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PERLES DES SIGNIFICATIONS ET


EXAUCEMENT DES SOUHAITS TOME I

Par l'érudit et gnostique Sidi Ali Harazem Ibn Larbi Berrada


Fassi Que la clémence d'Allah et sa satisfaction soient sur lui

Texte arabe authentifié par le Professeur Mohamed Erradi


Genoune Idrissi Hassani

«Traduction»
du Professeur Ahmed Ibn Abdallah Skiredj Anssari Khazraji

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INTRODUCTION DU TRADUCTEUR
(Ahmed Ibn Abdallah Skiredj Anssari Khazraji)
Avant-propos :

Au nom d’Allah, le très miséricordieux, le tout miséricordieux. Louange à Allah, et prière et salut
d’Allah sur notre maître sidna Mohamed ainsi que sur ses proches de famille.
Louange à Allah qui a guidé ceux qu’il a sélectionnés parmi ses serviteurs au droit chemin, jusqu’à ce
qu’ils aient obtenu leurs souhaits. Il les a inondés dans l’océan de Sa pure largesse, et il les a fait boire
dans sa proximité du verre de sa direction et de son amour.
Nous louons Allah tout en sachant que nous ne pouvons jamais le remercier convenablement pour
les innombrables aubaines qu’il nous a accordées. Comment peut-on dénombrer ses bienfaits alors
qu’elles nous parviennent indéfiniment ! Et si vous énumérez la faveur divine, vous ne pouvez la
délimiter ! Comment peut-on arriver à remercier Allah, alors que ce remerciement est une grâce de Sa
part qui exige un remerciement ?!
Allah sait que nous sommes incapables de le remercier comme on le doit. Il s'est donc loué Lui-même
en disant depuis la prééternité «louange à Allah», et c’est selon cette intention que nous disons ici
«louange à Allah».
De même, nous sommes incapables de remercier l’intermédiaire (prière et salut d’Allah sur lui) qui
assure l’arrivée de ces aubaines à destination, qui applique les instructions du Roi le Très-Haut, et qui a
dit : je ne suis qu’un distributeur, Allah est le donneur. Prions donc sur sidna Mohamed, prière et salut
d’Allah sur lui, selon la prière par laquelle Allah, Lui-même, a prié sur son prophète depuis la
pré-éternité. Nous prions sur lui. Il est le soleil de la connaissance dressé pour illuminer toute obscurité.
Il est l’imam des croyants dont le visage et les membres sont blancs sous l'effet des ablutions. Nous
prions sur lui ainsi que sur ses proches de famille et ses compagnons bien-guidés.
Qu’Allah soit satisfait de notre maître, le grand cheikh, le souffre rouge, le pôle caché, et le sceau des
saints, sidi Ahmed ben M’hammed Tijani.
Qu'Allah nous range parmi ceux qui ont été arrosés copieusement par l'afflux de ses connaissances.
Qu'il nous accorde son amour spécial qui ne se dissipe jamais et qui est lié au cordon de la proximité.
Qu'il nous offre son agrément qui rehausse les valeurs des gens ici-bas et dans l'au-delà. Que la
satisfaction d'Allah enveloppe tous ses compagnons et tous ceux qui se rattachent à lui et à ses portes,
ainsi que sur le reste des bien-aimés et des partisans.
Par ailleurs, le livre «Perles des significations et Exaucement des Souhaits au sein de l'Afflux d’Abi
Abbes Tijani, Satisfaction d'Allah sur lui», écrit par l'érudit et gnostique1 Sidi Ali Harazem Ben Larbi
Berrada Fassi, est le livre de référence numéro un de la voie soufie2 «Tidjaniya». C’est un livre qui a été
écrit à la suite de l’autorisation particulière du prophète, prière et salut d’Allah sur lui, au profit de
l’auteur sidi Ali Harazem Berrada.
Ledit auteur a déclaré lui-même qu’il n’avait pas écrit un seul mot de ce livre avant de faire la
consultation prophétique (en vue d’acquérir la permission du prophète, prière et salut d’Allah sur lui,
avant d’agir).
Le lecteur du présent ouvrage découvrira ainsi inévitablement la valeur sublime du cheikh sidi
Ahmed Tidjani, satisfaction d’Allah sur lui, et de son successeur l’auteur sidi haj Ali Harazem. Il
s’apercevra des attributs parfaits du cheikh et sentira son héritage fabuleux de son grand-père le
prophète, prière et salut d’Allah sur lui, qui a dit lorsque le livre a été achevé «c’est mon livre, et c’est
moi qui l’ai rédigé».

1 Gnostique : connaissant en Allah


2 La voie soufie signifie la voie vers Allah qui est basée sur son rappel selon une chaîne initiatique authentique.

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La traduction d’une œuvre de ce calibre nécessite donc une autorisation particulière de la part du
prophète (prière et salut d’Allah sur lui) ; sinon elle portera préjudice au livre et au traducteur. Les
différents sens signalés dans le livre sont très précis et très profonds. Leurs subtilités ne peuvent être
décelées que par des personnes autorisées à les déceler et bien guidées dans ce sens. Quand le cheikh
sidi Ahmed Tijani, satisfaction d’Allah sur lui, commence à parler dans le domaine des vérités, on a
l’impression qu’il monte avec une vitesse dépassant celle de l'éclair sur une échelle glissante, toute
personne qui le suit peut facilement tomber. A chaque fois qu’on arrive à monter plus haut, on a plus de
crainte, car l’erreur devient impardonnable. C’est pour cette raison que plusieurs gnostiques tijanis
francophones se sont abstenus et n’ont pu oser le traduire. Cependant, et grâce à la bénédiction de
notre maître le cheikh sidi Ahmed Tijani, satisfaction d’Allah sur lui, et grâce à l’amour sincère que nous
lui portons, nous, qui sommes insignifiants devant tous ces gnostiques et érudits tijanis, nous avons
obtenu la permission spéciale du prophète, prière et salut d’Allah sur lui, pour traduire cet ouvrage de
l’arabe à n'importe quelle langue que nous voulons.
Cette autorisation nous est parvenue le 16 juin 2008 / 12 Joumada II 1429. Nous avons donc
commencé la traduction le soir même de l’autorisation. Notre professeur et ami l’érudit et gnostique, le
sharif1 sidi Mohamed Erradi Genoune nous a dit : si une personne est née uniquement pour réaliser
cette mission, qu’elle sache qu’elle va être promue par Allah aux plus hauts rangs de sa proximité.
Louange à Allah seigneur des mondes.
Allah dit : «Et quant au bienfait de ton Seigneur, proclame-le» ! (Sourate Ad-Duha, le jour montant,
verset 11). Nous avons trouvé au cours de la traduction plusieurs facilités, et plusieurs bonnes nouvelles.
Le facteur le plus important qui nous a facilité la tâche est le contact étroit que nous avions eu avec le
professeur sidi Mohamed Erradi Genoune. Nous lui avons posé durant ces quatre années de traduction
plus de mille questions. Nous avons même retraduit ce que nous avions rédigé du Français à l’Arabe
pour lui montrer la version arabe d’origine et notre version. Parfois, il nous répondait directement,
parfois il faisait une consultation prophétique, parfois la réponse lui était insufflée en lui-même au
moment même de la question, parfois les esprits de grandes personnalités tijanies lui donnaient des
réponses (comme l’érudit Skiredj, notre arrière oncle, auteur de 204 livres, dont 64 dans la voie
Tidjaniya ; le pôle2 sidi Arbi ben Sayeh, etc.)
Ceci fait partie des prodiges de notre voie Tidjaniya. Dans cette voie, l’éducation complète et
l’ouverture spirituelle sont assurées au profit de tout disciple, même après la mort de leur cheikh.
J’implore le pardon d’Allah bien que j’aie obtenu l’autorisation prophétique, car j’ai osé m’aventurer
dans cet océan gigantesque. Je sais qu’en m’aventurant ainsi j’ai dépassé ma position et ma valeur. Mais
j’implore Allah pour qu’il me pardonne, et pour qu’il m’accorde son grand amour spécifique éternel de
par Sa pure largesse. Amen. Louange à Allah Seigneur des mondes.

I. Etapes de la traduction :
1ère étape : La traduction : du 16 juin 2008 - 3 juin 2011.
Dans cette première étape, nous nous sommes intéressés à la traduction exacte et fidèle de tous les
mots utilisés dans le livre. Chaque mot traduit un monde à part et ne peut pas être omis. Ensuite, nous
nous sommes attaqués aux significations et aux différents contextes des sens évoqués.
2ème étape: Du 3 juin 2011 - 18 octobre 2012. Sept révisions générales (lettre/lettre et mot/mot) et
une dizaine de lectures intégrales du livre.
Le but de ces révisions était de simplifier au maximum la traduction et la rendre la plus claire
possible. Nous avons donc choisi les mots adéquats et les plus faciles. Au cours de ces révisions, nous
avons posé d’innombrables questions à notre guide et ami sidi Mohamed Erradi Guennoune (qu’Allah le

1 Le sharif veut dire : le descendant du prophète, prière et salut d’Allah sur lui
2 Le pôle est le saint qui détient la station spirituelle la plus importante de son époque, ainsi que la plus éminente position
auprès d’Allah. Il est le plus pieux et le plus proche d’Allah de toutes les créatures de son époque.

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garde et le préserve). Il nous a mis en contact également avec l’un de ses disciples vertueux en France
pour nous aider dans la versification des poèmes traduits.
3ème étape : confrontation du présent livre "Jawaher" avec deux autres livres qui comportent les
mêmes informations.
Ces deux livres, dont l'auteur est le gnostique sidi Mohamed ben Machri, sont :
1) "Al Jamiô" (recueil de ce qui a été éparpillé comme sciences du pôle caché sidi Ahmed
Tijani) ; et
2) "rawd al mouhib al fani" (le jardin de l'amoureux anéanti représentant ce qu'il a reçu
comme enseignements de la part de son cheikh Abi Abbes Tijani).
Cette comparaison a été effectuée du 3 septembre 2012 au 22 octobre 2012. Elle a révélé quelques
légères différences qui ont été très utiles pour la traduction.
4ème étape : c’est l’étape que nous comptons faire, si Dieu le permet.
Elle consiste à traduire toutes les annotations faites par le professeur sidi Mohamed Erradi Genoune
dans le cadre de la deuxième édition arabe du livre (en cours de réalisation). Ces annotations rendront
le livre plus parlant, plus clair et lucide. Dans la présente version, nous avons intégré certaines de ces
annotations et nous avons ajoute d’autres selon le besoin.

II. Matériel et méthodes

A- Le manuscrit :
La copie de référence du présent livre, qui a été traduite de l’arabe au français, est celle qui a été
corrigée, vocalisée et éditée par notre ami le professeur sidi Mohamed Erradi Genoune. Il l’a éditée en
se basant sur onze copies manuscrites du livre et en les confrontant entre elles. Lorsqu’il y a des
différences, surtout de saut ou de répétition d’un mot, ou d’erreurs d’orthographe, le professeur les
indique en bas des pages.

B- Style du livre arabe d’origine


1. Un style d’une présentation orale
Le présent livre «Les perles des significations» écrit par l’érudit, le calife tijani, Sidi Lhaj Ali Harazem
Berrada, satisfaction d’Allah sur lui, n’est pas un livre ordinaire, comme les livres scientifiques classiques.
C’est un ensemble de textes écrits, rapportés d’après des conférences, des présentations orales ou des
dictées du Cheikh Sidi Ahmed Ben M’hamed Tijani, satisfaction d’Allah sur lui. C’est pour cette raison
que le texte comporte différentes répétitions utilisées par le cheikh afin de mieux expliquer les thèmes
abordés et de permettre à l’audience de mieux suivre les conférences et comprendre les sujets traités.

2. Avantages de ces répétitions dans le texte


Ces répétitions attirent l’attention du lecteur. Elles sont exprimées pour un but pédagogique. En
effet, la plupart des auditeurs ne prenaient pas de notes. Ils se basaient sur la mémoire pour se rappeler
d'un thème donné ou d'une explication déterminée. Lorsque le Cheikh répète un commentaire lors de
sa présentation orale, cette répétition ne peut faire que du bien aux auditeurs.
Il est à noter que l’auteur sidi lhaj Ali Harazem, satisfaction d’Allah sur lui, était connu pour sa faculté
à suivre les conférences du cheikh, à les comprendre et à les transcrire en totalité avec une grande
vitesse lors de la prise de notes. C’est grâce à ses efforts et à ses facultés que nous avons pu mettre la
main sur un tel livre «les perles des significations» qui traduit en détail les différentes conférences du
cheikh, satisfaction d’Allah sur lui.

3. En arabe, les phrases peuvent être longues, mais claires


Contrairement à la langue française, en arabe, on peut utiliser des phrases longues, sans que cela
n’affecte ni la compréhension ni le style de la rédaction. Parfois, une seule phrase peut comporter une

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dizaine de lignes et même plus. En français, en faisant la traduction de ce type de phrases, nous nous
sommes trouvés contraints de les couper en différentes phrases courtes qui respectent à la fois le sens
général du texte arabe et le caractère du style français du texte traduit.

4. La précision, la rigueur et la simplification


Ce sont les principales caractéristiques du style du cheikh sidi Ahmed ben M’hammed Tijani,
satisfaction d’Allah sur lui. Le cheikh sidi Ahmed Tijani, satisfaction d’Allah sur lui, de par son rang en
tant que sceau des saints et pôle caché1, détient une position scientifique valeureuse et une maîtrise de
connaissances et de vérités sans précédent.
Quand il explique certaines notions, il les explique avec une parole exhaustive quoique brève, c'est
ce qu'on appelle en Arabe : «jawamie al kalim». De telles explications nous montrent son parfait
héritage du prophète, prière et salut d’Allah sur lui, qui était connu pour cette faculté et par ce don.
Le cheikh est précis et rigoureux lors de ses conférences et dictées. Quand il parle par exemple
d’Allah, il fait la différence entre ses différents rangs. Il ne prononce pas le mot «seigneur» quand il veut
parler du rang «Dieu» et vis versa.
Chaque rang est un rang particulier qui implique plusieurs considérations précises. En effet :
Le seigneur signifie le propriétaire et le gestionnaire, le créateur et le contraignant. Son verdict est
exécuté, ainsi que Sa volonté et Sa parole sur tout un chacun. Quant à la présence de la divinité, elle
englobe tous les noms, attributs et présences divines.
La vérité de la divinité est l’orientation des êtres existants vers Allah par l’adoration, la soumission,
l’humilité, la nécessité, la glorification, la vénération et l’amour.
Compte tenu de cette remarquable précision chez le cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, j’ai jugé
judicieux de dresser au terme de mon introduction un chapitre intitulé «clés de l’appréhension du livre :
perles des significations» pour donner au lecteur dès le départ les outils nécessaires à la compréhension
du livre.
Le cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, est très rigoureux. Parfois, il peut ajouter un à deux mots à une
explication déjà établie, mais ces mots ajoutés sous-entendent des vérités de grande valeur chez ceux
qui en sont dignes. Le traducteur doit donc être constamment éveillé et doit accorder une grande
d’importance à chaque mot prononcé pour qu’il ne commette pas de fautes de fidélité par rapport au
texte d’origine.
Enfin, on remarque également le souci pédagogique du cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, et sa
diligence envers ses disciples et compagnons. Il tenait à expliciter au maximum ses enseignements.
Parfois, il prononçait une phrase, puis il la décortiquait pour expliquer chaque verbe et chaque mot la
constituant.
Cette méthode d’enseignement et d’explication nous rappelle celle du prophète, prière et salut
d’Allah sur lui, et nous nous rendons compte également de sa maîtrise, satisfaction d’Allah sur lui.

1 Dans son livre «kachf al hijab» !’érudit Skiredj (Satisfaction d’Allah sur lui) a dit : mon maître Sidi Ahmed Abdelaoui
(Satisfaction d’Allah sur lui) m'a informé que le gnostique Sidi Mohammed Ben Larbi Demraoui (SASL), du fait de son degré
élevé de son ouverture spirituelle, avait convoité la station réservée au Cheikh (SASL). En effet, il a écrit au Cheikh (SASL) et
lui a raconté qu'il avait vu une station spirituelle qui se situe entre la prophétie et le rang de pôle. Cette station ne peut pas
être acquise par hérédité. Elle appartient à une seule personne de cette communauté. Il lui a dit qu'il avait désiré cette
station pour lui- même. Mais il craignait le prophète, prière et salut d’Allah sur lui, car s'il la lui demande et si elle ne lui
appartient pas, il risquera de perdre sa station à cause de son manque de bienséance !
Ensuite, il a appris que cette station était réservée au Cheikh sidi Ahmed Tidjani (SASL). C'est ainsi qu'il s'est précipité pour
l'informer de cette grâce immense. Sidi Mohammed Ben Larbi Demraoui (SASL) a demandé au Cheikh (SASL) de lui offrir, en
récompense de cette bonne nouvelle, la rétribution de sa propre citation de dix fois le nom suprême d'Allah, de dix fois la
Salat el Fatihi et de dix fois la récompense de la clé de la qutbaniya (rang de pôle). Il a mentionné aussi qu'il avait constaté
qu'Allah a multiplié les rétributions des invocations du Cheikh (SASL) par un facteur que personne d'autre ne peut atteindre.
En effet, une seule invocation prononcée par le Cheikh (SASL) dépasse de loin les récompenses de ce que Sidi Demraoui peut
citer, lui, ses enfants et ses ancêtres pendant soixante-dix ans. Fin (extrait du livre kachf al hijab).

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A- Terminologie utilisée
La langue arabe par laquelle le texte est écrit date de plus de deux Siècles. C’est un arabe peu
courant de nos jours. Les termes utilisés sont très précis, mais il faut les connaître. Lorsqu’ils sont
expliqués, le lecteur est soulagé. Dans le cas contraire, certains termes ne figurent même pas ni dans le
dictionnaire usuel ni dans certains anciens glossaires. Les difficultés sont plus prononcées lorsqu’il s’agit
d’expliquer des vers de poésie. Pour comprendre, nous avons eu souvent recours au professeur sidi
Mohamed Erradi Genoune, et à des glossaires spécialisés en soufisme. Notre principal objectif dans
cette traduction est qu’elle respecte la loyauté scientifique requise d’un traducteur, ainsi que la fidélité
à l’auteur et au texte d’origine.

B- Confrontation du présent livre avec les deux autres livres principaux de la voie Tidjaniya
«El Jamiô» et «Rawd El Mouhib El Fani»
Nous avions eu souvent recours à la confrontation et à la comparaison entre ces trois principaux
livres de la tariqa Tijania, à savoir : Le «Jawaher al maani» de Sidi Lhaj Ali Harazem, le «Jamiô» et «Rawd
El Mouhib El fani» de Sidi Ben Machri. Les parties dictées par le Cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, sont
les mêmes. Des différences sont notées dans les parties non dictées, c’est-à-dire là où les auteurs ont
pris leurs notes personnelles et ont exprimé le contenu de l’exposé du Cheikh à leur manière. Dans ces
parties intéressantes, les différentes explications répétées dans un livre complètent la compréhension
des mêmes phrases évoquées dans un autre livre. Par cette méthode de confrontation, nous avons pu
aboutir à une compréhension totale du présent livre «Jawaher al maani», sans équivoque et sans erreur.

III. Principale référence utilisée pour la traduction


En ce qui concerne les outils de travail, d'abord nous avons traduit la copie manuscrite de l’érudit Sidi
Ahmed Ben Layachi Skiredj, satisfaction d’Allah sur lui. Elle a été saisie, révisée, confrontée aux dix
autres copies manuscrites, comme on l'a expliqué auparavant. Différents dictionnaires de langue, de
géographie, de monographie, de soufisme et différents documents déjà traduits en français ont été
utilisés. Deux autres références importantes, le «Jamiô» et «Rawd El Mouhib El fani» nous ont été utiles
pour mieux comprendre le texte arabe, avant de le traduire. Mais la principale référence pour la
compréhension de ce livre est le professeur, l’érudit, Sidi Mohamed Erradi Genoune.

A- Aperçu sur le professeur Sidi Mohamed Erradi Genoune


• Né à Ben Slimane, au Maroc, le 3 Mars 1959/ 23 Chaâbane 1378.
• Etudes primaires, secondaires et universitaires à Rabat.
• Etudes supérieures à l’école (ENES) de Nouakchott en Mauritanie.
• Diplôme de l’école supérieure de l’enseignement de Nouakchott.
• Diplôme de «alimiya» (Doctorat) de Nouakchott.
• Différents diplômes universitaires supérieurs marocains en lettres, en langue arabe et en
études islamiques.
• Disciple de la voie Tijanie, dès son jeune âge, en 1974. Initié par le juriste vertueux Sidi
Mohamed Benabdallah, le Moqaddem de la zaouïa de Rabat.
• Spécialiste du docte de la voie Tidjaniya, suivant une autorisation spirituelle spéciale,
concernant différents secrets, donnés par différents savants et élus célèbres, dont Sidi
Ahmed Chiadzmi, l’érudit Laktiri et d’autres.
• Une vingtaine de publications sur différents thèmes tijanis (monographies, thèses, etc.).
• Une centaine d’authentifications de livres de différents savants, dont principalement notre
arrière-oncle l’érudit Sidi Ahmed Ben Layachi Skiredj (saisie, correction de la saisie, étude, et
authentification de la totalité de ses 204 livres), l’érudit sidi Lahjouji, l’érudit sidi Touach, etc.
• Directeur scientifique du site électronique : www.cheikh- skiredi.com
• Conservateur de la bibliothèque privée de la famille Cherkaoui.

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• Editeur d’une trentaine de livres, avec un millier d’exemplaires par livre, dont «Jawaher Al
Maâni» en arabe, «Ithaf Ahl Al Maratib Al îrfania», «Arrihla zaydania», «Qadamou Er
Roussoukh», «Kachfou Lhijab», «les femmes tijanies», etc.

B-Autorisation spirituelle pour traduire le présent livre «Les perles des significations»
1. Historique
Dès l’année 2005, nous avons commencé notre travail de saisie des documents tijanis en arabe, afin
de les publier sur le web, sur notre site électronique : www.cheikh-skiredi.com.
Cette saisie de livres est très intéressante, puisque de nos jours, il est devenu très difficile de lire les
manuscrits des anciens savants et de déchiffrer les lettres, sans commettre d’erreur. Nous avons acquis
cette spécialité, louange à Dieu, et nous n’avons pas hésité à reproduire près de 300 livres écrits sur la
voie soufie Tidjaniya, sur le hadith et la loi islamique, en général.
La seconde étape de notre travail consiste à imprimer les principaux livres de l’érudit Sidi Ahmed Ben
Layachi Skiredj, afin de sauvegarder ce patrimoine culturel et de le mettre à la disposition des lecteurs.
La 3ème étape de notre démarche consiste à traduire d’abord en français, puis en Anglais, les
principales références de la Tariqa Tijania, à savoir le présent livre «Jawaher al maani», le «Jamiô» et
«Rawd Al Mouhib Al Fani», ainsi que les principales publications de notre arrière-oncle, Sidi Ahmed Ben
Layachi Skiredj.
Cette grande ambition de traduire ce livre nous paraissait impossible à concrétiser. En effet, le
prophète, prière et salut d’Allah sur lui, a dit à propos des «perles des significations» : c’est mon livre, et
c’est moi qui l’ai rédigé. Un tel document ne peut donc être réussi dans sa traduction que si l’on dispose
d’une autorisation spirituelle de la part de son vrai auteur, le prophète, prière et salut d’Allah sur lui.
Lorsque nous avons parlé de cette ambition de traduire le «Jawaher» au professeur sidi Mohamed
Erradi Genoune, il a trouvé que l’idée était intéressante. Et à son tour, il a mis l’accent sur la nécessité
de demander le «Idzne» (la permission) du cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, ou du prophète, prière et
salut d’Allah sur lui.
Louange à Allah, nous avons obtenu plusieurs autorisations de sa part, prière et salut d’Allah sur lui,
de par la pure largesse d’Allah.

2. Un exemple d’autorisation spirituelle


A l’aube du Samedi 29 Mars 2008/ 21 Rabiô I Nabaoui, 1429H le professeur, Sidi Mohamed Erradi
Genoune, a vu le rêve suivant : Il a vu le prophète, prière et salut d’Allah sur lui, entrer à la Zaouia de
Rabat, de Sidi Larbi Ben Sayeh, avec le livre Al Jawaher entre les mains. Dès que les serviteurs du
mausolée ont vu le prophète, ils se sont précipités vers lui pour le débarrasser de ses babouches. Le
prophète, prière et salut d’Allah sur lui, par courtoisie, ne les a pas laissé faire et leur a dit «Hachakoum»
plusieurs fois (c’est-à-dire : loin de là), puis il a confié ses babouches à sidi Mohamed Erradi Genoune,
qui s’est installé tout près de lui, au sanctuaire du mausolée. Ensuite, le prophète, prière et salut d’Allah
sur lui, a confié le livre «Al Jawaher» au Cheikh Sidi Ahmed Tijani, satisfaction d’Allah sur lui, qui se
trouvait à sa droite. Le cheikh, à son tour l’a pris et l’a confié au calife Sidi Lhaj Ali Harazem qui était doté
d’une luminosité et d’une beauté remarquables. Puis le calife, satisfaction d’Allah sur lui, a confié, à son
tour, le «Jawaher» à sidi Mohamed Erradi Genoune. Ce rêve signifie clairement que sidi Mohamed
Erradi Genoune est autorisé à travailler sur le «jawaher», et à l’authentifier.

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LES CLÉS DU LIVRE
Synthèse générale
Les clés de l’appréhension du livre
«perles des significations»

Le but de cette partie est de permettre au lecteur de mieux appréhender le livre «Jawaher Al maani»
ou «Les perles des significations», tout en ayant les notions de base nécessaires qui permettent de
comprendre le fond du message visé.
En effet, les soufis, les gnostiques et les élus dignes de l’ouverture spirituelle utilisent des termes
spécifiques pour exprimer les innombrables sciences et connaissances qui leur sont insufflées. Lorsqu’ils
progressent dans leurs stations1 spirituelles, ils expriment ce qu’ils y goûtent par un style particulier,
difficile à comprendre par une personne étrangère au monde du soufisme. Voilà pourquoi, il semble
judicieux de faire la synthèse suivante sur des notions de base qui seront reprises dans différents
chapitres du livre. Ces notions ont été rassemblées en quasi-totalité du présent ouvrage.
Dans le hadith qodssi, Allah a dit : j’étais un trésor inconnu. J'ai aimé être connu. J'ai alors créé une
créature à laquelle j'ai "injecté" ma connaissance. C'est donc par moi qu'on m'a connu.

I. Les deux rangs de l’Entité suprême d’Allah


Afin de comprendre la suite, il faut distinguer deux rangs qui caractérisent Allah : son Entité pure où
il est qualifié de la hauteur, de la grandeur, de la solennité, etc. Et son Entité suprême qui permet
l’existence de l’autrui et où il est qualifié de l’élévation et de la supériorité.

1. L’Entité pure (du point de vue du rang de l'essence)


C'est la première existence d'Allah, le Ïrès-Haut. Elle ne permet aucune apparition de l'autre ni de
l'autrui. Cela est dti à son intense jalousie2, gloire à lui, et à I'influence de Sa puissance et à la crainte
révérencielle qu'inspire Sa solennité. Selon cet aspect, Il détient la hauteur parfaite, la grandeur totale,
la sublimité complète et la puissance globale. La réalité de ces attributs ne peut pas être connue. Toute
personne qui æuvre pour connaître son seigneur du point de vue de ce rang perd son temps et sa vie.
Elle ne pourra qu'être déçue et privée.
Ce rang est en effet celui de I'essence du Vrai. Personne d'autre qu'Allah ne peut le connaître. Ce
rang s'appelle aussi la présence de I'effacement des traces, de I'aveuglement substantiel, et du grand
ésotérisme, dont la réalité ne peut en aucun cas être connue.
Tous les attributs sublimes que cette présence comprend (hauteur, grandeur, sublimité, solennité,
générosité, gloire, ainsi que tout attribut agrégatif), sont ceux de l'Entité pure dont la moindre odeur et
le moindre goût sont interdits aux pensées et aux intellects de la créature. Du point de vue de ce rang,
on dit : "Personne ne sait comment Il (Allah) est sauf lui-même". Si une infime partie de n'importe quel
attribut susmentionné de I'Entité pure se dévoile à I'univers, celui-ci sera aussitÔt brÛlé et réduit'à
néant. Ces attributs sont au-dessus de la conception et de la compréhension. Aucun être ne peut
supporter la connaissance d'Allah en ce rang.
Ce premier rang (l'Entité pure) est donc celui du grand ésotérisme du Vrai, où il n'y a ni autre ni
autrui. C'est ce qui est insinué dans le hadith qodssi : «J'étais un trésor inconnu». C'est-à dire «Personne
ne me connaÎt à part Moi-même». Il n'y a pas d'autrui ici.

1 Dans tout cet ouvrage nous allons utiliser ce terme soufi «station» pour désigner le «Maqam». La station représente en effet
dans l'itinéraire vers Dieu, un degré de perfection spirituelle obtenu par l'effort personnel du disciple, alors que le Hal (État)
consiste en une disposition ne dépendant que de Dieu: "Les Etats, disait Al Qouchairi, sont des dons, les stations sont des
mérites" (Rissala , Aboul Qasim al Qouchairi).
2 La jalousie (ghayra) est un attribut de Dieu lui-même, qui surveille jalousement la conduite de son serviteur.

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2. L’Entité suprême (du point de vue du rang de l'apparition du Vrai à autrui)
C’est l’existence d’Allah qui permet celle de sa créature afin de Le connaître. Allah, le Très-Haut, est
en effet descendu de la présence de Sa hauteur à la présence de Son élévation, et de la présence de Sa
grandeur à la présence de Sa supériorité. La hauteur et la grandeur sont absolues et indépendantes de
l’existence de l’autrui, alors que l'élévation et la supériorité exigent une créature, par rapport à laquelle
Allah sera plus élevé et supérieur. Là, la créature pourra le connaître, bien que les attributs «élévation»
et «supériorité» relèvent toujours de l’Entité d Allah. Allah a fait donc apparaître une créature, à
laquelle il est supérieur. Il la affectée d’attributs par rapport auxquels il est plus élevé.
C’est ce rang qui a permis à la créature d’exister. Cette première descente n’est pas contingente. Elle
est plutôt ancienne. C’est un attribut de l’Entité. De même, la «supériorité» et «l’élévation» sont deux
attributs de la perfection de l’Entité suprême. Cette perfection exige l’existence d’une créature. Sans
l’existence de la créature, la supériorité d’Allah et son élévation ne seront pas connues, car il faut créer
quelqu’un par rapport auquel Allah sera supérieur et plus élevé.
Si l'Entité, du point de vue du rang de l'essence, exige l'absence de l'autre et de l'autrui à cause de la
sublimité de la puissance et de la hauteur, il en est de même pour I Entité du point de vue de ce rang.
Elle exige l'existence de la créature. En effet, l'existence de la créature du point de vue de ce rang fait
partie des perfections de l'Entité.
Ce deuxième rang est la présence de l’apparition du Vrai à l’autrui. Il s’agit là de ce qui a permis
l’existence de la créature. C’est le rang de la descente d’Allah à l’univers. Cette descente présente deux
aspects : un premier aspect relatif à la création (aspect qui exige l'existence de la créature, d'une
manière générale et particulière, d'une manière globale et détaillée, depuis le début de l'existence du
monde jusqu'à l'éternité). Et un second aspect relatif à la miséricorde, c’est-à-dire à la descente par le
débordement de la miséricorde divine. Cette miséricorde s'appelle le souffle du tout miséricordieux. Elle
s'adapte aux intérêts des gens, à leurs concupiscences, goûts et joies d'une manière absolue. Tout ce qui
existe dans l'univers bénéficie de cette miséricorde, qu'il soit mécréant ou croyant. Cette deuxième
descente ainsi que la première sont toutes les deux groupées dans la réalité Mohammadienne.

II. La réalité Mohammadienne


Elle est en effet la première existence qu’Allah a créée à partir de la présence de l’aveuglement. C’est
une sorte de filtre, de miroir ou d’isthme qui se place entre l’Entité suprême d’Allah (qui a permis la
création) et l’univers (qui prendra naissance à partir de cette Réalité Mohammadienne, et va connaître
son créateur à travers ce miroir).
Le premier aspect de la descente d’Allah est donc la création de la «Réalité Mohammadienne», et à
partir de laquelle, par conséquent, la création de l’univers. Le second aspect de cette descente se
manifeste par l’effusion miséricordieuse divine. Cette miséricorde s’appelle «Souffle du tout
miséricordieux». Elle a embrassé toute chose. Tout ce qui existe dans l’univers bénéficie de cette
miséricorde, même les mécréants. Il en bénéficie à travers la réalité Mohammadienne qui regroupe en
elle la totalité de cette miséricorde. Il n'y a pas dans l'univers, la moindre miséricorde générale ou
particulière, qui monte ou qui descend, sans qu'elle fasse partie des gouttelettes de l'afflux de la mer de
la réalité Mohammadienne.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui (sa réalité) est la cause de l'approvisionnement de la
créature en miséricorde divine, comme il a été la cause de son existence.
Dans le hadith rapporté par «Abderrazaq» et «Al qasstalani», dans son livre «Al mawahib al
ladouniya» : le compagnon du prophète, prière et salut d’Allah sur lui, Jabir ben Abdallah a dit : Ô
Messager de Dieu I Que mon père et ma mère te servent de rançon. Informe-moi quelle est la première
chose qu’Allah a créée avant toute chose ? Le prophète, prière et salut d’Allah sur lui, lui a répondu:
«Allah, le Très-Haut, a créé la lumière de ton prophète avant toute chose, puis il a créé tout le bien à partir
d’elle. Puis il a créé toute chose, par la suite».
Allah, le glorieux, le Très-Haut a fait exister cette réalité Mohammadienne, de manière à ce qu'elle
regroupe toutes les entités de l’univers, depuis la prééternité à l'éternité. on peut dire qu'elle est

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l'origine génétique de tout l'univers. Par contre l'existence d'Adam, prière et salut d,Allah sur lui, ne
regroupe que celle de sa descendance jusqu'au jour de Ia fin du monde. Il n'y a pas un être humain,
dans l’univers qui ne fasse pas partie de la.descendance d'Adam. De même, il n'y a pas le moindre
atome dans l'univers depuis Ia prééternité ju'à l’éternité qui ne fasse pas partie de la descendance de ta
réalité Mohammadienne.
C'est cette réalité Mohammadienne qui est la première mère de tout l'univers. C'est l'aboutissement
de la descente du Tout Puissant à la création. C’est aussi l’aboutissement de Sa descente à l'effusion de
la miséricorde divine exigée par le souffle du Tout Miséricordieux.
La première descente qui a abouti à l'existence des créatures est signalée dans le verset suivant :
«Dis: Si le Tout Miséricordieux avait un enfant, alors je serais le premier à l'adorer» (Sourate
Zoukhrouf' l'ornement' verset 81). Le prophète est Ie premier être existant qui a adoré Allah, puisqu'il
n'est devancé, dans la création, par personne. La deuxième descente, c’est-à-dire le souffle du Tout
Miséricordieux, est signalée quant à elle, dans le verset coranique suivant : «Et Nous ne t'avons envoyé
qu'en miséricorde pour l’univers» (Sourate Al Anbya'â, Les prophètes, verset 107).

III. Les trois rangs d'Allah par rapport à la création :


Pour comprendre les rapports entre la création et le créateur, trois rangs peuvent être distingués:
1. Le rang de l'unicité (Ahadia)'
2. Le rang de l'union absolue (Alwahda)'
3. Et le rang de la divinité unique (Alwahidiya)'

1. Le premier rang : la présence de l'unicité (Ahadia) :


C'est le rang de la présence du Vrai ‫ زه‬II n'y a ni autre ni autrui, ni ncm, ni attribut, ni forme, ni
quantité, ni mode, ni raisonnement, ni conception, ni imagination. Il n'y a que le Vrai par le Vrai dans le
Vrai pour le Vrai d'après le Vrai. Voilé le rang de la présence du Vrai.
La différence entre ce rang et celui de l’Entité pure réside dans le dire d’Allah, dans le hadith qodssi
«j’ai aimé être connu». C’est ce rapport qui a été à l’origine de la distinction entre ces deux rangs (Entité
pure et unicité).
On ne peut que concevoir ce rapport et non pas le voir apparaître. Lapparition de l’unicité est
impossible. L’unicité ne peut pas être manifestée devant quelqu’un d’autre qu’Allah. La manifestation
d’Allah par son unicité devant quelqu’un qui comprend bien cette unicité, suppose en effet l’existence
de deux entités. On ne peut donc pas parler d’unicité dans ce cas.
Et si vous êtes anéanti et écrasé, au point que rien ne reste de toi, ni indicateur, ni trace, ni
sensation, ni illusion, ni anéantissement, ni sensation de l’anéantissement, alors la manifestation d’Allah
ne sera perçue que par Allah, uniquement. Voilé pourquoi la manifestation par l’unicité est impossible à
l’égard de la créature. Elle est réservée uniquement à Allah.

2. Le deuxième rang «L’union absolue» (Al wahda):


C'est le premier des rangs de l'apparition de l'autrul. Dans ce rang, l'autre et !'autrui sont
concevables. Ce rang est celui de !a constatation du prophète, prière et salut d'Allah sur lui (de sa
réalité). Personne ne lui est associé dans ce rang, sauf celui qu'Allah lui accorde la plus grande
spécificité, c'est-à-dire le rang de la souveraineté (khilafa) par délégation; alors il peut s'abreuver de
cette source.

3. Le troisième rang «la divinité unigue» (Al wahidiya):


Ce rang englobe la divinité en général, ‫ تاه‬le Vrai se qualifie par tous ses attributs et ses noms, avec
l'apparition de leurs caractéristiques et rapports, d'une manière globale et détaillée, des points de vue
de la quantité, de la qualité, du relâchement et de la limitation. Toutes ces caractéristiques sont
anciennes pour le Vrai. Dans ce troisième rang, on distingue plusieurs présences :

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• La présence du monde «Lahoute». C’est la présence de l’apparition des noms d’Allah, le
Très-Haut, et de ses attributs avec tout ce qu’ils comprennent comme secrets, lumières,
afflux et manifestations.
• La présence du monde «Jabarout». Elle se trouve entre le septième ciel et le siège (Al
kourssi). Il s’agit de la présence de l’effusion des secrets divins. C’est le monde des esprits
dépouillés et des anges.
• La présence du monde des homologues : c’est le rang du monde «Malakout» qui est le rang
de l’effusion des lumières pures. Cette présence se trouve entre le premier et le septième
ciel. C’est le monde des esprits et des astres.
• La présence du monde «Nassout». C’est le rang des sens et de l’existence des corps denses
(djinns, humains...). Ce monde, appelé aussi «Al Moulk», ne dépasse pas le premier ciel.

IV. Ascension de l’âme humaine aux plus hauts grades spirituels :


Allah, le Glorieux, le Très-Haut, a créé l’esprit humain à partir de la limpidité de la quintessence de la
Lumière Divine. Il l’a établi à partir de l’afflux de l’aveuglement seigneurial, où rien ne peut être vu. Il l’a
logé à l’endroit dédié à l’esprit, où il est resté dans sa parfaite connaissance d’Allah, le Très-Haut, stable
dans l’amour qu’il porte pour Allah et dans l’attestation de son unicité. Il connaît bien les noms et les
attributs de Dieu. Il ne prête aucune attention à autrui et ne s’intéresse à rien d’autre, à l’exception
d’Allah. L’esprit est resté ainsi dans ce summum de limpidité, à un maximum d’éloignement de la
compréhension des intellects, jusqu’à ce qu’il fut logé dans le récipient obscur et opaque du corps
humain.
Une fois logé dans le corps, celui-ci acquiert de la vie et de la compréhension. L’installation de l’esprit
dans le corps forme une âme. Il s’agit bien d’une vapeur subtile qui porte la force de la vie, de la
sensation, du mouvement et de la compréhension. L’âme est ainsi un qualificatif sans entité. Elle est
formée, en effet, de l’union de l’esprit et du corps. Si cette union ne se forme pas, l’esprit et le corps
restent séparés, et l’âme n’existe plus. Une fois que l’âme domine un serviteur, elle constitue pour lui
une source de mauvaises valeurs morales et d’attributs défectueux et incorrects.
L’esprit reste ainsi prisonnier dans le corps. Par conséquent, il n’œuvre que pour satisfaire les
caprices de l’âme. Il est alors en pleine perdition. Il est éloigné au maximum de la présence divine, et ce
malgré la forte intensité de sa lumière. Tout se passe comme si vous êtes dans un local fermé, sans
fenêtres et sans issues. Même si le soleil du plein jour est présent, vous ne pouvez pas voir sa lumière.
Cette obscurité est due à l’installation de l’esprit dans le corps. Cette installation est à l’origine de la
salissure de l’esprit sous la dominance de la mauvaise âme. L’esprit devient alors pervers et vicieux,
parce que cela fait partie des effets du corps. Celui-ci est justement confectionné dans l’obscurité,
c’est-à-dire dans l’eau et la terre, qui sont très opaques et denses.
Or, l’esprit qui a pour origine la limpidité de la quintessence de la Lumière Divine, est à l’apogée de la
pureté et de la quiddité. Il est le plus pur des perles et le plus important d’entre elles. Cependant, il
acquiert de l’obscurité dans le monde du corps. Par conséquent, tant que l’esprit a un penchant vers les
péchés, les infractions et le suivi de la passion, il prend le nom d’âme incitatrice au mal «Nafs
Ammarah».
Si cette âme reçoit des lumières divines suffisantes pour la faire sortir de ses mauvais qualificatifs,
péchés et infractions, et en cas de repentir du serviteur, alors cette âme commence à faire une auto
critique et à se désapprouver pour sa négligence des droits divins. Elle se blâmera et se reprochera pour
revenir à la porte du Munificent Généreux. Dans cette station, elle s’appelle «âme qui ne cesse de se
blâmer» (âme grondeuse), «Nafs Lawamah». Elle se blâme pour sa négligence des droits d’Allah, le
Très-Haut.
Ensuite, si elle reçoit des lumières divines suffisantes pour la faire sortir des désobéissances, des
infractions denses, des «grands péchés», tout en omettant les infractions légères et leurs subtilités,
l'âme sera alors nommée «Cœur» (âme inspicée), «Nafs Molhamah». Elle progresse vers la Sainte
présence où elle éprouve, par conséquent, une nostalgie et un désir pour retrouver la situation dans
laquelle elle vivait lors de sa première existence. Parfois, elle cède à l’opacité et â la densité de sa nature

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instinctive qui lui est acquise a la suite de son installation dans le corps. Dans ce cas, elle éprouve un
désir et un penchant vers sa passion et ses concupiscences, c'est à cause de cette alternance entre ces
deux ensembles de qualificatifs qu’elle est nommée «Cœur» (Le cœur, en arabe : «qalb» a la même
racine grammaticale que le mot «al qalb» qui veut dire alternance).
Elle ne cesse, en effet, de passer d'une position à une autre, de la nostalgie de la Sainte présence et
de la conduite vers elle à la nostalgie de I’obscurité de sa nature, c'est-à-dire aux concupiscences et aux
infractions
Ensuite, si Allah injecte en elle de ses lumières divines, elle sera parfaitement purifiée de toute
infraction. Une fois qu’elle se stabilise dans l’obéissance d’Allah et dans l’orientation vers lui, tout ‫؛؛‬٠٦
®tant apaisée pa‫ ؛‬cette stabilisation, elle sera alors appelée, dans cette station «Ame apaisée» (ou
tranquille), «Nafs Motmainnah». Mais, malgré son aspect licite, elle conservera encore, ‫ ءس‬sen fend,
un certain penchant vers ce qui est autre qu’Allah. Elle conservera certaines traces de la déviation du
droit chemin, et certains modes de gestion de sa propre personne.
Ensuite, si Allah fait déborder sur elle des lumières divines suffisantes pour détruire les fondements
de tous ses choix et de toutes ses mauvaises habitudes, elle retournera vers Allah, le Très- Haut,
dénudée de tout ce qui est en dehors de Lui. Dans cette station, elle sera nommée «Âme satisfaite»,
«Nafs Radiah». Mais elle conservera encore des traces de ce qui a été détruit avant cette station. Ces
traces ressemblent â des lésions guéries. C’est â cause de ce rapport qu’il y aura encore une crispation
de l’âme vis-à-vis de la présence du Vrai.
Ensuite, Allah fait déborder sur elle suffisamment de lumières, issues de la Sainte présence, pour
parfaire sa purification de toute trace d’illusion et de toute vapeur de sensation. Une fois que ces
lumières détruisent complètement cette pollution, dans cette station, l’âme prendra alors le nom de
«Âme agréée». Cette effusion est appelée d’une manière conventionnelle par les gnostiques «Grande
lumière», ou «Grande ouverture». Cette âme agréée est dépourvue de toute sensation et de toute
compréhension. Elle n’a plus de savoir, ni de trace, ni de nom. Il n’y a que l’observation du Vrai par le
Vrai, dans le Vrai, pour le Vrai, d’après le Vrai. Voilà ce qui est exprimé par le terme «Anéantissement de
l’anéantissement». C’est dans cette station qu’Allah couvre cette âme de sa parfaite satisfaction. D’où
son nom «âme agréée», «Nafs Mardiah».
Allah fait encore déborder suffisamment de lumières sur elle à partir de la Sainte présence. À cette
station, elle acquiert des connaissances. Elle peut distinguer le détail des rangs, connaître leurs
particularités et leurs mérites, maîtriser leurs exigences et besoins, à la fois d’une manière globale et
détaillée. Elle s’appellera alors, dans cette station «Âme parfaite», «Nafs Kamilah».
Ensuite, Allah fait déborder suffisamment de lumières sur elle à partir de la Sainte présence. L’édifice
des signes et les expressions perceptibles seront alors détruits à cette station. Une fois qualifiée ainsi,
dans la forme et dans le fond, l’âme sera appelée «le secret et la dissimulation», «Sirr khafae».
Ensuite, Allah fait déborder suffisamment de lumières sur elle à partir de la Sainte présence. Elle
devient alors plus limpide que dans la station précédente. Elle est alors appelée «Âme plus dissimulée».
Il est à noter que sa nouvelle limpidité par rapport à celle qui l’a précédée, est similaire à la limpidité de
la lumière du soleil par rapport à l’obscurité de la nuit. Cette âme plus dissimulée s’éloigne, en effet,
davantage de la compréhension des intellects, des pensées et de la raison.
Ensuite, l’âme continue à s’élever dans les stations sans limite, le long de la vie du monde d’ici-bas, le
long de la durée de l’isthme, et le long de l’éternité dans le paradis. Sa transcendance est sans limite et
sans fin. Dans chacune des stations, les attributs d’Allah, Ses noms, Ses secrets, Ses lumières, Ses
ouvertures, et Ses effusions se décèlent pour elle.
Et à chaque fois, tout ce qu'il lui a été décelé dans la station précédente par rapport à ce qui vient de
lui être décelé est comparable à une goutte par rapport à une mer dans son immensité, et ainsi de suite,
éternellement.
Quand elle s'élève à une station donnée, elle acquiert grâce à ses afflux, manifestations,
connaissances, savoirs, secrets et ouvertures, un niveau de pureté et de limpidité, dont le rapport

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relativement â celui de la station précédente, est équivalent â celui de la lumière du soleil par rapport à
l'obscurité de la nuit.
Dans la station qui dépasse celle de «l'âme plus dissimulée» l'âme s'appelle «secret», parce qu'elle
s'est bien éloignée de la station «la plus dissimulée». Une fois qu’elle dépasse la station nommée
"Secret", elle prendra le nom de "Secret du Secret" (deux fois). Dans la station suivante, elle prendra le
nom de "Secret du Secret du Secret" (trois fois). À la quatrième station, elle sera nommée "Secret du
Secret du Secret du Secret" (quatre fois). A la cinquième station, elle sera nommée "Secret du Secret du
Secret du Secret du Secret" (cinq fois) et ainsi de suite, éternellement.
Chaque fols qu'elle s'élève à une station, elle prendra le nom de secret du secret du secret, etc.
Jusqu'à dix fois, cent fois, mille fois, et ainsi de suite, jusqu'à l'infini.

V. Les facteurs qui permettent l’ascension des âmes


Allah dit dans ‫؛‬e hadith qodssi : «Mon esclave ne cesse de se rapprocher de Moi par les actes
surérogatoires jusqu’à ce que Je l'aime. Une fois que Je l'ai aimé. Je deviens son ou'‫؛‬e avec laquelle il
entend, sa vue avec laquelle il voit, sa main avec laquelle il combat et ses jambes avec lesquelles il
marche. S'il se met sous Ma protection, Je la lui accorderai et s'il Me demande quelque chose Je la lui
donnerai». Selon une autre version du hadith «Je le deviens».
Le meilleur de ces actes surérogatoires aspirant à rapprocher le serviteur d'Allah est l'invocation, le
dzikr, les litanies et la prière, [a répétition et la présence du cœur sont nécessaires dans ces pratiques.
Quand le Vrai s’aperçoit de cet état chez son serviteur, il injecte des lumières divines dans son cœur.
C’est un don divin. Ces lumières vont combler son cœur et vont l’occuper pour qu’il ne s’intéresse qu’à
Allah, le Très-Haut. Le cœur devient alors serein par le rappel d’Allah. De cette sérénité «Safae», il
progresse vers le contrôle «Moraqabah» qui est un état précieux et rare. Seuls les Individus singuliers
«Afrads», parmi les adeptes qui sont en voie vers Dieu en bénéficient.
Lorsque cet état devient permanent chez un serviteur, son cœur devient anéanti. Il accède alors à la
station supérieure, c’est-à- dire celle de l’inattention. Là, il ne donne aucune importance aux univers qui
lui paraissent clairement.
Continuant à bénéficier des lumières des litanies citées, le disciple accède aux stations supérieures :
• D’abord à la station de l’ivresse où l’apparition des univers n’est plus claire pour lui. Tout lui
apparaît confus.
• Il accède ensuite à la station de l’anéantissement où il acquiert une sensation
d’arrachement de son corps qui disparaît progressivement.
• Puis il accède à l’anéantissement de l’anéantissement où il perd toute sorte de sensation.
Lorsque le disciple atteint ce rang, l’autre et l’autrui se démantèlent pour lui. Toutes leurs
empreintes, ruines et traces se détruisent. Il ne reste alors que le Vrai par le Vrai dans le Vrai à partir du
Vrai. Voilà donc la porte de l’entrée à l’amour de l’Entité sacrée. C’est l’objectif suprême.
Lorsque le serviteur y accède, la présence d’Allah se dévoile pour lui, et le soleil des connaissances
monte devant lui. Les voiles lui seront alors levés lui permettant d’accéder à la présence divine,
c’est-à-dire aux sciences, connaissances, secrets, lumières, états éminents, nobles caractères
honorables, attestation de l’unicité d’Allah, dénudation, singularité, sagesses, réalités et mystères qu’on
ne peut ni connaître ni mentionner. Voilà donc l’objectif suprême.
Le dzikr, le rappel d’Allah, les litanies, constituent les actes surérogatoires les plus efficaces qui
mènent vers cet objectif suprême. Il faut veiller à pratiquer le dzikr en permanence, d’une manière
continue et répétée.
C’est le Dzikr qui apporte le plus de dons divins. En effet, au début de sa voie, le disciple se trouve à
un maximum d’éloignement d’Allah, le Très-Haut, à cause de l’enchevêtrement des réalités de l’univers
dans son intellect. C’est aussi à cause de l’attachement de ses concupiscences à ces réalités, dans un but
de plaisance, de jouissance et de possession. Mais une fois qu’il commence à se rapprocher d’Allah, le
Très-Haut, en se désintéressant des univers et en les abandonnant, et une fois qu’il avance dans cette

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voie en fournissant des efforts, alors Allah se rapproche de lui. Il lui fait 9°ûter, gloire à lui, du délice de
son intéressement à lui, de son orientation vers lui et de l’abandon de tous les univers en sa faveur. La
grâce de Dieu dépasse les efforts du serviteur pour se rapprocher de son créateur.
Allah dit dans le hadith qodssi «Celui qui se rapproche de Moi d'un empan, Je Me rapproche de lui
d'une coudée. Celui qui se rapproche de Moi d'une coudée. Je Me rapproche de lui d'une brasse. Quand
il vient vers Moi en marchant. Je vais à sa rencontre en courant». C’est-à-dire : si le serviteur abandonne
une certaine partie de ses passions, et œuvre pour le droit chemin qui convient à la présence divine, par
des litanies et de l’adoration, alors Allah se rapprochera davantage de lui, en lui accordant solidarité,
intimité et excellents signes, en rêve et en état d’éveil. Il se peut qu’Allah lui accorde aussi des prodiges.
Il verra alors des lumières qui montent et qui descendent. Puis il les verra en train de tourner autour
de son cœur avant d’y pénétrer. Puis il les verra s’installer et se promener dans son cœur. À cet état, ces
lumières vont lui conférer des sciences de haute importance, sans fatigue des études. Il ignore comment
ces sciences lui sont parvenues. C’est une injection divine. Voilà la signification du rapprochement de
Dieu, en faveur de son serviteur, par une brasse. Le serviteur passe ensuite à différents types de
prodiges, et ce, grâce à sa persévérance dans la citation des litanies, à son opposition à sa passion et à
l’amélioration de son tempérament.
Il pourra ainsi marcher sur l’eau, ou plus fort encore voler dans les airs. Il pourra rendre copieuses de
petites quantités de nourriture, par exemple. Il pourra foire jaillir de l’eau, là où il veut, sans outil ni
appareil. Il pourra produire de l’argent et de la fortune, s’il en a besoin, sans aucune cause. Il pourra
connaître des choses issues du monde de l’inconnaissable avant qu’elles n’apparaissent. Voilà la
signification du rapprochement d’Allah de son serviteur.
Dans le hadith qodssi, Allah dit aussi : «Et s'il vient vers Moi en marchant, J'irai vers lui en courant».
La marche ici sous-entend que le serviteur se trouve au dernier rang de la conduite vers Allah. Au début,
il est attaché aux exigences de son tempérament. Il ne peut donc pas marcher. Mais, en abandonnant
petit à petit ses exigences, en persévérant, il lui sera facile d’abandonner le reste de ses concupiscences.
Donc, le début consiste à se rapprocher par un empan, en abandonnant une petite partie des
exigences de sa passion. Et une fois qu’il abandonne une grande partie de ces exigences, on peut parler
d’un rapprochement par une coudée. Si le disciple continue dans cette voie, Allah, le Très-Haut, lui
donnera la force pour atteindre un état lui permettant de se voir dépourvu de toute sa passion. Et
quand il voit son esprit, il le verra libéré de tout ce qui est lié à la passion. En ce moment-là, sa conduite
vers Allah, le Très- Haut, se fera par sa totalité, une conduite parfaite qui n’est pas entravée par quelque
chose ayant attrait au suivi de la passion. Il viendra vers Allah d’une manière totale. Il ne reste rien en lui
pour autrui. En ce moment-là, Allah lui ôtera les voiles et le fera entrer dans la présence de la pureté. Il
sera ainsi compté parmi les véridiques. Voilà la signification de «J'irai vers lui en courant».
Le serviteur doit avoir l’intention, en faisant ces actes surérogatoires, de se diriger vers Allah, et de se
débarrasser de tous ses désirs, de toutes ses concupiscences et du suivi de sa passion. Il doit accomplir
ces actes pour Allah, par dévouement, et non pas pour un intérêt immédiat ou ultérieur. Il ne doit pas
avoir comme objectif l’acquisition d’un certain pouvoir mystérieux lui permettant ensuite de courir
derrière ses opportunités. Voilà l’objectif noble qu’il doit viser dans sa persévérance.
Dans ce rang, le serviteur doit savoir qu’il est similaire à quelqu’un, dont les impuretés sont bien
attachées à son corps. Il doit faire un nettoyage général avant de s’habiller correctement. Il commence
alors à purifier son âme de ce qui y est attaché. Les soufis appellent le rang de cet esprit «corbeau». Il
est éloigné au maximum d’Allah, et II est complètement noirci.
Les actes surérogatoires, de ce point de vue, signifient un retour vers Allah, le Très-Haut, en se
rapprochant de lui par les bonnes œuvres, accomplies pour Lui, et non pas pour l’obtention d’une
certaine rétribution. Le serviteur œuvre ainsi pour la purification de son esprit de la passion gui l’occupe
et le lance en dehors d’Allah. Il doit militer et endurer dans le traitement de son esprit. Il doit oppresser
sa passion et abandonner les habitudes et les concupiscences. C’est le Dzikr (les litanies) gui va l’aider
dans cette lutte. Le serviteur ne peut en aucun cas se libérer de ce problème et atteindre la pureté gui

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va lui permettre d’accéder à la présence divine pure, sans l’afflux des lumières gui débordent de la
sainte présence.
Le débordement de ces lumières vient le plus souvent par le moyen du Dzikr (litanies). Tant gue le
serviteur répète ses litanies à des moments propices, les lumières commencent à s’injecter dans son
cœur lors du Dzikr. Quand il se repose un peu, ces lumières le quittent, parce qu’elles ne sont pas
définitivement installées en lui. Mais cette injection a des conséquences sur son esprit. Elle le purifie ٧٨
peu- Au début, les lumières s’injectent en son cœur, puis elles se déplacent ailleurs. Elles le touchent
deux à trois minutes, puis elles se déplacent ailleurs. Et avec le temps, les lumières restent près d’une
heure dans le cœur, puis elles le quittent. Et ainsi de suite jusqu’à ce qu’elles s’installent définitivement
dans le cœur.
C’est alors qu’elles lui confèrent un état inhabituel. Le disciple sentira une force pour citer ses
litanies. Il sentira une nostalgie et un désir pour se mettre devant la porte d’Allah. La fréquentation des
gens le rend mal à l’aise à cause de la confusion de leurs idées et de leurs perceptions des choses. Tant
que le serviteur persévère dans cette voie en continuant de citer ses litanies, les lumières le poussent à
citer le dzikr davantage. Il est ainsi encouragé à consacrer tout son temps aux litanies, jour et nuit. Son
esprit acquiert de la satisfaction à l’égard de son destin. Il devient endurant aux sinistres, insouciant à
leur apparition, bien confiant en Allah, le Très-Haut, gue ce soit lors de ses dépenses ou de toutes ses
affaires en général. Il s’éloigne de tout ce qui est avidité et cupidité.
En continuant ainsi, il aura une sérénité par le Dzikr. Une fois que le cœur devient serein et
tranquillisé par le rappel d’Allah, le Très-Haut, de telle sorte qu’il ne peut pas le quitter le moindre
instant et que ce rappel d’Allah devient sa demeure, alors il goûtera du fruit primeur, comme les gens
dignes de la vérité. Il sera éclaire par un rayonnement qui lui fera goûter les états de I élite supérieure
privilégiée. Il remarquera en lui une proximité sublime d’Allah, le Très- Haut.
Il trouvera dans son cœur des sciences divines très importantes. Là, il se dénudera de tout habit
cousu qui le couvre. Il se fixera l’intention de commencer une nouvelle vie en désavouant toute
association avec Allah. Il fera la prière des obsèques sur les univers.
Il examinera avec soin ses objectifs, et il ne trouvera en lui-même qu’un seul objectif, c’est Allah, le
Très-Haut.
Puis, en dépit de tout ceci, il ne perd pas de vue ce que peut impliquer chaque objectif. En effet, il
peut contenir en lui un désir caché de l’âme. Dans ce domaine, son âme est tellement astucieuse et
rusée, qu’elle peut se camoufler derrière l’ordre d’Allah, le Très- Haut en ne montrant, par malice, que
la bonne intention à l’égard d’Allah. Mais grâce à la force de ses lumières, il peut faire la différence entre
les pensées de l’âme et les pensées de source divine. Cette distinction ne lui échappera point.
Mais malgré ceci, il se méfiera des pensées de son âme, car elle est très rusée. C’est son ennemi et
c’est un ennemi déclaré d’Allah. L’ennemi ne peut jamais donner des conseils. Il doit donc contrôler son
âme en permanence. Il s’agit là d’une conscience dont dispose le cœur. Celui-ci sent que Dieu le voit
toujours.
Ensuite, le disciple passe à la contemplation. Il s’agit de l’usure dans le monothéisme. La limite de
cette contemplation est l’anéantissement de l’autre et de l’autrui. Il n y a que le Vrai par le Vrai dans le
Vrai pour le Vrai d’après le Vrai. Il ne reste plus de savoir, ni de trace, ni de raison, ni d’illusion, ni
d’imagination, ni de mode, ni de quantité, ni de rapport. Il n’y a plus d’autrui. Le disciple restera dans
cet état d’absence jusqu’à ce qu’il passe à l’état d’éveil. ‫ اا‬séjournera dans cet état, tout en respectant,
par appui divin, ses devoirs envers le Vrai et envers les créatures. L’état d’éveil est qualifié par les soufis
de «vie après la mort».
Le disciple connaîtra les rangs du Vrai et les rangs des créatures. Il distinguera leurs particularités,
états et rangs, ainsi que tout ce que comprend chaque rang comme régies, besoins et exigences. Il
appliquera les droits divins à tous les niveaux. Il devient alors un grand véridique.
Dans le hadith qodssi Allah dit : «... Jusqu’à ce que je l’aime». L’amour d’Allah, pour son serviteur, est
l’effusion de l’amour de Son Entité sacrée sur lui. C’est l’objectif des objectifs. C’est la ligne d’arrivée de
toute personne en voie vers Dieu. Celui qui l’atteint, ses requêtes qui concernent les mondes d’ici-bas et

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de l’au-delà seront comblées. Allah dit : «Jusqu’à ce que je l’aime». C’est-à-dire jusqu’à ce que je lui
accorde l’effusion de l’amour de Mon Entité. Allah dit : «Il (Allah) les aime et ils l’aiment» (Sourat Al
Ma’îdah, la table servie, verset 54). Sans l’amour d’Allah pour eux, il leur est impossible d’atteindre
l’amour de Son Entité.
Puis Allah dit : «Une fois que Je l'ai aimé. Je deviens son ouïe . . . » : le serviteur remarquera ainsi en
lui-même une force divine comme s’il était l’Entité sacrée, caractérisée par tous ses attributs et ses
noms. C’est comme s’il était Elle-même, alors qu’il ne l’est pas. Mais, Allah, le Très-Haut, gloire à lui, lui a
accordé l’effusion des lumières de ses attributs et de ses noms grâce à la station spirituelle élevée où il
se trouve.
Le serviteur pourra ainsi soulever les fardeaux que toute la créature rassemblée est incapable de
supporter. Certains gnostiques disent : celui à qui est dévoilée une particule du monothéisme, peut
soulever les cieux et les terres sur un cheveu de ses paupières. Ceci est possible, car le serviteur gère
cette station par la force divine. Il voit par Allah comme si son entité est celle d’Allah, le Très-Haut. Et il
entend par Allah. Les exemples suivants illustrent cette idée :
• Au sens de la vue : L’élu voit tout l’univers, depuis le trône jusqu’au couvert universel «Al
farch», de manière à ce que rien ne lui échappe, même s’il s’agit du moindre atome. Tout
est pour lui au même pied d’égalité. Il voit ce qui est derrière, devant, à droite, à gauche, en
haut et en bas. Il voit tout ceci en même temps, d'un seul coup. Il le voit comme une
quiddité unique indivisible. Les apparences ne se mélangent pas pour lui, malgré toutes les
différences qui existent entre leurs états, situations, mouvements et couleurs. Il les voit,
telles qu'elles sont, d'un seul coup, en même temps, à tout endroit, sans qu'il y ait le
moindre mélange, même du point de vue du plus petit atome. L'œil de l'esprit du disciple
est alors ouvert. Voilà ce qu'est la vue par Allah, le Très-Haut.
• Quant à l'ouïe par Allah, le Très-haut, elle se concrétise par le fait qu'il entend tous les mots
prononcés par les univers, dans tous les mondes, avec les différences de leurs invocations et
litanies, en même temps. Les nombreux mots prononcés et les diverses invocations ne se
mélangent pas pour lui. C'est comme si pour chaque mot prononcé, il n'entendrait que ce
mot. Les gens ordinaires ne peuvent entendre qu'un seul mot à la fois. Si les mots
deviennent nombreux, on est incapable de les déceler. Par contre, le disciple qui entend par
Dieu, entend tous les mots prononcés par les êtres créés, ainsi que leurs invocations, sans
qu'il y ait le moindre mélange pour lui.
• Quant à son dire «et ses jambes avec lesquelles il marche», dans ce domaine, le serviteur
pourra traverser tout l'univers en un seul pas, en posant par exemple un pied par terre et
l‘autre pied derrière le trône ; mais il s'agit d'un déplacement par l'esprit, et non pas par le
corps.
• Son dire «Et sa langue avec laquelle il parle» : il parle avec la parole du Vrai, le Très-Haut,
gloire à lui. Il peut, en cet état, lire cent mille fois le Coran dans un instant qui suffit à peine,
pour une personne ordinaire, de lire la courte Sourate «Al lkhlas» (la dévotion), par
exemple. Ceci est possible, car il est caractérisé par les lumières des attributs du Vrai. Il ne
recule devant rien. Une fois que la lumière de la puissance divine se propage en lui, il peut
faire dans l'univers ce que les raisons ne peuvent concevoir. Il peut, par exemple, en une
même heure, être dans deux endroits différents. Il peut travailler dans un endroit, épouser
une femme et avoir avec elle vingt enfants dans un autre endroit, par exemple. Ceci est déjà
arrivé à plusieurs Saints. Allah n’est pas obligé de se conformer à ce qui est ordinaire. Rien
ne peut lui être impossible, ses mystères ne peuvent pas être cernés par la raison.
• Son dire «S'il se met sous Ma protection, Je la lui accorderai» : Lorsque le disciple arrive à
l’apogée de la proximité de son seigneur, tous ses objectifs seront réalisés et exaucés. S’il
craint quelque chose et s’il demande à Allah sa protection, il le protégera. S’il veut quelque
chose et la demande à Allah, il l’aura sur le champ et ainsi de suite.
Cette proximité annoncée par le livre Saint et dans la sounna à plusieurs reprises, et qui est admise à
l’unanimité par la communauté musulmane, n’est certainement pas une proximité de distance ni une
proximité de contact. C’est plutôt une proximité de rapport et de convenance, uniquement. Ce rapport
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exige que rien ne doit exister avec Allah, le Très-Haut. Personne ne doit décider à part Allah, le
Très-Haut.
L’Entité suprême est bien plus glorieuse et plus sacrée que l’existence d’une distance qui peut la
séparer de sa créature, ou d’une jonction qui peut la mettre en contact avec elle. Tout l’univers est
plutôt dans la poignée d’Allah, gloire à lui, le Très-Haut, entre ses mains, depuis sa première création à
l’éternité. Chaque être créé, malgré son éloignement d’Allah, par ses concupiscences et ses intérêts
personnels, est entre les mains du Vrai, gloire à lui, le Très- Haut, et ce malgré toutes les fluctuations de
son comportement.
Dans ce domaine, le mécréant et le musulman, le croyant et le véridique, le pôle et le messager, le
prophète et l’ange, sont tous au même pied d’égalité. Personne d’entre eux ne se distingue de l’autre,
dans ce domaine, sauf que le véridique ainsi que ceux qui le dépassent spirituellement voient cette
réalité d’une manière oculaire. Elle leur est décelée. Les gens du commun sont, par contre, aveugles par
rapport à tout cela ; ils l’ignorent. Ils tournent le dos à Allah, le Très-Haut, en s’attachant à leurs
objectifs, à leurs concupiscences et en suivant leurs passions !

VI. La voie Tidjaniya garantit l’ouverture spirituelle des âmes :


Nous venons de voir ci-dessus que le meilleur des actes surérogatoires aspirant à rapprocher le
serviteur d'Allah est l'invocation, le dzikr, et les litanies. La répétition et la présence du cœur sont
nécessaires dans ces pratiques.
La voie Tidjaniya s’insère dans ce cadre. C’est une voie basée sur le dzikr et l’invocation d'Allah. Ses
litanies ont été arrangées directement par le prophète, prière et salut d’Allah sur lui, qui a autorisé le
cheikh sidi Ahmed Tijani, satisfaction d’Allah sur lui, à les citer et à autoriser à son tour ses disciples à les
citer.
Une fois qu’ils s’engagent dans la voie Tidjaniya, à travers le «idn»1 (l’autorisation du cheikh, ou de
ses lieutenants «ou moqadems» habilités à autoriser dans sa voie à sa place) ils doivent s’engager à citer
ses litanies jusqu'à leur mort.
Cette voie a des conditions, les trois conditions les plus importantes consistent à :
• Veiller à l'accomplissement des 5 prières de la journée en respectant leurs horaires.
• Ne jamais rendre visite à un saint, vivant soit-il ou mort, sauf les tijanis et les compagnons
du prophète, prière et salut d’Allah sur lui2

1 La notion de l’autorisation (du idn) est une notion très importante dans le soufisme. Il s’agit en effet de l’initiation dans les
litanies et les secrets selon une chaîne initiatique qui arrive jusqu’au cheikh ou jusqu’au prophète, prière et salut d’Allah sur
lui. Sans cette autorisation qui relie le disciple à l’invocation en question, ou à la litanie, ou au secret, ou aux méthodes de la
gestion des noms, ou à la gérance spirituelle, il ne pourra pas espérer le bénéfice escompté.
2 Parmi les conditions les plus importantes de la voie Tidjaniya : l’engagement du disciple à ne jamais rendre visite aux saints
(vivants ou morts) qui ne sont pas affiliés à cette voie. Il faut toutefois les aimer, les vénérer et les respecter. Qn rappelle
que la notion de la visite signifie qu’un visiteur part pour rendre visite à quelqu’un pour quelque chose, qu’elle soit en
relation avec le monde d’ici-bas ou de l’au-delà. Cette visite ainsi décrite se divise en tout et pour tout en trois catégories :
La première catégorie : la visite se fait par le cœur et par le corps, te visiteur part ainsi totalement vers la personne en
question, en ayant la foi en elle, en s’attachant à elle, et en lui demandant la bénédiction. Ce type de visiteur est coupé de la
voie Tidjaniya car il n’a pas respecté ses conditions.
La deuxième catégorie : la visite se fait uniquement par le cœur. Le visiteur ne part pas physiquement vers la personne en
question (le saint), mais son âme tend vers un saint particulier, qu’il soit vivant ou mort. Il croit en lui et en sa bénédiction.
Son cœur s’attache à lui. Son intention se meut pour lui demander son assistance spirituelle. Les gens de cette catégorie
sont coupés de la voie Tidjaniya, car ils se sont retournés de la présence de leur cheikh, le sceau des saints, satisfaction
d’Allah sur lui. La troisième catégorie : la visite ne se fait ni par le cœur ni par le corps. Le disciple n’est pas attaché à un saint
autre que son cheikh, il ne demande l’assistance spirituelle et la bénédiction que de son cheikh, il n’est soumis qu’à son
cheikh, et ne se retourne pas de lui. Cependant, Il s’est réuni avec un saint, ou II est entré à son mausolée pour apprendre
une science par exemple. Dans ce cas il fout voir le visiteur. Il y a seulement deux cas qui se présentent :
 Soit que le visiteur est un homme du commun : dans ces circonstances il est coupé de la vole Tidjaniya, car il ne
connait pas encore l’acte pour Allah, le Très-Haut.

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• Ne jamais prendre l'autorisation pour suivre une autre voie soufie en parallèle de celle de la
Tidjaniya, ou ajouter une des litanies des autres voies à celles de la Tidjaniya.
Notre arrière-oncle le gnostique et érudit sidi Ahmed ben haj ayachi skiredj que Dieu soit satisfait de
lui a dit :
Notre voie est basée sur le renoncement à toute opposition aux saints (du point de vue de leurs
états, comportements, etc.), avec une belle croyance en chacun d'eux, qu'il soit vivant ou défunt, mais
en abandonnant toute visite de demande d’assistance spirituelle d’eux et d'attachement à eux.
Elle est basée aussi sur la conjecture du bien à l'égard de tout musulman disant «point de divinité à
part Allah», tout en s'éloignant de ses ennemis, et évitant au maximum d'accompagner ceux qui lui font
du mal. Le fait d'être assis à côté de ceux qui détestent les proches d'Allah, est en effet un poison qui
circule et qui se propage dans l’entité du serviteur.
Les instructions ci-dessus viennent en deuxième lieu après l'exécution des devoirs comme il le faut,
et surtout la prière qui est le pilier sur lequel la voie Tidjaniya a été fondée. La persévérance dans
l’accomplissement de la prière est une condition sur laquelle on insiste chez le disciple tijani, tout en
l'exhortant à la soigner et à l'accomplir dans ses horaires et en groupe. Ce dernier point ne nécessite pas
de conseils supplémentaires vu qu'il fait partie des ordres de la loi religieuse. Cependant, il est impératif
d'insister à ce qu'il soit exécuté avant toute chose. Le disciple tijani est considéré en effet parmi les
musulmans les plus persévérants dans l'accomplissement de la prière, tout en respectant ses piliers, et
ses horaires que ce soit en groupe ou tout seul.
Par ailleurs, il n'est pas considéré comme tijani celui qui n'a pas eu d'autorisation dans les oraisons et
les litanies de la voie Tidjaniya à travers un moqadem habilité à les transmettre.
Ce moqadem a lui-même été autorisé d'abord dans la voie Tidjaniya et ensuite dans le «taqdim»
(pour pouvoir donner à son tour l'autorisation de la tariqa Tidjaniya). À titre d'exemple, j'étais
moi-même autorisé dans le taqdim par mon maître le gnostique seyidina Ahmed Abdellaoui qu'Allah soit
satisfait de lui1.

 Soit qu’il fait partie de l’élite parmi les gens dignes de l’ouverture spirituelle : dans ce cas, s’il est vraiment obligé
d’entrer au mausolée pour une certaine raison, ce n’est pas grave, mais à condition qu’il quitte le mausolée sans
qu’il s’attache à ce saint et sans qu’il lui demande son assistance spirituelle.
1 L'érudit et moqadem sidi Ahmed fils de Mohamed fils de Qoueder ABDELLAOUI fils de Mohamed fils de Abdelmoumen fils de
Belqacem fils du saint sidi Abdallah le charif (dont le mausolée se trouve à bab sidi Abdellah en Tunisie). Il est né au mois de
Chaabane en 1230H, 2 mois avant le décès du cheikh sidi Ahmed Tidjani, satisfaction d’Allah sur lui. Il est né à la campagne
«al aliya» dans la région de «Toukkourt», près de «Tamacine» au Sahara. Plusieurs érudits parmi les compagnons du cheikh,
satisfaction d’Allah sur lui, étaient présents lors de la célébration du 7e jour de sa naissance, à leur tête le pôle et successeur
du cheikh sidi Haj Ali Tamacini. Il a appris le coran à un âge précoce, à la campagne oulad Jalal dans la région Basskra en
Algérie. Il était un grand ami de sidi Mohamed Habib fils du cheikh Tidjani, satisfaction d’Allah sur lui, il l’accompagnait
presque tout le temps, que ce soit en ville ou durant ses voyages. Ils étaient comme des frères. Il gardait ses secrets et il lui
tenait compagnie dans les conférences et les soirées scientifiques. Sidi Mohamed Habib mourut tout en étant satisfait de lui.
En 1288, il a voyagé à la région de Ain Madi, puis à Fès pour s’y installer définitivement. L’érudit sidi Akensouss a dit dans
une lettre qu’il a adressée au gnostique sidi Mohamed Arbi ben Sayeh : vous nous avez réjouis en nous envoyant cet homme
valeureux, dont la religion et toutes les affaires sont basées sur les fondements les plus solides. Il s’agit de sidi Ahmed
Abdellaoui. Je n’ai jamais reçu chez moi une personne issue de ces régions comme lui. Mon cœur s'est ravivé grâce à sa
rencontre, bien que je sois très proche de la mort. Il m’a fait bénéficier de plusieurs sciences et connaissances qui ravivent
les ossements en poussière. Dans le tome 3 p203 de son livre «rafae niqab» (la levée de l’étoffe», l’érudit sidi Ahmed ben
Ayachi SKIREDJ, a dit : bien qu’il ait atteint les 100 ans, il était sain d’esprit et de corps. Il était capable de lire de très petits
caractères sans qu’il ait recours à des lunettes. Il me disait : des organes que nous avons protégés lors de notre jeunesse, le
Vrai nous les avait protégés lors de notre vieillesse. Un jour, en lui rendant visite, il m’a dit : j’ai vu l’ange de la mort (Azrail)
vêtu d’un habit bleu. Il m’a donné un chapelet, dont les graines de l’extrémité sont petites (différentes des autres graines du
chapelet). J’ai alors compris que ces petites graines (faibles) illustrent le début de l’âge et sa fin. Effectivement, il est mort à
Fès à 10 heures du matin jeudi le 24 Ramadan 1328h, à l’âge de 98 ans (à presque 100 ans, le nombre des graines du
chapelet). Il a été enterré au cimetière de sidi Tayeb Soufiyani à bab Guissa à Fès.
Sa biographie détaillée figure dans les livres suivants : «qadam arrousoukh» (le pas ancré dans les sciences en mentionnant
ce qu’a eu l’auteur comme maîtres et professeurs), de sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ, biographie numéro 9. «kachf al
hijab» (levée du voile sur les compagnons du cheikh Tijani qui l’ont rencontré), du même auteur, p 200. «rafo al niqab» (la
levée de l'étoffe à la suite de la levée du voile), du même auteur tome 3 : 201. «tamarate al founoune» (le fruit des sciences

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Ce dernier a reçu le taqdim à son tour de la part du pôle sidi Haj Ali Tamacini qu'Allah soit satisfait de
lui1, qui l'a reçu de la part de notre cheikh sidi Ahmed Tijani en personne, satisfaction d’Allah sur lui. Fin
de la citation du gnostique Ahmed ben haj Ayachi SKIREDJ.

faisant réjouir les yeux et les cœurs), du même auteur p 94, 100, 110. «al jawahir al ghaliya al mouhdate li dawi al himam al
aliya» (les perles précieuses offertes aux gens dignes des grandes déterminations), du même auteur. «tatyib annoufouss» (le
réchauffement des cœurs en mentionnant les notes que j’avais prises lors de certaines conférences et leçons), du même
auteur. «Nafahate Rabbaniya» (les inspirations seigneuriales, en vue de vanter le Cheikh Tijani), du même auteur 26-28.
«Nayl al mourad» (objectif atteint en dressant la biographie des hommes de la chaîne initiatique), de sidi Mohamed Lahjouji,
tome 1 : 93.
1 Le pôle sidi haj Ali ben issa TAMACINI, c’est le descendant du prophète, prière et salut d’Allah sur lui : sidi Ali fils de sidi issa
fils du haj Mohamed fils de Mohamed fils de Moussa fils de Yahya fils de Ismail fils de Mohamed fils de Ahmed fils de Ali fils
de Mohamed fils de Ali fils de Hassan fils de Qacem (connu sous le surnom de zarie) fils de Mohamed fils de Abi Qacem fils
de Mohamed fils de Al hassane fils de Abdallah fils de Mohamed fils de Arafa fils de Al hassane fils de Abou bakr fils de Ali
fils de Al hassane fils de Ahmed fils de Ismail fils de Qacem fils de Mohamed annafss zakiya fils de Abdallah Al kamel fils de Al
hassane fils de Al hassane fils de Sidna Ali, qu’Allah honore son visage, mari de sayida Fatima fille du prophète, prière et
salut d’Allah sur lui.
Il a pris la voie Tidjaniya et a progressé dans sa conduite vers Allah jusqu’à ce qu’il ait atteint le rang de pôle. Il a pu occuper
ce rang suprême durant 30 ans. Il était capable de voir le prophète, prière et salut d’Allah sur lui, en état d’éveil, et il ne
faisait rien qu’à la suite de sa permission. Même lorsqu’il voulait dormir, il ne dormait qu’à la suite de son ordre, prière et
salut d’Allah sur lui. Il était célèbre et connu pour sa grande ouverture spirituelle. Trois jours avant de mourir, le cheikh,
satisfaction d’Allah sur lui, lui a dit : tu es mon successeur après mon décès. Parmi les prodiges de sidi Ali Tamacini, on peut
citer ce qui suit : l’érudit sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ a dit : d’après des informations certifiées par voie de transmission
orale, Sidi Ail Tamacini se déplaçait souvent de l'Algérie pour rendre visite au Cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, à Fès par
voie du «pas» (en faisant juste un à deux pas). Le Cheikh l'avait blâmé un jour et lui avait interdit de refaire de tels prodiges.
Il lui a dit: si tu veux venir me voir, viens alors de la manière commune, avec des sandales et une canne, en compagnie d'un
groupe de personnes, et en goûtant à ce qu’ils goûtent comme soif, fatigue et peur.
Sa biographie détaillée figure dans les livres suivants : «kachf al hijab» (levée du voile sur les compagnons du cheikh Tijani
qui l'ont rencontré), de l’érudit sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ 126-132. «rafo al niqab» (la levée de l’étoffe à la suite de la
levée du voile sur les compagnons du cheikh Tijani), du même auteur tome 4: 112-117. «jounnate al jani» (l'abri du
malfaiteur, en dressant la biographie des compagnons du cheikh rijani), du même auteur. «al jawahir al ghaliya al mouhdate
li dawi al himam al aliya» (les perles précieuses offertes aux gens dignes des grandes déterminations ), du même auteur 45.
«Al Yawaqite Al Ahmadiya Al lrfaniya» (les saphirs des connaissances Ahmediennes, en réponse à quelques questions sur la
voie Tijanie), du même auteur 87. «Nafahate Rabbaniya» (les inspirations seigneuriales, en vue de vanter le Cheikh Trlani),
du même auteur 90-91. lntroduction du livre «fath al malik al allam» (l'ouverture du Roi parfaitement connaisseur), de
l'érudit Mohamed Lahjouji. «noukhbate al ithaf» (recueil du livre al ithaf), du même auteur, biographie numéro 167.
«nassamat qorb wa al ifdale» (souffles de la proximité et de la bienfaisance, envoyés à sidi Mohammed ben Hassan de par la
largesse du seigneur le Très-Haut), du même auteur 22-25. «lawamie anwar wa fouyoud assrar» (lumières qui brillent,
secrets qui débordent, lunes qui ensoleillent ..), du même auteur 25-27. <<jalae al qalb al hazine al anie» (abandon du
cæurtriste souffrant en s'attachant au pacte de la voie Tidjaniya), du même auteur. «sir al ikssir» (le secret de l'élixir venant
de la présence du sceau des saints propre à sidi Mohamed Kabir), du même auteur p13. «rawd chamail ahl al haqiqa» (le
jardin des attributs des gens dignes de la vérité, en parcourant la biographie des personnalités célèbres de la voie Tidjaniya),
de sidi Ahmed ben Moham Alaoui Chenguiti, biographie numéro 4. «taatir al nawahir bi tarjama cheikh sidi ibrahim riyahi»
(la diffusion des parfums, à l'occasion de la présentation de la biographie du cheikh sidi lbrahim Riyahi), de omar ben
Mohammed Riyahi tome 1 : 95. «gharaibe al barahine fi manaqib ssaheb tamacine» (les preuves mystérieuses concernant
les mérites du gnostique de Tamacine), de l'érudit sidi Mahmoud ben Matmatiya. «adwae âla cheikh sidi Ahmed Tidjani»
(lumières sur le cheikh sidi Ahmed ridjani), de Abdelbaqi Miftah 149-172. Le cahier de notes de l'érudit sidi Mohammed ben
Yahya Palamino le Rbati p143. «ghayate al amani fi manaqib ..» (le summum des souhaits en mentionnant les rnérites et les
prodiges des compagnons du cheikh sidi Ahmed ridjani), de sidi Mohamed sayed rijani 13-15. «al jawahir al ghatiya, fi al
jawab ani assila alkarzaziya» (les perles précieuses manifestées lors de la réponse aux questions de Kazazi), de l'érudit sidi
idriss iraqi pls. «al wouroud al aterate annachr» (les fleurs qui répandent les bonnes odeurs en réponse à dix questions sur la
voie Tidjaniya), du même auteur, p78, 84. «tarikh al jazair attaqafi» (histoire culturelle de l'Algérie), de Abi Qacem saad Allah
tome 4: 219-236. << azhar al bassatine fi rihla ila sswadine» (les roses des jardins cueillies lors du voyage au soudan), de
Mohammed ben abi bakr Azarifi p117. «rassail al allama al qadi sidi Ahmed SKIREDJ» (les lettres de l'érudit et juge sidi
Ahmed SKIREDJ), du serviteur nécessiteux auprès de son seigneur Mohamed Erradi genoune tome 1 :292. «ifadate assamie
wa rawi» (le bénéfice accordé à l'auditeur et au rapporteur lors de la réponse aux questions du frère sidi Mohamed chaoui),
du professeur Mohamed Amzali 6-7. «al fath rabbani fima yahtajou ilayhi al mourid tijani» (l'ouverture seigneuriale en
rappelant ce dont a besoin le disciple tijani), de Tassfaoui p66. «mirqate acharaf al jamil» (la transcendance de l'honneur en
proclamant la largesse d'Allah le solennel), de l'érudit ibn Matmatiya (manuscrit). «attijaniya wa al moustaqbal» (la voie
Tidjaniya et le future), du fatih nour 143-144.

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J’ai été autorisé dans le taqdim par mon arrière-oncle le vertueux sidi Abderrahmane SKIREDJ, qui a
reçu le taqdim à son tour de la part de son grand frère l’érudit sidi Ahmed ben Haj Ayachi SKIREDJ,
satisfaction d’Allah sur lui.
Le gnostique sidi et moulay Ahmed Abdellaoui qu'Allah soit satisfait de lui a dit: la voie de notre
cheikh le pôle sidi Ahmed Tidjani, satisfaction d’Allah sur lui, est :
1- «le wird» connu, qui a été composé par le prophète (prière et salut d’Allah sur lui) et qui consiste à
ce qui suit :
• Réciter «Astaghfirou Allah» 100 fois (Je demande le pardon d'Allah).
• «Salat el Fatihi» 100 fois (une version spéciale de la prière sur le prophète, prière et salut
d’Allah sur lui).
 Le texte traduit de cette prière est le suivant :
 Ô, Allah, prie sur notre maître (sidna) Mohammed:
 L'ouvreur de ce qui est clos.
 Et le clôturant de ce qui précède.
 Le protecteur du Vrai par le Vrai.
 Et le guide vers Ton droit chemin, ainsi que sur sa famille, selon sa valeur et à sa
mesure sublime.
 «La ilaha ilia Allah» 100 fois (point de divinité à part Allah)
Ce Wird est obligatoire dans la voie Tijaniya Mohamedienne, à citer matin et soir1.
2- La voie Tidjaniya est aussi la «Wadzifa chérifa» qui consiste à réciter :
• «Astaghfirou Allah L'âdzim el ladzi la ilaha ilia houa Lhayyou L'qayyoum» 30 trente fois (Je
demande le pardon d'Allah dont la divinité n'appartient qu'à lui, le vivant, l'édificateur).
• La «Salat el Fatihi» 50 cinquante fois.
• «La ilaha ilia Allah» 100 cent fois (Il n'ya pas de divinité à part Allah).
• La «Salat Jawharat el Kamal» 12 fois (la perle de la perfection: une version spéciale de la
prière sur le prophète, prière et salut d’Allah sur lui2).
 Cette prière a été dictée par le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, à notre cheikh, en
état d'éveil. Son texte traduit est le suivant :
 Ô Allah, offre ta prière et accorde Ton salut
 A la source de la Miséricorde du Seigneur.
 Au diamant qui maîtrise et qui encercle le centre de toutes les compréhensions
et de toutes les significations.
 A la lumière des univers en cours de formation.
 A l'humain, digne de la Vérité du Seigneur.
 A l'éclair étincelant annonçant les nuages précurseurs de la pluie bienfaisante,
qui remplissent tout ce qui s'y expose comme mers et ustensiles.
 A Ta lumière brillante par laquelle Tu as rempli Ton univers qui englobe tout
lieu et localité.
 Ô Allah, offre ta prière et accorde Ton salut:
 A l'œil du Vrai, à partir duquel les trônes des vérités se manifestent.

1 Il faut éviter d’interrompre le «wird» et la «wadifa» en parlant lors de leurs accomplissements, et ce depuis le début jusqu’à
la fin de la litanie, sauf en cas d’une excuse agréée. Sinon, que le disciple fasse des signes par la tête ou par la main. Si les
signes ne sont d’aucune utilité, le disciple pourra prononcer 1 à 2 mots à 3 mots, mais pas plus. Il n’est obligé de refaire son
«wird» que s’il prononce plus de 3 mots. Cependant, il y a une exception à cette condition : c’est quand le père, la mère, le
cheikh, ou l'époux (dans le cas d’une disciple de sexe féminin) appelle le disciple, ce dernier devra répondre à leurs appels,
car il lui est interdit d'être ingrat envers ses parents, il est également obligé de répondre à l'appel de son cheikh. Et il est
Interdit à la femme de ne pas répondre à son mari ; au contraire, elle doit lui répondre rapidement, tout en cherchant à le
satisfaire.
2 Si le disciple n’a pas la possibilité de faire ses ablutions avec de l’eau, il doit impérativement substituer les 12 «perles de la
perfection» par 20 «salate fatihi».

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 A la source la plus juste des connaissances.
 A Ton sentier bien menant et parfaitement droit.
 Ô Allah, offre ta prière et accorde Ton salut:
 A l'apparition du Vrai par le Vrai.
 Au trésor le plus sublime.
 Au flux venant de toi et retournant à toi.
 A la connaissance parfaite de la lumière
 dissimulée.
 Qu'Allah prie sur lui ainsi que sur sa famille, une prière par laquelle Tu nous le feras
bien connaître. Fin.
L’explication de cette prière «la perle de la perfection» est fournie dans le chapitre six. Elle est
digne d’être apprise par cœur, car elle traduit un monothéisme spécial réservé à l’élite parmi les
élus d’Allah.
La «Wadzifa» peut être citée une fois par jour, après la prière d'EI Assr ; s'il est possible de la
citer matin et soir, c'est mieux. Elle peut être dispensée collectivement ; c'est une de ses conditions
s'il y a des disciples dans les environs ; sinon, elle peut être citée individuellement.
3- La troisième obligation de la voie Tidjaniya est la «Haylala» (point de divinité à part Allah) qui doit
être citée collectivement en cas de disponibilité de disciples dans les lieux, sinon elle sera aussi citée
individuellement, en fixant un nombre déterminé, de mille à mille deux cents fois, chaque vendredi,
entre la prière d'EI Assr et la prière de Maghreb «coucher du soleil».
Donc, la voie Tidjaniya consiste uniquement à réciter les litanies suivantes : le wird, la wazifa, et
la haylala du vendredi. Le disciple tijani doit être autorisé à réciter ces oraisons et litanies par un
moqadem qui a reçu à son tour l'autorisation d'un autre moqadem jusqu'au cheikh sidi Ahmed
Tidjani (satisfaction d’Allah sur lui), qui a bénéficié de cette autorisation particulière directement de
la part du prophète (prière et salut d’Allah sur lui), en état d’éveil.
C'est lui (prière et salut d’Allah sur lui) qui a organisé les litanies de cette voie et qui a garanti à
toute personne ayant reçu cette autorisation particulière l'ascension à la présence divine par son
biais.
Il est communément connu que la prière sur le prophète (que le salut d Allah soit sur lui) est la
plus courte voie qui mène à Allah. Enfin, il est à rappeler que la plus importante condition de la voie
Tidjaniya est la persévérance dans la prière en respectant ses horaires. Il est en effet prioritaire de
veiller sur l’accomplissement des devoirs religieux, en particulier la prière, avant de faire l'effort dans
‫'؛‬accomplissement des actes surérogatoires

VII. Complément d’information et notions soufies:


L’être humain a une âme, un cœur, un intellect, un esprit, et un secret.
Le prophète, prière et salut d’Allah sur lui, dispose aussi de la même chose, au sein de ses rangs
ésotériques.
Quand le gnostique prie pour qu’Allah lui fasse connaître le prophète, prière et salut d’Allah sur lui, il
sollicite l’accès à la connaissance de son esprit, à la réalité de son intellect, de son cœur ou de son âme.
La station du secret du prophète, prière et salut d’Allah sur lui, est sa réalité Mohammadienne qui
est issue de la pure lumière divine.
Les intellects et les raisons de toutes les créatures, parmi l’élite supérieure, sont incapables de
l’atteindre ou même de la comprendre.
Cette réalité Mohammadienne (le secret du prophète) se couvre de certains habits en lumières
divines. De cette manière, elle se cache de l’univers. Le secret ainsi caché est nommé «Esprit».
Elle se couvre ensuite d’autres habits en lumières divines. L’esprit ainsi caché est nommé «intellect».

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Puis elle se couvre d’autres habits en lumières divines qui la cachent davantage. C’est alors qu’elle
est nommée «Cœur».
Puis elle se couvre d’autres habits en lumières divines qui la cachent davantage. C’est alors qu’elle
est nommée «âme».
Concernant la station du secret du prophète, prière et salut d’Allah sur lui, personne ne peut
l’atteindre, ni les grands ni les petits.
Concernant la réalité de la station de l’esprit du prophète, prière et salut d’Allah sur lui, seuls les
dignes des plus hauts rangs parmi les prophètes, les messagers, les pôles et ceux qui s’en rapprochent
comme les singuliers «afrads», arrivent à l’atteindre.
Parmi les gnostiques, certains arrivent à la station de son intellect, prière et salut d’Allah sur lui.
Leurs connaissances et sciences sont bien inférieures à celles de l’esprit.
D’autres arrivent à la station du cœur du prophète, prière et salut d’Allah sur lui. Leurs
connaissances et sciences sont inférieures à celles de l’intellect.
D’autres arrivent à la station de l’âme du prophète, prière et salut d’Allah sur lui. Leurs
connaissances et sciences sont inférieures à celles du cœur.
L’élu est celui qui bénéficie d’une diligence spécifique de la part de Dieu qui lui permet de constater
ses attributs et ses actes.
Quant au gnostique (le connaissant en Allah), il se distingue par le fait qu’il est parfaitement éveillé
et en état de satisfaction à l’égard de son créateur. Cette satisfaction et cet éveil sont dus à deux
principales raisons :
1.La première raison : C’est ce dont le gnostique bénéficie au sein de sa station spirituelle. En effet,
il bénéficie d’ouvertures, d’afflux, de manifestations, de merveilles des vérités et des secrets qui
dépassent la raison. Il connaît par conséquent, ce dont il a besoin dans chaque étape et en chaque
chose à part. Ces besoins concernent les fonctions, les bienséances et les remerciements exigés par la
servitude.
2.La deuxième raison : C’est son éveil et son observation attentive des changements qui ont lieu au
sein des phases de l’univers, en bien, en mal ou en autre chose. Dans chaque événement, le gnostique
connaît bien la manifestation du Vrai, la présence à partir de laquelle la phase de l’univers a pris son
origine, la raison pour laquelle un tel événement a eu lieu et ce qu'Allah vise à travers lui comme
objectif. Il donne alors à toute chose et à tout événement ce qu’ils méritent, selon le temps. Ces droits
concernent les fonctions, les bienséances et les remerciements qu’exige la servitude. Rien ne lui est
difficile en tout ceci et à tout instant.
 Le nombre de stations qui existent entre la gnose et la qutbaniya (le rang du pôle) est de 148
mille stations.
 Le nombre de voiles qui existent avant l’arrivée à la gnose est de 165 mille voiles.
 Le rapprochement de Dieu signifie l’oubli de l’autre et de l’autrui. Une personne qui se
rapproche de Dieu signifie qu’elle emprunte le chemin vers lui. Elle doit accomplir les fonctions
exigées par la station où elle se trouve en respectant toutes ses règles de bienséances. La
progression dans différentes stations spirituelles constitue le vrai rapprochement à cause de la
convenance qu’elle suppose. Le disciple ne peut pas être en effet dans la station «mille» et être
convenable, à la station cent mille, par exemple. Il ne peut pas y accéder à cause de la distance
qui les sépare.
 Celui qui complète à peine les exigences de la station «mille» ne peut pas supporter les
fonctions et les bienséances des attributs, des noms et des manifestations qui lui seront
dévoilés dans la station «Cent mille». Il ne peut pas supporter les charges de ce rang spirituel.
De ce point de vue, il en est loin. Il ne peut pas y accéder. Mais s’il progresse dans les stations,
station après station, tout en maîtrisant les fonctions de chacune d’elles ainsi que les
bienséances exigées, jusqu’à ce qu’il atteigne la station «Quatre-vingt-dix- neuf mille, neuf cent

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quatre-vingt-dix-neuf», il conviendra alors au niveau supérieur, «cent mille» et il y accédera. Il
est donc impératif pour celui en voie vers Dieu de parcourir toutes les stations, une après une,
d’une manière successive.
Néanmoins, si Allah aime particulièrement un de ses serviteurs, il le fera transcender dans
toutes les stations avec une grande vitesse, comme du fer attiré par un aimant très puissant.
 Toutes les manifestations iuq existent dans une station franchie par un disciple permettent à
celui-ci d’accéder à leurs sciences, connaissances, secrets, états, positions, dévoilements,
authentification, certitude, maîtrise, attestation de l’unicité du seigneur, dépouillement, adages,
précisions, finesses, vérités, anecdotes, dons, faveurs et tout ce iuq dépasse les pensées.
 Quand l’élu acquiert un attribut divin ou une éthique divine, il se couvre avec cet attribut
comme s’il le prend pour habit. C’est pour cela que nous trouvons ce terme «habit» cité
plusieurs fois dans les livres soufis en général.
 Il existe de grandes différences entre les notions de sciences, secrets, ouvertures spirituelles,
dons, afflux, vérités, précisions, manifestations, constatations, dévoilements, connaissances,
présences, stations, positions, lumières, émissaires et états. C’est l’ouverture spirituelle qui
permet d’observer ces différences et de distinguer entre ces qualificatifs.
 Le «Fath» ou «ouverture spirituelle» : La vérité de l'ouverture spirituelle est ce qui émane
de l'inconnaissable à la suite de la levée d'un voile qui était dressé. L'ouverture spirituelle
englobe ainsi toutes les vérités précitées comme sciences et autres. Tout ce qui était caché
puis décelé est une ouverture spirituelle "Fath" (levée du voile).
 Les voiles qui séparent le serviteur de la Sainte présence sont au nombre de cent
soixante-cinq mille voiles. Leur levée totale s’appelle «Fath».
 Le serviteur avant le «Fath» ressemble à un prisonnier dans une cellule dont les murs et le
plafond sont épais. La cellule est complètement opaque, ne comportant aucune fenêtre
pouvant faire passer de la lumière. Elle est au milieu et au-dessous d’autres cellules
hermétiquement fermées. Le serviteur se trouve donc au centre de toutes ces cellules qui
ne permettent aucun passage de la lumière. Le nombre de ces cellules est de cent
soixante-cinq mille. Enfermé dans sa cellule, le serviteur ne peut voir que les ténèbres. Si
toutes ces cellules se détruisent d’un seul coup, on parlera alors du «Fath».
 L’afflux (Al Fayd) qui parvient au serviteur, à la suite du «Fath», peut être illustré par
l’exemple de la levée du soleil au-dessus de ces cellules, en pleine journée, après leur
destruction complète. Le serviteur verra enfin le soleil clairement, en plein jour. On appelle
«afflux» ce qui émerge après le «Fath». C’est ce qui déborde en abondance après la
destruction des cellules d’emprisonnement.
 Cet afflux, venant de la Sainte présence et pénétrant dans l’entité du serviteur, sert de
purificateur à ce dernier. Il purifie l’éthique du serviteur, ses attributs et ses qualificatifs. Il le
purifie, en effet, de l’orgueil, de la vanité, de la cagoterie, de la flatterie hypocrite, du
penchant vers tout ce qui est en dehors d’Allah, de l’amour du monde ici- bas, de l’oubli du
monde de l’au-delà, du mensonge, de la calomnie, de la tromperie, de la ruse, de l’amour
d’être loué, du dégoût d’être blâmé, ainsi que d’autres mauvaises valeurs morales et
d’attributs blâmables communément mentionnés dans les livres religieux.
 Quant au secret (As Sirr), c’est la compréhension injectée par Allah dans le cœur de son
serviteur. Il englobe également ce qui fait connaître la volonté d’Allah au serviteur à travers
la gestion de l’univers : pourquoi cet univers existe-t-il sous forme de quiddité ? De
contingence ? Quel est son objectif ? Que génère-t-il ? A quelle présence appartient-il ?
 Les secrets comprennent l’afflux des sagesses, leurs précisions et ce que rend le serviteur
bien apaisé, d’une manière complète, en le faisant sortir du cercle de ses sens et en le
noyant dans la mer de la présence divine. Il n’y a pas de limites aux secrets. Les seuls à
connaître les secrets sont ceux qui les ont goûtés.

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 La connaissance (Al Maârifah), c’est l’enlèvement des voiles qui cachent les mystères des
vérités des attributs et des noms. La connaissance est ainsi liée à l’ouverture spirituelle
même si elle en est différente. La réalité de l’ouverture spirituelle étant justement
l’enlèvement des voiles qui empêchent le serviteur de constater les vérités des attributs et
des noms. C’est aussi l’annihilation des images des univers dans le savoir du serviteur, dans
ses sens, dans son intellect, dans sa compréhension et dans son raisonnement. Pour un
disciple spirituellement ouvert, il n’y a ni autre ni autrui en dehors d’Allah. Il n’y a alors que
l’existence du Vrai par le Vrai, pour le Vrai, dans le Vrai, d’après le Vrai.
 Lorsque ce «Fath» arrive, la connaissance oculaire ressort obligatoirement. Le serviteur
bénéficiera donc de l’afflux de la mer de la certitude totale, mais tout en restant éveillé.
 L’émissaire spirituel (Al Warid) : C’est ce qui émane à partir de la présence du Vrai, en faveur du
serviteur.
 L’état «Al Hal» : c'est une chose qui émane de la présence du Vrai, sous une forme ou bien
coercitive ou bien se rapportant à la beauté. Cette chose modèle le serviteur selon l'image qui
lui est conforme. Cela peut être illustré par l'exemple d'un homme qui a reçu cent coups de
fouet ; il n'a ni bougé, ni gémi, ni fait la moindre grimace. Mais une fois libéré de son premier
état, il a crié haut et fort dès le premier coup de fouet qu'il a reçu.
 En effet, au début, un état de constatation du Vrai lui a été parvenu. Cet état est conforme à
la perfection de l'amour pour l'Entité du Vrai et à la perfection de sa glorification et de sa
solennité. Il a alors gagné la totalité de l'entité de cet homme, au point de lui faire dissiper
le mal (des fouets) grâce au délice qui a prévalu par la constatation (du Vrai). Il n'a donc
senti aucun mal et aucune douleur. Mais une fois que cet état est terminé et que l'homme
est redevenu voilé à nouveau, le fait de recevoir un seul coup lui a fait mal ; il a alors crié
parce qu'il a perdu le premier état.
 Les lumières : leur vérité est connue ; c’est la luminosité.
 Les finesses, précisions, et anecdotes : Elles clarifient tout ce qui est confus parmi les
vérités des sciences, connaissances et secrets.
 Pour le gnostique, aucun miracle n’est difficile à atteindre. Mais il a sur le dos des montagnes de
bienséance envers la présence divine. C’est cette bienséance qui l’empêche d’agir. Par ailleurs,
s’il fait apparaître des miracles non conformes aux circonstances de l’époque, il sera
immédiatement puni, ou exclu ou privé de ses spécificités.
Il doit se comporter comme un être effacé dans la présence divine, comme un mort par rapport à
tous ses désirs. Il n’agit que par le Vrai. Si l’on lui pose la question «Que voulez-vous ?» Il répondra en
disant : «Je ne veux que ce que le Vrai, le glorieux, le Très-Haut, veut de moi». Il est donc réduit à néant
par rapport à sa propre volonté. Il n’agit que selon ce que le Vrai veut de lui, partout, dans ses
mouvements, ses immobilités, ses fluctuations et ses volontés. Voilà la signification de l’expression «agir
par le Vrai».

VIII. Différence entre les sciences divines et les sciences Mohammadiennes


Une fois que le disciple parvient au rang de la connaissance d’Allah, c'est-à-dire une fois qu’il
commence à entendre par Allah, à voir, à marcher, à tout faire par Allah, il accédera alors aux sciences
divines qui sont infinies.
En effet, le Vrai, gloire à Lui, lui procurera des sciences à travers lesquelles il pourra connaître les
univers et agir sur eux. Le gnostique reste alarmé et conscient de cette multiplication exponentielle des
sciences divines. Il sait que même s’il reste 40 ans en train de recevoir continuellement ces sciences, son
détournement par rapport à son apprentissage, ne serait-ce qu’en une minute, lui causera une
importante perte. En effet, les sciences divines qu’il va rater durant cette minute dépassent
exponentiellement tout ce qu’il a appris durant les 40 années.

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Il ne va pas perdre ce qu’il avait appris durant les 40 ans. Mais, il sait qu’après chaque arrêt, le
rythme exponentiel s’annule. L’injection des sciences divines reprendra, mais avec un rythme bas qui
s’élèvera progressivement.
Ces sciences divines lui sont insufflées sous forme d’afflux. Elles ne sont pas acquises par un effort
personnel. Elles permettent au serviteur d’élargir son esprit et de renforcer sa clairvoyance.
Il faut toutefois noter que les sciences divines sont différentes des sciences Mohammadiennes. En
effet, Allah dit en parlant des sciences Mohammadiennes «Et t'a enseigné ce que tu ne savais pas. Et la
grâce d'Allah sur toi est immense» (sourate Les femmes, verset 113). Ces sciences spécifiques au
prophète Mohamed, prière et salut d’Allah sur lui sont finies contrairement aux sciences divines qui sont
infinies. Le nombre des sciences Mohammadiennes est de 111. Ce sont des sciences qui débordent sur
l’élite supérieure des gnostiques «singuliers» et sur les pôles. C’est le trésor sublime débordant. Seul le
prophète, prière et salut d’Allah sur lui, a le droit d’accorder ces sciences à qui il veut, par autorisation
d’Allah, le Très-Haut.
Ces sciences ont une grande valeur chez le Vrai, gloire à Lui. Elles traduisent une partie de l’ouverture
spirituelle dont a bénéficié le prophète, prière et salut d’Allah sur lui. Si l’élu est privilégié par la
réception d’une de ces sciences, il va avoir aussitôt accès aux sciences des premiers et des derniers. Ce
sont des sciences miraculeuses.
Si la mer était une encre pour écrire ces sciences, certes la mer s'épuiserait avant que ne soient
épuisées les paroles d’une seule de ces sciences Mohammadiennes. Dans le hadith qodssi Allah dit en
effet : «Aucun espace ne m'est suffisant, ni ma terre ni mon ciel. Par contre, le cœur de mon serviteur
croyant me suffit». Chacune des sciences Mohammadiennes est différente de l’autre.
Rares sont ceux qui ont pu bénéficier de ces sciences. Ils sont comptés sur le bout des doigts. Parmi
eux, on trouve l’imam Chazili qui a accédé à 71 sciences Mohammadiennes. Son cheikh Moulay
Abdessalam Ben Machich a accédé à 72 sciences Mohammadiennes. Quant à notre maître le cheikh sidi
Ahmed Tidjani, le sceau des Saints, satisfaction d’Allah sur lui, il a pu les acquérir toutes (les 111), grâce à
l’amour que porte le prophète (prière et salut d’Allah sur lui) pour lui.
Ces sciences sont numérotées1. Si deux personnes ont acquis la première science Mohammadienne,
par exemple, ils ont alors acquis absolument la même chose.

IX. Notions de réalités «Ahmadienne» et «Mohammadienne»


Le prophète Sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, dispose de deux stations : la réalité
Ahmadienne et la réalité Mohammadienne.
 La réalité Ahmadienne fait partie des mystères les plus importants. Personne n’est informé de
ce qu'elle contient en connaissances, sciences, secrets, afflux, manifestations, faveurs, dons,
états élevés et éthique. Personne n'en a goûté la moindre chose, même les messagers et les
prophètes. Seul le prophète Sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, est spécifié par la
station de cette réalité Ahmadienne.
 La réalité Mohammadienne : C’est la source des sciences, des connaissances, des afflux, des
manifestations, des transcendances, des états, des stations et des valeurs. Cette source est mise
à la disposition de toute l'existence. C’est à partir de son afflux que les messagers, les
prophètes, les anges, les pôles, les véridiques, les élus, les rapprochés de Dieu et les gnostiques
s’abreuvent. Tout ce qui leur parvient passe par cette réalité Mohammadienne qui joue le rôle
de filtre et de miroir. En effet, quand on regarde dans un miroir, l’image de notre entité apparaît
sur ce miroir sans que celui-ci nous renferme.
De même, la réalité Mohammadienne joue le rôle de miroir. Dans la face supérieure se trouve
l’Entité suprême d’Allah. Sur la face inférieure se trouve toute l’existence. L’Entité suprême apparaît
donc au miroir de la réalité Mohammadienne qui est l’origine génétique de toute l’existence. Donc

1 Ce sont des séries successives de sciences.

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l’Entité suprême d’Allah apparaît en toute chose dans cette existence. On comprend donc pourquoi les
soufis disent qu’ils voient Allah en toute chose.
La réalité Mohammadienne, prière et salut d’Allah sur lui, s’est emparée donc de la présence de
l’union absolue. La face orientée vers le rang de l’unicité s’appelle réalité Ahmedienne. Celle orientée
vers le rang de la divinité unique s’appelle réalité mohammadienne. Ces réalités se sont emparées de ce
rang, car il s’agit de la première chose qu’Allah a créée. La réalité Mohammadienne joue le rôle de filtre.
Elle a été créée pour que les univers puissent bénéficier des dons d’Allah, le Très-Haut. Allah dit : «Et
Nous ne t'avons envoyé qu'en miséricorde pour l'univers» (Sourat Al Anbya’â, Les prophètes, verset
107). Le prophète, prière et salut d’Allah sur lui, a dit : «Son voile (le voile d’Allah) est la lumière, s'il
l'enlève, la splendeur de Sa face brûlera tous ceux dont la vue L'atteindra parmi Sa créature». Si les
créatures regardaient Allah, le tout puissant, le solennel, sans voile, c'est-à-dire sans ce rang de l’union
absolue qui spécifie la réalité du prophète, prière et salut d’Allah sur lui, et si leurs vues parvenaient à le
voir, alors elles seraient toutes brûlées par la splendeur de Sa face. Cet exemple du miroir est une
miséricorde accordée à la créature. Il joue le rôle de filtre pour que les lumières intenses de l’Entité
suprême d’Allah ne brûlent pas la créature.

X. Idée sur le monothéisme des gnostiques :


Le monothéisme des gnostiques consiste à :
 Adorer Dieu le Seigneur unique, par satisfaction et soumission à son jugement.
 Ne compter que sur Lui dans toutes les affaires,
 Ne se diriger par détermination du cœur que vers Lui.
 Ne compter que sur Lui dans l’attrait des intérêts et la répulsion des maux.
 S’innocenter des caprices et des forces personnelles et ne compter que sur la force et la
puissance qui Le qualifient.
 N’aimer et ne désirer que Lui.
 Considérer que l’objectif visé, depuis son début à sa fin, le long de sa conduite réside dans le
Seigneur unique.
 Abandonner la passion dans la forme, le fond, la source et la trace.
 S’éloigne au maximum des ruses de l'âme et du Diable (Satan).
Une fois que le gnostique tombe dans le moindre penchant vers la passion, même la moindre
particule de l’ordre d’un atome, il juge qu’il n’a pas respecté l’unicité du Seigneur unique. Il sent que son
adoration est impure. Le gnostique accepte tout ce qui émane de son Seigneur, qu’il soit doux ou amer,
bon ou mauvais, on ne doit rien choisir en Sa présence. Si le gnostique fait un choix personnel, autre que
celui de son Seigneur, ce choix devient alors un second seigneur pour lui ; où est donc l’attestation de
l’unicité ?! Il renonce donc aux lourdes charges en relation avec le destin et il enlève les habits de la
fatigue qu’exige de lui la gestion des affaires. Il prend sa place au milieu des aubaines et des délices.‫ ا؟‬, il
étale le tapis de l’intimité et du rapprochement avec son Seigneur. Voilà un aperçu du monothéisme des
gnostiques et des élus d’Allah.

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ÉTUDE DU LIVRE
Etude du livre «Al Jawaher» Par le Pr. Sidi Mohamed Erradi Ibn Hamza
Genoune
(Traduction du Pr. Ahmed Skiredj)

Au nom d’Allah le très miséricordieux, le tout miséricordieux ô, Allah, prie sur notre maître (sidna)
Mohammed:
 l'ouvreur de ce qui est clos,
 et le clôturant de ce qui précède,
 le protecteur du Vrai par le Vrai,
 et le guide vers Ton droit chemin,
Ainsi que sur sa famille, selon sa valeur et à sa mesure sublime.

I. Présentation de l’auteur du livre, sidi Ali Harazem Berrada1


C’est le gnostique, le calife célèbre, Sidi Lhaj Ali Harazem Ben Larbi Berrada Al Fassi. Il descend de
l’une des familles les plus anciennes, vertueuses et glorieuses de la ville de Fès.
L’érudit Lahjouji a dit dans son livre «Ithaf Ahl El Maratib Al Irfania...» (Mention de quelques hommes
de la voie Tijanie, faisant réjouir les dignitaires des rangs de gnose) :
C’est le professeur parfait, le gnostique accompli, le singulier parmi les vertueux et le plus parfait des
nobles. C’est le guide des disciples empruntant le droit chemin et leur éducateur selon les secrets du
succès les plus précis. Ses enseignements envahissent tous les pays du monde à l’instar des proverbes
célèbres qui envahissent les cultures. C’est l’un des grands pieux. Il est digne de toute glorification. Ses
soleils brillent et ses plantules poussent dans les jardins de l’excellence. C’est le plus grand calife, qui est
digne du secret le plus éblouissant. Il s’agit de Abou Lhassan Sidi Lhaj Ali Harazem Ben Larbi Berrada.
Fès est sa ville natale et son berceau. Il est mort à la Mecque. J’ai commencé par la monographie de
cet érudit parce qu’il est le calife du glorieux Cheikh, Sidi Ahmed Tijani qui a dit à son égard, satisfaction
d’Allah sur eux : Je n’ai nommé personne comme calife à part Sidi Lhaj Ali Harazem. C’est le prophète,
prière et salut d’Allah sur lui, qui m’a donné cet ordre ; je l’ai alors délégué. Il a dit aussi à son propos :
personne, parmi mes compagnons, n’obtiendra la moindre chose sauf par l’intermédiaire de Sidi Lhaj Ali

1 Sa biographie détaillée figure dans les livres suivants : «rafo al niqab» (la levée de l’étoffe à la suite de la levée du voile sur les
compagnons du cheikh Tijani), de l’érudit sidi Ahmed ben Ayachi Skiredj Tome 4 pi 18-157. «tijane al ghawani» (Les
couronnes des belles femmes représentant l’explication du livre Jawaher El Mâni) p39. «jinayate al mountassib al ani» (le
crime du prétendant souffrant qui ment sur le cheikh Tijani) tome 2 : p52-61. «jounnate al jani» (l’abri du malfaiteur, en
dressant la biographie des compagnons du cheikh Tijani), du même auteur. «Assna al matalib» (Les objectifs brillants dont a
besoin l’étudiant), du même auteur p13-21. «tatyib annoufouss» (le réchauffement des coeurs en mentionnant les notes
que j’avais prises lors de certaines conférences et leçons), du même auteur. «addour attamine fima isstafadtouhou mina al
adib Palamino al amine» (La perle précieuse représentant les traces bénéfiques du lettré Palamino, le loyal), du même
auteur, pi2-13. «ithaf ahl al maratib al irfaniya» (le cadeau offert aux gens dignes de rangs gnostiques, en leur présentant la
biographie de certains hommes de la voie Tidjaniya), de l’érudit Mohamed Lahjouji, tome 1 : biographie 1 «noukhbate al
ithaf» (recueil du livre al ithaf), du même auteur, biographie numéro 1. «fath al malik al allam» (l’ouverture du Roi
parfaitement connaisseur), du même auteur. «nassamat qorb wa al ifdale» (souffles de la proximité et de la bienfaisance,
envoyé à sidi Mohammed ben Hassan de par la largesse du Seigneur le Très-Haut), du même auteur, p39. «rawd chamail ahl
al haqiqa» (le jardin des attributs des gens dignes de la vérité, en parcourant la biographie des personnalités célèbres de la
voie Tidjaniya), de sidi Ahmed ben Moham Alaoui Chenguiti, biographie 1. «boughya al moustafid li charhi mounya al
mourid» (le souhait du bénéficiaire exaucé lors de l’explication du livre al mounya), de sidi Arbi ben Sayeh p255-256. Le
cahier de notes de l’érudit sidi Mohammed ben Yahya Palamino le Rbati p94. «adwae ala cheikh sidi Ahmed Tidjani»
(lumières sur le cheikh sidi Ahmed Tijani), de Abdelbaqi Miftah pi 03- 106. «taatir al nawahir bi tarjama cheikh sidi ibrahim
riyahi» (la diffusion des parfums, à l’occasion de la présentation de la biographie du cheikh sidi Ibrahim Riyahi), de Omar ben
Mohammed Riyahi, tome 1 : pi 1-16. «Ithaf al moutalie», de Ibn souda, tome 1, p98. «moajam al mouallifine», de Khala,
tome 7 p57.

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Harazem. Il a reçu cela sans qu’il ne l’ait demandé. Le Cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, a informé ses
compagnons que le prophète, prière et salut d’Allah sur lui, l’aimait beaucoup et d’une manière
particulière. Fin du texte extrait du livre «ithaf ahl al maratib al irfaniya...»
L’érudit Sidi Ahmed Ben Layachi Skiredj a dit à son égard, dans son livre «Kachf Al Hijab...» (levée du
voile sur les compagnons du Cheikh Tijani qui l’ont rencontré) : parmi les compagnons du Cheikh Tijani,
il y a Abou Lhassan, Sidi Lhaj Ali Harazem Ben Larbi Berrada. Il est originaire du Maroc, de la ville de Fès.
C’est un élu parfait, un gnostique accompli et un calife sublime. C’est le détenteur de la plus haute
station spirituelle et le rassembleur des connaissances et des secrets éparpillés. Il a progressé et a
transcendé toutes les stations pour arriver au summum de l’excellence parmi les meilleurs élus. C’est le
soleil du bonheur qui brille à l’horizon de l’excellence.
Aujourd’hui, personne, parmi les hauts détenteurs de rangs spirituels, n’est arrivé au plus bas de ses
rangs. Il s'agit de Sidi Ali Harazem ben Larbi Berrada El Fassi. Il compte parmi l’élite de l’élite des
compagnons de notre maître, satisfaction d’Allah sur lui.
Il fait partie (qu’Allah l’ait en sa sainte miséricorde) du nombre des gnostiques accomplis et des élus
parfaits, qui ont regroupé les subtilités des sciences et leurs anecdotes éparpillées, et qui sont allés au
fin fond des mers des connaissances pour accéder au summum le plus haut et se distinguer par
l’ouverture seigneuriale.
Il détenait une importante position auprès de notre maître, satisfaction d’Allah sur eux. En effet, le
Cheikh le glorifiait d’une manière sublime et le comblait de félicitations. Plusieurs personnes étaient
jalouses de lui. Le cheikh disait à son égard : le prophète, prière et salut d’Allah sur lui, m’a dit : Il (Sidi Ali
Harazem) est auprès de toi (pour le Cheikh) comme l’est Abou Bakr auprès de moi. J’ai eu l’occasion de
consulter certains extraits du livre «al machahid» et je me suis arrêté à un passage où le prophète,
prière et salut d’Allah sur lui, disait au Cheikh, satisfaction d’Allah sur lui :
«Ô, Ahmed. Fais de bonnes recommandations en faveur de ton grand serviteur et de ton bien aimé le
célèbre Ali Harazem. Il est auprès de toi comme l’est Haroun auprès de Moïse. Allah est Grand, Puissant
et Glorieux. Il n’y a pas de conseil à te donner concernant ton serviteur, plus important que celui-là». Paix
sur vous. Fin. Extraits du livre «Kachf al hijab».

II. Ses publications


Le gnostique Sidi Lhaj Ali Harazem a d'autres publications que le présent ouvrage «Al Jawaher». On
peut en citer ce qui suit :
• «Rissalatou Lfadli Walimtinane ila Kaffati Al Ahbabi wal Ikhouanes» (Lettre du mérite et de
la gratitude, destinée à tous les bien-aimés et aux confrères). L’auteur a rédigé cette lettre
de 25 pages, le 11 Joumada II 1208 H, avant qu’il ne termine son livre «Al Jawaher». L’érudit
Sidi Ahmed Ben Layachi Skiredj1 a introduit cette lettre dans le quatrième tome de son livre
«Rafô An Niqab» (levée de l’étoffe à la suite de la levée du voile sur les compagnons du
Cheikh Tijani).
• «Al Kanzou Almotalssam Fi haqiqati sirri issmihi Al Aâdzam» (Le trésor dissimulé, dans la
vérité du secret du nom suprême d’Allah). Ce livre est constitué de plus de quatre vingt dix
nobles visions du prophète, prière et salut d’Allah sur lui. Certaines de ces visions traitent du
sujet de la sourate Al Fatiha, d’autres de la Salat Fatihi, avec ses trois rangs spirituels :
exotérique, ésotérique et ésotérique de l’ésotérique. Le livre contient d’autres visions qui
concernent le nom suprême d’Allah, les affaires de l'Entité suprême d’Allah, les vérités et les
secrets du Coran sublime.
Différentes copies de ce livre se trouvent entre les mains des disciples tijanis. Les plus
intéressantes et les plus crédibles de ces copies sont les suivantes : la copie du gnostique

1 Le livre «al machahid», du calife sidi lhaj Ali Harazem Berrada, figure parmi les livres les plus importants des secrets de la
voie Tidjaniya.

-29-
Sidi Ahmed Abdellaoui ; celle de l’érudit Sidi Mahmoud Ben Matmatiya et celle du gnostique
Sidi Ahmed Ben Layachi Skiredj.
• «Al Irchadat Arrabaniya, Bilfoutouhat Al llahiya, Min Faydi Lhadra Al Ahmadiya At Tijania»
(Les indications seigneuriales, par les ouvertures divines, à partir de l’afflux de la présence
Ahmadienne Tijanie). Livre de 250 pages. Il mentionne les différentes explications du Cheikh
Abi Abbes Sidi Ahmed Tijani, satisfaction d’Allah sur lui, concernant les vers du poème
célèbre «Al hamziya» de l’imam Bousseiri.

III. Rencontre de Sidi Ali Harazem avec son Cheikh Sidi Ahmed Tijani :
L’érudit Sidi Ahmed ben Ayachi Skiredj a dit dans son livre «levée du voile sur les compagnons du
Cheikh Tijani» (Kachf al hijab) : la raison pour laquelle Sidi Ali Harazem a pris la voie du Cheikh Tijani,
satisfaction d’Allah sur eux, était un rêve qu’il avait vu avant même que les deux personnes ne se
rencontraient pour la première fois. Après un moment, sidi Ali Harazem avait oublié son rêve. C’est le
Cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, qui le lui avait rappelé, dès leur rencontre à Oujda1, en 1191 H, lors
du voyage de Sidi Ali Harazem de Tlemcen à la ville de Fès au Maroc. L’objectif de ce voyage était la
visite rendue à l’élu parfait, Moulay Idriss, satisfaction d'Allah sur lui. Fin de l’extrait du livre «kachf al
hijab»

IV. Quelques poèmes vantant l’auteur sidi Ali Harazem :


L’érudit sidi Ahmed ben Ayachi Skiredj a dit dans son poème intitulé «jounnate al jani, fi tarajim
Asshab shaykh Tidjani» (l’abri du malfaiteur, en dressant la biographie des compagnons du cheikh
Tijani):
Parmi eux l’élu Ali Harazem le digne de l’affection, qui était ferme dans la voie de la droiture.
Notre maître l’a installé à sa propre place et lui a accordé sa stature.
Personne d’autre n’a pu bénéficier d’une telle station.
Il est réellement le calife du cheikh dans cette voie et l’écran2.
Il l’appelait le calife jusqu’à ce qu’il ait atteint le précieux rang. Quand il s’est dressé dans la
station de l’ouverture.
Il a voyagé par autorisation pour obtenir des gains sans rupture.
Il voyait le prophète, en rêve et en état d’éveil.
Il a bénéficié de sa dilection et de son accueil.
Le prophète l’aimait comme s’il était l’un de ses propres enfants.
Il a alors obtenu de lui l’apogée des souhaits tout en se réchauffant.
Il a vécu de sublimes événements, et il s’est installé dans une station au sein de l’éminence.
Il détient la gestion par le nom suprême et l’influence.
Compter sur Allah, est une station qu’il maîtrise.
Il nous a montré de perles des significations exquises qui comprennent en elles des dons du
Bienfaiteur.
Son œuvre «le trésor caché mystérieux», le livre indicateur a été confectionné d’une manière
énigmatique et peu ordinaire.
Son explication du célèbre poème «la hamziya» est extraordinaire.
Elle a montré son mérite et sa qualité inestimable.

1 La ville de Oujda est la capitale de la région Est du Royaume du Maroc. Elle est à 14 Km de la frontière avec l’Algérie. Ses
habitants dépassent un demi-million. Le cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, a visité cette ville plusieurs fois, car elle se trouve
près de son ancien lieu de résidence à Tlemcen. De plus, c'était un passage obligatoire avant de passer à Taza où se trouvait
son bien- aimé et ami intime le gnostique et l’intermédiaire sublime sidi Mohamed ben Arbi Damraoui, satisfaction d’Allah
sur lui.
2 Écran : dans le sens de filtre.

-30-
Il nous a fait boire du secret cacheté de ce poème aimable.
Il a rencontré Chamharouch1 le compagnon du prophète affirmé.
Et il a rapporté d’après lui le dzikr «l’attaquant des armées»2. Il a appris de lui le secret du «hizb
yamani» 3 selon son autorisation éternelle, absolue et bénie.
Il a appris de sidna Idriss des noms parfaits sanctifiés.
La date de sa mort est traduite par son voyage afin de rendre visite à sa famille et se fortifier4.
Dans un autre poème, en parlant au cheikh sidi Ahmed Tijani, satisfaction d’Allah sur lui, l’érudit sidi
Ahmed ben Ayachi Skiredj, a dit :
Décrivez à mon bien-aimé ce que je sens comme passion.
Mon cœur est sur le point de s’anéantir à cause de l’exaltation.
Espérons ainsi qu’il m’accorde une tendresse
et qu’il raccourcisse la distance qui m’éloigne de lui malgré la maladresse.
Dites-lui que je respecte encore le pacte.
Après l’amour, je ne me suis dirigé vers personne, et ce en tout acte.
Je n’ai jamais trahi de pacte ni de promesse.
Je suis tout le temps malade sans aucune prouesse.
Le rappel m’empêche de dormir toute la nuit.
Mes désirs arrachent brutalement la peau du crâne évanoui. Pitié, ôtes par ton amour, ce qui
couvre mon cœur.
Par le feu de la passion, mon cœur a été brûlé dans toute son ampleur.
Je n’ai qu’lbn Harazem, le digne de la satisfaction comme intercesseur auprès de toi pour te
demander la potion.
C’est ton grand calife dont la valeur est solennelle.
Il a acquis une station qui ne peut jamais être atteinte par n’importe quel mortel.

1 Il s’agit du djinn «Chamharouch» qui était l’un des compagnons du prophète prière et salut d’Allah sur lui. Il a vécu à son
époque et a embrassé sa religion (l’islam). L’érudit sidi Ahmed ben Ayachi Skiredj, a dit dans son livre «tijane al ghawani»
(Les couronnes des belles femmes représentant l’explication du livre Jawaher El Mâni) :
Le cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, a autorisé son calife (sidi haj Ali Harazem) à rencontrer Chamharouch le compagnon du
prophète, prière et salut d’Allah sur lui, pour bénéficier de sa part de quelques enseignements et de quelques litanies et
hadiths. Il lui a indiqué la grotte où il pouvait le trouver. En effet, le calife l’a rencontré et a pu rapporter d’après lui la litanie
«hizb yamani». Il l’a écrite en prenant en considération ses corrections et il l’a montrée au cheikh, satisfaction d’Allah sur lui.
Il lui a transmis les salutations et l’autorisation de ce noble compagnon du prophète. Il l’a informé de ses états et il lui a
décrit ce qu’il a vu.
Chamharouch était d’une belle stature, son aspect imposait le respect et il avait une voix aiguë. Le calife sidi Haj Ali Harazem
est ainsi considéré comme étant un successeur des compagnons (tabiie), puisqu’il l’a véritablement rencontré, selon les
conventions définies dans cette science. Louange à Allah, nous avons pu consulter la litanie telle qu'elle a été écrite par sidi
Haj Ali Harazem en présence de sidi Chamharouch. Fin de l’extrait du livre Tijane Ghawani.
2 C’est-à-dire la litanie «hizb Sayfi».
3 Le «hizb Yamani» est la litanie «hizb Sayfi». Il s’agit d’une invocation sublime parmi celles de sidna Ali ibn Abi Taleb (le
compagnon du prophète prière et salut d’Allah sur lui). Cette invocation est facultative dans la voie Tidjaniya. Ses mérites
sont très nombreux et prodigieux. Plusieurs érudits et savants ont essayé d’expliquer cette litanie et de montrer
quelques-unes de ses spécificités. On peut citer à titre d’exemple l’érudit tijani, le célèbre guerrier sidi Omar Fouti, qui a
écrit un livre mentionnant plusieurs secrets de cette invocation bénie, et décrivant ses lumières et ses méthodes
d’orientations vers Allah. Il a montré les mérites de cette litanie, et a mis en exergue l’exaucement rapide des souhaits
formulés au terme de sa citation.
Parmi les savants qui ont expliqué cette invocation, on peut citer également l’érudit sidi Mohammed ben Abdallah Chaouni
Fassi le tijani. Son livre est intitulé «ithaf al khiIl al wafiy, bi charhi alfad hizb Sayfi» (le cadeau offert au fidèle ami, sous
forme de l’explication du hizb Sayfi). Par ailleurs, le cheikh sidi Ahmed Tijani, satisfaction d’Allah sur lui, donnait beaucoup
d’importance à cette invocation. Il disait souvent : la «salate fatihi» et le «hizb sayfi» vous sont suffisants par rapport à toute
autre litanie.
4 C’est-à-dire on peut déduire la date de sa mort en additionnant les valeurs numériques des lettres arabes de la phrase «son
voyage afin de rendre visite à sa famille et se fortifier». On rappelle que chaque lettre de l'alphabet arabe traduit une valeur
numérique. La valeur numérique du «Alif» par exemple est «1». Celle de «bae» est «2», et ainsi de suite.

-31-
Si la perfection est évoquée il sera le plus concerné.
Grâce à ce qu’il l’a comblé à partir de toi comme secret d’amour affiné.
De par ta largesse, tu lui as accordé l’habit de la satisfaction. En le portant, il s’est ainsi établi sur
le trône de l’élévation.
Il est devenu l’imam dans tout ce qui est honorable portant le drapeau au sein du groupe des pôles
admirables.
Tu l’as allaité avec le lait du secret et de la sagesse.
Et il a véritablement bu de ton bassin jusqu’à l’ivresse.
Il est le trésor bien qu’il comprenne des mystères.
Mais il englobe en lui le secret des sciences de toutes les matières.
C’est à partir de sa mer que les perles des connaissances sont puisées.
Son cœur renferme la science insufflée et diffusée.
Je t’implore par lui ô meilleur sauveteur.
Aide-moi ! À cause de l’amour, je suis tombé ô mon secoureur.
Qu’un salut, qui parfume tout l’univers, te parvienne englobant tous ceux qui se sont installés dans
la voie du vrai, sans-gêne.
Le célèbre érudit sidi Ibrahim Riyahi le tunisien a clamé le poème suivant, à l’occasion de l’arrivée de
l’auteur Sidi Haj Ali Harazem en Tunisie :
Le temps est devenu soudain généreux et captivant alors qu’il ne l’était pas auparavant.
Il est devenu pur, et désormais il m’accompagne avec netteté dans le chemin de la luminosité et de
la pureté.
Il a fait déborder sur moi des aubaines immortelles.
Mon cœur et ma langue ne peuvent que remercier Allah pour elles.
Elles sont si sublimes qu’elles dépassent l’expression de tout poète.
Le remerciement est incapable de leur être fidèle et interprète. La plus importante de ces aubaines
est que j’ai vu Ibn Harazem l’élu admiré.
Je me suis réjoui en voyant son noble visage et ses traits.
J’ai savouré la beauté de son éthique.
Et j’étais égayé par la brise de son corps épique.
De son parfum, tu sens des connaissances, des subtilités et des compréhensions.
J’ai senti de la puissance en m’humiliant devant sa beauté et sa séduction et de la force en
m’honorant par le toucher de ses nobles sandales.
Elles ont porté en effet les coffres de son secret, qui n’ont pas d’égal ; des coffres qui perturbent
tout être doté de raison.
Il a acquis des connaissances et il a ainsi progressé sans inclinaison à d’autres beaucoup plus
importantes dont le secret est bien caché.
Il a obtenu la satisfaction de son seigneur auquel il est attaché.
En l’obtenant il ne peut jamais être blâmé.
C’est le prophète qui a autorisé le cheikh à l’aimer et il a accordé à Harazem des sciences de sa
part.
Le Tidjani, quant à lui, il lui a confié son secret comme rempart.
Il l’a placé en lui, et a spécifié sa station de toute chose.
C’est bien lui, c’est bien lui, c’est bien lui, la perle de la gnose. C’est bien lui dont la vérité est
impossible à atteindre.
Ses dons sont sublimes et difficiles à dépeindre.
Toutes les déterminations aspirent à s’en approcher de toutes leurs forces.
Son amour a transpercé leurs esprits et les renforce.

