Sidi Ahmed à prendre la Tariqa de Seïdina ().

Sidi Ahmed Bannani () était très attaché à Seïdina Ahmed Tidjani () depuis qu’il l’a connu, il
passait la majeure partie de son temps en sa compagnie dans la Zaouiya sauf lors des nécessités. Il a
eu l’accès à l’ouverture des portes de la connaissance et il a également eu accès aux secrets que
Seïdina Ahmed Tidjani () lui transmettait en tant qu’Ouverture Seigneuriale débordant de la
sainte présence Mohammedienne. Même s’il était d’une vive intelligence et d’une science claire et
limpide, lorsqu’il lui arrivait de discuter avec Seïdina () au sujet d’un verset ou d’un hadith il
restait stupéfait et étonné de la profondeur de ces propos émanant de l’océan de ses secrets. On
rapporte qu’il disait : « Je me considère en tant que barbare, ne comprenant rien par moment, en
présence de Seïdina () face aux irrigations infuses qu’il dictait et devant les connaissances et les
ouvertures qu’il manifestait ».

On rapporte également qu’il est parti faire le pèlerinage et il a rencontré durant son voyage un
groupe de personnes qui avaient l’ouverture dans cette Tariqa Ahmediya et alors qu’il parcourait le

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Hijez, il est passé avec un de ses accompagnateurs près d’un lieu où on l’a informé de la présence de
la tombe de Sidi Untel, un compagnon. Il est rentré près de sa tombe avec l’intention de tirer la
Baraka, car il n’est pas interdit au disciple Tidjani de visiter les prophètes (), les compagnons ()
ou les frères dans la voie. Après avoir accompli sa visite, on l’a informé que la tombe n’était pas celle
d’un compagnon, mais celle d’un Wali et cela, après avoir parcouru une certaine distance. Ceci l’a
affecté et il n’a pas pu s’empêcher de revenir dans ce lieu puis il s’est excusé auprès du Wali comme
s’il était vivant, il lui dit : « Ô Wali ! Je t’ai visité en pensant que tu étais un compagnon et puisque
tu n’en es pas un, je reviens alors sur ma visite dans la forme et dans le fond et je ne manifeste aucun
désir d’avoir un influx me parvenant par ton intermédiaire suite à cette visite. Si j’avais su que tu
n’étais pas un compagnon, je ne t’aurais pas visité par crainte de me voir rompre d’avec ma voie ».
Tous ces propos ont été annoncés avec douceur, ainsi il a manifesté le respect que l’on doit aux
Wali en évoquant des excuses dignes d’un disciple sincère dans son respect envers le pacte des
Chouyoukh. Enfin, il retourna à la caravane à laquelle il appartenait en les informant de son
attitude, ainsi il fut la cause d’une éducation pour ceux qui étaient en sa compagnie parmi les frères
qui constatèrent des actes et non pas seulement des paroles.

L’agissement de Sidi Ahmed Bannani () dans cette situation est une preuve de sa sincérité dans son
attachement au pacte de son Cheikh dans la voie, car en son sein la visite est interdite. En effet, elle
est la cause de la rupture de l’irrigation parvenant de la part du Cheikh au profit du disciple comme
ceci est clair au sein de la voie. On peut répliquer alors : il aurait pu revenir sur sa visite seulement
par son intention ceci aurait été suffisant sans avoir besoin de retourner auprès de la tombe ou bien
s’abstenir de revenir sur sa visite puisqu’en vérité il n’a pas fait la visite de ce Wali là étant donné
qu’il l’a visité pensant qu’il s’agissait d’un compagnon, sa visite n’est donc plus une visite interdite.
Quel est alors le secret qui motiva son agissement ? La réponse est qu’il a agi de la sorte pour bien
certifier auprès des Tidjani qui étaient présents avec lui le caractère illicite dans la voie de la visite
des Wali autre que les compagnons () car ils auraient pu penser que cela est permis, ainsi son acte a
enraciné entièrement aux yeux de tous l’interdiction de telles visites.

S idi Ahmed Lakhdar Tamacini

Le Wali parfait et connaissant relié, détenteur des hauts degrés et des grands prodiges, le Chérif
majestueux Abou-l-‘Abbas Sidi Ahmed Lakhdar El Idrissi Tamacini (). Il fait partie de l’élite aux
grands mérites parmi les compagnons de Seïdina () et il est enterré à Tamacine (sud-est algérien)
où sa tombe est connue.

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Sidi Ahmed ‘Abdelaoui () a rapporté que le Pôle Sidi Hajj ‘Ali Tamacini () après avoir décidé la
construction de la Zaouiya de Tamacine a choisi un endroit pur pour l’aménagement. En creusant
les fondations, le tombeau de notre personnage fut atteint et Sidi Hajj ‘Ali () ordonna de le fendre
tout en disant : « Les compagnons de Seïdina () s’en vont avec leurs corps et leurs esprits dans un
Barzakh (monde intermédiaire entre la vie terrestre et celle de l’au-delà) qui leur est particulier en
compagnie de Seïdina Ahmed Tidjani () ». Ils ont fendu le tombeau et lorsqu’ils l’ouvrirent ils le
trouvèrent entièrement vide. Sidi Mohamed El Habib () avait dit une parole similaire à celle du
Pôle Sidi Hajj ‘Ali Tamacini (). En effet, il a dit : « Tous les compagnons de Seïdina () qui
meurent, se déplacent avec leurs propres personnes jusqu’au Barzakh de Seïdina Ahmed Tidjani
() ».

Parmi les compagnons il en est qui assistent, après leur mort, à la récitation de l’oraison du Wadhifa
dans la Zaouiya bénie de Fès et certains vivants parmi les élites les reconnaissent. À ce sujet le
compagnon de Seïdina (), Sidi ‘Issa ibn Kharraz () a raconté qu’il a vu le grand compagnon Sidi
ibn Mechri El Achhab () après sa mort. Il sortait de la Zaouiya bénie après que le Wadhifa ait été
récité. Sidi ‘Issa Kharraz () lui demanda : « Assistez-vous donc à la Wadhifa après la mort ? » Il
répondit : « Oui ! » Ensuite, il l’interrogea sur la situation de son père nommé Sidi ‘Arbi ibn El
Achhab (), à quoi Sidi ibn Mechri () répondit : « Sa station est très élevée et moi je suis en
dessous de lui, je ne sais pas ce qu’elle contient en raison de son élévation et de sa limpidité
inaccessible ; sache qu’il récitait tous les jours dix mille Salat Fatihi ». Je lui ai demandé de
m’indiquer l’endroit de son emplacement (spirituel) et il m’emmena à un endroit puis me désigna
du doigt l’emplacement, mais il ajouta par allusion que je ne pourrais le voir qu’après ma mort et
après ça il a disparu.

S idi Ahmed Maghbar

L’homme majestueux, Sidi Ahmed ibn hajj ‘Arbi Maghbar, alors âgé de seize ans, il était souvent
assis à la Zaouiya bénie tout au long du vécu de Seïdina (). Son père avait la Tariqa de certains
autres Connaissants, mais avec une croyance ferme en Seïdina Ahmed Tidjani () et un amour
particulier pour lui et, chaque fois qu’il lui survenait quelque chose, il allait auprès de Seïdina ()
pour qu’il le lui ôte et il le satisfaisait dans sa demande. Quant à notre personnage, il a pris la Tariqa
de Seïdina Ahmed Tidjani () à travers le grand Wali Moulay Mohamed ben Abi Nasr El ‘Alawi
() et il était toujours auprès de lui.

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Il a rapporté que Seïdina () accomplissait fréquemment la prière du vendredi à la mosquée
Qarawiyyine. Or, à l’époque de la construction de la Grande Zaouiya, les habitants de Fès furent
très virulents par leur langage envers Seïdina Ahmed Tidjani (). L’un d’entre eux imitait les
Majdhoub feintant l’extase et dès qu’il apercevait Seïdina () il lançait de méchants propos contre
lui, se laissant influencer par ceux qui s’opposaient à Seïdina (). La langue de Seïdina ()
répondait par ces vers : « Certes les détracteurs ont ordonné que l’ont m’insulte or on m’ordonne et
je le dis cela ne me regarde pas ». De plus, durant cette époque, Seïdina () interdisait à ses
compagnons de répliquer à ces gens-là. Une fois, Seïdina () sortit de la prière, ce même homme
éleva la voix d’un air moqueur en disant : « Tous les Bédouins du désert sont tes cousins, ô ma
beauté, ils veulent construire une Zaouiya, ils vont se faire du tort à eux-mêmes vu leur génie ». Un
compagnon dit à Seïdina Ahmed Tidjani () : « N’entends-tu pas ce qu’il est en train de dire, ô
mon maître ? » Seïdina () fut saisi d’un état en chevauchant son cheval, celui-ci montait et
descendait, jusqu'à ce que Seïdina dise : « Par Allah ! Pas avant que ne soient écrasées les entrailles
du renégat ».

Il s’avéra que l’homme en question, en rentrant chez lui, fut atteint par la peste. Il chercha la
délivrance de ce mal par l’intermédiaire des saints, mais il ne fut pas secouru et lorsqu’Allah lui
voulut du bien, il lui fit comprendre qu’il avait été touché par la cause de Seïdina (). Il se mit à
l’implorer et à l’appeler pour qu’il lui pardonne en demandant à ceux qui passeraient devant chez
lui d’aller intercéder auprès de lui. Les envieux, qui l’avaient incité à délier sa langue sur Seïdina
(), étaient là et l’écoutaient. Certains d’entre eux se rendirent donc auprès de Seïdina () et le
supplièrent de lever ce mal qui était descendu et ils intercédèrent par le caractère sacré de son aïeul,
le Prophète () afin qu’il lui pardonne. Seïdina Ahmed Tidjani () répondit : « Pour ce qui est
arrivé, c’est arrivé, mais tout ira bien pour lui quant à sa foi » et, suite à cela, cet homme put
prononcer l’attestation de foi et mourut. Qu’Allah nous pourvoie de l’Adeb dû à nos maîtres les
wali. Sidi Ahmed Maghbar () est mort quant à lui en l’année 1268 et il est enterré à Bab Ftouh.

S idi Ahmed Mazouni

L’homme à la bénédiction élevée, Abou-l-‘Abbas Sidi Ahmed Mazouni (). Il faisait partie des
plus grands parmi les élites des compagnons, de ceux pour qui fut décrété le soutien par l’obtention
de la perfection dans la sainteté et les prodiges courants. Il décéda du vivant de Seïdina Ahmed
Tidjani () et il fut enterré dans le cimetière des « Aoulad ibn Abdallah » près de la porte de « Bab
Ftouh ». Parmi ses mérites montrant l’élévation de son degré dans la sainteté, il y a ce qui a été
rapporté des propos de Seïdina () après l’enterrement de notre personnage. Il a dit à ses

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compagnons : « Celui qui a un besoin et qui désire le résoudre qu’il prenne un peu de terre de la
tombe de Sidi Ahmed Mazouni ». Et Allah est le plus savant.

S idi Hajj ‘Ali Amlas

Le détenteur du secret éclatant, l’élu vertueux, le grand connaissant, l’exemple le plus réputé, celui
qui a aimé Seïdina Ahmed Tidjani () et qui est aimé par lui. Il partageait son assemblée et était son
accompagnateur, Abou-l-Hassan Sidi Hajj ‘Ali Amlas (). Cet homme fait partie des élites de
l’élite, très proche de Seïdina Ahmed Tidjani () dont il avait accès aussi bien en sa présence qu’en
son absence, ce qui n’était pas accordé aux autres.

Il était chimiste et préparait des substances bénéfiques pour la guérison de certaines maladies. Un
jour où il était à la Zaouiya bénie, il faisait l'extraction d’une substance particulière par l’autorisation
de Seïdina (). Pendant son travail, le Wali et Chérif Sidi El Hafidh Ben ‘Adwa () frappa à la
porte de la Zaouiya bénie en appelant Sidi Hajj ‘Ali Amlas () par son nom. Lorsque Sidi Hajj ‘Ali
() lui ouvrit la porte, le Wali en question lui dit : « Je voudrais, par la grâce d’Allah, que vous me
donniez la graisse que vous êtes en train de produire ». Sidi Hajj ‘Ali Amlas lui répondit : « Ô
maître, je n’ai pas l’autorisation de vous accorder ce que vous désirez ». Sidi Hafidh () insista et fit
des invocations en sa faveur, mais Sidi Hajj ‘Ali () répondit : « Je jure par Allah que je ne vous le
donnerai que par l'autorisation de Seïdina » Il lui dit alors : « Demande-lui l'autorisation » tout en
lui donnant la mèche d'une lampe.

Sidi Hajj ‘Ali () partit donc trouver Seïdina Ahmed Tidjani () afin de l’informer et il le trouva
comme si justement il l’attendait. Sidi Hajj ‘Ali Amlas () lui dit alors : « Ô maître, le Majdhoub
Sidi Hafidh me demande de lui graisser cette mèche » Seïdina () lui répondit : « Ne le fais pas,
rends-lui sa mèche et surtout ne la graisse pas avec cette matière » après ça, il la lui rendit en disant :
« Seïdina m’a interdit de la graisser avec cette matière » Sidi Hafidh () a donc répondu : « Comme
il le désire ! » et il partit. Plus tard, Sidi Hajj ‘Ali Amlas () demanda à Seïdina Ahmed Tidjani ()
la raison pour laquelle il lui avait interdit de graisser la mèche. Il lui répondit : « Déjà les gens n’ont
pas réussi à accéder là où il est lui sans que tu lui graisses, alors qu’en penses-tu si tu l’avais fais ? » Ici
se dévoile, qu'en réalité cette mèche n’était que le symbole du prestigieux pouvoir de gérance et de
contrôle des choses (Tasrif : haute station spirituelle particulière de certains saints) que possédait Sidi
Hafidh (). Or il a voulu à travers cela, demander à compléter son pouvoir de gérance, ce que
Seïdina () lui a interdit.

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Le Fqih Sidi Abdsalem Banani () a rapporté qu’une fois Sidi Hafidh () a pénétré dans la Zaouiya
bénie et il est parti accomplir ses ablutions. Seïdina Ahmed Tidjani () était avec quelques-uns de
ses compagnons et on l’a informé que Sidi Hafidh Ben ‘Adwa () était allé faire ses ablutions.
Seïdina () s’est tourné dans sa direction et lorsqu’il le vit il dit aux compagnons présents avec lui :
« Je l’ai vu présent dans l’assemblée cachée des saints sans que je sache son nom ». Sidi Hafidh () a
eu l’Ouverture spirituelle (Fath) par le fait qu’il chantait abondamment l'éloge du Prophète ()
jusqu’à ce que le Prophète () lui-même soit venu. Il lui a donné un verre de lait qu’il but et à la
suite à cela, il eut l'Ouverture. De plus, par sa station, il sort de l'autorité du Pôle qui n’a pas de
pouvoir sur lui. Il a été rapporté par certains de ses compagnons ayant eu l’Ouverture que Sidi
Hafidh () avait affirmé qu'il est arrivé à une station à laquelle seulement trois personnes peuvent
accéder tous les mille ans et que cette station n’avait pas été atteinte depuis plusieurs époques. On
peut compter parmi ses étranges prodiges (Karamat) le fait qu’en préparant du café il mettait du
poison dedans, ensuite il le buvait et en faisait boire à ses compagnons sans que cela leur fasse le
moindre mal.

Sache que Sidi Hajj ‘Ali Amlas () avait une place honorable et respectueuse auprès de Seïdina
Ahmed Tidjani () et que Seïdina ne s’adressait à lui qu’à travers le terme de Maître. Il a été
rapporté qu’une fois Sidi Hajj ‘Ali Amlas () est rentré chez Seïdina Ahmed Tidjani () alors que
le coiffeur lui coupait les cheveux. Il vit traîner par terre le turban de Seïdina, il le prit et le mit sur
sa tête pour en tirer la bénédiction (Baraka). Par le simple contact avec sa tête, il sentit que ses yeux
allaient sortir de leurs orbites, et cela, en raison des secrets que portait ce turban par le contact qu’il
avait avec la noble tête de Seïdina Ahmed Tidjani (). Il mit alors ses mains dessus et hurla. Seïdina
le vit et lui dit : « Tu ne peux pas supporter cela » et le lui enleva de la tête, tout en invoquant la
douceur d’Allah afin que ses yeux ne soient pas perdus en raison de l’intensité de ce qui s’est
manifesté comme éclat. Ainsi, Sidi Hajj ‘Ali Amlas () est resté malade pendant une certaine
période jusqu'à ce qu’Allah lui envoie la guérison.

Une fois, Sidi Hajj ‘Ali Amlas demanda à Seïdina () d’invoquer le bien pour un de ses enfants,
Seïdina Ahmed Tidjani () lui caressa les cheveux avec sa noble main et il dit : « Il est de nous et il
revient à nous, lui et ses enfants et ceux qu’ils engendreront jusqu’au jour de la résurrection ». Il
figure parmi les plus anciens compagnons de Seïdina () et chaque fois qu’il écrivait aux disciples
de Fès il transmettait, à lui et ses enfants, un salut particulier et invoquait le bien pour eux.

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S idi Hajj ‘Ali Harazim Berada

Le Wali parfait, celui qui a accédé à la connaissance (Ma'rifa), l'immense Khalife doté de la station
(Maqam) élevée, le rassembleur des connaissances et des secrets, le supérieur dans le summum des
degrés supérieurs, le soleil de la joie qui a illuminé l'horizon des degrés supérieurs et qui ne fut
jamais atteint par quiconque. Il était parmi ceux qui avaient accédé à la connaissance et à la sainteté
parfaite, il avait un rang élevé auprès de Seïdina Ahmed Tidjani () et celui-ci lui donnait une très
grande valeur, il mentionnait son rang élevé auprès de ses compagnons au point qu'il fut envié par le
proche et le lointain. Seïdina () disait à son sujet : Le Prophète () m'a dit : « Il est pour toi au
rang d'Abou Bakr pour moi ». Parmi les paroles que le Prophète () a adressées à Sidi Ahmed
Tidjani (), il y a celle-ci : « Ô ! Ahmed, demande conseil à ton serviteur et ton aimé le plus réputé
'Ali Harazim, car il est pour toi au rang de Haroun pour Moussa. Allah est le plus grand, le plus
illustre, le plus immense et je ne te conseille rien de meilleur que ceci au sujet de lui, que le salut
soit sur toi »

Les circonstances et la cause qui ont poussé Sidi 'Ali Harazim () à se lier à Seïdina sont les
suivantes : lorsque Seïdina Ahmed Tidjani () quitta Tlemcen en 1191, pour se rendre à la visite
pieuse de Moulay Idriss () à Fès, il rencontra à Oujda Sidi 'Ali Harazim. Tous deux ne se
connaissaient pas auparavant. Seïdina lui révéla par dévoilement (Moukachafa) la propre vision
qu'eut Sidi 'Ali Harazim () à son sujet il y a quelques années de cela et qu’il avait oublié. Il se le
rappela en effet et constata que Seïdina () lui disait la vérité, il sut alors avec certitude qu'Allah lui
avait réellement fait voir la réalité à travers cette vision. Seïdina Ahmed Tidjani () lui dit : « Ne
crains rien de ma part par le fait que je me suis fatigué à te rechercher, car je ne voulais que cette
rencontre et louange à Allah pour cela. » Celui-ci dit alors : « J'ai loué Allah et l'ai remercié. J'ai su
qu'Allah m'a fait une grâce énorme et que Seïdina serait mon garant, celui qui s'occuperait de toutes
mes affaires après qu'il m'ait certifié cela ».

Il s'est dirigé avec lui à Fès et quand ils y parvinrent, ils y restèrent un moment pour visiter la tombe
de Sidi Moulay Idriss (). Seïdina lui transmit la voie Khalwatiyya et lui enseigna ce qu'Allah ()
lui avait révélé d'entre les sciences et secrets de la Sunna. Lorsque Seïdina Ahmed Tidjani ()
décida de repartir pour Tlemcen, Sidi 'Ali Harazim () voulut se joindre à lui, mais Seïdina lui
conseilla de se diriger vers une autre région qu'Allah () lui aurait choisie. En le reconduisant, et
après lui avoir fait ses adieux, Seïdina () lui dit : « Accroche-toi au pacte et à l'amour (Mahaba)
jusqu'à ce que tu atteignes l'ouverture spirituelle (Fath) » Sidi 'Ali Harazim () était le Khalife de
Seïdina Ahmed Tidjani de son vivant, cette conversation qu'ils ont eue durant leur toute première

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rencontre montre la parfaite particularité de ce compagnon et le soin qu'Allah () prenait de lui. Il
avait beaucoup de vertus parmi lesquelles le fait que Seïdina Ahmed Tidjani () l'ait informé que le
Prophète () l'aimait d'un amour particulier qui dépasse l'amour du père envers ses enfants, Seïdina
() avait dit encore à son sujet : « Ce que le Khalife a dit, je l'ai dit ».

Une des plus importantes vertus que Seïdina () a dit de lui, c’est : « Il ne parviendra rien de moi
sauf par l'intermédiaire de Sidi Hajj 'Ali Harazim ». Il a été dit par certaines gens dotés de la
Clairvoyance (Basira) ainsi que de tous les gens et les compagnons qui ont goûté au secret de la
Tariqa, croire que ceci est valable de son vivant comme après sa mort. On peut croire que
l'assistance continue de Seïdina Ahmed Tidjani () ne peut être reçue, que ce soit en général ou en
particulier, que par l'intermédiaire de Sidi 'Ali Harazim () et que ce dernier représente Seïdina ()
dans le monde visible et celui de la sensibilité, après sa mort. Mais rien n'empêche que quelqu'un le
remplace dans sa fonction et Dieu seul est savant. Ainsi, il faut croire pleinement en eux deux et
savoir que l'on ne tire profit qu'en considérant le premier intermédiaire invisible et le deuxième ou
tout autre qui prendrait sa place après avoir été préalablement désigné par Seïdina Ahmed Tidjani
(). La grâce d'Allah () est vaste et Lui seul est savant. Un des événements qui montre encore sa
particularité est la rencontre avec le compagnon du Prophète () et juge (Qadi) Abou Mohamed
Chamharouche () (un roi chez les Djinns). Celui-ci lui transmit, par la permission de Seïdina
Ahmed Tidjani (), Hizbou Saïfi de vive voix comme il était habituel chez l'élite des compagnons.

Une de ses particularités qui montre son degré important, est sa participation à la rédaction du
célèbre et noble livre Djawahirou-l-Ma’ani dont le Prophète () avait dit : « Mon livre est celui-
là et c'est moi qui l'ai rédigé ». En effet, une fois installé dans cette ville gardée par Allah (), Fès,
depuis deux mois, Seïdina Ahmed Tidjani () ordonna par obéissance au Prophète (), à son élève
le plus intime Sidi 'Ali Harazim () de rassembler et de composer le livre Djawahirou-l-Ma’ani,
d'organiser ses chapitres, de purifier ses sujets et d'implanter ses bases. Antérieurement à cet ordre, il
lui avait ordonné de déchirer tout ce qui fut rassemblé comme sujet illustre et sunnite à cause de ses
états majestueux (Hal) qu'il subissait à cette époque et qui étaient la conséquence de ses aspirations
élevées et de sa sincérité envers Allah (). Sidi 'Ali Harazim () s'était conformé, à cette époque,
au commandement de Seïdina (), et ce, malgré l'étonnement et l'insistance de l’élite des
compagnons et de ceux qui les suivaient afin qu'il reconsidère la question. Il ne laissa que quelques
notes qui se trouvaient chez certains compagnons et quand il lui fut permis de remettre à point le
livre, il profita de ces quelques notes dans beaucoup de portes et chapitres du livre.

Sidi 'Ali Harazim () commença la rédaction du livre dans son assemblage et son organisation, dans
la composition de ses sujets et de ses portes, à Fès, dans le début du mois de Cha'ban. Un an plus

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tard, le livre fut terminé au milieu du mois sacré de Dhoûl Qa'da et ceci, du vivant de Seïdina,
qu'Allah lui sanctifie son secret et qu'il déverse sur lui les nuages de son agrément. Après qu'il eut
terminé ce travail, il lui amena l'œuvre, il autorisa tout ce qui s'y trouve et le certifia par sa main
bénie de son début à sa fin, ceci se passa dans la mosquée Diwan. Par la grâce d'Allah (), le livre
arriva avec bonheur et joie, célébrité et grande réputation dans toutes les contrées et dans tous les
pays. Il a été dit à l'attention des frères au sujet de ce noble livre, en les incitants à le lire : « Vous
devez, Ô peuple de frères et d'aimés toujours lire ce livre, car il est le garant, par la grâce du Roi
Grand Donateur, pour l'assidu dans sa lecture et par le biais de l'amour sincère, d'arriver à la MA
'RIFA (connaissance) du Maître des maîtres, ainsi que de tirer les plus belles vérités et les plus rares
subtilités et finesses, et de parvenir à la Présence Divine par toutes ses portes. Quiconque fait des
efforts sur ce livre, s'il le perdait, il en perdrait avec sa tête et quant à celui qui ne le lit pas comme il
se doit, il ne pourra s'en prendre qu'à lui-même ».

Il suffit pour éliminer tout doute de la noblesse de ce livre extraordinaire, de savoir que la
provenance de sa composition vient du Prophète () et il fut ennobli, bonifié, illustré, agrandi en
mérite avec l'immensité du degré de Seïdina (). Quant à celui qui voudra mesurer la somptuosité
de sa situation et de sa valeur, il devra attendre l'apogée de l'effort. Quiconque le lira et examinera
son contenu avec acuité, saura avec certitude que Seïdina Ahmed Tidjani () a dépassé quiconque
en qualités sublimes et complètes. Personne ne peut contredire ceci en son absence, sauf ceux à qui
il fut interdit d'accéder à sa baraka et son bien, parmi les gens de l'insouciance dont l'intention n'est
qu'hésitation et doute. Sidi 'Ali Harazim () a juré, en ce qui concerne la station de Seïdina () par
le Maître de la création, preuve de la particularité de son amour et de sa sincérité exceptionnelle.

La rédaction du livre Djawahirou-l-Ma’ani est un miracle qui lui certifie sa particularité, car celui
qui l'a organisé mélange sans distinction les sciences de planification étant donné qu'il n'avait aucune
maîtrise des stratégies de l'écriture littéraire. Une des baraka de ce livre merveilleux est le grand
nombre de personnes qui s'introduisirent dans cette Tariqa du Prophète () par sa lecture ou
seulement en l'ayant feuilleté. J'entendais souvent un des compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani
(), un savant honorable, illustre et noble détenteur des secrets, dire : « Il fut attesté de ce livre qu'il
garantirait envers le lieu qui le détient, la protection, beaucoup de biens, de joie et une amélioration
des caractères ; ceci ne peut être renié ou sous-estimé que par un imbécile ou un rebelle ». Une
autre des grâces éblouissantes de ce livre est que le maître de l'existence () a conseillé à Seïdina
(), après lui avoir ordonné de composer le livre, de bien le préserver afin qu'il profite aux Wali qui
viendront.

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Sidi Hajj ‘Ali Harazim () est aussi l’auteur d’une épître intitulé « Rissalat el Fadl wal Imtinan
[…] » dont voici un court extrait pour le profit et la bénédiction : « Sache que l’Ouverture et que
l’accès à Allah et à la station de la Connaissance ne sera donnée par Allah qu’à travers les gens qui
ont eu l’autorisation particulière (Idhnou Khass) comme l’autorisation nécessaire pour le message de
la prophétie et s’il est dépourvu d’autorisation particulière il n’aura de la part d’Allah ni Ouverture,
ni accès, il ne récoltera que la fatigue. Et quant à celui qui veut se relier qu’à travers la lecture des
livres soufie et qui veut cheminer vers Allah en s’exprimant par eux, en tirant d’eux, en se
rattachant à eux, en ne se reliant qu’à eux, il ne récoltera de ce cheminement que la fatigue et il ne
lui parviendra rien de la part d’Allah.

On veut dire par l’accès l’aboutissement à la Présence des Connaissances et des particularités. Quant
aux récompenses, elles lui parviendront selon sa sincérité. Le commencement de la rectitude dans
l’obéissance et la constance dans l’obéissance ainsi que l’adoration, ne peuvent être correct et source
de réussite que par la Connaissance. Et celui qui est dépourvu de Connaissance, il est dépourvu de
tout bien et de tout profit.

Ensuite, sache que l’adoration n’est valide qu’avec sept choses :

- l’intention
- la science
- la Connaissance
- la Loi
- la Vérité
- la Sounna
- et le Cheikh. »

Sidi Hajj ‘Ali Harazim () a écrit aussi : « Je te mets en garde mon frère de trouver lent l’accès et
même après avoir perduré dans la Voie, car cela est la cause qui empêche d’atteindre l’Espéré, car si
tu cheminais durant mille fois la durée de ce monde et que tu n’obtenais après cela de la part d’Allah
que la quantité d’un atome, alors sache que ce que tu as atteint est plus immense que tout ce que tu
as pu cheminer pour l’atteindre et même si tu ne parviens qu’à l’endurance dans la servitude cela est
pour toi une très grande grâce. Je demande à Allah qu’Il t’accorde les clefs de la sagesse et qu’Il
agisse envers nous avec Sa Grâce et Sa Miséricorde ».

Quand la Grande Ouverture (Fath) fut donnée à Sidi 'Ali Harazim (), Seïdina () lui ordonna de
voyager, de quitter le pays où il résidait comme il avait déjà fait avec chaque personne qui atteignait

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cette station spirituelle (Maqam). Il a été rapporté que Seïdina () a dit un jour : « Si Allah accorde
l’Ouverture (Fath) à un de mes compagnons et que certains habitent le pays où je suis, qu'ils s'en
aillent par crainte qu'il leur arrive des problèmes ». Certains de ses compagnons lui demandèrent :
« Ceci vient-il de toi ? » Il répondit : « D'Allah, sans aucun choix de ma part » puis il ajouta : « La
crainte n'est que pour celui auquel j'ai ordonné de voyager et d'éduquer les gens, quant aux autres
ils n'auront rien à craindre de moi ». Ainsi était considérée la cause du départ de Sidi 'Ali Harazim
() pour le Hijaz jusqu'à ce qu'il y mourut. Seïdina Ahmed Tidjani () lui ordonna, dès son arrivée
en Égypte, d'enseigner à certains de ses compagnons qui étaient là-bas. De plus, Seïdina () a
informé Sidi 'Ali Harazim () qu'il accéderait à un degré immense et une station considérable, mais
ceci à la condition qu'il aille visiter la noble tombe du Prophète () et l'envie d'y accéder était
tellement forte qu'il faillit en perdre la raison.

Avant d'arriver devant la tombe du Prophète (), il récita quelques noms importants que Seïdina
() lui avait appris, avec pour condition de ne les réciter que devant la tombe chérif. Ainsi, il a vu
ce qu'il a vu et s'est évanoui, ses compagnons de route crurent qu'il était mort et ils l'enterrèrent
vivant à Badr en 1218 de l’Hégire. Seïdina Ahmed Tidjani () avait annoncé après cet évènement :
« S'ils ne l'avaient pas enterré, ils auraient entendu de lui des sciences, des connaissances et des
secrets qu'ils n'auraient jamais pu concevoir et qu'ils ne trouveraient dans aucun manuscrit » Sidi
Hajj Abdelwahab ibn El Ahmar (), qui faisait partie de ceux qui l'ont accompagné durant son
voyage, a raconté : « Lorsque Sidi Harazim a récité le Nom Suprême d'Allah que Seïdina Ahmed
Tidjani () lui avait enseigné, avec pour condition de ne lire que devant la tombe Chérif, il se vida
de ses forces et son corps s'effondra. Je lui ai alors donné du lait à boire qu'il se mit à transpirer de
suite comme il l'avait bu ».

Parmi tous ceux que Sidi 'Ali Harazim () rencontra durant son voyage, il y a celle avec le fameux
Connaissant, Cheikh El Islam de Tunisie Sidi Ibrahim Riyahi (). Il lui transmit la Tariqa, celui-ci
impressionné par le saint homme écrivit un poème faisant l'éloge de ses multiples qualités. Lorsque
cela fut récité devant lui, il fut dans un état tel qu'il ne peut être exprimé, il pleura abondamment et
demanda après sa lecture un papier et une plume, il se mit à écrire devant les gens assis auprès de lui
ce qui suit : « Notre maître le Prophète (), te dit : « Qu'Allah te récompense de ma part en bien.
Tu as de Moi et d'Allah l'amour complet, tu es sur la bonne voie, tu as l'agrément entier et je
t'annonce par ceci des connaissances, des secrets et de la joie. Et que la paix soit sur toi » »

Lorsque Sidi 'Ali Harazim () arriva en Tunisie, il se maria avec une Chérifa suite à l'ordre qu'il
reçut du Prophète () et cela avant son départ de Fès. Par la suite, il divorça d’avec elle, car la
situation l'imposait. Il a été rapporté à ce sujet que le noble Khalife Sidi 'Ali Harazim () avait

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raconté à un de ses particuliers et cela avant son départ, tout ce que le Prophète () lui avait
annoncé sur cette Chérifa avec les détails, en citant même son nom et celui de son père. En arrivant
en Tunisie, il trouva exactement tout ce dont le Prophète () l'avait informé. Par la suite, lorsque
ce particulier apprit le divorce, il fut perturbé et étonné, car l'ordre du mariage lui était venu du
Prophète () et pendant ses temps libres, il fut assiégé d'insufflations sataniques à propos de cette
affaire. Un jour celui-ci s'assit auprès de Seïdina (), ils n'étaient que tous les deux et restèrent à
parler un bon moment jusqu'à ce que son cœur s'attendrisse et que ses membres s'humilièrent, il ne
sentit plus rien. Puis la pensée sur ce sujet lui traversa l'esprit et sa pureté en fut troublée, Seïdina
Ahmed Tidjani () le regarda et inclina sa tête en lui déclarant : « Elle ne faisait pas la prière » sans
rien ajouter. J'ai su alors que le Prophète () avait approuvé cela.

Voilà donc un aperçu de la vie du noble Khalife Sidi Hajj 'Ali Harazim Berada ().

S idi 'Ali ibn Chtioui

Le grand Connaissant, le célèbre wali, le Majdhoub cheminant, l'authentique Chérif Abou-l-


Hassan Sidi ‘Ali ibn Chtioui originaire du Jerid (Tunisie). Il était célèbre dans le domaine de la
sainteté et on témoigna de sa grande connaissance. Il lui arrivait souvent de rencontrer l'esprit du
Cheikh dans la Chari'a et la Tariqa, source des secrets et des Réalités, notre maître ‘Abdelqader
Djilani () auprès de qui il avait pris la Tariqa. Notre personnage s'occupait à chasser et un jour où
il chassait une gazelle, tandis qu’il la guettait, survint à lui Cheikh ‘Abdelqader Djilani ()
chevauchant son cheval. Notre personnage éprouva une certaine honte du fait qu'il l'ait trouvé en
cette situation. Ils se mirent à discuter ensemble jusqu'au moment où il lui demanda : « Ô mon
maître, nous avons entendu parler d'un Cheikh qui est apparu à Boussemghoune, que dis-tu de
lui ? » Il lui répondit : « Ô mon fils il est l'arbre sous lequel nous nous abritons » et ceci fut la cause
pour laquelle Sidi 'Ali s'affilia à Seïdina Ahmed Tidjani ().

S idi Hajj ‘Ali Tamacini

Le Pôle parfait et le secours excellent, détenteur des prodiges abondants et des mérites courants de
cette communauté, pleine lune de bonheur qui a illuminé les obscurités et le soleil de la guidée,
Abou-l-Hassan Seïdina El Hajj 'Ali ibn Seïdina Hajj 'Aïssa Tamacini (). Il faisait partie de l'élite
des élites parmi les compagnons de Seïdina (). Il avait atteint des degrés immenses, dont Seïdina

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Ahmed Tidjani () témoigna. Ce majestueux compagnon est un Chérif Hassanite, sa famille était
originaire de Yanbou’ en Arabie et ce fut l’un de ses aïeuls, en provenance de la région de
Sejelmassa (au Sud du Maroc), qui s’installa avec sa famille dans l’oasis de Tamacine au Sud-est
algérien. Il y naquit en 1180 de l’Hégire (1766 apr. J.-C.) et y vécu avec sa famille.

Son premier contact avec Seïdina Ahmed Tidjani () se déroula par l’intermédiaire de Sidi
Mohamed ibn Mechri et selon les circonstances suivantes : Seïdina () confia à ce dernier un dépôt
en lui ordonnant de ne le donner qu’à celui qui le lui réclamera. Sidi Mohamed Ibn Mechri () se
dirigea vers les gens de sa tribu d’origine, car peut-être trouverait-il auprès d’eux, celui qui
obtiendrait ce bien, mais il ne rencontra point celui qui fut destiné à recevoir le dépôt. Il se dirigea
alors vers une autre région, puis vers Tamacine où il fit la rencontre de Sidi Hajj ‘Ali qui sortait de
son jardin. Sidi Hajj ‘Ali le salua et lui proposa de l’héberger pour son séjour puis ils se donnèrent
rendez-vous à la mosquée après la prière du ‘Icha. Après ladite prière, ils se dirigèrent vers la
demeure de Sidi Hajj ‘Ali et ils dînèrent ensemble. Par la suite, ce dernier réclama le dépôt que lui
avait confié le grand Cheikh (). Sidi Mohammed ibn Mechri (), qui ne l’avait jamais rencontré
auparavant, rebuta à le lui donner pensant qu’il ne serait pas apte à supporter un tel secret, mais face
à la bienveillance et l’insistance de Sidi Hajj ‘Ali, il sut clairement qu’il était bel et bien celui qui
devait recevoir le dépôt et il le lui donna en disant : « Pas de privation pour celui à qui Allah
octroie ». Cela se déroula en l’an 1203 H alors qu’il était âgé de 23 ans.

Plus tard, il rencontra le compagnon Sidi Mohamed Sassi () avec un groupe de disciples venant de
Guemar, en route pour ‘Aïn Madhi. Ils s’arrêtèrent à proximité de Tamacine, Sidi Hajj ‘Ali fit leur
connaissance et s’occupa d’eux. Il leur déclara aussi que l’année prochaine, il les accompagnerait à
son tour lors de cette visite. L’année en question, il attendit le groupe de la ville de Guemar qui
devait se rendre auprès de Seïdina () pour l’Aïd-el-Adha et il les accompagna. Lorsqu’ils
arrivèrent auprès de Seïdina, Sidi ‘Ali se colla à son épaule et Seïdina () le recouvrit d’une partie
de son vêtement et le fit asseoir à ses côtés, ce fut en l’an 1204 de l’Hégire. L’amour pour Seïdina
() s’empara entièrement de Sidi Hajj ‘Ali, au point qu’il se sentait incapable de retourner chez lui
en laissant son maître et lorsque ses compagnons de voyage lui rappelèrent sa famille et ses enfants, il
répondit : « Ils sont sous sa surveillance et il est au courant de leur situation ». Il tint compagnie à
Seïdina () de longues années ne se rendant à Tamacine que comme un invité à la période de la
récolte des dattes, ensuite il retournait auprès de Seïdina () et ainsi jusqu’au moment où il a atteint
la station qu’Allah avait choisie pour lui. Puis Seïdina () lui ordonna de retourner à Tamacine en
lui disant : « Lorsque tu retourneras en paix à Tamacine, affaire-toi à élargir ta maison et prépare-toi
un endroit pour la prière et le Dhikr. Consacre aussi des endroits pour la réception des visiteurs et
multiplie la construction de bâtiments, car certes tu vas atteindre un objectif jusqu’au point où les

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gens vont venir te visiter de toutes les contrées et ne craint point du Détenteur du Trône qu’Il ne
restreigne, cherche l’aide d’Allah en cela ». Seïdina Ahmed Tidjani quant à lui, s’exila avec sa
famille jusqu’à Fès en compagnie de Sidi ‘Ali Harazim en passant par le village de Figuig.

Depuis son installation à Fès, Sidi Hajj ‘Ali Tamacini se rendit environ quatorze fois auprès de lui.
Lorsqu'il visitait Seïdina Ahmed Tidjani () à Fès, celui-ci le faisait passer devant pour diriger la
prière, et ce, malgré la présence d'une grande quantité de savants et de méritants. Une fois, pendant
la prière, quelque chose le troubla et quelqu'un demanda à Seïdina si, à cause de cela, la prière était
valide selon la loi (Chari'a) et Seïdina () lui répondit : « Cet homme a le Fath (l'ouverture
spirituelle) et la prière derrière quelqu'un qui a le Fath est acceptée ». Cela est une attestation
suffisante de Seïdina Ahmed Tidjani qui met l'accent sur la grande valeur de notre personnage. Une
autre fois également, le serviteur de Seïdina Ahmed Tidjani, Sidi Taïeb Ibn Mohamed Sefiani (),
qui s'occupait des dépenses de la maison et des besoins, fut interrogé au sujet d'une de ses servantes
qui était malade, il lui demanda : « Lui avez-vous acheté un médicament ? » Il lui répondit : « Nous
lui avons acheté quelques médicaments, mais ils n'ont eût aucun effet sur elle, mais peut-être ce qui
serait le mieux c'est de lui faire la Roqiyya » Seïdina () dit alors : « Qui pourrait lui faire ? » Et il
ajouta : « Je ne vois pour cela que Sidi Hajj Tamacini, s'il est présent ». Sidi Taïeb () lui dit :
« J'aurais voulu que tu l'autorises à moi-même, ô Mon maître ! Car tu ne l'autorises qu'à Sidi Hajj
'Ali Tamacini ». Il n'accepta pas et répéta sans cesse : « Et qui est comme Sidi Hajj 'Ali, ô Untel ! ».
Et il le blâma en le répétant sans arrêt jusqu'à ce qu’il eut préféré ne jamais l'avoir dit.

Parmi les habitudes de Sidi Hajj 'Ali Tamacini (), il y avait, qu'après l'installation de Seïdina ()
dans la ville de Fès, il venait le visiter par le prodige « du pas » (c'est-à-dire qu'avec un pas il se
déplaçait dans l'endroit souhaité). Mais, Seïdina Ahmed Tidjani () lui défendit d'agir de la sorte en
lui disant : « Si tu es venu me voir pour Allah, tu dois venir en agissant tel le commun des gens avec
des chaussures, une canne et une escorte, tu goûtes à tout ce que ressentent les autres comme soif,
fatigue et peur ». Certains des compagnons particuliers de Seïdina () ont raconté qu'un jour
Seïdina Ahmed Tidjani fit la prière du 'Asr et la dirigeait devant un groupe de huit compagnons,
quand ils eurent fini l'office et qu'il fit face à ses compagnons, ils ne s'étaient pas rendu compte de la
présence d'une rafle de dattes. Ils ont alors regardé Seïdina, stupéfaits de l'apparition soudaine et
miraculeuse de ces dattes. Quand Seïdina () vu leur état, il leur dit : « Cela est l'acte de tel
homme » et l'a qualifié de pitre ou quelque chose de ce genre tout en le nommant. Par la suite,
quand Seïdina rencontra Sidi Hajj 'Ali Tamacini (), il lui cita ce qui fut arrivé et lui demanda :
« Qu'est-ce qui t'a poussé à faire cela ? » Il répondit : « Ô mon maître ! Excusez-moi, j'étais à ce
moment-là dans mon champ. Les ouvriers étaient en train de cueillir des dattes et voilà que j'ai vu
cette tige, elle me plut et j'ai eu envie qu'elle vous parvienne dans le même état. Ceci m'a poussé à

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la jeter et à prononcer des paroles secrètes pour qu'elle descende entre vos mains » Seïdina () le
réprimanda pour cela, et lui défendit de refaire des choses semblables.