-32-
Il est devenu l’aliment des résidents et des voyageurs.
Ô maître ! J’avais pris avant plusieurs personnes pour des éducateurs.
Mais, maintenant tout est devenu clair dans les alentours.
Je sais que j’avais battu tous les records dans l’amour.
Alors que je n’étais pas au droit chemin, mais plutôt baigné dans le malheur.
Ô mon refuge, ta largesse m’est suffisante, elle a de l’ampleur.
Ô mon espoir, quand mes poisons s’intensifient.
Vas-tu me délivrer de mon angoisse ? Elle me hante et elle me crucifie.
Mes hantises et mes préoccupations ont outrepassé la mesure.
Vas-tu être clément envers mon Malheur pour que je me rassure ?
Les meilleurs des élus d’Allah sont les plus miséricordieux. Vas-tu sauver l’embarrassé qui n’a
trouvé personne de radieux pour l’aider et dissiper ses préoccupations perçues ?
Sois clément envers des larmes dont les yeux t’ont aperçu.
Ils ont été ainsi honorés par des perles bien arrangées.
Sois clément envers des cœurs qui t’ont placé à leurs fin fonds et logé.
Ils ont été consumés, blessés et balafrés.
Sois clément envers des organes qui t’ont imploré.
Et qui sont guidées par une origine1 dont la valeur est sublime1. Sois clément envers des
consciences profondes et intimes.
Si elles deviennent vétustes, tu ne trouveras en elles que le vif désir.
Pour toi ; un désir chagriné et rempli d’amour qui ne cesse d’agrandir.
Sans le rappel, ce désir n’aurait été que trace.
Ne coupe pas mon espoir, je l’ai dirigé vers ta face.
Tu es le meilleur des nobles généreux et des auxiliaires.
C’est toi que j’ai pris pour intermédiaire.
J’implore Allah par ton éminence ; ceci est incontestable.
J’ai souhaité de mon Seigneur par ta largesse affable ce dont je n’étais pas habilité à demander
avant la vue de ta stature.
Qu’Allah t’accorde le bonheur, tu es le sultan de la créature.
Et qu’il me l’accorde si vous me considérez comme votre serviteur.
Le prophète t’a accordé d’immenses faveurs.
Les gens dignes des secrets ont alors avoué ton droit de priorité.
Que le salut du seigneur se répande sur toi avec son nectar pur et cacheté, à chaque fois que les
vents As-Sabâ (de l’est) commencent à souffler et à te fêter.
L’auteur de ces vers, l’érudit sidi Ibrahim Riyahi a dit : quand j’ai clamé ce poème entre les mains de
sidi Ali Harazem, satisfaction d’Allah sur lui, il est entré en extase, et ses larmes ont commencé à couler
abondamment. Puis il m’a dit : donne-moi de l’encre et un crayon et il a commencé à écrire : le
prophète, prière et salut d’Allah sur lui, te dit :
Qu’Allah t’accorde une immense rétribution grâce à ce que tu as fait pour moi et à ce que tu as fait
pour ton propre âme. Tu as de ma part l’amour complet, ainsi que de la part d’Allah, que Sa solennité
soit solennelle. Tu as saisi l'anse la plus solide, qui ne peut se briser. Tu as de la part d’Allah et de ma
part la satisfaction complète. Et tu as par conséquent des connaissances, des secrets et des
réjouissances. Paix sur toi ainsi que la clémence d’Allah.

1 L’origine dont la valeur est sublime n’est autre que l’amour, l’attachement et la dilection sublime.

-33-
V. Demande de la ijaza (autorisation spirituelle) formulée par l’auteur
Auprès de son cheikh, le pôle, le
sceau des saints, Abi Abbes, Sidi Ahmed
Tijani, satisfaction d’Allah sur lui :
Louange à Allah par la langue du rang qui regroupe toutes les perfections. Prière et salut d’Allah sur
celui qu’Allah a spécifié par toutes les sciences et par l’ensemble des secrets.
Que le salut le plus complet soit sur la présence de notre maître, notre tuteur, notre Cheikh, Abi
Abbes. Que la proximité totale du Seigneur soit accordée à cette présence.
Par ailleurs, je demande à notre maître à partir de sa parfaite largesse, de me donner ce qu'il m’avait
promis, par écrit. Nous nous sommes habitués à sa largesse sans qu’on mérite quoi que ce soit. Il
s’agissait toujours de sa pure largesse, générosité et faveur. Ma demande concerne en effet la sourate
XXX avec ses secrets, ses sciences, son moment opportun et ses besoins. Je demande également que ses
obstacles (maux et souffrances) soient repoussés et que j’obtienne tous ses secrets et ses sciences tout
en ayant la capacité de la citer d’une manière permanente et éternelle.
Je demande aussi le livre XXX selon ce qui convient à notre état, et selon ce qui résout la
problématique. Mais si notre maître voit autre chose, je sais qu’il connaît mieux notre état. Il ne nous
doit rien du tout. On ne mérite rien. Il ne s’agit plutôt que de sa largesse.
Je sollicite de votre bienveillance, cher maître, la garantie que vous m’aviez accordée, par écrit.
C’est-à-dire de me garantir l’obtention de la station spirituelle du grand Cheikh, Ibn Arabi (Abi Abd Allah
Sidi Mohamed Ibn Arbi Hatimi), avec tout ce dont il dispose comme sciences, secrets, états et
différentes stations spirituelles.
Je vous demande que je sois son héritier dans toutes ces choses, en parfait état, tout en conservant
la pure loi islamique, et tout en étant sain physiquement. Je souhaite bénéficier de cette garantie dès
mon accès à sa station spirituelle. Je vous demande que vous versiez sur moi, dès mon arrivée à cette
station, d’un seul coup, et sans fatigue de ma part, de la sagesse divine, des secrets seigneuriaux, des
sciences législatives religieuses, et des trésors de la vérité. Je ne vous ai demandé la station spirituelle
de Ibn Arabi qu’à la suite de ma certitude que votre station est plus élevée que la sienne. Je n’ai aucune
convoitise par rapport à la vôtre ; je ne peux même pas m’en approcher.
Je vous demande, cher maître, d’implorer Allah pour qu’il repousse de moi tous les obstacles qui
risquent de me couper de la voie des biens. À chaque fois que j’essaie de bénéficier d’un bien, différents
obstacles m’arrêtent. Je ne dispose d’aucune énergie pour les repousser. Et je suis certain de l’existence
de ces difficultés qui m’affrontent.
Je vous demande aussi d’être clément envers ma souffrance. Je vous prie de vous diriger vers Allah
afin de repousser la difficulté qui me sépare de ma vérité. J’ai la certitude que ma grande ouverture
spirituelle ne peut se concrétiser qu’après mon accès à cette station. Je sais que je n’ai aucune chance
pour l’avoir maintenant. Quant à l’illumination de mon intérieur, sa droiture, la manifestation de votre
largesse, la marque de votre assistance spirituelle, et l’obtention des biens d’une manière exotérique et
ésotérique, je ne trouve aucune excuse, de votre part, pour ne pas les exaucer. Je vous demande de me
les accorder cher maître, depuis ce moment jusqu’à l’acquisition de ladite station, et bien sûr après son
acquisition, tout en m’octroyant ce qui est meilleur et qui n’a jamais été accessible à la vue ni à l’ouïe.
Je souhaite que vous m’acceptiez d’une manière totale, générale, globale, qui regroupe mes états
apparents et ésotériques, ainsi que mes enfants, mes frères, mes bien-aimés et mes disciples qui se sont
engagés dans vos litanies. Je souhaite que vous m’acceptiez d'une manière permanente jusqu’à mon
entrée, en votre compagnie, au paradis «Aala îlliyine», le plus haut, au voisinage du prophète, prière et
salut d’Allah sur lui.
Je vous demande de me garantir de voir le prophète, prière et salut d’Allah sur lui, en état d’éveil. Je
souhaite que cette garantie ne soit jamais rompue jusqu’à mon entrée au Paradis. Je vous demande de
me garantir aussi d’atteindre tout ce que j’essaie d’avoir dans ma vie ici-bas et dans l’au-delà.

-34-
J’invoque Allah, dont la puissance est solennelle, et je sollicite de votre parfaite largesse et de votre
assistance spirituelle, que je sois doté d’une clairvoyance seigneuriale perçante en tout ceci.
Qu’aucune défectuosité ne me touche dans ma voie. Que ma charia soit complète et que ma vérité
soit agrégative. Que personne ne puisse gérer mes affaires sauf vous. Que je sois à l’abri d’une brusque
perte de mon ouverture spirituelle jusqu'à mon entrée à ma demeure au paradis.
Que vous me promettiez de ne pas me faire du mal. Qu’aucun mal ne puisse me toucher de votre
part à cause de mon inattention, de mon abus ou de mon ignorance de votre inviolabilité et de votre
haute position. Je suis incapable d’estimer votre valeur, et je ne sais pas me comporter d’une manière
bienséante envers vous. Mais, me voilà jeté entre vos mains, soumis à vous, dans l’apparence et dans le
fond. Vous êtes prioritaire sur «moi» plus que ma propre personne, car je ne sais pas ce qui m’est
bénéfique ou ce qui me fera du mal. Je n’ai écrit ces mots que par ignorance de ma part. «Il a dit : Ne
crois-tu pas encore ? Il a dit : Mais Si ! Que plutôt mon cœur soit rassuré» (Sourate La vache, verset
260).
Je vous demande, cher maître, l’assurance dans tout ce qui émane de moi comme bonnes œuvres et
invocations au profit des autres. Lorsque quelqu’un me demande une invocation ou un service dans ce
monde ici-bas ou en relation avec l’au-delà, à l’exception des affaires politiques de l’état (je désavoue
toute chose en relation avec la politique), permettez-moi de me diriger vers vous avec ma
détermination, et de vous transmettre sa demande. J’agirai alors selon la réponse qui sera insufflée en
mon cœur, que ce soit en abandonnant cette demande ou en la réalisant.
Je ne ferai rien que par Allah, le Très-Haut et par vous. Mes états apparents et ésotériques
dépendent de vous. Ils sont sous votre commandement, et à la disposition de vos mains, depuis
maintenant jusqu’au moment où je serai entre les mains d’Allah. Voilà mon attestation entre les mains
d’Allah. Je suis sous votre commandement et attaché à votre obéissance.
Je ne m’opposerai jamais à vous (par la puissance et la force d’Allah) ni en privé, ni en public, jusqu’à
mon entrée à votre paradis. Je suis votre fils, votre esclave, votre serviteur et votre disciple. Je ne peux
pas m’échapper de votre porte. Même si vous m’excluez de votre présence, je resterai attaché à votre
porte, en train d’essuyer ses seuils par ma joue, tout en sollicitant l’intercession du bien-aimé, Sidna
Mohamed, prière et salut d’Allah sur lui.
Acceptez donc ma demande. Répondez-moi favorablement afin que mon cœur soit rassuré. Mon
état ne vous est pas inconnu. Vous savez que je suis sorti de ma maison, et que je n’y retournerai
qu’avec cette assurance. Une fois que je vous quitte, je demande que votre bien et votre assistance qui
se propagent soient manifestes sur moi. Le temps m’a rendu malade et j’ai perdu le sommeil. Ma vie est
partie vaine.
Je vous demande, cher maître, de me permettre d’être bien attentif à votre égard. Ne m’oubliez pas,
maître. Prenez soin de mes états apparents et ésotériques. Ne me coupez pas votre afflux, ne serait-ce
le moindre instant, pour la face d’Allah. Je vous demande, cher maître, pour la face d’Allah, le Très-haut,
et pour son noble prophète, de m'annoncer une bonne nouvelle qui m’informe si je dispose ou non
d’une certaine part de cette voie sublime. Je sais que ceci constitue un manque de bienséance de ma
part et une ignorance. Mais je vous demande de m’excuser et de prendre en considération ce qui m’est
arrivé comme abandon et coupure de la présence du détenteur de la majesté et de la noblesse. Le plus
important pour moi est la levée des obstacles qui m’arrêtent. Je n’accepte aucune excuse pour ne pas
exaucer ce vœu, pour Allah, le Très-Haut. Ces obstacles, ces attachements et ces traditions constituent
la barrière principale qui m’empêche d’accéder à tous les biens. Si vous dirigez, cher maître, votre
détermination vers cette barrière, elle sera réduite en poussières et sera retirée de ma voie.
En somme, je vous demande la purification du cœur. J’implore Allah pour qu’il me pardonne ce que
j’ai écrit dans cette lettre, ainsi que ce manque de bienséance envers la présence de mon maître. Je
vous demande de me traiter, comme vous l'aviez toujours fait, avec de la tolérance, du pardon, de la
longanimité et de l’agrément. Si je n’étais pas ignorant, je n’aurais rien écrit, même pas la moindre

-35-
lettre. Mais mon état est faible et ma marchandise1 n’a pas une grande valeur. Je sais et j’en suis
certain que je suis votre serviteur, bien- aimé et votre fils.
Je vous demande de certifier que je suis votre bien-aimé, ici- bas et dans l’au-delà. En ceci, je
n’accepterai aucune excuse de votre part. Paix sur vous. Satisfaction d'Allah sur vous. Qu’Allah éternise
votre vie pour nous. Qu’il mette le profit de tous les musulmans sous votre joug, et entre vos mains.
Je vous demande de me permettre de maintenir mon amour pour vous jusqu’à mon décès, ainsi que
mes enfants et mes bien- aimés. Donnez-moi cette assurance. Salut de la part de votre esclave, élève et
serviteur, le plus nécessiteux de la créature auprès de vous, le plus riche par vous, Ali Harazem Berrada,
qu’Allah soit diligent envers lui, amen. J’attends votre réponse favorable qui réjouit l’œil, réconforte le
cœur, et qui apaise les sens. Paix d’Allah sur vous, ainsi que sa clémence, à tout instant. Amen.

VI. Réponse du Cheikh, satisfaction d’Allah sur lui :


Au nom d’Allah, le très miséricordieux, le tout miséricordieux. Prière et salut d’Allah sur le maître
Sidna Mohamed, sa famille proche et ses compagnons. Je vous rends le Salut.
Quant à ce que tu m’as mentionné concernant les obstacles qui te séparent de la réalisation de tes
objectifs visant le monde de l'au-delà, sache que la raison est le penchant puissant de ton âme pour les
repos d’une part, et ton engagement, tant que c’est possible, dans les concupiscences, d’autre part.
Ton âme a su que la station de la connaissance gnostique lui sera accordée, sans lassitude, elle a
penché alors pour le repos exigé par sa passion. Si elle avait su que son objectif qui est la connaissance
ne peut être réalisé que si elle fournit sérieusement les efforts nécessaires dans la voie, en abandonnant
ses mauvaises habitudes, elle aurait alors répondu à ce qui est voulu d’elle comme efforts ; car elle veut
parvenir à son souhait.
Mais, lorsqu’elle a entendu qu’elle aura ce qu’elle veut, sans fatigue de sa part, elle n’a pas voulu
répondre à ce qui est attendu d’elle en termes d'efforts et d’abandons des opportunités. Chaque
obstacle exige l’apparition de son verdict. Si quelqu’un pense qu’un obstacle peut être éliminé par le
cœur, sans que la personne change d’état, et que de cette manière c’est l’inverse du verdict qui va
apparaître, qu’il sache qu’il ignore l’ordre d’Allah, le tout puissant, le solennel. Sa pensée ne lui permet
d’obtenir que de la fatigue, et rien d’autre.
On peut représenter un obstacle par un nuage dans le ciel. Les efforts à fournir peuvent être
représentés par un soleil derrière le nuage. Une fois que le ciel est serein, on voit le soleil. On ne peut
pas voir le soleil directement dans un ciel plein de nuages. Imagine bien cet exemple et penses-y ; tu en
tireras une science sublime. Quand les obstacles habitent le cœur, en poussant l’âme au repos, et en
l’engageant dans les concupiscences, selon ses possibilités, le cœur se remplit de différentes images des
univers et penche pour elles.
Une fois que cela arrive, le cœur plonge dans le mélange, dans la passion de l’âme, et dans
l’éloignement par rapport à la présence pure et à toutes ses exigences. Ces défaillances ne peuvent être
levées que par une ouverture spirituelle accompagnée de l’afflux de la mer de la connaissance
gnostique. Sinon, il ne faut pas rêver d’un cœur bien nettoyé des ténèbres et des salissures alors qu’il
est rempli de ces obstacles. La présence du Vrai se déroule selon les rapports. Ne sors donc pas des
rapports de cette présence.
Sache que ce que tu demandes a un délai bien déterminé. Une fois que ce moment arrive, tes
demandes seront exaucées. Cet exaucement ne peut pas être accéléré selon ta volonté ou ta demande.
Si tu veux franchir cette barrière pour accéder à l’illumination du cœur et à sa purification, coupe-toi
donc de tout ce qui est en dehors d’Allah. Passe ton temps dans le rappel d’Allah ; tu seras étonné de la
pureté que tu vas acquérir.
Si ton âme ne répond pas favorablement à ces exigences, sache donc que c’est la volonté d’Allah qui
est la cause. Abandonne alors tes mauvaises pensées, car elles peuvent te conduire à un manque de

1 La marchandise sous-entend ici la science.

-36-
bienséance devant Allah et envers moi. Il ne faut pas demander des choses dont tu n’es pas encore
digne ; tu n’es digne en fait qu’à l’inverse de tes aspirations.
Tu as voulu faire une récolte alors que tu n’as même pas labouré ta terre.
Celui qui demande les perles, doit s’enfoncer profondément dans l’eau de mer.
Ce qu’on vient de dire est suffisant si tu as bien compris. Quant à l’assurance de l’obtention de la
gnose (la connaissance d’Allah) relative à la station de Ibn Arabi (Mohyiddine), je te la garantie, à
l’exception de son rang de pôle, je n’ai aucune information sur ce sujet1. Je ne te garantis pas ce rang. Il
dépend de la volonté et du savoir d’Allah. Quant à l’amour que tu portes pour nous, je te garantis que tu
vas le garder jusqu’à la fin de tes jours, mais à condition que tu te sépares de ce que je crains pour toi. Je
crains pour toi, en effet, que tu te coupes de nous si tu nous demandes d’exaucer tes intérêts. Cela ne
t’arrivera pas de mon côté, mais plutôt du tien, en t’intéressant trop à tes passions.
En effet, si le temps passe et rien n’est exaucé de tes souhaits, le mauvais conseiller de l’obsession te
dira : il n’y a rien à espérer de cet homme et aucun profit ne peut en être tiré2. Le palais que tu as
construit sur le principe de ne pas te confier à quiconque à part moi sera alors détruit. Tu commenceras
donc à espérer et à croire en quelqu’un d’autre que moi. Dans ce cas, les racines de ton amour seront
coupées. Et tu tomberas dans un malheur que tu ne pourras pas supporter. Tu seras incapable de te
remettre. Je ne te mentionnerai pas le reste car ce n’est pas possible.
Mais, si tu te coupes de nous tu verras ce malheur, tôt ou tard. Tu regretteras lorsque le regret ne
présentera aucun intérêt. Tu as plutôt intérêt à prendre ta voie et à t’engager dans ce que je t’ai
mentionné comme litanies. Confie-toi complètement à Allah, tout en étant satisfait de ta situation,
jusqu’à ce qu’Allah nous autorise et te permet d’obtenir une ouverture spirituelle. Il faut s’arrêter là et
abandonner le reste.
Quant à l’assurance de l’obtention d’une gnose pure, sans ambiguïté, et dont la vérité est mélangée
à la charia, elle ne peut être que comme telle, et jamais sous une autre forme. Tu n’as pas besoin de
cette assurance. Je te garantis également si tu conserves notre amour, de ne rien perdre, et de
bénéficier de tout ce que tu as demandé comme entrée au paradis sans compte à rendre, et tout ce qui
a été dit avant et après cette demande.
Je te pardonne tout ce que tu as ignoré et qui a impliqué un manque de bienséance. Quant à la
«Sourate», il faut la lire régulièrement onze mille fois chaque jour et chaque nuit, tout seul dans une
retraite spirituelle. Tu ne dois t’isoler que lors de sa lecture, uniquement. Pour accomplir cette litanie,
commence d’abord par la lecture de «la Sourate Al Fatiha» une fois, puis la «Salat Al Fatihi Lima Oghliq»
une fois. Puis offre leurs rétributions aux élus vivants qui assurent le tour3 durant le jour de la citation.
Ensuite, tu te lèves en direction de la «Qibla» (la Kaaba à la Mecque) et tu dis : «‘Fia» «Dosstour, Ya Ahla
Naoubah» (la 8ème lettre de l’alphabet arabe, puis dosstour 4, Ô dignitaires du présent tour). Mon front
est sous vos sandales. «‘Fia», puis tu lis «la Sourate Al Fatiha» une seule fois et tu offres sa rétribution à
l’esprit du Cheikh Abdelkader, du Cheikh Ahmed Rifaî et de tous les élus, absents et présents.
Puis tu lis la Sourate «Al Fatiha» une seule fois et tu offres sa rétribution à l’esprit de Sidna
Mohamed, prière et salut d’Allah sur lui. Puis tu demandes au prophète l’assistance spirituelle dans le
secret de la sourate, selon le besoin dont tu as envie, trois fois. Chaque fois, tu l’appelles trois fois et tu
lui demandes, prière et salut d’Allah sur lui, l’assistance. Puis tu demandes l’assistance de tous les

1 Cette phrase traduit un prodige du pôle caché et du sceau des saints, le cheikh Sidi Ahmed Tijani, satisfaction d’Allah sur lui.
En effet, le calife sidi Ali Harazem va mourir avant le cheikh, et donc il ne pourra jamais atteindre le rang de pôle, puisque ce
rang est occupé par son maître le cheikh. C’est pour cette raison que la grande ouverture spirituelle du cheikh lui a permis
de garantir la gnose d’ibn Arabi à son disciple sidi Ali Harazem, à l’exception de l’accès à son rang de pôle.
2 Ceci nous rappelle le verset coranique suivant: «Et quand les hypocrites et ceux qui ont la maladie [le doute] au coeur
disaient: Allah et Son messager ne nous ont promis que tromperie» (Sourate les coalisés Al- Ahzab)
3 Il s'agit des élus du «diwane» (le conseil suprême), qui gèrent le monde. Ils sont au nombre de 40 quarante. Chaque jour,
l’un d’entre eux prend en charge la garde et la protection du monde. Si par exemple une personne est en difficulté et
demande à Allah de la secourir, c’est à travers lui qu’elle est secourue.
4 Dosstour veut dire : ô représentants du Vrai.

-37-
cheikhs présents, c’est-à-dire les vivants ; tu les appelles trois fois1. Ensuite, tu pries sur le prophète,
prière et salut d’Allah sur lui onze fois selon la prière «Salat el Fatihi».
Ensuite, tu commences à citer le «wird» dans le cas où tu n’as pas de souhait à soumettre. Une fois
que tu termines, tu pries sur le prophète, prière et salut d’Allah sur lui, onze fois selon le mode «Salat Al
Fatihi». Si tu as besoin de quelque chose, ai l’intention de demander son exaucement, avant de
commencer le wird. Ensuite, dès que tu termines les onze Salat Al Fatihi, tu cites le wird tout en ayant
les deux intentions (celle du souhait et celle de la Sourate). Lorsque tu termines, lève tes mains et
demande lui, trois fois, ce que tu souhaites obtenir.
Prie sur le prophète, prière et salut d’Allah sur lui, au début et à la fin de chaque répétition. Ensuite,
lis la Salat «Al Fatihi» onze fois. Ne coupe pas le wird pendant les onze jours où tu veux que ton souhait
soit réalisé. Si tu n’obtiens pas ce que tu veux, répète cette litanie avec cette manière pendant les onze
jours qui suivent. Fin de ce que le cheikh a écrit, satisfaction d’Allah sur lui. (D’après le livre «Kachf
hijab» levée du voile sur les compagnons du cheikh sidi Ahmed Tidjani, de l’érudit Sidi Ahmed Ben
Layachi Skiredj, satisfaction d’Allah sur lui).

VII. Autorisation «Ijaza» du maître, satisfaction d’Allah sur lui au profit de son
disciple sidi Haj Ali Harazem Berrada:
Au nom d’Allah, le très miséricordieux, le tout miséricordieux. Ô, Allah, prie sur notre maître sidna
Mohammed l'ouvreur de ce qui est clos, et le clôturant de ce qui précède ; le protecteur du Vrai par le
Vrai ; et le guide vers Ton droit chemin, ainsi que sur sa famille, selon sa valeur et à sa mesure sublime.
Louange à Allah, le tout puissant dans sa Solennité et sa Perfection, le Pur dans ses attributs et ses
noms, le très haut dans sa puissance. Que sa gloire et sa générosité soient sanctifiées. Ma prière et mes
salutations vont au plus noble des créatures, le maître sidna Mohamed ainsi qu’à sa famille proche.
Par ailleurs, le plus nécessiteux des serviteurs auprès de son riche et glorieux seigneur, Ahmed Ben
M’hammed Tijani, qu’Allah le traite par sa largesse et sa générosité dans les deux demeures, dit ce qui
suit : J’autorise et je donne ma permission à :
• Notre bien-aimé et ami fidèle.
• Celui qui détient notre sympathie et affabilité.
• L’homme que nous aimons d’un amour parfait intrinsèque qui se propage depuis le fin fond
de notre cœur et secret.
• Celui qui écrit les lettres du présent texte, Ali Harazem Ben Larbi Berrada, le marocain, le
Fassi.
C’est une autorisation générale, absolue, éternelle, prééternelle, du point de vue du fond et de la
forme, pour le moment et pour l’éternité. Elle s’imprégne de tout ce dont nous disposons : sciences
exotériques et ésotériques, secrets, afflux, manifestations, transcendances, ouvertures spirituelles,
lumières, et succession des stations, des volontés, des états et des stades spirituels.
C’est une autorisation dans tout ce que nous avons reçu du prophète, prière et salut d’Allah sur lui,
par interception ou par voie orale, que ce soit en relation avec :
• Les sciences exotériques et ésotériques.
• Les secrets.
• Les particularités.
• Les états.
• Les litanies.

1 Nous avons déjà vu dans les annotations des clés du livre que le cheikh avait abrogé ce type de pratiques, en imposant
comme condition dans sa voie «Tidjaniya» l’engagement du disciple à ne jamais rendre visite aux saints (vivants ou morts)
qui ne sont pas affiliés à cette voie. Nous avons précisé les différentes catégories de cette visite qui coupent le disciple de sa
voie. Et nous avons dit que parmi ces catégories : on trouve la visite de la demande de l'assistance spirituelle de tout autre
saint que son propre cheikh.

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• Le «wird» connu de la voie Tidjaniya Mohammedienne, qui a été arrangé et dicté par le
maître de l’univers, prière et salut d’Allah sur lui.
• Tout ce que cette voie contient comme secrets et lumières Ahmadiennes.
• Toutes les voies soufies1, les litanies, les invocations, les noms, les versets coraniques, et les
sourates.
• Tous les noms et les choses nommées.
• Le Grand nom suprême d’Allah, spécifique au messager, prière et salut d’Allah sur lui.
• Les dérivés du grand nom suprême d’Allah ; ses secrets (du grand nom suprême d’Allah), ses
sciences, ses afflux, ses lumières et toutes ses gestions en général et en particulier, d’une
manière limitée et absolue2.
C’est une autorisation et une permission totale et générale, englobant les différents types de gestion,
les diverses invocations et leurs secrets, leurs sciences et gestions, toujours, en permanence,
éternellement, jusqu’au jour du jugement dernier. Je le nomme comme étant mon représentant
personnel, qui représente mon âme, mon esprit et ma station sanctifiée. C’est lui qui me représente en
ma présence et mon absence, lors de ma vie et après ma mort. Celui qui prélève de lui, prélève en fait
de moi, d’une manière identique qui ne présente aucune différence. Celui qui le glorifie, me glorifie.
Celui qui le respecte me respecte. Celui qui obéit à lui, obéit à moi. Celui qui nous obéit, obéit en fait à
Allah et à son messager.
Celui qui lui désobéit nous désobéit. Et celui qui nous désobéit, désobéit à Allah et à son messager,
en ce qui concerne le commandement du bien et la proscription du mal, selon la capacité.
Je lui ai accordé ma permission et je l’ai autorisé dans tout ce dont nous disposons que ce soit lu ou
entendu, éparpillé ou groupé ; sous forme d’autorisation, de quelque chose dont j'ai bénéficié lors de
mes voyages, de chaîne initiatique, d’utilité, ou de hadiths rapportés ou autres. Nous l’autorisons
également à initier les gens et à leur apprendre tout ce qu’il a appris de nous, comme sciences
exotériques et ésotériques, voies et litanies, particularités et secrets, progression dans l’échelle des
lumières, et tout ce que nous lui avons dicté à partir de notre mémoire et de nos propres mots. Il est
habilité à enseigner nos litanies, et à permettre aux gens de suivre notre voie soufie Tidjaniya avec
toutes ses conditions. Il peut enseigner tout ce qu’il a entendu de nous, ou ce qu’il a rapporté d’après
nous, ou ce que nous lui avons dicté, en précisant éventuellement les conditions connues.
Cette autorisation lui est générale lors de ma vie et après ma mort. Je l’ai autorisé et je lui ai permis
d’autoriser à son tour d’autres personnes pour initier les gens en leur donnant notre «wird» connu selon
la condition mentionnée inévitable, lors de sa vie et après sa mort. Il a donc notre autorisation pour
donner notre «Tariqa» (voie soufie) et nos «wirds», dès maintenant à l’éternité. Il peut autoriser ceux
qui lui paraissent dignes de cette voie. Il peut leur donner l’autorisation pour initier les autres. Et ainsi
de suite, d’une manière permanente, dans l’Orient et l’Occident, jusqu’à ce qu’Allah hérite la terre et
tout ce qui s'y trouve. Il est le meilleur des héritiers.
Il dispose donc de l’autorisation spéciale, d’une manière générale et particulière, limitée et absolue3,
dans le fond et dans la forme, en prenant compte de l’état, de la station4 et de l’imprégnation,
éternellement, et depuis la pré-éternité, jusqu'au jour du jugement dernier. Je l’ai excusé et je lui ai
pardonné tout ce qu’il a mangé ou pris de chez moi, que ce soit dans le cas où il a été au courant ou pas,
d’une manière apparente et ésotérique. Nous lui pardonnons aussi toutes ses désobéissances à notre

1 Ce type d’autorisation a été abrogé par le cheikh, satisfaction d’Allah sur lui. Le disciple tijani ne doit pas être attaché à une
autre voie soufie que la Tidjaniya.
2 C’est-à-dire il peut se permettre d’autoriser autrui d’une manière absolue s’il veut, comme il peut l’autoriser d’une manière
limitée.
3 On vient de dire que l’autorisation absolue et limitée signifie qu’il peut se permettre d’autoriser autrui d’une manière
absolue s’il veut, comme il peut l’autoriser d’une manière limitée. Ici, le cheikh autorise spirituellement sidi lhaj Ali harazem,
satisfaction d’Allah sur lui, en même temps dans des noms et des titres ainsi que dans les choses nommées et désignées par
ces titres.
4 L’état et la station sont les deux catégories autour desquelles tourne la sainteté. L’état est réservé aux «Malamiti» qui sont
en voie vers Dieu, mais qui bénéficient d’une forte attraction vers lui. Les stations sont réservées aux disciples en voie vers
Dieu (en général).

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égard, d’une manière apparente et ésotérique. Il est pardonné dans tous les états apparents et
ésotériques, antérieurs et ultérieurs. C’est un pardon total, général, éternel, pré-éternel, du point de
vue du fond et de la forme, pour le moment et pour le futur, jusqu’à l’éternité permanente.
Il dispose de notre satisfaction totale parfaite et générale qui ne connaîtra jamais de courroux, selon
la voie de l’amour d’Allah et du prophète pour lui. Je me suis comporté avec lui de la manière avec
laquelle on se comporte avec les bien-aimés, et les califes aimables, éternellement, et pour toujours,
jusqu’à l’éternité permanente. Nous l’avons nommé comme étant notre calife, et notre représentant
personnel dans les sciences, les états, les rangs et les progressions spirituelles.
Qu’il soit alors l’un des rassurés. Paix sur vous. (Présenté oralement par le cheikh sidi Ahmed Tijani)
et écrit par le serviteur de la présence Tijani Hassani, Ali Harazem Ben Larbi Berrada. Qu’Allah soit son
tuteur et qu’il le comble toujours de Ses bienfaits. Le 8 Di Lhijja, 1215 H. Paix sur vous.

VIII. À la suite de cette autorisation, le cheikh a écrit, de ses propres mains, ce qui
suit :
Je dis, moi qui écris ce texte, qu’Allah me pardonne, après la louange d’Allah, que sa solennité soit
solennelle, que sa grandeur soit puissante, que sa puissance soit élevée, que sa gloire et sa générosité
soient sanctifiées :
J’autorise notre bien-aimé et ami fidèle, sidi lhaj Ali Harazem, dans tout ce qui est écrit dans cette
autorisation, selon la forme de ce qui est écrit, depuis le début jusqu’à la fin, mot par mot, et lettre par
lettre. C’est une autorisation générale, totale, absolue, globale, éternelle et pré-éternelle.
Signé : Ahmed Ben M’hammed Tijani, qu’Allah lui accorde sa largesse, sa générosité et sa
satisfaction. Prière et salut d’Allah sur notre maître, Sidna Mohamed, sa famille proche et ses
compagnons.

IX. Importance du livre «Al Jawaher» (Les perles des significations) pour les
disciples Tijanis
Ce livre est le plus célèbre et le plus important de tout ce qui est publié dans la voie soufie Tidjaniya.
Il a été rédigé dans la période où la voie Tidjaniya a émergé et où elle a commencé à être connue et
notoire. Parmi les mérites de ce livre, on peut citer ce qui suit :
• C’est une référence sur laquelle s’appuient tous les auteurs des autres documents publiés
sur la voie Tidjaniya. Certains écrivains ont dit : tout ce qui est publié après le «Jawaher»
n’est qu’un fardeau sur le dos de ce livre béni, à l’exception du livre «Al Jamiô» écrit par Sidi
Mohamed Ben Machri qui a vécu en même temps que le Cheikh, et qui était parmi ses
disciples les plus valeureux aussi. Il a puisé de la même source que l’auteur sidi haj Ali
Harazem, satisfaction d’Allah sur eux.
• C’est un livre qui regroupe les correspondances et tes manuscrits du Cheikh, le sceau des
saints, Sidi Abi Abbes Ahmed Tijani, satisfaction d’Allah sur lui. Il met la lumière aussi sur sa
biographie, ses dires et ses réponses aux questions des disciples.
• C’est en même temps un livre de culte, d'exégèse, de hadith, de jurisprudence, de soufisme,
de lettres et de conduite prophétique.
Il n’est pas nécessaire de dresser une biographie du Cheikh sidi Ahmed Tijani, car ce livre a été édité
à son sujet. Il était, satisfaction d’Allah sur lui, un océan qui regroupait à la fois la charia et la vérité.
C’était une référence et un guide pour les grands savants et les soufis de son époque. Il était en plus de
tout cela un modèle de dévotion, de quiétude et d’adoption de l’éthique vertueuse.

X. Quelques dires et poèmes vantant le livre

A - L’érudit sidi Mohammed ben yahya Palamino a écrit dans son cahier de notes:

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Sidi Mohammed Larbi ben sayeh, satisfaction d’Allah sur lui, nous a raconté l’histoire d’un homme
qui avait vu le cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, sans qu’il prenne sa voie au cours de sa vie. Après la
mort du cheikh, il a pris la voie Tidjaniya, et il a commencé à lire le livre «perles des significations» (Al
jawahir). Il a pu par conséquent bénéficier rapidement de l'ouverture spirituelle et il a commencé à voir
le cheikh, satisfaction d’Allah sur lui. Il était connu par sa faculté à voir le cheikh et le prophète, prière et
salut d’Allah sur lui, en état de veille.
Puis, un jour, il a voyagé avec un convoi formé principalement de personnes ayant pour objectif de
visiter la tombe du gnostique sidi Jawzana, satisfaction d’Allah sur lui. En parcourant cette route, il est
tombé de sa monture, et sa jambe s’était fracturée. Certains de ses compagnons lui ont demandé la
raison de cette chute ? Il leur a répondu : c’est le cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, qui m’avait fait ça ; il
m’a jeté par terre.
Puis, il a dit à l’élite parmi ses compagnons : j’avais vu le prophète, prière et salut d’Allah sur lui, et il
m’avait interdit de voyager avec ce convoi. Mais je ne me suis pas soumis à son ordre. Le lendemain je
suis tombé de la monture. Qu’Allah nous préserve de toute insoumission. Cette chute était pour lui une
punition. Mais son insoumission ne lui avait causé aucun voile. Au contraire, il était toujours doté de son
ouverture spirituelle jusqu’à sa mort, qu’Allah ait son âme en sa sainte miséricorde. La fracture qu’il a
eue n’était qu’une aubaine ésotérique. Extrait du cahier de notes de l’érudit sidi Mohammed ben yahya
Palamino p107-108.

B- L’érudit sidi Mohammed ben Ahmed Triki :


Il a écrit dans son livre intitulé «la rose dont l’odeur est répandue, comme illustration de la
biographie de sidi Arbi ben Sayeh» :
Un jour une vive discussion a été engagée entre le gnostique sidi Arbi ben Sayeh et l’érudit Ben Baba
Tijani (l’auteur de la «mounya»).
Ce dernier disait : en ce qui me concerne : Je préfère les dires et le style de sidi ibn Machri1 à ceux de
sidi Ali Harazem. Je trouve que la position scientifique dont jouissait sidi ibn Machri était beaucoup plus
importante que celle de sidi Ali Harazem. Cette opinion avait causé le courroux et la colère de Sidi Arbi
ben Sayeh.
La nuit, il a vu en rêve le cheikh sidi Ahmed Tijani, satisfaction d’Allah sur lui, assis au milieu de ses
compagnons, en train de prendre le livre «Al jawahir» en main et exhortant l’assistance à le lire. Le
cheikh disait : si vous avez la possibilité, ne dormez qu’après avoir lu au moins une ligne du livre. Il disait
: je vous recommande ce livre. Ensuite, il a vu sidi haj Ali Harazem en train de réprimander l’auteur de la

1 Sidi Mohammed ibn Machri est l’un des compagnons du cheikh Tijani les plus proches. Il a hérité de lui plusieurs sciences
infuses. Et il a acquis grâce à lui certains secrets issus du monde de l’inconnaissable. Il présidait la prière en présence du
cheikh et il était autorisé à envoyer des lettres en son nom à plusieurs disciples afin de répondre à leurs questions. Il a
rencontré le cheikh en 1188 H et il est mort en 1224 H.
Il a écrit plusieurs livres importants dans la voie Tidjaniya comme «al jamie lima iftaraqa mina al ouloum» (recueil de ce qui a
été éparpillé comme sciences du pôle caché sidi Ahmed Tijani) ; «rawd al mouhib al fani fima talaqaynahou min chaykhina
Abi Abbes Tijani» (le jardin de l'amoureux anéanti représentant ce qu’il a reçu comme enseignements de la part de son
cheikh Abi Abbes Tijani) ; «noussrate chourafa fi raddi ala ahli jafae» (le soutien des chourafas en répondant aux objections
des ingrats). Sa biographie détaillée figure dans les livres suivants: «rafo al niqab» (la levée de l’étoffe à la suite de la levée
du voile sur les compagnons du cheikh Tijani), de l’érudit sidi Ahmed ben Ayachi Skiredj Tome 3 p191-194. «jounnate al jani»
(l’abri du malfaiteur, en dressant la biographie des compagnons du cheikh Tijani), du même auteur. «al jawahir al ghaliya al
mouhdate li dawi al himam al aliya» (les perles précieuses offertes aux gens dignes des grandes déterminations», du même
auteur, pi27. «ithaf ahl al maratib al irfaniya» (le cadeau offert aux gens dignes de rangs gnostiques, en leur présentant la
biographie de certains hommes de la voie Tidjaniya), de l’érudit sidi Mohammed Lahjouji, tome 1 : p 10. «noukhbate al
ithaf» (recueil du livre al ithaf), du même auteur, biographie numéro 168. «fath al malik al allam» (l’ouverture du Roi
parfaitement connaisseur), du même auteur p25. «rawd chamail ahl al haqiqa» (le jardin des attributs des gens dignes de la
vérité, en parcourant la biographie des personnalités célèbres de la voie Tidjaniya), de sidi Ahmed ben Mohamed Alaoui
Chenguiti, biographie 11. «boughya al moustafid» (le souhait du bénéficiaire exaucé lors de l’explication du livre al mounya),
de sidi Arbi ben Sayeh p256. «adwae ala cheikh sidi Ahmed Tidjani» (lumières sur le cheikh sidi Ahmed Tijani), de Abdelbaqi
Miftah p106-107. «gharaibe al barahine fi manaqib ssaheb tamacine» (les preuves mystérieuses concernant les mérites du
gnostique de Tamacine), de l’érudit sidi Mahmoud ben Matmatiya p 22.

-41-
mounya en lui disant : tu dis des mauvaises choses sur mon livre. Il a vu sidi haj Ali Harazem ayant une
grande barbe, de stature moyenne qui tend plutôt vers une plus grande taille, et vêtu d’une cape
«selham».
Le lendemain, sidi Arbi ben Sayeh a rencontré son ami. Ce dernier avait un grand sourire, et ils ont
commencé à se raconter ce qu’ils ont vu en rêve. C’est pour cette raison qu’il a dit dans son livre «Al
mounya» :
Ô groupe des bien-aimés, qu’on s’accroche.
Je vous recommande ce livre béni et cette approche.

C- L’érudit sidi Ahmed ben Ayachi Skiredj


Il a mentionné dans son livre «la levée de l’étoffe à la suite de la levée du voile sur les compagnons
du cheikh Tijani» (tome 2) une lettre que l’érudit sidi Mohammed Akensouss avait envoyée à son
disciple le gnostique sidi Said Drargui :
Il lui avait dit : en somme, je vous recommande de citer en abondance la «salat fatihi», c’est le grand
trésor. Celui qui en bénéficie ne peut être que parmi les gens dignes du bonheur. Je vous recommande
avant toute chose de lire intégralement le livre «perles des significations». Puis faites en sorte que vous
lisiez chaque jour une partie de ce livre béni. Cette lecture vous permettra d’accroitre l’amour que vous
portez pour le cheikh. Cet amour engendre la glorification du cheikh, et par conséquent il provoque son
assistance spirituelle. Quand vous lisez ce livre ayez toujours pour devise la parole de sidi Abi Madyane,
satisfaction d’Allah sur lui, qui a dit : admettez et ne critiquez point. La foi en ce livre est une sainteté, la
critique est une infamie.

D- L’érudit sidi Mohammed Hafez ben Mohammed ale Chenguiti


Il a utilisé le poème de sidi Taher ben Mohammed Tamanarti Ifrani pour clamer plusieurs vers dont :
Ô mon ami abandonne la parole de l’envieux orgueilleux.
Et consulte avec impartialité le livre des repères lumineux.
Dis à celui qui cherche les trésors précieux.
Ô mon ami si tu aspires aux succès commence à comprendre ce qui a été dicté au livre Al jawahir
et fonce. Son apparition était à partir de la source des secrets mystérieux.
Quelle chance il a, celui qui a goûté à son ébriété.
Il a goûté aux significations de ses lignes déchiquetées.
Un livre dont la lumière est apparue dans l’esquisse de la félicité.
Il a alors guidé toute personne dotée de raison et de lucidité.
Il est apparu dans un moment où régnait la nuit de l’ignorance, etc.

E- L’érudit sidi Ahmed ben Ayachi Skiredj


Il a dit également en vantant ce livre béni :
Les perles des significations ont fait perdre de vue les jeunes filles pleines de chasteté à l’amoureux
qui souffre au sein des présences de la pureté.
Ces perles lui ont causé une exaltation dans la présence de la réjouissance, indépendamment de
l’intimité.
Son illumination spirituelle s’est alors accentuée.
Sa raison s’est renforcée et sa louange s’est glorifiée.
Merci ! Elles ont montré des arts dignes de la proximité.
Leurs beautés ont dépassé la beauté du soleil.
Oh ! Combien de maladies elles ont chassé.
Et combien de problèmes elles ont redressé par des preuves évidentes basées sur le vrai et non pas
sur ce qui lui est pareil.

-42-
Elles ont véhiculé des preuves importantes pour toute personne sincère qui emprunte le droit
chemin ; des preuves qui détruisent toute ambigüité.
Ces perles ont refoulé les nuages, et ont fait jouir les yeux avec absoluité.
Leur secret est bien protégé de tout ce qui est néfaste et délétère.
Allah les a honorées, et les a comblées de solennité.
Il a vraiment réussi celui qui les avait rassemblées au sein des présences de l’intimité.
Il s’agit du gnostique Harazem qui est ferme dans sa voie.
Il guide les gens au paradis «firdaouss» par la bonne éthique et la foi.
Il est le calife du Tidjani, il fournit les souhaits exaucés à ceux qui les ont désirés.
Qu’ils soient humains ou djinns, c’est-à-dire les deux charges gérées.
Son disciple est sollicité, et sa requête est comblée.
Les maîtres se mésestiment en sa présence et sont troublés.

XI. Liste de quelques publications en relation avec le présent livre «Al Jawaher»
De nombreuses œuvres ont été publiées afin de servir ce livre béni. Seuls les gens dignes du
bonheur, de l’élection et du succès se préoccupent de ce livre. En effet, le prophète, prière et salut
d’Allah sur lui, a dit à notre cheikh, après lui avoir ordonné de grouper «Al Jawaher» : «Conserve-le pour
que les élus puissent en tirer profit après toi, en l’apprenant».
Il est donc intéressant de mentionner ici certaines publications qui ont été rédigées dans le cadre de
servir ce livre «Al Jawaher», parmi ces publications on peut citer :
1. «Hour Al Maghani Fi Nadzmi Jawaher Al Maâni» (Les belles rimes en vue de versifier le livre
Jawaher Al Maâni). Document de 200 pages, sous forme d’un poème de 4000 vers, dans
lequel l’auteur, Sidi Ahmed Ben Layachi Skiredj, a commencé la transformation du texte du
livre «Jawaher El Maâni» en poésie. Il avait pour intention la vulgarisation du livre et sa
simplification pour qu'il soit appris par cœur grâce à sa facilité et au charme de ses vers. Il a
dû arrêter ce travail par ordre du gnostique Sidi Ahmed Abdellaoui qui lui avait interdit de
continuer cette transformation jusqu’à l’obtention d’une autorisation spéciale qui concerne
ce travail de versification.
2. «Assirrou Lbaher Bima Nfarada Bihi Al Jamiô Âla Al Jawaher» (Le secret éblouissant
spécifiant le livre Al Jamiâ par rapport au livre Al Jawaher). Document de 200 pages, écrit en
1328 H (1910), dans lequel l’auteur, Sidi Ahmed Ben Layachi Skiredj, a comparé les contenus
des deux livres «El Jamiô» de Sidi Ben Machri et «Jawaher El Maâni» de Sidi Ali Harazem.
Il est important de noter que Sidi Ali Harazem est mort en 1218 H (1803) alors que le
Cheikh Sidi Ahmed Tijani était encore vivant.
Certaines explications du cheikh ont été ainsi mentionnées exclusivement dans le livre «El
Jamiô» de Sidi Ben Machri qui n’est mort qu’en 1224 H (1809).
3. «Tijane El Ghawani Fi Charhi Jawaher Al Maâni» (Les couronnes des belles femmes
représentant l’explication du livre Jawaher El Mâni). Document de 200 pages, incomplet,
dans lequel l’auteur, Sidi Ahmed Ben Layachi Skiredj1, a à peine rédigé une introduction
avant de commencer à expliquer le contenu du livre «Al Jawaher». Il a écrit une biographie
succincte de l’érudit Sidi Ali Harazem Berrada. Il a mentionné dans cette biographie certaines
spécificités des litanies qu’il citait en permanence : Les noms Idrissides, le Hizbe Es Sayfi, etc.
Il a parlé de ses livres «Rissalate El Fadle wa Limtinane» (Lettre du mérite et de la gratitude,
destinée à tous les bien-aimés et aux confrères), «Al kanz al motalssam» (Le trésor caché
dans la vérité du nom suprême d’Allah) et «Al Kounnache El Maktoume» (Le registre caché).

1 Le gnostique Ahmed ben Ayachi Skiredj, satisfaction d’Allah sur lui, était autorisé dans ce livre béni, depuis son jeune âge par
son maître le gnostique sidi Ahmed Abdellaoui. Il a obtenu au fil des années plusieurs autres autorisations spirituelles dans
ce livre. C'est la raison pour laquelle il voulait servir ce livre béni, en l’expliquant et en lui accordant le plus grand soin.

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L’auteur a aussi rapporté des informations précieuses, des autorisations (Idznes), des
archives, des poèmes faisant l’éloge de Sidi Ali Harazem Berrada, de ses fils Bouazza et
Ahmed, de son frère Messaoud et de son cousin Abderrahmane.
J’ai trouvé dans la bibliothèque de la famille Skiredj une copie manuscrite de ce livre.
Dans sa couverture on trouve l’écriture de l’ex sultan du Maroc Moulay Hafid qui a écrit avec
un crayon une proposition de titre «tijane al maani fi jamii ma fin al jamie wa jawahir al
maani mimma afada min bahri al khatm attijani saqana allahou min faydihi bi aadam al
awani» (Les couronnes des significations représentant le regroupement du contenu des deux
livres al jamie et jawahir al maani qui font partie de l’afflux du sceau des saints le Tijani,
qu’Allah nous fasse boire de son afflux par les verres les plus volumineux).
4. «Al Âkd El Mounadzam Fima yataâllaqo mina Al Jawaher Bil Issmi Al Aâdzam» (Le collier
organisé concernant le nom suprême d’Allah qui a été traité dans le livre Al jawahir).
Document incomplet de 10 pages, dans lequel l’auteur, Sidi Ahmed Ben Layachi Skiredj, a
donné des indications sur le nom suprême d’Allah, tout en insistant sur la nécessité de
s’abstenir de le citer en cas d’absence d’autorisation. Ce nom est à ne jamais utiliser pour un
but matériel qui ne relève pas de l’adoration d’Allah ou de son obéissance. L’auteur a
approfondi sa recherche sur le prologue (la Fatiha) du Coran et sur la «Salat Al Fatihi» qui
comportent en eux une forme spéciale du nom suprême d’Allah.
5. «Tuhfatou Al mourid At Tijani fima nfarada bihi Rawd El Mouhibe El Fani âla Al Jamiî wa
jawaher El Maâni» (Le cadeau offert au disciple Tijani au sujet de ce qui spécifie le livre
Rawd El Mouhib El Fani des deux livres El Jamiî et Jawaher El Maâni). Livre complet, de 60
pages, dans lequel l’auteur, Sidi Ahmed Ben Layachi Skiredj, a mentionné certaines
spécificités du livre «Rawd El Mouhibe El Fani» de Sidi Ben Machri que le lecteur ne peut
trouver ni dans le livre «El Jamiî» de Sidi Ben Machri, ni dans le Jawaher de Sidi Ali Harazem
Berrada.
Ces spécificités concernent des explications sur la vérité de l’homme parfait, les
spécificités de la Salat Al Fatihi, la réalité de l’action des Saints, et certaines explications de
versets du Coran qui n’ont pas été mentionnés dans les deux livres Al jamie et Al jawahir. À
titre d’indication, nous avons terminé l'étude, la vocalisation et un commentaire sur ce livre
(en arabe). Nous allons l’éditer prochainement, si Dieu le permet.
6. «Achourb Assafi, mina ai karami addafi, hachia ala kitab Jawahir al Maâni» (la boisson
pure, issue de l’abondante générosité, représentant une marge écrite et des annotations sur
le livre perles des significations). Document de 200 pages dans lequel l’auteur sidi lhaj Hassan
Baaqili a apporté certaines explications du livre «perles des significations». Il est à noter que
sidi lhaj Hassan ben Mohammed ben Abi Jamaa Baaqili est un érudit soufi vertueux, faisant
partie des sommités de la voie Tidjaniya. Il est originaire de la région de Souss du Maroc, et
sa lignée généalogique remonte à sidna Hassan fils de sidna Ali et de sayida fatima fille du
prophète, prière et salut d’Allah sur lui.
7. «Min Anwar Jawaher Al Maâni» (Quelques lumières tirées du livre Jawaher Al Maâni) :
Document de 31 pages, dans lequel l’auteur Pr. Ahmed Ibn Abdallah Skiredj (le traducteur) a
mis l’accent sur différents passages du livre «Al jawahir». Exemples :
• La bonne intention avant de procéder à une activité donnée.
• Les devoirs de l’individu et ses droits.
• L’importance de l’invocation d’Allah, de l’imploration de son pardon et du repentir.
• La connaissance du prophète, Sidna Mohamed, prière et salut d’Allah sur lui.
• Les sciences des mondes d’ici-bas et de l’au-delà.
• La différence entre la volonté d’Allah et la sagesse.
• Les règles et les sciences des gens dignes de l’ouverture spirituelle, de la clairvoyance et de
la levée de voile.
• La considération du Cheikh Sidi Ahmed Tijani comme modèle à suivre.

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8. «Izahat As Sitar Âmma Fi At Tariqa At tijania min Asrar» (Déplacement du rideau et
exposition de certains secrets contenus dans la voie Tidjaniya) : Document de 58 pages, dans
lequel l’auteur Pr Ahmed Ibn Abdallah Skiredj (le traducteur), a présenté des généralités sur
la voie soufie Tijanie et d’autres notions importantes. Il a parlé de ce qui suit :
• Les litanies de la voie Tidjaniya.
• La biographie du Cheikh Sidi Ahmed Tijani, satisfaction d’Allah sur lui.
• L’importance de l’autorisation et de l’initiation à la voie Tidjaniya.
• Les règles de la tariqa (la voie) et de la conduite d’un disciple tijani.
• Les secrets et les bijoux précieux de la voie Tidjaniya.
• Liste des publications de son arrière-oncle l’érudit et gnostique Sidi Ahmed Ben Layachi
Skiredj, satisfaction d’Allah sur lui.

XII. Date de l’écriture de ce livre béni


L'érudit sidi Ahmed ben Ayachi Skiredj a dit dans son livre «levée du voile sur les compagnons du
cheikh Tijani» : l’auteur sidi Lhaj Ali Harazem a commencé l’écriture, et l’arrangement des titres et des
sous titres du livre «Al jawahir» à Fès au début du mois de chaâbane une année avant sa finalisation.
Il a terminé son écriture l’année suivante, c’est-à-dire au cours de la vie du cheikh, qu’Allah sanctifie
son précieux secret et qu’il lui accorde sa satisfaction en permanence.
À cette occasion, le cheikh a consulté le livre et a autorisé son auteur dans tout ce qu’il comporte. Il a
écrit cette autorisation de sa propre main à la mosquée Diwane à Fès. Louange à Allah, le livre est
devenu ainsi une source de bonheur et de réjouissance, célèbre, digne de fierté, et répandant les
bénéfices en toute région et en tout pays. L’auteur de «la mounya» a dit :
Après deux mois il a ordonné à Ali son disciple de rassembler les perles des significations multiples
selon l’autorisation du maître de l’univers Mohamed.
Que celui qui a fait descendre le coran prie sur lui, c’est notre remède ainsi que sur ses
compagnons, et ses proches.
Ô groupe de bien-aimés, qu’on s’accroche.
Je vous recommande ce livre béni et cette approche.
Il a été rassemblé à la suite de la permission de «Taha» le messager.
Considérez donc ce livre à sa juste valeur, et cet œuvre partagez.
Celui qui le lit avec impartialité découvre l’éthique qui distingue le cheikh sans complexité.
Il découvre aussi que c’est un livre saint, qui ne comporte aucune calomnie ni médisance.
Je n’en ai aucun doute, je le jure par mon créateur, le digne de l’omniscience.

XIII. Les copies manuscrites du livre «Al Jawaher»


Afin d’assurer l’étude et la vocalisation du livre «Al Jawaher», nous avons consulté onze différentes
copies manuscrites de ce document et nous avons comparé leur texte en détail (lettre par lettre et page
par page). Au bas de la page du livre imprimé en arabe (la première édition), nous avons noté toutes les
différences relevées.
En général, les différences sont sous forme d’oubli de mots, d’erreurs d’orthographe, de grammaire,
de nom d’un lieu ou de d’une personne peu célèbre. Parfois les savants qui ont recopié le texte ont
sauté des lignes sans qu’ils s’en rendent compte.
Parmi ces 13 copies figurant dans la liste ci-dessous, on a retenu 11 des plus crédibles afin de les
comparer à la copie d’origine (A) du livre «Al Jawaher». La seule copie qui n’a pas été retenue est la (B)
puisqu’elle est incomplète.
Les copies de référence révisées pour imprimer le «Jawaher» en arabe et pour le traduire en français
sont les suivantes :
 La copie ‘A’ : œuvre originale (manuscrite) écrite de la main de l'auteur Sidi Ali Harazem

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Berrada. C’est la copie d’origine qui comporte l’écriture et la certification du Cheikh,
satisfaction d’Allah sur lui. C’est la principale référence pour l’impression du présent
document.
 La copie ‘B’ : écrite de la main de l’auteur Sidi Ali Harazem Berrada. Le gnostique Sidi
Ahmed Ben Layachi Skiredj a mentionné l’existence de cette copie dans son livre
«Arrihla al habibiya al wahraniya» (Rapport de visite à Oran chez notre ami Al Habib ben
abdelmalek Al wahrani) et dans son livre «Rafe anniqab» (la Levée de l’étoffe à la suite
de la levée du voile sur les compagnons du cheikh sidi Ahmed Tijani). Cette copie était
conservée dans la bibliothèque de l’érudit Abi Mohamed Sidi Ben kacem Ben Tayeb Ben
Kabo Hijazi. Actuellement, on ignore le lieu où cette copie se trouve. Il se peut que les
petits fils de l’érudit en question la conservent toujours. Nous avons vu huit pages de
cette copie dans la bibliothèque du gnostique sidi Ahmed ben Ayachi Skiredj. Étant
donné le nombre faible des pages de cette copie, celle-ci ne peut pas être considérée
comme une référence pour l’étude du présent livre «Al Jawaher».
 La copie ‘C’ : écrite de la main de l’auteur Sidi Ali Harazem Berrada. L’érudit Sidi Ahmed
Ben Layachi Skiredj a pu consulter cette copie à Oran en 1329 H/1911 JC. Il l’a citée dans
son livre «Riad soulwane» (Le jardin de la réjouissance).
 La copie ‘D’ : c’est la quatrième copie écrite de la main de l’auteur Sidi Ali Harazem
Berrada. Elle est conservée dans la bibliothèque de Sidi Brahim Niass Kolkhi au Sénégal.
Le livre est écrit en deux tomes de 280 et 335 pages respectivement. Cette copie
originaire de «Ain Madi»1 en Algérie, a été sans doute présentée comme cadeau au
père de Sidi Brahim Niass, le moqaddem Lhaj Abd Allah Ben Mohamed Ben Moudnib
Niass, satisfaction d’Allah sur eux. La particularité de cette copie est qu’elle contient un
poème en quatre pages. Ce poème n’existe nulle part dans les autres copies dont nous
disposons, en l’occurrence dans la copie ( A ). De même, cette copie manque souvent de
certains paragraphes qui dépassent parfois quelques pages. Le Moqaddem Sidi Ali Cissé
a pris l'initiative de compléter une partie du premier tome, entre les pages 62 et 65.
Mais, d’une manière générale, c’est une excellente copie ; on l’a prise comme référence
pour le présent livre.
 La copie ‘E’ : écrite par l’érudit Sidi Ahmed Ben Layachi Skiredj, satisfaction d’Allah
sur lui. On considère que cette copie fait partie des plus crédibles des onze copies
dont nous disposons, pour différentes raisons : d’abord il suffit qu’elle soit écrite par
un savant vertueux, des plus célèbres érudits et spécialistes de la voie soufie
Tidjaniya. Ensuite, parce que cet érudit a apporté quelques améliorations à la copie
d’origine (A), en corrigeant quelques erreurs d’orthographe, de grammaire ou de
noms de lieux ou de personnages lorsqu’il l’a copiée personnellement.
 La copie ‘F’ : corrigée par l’érudit, l’élu vertueux, Sidi Mohamed Larbi Ben Sayeh, qui
a ajouté une petite introduction dans laquelle il a signalé que ce document, depuis le
début jusqu’à la fin, est copié à partir du document d’origine (A) de son auteur. La
copie est écrite par un de ses collaborateurs à Rabat.
 La copie ‘G’ : corrigée par l’érudit, historien, Sidi Mohamed Ben Ahmed Akensous. Elle
est écrite par un de ses collaborateurs. Dans les marges, il a noté ses corrections. C’est
une importante copie de référence.
 La copie ‘H’ : écrite de la main de l’érudit, l’écrivain, Sidi Mohammed Ben Yahya

1 Ain madi est un village qui se trouve à 72Km à l'ouest de la ville de l’Aghouate, et à 560 Km d’Alger. Il faisait partie des
endroits et des étapes traversés par les pèlerins Marocains avant d’arriver à la Mecque. C’était la quatrième étape de leur
voyage, après les régions de Figuig, Abi Samghoune et Ghassoul. Le cheikh Ahmed Naciri Darii avait cité ces étapes en détail
dans son live «rihla naciriya» (le voyage du naciri).

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Palamino1 de Rabat. C’est une importante copie de référence. La particularité de cette
copie est qu’elle contient des ajouts personnels dont l’objectif est de faciliter la
compréhension du lecteur. Lors de notre transcription du texte, on n’a pas pris ces
ajouts en considération, mais lors de la traduction en français, ces remarques nous ont
été d’une aide précieuse.
 La copie ‘I’ : écrite de la main de l’érudit Sidi Ahmed Ben Qacem Guessous2 de Rabat.
C’est également une importante copie de référence.
 La copie ‘J’ : écrite de la main du légiste Sidi Mohamed Ben Abderrahman Mghara3 de
Tétouan. C’est l’un des étudiants de l’érudit Sidi Ahmed Ben Layachi Skiredj. C’est aussi
une importante copie de référence.
 La copie ‘K’ : écrite de la main de l’érudit, l’élu célèbre et vertueux Sidi Mohamed Ben
Belqacem Bassri4 de Meknès. C’est aussi une importante copie de référence.
 La copie ‘L’ : c’est la copie du charif béni, Sidi Mahmoud Tamassini. On ne dispose que
du premier tome de ce document.
 La copie ‘M’ : conservée dans la grande Zaouia de Fès. On ignore celui qui l’a écrite de la

1 Le Saint vertueux, le béni, le moqaddem imposant, le lettré, sidi Mohammed ben Yahya Palamino de Rabat. Il fait partie de
l’élite des compagnons de l’érudit et saint sidi Mohamed Arbi ben Sayeh. Il l’avait vanté par plusieurs poèmes. À titre
d'exemple, il a dit :
J’ai parcouru le globe est et ouest
Et je n’ai trouvé personne comme sidi Arbi ben Sayeh l’imam
Il est l’étoile de la guidance, le pôle de l’éminence, le maître de l’islam
Et le renfort des inanimés et des orateurs manifestes
Sidi Palamino est mort le 4 Joumada I 1333 H-20 mars 1915. Il a été enterré à la mosquée de Mohammed sidi Daoui à Rabat.
Sa biographie détaillée figure dans notre livre «khoulassate al missk al fayeh bi dikri baadi manaqibi sidi Arbi ben Sayeh» (le
nectar du musc dont l’odeur est répandue par le rappel des mérites de sidi Arbi ben Sayeh), et dans le livre «aalam al fikr al
mouassir», de jirari, tome 2 p 231-233. L’érudit sidi Ahmed ben Ayachi Skiredj a écrit tout un livre dont l'objet est de dresser
sa biographie, il l’a intitulé «Addour attamine, min fawaid al adibe Palamino, al amine» (La perle précieuse représentant les
traces bénéfiques du lettré Palamino, le loyal).
2 Ahmed ben Qacem Guessous, savant, lettré, et spécialiste de la science du hadith. C’est l’une des figures éminentes de la
voie Tidjaniya à Rabat au Maroc. Il a étudié chez plusieurs érudits, comme l’érudit et le gnostique sidi Mohamed Arbi ben
sayeh. Parmi les livres qu’il a écrit on peut citer : commentaires sur Al Mouattae de l’imam Malek ; les roses cueillies du
jardin des attributs ; commentaires sur l’explication de l’érudit Hattab de l’écrit de l’imam des deux lieux sacrés, etc. Il a écrit
également plusieurs poèmes vantant le prophète, prière et salut d’Allah sur lui. Il est mort, qu’Allah ait son âme en sa sainte
miséricorde, à l’âge de 61 ans, le 13 Dou Al qiâda 1331 H. Il a été enterré à la zaouïa nassiria de Rabat. Sa biographie
détaillée figure dans notre livre «khoulassate al missk al fayeh bi dikri baadi manaqibi sidi arbi ben sayeh» (le nectar du musc
dont l’odeur est répandue par le rappel des mérites de sidi Arbi ben Sayeh), et dans les livres suivants : «fath al malik al
allam» (l’ouverture du Roi le grand connaisseur), de l’érudit Lahjouji, biographie 149 ; «aalam al fikr al mouassir», de
Abdallah Jirari, tome2 p 39 ; «al ightibate», de boujendar, p62 ; «al ialam bi man halla mourrakouch», de ibn ibrahim, tome 2
p281-289 ; et «Al aalam», de Zarkali, tome 1, pi 99.
3 L’érudit et moqaddem vertueux sidi Mohammed ben Abderrahmane Mghara Tamasslouhti le tétouanais. Né à Tétouan en
1304 H. Il a étudié et a pris la voie Tidjaniya à travers des moqaddems éminents tels que l’érudit sidi Mohamed ben Ajiba,
sidi Ibrahim Cherradi, sidi Mohammed ben Ahmed Derdbi Koufi, l’érudit sidi M’hammed Genoune, sidi Mahmoud fils de sidi
bachir fils de sidi Habib fils du cheikh sidi Ahmed Tijani, ainsi que le gnostique sidi Mohamed ben abdelwahed Nadifi, etc. Il a
bénéficié d’une autorisation absolue dans la voie Tidjaniya par l’érudit et gnostique sidi Haj Ahmed ben Ayachi Skiredj. Ce
dernier le félicitait souvent pour ses efforts et ses mérites. Il a été nommé Moqaddem de la zaouia tijanie de Tétouan après
la mort de l’érudit et Moqaddem sidi Mohamed ben Ajiba. Sa biographie figure dans le livre «riad soulwane» (le jardin des
réjouissances), de l’érudit sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ, p 153.
4 Le moqadem de la voie Tidjaniya, le gnostique sidi Mohamed fils de Belqacem fils de Tayeb fils de Saghir fils de Massoud
surnommé Abi sarhane fils de Mohammed fils de Abderrahmane fils de Abdallah fils de Omar fils de Abderrahmane fils de
Imrane al Walhaji. Il est connu sous le nom de Bassri le Meknassi. Né à Meknès le 3 dou al hijja 1202 H-Septembre 1788 JC.
Le septième jour de sa naissance était la fête du sacrifice (du mouton).
Il est mort à l'âge de 91 ans, qu'Allah ait son âme en sa sainte miséricorde, lundi 22 dou Al hijja 1293 H-7 janvier 1877 JC.
Parmi ses mérites, le cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, n’appelait personne à part lui par «le moqaddem». Il l’avait couvert
un jour par ses propres habits, et il lui avait dit : tu es agréé quel que soit ton état. Le moqaddem sidi Mohammed Belqacem
Bassri a pris la voie Tidjaniya directement du cheikh sidi Ahmed Tijani, satisfaction d’Allah sur lui.
Sa biographie détaillée figure dans les livres suivants : «fath al malik al allam» (l’ouverture du Roi le grand connaisseur), de
l’érudit Lahjouji et «rawd chamail ahl al haqiqa» (le jardin des attributs des gens dignes de la vérité), de l’érudit Ahmed ben
Mohamed Alaoui, biographie numéro 13.

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main. Elle nous a servie également de copie de référence.

XIV. Description et particularités de la copie d’origine (A) du livre «Jawaher Al


Maâni»
L’auteur de ce livre, Sidi lhaj Ali Harazem Berrada, est décédé à Badr, près de Médine (la ville
illuminée), lors de la période du pèlerinage, en 1218 H/1804 JC. À ce sujet, l’érudit Sidi Ahmed Ben
Layachi Skiredj, a dit dans le tome 4 de son livre «Rafô An Niqab» (levée de l’étoffe à la suite de la levée
du voile sur les compagnons du cheikh Tijani) : sidi Ali Harazem Berrada est décédé à l’Orient et est
enterré dans le cimetière des martyrs à Médine l'illuminée, qu’Allah salut et prie sur le prophète qui y
habite. Il a été accompagné en cette période par Sidi lhaj Abderrahman Berrada et Sidi lhaj Abdelouhab
Ben Lahmar. Il a laissé dans les lieux une copie du «Jawaher», une autre de l’authentique de «Boukhari»
et une copie du Coran, toutes écrites de ses propres mains. En ce qui concerne cette copie du livre
«Jawaher», elle se trouve actuellement à la Zaouïa d’Aïn Madi, chez les petits fils du cheikh, satisfaction
d’Allah sur lui. Fin.
Étant donné l’importance de cette copie d’origine, l’érudit Skiredj n’a épargné aucun effort pour
avoir accès à son contenu. Étant donné qu’elle se trouvait à la Zaouïa d’Aïn Madi au désert oriental, il a
voyagé afin de la consulter, en Algérie en 1329 H/1911 JC. Mais, il a été surpris en apprenant la mort du
responsable de la Zaouïa d’Aïn Madi, le noble, le béni, Sidi Mohamed El Bachir Tijani (fils de sidi
mohammed El habib fils du cheikh).
A ce moment là, il était encore dans le navire au port de Tanger, à destination d’Oran. Il a été alors
contraint à modifier son programme de visites, tout en se limitant aux régions d’Oran, Moustaghanem,
Tlemcen, Sidi Belabbès, et Satef. Il a annulé la visite de Aïn Madi.
Mais Allah a exaucé sa demande et a concrétisé son souhait, lorsque le sharif sidi Mahmoud fils de
sidi Mohammed El Bachir Tijani est venu au Maroc. Il est venu la même année en apportant avec lui la
copie d’origine (A) du «Jawaher». À ce sujet, l’érudit Skiredj a dit, dans son livre «Ghayat Al Makssoude
Birrihla Maâ Sidi Mahmoud» (L’objectif réalisé au maximum lors du voyage en compagnie de Sidi
Mahmoud) : un souffle gnostique nous parvient de la part de notre maître, le gnostique, le guide vers
Allah, sidi et moulay Ahmed Abdellaoui, satisfaction d’Allah sur lui : il m’avait annoncé en effet, que je
vais expliquer le livre «Al Jawaher», et cela n'est nullement difficile pour Allah. Je l’invoque de redresser
mon intérieur et mon apparence. Lorsque j’ai senti en moi l’enthousiasme pour commencer à expliquer
ce livre, j’ai décidé de ne rien écrire qu’après la consultation de la copie d’origine dudit livre «Al
Jawaher».
Mais étant donné que je n’ai pas pu avoir accès à cette copie lors de mon voyage en Algérie en 1329
H/1911 JC, j’étais alors certain que l’autorisation (le Idzne) n’était pas encore arrivée. Le signe de
l’autorisation spirituelle est en effet la facilité. J’ai alors attendu l’arrivée de Sidi et Moulay Mahmoud,
satisfaction d’Allah sur lui, pour acquérir cette fameuse copie d’origine. Dès notre première rencontre, il
me l’a confiée, sans même que je la lui demande. J’avais l’impression qu’il n’était venu au Maroc que
pour cette mission.
J’ai alors saisi le premier tome de cette copie d'origine, que j’ai conservé chez moi durant quelques
jours. Et j’ai fait la comparaison avec les copies dont je disposais. Je faisais cette comparaison à la Zaouïa
bénie de Fès, au pied de son pilier célèbre, en face du mausolée du cheikh et en présence de grandes
personnalités tijanies.
Parmi ces érudits, il y avait notre maître l’érudit Sidi lhaj Abdelkarim Bennis (surnommé le président).
C’était lui qui lisait la copie d’origine à voix haute. Nous, les autres, nous regardions nos copies pour
suivre la lecture et éventuellement faire les corrections nécessaires. Fin.
À propos du même sujet, l’érudit Skiredj a dit dans son livre «Tijane El Ghaouani Fi Charhi Jawaher Al
Maâni» (Les couronnes des belles femmes représentant l’explication du livre Jawaher El Mâani) : Allah,
le glorieux, nous a réjouis par l’arrivée de Sidi Mahmoud, le petit fils du Cheikh Tijani, satisfaction d’Allah
sur lui. Son arrivée est pour nous un jour de fête. Nous l’avons vu en bonne et parfaite santé, sans signe
de fatigue. Dieu m’a accordé cette rencontre avec lui, après avoir été triste de ne pas pouvoir lui rendre

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visite. En effet, j’avais pris la route depuis Tanger à Aïn Madi. Mais, les conditions n’étaient pas
favorables pour atteindre ce village béni. Je n’avais donc visité qu’Oran et ses régions. Quand j'ai pris le
chemin de retour à Fès, j’étais très triste et chagriné, car je tenais à visiter cet endroit et à rendre visite
aux petits fils du cheikh Tijani, satisfaction d’Allah sur lui.
Je tenais également à consulter la copie d’origine du livre «Al jawahir» qui est écrite de la propre
main de son auteur le grand calife sidi lhaj Ali Harazem, qu’Allah sanctifie son précieux secret. Dans
cette copie, le cheikh avait précisé au début et à la fin, que c’est une copie correcte, et qu’elle est la
copie de référence. J’avais donc décidé de la comparer aux autres copies, car j’étais déterminé à
expliquer le livre par une exégèse qui le protégera de toute incorrection. Je voulais l’expliquer en
montrant ce qu’il comporte en lui comme secrets, et en clarifiant les passages qui pouvaient induire le
lecteur en erreur. Je voulais également corriger certains passages erronés qui se trouvaient dans
d’autres copies que l’originale, etc. Fin.

A-Forme de cette copie d’origine


L’érudit Skiredj parle beaucoup de la forme de ce manuscrit dans son livre «Assna Lmatalebn fima
yahtajouho At Taleb» (Les objectifs brillants dont a besoin l’étudiant). Il a dit : louange à Allah. C’est par
Sa largesse que j’ai (moi le nécessiteux auprès d’Allah, l’écrivain de ces lettres) pu trouver la copie
d’origine du livre «Al Jawaher», écrite de la propre main de son auteur, le calife honorable, Sidi Lhaj Ali
Harazem. Le cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, a lui-même écrit, sur cette copie, qu’elle est la référence
et qu’il l’a certifiée et qu’il a autorisé son auteur dans tout son contenu. J’ai pu consulter cette copie à
Fès, dimanche, 18 Chaâbane béni, 1329 H, le deuxième jour de l’arrivée de Sidi Mahmoud, l’arrière petit
fils du Cheikh, satisfaction d’Allah sur lui.
Le Moqaddem Sidi Tayeb Sefyani m’a permis de prendre cette copie chez moi afin de recopier
l’écriture du Cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, ainsi que l’écriture de quelques uns de ses compagnons.
Je me propose donc de mentionner cela ici pour préserver ce patrimoine sublime et pour recevoir la
bénédiction de ieurs stations spirituelles élevées.
En ce qui concerne la description de la copie (d’origine) que j ai pu acquérir, elle est composée de
deux grands tomes, de grand format. Le papier est de type fin. Chaque page comprend 23 lignes.
L'écriture est celle du calife sidi lhaj Ali Harazem Berrada. Cette écriture ressemble à des perles gravées
qui lancent de la lumière. Certaines pages sont écrites en totalité, sans respect de la marge.
Souvent, l’écriture remplit les marges pour apporter des explications et faire des remarques sur
l’enchaînement des idées. Certaines lignes comportent des mots barrés. La plupart de ce qui a été écrit
dans les marges a été tronqué à cause de la couverture.
L’encre est de type végétal (Swak). Les noms des personnes citées et certains mots sont écrits en
rouge. Chaque forme rimée d'une phrase est séparée d’une autre par un gros point en rouge. Le
nombre de pages du tome I est de 215p, celui du tome II est de 128p. Les chapitres et les parties sont
séparés entre eux comme s’ils étaient des parties indépendantes. En Tome I, la deuxième partie du
chapitre V qui comporte les hadiths prophétiques est séparée de ce qui la précède. En Tome II, il y a une
nette séparation entre les parties 4 et 5 du chapitre V, le chapitre VI, la conclusion, et les cinq dernières
pages où l’auteur précise que c’était la dernière information qu’il a pu rassembler, etc.
Les deux tomes sont couverts de cuir qui est de couleur verte. Les décorations de cette couverture
sont dorées. La partie externe du bord du livre est également dorée. Il n’y a pas de cadre qui entoure
récriture.

B- Texte écrit par le Cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, au verso de la première page
Au nom d’Allah, le très miséricordieux, le tout miséricordieux. Prière et salut d’Allah sur notre maître
Sidna Mohamed, sa famille proche et ses compagnons. Le serviteur nécessiteux auprès de la miséricorde
de son seigneur, Ahmed Ben M’hammed Tijani, dit ce qui suit :

-49-
L’ensemble du présent document, sur lequel figure notre écriture au verso de la première page,
depuis son début jusqu’à sa fin, fait l’objet de notre autorisation générale absolue totale éternelle
permanente en faveur de notre bien-aimé sidi lhaj Ali harazem Ben Lhaj Larbi Al Fassi.
Je certifie que cette autorisation concerne tout ce qui a été écrit dans ce livre depuis le début jusqu’à
la fin, tout ce qui a été prononcé par moi, et tout ce qui a été rapporté d’après moi. Elle concerne
également la mise en pratique de tout ce qui a été cité dans ce livre, ainsi que la permission dans toutes
les particularités et dans tous les secrets qu’il mentionne, quels qu’ils soient, et de n’importe quelle
discipline.
Il peut, à son tour, autoriser toute personne qu’il veut, comme il veut, selon les règles de
l’autorisation authentique, connue par ses dignitaires. C’est-à-dire en considérant la convenance et
l’habilité de la personne qui va bénéficier de l’autorisation. Si elle n’en est pas digne, qu’il s’abstient
alors de l’autoriser.
Autorisation faite et écrite par Ahmed Ben M’hamed Tijani, qu’Allah l’accepte de par Sa largesse. Le
présent document est issu de notre dictée à la personne que nous venons d’autoriser. Qu’Allah nous
accorde succès, de par Sa grâce. Prière et salut d’Allah sur Sidna Mohamed, sa proche famille et ses
compagnons.
Jeudi, fin Rajab, 1215 H. Prière et salut d’Allah sur Sidna Mohamed, sa proche famille et ses
compagnons.

C- Texte écrit par deux juristes en bas de l’écriture du cheikh susmentionnée


Louange à Allah. Le sharif sidi Abdelwahed ben sidi Mohamed Boughaleb Jouti Hassani1 a acheté la
totalité de ce livre béni qui est composé de deux tomes et qui comprend notre écriture à sa première
page.
Il l’a acheté de sidi Bouazza2 fils du gnostique sidi Ali Harazem Berrada. Ce livre englobe les mérites
de notre cheikh et maître sidi Abi Abbes Tijani. Il est intitulé : perles des significations et exaucement

1 Sidi Abdelwahed Boughaleb, l’un des compagnons célèbres du cheikh Abi Abbes Tijani. Sa biographie détaillée figure dans
les livres suivants :
«kachf al hijab» (levée du voile sur les compagnons du cheikh Tijani), de l’érudit sidi Ahmed ben Ayachi Skiredj p269-270.
«rafo al niqab» (levée de l’étoffe à la suite de la levée du voile sur les compagnons du cheikh Tijani), du même auteur
(Ahmed Skiredj), tome 4 : p69. «addour attamine fima isstafadtouhou mina al adib Palamino al amine» (La perle précieuse
représentant les traces bénéfiques du lettré Palamino, le loyal), du même auteur, p 26. «jounnate al jani» (l'abri du
malfaiteur, en dressant la biographie des compagnons du cheikh Tijani), du même auteur. «tatyib annoufouss» (le
réchauffement des coeurs en mentionnant les notes que j’avais prises lors de certaines conférences et leçons), du même
auteur, p 232. «al jawahir al ghaliya, fi al jawab ani al assila al karzaziya» (les perles précieuses manifestées lors de la
réponse aux questions de Karzazi), de l’érudit sidi Idriss Iraqi p21. «ithaf ahl al maratib al irfaniya bi dikri baadi rijal tariqa
Tidjaniya» (le cadeau offert aux gens dignes de rangs gnostiques, en leur présentant la biographie de certains hommes de la
voie Tidjaniya), de l’érudit sidi Mohammed Lahjouji, tome 1 : p354. «noukhbate al ithaf» (recueil du livre al ithaf), du même
auteur, biographie numéro 93.
2 Sidi Bouazza fils du calife sublime sidi Abi Hassan Haj Ali Harazem Berrada Fassi. Il fait partie de l’élite des compagnons du
cheikh, satisfaction d’Allah sur lui. Il bénéficiait d’une grande diligence de la part du cheikh, surtout après la mort de son
père en Orient en 1218 H. Sa biographie détaillée figure dans les livres suivants : «kachf al hijab» (levée du voile sur les
compagnons du cheikh Tijani), de l’érudit sidi Ahmed ben Ayachi Skiredj p218-219. «rafo al niqab» (levée de l’étoffe à la
suite de la levée du voile sur les compagnons du cheikh Tijani), du même auteur (Ahmed Skiredj), tome 1 : p226. «al jawahir
al ghaliya al mouhdate li dawi al himam al aliya» (les perles précieuses offertes aux gens dignes des grandes
déterminations», du même auteur, p27 et p78. «jounnate al jani» (l’abri du malfaiteur, en dressant la biographie des
compagnons du cheikh Tijani), du même auteur. «Assna al matalib» (Les objectifs brillants dont a besoin l’étudiant), du
même auteur pi3-17. «noukhbate al ithaf» (recueil du livre al ithaf), de l’érudit sidi Mohammed Lahjouji, p20-21. «adwae ala
cheikh sidi Ahmed Tidjani» (lumières sur le cheikh sidi Ahmed Tidjani), de Abdelbaqi Miftah p93. «azhar al bassatine fi rihla
ila sswadine» (les roses des jardins cueillies lors du voyage au Soudan), de Mohammed ben abi bakr Azarifi p 117. «rawd
chamail ahl al haqiqa» (le jardin des attributs des gens dignes de la vérité, en parcourant la biographie des personnalités
célèbres de la voie Tidjaniya), de sidi Ahmed ben Moham Alaoui Chenguiti, biographie numéro 19. «rassail maalama maalim
souss, abi abdellah sidi Mohammed Akensous» (les lettres de la sommité de la région de souss, sidi Mohammed Akensous),
du serviteur nécessiteux auprès d’Allah Mohamed Erradi Genoune, tome 1 : p291. «rassail al allama al qadi sidi Ahmed
SKIREDJ» (les lettres de l'érudit et juge sidi Ahmed SKIREDJ), du même auteur, tome 1 : p332. «kounnach al faqih sidi
Mohammed ben yahya Palamino» (le cahier de notes du savant sidi Mohammed ben yahya Palamino) p 109. «al jawahir al

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des souhaits au sein de l'Afflux d’Abi Abbes Tijani, satisfaction d'Allah sur lui. Il l’a acheté au prix de 34
DH1 (dirham). Le vendeur a attesté qu’il a perçu la totalité du prix susmentionné, et a ainsi totalement
renoncé au livre.
L’acheteur est devenu parfaitement propriétaire dudit livre, selon la sounna (la conduite
prophétique), c’est-à-dire après avoir été mis au courant de ce qu’il va acheter, après l’avoir inspecté, et
après son consentement et sa satisfaction. Nous attestons que c’était parfaitement le cas. Fin du mois
de Chaâbane, 1234 H2.
Je confie ici mon attestation qu’il n’y a point de divinité à part Allah, que Mohammed est son
messager, prière et salut d’Allah sur lui, que tout ce qu’il nous a transmis est vrai, que le Paradis est vrai,
que l'Enfer est vrai, que l’Heure suprême arrivera sans aucun doute, qu’Allah ressuscitera ceux qui sont
dans les tombeaux, et que le contenu de ce livre ci-présent est vrai. Prière et salut d’Allah sur sidna
Mohammed, sa famille proche et ses compagnons.

D-Texte écrit par un juriste au dessous du texte précédent


Louange à Allah, l’écriture en haut de cette page est celle du grand cheikh, le gnostique, notre cheikh
et intermédiaire auprès de notre Seigneur, celui sur lequel nous comptons, le gnostique seigneurial, le
singulier impénétrable, sidi et mawlay Ahmed Tijani, qu’Allah nous fasse profiter de lui dans ce monde
ici-bas et dans l’au- delà, et qu’il nous range dans son groupe. Amen.
Signé, à la date susmentionnée, par celui qui a reconnu l’écriture du cheikh et a certifié que c’est
bien son écriture.

E-Texte écrit par l’érudit Ahmed ben Saïd Qaddoura3, sur la partie droite se trouvant avant
la première page
Au nom d’Allah, le très miséricordieux, le tout miséricordieux. Prière et salut d’Allah sur Sidna
Mohamed, sa famille proche et ses compagnons. Louange à Allah qui a élevé les rangs des gens dignes
de la Sounna et qui a fortifié les piliers de la conduite prophétique. Il a diminué de la valeur de
l’innovation et a effacé ses marques. Il a fondé le fondement de la loi islamique et a scellé ses verdicts. Il
a clarifié les preuves de la vérité, depuis son début jusqu’à sa fin. Prière et salut d’Allah sur Sidna
Mohamed, son serviteur et son messager, qui a dit : "Cette religion sera prise en charge, en toute
époque, par des notables qui repousseront d'elle la falsification des égarés, l'interprétation des
ignorants et la revendication mensongère des charlatans".
Par ailleurs, Allah a favorisé les habitants de ce pays par l'amour qu’ils portent pour celui dont la
station a été élevée par Allah, et qui a été appuyé par Lui pour détruire l’égarement. Ses conférences et
citations ont fait l’objet de livres volumineux et de différentes thèses importantes. Grâce à lui, de
nombreuses personnes ont été bien guidées, louange à Allah. D’autres ont même porté les habits du

ghaliya, fi al jawab ani assila al karzaziya» (les perles précieuses manifestées lors de la réponse aux questions de Karzazi), de
l’érudit sidi idriss iraqi p21.
1
Il est à noter que ce prix de 34 DH était un prix très cher, suffisant pour acheter 2 maisons à Fès en cette époque. Le sharif sidi
Abdelwahed Boughaleb a acheté ce livre pour le mettre définitivement à la zaouïa de Fès et éviter qu’il soit perdu, car il l’aimait
beaucoup et il craignait qu’il soit perdu ou abîmé.
2 Il est important de signaler que la copie d’origine du livre «Al jawahir» avait été volée juste après la mort du cheikh sidi
Ahmed Tijani, satisfaction d’Allah sur lui, en 1230 H. Après la mort de l’auteur sidi Ali Harazem en 1218, son compagnon sidi
Abdelwahab ben Al Ahmar avait ramené avec lui cette copie d'origine et l’avait confié à sidi Bouazza Berrada le fils de
l’auteur. Mais en 1230 H après la mort du cheikh, elle a été volée. Sidi Abdelwahed Boughaleb l’avait trouvé deux ans après,
il l’avait acheté ainsi deux fois, la première fois pour la remettre à sidi Bouazza et la deuxième fois pour l’acheter et la léguer
après sa mort à la zaouïa bénie de Fès. Ceci montre la valeur de ce livre chez les compagnons du cheikh et l’amour qu'ils
portaient pour lui.
3 Ahmed ben said Qaddoura, savant soufi, faisant partie des érudits de la voie Tidjaniya en Algérie. L’érudit sidi haj Ahmed
ben Ayachi Skiredj a dit à son propos : il est issu d’une noble famille connue par la science et la bienfaisance. Il a rencontré le
grand calife sidi haj Ali Harazem en Algérie, lors du voyage de ce dernier en orient en 1216 H, etc. Sa biographie détaillée
figure dans le livre «Rafo An niqab» (la levée de l’étoffe à la suite de la levée du voile sur les compagnons du cheikh Tijani.
Tome I biographie numéro 89), de l’érudit sidi Ahmed ben Ayachi Skiredj.

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bonheur, à la suite de la diligence antérieure de l’omniscient et du parfaitement connaisseur. Il s’agit de
notre cheikh, l’or pur des pôles et des secoureurs, le maître seigneurial, le secoureur des corps, Abou
Abbes sidi Ahmed ben M’hammed Tijani.
Il a été vanté par de grands imams. Il ne cessait de faire revivre les déterminations qui ont été
éteintes chez les grands hommes à cause du cumul des problèmes et de certains états. Il faisait vivre ces
déterminations par des mots forts, et par une parole sans équivoque. J’ai été ordonné d’écrire ici un
commentaire, par celui auquel je ne peux pas dire non. J’ai alors obéi à cet ordre, bien que je ne sois pas
digne de cet honneur. Mais, par crainte de la menace évoquée dans ce domaine, je n’ai pas pu refuser1.
En agissant ainsi, je souhaite être rangé parmi les protecteurs de la Sounna, comme un savant dévot et
un élu empruntant la voie de la droiture. J’invoque Allah qu’il compte cette participation comme étant
une de mes oeuvres vertueuses, et qu’il protège mes idées contre l’égarement et la dérive.
Signé : le petit serviteur de son seigneur glorieux, Ahmed Ben Saïd, connu par Qaddoura. Qu’Allah
facilite ses affaires. Prière et salut d’Allah sur le prophète, Sidna Mohamed, sa famille proche et ses
compagnons.

F-Texte écrit par sidi Mohamed ben Ahmed ben Malek, sur la partie gauche se trouvant
avant la première page
Au nom d’Allah, le très miséricordieux, le tout miséricordieux. Louange à Allah qui a éveillé les
déterminations engagées parfaites afin d’aspirer à acquérir de singuliers bienfaits. Il leur a représenté
les coffres des pensées comme étant des choses plus belles et plus attirantes que les magnifiques jeunes
filles vierges. Ces gens ont alors ravivé les vertus et ont montré leurs véritables faces après leurs
effacements. Ils ont rebâti les fondements des édifices de la louange après leurs destructions.
Les cheikhs lors de leurs conférences, ont évoqué les dons qui ont été insufflés en ces gens-là. La
beauté du jardin de leurs connaissances a retrouvé alors son éclat. Les vergers de ce qui leur parvient
comme émissaires divins sont devenus mûrs. Les plus précieuses des intelligences ont concouru pour
cueillir leurs lumières montantes.
Je jure que vous avez décoré le temps avec son collier de richesse.
Vous avez rendu les jours joyeux après leur tristesse.
Vous avez remis le soleil des éminences à son horizon.
Enfin, le soleil a repris dans le ciel sa place et son mouvement.
Je certifie qu’il n’y a de divinité qu’Allah seul, sans associé. Je souhaite que cette attestation me soit
conservée en tant que provision sublime. Je certifie aussi que Sidna Mohamed est son serviteur et son
messager, qu’il a été sélectionné à partir des meilleurs hommes, et qu’il a été préféré aux premiers et
aux derniers. Qu’Allah prie sur lui et le salue, ainsi que ses proches de famille et ses compagnons,
détenteurs de vertus, de qualités et d’exploits.
Par ailleurs, j’ai parcouru tout ce qui a été dicté par le maître avec un œil d’amoureux. J’ai alors
découvert la beauté de son éloquence, et j’ai aimé le mode des réponses aux questions et aux
problématiques. Je remercie alors l’auteur pour sa générosité, son intelligence, sa nature pure, son
approfondissement scientifique dans le raisonnement et dans tout ce qu’il rapporte, que ce soit en
relation avec les sciences fondamentales ou leurs branches. D’ailleurs, le titre du livre montre que le
maître est l’imam des deux voies, qu’il met l’habit des deux élections (saintetés), qu’il réussit à
authentifier les deux doctrines et à boire des deux sources. Qui peut alors le concurrencer ou s’opposer
à son œuvre ? C’est de sa mer que la mer des connaissances déborde. Il s’agit du brave imam, le repère
des repères, la clémence de l’islam, le pôle seigneurial, le Ghaout (le secoureur) lumineux, le secret
miséricordieux, Abou Abbes Sidi Ahmed Tijani.
Les destins courent toujours pour élever sa valeur, et les jours montrent en permanence ses habits
d’honneur, et de vénération.

1 Il a été ordonné par le cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, d’écrire un commentaire sur le livre. En tant que disciple et savant,
il ne pouvait évidemment pas transgresser l’ordre de son maître, satisfaction d’Allah sur lui.

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Signé : Le nécessiteux auprès du Riche Roi, Mohamed Ben Ahmed Ben Malek, qu’Allah lui pardonne
partout où il va. Mi- Moharram, 1216 H.
G- Poème vantant le cheikh et écrit dans la page qui suit la dernière page du tome I
Ses grâces et ses beautés ont tout dépassé comme la pleine lune au milieu de l’obscurité effacée.
À partir de lui, tous les secrets ont été prélevés.
Il n’y a aucun secret qui ne soit pas issu de cet imam.
C’est un intermédiaire sublime auprès du prophète de l’islam.
Et il dispose d’une station élevée.
Le sceau des saints est son grade.
Personne à part lui ne détient cette station, ô mes camarades.
Ô toi qui visite la ville de Fès, passe lui mon salut.
Dis lui que c’est Ahmed Khouja chawki badie le dissolu.
Les maladies l’ont enchaîné et lui ont interdit de voyager.
H- Texte écrit au verso de la conclusion en tome II
Il s’agit presque du même texte qui rend compte de l’achat du livre par sidi Abdelwahed Boughaleb
en 1234H. Mais, au-dessous de ce texte il a été écrit : Louange à Allah, l’acheteur atteste devant les
juristes ci-présent qu’après sa mort, le livre béni «Al jawahir» composé de deux tomes (et qui
représente moins du 1/3 de la fortune du présumé défunt), doit être saisi et mis définitivement dans la
zaouïa du cheikh sidi Abi Abbes Tijani qui se trouve au quartier «Lablida» à Fès. Le livre doit être ainsi
conservé à la zaouïa d'une manière définitive et éternelle, jusqu’à ce qu’Allah hérite la terre et tout ce
qui s’y trouve. Il est le meilleur des héritiers. Toute personne qui essaie d’enfreindre ce testament,
qu’Allah s’occupe de lui, qu’il l’interroge et qu’il se venge de lui. «Les injustes verront bientôt le
revirement qu'ils éprouveront» (Sourate Ash-Shouara - les poètes - verset 227).
Le testament est ainsi achevé et les juristes ci-présent attestent qu’ils l’ont lu intégralement.
C’est-à-dire à la date susmentionnée1.

I-Texte écrit par le cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, et portant son sceau, à la dernière
page du livre
Le serviteur nécessiteux auprès d'Allah, Ahmed Ben M'hammed Tijani dit que les retouches et les
amendements effectués sur ce document sont complets. Avec l'aide d'Allah, les jouissances qui peuvent
être tirées de ce livre sont maintenant à la portée des lecteurs, d'après un récit que nous avons rapporté

1 On déduit donc de ce document que la copie d’origine du livre a été saisie et placée définitivement à la zaouïa de Fès en
1234H, c’est-à-dire 4 ans après la mort du cheikh. Le document nous renseigne également que le sharif sidi Mohamed Habib
Tijani et son frère sidi Mohamed Kabir (les fils du cheikh) n’ont pas pris avec eux ce manuscrit d’origine lors de leur
déménagement en direction du Sahara oriental le mois de Safar 1231 H. En effet, ledit manuscrit a été trouvé 3 ans après
leur déménagement. On remarque aussi que cette copie d’origine a été longtemps conservée à la zaouïa de Fès, et elle n’a
été transférée au Sahara qu’après le 13ème siècle de l’hégire. Il est à noter aussi que cette période a été l’occasion pour
plusieurs figures de la Tidjaniya de copier cette version d’origine. Parmi les célèbres copies qui ont été réalisées on peut
mentionner la copie de l’érudit sidi Mohamed belqacem Bassri Meknassi, qui a dit au terme de sa copie, qu’il a terminé sa
transcription à partir de la version d'origine placée à la grande zaouïa de Fès le mois de chaâbane 1253 H. Il en est de même
pour la célèbre copie du gnostique sidi Mohamed Larbi ben Sayeh, ainsi que pour la copie de l’érudit et historien sidi
Mohamed ben Ahmed Akensous. Elles ont toutes été copiées à partir de la version d'origine.
Par ailleurs, j’ai trouvé une lettre écrite par le «boukhari» de la voie Tidjaniya : le gnostique sidi Arbi ben Sayeh, datée du
mois de safar 1289 et envoyée à certains moqaddems de la grande zaouïa de Fès. Dans cette lettre il a dit : je vous conseille
de prendre soin du livre «Al jawahir» ainsi que des autres livres de la voie Tidjaniya dont vous disposez. Il faut les protéger et
veiller à ce qu’ils ne s’abîment pas. Il faut les mettre dans une bibliothèque que vous pouvez fermer à clé. Il faut bien fermer
cette bibliothèque pour éviter toute perte de livre. Il faut désigner quelqu'un qui va veiller régulièrement sur sa propreté,
etc. J’ai trouvé à propos du même sujet une lettre envoyée par le célèbre érudit sidi M’hammed Genoune au savant
moqaddem sidi Mekki Zwawi Slaoui, lorsque ce dernier était grièvement malade. Il lui a dit : nous étions habitués à voir le
moqaddem de la zaouïa prendre le manuscrit d’origine et le mettre sur la tête ou sur la poitrine de nos malades pour la
bénédiction. Ces derniers sentaient aussitôt une grande sérénité, puis il le remettait à sa place dans la bibliothèque. Il ne
permettait à aucun d’entre nous de le prendre ou de le déplacer à l’extérieur de la zaouïa par peur de le perdre.

-53-
et que nous confirmons. Cette copie qui comporte cette marque est la copie d'origine, à partir de
laquelle d'autres copies peuvent être faites. Toute autre copie tient ainsi son origine de cette copie ici
présente. Si elle comprend quelque chose qui n'est pas conforme à ce qui existe dans la copie d'origine,
il faut l'abandonner.
Par ailleurs, j'autorise l'auteur qui a rassemblé ce livre, Sidi Lhaj Ali Harazem, dans tout ce qui existe
dans cette copie. D'ailleurs, tout ce qu'elle comporte c'est nous qui le lui avons dicté. Prière d'Allah sur
Sidna Mohamed, sa famille proche et ses compagnons, ainsi que les meilleures de ses salutations. Fin de
l'écriture du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.

J-Déplacements de la copie d’origine du livre «Al Jawaher» (bien qu’elle ait été léguée à la
Zaouïa de Fès)
Nous avons signalé auparavant que la copie d’origine du livre «Al Jawaher» est restée au Maroc à
cause du testament du sharif sidi Abdelwahed Boughaleb qui l’avait achetée et qui l’avait léguée à la
Zaouïa de Fès. Cette copie y est alors restée pendant une longue durée jusqu’à la fin du 13 ème siècle de
l’hégire. On ignore les facteurs qui ont contribué à la sortie de cette copie de la Zaouïa de Fès et son
passage à la propriété de nos maîtres, les fils du Cheikh, au village d’AÏ'n Madi.
Il semble que la sortie de cette copie de la Zaouïa de Fès a eu lieu lorsque certains bienfaiteurs ont
voulu imprimer le livre «Al Jawaher» en Égypte au début du I4ème Siècle de l’hégire. Il a donc été
nécessaire de s’appuyer sur le texte de la copie d’origine et de s’y référencier lors des corrections
éventuelles, de la finalisation du livre et de l’établissement final de sa table de matières. Voilà pourquoi
la copie d’origine est sortie de la Zaouïa de Fès, mais dans l’intention d’être ramenée à sa place, au
terme de l’impression.
Cette copie n’est revenue au Maroc qu’après 30 ans, c’est-à- dire en 1329 H/1911 JC, lors de la visite
au Maroc, du sharif sidi Mahmoud qui l’a ramenée avec lui. C’est ainsi qu’un grand nombre de disciples
tijanis ont pu en bénéficier.
Il est à noter également que le gnostique sidi Ahmed Abdellaoui, satisfaction d’Allah sur lui, était très
préoccupé par ce sujet. Il tenait fortement à ce que cette copie d’origine retourne à sa place à la grande
zaouïa de Fès, là où le sharif sidi Abdelwahed Boughaleb l’avait léguée. Dans son livre «Tijane El
Ghawani Fi Charhi Jawaher Al Maâni» (Les couronnes des belles femmes représentant l’explication du
livre Jawaher El Mâni), l’érudit sidi Ahmed ben ayachi Skiredj, a écrit :
Mon maître sidi Ahmed Abdellaoui, m’avait ordonné un jour d’écrire à son fils le moqaddem
vertueux sidi Mohammed, lorsqu’il était en voyage à Ain Madi et de lui demander de faire de son mieux
pour récupérer cette copie d’origine afin de la remettre à sa place dans la bibliothèque de la zaouïa de
Fès. Il lui a dit : si tu n’arrives pas à la récupérer, essaie de la voler. J’étais étonné en écrivant cet ordre,
et j’avais essayé de lui trouver une bonne excuse, car je ne pouvais pas m’opposer à mon maître. J’avais
donc exécuté son ordre dans l’apparence, mais je ne pense pas que j’avais envoyé la lettre à son fils. Je
me disais que peut être il était lors de l’écriture de cette lettre dans un état anormal. Mais, quand j’ai vu
pour la première fois la copie d’origine, j’ai vu le document qui indique que l’acheteur de cette copie
l’avait léguée à la zaouïa de Fès. J’ai alors compris le secret derrière cet ordre de la part du gnostique
sidi Ahmed Abdellaoui, satisfaction d’Allah sur lui. Fin.
Actuellement, ce manuscrit d’origine ne se trouve plus dans la zaouïa de Fès. Ses deux tomes ont été
séparés de plus de 1000 Km. Le premier tome se trouve chez une famille d’érudits en Algérie. Le
deuxième tome se trouve chez un grand savant et érudit de Fès11.

K-Principales caractéristiques du manuscrit d’origine (la copie mère A):


 Il a été bien conservé entre les mains de l’auteur jusqu’à sa mort au Hijaz, en 1218 H/1803 JC.
 L’auteur a lu ce manuscrit devant le Cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, depuis son début
jusqu’à sa fin. Le Cheikh lui a alors accordé son autorisation dans ce livre béni, deux fois:

1 Ce n’est pas la peine de citer les noms de ces personnes.

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 La première autorisation figure en tome I de ce manuscrit d’origine, à la page 6
(c’est-à-dire avant le début du livre).
 La seconde autorisation figure en tome II, à la dernière page du manuscrit. Le cheikh a
dit lors de cette autorisation : cette copie qui comporte cette marque est la copie
d'origine, à partir de laquelle d'autres copies peuvent être faites. Toute autre copie tient
ainsi son origine de cette copie ici présente. Si elle comprend quelque chose qui n'est
pas conforme à ce qui existe dans la copie d'origine, il faut l'abandonner.

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INTRODUCTION DE SIDI ALI HARAZEM BERRADA
Au nom d'Allah, le très miséricordieux, le tout miséricordieux. Que la prière d'Allah soit sur notre
maître, Sidna Mohammed, ses proches de famille et ses compagnons.
Louange à Dieu qui couvre ses Saints, ses bien-aimés et ses élus de son afflux de lumières
prophétiques Ahmadiennes. Il privilégie ces élus par son secret caché, par la quiddité de son savoir et de
sa providence, en leur offrant connaissances et secrets. Il les couvre par la robe de sa splendeur et par
les tenues de sa beauté et de sa magnificence. Il les expose comme des lunes dans le ciel du
monothéisme. Leur lumière éclaire alors la créature. C'est ce qui guide facilement les gens vers le droit
chemin de la religion. Celle-ci leur sert alors de patrie et de demeure stable. Ces saints deviennent par
conséquent, pour les disciples une guidance, une feuille de route et une preuve tranchante. Ils
surgissent en éclaireurs agrégés dans chaque sentier déterminé. Sans ces élus, les détroits de ces
chemins ne peuvent être traversés, la tortuosité des côtes humaines ne peut être redressée, et la
clairvoyance des gens ne peut être suffisante pour les orienter vers la guidance.
Gloire à Allah qui a caractérisé ces élus par la sagesse et la clairvoyance. Par leur intermédiaire, il a
introduit de la joie dans les cœurs et au fond des gens. Allah a fait d'eux des assistants et des
protecteurs de la religion.
Que la prière d'Allah et son salut soient sur notre maître, Sidna Mohammed, qui :
• De l'afflux de son océan, les élus puisent leurs biens.
• Du jardin de ses dons, ils cueillent et prélèvent des fruits et des fleurs.
• De sa lumière, ils extraient des renforts.
• De lui, ils héritent et exploitent ce qu'ils ont hérité.
• Et c'est autour de lui qu'ils planent tous et tournent.
Il n’y a pas la moindre aubaine qui parvient aux gens, ni la moindre miséricorde qui les couvre
continuellement et copieusement sans qu'elle soit octroyée par son intermédiaire. En effet, le prophète
est la grande porte qui mène vers Allah. C'est son droit chemin. C'est sa pluie bienfaisante et son eau
bénigne et copieuse. Sans le généreux surgissement du prophète, sans ses providences globales qui
ouvrent les coeurs et les clairvoyances, personne n'aurait goûté du délice d'une liaison avec son
bien-aimé. Personne n'aurait connu de tasse d'amour ni de compagnon. Et aucun arroseur n'aurait senti
la bonne odeur de son action.
Qu'Allah prie sur lui et le salue, ainsi que sa famille proche, dont l'honneur est complété par le sien et
par sa perfection.
Les membres de la famille du prophète sont éminents dans leur gloire et fierté. Qu'Allah prie
également sur ses compagnons en les saluant, émigrants ou auxiliaires (Ansâr), qualifiés de la
bienfaisance, de l'élection et de la bienveillance.
Par ailleurs, la meilleure préoccupation de l'être humain, pour laquelle il doit accorder son intérêt,
passer son temps, jour et nuit, utiliser sa pensée et ses plumes, et que tout individu doit considérer
comme :
• Un compagnon à prendre.
• Un sanctuaire, à mettre devant lui et à fixer comme objectif.
• Un modèle de conduite, à suivre comme imam.
• Une provision valeureuse à acquérir.
• Une belle jeune fille, vierge à épouser.
• Une niche de lumière à emprunter.
• Une galaxie de soleils et de lunes pour s'éclairer.
• Des bois et des jardins pour se promener.
• Des sources et des bassins pour s'arroser.
• De bonnes odeurs et de meilleurs parfums à utiliser.
• Une demeure agréable et un bien-aimé à se rappeler.

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Cette préoccupation recommandée consiste à connaître les bienfaits des saints, de grands élus, du
parti de Dieu et des dignitaires de la présence divine. Ces Saints ont réussi la constatation d'Allah et ont
bénéficié de son regard divin. Ils sont attirés vers Allah qui les aime aussi. Ils sont debout entre ses
mains. Ils ne cessent de l'adorer. Leurs cœurs se prosternent continuellement devant lui.
Ils respectent convenablement le pacte d'Allah dans l'apparence et dans le fond. Ils constituent le
reflet apparent des signes du prophète (prière et salut d'Allah sur lui). Ils sont ses députés et ses
successeurs. Ils s'arrosent de sa source abondante et boivent de son eau pure et abondante. Ils se
qualifient de ses attributs et de ses valeurs. Ils suivent ses propos et ses actes. À l'écoute de leur rappel,
les coeurs s'apaisent et aspirent au retour au Grand Connaisseur des inconnaissables. Les cœurs
retrouvent alors leur activité en se retirant de leurs entraves, afin d’obéir à Dieu et d'exécuter ses ordres
divins. Grâce aux saints, plusieurs personnes ont connu la détermination, l'énergie, le sérieux et la
persévérance.
Elles sont arrivées à faire leurs propres comptes sur leurs actes méticuleusement et minutieusement.
Rien ne peut les satisfaire sauf l'obtention de l'excellence en toute chose.
Elles se dépêchent pour accomplir toute bonne œuvre visant la demeure du bonheur. Elles œuvrent
pour mettre leurs membres à l'abri de la bassesse des réfractions et de la perpétration des mauvais
péchés. Elles accomplissent leurs devoirs religieux, exécutent les ordres divins et évitent les
prohibitions. Elles sacrifient leurs esprits et âmes pour satisfaire leur bien-aimé, tout en recevant tout ce
qui vient de sa part avec estime et haute considération. Leurs prédicats et attributs commencent alors à
être rapportés et à être gravés dans les archives.
Il a été rapporté que l'une de ces personnes a dit: "Je jure que je rivaliserai avec les compagnons de
Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, dans leurs actes, jusqu'à ce qu'ils sachent qu'ils ont laissé
derrière eux de véritables hommes".
Analyse donc cette valeureuse détermination, qu'Allah t'accorde sa miséricorde. Regarde comment
elle n'accepte que les rangs éminents. Voilà le résultat des bonnes œuvres rapportées sur les ancêtres.
Voilà ce qui aspire à la concurrence et à l'assiduité.
Allah, le Très-Haut, a dit : «Que ceux qui la convoitent entrent en compétition (pour l'acquérir)»
(Sourate Al Moutaffifine, les fraudeurs, verset 26). Qu'Allah nous accorde une haute détermination, par
laquelle il nous fera parvenir à toute fin louable. Qu'il nous accorde aussi une bonne intention sincère
par laquelle il nous fera éviter tout ce qui risque de nous entraîner à la répulsion. Le poète dit :
Si tu aspires à un succès épique.
Sois alors dans ton amour véridique.
Relève les manches de ta volonté.
Abandonne tout lien terrestre et toute affinité.
Le secret des maîtres ne se manifeste
que sur les fervents amoureux sans conteste.
Voilà, cher affectueux, l'intérêt de l'existence et de l'apparition de ces élus, ainsi que l'intérêt
d'apprendre de leurs nouvelles, d'une manière brève et résumée. Dieu dit : «Et nul ne connaît les
groupes de ton seigneur, sauf lui» (Sourate Al Muddattir, Le revêtu d'un manteau, verset 31).
En somme, les aubaines divines dont nous disposons sont sans limites. Nous ignorons encore
d'innombrables autres aubaines.
Louange donc à Dieu jusqu'à ce qu'il soit satisfait. Si nous essayons de collecter les propos des saints,
satisfaction d'Allah sur eux, ainsi que ce qui a été rapporté sur leurs beaux attributs, nous ne pourrons
jamais finir, par manque de temps.
Qu'on se retienne donc, car il est impossible de tout collecter sur ces élus qui puisent dans l'océan
des dons et de la faveur. Élus qui font la cueillette des fleurs de la délicatesse et des connaissances, à
partir de la matière première de la générosité et de la bienfaisance. Comment peut-on imaginer qu'ils
ne les cueillent pas directement, alors qu'Allah les a choisis pour le servir? Il a fait d'eux des gens dignes
de son invocation et de sa présence divine.

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Comment ne pas continuer à les suivre alors qu'Allah les a choisis pour le servir? Il a fait d'eux des
gens dignes de son invocation et de sa présence divine. Allah leur a fait constater les lumières de sa
beauté et de sa bienfaisance. Il les a placés sur la plate forme de sa perfection et de sa faveur. Leur
amour pour Allah les a rendus dignes de bonté. La perplexité de leurs coeurs devant la grandeur d'Allah
les a transportés ailleurs. Ils ont acquis de leur maître ce qu'ils demandaient. Le temps leur est favorable
pour acquérir ce qu'ils veulent obtenir. Ce sont donc de véritables seigneurs, princes, et de véritables
rois, mais cachés sous des habits de pauvres démunis. Leur caractère vertueux les a rendus habilités à
guider les gens.
Ils obéissent à Allah. Ils sont à son service. Ils ne s'écartent pas de sa décision ni de sa volonté. La vie
des gens n'est purifiée, en général, que par eux. Les coeurs ne s'apaisent que par leur rappel.
En rédigeant ces lignes, j'ai eu une inspiration poétique qui m'a transpercé, et qui a crié haut et fort,
en évoquant la fierté d'appartenir au voisinage de ces élus :
Je jure que le temps ne présente aucune saveur en leur absence et sans leur présence, je ne serai
certes satisfait d'aucune existence.
Sous leurs ombres parmi eux voilà la vraie vie de bonheur.
Ils sont ma tranquillité, mon intimité, ma volonté et ma visée.
Au fin fond de mon cœur, ils se sont enracinés.
Je n'ai personne de plus sûr.
Que le très Miséricordieux leur accorde la salutation la plus pure.
Ô, vous, qui désirez la beauté de ces élus et qui aimez leur voie et leur perfection, montrez donc
votre satisfaction et votre plaisir quand vous les prenez pour guides. Attachez-vous à leurs liens et ne
vous détournez pas d'eux, sinon vous risquez le refoulement de leur proximité. Contentez-vous de
consulter ce que je vais vous écrire dans ce généreux document comme attributs et spécificités de ce
grand cheikh (Sidi Ahmed Tijani). Seul l'ancien temps a permis à des hommes pareils d'apparaître.
Qu'Allah rétribue celui qui a dit :
Les qualités des dignitaires d'Allah sont certes infinies.
Mais les meilleures n'appartiennent qu'aux Tijani.
Le "Firdaous" et l'éternité lui ont été octroyés par son seigneur ainsi que le paradis "Adane", des
houris et des serviteurs.
Son paradis de refuge, sa demeure stable, et un séjour de vérité et de miracles,
disposant des jardins et de la grâce innombrables.
Dans le même contexte, un autre poète a dit :
Je jure, moi qui suis pleinement agréé dans mon serment, qu'il n'a jamais été permis à un tel
homme d'apparaître, avant ce moment.
Certes, vérifiez vous-même, sans que vous m'inculpiez. Aucune femme, dans le temps, n'a donné
naissance à une telle personnalité.
Notre cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, fait partie en effet des élus qui disposent de grands
prodiges, longtemps clamés par les poètes. Il a acquis les plus hauts rangs de la sainteté. Il dispose de
ses signes et de ses attributs les plus importants.
Il est notre maître, appui et moyen menant à notre seigneur. Il est le cheikh accompli, le modèle
parfait, le mont éminent et le gnostique ancré. Il est une montagne de la sounna et de la religion. C'est
un repère pour les pieux et pour les bien-guidés. C'est un érudit et un intellectuel qui a pris part dans
plusieurs sciences. Il rassemble à la fois la loi religieuse et la vérité. Sa lumière et ses bénédictions
débordent sur toute la créature. Ses signes et ses secrets sont incontestables. Il est digne de largesse et
de fierté. C'est une mer abondante et géante. Sa spécificité est reconnue par toute personne qu'elle
fasse partie de l’élite ou des gens du commun. Il est le singulier de l'ère et la lanterne de l'époque. Il
s'agit du noble chaste, dont la valeur est éminente, Abou Abbes sidna Ahmed, fils du célèbre élu, du
grand savant, du cheikh imam, du modèle à suivre, de l'enseignant profitable, du suiveur des actes
prophétiques, Abi Abd Allah, sidi M'hammed Ben Mokhtar Tijani, satisfaction d'Allah sur eux tous.

-58-
Grâce à Allah j'ai eu l'occasion de le connaître, et d'être attaché aux siens et à son groupe. J'ai pu
découvrir ses attributs, ses qualités, ses bienfaits et ses mérites. J'ai écouté ses enseignements, ses
signes et ses remarques subtiles. Tout ce que j'ai découvert chez lui est d'une rareté exquise, cela mérite
d'être enseigné, désiré, gravé, écrit par les plumes, et publié dans les documents les plus célèbres.
C'est pour toutes ces raisons et à la suite de la requête de certains illustres confrères, bien-aimés,
que j'ai décidé de rassembler le présent document, à partir des quelques notes dont je dispose. Ils m'ont
demandé, en effet, de rassembler mes notes concernant la biographie du cheikh, sa voie, sa gnose, son
authentification, sa naissance, sa conduite, son éthique, ses attributs, sa parole, ses signes, ses
prédictions, ses prodiges, et ainsi de suite.
Le but du présent document est donc de servir les confrères qui me l'ont demandé, de faire profiter
les désireux, d'aider les personnes dignes d'estime et de considération, d'éclairer les personnes
clairvoyantes, de faire bénéficier les amoureux et les bien- aimés, et de bien guider les descendants des
élus d'Allah ainsi que ceux qui s'attachent à eux.
En effet, l'attachement aux élus d'Allah, leur considération comme refuge, l'appartenance à leur
groupe et l'arrêt devant leurs portes, est un vrai attachement à Allah, le généreux.
C'est aussi un arrêt devant sa porte sublime. C'est une exposition à sa miséricorde générale et
immense. Dans le Hadith cité par "Tabarani", le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : "Votre
seigneur a mis à votre disposition, durant vos journées, des moments d'exaucement de vos souhaits.
Exposez-vous donc à ces moments, espérant que le bonheur vous touche et que vous ne soyez jamais
malheureux".
Oh ! Quelle chance, ils ont! Ceux qui cherchent ces moments, s'exposent à ces souffles, et prélèvent
leur part de ces providences divines.
Lorsque nous nous rappelons ces élus, les miséricordes descendent sur la terre, et les arômes des
brises se propagent partout.
Si ce rappel implique toute cette miséricorde - d'après les références théologiques et les prédicats
connus - comment imaginez- vous ce qui résultera de la diffusion de leurs bienfaits et de leurs exploits?
Du dénombrement de leurs mérites et de leurs traces? Et du rappel de leurs conduites et de leur
éthique prophétiques? Leur conduite est une guidance, une lumière, un remède et une guérison pour
les cœurs, une dissipation de chagrins, une ouverture de clairvoyances, une utilité pour la conscience et
une guidance pour le disciple et pour l'emprunteur de la voie.
L'auditeur se réjouit en écoutant les paroles de ces guides qui animent les désirs et agitent les
affinités pour attirer les gens vers leur présence.
Le meilleur sujet qui occupe les registres, les cahiers, les langues et les encriers, après celui qui traite
des attributs, de la conduite, des valeurs et de l'empreinte du prophète, prière et salut d'Allah sur lui,
n'est autre que celui qui parle des saints, de leurs bontés, de leurs prédicats et de leurs exploits.
Ce sont de véritables compagnons du prophète, de point de vue spirituel, et ils incarnent son miracle
permanent et éternel. Qu'Allah agrée celui qui a dit les vers suivants :
Ô, maître,
Ô, meilleur des maîtres.
Mon temps sera agrémenté par le souvenir de votre être.
Ô, meilleur compagnon du (prophète) Mohamed, après lui,
Ô, meilleur des morts et de ceux qui sont en vie.
À notre tour, si nous ne faisons pas partie des gens dignes de la succession (du prophète), ni du
groupe de l'élite, ni des successeurs des successeurs, nous tournons quand même autour de leurs
souffles, tout en espérant obtenir de leurs bénédictions :
Récoltez ce qui est à votre portée,
si le délai de la cueillette vous l'avez manqué.
À défaut d'une averse qui l'atteint,

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n'est-ce pas la rosée que vous risquez, au moins?
Il est accordé à celui qui ne cesse de répéter les prédicats des élus, qui s'intéresse à leurs œuvres, qui
ne cesse de parler d'eux, qui aime les anciens parmi eux et les nouveaux: d'être reçu chez eux, de
bénéficier de leurs bienfaisances, et d'accrocher un certain intérêt dont les retombées lui seront très
utiles. C'est dans ce sens que le poète a dit:
Parlez de leurs belles particularités et de leurs qualités.
Cette conversation sacrée est pour nous le compagnon des âmes élevées.
Si vous en prenez un verre, votre fatigue et votre misère seront dissipées.
Qu'Allah nous range parmi ceux qui les aiment et qui suivent leur voie et leur parti. Qu'il nous fasse
jouir de leurs enseignements et de l'admiration de leur conduite et de leur trace.
Sachez, clémence d'Allah sur vous, que je ne peux pas traiter la totalité des exploits, des signes, des
mérites et des prodiges de notre maître, cheikh, sidna Ahmed Tijani, satisfaction d'Allah sur lui. Je ne
peux pas les énumérer le long de l'éternité et en parcourant les temps.
La raison est la suivante : chaque fois que je me rappelle une vertu, je découvre d'autres vertus. Et
chaque fois que je réfléchis sur un signe, je trouve un autre signe plus important, et ainsi de suite,
particulièrement en ces moments-là où le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, est encore en vie,
c'est-à-dire en ce mois de "Chaâbane" mille deux cent treize de l'hégire.
Tout ce qui parvient au lecteur dans le présent livre n'est qu'une partie de ce qui est déjà passé avant
cette date. D'autres choses vont apparaître par la suite. Soyez patient ! Vous allez trouver, cher lecteur,
quelque chose de noble, s'il plaît à Dieu, quelque chose d'éminent, comme divers prodiges et récentes
informations qui vous procureront de la lumière et qui lanceront de la joie dans votre cœur.
D'ailleurs, toute nouvelle information sonne bien aux oreilles. C'est ainsi que, dans le présent livre,
s'il plaît à Dieu, je vous mentionnerai ce qui rendra les yeux souriants et donnera de la joie à toute
personne chagrinée. Je ne mentionnerai que ce qui est authentique, véridique et ce qui pourrait
convaincre les gens qui comprennent et réfléchissent bien. Vous allez voir que les exploits de ce cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui, n'ont pas de limites. Ses mérites sont immenses et il est impossible de les
mesurer. Ils sont bien diffusés chez les gens. Ils n'ont pas de limite ni de mesure. On se propose alors
d'en citer une petite partie dans le présent document, sinon la plume risquerait de se fatiguer ainsi que
la main et le pied.
Ces exploits sont très célèbres chez les gens, comme du feu sur un drapeau. Le poète a donc raison
de dire :
Interrogez donc sur lui les détenteurs du savoir, de la raison et de la pensée,
ainsi que celui qui dispose d'une certaine connaissance et des dignitaires de la piété.
Je vais vous mentionner des paroles de notre cheikh, devant lesquelles les oreilles restent
stupéfaites. Ces paroles provoquent des larmes aux yeux, et profiteront, selon la volonté d'Allah, à la
fois à l'obéissant et au désobéissant. Elles me sont parvenues ou bien :
• En écoutant moi-même le cheikh qui les prononce.
• Ou bien en lisant sa propre écriture.
• Ou bien par l'intermédiaire de ses compagnons qui ne l'abandonnent presque jamais et qui
rapportent ce qu'il dit.
• Ou bien par une constatation personnelle.
• Ou bien en lisant l'écriture de ceux qui écrivent sur lui.
Je n'écris rien avant de m'assurer de l'authenticité et de la crédibilité de ce que j'écris et de celui qui
me rapporte l'information. Mais je crois à la crédibilité des narrateurs. Les rapporteurs à partir desquels
j'ai mentionné des informations, sont tous vertueux et dignes du titre de maîtres, d'hommes de religion,
d'hommes dotés d’amour pour Allah et d’hommes de confiance. Chacun d'eux peut être considéré
comme un modèle qui guide les gens par ses causeries.

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Qu'Allah m'accorde, ainsi que vous, chers lecteurs, l'adhésion au parti du cheikh, et qu'il nous fasse
connaître sa valeur et celle de ses compagnons qui l'aiment.
Qu'Allah exauce cette invocation. Nous nous dirigeons vers lui tout en nous mettant derrière son
bien-aimé, notre maître, Sidna Mohamed, sa famille proche et ses compagnons.
Celui qui s'accroche à ces gens, atteindra ses objectifs et ne sera pas loin d'obtenir ce qu'il veut.
Lorsque vous les mentionnez, cher affectueux, étalez vos mains d'invocation et patientez un moment
devant leur porte d'une manière obséquieuse. Dites par la langue du démuni : "O, Allah, sois clément à
l'égard de ton pauvre et faible serviteur, malgré son injustice et sa tricherie".
Dans le hadith "Qodssi" rapporté par le messager d'Allah, prière et salut d'Allah sur lui, Allah, le
Très-Haut, dit : "Je suis chez ceux dont le cœur est abattu pour moi". La servilité et la nécessité auprès
d'Allah constituent la meilleure chose à se procurer dans ce monde ici-bas.
Sachez, cher lecteur, que j'ai commencé à écrire ce livre béni début Chaâbane 1213 de l'hégire à Fès.
Qu'Allah protège cette ville et la surveille par l'œil de sa diligence. Qu'il vous vienne, cher lecteur, en
miséricorde, et qu'il nous offre ses biens. Il est vraiment miséricordieux et affectueux.
Je n'ai pas écrit un seul mot de ce livre sans que je ne fasse la "Istikhara" prophétique1, sans que je ne
me réfugie chez Allah et sans que je ne lui montre ma nécessité auprès de lui seul. J'invoque le glorieux
qu'il m'accorde inspiration pour corriger ce document. Allah est Généreux, et Grand Donateur.
Ce n'est pas un pauvre homme comme moi qui va oser collecter les propos des élus d'Allah, le
Très-Haut, et leurs attributs. Et ce n'est pas un pauvre homme comme moi qui va rassembler dans ses
notes leurs affaires et leurs dons. Mais lorsque j'ai vu que les compagnons de notre maître, satisfaction
d'Allah sur lui, n'ont pas osé rassembler ses propos, et que par inattention, ils n'ont même pas pensé à
cueillir ses sciences et ses secrets, j'ai su que l'effort, le sérieux et l'initiative doivent venir d'un être
anéanti "comme moi" détaché de ses préoccupations personnelles. Ce type de préoccupations est en
général la source de toute souffrance chez l'être humain.
C'est alors que j'ai commencé à ramasser ces perles durant cette période de "stagnation", où chacun
s’occupait de ses propres objectifs.
Mais, j'ai toujours su qu'un jour viendra où le "stagnant" deviendra sollicité. Il ne tarde, en effet,
jamais à devenir recherché et désiré. Et il se peut qu'il soit sollicité sans qu’on le trouve, à cause de sa
rareté chez ceux qui connaissent sa vraie valeur et son importance.
Je me suis alors engagé à m'occuper de ces "perles". J'ai orienté mon énergie à les chercher et à les
collecter. Et chacun obtiendra ce qu'il cherche en fonction de son énergie et de sa capacité. Certes, ma
détermination est faible et elle est troublée par mes actes malsains, mais j'espère qu'Allah
récompensera notre initiative selon le hadith du maître de l'univers, qui a dit et a stipulé : chacun sera
(dans l'autre monde) avec celui qu'il aura aimé (dans ce monde). Il a dit également prière et salut d'Allah
sur lui: celui qui aime un groupe de gens fera partie d'eux.
Il a été dit : "Ce sont des gens (les soufis) dont le compagnon ne peut pas être malheureux". O, Allah,
comme Tu nous as accordé la faveur de nous les faire connaître, ne nous voile pas de leur amour et de
leur regard. Conduis-nous selon leur modèle et leur voie. Ne nous sépare pas d'eux jusqu'à ce que Tu
nous permettes d'obtenir leurs positions spirituelles et de rentrer par leur portail. O seigneur des
mondes. Je T'invoque, O, Allah, pardonne-moi si j'ai exagéré par la plume et si j'ai dévié par le pied. Tu
es Allah qui détient la grâce et la générosité. Je T'invoque, ne considère pas ce que j'écris comme une
preuve contre moi. Considère-le en ma faveur, O, seigneur des mondes.
Comment peut-on prétendre la perfection alors que nous sommes le lieu du défaut, de l'erreur et de
l'incorrection. On a du mal à accélérer les pas pour aller vite. Mais notre croyance est excellente à
l'égard des maîtres. Ces maîtres sont le lieu de la grande générosité. Ils ne sont pas du genre à négliger
ou à abandonner celui qui s'attache à eux ou qui se met de leur côté. Même le pique- assiette de leur
entourage n'est ni refoulé, ni chassé de leurs portes. Qu'Allah récompense celui qui a dit :

1 Invocation en vue d'acquérir la permission du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, avant d'agir.

-61-
Ce sont mes maîtres, ma tranquillité, mon aspiration.
Les dignitaires de la pureté ont acquis les meilleures perfections.
Celui qui les aime ou qui leur rend visite ne peut jamais, être négligé par eux dans la céleste cité.
Un autre poète a dit :
J'ai un privilège sur les gens, grâce à votre compagnie.
Celui qui vous aime ne sentira aucun souci.
Vous êtes mon objectif ; je ne vois que vous dans cette galaxie.
Sans vous, ni mon âme ni mon souffle ne seront exquis.
Ne me négligez pas, je suis le serviteur de votre présence.
Je suis à votre service et sous vos ordres en silence.
Je souhaite que le lecteur du présent document ferme les yeux sur ce qui est critiquable. Qu'il me
pardonne les erreurs et les incorrections, les excès et les défauts. Qu'il participe à sa correction et à
l'élimination des fautes qu'il contient. Qu'il affronte mon ignorance par la rémission, le pardon et les
meilleurs actes. Je ne suis pas parmi les gens du savoir, ni parmi les spécialistes de la grammaire ou de la
rédaction. Mais ce qui m'a conduit à l'écriture de ce livre, c'est plutôt mon intense amour pour ce
cheikh, ainsi que mon attachement à ses bien-aimés. D'ailleurs, celui qui s'excuse annule les reproches
et la réprimande qui peut lui être adressée. Le poète dit à son égard :
Lorsque le pécheur présente ses excuses, celles-ci annulent son péché si je ne m'abuse.
Le vrai pécheur est celui qui n'accepte pas les excuses.
Maintenant que j'ai fait cette présentation, il est temps que j'indique au lecteur les objectifs de ce
livre, et que je lui présente ce qu'on lui a promis. Il s'agit en effet de lui présenter les mérites du cheikh
Tijani, satisfaction d'Allah sur lui, ses enseignements, ses oraisons, ses actes, ses traces, ses lumières, ses
secrets, ses litanies, ses "wirds" et ses citations qui touchent les cœurs et les esprits afin de les
tranquilliser et substituer leurs nuits d'isolement et de solitude par des jours rappelant les soleils
brillants.
Je dis alors, tout en m'appuyant sur l'aide d'Allah, dont le soutien est suffisant, il est le meilleur
suffisant et il est mon meilleur auxiliateur : j'ai articulé ce document, ses tomes, ses parties, ses
biographies et ses fondements en six chapitres, une introduction et une conclusion. J'invoque Allah qu'il
me serve de sa prodigieuse providence. Il est le Solennel, le Très-Haut, l'Unique, le Singulier et le Seul à
être imploré.
Chapitre I : Ce chapitre concerne la biographie du cheikh, sa naissance, ses parents, sa généalogie,
son entourage proche de lui, son éducation, ses débuts, ses efforts et son affiliation au chemin de la
raison et de la guidance. Il comprend trois parties.
Chapitre II : ce chapitre, comprenant trois parties, concerne les illuminations spirituelles et les états
du cheikh; sa station spirituelle qui le caractérise et sa perfection; sa conduite prophétique; un
ensemble de ses valeurs éminentes et ses bonnes relations avec ses confrères et avec les gens dignes de
sa dilection.
Chapitre III : ce chapitre, comprenant trois parties, traite les points suivants:
• La générosité du cheikh et sa largesse.
• Sa magnanimité et sa fidélité.
• Sa crainte (d'Allah) et sa haute détermination.
• Sa piété, son ascèse1, son conseil et sa liberté.
• Sa guidance vers Allah et ses efforts de rassemblement des nations autour de Dieu, par son
comportement et ses propos.

1 - Ascèse : discipline qu’une personne s’impose pour tendre vers la perfection morale et l’affranchissement de l’esprit dans le
domaine religieux et spirituel (petit Robert 2011). Pour les soufis, ce terme signifie le renoncement à tout ce qui est en
dehors d’Allah. C’est une station qui est accordée par Allah et qu’on ne peut pas prétendre acquérir par un effort personnel.

-62-
Chapitre IV : ce chapitre, comprenant trois parties, traite les points suivants:
• Organisation des litanies du cheikh et de ses citations.
• Sa voie "Tijanie" et ses disciples.
• Mérite accordé aux litanies et à leurs lecteurs.
• Description du disciple et de son état.
• Ce qui coupe le disciple de son éducateur.
• Les caractéristiques du cheikh à suivre dans ses paroles et dans ses actes.
• Les conséquences du chant (Samaâ) sur le disciple.
• Différentes invocations, qu'Allah a rendues courantes sur la langue du cheikh. Voilà la
coutume d'Allah envers les élus dignes de sa connaissance, il rend courantes sur leurs
langues certaines invocations particulières.
Chapitre V : ce chapitre traite les explications du cheikh de certains versets coraniques et de certains
hadiths prophétiques. Il traite également ses correspondances, ses paroles et ses signes. J'y ai mis ce
que j'ai entendu grâce au débordement de ses sciences et de ses rapports. Il comprend quatre parties.
Chapitre VI : ce chapitre traite les prodiges du cheikh et quelques-unes de ses gestions courantes. Il
évoque aussi certains dévoilements dont ont été témoins ses compagnons. En conclusion, venant à la fin
des chapitres, et donnant au document l'arôme du musc, j'ai terminé en rapportant différents prodiges
supplémentaires du cheikh, selon des citations agréables à entendre. Le sympathisant sera réjoui en
trouvant ce qu'il cherche. Son désir et son amour seront rassasiés.
J'ai appelé ce livre "Jawaher Al Maâni, Wa Bologh Al Amani Fi Fayd Abi Al Abbes Tijani" (Perles des
significations, et exaucement des souhaits, au sein de l'afflux d'Abi Abbes Tijani). Qu'Allah nous appuie
et nous aide. Qu'il nous accorde dévoilement (Fath) et providence, succès et bonheur. Allah est Le
généreux et L'hospitalier. Gloire à lui. Qu'il nous accorde puissance et aide. Comptons sur lui pour
compléter ce livre et le terminer. Il n'y a pas d'autre source d'énergie que la sienne. On ne peut compter
sur personne à part lui. Allah est le protecteur et le garant. Il me suffit. Il est mon meilleur garant.
Qu'Allah m'accorde le succès, c'est lui qui me guidera vers le droit chemin.

-63-
INTRODUCTION À LA JAWAHER AL MAÂNI, WA BOLOGH AL AMANI FI
FAYD ABI AL ABBES TIJANI
« PERLES DES SIGNIFICATIONS, ET EXAUCEMENT DES SOUHAITS, AU SEIN DE L'AFFLUX D'ABI ABBES TIJANI »

Le cheikh "Chaârani", satisfaction d'Allah sur lui, a dit au début de son livre "Tabaqates" ce qui suit :
cette introduction montre que la voie des soufis est basée sur le livre saint et la sounna (la conduite
prophétique). Elle est construite sur la base de la conduite et des valeurs des prophètes et des saints. La
voie soufie ne devrait être condamnée que si, et seulement si, elle contredisait les textes clairs du
Coran, de la conduite prophétique et de ce qui a été établi à l'unanimité par la communauté
musulmane.
Mais s'il n'y a aucune contradiction, tout ce qu'on pourra dire alors est que le guide de la voie soufie,
en qualité d'homme musulman, a une certaine compréhension particulière de la religion. Selon la
volonté de chacun, on peut le suivre dans ses actes, comme on peut ne pas admettre sa façon de voir
les choses. C'est ainsi qu'il ne reste aucune porte de désapprobation qui peut affecter ces gens sauf la
mauvaise suspicion, la duplicité et le fait de les accuser de cagoterie. Cette mauvaise considération est
rejetée par la loi musulmane.
Puis sachez, cher confrère, qu'Allah vous couvre de sa miséricorde, que la science du soufisme est
l'expression d'une science qui éclate des coeurs des saints, à la suite de leur illumination par le livre
saint et par la conduite prophétique.
Chaque personne qui applique les instructions du livre saint et de la conduite prophétique pourra
bénéficier d'un surgissement en lui de sciences, de bienséances, de secrets et de vérités que les langues
ne peuvent exprimer. Ce type d'injection et de surgissement est analogue à celui dont bénéficient
certains savants de la loi religieuse, qui ont pu, grâce à lui, tirer et déduire certaines lois et règles de la
religion.
Le soufisme, ce n'est donc que la crème de l'application de la loi religieuse par le serviteur, dans le
cas où ce dernier a une intention pure indépendante de tout motif matériel et de toute recherche
d'intérêts. De même, la science des définitions et de la rhétorique est la crème des sciences
grammaticales.
Celui qui classifie la science du soufisme comme science indépendante a donc raison. Celui qui la
considère comme l'ensemble même des règles de la loi religieuse a également raison. C'est le cas de la
science de la rhétorique, on peut la considérer comme une science indépendante, comme on peut la
ranger parmi les sciences grammaticales. Mais les savants qui ont du goût, et qui ne cessent
d'approfondir au maximum leurs connaissances sur la loi religieuse arrivent à la conclusion que la
science du soufisme s'est ramifiée à partir du tronc de la "Charia" (la loi religieuse).
De même, lorsque le serviteur emprunte la voie des soufis et approfondit ses connaissances dans le
soufisme, Allah lui confère la force de déduction et de découverte. C'est ce qui arrive aussi, par analogie,
aux savants qui maîtrisent les règles exotériques. Le soufi déduit alors, dans la voie, des devoirs, des
rites facultatifs, des bienséances, des interdictions et des répugnances.
Mais, faisons une analogie entre les soufis et les savants assidus (exotériques). Ce que ces derniers
considèrent comme "devoirs", en dehors de la loi religieuse, à la suite de leurs efforts et assiduités, n'est
pas prioritaire devant ce que les saints jugent comme "devoirs", au sein de leur voie soufie, bien que la
charia ne les ait pas clairement spécifiés. Voilà ce qu’a déclaré "Al Yafiî" et d'autres savants.
Pour clarifier cela, il faut mettre en tête que les soufis sont considérés comme des notaires certifiés,
au sein de la charia. Allah, le puissant, le Solennel, les a choisis pour sa religion. Celui qui médite va
comprendre que les sciences des élus d'Allah, le Très- Haut, ne sortent pas du cadre de la charia.
Comment peuvent-elles sortir de ce cadre alors que c'est la charia qui assure leur contact avec Allah, le
puissant, le Solennel, à tout instant ?

-64-
Mais celui qui n'approfondit pas ses connaissances dans la science de la loi musulmane (charia)
s'étonne lorsqu'il apprend que la science du soufisme a pour origine la charia, elle-même ! C'est la
surprise de celui qui ignore les soufis (dignitaires de la voie).
Voilà pourquoi "El Jounaïd", qu'Allah ait son âme en sa sainte miséricorde, a dit : notre science-ci, est
basée sur le livre saint et sur la conduite prophétique (sounna) ; il a ainsi répondu, à cette époque, aux
interrogations de ceux qui croient que le soufisme sort du cadre de ces deux principales références de
l'Islam.
Les soufis admettent à l'unanimité que seuls les savants qui connaissent parfaitement la charia et qui
maîtrisent ses règles sont habilités à s'occuper de la voie d'Allah, le tout puissant, le Solennel. Il s'agit
des savants qui maîtrisent ses textes, ses préceptes, ses spécificités, ses généralités, ses textes abrogés
et la cause de leurs abrogations, et qui maîtrisent également la langue arabe au point de connaître les
sens propres et figurés des termes, ainsi que d'autres règles linguistiques.
Chaque soufi est donc un savant, mais pas l'inverse. D'une manière globale, seuls ceux qui ne
connaissent pas les soufis nient leurs états. "Al Qochayri" disait : "Il n’y a pas une seule époque depuis
l'avènement de l'islam qui n'a pas connu cette réalité: chaque fois que les savants musulmans
rencontraient un cheikh soufi, ils se soumettaient à lui, avec modestie et sollicitation de sa bénédiction.
Si les soufis ne disposaient pas d'une grande distinction et d'une spécificité, c'est l'inverse qui aurait dû
se passer". Fin.
Je dis à mon tour qu'il suffit d'évoquer comme argument de vante des soufis la soumission de l'imam
"Chafiî", satisfaction d'Allah sur lui, à la réponse de "Chibane" le berger, lorsque l'imam "Ahmed Ben
Hanbel" l'a interrogé sur celui qui a oublié d'effectuer sa prière ; en précisant qu'il a même oublié
laquelle des prières du jour. L'imam Ahmed Ben Hanbel a accepté et a agréé la réponse de "Chibane"
qui a dit : "Cet homme est inattentif à l'égard d'Allah ; il doit être puni". Pour montrer la valeur des
soufis, Il nous suffit également d'évoquer la soumission de l'imam "Ahmed Ben Hanbel", aux réponses
de "Abi Hamza Al Baghdadi soufi", satisfaction d'Allah sur eux. Il avait une sincère confiance en lui. Il lui
envoyait des questions et lui disait :
"Que dites-vous à propos de ce sujet, cher soufi ?” Voilà donc l'Imam "Ahmed Ben Hanbel",
satisfaction d'Allah sur lui, en personne, ne comprenant pas quelque chose qu'Abou hamza maîtrise
bien. Cela montre que les soufis disposent en effet de quelque chose d'exceptionnel ! Il nous suffit
également de citer la soumission d'Abi Abbes Ben Sourayje à El Jounayde lorsqu'il est venu le voir. Il a
répliqué : "je ne comprends pas bien ce qu'il dit, mais sa parole est influente, elle traduit une grande
maîtrise et une force qui ne peuvent pas émaner d'un charlatan".
Il en est de même pour la soumission de l'Imam Abi Imrane à Chibli lorsqu'il l'a examiné à propos de
la menstruation des femmes. Il lui a clarifié sept questions qui lui ont échappé.
Le cheikh "Qotbodine Ben Aymen", satisfaction d'Allah sur lui, raconte que l'Imam Ahmed,
satisfaction d’Allah sur lui, encourageait son fils à se réunir avec les soufis de son époque. Il lui disait ce
qui suit : "les soufis ont atteint un niveau de dévouement que tu n'as pas acquis".
L'Imam "Qochayri" a vanté abondamment les soufis et leurs voies dans sa lettre. Il en est de même
pour l'Imam Ahmed Ben As'âd Yafi'î dans son livre "Le jardin des basilics" (Raoudatou Arrayahine).
Et il y a bien d'autres auteurs dont les publications sont garnies d'éloges pour les soufis. L'Imam Abou
Tourab Nakhchabi, un des hommes de la voie (soufie), satisfaction d'Allah sur eux, a dit : "lorsque le
cœur prend l'habitude de s’opposer à Allah, il tombe alors dans l'insulte des élus d’Allah, le Très-Haut".
Notre cheikh Mohamed Maghribi Chadzili, satisfaction d'Allah sur lui, a dit :
Demande la voie de tes maîtres malgré leur rareté. Méfies-toi de la voie des ignorants malgré leur
exposition. L'honneur est pour la science des soufis, n'as-tu pas vu le prophète Moïse, prière et salut
d'Allah sur lui, qui dit à "El Khader" (un des soufis élus d'Allah): "Puis- je te suivre, à la condition que tu
m'apprennes de ce qu'on t'a appris concernant une bonne direction" (Al Kahf, caverne, verset 66).

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Voilà la meilleure preuve de la nécessité de demander la science de la vérité, tout comme il est
nécessaire de demander la science de la "charia" (loi religieuse). Chacun parle selon son niveau
(spirituel). Fin.
Je dis: j'ai vu un courrier du cheikh Mohydine Ben Arabi, satisfaction d'Allah sur lui, qu'il a envoyé au
cheikh "Fakhrdine Razi", l'auteur du livre "Tafssir" (l'explication). Dans ce courrier, l'expéditeur montre
le faible niveau scientifique du destinataire, malgré la haute position du cheikh "Fakhrdine Razi", parmi
les meilleurs scientifiques de l'époque.
Sachez, cher confrère, qu'Allah nous accorde succès tous les deux, que l'homme ne peut être parfait
dans le domaine scientifique que lorsque son savoir sur Allah, le tout puissant, le Solennel, est sans
intermédiaire, ni rapporteur ni cheikh encadrant. Celui qui prélève la science à partir d'un rapport ou
d'un enseignant, l'origine de son prélèvement est occurrente, et incidente.
Cette origine est donc biaisée chez les élus de Dieu, le tout puissant, le Solennel. Celui qui passe sa
vie à chercher à connaître les occurrences et leurs détails : sa part du savoir s'arrête à ces occurrences.
Voilà donc la part qu'il a tirée de son seigneur, le tout puissant, le Solennel ! En effet, les sciences liées à
l'occurrence et à la contingence sont tellement nombreuses que le disciple pourrait y passer sa vie sans
atteindre leurs vérités.
Si vous prenez, cher confrère, votre chemin tout en étant guidé par un cheikh élu d'Allah, le tout
puissant, le Solennel, vous arriverez à la présence de la constatation du Vrai, le Très-Haut. Vous allez
donc prélever directement de lui par voie d'inspiration authentique, sans fatigue, ni harassement ni
nécessité de veiller, tout comme le prélèvement accordé à "El Khader", que le salut d'Allah soit sur lui.
La vraie science est celle prélevée par dévoilement et par constatation, et non pas par opinion,
pensée, persuasion et présomption. Le cheikh parfait Abou Zayd Baztami, satisfaction d'Allah sur lui,
disait aux savants de son époque : vous avez prélevé votre savoir des écrivains, d'un mort d'après un
mort. Mais nous (les soufis), nous prélevons notre savoir d'après le Vivant qui ne meurt jamais.
Vous devez, cher confrère, vous contenter de demander, parmi les sciences, ce qui rendra votre
personne parfaite et ce qui vous accompagnera partout où vous allez. Il ne s'agit donc que de la science
relative à Allah, le Très-Haut, que vous allez prélever par don d'Allah et par constatation.
Par exemple, vous n'aurez besoin des sciences de la médecine que dans le monde de
l'affaiblissement et des maladies. Une fois vous voyagez au monde qui ne contient ni cacochyme, ni
malade, comment voulez-vous guérir dans ce cas quelqu'un par votre science?
Vous comprenez donc, cher confrère, que le prudent et le sensé parmi les gens ne doit apprendre
des sciences que celle qui sera transférée avec lui à l'isthme, et non pas celle qui doit se séparer de lui
dans le monde de l'au-delà. Mais il n'y a que deux sciences qui peuvent l'accompagner dans l'au-delà : la
science qui concerne Allah, le tout puissant, le Solennel, et la science des domaines du monde de
l'au-delà. Ces sciences lui seront utiles afin d'éviter de nier les manifestations divines qui vont avoir lieu
là-bas et d'éviter de dire au Vrai, s'il se manifeste à lui, "Qu'Allah me protège de Toi"
Il vous est recommandé, cher confrère, que vous dévoiliez ces deux sciences ici-bas afin de récolter
leurs fruits dans l'au-delà. N'apprenez dans cette demeure d'ici-bas que ce qui devrait vous servir le long
de votre chemin vers Allah, le tout puissant, le Solennel, selon la terminologie des élus d'Allah, le
Très-Haut.
La seule voie pour déceler ces deux sciences est l'isolement, la méditation, la lutte pour la cause
d'Allah et l'attraction divine. J'aurais souhaité vous indiquer ce que sont l'isolement, ses conditions et
ses manifestations par ordre chronologique, étape par étape, mais ce qui m'empêche de le faire, en ce
moment, c'est l'affrontement de ceux qui vont me critiquer, et me contester pour polémiquer, sans
même avoir la moindre base concernant les secrets des sciences religieuses (charia). Ils nient, tout en
ignorant de quoi les soufis parlent ! Ils sont fanatiques et ils s'intéressent beaucoup à leurs images pour
se montrer, et au pouvoir pour gouverner, tout en utilisant la religion pour leurs propres intérêts, au lieu
de se soumettre aux élus d'Allah et de s'y assujettir. Fin.

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Le cheikh "Mohydine ibn ârabi" a mentionné dans son livre "Al foutouhates" (les ouvertures) et dans
d'autres références bibliographiques que la voie qui mène à la science des soufis est la foi et la piété.
Allah dit : "Si les habitants des cités avaient cru et avaient été pieux, Nous leur aurions certainement
accordé des bénédictions du ciel et de la terre" (Al Aâraf, verset 96).
C'est-à-dire : on les aura mis au courant des sciences relatives aux créations supérieures et
inférieures, des secrets du monde "Jabaroute" et des lumières des mondes "Moulk" et "Malakoute".
Allah dit : "Et quiconque craint Allah, il lui donnera une issue favorable, et lui accordera Ses dons par
[des moyens] sur lesquels il ne comptait pas" (At Talaq, le divorce, versets 2-3).
Le don d'Allah est de deux types : spirituel et corporel. Allah dit : "Et craignez Allah. Alors Allah vous
enseigne" (Al Baqarah, la vache, verset 282). C'est-à-dire Allah vous enseigne ce que vous ignorez par
l'intermédiaire des sciences divines ; voilà pourquoi il a ajouté le terme "enseignement" au nom "Allah"
qui se rapporte à l'Entité suprême et qui regroupe les noms, les actes et les attributs.
Puis le cheikh Ibn Arabi, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : vous devez, cher confrère, croire et vous
soumettre à ce groupe de soufis. N'ayez pas de doute sur leur explication du livre saint et de la conduite
prophétique. Ne croyez pas que cette explication dévie l'exotérique sur son contexte apparent.
Mais l'aspect apparent d'un verset coranique ou d'un hadith présente un certain sens que les gens
comprennent selon leur niveau et selon la variabilité de leurs compréhensions. On peut donc
comprendre le sens apparent d'un verset coranique ou d'un hadith selon le contexte et les coutumes
liées à une langue. Mais il y a en même temps d'autres sens ésotériques compris par des gens initiés,
dont le voile est levé. D'ailleurs, un hadith prophétique évoque ce qui suit : chaque verset coranique
présente un sens exotérique, un sens ésotérique, une définition et un renseignement dont les sens
ésotériques vont de sept à soixante-dix significations.
• Le sens exotérique, c'est ce qui est raisonnable et rapporté à partir des sciences utiles qui
constituent la base des actes vertueux.
• Le sens ésotérique est l'ensemble des connaissances divines.
• Le renseignement est le sens commun qui unit l'exotérique et l'ésotérique.
• La définition peut être une voie vers la constatation globale relative à l'Entité.
Comprenez donc, cher confrère ! Ne soyez pas du nombre des éloignés par rapport à ces
significations mystérieuses des soufis à cause de ce que vous écoutez comme explications superficielles
de la part de certaines personnes qui ne font que s'opposer et polémiquer et faire croire aux autres que
les soufis ne cherchent qu’à modifier le sens correct de la parole d'Allah et du hadith du prophète,
prière et salut d'Allah sur lui.
Si les soufis disaient que seule leur explication est valable, on pourrait alors croire qu'ils essaient de
modifier le vrai sens du coran ou du hadith, mais ils n'ont rien dit de cela ! Au contraire, ils confirment
les apparences dans leurs apparences. Et ils comprennent ce qu'Allah, le Très-Haut, injecte en leur
intérieur, selon sa largesse, et dévoile dans leur cœur, selon sa miséricorde et sa faveur.
La levée du voile signifie, d'après les soufis, le décèlement de ce qui est caché derrière les rideaux de
l'âme, du cœur, de l'esprit ou du secret, en conformité avec le livre saint et les hadiths du messager de
Dieu, prière et salut d'Allah sur lui. Le saint n'apporte jamais de nouvelle loi religieuse, mais il montre
une nouvelle interprétation du livre saint et de la conduite prophétique, qui n'a été connue par
personne auparavant. Voilà pourquoi les gens qui ne croient pas aux soufis trouvent étranges leurs
nouvelles interprétations et disent, avec l'intention de blâmer les soufis : "ceci n'a jamais été dit" ! Il
aurait été plus sage d'écouter la nouvelle interprétation des soufis, tout en les croyant et tout en tirant
profit d'eux.
Celui qui ne fait que nier les vérités ne peut pas tirer profit des élus de son époque. Une telle perte
lui est donc suffisante (comme punition). Le cheikh Abou Lhassan Chadzili, satisfaction d'Allah sur lui, a
dit : Allah a éprouvé le noble groupe des soufis par la créature, et spécialement par des gens qui
polémiquent. Il est d'ailleurs très rare de trouver parmi ces derniers quelqu'un qui croit en un élu
d'Allah. En général, pour polémiquer, ils disent :

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Oui, nous savons qu'Allah, le Très-Haut, a des élus et des pieux qui existent, mais où sont-ils ? Et à
chaque fois qu'un saint est mentionné devant ces gens, ils s'opposent à sa spécificité et commencent à
citer des arguments diminuant de sa valeur, afin de montrer que ce n'est pas un élu ! Ils ignorent que
seuls les saints connaissent les attributs des élus de Dieu. Comment donc un "non- élu" peut-il nier
l'élection d'un vrai élu ?!
Ce n'est donc que du fanatisme pur. C'est ce que montre Ibn Taymia, à notre égard et à l'égard de
nos confrères gnostiques, en ce moment. Méfiez-vous donc, chers confrères, de ces personnes qui se
qualifient ainsi.
Fuyez de ce type d'individus et ne vous vous asseyez pas près de lui. Faites comme si vous fuyez d'un
animal sauvage. Qu'Allah nous range tous parmi ceux qui croient à ses élus et à leurs prodiges, de par Sa
grâce et Sa générosité. Amen.
Il a dit également : Allah, le Très-Haut, a établi des lois concernant ses prophètes et ses élus. Il les
éprouve par des gens du commun et des opposants, surtout à leurs débuts, où leurs cœurs risquent de
se pencher encore vers autrui en dehors d'Allah, le Très- Haut. Puis le pouvoir et la victoire leur seront
accordés en fin de compte, s'ils se soumettent convenablement à Allah, le Très-Haut. Fin.
Je dis ce qui suit : cela est dû au fait que le disciple, emprunteur de la voie, lorsqu'il conserve des
liens d'attachement avec les gens et se sent à l'aise quand ils croient en lui, cette relation l'empêche de
se dévouer à Allah, le Très-Haut, et de se dévouer à sa présence.
Mais lorsqu'ils sont mauvais vis-à-vis de lui, lorsqu'ils réduisent de sa valeur, le démentent et le
traitent de faux et de menteur, alors il les répugne et ne se sent pas tranquille avec eux. C'est en ce
moment-là que son temps devient serein avec son seigneur. Il peut alors aller droit vers lui, sans aucun
retour en arrière. Comprenez donc !
Une fois que ces élus terminent leur chemin et retournent aux gens pour les guider, leur retour sera
marqué par une robe de raison, de tolérance et de protection. Ils supportent alors le mal de la créature
et se sentent satisfaits à l'égard d'Allah, le Très-Haut, malgré le mal que les gens de leur entourage leur
font. Allah élève alors leur valeur parmi ses serviteurs et complète, par cette élévation, leur lumière.
C'est ainsi qu'il leur authentifie ce qu’ils ont hérité de ses messagers, c'est-à-dire leur tolérance
devant le mal qu'ils subissent de la part des gens. Les différences de leurs rangs spirituels seront donc
clairement visibles. L'homme est d'ailleurs éprouvé selon sa religion. Allah dit : "Et Nous avons désigné
parmi eux des dirigeants qui guidaient (les gens) par Notre ordre aussi longtemps qu'ils enduraient et
croyaient fermement en Nos versets" (Sajda, prosternation, verset 24). Allah dit aussi : "Certes, des
messagers avant toi (Muhammad) ont été traités de menteurs. Ils endurèrent alors avec constance
d'être traités de menteurs et d'être persécutés, jusqu'à ce que Notre secours leur vînt" (Al An'âm, les
bestioles, verset 34).
C'est ainsi que les gens parfaits tournent autour de ces deux types de constatation : soit, ils
constatent Allah, le Très-Haut, par leurs cœurs. Dans ce cas, ils ne se détournent jamais de lui et ne se
penchent pas vers ses serviteurs. Soit, ils constatent la créature et la trouvent au service d'Allah, le
Très-Haut. Dans ce cas, ils présentent leur hospitalité aux gens, à l'honneur de leur seigneur. Dans le cas
où ils sont arrachés et emportés "ailleurs", ils ne sont plus alors responsables de leurs actes. Dans cette
condition, rien ne peut être dit à leur égard.
Il est donc connu que les élus ou les savants qui suivent la trace des prophètes doivent subir la
persécution de la part des gens, tout comme les prophètes. Ils doivent supporter le mensonge et la
calomnie, tout comme les prophètes. Ils doivent endurer comme eux et être cléments vis-à-vis des gens.
Qu'Allah soit satisfait d'eux tous.
Sidi Ali El Khaouass, clémence d'Allah sur lui, disait : "si la perfection des élus qui appellent à Allah, le
Très-Haut, était intimement liée au résultat, c'est-à-dire à ce que les gens leur donnent raison et croient
en eux : la priorité aurait été alors donnée plutôt au messager d'Allah et aux prophètes qui les ont
précédés, prière et salut d'Allah sur lui et sur eux tous".

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Certaines personnes ont cru à leurs messages. Allah les a guidés alors par sa grâce. D'autres les ont
démentis. Allah, le Très- Haut, les a rendus malheureux par sa justice. Puisque les élus et les savants
suivent les pas des messagers d'Allah, prière et salut d'Allah sur eux, tout en reproduisant leur conduite,
alors les gens se sont divisés en deux parties : un groupe admirateur croyant et un groupe critiquant et
niant la réalité.
C'est ce qui est arrivé aux messagers de Dieu, prière et salut d'Allah sur eux. C'est la concrétisation de
leur héritage par les élus. Seul celui auquel Allah, le tout puissant, le Solennel, veut accorder le rang
spirituel d'élu est en mesure de ne pas démentir ces élus et de croire en l'authenticité de leurs sciences
et de leurs secrets.
Quant à celui qui dément les élus et qui nie leur vérité, il est d'office refoulé de leur présence. Allah,
le Très-Haut, l'éloigne encore plus selon son attitude. Du fait de l'ignorance des gens, rares sont ceux qui
reconnaissent la spécificité des élus et des savants ainsi que la diligence et la sélection qu'Allah leur a
accordées.
En effet, la plupart des gens sont inconscients et n'aiment pas, par jalousie, que d'autres personnes
soient mieux honorées qu'eux ou qu'elles acquièrent une meilleure position par rapport à eux ou une
spécificité spirituelle. Le livre saint a mentionné de telles personnes, en parlant de la communauté du
prophète Noé, prière et salut d'Allah sur lui : "Or, ceux qui avaient cru avec lui étaient peu nombreux"
(Hud, verset 40). Allah dit aussi : "mais la plupart des gens ne croient pas" (Arraâd, le tonnerre, verset 1).
Il dit aussi : "Ou bien penses-tu que la plupart d'entre eux entendent ou comprennent? Ils ne sont en
vérité comparables qu'à des bestiaux. Ou plutôt, ils sont plus égarés encore du sentier" (Al Forqane,
verset 44). D'autres versets coraniques traitent le même sujet.
Le cheikh Mohyddine (Ibn Arabi), satisfaction d'Allah sur lui, disait : l'origine de la désapprobation
des gens lorsqu'on leur parle des connaissances divines et des signes du seigneur réside dans le fait que
ces connaissances dépassent le cadre de l’intellect et de la raison. Elles ont un caractère mystérieux
quant à la voie de leur provenance, sans rapporteur, ni méditation ou pensée. Les gens les nient alors
par ignorance. Or, celui qui nie une certaine voie prend obligatoirement ses dignitaires comme ennemis
parce qu'il croit qu'elle est fausse. Il croît aussi à la fausseté de ses dignitaires. Il oublie alors que la
désapprobation fait partie de l'ingratitude. Tout homme prudent et sensé doit s'interdire sa
désapprobation afin de sortir de la phase de l'ingratitude.
Les élus et les savants religieux dévots sont en effet, assis en compagnie d'Allah, le tout puissant, le
Solennel, dans le domaine de la vérité de la croyance, de la soumission, du dévouement et de la fidélité
aux pactes. Ils font une sorte d'auto-contrôle devant Allah, le tout puissant, le Solennel, tout en se
confiant à lui pour les guider. Ils mettent leurs âmes entre les mains d'Allah, tout en abandonnant toute
action qui leur donnerait victoire à un moment donné, par pudeur à l'égard de la seigneurie de leur
seigneur, le tout puissant, le Solennel. Ils se suffisent de la providence qu'il leur accorde parce que toute
chose subsiste par Lui et dépend de Lui.
Allah les prend alors en charge mieux que s'ils se subsistaient par eux-mêmes. Allah, le Très-Haut, les
protège de celui qui les combat. Il leur accorde victoire sur celui qui leur déclare la guerre.
Le maître Abou Lhassan Chadzili, satisfaction d'Allah sur lui, disait : puisqu'Allah, le tout puissant, le
Solennel, savait ce que les gens vont dire sur les soufis, d'après Son savoir antérieur, il a commencé par
lui-même, gloire et élévation à lui, en décrétant le malheur et la misère contre des gens qui lui ont
affecté une conjointe, un fils et une pauvreté. Ils ont même dit que la main d'Allah était fermée! C'est
ainsi que lorsque l'élu et le véridique ne supportent plus les calomnies des gens qui les qualifient de
mécréants, d'irréligieux, de sorciers, de fous ou d'autres qualificatifs, ils entendent dans leur intérieur un
chuchotement de la part du Vrai (Allah). Il leur dit : "ce qui se dit sur vous, c'est bien vos vrais
qualificatifs d'origines. Mais grâce à ma largesse, je les ai changés en de meilleurs attributs.
Ne voyez-vous pas vos confrères humains, comment ils m'ont traité et m'ont affecté ce qui ne me
convient point ?" Si le cœur de l'élu ne s'apaise pas grâce à ce rappel, et s'il reste contracté, des
chuchotements de la part du Vrai viennent dans son intérieur, pour la seconde fois. Ils lui disent :

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"pourquoi ne me prends-tu pas comme modèle ? Moi aussi, on m'a traité de ce qui ne convient pas à
Ma Majesté !
Mon bien-aimé Mohamed, ainsi que ses confrères les prophètes et les messagers, ont été également
accusés de ce qui ne convient pas à leur valeur. On les a traités de sorciers, de fous, et d'opportunistes.
On les a accusés de ne chercher à travers leur appel à Allah que le pouvoir et la distinction".
Regardez, cher confrère, comment le Vrai, le glorieux, le Très- Haut, a soigné son prophète
Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, lorsqu'il en avait assez des mécréants et de leurs paroles. Il lui a
dit : "Glorifie donc Ton Seigneur par Sa louange et sois de ceux qui se prosternent et adore ton Seigneur
jusqu'à ce que te vienne la certitude" (Al Hijr, versets 98-99). Il vous est recommandé, cher élu, de
prendre le prophète comme modèle, prière et salut d'Allah sur lui. Ce modèle est une médecine divine,
un remède du seigneur, et un éliminateur du stress dû aux accusations blessantes d'autrui.
En effet, la glorification d'Allah signifie sa considération comme étant au-dessus des attributs qui ne
conviennent pas à Sa perfection. C'est aussi l'infirmation des défauts attribués (à tort) à Sa Majesté
divine, comme la ressemblance et la limitation. La louange, quant à elle, est la présentation des
compliments et des éloges à Allah, en utilisant des termes qui conviennent bien à Sa Majesté et à Sa
perfection.
La glorification d'Allah et la louange sont des remèdes qui éliminent la maladie du cœur due aux
injures des négateurs et des moqueurs. La prosternation signifie la pureté et l'innocence du serviteur de
toute demande d'élévation et d'orgueil. En effet, la personne qui se prosterne est réduite à néant par
rapport à l'attribut de la hauteur au moment de la prosternation. Voilà pourquoi il faut dire, lors de la
prosternation : "Gloire à mon seigneur, le Très-Haut, louange à lui".
Quant à l'adoration, désignée par le verset coranique suivant : "Et adore ton Seigneur jusqu'à ce que
te vienne la certitude" (Hijr, verset 99), c'est une démonstration de la bonne intention et un
éloignement par rapport à la recherche du pouvoir. C'est un signe de l'anéantissement du serviteur par
son entité et par ses attributs. Voilà ce qui implique obligatoirement l'acquisition des habits de la
proximité, de l'élection, de la puissance et du rapprochement d'Allah, désigné par le verset coranique
suivant : "mais prosterne-toi et rapproche-toi" (Al Alaq, verset 19).
El Jounayde disait à "Chibli", clémence d'Allah sur eux : "ne divulgue pas le secret d'Allah aux gens
voilés (dont le voile n'est pas encore levé)". Il disait aussi : "un disciple, nécessiteux auprès d'Allah, ne
doit jamais lire les livres du monothéisme pur sauf entre les mains de ceux qui croient à la foi des élus
d'Allah et qui se soumettent à eux. Sinon, celui qui les dément risque la détestation et l'exécration
divines".
"Abou Tourab Nakhchabi", satisfaction d'Allah sur lui, disait à propos des gens voilés
désapprobateurs: "lorsque le cœur prend l'habitude de s'opposer à Allah, il est généralement habitué à
calomnier les Saints".
Je dis : voilà pourquoi les élus parfaits, parmi les soufis, parlent en privé à propos des stations du
monothéisme pur. C'est une gentillesse et une clémence de leur part vis-à-vis des musulmans ordinaires
et de certaines personnes voilées qui ne font que polémiquer. C'est aussi une bienséance de leur part et
une vénération pour les grands gnostiques qui ont parlé avant eux dans ce domaine.
El Jounayde, satisfaction d'Allah sur lui, ne discutait jamais de l'unicité d'Allah sauf au fond de sa
chambre, après avoir fermé toutes les portes de sa maison. Il mettait ses clés sous son siège, et il disait à
son audience : voulez-vous que les gens démentissent les élus d'Allah, le Très-Haut et son élite, ou qu'ils
les traitent d'impiété et d'incroyance ? Fin.
Parmi les élus, il y en a ceux qui ont refusé catégoriquement de débattre avec les gens sur les
précisions des propos des soufis, et ce jusqu'à leurs morts. Ils se sont toujours référés à l'emprunt des
voies soufies. Ils ont dit en effet: "celui qui emprunte la voie des soufis verra ce qu'ils ont vu et goûtera
de ce qu'ils ont goûté ; c'est ainsi qu'il n'a pas besoin d'écouter ces débats".
Les compagnons de Abi Abdellah al Qorachi lui avaient demandé un jour de leur parler de la science
des vérités. Il leur a dit : combien êtes-vous aujourd'hui ? Ils ont répondu six cents hommes. Le cheikh

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leur a demandé d'en sélectionner cent hommes. Puis il leur a demandé de sélectionner vingt hommes
parmi les cents choisis. Ensuite, il leur a demandé de sélectionner quatre hommes parmi les vingt
choisis. Ces quatre hommes étaient connus par leur levée du voile et par leurs connaissances. Le cheikh
leur a dit : si je vous parle de la science des vérités et des secrets, ces quatre hommes seront les
premiers à me condamner à la peine de mort. Fin. Tiré d'une manière résumée du livre "Tabaqates" de
Chaârani, satisfaction d'Allah sur lui.
J'ai avancé cette introduction à cause de l'intérêt qu'elle présente, et des retombées positives qu'elle
a sur les lecteurs. Qu'Allah, le Très-Haut, de par sa grâce et sa largesse, nous accorde succès dans tout
acte qui peut le satisfaire ainsi que son prophète. Il est Munificent et Généreux. Il est Compatissant et
Miséricordieux à l'égard de ses serviteurs.
Je conclus cette introduction par une règle connue dans la science des vérités. Elle est très
intéressante pour tous ceux qui s'attachent à cette science. Je dis, qu'Allah m'accorde succès. Il est le
guide vers le droit chemin, grâce à sa faveur divine :
Sachez, cher confrère, que chaque art parmi les arts de la science a besoin de règles qui le régissent.
Chaque fois qu'il y a un problème dans l'appréciation d'un art, de ses errantes, de ses mystères et de ses
détails, la solution doit être cherchée dans ses règles de base.
Si la jurisprudence et la grammaire ont leurs propres règles, sur lesquelles se basent leurs
appréciations, et selon lesquelles on se réfère pour préciser les lois de chaque discipline, il en est de
même pour le dévoilement, l'authentification et la science des goûts, qui disposent également
d'asservisseurs et de règles régissant leurs affaires. En effet, ces règles permettent de distinguer entre le
correct et l'incorrect. Elles constituent une référence pour trouver une solution aux problèmes, aux
errantes et aux exceptions, afin d'apporter des précisions sur les verdicts et les objectifs.
Maintenant, me voici en train d'introduire au sein de ce livre, une règle qui englobe les bases de
l'authentification et qui résout, pour le lecteur, toute problématique, toute illusion et toute fausse
imagination. Elle sera, pour la suite du livre, une base, un guide et un fondement dans la connaissance
des règles de cet art, dans le présent document, et dans d'autres livres. Je dis, tout en sollicitant l'aide
d'Allah :
Règle des savants spécialistes du dévoilement

Sachez que la règle chez les savants spécialistes du dévoilement (la levée du voile) et de
l'authentification est la suivante :
La rationalité régissant ce qui est relatif à une essence donnée ne change pas. Les vérités ne
s'inversent pas. Pour une entité quelconque, si un qualificatif ou un attribut lui sont intrinsèques, ils ne
peuvent pas s'inverser. Ce qui est obligatoire par lui-même ne peut jamais devenir possible1.
Le possible ne se transforme jamais en un obligatoire. L'impossible n'est ni possible ni obligatoire.
C'est l'exemple de l'existence. Puisque cette existence est intrinsèque à l'Entité du Vrai (le Très-Haut),
son existence est alors obligatoire. On dit par conséquent que le Vrai existe, et que son existence est

1 -Les termes utilisés ici «obligatoire» et «possible» (ou contingent) sont des termes techniques qui nécessitent des pré requis
théologiques. En effet, on peut répertorier les choses en des choses dont l’existence est possible, des choses dont
l’existence est impossible, et des choses dont l’existence est obligatoire. C’est la raison et l’intellect qui stipulent que cet
univers par exemple fait partie des choses dont l’existence est possible ; car, il n’avait pas existé auparavant, puis il a existé.
Toute chose possible nécessite en fait une force qui va rendre son existence prépondérante par rapport à son état de néant
et qui va la faire sortir de la possibilité à l’existence effective. Or, il n’est pas possible que ce créateur ait à son tour une
existence possible, car il nécessiterait ainsi un créateur qui nécessitera un créateur, et ainsi de suite. Ceci nous mène à un
enchaînement infini. Ce qui est absurde.
Par conséquent, le créateur doit être une chose dont l’existence est obligatoire. Ce créateur dont l’existence est obligatoire
ne peut pas être issu de l’entité du possible. En effet, s'il était issu de son entité, le possible serait obligatoire, ce qui est
absurde. C’est ainsi que ce monde «possible» nécessite un créateur qui subsiste par lui-même et dont l’existence est
obligatoire par lui- même. Ce créateur n’est autre qu'Allah le Très-Haut.

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obligatoire. Son existence est en effet par son Entité pour son Entité, elle lui est intrinsèque, d'où son
obligation.
Par analogie, puisque le néant est intrinsèque aux entités possibles1, il n'est pas transformé en une
autre chose sauf au néant. Le néant leur est intrinsèque. L'existence n'est qu'occasionnelle pour ces
entités (possibles). Elle s'insère dans le cadre de l'éventualité. Cette existence peut se manifester sur le
possible comme elle peut ne pas se manifester.
De même pour la dissimulation, puisqu'elle est intrinsèque à l'Entité du Vrai elle ne s'est pas
transformée en une autre chose.
Allah dit dans le hadith Qodssi, faisant signe à la dissimulation qui est intrinsèque à son Entité
(élévation et pureté à lui) : "j'étais un trésor caché".
La nomination du Très-Haut par son nom "Al Baten" (le caché) signifie que la vérité de ce rapport,
c'est-à-dire la dissimulation et le mystère absolu relatif à l'Entité suprême, ne permet aucune
manifestation, ni ici-bas ni dans l'au-delà. La manifestation est en effet l'expression de l'apparition du
Vrai, (le Très-Haut), avec n'importe quelle manifestation.
La limite de la science des savants qui s'intéressent à Allah, est ce qui s'est manifesté à la science. Or,
ce qui se manifeste à la science se trouve en dehors de la réalité de tout ce qu'exige le rapport de la
dissimulation. De même, la limite de toutes les choses auxquelles la science peut se rattacher et
atteindre est le savoir qui confirme l'existence du créateur, le tout puissant, le Très-Haut.
Le savant n'a alors que l'information sur l'existence d'Allah, que son existence est obligatoire, et que
rien ne lui ressemble. Il ne s'agit pas d'un savoir qui concerne l'Entité suprême. Et comment le
prétendre, alors que le savant est accidentel (il n'a pas existé puis il a existé) et l'information de
l'accidentel est accidentelle? Aussi, le savoir du serviteur se limite-t-il à ce qu'il sache que :
• Le créateur existe, puissance et élévation à lui.
• Son existence est obligatoire.
• Cette existence lui est intrinsèque.
• Rien ne ressemble à Allah.
• Seul Allah connaît sa propre essence.
• Il est le seul à connaître sa propre valeur.
Allah dit en effet: "Ils n'apprécient pas Allah comme II le mérite", (Al An'âm, les bestioles, verset 91).
De même, le savant qui s'intéresse à Allah a acquis son savoir sur son Seigneur par l'intermédiaire de la
science. Son savoir subsiste grâce à cette science. Il n'a donc acquis que la science. Or, l'acquisition
d'une information (ou d'une science) ne signifie pas nécessairement la compréhension de l'entité sur
laquelle porte cette information. Et comment ! Alors que tout ce qui rentre dans un cadre limité ne peut
être que confectionné et créé.
Par ailleurs, il est admis, d'une manière célèbre et unanime, chez les gnostiques et les gens dignes
des connaissances seigneuriales, en général, que les attributs et les qualificatifs sont relatifs à celui qui
les porte, et que l'affectation d'un attribut à quelqu'un, qui va le porter, dépend de ce dernier, et de
l'acceptation de son entité à recueillir cet attribut.
Et puisque le Vrai, le glorieux, le Très-Haut, s'élève indéfiniment au-dessus de toute conception
portant sur l'essence de sa vérité, alors l'affectation d'attributs et de qualificatifs qui puissent lui
convenir ne peut pas être de même type que celle relative à sa créature. En effet, ce qui est en dehors
d'Allah est possible ou éventuel. Or, tout ce qui est éventuel est soumis à la règle de la contingence
(caractère de ce qui est possible) et à ses exigences comme le besoin, le manque de liberté, et le défaut.
Selon sa vérité, Allah, le glorieux, le Très-Haut, est différent de tout ce qui est possible et éventuel.
Rien ne lui ressemble. Le mode de son affectation par des attributs et des qualificatifs doit convenir à Sa
Majesté.

1 - L’être humain par exemple n’était pas existant puis il a existé ; il est donc possible et contingent. Il nécessite un créateur.
Allah, le Très-Haut, a dit : «ont-ils été créés à partir de rien ou sont-ils eux les créateurs?» (Sourate At-Tur 52. Verset 35)

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Le Glorieux, Solennité à lui, s'élève au-dessus de tout ce qui ne convient pas à Sa Majesté.
L'affectation d'attributs et de qualificatifs à une entité dont l'existence est possible doit être considérée
selon cet être existant, et selon l'aspect qu'il requiert et qui doit lui convenir. Pour le "savoir" comme
attribut, par exemple, s'il caractérise une entité existante, éternelle, l'attribut sera qualifié aussi
d'éternel. S'il caractérise une entité contingente, créée, il sera également contingent. C'est la même
chose pour tous les attributs et les qualificatifs communs.
Si vous comprenez, cher lecteur, le sens de cette règle précieuse qui doit être considérée comme un
axe principal autour duquel tournent les sciences des élus d'Allah et des savants théologiques et
authentiques. Et si vous êtes certain de l'avoir comprise, sachez alors que, selon cette même règle,
Allah, le glorieux, le Très-Haut, a donné un aspect apparent (exotérique) et un aspect de fond
(ésotérique) à chaque chose.
C'est ainsi que l'âme humaine dispose d'un aspect apparent, exotérique, et d'un aspect ésotérique,
puisque c'est une chose qui fait partie des choses.
Certains êtres humains comprennent ce qu'ils comprennent selon l'aspect apparent de leurs âmes,
c'est-à-dire par l'imagination, l'analogie et les sens ; ils ne peuvent rien comprendre par contre selon
l'aspect ésotérique de leurs âmes.
Par ailleurs, d’autres personnes comprennent selon ce dernier aspect ésotérique. Dans ce cas, cette
compréhension et ce savoir acquis vont toucher le fond de l'âme. Ce savoir ainsi décrit est spécifique
aux vraies connaissances, aux secrets de la connaissance et aux secrets du monothéisme.
Si vous comprenez ceci, et si vous savez que le Vrai, le glorieux, le Très-Haut, est en même temps
l'apparent et le caché, et que la dissimulation lui est intrinsèque, liée à son Entité, comme expliquée par
la règle:
Sachez donc que l'être humain ne comprend, selon les deux aspects apparent et caché de son âme,
que ce qui se dégage des effets de la manifestation d'Allah par son nom "L'apparent".
Si le Vrai, gloire et élévation à lui, se manifeste par son nom "L'apparent" à l'aspect apparent d'une
âme humaine, cet être humain comprendra alors une certaine science parmi les sciences apparentes. Le
voile lui sera levé pour bien maîtriser cette science. Mais l'ascèse (le renoncement à autrui parmi les
êtres existants) ne l'affectera pas encore.
Cet être humain acquiert donc ce qu'il a acquis parmi les sciences. Il bénéficie aussi de l'amour des
aubaines qui lui sont offertes dans les mondes d'ici-bas et de l'au-delà. L'aspect apparent de son âme est
en effet illuminé par la manifestation divine qui lui est parvenue. Il n'abandonne rien, par ascèse, car la
manifestation n'arrive pas à toucher, ni à remplir la partie ésotérique (le fond) de son âme.
Par contre, si Allah, le glorieux, le Très-Haut, se manifeste par son nom "L'apparent" au fond de l'âme
d'un être humain, il bénéficiera alors de la compréhension et de la perception par clairvoyance.
L'individu qui occupe ce rang "spirituel" comprend alors les choses par clairvoyance, sans utiliser de
raison ni de méditation. Il capte par sa clairvoyance les mondes des vérités et des significations, et ce
sans qu'il ait le moindre doute ni la moindre probabilité. L'individu se sentira donc à l'aise, sans aucune
fatigue intellectuelle.
Il bénéficiera de la levée du voile, une fois que la manifestation divine atteint son intérieur. Les
sciences divines s'ouvriront à lui, ainsi que les secrets, les sciences ésotériques, les sciences qui se
rattachent au monde de l'au-delà, la connaissance de l'unicité de l'univers et l'impossibilité d'attribuer
ce dernier à autrui, à part le Vrai. Il voit le secret du monothéisme et de la connaissance. Il abandonne,
par ascèse, tout ce qui est en dehors du Vrai, gloire à lui.
Il ne dispose d'aucune place pour autrui, en dehors d'Allah. Dans son intérieur, il ne reste aucun
espace pour autrui, à part Allah. Le fond de son âme est en effet comblé par la manifestation divine. Les
vérités des choses se décèlent dans sa clairvoyance. Il fera la différence, par l'œil de sa clairvoyance,
entre le rang du Vrai (le Très- Haut) et celui d'autrui. Son cœur ne dispose d'aucun espace pour ce qui
est en dehors d'Allah. Il a compris, en effet, par sa clairvoyance, ce qu'il a compris selon la vérité de son
propre rang.

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Cette règle rend compte également d'un asservisseur qui permet de connaître et de distinguer entre
les rangs. En effet:
• Chaque être existant dispose d'une entité et d'un rang.
• Son rang (Martabah) est régi par des lois (Ahkam) qui apparaissent à travers son existence
déterminée pour sa vérité invariable.
• Ces lois laissent des traces (Athar) chez l'entité de cet être.
• Ces traces s'appellent "états" (Ahoual).
• Le rang exprime la vérité de toute chose, non pas d'une manière absolue, mais selon la
rationalité de son rapport qui la relie à l'univers (qui l'a fait apparaître) et aux vérités qui en
sont dépendantes. Certaines vérités dépendent en effet d'autres.
• Une vérité dépendante est un ensemble d'états, d'attributs et d'exigences de la vérité dont
elle dépend.
En effet, les êtres existants ne sont pas une sorte de surplus ou d'excédents par rapport aux
différentes vérités. Ces dernières sont apparues à partir d'une seule existence qui s'est déterminée et
multipliée selon les rangs de ces êtres existants et en fonction d'eux, et non pas selon la considération
de son caractère absolu indépendant de ces vérités.
Allah dispose aussi d'une entité et d'un rang. Son rang est l'expression de la rationalité du fait qu'il
est un Dieu, relativement (à la créature). Ce rapport en tant que tel est nommé "divinité". Le Vrai, selon
ce rapport, a des effets sur ses serviteurs et des attributs nécessaires appelés lois de la divinité.
L'Entité d'Allah, le glorieux, le Très-Haut, ne peut pas être sujet de discussion si on la considère selon
l'aspect de son indépendance totale de toutes les considérations et les liaisons, et selon qu'elle ne
s'attache à rien et rien ne s'attache à elle.
Mais on va plutôt parler de cette Entité suprême selon la rationalité du rapport du rattachement
mutuel entre elle et la créature, et selon les états des gens qui sont en fait le reflet de cette Entité
suprême et sa manifestation. Dans ce cas, cette Entité suprême prend certains états comme la
satisfaction, la colère, l'exaucement, la joie, et d'autres comportements exprimés par ce qu'on appelle
affaires ou «Chouounes».
L'Entité suprême dispose également d'autres attributs, selon les effets de son rang, c'est-à-dire, de la
divinité, sur chacune des créatures. Il s'agit d'attributs appelés "lois du rang". Ces lois sont par exemple :
la rétention, l'aisance, le ravivage, la mortification et la coercition. Il n'est donc pas correct de lier
l'univers au Vrai selon son Entité absolue. Cette liaison doit plutôt être faite selon la rationalité du fait
qu'il est un Dieu.
La rationalité de considérer le Vrai en tant que Dieu, est une considération supplémentaire à son
Entité suprême. La rationalité de la liaison entre l'univers et le Vrai n'est correcte que selon ce rapport.
l'authenticité se réfèrent pour donner leurs verdicts, s'il y a lieu aux verdicts.
C'est un instrument de mesure qui détecte la loi de la vérité dans chaque rang, qu'il soit lié au Vrai le
Très-Haut ou à la créature. Les instructeurs doivent reconnaître la haute importance de cette règle
précieuse, ses multiples avantages, ainsi que les règles qui en découlent relatives aux asservisseurs les
plus intéressants utilisés dans la résolution des problèmes difficiles et des ambiguïtés. Cette
reconnaissance est dans l'intérêt des disciples qui la révisent. Qu'Allah nous accorde succès. Qu'il nous
aide à emprunter le droit chemin.

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CHAPITRE PREMIER IDENTITÉ DU CHEIKH
Identité du cheikh. Sa naissance, ses parents, sa famille, ses proches.
Son éducation, ses débuts, ses efforts, son affiliation au chemin de la
raison et de la guidance

Ce chapitre comprend trois parties

PARTIE I : IDENTITÉ DU CHEIKH, SA NAISSANCE, SES PARENTS, SA FAMILLE, SES PROCHES


Invoquant Allah de m'accorder le succès, je dis ce qui suit : le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, fait
partie des savants dévots, des imams bien guidés et de ceux qui regroupent à la fois :
• L'honneur génétique, l'honneur religieux et l'honneur du savoir et de la pratique.
• Les nobles états seigneuriaux et les stations spirituelles élevées éminentes.
• La détermination supérieure céleste et l'éthique transcendante à l'image du miséricordieux.
• La voie éminente de la conduite prophétique, et la science divine infuse.
• Le secret seigneurial, total, envahissant.
• Les prodiges miraculeux et les éminentes honorabilités.
Le cheikh est le pôle rassembleur1, le secoureur "Ghaout" bénéfique, l'héritier miséricordieux et
l'imam guidé par son seigneur. Allah l'a placé, en son temps, comme miséricorde pour les serviteurs.
C'est aussi une bénédiction et une lumière dans le pays. Il est le centre de l'attention et du soin
divins.
C'est le coffret de ses secrets. C'est aussi l'aspect du déroulement de sa conduite divine et la source
de sa providence. Son assistance spirituelle au profit des gens est grande. Il dispose d'une chimie
spéciale qui transforme le fond des choses. Cette chimie a pour vertu de transformer "le cuivre" des
âmes en "or", en peu de temps. Grâce à lui, les ténèbres de ces âmes deviennent lumière. Leur chagrin
se transforme en joie. La malignité de leurs concupiscences se dissipe. La densité des mauvaises âmes
s'allège. Leurs déterminations s'élèvent et se rassemblent.
La plupart des gens trouvent leurs profits auprès du cheikh, partout dans le pays. En effet, il met sa
providence seigneuriale à leur disposition, ainsi que le secret de ses nobles litanies Mohammadiennes
qui n'implorent qu'Allah, le Très-Haut. Les gens bénéficient de lui sans excès d'effort de leur part, ni
fatigue, mais grâce uniquement à son afflux et à sa largesse miséricordieuse. Le cheikh est le modèle à
suivre, la lanterne du temps, l'élite de l'élite, le gnostique complet, l'instructeur accompli, le savant
théologien, le protecteur de la conduite du messager de Dieu, le dévot dans cette conduite prophétique,
le détenteur de l'éthique mohammadienne.
Il est la mer du monothéisme, le matériau exceptionnel, l'héritier intégral et l'éducateur utile. Il guide
les gens vers Allah grâce à son état et à sa parole. Il les appelle à Allah par ses attributs et ses actes, à la
suite d'une autorisation divine. Il est l'imam des imams, l'effusion de la lumière, les signes apparents, les
prodiges éblouissants, la preuve vivante et la flamme de la religion. Voilà ce qu'est notre maître Abou
Abbes, Ahmed.
Il est né, satisfaction d'Allah sur lui, en mille cent cinquante de l'hégire (1150 H) au village "Ain
Madi", où il a grandi dans la chasteté, la loyauté, la protection, la sauvegarde, la piété et la religiosité.
Allah, le glorieux, l'a protégé et l'a gardé, par Sa diligence, tout en lui accordant son parrainage.

1 - Certains gnostiques ont dit : le pôle est celui qui a été insinué dans le hadith du prophète, prière et salut d’Allah sur lui,
apporté par ibn Massoud. C’est-à-dire, en chaque époque, c’est lui qui dispose d’un cœur identique à celui de l'ange Israfil,
salut d’Allah sur lui. Sa position par rapport aux élus ressemble à la position du centre du cercle. C’est par lui que la réforme
du monde est assurée.

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Admirable d'éthique et d'attributs, gentil d'âme et d'actes, décent et bienséant, beau dans ses quêtes et
ses attentions, le cheikh ne reculait jamais devant l'assiduité et l'effort. Il avait toujours un penchant
pour le bon sens et l’isolement. Il s'intéressait à la religion et à la conduite des pieux. Et il occupait son
temps par la lecture.
Son objectif était toujours noble. Il ne parlait pas beaucoup. Il est très respectueux et d'une pudeur
remarquable. Il est beau et bien éduqué. Il a une haute détermination. Il est modeste et bien respecté
par les gens, qu'ils fassent partie de l’élite ou des gens du commun.
Il m'a dit qu'il avait appris le Saint Coran, dès son enfance, à l'âge de sept ans. Il l'avait appris selon la
version "Nafie", par le cheikh savant et vertueux, le maître Abi Abdellah Sidi Mohamed Ben Hammou
Tijani. Ce dernier a appris le Coran grâce à son cheikh Sidi Aîssa Bou Okkaz Madaoui Tijani qui était un
homme vertueux, d'une célèbre sainteté, et qui s'occupait de l'éducation des enfants du village
susmentionné.
Il m'a été rapporté que cet homme a vu, en rêve, le seigneur, tout puissant, puis il a récité devant Lui
le Coran en entier1, selon la version "Warsh" (c'est la même version que celle de "Nafie"). Le seigneur lui
a dit alors: c'est comme ça qu'il est descendu. Grâce à cet homme, plusieurs personnes ont grandement
bénéficié de la lecture du Coran. Sidi Mohamed Ben Hammou est décédé en mille cent soixante-deux de
l'hégire. Après avoir appris le Coran, le cheikh Sidi Ahmed Tijani s'est occupé des sciences
fondamentales, de leurs ramifications et des lettres. Il les a toutes maîtrisées. Il a étudié chez le cheikh
savant et érudit, le gnostique intellectuel Sidi Mabrouk Ben Bouâfia Madaoui Tijani.
Il a étudié chez lui le résumé du cheikh "Khalil", la "Rissala", l'introduction de Ben Rochd et "Al
Akhdari". Puis il a continué à faire des études pendant une longue période dans son pays jusqu'à la
maîtrise de différentes sciences. Il s'est ensuite occupé de l'enseignement et des verdicts (Fatoua) en
jurisprudence religieuse.
Puis il s'est intéressé, satisfaction d'Allah sur lui, à la voie soufie et à la recherche des secrets divins. Il
a approfondi ses études pour comprendre ces secrets et pour connaître les états des soufis, leurs
stations spirituelles, leurs problèmes, les notions du temps et de l'état. Il a répondu à plusieurs
questions portant sur les arts de différentes sciences. Il a rédigé également divers articles concernant les
deux domaines «l’intelligible» (qui peut être connu par l’intelligence) et le «texte rapporté».
Il s'est ensuite adonné à l'obéissance de Dieu, à l’amour de son adoration et au renoncement à autrui
avec détermination. Dès son jeune âge, il se levait les nuits pour prier. Lorsqu'il est arrivé à la puberté,
Allah, le Très-Haut, l'a guidé par sa diligence divine antécédente, vers l'honorabilité qui lui est destinée.
C'est alors qu'il a commencé, satisfaction d'Allah sur lui, à guider les gens vers Allah.
Il conseille les serviteurs de Dieu. Il glorifie la conduite du messager d'Allah. Il ravive les principes de
la religion ainsi que les cœurs des croyants par ce qu'Allah lui a donné comme connaissances, secrets,
bénédictions et lumières. Allah a ravivé le pays par sa personne et a fait bénéficier les citadins comme
les paysans de lui. Les affaires de la conduite prophétique ont connu, grâce à lui, une grande diffusion et
ses traces ne cessent de briller d'un vif éclat.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui est fort intérieurement et extérieurement. Ses lumières et ses
bienfaits sont parfaits. Sa station spirituelle est élevée. Il maîtrise parfaitement ce qu'il fait et ce qu'il est
déterminé à faire. Il est qualifié d'un parfait héritage du messager d'Allah, prière et salut d'Allah sur lui.
Il a une belle apparence. Ses cheveux blancs sont d'une lumière éclatante. Il inspire la crainte
révérencielle. Il est d'une grande prestance et d'une importance majestueuse. Sa mention est célèbre.
Elle est d'une résonance lointaine. Son savoir et son état sont une source de bénéfice pour autrui. Sa

1 - L’imam Nawawi a dit dans son explication de l’authentique de mouslim : les théologiens sont unanimes sur la possibilité et
la légitimité e voir Allah en rêve, et ce bien que la personne le voit dans un état qui ne lui est pas convenable (sous forme
de corps par exemple). Cette chose vue ne peut jamais être l’Entité d’Allah le Très-Haut, parce que c’est impossible de la voir
comme corps qui connaît des différences d’états, contrairement à la vision du prophète, prière et salut d’Allah sur lui.
Ibn Al Baqillani a dit: la vision d’Allah, le Très-Haut, en rêve est un ensemble d’idées dans le cœur, c’est aussi des signes
envoyés au rêveur qui concernent des choses qui se sont déroulées dans le passé ou qui se dérouleront dans le futur. Fin de
l’extrait de l’explication du imam Nawawi de l’authentique de Mouslim.

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parole est agissante lors du commandement du bien et de la prohibition du mal. Il agit pour faire
apparaître la conduite prophétique et annuler l’innovation fausse. Les gens le prennent comme guide,
ainsi que les membres de sa famille, pour faire revivre la conduite prophétique et le suivi de la religion.
Il mérite d'être nommé "Mohyi dine” l'homme qui fait revivre la religion. Il est le maître de son
époque, l'unique dans son temps. Allah a ravivé par lui l'éminence de notre Maghreb après l'effacement
de ses traces et l'extinction de ses lumières.
C'est ainsi que la citation des litanies et la nécessité auprès d'Allah ont connu une grande diffusion
grâce à lui. Prière sur le messager de Dieu. Nous invoquons Allah, le Très-Haut, de nous ranger dans la
filière de ce cheikh et dans le cercle de son parti. Qu'Allah nous mette derrière son bien-aimé, le
prophète, Sidna Mohamed, sa famille proche et ses compagnons.
Quant au père du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, c'est le cheikh imam, la caverne de l'Islam, le
refuge des gens, le savant célèbre, le grand ascète, le prédicateur qui appelle vers Allah, qui regroupe les
gens autour de Lui, qui appelle à Lui, par son état et sa parole, la preuve des savants dévots, le droit
chemin des disciples qui demandent le conseil: Abou Abdellah Sidi M'hamed Ben Al Mokhtar. Il était
connu par son savoir, son suivi de la conduite prophétique et sa crainte scrupuleuse de Dieu, il éduquait
les disciples et invoquait souvent Allah. Les êtres spirituels "rouhanis" venaient à lui et lui demandaient
de leur permettre de lui rendre service. Mais il n'acceptait pas et il leur disait : laissez-moi, ne vous
occupez pas de ce qui est entre Allah et moi.
Je ne veux pas m'attacher à ce qui est en dehors d'Allah1. Il était bien attaché à Allah, exécutant le
droit d'Allah pour Allah, lors de ses mouvements et de son repos. Il ne donnait aucune importance aux
critiques des gens concernant ce qu'il faisait pour Allah. Il avait une chambre chez lui, inaccessible aux
étrangers, et réservée à la citation des litanies. Il est décédé, satisfaction d'Allah sur lui, en 1166 H à la
suite d'une infection par la peste. Clémence d'Allah, le Très- Haut, sur lui.
La mère du cheikh, satisfaction d'Allah sur elle, était une femme vertueuse, pure, parfaite, gentille,
pieuse, bienfaisante, et éminente. Elle était dotée d'une éthique admirable et d'une conduite droite. Elle
s'intéressait à la religion et elle était bien attachée à l'Islam. Elle disposait d'une vertu de grande valeur,
et d'un rang éminent. Elle jouissait largement de la piété, de la bienfaisance, de la largesse et de la
gratitude.
Elle était, clémence d'Allah sur elle, d'une grande obligeance. Son objectif était de satisfaire son mari,
le père du cheikh, au maximum, satisfaction d'Allah sur eux. Sa conduite était toujours
louable. Elle respectait les droits de son mari (le cheikh Sidi M'hamed, satisfaction d'Allah sur lui). Elle
obéissait à son ordre et à sa parole. Elle prenait soin de lui et donnait toujours suite à ses souhaits. Elle
s'efforçait à déceler ce qu'il voulait. Elle respectait sa valeur et glorifiait sa personne. Elle respectait ses
droits sur elle. Elle ne disait que ce qui est véridique et elle promulguait souvent des conseils aux gens.
Elle conservait les principes de la religion ainsi que les moeurs des pieux. Elle éduquait ses enfants et ses
proches selon ces critères.
Elle les guidait selon la meilleure approche. Elle ne cessait de leur fournir des conseils et de les
couvrir de sa clémence. Elle citait abondamment des litanies et des prières sur le prophète distingué,

1 - À propos de ce sujet, l’érudit et gnostique sidi Mohamed Arbi ben Sayeh a dit dans son livre «boughyate al moustafid» (le
souhait du bénéficiaire) p 102: l’exploitation des êtres spirituels est généralement répréhensible par les religions, et les
sciences des vérités. C’est une mauvaise voie qui conduit les gens vers la perdition, qu’Allah nous en préserve. Cette
exploitation est loin d’être recherchée par des élus d’Allah comme le père du cheikh, satisfaction d’Allah sur lui.
En revanche, lorsque l’univers est soumis à un élu, qu’Allah a sélectionné et a préparé pour être accepté dans la plate forme
de sa proximité et de sa constatation, ces êtres spirituels vont lui être par conséquent soumis. Ceci fait partie des prodiges
des saints.
Mais, le vrai prodige est le renoncement et l’indifférence vis-à-vis de cette possibilité d’exploitation. Ce vrai prodige est
digne de l'élite de l’élite des serviteurs d’Allah, les pieux, les innocents. C’est cet état qui est le plus convenable à la station
du père du cheikh, satisfaction d’Allah sur lui. C’est l’état des gens qu’Allah a particularisé par la maîtrise des stations de la
certitude. Ils héritent cet état du maître des messagers et de l'imam des pieux, prière et salut d’Allah sur lui. Il lui a été
proposé de voir les montagnes de «Tihama» transformées en or et déplacées avec lui là où il se déplace, mais il n'a choisi
que la servitude et la nécessité auprès d’Allah.

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d'une manière régulière, jour et nuit. Qu'Allah, le tout puissant, le Très-Haut, qui pardonne sans limite,
la couvre de sa miséricorde et soit satisfait d'elle. Qu'il lui confère le paradis comme demeure et refuge.
Son nom est sayida Aïcha, fille du maître et élu glorieux, dignitaire de la grande bénédiction et des
lumières, Abi Abdallah Sidi Mohamed Ben Snoussi Tijani Madaoui. Qu'Allah le loge avec les bienfaiteurs
et qu'il le couvre de sa satisfaction et de sa faveur. Elle est morte, satisfaction d'Allah sur elle, le même
jour que son mari, par la peste. Ils ont été enterrés ensemble, à Ain Madi, à la date susmentionnée.
Les parents du cheikh, satisfaction d'Allah sur eux, ont d'autres enfants à part lui, satisfaction d'Allah
sur lui, garçons et filles, mais ils sont tous morts, clémence d'Allah sur eux, sauf Sidi Mohamed et sayida
Roqea, que le cheikh a dû prendre en charge.
Généalogie du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui1 : son grand-père paternel, satisfaction d'Allah sur
lui, est Sidi Al Mokhtar Ben Ahmed. Il est pur, droit, révérend, magnanime, soigné, respectueux, pieux et
loyal. Il était, qu'Allah l'ait en sa sainte miséricorde, agréable, bienfaisant, agréé, généreux, vertueux,
fidèle, parfait, de haute détermination, bien avisé, faisant partie des personnalités importantes et des
vertueux de son époque.
Il maintenait le contact avec ses proches. Il consolait et soutenait ses voisins et même les étrangers. Il
était très généreux et très pudique, satisfaction d'Allah sur lui. Qu'Allah le rende satisfait et lui confère le
paradis comme demeure.
Son bisaïeul est Abou Abbes, Sidi Ahmed Ben M'hammad. Il est pur, droit, révérend, grand érudit,
savant des savants et commandeur des commandeurs.
Sa valeur est grande et impose la révérence. Ses prodiges sont phénoménaux. Son comportement est
fort et sa providence est abondante. Il est d'une lumière éclatante, d'une guidance évidente, d'une
détermination solide, d'une clairvoyance correcte et d'une parole formelle. Il inspirait la crainte
révérencielle, le respect, la solennité, et la grandeur. Il était connu pour son renoncement au monde
d'ici-bas, sa piété et le commandement du bien.
Quant au trisaïeul du cheikh : c'est l'élu, le maître éminent et le dignitaire de la lumière apparente,
de l'attraction évidente, de l'amour sincère, de la détermination sans faille, de la confiance en Allah, de
la satisfaction vis-à-vis de tout ce qui émane de Lui, du droit chemin, et de la bonne éthique.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, nous a raconté que son grand-père, que nous venons
d'évoquer, avait une chambre interdite à autrui. Lui seul y avait accès. Lorsqu'il sortait de chez lui pour
aller à la mosquée, il couvrait son visage pour que personne ne puisse le voir. Il ne découvrait son visage
que dans la mosquée. Puis, à sa sortie de la mosquée, il remettait le voile sur son visage jusqu'à ce qu'il
rejoigne le lieu de sa retraite spirituelle. J'ai interrogé le cheikh sur la raison de cette couverture du
visage. Il m'a répondu, satisfaction d'Allah sur lui : "Il a sans doute accédé à un certain rang de la
sainteté (élection).Celui qui occupe ce rang attire vers lui tous ceux qui le voient ; ceux-ci ne peuvent

1 - Concernant les aïeuls de notre maître le cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, l’érudit et gnostique sidi Mohamed Arbi ben
Sayeh a dit dans son livre «boughyate al moustafid» (le souhait du bénéficiaire) p 101 : En somme, tous les aïeuls du cheikh
étaient des savants, des dévots, des pieux et des ascètes. Ils étaient connus à Ain Madi par leur grande sainteté. Mais, vu
leur suivi ardent de la conduite prophétique, leur sainteté était dissimulé derrière leur savoir. Seul l’élite les considérait en
tant que saints. Les gens du commun les considéraient comme étant des érudits et des savants.
L’ex sultan du Maroc Moulay Abdelhafid ALAOUI a fait l’éloge des aïeuls du cheikh sidi Ahmed Tijani satisfaction d’Allah sur
lui. Il a dit dans son livre «Al jamia al irfaniya fi chourouti wa joulli fadaili ahli tariqa Tidjaniya» (le recueil gnostique des
conditions et de la plupart des mérites des gens de la voie Tidjaniya) :
Aicha la pure, elle a édifié les repères de la dévotion
En donnant naissance à l’érudit clairvoyant, cheikh des cheikhs dignes de l’exaltation
Fils du brave vertueux M’hammed le seigneurial
le doté de l’ouverture spirituelle et de l’anéantissement astral
De l’indulgence, de la piété et de la chasteté
De l’ascèse, de la crainte de Dieu, et de l’équité
Lui-même fils du noble, du gnostique et de l’élu
Celui qui déborde d’afflux en sciences et en secrets absolus
Fils de Ahmed le bienfaisant, celui qui invoque Allah à l’aube et à l’extrême
Fils du sublime, du brave, et de l’érudit notre maître Mohamed ben salem

-78-
plus se séparer de lui, le moindre instant. Ils risquent même la mort subite au cas où le détenteur de ce
rang spirituel ne leur permet pas de le voir".
Cet élu a atteint ce secret grâce à sa connaissance et sa perception de soixante-douze sciences parmi
les sciences mohammadiennes (sciences réservées au prophète, prière et salut d'Allah sur lui, et par
lesquelles il se distingue). Il a occupé ce rang pendant vingt-trois ans. Il couvrait son visage pour la raison
susmentionnée. J'ai alors dit au maître, satisfaction d'Allah sur lui : est-ce que ce rang est spécifique aux
«clés des trésors»1 (mafatih al kounouz) ou peut-il être occupé par d'autres élus ?
Il m'a répondu, satisfaction d'Allah sur lui : cet état décrit est plutôt valable pour les autres
gnostiques. Le pôle et «les clés des trésors», quant à eux, ils ne se cachent pas, à cause de leur
perfection.
Cet homme, satisfaction d'Allah sur lui, est le premier ancêtre qui est arrivé à Aïn Madi. Il avait pris ce
village pour patrie. Il a bâti sa vie avec les habitants de cette localité, en se mariant avec une fille des
leurs. Les parents de la fille appelés Tijanis sont alors devenus les oncles maternels du cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui.
Voilà pourquoi la famille du cheikh s'appelle «Tidjani». Elle ne comporte pas dans sa désignation la
mention de «Ain Madi», mais plutôt le nom de famille des gendres «Tidjani». C'est ce nom qui va être
propagé par la suite et qui va dominer.
Quant à la généalogie du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui : il a été authentifié qu'elle est
chérifienne. Elle remonte à Moulay Mohamed, surnommé "Nafs Zakia" (fils de Moulay Abdellah Al
Kamel), fils de Moulay Hassan Mouthanna, fils de Moulay Hassan Sebt, fils de Sidna Ali, satisfaction
d'Allah sur eux. Cette généalogie est mentionnée dans les archives des ancêtres. Mais étant donné le
sérieux et l'assiduité du cheikh, il n'a pas donné d'importance à ces écrits.
Il ne s'est pas suffi de ce qui était mentionné comme parents et grands-parents, ni de ce qui était
écrit et dicté par les grandes personnalités de la famille et l’élite parmi les élus d’Allah. Mais, il a
interrogé le maître de l'univers, le repère des témoins, prière et salut d'Allah sur lui, sur chaque
personne qui a existé, ayant un lien avec sa généalogie, si elle fait partie des fils et des descendants du
prophète, de sa famille et de ses petits fils.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, lui a répondu, en disant : tu es vraiment mon fils, tu es
vraiment mon fils, tu es vraiment mon fils (trois fois). Il lui a dit : ta généalogie est authentique et
remonte à Hassan Ben Ali.
Cette question a été posée par notre maître, satisfaction d'Allah sur lui, au maître de l'univers, à
l'état d'éveil et non pas de rêve. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, lui a annoncé de bonnes
nouvelles à propos de grands événements. Qu'Allah prie sur le prophète, le salue, lui accorde honneur,
hospitalité, gloire et sublimité.
Quant à la famille proche du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, elle est constituée des fils de Sidi
M'hamed (père du cheikh), satisfaction d'Allah sur lui, il s'agit de:
• Sidi Mohamed, surnommé Ben Omar : c'est le frère du cheikh, du même père, Sidi
M'hamed, satisfaction d'Allah sur lui. Il a appris le Saint Coran par cœur. Et il a pris part dans

1 - À propos des clés des trésors, l’érudit et gnostique sidi Mohamed Arbi ben Sayeh a dit dans son livre «boughyate al
moustafid» (le souhait du bénéficiaire) : ce sont les grands singuliers qui peuvent être en dehors du pouvoir du pôle. L’érudit
sidi Ahmed ben Ayachi Skiredj a dit : Les clés des trésors sont connues par le titre «les singuliers», ce sont des élus qui
peuvent sortir du cadre du pouvoir du pôle, mais ils n’ont pas de pouvoir sur autrui sauf s’ils utilisent des moyens pour cela
comme «les particularités des noms» par exemple. Ces clés de trésors peuvent être des hommes, des femmes et même des
androgynes.
Notre cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, a dit à propos de la station des clés des trésors : parmi eux on compte sidi
Abderrahmane Chami, qu’Allah sanctifie son précieux secret. Leur nombre en chaque époque est de 114 qui est égale au
nombre des sourates du coran. Ils sont dotés de l’ouverture concernant les significations des sourates. Chacun d’entre eux
est spécialisé en une sourate, s’il passe à une autre sourate, une autre personne va hériter de sa place ; les stations ne
doivent pas rester vacantes.

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différentes sciences de la "charia" (loi religieuse) avant de se spécialiser dans les devoirs
religieux et les mathématiques. Il est décédé, clémence d'Allah sur lui, à Aïn Madi, en ...1
• La sœur du cheikh, sayida "Roqea", satisfaction d'Allah sur elle: Elle est plus âgée que lui.
Lorsqu'elle venait chez lui pour lui rendre visite, il la recevait aimablement, la consolait et la
rendait satisfaite jusqu'à son retour à sa ville Aïn Madi. Elle est morte, satisfaction d'Allah
sur elle, en ...
Elle a laissé un fils nommé Abdallah. Celui-ci a bien appris le Coran et a pris part dans différentes
sciences, en particulier les mathématiques. C'est l'un des compagnons du cheikh. Il a directement appris
de lui. Au moment de l'écriture du présent livre, l'auteur précise que ce neveu du cheikh est toujours en
vie à Aïn Madi. Voilà la famille proche du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
D'une manière générale, tous les fils de Sidi M'hamed, satisfaction d'Allah sur lui, ont reçu une très
bonne éducation. Ils étaient d'un comportement exemplaire, d'une conduite typique et en bonne forme
physiquement.
Ils se conduisaient selon l'éducation du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, en abandonnant les
mauvaises habitudes traditionnelles, les protocoles inutiles et en adoptant la modestie en eux-mêmes et
l'élévation de leur détermination par rapport à leurs semblables. Ils se sont inspirés de la conduite de
leur père. Ils ont appris de son éthique. Ils ont suivi sa voie et ont maintenu son authenticité.
Allah dit : "Ceux qui auront cru et que leurs descendants auront suivis dans la foi, Nous ferons que
leurs descendants les rejoignent" (sourate At-Tur - verset 121). Allah, le Très-Haut, récompense ses
serviteurs selon l'ampleur de leurs actes et leurs intentions. Qu'il leur amplifie son offre, à partir de Sa
largesse. Qu'il soit leur aide, de par sa faveur et sa générosité.

PARTIE II : LA NAISSANCE DU CHEIKH, SES DÉBUTS ET SES EFFORTS


Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, m'a dit qu'il était né en 1150 H, à Aïn Madi. C'est sa ville natale
et c'est le lieu qui se rapporte à ses ancêtres, satisfaction d'Allah sur lui et sur eux, comme nous l'avons
déjà mentionné à la partie I de ce chapitre.
Le cheikh est l'enfant médian de ses parents. C'est le détenteur de la gloire et de la fierté des
membres de sa famille. C'est le couronnement de leur gloire. C'est la perle de leur collier. C'est par lui
que leur heur a été honoré et leur longue providence a été prolongée. Allah a complété, par lui, un cycle
de leur système couronné par un arrière-goût de musc.
Le cheikh a grandi dans la vertu, satisfaction d'Allah sur lui, entre les mains de ses parents vertueux,
comme on l'a déjà mentionné. Il a été bien éduqué et bien formé par eux, comme tous les parents
clairvoyants. Il a donc vécu sa croissance en chasteté et sauvegarde, en piété et religion, tout en ayant
une âme chaste, une détermination élevée, et des éthiques de grande valeur. Il était protégé par la
diligence divine, couvert par le parrainage d'Allah. Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, n’accorde
aucune importance aux traditions connues par les gens ni aux objets avec lesquels ils ont pris l'habitude
de vivre.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, était, depuis son enfance, d'une détermination tranchante et
d'une forte assurance sur tout ce qu'il fait. S'il s'intéressait à quelque chose, il l'entamait sur-le- champ
et ne s'arrêtait que lorsqu'il la terminait. Lorsque sa détermination s'attache à quelque chose, quelle
qu'elle soit, il ne se sent tranquille et ne se calme que lorsqu'il obtient ce qu'il veut ou lorsqu'il dépasse
même ce qu'il souhaite obtenir.
Un jour, je l'ai entendu dire : "par nature, lorsque je commence quelque chose, je ne recule pas et je
ne m'arrête que lorsque je la termine". Sa détermination tourne autour des grandes choses, sans se
satisfaire de ce qui est bas. Il se qualifie, comme dans les vers suivants :
Si je n'ai plus aucune envie de faire quelque chose,

1 -Les dates de décès de sidi Ben omar et de sa sœur sayida Roqea n’ont pas été mentionnées dans le texte d’origine.

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je n'y reviens jamais, et ce jusqu'à la fin du cosmos.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, dispose donc d'une détermination qui dépasse toute autre
détermination et d'un engagement qui la suit. Il ne laisse pas échapper ce qui est à sa portée. Il refuse
de se tromper de voie. Il est d'un grand courage intrinsèque. Son secours aux autres est important.
Parmi ses valeurs morales les plus remarquables, on cite la grande largesse, la générosité dans les dons,
le parachèvement des droits de ses proches et de sa famille, le traitement en égal de ses subordonnés,
la bienfaisance envers les pauvres et la présentation de sa dilection aux religieux.
La chasteté et la haute détermination sont devenues chez lui des valeurs morales qui lui sont
intrinsèques. Ces valeurs sont sa nature et sa maîtrise. L'argent ne s'accumule pas dans sa poche et ne
reste pas chez lui pour longtemps avant d'être dépensé. Ceci me rappelle les vers suivants :
Le dirham ne s'est jamais habitué à son portefeuille.
Il l'a toujours traversé en un clin d'œil.
Je parlerai de la générosité du cheikh, et je montrerai son comportement hospitalier, ultérieurement
dans ce livre, s'il plaît à Dieu.
Description physique du cheikh, qu'Allah le protège et le sauvegarde : sa peau est blanche
rougeâtre. Sa taille est moyenne. Ses cheveux blancs sont éclairés. Sa voix est sonore, d'un air splendide.
Sa valeur est élevée. Sa logique est douce. Sa langue est éloquente. Il exprime clairement ce qu'il veut.
Il est connu, à son époque, parmi ceux qui mémorisent bien les sciences. Il est le meilleur lorsqu'il
discute. Il s'adapte à la discussion d'une manière cohérente. En sa présence, on le craint et l'on a, à son
égard, une sensation de sublimité, de respect, de pudeur, de solennité et de fierté. Depuis son jeune
âge, il a, satisfaction d'Allah sur lui, un intellect complet, une forte intelligence, une perforante
compréhension, une importante clairvoyance et de puissantes idées. Il comprend tout, et rien ne lui
échappe concernant les sens des phrases, ceci est dû à la lumière divine qu'Allah a injectée dans son
secret.
Il n’a jamais été piégé, depuis son existence, et rien ne le dépasse, quel qu'il soit. Il comprend ce qu'il
veut rien qu'en se concentrant, sans instruction, grâce à sa forte intelligence et à son intense
compréhension.
Des témoins précisent que ces caractéristiques lui sont intrinsèques et naturelles. Elles sont dues à
l'ampleur et à la perfection de son intellect, de sorte que personne ne peut réussir s'il le concurrence. En
résumé, sa raison parfaite, sa grande compréhension et sa faculté à distinguer les subtilités des choses
éblouissent les intellects et sortent du cadre de l'ordinaire. L'explication de ceci risque d'être trop
longue.
Lorsqu'Allah veut rendre quelqu'un habilité à faire quelque chose, il le prépare pour le destin qui
l'attend et pour les spécificités et le mérite qu'il veut lui attribuer. Allah complète d'abord ses traits et
son éthique et montre ensuite ses qualités et ses fiertés. C'est ainsi que son intellect devient complet
pour distinguer entre les choses et pour se préparer au rang de l'intellect spécifié et digne d'être exposé.
Les débuts indiquent les résultats et les commencements sont des titres qui intitulent les fins.
Dès sa puberté, satisfaction d'Allah sur lui, son père, Sidi M'hamed, satisfaction d'Allah sur lui, l'a
marié, sans indolence, afin de prendre soin de lui, de sauvegarder sa réputation et d’appliquer la
recommandation prophétique qui incite au mariage. Il a été marié, satisfaction d'Allah sur lui, le ...1
Le cheikh est resté avec son père jusqu'à la mort de ce dernier, clémence d'Allah sur lui. Il a ainsi
bénéficié de la bénédiction parentale et a obtenu une part importante de vertus et de religiosité, ainsi
que différentes utilités dans la voie et un ensemble de bienséances. Satisfaction d'Allah sur eux. Amen.
Quant à son début dans la voie (soufie), satisfaction d'Allah sur lui, et au mode de son initiation
authentique. Lorsque son père est décédé, clémence d'Allah sur lui, il est resté à Aïn Madi et a continué
dans le même rythme concernant l'apprentissage des sciences, l'enseignement, le recueil des perles
scientifiques et l'enregistrement des connaissances.

1 - La date de mariage du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, n’a pas été mentionnée dans le texte d’origine.

-81-
Puis il a voyagé au Maroc, précisément à Fès et sa région, en 1171 H où il a suivi des séances de
Hadith. Il a continué à faire sa tournée dans le but de chercher et de rendre visite aux dignitaires du
bien, aux gens vertueux, aux gens de la religion et de la bonté. Il a enfin rencontré un homme connu par
la levée du voile, au Mont "Zebib".
Cet homme lui a fait signe de revenir à son pays. Il l'a informé qu'il va arriver à ce qu'il cherchait. Il
est parti alors rapidement en direction de son pays. Ensuite, il s'est dirigé vers la région nommée
"Abyad", au Sahara, où se trouve le mausolée célèbre du pôle Sidi Abdelqader Ben Mohamed, connu
sous le nom de "Sidi cheikh".
Il y est resté pendant cinq ans à s’occuper de la lecture, du culte et de l'enseignement. Durant cette
période, il est revenu à son pays, Aïn Madi, pour concrétiser le signe de l'élu susmentionné. Puis il est
retourné à sa place, à la zaouïa de sidi cheikh.
Puis il l'a quittée pour Tlemcen où il s'est adonné à l'ascèse, au culte et à l'enseignement de la
science, du hadith et de l'exégèse au profit des disciples. Il a alors reçu sa première inspiration dans ces
conditions et a senti quelque chose s'injecter dans son cœur. Différentes choses non ordinaires ont
commencé à lui paraître.
Il commence à prendre conscience de ce qu'Allah veut faire de lui, de par Sa diligence divine, et Sa
générosité débordante. Il a donc abandonné ce qu'il possédait. Sa haute détermination s'est attachée à
Allah, s'est soumise à lui, s'est arrêtée à sa porte et ne l’a plus quitté.
Il a donc coupé tous les liens avec les autres en dehors d'Allah. Puis il s'est vêtu de la robe du repentir
tout en retroussant ses manches. Allah lui a alors ouvert différentes portes qui le conduisent à lui. Il lui a
enlevé tout obstacle et tout voile.
Le cheikh s'est livré, par conséquent, complètement à Allah, en abandonnant tout ce qui est en
dehors de lui. Ceci a commencé en 1181 H.
Il a regroupé ses forces pour suivre la voie divine. Il ne cesse de fournir des efforts le long de son
parcours, tout en abandonnant sa propre volonté pour celle d'Allah et en se laissant conduire par Dieu.
Il a anéanti ses objectifs dans l’objectif et la volonté d’Allah. C'est ainsi qu'il s'est engagé à se réfugier à
sa porte divine et à grouper en lui tous ses objectifs et souhaits.
Il s'est consacré au rappel d'Allah et à la méditation. Il s'est réfugié dans les retraites spirituelles, les
cultes et dans tout ce qui rapproche d'Allah. C'est ainsi que se sont apparus en lui, depuis ses débuts, les
signes de l'ouverture spirituelle, ses lumières et diverses manifestations miraculeuses.
Son état ne cesse de se fortifier et de s'améliorer jusqu'à sa sortie de ce qui est usuel, habituel, assez
bien et même souhaité. Il ne lui reste aucune concupiscence qui pourrait l'occuper au détriment de son
objectif. Il manque alors aux gens, puisqu'il s'est livré complètement au "Roi, le Vrai".
Il se dirige vers Allah, tout en abandonnant autrui derrière lui. Il continue à progresser par sa
détermination. Son maître, Allah, l'attire vers sa présence et le couvre de sa diligence, sa largesse et sa
générosité. Il a enfin atteint les hauts rangs spirituels, ainsi que les stations les plus élevées. Il a réalisé
son vœu et son désir. "Et que tout aboutit, en vérité, vers ton Seigneur" (sourate An-Najm - l’étoile -
verset 42).
Le cheikh est qualifié de la bienséance dans la présence du Vrai, parce qu'il constate la largesse
d'Allah, ainsi que le rappel de ses aubaines. Pour avoir une idée sur sa bienséance sublime, sachez que:
Lorsqu'il a acquis ce qu'il a acquis comme états spirituels et il a obtenu son souhait et lorsque le signe
de l'afflux est apparu en lui, de telle manière qu'en parlant et qu'en raisonnant, les gens commencent à
sentir que le monothéisme et la connaissance d'Allah illuminent son intérieur; il a séduit alors tous ceux
qui le voient grâce à la splendeur de son apparition et de son aspect. Cette séduction couvre l'ensemble
de leurs cœurs, intellects et esprits.
Ces gens séduits par le cheikh ne peuvent qu'être bienséants à son égard lorsqu'il parle. Mais, quand
il a senti cette séduction et son influence sur ses frères et ses compagnons, il les a rembarrés, les a
repoussés, il s'est retiré et il s'est mis en colère contre eux.

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Les visiteurs venaient le voir de loin pour apprendre de lui, mais il refusait de jouer le rôle du
"professeur" et leur disait : "nous sommes égaux dans l'apprentissage ; je ne prétends pas être un
cheikh ; c'est une mauvaise innovation ; je n'ai pas plus de prestige que vous autres".
Lorsqu'il a devancé tout le monde en toute vertu, et lorsqu'il s'est vêtu, dans l'apparence et dans le
fond, d'habits de solennité, et lorsqu'il ne lui restait qu'un seul souhait à réaliser, qui n'est autre que le
pèlerinage au lieu sacré d'Allah. Sa détermination s'est alors intensifiée en pensant à la réalisation de ce
vœu et l'obtention de cette requête.
Le cheikh a été, en effet, toujours en train de guetter l'époque de son pèlerinage, son temps et le
moment de son arrivée. Il a alors commencé à œuvrer par assiduité et retroussement. Sa détermination
l'a redressée pour prendre sa voie. Il a commencé donc à se préparer pour son voyage, satisfaction
d'Allah sur lui, tout en laissant derrière lui les tribus et les familles.
Il n'a senti de tranquillité que lorsque son départ en pèlerinage est arrivé, qu’en visitant la tombe du
prophète (Paix et salut d'Allah sur lui), qu’en fréquentant les lieux saints, et qu’en se déplaçant entre
eux et les monuments. Son départ de la ville de Tlemcen a eu lieu en 1186 H.
Quant à ses efforts, satisfaction d'Allah sur lui, sachez qu'il n'y a pas de controverse entre les imams
de l'époque et ceux qui ont vécu avec lui, qu'il est un des élus, parmi les serviteurs de Dieu. Il a vécu
dans la soumission à Allah, depuis son jeune âge. Allah l'a guidé et l'a élu pour aller vers son droit
chemin.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, s'applique bien dans la religion et craint le seigneur des
mondes. C'est un parfait conservateur de la piété et de l'ascèse. Il continue à œuvrer dans ce sens. Il
s'éloigne de tout ce qui ne l'intéresse pas. Devant deux voies, il ne choisit que la meilleure. Mais après
son âge d'adolescence, la lumière de son cœur s'est intensifiée, le voile lui a été levé par son seigneur
qui lui a accordé le succès et l'a conduit à la recherche du secret divin qui n'implore qu'Allah Seul.
Il s'est occupé alors par la lecture des livres des soufis. Il s'est adonné à ces livres, à l'enseignement
des sciences soufies et à tout ce qui peut profiter aux disciples. Grâce à sa détermination, il a coupé avec
tout ce qui est en dehors d'Allah, tout en croyant en Lui, et en refusant tous les liens en dehors de Lui.
Il a rejeté derrière lui tous les obstacles. Ceci lui a conféré un ajout de lumière sur sa lumière et lui a
facilité la progression au rang des éminents. Il a accédé, satisfaction d'Allah sur lui, aux logis par leurs
portes et à la voie soufie par son entrée. Voilà comment il a mérité l'héritage prophétique et le
commandement. Personne n'a pu le devancer en son époque. On retrouve alors le vers qui dit :
Il est devenu le temps lui-même; on ne considère que sa parole et son envergure.
Personne parmi les créatures ne peut atteindre sa stature.
Studieux, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, s'est retroussé les manches et s'est isolé, en fuyant les
gens afin de s'occuper de ce qui le concerne en droits et devoirs divins, piété et crainte scrupuleuse de
Dieu.
Parfois, les visiteurs viennent le voir, mais son état de repliement sur lui-même1 l'empêchait de
rester avec eux. Si quelqu'un essaie de lui embrasser la main, il refuse et se sent gêné. Il n'aime pas trop
parler, satisfaction d'Allah sur lui, et il veille à ce qu'aucune calomnie, ni médisance, ni indiscrétion ne
soit prononcée en sa présence.
Quant à ses efforts concernant le jeûne, il a commencé à jeûner dès son jeune âge pendant de
longues journées. Il est assidu également dans la prière de la nuit depuis de nombreuses années, jusqu'à
maintenant, sans repos. Il trouve plutôt son repos en priant. Et son cœur retrouve dans la prière son
délice.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, sait d'une manière authentique que son âge est constitué de
l'ensemble de ses temps ; c'est son capital qu'il doit commercialiser afin d'arriver au bonheur éternel. Il

1 - Cet état arrivait au cheikh à ses débuts. En effet, quand l'élu subit les manifestations de la solennité, il est contraint à se
replier sur lui-même et à se livrer à Allah, le Très-Haut, sans se soucier des gens qui sont autour de lui, même s'ils sont très
nombreux.

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voit ses souffles comme des perles qui dépassent toutes les valeurs et qui ne doivent pas être
dépensées dans ce qui ne leur est pas destiné. Il a donc agi.
On se dépêche, on se dépêche, en parlant et en agissant.
Il faut se méfier de la contrariété de celui qui a été dépassé.
La persévérance dans l'obéissance de Dieu et les efforts fournis dans cette obéissance n'émanent
que de celui qui est installé dans la présence de Dieu le créateur et qui la constate. Ceux qui sont élus
par Allah afin de le servir et dont les intérieurs ont été éclairés par Lui par la lumière de sa connaissance,
ceux-ci ont des cœurs forts et se dépêchent pour réaliser ce que leur maître leur demande de faire,
avant qu'il ne soit trop tard.
Ces gens-là sont engagés et soumis. Ils glorifient Allah jour et nuit sans cesse. Ils ne négligent rien de
ce que Dieu leur demande de faire. Sachant que le maître (Dieu) les contrôle, ils serrent alors leurs
ceintures et s'occupent de ce qui est nécessaire.
Je dis que le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, fait partie des gens dont toute nuit est aussi
importante que la nuit d'AI-Qadr. Il est effectivement de ceux qui appliquent les règles divines et la
charia (loi islamique) avec une lumière divine, sans qu'il soit influencé par quiconque qui le blâme. Que
peut-on dire d'un homme qu'Allah a élu et a sélectionné, a ornementé de ses attributs et a choisi, a
spécifié de sa connaissance et a satisfait ? L'éloge reste restreint devant ses qualités. Il dépasse en effet
la description que peut formuler la langue. Sa vérité dépasse l'expression de la pensée et du cœur. Il
s'agit, en fait, de ce qu'a désigné le poète, quand il a dit :
Alors que la mer déborde puis-je la délimiter?
Les particules de la terre et les astres puis-je les compter?
Ceux dont les attributs sont parfaits, les actes sont satisfaisants et l'équité est sublime ne peuvent
pas sentir le manque de quiconque sauf celui d'Allah ; ils ne peuvent constater dans le "Royaume"
qu'Allah. Ils déclament :
La doctrine que j'emprunte en amour,
je ne m'en écarterai point, et si jamais un jour
je dévie de mon opinion,
c'est que je me suis séparé de ma religion.
Si, par oubli, une volonté qui vise autre que toi, m'est parvenue à la tête
je conclurai alors que je suis tombé dans l'apostasie sans conteste.
C'est autour de ceci que les gnostiques, satisfaction d'Allah sur eux, tournent, tirent profit,
fournissent des efforts du fond de leurs cœurs et n'épargnent pas leur temps. Ils savent ce qu'ils visent,
voilà pourquoi ils ne donnent aucune importance à ce qu'ils abandonnent. Celui qui demande la main de
la "belle" ne trouve pas que sa dot soit chère. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a insisté sur ce
conseil et a sensibilisé les gens pour qu'ils fassent attention. En effet, d'après Ben Abbes, satisfaction
d'Allah sur lui et sur son père, il a écouté le prophète dire, prière et salut d'Allah sur lui :
O, hommes. L'espoir, si petit soit-il, doit devancer «l'expiration du délai». Le délai délimite le cadre
de l'action. On distingue par conséquent ceux qui sont satisfaits grâce à ce qu'ils ont abandonné; et ceux
qui sont tristes et dans le regret à cause de ce qu'ils ont perdu. O, hommes. La cupidité est une
pauvreté. Le désespoir est une richesse1. La sobriété est un repos. L'isolement est un culte. Le travail est
un trésor. La vie est un métal.
Je vous jure, rien ne me satisfait de ce qui s'est passé de votre vie ici-bas! Ce n'est même pas
l'équivalent du bas des bords de ma djellaba. Ce qui reste de cette vie par rapport à ce qui s'y est déjà
passé ressemble à un petit volume d'eau qui reste et qui coule (vite). Le tout tend vers un néant certain
et vers un épuisement proche. Agissez donc vite avant qu'il ne soit trop tard et que le regret ne vous soit
d'aucune utilité.

1 -Quand le serviteur désespère de tout autrui à part Allah, il devient riche par son Seigneur.

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D'après "Ataâ Ben Yazid Layti", d'après "Abi Ayoub Ansari" qui a dit j'ai écouté le prophète dire,
prière et salut d'Allah sur lui : Adoucissez vos âmes par l'obéissance. Mettez sur elles les masques de la
crainte. Œuvrez pour votre monde de l'au-delà, pour votre propre intérêt. Que le but de votre conduite
soit pour votre demeure finale stable. Sachez que vous allez bientôt quitter ce monde en allant vers
Allah.
Rien ne vous sera d’une quelconque utilité dans l'au-delà sauf un acte vertueux que vous effectuez
ici-bas, ou une bonne récompense que vous obtenez (durant votre vie). Vous allez parcourir ce que vous
avez effectué. Vous allez passer en revue ce que vous avez déjà fait. Il ne faut pas que le décor du
monde d'ici-bas vous trompe et vous préoccupe au détriment de hauts rangs et de paradis éminents.
C'est comme si le masque est dévoilé, le doute est levé et que chacun retrouve sa stabilité et connaît sa
demeure finale. Fin, à partir de certains hadiths issus du livre "quarantaines". Qu'Allah couvre de sa
clémence le cheikh Imam "Ismaïl Ben Moqri Yamani", l'écrivain du livre "Raoud" (le jardin), qui a dit dans
ce livre, ces vers issus de son poème unique et mystérieux:
Jusqu'à quand allez-vous rester dans la joie et dans l'insouciance ?
Jusqu'à quand allez-vous rester endormi, sans éveiller vos consciences ?
Il a perdu une heure de son existence.
Si elle est vendue, elle coûtera le ciel et la terre. Oh quelle décadence!
Comment dépensez-vous tout ceci
en suivant cette chose qui ne coûte, pour Allah le créateur du
mouvement et de l'inertie
même pas l'aile d'un moustique ? quelle ineptie !
Comment vous contentez-vous de vivre une vie bestiale, au lieu d'une vie de bonheur avec l'élite
supérieure méritoire ? Quelle perle jetée dans les poubelles, que c'est anormal !
Quel diamant vendu à un prix dérisoire !
Comment achetez-vous, pour des bagatelles, un court instant au prix de ce qui est permanent, une
indignation au prix d'un contentement, et un enfer au prix de la béatitude éternelle ?
Êtes-vous ennemi ou ami de vous-même ? Je persiste.
Vous êtes en train de vous faire du mai par toutes sortes de sinistres!
Si les ennemis vous avaient un peu malmené
de la même manière que vous vous êtes maltraité
ils auraient éprouvé de la miséricorde et de la compassion.
Vous avez vendu votre propre âme à bas prix ; quelle
affliction!
Pour vous Votre âme n'est donc pas importante ?
Si vous êtes un «gentilhomme» et fils d'une mère noble et croyante.
Revenez donc, ne vous dénoncez pas devant des déposants. Entre les mains de votre âme, il y a
une station et un plan, sur laquelle sera comptée la moindre particule.
Vous êtes responsable de votre propre âme dans cette création
où elle est très vaniteuse et incrédule.
Elle trompe celui à qui elle donne des suggestions.
Si elle se dirige vers vous sachez qu'elle s'éloigne de vous et si elle montre de la bienfaisance,
sachez que c'est, en fait, une insuffisance.
Si elle vous paraît limpide, croyez bien qu'elle n'est que trouble confus.
Si vous obtenez la fortune de «Qaroun», vous n'auriez alors obtenu
qu'une bouchée dans votre bouche et un tissu.
Supposons même que vous avez atteint dans ce monde la royauté.
Est-ce que la mort ne l'arrachera-t-elle pas à vous ? Abandonnez donc ce monde et ses
personnalités. Contentez-vous de prendre quelque chose pour vous.

-85-
Ce que vous prenez pour vous-même est bien le vrai butin.
Ne soyez pas joyeux ici-bas, même pas une heure comme les êtres mondains.
Sinon, cette heure vous reviendra par des chagrins de longue durée.
Même si vous vivez pendant mille ans, votre vie s'achèvera un jour.
Elle sera alors similaire à un séjour qui n'a duré qu'une nuit et un jour.
Je vous conseille donc la piété par rapport à laquelle vous serez récompensé.
Rappelez-vous que vous êtes encore dans le divertissement et dans l'insouciance.
Fin, le but est déjà atteint de ce poème. J'ai bien voulu apporter ce témoignage, car il est adapté à ce
contexte. En effet, ce poème est un ensemble de conseils et de rappels. Qu'Allah nous fasse bénéficier
d'eux, ici-bas et dans l'au-delà. Amen.
Il a été dit que la première chose que les gens dignes du paradis voient dans le paradis est l'écrit
suivant :
Voilà la joie à la suite des afflictions.
Voilà l'aubaine à la suite des peines.
Il n'y a pas de repos sauf après une désolation.
Peine donc; tu trouveras le repos qui te protégera de manière certaine.
Il est dit que les rangs du paradis sont attribués selon les œuvres effectuées ici-bas. Celui qui
augmente ses œuvres gagnera plus. Celui qui diminue sa production aura moins. Mais Allah, gloire à lui,
donne à ses serviteurs, selon sa volonté, dans la demeure de sa générosité, ce qui paraît inimaginable, à
partir de sa largesse et son hospitalité. C'est lui l'Acteur-Sélectionneur. Personne ne peut lui demander
de compte sur ce qu'il fait, gloire et solennité à lui.
Allah dit : "Tel est le Paradis qu'on vous fait hériter pour ce que vous faisiez" (Sourate Azzukhruf -
l’ornement - verset 72). Allah dit aussi : "Voilà le Paradis dont Nous ferons hériter ceux de Nos
serviteurs qui auront été pieux" (Sourate Maryam - Marie - verset 63). Les versets qui présentent cette
signification sont nombreux.
Cependant, celui qui souhaite parcourir la voie des soufis, doit savoir qu'il ne peut pas sentir son
odeur, que s'il fournit les efforts nécessaires, tout en ayant la volonté et la détermination. Il faut
abandonner les traditions et tout ce qui est attirant. Il faut couper les liens, enlever les obstacles et
abandonner ce qui est en dehors d'Allah. Le cheikh "Zarrouq", satisfaction d'Allah sur lui, a dit : "le
soufisme consiste à ne voir dans l'univers que toi et ton seigneur".
"Al Jounayd" a été interrogé, satisfaction d'Allah sur lui: comment peut-on arriver à se consacrer à
Allah, le Très-Haut? Il a répondu :
• Il faut un repentir qui t'empêche de refaire les mêmes péchés.
• Une crainte qui t'empêche de reporter tes engagements.
• Un espoir qui te pousse à réaliser les bonnes actions.
• Et une humiliation de l'âme en lui rappelant qu'elle est proche de la fin de sa vie et qu'elle est
encore très loin de toutes ses aspirations.
On l'a interrogé : comment peut-on arriver là ? Il a répondu : par un cœur singulier, qui renferme un
monothéisme dépouillé.
"Abou Saïd Al Kharaz", satisfaction d'Allah sur lui, a dit : la connaissance d'Allah (la gnose) atteint le
cœur à partir de deux faces: la générosité et l'assiduité (les efforts). Lorsqu'Allah sait que son serviteur
est sincère, il lui ouvre les coffres de son mystère et le rend digne de sa proximité et de son parti. Allah
dit : "Et quant à ceux qui luttent pour Notre cause, Nous les guiderons certes sur Nos sentiers, Allah
est en vérité avec les bienfaisants" (Sourate Al Ankabut - l’araignée - verset 69).
Sachez, clémence d'Allah sur vous, que celui qui dispose d'une grande détermination, ne peut être
satisfait que de rangs éminents. Il fuit le reste des rangs, quelles que soient les circonstances. L'énergie
de la clairvoyance qu'Allah a mis dans son cœur le pousse en effet à détester tout ce qui est bas et lié à
la bassesse. Il est toujours dans la position de l'élévation et de la progression.

-86-
Tout ceci émane de la largesse d'Allah accordée à son serviteur. Celui qui veut arriver à son maître,
triomphe et gagne l'aubaine éternelle, la vue de la noble face d'Allah, ainsi que le délice dans le monde
d'ici-bas par la connaissance et la foi et dans l'autre monde par une levée de voile et une constatation
directe des mystères.
Voilà la règle de la conduite de nos maîtres, les soufis. Ils sont les plus minutieux dans le suivi de la
conduite du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. C'est ainsi qu'ils prennent leurs chemins vers Allah
et qu'ils abandonnent tout ce qui est en dehors de lui. C'est aussi le cas de notre cheikh et imam, Abou
Abbes, satisfaction d'Allah sur lui, qui a groupé et la détermination éminente, et la sauvegarde du sacré
et l'engagement résolu.
Tout soufi authentique doit suivre la conduite droite des vrais soufis. Il doit se caractériser de leurs
valeurs morales. Il est clair que l'indice qui montre qu'une personne bénéficie d'une autre réside dans
son suivi (dans les actes et dans les paroles).
Le résultat d'une détermination éminente apparaît, extérieurement, sous forme de travail sérieux et
de sauvegarde du sacré. Celui qui remercie l'aubaine la gère dans l'obéissance du bienfaiteur
permanent. Selon l'ampleur de la détermination, les engagements apparaissent.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, fait partie de ceux qui fournissent des efforts pour obéir à Dieu,
et de ceux qui demandent le savoir, depuis leur enfance, afin d'obéir à Allah et l'adorer. Il n'œuvre pas
pour atteindre une concupiscence. Il agit, plutôt, depuis son enfance, dans le but d'authentifier son
repentir selon les conditions exigées par sa voie soufie, c'est-à-dire tout en conservant la "charia" (loi
islamique) et ses règles, en abandonnant sa volonté et en coupant les opportunités et les liens qui
mènent en dehors d'Allah. Le cheikh s'est complètement livré à Allah, tout en respectant ses droits
divins. Les vérités lui ont été alors décelées.
Il œuvre en oubliant les permissions et les interprétations qui peuvent alléger ses préoccupations. Il
n'épargne aucun effort, en tout moment. Il se contrôle afin d'éviter de se mêler de ce qui ne le concerne
pas. Il s'attache au livre Saint, à la conduite prophétique et à la conduite des prédécesseurs de cette
communauté. Il se dirige tout entier vers son maître. Le maître s'est occupé alors de lui, et il lui a suffi. Il
a fondé son édifice sur la piété et la satisfaction divine. En effet, il s'est occupé, tout d'abord, de la
science, du Hadith et du Coran. Il a approfondi ensuite ses études dans les sciences mystérieuses et les
notions de précision. Il s'est efforcé à être droit et ascète, tout en se désespérant de tout être créé et
tout en ne comptant que sur son créateur.
Il a fermé les yeux et a évité de voir les univers, dans leur ensemble et leurs détails. Il s'est adonné
complètement à son maître et s'est consacré totalement à lui. Il a acquis l'éthique des ascètes et des
adorateurs. Aucun souci ne l'a occupé au détriment d'Allah. Il s'est consacré au service d'Allah, tout en
abandonnant par le cœur, tout ce qui paraît urgent. C'est le cas de véridiques dont les actes sont purs,
les orientations sont sincères et les bonnes actions sont oubliées (quand ils font une bonne action, ils
l'oublient), car ils constatent le Grand, et le Sublime.
En somme, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, est l'un des plus grands imams de son époque. Les
savants le vénèrent et le respectent tous unanimement. Il est à leur tête en tant que maître et savant.
On se réfère à lui pour l'éducation des disciples, l'instruction des adeptes et le décèlement de leurs
problèmes et de leurs états. Personne de nos jours n'est arrivé à atteindre son niveau. Le cheikh est
noble dans son éthique, diligent dans ses attributs, parfait dans sa bienséance, glorieux dans son
importance et fécond dans sa raison. Il est qualifié d'un sourire permanent, d'une grande simplicité,
d'une modestie remarquable et d'une intense pudeur. Il applique les règles de la loi musulmane et la
bienséance de la conduite prophétique. Il aime les gens vertueux, dignes de la largesse. Il est généreux
envers les dignitaires de la science. Il sait où il met le pied. La passion ne le fait pas dévier du droit
chemin.
J'invoque Allah qu'il nous accorde la fin qu'il a accordée à ses élus. Qu'il fasse du jour de sa
rencontre, le meilleur et le plus heureux de nos jours. Nous l'invoquons par la grâce et le prestige qu'il a
accordés à l'élite de ses élus et au choisi de ses messagers, prière et salut d'Allah sur lui, sur sa famille
proche et sur ses compagnons, jusqu'au jour de sa rencontre.

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PARTIE III : SON AFFILIATION AU CHEMIN DE LA RAISON ET DE LA GUIDANCE
Sachez que la connaissance du cheikh est l'une des plus grandes priorités chez le disciple. Il s'agit de
connaître la personne qui va vous assurer la guidance et vous prêter le soin attentif et la diligence, par
permission d'Allah, le Très-Haut.
Cette personne est en fait votre père qui va vous donner naissance. Ce père est prioritaire par
rapport à tout proche de la famille et à tout lien biologique. En effet, il est la cause de votre réelle
existence et des renforts spirituels qui vous confèrent le bonheur.
Il est la cause de votre sortie :
• Du néant, qui est l'ignorance. Et votre passage à l'état de l'existence, qui est la
connaissance.
• De l'état d'un insouciant, refoulé. Et votre passage à l'état d'un être bien orienté, accepté.
• D'un lieu d'égarement. Et votre passage à une situation de guidance.
• Des ténèbres des réfractions et de la désobéissance. Et votre passage aux lumières du suivi
et de la satisfaction.
• De la position de l'antipathie et de l'éloignement. Et votre passage à l'égide du
rapprochement et de la dilection.
• Du seuil de la coupure. Et votre passage au rang valeureux de l'amour.
• Du lieu de l'association et des pairs égaux. Et votre passage à la station de l'unicité et de
l'unité.
Il vous transfère d'une existence matérielle à une existence pure, d'une existence liée à l'âme à une
existence miséricordieuse et d'une existence similaire au néant à une existence stable et éternelle. Cet
homme (le père spirituel) vous a donc placé en ces éminentes positions. La lumière de la vérité qui se
dégage de lui vous resplendit, vous rend un vrai monothéiste et vous accorde un succès éternel.
Grâce à lui, vous bénéficiez d'une nouvelle naissance plus significative et plus intéressante que celle
qui a été assurée biologiquement. Cette nouvelle naissance est prioritaire, elle exige de votre part plus
de diligence et plus d'intérêt. Elle est plus prestigieuse que la naissance biologique et plus rapide en tant
que voie qui conduit à la vérité. Ceci nous rappelle les vers prononcés par Ibn Al- Fared, satisfaction
d'Allah sur lui :
Dans la loi de la passion,
mes liens avec mes condisciples spirituels sont éminents, car
pour moi ils étincellent
plus que les liens naturels de filiation.
La connaissance du "père spirituel" est donc prioritaire. L’imam Chaarani, satisfaction d'Allah sur lui,
a dit : la désignation du père est un devoir. Le lien de parenté ne doit pas être ignoré. Il est grave que
l'enfant ou que quelqu'un d'autre de son entourage considère une tierce personne comme étant son
père, alors que ce n'est pas vrai. Ceci conduit au risque de l'anathématisation selon le hadith suivant :
"celui qui prétend avoir un père qui n'est pas le sien, ou un enfant qui n'est pas le sien, qu'il soit
anathématisé par Dieu, par les anges et par tous les hommes".
Celui qui ne connaît pas son père dans sa voie vers Allah n'est qu'un menteur (qui prétend être
soufi), d'après les règles de l'authentification. C'est pour cela que nous voyons les cheikhs soucieux de
préciser leurs maîtres spirituels, plutôt que leurs parents biologiques. Ils montrent ainsi leurs rangs, car
les rangs et la proximité diffèrent.
En effet, la connaissance de la valeur du cheikh est un signe pour déterminer la valeur et
l'importance du disciple. C'est une preuve qui informe sur l'ampleur des providences qui peuvent lui
être fournies, ainsi que sur la force de son état et de son ouverture spirituelle. C'est selon le degré de
l'ouverture du cheikh qu'on peut prévoir l'ouverture du disciple. C'est aussi selon la force de l’état du
cheikh et selon l'énergie de son éducation qu'on peut prévoir le degré de l'éducation du disciple.

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Voilà pourquoi le cheikh parfait, le pôle universel, Moulay Abdelqader Jilani, satisfaction d'Allah sur
lui, a dit : "Un œuf de chez nous compte pour mille, et notre poussin dépasse toute estimation de
valeur". On ne peut pas connaître cette valeur sans avoir connu l'identité du cheikh en détail.
Aussi, est-il judicieux de s'intéresser aux cheikhs de notre maître, satisfaction d'Allah sur lui. La
connaissance de leur importance permet d'élucider la valeur de notre maître. Voilà donc l'objet de ce
chapitre, dans lequel, je vais me contenter de donner un aperçu sur ses cheikhs. Qu'Allah nous accorde
succès. Je dis alors, tout en sollicitant le succès d'Allah :
La première personnalité soufie éminente que le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a rencontrée, lors
de son déplacement à Fès et ses régions, est le grand élu, le pôle célèbre, le noble pur, l'honorable
maître, le détenteur des prodiges célèbres et de grands mérites somptueux, Moulay Tayeb Ben
Mohamed Ben Abdallah Ben Brahim Yamlahi Alami1. Sa tombe se trouve à "Ouazzane" (ville de la région
de "habte" de "Masmouda"), là où son père, son grand-père et son frère Moulay Thami sont enterrés.
C'est le cheikh de notre maître Sidi Ahmed Tijani, satisfaction d'Allah sur eux. Cet homme est très
célèbre. Les gens se déplacent de loin pour lui rendre visite. Ses zaouïas sont nombreuses, partout au
Maroc, en Orient et ailleurs. Sa célébrité, satisfaction d'Allah sur lui, est tellement suffisante que nous
allons nous passer de sa biographie, de sa chaîne initiatique et de sa voie soufie.
Il est mort, satisfaction d'Allah sur lui, fin Rabiâ II, 1180 H, et a été enterré dans sa ville d'origine,
Ouazzane, clémence et satisfaction d'Allah sur lui. Le cheikh a appris différentes sciences mystiques de
lui. Mais, quand il l'a autorisé à enseigner ses litanies, notre maître a refusé, car, d'une part, il ne
s'occupait que de sa propre éducation, et d'autre part, parce qu'il ignorait encore sa position spirituelle,
satisfaction d'Allah sur lui.
Le cheikh a rencontré également l'élu vertueux, le victorieux dans tout ce qu'il entreprend, le
détenteur authentique de la levée du voile, et du goût qui ne s’écarte pas de la réalité, Sidi Mohamed
Ben Hassan Ouanjli2, de la tribu "Ouanjel", des montagnes "Zebib". Lorsque notre maître (Sidi Ahmed
Tijani) est venu le voir, satisfaction d'Allah sur lui, il lui a dit avant qu'il n'ait prononcé le moindre mot :
Tu vas atteindre la station de l'imam "Chadzili". Puis, il a lu des pensées que notre maître avait en son
for intérieur et il l'a informé sur ce qui va lui arriver, bien avant son terme. De nos jours, nous assistons à
ce qu'il lui a déjà annoncé comme bonnes nouvelles. Allah détient la louange et le rappel des aubaines.
En effet, nous avons vu différents événements extraordinaires, divers prodiges et divers éclairs de la
part de Sidna Ahmed Tijani. Mais le maître, satisfaction d'Allah sur lui, n'a pas reçu d'initiation spirituelle
de la part de ce saint qui est mort, clémence d'Allah sur lui, vers mille cent quatre-vingt-cinq 1185 de
l'hégire.
Il a ensuite rencontré à Fès l'élu vertueux, Sidi Abdellah Ben Sidi Larbi Ben Ahmed Ben Mohamed,
nommé communément "Ben Abdallah", de la descendance de "Maâne Andaloussi", clémence d'Allah
sur eux. Il l'a rencontré et a parlé avec lui de différents sujets. Avant de lui dire adieu, il lui a fait une
invocation et a prié Dieu de lui accorder le bien des deux demeures. Leur dernier mot, avant de se
séparer, était le suivant : "Qu'Allah se charge de toi" (cité trois fois). Il est mort en 1188 H.
Je l'ai lavé moi-même et je lui ai mis le linceul, satisfaction d'Allah sur lui. Les grandes personnalités
de Fès, ses savants, les pauvres de la ville, comme les riches ont assisté à ses funérailles. À cette
occasion, la prière des obsèques a été accomplie au lieu de son enterrement (et non pas à la mosquée),
près de ses parents et grands-parents, à l'extérieur de Bab Fthouh, près du dôme du pôle célèbre Sidi
Ahmed Yamani, satisfaction d'Allah sur lui.
Le cheikh a ensuite pris la voie soufie de Moualy Abdelqader Jilani, satisfaction d'Allah sur lui, à Fès,
par l'intermédiaire d'un Moqaddem habilité à l'enseigner. Puis, il l'a abandonnée pour suivre la Tariqa

1 - Tayeb ben Mohamed Alami wazani, soufi vertueux, cheikh de la voie wazani en son époque. Il est décédé dimanche 18
rabie II en 1181 H et a été enterré à wazane. Son mausolée est célèbre et est connu pour sa bénédiction. Sa biographie
détaillée figure dans les livres suivants : «soulwate al anfass», du Kattani, tomel : 108. «arrawda al maqssouda», de Hawate,
tome2 : 510- 518. «Ithaf al moutalie», de Ibn souda, tome 1 : 27. «touhafate al ikhwane», de l’érudit Hamdoune ben
Mohamed Fassi : 110-192. «al kawkab al assaad», de l’érudit Mohamed ben Mohamed ben Hamza Kattani.
2 - Sidi M’hammed ben Hassan Wanjli, soufi vertueux. Son mausolée se trouve à Tissa (région de Tawnate) au nord du Maroc.

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Nasseria par l'intermédiaire de l'élu vertueux, Sidi Mohamed Ben Abdellah Touzani, qu’il a abandonné
également par la suite.
Il a ensuite suivi la tariqa du pôle célèbre, le grand savant, Abi Abbes Sidi Ahmed Lahbib Ben
Mohamed, connu par "Ghomari Sijilmassi" (descendant du célèbre compagnon du prophète, prière et
salut d'Allah sur lui, Abou bakr Seddiq), par l'intermédiaire d'un moqaddem autorisé.
Puis il l'a abandonnée après une certaine période. Un jour, notre maître a vu sidi "Ghomari"
(susmentionné) dans le monde des rêves, après sa mort. Il l'a vu en train de mettre sa bouche sur la
sienne, tout en maintenant sa langue. En cet état-là, il lui a inculqué un nom divin. C'est de cette
manière que le cheikh nous a rapporté cet événement, satisfaction d'Allah sur lui. Il a cité ce nom divin
pendant une certaine période, puis il l'a abandonné. Le célèbre élu susmentionné est décédé le 4
Moharram, en 1165 H.
Le cheikh a ensuite appris des litanies de l'élu vertueux, le malamiti1, Abi Abbes, Sidi Ahmed
Taouach2, de la ville de Taza, où il est décédé la nuit du 18 Joumada I, 1204 H. Cet élu lui a enseigné un
nom divin et lui a dit : "reste seul, isolé et cite tes litanies, endure jusqu'à ce que le voile te soit levé ; tu
atteindras une station spirituelle sublime". Mais le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, n'a pas voulu
exécuter ce qu'il lui a suggéré de faire.
Puis il lui a demandé de citer régulièrement une litanie sans isolement ni retraite spirituelle afin
d'acquérir la levée du voile à cet état. Mais, le cheikh a abandonné ce "Dzikr" après une courte période.
Nous avons vécu, avec ce cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, différents événements extraordinaires et
miraculeux. Je l'ai entendu dire ce qui laisse insinuer qu'il est le "gérant spirituel"3 de cette ville (Taza). Il
m'a informé sur des rangs élevés qui seront atteints par notre maître Sidi Ahmed Tijani, satisfaction
d'Allah sur lui. Nous avons effectivement vu ces stations. Louange à Dieu. C'est à lui qu'appartient le
rappel des aubaines.
Puis notre maître s'est déplacé du Maroc au désert, en direction de la zaouïa du cheikh sidi
Abdelqader Ben Mohamed Labyed. Il s'y est installé pendant une certaine période, puis il est reparti de
nouveau à Tlemcen comme nous l'avons déjà mentionné.
Il s'est ensuite déplacé de Tlemcen aux lieux sacrés pour le pèlerinage et pour la visite de la tombe du
prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Une fois à "Zouaoua", près de l'Algérie, il a entendu parler du
cheikh imam, du gnostique célèbre, le modèle des pieux et le pilier des gens dignes des connaissances
seigneuriales, Abi Abdellah Sidi Mohammad Ben Abderrahman Azhari. Il l'a rencontré et a pris sa voie
soufie "Khalwatiya".
Ce cheikh de "Zouaoua", satisfaction d'Allah sur lui, était célèbre et avait de nombreux disciples et de
grandes zaouïas. Il est décédé, clémence d'Allah sur lui, le premier Moharram, 1208 H.
Lorsque le cheikh est rentré en Tunisie en 1186 H, il a rencontré certains élus, dont le célèbre et
important Saint, Sidi Abdessamad Rahoui. Celui-ci disposait d'un rang spirituel au- dessous du pôle de
cette région. Il était l'un de ses quatre compagnons. Ces derniers ne le rencontraient que la nuit. Il se
cachait en effet des gens les veilles du vendredi et du lundi. Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, nous a
dit : j'ai demandé à Sidi Abessamad de me faciliter la rencontre de ce saint, satisfaction d'Allah sur lui.
Mais il a refusé en présentant comme argument qu'il ne voyait jamais personne. Afin de le pousser à

1 - Les «malamiti» sont des élus d’Allah qui ne montrent pas leurs états ni leurs secrets. Ils les conservent avec ardeur et zèle.
Ce sont des gens qui ont goûté à l'amour et au monothéisme pur. Ils ne veulent pas qu'autrui soit au courant de leurs états.
Ils sont très bien intégrés dans leurs sociétés, ils ont des métiers et ils fournissent des efforts pour gagner leurs vies bien
qu’ils gèrent l’univers par leurs états. À la tête des «malamiti» on trouve le célèbre compagnon du prophète, prière et salut
d’Allah sur lui : sidna Abou bakr seddiq, satisfaction d’Allah sur lui.
2 -Sidi Ahmed Taouach Tazi: il était parmi les élus les plus célèbres de son époque. Il était malamiti. Ses prodiges et ses états
étaient remarquables. Il est décédé à la ville de Taza le 12 joumada I en 1204 H et y a été enterré. Son mausolée est connu
dans cette ville. Sa biographie détaillée figure dans les livres suivants : «Ithaf al moutalie», de Ibn souda, tome 1 : 69.
«mawssouaa aalam al maghrib» tome 7 : 2442.
3 - La gérance spirituelle: haute station spirituelle particulière de certains saints qui ont le contrôle et le pouvoir de gérance sur
les choses.

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céder, le cheikh lui a envoyé un cadeau avec son ami. L'élu lui a dit alors: "Le gratifié (le bien-aimé) a
envoyé une gratification".
Le cheikh s'est installé ainsi en Tunisie, toute une année, à Tunis et à Soussa. Il s'est ensuite occupé
de l'enseignement du "livre des adages" (hikam ataiya) à Tunis. Le gouverneur de la ville lui a proposé de
rester en Tunisie pour faire l'enseignement et la prise en charge des affaires religieuses. Il a mis à sa
disposition la mosquée Zaytouna comme endroit réservé à la formation et aux études et il lui a accordé
un salaire important.
Lorsqu'il a lu la lettre du gouverneur, il l'a tenue dans sa main sans rien dire. Et le lendemain et à la
suite d'un rêve qu'il a vu, il a quitté la ville par voie maritime vers l'Égypte, puis vers le pèlerinage, tout
en ayant l'intention de rencontrer le cheikh Mahmoud Kourdi, de se soumettre à lui, d'apprendre de lui,
de suivre sa voie soufie et d'adopter sa conduite. Avant de voyager, il a envoyé sidi Abdessamad, le
serviteur du grand élu, comme émissaire chez lui afin de solliciter sa permission et son invocation. Le
message que notre maître avait envoyé était le suivant : "je souhaite voyager par voie maritime au
Caire. Je sollicite votre garantie, afin d'être bien protégé en mer de tout ce qui risque de me nuire". Le
Saint a agréé sa demande et il lui a répondu : tu es assuré en aller et en retour.
C'est en ce moment qu'il a entamé son voyage maritime vers l'Égypte. Allah l'a protégé jusqu'à son
arrivée au Caire. Une fois à destination, il a cherché le grand saint, le savant imam, le noble qui a pris
part dans plusieurs sciences, le maître qui a clarifié les sciences des soufis avec solennité, le détenteur
de la juste pensée et de l'intellect qui va en profondeur, le gracieux éminent, le chaste gnostique ascète,
la preuve de l'Islam, le modèle des gens, le grand gnostique, le célèbre élu, le mont érigé de la
connaissance, le maître ancré, le détenteur de la connaissance et de la succession, l'éducateur qui mène
les gens à Allah, le bénéfique, le père des largesses :
Sidi Mahmoud Kourdi1, l'égyptien par demeure et localité, l'Iraquien par naissance et croissance,
satisfaction d'Allah sur lui. Qu'Allah nous accorde l'afflux de sa bénédiction2. Amen.
Lorsque notre maître, satisfaction d'Allah sur lui, est venu le voir pour la première fois, sidi Mahmoud
Kourdi lui a dit : "tu es aimé chez Allah, dans le monde d'ici bas et dans l'au-delà". Notre maître lui a
répondu, satisfaction d'Allah sur lui : quelle est votre référence pour dire cela ? Il lui a dit : cela m'a été
parvenu d'Allah. Le cheikh lui a dit, satisfaction d'Allah sur lui : Je vous ai vu lorsque j'étais en Tunisie. Je
vous ai alors dit : "toute mon entité est en cuivre". Vous m'aviez dit : "C'est ça, mais je vais transformer
ton cuivre en or". Lorsque le cheikh a raconté son histoire, le Saint lui a dit : "ce que vous avez vu est
exact". Puis, après quelques jours, il lui a dit : "quelle est votre requête" ? Il lui a répondu : "je demande
à être le pôle sublime".
Il lui a dit : "Vous allez avoir plus que ce rang"1. Il lui a demandé s'il pouvait le lui garantir.

1 -Mahmoud ben yazid Kourdi Kourani Iraqi : il a résidé au Caire en Égypte. Il est compté parmi les érudits les plus connus du
soufisme en son époque. Il est né à saqiss (une ville du kourane). Son âme s’est habituée depuis son jeune âge au culte et
aux efforts. Puis il s’est installé en Égypte à l’âge de 18 ans. Il a rencontré le cheikh hifnaoui et a appris de lui plusieurs
sciences et il est devenu son disciple. Puis il a appris du cheikh de son cheikh sidi Mostapha Bakri plusieurs disciplines et
sciences, pour devenir après l’un des érudits les plus éminents de la voie khalouatie au terme du 12e siècle de l’hégire. Il a
écrit un livre intitulé : la lettre de la conduite adressée aux enfants des rois, en 6 livrets. Il a écrit également une lettre
intitulée le conseil des bien-aimés. L'un de ses disciples a dit que la raison pour laquelle il a écrit cette lettre était un rêve
qu’il avait vu. En effet, il a vu en rêve le cheikh Ibn Arabi lui donner une clé, et il lui a dit : ouvre la bibliothèque. Il s’est
réveillé en répétant ce dire d’ibn Arabi. Son cœur lui ordonnait alors d’écrire cette lettre et à chaque fois qu’il essayait
d’ignorer cet émissaire spirituel, il revenait à lui. Il a donc conclu qu’il s’agissait d’un ordre divin. Il a écrit ladite lettre en une
très courte durée sans aucun effort de sa part, comme si la lettre lui était dictée. Il est décédé, qu’Allah ait son âme en sa
sainte miséricorde, le 3 moharram 1195H. C’est son disciple le cheikh soulaymane al jamale qui l’a lavé. Il a été enterré au
désert à côté de son cheikh sidi Mostapha bakri. Sa biographie détaillée figure dans les livres suivants : «ajaib al athar fi
attarajim wa al akhbar», de Jabrati (dans le chapitre réservé à la biographie de ceux qui sont morts en 1195 Hégire). «al
aalam», de Zarkali, tome 7 : 184. «moajam al mouallifine», de Khala.
2 - Ce type d'invocations a été abrogé par le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, tout comme la visite rendue aux saints autres
que les compagnons du prophète, prière et salut d'Allah sur lui et les disciples tijanis. Le disciple tijani doit éviter de
demander l’assistance spirituelle d'un saint autre que son cheikh. Il n’y a là aucun air d’arrogance envers nos maîtres les élus
d’Allah, le Très-Haut. On parle plutôt ici du malade qui doit se suffire d’un seul médecin pour qu’il soit guéri
convenablement.

-91-
Il lui a affirmé sa requête et l’a informé ensuite, satisfaction d'Allah sur lui, sur ce qui lui est arrivé
durant ses voyages2, ainsi que sur la raison pour laquelle il a rencontré son propre cheikh "Al Hifny"3, et
le cheikh de son cheikh, Moulay Moustapha Bekri Seddiqi, satisfaction d'Allah sur eux.
Notre maître, satisfaction d'Allah sur lui, s'est préparé alors pour voyager, par voie maritime, à la
Mecque. Le Saint lui a fait des invocations et lui a promis la sécurité durant le voyage, aller et retour.
Une fois à la Mecque, qu'Allah lui ajoute éminence, excellence, honneur et importance, et ce au mois
de Choual, en 1187 H (de l'hégire), le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a commencé à chercher, comme
à son accoutumée, des gens vertueux, dignes du bien, de raison et de droiture. C'est son habitude,
satisfaction d'Allah sur lui, pour parfaire sa requête et assurer son succès. Il a entendu parler du cheikh
Abi Abbes Sidi Ahmed Ben Abdellah Al Hindi4, qui était connu en qualité de cheikh imam, de saint
prestigieux, d'une pleine lune, d'un musc parfumant les plus hauts rangs, d'un soleil éclaireur et d'une
lune éminente pour les grandes personnalités. Ce saint habite à la Mecque, satisfaction d'Allah sur lui.
Il a appris de lui différentes sciences et lumières et divers secrets et adages, sans même le
rencontrer. Il se contentait, en effet, de lui envoyer différentes correspondances avec son serviteur qui
jouait le rôle d'intermédiaire entre eux. En effet, le saint a été formel pour ne recevoir personne.