Il assista au décès de Seïdina (). Il lui rendit sa dernière visite trois jours avant, où il lui fit ses
adieux et reçut la lieutenance (khilafat) directement de lui, le lui écrivant de sa main bénie, ainsi que
ses recommandations concernant ses enfants et l’ensemble des gens de la voie. Il lui assura, ce jour-
là, que le lendemain, il devrait sortir de Fès pour sa destination sans attendre (sa destination serait le
mont Zabib afin d’acheter pour Cheikh un cheval Fêsi mais en fait, comme à son habitude, ce fut
une allusion cachée que Seïdina lui fit et il le comprit). Sidi Hajj Ali en fut ému et lui dit : « Je suis
ton serviteur, et je me suis lié à ta compagnie, je ne puis supporter d’être séparé de toi, car ce
discours est imposant et terrible, il me brise le cœur ». Il s’effondra en pleurs devant Seïdina Ahmed
Tidjani () qui lui dit : « Pourquoi pleures-tu ? Cette sentence est inévitable, impossible d’y
échapper pour les créatures, sois patient et ta patience n’est que par Allah, et sois un homme fort en
toi-même. Je t’ai placé comme mon lieutenant et mon remplaçant, je te fais hériter de mon secret,
je t’ai délégué mes recommandations pour mes enfants, mes épouses, mes serviteurs, mes
compagnons et mes aimés parmi les gens de la voie. Notre Seigneur sera ton soutien en cela, qu’Il
soit Glorifié et Exalté. » Il lui dit aussi : « Notre affaire (Tariqa) se donne (transmet) de vivant à
vivant et tu es mon lieutenant pour elle après moi. » Ceux qui ont assisté à ses recommandations
sont Sidi Mahmoud Tounsi, Sidi Ahmed ibn Souleïman Taghzouti et Sidi Tahar ibn AbdeSaddaq
().

À la mort de Seïdina Ahmed Tidjani () sont apparus sur Sidi Hajj 'Ali Tamacini (), les signes du
grand Fath en lesquels on ne trouvait rien de pareil. Les gens ont commencé à venir de toutes les
contrées pour prendre la Baraka de la Tariqa à travers lui. Une fois, deux cents personnes affiliées à
lui, tous venants de contrées éloignées, ont coïncidé dans leur venue pour demander le Taqdim
(titre de Mouqadem permettant la transmission de l’autorisation pour la Tariqa), afin de pouvoir
conférer les oraisons. Sidi Hajj 'Ali Tamacini () avait une très grande science du dévoilement
(Moukachafa) qu'il gérait comme il désirait. Il voyait souvent le Prophète () et on raconte à ce
sujet, une discussion qu'il eut sur le thème de la vision du Prophète () par les Wali. Un jour, il
était en train d'évoquer Allah () auprès de certains frères et il dit : « Ô untel ! De ceux qui sont
présents avec toi à notre époque, ils ne font rien, que ce soit quelque chose de grand ou de petit
sans la permission du Prophète () par dévoilement et vision, même pour aller se coucher, ils ne le
font qu'après permission du Prophète () » et quiconque l'a entendu a compris que cette personne-
là n'était autre que lui-même.

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Sidi ‘Abdelaoui () a rapporté qu'un voyageur, qui avait trois bagages, accompagnait une caravane.
Or à l'époque, le gouverneur percevait pour chaque bagage un riyal et il n'avait pas d’argent pour
ses trois bagages. Il se mit à penser à Sidi Hajj 'Ali Tamacini () et demanda à Allah (), par
l'intercession de la valeur que ce dernier avait auprès de Lui, la sûreté et la paix contre tout ce qui
pourrait survenir comme obstacle. Il partit avec la caravane, tout le monde paya son dû sauf lui qui
passa au travers sans rien payer et personne ne lui demanda quoi que ce soit, au contraire Allah ()
le voila au regard des gens. Quand cette histoire arriva auprès de Sidi Hajj 'Ali Tamacini (), il lui
demanda : « Ô untel ! Est-ce que les gens ont payé les riyals aux Français ? » II répondit : « Oui mon
maître, sauf moi, car Allah m'a voilé à leurs yeux avec la Baraka de ta valeur chez Lui».

Sidi Hajj 'Ali Tamacini () n'entreprenait rien sans demander l'avis de Seïdina Ahmed Tidjani (),
il a certifié qu'il était le Pôle après Seïdina et il était célèbre pour cela à l'époque. Sidi ‘Abdelaoui
() a raconté qu'une fois, il se trouvait auprès de Sidi 'Ali Tamacini () et il désirait lui demander le
Taqdim pour pouvoir transmettre le noble Ouird. L'intention lui traversa l'esprit et il raconte : « De
l'instant où cette intention passa dans mon esprit, Sidi 'Ali Tamacini se retourna vers moi et me dit :
« Tu es autorisé à donner la Tariqa à toute personne qui la demande ». J'ai remercié Allah pour cette
grâce immense et ainsi il dévoilait ce qui était caché »

Il est décédé en 1260 de l'Hégire, il fut enterré dans sa ville Tamacine (sud-est Algérien) et sa tombe
ne cesse d'être irriguée de miséricorde à tout instant. Telle était la vie d’un homme aux multiples
grâces.

S idi ‘Arbi El Achhab

Le pieux wali, à l’amour sincère, aux prodiges étonnants et à la valeur élevée, détenteur de
l’immense grâce, Sidi ‘Arbi El Achhab (). Ce maître fait partie des élites parmi les compagnons de
Seïdina Ahmed Tidjani (). Il était rapproché et contemplé par tous du regard de l’affection.
Seïdina () lui confiait toutes ses affaires importantes et particulières au point qu’il ne quittait pas le
seuil de sa porte tant qu’il n’en avait pas reçu l’autorisation. Il a été rapporté qu’une fois Seïdina ()
appela notre personnage alors que celui-ci se trouvait dans les lieux d’aisances, il s’empressa donc de
sortir sans prendre le temps de se laver. Seïdina Ahmed Tidjani () lui demanda : « Pourquoi ne
prends-tu pas le temps de te laver avec de l’eau ? » Il répondit : « Ô Sidi ! Mes habits je peux les
changer par des autres et je peux les nettoyer, mais je ne veux pas que la pensée du Cheikh change à
mon sujet », C’était une personne qui était pris par des états. Une autre fois Seïdina Ahmed Tidjani

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() l’appela alors que Sidi ‘Arbi () se trouvait sur le toit. Notre personnage n’hésita pas à se jeter
du toit, mais il en sortit indemne. Seïdina () lui défendit d’agir de la sorte.

Il a été rapporté aussi qu’un jour Sidi ‘Arbi () traversa une des rues de Fès en se dirigeant vers la
maison de Seïdina Ahmed Tidjani (). Il avait avec lui huit charges de charbon destinées à la
cuisine quotidienne dans la maison de Seïdina (). Or, chaque fois qu’il traversait un chemin,
certains curieux parmi les gens de Fès disaient d’un ton méprisant : « Ce charbon est utilisé par Sidi
Ahmed Tidjani pour l’usage de l’alchimie et des élixirs ». Sidi ‘Arbi El Achhab () ne leur
répondait pas. Il arriva auprès de Seïdina Ahmed Tidjani () qui se trouvait dans sa maison avec un
groupe de ses compagnons. Seïdina () lui demanda : « Ô Sidi ‘Arbi ! Qu’as-tu entendu de ces
gens ? » Il lui répéta alors leurs propos. Seïdina Ahmed Tidjani () lui dit alors : « On demande à
Allah qu’Il leur pardonne ».

Il n’est pas vrai que Seïdina () pratiquait l’alchimie or, beaucoup de gens lui attribuaient cet art en
raison des larges biens qu’il détenait, et ce, malgré les grandes dépenses qu’il occasionnait. Ne
voyant pas d’où cela pouvait lui provenir et constatant les ustensiles de distilleries et autres
instruments qu’il utilisait, ils colportaient faussement cette accusation à son sujet, mais elle était
infondée. En réalité Seïdina Ahmed Tidjani () utilisait l’ensemble de ce matériel pour extraire des
huiles thérapeutiques, tel que la chaux, qui sert dans le traitement de certaines maladies. D'ailleurs,
Seïdina () donnait discrètement cette huile de chaux au commerçant Hajj Taleb Benjaloun afin
qu’il s’en serve pour guérir les pèlerins malades. Or, les gens pensaient que ce commerçant en
question faisait don d’un médicament qu’il avait acheté à l’étranger jusqu’au jour où il leur déclarera
qu’en fait c’était Seïdina Ahmed Tidjani () qui le lui donnait.

Sache que Sidi ‘Arbi El Achhab () avait une haute valeur auprès de Seïdina Ahmed Tidjani () et
le Prophète () en personne lui recommanda de prendre soin de lui. Il accomplissait dix milles
Salatou-l-Fatihi par jour et il tenait compagnie à Seïdina Ahmed Tidjani () en voyage comme en
résidant, et cela, durant vingt années. Lorsqu’il décéda, Seïdina () dit à son sujet : « Quel excellent
partenaire ! Quel excellent compagnon ! Quel excellent dépositaire ! » Il assista à ses funérailles et
suite à son enterrement certains parmi les élites des compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani ()
vinrent lui adresser leurs condoléances. Un parmi eux lui dit : « Ô Sidi ! Même s’il est mort nous,
nous sommes là et nous sommes tous comme lui ». Seïdina Ahmed Tidjani () lui répondit : « Il
n’y a pas une personne comme lui et il ne peut pas y en avoir. » Ce témoignage de Seïdina Ahmed
Tidjani () vis-à-vis de notre personnage est suffisant en tant qu’honneur. Sidi ‘Arbi El Achhab
() a été enterré du côté de Bab Ftouh (une des portes de Fès) et il a été rapporté que lors de son
enterrement Seïdina Ahmed Tidjani () s’est adossé à l’ombre d’un olivier et cet arbre était célèbre

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auprès des disciples de Fès, car les gens s’y rendaient pour en tirer une bénédiction. De plus, il est
reconnu pour celui qui souffre du dos, que s’il s’adosse à cet arbre, il guérit par la permission
d’Allah.

L’imam Soukeïrij () raconte à ce sujet : « Une fois, j’ai assisté à un enterrement près de la tombe
de Sidi ‘Arbi et j’ai questionné au sujet de cet arbre afin de le connaître. Or un juriste aux propos
excessifs me répondit d’un air de critique, et nous étions tout un groupe à être assis sous son
ombre : " Quel que soit le résultat que l’on obtient (par sa bénédiction), il est du devoir des savants
de la Tariqa Tidjaniya d’ordonner de couper cet arbre comme a été coupé l’arbre du pacte de
l’agrément afin qu’il ne soit pas adoré" » Je lui répondis alors : « Cette comparaison est nulle et
inutile. En effet, n’est-il pas reconnu chez le commun comme chez l’élite parmi les gens de la
Sunna que la recherche de bénédiction dans les traces laissées par les vertueux est louable et en
aucune façon il n’est à craindre, pour le commun des musulmans, qu’il ne corrompe leur foi par cet
acte. Alors que vaut ton opinion devant celles de tous les autres, mais je pense que par ce genre de
propos tu n’as cherché qu’à vouloir faire triompher ta science. Que dire alors des autres traces
comme celles laissées par Seïdina () qui existent et qui, si on se base sur ton avis, seraient plus à
craindre d’être pris comme adoration telle la grotte de HIRA dans laquelle est rentré le Prophète
() ou la pierre noire ou encore tous les lieux qui sont l’objet de visite pieuse, si on suit ton
raisonnement, ils devraient être alors les premiers à être détruits et à disparaître ». L’homme en
question fut blâmé par le reste du groupe et il s’en alla en baissant la tête.

S idi ‘Arbi El ‘Iraqi

Le noble Chérif, le savant respectueux, source de grâce, Abou Walid Sidi ‘Arbi El ‘Iraqi (), l’un
des détenteurs de l’Ouverture spirituelle parmi les élites des compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani
(). Il faisait partie de ses proches et de ceux qu’il regardait par un regard de révérence. Notre
personnage était parmi ceux qui avaient eu l’honneur de s’asseoir en présence de Seïdina () lors de
ses repas. Une fois justement ils furent rejoints par le fils de notre personnage, le savant de son
temps, le maître de grande valeur, l’érudit dans la science des hadiths Sidi Walid El ‘Iraqi et il était
encore enfant à cette époque. Seïdina () le fit asseoir sur ses genoux et de sa main bénie il lui
donnait des bouchées de couscous tout en évoquant l’Ouverture pour lui. Et il fut certes constaté
sur ce noble maître des ouvertures grandioses dans les sciences apparentes et cachées avec une
faculté de mémorisation éblouissante, cela suite à la bénédiction des invocations de Seïdina ().

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S idi Bilal

Il est le véridique, l'honnête, à la religion solide, Sidi Bilal (). Il était au service de Seïdina Ahmed
Tidjani () avec son cœur et son corps. Il avait un amour constant pour Seïdina et ses proches,
recherchant à faire tout ce qui lui plaisait.

Une fois, Seïdina Ahmed Tidjani () marchait à l’extérieur de la ville accompagné de Sidi Bilal ()
et de certains autres de ses compagnons. Soudain, il aperçut une bête posée sur un tas d’ordures et
qui était encore en vie. Quand il interrogea sur son propriétaire on lui répondit que ce dernier,
constatant que son animal était malade, décida de le sortir afin de ne plus être dérangé par plus de
râlements s’il mourait. Seïdina Ahmed Tidjani () dit alors : « Et il reste ainsi affamé, cela n’est pas
permis » puis il se tourna vers Bilal () et lui dit : « Ô Bilal ! Qu’Allah te protège ! Apporte-lui de
quoi manger et boire jusqu’à ce qu’il meure ». Et Sidi Bilal () ne le laissa pas sans manger ni boire
jusqu’au moment où Allah décréta la mort de l’animal. Seïdina Ahmed Tidjani () aimait beaucoup
Sidi Bilal () en raison de la pureté de son secret et aussi parce qu’il avait le même nom que le
serviteur du Prophète (), notre maître Bilal (). Seïdina () disait souvent à son serviteur :
« Dépense Bilal et ne crains pas du détenteur du Trône qu’Il ne restreigne » ; rappelant ainsi ce que
le Prophète () disait à son célèbre compagnon.

Un jour, alors que Seïdina () partit visiter le Sultan Maoulana Souleïman, qu’Allah sanctifie son
secret, accompagné de Sidi Bilal à sa droite et d'un autre serviteur à sa gauche, il fut observé par
deux personnes appartenant à la grande noblesse et à la descendance du Prophète () qui se
trouvaient à ce moment-là dans la demeure du Sultan (). En apercevant Seïdina Ahmed Tidjani
() au loin, ils s’exclamèrent en secret : « Par Allah ! Tidjani fait partie des signes d'Allah ! (C’est-à-
dire qu’il est enraciné dans la sainteté) » puis ils se turent. Lorsque Seïdina () les rejoignit et qu'ils
se levèrent pour le saluer, il leur répondit par dévoilement : « Dites : Par Allah ! Tidjani est le plus
grand signe d'Allah ! (C’est-à-dire qu’il est arrivé au summum de la sainteté puisqu’il en est le sceau)
» et il le répéta à plusieurs reprises. Les nobles furent étonnés et leur croyance en la sainteté de
Seïdina Ahmed Tidjani () en a été affermie. Plus tard, tous les deux prirent la Tariqa.

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S idi Hajj Boudjam’a

Le pieux, l'évocateur, le reconnaissant, la bénédiction, Sidi Hajj Boudjam'a (), le serviteur de


Seïdina Ahmed Tidjani (). Il faisait partie des meilleurs parmi les élites, de ceux qui étaient loin de
toute trahison à l'égard de la majesté Ahmadienne, qui contiennent en eux tout le bien et qui
avaient la grande ouverture.

Il voyait souvent le Prophète (), il utilisait pour cela la même prière qu'utilisait le grand
intermédiaire Sidi Mohamed Ibn 'Arabi () et lorsqu'il voyait le Prophète () celui-ci lui disait :
« Je suis Mohamed Ibn ‘Abdallah » De nombreux serviteurs de Seïdina () ainsi que de nombreux
serviteurs d'autres personnes ont vu apparaître en eux l'ouverture de la main même de Seïdina
Ahmed Tidjani (). Il a été rapporté sur notre personnage qu'il lisait régulièrement, chaque veille
du vendredi et du lundi, le Dalaïl El Khaïrate et en groupe dans une mosquée qui était à
proximité de chez lui. Un soir, il n'est pas sorti comme à son habitude pour les rejoindre, mais de
chez lui il suivait leur lecture et ainsi jusqu'au moment où il s'endormit. Pendant son sommeil, il a
vu une personne du groupe, venu le voir en lui disant : « Lève-toi pour voir le Prophète (), il
passe par là » et cette personne partit continuer sa lecture. Notre personnage est resté debout sur le
chemin avec tout l'adeb nécessaire et il vit le Prophète () en compagnie d'Abou Bakr Siddiq ().

Il raconte ceci : « Lorsque j'ai vu le Prophète (), je me suis jeté sur lui en disant : « Puis-je me
régaler de la trace du sceau de la prophétie ? » et je répétais cela plusieurs fois. Abou Bakr () m'a
répondu en montrant l'endroit où se trouvait le sceau de la prophétie : « Cet endroit est malade ».
Et il rajouta : « Ne t'en approche pas ». Le Prophète () se tourna vers lui en lui disant : « Laisse-le
afin qu'il se régale ». Ensuite, le Prophète () ôta son manteau et déshabilla son épaule en me
disant : « Regarde ». J'ai vu le sceau de la prophétie entre ses épaules bénies et il ressemblait à la
paume d'une main dont les doigts sont serrés et dirigés vers le bas et à l'extrémité, il y avait un cercle
comme un tampon rouge.

Je commençais à l'embrasser et à le regarder jusqu'à ce que le Prophète () me dise : « Cela te


suffit » et il se rhabilla. Après m'être éloigné, il m'appela et me dit : « Est-ce que tu m'entends ? » Je
répondis : « Oui, Ô maître, Ô Messager d'Allah ! » Il dit alors : « Tu fais partie de ceux qui m'ont vu
réellement ». En écoutant cela, je fus pris d'une joie tellement grande que je me réveillai et
j'entendis alors le groupe qui se trouvait à côté dans la mosquée, qui était arrivé à la partie qui dit :
« Ô Allah prie sur le détenteur de la bonté, de la beauté, de la splendeur et de la perfection ». Je me
suis levé, j'ai fait les ablutions puis je suis allé vers eux et je leur ai alors raconté la vision. J'étais sûr

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que le Prophète () était venu assister à la clôture de la lecture, ils eurent une joie immense en
m’entendant et cela les motiva à combattre leur paresse ».

Plus tard, il quitta ce groupe en raison du décès de la plupart d'entre eux, lui-même décéda environ
vingt ans après Seïdina Ahmed Tidjani ().

S idi Bou’iza El Berbery

L’homme doté de la grande bénédiction, le pieux et le majestueux Chérif Sidi Bou’iza El Berbery
(). Il éprouvait, qu’Allah lui fasse miséricorde, un amour sincère envers Seïdina Ahmed Tidjani
() et il était fermement attaché à la corde de la Tariqa Tidjaniya. Il est celui qui a rencontré
Seïdina () en cachette lorsque plusieurs tribus furent rassemblées par le dissident connu sous le
nom d’Amhaouche et cet événement est connu. On rapporte à ce sujet que notre personnage
habitait une région appelée Berbera avec sa famille et une année, le séditieux Amhaouche regroupa
l’ensemble des tribus berbères qui avaient pris part à sa cause. Ce groupe conséquent d’hommes et
de cavaliers sans scrupules avait pour dessein de poursuivre leur marche sur Fès afin de détruire le
royaume et de ravager sa terre.

Sidi Bou’iza El Berbery () raconte son histoire :

« J’étais caché parmi eux et mon objectif était de me séparer de leur groupe pour me rendre à Fès.
Lorsqu’ils bivouaquèrent près d’une montagne à ses environs, je les laissais et me dirigeais alors vers
Fès. Ce qui m’importait le plus en me rendant là-bas, c’était de m’affilier à une voie dans la chaîne
des gens de Dieu. Justement, on me parla de Seïdina Ahmed Tidjani () et de sa Tariqa en me
décrivant quelques mérites et j’interrogeais sur l’endroit où il résidait pour m’y rendre. En entrant
dans sa demeure après y avoir été autorisé, je trouvais Seïdina () occupé à faire du Dhikr tandis
qu’il était debout et qu’il marchait en allant et venant. Il me fit signe de m’asseoir en attendant qu’il
finisse et lorsqu’il eut terminé, je me levais et le saluais. Il m’interrogea sur l’endroit d’où je venais,
sur ma lignée, mon état, mon objectif et je l’en informais. Ensuite, je lui demandais qu’il me
transmette l’autorisation pour ses oraisons et il m’y autorisa. Enfin, après cela, je me concertais avec
lui sur mon désir de quitter la région de Berbera pour un autre endroit. Il me demanda si les
femmes de ma région priaient, je lui répondis alors que certaines priaient et il me fit allusion de ne
pas quitter ma région pour l’instant.

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Lorsque j’ai souhaité m’en aller, il m’interrogea sur le fauteur de troubles mentionné et sur ceux qui
le suivaient ainsi que sur leurs intentions. Je lui décrivis tout cela, mentionnant la grande force et la
rudesse de ceux qui étaient avec lui ainsi que leur but. Seïdina () s’est alors tourné dans leur
direction et tendit la paume de sa main puis souffla dessus. Ensuite je lui fis mes salutations, il
invoqua le bien pour moi et je repris mon chemin. Le lendemain matin j’arrivais à l’endroit où
j’avais laissé Amhaouche et ceux qui étaient avec lui. J’interrogeais à leur sujet, on me répondit :
« Ils ont été mis en déroute hier à telle heure et personne ne pouvait freiner l’autre dans leur
déroute, et cela, sans que quiconque ne connaisse la cause de cette fuite. » Et j’ai su qu’ils ont été
mis en déroute à l’instant où Seïdina () a soufflé dans leur direction et Allah a mis la terreur dans
leur cœur par la bénédiction de la volonté de Seïdina Ahmed Tidjani () »

S idi Bouziane

Le détenteur des secrets à l'ouverture apparente, la clé du bien et du succès, Abou Abdallah Sidi
Bouziane (). Il faisait partie des rapprochés et des aimés de Seïdina Ahmed Tidjani () ainsi que
de ceux qui eurent accès de son vivant à ses secrets particuliers, cela malgré son jeune âge. Il ne sut
maîtriser son Nefs et commença à utiliser son pouvoir de gérance dans des choses auxquelles il ne
donnait pas encore leur vraie valeur. Seïdina Ahmed Tidjani () lui ôta alors ce pouvoir jusqu'à ce
qu'il grandisse et atteigne sa maturité.

La raison de l'obtention de ces secrets était que son père voulait absolument que Seïdina () les lui
transmette, mais ce dernier lui répondait : « Il est encore jeune et j'ai peur pour lui qu'il ne puisse
assumer cette charge ». Cependant, malgré sa réponse son père insistait et Seïdina Ahmed Tidjani
() lui ordonna alors de se rendre auprès d'un certain Wali se trouvant vers la porte 'Ajissa qui le lui
transmettrait, mais il le mit en garde contre le fait de nuire à ses compagnons ou de faire étalage de
ses prodiges. Lorsqu'ils arrivèrent vers le Wali en question, ce dernier en entendant sa demande le
gronda en lui disant : « Vas-t-en ! » Alors, il lui répondit : « C'est Seïdina Ahmed Tidjani qui
m'envoie à toi ». Le Wali lui dit alors : « Va à Touat tu trouveras untel et c'est lui qui te le
donnera. » En arrivant chez cet autre Wali à Touat, il lui demanda le secret, celui-ci le gronda à son
tour. Alors, il lui dit : « Je suis venu par l'autorisation de Seïdina Ahmed Tidjani ». Il lui dit :
« Ouvre ta bouche ». Et lorsqu'il l'ouvrit, il lui souffla dedans et à ce moment précis les voiles furent
ôtés, il a ainsi vu ce qu'il a vu. Le Wali le mit en garde de préserver ses secrets et de s'abstenir de
nuire aux gens et surtout aux compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani ().

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Sidi Bouziane () n'a pas réussi à suivre ces recommandations à cette époque-là et il commença à
montrer ses prodiges et à en être préoccupé nuit et jour. Dès qu'il voulait quelque chose, il
l'obtenait sur-le-champ et dès qu'il se dirigeait pour nuire à quelqu'un, il l'atteignait tout de suite
par un malheur. Il devint célèbre dans le domaine du dévoilement. Un jour il se trouva avec une
caravane dans le désert et les gens ont eu besoin de boire. Il leur dit : « creusez à cet endroit précis et
vous trouverez une source d'eau douce » et certes ils la trouvèrent tel qu'il l'avait dit. Tandis qu’il
était préoccupé par son dévoilement et qu’il était inattentif aux conseils de Seïdina () il vit un fil
de lumière sortir de sa bouche et rejoindre les mains de Seïdina Ahmed Tidjani (). Lorsque cette
lumière cessa de sortir, il perdit subitement son dévoilement. Cela se passa alors qu'il se trouvait
dans le désert et Seïdina Ahmed Tidjani () à Fès.

Sidi Bouziane () dit à son père : « Seïdina a repris son dépôt et nous a laissés sans rien.» Ce dernier
voyagea en direction de Seïdina et dès qu'il arriva auprès de lui, Seïdina Ahmed Tidjani () lui dit :
« On t'avait prévenu qu'il ne pourrait assumer ces secrets ». Le père supplia Seïdina () pour qu'il
les lui redonne en lui promettant de ne plus le laisser commettre de tels actes, mais Seïdina Ahmed
Tidjani () lui répondit : « Il n'y a plus de possibilités de lui redonner, mais si Allah le veut il sera
une clé pour le bien ». Depuis ce jour notre personnage dirigea les négociations entre les Turcs et
les habitants du désert, par la bénédiction du regard de Seïdina (), et ce, jusqu'à ce qu'il mourut
dans un parfait état, tenant avec fermeté la Tariqa qu'il soit résidant ou en voyage, qu'Allah lui fasse
miséricorde.

S idi Chahid El Wazani

Il est l’homme majestueux doté de la bénédiction, le Chérif authentique à l’opinion droite et à


l’attache solide. Ce maître fait partie des élites parmi les compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani
(). Auparavant il était affilié à la Tariqa des dignitaires de Wazan et par la suite, il s’est accroché
fermement aux pans de la Tariqa de Seïdina Ahmed Tidjani () à l’instar de certains autres
méritants d’entre ses compagnons. Il a été rapporté concernant Sidi Ahmed Banani, Sidi Taïeb
Sefiani et notre personnage () qu’ils avaient des liens d’affection et d’amitiés incomparables entre
eux. C’était des frères en Allah qui vivaient unis comme avec un seul cœur.

Ils se rassemblaient souvent dans un endroit privé, chez Sidi Chahid El Wazani. C’était un lieu qui
possédait deux portes d’entrée. Une nuit, après la prière du ‘Icha, le chérif Sidi Taïeb () se rendit
dans l’endroit convenu avec un repas et il emprunta une des deux portes qui conduisait à la
demeure. Lorsqu’il rentra auprès de ses amis () et qu’il les salua, Sidi Chahid () resta stupéfait et

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ne put dire un seul mot. Puis il demanda à Sidi Taïeb () : « Mais par où es-tu entré ? », il répondit
en lui désignant une des deux portes : « Par cette porte ! ». Sidi Chahid () s’exclama : « Par Allah !
J’en suis très étonné ». Il se leva, prit une bougie et descendit à l’endroit en question, suivi de près
par ses deux compagnons. Cette porte était celle qui donnait sur une ruelle entièrement excavée, il
était donc impossible à quiconque de l’emprunter et il fallait nécessairement passer par l’autre porte
pour pouvoir entrer dans la demeure. Le Chérif Sidi Taïeb () lui aussi resta stupéfait devant cela
n’ayant aucune explication à apporter jusqu’au jour où tous les trois prirent la Tariqa Tidjaniya et
lors d’une assise avec Seïdina Ahmed Tidjani (), Sidi Taïeb () se remémora avec étonnement cet
événement passé au point que toute sa pensée en fut accaparée. Seïdina () lui dit par dévoilement :
« C’est ton propre Cheikh qui t’a frayé le chemin sans que tu ne t’en rendes compte toi-même et
untel ainsi qu’untel ont été témoin de cela ». Et Seïdina () lui évoqua avec précision ce qui lui
était arrivé à cette époque. La détermination des trois amis se renforça encore plus et ils s’attachèrent
solidement à la Tariqa de Seïdina ().

Ce fut aussi le Chérif Sidi Chahid El Wazani () qui demanda à Seïdina Ahmed Tidjani ()
d’implorer pour lui la rectitude (El Istiqama) comme rapporté dans El Ifada. Mais Seïdina Ahmed
Tidjani () avait alors dit : « Qu’Allah t’accepte de par Sa grâce et Son agrément ». Notre
personnage lui demanda la raison pour laquelle il n’avait pas imploré la rectitude, Seïdina () lui
répondit : « Celui qui veut la rectitude à notre époque est comme celui qui veut construire un
escalier jusqu’au ciel ». Mais Sidi Chahid () réitéra sa demande pour la rectitude, Seïdina Ahmed
Tidjani () lui expliqua : « Je t’ai dit : « Qu’Allah t’accepte de par Sa grâce et Son agrément ». Que
tu sois droit ou tordu, si Allah t’accepte par sa grâce et son agrément il n’a que faire que tu sois droit
ou tordu. Et sache que dans notre époque après qu’un individu ait atteint la droiture, il ne trouvera
plus personne pour l’aider à rester droit ».

S idi Hajj Daoudi

Il est le savant dont ont profité les gens de son époque, le signe de la religion dans ce bas monde, le
père des grâces et des dons, détenteur d'une grande noblesse et de la haute valeur apparente, Abou-
l-Abbas Sidi Hajj Daoudi (), originaire de Tlemcen. Il a vécu à Fès où il est reconnu par tous les
savants, ces derniers tiraient de sa niche la lumière de la science et cheminaient vers la vérité dans la
Chari'a et la Tariqa à travers ses guidances, sur un chemin où beaucoup de gens de la
compréhension ont trébuché. Sidi Hajj Daoudi () a pris la Baraka dans sa jeunesse, directement de
Seïdina Ahmed Tidjani (). Il est connu qu'il éprouvait un grand amour pour nos maîtres, les

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Nassiriya, qu'Allah préserve leurs secrets. Cet amour était si célèbre que certains pensaient, en le
voyant les fréquenter, qu'il faisait partie de leur voie, mais ce n’était pas le cas. Il a été prouvé à
travers des gens dignes de confiance que durant la vie de Seïdina Ahmed Tidjani () Sidi Hajj
Daoudi () restait constamment avec le savant majestueux et le compagnon de Seïdina, Sidi
Mohammed ibn Mechri (). Ainsi, Sidi Hajj Daoudi () ne sortait de la majestueuse Zaouiya
bénie de Fès que pour des nécessités. Il recherchait la baraka à travers la vue de Seïdina Ahmed
Tidjani () et se régalait du goût exquis de ses prêches ainsi que de ses paroles envoûtantes ; il
assistait à son assise pour profiter de sa présence.

L'un des enseignants de Qarawiyyine a raconté : « Je suis parti pendant ma jeunesse de Tlemcen
pour Fès afin d'étudier et parmi mes professeurs se trouvait Sidi Mohammed ibn Mechri ().
Lorsque je décidai de retourner dans mon pays, je suis allé voir mes maîtres pour les saluer et leur
demander conseils et invocations. Sidi Mohammed ibn Mechri () m'avait alors conseillé en me
disant : « Si tu te trouves en difficulté, demande secours par l'intermédiaire de Seïdina Ahmed
Tidjani () » et il insista sur cela. Après mon retour, je partis faire mon pèlerinage par la mer et le
destin voulut que le bateau coule et je demeurai avec sept rescapés, transportés par les planches de
l'épave jusqu'à ce que nous apercevions une île vers laquelle nous nous dirigeâmes.

Personne ne se parlait, chacun attendait la mort. Je méditais et Allah () me fit rappeler Fès et ses
savants ainsi que le conseil de Sidi Mohammed ibn Mechri (). J'implorais donc le secours d'Allah
par l'intermédiaire de Seïdina Ahmed Tidjani (). Ensuite, je me mis à somnoler et vis apparaître
devant moi Seïdina Ahmed Tidjani () il me dit : « Répète : Ô savant des douceurs, sauve-nous de
ce qui nous effraie » je repris conscience en répétant ces mots et il ne se passa que très peu de temps
avant qu'un bateau n'apparaisse. Le capitaine nous repéra, rejoignit l'île et nous ramena en lieu sûr.
Quelque temps après, je me rendis de nouveau à Fès pour m'informer sur Seïdina Ahmed Tidjani
() on m'annonça sa mort. Après quelques recherches, je connus la date exacte de sa mort, et
remarquais avec étonnement qu'elle correspondait au jour où s'était produit l'événement ».

S idi El Hajj El Kebir Lahlou

L’immense bénédiction, le généreux, l’évocateur dans la crainte et l’humilité, détenteur des


caractères immenses, le docte majestueux et méritoire Abou ‘Abdellah Sidi Hajj El Kebir Mohamed
ibn ‘Issa Lahlou (). Cet homme majestueux fait partie des élites d’entre les compagnons qui ont
accédé à l’Ouverture dans cette Tariqa Mohammediya. Il était délégué par Seïdina Ahmed Tidjani

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() pour le remplacer dans quelques évocations particulières avec certains autres parmi les élites des
compagnons.

Il a été rapporté par Sidi ‘Arbi ibn Sa-ih () que lorsqu’il partit visiter notre personnage au cours de
la maladie qui allait engendrer sa mort, il lui demanda : « Ô Sidi, pour les évocations que tu faisais,
as-tu délégué quelqu’un pour te remplacer ? ». Il répondit : « Je n’ai délégué personne pour cela,
j’ai entendu Seïdina () dire : « Tous ceux d’entre mes compagnons qui évoquent une évocation,
mais que la maladie empêche d’accomplir, Allah lui désigne un ange chargé de l’accomplir pour
lui » je ne vais donc pas délaisser l’ange qui me remplace pour déléguer un être humain ». Sidi ‘Arbi
ibn Sa-ih () a dit à ce sujet : « Déléguer quelqu’un pour l’accomplissement d’évocations est
valable dans notre Tariqa Mohammediya hormis en ce qui concerne les trois piliers : le Ouird
(Lazim), la Wadhifa et le Dhikr du vendredi (‘Asrou) comme cela a été rapporté par Sidi Hajj El
Kebir () qui a dit en parlant de Seïdina () : « Je l’ai remplacé dans beaucoup d’évocations et
parmi elles l’évocation de « Latif » »

Autrefois, Sidi El Kebir Lahlou et sa famille () étaient reliés au connaissant d’Allah Sidi Mohamed
ibn ‘Issa () et notre personnage accomplissait ses oraisons particulières. Il avait pour compagnon
un certain docte qui étudiait avec lui et il était affilié à Seïdina Ahmed Tidjani (). Quand ils se
sont rencontrés tous les deux, le docte en question lui parla du degré de Seïdina () et notre
personnage avait la poitrine qui se resserrait par son intense désir d’entrer dans cette Tariqa. Lorsque
Seïdina () se rendit à Fès, notre personnage accompagna son ami afin de l’accueillir près de l’Oued
Sebou. Lorsqu’ils se rencontrèrent, son ami raconta à Seïdina () que Sidi El Hajj El Kebir ()
désirait fortement le voir. Seïdina Ahmed Tidjani () lui dit : « Il fait partie de nos compagnons ».
Quand ce fut le moment de la prière, Seïdina () le fit diriger devant lui et c’était la première prière
qu’il a accomplie avec Seïdina Ahmed Tidjani (). Par la suite, Seïdina () ne retournera à Fès, s’y
installant définitivement, qu’avec l’ensemble de ses serviteurs et depuis notre personnage ne le
quitta plus en raison de son enracinement dans son amour. Les gens de l’ancienne Tariqa de Sidi
Hajj El Kebir () vinrent à le blâmer d’avoir abandonné la Tariqa de ses ancêtres, mais il ne prêtait
aucune attention à leurs propos et sa mère craignait également pour lui en raison de l’abandon de la
voie de ses anciens.

Un jour un évènement coïncida, car sa mère se mit à se plaindre de ses yeux de plus en plus souvent
et Seïdina () se trouvait justement dans leur demeure. Elle dit alors à son fils : « Ô mon fils ! Si ce
Cheikh est tel que tu me le dis, qu’il invoque Allah pour moi afin que je guérisse, je croirais alors en
sa sainteté ». Notre personnage informa Seïdina () sur les dires de sa mère et il lui demanda : « Où
est-elle ? » Sidi El Kebir () lui répondit : « Elle se trouve à côté de cette chambre » Seïdina () lui

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dit : « Apporte-moi cette herbe » et il lui désigna de l’herbe sur les tuiles puis il lui demanda
d’emmener sa mère. Quand elle se tint devant lui comme une aveugle, Seïdina () s’exclama sur
un ton réprobateur : « C’est donc elle qui a dit ceci et cela » puis il lui cracha dans les yeux en lui
disant : « Lève-toi à présent » et elle se mit à pleurer en disant : « Ô Sidi ! Je me repens auprès
d’Allah » Seïdina () lui répondit : « Ne t’inquiète pas, tout va bien.» Ensuite Seïdina () frotta
cette herbe à ses doigts puis il dit à notre personnage : « Appose cela sur ses yeux et qu’elle dorme
avec jusqu'à demain » Il exécuta les recommandations de Seïdina Ahmed Tidjani () et le
lendemain, lorsqu’elle ôta ces herbes des yeux, il ne resta plus de trace de ce dont elle souffrait
comme si elle n’avait jamais rien eu. Depuis son amour s’enracina en Seïdina ().

S idi El Mouhib ben Qadour Zarhouni

Le juriste, l'ascète, le cheminant sur la voie de la vérité, doté de la maîtrise des sciences de la loi et
de la vérité, connu pour son affermissement dans la Tariqa, Abou Mohammed Sidi Abdelqader
Zarhouni surnommé El Mouhib ibn Qadour (). Il est parmi les élites des compagnons de Seïdina
Ahmed Tidjani () et il faisait partie de ceux qui ont vécu des prodiges en sa compagnie. Seïdina
Ahmed Tidjani () lui avait envoyé une lettre dont voici le contenu :

« Après la mention du nom d'Allah, on lui demande par Son immense Majesté et Ses Noms sacrés,
qu'Il te fasse cheminer, dès cet instant, dans le chemin de ses wali vertueux, que tu sois entre ses
mains dans la situation dans laquelle se trouve ses aimés, ses Connaissants, dans ce bas monde ainsi
que dans l'autre, car Il est capable en cette affaire. Ensuite, tu m'as demandé l'autorisation pour le
rajout dans les formules d’évocations, sache que je t'autorise dans tout ce que tu as voulu comme
évocations et Noms, versets et invocations, d'où qu'ils se trouvent et de la manière où ils sont
formulés sauf ceux appartenant aux oraisons des Chouyoukhs qui sont obligatoires dans l'affiliation à
leur voie. Sache que tout ce que tu fais comme évocations, invocations et prières sur le Prophète
() et ce, pendant 100 000 ans n'équivaut pas à la récompense d'une seule Salatou-l-Fatihi. Si tu
veux être parmi les gagnants dans l'au-delà, alors préoccupe-toi d'elle (la Salatou-l-Fatihi) selon tes
efforts, car il s'agit là du trésor immense d'Allah pour celui qui l'accomplit. Rajoute-la dans toutes
tes évocations et oraisons, cela t'est préférable et je te le conseille pour Allah.

En ce qui concerne ce dont tu m'as informé à propos des difficultés que tu trouves à plier ton âme
(Nefs) devant les ordres d'Allah et cette persistance continuelle qu'elle a de lui désobéir, sache qu'il
s'agit là d'une tradition d'Allah sur ses créatures, envers tous ceux qui ont négligé leur âme (Nefs) et

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qui l'ont abandonné à leurs passions. Par la suite, il lui est difficile de suivre le chemin de
l'application des ordres d'Allah, car les ruses de son Nefs ne l'entraînent qu'aux péchés et aux
désobéissances. Pour celui qui veut redresser les déformations de son âme, il doit s’opposer à elle
dans le suivi de ses passions et il doit s'efforcer continuellement de s'isoler, de garder le silence, de
diminuer dans la quantité de nourriture, d'augmenter dans le rappel d'Allah, en évolution avec la
présence du cœur, et ce, en repoussant toutes pensées concernant les affaires mondaines, désirs et
amour envers elles. Il faut aussi repousser du cœur toute forme de volonté, choix ou pensée
concernant l'arrangement de nos propres affaires et s'écarter de tout désir d'information concernant
la créature.

Enfin, il faut s'imposer l'agrément par le cœur, du destin d'Allah. À force d'œuvrer ainsi le Nefs se
purifie et sort de sa ruse pour être dans le suivi d'Allah. Telle a toujours été la tradition d'Allah sur
ses créatures et tu n'y trouveras jamais de changement. Dans ce domaine le Cheikh est un guide et
une aide et non pas un créateur ou un faiseur, car la création et l'action appartiennent à Allah, tandis
que les Chouyoukhs indiquent la direction. Que la paix soit sur toi et que le salut et la prière
d'Allah soient sur le Prophète, sa famille et ses compagnons. Ainsi se termine cette lettre écrite par le
serviteur pauvre en Allah, Ahmed ibnou Mohamed Tidjani, qu'Allah agisse envers lui avec
douceur ».

S idi Hassan ibn Abdallah Boukili

Le wali parfait, le Connaissant relié, le Chérif aux nobles mérites, Moulay Hassan ibn ‘Abdallah
Boukili (). Seïdina Ahmed Tidjani () l’a désigné comme Mouqadem pour transmettre
l’autorisation des oraisons. Il avait une grande valeur auprès de Seïdina () vu la noblesse de sa
lignée, son amour sincère et la perfection de sa religion.

Il a été rapporté qu’une fois il quitta le désert afin de rendre visite à Seïdina Ahmed Tidjani () à
Fès. Quand il arriva et qu’il entra dans la Zaouiya, il salua Seïdina (). Survint alors l’heure de la
prière et lorsqu’ils se levèrent tous pour l’accomplir, Seïdina () fit passer notre personnage devant
pour qu’il la dirige. Une fois la prière clôturée, Seïdina Ahmed Tidjani () se tourna vers ceux de
ses compagnons qui étaient présents ce jour-là et il leur dit : « Refaites votre prière sauf Sidi El Hajj
El Kebir Lahlou, car lui a prié contrairement à vous ». La cause de cet ordre est qu’en fait ils ne
connaissaient pas notre personnage et lorsqu’ils l’ont vu diriger la prière, ils se sont dits en leur for
intérieur : « Comment ce Bédouin peut-il diriger la prière devant nous ? » Et ils pensèrent à cela
tout au long de leur prière sauf Sidi Hajj El Kebir qui n’a point été distrait. Quant aux autres, en

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raison de ce genre d’inattention, Seïdina () leur ordonna de refaire leur prière. Il arriva la même
chose avec le Pôle Sidi Hajj ‘Ali Tamacini () lorsque Seïdina () lui faisait diriger la prière au
cours de ses visites depuis le désert.