1 -Concernant l'acquisition du cheikh de son rang «le sceau des saints et le pôle caché», l’érudit et gnostique sidi Mohammed
Arbi ben Sayeh, satisfaction d’Allah sur lui, a dit dans son livre «boughyate al moustafid» (le souhait du bénéficiaire) : parmi
les signes qui ont déjà annoncé ce rang, la réponse du cheikh sidi Mahmoud Kourdi, satisfaction d’Allah sur lui, à notre
cheikh lorsqu’il lui a dit «ma requête est le rang du grand pôle». Il lui a dit : tu as plus que ce rang. Je dis (l’auteur de ces
annotations) : il est connu que le rapport qui existe entre le pôle caché et les autres pôles est le même rapport qui existe
entre le pôle et les gens du commun.
2 -L’un des disciples du cheikh sidi mahmdoud kourdi a dit: quand il avait 18 ans (c’est-à-dire sidi Mahmoud Kourdi) il a vu en
rêve le cheikh sidi Mohamed Hifnaoui et il a entendu une voix qui disait : c’est ton cheikh. Il s’est alors attaché à lui, et il s’est
dirigé vers lui en Égypte où il a pu le rencontrer. Il a pris de lui l’autorisation dans la voie khalouatie et il a été conduit à la
présence d’Allah par son intermédiaire. Par ailleurs, avant cette rencontre, sidi Mahmoud Kourdi avait pour voie la voie de
son premier cheikh sidi Ali Qossayri. Le cheikh Hifnaoui ne l’avait pourtant jamais obligé à quitter sa première voie parce
qu’il savait qu’il était sincère et qu’il l’aimait vraiment.
Mais quand le cheikh de son cheikh sidi Mostapha Bakri s’est rendu au Caire et quand il l’a accompagné en apprenant de lui
plusieurs sciences, il a été réprimandé par lui parce qu’il ne citait pas les litanies de la voie khalouatie et il citait plutôt celles
de sa première voie. Sidi Mostapha Bakri lui a dit : comment se fait-il que tu sois conduit à Allah par notre soin alors que tu
récites les litanies d’autrui ? Soit tu vas citer nos litanies, soit tu vas nous quitter ! Sidi Mahmoud Kourdi a répondu : ô
maître, Allah a fait que vous êtes une miséricorde pour l'univers et moi je crains le cheikh Qossayri si j’abandonne ses
litanies. En plus, quelque chose que je faisais avec assiduité dans ma jeunesse, je ne veux pas l'abandonner maintenant que
je suis devenu plus âgé. Son cheikh sidi Mostapha Bakri lui a alors répondu: consulte Allah et fais ce qui te semble judicieux,
pourvu qu’Allah ouvre ta poitrine au bon choix. Sidi Mahmoud Kourdi a dit : j’ai alors fait la prière de la consultation d’Allah
le sublime. Je me suis endormi et j’ai vu en rêve le prophète, prière et salut d’Allah sur lui, le cheikh Ali Qossayri qui était à
sa droite et sidi Mostapha Bakri qui était à sa gauche et moi j’étais devant eux. Le cheikh Qossayri a dit au prophète, prière
et salut d’Allah sur lui : ô messager d’Allah, ma voie n'est-elle pas conforme à la vôtre ? Mes litanies ne sont-elles pas
extraites de vos lumières ? Pourquoi donc le maître Bakri demande-t-il à celui-là d’abandonner mes litanies ? Sidi Mostapha
Bakri a dit : ô messager d’Allah un homme qui est conduit à la présence d’Allah par notre soin et que nous avons éduqué
spirituellement est-il convenable qu’il lise les litanies d’autrui et qu’il abandonne nos litanies ? Le prophète, prière et salut
d’Allah sur lui, a dit : faites alors un tirage au sort. Puis le cheikh sidi Mahmoud Kourdi s’est réveillé et il a raconté son rêve à
sidi Mostapha Bakri qui lui a dit : le tirage au sort signifie le penchant de ton cœur, suis alors ton cœur. Sidi Mahmoud
Kourdi a dit: après une nuit ou deux, j'ai vu en rêve le compagnon du prophète, sidi Abou bakr Seddiq, satisfaction d’Allah
sur lui, qui me disait : ô mahmoud, reste avec mon fils sidi Mostapha Bakri, et j'ai vu sa litanie qui est récitée à l’aube écrite
entre le ciel et la terre par la lumière matérialisée. Toute lettre formant sa litanie je l’ai vue comme une montagne, j’ai donc
aimé m’affilier à sa voie et j’ai commencé à réciter ses litanies avec assiduité. Pour plus de détails sur ce sujet, vous pouvez
lire le livre «mystères des traces», de son auteur al Jabrati.
3 -Chems dine Mohamed ben salem ben Ahmed Hifni (ou Hifnaoui) Chafii Azhari: C’est le cheikh de l’islam en Égypte en son
époque. Il a écrit plusieurs ouvrages, dont : le fruit splendide en rappelant les noms des compagnons du prophète, prière et
salut d’Allah sur lui, qui ont participé à Badr. Un commentaire sur le livre al jamie saghir de l’imam Suyuti, etc.
Il est décédé en 1181 H. Sa biographie détaillée figure dans les livres suivants : «fahrass al fahariss», de Abdel hay Kattani p
353, biographie numéro 152. «silk addourar», de Mouradi, tome 4 : 49. «al aalam», de Zarkali, tome 6 :134
4 -Ahmed ben Abdallah Hindi, soufi vertueux, parmi les érudits de la voie Naqchabandia. Il est devenu un cheikh accompli grâce
à un cheikh vertueux parmi les élus de la ville de Tanta en Égypte. Nous avons pu mettre la main sur un manuscrit (de 19
pages) écrit de la main du cheikh sidi Ahmed Tidjani, satisfaction d’Allah sur lui, où il a noté un ensemble de secrets dont il a
bénéficié du cheikh sidi Ahmed ben Abdallah Hindi.

-92-
Lorsque le cheikh lui a demandé de le voir, il lui a expliqué qu'il n'est formellement pas autorisé à le
rencontrer.
Le saint a été profitable et d'une grande utilité au cheikh, satisfaction d'Allah sur eux. Il l’a informé
sur son destin et il lui a dit qu'il sera son héritier, et qu'il héritera son savoir, ses secrets, ses dons et ses
lumières. Lorsqu'il lui a écrit cette lettre, il a dit à son serviteur : "voilà, c'est ce que j'avais attendu
pendant longtemps. Dislui qu'il est mon héritier". Le serviteur, étonné, a répliqué : "mais je vous ai servi
pendant dix-huit ans et maintenant vous me dites qu'un homme venant du Maroc est votre héritier" !
Il lui a répondu : je n'ai attendu que lui. Ceci ne relève pas de mon choix. C'est Allah qui réserve à qui
II veut sa Miséricorde. Si j'avais le choix, j'aurais spécifié de cette utilité mon fils, avant toi. Depuis
longtemps, j'espérais et j'essayais de donner à mon fils quelque chose, mais Dieu ne voulait pas !
Maintenant, le dignitaire de cette utilité est venu.
Le saint a alors écrit au cheikh et lui a demandé de faire quelque chose en faveur de son fils. Il l’a
informé qu'il va mourir le vingt du mois Hidjja sacré. Effectivement, tout se passait exactement comme il
l'avait prédit, clémence et satisfaction d'Allah sur lui. Après son enterrement, le cheikh a interpellé le fils
du saint et est rentré avec lui dans une chambre privée.
Il lui a confié le secret que son père a souhaité lui donner. Cela s'est donc passé en toute loyauté et
fidélité au pacte. De même, avant la mort du saint, satisfaction d'Allah sur lui, il a confié un grand secret
au cheikh et lui a ordonné de le citer pendant sept jours afin d'obtenir la levée du voile, mais à la
condition de s'isoler et de ne plus apparaître devant les gens après ce travail. Le cheikh ne l'a pas fait,
car il n'a pas accepté cette condition, satisfaction d'Allah sur lui.
À l'approche de son déplacement à "Arafa" (lors du pèlerinage), le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui,
a envoyé un courrier au saint (avant sa mort) demandant de le voir. Il lui a expliqué que la date de la
séparation est venue et qu'il souhaitait voir sa splendide silhouette. Le saint lui a répondu qu'il lui est
impossible de le rencontrer, par manque d'autorisation, mais il l'a informé qu'il allait rencontrer un pôle
qui lui suffirait. Il a laissé entendre le cheikh "Semmane"1, satisfaction d'Allah sur lui. Il l'a informé aussi
qu'il allait atteindre le rang spirituel du cheikh Abi Lhassan Chadzili, satisfaction d'Allah sur lui.
C'est exactement ce que Sidi Mohamed Ben Hassan, susmentionné, lui a déjà dit. Il l'a informé sur
différentes choses. Ce saint est considéré comme la référence pour le cheikh de ses sciences, secrets,
spécificités et lumières. Ce saint est mort, satisfaction d'Allah sur lui, en 1187 H.
Une fois que le cheikh a terminé son culte, et qu’il a complété son pèlerinage agréé et sa démarche
religieuse louée, il s'est déplacé à la Médine éclairée pour rendre visite au prophète bienfaisant. Une
fois arrivé à la Médine du messager de Dieu (qu’Allah le salue et prie sur lui, qu’il l’honore et l’anoblisse,
qu’il le glorifie et qu’il le sublime), il s'est dirigé vers la tombe bénie afin de la visiter et de se recueillir
devant ce qu'elle renferme comme secret éminent.
Il est alors entré par prestance et respect devant la sublimité et la grandeur du lieu. Il a ensuite
donné à la tombe sublime ce qu'elle mérite comme bienséance, solennité, humiliation et soumission
générale. Une fois qu’il a terminé sa visite et qu’Allah a exaucé son ambition et son souhait, il s'est
tourné vers la rencontre du célèbre pôle, le grand savant, le détenteur des prodiges éblouissants et des
signes splendides, Abi Abdallah Sidi Mohamed Ben Abdelkarim, qui est connu par le surnom
"Semmane", satisfaction d'Allah sur lui.

1 - Mohamed ben Abdelkrim Semmane Madani, soufi vertueux, né à Médine en 1130 H. Il a pris la voie Khalouatie par
l’intermédiaire du cheikh Mostapha Bakri. Il a écrit plusieurs ouvrages dans le soufisme. Il est décédé à Médine durant le
mois de doul hijja en 1189H. Sa biographie détaillée figure dans les livres suivants: «al aalam», de Zarkali, tome 6: 216.
«jamie karamate al awliya», de Kohen 145-147. «idah al maknoune», de Bagdadi, tome 2: 644. «hadiya al arifine», du même
auteur, tome 2: 341. «Brouklémane», tome 11 : 535. «al jamie ..» (recueil de ce qui a été éparpillé comme sciences du pôle
caché sidi Ahmed Tijani), de sidi Ben machri, tome 1 : 14. «al kououss al moutraa fi manaqib assadate al arbaa», de sidi
Mohamed Charif Semmane (petit fils du cheikh Semmane ; dans son livre il a fait la biographie de quatre gnostiques : sidi
mostapha Bakri, sidi Mohamed ben Abdelkrim Semmane, sidi Ahmed Tayeb ben Bachir et sidi Nour Daime)

-93-
Lorsque le cheikh l'a rencontré, le pôle "Semmane" l'a informé sur son état et sur son destin. Il l'a
invité à rester chez lui pour qu'il l'isole dans une retraite spirituelle pendant trois jours dans le but de le
"peindre" d'une peinture complète.
Mais le cheikh s'est excusé et a demandé la permission de partir, après lui avoir demandé tous les
noms et les nomenclatures. Le pôle "Semmane" a informé le maître (Tijani) qu'il sera le pôle
rassembleur. Il lui a permis de demander ce qu'il veut et il l'a aidé à acquérir ses requêtes.
Le cheikh (Tijani), satisfaction d'Allah sur lui, s'est retourné ensuite en Égypte en compagnie des
pèlerins, avec sécurité et bonne santé. Il est arrivé au Caire, couvert d'honorabilité et de diligence
divine. Puis il est parti rendre visite à son cheikh (Sidi Mahmoud Kourdi), pour le saluer après son retour
du pèlerinage et de sa visite de la tombe prophétique. Ce dernier l'a donc salué et lui a souhaité la
bienvenue. Il lui a préparé un siège près de lui et il lui a demandé de venir quotidiennement à son
conseil.
C'est ainsi qu'il lui demandait devant les gens de résoudre des problèmes difficiles qui se posent dans
son conseil. Notre maître, Sidi Ahmed Tijani, satisfaction d'Allah sur lui, répondait avec perfection, et ses
diverses sciences n'ont pas tardé à jaillir et à apparaître.
Les savants égyptiens se mettaient autour de lui afin de bénéficier de ses précieuses sciences.
Ensuite, lorsqu'il a décidé de voyager au Maroc, son cheikh Sidi Mahmoud, susmentionné, l'a autorisé à
suivre sa voie soufie "khalwatiya" et à l'enseigner, mais notre maître a refusé. Son cheikh lui a dit alors:
"enseigne les gens cette voie. Je me porte garant" et c'est ainsi qu'il a accepté de l'enseigner. Le cheikh
sidi Mahmoud Kourdi lui a écrit l'autorisation et la séquence de la voie.
Mentionnons ici cette séquence pour la bénédiction et l'authentification. Je dis, qu'Allah m'aide et
m'accorde succès, notre maître, satisfaction d'Allah sur lui, a dit :
• Allah, le seigneur, le tout puissant, a initié Gabriel, qu'Allah le salue.
• L'ange Gabriel a initié le prophète, prière et salut d'Allah sur lui.
• Le prophète a initié Ali Ben Abi Taleb, qu'Allah gratifie son visage.
• Ali a initié son fils Hassan, Hassan Al Basri et Jamil Ben Zyad.
• Hassan Al Basri a initié Habib al ajami.
• Celui-ci a initié Dawoud Taiy qui a initié, à son tour.
• Maârouf Ben Fayrouz Karkhy1.
• Celui-ci a initié Sarri Ben Al Moghallass Saqaty, qui, à son tour, a initié
• El Jounayd Ben Mohamed, le chef de la communauté soufie de Bagdad.
• Celui-ci a initié Mohamed Al Bekri2, qui, à son tour, a initié
• Najib Dine, le juge3.
• Celui-ci a initié Omar Bekri4, qui, à son tour a initié
• Abi Najib Sahrawardi1.

1 - Maârouf Ben Fayrouz Karkhy : soufi célèbre, connu pour sa crainte scrupuleuse de Dieu, pour son ascèse et pour sa
droiture. Il faisait partie des domestiques de Ali ibn Moussa Erreda. Il est décédé à Bagdad en 200 H. Sa biographie détaillée
figure dans le livre «attabaqate» (générations) de l’imam chaarani tome 1 : p72, ainsi que dans le livre «al aalam» (les
érudits) de zarkali tome 7 : p 269.
2 -Mohammed Amaouiya ben saad Al Bekri: soufi célèbre. Il est décédé en 425 H. Il n’a pas été initié directement par l’imam
Al jounayd, mais plutôt par Ahmed Al asswad Dinaouari en 380 H. Ce dernier a vécu longtemps et a été initié à son tour par
le cheikh Mémchad Dinaouari, décédé en 299H. C’est ce dernier maître qui a été initié par l’imam Al jounayd et qui était
compté parmi ses disciples.
3 - Il s’agit du soufi vertueux Najib Dine Mohammed ben Amaouia Al Bekri. Il est décédé en 475 H. Sa biographie détaillée
figure dans le livre «al bouhoute assaniya ane baadi rijali assanidi attariqa khalwatiya» (nobles recherches sur quelques
érudits constituant la chaine initiatique de la voie khalwatie), de Mohammed Zahed Kawtari.
4 - Son nom complet est wajih dine omar al qadi (le juge) Al Bekri. Il était le grand moqaddem soufi de la région Ribate de
Bagdad. On le surnommait «son excellence le serviteur» (saadate al khadim). Il est né en 455 H et est décédé au mois de
Rabie I en 532 H. Il est enterré à la tombe «Rouime» à la région de chouniziya en Iraq. Il est à souligner que ce cheikh est
l’oncle du gnostique Abi najib Sahrawardi Al Bekri. Sa biographie détaillée figure dans le livre «al bouhoute assaniya ane
baadi rijali assanidi attariqa khalwatiya» (nobles recherches sur quelques érudits constituant la chaine initiatique de la voie
khalwatie), de Mohammed Zahed Kawtari.

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• Celui-ci a initié Qotb Dine Abhari2, qui, à son tour, a initié
• Rokn Dine Mohamed Sanjani3.
• Celui-ci a initié Chihab Dine Mohamed Tabrizi4, qui, à son tour a initié
• Jamal Dine Tabrizi5.
• Celui-ci a initié Ibrahim Zahid Kilani6, qui a initié
• Mohamed Khalwati7, qui a initié
• Omar Khalwati8, qui a initié
• Mohamed Biram Khalwati9, qui a initié
• Lhaj âze Dine10, qui a initié
• Sadr Dine Khiyaoui11, qui a initié
• Sidi Yahya Bakoubi12, qui a initié
• Mohamed Ben Bahaâ Dine Arzanjani13, qui a initié

1 -Abdelqahhar ben Abdallah ben Mohammed ben Amaouiya Sahrawardi: érudit spécialiste du hadith et du soufisme. Il a écrit
divers livres. Il est décédé au mois de Joumada II en 563 H et est enterré dans une retraite qu’il avait bâtie à côté du célèbre
fleuve Dijla (en Iraq). Sa biographie détaillée figure dans les livres suivants «moajam al mouallifine» (recueil de biographies
des célèbres auteurs), de Khala, tome 5 : p 311. «hadiyate al arifine» (le cadeau offert aux gnostiques), de baghdadi, tome 1
: p 606. «al aalam» (les érudits), de Zarkali, tome 4 : p 174.
2 -Qotb Dine Mohammed ben Ahmed Abhari: Parmi les érudits les plus célèbres du soufisme. Il est décédé en 590 H. Sa

biographie détaillée figure dans les livres suivants : «al salsabil», de snoussi ; et «al bouhoute assaniya ane baadi rijali
assanidi attariqa khalwatiya» (nobles recherches sur quelques érudits constituant la chaine initiatique de la voie khalwatie),
de Mohammed Zahed Kawtari.
3 -Rokn dine Mohamed ben Al fadl Sanjani ou Zanjani. Il est décédé en 615H. Sa biographie détaillée figure dans le livre «al

bouhoute assaniya ane baadi rijali assanidi attariqa khalwatiya» (nobles recherches sur quelques érudits constituant la
chaine initiatique de la voie khalwatie), de Mohammed Zahed Kawtari.
4 -Chihab Al Dine Tabrizi : maître soufi célèbre, il était vertueux et il invoquait souvent Dieu. Il est décédé en 629H. Sa

biographie détaillée figure dans le livre «al bouhoute assaniya ane baadi rijali assanidi attariqa khalwatiya» (nobles
recherches sur quelques érudits constituant la chaine initiatique de la voie khalwatie), de Mohammed Zahed Kawtari.
5 - Jamal Dine Tabrizi : soufi vertueux, décédé en 640 H. Sa biographie détaillée figure dans le livre «al bouhoute assaniya ane

baadi rijali assanidi attariqa khalwatiya» (nobles recherches sur quelques érudits constituant la chaine initiatique de la voie
khalwatie), de Mohammed Zahed Kawtari.
6 - Ibrahim Zahid Kilani : cheikh vénéré. Il est le premier à initier les disciples de la voie khalwatie dans la conduite vers Allah

par les sept noms et les sept phases. Il est décédé en 653H. Sa biographie détaillée figure dans le livre «al bouhoute assaniya
ane baadi rijali assanidi attariqa khalwatiya» (nobles recherches sur quelques érudits constituant la chaine initiatique de la
voie khalwatie), de Mohammed Zahed Kawtari.
7 -Mohamed ben nour Khalwati : soufi vertueux. Il est décédé en 665H. Il a été connu par sa voix de ténor. Quand il invoquait

Allah à voix haute dans sa ville de khawarizm, les gens arrivaient à l’entendre à une distance de 20Km de ladite ville. Sa
biographie détaillée figure dans le livre «al bouhoute assaniya ane baadi rijali assanidi attariqa khalwatiya» (nobles
recherches sur quelques érudits constituant la chaine initiatique de la voie khalwatie), de Mohammed Zahed Kawtari.
8 - Omar Khalwati : cheikh vertueux. Il est décédé en 730H. Sa biographie détaillée figure dans le livre «al bouhoute assaniya

ane baadi rijali assanidi attariqa khalwatiya» (nobles recherches sur quelques érudits constituant la chaine initiatique de la
voie khalwatie), de Mohammed Zahed Kawtari.
9 -Mohamed Biram Khalwati: soufi vénéré, décédé en 780H. Sa biographie détaillée figure dans le livre «al bouhoute assaniya

ane baadi rijali assanidi attariqa khalwatiya» (nobles recherches sur quelques érudits constituant la chaine initiatique de la
voie khalwatie), de Mohammed Zahed Kawtari.
10 -Âze Dine Cherwani : cheikh vénéré, décédé en 815H. Sa tombe se trouve près de Darwaza Mir Ali dans les régions de

Chamakhi au Caucase. Sur sa tombe, un chêne a poussé, et est devenu très célèbre grâce à sa particularité. En effet, les
fiévreux se dirigent vers ce chêne, dorment sous son ombre, et mâchent ses feuilles et ses branches pour être guéris grâce à
sa bénédiction et selon la permission d’Allah, le Très-Haut.
11 -Sadr Dine Omar Khiyawi : soufi vertueux. Il est originaire de la région «khiyawa-michka» se trouvant à Cherwane au

Caucase. Il était connu pour ses états spirituels, ses efforts mystiques et sa levée remarquable du voile. Il est décédé en
832H à la campagne de Kanbad Kanboude dans la région Chamakhi du Caucase, et y a été enterré. Sa biographie détaillée
figure dans le livre «al bouhoute assaniya ane baadi rijali assanidi attariqa khalwatiya» (nobles recherches sur quelques
érudits constituant la chaine initiatique de la voie khalwatie), de Mohammed Zahed Kawtari.
12 -Sidi Yahya Jalale Dine Ben Bahae Dine Cherwani Baki: soufi vertueux, né à Oum mdayn, région de Cherwane au sud-est du

Caucase. Il est décédé à Bakou en 868H. Sa tombe est célèbre et est souvent visitée pour la bénédiction. Sa biographie
détaillée figure dans le livre «al bouhoute assaniya ane baadi rijali assanidi attariqa khalwatiya» (nobles recherches sur
quelques érudits constituant la chaine initiatique de la voie khalwatie), de Mohammed Zahed Kawtari.
13 -Mohamed Bahae Dine Arzanjani : soufi vertueux. Il a écrit plusieurs livres importants. Il est décédé en 879H à la ville de

Arzanjane à l’est de l’Anatolie et a été enterré au cimetière de la grande mosquée de ladite ville. Sa biographie détaillée

-95-
• Jalabi Sultan du "Maqdiss" (le lieu saint), connu par Jamal Khalwati1, qui a initié
• Khayr Dine Touqadi2, qui a initié
• Cheikh Chaâbane Qastamouni3, qui a initié
• Mohyi Dine Qastamouni4, qui a initié
• Sidi Omar Fouadi5, qui a initié et guidé
• Cheikh Ismaïl Jaouroumi6, enterré près de la tombe de Sidi Bilal Habachi, satisfaction d'Allah
sur lui, dans le périmètre du "Chame" (la Syrie).
• Celui-ci a initié et guidé le cheikh Ali Afandi-Qara Bacha7 qui est devenu Khalifa (successeur)
par l'intermédiaire de son père le cheikh Moustapha Tabibi, c'est-à-dire c'est lui qui l'a
autorisé à faire la diffusion de la voie soufie.
• Le cheikh Ali Afandi Qara Bacha a initié et guidé à son tour le cheikh Moustapha Afandi
Idrinoui8, qui a initié et guidé
• Le cheikh Abdellatif Khalwati Halabi1, qui a initié et guidé

figure dans le livre «tarajim al mouallifine al otmaniyine» (biographies des auteurs Ottomans) - chapitre réservé aux maîtres
soufis, tome 1 : p 47.
1 -Mohamed Jamal Khalwati : il est connu sous le nom de Jalabi. Le mot Jalabi veut dire en Turquie «le seigneurial». Il est
surnommé également le «sultan», mais il n’a jamais été roi ou sultan ; les Turcs attribuent souvent ce surnom aux grands
saints et vertueux. Il est né à Amaçiya au centre de l’Anatolie. Il a écrit une vingtaine de livres importants. Il est décédé en
899H lors de son voyage au pèlerinage à une région de la Syrie dite Hissae. Il a demandé dans son testament à ce qu’il soit
enterré sous la route des pèlerins et sous leurs marches. Sa biographie détaillée figure dans le livre «tarajim al mouallifine al
otmaniyine» (biographies des auteurs Ottomans), tome 1 : p51.
2 - Khayr Dine Touqadi Qonrabi. Il est originaire de Touqad, une ville au centre de l’Anatolie. Il est décédé en 940H et a été
enterré à la campagne «Qrakwi al oulya» de Dawzaja qui est une ville se trouvant à l’est d'Istanbul. Sa biographie détaillée
figure dans le livre «al bouhoute assaniya ane baadi rijali assanidi attariqa khalwatiya» (nobles recherches sur quelques
érudits constituant la chaine initiatique de la voie khalwatie), de Mohammed Zahed Kawtari.
3 - Chaâbane Qastamouni : l’une des plus grandes figures du soufisme. Il est le cheikh de la voie chaâbaniya qui est une
branche de la voie Khalwatiya. Il est décédé en 976H, et a été enterré au mausolée du grand cheikh (ibn Arabi) à la Salihiya à
Damas, à la suite de l’ordre du sultan Ottoman Abdelhamid II. Sa biographie détaillée figure dans le livre «al bouhoute
assaniya ane baadi rijali assanidi attariqa khalwatiya» (nobles recherches sur quelques érudits constituant la chaine
initiatique de la voie khalwatie), de Mohammed Zahed Kawtari.
4 -Mohyi Dine Qastamouni : il fait partie des grands élus d’Allah de son époque. Il est décédé en 1000H et a été enterré à
l’intérieur du mausolée de son maître le cheikh sidi Chaâbane Qastamouni à Damas. Sa biographie détaillée figure dans le
livre «al bouhoute assaniya ane baadi rijali assanidi attariqa khalwatiya» (nobles recherches sur quelques érudits constituant
la chaine initiatique de la voie khalwatie), de Mohammed Zahed Kawtari.
5 - Omar ben Mohamed Qastamouni Fouadi : soufi vénéré faisant partie des érudits de la Turquie. Il a écrit plusieurs livres. On
peut en citer à titre d’exemple : «rissala chawqiya fi dawarane soufiya» (lettre du désir décrivant les cercles autour desquels
tournent les soufis) ; «rawdate al oulamae wa jannate al orafae» (les jardins des érudits et les paradis des gnostiques) ;
«rissalate attawhid» (lettre du monothéisme) ; «manaqib cheikh chaâbane Qastamouni» (mérites du cheikh Chaâbane
Qastamouni). Il est décédé en 1046H et a été enterré à l’intérieur du mausolée de son cheikh sidi Chaâbane Qastamouni. Sa
biographie détaillée figure dans les livres suivants «moajam al mouallifine» (recueil de biographies des célèbres auteurs), de
Khala, tome 7 : p 317. «hadiyate al arifine» (le cadeau offert aux gnostiques), de baghdadi, tome 1 :p 797.
6 -Ismaïl Jaouroumi. Il est originaire de la ville de «Jawroume» de l’Anatolie. Il a été initié au soufisme par son maître le cheikh
Omar Fouadi à la région de «Qastamouni». Il est décédé en 1070H et a été enterré au cimetière de la petite porte à Damas à
côté du mausolée du compagnon vénéré du prophète, prière et salut d’Allah sur lui, sidna Bilal Flabachi. Sa biographie
détaillée figure dans le livre «al bouhoute assaniya ane baadi rijali assanidi attariqa khalwatiya» (nobles recherches sur
quelques érudits constituant la chaine initiatique de la voie khalwatie), de Mohammed Zahed Kawtari.
7 - Ali Alae Dine Al Atwale Al Arbakiri, originaire de «Arbakir» une ville se trouvant à l’est de l’Anatolie. Ce cheikh est connu
sous le nom de Qarabach (qui veut dire : tête noire). Il est le cheikh fondateur de la voie «Qarabachiya» qui est une branche
de la khalwatiya. Il a écrit plusieurs livres importants en soufisme. On peut en citer à titre d’exemple «kachif assrare al
foussouss» (le livre qui dévoile les secrets du livre Foussous Al hikam d'ibn Arabi) ; «jamie assrare al foussouss» (recueil
rassemblant les secrets du livre Foussous Al hikam d’ibn Arabi) ; «assasse dine» (la base de la religion) ; «samae assoufiya»
(le chant soufi). Il est décédé à sa ville natale après son retour du pèlerinage en 1097H. Sa biographie détaillée figure dans
les livres suivants «moajam al mouallifine» (recueil de biographies des célèbres auteurs), de Khala, tome 7 : p 39. «hadiyate
al arifine» (le cadeau offert aux gnostiques), de baghdadi, tome 1 : p 762.
8 - Moustapha fils du cheikh et élu Qarabach Al maanaoui Idrinoui Khalwati : soufi célèbre. Il était connu pour ses
recommandations et conseils qu’il promulguait sans cesse à ses disciples. Il a écrit plusieurs livres de grande valeur. On peut
en citer à titre d’exemple son livre qui explique «Foussous Al hikam» de ibn Arabi. Il est décédé à Istanbul en Turquie en
1114H et y a été enterré. Sa biographie détaillée figure dans le livre «al bouhoute assaniya ane baadi rijali assanidi attariqa
khalwatiya» (nobles recherches sur quelques érudits constituant la chaine initiatique de la voie khalwatie), de Mohammed
Zahed Kawtari.

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• Le pôle de l'univers, le maître Moustapha Ben Kamal Dine Seddiqi, qui a initié et guidé
• Le cheikh Hifny, qui a initié et guidé
• Le cheikh Mahmoud Kourdi, qui a initié
• Le pôle de son époque, le singulier de son temps, notre cheikh et modèle que l'on prend
dans notre chemin vers Allah, Moulay Abi Abbes, Ahmed Ben M'hammed Tijani. Il a initié les
deux disciples suivants:
 Abou Abdellah, le “chérif” Mohamed Ben Mohamed Ben Mechri Sayhi,
 Et le serviteur nécessiteux auprès de son seigneur le riche et le louable : Ali
Harazem, l'écrivain du présent livre.
Qu'Allah nous range dans leur filière et nous fasse mourir dans leur amour. Qu'il nous place dans leur
groupe. Qu'il nous fasse rentrer par leur porte et nous héberge chez eux, dans un séjour de vérité,
auprès d'un Souverain Omnipotent. Que la prière et le salut d'Allah soient sur son prophète, Sidna
Mohamed et sur sa famille proche.
Ceux-ci sont mes parents ;
pouvez-vous ô Jarirme montrer leurs équivalents déférents?
Puis le cheikh Sidi Ahmed Tijani a dit adieu à son cheikh et a pris la route vers la région de Tunis. Une
fois arrivé, avec sécurité et bonne santé, il s'est ensuite déplacé à Tlemcen, où il s'est installé un certain
temps, avec assiduité dans le culte et la guidance vers Allah. Ensuite, il a voyagé à destination de Fès,
dans le but de rendre visite à Moulay Idriss, en 1191 H.
C'est lors de cette étape bénite que j'ai rencontré le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, à la ville
d'Oujda. Le cheikh se préparait en fait pour partir à Fès. Je l'ai accompagné et il a fait ma connaissance.
Mais deux ans avant cette rencontre, j'ai vu un rêve qui montre que je vais l'accompagner et apprendre
de lui. C'est ainsi qu'après deux ou trois jours, il m'a interpellé et m'a rapporté mon rêve en entier et en
détail, alors que je l'avais déjà oublié. Il m'a dit : ne crains-tu pas Allah ! Tu m'as fait venir jusqu'ici, rien
que pour te rencontrer ! Loue alors Allah pour ceci. J'ai loué et remercié Dieu et j'ai su qu'Allah m'a
accordé une immense faveur, et que notre maître est la personne qui va se charger de mes affaires et
de moi-même. Voilà ce que le cheikh m'a annoncé, lui-même, satisfaction d'Allah sur lui. Il m'a informé
sur son destin, sur sa levée de voile et sur son affermissement.
Une fois à Fès, le cheikh y passa un certain temps dans le but de rendre visite à Moulay Idriss. Il m'a
appris la voie "Khalwatiya", ainsi que des sciences et des secrets. Il s'est ensuite retourné à Tlemcen et
m'a informé qu'il quittera cette ville pour une autre destination, car il ne se sentait pas à l'aise dans
cette région. En le saluant, avant de partir, il m'a dit : respecte le pacte et l'amour jusqu'à l’arrivée du
"Fath" (l'ouverture spirituelle), s'il plaît à Dieu, le Très- Haut. Une fois à Tlemcen, il y est resté un
moment puis il l'a quitté pour aller au Sahara, en 1196 H. Il s'est installé au village du grand pôle Sidi Abi
Samghoune.
Puis il l’a quitté pour aller au pays "Touat" dans le but d'une visite (Zyara). Il a rencontré là-bas
certains élus et a appris d'eux quelques spécificités. À leur tour, ils ont appris de lui différentes sciences
et divers secrets relatifs à la voie soufie. Il s'est ensuite retourné à Abi Samghoune pour s'y installer
définitivement.
C'est là qu'il a eu son ouverture spirituelle. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, l'a autorisé à
éduquer et à former les gens. Le cheikh avait toujours fui et évité cette responsabilité, il s'occupait
uniquement de sa propre éducation. Il n'a jamais prétendu être habilité à être un éducateur spirituel,
jusqu'à ce qu'il ait obtenu cette permission du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, en état d'éveil et
non pas de rêve. Il a été ainsi autorisé à éduquer les créatures en général et sans aucune restriction. Le
prophète, lui a désigné le "wird" qu'il devait enseigner à ses disciples, en 1196 H.

1 -Abdellatif Ben Houssam Dine Khalwati Halabi: Il a vécu et est décédé à Damas au mois de Rajab en 1121 H. Son disciple le
gnostique sidi Moustapha Bekri a écrit sa biographie dans un livre réservé à cet effet. Il a traité ainsi plusieurs aspects de la
personnalité de son maître. Sa biographie détaillée figure également dans le livre «silk dourar fi aayane al qarn al tani achar»
(recueil présentant les érudits du 12ème siècle de l’hégire), de Mouradi, tome 3.

-97-
Il lui a désigné, prière et salut d'Allah sur lui, l'imploration du pardon et la prière sur le prophète,
prière et salut d'Allah sur lui. C'était le contenu du "wird" à cette époque, jusqu'en 1200 H, date à
laquelle le "wird" a été complété par le mot de dévouement (pas de divinité à part Allah). C'est en ce
moment que le cheikh a commencé à faire paraître sa «tariqa» (sa voie soufie) aux gens pour les faire
bénéficier de ses bienfaits.
Cela a eu lieu après l'information apportée par le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, qui
concerne sa station élevée et sa grande valeur et position auprès d'Allah. Il l’a informé aussi sur le
mérite de ce wird, sur son importance, ainsi que sur ce qu'Allah a réservé à ceux qui l'aiment parmi ses
compagnons et les adhérents dans son parti. Ce point sera traité d'une manière détaillée et claire dans
un autre chapitre.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a ensuite autorisé le cheikh dans la voie Ahmedienne et
dans la conduite prophétique. C'est par son intermédiaire que le cheikh a eu l'ouverture spirituelle. Puis
il l'a informé qu'il est son éducateur et son tuteur, et que rien ne peut lui arriver d'Allah sauf par son
intermédiaire, prière et salut d'Allah sur lui.
Il lui a dit, prière et salut d'Allah sur lui : "aucun cheikh soufi ne peut prétendre qu'il t'a fait une
certaine faveur. Je suis en effet ton intermédiaire et ton pourvoyeur authentique. Abandonne donc tout
ce que tu as pris comme voies soufies". Il lui a dit également : "engage- toi dans cette voie-ci, sans
retraite spirituelle ni solitude, jusqu'à ce que tu atteignes ta station promise, tout en restant dans ton
état, sans stress, ni gêne, ni excès d'assiduité. Abandonne aussi tous les élus". À partir de ce dire du
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, le cheikh a abandonné toutes les voies soufies ainsi que la
sollicitation de tous les élus. Considérez donc, clémence d'Allah sur vous, cette diligence à l'égard de
notre cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, ainsi que cet amour et cette spécificité de la part du maître de
l'univers, prière et salut d'Allah sur lui.
Cela montre que le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, dispose d'un rang sublime chez Allah, le
Très-Haut. D'ailleurs, le maître de l'univers, prière et salut d'Allah sur lui, avait informé notre cheikh de
ceci à plusieurs reprises. En effet, celui qui arrive à l'ouverture spirituelle par l'intermédiaire du
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, sa station est toujours plus élevée, plus glorieuse et plus
éminente que celle des autres élus. Ceci est bien connu chez les soufis.
De même, ses compagnons ont généralement plus d'importance que les compagnons des autres
cheikhs, satisfaction d'Allah sur eux. C'est l'exemple du cheikh Moulay Abdelqader Jilani qui a dit : "Un
œuf de chez nous compte pour mille, etc. " en faisant allusion à ses compagnons, car son ouverture
spirituelle et son ascension se sont déroulées par l'intermédiaire du prophète, prière et salut d'Allah sur
lui.
Celui qui atteint l'ouverture spirituelle et l'arrivée à la connaissance d'Allah par l'intermédiaire
directe du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a une importance et une valeur qui dépassent de loin
celles des autres disciples. Cette ouverture et cet afflux activés directement par le prophète, prière et
salut d'Allah sur lui, en faveur de notre cheikh (sidi Ahmed Tijani satisfaction d'Allah sur lui) ont eu lieu
au début de l'année 1200 H à Abi Samghoune et à Chellala.
À partir de ce moment, louange à Allah, les secrets, les lumières, les manifestations, les ascensions et
la perfection des lumières se succèdent sur le cheikh. De même, plusieurs groupes de personnes
viennent lui rendre visite, de différents pays et régions, afin d'apprendre de lui, de profiter de sa visite et
de tirer parti de ses secrets.
Parmi les afflux du cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, je peux citer un ensemble d'informations qui
m'ont été dictées par lui-même, à partir de sa mémoire et de ses mots. Ces afflux seront donc présentés
au lecteur à leur place. Ils éblouissent les intellects et annihilent le raisonnable et le rapportable. Le
cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, est resté en cet état dans cette région. Nous y sommes rendus à
plusieurs reprises pour le voir.
Nous sommes venus lui rendre visite dans ce village pendant le Ramadan en 1203 H. À chaque visite,
nous entendions de lui différentes sciences et divers secrets qu'on n'avait pas entendus lors de la visite

-98-
précédente. Je continue à enregistrer ce que j'entends de lui et ce qu'il nous dicte à partir de sa
mémoire et de ses propres mots.
Puis le cheikh a quitté le pays Sahraoui mentionné, le 17 Rabiâ I prophétique, 1213 pour rentrer à Fès
le 6 Rabiâ II, 1213. Nous étions en sa compagnie, depuis Abi Samghoun jusqu'au moment où nous
sommes arrivés à Fès. Le long du voyage, nous avons évoqué différents sujets très intéressants sur les
états du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui. L'intérêt que nous avons tiré de ces discussions est
inestimable et personne n'en avait la moindre idée. Nous avons assisté, durant le voyage, à différentes
scènes miraculeuses, qui seront évoquées dans le chapitre réservé aux prodiges du cheikh.
Le cheikh étant en parfait état, englobant les connaissances divines auxquelles il a été préparé, les
contrées terrestres ont resplendi par son arrivée généreuse. La bénédiction a couvert le pays marocain
dans sa longueur et sa largeur.
Mais, ce rayonnement et cette joie sont dissimulés et voilés sauf pour les élus dignitaires de la
spécificité. Si le voile se décelait, et si le destin du cheikh était dévoilé, chaque être humain aurait
chanté à l'occasion de son arrivée (au Maroc) ainsi que chacun de ses sens, s'il disposait d'une langue, ce
qui suit :
Oh maître, Vous êtes revenu,
et les nuits réservées à votre contact se sont transformées en fêtes grâce à votre proximité, le
délice de l'intimité est réapparu.
Dès votre apparition, votre arrivée a éloigné la souffrance endurée.
Je vois pour cette raison la séduction comme étant une guidance bien admirée.
Aujourd'hui, par votre présence le temps a été généreux avec moi.
La vertueuse conciliation est si ample après votre retour, toutefois
j'espère que votre beauté ne manquera plus à mon œil puisque vous êtes sa lumière sublime et la
seule, je souhaite finir le restant de mes jours joyeux et comblé de bonheur.
Après deux mois à Fès, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, nous a ordonné d'assembler ce livre, à la
suite d'un ordre du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Cette fois, l'ordre est formel. En effet, le
cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, nous avait déjà ordonné de faire cet assemblage, mais il nous avait
demandé après de tout déchirer, pour une certaine raison liée à l'époque.
Là, il s'agit bien d'une largesse divine, de la part du Vrai, du Grand, du Sublime, sous forme d'un ordre
du maître des hommes, prière et salut d'Allah sur lui. L'ordre doit donc être exécuté et le livre doit être
assemblé. Le maître de l'univers, prière et salut d'Allah sur lui, après avoir demandé au cheikh
d'assembler le livre, il lui a dit : conserve-le afin d'en faire profiter les élus qui vont venir plus tard.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, nous a demandé donc d'écrire le livre, de l'assembler et de
conserver ce qui risque d'être perdu. Nous avons senti beaucoup de joie à l'occasion de cette bonne
nouvelle. D'ailleurs, avant de déchirer le premier assemblage, le livre était pour nous la meilleure
épargne des temps et des époques, mais après l'avoir déchiré, nous étions en pleine tristesse et chagrin.
Maintenant, le cheikh nous a offert la parfaite joie et réjouissance. Nous commençons donc à rédiger
le livre et à collecter l'information pour le préparer. Nous invoquons Allah qu'il nous aide à le terminer.
Par la grâce du prophète qui est pour nous une pleine lune. Qu'Allah lui confère la meilleure prière et le
glorieux salut.
Clôturons ce chapitre en évoquant différentes prédications apparues au jeune âge du cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui. Ces annonces montrent l'éminence de son affaire et la sublimité de son
importance et de son honorabilité. Personnellement, lorsque je vois un rêve, il se concrétise même
après un certain moment, comme l'a expliqué le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui. Le rêve d'une
personne sincère signifie en effet ce qui lui arrivera dans la plupart des cas.
C'est ce qui nous a été rapporté par sayida Aïcha, la véridique, satisfaction d'Allah sur elle : "le début
de la révélation du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a été sous forme de rêves vertueux. Chaque
fois qu'il voit un rêve, celui-ci se concrétise bien dès la levée du jour". Rapportons certains rêves du
cheikh, satisfaction d'Allah sur lui :

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Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : "lorsque j'étais jeune, avant ma puberté, j'ai vu comme si
le trône a été préparé à mon honneur. Je m'y suis alors assis. J'avais aussi un grand nombre de soldats
que j'affectais pour mes affaires personnelles. C'est comme si j'étais un roi". Ce rêve, il l'a vu à Aïn Madi.
Il a dit aussi : j'ai vu un rêve qui illustre tout mon état. J'ai vu le prophète, prière et salut d'Allah sur
lui, monté sur un cheval. Je me suis alors dit, tout en me dirigeant vers lui: si je le salue alors qu'il est
assis sur le cheval, je ne vais atteindre mon objectif qu'avec difficulté, mais si je le salue sans qu'il
monte, mon but sera facilement atteint, sans aucun problème. Une fois près de lui, prière et salut
d'Allah sur lui, il est descendu du cheval et je l'ai salué.
C'est exactement ce que j'ai souhaité lors de mon sommeil. Lorsque je l'ai salué, il est rentré dans un
jardin qui appartient à un homme d’Ain Madi. Puis il a commencé à faire la prière. Je me suis donc
concentré pour définir mon intention avant de prier avec lui. Quand je voulais commencer, je l'ai trouvé
déjà à la prosternation de la première "Rakâ", prière et salut d'Allah sur lui. J'ai donc commencé la
seconde Rakâ derrière lui. Je l'ai complétée jusqu'à ce qu'il l'a terminée.
J'ai alors interprété ce rêve, tout en étant encore endormi, comme suit : la moitié de mon âge sera
partie en vain. La seconde moitié sera réservée à la concrétisation de mon souhait. Les choses se sont
déroulées ainsi. Louange à Dieu qui détient le rappel des aubaines.
Le cheikh a dit aussi : je me suis vu, en rêve, sous la forme d'un ange. Les gens me présentaient leur
allégeance. Un grand nombre de gens étaient avec moi. Ils m'ont dressé le siège de la souveraineté sur
une terrasse élevée. Je portais des habits de rois. Lorsque la prière du "Dzohr" (moitié de la journée) est
arrivée, j'ai voulu demander à quelqu'un de faire l'imam (pour diriger la prière), comme à mon
accoutumée. Mais je me suis rendu compte que c'est le successeur qui devait le faire.
J'ai alors pris la place de devant et j'ai présidé la prière des gens, jusqu'à sa fin. Lorsqu'il a raconté ce
rêve à un de ses bien- aimés, il lui a dit : sans doute, Allah, le glorieux, le Très-Haut, veut faire de moi un
pôle, alors que je sollicite autre chose.
En effet, durant cette époque, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, invoquait Dieu pour lui accorder
le poste (spirituel) d'un des ouvreurs des trésors, vu le haut rang dont ils sont qualifiés. Mais par la suite,
il a détourné sa détermination pour aspirer à être plutôt le pôle. Et ce après ce qu'il a vu comme
spécificité chez le pôle, spécificité que personne parmi les élus les plus éminents ne peut espérer
quoiqu'il arrive. Le cheikh a en effet obtenu ce rang, louange à Dieu.
Il a dit aussi : j'ai vu Sidi Boumediene Ghaout, en rêve, dans un rassemblement, en train de dire :
"celui qui nous donne quelque chose aura ce qu'il demande". Je lui ai dit alors : je vous donne quatre
"mitqal" (une ancienne monnaie) et garantissez-moi le rang spirituel de pôle suprême. Il m'a répondu
oui, je vous le garantis. Vous ne mourrez pas avant de l'acquérir.
Il y a eu un événement qui soutient ce rêve. En effet, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a
rencontré un homme qui communique avec les esprits en état d'éveil. Ils l'informent sur ce qu'il veut. Le
cheikh lui a dit : je pense à quelque chose ; peux-tu me dire de quoi s'agit-il, sans aucune indication ?
Lorsque les esprits se sont présentés à lui, il leur a demandé de lui déceler la pensée du cheikh. Ils
ont répondu qu'il pense au rang spirituel de pôle. Un homme a été avec eux ; il a dit : qui vous a autorisé
à parler de ce sujet ? Ils ont dit : c'est son ami qui nous a posé la question !
Il leur a dit : je lui ai déjà garanti, au moment où il était encore à Tlemcen, avant de prendre sa route
vers l'orient, qu'il va être pôle. Il ne mourra pas avant d'obtenir ce rang spirituel de pôle qui ne concerne
personne, ni vous, ni d'autres.
Cet homme mentionné est bien Sidi Boumedienne, satisfaction d'Allah sur lui. L'homme interrogé n'a
jamais vu le cheikh avant, sauf au moment de la question posée. Il ne sait rien du rêve. Voilà pourquoi
ce rêve paraît authentique et crédible ; ce n'est pas de l'illusion.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a rapporté différents rêves qui montrent son élection, sa gnose
et sa position de pôle. Ses rêves sont tous crédibles comme le levé du jour. Chaque fois qu'il voit un rêve
et le rapporte, il se concrétise comme un levé du jour. J'ai déjà cité certains de ces rêves et je citerai le
reste, s'il plaît à Dieu.

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Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : j'ai vu le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, en rêve,
en Tunisie. Il m'a dit : invoque Allah pour qu'il t'accorde la connaissance ou ton objectif, et moi je dirai
Amen à la suite de ton invocation. J'ai alors fait mon invocation et le prophète a dit Amen, prière et salut
d'Allah sur lui. Puis il a lu la Sourate "Ad Doha". Lorsqu'il est arrivé au verset coranique suivant : «Ton
Seigneur t'accordera certes [Ses faveurs], et alors tu seras satisfait», il a fixé son noble regard vers moi,
puis il a terminé la Sourate, prière et salut d'Allah sur lui.
Parmi les rêves du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, on peut citer également : Il a dit: j'ai vu le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, en rêve, et je l'ai interrogé sur le hadith lié à Jésus, salut d'Allah
sur lui. Je lui ai dit : deux versions authentiques ont été rapportées d'après toi. Dans l'une, tu as dit :
Jésus restera quarante ans après sa descente. Dans l'autre, tu as dit : il restera sept ans1. Quelle est alors
la vraie version ?
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a répondu que la version de sept ans est la vraie version2.
Il nous a rapporté aussi, satisfaction d'Allah sur lui: j'ai vu le prophète en rêve, et je l'ai interrogé sur la
Zakate ramassée par les gouverneurs et les injustes parmi les musulmans, par force, est-ce qu'elle est
agréée ? Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : je vous ai demandé d'obéir à vos
commandeurs, n'est-ce pas ? Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, lui a dit : que direz-vous de ceux qui
peuvent la confier à d'autres personnes sans qu'ils risquent d'être touchés par leur injustice ? Le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : s'ils donnent alors la Zakate à ces commandeurs, j'invoque
Allah qu'il les anathématise.
Parmi les dires du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui : je me sentais gêné et j'exigeais que l'eau
d'ablution soit très propre ; j'évitais alors d'utiliser de l'eau déjà troublée par l'ablution des autres.
J'étais ainsi très exigent jusqu'au moment où j'ai vu le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, faire son
ablution à partir d'un récipient qui contient de l'eau trouble, affectée par l'ablution des gens. Il m'a dit :
je suis Mohamed, le messager d'Allah, prière et salut d'Allah sur lui. À partir de ce moment, je ne me
sentais plus gêné3.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, nous a rapporté également ce qui suit : j'ai vu le prophète
Moussa, prière et salut d'Allah sur lui et sidna Mohamed, je lui ai dit : il nous a été rapporté que
Qaroune a vu le lieu où tu as jeté le nom suprême d'Allah dans la mer afin de montrer la tombe de sidna

1 - Selon Abdallah Ibn Amr Ibn Al-As (que Dieu l'agrée), le Messager de Dieu (paix et bénédiction de Dieu sur lui) a dit : "Le
Charlatan sortira parmi ma communauté et y restera quarante - je ne sais si ce sont quarante jours, ou quarante mois, ou
quarante ans - Dieu exalté enverra alors Jésus, fils de Marie (sur lui la paix) qui le cherchera et le fera périr (il lui donnera un
coup si fort qu'il fondra comme fond le sel dans l'eau). Puis les gens resteront sept ans durant lesquels il n'y aura pas deux
seuls ennemis. Puis Dieu lâchera un vent frais venant de Syrie. Il ne restera pas sur terre un seul homme ayant dans son
cœur le poids d'une fourmi de bien (ou de foi) sans qu'il ne lui retire son âme. Quand même l'un de vous entrerait dans le
sein d'une montagne, il l'y suivrait pour lui retirer son âme. Il restera alors les méchants sur cette terre qui auront la rapidité
des oiseaux et les instincts des fauves. Ils ne reconnaîtront aucun bien et ne renieront aucun mal. Le Diable prendra pour
eux une apparence humaine et leur dira : "Allez-vous enfin m'obéir?" Ils diront : "Et que nous ordonnes-tu de faire?" Il leur
ordonnera alors d'adorer les idoles. À ce moment leurs biens deviendront abondants et leur vie agréable. C'est alors qu'on
soufflera dans Le Clairon. Nul ne l'entend sans chanceler à droite et à gauche. Le premier à l'entendre sera un homme
occupé à colmater les parois du bassin où s'abreuvent ses chameaux. Il tombera foudroyé et les gens tomberont foudroyés
autour de lui. Puis Dieu lâchera une pluie pareille à de la rosée. Elle fera repousser les corps des humains ("Puis on y
soufflera une deuxième fois et les voilà debout les yeux grand ouverts"). Puis II dit : "? Humains! Venez à votre Seigneur!"
("Arrêtez-les, ils doivent rendre des comptes") Puis II dit : "Faites sortir ceux qu'on a ressuscités pour le Feu". On dira : "Dans
quelle proportion?" Il dira : "De chaque millier neuf cent quatre-vingt-dix-neuf". Ce sera vraiment un jour à faire blanchir les
cheveux des nouveaux nés et ce sera un jour où les choses effarantes seront dévoilées". (Mouslim)
2 - Certains érudits ont dit: pour ne plus avoir de confusion entre les versions de ce hadith, il faut savoir ce qui suit : Quand
Allah avait élevé le prophète Issa (Jésus), salut d’Allah sur lui, vers Lui, ce dernier avait 33 ans. Et quand il redescendra sur
terre, il vivra 7 ans, ce qui fait un total de 40 ans.
3 -La preuve de la propreté de cette eau est le hadith suivant du prophète, prière et salut d’Allah sur lui, rapporté par l’imam
Ahmed dans son livre Al Mousnad : la mère des croyantes sayida Maymouna conjointe du prophète, prière et salut d’Allah
sur lui, a dit : Nous étions le messager d’Allah et moi, en cas de souillure majeure, on a pris alors un bain rituel, j’ai utilisé
pour ce faire un petit seau. Quand j’ai terminé, il y avait encore de l’eau dans le récipient. Le prophète, prière et salut d’Allah
sur lui, est venu me joindre pour prendre à son tour le bain et il a pris ledit récipient. Je lui ai dit : c’est de l’eau qui reste de
mes ablutions. Il m’a répondu : l'eau n’est pas souillée par ça, ou il m’a dit : l’eau n’est souillée par rien du tout. Et il a fait ses
ablutions par cette eau.

-101-
Youssef, salut d'Allah sur lui. Qaroune a pris le lieu où a été écrit le nom suprême d'Allah et a commencé
à le jeter là où il y a des trésors ; ceux-ci lui apparaissaient. Voilà comment il a obtenu sa très grande
fortune. Il m'a dit : oui, c'est vrai. Je lui ai dit : est-ce que le gnostique a le choix d'agir ou de ne pas agir ?
Il m'a dit : uniquement s'il atteint tel rang spirituel, etc. Le cheikh ne nous a pas indiqué ce rang.
Regardez, clémence d'Allah sur vous, les états de ce cheikh et son comportement avec l'élite des
créatures. Son sommeil devient comme son éveil. Il interroge le prophète sur ce qui l'intéresse. Voilà les
états des hommes dont l'esprit l'emporte sur le corps. L'origine de l'esprit est la propreté et la pureté.
Nous invoquons Allah, le Très-Haut, qu'il nous range, tous, dans le groupe de l'élite de ses élus et
bien-aimés. Le cheikh a vu d'autres beaux rêves. Voilà ce qu'on a pu présenter de ce qu'il a vu pendant
son jeune âge. Actuellement, il ne nous rapporte que rarement ses rêves. Ces rêves susmentionnés
concernent ainsi la période qui précède celle durant laquelle le maître de l'univers, prière et salut
d'Allah sur lui, a informé le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, de son rang spirituel. Aujourd'hui, louange
à Dieu, il l'a informé sur cette position et sur ce qu'Allah lui y a préparé. Il est impossible de rapporter ce
qu'il lui a communiqué, parce que cela dépasse les raisons! Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, lui
a garanti ce rang spirituel ainsi que toutes ses demandes, même celles liées au monde d'ici-bas. Nous en
parlerons en détail dans le chapitre correspondant, s'il plaît à Dieu.
Nous invoquons Allah, par la grâce de son prophète, bien- aimé et messager, qu'il nous range dans le
divan de l'élite des gens dignes de son amour et de sa dilection. Qu'il nous fasse mourir dans l'amour de
ce noble maître, tout en suivant la conduite de son prophète sublime. Amen.

-102-
CHAPITRE II -PARTIE I - ILLUMINATIONS SPIRITUELLES DU CHEIKH
Les illuminations spirituelles du cheikh, ses états, la station qui lui a été
attribuée, sa perfection, sa conduite prophétique, un ensemble de ses
éthiques splendides, et ses comportements avec ses confrères et avec
les gens dignes de sa dilection

PARTIE I : LES ILLUMINATIONS SPIRITUELLES DU CHEIKH, SES ÉTATS, LA STATION QUI LUI A ÉTÉ
ATTRIBUÉE ET SA PERFECTION

Je dis, qu'Allah nous accorde succès : notre maître Abou Abbes, satisfaction d'Allah sur lui, est doté
d'états éminents, de stations spirituelles élevées, de dons miséricordieux et d'illuminations
seigneuriales. Il est affecté par l'effacement et l'anéantissement, la vigilance et la persévérance, la
stupeur devant son seigneur et la constatation de ce dont il l'a chargé. Il fait partie des noyés dans la
mer de la vérité. Il est véritablement entraîné par attraction. Il a reçu la force, l'affermissement et
l'indélébilité dans la connaissance et la certitude. Ses signes et ses preuves ne cessent d'apparaître.
Il a bu d’une pureté à partir d'un vin éternel. Il a prélevé de son copieux bassin pour distribuer (aux
gens) différents verres rafraîchissants et divers renforts. Il a emprunté une voie directe et un droit
chemin à partir de la conduite prophétique. Il est monté sur ce bateau. Que sa course et son mouillage
soient au nom d'Allah ! C'est ainsi que ses lumières sont devenues fortes, ses secrets débordants, ses
acquisitions de stations spirituelles successives, et les émissaires spirituels qui l'illuminent fréquents. Il
en a reçu une forte part. Telle est la grâce d'Allah qu'il donne à qui II veut. Et Allah est le Détenteur de la
grande grâce.
Il est impossible à une personne comme moi de décrire une telle station spirituelle ou de déceler une
telle vérité (celle du cheikh) selon un aspect ou un autre. Je me contente donc de mentionner, à partir
de tels dons et de telles manifestations, quelques évènements avertisseurs, quelques détails, quelques
rayonnements, quelques archives, quelques chroniques et quelques informations. D'ailleurs, l'état d'un
individu est un émissaire divin et une illumination spirituelle dans le cœur, que seul son dignitaire peut
décrire. Qu'Allah couvre de sa clémence celui qui a dit :
La forte affinité et le brûlant désir
ne sont connus que par celui qui en est martyr.
Il en est de même pour celui qui subit la tentation et la provocation.
Le professeur Abou Kacem Qochayri, satisfaction d'Allah sur lui, a expliqué ce qu'est un état. C'est un
sens qui parvient au cœur sans effort de méditation, sans pensée et sans acquisition à partir d'une
musique, d'une jouissance ou d'une autre chose. Cet état provient de la largesse divine, elle-même. La
station spirituelle (Maqam) est obtenue par contre en fournissant des efforts personnels. La personne
digne d'une station spirituelle maîtrise son avancement, alors que celle qui est dotée d'un état spirituel
est avancée et est promue.
On rapporte d'après les cheikhs que les états sont comme les éclairs. Lorsqu'un état demeure, on
l'appelle «conversation d'âme». D'autres cheikhs disent au contraire que les états demeurent et restent
pérennes. Lorsqu'ils sont de passage, il s'agit uniquement de choses qui sont apparues et qui ont surgi
dans un moment donné. Mais il est préférable d'opter pour le sens donné par le professeur Qochayri,
clémence d'Allah sur lui. En effet, il a expliqué ce qu'est un état à partir de ce qu'il sent lui-même, de ses
multiples illuminations spirituelles, et de ses afflux chevauchants. Un état arrive de temps à autre, selon
ce qu'on a constaté d'une manière oculaire. Il ne s'agit pas d'un état inséparable qui signifie la station
spirituelle (Maqam).
La signification de la station spirituelle "Maqam" attribuée à une personne est ce dont il a été adapté
comme connaissances et gnoses. Voilà ce qu'on a pu comprendre de l'explication du professeur
Qochayri, de ses indications, rapports et informations sur lui-même.

-103-
Quant aux illuminations spirituelles du cheikh et ses états, satisfaction d'Allah sur lui : au début,
quand il a reçu ce qu'il a reçu (la levée du voile), et subit ce qui a surgi, il était arraché de lui- même et
anéanti. Cet état ne l'abandonnait pas. Mais malgré cela, il était à l’apogée de la perfection. Lorsqu'il est
affecté par un certain état, personne parmi les gens présents et parmi les spécialistes de la linguistique
ne comprend ce qu'il veut dire. Seul celui qui dispose des mêmes sensations peut le comprendre. Le
cheikh décèle parfois, lors de l'apparition d'un certain état, différents mystères liés aux prédicats du
temps ainsi que divers évènements qui vont avoir lieu. Mais parmi les confrères, seule l'élite de l'élite le
comprend. Les différentes histoires, et les différents évènements et signes de ce type sont très
nombreux.
Après cette première période spirituelle, le cheikh s'est maîtrisé davantage et est devenu plus calme.
Son état est devenu discret et maîtrisé. Les états n'affectent plus son apparence, comme avant. Il est
devenu, tout le temps, calme et dynamique, agité et posé, présent et absent, éveillé tout en ayant bu
(de ces états). Son éveil ne l'occupe pas de son ivresse et inversement, son ivresse ne l'empêche pas
d'être éveillé. Son ivresse est utile pour son éveil ; elle lui a ajouté perfection et force. Le cheikh a donc
acquis l'affermissement et la maîtrise stable. Il nous rappelle ce qui a été chanté dans les vers suivants :
Il arrose et boit ;
son ivresse ne le préoccupe pas de son compagnon de foi;
Mais il ne se détourne pas du verre.
Son ivresse lui obéit à tel point qu'il gère
l'état des éveillés. Quelle personne mystérieuse !
Le caractère dominant de son état spirituel est dû à la force de ce qu'il reçoit comme inspirations,
satisfaction d'Allah sur lui. La preuve de cette force réside dans le fait qu'il peut prononcer différentes
connaissances, diverses sciences et différents secrets sans limites. La raison et la pensée sont incapables
de comprendre les inspirations que le cheikh cite et dicte, par voie orale, à partir de sa mémoire et de
ses mots. J'en ferai part au lecteur au moment opportun.
Une autre preuve de cette force est le bénéfice tiré par ses compagnons. Il les assiste spirituellement
et il gère leurs états. Nous voyons bien les effets de sa gestion. Ils nous informent, eux-mêmes, sur ce
qu'ils sentent comme changements.
Les élus sont différents par rapport à la dominance des états spirituels sur leurs propres personnes.
La différence entre celui qui se laisse porter par son état à cause de sa faiblesse et un autre à cause de
l'ampleur de ses inspirations est la suivante : le premier a pour signe de faiblesse l'absence de son
assistance à autrui. Il se contente de se servir, uniquement.
Le second a pour signe de force la providence des autres. Il peut même leur faire une déprédation, ce
qui est encore plus fort. Voilà ce qu'est un cheikh parfait. Il donne et reprend, mais tout obéit à une
justice et au destin.
On l'a vu à plusieurs reprises faire ceci avec certains confrères à cause de leur manque de bienséance
et pour d'autres raisons. Qu'Allah nous accorde sauvegarde, protection et comportement exemplaire
avec lui continuellement, pour toujours. Qu'Il exauce cette invocation. Nous nous dirigeons vers lui tout
en nous mettant derrière son bien-aimé, notre maître, Sidna Mohamed, qu'Allah lui confère les
meilleures prières et salutations.
Par ailleurs, plusieurs grandes personnalités et pôles, parmi ceux qui nous ont devancés ou ceux qui
vont nous succéder, satisfaction d'Allah sur eux (amen) subissaient la dominance de l'état spirituel sur
leurs propres personnes à cause de sa grande force.
C'est le cas de notre maître, satisfaction d'Allah sur lui, qui se distingue en plus par son état spirituel
fort et par sa lumière effluente même après son calme et sa maîtrise. La plupart du temps, il lui arrive un
afflux sublime et un bien immense. Nous avons vu ceci à plusieurs reprises pendant les moments de son
afflux. Parmi ceux qui l'accompagnent, seuls les gens de l'élite remarquent ceci ainsi que ceux auxquels
Allah veut du bien. En effet, le cheikh a la capacité de ne pas changer d'attitude ni de sujet lors de ces
manifestations. Mais, la plupart des gens présents ne comprennent rien de ce qu'il dit.

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Son attraction spirituelle, satisfaction d'Allah sur lui, quant à elle, c'est une chose claire et un état
surgissant. L'anéantissement apparaît en lui en état d'ivresse «spirituelle», et plus fort encore : il
apparaît en lui également en état d'éveil.
Nous avons pu nous asseoir en sa compagnie, à plusieurs reprises. Il demande des nouvelles de
quelqu'un alors qu'il est assis avec nous (sans qu'il se rende compte de sa présence). Ceci lui arrive
souvent. Pareillement, et à la suite de son attraction et de son fort état spirituel, différents signes
apparaissent en lui, satisfaction d'Allah sur lui. Par exemple, son corps devient grand et bien rempli ; son
visage devient éclairé et splendide ; et ses mouvements deviennent lourds au point de ne plus lui
permettre de bouger.
Rappelez-vous ici ce qui arrivait au prophète, prière et salut d'Allah sur lui, lorsqu'il recevait une
révélation ou un ordre divin. Il sentait une intense pression et un grand resserrement. Lorsque l'ange se
sépare de lui, la sueur coule sur son front. Sa sensation s'alourdit à cause du poids et de la sublimité de
la parole qu'il a reçue. Un jour, au moment d'une révélation, lorsque sa cuisse touchait celle de Zayde
Ben Tabet, qui était assis à côté de lui, Zayde, satisfaction d'Allah sur lui, a senti un excès de poids qui
aurait endommagé sa cuisse !
Ces élus, satisfaction d'Allah sur eux, sont les aspects des signes du prophète, prière et salut d'Allah
sur lui. Ils prélèvent de la providence de ses inspirations. C'est à partir de lui qu'ils prélèvent et de sa
mer qu'ils boivent. Quant au cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, lorsque son état spirituel s'intensifie, sa
splendeur et sa beauté augmentent, son visage s'illumine, son éclat surgit et la trace ainsi que le sens de
son intérieur apparaissent sur lui.
Vous y voyez alors une beauté magnifique, ainsi qu'une lumière éblouissante. Vous serez ébahi par
sa beauté et sa solennité, par sa splendeur et sa perfection. Vous serez hanté par sa passion qui
s'emparera de votre raison et de votre cœur. Vous ne vous détournerez plus vers quelqu'un d'autre ; il
s'agit bien d'une beauté
céleste et d'un secret divin. Comme c'est merveilleux de lire les vers suivants :
Regardez ; vous allez voir la splendeur du soleil des connaissances,
sur son front magnifique, beau et consciencieux.
Tous les Cheikhs sont vêtus d'habits glorieux,
mais le Cheikh les a dépassés par sa "Joséphienne"
magnificence.
Un autre poète a dit:
Regardez le jardin de la beauté ; ses fleurs se sont épanouies grâce à la beauté du Cheikh et à sa
splendeur.
Ceci présente une certaine vérité que verra celui qui peut la saisir,
pour un dignitaire de raison qui discerne cette grandeur.
Le Cheikh a vu par son cœur la lumière divine.
Sur son visage apparaissent les secrets de ce regard qui illumine.
Un autre poète a dit également:
Regardez à l'aurore de sa beauté et de sa splendeur.
Ses lumières ont resplendi sur son front.
Le secret de ses connaissances est contenu en son for intérieur,
les traces de ce secret paraissent bien sur son visage innocent et oblong.
Il est une sorte d'océan
ne voyez-vous pas que ses secrets surgissent toujours sous forme de déferlement ?
En général, cette apparence surgit en lui lorsqu'il est en présence de chanteurs (Samaâ) qui
mentionnent :
• Les attributs moraux du prophète, prière et salut d'Allah sur lui.
• Ses qualificatifs distinctifs.

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• Ou ses paroles et ses prédicats.
Là, ce qui est caché ainsi que la trace de ce qui est dissimulé en son for intérieur apparaissent sur lui.
Là aussi, il lui arrive d'être affecté par l'illumination spirituelle, par la stupeur, par l'ivresse et par l'afflux
qui surgissent sur son aspect apparent en lumières, qui paraissent sur sa langue sous forme de secrets
et qui jaillissent de son cœur sous forme de sciences et d'informations. Qu'Allah nous accorde sa
satisfaction ! Amen.
Quant à sa station spirituelle qui le caractérise, satisfaction d'Allah sur lui : c'est l'authentification
de la connaissance, l'affermissement dans la certitude, la perfection de la perception de l'unicité, de la
singularité et du dépouillement, la constatation de l'amour à partir d'Allah, la constatation qu'il est (en
tant que serviteur) considéré comme un bien-aimé, attiré vers la présence de son seigneur et bien
demandé, qu'il est habitué à ne s'appuyer que sur son seigneur et à ne s'isoler qu'avec lui seul, sans
aucune autre association.
Il aime ce que Dieu a ordonné à ses serviteurs de faire. Il déteste ce qu'il leur a prohibé. Il s'arrête
toujours à Sa porte et s'attache tout le temps à lui. Il ne se sent jamais stable avec quelqu'un d'autre en
dehors d'Allah. Il ne se tourne même pas vers son côté. Il n'a de passion qu'avec Allah, que ce soit en
état d'agitation ou d'apaisement, d'éveil, de sommeil ou de fluctuations ordinaires.
Lorsqu'il marche, lorsqu'il se lève, lorsqu'il s'assoit ou lorsqu'il fait attention après un petit sommeil,
le cheikh se rappelle Allah constamment en citant des litanies qui montrent que son cœur est bien
rempli de sagesse, de foi et de lumière. L'entendeur se remue quand il l'écoute. Les cœurs et les
auditions se tranquillisent à sa présence. Il ne dort pas profondément, il rompt souvent son sommeil en
se réveillant, mais tout en restant allongé. Lorsqu'il bouge ou modifie sa position, il cite différentes
litanies. Sa vérité est mélangée avec de l'anéantissement dans Allah, de l'engouement et de l'amour
pour Lui. Sa sérénité par d'Allah est acquise avec certitude, connaissance et foi.
Il ne compte que sur Dieu et ne s'appuie que sur lui. Il n’accorde aucune importance à ce qui est en
relation avec les gens : qu'il s'agisse de prospérité ou de malheur, de dilection ou de nuisance ! Allah lui
a accordé succès dans tout ce qui se déroule selon Sa volonté divine. Vous ne le trouvez que satisfait par
la décision d'Allah et par Sa volonté. Il se sent joyeux par ce qu’il fait. Il mentionne toujours Ses
différentes aubaines.
Il n'aime pas s'associer à Dieu dans Son ménagement et Son choix divins. Il dit : il n'y a pas mieux que
ce qu'Allah fait ou choisit pour sa créature. Il ne veut que ce qu'Allah a voulu et a décidé. Vous ne voyez
donc le cheikh que satisfait par rapport aux situations du moment et de l'époque, qu'il s'agisse d'une
difficulté, d'une aisance, d'une crainte ou d'une sécurité. Il encourage les gens à être satisfaits de ce
qu'ils ont et à être soumis à Dieu même en cas de désastre.
Lorsque la situation change, son objectif suit. Il ne s'attache à rien de ce qui se passe. En général, il
confirme ce sens et il l'indique ; il guide les gens par son état et sa parole vers ceci, et chante
indirectement les vers suivants, par son état, à titre de représentation :
La lune de la perfection se joint en ma compagnie.
Mon cœur penche là où elle dévie.
C'est ainsi que le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a annihilé toute considération d'autrui ; il ne
constate personne à part Allah. Il voit qu'autrui n'apporte rien, ni un bien ni un mal. Il constate plutôt
que toute action a plutôt pour origine Allah, qui est le seul gérant (de l'univers) et qui prouve lui-même
son existence à partir de ses actions. Il (le Très-Haut) l'avoue aussi. Toutes ses actions sont
accompagnées de sagesse et sont couvertes de clémence. Le cheikh considère aussi que les gens
ressemblent à des ustensiles asservis dans les mains d'autres gens. Il considère également que la
personne qui est consciente de sa propre présence n'est pas encore anéantie et n'est pas encore
disparue en Allah : ils sont encore deux. Le cheikh dit par son attitude et par sa propre parole :
Si vous dites: je n'ai pas péché, alors votre âme vous
répondra en disant:
Votre existence est déjà un péché auquel ne se mesure aucun autre péché.

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C'est autour de ce sens que tourne l'état du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui. Vous constatez bien
que ses actes, ses paroles, ses attestations et ses signes ne tournent qu'autour de l'annihilation en Allah,
de l'effacement en lui, de l'oubli de l'autrui, de la constatation de Ses attributs, de Ses noms, de Sa
sublimité, de Sa grandeur, de Sa beauté, de Sa perfection, de Ses bienfaits et de Sa bienfaisance.
Voilà sa coutume et sa devise, sa patrie et sa demeure. Il a ainsi sauté toutes les étapes de la
certitude, depuis le repentir, l'ascèse, l'endurance, le remerciement, la crainte, l'espérance, la confiance,
l'amour et la satisfaction. Il a aussi obtenu, à la suite de ceci, les attributs des gnoses en totalité :
l'amour d'Allah, le rassemblement autour d'Allah, l'appui sur lui en toute chose, la soumission au destin,
l'abandon de la gestion et du choix, et autres attributs et qualificatifs que nous avons déjà signalés.
Il ne faut pas limiter le cheikh par un certain état que vous lui attribuez ou par une position simpliste.
Vous ne le trouverez pas figé à une position bien déterminée ou intéressé par une affaire qui lui tient à
cœur, mais il s'adapte à son temps et agit selon ce qui arrive de la part d'Allah. Tel est l'état de certains
gnostiques.
Al Jounayde a été interrogé sur ce qu'est le gnostique. Il a répondu : la couleur de l'eau est celle de
son récipient. Al Qochayri a dit dans son livre, à la suite de ce qui a été rapporté, que le gnostique est
celui qui prend en considération les conditions de son époque. Abou Yazid a dit aussi : les gens
disposent d'états différents, mais le gnostique n'a pas d'état parce que ses dessins sont effacés et son
identité est anéantie par celle de son maître. Ses traces sont remplacées par celles de quelqu'un d'autre.
Le cheikh Zerrouq a dit, dans ses définitions, après avoir mentionné la description de l'adorateur, de
l'ascète et d'autres: le gnostique est celui qui lance son âme dans la volonté du créateur. Les soufis,
dignes de la voie, représentent :
• Un gnostique comme étant celui qui apprend par cœur le coran en entier.
• Et une personne digne d'un état spirituel, par quelqu'un qui apprend un ou quelques versets
du coran.
Lorsque vous dites "gnostique", ce terme regroupe alors toutes les stations spirituelles. Il est donc
inutile d'attribuer au gnostique d'autres stations comme l'ascèse (Zouhde), la confiance en Allah
(Tawakkoul), la procuration (Tafwide) et autres stations qui sont déjà contenues en lui. Celui qui se
donne en entier à son maître et lui offre son amour et sa passion, au point de s'anéantir en lui par
rapport à ce qui est en dehors de lui, doit obligatoirement le remercier pour ses aubaines, endurer pour
ses épreuves, se satisfaire de son verdict, se confier à lui, avoir confiance en lui, être séparé de toute
association à lui et rassembler toutes les stations spirituelles (maqamates). Il doit, plutôt, être supérieur
à tout ceci, n'observant et ne voyant rien de ce qu'il comprend ou de ce qu'il a rassemblé.
Les gens dignes de la connaissance (gnose) se réfugient en Allah en fuyant tout être mortel. Ils
constatent la solennité d'Allah et sa beauté, et ils connaissent Ses attributs et Ses noms. D'ailleurs, la
vérité de la connaissance, comme l'a expliquée le cheikh Zerrouq, satisfaction d'Allah sur lui, en traitant
le sujet de la sagesse : c'est la propagation de la science par la solennité du Vrai, gloire à lui, par sa
beauté, ou par les deux dans l'entité du serviteur, jusqu'à ce qu'il ne reste rien de ce dernier pour
lui-même. Il finit alors par constater que tout provient d'Allah, se dirige par lui, et vers lui. Il ne considère
par conséquent aucune existence d'autrui en dehors d'Allah.
Il est très clair pour quiconque qui le fréquente, et qui pratique une partie de ses états, signes ou
paroles: que notre cheikh, Abou Abbes Tijani, satisfaction d'Allah sur lui, dispose de tous ces attributs
susmentionnés.
Ce qu'on a décrit précédemment est suffisant pour le lecteur afin de comprendre ceci. Le cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui, est plutôt digne de la souveraineté sur terre par délégation, c'est un guide
orientant les gens vers Allah, les rassemblant autour de lui et les faisant parvenir à lui.
Il fait partie des gnostiques qui connaissent et qui gouvernent les esprits. Son ordre est obéi. Sa
valeur est respectée. Sa parole est utile. Ses flèches traversent les cibles. Il ravive les cœurs. Il soigne les
défectuosités. Il enrichit les disciples par un seul regard. Il fait parvenir les gens à la présence divine.
Lorsqu'il oriente son attention vers quelque chose il enrichit, acquiert et arrive à atteindre le but.

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Il gère les états des cœurs par autorisation d'Allah le grand Connaisseur de tout ce qui est inconnu.
Cette gestion est perçue par celui qui se range dans son groupe, tout en rassemblant son énergie vers
lui. Les résultats apparaissent rapidement, ainsi que les traces et les méthodes. Qu'Allah soit satisfait du
cheikh. Qu'il nous fasse jouir de sa satisfaction !
Quant à sa perfection, satisfaction d'Allah sur lui, c'est sa parfaite connaissance d'Allah, le
Très-Haut, d'après nos preuves établies. C'est aussi la force de son intérieur et de son extérieur, selon
son attraction par Allah et sa conduite. D'ailleurs, il regroupe les deux forces, selon le parfait aspect et le
plus complet attribut. La preuve de sa force interne est ce qu'on a mentionné à propos de ses états. La
preuve de sa force externe est ce qui viendra dans ce qui suit, à propos de ses conduites et de ses actes.
Il n'y a pas plus parfait que le cheikh parmi les gnostiques, louange à Allah. Le lecteur jugera lui-même
en arrivant à chaque station, s'il plaît à Dieu, le Très- Haut.
Sa perfection, satisfaction d'Allah sur lui, se manifeste aussi dans sa clairvoyance seigneuriale et dans
sa prévoyance lumineuse, dont l'effet apparaît à travers la connaissance des états de ses compagnons.
Cet effet apparaît également dans le décèlement de ce qui est dissimulé, dans la révélation de quelques
informations issues du monde de l'inconnaissable, et dans la connaissance des conséquences des actes,
des bénéfices et des risques qu'ils présentent, etc. Il connaît ainsi les états des cœurs de ses
compagnons, le changement de leurs états, la substitution de leurs intérêts, le déplacement de leurs
intérêts, l'état de leur prospérité et de leur recul, leurs vices et leurs maladies, leurs états apparents et
internes, et ce qui change en tendant vers l'accroissement ou vers la diminution, etc. Parfois, il leur
décèle ceci, parfois il le cache d'eux afin de les protéger de toute épreuve et de tout examen.
Ceci est arrivé à plusieurs disciples, qui en pensant à certains sujets, en présence du cheikh, ont reçu
la réponse de sa part sans qu'ils aient à s'exprimer. Le cheikh décèle leurs pensées et en parle,
satisfaction d'Allah sur lui. Il décèle ce qui les occupe comme passions et affaires quotidiennes. Il indique
même le type d'occupation qui les préoccupe. Il peut même mentionner un péché récemment commis
par le disciple, avant de venir à son conseil. Le cheikh agit d'une manière brève concise et en utilisant
des paraboles. Par exemple, il a dit à quelqu'un de ses disciples : «Tu ressembles, comme dit le
proverbe, à celui qui cache le bout du fil et qui ne laisse pas l'aiguille faire son travail», insinuant un
mauvais acte qui vient d'être commis.
Il ne désigne jamais le nom de la personne à qui il veut adresser des reproches. Par exemple, il dit :
«Que pensez-vous de celui qui fait telle et telle chose ? Ne mérite-t-il pas telle et telle punition ?». De
cette manière, il ne dénonce pas le disciple, par clémence, selon les règles de la "Charia" et de la
conduite prophétique. D'ailleurs, la clairvoyance ressemble au regard, il faut le baisser. Allah dit : «Dis
aux croyants de baisser leurs regards et de garder leur chasteté» (Sourate An Nour, la lumière, verset
30). Sinon, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, est le miroir de son compagnon. Il voit ses beaux et ses
mauvais actes. Rien n'échappe à sa clairvoyance ; rien ne lui est camouflé. En sa présence, nous sentons
tous une grande crainte d'une dénonciation inattendue. Qu'Allah nous en protège et nous mette à l'abri
de tout déshonneur. J'étais en effet le sujet de plusieurs insinuations qui ont dénoncé mes mauvais
actes.
Quand quelqu'un vient demander un conseil concernant une affaire religieuse ou une affaire de la
vie ici-bas, par exemple, il lui montre alors ce qui pourrait lui être profitable, tout en le guidant vers ses
intérêts, et lui indiquant le chemin de sa réussite et de sa prospérité. Il réussit alors dans ce qu'il veut
faire et atteint son objectif. Le cheikh lui montre aussi les conséquences positives de son projet, ses
souhaits et ce qu'il essaie de suivre. C'est ainsi que la clairvoyance du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui,
couvre toutes les affaires telles qu'elles sont. Cette clairvoyance a pour origine la lumière divine dont il
dispose parfaitement.
Lorsqu'on le consulte, c'est la première information qu'il prononce qui compte. Voilà ce qu'il nous a
dit à plusieurs reprises. En effet, le savoir des soufis, satisfaction d'Allah sur eux, n'a pas pour origine un
récit ou une idée, mais il s'agit plutôt d'une science divine infuse et d'une levée seigneuriale de voile.
Donc, ce qui importe est la première parole prononcée par le cheikh. Tout ce qui en découle n'est que la
sagesse et la raison elle-même.

-108-
Si la personne qui a consulté le cheikh s'est satisfaite de sa réponse, elle acquerra alors de la sagesse
et retournera chez elle avec un butin et une fortune. Mais si elle refuse le conseil et essaie de
polémiquer, le cheikh lui fera plaisir en discutant avec elle à tort et à travers jusqu'à ce qu'elle parte.
Si elle agit en fonction de ce qu'il a été dit en fin de discussion, elle sera à côté de la bonne gestion et
elle perdra l'utilité voulue. Elle n'aura aucun succès ni dans ses actions ni dans son espoir. Le travail
qu'elle souhaite réaliser risque même de se bloquer d'une manière formelle. C'est alors qu'elle revient
au premier conseil. Elle doit donc savoir que la sagesse divine réside dans ce conseil. Les choses
deviennent alors claires pour elle, d'une manière oculaire. Voilà ce qui est célèbre et bien diffus entre
les compagnons du cheikh, en ce qui concerne la prohibition et l'utilité.
Ce qui prouve encore plus la perfection de la clairvoyance du cheikh, la force de sa lumière et la
perfection de sa connaissance, c'est bien l'information qu'il donne à propos des élus antérieurs, qu'ils
soient rangés parmi les grands élus ou autres. On a l'impression que le cheikh, satisfaction d'Allah sur
lui, était l'un de leurs contemporains. Il a décrit, satisfaction d'Allah sur lui, leurs états, ainsi que leurs
attributs, tout en mentionnant leurs stations spirituelles et leurs spécificités.
Lorsqu'un disciple interroge le cheikh sur un de ces élus, il l'informe sur lui, sur son état, sur sa
station spirituelle, sur ce qu'il a obtenu, et il l'informe s'il fait partie de ceux qui peuvent gérer l'univers
ou pas. On avait toujours l'impression qu'il voyait la description de son état d'une manière oculaire.
Parfois, il ne répond pas, se tait et se détourne. On peut citer ce qu'il nous a décrit à propos de la
spécificité de Moulay Driss II qui résidait à Fès, satisfaction d'Allah sur lui. Il inspirait la crainte
révérencielle, la solennité, l'importance et la perfection. Allah l'avait spécifié par la gestion de l'univers,
durant sa vie et même après sa mort. Le cheikh glorifiait la valeur et l'importance de cet élu. Il incitait les
gens à lui rendre visite, et à être bienséants entre ses mains1. Le cheikh le visitait fréquemment, depuis
son arrivée à Fès, sauf en cas de maladie.
On peut citer aussi l'information indiquée par le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, sur le pôle parfait,
le secoureur "Ghaout" universel, Moulay Abdessalam Ben Mechiche, satisfaction d'Allah sur lui. Il a
mentionné certains de ses signes, et certaines de ses bénédictions et descriptions. Il a signalé par
exemple que ses visiteurs sentent le renfort (son assistance) et vénèrent sa station spirituelle "maqam".
Le cheikh a donné également un bref aperçu sur l'élu célèbre, le grand pôle, Sidi Abi Yaâza,
satisfaction d'Allah sur lui. Cet élu disposait d'une parfaite connaissance sur Allah. Il rendait service à ses
visiteurs. Il avait la spécificité de gérer l'univers et de pourvoir les gens à trois différents niveaux : fort,
moyen et faible. Il disait : "Celui qui lui rend visite avec une certaine intention, son vœu sera exaucé,
quel qu'il soit". Il incitait les gens à lui rendre visite, à le glorifier et à le prendre pour Saint.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a décrit l'état de différents grands élus tels que : le sultan des
élus moulay Abdelqader Jilani, satisfaction d'Allah sur lui; Ben Arabi Hatimi; Abi Hassan Chadzili, Abi
Abès Morsi, Sidi Abi Madiane Al Ghaout, Sidi Ahmed Ben Youssef, et bien d'autres, satisfaction d'Allah
sur eux. Nous n'allons pas nous attarder à les mentionner tous en détail.
J'ai entendu le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, évoquer la plupart de ceux qui ont obtenu le rang
de pôle, depuis l'époque du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, jusqu'à notre époque. Chaque fois

1 -Nous avons déjà signalé auparavant que le cheikh, sidi Ahmed Tidjani, satisfaction d’Allah sur lui, avait catégoriquement
interdit à ses disciples la visite rendue aux saints, quand il était à Fès, c'est-à-dire après avoir acquis les rangs du pôle, du
khatm (le sceau des saints), et du katm (le pôle caché). Nous avons signalé également que les livres «al jawahir» (le présent
document) et «al jamie» étaient écrits plusieurs années avant cette date. La question se rapportant à la visite rendue aux
saints est une question résolue et bien définie et expliquée dans les livres de la voie Tidjaniya tels que «boughyate al
moustafid» (le souhait du bénéficiaire exaucé lors de l'explication du livre al mounya), «tiriaq al qouloub» (thérapie des
coeurs), «al jawab al mouskite» (la réponse qui fait taire), «al kawkab al wahaj» (la planète enflammée), «nour assiraj» (la
lumière de la lampe), «rafae al itab» (l'annulation du blâme adressé à nos compagnons qui ont abandonné la visite).
L’érudit sidi Mohamed Akensous connu sous le nom de la langue de la voie Tidjaniya a dit : un des compagnons du cheikh lui
avait demandé la permission de saluer le saint Moulay Idriss, une fois qu’il passe à côté de son mausolée ! Le cheikh,
satisfaction d’Allah sur lui, lui avait répondu : ne le salue pas. Les gens sont tous dans un fleuve et je suis avec mes
compagnons dans un autre fleuve. Les gens sont tous dans une direction et je suis avec mes compagnons dans une autre
direction. Fin. Le disciple doit s’arrêter aux limites tracées par son cheikh. Le cheikh Ibn Arabi Hatimi a dit : aucun cheikh n’a
pardonné à son disciple pour s’être réuni avec un autre cheikh que lui.

-109-
qu'il mentionne un pôle, il décrit son état et ce qu'il a pu obtenir comme stations spirituelles élevées et
états éminents. Chacun des pôles occupe ce qu'Allah lui a réservé, selon Sa volonté divine, choix et
satisfaction.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, nous décrivait ces élus avant cette date. Actuellement, c'est le
silence qui domine en lui. Qu'Allah soit satisfait de lui et qu'il nous fasse jouir de sa satisfaction ! Sa
perfection et son entière gnose se manifestent aussi, satisfaction d'Allah sur lui, dans sa connaissance
du nom suprême d'Allah. C'est lui qui m'a informé en personne sur ce privilège. S'il plaît à Dieu,
j'expliquerai ceci ultérieurement dans la partie réservée à ce sujet.
Sa perfection et son noble poste élevé, satisfaction d'Allah sur lui, proviennent de la station de la
souveraineté, du poste de la gestion, de la délégation, de la gouvernance et de son ordre général
appliqué. En effet, il peut attirer, repousser et faire du mal et du bien aux gens. Il peut les attirer et les
repousser par sa force. Il peut les faire descendre dans les rangs et les élever par son énergie. Il peut les
faire avancer ou les faire reculer par autorisation divine. Il peut faire une attribution d'un poste à
quelqu'un ou une déprédation par ordre divin, gloire à Allah. Tout cela se fait selon les possibilités de la
gestion qu'Allah lui a octroyée et lui a rendue maîtrisable et sous sa souveraineté.
Gestion qu'Allah lui a octroyée et lui a rendue maîtrisable et sous sa souveraineté.
Sa décision et son ordre sont appliqués par l'ordre d'Allah, sans effort ni choix de sa part, mais plutôt
grâce à la puissance du Tout-Puissant, Contraignant.
Parmi les traces de sa gestion qui continuent d'apparaître, tout en étant diffusées d'une manière
oculaire et visible, on peut citer : ses effets et son influence sur les dirigeants de son époque et sur les
gouverneurs de son temps. Cet évènement a fait la propagande, a circulé de bouche à oreille et a fait
l'unanimité chez les soufis qui disposent de la levée de voile et chez les gens ordinaires.
Certains érudits affectueux, parmi les lettrés de Fès, ont véhiculé dans un poème, une certaine
description du cheikh, qu'Allah éternise sa sauvegarde. Ils lui ont attribué le qualificatif de successeur
gestionnaire et d'aspect apparent de l'ordre divin. Ils lui ont donné différents autres attributs qui
signalent son état et sa station spirituelle. J'aimerais donc introduire ici ce magnifique poème :
Les prôneurs n'ont épargné aucun effort pour complimenter un imam
dont la lumière et le secret débordent de tous côtés.
Mais comment le louer alors que sa poitrine
est un quai où se manifestent les prescriptions divines ?
Ce cœur n'est occupé que par le rappel de Dieu.
C'est un lieu sanctifié par rapport aux autres lieux.
Son essence est anéantie dans l'unicité du créateur,
il est absorbé dans des mers de vérité,
où il continue à plonger dans les profondeurs.
Il a obtenu un secret provenant d'une éternité
et a été garni par les habits du rapprochement,
de l'amour et de la générosité.
On lui a dit «Vous êtes le successeur», soyez indulgent ;
votre ordre est le mien et votre décision sera appliquée.
Les lumières de la prophétie le couvrent et le rendent héritier
de toute la perfection, sans limite luisant.
Elles purifient ses attributs, et il a débordé de secrets, de gnoses, de biens et de générosité.
Elles lui donnent une retouche de leur beauté ;
voilà pourquoi vers lui les cœurs des désireux sont attirés.
Ils le désirent par amour et vivent par sa mention.
Il est pour eux agréable des points de vue de rappel et diffusion.

-110-
Il est alors devenu révéré dans les cœurs de ceux qui aiment Dieu le tout-miséricordieux
et important, lâchant celui qui lui rend visite avancer dans les litanies avec sérieux.
Détailler ses attributs est infaisable.
Comment peut-on alors le vanter ?
Acceptez donc mes excuses pour l'infaisable
Ces paroles viennent d'un écornifleur,
d'un faux qui conduit les chevaux à une lenteur d'ânes.
Qu'Alla soit satisfait de lui, tant que le passionné amoureux
est nostalgique à la vue de sa luminosité dans ses bienfaits.
Qu'Ailah soit satisfait aussi de sa famille et de tous ses
compagnons, qu'ils soient jeunes, vieux, vivants ou morts.
La description de la station spirituelle (Maqam) du cheikh et de sa perfection, satisfaction d'Allah sur
lui, ainsi que celle de ses illuminations et de ses états spirituels n'est réellement connue que par
l'Omniscient, le parfaitement Connaisseur, ou par celui qu'Allah a informé sur lui, parmi les gens dignes
de la clairvoyance et de la raison. De même, on ne peut pas décrire le cheikh tel qu'il est, mais plutôt à
partir des résultats qui montrent et qui indiquent sa valeur. Nous avons déjà mentionné, à partir de
cette description, différents évènements et détails qui sont, en réalité, tous manifestes.
Et puisque les choses sont ainsi faites, sachez que le cheikh est la mer immense. Il est le grand large
qui n'a pas de bord, les pas sont incapables de le parcourir. Il traduit une station spirituelle impossible à
décrire ou à cerner.
Toute gloire à Allah, le meilleur des créateurs et le plus généreux des bienfaiteurs et pourvoyeurs.
Citez donc les bienfaisances du cheikh et ses prédicats. Réjouissez-vous le cœur par ses secrets et ses
lumières. Et sachez que vous ne pouvez même pas couvrir le neuvième ou le dixième de ses bienfaits.
Qu'Allah, le Très-Haut, nous accorde sa bénédiction et son amour ! Qu'il nous range, dans les deux
demeures, dans son groupe et sa compagnie ! Qu'il nous abreuve de la source de sa gnose et de sa
vérité ! Si nous ne sommes pas dignes de cela, et si nous sommes parmi les plus éloignés par rapport à
ces filières, la miséricorde et la générosité du Clément, du tout Affectueux est, par contre, digne de nous
couvrir. C'est lui qui ouvre la porte de l'espoir et accorde sa clémence aux démunis, en leur offrant
différentes aubaines, les unes après les autres. Il donne sans compter et n'a pas besoin de motif pour
donner. Il répond favorablement à celui qui le sollicite, même en cas de désobéissance et de suivi de la
passion. Pas de divinité à part Allah. Prière sur Sidna Mohamed, sur sa famille proche, ses compagnons
et salut d'Allah sur eux.
En ce qui concerne la récompense de la lecture du nom suprême d'Allah1, que nous avons promis
de mentionner. Le cheikh a dit, satisfaction d'Allah sur lui : j'ai obtenu différentes versions du nom

1 -Pour bénéficier de cette récompense il est impératif de disposer d’une autorisation authentique dans la citation du nom
suprême d’Allah. En plus, il est vivement conseillé à tous ceux qui n’ont pas encore l’ouverture spirituelle de s’abstenir,
parce que sa citation détériore ce corps matériel. Par ailleurs, si le serviteur dispose de l’ouverture spirituelle, il sera en
contact avec sa réalité et c’est sa réalité qui sera capable de le citer avec une méthode bien déterminée.
Dans son livre «nayl al amani» (Accomplissement des souhaits en médecine spirituelle et corporelle, rapportée du cheikh
Tijani), l’érudit sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ a dit : j’ai vu dans la suite de la zaouïa de notre cheikh, satisfaction d’Allah sur
lui, les deux ventilateurs dont il se servait pour se rafraîchir quand la chaleur du nom suprême d’Allah et le secret qu’il a
hérité du prophète, prière et salut d’Allah sur lui, se manifestaient sur lui.
J’ai eu l’occasion de lire dans le livre «al machahid» (évènements et scènes spirituels), du calife sidi haj Ali Harazem Berrada,
que notre cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, a subi cette grande chaleur quand il a obtenu le secret sublime de par l’élection
seigneuriale et la particularisation Mohammedienne. Il invoquait souvent Allah, le Très-Haut, d’adoucir cette chaleur. Lors
d’un évènement prodigieux, son disciple le calife sidi haj Ali Harazem Berrada, satisfaction d'Allah sur lui, a vu le prophète,
prière et salut d’Allah sur lui, ainsi que le cheikh à ses côtés. Il a vu une grande lumière sortir du cœur du prophète pour
entrer dans celui du cheikh. Puis, le prophète, prière et salut d’Allah sur lui, lui a dit :
Ô Ali dis à mon fils Ahmed : comment demande-t-il à Allah de lui atténuer cette chaleur, alors que c’est grâce à moi qu’il l’a
subie, parce qu’il est mon successeur. Il prélève de moi en tout instant les renforts spirituels. Je suis en progression et en
montée continuelle dans les rangs. Il bénéficie de chacun de ces rangs selon des émissaires. C’est à cause de ça qu’il sent

-111-
suprême d'Allah. J'ai appris une méthode par laquelle je peux construire ce que je veux de ses dérivés.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, l'a informé en effet sur l'immense largesse que contient ce
nom. Elle est sans limite ni fin.
Il l'a informé également sur ses spécificités sublimes, sur la manière avec laquelle on invoque Allah
par ce nom, et sur le mode de sa conduite. Cet acquis n'est accordé qu'à notre cheikh, satisfaction
d'Allah sur lui. En effet, il nous a dit : "Le maître de l'univers m'a donné le nom suprême d'Allah
spécifique à Sidna Ali (Ben Abi Taleb), qu'Allah honore son visage. Il m'a donné auparavant le nom
suprême d'Allah spécifique à sa propre station spirituelle (celle du prophète), prière et salut d'Allah sur
lui"1.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : Le maître de l'univers, prière et salut d'Allah sur lui, m'a
dit : ce nom suprême d'Allah, spécifique à Sidna Ali, qu'Allah honore son visage, n'est donné qu'à celui
destiné, depuis la pré-éternité, à être pôle.
Puis il a dit, satisfaction d'Allah sur lui : j'ai dit au maître de l'univers, prière et salut d'Allah sur lui :
"autorisez-moi dans tous les secrets du nom suprême d'Allah et dans tout son contenu". Il m'a accordé
cette autorisation, prière et salut d'Allah sur lui.
Quant à la rétribution de la citation du grand nom suprême d'Allah, spécifique à la station
spirituelle du pôle des pôles, voilà ce que le cheikh nous a dit, en se basant sur l'information apportée
par le prophète :
Celui qui le récite une fois, il obtient soixante-dix mille stations au paradis. Au sein de chaque station,
il y a soixante-dix mille de chaque chose existante au paradis : houris, palais, rivières et tout ce qui est
créé au paradis. Mais pour les houris et les rivières de miel, il n'en obtient, à chaque station, que
soixante-dix.
Et à chaque fois que le lecteur prononce le nom suprême d'Allah, quatre anges rapprochés d'Allah
descendent vers lui, enregistrent le nom à partir de sa bouche et remontent pour le montrer à Allah. Le
solennel, gloire à lui, dit alors : enregistrez-le (ce lecteur) parmi les gens dignes du bonheur. Enregistrez
sa station au "llliyne", au voisinage du prophète Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui. Voilà ce qu'il y
a dans chacune des citations du nom suprême d'Allah.
Pour chaque citation, le lecteur obtient la récompense de tous ceux qui invoquent Allah, dans toutes
les langues, parmi tous les êtres créés, dans tous les univers. Pour chaque citation, le lecteur obtient
aussi la récompense de tous ceux qui glorifient Allah "Tassbih", dans toutes les langues, parmi tous les
êtres créés, depuis la création du monde jusqu'à sa fin. Il obtient aussi la récompense complète de la
"Salate Fatihi" six mille fois pour chaque citation du nom.
Il obtient aussi la récompense de la sourate Al Fatiha et de celui qui lit tout le Coran ; c'est-à-dire
pour chaque citation du nom il obtient la récompense du Coran en entier, qui renferme en même temps
la Fatiha et la Sourate Al Qadre. Pour chaque citation du nom, le lecteur obtient aussi la récompense de
chaque prière (douâe) ayant lieu dans l'univers, avec une grande ou une petite rétribution.

cette chaleur, et c’est à cause de ça que cette chaleur ne peut qu’augmenter. Comment demande-t-il alors qu’il soit éloigné
de moi ?
Quand le calife sidi Haj Ali Harazem a informé le cheikh sur ce qu’il a vu, le cheikh a confié son sort à Allah, le Très-Haut, et il
a commencé à l’invoquer pour qu’il lui donne la force pour supporter ce secret sublime. On lui a amené alors deux
ventilateurs pour qu’il se rafraîchisse. Ces ventilateurs sont encore conservés à la zaouïa bénie de Fès. Fin de l’extrait du livre
«nayl al amani».
1 -L’érudit sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ a écrit plusieurs livres concernant le sujet du nom suprême d’Allah. On peut citer à
titre d’exemple les livres suivants :
«nayl al amani» (Accomplissement des souhaits en médecine spirituelle et corporelle, rapportée du cheikh Tijani) ; «al
jawahir al mountachara» (Les perles répandues en vue de répondre aux onze questions) ; «al iqd al mounaddam» (Le collier
organisé concernant le fond du nom suprême d’Allah) ; «arrawd al mounif» (Le jardin éminent, en réponse aux questions de
M. Amine Mahmoud Cherif).
Dans ce dernier livre, il n’a parlé que de ce sujet. Il a montré plusieurs sciences et secrets qui le concernent. Dès qu’on
commence à lire ce livre, on se rend compte de la grande expérience de son auteur dans ce domaine et de sa maîtrise du
sujet.

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À l'occasion de chaque lecture du nom suprême d'Allah, tous les anges de tous les univers d'Allah le
lisent avec lui. Chaque ange le lit avec toutes ses langues. Il faut savoir que certains anges disposent de
soixante-dix langues ; d'autres en ont soixante, et ainsi de suite jusqu'aux anges de la terre qui nous
abrite ; ceux-ci ne disposent que d'une seule langue.
Voilà l'information apportée par notre maître, satisfaction d'Allah sur lui, d'après le prophète, prière
et salut d'Allah sur lui. En résumé, tant que le lecteur lit le nom suprême d'Allah, les anges de tous les
univers le lisent avec lui, avec toutes leurs langues. La récompense de leur lecture, selon toutes ces
langues, est comptée en faveur du lecteur, pour chaque citation. Il est récompensé selon le nombre de
fois qu'il a récité, que ce nombre soit élevé ou faible.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : j'ai dit au maître de l'univers, prière et salut d'Allah sur lui
: est-ce que la récompense du "Dzikr" (de l'invocation) de l'ange est du même ordre que celle de
l'humain. C'est-à-dire chaque citation est-elle récompensée par soixante-dix mille stations dans le
paradis, plus la récompense de tout ce qui a été cité auparavant comme la récompense de toute la
glorification, de toute l'invocation, de toute la prière, du Coran en entier, de la Salate Fatihi ? Ou bien
elle a moins de récompenses par rapport au dzikr (l'invocation) de l'humain ?
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : la récompense de l'invocation de l'ange est dix fois
supérieure à celle de l'humain. C'est-à-dire la rétribution qui résulte d'une seule citation de l'ange est dix
fois supérieure à celle de l'humain. La récompense de tout cela, c'est-à-dire des anges, par toutes leurs
langues, est inscrite en faveur du lecteur. Et il est récompensé bien sûr selon le nombre de fois qu'il a
récité, que ce nombre soit élevé ou faible.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : le maître de l'univers, prière et salut d'Allah sur lui, m'a
dit, en entamant le sujet du nom suprême d'Allah: la récompense de ce nom est la suivante. Celui qui le
lit, parmi les gens ordinaires de ma communauté, obtient la récompense d'une lecture entière du Coran,
pour chaque lecture, mais pas plus. Cela concerne celui qui lit le nom, tout en sachant qu'il est en train
de lire le nom suprême d'Allah.
Mais, il y a le cas de celui qui lit le nom, tout en sachant qu'il lit le nom suprême d'Allah spécifique à
son Entité suprême. Il sait que ce nom est celui de l'Entité suprême ; et non pas celui relatif aux attributs
divins et aux perfections divines, comme expliqué par le prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Il sait
que l'Entité suprême n'a aucun autre nom que celui-là. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, m'a
dit : celui qui sait que le nom est ainsi décrit, et qu'il est celui de l'Entité d'Allah, qui lui est spécifique,
obtient toute la récompense citée en plus d'une lecture entière du Coran. Si le lecteur ne sait rien de
cela, il n'obtiendra que la récompense d'une seule lecture entière du Coran. Celui qui lit la Sourate Al
Fatiha, sans savoir qu'il est en train de lire le nom suprême d'Allah contenu dans cette sourate,
n'obtiendra alors que la récompense de la Fatiha, uniquement.
Celui qui la lit, tout en croyant qu'il est en train de lire le nom suprême d'Allah en même temps, car
ses lettres figurent dans cette sourate, obtiendra la récompense de la Fatiha et du nom, en même
temps. Puis, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : réfléchissez un peu, vous trouverez qu'aucun
culte ne peut arriver au rang du nom suprême. Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : j'ai invoqué
Allah qu'il m'accorde ce qui suit. À chaque fois que je cite le nom suprême d'Allah, tout ange de l'univers
le cite avec moi un milliard de fois. Chaque citation formulée par une des langues de tout ange équivaut
à soixante mille fois la Salate Fatihi. J'ai acquis cette demande et on me l'a garantie.
Le maître de l'univers, prière et salut d'Allah sur lui, m'a dit : toutes ces récompenses ne
représentent qu'une part sur onze par rapport à la récompense réservée à celui qui est digne de la
manifestation spéciale1. Celui-ci obtient toutes les récompenses mentionnées pour chacune des onze
lettres du nom suprême d'Allah. On a interrogé le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, si cette rétribution
est spécifique à lui seul (à notre maître) ou si elle est accordée à chacun des gens dignes de la
manifestation spéciale ? Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : elle est plutôt accordée à
chacun d'eux. On l'a interrogé également à propos de la récompense suivante: à chaque fois que vous

1 -C'est-à-dire le grand pôle de l'époque.

-113-
citiez un mot issu de tout type d'invocation (Dzikr) d'une manière absolue, soixante-dix mille anges le
citent avec vous; la citation d'un ange équivaut à sept mille mots, chaque mot étant récompensé par dix
«hassanates» (bonnes actions). Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui : cette rétribution m'est
spécifique ; elle n'est pas accordée aux autres.
J'ai entendu le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, dire : si tous les gnostiques, depuis Adam jusqu'au
moment de la fin du monde, citent le nom suprême d'Allah, pendant deux mille sept cents ans, et s'ils le
citent mille fois par jour, et si toutes ces litanies sont groupées pendant toute cette période, ils ne
pourront jamais atteindre une seule lecture spécifique de ma part. Qu'Allah nous fasse bénéficier de lui,
de ses sciences et de ses secrets ! Amen. Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a honoré ses compagnons
en leur offrant cette importante largesse qui lui est spécifique. C'est-à-dire soixante- dix mille anges
citent avec eux leurs litanies, à chaque fois qu’ils les citent, etc. Cela a eu lieu au mois de Joumada II,
1213 H. Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a été interrogé sur la véritable récompense de la citation
du dzikr appelé «cercle de l'enveloppement1 (dairate al ihata). Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui :
supposez qu'un lecteur de litanies cite tous les noms divins dans toutes les langues, une seule fois.
À chaque fois qu’il cite un nom d’Allah, cela équivaudra à la moitié d'une citation du grand nom
suprême d'Allah, plus la rétribution du nom d’Allah qu’il a cité. Le grand nom suprême d'Allah est le nom
spécifique à la station du messager, prière et salut d'Allah sur lui. Les autres noms d’Allah sont dérivés et
construits2 à partir du grand nom. Les dérivés construits à partir du nom sont sans limites.
La récompense d'une citation est multipliée par dix pour l'ange, comme cela a été dit
précédemment. La rétribution sera multipliée après par sept cents millions de fois3. Si le lecteur cite dix
mille fois le grand nom suprême, il obtiendra une part parmi les sept cents millions4 parts de ma
rétribution (c’est-à-dire la rétribution qui est spécifique au cheikh, satisfaction d’Allah sur lui). Voilà la
rétribution du grand nom suprême. Pour un nom différent du grand nom suprême, c'est-à-dire pour un
nom dérivé, la rétribution est égale à la moitié de cette récompense sublime5.
Puis il a dit, satisfaction d'Allah sur lui : les femmes n'obtiennent pas cette rétribution ; elle est
spécifique aux hommes. C'est un rang sublime qui n'est offert qu'à ceux destinés à être bien- aimés par
Allah depuis l'éternité. Qu'Allah nous range parmi eux, de par sa pure largesse et sa générosité ! Amen.

1 -L’érudit sidi Mohamed Lahjouji a dit dans le tome 5 de son livre «ithaf ahl al maratib al irfaniya» (Mention de quelques
hommes de la voie Tijanie, faisant réjouir les dignitaires des rangs de gnose) : l’érudit sidi Omar Fouti a été interrogé sur la
signification de la litanie «le cercle de l’enveloppement» que le cheikh récitait chaque jour un million de fois, selon la
garantie du prophète, prière et salut d’Allah sur lui, est-elle le nom suprême d’Allah lui-même ou s’agit- il d’une autre litanie
?
Il a répondu, satisfaction d’Allah sur lui, le cercle de l’enveloppement est la litanie dont le secret se propage dans tous les
noms exotériques et ésotériques d’Allah. Le nom suprême d’Allah n’est enseigné que par le pôle.
Le gnostique sidi Mohammed Arbi ben Sayeh a dit: concernant cette réponse, on voit que sidi omar Fouti n’a pas répondu
d’une manière claire à la question. Cependant, l’explication qu’il a donnée indique que le cercle de l’enveloppement est
effectivement le nom suprême d’Allah. Par ailleurs, en ce qui concerne le fait que le nom suprême ne peut être enseigné
que par le pôle, sachez que certains élus d’Allah le connaissent et le notent dans leurs cahiers de notes sous forme de lettres
coupées, mais avec des signes conventionnels entre eux. Le lecteur de ces manuscrits croit qu’il a lu le nom suprême d’Allah,
alors que ce n’est pas vrai.
2 -Parmi ces noms dérivés construits à partir du grand nom suprême d’Allah, on trouve par exemple: le nom suprême
spécifique à la station de l’ange Gabriel, prière et salut d’Allah sur lui ; le nom suprême spécifique à la station de l’ange
Israfil, prière et salut d'Allah sur lui ; le nom suprême spécifique à la station de Abi bakr, satisfaction d’Allah sur lui ; le nom
suprême spécifique à la station de Omar ibn Khattab, satisfaction d’Allah sur lui, etc.
3 -Le grand nom suprême d’Allah (qui est spécifique à la station du prophète, prière et salut d’Allah sur lui) se distingue des
autres noms d’Allah par la propriété de la multiplication. En effet, il se multiplie la première fois par 700 millions fois. La
deuxième citation du grand nom suprême d’Allah équivaut à 700 millions de fois la citation précédente, et ainsi de suite, en
prenant 700 millions comme facteur de multiplication.
4 -Ici, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, parle de la rétribution qui lui est spécifique. Ce nombre 700 millions qu’il vient
d’évoquer s’insère dans un contexte différent de celui du facteur de multiplication du grand nom suprême d’Allah, et ce
même s’ils ont la même valeur.
5 -La rétribution de la citation d’un nom dérivé du grand nom est égale à la moitié de cette récompense sublime, mais sans
qu’il y ait de facteur de multiplication (700 millions). Ce dernier facteur n’est spécifique qu’au grand nom suprême d’Allah.
Par conséquent, le lecteur obtient à chaque fois la moitié de la rétribution du grand nom suprême sans qu’il y ait de
multiplication relative à la succession de ses citations.

-114-
Parmi les enseignements que le cheikh nous a dictés, satisfaction d'Allah sur lui, il a dit : si l'on
additionne toutes les récompenses issues de la lecture du coran par la communauté musulmane, depuis
la mission du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, jusqu'au souffle dans la trompe, mot à mot, un par
un dans le Coran, tout cet ensemble n'atteindra pas la récompense d'une seule citation du nom
suprême d'Allah. Tout cet ensemble ne représentera par rapport au grand nom qu'une goutte dans un
océan. Personne ne dispose de cette science. Dieu l'a réservée à lui seul. Il l'a décelée à ceux qu'il veut
parmi ses serviteurs.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : le nom suprême est celui réservé à l'Entité suprême,
uniquement, et non pas à autre chose. C'est le nom de l'enveloppement (lhata). Il n'y a qu'un seul
individu, par époque, qui peut disposer de toutes les instructions et vérités qu'il contient, c'est le
"singulier rassembleur" (Al Fardou Al Jamiôu). Il s'agit là du nom suprême d'Allah dissimulé (Baten).
Quant au nom suprême exotérique (Dzaher), c'est le nom du rang qui regroupe le rang de la divinité,
c'est-à-dire les attributs divins et celui des serviteurs. Au-dessous de ce rang, il y a celui des noms de
dispersion. C'est à partir de ces noms qu'il y a les afflux des élus.
Celui qui cerne un certain attribut relativement à un nom divin, son afflux émergera en fonction de
ce nom (divin). Voilà pourquoi les stations spirituelles des élus sont différentes, ainsi que leurs états.
Tous les afflux émanant d'un rang ne représentent qu'une part des afflux du nom suprême de l'Entité
élevée.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : lorsque le lecteur cite le grand nom suprême, Allah crée à
partir de ce nom un grand nombre d'anges ; personne ne peut compter leur nombre sauf lui. Chaque
ange dispose d'un nombre de langues égal à celui des anges créés à partir du rappel du nom d'Allah. Ils
implorent le pardon d'Allah au profit du lecteur, à chaque instant. C'est-à-dire, à chaque instant, chacun
d'eux implore le pardon d'Allah au nombre de ses langues. Cela continue de cette manière jusqu'au jour
de la résurrection.
Puis le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : j'ai demandé au maître de l'univers, prière et salut
d'Allah sur lui, de m'expliquer le mérite des dix «hepta-invocations» 1 et de me confirmer si
effectivement celui qui les cite une seule fois aucun péché ne sera enregistré sur son compte pendant
toute une année.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, m'a répondu en disant : les mérites de toutes les litanies
et les secrets de toutes les litanies résident dans le grand nom suprême. Le cheikh, satisfaction d'Allah
sur lui, a expliqué cela en disant : j'ai compris que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, veut dire
que le grand nom suprême comprend toutes les litanies spéciales et leurs mérites.
Puis il a dit, satisfaction d'Allah sur lui : il sera enregistré dans le compte de chaque lecteur du grand
nom suprême, pour chaque citation, ce qui suit :
• Le mérite de vingt nuits d'AI-Qadr multiplié par le nombre de chaque ange créé dans le
monde.
• Le mérite de trente-six millions de chaque invocation, qu'elle soit grande ou petite.
Puis il a dit, satisfaction d'Allah sur lui : supposons qu'un lecteur a cité tous les noms divins, dans
toutes les langues, le mérite qu'il obtiendra sera égal à la moitié de celui obtenu par un gnostique qui a
récité une seule fois le grand nom suprême.
Quant au "singulier", c'est-à-dire notre cheikh, Abi Abbes, satisfaction d'Allah sur lui, sa citation
spécifique une seule fois du grand nom suprême équivaut à un milliard de fois le mérite obtenu par
d'autres élus. Le mérite de chaque ange est multiplié par un milliard dans tout l'univers. Chaque mérite
(qui va être multiplié par ces facteurs) équivaut à toutes les litanies du monde, depuis la création de
l'univers jusqu'au moment de la citation du Dzikr.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : voilà, ceci est valable pour le moment. Mais une fois que
j'accède à la station spirituelle qui m'a été promise, j'obtiendrai ce mérite chaque fois que je cite une

1 -»Hepta-invocations» (al moussabiate al achr) : le texte de cette litanie figure dans le chapitre IV

-115-
des lettres du nom. Cela est spécifique à mon cas. Personne d'autre ne peut l'acquérir. Puis il a dit : la
rétribution du grand nom suprême d'Allah spécifique au prophète, prière et salut d'Allah sur lui, lorsque
quelqu'un le cite dix mille fois, avec tout ce qu'il contient comme récompenses déjà mentionnées, tout
le mérite qui en découle ne représentera qu'une part sur soixante-dix mille parts1 qui me sont
spécifiques. Cela peut être obtenu par n'importe quel lecteur, même celui dont le voile n'est pas levé,
s'il connaît bien son rang. Il veut dire que chacun de ses mots2 est multiplié par un facteur de sept cents
millions de fois.
Quant à la rétribution réservée au "singulier rassembleur", lorsqu'il le cite une seule fois, cette
citation sera multipliée un milliard de fois. La rétribution de chaque mot prononcé par le "singulier
rassembleur" et de chaque mot prononcé par les anges avec toutes leurs langues, équivaut à soixante
mille fois la "salate Fatihi". Tout ce qu'on vient de mentionner sur le mérite du Dzikr du "singulier
rassembleur" et des anges, avec leur facteur de multiplication (un milliard de fois), sera multiplié par
onze. Voilà la récompense du "singulier rassembleur" pour chacune de ses entités. Il est à noter qu'il
dispose de trois cent soixante-six entités. Cette récompense sera multipliée par cent pour l'entité du
"singulier rassembleur" qui se trouve à la Mecque.
Mais pour le lecteur ordinaire qui connaît bien le rang du nom suprême d'Allah, lorsqu'il le cite une
seule fois, tous les anges le citent avec lui, avec toutes leurs langues. L'ensemble des récompenses de
chacune des langues équivaut à six mille fois le mérite de la "salate Fatihi".
Puis le cheikh a dit, satisfaction d'Allah sur lui : le maître de l'univers, prière et salut d'Allah sur lui,
m'a dit : un voile couvre le nom suprême d'Allah. Seul celui qu'Allah spécifie par son amour le lui fait
connaître. Si les gens connaissent le grand nom d'Allah, ils ne s'occuperont que de sa lecture et
abandonneront les autres litanies.
• Le cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, n’évoque ici que le rang ésotérique de sa rétribution.
Sinon, il a dit avant ce passage : Si le lecteur cite dix mille fois le grand nom suprême, il
obtiendra une part parmi les sept cents millions parts de ma rétribution (qui m’est
spécifique).
• L’auteur a dit «chacun de ses mots» pour insinuer chacune des citations, car le grand nom
suprême d’Allah doit être cité en un seul souffle. Donc un seul mot doit être prononcé à la
fois.
Attention à celui qui l'a acquis, et qui a abandonné le coran et la prière sur moi, à cause de son grand
mérite, il doit craindre une mauvaise fin.
Puis le cheikh a dit, satisfaction d'Allah sur lui : supposons qu'un homme faisant partie d'un groupe
de cent mille hommes, cite chaque jour cent mille fois le grand nom, et supposons que chacun de ces
hommes vit cent mille années, alors toute leur récompense n'atteindra même pas la moitié d'une seule
citation de celui qui est digne de la station spirituelle "maqam". En d'autres termes, supposez que tous
les noms divins, simples ou composés, dans toutes les langues, sont cités d'un seul coup, le mérite qui
en découlera n'atteindra que la moitié de celui du grand nom d'Allah.
Puis le cheikh a dit, satisfaction d'Allah sur lui : le mérite mentionné du grand nom suprême est
spécifique à la version qui est réservée au prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Seul le pôle
rassembleur est habilité à l'enseigner et à autoriser sa lecture. Les autres versions du nom ne
contiennent que la moitié du mérite du grand nom suprême, comme déjà mentionné.
Ce mérite est accordé à celui qui apprend une des versions du nom suprême d'Allah selon une chaîne
initiatique ininterrompue. Mais celui qui le trouve, par hasard, dans un livre ou dans un certain
document, et le cite sans autorisation, n'aura comme rétribution que dix «hassanates» (bonnes actions)
pour chaque lettre prononcée ; c'est tout ! Parmi les spécificités de la citation du «cercle de
l'enveloppement», on peut dire ce qui suit :

-116-
Si Allah fait apprendre son nom suprême à quelqu'un, c'est-à- dire sa prononciation sans parler de
ses secrets, personne ne pourra lui faire de mal ni de déprédation (à part le pôle)1. Cette spécificité reste
valable même si le lecteur ne dispose pas d'une élection ou d'une levée de voile.
Seul le pôle peut lui faire la déprédation qu'il veut2. Puis le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, m'a donné «miftah al qutbaniya» (la clé du pôle). Cette clé ne
peut être donnée qu'à celui qui est destiné à être un pôle, dans le savoir antérieur d'Allah ; elle ne peut
être citée que par lui. Cette litanie présente d'importantes spécificités, on peut mentionner à titre
d'exemple ce qui suit :
• Celui qui l'adopte pendant onze jours, lorsqu'il fait une invocation en l'utilisant une seule
fois, Allah exauce tout ce qu'il lui demande.
• L'exaucement est garanti pour cette litanie, comme pour le cas du nom suprême d'Allah.
• L'exaucement à travers cette litanie est accordé à toute personne ordinaire, et bien sûr à
l'élu dont le voile est levé.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, n'a mentionné cette clé à personne puisqu'elle lui est
spécifique. Il a dit : le gnostique devient une des lettres de l'Entité suprême. On lui a dit : mais la lettre
est une entité, le gnostique est une autre entité ; comment les deux deviennent-ils alors une seule
entité ? Il a dit : je veux dire que le gnostique commence à procéder et à agir par son entité comme s'il
agit par une lettre ; il ne se transforme pas en une lettre. On lui a dit : mais pourquoi est-ce qu'il n'agit
pas selon les «noms élevés» ou selon «l'armée des noms» ?
Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : les noms élevés ne sont connus et vus que par le
"singulier rassembleur". L'armée des noms ainsi que les noms d'Allah sont connus par les gnostiques,

1 -L’érudit sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ a dit dans certains de ses manuscrits: le gnostique sidi Abderrahmane Chami a dit
dans le livre des secrets: le prophète (P.S.A.L) a initié certains élus au nom suprême d’Allah, et il les a autorisés à s’en servir
pour prier Allah, comme ils veulent, sans aucune limitation. Dans ce cas, si l’élu prie Allah par ce nom, toutes ses prières
seront exaucées en moins d’un instant. Ce nom est comme le mot «sois» (Allah dit : lorsqu’il décide une chose, Il dit
seulement : «Sois» et elle est aussitôt). Quatre anges sont chargés de ce nom qui est initié par le prophète (P.S.A.L) au profit
de l'élu. Si le nom est utilisé pour pourvoir à certains besoins, c’est l’ange Jibril (Gabriel) qui s’en charge. Si le nom est utilisé
pour les subsistances, c’est l’ange Mikael qui s’en charge. Si le nom est utilisé pour la destruction, c'est l’ange Israfil qui s’en
charge. Et si le nom est utilisé pour un meurtre, c’est l’ange Azrael qui s’en charge.
Le prophète (P.S.A.L) a initié d’autres élus au nom suprême d’Allah, mais il leur a imposé comme condition de ne jamais
l’utiliser sauf dans l'un de ces quatre cas : 1er cas : il peut prier Allah par ce nom s’il est à deux doigts d’être tué injustement,
et si l’assassin n’accepte pas de lui ni argent pour se délivrer ni argument valable. Dans ce cas, il peut se servir du nom
suprême d’Allah comme il veut. 2e cas : s’il craint que sa nudité soit découverte. 3e cas : s’il craint que la nudité de ses
épouses soit découverte, et en sa présence. 4e cas : en cas d’oubli. On rappelle qu’à chaque fois que l’élu prie Allah par son
nom suprême, tout ce qu’il demande est exaucé en moins d’un instant. Mais si l’élu transgresse ces conditions et utilise ce
nom suprême en dehors de ces quatre cas, il sera dépouillé (du nom suprême).
2 -On peut citer dans ce sens un extrait du livre «kachf al hijab» (la levée du voile sur les compagnons du cheikh Tijani), de
l’érudit sidi Ahmed ben Ayachi Skiredj. Dans la biographie réservée à sidi Bouziane fils de sidi Mohamed Boudouaya, l’auteur
a mentionné que le cheikh lui a enseigné quelques secrets du nom suprême d’Allah, et il l’a conseillé de prendre soin des
autres compagnons du cheikh et de ne jamais causer du tort à l’un d’entre eux. Il l'a conseillé également de ne pas
s’adonner à l’exhibition de ses prodiges. L’auteur a dit : mon maître sidi Ahmed Abdellaoui, qu’Allah me fasse profiter de lui,
m’a dit : la raison de l'obtention de ce secret (susmentionné) était que son père (le père de sidi bouziane) voulait
absolument que le cheikh (satisfaction d’Allah sur lui) le lui transmette. Mais ce dernier lui répondait : «Il est encore jeune et
je crains pour lui qu'il ne puisse assumer cette charge». Cependant, malgré sa réponse son père insistait et le cheikh a fini
par accepter, mais il le mit en garde contre le fait de nuire à ses compagnons ou de faire étalage de ses prodiges.
Sidi Bouziane (qu’Allah l’agrée) n'a pas réussi à suivre ces recommandations à cette époque-là, il commença à montrer ses
prodiges et à en être préoccupé nuit et jour. Dès qu'il voulait quelque chose, il l'obtenait sur-le- champ et dès qu'il se
dirigeait pour nuire à quelqu'un, il l'atteignait tout de suite par un malheur. Il devint célèbre dans le domaine du
dévoilement. Tandis qu’il était préoccupé par son dévoilement et qu'il était inattentif aux conseils du cheikh, satisfaction
d’Allah sur lui, il vit un fil de lumière sortir de sa bouche et rejoindre les mains du cheikh. Lorsque cette lumière cessa de
sortir, il perdit subitement son dévoilement. Cela se passa alors qu'il se trouvait dans le désert et le cheikh à Fès. Sidi
Bouziane dit à son père : «Sidi Ahmed Tidjani a repris son dépôt et nous a laissés sans rien». Ce dernier voyagea alors en
direction du cheikh et dès qu'il arriva auprès de lui, le cheikh lui dit : «Nous t'avions prévenu qu'il ne pourrait assumer ces
secrets». Le père le supplia pour qu'il les lui redonne en lui promettant de ne plus le laisser commettre de tels actes, mais
Sidna Ahmed Tidjani lui répondit : «Il n'y a plus de possibilité de les lui redonner, mais si Allah le veut il sera une clé pour le
bien».

-117-
mais ces derniers ont honte devant Allah de lui demander quelque chose, en utilisant ses noms.
Lorsqu'un gnostique veut faire quelque chose, il oriente son énergie vers elle et elle est exaucée s'il
veut.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : quelque chose en moi me dit que celui qui connaît le
maître de l'époque, lui-même, c'est-à-dire le "singulier rassembleur", et connaît aussi son nom
spécifique1, s'il prie Allah par les deux, sa demande sera immédiatement exaucée.
J'avais cette idée en tête pendant longtemps jusqu'à ce que le maître de l'univers, prière et salut
d'Allah sur lui, me l'ait confirmée. Puis le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a été interrogé sur le sens du
nom qui lui a été spécifique, est-il le nom suprême d'Allah ou un autre nom?
Il a dit, satisfaction d'Allah sur lui : non, c'est un autre nom. En effet, chaque être créé dispose de
deux noms :
• Un des noms élevés, sur lequel son entité subsiste et se base.
• Et un nom «bas» qui lui est affecté, par lequel il est distingué de ses semblables.
Le grand cheikh (Ibn arabi), satisfaction d'Allah sur lui, a dit ce qui suit à propos du verset coranique
suivant : "Et II apprit à Adam tous les noms (de toutes choses)" (Sourate Al Baqarah, la vache, verset
31): le sens de ce verset coranique n'est pas celui que les interprètes avancent, mais il s'agit plutôt de
noms supérieurs. En effet, s'il s'agissait de noms ordinaires, la spécificité d'Adam (Salut d'Allah sur lui)
ne serait pas décelée. Il s'agit bien de noms élevés, car chaque être créé dans le monde dispose d'un
nom qui reflète sa valeur et son importance. C'est par ce nom "supérieur" qu'il subsiste. Fin.
L'auteur de "Al Ibriz" a dit, en rapportant l'explication de son professeur à propos de ce verset
coranique "Et II apprit à Adam tous les noms (de toutes choses)" (Sourate Al Baqarah, la vache, verset
31): ces noms sont des noms élevés et non pas des noms "bas, affectés", puisque chaque être créé
dispose d'un nom supérieur et d'un nom bas. Ce dernier est utilisé pour appeler un être ainsi nommé,
en général. Le nom supérieur est celui qui indique l'origine de l'être nommé, sa constitution et son
utilité. C'est comme un forgeron qui a fabriqué une pioche. Il indique, grâce au nom qu'il donne à la
pioche, l'objectif et le mode de sa fabrication. Dès qu'on entend le nom "pioche", on pense
automatiquement à toutes ces sciences et connaissances relatives à cet outil. C'est comme cela pour
tout être créé.
Le sens visé par ce verset coranique "tous les noms" est celui des noms qu'Adam supporte, et dont
les humains ont besoin et auxquels ils s'attachent. C'est le cas de tout être créé existant sous le trône
jusqu'aux profondeurs de la terre. Fin. L'imam Bousseiri, satisfaction d'Allah sur lui, a dit :
O toi prophète, Tu disposes de l'entité des sciences supérieures,
à partir du monde éminent et mystérieux.
Ces sciences comprennent aussi les noms accordés à Adam le bienheureux.
J'ai demandé au cheikh, satisfaction d'Allah sur lui : est-ce que le sens du vers de ce poème est celui
mentionné par "Al Ibriz" et par le grand cheikh, satisfaction d'Allah sur eux (la seconde moitié du vers et
non pas la première), il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, par l'affirmatif. Quant à la première moitié
du vers, il s'agit de la constatation spécifique du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, que personne,
ni prophète, ni élu, n'espère acquérir. Le poète de la "Hamzia" (imam Bousseiri) avait raison lorsqu'il a
dit :
Les rangs (acquis par le prophète Sidna Mohamed) ne laissent aucun espoir
d'avoir une part dans ce rang pour les autres prophètes. De celui qui accorde la victoire(al fath).
C'est le summum des degrés ; rien ne peut le dépasser.
Il a dit, avant ce vers, ce qui suit :
On lui a accordé d'avancer jusqu'à deux portées d'arc, de la demeure divine ou plus près encore.
Voilà la plus grande souveraineté du plus grand des monarques.

1 -C’est-à-dire la version du nom suprême d’Allah spécifique à sa station spirituelle.

-118-
J'ai interrogé le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, sur le vers suivant du poème de l'imam Bousseiri,
satisfaction d’Allah sur lui :
La manière dont on a décrit les attributs du prophète aux mondes,
est pareille à la représentation des étoiles lorsqu'elles sont vues à travers une pure onde.
Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant, le sens du vers est le suivant: les attributs du
prophète Sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, apparaissent sur les autres prophètes et
messagers comme si c'était des étoiles qui apparaissent dans de l'eau (ou dans une pure onde).
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur -lui, a dit : voilà pourquoi "Ouaysse Al Qarni", satisfaction d'Allah
sur lui, a dit aux compagnons du prophète : vous n'avez vu du prophète que son ombre. Ils ont alors dit :
même ibn Abi Qohafa (Abou Bakr Seddiq) ? Il a dit : oui, même ibn Abi Qohafa. Toutes les grandes
personnalités n'arriveront jamais à connaître la vérité de son secret, prière et salut d'Allah sur lui.
Abou Yazid, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : je me suis lancé dans les vagues des connaissances,
recherchant la réalité mohammadienne, mais mille voiles en lumière m'ont séparé d'elle. Si je me
rapproche de l'un de ces voiles, je brûlerai comme un cheveu dans le feu. Cette quantité d'information
est suffisante pour comprendre le mérite d'une partie du «cercle de l'enveloppement».
La raison ne supporte pas la compréhension de plus de ce qu'on a dit. Les rapports ne peuvent pas
être suffisants. La référence de ce que le lecteur a appris ici comme information, n'est autre que le
messager, prière et salut d'Allah sur lui ainsi que sur sa famille proche, ses femmes, sa descendance et
ses compagnons.

PARTIE II : LA CONDUITE SPLENDIDE DU CHEIKH


Un ensemble de ses éthiques prophétiques, et ses comportements avec
ses confrères et avec les gens dignes de sa direction

Allah, le Très-Haut, a complété la charia (loi islamique) pour notre cheikh et maître Abi Abbes Tijani,
satisfaction d'Allah sur lui, comme il lui a complété la vérité. Il l'a conduit entre les deux voies, sur un
droit chemin, de la meilleure manière. De ces deux voies, il boit un lait pur, appétissant. Il en hérite une
station spirituelle (maqam) parfaite et rationnelle. Il maîtrise les deux états.
Il s'élève et transcende dans les deux perfections, et court en fonction des deux injonctions. Il se
conduit selon leurs justes programmes, avec d'équitables bouts et attributs. C'est un mont entre deux
plaines. C'est un isthme entre deux mers. Sa mer n'emporte pas sa terre. Celle-ci ne s'éloigne pas de sa
mer. Allah l'a fortifié et lui a accordé la maîtrise, l'appui et la sécurité.
Allah lui a permis l'affermissement dans la succession (du prophète) et l'a placé à un poste d'autorité.
Il est, satisfaction d'Allah sur lui, un miracle dans le respect de la charia et le suivi de la conduite
prophétique. Il a atteint le summum de leur sauvegarde et de leur respect, en veillant sur les ordres et
les prohibitions d'Allah, en les préservant et en les respectant. Personne ne lui est égal et ne le
concurrence en ceci. Il applique la loi de la conduite prophétique sur lui-même et sur sa famille. C'est en
fait sa devise dans tous ses actes et ses états.
Il prend soin convenablement des gens qui sont chez lui et qui sont placés sous son égide, comme
dans le temps de ses ancêtres. Il les encourage à préserver leur religion et son emblème. Leur perfection
est alors améliorée et leur beauté a augmenté, jusqu'à ce qu'ils aient été pris pour modèles difficiles à
atteindre.
Il se caractérise par l'éthique de la loi religieuse, ainsi que par toutes les bienséances courantes. Son
éthique est le Coran. Il accepte, avec toute satisfaction, tout ce que le Miséricordieux prescrit. Il éprouve
de la répulsion pour tout ce qui attire le courroux divin. Il ordonne selon l'ordre de Dieu et alerte suivant
son alerte.