Sidi Hassan El Boukili () a été désigné Mouqadem par Seïdina Ahmed Tidjani () et de même
pour son fils nommé Sidi Ahmed (). Il fut nommé à cette fonction alors qu’il était encore dans le
ventre de sa mère et Seïdina () annonça à son sujet ce qui allait lui survenir dans le domaine des
Ouvertures éclatantes et cela avant même que sa mère n’accouche. Et certes, il a atteint le domaine
de la Grande Sainteté et de l’Immense Connaissance d’Allah par la bénédiction du regard de Seïdina
().

S idi Ibrahim Riyahi

Parmi ses grands compagnons le savant de son époque, Cheikh El Islam et guide pour les humains,
celui qui porte l'étendard de la science et des connaissances particulières, défenseur de cette Tariqa
Al Ahmadiya, protecteur de son honneur, Cheikh Abou-l-Ishaq Seïdina Ibrahim Riyahi Tounsi
(). Il fut tout d’abord dans la Tariqa Chadhiliya. Lorsque le Khalife Sidi 'Ali Harazim (), grand
compagnon particulier de Seïdina Ahmed Tidjani (), est arrivé dans les premières demeures
tunisiennes en 1211, il rencontra notre personnage et fit connaissance avec lui. Puis il séjourna chez
Sidi Ibrahim Riyahi, à la Madrassa, où leur amitié s'est renforcée. Il a vu de sa part de nombreux
prodiges et a entendu de lui les vertus de Seïdina Ahmed Tidjani () et de sa Tariqa. Il désirait
entrer dans cette Tariqa Mohammediya et il se le répétait souvent en lui-même. Celui qui l'avait
initié à la Chadhiliya et qui faisait partie des grands hommes de Dieu à l'ouverture manifeste, lui
conseilla clairement de prendre cette Tariqa, il se conforma ainsi à son conseil. Avant de rencontrer
Sidi Hajj 'Ali Harazim (), il avait vu un rêve qui lui annonçait l'acquisition prochaine d'une station
parmi les stations. Lorsqu’il rencontra le Khalife, il lui raconta cela, celui-ci lui fit le commentaire
d’une partie de ces signes et lui promit la suite de ce qui restait comme signification plus tard, il
l'invita à rentrer dans la Tariqa, ce qu’il fit.

Parmi les évènements qui ont été rapportés du séjour de Sidi 'Ali Harazim chez Sidi Ibrahim () en
Tunisie, il y a ceci : Le Khalife lui dit un jour : « Je désire faire le Dhikr dans la maison, fais
attention que personne n’entre jusqu’à ce que je sorte ». Puis il entra et Sidi Ibrahim Riyahi ()
resta devant la porte. L'attente fut si longue qu'il n'espérait plus le voir sortir et il se lassa, ce qui le
poussa à entrer pour voir ce qu’il faisait, mais il ne trouva personne. Il se posa des questions sur ce
qu'il avait bien pu devenir et il se répétait en lui-même que tout le monde était au courant de la

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présence du Cheikh dans sa demeure. Il s’exclama et dit : « Ah ! Si je savais quoi leur répondre s'ils
me demandent ce qu’est devenu le Cheikh, ah ! Si je savais où il est parti ! » Il resta soucieux toute
la journée, et alors qu’il était assis devant la porte de sa maison voici que le Khalife en sortit. Sidi
Ibrahim Riyahi () lui demanda alors : « Ô mon maître ! Où étais-tu ? » Il lui dit : « Certes celui
qui a la Connaissance, lorsqu’il prononce le Nom Suprême d'Allah (Ismou Allah el A'dham), il fond
et après avoir fini son Dhikr, il revient à son état initial ». C'est ce qui était arrivé à Sidi 'Ali Harazim
() et l’amour qu'éprouvait Sidi Ibrahim Riyahi pour lui, augmenta.

Une de ses grâces fut qu’une fois, alors qu’il était endormi, Sidi 'Ali Harazim () le réveilla et lui
dit : « Lève-toi, demande à Allah Ta'ala ce que tu veux, car cette heure est une heure
d’exaucement ». Il se leva et se mit à écrire des demandes, Allah () exauça sa dou'a et lui donna ce
qu’il désirait. Il faisait partie de ceux qui avaient toutes leurs demandes exaucées, lorsqu’il désirait
quelque chose, il l'atteignait. Il avait une force spirituelle très haute et digne, qui ne se satisfaisait pas
des futilités. Il écrivit un livre qui est une réplique contre ceux qui critiquaient ou blâmaient la
Tariqa de Seïdina Ahmed Tidjani (). Il composa également un magnifique poème faisant l'éloge
des qualités sublimes de Seïdina () et il fut écrit avec un tel amour que sa lecture ne laisse personne
indifférent. Le grand compagnon Sidi 'Arbi ibn Sa-îh () en l'écoutant, ressentit une présence puis
il dit : « Celui qui l'a écrit, ne l'a fait que par présence et concentration dans l'amour du cheikh.
Jamais poème n'a glorifié comme celui-ci. Vous êtes mes enfants, alors sachez que chaque personne
qui le lira, Allah lui enlèvera son problème. Il faut le lire en solitaire et certes l'exaucement ne
l'évitera pas ». Il fut dit que sa lecture a une influence pour ôter les malheurs et pour soulager les
cœurs et il est inscrit sur ce qui couvre la tombe de Seïdina (). Parmi les bienfaits que Sidi
Ibrahim Riyahi reçut du khalife Sidi 'Ali Harazim (), il y a l'écriture de sa propre main d'une
invocation qui permet de pourvoir aux besoins de ce monde et de l'au-delà.

Sidi ‘Abdelaoui () a raconté les circonstances de la rencontre des deux hommes : quand Sidi 'Ali
Harazim () arriva en Tunisie, il entra dans une mosquée où il était habituel qu'un grand Cheikh y
enseigne la noble science. Parmi les étudiants qui assistaient à cette leçon se trouvait Sidi Ibrahim
Riyahi () et le destin voulut que lorsque Sidi 'Ali Harazim arriva à la mosquée, il s'assît à côté de
lui et ceci avant l'heure de la leçon. Ils discutèrent ensemble jusqu'à ce qu'il interroge le khalife sur
sa situation et ce qui l'a poussé à venir en Tunisie. Il le renseigna puis lui dit : « Il est indispensable
que tu rentres dans la Tariqa de la connaissance, je ne suis venu ici que pour toi et la preuve qui va
certifier ce que je te dis est que votre Cheikh enseignant ne va pas venir à la leçon aujourd’hui » Sidi
Ibrahim Riyahi () s'étonna de ces propos et de ce qu'il a vu de ses états, c'était sa première
rencontre avec lui. Il lui dit : « Si le cheikh ne vient pas aujourd'hui, il est sûr que ta situation doit
être d'une grande ampleur chez l'élite et le commun et par ceci il t'apparaîtra de ma part la complète

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générosité ». Ce que le khalife annonça se déroula effectivement. Sidi Ibrahim Riyahi () s'attacha
à lui et l'invita à passer son séjour en Tunisie chez lui, à l'école, ce qu'il accepta. Depuis le bien ne
cesse de s'écouler sur sa famille, venant de toute part.

Sidi Ibrahim () profita des connaissances, des secrets et des lumières de la science de Sidi 'Ali
Harazim (). Un jour le Khalife lui annonça : « Il va falloir que tu partes comme ambassadeur au
Maroc et que tu rencontres son prince et il se passera tel et telle chose. Quand tu t'en iras pour cette
destination, il te faudra avant tout visiter notre maître Sidi Ahmed Tidjani (), reste un long
moment avec lui et quitte-le le moins possible » Sidi Ibrahim Riyahi () fut étonné d'entendre ces
prédications, mais il savait avec certitude que tout allait se passer tel qu'il le lui avait annoncé. Le
destin d'Allah () voulut qu'une famine s'abatte sur la Tunisie en 1218 et les gens eurent besoin des
nourritures économisées par le sultan du Maroc. Le prince turc de Tunisie, Hamouda Pacha,
ordonna au célèbre savant Sidi Saleh El Kaouache () d'aller comme ambassadeur auprès du sultan
du Maroc Maoulana Souleïman (). Le Cheikh cité s'est excusé de ne pouvoir voyager en raison de
son âge avancé et de l'augmentation de sa maladie, il lui présenta alors son élève Sidi Ibrahim Riyahi
() glorifiant sa valeur auprès du prince et lui garantissant le succès de cette mission.

Le prince Hamouda Pacha ordonna donc à Sidi Ibrahim Riyahi () de se préparer pour voyager et
il partit ainsi pour le Maroc où il arriva en paix. Suivant les recommandations de Sidi 'Ali Harazim
() il se rendit tout d'abord dans la demeure de Seïdina Ahmed Tidjani (). Quand il arriva devant
la porte une servante lui ouvrit et lui demanda curieusement : « Est-ce que vous êtes Sidi Ibrahim
Riyahi le Tunisien ? » Il répondit par l'affirmative, alors elle lui annonça que Seïdina () l'avait
informé de sa venue et lui avait donné la permission de le laisser entrer directement. Dans la
maison, il trouva un groupe de compagnons qui avaient eu le privilège de pouvoir rencontrer
Seïdina Ahmed Tidjani (), on présenta à Sidi Ibrahim Riyahi () une tasse de lait qu'il bu. À ce
moment là, Seïdina () sortit de sa pièce d'isolement et salua notre personnage puis il lui annonça le
décès de son Cheikh enseignant Sidi Saleh El Kaouache () et lui avoua qu'il avait lui-même assisté
à la prière mortuaire en Tunisie, (par le biais d'un prodige), le lundi 17 Chawal 1218. Lorsque Sidi
Ibrahim Riyahi () arriva au terme de sa visite, il prit la direction des appartements du Sultan où la
cour l'accueillit avec honneur et générosité. Il visita régulièrement le Sultan jusqu'à ce qu'il
obtienne sa demande, il put retourner en paix en Tunisie ayant accompli sa mission. Le Sultan du
Maroc s'était attaché à lui, il faisait souvent l'éloge de Sidi Ibrahim Riyahi () et lui écrivait
régulièrement.

Voici retranscrit, quelques passages d'une lettre que Seïdina Ahmed Tidjani envoyât au Cheikh El
Islam de Tunisie (): « […] Je te donne la permission et l'autorisation pour l'ensemble du Ouird

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noble, béni et immense, attache-toi bien à tout ce qui va suivre : réveille ton âme (Nafs) de son
insouciance et ne lui obéis point dans sa débauche, car l'affaire n'est pas futile, elle est sérieuse et
importante. Prends le chemin des efforts, car le pauvre qui renonce à son pacte, ses punitions sont
très dures et ses malheurs sont multiples, sois dans la certitude de ce que tu as, ne néglige pas ce que
tu as atteint et ne t'occupes pas de ce que tu as déjà donné à faire, notre Tariqa-ci a été particularisé
par Allah d'une particularité qui la situe au-dessus de tous les chemins et dont la langue ne pourrait
arriver à en éclaircir sa vérité. Ne peut prendre ce chemin ni s'abriter en lui que celui qui a été
accepté par la grâce d'Allah, si jamais le voile qui la cache s’était soulevé les grands pôles l'auraient
désiré comme le berger des régions désertiques désire les nuages.

Fais attention ! Regarde en face de toi, ne te laisse pas leurrer, car toutes les voies spirituelles
proviennent d'elle, elle est la source de toutes les tourouq, depuis le début de la création jusqu'au
souffle dans la trompe du Jugement dernier, par une promesse véridique du maître de l'existence
(Sayyid El Woujoud ()). J'autorise complètement et entièrement pour toujours sans changement
avec la condition obligatoire d'abandonner toute visite à l'ensemble des saints, à part la visite du
Prophète () et ses compagnons () et personne d'autre. Sache qu'Allah nous a graciés d'une bonté
immense par le don de la prière appelée Djaouharatou-l-Kamel, car toute personne qui la récitera
12 fois avec des ablutions complètes et dit : « Ceci est un cadeau pour toi, Ô ! Messager d'Allah »
c'est comme s'il avait visité le Prophète () dans son « jardin paradisiaque » (Raouda Chérifa) et c'est
comme s'il avait visité tous les Aouliya (Saints hommes de Dieu) depuis l'exil du Prophète ()
(Hijra) jusqu'à l'accomplissement de ce Dhikr.

Remarque, qu'Allah te fasse miséricorde, ces grandes faveurs, ces pierres précieuses d'une grande
valeur qu'Allah le Généreux nous a données et dont furent privés tous les autres peuples. Notre
Tariqa est caché sauf au regard du maître de l'existence () qui la connaît ainsi que sa valeur.
Qu'Allah nous fasse, ainsi que vous, de ceux qui s'accrochent à elle et de ceux qui cheminent dans
son sentier dans la vie et la mort, en paix, en bonne santé et en sécurité jusqu'à l'établissement dans
les plus hauts degrés du Paradis auprès du maître de l'existence (). Gare à toi puis garde à toi !
Abstiens-toi de paresser, d'avoir honte et de négliger ce qu'on t'a ordonné de faire, de t'asseoir à
l'endroit du doute et de l'égarement. Je te conseille la crainte d'Allah intérieurement et
extérieurement et de suivre la Sunna qu'elle soit loin, proche ou exceptionnelle dans les paroles et
les actes, d'être satisfait d'Allah dans le peu et le beaucoup, d'aller vers Allah et de lui donner
l'attention dans tous les états, de te détacher des créatures que tu t'en approches ou que tu t'en
éloignes, de prendre pour chaque situation la Sunna comme juge.

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Je te recommande la droiture en toute circonstance dans le mouvement et l'immobilisme, je te
conseille la patience et l'abandon complet en Allah à condition de délaisser tout ce qui n'est pas
droit, et la patience dans le malheur est plus proche de la paix, loue-le dans les bienfaits, demande à
Allah qu'il te donne le droit chemin, tout le bien. Qu'Il s'occupe de ton cas comme Il s'est occupé
de l'élite de ses serviteurs qui sont aimés chez lui, ceux des grands degrés, des Véridiques (Siddiqiyya
el ‘Adhma) et de la grande sainteté, par la valeur de l'élu () et qu'Il te mette dans son parrainage,
qu'il te suffise, que tu sois sous sa protection, qu'il te vaccine contre le mal […] »

Sidi Ibrahim Riyahi () décéda le 27 du mois béni de Ramadan en 1266 à l’âge de 86 ans, sa tombe
se trouve à Tunis, qu'Allah soit satisfait de lui. Ainsi a vécu le savant défenseur de notre Tariqa
Mohamediyya.

S idi Lakhdar

Le cheminant méritant dans cette Tariqa Mohammediya Abou ‘Abdallah Sidi Lakhdar (). Tout
comme son père, il fait partie lui aussi des élites parmi les compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani
(). Notre personnage a rapporté qu'il a entendu Seïdina () dire : « Donnez l'autorisation aux
gens pour réciter la Salat Fatihi même s'ils ne prennent pas les oraisons (c'est-à-dire sans s'affilier)
afin qu'ils meurent avec la foi » Sidi Ahmed ‘Abdelaoui () a dit : « L'autorisation pour la récitation
de la Salat Fatihi sans les oraisons, va de une fois à mille fois selon ce que peut accomplir celui qui
reçoit l'autorisation et cela, même s'il fait partie d'une autre Tariqa (que la Tidjaniya) mais tout en
étant assidu à ce dont il a reçu l'autorisation de réciter ». Sidi Lakhdar fût enterré dans le village de
‘Aliya.

S idi Madani Charaibi

Parmi eux le détenteur de l'ouverture clairvoyante, à la religion ferme, au dévoilement


incontestable, Abou Sa'ada Sidi Madani Charaïbi (). Cet homme fait partie des élites parmi les
compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani (). Il avait l'Ouverture dans cette Tariqa Mohammediya
et Sidi Moulay Ahmed 'Abdelaoui () l'avait rencontré et avait vu de sa part de nombreux prodiges
qui dépassent la raison. Seïdina () lui avait également un jour prédit : « Tu vas habiter à Fès » alors
que notre personnage n'en avait jamais eu l'intention et les événements se déroulèrent ainsi.

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Il a été rapporté une fois que Seïdina Ahmed Tidjani () fut alerté sur le fait que certains habitants
de Fès qui faisaient partie des gens influents de la ville, poussés par Chaïtan, complotaient à son
encontre pour le faire bannir de Fès et à cette fin, ils allèrent se plaindre au roi. Certains de ses
compagnons se sont inquiétés pour lui () et, alors qu'il se trouvait avec eux et notre personnage, il
eut une colère imposante. En entendant ces propos il fut pris d'un état majestueux, puis il rentra
chez lui et resta ainsi dans sa demeure un petit moment. Lorsqu’il en ressortit, il dit à ses
compagnons : « J'ai entendu de la Sainte Présence que jamais une main ne pourra me nuire »

Sidi Madani Charaïbi () a pris cette voie bénie en raison d’une vision qu’il avait eue : il avait vu le
Jour du Jugement dernier avec son cortège de gens effrayés. Il voyait alors certains Chouyoukh
passer et certains d'entre eux rejetaient des personnes qui pourtant faisaient partie de leurs disciples.
Il aperçut alors un endroit ressemblant à une immense montagne où des gens venant de toutes les
directions se rassemblaient jusqu'à remplir l'horizon. Ensuite, l'endroit en question se mit à bouger
en transportant toute cette foule et passa sur le pont Sirat à la vitesse de l'éclair. On demanda : « Qui
est-ce ? » On répondit : « C'est Sidi Ahmed Tidjani ! » Lorsque notre personnage entendit cette
parole il posa la main sur sa poitrine et dit : « C'est de ce Cheikh-là que je prendrais la voie ! » il se
réveilla en répétant cette phrase. Après cela, il se leva pour se rendre auprès de Seïdina () et il lui
raconta sa vision. C’est ainsi qu’il a pris de lui la Tariqa, Seïdina l'aimait et faisait son éloge. D'après
certains compagnons Sidi Madani Charaïbi () avait une haute station.

S idi Mahmoud ibn Qotban El Djaza-iri

Celui qui aimait Seïdina (), le cheminant sur la voie de l’affection complète, Sidi Mahmoud ibn
Qotban (). Ce maître, qu’Allah lui fasse miséricorde, était très dévoué envers Seïdina Ahmed
Tidjani () l’aimant et aimant tous ceux qui étaient liés à lui. Il était de la région d’Alger. Il est
mentionné dans le Machahid que le Prophète () ordonna à Seïdina () de lui écrire afin de
l’informer qu’il était aimé par le Prophète () et que tous ceux qui l’aiment seraient aimés de lui à
leurs tours. Il lui ordonna également de prendre soin de lui, ainsi qu’à Sidi Hajj ‘Ali Harazim () en
tout ce dont il avait besoin, mais sans difficulté.

S idi Mahmoud Tounsi

Le Wali parfait, le connaissant relié à Allah, doté du grand Fath et des grâces, le célèbre Sidi
Mahmoud Tounsi (). Cet homme majestueux fait partie des élites des compagnons de Seïdina

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Ahmed Tidjani (), de ses rapprochés qui furent marqués par le soin qu’il prenait d'eux. Sidi
Mahmoud () éprouvait un amour puissant à l'égard de Seïdina Ahmed Tidjani (), avec une
sincérité parfaite en tout ce qu'il entreprenait pour lui, que ce soit en voyage ou en sa présence. Il
exécutait consciencieusement ce que Seïdina Ahmed Tidjani () lui ordonnait de faire.

Le Mouqadem Sidi Taïeb Sefiani () a rapporté que Sidi Mahmoud Tounsi () avait de vastes
biens. Il entendit un jour que Seïdina Ahmed Tidjani () se trouvait dans une des régions
avoisinante et il voyagea vers lui dans l'intention de le rencontrer et lorsque Sidi Mahmoud () le
trouva, il lui demanda d’invoquer Allah () en sa faveur et il exauça sa demande. Ensuite, il le
sollicita pour qu’il lui enseigne la science de l'alchimie, mais à ces mots, Seïdina () le rejeta et lui
dit : « Sors tout de suite de cette région et gare à toi si tu y passes la nuit sinon il t'arrivera ceci et
cela [...] ». Il partit alors embarrassé et se plia à son ordre. Le lendemain, il revint le voir et lui
formula ses excuses en se remettant entièrement à lui, comme un mort entre les mains de son
laveur. À ce moment-là, Seïdina Ahmed Tidjani () s’occupa de lui et lui enseigna la Tariqa
Mohammediya.

Ce connaissant en Allah comptait parmi les compagnons particuliers de Seïdina (), de ceux dont
on a témoigné de la station de sainteté et du grand Fath. Il a été rapporté qu'il faisait partie de ceux
qui avaient hérité de quelques secrets de Seïdina Ahmed Tidjani et également qu’au décès de notre
maître, il s'abattit sur Sidi Mahmoud () un immense état spirituel (Hal) qui provoqua en lui une
chaleur physique extraordinaire, les gens pensèrent que cela provenait des secrets qu'il détenait. Il
resta ainsi jusqu’au moment où il rejoignit Seïdina () après un mois et dix-huit jours. Il était aussi
de ceux à qui Seïdina () confiait ses dépôts, et il a dit à ce sujet : « Toute personne qui a eu de la
responsabilité sur mon argent s'est révélée irresponsable ou accusée sauf Sidi Mahmoud ». Il a aussi
été dit que Sidi Mahmoud () travaillait pour Seïdina Ahmed Tidjani (), qu’il gérait ses biens
situés au Sahara.

Il venait le voir et chaque fois, il lui ramenait l'argent ainsi que tout ce qu'il avait amassé comme
laine, beurre, fruits, volailles, bovins et ovins. Malgré tous ces biens, il ne fut jamais tenté et Seïdina
() a attesté qu'il était digne de ses responsabilités et que ses vertus étaient multiples. Son décès eut
lieu durant la moitié de la nuit du mardi 5 Dhoul hijja, dernier mois de l'année 1230. Il fut enterré
au cimetière Bab El Ftouh, une des portes de Fès qui est célèbre. Sa tombe est connue et visitée par
les gens qui recherchent la Baraka. Furent enterrés près de lui le Chérif majestueux, le Mouqadem
de Seïdina Ahmed Tidjani (), Sidi Abdelwahid Abou Ghalib ainsi que le maître majestueux,
l'ascète, le Wali d'Allah, Sidi El Hajj Abdelwahhab Ben Taouadi connu sous le nom d’Ibn El Ahmar
El Fèsi, qu'Allah leur fasse miséricorde et les agrée tous.

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Voici retranscrit à la suite, une lettre que Seïdina Ahmed Tidjani () envoya à Sidi Mahmoud
Tounsi () : « Au Nom d'Allah le Clément, le Miséricordieux et qu'Allah prie sur notre maître
Mohamed () ainsi que sur sa famille, ses compagnons d'une salutation bénie. Après la louange
d'Allah, le Magnifié dans sa Majesté, l'Exalté dans sa Grandeur et l'Elevé dans sa Puissance, nous
envoyons cette lettre à l'adresse de notre aimé et ami sincère Sidi Mahmoud Tounsi. Que la Paix
soit sur toi ainsi que la Miséricorde d’Allah et sa Bénédiction, écoute la réponse à la question que tu
m'as posée : Quant à la Wadhifa, je te mets en garde fortement contre son délaissement. Ceux qui la
délaissent, d'entre mes compagnons, ont perdu un bien énorme qu'ils ne peuvent récupérer. Celui
qui trouve la Wadhifa auprès des disciples (en groupe), c'est mieux et plus élevé. S'il ne la trouve
pas, il la récite seul, mais il ne doit jamais la délaisser. Il la récite une fois entre le jour et la nuit et
sache que quiconque trouve sa récitation (en groupe) chez les disciples, mais préfère la faire seul,
s'est trompé.

Quant à ce que tu m'as demandé au sujet de la prière de Chafr et Witr, si celui qui dormait ne se
réveille pas jusqu'à ce que le soleil se lève, il délaisse le Chafr, le Witr et le Fajr afin de faire la prière
obligatoire seulement puis il fait la prière du Fajr avant le Zénith (Zawwal). En ce qui concerne le
Chafr et Witr, si le soleil s'est levé, ils ne valent plus rien, on ne peut plus les refaire ou les rattraper.
Pour rattraper une prière qui est suspendue entre le ciel et la terre parce qu'on l'a délaissé, cela se fait
avec une prière de 4 Rak'a après la prière du vendredi, elle est accomplie pour chaque prière
obligatoire et surérogatoire délaissée du début de son âge jusqu'au jour de l'accomplissement de ces
quatre unités de prière (Rak'a). Ceci est une expiation* (Kaffara) pour toute cette période, ces
Rak'as sont connues, nous arrêtons là. Quant au malade, s’il a eu une perte de conscience ou autre
sans dormir, comme un coma, toutes les prières qu'il a ratées dans cet état d'inconscience, sans
dormir, n'ont pas à être rattrapées après qu’il se soit réveillé, ni l'obligatoire, ni le surérogatoire. Il ne
rattrape que ce qu’il avait délaissé auparavant en ayant une partie de sa raison, et ce, pour les prières
obligatoires, non pour les prières surérogatoires. Si l’heure de la Nafila (surérogatoire) arrive après
qu'il se soit réveillé de sa perte de conscience, alors il la fait. As - Salam. Qu’Allah prie sur notre
maître Mohamed ainsi que sur sa famille et ses compagnons d’une salutation bénie ».

Remarque : Seïdina Ahmed Tidjani () a mentionné l’obligation de s’acquitter des actes
obligatoires qui ont été délaissés. Ces quatre Rak’at évoquées sont une expiation (Kaffara) pour la
faute concernant la négligence, mais elles ne remplacent pas l’acquittement (Qada) des actes
obligatoires qui doit être accomplis.

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S idi Makki ibn Abdallah

Le compagnon aimé et agrée, Sidi Hajj Makki Ibn Abdallah (). Il faisait partie des méritants parmi
les bien-aimés de Seïdina Ahmed Tidjani (). On raconte à son sujet que son cousin Sidi Hajj
Ahmed souhaitait prolonger la canalisation d'eau de sa demeure qui était voisine de la Qarawiyyne,
jusqu'à la noble Zaouiya afin de l’alimenter en eau. Cependant, quelques-uns parmi les détracteurs
dont les conduits d'eau passaient aussi par cette route voulurent l’en empêcher. Sidi Hajj Makki
décida alors d’accompagner son cousin jusqu'à la vallée de Mekhnès l’oliveraie, cela après avoir fait
constater à des notables au jugement sain que ce prolongement ne nuirait à personne. Ils déposèrent
tous deux leurs requêtes auprès du prince de l'époque qui permit que soient prolongés les conduits
d'eau jusqu'à la noble Zaouiya, même si cela déplaisait aux détracteurs. Lorsqu'ils revinrent à Fès, ils
dépensèrent une somme conséquente afin que l'eau de leurs demeures puisse alimenter la noble
Zaouiya, et cela, en une seule nuit de travaux. Les frères n'étaient pas au courant et en arrivant à la
prière de l'aube, ils constatèrent avec une joie immense que l'eau se déversait.

Très souvent, Sidi Hajj Makki et son cousin faisaient partie de ceux qui tenaient compagnie à
Seïdina Ahmed Tidjani () lors de ses sorties jusqu'au fleuve Sebou et Seïdina les aimait beaucoup.
Un jour ils sortirent avec lui () comme à son habitude pour le fleuve en question en compagnie
d'un groupe d'entre les frères. Puis, Sidi El 'Arbi le frère de Sidi Ahmed (que nous avons évoqué
précédemment), en se rendant sur son lieu de travail non loin de l'endroit où se trouvait Seïdina
(), passa le visiter pour profiter de sa bénédiction. Il aimait beaucoup Seïdina () bien qu’à ce
qu’il semble il n'avait pas pris la Tariqa. Lorsqu'il arriva auprès de lui, Seïdina () leva ses mains
pour évoquer la Fatiha et les frères présents levèrent aussi leurs mains. Seïdina Ahmed Tidjani ()
clama : « Ô compagnons ! Tout ce qui s'étend sur vous s'étend également sur Sidi El 'Arbi même s'il
n'a pas pris la Tariqa, cela en raison de son amour pour nous, de l'amour de son frère Sidi Ahmed et
de son cousin (Sidi Makki) et c'est Allah qui accorde ».

S idi Mohamed Belqacem Basri El Meknessi

Le Mouqadem, l’Imam, le savant réputé, l’un des piliers de la Tariqa, détenteur de la Loi (Chari’a)
et de la Vérité (Haqiqa), Sidi Abou Abdallah Mohamed Belqacem Basri El Meknessi (). Parmi ses
mérites se trouve le fait que Seïdina Ahmed Tidjani () n’interpellait personne par le terme de
"Mouqadem" en dehors lui, bien qu’il ne possédât pas le titre de Taqdim. En fait, Seïdina () faisait
référence au titre de notre personnage dans la Tariqa qu’il suivait auparavant. En effet, Sidi

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Mohamed Belqacem avait pris la Tariqa Tidjaniya des mains bénies de Seïdina. Quant à son titre de
Mouqadem (Taqdim) il ne l’obtint qu’après Seïdina Ahmed Tidjani (), notamment de Sidi Hajj
Ghazi El Matiri en 1244 ainsi que de Sidi Abdelwahhab ibn El Ahmar, Sidi Hajj ‘Ali Tamacini et
d’autres (). Il est établi qu’une fois Seïdina () l’a recouvert de son Rida (pièce d’étoffe
permettant de couvrir le haut de la personne) en lui disant : « Nous t’avons agréé dans n’importe
laquelle de tes situations. » Il a été rapporté également que lorsqu’il mourut et qu’on le déshabilla
pour le lavage mortuaire, il ouvrit les yeux et se mit à regarder chaque personne présente. L’un
parmi eux lui dit alors : « Nous le savons, ô mon maître, que tu es vivant. »

Quant à la cause pour laquelle il a pris la Tariqa, il a été rapporté par le savant réputé Hajj Housseïn
El Ifrani que Sidi Mohamed Belqacem était au début dans la Tariqa Wazzaniya de Sidi Moulay
Taïeb le célèbre Pôle (). Conformément au Décret Divin, il partit un jour pour accomplir
l’obligation du pèlerinage et s’embarqua à bord d’un navire. La nuit, il se leva comme à son
habitude pour faire ses ablutions et cela sur le pont du bateau. Or, à ce moment-là, il tomba à la
mer sans que personne, hormis Allah (), ne s’en aperçoive et il implora le secours par
l’intermédiaire des Hommes de Dieu. Il vit soudainement un homme lui tendre la main et le hisser
sur le bord du bateau pour ensuite disparaître mystérieusement sans même dévoiler son identité.
Sidi Mohamed Belqacem pensa alors qu’il s’agissait de son Cheikh, Sidi ‘Ali ibn Mohamed ibn
Taïeb El Wazzani () et, au matin, il nota par écrit ce fait particulier lui attribuant ainsi son
sauvetage.

De retour du Hajj, il prit le chemin de Fès pour se rendre dans l’une des Zaouiya de son Cheikh.
Toutefois, dans la seule rue qui en permettait l’accès, un effondrement avait eu lieu. Ce dernier
empêchait les gens de passer et bloquait également quelques disciples qui se trouvaient à l’intérieur
de la Zaouiya. À partir du moment où Sidi Mohamed Belqacem désira accéder à la Zaouiya, il se
retrouva devant l’entrée sans savoir comment il y était parvenu. Il frappa alors à la porte et les
quelques disciples qui lui ouvrirent restèrent stupéfaits devant sa présence en se demandant
comment il avait réussi à traverser cette ruelle entièrement bloquée. Quant à notre Mouqadem il
pensa : « Ce fait extraordinaire est similaire à l’évènement de la mer. » et de nouveau, il attribua ce
prodige à son Cheikh.

Ensuite, il retourna à Meknès et c’est là-bas que s’abattirent sur lui les exhalaisons de la Khatmiya.
En effet, Seïdina Ahmed Tidjani () se rendit chez lui. Il lui dit : « Je suis venu pour te donner les
oraisons. » Notre personnage lui répondit : « Je ne peux l’accepter de toi, car je suis déjà dans la
Tariqa de Moulay Taïeb. » Seïdina () n’ajouta rien à ces paroles et s’en retourna pour Fès. Sidi
Mohamed Belqacem, après réflexion, changea d’opinion et voulut le rejoindre sur la route, mais

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sans y parvenir malgré tous ses efforts. Il finit enfin par arriver devant la maison de Seïdina () à Fès.
Ce dernier lui fit un accueil doux et chaleureux et il lui dévoila : « Sache que tu es aimé auprès de
nous et que c’est moi qui t’ai saisi en pleine mer et qui t’ai transporté sur mes épaules dans la ruelle
bloquée alors que tu l’attribues à un autre que nous. » Ensuite, Seïdina () lui transmit la Tariqa.
Notre personnage tenait de nobles propos et possédait des états subtils. Voici à la suite une lettre
qu’il reçut d’un savant de Chinguitti qui contient de grands profits et un aperçu sur la valeur de
notre personnage :

« Sache, mon maître, que ce qui m’a retenu de vous visiter durant les six mois passés à Fès pour la
visite de Seïdina () et en la compagnie de Maoulana Mohamed ibn Abi Nasr, ce fut en raison d’un
évènement qui m’est survenu avec « untel », qu’Allah nous pardonne ainsi qu’à lui. En effet, cette
personne et moi-même étions en train de discuter sur le caractère permis ou non de la visite des
saints dans notre Tariqa Ahmediya Tidjaniya, moi l’interdisant et lui le permettant. Je lui ai évoqué
l’interdiction prononcée par Seïdina () comme lorsqu’il a dit : « Tous ceux qui ont pris notre
Ouird et se sont affiliés à notre voie, qu’ils ne visitent aucun saint, qu’ils soient vivants ou morts. »

Et comme sa parole : « Le maître de l’existence () m’a ordonné d’enlever l’autorisation (c'est-à-
dire la Tariqa) à deux personnes qui ont visité Abdsalem ibn Machich (). » Et comme sa parole :
« Le maître de l’existence () m’a parlé d’un problème que néglige les Chouyoukh et qui est que
tous ceux qui bénéficient d’un Cheikh et qui en visitent un autre, et bien ils ne pourront rien
profiter de lui, ni même de cet autre. » Et sa parole : « Le maître de l’existence () m’a dit : « Si tes
compagnons passent auprès des miens qu’ils les visitent, quant aux autres non. » » Et dans le
Djawahirou, il est dit : « Quant aux mérites récoltés par ceux qui le suivent, il y a ce dont l’a
informé le maître de l’existence () que tous ceux qui l’aimeront seront les bien-aimés du Prophète
() et ils ne mourront qu’en étant des Wali sans aucun doute, et il lui a ordonné de défendre à ses
compagnons la visite des saints qu’ils soient vivants ou morts, et tous ceux qui les auront visités
seront dépouillés de leur Tariqa et ils ne pourront atteindre leurs objectifs. »

Après avoir entendu tous les énoncés au sujet de l’absence des visites, il me répondit que Seïdina
() visitait souvent Maoulana Moulay Idriss (), je lui répondis : « Mais que dis-tu là ! Cheikh ()
est le maître de la voie et c’est de lui que sont défendues ou permises les choses en elle, c’est par lui
qu’elles aboutissent ou en sont coupées, il peut être autorisé en une chose en laquelle sont défendus
l’ensemble de ses disciples, et il peut défendre une chose à certains disciples alors que pour d’autres
cela leur sera permis, selon ce qu’Allah veut et ce dont Il l’a informé du profit qu’ils en tireront,
selon aussi ce qu’en perçoit la clairvoyance de sa connaissance et que nécessite la Sagesse Divine
pour qu’ils soient irrigués par l’Aide Seigneuriale. Dans la Tariqa il y a les devoirs, les défenses, il y a

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ce qui est recommandé, ce qui est déconseillé et ce qui est permis et tout cela dépend de Cheikh
(), et c’est de lui qu’on prend, et ce, même si on ne perçoit pas le secret d’une telle chose, ni la
sagesse qu’elle dissimule. Il a été dit que celui qui dit à son Cheikh : « Mais pourquoi ?! » il ne
réussira jamais. De même parmi les gens il y a des forts et des faibles, des ordinaires, des élites et des
médiocres ; or le Cheikh () connaît leurs situations et ce à quoi ils sont parvenus.

Par conséquent, il ne leur parle qu’à la portée de leurs compréhensions et il ne leur donne qu’à la
mesure de leur capacité et son esprit est avec chacun d’entre eux, et ce, quoi qu’ils aient atteint dans
la diversité de leurs compétences et dans l’inégalité de leurs situations. Il n’ordonne pas aux forts de
descendre à la station des faibles, et il n’impose pas aux faibles de gravir la station des forts. La
dispense ne convient pas aux forts ni la fermeté aux faibles. Ainsi, celui qui est fort il s’adressera à lui
selon la fermeté et la prudence, et celui qui est faible il s’adressera à lui selon la dispense et
l’allégement. Cela conformément au sentier du Prophète () dans le suivi de ses règles (Loi) comme
c’est connu dans l’étude de sa biographie () et l’application de sa législation avec ses compagnons
() et sa pieuse famille.

Ainsi, il lui était permis le jeûne continu alors qu’il l’a défendue à sa famille et à ses compagnons
(), et de même il lui était interdit des choses ainsi qu’à sa famille comme la Zakat alors que cela
était permis à ses compagnons, et il avait l’obligation d’accomplir certaines choses comme la prière
de Douha, le sacrifice, la prière de nuit après le sommeil, la prière du Witr et l’usage du Siwak pour
chaque prière alors qu’il ne l’a pas rendu obligatoire pour ses compagnons (). Il a permis des
choses à certains de ses compagnons () alors qu’il l’a défendu à certains autres comme faire don de
tout son argent. Il a ordonné à Abou Bakr Siddiq () d’élever la voix au cours de sa prière
(surérogatoire) et à ‘Omar () de la baisser.

Il a approuvé le dépouillement des gens du Banc (Ahlou Souffa) alors qu’il a ordonné à Hakim ibn
Hazim () de rechercher les causes de subsistance. Il a enseigné à Mou’adh ibn Jabal () que celui
qui dit « Lê ilêha ila Allah » le Paradis lui est attribué, mais il lui ordonna de le cacher aux gens. Il a
particularisé Houdheyfa () en lui confiant des secrets, il conseilla à Abou Houreyra () de ne pas
dormir sans avoir préalablement accompli son Witr. Il réveillait ‘Ali et Fatima () pour leurs prières
de nuits alors que ‘Aïcha () était étendue auprès de lui comme pour un enterrement sans qu’il ne
la réveille, et ainsi de suite sur ce qui est connu de sa biographie. Quant à l’abandon des visites, cela
est nécessaire dans notre voie et c’est une condition de validité pour pouvoir prendre nos oraisons
comme il est mentionné dans « Mouniyat El Mourid » (et il récita les vers en question).
L’interdiction des visites de la part du Cheikh () est reconnue au sein de la Tariqa comme étant
nécessaire, et cela, pour nous, l’ensemble des disciples et non pour lui () […]

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Après avoir entendu ce qu’il ne pouvait renier et auquel il ne pouvait répondre, il désira s’y incliner
et il me dit : « Tu as bien failli me faire retourner par tes paroles véridiques sauf que je me suis
rappelé une note » et il me sortit un document officiel puis il me déclara que cela était écrit de votre
noble main et je ne pouvais penser à ce moment qu’il s’agissait d’un mensonge. Il était écrit (dans ce
document) la dispense dans l’interdiction des visites. Or, pour moi, mon maître, tous ceux qui se
permettent d’accorder cette dispense dans l’interdiction des visites, je n’éprouve plus d’intérêt pour
eux et cela même s’il s’agissait de Sidi Mohamed El Habib le fils de Seïdina et Maoulana Cheikh.
Mais voilà qu’Allah vous a innocenté de cet écrit par ma rencontre avec le Fqih Sidi Mohamed
Kensoussi où il m’a expliqué la situation de cette personne et il m’a demandé, bien que sachant ma
réponse, si je connaissais votre écriture et je lui ai répondu que non je ne la connaissais pas. Il me dit
alors : « Comment te permets-tu donc de croire cette personne alors que tu ne connais même pas
l’écriture du Mouqadem ?! Celui que Seïdina () appelait par le terme « Mouqadem » de son
vivant et en qui il plaça son intention. »

Ensuite il ajouta : « Je jure par Allah que nous ne possédons pas dans notre pays quelqu’un de
meilleur que lui dans la conformité à la Tariqa Ahmediya, dans l’honneur qu’il lui porte, dans son
édification, dans son assise, dans la préservation de ses conditions, dans l’exactitude de ses oraisons,
de ses secrets, de ses invocations, dans son isolement, sa sérénité, dans son intimité, dans ses
splendeurs, dans son orientation, dans ses fondements, dans ses détails, dans ce qui l’authentifie et la
corrompt, dans ses valeurs, dans ses demeures, dans ses lumières, dans ses récompenses, dans ses
stations, dans sa bienséance, dans ses mérites, dans ses degrés, dans ses méthodes. » En entendant ses
propos je me suis extrêmement réjoui et mon âme fut embaumée par les paroles de ce parfumeur,
puis je fus peiné, et j’ai regretté au moment où ne servent plus rien les regrets et j’ai dit : « À Allah
nous appartenons et à Lui nous retournons » […] Je me suis engagé dans une terrible affaire, et Sidi
je me repends auprès d’Allah et j’implore Son Pardon, et par Allah je n’ai pas goûté à la tranquillité
depuis que je suis retourné dans mon pays et vous ne cessez d’être devant mes yeux. Je demande à
votre Éminence de m’excuser et d’invoquer pour moi Allah afin de me permettre de rattraper ce
qui m’a échappé concernant la valeur de la bénédiction de Maoulana Cheikh et la vôtre […] »

Sidi Abou Abdallah Mohamed Belqacem Basri El Meknessi () mourut le lundi 22 Dhoul Hijja
1293 à l’âge de 91 ans, qu’Allah lui fasse miséricorde.

85
S idi Mohamed Ben Abi Nasr el ‘Alawi

Le grand wali, célèbre Connaissant, détenteur des prodiges de grandes portées, connu pour sa piété,
le parfait chez tous les savants et ignorants, le Chérif majestueux Sidi Moulay Mohamed ben Abi
Nasr El ‘Alawi de Fès () où il fut élevé et où il a grandi. Son mérite chez les gens est connu
jusqu’à ce que sa station de sainteté fût fixée chez l’élite et le commun. Ce maître faisait partie des
plus grands Connaissants et des élites parmi les rapprochés. Il faisait partie aussi des dix compagnons
auxquels le Prophète () a garanti la connaissance d’Allah () et la Grande Ouverture comme
l’avait informé Seïdina Ahmed Tidjani ().