-119-
Ses conduites et ses attributs sont donc admirables. Ses traits et ses perfections sont agréables. Le
fond de son éthique et de ses attributs est conforme avec l'apparence de sa conduite et de ses actes.
Son héritage du messager d'Allah est authentique. Il a rattrapé ceux qui l'ont devancé parmi les gens
dignes du parti d'Allah.
En ce qui concerne sa conduite, vous le trouvez, satisfaction d'Allah sur lui, très ferme dans la
religion, disposant d'une haute détermination dans tout ce qui est religieux et prenant intensément soin
de ses projets. Il veille en premier lieu sur l'exécution de ses devoirs. Il respecte bien la réglementation
de la charia et ses verdicts et incite les gens à faire autant. Il dit souvent :
La meilleure évocation d'Allah est son rappel lors de son ordre et de sa prohibition. Il préserve les
droits d'Allah. Il les respecte avec diligence. Il est très attentif, pieux, très conservateur et bien
déterminé dans la religion.
Je n'ai jamais vu quelqu'un plus déterminé et plus pieux que lui. Il est la représentation même de la
détermination et de l'engagement. Il n'aime pas les interprétations et les spéculations et ne s'incline pas
devant les permissions. C'est un gnostique, un savant, un enseignant de toutes les sciences et de toute
la conduite prophétique. Il fait attention à tout ce qu'on en retranche ou ce qu'on y ajoute.
Il reçoit les perfections avec des accolades. Il se presse pour atteindre ses objectifs. Il court derrière
les bienveillances. Il écoute la parole et suit la meilleure des choses pour l'appliquer le plus rapidement
possible. Il encourage les gens à exécuter les ordres d'Allah. Il les alerte afin d'éviter de tomber dans les
prohibitions. Il glorifie l'ordre précieux de la loi religieuse. Il respecte l'ordre du prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, et veille sur son exécution. Souvent, il fait référence au verset coranique qui dit : «Que
ceux, donc, qui s'opposent à son commandement prennent garde qu'une épreuve ne les atteigne, ou
que ne les atteigne un châtiment douloureux» (Sourate An Nour, la lumière, verset 63).
Il aime faire ce que le prophète a fait, prière et salut d'Allah sur lui. Et bien qu'il ne nous oblige pas à
l'imiter, il dit souvent : il est préférable pour un disciple qui écoute une des bienséances prophétiques et
qui entend parler d'un des actes pratiqués par le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, qu'il fasse de
même, pour imiter le prophète, au moins une seule fois.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, est un parfait conservateur de la conduite prophétique dans
tous ses mouvements et dans tous ses repos. Il aime son adoption en toute chose. Il n'aime pas
l'abandonner pour n'importe quel motif, même si ce dernier semble être nécessaire et n'introduisant
aucun mal particulier. Il dit :
Tout le bien réside dans le suivi de la conduite prophétique et tout le mal est dans sa transgression.
Le cheikh encourage les gens à mettre en œuvre leurs connaissances et à appliquer leur savoir, surtout
lorsqu'il s'agit de savants ou de personnes en cours d'apprentissage. D'ailleurs, plus le vent est fort, plus
la vitesse du bateau est élevée. Plus la température du fer est élevée, plus son modelage est facile et
plus on réussit à avoir de la précision et de la perfection.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, dispose d'une grande énergie pour suivre le prophète dans ses
actes, prière et salut d'Allah sur lui, ce qui lui confère l'exubérance de sa lumière et l'importance de son
état spirituel. On ne peut qu'être stupéfait devant sa force dans la conservation de la religion, devant
son amour pour elle, et devant sa maîtrise d'elle en conformité avec la conduite du maître de l'univers !
Il aime le culte de son seigneur, il glorifie ses ordres. Il adore Dieu suivant le culte des gnostiques qui
connaissent bien la perfection d'Allah, et qui se soumettent à sa solennité. Il l'obéit avec joie et
attraction grâce à son amour pour Allah.
Il œuvre dans le sens d'abandonner les intérêts et les désirs matériels. Il guide les autres vers cet état
d'esprit, il les guide par son état, son comportement et sa parole. Il s'acquitte de ses devoirs obligatoires
et facultatifs, de la meilleure manière. Il n'est ni insouciant ni paresseux. Il veille en permanence à la
prière en son moment opportun et en collectivité, tout en perfectionnant sa génuflexion et sa
prosternation, d'une manière parfaite et de la meilleure façon, avec quiétude, tranquillité, et
bienséance devant Allah, le Tout-Puissant, le Solennel. Il pratique la prière digne de ses semblables
gnostiques, émus et soumis à Allah. Ne vous interrogez donc pas sur l'ampleur de son recueillement, sa
soumission, sa mine et son excellent aspect !

-120-
Celui qui connaît bien son état craint de se mettre à côté de lui lors de la prière en collectivité, pour
éviter de le gêner. Le cheikh encourage les gens à faire leurs prières à leurs moments opportuns, en
collectivité. Il les encourage également à pratiquer la prière facultative de la nuit, particulièrement avant
l'aube. Il insiste en disant:
À ce moment (avant l'aube), les clémences descendent (au monde ici-bas), ainsi que les inspirations
émotionnelles. Celui qui s'est réveillé à ce moment, qu'il sache que c'est Allah qui l'a réveillé et qui l'a
invité à Sa miséricorde. Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a également l'habitude de se laver chaque
vendredi. Il insiste sur cette pratique afin de se conformer à la conduite prophétique. Il l'applique dans
les normes de ladite conduite. C'est-à-dire il se lave juste avant son départ à la mosquée.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, se vêt par ses habits les plus propres, sinon il va à la grande
mosquée avec ce qu'il porte sur lui comme vêtements. Il ne se parfume pas par du musc ce jour-là, bien
que le parfum soit recommandé le vendredi et même les autres jours. Il aime d'ailleurs le parfum et on
le lui apporte, mais puisque les riches l'utilisent beaucoup de nos jours, ainsi que les indécents et les
faibles d'esprit pour se montrer supérieurs aux autres, il ne le met pas pour éviter de ressembler à eux.
Il marche humblement sur terre lorsqu'il part à la mosquée pour faire ses prières. Il aime celui qui fait de
même, parce qu'il s'agit d'une pratique du prophète qui dit : «Lorsque vous venez à la prière, venez avec
quiétude et vénération».
Son habitude, satisfaction d'Allah sur lui, est de chercher les authentifications et les précisions sur
toute chose, aussi infime soit- elle. Il insiste sur la vérification et sur l'investigation en toute chose, une
par une, afin de sortir du cadre de la tradition et de l'imitation. Il a pu ainsi obtenir toutes les sciences
fondamentales avec certification, précision, compréhension et rationalisation. Il a pu aussi résoudre
toutes les grandes problématiques de cette manière.
Le cheikh est devenu alors un imam dans toutes les sciences et une référence vers laquelle on revient
pour apporter les éclaircissements nécessaires. Il maîtrise ces sciences des points de vue des causes à
effets, des verdicts, des origines, des ramifications, des déductions, des notions, des sens, des abrogatifs
et des abrogés. Il s'est approfondi, satisfaction d'Allah sur lui, dans toutes les sciences orales et écrites,
jusqu'à ce qu'il ait dépassé largement ses semblables ; personne ne peut se mesurer à lui.
Il a aussi acquis ce rang en sciences de vérité. Il a ainsi groupé en lui toutes les conditions pour
occuper le poste d'un cheikh et d'un guide qui maîtrise la vérité et le fond de la guidance. Il se rappelle
Allah, le Tout-Puissant, le Solennel, tout le temps. Il ne se sépare jamais de son chapelet. Il aime citer le
dzikr plusieurs fois et encourage les gens à faire de même.
Il dit souvent : Dieu nous a limité la pratique de chaque culte sauf son évocation (litanies), gloire à lui.
Allah, le Solennel, le Tout- Puissant, a dit : «O vous qui croyez! Évoquez Allah d'une façon abondante»
(Sourate Al Ahzab, verset 41) et a dit aussi : «... Qui, debout, assis, couchés sur leurs côtés, invoquent
Allah et méditent sur la création des cieux et de la terre» (Sourate Al Imran, verset 191). Dans sa
retraite spirituelle, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, persévère dans la citation de ses litanies, après
la prière de l'aube jusqu'à la grande montée du jour, et après la prière du coucher du soleil jusqu'à la
prière de la "Ichaâ". Il fait également des pratiques régulières entre les prières du "Assr" et du coucher
du soleil. Il a dit, satisfaction d'Allah sur lui, je ne cite que les litanies que le prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, a arrangées pour moi.
Il persévère dans la prière sur le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, dans tous ses états. Il
encourage ses compagnons à faire la même chose, et particulièrement avec la formule de la "salate
Fatihi", à cause de son grand mérite. Cela sera explicité ultérieurement à sa place.
Si un disciple lui demande de lui indiquer une certaine litanie à évoquer, en dehors du "Wird" connu,
il lui dit : cite le plus grand nombre possible de prières sur le prophète, prière et salut d'Allah sur lui,
surtout avec la formule "Fatihi lima Oghliqa" ; celle-ci contient les biens des mondes d'ici-bas et de
l'au-delà. Elle facilite l'exaucement de toutes les demandes. Le disciple arrive, grâce à elle, à réaliser
tous ses objectifs. Voilà, en ce moment, l'état du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Il protège ses organes de ce qu'Allah a prohibé. Il rejette le bavardage et tout ce qui est
condamnable. Il en protège sa langue. Il n'écoute pas le faux. Personne n'ose mentionner le vain et le

-121-
faux en sa présence. Si quelqu'un prononce ce qui est prohibé, il le ramène sans aucun doute à la raison,
quel qu'il soit ; il est intransigeant là- dessus. Il alerte les gens contre la médisance avec énergie et
admonition.
Il la fait détester aux gens avec insistance, tout en rappelant les textes coraniques et les hadiths qui
en témoignent. Il est sincère lorsqu'il parle et il encourage les gens à être honnêtes dans leurs paroles. Il
aime entendre les gens sincères qui ne mentent pas et il se sent dérangé en présence des menteurs.
Il aime toute personne honnête qui agit avec sincérité et qui montre ce qui est caché, même en cas
d'une mauvaise action. Il l'apprécie et le porte haut dans son estime.
Il n'aime pas celui qui ne cesse de jurer afin de gagner la confiance des gens. Il craint qu'il tombe
dans le parjure. Il dit : lorsqu'il est nécessaire de jurer, il faut au moins dire "s'il plaît à Dieu", par crainte
de faire un faux serment ! Lorsqu'on jure, on risque le parjure et ce n'est pas excusable. Le cheikh baisse
le regard en passant dans la rue. Il ne tourne pas la tête pour regarder derrière lui ; voilà son habitude.
Lorsqu'il s'assoit avec les gens, il tolère leurs comportements. Indirectement, les gens présents
apprennent de lui. Il n'aime pas trop rencontrer les gens ni rentrer dans leurs discussions. Lorsqu'il
rencontre un de ses compagnons, il n'ajoute pas un mot sur son salut, en disant "Paix sur vous".
Personne n'ose embrasser sa main. Il ne veut pas qu'on fasse quelque chose à contrecoeur. Il incite ainsi
les gens à être bienséants dans leurs fors intérieurs, et à sortir de leur mauvaise habitude qui les
contraint à être bienséants uniquement dans les apparences en embrassant par exemple la main de
celui qu'on veut glorifier.
Voilà son comportement, satisfaction d'Allah sur lui, avec celui qui le connaît et qui l'accompagne,
exception faite à l'égard de ceux qui sont spontanés, et qui ne connaissent ni protocole ni flatteries
hypocrites. Il excuse les étrangers ; il n'aime pas les blesser. Lorsqu'il passe dans une ruelle, les gens se
précipitent vers lui pour embrasser ses rebords ; ils constituent rapidement une foule autour de lui.
Ils trouvent en lui une solennité et ils s'étonnent devant la crainte révérencielle qu'il inspire. L'amour
divin dont il jouit leur est transmis et se propage dans leurs cœurs. D'ailleurs, le hadith du prophète,
prière et salut d'Allah sur lui, dit : quand Allah le Très-Haut aime quelqu'un, Il appelle Gabriel et lui dit :
"J'aime untel. Aime-le donc à ton tour!" Gabriel l'aime alors et crie aux habitants du ciel : "Dieu aime
untel. Aimez-le donc vous aussi!" Il devient ainsi aimé des gens du ciel et on le rend sympathique sur
terre.
Avant ce temps, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, rejetait l'excès du baiser de la main ; il refusait
cet acte de près et de loin, comme déjà mentionné dans la partie précédente. Actuellement, il n'insiste
plus sur ça. Allah l'a élevé au rang de la souveraineté religieuse par délégation. Son état s'est transformé
alors comme décrit auparavant, satisfaction d'Allah sur lui. Qu'Allah nous fasse jouir de sa satisfaction!
Amen.
Quant aux visites familiales, il les maintient, qu'il s'agisse de sa famille religieuse ou de sa famille
consanguine. En effet, sur le plan parental, il rend visite à tous ceux qui ont un lien familial avec lui ou un
lien de consanguinité. Il leur rend service, demande de leurs nouvelles, leur offre son hospitalité, et leur
fait part de ce qu'Allah lui a donné.
Il supporte leurs charges, il donne à leurs démunis et il contribue à leur apporter du bien, en leur
fournissant des approvisionnements et en les aidant à surmonter leurs sinistres. Chaque fois qu'il y a un
problème, ils le lui présentent afin de le résoudre. Il leur trouve alors la solution qui leur offre repos et
libération grâce à sa bénédiction.
Il ne les oublie jamais en toute affaire, religieuse ou quotidienne. Il prend soin de leurs vieux et
accorde sa clémence à leurs petits. Il les éduque comme s'ils étaient ses propres enfants. Lorsque
quelqu'un parmi eux commet une faute, il l'avertit. Il ne cesse de leur promulguer conseil, parfois en
exagérant. Il leur accorde amplement leurs droits. Il est bien déterminé en ceci, tranchant et autoritaire.
Il incite les gens à donner aux proches leurs droits. Il rappelle qu'ils sont les prioritaires dans tout acte de
solidarité, comme le mentionne le hadith.

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Il insiste surtout sur les droits des parents. Il avertit les gens de tout acte d'ingratitude envers eux et
de désobéissance. Il dit : celui qui ne se comporte pas bien avec ses parents n'aura aucune chance pour
suivre une voie soufie. Celui qui montre sa désobéissance et son courroux envers ses parents, même s'il
suit une voie (soufie), Allah la lui coupe. Personne ne pourra, par la suite, faire quelque chose en sa
faveur. Le cheikh ne cesse de mentionner le grand risque que prend celui qui désobéit à ses parents. Il a
évidemment raison puisqu'il s'agit d'un phénomène de haute importance.
Quant à ses liens religieux, le cheikh compte parmi les gens qui les maintiennent le plus. Il fait partie
des bienfaisants envers ses partisans. Il console ses confrères, amis et compagnons, ainsi que tous ceux
qui disposent d'une certaine connaissance en Dieu. Il les conforte et les soutient avec soin et
bienfaisance. Il nourrit leurs miséreux, prend soin de leurs perdus, habille leurs nus, supporte leurs
démunis et aide leurs faibles.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, donne plus de soins à ses confrères religieux. Il souffre à cause
de leurs souffrances plus qu'il ne souffre lors des sinistres de sa famille proche. Les gens les plus proches
de lui sont ceux qui aiment Allah le plus. Il les considère comme proches, malgré leurs éloignements de
consanguinité. Inversement, il considère comme lointain toute personne éloignée de l'amour divin,
même si elle lui est proche de famille.
Il pense que leur droit est très important et il est difficile à respecter convenablement. Il dit souvent:
celui qui est éprouvé par la perte des droits des confrères, Allah l'éprouve par une perte des droits
divins. Qu'Allah nous protège de ce malheur épouvantable qui règne entre les prétentieux de la
fraternité dans cette époque turpide.
Quant aux habits du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, il s'habille d'un niveau moyen, comme les
gens ordinaires, afin de se protéger contre la chaleur et le froid. Il n'aime pas être distingué par des
vêtements ni chers ni bon marché. Il ne pratique chez lui que ce que la conduite prophétique prescrit. Il
a ordonné à sa famille de faire une rupture avec toutes les mauvaises traditions et tous les excès. Son
ordre est clair là-dessus.
Si l'on veut détailler ceci, cela prendra beaucoup de temps. Par ailleurs, le cheikh, satisfaction d'Allah
sur lui, renonce à toute exposition et à toute prétention. Il les désavoue avec force. Il ne les accepte de
personne. Lorsqu'il veut nous rapporter un acte de bien qu'il a réalisé ou lorsqu'il veut nous faire signe
de certains de ses splendides états, pour un but déterminé, il se réfère à un inconnu. Il dit : telle chose
est arrivée à certaines personnes ou à un certain homme ; il n'indique pas qu'il s'agit de sa propre
personne. Il se peut qu'on rencontre quelqu'un qui a été présent avec lui lors d'un tel évènement et il
nous confirme que c'était bien le cheikh qui a été insinué. On commence alors à deviner ces choses à
partir de son état.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, n'aime pas qu'on lui attribue quoi que ce soit ou qu'on lui
déclare un certain secret. Il n'aime pas qu'on le vante en sa présence. Si quelqu'un l'affronte un jour par
des éloges, il ne l'excuse que s'il est anéanti ou que s'il ignore le fond des choses. Il désavoue avec force
toute prétention du soufisme et de la sainteté. Il dit : «Attention, jusqu'à présent, rien ne prouve
qu'Allah a accepté notre repentir ou qu'il nous a accordé une parfaite foi». Il avertit ainsi les gens et il les
oriente. L'apprentissage par l'acte est plus efficace que par la parole, pour faire passer un conseil ou un
message. Qu'Allah récompense notre cheikh par les meilleures rétributions ! Qu'il lui accorde plus
d'aubaines et de bienfaisance !
Ce conseil a rencontré un grand succès chez les confrères, louange à Allah. Ils n'aiment plus se
montrer et ne prétendent aucune qualité de sainteté, à la suite de ce qu'ils ont su ou entendu du cheikh.
Ils l'ont vu fuir de la prétention et de ses caprices. La prétention est d'ailleurs plus dangereuse que
l'épreuve. Souvent, le cheikh sollicite la protection d'Allah contre la prétention. Il dit que sa punition
n'est autre qu'une mauvaise fin de vie. Qu'Allah nous en protège ! Il avertit l'audience par ces propos.
Effectivement, celui qui prétend être ce qu'il n'est pas mérite une mauvaise fin de vie. Qu'Allah nous
protège de cette grande affliction et de ce malheur !
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, n'aime pas se montrer et préfère la discrétion. Il n'aime pas les
gens qui se montrent. On parlera de l'ascèse du cheikh dans un chapitre à part, s'il plaît à Dieu. Le cheikh

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aime intensément la famille proche et la descendance du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Il leur
présente son immense dilection et prend soin d'eux. Il fait de son mieux pour les munir de tout ce qui
est bien.
Il invoque Allah pour eux. Il se comporte avec eux avec hospitalité, générosité, bienfaisance,
modestie, et bienséance. Il leur promulgue des conseils, et il leur indique la voie de l'acquisition de
l'éthique du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, et du suivi de sa conduite prophétique.
Il dit : «Les descendants du prophète sont prioritaires en ce qui concerne l'héritage du messager
d'Allah, prière et salut d'Allah sur lui». Il exhorte les gens à les aimer, à les respecter et à être modestes
et bienséants envers eux. Il montre leur grande gloire et leur éminente valeur. Il voit que la paresse et le
retard dans leurs affaires et dans leur amour constituent une défectuosité de foi.
Il n'aime pas celui qui les gêne, qui les concurrence et qui manque de respect à leur égard. Il insiste,
satisfaction d'Allah sur lui, sur la prohibition de tels actes ignobles envers eux. Qu'Allah nous fasse jouir
de sa satisfaction ! Amen. La preuve de sa grande dilection, bienséance envers eux et modestie par
rapport à leur éminente valeur, est qu'il conseille celui qui demande son avis avant de se marier avec
eux de ne pas le faire afin d'éviter toute maladresse dans le respect de leurs droits.
Un jour, je l'ai vu interdire à un de ses compagnons d'épouser une "charifa" (descendante du
prophète) ; il lui a dit :
Si tu l'épouses, je te désavoue ici-bas et dans l'au-delà. Qu'Allah nous protège de la transgression de
l'ordre du cheikh, en son absence et à sa présence. Cette interdiction a pour raison de protéger cet
homme contre lui-même, car s'il se marie avec une "charifa" et s'il lui cause du tort, cela risquera de
mettre en colère les descendants du prophète et de leur faire mal. Cette situation risque à son tour de
courroucer leur grand-mère, la fille du prophète, "Fatima", satisfaction d'Allah sur elle, et par la suite
courroucer son père, prière et salut d'Allah sur lui.
Dans le hadith rapporté dans "Al mousnad" de l'imam Ahmed, dans "le Tabarani", dans "Al
Moustadrak" d'AI Hakem, et dans le recueil de "Bayhaqi": Misswar Ben Makhrama, satisfaction d'Allah
sur lui, a dit: ma fille a été demandée au mariage par Hassan Mouthanna, alors qu’il était déjà marié à sa
cousine Fatima Bent Houssayne (petite fille du prophète), satisfaction d'Allah sur eux. J'ai refusé de lui
donner ma fille, car je me suis rappelé le hadith suivant : "Fatima est une portion de moi. Je me rétracte
par ce qui la rétracte. Je me réjouis par ce qui la réjouit". Je lui ai alors dit : tu es déjà marié à une
descendante de la fille du prophète, si je te donne ma fille, cela va sûrement la mettre en colère, ainsi
que son père, prière et salut d'Allah sur lui. Fin.
Le cheikh s'est comporté ainsi avec la personne qui l'avait consulté de la même manière avec laquelle
ce noble compagnon du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a agi. Il a emprunté sa voie dans la
glorification des descendants du prophète. Celui qui entre dans une relation familiale avec eux risque de
croire qu'il est au même pied d'égalité qu'eux. Il risque de leur manquer de respect. Souvent, le cheikh
conseille les gens de respecter les "chorafa" (descendants du prophète), de prendre les mesures
nécessaires pour glorifier leur station, et de ne pas entrer en relation familiale avec eux afin d'éviter de
se considérer au même pied d'égalité qu'eux et de se considérer dignes de leurs valeurs et importances.
Celui qui a donné sa fille comme conjointe à un descendant du prophète, osera après demander la main
d'une noble descendante pour quelqu'un de sa famille. Il croira qu'ils ne se distinguent de lui par aucun
mérite. Il réduit alors de leur rang élevé, et cela constitue une maladie cachée et un danger auquel le
cœur est exposé. Seuls les gnostiques prennent en considération cette maladie et en font attention.
Comme suite à la grande importance que le cheikh accorde aux descendants du prophète et à son
zèle à leur égard, il n'aime pas celui qui les accompagne pour un intérêt personnel, ou pour profiter
d'eux, ou qui cache d'eux un certain conseil. Il dénonce ces actes ignobles et déteste celui qui les
commet. En résumé, son amour pour les descendants du prophète et sa glorification de leur valeur sont
exceptionnels. Il est très rare à notre époque de trouver quelqu'un qui éprouve comme lui cet amour
pour eux. On n'a jamais entendu parler d'un amour porté pour les descendants du prophète, prière et
salut d'Allah sur lui, comme celui que porte notre cheikh pour eux. C'est plutôt une qualité qui le
singularise ; et qu'il maîtrise avec force et certitude.

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En outre, bien qu'ils proviennent du cœur, la dilection et l'amour peuvent être mesurés par le
comportement de l'individu et par les signes qui les reflètent. À notre époque, on ne connaît personne
qui aime et qui glorifie les descendants du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, comme lui. Cela n'est
pas étonnant de quelqu'un de son envergure.
L'amour des descendants du prophète est le résultat de la vraie foi et de ses fruits. Qu'Allah nous
accorde abondamment cet amour ! Il en est de même pour la conduite prophétique par rapport à
laquelle le cheikh ne dévie pas. Cette conduite prophétique, quand elle est diffusée et clarifiée, elle offre
un exemple pour ceux qui tirent les leçons, et un rappel pour les attentifs. C'est aussi un juste milieu
pour les pieux, un appui pour les gens dignes du succès, une aide pour les orientés, un éveil pour les
attentifs, une preuve pour ceux qui suivent la guidance et une déposition contre les transgresseurs.
Qu'Allah nous offre sa bénédiction et multiplie pour nous son amour.
Quant à l'éthique du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, c'est-à-dire ce qui le caractérise comme
qualités glorifiées et valeurs élevées appelées "l’éthique louable". Il s'agit de :
1. l'intelligence,
2. l'habileté,
3. le courage,
4. le secours,
5. la tendresse,
6. la pitié,
7. la compassion,
8. la clémence,
9. la patience,
10. l'endurance,
11. la modestie,
12. la bienséance
13. la haute détermination, qui signifie la chasteté, la préservation de sa propre personne1, et la
fidélité.
14. la magnanimité2, qui signifie :
15. la générosité,
16. la largesse,
17. la raison,
18. la tranquillité,
19. la tolérance,
20. l'altruisme, et
21. l'engagement dans le service des vertueux.
Soit vingt et une qualités. On a déjà parlé des quatre premières qualités dans la première partie de ce
chapitre : l'intelligence, l'habileté, le courage et le secours. Le reste sera traité ultérieurement, s'il plaît à
Dieu.
Allah, le Très-Haut, a accordé au cheikh des attributs qu'il avait dès son enfance. Une fois que le voile
lui a été levé, ces attributs sont devenus un moyen de rapprochement à Dieu et une arrivée à sa
présence. Allah a ensuite affecté chacun de ces attributs à sa place définitive, là où il est destiné. Le tout
œuvre alors pour et dans Allah. C'est ainsi que l'intelligence du cheikh est sa compréhension de ce que
veut Allah. Sa tranquillité est la maîtrise du culte et de l'adoration de Dieu.
Sa patience est sa sérénité sous le déroulement des destins. Son endurance est le service qu'il rend
aux gens. Son courage est une force dans la religion. Son secours est un appui destiné à la voie des
bien-guidés. Sa générosité est la vente de son âme pour et dans Allah. Sa haute détermination est sa
consécration à Allah seul. Sa magnanimité est sa fidélité envers son seigneur. Ces attributs annoncent et

1 -C’est-à-dire, il se préserve de tout ce qui est en dehors d’Allah, le Très-Haut.


2 -La magnanimité regroupe en effet l’éthique qui émane d’elle.

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préparent les autres attributs. Il a ainsi progressé à une station très élevée de la bienfaisance. «Chacun
est prédisposé à l'œuvre pour laquelle il a été créé».
Parmi ses valeurs morales profitables à tous, on trouve: la tendresse, la pitié, la compassion et la
clémence. Vous ne le trouverez qu'affectueux, compatissant, ayant pitié des autres et bienveillant à leur
égard. Il prend soin des musulmans et a pitié des pauvres. Il se sent mal et il éprouve de la compassion
pour leurs souffrances. Il amadoue les démunis et console les misérables.
Il a de l'affection pour les étrangers, plus qu'il ne l'a pour les résidents. Il se met près d'eux avec
tendresse. Il s'assoit avec eux avec affabilité. Il se comporte bien avec eux, surtout lorsqu'il s'agit de
personnes ayant une nature saine et correcte, qui n'ont pas d'arrières pensés ni de préjugés. Souvent, il
prend soin d'eux, et leur accorde sa clémence et sa générosité. Il aime leur état et les vante bien en leur
absence.
Quand quelqu'un se plaint auprès de lui d'une maladie ou d'une souffrance, il prend soin de lui, avec
diligence. Il ne cesse de le mentionner, d'invoquer Allah pour lui et de demander de ses nouvelles
jusqu'à ce qu'il guérisse et jusqu'à ce que son malaise se dissipe. Lorsqu'un sinistre affecte quelqu'un, il
lui présente sa grande tendresse, invoque Allah pour lui, et lui dit : qu'Allah nous protège de son
épreuve, de par Sa largesse ! Amen. Voilà sa conduite, satisfaction d'Allah sur lui. Qu'Allah le rende
satisfait et lui accorde le regard de Sa noble face, là où il bouge et où il demeure.
Parmi ses valeurs morales sublimes, par lesquelles il a devancé les gens des époques antérieures et
a intimidé ceux des époques ultérieures, on peut citer: la modestie, la bienséance, l’éthique louable et la
cohabitation convenable. Il est d'un cœur délicat. Il accorde sa clémence à tout être musulman. Il sourit
au visage de toute personne qu'il rencontre.
Chacune d'elles croît alors qu'elle est plus proche de lui que les autres. Ceci est dû à ce qu'elle voit en
lui comme sourire, belle parole et générosité. Lorsqu'une triste personne le rencontre, sa tristesse se
dissipe dès qu'elle le voit. Il est doux et simple, tout le temps, même en marchant. Son état nous
rappelle le verset coranique suivant : "Les serviteurs du Tout Miséricordieux sont ceux qui marchent
humblement sur terre, qui, lorsque les ignorants s'adressent à eux, disent: Paix" (Al Forqane, Le
discernement, verset 63).
Je n'ai jamais vu quelqu'un comme lui, avec ces valeurs, ce grand et tendre cœur, cette âme
généreuse, ce pacte bien conservé, cette dilection bien sauvegardée, ce grand savoir et cette
compréhension. Bien qu'il ait une valeur solennelle, il rend service au petit, il respecte le grand, il
s'assoit avec les faibles et il se comporte modestement avec les démunis. Il ravive la conduite du
messager d'Allah, prière et salut d'Allah sur lui.
Quand quelqu'un s'oppose à une information scientifique qu'il a apportée, satisfaction d'Allah sur lui,
il le fait taire en le convainquant. L'opposant reste alors dans le désarroi, étonné par le mystère des
sciences et des connaissances du cheikh. Allah a groupé en notre maître le savoir, l'action et la grande
sainteté. Il a excellé dans ce domaine au maximum, tout en étant bienveillant envers les gens, et
compatissant pour qu'ils se rapprochent de Dieu, le Très-Haut.
Il supporte ceux qui lui veulent du mal avec une patience infinie. Pourtant Allah a placé dans leurs
coeurs un grand respect pour lui. En effet, ce qu'il inspire comme crainte révérencielle sublime et
comme solennité n'a été accordé à aucun autre contemporain parmi les savants et les ascètes. Voilà
pourquoi les gens viennent lui rendre visite de loin afin de bénéficier de sa bénédiction et d'apprendre
de ses connaissances. Ils le prennent pour référence dans tout ce qui est religieux, quotidien ou relevant
de l'au-delà. Vous ne trouverez personne qui peut lui être égal, ou proche dans la clémence et la
guidance des gens.
En dépit de tout cela, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, est modeste, il se sous-estime dans la
présence de son seigneur. Il est modeste également pour l'Entité d'Allah, en se sous-estimant devant
toute personne vertueuse, qu'il s'agisse de chourafas (descendants du prophète, prière et salut d'Allah
sur lui) d'élus ou de vertueux qui disposent d'un amour basé sur la foi.
Pour ce qui est relatif à sa personne, il ne voit en elle aucune importance particulière. Il ne relie à elle
aucune distinction. Il ne voit en elle aucune obligation sur personne, même sur sa famille et ses enfants.

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Il règle ses services lui-même ainsi que ceux des membres de sa famille. Il ne sent aucun mépris en
assurant ses propres services, quels qu'ils soient. Il n'aime pas être distingué des autres, ni bénéficier
d'une certaine spécificité. Au contraire, il voit que ce sont les autres qui présentent un certain mérite sur
lui. Il dit :
Qu'Allah soit clément envers nous, au sein du groupe des musulmans ! Il relie à sa personne ce qui
est bas. Il ne prétend aucune innocence quant à un mauvais attribut qui le qualifie ou à une mauvaise
action qu'il peut entreprendre. Il témoigne sur lui-même qu'il n'est pas acquitté des droits des hommes
qu'il connaît. Il dit : nous n'avons pas accordé la pleine mesure à ceux que nous connaissons ; on ne peut
jamais le faire. Il dit aussi : "le bon croyant est celui qui voit, d'un côté, que les gens ont des droits sur lui
qu'il doit honorer. Et de l'autre côté, qu'ils ne lui doivent rien".
Quant à la modestie pour Allah, en se sous-estimant devant les serviteurs d'Allah: il assure lui-même
le service de ses compagnons et d'autres personnes, que ce soit lors de sa vie quotidienne ou d'un
voyage. Il ne se soucie pas de la fatigue et ne laisse personne le glorifier ou le distinguer en embrassant
sa main, par exemple. Il ne se considère pas comme étant digne de ces flatteries. Personne n'ose le
provoquer par un tel acte.
Quant à sa bienséance, satisfaction d'Allah sur lui, que ce soit dans l'apparence ou dans le fond,
dans la loi religieuse mohammadienne ou avec Allah, le Solennel, il a acquis en cela le summum des
souhaits. On sait d'après son état et sa parole qu'il a excellé dans cette bienséance par rapport aux
débutants et aux spécialistes. Ses attributs et ses actions en sont témoins.
La bienséance, chez les savants exotériques, est une expression qui signifie l'exécution de certaines
pratiques vertueuses en plus des devoirs prescrits et de la "Sounna" (pratique mohammadienne). Il
s'agit de bonnes oeuvres et de pratiques facultatives relatives aux états de l'être humain, comme le
sommeil, l’éveil, le manger, le boire, le rappel d'Allah, l'invocation et ainsi de suite.
Pour les soufis, c'est une expression qui regroupe les qualités du bien et les traits de la bienfaisance.
C'est un attribut qui regroupe des attributs glorieux et des éthiques louables, adaptées au qualificatif de
la servitude et à la solennité seigneuriale. Celui qui regroupe ces attributs est un bienséant.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, est bienséant avec Allah, le Très-Haut, et avec le messager,
prière et salut d'Allah sur lui. La bienséance qu'on vient d'évoquer est comprise dans cette bienséance.
Notre maître, satisfaction d'Allah sur lui, a regroupé la bienséance apparente et intrinsèque, dans le
secret et dans l'apparence. Qu'Allah récompense celui qui a chanté le vers suivant :
Lorsqu'elle parle, elle évoque tout ce qui est beau et affable.
Lorsqu'elle se tait, on comprend aussi d'elle tout ce qui est agréable.
Sa bienséance apparente se manifeste dans son assiduité à respecter les bienséances relatives aux
états de l'être humain et évoquées dans la conduite prophétique. Il les respecte et les conserve au
maximum, dans tous ses états, c'est-à-dire quand il est debout, assis, allongé, quand il marche et quand
il s'assoit. Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, n'a jamais été vu, en train d'allonger ses jambes en
direction de la Mecque.
Dans la mosquée, il n'a jamais craché et n'a jamais levé sa voix. Chaque fois qu'il entend quelqu'un
parler à haute voix, dans la mosquée, il lui demande de se taire. Lorsqu'une personne faillit aux règles
de la bienséance religieuse, il attire son attention sur ses erreurs. Si elle est dotée d'un certain savoir
religieux, il lui dit, en guise de réprimande et de condamnation de son acte: "est-ce que c'est comme ça
qu'il a été rapporté dans la conduite prophétique?".
Il n'aime pas se qualifier de ce qui est traditionnel chez les gens, c'est-à-dire de certaines
convenances qui ne sont pas prohibées par la loi religieuse, mais qui ne sont pas non plus évoquées
dans la conduite prophétique. Il se limite ainsi aux bienséances évoquées par la loi religieuse "charia",
tout en se qualifiant de l'éthique de l'éminente conduite prophétique.
Parmi les signes de sa bienséance intrinsèque démontrée par ses paroles et ses actes, le cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui, ne choisit pas lorsqu'Allah a déjà choisi pour lui. Il ne gère pas en présence de
la gestion divine, comme nous l'avons déjà mentionné auparavant. Lorsqu'il fait une invocation pour

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lui-même ou pour quelqu'un d'autre, afin d'obtenir un bien dont les conséquences sont inconnues, il
demande à Allah de choisir pour lui. Il ne cesse de répéter : "ce n'est qu'une invocation par la langue,
mais mon cœur est soumis à Allah, le Très-Haut". Il dit aussi : "Je ne veux rien ; je ne demande rien, Tu
fais ce que Tu veux (O, Allah) et Tu décides ce que Tu veux". Il dit aussi : "je calme les gens en employant
ma langue, c'est tout. Je ne veux pas les vexer. Rien d'autre". Parfois, si quelqu'un lui demande
d'invoquer Allah pour lui, il dit :
"Je ne demande rien, par bienséance à l'égard d'Allah, le Solennel'. Il sait, satisfaction d'Allah sur lui,
que le choix d'Allah est mieux que celui du serviteur pour lui-même ou pour quelqu'un d'autre.
Quant à l'invocation qui emploie ce qui est évoqué dans la loi religieuse, il ne cesse de la citer. Dans
ce type d'invocations, on retrouve les notions de l'éveil du désir, de l'inspiration de la crainte, du
rapprochement, de l'arrivée à Allah, le solennel, de l'attribut de la servitude, de l'extériorisation de la
pauvreté auprès d'Allah, de l'amadouement, de la supplication, de la soumission à Allah, le glorieux, du
repentir, de la demande du pardon, de l'imploration de la clémence et du souhait de l'agrément de la
part d'Allah le Très-Haut.
Il ne cesse de citer ce type d'invocations qui rendent le cœur et la langue tendres. Il dit : en tout cela,
on ne dispose d'aucun choix avec Allah, car la loi religieuse nous a ordonné de faire de telles
invocations. Souvent, on l'entend dire : "qu'Allah vous accepte de par Sa pure largesse et Sa
satisfaction".
La bienséance du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, se manifeste aussi par le fait qu'il n'aime pas
parler de tout ce qui relève du destin décidé par Allah, le glorieux, le Très-Haut. Il n'aime pas montrer
d'objection à propos de ce qui arrive comme mal. Il ne souhaite pas la disparition de sinistres qui ont
déjà eu lieu. Il considère que les gens qui s'occupent de ces affaires, s'opposent en fait à Allah, et faillent
à la bienséance avec Lui.
Le cheikh relie les défaillances à l'âme. Il voit que la défaillance est liée à l'âme dans toutes les
épreuves qui affectent le serviteur et qui relèvent des décisions divines. Il ne nie pas que les défauts de
l'âme font partie également des décisions divines, par référence à l'éthique de la "Charia" (loi islamique)
et au fait que la perfection ne caractérise qu'Allah, et non pas autrui. Cette perfection ne caractérise pas
autrui même s'il est sous forme d'une trace parmi les traces de la puissance divine. Voilà comment le
cheikh respecte la bienséance à l'égard d'Allah, le Très-Haut.
Dans ce contexte, il raconte un récit connu sur un des rois des temps passés. Il avait un serviteur qu'il
aimait beaucoup. L'entourage royal était étonné de cette attention que le roi prêtait à ce serviteur. Le
roi a voulu leur montrer son mérite. Il a pris alors un précieux diamant et leur a demandé de le casser.
Les gens de l'entourage royal ont commencé à le conseiller de ne pas casser le diamant.
Mais, quand il a ordonné au serviteur de le casser. Sans aucune hésitation ce dernier lui a obéi. Il l'a
donc rembarré et blâmé. Le serviteur a commencé à supplier le roi et à l'invoquer afin de lui pardonner.
Le roi a ensuite dit aux autres : je vous ai d'abord ordonné de casser le diamant, mais vous avez
commencé à me fournir vos conseils. Puis, si jamais vous l'aviez cassé et je vous avais blâmé, vous auriez
dit que c'était mon ordre. Par contre, ce serviteur a d'abord obéi, puis il m'a supplié de lui pardonner.
Voilà pourquoi je l'aime.
Cela montre le type de la bienséance intrinsèque du cheikh. Il est très difficile de connaître ce qui se
cache encore derrière elle comme bienséances, dans sa pensée, dans son âme, lors de ses fluctuations
et quand il est en présence d'Allah. Il se peut qu'il y ait d'autres bienséances intrinsèques qu'on ne
connaît pas, mais dont les signes sont bien visibles sur lui.
La bienséance dépend de la connaissance. Le lecteur ne manque pas de découvrir, d'après les
connaissances susmentionnées, la perfection du savoir du cheikh qui est à l'origine de sa bienséance
parfaite et de son éthique éminente, satisfaction d'Allah sur lui.
En somme, il est très rare de trouver quelqu'un comme le cheikh, qui se caractérise par :
• Sa bienséance parfaite avec Allah et son messager.

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• Sa modestie, en se sous-estimant dans la présence de son seigneur, et devant toute
personne qu'elle fasse partie de l’élite ou des gens du commun.
• Sa patience, son endurance, sa pitié, sa tendresse et sa magnanimité sublime.
• Sa haute détermination, en particulier, et son éthique, en général.
Ces caractéristiques sont d'une admirable provenance. Elles ne sont accordées qu'à l'élite de l'élite,
parmi les véridiques dignes du dévouement, de la connaissance et de l'attestation de l'unicité spéciale.
Ces gens de l’élite sont complètement couverts par la clémence du Miséricordieux et sont noyés dans la
largesse et la bienfaisance divine.
Lorsqu'Allah veut montrer sa largesse à l'un de ses serviteurs, il le rend digne de son amour, de sa
dilection et de son affinité. Il écrase ses attributs (humains) en les remplaçant par son attribut (divin).
Les branches du serviteur se fructifient alors et donnent les meilleurs fruits. Ses couleurs se diversifient
et ses tiges se ramifient. Il acquiert par conséquent tout qualificatif honorable et toute valeur
importante. Gloire au tout miséricordieux, le tout affectueux, dont la générosité et la largesse sont
immenses.
Gloire à celui qui a honoré sa créature et a accordé la fortune à qui il veut. Pas de divinité à part lui.
Pas de bien à part le sien. Pas de donneur à part lui. Pas de miséricordieux à part lui. Prière sur Sidna
Mohamed et sa famille proche.

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CHAPITRE TROISIÈME -PARTIE I - SAVOIR DU CHEIKH
Le savoir du cheikh, sa générosité, sa largesse, sa magnanimité, sa
fidélité, sa crainte scrupuleuse d'Allah, sa haute détermination, sa
piété, son ascèse, ses conseils, sa liberté, sa guidance, son
rassemblement autour d'Allah, et son influence par l'état et la parole
pour mener les gens à Allah

PARTIE I : LE SAVOIR DU CHEIKH, SA GÉNÉROSITÉ, SA LARGESSE, SA MAGNANIMITÉ ET SA FIDÉLITÉ


En ce qui concerne les sciences exotériques, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a eu la plus grande
part possible. Il maîtrise les ramifications et les fondements de ces sciences. Quand il commence à
discuter au sujet d'une science donnée, il excelle jusqu'à ce qu'on ait l'impression qu'il ne maîtrise que
cette science, surtout dans les domaines de l'unicité d'Allah, de l'explication du coran, et du hadith. Il
maîtrise aussi les sciences de l'anthropologie, du soufisme, des états, et bien d'autres sciences qui
peuvent être transmises comme la grammaire, la jurisprudence, les règles de la poésie, etc. Il a pris part
dans toutes les sciences exotériques des savants, et personne n'a pu le concurrencer dans les sciences
ésotériques.
Il les a même dépassés d'une manière indescriptible dans la résolution des problématiques de leurs
sciences et l'analyse des situations difficiles. Le lecteur aura, s'il plaît à Dieu, l'occasion de voir dans le
présent document ses réponses pertinentes.
Chaque fois qu'il entame un sujet concernant une science exotérique, il trouve une issue cohérente
pour passer à la science de l'au-delà, surtout lorsqu'il s'agit de l'exégèse du coran et du hadith. Cela
reflète ce qui est gravé en son for intérieur comme la crainte d'Allah, le Très-Haut, et la prise en
considération de son omniprésence. Il n’accorde aucune importance au décor de la vie quotidienne.
Quand il parle de ces sciences, on a l'impression qu'il observe en parallèle le monde de l'au-delà. Son
enseignement des sciences exotériques est, en réalité, un enseignement de sciences ésotériques. Il nous
dit souvent : le vrai savant est celui qui peut rendre complexe ce qui est clair, et clarifier ce qui est
complexe, car il dispose d'un large savoir, d'une profonde compréhension, et d'une parfaite intellection
et maîtrise.
Voilà le savant, dont les séances de cours et les originalités doivent être suivies avec attention. Le
cheikh Ben Arafa a dit dans son poème :
Lorsqu'on n'avance
lors d'un cours et d'une séance
aucune remarque bénéfique,
en rapportant une clarification authentique
d'un problème de forme par exemple,
en résolvant un problème ample,
ou en se référant à un mystérieux et singulier rapporteur,
ou une problématique rien qu'en exploitant une simple idée
comme indicateur :
Alors cette séance de cours laissez tomber et cherchez pour vous un autre conférencier.
Soyez assidu et n'abandonnez pas votre apprentissage. L'ignorance est un mauvais voisinage.
Quant à ses sciences ésotériques véridiques, extraites des lumières divines, le cheikh est l'axe
autour duquel elles tournent. Il est le soleil de leur jour montant. Celui qui l'entend parler d'elles ne
peut que dire : cette parole est prononcée par celui dont la patrie est le mystère d'Allah, le Très-Haut. Il
est à noter que ces sciences ont pour lieu le cœur. Elles constituent l'origine des secrets et l'aurore des
lumières.

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Voilà pourquoi il est impossible de trouver des expressions pour expliciter ces sciences. Seuls ceux
qui sont qualifiés d'elles et qui en ont goûté connaissent leur douceur. C'est pour cette raison que le
cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, préfère l'amour de son seigneur sublime sur autrui. Il surveille sa
présence et ne se sent en intimité qu'avec lui. Il fuit souvent les gens pour s'isoler seul dans des retraites
spirituelles (khalaouates). Il médite longtemps dans la connaissance d'Allah, le Très-Haut. Les mystères
des secrets se sont alors décelés à lui. Les lumières se sont manifestées à lui. Ceci nous rappelle les vers
suivants :
Isolé dans la présence d'Allah, il erre à cause de son amour, il n'a d'intimité avec rien d'autre que le
seigneur.
Il s'est écarté dans ce monde ici-bas, pour obéir à son seigneur.
Il lui a fait donc hériter, sans aucun doute, de la science sacrée du livre.
Il a préféré l'amour d'Allah à autre chose, alors
Les mystères des secrets se sont décelés à lui en guise de
rétribution pour l'amour.
Celui qui est sincère en déclarant son amour.
Les lumières se manifestent à lui au grand jour, sans aucun voile, enraciné dans la science.
Dans le jardin des connaissances, il se reposera alors pour l'éternité.
Leur délice est plus appétissant que le boire et le manger.
Les états spirituels lui parlent de tous les bords.
Il les comprendra, par sa conscience et son cœur d'or.
Il décèle les secrets à partir du malakoute céleste.
L'afflux lui parvient du Connaisseur de l'inconnaissable sans conteste.
Il n'y a pas de doute que les maîtres qualifiés par les états des attributs, sont ceux qui ont hérité
réellement des prophètes. Ils les ont pris pour modèles, dans leurs apparences et leurs fonds. Ils ont
parfaitement regroupé la loi religieuse (charia) et la vérité (Haqiqa).
Notre maître, satisfaction d'Allah sur lui, les a dépassés et il a vécu ce qu'il a vécu.
Il est, satisfaction d'Allah sur lui, un modèle à suivre, et une guidance pour les bien-guidés. Il
regroupe la douceur des états et l'authenticité des paroles et des actes. Son intérieur est rempli de
vérités en relation avec le monothéisme. Son extérieur n'est qu’ascèse, renoncement et dépouillement1.
Sa parole est une guidance pour tout disciple.
Quant à sa générosité, satisfaction d'Allah sur lui: ses dépenses et ses dons sont amples dans le
sentier d'Allah. Il est fidèle à cette voie depuis son enfance. Allah a fait de la générosité un de ses
attributs naturels, puis il a fait que cet attribut soit bien maîtrisé et bien géré par le cheikh d'une
manière légale selon la loi religieuse. Allah, le glorieux, a ainsi fait progresser le cheikh au rang de la
perfection. Il a fait de lui quelqu'un qui ne constate en lui ni possession de sa propre personne ni
possession d'argent2. Allah a groupé en lui les deux états. Telle est la confection divine. Et qui est mieux
qu'Allah en sa confection. Avec ces qualités, les bonnes actions et les actes de générosité du cheikh
étaient toujours de grande envergure. Ses actes sont prodigieux et ses traces sont originales. Rares sont

1 -La station du dépouillement est une haute station qui ne peut pas être acquise par des efforts ou par quelques astuces. C’est
plutôt un habit qui est porté par la personne qui en est digne et qui est destinée dans le savoir prééternel d’Allah à atteindre
cette station. C’est un héritage et un don de la part d’Allah, tout comme la confiance en Allah.
Celui qui n’est pas encore arrivé à la station qui lui permet de confier son sort à Allah, s’il commence à dépenser sa fortune
pour Allah sans une bonne gestion, qu’il sache que c’est Iblis, l’anathématisé, qui lui veut du mal et veut qu’il sorte de la voie
et de l'amour de son cheikh. Une fois ruiné, il va se dire qu’il était riche avant et le voilà devenu pauvre. Ce doute et ces
idées ne peuvent jamais atteindre la personne digne de la station «confier son sort à Allah», car elle donne par Allah et
acquiert les choses par Allah, et elle détient un savoir et une science qui cadrent ses mouvements.
2 -Le cheikh disait souvent: l'argent appartient à Allah. Moi, je ne suis que son caissier, qui est chargé de distribuer l'argent par
délégation.

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ceux qui lui ressemblent en cette époque. Le cheikh est un signe parmi les signes d'Allah qui ont enfin
émergé.
Il distribue généreusement de l’argent comme si la pauvreté ne lui inspire aucune crainte. Il ne se
rend compte ni de l'excès ni de l'abus. Comment pourrait-il s'en rendre compte alors que son cœur a
abandonné le contingent anéanti, a progressé dans la station de la bienfaisance et de la gnose et s'est
élevé dans la perfection et dans les rangs des grands maîtres soufis. Ces derniers ont abandonné leurs
richesses précieuses et se sont complètement adonnés à leur cause.
Ces gens sont, en réalité, les plus généreux de la création et les plus glorieux. Il n'y a de largesse ni
d'aubaine que la leur. C'est à partir de la source de la largesse qu'ils dépensent leurs dons et argents et
de son afflux qu'ils les déversent. Ils ne se considèrent pas comme étant des propriétaires, ni des
donneurs, ni des gens qui ont abandonné quoi que ce soit. Comment peut-on alors décrire leurs
attributs et comment peut-on estimer leur valeur !
Toutefois, nous allons nous intéresser à quelques faits et détails que nous avons vus et remarqués
chez notre cheikh et professeur, satisfaction d'Allah sur lui. Nous allons nous intéresser également à sa
bienfaisance remarquable et à ses innombrables dons dont nous avons été témoins. Notre but est la
mention de ces informations et la diffusion de ces honorabilités et de ces traces. Le cheikh, satisfaction
d'Allah sur lui, s'est habitué, en effet, à donner dans le sentier d'Allah, et à nourrir les pauvres pour la
face d'Allah (et non pas pour une récompense ni pour une gratitude).
Il distribue son argent et ses biens dans tous les sens, à tout moment, qu'il soit en état d'aisance ou
de difficulté, en voyage ou chez lui en ville. Ses dons sont de diverses catégories, ils peuvent être en
espèces, en natures, en fruits et en légumes. Il donne aux gens soit pour les réconforter, soit pour les
approvisionner, soit pour leur rendre visite s'il s'agit de sa famille proche, soit pour s'acquitter de
l'aumône. Il dit :
L'argent appartient à Allah. Moi, je ne suis que son caissier, qui est chargé de distribuer l'argent par
délégation. Allah dit : «Et dépensez de ce dont Allah vous a donné la lieutenance» (sourate Al-Hadid, le
fer, verset 7). Le prophète a dit, prière et salut d'Allah sur lui : "la main d'Allah est pleine. La dépense
n'en soustrait rien. Elle distribue les biens jour et nuit.
Avez-vous vu ce qu'Allah a dépensé depuis qu'il a créé les cieux et la terre ? Ces dépenses n'ont rien
soustrait de ce qu'il a dans Sa main. Son trône est sur l'eau. La balance est dans sa main. Il la rabat et la
remonte". Ce hadith a été rapporté par Ahmed, Boukhari, Mouslim, Tirmidi et Ibn Maja, d’après Abi
Horayrah, satisfaction d'Allah sur lui.
Parmi les habitudes du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, dans ce domaine: la dissimulation des
aumônes. Il les cache jusqu'à ce que personne ne s'en rende compte. C'est le cas, la plupart du temps,
de toute bienfaisance qui émane de lui. Lorsqu'il donne quelque chose à quelqu'un, il ne la lui donne pas
directement, mais il ordonne à un de ses serviteurs de faire cette tâche à sa place, sans rien dire à
personne. Son objectif est la recherche de la perfection recommandée par Dieu, le glorieux, dans son
livre saint : "Si vous donnez ouvertement vos aumônes, c'est bien; c'est mieux encore, pour vous, si vous
êtes discrets avec elles et vous les donniez aux indigents". En effet, cette conduite permet de
sauvegarder le prestige et la détermination de celui qui reçoit l'aumône. Il n'a qu'à remercier alors
l'aubaine de son seigneur, sans être attiré par la rencontre du donneur. Le cheikh dit :
Quand quelqu'un aspire à me voir pour me demander de l'argent, mon cœur se resserre contre lui. Je
ne veux alors plus rien lui offrir. Mais lorsqu'il ne compte plus sur personne à part Allah, je deviens très
vigilant pour l'aider et lui faire parvenir les dons. Je sens par conséquent une douceur agréable, car je
donne l'argent de mon seigneur au serviteur de mon seigneur, sans qu'il se tourne vers moi et sans qu'il
prête attention à ce qui est en ma possession. Parfois, le cheikh assure ses dons lui-même, par sa propre
main, surtout lorsqu'il s'agit d'un démuni qui ne le connaît pas, ou d'un compagnon fidèle qui ne va pas
divulguer son secret.
Il n'y a pas un de ses compagnons qui n'a pas reçu ses offres et n'a pas bénéficié de ses dons et de sa
largesse. Lorsqu'ils se rencontrent entre eux, ils ne cessent de parler de ses bienfaits.

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Mais personne n'ose le remercier en public ou mentionner ses actes ou divulguer ses secrets. Si
quelqu'un mange chez lui et lui dit par exemple "qu'Allah vous multiplie les richesses", il lui indiquera le
remerciement d'Allah et la constatation de Sa largesse. Il lui dira : «Mangez de ce que votre Seigneur
vous a attribué, et soyez reconnaissants envers Allah» (Sourate Saba, verset 15). Il lui dira aussi : "le
rappel des aubaines est réservé à Allah, seul".
Parmi les prodiges les plus courants chez le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, dans ce domaine: on a
toujours remarqué que son don atteint les plus démunis qui se trouvent soudain dans un besoin accru,
et qui deviennent très nécessiteux, au point de ne plus trouver de quoi se nourrir. Quand ils reçoivent
les dons du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, ils avaient l'impression qu'il a passé la nuit en train de les
voir et de les suivre. Voilà comment il met chaque aumône à sa place, selon une lumière divine et une
clairvoyance dans ce qu'il fait.
Il accorde généreusement le droit de tout "ayant droit", qu'il soit rapproché ou éloigné. Le cheikh
regroupe à la fois la justice et la bienfaisance. Il tient compte de l'état de chaque être humain. Il fait
réjouir les membres de sa famille, ses enfants, et ses proches. Il leur accorde sa bienfaisance et ses
aubaines. Puis il passe aux autres membres moins proches de la famille, puis aux amis, en leur rendant
visite. Puis il passe aux membres lointains, en vue de leur offrir aumône et largesse. Il se comporte donc
d'une manière singulière et formidable. Son état en tout ceci est élevé et éminent.
Quant à son comportement exemplaire chez lui, avec les membres de sa famille, ils sont habitués à
une bonne alimentation abondante, à la largesse, à la bienfaisance, à la générosité et à l'hospitalité. Il ne
laisse pas la moindre chose susceptible de les faire jouir sans qu'il la leur apporte tout en respectant la
loi religieuse, qui vise la suffisance et la félicité par les aubaines du seigneur, sans pour autant tomber
dans le confort et l'aisance excessifs. Les membres de sa famille sont donc bien pris en charge et bien
encadrés.
Les aubaines de Dieu et leurs traces sont bien apparentes sur eux: on trouve chez eux tout ce que
vous désirez en chasteté, satisfaction, générosité d'âme et haute détermination. La largesse s'est
accoutumée à eux, et leurs âmes s'y sont habituées. Il épargne des biens qui dépassent leurs besoins
pour que leurs âmes se sentent riches.
Parfois, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, déclare que : de peur de ne pas être doux à l'égard des
membres de sa famille, de ne pas se comporter selon leur manière de raisonner, et de ne pas les
protéger contre toute attirance vers les biens des autres, il n'aurait jamais rien épargné.
Il épargne ainsi des provisions annuelles d'alimentation, d'huile, de beurre, de miel et de fruits, pour
suffire, doublement, et plus, à sa famille, à ses invités et à bien d'autres personnes.
Ces provisions suffiraient pour les invités, les pauvres et les mendiants qui viennent lui rendre visite.
Il ravitaille, en effet, un grand nombre d'individus. À titre d’exemple, en deux ou trois jours, près de
quarante litres de blé sont consommés. Lorsque les invités et les visiteurs arrivent, il est difficile de faire
l'estimation de cette consommation. Aucune provision ne peut alors être épargnée dans ce sens, quelle
qu'elle soit. Il estime ainsi toutes les quantités nécessaires et il les importe de loin. En effet, la ville
manque de provisions, elle est très pauvre et le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, reçoit un grand
nombre d'invités. Les hommes sont reçus généralement à l'extérieur de la maison, à différents endroits ;
les femmes à l'intérieur. Il s'occupe également des étrangers appartenant aux différentes voies soufies.
Il les nourrit et laisse souvent des instructions à celui qui s'occupe d'eux, satisfaction d'Allah sur lui.
Son habitude est la suivante : il ne fait sortir rien de chez lui pour les invités avant de s'assurer qu'il y
en a suffisamment dans la maison, pour les membres de sa famille. Si un jour il fait sortir de chez lui un
plat pour les invités que sa famille n'a pas goûté, il les dédommage en leur ramenant un plat identique.
Il éduque ses proches sur cette conduite, et il les conseille de ne jamais s'acquitter d'un droit en
abandonnant un autre.
L'habitude du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, c'est aussi la conservation et le respect de la
nourriture. Chaque fois qu'il y a un reste, il cherche des personnes pour le manger. Si une nourriture
sort de chez lui pour alimenter les invités, et s'il en reste, il donne alors ce reste aux démunis. Ce reste

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de nourriture ne doit en aucun cas retourner chez lui, parce qu'il est sorti au départ pour Allah, le Très-
Haut.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, est également habitué à la distribution de l'aumône le long des
nuits et des jours. Chaque vendredi, il distribue du blé aux démunis de la ville, chacun selon son état,
qu'il s'agisse de pauvres, d'orphelins, de veuves ou de démunis.
À la montée de chaque jour, il distribue le pain aux enfants devant sa porte. Voilà comment il
procède, satisfaction d'Allah sur lui, avec les démunis qui ont du mal à subsister par eux-mêmes. Il fait
de même avec ses compagnons nécessiteux en les assistant dans leurs propres dépenses. La bénédiction
vient d'Allah, du glorieux. Allah ne cesse de rappeler ses aubaines à ses élus. Il ne leur offre que du bien.
Cette bénédiction a été remarquablement constatée en présence du cheikh, en toutes ses affaires.
Chaque fois qu'il avance dans le chemin de la bienfaisance, il obtient un bien et une bénédiction de
Dieu, du glorieux. Voilà sa conduite dans tous ses états, satisfaction d'Allah sur lui.
Si vous réfléchissez un moment sur ce qu'il dépense en provisions et en dons, vous trouverez que
seuls ceux qui sont appuyés par Dieu peuvent le faire ; ceux qui ont vendu leurs âmes, esprits, biens et
fortunes à Dieu, dans le sentier d'Allah, sans viser quelqu'un d'autre que lui et sans compter sur
quelqu'un d'autre, à part lui. Voilà sa conduite, satisfaction d'Allah sur lui.
Quant à son comportement avec les étrangers et les gens qui ne font pas partie de sa famille. Il les
console majestueusement, il leur rend visite en apportant des présents importants. Parfois, il prend
l'ensemble de ce qui est en sa possession, et il le leur donne d'un seul coup. Rares sont ceux qui
prennent connaissance de ces gestes. J'ai eu l'occasion d'y assister à maintes reprises.
Il dépense l'argent sans craindre la pauvreté (comme on l'a mentionné auparavant, selon son
habitude, satisfaction d'Allah sur lui) tout en cachant ses aumônes. Malgré cette dissimulation, nous
avons pu prendre connaissance de quelques-uns de ses dons. Lorsque quelqu'un le rencontre sur son
chemin et lui demande quelque chose, ou lorsqu'il lui envoie une correspondance, nous ne savons pas
ce qu'il fait avec lui, nous n'avons aucun moyen pour deviner ce qu'il lui a donné et ce qu'il a caché
comme aumônes.
Parmi ses grands prodiges courants, on cite l'affranchissement des esclaves. Il a affranchi en un seul
jour, toutes les esclaves de sexe féminin qui se trouvaient à la maison. Elles étaient quinze. Il les a
affranchies d'un seul coup. Après ceci, il a affranchi treize esclaves mâles adultes. Il a écrit une étiquette
et il l'a placée sur le cou de chacun d'eux, et il lui a dit : "tu es libre, dans le sentier d'Allah". Il y a
plusieurs autres évènements du même type qu'on ne connaît pas. Satisfaction d'Allah sur le cheikh.
Qu'Allah nous fasse jouir de sa satisfaction.
D'une manière globale, la générosité du cheikh est sublime, et sa bienfaisance est immense, et ce
non pas de la manière qui nous est familière, mais d'une façon qui transgresse la tradition et qui sort
des affaires habituelles. Personne ne peut lui faire concurrence, ni l'élite, ni les gens du commun. Les
cheikhs qui agissent de la sorte s'arrêtent, en effet, de dépenser un moment, et reprennent un autre. Ils
donnent l'argent de leur seigneur aux serviteurs de leur seigneur, sans rien épargner.
Quant à lui, satisfaction d'Allah sur lui, il n'épargne rien. Avant ce moment, il n'acceptait aucun
cadeau de personne. Mais une fois que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, lui a permis d'accepter
les cadeaux, il ne refusait plus rien à personne.
Sa main fait sortir de grandes quantités d'argent et de dons que seuls les plus riches parmi les
commerçants peuvent se permettre de dépenser. Cela ne peut être qu'un des signes de Dieu, et une
bénédiction mohammadienne parmi les traces de la bénédiction du prophète, prière et salut d'Allah sur
lui. C'est un héritage prophétique et une station dans laquelle Allah l'a placé. C'est aussi une garantie de
la richesse parfaite de la part du messager, prière et salut d'Allah sur lui; une richesse qui ne permet
aucune trace de la pauvreté, et ce d'une manière éternelle.
Un jour, un des proches compagnons du cheikh est venu lui rendre visite avec de l'argent dans sa
main. Il lui a donc donné ce qu'il avait apporté, mais juste après, il avait envie de lui donner tout ce qu'il
possédait. Le cheikh ayant deviné son intention, lui a dit: ne le fais pas et garde ton argent chez toi, car
si tu le fais tu sentiras cette perte d'argent dans ton cœur. Cela aura des effets sur toi et tu risqueras par

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conséquent d'être affecté par un grand malheur. Tu risqueras également la rupture radicale de l'amour.
Ne me prends pas comme exemple dans cette bienfaisance et ces dons. Si tu me vois en train de
distribuer les dons, sache que c'est Allah, le Tout- Puissant, le Solennel, qui m'a placé dans cette station.
Quant à la magnanimité du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, on en a déjà fait signe dans le
chapitre précédent, en parlant de son éthique, satisfaction d'Allah sur lui. La magnanimité en est une
branche. Elle fait partie de l’éthique qui regroupe les attributs louables et les qualificatifs efficients,
comme la raison, la tolérance, l'endurance, la largesse, la fidélité, l'occultation des défauts des autres,
leur assistance et leur aide selon la meilleure bienfaisance. Ceci nous renvoie à l'altruisme et à la grande
largesse, c'est-à-dire à la générosité d'âme.
L'origine de cette magnanimité a été décrite par Al Qochayri, satisfaction d'Allah sur lui, qui a dit
qu'elle suppose que le serviteur doit être tout le temps au service des autres. Les soufis ont déjà clarifié
ce qualificatif par des explications évoquées par Al Qochayri dans son livre "Rissalah". Celui qui s'y
intéresse n'a qu'à lire ce livre.
Ils ont exprimé cet attribut par différentes expressions. Chaque soufi l'a défini selon son état
prédominant et selon les différents types de cet attribut. Ils l'ont expliqué comme étant :
• Le renoncement à faire le mal.
• L'accomplissement du bien et du convenable (c'est l'expression d'EI Jounayde, satisfaction
d'Allah sur lui).
• Le pardon accordé aux confrères malgré le fait qu’ils trébuchent.
• L'application sur soi-même de ce qui est conforme à la justice sans le faire subir aux autres.
• L'altruisme si vous avez reçu des dons, et le remerciement si vous en avez été privé.
• Le fait de ne voir aucun mérite de sa propre personne sur les autres.
• La fidélité.
• La préservation.
• La vertu sans aucune considération de sa propre personne.
• L’éthique.
• Le suivi de la conduite prophétique, surtout lors de la consolation des gens et du pardon des
torts qu'ils ont causés.
Le cheikh Abou Madyan, satisfaction d'Allah sur lui, a dit dans son poème:
Soyez toujours généreux envers vos semblables, par votre bon et parfait caractère charitable, que
ce soit matériellement ou moralement, et fermez les yeux s'ils trébuchent totalement.
Notre cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, dispose d'une grande part de ces attributs. Il en a acquis un
lot rarement obtenu par autrui. Il l'a hérité tout seul selon ce qui lui a été destiné par prescription. Il a
ainsi atteint un rang éminent, une glorieuse position élevée, une haute station et un parfait objectif.
Quant à sa raison et sa tolérance, il s'est habitué, satisfaction d'Allah sur lui, à pardonner à celui qui
lui veut du mal. Il l'excuse et le regarde par un œil de vérité. Il trouve des excuses pour lui et dit : si vous
regardez les gens et si vous voyez le destin divin se manifester sur eux, vous allez alors les excuser.
L'inculpation et le blâme proviennent généralement de celui qui ne constate pas l'ordre divin inévitable.
Le cheikh est souvent tendre avec les gens, il a pitié d'eux bien qu'ils lui fassent du mal. Il craint que
la perdition les poursuive à cause de leur insistance sur leurs mauvais actes.
Son comportement convenable avec eux a pour objectif d'éliminer leur haine et d'effacer le mal de
leurs coeurs. Lorsque l'un de ses compagnons se plaint du mal que lui ont fait certaines personnes, il le
console et l'encourage à être généreux et tolérant. Il lui recommande de s'occuper de ce qui le regarde.
Il n'aime pas ceux qui s'intéressent à la victoire de leurs propres âmes, ni ceux qui sont souvent en
conflit avec les gens. Il n'aime pas la dureté ni la vulgarité ni les gens qualifiés de ces mauvais
qualificatifs. Il dit :
"Allah est généreux envers tout être indulgent". En guise de témoignage, le cheikh récite le hadith
suivant du prophète, prière et salut d'Allah sur lui: "Les gens miséricordieux seront traités par le très
Miséricordieux, le glorieux, le Très-Haut avec miséricorde. Soyez miséricordieux envers les gens de la

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terre, vous bénéficierez de la miséricorde des habitants du ciel" (hadith rapporté par l'imam Ahmed,
Abou Daoud, Tirmidi, et par Al Hakem dans le "Moustadrak", d'après Ben Omar).
Il invoque la clémence divine au profit de toutes les personnes, qu'elles soient âgées, jeunes, faibles
ou affaiblies. Il conseille les gens du pouvoir et de l'autorité qui viennent lui rendre visite de pardonner
aux pauvres. Il leur dit : vous allez bénéficier de la clémence d'Allah grâce aux pauvres gens et aux
faibles. Pour vous, la clémence est votre meilleure action. Celui qui pardonne et tolère sera pardonné et
toléré (par Dieu).
Il se détourne de l'ignorance des ignorants. Il endure devant l'ingratitude des ingrats. Il pardonne le
mal des belliqueux. Il se comporte plutôt bien envers celui qui lui fait du mal. Il l'excuse d'abord puis il
lui présente sa tendresse et sa douceur. Il ne cesse de lui parler avec douceur, d'agir envers lui avec tact,
et de lui présenter sa bonté, sa beauté d'action, sa bienfaisance, ses aubaines, par clémence et pitié,
jusqu'à ce qu'il ait honte de lui-même et regrette le mal qu'il a fait, tout en s'étonnant du pardon et de
la tolérance du cheikh.
Cette personne s'émerveille donc de cette largesse et s'étonne de ses mauvais actes qui se sont
transformés, en sa faveur, en de gracieuses mesures. Nous avons assisté à un tel évènement avec un
confrère. Il n'a cessé de lui pardonner et de lui offrir ses bienfaisances jusqu'à ce qu'il s'est transformé
en un de ses bien- aimés. Décrire le pardon et la tolérance du cheikh peut faire l'objet de plus amples
descriptions. On en a déjà signalé une partie dans sa conduite, satisfaction d'Allah sur lui.
Quant à son dévouement et sa fidélité, satisfaction d'Allah sur lui, on rappelle tout d'abord que ce
qualificatif est une sorte de magnanimité. La tendresse du cheikh, mentionnée dans sa biographie, est à
la fois spécifique et générale. Lorsqu'il emprunte de l'argent, il le rembourse, satisfaction d'Allah sur lui,
le plus rapidement possible. Il ne s'y attarde pas et n'en est pas inattentif du tout. Il ne lui a jamais été
enregistré un retard de remboursement de dette. Allah l'a toujours protégé de ce retard et lui a accordé
la suffisance.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, est fidèle lorsqu'il se comporte avec ses confrères. Il préserve
tout le temps leurs pactes et les pactes de ses compagnons. Ceci a été déjà mentionné à maintes
reprises. Il veille à leur rendre visite, et à établir des liens solides avec eux. Il ne faut pas perdre de vue
non plus son attendrissement et sa bienfaisance envers eux. Il ne cesse, satisfaction d'Allah sur lui, de
préserver leur dilection, et il n'épargne aucun effort pour leur offrir sa générosité et son hospitalité.
Tout ceci illustre le respect des pactes par le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, son parfait
dévouement et son amour et sa fraternité en Allah. Il est fidèle également, satisfaction d'Allah sur lui,
lorsqu'il se comporte avec son seigneur, dans son culte, dans ses pratiques religieuses, dans tous ses
mouvements et dans toute inactivité pour Allah. Il ne rompt jamais une action qu'il a entamée. Il ne
revient point sur un projet qu'il a décidé de faire pour Allah. Quel dévouement ! Quelle aubaine divine !
Sa magnanimité sublime, son altruisme et ses actions pour servir les autres et réaliser leurs objectifs,
se manifestent également par son style de vie, par l'altruisme avec lequel il est qualifié.
Personne ne peut le concurrencer en cet attribut. Cela est dû à un appui divin. C'est un don d'Allah et
une élection de Sa part. Décrire notre maître et professeur, satisfaction d'Allah sur lui, nécessite
beaucoup plus que l'on puisse imaginer, on ne peut couvrir qu'une infime partie de ses attributs. On
s'est donc contenté de dire le nécessaire. Prière et salut d'Allah sur Sidna Mohamed, ses proches et ses
compagnons.

PARTIE II : LA CRAINTE DU CHEIKH, SON ENDURANCE, SA HAUTE DÉTERMINATION, SA PIÉTÉ, SON


ASCÈSE, SON CONSEIL ET SA LIBERTÉ
À propos de la crainte scrupuleuse d'Allah, de l'endurance, de la haute détermination dans la voie
soufie, du succès dans cette voie, de la prééminence par rapport aux soufis, en plus des louables
attributs, d’efficients qualificatifs, de hautes stations et d'éminents états spirituels, notre maître et

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cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a atteint un niveau qui dépasse les aspirations des élus précédents et
qui est impossible à atteindre par les élus subséquents.
À propos de la piété, de l'ascèse, du conseil et de la liberté, le cheikh n'a pas de semblable, en cette
époque. Il n'a laissé aucune chance et aucun espoir à quiconque pour atteindre son niveau dans ces
attributs. Lorsque vous voyez sa conduite, vous comprenez qu'il est singulier en son temps. C'est le
maître des pieux et des ascètes en son époque. Sa détermination n'est pas courante. Son excellence
n'est pas facile à acquérir. De même, personne ne peut plonger dans la mer de sa gnose. Le cheval de
son champ n'est jamais devancé dans une course. Sa haute détermination s'attache aux affaires de
grande importance, elle dépasse de loin les moyennes aspirations pour atteindre les sommets. Il ne
s'arrête pas aux niveaux inférieurs (de ses objectifs). Tout ce qui est caché se dévoile pour lui :
Il dispose de déterminations tellement élevées
qu'elles n'ont pas d'extrémité.
Sa détermination la plus modeste dépasse la temporalité.
Et comment une telle détermination peut-elle s'arrêter ? C'est- à-dire celle dont l'objectif est le
seigneur et le maître. Le cheikh a laissé derrière lui tout objectif matériel; la fin de sa course étant son
orientation vers son seigneur. Il n'y a pas plus majestueuse que cette haute détermination. Aucun
graphique ne peut la décrire. Toutes les déterminations sont groupées en elle, ainsi que toutes les
grandes affaires.
À propos de ces grandes affaires groupées dans cette haute détermination, on peut citer la situation
du cheikh qui se trouve au- dessus des futilités, son animosité à l'égard de toute chose prohibée, sa
générosité d'âme, sa liberté, sa chasteté et sa préservation. Le cheikh renonce à l'assistance des gens et
coupe tout regard et tout espoir fondé sur eux. Il se contente de l'Unique, du Vrai. Il abandonne tout ce
que les gens font comme mauvaise conduite. Il œuvre plutôt pour les attributs munificents et les
caractères droits, dont la demeure se trouve dans cette haute détermination elle-même. Cette dernière
est à l'origine de tout édifice. Ce qu'on vient de mentionner montre que notre maître, satisfaction
d'Allah sur lui, s'est installé sur le siège de la haute détermination et dispose de son axe central, voire de
tout son ensemble, de ses origines et de ses branches.
À propos de ce que le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, éprouve comme crainte scrupuleuse d'Allah,
on peut dire qu'il est très craintif. Il est tout le temps chagriné dans le sentier d'Allah. Il se peut qu'on
entende un gémissement émis par son cœur à cause de sa crainte d'Allah, particulièrement s'il est isolé
dans sa retraite spirituelle en train de consommer tout son temps dans le rappel d'Allah. Souvent, il ne
sent même pas la présence d'autrui bien qu'il se trouve à côté de lui, car il est absorbé et anéanti dans
Allah (objet de ses litanies). À plusieurs reprises, j'ai franchi la porte du lieu de sa retraite spirituelle,
sans que je puisse déclencher une discussion avec lui, et ce à cause de la crainte révérencielle qu'il
inspire.
À propos de l'endurance du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, il n'y a aucun doute qu'il est ancré au
centre de la patience. Il ne cesse, satisfaction d'Allah sur lui, d'affronter le mal par de la bienfaisance.
Tous ceux qui le critiquent ou qui désavouent ses actes finissent par avouer sa générosité et reconnaître
sa largesse, son savoir, sa raison, sa grande élection, sa sublime position et sa parfaite bienfaisance.
Ces gens ont remarqué que ces attributs sont chez lui une habitude et une nature. Il n’accorde
aucune importance à leur mauvais caractère, à leur manque de bienfaisance et au mal qu'ils lui font.
Convaincus alors, ils se retournent contre eux-mêmes et se repentirent à Dieu. Ils demandent ensuite au
cheikh de leur pardonner et d'invoquer le pardon d'Allah en leur faveur. Ils se sont donc transformés en
de meilleures personnes, dignes d’excellents états et de parfaites paroles.
Ils ne cessent de demander au maître de leur pardonner, de leur accorder sa grâce et de ne pas tenir
compte de leurs méchancetés. Il leur pardonne alors, invoque Allah en leur faveur, leur accorde sa
tendresse, sa pitié, sa dilection, tout en demandant de leurs nouvelles. Il leur rend visite aussi et il suit
leurs conduites en interrogeant leurs confrères. Voilà donc l'état du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Seuls les grands véridiques et les purs gnostiques peuvent supporter un tel état.

-137-
Malgré ses nombreuses occupations par ce type d'affaires, il ne renonce à aucune prière visant une
obéissance divine et ne se laisse dépasser par aucune chose au détriment de ce qui vise à l'approcher
d'Allah. Il continue d'accorder plutôt plus d'efforts et d'assiduité dans l'obéissance de Dieu. Quand le
moment réservé à ses prières arrive, il laisse toute autre activité derrière lui et s'oriente totalement vers
Allah, pour répondre à ce qu'Allah veut de lui.
À propos de la patience du cheikh, il endure les maladies et supporte celles qui le touchent en
personne et qui touchent aussi son foyer et les membres de sa famille. Il n'y a pas plus constant et plus
endurant que lui.
Les maladies ne cessent de l'affecter, ainsi que les membres de sa famille, tout le temps, jour et nuit.
Les difficultés qu'il endure, satisfaction d'Allah sur lui, et les problèmes qu'il supporte, ne peuvent pas
être supportés par de hautes montagnes, bien ancrées. Cependant, lorsqu'une personne vient chez lui
se plaindre, il la console en lui conseillant d'endurer et en lui clarifiant que cette demeure d'ici-bas n'est
là que pour nos épreuves et nos déperditions.
À propos de sa haute détermination dans la conduite soufie, satisfaction d'Allah sur lui: nous avons
déjà montré dans le chapitre qui décrit ses débuts qu'il a parfaitement atteint dans ce domaine le plus
haut rang et l'objectif escompté. C'est ce qu'on peut déduire également grâce à ses signes, à ses paroles,
à sa grande maîtrise des sciences et à sa station spirituelle.
En général, les gens qui font partie de l'élite des élus d'Allah, satisfaction d'Allah sur eux, ne parlent
que de leurs états et n'informent que de la voie qu'ils empruntent le long de leur marche et de leurs
voyages. Par contre, lorsque le cheikh vous parle, satisfaction d'Allah sur lui, vous trouvez que sa parole
fait élever votre détermination vers Allah. Il vous délivre d'autrui. Il ne vous arrête pas à une station
inférieure. Il n'est satisfait d'une personne que lorsqu'elle ne se détourne point d'Allah et ne voit que Lui
dans n'importe quelle chose. Il parle de ce sujet en s'exprimant avec un niveau très élevé dont la
compréhension défie les raisons. Même la plume risque de s'appauvrir devant l'ampleur des paroles du
cheikh.
Cela peut être senti en lisant ses rapports et en entendant sa parole, ses expressions et ses signes.
On le comprend aussi à partir de la façon dont il résout les problèmes scientifiques, lors de ses réponses
dictées. Mais il y a un mur entre les savants de l'exotérique et les sciences des gnostiques. Entre les deux
entités, il y a différents voiles et rideaux. Allah ouvre la clairvoyance de qui il veut parmi ses serviteurs. Il
spécifie qui il veut par la compréhension de Ses connaissances divines et par Ses renforts. Il a été dit :
Les traits ne vous paraissent que pour les voir de l'œil de celui qui ne peut les apercevoir.
Levez-vous au-dessus de ces signes,
à la position de celui qui ne décline
pas d'état inférieur à celui qui voit son seigneur
Les gnostiques prélèvent tous d'une seule mer. Leurs sciences sont les résultats d'une certitude et
d'une foi, et non pas d'une preuve et d'une démonstration. Qu'Allah nous range sous leur protection.
Qu'il nous accorde leur amour et leur satisfaction. Quant à l'élévation de la détermination du cheikh (et
son renoncement à l'assistance des gens), on peut dire qu'il est, satisfaction d'Allah sur lui, parfaitement
coupé des gens, pour s'adonner complètement à Allah, le glorieux.
Le cheikh ne souhaite obtenir que la largesse et la bienfaisance divines. Il s'est détourné des gens
lorsqu'il s'est dirigé vers son seigneur. Il les a laissés derrière lui. Il ne tient compte ni de leur affirmation
ni de leur infirmation. Il ne considère ni leur indignation ni leur satisfaction. Pour le cheikh, il y a égalité
entre le prospère et l'errant, entre le rapproché et l'éloigné, entre celui qui le condamne et celui qui le
loue, et entre celui qui affirme son attitude et ses paroles et celui qui les infirme.
Il ne compte sur aucune personne parmi eux. Il ne passe pas par leur intermédiaire. Il est riche par
son seigneur. Il se satisfait par ce qu'il obtient de Dieu. Il ne les accompagne pas dans l'apparence, et il
ne s'associe pas avec eux dans leur intérieur. Il a coupé définitivement toute relation avec eux. Il a rejeté
leur bien et leur mal. Il n'accepte rien d'eux, ni de près ni de loin, que ce soit pour une petite ou une
grande quantité, pour quelque chose de noble ou d'ignoble. De cette façon, personne ne peut exercer
sur lui un chantage par un don ou par un cadeau.

-138-
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a grandi dans cette conduite éminente et dans ces états
prophétiques élevés. Il a progressé ainsi jusqu'à l'obtention d'une autorisation de la part du prophète,
prière et salut d'Allah sur lui, pour accepter les cadeaux et pour ne pas les rejeter. À partir de ce
moment, il ne rejette plus aucun don. Mais selon les cas, il peut utiliser l'argent reçu pour des fins
privées, chez lui, comme il peut le redistribuer aux mendiants et aux démunis.
Il n'est pas inattentif à l'égard de ceux qui lui présentent une certaine bienfaisance. Il leur montre
qu'il a accepté leurs dons et il les récompense par des invocations et des prières pour qu'il ne leur soit
pas redevable. Sa détermination, satisfaction d'Allah sur lui, n'accepte pas de jouir de la faveur de
quelqu'un. Cela est dû également à l'altération de cette époque, à la perversion des gens et à leurs
objectifs corrompus.
Un jour, j'étais présent chez le cheikh et j'ai vu un homme qui est venu le voir en lui disant : cher
maître, je vous ai apporté telle somme d'argent comme cadeau en guise d'amour. Le cheikh a accepté le
cadeau et l'a déposé entre ses mains. Ensuite, cet homme lui a parlé discrètement pour lui demander de
lui faire quelque chose. Le cheikh lui a ordonné de reprendre son cadeau, satisfaction d'Allah sur lui. Il
ne l'a plus accepté.
Une autre fois, j'étais assis à sa proximité, lorsqu'un homme est venu. Il a salué le cheikh et a
embrassé ses mains. Ensuite, il m'a confié quelques dirhams en guise de visite rendue au maître,
satisfaction d'Allah sur lui. Puis il a dit au cheikh : maître, prenez cette aumône que je vous ai apportée.
Alors le cheikh m'a ordonné de lui rendre son argent et lui a dit : l'aumône m'est interdite puisque je
suis riche ; je n'accepte pas la charité. Il fait toujours attention et est très prudent quant aux objectifs
des gens ordinaires. Il les repousse de la meilleure façon.
Un jour, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a été interrogé sur la raison pour laquelle il n'accepte
pas les cadeaux, bien que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, les acceptait, à son époque. Il a dit :
le cadeau était considéré comme tel à l'époque du prophète. Aujourd'hui, c'est une corruption. Les
gens, lorsque l'un d'eux présente quelque chose comme cadeau à quelqu'un, ou lorsqu'il lui réalise une
chose, il ne reste pas longtemps pour revenir lui demander une faveur.
En général, on ne présente de cadeau qu'aux gens de l'autorité ou à ceux qui jouissent d'un prestige
religieux ou mondain. Personne ne donne de cadeau à celui qui ne dispose pas de prestige. C'est ce
qu'on voit souvent, à notre époque. Personne ne donne jamais rien pour l'amour, la dilection ou la
fraternité religieuse. On ne donne que pour obtenir un intérêt matériel, souvent malsain. Même les
réceptions et les banquets que les gens préparent, ils sont devenus empestés par la corruption.
Voilà pourquoi le maître se protège, satisfaction d'Allah sur lui, des objectifs corrompus des gens du
commun. Il ne les fréquente pas à cause de leurs comportements impurs. Il se peut que, parfois, il joue
le rôle de conciliateur en cas d'un litige, si l'on sollicite son intervention. Mais il n'impose à personne
d'abandonner son droit. Il attire l'attention des gens pour qu'ils n'abandonnent pas leurs droits, et ce,
afin de sauvegarder les règles de la loi religieuse (la charia).
Parmi ses attributs, satisfaction d'Allah sur lui : il ne préside jamais la prière collective, sauf à
l'intérieur de sa maison, et avec les membres proches de sa famille. En général, il prie derrière les
imams, sauf dans certains cas selon la législation religieuse. Par exemple, il ne prie pas derrière un
corrompu. Voilà sa conduite lors de ses débuts.
Il priait souvent derrière son disciple l'imam vertueux, le savant, l'érudit, l'intellectuel, celui qui a
regroupé la vérité (haqiqa), la loi religieuse (charia), les bienfaits et les sciences de la voie, le
conservateur de son secret, le protecteur de son pacte, le lieu de sa dilection, son ami intime : sidi Abou
Abdellah, Mohamed Ben Machri. Ce dernier est un éminent descendant du prophète. Il appartient à la
branche Hassanite, Saihi, Souba'î. Il est résident à Takrite, dans la région de "khatt al jarid" (ligne de
palmes), de la province "Qassamteina". Sa famille est connue par la science, la vertu, la raison et le
succès. Ses membres de famille sont généralement de savants dévots et des imams de guidance.
La plupart d'entre eux suivent la voie soufie de notre maître, satisfaction d'Allah sur lui. Ils viennent
lui rendre visite de loin, et restent avec lui près d'une vingtaine de jours ou un peu plus. Ils viennent
avec beaucoup d'argent et de biens, d'habits et de dattes, comme cadeau à notre maître, satisfaction

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d'Allah sur lui. Je les ai rencontrés à plusieurs reprises chez le maître. Je n'ai jamais vu des gens plus
valeureux qu'eux en conduite et en guidance, en religion et en savoir et connaissance.
La plupart d'entre eux sont des savants. Depuis que nous avons connu notre maître, satisfaction
d'Allah sur lui, et depuis que les groupes de gens viennent lui rendre visite de toutes les régions, en lui
offrant différents cadeaux, je n'ai jamais vu mieux que ces gens en courtoisie, glorification du cheikh et
bonne intention. Le maître se comporte avec eux d'une manière spéciale, différente de la manière avec
laquelle il traite les autres. En général, avec des visiteurs ordinaires, il se permet de prendre ses
distances et de ne pas leur prêter beaucoup d'attention, mais avec ces gens il se comporte
différemment. Un jour, je lui ai posé la question, satisfaction d'Allah sur lui, sur ce sujet. Il m'a dit :
Ils ne sont pas comme les autres. Ils visent les hautes stations spirituelles et les états éminents dans
leurs invocations. Satisfaction d'Allah sur eux. Qu'Allah ne les prive pas, ainsi que nous, du bien de cet
homme munificent (le cheikh).
Cet imam, Sidi Ben Machri, a accompagné le maître, satisfaction d'Allah sur eux, depuis l'année 1188
H (de l'hégire) jusqu'à présent.
Il l'accompagne encore, à Fès, durant cette présente année 1213 H. Cependant, depuis l'année 1208
H, il n'a plus occupé le rôle d'imam, c'est le cheikh lui-même, satisfaction d'Allah sur lui, qui préside
depuis cette date les prières collectives (la imama). Cela est dû à une raison qui précise que la prière du
cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, ne peut être agrée que s'il la conduit lui-même, sauf en cas d'une
excuse légitime.
Le cheikh conduit donc de nos jours la prière collective lui- même, satisfaction d'Allah sur lui. Il ne
prie derrière personne sauf les vendredis. Je souligne ici que j'écris ces propos, durant ce mois de
ramadan, en 1213 H.
Le cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, est très prévoyant dans ses comportements. Il prend ses
précautions en tout ce qui se rattache à lui et à sa famille. Il n'achète rien de celui qui manipule l'illicite
et qui gagne un argent douteux. Il ne fait aucune transaction avec ceux qui accompagnent les gens de
l'autorité et qui font des échanges monétaires avec eux. Voilà son habitude et sa conduite. Il ne cesse de
conseiller ses compagnons de ne pas accompagner de telles personnes. Il les conseille de s'asseoir sur le
siège de la piété dans toutes leurs affaires. Il ne leur permet jamais de prendre ce qui est illégitime. Il dit
: "ce que je n'autorise pas à moi-même je ne le permets pas aux autres, et ce que je ne fais pas, je ne le
recommande pas".
À propos de la piété du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, on peut dire ce qui suit : il ne prend rien,
même pas une chose négligeable dont il a besoin, à partir d'une source illicite ou de quelqu'un qui ne
cherche pas le licite dans ses transactions financières. Il ne fait rien de cela et il n'aime pas celui qui le
fait. De par sa piété aussi, satisfaction d'Allah sur lui, il n'utilise dans son culte et dans ses affaires
religieuses que ce qui est propre et dont la propreté est bien apparente, entière et parfaite.
Il exagère dans la prévoyance et la précaution qu'il accorde aux affaires religieuses et à la maîtrise du
culte qui est un lien entre lui et son seigneur. C'est généralement le cas de l'élite des élus dévoués. Il
sélectionne, par exemple, un lieu propre pour faire ses prières. Pour faire ses ablutions, il utilise aussi de
l'eau propre et très pure.
À propos de la piété du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, on peut dire également ce qui suit :
lorsqu'il donne quelque chose à quelqu'un, un cadeau, par exemple, il ne veut pas que le receveur lui
offre à son tour un certain présent, ou qu'il lui achète quelque chose, en contrepartie. D'une manière
globale, sa piété est à un niveau maximal en toute chose. Elle atteint les summums. Le comportement
du cheikh ne tourne qu'autour de cette piété et ne converge que vers elle, avec clairvoyance et maîtrise
de toute preuve.
Il dit : "lorsque l'individu se permet de consommer ce qui prête à une certaine confusion avec le
licite, qu'il sache qu'il se dirige vers la consommation de l'illicite". Il dit aussi : "l'origine de la piété est la
protection contre ce qui prête aux ressemblances et à la confusion. C'est aussi l'assiduité dans la
recherche du licite, avec sincérité auprès d'Allah".

-140-
En ce qui concerne l'ascèse du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, on peut dire qu'il n'y a pas plus
majestueux qu'elle, on n'a pas vu ni entendu parler d'une ascèse pareille. Elle consiste en effet à
s'éloigner le plus possible du monde d'ici-bas et de ses dignitaires. Le cheikh a eu en effet la
prééminence dans les trois dimensions de l'ascèse. Les traces de notre maître Abi Abbés en témoignent
et elles sont nombreuses. Les preuves de son ascèse remarquable sont multiples, que ce soit du point de
vue des évènements apparents, ou du point de vue des actes en liaison avec l'ascèse.
Aucun détail ne peut être omis, ni signe. On a déjà mentionné quelques récits dans ce sens, au
chapitre relatif à la générosité du cheikh et à sa largesse.
Quant à son ascèse par rapport au prestige et à l'exposition (son renoncement au prestige et à
l'exposition), il ne cesse, satisfaction d'Allah sur lui, d'opter pour l'anonymat. Il cherche des retraites
auxquelles personne ne peut penser. Il n’accorde aucune importance au fait que les gens le fuient, le
délaissent ou, au contraire, viennent à lui. Il fuit les gens de prestige et d'autorité. Il avertit qu'il faut
éviter de les rencontrer et il dit : "leur rencontre est une épreuve dans la religion".
Il déteste que quelqu'un, parmi eux, le reconnaisse, sauf s'il est sincère et s'il vise le chemin d'Allah.
Alors, il lui souhaite une bonne chance. Il le conseille, lui fait des rappels et lui préconise des
recommandations. Nous avons déjà décrit ses habitudes auparavant, satisfaction d'Allah sur lui.
Regardez donc, clémence d'Allah sur vous, cet homme majestueux, et considérez son apport à
l'Islam.
Parmi les évènements qui illustrent son renoncement au prestige, satisfaction d'Allah sur lui, on peut
citer ce qui lui est arrivé avec plusieurs émirs qui ont demandé à le rencontrer, mais le cheikh a
catégoriquement refusé.
Notre maître, satisfaction d'Allah sur lui, a progressé pour arriver à une importante position
spirituelle, où il s'est manifesté comme une lumière éblouissante.
Celui qui l'accompagne, ou qui vit dans sa proximité ou qui suit ses comportements et ses actes le
connaît bien. Cela montre sa liberté, comme l'a dit Al Qochayri : "la liberté, c'est quand le cœur du
serviteur n'est pas esclave d'une certaine créature. Dans ce cas, il est l'individu unique qui n'est usé ni
par l'actualité du monde d'ici-bas, ni par ce qui arrivera ultérieurement dans le monde de l'au-delà. Son
cœur n'est possédé par aucune puissance sauf par Allah. Il ne voit qu'Allah comme roi possesseur. Il n'y
a qu'Allah qui occupe son cœur".
Notre cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a été interrogé sur ce qu'est un être libre. Nous avons
rapporté sa réponse dans un autre chapitre du présent document1. En tout cas, personne ne s'est
perfectionné comme lui dans cet attribut de "liberté". Il est vraiment libre, distingué par cet attribut par
rapport à toute la création. Le poète a dit :
J'ai un vœu à présenter au temps, bien qu'il soit impossible à gagner.
Je souhaite que mes yeux puissent voir le surgissement d'un être libéré.
Ne croyez pas, cher lecteur, et n'imaginez pas qu'il existe quelqu'un de votre époque ou de votre
région, pays ou continent qui dispose de l'attribut de "liberté" comme pour le cas de notre cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui, avec une telle perfection. Cet attribut est garni de lumière lancée sur le
cheikh et de traces bien apparentes sur lui. Dans cette affaire, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, est
bien célèbre. Toute personne capable de faire une distinction quelconque décèle cet attribut chez le
cheikh. Qu'Allah nous accorde sa satisfaction, ici-bas et dans l'au-delà. Prière et salut d'Allah sur sidna
Mohamed, ses proches et ses compagnons.

1 -Voir chapitre cinq - partie III - Ses saints signes.

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PARTIE III : GUIDANCE DU CHEIKH, SON COMPORTEMENT ET SA PAROLE QUI RASSEMBLENT LES GENS
AUTOUR D'ALLAH, ET LES CONDUISENT VERS LUI

Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a bu de ce noble amour, jusqu'à ce qu'il ait été comblé. Il a bu
de son immense mer et de son grand renfort. Ce qu'il a bu l'a bien marqué, fortifié, et l'a rendu
désintéressé par rapport à tout ce qui est connu et gravé, jusqu'au point d'être anéanti en Allah et noyé
pour toujours dans l'Unique qui subsiste par lui-même. Sa vérité a pris alors la teinte du monothéisme,
et a été mélangée avec son entité et son identité.
Son esprit et son âme sont modelés par cette unicité d'Allah, ainsi que son expression et sa
sensation, sa forme et son fond, sa raison et son esprit. Tous ses comportements et ses paroles, ses
attributs et ses actes, ses mouvements et ses intimités, ses oscillations et ses conduites guident, tous,
vers Allah et vers son messager. Ils rassemblent tous, autour de Dieu. Ils sont des portes d'arrivée à
Allah. Ils n'appellent que vers Dieu, ne tournent qu'autour de lui, ne vous ramènent qu'à sa porte, et ne
vous font appuyer que sur sa haute éminence.
Lorsque vous voyez le cheikh, vous vous rappelez Allah et vous oubliez autrui. C'est comme si vous
vous leviez pour la première fois de votre sommeil. Les nuages de l'inattention se dissipent. Vous
trouvez votre cœur rempli de respect, de glorification et de révérence envers lui. Lorsque vous vous
assoyez près de lui, ses regards vous couvrent. Son souffle se propage en vous. Son parfum répandu se
colle sur vous. Vous verrez alors sa claire beauté. Vous saurez aussi que vous êtes près d'un compagnon
vertueux. La lumière prophétique émerge nettement de lui. Son compagnon ne pourra jamais être
malheureux et ne manquera guère du bien. Le poète a dit:
Il fait partie des valeureux
dont le compagnon n'est jamais malheureux.
Lorsqu'il lance son regard sur quelqu'un, il fait propager la lumière dans son cœur. Il envoie l'amour
de Dieu vers tous ceux qui se présentent chez lui. Lorsqu'une personne vint lui rendre visite, il la pousse
vers le rappel d'Allah. Lorsqu'il rencontre quelqu'un, il le lance dans le sérieux. Son regard est un remède
pour les cœurs. Sa parole est une guérison contre les défauts. Sa séance est une séance de raison et de
respect, de vénération et d'admiration. En général, personne n'ose prendre la parole devant lui, même
en cas d'une parfaite maîtrise du sujet. Il faut que le cheikh ouvre lui-même la discussion, s'il veut, afin
que la demande des disciples et leur objectif soient atteints. Les gens présents n'osent pas prolonger
leur débat en sa présence. Ils ne peuvent pas se précipiter vers lui pour obtenir quelque chose. Leur
conduite est plutôt l'écoute et la bienséance, sauf lorsque c'est le cheikh qui sollicite leur intervention.
Le cheikh est d'une immense mesure et d'une allure solennelle. Le respect profond qu'il inspire est
visible. Son autorité est coercitive. Lorsqu'on le surprend, on est saisi par la crainte révérencielle qu'il
inspire. Lorsqu'on le contacte, on est dominé par son affectuosité. C'est un héritage mohammadien.
C'est un don prophétique. Chaque fois qu'on se rapproche de lui, on sent de plus en plus de respect.
Parfois, on souhaite discuter de certaines affaires avec lui, mais on se sent incapable de le faire, et on
n'ose pas l'aborder. On attend que l'information vienne de lui. Souvent, c'est lui qui nous parle de ce
que nous pensons faire avant même de lui rendre compte. Il ouvre ainsi le débat et nous permet de
discuter avec lui. Nous le suivons dans ses conseils et ses recommandations. Il nous parle de nos
sensations. Il nous informe d'une future rencontre avec quelqu'un. Il nous décèle clairement ce qui a été
à l'origine d'une telle ou telle transgression d'une affaire religieuse. Parfois, on enfreint la loi religieuse
sans nous rendre compte, et c'est grâce à lui qu'on en prend connaissance, et qu'on se corrige. C'est
ainsi que le mal se dissipe, le chagrin part, les ténèbres des âmes s'annihilent par ses lumières, et le
stress et la misère disparaissent.
Il rappelle les gens par les versets coraniques et les hadiths prophétiques. Il en déduit des signes et
des subtilités, des adages et des connaissances. On sent alors du goût (spirituel) en ceci, ce qui éveille
l’affectuosité et le désir chez l’assistance. Grâce à lui, le cœur se remplit de joie, de gaieté et de
ravissement. Celui qui écoute sa parole jure qu'il a l'impression d'entendre le prophète parler, prière et
salut d'Allah sur lui. C'est comme s'il est en contact avec la lumière entière et le secret suprême du

-142-
prophète. Sa parole montre une certaine autorité qui fait soumettre les âmes et baisser les têtes. Dans
certains cas, il répond par son état, plus qu'il ne répond par sa parole.
Lorsque quelqu'un entend la parole du cheikh, tout en ayant l'esprit ouvert et une prédisposition à
l'accepter, son cœur se transforme alors immédiatement et sa raison s'élève vers Allah. Souvent, des
personnes viennent le voir alors qu'elles sont dans un état de chagrin, de stress, tout en étant noyées
dans l'incroyance, l'égarement, et la salissure. Mais dès qu'elles le voient, leurs chagrins se transforment
en joie, leurs manques de reconnaissance se transforment en gratitude, leurs éloignements se
transforment en présence, leurs impuretés se transforment en propreté, et leurs ténèbres se
transforment en lumières. La perception des vérités se transforme chez elles, et elles sentent un grand
plaisir quand elles sont en présence de notre maître. Parfois, le cheikh aborde certaines personnes
d'une manière qui paraît tout à fait ordinaire, mais sa parole agit efficacement dans leurs cœurs. Il les
fait voyager vers Allah.
Il répond à son interlocuteur par un ou deux mots qui lui suffisent pour atteindre son objectif, arriver
à son but et gagner sa cible. La réponse sort généralement du cheikh comme si elle faisait partie de son
discours. Parfois, le visiteur vient se plaindre, auprès de lui, de certaines maladies morales et psychiques
dont il souffre. Et sans qu'il prononce le moindre mot, le cheikh répond à ses questions comme s'il les
avait entendues. Le visiteur est alors aussitôt guéri, et sa façon de voir les choses est complètement
métamorphosée. Il commence à voir l'aubaine divine sur lui, la bienfaisance d'Allah, Sa largesse et Sa
gratitude. Avant ce moment, il n'a jamais pu les constater et ne les a guère remarquées.
Parmi les gens présents autour du cheikh, il y a des disciples bien concentrés, des inattentifs, des
matérialistes et d'autres types de personnes. Son état et sa parole agissent sur eux tous. C'est ainsi que
la joie les couvre et leur chagrin se dissipe, au point de voir certains d'entre eux penser que la vie
d'ici-bas n'a plus d'importance. Ils ne continuent plus alors à donner la moindre valeur à ce monde, à
cause de la certitude divine qu'ils ont acquise lors de leur présence à côté du cheikh, et à cause de la joie
due à la constatation des aubaines divines.
Parfois, des sinistrés qui ont eu de graves problèmes avec leurs argents, dans leurs corps ou avec les
membres de leurs familles, viennent le voir, tout en étant dans des difficultés maximales et dans un
stress permanent. Une fois qu’ils entendent la parole du cheikh, leurs problèmes se dissipent, et la joie
et l’épanouissement les couvrent. C'est comme s'ils ont bu une boisson spirituelle.
Un jour, un confrère est venu le voir. Il s'agit d'une personne qu'Allah a éprouvée par le sultan qui
avait pris tout son argent. Sa conduite et son comportement se sont alors altérés, ainsi que son
intérieur, son apparence et ses actes. Ce confrère est alors venu voir le cheikh, satisfaction d'Allah sur
lui, et a pris sa place entre ses mains, devant ses compagnons. Il a commencé à écouter la parole du
cheikh qui parlait comme à son accoutumée, satisfaction d'Allah sur lui, pour guider les gens à Allah. Il
rappelait les aubaines exotériques et ésotériques qu'Allah octroie aux gens. Il leur montrait que les
sinistres qui affectent les serviteurs de Dieu et qui paraissent comme des malheurs ne sont en réalité
que de la miséricorde d'Allah, une largesse de Sa part et une aubaine. Allah, le glorieux, n'agit ainsi que
selon une certaine sagesse. Écoutant ces explications, l'homme en question change immédiatement
d'état. La trace de la joie et de la gaîté apparaît sur lui. Et il commence à dire :
"Louange à Dieu". Il répéta cette réplique plusieurs fois, par joie, tout en se rappelant l'aubaine de
l'Islam qu'il n'a pas pu constater auparavant. Il ne lui avait en effet jamais donné sa juste valeur. C'est
ainsi qu'il a cessé d’accorder de l'importance à la fortune qu'il a perdue. Il a dit : "je n'ai jamais entendu
cela ; je ne l'ai jamais vu. J'ai visité plusieurs vertueux et saints de cette époque, mais je n'ai jamais
entendu de tels propos de personne".
Ce type d'évènements est arrivé à plusieurs reprises. Certaines personnes viennent le voir, tout en se
trouvant dans un état de chagrin et de stress, mais partent de chez lui le cœur et l'esprit épanouis. Leur
chagrin se transforme en joie après l'avoir vu. Les gens présents constatent le mystère des signes du
cheikh, à la suite de la lumière de la vérité qui le façonne et de la clémence envers la création qui le
caractérise.

-143-
J'étais présent dans des scènes pareilles plusieurs fois. Le cheikh accorde aux gens selon son état à la
fois sa grâce, son argent et sa clémence. Son assistance est effluente. Les gens bénéficient de lui
grandement. Il est doux avec eux, quelle que soit leur provenance, qu'ils viennent d'un milieu urbain ou
d'un milieu rural. Il agit comme s'ils sont tous ses propres enfants, ses frères et ses proches. Il ne cesse
de protéger leurs intérêts et de les pousser dans le chemin d'Allah. Il témoigne sur ses actes par le
hadith suivant : "les gens sont tous nécessiteux auprès d'Allah. Les plus aimés d'entre eux par Dieu sont
les plus utiles à sa créature"
Il ne cesse de répéter ce hadith lors de ses discours. Il y trouve un témoignage valable dans tout ce
qu'il prononce et partout où il va. Le cheikh conduit les gens vers Allah par les moyens dont il dispose.
Il se satisfait par "l'aptitude au bien" qu'il trouve en tout être humain, même en cas d'un simple et
unique bon attribut. Il dit : "le gnostique, s'il trouve en vous un seul bon attribut, comme la pudeur ou la
largesse, ou un peu de dilection, par exemple, ou de pureté de cœur ou de sincérité, etc. Il se
comportera alors bien avec vous à cause de cet attribut.
Il vous prendra la main par tendresse et vous dira : Allah accorde sa clémence à son serviteur à cause
d'un seul attribut de bien. La clémence divine est victorieuse. Elle ne cherche que la cause pour
descendre. Lorsqu'elle trouve la moindre qualité en vous, elle descendra pour vous couvrir".
Si quelqu'un vient le voir en se plaignant de son âme, en lui racontant son mauvais état et ses vilains
actes, il le fait sortir de ce regard (pessimiste) vers la constatation de la miséricorde d'Allah. Il lui fait
comprendre que Dieu est clément envers ses serviteurs sans avoir besoin d'une cause quelconque. Il lui
rappelle le dire de l'imam Chadzili, satisfaction d'Allah sur lui : "si nous ne sommes pas dignes de Ta
clémence (ô, Allah), Ta Miséricorde est digne de nous couvrir".
Il lui dit aussi : lorsque le serviteur se rappelle ses défauts, au moins, il prend conscience de la faveur
de son Seigneur et de son aubaine. Il sait qu'il ne fait pas de bien, et pourtant il est en bonne santé, il
dispose d'aubaines divines, et il se baigne dans la mer de la largesse et de la bienfaisance divine. Tous
ces habits sont des habits qu'il a reçus du Vrai de par Sa générosité et Sa faveur.
Lorsque quelqu'un parle de lui-même, en essayant de se montrer et de se vanter, le cheikh s'oppose
à lui et commence à parler des défauts de l'âme et de ses ruses. Il montre ses défectuosités avec
précision, ainsi que ce qu'elle contient comme vices, faiblesses et maux qui rentrent dans sa constitution
et qui forment ses attributs.
Malgré ses défauts innombrables, l'âme humaine n'aime qu'être qualifiée d'attributs divins, comme
la grandeur et la sublimité. Elle a pourtant autant de défauts que Dieu a de perfections, c'est-à- dire sans
limite. Heureusement, Allah s'interfère entre l'être humain et son âme ; sinon cet être aurait péri. Si
jamais l'individu laisse son âme faire ce qu'elle veut, il aurait mécru à Allah comme il a mécru à ses
aubaines.
Le cheikh dit : si Allah veut la perdition d'un serviteur, il le mettra sous la tutelle de son âme et il ne
lui rajoutera rien. S'il veut être clément à son égard, il lui montrera son aubaine et lui révélera le mode
de son remerciement. Il lui évitera d'être ingrat envers toute aubaine divine. Voilà l'origine de tout le
bien. Chaque fois qu'une personne vient le voir, tout en montrant son espoir fondé sur Dieu, mais sans
prêter attention à l'importance de se réfugier en Lui, alors il l'effraie de l'autorité d'Allah, de sa
coercition et de la grande vitesse d'application de son jugement et de son ordre divin.
Il part alors craintif et effrayé. De même, chaque fois qu'un homme comblé de stress et d'anxiété (à
l'égard d'Allah) vient voir le cheikh, alors il le rend joyeux et comblé d'espoir. Il lui montre la largesse de
son seigneur. Il part alors réjoui et content. Dans les deux cas, le cheikh vise le rassemblement du
serviteur autour de son seigneur. Il ne doit pas se créer des limites et s'arrêter avec quelque chose autre
que Dieu.
Si quelqu'un prétend, devant le cheikh, l'amour d'Allah, il lui dit : un des indices de l'amour, c'est la
recherche de la satisfaction du bien-aimé, tout en s'arrêtant à son ordre et à sa prohibition, et en
suivant sa parole et son action. Il clame le poème qui dit :
Tu désobéis à Dieu alors que tu prétends l'aimer.

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Cela est impossible ! Voir les deux au même pied d'égalité : ça, c'est une nouveauté !
Si ton amour était authentique et avéré, tu aurais obéi à ton bien-aimé.
L'amoureux est obéissant à son bien-aimé.
Lorsque quelqu'un l'informe qu'il a accompli un acte vertueux, il le blâme d'avoir fait un tel rappel et
lui montre qu'il ignore maintes choses sur lui-même. Il lui expose les pièges de son acte et ses défauts.
Par conséquent, il voit clairement que son acte est prétentieux et son intention n'était pas pure. Voilà
comment le cheikh ne laisse rien à personne pour s'y appuyer : ni acte, ni état.
On ne peut avoir comme appui que la largesse et la miséricorde divine. Souvent, le cheikh dit, à titre
de témoignage : nous n'avons rien sauf la largesse d'Allah, sa clémence et l'intercession du prophète,
prière et salut d'Allah sur lui.
Le cheikh guide les gens vers Allah en les exhortant à accompagner les élus d'Allah qui guident les
gens vers lui, qui les rassemblent autour de lui, qui leur permettent d'arriver à lui. Il rappelle le verset
coranique suivant : «Fais preuve de patience [en restant] avec ceux qui invoquent leur Seigneur matin
et soir, désirant Sa Face. Et que tes yeux ne se détachent point d'eux, en cherchant (le faux) brillant de
la vie sur terre» (Sourate Al Kahf, la caverne, verset 28). Il rappelle aussi le hadith suivant : "l'homme a
la même religion que son ami intime". Il dit aussi : l'origine de toute chose "bien" est l'entourage et la
nourriture. Mange ce que tu veux, tu procéderas de la même façon, côtoie qui tu veux, tu agiras de la
même façon.
Un jour, il m'a dit, lorsqu'il m'a vu me plaindre de mon mauvais état : "Ne me parle pas maintenant
de ta plainte. Fais ce que je vais te demander de faire". Puis il m'a fait signe de m'asseoir, satisfaction
d'Allah sur lui. Ensuite, je lui ai dit :
Cher maître, quel est le mieux : faire des prières facultatives, citer des litanies, etc. Ou bien s'asseoir
avec des cheikhs ? Il m'a répondu : s'asseoir avec les cheikhs est meilleur. Rien ne lui est équivalent. Ta
présence entre les mains d'un élu vaut mieux que ce bas monde et tout ce qu'il renferme. La preuve est
le hadith suivant : "Ta présence entre les mains d'un élu pendant une durée aussi courte que celle d'une
traite d'une brebis, etc.".
Il n'y a pas de doute que s'asseoir avec le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, est une thérapie qui a
fait ses preuves contre les maladies du cœur et les vices psychologiques. Combien de fois, nous étions
exposés à différentes maladies morales, et combien de fois notre cœur a accumulé des ténèbres. Mais,
une fois près du cheikh, tout se dissipe. Louange à Dieu, comme il faut le louer et comme il est dû à
l'égard de sa Solennité. Je ne saurais Le louer, ni Le remercier.
Dans ce sens, on dit : "contempler un homme pieux est une droiture. Contempler un élu est un
prodige". Lorsqu'Allah veut accorder sa clémence et sa diligence à un serviteur, il soumet à son service
le cœur d'un élu faisant partie de l'élite des saints. Il est dit : tout le monde aime l'élu qui fait partie de
l'élite, mais la sagesse veut que vous soyez aimé par cet élu.
Celui qui ne rencontre pas un homme clairvoyant ne sera pas clairvoyant (sa clairvoyance ne
s'ouvrira pas). Votre cheikh n'est pas celui avec lequel vous avez passé un pacte, par voie orale, tout en
croyant à sa sainteté par votre cœur. Votre cheikh est plutôt celui qui vous attire depuis votre cœur. Il
prend l'ensemble de votre raison. Son regard vous est bénéfique. Sa détermination vous couvre.
Il parle à chacun selon sa capacité de compréhension, selon le degré de son savoir, selon ce qui est
adapté à son état et ce qui lui convient. Il demande à l'ignorant d'aller s'instruire. Il conseille le savant de
passer à l'action. Celui qui commet un péché doit se repentir. Et celui qui agit par obéissance à Allah ne
doit pas se rappeler ses bonnes actions. Il doit plutôt espérer qu'elles soient comblées de Sa clémence
divine. Le cheikh admire celui qui regrette ses péchés. Il lui accorde sa pitié, et sa tendresse.
Le cheikh guide les gens vers Allah, par tous les moyens et en toute circonstance, à la fois en cas
d'obéissance et de péché. En effet, l'obéissance appelle au remerciement d'Allah, le péché appelle au
repentir à Allah. Il en est de même pour l'aubaine et les malheurs. L'aubaine vous rend joyeux par votre
seigneur, le malheur vous sert de prétexte pour vous plaindre auprès de lui. Le cheikh rappelle le dire

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des élus, satisfaction d'Allah sur eux : celui qui ne vient pas vers Allah par gratitude, il sera conduit à Lui
avec force par les chaînes de l'épreuve.
Le cheikh excelle en parlant avec ce style. Il montre l'art de la guidance vers Allah. Il prend alors
différentes couleurs. Il montre différentes voies, méthodes et vérités secrètes. Parfois, il donne des
explications liées aux choses terrestres. Parfois, il donne des illustrations d'ordre astral. Il clarifie les
responsabilités des gens dans les deux voies (de la sainteté) : de l'attraction et de la conduite vers Allah,
ou bien en les annonçant directement, ou bien en les insinuant, indirectement.
Le cheikh cite parfois ce que les raisons sont incapables de comprendre et ce que les rapports ne
peuvent maîtriser. Ses conseils à ce propos sont similaires à des jardins remplis de fleurs. Chaque conseil
se présente d'une certaine manière selon l'effet du moment et selon ce qu'Allah accorde comme
aubaines et met à la disposition du cheikh.
Il se peut lors d'une seule assemblée, que le cheikh décide de discuter de différents sujets qui
traitent des connaissances, des secrets, des rappels, des considérations, des exhortations à la louange
d'Allah, à la constance, à la sérénité sous les effets du destin, au travail, à l'abandon de la cupidité, à
faire des choses, à abandonner et à éviter d'autres, à se rapprocher d'Allah, et à l'aimer. Tout ceci peut
avoir lieu en une seule assemblée. Chacun des gens présents en prélève sa part. Chacun en tire le
bénéfice selon sa capacité.
Parfois, un seul thème domine lors de la discussion. À chaque fois que le cheikh traite un chapitre sur
la guidance vers Allah, il fait jouir son audience. Il développe l'espace du débat, et il apaise les coeurs
des hommes par une claire expression et un bon signe.
Le cheikh parle aux gens en utilisant leurs expressions courantes. Il leur montre les choses en parlant
leur langue. Tout le monde comprend : le savant et l'illettré, l'intelligent et le sot. Il leur explique les
rangs de la religion et les stations de la certitude. Il leur indique la voie qui conduit à ces stations ainsi
que l'introduction à cette voie. Il fait de telles démonstrations oralement et il les injecte sous forme
d'états dans les cœurs.
Il montre ce qu'est le repentir, son mode, ce qui y conduit ; l'ascèse et sa cause ; le remerciement, la
constance et leurs méthodes ; la satisfaction, l'amour et leurs modes ; ainsi que l'abandon de la gestion
et du choix avec Dieu.
Ces deux derniers constituent l'axe de ses oraisons. Il donne les preuves sur ce qu'il dit en citant des
témoignages connus par les gens. Tout le monde finit par comprendre, par goûter ce savoir, et par en
être certain.
Voilà donc sa conduite, sa devise, sa pratique et son habitude. C'est un conseiller des serviteurs de
Dieu. Il veille sur leur guidance. Il oriente les inattentifs d'entre eux vers Allah. Il les éveille par le
repentir. Il fait revivre des cœurs que la passion (de l'âme) a tués, en leur accordant des renforts de foi
et des lumières d'amour. Il cite dans ce sens différents versets coraniques et des hadiths.
Combien de personnes se sont repenties par son intermédiaire et ont abandonné leurs mauvais
actes après toute une période de désobéissance et d'inattention à l'égard d'Allah. On ne peut
qu'admirer la façon avec laquelle il prend soin de celui qui vient le voir pour l'aider à se repentir. Il laisse
tout pour prendre soin de lui. Il lui accorde sa pitié et son attendrissement. Il lui rappelle le hadith
suivant :
" Dieu se réjouit du repentir de son serviteur, beaucoup plus qu'un homme parmi vous, qui a perdu
sa chamelle et l'a aussitôt retrouvée". Il dit aussi : regardez comment Allah insiste sur le repentir. Il lui a
accordé une grande importance. Il l'a répété deux fois dans un même verset coranique. Allah, le
Très-Haut, dit : «Allah veut vous éclairer, vous montrer les voies des hommes d'avant vous, et aussi
accueillir votre repentir. Et Allah veut accueillir votre repentir» (Sourate Les femmes, An Nissaâ, verset
26).
Regardez l'ampleur de cette clémence d'Allah, le glorieux, envers son serviteur. Il ne veut pas le
supplicier par son péché. Il préfère accueillir son repentir afin de lui accorder sa miséricorde. Qu'elle est
large cette grâce divine ! Qu'elle est copieuse cette aubaine, venant du Généreux, du Sublime !

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Souvent, le cheikh avise les gens pour qu'ils évitent d'avoir une mauvaise compagnie. Il alerte à la fois
les inattentifs par crainte que leur inattention s'amplifie, et les prudents par crainte qu'ils deviennent
comme les autres, inattentifs. En tout ceci, le cheikh se remet à Allah le Roi souverain. Il récite le hadith
suivant en guise de témoignage : "L'homme a la même religion que son ami. Que l'un de vous fasse donc
bien attention à celui qu'il prend pour ami !".
Il dit aussi : "choisissez pour votre compagnie celui qui obéit à Allah. D'ailleurs, les tempéraments
s'emparent des tempéraments". Il avise les gens pour faire attention de ne pas aimer excessivement la
vie d'ici-bas. Il fuit cet amour parce qu'il coupe tout lien avec Dieu et détourne les gens de la direction
divine. L'orientation vers Allah ne peut pas être correcte et valable si l'individu conserve encore en lui un
peu de cet amour de la vie d'ici-bas.
Le cheikh s'est isolé pour son seigneur et a ôté de lui tout autrui. Il ne lui reste aucune liaison qui
l'attire ni souhait qui l'accompagne. D'ailleurs, c'est l'erreur et l'ignorance composée1 qui ont retardé
les gens et les ont voilés d'Allah. S'ils avaient la conviction qu'ils ne connaissaient rien, et qu'ils n'avaient
pas encore acquis la vraie foi ; alors s'ils demandaient l'aide d'Allah lors de leur faiblesse et infirmité
(qu'ils constatent) : Allah aurait répondu à leur invocation parce qu'ils ont besoin de lui.
En effet, Allah dit : «N'est-ce pas Lui (Allah) qui répond à l'angoissé quand il l'invoque» (Sourate An
Namle, les fourmis, verset 62). Chaque fois qu'ils demandent plus de connaissances, à condition de
constater que le défaut vient d'eux en toute chose, Allah les leur accorde, car ils ont remarqué qu'ils ont
en besoin. Plus les gens constatent leurs propres défauts, plus leur besoin en Allah, le Connaisseur,
l'Omnipotent augmente aussi.
À propos de son art admirable en tant qu'orateur : lorsque le cheikh guide quelqu'un vers son
seigneur et l'avise de son erreur et de sa passion, il procède par douceur et tendresse. Il l'aborde par
une claire oraison. Et Allah guide qui II veut vers un droit chemin.
Le cheikh alerte les gens et les met en garde contre les péchés qu'ils commettent par le cœur. C'est
l'exemple de l'arrogance, de la vanité, de la cagoterie, de l'amour de la célébrité et de l'amour de
l’excellente réputation. Il met en garde les gens contre ces péchés plus qu'il ne les met en garde contre
les péchés apparents. Il dit : ce sont des actes dissimulés, alors que les autres péchés ne le sont pas. Il
insiste sur l'enlaidissement de la vanité et de l'arrogance. Il dit : celui qui se caractérise par ces deux
attributs est répugné et est maudit. Ces deux grands péchés coupent toute liaison avec Allah, le
Tout-Puissant, le Solennel.
La meilleure preuve concernant ce sujet est l'histoire d'Adam, paix d'Allah sur lui, et la transgression
d'Ibliss (SATAN) qui a refusé de se prosterner en prenant un air arrogant. Allah a gracié le premier
(Adam) et l'a bien guidé. Il a banni l'autre, l'a chassé de sa miséricorde et l'a éloigné.
Le cheikh avertit aussi les gens contre la prétention mensongère. Il dit : celui qui se qualifie par ce
péché doit craindre une mauvaise fin. Qu'Allah nous en protège et nous en épargne, de par Sa faveur et
Sa générosité. Une fois que l'être humain prend conscience de ses propres attributs défectueux, il sait
automatiquement que les attributs parfaits sont voués à Allah, le glorieux.
Une fois que l'être humain prend conscience de sa faiblesse et de son infirmité, il arrive à
comprendre que l'attribut "Puissance" est réservé à son seigneur. Il sait qu'Allah est le Tout-Puissant par
son pouvoir coercitif. Le cheikh montre aux serviteurs les attributs du Vrai, gloire à lui. La connaissance
de ces attributs est à leur portée en réfléchissant sur eux-mêmes. Allah dit : «Ainsi qu'en vous-mêmes.
N'observez-vous donc pas?» (Sourate Ad Daryat, qui éparpillent, verset 21).
Il dit : tout état parmi les états du serviteur constitue un signe qui indique et montre son seigneur.
Allah, le glorieux, a créé le serviteur et l'a contraint à être entouré d'infirmité et de défaillance en ses
mouvements, ses intimités, ses états et ses fluctuations. Lorsqu'il s'assoit, il se fatigue en s'asseyant.
Lorsqu'il se met debout, il ne peut pas tenir longtemps. Lorsqu'il dort pendant une longue durée, il en a
assez. Lorsqu'il reste éveillé plus que le nécessaire, il se trouve obligé de dormir.

1 -L'ignorance composée est le fait d'être ignorant et ignorer qu'on est ignorant.

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Lorsqu'il s'appuie sur quelque chose, il se fatigue par cet appui. Lorsqu'il mange un peu trop, il sent la
lourdeur de la satiété. Lorsqu'il abandonne le repas, il a aussitôt faim. Vous constatez donc que le
serviteur a toujours besoin de son seigneur. Il doit reconnaître Sa puissance et Sa richesse. Il ne doit plus
rien attendre d'autrui. C'est Allah, le glorieux, qui a fait connaître ces réalités à son serviteur. C'est lui
qui lui a fait tout comprendre. Espérons qu'il sente cette aubaine. Gloire au Sage Omniscient, dont le
savoir a tout encerclé, et dont l'ordre et le verdict sont appliqués partout.
Le cheikh explique comment Allah, le glorieux, se fait connaître à ses serviteurs par de petites choses
qui les touchent et qui les affectent. On peut citer à titre d'exemple : le resserrement et l'aisance, le
salut et l'épreuve, la panique et la sécurité, la maladie et la santé. On cite aussi les fluctuations des états
du cœur comme le stress et la joie, la détermination et le manque d'énergie. Le cheikh cite souvent le
verset coranique suivant : «Nous leur montrerons Nos signes dans l'univers et en eux-mêmes, jusqu'à
ce qu'il leur devienne évident que c'est cela (le Coran) la Vérité» (Sourate Les versets détaillés, Fussilat,
verset 53). Il dit : le resserrement est mieux pour les gens que l'aisance, si seulement ils savaient. En
effet, lorsque les aubaines les couvrent bien, ils deviennent distraits et inattentifs.
Lorsque le mal les touche, ils sont obligés d'invoquer Allah. Ils ne peuvent plus être distraits comme
dans le cas d'une aubaine. Leur état est donc meilleur puisqu'ils se mettent à la porte de leur seigneur et
ils lui demandent l'abolition du sinistre. Le cheikh rappelle le verset coranique suivant : «Quand Nous
comblons de bienfaits l'homme, il s'esquive et s'éloigne. Et quand un malheur le touche, il se livre
alors à une longue prière» (Sourate Les versets détaillés, Fussilat, verset 51).
Le cheikh enseigne la certitude aux gens. Il leur montre comment la connaître et comment y arriver.
Il dit : «Allah ne suffit-ll pas à Son esclave [comme soutien]?» (Sourate Les groupes, Azumar, verset 36).
Allah, n'est-il pas clément à l'égard de ses esclaves ? N'est-il pas bienfaisant envers nous, le long de
notre vie ? Comment peut-on alors l'accuser ? Si vous jurez à Dieu, le glorieux, par son nom suprême,
qu'il ne vous donne pas ce qu'il vous est destiné, il vous le donnera quand même. Si vous demandez ce
qui ne vous est pas destiné, vous ne l'obtiendrez jamais. La plume s'est asséchée sur ce que vous allez
trouver. Il dit aussi : Allah éprouve son serviteur par la pauvreté et par la facilité de gagner sa vie avec de
l'illicite. S'il endure un peu, il lui ouvrira des issus, et il ne manquera plus jamais de rien.
Il dit aussi : si Allah donne quelque chose à quelqu'un, et la soumet à son service, alors ce don
continuera d'exister et ne s'arrêtera jamais. Afin d'illustrer ceci, le cheikh donne des exemples concrets.
Il guide vers Allah en rappelant sa miséricorde. Il explique ce qu'est la clémence divine. Il essaie de
rapprocher la compréhension de cette clémence en l'illustrant par la clémence du père envers ses
enfants.
Cette clémence est connue par tout le monde, personne ne l'ignore. Mais est-ce que la pitié et la
miséricorde du père envers son fils sont plus importantes que celles d’Allah envers ses serviteurs? Bien
sûr que non ! Le cheikh cite le hadith suivant : "Allah est plus clément envers ses serviteurs que celle-ci
(une brebis) envers son enfant". Le cheikh rappelle aux gens l'aubaine divine. Il leur rappelle ce qu'Allah
leur a accordé et offert. Voilà comment il guide vers l'amour d'Allah, le glorieux. Il invite également les
gens à avoir honte devant Allah, car c'est honteux pour le serviteur de désobéir à Allah en utilisant ce
qu'il lui a toujours offert comme aubaines et bienfaisance. Le cheikh cite le verset coranique suivant :
«Et II vous a comblés de Ses bienfaits apparents et cachés» (Sourate Luqman, verset 20).
Le cheikh ne cesse de parler de ce sujet la plupart de son temps. Il expose ce qui est continuellement
offert par Allah à son serviteur et le met en exergue. Allah nous a toujours fait bénéficier de plusieurs
aubaines et il nous a graciés en nous éloignant de plusieurs malheurs. C'est le cas des aubaines et de
l'abolition des malheurs, qu'il s'agisse du matériel, de la morale, des choses apparentes ou cachées. Le
cheikh détaille bien ces concepts et fournit les explications nécessaires pour les comprendre. Il montre
que la foi en Allah et en son messager fait partie des aubaines cachées, éternelles, et continuelles
offertes par Allah à son serviteur.
Allah, le glorieux, lui accorde cette foi à chaque instant et assure son maintien, à différentes reprises.
Il ne l'a pas éprouvé par un diable rebelle qui altère cette foi, ni par un tyran têtu impitoyable qui
s'empare de ce qu'il a. Voilà la diligence divine, la miséricorde d'Allah, le glorieux, Sa largesse et Son
aubaine.

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Si Allah laissait le diable s'attaquer aux gens pour porter atteinte à leur foi comme ce qu'il lui avait
permis par rapport au pervertissement de leurs actes, alors un grand nombre parmi eux auraient mécru
à Allah après avoir eu la foi, et auraient tout perdu après avoir tout gagné.
Mais Allah a bien voulu protéger l'être humain, comme il l'avait spécifié dans le pré-éternel par Sa
largesse et bienfaisance. Y a-t-il une raison pour laquelle il a mérité cette aubaine, le jour où les parts
ont été quantifiées et distribuées? Il n'avait, à ce moment, aucune entité ni œuvre par lesquelles il peut
prétendre qu'il s'est rapproché d'Allah, le Donneur. Il n'avait rien à présenter sur lequel il peut
s'appuyer. Il ne s'agit donc que de la pure grâce, gratitude, largesse et bienfaisance divine.
Si l'être humain se rend compte de cette aubaine sublime et en prend conscience, il sentira alors une
profonde joie grâce à Allah.
Il sera dominé par l'amour et l'engouement pour ce Généreux, Donneur et sublime Seigneur, qui a
créé, puis a guidé les créatures, qui les a comblées de dons, et qui les a spécifiées, puis sélectionnées.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, lors de ses assemblées, ne cesse de dénombrer les différentes
aubaines, continues et discontinues, offertes par Allah à son serviteur, qu'elles proviennent de la terre
ou du ciel. Ensuite, il cite le verset coranique suivant : «Et si vous comptez les bienfaits d'Allah, vous ne
saurez pas les dénombrer» (Sourate An Nahl, les abeilles, verset 18). Tous les gens sont noyés dans la
mer des aubaines, mais la plupart des gens ne sont pas reconnaissants. Allah dit : «Alors qu'il y a peu de
Mes serviteurs qui sont reconnaissants» (Sourate Sabaâ, verset 13).
Lorsqu'Allah veut du bien à son serviteur, et veut le distinguer par rapport aux autres, il lui fait
connaître ses aubaines et lui confère l'inspiration de le remercier. Il ne lui rajoute rien d'autre pour qu'il
soit compté parmi l'élite. Tous les gens bénéficient des aubaines, mais c'est l'élite qui les constate. Le
cheikh dit : "le remerciement est la grande porte d'accès à Allah.
C'est son droit chemin. Voilà pourquoi le démon s'assoit sur ce sentier pour empêcher les croyants
d'y accéder". Le cheikh témoigne sur ce qu'il a dit en citant le verset coranique suivant qui se rapporte à
la réplique du banni : «Puisque Tu m'as mis en erreur, dit [Satan], je m'assoirai pour eux sur Ton droit
chemin» (Sourate Al Aâraf, verset 16).
Le cheikh dit : la porte la plus proche pour accéder à Allah, est la porte du remerciement. Celui qui ne
franchit pas cette porte, en cette époque, ne peut jamais passer. En effet, les âmes sont devenues
rigides. Elles ne sont affectées ni par une méditation ni par une obéissance. Elles ne craignent ni compte
à rendre ni justification auprès du seigneur.
Cependant, grâce au rappel des aubaines et de leurs Fournisseur, ces âmes s'enthousiasment
profondément, elles se noient dans leur joie et plient toutes les distances. D'ailleurs, chaque promesse
divine, rapportée dans le Coran, est conditionnée par la volonté d'Allah, sauf le remerciement. Allah dit :
«Si vous êtes reconnaissants, très certainement J'augmenterai [Mes bienfaits] pour vous» (Sourate
Abraham, Ibrahim, verset 7). Allah insiste sur cette promesse en utilisant le "L" du serment et le "N"
pour insister (dans la langue arabe).
Le cheikh nous dit, lorsqu'il cite ce verset : Ce "L", ici, est pour le serment ; c'est comme si Allah nous
interrogeait, et nous lui avions répondu par Oui. Le cheikh dit aussi : regardez comment Allah a
commencé par le remerciement, avant de mentionner la foi. Il dit : «Pourquoi Allah vous infligerait-il un
châtiment si vous êtes reconnaissants et croyants? Allah est Reconnaissant et Omniscient» (Sourate
An Nissaâ, les femmes, verset 147).
On peut aussi exprimer la foi par le remerciement et donner aux deux termes la même explication.
C'est ce que signale la comparaison de ces deux termes dans le verset précédent. On peut dire ainsi : "la
foi est la joie grâce au Fournisseur de l'aubaine". Donc la joie, qui est le remerciement du cœur, est la
foi. Il n'y a pas alors d'ambiguïté si l'on dit que la foi ne peut être vraie et sincère que si elle est
accompagnée du remerciement. C'est aussi le résultat qu'elle implique. Le "et" du verset
(reconnaissants et croyants) pourrait signifier que l'un des deux termes explique l'autre. On en déduit
alors ce que le cheikh a dit : la foi, c'est le remerciement.