Il était parmi les élites dont la compagnie auprès de Seïdina () a duré longtemps. Durant tout ce
temps, Sidi Mohamed ne le quittait ni le jour, ni la nuit sauf pour quelques instants lors des
nécessités. Il n’a jamais délaissé une obligation derrière Seïdina Ahmed Tidjani () et ce, durant
environ seize ans et il a été vu de sa part tant de prodiges qu’ils ne peuvent être dénombrés. Moulay
Mohamed () a raconté qu’au début il ne fréquentait Seïdina Ahmed Tidjani ( qu’en raison de
son ventre, c’est-à-dire qu’il ne cherchait sa compagnie que parce qu’il avait beaucoup de
nourriture chez lui. Or à cette époque il aimait cela et Seïdina () lui donnait au-dessus de ce qu’il
espérait, jusqu’à ce que l’amour pour Seïdina Ahmed Tidjani () prenne place dans son cœur et
que par le biais de cet amour Allah () lui fit don de l’Ouverture dans cette Tariqa. Ainsi, il a eu ce
qu’il a eu et a atteint ce qu’il a atteint dans le domaine du Khalifa et de la grande maîtrise de la
Tariqa. Il lui prenait parfois des états étranges qui faisaient reconnaître en lui, par le commun et
l’élite, le chemin des Malamati ce qui lui permettait de cacher ses secrets. La plupart des états de
ceux à qui Allah () a donné l’Ouverture dans cette voie sont ainsi et Moulay Mohamed ()
l’affirmait aussi.

Parmi les évènements qui ont été rapportés de ses états par plus d’un, on raconte qu’un jour il sortit
en compagnie du célèbre savant Sidi Mohamed Kensoussi () pour l’Oued de Fès. Ils passèrent par
une des portes de Fès et s’arrêtèrent devant le magasin d’un homme qui vendait des fruits. Sidi
Moulay Mohamed () demanda au commerçant : « Combien coûtent ces noix et ces fruits ? »
désignant quelque chose qui se trouvait derrière lui. Le commerçant se retourna pour voir ce qu’il
lui demandait et Moulay Mohamed () en profita alors pour saisir ce qu’il y avait devant lui et le
mettre dans ses poches sans que le commerçant ne le voie. Le savant qui était avec lui éprouva de la
honte devant cet agissement, malgré qu’il sache parfaitement qu’il y avait une sagesse Divine dans
ce geste. Ensuite, Moulay Mohamed () avoua au vendeur que ce n’était pas ce qu’il recherchait et
ils le quittèrent. Lorsqu’ils franchirent la porte de la ville, le Fqih Kensoussi () l’interrogea sur la

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raison de son geste. Il lui répondit alors : « Allah a dit : « Prends de leur argent une aumône pour les
purifier » » Le Fqih s’est dit : « J’ai su donc que le marchand ne sortait pas l’argent de la Zakat et que
Sidi Moulay Mohamed a agi ainsi afin de lui éviter qu’un malheur ne lui tombe dessus comme le
font beaucoup de Wali »

Le connaissant en son Seigneur, Maoulana Tahar (), a raconté qu’une fois il a vu son père,
Moulay Mohamed (), nettoyer lui-même les canaux d’évacuations. Il lui demanda alors : « Ô !
Mon père, qu’est-ce que cela ? » Il lui dit : « Ô mon fils, mon Nafs a failli me détruire avec ce qu’il
m’a insufflé, car il m’a dit : « Tu descends d’une célèbre maison d’entre les maisons du royaume et
tu possèdes des biens et une lignée noble et en plus de cela tu as rencontré le Pôle Caché et tu es
comme ça et comme ça » j’ai alors fait ce qui lui répugnait par cet acte afin de le dominer, de
l’affaiblir et lui montrer l’opposé de ce qu’il attendait ». Sidi Tahar () a raconté également que son
père lui a dit un jour : « J’ai demandé à Seïdina Ahmed Tidjani () quel était l’état du connaissant
en Allah et de sa connaissance ? » Il m’a répondu : « Le connaissant est à l’exemple d’un animal qui
n’a pas de peau, tout ce qui descend sur lui le fait souffrir et il le sent »».

On rapporte aussi que Sidi Abdelaoui () avait décidé d’aller visiter Seïdina Ahmed Tidjani () à
Fès à partir de 'Ain Madhi en 1259 (Hégire). Au cours de cette année, l'ennemi a eu envie de
coloniser 'Ain Madhi et sa région. Alors, il s’est dit : « Je me suis préoccupé de ce fait et me suis
attristé et inquiété à ce sujet » Lorsqu'il était sur le point de partir en voyage, le noble fils de Seïdina
(), Sidi Mohamed El Habib () l’a conseillé en ces termes : « Quand tu arriveras à Fès questionne
une des personnes dotées du dévoilement au sujet de cette dure épreuve, car Fès ne peut jamais se
vider de Wali » Sidi Abdelaoui () a raconté :

« Quand je suis arrivé à Fès j’ai rencontré là quelques frères de la Tariqa et je leur ai demandé s'ils
connaissaient quelqu'un au dévoilement authentique de ceux qui ont l'ouverture dans cette région.
Le Faqih Sa’id ‘Abbas Charaïbi qui était une des élites parmi les compagnons de Seïdina () m’a
dit : « Nous avons entendu parler d’untel » et il m'a nommé un de ceux de Touat qui, à notre
époque, était un spécialiste dans ce domaine. J’ai dit : « Emmène-nous chez lui pour savoir son état
et afin qu’il nous informe au sujet d’une chose que notre Maître Mohamed El Habib m’a
ordonné ». Il m’a dit : « Comment aller chez lui alors que nous sommes des Tidjani ? » Je lui
répondis : « Ce n’est pas grave dans ce cas-là, car nous n’avons pas eu l’intention de le visiter (pour
en tirer une bénédiction) mais dans l'intention de ce que l'on a cité ». Alors, nous sommes allés le
voir et nous l'avons rencontré et juste le fait d'être arrivés chez lui, ce Touati me dit : « Achète du
fourrage pour ma bête » Je lui dis : « Bien sûr, je vais le faire » et j’envoyai quelques serviteurs avec
un peu d'argent pour acheter ce qu’il demandait. Puis je l'interrogeai au sujet de ce que je voulais,

87
mais il ne m’a pas répondu comme j’ai voulu. Alors, j’ai su que cet homme ne connaissait rien à ce
que je cherchais.

Je sortis de chez lui et mon âme faillit se fendre tellement j’étais préoccupé. Je suis allé donc à la
tombe de notre vénéré Cheikh Ahmed Tidjani () et j’ai demandé à Allah () par l'intermédiaire
de sa valeur auprès de Lui afin qu’il m'indique quelqu'un qui me soulage de cette peine qui
préoccupait mon cœur. Nous étions le jeudi, je me suis dirigé vers le souk pour me détendre et en y
revenant j’ai rencontré à la porte du Bled le Chérif majestueux Moulay Mohamed Ben Abi Nasr, je
ne le connaissais pas à cette époque. Lorsqu’il m'a vu, il s'est dirigé vers moi et m'a pris par la main,
il commençait à m'interroger au sujet de Sidi Mohamed El Habib et de son état, ainsi que sur la
maison de notre maître () à ‘Ain Madhi. À ce moment-là, je l'ai connu et je me suis mis à
beaucoup lui parler et j'en fus amené à lui poser la question s'il connaissait quelqu'un des gens du
dévoilement sincère, afin que je l'interroge sur ce que j’avais dans ma tête et que j’avais ramené de
chez notre maître Mohamed El Habib. Il m’a dit : « Je connais quelqu'un et je te présenterai à lui,
quant à cette nuit tu es mon invité » Je me suis donc rendu chez lui où j’ai passé toute la nuit et j’ai
vu de ses états des choses extraordinaires. Quand je suis sorti de sa maison, il me dit : « Il est
indispensable que tu reviennes une autre fois pour que je te fasse connaître celui que tu
recherches ». Je suis donc revenu une autre fois et j’ai décidé de le presser pour qu'il me fasse
connaître cette personne, parce que cette histoire commençait à me faire tourner la tête.

En entrant dans sa demeure, il m'accueillit avec encore plus de chaleur et de générosité, et il


s’empressa de parler de notre affaire, il me demanda : « Quel est ton but au sujet de la rencontre
avec la personne des gens du dévoilement ? ». Je lui répondis : « Je ne pourrais te le dire qu’après
l'avoir rencontré pour qu'il m'informe de la réalité du cas, que ma conscience soit apaisée afin
d'éviter que mon être et ma pensée ne commencent à s'entremêler et que ne pénètre un doute sur
ce qu’il m'informera » Il me dit : « Serais-tu satisfait si c’est moi qui t’informe de ceci ? » Je lui
répondis : « Ce serait pour moi la meilleure chose et l'aboutissement de ma destinée et de ma
recherche » Il ajouta : « Tu veux m’interroger au sujet de l'ennemi » Je clamai : « Oui, en effet !
Mais il y a encore autre chose » Il me dit : « Tu veux me demander au sujet de notre maître Sidi
Mohamed El Habib s’il aura un garçon ou non » Et j’affirmai de nouveau : « Oui, en effet » Il me
dit alors : « Quant à la maison il n’y a aucun problème, au contraire elle restera vénéré et son
caractère sacré ne sera pas bafouée et quant à notre maître Mohamed El Habib il ne quittera ce
monde qu’après avoir eu des enfants à qui il adviendra ce qu’il adviendra. Ce sont les réponses à tes
demandes »

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Lorsque j’ai constaté qu’il m’avait informé véritablement et sincèrement, deux autres choses vinrent
en moi-même je lui dis donc : « Ô mon maître ! Il me reste autre chose ». Et il me dit : « Tu veux
savoir au sujet des filles des enfants de Seïdina Ahmed Tidjani () » Je répondis encore : « Oui »,
car je m’étais demandé en moi-même ce qu’il allait advenir de leur cas, elles avaient grandi et notre
maître Sidi Mohamed El Habib () n’aimait pas que l’on se marie avec des gens de ‘Ain Madhi et je
me suis demandé aussi comment mes relations allaient évoluer avec le fils de Seïdina Ahmed Tidjani
() et comment quitterai-je ce monde avec lui. Il me dit alors : « Elles vont se marier bientôt » puis
m’affirma : « Tu me demandes au sujet de ta situation avec le fils de Seïdina () ». Je lui répondis
encore une fois par l’affirmative et c’était la dernière. Il me dit enfin : « Tu vas quitter ce monde en
paix avec lui et tu n’auras aucun problème » J’ai loué Allah le Très-haut pour la bonne annonce de
cet homme majestueux et je l’ai remercié de m’avoir destiné la rencontre de ce Wali particulier qui
m’informait sur ce qui me tourmentait. Puis il me dit après ceci : « Dissimule ton secret et reviens
toujours me voir et lorsque tu arriveras en paix à ‘Ain Madhi, alors salut de ma part le fils de Seïdina
». Je me mis à le visiter souvent et je restais auprès de lui et j’ai vu de lui des prodiges qui étonnent
la raison, et ceci, jusqu'à sa mort. »

Parmi ce qui est arrivé entre Moulay Mohamed Ben Abi Nasr () et Seïdina Ahmed Tidjani () et
qui est célèbre chez l’élite et le commun, il y a ceci : Un jour Moulay Mohamed () se rendit à la
Zaouiya comme à son habitude pour rencontrer Seïdina Ahmed Tidjani (). Mais il ne l’y trouva
pas et il se renseigna à son sujet. On lui répondit : « Il est parti à l’Oued Sebou et il a prévenu que
personne ne viendrait avec lui ». Il se dit en lui-même : « Par Allah ! Il faut que j’aille le voir », et il
rattrapa Seïdina Cheikh Ahmed Tidjani () au pont de l’Oued Meleh. Quand Seïdina () le vit, il
lui dit : « Personne ne t’a prévenu que j’avais interdit qu’on m’accompagne à cette heure ? ». II lui
répondit : « Ô Mon maître ! Le désir m’a poussé à te rencontrer et je ne pouvais patienter jusqu’à te
voir » Ensuite il marcha aux côtés de Seïdina Ahmed Tidjani () jusqu’à ce qu’il devint très
communicatif comme il ne l'avait jamais été auparavant. Moulay Mohamed () se dit alors en lui-
même : « Il faut absolument que j’interroge Seïdina en cet instant sur Ismou Allah El A’dham (le
Nom Suprême) étant moi-même seul avec lui et profitant de son ouverture vis-à-vis de moi » Il
posa donc cette question à Seïdina () qui changea d’attitude en entendant cette demande, il le
secoua et le réprimanda à cause de cela.

Lorsque Moulay Mohamed () constata qu’il avait manqué de convenance vis-à-vis de notre
maître, il le regretta amèrement et s’excusa en lui affirmant qu’il ne lui avait fait cette demande
qu’en vue de la Face d’Allah et non dans un autre but et il en ressentit une intense pudeur. Alors
qu’il se trouvait dans cet état-là en train d’accompagner Seïdina Ahmed Tidjani (), voilà qu’il
constata que le cheval de notre maître laissait, à chaque pas, une empreinte d’or sur la terre. Moulay

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Mohamed () s’étonna de ce fait et ramassa une de ces feuilles d’or afin de l’examiner, puis il la jeta
s’étant assuré que c’était réellement de l’or. Il se dit en lui-même : « Certes le Cheikh a voulu
m’éprouver » il s'est accroché alors à l’étrier et se mit à s’humilier devant lui en disant : « Ô Mon
maître ! Qu’Allah fasse que la chance que j’ai d’être auprès de toi ne soit pas en raison de ce bas-
monde ; par Allah ! Ne considère pas ce que je t’ai dit » À ce moment-là, notre maître () est
revenu à son premier état et invoqua le bien pour lui. Il reprit ainsi son estime auprès de Seïdina
Ahmed Tidjani () qui lui enseigna le noble Nom Suprême.

Moulay Mohamed () était très initié avec Seïdina (), il est venu une fois et lui a dit : « Ô ! Sidi,
j’ai des dettes et l’échéance pour les payer est arrivée et j’ai peur d’aller en prison si cette affaire est
révélée au juge. Je te demande, Ô ! Sidi que tu m’en délivres » La valeur de sa dette était d'environ
cent soixante-cinq dirhams. Notre maître Sidi Ahmed Tidjani () lui apprit donc un Dhikr qu’il
devait faire un certain nombre de fois et lui dit : « Certes le serviteur va venir et te donnera ce qu’il
te faut, mais ne recommence jamais plus cela » Lorsque Seïdina Ahmed Tidjani () lui autorisa le
Dhikr (Idhnou-l-Khass), Moulay Mohamed () ressentit en l’accomplissant une chaleur énorme
avec une forte flambée dans la gorge par l’intensité de sa soif, cet état l’emporta durant le Dhikr et il
se mit à boire de l’eau de façon inhabituelle. Après avoir fini son Dhikr, il trouva sous le tapis sur
lequel il était, la somme de 1500 dirhams et plus. Il put ainsi rembourser toutes ses dettes et Allah
() le soulagea de son inquiétude par la bénédiction de Seïdina ().

Son amour pour notre maître () était exemplaire, il a été rapporté qu’il disait : « Par Allah ! Je n’ai
considéré réellement mon rang de chérif (appartenant à la noble descendance du Prophète () que
parce qu’il a été mentionné par Seïdina Ahmed Tidjani () » En effet, un jour qu’il passait auprès
du jardin où était enterré son père, Moulay Mohamed () dit à notre maître () : « Ô ! Sidi,
invoque Allah pour mon père, car il se trouve dans ce jardin », il se retourna alors vers lui et lui dit :
« Ton père est un chérif, tout va bien pour lui ». L’élite des compagnons de Seïdina () qualifiait
notre personnage de grand Khalife et d’immense intermédiaire, ceci dans le fait de faire parvenir les
disciples auprès de la Présence (Hadra) de Seïdina Ahmed Tidjani () après la mort de l'immense
Khalife Sidi Hajj ‘Ali Harazim ().

On rapporte qu’un jour où Moulay Mohamed () entra dans la Zaouiya bénie, il trouva un groupe
de compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani () qui parlait au sujet de l'héritage de notre maître ()
et sur la station de certains de ses grands compagnons. Il leur dit en parlant de la grâce d’Allah à son
égard, et ce, après être entré dans un état parmi les états qui lui prenaient : « Sidi Hajj ‘Ali est parti et
il m'a laissé tout seul sur une immense terre ». Ceci voulant certifier le fait que Moulay Mohamed
() avait bien hérité de cette station d’intermédiaire comme c’était le cas pour Sidi ‘Ali Harazim

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(). Les grâces et les faveurs que reçut notre personnage ne peuvent être englobées totalement. Il a
reçu de notre maître () des secrets et des connaissances qu’il est impossible de concevoir. Dans le
carnet du grand savant Sidi Mohamed El Habib Daoudi () il est mentionné les secrets de grande
valeur que Seïdina Ahmed Tidjani () avait donnés à Moulay Mohamed (). Une partie de ce
carnet se trouve dans le livre Naïlou el Amani fi Tabi Rouhani wa Jasmani (atteindre les
espérances dans la médecine spirituelle et physique) qui rassemble les dires de Seïdina () et de
certains de ses proches compagnons.

Moulay Mohamed () est mort au mois de Chawwal en l’année 1273, il fut enterré dans le jardin
de Sidi Touati qui est à proximité du jardin majestueux, près des portes de Fès. Le grand
majestueux, celui dont on ne peut douter de sa grande sainteté, aux prodiges évidents et aux
dévoilements éclatants, Sidi Tahar () a hérité de quelques états de son père. Parmi ses états
étranges il lui arrivait, chaque mois, de perdre connaissance pendant une semaine ou deux, durée
pendant laquelle il dormait sans manger ni boire. Puis, lorsqu’il s’éveillait, il était dans un état
immense et il revenait petit à petit à son état normal jusqu'à ce qu’il retombe dans un état
d'inconscience. Ses prodiges sont innombrables et ses états trop longs pour pouvoir être
mentionnés.

S idi Mohammed Ben Jaloul

Celui qui a réuni en lui les caractères du commun et des nobles, le pieux et vertueux Sidi
Mohammed Ben Jaloul (). Il était parmi ceux qui récitaient les chants religieux en présence de
Seïdina Ahmed Tidjani de son vivant () et il avait une voix très imposante. Doté d’une religion
complète, il était scrupuleux dans son cheminement sur la voie Ahmediya, cheminement qu'il avait
parfaitement accompli.

Parmi les prodiges vécus par notre personnage dans le domaine du secours immédiat d'Allah ()
obtenu par l'intercession bénéfique de Seïdina Ahmed Tidjani (), on rapporte que lorsqu'il prit la
route pour le pèlerinage à la Mecque, il accompagna le groupe des Marocains. Lors d’un moment
de repos de l’ensemble du groupe, notre personnage s’assoupit et il ne se réveilla qu’après leur
départ, ne retrouvant plus la caravane. Il s’assit à cet endroit et il y passa toute la nuit ensuite, il
invoqua le secours d’Allah () par l’intermédiaire de Seïdina Ahmed Tidjani () afin de résoudre
cet épineux problème. Il éleva sa voix tout en suppliant et avant qu'il ne termine son appel un
homme s'arrêta à côté de lui et lui dit : « Si tu veux rejoindre la caravane des Marocains alors viens
avec moi ». Ils firent seulement quelques pas avant de trouver la caravane installée dans un

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campement alors que la distance qui les séparait était considérable. Lorsqu'il arriva enfin au
campement, il ne trouva plus aucune trace de cet homme mystérieux. Tout cela lui était arrivé par
la valeur immense de Seïdina Ahmed Tidjani ().

S idi Mohamed ben Qouider El ‘Abdelaoui

Le connaissant qui a atteint les plus hauts degrés dans l'élévation, l’homme à la station spirituelle que
personne n'a atteint, le Wali parfait reconnu par ses alliés comme par ses ennemis, l’honoré et noble
chérif Hassanite Abou ‘Abdallah Sidi Mohamed ben Qouider El ‘Abdelaoui (). Il était le soleil de
bonheur naissant dans le ciel de la préservation, la lumière qui a illuminé la voie de la guidance et il
faisait partie des plus grands parmi l'élite des élites des compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani ().

Son fils Sidi Moulay Ahmed ‘Abdelaoui () rapporte au sujet de son père que ce dernier, après
avoir rencontré Seïdina Ahmed Tidjani () et adhéré à la Tariqa Ahmediya, revint auprès de sa
tribu composée d’une cinquantaine de personnes. Il leur parla de Seïdina Ahmed Tidjani () et de
ses prodiges qui étaient innombrables si bien qu’ils ont éprouvé le désir de le voir, de
l'accompagner, de connaître de ses secrets et de prendre de ses lumières. C’est ainsi qu’ils
voyagèrent tous vers lui et qu’ils prirent la Tariqa Ahmediya puis ils revinrent en leur pays avec ce
trésor inestimable qui se propagea dans la région. Sidi Mohamed ben Qouider El ‘Abdelaoui ()
visitait souvent Seïdina () et en voyageant vers la ville de ‘Aïn Madhi ou d’autres, il faisait la visite
à Fès. Sidi Ahmed ‘Abdelaoui rapporte également que le jour de sa naissance, son père se préparait
au voyage avec certains compagnons afin de visiter notre maître (), il raconte : « Mon père, dit-il,
a accueilli ses compagnons chez lui jusqu'à la fin du 7ème jour de ma naissance puis ils se sont
dirigés vers Fès. En cette période Seïdina Ahmed Tidjani () était souffrant et cela précédait son
décès. » Cependant, au cours de leur voyage, ils eurent des empêchements qui retardèrent leur
arrivée à Fès. Seïdina Ahmed Tidjani () appela la sainte vertueuse Lalla Mannana () afin de
connaître la cause de leur retard par le biais de son dévoilement. Elle l'informa que des responsables
turques de Tlemcen avaient réquisitionné leurs montures pour leurs besoins puis qu’elles leur
avaient été rendues en bon état et que, de ce fait, ils arriveraient très prochainement.

Dix jours après l'arrivée de la caravane à Fès, Sidi Mohamed Ben Qouider () envoya quelqu'un
auprès de Lalla Mannana () pour lui dire : « Nous voulons repartir avec la caravane, qu'en penses-
tu ? » Elle répondit : « Si tu veux l'envoyer dans deux ou trois jours cela me semble favorable,
tandis que si ces délais sont dépassés, il y aura un empêchement en raison du décès du Sultan. » Sidi

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Mohamed Ben Qouider () interrogea l'émissaire sur l’identité du Sultan et il le renvoya de
nouveau chez elle. L'émissaire reformula sa demande à Lalla Mannana () lui affirmant que cette
période n’était pas du tout accessible pour eux, mais cela ne l'empêcha pas de réitérer les mêmes
propos. Et tout comme elle leur avait prédit, Seïdina Ahmed Tidjani () vécu deux ou trois jours
après cela puis il décéda. Lalla Mannana () assista à son enterrement où on lui fit alors la réflexion
suivante : « N'as-tu pas dis que c'était le Sultan qui devait mourir ? » Ce à quoi elle répondit :
« Oui ! C’est bien lui le Sultan. »

Sidi Mohamed Ben Quouider () demeura sur son effort, suivant la voie de la bonne guidance
jusqu'à son décès qui eut lieu six ans après la mort de Seïdina Ahmed Tidjani (). Son noble fils
raconta que lorsque le juriste, qui avait pris la charge du lavage mortuaire de son père, récita Salat
Fatihi en compagnie de quelques frères, ceux-ci entendirent une voix qui se mit à réciter avec eux.
Cette voix provenait du défunt sans qu'il ne bouge la langue et c'est là un de ses prodiges. Il a
raconté également que son père avec certains compagnons écrivirent à Seïdina () à cause de la
propagation de maladies en leur région, afin de lui demander l'autorisation de quitter ces lieux pour
aller au pays des enfants d'El Masabi et s'y installer définitivement. Seïdina Ahmed Tidjani () leur
répondit en ces termes : « Il ne convient pas de résider dans cette région pour celui qu’Allah a
guidé, car ses habitants, son ciel et sa terre sont ténébreux. Ils entreront dans le feu, car c'est le pays
d'une secte égarée, qui elle-même égare et qui s'est permis de haïr Seïdina ‘Ali (). » Puis il ajouta :
« Ils suivent l'école d’Ibn Mouljam (l'assassin de l’imam ‘Ali () et qui faisait partie du groupe
dissident des Kharijites) qu'Allah lui mette une bride de feu. » Suite à cette recommandation de
Seïdina Ahmed Tidjani (), ils construisirent dans leur pays un village appelé ‘Aliya et ils se
dirigèrent tous vers cet endroit accompagnés de leurs enfants puis s'y installèrent jusqu'à leur décès.

S idi Mohamed Bouhassouna

L’homme à la bénédiction élevée et aux comportements excellents, Sidi Mohamed Bouhassouna El


Madaoui (). Cet homme majestueux fait partie des plus méritants parmi les compagnons de
Seïdina Ahmed Tidjani (), de ceux qui ont avancé à grands pas en raison de la pureté de leur
attachement et de la sincérité de leur amour. Seïdina () l’a désigné Mouqadem pour transmettre
l’autorisation dans cette Tariqa Ahmediya à ‘Aïn Madhi et dans tous ses environs. Il était célèbre
pour sa grande sainteté et son éclatante connaissance. Expert dans le métier de la construction et
d’une honnêteté irréprochable dans son activité, il était dans ses habitudes de poser comme
condition à ses employeurs le fait de pouvoir se rendre à la prière en groupe lorsque l’heure se
présentait. Celui qui acceptait il le suivait jusqu’au lieu de travail, mais celui qui refusait, alors il

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déclinait le chantier, et ce, même si l’employeur lui proposait un salaire conséquent. C’est lui qui
construisit un étage et la pièce de retraite célèbre pour Seïdina Ahmed Tidjani () à ‘Aïn Madhi
comme à Boussemghoune. Sa tombe était connue là-bas, qu’Allah lui fasse miséricorde.

Voici à la suite, l’extrait d’une lettre que Seïdina () envoya aux habitants de ‘Aïn Madhi faisant
suite aux nombreux troubles qui survinrent entre eux et le bey : « […] Quant à l’affaire qui vous
oppose au bey, écoutez entièrement mes conseils qu’un père aimant donne à ses enfants. Si vous
donnez de la considération à mes conseils, alors empressez-vous de vous rendre auprès de lui et
donnez-lui ce que vous pouvez comme argent et ne le combattez point, car il n’y aura aucun bien
pour vous en le combattant. Je vous informe suite à ce qui m’a été dévoilé parmi les secrets des
Sciences Divines auxquels ni vous, ni nous n’avions accès. Notre Seigneur - qu’Il soit exalté - a
certes décrété, de par Sa Décision, que toutes les créatures habitantes du désert seront accablées
d’une punition compensatrice en raison de leurs excès de désobéissance et de leur absence de
repentir, mais aussi par la cause de la propagation des injustices et des perversions en chaque endroit
sans que personne ne les blâme.

La décision d’Allah à ce sujet est effective et il n’y a aucune échappatoire, certes l’ordre d’Allah nous
domine ainsi que vous et il nous est impossible de préserver ses créatures contre sa calamité, car c’est
à Allah qu’appartiennent la décision et le décret. Il fait triompher son ordre et Il accomplit sa
promesse faite dans Son Livre par Sa parole qui dit : « Celui qui accomplira du mal, il en sera
rétribué » et Sa parole : « Celui qui fait le poids d’un atome de mal le verra » ainsi que Sa parole :
« Ceux qui accomplissent des péchés ne seront rétribués qu’en conséquence de leurs œuvres ». Et
aussi ce qui est rapporté dans le Sahih Boukhari selon Oum Salama et Zaïnab bint Jahch () que le
Prophète () a dit : « Il n’y a pas d’autre divinité qu’Allah ! Malheur aux Arabes d’un mal qui est en
train d’approcher ». Son épouse lui demanda : « De quoi s’agit-il, ô Messager d’Allah ? ». Il dit :
« Le peuple de Yajouj et Majouj ont perforé un trou comme cela (c'est-à-dire dans la digue qui les
retenait) » et il fit un cercle avec son pouce et son index. Elle lui demanda : « Mais comment
péririons-nous alors que se trouve parmi nous des gens pieux ? ». Il répondit : « Oui cela se peut, si
la débauche s’accroît ! » Ainsi, le Prophète () a informé que la présence des saints parmi les
créatures ne peut les protéger des calamités si la débauche s’accroît.

Je vous mets donc en garde de vous opposer au bey ou de le combattre, car Allah déclenchera cette
cause contre tous ceux qui le combattront ce qui démontre que cela est étendu à l’ensemble des
régions du désert, les villes comme les campagnes et personne n’est épargné, donc cette calamité se
propagera immanquablement sur vous et vous ne pourrez la repousser. Ne vous laissez surtout pas
séduire par les nombreuses fois où vous avez vaincu ceux qui vous ont combattu dans votre ville,

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car cela est survenu avant que cette calamité ne se réalise sur l’ensemble, mais du fait justement
qu’elle s’est étendue à tous et que la Volonté Divine s’est établie, alors il ne vous reste plus qu’à
vous soumettre aux commandements d’Allah. Donc, patientez jusqu'à ce qu’Allah vous apporte la
délivrance. Et acceptez le décret d’Allah, car si vous le refusez, vous serez frappé par une épreuve
immense que vous ne serez pas capable de supporter et ne vous inclinez pas devant les propos de
celui qui le refuse, car rien ne fera obstacle à l’ordre de Dieu. Allah dit : « Et lorsque Allah veut
infliger un mal à un peuple, nul ne peut le repousser » (Sourate 13 Le tonnerre, verset 11). Cette
affaire survient véritablement d’Allah et vous n’avez aucune capacité pour la repousser, abandonnez
toute réflexion au sujet du combat et de l’opposition, ne réfléchissez qu’à la manière d’arranger
votre relation entre vous et le bey et ne vous dressez pas contre l’ordre d’Allah.

Je vous avais donné d’autres conseils précédemment ensuite, m’est apparu concernant l’ordre Divin,
ce qui est tel qu’il ne peut être écarté. Je l’ai vu de visu et si jamais vous allez à l’encontre de ce que
je vous ai dit alors vous vous jetterez de vous-même dans la perdition. Tout cela adviendra sans
possibilité d’y échapper sauf si vous patientez et que vous vous consacrez à agir afin d’arranger la
situation entre vous et lui, sinon ce que je vous ai dit surgira. Songez à votre propre sauvegarde
avant l’apparition de la perdition, voici donc mes conseils si vous les acceptez, quant à l’affaire
précédente elle était telle que je vous l’avais confiée, mais désormais il m’a été dévoilé du monde
des sciences cachées (El Ghayb) ce dont je n’avais pas eu connaissance. J’ai certes entendu ceci de la
langue du Décret Divin : « Tu désires t’opposer afin de repousser la calamité qu’Allah veut faire
descendre sur ses créatures, mais peux-tu les immuniser contre leurs assauts sur les péchés !? Sache
donc que chaque péché nécessite une punition ». Je me suis alors écarté, me soumettant à Sa
décision sur ses créatures reconnaissant mon impuissance et ma limite. Serviteurs d’Allah !
Serviteurs d’Allah ! Serviteurs d’Allah ! Ne désobéissez pas à ce que je vous ai dit, et je vous informe
que chaque fois qu’il m’a été donné de recommander à quelqu’un de faire une chose ou de la
délaisser pour son bien, puis qu’il n’accepte pas mon conseil, il est alors puni par une épreuve à la
mesure de l’importance de cet ordre et c’est toujours ainsi. Si Allah décrète votre réconciliation
avec le bey en dissipant le mal qu’il y a entre vous et lui, envoyez-moi les montures nécessaires à
mon transport, je viendrais alors chez vous. Je suis incapable d’éloigner la calamité décrétée par
Allah sur ses créatures, et ce, en raison de leurs péchés ».

Remarque : Observons, qu’Allah nous fasse miséricorde, comment s’est avéré la véracité des propos
de cette lettre et ceci, car en divergeant avec son contenu après le décès de Seïdina Ahmed Tidjani
(), ceci avait conduit, à l’époque en question, à la destruction de la ville de ‘Aïn Madhi. Ainsi,
l’ordre d’Allah fut un décret prédestiné.

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S idi Mohammed Dala-i

Le pieux Wali à l’Ouverture authentique et au dévoilement éclatant, Abou ‘Abdallah Sidi


Mohamed ibn ‘Abdallah Dala-i (). Ce maître comptait parmi les élites des compagnons de Seïdina
Ahmed Tidjani () et de ceux qui ont pris cette noble Tariqa Mohammediya auprès de lui. Seïdina
() avait attesté à son sujet l’Ouverture évidente et il a été rapporté qu’un compagnon fit un rêve
sur notre personnage où il le voyait mort. Lorsqu’il se réveilla il se rendit auprès de Seïdina Ahmed
Tidjani () afin de lui raconter sa vision, mais dès qu’il souhaita lui en parler, Seïdina () se tourna
vers lui et le fit taire. Puis il lui révéla par dévoilement : « Cet homme que tu as vu a eu l’Ouverture
cette nuit. »

S idi Mohamed El Ghali

Parmi eux le connaissant, le guide vers Dieu, exemple de bonne conduite, le Wali connu, celui qui
a eu les prodiges apparents, les caractères nobles, aux comportements éclairants, Abou Abdallah Sidi
Mohamed El Ghali Abou Taleb, chérif Hassanite (). Cet homme considérable fait partie de l'élite
des élites parmi les compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani (). Il fait également partie des dix
personnes ayant eu la garantie de la grande ouverture par le Prophète () et des piliers de la Tariqa.
Il est parmi ceux qui ont propagé la Tariqa en Orient et en Occident et c'est par lui qu'elle est
arrivée en Afrique saharienne (ancien Soudan occidental). Seïdina Ahmed Tidjani () l'a diplômé
dans la Tariqa et lui a ordonné de nommer quatre Mouqadem et que chacun d'entre eux en nomme
quatre à leur tour, sans plus. Ce statut particulier ne lui était valable que du vivant de Seïdina
Ahmed Tidjani () jusqu'à son décès, et ce, avant le départ de Sidi Mohamed El Ghali () pour les
lieux saints. Après son séjour aux lieux saints, la contrainte du nombre des Mouqadem s'est effacée.

Il était connu pour son effort dans l'obéissance envers Allah (). Un jour, alors qu'il faisait son
Dhikr avec concentration face à la Présence Divine, sa fille tomba du haut de la maison sans que
cela ne modifie ses états. Il est resté à sa place, jusqu'à ce qu'il termine son Ouird. Il avait une
psalmodie dans ses adorations qui était sans égal, on raconte qu'il glorifiait 27 fois Allah lors d'une
seule prosternation. Il fut rapporté qu'il lui arrivait d'accomplir la prière du 'Icha puis il faisait son
Lazim, et ce, en deux heures tellement il psalmodiait sous l'effet de la Présence Divine. Il voyait le
Prophète () ainsi que Seïdina Ahmed Tidjani () après son décès et il les questionnait au sujet de
certains problèmes. Il a été rapporté qu'une fois il vit le Prophète () en rêve qui lui disait : « Tu es

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le fils de l'aimé et tu as pris la Tariqa de l'aimé ». Sidi Mohamed El Ghali () a raconté à certains
compagnons particuliers qu'il avait vu Seïdina Ahmed Tidjani () après sa mort et il lui a dit : « Ô
Seïdi, tu es parti et tu nous as laissés ». Et Seïdina () de lui répondre : « Je ne suis pas absent et je
ne vous ai pas quitté, mais ce n’est qu'un passage de la demeure terrestre à la demeure lumineuse
(Nouraniya) »

Il s'est consacré un lieu dans lequel il s'isolait à des moments déterminés pour des Dhikr déterminés.
S'il était pris d'un état (HAL), il ordonnait de s'arrêter à la porte du lieu de la retraite jusqu'à la fin de
son Dhikr. Une fois, après avoir fini son Dhikr, il invita son compagnon à entrer. Ce dernier le
trouva dans une telle chaleur qu'on aurait dit qu'il était à l'intérieur d'un hammam. Lorsqu'il lui en
demanda la raison, Sidi Mohamed El Ghali () sourit et lui dit : « Mets ton doigt ici » en montrant
le dessus de sa main. Il raconta : « Lorsque j’ai mis mon doigt dessus c'était comme si j'avais touché
une braise, j’ai alors enlevé le doigt tout de suite et j’ai été brûlé ». Cela n'est pas étrange de la part
des véridiques vu ce qu'ils ont eu l'autorisation de réciter. Il y a des personnes qui peuvent brûler
leurs langues en citant le Nom majestueux, certains parmi eux vivent d’autres formes de
manifestation d'effets du Dhikr. On raconte aussi que certains sentent un goût sucré lors de la prière
sur le Prophète (). Sidi Mohamed El Ghali () avait une place et un degré honorable auprès de
Seïdina Ahmed Tidjani () qui faisait souvent des compliments à son sujet, il témoignait d'un
amour sincère.

Seïdina () aimait ses paroles ; il interrogeait à son sujet lorsqu'il n'était pas présent avec les frères.
Au cours d'une nuit, Seïdina Ahmed Tidjani () demanda au sein de son assemblée : « Où est Sidi
Mohamed El Ghali ? » Lorsque celui-ci arriva, Seïdina () dit alors : « Mes deux pieds sont sur les
épaules de chaque Wali » Alors Sidi Mohamed El Ghali (), lui dit : « Ô Maître, tu es dans un état
de connaissance et de présence ou d'ivresse et d'anéantissement ? » Il répondit () : « Je suis en état
de connaissance, louange à Allah » Sidi Mohamed El Ghali () répliqua : « Que dis-tu au sujet de
la parole de Sidi AbdelQader Djilani () : "mon pied est sur les épaules de chaque saint" ?» Seïdina
() dit : « Il est véridique, mais il voulait dire ceux de son époque. Cependant, en ce qui me
concerne, je dis : mes deux pieds sont sur les épaules de tous les Wali depuis Adam jusqu'à la fin du
monde » Sidi Mohamed El Ghali () lui dit : « Ô Seïdi que dis-tu si quelqu'un après toi dit la
même chose ? » Il répondit () : « Personne ne le dira après moi » Sidi Mohamed El Ghali () lui
dit : « Ô Mon Maître, tu as limité ce qui était large, est-ce qu’Allah n'est pas capable d'accorder à un
Wali un influx, en manifestation divine, en faveur, en rang élevé, en connaissance, en secret, en
élévation et en état plus que ce que tu as eu ? » Seïdina () lui répondit : « Si ! Allah en est capable,
Il est même capable de faire plus, mais Il ne le fera pas parce qu’Il ne l'a pas voulu. N'est-Il pas
capable de faire de quelqu'un d'autre un prophète et de l'envoyer aux hommes en lui accordant plus

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qu'Il n’avait donné à Mohamed () ? » Mohamed El Ghali () répondit : « Certainement, mais Il
ne l’a pas voulu dans la préexistence » Seïdina Cheikh () dit alors : « Ces deux choses sont
similaires, Il ne l'a pas voulu dans la préexistence et Son savoir ne l'a pas décrété »

Sidi Mohamed El Ghali est décédé en 1244 à La Mecque et fut enterré dans le cimetière de la mère
des croyants, Khadidja (). Parmi les choses étranges qui lui sont arrivées, il y a le fait que Seïdina
Cheikh Ahmed Tidjani () a informé quelques-uns de ses compagnons qu’il était indispensable
que ce soit Sidi Mohamed El Ghali () qui effectue la prière mortuaire sur lui lors de son décès.
Cependant, Sidi Mohamed El Ghali () était en voyage à cette période et, de ce fait, il n’a pas pu
être présent au moment de son décès, ni lors de la prière sur lui, ni à son enterrement. Or, par le
destin d'Allah (), les enfants de Seïdina Cheikh Ahmed Tidjani () déterrèrent le corps béni afin
de l'emmener en Algérie*, mais les disciples de Fès le récupèrent pour le remettre dans son noble
tombeau. Lors de cet évènement, Sidi Mohamed El Ghali () était présent et pria donc sur lui. Et
c’est ainsi que fut confirmée la prédiction de Seïdina Cheikh Ahmed Tidjani ().

*Le coffre en bois qui servit de cercueil pour le transport du corps béni de Seïdina Ahmed Tidjani
() est encore aujourd’hui préservé dans la grande Zaouiya bénie de Fès.

S idi Mohamed El Habib, fils de Seïdina Ahmed Tidjani

Le Prophète () lui avait garanti, ainsi qu’à son frère, la perfection dans la Connaissance d'Allah et
Sidi ’Abdelaoui () rapporte des faits si étonnants à son sujet qu'ils ne peuvent être conçus par la
raison. Il était le rassembleur des secrets, la source des prodiges extraordinaires au pouvoir de
gérance apparent et il préservait soigneusement ses secrets ainsi que ceux de son père Seïdina
Ahmed Tidjani ().

Sidi Mohamed El Habib () est né à Fès de sa mère Moubaraka alors que son frère est né à
Boussemghoune de sa mère prénommée Mabrouka. Lors du décès de Seïdina Ahmed Tidjani () il
avait 15 ans. Il est alors parti, avec son frère, de Fès pour 'Ain Madhi accompagné par le Pôle Sidi
Hajj 'Ali Tamacini (), conformément à la dernière recommandation de leur noble père. Il a fait
son pèlerinage l'année 1265 de l'hégire (1848 ap.JC) et c'est de là-bas qu'il ramena sa servante Zahra,
la mère de son fils Sidi Ahmed ibn Salim (connu aussi sous l’appellation d’Ibn El Habachiya).
L'enfant mourut du vivant de Sidi Mohamed El Habib () et à la suite de ses funérailles, il dit ceci :
« Tous ceux qui ont assisté à la cérémonie funéraire de mon fils entreront au Paradis ! ». Il lui a été

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fait remarquer que 'Ali Zalat un consommateur de drogue et Chemha la juive avaient également
assistés à la cérémonie, il répondit : « Même eux ». Il s'est avéré plus tard que 'Ali Zalat avait arrêté
la consommation de drogue et il eût l'apparition du Fath. Quant à Chemha elle tomba malade après
la mort de Sidi Mohamed El Habib () et elle demanda à ses enfants de l'emmener à 'Aïn Madhi.
Dès qu'elle arriva à côté du tombeau de Sidi Mohamed El Habib () elle proclama l'attestation de
foi à haute voix et elle ne cessa pas de la répéter malgré les coups infligés par ses enfants, cela jusqu'à
sa mort.

Sidi Mohamed El Habib fît son pèlerinage en compagnie de quelques compagnons de Seïdina
Ahmed Tidjani () et parmi eux se trouvait le maître Souleïman ibn Sa'd (). Lors de leur arrivée
en Égypte, les savants vinrent le visiter, mais il ne parla à aucun d'entre eux s'occupant seulement de
ses oraisons. Il agit ainsi par crainte que ceux-ci ne se nuisent à eux-mêmes en constatant que Sidi
Mohamed El Habib () ne maîtrisait pas la langue arabe. De retour à 'Aïn Madhi, il s'attacha à
apprendre la grammaire ainsi que la science et c'est ce qui convient aux fils de Seïdina () afin qu'ils
s'ennoblissent encore plus corporellement et spirituellement, bien qu'ils le soient déjà par leur haut
degré dans la foi et la perfection. Cela permet aux gens de profiter d'eux extérieurement et
intérieurement, sachant que la science attire les élites et le commun qui en tirent profit.

Concernant les faits marquants survenus à Sidi Mohamed El Habib, il est rapporté que le Bey
gouverneur d'Alger avait écrit au Bey gouverneur de Tunisie afin qu'il le capture lors de son retour
du pèlerinage. Lorsque Sidi Mohamed El Habib () arriva à Tunis, le Bey lui conseilla de passer par
le désert jusqu'à 'Aïn Madhi et il le mit en garde contre les habitants d'Alger, car ses ennemis
incitaient contre lui et son frère tous les gouverneurs d’Algérie. De même, Le gouverneur d'Oran
avait écrit aux habitants de Laghouat, après avoir capturé environ 400 d'entre eux, afin qu'ils leurs
livrent les enfants de Seïdina () en échange des otages. Parmi eux se trouvaient le fils de
Bouchaîba et le fils d'Ahmed Lakhdar (), des anciens compagnons de Seïdina (). Les
compagnons se réunirent pour se concerter sur cette affaire avec, entre autres, Sidi Ahmed Lakhdar,
Sidi Bouchaîba, Sidi Ahmed ben Selem (). Le Pôle Sidi Hajj 'Ali Tamacini () était également
présent sans qu'il n’ait été pourtant convoqué.