-149-
Si l'être humain connaissait la vérité du remerciement, son cœur serait alors comblé et sa raison
s'envolerait de joie, d'amour pour Allah, de gaieté et de ravissement. Les cœurs aiment, par instinct,
ceux qui leur font du bien. Le meilleur bienfaiteur envers vous est bien votre seigneur. C'est lui qui a mis
les cœurs de ses serviteurs à votre service. S'il voulait le contraire, il aurait inversé la donne. Personne
alors ne pourrait vous être utile. Le cheikh apporte ces exemples pour inciter les gens à constater
l'aubaine divine. Il les exhorte à progresser dans leurs constatations, et à passer de la constatation de
l'intermédiaire à la constatation du vrai Fournisseur de cette aubaine, gloire à lui. Il n'y a pas de
bienfaiteur à part Allah. Pas de béatifique ni de bienfaisant à part lui. Tout ce qui est en dehors d'Allah
ne dispose ni de bien ni de mal, ni pour lui, ni pour les autres. Il ne peut ni apporter un bien ni repousser
un mal.
Tous ceux qui se comportent bien avec vous et semblent vous aider, c'est en fait, pour une certaine
raison et un certain but. Même le gnostique, lorsqu'il prend soin de vous, il ne le fait que pour ton
seigneur. Il a donc œuvré pour la face d'Allah, donc pour un but donné. Mais Allah, le glorieux, le
Très-Haut ne prend soin de vous et ne vous accorde sa clémence que grâce à Sa largesse et à Sa
bienfaisance, par générosité et gratitude; et non pas pour quelque chose qui est déjà arrivé, ni pour
quelque chose qui va venir.
Il ne s'agit là que de la pure largesse, de la part d'Allah, dont l'existence est obligatoire. Le serviteur
ne doit connaître que son seigneur. Il ne doit voir que sa bienfaisance et sa clémence. C'est Allah qui lui
a offert sa bienfaisance et l'a couvert de ses aubaines. Voilà comment le cheikh fait aimer Allah à son
serviteur. Il le guide pour qu'il n'invoque que lui. Il ne doit consacrer son cœur qu'à lui. Il doit rassembler
toutes ses requêtes dans le sentier de son seigneur. Il ne doit attacher sa détermination à personne,
sauf à Allah.
Le cheikh guide vers Allah seul et donne la preuve sur son unicité pure et sur son amour absolu. Il dit
: Il faut que le serviteur d'Allah n'invoque que son seigneur, avec dévouement et non pas pour un
intérêt immédiat ou ultérieur. S'il fait une telle invocation, il gagnera automatiquement la vie d'ici-bas et
de l'au-delà. La différence est en effet flagrante entre celui qui demande après vous (qui vous cherche)
et celui qui vous demande quelque chose.
Il y a une grande différence entre celui qui vient vous rendre visite et vous demander quelque chose,
et celui qui vient chez vous par amour, ne souhaitant que vous voir, et rien d'autre. Le cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui, vous pousse à abandonner les opportunités, les intérêts d'ordre matériel et
tout ce qui donne une quelconque importance à l'ego.
Il cite le verset coranique suivant : «Il ne leur a été commandé, cependant, que d'adorer Allah, Lui
vouant un culte exclusif, d'accomplir la Salat et d'acquitter la Zakat. Et voilà la religion de droiture»
(Sourate Al Bayyinah, la preuve, verset 5).
Le cheikh qualifie l'acte religieux qui vise un but matériel d'association à la divinité d'Allah. Il cite ce
verset comme signe : «Et la plupart d'entre eux ne croient en Allah, qu'en lui donnant des associés»
(Sourate Youssef, verset 106). Souvent, il en parle pour guider les gens à l'amour d'Allah. Il dit : l'origine
et le fondement de toute chose sont l'amour. C'est ce qu'a dit Allah dans le hadith qodssi : "je deviens
son ouïe, etc."
L'origine de ce qui peut causer l'amour est la constatation de la beauté et de la bienfaisance. C'est
grâce à ça qu'on avance vers le rang de la foi. Chaque fois que le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, parle
d'une science parmi celles de la voie soufie, il fait signe à l'amour et le met en exergue par sa parole ou
par son état. Il incite les gens à se rapprocher de leur bien-aimé, à lui présenter leurs dilections,
adulations, modesties, servilités et résignations. Souvent, il répète les vers suivants :
Humiliez-vous devant celui que vous aimez.
L'affection n'est pas aisée,
une fois qu'au bien-aimé elle a agréé,
la liaison avec lui est autorisée.
Humiliez-vous devant lui.
Vous gagnerez le regard de sa beauté inouïe.

-150-
Le visage de votre bien-aimé englobe l'obligatoire adoration et l'oraison.
Le cheikh conseille les gens à abandonner la gestion (par eux-mêmes) et le choix avec Allah, le
Très-Haut. Il en parle souvent. Il cite les témoignages suivants : «Non!... Par ton Seigneur! Ils ne seront
pas croyants aussi longtemps qu'ils ne t'auront demandé de juger de leurs disputes et qu'ils n'auront
éprouvé nulle angoisse pour ce que tu auras décidé, et qu'ils se soumettent complètement à ta
sentence» (Sourate An Nisaâ, les femmes, verset 65). «Il n'appartient pas à un croyant ou à une
croyante, une fois qu'Allah et Son messager ont décidé d'une chose d'avoir encore le choix dans leur
façon d'agir. Et quiconque désobéit à Allah et à Son messager, s'est égaré certes, d'un égarement
évident» (Sourate Al Ahzab, les coalisés, verset 36). «La seule parole des croyants, quand on les appelle
vers Allah et Son messager, pour que celui-ci juge parmi eux, est: <Nous avons entendu et nous avons
obéi>. Et voilà ceux qui réussissent» (Sourate An Nour, la lumière, verset 51).
«Ton Seigneur crée ce qu'il veut et II choisit; il ne leur a jamais appartenu de choisir. Gloire à
Allah» (Sourate Al Qasas, le récit, verset 68). Le cheikh dit : celui qui gère doit connaître le résultat des
décisions. Celui qui ne les connaît pas, comment peut-il gérer? et que gère-t-il ? Dans les saints
prédicats, il a été rapporté ce qui suit : "O, fils dAdam, tu veux et je veux. Mais il n'y aura que ce que je
veux. Si tu te soumets à moi dans ce que je veux, je te donnerai ce que tu veux. Mais si tu me contestes
dans ce que je veux, je te fatiguerai dans ce que tu veux, puis il n'y aura que ce que je veux".
La gestion avec Allah est considérée comme une association à la divinité. Allah est, en fait, le seul à
créer et à gérer : «La création et le commandement n'appartiennent qu'à lui. Toute gloire à Allah,
Seigneur de l'Univers» (Sourate Al Aâraf, verset 54). Celui qui gère quelque chose dans le Royaume
divin, n'a fait que contester et apporter atteinte aux verdicts divins. Celui qui gère pour lui-même, sa
gestion ne peut lui être que néfaste. Le cheikh guide les gens à être satisfaits des actions divines. Il les
guide aussi à la soumission aux verdicts d'Allah. Allah, le glorieux, est en effet sage et miséricordieux.
Si vous mentionnez au cheikh un accident ou un sinistre que vous avez subi, il dira : parmi les noms
divins, on trouve le nom "Sage". Ce nom signifie "celui qui n'agit que selon une sagesse". Les actions
divines ne manquent jamais de sagesse. Si les secrets du destin se décèlent au serviteur, il s'apercevra
que les actions divines qui se présentent dans leur apparence comme des malheurs l'affectant sont
plutôt d'une justesse et d'une perfection extrêmes.
Il faut qu'elles soient ainsi. Ce serviteur ne peut pas choisir mieux. Lorsqu'un accident survient, il le
voit, dans l'apparence, comme étant un sinistre; mais au fond, il s'agit d'une clémence. Parfois, Allah
sauve son serviteur par ce sinistre d'un mal beaucoup plus important. Il se peut que Dieu repousse de
lui, à cause de ce sinistre, une certaine tentation dans sa religion.
Je vous jure qu'Allah ne fait que du bien à son serviteur croyant. Le cheikh guide les gens vers Allah
en les entretenant sur Ses noms divins et en faisant constater Ses attributs. Il parle de ce sujet avec une
manière qui séduit les raisons et avec une maîtrise qui est impossible à retransmettre. Je ne prétends
pas tout comprendre et assimiler dans ce domaine. Il dit : quand on arrive à bien comprendre et
maîtriser un de ces attributs divins, on arrive obligatoirement à bien comprendre et à maîtriser tous les
autres attributs, parce que l'un implique l'autre.
Le cheikh commence en effet, à expliquer l'attribut, jusqu'à ce qu'il soit clair et bien compris. Puis il
passe à un rang plus élevé, c'est-à-dire à la constatation de l'Entité suprême et à l'anéantissement en
elle. Il dit aussi : la constatation des attributs constitue un voile empêchant la constatation de l'Entité.
Il aborde souvent ce sujet ainsi que celui de l'éveil après l'anéantissement, et de l'effacement des
attributs du serviteur par l'apparition des attributs de son seigneur en lui, etc. Il cite, en guise de
témoignage, le hadith rapporté par Al Bokhari, d'après Abi Horayrah qui dit : le messager d'Allah, prière
et salut d'Allah sur lui, a dit : "celui qui a pris un de mes élus pour ennemi, je l'informe que je ferai la
guerre contre lui. La meilleure façon avec laquelle mon serviteur peut se rapprocher de Moi, c'est en
accomplissant les devoirs que je lui ai décrétés. Plus il continue à se rapprocher de moi par des actes de
surérogation, plus je finirai par l'aimer. Une fois que je l'ai aimé, je deviens son ouïe avec laquelle il

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entend, sa vue avec laquelle il voit, sa main avec laquelle il combat et ses jambes avec lesquelles il
marche"1.
Dans un autre récit, "je deviens lui-même". Ce dernier récit est plus net pour le témoignage que nous
voulons apporter, et Allah détient la vérité. Le cheikh dit aussi : si vous vous arrêtez dans chaque station
spirituelle, cela vous conduira obligatoirement à être coupé de votre but ultime. Ensuite, il cite le verset
coranique suivant : «Et que tout aboutit, en vérité, vers ton Seigneur» (Sourate An Najm, l'étoile,
verset 42). Qu'Allah soit clément à l'égard de celui qui a composé les vers suivants :
Lorsque vous discernez tous les rangs se manifester en vous, déviez-vous d'eux comme nous avons
dévié de rangs pareils et après coup.
Dites : Allah, je ne demande que Ton essence,
non un regard qui fascine, ni la manifestation d'une apparence.
Le cheikh pourrait éventuellement parler du désintéressement par rapport à tout ce qui est en
dehors d'Allah, le Très-Haut. Il clame :
Renoncez aux sciences. Abandonnez les compréhensions.
Ne laissez pour vous ni indice ni information.
Voilà ce que j'ai pu rassembler dans ce chapitre. Je n'ai pu grouper que peu de ce qui a été dit et
répété à plusieurs reprises lors des différentes présentations orales qui se sont déroulées de jour
comme de nuit. Ces répétitions m'ont permis de comprendre et de bien maîtriser les différents sujets
susmentionnés. Une partie de ce rapport est en effet restée gravée sur ma mémoire ainsi que sur mon
imaginaire. Voilà ce que j'ai pu prélever par ouïe, et ce que j'ai bien voulu réunir et ramasser, afin
d'atteindre l'objectif du livre, c'est-à-dire afin de présenter ce qui est pur et essentiel. Qu'Allah nous
fasse bénéficier de ce livre. Qu'il nous range parmi les gens dignes de l'amour et de la succession. Amen.

1 -Voir l’authentique du Boukhari, hadith numéro 6021.

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CHAPITRE QUATRIÈME -PREMIÈRE PARTIE- LITANIES DU CHEIKH
Organisation des litanies du cheikh et de ses citations. Description de
sa voie "Tijanie" et de ses disciples.
Grâce accordée aux litanies et à leurs lecteurs.
Description du disciple et de son état. Les causes qui coupent le disciple
de son éducateur.
Les caractéristiques du cheikh à suivre dans ses paroles et ses actes.
Mode du chant (Samaâ), et le devoir du disciple, le jour et la nuit.
Différentes invocations, qu'Allah a rendues courantes sur la langue du
cheikh.

PREMIÈRE PARTIE : ORGANISATION DES LITANIES DU CHEIKH ET DE SES CITATIONS ; DESCRIPTION DE


SA VOIE "TIJANIE" ET DE SES DISCIPLES.

Entamons cette partie par une remarque à travers laquelle j'expliquerai qu'il n'y a pas de controverse
entre les savants de la "Charia" (loi religieuse) et ceux de la "Haqiqa" (Vérité). Je dis alors, qu'Allah nous
accorde succès.
Avis important: sachez que les savants de la "Charia" (loi religieuse) et de la "Tariqa" (voie soufie),
lorsqu'ils ont vu que :
• L'univers est descendu à partir de l'union absolue, par manifestation, jusqu'au maximum de
la descente, créant ainsi la pluralité.
• Le but le plus important et le plus complet est l'ascension au point de départ afin que les
perfections des noms divins soient au summum de leur apparition,
Ils se sont alors occupés par la clarification de ce qui est important, c'est-à-dire :
• Le mode de l'amélioration de cette ascension, dans l'immédiat et dans le futur.
• Le mode de l'application de ses conditions : ablution apparente et purification interne.
Ils ont rédigé différentes publications sur ces thèmes. Mais ils n'ont pas accordé d'importance au
mode de la descente dans les rangs, puisqu'ils découvriront cela lors de leur ascension. Allah, le
Très-Haut, a dit : «L'homme sera informé ce jour-là de ce qu'il aura avancé et de ce qu'il aura remis à
plus tard» (Sourate Al Qiyamah, la résurrection, verset 13), c'est-à-dire il sera informé des stations et
des points d'ascension dans le monde de l'au-delà.
Les ignorants ont pensé qu'ils ne pouvaient pas connaître les modalités de la vérité ni ses secrets.
Quant aux savants de la Vérité "Haqiqa", lorsqu'ils ont connu, par décèlement et constatation, les
modalités des ascensions et les secrets qui conduisent à l'union absolue, ils se sont alors occupés -
malgré eux et par effet dominant de leur état spirituel - de la clarification de cette vérité.
Cette clarification est survenue à la suite des exigences de leur état et de leur rang spirituel. Ils ont
alors rédigé différentes publications dans ce domaine. Les gens qui manquent d'instruction ont cru que
cette clarification remplacerait la charia (la loi religieuse) et la tariqa (la voie soufie).
C'est une déduction issue de leurs propres compréhensions et raisonnements. Ils ont cru en effet
qu'ils sont arrivés à l'authentification parfaite, et ils ont imaginé qu'ils occupent déjà le rang de la
"Vérité" (La Haqiqa) rien qu'en étudiant quelques notions de la logique et du raisonnement, sans levée
de voile, ni décèlement, ni constatation. Ils ont alors laissé de côté l'application et la pratique de la
"Charia" et de la "Tariqa" ; ils ont évidemment tort puisque cela est une grave erreur.
Il est clair pour tout être avisé qu'il n'y a pas de contradiction entre les notions de la "Charia" (loi
religieuse) et de la "Haqiqa" (Vérité). Les savants de la loi islamique "Charia", ont approfondi leurs
études afin de clarifier les lois de la pluralité et le mode de son amélioration. Le but étant de sortir de la
pluralité et faire apparaître l'union absolue. C'est-à-dire que la fin mène au commencement.

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Les savants de la vérité "Haqiqa", ont travaillé quant à eux pour déceler les secrets de l'union
absolue, les frontières de l’univers ainsi que la propagation de sa lumière dans les rangs. Chacun des
savants des deux catégories - Charia et Haqiqa - s'occupe d'une partie (du savoir). Le devoir du disciple
sincère qui préserve les rangs consiste à ce qu'il soit envahi par les lumières de la vérité dans son
intérieur, tout en appliquant la "Charia" dans l'apparence. Voilà le chemin droit pour suivre le prophète,
prière et salut d'Allah sur lui. Fin.
Quant aux litanies du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, elles sont des plus importantes. Elles
renferment beaucoup de biens. Elles comptent aussi parmi les meilleures litanies que les élus dignes
d'Allah ont bien arrangées dans leurs zaouïas, en vue de rassembler leurs disciples sur le droit chemin,
d'organiser leurs temps et d'améliorer leurs états.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a réanimé, par ces litanies, la voie soufie, après dispersion de
ses traces. Il a édifié le phare de la sainteté après l'extinction de ses lumières. Il a, satisfaction d'Allah sur
lui, emprunté, pour ceci, l'itinéraire des grandes personnalités, des parfaits et éminents gnostiques, des
imams de la religion Mohammadienne, prière et salut d'Allah sur le prophète. C'est grâce au cheikh que
la voie soufie a fait son apparition.
Louange à Allah, cette voie est conforme à la loi islamique (charia) et à la vérité (haqiqa). Les litanies
du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, offrent une suavité aux oreilles. Avec leur panachure, elles sont
agréables à entendre. Elles sont tellement bien faites qu'elles dégagent ce qui est latent et permettent
d'atteindre l'objectif des aspirants. Elles se manifestent ainsi aux mondes comme une jeune mariée qui
attire par sa beauté beaucoup de personnes, en leur donnant de savoureux verres à boire.
Lorsqu'Allah a voulu le bonheur des contemporains du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, ainsi que la
récompense de ceux qui ont bénéficié de son voisinage, il a lancé dans le cœur du cheikh de la lumière
lui servant de soutien et d'assistant dans sa foi. C'est ainsi qu'il ne peut plus cacher ce qu'Allah a exposé
comme vérités dissimulées en lui. Il a alors montré aux gens des choses mystérieuses et a ouvert aux
étudiants une nouvelle voie. Il a aussi arrangé des litanies qui leur serviront de provisions dans le monde
de l'au-delà. Louange à Allah, ces litanies sont d'une signification satisfaisante, d'un goût délicieux et
d'une cueillette facile.
Vous allez, si Allah le permet, déceler leur réalité et fondement, voir le secret de leur beauté et
apparition, connaître celui qui les a composées et le secret qui a été emmagasiné en elles. Cela vous
permettra, s'il plaît à Dieu, de découvrir la preuve du parfait héritage du cheikh, satisfaction d'Allah sur
lui, du messager d'Allah, prière et salut d'Allah sur lui, ainsi que de son état. Vous allez aussi savoir ce
qu'Allah lui a attribué de par Sa grande largesse. D'ailleurs, il a été dit:
Qui vous ressemble, Ô digne de biens ;
vous avez groupé le secret, l’éthique et les vertus sans fin.
Je jure que les deux yeux n’ont jamais vu
quelqu’un comme vous dans le temps, Ô joie des savants élus.
Lorsque le cheikh "Zerrouq", satisfaction d'Allah sur lui, a parlé des litanies, il a dit à la fin de son
intervention : en résumé, les litanies des cheikhs, satisfaction d'Allah sur eux, reflètent le trait de leur
état, le bon sens de leur propos et l'héritage de leurs sciences et oeuvres. C'est selon ce mode qu'ils se
sont conduits dans toutes leurs affaires, et non pas selon leur passion, avant d'atteindre leur perfection.
Il se peut que certaines personnes viennent après, et essaient ce mode par elles-mêmes, elles auront
alors l'inverse de ce qu'elles ont souhaité.
L'exemple de ceci est celui de l'abeille qui a montré à la guêpe comment construire une ruche. La
guêpe, orgueilleuse de sa construction, croît qu'elle a la même vertu que l'abeille. Afin de lui montrer sa
vraie valeur, celle-ci lui a dit : "Voilà la ruche, où est alors le miel ?" Le secret réside donc dans les
habitants, et non pas dans l'habitat. Ensuite, le cheikh Zerrouq a dit : les litanies des gens dignes de la
perfection sont mélangées à leurs états, appuyées par leurs sciences, soutenues par leurs inspirations et
accompagnées de leurs miracles.
Les litanies de notre maître, satisfaction d'Allah sur lui, ne cessent de faire preuve de nombreuses
bénédictions, depuis leur apparition. Grâce à elles, plusieurs objectifs ont été atteints facilement et

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plusieurs problèmes ont été résolus. Différentes copies de ces litanies ont été réalisées, louange à Allah,
gloire à sa solennité. Elles ont été diffusées dans d'innombrables pays, à la suite de l'autorisation du
maître de l'univers.
Ces litanies sont alors de plus en plus célèbres. Leurs secrets sont apparents et diffus. Elles
constituent les plus importants trésors et les plus éminentes fiertés. Les gens en ont vu d'innombrables
secrets dans les deux mondes d'ici-bas et de l'au-delà. J'implore Allah qu'il ne les réduise jamais à néant
et qu'il laisse leurs lumières bien couronnées de son regard, je l'implore en considérant le prestige qu'il
accorde au maître des prophètes, l'imam des pieux, Sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui.
Qu'Allah lui accorde honneur et générosité, glorification et importance. Le moment d'entamer le sujet
du présent chapitre est donc venu. En invoquant l'aide et le succès d'Allah ; qu'il nous guide au droit
chemin à partir de Sa largesse et générosité, je dis ce qui suit :
Quant aux litanies (wirds) du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, qu'il enseigne aux gens. Elles ont
été ordonnées par le prophète, maître de l'univers et repère de la réalité constatée, prière et salut
d'Allah sur lui. Elles sont articulées comme suit :
Cent fois "Je demande d'Allah de me pardonner"1 (l'imploration du pardon d'Allah), (Istighfar).
Cent fois "Une prière sur le prophète", quelle que soit sa forme (Salate Ala Nabye), prière et salut
d'Allah sur lui.
Cent fois "Pas de divinité à part Allah"2 (la haylala).
Ces litanies sont effectivement celles que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a arrangées et a
ordonnées en faveur du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui. Il lui a ordonné de les inculquer aux disciples
musulmans, quels que soient leurs états, qu'ils soient âgés ou jeunes, mâles ou femelles, obéissants ou
désobéissants. Il ne faut pas interdire ces litanies à celui qui les demande.
Il est recommandé que la prière sur le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, lors des litanies soit la
"Salate Al Fatihi3".
Cette forme de prière est plus gracieuse et plus parfaite par rapport aux autres formes et ce à cause
de son importante largesse et de sa grande rétribution. Seul celui qui l'a offerte à partir de l'afflux de sa
généreuse grâce connaît sa valeur. Cette grâce sera explicitée ultérieurement, s'il plaît à Dieu.
Après la "Salate Al Fatihi", on trouve du point de vue de la largesse la prière sur le prophète intitulée
«l'esprit des prières» dont le texte est le suivant: O, Allah prie sur notre maître Mohamed, ton serviteur,
prophète et messager, le prophète illettré, ainsi que sur sa famille et ses compagnons et salue-le par Tes
meilleures salutations4.
Puis on trouve la prière suivante: "O, Allah accorde Ta prière et Ton salut à notre maître Mohamed et
à sa famille5". Le disciple a le choix, tout en étant encadré par son éducateur qui l'a initié au "wird", de
citer :
• Soit la Salate Al Fatihi, s'il est religieux, vertueux, digne de cette prière et de son
apprentissage. L'éducateur doit cependant autoriser son disciple à citer cette prière
uniquement dans son rang exotérique6.
• Soit l'esprit des prières, s'il est moyen.
• Soit l'autre forme, la plus simple : "O, Allah accorde Ta prière et Ton salut à notre maître
Mohamed et à sa famille".

1 -Translittération : Astaghfirou Allah


2 Translittération : La ilaha ilia allah.
3 -Translittération : Allahoumma salli ala sayidina mohammadin al fatihi lima oughliqa, wa al khatimi lima sabaqa, nassiri al
haqqi bi al haq, wa al hadi ila siratiqa al moustaqim wa ala alihi haqqa qadrihi wa miqdarihi al adim
4 -Translittération : Allahoumma salli ala sayidina mohammadin abdika wa nabiyyika wa rassoulika an nabiyyi al oummi wa ala
alihi wa sahbihi wa sallama tasslimane.
5 -Translittération : Allahoumma salli wa sallime ala sayidina mohammadin wa ala alihi.
6 - En effet, la salat fatihi dispose de trois rangs différents : exotérique, ésotérique, et ésotérique de l'ésotérique

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Quelle que soit la forme de la prière, le disciple sera récompensé. Les moments propices du "wird"
s'allongent de la prière de l'aube jusqu'au plein jour, le matin, puis l'après-midi, de la prière d'AI Assre
jusqu'à la dernière prière d'AI Ichaâ. Si le temps ne le permet pas, tout le jour et toute la nuit seront
propices pour la citation du "wird". Si une litanie est ratée, pour une raison ou pour une autre, il faut la
rattraper lorsque le temps le permettra.
Celui qui s'engage dans le "wird" mais, par la suite, il l'abandonne ou bien complètement ou en des
moments de paresse, sera puni et le châtiment lui parviendra. Notre cheikh, satisfaction d'Allah sur lui,
en a été informé par le prophète, maître de l'univers, prière et salut d'Allah sur lui. Le texte cité par le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est le suivant : "Informe tout disciple que tu autorises et qui
s'engage à prendre le wird que notre litanie est très importante. Gare à celui qui la néglige et à celui qui
l'abandonne. La prière sur le prophète est très importante ; c'est la porte de la perfection. C'est l'entrée
principale. Celui qui l'abandonne ne trouvera aucune autre issue pour accéder au prophète, prière et
salut d'Allah sur lui". Les conditions de cette litanie sont :
• La conservation des prières en leurs moments, en collectivité si c'est possible.
• La propreté du corps, du tissu et de l'endroit.
• L'orientation vers la qibla (la direction de la Mecque).
• Et l'abstention de parler et de couper la litanie, sauf en cas de force majeure.
Quant à sa condition particulière, pour celui qui peut la remplir. Il s'agit de la condition suivante :
représentation de l'image du guide (le cheikh ou le Moqaddem) et sensation que le disciple est assis
entre ses mains, du début jusqu'à la fin du "Dzikr" (citation des litanies) et qu'il prélève de lui.
Le meilleur, le plus important, le plus parfait et le plus intéressant modèle est celui du prophète,
prière et salut d'Allah sur lui. Le disciple doit se sentir assis entre ses mains, prière et salut d'Allah sur lui,
avec révérence, respect, glorification et admiration.
Il doit imaginer aussi qu'il prélève de lui, prière et salut d'Allah sur lui, selon son propre état et sa
station.
Lors de la citation des litanies, le disciple doit penser en même temps à la signification des termes du
"Dzikr" s'il est capable de les comprendre. Sinon, il peut se limiter à entendre ce que sa langue cite. Cela
empêchera sa pensée de naviguer ailleurs. Cette concentration va l'aider (à continuer la citation de ses
litanies). Ce wird qu'on vient de mentionner est obligatoire dans cette voie (soufie). Il ne peut pas être
omis. Quant aux autres litanies qu'on va mentionner, le disciple a le choix de les prendre ou de les
laisser.
Sachez que ce "Wird" important n'est pas enseigné à celui qui dispose d'un autre "wird" parmi les
litanies des autres éducateurs, satisfaction d'Allah sur eux. Il faut que le disciple abandonne son ancien
wird et qu'il s'engage devant Allah à ne jamais y revenir. C'est à la suite de ce pacte qu'un Moqadem
authentique peut l'autoriser à prendre la voie Tijanie. Sinon, il ne doit jamais être autorisé dans cette
voie Tijanie, parce que toutes les voies soufies des autres cheikhs, satisfaction d'Allah sur eux, sont dans
une bonne direction de guidance et d'évidence divine.
Elles guident bien les gens et font arriver à Allah. Cette condition ne doit pas être interprétée comme
orgueil ou arrogance envers les autres éducateurs, satisfaction d'Allah sur eux. Pas du tout, qu'Allah
nous protège de cette considération.
Ce n'est qu'une condition obligatoire dans notre voie Tijanie, rien d'autre ! Celui qui souhaite faire
partie des Tijanis n'a qu'à se soumettre à cette condition. Il sera épargné de toute crainte de son
premier éducateur et des autres éducateurs, quels qu'ils soient parmi les élus et les saints, vivants ou
morts, ici-bas et dans l'au-delà. Il sera en sécurité de tout mal qui risquerait de l'atteindre ici-bas et dans
l'au-delà, de la part de son premier éducateur ou de quelqu'un d'autre, ni d'Allah, ni de son prophète,
prière et salut d'Allah sur lui, selon une promesse véridique qui ne sera jamais manquée.
Celui qui refuse d'abandonner le wird de son premier éducateur est libre dans son choix. Il n'a qu'à
laisser notre wird et rester dans sa voie. Nous avons dit que les litanies des maîtres, satisfaction d'Allah
sur eux, sont toutes dans une bonne direction de guidance divine. Mais notre condition est de ne pas
donner l'autorisation et de ne pas enseigner notre wird et notre voie à celui qui suit déjà une autre voie

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soufie. Sinon, le cheikh précise bien qu'à la fois l'éducateur (le Moqadem) et le disciple qui mélangent
les voies perdront leur initiation à la voie Tijanie. Cette condition est donc obligatoire et doit être
appliquée. Fin.
Cependant, celui qui prend nos litanies et s'engage dans notre voie ne doit jamais rendre visite (pour
demander une assistance spirituelle) à quelqu'un parmi les vivants. S'il rend visite à des élus morts, il
faut que cette visite soit pour Allah, et non pas dans le but d’en tirer un certain profit1. Ces élus sont les
portes d'accès à Allah. Leur visite doit être effectuée pour Allah.
Lors de la visite, il faut solliciter les satisfactions d'Allah, du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, et
du cheikh ! Pas plus2. Fin.
Quant aux litanies citées dans la zaouïa3, elles sont les suivantes :
• Invocation du pardon d'Allah, selon n'importe quelle forme, cent fois.
• Salat Al Fatihi, cent fois ou cinquante fois.
• La Haylala deux cents fois ou cent fois.
• La Jawharat Al Kamal onze fois4, c'est-à-dire : O, Allah, répands tes grâces et ton salut sur la
source de la miséricorde seigneuriale, etc.

1 -Nous avons déjà mentionné dans le chapitre «les clés du livre» les trois catégories de la visite rendue aux saints. Et nous
avons dit que ces visiteurs sont tous coupés de la voie Tidjaniya, à l’exception de celui qui fait partie de l’élite parmi les gens
dignes de l’ouverture spirituelle. Dans ce cas, il peut se réunir avec un saint ou entrer à son mausolée, mais uniquement s’il
s’est trouvé obligé de le faire pour une certaine raison, et à condition qu’il quitte le mausolée sans qu’il s’attache à ce saint
et sans qu’il lui demande son assistance spirituelle.
2 - Le gnostique sidi M’hammed Genoune a dit dans son livre «rafae al itabe» (l’annulation du blâme adressé à nos
compagnons qui ont abandonné la visite) : j’ai lu sur une copie du livre «al jawahir» (perles des significations) une
annotation faite par le moqaddem célèbre sidi Mohammed Belqacem Bassri qui reprend le passage suivant «Cependant,
celui qui prend nos litanies et s'engage dans notre voie ... Lors de la visite, il faut solliciter les satisfactions d'Allah, du
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, et du cheikh ! Pas plus» et écrit :
Le cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, a annulé ce qu’il avait dit concernant la visite rendue aux élus morts et il a prohibé
cette visite d’une manière absolue... Celui qui autorise les frères tijanis à rendre visite aux saints qu’il sache qu’il
n’appartient plus à la voie Tidjaniya.
3 L’érudit sidi Ahmed ben Ayachi Skiredj a dit dans son livre «addour attamine» (La perle précieuse représentant les traces
bénéfiques du lettré Palamino, le loyal) : le pôle sidi Mohamed Arbi ben Sayeh, satisfaction d’Allah sur lui, a dit : il y a des
choses qui nécessitent une autorisation particulière de la part d’Allah, le Très-Haut, ou de la part du prophète, prière et salut
d’Allah sur lui, ou de la part du cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, que ce soit en rêve ou en état d’éveil. Parmi ces choses, on
trouve la construction d’une zaouïa pour la récitation de la wadhifa. Cette construction nécessite une autorisation
particulière, sinon elle engendrera un grand préjudice et produira une vanité dangereuse. Parmi ces choses, on trouve
également le rassemblement des frères tijanis dans un endroit pour réciter la wadhifa en public. Si les gens ne sont pas
habitués à voir ces rassemblements et si ces derniers sont faits sans aucune autorisation particulière, cela provoquera un
grand préjudice. L’autorisation est une protection. Comprenez donc.
4 -Dans ce passage, il a été dit qu’il faut réciter la haylala 200 fois. Or, les tijanis la récitent 100 fois. Il a été dit également qu’il
faut réciter la jawharat al kamal (la perle de la perfection) onze fois dans la wadzifa au lieu de douze fois. Cela est dû au fait
que la quasi-totalité de ce livre béni a été écrite avant l’installation du cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, à Fès. De plus,
l’auteur sidi haj Ali Harazem est mort plusieurs années avant le décès du cheikh. Donc, il y a de légères différences entre ce
que faisait le cheikh, à la fin de sa vie et ce qui a été mentionné dans ce livre et même dans le livre «al jamie» (recueil de ce
qui a été éparpillé comme sciences du pôle caché sidi Ahmed Tijani), de sidi ibn Méchri. Ces deux livres sources de la voie
Tidjaniya ont été écrits plusieurs années avant la mort du cheikh.
L’érudit sidi Ahmed ben Baba Alaoui Chenguiti a dit dans son livre «la mounya» (le souhait du disciple)
La perle de la perfection était récitée onze fois Mais, durant la vie du cheikh, ils en ont ajouté une fois Cet ajout a été dû à
l’événement suivant : les compagnons du cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, récitaient avec lui leurs litanies et étaient par
conséquent bienséants devant lui. Ils ne pouvaient pas clôturer la wadzifa avant qu’il ne la clôture lui-même. Ils ne
pouvaient pas relever leurs mains pour invoquer Allah avant qu’il les lève. Personne ne pouvait prononcer une lettre avant
le maître. C’était lui qui ouvrait la séance du dzikr et c’était lui qui la clôturait. Ses compagnons l’imitaient en tout ce qu’il
faisait.
Un jour, il s'est absorbé dans la contemplation de la présence prophétique lors de la citation de la perle de la perfection. Il
n’a pas relevé ses mains quand il a récité la onzième fois la perle de la perfection, et il n’a pas clôturé la wadzifa. Ceci a incité
ses compagnons qui étaient assis autour de lui à réciter la perle de la perfection une douzième fois et il a approuvé cet ajout.
C’est ainsi qu’après cet événement la wadzifa se faisait en récitant 12 fois la perle de la perfection et non pas onze. C’est ce
qui s’est fait jusqu’à la mort du cheikh et après sa mort par ses compagnons.

-157-
C'est ce qu'on appelle "la wadzifa" ; elle est obligatoire dans notre voie Tijanie. Il suffit de la citer une
seule fois par jour, le matin ou le soir. S'il est possible de la citer deux fois, aux deux moments, c'est
mieux. Par contre, le wird connu est obligatoire à la fois le matin et le soir, pour celui qui a choisi de
s'engager dans la voie Tijanie. La wadzifa ne remplace pas le wird. Celui qui lit la wadzifa doit
obligatoirement lire le wird. Celui qui rate une séance du wird doit la rattraper. Il est de même pour la
wadzifa ; elle doit être rattrapée comme le wird.
Si le disciple se trouve seul dans une région, il pourra lire la wadzifa tout seul. Mais s'il y a des
confrères, il pourra les rejoindre pour la lire avec eux, en collectivité. C'est une condition de la wadzifa
(sa lecture en collectivité). S'il est en voyage, il pourra la lire seul. S'il ne l'apprend pas, rien ne
l'affectera. La "Jawharate al kamal" ne se lit qu'en état d'ablution avec de l'eau, et non pas après une
ablution par de la terre ou par une pierre (tayamoum); le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, assiste
en effet à sa lecture ; nous verrons cela de plus près à sa place dans le chapitre correspondant.
Parmi les litanies obligatoires de la voie Tidjaniya, il y a le Dzikr de la "Haylala", cité après la prière
d'AI Assre du vendredi, en collectivité. S'il y a des confrères dans la région, il faut les grouper et lire le
Dzikr en collectivité. C'est une condition de la voie Tidjaniya, sans limites ni exclusions, selon la règle de
la voie "Khalouatie". Sinon, il peut suivre ce qui se fait dans sa région en ce qui concerne le mode de
citation. S'il est seul et s'il n'y a pas de confrères dans la région, il pourra lire la Haylala seul. C'est une
condition de la voie Tidjaniya, pour toujours et pour l'éternité.
Parmi les litanies (facultatives) les plus importantes du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, on cite la
"perle des vérités dans l'identification de la réalité du maître des êtres créés". Elle commence par:
"Allah, Allah, Allah. O, Allah, Tu es Allah. Pas de divinité à part Toi." etc1. Le lecteur trouvera cette prière
à sa place dans le chapitre correspondant et trouvera aussi sa vertu, son explication, la vertu de la prière
qui l'a précédée et son explication, si Dieu le veut.
Il est de même pour le "Hirz Al Yamani", c'est-à-dire l'amulette Yéménite appelée aussi: Douâ'a Sayfi
ou invocation "Sayfi". Cette invocation présente un important mérite et une grande récompense. Parmi
ses mérites, celui qui la cite une seule fois, Allah enregistre dans son compte le culte d'une année. Pour
deux citations, c'est deux ans d'adoration d'Allah, et ainsi de suite. Celui qui porte sur lui cette
invocation écrite sera enregistré parmi les grands invocateurs d'Allah, même s'il ne cite pas de litanies.
Le "Sayfi" permet plusieurs autres récompenses. Pour ceux qui s'y intéressent, ils n'ont qu'à consulter
l'ouvrage "les cinq perles" de sidi Mohamed Ghaout Allah.
Le "Hizb Al Bahr" est également compté parmi les litanies facultatives les plus importantes du cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui. Il présente une importante caractéristique. Le cheikh ne l'inculque qu'à l’élite
de ses compagnons à cause de son rang spiritual élevé. Il l'a pris du prophète, prière et salut d'Allah sur
lui, comme les autres invocations susmentionnées ("Sayfi", etc.).
Parmi les grandes litanies du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, on cite aussi "les noms idrissides",
commençant par "Gloire à Allah. Pas de divinité à part Toi, O, seigneur de toute chose ; l'héritier de tout;
son pourvoyeur ; son miséricordieux, etc”. Soit quarante et un noms divins. Le dernier de ces noms est:
O, mon secoureur à tout sinistre, mon répondeur à toute invocation, mon refuge à tout resserrement;
O, mon espoir lorsque je n'ai plus de ruse. Il n'y a pas de condition pour cette litanie. Elle ne nécessite
qu'une autorisation de la part du cheikh. Et elle présente un grand mérite.
Parmi les wirds tijanis les plus importants, qui n'ont pas de semblables, on cite la "Sourate Al Fatiha"
selon sa particularité connue. Elle est l’une des plus grands secrets, elle est le trésor dissimulé. Personne
parmi les vertueux faisant partie de l’élite n'a pu acquérir un tel secret sauf notre maître et cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui. C'est le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, qui lui en a fait cadeau. Nous
évoquerons l'importance de la "Fatiha" et le mode de sa citation ultérieurement.
Parmi les wirds tijanis, on cite aussi la prière de l'ascension des œuvres : O, Allah, prie sur notre
maître Mohamed, le prophète, au nombre de ceux qui ont prié sur lui parmi Tes créatures. Prie sur
notre maître Mohamed, le prophète, comme il faut qu'on prie sur lui.

1 -La translittération de cette prière et son explication figurent dans le chapitre VI.

-158-
Prie sur notre maître Mohamed, le prophète, comme Tu nous as ordonné de prier sur lui1.
Parmi les wirds du cheikh Tijani, satisfaction d'Allah sur lui, on cite ce qui suit : "O, Allah, Ton pardon
est plus ample que mes péchés. Ta clémence est plus espérée pour moi que mon œuvre"2. C'est à citer
trois fois le matin et trois fois le soir. Parmi les wirds du cheikh Tijani, satisfaction d'Allah sur lui, on cite
aussi la litanie du jour et de la nuit trois fois le matin et trois fois le soir. Il s'agit de la litanie suivante :
"Pas de divinité à part Allah. Allah est grand. Pas de divinité à part Allah l'unique. Pas de divinité à part
Allah, et il n'a pas d'associé. Pas de divinité à part Allah. Il a la Royauté et la louange. Pas de divinité à
part Allah. Pas de puissance ni de force sauf par Allah, le Très-Haut, le sublime"3. Parmi les wirds du
cheikh Tijani, satisfaction d'Allah sur lui, on cite aussi le "Cercle supérieur" du grand cheikh, l'unique, le
souffre rouge, Ibn Arabi Hatimi, satisfaction d'Allah sur lui.
On cite aussi la demande du pardon pratiquée par le maître El Khader, meilleure prière et salut
d'Allah sur lui et sur notre prophète ; il s'agit de la demande suivante : "O, Allah, je te demande pardon
de tout péché, duquel je me suis repenti, mais j'y suis retourné. Je te demande pardon de tout ce que je
T'ai promis, par moi-même, et j'ai manqué à ma promesse. Je te demande pardon de toute œuvre, par
laquelle j'ai visé Ta face, mais un associé s'y est infiltré en contre gré. Je te demande pardon de toute
aubaine que Tu m'as offerte, mais que j'ai utilisée pour te désobéir. Je Te demande pardon, O
Connaisseur de ce qui est voilé et de ce qui est manifeste, de tout
péché que j'ai commis à la lumière du jour ou à l'obscurité de la nuit, dans un endroit peuplé ou
désertique, d'une manière cachée ou exposée, O, Longanime"4. Fin. C'est à citer matin et soir, selon
votre capacité.
Parmi ses wirds sublimes, on cite les dix hepta-invocations (al moussabiates al achr) connues par
l’élite et les gens du commun, c'est-à-dire :
• La Sourate Al Fatiha, sept fois, en citant La "Bassmala" (Au nom d'Allah, le très
miséricordieux, le tout miséricordieux).
• Les deux dernières Sourates du Coran (Al Moâwidataynes), sept fois chacune, en citant La
"Bassmala" (Au nom d'Allah, le très miséricordieux, le tout miséricordieux).
• Sourate Al Ikhlasse, sept fois, en citant La Bassmala).
• Sourate Al Kafiroune (les mécréants), sept fois, en citant La Bassmala.
• Ayat Al Kursy, sept fois.
• puis sept fois: "Gloire à Allah. Louange à Allah. Pas de divinité à part Allah. Allah est grand.
Pas de puissance ni de force sauf par Allah, le Très-Haut, le sublime"5.
• Puis sept fois : "O, Allah, prie sur notre maître Mohamed, Ton serviteur, Ton prophète, Ton
messager, le prophète analphabète, et sur sa famille et ses compagnons, et salue- les"6.
• Puis sept fois : "O, Allah, pardonne-moi, ainsi que mes parents"7.
• Puis sept fois : "O, Allah, pardonne aux croyants, aux croyantes, aux musulmans, aux
musulmanes, aux vivants parmi eux et aux morts".1

1 -Translittération : Allahoumma salli ala sayidina mohammadin annabiy adada man salla alayhi min khalqika, wa salli ala
sayidina mohammadin annabiy kama yanbaghi lana ane noussaliya alayhi, wa salli ala sayidina mohammadin annabiy kama
amartana ane noussaliya alayhi.
2 -Translittération : Allahoumma maghfiratouka awssaou mine dhounoubi, wa rahmatouka arja indi mine âmali.
3 -Translittération : La ilaha ilia allah wa allahou akbar, La ilaha ilia allah wahdahou, La ilaha ilia allah wa la charika lahou, La
ilaha ilia allah lahou al moulk wa lahou al hamde, La ilaha ilia allah wa la hawla wa la qouwata ilia billah al aliy al âdime.
4 -Translittération : Allahoumma inni astaghfirouka mine koulli dhanbine toubtou ilayka minhou toumma oudtou fihi, wa
astaghfirouka mine koulli ma waâdtouka bihi mine nafssi toumma lame oufi laka bihi, wa astaghfirouka mine koulli âmaline
aradtou bihi wajhaka fa khalatani fihi ghayrouka, wa astaghfirouka mine koulli niîmatine anâamta biha alayya fa isstaântou
biha ala maâssiyatika, wa astaghfirouka ya âlima al ghaybi wa chahada mine koulli dhanbine adhnabtouhou fi diae annahare
awe ssawadi al layli fi mala aw khala aw sirrine aw âlaniyatine, ya halime.
5 -Translittération : Soubhane Allah, wa al hamdoulillah, wa la ilaha ilia Allah, wa Allahou akbar, wa la hawla wa la qouwata ilia
billah al âliy al âdime.
6 -Translittération : Allahoumma salli ala sayidina mohamadin abdika wa nabiyyika wa rassoulika annabiyyi al oummi wa ala
alihi wa sahbihi wa sallime.
7 -Translittération : Allahoumma ighfire li wa li walidayya.

-159-
• Puis sept fois : "O, Allah, fais d'eux et de moi, dans le présent et dans l'avenir, dans la
religion, dans le monde d'ici-bas et dans l'au-delà, ce que Tu en es digne. Et ne fais pas d'eux
ni de moi, O, Maître ce que nous en sommes dignes. Tu es le pardonneur, le longanime,
l'hospitalier, le généreux, le compatissant, le Miséricordieux"2. Fin.
Parmi ses wirds, satisfaction d'Allah sur lui, on cite aussi ce qui figure dans l'authentique du Boukhari:
"Je certifie qu'il n'est de Dieu que Dieu, unique et sans aucun associé, que Mohammad est Son humble
adorateur et Son Messager, que Jésus est l'humble adorateur de Dieu, Son Messager, Sa Parole qu'il a
jetée à Marie et un Esprit venant de Lui, que le Paradis est vrai et que l'Enfer est vrai"3. C'est à citer
selon la capacité de chacun. Notre cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, recommande de citer ce wird
avant de dormir.
Parmi les wirds qu'il citait après les prières, matin et soir :
• La Sourate Al Fatiha, quatre fois, après chaque prière.
• Puis le verset du trône4 (Ayat Al Kursy) (sourate Al-Baqarah, la vache, verset 255),.une fois.
• Puis l'invocation suivante : "O, Allah (Allahoma) je Te présente, entre les mains de tout
souffle, de tout laps de temps, de tout instant, de tout clin d'œil, lancé par les habitants des
cieux et par les habitants de la terre, de toute chose qui se trouve dans Ton savoir ou qui s'y
est déjà trouvée depuis longtemps, je Te présente entre les mains de tout ceci5
• Puis la "Sourate Al Ikhlasse" une fois. Cette sourate est à citer tout en mettant les mains sur
les yeux. Puis, il faut la citer en mettant la main sur la poitrine.
• Puis l'invocation suivante, trois fois, après chaque prière : "Je me protège par les mots
complets d'Allah contre le mal qu'Allah a créé. Au nom d'Allah qui, rien ne fait mal en
présence de son nom, ni dans la terre ni dans le ciel ; il est l'Audient et l'Omniscient"6.
Puis on cite, après chaque prière, l'invocation suivante : "Toute gloire est à Toi, mon Dieu, depuis
l'origine des temps jusqu'à la fin des temps. Toute élévation est à Toi, mon Dieu, depuis l'origine des
temps jusqu'à la fin des temps. Toute pureté est à Toi, mon Dieu, depuis l'origine des temps jusqu'à la
fin des temps. Et Tu es mon seigneur et le seigneur de toute chose. Pas de divinité à part Toi, O, le plus
généreux des généreux, l'ouvreur par les biens, accorde-moi Ton pardon, ainsi qu'à Tes serviteurs qui
ont cru à ce que Tu as fait descendre sur Tes messagers"7.
Puis on cite, après chaque prière, l'invocation suivante : "Gloire à celui qui s'est fortifié par la
sublimité. Gloire à celui qui s'est couvert par la grandeur. Gloire à celui qui s'est singularisé par l'unicité.
Gloire à celui qui s'est voilé par la lumière. Gloire à celui qui a écrasé les serviteurs par la mort. Prière
d'Allah sur notre maître Mohamed, le noble prophète, sur sa famille et ses compagnons, ainsi que son

1 -Translittération : Allahoumma ighfire lile mouminina wa al mouminati wa al mousslimina wa al mousslimati al ahya


minhoume wa al amwati.
2 -Translittération : Allahoumma ifâale bi wa bihime âajilane wa ajilane fi addini wa dounya wa al akhira ma anta lahou
ahloune, wa la tafâale bina wa bihime ya mawlana ma nahnou lahou ahloune. Innaka ghafouroune halime, jawadoune
karime, raoufoune rahime.
3 -Translittération : Ach-hadou ane la ilaha ilia allah wahdahou la charika lahou, wa anna mouhammadane abdouhou wa
rassoulouhou, wa anna îssa abdou allah wa rassoulouhou wa ibnou amatihi, wa kalimatouhou alqaha ila maryame wa
rouhoune minhou, wa anna al jannata haq, wa anna annara haq.
4 -Translittération : Allah! Point de divinité à part Lui, le Vivant, Celui qui subsiste par lui-même <al-Qayyum>. Ni somnolence ni
sommeil ne Le saisissent. À lui appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. Qui peut intercéder auprès de Lui sans
Sa permission? Il connaît leur passé et leur futur. Et, de Sa science, ils n'embrassent que ce qu'il veut. Son Trône <Kursiy>
déborde les cieux et la terre, dont la garde ne Lui coûte aucune peine. Et II est le Très-Haut, le Très Grand
5 -Translittération : Allahoumma inni ouqaddimou ilayka bayna yadaye koulli nafassine wa lamhatine wa lahdatine wa tarfatine
yatrifou biha ahlou assamawati wa ahlou al ardi, wa koulli chayine houa fi îlmika kayinoune, aw qade kana, ouqaddimou
ilayka bayna yaday dhalika koullihi.
6 -Translittération : Aôudou bi kalimati Allahi attammati mine charri ma khalaqa, bissmillahi alladhi la yadourrou mâa issmihi
chayoune fi al ardi wa la fi assama wa houa assamiôu al âlime.
7 -Translittération : Tabarkta ilahi mina addahri ila addahri, wa taâlayta ilahi mina addahri ila addahri, wa taqaddassta ilahi
mina addahri ila addahri, wa anta rabbi wa rabbou koulli chayine, la ilaha ilia anta, ya akrama al akramina, wa al fattaha bi al
khayrati, ighfire li wa liîbadika alladhina aamanou bima anzalta ala roussoulika.

-160-
meilleur salut"1. La rétribution de cette invocation est la suivante : celui qui s'engage à la citer toujours
après ses prières, Allah lui envoie un ange qui rattrape pour lui les prières qu'il a omises, c'est-à-dire les
prières obligatoires qui restent à sa charge. Mais il ne faut pas compter sur ce rattrapage. C'est au
serviteur d'accomplir les prières qu'il n'a pas effectuées. Et bien sûr : la générosité d'Allah est beaucoup
plus large.
Parmi ses wirds, satisfaction d'Allah sur lui, le matin et le soir, on cite:
• Le verset du trône (Ayat Al Kursiy) sept fois.
• Puis sept fois : «Certes, un Messager pris parmi vous, est venu à vous, auquel pèsent lourd
les difficultés que vous subissez, qui est plein de sollicitude pour vous, qui est
compatissant et miséricordieux envers les croyants. Alors, s'ils se détournent, dis: <Allah
me suffit. Il n'y a de divinité que Lui. En Lui je place ma confiance; et II est Seigneur du
Trône immense» (sourate At-Tawbah, le repentir, versets 128-129).
• Puis l'invocation suivante, trois fois : "Je me protège par les mots complets d'Allah contre le
mal qu'Allah a créé". "Au nom d'Allah qui, rien ne fait mal en présence de son nom, ni dans
la terre ni dans le ciel ; il est l'Audient et l'Omniscient".
• Puis le "Hizb Al Bahre", matin et soir.
• Puis les dix hepta-invocations, matin et soir, comme on l'a déjà mentionné auparavant.
• Puis l'invocation suivante :
ô celui qui a montré le beau, caché le mauvais, pardonné le délit, et qui n'a pas violé la
confidence. Ô celui dont la rémission est immense et le pardon est bien large, qui tend les
mains par la clémence, qui entend tout chuchotement, qui est le refuge de toute plainte,
qui pardonne par générosité, qui a des faveurs immenses, qui commence par les aubaines
avant même d'être méritées. O Seigneur Maître, Tuteur et ultime souhait, je te demande de
ne pas déformer mon visage par l'épreuve d'ici-bas ni par le supplice du feu2. Fin. C'est à
citer selon la capacité de chacun, matin et soir3
• On cite aussi, matin et soir :
Les "Noms Idrissides", une fois le matin et le soir.
• La "Sourate Al Ikhlasse", onze fois le matin et le soir, avec l'intention d'avoir la sécurité et la
protection.
• Le verset du trône sept fois avec l'intention d'avoir la sécurité et la protection.
• Le verset "Ayat Al Heirsse", sept fois avec l'intention d'avoir la sécurité et la protection :
c'est-à-dire la fin de la Sourate At Thaoubah (le repentir, versets 128 et 129) : «certes, un
Messager pris parmi vous, est venu à vous, auquel pèsent lourd les difficultés que vous
subissez, qui est plein de sollicitude pour vous, qui est compatissant et miséricordieux
envers les croyants. Alors, s'ils se détournent, dis: <Allah me suffit. Il n'y a de divinité que
Lui. En Lui je place ma confiance; et II est Seigneur du Trône immense».
• Le "Sayfi", pour l'imploration de la sécurité et la protection, une fois le matin et le soir.
• Le "Hizbe Al Bahre", trois fois le matin et le soir.
• Puis, à citer cent fois, matin et soir l'invocation suivante : Pas de divinité à part Allah. O,
Allah, Tu es celui qui repousse, qui retient, qui protège, tu es le sage4.

1 -Translittération : Soubhana mane taâzzaza bil âdamati, soubhana mane taradda bil kibriyae, soubhana mane tafarrada bil
wahdaniyati, soubhana mani ihtajaba bil nouri, soubhana mane qahara al îbada bil mawti. Wa salla allahou ala sayidina
mohammadine annabiyyi al karimi, wa ala alihi wa sahbihi wa sallama tasslimane.
2 -Translittération : Ya man adhara al jamile, wa ssatara al qabihe, wa lame youakhide bil jarira, wa lame yahtiki assitre, ya
âdima al âfwe, wa ya hassana at tajawouze, wa ya wassiâa al maghfira, wa ya bassita al yadayni bi rrahma, wa ya samiâa
koulli najwa, wa ya mountaha koulli chakwa, wa ya karima assafhe, wa ya âdima al manne, wa ya moubtadiane bi niâmi
qabla isstihqaqiha, ya rabbi wa ya sayyidi wa ya mawlaye, wa ya ghayata raghbati, assalouka alla touchawiha khilqati bi
balae addounya wa la bi âdabi annare.
3 - Le texte de cette invocation figure dans un hadith authentique du prophète, prière et salut d’Allah sur lui, rapporté par Al
Hakem dans son livre «al moustadrak» tome 1 p 729 hadith numéro 2035.
4 -Translittération : La ilaha ilia allah, ya dafiou, ya maniou, ya hafidh, ya hakime.

-161-
Parmi les litanies du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, on trouve une invocation citée par Abou Taleb
dans son livre "L'aliment des coeurs". Cette invocation présente un grand mérite ; le lecteur le
découvrira, dans le chapitre réservé aux mérites des litanies. Il s'agit de l'invocation suivante :
• Tu es Allah. Pas de divinité à part Toi. Tu es le seigneur des mondes1.
• Tu es Allah. Pas de divinité à part Toi. Tu es le Vivant, le subsistant par Soi2.
• Tu es Allah. Pas de divinité à part Toi. Tu es le Sublime, le plus Haut, le plus important,
l'immense3.
• Tu es Allah. Pas de divinité à part Toi. Tu es L'Indulgent, qui absout les péchés de qui
retourne vers Lui, Le Pardonneur qui pardonne sans cesse et sans limite4.
• Tu es Allah. Pas de divinité à part Toi. Tu es le créateur de toute chose, sans modèle
préalable et à Toi les choses retournent5.
• Tu es Allah. Pas de divinité à part Toi. Tu n'as jamais engendré et Tu n'as pas été engendré
non plus6.
• Tu es Allah. Pas de divinité à part Toi. Tu es Le Puissant- Irrésistible, Le Très Sage7.
• Tu es Allah. Pas de divinité à part Toi. Tu es le très Miséricordieux, le tout Miséricordieux8.
• Tu es Allah. Pas de divinité à part Toi. Tu es le Maître du Jour de la rétribution9.
• Tu es Allah. Pas de divinité à part Toi. Tu es le créateur du bien et du mal10.
• Tu es Allah. Pas de divinité à part Toi. Tu es le créateur du paradis et de l'enfer11.
• Tu es Allah. Pas de divinité à part Toi. Tu es le seul, l'unique, le singulier, Le Seul à être
imploré. Tu n'as jamais eu de compagne ni d'enfant12.
• Tu es Allah. Pas de divinité à part Toi. Tu es le seul, l'unique, le singulier, L'impair13.
• Tu es Allah. Pas de divinité à part Toi. Tu es Le Connaisseur de ce qui est caché et de ce qui
est apparent14.
• Tu es Allah. Pas de divinité à part Toi. Tu es le Roi, L'infiniment Saint et pur15.
• Tu es Allah. Pas de divinité à part Toi. Tu assures la paix et la protection à Tes créatures, Tu
es Le Fidèle, le Sécurisant, Tu tiens Ta promesse, Tu es Le Prédominant, Le Maître16.
• Tu es Allah. Pas de divinité à part Toi. Tu es Le Tout Puissant, Le Contraignant,
L'Orgueilleux17.
• Tu es Allah. Pas de divinité à part Toi. Tu es le Créateur qui donne un commencement à
toute chose18.
• Tu es Allah. Pas de divinité à part Toi. Tu es l'Unique, Le Formateur19.
• Tu es Allah. Pas de divinité à part Toi. Tu es L'infiniment Grand, L'Exalté Dieu20.
• Tu es Allah. Pas de divinité à part Toi. Tu as pouvoir sur tout, Tu es le réducteur, le
contraignant1.

1 -Translittération : Anta Allah, la ilaha ilia anta rabbou al alamine.


2 -Translittération : Anta Allah, la ilaha ilia anta al hayyou al qayyoume.
3 -Translittération : Anta Allah, la ilaha ilia anta al âliyou al âdime.
4 -Translittération : Anta Allah, la ilaha ilia anta al âfouwou al ghafoure.
5 -Translittération:Anta Allah,la ilaha ilia antamoubdiou koulli chayine wa ilayka yaôude.
6 -Translittération : Anta Allah, la ilaha ilia anta, lame talide wa lame toulade.
7 -Translittération:Anta Allah,la ilaha ilia antaal âzizou al hakime.
8 -Translittération:Anta Allah,la ilaha ilia antaarrahmanou arrahime.
9 -Translittération:Anta Allah,la ilaha ilia antamalikou yawmi addine.
10 -Translittération:Anta Allah,la ilaha ilia antakhaliqou al khayri wa al charri.
11 -Translittération : Anta Allah, la ilaha ilia anta khaliqou al jannati wa annari.
12 -Translittération : Anta Allah, la ilaha ilia anta al wahidou al ahadou, al fardou assamadou, alladhi lame yattakhide

sahibatane wa la waladane.
13 -Translittération : Anta Allah, la ilaha ilia anta al wahidou al ahadou, al fardou al witrou.
14- Translittération : Anta Allah, la ilaha ilia anta âlimou al ghaybi wa al chahada.
15-Translittération:AntaAllah,lailahailiaantaalmalikoual qouddouss.
16-Translittération:AntaAllah,lailahailiaantaassalamoual mouminou al mouhayminou.
17 -Translittération : Anta Allah, la ilaha ilia anta al âzizou al jabbarou al moutakbbirou
18 -Translittération :Anta Allah, la ilaha ilia anta alkhaliqoual bariou.
19 -Translittération:AntaAllah,lailahailiaantaalahadoual moussawirou.
20 -Translittération : Anta Allah, la ilaha ilia anta al kabirou al moutaâle

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• Tu es Allah. Pas de divinité à part Toi. Tu es Le patient, l'indulgent Qui ne se laisse pas
emporter par la colère, Le généreux2.
• Tu es Allah. Pas de divinité à part Toi. Tu es Le Puissant dont La Puissance est totale, rien ne
peut la défier, Tu pourvois et Tu crées les subsistances et leurs causes3.
• Tu es Allah. Pas de divinité à part Toi. Tu es Digne de compliment et de gloire4.
• Tu es Allah. Pas de divinité à part Toi. Tu as connaissance de ce qui est secret et de ce qui est
encore plus caché et dissimulé5.
• Tu es Allah. Pas de divinité à part Toi. Tu es au-dessus des gens et de la créature6.
• Tu es Allah. Pas de divinité à part Toi. Tu es le contraignant, L'Orgueilleux7. Fin.
Cette invocation est citée une fois le matin et une fois le soir, ou bien à la fin des prières.
Parmi ses litanies, satisfaction d'Allah sur lui, on cite la glorification suivante : "Gloire à Allah.
Louange à Allah. Pas de divinité à part Allah. Allah est grand. Pas de puissance ni de force sauf par Allah,
selon l'ampleur de son savoir, le nombre de ses sciences et le poids de ses connaissances"8. Cette litanie
peut être citée à tout moment, sans limites, ni en nombres ni en moments de citation. La vertu de cette
glorification sera mentionnée ultérieurement, inchallah (selon la volonté d'Allah).
Quant à la référence de sa voie Mohammadienne, satisfaction d'Allah sur lui, le cheikh nous a dit :
nous avons appris de différents éducateurs, satisfaction d'Allah sur eux, mais l'objectif n'a pas été
atteint. Par ailleurs, notre référence et appui dans la présente voie n'est autre que le maître de l'univers
lui-même, prière et salut d'Allah sur lui. Allah a décrété notre levée de voile et notre arrivée à lui, par
l'intermédiaire de son prophète. Aucun éducateur, autre que lui, n'a la possibilité de m'affecter. Fin de
la citation du cheikh.
Quant au mérite des disciples du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui : le maître de l'univers, prière et
salut d'Allah sur lui, l'a informé que : "celui qui l'aime sera considéré comme un bien-aimé du prophète,
prière et salut d'Allah sur lui. Il ne mourra qu'après son accès formel au grade spirituel d'élu". Ce qu'on
vient de dire est largement suffisant.

PARTIE II : MÉRITE DU WIRD TIJANI. GRÂCE ACCORDÉE À SON LECTEUR ; DESCRIPTION DU DISCIPLE
ET DE SON ÉTAT; ET LES CAUSES QUI COUPENT LE DISCIPLE DE SON ÉDUCATEUR

Je dis, qu'Allah nous accorde succès, aide et guidance au droit chemin ; le cheikh, satisfaction d'Allah
sur lui, a dit : le maître de l'univers, prière et salut d'Allah sur lui, m'a informé, en état d'éveil, et non pas
de sommeil :
Tu es du nombre de ceux qui sont en sécurité9 . Tous ceux qui t'ont vu sont en sécurité s'ils
terminent leurs jours en bonne foi ; tous ceux qui t'ont accordé une faveur, un service, des vivres
entrent au paradis sans compte à rendre ni punition.

1 -Translittération : Anta Allah, la ilaha ilia anta al mouqtadirou al qahare.


2 -Translittération : Anta Allah, la ilaha ilia anta al halimou al karime.
3 -Translittération : Anta Allah, la ilaha ilia anta al qadirou al razzaque.
4 -Translittération : Anta Allah, la ilaha ilia anta ahlou attana wa al majde.
5 -Translittération:Anta Allah, la ilaha ilia anta taâlamou assirra wa akhfa.
6 -Translittération:Anta Allah, la ilaha ilia anta fawqa al khalqi wa al khaliqa.
7 -Translittération : Anta Allah, la ilaha ilia anta al jabbarou al moutakabbirou
8 -Translittération : Soubhane Allah, wa al hamdoulillah, wa la ilaha ilia allah, wa allahou akbar, wa la hawla wa la qouwata ilia
billahi, mila ma âlima wa adada ma âlima wa zinata ma âlima.
9 - L’érudit sidi Lahcen Baaqili a dit dans son livre «Achourb Assafi, mina al karami addafi, hachia ala kitab Jawahir al Maâni» (la
boisson pure, issue de l'abondante générosité, représentant une marge écrite et des annotations sur le livre perles des
significations) :
Son dire «tu es parmi les rassurés» (ou tu es du nombre de ceux qui sont en sécurité) signifie qu’il est parmi les rassurés de
tout mal qui peut l’atteindre, de toute suspicion dans le monothéisme, de la mauvaise fin, de la terreur, de toute tristesse,
du dire d’Allah : toi, mauvais serviteur, de tout ce qui peut le voiler ou voiler ses compagnons d’Allah, et de la possibilité
qu’Allah le blesse en traitant mal ses compagnons.

-163-
Puis le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : lorsque j'ai vu ce que le prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, m'a montré et annoncé comme dilection et amour, je me suis rappelé mes bien- aimés,
ainsi que ceux qui m'ont accordé une bienfaisance et ceux qui se sont attachés à moi par un certain
service. C'est comme si j'étais en train d'entendre la plupart d'eux me dire: on va te demander des
comptes à rendre entre les mains d'Allah si nous entrons en enfer alors que tu nous vois.
Et moi je leur réponds : je ne peux rien pour vous. Mais lorsque j'ai vu cet amour de la part du
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, je lui ai demandé cette faveur :
• Pour tous ceux qui m'aiment sans qu'ils se transforment en ennemis après.
• Pour tous ceux qui m'ont présenté une certaine bienfaisance, aussi moindre soit-elle, sans
qu'ils se transforment en ennemis après.
• Et surtout pour celui qui m'a invité à son repas.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : ils entreront tous au paradis sans compte à rendre ni
punition. Puis, il a dit, satisfaction d'Allah sur lui, j'ai demandé au prophète, prière et salut d'Allah sur lui,
de me garantir le pardon d'Allah concernant tous les péchés (antérieurs ou postérieurs) de tous ceux à
qui j'ai autorisé de faire un Dzikre. Qu'Allah les acquitte de leurs dettes à partir des coffres de Sa
largesse et non pas à partir de leurs bonnes oeuvres "hassanates". Qu'il les exempte du compte à rendre
sur tout acte qu'ils ont commis.
Qu'Allah les rassure de son supplice, depuis leur mort à leur entrée au paradis. Qu'ils entrent au
paradis sans compte à rendre ni punition1, dans le premier groupe. Qu'ils soient tous avec moi au
"lllyine", au voisinage du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Il m'a dit : "je te garantis l'exaucement
de tout ceci en leur faveur, garantie qui ne s'annulera jamais jusqu'à ce que toi et vous tous, soyez à
mon voisinage, au "lllyine""
Sachez, cher lecteur, que ce que je viens d'écrire m'a été dicté à l'origine, de la part du cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui, à partir de sa mémoire et de ses mots. J'ai découvert ensuite un texte qu'il a
écrit lui-même. Il s'agit de ce qui suit :
Je demande de la largesse de notre maître, le messager d'Allah, prière et salut d'Allah sur lui, de me
garantir l'entrée au paradis au sein du premier groupe, sans compte à rendre ni punition, ainsi que
chacun de mes parents et de mes arrières grands-parents, des plus proches aux plus lointains, dans
l'Islam, dans les deux généalogies paternelle et maternelle.
Qu'il me garantisse ceci également pour toute la progéniture (hommes, femmes, petits et grands) de
mes parents, de mes grands- parents jusqu'au onzième degré, des deux côtés, du père et de la mère,
depuis leur époque jusqu'à la mort de Jésus, fils de Marie.
Je sollicite du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, que dans cette garantie rentrent aussi :
• Tous ceux qui m'ont offert une certaine bienfaisance, matérielle ou morale, même si elle est
de l'ordre d'un atome.

Son dire «tous ceux qui t'ont vu» signifie qui t’ont vu même en rêve, car le Diable ne prend jamais son apparence, puisqu’il
est le successeur du prophète, prière et salut d’Allah sur lui, et il le suit en toute chose pas par pas. Les savants sont les
héritiers des prophètes.
1 - Dans le tome 1 de son livre «asserate al moustaqim» (le droit chemin élucidé lors du démenti du livret intitulé «annahj al
qawime» le précepte droit), l’érudit sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ a dit : cette déclaration du cheikh, satisfaction d’Allah
sur lui, a été dite à la suite de ce qu’il a entendu de la part du maître de l’univers, prière et salut d’Allah sur lui, concernant
ses compagnons et ses bien-aimés. Évidemment, il n'existe aucune raison qui peut interdire au Vrai de faire entrer un
groupe de personnes au paradis sans compte à rendre ni punition, et qui peut interdire que les compagnons de ce cheikh
soient au premier rang de ce groupe.
Cette distinction n'implique pas que ses compagnons soient plus valeureux que les compagnons du prophète, prière et salut
d'Allah sur lui. En plus, elle est spécifique à ceux qui ont atteint le rang des compagnons du cheikh, et non pas aux gens du
commun qui prétendent être ses compagnons alors qu'ils sont loin de l'être.
Les compagnons du cheikh sont ceux qui respectent les conditions de sa voie et qui ne se sentent pas à l'abri du stratagème
d'Allah. lls ne s,appuient sur aucun acte de bien qu'ils ont fait, et ils ne laissent pas leurs âmes errer dans le domaine de la
passion. lls prennent en considération tous les avertissements du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, qui se trouvent dans ses
lettres et dans ses traces. «Allah ne commande point la turpitude». Et Allah guide qui ll veut vers un droit chemin.

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• Tous ceux qui m'ont fait bénéficier de quelque chose, matérielle ou morale, même si elle est
de l'ordre d'un atome, dès ma sortie du ventre de ma mère jusqu'à ma mort.
• Tous mes éducateurs qui m'ont enseigné une science, un verset coranique, une litanie ou un
secret, parmi ceux qui n'ont aucune hostilité à mon égard ; j'exclus mes ennemis et ceux qui
me haïssent.
• Tous ceux qui m'aiment et ne me sont pas hostiles.
• Tous ceux qui me considèrent comme un élu ou un cheikh, tout en apprenant de moi une
certaine litanie.
• Tous ceux qui m'ont rendu visite, m'ont présenté un service, ont accompli une tâche pour
moi ou m'ont offert une certaine invocation.
Tous ces gens, dès ma sortie du ventre de ma mère jusqu'à ma mort, ainsi que leurs parents, enfants,
filles, femmes, parents de leurs femmes, tous ceux qui m'ont allaité, leurs fils et filles, parents et parents
de leurs époux, tous ceux-ci rentrent dans la garantie du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Nous
sollicitons, dans cette garantie que nous mourrons, chacun des vivants parmi eux et moi-aaqilimême, en
bonne foi et dans l'Islam. Qu'Allah nous épargne tous de tout son supplice, de sa punition, de sa
répression, de sa frayeur, de sa terreur et de tous les maux, depuis la mort jusqu'à l'installation au
paradis. Qu'il nous pardonne tous nos péchés antérieurs ou postérieurs.
Qu'Allah règle pour nous tous: nos dettes et les torts que nous avons faits à autrui, à partir des
coffres de Sa largesse, puissance et solennité à lui, et non pas à partir de nos bonnes œuvres,
"Hassanates". Qu'Allah, le puissant, le solennel, nous rassure tous le jour de la résurrection et nous
exempte du compte à rendre, de la polémique et de son interrogation sur le peu et le considérable.
Qu'Allah nous mette tous sous l'abri de son trône le jour de la résurrection. Que le seigneur me fasse
traverser le sentier (Serate), ainsi que chacun des gens susmentionnés, plus rapidement qu'un clin d'œil,
sur les bras des anges. Qu'Allah nous donne tous à boire du lac "Al Haoud" de notre maître sidna
Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, le jour de la résurrection. Qu'il nous fasse renter tous au
paradis dans le premier groupe sans compte à rendre ni punition.
Que le seigneur fasse que nous soyons tous installés au paradis à "lllyine", au sein du paradis "Al
Firdaous", au sein du paradis "Adane". Je demande à notre maître, le messager d'Allah, prière et salut
d'Allah sur lui, par Allah, de garantir à tous ces gens que j'ai mentionnés dans ce document et à
moi-même tout ce que j'ai demandé d'Allah, pour eux et pour moi-même, en toute perfection. Et que
cette garantie nous fasse tous parvenir à tout ce que j'ai demandé d'Allah pour eux et pour moi dans ce
livre. Fin.
Le prophète, prière et salut d’Allah sur lui, lui a répondu par son dire: "je te garantis tout ce qui a été
mentionné dans ce document, une garantie sans aucune défaillance, en ta faveur et en la leur, pour
toujours, jusqu'à ce que tu sois dans mon voisinage, toi et tous ceux que tu as mentionnés, au plus haut
lllyine. Je te garantis tout ce que tu nous as demandé, une garantie qui ne peut jamais être manquée.
Paix sur vous". Fin de l'écriture du cheikh, lettre par lettre.
Puis le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : tout ceci a eu lieu en état d'éveil et non pas de
sommeil. Quant à vous et à tous les bien-aimés, vous n'avez pas besoin de mon regard. C'est celui qui
n'est pas un de mes bien-aimés qui en a besoin ; c'est aussi le cas de celui qui ne s'est pas engagé dans
ma voie et de celui dont je n'ai jamais goûté le repas, etc.
Mais vous et ceux-ci, vous avez déjà bénéficié de la garantie du prophète, sans que vous ayez besoin
de mon regard. En plus, vous serez avec moi au "lllyine". Et ne croyez pas que "lllyine" est au même pied
d'égalité que le paradis ordinaire. Le rapport entre les deux est tel que :
Si une baie de raisin ou d'un autre fruit (sans parler des houris) sort du "premier” paradis au monde
d'ici-bas, la lumière du soleil sera éteinte!
Si une baie de raisin ou d'un autre fruit sort du "second" au "premier" paradis, toutes les lumières
des habitants de ce dernier seront éteintes et ils seront troublés !
De même, si une baie de raisin ou d'un autre fruit sort du "troisième" au "second" paradis, toutes les
lumières des habitants de ce dernier seront éteintes. Si une baie de raisin ou d'un autre fruit sort du

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"quatrième" au "troisième" paradis, toutes les lumières des habitants de ce dernier seront éteintes. Si
une baie de raisin ou d'un autre fruit sort du "cinquième" au "quatrième" paradis, toutes les lumières
des habitants de ce dernier seront éteintes. Si une baie de raisin ou d'un autre fruit sort du "sixième" au
"cinquième" paradis, toutes les lumières des habitants de ce dernier seront éteintes. Si une baie de
raisin ou d'un autre fruit sort du "septième" au "sixième” paradis, toutes les lumières des habitants de
ce dernier seront éteintes.
Le septième paradis est le "Firdaous”. Alors que "lllyine" est au-dessus du "Firdaous". Si une baie de
raisin ou d'un autre fruit sort du "lllyine" au "Firdaous", toutes les lumières des habitants de ce dernier
seront éteintes, ils seront troublés, et ils ne s’intéresseront plus à ce qu'ils possèdent.
"lllyine" est le siège réservé uniquement aux prophètes, aux grands élus de cette communauté
musulmane et aux bien guidés issus des communautés précédentes, sans qu'ils soient des prophètes.
Voilà donc le rapport entre "lllyine" et les autres paradis. À vous de faire l'analogie avec tout ce qu'Allah
a créé dans le paradis comme houris, palais et autres, etc.
Pensez-y et vous découvrirez la valeur du paradis "lllyine" par rapport aux autres paradis, ainsi que le
rapport qui existe entre eux. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, m'a fait l'honneur de me
garantir l'entrée et l'installation de tous ceux que j'ai mentionnés au sein du paradis "lllyine", sans
compte à rendre ni punition.
Quant à celui qui m'a vu et qui n'a eu que le regard, il ne peut aspirer qu'à son entrée au paradis sans
compte à rendre ni punition ni supplice. Il ne bénéficiera pas d'Illyine, sauf s'il fait partie de ceux que j'ai
mentionnés, c'est-à-dire de nos bien-aimés, de ceux qui nous ont fait une faveur et de ceux qui ont pris
une litanie tijanie. Ceux-ci s'installeront avec nous en lllyine.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, nous a garanti cette faveur selon une promesse sincère
qui ne manquera jamais. Mais j'ai exclu celui qui, après une certaine dilection et bienfaisance, s'est
transformé en un ennemi. Il n'aura alors aucune chance d'avoir une telle faveur. J'ai demandé
également au prophète, prière et salut d'Allah sur lui, que ces gens meurent en qualité de musulmans. Si
vous êtes bien attachés à notre affection et amour, soyez donc réjouis de cette annonce agréable; cela
arrivera formellement à tous nos bien-aimés. Fin.
Puis le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : celui qui a pris mon wird connu qui est obligatoire
dans la "Tariqa'', ou bien directement de moi ou bien à travers ceux que j'ai autorisés à le transmettre,
entrera au paradis, ainsi que ses parents, ses conjointes et sa descendance directe, pas les petits
enfants, et ce sans compte à rendre ni punition.
Mais à condition que ces gens susmentionnés n'émettent aucune insulte et n'éprouvent aucune
haine ou hostilité à mon égard. Ils doivent continuer à aimer le cheikh jusqu'à la mort et à lire ses
litanies jusqu'à la mort.
Puis le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : j'ai dit au prophète, prière et salut d'Allah sur lui :
est-ce que ce mérite est spécifique uniquement à celui que j'ai autorisé moi-même à prendre le wird, ou
même à celui qui l'a pris par l'intermédiaire d'un autre que j'ai autorisé. Il m'a répondu en disant : "celui
que tu as autorisé à éduquer les disciples, s'il donne ce wird à quelqu'un, c'est comme s'il l'a pris
directement et oralement de toi ; il a donc ma garantie". Ce mérite regroupe ainsi tous ceux qui lisent
ces litanies, qu'ils m'aient vu ou pas.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a informé le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, de ce qui
suit : par la puissance de mon seigneur, les lundis et les vendredis, je ne me séparerai jamais de toi,
depuis l'aube au coucher du soleil, accompagné de sept anges. Tous ceux qui te voient pendant ces deux
jours-là, les deux anges écriront leurs noms sur une pièce en or et écriront qu'ils sont dignes du paradis.
J'en suis témoin1. Prie donc énormément sur moi pendant ces deux jours. Chaque prière que tu

1 - Concernant ce prodige, le gnostique sidi Mohamed Arbi ben Sayeh a dit dans son livre «boughyat al moustafid» (le souhait
du bénéficiaire exaucé lors de l'explication du livre al mounya) :
Celui qui bénéficie de cette vue durant l’un de ces deux jours sera spécifié par le bonheur qui ne permet aucun malheur
après. En d’autres termes, il ne le voit, satisfaction d’Allah sur lui, durant ces deux jours que celui qui est enregistré dans le

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effectueras sur moi, je l'entendrai et je te rendrai le salut. Il en est de même pour toutes tes œuvres,
elles me sont exposées. Fin.
Je dis (il s'agit de l'auteur): ce mérite de grande valeur, c'est- à-dire l'entrée du disciple tijani au
paradis sans compte à rendre ni punition, ainsi que ses parents, ses conjointes et sa descendance, n'a
jamais été accordé à un des autres élus. On n'a jamais entendu parler d'un tel mérite rapporté sur l'un
d'eux. Même, certains élus comme le cheikh Abdelqader Jilani, Sidi Abderrahman Taâlibi et Moulay
Touhami, satisfaction d'Allah sur eux, qui ont affirmé que celui qui a bénéficié du regard de ceux qui les
ont vus, entre au paradis, il n'a pas été rapporté, d'après eux, que leur disciple entre au paradis sans
compte à rendre ni punition. Mais pour le cas de notre cheikh Sidi Ahmed Tijani, satisfaction d'Allah sur
lui, ses disciples ont la spécificité qui consiste à entrer au paradis sans compte à rendre ni punition.
Malgré cela, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit, en avertissant ses compagnons et en les
conseillant : je vous dis ce qui suit: "le prophète, maître de l’univers, prière et salut d'Allah sur lui, nous a
garanti que celui qui nous insulte et continue à le faire sans se repentir, ne meurt que mécréant". Je dis
aux confrères : celui qui s'engage dans notre litanie, tout en apprenant ce qu'elle comprend comme
rétribution, entrée au paradis sans compte à rendre ni punition, annulation des péchés, etc. Et s’adonne
aux péchés à cause de cette garantie, tout en la considérant comme une sécurité contre la punition
d'Allah, Allah habillera son cœur par une haine qu'il éprouvera pour nous au point de nous insulter. Une
fois qu’il nous insulte, Allah le fera mourir mécréant. Méfiez-vous donc des péchés devant Allah et de sa
punition.
Celui qui se donne à un certain péché, selon le destin divin, sachant que le serviteur n'est pas à l'abri
des péchés, qu'il ne l'approche qu'avec un cœur qui pleure, et qui craint la punition d'Allah. Fin.
Rappelons ici des vers qui montrent le mérite du wird ; ils sont composés par un certain lettré qui dit:
Notre Tijani a une maison pleine de biens, de prières et de litanies,
le rappel des noms d’Allah y est sans cesse programmé dans des moments précis. Et ceci est très
connu.
Il a fait revivre la voie des gens dignes d’Allah : ses élus.
C’est grâce à lui que le groupe des disciples est indissociable que toute casse est réparable.
Le Sheikh est l’éducateur des professeurs. Il a une poche qui renferme de la lumière et des secrets
supérieurs, le paradis «Firdaous», est sa singulière et ultime maison.
Il est lui-même son trésorier, à l’image de l’ange «Redouane» , la bénédiction,
le trésorier du paradis. Les houris de sa maison ne sont autres que les litanies.
Son «Kaouthar» déborde des litanies du dzikr.
Vous n’avez qu’à boire ; voilà votre récompense honorifique. Ses litanies ont été rapportées,
d’après le messager d’Allah L'élevé; il en est de même pour ses sublimes actes.
Le secret est ainsi transmis par voie de succession et par pacte.
Suivez-le; je vous en prie. Votre succession vous sera salutaire.
Faites de votre mieux pour faire partie de son côté, oui mon chère.

savoir pré-éternel d’Allah, parmi les gens dignes du bonheur. Donc cette annonce concerne également les mécréants de par
la pure largesse du Roi Pourvoyeur. En effet, si un mécréant le voit, satisfaction d’Allah sur lui, durant l’un de ces deux jours,
il jouira d’une bonne fin et mourra croyant.
Parmi les événements qui illustrent ce fait, il a été rapporté de l’élite des compagnons du cheikh, satisfaction d’Allah sur lui,
qu'un juif cousait un habit pour notre maître. Quelques compagnons se sont alors assis en sa présence et ils ont discuté
entre eux au sujet de ce prodige. Le juif a entendu toute leur discussion sans qu’ils ne s’en rendent compte et il fit en sorte
de terminer sa couture durant l’un des deux jours en question, le lundi ou le vendredi. Ensuite, il demanda au responsable
de pouvoir montrer lui-même au cheikh son travail, lui évoquant qu’il désirait lui demander de pieuses invocations (Dou’a).
Le responsable se concerta avec le cheikh lui exposant le désir du couturier et il l’autorisa. L'homme entra donc et s’assit
près de lui en posant longuement son regard sur son visage, ensuite il lui dit : «Ô Sidi ! Voilà que j’ai regardé ton visage alors
que nous sommes tel jour !» Sidna Ahmed Tijani, satisfaction d’Allah sur lui, invoqua pour lui et ils se séparèrent.
Après une certaine période, le couturier s’est converti à l’Islam et il mourut musulman après la mort du cheikh, satisfaction
d’Allah sur lui. Cet événement certifie la garantie du Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, qui a été fortifiée par son
serment.

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La chance de celui qui se met à ses côtés est prometteuse.
Ne manquez pas de citer ses litanies prodigieuses, mentalement, en vous-même, ou publiquement.
Celui qui se rappelle Allah est bien mentionné par Allah abondamment.
Soyez heureux, chers disciples, grâce à ces litanies ! Et sachez que leur récitation vous est obligatoire.
Restez-y attachés, matin et soir ; ces litanies comptent parmi les moyens les plus importants pour tout
disciple. Soyez donc heureux et remplissez-en votre temps, en les citant. Espérons qu'Allah vous accorde
la sauvegarde grâce à ces litanies. D'ailleurs, le serviteur ne gagne de sa vie d'ici-bas que ce qu'il a
consommé dans l'obéissance de son seigneur. En dehors de cela, tout va être laissé derrière nous. Ce
que nous avons cité est largement suffisant pour celui qui dispose d'une diligence de la part d'Allah.
Tout ce qu'on vient de voir constitue la rétribution du wird qui est obligatoire dans la Tariqa et qui a été
accordé à notre cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, et recommandé à ses disciples par le prophète sidna
Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui.
Quant à la rétribution détaillée des litanies, je dis, qu'Allah nous accorde le succès: Allah dit,
solennité à lui : «Fais preuve de patience [en restant] avec ceux qui invoquent leur Seigneur matin et
soir, désirant Sa Face. Et que tes yeux ne se détachent point d'eux, en cherchant (le faux) brillant de la
vie sur terre. Et n'obéis pas à celui dont Nous avons rendu le cœur inattentif à Notre Rappel, qui
poursuit sa passion et dont le comportement est outrancier» (Sourate La caverne, Al-Kahf, verset 28).
D'après "Qatada" satisfaction d'Allah sur lui : le coran vous montre votre maladie et votre remède, votre
maladie consiste en vos péchés. Votre remède est l'invocation du pardon d'Allah. Tirmidi a publié,
d'après Abi Moussa Al Ach'âri, satisfaction d'Allah sur lui, ce qui suit : Le prophète, prière et salut d'Allah
sur lui, a dit : «Allah a fait descendre sur moi deux sécurités en faveur de ma communauté : «Dieu n'est
pas de nature à les soumettre au supplice alors que tu te trouves parmi eux et II n'est pas disposé à
les y soumettre pendant qu'ils implorent Son pardon» (Sourate Le butin, Al-Anfal, verset 33). Donc une
fois que je pars, je leur laisse la demande du pardon».
Ahmed a rapporté, d'après "Fadala Ben Oubayd", satisfaction d'Allah sur lui, d'après le prophète,
prière et satisfaction d'Allah sur lui, le hadith suivant : "le serviteur est en sécurité du supplice d'Allah,
tant qu'il implore le pardon d'Allah". Ben Abi Chayba a rapporté, d'après Abi Saïd Al Khodri, satisfaction
d'Allah sur lui, le hadith suivant du prophète, prière et satisfaction d'Allah sur lui : "Celui qui dit cinq fois
"J'implore le pardon d'Allah, pas de divinité à part Lui, le Vivant, Celui qui subsiste par Lui-même
(al-Qayyum) et je me repens à lui", se voit décharger de tout ses péchés quand même ils auraient le
volume de l'écume de la mer". Allah, le Très-Haut, a dit : «Quiconque agit mal ou fait du tort à
lui-même, puis aussitôt implore d'Allah le pardon, trouvera Allah Pardonnant et Miséricordieux»
(Sourate An Nisaa, les femmes, verset 110).
Quant au mérite de la prière "Fatihi", j'ai entendu notre cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, dire :
j'étais occupé par la lecture de la prière "Fatihi", lors de mon retour du pèlerinage à Tlemsan, à cause de
son grand mérite. En effet, sa lecture une seule fois équivaut à six cent mille prières, comme indiqué
dans le document "La fleur des coeurs" ou "Wardat El Jouyoub".
L'auteur dudit livre, sidi Mohamed Bekri Seddiki, pôle et résident en Égypte, satisfaction d'Allah sur
lui, a dit: si le lecteur d'une seule fois de la "Fatihi" ne rentre pas au paradis, qu'il me tienne et me
dénonce devant Allah. J'ai continué donc à la citer jusqu'à mon voyage de Tlemsan à Abi Semghoun.
Mais, lorsque j'ai entendu parler de la prière dont la récompense d'une seule lecture équivaut à
soixante-dix mille fois la lecture de tout le "Dala'il Al Khayrat", j'ai alors abandonné la "Fatihi" et je me
suis occupé à citer cette prière à cause de son grand mérite.
Cette prière est la suivante : "O, Allah, prie sur notre maître sidna Mohamed et sur sa famille, une
prière qui équivaut à toutes les prières des gens dignes de Ton affection, et salue notre maître sidna
Mohamed et sa famille, un tel salut qui équivaut au leur". Puis le prophète, prière et salut d'Allah sur lui,
m'a ordonné de revenir à la Salat El "Fatihi".
Lorsqu'il m'a ordonné d'y revenir, je lui ai demandé son mérite. Il m'a d'abord informé que la lecture
de la "Fatihi" une seule fois équivaut à six fois la lecture du Coran. Il m'a ensuite informé que cette
lecture d'une seule fois de la "Fatihi" équivaut à toute glorification (d'Allah) ayant lieu dans l'univers, à

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tout rappel d'Allah, à toute invocation, qu'elle soit grande ou petite, et au coran six mille fois, en
considérant ici le coran comme une litanie.
Par ailleurs, on trouve également parmi les invocations du cheikh la prière "Sayfi". Sa citation une
seule fois équivaut à la rétribution du jeûne du ramadan, de la prière le long de la nuit d'AI- Qadr et de
l'adoration d'Allah pendant une année. La citation de la Sourate "Al qadr" présente quant à elle la même
rétribution, d'après notre cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, d'après le maître de l'univers, prière et salut
d'Allah sur lui. En outre, il y a une invocation plus importante que le "Sayfi", il s'agit de "Ya mane
Adzhara Al Jamil, etc" (ô celui qui a montré le beau, etc.). Le rapporteur a dit : l'Ange Gabriel, prière et
salut d'Allah sur lui, a apporté cette invocation au prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Il lui a dit : je
suis venu pour t'offrir un cadeau. Lequel ? a dit le prophète, prière et salut d'Allah sur lui. L'ange Gabriel,
prière et salut d'Allah sur lui, a cité alors cette invocation. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a
dit : quelle est sa rétribution? L'Ange Gabriel, prière et salut d'Allah sur lui, a répondu : si les anges des
sept deux se sont groupés pour la décrire, ils ne peuvent pas la décrire d'ici jusqu'au jour de la
résurrection, sachant que chacun d'eux ne décrit pas ce que l'autre décrit. Ils ne peuvent pas délimiter la
rétribution de cette invocation. Comme exemple d'une partie de cette rétribution, Allah dit :
En récompense, j'offre au lecteur de cette invocation une rétribution au nombre de mes créatures
dans les sept deux, dans le paradis et l'enfer, dans le trône et le siège, au nombre des gouttes de la pluie
et des mers, et au nombre de la rocaille et du sable.
De même, comme exemple d'une partie de cette rétribution :
• Allah, le Très-Haut, récompense le lecteur de cette invocation en lui accordant la rétribution
de toutes les créatures.
• Allah, le Très-Haut, lui donne la récompense de soixante-dix prophètes qui ont tous mené à
bien leur mission, etc.
Ce hadith est authentique et bien enregistré dans le document de "Amre Ben Chouâïb", d'après son
père, d'après son grand-père, d'après le prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Son grand-père est
"Abd Allah Ben Amre Ben L'âsse" qui fait partie des grands compagnons (du prophète), satisfaction
d'Allah sur lui. Al Hakem a authentifié ce hadith. Il a dit que tous ses narrateurs sont de la Médine. Fin
de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, à partir de sa mémoire et de ses propres mots.
Puis, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : j'ai interrogé le prophète, prière et salut d'Allah sur
lui, sur la "Salate Al Fatihi". Il m'a répondu qu'elle équivaut d'abord à six cent mille prières (sur le
prophète). Je lui ai demandé si toutes ces prières génèrent la récompense d'une seule prière singulière.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a répondu en affirmant que le lecteur d'une seule prière
génère la rétribution de celui qui prie par six cent mille prières singulières. Je lui ai alors demandé, prière
et salut d'Allah sur lui, si chaque prière "Fatihi" génère la naissance d'un seul oiseau pour chaque prière,
selon ce qui est mentionné dans le hadith connu1, c'est-à-dire l'oiseau qui contient soixante-dix mille
ailes, etc.
Ou bien, il y a génération de six cent mille oiseaux ayant cette forme pour chaque "Salate Al Fatihi”,
tout en tenant compte bien sûr de la récompense de leur glorification en faveur de celui qui prie sur le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui? Il a affirmé, prière et salut d'Allah sur lui, en disant : pour
chaque "salate Al fatihi" il y a génération de six cent mille oiseaux ayant cette forme.
Puis le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : j’ai interrogé le prophète, prière et salut d'Allah sur
lui, sur le hadith suivant : la prière sur lui, prière et salut d'Allah sur lui, équivaut à la récompense de
quatre cents expéditions avec lui.

1 - Ceci nous rappelle le hadith du prophète, prière et salut d’Allah sur lui, qui dit : quand le serviteur prie sur moi, sa prière sort
rapidement de sa bouche et elle ne laisse aucune terre, ni mer, ni Est, ni Ouest sans qu'elle ne les traverse tous en disant : je
suis la prière de untel fils de untel ; il a prié sur Mohamed le choisi et le meilleur de toute la créature d’Allah. Il ne reste donc
aucune chose sans qu’elle ne prie sur lui. À partir de cette prière, un oiseau est créé. Il a 70 mille ailes, chaque aile comprend
70 mille plumes, dans chaque plume il y a 70 mille visages, dans chaque visage il y a 70 mille bouches, et dans chaque
bouche il y a 70 mille langues qui glorifient Allah, le Très-Haut avec 70 mille dialectes différents. La rétribution de tout ceci
sera enregistrée en sa faveur. Fin. Extrait du livre «dalail al khayrate» de l’imam Jazouli.

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Chacune de ces expéditions équivaut à quatre cents pèlerinages1. Est-ce que c'est vrai ou pas? Le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a répondu : c'est vrai.
Je lui ai alors demandé, prière et salut d'Allah sur lui, si ce nombre de quatre cents expéditions, est
généré à partir d'une seule lecture de la "Fatihi" ou à partir de chacune des six cent mille prières
générées par la "Fatihi", c'est-à-dire chaque prière "Fatihi" génère un produit de six cent mille fois
quatre cents expéditions. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a répondu en affirmant que chaque
prière "Fatihi" équivaut à six cent mille prières ; chacune de ces six cent mille prières équivaut à quatre
cents expéditions.
Puis, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : la récompense de celui qui récite une seule fois
la Salate Fatihi est la même enregistrée pour celui qui prie avec toutes les prières effectuées dans le
monde par chaque djinn, chaque être humain et chaque ange, six cent mille fois, depuis le début de
l'univers jusqu'à l'instant où le lecteur récite sa prière. C'est-à-dire comme s'il a effectué, par sa seule
prière, six cent mille prières faites par tous les prieurs, qu'ils soient anges, djinns ou humains.
Chacune de ces prières compte pour quatre cents expéditions. Chacune de ces prières rapporte une
conjointe "Houri", dix «Hassanates» (bonnes actions), effacement de dix péchés et progression de dix
grades. En plus, Allah prie sur lui ainsi que ses anges dix fois pour chaque prière. Le cheikh, satisfaction
d'Allah sur lui, a dit : si vous réfléchissez sur ceci par votre cœur, vous saurez que cette prière fatihi
dépasse de loin tout culte, rien qu'en la récitant une seule fois. Imaginez donc celui qui la récite
plusieurs fois ? Quel mérite aura-t-il de la part d'Allah ? Ces bénéfices mentionnés comptent en sa
faveur pour chacune des prières qu'il a récitées.
Puis le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, m'a
informé que la "Fatihi" n'a pas été écrite par "Al Bekri". Cet élu s'est plutôt orienté vers Allah pendant
une longue durée, sollicitant l'obtention d'une prière sur le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, qui a
pour mérite de contenir la récompense et le secret de toutes les prières.
Sa demande a pris beaucoup de temps, avant d'être exaucée. Enfin, un ange lui a apporté cette
prière, écrite sur une fiche en lumière. Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : lorsque j'ai analysé
cette prière, j'ai trouvé qu'elle dépasse le culte de tous les djinns, les humains et les anges.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, m'avait informé
un jour sur la récompense du nom suprême d'Allah. J'ai alors dit : est-ce que la récompense de la
"Fatihi" dépasse celle du nom suprême? Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : non ; il est plus
important qu'elle. Aucun culte ne lui est équivalent.
Puis le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : la citation d'une seule fois du nom (suprême d'Allah)
équivaut à six mille fois la prière "Fatihi", etc. De même, une seule lecture de la Fatihi équivaut à six
mille fois celle de chaque Dzikre (litanie), de chaque glorification, de chaque demande du pardon et de
chaque invocation dans l'univers, qu'elle soit petite ou grande.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : celui qui cite une seule fois la "Fatihi" Allah enregistre
dans son compte six mille fois les litanies citées par chaque animal et chaque objet inerte. La litanie de
chaque objet inerte est son rappel du nom qui lui est propre. Chaque particule dans l'univers dispose en
effet d'un nom qui lui permet de subsister. Quant aux animaux, leurs litanies sont diversifiées. Voilà
l'information apportée par le maître de l'univers, prière et salut d'Allah sur lui, ainsi que par notre
cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, à propos des mérites de la "Fatihi".
Puis le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : quant à la valeur de la "Fatihi" : sa citation une seule
fois équivaut à l'adoration d'Allah pendant cent vingt-huit années, mais il s'agit ici des lecteurs qui ont

1 -Ce hadith a été rapporté par l’érudit Jalal dine Suyuti dans son livre «al hawi lil fatawi» (recueil de sentences religieuses), le
texte du hadith est le suivant :
Sidna Ali, qu’Allah honore son visage, a dit : quand le prophète, prière et salut d’Allah sur lui, a dit : «si une personne
accomplit le pèlerinage et participe après à une expédition, elle aura la rétribution de 400 pèlerinages» plusieurs personnes
ne pouvant pas participer au «jihad» (à la guerre sainte) ont senti par conséquent un profond chagrin. Allah a révélé donc à
son messager : toute personne qui prie sur toi, la rétribution de sa prière sera de 400 expéditions dans le sentier d’Allah, la
rétribution de chaque expédition est de 400 pèlerinages.

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l'habitude de la citer quotidiennement et un grand nombre de fois, comme celui qui la cite
quotidiennement dix mille fois.
J'ai dit au cheikh: est-ce que ceci est relatif aux lecteurs qui citent la "Fatihi" en votre présence ? Il a
dit oui. En effet, le cheikh nous a informés précédemment que chaque fois qu'il citait une litanie,
soixante-dix mille anges citaient avec lui la même litanie. La citation d'une seule fois d'un ange parmi les
anges mentionnés est multipliée par soixante-dix mille. La récompense de leurs litanies est enregistrée
en totalité au compte du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, de par la générosité d'Allah qui l'a honoré de
ce don. Notre cheikh, maître et éducateur a honoré ses compagnons en leur accordant le fait que quand
l'un d'eux cite une litanie, soixante-dix mille anges la citent avec lui. Cela est une générosité d'Allah, une
clémence, un don de Sa part et un honneur qu'il nous a accordé. Fin.
Puis le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : parmi les invocations, il y en a celles qui présentent le
mérite d'une célébration de la nuit d'AI-Qadr pour une seule citation, telles que le "Sayfi", par exemple,
comme déjà mentionné. Par ailleurs, si vous réfléchissez sur la citation d'une seule fois du nom suprême
d'Allah, vous allez vous apercevoir qu'elle équivaut à trente-six millions de fois la nuit d'AI-Qadr,
puisqu'une seule lecture du grand nom suprême équivaut à six mille fois la prière "Fatihi"
susmentionnée.
Une seule citation de celle-ci compte pour six mille fois l'invocation mentionnée, c'est-à-dire le
"Sayfi". Si vous multipliez six mille par six mille, le résultat sera de trente-six millions. Ceci résulte d'une
seule citation par rapport à une seule invocation. Si vous dépassez une seule citation du nom suprême
d'Allah, seul Dieu, le plus haut, saura sa valeur. Gloire à celui qui offre sa largesse à qui il veut.
Félicitation à celui qui a obtenu ce bien immense. Qu'Allah ne nous en prive pas ainsi que tous les
passionnés, de par Sa largesse, Sa grâce et Sa générosité. Amen.
J'ai interrogé le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, sur la prière "Fatihi" pour quelle raison ne
contient-elle pas de salut? Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui : cette prière est parvenue du monde
de l'inconnaissable sous cette forme. Ce qui parvient du monde de l'inconnaissable présente une
perfection assurée, en dehors des règles connues. Cette prière n'est pas composée par un auteur. En
outre, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a prononcé différentes prières sur lui, ne contenant pas
de salut. Ce sont des formes prophétiques faisant partie du culte. Il ne faut donc pas accorder
d'importance à ce que les légistes disent à ce sujet. Fin.
La caractéristique de la "Fatihi" est une injonction divine, dépassant toute capacité intellectuelle.
Imaginez un ensemble de cent mille communautés. Chacune de ces communautés comprend cent mille
familles. Chacune de ces familles comprend cent mille hommes. Chacun de ces hommes vit cent mille
ans et récite quotidiennement cent mille prières sur le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, selon une
forme différente de la "Fatihi".
Si vous additionnez la récompense de toutes ces communautés, pendant la durée de toutes ces
années, la rétribution d'une seule citation de la Fatihi dépassera de loin toute addition. Faites donc
attention, et n’accordez aucune importance à celui qui dément cette information ou à celui qui la
critique. Le mérite est entre les mains d'Allah ; il l'offre à celui qu'il veut.
Allah dispose d'une largesse qui ne se limite à aucun cercle d'analogie. Vous devez vous suffire du
verset coranique suivant : «Et Il crée ce que vous ne savez pas» (Sourate les abeilles, An Nahl, verset 8).
Personne ne s'est orienté vers Allah, le Très-Haut, en accomplissant une œuvre pouvant atteindre le
niveau de la Fatihi, quelle que soit cette œuvre. Et personne ne s'est orienté vers Allah, le Très-Haut, en
accomplissant une œuvre plus appréciée et plus aimée par Allah que la fatihi, à l'exception d'un seul
rang. Il s'agit du rang de celui qui s'oriente vers Allah par son nom suprême ; rien d'autre. C'est le
summum des orientations. C'est le rang suprême de tous les cultes.
Il n'y a pas de limite à son mérite. Il n'y a pas de rang final au- dessus de ce nom suprême. La prière
Fatihi vient juste après lui dans le rang, dans l'orientation, dans la récompense, dans le gain de l'amour
d'Allah pour celui qui prie, ainsi que dans l'obtention de la meilleure demeure. Celui qui s'oriente vers
Allah, le Très-Haut, tout en croyant à cet état et à cette position gagnera alors la satisfaction d'Allah et
sa récompense dans le monde d'ici-bas et dans l'au-delà. Aucune autre œuvre ne lui permettra

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d'atteindre ce niveau. C'est l'afflux divin qui en témoigne, afflux que même les espoirs et les plus
grandes ambitions n'arrivent pas à imaginer. Un tel bien ne peut être accordé qu'après la soumission et
la croyance.
N’accordez aucune importance à celui qui veut débattre sur ce sujet ; il n'y a pas d'intérêt à chercher
des preuves à ce qu'on a dit. Abandonnez ceux qui demandent de telles preuves. Si vous entamez une
telle discussion avec ses innombrables questions et réponses, vous allez vous affronter à une mer dont
les vagues ne finissent pas. Or, les cœurs sont dans les mains d'Allah. C'est lui qui les gère. C'est en
fonction de ces cœurs qu'on avance ou que l'on recule.
Lorsqu'Allah veut du bonheur à son serviteur et veut qu'il gagne la récompense de cette perle unique
(la Fatihi), il attire son cœur vers la foi en ce qu'il a entendu à propos de la Fatihi. Il lui indique
l'approbation de ce mérite d'Allah, le glorieux ; mérite qui n'obéit à aucune mesure ni analogie. Il
oriente sa détermination, pour qu'il se dirige vers Allah, le Très-Haut par la Fatihi. «Aucun être ne sait ce
qu'on a réservé pour eux comme réjouissance pour les yeux»1
Lorsqu'Allah veut priver un serviteur de ce bien, il détourne son cœur par un trouble. Il se dit alors :
mais comment a-t-on eu toute cette information à propos de cette Fatihi ?! Occupez-vous donc de ce
qu'on vous a dit. Il en est de même pour celui qui vous a obéi. Abandonnez celui qui veut débattre sur ce
sujet en cherchant à l'authentifier. Nous avons eu ces informations selon l'aspect que vous connaissez
bien ; cela est suffisant. Fin de ce que notre cheikh nous a écrit lorsqu'on l'a interrogé. Fin.
J'ai interrogé le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui : est-ce que la vie du maître de l'univers, prière et
salut d'Allah sur lui, est comme sa mort par rapport au bénéfice qu'il octroie à sa communauté ? Il a
répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : l'ordre général qui lui parvenait d'une manière générale
à sa communauté, est parachevé à la suite de sa mort, prière et salut d'Allah sur lui. Il reste l'ordre
spécial qu'il confie à l’élite. Cela ne se coupe jamais, que le prophète soit en vie ou après sa mort.
La Salate Fatihi surpasse tous les aspects des œuvres et des cultes, tous les aspects de la bienfaisance
en général, et d'une manière absolue, et tous les aspects de la globalité et de la possibilité, à l'exception
du cercle de l'enveloppement. Sa citation la dépasse en effet de loin. Fin.
Si vous dites : attention, ce texte risque d'être lu par des gens médiocres qui ne connaissent rien sur
la largesse et la générosité divines et qui risquent de dire : si ce que vous avez mentionné est vrai, il ne
faudra alors s'occuper que de cette prière et abandonner le reste des litanies, même le Coran ! Notre
réponse est la suivante: non ! La lecture du Coran est prioritaire parce que le Coran est recommandé par
la "Charia" (loi islamique) ; le mérite de sa lecture est immense. Il est la base et le règlement de la loi
religieuse. De grandes menaces suivent son abandon. C'est pour cela qu'il est interdit à son lecteur
d'abandonner sa lecture. Quant au mérite de la prière sur le prophète, c'est-à-dire ce qu'on est en train
d'expliquer, elle est facultative ; il n'y a pas de châtiment affectant celui qui l'abandonne.
Deuxièmement, ce volet n'est pas un sujet de recherche et de discussion; il fait partie du volet "Mérites
des œuvres". Vous connaissez sans doute ce que disent les savants à propos des "Mérites des œuvres",
ils ont toujours recommandé d'arrêter tout débat sur ce sujet.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a répondu à cette objection, en disant : il n'y a pas d'opposition
entre ceci et ce qui est mentionné à propos des mérites du Coran et du noble mot (pas de divinité à part
Allah). Les mérites du Coran et du noble mot sont en effet d'ordre général, ils sont destinés à tout le
monde. Mais ce qu'on a dit à propos de la Fatihi est spécifique ; il n'y a alors pas d'opposition entre eux.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a révélé les généralités à tout le monde pendant la durée de
sa vie.
C'est-à-dire s'il interdit quelque chose, il l'interdit pour tout le monde. S'il exige un devoir, il l'exige
pour tout le monde. Et c'est ainsi pour le reste des devoirs religieux apparents.

1 - Sourate 32 «sajda» (la prosternantion) verset 17.

-172-
Mais, il délivrait également des verdicts particuliers à une élite, et il spécifiait quelques compagnons,
sans pour autant spécifier d'autres1. Cela est bien connu et diffus dans ce qui est rapporté sur lui, prière
et salut d'Allah sur lui.
Lorsqu'il s'est déplacé à la demeure de l'au-delà, sachant que sa vie dans cette nouvelle demeure ne
diffère pas de sa vie ici-bas, il a continué à pourvoir sa communauté par des spécificités réservées à
l’élite. Il est à noter que toute injonction d'ordre générale est parachevée à cause de sa mort, prière et
salut d'Allah sur lui. Seul son afflux spécifique destiné à des gens spécifiques reste actif.
Celui qui imagine que l’assistance spirituelle du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, à sa
communauté est coupée à cause de sa mort, comme dans le cas des êtres morts en général, ignore le
rang du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Son comportement manque de bienséance à son égard.
Il doit craindre qu'il meure mécréant s'il ne se repent pas de cette croyance. Fin.
J'ai demandé au cheikh, satisfaction d'Allah sur lui : est-ce que le maître de l'univers, prière et salut
d'Allah sur lui, était conscient de ce mérite qui est destiné à apparaître après son époque ? Il a répondu:
oui, il le savait. J'ai dit : pourquoi est-ce qu'il ne l'a pas dit à ses compagnons, satisfaction d'Allah sur eux,
compte tenu du bien immense qu'il contient et qu'on ne peut imaginer ? Il a répondu : deux choses l'en
ont empêché :
1. Il savait que l'époque de la fatihi doit être retardée et que celui qui allait être chargé de son
apparition n'existait pas encore2.
2. Si le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, avait mentionné cet immense mérite dans
l'exécution d'une telle petite œuvre, les compagnons lui auraient demandé de leur expliquer

1 - On ne peut pas comparer l'élite aux gens du commun. Et même au sein de l'élite, on ne peut pas comparer l'élu dont la nuit
équivaut à mille nuits d'une personne ordinaire à un autre élu dont la nuit équivaut à un milliard de nuits. On ne peut pas
comparer non plus sidna Abou bakr, satisfaction d'Allah sur lui (le célèbre compagnon du prophète, prière et salut d'Allah
sur lui) à un autre compagnon qui n'a vu le prophète que durant une seule heure et est reparti chez lui. La notion du rang
s’impose donc. C’est une notion qui est différente de la rétribution. À titre d’exemple : il existe des élus d’Allah qui disposent
de rangs tellement élevés qu’ils jouissent de la totalité de la rétribution de toute la créature en chaque clin d’œil.
2 - Dans son livre «zawal al hayra» (Levée de l'ambiguïté par la preuve tranchante) l’érudit sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ a dit,
en répondant au négateur qui a dit que : si l’on déclare que la rétribution de la salate fatihi est plus importante que celle de
la salate ibrahimiya, cela signifiera que la révélation n’a pas été transmise, ce qui est impossible à l’égard du prophète,
prière et salut d’Allah sur lui.
Il a dit en répondant à ce négateur : celui qui a bien étudié les hadiths du prophète, prière et salut d’Allah sur lui, est
parfaitement conscient que ses compagnons ne lui ont pas demandé la meilleure formule de la prière sur lui, mais plutôt
comment faire cette prière. Il ne leur a donc rien caché. Loin de là, etc. Je dis (le traducteur) : Abou Massoud Al-Badri (que
Dieu l'agrée) a dit : "Le Messager de Dieu (paix et bénédiction de Dieu sur lui) vint me trouver alors que nous étions réunis
chez Saad Ibn Oubada (que Dieu l'agrée). Bashir Ibn Saad lui dit : "Dieu nous a ordonné de te bénir, ô Messager de Dieu!
Comment devons-nous le faire?"
Le Messager de Dieu (paix et bénédiction de Dieu sur lui) se tut au point que nous eussions souhaité qu'il ne l'ait pas
interrogé. Puis le Messager de Dieu (paix et bénédiction de Dieu sur lui) dit: "Dites : "Seigneur Dieu! Donne Ta miséricorde à
Mouhammad et à la famille de Mouhammad comme Tu l'as donnée à Abraham et bénis Mouhammad et la famille de
Mouhammad comme Tu as béni Abraham. Tu es digne de louange et de glorification". Quant au salut c'est comme vous
l’avez su". (Mouslim).
L’érudit sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ a continué en disant : par ailleurs, il existe plusieurs hadiths qui montrent que le
prophète, prière et salut d’Allah sur lui, a été ordonné de la part d’Allah de tenir en secret certaines choses, et a été libre de
cacher ou de révéler d'autres choses. Il a transmis parfaitement au cours de sa vie, prière et salut d’Allah sur lui, ce qu’il a
été ordonné de transmettre. Il fournit encore plusieurs bienfaits, même après sa mort. Ses renforts spirituels ne se sont
jamais coupés, qu'il s'agisse de la période de sa vie ou celle d’après sa mort. Louange à Allah. Dans le tome 2 de son livre
«assir arrabani» (Le secret seigneurial, en vue de montrer les lacunes de Ben Mayaba) l’érudit sidi Ahmed ben Ayachi
SKIREDJ a dit : le cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, a mis en exergue une autre raison pour laquelle le prophète, prière et
salut d’Allah sur lui, n’a pas informé ses compagnons du mérite de la salate fatihi. Il a dit : ils ont vécu dans une période
réservée à la transmission de la loi religieuse. La devise de cette période était : «que les présents fassent parvenir cela aux
absents!». Tout acte des croyants qui sont venus après eux est compté en leur faveur, car ces croyants sont leurs
successeurs en vérité.
Si le prophète, prière et salut d’Allah sur lui, les avait informés de ce mérite, ils se seraient occupés par cette prière et il y
aurait une perturbation dans leur véritable mission qui est la transmission du message de leur prophète, prière et salut
d’Allah sur lui. Ils se sont donc occupés par ce qui est meilleur. C’est le Vrai qui les a choisis parmi l’élite de sa créature. Tout
croyant venant après eux fait pencher davantage la balance en leur faveur. Et c'est Allah le Détenteur de la grande grâce.

-173-
cette œuvre à cause de leur attachement au bien. Or, il n'est pas possible que ce bien
apparaisse à leur époque ; voilà pourquoi il ne leur a rien dit.
On peut avancer une autre vision des choses, différente de ce qui précède. Il s'agit de la vision
suivante : lorsqu'Allah, le Majestueux, le Très-Haut, a connu la faiblesse des gens de notre époque et
leur comportement bouleversé et malséant, il leur a offert grandement sa clémence et sa grâce en
contrepartie d'une petite œuvre. Allah spécifie qui il veut, au moment qu'il veut, par sa miséricorde.
Il ne faut pas dire que l'information émanant du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, n'est pas la
même avant et après sa mort. Toute information qui émane du prophète, prière et salut d'Allah sur lui,
présente la même crédibilité avant ou après sa mort, sauf le détail précédent concernant le général
pour tout le monde et le spécifique pour l’élite.
Puis le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : ce mérite mentionné ne concerne pas les devoirs
religieux. Ils ne sont pas concernés, à cause du hadith suivant : lesquelles des œuvres sont les plus
louables, O, messager d'Allah ? Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a répondu :
l'accomplissement de la prière en respectant ses horaires, etc.
J'ai dit au cheikh, satisfaction d'Allah sur lui : on comprend de ce qui a été dit que celui qui récite
cette prière (Fatihi) est mieux récompensé que tous ceux qui l'ont précédé parmi les serviteurs croyants,
puisque toutes leurs litanies et tous leurs wirds seront multipliés et placés dans son compte, tel qu'il a
été décrit à propos du mérite de la Fatihi. Et ce, à l'exception d'un seul type de litanies, celui du cercle
de l'enveloppement qui ne fait pas partie de cette multiplication.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, m'a répondu : c'est vrai, il y a multiplication des bonnes œuvres
en faveur de celui qui les effectue. Mais, ce qu'il faut savoir, c'est que chacun des compagnons du
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, qui ont diffusé la religion, est récompensé de la manière
suivante :
Il est enregistré dans son compte toutes les œuvres des musulmans, à partir de son époque jusqu'à
la fin de cette communauté Musulmane. Si ceci est bien compris, le mérite des compagnons ne peut pas
être atteint par ceux qui les succèdent, même s'il s'agit des gens dignes du mérite mentionné,
c'est-à-dire de la Fatihi. Rien ne peut devancer le rang de l'accompagnement du prophète, prière et
salut d'Allah sur lui.
Puis le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a donné un exemple en comparant les œuvres des
compagnons avec celles des autres personnes ; il a dit : nos œuvres, par rapport aux leurs, sont
comparables à la marche de la fourmi par rapport à la grande vitesse des hirondelles. Il a raison,
satisfaction d'Allah sur lui, dans cet exemple, parce que les compagnons, satisfaction d'Allah sur eux, ont
dépassé tout le monde grâce à leur accompagnement du maître de l'univers, prière et salut d'Allah sur
lui. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit à leur propos :
Allah a sélectionné mes compagnons parmi le reste des mondes, en dehors des prophètes et des
messagers. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit aussi : si l'un de vous dépense l'équivalent du
Mont "Ohoud" en Or, il n'arrivera pas à atteindre la récompense accordée à l'un de mes compagnons
qui n'a dépensé qu'un «Mudd»1 ou même sa moitié.
Notre maître, satisfaction d'Allah sur lui, a mentionné un autre aspect pour mieux clarifier le mérite
des gens dignes des rangs. Il a dit : la récompense qu'on vient de mentionner, et qui est due à la
spécificité de certaines litanies est générale pour tout lecteur. Par exemple, s'il gagne grâce à ses litanies
(comme la salate Fatihi) dix «hassanantes» (bonnes actions) ou cent, ou mille ou plus, ce sont ces
«hassanates» qui seront multipliées par le facteur de la spécificité lié à l'invocation en question. Ceci
concerne les gens du commun qui n'ont pas de rangs. Par contre, pour les gens dignes des rangs, leurs
œuvres se multiplieront encore une fois selon leurs rangs. D'ailleurs, le rang de la transmission du
message divin n'est pas celui de la prophétie. Le rang des véridiques n'est pas celui des prophètes ; il n'y
a aucune analogie entre eux.

1 - Mudd : unité de capacité = 0,687 litres.

-174-
Il ne faut pas généraliser sans prendre en considération les rangs. Voilà pourquoi notre maître
Gabriel, salut d'Allah sur lui, a dit au prophète, prière et salut d'Allah sur lui : omar est une «hassana»
(bonne action) parmi les «hassanates» de Abi Bakr. Il lui a dit ceci après avoir dit : si je te parle des
vertus d'Omar le long de la vie du monde d'ici-bas, je ne terminerai pas. Bien que les deux personnages
(Omar et Abou Bakr) aient été bien proches dans leurs œuvres. Abou Bakr a devancé Omar grâce à son
rang et non pas à son œuvre. Voilà pourquoi le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : Abou Bakr
ne vous a pas dépassé grâce à un excès de jeûne ni de prières, mais plutôt par quelque chose qui existe
dans son cœur. Satisfaction d'Allah sur lui et sur tous les compagnons du messager d'Allah.
J'ai entendu notre maître (le cheikh), satisfaction d'Allah sur lui, mentionner la disproportion entre
les élus que ce soit au sens des actes ou des rétributions. Il a dit : parmi les élus, il y en a ceux dont le
jour est un jour ordinaire ; pour d'autres, le jour est comme la nuit d'AI-Qadr; pour d'autres, le jour
compte mille ans ; pour d'autres, le jour ressemble au jour de l'ascension c'est-à-dire cinquante mille
ans. Je lui ai dit : est-ce que cela est relatif à l'œuvre elle-même ou à la multiplication de la rétribution ?
Il a dit : il y en a ceux qui font en un seul jour ce que les autres font durant la période mentionnée. Il y
en a aussi ceux qui bénéficient d'une récompense équivalente à celle de toute la période mentionnée,
comme s'ils avaient œuvré durant toute cette période.
Je lui ai dit : celui qui dispose du nom suprême d'Allah gagne beaucoup plus que ça, d'après ce qu'on
vous a entendu dire, satisfaction d'Allah sur vous, et d'après le mérite déjà mentionné sur ce nom. Il a
dit : il n'y a pas d'analogie à faire par rapport à ce nom, parce qu'il compte parmi les rares cas. La
récompense donnée à ses lecteurs n'est connue que par Allah. Qu'Allah nous offre ce qu'il leur a offert,
de par Sa largesse et Sa générosité, Amen.
Remarque bénéfique : le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : le nombre de langues dont dispose
l'oiseau créé à partir de la prière sur le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, c'est-à-dire l'oiseau qui
possède soixante-dix mille ailes, etc. (jusqu'à la fin du hadith), est le suivant : dix à la puissance
vingt-quatre (c'est-à-dire mille fois mille, fois mille x .. x huit fois), plus six cent quatre-vingts fois dix à la
puissance vingt et un, plus sept cents fois dix à la puissance quinze. Voilà la somme des langues de cet
oiseau.
Chaque langue glorifie Allah, le Très-Haut, avec soixante-dix mille langages différents à chaque
instant. La récompense de tout ceci revient, pour chaque citation, au prieur sur le prophète, prière et
salut d'Allah sur lui. Là, il ne s'agit pas de la Salate Al fatihi nommée perle unique (il s'agit plutôt de toute
prière sur le prophète, prière et salut d'Allah sur lui).
La particularité de cette prière Fatihi est la suivante : Allah crée à chaque citation de cette prière, six
cent mille oiseaux de forme identique à celle mentionnée précédemment. Gloire à celui qui offre ses
distinctions à celui qu'il veut parmi ses serviteurs, sans cause ni rappel de faveur. Fin de la citation du
cheikh rapportée par écrit par notre bien-aimé et conservateur du secret de notre cheikh, Abi Abdallah,
Sidi Mohamed Ben Machri. Qu'Allah le protège et éternise son ascension.
J'ai demandé au cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, la signification de la Salate Al Fatihi ; il a répondu
en disant : "Al fatih" celui qui ouvre ce qui est clos parmi les images des univers. Ces images étaient
fermées dans le voile caché et dans l'image du néant. Leurs fermetures ont été ouvertes à cause de
l'existence du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Elles sont sorties de l'image du néant à l'image de
l'existence, et du voile de la dissimulation à elles-mêmes dans l'univers de l'apparence. Sans le prophète,
prière et salut d'Allah sur lui, aucun existant n'aurait été créé ni sorti du néant à l'existence. Voilà une
des significations de la prière Fatihi.
Le second sens est le suivant : le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a ouvert les portes fermées
de la clémence divine. C'est à cause de lui qu'elles sont ouvertes aux gens. Si Allah, le Très- Haut, n'avait
pas créé sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, il n'aurait été clément envers personne. La
miséricorde d'Allah, le Très-Haut, en faveur de sa créature, est causée par son prophète, prière et salut
d'Allah sur lui.
Le troisième sens est le suivant : les cœurs sont fermés sur le polythéisme et en sont comblés. La foi
ne trouve aucun accès à ces cœurs. Ils se sont ouverts grâce à la guidance du prophète, prière et salut

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d'Allah sur lui, jusqu'à ce que la foi ait pénétré en eux pour les purifier du polythéisme. C'est ainsi qu'ils
se sont remplis de foi et de sagesse.
Son dire "le clôturant de ce qui précède" en prophétie et en transmission du message divin, parce
qu'il les a clôturées et a fermé leurs portes, prière et salut d'Allah sur lui. Personne ne peut plus espérer
les ouvrir après lui. De même "Le clôturant de ce qui précède" en images de manifestations divines par
lesquelles le Vrai, le glorieux, le Très-Haut s'est manifesté dans le monde apparent.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est en effet le premier être existant qu'Allah a créé dans le
monde à partir du voile ésotérique et de l'image de l'effacement seigneurial. Et depuis, Allah n'a cessé
d'étendre les images du monde, en les faisant apparaître selon sa volonté, genre après genre, jusqu'à la
dernière manifestation dans le monde des apparitions. C'est-à-dire jusqu'à l'image du genre humain,
selon la forme du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, et c'est cette forme qui est voulue dans
l'image du genre humain. Allah a ainsi ouvert par son prophète, prière et salut d'Allah sur lui,
l'apparition de l'univers, et de même, il a clôturé par lui, l'apparition des images des êtres existants.
En d'autres termes, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : le premier être existant qu'Allah a
créé à partir de la présence de l'inconnaissable est l'esprit de sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur
lui. Ensuite, Allah a tiré à partir de l'esprit du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, les esprits du
monde. L'esprit signifie ici la manière par laquelle la vie existe dans les corps. Allah a ensuite créé à
partir de l'esprit de sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, les corps lumineux comme les anges
et les créatures appartenant à la même catégorie. Quant aux corps denses et sombres, ils ont été créés
à partir de la deuxième partie qui relève de l'esprit du prophète, prière et salut d'Allah sur lui.
En effet, l'esprit du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, dispose de deux parties qui relèvent de
lui. Ce sont ces deux parties qu'il a répandues avec débordement sur tout l'univers. La première partie
est celle de la lumière pure. À partir de cette lumière, tous les esprits et tous les corps lumineux, qui ne
contiennent aucune obscurité, sont créés. La seconde partie relevant de son esprit, prière et salut
d'Allah sur lui, est celle de l'obscurité. À partir de cette partie, Allah a créé les corps sombres comme les
diables "Satans", tous les corps opaques et denses, ainsi que l'enfer et ses strates. Quant au paradis et
tous ses rangs, ils sont créés à partir de la partie dite de la luminosité. Voilà l'extraction de tout l'univers
à partir de l'esprit du prophète, prière et salut d'Allah sur lui.
Quant à sa réalité Mohammadienne, prière et salut d'Allah sur lui, c'est ce qu'Allah, le Très-Haut, a
créé en premier lieu, à partir de la présence de l'inconnaissable. Avant l'existence de cette réalité, Allah
n'avait encore rien créé. Mais cette réalité n'est pas du tout connue. Certains savants ont cherché en
vain dans cette réalité.
Certains d'entre eux ont dit : cette réalité est singulière ; et il n'existe rien avec elle. En plus, cette
réalité est ou bien "une essence" ou bien juste "une contingence". Si elle est une essence, elle
nécessitera un endroit où elle devra se trouver. Donc, elle ne peut pas être indépendante, dans son
existence, de cet endroit. Et si elle existait en même temps que cet endroit, on ne peut pas dire qu'elle
est le premier être créé, parce qu'on aura deux entités existantes. Enfin, si cette réalité est juste de
passage (une contingence) et non pas une essence, on perdra alors notre temps si l'on parle de ce qui
est de passage. En effet : ce qui est de passage n'existe que pendant un instant puis il disparaît. Où est
donc cette antériorité que vous avez mentionnée ?
La réponse à cette citation honteuse et dévalorisante est la suivante : la réalité Mohammadienne est
une essence d'une réalité. Cette essence dispose de deux parties qui se rapportent à elle, une partie dite
lumineuse et une autre sombre. Est-ce qu'elle nécessite un endroit ? Non, c'est faux. Cette limitation
n'est uniquement supposée que par celui dont la pensée est bornée, ne dépassant pas la dimension du
matériel et des corps.
Allah est capable de créer ses créatures sans avoir besoin d'un endroit qui les abrite. Le fait que
l'intellect pense que les corps ne peuvent pas exister en dehors d'un endroit les abritant, n'est qu'une
habitude qu'Allah, le Très-Haut, a rendue courante chez l'intellect afin de le borner et de ne pas le
libérer dans l'espace des vérités. S'il se libère dans cet espace de vérités, il découvrira qu'Allah, le
Très-Haut, est capable de créer le monde sans créer d'endroit. Et c'est ainsi qu'Allah, le Très-Haut, a créé

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la réalité Mohammadienne, c'est-à-dire sous forme d'une essence qui ne nécessite pas d'endroit. Il n'y a
pas de doute que toute personne ayant le voile levé et découvrant ainsi la réalité divine sache avec
certitude et formalité que la création du monde sans la création de son endroit est possible, c'est une
possibilité authentique.
Quant à la réalité Mohammadienne, elle ne peut pas être connue ni comprise dans ce domaine.
Personne ne peut espérer la comprendre dans ce domaine. Cette réalité s'est appropriée ensuite des
habits faits de lumière divine pour se cacher de l'existence. Dans ce domaine, et à la suite de sa
couverture par ces habits, elle s'appelle "Esprit". Ce niveau est la limite maximale de la compréhension
des prophètes, des messagers et des pôles. Ils arrivent à ce niveau et s'arrêtent. Ensuite, cette réalité
s'est appropriée d'autres habits faits de lumière divine. Dans ce domaine, elle s'appelle "intellect".
Ensuite, cette réalité s'est appropriée d'autres habits faits de lumière divine. Elle s'appelle alors
"Cœur". Puis, elle s'est appropriée d'autres habits faits de lumière divine, et c'est alors qu'elle s'appelle
"âme". Enfin, le noble corps du prophète est apparu, prière et salut d'Allah sur lui.
Les saints diffèrent dans leur compréhension de ces rangs. Un groupe d'élus a pour compréhension
limite "l'âme" du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Il y a en ceci des sciences, des secrets et des
connaissances. Un autre groupe d'élus, supérieur au premier groupe, a pour compréhension limite le
"cœur" du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Ils ont en ceci des secrets, des sciences et d'autres
connaissances.
Un autre groupe d'élus, supérieur aux deux premiers groupes a pour compréhension limite
"l'intellect" du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Ils ont, selon cette position, des sciences, des
secrets et d'autres connaissances. Un autre groupe d'élus, les supérieures, ont acquis le summum de la
compréhension possible. Ils sont arrivés à la compréhension de "l'esprit" du prophète, prière et salut
d'Allah sur lui. C'est la borne supérieure de la compréhension. Aucune ambition n'est possible pour
comprendre plus que ceci, c'est-à-dire la réalité en son essence dans laquelle elle a été créée.
Dans ce contexte, Abou Yazid a dit : J'ai plongé dans les profondeurs des connaissances afin de
découvrir la source de la réalité du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, mais je me suis trouvé
devant mille voiles en lumière, si je me rapproche du premier voile je brûlerai comme un cheveu lancé
dans le feu.
C'est aussi ce que le cheikh Moulay Abdessalam a dit dans sa prière: les compréhensions s'atténuent
devant lui (le prophète) et personne parmi les premiers d'entre nous ou les derniers, n'arrive à le
comprendre. Dans un même contexte, Ouaysse Al Qarni, satisfaction d'Allah sur lui, a dit aux
compagnons du prophète Omar et Ali, satisfaction d'Allah sur eux : vous n'avez vu que l'ombre du
messager d'Allah, prière et salut d'Allah sur lui. Ils ont dit : Même Ben Abi Qohafa ? Il a dit : oui, même
Ben Abi Qohafa. Il semble qu'il avait plongé dans les profondeurs des connaissances afin de découvrir la
source de la réalité Mohammadienne ; on lui a dit : c’est une chose que même les grands messagers et
prophètes ont échouée, personne ne peut avoir l'ambition de l'atteindre. Paix sur vous. Fin de la dictée
du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Le grand cheikh (Ibn Arabi) a dit dans sa prière : "La perle blanche qui a donné naissance au diamant
rouge". Il a voulu dire par "perle blanche" la réalité Mohammadienne ; le diamant rouge quant à lui,
c'est l'existence de tout l'univers. Concernant le vers du cheikh Moulay Abdelqader : "C'est au sujet de la
perle blanche qu'on s'est réuni", il s'agit de ce qui a existé avant la création des deux et des terres. Allah,
le glorieux, le Très-Haut, a fait dissoudre cette perle et l'a transformée en eau. Les vagues de cette eau
ont tremblé pendant mille décades. Chaque décade compte pour mille ans. Chaque an
compte pour mille jours. Dans chaque jour, il y a mille heures. Chaque heure équivaut à soixante-dix
mille fois la vie du monde d'ici- bas. Durant toute cette longue période, de l'écume s'est formée et
groupée. Ensuite, cette écume a été étendue à la surface de l'eau puis transformée en terre. Ensuite,
Allah a créé, à partir de cette terre, les sept strates du globe terrestre. Puis il a créé après les cieux. Voilà
l'explication du dire du cheikh (Moulay Abdelqader), satisfaction d'Allah sur lui. Fin de la dictée de notre
cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.