Dans cette assemblée était présent un compagnon () qui la veille, avait vu en rêve Seïdina () lui
disant : « Mohamed El Kebir va vers l'Est et Mohamed Es-Seghir va vers l'Ouest » Sidi Hajj 'Ali
Tamacini () lui dit, sans que ce compagnon ne l’ait informé de sa vision : « Qu'est-ce que t'a dit
Seïdina la veille ? » et il répondit : « Il m'a dit : faites ceci et cela ». Alors le Pôle Sidi 'Ali Tamacini
() déclara à l'assemblée : « Comment pourrions-nous donner les fils de Seïdina aux Turcs pour
qu'ils jouent avec ? ». Ensuite il a ordonné à Sidi Mohamed El Habib () de partir pour

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Boussemghoune en empruntant le chemin du désert, ce qui fut fait, tandis qu'il a pris avec lui Sidi
Mohamed El Kebir () jusqu'à Tamacine où il le maria à sa fille. Allah () les a ainsi protégés de la
ruse des Turcs. Sidi Mohamed El Kebir () resta à Tamacine un certain moment puis retourna à
Boussemghoune, c'est là-bas qu'il reçu l'ordre de combattre les ennemis et ce fut l'événement qui
engendra son martyr. Lorsque le Pôle Sidi 'Ali Tamacini () en fut informé, il reprocha aux
compagnons de Seïdina () de l'avoir laissé partir et il ajouta qu’il aurait même fallu couper la selle
de sa monture. Les compagnons lui répondirent que si Sidi Mohamed El Habib () désirait se
venger, ils seraient à ses côtés quoi qu'il leur en coûte. Sidi Hajj 'Ali Tamacini () témoigna alors de
la sincérité de leur amour, puis il dit : « Il y a des gens à qui Allah ordonne de faire certaines choses
qui ensuite se retournent contre eux, car l'ordre d'Allah est un décret prédestiné ».

Sidi Mohamed El Habib () est mort à 'Ain Madhi en 1269 de l'hégire et il est enterré dans la
même tombe que son fils, Sidi Ahmed ibn El Habachiya () dans sa Zaouiya Bénie, qu'Allah leur
fasse miséricorde.

S idi Mohamed El Hafidh Chinguiti

Parmi eux le détenteur des stations les plus enviables et des lumières rayonnantes, des mérites
glorieux et des prodiges apparents, le grand Wali et le Connaissant célèbre, le savant de son époque,
incomparable en son temps, Abou Abdallah Cheikh Sidi Mohamed El Hafidh El 'Alawi El
Chinguiti (). Il faisait partie de l'élite des élites parmi les compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani
(), pour qui a été ouverte la grande sainteté. Il compte parmi ceux dont on a témoigné du Fath
(Ouverture spirituelle) par le biais de Seïdina Cheikh ().

Cheikh El Hafidh (), après avoir acquis les sciences officielles et être devenu imam, décida d'aller
faire son pèlerinage à la maison sacrée et de visiter le tombeau du Prophète (). Il a considéré que la
finalité de son voyage serait la rencontre avec un maître parfait parmi les gens de Dieu. Lors de son
trajet il se retrouva en compagnie d'un homme originaire de Sejelmassi (Maroc). Quand l'intimité
s'installa entre les deux hommes, chacun raconta à l'autre son secret et il s'est avéré que les deux
avaient le même objectif, ils se sont donc mis d'accord sur le fait de s'informer mutuellement de la
découverte du cheikh désiré. En arrivant à la Mecque, cheikh Mohamed El Hafidh () ne cessa pas
les efforts, en invoquant Allah () dans tous les lieux d'exaucement. Alors qu'un jour il se trouvait à
faire le Tawwaf autour de la maison sacrée, il rencontra un homme qui lui dit discrètement : « Ton
maître est untel » et il nomma Seïdina Ahmed Tidjani () qu'il ne connaissait pas. Sidi Mohamed
El Hafidh () s'est donc dirigé vers son compagnon de route et l'a informé de la nouvelle.

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Ils interrogèrent au sujet de ce personnage jusqu'à leur rencontre avec les gens du Maghreb.
Certains leur dirent : « Voyez avec les gens de Fès ». Ils sont donc allés vers un groupe des gens de
Fès, installé dans ce lieu, afin de les questionner. Quelques-uns parmi eux ont parlé d'un homme
versé dans la jurisprudence à Fès en lui attribuant la sagesse et la science de l'alchimie. Un parmi eux
conseilla aux deux chercheurs de voir un autre groupe qui les avoisinait afin d'avoir plus de
précisions. Ils sont donc allés vers eux, ils ont cité un homme versé dans la science et connu pour sa
sainteté et ils ont mentionnés aussi un homme faisant partie de l'élite des élites parmi ses
compagnons, c'est-à-dire Sidi Hajj 'Ali Harazim () en leur décrivant l'endroit où ils résidaient.
Cheikh Mohamed El Hafidh () fut fortement touché et décida de se rendre à Fès après avoir
accompli son pèlerinage et la visite de la tombe du Messager d'Allah (). Il proposa donc à son
compagnon de voyage de partir avec lui, mais ce dernier ne pouvait pas quitter son convoi.

Il entreprit donc de partir pour Fès et une fois arrivé là-bas il s'installa chez Seïdina () dans sa
Zaouiya connue, où il se fit éduquer durant deux années consécutives. Lorsque le moment du
retour fut arrivé, Seïdina Ahmed Tidjani () lui délivra un diplôme (Ijaza) sans limites sauf dans la
nomination des Mouqadem limités à dix personnes. Cette limite est particulière à tous ceux qui
appartiennent à la lignée spirituelle de Mohamed El Hafidh () comme il l'avait fait avec la lignée
spirituelle de Mohamed El Ghali (). Avant de partir, il demanda à Seïdina Ahmed Tidjani () de
lui procurer quelques conseils, Seïdina lui répondit en ces termes : « Ne montre pas que tu fais
partie de la Tariqa jusqu'à ce qu'Allah se charge lui-même d'appeler les gens vers toi. » Il se dirigea
vers son pays et s'installa en tant qu'enseignant, en s'abstenant d'appeler les gens à la voie respectant
ainsi les conseils de Seïdina ().

Un jour, après avoir prié le ‘Asr, Sidi Mohamed El Hafidh () accompagné de ses élèves, s'installa
et commença à leur faire le rappel. Soudain entra un homme connu pour sa piété et ses rencontres
avec El Khadir (). Lorsqu'il se rapprocha de l'assemblée, il fut dit à Cheikh Mohamed El Hafidh
() : « Cet homme est untel ». Il dit alors : « Gloire à Dieu ! » puis se dirigea vers lui et lui demanda
de s'installer à ses côtés mais il refusa et s'assit en face de lui en lui disant : « Tu sais pour quelle raison
je suis venu ? » Cheikh Mohamed El Hafidh lui répondit : « Non ! » Il lui révéla alors : « Je viens
suite à une autorisation afin que tu me donnes le dépôt que tu as eu de la colline (c'est à dire Fès). »
Cheikh Mohamed El Hafidh () lui annonça : « Ô maître, qu'est-ce que j'ai rapporté de la colline si
ce n'est quelques livres ? Si tu as besoin de quelques-uns d'entre eux, je te les apporte et ils
t'appartiennent ». L'homme lui répliqua : « Épargne-moi cela, je suis venu afin que tu me donnes et
m'autorise au sujet du Ouird de Sidi Cheikh Ahmed Tidjani. » et Cheikh Mohamed El Hafidh ()
le lui a donc donné. L'assemblée se dispersa, chacun retourna auprès de sa famille et sa tribu

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racontant ce qui venait de se passer. Ainsi, durant la même nuit, la nouvelle se propagea dans toutes
les demeures et Seïdina Ahmed Tidjani () fut évoqué partout.

Dès le lendemain les gens vinrent en masse de manière continue afin de prendre le Ouird et s'affilier
à lui. Ainsi, la voie s'est transmise par son intermédiaire de manière impressionnante et un nombre
tout aussi impressionnant d'hommes reçurent de ses mains l'autorisation dans cette région. Parmi
eux se trouvait un des plus célèbres saints, le wali vertueux, le méritant Sidi Maouloud Fall
(qu’Allah l’agrée) et s'il n'y a avait que cet homme majestueux, cela aurait été largement suffisant,
étant donné son mérite. De lui allait surgir un groupe éminent de Connaissants dont faisait parti Sidi
Bane Oume, connu sous l’appellation de Bouwalid Hamma Khtar (). Ce noble personnage avait
le Ouir Kounty étant affilié à la Tariqa Kountiya qu'il quitta pour suivre la Tariqa Tidjaniya.

Suite à cela justement, il vit le Prophète () en rêve avec Seïdina Ahmed Tidjani () ainsi que
Cheikh Mokhtar El Kounty () assis à ses cotés. Il raconte : « Cheikh Mokhtar () me faisait des
reproches pour avoir laissé son Ouird afin de prendre celui de Seïdina Ahmed Tidjani (). À ce
moment-là, je regardais Seïdina Ahmed Tidjani () ; peut-être prendrait-il l'initiative de lui
répondre ? Cependant, il avait la tête et le regard baissé devant le Prophète (), ayant un adeb et un
comportement exemplaire, sans faire un geste. Lorsque les reproches de Cheikh Mokhtar ()
devinrent incessants, le Prophète lui-même () se tourna vers lui en lui disant : « Voici ceux
qu'Allah a guidés, suis leur guidance ». Après ça il se tut ». Sidi Mohammed El Hafidh () mourut
en 1245 H et fut enterré à un endroit appelé Anfani, près de la ville de Boutilimit (Mauritanie).

S idi Mohammad El Kebir, fils de Seïdina Ahmed Tidjani

Il est né à Abi Semghoune, sa mère est l'honorable Dame Mabrouka. Il a pris la Tariqa de notre
maître Seïdina Cheikh Ahmed Tidjani (), mais d'après les informations, il ne l'autorisa pas pour
transmettre le noble Ouird. Cependant sidi Hajj 'Ali Tamacini () l'autorisa pour certains adhkars
particuliers. Sidi Mohammad El Kebir () n'a jamais nommé de Mouqadem et ceux qui prétendent
être désignés par lui n'ont aucun fondement. Il est parmi ceux qui ont survécu après la mort de
Seïdina Cheikh () avec son frère Sidi Mohammad El Habib As-Saghir (), car Seïdina Cheikh
Ahmed Tidjani () eut beaucoup d'enfants, garçons et filles, mais la plupart sont morts à Fès. Parmi
eux, il eut une fille, Saïda Fatima qui fut enterrée dans le cimetière de Bab el Ftouh près de la ville.
Seïdina Cheikh Ahmed Tidjani () s'occupait beaucoup de notre personnage ainsi que de
Mohammad El Habib (), les contemplant par le regard de l'agrément et il demanda pour eux,

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directement, la garantie du Prophète (). Le Prophète Mohammad () lui annonça qu'ils auraient
le secret suprême et qu'ils seraient ses héritiers après sa mort. Il maria ses deux enfants au cours de sa
vie et c'est lui-même qui écrivit le contrat de mariage en présence de l'élite de ses grands
compagnons.

Notre personnage avait atteint une haute station dans la connaissance d'Allah et le Pôle Sidi Hajj 'Ali
Tamacini () était lui-même à son service et s'occupait personnellement de ses affaires. Lorsqu'il
constata l'ouverture spirituelle (Fath) du fils de Seïdina () et qu’il remarqua son grand pouvoir
caché de gérance, il eut peur et désigna alors quelques personnes de confiance pour s'occuper des
affaires de Sidi Mohammad El Kebir (), parmi eux se trouvait Sidi Rayan (). Sidi Hajj 'Ali
Tamacini () déménagea à Tamacine et Sidi Mohammad El Kebir () resta à 'Aïn Madhi dans la
maison de Sidi Cheikh Ahmed Tidjani () avec son frère Sidi Mohammad El Habib () et leur
famille. Tout le monde les respectait et ils reçurent de nombreuses visites de l'élite et du commun
qui voulaient tirer profit de leurs lumières complètes et beaucoup de gens purent en profiter par
leurs intermédiaires. En effet, notre personnage était l'intermédiaire de leur pacte et le phare de leur
guidée, le pauvre trouvait un refuge en lui et le riche recherchait sa protection.

Il combattit dans la voie de la vérité pour la défense des opprimés jusqu'à ce qu'il mourut en martyr
durant la grande bataille dans laquelle furent aussi martyrisés trois cents de ses compagnons et de ses
proches, à proximité de la ville de Mascara en Algérie (à Ghriss). Certains ennemis voulurent le
discréditer en prétendant qu'il ne recherchait que le pouvoir du gouverneur tué. La seule raison qui
l'a poussé à sortir de 'Aïn Madhi fut l'appel au secours lancé par les gens de Mascara et des tribus
avoisinantes contre les injustices du gouverneur turc, Mohammad Bey, qui leur infligeait des impôts
surélevés, comme il le fit pour 'Aïn Madhi. Sidi Mohammad El Kebir () aidait les gens à payer
leurs dettes iniques afin de leur éviter le mal du gouverneur. Il ne sortit combattre qu'après avoir
entendu à plusieurs reprises, lors d'une retraite spirituelle, l'appel à la défense des faibles. Il leva une
armée composée de ses proches ainsi que des gens originaires d'Abi Semghoune et du Sahara.
Lorsqu'il arriva chez le peuple opprimé, le bey envoya une grande armée et au moment de
l'affrontement, le peuple se retourna contre Sidi Mohammad El Kebir () et tous moururent
martyrs.

Seïdina Cheikh Ahmed Tidjani () avait annoncé par allusion l'événement qui devait arriver à son
noble fils. En effet, un jour en sortant de 'Aïn Madhi pour se promener, Sidi Cheikh Ahmed
Tidjani () a vu Sidi Mohammad El Kebir () passer devant lui. Il le fixa avec étonnement et le
suivit du regard, secoua la tête et dit " Hawari ", tout en soupirant du fond de son cœur. Tout le
monde, à ce moment-là, ressentit la tristesse immense de Seïdina Cheikh () et ils comprirent que

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Sidi Mohammad El Kebir () aurait la même fin que le saint Sidi Hawari () qui a été, lui aussi,
trahi dans les mêmes circonstances. Son corps n'a jamais été retrouvé et à l'emplacement qui lui était
réservé à 'Ain-Madhi, il y fut enterré sa fille Lalla Roqaya ().

S idi Mohamed Harouchi

L’homme aux nombreux mérites, aux caractères louables, à la sainteté parfaite, le méritant, le
majestueux, la bénédiction Sidi Mohamed Harouchi (). Ce maître comptait parmi les élites
détenteurs de l’Ouverture au sein de cette Tariqa, il était aussi célèbre dans le domaine de la
Connaissance Divine. Sur son sujet, on rapporte qu’il était illettré, mais que malgré cela, il retenait
par cœur tout ce qu’il entendait au point que lors de sa présence aux assises où l’on récitait le
Djawahirou-l-Ma’ani il précédait le lecteur. C’est notre personnage également qui avait extrait
Seïdina Ahmed Tidjani () de la boîte où ses deux nobles enfants l’avaient placé après l’avoir
exhumé dans l’intention de le ramener avec eux à ‘Ain Madhi et ce récit est connu.

S idi Mohamed ibn Abbas Semghouni

Il fait partie des Mouqadem particuliers de Seïdina Ahmed Tidjani () qui eurent l’autorisation de
transmettre les oraisons de cette Tariqa Mohammediya à son époque. Il était élevé auprès de lui à
une place respectable et cela en raison de son amour, de sa compassion et de son enracinement dans
cette Tariqa. Il est l’un des méritants dont la station s’est heurtée à la station de Sidi Mohamed ibn
Mechri () et tous deux furent atteints de jalousie mutuelle excessive et d’une rude concurrence au
point que cet état se propagea entre les frères à Boussemghoune et qu’ils se départagèrent en deux
partis. Lorsque cette information parvint à Seïdina Ahmed Tidjani (), il leur demanda quelle en
était la cause, ils lui dirent : « Mohamed ibn Abbas est jaloux d’ibn Mechri et ibn Mechri est jaloux
de Mohamed ibn Abbas, la jalousie s’est alors répandue sur les partisans de chacun des deux ».
Seïdina Ahmed Tidjani () leur a dit : « Mes compagnons ne sont qu’un, et celui qui me connaît, il
me connaît seul ». Depuis lors, les frères furent unis comme un seul homme et cette jalousie se
détourna d’eux. Bien entendu, il faut se garder d’avoir une mauvaise opinion d’eux, car ce sont des
causes qui apparaissent pour éclairer sur le secret de l’éducation et du bon suivi.

Tous les habitants de Boussemghoune avaient un amour intense envers Seïdina Ahmed Tidjani ()
à tel point que lorsque Seïdina quitta le village, ils voulurent tous partir avec lui et abandonner leur

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région à cause de lui, ne désirant vivre que dans l’endroit qu’il aurait choisi. Seïdina Ahmed Tidjani
() leur dit à ce propos : « Sachez qu’un Wali ne quitte un endroit que si son cœur a changé vis-à-
vis des habitants de ce lieu, tandis que pour vous, si je quitte votre lieu ce n’est pas pour cette
raison, mais pour autre chose, car vos grands comme vos petits sont aimés auprès de moi, vous le
serez toujours et si vous tous vous étiez dans un couffin sans prise pour le saisir, je vous prendrais
dans mes bras et je traverserai ainsi le Pont Sirat ». Ensuite, il leur ordonna de rester dans leur ville et
ils se conformèrent à son ordre.

S idi Mohamed ibn Abdallah Tilimsani

Le talentueux poète et savant confirmé Abou ‘Abdallah Sidi Mohamed ibn Abdallah Tilimsani ().
Il faisait partie des méritants ayant cheminé dans cette Tariqa Ahmediya dans la droiture la plus
parfaite et il fit de nombreux poèmes élogieux sur Seïdina Ahmed Tidjani (). Voici un passage
d’une lettre que Seïdina () lui envoya :

« Après l’évocation du nom d’Allah et la prière sur le Prophète () nous envoyons ce courrier à
l’adresse de Sidi Mohamed, l’auteur du poème. Que la Paix soit sur toi ainsi que la Miséricorde
d’Allah et sa Bénédiction, que cela se déverse sur toi tout au long des jours et des nuits. De la part
d’Ahmed ibn Mohamed Tidjani, celui sur lequel tu as composé un poème. Sache, ô Sidi, que je suis
loin de ces éloges dont tu m’as honoré. Par Allah, en dehors de qui il n’y pas d’autre divinité que
Lui, nous ne possédons rien de tout cela et je suis noyé même dans les océans de la désobéissance et
de l’ignorance. Seulement Allah m’a saisi par sa Grâce et sa Miséricorde, sinon il n’y aurait pas de
perte évidente plus immense que la nôtre, mais quant à toi qu’Allah te récompense pour ta bonne
pensée sur nous. Je demande à Allah, par sa Bonté et sa Générosité, qu’Il nous facilite à moi comme
à toi la voie de la guidée et de la bonne direction, et qu’il fasse atteindre, par nous et par toi, la voie
de la réalisation et de l’affermissement, qu’il nous fasse mourir moi et toi dans la religion à l’exemple
de ceux qu’Il a agréé parmi ses saints particuliers, par la valeur du Prophète (). Amine.

Ensuite sache, ô Sidi, que dans la voie de la recherche de la science, ton intention ne doit être qu’en
vue d’accomplir les devoirs que te réclame la Loi d’Allah et afin de connaître cette Loi. Fais bien
attention de ne pas la rechercher pour acquérir l’autorité ou les biens de ce monde, car c’est là que
se trouve la perte en ce monde comme en l’au-delà. Puis ce sur quoi j’insiste c’est que tu ne dois pas
être démuni d’évocations d’Allah, ni de prière sur le Prophète (), car ils sont tout deux
l’illumination du cœur. De même, récite continuellement ces paroles d’Allah après chaque prière :

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« Allah atteste, et aussi les Anges et les doués de science, qu’il n’y a point de divinité à part Lui, le
Puissant, le Sage ! Certes, la religion acceptée d’Allah, c’est l’Islam. » (Sourate 3 Al ’Imran, versets
18 et 19) Et aussi : « Dis : « Ô Allah, Maître de l’autorité absolue. Tu donnes l’autorité à qui tu
veux, et Tu arraches l’autorité à qui Tu veux ; et Tu donnes la puissance à qui Tu veux, et Tu
humilies qui Tu veux. Le bien est en Ta main et Tu es omnipotent. Tu fais pénétrer la nuit dans le
jour, et Tu fais pénétrer le jour dans la nuit, et Tu fais sortir le vivant du mort et Tu fais sortir le
mort du vivant. Et Tu accordes attribution à qui Tu veux, sans compter. » » (Sourate 3 Al ’Imran,
versets 26 et 27). Sache que ces deux-là étaient accrochés au Trône et lorsque Allah voulu les faire
descendre sur terre, ils lui dirent : « Ô notre Seigneur, Tu vas nous faire descendre sur terre et sur
ceux qui Te désobéissent ?! » Allah leur répondit après avoir juré : « Chaque personne qui vous
récitera après chaque prière, Je l’installerai dans ma sainte Présence et Je le protégerai contre tous ses
ennemis, et Je le regarderais chaque jour de mon regard particulier et Je résoudrais pour lui chaque
jour et à chaque regard 70 besoins. » De plus celui qui récite après chaque prière « Allahoumma inni
ouqadimou ilaïka […]. » plus le verset du Trône (Ayatou-l-Koursi), il lui sera inscrit à chaque heure
du jour et de la nuit 70.000.000 mérites depuis l’instant où il l’a récité jusqu’au jour où on soufflera
sur la Trompe […] »

S idi Mohammed Ibn Ahmed

Le méritant, le majestueux, l'homme béni, l’un des compagnons de Seïdina qui s’est accroché
fermement à sa corde et qui a réussi par son approche, Abou ‘Abdallah Sidi Mohammed ibn Ahmed
() qui fut également le premier des disciples de Fès à avoir suivi notre maître ().

Concernant les circonstances de son décès, on rapporte qu’un jour il s’est trouvé à quelques
distances d’un groupe d’assise issu d’une autre voie spirituelle. Au moment où ils se levèrent pour
former leur cercle d’évocation, l’un d’entre eux se dirigea vers notre personnage afin de l’inciter à se
joindre à eux. Sidi Mohammed () refusa, mais l’homme insista jusqu’à formuler un serment
solennel pour le forcer à les rejoindre. Sidi Mohamed se leva donc contraint et alors qu’il se dirigeait
vers leur cercle, il se mit à bâiller et sa mâchoire resta bloquée jusqu’à ce qu’il en mourut. On
constate à travers ce fait l’éducation du disciple sincère, car ce compagnon aux grands mérites dans
le cheminement de la voie de son maître ne se joignit à ce groupe que pour défaire le serment
solennel à son encontre, et ce, par crainte de se voir couper d’avec sa voie. Ceci lui est survenu par
la douceur d’Allah envers lui, car la mort est plus facile et plus préférable à la rupture.

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S idi Mohamed ibn Ahmed El Jabary

Le savant à la connaissance pluridisciplinaire, le juriste équitable dans le jugement à travers la loi


d’Allah, Abou ‘Abdallah Sidi Mohamed Ibn Ahmed El Jabary (), le Qadi du Qasr Sa’id. Il faisait
partie de l’élite des élites parmi les compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani (), de ceux qui ont bu
à son bassin, qui étaient installés sous son ombre et qui ont trouvé refuge dans sa grande valeur, se
joignant à son honneur élevé jusqu’à ce que chacun parmi eux ait atteint la perfection et davantage.
Il est également parmi les dix compagnons qui ont obtenu la garantie d’accéder à la Grande
ouverture comme Seïdina Ahmed Tidjani () l’avait informé.

On rapporte que lorsqu’il était Qadi au Qasr Sa’id, on lui avait raconté qu’une personne parmi les
gens du livre s’était convertie à l’islam, que depuis sa conversion elle avait accès au dévoilement
(moukachafa) et cela provoquait un étonnement auprès des gens. Afin de vérifier la véracité de
cette information, il a décidé de le rencontrer et s’est donc dirigé vers lui en dissimulant sa pensée.
Lorsque l’homme en question aperçut Sidi Mohamed Ibn Ahmed El Jabary () il lui dit :
« Bienvenue à notre maître le Qadi, certainement tu veux ceci et cela […] » et il l’informa de son
intériorité ce qui étonna notre personnage, puis il ajouta : « Maintenant si tu veux quelque chose,
visite Sidi Boughaleb ». Ensuite Sidi Mohamed Ibn Ahmed El Jabary () reparti avec la
confirmation sur le dévoilement de ce nouveau converti. En revanche, il pensa que son
dévoilement était incomplet, car s’il l’était il ne lui aurait pas ordonné une visite en dehors de celle
de son Cheikh puisqu’il était Tidjani de voie et que toute visite des saints morts ou vivants en
dehors du cadre de la Tariqa est interdite. Pendant qu’il réfléchissait à cela sur le chemin du retour,
il entendit crier ce nouveau converti : « Ô Sidi ! Ô Qadi ! Sidi Ahmed Tidjani () m’est venu à
l’instant et il a menacé de me frapper la tête avec une pioche tout en me disant : « De quel droit
ordonnes-tu à mon compagnon de visiter les autres !» Et maintenant évite, ô maître, de visiter une
autre personne en dehors de Sidi Ahmed Tidjani, le détenteur de la pioche ! »

S idi Mohammed Ibn Ahmed, Senoussi

L’éminent savant doué de compréhension, détenteur d'une grâce immense, le pieux Wali Sidi
Mohammed ibn Ahmed aussi connu sous le nom de Senoussi (). Il comptait parmi l'élite des élites
des compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani (). C’était un imam de grand mérite et un savant aux
œuvres pures. Enseignant et conférencier, il effectuait ses sermons à côté du tombeau de Sidi
Moulay Idriss (). Il maîtrisait beaucoup de Sciences comme celles des Hadiths prophétiques. Il lui

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arrivait parfois, lors de ses cours, de perdre connaissance, surtout lorsqu'il enseignait le Sahih de
l'imam Boukhari (). Certains particuliers l'interrogèrent sur la cause de ces évanouissements, il
répondit que le Prophète () assistait par moment à ses assemblées d'enseignements et que lorsqu'il
l'apercevait, il en perdait connaissance.

S idi Mohammed Ibn ‘Arabi Damraoui

Parmi les grands compagnons doués de connaissance et de prodiges, détenteur des hauts degrés de
sainteté, l'élite de l'élite, se trouve Sidi Mohammed Ibn 'Arabi Damraoui (), originaire de Taza au
Maroc. Il était l’intermédiaire entre Seïdina Ahmed Tidjani () et le Prophète () au début, car
lorsque celui-ci souhaitait lui parler il éprouvait une immense pudeur. C’est un trait de caractère
reconnu chez les grands saints de la communauté qui utilisaient toujours un intermédiaire entre eux
et le Prophète () dans leurs demandes, car en sa présence ils oubliaient tout et ne parvenaient pas à
lui adresser la parole. Malgré son jeune âge, Sidi Mohammed Ibn 'Arabi () rencontrait souvent le
Prophète () à l'état de veille et Sidi ‘Abdelaoui () a dit à ce propos qu’il le rencontrait vingt-
quatre fois en une journée. De même, le Messager d’Allah () recommandait à Seïdina () de
prendre grand soin de lui.

Notre maître (), durant toute sa période passée à Boussemghoune, voyageait souvent vers Taza
pour aller à la rencontre de son éminent compagnon et élève, le grand connaissant Sidi Mohammed
Ibn 'Arabi (). A cette époque il était un de ses compagnons particulier, faisant partie du cercle de
ses aimés et Seïdina (), conformément à la recommandation du Prophète (), veillait de plus en
plus sur lui. Ainsi, il le visitait souvent de son vivant et il fit de même après son décès au point qu'il
n'était pas nécessaire de le mentionner dans le livre Djawahirou-l-Ma’ani. Seïdina Ahmed
Tidjani () avait dit : « Le Prophète () m'a conseillé de prendre soin de Sidi Mohammed Ibn
'Arabi et il m'a dit qu'il avait un droit sur moi », il précisa également qu'il était un chérif de Idmar
Dachara de la région de Taza. Sidi Mohamed ibn ‘Arabi avait beaucoup de vertus dont la plus
importante était que le Prophète () lui avait certifié qu'il l'aimait et c’est avec son consentement
qu’il devint l’intermédiaire entre le Sceau des Prophètes et le Sceau de la Sainteté. Après son décès,
Seïdina Ahmed Tidjani () nomma à sa place le Khalife de grande valeur Sidi Hajj 'Ali Harazim
() toujours sur ordre du Prophète ().

Sidi Mohammed Ibn 'Arabi () était un chérif parmi les chourafas purs et il est mort assassiné. Après
son installation à 'Aïn Madhi, les qualités vertueuses qu’on lui attribuait se propagèrent parmi les

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gens. Cela devint un sujet de discussion chez les femmes de toute la contrée qui en faisaient étalage
auprès de leurs hommes, suscitant ainsi la jalousie de ses ennemis qui finirent par inciter un individu
à l'assassiner. L’homme en question, avant son acte horrible, le visitait souvent et sollicitait de sa part
des dou'a, mais Sidi Mohammed Ibn 'Arabi () le chassait en lui disant : « Va-t-en loin de moi ô
Faiseur fils de faiseur, car les ennemis t'inciteront à me tuer ! » Et effectivement, sa prédiction se
réalisa. Un jour, celui-ci arriva alors que Mohammed Ibn 'Arabi () était occupé et il profita de ce
moment d’inattention pour lui tirer dessus, il s'effondra sur le coup et l'ordre d'Allah est un décret
prédestiné. Sidi Mohammed Ibn 'Arabi () connaissait par dévoilement les manigances de ses
ennemis tout comme ce qui allait lui arriver.

Allah () a châtié sévèrement ces conspirateurs ainsi que l’assassin. Leur groupe fût brisé puis
dispersé et leur descendance a failli s'éteindre. Quant à ceux qui subsistaient dans cette région, ils
furent complètement ruinés et leurs visages furent marqués par l'horreur en raison de l'intensité de la
vengeance d’Allah. Qu'Il nous préserve de tomber dans la même erreur, celle de l'opposition envers
nos maîtres les Wali, qui mène immanquablement à la perte. Allah () dit dans un hadith
Qoudoussi : « Celui qui s'en prend à l'un de mes wali, Je lui déclarerai la guerre [...] » (Boukhari).
En apprenant la mort de Sidi Mohammed ibn ‘Arabi () un certain wali de Tunisie qui ne faisait
pas partie de la Tariqa Tidjaniya, voulut se venger de tous les habitants de 'Ain Madhi. Seïdina
Ahmed Tidjani () lui écrivit une lettre afin de le mettre en garde contre les conséquences d'un tel
acte. Il lui envoya une délégation de six personnes pour porter le message avec parmi eux le grand
savant Sidi Mohammed Ibn Mechri (), il ne lui restait plus qu'à se conformer aux ordres en jetant
les armes.

Sidi Mohammed Ibn 'Arabi () était le prodige de son époque en vertu de ce qui était connu de ses
secrets et de ses connaissances. Il recevait des dons du Prophète () en rêve et en éveil, ce qui
étonne les esprits et n'est saisissable que par les plus grandes personnalités. Un Jour lors d’un songe,
il reçut du Prophète () un poème. A son réveil, il vit le Prophète () à l'état de veille et lui
demanda le commentaire de celui-ci. Le Prophète () lui expliqua que c'est en raison de l'amour du
Cheikh () qu'il obtenait ces grâces et que sans cet amour, il ne l'aurait jamais vu. Il lui ordonna de
transmettre ce poème et son commentaire à Seïdina Ahmed Tidjani (). Il a reçu également aussi
du Prophète () une prière appelée La Perle qui renferme des profits énormes pour les croyants
qui la lisent, comme cela a été mentionné par le Prophète () lui-même. Avant d’entrer dans la
Tariqa de notre maître () Sidi Mohammed Ibn Arabi faisait partie de la Tariqa Bel Ben 'Azouz au
sujet duquel Seïdina () avait déclaré que le Prophète () lui avait dit : « Bel Ben 'Azouz est un
démon de cette communauté. » Quand il rencontra Seïdina () il lui demanda la Baraka pour
suivre sa Tariqa ayant constaté en lui tous les prodiges. Seïdina Ahmed Tidjani () en fit son

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intime, suivant les recommandations du Prophète (). Parmi les évènements qui sont rapportés à
son sujet, on cite que Seïdina () lui avait envoyé quelqu'un afin de l'inviter à venir le voir, il
mandata pour cela son compagnon Sidi Hajj Mousaqam () qui amena à son intention le cheval
d'un autre compagnon. Il trouva notre personnage à Taza et l'informa du message du Cheikh (),
ce dernier se leva sur-le-champ pour répondre à cette obligation. Au cours du voyage, le cheval
décéda et Sidi Mohammed ibn 'Arabi () ordonna à des Rouhaniyoun (entités spirituelles) d'entrer
dans le cheval pour qu'il puisse ainsi l'emmener jusqu’à Boussemghoune. Tout en l'emmenant dans
cette direction son compagnon de voyage lui dit : « Ô mon maître ce cheval m’indispose avec sa
mauvaise odeur ! » alors il ordonna de presser le pas. Dès qu'il arriva à destination et qu'il descendit
du cheval, la bête tomba par terre et les vers en sortirent. Ainsi il rencontra Seïdina () avec qui il
s’entretint sur des secrets.

Dans chacune de ses demeures, Seïdina Ahmed Tidjani () réservait une pièce connue sous
l’appellation de « Baït Sirr » (la pièce du secret), et ce, depuis l’ordre du Prophète (). A
Boussemghoune, et il en est ainsi aussi à ‘Aïn Madhi, lorsque Seïdina () fit construire sa demeure
bénie, Sidi Mohammed ibn ‘Arabi () lui transmit que le Prophète () lui a dit : « Lorsque la
maison sera construite, mets-y une pièce et appelle là « Baït Sirr », accomplis-y tes oraisons et tes
évocations et tout ce que je t’ai ordonné de faire, et que personne d’autre que toi n’y entre, tu
verras ainsi les biens et les bénédictions s’élargir sur toi et tu atteindras tout tes objectifs. » Cette
pièce était divisée par des plaques de bois durs et Seïdina () se trouvait d’un côté tandis que le
noble intermédiaire Sidi Mohammed ibn ‘Arabi () se trouvait de l’autre côté.

Il a été rapporté qu’un jour alors que Sidi Mohammed ibn ‘Arabi () faisait du Dhikr dans l’endroit
évoqué, un Rouhani est venu à lui avec un verre contenant une boisson contenant une lumière si
intense qu’il éclairait la pièce où il se trouvait. Le Rouhani lui dit : « Bois ! » mais Sidi Mohammed
ibn ‘Arabi () pensa en lui-même : « Je n’aimerais pas qu’un autre que Seïdina Cheikh boit ce
verre. » Ensuite il appela Seïdina Ahmed Tidjani () en disant : « O mon père. » en le répétant de
temps en temps, et Seïdina () ne répondait pas car, en cet instant, il fut immergé dans son Dhikr.
Lorsqu’il eut terminé il lui répondit enfin et Sidi Mohammed ibn ‘Arabi () lui relata : « O mon
père, le Rouhani était venu à moi avec un verre pour que je le boive et alors je t’ai appelé afin de te
l’envoyer. Or comme il se passa un long instant celui-ci est reparti avec. » Seïdina () lui dit : « On
a bon espoir qu’Allah nous le ramènera. »

Seïdina Ahmed Tidjani () a dit que parmi toutes les grâces dont a bénéficié Sidi Mohammed (),
il y a que son épouse à 'Aïn madhi a eu un jour une envie de miel alors que ce n'était point la saison.
Il était dans les habitudes de son mari de ne jamais rien lui refuser, mais dans cette période il s'excusa

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de ne pouvoir la satisfaire. Cependant, elle refusa son excuse et insista, alors il lui dit : « Sors dans la
cour de la maison, car Seïdina Ahmed Tidjani en a envoyé pour toi. » Elle sortit et trouva sur des
peaux une grande quantité de miel. Sa femme faisait souvent l’éloge de son mari auprès des autres
femmes du quartier au point que ces dernières en faisaient jalouser leurs époux par leurs potins et
c’est cela qui fut en grande partie la cause de leur complot pour l’assassiner. Le fils de Seïdina () a
également raconté que Sidi Mohammed Ibn 'Arabi () possédait des plantations et que lorsque
celles-ci avaient besoin d'eau, des nuages se formaient pour venir arroser son champ sans pour
autant arroser les terrains avoisinants. Cela fait partie des grâces extraordinaires accordées à nos
maîtres les Wali ().

Sidi Mohammed Ibn 'Arabi () rencontra des problèmes avec les chefs de certaines tribus, ceux-ci
se mirent d'accord pour le capturer et combattre tous ceux qui s'opposeraient à leur volonté. Quand
ils arrivèrent à 'Ain Madhi, ils ne laissèrent d'autre choix à leurs habitants que de leur livrer Sidi
Mohammed Ibn 'Arabi () sous peine de détruire tout le village sans rien en épargner et ils étaient
si nombreux qu'ils ne pouvaient les repousser. Les habitants de 'Ain Madhi ne trouvèrent d’autres
solutions que de l'enjoindre à se rendre à ses ennemis et selon ce qu'Allah () aurait destiné. Celui-
ci ne releva même pas la tête et se mit à tracer sur la terre avec son doigt quelque chose qui
ressemblait à une écriture puis il prit un petit morceau de papier pour y dessiner des lettres. Ensuite,
il le déchira en deux et jeta le tout dans la direction de ceux qui étaient venus le capturer. Les deux
morceaux s'envolèrent pour finir par se réunir et en accord avec la destinée d'Allah, la troupe se
querella les uns avec les autres et ils se battirent entre eux brisant ainsi leur union et leur hostilité
perdura.

Sidi Ahmed Abdelaoui () a dit que Sidi Mohammed Ibn ‘Arabi (), à cause de la force de son
ouverture enviait et désirait arriver au degré qui était réservé à Seïdina () malgré son jeune âge. Il
lui écrivit une lettre dans laquelle il lui révéla qu'il avait vu une station (Maqam) se situant entre la
Prophétie et celui des Pôles, dont on ne peut hériter et qui est réservée à une seule personne de
cette communauté. Il lui avoua qu'il l'enviait pour lui-même, mais qu'il n'osait pas le demander au
Prophète () au cas où cette station ne lui serait pas réservée et par crainte que tout lui soit ôté.
Effectivement, il fut informé que cette immense grâce était réservée à Seïdina Ahmed Tidjani ()
et alors il se précipita pour l'en informer. Sidi Mohammed ibn ‘Arabi demanda à Seïdina () de lui
donner en récompense de cette nouvelle, le mérite de dix fois Ismou Allah El A'dham, de dix fois la
Salat El Fatihi et dix fois la récompense de Miftahoul Qoutbaniya, car il constata qu'une seule
parole d’évocation prononcée par Seïdina () dépassait ce que ses enfants, ses ancêtres et lui-même
pourraient évoquer, cela pendant soixante-dix ans.

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Parmi les récits rapportés par les gens de confiance, il y a celui où un groupe était parti visiter Sidi
Mohammed Ibn 'Arabi (), avec parmi eux Sidi Mohammed Ibn Mechri, le Connaissant ('Arif)
Sidi Hajj 'Ali Tamacini et d'autres (). Ils lui posèrent la question suivante : « Lorsque les bêtes
meurent entrent-elles au paradis ou non ? » Il se dit : « Ils ont pensé que j'étais un sage or, j'étais
stupide, mais celui qui m'aime malgré cela entrera au paradis et celui qui me déteste entrera en
enfer. J'étais perplexe face à leur question et je ne savais quoi leur répondre jusqu'à ce que je
rencontre le Prophète () et je le questionnais à ce propos. Il me dit que parmi elles, il en est qui
entrent au paradis, celles des prophètes et messagers, des saints et celles qui meurent durant le
combat ainsi que celles sur lesquelles on fait le Hajj et toutes celles qui meurent sur la voie d'Allah.
Pour elles, il est un Paradis qui n'est pas celui des êtres doués de raison, il est sans construction et il
est rempli de la végétation qu'elles aiment et désirent. » Sidi Mohammed Ibn ‘Arabi () est mort à
'Ain Madhi (Algérie) à l'âge de 28 ans et il n'a laissé que deux filles comme progéniture dans cette
ville. Il est mort quelques mois avant que Seïdina () ne parte pour Fès. Sa tombe se trouve à 'Aïn
Madhi et elle est célèbre et très visitée pour la baraka.

S idi Mohammed ibn ‘Arabi El Madaghari

Le Wali parfait et le connaissant relié, le détenteur des immenses grâces, Sidi Mohammed ibn 'Arabi
El Madaghari (). Il fait partie des élites parmi les compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani () qui
décrivait sa sainteté. Sidi 'Arbi ibn Sa-ih () disait beaucoup de bien à son sujet et le déclarait
comme un Connaissant d'Allah ayant atteint le degré des Pôles (El Qotbaniya).

Lors d’une grande assemblée où il se trouvait, Sidi Mohammed ibn 'Arabi El Madaghari () fut
questionné en jurant par Allah (), sur la vision du Prophète () en état de veille. Il répondit :
« Oui je l'ai vu, mais si ce n'était pas par crainte d'Allah, je ne vous en aurais point informés. » Il
ajouta : « La première fois que j'ai vu le Prophète (), je me trouvais dans un jardin à tel
emplacement dans le désert. Un homme m'attrapa par derrière et m'étreignit, je me retournai alors
et vis qu'il s'agissait du Prophète () qui me souriait. Je n'avais jamais vécu un meilleur moment que
celui-là et il m'est plus cher que ce bas-monde et ce qu'il contient. » Il est rapporté également à son
sujet qu’il décida un jour de faire son pèlerinage et de visiter le Prophète (), mais pendant la
période des préparatifs pour son voyage il vit le Prophète () en rêve qui lui dit : « C'est moi qui te
remplacerai pour le pèlerinage, car dorénavant tu ne dois plus quitter cette ville. » A son réveil, son
cœur était rempli d’un intense désir d'aller à cet endroit béni et malgré les propos du Prophète () il
décida de s’y rendre. Lorsqu'il sortit de la ville dans l'intention d'accomplir son pèlerinage, il vit le
Prophète () le soulever de sa monture et le déposer à terre en lui déclarant : « Ne t'avais-je pas dit

112
que j'étais ton remplaçant ? » Puis, il le ramena chez lui. Depuis ce jour, il n'a jamais quitté sa ville
jusqu'à son décès, qu'Allah lui fasse miséricorde.

S idi Mohamed ibn Fqirah

Le témoin pur à l’intelligence éveillée, Abou ‘Abdallah Sidi Mohammed ibn Fqirah (). Il était
aimé auprès de Seïdina Ahmed Tidjani () en raison de la sincérité de son amour et de la pureté de
son intention. C’était un juriste éclairé et il racontait l’aspiration élevée que possédait Seïdina ()
ainsi que son dévoilement.