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Puis le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : la première chose qu'Allah, le Très-Haut, a créée est
le noble esprit du prophète ; c'est la réalité Mohammadienne, prière et salut d'Allah sur son messager.
Puis, après cela, à partir du noble esprit du prophète, Allah a tiré les esprits des êtres existants. Quant à
l'argile du prophète, c'est-à-dire son noble corps, Allah a confectionné à partir de lui les corps des anges,
des prophètes et des pôles. Cette noble argile, prière et salut d'Allah sur elle, a été fermentée par l'eau
de l'éternité, pendant une durée évaluée comme suit :
Multiplier les nombres des deux noms sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, et sidna
Ahmed, prière et salut d'Allah sur lui, par sept, puis multiplier le résultat par lui-même, puis multiplier le
résultat par mille ans, puis multiplier les chiffres impairs de ce nombre par mille ans. Ensuite, compter
dans chaque jour de ces années mille ans de nos années actuelles. Voilà les jours du Seigneur. Chaque
année de ces années, compte pour trois cent soixante mille ans. Le produit de toutes ces multiplications
est d'un milliard, trente millions, deux cent vingt-cinq mille ans. Voilà le produit de toutes ces
multiplications. Ce produit est à multiplier par les jours du Seigneur. Le résultat est de trois cent
soixante-dix mille milliards, trois cent quatre-vingt-un millions. Voilà la durée de la fermentation de
l'argile Mohammadienne, prière et salut d'Allah sur elle. Fin de la dictée du cheikh, à partir de sa
mémoire et de ses propres mots.
Remarque bénéfique : en vue de montrer les facteurs de multiplication de la "Salat Fatihi" : le
cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : sachez que lorsque vous priez selon la "Fatihi" une seule fois,
elle équivaut à six cent mille prières de l'ensemble de toutes les prières effectuées dans le monde par
tous les djinns, les humains et les anges. Puis lorsque vous citez la "Fatihi" pour la seconde fois, elle
renfermera ce que la première prière renferme, et la première prière se transformera en six cent mille
prières "fatihi". Puis lorsque vous citez la "Fatihi" pour la troisième fois, elle renfermera ce que la prière
précédente renferme, et il lui sera ajouté deux fois six cent mille prières "fatihi" (2x600 000 "fatihi"= 1
200 000 "fatihi"). Et ainsi de suite jusqu'à la dixième citation, jusqu'à la cent et unième citation. Celle-ci
renfermera ce que renferme la prière qui lui est précédente et il lui sera ajouté cent fois six cent mille
prières "fatihi" (100 x 600 000 "fatihi" = 60 000 000 "fatihi").
Continuez jusqu'à mille et une fois ; celle-ci renfermera donc ce que renferme la prière qui lui est
précédente (c'est-à-dire la millième fois), et il lui sera ajouté mille fois six cent mille prières "fatihi"
(1000 x 600 000 "fatihi" = 600 000 000 "fatihi"). Et ainsi de suite selon ce mode de calcul1 . Si, en plus, la
"Fatihi" est citée avant l'aube, chacune des citations compte pour cinq cents fois. Si vous la citez mille et
une fois, par exemple, la mille et unième prière "fatihi" renfermera alors en ajoutant les 500x 600 000
000 "fatihi'- 300 000 000 000 "fatihi" : 150 450 000 000 000 "fatihi"2. Ceci est spécifique à la litanie de la
nuit (avant l'aube). En dehors de ce temps, le facteur de multiplication a été déjà expliqué. Fin de la
dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui. Un jour, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, m'a dit : le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, m'a dit : personne ne peut prier sur moi mieux que par la
"Fatihi"3.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : si les habitants des sept cieux, ainsi que ceux des sept
terres se réunissaient pour décrire la rétribution de la "Fatihi", ils seraient incapables de le faire. Fin de
ce qu'on a entendu du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui. Voilà ce qu'on a entendu de lui, en ce moment,
et ce que le Vrai a fait sortir de sa langue. Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : tout ce que vous
avez entendu sur les mérites de la Fatihi ne représente par rapport à ce qui est caché qu'une goutte
dans une mer. Gloire au pourvoyeur de ce bien immense en faveur de ce généreux cheikh.

1 - (Un+1=Un+nx600 000 fatihi)


2 - En effet : U1001=U1000+1000x600.000fatihi = U999+(999+1000)x600.000 fatihi=U998+(998+999+1000) x600.000
fatihi=U1+(1+2+3+ ... +1000) x600.000 fatihi=Ui+0.5x(1000x1001 ) X600.000 fatih=300.300.000.000 fatihi.
Or, ces prières sont citées avant l'aube, donc on les multiplie par 500, et on leur ajoute les 300.000.000.000 fatihi donc
(U1001)avant l'aube= 150.150.000.000.000 + 300.000.000.000 fatihi = 150.450.000.000.000 fatihi
3 - On a vu au chapitre II comment la rétribution du grand nom suprême d’Allah se multiplie. Cette multiplication ressemble à
celle de la salate fatihi, mais avec un facteur de multiplication de 700 millions pour le grand nom suprême d’Allah contre 600
mille pour la salate Fatihi. C’est pour cela qu’on dit souvent : la salate fatihi est la sœur du grand nom suprême d’Allah.

-178-
Revenons au mérite des litanies. Je dis: Allah, le Très-Haut, dit à propos du mérite de la "Haylalah"
(pas de divinité à part Allah) : «Sache donc qu'en vérité, il n'y a point de divinité à part Allah» (Sourate
Mohamed, verset 19). Le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, dit : "Le meilleur de ce que
j'ai dit et de ce que les prophètes avant moi ont dit : il n'y a point de divinité à part Allah". Le mérite de
la Haylalah est célèbre et connu au sein de la communauté Mohammadienne. Ce n'est donc pas la peine
de s'attarder là-dessus. Le mérite du "Sayfi" a été déjà mentionné en partie.
Quant à "Hizbou Lbahr", il a été dicté par le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, au cheikh de la
voie et de la vérité, Moulay Abi Lhassan Shadzili, satisfaction d'Allah sur lui. On dit qu'il contient le nom
suprême d'Allah. Il a la particularité également d'assurer la sécurité et la protection que ce soit sur la
terre ou en mer. Il nécessite évidemment une autorisation authentique de la part de ceux qui sont
habilités à la donner. Et il y a différents modes de lecture et d'utilisation de ce "Hizb". Celui qui
s'intéresse à cette litanie n'a qu'à la demander auprès des spécialistes; il faut rentrer aux maisons par
leurs portes.
De même, pour les "noms Idrissides", ils disposent d'importantes particularités et de multiples
mérites. Celui qui s'y intéresse n'a qu'à lire le livre "Les cinq perles", écrit par Sidi Mohamed El Ghaoute,
et son commentaire écrit par Sidi Mohamed Chennaoui. Ces noms Idrissides contiennent, d'après ces
livres, des mérites sans limites et des merveilles étonnantes. L'intéressé peut lire ces livres, là où ils se
trouvent, en demandant l'autorisation authentique des gens qui en sont dignes.
Le mérite de la Sourate Al Fatiha est mentionné dans le hadith : elle est plus importante que tout le
Coran ; elle représente les sept doublets et le Coran en entier. Ses mérites sont très nombreux, ils
figurent dans différents hadiths célèbres. L'intéressé peut faire sa propre recherche lui-même sur ces
mérites.
Quant à ce qui a été rapporté par notre maître, satisfaction d'Allah sur lui, d'après le maître de
l'univers, prière et salut d'Allah sur lui. Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : quant à la Sourate Al
Fatiha, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, nous a rappelé que chaque citation équivaut, en
rétribution, à la lecture complète du Coran. J'ai alors dit au prophète, prière et salut d'Allah sur lui : il
m'est parvenu à partir de certains prédicats que celui qui récite Al Fatiha une seule fois, est semblable à
celui qui a glorifié Allah par l'ensemble des glorifications faites par toute la créature du globe terrestre.
Est-ce vrai qu'il va avoir toute cette rétribution en une seule lecture ?
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, m'a dit : elle contient plus que ceci. Chaque fois que le
lecteur la récite, il gagne sept palais et sept houris par lettre selon le nombre des lettres de la Fatiha et
du Coran tout entier. J'ai alors dit : il a été rapporté que le nombre des lettres du Coran est de 321 075.
En multipliant ce nombre par sept, c'est-à-dire par le nombre des houris, sept par lettre, le résultat sera
de 2.247.525 houris. Fin.
La Sourate Al Qadr comprend quant à elle trois cent soixante mille (360.000) houris puisqu'elle
contient le mérite du jeûne du mois de Ramadan. Chaque jour de ce mois équivaut à douze mille houris.
Si vous faites la somme de ce nombre avec le premier (2.247.525), le résultat sera de deux millions six
cent sept mille cinq cent vingt-cinq (2.607.525) houris. Fin.
Ce nombre est calculé en dehors de la prière. Dans la prière, il est multiplié par deux si le prieur prie
assis. Il est multiplié par quatre s'il prie debout et seul, et par cent huit "108" s'il fait sa prière en
collectivité. Si vous tenez compte du nombre des unités de prière "Rakaâtes" c'est-à-dire dix-sept "17"
entre le jour et la nuit, le résultat de son mérite sera multiplié par 108 fois 17, soit par 1836, qu'on doit
multiplier par ce qu'on avait calculé en fonction du nombre des lettres (c'est-à-dire 2.607.525), soit
4.787.415.900. Ce mérite sera de cet ordre de grandeur ; il en est de même pour la glorification du
monde, pour la célébration de la nuit d'AI-Qadr, pour l'adoration d'Allah durant plusieurs années, et
pour différentes lectures complètes du Coran (qui entrent tous dans la rétribution de la lecture de la
sourate Fatiha).
Le résultat est le suivant : celui qui récite Al Fatiha dans sa prière en collectivité gagne comme
rétribution, en un seul jour, 4.787.415.900 houris, en plus de la récompense susmentionnée générée par
la glorification du monde, la lecture de tout le coran plusieurs fois, et ainsi de suite. Le cheikh,

-179-
satisfaction d'Allah sur lui, a dit : celui qui prie derrière un imam (en collectivité), la lecture de cet imam
est comptée pour lui comme sa propre lecture. Fin.
Puis le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : ce mérite est propre à celui qui ne comprend pas le
sens des versets. Par contre, celui qui connaît leurs significations, ce mérite lui sera multiplié par deux,
c'est-à-dire deux cents «Hassanates» (bonnes actions) par lettre. Puis le cheikh, satisfaction d'Allah sur
lui, a dit : et aucun péché ne lui sera enregistré pendant cette année, je veux dire celui qui lit la Fatiha
une fois.
Puis le cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, a dit : ce mérite reste en dehors de l'intention de réciter le
nom suprême d'Allah. En effet, le mérite de la lecture d'AI Fatiha avec l'intention de réciter le nom
suprême d'Allah n'est parfaitement connu que par Allah. Il ne faut pas penser à une exagération de
l'ampleur de ce mérite offert par Allah, le généreux, le Majestueux, parce que la grâce d'Allah n'a pas de
limite. Fin.
Puis le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : le prophète, le maître de l'univers, m'a dit, prière et
salut d'Allah sur lui : et il (le lecteur d'AI Fatiha) sera mon voisin à llliyine. Tout ce mérite est en faveur de
celui qui lit la Fatiha une seule fois.
Quant à celui qui lit la Fatiha tout en ayant l'intention de lire le nom suprême d'Allah, puisque les
lettres de ce nom sont complètement incluses dans la Fatiha, il gagne alors, à chaque lecture, la
rétribution à la fois du nom et celle de la Fatiha. Chaque fois qu'il lit la Fatiha, il lit en même temps le
nom suprême d'Allah. Cette spécificité n'existe que pour la Fatiha, uniquement, et non pas dans tout ce
qui est lu et qui renferme les lettres du nom.
Sachez que celui qui la lit, dans le but d'adorer Allah, sans qu'il se rende compte qu'il lit le nom
suprême d'Allah avec elle, sera rétribué selon la première récompense. Mais celui qui la lit, tout en
sachant qu'il lit en même temps le nom suprême d'Allah, puisque ses lettres sont présentes dans la
Fatiha, gagnera les deux rétributions. C'est-à-dire celle d'AI Fatiha et celle du nom, à chaque lecture,
mais tout en étant persuadé qu'il s'agit bien du nom de l'Entité suprême et qu'il n'y a pas de nom à
l'Entité suprême autre que ce nom suprême. Fin. Voilà ce que le cheikh nous a exposé, satisfaction
d'Allah sur lui. Ce qui est caché comme rétributions dues à la lecture de la Fatiha n'est connu que par
Allah, le Très-Haut. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Le mérite de la prière de l'élévation des oeuvres est mentionné dans certaines archives : celui qui
récite cette prière dix fois le jour et dix fois le soir, son œuvre équivaudra à celle de tous les habitants de
la terre. Fin de la citation du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Quant à la prière "O, Allah, ton pardon est plus large que mes péchés, etc", elle compte parmi les
absorbants des péchés.
Le mérite de la litanie du jour et de la nuit, c'est-à-dire : "Point de divinité à part Allah. Allah est
grand, etc" est le suivant : celui qui la récite le matin trois fois, aucun péché ne sera enregistré sur son
compte pendant toute cette journée. De même, celui qui la récite le soir trois fois, aucun péché ne sera
enregistré sur son compte pendant cette nuit jusqu'au lendemain matin. Fin de la dictée du cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui.
Quant au mérite du cercle supérieur "Daour Al Aâla" du grand cheikh (Ibn Arabi), nous n'avons pas
eu l'occasion de le connaître. Tout ce qu'on sait, c'est qu'il contient des particularités liées à la
protection et à la sécurité en faveur du lecteur.
L'invocation du pardon, propre à El Khader, salut d'Allah sur lui, d'après notre maître, satisfaction
d'Allah sur lui, a pour mérite ce qui suit : Allah pardonne tous les péchés antérieurs et postérieurs de
celui qui la récite. Fin. Voilà ce qui est rapporté sur Sidna El Khader, salut d'Allah sur lui.
Quant aux dix hepta-invocations, le cheikh Abou Abd Allah El Kharroubi Taraboulssi a dit : ils font
partie des importantes litanies citées couramment par les vertueux et les adorateurs ; ils (anciens et
jeunes) les ont ajoutées à leurs litanies, wirds et wadzifa, pendant le matin et pendant le soir. Les
cheikhs, satisfaction d'Allah sur eux, continuent à inciter et à encourager leurs disciples et confrères à
les réciter. Le hadith qui se rapporte à ces dix hepta-invocations a été appuyé par Abou Taleb Mekki

-180-
dans son livre "L'aliment" (Al Qout). Ce hadith est cité d'après Korz Ben Wabarah qui était un des
"Abdales" (rang spirituel), d'après son frère qui était Syrien, d'après Ibrahim Taymi, d'après El Khader,
salut d'Allah sur lui, d'après le prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Fin du texte du Kharroubi,
satisfaction d'Allah sur lui. Nous disposons d'une référence de plus haut degré en ce qui concerne cette
litanie avec la version susmentionnée: notre référence est notre cheikh et appui, d'après son cheikh, Sidi
Mahmoud El Kourdi, d'après El Khader, salut d'Allah sur lui, directement par voie orale. Voilà comment
on a eu cette litanie ; c'est de notre maître, satisfaction d'Allah sur lui, qu'on a eu l'autorisation de la
citer. Cette référence n'existe que selon cette séquence. Fin.
Quant au mérite de l'invocation suivante : "Je certifie qu'il n'y a point de divinité à part Allah. Il est
unique, sans aucun associé. Et je certifie que Mohamed est son serviteur et messager, et que Jésus, etc."
Sachez que dans l'authentique du Boukhari, d'après Obada Ben Samete, d'après le prophète, prière et
salut d'Allah sur lui : celui qui dit : "Je certifie qu'il n'y a point de divinité à part Allah, etc", Allah le fait
entrer par la porte de son choix, parmi les huit portes du paradis, au Paradis et ce quelles que soient ses
œuvres. Fin.
Quant aux litanies citées après les prières, le mérite de la Sourate Al Fatiha a été déjà mentionné. Le
verset du trône (Al Kourssy) quant à lui, celui qui le récite au terme de chaque prière, rien n'interdira
son entrée au paradis sauf la mort. La Sourate Al Ikhlasse, d'après le hadith authentique, elle équivaut
au tiers du Coran entier lorsqu'elle est citée rien qu'une seule fois. L'invocation suivante : "Je me
protège par les mots complets d'Allah ... " jusqu'à " …Il est l'Audient, l'Omniscient", celui qui la récite
trois fois, matin et soir, le poison ne peut pas lui faire du mal.
Le mérite de l'invocation suivante : "Toute gloire est à Toi, mon Seigneur, etc" : celui qui la récite
après une œuvre donnée verra son œuvre agréée et acceptée par Allah. Ensuite, le verset du trône (Al
Kourssy) son mérite a été déjà mentionné. Puis le verset «Certes, un Messager pris parmi vous, est
venu à vous ..» (sourate At-Tawbah, le repentir, versets 128-129) : celui qui le récite sept fois le matin et
le soir, ne meurt pas tant qu'il le récite. Ensuite, "Je me protège par les mots complets d'Allah de tout
mal créé", on a déjà mentionné son mérite. Puis "Hizbou Lbahr": on a déjà mentionné son mérite. Puis
"ô celui qui a montré le beau, etc" : son mérite a été déjà mentionné. Il en est de même pour les "noms
Idrissides”, pour Sourate "Al Ikhlasse", pour le verset du trône, pour le verset "Ayat Al Heirsse", pour
"sayfi", pour "Hizbou Lbahr", et pour "Point de divinité à part Allah, O, Allah, Tu es celui qui repousse,
qui retient, etc".
Concernant l'invocation mentionnée par Abou Taleb El Mekki, c'est-à-dire : 'Tu es Allah. Pas de
divinité à part Toi, etc" : son mérite est le suivant : celui qui la cite sera enregistré parmi les gens qui se
prosternent souvent devant Allah, qui s'humilient devant Lui, et qui avoisineront le prophète, sidna
Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, Ibrahim et Moussa à la demeure du paradis. Il gagnera aussi la
rétribution des adorateurs qui existent dans les cieux et sur les terres. Fin.
Quant au mérite de l'invocation suivante : "Gloire à Allah. Louange à Allah. Point de divinité à part
Allah. Allah est grand, etc" : celui qui la récite rien qu'une seule fois sera enregistré, chez Allah, parmi les
gens qui invoquent souvent Allah. Il est préférable de la citer la nuit, et même le jour. L'invocateur
bénéficiera du regard d'Allah. Et si Allah le regarde, il ne le punira jamais ; il annulera ses péchés, qui
deviendront pour lui sous forme de plantations au Paradis. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction
d'Allah sur lui.
En ce qui concerne la description du disciple, son état et les causes qui le coupent de son éducateur :
sachez qu'on a interrogé notre maître, satisfaction d'Allah sur lui, sur différentes choses, parmi elles, la
question suivante : ô maître, qu'Allah soit satisfait de vous, et vous rende satisfait. Qu'Allah réjouit les
musulmans en allongeant votre pérennité et votre demeure. Quelle serait votre réponse à propos de la
vérité du disciple sincère ? De sa délivrance de la détestation qui risque de l'affecter, selon une
promesse certaine ? Quelle devrait être sa manière de se comporter et de se conduire avant de
rencontrer un cheikh sincère?
Comment doit-il se protéger continuellement de la colère de son Seigneur, avec une détermination
sincère ? Une fois qu’Allah accorde à un disciple un cheikh bien-aimé, et lui dévoile le fait que ce cheikh
sera son tuteur et éducateur, devrait-il alors se soumettre complètement à lui, le suivre aveuglement

-181-
dans ses instructions, sans la moindre objection sur ses commandements, sans même lui poser des
questions sur les objectifs visés par ses instructions, surtout lorsqu'il lui semble qu'il y a une
contradiction avec la loi religieuse ? A-t-il le droit de le tester selon différents témoignages et preuves
dont il dispose ? Sinon, comment peut-il être certain de ne pas se faire avoir par un des égarés qui font
semblant d'être des cheikhs éducateurs? Si l'on admet, cher maître, que ce cheikh est sincère dans sa
conduite, son éducation, sa progression, son regard et son état, dès notre première rencontre, on risque
de voir ce qui le démentira dans le présent et dans le futur. Si, par contre, on opte pour le test et
l'examen, on craint le bannissement et l'éloignement du "Roi-pourvoyeur".
Y a-t-il donc un signe par lequel on peut reconnaître le gnostique, alors qu'il se cache, à notre
époque, derrière les beaux habits, les réceptions, les ornementations ? Pouvez-vous nous clarifier la
vérité du cheikh parfait et celle du disciple sincère accompli ? Nous souhaitons avoir une réponse
rassurante, un texte riche dans la matière. Est-ce que la recherche d'un cheikh est un devoir individuel
pour chaque musulman ? Dans ce cas, est-il obligatoire pour chaque individu de chercher un cheikh qui
le conduira vers Allah, le Très-Haut, bien entendu après avoir appris à bien exécuter ses devoirs religieux
quotidiens ? Sinon, est-ce que cette recherche est spécifique à certaines personnes seulement ? Si c'est
un devoir pour chaque individu, nous souhaitons connaître le pourquoi, et si c'est un devoir pour
certains uniquement, pourriez-vous nous clarifier sur le pourquoi également ? Qu'Allah vous salue ; que
sa clémence vous couvre bien. La réponse du maître, satisfaction d'Allah sur lui, est la suivante :
Qu'Allah vous accorde son appui spirituel, sachez que le disciple sincère est celui qui a connu la
solennité du seigneur, ses droits sur sa créature, du point de vue du rang de sa divinité. Ce rang exige de
la part de tous les serviteurs une conduite pérenne dans l'obéissance et la servilité, une continuité dans
l'amour d'Allah, dans sa glorification et dans son suivi. Le rang de la divinité nécessite aussi l'orientation
continue du cœur vers Allah, tout en abandonnant tout ce qui est en dehors de lui, et ce, par amour et
volonté, sans aucune aspiration à un intérêt matériel, ou à une autre chose à part Dieu. Il faut savoir que
tout ce qui est autre qu'Allah ressemble à un mirage dans une plaine désertique que l'assoiffé prend
pour de l'eau. Puis quand il y arrive, il s'aperçoit que ce n'était rien.
Le disciple sincère doit prendre connaissance de tout ceci. Il doit connaître qu'il lui est obligatoire
d'adorer Allah en permanence, et de ne se livrer qu'à la présence divine. Il doit connaître également la
mesquinerie de son âme, sa caractéristique de porte-malheur, l'excès du mal qu'elle provoque, son
opposition à la présence divine, dans toutes ses orientations, ainsi que son opposition aux droits
seigneuriaux dans toutes les œuvres qu'elle entame et dans ses volontés. Il doit aussi connaître que son
âme essaie d'entraver sa marche et de l'empêcher lorsqu'il veut effectuer ses devoirs envers le Vrai. Il
doit être conscient de l'ampleur du travail qui l'attend s'il veut servir et respecter la bienséance divine.
En effet, l'âme est bien prédisposée au délassement et accoutumée aux concupiscences et à la coupure
avec le créateur de la terre et des deux. D'ailleurs, tous ses projets ne se déroulent que dans de ce
domaine.
Le disciple doit connaître également son incapacité de redresser son âme qui est très incitatrice au
mal, et de la faire retourner à la présence divine, en la coupant de sa passion et de ses concupiscences. Il
doit savoir qu'il n'a aucun droit d'abandonner son âme à cet état, sinon il mériterait la colère d'Allah,
dans le présent et dans le futur. Il mériterait aussi l'exécration, le grand supplice et la torture
permanente et perpétuelle qui n'a pas de limite ni de fin. Son cœur devrait trembler de ce malaise dans
lequel il est tombé, et de ce problème qui n'a pas d'issue. Il ne peut pas cohabiter avec son âme à l'état
où elle se trouve, c'est-à-dire à l'état où elle mérite la colère et la détestation d'Allah. Il sent qu'il est
incapable de déplacer son âme de son lieu de méchanceté à la cohabitation avec la présence divine. Une
fois que le disciple découvre tout ceci, il doit se diriger d'une manière sincère, déterminée, laborieuse et
assidue vers la recherche d'un thérapeute qui le délivrera de cette maladie inextricable et lui indiquera
le remède capable de lui offrir la guérison parfaite et la bonne santé. Voilà le disciple sincère. Toute
autre personne qui ne dispose pas des attributs susmentionnés, ne fait partie en réalité que des
étudiants, pas plus. Elle peut trouver quelque chose, comme elle peut ne rien trouver. Son âme s'est
attachée à quelque chose et elle l'a demandé.
Par contre, le vrai disciple, de par sa sincérité : le cheikh devient plus proche de lui, que sa demande.
C'est la diligence d'Allah qui lui a permis d'acquérir les connaissances susmentionnées (sur la
-182-
méchanceté de son âme, etc.) Et c'est cette même diligence qui le guidera vers le cheikh parfait et qui le
lancera dans sa présence. Elle agira sur le cœur du cheikh, pour qu'il l'aime et le glorifie. Et c'est ainsi
que prendront naissance l'entente, l'harmonie et la bienséance entre eux1. La porte de l'arrivée va donc
s'ouvrir devant lui, parce que la diligence d'Allah, intervenant dans cette affaire, quand elle vise quelque
chose, elle l'attire vers elle, avec force. Cette attraction ne s'arrête jamais quoi qu'il en soit. Le disciple
sincère qui demande un cheikh éducateur doit donc être au courant des connaissances susmentionnées.
Il doit s'intéresser sérieusement à sa quête du cheikh. Il doit avoir un cœur qui ne voit et qui ne
s'intéresse qu'à sa demande. Il ne doit s'occuper que de ce qu'il veut. Voilà la sincérité qui lui sera utile.
Voilà ce qui pourrait le faire sortir d'une exécration ultérieure. Le devoir du disciple, avant de rencontrer
son cheikh, est le suivant :
• Continuer à citer ses litanies et prier sur le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, avec une
forte présence du cœur, une bonne concentration et une réflexion sur la signification des
mots, selon la possibilité.
• Avoir la foi qu'il est en présence du prophète, prière et salut d'Allah sur lui.
• Abandonner, le plus souvent, la passion de l’âme et ses intérêts matériels.
• Œuvrer dans le sens de tout ce qui favorise l'amour d'Allah, le Très-Haut, en effectuant des
actes de dévotion, comme la prière facultative, en ses moments connus : à la montée du
jour, avant la prière de "dhohr" et juste après, avant la prière de "assr", après le coucher du
soleil, après la dernière prière de la nuit, quand on se lève de son sommeil et à la fin de la
nuit avant l'aube. Mais il ne faut tout de même pas exagérer.
• Donner la priorité aux litanies et à la prière sur le prophète, prière et salut d'Allah sur lui,
plus qu'à la prière facultative. D'ailleurs, les litanies et la prière sur le prophète, prière et
salut d'Allah sur lui, sont la clé des portes du bonheur et des biens2
• S'isoler au moment des litanies,
• Réduire les quantités de la nourriture et des boissons,
• Jeûner et se taire lorsqu'il n'est pas nécessaire de parler, et ainsi de suite en appliquant les
règles des gens dignes de la voie (soufie).
Il faut faire attention de ne pas mélanger les litanies d'origines différentes et il faut éviter la
dispersion de la pensée en s'occupant des propos des soufis. Personne ne peut réussir en suivant cette
mauvaise voie (de mélange). Il faut opter pour une seule litanie, ne s'intéresser qu'à une seule voie, à
une seule orientation, à une seule origine sur laquelle le disciple doit compter. Voilà ce que devrait être
la conduite et l'éducation du disciple avant de rencontrer le cheikh. Ensuite, il doit oeuvrer à la
recherche de ce cheikh parfait. "Tamtam" a dit : le disciple sincère ne voit que sa demande, il n'œuvre
que dans le sens de la réaliser, et il ne s’intéresse qu'à elle. Voilà l'attribut et les états du disciple
exemplaire.
Quant à ce qui coupe le disciple de son éducateur, le maître, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : les
raisons pour lesquelles le cheikh bannit le disciple sont les suivantes:
• Intérêts matériels.

1 - À propos de ce sujet, le gnostique sidi Mohamed Arbi ben Sayeh a dit dans son livre «boughya al moustafid li charhi mounya
al mourid» (le souhait du bénéficiaire exaucé lors de l'explication du livre al mounya) :
Ici, il y a une précision à noter : toute personne qui se dirige vers un saint, ne va voir devant lui que ce qu’il y a en son
intérieur. L’auteur de l’Ibriz a dit : le saint parfait prend des couleurs différentes selon les coeurs des personnes qui viennent
lui rendre visite. Etc. Donc, toute personne qui vient rendre visite à un saint tout en croyant en lui et en ce qu’Allah l’avait
doté comme prodiges et états magnifiques, sa rétribution sera que le Seigneur, le Très-Haut, ne le fera voir que ce qu’il
aimera et que ce qui l’apaisera. Cependant, si une personne vient lui rendre visite tout en croyant autre chose, elle ne verra
que ce qui lui portera préjudice, et perdition comme rétribution équitable.
2 -Dans son livre «al jawab al mouskite» (la réponse qui fait taire), l’érudit sidi Mohamed Akansous a dit : Le cheikh Abou abbés
sidi Ahmed ben Moussa Yamani a dit: celui qui n'a pas de cheikh pour l’éduquer spirituellement, qu’il prie avec assiduité sur
le prophète, prière et salut d’Allah sur lui. Cette prière a pour vertu de l’éduquer et de le guider grâce aux lumières de
l’éthique du prophète. Elle le fera progresser jusqu’aux rangs élevés de la perfection et elle le conduira à une haute position
dans la présence du Grand Roi, le Très- Haut. Elle le fera bénéficier de la vue d’Allah, le Très-Haut et de la proximité avec le
prophète, prière et salut d’Allah sur lui.

-183-
• Opposition par le cœur et par la langue1.
• Crispation du disciple à la suite de l'apparition du coté humain chez le cheikh, coté qui
traduit parfois des choses ne concordant pas avec la connaissance.
• Perte, du point de vue du cœur, de la vénération portée pour le cheikh.
En ce qui concerne les intérêts matériels : que ces intérêts soient relatifs au monde d'ici-bas ou à
l'au-delà, un cheikh ne doit, en général, être accompagné et connu que pour Allah, le puissant, le
Solennel, pas pour autre chose. Cet accompagnement est de deux types :
• Ou bien le disciple considère qu'il accompagne le saint pour l'amour d'Allah, le Très-Haut. Il
dit : ce cheikh, étant un élu, je l'accompagnerai pour Allah, tout en ayant en tête le hadith
"Qodssi" du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, qui dit : "celui qui prend un de mes élus
pour un ennemi, je ferai la guerre contre lui". Le même hadith sous-entend : celui qui
considère saint un de mes élus, en respectant le fait que c'est mon élu, je le rendrai à son
tour un de mes élus. Voilà le grand secret qui attire les disciples vers la présence d'Allah, le
Très-Haut.
• Ou bien, le disciple considère que le cheikh est un serviteur de la présence divine. En effet,
le cheikh connaît bien la bienséance que nécessite cette présence. Il sait aussi le type
d'intentions et de buts à éviter au sein de cette présence pour que l'individu ne soit pas
altéré. Une fois que le disciple prend connaissance de tout ceci, il accompagne donc le
cheikh pour qu'il le guide vers Allah et vers ce qui pourrait le rapprocher de lui. Il s'agit, dans
les deux cas ci-dessus, d'un accompagnement fait uniquement pour Allah, pas pour un
intérêt, sinon le disciple perdra ici-bas et à l'au-delà.
Une fois que vous savez ceci, sachez aussi que le seigneur, le glorieux, le Très-Haut, est adoré non pas
pour un certain intérêt, mais parce qu'il est Dieu et il mérite la divinité et l'adoration de par son Entité.
Dieu se caractérise d'ailleurs par des attributs suprêmes et louables et des noms resplendissants. Voici la
haute adoration. De même pour le cheikh, on ne l'accompagne pas pour un certain intérêt. On
l'accompagne plutôt et on le suit en considérant que c'est un élu d'Allah pour que cet accompagnement
nous attire vers l'élection d'Allah, le Très-Haut. Le disciple apprend de lui les bienséances satisfaisantes
et tout ce qui risque de détourner le serviteur de la présence divine. Il est à noter que tout ce qui se
rapporte à la passion de l'âme, même ce qui semble être louable, est un détournement du serviteur de
la présence d'Allah, le Très-Haut.
Voilà pourquoi les cheikhs ont reçu l'ordre de faire de la répression sur leurs disciples et être rudes
avec certains d'entre eux afin de les empêcher de suivre leurs passions pour la moindre des choses. Le
disciple, au moment du suivi de sa passion, est en effet un mécréant, formellement et non pas
symboliquement. En suivant sa passion, il prend son âme pour un Dieu. Il désobéit alors à l'ordre divin.
Et il adore donc en réalité une autre divinité à part Allah, le Très-Haut. Dans ces conditions, il n'œuvre
pas du tout pour Allah.
Même s'il dit à cet état: "Pas de divinité à part Allah". La langue du Vrai lui dira : tu mens ; tu es
polythéiste ! C'est dans ce contexte qu'a été cité le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui :
"Sous le dôme du ciel, il n'y a pas de Dieu adoré, à part Allah, plus important qu'une passion suivie".
Une fois que le disciple prend connaissance de ceci, il ne doit pas se mettre en colère contre son
cheikh et ne doit pas changer d'attitude vis-à-vis de lui si celui-ci n'agrée pas sa passion et ses intérêts
(matériels). Le cheikh connaît mieux que son disciple ce qui pourrait être bien ou mauvais pour lui. Le
disciple ignore ceci. Donc, s'il demande de son cheikh quelque chose dans n'importe quel domaine, et si
le cheikh la lui refuse, il doit savoir que ce refus vise son intérêt et sa protection contre un mal donné.

1 - Il ne faut jamais contredire son cheikh, même en rêve. L’érudit sidi Akensous a dit dans son livre «al houlal zanjafouria» : le
cheikh Abou hamed ghazali a dit : j’ai entendu notre cheikh al Farmadi, qu’Allah ait son âme en sa sainte miséricorde, dire
qu'il est nécessaire que le disciple soit bienséant envers son cheikh, et qu’il ne doive pas y avoir d’objection dans son cœur
aux dires de son maître.
Il a dit : j’avais rapporté mon rêve à mon cheikh Abi Qacem Al Karkani, je lui ai dit : j’ai vu que vous m’aviez dit telle chose, et
je vous ai répondu : pourquoi donc ? Quand il a entendu ce rêve, il m’a abandonné un mois sans qu’il me parle. Il m’a dit : si
ton intérieur ne tolérait pas l’objection et la négation de ce que je te dis, tu n’aurais jamais vu un tel rêve.

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Une fois que le disciple prend la mauvaise habitude de penser du mal de son cheikh, comme
susmentionné, il sera alors banni de la présence d'Allah, le Très-Haut, et sera coupé de son cheikh. Si le
disciple se met en colère contre lui tout en ayant un cœur changé à son égard, il se coupera alors
définitivement de lui, sans aucune espérance de retour. L'opposition au cheikh par le cœur ou par la
langue est une épée tranchante, coupant la corde qui relie le cheikh à son disciple. Ce dernier ne doit
donc jamais s'opposer à une quelconque affaire du cheikh.
Si celle-ci ne concorde pas avec son savoir exotérique ou ésotérique, il doit admettre qu'il y a des
détails, qu'il ignore, mais qui existent entre le cheikh et son Seigneur. Le cheikh agit selon ces détails.
Même si dans l'apparence, on a l'impression que le cheikh dévie et va en contre-courant de la règle
religieuse, il est plutôt, dans le fond, tout à fait dans la voie de la droiture, mais sans que l'on s'en rende
compte.
Quant à la crispation du disciple vis-à-vis de l'apparition du caractère humain du cheikh, cela est dû à
son ignorance de Dieu, le Très-Haut, et des rangs de sa créature. En effet, Allah, le glorieux, le Très-Haut,
se manifeste en chaque rang, parmi les rangs de sa créature, par un ordre et un verdict qui
n'appartiennent qu'à çe rang. Cette manifestation est parfois une perfection en matière des degrés de la
sagesse divine ; parfois, elle prend l'image d'une défaillance.
Dans ce cas, le rang en question ne peut que voir apparaître en lui cette manifestation selon cette
image de défaillance. Ceci est dû au fait que cette apparition est née à la suite de la volonté
seigneuriale. Et si la volonté s'attache à quelque chose, cette dernière ne peut en aucun cas se
transformer en une autre chose à laquelle la volonté ne s'est pas attachée.
Il est donc obligatoire qu'une défaillance apparaisse dans le corps de chaque gnostique. Cette
défaillance prend parfois la forme d'une perfection si elle est en relation avec les détails qui existent
entre lui et son Seigneur. Parfois, elle lui est attribuée afin d'exprimer, exprès, qu'il s'agit bien d'une
défaillance. Il ne peut alors qu'observer cette décision divine, qui exprime la coercition et la
prédominance inévitables.
Si le disciple remarque un certain trait de ce caractère humain chez son cheikh, insinuant une
certaine défaillance dans l'application de la loi islamique ou bien dans l'éthique, il doit alors se rappeler
les significations qu'on vient de mentionner. Sachez que cela ne fait pas sortir le cheikh de la présence
de son seigneur. Il ne le secoue pas de sa position de proximité et il ne réduit pas sa parfaite bienséance
devant lui.
Une fois qu'on prend connaissance de cela, il ne faut alors pas refuser son cheikh à cause de
l'apparition de ses défauts humains. D'ailleurs, chaque disciple demande du Vrai, un rang auquel il se
rattache, afin de se rapprocher de lui et d'arriver à le connaître. Aucun disciple ne souhaite avoir un rang
qui montre une certaine défaillance. Mais la situation crie : vous n'avez alors aucune chance d'entrer à
la présence d'Allah, le Très-Haut, car la défaillance est obligatoire en tout rang.
La perfection ne peut pas apparaître dépourvue de tout défaut, des points de vue des images, des
sens et des sensations, en tout aspect et en toute considération, sauf en trois rangs, uniquement. Il
s'agit du rang de la transmission du message divin, de la prophétie et du rang du pôle.
Ces trois rangs ne présentent aucune défaillance. Celle-ci peut apparaître, par contre, dans les autres
rangs, comme elle peut ne pas apparaître. Si un défaut semble affecter un messager, un prophète ou un
pôle, il faut savoir que ce n'est qu'un défaut que les gens imaginent par ignorance alors que c'est en fait
un summum de perfection. C'est dans ce contexte que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit :
pourquoi certaines personnes, par transcendance, ne font pas ce que je fais. Je vous jure que je connais
Allah et je le crains plus qu'eux.
Quant à la perte de la vénération1 portée pour le cheikh :

1 -À propos de ce sujet, l’érudit sidi Mohamed Lahjouji a rapporté dans le tome 4 de son livre «ithaf ahl al maratib al irfaniya»
(le cadeau offert aux gens dignes de rangs gnostiques, en leur présentant la biographie de certains hommes de la voie
tijanie) une lettre envoyée par le gnostique sidi Mohamed Arbi Ben Sayeh à son cousin le théologien sidi Taher ben
Mohamed Al Hafyane : il lui a dit :

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C'est la plus grande cause de la coupure avec Allah1. Cette perte de vénération signifie que le disciple
ne montre plus d'intérêt vis-à-vis de ce que son cheikh lui ordonne de faire ou de ce qu'il lui interdit.
Par ailleurs, une des plus grandes conditions reliant le cheikh à son disciple, est le fait de ne pas lui
associer un autre cheikh, dans son amour, dans sa glorification, dans la demande de l’assistance
spirituelle et dans le fait de se livrer à lui complètement avec le cœur. Ceci peut être déduit de la loi
islamique du prophète, prière et salut d'Allah sur lui.
Celui qui considère le rang de son prophète, prière et salut d'Allah sur lui, en égale position avec le
rang des autres prophètes et messagers dans l'amour, la glorification, le prélèvement des secrets, le
dévouement total par le cœur et dans la loi religieuse, mourra mécréant, sauf si une diligence
seigneuriale le rattrape grâce à un amour divin antérieur.
Une fois que vous savez ceci, sachez que le disciple doit alors se comporter avec son cheikh comme
s'il se comportait avec son prophète, prière et salut d'Allah sur lui. C'est-à-dire il doit le glorifier, l'aimer,
prélever de lui et s'adonner en totalité à lui par le cœur. Il ne doit pas le considérer en égale position
dans son cœur avec quelqu'un d'autre. Il ne doit pas lui associer quelqu'un d'autre dans cette
glorification et cet amour.
Parmi les plus grandes causes de la coupure avec Allah, le fait que le disciple attribue ce qu'il a atteint
en dévoilement et en secrets à une personne autre que son cheikh. En fait, les lumières divines qui
parviennent au serviteur et qui sont chargées de secrets, états, connaissances, sciences et élévation
dans les rangs spirituels, chacune d'entre elles reste en liaison avec son origine.
Cette origine est la présence divine à partir de laquelle cette lumière a pris naissance et dans laquelle
elle s'est développée. Chacun des cheikhs élus d'Allah, dispose d'une présence, à lui seul, sans aucun
autre associé. Lorsqu'une lumière émane de cette présence, chargée d'un élément parmi les éléments
susmentionnés, et lorsqu'on rattache cet élément à une origine autre que la sienne, c'est-à-dire à une
autre présence parmi les présences divines, cette lumière se met alors en colère et retourne à son
endroit d'origine.
La projection de ceci sur les rapports de la sagesse divine est la suivante: Allah a décidé, dans son
livre Saint, que chaque fils doit se rattacher à son père. Allah dit : «Appelez-les du nom de leurs pères:
c'est plus équitable devant Allah» (Sourate Al Ahzab, les coalisés, verset 5).
Celui qui rattache une lumière à une origine qui n'est pas la sienne, au sein de la présence divine, a
agi contre les bienséances dans la présence du Vrai. Il a menti à l'encontre d'Allah. La présence ne tolère
pas le mensonge. Voilà pourquoi il sera banni et privé de son secret, qu'Allah le Très-Haut, nous accorde
protection. Fin de la dictée du cheikh, à partir de sa mémoire et de ses propres mots, en une seule
conférence, satisfaction d’Allah sur lui.

Parmi les choses qui conduisent à la perte de la vénération portée pour le cheikh : la diffusion de sa parole et des ses secrets
auprès des gens qui n’en sont pas dignes. Une cause beaucoup plus importante de cette perte de vénération pour le cheikh
est la contestation par le cœur de ses dires et de ses actes, ainsi que l’occupation par la recherche du pourquoi de ses ordres
et de ses interdictions. Toute personne qui s’occupe de ça ne pourra jamais réussir, et elle perdra de son cœur la vénération
qu’elle porte pour le cheikh. Elle sera coupée de sa voie.
1 - À propos de ce sujet, le gnostique sidi Mohamed ben Yahya Palamino a dit dans son manuscrit : Sidi Mohamed Arbi ben
Sayeh a dit : sache que la nature des Marrakchis fait qu’ils sont très sociables et très ouverts. Ils s’habituent rapidement à
leurs invités, et ils se familiarisent d’une manière remarquable avec eux. L’érudit sidi Mohamed ben Ahmed Akensous était
très différent d’eux. Au contraire, quand il allait se promener ou quand il allait rendre visite à des gens qui l’ont invité, il
prenait place à côté d'eux, il prenait son chapelet et il commençait à faire des litanies, jusqu’à ce que les gens se dispersent
sans qu’il ait prononcé le moindre mot. Ce fut son état. Il ne parlait que très peu, selon les circonstances.
L’érudit sidi Mohamed Belqacem Bassri Meknassi a été interrogé sur cette attitude, il a répondu que l’érudit sidi Akensouss
était sage et très sensé. La nature des habitants de Marrakech était dominée par leur faculté à taquiner autrui et à
plaisanter. Il se comportait donc avec eux par l’inverse de leur nature pour conserver l’inviolabilité du cheikh, satisfaction
d’Allah sur lui. Son inviolabilité et sa vénération portée par ces gens de Marrakech dépend en effet de la vénération qu’ils
portent dans leurs coeurs pour son calife l’érudit sidi Akensous. S’il se familiarisait avec eux, il n’y aurait sûrement plus de
vénération. Et s’il n’y a plus de vénération, il n’y aura plus de bénéfice de la part du cheikh, satisfaction d’Allah sur lui.

-186-
Il est judicieux de citer, dans ce contexte (à l'occasion des conditions mentionnées par notre maître,
satisfaction d'Allah sur lui) des vers issus du poème (raiya), de l'imam "al Charichi", satisfaction d'Allah
sur lui:
Ne venez pas demander la Tariqa soufie avant d’avoir fait confiance au «cheikh»
et de croire qu’il est le plus habilité en cette époque à éduquer et instruire.
Si vous vous intéressez à quelqu’un d’autre que le cheikh1.
Un contrôleur est chargé d’observer.
Dans ce cas, il commande l’arrêt de toute transmission de secrets vers vous et tout secret est
éloigné.
Si votre âme aspire au soufisme alors abandonnez sa bestiale passion
et laissez-la de côté, comme dans le cas où vous évitiez une affliction.
Mettez votre âme dans le giron du cheikh, comme si vous mettiez un enfant entre les mains de
celui qui va le sevrer.
Sinon, votre âme ne peut pas être libérée du giron et de l'autorité.
Celui qui ne se caractérise pas par l’abandon de sa volonté, ne peut pas espérer sentir l’odeur de la
nécessité auprès d’Allah L'élevé.
Ne vous opposez jamais à votre éducateur,
parce qu’il est capable de pulvériser tout disciple déserteur.
Celui qui s’oppose sans disposer de savoir,
verra la défaillance dans la pure perfection et ne se rendra
pas compte de son déboire.
Celui qui n’est pas d’accord avec son Sheikh sur sa croyance, restera dans la flamme de la braise à
cause de sa défiance. Un homme raisonnable n’est satisfait que par son éducateur. Et ce même
si ce dernier dévie du droit chemin pour l'erreur, et que cette déviation est tellement importante
qu’elle est comparable à la déviation de la nuit par rapport à l’aube éclatante.
Ne cherchez pas à connaître un autre cheikh en présence du vôtre. Évitez sa colère.
Ne parlez pas en sa présence, sauf s’il vous autorise à le faire.
Limitez-vous alors à un minimum de propos.
N’élevez pas votre voix au-dessus de la sienne, évitez ce défaut !
Ne criez pas comme si vous étiez dans le fond d’un trou.
Ne vous asseyez pas près de lui d’une manière orgueilleuse et surtout
il faut vite vous couvrir. Et ne laissez pas vos jambes nues. N’étalez pas de tapis (dédié à la prière)
à sa vue.
Votre but doit se limiter à le servir convenablement.

1 -Le cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, n’aime pas que son disciple se détourne de sa présence. Le poète dit :
J’aime parmi mes bien-aimés celui qui m’appartient à moi seul
J’aime parmi mes compagnons celui qui n’a pas trahi le pacte
Si j’ai un associé qui partage avec moi celui que j’ai aimé, et que je suspecte
J’abandonnerai la passion et je vivrai seul
À propos de ce sujet, l’érudit sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ a dit dans son livre «al kawkab al wahaj» (la planète
enflammée): plusieurs soufis ont rapporté l’histoire d’un certain gnostique qui est tombé amoureux d’une femme
vertueuse. Il a même cessé plusieurs de ses actes d’adoration pour s’adonner à elle. Il lui a déclaré son amour et il ne s’est
pas détourné d’elle. Un jour, il l’avait rencontré en tête à tête et il lui avait déclaré avec douceur ce qu’il avait enduré à
cause de son amour, et qu’il ne voyait aucune femme à part elle.
Elle lui a dit : tu m’as aimé de cette intensité ! comment vas-tu faire si tu vois plus belle que moi ? Il lui a dit : existe-t-il plus
belle que toi ? Elle lui a répondu : oui, voici ma sœur, elle est beaucoup plus belle que moi, là-voici elle va venir maintenant
de ce côté. Il s’est alors détourné pour la voir. Quand il s’est détourné, elle l’a giflé et elle s’écria : que tu périsses, vaniteux !
Tu prétends l’amour et tu as envie d’autrui, etc. Il a compris, par conséquent, le signe qu’elle lui a fait, et il a compris que le
détournement de la présence du bien-aimé est l’un des plus grands péchés. Il s’est repenti alors et il est revenu à ce qu’il
accomplissait comme culte pour se rapprocher d'Allah.

-187-
Le tapis du Soufi est la demeure de l'apaisement.
Son nid n’est autre que l’abandon du nid.
Dans toutes les affaires, prenez son avis,
vous verrez dans cette consultation la réussite.
Ne soyez pas de ceux qui perfectionnent les actes chez lui, évite !,
alors que quand ils sont seuls ils les gâchent ; il faut commencer à lutter contre ses mauvais côtés
très vite !
Celui qui est sincère dans son repentir, voit ses actes pleins d'anomalies
alors qu’il est innocent de ses ignominies.
Fin de ce qu'on a voulu écrire à partir de ce poème béni. Qu'Allah prie sur sidna Mohamed, sa famille
et ses compagnons. Qu'il le salue par ses meilleures salutations.

PARTIE III : COMMENT RECONNAÎTRE LE VRAI CHEIKH QU'IL FAUT SUIVRE DANS SES PAROLES ET SES
ACTES ?

Est-il permis à ses disciples d'écouter les chants ?


Qu'est-ce qu'ils doivent faire les jours et les nuits ?
Et présentation de diverses invocations qu'Allah a rendues
courantes sur la langue de notre maître.

Sachez que notre maître, satisfaction d'Allah sur lui, a été interrogé à propos de la vérité du cheikh
accompli, comment le connaître ? Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant :
Concernant la vérité du cheikh accompli, il s'agit de celui dont tous les voiles ont été levés afin que
son regard dirigé vers la présence divine soit parfait, vérifié avec certitude, et sous forme d'un regard
oculaire .
Cette affaire commence d'abord par une "assistance" qui est en fait une observation des vérités
derrière un voile épais. Puis par une "levée de voile" ou "décèlement" signifiant l'observation des vérités
derrière un voile très fin.
On passe ensuite à "la constatation" ; il s'agit d'une manifestation des vérités sans voile, mais avec
une spécificité. L'étape suivante est "le regard" ; il s'agit de l'observation des vérités, sans voile, ni
spécificité. Aucune trace de l'autre et de l'autrui ne doit rester. Il s'agit de la station de l'écrasement, de
l'annihilation, du tassement et de l'anéantissement de l'anéantissement. Il n'y a là que le regard du Vrai
dans le Vrai, pour le Vrai, par le Vrai.
Il ne reste rien d’autre qu’Allah.
Il n'y a là ni point d'arrivée, ni gnostique déjà arrivé1
L'étape suivante est "la vie" ; il s'agit de la distinction entre les rangs par la connaissance de toutes
leurs caractéristiques, exigences, besoins et ce que mérite chacun des rangs de toute chose et de toute
présence. Pour quelle raison et pour quel objectif ont-ils existé?
Quelles sont leurs destinations ? Il s'agit là de la station de la maîtrise du serviteur de sa propre
personne et de tout ce qui l'entoure, de ses secrets et spécificités, ainsi que de la présence divine, de sa
sublimité, de sa solennité, de ses hauts qualificatifs et de sa perfection, des points de vue savoir par le
goût et regard de certitude.
La personne digne de ce rang est celle que les gens cherchent en ne prêtant aucune importance aux
déserts qu'ils doivent parcourir pour la rencontrer. Mais malgré ce qualificatif, elle doit disposer d'une

1 -On parle d'arrivée à la connaissance d'Allah juste pour vulgariser différentes significations. Cependant, cette arrivée ne peut
pas exister, car il n’y a pas de point d'arrivée. Où peut arriver cet élu? Quoiqu'il avance, il va se rendre compte de son
incapacité. La réalité de cette incapacité n'est comprise que par les grands gnostiques.

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parfaite autorisation du Vrai, du Très-Haut, gloire à lui. C'est une autorisation spéciale pour la guidance
des serviteurs de Dieu, pour être à leur tête et pour les conduire vers la présence divine.
Voilà le cheikh qui mérite d'être suivi. C'est ce que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, désigne
en disant à Abi Jouhaïfa :
«Interroge les savants, fréquente les sages et accompagne les grands»1 La personne digne de ce
rang est appelée "le grand". Une fois que le disciple rencontre une personne qui se qualifie de cet
attribut, son devoir est de se lancer entre ses mains, comme un mort qu'on met entre les mains de son
laveur. Il ne doit alors disposer ni de choix, ni de volonté, ni de dotation ni de profit.
Il doit avoir comme objectif sa propre délivrance du malheur dans lequel il est noyé. Le résultat serait
de gagner la parfaite pureté, en observant la présence divine et en abandonnant tout ce qui est en
dehors d'elle. Il doit s'affranchir ainsi de tous les choix et de tous les objectifs qui sont autres que cette
présence divine.
Chaque fois que le cheikh lui fait signe d'un acte ou d'un ordre, il doit faire attention de ne pas lui
poser des questions telles que : pourquoi, comment, à quel propos, pour quelle raison, etc. C'est la
porte de la détestation et du bannissement. Il faut qu'il croie que le cheikh connaît ses intérêts mieux
que lui. Là où il le conduit, il faut savoir qu'il le guide pour et par Allah dans le but de le faire sortir des
ténèbres de son âme et de sa passion.
Quant au cheikh qui est qualifié de ces attributs, comment pourra-t-on le contacter et comment le
détecter ? La réponse est que les cheikhs qui sont ainsi qualifiés sont nombreux. La plupart de ces
cheikhs se trouvent dans les grandes villes, où ils sont installés. Il est très difficile de les connaître et de
les contacter. C'est comme si l'on cherche du soufre rouge. Ils sont camouflés dans l'apparence des gens
du commun et dans leurs états. Celui qui leur demande des informations sur cet état, ils le repoussent
et le refoulent ; ils jurent même qu'ils ne savent rien à propos des cheikhs et de leur sujet.
La raison de ce comportement est l'altération de l'organisation de l'univers selon la volonté du Vrai,
gloire et élévation à lui. On ne peut pas contrecarrer la volonté du Vrai. Dans cet univers, chaque être
humain n'œuvre que pour ses intérêts personnels et ses concupiscences, tout en tournant le dos à la
présence divine et à ce qu'elle mérite comme droits et bienséances. À notre époque, les gens ordinaires
ne visent, en suivant les saints, que de mauvais objectifs pour profiter de la vie, de ses délices et de ses
concupiscences, ainsi que pour se sauver des peines et des sinistres dans le monde d'ici- bas. Ils ne
veulent pas abandonner les péchés exorbitants et indécents qui occupent leur temps et qui ne mènent
qu'à la demeure de la perdition. Ils ne peuvent plus quitter ce domaine et ils ne peuvent point retourner
à la présence divine.
Lorsque les gnostiques ont compris à quoi s'intéressent les gens ordinaires, ils se sont alors cachés
d'eux et les ont bannis, à tout aspect et en tout état. Ceci devrait exiger d'eux d'habiter dans le désert et
dans les endroits éloignés, mais la volonté du Vrai les a obligés à rester au milieu de ces gens ordinaires,

1 -À propos de ce sujet, l’érudit sidi Lahcen Baaqili a dit dans son livre «Achourb Assafi, mina al karami addafi, hachia ala kitab
Jawahir al Maâni» (la boisson pure, issue de l'abondante générosité, représentant une marge écrite et des annotations sur le
livre perles des significations) :
Son dire «Interroge les savants» signifie les légistes qui sont spécialistes des verdicts religieux. Ils sont interrogés sur la loi
religieuse uniquement. Ils n’ont pas de force ni de méthode capable de délivrer les cœurs qui se sont éloignés d’Allah. Ils
sont plutôt autorisés à transmettre les verdicts et n’ont aucune chance dans le rang du sage soufi.
Son dire «fréquente les sages» : il a été nommé sage parce qu’il prononce la sagesse. Il peut souvent délivrer les gens de la
passion de leurs âmes en leur disant un seul mot. Il s’agit de l’éducateur qui éduque les gens par de petites choses avant de
s’attaquer aux profondeurs de la science. Il éduque toute personne selon sa spécialité. Si le savant fournit les verdicts qui
sont en relation avec l’exotérique (la science exotérique) parce qu’il s’attache à l’exotérique ; le soufi fournit quant à lui les
verdicts qui sont en relation avec l’ésotérique parce qu’il s’attache à l’ésotérique.
Son dire «et accompagne les grands». Le grand parfait est l’homme parfait qui a rassemblé le rang de la servitude des points
de vue de la science, du goût, de l’acte, de l’acquisition de l’éthique et du pouvoir d’agir en nom d’Allah dans l’exécution des
verdicts exigés par l’univers, tout en étant un serviteur d’Allah dans Sa présence. C’est-à-dire dans la présence du Seigneur
et de son rang de divinité. Il s’agit du gnostique parfait qui rend les gens parfaits, du pur qui rend les autres purs uniquement
par le regard et l’orientation. Les meilleurs d’entre vous sont ceux qui font rappeler Allah à ses serviteurs dès qu’ils les
voient (sans qu’ils aient à dire quelque chose).

-189-
à habiter dans leur environnement, et ce pour des raisons voulues par le Vrai, gloire et élévation à lui.
Allah a fait son jugement ; personne ne peut s'y opposer. Les gnostiques n'ont donc trouvé aucune issue
pour abandonner les gens ordinaires et sortir enfin au désert et aux endroits éloignés. Ceci est dû à la
décision d'Allah qui doit être appliquée. Ils n'ont pas trouvé non plus de voie pour corriger les gens
ordinaires et les ramener à la présence divine. Ils sont alors dans la position de quelqu'un qu'on oblige
de résider avec un groupe de fous qui jettent des pierres sur lui, mais sans pouvoir les quitter ; il n'a qu'à
endurer, résider avec eux et supporter le tourment.
Voilà pourquoi les gnostiques se cachent des gens ordinaires et les refoulent en tout état. Ces gens
du commun sentent probablement derrière les voiles l'odeur de l'arrivée de ces gnostiques à Allah. Ils se
lèvent alors pour s'attacher à eux en vue d'atteindre leurs objectifs. Mais les gnostiques se cachent
d'eux. Pour ce faire, ils utilisent parfois des procédures dites de "mélange" et de camouflage, en
montrant qu'ils sont mauvais, qu'ils pratiquent la fornication, le mensonge exorbitant, qu'ils boivent de
l'alcool et qu'ils tuent des vies sacrées, de sorte que tous ceux qui les voient jugent qu'ils méritent
l'indignation d'Allah et sa colère.
Ces mauvaises choses "de camouflage" que les gnostiques essaient de montrer aux gens ne sont que
des images issues de l'inconnaissable, sans aucune existence dans le monde extérieur. Ce ne sont que
des imaginations que les autres voient comme choses réelles. Ils font alors semblant d'effectuer des
actes affreux et contraires à la loi religieuse, mais en réalité, ils ne font rien de cela. Ils se cachent de
cette manière des gens ordinaires, pour protéger leurs stations et être plus libres dans leurs
bienséances1. Une fois que vous savez ceci, il faut savoir également que dans ce domaine les gens
sincères sont bien mélangés avec les menteurs. Il est difficile de distinguer les uns des autres. Il n'y a pas
d'astuce pour détecter le gnostique accompli d'une manière formelle, sauf dans un seul cas parmi les
très rares cas.
C'est le cas où le gnostique parfait apparaît dans des images conformes à la loi religieuse parfaite.
Celui qui prend cette apparence et prétend qu'il est un cheikh, ne peut être reconnu qu'en fonction de:
• Sa guidance vers Allah, de son retour à lui, de l'ascèse qu'il prône dans la vie d'ici-bas, ainsi
que de l'indifférence vis-à-vis de cette vie et de son existence.
• Et de l'apparition de l'image de l'ouverture du voile chez certains de ses disciples, par son
intermédiaire.
Si le gnostique apparaît selon ces qualificatifs, le disciple devra alors se lancer entre ses mains dès
leur première rencontre. Bien entendu, le disciple doit s'assurer de la qualification du gnostique en
faisant une enquête auprès de gens crédibles parmi ses visiteurs et ses voisins. S'il trouve qu'il est
habilité à être un cheikh, qu'il l'accompagne alors ; sinon, qu'il s'abstienne.
Par ailleurs, celui qui souhaite trouver un cheikh, à notre époque, n'a qu'à invoquer Allah. Surtout s'il
craint les escrocs et les menteurs tout en n'étant pas muni d'astuces pour les démasquer. Il doit
s'orienter vers Allah avec sincérité, avec un attachement permanent par le cœur, et avec de
permanentes invocations et supplications, afin qu'Allah lui dévoile un cheikh accompli, capable de le
faire sortir de son angoisse et de le guider vers Allah, et vers l'obéissance de ses commandements. C'est
la seule voie pour éviter de se noyer dans un océan effrayant.
Il existe une autre méthode encore plus efficace, et prioritaire pour atteindre l'objectif. C'est une
méthode plus noble pour ceux qui n'ont pas trouvé d'astuce leur permettant d'avoir accès à un cheikh
parfait. Il s'agit de l'occupation permanente de leur temps par la prière sur le prophète, prière et salut
d'Allah sur lui. Ils doivent le faire avec le maximum de bienséance et de présence de cœur, tout en
imaginant qu'ils sont assis entre les mains du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. S'ils continuent
ainsi en persévérant et en ayant pour objectif d'arriver à la connaissance d'Allah le Très-Haut, comme

1 -Les gnostiques cachent au maximum leurs émissaires spirituels et ce qu'ils décèlent comme sciences, car ils craignent de
trahir la confiance qu'Allah a placée en eux. Le gnostique ne peut en aucun cas exhiber le secret qui existe entre lui et son
seigneur, le Très-Haut. Si son secret est découvert ou si les gens découvrent qu'il est un vrai gnostique, il considérera qu'il a
trahi le secret et la confiance du Vrai. Il quittera alors son pays de résidence ou mourra par chagrin.

-190-
pour le cas d'un homme assoiffé qui a pour objectif d'atteindre une source d'eau, Allah les prendra alors
en charge et les attirera vers lui.
Il leur indiquera ou bien un cheikh parfait accompli qui s'occupera de leur éducation. Ou bien il
chargera son prophète, prière et salut d'Allah sur lui, de leur éducation. Ou bien il leur ouvrira la porte
de l'arrivée et leur enlèvera les voiles à cause de leur occupation permanente par la prière sur son
bien-aimé, prière et salut d'Allah sur lui. Cette prière est la plus importante des voies vers Allah, le
Très-Haut, menant à lui. Personne n'a jamais été déçu en la suivant pour arriver à Allah, le Très-Haut.
Quant à la question relative au test du cheikh et à la pesée de ses actes et de ses états : ce n'est pas
commode ! Personne n'a jamais pu réussir en procédant ainsi. Cette procédure ferme les portes qui
amènent les gens à Allah, le Très-Haut. Celui qui suit cette voie sera amené par Allah, le Très-Haut, à
observer une certaine déficience en toute créature ; il ne peut jamais être tranquille.
Croire en un cheikh est une chose divine, qu'Allah place dans les cœurs. Celui qui dispose de cette
croyance ne peut pas abandonner le cheikh même s'il le voit commettre mille péchés. Mais, si le disciple
est sincère, il ne verra du cheikh, en guise de récompense, que ce qui tranquillisera son cœur. Il ne
tombera que sur le vrai cheikh sincère.
Par contre, celui qui est mauvais, lors de sa quête, il ne verra que la négation et la réduction de la
valeur du cheikh. Il ne verra que ce qui le repoussera et le fera fuir1.
Quant à la question concernant la nécessité de chercher un cheikh, est-elle une obligation pour
chaque individu ? Est-elle une obligation pour certaines personnes seulement ? Et pourquoi serait- elle
obligatoire? La réponse est la suivante : ce n'est pas une obligation religieuse qui implique une
récompense au profit des dévots et une punition à l'égard des non-pratiquants. Cela ne fait pas partie
de la loi religieuse. Mais si l'on médite, on se rendra compte que c'est nécessaire. C'est l'exemple de
l'assoiffé ; s'il ne demande pas de l'eau, il mourra. Sa recherche est donc obligatoire logiquement (si l'on
médite).
La voie de la méditation, ici, est la suivante: les gens sont créés pour adorer Allah, pour s'orienter
vers sa présence divine, en abandonnant tout ce qui est en dehors de cette présence. De même, le
disciple sait que son âme va l'entraver et l'empêcher de se redresser pour se diriger vers la présence
divine. Il sait qu'il est incapable de résister à son âme pour pouvoir rentrer à cette présence divine, avec
tout ce qu'elle exige comme droits et bienséances. Il sait aussi qu'il n'aura aucun refuge et aucune
sauvegarde qui le protégera d'Allah s'il suit son âme et ses passions tout en tournant le dos à Allah.
Selon ce raisonnement, il doit chercher un cheikh parfait. Cette obligation dite "de méditation" (ou
de raisonnement) est établie naturellement. Elle ne figure pas dans les textes de la loi religieuse. Ces
textes ne parlent en effet que du devoir de respecter convenablement les droits divins, dans la forme et
dans le fond. Ce devoir incombe à tout individu parmi tous les êtres créés.
Selon la loi religieuse, aucune excuse n'est tolérée à quiconque pour qu'il abandonne son devoir. Il
n'est pas excusé s'il est vaincu par sa passion ou s'il est incapable de résister à ses concupiscences. Pour
la loi religieuse, c'est un devoir obligatoire, et il est interdit de faillir à ce devoir, sinon la loi inflige une
punition dans ce cas. Voilà ce qu'il y a dans la législation musulmane.

1 -L’érudit sidi Mohamed Saghir a dit dans son livre «al jaych al kafil» (l’armée suffisante pour se venger de celui qui a porté son
épée de négation contre le cheikh Tijani) : l’auteur du livre «faraid al fawaid» (les remarques bénéfiques singulières) a dit : si
le croyant voit un négateur, il ne doit pas le prendre pour compagnon, car son diable va essayer de s’entraider avec le diable
du croyant en le hantant par de mauvaises idées et pensées. Ceci pourra l’influer et il croirait aux propos du négateur.
L’érudit sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ a dit dans son livre «toroq al manfaa» (les voies du bénéfice en vue de répondre aux
quatre questions) : Allah prend soin des gens qui ont été sincères dans leur objection et leur négation des propos des gens
dignes des secrets. Souvent, ils sentent le stratagème divin qui englobe les négateurs, ils se blâment alors pour ce qu’ils ont
fait, et ils se repentent. Ceux qui sont coupés de la voie d’Allah et qui demeurent noyés dans les illusions de leurs passions
sont en général ceux qui se prennent pour de grands savants, et qui aiment se montrer plus importants que les autres. Leur
situation est encore plus difficile s’ils sont entourés de gens du commun. Ils cherchent à les convaincre et à introduire dans
leurs coeurs la haine des élus d’Allah. C’est pour cela que le cheikh sidi Ahmed Tidjani, satisfaction d’Allah sur lui, a dit : le
fait d'être assis à côté de ceux qui détestent les proches d’Allah, est un poison qui circule. Il n’est pas permis au disciple
sincère de s’asseoir à côté d’eux ou d’évoquer le nom d’un saint dans leur présence

-191-
Le cheikh qu'il faut chercher est celui qui éduque et qui enseigne les pratiques religieuses, imposées
aux serviteurs de Dieu, en vue d'exécuter les ordres divins et d'abandonner les prohibitions. Tout
ignorant est dans l'obligation de chercher un tel cheikh qui le guidera. Il ne doit pas s'en passer. À part
ce type de cheikh, rien n'est obligatoire dans la loi religieuse.
Mais il faut le demander en considérant la voie de la raison. C'est comme dans le cas d'un malade,
fatigué par sa maladie, incapable de trouver, tout seul, un remède, et ayant une santé en chute. On lui
dira : si tu veux rester malade, reste alors ! Mais si tu souhaites te rétablir, il faut que tu demandes un
thérapeute compétent, qui maîtrise la maladie et son origine, le remède guérissant, son mode
d'administration, en quantité, qualité, moment et état de prise. Fin.
Quant au fait d'écouter les chants, est-ce que c'est permis ou pas, comment s'y prendre, qui écoute,
de qui écoute-t-on, dans quel état le chanteur devrait-il être, quels mots devra-t-il utiliser dans la
chanson ? La réponse est la suivante, qu'Allah nous accorde succès, de par Sa générosité.
Sachez que la question qui concerne l'écoute de la musique a suscité des débats chez de grands
cheikhs. Ces derniers ont acquis la connaissance parfaite d'Allah, d'une manière sûre, par le regard et
l'observation; ils ont pu attester l'unicité d'Allah d'une manière spécifique avec un goût et ils ont acquis
le rang de la parfaite guidance, tout en désavouant tout aspect relatif au suivi de l'âme et de la passion.
Certains d'entre eux affirment que la musique est licite d'une manière absolue, sans qu'ils invitent les
gens à la pratiquer ni à l'abandonner. D'autres disent qu'elle est absolument illicite, tout en blâmant
ceux qui la pratiquent. D'autres la désavouent sans l'interdire. D'autres l'aiment et préfèrent se mettre
du côté de ceux qui la pratiquent. Mais personne ne l'exige comme étant une obligation. Le verdict
portant sur cette question est bien détaillé dans les livres du soufisme ; ce n'est pas la peine de s'y
attarder.
Il y en a ceux qui ne se prononcent qu'en détaillant la question en fonction des données du temps et
des conditions de l'état des choses. C'est par la suite qu'ils jugeront de l'acceptation de la musique, de
son abandon, de son interdiction, de sa désapprobation, de sa recommandation ou de sa préférence.
Tout ceci se trouve dans les livres du soufisme.
En ce qui concerne notre époque, sachez qu'en absence des outils de musique et de tout ce qui
tourmente la pensée, comme les poèmes sur la taille des corps, les joues, la jeunesse féminine, l'écoute
des belles voix féminines ou masculines; et en absence de tout ce qui est en dehors de la loi religieuse,
comme le mélange des hommes et des femmes ; il faut que l'auditeur de la musique observe son propre
état. S'il sent que la musique l'encourage à demander la présence divine, motive sa détermination,
éloigne de lui les mauvaises traditions ainsi que les images dessinées par la pensée et les images
interdites. Et s'il sent qu'elle l'attire vers l'attachement à Allah, le Très-Haut, en faisant exciter l'amour
en son cœur, l'auditeur aura alors intérêt à écouter cette musique tant qu'elle ne l'occupe pas au
détriment de la citation de ses litanies et du respect de leurs moments opportuns. Sinon, le mal risque
de l'emporter sur le bien.
Si par contre, l'auditeur de la musique sent de la froideur dans sa détermination, et commence à se
pencher vers les récréations, la paresse, tout en sentant de la lourdeur pour se lever à la demande de la
présence divine, il lui sera alors interdit de s'intéresser davantage à la musique et d'y assister. Si l'état de
l'auditeur n'est pas affecté par la musique, tout en se contentant de savourer les belles voix et les airs
affectueux, le verdict sera alors la permission. Il peut assister aux chants musicaux comme il peut les
quitter.
En cas de chansons interprétées par de jeunes belles femmes ou par de beaux hommes, il est
interdit, selon la loi religieuse, de les écouter. Si en plus, l'auditeur sent qu'il s'excite en écoutant cette
musique, il n'aura donc aucun intérêt à continuer à l'avoir comme passion ou vocation. C'est comme si
quelqu'un boit du miel contenant du poison qui ne le tue pas immédiatement. Il le tuera, de toute
façon, ultérieurement, sans qu'il le sache.
En dehors de cela, il est raisonnablement préférable d'éviter d'assister à tout chant musical, utilisant
des outils de musique, sauf en présence d'un cheikh parfaitement accompli. Dans ce cas, il est

-192-
préférable d'y assister. En général, l'écoute des chansons qui utilisent des outils musicaux conduit à une
altération interne, si la grande partie du mal est évitée.
Ceci se présente comme un nuage agréable qui annonce l'eau des pluies utiles pour l'arrosage. Mais
au lieu d'être bénéfique, ce nuage est source de grêle et de foudre, ce qui a pour effet d'altérer les fruits
au lieu de les améliorer. Par ailleurs, en cas de présence d'un cheikh accompli parfait, sa présence sera
protectrice contre le mal et la perdition.
Ce qu'on vient de dire ne concerne que les gens voilés. Mais ceux qui se trouvent noyés dans les
mers de la vérité et de l'unicité, on ne peut pas leur affecter un tel jugement ; il faut les laisser sous
l'effet de leur état et de leur position. Le gnostique agit au sein de sa position en fonction de sa
situation, selon un texte, un indice, une déclaration ou un signal.
Il n’accorde aucune importance à celui qui nie son acte ou l'appuie. Si sa position spirituelle lui
permet d'assister au chant musical, il faudra le laisser y assister sans le blâmer parce qu'il maîtrise bien
ses remèdes et ses maladies. Si, par contre, sa position l'incite à fuir le chant musical, personne ne devra
l'attirer ou l'encourager à y assister.
Les états diffèrent selon les connaissances. Il en est de même pour les goûts. Les bénéfices des rangs
spirituels, ainsi que leurs afflux et ouvertures ne se ressemblent pas et ne sont pas en concordance
entre eux.
Combien de détenteurs d'une certaine station spirituelle sentent du mal en écoutant une chanson,
dès son commencement! Cette écoute leur est plus dure que s'ils avaient bu un poison qui tue les corps
denses en une heure ! Mais aussi, combien de gnostiques captent des afflux lorsqu'ils assistent aux
chants, des afflux qui parviennent de la Sainte présence et qui sont chargés de connaissances et d'états!
Ils transcendent alors dans différentes positions spirituelles qu'ils ne peuvent pas atteindre par le
culte ni par la pureté des moments, durant cent mille ans. Voilà le détail du verdict sur les chansons à
l'égard des gnostiques, satisfaction d'Allah sur eux. Chacun d'eux dispose d'un goût, d'une position et
d'un état. Leurs cultes sont différents. Leurs édifices ne sont pas compatibles. Chaque station spirituelle
dispose d'un verdict. Pour chaque goût et passion, il y a des hommes différents. À chaque moment, il y a
un verdict spécifique. Et pour chaque état, il y a un moment qui le produit.
En résumé, en présence d'un chant musical, il faut laisser le gnostique tranquille, selon son moment,
sa position, son état, son goût et sa passion. Il faut éviter de le contrarier. Pour les gens voilés, on a déjà
détaillé leurs cas dans ce qui précède.
En ce qui concerne la question suivante: si le cheikh commande à certains de ses compagnons de
pratiquer la musique, ou s'il l'a pratiquée lui-même sans la recommander aux autres, est-ce qu'ils
peuvent la pratiquer après sa mort ou procéder selon leurs opinions?
La réponse, ici, doit suivre la loi de ce qu'on a dit à propos des gens voilés et des gens dignes des
connaissances. Pour ces derniers, il faut appliquer ce qu'il a été présenté au début. Pour les gens voilés,
la réponse dépend du détail de ce qu'on a déjà mentionné.
En ce qui concerne le fait d'exhorter certaines personnes à assister aux chants surtout si elles sentent
grâce à eux une amélioration spirituelle, tout en préservant les temps alloués aux prières et aux litanies:
sachez que dans ce cas, l'auditeur de la musique doit être en compagnie de gens d'honneur, qui
respectent leurs pactes et promesses et qui ne dépassent pas les limites de la loi religieuse. Des gens qui
veillent sur la piété parfaite et la droiture, qui assistent aux chants spirituels pour Allah et dans Allah, et
d'une manière correcte. Voilà l’aspect irréprochable de son audition.
Quant au Samaâ (chant spirituel) connu aujourd'hui par les disciples de cette époque, ceux qui le
pratiquent encourent leur perdition plus que leur salut. Il cause l'handicap plus que l’intérêt. L'handicap
qu'il peut provoquer est plus proche, pour ceux qui le pratiquent, que leurs propres souliers.
Méfiez-vous donc du fait d'assister au Samaâ en présence de ces gens qui ne respectent ni promesse
ni pacte. Ils ne respectent aucune limite de la loi religieuse et ne considèrent rien pour sauvegarder
l'ordre d'Allah. Il ne faut donc pas assister au Samaâ avec eux.

-193-
Si un disciple sincère assiste avec eux à un musical de Samaâ, il risquera d'être affecté par leurs états
et de tomber avec eux dans le mélange, la détérioration, la désobéissance et la débauche. Il risquera
d'être chassé de la porte d'Allah de la pire des manières. Paix sur vous. Fin de la dictée de notre cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui, à partir de sa mémoire et de ses propres mots.
Quant aux invocations qu'Allah a rendues courantes sur la langue du cheikh, satisfaction d'Allah
sur lui, on cite ce qui suit : Au nom d'Allah, le très miséricordieux, le tout miséricordieux. O, Allah, je
T'invoque pour que Tu pries et que Tu salues sidna Mohamed, ainsi que sa famille proche, selon
l'ampleur de Ton savoir.
Que Tu me donnes et Tu donnes à untel, telle chose et telle chose, individuellement ou
collectivement, de ce que Tu veux, à partir du début de la création, jusqu'à la fin du jour de la
résurrection. Et ce, à chaque moment aussi court qu'un clin d'œil, pour chaque individu, à part.
Donne-lui vingt afflux à partir de la mer de Ta satisfaction. Donne à chacun, en chaque afflux, la plus
grande partie de tout bien demandé par sidna Mohamed, Ton prophète et messager, prière et salut
d'Allah sur lui, qu'il s'agisse des biens que je connais ou que j'ignore, à partir des biens de la vie d'ici-bas
et de l'au-delà.
Accorde-nous la sauvegarde de tout mal, duquel sidna Mohamed, Ton prophète et Ton messager, t'a
demandé protection, prière et salut d'Allah sur lui, qu'il s'agisse des maux qui me sont connus ou
inconnus, parmi les maux de la vie d'ici-bas et de l'au- delà.
Accorde-nous le pardon de tous nos péchés, antérieurs et postérieurs, ici-bas et dans l'au-delà. Paye
pour nous toutes nos redevances à partir des coffres de Ta largesse et de Ta générosité, et non pas à
partir de nos bonnes œuvres. Que les biens sollicités dans chaque afflux soient différents de ceux d'un
autre afflux, et tout ça en dehors de ce que j'ai mentionné auparavant.
Je Te demande, O, Allah, que Tu me donnes ainsi qu'à chaque individu parmi ces gens, tout ce que je
t'ai demandé, et ce que je viens de te demander. Que Tu me répondes favorablement, ainsi qu'à chaque
individu, parmi ces gens, pour tout ce que je t'ai demandé, et ce que je viens de te demander, et ce de
par Ta pure largesse et générosité. Fin.
Cette dernière invocation ne concerne que l’élite parmi les monothéistes. Quant aux monothéistes
du commun, il faut arrêter l'invocation à la phrase suivante : ".. qu'il s'agisse des biens que je connais ou
que j'ignore, à partir des biens de la vie d'ici-bas et de l'au-delà.". N'ajoutez pas la suite : "Accorde-nous
la sauvegarde de tout mal, duquel ... ". Puis reprenez l'invocation à partir de : "Que les biens sollicités
dans chaque afflux soient différents de ceux d'un autre afflux, etc."
En effet, il est inutile pour les monothéistes du commun de prier Allah pour leur accorder cette partie
de l'invocation que nous avons supprimée, parce que de toute façon Allah ne va pas la leur accorder.
C'est comme si on lui demandait la prophétie et la messagerie en une période postérieure à celle du
prophète sidna Mohamed, prière et salut dAllah sur lui.
Celui qui fait cette invocation, s'il n'est pas mécréant, il n'est pas loin de l'être. Parce qu'Allah a déjà
pris sa décision et nous a informés de son verdict. Donc celui qui demande d'Allah le contraire de ce
verdict se trouve dans l'irréligion, car il a demandé d'Allah une injustice, alors qu'Allah est infiniment
exempt de déficience et de persécution. C'est comme s'il voulait qu'Allah ne soit pas pur. Alors que le
verdict antérieur d'Allah est la justice elle-même ; et son opposé n'est autre que la persécution. Fin.
Cette invocation comporte trois niveaux :
1. Un niveau pour tous les monothéistes,
2. Un niveau pour l'invocateur lui-même ainsi qu'à ceux qu'il a spécifiés dans son invocation,
3. Et un niveau pour ceux qui se comportent bien avec lui, qui l'aiment ou à qui il doit quelque
chose.
Celui qui souhaite faire une invocation selon un de ces trois niveaux doit composer les demandes qui
lui sont adaptées. Comprenez alors! C'est ce que j'ai entendu du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui. Fin
du document écrit par notre bien-aimé et maître, Abou Abdellah, Sidi Mohamed Ben Machri, à partir de
la dictée du cheikh.

-194-
Parmi les invocations du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, qu'il nous a dictées à partir de sa
mémoire et de ses propres mots, je cite ce qui suit : O Allah attire-moi véritablement vers Toi, corps et
âme, selon les attractions de ta diligence. Habille-moi par les habits de l'occupation de mes temps par
Toi1.
Remplis mon cœur et mes sens par Ton rappel, Ton amour et Ton désir, de sorte qu'il ne reste plus
rien en moi pour quelqu'un d'autre que Toi. Arrose-moi du verre qui me coupe de tout sauf de Toi, tout
en complétant mon désaveu à l'égard d'autrui, sans que mon cœur prête la moindre attention à cet
autrui2.
Fais de moi un excellent serviteur, grâce à Ton aide, tout en prélevant de Toi, tout en T'écoutant,
tout en Te regardant et tout en me retournant à Toi. C'est sur Toi que je compte. C'est en Toi que je
dirige mes mouvements et mon immobilité, tout en étant purifié par les afflux de tes manifestations,
contre tout intérêt et tout reliquat (les restes de la ruse, de l'impétuosité et des maladies de l'âme), ainsi
que contre tout apaisement en présence de quelqu'un d’autre que Toi, et contre toute observation de
quelqu'un d’autre que Toi 3.
Sois (O, Allah) un rempart entre mon âme, sa passion et Satan d'un côté et moi de l'autre côté.
Préserve-moi contre eux par les bâches de Ta protection. Assure-moi en permanence le privilège de se
mettre debout entre Tes mains avec limpidité, par et pour Toi, de la manière qui Te rend satisfait, par
laquelle Tu es satisfait, comme Tu es satisfait. Que je sois, entre Tes mains, compté parmi les plus grands
véridiques4.
Couvre-moi par les armées de Ta victoire, Ton appui, Ton aide, Ta parfaite prise en charge, Ta
diligence, Ton amour, et Ton élection.
Interviens pour me protéger de quiconque autre que Toi, du début à la fin, jusqu'à ma mort, selon
cet état5.
Accorde-moi, ici-bas et dans l'au-delà, la sainteté spéciale, parfaite et pure qui ne laisse aucune place
à quelqu'un autre que Toi. Tu as pouvoir sur toute chose. Prière et salut d'Allah sur sidna Mohamed et
sur sa famille proche6.
Celui qui souhaite faire cette invocation n'a qu'à commencer par la citation de la prière sur le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, mille fois le matin et mille fois le soir. Il citera ensuite cette
invocation sept fois après chaque ensemble de mille prières sur le prophète. Il offrira la récompense de
ces prières au prophète, prière et salut d'Allah sur lui, tout en glorifiant Allah et son messager, prière et
salut d'Allah sur lui.
La citation doit être faite avec une bonne prononciation des mots, avec méditation, avec
concentration et avec la présence du cœur dans la mesure du possible. Le disciple doit continuer ainsi,
tout en s'isolant obligatoirement des gens, se taisant, réduisant la nourriture, les boissons, mais sans
excès ni défaut. Il faut aussi qu'il empêche son cœur de courir derrière les affaires du monde d'ici-bas,
les femmes et les concupiscences. Qu'il le garde de l'exaspération du destin et de l'inquiétude de tout ce

1 -Translittération : Allahoumma ijdhibni ilayka bi haqqine, qalbane wa qalabane, bi jawadhibi înayatika. Wa albissni khilâata
isstighraqi awqati fi al ichtighali bika.
2 -Translittération : Wa imlae qalbi wa jawarihi bi dhikrika wa houbbika wa al chawqi ilayka imtilaane la youbqi fiya
mouttassaâne li ghayrika. Wa issqini kaassa inqitaîi ilayka bi takmili al baraati mine ghayrika wa adami iltifati qalbi li ssiwaka.
3 -Translittération : Wa ijâalni bika laka qayimane, wa anka akhidane, wa minka mousstamiâne, wa ilayka nadirane wa rajiâne,
wa alayka mouâwilane, wa fika moutaharrikane wa ssakinane, moutaharane bi fouyoudi tajalliyatika mine jamiîe al
houdoudi wa al baqaya, wa mine jamiîe al moussakanati wa al moulahadati li ghayrika.
4 -Translittération : Wa houle bayni wa bayna annafssi wa hawaha, wa al chaytani bi ssouradiqati îssmatika li minhoume, wa
adime li safa al wouqoufi bayna yadayka bika laka mine haytou tarda bima tarda kama tarda, mitla akabiri asseddiqina bayna
yadayka.
5 -Translittération : Wa houffani bi jounoudi nassrika li, wa taayidika li, wa âwnika li, bi kamali tawallika li, bi înayatika bi, wa
mahabbatika li, wa isstéfaika li. Wa houle bayni wa bayna ghayrika mine awali al amri ila akhirihi, hatta toumitani ala
dhalika.
6 -Translittération : Wa ijâalni fi dounya wa al akhira mine ahli wilayatika al khassati al kamilati assérfa, allati la chayibata fiha
li ghayrika. Innaka ala koulli chayine qadire. Wa salla allahou ala sayidina mohammadine wa alihi wa sahbihi wa sallama
tasslimane.

-195-
qui n'est pas conforme avec la passion du moment! Celui qui procède ainsi verra des secrets et des
lumières sans limites. Qu'Allah nous accorde succès. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur
lui.
Parmi les invocations du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, on cite l'invocation suivante valable pour
toute requête : O, Allah, je Te demande de par ce que cachent les voiles de Ta solennité, comme
glorifications de Ton visage. Si de telles glorifications apparaissent à l'univers, celui-ci sera écrasé, brûlé
et réduit à néant. Je Te demande par ces glorifications, par leur solennité et sublimité, que Tu pries et Tu
salues sidna Mohamed, ainsi que sa famille proche1. Je Te demande que Tu m'accordes telle et telle
chose (ici, il faut décrire vos souhaits). Fin.
Parmi les prières du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, qu'il a adressées à Allah, le puissant, le
Solennel : on cite l'invocation qui comprend toutes les stations, toutes les positions, toutes les
situations, toutes les présences, toutes les transcendances, tous les états, et tous les rangs acquis par les
gnostiques, les pôles et les singuliers "Afrads". Je vais vous présenter en guise d'indice le début de cette
invocation pour que vous preniez conscience de l'ampleur des connaissances de ce cheikh, de sa
générosité, de sa valeur chez Allah, et de ce qu'Allah lui a préparé comme honorabilités et dons. Le
début de l'invocation est le suivant :
O, Seigneur, par Ta faveur je demande de Ta faveur. Par Ta largesse je demande de Ta largesse. Par
Ta générosité je demande de Ta générosité. Par Ta gloire, je demande de Ta gloire. Ne mets pas fin à
mes jours avant que Tu ne me fasses atteindre la plus haute station du pôle Sidi X et celle de Sidi Y ... Le
cheikh a continué ainsi en dépassant une cinquantaine de grands noms des plus éminents
prédécesseurs, satisfaction d'Allah sur eux.
Puis il a dit : (ô, Allah, je demande aussi) leurs rangs de souveraineté sur la terre, de "Ghaout", de
"Fard" (Singulier), de "Jamiâ" (rassembleur) avec tout ce que ces rangs regroupent comme sciences
essentielles, théoriques, traditionnelles, dévoilées, et infuses. Je Te demande aussi les connaissances
relatives à Ton Entité, à Tes attributs et à tous Tes noms et Tes actes.
Je Te demande aussi tous les secrets, lumières, actions, états, stations, positions, dévoilements,
conquêtes spirituelles, certitudes, monothéismes, constatations, amours, spécificités, bienséances entre
Tes mains, compréhensions, jurisprudences religieuses et apparitions de Tes manifestations au sein de
toute apparition.
Accorde-moi aussi :
• Le respect des droits de Ta Seigneurie.
• La noyade dans la constatation de Ta sublimité et de Ta grandeur.
• L'éternelle langueur et fusion à la suite de ta crainte révérencielle et de Ton autorité
solennelle.
• La stagnation sous les tempêtes des destins que tu as décidées.
• Et la perfection dans tout ce que je fais, par Toi, et pour Toi, des points de vue Islam, foi,
bienfaisance, savoir, acte, état, position, station, certitude et éthique.
En somme, ne mets pas fin à mes jours que lorsque Tu me donnes tout ce que Tu leur as donné, en
tant que pôles durant toutes leurs vies et jusqu'à leurs morts. Donne-moi tout ce que j'avais cité et
même ce que je n'ai pas mentionné alors que Ton savoir l'encercle bien. Donne-moi en plus de ceci la
«qutbaniya» (rang de pôle) de tout pôle, depuis la mission du prophète, prière et salut d'Allah sur lui,
jusqu'au souffle dans la trompe, quelle que soit la circonstance. Accorde-moi la souveraineté sur terre
de tout souverain, le rang de Ghaout de tout Ghaout, le rang de rassembleur de tout rassembleur
(jamiâ), le rang de "fard" (singulier) de tout "fard", depuis la mission du prophète, prière et salut d'Allah
sur lui, jusqu'au souffle dans la trompe.

1 - Translittération : Allahoumma inni assalouka bima warathou houjoubou jalalika mine soubouhati wajhika allati lawe
oud-hirate lil woujoudi la tadakdaka al woujoudou wa inharaqa wa ssara mahda al adami. Nassalouka bi tilka al soubouhati
wa jalalatiha wa âdamatiha ane toussaliya wa toussalima ala sayidina mohammadine wa ala aali sayidina mohammadine.

-196-
Le cheikh a continué dans ce sens jusqu'à ce qu'il a dit : que Tu me donnes (O, Allah), en plus de cette
«qutbaniya» tout ce que tu as donné à Sidna "Talha", à Sidna "Zoubaïr", etc. Il a continué ainsi en citant
une soixantaine de noms des grands compagnons du prophète, de leurs successeurs et des successeurs
de leurs successeurs.
Dans le premier groupe de noms cités, le cheikh n'a mentionné que les plus célèbres des pôles parmi
les compagnons du prophète et d'autres, mais dans le deuxième groupe, il a ajouté l'invocation suivante
: fais de moi un héritier de tous ces gens, dans leurs sciences, connaissances, secrets, lumières, actes,
états, etc. Il a continué ainsi en mentionnant différents détails de ce type.
Puis il a dit : Accorde-moi, O, Allah, une grande importance dans ma station spirituelle en ces classes
de pôle, de singulier, de Ghaout, de souverain sur terre, de rassembleur. Une importance telle que les
rangs de tout autre pôle, singulier, Ghaout, successeur, ou rassembleur s'annulent devant ma station.
De même pour les rangs de tout autre gnostique, amoureux, bien-aimé, disciple ou attiré vers Allah par
Allah.
Accorde-moi une levée de voile, en cette station spirituelle, à chaque clin d'œil et à chaque instant,
selon le rapport de la nuit d'AI- Qadr aux autres nuits, et que ça dépasse ce rapport par mille fois mille x
fois mille. Le cheikh a continué ainsi en dénombrant un grand nombre de fois mille fois x mille. Puis il a
dit :
Accorde-moi dans ce rang de pôle, le rang du pôle singulier, le ghaout (le secoureur) rassembleur et
le grand souverain sur la terre1, dont le prélèvement est direct, sans intermédiaire, à partir du prophète,
prière et salut d'Allah sur lui.
Accorde-moi les rangs de Ton et de son suppléant, de Ton et de son calife au sein de tous les univers.
Accorde-moi alors la gestion absolue, globale, générale, parfaite, dans tous les univers, prélevée de
sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, de Abi Bakr, de Omar, de Othman, d'Ali, d'Israfël, de
Gabriel, de Mickaël, de Azraël et de l'esprit qui est le roi de tous les univers et de tous les mondes.
Accorde-moi ce rang de pôle qui est par rapport à tous les élus de son époque, similaire au soleil par
rapport aux autres planètes.
Le cheikh a continué ainsi en mentionnant un grand nombre de requêtes. Puis il a dit: Je Te
demande, O, Allah, que Tu accordes la connaissance, par mon intermédiaire, à tel et tel nombre d'êtres
humains et de djinns. Il a mentionné un nombre très élevé. Nous n'avons jamais entendu parler d'un élu
qui a demandé de tels nombres.
Quant à ce que le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a demandé à avoir au paradis : règne, serviteurs,
houris, palais, différents types de paradis, tout ce que celui-ci contient, toute chose mentionnée et déjà
existante au paradis ou non mentionnée, mais pouvant y exister, le cheikh a demandé, de tout ceci, ce
qui dépasse les raisons et ne peut être cité par les langues.
De chaque catégorie, il a demandé des milliers multipliés par eux-mêmes jusqu'à ce qu'il ait calculé
chaque rang à part. Puis il l'a multiplié par le rang supérieur. Il a atteint un certain nombre de facteurs
de mille que personne, à mon avis, ne peut le calculer à part lui, satisfaction d'Allah sur lui !
Puis le cheikh nous a informés que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, lui a garanti
l'acquisition de tout ce qu'il a demandé. Louange et merci à Allah. Voilà ce qu'on a pu écrire dans cet
ensemble béni qui regroupe les requêtes de notre maître, satisfaction d'Allah sur lui, au début de son
affaire. Mais maintenant, il a déjà acquis ce qu'il a demandé, louange et merci à Allah.
Quant à la totalité de ses demandes, on ne peut pas l'écrire ici à cause de son immensité. Ces
requêtes comprennent également des choses qu'il ne faut pas dévoiler. Je n'ai mentionné ici que cette
partie afin d'avoir sa bénédiction et de faire connaître la valeur de notre maître, satisfaction d'Allah sur
lui, sa perfection et l'authenticité de sa grande station spirituelle de pôle. Fin.

1 -Le successeur d’Allah ou le souverain par délégation est celui qui veille sur les affaires de la présence divine. C’est le «ghawt»
(le secoureur). Il est le responsable sur l’ensemble des sujets d’Allah intérieurement et extérieurement.

-197-
Parmi les invocations du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, qu'il nous a dictées, je cite ce qui suit : Le
cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : O Allah, accorde-moi ton authentification, une authentification
qui fait disparaître les rapports et les rangs, les nominations et les raisons, les considérations, les
illusions et les imaginations. 1
De telle sorte qu'il n'y a ni où, ni comment, ni écriture, ni savoir, ni description, ni apaisement, ni
observation. Que je sois noyé en Toi, à la suite de l'annihilation de l'autre et de l'autrui et à la suite de
ton authentification, selon Toi, comme Tu es, comment tu es, sachant qu'il n'y a ni sensation, ni
considération, sauf Toi, par Toi, pour Toi, d'après Toi et à partir de Toi2.
Afin que je sois dévoué à Toi, à Ton service, retournant à Toi, allant vers Toi, tout en abandonnant les
pronoms et les adjonctions. Accorde-moi, en tout ceci, une protection grâce à Ta diligence, à Ton
élection, à Ton choix et à Ton appui. Amen3. Cette invocation est à citer quarante fois successives ou
distribuées dans le temps. C'est une invocation pour ceux qui se coupent du monde pour Allah, le
Très-Haut. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Parmi les invocations du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, on cite l'invocation appelée "Hizb
Tadarrouê wa libtihal", c'est-à-dire : la litanie qui a pour titre la supplication et l'imploration, tout en
frappant à la porte du roi sublime. Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : lisez la Fatiha après la
"Bassmalah" (Au nom d'Allah le très miséricordieux, le tout miséricordieux) et après le "Taâwod"
(sollicitation de la protection d'Allah contre le diable) une fois. Puis lisez la prière "Fatihi" une fois, puis
dites ce qui suit :
Seigneur, Sir, maître, voilà la position de celui qui reconnaît ses nombreux péchés et sa
désobéissance, son mauvais acte et manque de complaisance. Mon état n'est pas, pour Toi, chose
cachée. Ma servilité est bien apparente entre tes mains. Je ne dispose pas d'excuse à Te montrer. Je n'ai
aucune preuve pour me défendre contre ce que j'ai commis comme actes prohibés et désobéissances4.
J'ai commis ce que j'ai commis, sans que j'ignore Ta Sublimité, ta Solennité et l'autorité de Ta
grandeur. Je ne suis pas inattentif à l'égard de Ton intense supplice et châtiment. Je savais que j'allais
affronter Ton exaspération et Ta colère à la suite de mes péchés. Mais en tout ceci, je ne suis pas contre
Toi, ni têtu devant Toi, ni sous-estimant Ta puissance et Ta solennité 5.
Je ne néglige pas Ta puissance ni Ta grandeur. Mais je suis dépassé par mon malheur. Je suis emporté
par ma concupiscence. J'ai alors commis ce que j'ai commis par incapacité de résister à ma
concupiscence. Ta preuve sur moi est donc claire. Ta sentence en ma défaveur est applicable. Mais, à
cause de ma faiblesse, je n'ai rien que Toi pour me soutenir6.
Tu es l'indulgent, le généreux, le Charitable, le Tout Miséricordieux. Tu ne rends pas vain celui qui
sollicite Ton aide. Tu ne renvoies pas celui qui vient vers Toi. Je suis servile et dégradé devant Toi. Je
supplie Ta Solennité.

1 -Translittération : Allahoumma haqqiqni bika tahqiqane youssqitou annissaba wa al routaba, wa al taâyunati wa al taâlluqati,
wa al iîtibarati wa al tawahumati wa al takhayulati.
2 -Translittération : Haytou la ayna wa la kayfa wa la rassma wa la îlma wa la wassfa wa la moussakanata wa la moulahadata,
mousstaghriqane fika bi mahqi al ghayri wa al ghayriya, bi tahqiqi bika mine haytou anta kama anta wa kayfa anta, haytou la
hissa wa la iîtibara ilia anta, bika laka anka minka.
3 -Translittération : Li akouna laka khalèssane, wa bika qayimane, wa ilayka aayibane, wa fika dahibane, bi issqati al damayiri
wa al idafati. Wa ijâalni fi jamiîe dhalika massounane bi înayatika bi, wa tawallika li, wa isstéfaika li, wa nassrika li. Amine.
4 -Translittération : llahi wa sayidi wa mawlay, hada maqamou al mouâtarifi bi katrati dhounoubihi wa îssyanihi wa souyi fiîlihi,
wa adami mouraâti adabihi. Hali la yakhfa alayka, wa hada dhoulli dahiroune bayna yadayka, wa la ôudhra li fa oubdihi
ladayka, wa la houjjata li fi dafîie ma irtakabtouhou mine manahika wa âdami taâtika.
5 -Translittération : Wa qade irtakabtou ma irtakabtouhou ghayra jahiline bi âdamatika wa jalalika wa ssatwati kibriyaika, wa
la ghafiline ane chiddati îqabika wa âdhabika. Wa laqade âlimtou anni mouâtaridoune bi dhalika li ssakhatèka wa ghadabika.
Wa lasstou fi dhalika moudaddane laka wa la mouâanidane wa la moutassaghirane bi âdamatika wa jalalika.
6 -Translittération : Wa la moutahawinane bi îzzika wa kibriyaika. Wa lakine ghalabate alayya chiqwati, wa ahdhaqate biya
chahwati, fa irtakabtou ma irtakabtouhou âjzane ane moudafaâti chahwati. Fa houjjatouka alaya dahira, wa houkmouka fiya
nafide. Wa layssa li douâfi mane yanssourouni minka ghayrouka.

-198-
Arrose-moi de Ta largesse et de Ta providence. Accorde-moi affectueusement Ton pardon et Ta
clémence1.
Je Te conjure par ce qu'encercle Ton savoir, par Ta sublimité, Ta solennité, Ta générosité, Ta gloire,
par le rang de Ta divinité qui regroupe la totalité de Tes attributs et de Tes noms, sois clément envers
ma servilité et ma pauvreté. Étale la robe de Ton pardon, de Ta raison, de Ta générosité, de Ta gloire,
sur tout ce qu'encercle Ton savoir relativement à ce qui me qualifie comme mauvais attributs,
réfractions et lacunes en matière de droits divins que je n'ai pas pu honorer 2.
Tu es le plus généreux de ceux dont les portes sont pleines de demandeurs. Tu es détenteur de
l'immense gloire et de la largesse qui dépasse celle de tous ceux à qui les mains des démunis sont
tendues. Ta générosité est tellement ample et Ta gloire est tellement grande et importante qu'il est
inimaginable que Tu puisses rendre vaine la main tendue d'un démuni qui sollicite Ta diligence et Ton
pardon sur ses péchés et ses désobéissances3.
Pardonne-moi et offre-moi Ta miséricorde et Ta diligence. Je T'ai fait cette demande selon l'ampleur
de Ton essence et de Tes attributs de générosité, de gloire, de diligence, de pardon et de louange4. Mon
Dieu, si ma demande nécessite que je sois droit, je n'aurai même pas osé Te la faire, ni m'arrêter devant
Ta porte, puisque je connais mes mauvaises œuvres et réfractions. Je sais aussi que je mérite le
bannissement, l'anathématisation et l'éloignement 5.
Mais je T'adresse cette demande selon Ta valeur, tout en comptant sur Tes attributs de gloire, de
générosité, de diligence et de pardon. Je compte aussi sur la décence par laquelle Tu t'es qualifié
Toi-même, et qui a été évoquée par ton messager, prière et salut d'Allah sur lui. En effet, Tu ne rends
pas vaine une main tendue par un pauvre6.
Malgré l'ampleur de mes péchés et bien qu'ils dépassent les bornes et l'énumération, ils sont
incomparables à la dimension de Ta générosité et de Ta diligence. Ce rapport entre mes péchés et Ta
générosité ne dépasse pas celui qui existe entre une particule et le globe terrestre. Par le droit de Ta
générosité, de Ta gloire, de Ta diligence et de Ta raison qui sont des moyens qui m'encouragent à
solliciter Ta diligence et Ton pardon, efface mes fautes et pardonne- moi selon Ta largesse et Ta
diligence7.

1 -Translittération : Wa anta al âfouwou al karimou, wa al barrou al rahimou, alladhi la toukhayyibou ssayilane, wa la


tarouddou qassidane. Wa ana moutadhalliloune laka, moutadarriôune li jalalika, mousstamtéroune joudaka wa nawalaka,
mousstaâtéfane li âfwika wa rahmatika.
2 -Translittération : Fa assalouka bima ahata bihi îlmouka mine âdamatika wa jalalika wa karamika wa majdika, wa bi
martabati oulouhiyatika al jamiâti li jamiîe sséfatika wa assmayika, ane tarhama dhoulli wa faqri, wa tabssouta rida âfwika
wa hilmika wa karamika wa majdika ala koulli ma ahata bihi îlmouka mimma ana mouttassifoune bihi mina al massawi wa al
moukhalafati, wa ala koulli ma farratte-tou fihi mine houqouqika.
3 -Translittération : Fa innaka akramou man waqafa bi babihi al ssailouna, wa anta awssaôu majdane wa fadlane mine jamiîe
mane mouddate ilayhi aydi al fouqara al mouhtajina, wa karamouka awssaôu, wa majdouka akbarou wa aâdamou mine ane
yamoudda ilayka faqiroune yadahou, yasstamtérou âfwaka wa hilmaka ane dhounoubihi wa maâssihi fa tarouddahou
khayibane.
4 -Translittération : Fa ighfire li wa irhamni, wa ouâfou anni, fa innama saaltouka mine haytou anta, li ittissafika bi ôulouwi al
karami wa al majdi, wa ôulouwi al âfwi wa al hilmi wa al hamdi.
5 -Translittération : llahi, lawe kana souali mine haytou ana lame atawajjahe ilayka, wa lame aqife bi babika, li îlmi bima ana
alayhi mine katrati al massawi wa al moukhalafati, fa lame yakoune jazayi fi dhalika ilia attarda wa al laâna wa al bouâda.
6 -Translittération : Wa lakinni saaltouka mine haytou anta, mouâtamidane ala ma anta alayhi mine sséfati al majdi wa al
karami wa al âfwi wa al hilmi, wa lima wassamta bihi nafssaka mina al hayai ala lissani rassoulika salla allahou alayhi wa
sallama ane toumadda ilayka yadou faqirine fa tarouddaha ssafra.
7 -Translittération : Wa inna dhounoubi wa ine âdoumate wa arbate ala al hassri wa al âdadi fa la nissbata laha fi ssaâti
karamika wa âfwika. Wa la takounou nissbatouha fi karamika miqdara ma tabloughou haba mine âdamati kourati al âlami.
Fa bi haqqi karamika wa majdika wa âfwika wa hilmika allawati jaâltahounna wassilatane fi isstimtari li âfwika wa
ghoufranika, ouâfou anni, wa ighfire li, bi fadlika wa âfwika.

-199-
Si je ne mérite pas de tels dons, Tu es pourtant digne de pardonner celui qui ne mérite ni diligence ni
générosité. Tu es digne d'effacer, en un clin d'œil, tous les péchés et les désobéissances de toutes Tes
créatures1.
O, Digne de glorification et de générosité, de diligence et de miséricorde. O, Détenteur de richesse
immense et d'aisance énorme2. Puis citez la prière "Fatihi" sur le prophète, prière et salut d'Allah sur lui,
une fois.
Puis, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : le meilleur moment de s'orienter vers Allah par cette
invocation est le dernier tiers de la nuit. À ce moment, l'invocation est loin d'être rejetée par Allah, le
Très-Haut. Il est recommandé au disciple d'invoquer son seigneur pendant les moments connus
d'exaucement. Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a autorisé tous ceux qui savent lire parmi ses
compagnons, à citer ces invocations.
Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, à partir de sa mémoire et de ses propres mots,
en une seule conférence, à la maison de prière à Abi Samghoun. Le cheikh nous a autorisés par écrit à
citer cette invocation. Il nous a écrit son autorisation de sa propre main, satisfaction d'Allah sur lui.
Qu'Allah nous fasse jouir de sa satisfaction. Amen.
Celui qui récite cette prière doit concentrer sa détermination. Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a
dit : la détermination de l'être humain est dominatrice sur tous les univers. Chaque fois qu'elle s'attache
à un objectif, et qu'elle le cherche, tout en suivant le droit chemin, sans réticence, ni abandon de cette
demande, sans sentir de la difficulté dans sa quête, et sans avoir ni doute ni hésitation, mais plutôt avec
une ferme croyance qu'elle va arriver au but, voire mourir pour y arriver, elle atteindra son objectif
même s'il se trouve derrière le trône. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, dispose d'autres prières que celles qu’on vient de citer ; on ne
s'y attarde donc pas, parce qu'elles sont très longues. Celui qui s'y intéresse n'a qu'à les rechercher là où
elles se trouvent. Nous avons clos ce chapitre par ces prières bénites, espérant qu'Allah nous offre de
leurs mérites. Amen.

1 -Translittération : Wa ine kountou lasstou ahlane li dhalika fa innaka ahloune ane taâfoua âmmane layssa ahlane li âfwika
wa karamika. Fa anta ahloune ane tamhoua fi koulli tarfati âynine jamiâa ma li makhlouqatika mine jamiîe al maâssi wa al
dhounoubi.
2 -Translittération : Ya majidou ya karime, ya âfouwou ya rahime, ya dha al fadli al âdime, wa attawli al jassime.

-200-
CHAPITRE CINQUIÈME VERSETS CORANIQUES HADITHS ET
CORRESPONDANCES
Ses explications des versets coraniques et des hadiths
prophétiques. Ses correspondances, paroles, indications et
recueil de ce que j'ai entendu à partir de l'afflux de ses sciences,
ses secrets et rapports

Ce chapitre comporte des parties, des ramifications et des fondements. C'est l'axe autour duquel
tourne ce livre, c'est sa crème. Il est évident que notre cheikh Sidi Ahmed Tijani El Hassani, qu'Allah soit
satisfait de lui, a obtenu la vérité et la parfaite connaissance de cette voie soufie.
Il a traversé les vagues de la mer des connaissances pour devenir un imam ancré, comme une haute
montagne, ayant une grande gloire et une chaire pertinente. Sa chaire est comme une prairie remplie
de beaux jardins d'anecdotes et de sciences.
Il a maîtrisé le mode de conduite humaine, les détails des secrets du savoir, les sciences divines
infuses, les hautes vérités et les goûts réservés aux éminents parmi les saints. Lorsqu'il explique un
hadith ou un verset coranique, il fascine les esprits et étonne merveilleusement les gens. Lorsqu'il donne
un conseil, sa parole laisse une grande influence et son message transperce rapidement les cœurs.
Lorsqu'il guide les gens vers Allah, sa guidance est bénéfique attirant les esprits et les cœurs.
Sa parole est un guide et une lumière, c'est aussi une guérison des cœurs. Il nous fournit souvent des
indications de rangs élevés et des expressions prééminentes. Il approche le lointain à la compréhension
et apporte la preuve tranchante aux grands savants. Son oraison est éloquente et véridique. Il trouve
toujours l'expression qui reflète sa volonté. Chaque auditeur le comprend bien et a l'impression que la
parole lui est adressée.
Il s'exprime d'une manière globale, symbolisée par des paraboles pertinentes, tout en guidant et
groupant vers Dieu, invitant les gens par la voie de la sagesse et du meilleur conseil, appuyé par le livre
saint et la Sounna, auxquels toute personne raisonnable se penche. Lorsque les scientifiques assistent à
son conseil, il leur montre ce qui leur est caché et évoque leur témoignage sur ce qu'ils ignorent. Il traite
merveilleusement le thème du soufisme, de par ses connaissances divines infuses et non pas à partir
d'une bibliographie ordinaire.
Il évoque alors l'amour, l'amoureux et le bien-aimé, la conduite, le ravissement, l'anéantissement, la
pérennité, les mondes "Moulk", "Malakoute" et "Jabaroute”, le monde de l'esprit, le grand et le petit
dévoilement, les secrets des noms et attributs divins, le nom sublime d'Allah, ses secrets et tout ce qu'il
renferme comme sciences et lumières, comme méthode pour les connaître, leurs effets, leurs
influences, leurs définitions, leurs exigences, leurs verdicts, leurs besoins, leurs buts et objectifs. Il
évoque également les états du jour du jugement dernier, et les cités du monde de l'au-delà. Tout ceci, il
l'évoque parfois à partir de la voie du dévoilement, ou à partir du livre saint et de la sounna. Parfois, il se
réfère, qu'Allah soit satisfait de lui, à des savants afin de se cacher et ne pas exposer sa levée du voile.
Il évoque alors les défauts de l'âme, ses manigances et ses maladresses. Il traite le sujet du
renoncement à la gestion des affaires et au choix par soi même, de la controverse du destin, de la
reconnaissance de l'aubaine et de l'observation qui consiste à voir que tous les faits viennent d'Allah,
comme on l’a déjà mentionné dans le chapitre précédent. D'ailleurs, la parole du cheikh, satisfaction
d'Allah sur lui, dans tel ou tel domaine, que ce soit en connaissances ou en goûts, ne pourrait être
contenue dans d'innombrables tomes.
Une seule séance de ses cours ne suffirait guère pour exposer ses sciences et compréhensions. Mais
l'objectif c'est de collecter ce qui est présent et ramasser un peu de ce qui est dit lors de ses
conférences. Cette présente collection reflète uniquement ce qu’une personne comme moi pourrait
inscrire, grouper et collecter.

-201-
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a aussi des citations à travers lesquelles il donne une indication
expliquant différents versets coraniques ou divers hadiths prophétiques. Ces explications ne sont en
aucun cas contradictoires avec ce qui a été écrit par les premiers savants et gnostiques ou ce qui a été
emprunté comme voie par les grands soufis comme «Waradjibi» ou d'autres savants dévots, satisfaction
d'Allah sur eux.
Qu'Allah nous fasse profiter de leur rappel1, qu'il nous range dans leur groupe, et qu'il nous fasse
mourir dans leur conduite et dans leur affection ; il en est certes garant et capable. Ce chapitre sur les
citations du cheikh est tellement vaste que nous ne pouvons pas le traiter exhaustivement, avec sa
diversification, les bénéfices que l'on peut en tirer et l'ensemble de ses problématiques.
D'ailleurs, on ne cesse d'entendre les paroles du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, ses proverbes et
paraboles, ses connaissances nombreuses et leurs particularités, mais l'oubli règne sur l'être humain. Et
il ne reste accroché dans les cervelles que ce qu'on entend souvent et ce qui est répété de jour comme
de nuit. De même, si ce chapitre faisait l'objet d'un livre à part, cela aurait été juste ; on pourrait
d'ailleurs lui réserver toute une partie indépendante, s'il plaît à Dieu et si l'on trouve une possibilité pour
le faire.
Nous avons déjà eu l'occasion de citer dans les chapitres précédents certains enseignements issus de
ce présent chapitre. L'objectif étant de traduire le sens des phrases prononcées, tout en conservant,
tant que possible, les expressions d'origine. D'ailleurs, la citation par le sens est une chose tolérée et
courante.
Même les rapporteurs du hadith du prophète, que le salut d'Allah soit sur lui, ont suivi cette
méthode depuis les temps reculés jusqu’à nos jours ; alors: que pensez-vous des autres rapporteurs
dont le rang est nettement inférieur ?! Ils ne cessent d'utiliser la même méthode en construisant des
expressions à l'instar de celles citées par le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui. Qu'Allah nous fasse
bénéficier de l'afflux de ses bénédictions, de ses inspirations, de ses sciences, de ses secrets, de ses
connaissances et de ses lumières. Que le salut d'Allah soit sur le prophète, ainsi que sur sa famille et ses
compagnons.

PARTIE I : EXPLICATIONS DU CHEIKH DE CERTAINS VERSETS CORANIQUES, EN SUIVANT LA MÉTHODE


ADOPTÉE PAR LES SPÉCIALISTES DES SIGNES SEIGNEURIAUX

Avant d'entamer l'explication des versets coraniques, commençons par une introduction qui élucide
la citation des spécialistes de la sounna, satisfaction d'Allah sur eux, qui disent que le coran signifie la
parole d'Allah. Vous allez alors comprendre la signification du Coran, la signification de sa lecture et celle
de la parole éternelle émergente de l'Entité suprême.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : le dire des spécialistes de la sounna qui stipule que le
coran signifie le propos d'Allah est faux ; on ne l'accepte que par tolérance, parce que la vérité c'est que
le Coran signifie le sens du propos éternel et non pas la parole éternelle elle-même qui émerge de
l'Entité suprême.
Ce dire n'est pas vrai et n'est pas possible puisque les êtres créés n'arrivent jamais au Coran en le
lisant, sauf par cette voie. Ils n'arriveront jamais à l'élocution identique au propos sortant de l'Entité
suprême.
Ils peuvent arriver par contre à son sens. C'est tellement différent2 !

1 - Nous avons déjà vu que ce type d'invocations a été abrogé par le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, tout comme la visite
rendue aux saints autres que les compagnons du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, et les disciples tidjanis. Le disciple
tidjani doit éviter de demander l’assistance spirituelle d'un saint autre que son cheikh sidi Ahmed Tijani, satisfaction d'Allah
sur lui.
2 - Le cheikh sidi Ahmed Tidjani, satisfaction d’Allah sur lui, a dit dans une lettre qu’il a adressée à un de ses compagnons : nous
avons pris connaissance du livre écrit par sidi Ibrahim Riyahi dans lequel il a répondu à celui qui nous a diffamés et accusés
d’appartenir à la moâtazila. Ne prêtez aucune attention à ce négateur et à sa parole. Ce n'est qu'un homme aveuglé par la

-202-
En effet, si vous entendez quelqu'un dire : ce mur et ce cheval, par exemple, et si vous répétez après
lui la même chose : ce mur et ce cheval, il est clair que les mots émergents de ta langue diffèrent des
mots sortants de la sienne.
Il ne s'agit pas des mêmes mots, mais il s'agit plutôt d'une union de leurs significations à propos du
mur et du cheval. De même, lorsqu'on lit le Coran, notre lecture ne traduit pas la signification qui se
rapporte à l'Entité d'Allah le Très-Haut. Elle n'est pas non plus la signification elle-même qui se rapporte
à l'Entité suprême. En revanche, il y a un accord entre ce que signifie votre lecture du coran et ce que
signifie le sens qui se rapporte à l'Entité d'Allah. Cette union (cet accord) est formée dans le domaine
des significations de la parole. C'est à partir de là qu'il a été appelé coran. Il n'y a aucun autre moyen à
part celui-là pour lui accorder une appellation.
Par exemple, Allah dit : «C'est pour une juste raison qu'Allah a créé les cieux et la terre» (Sourate Al
Ankabout, 29, L'araignée, verset 44). Ce qui est concevable dans ces propos c'est la création, c'est-à-dire
l'émergence du possible à partir du néant. De même, Allah c'est le nom qui signifie l'Entité suprême ; les
cieux et la terre ce sont les composantes connues de l'univers. Donc lorsque tu lis «C'est pour une juste
raison qu'Allah a créé les cieux et la terre», alors tu as prononcé un dire dont le sens est identique à la
signification du propos d'Allah ; ta parole n'est donc pas du tout celle qui émerge réellement de l'Entité
suprême et ne la signifie pas non plus. Mais, elle signifie ses significations.
C'est donc le Coran et c'est le sens le plus approprié qu'il faut lui donner1. Ainsi, le nom «Coran» est
donné au propos émergent de l'être créé, dont le sens est identique à la signification des mots d'Allah. Il

jalousie. L’envie a couvert son cœur. Il ne fait pas partie des chevaliers de ce domaine afin de lui accorder toute cette
importance.
L’adage dit : «ce n’est pas ton nid, suis ton chemin !». En effet, nous devons considérer les Messagers d'Allah, prière et salut
d'Allah sur eux, comme des modèles à suivre. Ils ont été qualifiés par les gens de poètes, de fous, de mages, et de sorciers.
Mais ils ne leur ont prêté aucune attention. Ils n’ont donné aucune importance à ceux qui les ont diffamés.
En résumé, d'une manière absolue, le récent (le contingent) et l'ancien ne sont que des noms et des nommés. Les noms sont
l’image de la parole de celui qui parle. Les nommés sont les significations de la parole qu'insinue l'élocution de celui qui
parle. La parole du Vrai, gloire et élévation à lui, est un attribut relié à son Entité; il ne se détache pas d'elle. C'est les noms
eux-mêmes exprimés par les nommés eux-mêmes. Tous les noms sont anciens et éternels parce qu'ils sont la parole
éternelle elle-même. Il est incorrect donc de leur attribuer la contingence selon un certain aspect ou un certain état.
À ce rang des noms, l’ancien et le contingent sont au même pied d’égalité. Quant aux nommés qui ont touché ces noms,
certains d’entre eux sont anciens ; d'autres sont contingents. Les nommés sont en effet des significations ; il n'est pas
correct qu'ils passent à la compréhension de celui qui parle s’il est contingent, par exemple. Il n'est pas correct non plus de
dire que la parole éternelle est le Coran. Détournez-vous de la parole de cet ignorant. Ne faites pas attention à lui.
Réjouissez-vous en lisant le verset suivant ; «Nous n'avons envoyé, avant toi, ni Messager ni prophète qui n'ait récité ce qui
lui a été révélé, sans que le Diable n'ait essayé d'intervenir pour semer le doute dans le cœur des gens au sujet de sa
récitation. Allah abroge ce que le Diable suggère, et Allah renforce Ses versets. Allah est Omniscient et Sage» (Sourate Al
Hajj - Le pèlerinage - verset 52)
Allah a dit également : «Ainsi, à chaque prophète avons-Nous assigné un ennemi: des diables d'entre les hommes et les
djinns, qui s'inspirent trompeusement les uns aux autres des paroles enjolivées. Si ton Seigneur avait voulu, ils ne l'auraient
pas fait; laisse-les donc avec ce qu'ils inventent» (Sourate Al anâme - Les bestiaux - verset 112). L'affaire est tellement facile ;
laissez-le dans sa cécité ; qu'il dise ce qu'il veut. Fin. Prière et salut d’Allah sur Sidna Mohamed, ses proches et ses
compagnons.
1 - On peut ajouter ici ce qu’a dit l’érudit sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ dans son livre «zawal al hayra» (Levée de l'ambiguïté
par la preuve tranchante) : il n’y a aucun doute que la lecture du coran par son lecteur est différente de ce qui est lu. Ceci est
évident, car la lecture est contingente (elle n’a pas existé, puis elle a existé), et elle diffère selon la valeur de la science du
lecteur et selon sa connaissance du coran. Notre lecture du coran est différente de celle des gnostiques qui agissent selon
ses prescriptions.
Entre les gnostiques eux-mêmes, on trouve une grande différence dans leurs lectures. La lecture des élus diffère en effet de
celle des compagnons du prophète, prière et salut d’Allah sur eux. Même, entre les compagnons du prophète, la lecture du
coran diffère selon la position et la proximité de chacun d’eux du prophète, prière et salut d’Allah sur lui. La lecture d’un
compagnon du prophète, en général, n’est pas au même pied d’égalité que celle de «Zayd ibn Thabit» par exemple, ou celle
de «Abou Bakr», et a fortiori celle du prophète, prière et salut d’Allah sur lui.
L’ensemble de toutes les lectures du coran n’est pas au même pied d’égalité que sa lecture, prière et salut d’Allah sur lui.
Ces lectures sont contingentes, elles ne ressemblent pas au coran qui est la parole antique d’Allah. Or, il est connu qu’il n’y a
aucune similitude entre le contingent et l’antique, et il n’y a aucune ressemblance entre eux, en tout aspect que ce soit.
Celui qui ne maîtrise pas encore la différence entre le contingent et l’antique parmi ceux qui ignorent la doctrine de l’imam
Achaari, satisfaction d’Allah sur lui, n'est pas digne de polémiquer dans ce sujet.

-203-
n'est pas attribué au sens émergent de l'Entité suprême. Ce sens ne peut en aucun cas être appelé
«coran». C'est plutôt un attribut qui se rapporte à l'Entité suprême, ce n'est pas le coran qu'on lit et
qu'on prononce.
Ceci vous montre que lorsque tu es au courant de certaines connaissances, il ne faut pas croire qu'il
s'agit du sens de la connaissance d'Allah, mais plutôt du sens des significations de cette connaissance
d'Allah1.
Donc la signification de tes connaissances est la signification de la connaissance d'Allah. Cependant,
ta connaissance ne peut pas être celle d'Allah le Très-Haut. Ce sont deux grandeurs tout à fait
différentes.
Il en est de même pour l'ouïe, la vision et la volonté. La signification de ta volonté est la signification
de la volonté d'Allah, mais ta volonté n'est pas la sienne ; et elle ne la signifie pas.
Vous pouvez extrapoler cet exemple au propos éternel2. Fin de la dictée du cheikh.
Puis le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : parlons de ce qu'on doit préférer, est-ce la prière sur
le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, ou la lecture du Coran ? Le Coran est évidemment préféré à
tout autre propos, qu'il soit sous forme de litanie (Dzikr), de prière sur le prophète (prière et salut
d'Allah sur lui), ou sous d'autres formes.
Ceci est indiscutable, très clair et connu dans tout document relatif à la charia (réglementation
islamique) et à ses fondements. Toutes les publications authentiques en témoignent. Cette préférence
du Coran est due aux deux aspects suivants:
• Il traduit la parole de l'Entité suprême ; qui est qualifiée de sublimité et de solennité. En ce
rang, aucun propos ne lui est égal.
• Ce qu'il signifie comme sciences, connaissances, belles valeurs, voies de guidance, bonnes
mœurs, verdicts divins et attributs élevés dont seuls les saints sont qualifiés. En ce rang
également, aucun propos ne lui est égal.
Seuls les gnostiques (1er rang) peuvent atteindre le mérite du coran en prenant compte de ces deux
aspects. Ces gnostiques, dont le voile est levé, ont la possibilité de voir les océans de la vérité. Ils sont
toujours en train de nager dans les profondeurs. Celui qui se trouve à ce rang de spiritualité, pour lui, le
coran est le meilleur Dzikr (litanie) parce qu'il comprend les deux aspects susmentionnés. Pour ce
gnostique, le coran est la meilleure litanie parce qu'il l'entend directement de l'Entité suprême. Il ne

1 -Dansson livre «jinayate al mountassib al ani» (Le crime du menteur qui a attribué, par mensonge, au Sheikh Sidi Ahmed
Tijani ce qu'il n'a pas dit), l’érudit sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ, a dit : «Al mili» a prétendu que le cheikh, satisfaction
d’Allah sur lui, a dit que le coran est créé, et il a commencé à réfuter ce dire. Or, ceci est un mensonge, le cheikh n’a jamais
dit ça. «Al mili» a donc réfuté ce qu'il avait imaginé. En revanche, le cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, a dit : parmi les
termes du coran que tu prononces, il y a des termes qui signifient des choses contingentes (c'est-à-dire des choses qui
n’existaient pas et puis elles ont existé) comme le ciel, la terre, le pharaon et son armée, etc.
Et il y a des termes qui signifient l’Entité pré-éternelle comme les beaux noms d’Allah. Ces termes signifient les significations
de la parole pré-éternelle. Ainsi, le cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, et tous ses disciples déclarent que le coran est
pré-éternel. C’est ce qu’il a dit, satisfaction d’Allah sur lui, et c’est ce qui est admis à l’unanimité par la communauté
musulmane.
2 -Depuis l'ère du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, jusqu'à nos jours, personne n'a pu parler de ce sujet comme le
cheikh sidi Ahmed Tijani, qu'Allah soit satisfait de lui.
Il a expliqué en effet la différence entre le coran qui traduit les propos d'Allah le Très-Haut et qui existe chez nous comme
livre, et les propos d'Allah qui émanent de l'Entité suprême. Ces propos qui émanent de l'Entité suprême se rapportent à
elle ainsi qu'à son rang. Et qui d'entre nous a la capacité de s'infiltrer dans cette présence pour connaître l’essence de ces
propos sublimes (si l’on a toujours la possibilité de parler d’essence dans cette présence)? Ce sont des significations
sublimes que seul le maître de l’univers, prière et salut d'Allah sur lui, peut élucider.
Dans notre cas, on peut dire que le coran est la parole d'Allah selon la convention religieuse connue, et c'est aussi la parole
de l'entité selon la signification symétrique. Allah, gloire à Lui, connaît l'essence qui convient à ses propos dans la présence
de son unicité.
On peut illustrer ceci par le miroir (présence de l'autrui: l’union absolue). Ce qui est projeté sur le miroir n'est pas l'entité qui
se manifeste au miroir. Le coran est la partie projetée, ce n'est pas la parole qui émane de l'Entité suprême, mais c'est la
parole dont le sens est identique à la signification des mots d'Allah.

-204-
l'entend pas tout le temps directement de Lui, mais quand il pense à Allah, en se concentrant et se
réduisant à néant devant lui il arrive à l'entendre directement de l'Entité suprême.
Le 2ème rang des lecteurs du coran, qui est bien sûr inférieur au 1er rang, sera occupé par ceux qui
comprennent les significations apparentes des versets du coran, et qui se comportent comme s'ils
écoutaient Allah lui-même lire le coran, tout en se pliant à ses lois. Ce type de lecteurs rejoint la vertu de
la première catégorie, mais il s'y positionne au-dessous.
Le 3ème rang dans la lecture du coran est occupé par celui qui ne fait que lire les lettres, mais qui ne
comprend rien du tout des significations des mots et des versets.
Celui-ci, comme les non-arabophones qui ne comprennent pas l'Arabe, est dans la bonne voie s'il
croit que le coran traduit le propos d'Allah. Il écoute alors sa lecture comme s'il entendait Allah lire ces
versets, sans même comprendre leurs significations. Ce lecteur est classé bien au-dessous des autres
rangs, mais il a sa part de la récompense s'il respecte bien les devoirs religieux, ses limites et les
conditions de la lecture coranique.
Le 4ème rang est celui d'un lecteur qui lit le coran, en comprenant le sens des versets ou souvent sans
comprendre, mais qui ne cesse de désobéir à Allah, sans limites et sans aucun respect des devoirs
religieux ou des conditions de la lecture. Pour celui-ci, la lecture du coran ne pourrait pas lui être
bénéfique ; au contraire, tant qu'il lit les versets coraniques tant que ses péchés s'amplifient et tant que
son châtiment grandit.
Le verset suivant (Sourate la caverne, 18, Verset 57) en témoigne : «Quel pire injuste que celui à qui
on a rappelé les versets de son Seigneur et qui en détourna le dos en oubliant ce que ses deux mains
ont commis? Nous avons placé des voiles sur leurs cœurs, de sorte qu'ils ne comprennent pas (le
Coran), et mis une lourdeur dans leurs oreilles. Même si tu les appelles vers la bonne voie, jamais il ne
pourront donc se guider». Allah dit (Dans la Sourate 45, l'agenouillée, versets 7-9) : «Malheur à tout
grand imposteur pécheur! ; Il entend les versets d'Allah qu'on lui récite puis persiste dans son orgueil,
comme s'il ne les avait jamais entendus. Annonce-lui donc un châtiment douloureux. S'il a
connaissance de quelques-uns de Nos versets, il les tourne en dérision. Ceux-là auront un châtiment
avilissant». Allah dit aussi (Sourate 5, la table servie, verset 68) : «Dis: < O gens du Livre, vous ne tenez
sur rien, tant que vous ne vous conformez pas à la Thora et à l'Évangile et à ce qui vous a été
descendu de la part de votre Seigneur».
Tous ceux qui apprennent le coran, mais qui ne se plient pas devant ses lois, ils le prennent alors en
moquerie et dérision ; Dieu a dit (dans sourate «la vache», verset 231) : «Et quand vous divorcez d'avec
vos épouses, et que leur délai expire, alors, reprenez-les conformément à la bienséance, ou libérez-les
conformément à la bienséance. Mais ne les retenez pas pour leur faire du tort: vous transgresseriez
alors et quiconque agit ainsi se fait du tort à lui-même. Ne prenez pas en moquerie les versets
d'Allah»
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : «Qu'est-ce qu'ils ont en tête ceux qui vénèrent leurs
riches, mais se moquent des dévots et disent du coran ce qui convient à leurs idées, tout en
abandonnant ce qui ne leur convient pas ; ils croient alors en une partie du coran et ils rejettent le
reste».
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, insinue que ces gens risquent la punition de Dieu1
mentionnée dans la deuxième sourate du coran «la vache» verset 85: «Croyez-vous donc en une partie
du Livre et rejetez-vous le reste? Ceux d'entre vous qui agissent de la sorte ne méritent que
l'ignominie dans cette vie, et au Jour de la Résurrection ils seront refoulés au plus dur châtiment, et
Allah n'est pas inattentif à ce que vous faites».

1 -Selon Abou Mousa Al-Ach'ari (que Dieu l'agrée), le Messager de Dieu (paix et bénédiction de Dieu sur lui) a dit : "L'image du
croyant qui lit le Coran est celle de l'orange : son odeur est suave et sa saveur est suave. L'image du croyant qui ne lit pas le
Coran est celle de la datte : elle n'a pas d'odeur et elle est douée. L'image de l'hypocrite qui lit le Coran est celle de la plante
aromatique : son odeur est bonne et son goût est amer. L'image de l’hypocrite qui ne lit pas le Coran est celle de la
coloquinte : elle n'a pas d'odeur et son goût est amer". (Al-Boukhâri hadiths numéro 4900, 4939, et 7394).