À ce propos, il fit le récit suivant : « Je suis parti accompagné d’un notable pour visiter Seïdina (),
et ce, en l’an 1218 de l’Hégire. Lorsque nous l’avons rencontré, je déposai comme cadeau pour lui
un dirham et mon compagnon déposa devant lui 40 riyals. Seïdina () prit le dirham de sa main et
il retourna la pièce dans tous les sens en la regardant scrupuleusement. Puis, il referma sa main et
l’emporta avec lui en rejoignant son appartement. Toutefois, il délaissa les 40 riyals en disant à celui
qui les avait déposés : « Reprends tes biens. » Celui-ci lui répondit : « Ô mon maître je te les ai
offerts pour la visite », mais Seïdina Ahmed Tidjani () lui dit par dévoilement : « Reprends tes
biens, car je ne vends pas d’enfants. » Et en effet, cette personne désirait en son for intérieur qu’à
travers la bénédiction de cette visite Allah lui octroie des enfants. Or Seïdina () n’accepta pas un
seul sou de son argent. C’est ainsi qu’il agissait envers tous ceux qui venaient lui rendre visite dans
l’objectif d’atteindre des biens, car dans ces cas-là il n’acceptait point leurs cadeaux. »

Sidi Taïeb Sefiani () a relaté qu’un jour Seïdina Ahmed Tidjani () évoquait le sujet de la
donation et de l’acceptation et que ces derniers ne devaient s’effectuer que par Allah et pour Allah.
Il précisa également que celui qui donne pour autre qu’Allah () ou qui accepte la donation pour
autre que Lui, alors il n’en récolterait que l’affliction. À cela il conclut : « Celui qui nous donne
quelque chose, il lui sera donné l’affliction. » Il a été rapporté que lorsque quelqu’un le conviait à
un festin, il ne refusait pas. Or, un jour, un particulier d’entre ses compagnons lui fit remarquer :
« Ô Sidi, les gens ne vous appellent que pour être avec vous tel que les autres. » Il
demanda : « Comment cela ? » Il dit : « Les gens des demeures disent : si Allah me permet d’avoir
tel bien je ferai un festin pour vous ou si Allah nous facilite telle chose nous ferons cela, et ainsi de
suite. » Seïdina Ahmed Tidjani () dit alors : « Moi je n’y vais pas pour de telles choses. » Et depuis
il ne s’y rendait qu’auprès de ceux dont il connaissait la pureté d’intention pour Allah et quand il
s’agissait d’autre chose que cela, il ne s’en approchait pas.

113
S idi Mohamed ibn Ghazi

L’homme à la poitrine saine, le cheminant dans la voie de la vérité et détenteur de la grande baraka,
le maître excellent Sidi Mohamed ibn Ghazi (). Il était l’une des dix personnes pour qui le
Prophète () avait garanti la Grande Ouverture et il comptait parmi les aimés de Seïdina Ahmed
Tidjani () en raison de la pureté de son amour. Il avait quelques états étranges qui lui permettaient
de cacher ses secrets et il était reconnu pour sa largesse et sa sympathie envers les frères. Parmi les
qualités qu’Allah lui a octroyées, il y a le fait qu’il obtenait la bénédiction (El Baraka) dans tout ce
qu’il entreprenait dans la vente et l’achat de nourriture ou de boisson et dans chaque situation. Les
frères, ayant constaté sa Baraka, lui demandaient d’assister à leurs festivités et lorsqu’ils désiraient sa
baraka en une chose sans que Sidi Mohamed ibn Ghazi () ne soit pourtant parmi eux, ils
disaient alors : « Ô Allah, on t’implore par le Nom avec lequel Mohamed ibn Ghazi t’a invoqué,
accorde-nous la Baraka dans ceci et cela. » Et ils percevaient ainsi cette bénédiction.

Au commencement de son parcours avec Seïdina Ahmed Tidjani (), après avoir pris la Tariqa, il
négligea d’être présent dans la Zaouiya bénie pour la récitation de la Wadhifa en groupe et cela en
raison de son commerce. Un vendredi où notre personnage marchait au Souk de Fès, Seïdina ()
l’aperçut lors de son retour de la Zaouiya après la fin du Dhikr. Mohamed ibn Ghazi () s’est dit :
« Il n’y a de force et de puissance qu’en Allah, on a délaissé le gain de l’au-delà et on s’est préoccupé
des gains d’ici-bas à travers les transactions commerciales. Je me demande ce que je suis pour ce
Cheikh auprès de qui Allah m’a permis d’être, un aimé ou bien un perdant à cause de ce que je
viens de faire ? » Lorsqu’ils se rencontrèrent Seïdina () lui dit ce qui suit : « Que deviens-tu ô
untel, alors que tu es auprès de nous parmi les aimés particuliers et tu n’assistes pas au Dhikr, que se
passe-t-il ? » Depuis ce jour il n’a plus délaissé l’assise avec Seïdina Ahmed Tidjani () jusqu’au jour
de la séparation et la langue de son état a clamé : « Si on avait eu le choix on ne se serait pas séparé,
mais nul choix avec la destinée. »

Un jour alors qu’il était assis auprès de sa maison, et ce, après le décès de Seïdina (), il eut une
pensée qui lui traversa l’esprit au sujet de la visite des saints et il pensait que l’interdiction en
question ne devait être limité que du vivant de Seïdina (). Or, un instant après il vit le Wali
vertueux, le Majdhoub, le noble Sidi Hafid ben ‘Adwa () qui lui déclara au moment où il arriva
en face de lui : « Il ne meurt pas » puis il repartit. Dès cet instant, Sidi Mohamed ibn Ghazi () prit
conscience de sa pensée et s’en repentit. Il sut que ce fut la préservation de Dieu qui l’enveloppa à
cause de son amour sincère pour Seïdina Ahmed Tidjani ().

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S idi Hajj Mohamed ibn Hayyoun El Fesi

Il avait une place honorable dans l’amour de Seïdina Ahmed Tidjani () et il faisait partie des
devanciers qui se sont fermement accrochés à la corde de cette Tariqa Tidjaniya. Seïdina () le
distinguait de son regard d’attention, démontrant clairement qu’il comptait parmi ses aimés les plus
rapprochés, qu’il étendait dans son intimité et à qui il confiait des affaires particulières. Il faisait
également partie des responsables avec Sidi Hachim Ibn Ma’zouz, Sidi ‘Ali Amlas et Sidi Mohamed
El Ghali Boutaleb () et de ceux à qui le Prophète () avait ordonné de veiller aux travaux de la
Zaouiya bénie de Fès et de ne jamais la quitter sauf en cas de nécessité ou de besoin, cela durant
tout le temps que prendrait sa construction.

Notre personnage avait une boutique dans le marché Hararine et il arrivait à Seïdina () d’aller
s’asseoir avec lui. Un jour où il était assis, un voleur vint en cachette et déroba les sandales de
Seïdina Ahmed Tidjani () qui étaient restées devant l’entrée de la boutique. Le voisin qui leur
faisait face avertit Seïdina () en lui disant : « Une personne a pris tes sandales et il s’est enfui
avec. » Seïdina Ahmed Tidjani () lui répondit : « Qu’Allah en fasse la cause de son repentir si c’est
son métier et qu’il l’enrichisse avec s’il est dans le besoin. » Après un moment le voleur en question
revint déposer les sandales discrètement avec la crainte d’être vu. Seïdina () l’aperçu et lui
demanda la raison pour laquelle il les avait ramenées après être parti avec. Il répondit qu’il était
pauvre et que sa femme devait accoucher aujourd’hui, mais il n’avait rien pour acheter le nécessaire
à l’accouchement, il avait alors dérobé les sandales pour pouvoir les vendre à cette fin. Cependant,
Allah l’en avait dispensé, car il venait de trouver une bourse d’argent et comme il n’avait plus
besoin de vendre les sandales, il les avait ramenées. Seïdina Ahmed Tidjani () l’exhorta de ne plus
revenir à de tels agissements et l’homme le lui promit en se repentant dans ses mains. Il est devenu
un serviteur de Seïdina Ahmed Tidjani () et il plaisantait avec les frères en disant : « J’ai volé
Seïdina sur la route et il m’a abreuvé de sa voie. »

S idi Mohamed ibn Hirzoullah

Le Mouqadem aux mérites évidents et qui s’empressait à l’accomplissement du bien, Abou


‘Abdallah Sidi Mohamed ibn Hirzoullah (), originaire d’Algérie. Il était d’une aspiration élevée,
accroché fermement à la corde de la Tariqa.

115
Parmi l’ensemble des événements qui lui est parvenu avec Seïdina Ahmed Tidjani (), il est
rapporté qu’une fois, il chevaucha sa monture pour rendre visite à Seïdina (). Il désirait
l’interroger sur trois questions : le fait de pouvoir faire des saignées la nuit, le fait de pouvoir tenir le
chapelet (Soubha) de la main gauche et enfin sur le sultan de la vérité, l’Imam Mahdi. Or, il se
trouve qu’il arriva chez Seïdina Ahmed Tidjani (), alors qu’il faisait nuit. Il demanda l’autorisation
de rentrer et on la lui accorda. Au moment où celui-ci s’apprêtait à rejoindre Seïdina (), il
l’entendit dire avant même de le rencontrer : « Emmenez-moi celui qui pose les ventouses pour
qu’il me fasse des saignées ». Sidi Mohamed ibn Hirzoullah () s’est alors dit : « Voici la réponse à
ma première question ». Puis, lorsque notre personnage entra dans la pièce où se trouvait Seïdina
Ahmed Tidjani (), il le vit en train d’évoquer en tenant sa Soubha de la main gauche et il s’est dit
en lui-même : « voici la réponse à ma seconde question ». Une fois qu’il s’installa en sa présence,
après avoir témoigné du respect convenant à la station de Seïdina (), il l’entendit parler au sujet de
l’imam Mahdi et de ce qu’il allait faire à l’encontre de ceux qui contredisaient la loi Mohamedienne
() jusqu'à ce qu’il dise : « Après le sultan de la vérité viendra, il rassemblera les savants en les
regroupant et il les tuera tous d’un seul coup ». Et ainsi, il eut la réponse à ses trois questions sans
qu’il ait eu besoin de les poser.

Concernant les savants mentionnés, il s’agit des mauvais savants qui sont plus néfastes pour les gens
que l’est Chaïtan en raison du fait qu’ils utilisent la religion afin de dévorer ce monde et qu’ils
s’opposent à ceux qui sont bien guidés. Dans le livre Rimah, il est rapporté par Sidi Mohamed El
Ghali (), qu’un compagnon a dit à un autre en présence de Seïdina Ahmed Tidjani () : « Si
l’Imam Mahdi vient, il va nous tuer ». Seïdina () leur dit alors : « Il ne vous tuera pas, car il est
votre frère dans la voie, mais il tuera les mauvais savants » et il dit aussi : « Lorsque El Mountadhar
viendra, il réclamera la Fatiha à nos compagnons ». Il est écrit aussi que Seïdina Ahmed Tidjani ()
a dit : « L’ensemble des Wali entre dans notre groupe, ils prennent de notre ouird et ils se
conforment à notre voie depuis le début de l’existence jusqu’au jour du Jugement. Quant à l’imam
Mahdi, lorsque surviendra la fin des temps, il prendra de nous et entrera dans notre groupe, et cela,
après notre mort et notre déplacement vers la demeure éternelle ».

S idi Mohamed Ibn Mechri

Parmi les compagnons le très grand savant, le perspicace doué de compréhension, celui qui porte le
rite de l'imam Malik, celui qui prend les sciences les plus droites, dépôts des secrets et des
connaissances, commentateur de la Tariqa Tidjaniya, le chérif de très grande valeur Abou Abdallah
Sidi Mohamed Ibn Mechri (). Il faisait partie de l'élite des élites parmi les compagnons de Seïdina

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Ahmed Tidjani (), de ceux qui héritèrent de l'abreuvoir des sciences révélées et qui avaient accès à
certains secrets du monde des mystères.

Seïdina Ahmed Tidjani () l'avait pris comme Imam pour la prière et comme scribe rédigeant ses
lettres et réponses, écrivain de ce qu'il entendait ou de ce qu'il lui dictait. Sa première rencontre
avec Seïdina Ahmed Tidjani () fut en l'an 1188, année de son retour du pèlerinage jusqu'à
Tlemcen. Il transmit ainsi à son compagnon, dépôt de ses secrets, le très grand savant Sidi
Mohamed Ibn Mechri El Hassani () As-sa-ihi At-Touqourti, la voie Khalwatyya. Il a reçu
également de Seïdina Ahmed Tidjani () des secrets et d'autres Dhikr et resta en sa compagnie
jusqu'à ce qu'il décède en 1224. Sidi Mohamed ibn Mechri () est l'auteur du livre El Jama' qui
regroupe les différentes sciences. Il écrivit aussi un livre intitulé Nousra El Chourafa Fi rad ‘ala
ahlou jafa (Secours aux chérifs dans la réplique aux gens hautains).

Seïdina Ahmed Tidjani () l'avait pris comme Imam pour diriger la prière, car à cette époque il
n'aimait pas passer Imam sauf lorsqu'il était au sein de sa famille, chez lui. En 1208 il a dû faire
Imam à cause de circonstances qui l'imposaient durant cette période, ceci fût relaté dans
Jawahirou-l-Ma'ani. Il nous est parvenu des compagnons que Sidi Mohamed Ibn Mechri ()
l'est devenu par l’autorisation du Prophète (). Seïdina Ahmed Tidjani () avait dit par la suite : « Il
m'a ordonné, celui que je ne peux contredire, de ne prier derrière quiconque sauf pour la prière du
vendredi » Si jamais il était obligé de faire les ablutions sèches (Tayyamoum), que l'heure de la
prière soit arrivée et qu’il se trouvait avec ses compagnons, il dirigeait la prière bien qu'eux-mêmes
soient en état d’ablution par l’eau. Mais il leur disait avant tout : « Je suis obligé de faire
Tayyamoum, si vous voulez, vous pouvez prier derrière un autre Imam ». Et il ne blâmait pas ceux
qui faisaient cela. Celui qui aurait fait la prière derrière lui, l’aurait parfait selon le dire du Qadi Ibn
'Arabi et Ibn Majichoune, en sachant de plus que Seïdina Ahmed Tidjani () a dit la même chose
sur le mérite de la prière derrière des gens d’un haut rang.

Les états d’amour (Mahaba) de Sidi Mohamed ibn Mechri () étaient forts. Parmi les évènements
qui prouvent ce fait, il a été rapporté qu'un jour Sidi Mohamed ibn Mechri () chevauchait une
jument dans le désert et il passa près d'une tombe qui était celui d’un célèbre Wali au pouvoir de
gérance (Tasrif), mais qui était également son ancêtre. Par amour pour Seïdina () il n’a pas voulu
le visiter, les pattes de la jument s'enfoncèrent subitement, il se retourna alors vers sa tombe et lui
dit : « Je jure par Allah, soit tu lâches ma jument, soit j'irai me plaindre auprès de Seïdina Ahmed
Tidjani qui agira contre toi. » La jument fut lâchée comme si de rien n'était. Il est mort dans le
désert en 1224. Il est dit dans Jawahirou-l-Ma'ani sur l'exaltation des qualités de notre
personnage, que Seïdina Ahmed Tidjani () ne priait derrière les imams que s'il n'existait aucune

117
réprobation par la loi (chari'a) à leur encontre. Par exemple, si quelqu'un vivait de pots-de-vin, dans
ce cas Seïdina Ahmed Tidjani () ne priait pas derrière lui. Seïdina () avait donc pour Imam le
savant perspicace, doué de compréhension, qui a réuni la Haqiqa et la Chari'a, les sciences de la
Tariqa, gardien de son secret et de son pacte, emplacement de sa compassion, compagnon de son
intimité : Abou ‘Abdallah Sidi Mohamed Ibn Mechri, (), le chérif de rang élevé.

Il était originaire de Touggourt, en Algérie, ville célèbre pour sa science et ses saints, pour ses
savants et ses Imams bien guidés. L'ensemble des gens de la ville avait pris la Tariqa, ils allaient
visiter Seïdina Ahmed Tidjani () et mettaient pour cela vingt jours ou plus pour se rendre auprès
de lui. Ils lui apportaient des dons en argent ainsi que des dattes et des habits. On les rencontrait
souvent chez Seïdina Ahmed Tidjani () et on ne trouvait personne meilleur qu'eux dans leurs
comportements, leur religion et leur science. En effet, ils étaient déjà des savants avant de
rencontrer Seïdina (), les groupes et les cadeaux affluaient de toute part provenant de cette
région-là. Il n'y avait pas de gens avec une meilleure valeur et intention qu'eux. Seïdina Ahmed
Tidjani () s'en occupait d'une façon particulière bien plus qu'avec ses proches, il leur donnait
encore plus d'attention. Lorsqu’il fut interrogé sur ceci, il répondit : « Ils ne sont pas comme les
autres, car ils recherchent les hauts degrés et la Sunna dans tous ses états, qu'Allah les agrée. »

Sidi Mohamed Ibn Mechri () est resté en compagnie de Seïdina Ahmed Tidjani () de 1188 à
1213 dans la ville de Fès. Il était de ceux qui avaient l'ouverture dans cette Tariqa Mohammediya
du vivant de Seïdina (), et c'est pour cela qu'il lui a été ordonné de quitter le pays où il était. Il a
dit dans son livre El Jama’ je cite : « J'ai entendu Seïdina Ahmed Tidjani dire un jour : « Si Allah
ouvre pour un de mes compagnons, que celui qui habite dans la région où je suis et qui a peur pour
lui-même de la perte, s'en aille » certains de ses compagnons lui dirent : « Est-ce que ceci vient de
toi ou d'Allah ? » Il leur répondit : « Ceci vient d'Allah sans aucun choix de ma part » ». Sidi
Mohamed Ibn Mechri () se dirigea vers Tlemcen comme on le lui a ordonné puis vers Abi
Semghoune et enfin 'Aïn Madhi, et ceci, après s'être excusé auprès des frères qui se trouvaient à Fès.
Il avait une maladie dont il succomba à 'Aïn Madhi. Seïdina Ahmed Tidjani () a ordonné de
renouveler leur affiliation à toute personne qui avait pris de lui le Ouird, d'où qu'ils soient.

S idi Hajj Mohamed ibn Moussa El Turki

Parmi eux, celui qui aimait Seïdina Ahmed Tidjani () et qui s’est voué à son service comme il se
doit en se conformant à sa volonté en voyage avec lui comme en son absence, le grand Wali, le

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Connaissant célèbre, Sidi Hajj Mohamed ibn Moussa El Turki (). Il était noyé dans l’amour de
Seïdina () qui avait demandé au Prophète () de garantir la sécurité pour son compagnon.

Au commencement de l’affaire de Seïdina Ahmed Tidjani () avec ses compagnons, lorsque ceux-
ci venaient lui réclamer la protection, il se conformait à leurs désirs jusqu’à ce que le Prophète ()
lui ordonna de la garantir uniquement à ceux dont l’amour était confirmé comme il est mentionné
dans le Machahid de Sidi Hajj ‘Ali Harazim (). En effet, il dit en réponse à Seïdina () :« Sache,
ô Sidi, qu’Allah soit satisfait de toi, que la réponse à ce que tu as demandé en ce qui concerne la
protection envers les frères, le Prophète () a répondu : « On me dit que tu mets sous la protection
le village avec tout ce qu’il contient, le groupe avec tous ses membres et la tribu complète. Or tu
sais que dans chacun de ces groupements il y a ceux qui témoignent de l’amour et les haineux. Si tu
accordes la protection à tous, sans exception, la nocivité de ces derniers atteindra ceux que tu as
protégés ; car ils ne bénéficient plus du cadre d’exaucement. Par conséquent à partir de ce moment,
n’accorde la protection qu’à ceux dont tu es sûr de leur parfaite sincérité, de leur proximité ainsi
que de leur amour pour toi. »

Et depuis ce jour Seïdina Ahmed Tidjani () agissait ainsi. Quant à ceux qui le détestaient, Seïdina
() s’en éloignaient entièrement en raison du tort qui affectait le Prophète () et il mettait
également en garde ses compagnons en disant : « L’assise avec nos détracteurs est un poison qui se
propage sur ceux qui sont avec eux. » Sache qu’à partir du moment où Seïdina () fut chargé de
diriger les gens vers la vérité et de transmettre la Tariqa Mohammediya à tous ceux qui la
réclameraient, cela déclencha à son encontre jalousie et mécontentement, lui qui était bien au-
dessus de toutes ces infamies. Il s’éloignait de ses détracteurs de la plus belle manière, car il savait
que cette rancœur était due à l’héritage Mohammedien qui s’était manifesté en lui. De ce fait,
lorsque ses derniers se déchaînèrent contre lui et qu’il prit conscience que leurs agissements les
conduiraient à leur perte, en ce monde et dans l’autre, par le tort qu’ils occasionnaient au Prophète
(), alors sa compassion envers eux l’emporta. Il fit son possible et redoubla d’efforts afin de leur
épargner sa colère ().

Seïdina Ahmed Tidjani () fit passer une lettre au Prophète () par l’intermédiaire du noble
Mohamed ibn ‘Arabi Damraoui () où il lui formula la demande suivante : « Au Nom d’Allah le
Tout-miséricordieux, le Très-Miséricordieux et que la prière d’Allah soit sur notre maître
Mohammed ainsi que sur sa famille. Ô ! Mon maître, je te demande à jamais, éternellement la
protection complète contre ta colère pour tous ceux qui me détestent ou contre qui je me suis mis
en colère et pour tous ceux qui sont irrités contre moi ou contre qui je serais irrité, car, ô mon
maître, je suis très affligé par ta colère envers les gens par ma cause. » Le Prophète () répondit par

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l’intermédiaire de Sidi ‘Arbi () en leur disant : « Sachez que je ne me mettrais en colère que
contre celui qui t’insultera, toi et Tidjani voulant votre perte, celui qui t’insultera toi et Tidjani ou
qui vous sera hostile alors je serais en colère contre lui le Jour du Jugement et quant à celui qui vous
aime, il fait partie des gens du salut et il est le premier envers qui j’intercéderai le Jour du Jugement
et il ne sera pas jugé, et les actes de tous ceux qui regarderont Tidjani, le lundi et le vendredi, seront
pardonnés. »

S idi Mohamed ibn Souleiman Mana’i Tounsi

Le savant, qui a la maîtrise des sciences apparentes et cachées, rassemblant en lui les mérites et les
bienfaits dispersés. Il fut aimé de Seïdina Ahmed Tidjani (), qui avait pour lui un regard
respectueux en raison de son amour sincère et de son aspiration élevée. Il était accroché fermement
à la corde de la Sunna, la tenant fermement par ses mâchoires, et il ne se taisait pas lorsqu’il
constatait une innovation ou ceux qui la pratiquaient. Une fois, Seïdina () lui a demanda : « Que
penses-tu de moi ? ». Il répondit : « Ce que je vois en toi qui est conforme à la Loi, je l’accepte et je
le pratique, et lorsque je vois le contraire, je le délaisse ». Seïdina Ahmed Tidjani () lui répondit :
« Reste dans cet état, mais ne critique pas des choses que tu ne comprends pas, pensant que tu es
dans la vérité alors que tu n’y es pas ». Seïdina () le regardait par l’œil de l’agrément en sa présence
comme en son absence et le couvrait de son amour. Il faisait partie des savants particuliers de cette
Tariqa.

Notre personnage a pris la Tariqa à Fès, en voici la cause : Il partit étudier à Fès. Il allait, avec un
étudiant qui faisait partie des compagnons de Seïdina (), jusqu’à la Zaouiya et il s’asseyait loin des
frères attendant son compagnon. Il était habituel que Seïdina () reste dîner avec les gens présents.
Or, une fois, Seïdina () lui dit : « Ô ! Le Tunisien, tu es notre compagnon (dans la voie) ». Il
répondit : « Ô ! Sidi, je suis le compagnon du couscous et de la viande ». Seïdina () lui dit alors :
« Qu'est-ce qui t’empêche de prendre notre Ouird ? » Il lui répondit : « Moi, je le prends de mon
Seigneur qui a dit : " Allah et ses anges prient sur le Prophète ; Ô ! Vous qui croyez priez sur lui et
adressez-lui vos salutations" ». Et Seïdina () se tut. Lorsque notre personnage retourna dans sa
chambre à la Madrasa, il ne trouva pas le repos et ne put dormir. Il se blâmait d’avoir répondu ainsi
à Seïdina (), craignant qu’il s’agisse d’une mauvaise conduite envers lui et surtout que les formules
d’évocations ou autres obtenues par une autorisation particulière soient plus profitables que celles
obtenues par l’autorisation générale. Il se disait : « C’est comme si je n’avais jamais lu la parole d’Ibn
‘Achir qui dit : " Celui qui tient compagnie à un cheikh connaissant le cheminement, se préserve

120
ainsi dans sa route de la perdition" ». Il se leva au milieu de la nuit et partit à la Zaouiya, mais il la
trouva fermée. Il s’endormit alors devant la porte jusqu’à l’arrivée de l’heure de la prière du soubh.
Seïdina Ahmed Tidjani () arriva et il prit la Tariqa. Puis, Seïdina () mit sa main sur sa poitrine et
il implora en ces termes : « Ô Allah ! Rends-le versé dans les sciences de la religion » Depuis ce jour,
il ne cessa d’augmenter par des ouvertures dans cela.

Voici une lettre que Seïdina () lui renvoya : « Ensuite, nous demandons à Allah qu’Il déverse sur
toi la douceur et le repos par rapport à ce dont tu t’es plains, et nous Lui demandons qu’Il te regarde
par l’œil de la douceur, de la miséricorde, de la préservation contre tous les malheurs, et qu’Il te
fasse atteindre l’ensemble de tes espérances et qu’Il soit ton tuteur dans la résolution de tous tes
besoins dans ce monde et dans l’au-delà, et nous Lui demandons qu’Il déverse sur toi les océans de
son agrément et de sa grâce dans ce monde et dans l’au-delà. Amine.

Quant à ce que tu m’as écrit, concernant les agissements des Wali passés contre les vicissitudes du
sort, me demandant d’agir de la sorte contre les maux qui t’accablent afin d’en être délivrés, la
réponse est : La situation des Wali ne marche pas selon une seule règle, ni sur un seul chemin et ne
marche pas non plus dans tout ce qu’ils veulent, mais leur affaire est abandonnée à Allah et suit la
règle de sa Volonté propre (Machiya) ainsi aucun Wali n’a réglé une affaire de son propre choix, ni
n’a agi dans une chose par son ordre personnel et selon sa volonté à lui, mais tout cela suit le décret
de la Volonté d’Allah car c’est Lui qui fait ce qu’Il veut. Combien de Wali font apparaître leurs
prodiges au su de l’ensemble des gens, où ils veulent et comme ils veulent et combien d’autres à la
valeur immense et aux stations élevées se sont détournés de l’existence par Allah au point de ne rien
connaître d’autre en dehors d’Allah, et s’ils veulent agir et faire apparaître les prodiges, comme il est
connu par les Wali, ils sont défendus de le faire par le décret de la Volonté propre d’Allah, pour des
raisons qu’Allah seul connaît. Djounaïd () a dit : « Des hommes ont marché avec certitude sur
l’eau alors que des hommes meilleurs qu’eux sont morts de soif » Quant à l’affaire pour laquelle tu
m’as demandé d’agir afin de faire disparaître son mal, sache que je n’y trouve aucune issue, ni ruse,
ni moyen, et tout cela, par le Décret d’Allah et sa Prédestination, et Allah dit la vérité et c’est Lui
qui guide sur le chemin, et les élites dans leurs ensembles et leurs particularités ne suivent pas une
mesure bien précise, car le Décret n’appartient qu’à Allah par sa Volonté propre pour toutes les
situations des gens. Et qu’Allah prie sur son Prophète, Salam ». Sidi Mohamed ibn Souleïman ()
est enterré en Tunisie, qu’Allah lui fasse miséricorde.

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S idi Mohamed Kensoussi

Le juriste et savant de son époque Abou ‘Abdallah Sidi Mohamed Ibn Ahmed Kensoussi Qourachy
El Hachimy El Dja’fary. Ce maître fait partie de ceux dont l’Ouverture spirituelle a été attestée dans
cette Tariqa Mohammediya. Son mérite est répandu auprès de l’élite et du commun et il fut décrit
comme détenteur de la sainteté complète, dévoué à guider les êtres sur le chemin de la droiture
avec abnégation et effort sans se soucier en Allah de ceux qui blâment. Sidi Mohamed Kensoussi,
qu’Allah lui fasse miséricorde, fut un signe d’entre les signes d’Allah les plus éclairants ; il était
soutenu par des degrés enviables, des prodiges apparents, des sciences abondantes ainsi que par des
secrets, des Connaissances, des Ouvertures, des subtilités, des réalités et des faits extraordinaires
parmi tous les êtres.

Dans ses jeunes années, il demeura auprès de l’Émir des croyants, le Sultan Maoulana Souleïman,
qu’Allah sanctifie son âme au Paradis, dont il fut le dernier vizir. Initialement affilié à la Tariqa
Nassriya, il expliqua lui-même les causes qui le conduisirent à prendre la Tariqa de Seïdina Ahmed
Tidjani (). Voici à la suite un extrait d’une de ses lettres : « […] Nous étions auparavant dans la
Tariqa Nassriya, moi et mes aïeuls du père à la mère. Nous suivions leurs traces et nous étions au
summum de la bonne relation du côté de cette voie pure et élevée. Pourtant, la raison qui me fit
entrer dans cette Tariqa Mohammediya Tidjaniya est que lorsque je me rendis à Fès, j’entendis
parler de certaines grâces qu’Allah a accordées aux membres de cette Tariqa. J’apprenais cela de la
langue même de son guide () le rapportant du maître de l’existence () et également qu’il
s’agissait là de la voie de la grâce pure. Allah sachant l’incapacité qu’éprouveraient les gens de cette
époque de se conformer à la rectitude parfaite dans laquelle se trouvaient les pieux ancêtres à une
époque saine, fit donc apparaître par Sa Grâce cette Tariqa Mohammediya. Elle est la voie de la
grâce à notre époque corrompue afin que par elle, Allah assiste qui Il veut d’entre les gens de la
félicité […] »

Dans son livre Jaweb El Mouskit il y a aussi les propos suivants : « […] et cela avec le fait, grâce
soit rendue à Allah, que nous avons tiré la bénédiction de la rencontre de Seïdina (), nous l’avons
vu, nous l’avons visité et il a invoqué en notre faveur et nous avons de lui de quoi être fier et
honoré en ce monde et en l’au-delà. Quant au fait de s’affilier à lui à cette époque, je ne l’ai pas fait.
Parfois j’entendais dire de l’un de mes pieux enseignants auprès de qui j’apprenais, lorsqu’il abordait
les points délicats et insolubles dans les propos des exégètes et Mouhadith (expert en hadith) :
« […] le Cheikh Connaissant en Dieu Sidi Ahmed Tidjani m’a dit […] » Et en l’évoquant il ne
tarissait pas d’éloges à son égard. Je me suis donc renseigné auprès des gens sur l’identité de cette

122
personne que le maître enseignant ne manquait pas de glorifier chaque fois qu’il l’évoquait, on me
répondit : « C’est un Wali à la valeur immense qui est immergé dans les sciences, il répond à
n’importe lequel des domaines de la science avec une vérité incontestable et une incroyable
exactitude sans pourtant de temps de réflexion et sans consulter non plus d’ouvrages et le
questionneur en écrivant sa réponse la retient comme à son origine ».

Je m’étonnais de cela, mais je savais qu’Allah détenait des Saints serviteurs. Ainsi, Allah sema en
mon cœur l’amour envers eux, je ne cessai de me renseigner à leurs sujets et sur leurs situations et
tout particulièrement au sujet de Seïdina (). Je recherchais ses compagnons et je les interrogeais à
son sujet ainsi que sur ses états extraordinaires et en mon cœur, mon amour en Allah augmentait
ainsi que mon envie et ma passion. Seïdina () ne tarda pas à rejoindre l’agrément d’Allah le plus
Grand et Ses Honneurs pour l’éternité et je faisais partie de ceux qui assistèrent à son enterrement et
à la prière mortuaire sur lui et, louange à Allah, de là je m’affiliai à sa Tariqa bénie auprès des
héritiers de sa lumière […] ». Fin de citation

Et enfin dans un autre écrit il en détailla les circonstances : « La cause de mon entrée dans cette
Tariqa Mohamediya Tidjaniya c’est que lorsque je fus à Fès j’entendis ce qu’Allah réserve comme
grâce aux gens de cette voie de la langue même de son guide () informant de la part du maître de
l’existence (). J’appris qu’il s’agissait là de la voie de grâce pour ceux dont Allah connaissait leur
incapacité à leur époque de répondre aux exigences de la rectitude parfaite sur laquelle se trouvaient
les pieux ancêtres à une époque saine. Il a ainsi fait surgir cette voie Mohammediya par Sa Grâce et
Sa Bonté, voie de faveur à cette époque de corruption afin d’accorder la félicité à ceux qu’Il aura
choisis parmi les gens de la félicité. Ainsi a surgi en moi cette perplexité par le fait de vouloir
accéder à ceci.

Lorsque Allah, Glorifié et Exalté, voulut mettre fin à cette perplexité, il m’envoya un de ses
vertueux Majdhoub qui est Sidi Ahmed Ghiwane (). Ce dernier avait une grande sollicitude
envers moi et une parfaite préoccupation. Chaque fois qu’il me rencontrait, il disait : « Je désire te
ramener à la voie de la Connaissance alors que toi tu la fuis ! » et il disait cela sur un ton mécontent
et en haussant la voix, et chaque fois qu’il me croisait dans la même journée, il répétait toujours les
mêmes propos. Ceci jusqu’au point où il finit par me dire : « Je jure par Allah que si jamais tu
n’entres pas dans la voie de la Connaissance, je te ferais ceci et ceci. » en prononçant des menaces,
mais malgré cela j’éprouvais beaucoup de difficulté à abandonner ce sur quoi je me trouvais. Or,
lorsque le moment survint enfin, je pris la voie de l’un des compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani
() célèbre pour sa sainteté. Celui-ci m’avait pris la main et il commença à m’évoquer la valeur de
Cheikh et de son immense situation, puis il me dit : « Tu te dois de rentrer dans cette Tariqa

123
Mohamediya de gré ou de force. » Et il marcha avec moi jusqu’à la Zaouiya de Cheikh et on était le
vendredi. Lorsqu’on pénétra la porte de la Zaouiya alors que les gens étaient en train d’évoquer, les
premiers propos qui arrivèrent à mes oreilles furent les vers suivants :

« Nous t’avons voulu, nous t’avons aimé ceci est notre don,
Remet-en ou cramponne-toi s’y, car tu es issu de l’amour »

Après qu’on m’eut transmis l’autorisation je rencontrai de nouveau le Wali Majdhoub et il se mit à
rire de façon inhabituelle et éclata de joie, puis il me dit : « Et bien désormais à toi la bonne
annonce puisque tu fais partie des compagnons du Sultan. » » Fin de citation

Sidi Ahmed Abdelaoui () a rapporté au sujet de notre personnage : « Je l’entendais souvent répéter
ses paroles : « Gloire et Pureté à Toi comme Tu es Sublime, Ô Seigneur la situation s’est obscurcie
sur nous ». Une fois, je me suis dit intérieurement : « Que ne sais-je la raison de son assiduité
continuelle à faire ce Dhikr et d'où il l'a obtenu. » À ce moment-là, il se tourna vers moi et il me
répondit par dévoilement : « J'ai vu en songe le Seigneur et j'étais prosterné face à lui en train de
prononcer ces mots-là, c’est pour cela que tu me vois assidu à l’appliquer. » Une autre fois je suis
entré auprès de lui et je l’ai trouvé dans un état de resserrement et d’angoisse, en train d’évoquer la
formule précédente, je me suis dit intérieurement : « Il faut absolument que je sorte lui ramener une
nouvelle optimiste afin d’alléger son état, car il aime ce qui est réjouissant. » Je sortis avec cette
intention et j’entendis une voix sans pourtant voir personne et sans pouvoir deviner d’où elle est
survenait, elle récitait le verset suivant : « Il est Notre serviteur à qui Nous avons accordé Nos
Faveurs. » Ensuite j’entrai auprès de lui et je l’en informai, il me dit : « Tu m’as soulagé, qu’Allah te
soulage. » »

Le Fqih Sidi Mohamed Kensoussi () est l’auteur de plusieurs ouvrages et de nombreuses lettres
s’évertuant à éclaircir ce que les détracteurs s’empressaient à vouloir obscurcir. Il est mort à la fin du
mois Mouharam de l’an 1294 et sa tombe se trouve à Marrakech et elle est connue pour sa
fulgurante bénédiction.

S idi Mohammed Moucharaf Gharbani

L'homme à la majestueuse bénédiction et doté d’un amour limpide envers Seïdina Ahmed Tidjani
qui l’aimait beaucoup également, Sidi Mohammed Moucharaf Gharbani ().

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Seïdina Ahmed Tidjani () lui donnait 30 Riyal chaque année en raison du fait que lorsqu’il partit
pour Fès, la montagne de la science, afin d’y acquérir celle de la récitation du Coran auprès de
certains experts, il fut interrompu par une pluie abondante et il trouva refuge dans la tente de notre
personnage auprès de qui il resta environ vingt jours. Lorsque Seïdina Ahmed Tidjani () se fixa
définitivement à Fès, Sidi Mohammed Moucharaf () entendit parler de lui et il lui rendit visite.
En se présentant à lui, Seïdina () lui donna cette somme et il lui fit promettre de revenir au début
de chaque année afin de lui donner la même somme. Ainsi, notre personnage venait chaque début
d'année et il trouvait la somme promise par Seïdina () cela jusqu'à sa mort. Après son décès,
Seïdina () remettait cette somme à son fils qui faisait aussi partie de ses compagnons. A l'approche
du décès de Seïdina Ahmed Tidjani () d'environ un ou deux jours, le fils de Sidi Mohammed
Moucharaf se présenta à lui et Seïdina () ordonna à son fils Sidi Mohammed El Kebir () : « Dis à
ta mère qu'elle te donne les dirhams du fils de Moucharaf. » Il le fit entrer dans la maison et cet
argent lui fut donné.

S idi Mohamed Sassi

Celui qui était doté des qualités louables, aux bienfaits multiples, à l’immense bénédiction, le
majestueux Mouqadem Sidi Mohamed Sassi (). Cet homme méritant faisait partie des élites parmi
les compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani () et était originaire de la région de Souf (sud-est
algérien). Seïdina () le désigna Mouqadem, le chargeant d’autoriser là-bas pour les nobles
oraisons. Voici à la suite, une lettre écrite par le savant Sidi Mohamed ibn Mechri (), avec la
permission de Seïdina () et adressée à notre personnage et aux frères :

« Après la louange d’Allah, qu’Il soit Glorifié et Exalté, nous adressons cette lettre à l’ensemble de
nos frères aimés de la ville de Guemar dans la région de Souf, qu’Allah la préserve de tout maux et
de toute crainte. À l’attention de l’aimé et du noble Mouqadem Sidi Mohamed Sassi et à chacun
des disciples sans que l’on ait besoin de citer leurs noms, les hommes comme les femmes, les vieux
comme les jeunes, que la paix d’Allah soit sur vous ainsi que Sa Miséricorde, Sa Bénédiction, Son
Agrément, Sa Générosité, Sa Bienfaisance, Sa Faveur, Son Excellence, et Sa Grâce. De la part de
notre maître et Cheikh, le Pôle des pôles Abou-l-‘Abbas Maoulana Ahmed ibn Mohamed Tidjani,
qu’Allah nous abreuve, ainsi que vous, des effusions spirituelles de son océan par les plus grands
récipients. Amin. Ensuite, nous demandons à Allah, que soit Exaltée Son Immensité et que soit
Glorifiée Sa Puissance, qu’Il vous regarde par l’œil de l’agrément et de l’amour, et qu’Il vous
soutienne par Son aide, qu’il vous couvre de Sa douceur, qu’Il vous inscrive dans le registre des

125
gens de Son amour en ce monde et dans l’au-delà. Amin. Il est certes capable en toute chose et Il
est digne d’exaucer.

Nous avons été informés du bien que vous entrepreniez et de votre état d’amour, de compassion et
de perfection dans votre pacte. Nous demandons à Allah qu’Il complète ce que vous avez ainsi
étendu, par des bienfaits en ce monde et en l’au-delà et qu’Il vous rajoute de Sa Grâce. Ce dont
nous insistons auprès de vous est la vigilance vis-à-vis de l’observance des conditions de votre
Tariqa à laquelle vous vous êtes affiliés, accomplissez votre Ouird (Lazim) et votre Wadhifa comme
il est d’usage et abandonnez toutes autres oraisons étant liées aux autres Chouyoukh. De même,
nous vous exhortons à vous abstenir de la visite des Aouliya, mais avec l’observance stricte du
respect de leur sacralité. Celui qui perdura dans ces agissements, il atteindra ce que vous avez
entendu comme bienfait, comme récompense immense et comme abondance dans le décuplement
des mérites, cela aussi bien durant sa vie qu’après sa mort.

Prenez garde à la fréquentation des détracteurs du guide, Attention ! Méfiez-vous ! Car c’est un mal
irrémédiable, la corruption du cœur à cause de leur fréquentation est prouvée, même si on ne s’en
rend pas compte, et ce, jusqu'à ce qu’on soit dominé. Or, une fois dominé, il est impossible de
garder la pureté et de retourner à l’état d’amour initial. La cause de cela est l’opposition au Cheikh,
car il a énormément mis en garde antérieurement. Celui qui tombe dans l’opposition est sorti de la
Tariqa sauf s’il se repent. On demande à Allah qu’Il vous préserve, et nous avec, d’être en
compagnie des détracteurs, de cet instant et jusqu’à ce que l’on soit établi dans le Illiyyine, Amin. Et
louange à Allah, Seigneur des mondes, et que la paix soit sur vous, de la part de celui qui vous aime,
Mohamed ibn Mechri. J’ai écris ces mots par l’autorisation de Seïdina et si vous vous interrogez à
son sujet, il va bien et il est en bonne santé ».

Voici une autre lettre que Seïdina Ahmed Tidjani () envoya aux frères de cette région : « Après la
louange d’Allah -qu’Il soit Glorifié et Exalté- puissante est Sa Grandeur, élevé est Sa Force,
sanctifié est Sa Majesté et Sa Générosité. Cette lettre est adressée à l’ensemble des frères de la ville de
Guemar et à chacun personnellement. Que la Paix soit sur vous ainsi que Sa Miséricorde et Sa
Bénédiction. Ensuite, nous avons reçu les questions que vous aviez posées concernant l’Ouird, la
Wadhifa, et le Dhikr du vendredi (‘Asrou). La réponse est qu’en ce qui concerne cette Tariqa, elle
manifeste, pour celui qu’Allah lui a permis, un accomplissement qui est facile, car elle est Hanifiyya,
d’origine pure, souple et indulgente en raison du peu qu’elle réclame dans ce qui a trait au Dhikr.
Le temps d’accomplissement du Ouird (Lazim) est large, celui de fin de journée son temps va de la
prière du ‘Asar jusqu’à l’heure du ‘Icha et toute cette période constitue son temps préférable
d’accomplissement. Celui qui l’a dépassé en raison du travail, de la maladie ou ce qui se rapporte à

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cela, le rattrape à n’importe quel moment de la nuit qui lui est possible. Le Ouird du début de
journée, son temps préférable d’accomplissement va de la prière du Soubh jusqu’au moment qui
précède le Zénith (Douha El A’la), et celui qui a une excuse valide, le rattrape à n’importe quel
moment de la journée.

Quant au Wadhifa, c’est une fois entre le jour et la nuit, à n’importe lequel des moments favorables
pour le faire en groupe, s’il y a un groupe, s’il est accompli seul c’est alors à n’importe quel moment
souhaité. Mais, se regrouper pour la faire en groupe est une condition de validité (cela a été abrogé
et allégé, c’est devenu un devoir exigé). Les gens de la ville doivent le faire et s’ils l’abandonnent
entièrement, sans jamais se regrouper, alors ils se sont opposés et sont sortis de la Tariqa. Celui qui y
contrevient, en raison d’une excuse valide, sans désir d’y contrevenir, alors celui-là, c’est comme s’il
y était et il peut l’évoquer seul, celui qui y contrevient sans aucune excuse s’est perdu lui-même en
délaissant des bienfaits nombreux qui n’ont pas de limites, ni de fond. Quant aux paroles étrangères
au Ouird et au Wadhifa, si elles sont nombreuses, elles annulent les oraisons, et celui à qui cela
survient doit les reprendre depuis le début. Quant au Ouird du matin, celui qui l’avance avant le
lever de l’aube (Fajr) profitant de ce temps-là, sera récompensé, mais celui qui s’est fait surprendre
par le lever de l’aube ne doit alors l’évoquer qu’après la prière du Soubh. Pour celui qui n’arrive pas
à apprendre la prière appelée Djaouharatou-l-Kamel, qu’il la remplace par vingt Salat Fatihi, et que
la paix soit sur vous ».

Les sept villages de la région de Souf où s’est répandue la Tariqa sont Guemar, Taghzout, Kouinine,
El Oued, Bahima, Azkoum et Sidi ‘Aoun. Concernant le village de Sidi ‘Aoun, il porte le nom
d’un des plus grands Wali de son époque, connu pour ses nombreux prodiges et ses dévoilements et
il habitait ce village qui fut honoré par son nom. Il avait informé ses enfants et ses aimés, par son
dévoilement, de l’apparition prochaine d’un Wali à la valeur considérable tout en désignant la
région de ‘Aïn Madhi et cela, avant l’apparition de l’époque de Seïdina Ahmed Tidjani (). Il leur
conseilla de prendre sa Tariqa et de s’affermir dans son amour. Lorsqu’est apparue la Tariqa de
Seïdina (), il ne fit aucun doute que c’était lui auquel Sidi ‘Aoun () faisait allusion et tous
s’affilièrent à lui, grands et petits. Seïdina () les aimait beaucoup.

S idi Mohammed Seghir

L’aimant sincère auprès de la majesté Ahmedienne, celui que Seïdina () couvrait de son regard
particulier d’affection, Sidi Mohammed Seghir () fils du grand compagnon Sidi ‘Arbi El Achhab
(). Notre personnage était surnommé Ibn Mechri (c’est-à-dire le fils de l’acheté) et à ce sujet il a

127
été rapporté que lors d’une conversation avec l’un des fils de Seïdina (), ce dernier lui dit : « Il y a
une annonce spirituelle qui te revient de droit. » Sidi Mohammed Seghir lui demanda : « Et laquelle
est-elle, ô mon maître ? » Il lui répondit : « J’ai trouvé inscrit dans le « livret caché » que le
Prophète () a racheté ton père Sidi ‘Arbi à Seïdina Ahmed Tidjani () ». Depuis ce jour notre
personnage fut surnommé le fils de l’acheté (Ibn Mechri). Sidi Mohammed Seghir () voyagea avec
le fils de Seïdina () depuis Fès jusqu’à ‘Aïn Madhi et il mourut dans les environs de cette ville.

Sidi Hajj ‘Ali Tamacini () répondit à une de ses demandes de conseil en lui envoyant la lettre
suivante : « Tu as voulu avoir un conseil pour Allah et son Prophète (), or pour l'époque où l'on
vit, en ce moment même, il ne reste plus de conseil ou d'œuvre à faire (car le conseil est nécessaire
quand il est profitable et non nuisible), Allah a décidé pour ses esclaves que la terre allait se
corrompre avec ceux qui y habitent. Il ne reste plus alors de l'œuvre que celui dont Allah a fait don
de l'amour de Sidi Cheikh Ahmed Tidjani () extérieurement et intérieurement. On demande à
Allah et au maître de l'existence () qu’ils nous donnent la grâce de l'amour du Prophète () et
l’amour de Sidi Cheikh Ahmed Tidjani () et qu’il nous rassemble ainsi que toi et l'ensemble des
frères dans son groupe. Amine. »

S idi Mohamed Zine Sahraoui

Le détenteur de la grâce authentique, à la bénédiction fulgurante, le Chérif Sidi Mohamed Sahraoui


(). Il faisait partie des grands à l’ouverture manifeste dans cette Tariqa. Il a été rapporté qu’une fois
il partit en voyage dans le désert après avoir acheté des chargements contenant toutes sortes de
nécessités destinées à ses proches et transportées par une mule qui appartenait à un membre de sa
famille. Il était accompagné d’un ami et celui-ci, au cours du voyage, le devança d’une longue
distance. Sidi Mohamed Zine Sahraoui (), en cours de route, vit son chargement tomber de la
mule qui s’enfuyait et il se retrouva embarrassé, car il était partagé entre le fait de rattraper sa mule et
risquer de perdre sa marchandise ou rester sur place, mais être dans l’incapacité de pouvoir
transporter lui-même cette lourde charge. Face à cette situation inextricable, il invoqua Allah ()
par l’intermédiaire de Sidi Ahmed Tidjani () et il n’y avait pas l’ombre d’une personne sur la route
à ce moment-là.

Alors qu’il se trouvait encore en pleine invocation, il vit venir à sa rencontre une personne avec une
monture qui l’interrogea sur sa situation et Sidi Mohamed Zine () lui expliqua que sa mule s’était
enfuie le laissant ainsi avec son chargement. Le personnage lui répondit alors : « Sache que je ne suis
venu à toi que pour transporter ton chargement ». L’homme transporta toute la marchandise puis ils

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rejoignirent le compagnon de voyage de Sidi Mohamed Zine Sahraoui () et ils continuèrent la
route jusqu’à arriver à leur destination. Une fois arrivé et la marchandise déchargée, Sidi Mohamed
Zine () ne retrouva plus la trace de ce mystérieux personnage qui avait disparu aussi rapidement
qu’il était apparut. Puis il se rappela sa mule à laquelle il était attaché et il implora Allah () de la lui
ramener par la bénédiction de Seïdina Ahmed Tidjani (). Et alors qu’il passait la nuit chez lui, il
entendit un bruit de sabot et il sortit voir ce qu’il en était. Il trouva sa mule qui était revenue sans
personne avec elle, il rendit grâce à Allah et il sut avec certitude que tout cela était arrivé par la
bénédiction de Seïdina Ahmed Tidjani ().

S idi Mokhtar DabbaghTilimsani

L’homme béni, le Connaissant parfait, le Majdhoub cheminant dans cette Tariqa selon le plus droit
chemin, Abou Mohamed Sidi Mokhtar ibn ‘Abdallah Tilimsani (). Il était réputé pour son
dévoilement évident et son mérite authentique.

Il lui arrivait parfois des états étonnants comparables à ceux des Malamati et les frères riaient de lui
par des plaisanteries anodines en apparence alors qu’en réalité il s’agissait d’acharnement à son
encontre. Il a été dit le concernant que lorsqu’il arrivait dans l’oraison du Wadhifa au 7ème grain de
la Djaouharatou-l-kamel, il était pris d’un état intense et il accélérait dans sa récitation puis ne
reprenait le contrôle de lui-même qu’à sa clôture. Le Mouqadem Sidi Mohamed Belgacem Basari
() le blâmait pour cette raison, mais notre personnage ne répondait rien à cela. Une autre fois
également, au cours de cette même oraison, lorsqu’il arriva au 7ème grain il se leva en raison de
l’excès des théophanies qui l’envahirent et il sortit précipitamment. Quand les frères eurent clôturé
la récitation du Wadhifa, le Mouqadem en question leur dit sur un ton plaisantin : « Cette fois-ci il
n’a pas pu patienter, il s’est levé et il est sorti ! » C’est alors qu’il fit un songe où il se voyait au côté
de Seïdina Ahmed Tidjani () qui lui disait : « Que t’arrive-t-il avec Sidi Mokhtar ? Occupe-toi de
ton nefs et ne sois pas importun ! » Il se réveilla en sursaut et depuis ce jour-là il cessa les
plaisanteries à son sujet.

Concernant son dévoilement on rapporte sur notre personnage que les gens ont pu constater l’éclat
de son dévoilement authentique le jour où un groupe de frères ont beaucoup plaisanté sur lui
jusqu’à ce que l’un d’eux lui demande en guise de moquerie : « Est-ce que tu as vu quelque chose
pour moi cette fois-ci ? » Il lui répondit : « Oui, j’ai vu que tu allais mourir dans quatre mois, tel
jour. » Et c’était certes ce qu’Allah avait destiné à cette personne. Par la suite, Sidi Mokhtar

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Dabbagh () abandonna l’assise avec les gens et les plaisanteries avec eux jusqu’à ce qu’il mourut
dans la ville de Meknès.

S idi Moufadal Ibn Bou’iza El Meknessi

Ce compagnon fermement enraciné dans l’amour sincère envers Seïdina Ahmed Tidjani () faisait
partie des devanciers, ceux qui ont pris la Tariqa à son apparition. Lorsqu’il entendit les mérites de
cette voie bénie, il ne put se contenir et il se jeta auprès de Seïdina () en l’implorant sans cesse de
lui donner l’autorisation. Seïdina () lui demanda : « Connais-tu les conditions de notre Tariqa ? »
Il lui répondit : « Ô Mon Maître ! Je n’ai nullement besoin de les connaître, je les accepte toutes
quelles qu’elles soient, ce que j’ai pu entendre de ses grâces et de ses biens me suffit » Seïdina () lui
transmis alors la voie et Sidi Moufadal () ne cessa jamais de les accomplir comme il convient. Sidi
Moufadal () éprouvait également un amour intense envers la descendance du Prophète ()
(Ahlou baït) et cela fut aussi la raison qui le poussa à quitter Meknès pour Tatwan. En effet, il
entendit un jour une personne insulter un Chérif (descendant du Prophète () et Sidi Moufadal ()
l’interpella : « Celui-ci est un Chérif et tu l’insultes !? » L’homme lui répondit : « Oui et même s’il
en est un ! » Sidi Moufadal () jura qu’il ne résiderait pas plus longtemps dans une région où l’on
insulte un descendant du Prophète () et il partit s’installer à Tatwan jusqu’à ce qu’il y décède.

Il s’était mis de lui-même au service de Sidi Mohamed El Ghali Boutaleb () et il a effacé aux
héritiers de Sidi Mohamed El Ghali () la dette qui lui revenait en affirmant : « Même si je me
vendais au marché je n’aurais pas rendu à Sidi Mohamed El Ghali la valeur qui lui revient.» Parmi
les choses étranges qu’on lui attribue, il y a qu’il disait : « Celui-là va faire partie de la Tariqa, celui-
là ne va pas en faire partie. » ou encore « Celui-là va prendre le Ouird et celui-là ne va pas le
prendre » et effectivement tout se passait comme il le prévoyait. C’est également lui qui a entendu
Seïdina () dire : « L’ensemble des portes des évocations et des secrets a été fermé et seule est restée
ouverte celle de la prière sur le Prophète () et la porte du nom « El Latif » comme ont été fermé
aussi la porte de la magie et de l’alchimie à l’approche de la mort du Sultan Mohamed Ibn Abdallah
par l’autorisation du Prophète () et celui qui accompli une de ces choses-là et qui le fait à la
perfection alors le rouhani qui est en charge de ses secrets les lui corrompra et tout cela par la
permission d’Allah et en conformité avec l’autorisation du Prophète. »

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S idi Hajj Moussa Ibn Ahmed Ibn Bettoun Semghouni

Il comptait parmi l’élite des compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani (), de ceux qui le
connaissaient avant qu’il n’obtienne l’autorisation de transmission et qui l’ont suivi par la suite,
recueillant par son intermédiaire des secrets et des lumières. L’éminent intermédiaire Sidi Mohamed
Ibn ‘Arabi Damraoui () lui accordait une grande valeur, il reconnaissait en sa personne la grâce et
la perfection de la connaissance. Il considérait que Sidi Hajj Moussa était au même degré que Sidi
‘Abdallah Ibn Sa’d (), une élite parmi les aimés de Seïdina ().

Dans une lettre que Sidi Hajj Moussa expédia à Seïdina Ahmed Tidjani (), il sollicita son
autorisation pour lui et son compagnon afin qu’ils puissent évoquer les deux noms « Ya rahman, ya
rahim » (selon un certain procéder), cela à n’importe quel moment. Depuis, ils s’occupaient de le
faire chaque nuit du jeudi du ‘Icha au lever du soleil jusqu’à ce qu’ils eurent atteint l’exaucement.
Dès lors, lorsqu’ils désiraient quelque chose ils évoquaient ces deux noms un certains nombre de
fois puis ils disaient : « Réponds, Ô ! Serviteur de ces deux nobles Noms et fais ceci et cela pour
nous ». Les encens qu’ils utilisaient la nuit du jeudi, étaient le « Jaoui » sans rajouter autre chose au
commencement de l’évocation.

Seïdina (), avant d’avoir atteint le Fath, autorisait l’évocation des Noms à ses aimés ainsi qu’à ses
proches et ses élites parmi ceux qui étaient fermement attachés à lui. Ces évocations étaient en vue
du bienfait qu’elles procuraient dans l’acquisition des biens particuliers, afin de les aider à atteindre
la vérité ou pour repousser la nuisance provenant des créatures. Par la suite, il s’en détourna
complètement et il ne se préoccupait que de ce qui était profitable aux communs des gens, quant
aux élites ils continuaient de les accomplir. Ensuite, Seïdina Ahmed Tidjani () le défendit à tous
ceux qui employaient leur temps dans de tels actes, jusqu’à interdire au noble intermédiaire Sidi
Mohamed Ibn ‘Arabi Damraoui () d’utiliser un secret particulier qu’il accomplissait en présence
des frères. Seïdina lui dit () : « Si jamais tu recommences, la relation entre toi et moi sera
coupée ». Ce dernier abandonna sur-le-champ cette pratique en dépit du profit qu’il en récoltait
auparavant.

Il a été rapporté que Sidi Hajj Moussa () avait un jardin et un jour il trouva une grappe de raisin
exceptionnelle par sa taille et sa qualité. Quand il constata cela, il la cacha à l’abri des regards par
crainte du « mauvais œil » et couvrit la grappe avec la branche de sa vigne. Il s’occupa lui-même
d’arroser le jardin et chaque fois qu’il regardait la qualité exceptionnelle de cette grappe il désirait
intérieurement qu’elle soit entre les mains de Seïdina Ahmed Tidjani (). Malheureusement, ce

131
dernier était à Fès alors que lui se trouvait à Boussemghoune. Pourtant, il ne cessa pas d’éprouver ce
désir jusqu’au jour où en entrant dans son jardin, il ne trouva plus la grappe parvenue à maturité et il
en fut peiné. Après quelques jours, certains voyageurs qui revenaient de Fès vinrent trouver notre
personnage. Ils lui adressèrent le salut de Seïdina Ahmed Tidjani () et ajoutèrent qu’il lui faisait
savoir que le dépôt lui était bien parvenu, que la grappe ne lui avait pas été dérobée comme il le
croyait. Sidi Hajj Moussa () s’est réjoui que celle-ci soit arrivée à son maître () de manière
miraculeuse et il rendit grâce à Allah.

S idi Moussa Ibn Ma’zouz

Le Chérif et Mouqadem, un des piliers de cette Tariqa qui avait les pieds enracinés dans cette noble
voie, détenteur d’une aspiration élevée, Abou 'Abdallah Sidi Moussa ibn Ma'zouz (). Il avait une
Ouverture authentique et un dévoilement fulgurant et il fait partie des dix personnes à qui le
Prophète () avait garanti l’acquisition de la grande Ouverture comme l’avait évoqué Seïdina
Ahmed Tidjani ().

Il a été rapporté que notre personnage posait beaucoup de questions à Seïdina () car il faisait
d’intenses recherches et certaines élites parmi les compagnons craignaient pour lui ce manque
d’Adeb. Aussi, un jour où il se leva de son assise avec Seïdina Ahmed Tidjani (), l’aimé sincère
Sidi Mohamed Salassi () qui était plus âgé que lui, l’interpella en ces termes : « Ô ! Sidi Moussa, je
crains pour toi lors de ton assise avec Seïdina l’insistance de tes questions, ce qui est un manque de
convenance du disciple face à son Cheikh ». Et il continua à lui parler dans ce sens jusqu’au
moment où Seïdina () les fit appeler tous les deux pour qu’ils se présentent à lui. Ils se sont
conformés sur-le-champ à cet ordre et dès qu’ils arrivèrent devant Seïdina (), il clama à Sidi
Mohamed Salassi () : « Qu’as-tu donc envers Sidi moussa ! ? Sache qu’il est aimé auprès de nous
et cela, quelle que soit sa situation ». Depuis ce jour, chaque fois qu’il le croisait, il lui disait : « Ô !
Sidi Moussa n’ait aucune crainte, car tu fais partie des aimés ».

De nombreux prodiges et merveilles ont été rapportés à son sujet et parmi eux le fait qu'un jour,
alors qu'il était assis chez lui à Fès, un chaton entra par la porte et commença à miauler en arpentant
la pièce de long en large. Sidi Moussa ibn Ma'zouz () dit alors à son fils : « Lève-toi mon fils et
ramène ce chaton dans telle demeure de la rue Sa'oud, c'est de là qu'il vient, c'est lui qui me l'a dit ».
Ce dernier s'étonna et obéit à son père, il le laissa donc devant la maison en question et le chaton en
fut ravi. En repartant, son fils entendit une voix provenant de la maison : « C'est le chaton qu'on a

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abandonné dans tel endroit, le voilà revenu, comment a-t-il pu retrouver le chemin du retour
malgré la distance éloignée ? ».

S idi Mou’ti

Le détenteur des nobles caractères au cœur saint et aux nombreux mérites, Sidi Mou’ti (). Il a pris
la Tariqa auprès de Seïdina Ahmed Tidjani () alors qu’il était jeune, celui-ci l’aimait et le couvrait
de son regard d’affection. Il en était de même pour l’élite des compagnons qui prenait
particulièrement soin de lui en raison de la haute place que détenait son père auprès de Seïdina
Ahmed Tidjani ().

Il est celui qui a assisté à l’événement suivant et il raconte : « L’Émir de l’époque avait fait mettre en
prison un groupe d’entre les tribus Ahlaf en raison d’un trouble qu’ils avaient causé et il avait
interdit de les libérer. Lorsqu’ils apprirent l’attachement particulier de l’Émir envers Seïdina (), un
groupe de la tribu Ahlaf parti lui demander secours et se rendit devant la porte de sa maison. Une
fois devant sa demeure, ils se mirent à maltraiter deux taureaux afin de valoriser leur honneur
comme il est de coutume chez certaines tribus lorsqu’ils veulent se protéger d’un ennemi ou avoir
accès à leurs désirs. Seïdina Ahmed Tidjani () sortit à leur rencontre et il constata les tortures qu’ils
infligeaient aux taureaux, il s’en attrista puis s’exclama : « Mais qu'est-ce qui vous pousse à
commettre ces actes horribles !? » Ils s’excusèrent en prétextant : « Nous ne voulions que t’honorer,
nous avons craint que tu nous rejettes sans accepter de nous accompagner auprès de l’Émir. Il a
récemment jeté en prison des membres de notre tribu alors qu’ils n’ont commis aucune faute qui
mérite cette punition. Nous implorons Allah et ensuite toi-même afin que tu intercèdes auprès de
lui en leurs faveurs, peut-être qu’Allah nous apportera la délivrance ou la déposera entre tes mains
bénies… » Et ils continuèrent ainsi à le flatter.

Cependant, Seïdina Ahmed Tidjani () a été particularisé par Allah d’une aspiration qui ne se
satisfaisait point des éloges ni des flatteries provenant des créatures et il leur répondit : « Si vous
désirez une invocation dans le bien de ma part alors je le ferais, mais si vous désirez mon
intervention auprès de l’Émir ou un autre que lui alors sachez que je ne décide rien de ses affaires. »
Le plus raisonnable et le plus respectueux d’entre eux lui dit : « Ô maître, nous désirons que tu
invoques le bien pour nous. » Seïdina Ahmed Tidjani () invoqua en ces termes : « Qu’Allah
résolve tous vos problèmes très prochainement » et il leur fit signe de se diriger vers le gouverneur
pour lui exposer leur demande et Allah leur apportera la délivrance. Le groupe se rendit alors auprès
du gouverneur et ils discutèrent avec lui au sujet de la libération des prisonniers de leur tribu. Par la

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bénédiction de Seïdina Ahmed Tidjani (), cela se fit sans aucune difficulté bien qu’ils n’espéraient
pas vraiment l’acceptation de leur requête. Ils ressortirent pourtant de chez le gouverneur
accompagné de tous les anciens prisonniers et se rendirent directement à la demeure de Seïdina
Ahmed Tidjani () heureux de sa pieuse invocation. Ils prirent de lui la Tariqa Mohammediya et
retournèrent auprès de leurs tribus dans la meilleure situation.

S idi Na’imi ibn Zidane, de la tribu des Aoulad Khlif près de Tiaret

Il fait partie des aimés de Seïdina Ahmed Tidjani () et il était auparavant un brigand immergé dans
l’agression, l’oppression, le vol de marchandises et l’effusion de sang dans la région où il sévissait. La
terre cherchait protection contre ses agissements et malgré cela il fut devancé par l’Assistance
Divine. Son guide est venu le prendre par la main afin de le conduire au summum de ses objectifs,
ses yeux se sont réjouis par l’espoir qui résulte d’un apaisant repentir entre les mains de Seïdina ().

Au cours d’une période, les habitants de ‘Aïn Madhi et de ses environs se retrouvèrent dans un
extrême dénuement et manquaient du nécessaire pour leur survie. En effet, en raison des troubles
qui survenaient sur la région et qui rendaient les voyages dangereux, il leur était impossible de partir
s’approvisionner en toute sécurité. Aussi s’adressèrent-ils à Seïdina () pour qu’il écrive à notre
personnage et lui demande d’accompagner la caravane dans sa destination afin d’assurer sa sécurité,
cela leur permettrait de vendre leurs marchandises et d’acheter leurs nécessités. Seïdina () lui
écrivit avant le départ de la caravane et notre personnage lui répondit en disant qu’il était volontaire
pour la protéger dans son allée comme dans son retour, qu’il s’opposerait à tout voleur ou agresseur
jusqu’à ce qu’ils atteignent leurs destinations puis retournent en paix et en sécurité. Cependant, il
émit une condition qui était de lui garantir le Paradis et le bonheur éternel. Seïdina () lui écrivit
de nouveau pour accepter sa requête.

Dès lors, la caravane voyagea en direction de la région désirée où ils purent accomplir leurs tâches
en dépassant leurs espérances jusqu’à ce qu’un campement, qui se trouvait dans les environs d’Oran
et qui avait appris leur présence dans telle région, se mit en route pour intercepter et attaquer la
caravane. Notre personnage se rendit alors auprès des habitants de la ville de Seïdina Ahmed Tidjani
() et il leur ordonna de rejoindre leur emplacement en les informant de l’évènement qui allait
survenir. Il leur dit aussi que son objectif était de tenir son engagement envers Seïdina Ahmed
Tidjani () afin qu’il obtienne la garantie entière de sa part, ainsi la caravane rentra en paix et
comblée. Peu de temps après Na’imi ibn Zidane () se rendit de lui-même auprès de Seïdina ()

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et s’affilia à lui tout en se repentant dans ses mains. Seïdina () lui annonça de bonnes nouvelles et il
lui demanda également de veiller, suivant la mesure de ses possibilités, à s’opposer aux injustices.
Suite à cela, notre personnage rentra dans sa région où il a assaini son secret et parfait son âme. Il est
décédé alors qu’il était au summum de l’effort pour effacer l’ardoise des peines et des souffrances.

Une élite de la voie raconte, concernant notre personnage, qu’il rencontra à la Mecque l’un des
Wali et ce dernier l’informa qu’il fut désigné responsable pour rattraper toutes les prières que Sidi
Na’imi n’avait pas pu rembourser, cela par ordre du Prophète (). Il a aussi été rapporté qu’un
grand Wali se présenta aux habitants du désert à l’époque des grandes chaleurs, alors qu’il jeûnait et
il continua à jeûner énormément durant toute la période de son séjour. Il fut interrogé à ce sujet, il
répondit : « Le Pôle Sidi Ahmed Tidjani () a ordonné à tous les Wali de cette époque de
rembourser ce qui était à la charge de Sidi Na’imi ibn Zidane () par délégation à son égard. »
Ainsi était-il l’un de ceux qui jeûnait à sa place conformément à l’ordre reçue et Allah est le plus
savant.

S idi Omar Charaïbi

Le pieux Wali, au négoce fructueux, à la bénédiction élevée, Sidi Omar Charaïbi (). C’était un
homme fermement enraciné dans cette voie, il évoquait en abondance et il lui avait été attesté
l’acquisition de la Grande Ouverture. Il était connu comme vendeur de sucreries et à tous ses clients
venus lui en acheter, il disait : « Mange-la en récitant la Fatiha. » Il avait une voix harmonieuse dans
le chant des auditions spirituelles, il se levait dans les assemblées d’évocations en présence de Seïdina
Ahmed Tidjani () et il récitait des chants religieux. Sa voix était aussi mélodieuse que les flûtes de
Daoud ().

Il a été rapporté à son sujet par le savant Sidi Ahmed Kala () qu’une fois, au cours de la nuit, il se
trouvait dans la maison de notre personnage en compagnie de quelques frères. À cette époque les
gens se trouvaient en grande difficulté en raison d’une sécheresse et ils ne cessaient de réclamer la
pluie. Le groupe se mit à discuter de ce sujet avec notre personnage et il se mit à leur dire
simplement : « Si vous désirez que tombe la pluie, vous devez alors m’attacher les mains derrière le
dos. » Dès que le groupe entendit ses propos, ils se précipitèrent sur lui et chacun se mit à l’attacher
avec ce qu’il trouvait, certains allant jusqu’à utiliser leurs turbans, il constata ainsi leur détermination
à faire tout ce qu’il faudrait pour qu’il pleuve. Lorsqu’ils l’attachèrent et le placèrent au-dessus de la
demeure en faisant le serment solennel de ne pas le détacher avant que ne tombe la pluie, il fut pris
d’un état spirituel intense et il invoqua Allah () tout en pleurant. Tandis qu’ils se trouvaient dans

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cette situation, il se mit à pleuvoir à verse d’une pluie abondante bien que le ciel était auparavant
dénué de nuage et ils en restèrent abasourdis.

En le délivrant de ses liens, ils l’interrogèrent sur les raisons qui l’avaient poussé à dire de tels propos
et il leur expliqua : « Quand nous avons parlé ensemble du manque de pluie, cette pensée survint
dans mon esprit. J’ai alors placé une bonne opinion sur Allah () par l’intermédiaire de Seïdina ()
et j’étais intimement convaincu que si vous me faisiez cela, Allah vous abreuverait sans aucun doute
et je n’étais plus conscient de moi-même jusqu’à vous informer. Puis lorsque vous avez exécuté
mes propos, j’ai regretté amèrement ce qui est arrivé bien que les regrets ne me servent à rien, mais
Allah valida cela et Louange à Allah. »

S idi Omar El ‘Iraqi

L’homme à l’Ouverture spirituelle évidente, aux secrets éblouissants, à la valeur élevée et à la grâce
majestueuse, le Chérif authentique Sidi Omar El ‘Iraqi (). Il faisait partie des grands méritants
parmi les compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani () qui a attesté pour lui l’obtention de
l’Ouverture spirituelle. Il lui a annoncé aussi que le Prophète () lui a certifié que notre personnage
faisait partie de sa véritable descendance. Il avait une aspiration élevée et était toujours de bonne
humeur. Il ne cessa de préserver les évocations qu’il reçut de Seïdina (), et ce, jusqu’à ce qu’il
mourut et il fut enterré dans l’emplacement des Iraquiens à proximité de la porte de Fès appelée
Bab Ftouh.

S idi ‘Omar fils de Sidi Mohamed fils de Sidi Idriss,


Fils du Pôle Sidi Abdelaziz Dabbagh

Le majestueux Chérif Sidi ‘Omar () fils de Sidi Mohamed, fils du grand Pôle et Ghaouth célèbre,
celui que l’on désigne dignement du doigt de l’Orient à l’Occident, celui qui détenait les lumières
de la Connaissance Divine, aux nombreux prodiges et au degré excellent Sidi Abdelaziz Dabbagh
(). Notre personnage était sur les traces de son grand-père dans la conformité aux caractères
prophétiques et l’acquisition des traits les plus honorifiques. Malgré ce qu’Allah lui avait donné
comme secrets bien gardés et sciences dissimulées et aussi malgré son rang éminent et son mérite
célèbre, il recherchait intensément celui qui pourrait le conduire sur le chemin de la Connaissance
la plus parfaite, il s’acheminait d’une voie spirituelle à une autre. Il ne se satisfaisait pas de se

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complaire en ce qu’il détenait comme honneur, et ce, jusqu’à ce qu’Allah lui permit d’atteindre
son espérance. En effet, il entendit parler de la Tariqa de Seïdina Ahmed Tidjani (), il lui écrivit et
lui demanda l’accès à cette noble Tariqa cela après l’avoir auparavant rencontré.

Seïdina () lui renvoya une lettre dont voici un extrait du contenu : « Louange à Allah seul, et que
la prière d’Allah soit sur notre maître Mohammed et sur sa famille. Ensuite, après la louange d’Allah
qu’Il soit Glorifié et Exalté, Sa Puissance est Magnifiée, Son Immensité est Elevée, Sanctifiée est Sa
Majesté et Sa Générosité. Cet écrit est adressé à notre maître ‘Omar descendant du Pôle relié, le
Ghaouth parfait, le Cheikh aux lumières Seigneuriales, notre excellence Abdelaziz Dabbagh,
qu’Allah nous soutienne tous deux comme Il l’a soutenu. Que la Paix soit sur vous ainsi que la
Miséricorde d’Allah et sa bénédiction, de même pour l’ensemble de votre famille et de vos enfants
et pour tous ceux qui sont liés à vous parmi les compagnons, les proches, les amis et les aimés, de la
part de celui qui vous écrit, le serviteur pauvre en Allah, Ahmed ibn Mohamed Tidjani.

Nous demandons à Allah, Exaltée est Sa Grandeur, Elevés sont Ses Noms et Ses Attributs, qu’Il
vous préserve contre l’apparition de toute source de malheur et nuisance et qu’Il descende en vous
et par vous la vigueur parfaite ainsi que la force et la sécurité face à tous les maux et qu’Il purifie
votre cœur et votre forme, en général et en détail, contre tout ce qui est autre qu’Allah, et qu’Il
vous apaise par le maintien constant auprès de Lui, détaché de tout autre que Lui jusqu’à remporter
le summum du désir et de l’espérance. Amin. Que la prière d’Allah et le salut soient sur notre
maître Mohammed, sur sa famille et ses compagnons. Vous nous avez écrit afin de réclamer
l’évocation de nos oraisons, je vous les écris à la suite pour vous : c’est la formule de demande de
pardon « ASTAGHFIROULLAH » cent fois, la Salat Fatihi cent fois et elle est connue ensuite
après elle la parole « LE ILEHA ILA ALLAH » cent fois […] »

Notre personnage a rapporté les propos suivants de son aïeul, l’immense Pôle : « Certainement
l’époque à venir est très ténébreuse, cependant je vois sur le front de la majeure partie des enfants
une lumière immense qui brille, provenant de la lumière de la sainteté et qui montre qu’il leur est
réservé ainsi qu’à leurs enfants de hautes stations avec ce qu’elles contiennent en tant que faveurs
particulières. » Il considérait, ainsi qu’un groupe d’entre les gens de l’Ouverture au sein de cette
Tariqa, que ces enfants sont ceux qui prendront de la part de Seïdina Ahmed Tidjani ()
directement ainsi que de leurs enfants et Allah est le plus savant.

Seïdina () aimait beaucoup notre personnage, d’un amour particulier et il le rapprochait de lui, il
faisait partie des quelques élites qui eurent le privilège d’assister à la gravure du Nom Suprême et
son enfouissement par Seïdina () dans un des piliers de la Zaouiya. Cela pour la protection et la

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préservation de ses compagnons où qu’ils se trouvent, ce pilier est connu entre autres sous
l’appellation du « Pilier d’or » et il était courant que Seïdina () s’asseye près de lui.

S idi Sahnoun ibn El Hajj

Le savant majestueux, unique en son temps, à la science luxuriante et au degré somptueux, Abou
‘Abdallah Sidi Sahnoune ibn El Hajj de Laghouat (). Il faisait partie des plus éminents savants de la
Tariqa auquel on se référait. Il a pris la Tariqa auprès de Seïdina Ahmed Tidjani () qui lui écrivait.
Voici une lettre qu’il reçut de Seïdina () pour les disciples de Laghouat où il y évoque quelques
grâces qu’Allah lui a octroyées :

« Après la mention du nom d’Allah et la prière et le salut sur le Prophète, par la grâce d’Allah cet
écrit est adressé à nos aimés et amis sincères, untel et untel et à l’ensemble des disciples qui sont
auprès de lui à Laghouat et chacun par son nom et personnellement.

Que la Paix soit sur vous ainsi que la Miséricorde d’Allah et Sa bénédiction de la part de celui qui
vous écrit, le serviteur pauvre en Allah, Ahmed ibn Mohamed Tidjani, ensuite : Nous demandons à
Allah qu’Il soit Glorifié et Exalté qu’Il vous soutienne par Son Aide et qu’Il déverse sur vous les
océans de Sa Grâce et de Son Amitié, et qu’Il vous suffise face aux soucis de ce monde et de l’au-
delà et qu’Il vous préserve de la pauvreté de ce monde et du châtiment de l’au-delà. J’attire votre
attention sur le fait que la grâce d’Allah n’a pas de limite et que la grâce est détenue entièrement par
Allah et qu’Il la donne à qui Il veut et je vous annonce que personne d’entre les saints, que sa valeur
soit grande ou petite, ne peut atteindre notre station auprès d’Allah dans l’au-delà, ni même
l’approcher, et ce, pour l’ensemble des saints après l’époque des compagnons jusqu’au jour où l’on
soufflera dans la Trompe.

Il n’y a personne parmi eux qui peut atteindre notre station, ni même l’approcher en raison de
l’inaccessibilité pour l’ensemble des intelligences et la difficulté de son cheminement pour les plus
grands d’entre les sommités et je ne vous dis cela qu’après l’avoir entendu et avoir été assuré
directement du Prophète (), et il n’est possible à aucun d’entre les grands Hommes (les Wali) de
faire rentrer l’ensemble de ses compagnons au Paradis sans jugement et sans subir de châtiment sauf
pour moi seul, et cela, même s’ils ont atteint ce qu’ils ont atteint comme pêché et fait ce qu’ils ont
pu faire comme désobéissance (et cela car il a évoqué qu’il a demandé à Allah qu’Il leur garantisse le
repentir et la sainteté avant de mourir). Au-delà de cela il y a des choses qu’il m’a évoqué à leurs

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sujets et qu’il leur a garanties dont il ne m’est pas permis de parler, ils ne se verront et ne se
connaîtront que dans l’au-delà. Malgré cela nous ne nous moquons point de la sacralité de nos
maîtres les Wali ni ne dénigrons leur valeur, honorez la sacralité des Wali, les vivants comme les
morts, car celui qui honorera leur sacralité, Allah l’honorera et celui qui les méprisera Allah
l’humiliera et sera en colère contre lui, ne dénigrez pas la sacralité des Wali. Et que la Paix soit sur
vous. »

S idi Tahar Bouteïba

Le Wali parfait, le Connaissant relié, enraciné dans la sainteté et connu pour son obtention de la
Grande Ouverture, entouré par le regard d’attention et à la bénédiction immense, Abou Abdallah
Sidi Tahar Bouteïba Tilimsani (), l’une des élites parmi les détenteurs de l’Ouverture Spirituelle
au sein de cette Tariqa Hanifiya. Il était l’un des signes éclatant d’Allah, célèbre pour ses prodiges si
nombreux qu’il est impossible de tous les mentionner et son obtention de la Grande Maîtrise
(Khilafat) au sein de cette Tariqa Ahmediya Tidjaniya fut attestée. Il reçut un diplôme général de la
part de Seïdina Ahmed Tidjani () et c’est par son intermédiaire que la Tariqa fut connue dans tous
les environs de Tlemcen. Les disciples de cette ville mentionnaient des évènements très étonnants le
concernant ainsi que sur son degré. Ils évoquent également qu’il voyagea avec Seïdina (), qu’il a
accompli le Hajj et la ‘Omra en sa compagnie et d’autres choses incroyables. Cependant, certains
frères rejettent la plupart des récits rapportés à son sujet et Allah est le plus savant sur la réalité des
faits.

Sidi Ahmed ‘Abdelaoui () a rapporté un évènement lui étant survenu avec notre personnage
lorsqu’il se trouvait à Tlemcen. En effet, il désirait renouveler son affiliation dans la Tariqa auprès de
lui, il a raconté : « Je me suis dit en moi-même comment renouveler mon affiliation auprès de ce
Mouqadem alors que je l’ai pris auparavant auprès des grands compagnons de Seïdina () tel le Pôle
Sidi Hadj Ali Tamacini (). Je n’ai pas donné de suite à ma pensée. Alors que je me trouvais à
Tlemcen, assis devant la boutique d’un des frères, Sidi Tahar Bouteïba se présenta devant moi et me
dit par dévoilement : « Une personne voulut prendre l’autorisation de Seïdina () directement sans
avoir d’intermédiaire et Seïdina dit alors à la personne qui lui rapporta son objectif : « Allez lui dire
qu’il est autorisé » ensuite Sidi Tahar () continua son chemin. » Sidi Tahar Bouteïba () est
enterré à Tlemcen.

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S idi Hajj Taïeb Qabab

L’homme béni et méritant, le Wali parfait, le guide suprême qui a sauvé l’aveugle comme le
clairvoyant, celui qui a rassemblé les mérites qui sont dispersés chez les autres, celui qui aimait
Seïdina Ahmed Tidjani () et qui était aimé de lui entre tous les frères, le Mouqadem majestueux,
Sidi hajj Taïeb Qabab (). Il fait partie de l’élite des élites parmi les compagnons de Seïdina () et
de ceux qu’il a autorisés de son vivant, pour la transmission du noble Ouird. Il fait également partie
de ceux qui ont bénéficié de son regard particulier et de sa comparaison. Il laissait des
recommandations aux frères à son sujet et parfois en leur écrivant, il le particularisait en le
mentionnant sans mentionner autrui. Notre personnage était entièrement soumis aux affaires et aux
commandements de Seïdina Ahmed Tidjani (), il était auprès de lui comme le mort aux mains de
son laveur, il fait partie des devanciers, de ceux qui étaient les premiers au début du 13ème siècle de
l’Hégire.

Parmi les lettres que Seïdina () envoya, il y a celle qui a été dictée à Sidi Mohamed ibn Mechri
() : « Après l’évocation du nom d’Allah et la prière sur le Prophète (), de la main du juriste et
scribe de Seïdina, Sidi Mohamed ibn Mechri : De la part de notre Maître et guide à l’adresse de
l’ensemble des disciples de Fès, que la paix soit sur vous ainsi que la miséricorde d’Allah et sa
bénédiction, ensuite :

Nous demandons à Allah, que soit Exalté Sa Puissance, qu’Il déverse sur vous les océans de ses
bienfaits et de ses bonnes grâces et qu’il vous suffise contre l’ensemble des maux et des malheurs, ce
qui est apparent comme ce qui est caché. Qu’Il submerge vos péchés de l’océan de Son Pardon et
de Sa Générosité, et qu’Il vous regarde en ce monde comme en l’au-delà par le regard de Sa
Miséricorde, de Son Amour et de Sa Sollicitude. Qu’Il vous fasse clôturer votre vie dans le même
bonheur par lequel l’ont clôturé les Alliés d’Allah (Aouliya) et qu’Il vous protège durant les
revirements de situations, par Son regard d’attention, de sauvegarde et de douceur, Il est le Capable
en toute chose. L’ensemble de cette invocation du début à la fin ne provient que de Seïdina et pour
l’ensemble des frères, sans que je n’aie rajouté un seul mot. On demande à Allah de pouvoir tous
faire partie de cet ensemble. Amin.

La chose sur laquelle j’insiste, c’est que vous considériez bien Sidi Hajj Taïeb Qabab, car il est notre
mandataire auprès de vous et nous l’avons établi là-bas afin qu’il soit un profit pour les gens. Celui
qui s’est affilié à lui c’est exactement comme s’il s’est affilié à nous et a pris de nous. Celui-là aura

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tout ce qui a été annoncé à ceux qui ont pris de nous directement par une promesse véridique sans
manquement. Et que la paix soit sur vous ».

Voici l’extrait d’une autre lettre que Seïdina Ahmed Tidjani () leur adressa : « Après la louange
d’Allah l’Exalté, Sanctifié sont ses Noms et Immense est Sa Noblesse et Sa Majesté. Que la paix soit
sur vous, ainsi que la miséricorde d’Allah et sa bénédiction, de la part de celui qui vous aime Ahmed
ibn Mohamed Tidjani, ensuite : Louange à Allah, le Détenteur des faveurs, par le fait que vous allez
bien et que vous êtes en bonne santé. On demande à Allah qu’il vous pourvoie de l’agrément et de
la soumission face à ce qui vous est prédestiné et qu’Il vous accepte par Sa Grâce et Son Agrément
dans ce monde comme dans l’au-delà. Qu’Il vous saisisse par vos mains à chaque faux pas et qu’Il
vous fasse accéder au summum devant les gens de son amour, de sa faveur et de ses prodiges et qu’Il
vous inscrive dans le parti des gens du Iliyyne dans le voisinage du Prophète (). Amin.

Nous vous avions envoyé des conseils par notre aimé Sidi ‘Arbi El Achhab en lequel se trouvent
l’aide pour ce monde et pour l’au-delà. Accueillez-les favorablement et mettez-les en application
vous serez épargnés de la fatigue à endurer les soucis de ce monde et ses tristesses, et inclinez vos
situations devant Celui qui les gère et Il en fait ce qu’Il veut et comme Il le choisit. Faites-vous
miséricorde entre vous et entraidez-vous au bien et à la piété et ne vous entraidez point au péché et
à l’agression et soyez sûr qu’un jour vous partirez, ainsi que votre famille et votre argent, dénudés.
Et le dépôt, viendra inévitablement le jour où il faudra le restituer. Alors, ne vous jalousez pas et ne
vous disputez pas. Soyez des serviteurs d’Allah, frères. Celui qui aime son frère en Allah par le fait
que c’est un croyant, qu’il lui saisisse la main pour l’aider, car c’est cela le négoce fructueux, le
degré élevé, le tracé agréé et la qualité pure et honorée […] ».

S idi Taïeb Sefiani

Le grand connaissant et le célèbre wali, détenteur des bienfaits, des lumières, des connaissances, des
secrets, le majestueux juriste d'origine chérifienne, notre maître Taïeb El Hassani connu sous le
nom de Sefiani (). Il fait partie de l'élite des élites parmi les compagnons de Seïdina Ahmed
Tidjani (), il est l’auteur du livre El Ifadat-l-Ahmediya qui rassemble quelques propos de
Seïdina () prenant soin de mentionner les raisons et les circonstances dans lesquels ils ont été
énoncés. Il avait une grande force spirituelle et il était plongé dans l'univers des connaissances et des
secrets. Il fait aussi partie des grands savants instruits dans la religion, des Wali parfaits et il avait une
connaissance complète dans la science de la lecture du Qoran (Tajwid). Il a été rapporté, par l'un
des compagnons de Seïdina Ahmed Tidjani (), qu'il a vu notre personnage après sa mort et qu'il

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lui a demandé ce qu'Allah avait fait de lui. Sidi Taïeb Sefiani () lui répondit qu'Allah lui fit don de
grâces immenses et qu'il n'avait eu que du bien. De plus, il avait rencontré le Prophète () qui lui
offrit un grand jardin dans le paradis afin d'enseigner le Qoran aux enfants.

En outre, un autre récit raconte les circonstances de sa rencontre avec Seïdina Ahmed Tidjani () :
Sidi Taïeb Sefiani () passa en Égypte pour se rendre au Hijaz (Péninsule arabique), quand il
rencontra le majestueux Mouqadem et compagnon de Seïdina Ahmed Tidjani (), notre maître
'Abdelwahid El Misri (). Celui-ci lui montra le livre Djawahirou-l-Ma'ani que Sidi Taïeb ()
consulta. Cet événement fut à l'origine de son envie irrésistible de rencontrer Seïdina ().
D'ailleurs, il regrettait amèrement le fait d'être du même lieu que lui sans avoir eu pourtant la grâce
de le rencontrer. Lorsqu'il revint du Hijaz, il partit voir Seïdina Ahmed Tidjani (), mais il émit
quelques hésitations à prendre la Tariqa. Seïdina (), voulant montrer le caractère très particulier de
Sidi Taïeb Sefiani (), lui dit : « Qu'est-ce donc que cette hésitation, Ô untel, et qu'est-ce qui
t’empêche de prendre la Tariqa du premier coup alors que j'étais ton éducateur et ton tuteur avant
même que ta mère ne t'enfante ? Pendant sa grossesse, ta mère trébucha et manqua d'être
transpercée par un objet qui aurait nuit à ton corps. Je l'ai donc rattrapé avec douceur par la
permission d'Allah et l'autorisation du Prophète (), ce qui préserva l'image de ton corps contre
toute nuisance, sauf pour le dessus de ta tête qui fut atteinte, et la preuve de tout cela est l'existence
d'une trace ». En effet, Sidi Taïeb () avait un petit trou sur la tête et il n'en connaissait pas
l'origine. Ce qui fit augmenter sa certitude, son amour et son attachement envers Seïdina Ahmed
Tidjani (). Lorsqu'il interrogea sa mère au sujet de cet événement, elle lui fit le même récit que
Seïdina Ahmed Tidjani (), après quoi il prit immédiatement la Tariqa.

Un jour alors qu'il se rendait à la Zaouiya bénie pour y accomplir l'une des cinq prières, il rencontra
l'un de ses amis originaires de la région de Wazan (qui était le Cheikh d’une autre voie). Il discuta
longuement avec lui et le compagnon de Seïdina (), notre maître Sidi Moussa ibn Ma'zouz (),
passa à côté d'eux. Il attrapa alors fortement la main de Sidi Taïeb () en lui disant : « Tu as raté la
prière avec Seïdina ! ». Puis il l'emmena à la Zaouiya et ils trouvèrent Seïdina Ahmed Tidjani ()
en train de faire la prière. Lorsque Seïdina eut terminé sa prière, il lui dit directement par
dévoilement : « Délaisse les gens de Wazan, car ils ne te rapportent que du mal ». Et il le répéta
maintes fois. En fait, ceci est une éducation de Seïdina Ahmed Tidjani () par crainte que Sidi
Taïeb () ne tombe dans l'erreur, ce qui l'entraînerait vers sa perte, c'est-à-dire de négliger Seïdina
() pour quelqu'un d'autre. Seïdina Ahmed Tidjani () voulait dire par « ne te rapporte que du
mal », que toute rencontre avec un autre Cheikh ne peut se faire sans autorisation afin de compléter
l'éducation comme cela est reconnu par toutes les personnes qui éduquent. Le profit du

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dévoilement de cette situation pour Sidi Taïeb () est qu'il prenne conscience de l'omniprésence
du regard de Seïdina (), où qu'il soit.

Il était auparavant dans la Tariqa des maîtres de Wazan, entièrement consacré à leur service, ne se
tournant vers personne d’autre tout au long des mois et des jours. Lorsque notre personnage s’est
voué au service de Seïdina Ahmed Tidjani () et qu’il a abandonné la rencontre avec les gens de
son ancienne voie, il reçut alors la visite de ses anciens compagnons s’inquiétant à son sujet. Il les
recevait chaleureusement et parfois, il partait avec eux jusqu’à leur lieu, gardant caché son secret, ne
voulant pas dévoiler son affaire. Or, une fois justement, Seïdina () l’envoya dans la région de
Wazan afin de s’occuper de quelques affaires. De retour de voyage, il s’absenta quelques jours de la
présence de Seïdina Ahmed Tidjani (). Lorsqu’ils se rencontrèrent, Seïdina lui demanda la raison
pour laquelle il ne l’avait pas vu depuis son retour, voulant par là faire apparaître le secret de son
éducation. Sidi Taïeb () lui dit : « Ô ! Sidi j’ai eu quelque chose qui m’en a empêché ». Seïdina
() lui dit alors : « T’est-il survenu quelque chose en toi du fait de t’être rendu à Wazan ? ». Il
répondit : « Qu’Allah nous en préserve ». Seïdina () lui dit : « Interroge donc ton cœur ». Dès cet
instant, il retourna en sa certitude envers Seïdina () et se blâma à cause de ce qui a pu survenir en
lui comme confusion et il s’est repenti auprès d’Allah pour tout ça.

Sache que Seïdina () aimait énormément notre personnage d’un amour particulier. Il faisait son
éloge auprès de ses compagnons et il attesta son rang de Chérif. En de multiples occasions, il se leva
pour l’accueillir par honneur et respect. Il est reconnu que Seïdina Ahmed Tidjani () augmentait
les marques de respect lorsqu’il rencontrait un descendant du Prophète () allant jusqu’à l’accueillir
devant le seuil de sa maison. Ses compagnons savaient ainsi si la personne était réellement un
Chérif. Il était parmi les habitudes de Seïdina () que personne ne pouvait lui embrasser la main et
surtout s’il s’agissait d’un Chérif. Or, il arriva un jour que notre personnage embrassa la main de
Seïdina au moment où il fut distrait. Seïdina () lui ordonna de suite de tendre sa main afin qu’il
puisse l’embrasser à son tour, mais il dit à Seïdina : « Par Allah ! Ô Sidi il m’est plus facile de me faire
trancher la main que de te laisser l’embrasser ». Seïdina () lui dit : « Par Allah ! Tu dois me tendre
ta main ». Et il a fini par l’embrasser. Ainsi se comportait Seïdina () envers la noble descendance
du Prophète (). De plus, il recommandait vivement leur respect tout comme celui des Saints,
qu’ils soient morts ou vivants, en ayant la meilleure conduite envers eux.

Il a été rapporté que Sidi Taïeb Sefiani () a habité une pièce qui faisait face au tombeau de Sidi
Moulay Idriss (). Une fois, Seïdina Ahmed Tidjani () l’interrogea sur l’endroit où il habitait, se
souciant de son bien-être. Notre personnage fit l’éloge de son appartement par le fait justement
qu’il était face au noble tombeau Idrisside, Seïdina () lui dit alors : « N’étends pas tes jambes dans

143
sa direction par respect envers lui ». Parmi les choses étonnantes qui lui sont arrivées avec Seïdina
Ahmed Tidjani (), il y a le fait que Sidi Taïeb Sefiani () lui avait demandé d'invoquer Allah ()
afin qu'il meure avec l'amour du Cheikh, Seïdina () exauça sa demande et lui dit : « Prépare-toi à
la pauvreté ». Or Sidi Taïeb () possédait une imposante richesse. Celle-ci diminua
progressivement cependant que son cœur était apaisé par la certitude en l'amour de Seïdina Ahmed
Tidjani (), amour qui fut plus fort avec la pauvreté, et ce, jusqu'à sa mort.

S idi Hajj Taleb El Labar

Le lettré de son époque, l’unique en son temps à la raison prédominante, au mérite éclatant et qui a
tiré les lumières les plus parfaites de la Connaissance, Sidi Hajj Taleb ibn ‘Arbi El Labar (). Il était
revêtu du plus beau manteau de la piété et les élites, tout comme le commun, le contemplaient avec
estime. Il a pris la Tariqa dans sa jeunesse et Seïdina Ahmed Tidjani () l’aimait beaucoup. Il faisait
également partie des plus éminents poètes de la Tariqa.

Notre personnage était un professionnel dans le commerce et il accomplissait beaucoup de bien. Il


envoyait son argent personnel aux frères pour qu’il soit utilisé dans les dépenses de l’agrandissement
de la Zaouiya ou dans d’autres achats. Il est décédé à l’approche de l’an 1265 de l’hégire à Gênes en
Italie. Le pieux Wali Sidi ‘Arbi ibn Sa-ih () était extrêmement attristé par le fait que ce dernier fut
mort dans ce pays qui ne faisait pas partie d’une contrée de l’Islam alors qu’il était parmi les
personnes les plus aimées auprès de Seïdina Ahmed Tidjani (). Cependant, il fit un songe qui le
soulagea entièrement sur ce sujet. En effet, il vit Seïdina Ahmed Tidjani () qui lui disait : « C’est
vous qui dites que Taleb El Labar est mort en pays chrétien alors qu’il est là auprès de moi,
regardez-le » Seïdina Ahmed Tidjani () se leva et effectivement notre personnage se trouvait sous
ses bras. Sidi ‘Arbi ibn Sa-ih () se réveilla alors heureux et joyeux en raison de ce songe qui le
rassura.

S idi Hajj Touhami Lahlou

Le méritant majestueux, l’astre bienheureux Sidi Hajj Touhami Lahlou (). Il avait les pieds
fermement enracinés dans la Tariqa et possédait un amour sincère envers Seïdina Ahmed Tidjani
() qui l’aimait également. Il invoqua l’Ouverture pour lui et celle-ci commença à se manifester en
lui dès son enfance. Un jour, alors qu’il était encore tout petit, sa mère le perdit et le chercha durant

144
toute la matinée. Son père se rendit auprès de Seïdina () pour l’informer de sa disparition. Ce
dernier lui dit alors : « Rends-toi dans la réserve de ta maison, car c’est là qu’il se trouve. Il est en
train d’y manger des noix. » Et lorsqu’il se rendit là-bas il le trouva effectivement dans la même
situation décrite par Seïdina Ahmed Tidjani ().

S idi Youssuf ibn Dhanoun El Bija-i Tounsi

Ce compagnon fait partie des élites qui ont acquis de Seïdina Ahmed Tidjani () un grand secret et
beaucoup de bien ceci en raison de leur amour sincère et il était également de ceux qui détenaient
l’Ouverture (Fath) dans cette Tariqa bénie, les habitants de Tunis attestèrent de la perfection de sa
connaissance. Il y avait entre Cheikh Ibrahim Riyahi et Sidi Youssuf () une grande fraternité, une
compassion ainsi qu’une amitié absolue. Leurs cœurs étaient unis par la corde de l’amour en Allah
dans les facilités tout comme dans les difficultés. Il a été rapporté que notre personnage assistait au
cours du Cheikh El Islam Sidi Ibrahim () mais celui-ci lui disait à la fin de ses cours : « Ô mon
maître ! Toi tu n’as pas besoin d’assister à mes cours. » Sidi Youssuf () lui répondait : « Aucun
musulman ne peut se passer de toi. »

Sidi Mohamed El Habib (), le fils de Seïdina (), prenait particulièrement soin de notre homme
et il lui a attesté la détention de l’Ouverture ainsi que le don du véritable dévoilement. Parmi les
faits qui se sont déroulés entre Sidi Mohamed El Habib et Sidi Youssuf () il y a cet évènement :
Sidi Mohamed El Habib () passa en Tunisie pour se rendre au Hijez et il était accompagné de
notre personnage ainsi que de quelques compagnons. Alors qu’il s’apprêtait à embarquer sur le
bateau, Sidi Youssuf lui dit : « Ô Sidi Mohamed El Habib ! Ce bateau va se briser à tel
emplacement, mais ne crains rien tu seras en sécurité et tu en sortiras sain et sauf, si Allah le veut.
Tu te marieras avec une femme de l’Orient appelé Zohra El Habachiya qui va enfanter pour toi un
garçon que tu appelleras par le nom de Seïdina » et cela se déroula effectivement comme il l’avait
annoncé.

Il a été dit sur ce dévoilement que le garçon mentionné n’était autre que Sidi Ahmed Ibn El
Habachiyia () qui décéda avant son père et qui est enterré dans la même tombe que lui. Quant à
Sidi Youssouf, il décéda à la limite de l’année 1250 et il fut enterré à Tunis, qu’Allah l’inonde de
l’océan de sa miséricorde.

145
S idi Moulay Zaki Madaghari

Le savant de son époque et unique en son temps Abou 'Abdallah Moulay Zaki Madaghari (). Il
fait partie de ceux qui se sont totalement dépouillés de toute volonté propre et il s’est soumis
entièrement à Seïdina Ahmed Tidjani () pour atteindre son bien. Il a pris de lui la voie
Seigneuriale Ahmediya et il a bu du Kaouthar de ses secrets dans la connaissance.

Lorsque notre personnage prit connaissance que Seïdina Ahmed Tidjani () utilisait la récitation de
la Basmala au début de la Fatiha, lors des prières obligatoires entre autres, et qu’il avait dit à ses
compagnons de faire de même, il partit le voir. Il consulta auparavant tous les ouvrages Malékites à
ce sujet puis se rendit auprès de lui avec le commentaire du Moukhtassar et d’autres livres qui
traitent de la Basmala dans les prières obligatoires. Il s’assit aux côtés de Seïdina () avec tous ses
livres, l’interrogea à ce propos et lui demanda : « Ô Sidi, ce qui est le plus répandu dans l’école c’est
que c’est non souhaitable (Makrouh), qu’en dis-tu ? ». Seïdina () lui répondit : « Le commentaire
du Moukhtassar et autres ont bien élargi leurs propos sur ce point, untel a dit ceci et untel a dit
cela […]» et il se mit à évoquer chacun des propos mentionnés sur tous ces livres, mot à mot, par le
biais du dévoilement si bien que notre personnage en resta stupéfait. Une fois que par cette
énumération Seïdina Ahmed Tidjani () avait établi que le plus répandu dans l’école était le
caractère non souhaitable (Makrouh), Moulay Zaki () resta très désireux de connaître la cause par
laquelle Seïdina () s’écartait volontairement de ce qui était pourtant connu. Seïdina () lui dit :
« Ô Moulay Zaki, je contredis en cela l’école Malikite, ne t’en déplaise ».

Lors d’une autre occasion Seïdina () lui dit : « Je n’abandonnerai pas la récitation de la Basmala
accrochée à la Fatiha que ce soit dans la prière ou autre en raison du hadith qui rapporte son mérite
intensifié par le serment (d’Allah) et dont voici l’énoncé : « Le Prophète () a dit qu’Allah () a
dit : « Ô Israfil ! Par ma Puissance, Par ma Majesté, Par ma Bonté et ma Générosité, celui qui récite
BISMILLAH ARAHMAN ARAHIM rattaché à la Fatiha, une seule fois, Je témoigne sur Moi-
même que Je lui pardonne et que Je lui accepte ses bonnes actions et que Je lui efface ses fautes, que
Je ne brûlerai jamais sa langue dans le feu et que Je le préserverai contre les châtiments du Feu, le
châtiment du Jour du Jugement et contre la grande frayeur. » (Fin du hadith)

Remarque : Les gens du Vrai, s’ils constatent l’authenticité d’un hadith par le biais du dévoilement
alors ils le mettent en pratique. C’est ainsi que l’illustre savant, l’Imam Souyouti a rapporté dans son
épître « Tanwir el Halak […] » qu’un certain Wali qui assista à une assemblée juridique clama au
juriste qui venait de citer un hadith : « Ce hadith est faux ». Le juriste lui dit : « Et d’où tiens-tu

146
cela ? » Il lui répondit : « Mais du Prophète () qui se tient près de toi et qui a dit : « Je n’ai pas dit
ce hadith » ». Puis le Prophète () fut dévoilé au juriste en question qui le vit avec certitude.

Voici le passage d’une lettre de Sidi Ibrahim Riyahi () ayant trait à notre sujet et qui est d’un
profit certain : « […] Sache, ô toi qui te laisses guider, que si tu fais partie de ceux qui acceptent le
conseil et qui cherchent à comprendre le vrai, sache que pour les Aouliya on ne peut délimiter leur
station, ni leur état, ceci n’entre pas dans ce qui est concevable ou dans ce qui peut être pesé et
mesuré, il ne reste aux croyants qu’à conformer leur soumission face à leurs dires et leurs actes. Il
n’est pas possible d’établir une comparaison entre un Wali et un autre, car leur irrigation est aussi
différente que le sont les Noms d’Allah (). C’est pour cela que tu trouveras un Wali qui s’est
abreuvé à son Nom « Le Tout-Miséricordieux » (Arahman) blâmer celui qui s’est abreuvé à son
Nom « Le Vengeur » (Al Mountaqim) et celui qui s’est abreuvé à son Nom « Le Bienveillant » (Al
Halimou) blâmer celui qui s’est abreuvé à son Nom « Le Contraignant » (Al Qahhar) alors que tous
ils sont Aouliya d’Allah.

Si tu sais cela, alors il n’est pas possible de s’opposer à un Wali d’entre les Aouliya d’Allah dans ce
qui lui survient comme particularité tant qu’elle suit la Loi (Chari’a), mais si cela contredit ce que
l’on sait alors il est permis de s’opposer, et cela, seulement si l’on fait partie des clairvoyants et que
l’on cerne l’ensemble des règles établi par la Loi et même si on constate de lui certaines choses qui
ne contredisent pas ce que l’on connaît. Ainsi, il ne nous est pas permis de s’opposer à ce qui vient
des Aouliya dans ce que l’on ne connaît pas, car la Haqiqa est une mer sans rivage et la Loi est un
puits sans fond. Cheikh Mohiedine ibn ‘Arabi () a dit : « Les Aouliya se trouvent sur les traces de
pas des prophètes (), chaque Wali est sur les pas d’un prophète () et il n’est pas nécessaire pour
les prophètes () d’avoir tous la même loi dans les domaines secondaires (Fourou’) tant qu’ils sont
tous en conformité dans le fondement de leur doctrine.

Et bien il en est de même pour les Aouliya, ils sont conformes dans le suivi du Prophète
Mohammed () même si leur irrigation diffère comme nous l’avons signalé. » Si cela est bien
compris alors il n’y a que l’ignorant dans le domaine du Haqiqa et de la Loi pour critiquer une autre
voie que celle à laquelle il fait partie parmi les voies des Chouyoukh, car toutes les voies sont des
guidées d’Allah. Celui qui, dans la science d’Allah, a été devancé pour être Qadiri il en sera ainsi ou
pour être Chadhili il en sera ainsi, ou pour être Rahmani il en sera ainsi, mais seulement certaines
voies sont meilleures que d’autres, donc celui qui, dans la science d’Allah, est devancé pour faire
partie d’une voie au mérite supérieur et pour s’y conformer alors on ne peut s’opposer à lui, et pour
celui qui a été devancé pour faire partie d’une voie inférieure en mérite, il en est de même.

147
Par conséquent, les critiques des uns par rapport aux autres pour le suivi d’une voie par rapport à
une autre sont une ignorance immense et ils méritent une grande punition s’ils ne se repentent pas à
Allah. Quant à la critique d’un certain ignorant concernant la voie du Pôle Caché notre maître
Cheikh Tidjani () c’est dû à sa méconnaissance des stations des Connaissants et comme nous
souhaiterions qu’il nous explique ce qui justifie sa critique, car si sa critique est sur ce qu’il a
entendu de la bouche de certains frères concernant le fait que certains compagnons de Seïdina ()
seront enviés par les plus grands Aouliya le Jour du Jugement Dernier, en cela il n’y a rien qui
justifie une critique. En effet, Allah est le détenteur d’une grâce immense et Il n’y a pas de limite à
Lui imposer dans sa grâce, et à tous ceux qui se trouvent en dessous des prophètes () et des
compagnons (), il est permis qu’Allah accorde à qui Il veut d’entre ses créatures.

Quant à la critique qu’un homme intelligent aurait honte d’exprimer concernant le fait que les
compagnons de Seïdina () récitent la Basmala dans les prières obligatoires, cela nous montre que
ce détracteur n’a même pas senti l’odeur de la science et qu’il n’a pas consulté les ouvrages de
jurisprudence et qu’il ne s’est pas assis auprès des savants majestueux qui guident par leurs paroles et
leurs actes. Si cela avait été le cas il aurait su que ce que Cheikh Khalil a évoqué, concernant le
caractère non souhaitable (Makrouh) de la Basmala dans les prières obligatoires, il n’a pas été
unanimement suivi en cela, car il est rapporté dans le commentaire de Qawafi et d’autres qu’il est
souhaitable de la réciter dans les prières obligatoires. Comment ose-t-il donc s’opposer à nous par
son ignorance, si nous avions plus de temps nous aurions encore plus approfondi le sujet, mais cela
est suffisant pour ceux qui suivent la guidée et pour défaire les détracteurs. » (Fin de citation)

S idi Za’noun

Le majestueux Mouqadem, le meilleur guide protégé par l'œil de la bienveillance et placé sur
l'estrade de la sainteté, Abou 'Abdallah Sidi Za'noun () originaire d’Algérie. Il prit la Tariqa des
mains de Seïdina () qui le désigna pour transmettre sa Tariqa Mohammediya.

Le savant et érudit Sidi Cheikh Mohammad ibn Mohammad ibn Cheikh El 'Alaoui () rapporta
que notre personnage, avant de prendre la Tariqa, était un bandit de grand chemin. L’ensemble des
gens s’en plaignait et aucun d’entre eux n’avait la capacité de lui opposer une quelconque résistance.
En outre, on ne lui connaissait aucun acte de bien. Il se trouva qu’un jour un Mouqadem de l'une
des Zaouiya de Seïdina Ahmed Tidjani () décéda et les compagnons, après s’être concerté, allèrent
solliciter auprès de Seïdina la désignation d’un nouveau Mouqadem. Ce dernier leur répondit : « Je

148
vous désigne Za'noun comme Mouqadem ». Ils sortirent tous étonnés et partirent à la rencontre de
ce nouveau Mouqadem qu’ils trouvèrent entouré de truands. Ils lui dirent alors : « Notre Cheikh
Sidi Ahmed Tidjani t'a désigné comme Mouqadem de notre Zaouiya ». À ces paroles Sidi Za'noun
() fut pris d'un état intense et se mit à pleurer ; il eut l'ouverture spirituelle (Fath) sur l'instant
même par le simple regard de Seïdina Ahmed Tidjani () et sa grande force spirituelle.

Sidi Za’noun était un homme doté d’une force surprenante et d’une bravoure inégalable. Une fois
Seïdina Ahmed Tidjani () se rendit à Laghouat (ville du sud algérien) et il était fréquent qu’il
campe en dehors de la ville. À cette occasion il était accompagné d’un groupe d’entre ses
compagnons parmi lesquels se trouvait Sidi Za’noun (). C’est ainsi qu’ils arrivèrent devant un
point d’eau dans un lieu appelé Badhla et, à cet instant, la mule qui transportait Seïdina () s’arrêta,
car elle n’arrivait pas à le traverser. Elle avançait un pied et en reculait un autre au point qu’elle
faillit basculer sur elle-même. Alors, notre personnage se dirigea vers Seïdina (), le souleva de sa
selle et il traversa le point d’eau d’un seul saut en le transportant ce qui provoqua un sourire à
Seïdina Ahmed Tidjani () qui invoqua le bien pour lui.

S ultan Maoulana Souleïman

Il était un Imam juste et un savant œuvrant, il a pris la Tariqa de Seïdina Ahmed Tidjani suite à
l'autorisation du Prophète () qui lui a attesté qu'il faisait partie de sa descendance. Il a assisté aux
prodiges de Seïdina () ce qui a raffermi sa croyance en lui et, de ce fait, le Sultan a rejeté les
paroles des opposants à Seïdina Ahmed Tidjani et justement à cette époque, ils étaient nombreux.

Le Sultan Souleiman () demandait souvent à Seïdina () de lui permettre de voir le Prophète ()
en état d'éveil. Notre maître () lui disait : « J'ai bien peur que tu ne puisses le supporter », mais il
persista tant et si bien que Seïdina (), conscient de ne pouvoir l’en dissuader, finit par lui accorder
sa requête. Pour cela, il lui recommanda avant tout de garder le secret, de consacrer un lieu pur et
entièrement vide réservé spécialement à cet effet et enfin, d’être seul. Le Sultan exécuta ses
recommandations et lorsque le moment d’entrer dans la pièce se présenta, il éprouva une immense
crainte révérencielle (haïba) au point qu’il n’a pas pu s'installer seul à l'intérieur pour réciter ce qu'il
avait reçu comme Dhikr particulier. Constatant l'importance de ses émotions, il demanda à Seïdina
Ahmed Tidjani () de l'assister personnellement et c’est ainsi que Seïdina s’installa auprès de lui
dans ce lieu consacré à l'accueil du Prophète (). Pendant qu'il récitait une intense lumière
submergea la chambre de Lumières Mohammedienne (Anwar el Mohamediya) et le Sultan

149
Souleïman () perdit connaissance en raison de cette intensité. À son réveil il trouva la main de
Seïdina Ahmed Tidjani () posée sur sa poitrine qui lui dit alors : « Tu vas bien et le Prophète ()
te garantit ceci et cela ». Il lui répondit : « Qu'Allah te récompense en bien et tu m'avais certes
prévenu que je ne pourrais y faire face, chose que j'ai constatée de moi-même ».

Voici à la suite, une des lettres que Seïdina Ahmed Tidjani () avait envoyée au Sultan : « Après
l'évocation du Nom Divin et la prière et la paix sur le Prophète (), lui qui a la station la plus
honorable et respectable, l'accomplissement de la majesté et de la générosité et son aboutissement,
le Maître qui a accédé au summum de la gloire. À l'adresse de notre maître, noble de descendance,
au caractère doux et à la moralité parfaite, celui qui honore le khalifa de l'Islam en l'élevant, celui
qui appartient au culte Mohamedien, le refuge du présent, Maoulana prince des croyants, le maître
Souleïman ben Mohamed, qu'Allah lui vienne en aide et lui accorde une victoire glorieuse, que soit
élevé son soleil dans le plus profond bonheur éternel et qu'Il te perpétue dans les jardins des
promenades des dons divins.

Nous demandons à Allah -qu'Il soit glorifié- de t'inscrire dans le registre des bienheureux ici-bas et
dans l'au-delà, qu'Il te regarde d'un œil de bienveillance, d'amour, qu'Il t'accorde la particularité de
Ses dons ainsi que la victoire et la protection dans ce monde et la vie éternelle. Nous lui demandons
qu'Il fasse que le jour des retrouvailles avec Lui soit un jour de fête, de bonheur, d'hospitalité
divine. Nous demandons à Allah qu'Il agisse envers toi par Sa Grâce et Son agrément ici-bas et dans
l'au-delà et nous demandons à Allah qu'Il fasse que Ses soldats soient à ton secours autour de toi,
dans toutes les directions où que tu sois. Nous Lui demandons qu'Il assainisse par toi ses serviteurs et
le pays, qu'Il renforce par toi les piliers de la foi et de la religion, qu'Il fasse jaillir par toi le bien et la
paix sur l'ensemble des musulmans, qu'Il soit pour toi un allier, un secours, une aide et une
protection. Nous demandons à Allah qu'Il fasse passer l'état de ton cœur jusqu'à l'étape de l'éveil en
Allah afin que tes membres puissent consacrer leur temps à la servitude d'Allah.

Je demande à notre maître de respecter les ordres d'Allah et d'éviter Ses interdictions et je le
conseille comme Allah l'avait fait lorsqu'il a dit : « Ô vous qui avez cru ! Craignez Allah. Que
chaque âme voit bien ce qu'elle a avancé pour demain. Et craignez Allah, car Allah est parfaitement
Connaisseur de ce que vous faites. Et ne soyez pas comme ceux qui ont oublié Allah ; [Allah] leur a
fait alors oublier leurs propres personnes ; ceux-là sont les pervers. Ne seront pas égaux les gens du
Feu et les gens du Paradis. Les gens du Paradis sont eux les gagnants » (Sourate 59 L’Exode, versets
18 à 20).

150
Et Sa parole : « Ô vous qui croyez ! Craignez Allah et parlez avec droiture, afin qu'il améliore vos
actions et vous pardonne vos péchés. Quiconque obéit à Allah et à son messager obtient certes une
grande réussite. » (Sourate 33 Les coalisés, verset 70 et 71).

Et Sa parole : « Et craignez le jour où vous serez ramenés vers Allah. Alors chaque âme sera
pleinement rétribuée de ce qu'elle aura acquis. Et ils ne seront point lésés » (Sourate 02 La vache,
verset 281).

Et Sa parole : « À Allah seul appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre, "Craignez Allah !"
Voilà ce que nous avons enjoint à ceux auxquels avant vous le livre fut donné, tout comme à vous-
mêmes. Et si vous ne croyez pas (cela ne nuit pas à Allah, car) très certainement à Allah seul
appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. Et Allah se suffit à lui-même et Il est digne de
louanges » (Sourate 04 Les femmes, verset 131).

Et Sa parole : « Ô hommes ! Craignez votre Seigneur et redoutez un jour où le père ne répondra en


quoi que ce soit pour son enfant, ni l'enfant pour son père. La promesse d'Allah est vérité. Que la
vie présente ne vous trompe donc pas, et que le Trompeur (Satan) ne vous induise pas en erreur sur
Allah » (Sourate 31 Luqman, verset 33).

Et il y a dans la méditation des versets d'Allah, une guidance, un conseil, matière à réflexion, une
leçon. Nourris ton nafs à travers une cure de patience, de raffermissement. Certainement c'est une
guérison pour celui qui est accoutumé à suivre ses passions en s'abandonnant à elles et en s'opposant
aux prescriptions divines. Je dis que la paix soit sur notre maître et tous ceux qui sont à son service,
les proches, les serviteurs, les amis, les compagnons et sur l'ami intime qui t'a écrit, le serviteur
pauvre en Allah, Ahmed ibn Mohamed Tidjani, qu'Allah Lui accorde la grâce ici-bas et dans l'au-
delà. J'ai une affaire sérieuse et importante à te transmettre de la part du maître de l'existence, fleuve
de générosité, Seïdina Mohamed (), il m'a dit ce qui suit :

« Écris une lettre à notre fils Souleïman ibn Mohamed, prince des croyants, et dis-lui qu'il n'y a pas
sur terre une chose plus grande en mérite et en danger que mon Ouird, celui que je t'avais dicté et
dis-lui de la réciter, car c'est bien à travers sa récitation qu'Allah se chargera d'assainir sa vie ici-bas
et dans l'au-delà. Informe-le qu'il n'y a pas sur terre une chose plus grande en mérite et en danger
que mon invocation que j'avais dictée sur 'Ali Ibn Abi Taleb () appelé Saïfiyou. C'est à travers sa
lecture qu'Allah éloigne les calamités apparentes et intérieures, ce qui lui apporte le bien ici-bas et
dans l'au-delà. Apprends-lui la prière de consultation que je t'avais apprise et la lecture d'El Fatiha
sept fois avec l'intention du Nom après les prières, qu'il n'abandonne pas sa personne, qu'il fasse

151
l'effort autant que possible de faire la prière sur moi par Salat El Fatihi. C'est à travers l'effort continu
sur cela qu'Allah assainit sa situation intérieure et extérieure. Apprends-lui aussi quelques mérites de
Salat El Fatihi autant que tu peux ».

Ainsi se termine la parole du Prophète () qu'il m'avait ordonné de te transmettre. Et sache bien
que mon état avec lui est celui du serviteur vis-à-vis du roi, assis auprès de lui en silence et avec
convenances (Adeb). Il n'a rien à demander et ne possède rien du roi. Si le roi ordonne il ne fait
qu'exécuter. Il se contente d'être assis en présence du roi en silence et avec adeb. Je ne peux rien lui
demander et je ne peux pas lui poser de questions, je n'ai envers lui aucune initiative, il m'ordonne
et j'exécute. Il m'a défendu et éduqué dans le sens où je ne peux lui demander ou l'interroger, et ce,
depuis plusieurs années. Quant au Ouird qu'il m'avait dicté (et qu'il m'a ordonné de transmettre aux
gens), c'est :

- L'Istighfar 100 fois


- La Salatou-l-Fatihi 100 fois
- La ilaha ila Allah 100 fois

Donc, récite-les une fois le matin et le soir. Le matin de la prière de Sobh jusqu'à celle de Douha et
l'après-midi de la prière du 'Asr jusqu'à celle du 'Icha. Il m'a informé auparavant que celui qui récite
continuellement son Ouird, Allah le fera entrer au paradis, ainsi que ses parents, ses femmes, ses
enfants sans rendre de compte et sans châtiment et il ne subira aucun châtiment de l'heure de sa
mort jusqu'à son établissement au paradis. En ce qui concerne son message au sujet de Salat El
Fatihi, la lecture d'El Fatiha avec l'intention du Nom, Saïfiyou et la prière de consultation, je t'en
informerai dans une autre lettre, et qu'Allah prie sur Son Prophète et salam ».

Il a été cité que lorsqu'ils se sont rencontrés, il a élevé son honneur et lui a offert une demeure
connue à Fès sous le nom de « La demeure des miroirs », mais Seïdina Ahmed Tidjani () l’a refusé
à cause d'un sentiment intérieur qui l'agaçait. Le Sultan s'en est aperçu et lui a parlé de manière à
l'apaiser et à enlever tout souci à ce sujet. Seïdina Ahmed Tidjani () a informé ses proches
compagnons qu'il habiterait dans cette demeure avec l'autorisation du Prophète () et qu’également
il lui avait ordonné de donner aux pauvres le prix du loyer.

C’est ainsi que durant la période de son séjour dans cette demeure, et ce, jusqu’à sa mort, il donna
chaque mois l'équivalent du loyer en pain. Lorsque Seïdina () eut l'autorisation officielle de la part
du Sultan Souleïman () de construire la Zaouiya à Fès, celui-ci lui envoya deux bourses dont
chacune contenait mille Riyals et lui dit : « Utilise-les pour la construction ». Cependant, Seïdina

152
Ahmed Tidjani les renvoya et lui dit : « Son affaire est gérée directement par Allah ». Le Sultan
insista tout de même pour qu'il les accepte. Seïdina () refusa de dépenser cette somme pour les
besoins de la Zaouiya, il ordonna donc de le dépenser pour les pauvres et les nécessiteux. Le Sultan
Souleïman () est décédé dans la ville de Marrakech le jeudi 13 rabi' el Awwal 1238 et sa tombe est
célèbre dans ces lieux.



153
SOMMAIRE DES COMPAGNONS
(Qu’Allah les agrée)

. Aperçu de la vie de Seïdina Cheikh Ahmed Tidjani () ...................................................02

. Lalla Mannana ....................................................................................................... 11


. Saïdat Safiya Loubadat ............................................................................................. 13
. Sidi ‘Abbas Charaïbi ................................................................................................ 14
. Sidi ‘Abbas Charqawi .............................................................................................. 15
. Sidi ‘Abdallah Soufi ................................................................................................ 16
. Sidi AbdelAdhim El ‘Alami ...................................................................................... 17
. Sidi Abdelmajid Bouhlal et son frère Hajj Mou’ti ........................................................ 19
. Sidi Abdelqader ibn Abdelmalek El Idrissi ................................................................. 20
. Sidi Abdelwahab Baniss l’aveugle ............................................................................. 20
. Sidi Abdelwahab ibn El Ahmar ................................................................................. 22
. Sidi Abdelwahab Tazi El Fesi ................................................................................... 24
. Sidi Abdelwahid Boughaly ...................................................................................... 24
. Sidi Abderahman Berada .......................................................................................... 25
. Sidi Abderahman Chinguiti ..................................................................................... 26
. Sidi Abdesalem Abou Taleb .................................................................................... 28
. Sidi Abdesalem Zamouri .......................................................................................... 29
. Sidi Ahmed ‘Abdelaoui............................................................................................ 29
. Sidi Ahmed Baniss .................................................................................................. 31
. Sidi Ahmed Benounah ............................................................................................ 31
. Sidi Ahmed Boukili ................................................................................................ 33
. Sidi Ahmed Dabizah ............................................................................................... 33
. Sidi Ahmed Dadouch El Moussaoui Semghouni ......................................................... 36
. Sidi Ahmed Djawiyed Tanji ..................................................................................... 37
. Sidi Ahmed ibn Abdrahman Semghouni .................................................................... 38
. Sidi Ahmed ibn Abdsalem El Filaly ........................................................................... 39
. Sidi Ahmed ibn ‘Achour Semghouni ......................................................................... 40
. Sidi Ahmed ibn ‘Asaker El Djaza-iri .......................................................................... 41
. Sidi Ahmed ibn Isma’il El Laghouati.......................................................................... 41

154
. Sidi Ahmed ibn Kirane ............................................................................................ 42
. Sidi Ahmed ibn Ma’amar Laghouati .......................................................................... 42
. Sidi Ahmed ibn Mohamed Fathan Bannani Fèsi .......................................................... 44
. Sidi Ahmed Lakhdar Tamacini ................................................................................. 46
. Sidi Ahmed Maghbar .............................................................................................. 47
. Sidi Ahmed Mazouni ............................................................................................. 48
. Sidi ‘Ali Amlas ........................................................................................................ 49
. Sidi ‘Ali Harazim Berada .......................................................................................... 51
. Sidi ‘Ali ibn Chtioui ................................................................................................ 56
. Sidi ‘Ali Tamacini ................................................................................................... 56
. Sidi ‘Arbi El Achhab ............................................................................................... 60
. Sidi Arbi El ‘Iraqi .................................................................................................... 62
. Sidi Bilal ................................................................................................................ 63
. Sidi Boudjam’a ....................................................................................................... 64
. Sidi Bou’iza El Berbery ............................................................................................ 65
. Sidi Bouziane ......................................................................................................... 66
. Sidi Chahid El Wazani .......................................................................................... 67
. Sidi Daoudi ............................................................................................................ 68
. Sidi El Kebir Lahlou ................................................................................................ 69
. Sidi El Mouhib ben Qadour Zarhouni ....................................................................... 71
. Sidi Hassan ibn Abdallah Boukili............................................................................... 72
. Sidi Ibrahim Riyahi................................................................................................. 73
. Sidi Lakhdar ........................................................................................................... 77
. Sidi Madani Charaibi............................................................................................... 77
. Sidi Mahmoud ibn Qotban El Djaza-iri ................................................................... 78
. Sidi Mahmoud Tounsi............................................................................................. 78
. Sidi Makki ibn Abdallah ......................................................................................... 81
. Sidi Mohamed Belqacem Basri El Meknessi ............................................................... 81
. Sidi Mohamed Ben Abi Nasr El ‘Alawi ...................................................................... 86
. Sidi Mohamed Ben Jaloul ........................................................................................ 91
. Sidi Mohamed Ben Qouider El ‘Abdelaoui ................................................................ 92
. Sidi Mohamed Bouhassouna .................................................................................... 93
. Sidi Mohamed Dala-i .............................................................................................. 96
. Sidi Mohamed El Ghali ........................................................................................... 96
. Sidi Mohamed El Habib, fils de Seïdina Ahmed Tidjani ............................................... 98
. Sidi Mohamed El Hafidh Chinguiti ......................................................................... 100

155
. Sidi Mohamed El Kebir, fils de Seïdina Ahmed Tidjani.............................................. 102
. Sidi Mohamed Harouchi ...................................................................................... 104
. Sidi Mohamed ibn Abbas Semghouni ...................................................................... 104
. Sidi Mohamed ibn Abdallah Tilimsani ..................................................................... 105
. Sidi Mohamed ibn Ahmed ..................................................................................... 106
. Sidi Mohamed ibn Ahmed El Jabary ........................................................................ 107
. Sidi Mohamed ibn Ahmed, connu sous le nom de Senoussi........................................ 107
. Sidi Mohamed ibn ‘Arabi Damraoui ........................................................................ 108
. Sidi Mohamed ibn ‘Arabi El Madaghari ................................................................... 112
. Sidi Mohamed ibn Fqirah ...................................................................................... 113
. Sidi Mohamed ibn Ghazi ..................................................................................... 114
. Sidi Mohamed ibn Hayyoun El Fèsi ........................................................................ 115
. Sidi Mohamed ibn Hirzoullah ................................................................................ 115
. Sidi Mohamed ibn Mechri ................................................................................... 116
. Sidi Mohamed ibn Moussa El Turki ........................................................................ 118
. Sidi Mohamed ibn Souleïman Mana’i Tounsi ........................................................... 120
. Sidi Mohamed Kensoussi ....................................................................................... 122
. Sidi Mohamed Moucharaf Gharbani ....................................................................... 124
. Sidi Mohamed Sassi............................................................................................... 125
. Sidi Mohamed Seghir ............................................................................................ 127
. Sidi Mohamed Zine Sahraoui ................................................................................. 128
. Sidi Mokhtar DabbaghTilimsani ........................................................................... 129
. Sidi Moufadal ibn Bou’iza El Meknessi .................................................................... 130
. Sidi Moussa ibn Ahmed ibn Bettoun Semghouni ...................................................... 131
. Sidi Moussa ibn Ma’zouz ....................................................................................... 132
. Sidi Mou’ti ......................................................................................................... 133
. Sidi Na’imi ibn Zidane .......................................................................................... 134
. Sidi Omar Charaibi ............................................................................................... 135
. Sidi Omar El ‘Iraqi ................................................................................................ 136
. Sidi Omar fils de Sidi Mohamed fils de Sidi Abdelaziz Dabbagh .................................. 136
. Sidi Sahnoun ibn El Hajj ........................................................................................ 138
. Sidi Tahar Bouteïba .............................................................................................. 139
. Sidi Taieb Qabab .................................................................................................. 140
. Sidi Taieb Sefiani .................................................................................................. 141
. Sidi Taleb El Labar ................................................................................................ 144
. Sidi Touhami Lahlou ............................................................................................ 144

156
. Sidi Youssuf ibn Dhanoun El Bija-i Tounsi.............................................................. 145
. Sidi Zaki Madaghari .............................................................................................. 146
. Sidi Za’noun ........................................................................................................ 148
. Sultan Maoulana Souleiman ................................................................................... 149

Recherches et Traduction par la Zaouiya Tidjaniya El Koubra d’Europe

157

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