-205-
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : parmi ceux qui subissent le plus grand châtiment
d'Allah, le jour du jugement, un savant dont le savoir ne lui est pas bénéfique».
Dieu a dit dans Sourate 20 «Taha» versets 124 et 125: «Et quiconque se détourne de Mon Rappel,
mènera certes, une vie pleine de gêne, et le Jour de la Résurrection Nous l'amènerons aveugle au
rassemblement. Il dira: O mon Seigneur, pourquoi m'as-Tu amené aveugle alors qu'auparavant je
voyais ? (Allah lui dira): <De même que Nos Signes (enseignements) t'étaient venus et que tu les as
oubliés, ainsi aujourd'hui tu es oublié».
C'est ainsi que celui qui abandonne l'application du coran dans sa vie quotidienne, est considéré
comme s’il l’a oublié ! La punition précitée lui est destinée. Et le coran ne pourrait pas lui être
avantageux, contrairement à la prière sur le prophète (prière et salut d'Allah sur lui) qui est toujours
avantageuse.
Pour les gens qui occupent les trois premiers rangs, le coran est plus avantageux que la prière sur le
prophète prière et salut d'Allah sur lui. Mais pour celui qui occupe le 4ème rang, la prière sur le prophète
est plus avantageuse que la lecture du coran.
En effet, en lisant le coran, il ne peut que s'éloigner de Dieu, qu'être banni, et expulsé, sauf si Allah
lui avait réservé un certain rang spirituel dans la connaissance divine. Dans ce cas, il sera pardonné pour
tous ses péchés ; et sa lecture du coran lui sera comptée positivement grâce à l'amour divin porté pour
lui.
En dehors de ce rang, il est entre deux éventualités : ou bien Dieu lui pardonnera pour une raison ou
pour une autre ; d'ailleurs, les raisons du pardon sont nombreuses. Ou bien, son seigneur discutera avec
lui son compte dans le monde de l'au-delà et Allah le jugera sur la moindre particule de ses actes (actes
qui ne sont pas cohérents avec sa lecture du coran)!
Celui qui se trouve en ce rang, la prière sur le prophète (prière et salut d'Allah sur lui) lui est
beaucoup plus avantageuse que la lecture du coran. Allah prie sur lui dix fois pour chacune de ses
prières sur le prophète, ainsi que tout l'univers placé dans la sphère mondiale, prie sur lui dix fois pour
chacune de ses prières. Il gagnera ainsi le bonheur éternel selon la promesse d'Allah qui ne peut qu'être
concrétisée.
Ceci arrive à l'obéissant et à l'insoumis. D'ailleurs, tous ceux qui ont bénéficié de la prière d'Allah et
de ses anges ne peuvent qu'être parmi les gens du bonheur éternel. Donc le lecteur appartenant à la
4ème catégorie des lecteurs du coran risque le châtiment et le malheur à cause de sa lecture, et en
même temps il vit le bonheur et le pardon à la suite de sa prière sur le prophète, prière et salut d'Allah
sur lui.
Si vous dites : «La rétribution qui se dégage de la lecture du coran ne concerne que le coran, et non
pas le lecteur. Cette récompense est assurée envers tous ceux qui le lisent, même s'il s'agit de pervers».
Ma réponse est la suivante :
Il se peut que le lecteur soit récompensé pour sa lecture, mais cette récompense s'annule dès qu'il
ne se plie pas aux instructions du coran. La lecture du coran, sans l'application de ses règles est
l'exemple qu'Allah a donné en faisant référence aux gens de la Thora (les juifs), lorsqu'il a dit: «Ceux qui
ont été chargés de la Thora mais qui ne l'ont pas appliquée sont pareils à l'âne qui porte des livres»
(Sourate 62, Le Vendredi, Al Joumouâ, verset 5).
Il est connu que l'âne ne bénéficie pas des livres qu'il porte sur son dos ! Son dire «Ils ne la portent
pas» signifie «ils ne pratiquent pas ses règles».
Allah a dit: «Ceux à qui Nous avons donné le Livre, qui le récitent comme il se doit, ceux-là y
croient. Et ceux qui n'y croient pas sont les perdants» (Sourate 2, la vache (Al Bakarah), verset 121). La
vraie lecture c'est l'application de ce qu'il contient (le coran). Celui qui se détourne du coran en refusant
d'appliquer ses instructions ne le lit pas vraiment.
Puis sachez que les versets coraniques se présentent selon deux types :
Le premier type concerne la classe ordinaire des gens, leur situation, ce qu'ils vivent comme injustice
et oppression, le châtiment réservé aux injustes, leur répréhension, leur blâme. Il concerne également la

-206-
responsabilisation des coupables, la colère d'Allah qui s'empare d'eux, le rappel de ce qu'il leur attend
dans le monde de l'au-delà comme malédiction, indignation et supplice, l'éloge et le compliment envers
ceux qui appliquent les instructions divines, leurs récompenses et rangs dans le paradis, ce qu'ils y
trouveront comme approbation et satisfaction divines, et ainsi de suite. Voici ce qu'on trouve
concernant les gens du commun.
Par contre, le deuxième type qui concerne l’élite n'a pas de limites. Si cela est bien compris, on
déduit alors que le premier aspect qui concerne les gens du commun n'est que couverture, par laquelle
Allah a caché les secrets du coran. Ces secrets et leurs goûts connus par l’élite dépassent la perception,
la sensation et la raison par lesquelles les gens du commun captent la réalité. Il faut donc tenir en secret
ce qui existe sur la voie de l’élite. Allah ne veut pas le montrer sauf à l’élite parmi ses créatures.
Il a été rapporté qu'Allah avait amadoué "Abou Yazid" un jour, en lui disant : toi, mauvais serviteur, si
j'informe les gens de tes défauts, ils te lapideront par des pierres. "Abou Yazid" a répliqué : par ta gloire
sublime, si j'informe les gens de Ta miséricorde immense que tu m'as dévoilée, personne ne t'adorera !
Allah lui a ordonné alors de ne pas le faire; il s'est tu donc. Fin de la dictée de notre cheikh Sidi Abou El
Abbes Tijani, satisfaction d'Allah sur lui.
Puis le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : le coran est le meilleur dzikr (litanie), mais sa
conduite exige que le lecteur s'efforce, lors de sa lecture, de constater que c'est Allah qui lit, et lui, il
entend. Si cet état devient permanent chez lui, alors il touchera le "Fanaa" c'est-à-dire l'anéantissement
ou l'extermination totale qui est effectivement la porte d'arrivée à Allah, le Très-Haut, le glorieux. Fin de
la dictée de notre cheikh Sidi Abou El Abbes Tijani, satisfaction d'Allah sur lui.
Puis sachez que dans la prière et le salut sur le prophète, paix et salut d'Allah sur lui : Allah s'est
chargé de récompenser celui qui prie sur son bien-aimé, paix et salut d'Allah sur lui, en priant, lui-
même, sur lui dix fois pour chaque prière. Chacune des prières d'Allah sur ce serviteur comporte deux
secrets :
Le premier secret : le prophète doit récompenser celui qui prie sur lui, prière et salut d'Allah sur lui.
En effet, selon la règle de la générosité chez les généreux, si quelqu'un présente une bienfaisance à un
généreux, son acte ne sera jamais vain. Et étant donné la générosité qui qualifie le prophète, prière et
salut d'Allah sur lui, il doit alors récompenser toute personne qui prie sur lui. Une fois que ceci est
devenu obligatoire, Allah, le glorieux, le Très-Haut, s'est chargé lui-même de récompenser toute
personne qui prie sur lui, en priant sur elle dix fois pour chacune de ses prières.
Le deuxième secret concerne l'amour, la diligence et la providence d'Allah pour son prophète, paix et
salut d'Allah sur lui. En effet, celui qui se tourne vers Allah par les prières et les salutations sur le
prophète, paix et salut d'Allah sur lui, sera aimé par Dieu comme récompense de son amour pour le
prophète, paix et salut d'Allah sur lui.
La récompense de cet amour divin, survenant à la suite des citations permanentes des prières et
saluts sur le prophète, paix et salut d'Allah sur lui, est l'annulation de tous les péchés, même s'ils
équivalent à ceux de tous les habitants du globe, depuis la création de l'univers jusqu'à sa fin, même s'ils
sont des multiples et des multiples de ceci. Allah a fait rentrer en effet ces péchés dans l'océan de sa
grâce, de son pardon et de sa largesse. Non seulement il les annule, mais il les transforme en les plus
hauts rangs de Sa satisfaction, ce qui dépasse amplement l'espérance du pécheur dans le monde de
l'au-delà.
L'appréciation des actes de celui qui prie sur le prophète et le salue se passe dans le monde de
l'inconnaissable, de la manière suivante : chaque fois que les anges montent vers Allah avec sa fiche
individuelle pleine de péchés, Dieu leur dit : «puisqu'il a une diligence pour notre bien-aimé, alors ses
péchés ne seront pas pris en considération comme les autres pécheurs». C'est ainsi qu'une fois que vous
avez pris connaissance de cet aspect, vous devez savoir que la prière sur le prophète, paix et salut
d'Allah sur lui, est nettement mieux, pour cette classe de gens, que la lecture du coran. Cela n'est vrai
que selon cet aspect particulier ainsi décrit, sinon, la lecture du coran est la meilleure litanie disposant
du rang le plus élevé.

-207-
Le coran occupe le meilleur des rangs dans le rapprochement entre le serviteur et Allah. Mais à
condition que les actes et les états du lecteur soient purs ; celui qui le lit dans ce cas sera parmi les
grands devanciers et les éminents gagnants de la satisfaction divine. Les gens de notre époque ne
supportent pas ce droit chemin. Ils ne reçoivent alors, que de la détestation et de l'exécration en lisant
le coran. Cette exécration est tellement importante que l'intellect ne peut pas la concevoir ! Allah, le
grand sublime, a une ardeur et une jalousie pour son livre saint puisqu’il représente la présence de sa
proximité et de son rapprochement.
Celui alors qui se mêle à son livre saint, mais qui manque de civilité et de bienséance sera banni,
délogé et détesté puisqu'il n'a pas respecté convenablement la présence divine. Si vous savez ceci, vous
découvrez alors le rapport entre la lecture du coran et la prière sur le prophète, paix d'Allah sur lui. Fin
de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, à partir de sa mémoire et de ses propres mots.
Je lui ai posé, satisfaction d'Allah sur lui, la question suivante: Allah a dit : «Dis, Si vous aimez
vraiment Allah, suivez-moi, Allah vous aimera alors et vous pardonnera vos péchés» (Sourate 3, Al
Imran, verset 31). Il a répondu comme suit :
Analysons l'amour d'Allah, qu'il soit exalté et glorifié, pour ses serviteurs. Si on dit qu'il s'agit de
l'amour connu par les créatures, c'est-à-dire le penchant et l'engouement pour un objet, au point qu'on
ne peut plus s'en passer, et la sensation du manque du bien-aimé lorsqu'on le perd et on le désire
jusqu'au point de perdre la raison dans cet amour. Sachez que tout cela est impossible à l'égard d'Allah,
qu'il soit glorifié et exalté. Il est inconcevable qu'il ait lieu au sein de son Entité suprême un penchant
vers quelque chose, une prédilection, une passion ou une affinité.
Allah, du point de vue de son Entité, gloire et grandeur à lui, est au summum de l'élévation et de la
hauteur intrinsèques ; de la grandeur intrinsèque, de la puissance parfaite, et de la solennité
indescriptible et non façonnable. Tous ces attributs élevés qui se trouvent dans l'Entité suprême exigent
l'inexistence d'une autre chose avec lui.
En effet : la grandeur intrinsèque, la puissance intrinsèque, la hauteur intrinsèque et la solennité
intrinsèque exigent toutes une jalousie (un zèle) empêchant l'existence d'autrui avec lui, gloire et
hauteur à lui. Si cette jalousie empêche l'existence d'autrui, comment peut-on imaginer qu'elle
permettra l'amour porté pour cet autrui ou la passion pour lui?
Dans ce contexte, Allah dit : «J'étais un trésor inconnu» ; en effet, étant donné cette jalousie qui est
due aux attributs susmentionnés (liés à son Entité suprême), il n'accepte l'existence de personne avec
lui. Puis Allah, le glorieux, est descendu de ce rang lorsqu'il a dit : «J'ai aimé être connu»
Cette descente n'est pas un rabaissement par rapport au premier rang, Allah reste dans ce premier
rang d'une manière permanente et éternelle ; mais la volonté d'Allah, le grand, le glorieux, a exigé
l'existence d'un univers de créatures qu'il gère par sa grande et générale clémence et par l'apparition de
l'influence et de la hauteur de sa solennité. Il a exprimé ce à quoi cette volonté a été attachée par «la
descente».
Puis il a dit : «Ensuite, j'ai créé des créatures, je leur ai indiqué comment me reconnaître ; alors c'est
par moi qu'ils m'ont connu». La descente d'Allah vers sa créature, selon sa volonté, a exigé un
débordement de particules de Sa générosité et de Sa largesse au profit de tous ceux qui les reçoivent.
C'est à partir de ce débordement qu'Allah le Très-Haut a pris des décisions. Sa décision a été multi variée
dans ses créatures.
Pour une catégorie, il a voulu les élever, les glorifier et les mener au rang suprême, au sommet, à
l'honneur, et à la sublimité. Ceux-ci sont les prophètes, les anges et ceux qu'il a voulu particulariser dans
ses univers par ce rang.
Pour une autre catégorie, il a voulu les élever, les glorifier et les mener à des rangs moins élevés que
les premiers ; ceux qui sont concernés par ce rang sont les véridiques et les pôles. Puis il a décidé
l'existence de rangs au-dessous des précédents du point de vue de l'élévation, de la sublimité, du
débordement de la faveur et de la largesse. Ces derniers rangs sont occupés par les élus d'Allah, avec
leurs niveaux diversifiés, ainsi que par ceux qu'il a voulu particulariser dans différents mondes.

-208-
Au-dessous de ces rangs, il y a d'autres catégories, qu'Allah a décidé d'élever, mais à une classe
inférieure relativement aux premières classes. Il s'agit de personnes vertueuses, qui obéissent à Allah et
qui évitent ses prohibitions, mais Allah leur a affecté un voile étroit et épais. Elles ne cessent d'évoluer
dans des phases d'assiduité et de difficultés. Elles n'ont pas encore atteint l'esprit des états ni le vaste
espace où les esprits naviguent avec liberté dans l'univers infini. Ce rang est en effet réservé aux pôles et
aux véridiques.
Au-dessous de ces rangs, il y a une autre classe, qu'Allah a décidé d'élever et de sélectionner aussi; il
s'agit des croyants ordinaires ; ce sont eux qui tombent, malgré leur foi, dans la désobéissance de l'ordre
divin. Toutes ces personnes que nous avons évoquées jusqu'à présent sont englobées dans les rangs de
sublimité et de solennité, leur refuge est le paradis, mais leurs classes sont diversifiées comme on l'a dit
auparavant. Et tout ce qu'on vient de mentionner fait partie de la gestion de la volonté divine et de sa
particularisation en faveur de ceux qu'Allah a choisis, qu'il soit élevé et glorifié.
C'est cette conduite, en réponse à la volonté divine, qui est exprimée par l'amour d'Allah pour sa
créature. Et ce malgré la différence de leurs rangs dans l'amour. Quant à l'amour spécial de Sa part,
nous avons déjà mentionné les gens concernés par cet amour. Par ailleurs, il y a quelque chose de
précis, impossible à comprendre par les intellects et les esprits. Cette chose ne concerne que les
messagers de Dieu, et les véridiques, ainsi que leurs homologues parmi les prophètes en général, il s'agit
de l'amour pour l'Entité suprême, un amour pur pour elle, non pas en vue d'en obtenir une récompense.
Cette requête constitue en effet l'objectif le plus important parmi tous les autres objectifs. Celui à qui
Allah, le Très-Haut, accorde une particule de cette requête s'élève au rang supérieur de sublimité et de
solennité. Il est à souligner qu'au-dessous du rang des véridiques, il n'y a aucune chance d'être concerné
par ce discours.
Il y a aussi l'amour d'ordre général d'Allah, le Très-Haut. Tout le monde est concerné par cet amour,
même les mécréants ; ceux-ci sont aussi aimés par Dieu, selon son dire dans le hadith "qodssi" : «J'ai
aimé être connu, j'ai alors créé une créature à laquelle j'ai injecté ma connaissance. C'est donc par moi
qu'on m'a connu».
Ne pense pas que le moindre être créé puisse être négligé de cette connaissance ; tous les esprits ont
été créés avec une connaissance parfaite de Dieu, le Très-Haut, mais ils ont été touchés par l'ignorance à
cause de leur fusion dans le corps.
Cette ignorance peut être illustrée par l'exemple d'un être qui était sain d’intellect et parfait dans sa
connaissance des choses, mais à la suite d'un accident, il a perdu la raison et ne différencie plus entre les
choses. L'ignorance qui a affecté les esprits n'est pas originelle. L'origine est plutôt la connaissance
d'Allah, le Très-Haut, dans tous les aspects. L'opposant pourrait poser la question suivante : comment
donc les corps ignorent-ils Allah, alors qu'ils rentrent aussi dans son dire «j'ai aimé être connu ?».
La réponse est que les corps des mécréants ne sont pas couverts d'ignorance vis-à-vis d'Allah, le
Très-Haut, mais ils possèdent une cognition spécifique qui diffère de celle de l'esprit. C'est à partir de
cette intellection qu'ils connaissent Allah, se prosternent devant lui et le glorifient, sans aucun savoir de
leur part sur ce qui pourrait affecter l'esprit comme association d'une autre divinité à part Allah.
Allah dit: «Et il n'existe rien qui ne célèbre Sa gloire et Ses louanges. Mais vous ne comprenez pas
leur façon de Le glorifier» (Sourate 17, Le voyage nocturne, Al Israa, verset 44). Les corps font donc
partie intégrante des choses qui glorifient Allah et qui se prosternent devant lui. Mais le malheur de
l'association d'une autre divinité à part Allah ainsi que l'ignorance sont spécifiques à l'esprit, sans qu'ils
soient son origine ; ce n'est qu'un désastre qui a affecté l'esprit.
Son dire «à laquelle j'ai "injecté" ma connaissance. C'est donc par moi qu'on m'a connu» montre que
les mécréants rentrent dans cette connaissance. En effet, les mécréants ne l'ont pas ignoré en ce rang
puisqu'ils rentrent dans la généralisation de cet amour. Cela constitue l'origine pour eux, à laquelle on
doit se référer.
Ce qui a affecté les mécréants à cause de l'incroyance, comme servilité, humiliation,
anathématisation, bannissement, courroux, indignation, supplice intense et application permanente de
ce supplice, tout ceci n'est que formes passagères ayant affecté l'origine.

-209-
L'origine c'est l'amour ; les mécréants font, eux aussi, partie de l'amour d'Allah, gloire à lui, mais il
s'agit uniquement de l'amour vu dans sa globalité. Quant à l'amour spécial qui a pour effet l'éloge et la
glorification, ils n'ont aucune chance de l'atteindre.
Dans l'amour divin, vu dans sa globalité, les mécréants ont aussi leur place, leur référence, leur
destin selon un aspect qui doit rester secret et qui n'est compris que par les savants éminents. Ce secret
doit être laissé sous sa couverture et ne doit pas être divulgué à ceux qui semblent tenir le savoir, parce
que leurs intellects ne vont pas l'assimiler. De savants spéciaux l'ont connu par afflux divin.
Le grand cheikh (Ibn Arabi) et le cheikh Abdelkarim Jili ont chanté des chants de ce type ; il leur est
alors arrivé d'être punis par des coups terribles et par des foudroiements comme suite à la divulgation
de la science cachée. Il semble que le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, témoigne de ce
sujet en citant l'exemple de Souhayle Ben Amr qui était parmi les nobles gens de Qouraïche et parmi les
excellents orateurs arabes. Lorsqu'il prenait la parole, il faisait secouer les inactifs. Il a été pris comme
prisonnier le jour de Badr.
Il a été rapporté dans ce hadith : «O, messager d'Allah, enlève la langue de Souhayle pour qu'il ne
puisse plus parler devant toi». Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : «Je ne le mutilerai pas
de peur qu'Allah me mutile à mon tour, même si je suis un prophète». Il sait que Souhayle est affecté
par l’amour divin, malgré son incroyance. S'il n'était pas aimé par d'Allah, comment peut-on concevoir la
punition du prophète à cause de lui. De même, lorsqu'il a trouvé son oncle "Hamza" mutilé, le prophète
a dit, prière et salut d'Allah sur lui : «Si j'emporte cette guerre, je les mutilerai à raison de trente (tués)
pour Hamza». Allah, le Très-Haut, le glorieux, a dit: «Et si vous punissez, infligez à l'agresseur une
punition égale au tort qu'il vous a fait. Et si vous endurez..., cela est certes meilleur pour les
endurants» (Sourate An Nahl (les abeilles, 16), verset 126).
Cela signifie que les mécréants sont aussi aimés par Allah ; la preuve c'est qu'il a été interdit au
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, de les mutiler, sauf en cas de punition égale au tort qu'ils ont
fait. Ces deux hadiths symbolisent ce qu'on a cité à partir de la science cachée. "Abou Yazid" a rapporté
qu'Allah l'avait amadoué un jour, en lui disant : toi, mauvais serviteur, si j'informe les gens de tes
défauts, ils te lapideront par des pierres. "Abou Yazid" a répliqué : par ta gloire sublime, si j'informe les
gens de Ton immense miséricorde que tu m'as dévoilée, personne ne t'adorera ! Ils ne compteront que
sur cette miséricorde. Allah, gloire à lui, lui a dit : «Ne le fais pas». Il a répondu : «Toi non plus, ne le fais
pas».
En outre, l'amour porté par les êtres créés pour Allah, gloire à lui, présente différents rangs :
L'élite, les grands gnostiques, les éminents, ont obtenu l'amour pour l'Entité suprême, gloire à Allah.
Ils sont noyés, par cet amour, dans les océans de l'unicité divine. Ils ne connaissent qu'Allah, le
Très-Haut. Ils ne se penchent que vers lui. Ils ne donnent aucune attention à autrui, des points de vue de
l'affection, de l'appui, de l'orientation, du besoin et de la préoccupation. Rien ne les intéresse et rien ne
leur vient à l'esprit à part le Glorieux, le Très- Haut.
Le deuxième rang de l'amour, nettement inférieur au premier rang, est celui des élus d'Allah en
général. Ils aiment Dieu pour ses aubaines, sa générosité et sa largesse. Leur amour a pour résultat le
remerciement. C'est vers cet amour que les prophètes ont guidé tous les gens. Le prophète Hud, prière
et salut d'Allah sur lui, a dit : «Et rappelez-vous quand II vous a fait succéder au peuple de Noé, et qu'il
accrut votre corps en hauteur (et puissance). Eh bien, rappelez-vous les bienfaits d'Allah afin que vous
réussissiez» (Sourate Al AaRaf (7), verset 69).
Le prophète Saleh, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : «Et rappelez-vous quand II vous fit succéder
aux Aad et vous installa sur la terre. Vous avez édifié des palais dans ses plaines, et taillé en maisons
les montagnes. Rappelez-vous donc les bienfaits d'Allah et ne répandez pas la corruption sur la terre
comme des fauteurs de trouble» (Sourate Al AaRaf (7), verset 74). C'est le cas de tous les prophètes ; ils
ont rappelé aux gens les aubaines d'Allah, le Très-Haut. Cet amour n'est rien d'autre que le
remerciement d'Allah par un serviteur ordinaire. Cet amour pour Dieu ne ressemble pas au premier
amour qui concerne l'Entité suprême. Celui-ci ne peut pas résulter de l'effort du serviteur. Il est plutôt
un afflux émanant d'Allah, le Très-Haut. Ce deuxième rang d'amour est celui de tous les élus d'Allah.

-210-
Le troisième amour est celui de la foi et de la croyance en Allah, le Très-Haut. C'est l'amour porté
pour Allah par tous les croyants, et à travers lequel s'annule toute animosité envers Allah, le Glorieux, le
Très-Haut. On ne peut pas imaginer une détestation à l'égard d'Allah, gloire à lui, en présence de la foi
et de la croyance en lui.
Le quatrième type d'amour, d'ordre général, est réservé particulièrement aux mécréants. Ils aiment
Allah, le Très-Haut, pour sa divinité générale et parfaite. Mais ils sont différents dans ce rang. Certains
parmi eux aiment Allah, tout en connaissant sa divinité, comme les juifs, par exemple. D'autres aiment
Allah, mais confondent cette divinité en la liant à autrui. Allah, gloire à lui, s'est donc manifesté dans ces
habits parce que sa divinité est parfaite. Ils l'ont alors aimé et adoré sans qu'ils le sachent. Si Allah ne
s'est pas manifesté dans ces habits, et ne les a pas attirés par cette manifestation vers l'amour de sa
divinité. Ils n'auraient jamais penché vers leurs idoles, et ne les auraient jamais adorés. Ils sont ainsi
amoureux d'Allah, ils les adorent, mais sans qu'ils le sachent.
Cette adoration est celle qui est exprimée par la prosternation, dans le verset coranique suivant : «Et
c'est à Allah que se prosternent, bon gré mal gré, tous ceux qui sont dans les deux et sur la terre, ainsi
que leurs ombres, au début et à la fin de journée» (Sourate Ar Raad (13), verset 15).
Tout adorateur ou prosternant devant autre qu'Allah (dans l'apparence) n'adore, en fait, et ne se
prosterne que devant Allah, le Très-Haut, parce que c'est lui qui se manifeste derrière ces habits. En
plus, toutes ces idoles se prosternent devant Allah, le Très-Haut, l'adorent, le glorifient, tout en étant
effrayées devant l'autorité de sa solennité, Gloire et Éminence à lui. Si ces idoles surgissaient dans le but
d'être adorées par les êtres créés sans manifestation divine en eux, alors ils auraient été détruits en un
clin d'œil. Allah, le Glorieux, a dit à Moïse, prière et salut d'Allah sur lui : «Certes, c'est Moi Allah: point
de divinité que Moi. Adore-Moi donc» (Sourate Taha (20), verset 14).
Dieu (divinité) signifie dans le lexique «l'être qu'on adore véritablement». Son dire «Pas de divinité à
part moi» signifie qu’»Il n'y a pas d'être adoré sauf moi. Malgré le fait qu'ils aient adoré les idoles, ils
n'ont adoré en réalité que Moi, et ils n'ont dirigé leur soumission et humilité que vers Moi. C'est Moi
Dieu qu'ils ont adoré à travers ces idoles». C'est la signification du verset : «Je suis Allah, Pas de divinité
à part moi, adore-moi donc» (Sourate Taha, 20, verset 13). Il veut dire «Attention, ne crois pas à ce que
les ignorants croient. Ils pensent adorer quelqu'un d'autre que moi, ou se diriger vers quelqu'un d'autre
en dehors de moi».
L'amour de ces gens est préservé parce que, d'une part ils sont aimés par Allah qui les a créés ; et
d'autre part, leur détermination n'a été orientée, en fait, que vers Allah, Gloire à lui.
Cela est la définition de l'amour porté par les êtres créés pour Allah, le Très-Haut. Cet amour prend
différents rangs selon les sources d'abreuvement de ces êtres. On distingue l'amour pour l'Entité
suprême, l'amour des aubaines, puis l'amour de la foi, et l'amour de la divinité. C'est ce dernier amour
qui coiffe les mécréants. Ces rangs constituent l'amour des êtres créés pour Allah, le Très-Haut. Le
verset coranique suivant, viendra ensuite, pour montrer l'amour d'Allah pour ses serviteurs, en
ordonnant à son prophète de demander à sa communauté de le suivre : «Suivez-moi, Allah vous aimera
alors» (Sourate 3, Al Imaran, verset 31).
Chaque catégorie de gens qui suivent le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, se caractérise par un
type d'amour dont l'intensité est variable.
Ceux qui détiennent l'amour de l'Entité suprême vont suivre le prophète dans les hauts attributs,
l'éthique divine et les qualificatifs purs qui ne sont acquis que par le goût. Seuls les amoureux de l'Entité
suprême sont dignes de ces attributs et sont considérés ainsi comme étant l'élite suprême choisie par
Allah, le Très-Haut. C'est le sens qu'on donne au suivi de la guidance du prophète, prière et salut d'Allah
sur lui, pour cette première catégorie. Le terme «Allah vous aimera», dans ce rang, signifie qu'Allah
accordera aux gens de cette catégorie ses manifestations effectives (qu'ils vont observer), ses dons en
connaissances, et les attirera vers lui de manière à ne rien laisser à autrui. Ils obtiennent d'Allah des
aubaines sans limites en référence au verset «Allah vous aimera».
La deuxième catégorie est celle des gens qui aiment Allah pour ses aubaines et ses dons. Le résultat
de cet amour est le remerciement d'Allah, le Très-Haut. Ces gens ont suivi le prophète, prière et salut

-211-
d'Allah sur lui, dans le rang du remerciement. Il a été dit au prophète, à propos de la prière de la nuit :
«Tu fais tout cela, alors qu'Allah t'a pardonné tout ce qui a devancé de tes péchés et tout ce qui
arrivera?». Il a dit : «Ne dois-je pas être un bon serviteur reconnaissant (et remerciant Allah)?».
Il a dit aussi : «Aimez Allah pour les aubaines qu'il a mises à votre disposition. Aimez-moi pour
l'amour d'Allah. Et aimez les membres de ma famille pour mon amour». Le prophète, comme les autres
prophètes qui l'ont précédé, prière et salut d'Allah sur eux, a donc guidé les gens vers l'amour d'Allah
pour ses aubaines. Il n'a pas mentionné le premier type d'amour (de l'Entité suprême) parce qu'il émane
de l'afflux divin, personne ne peut l'obtenir en agissant d'une manière ou d'une autre, c'est un don de la
part d'Allah. C'est la raison pour laquelle il ne l'a pas recommandé. Aucun prophète n'a guidé vers le
premier type d'amour parce qu'il est indépendant de l'action des gens. Le verset coranique «Allah vous
aimera» pour la deuxième catégorie signifie qu'Allah les récompensera dans le monde de l'au-delà en
leur offrant de hauts rangs inimaginables. Certains croyants obtiendront dans le paradis des «Houris»
dont le nombre dépasse plusieurs multiples de celui des anges.
Chaque Houri dispose de soixante-dix mille servantes et d'un palais spécial pour elle dans le paradis ;
tout cela pour un seul homme parmi les croyants ; il obtiendra tout cela par Allah, le Très- Haut, comme
récompense à ses bonnes actions. Dieu a dit : «Et nous récompenserons bien les reconnaissants»
(Sourate 3, Al Imaran, verset 145). Allah a dit aussi : «Et quand tu regarderas là- bas, tu verras un délice
et un vaste royaume» (Sourate 76, Al Insan, verset 20). C'est la signification du verset coranique (pour la
deuxième catégorie) «Allah vous aimera» (Sourate 3, Al Imaran, verset 31).
L'amour de chaque catégorie de gens dépend de leurs rangs. En ce qui concerne les gens dignes de la
foi, Allah dit à leur égard : «Aux croyants et aux croyantes, Allah a promis des Jardins sous lesquels
coulent les ruisseaux» ... «Et la satisfaction d'Allah est plus grande encore» (Sourate 9, Le repentir, At
Thaoubah, verset 72).
C'est la signification de l'amour divin à leur égard, Gloire à Allah. Ceux-ci ont suivi le prophète dans le
rang de la foi et de la préservation des devoirs religieux; malgré certaines de leurs infractions, ils
continuent à suivre le prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Quant à l'amour du Vrai pour eux, c'est
leur récompense au paradis et ils finiront par voir Sa noble face. C'est le sens du verset «Allah vous
aimera».
La quatrième catégorie, ce sont les mécréants ; ils n'ont aucune chance dans le suivi du prophète,
prière et salut d'Allah sur lui ; l'appel suivant ne leur est pas destiné : «Suivez-moi, Allah vous aimera
alors et vous pardonnera vos péchés» (Sourate 3, Al Imaran, verset 31). Ce verset coranique est destiné
aux gens dignes des trois premières catégories, et non pas à ceux de la quatrième catégorie. Mais on a
dit auparavant que les mécréants font partie de l'amour général ; il semble qu'il y ait une contradiction
avec ce qu'on vient d'expliquer, puisque le verset coranique suivant mentionne que les mécréants sont
les ennemis d'Allah : «Ne prenez pas pour alliés Mon ennemi et le vôtre, leur offrant l'amitié, alors
qu'ils ont nié ce qui vous est parvenu de la vérité» (Sourate 60, L'éprouvée (Al- Mumtahanah, verset 1).
De même, Allah a dit : «La rétribution des ennemis d'Allah est le feu ; ils y trouveront leur demeure
éternelle» (Sourate 41, Les versets détaillés, Fousselate, verset 28).
La réponse à cette problématique est la suivante : «Tous les êtres créés, qu'ils soient considérés
d'une manière globale ou individuelle, sont mis à la disposition de la volonté divine. La moindre
particule n'échappe pas à cette règle. L'amour d'Allah dans cet univers n'est que le détail de sa volonté
et de sa dotation». On a déjà vu auparavant que l'amour connu d'Allah pour sa créature ne peut pas
être comme un désir intense pour quelque chose, ou comme une passion ou comme une attraction vers
quelque chose recherchée, ou comme ce qui s'en suit comme engouement ou désir fougueux. Tout ceci
est impossible à l'égard de l'Entité suprême. Allah est grand et très haut. On a déjà présenté des preuves
tranchantes sur le caractère sacré et la pureté de l'Entité suprême. On ne va pas toutes les citer dans ce
résumé. Mais les principales raisons qui empêchent l'Entité suprême d'avoir ce type d’amour sont les
suivantes :
1. L'amour intense vis-à-vis de quelque chose, l'excès de l'engouement à son égard, ainsi que la
demande de le contacter, indiquent qu'il y a besoin d'avoir cette chose qu'on aime. Ceci
indique également qu'il y a besoin de concrétiser un intérêt particulier ou d'éliminer un mal

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donné par l'intermédiaire de cette chose. Or l'Entité suprême pure est au-dessus de cela ;
Allah est au-dessus d'avoir besoin de ces mondes; rien de tel ne peut l'affecter !
2. L'Entité suprême est pure, elle est qualifiée de sublimité, de grandeur, de puissance, de
solennité, et de hauteur. Tous ces attributs sont propres à l'Entité suprême et font d'elle que
rien ne peut exister en sa présence, et qu'elle n'a besoin de rien.
3. L'Entité suprême est si haute qu'elle n'est pas affectée par l'alternance des états. Elle ne
subit aucune modification à n'importe quel instant, elle est stable et ne change jamais. C'est
pour cela que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : «Seigneur Dieu! Je me mets
sous la protection de Ta satisfaction contre Ta colère».
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a voulu dire par «satisfaction» tous les attributs déjà cités
à l'égard de l'Entité suprême, ainsi que Sa suffisance par elle-même, indépendamment des mondes. Ce
qualificatif (la satisfaction) fait partie de l'Entité suprême ; sa mutation et son annulation sont
impossibles ; c'est pour cela que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, l'a utilisé dans son invocation
afin qu'il en soit couvert. Si sa mutation et son annulation étaient possibles, on aurait dit, à certains
moments : «L'invocation ne sera pas intéressante au moment de l'annulation (de la satisfaction) ; il ne
sera donc pas correct d'implorer Allah de le couvrir de quelque chose qui est vain !» Donc, puisque la
satisfaction d'Allah est impossible d'être mutée ou annulée, elle peut être utilisée dans l'invocation du
prophète. Par contre, l'indignation ou la colère de la part d'Allah n'existe pas dans son Entité suprême,
mais fait partie des attributs relatifs à Son action, uniquement. C'est parce qu'elle est mutable et
pouvant s'annuler, que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a imploré Allah pour qu'il le protège
contre cette colère qui fait partie des attributs de l'action et non pas de l'Entité suprême. Cette dernière
est au summum de la satisfaction dans l'éternité à l'égard du croyant et même à l'égard du mécréant.
Ici, on peut se heurter à une objection de la part de celui qui va chercher dans les prédicats et les
versets coraniques, les contextes relatifs à l'indignation et à la colère d'Allah, le Très-Haut. Les exemples
sont nombreux :
Concernant le crime d'assassinat, «Quiconque tue intentionnellement un croyant, Sa rétribution
alors sera l'Enfer, pour y demeurer éternellement. Allah l'a frappé de Sa colère, l'a maudit et lui a
préparé un énorme châtiment» (Sourate 4, Les femmes, Annisaâ, verset 93).
Concernant les mécréants : «Allah a maudit les infidèles et leur a préparé une fournaise pour qu'ils
y demeurent éternellement, sans trouver ni alliés ni secoureur» (Sourate 33, Les coalisés, Al ahzab,
versets 64 et 65).
La réponse à cette problématique est la suivante : ces punitions de la part dAllah, le Glorieux, le
Très-Haut, n'ont pas pour but de dissiper une colère ou une rancœur dans son Entité suprême ; celle-ci
est pure et au-dessus de cela.
Ce sont plutôt des perfections de Sa divinité. La divinité a deux attributs :
• Le premier est destiné aux groupes du vrai, de la lumière et du bonheur.
• Le second est destiné aux groupes des ténèbres, du faux et du malheur.
Tout ce qu'on a mentionné dépend de la volonté d'Allah et traduit les perfections divines, Gloire à
Allah. Rien n'échappe à cette règle. Tout ce qu'on attribue aux mécréants, comme hostilité les affectant,
colère, et indignation, ce ne sont que des états exigés par les perfections divines. Ils ne font pas partie
de Son Entité suprême, ce sont des attributs relatifs à Son action, uniquement.
La troisième barrière qui empêche l'Entité suprême de trop pencher vers les êtres créés, et qui rend
impossible toute ressemblance entre elle et tout ce qui est contingent, est la suivante : «Supposons que
l'Entité suprême est affectée par l'affinité, l'engouement, la passion pour quelque chose, elle
ressemblera alors aux évènements incidents et sera contingente aussi, mais cela est impossible. Donc,
l'Entité suprême est au-dessus de tout ceci ; elle n'aime rien et ne déteste rien. Il ne reste donc que la
conduite de la volonté divine et son attachement aux créatures. Tout ce qui est attaché à la volonté
d'Allah est aimé par Allah, puisque l'amour est synonyme de la volonté. Lorsqu'il aime quelque chose, sa
volonté s'y attache ; donc il la veut. La volonté est synonyme de la volition.

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Une fois que vous savez ceci, vous comprenez alors que tout ce qui existe dans l'univers est aimé par
Allah, le Très-Haut, le mécréant et le croyant, parce que c'est ce qu'il a voulu. Sans l'attachement de sa
volonté à eux, il ne les aurait pas créés. Dieu a dit à Moïse, prière et salut sur lui, lorsqu'il lui a demandé
de mettre fin à la vie de «Karoun» (Crésus) ; il lui a dit : «Je mets la terre à ta disposition ; fais-en ce que
tu veux».
Alors, Moïse est entré à la maison d'or de Crésus (Karoun). Tout près de lui, il y avait de grandes
personnalités israélites, et ils le glorifiaient pour sa fortune. Moïse, prière et paix d'Allah sur lui, leur a
dit : «Celui qui est avec moi sort ; celui qui est avec Karoun reste». La plupart des gens sont sortis,
désavouant Karoun. Moïse a ensuite ordonné à la terre de les prendre. Lorsque Karoun a vu la terre en
train d'«avaler» son fauteuil en or sur lequel il était assis, tout en sachant que l'ordre divin l'a affecté
comme il a affecté les mécréants; il ne l'ignore pas, alors il a essayé de se repentir ; mais il n'a pas trouvé
de voie pour ce repentir !
Il a commencé à solliciter Moïse en évoquant Allah et leur lien familial. Mais Moïse ne se tournait pas
vers eux et ne leur accordait aucune importance, tout en disant : «O terre, prends-les» jusqu'à ce que
Karoun l'ait sollicité plus de soixante-dix fois, et Moïse ne cessait de répéter «O terre, prends-les». À la
soixante-dixième fois, il s'est complètement enfoncé dans la terre avec son fauteuil et il n'était plus
visible. Jusqu'à présent, il ne cesse de s'enfoncer sans arriver au fond. C'est un châtiment qu'il va
endurer jusqu'à l'heure de la fin du monde et jusqu'au souffle dans la trompe. Alors Dieu a reproché à
Moïse, et avec une admonition intense, il lui a dit, Gloire à lui : «Il a imploré ton secours soixante-dix
fois, et tu ne l'as pas secouru. S'il me l'avait demandé une seule fois, je l'aurais secouru». Allah a dit à
Moïse : «Tu sais pourquoi tu n'as pas été clément à son égard ? C'est parce que tu ne l'as pas créé. Si tu
l'avais créé, tu aurais été clément vis-à-vis de lui. Puis, il lui a dit : par ma puissance et ma solennité, je
ne mettrai jamais la terre à la disposition de quiconque».
Le témoignage que nous voulons apporter ici est le suivant ; Allah, le Très-Haut, rappelle à Moïse,
paix sur lui, «C'est parce que tu ne l'as pas créé. Si tu l'avais créé, tu aurais été clément vis-à-vis de lui».
Il a été rapporté que Karoun après avoir été englouti dans la terre, pendant une longue durée, a
entendu Jonas (Youness), paix sur lui, implorant le secours d'Allah lorsqu'il a été absorbé par le poisson.
Karoun a demandé alors aux anges responsables de son supplice de le laisser un moment afin de
pouvoir interroger Jonas, prière d'Allah sur lui. Ils l'ont laissé et il l'a appelé : «O, Jonas, comment es-tu
arrivé à cet état ?». Il lui a répondu : «Mes péchés». Karoun lui a dit: «Retourne à Allah, à la première
occasion». Jonas lui a répliqué: «Mais pourquoi ne t'es-tu pas repenti, toi aussi à Allah ?». Il lui a dit: «Si
! Je suis retourné à Allah, d'une manière sincère, mais mon repentir était entre les mains de mon cousin
(fils de ma tante) Moïse qui ne l'a pas accepté.
Cela montre que tous les êtres créés sont aimés par Allah, le Très-Haut, qu'ils soient croyants ou
mécréants. Ils sont également aimés parce qu'ils constituent la partie exotérique de sa divinité, gloire à
Allah. Il les a créés pour qu'il apparaisse en eux avec ses perfections divines. C'est pour cela que les gens
dignes des vérités disent : Allah n'a jamais créé une créature vainement. Ils veulent dire qu'il n'y a pas
un seul individu créé sans qu'il soit utile, parce qu'ils sont la manifestation de Ses décisions et de Sa
divinité. Vous voyez alors, d'après ce qu'on a rapporté, que toute la créature est bien aimée par Allah. Il
ne faut donc pas accorder d'importance aux recherches des savants exotériques bornés. Ce qu'on a
mentionné fait partie des sciences des gnostiques ; les savants exotériques n'ont pas de compétence
dans ce domaine.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a avancé la preuve de ce qu'il a expliqué en ce qui concerne le
verset coranique précédent, c'est-à-dire que les mécréants font partie de l'amour d'Allah et de sa
clémence. Il a cité en effet le verset coranique suivant :»Et Ma miséricorde embrasse toute chose. Je la
prescrirai à ceux qui (Me) craignent, acquittent la Zakat, et ont foi en Nos signes» (Sourate 7, Al Aaraf,
verset 156).
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : La signification du verset «Je la prescrirai à ...», je la
prescrirai pure et indemne de supplice en faveur de ceux qui (Me) craignent... Le verset coranique
montre que la créature d'Allah est de deux types. Une classe souffrante (punie), mais couverte de
clémence divine, et une classe couverte uniquement de clémence divine (sans qu'elle soit punie). Pour

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la classe souffrante (punie), mais couverte de clémence divine, Allah a dit à leur égard : «Je ferai que
Mon châtiment atteigne qui Je veux. Et Ma miséricorde embrasse toute chose.» (Sourate 7, Al Aaraf,
verset 156).
Par contre, pour l'autre classe qui est uniquement couverte de clémence divine (sans qu'elle soit
punie), Allah a dit à leur égard : «Je la prescrirai à ceux qui (Me) craignent, acquittent la Zakat, et ont
foi en Nos signes» (Sourate 7, Al Aaraf, verset 156). Mais ce qui est mentionné dans le verset suivant
semble s'opposer à la généralisation de la miséricorde. Allah a dit : «Et ceux qui ne croient pas aux
versets d'Allah et à Sa rencontre, désespèrent de Ma miséricorde. Et ceux-là auront un châtiment
douloureux» (Sourate 29, L'araignée, Al ankabout, verset 23).
La miséricorde mentionnée dans ce verset, et qui fait l'objet du désespoir des mécréants n'est autre
que le paradis, c'est tout. Le paradis est interdit à tout mécréant. Mais le paradis n'est pas l'objectif final
de la miséricorde divine. Cette miséricorde ne peut pas être cernée par les intellects. Allah peut être
clément envers les mécréants comme il veut. Certains parmi les gens dignes des vérités, ont cité un
exemple de cas de miséricorde affectant les gens de l'enfer, parmi les mécréants. Il a dit: ils perdent
conscience à des moments, comme s'ils sont en train de dormir, afin de ne pas sentir l'ampleur du
supplice. Ensuite, ils rêvent comme si diverses nourritures et boissons leur sont offertes. Ils mangent à
leur gré. Puis ils se lèvent de cette ébriété et retournent au supplice. C'est un exemple de clémence qui
touche les mécréants.
Comme complément d'information, nous pouvons dire : concernant la classification des rangs de
l'amour et de ceux qui en sont dignes (susmentionnés dans le verset coranique) : notre cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui, a dit : l'amour porté pour Allah comprend quatre rangs. 1- L'amour de la foi
et de la croyance ; il a été déjà cité auparavant. 2- L'amour des aubaines pour des croyants faisant partie
de l’élite ; il a également été cité. 3- L'amour des attributs divins. Ceux qui sont dignes de cet amour
sont nommés élus d'Allah. Ce type d'élus est profitable aux gens du commun. 4- L'amour de l'Entité
suprême ; ceux qui en sont dignes sont les véridiques en état d'éveil et de pérennité ; nous avons déjà
évoqué cet amour.
Enfin, en ce qui concerne l'amour des attributs qui représente le rang des élus d'Allah. Ceux qui sont
dignes de cet amour ont pris l'habitude d'œuvrer pour Allah, et de se diriger vers lui par leurs cœurs à
cause de ce qui qualifie Allah comme attributs louables. Mais ils se sont attachés aux attributs relatifs à
Son action, comme le créateur, le pourvoyeur, le donneur et d'autres attributs. Les gens dignes de cet
amour sont liés à ceux de la deuxième classe1, mais sont meilleurs.
On distingue aussi une catégorie de gens qui se sont attachés aux attributs de la générosité, de la
glorification, et de la louange. Ces gens sont attachés aux attributs qualitatifs, mais ils ne sont pas
complètement détachés de l'observation des aubaines d'Allah, le Glorieux. C'est donc une forme
d'amour d'aubaines et de dons. D'autres gens sont attachés à Allah et ne cessent de fournir des efforts
dans son amour, à cause des attributs liés à son Entité suprême, comme la grandeur, la sublimité, la
puissance, la solennité, et la hauteur. Les gens attachés à ces attributs, en les aimant et en fournissant
les efforts nécessaires, possèdent une partie de l'amour de l'Entité suprême.
Ces attributs concernent l'Entité suprême originelle. Personne ne peut en être qualifié. Les attributs
qu'Allah peut accorder à sa créature sont plutôt la délicatesse, la création, l’assistance, les dons, la
grâce, la générosité et d'autres attributs. Ceux qui sont attachés à ces attributs demandent les dons
d'Allah et ses aubaines, alors que ceux qui sont attachés aux attributs de l'Entité suprême ne demandent
rien du tout. C'est le cas des attributs comme la sublimité, la grandeur, la puissance, la solennité, et la
hauteur. Ces attributs, une fois exposés, enrayent celui qui les observe par coercition.
Personne ne supporte l'observation de la sublimité d'Allah, sa solennité, sa hauteur, sa grandeur et
sa puissance. C'est pour cela qu'on s'écrase et qu'on se pulvérise une fois sous l'influence de ces
attributs. Si l'on interroge celui qui s'attache à ces attributs pourquoi tu œuvres pour ton seigneur et tu
ne fais rien d'autre que cela, il dira : c'est à cause de sa sublimité et de sa grandeur, et non pas pour

1 - C'est-à-dire la classe relative à l'amour des aubaines.

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profiter de quelque chose de lui. Ces gens ont une part de l'amour porté pour l'Entité suprême. Après
cela, il y a l'amour pour l'Entité suprême. Cet amour est réservé aux véridiques et à tous ceux qui lui
sont supérieurs comme les messagers, les anges, les prophètes et les pôles, etc.
Puis, il a dit, satisfaction d'Allah sur lui : «La clarification de l'hiérarchisation de ces rangs
susmentionnés est la suivante : celui qui dispose de l'amour de la foi et de la croyance, s'il persévère et
se dirige perpétuellement vers Allah par son amour, alors il peut grimper au rang de l'amour des
aubaines, puisqu'il est supérieur au premier rang. S'il continue dans cette direction en vue de se
rapprocher d'Allah par son cœur, alors il obtiendra le rang supérieur de l'amour des attributs, et en
continuant encore plus, tout en étant droit dans sa conduite, il finira par arriver au rang suprême qui est
celui de l'amour de l'Entité suprême. Une fois que le croyant arrive au début de cet amour, rien qu'en
ayant senti l'odeur, il est transféré au rang de l'extermination, rang après rang.
Au début, il sera touché par une stupéfaction, puis par une ébriété, puis par une absence et enfin par
une extermination, tout en sentant cet anéantissement. L'étape finale de sa transcendance est
l'extermination de l'extermination; c'est l'état durant lequel il ne reste ni sensation, ni sentiment, ni
considération, ni raison, ni illusion. Tout s'écrase et se pulvérise, en quantité et en qualité. Il ne reste
que le Vrai par le Vrai, pour le Vrai, dans le Vrai. C'est la station du "Fath" (levée du voile) et c'est le
début de la connaissance. Celui qui arrive à ce rang, une fois éveillé, il monte dans les étapes et franchit
les stations sans limites, jusqu'à l'infini. Fin de citation.
Avertissement et démonstration que les mécréants sont aimés par Allah et profitent de sa clémence.
Ceci a été déjà avancé dans l'explication du verset coranique suivant : «Dis : Si vous aimez vraiment
Allah, suivez-moi, Allah vous aimera alors et vous pardonnera vos péchés. Allah est Pardonneur et
Miséricordieux» (Sourate 3, Al Imran, verset 31).
Jusqu'à ce que notre cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : «Cet amour regroupe les mondes en
entier, même les mécréants ; ils sont aimés par Dieu, etc.» Puis, il a dit, en donnant d'autres preuves sur
ce qu'il a expliqué, satisfaction d'Allah sur lui : la purification est ou bien originelle ou bien occurrente.
La purification originelle existe dans tous les êtres créés, considérés d'une manière globale ou
individuelle, et ce, à partir du secret de son nom divin «Al Qoddous» (le tout purifié). Ce nom est
manifesté partout, en tout atome de l'univers. Le nom divin "Al Qoddous" signifie le tout purifié et le
tout parfait qui ne comporte aucune déficience.
Dans l'invocation des «Noms Idrissides», on cite : «O, Qoddous, purifié de tout mal, Tu n'as besoin de
rien de la part de ta créature, grâce à ta délicatesse». Rien ne se trouve dans l'univers sans être pur et
parfait à cause de la manifestation du nom divin "Qoddous" sur le moindre atome dans le monde. Allah
s'est manifesté par ce nom "Qoddous" à tout ce qu'il a créé. Si le moindre atome était pollué dans
l'univers, les attributs d'Allah auraient été déficients ; la divinité cesserait de fonctionner. Or, les
attributs divins sont à l’apogée de leur perfection. La divinité englobe tout, y compris le moindre atome ;
la divinité étant le rang rassembleur, enveloppant toutes les créatures d'Allah, le Très-Haut. Tout ce qui
existe dans l'univers est sous la divinité à la suite de la soumission, de la servilité, de l'adoration, de la
glorification et de la prosternation.
Si la moindre particule était touchée d'une impureté, il ne serait pas correct de se diriger vers Allah
par adoration ou prosternation ou glorification. La purification englobe tout, de par l'enveloppe de la
divinité et la manifestation du nom divin "Qoddous" sur tout. C'est la purification originelle.
La signification de cette manifestation, que plusieurs savants exotériques ignorent, et son mode
d'action est comme l'a expliqué le prophète, prière et salut d'Allah sur lui : «La création de tout l'univers
est provoquée par les noms et les attributs d'Allah, externes (apparents) et internes (cachés)».
C'est-à-dire : la lumière des noms divins est étalée sur toutes les créatures. Il n'y a pas la moindre
particule dans l'univers qui n'a pas reçu la lumière d'un des noms d'Allah. Ceci est général pour toutes
les particules et pour tout ce qui les dépasse par la taille, qu'il soit petit ou grand, atome par atome.
Sans cette lumière incidente, rien de l'univers ne sera apparent ; tout devrait rester dans le néant. Deux
êtres créés ne peuvent pas partager un même nom. Un même atome ne peut pas avoir deux noms dans

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un même corps. L'étalement de la lumière des noms divins apparaît sur toute particule de l'univers,
grande ou petite.
Il n'y a dans l'univers que l'apparition des noms divins et de leur lumière. C'est par cette lumière que
les créatures apparaissent. Si vous comprenez ceci et vous savez que :
• Tout l'univers subsiste grâce aux noms divins
• Les noms divins entrent sous l'enveloppe de la divinité
• Allah s'est manifesté à tous les noms divins par son nom "Qoddous" (le tout purifié).
Alors ce nom fait partie des noms de l’Entité suprême. Ce nom qualifie à la fois l'Entité suprême, les
attributs divins et les noms divins. Allah est "Qoddous" (tout purifié) dans son Entité ; "Qoddous" dans
ses attributs et "Qoddous" dans ses noms. L'univers est dans sa globalité une concrétisation des noms.
Le secret du nom "Qoddous" est manifesté à ces noms. Voila la signification de la manifestation du nom
"Al Qoddous" à tout l'univers. C'est la purification originelle qu'on vient d'expliquer. Cette explication
fait partie des sciences des gnostiques ; les savants exotériques n'ont pas accès à cette connaissance !
Concernant la purification occurrente, c'est ce qui est mentionné dans le verset coranique suivant :
«O vous qui croyez! Les associateurs ne sont qu'impureté» (Sourate 9, Le repentir, At Taobah, verset
28). Les impuretés mentionnées par les messagers d'Allah, c'est-à-dire ce qu'ils ont jugé pollué et impur
afin de l'éviter lors des prières selon leurs lois religieuses, et non pas selon l'origine des choses, ne sont
que contingentes et incidentes. L'impureté n'est pas liée à l'Entité suprême puisqu'elle disparaît une fois
que la loi religieuse (qui impose et qui interdit) est finie. Lorsque le souffle dans la trompe est effectué, à
la fin du monde, le verdict de la loi religieuse est éliminé. Toutes les choses sont transférées alors à leur
pureté d'origine. La loi religieuse est contingente. Son existence se termine avec la vie d'ici-bas. Lorsque
le souffle dans la trompe est effectué, le verdict de la loi religieuse est annulé. Les choses sont
transférées à leur origine. Il ne reste aucune responsabilisation.
Concernant les mécréants qui doivent être punis, ce n'est qu'une contingence dans leur cas. Leur
origine c'est plutôt la clémence et l'amour. Ils sont bien-aimés et couverts de la clémence divine, malgré
l'incroyance qui leur est arrivée. Allah a dit : «Et Ma miséricorde embrasse toute chose» (Sourate 7, Al
Aaraf, verset 156). Il a dit aussi: «Quand Nous voulons une chose, Notre seule parole est, Sois. Et, elle
est» (Sourate 16, Les abeilles, An Nahl, verset 40).
Ce qui est arrivé aux mécréants est l'effet de l'attribut divin de la «Volonté» et du mot divin sublime
«Sois». Ceci n'arrive qu'à celui qui est aimé et voulu par Allah, le Très-Haut. Ces gens bénéficient d'un
espace de miséricorde qui embrasse toute chose. Malgré ce qui leur arrive, ce ne sont que des verdicts
de l'enveloppe divine. Tout ce qui affecte et couvre la créature comme l'aubaine, le supplice, le
bien-être, l'épreuve, la clémence, et la vengeance, tout cela constitue des verdicts de l'enveloppe divine.
Personne, à part Allah, ne peut rien faire à ce sujet. L'origine est donc la clémence et l'amour pour tout
être créé.
Allah dit à ce propos : «Et ce n'est pas Allah qui vous fera perdre [la récompense de] votre foi, car
Allah, certes est Compatissant et Miséricordieux pour les hommes» (Sourate 2, La vache, Al Bakarah,
verset 143). La clémence et l'amour recouvrent le croyant et le mécréant, car les deux font partie des
gens. Allah, Gloire à lui, a dit : «Certes, Nous avons honoré les fils d'Adam. Nous les avons transportés
sur terre et sur mer, leur avons attribué de bonnes choses comme nourriture, et Nous les avons
nettement préférés à plusieurs de Nos créatures» (Sourate 17, Le voyage nocturne, Al Israa, verset 70).
Ils recouvrent le croyant et le mécréant ; c'est donc le fondement. Par contre, le verset coranique
suivant : «Les pires bêtes, auprès d'Allah, sont ceux qui ont été infidèles (dans le passé) et qui ne
croient donc point (actuellement))» (Sourate 8, Le butin, Al Anfal, verset 55). Et le verset suivant : «Les
infidèles parmi les gens du Livre, ainsi que les associateurs, ne cesseront pas de mécroire jusqu'à ce
que leur vienne la preuve évidente. Un Messager, de la part d'Allah, qui leur récite des feuilles
purifiées, dans lesquelles se trouvent des prescriptions d'une rectitude parfaite. Et ceux à qui le Livre
a été donné ne se sont divisés qu'après que la preuve leur fut venue. Il ne leur a été commandé,
cependant, que d'adorer Allah, Lui vouant un culte exclusif, d'accomplir la Salat et d'acquitter la
Zakat. Et voilà la religion de droiture. Les infidèles parmi les gens du Livre, ainsi que les associateurs

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iront au feu de l'Enfer, pour y demeurer éternellement. De toute la création, ce sont eux les pires»
(Sourate 98, La preuve (Al-Bayyinah), versets 1-6).
Ces versets traduisent des verdicts de l'enveloppe divine qui ont affecté les mécréants. Ce sont
uniquement des verdicts de passage. L'origine c'est ce qui a tout devancé. Le prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, a dit en ce qui concerne le cachet de l'univers : «Allah a créé la créature. Lorsqu'il a
terminé, il en a sélectionné la descendance d'Adam». C'est un hadith authentique. Ce choix regroupe le
croyant et le mécréant de cette descendance d'Adam. C'est l'origine, c'est-à-dire l'amour, la clémence,
et la révérence mentionnés dans le verset coranique. Ce qui a affecté cette origine, ce ne sont que des
contingents qui vont se dissiper. Le retour à l'origine sera effectué. Fin de la dictée du cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui, à partir de sa mémoire et de ses propres mots.
Le verset coranique suivant est conforme avec ce qu'on vient d'expliquer : «Allah les agrée et ils
L'agréent. Telle sera [la récompense] de celui qui craint son Seigneur» (Sourate 98, La preuve
Al-Bayyinah, verset 8). Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : «Les êtres créés sont de trois
catégories dans le monde de l'au- delà :
1. La première catégorie prend part à la satisfaction d'Allah, Gloire à lui. Ce sont les véridiques,
les pôles, les prophètes et les messagers.
2. La deuxième catégorie prend part à la Miséricorde. Elle regroupe tous les élus de Dieu, les
vertueux et les martyrs.
3. Et la troisième catégorie constituée de gens dignes de grâce et de rémission. Ce sont les
insoumis parmi les croyants.
La signification de la satisfaction d'Allah c'est sa volonté de rendre son serviteur à son
maximum d'éminence, de sublimité et de solennité. La clémence c'est l'oscillation dans les
phases des appétences, des délectations et dans les aubaines réitérées. Les gens dignes de la
grâce et de la rémission seront pardonnés et leurs péchés seront annulés. Quant à la
satisfaction du serviteur à l'égard d'Allah, c'est par sa résistance et son endurance vis-à-vis de
ce qu'il rencontre comme maux et sinistres. Ceci est spécifique chez quelques véridiques.
La signification du véridique, quant à elle : il s'agit d'une personne qualifiée de la
perfection de son éveil bien qu'elle soit noyée dans la constatation. Cette perfection fait que
cette personne est perçue comme un être ordinaire. Celui qui le voit croit qu'il n'a rien
atteint. Le véridique respecte les rangs, que ce soit les rangs relatifs au Vrai ou à ses
serviteurs.
Ben Sirine, un des grands successeurs compagnons des compagnons du prophète, prière
et salut d'Allah sur lui, a été interrogé sur le mode de leur vie. Il a répondu : «(ils sont)
comme les gens». Puis il a prononcé le vers suivant:
Il aime boire avec ses amis.
Et déteste vivre sans argent.
4. La quatrième catégorie, ce sont les supérieurs. Allah a dit à leur égard : «Il les aime et ils
l'aiment». Ils dépassent les gens dignes de la satisfaction d'Allah (catégorie 1) caractérisés
par l'amour de l'Entité suprême. Ce qui a été mentionné tout à l'heure, à propos des
véridiques, pôles, prophètes et messagers, n'a pas été détaillé. Ce sont les gens dignes de
l'amour de l'Entité suprême. Les gens sont alors ou bien des personnes fautives ou bien des
personnes fidèles aux pactes d'Allah ou bien des gens sélectionnés dans l'élite de l'élite. Les
fautifs sont connus. Les fidèles aux pactes d'Allah sont la communauté des croyants qui ont
respecté les pactes et les droits religieux, bien qu'ils soient voilés. Les personnes fautives ont
une chance dans la grâce et le pardon.
Les gens qui sont fidèles aux pactes d'Allah ont une chance dans la clémence. L'élite est
celle dont le voile est levé. Ce sont ceux qui peuvent voir les attributs d'Allah derrière la
gloire de la solennité. Ils ont bénéficié de cette constatation. C'est ce délice qui les a permis
de supporter les maux et les sinistres que les montagnes ne peuvent supporter. C'est l'élite

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d'Allah parmi ses créatures. Ils sont dignes du rang suprême. La quatrième catégorie est celle
des gens dont le voile est levé. Ils sont arrivés à l'amour de l'Entité suprême. C'est l'élite de
l'élite. Ils dépassent le rang de la catégorie précédente. Ils sont dignes de la constatation des
attributs. Ils sont dignes de la satisfaction d'Allah. Allah les a agréés et eux L'ont agréé.
Quant aux gens sélectionnés dans l'élite de l'élite, Allah a dit à leur égard : «Il les aime et
ils l'aiment». Ils détiennent le rang le plus élevé. Il n'y a pas de rang qui le dépasse. C'est la
classe des véridiques, des pôles, des prophètes et des messagers. Le rang des véridiques "la
Seddiqiyah" regroupe en effet l'ensemble. Chaque pôle, prophète et messager est un
véridique, mais pas l'inverse. Allah dit, à propos d'ibrahim, un des grands messagers, de
station spirituelle élevée, prière et salut d'Allah sur lui: «Abraham, C'était un très véridique
et un Prophète» (Sourate 19, Marie, Meriam, verset 41). Le rang "la Seddiqiyah" des
véridiques est groupant ; l'inverse est faux.
L'amour d'Allah pour ces grands, c'est sa volonté pour qu'ils soient sublimes, solennels,
généreux et éminents. Leur amour pour Allah, le Très-Haut, c'est leur amour pour son Entité
suprême pure ; et rien d'autre. Cet amour ne peut être expliqué ni compris. Seuls ceux qui
l'ont goûté le connaissent. Dans ce sens, "Al Morsi" a dit, satisfaction d'Allah sur lui : Il y a des
serviteurs qu'Allah montre au début, mais il les cachent à la fin. Il y en a d'autres, qu'Allah
cache au début, mais montre à la fin. Il y en a d'autres qu'Allah cache des gens du commun,
mais montre à une élite. Et il y en a d'autres qu'Allah cache aux gens du commun et à l’élite.
Il ne divulgue pas la vérité qui existe entre eux et lui, même aux anges chargés de
l'enregistrement, jusqu'à ce qu'il extermine leur vie Lui même, sans intermédiaire. Ce sont
donc les martyrs du monde "malakoute" supérieur.
Ce sont les gens dignes de la rangée droite du trône. C'est l'élite de l'élite. Qu'Allah nous
compte parmi eux, de par Sa largesse et générosité. Amen. Fin de la dictée du cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui, à partir de sa mémoire et de ses propres mots.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le verset coranique suivant : «Qui est meilleur en
religion que celui qui soumet à Allah son être, tout en se conformant à la Loi révélée et suivant la
religion d'Abraham, homme de droiture? Et Allah avait pris Abraham pour ami privilégié» (Sourate 4,
Les femmes, An Nisaa, verset 125). Cela signifie qu'il n'y a pas mieux en religion que celui qui se soumet
à Allah, tout en étant un bienfaisant, comme l'a dit Allah dans le verset suivant : «Et quiconque soumet
son être à Allah, tout en étant bienfaisant, s'accroche réellement à l'anse la plus ferme. La fin de toute
chose appartient à Allah» (Sourate 31, Loqman, verset 22).
La soumission de son être à Allah c'est en effet l'orientation du cœur vers lui, le Très-Haut,
c'est-à-dire abandonner tout associé à Dieu. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : «Allah ne
regarde pas vos aspects extérieurs ni vos œuvres, mais il regarde plutôt vos cœurs». Dans un autre récit,
il a dit : «Allah ne regarde pas vos aspects extérieurs, ni votre fortune, mais il regarde plutôt vos cœurs
et vos efforts». La bienfaisance dans tout ceci c'est ce que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a
expliqué : «La bienfaisance c'est le fait d'adorer Allah comme si tu le voyais». Telle est la bienfaisance
qui qualifie l'orientation vers Allah, le Très-Haut et la soumission à Lui.
Allah, Gloire à lui, a dit : «... Et s'est conformé à la Loi révélée tout en suivant la religion d'Abraham,
homme de droiture» (Sourate 4, Les femmes, An Nisaa, verset 125), c'est exactement ce qu'il a dit,
Gloire à lui, à propos de Sidna Ibrahim, paix sur lui : «Quand son Seigneur lui avait dit: Soumets-toi>, il
dit: <Je me soumets au Seigneur de l'Univers» (Sourate 2, La vache, Al Bakarah, verset 131).
L'explication est dans le verset coranique suivant : «O mon peuple, je désavoue tout ce que vous
associez à Allah. Je tourne mon visage exclusivement vers Celui qui a créé (à partir du néant) les deux
et la terre; et je ne suis point de ceux qui Lui donnent des associés» (Sourate 6, Les bestiaux, Al Anâm,
versets 78-79). Ces versets coraniques ont ordonné aux gens de suivre la confession d'ibrahim, prière et
salut d'Allah sur lui. Cet ordre concerne aussi notre prophète, prière et salut d'Allah sur lui, comme l'a
mentionné le verset coranique suivant : «O vous qui croyez! Inclinez-vous, prosternez-vous, adorez
votre Seigneur, et faites le bien. Peut-être réussirez vous» (Sourate 22, Le pèlerinage, Al Hajj, verset
77).

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Cet ordre divin pour le suivi d'ibrahim est un honneur pour Ibrahim, prière et salut d'Allah sur lui. En
effet, le prophète Ibrahim a reçu une partie des hauts qualificatifs qui caractérisent la station spirituelle
du prophète Sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur eux. On peut en citer la Soumission et la
Servilité à la suite de la manifestation sublime d'Allah, le Très-Haut. Le prophète n'a jamais levé sa voix
contre quelqu'un par rage ou courroux. Ceci est dû à ce qu'il est constamment en train de vivre comme
manifestations d'Allah. Allah se manifeste en effet à son cœur par la sublimité et la grandeur.
C'est pour cette raison qu'lbrahim n'a pas osé demander au prophète Mohamed, prière et salut
d'Allah sur eux, de se retourner à Allah et de lui demander une atténuation (dans le verdict du devoir
des prières quotidiennes) comme l'a fait Moïse, paix sur lui. Cela est dû à la manifestation d'Allah à son
cœur. Tous les prophètes et messagers d'Allah ont reçu, chacun d'eux, une partie du rang spirituel
Mohammadien, prière et salut d'Allah sur lui. Mais Moïse a osé recommander au prophète Mohamed,
prière et salut d'Allah sur eux, de se retourner à Allah pour solliciter l'atténuation du nombre des prières
quotidiennes parce qu'il voyait la miséricorde divine, alors qu'lbrahim voyait la sublimité du Vrai; il n'a
donc pas osé faire de même. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, à partir de sa
mémoire et de ses propres mots.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui sur le verset coranique suivant : «Fuyez donc vers Allah.
Moi, je suis pour vous de Sa part, un avertisseur explicite» (Sourate 51, Qui éparpillent, Ad daryat,
verset 50). Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : «Sachez que la signification du verset
'Fuyez donc vers Allah' c'est par son adoration, sans aucune association avec lui.
Fuyez pour l'adoration, l'appui, tout en comptant sur lui, se dirigeant vers lui, en ne choisissant que
lui au sein de sa créature entière. Fuyez en comptant sur lui, et en désavouant tout autre associé. Ne
vous dirigez pas vers autrui, ne le considérez pas et ne l'observez pas. Telle est la fuite vers Allah. Fin de
la dictée du cheikh, satisfaction d’Allah sur lui.
Je l’ai interrogé, satisfaction d’Allah sur lui sur le verset coranique suivant : «Je n'ai créé les djinns
et les hommes que pour qu'ils M'adorent» (Sourate 51, Qui éparpillent, Ad Daryat, verset 56). Il a
répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : c'est une causerie de la part d'Allah, le Très-Haut, dans
un contexte de sagesse. Mais Sa causerie dans le contexte de la réalité et de la volonté est le verset
coranique suivant : «Ils ne cessent d'être en désaccord entre eux, sauf ceux à qui ton Seigneur a
accordé miséricorde. C'est pour cela qu'il les a créés» (Sourate 11, Hud, versets 118-119).
C'est la réalité puisque la causerie de la volonté ne peut qu'être concrétisée. Contrairement à celle
de la sagesse qui peut être annulée pour certaines créatures. L'ordre d'Allah est conduit vers la volonté,
et non pas vers la sagesse. La sagesse est l'ornement qui couronne et cache la volonté. L'auteur des
adages (Abou al atae), satisfaction d'Allah sur lui, a dit : «Tout s'appuie sur la volonté, mais la volonté ne
s'appuie sur rien». Fin de citation.
C'est-à-dire : «On n'interroge pas Allah pourquoi il veut ceci et pourquoi il fait ceci. Les actes divins
n'ont pas besoin d'une cause pour être choisis ou voulus par Dieu, Gloire à lui». Tout l'univers, en entier,
apparaît grâce à la volonté. Rien n'échappe à cette volonté divine. En effet, l'édification en tant que
telle, dans toutes ses composantes, a lieu comme suite au mot divin : Sois. Ce mot est conditionné par la
volonté divine qui le devance. Allah ne dit jamais à une chose Sois sans que sa volonté ne devance
l'édification de cette chose. Dieu a dit : «Quand Nous voulons une chose, Notre seule parole est: Sois.
Et, elle est» (Sourate 16, Les abeilles, An Nahl, verset 40).
Il a dit également: «Quand II veut une chose, Son commandement consiste à dire: Sois, et c'est»
(Sourate 36, Ya Sin, verset 82). La volonté ne s'est jamais absentée en présence du mot divin Sois. Allah
a dit : «Nous n'avons envoyé de Messager que pour qu'il soit obéi, par la permission d'Allah» (Sourate
4, Les femmes, An Nisaa, verset 64). Cela est une causerie dans le monde de la sagesse. C'est pour cela
qu'il y a défaillance. D'ailleurs, un grand nombre de personnes n'ont pas cru aux messagers d'Allah.
Si l'obéissance de la créature était stipulée dans la volonté divine, personne ne se serait égaré et
n'aurait désobéi aux messagers. Dieu a dit au plus grand de ses messagers, prière et salut d'Allah sur lui :
«Tu (Muhammad) ne diriges pas celui que tu aimes: mais c'est Allah qui guide qui II veut. Il connaît
mieux cependant les bien-guidés» (Sourate 28, Le récit, Al Qasas, verset 56). Cela montre que la

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guidance de toute la créature par les messagers ne fait pas partie de la décision de la volonté divine.
Sinon, aucune rébellion ou insoumission aux messagers ne serait possible. Allah, le Glorieux, le
Très-Haut, a dit à notre prophète, prière et salut d'Allah sur lui : «Et si leur indifférence t'afflige
énormément ...» (Sourate 6, Les bestiaux, Al Anâm, verset 35). Cela est arrivé lorsque les gens n'ont pas
cru et ont refusé la religion de droiture. Le prophète n'a pas pu endurer. Allah lui a dit alors : «S'il est
dans ton pouvoir de chercher un tunnel à travers la terre, ou une échelle pour aller au ciel pour leur
apporter un miracle, [fais-le donc]» (Sourate 6, Les bestiaux, Al Anâm, verset 35).
Il veut dire «fais-le donc pour qu'ils te suivent et te croient». Puis Allah lui a montré que cette réalité
ce n'est rien d'autre que la volonté divine. Gloire à lui. Allah a dit : «Et si Allah voulait, Il pourrait les
mettre tous sur le droit chemin. Ne sois pas du nombre des ignorants» (Sourate 6, Les bestiaux, Al
Anâm, verset 35). Cela montre que leur incroyance est voulue par Dieu. Puis Allah a dit dans le verset
coranique suivant : «Allah égare qui II veut; et II place qui II veut sur un chemin droit» (Sourate 6, Les
bestiaux, Al Anâm, verset 39).
Allah a montré par cette causerie que l'incroyance du mécréant, le fourvoiement de l'égaré, l'islam
du musulman, la guidance du bien guidé, émanent de la volonté divine. Le prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, a dit : «Je suis envoyé pour appeler les gens à Allah, alors que je n'ai aucune garantie sur
le résultat de cette guidance. Iblis, lui aussi est envoyé pour appeler à l'égarement, alors qu'il n'a aucune
garantie sur le résultat de sa tentation». Tout cela émane de la volonté divine de laquelle personne ne
peut s'échapper. Ben Arif, satisfaction d'Allah sur lui, a dit, à propos d'Allah, le Très- Haut :
Il n'y a pas de lien familial entre Allah et ses serviteurs qui peut intervenir pour qu'il les préfère grâce
à ce lien ou pour qu'il leur donne quelque chose grâce à lui. Il n'y a que la diligence qui est la volonté. Il
n'y a pas de causes, mais il y a la décision. Il n'y a pas de temps, mais il y a l'éternité. Ce qui reste n'est
qu’aveuglement et travestissement. La signification de l'éternité c'est là où se trouve la présence
d'Allah, seul, sans aucune relation avec autrui.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : «Allah existait ; rien avec lui. À cette époque il a
donné ce qu'il a donné et II a détaillé ce qu'il a détaillé». Il ne reste alors que la satisfaction et la
soumission au déroulement des destins ainsi que l'explication de l'éternité par notre maître. Fin de la
dictée du cheikh, à partir de sa mémoire et de ses propres mots.
Je lui ai posé la question suivante, satisfaction d'Allah sur lui, à propos du verset coranique (Sourate
42, La consultation, As Shoura, verset 13) : «Allah élit et rapproche de Lui qui II veut et guide vers Lui
celui qui se repent».
Il a répondu (qu'Allah sanctifie son précieux secret) : «Le sens de l'élection et du rapprochement c'est
l'attraction d'Allah le Très-Haut exercé sur Son serviteur pour l'attirer vers Sa Sainte Présence, et ce, par
le biais de Sa Grâce, de Sa Générosité et de Sa diligence sans qu'il y ait une cause faite par le serviteur au
préalable. Celui qui est élu et rapproché est nommé «L'aimé», «L'élu», «Le désiré» et «Le choyé». Tous
ces noms sont relatifs à l'élu rapproché et ce rapprochement a été établi par le décret divin dans la
préexistence, sans raison particulière, ni cause. C'est pour cette raison qu'il est dit : «Combien de
véridiques sont cachés derrière l'insouciance et combien d'ennemis d'Allah se cachent derrière
l'adoration et les efforts !»
L'«insouciance» ici consiste à être dans l'ignorance, l'égarement, l'incroyance et la désobéissance.
Toutes ces situations ne lui nuisent point, car le soin divin est une sûreté pour lui et l'englobe
entièrement. C'est dans ce sens que le Prophète (prière et salut d'Allah sur lui) avait dit au sujet de Hind
bint Otba alors qu'elle était l'une des pires ennemies d'Allah et de Son Prophète, elle qui a dévoré le foie
de Hamza par rage et haine, il a dit (prière et salut d'Allah sur lui) : «Jamais le foie d’Hamza et le feu ne
pourront se réunir dans ses entrailles». Ainsi, le Prophète (prière et salut d'Allah sur lui) nous a informés
qu'elle fait partie des bienheureuses grâce à des souffles issus du soin divin pré-éternel et que ce qu'elle
a fait ne pourra jamais lui nuire.
Quant aux «efforts», ils consistent ici à endurer les adorations et l'acte de se rapprocher d'Allah, le
Très-Haut. Nombreux sont les ennemis d'Allah qui endurent ces efforts, alors qu'il est connu dans le
pré-éternel qu'ils vont mourir en tant que mécréants.

-221-
Il y a aussi l'exemple de "Oumayr ibn Wahb" qui était parmi les audacieux de Quraïch et les plus
malfaisants. Il complotait pour tuer le Prophète, que la prière et le salut d'Allah soient sur lui. Mais
quand "Omar ibn El Khattab" (qu'Allah l'agrée) l'avait aperçu devant la porte en train de porter l'épée
haut près de son cou. Il s'est mis en colère et s'est dirigé vers le Prophète (prière et salut d'Allah sur lui)
pour lui dire : «Voici venir "Oumayr ibn Wahb", laisse-moi le tuer, car il n'est point venu pour un bien,
c'est bien lui qui était à la tête de l'affrontement le jour de Badr».
Le Prophète (prière et salut d'Allah sur lui) lui a dit : «Laisse-le donc» et il le fit entrer auprès de lui.
Le Messager (prière et salut d'Allah sur lui) lui dit : «Qu'est-ce qui t'amène ?» Il lui répond : «Je suis venu
afin que vous soyez bienfaisants à mon égard concernant ce prisonnier».
C'était son fils qui était captif. Le Prophète (prière et salut d'Allah sur lui) lui dit : «En réalité, tu étais
assis, toi et Safwan ibn Oumaya au sein du Hijr et il n'y avait personne d'autre que vous deux.» Et il lui
évoqua exactement tout ce qu'ils avaient dit jusqu'à lui dire : «Tu n'es venu que pour me tuer.»
"Oumayr" lui dit alors : «Si une troisième personne était avec nous, j'aurais été sûr que c'est lui qui t'en
a informé ; or à présent je sais avec certitude que ce que vous dites est vrai et j'atteste qu'il n'y a de
Dieu qu'Allah et que tu es le Messager d'Allah». Puis son Islam fut sincère, il retourna alors à La Mecque
et il prêcha les gens à l'Islam au point que de nombreuses personnes s'y convertirent. Ainsi, il persista lui
aussi sur son Islam, qu'Allah lui accorde son agrément. Constate donc ce choix et cette élection par
lesquels son Seigneur l'attira. En effet, la gravité de ses péchés n'a eu aucune influence sur son sort, ni
même ses connivences pour perpétrer son crime. Il a été ainsi dominé par la limpidité de la
quintessence de la lumière Divine et il fut vêtu de l’habit de la proximité et il devint ainsi un serviteur
d'Allah sincère.
Quant à la Parole du Très-Haut : «Celui qu'il veut» cela veut dire sans cause, ni raison, mais
seulement par Sa Grâce et Sa Générosité. Et quant à la Parole du Très-Haut : «Et II guide vers Lui celui
qui se repent» cela veut dire: celui qui se tourne vers Allah par sa piété sincère, en se comportant avec
pureté et limpidité envers Allah le Très-Haut. Allah le guidera vers Lui jusqu'à le faire parvenir à la Sainte
Présence. «Allah élit et rapproche de Lui qui II veut et guide vers Lui celui qui se repent» (Sourate 42,
La consultation, As Shoura, verset 13).
En ce qui concerne ses prophètes (paix sur eux), Allah n'a évoqué que l’élection. Il a dit, gloire à lui,
concernant Adam (paix sur lui) : «Son Seigneur l'a ensuite élu, agréé son repentir et l'a guidé.»
(Sourate 20 Taha, verset 122) et concernant Younous (paix sur lui), Il a dit : «Puis son Seigneur l'élut et
le désigna au nombre des gens du bien» (Sourate 68 Al Qalam, verset 50). De même concernant les
prophètes (paix sur eux) lorsqu'il les évoqua (dans la Sourate «Les bestiaux») par Sa Parole : «Nous les
avons élus et guidés vers un chemin droit» (Sourate 06 Les Bestiaux, verset 87). Ils ont ainsi emprunté
(paix sur eux) le chemin vers Lui grâce à cette élection.
Quant à ce qui est évoqué dans le verset précédent en tant qu'élection et retour à Allah, dans le
premier groupe c'est-à-dire celui des gens dignes du «Retour à Allah». L'individu issu de ce groupe est
nommé «Le désireux», «L'aimant», «Le sincère» et «Le persévérant dans son chemin vers Dieu» et Allah
le Très-Haut dit concernant leur récompense : «Certes, Il les guide vers Lui en conséquence de leur
crainte pieuse». Quant au second groupe, Il a informé qu'il les a choisis par Sa seule propre Volonté sans
qu'elle soit devancée par une autre cause. Celui qui en bénéficie est nommé «L'élu», «Le choisi», «Le
purifié», «Le rapproché», «L'aimé», «Le désiré» et «Le choyé». À ce sujet, certains soufis disent à propos
de notre maître le messager Moussa (paix sur lui) et de notre Prophète (prière et salut d'Allah sur lui) :
Lorsque le Seigneur a voulu ramener sidna Moussa (paix sur lui) à Lui et lorsqu’il a voulu qu’il voyage
vers Lui ; Il lui a ordonné tout d'abord de jeûner trente jours consécutifs, de nuit comme de jour.
Lorsqu'il termina le 30ème jour le relent de sa bouche lui déplut, alors il se frotta les dents avec du bois
de caroubier afin de mettre terme à l'odeur qui émanait de sa bouche. Allah lui fit des reproches à cause
du brossage et lui ordonna de rajouter 10 jours afin de compléter 40 nuits.
Quant à notre maître Mohammed (prière et salut d'Allah sur lui), pour la nuit de son Ascension, Il ne
lui donna aucun ordre, l'ange descendit à lui et lui demanda : «Lève-toi» et il fit l'Ascension avec lui.
Sidna Moussa (paix sur lui) possède la station du désireux aimant, il a été alors ordonné d'accomplir
d'abord une cause. Quant à Sidna Mohammed (prière et salut d'Allah sur lui) sa station est celle du

-222-
désiré, purifié et choisi. Il a été élu sans cause et Allah le rapprocha de Lui sans motif, mais seulement
par Sa seule Grâce, Sa Bonté et sa Générosité». Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, à
partir de sa mémoire et de ses propres mots.
Remarque subtile: le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit: Allah n'a créé pour lui que notre maître
Sidna Mohamed, paix et salut d'Allah sur lui. Tout le reste de l'univers a été créé pour le prophète,
prière et paix sur lui. Tout l'univers a pour cause son existence, prière et salut d'Allah sur lui. Si Allah
n'avait pas créé Sidna Mohamed, prière et paix sur lui, il n'aurait pas créé de monde1. Il vous est donc
clair que tout l'univers a été créé en sa faveur, prière et paix d'Allah sur lui. Fin de la dictée du cheikh,
satisfaction d’Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le verset coranique suivant : «Rusez donc tous
contre moi et ne me donnez pas de répit» (Sourate 11, Houd, verset 55). Il a répondu, qu'Allah sanctifie
son précieux secret : sache que notre maître Houd, paix d'Allah sur lui, a voulu dire ceci : même si vous
faites ce que vous voulez faire, et que vous rusiez comme vous espériez ruser, et que vous vous
concentriez avec toute votre résolution pour l'établissement de votre projet désiré, et ce, dans le peu ou
l'excès, l'important ou l'insignifiant ; vous n'échapperez jamais à l'emprise d'Allah -le Glorifié et le
Très-Haut- !
Vous ne pouvez accomplir que ce qui a été devancé par Son Choix et Sa Science, et ce, dans tout ce
que vous entreprenez. Il n'y a point d'autre issue que celle-là et vous ne trouverez point de force ni de
puissance pour accéder à une autre issue qu'elle. Et vous ne pouvez avoir aucun mouvement, ni pensée,
ni engagement que par Allah -Glorifié et Très-Haut. Tout cela trouve son origine auprès de Lui, découle
de Son Décret et de Sa Sentence. Ainsi, il ne vous est pas possible de trouver une issue en dehors de ce
cadre d'exécution. Vous n'êtes en réalité que poussière ballottée dans les airs, au gré des vents du
destin divin.
Étant donné que telle est votre affaire ; alors, je m'en remets à Allah en toute confiance et avec
agrément de Son Décret. Je m'en remets à lui tout en endurant le destin qui m'a été destiné. Je ne
prends pas en considération les choses par lesquelles vous voulez m'effrayer, ou précipiter ma perte. Je
suis convaincu que si Allah, le Très-Haut, me met sous votre autorité, il exécutera Sa sentence par votre
intermédiaire dans ce qu'il veut pour moi. Je ne possède aucun stratagème, ni vous d'ailleurs, pour
écarter cela ! De même, si Sa sentence dans ce qu'il veut pour moi n'est pas à votre portée, alors cela
vous sera impossible.
Certes, mon Seigneur est dans ce domaine sur un chemin bien droit. Toutes les affaires s'exécutent
conformément à Sa Volonté et à Sa Sentence établie dans Sa Science éternelle. Ces affaires concernent
au même pied d'égalité les actes des êtres qui choisissent et les actes des inanimés qui ne disposent
d'aucun choix. Rien ne peut se soustraire à Sa Sentence et à Sa volonté. Il n'y a alors que ce qui a été
devancé par Sa Science et décidé par Sa Volonté. Tout ce qui est en dehors de cela n'est que néant pur.
Fin de la dictée du cheikh, qu'Allah l'agrée, à partir de sa mémoire et de ses propres mots.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a été interrogé également sur le verset coranique suivant :
«Ceux qui sont damnés seront dans le Feu où ils ont des soupirs et des sanglots. Pour y demeurer
éternellement tant que dureront les deux et la terre - à moins que ton Seigneur décide autrement -
car ton Seigneur fait absolument tout ce qu'il veut» (Sourate 11, Houd, versets 106-107). Le cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui, a répondu : il est probable que le sens du verset est comme suit: .. tant que
dureront les deux de l'au-delà et sa terre. Ces derniers sont éternels. C'est comme s'il veut dire : ils y
resteront pour toujours. Certains commentateurs ont dit : c’est un style utilisé par les Arabes lorsqu'ils
veulent dire la perpétuité qui n'a pas de limite ; ils disent alors "le long de l'existence des cieux et de la
terre".
Son dire «à moins que ton Seigneur décide autrement», signifie que l'exception dans les deux versets
concerne les désobéissants parmi les croyants, ils subiront le châtiment promis par Allah. Ils ont une

1 -En référence à la réalité Mohammedienne qui est la première chose qu'Allah a créée. Il l'a créé pour lui-même et elle est
devenue l'origine et la cause de toute la créature. Donc tout l'univers a été créé pour lui, prière et salut d'Allah sur lui. Et le
prophète (sa réalité) a été créé pour Allah, le Très-Haut.

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part de malheur à cause de l'excès de leurs crimes et désobéissances. Ils entreront alors en enfer avec
les mécréants, puis ils sortiront à cause de leur foi, c'est cette foi qui constitue l'exception chez les gens
dignes de l’enfer. Ils ont aussi une part de bonheur de par leur foi ; c'est l'exception qui existe chez les
gens dignes du bonheur. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d’Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le verset suivant: «Ensuite, Nous fîmes hériter du
Livre ceux de Nos serviteurs que Nous avons choisis» (Sourate 35 Le Créateur, Fater, verset 32). Il a
répondu, satisfaction d'Allah sur lui : C'est-à-dire il est valable de dire qu'il s'agit de l'ensemble de la
communauté qui est en charge de ses Lois (1ère possibilité). C'est ce qui est traduit par les informations
rapportées au sujet du mérite de la communauté Mohammadienne. Il s'agit de tous ceux qui entrent
dans le cercle de l'attestation de l'Unicité et du Message.
Il est rapporté que lorsque «La plume» reçut l'ordre d'Allah pour écrire, elle a exécuté l'ordre au sujet
des communautés des messagers tels que Nouh (Noé), Ibrahim, Moussa et Issa (Jésus), paix sur eux. Et
pour chaque communauté, la plume a inscrit sur la Table : «Ceux qui obéissent à Allah entrent au
Paradis et ceux parmi eux qui désobéissent à Allah entrent en Enfer.» Et Allah lui ordonna de le faire
pour l'ensemble des communautés des messagers.
Or, lorsqu'elle arriva à la communauté de Mohammed (prière et salut d'Allah sur lui) et lorsqu'elle
voulut écrire à leur sujet à l'instar des communautés précédentes. Le Seigneur lui clama : «Sois
bienséante ô plume». La plume se mit alors à trembler par crainte révérencielle devant Allah et elle
demanda : «Seigneur, que dois-je écrire ?» Le seigneur lui dit : «écris : une communauté pécheresse et
un Seigneur indulgent.» Et c'est ce qui fut écrit au sujet de la communauté Mohammadienne.
Le Prophète (prière et salut d'Allah sur lui) a dit également : «Il n'y a pas eu un prophète qui n'a eu
droit à une invocation qu'il s'empressa d'utiliser pour ce qu'il voulait. Quant à moi, j'ai gardé mon
invocation comme intercession pour les grands pécheurs de ma communauté, elle sera offerte, si Allah
le veut, à ceux qui n'associent rien à Allah.» Ceci est l'énoncé du hadith. Cependant, il faut tout de
même un groupe de cette communauté sur qui s'exécutera la menace.
Quant à la 2ème possibilité dans le verset «Ensuite, Nous fîmes hériter du Livre ceux de Nos
serviteurs que Nous avons choisis». Il s'agit peut-être de ceux qui ont appris le coran par cœur (et non
pas de toute la communauté Mohammedienne). Allah a dit en effet : «Puis les suivirent des successeurs
qui héritèrent le Livre» (Sourate 07 Al A'raf, verset 169).
En tout cas, toute la communauté musulmane est distinguée auprès d'Allah (le Glorifié et le
Très-Haut), qu'il s'agisse de ses injustes ou de ses gens du commun ou de son élite, ils sont tous
englobés par l'élection divine. Allah (le Glorifié et le Très-Haut) a dit à propos de ce qui leur est promis :
«les jardins d'Eden, où ils entreront, ainsi que tous ceux de leurs ascendants, conjoints et descendants
qui ont été de bons croyants. De chaque porte les Anges entreront auprès d'eux: Paix sur vous, pour
ce que vous avez enduré ! Comme est bonne votre demeure finale.» (Sourate 13 Le tonnerre, versets
23 et 24). Il a dit aussi (le Glorifié et le Très- Haut) : «Vous êtes la meilleure communauté qu'on ait fait
surgir pour les hommes. Vous ordonnez le convenable, interdisez le blâmable et croyez à Allah»
(Sourate 03 La famille d'Imran, Al Imran, verset 110).
Il est légitime de dire qu'il s'agit là uniquement des compagnons (qu'Allah les agrée) en raison de leur
perfection à avoir rempli les immenses engagements de ce verset, et il est aussi légitime de dire qu'il
s'agit de l'ensemble de la communauté, les deux sont corrects, car certes la communauté ne sera jamais
exempte de ceux qui correspondent à cette description. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d’Allah
sur lui, à partir de sa mémoire et de ses propres mots.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le verset coranique suivant, à propos d'ibrahim,
prière et paix d'Allah sur lui: «Et quand Ibrahim dit Seigneur! Montre-moi comment Tu ressuscites les
morts> Allah dit: < Ne crois-tu pas encore ? Si ! dit Ibrahim; mais que mon cœur soit rassuré. Prends
donc, dit Allah, quatre oiseaux, apprivoise-les (et coupe-les) puis, sur des monts séparés, mets-en un
fragment, ensuite, appelle-les: ils viendront à toi en toute hâte. Et sache qu'Allah est Puissant et
Sage» (Sourate La vache, 2, Al Bakarah, verset 260). Je l'ai interrogé également sur le sens du verset
suivant: «O Zacharia, Nous t'annonçons la bonne nouvelle d'un fils. Son nom sera Yahya [Jean]. Nous

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ne lui avons pas donné auparavant d'homonyme» (Sourate 19, Marie, Meriam, verset 7). À propos de
Youssef [Joseph], prière et paix d'Allah sur lui, je l'ai interrogé sur le sens du verset suivant: «Et [Joseph]
dit: « Assigne-moi les dépôts du territoire: je suis bon gardien et connaisseur» (Sourate 12, Youssef,
verset 55).
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a répondu : «Sache que ce n'est pas convenable de prendre les
états des prophètes et leurs comportements, paix et salut d'Allah sur eux, pour sujet de recherche,
puisque leur mobilité et leur impassibilité vont avec le goût. Personne en dehors d'eux ne peut maîtriser
ceci. Aucun chercheur n'est capable d'étudier leurs comportements à part celui qui a goûté de leur goût.
Cette porte est interdite à tous les êtres créés, elle est fermée. Il ne reste que la soumission à eux
dans leur comportement. Certains ignorants ont dit à propos de Sidna Soulayman (Salomon), paix et
salut d'Allah sur lui, lorsqu'il a dit «Qui peut m'apporter son trône (celui de la reine de Saba) avant
qu'ils ne me viennent musulmans» (Sourate Les fourmis, An Naml, 27, verset 38) : on peut croire que le
prophète Salomon, paix et salut d'Allah sur lui, a tenté de s'approprier des richesses de la reine du Saba,
par cupidité. Il a donc utilisé la ruse pour bénéficier du trône du Saba à une époque où ses ennemis (du
Saba) étaient encore mécréants. Puisqu'une fois musulmans, il lui sera interdit de s'emparer de leurs
richesses.
Cette insolence envers les prophètes est illicite, impossible, illégitime, inconcevable. Seul celui qui a
goûté du goût des prophètes peut chercher dans ce sujet. Or ce goût est interdit à tous les autres êtres
créés, comme on a mentionné auparavant.
Il ne faut donc pas parler d'eux. Il ne nous reste plus que la satisfaction et la soumission. De même
pour ce qui a été dit à propos de Sidna Youssef, paix et salut d'Allah sur lui, lorsqu'il a dit : «Puis, quand
il leur eut fourni leurs provisions, il mit la coupe dans le sac de son frère. Ensuite, un crieur annonça :
Caravaniers! Vous êtes des voleurs» (Sourate 12, Youssef, verset 70). On peut croire qu'il ment, tout en
sachant qu'ils n'ont rien volé. En fait, il a uniquement voulu insinuer le vol qui a eu lieu lorsqu'ils l'ont
volé de son père (à son jeune âge). Fin de la dictée du cheikh, satisfaction dAllah sur lui, à partir de sa
mémoire et de ses propres mots.
Je l'ai interrogé également, satisfaction d'Allah sur lui, sur le sens du verset coranique suivant :
«Notre Seigneur, dit Moïse, est celui qui a donné à chaque chose sa propre nature puis l'a dirigée»
(Sourate 20, Taha, verset 50). Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, comme suit : la propre nature de
chaque chose, ici, signifie la forme d'apparition de chaque corps dans l'univers. C'est l'image visible
animale pour l'âne, humaine pour Adam, camélienne pour le chameau, végétale pour l'arbre, solide
pour les objets inanimés, animale pour les animaux, et ainsi de suite en détail, atome par atome.
C'est la signification du verset «(Allah) a donné à chaque chose sa propre nature», puis l'a dirigée. Le
sens de la guidance ici, c'est la guidance générale qui englobe les animaux et les objets inanimés, le
croyant et le mécréant. C'est la conduite sur la voie qu'Allah, le glorieux, le Majestueux, a établie en vue
de prendre les toupets de tout ce qui existe et les amener là où il veut, d'une manière absolue et
générale, sans aucune exception, comme l'a signalé le prophète Hud, prière et paix d'Allah sur lui,
lorsqu'il a dit : «Je place ma confiance en Allah, mon Seigneur et le vôtre. Il n'y a pas d'être vivant qu'il
ne tienne par son toupet. Mon Seigneur, certes, est sur un droit chemin» (Sourate 11, Hud, verset 56).
Dans ce domaine, il n'y a pas d'exception qui n'emprunte pas cette voie, qu'elle soit sous forme
d'objets inanimés ou d'animaux mobiles. Allah, le glorieux, le Majestueux, a vêtu les objets inanimés par
des esprits vivants, par lesquels ils le glorifient, le vénèrent et croulent prosternés devant lui. Allah dit :
«N'as-tu pas vu que c'est devant Allah que se prosternent tous ceux qui sont dans les deux et tous
ceux qui sont sur la terre, le soleil, la lune, les étoiles les montagnes, les arbres, les animaux, ainsi que
beaucoup de gens? Il y en a aussi beaucoup qui méritent le châtiment. Et quiconque Allah avilit n'a
personne pour l'honorer, car Allah fait ce qu'il veut» (Sourate 20, Le pèlerinage, Al Haj, verset 18).
C'est par les esprits de la vie contenue en eux que ces objets inanimés sont devenus connaissants en
Allah, puisqu'ils ne se sont prosternés devant Allah et ne l'ont glorifié qu'à la suite de sa connaissance.
Mais cette connaissance, cette prosternation et cette glorification ne nous sont pas familières. Allah, le
Majestueux, a dit : «Les sept deux et la terre et ceux qui s'y trouvent, célèbrent Sa gloire. Et il n'existe

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rien qui ne célèbre Sa gloire et Ses louanges. Mais vous ne comprenez pas leur façon de Le glorifier.
Certes c'est Lui qui est Indulgent et Pardonneur» (Sourate 17, Le voyage nocturne, Al Israa, verset 44).
La signification du verset suivant : «Mon Seigneur, certes, est sur un droit chemin» (Sourate 11,
Hud, verset 56), c'est l’excellente conduite divine ; le système divin est parfait ; personne ne peut
désobéir à ses ordres. Chadili, satisfaction d'Allah sur lui, a dit, invoquant Allah : «Le mécréant, bien qu'il
ne répond pas à ta foi, il répond à ton autorité ; tout le monde respecte ton ordre». Le verset coranique
suivant en témoigne : «Il S'est ensuite adressé au ciel qui était alors fumée et lui dit, ainsi qu'à la terre:
Venez tous deux, bon gré, mal gré. Tous deux dirent : Nous venons obéissants» (Sourate 41, Les
versets détaillés, Foussilat, verset 11).
Pour Allah, rien parmi les êtres existants ne peut être géré ou conduit difficilement. Allah dit : «Les
sept cieux et la terre et ceux qui s'y trouvent, célèbrent Sa gloire. Et il n'existe rien qui ne célèbre Sa
gloire et Ses louanges. Mais vous ne comprenez pas leur façon de Le glorifier. Certes c'est Lui qui est
Indulgent et Pardonneur» (Sourate 17, Le voyage nocturne, Al Israa, verset 44). Chaque être existant
glorifie Allah, le Très-Haut, sauf le mécréant ; il ne le glorifie pas (volontairement), mais ses organes le
font sans qu'il le sache ! Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, à partir de sa mémoire et
de ses propres mots.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le sens du verset coranique suivant : «Pour ceux qui
traitent de mensonges Nos enseignements et qui s'en écartent par orgueil, les portes du ciel ne leur
seront pas ouvertes, et ils n'entreront au Paradis que quand le chameau pénètre dans le chas de
l'aiguille. Ainsi rétribuons-Nous les criminels». (Sourate 7, Al Aaraf, verset 40) ainsi que sur le sens du
hadith qui décrit Adam, paix d'Allah sur lui, au sein du premier ciel entouré des souffles des esprits de
ses enfants.
Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : sache que l'âme humaine, d'après sa constitution,
peut être vue, en même temps, à différents endroits ; cela n'est pas difficile pour elle. Même si elle se
trouve sous la terre, elle ne trouvera aucune difficulté à être vue au-dessus du ciel ; c'est la première
réponse.
La deuxième réponse est la suivante : dans la prophétie, meilleure prière et salut d'Allah sur tous les
prophètes, il est possible, pour eux, de voir tout l'univers, sa partie lointaine comme la partie la plus
proche, en même temps, entre leurs mains, à leurs droites et à leurs gauches. Ceci ne leur pose aucune
difficulté. Par conséquent, Adam qui est le messager d'Allah et son successeur, paix d'Allah sur lui, voit
tous les souffles des esprits de ses enfants à sa droite et à sa gauche, bien qu'ils soient de différentes
classes, de divers rangs spirituels, et de différents endroits proches et lointains. Fin de citation.
La problématique qui semble exister entre le verset coranique et le hadith se résout par le fait que
les portes du ciel ne s'ouvrent pas aux âmes des mécréants. Adam, paix d'Allah sur lui, les voit à sa
gauche alors qu'il est au ciel. C'est la problématique résolue par notre maître le cheikh, satisfaction
d'Allah sur lui. Fin de sa dictée, à partir de sa mémoire et de ses propres mots.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, si parmi les ancêtres du prophète, prière et paix d'Allah
sur lui, y avait-il un mécréant, comme il est compris d'après certains chercheurs «ignorants» rapportant
plusieurs informations volumineuses, correctes et incorrectes ? Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui,
comme suit : sache que les ancêtres du prophète, prière et paix d'Allah sur lui, sont tous des croyants,
depuis son père jusqu'à Adam, paix d'Allah sur lui. L'interrogateur réplique : alors, que signifie le verset
coranique suivant : «Rappelle le moment où Abraham1 dit à son père Azar: Prends-tu des idoles
comme divinités? Je te vois, toi et ton peuple, dans un égarement évident» (Sourate 6, Les bestiaux, Al
Anâm, verset 74).
Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : Azar est son oncle (oncle d'ibrahim, paix d'Allah
sur lui). S'il était son père, Allah n'aurait pas mentionné le nom Azar après avoir dit «père» ; le mot père
suffirait. La preuve qu'il n'est pas son père est l'invocation formulée par Ibrahim à la fin de sa vie

1 -Abraham ou Ibrahim, prière et salut d'Allah sur lui, est un ancêtre du prophète sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur
lui.

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sollicitant le pardon d'Allah pour ses parents, alors qu'Allah nous informe dans le verset coranique
suivant qu'lbrahim avait dégagé toutes ses responsabilités à l'égard de son père Azar : «Abraham ne
demanda pardon en faveur de son père qu'à cause d'une promesse qu'il lui avait faite. Mais, dès qu'il
lui apparut clairement qu'il était un ennemi d'Allah, il le désavoua. Abraham était certes plein de
sollicitude et indulgent» (Sourate le repentir, At Tawba 9, verset 114). À la fin de sa vie, il a dit : «O Mon
seigneur, pardonne-moi, ainsi qu'à mes parents et aux croyants le jour de la reddition des comptes»
(Sourate Ibrahim, 14, verset 41) ; s'il s'agissait de son père, il ne l'aurait pas désavoué.
Au fond: Allah a purifié ses prophètes, prière et salut d'Allah sur eux. Il n'a jamais envoyé un
prophète à partir d'un sperme pollué par l'impureté de l'incroyance. Dans le hadith, le prophète, prière
et salut d’Allah sur lui, dit : Allah m'a transféré (génétiquement) depuis les lombes purs aux utérus
purifiés. Dans un autre hadith, il a dit, prière et salut d'Allah sur lui : «J'ai été envoyé à partir des
meilleurs de chaque génération. Avant que deux branches ne se séparent, je me trouvais déjà dans la
meilleure d'entre elles».
Si quelqu'un croît que c'est possible qu'ils (les ancêtres des prophètes) soient des gens biens tout en
étant mécréants, en prenant compte de leurs bonnes œuvres qu'on peut trouver chez les mécréants,
comme la largesse, la tolérance, le pardon, les bonnes mœurs.
Je dirai non: le bien en eux est plutôt la foi. Dans toutes les époques depuis Adam, paix d'Allah sur
lui, jusqu'à celle du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, la terre n'a jamais manqué, même en un seul
jour, de l'apparition des élus d'Allah et des saints. Allah élimine par leurs personnes beaucoup de
sinistres pouvant affecter le globe. Et comme, il est impossible, selon la loi islamique, de considérer un
mécréant comme étant meilleur qu'un croyant, on peut déduire que le hadith montre que tous les
parents du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, avaient plus de valeur que les saints de leurs
époques, excepté la prophétie. Cela signifie qu'ils étaient tous des croyants. En effet, il a dit, prière et
salut d'Allah sur lui:
J'ai été envoyé à partir des meilleurs de chaque génération. Avant que deux branches ne se séparent,
je me trouvais déjà dans la meilleure d'entre elles.
Nous avons dit que cela est général pour tous les prophètes. Allah n'a jamais envoyé un prophète à
partir d'un sperme pollué par l'impureté de l'incroyance. Il est à noter que le mécréant est une
impureté, comme l'a décrit Allah dans le verset suivant : «O vous qui croyez! Les polythéistes ne sont
qu'impureté : Qu'ils ne s'approchent plus de la Mosquée sacrée, après cette année-ci. Et si vous
redoutez une pénurie, Allah vous enrichira, s'il veut, de par Sa grâce. Car Allah est Omniscient et
Sage» (Sourate 9, Le repentir, At Taoubah, verset 28).
Allah dit aussi : «Les pires bêtes, auprès d'Allah, sont ceux qui ont été infidèles» (Sourate 8, Le
butin, Al Anfal, verset 55). Il a dit également : «Les infidèles parmi les gens du Livre, ainsi que les
polythéistes, ne cesseront pas de mécroire jusqu'à ce que leur vienne la Preuve évidente. Un
Messager, de la part d'Allah, qui leur récite des feuilles purifiées, dans lesquelles se trouvent des
prescriptions d'une rectitude parfaite. Et ceux à qui le Livre a été donné ne se sont divisés qu'après
que la preuve leur fut venue. Il ne leur a été commandé, cependant, que d'adorer Allah, Lui vouant un
culte exclusif, d'accomplir la Salat et d'acquitter la Zakat. Et voilà la religion de droiture. Les infidèles
parmi les gens du Livre, ainsi que les polythéistes iront au feu de l'Enfer, pour y demeurer
éternellement. De toute la création, ce sont eux les pires» (Sourate 98, La preuve (Al- Bayyinah, verset
1-6).
Cela signifie que le bien n'existe que dans la foi, uniquement ; il n'y a pas de bien dans l'incroyance.
Le résultat de cette recherche est la certitude que les parents du prophète, prière et salut d'Allah sur lui,
sont tous des croyants. Azar n'est pas un de ses ancêtres, comme on l'a mentionné auparavant. Le
prophète est génétiquement indemne de l'impureté de l'incroyance, depuis Adam jusqu'à sa naissance,
prière et salut d'Allah sur eux. Cela signifie aussi que chacun de ses ancêtres est meilleur que les saints
de son époque, comme on vient d'expliquer. Ceci caractérise exclusivement sidna Mohamed, prière et
salut d'Allah sur lui. Il a dit en effet : aucun couple parmi mes ancêtres ne s'est réuni par fornication. Et
ce depuis Adam, paix d'Allah sur lui, jusqu'à la création de son noble corps. Cela constitue une exception

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par rapport aux autres prophètes, prière et salut d'Allah sur eux. Pour eux, cette caractéristique ne
concerne que leurs parents directs ; il n'y a aucun mécréant parmi eux. Fin de citation.
Notre cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a rapporté un hadith, concernant le mérite de Sidna Ali,
qu'Allah honore son visage. Il a dit: le prophète, prière et salut d'Allah sur lui a dit : «j'étais, ainsi que Ali,
deux lumières entre les mains d'Allah, le Très-Haut, le Majestueux. Puis il nous a conservés dans les
lombes d'Adam ; il n'a cessé de nous transférer entre les lombes jusqu'à Abd El Mouttaleb. Puis je suis
sorti dans Abd Allah, et lui, il est sorti dans Abi Taleb, puis notre lumière a, de nouveau, été groupée
dans Hassan et Houssayn. Ce sont deux lumières issues de la lumière du seigneur des mondes.
Le cheikh a dit, satisfaction d'Allah sur lui : tout savoir dans tout l'univers, d'une manière absolue, ne
parvient qu'à travers le bassin (le large récipient) d'Ali, satisfaction d'Allah sur lui, parce qu'il est la porte
de la ville du savoir du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Cette particularité le distingue par
rapport aux autres califes (les quatre), et par rapport à tous les autres compagnons. Ibn Abbes,
satisfaction d'Allah sur eux, a dit : le savoir est partagé en tout en dix parties ; neuf parties pour Ali, sans
associé avec lui, et le dixième restant est partagé entre les êtres créés ; Ali est le plus éminent de la
créature dans cette dixième partie restante.
Quant à ce que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit à propos de Abi Bakr : «Il n'y a pas de
soleil qui ne se lève, ni qui ne se couche, après les prophètes, sur mieux que Abi Bakr». Nous disons : la
supériorité, dans une personne, n'est pas absolue à tous les points de vue, sauf dans une seule personne
qui est la meilleure dans tous les aspects ; c'est bien le prophète, prière et salut d'Allah sur lui.
Dans un autre hadith, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit: dans chaque communauté, il y
a des hommes inspirés de Dieu. S'il y a un tel homme dans ma nation, c'est bien Omar. Voilà la
préférence de Omar. Être inspiré de Dieu est un rang (spirituel) élevé et un niveau supérieur par lequel
Allah particularise ses bien-aimés par rapport à l'élite supérieure; Omar est parmi eux.
La particularité d'Abou Bakr est le rang de la foi et du secret ; celle d'Ali est le rang de la science
cachée réelle, et non pas de la science apparente ; celle d'Omar est l'inspiration. Le terme «Mohaddate»
ou inspiré de Dieu signifie celui qui est attaché par Allah dans Sa présence et à qui Allah transmet sa
parole d'une manière permanente. «Mohaddith» signifie celui qui reçoit la causerie d'après le Vrai dans
Sa présence et la transmet après aux autres. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, à
partir de sa mémoire et de ses propres mots.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le sens du verset coranique suivant : «Il a donné
libre cours aux deux mers pour se rencontrer, il y a entre elles une barrière qu'elles ne dépassent pas»
(Sourate 55, Le Miséricordieux, Arrahman, verset 19-20). Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en
disant : les deux mers signifient la mer de la divinité et la mer de l'univers absolu, c'est-à-dire la mer de
la créature qui a reçu l'ordre d'Allah «Sois». Entre les deux mers, il y a une barrière (l’isthme) qui est le
prophète Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui. Sans son statut d'isthme, prière et salut d'Allah sur
lui, la mer de la créature aurait été brûlée en totalité à la suite de la crainte révérencielle qu'inspire la
solennité de l'Entité suprême.
Le cheikh a dit, satisfaction d'Allah sur lui : la mer de la créature est la mer des noms et des attributs.
Il n'y a pas un atome dans l'univers sans qu'il soit affecté par un nom ou un attribut parmi les attributs
d'Allah. La mer de la divinité est la mer de l'Entité absolue qui ne peut pas être décrite par aucune
expression. Le terme «se rencontrer» est dit pour montrer le rapprochement énorme entre les deux
mers, mais aucun mélange entre elles n'est possible. Allah a dit : «Et que Nous sommes plus proche de
lui que vous [qui l'entourez] mais vous ne [le] voyez point» (Sourate 56, L'évènement, Al Waqiâ, verset
85).
Il n'y a aucun mélange. La divinité ne se mélange pas avec la créature et vis versa. Aucune des deux
mers n'outrepasse l'autre à cause de la barrière qui existe entre elles. Cette barrière est l'Isthme sublime
qui constitue sa station, prière et salut d'Allah sur lui. Tout l'univers ne vit que sous son voile, prière et
salut d'Allah sur lui. C'est lui qui le protège de la crainte révérencielle qu'inspire la solennité. Si cette
dernière apparaît sans voile, l'univers brûlera et sera réduit à néant en un clin d'œil. La divinité se place
ainsi selon ses limites. La créature également se place selon les siennes. Chacune d'elles rencontre

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l'autre, mais sans mélange à cause de l'isthme qui existe entre elles. Fin de la dictée du cheikh,
satisfaction d’Allah sur lui, à partir de sa mémoire et de ses propres mots.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le cercle du prophète, prière et salut d'Allah sur lui.
Il a répondu : c'est le cercle du bonheur, à propos duquel Allah dit : «En vérité, les bien- aimés d'Allah
seront à l'abri de toute crainte, et ils ne seront point affligés» (Sourate 10, Younes, verset 62). L'Imam
Bosseiri a dit, satisfaction d'Allah sur lui : «Tu ne verras plus un seul élu d'Allah non victorieux». Tous
ceux qui ne sont pas soutenus (ou victorieux) par le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, n'ont
aucune chance dans l'élection divine. Cela est l'explication du vers du poème de l'imam, satisfaction
d'Allah sur lui. Son dire dans le vers suivant : «Il a placé sa communauté sous la protection de sa
confession» signifie que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a fait entrer sa communauté
caractérisée par le bonheur sous la protection de sa confession. Il l'a protégé comme tout objet
fortement aimé ; on l'épargne avec un maximum de précaution.
L'or et la rubicelle ne se placent, à cause de leur haute valeur, que derrière les cadenas, pour qu'ils
soient protégés. De même, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a placé sa communauté sous la
protection de sa confession. Le bonheur éternel les a alors affectés ici-bas et dans le monde de l'au-delà.
Cela est par rapport à la spécification divine en faveur de sa communauté qui constitue le groupe digne
du bonheur ; qu'Allah nous compte parmi eux de par sa largesse et sa générosité. Amen. Fin de la dictée
du cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, à partir de sa mémoire et de ses propres mots.
Le cheikh a été interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur quelques versets coraniques à propos des
prophètes, prière et salut d'Allah sur eux. L'interrogateur dit : j'ai consulté quelques rapports de certains
savants et j'ai trouvé qu'ils ont attribué au prophète, prière et salut d'Allah sur lui, ce qui ne convient
pas à son statut, en qualité de messager, de prophète et de rapproché d'Allah. Ils se sont appuyés sur les
versets coraniques suivants :
«En vérité Nous t'avons accordé une victoire éclatante» (Sourate 48, La victoire éclatante, Al Fath,
verset 1) ; «Quand tu disais à celui qu'Allah avait comblé de bienfaits, tout comme toi-même l'avais
comblé : Garde pour toi ton épouse et crains Allah, et tu cachais en ton âme ce qu'Allah allait rendre
public. Tu craignais les gens, et c'est Allah qui est plus digne de ta crainte. Puis quand Zayd eût cessé
toute relation avec elle, Nous te la fîmes épouser, afin qu'il n'y ait aucun empêchement pour les
croyants d'épouser les femmes de leurs fils adoptifs, quand ceux-ci cessent toute relation avec elles.
Le commandement d'Allah doit être exécuté» (Sourate 33, Les colalisés, Al Ahzab, verset 37).
D'autres versets coraniques seront cités également au moment opportun.
Le cheikh a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, qu'Allah lui confère longue vie et nous fasse jouir de
son existence, qu’il nous fasse boire de l'océan de sa gnose et nous pérennise dans son amour, à partir
de maintenant jusqu'à notre mise en place en sa compagnie au paradis le plus haut d'Illiyine, amen.
Il a dit, satisfaction d'Allah sur lui : sache que les péchés mentionnés à propos des prophètes,
c'est-à-dire l'exécution de ce qui est illicite selon la loi religieuse est impossible à leur égard, on ne peut
pas l'imaginer à cause de leur «protection divine certifiée» (Al Issma) qui les entoure dans le moindre
détail. Le pardon à l'égard des prophètes, prière et salut d'Allah sur eux, concerne ce qui surgit d'eux
dans le cadre de leurs actes permis selon leur loi religieuse, mais qu'il est préférable d'omettre d'un
point de vue global et non pas proclamé.
Ainsi, la demande d'abandonner un tel acte ne concerne pas ce qui est illicite selon la loi religieuse,
mais concerne plutôt des actes permis. Il leur est alors recommandé d'abandonner tout ce qui peut
provoquer une certaine ambiguïté, et ce afin d'éviter de polluer leur haut niveau spirituel.
En effet, pour les prophètes les actes permis se divisent en deux catégories :
La première catégorie concerne les actes dont la permission est totalement absolue. Aucune
objection pouvant inciter à abandonner ces actes ne peut être possible. Dans ce cas, il n'y aura aucune
admonition.
La deuxième catégorie concerne des actes permis dont la permission est accordée dans certains cas
et certains aspects, et dont le désistement est sollicité dans d'autres cas et d'autres aspects.

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Ces actes ainsi décrits sont évités en général par les prophètes lorsqu'ils s'en rendent compte. Mais
lorsqu'ils ne font pas attention à l'aspect selon lequel il est recommandé de les abandonner, et quand ils
les commettent parce qu'ils sont permis ; c'est alors qu'ils reçoivent des reproches d'Allah, et c'est ça le
péché considéré en tant que tel à leur égard.
Sachez que ce péché ne fait pas partie de l'illicite selon la loi religieuse. Ils n'ont pas entendu
clairement une sollicitation qui recommande de l'abandonner en particulier. Mais il est inclus dans un
ensemble d'actes à éviter. Ce n'est pas un vrai péché du point de vue de la religion, mais il a été qualifié
ainsi au sens figuré. Et bien qu'il soit permis aux autres ; on leur a recommandé de l'abandonner à cause
de leur rang spirituel élevé. On dit «Les bonnes œuvres des vertueux sont considérées comme des
péchés chez les gens dignes de la proximité d'Allah».
Ce "péché" est permis religieusement, mais pour ne pas polluer leur rang spirituel compte tenu de
leur solennité élevée, il a été recommandé de l'éviter.
Concernant ce qui a été mentionné à propos de l'inattention des prophètes, il ne s'agit pas d'une
inattention ordinaire, c'est-à-dire le refus de l'observation de la présence divine à un certain moment. Il
s'agit plutôt de l'oubli qui ne leur est pas impossible, puisque c'est une caractéristique humaine
naturelle. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : «Je ne suis qu'un être humain, j'oublie
comme vous oubliez ; si j'oublie, alors rappelez-moi».
L'évènement de «Dou El Yadayn» en est un exemple ; le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a
raccourci la prière (de quatre) en deux «Rakaâtes». Dou El Yadayn lui a fait alors la remarque suivante :
«La prière a-t-elle été raccourcie ou bien simplement vous avez oublié, O messager d'Allah ?». Le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a répondu : «Mais la prière ne s'est pas raccourcie et je n'ai rien
oublié». Il répliqua: «Mais si ! Vous avez oublié». Pour être certain, le prophète, prière et salut d'Allah
sur lui, a interrogé Abou Bakr et Omar. Ils lui ont confirmé la remarque de Dou El Yadayn. Alors, il est
retourné (à sa place) pour terminer la prière.
En somme, l'oubli est possible à l’égard des prophètes, prière et salut d'Allah sur eux, même lorsqu'il
s'agit de bases religieuses, et de la prière en particulier, qui en est la plus importante. Le prophète a
oublié une des parties de cette prière! C'est la preuve - d'après le hadith susmentionné - que l'oubli qui
concerne la gestion des principes et des verdicts religieux n'est pas impossible à l'égard des prophètes,
prière et salut d'Allah sur eux.
Sachez que l'oubli que nous venons d'évoquer ici est différent de ce qui figure dans le verset
coranique suivant : «Ceux-ci prenaient leur religion comme distraction et jeu, et la vie d'ici- bas les
trompait. Aujourd'hui, Nous les oublierons comme ils ont oublié la rencontre de leur jour que voici, et
parce qu'ils reniaient Nos enseignements» (Sourate 7, Al Aaraf, verset 51).
L'oubli ici signifie le renoncement exprès à l'exécution de l'ordre divin, tout en le connaissant et tout
en le gardant en mémoire.
Par contre, l'oubli que nous avons mentionné auparavant signifie l'oubli de la recommandation qui
consiste à abandonner un acte permis donné.
Donc l'oubli à l'égard des prophètes, prière et salut d'Allah sur eux, se divise en deux parties, sans
qu'il y ait de troisième catégorie.
1. La première partie traduit ce qui arrive naturellement à tous les humains. C'est-à-dire l'oubli
de l'appréciation de l'acte en question, sans s'en rendre compte. Ce type d'oubli est
pardonné selon la religion.
2. Le deuxième type d'oubli est ce qui arrive aux grands véridiques et aux prophètes dans la
présence divine, comme manifestations et infusions. Ces dernières laissent l’intellect ébahi,
et lui font oublier certains verdicts religieux qu'il connaissait. Ceci est dû à l'oppression de la
manifestation et de l'infusion. Cela ressemble à l'oubli naturel. L'oubli dans ce cas est excusé.
Ce sont les aspects de l'oubli qui affectent les prophètes, prière et salut d'Allah sur eux. J'ai dit au
cheikh, satisfaction d'Allah sur lui : «Est-ce que l'oubli, peut-il affecter les messagers d'Allah avant
comme après la transmission de ce qu'ils doivent transmettre ?» Il a répondu Non. S'il oublie quelque

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chose de ce qu'il faut inculquer aux gens, alors Allah lui envoie un ange qui lui rappelle son ordre afin
que la religion voulue par Allah, le Très-Haut, le glorieux, soit complète. Allah est le protecteur de sa
religion. C'est lui qui veille à ce qu'elle soit complète et parfaite.
Allah dit à son messager. «Ne remue pas ta langue pour hâter sa récitation. Son rassemblement
(dans ton cœur et sa fixation dans ta mémoire) nous incombent, ainsi que la façon de le réciter»
(Sourate 75, La résurrection, Al Qyamah, versets 16-17) ; le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, lisait
rapidement le coran parce qu'il craignait de l'oublier.
Puis le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui a dit : l'admonition qui a eu lieu, a été révélée à cause de
l'oubli. Cet oubli est dû soit à la nature humaine, soit aux infusions liées au haut rang spirituel qui doit
être au-dessus de toute pollution. C'est ça l'aspect de l'inattention susmentionnée, c'est-à-dire
l'inattention par rapport à la recommandation d'abandonner un acte permis selon la loi religieuse. On
peut citer ici à titre d'exemple l'affaire du prophète Noé, prière et salut d'Allah sur lui : son fils s'est noyé
alors qu'il avait entendu d'Allah que les membres de sa famille seront sauvegardés.
Il a donc été confus et a demandé à Allah de l'éclairer sur cette affaire (comme cité dans le coran).
L'aspect selon lequel cette demande est permise réside dans le fait que c'est une question permise dont
l'objectif est de l'éclairer sur cette confusion.
Cependant, cette demande, comprend en elle un autre aspect, selon lequel il est préférable de
l'abandonner. Il s'agit d'éviter toute recherche dans le secret du destin. Ce secret doit rester, d'après
toutes les lois religieuses des prophètes, caché, pour faire partie de l'inconnaissable.
Allah, le Très-Haut, le Majestueux, a dit : «Il (Allah) n'est pas interrogé sur ce qu'il fait, mais ce sont
eux qui devront rendre compte (de leurs actes)» (Sourate 21, Les prophètes, Al Anbyaa, verset 23).
Lorsqu'il ne s'est pas rendu compte de cet aspect par inattention, inattention due à l'une des deux
catégories susmentionnées ; il a été admonesté. Le glorieux et Majestueux a dit : «O Noé, il n'est pas de
ta famille car il a commis un acte infâme. Ne me demande pas ce dont tu n'as aucune connaissance. Je
t'exhorte afin que tu ne sois pas du nombre des ignorants» (Sourate 11, Hud, verset 46).
On peut citer également l'exemple de Moïse, prière et salut d'Allah sur lui, lorsqu'il a tué un homme.
D'une part, c'était un acte permis (selon la loi religieuse de Moïse) puisqu'il s'agit d'une âme de
mécréant qui n'a pas de pacte et qui ne paie aucune somme lui octroyant protection et sauvegarde.
Et d'autre part, elle a été injuste envers l'israélite qui a demandé secours auprès de Moïse. Il est clair
que le secours de l'opprimé est recommandé en cas de possibilité. Pour pouvoir sauver l'israélite, il a
fallu donner un coup de poing à l'injuste, sans aucune intention de le tuer. Ceci est permis
religieusement. Cependant, l'aspect selon lequel il a été préférable d'abandonner cet acte réside dans le
fait que :
L'assassinat est un acte à éviter même lorsqu'il s'agit d'un mécréant, sauf par autorisation divine.
Pour que cette autorisation divine soit accordée, il faut d'abord transmettre au mécréant le message
d'Allah, puis noter son refus et sa résolution à le refuser même après divers avertissements et
reproches. C'est alors qu'Allah autorise le meurtre des mécréants et leur combat par les prophètes.
Puisque rien de ceci n'a eu lieu, abandonner l'acte d'assassinat est alors recommandé, et ce malgré
les différents aspects de permission. Moïse a été ainsi admonesté. Quand il s'est rendu compte de son
acte, Moïse a dit: «Cela est l'œuvre du Diable. C'est vraiment un ennemi, un égareur évident» (Sourate
28, Le récit, Al Qasas, verset 15).
Il y a aussi l'exemple de notre prophète, prière et salut d'Allah sur lui, lorsqu'il a demandé le conseil
auprès de ses compagnons, satisfaction d'Allah sur eux, à propos des prisonniers de la guerre de Badr.
On lui a recommandé de les assassiner. Certains ont recommandé plutôt la grâce, la rémission et leur
rachat moyennant une rançon. Alors, le verset suivant a été révélé: «Un prophète ne devrait pas faire
de prisonniers avant d'avoir prévalu [mis les mécréants hors de combat] sur la terre. Vous voulez les
biens d'ici-bas, tandis qu'Allah veut l'au-delà. Allah est Puissant et Sage. N'eût-été une prescription
préalable d'Allah, un énorme châtiment vous aurait touché pour ce que vous avez pris, [de la rançon]»
(Sourate 8, Le butin, Al Anfal, verset 67-68).

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Allah dit aussi: «Quand tu disais à celui qu'Allah avait comblé de bienfaits, tout comme toi-même
l'avais comblé : Garde pour toi ton épouse et crains Allah, et tu cachais en ton âme ce qu'Allah allait
rendre public. Tu craignais les gens, et c'est Allah qui est plus digne de ta crainte». (Sourate 33, Les
coalisés, Al Ahzab, verset 37). Il y a d'autres exemples comme ceci.
On peut citer également l'exemple du prophète Youssef, prière et salut d'Allah sur lui, qui a dit à
celui qui s'est bien tiré (de la prison), «rappelle-toi de moi une fois chez le roi» (Sourate Youssef, 12,
verset 42) ; vous pouvez continuer par analogie sur ce qu'on vient de citer.
En somme, on peut dire que les choses demandées aux prophètes, prière et salut d'Allah sur eux,
qu'il s'agisse d'actes à réaliser ou à abandonner, sont de deux types :
1- Le premier type traduit la recommandation d'agir, comme pour les devoirs. Dans ce cas, le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, ne peut pas délaisser cet acte en question.
2- Le deuxième type traduit la recommandation d'abandonner l'acte, comme pour les
prohibitions. Dans ce cas, il est impossible que le prophète l'effectue.
En dehors de ces deux cas, le prophète a le choix, mais cela est réparti également en deux catégories:
1- Une fois que l'acte est bien désigné, le prophète pourrait être autorisé ou bien à l'effectuer
ou bien à le délaisser selon l'ordre divin. Aucun reproche ne peut être adressé au prophète
dans ce cas.
2- La deuxième catégorie concerne un acte dont l'autorisation de réalisation n'est pas
clairement dictée, alors, il est demandé au prophète d'omettre son action. Il peut agir,
comme dans les exemples précédents, par méconnaissance ou oubli. Parfois, le prophète
devait effectuer l'acte, mais il l'a omis, par inattention ou méconnaissance, c'est sur cette
partie des actes permis qu'il y a admonition divine destinée à l'élite des êtres créés. Le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, n'est pas concerné par cette admonition qui a
généralement lieu uniquement à cause de sinistres et maux d'ici-bas. Fin.
J'ai rédigé cette conclusion selon ma compréhension. Elle ne m'a pas été dictée par le cheikh.
Puis le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui a dit : L'inattention qui a fait l'objet de reproches, ne peut
pas être considérée comme ignorance de la part des prophètes, prière et salut d'Allah sur eux.
En effet, l'ignorance ne peut en aucun cas leur être attribuée. Cette ignorance signifie l'acte qui est
apparu en suivant la passion et les désirs individuels. Elle signifie également l'oubli de la présence divine
à cause de l'occupation par les concupiscences de l'âme et par ses habitudes.
En revanche, celui qui passe tout son temps à observer la présence d'Allah, le Très-Haut, le
Majestueux, tout en la respectant avec la bienséance la plus distinguée ainsi qu'en réalisant les devoirs
divins, sans se tourner le moindre moment vers ses désirs personnels. Celui-ci est loin d'être ignorant.
Il y a, cependant, des évènements dans la présence divine que la science ne cerne pas. On ne peut
pas dire que le prophète les ignore puisque l'ignorance lui est impossible, comme on vient de voir. Mais
on pourra dire plutôt, qu'il est impossible de cerner toutes les sciences d'Allah. Ces sciences ne peuvent
être complètement maîtrisées par aucune créature. Donc au-delà du rang à travers lequel l'ignorance
est impossible, Allah conserve des parties de son savoir voilées ; et il en dévoile quelques parties pour
certains s'il veut. Allah dit : «Et, de Sa science, ils n'embrassent que ce qu'il veut» (Sourate 2, La vache,
Al Bakarah, verset 255).
J'ai interrogé le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, sur la conquête rappelée dans le verset
coranique suivant : «En vérité Nous t’avons accordé une conquête éclatante» (Sourate 48, La conquête
éclatante, Al Fath, verset 1). Il a dit : il s'agit de la victoire de Hudaybiya. Allah dit : «Allah a placé en
deçà de cela (la trêve de Hudaybiya) une conquête proche» (Sourate 48, La conquête éclatante, Al
Fath, verset 27). Je lui ai dit : d'après "Al Ibriz", il s'agit de la constatation (conquête spirituelle). Il m'a dit
: les significations du coran sont très larges. On ne peut pas émettre d'objection sur ce qu'a dit ce cheikh
puisqu'il a une puissante clairvoyance. Il en est de même pour ce qu'il a dit à propos du verset coranique
suivant : «Tu craignais les gens, et c'est Allah qui est plus digne de ta crainte» (Sourate 33, Les coalisés,
Al Ahzab, verset 37).

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En effet, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, avait l'ouverture spirituelle depuis son jeune âge ;
il n'avait pas de voile pour dire qu'il a été voilé puis il a bénéficié de la levée du voile à ce moment. C'est
Allah qui sait ce qu'a voulu dire ce cheikh par ses propos. Il faut comprendre que les péchés mentionnés
à l'égard des prophètes et des messagers d'Allah, prière et salut d'Allah sur eux, ainsi que les actes qui
surgissent de leur part et qui ont l’apparence d'infractions ou de discordances ne sont pas de vrais
péchés ; ils sont permis dans leurs lois religieuses. Le reproche est destiné plutôt aux gens en général,
pour les avertir de ne pas tomber dans ces infractions et ces erreurs. Le prophète, prière et salut d'Allah
sur lui, n'a jamais été admonesté sur ce qu'il a fait ; au contraire, Allah lui a pardonné tous ses péchés
antérieurs et postérieurs.
Par ailleurs, Allah a dit à propos du prophète Soulayman (Salomon), paix et salut d'Allah sur lui : «Et
Nous avions certes éprouvé Salomon en plaçant sur son siège un corps» (Sourate 38, Sad, verset 34).
C'est une admonition qui concerne ce qu'il avait dit, paix et salut d'Allah sur lui : «Cette nuit, je ferai
le tour de cent femmes, chacune d'elle donnera un cavalier qui luttera pour la noble cause d'Allah» ; il
n'a pas dit «inchallah» (si Allah le veut) ; il a donc été puni par la naissance d'un mi-garçon. Le prophète
a signalé que si Salomon a dit inchallah (si Allah le veut), prière et salut d'Allah sur eux, alors il aurait
bénéficié de ce qu'il voulait. Fin de citation. Ce qu'avait dit le prophète Salomon, prière et salut d'Allah
sur lui, est permis, mais le reproche a concerné, d'après notre cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, ce qui
est mentionné dans le hadith précédent. Allah seul détient la vérité. De même, dans le même sens, on
peut citer ce qui est arrivé au prophète youness (Jonas), prière et salut d'Allah sur lui, lorsqu'il s'est
enfoui de sa communauté. Allah, le Très-Haut, le Majestueux a dit: «Et Dan-Nun (Jonas) quand il partit,
irrité. Il pensa que Nous N'allions pas l'éprouver» (Sourate 21, Les prophètes, Al Anbya, verset 87).
Allah l'a puni par le poisson géant qui l'a avalé. Et ce malgré le fait que s'enfouir de sa communauté
est un acte religieusement permis, puisqu'il les a quittés pour la cause d'Allah et non pas pour une
affaire personnelle. Les prophètes, prière et salut d'Allah sur eux, sont ainsi réprimandés à cause de
certains actes aussi insignifiants qu'un atome. C'est leur niveau spirituel tellement élevé qui est à
l'origine de ces reproches.
L'auteur de l'Ibriz a rapporté sur son cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, que le mot «Moghadeban»
(irrité) signifie désespéré puisque la communauté de ce prophète n'a pas suivi ce qui est bénéfique pour
eux comme foi en lui et soumission à son ordre (qui est celui d'Allah) jusqu'à ce qu'ils étaient punis par
un supplice qui venait au-dessus de leurs maisons. Lorsque le prophète Youness (Jonas) a vu ceci, il a été
désespéré et s'est enfoui vers son bateau.
Concernant le verset coranique suivant : «Il pensa que Nous N'allions pas l'éprouver» (Sourate 21,
Les prophètes, Al Anbya, verset 87), il signifie que Jonas ne pensait pas qu'il allait subir le même
châtiment que sa communauté ; lorsqu'il a vu le début du supplice, il s'est enfoui, pensant qu'il sera
ainsi sauvé et qu'il ne sera pas atteint par le sinistre. Allah lui a alors montré un autre type de sa
puissance divine auquel il n'a même pas pensé, paix et salut d'Allah sur lui. Lorsqu'il a vu ceci, il a appelé
dans les ténèbres : «Pas de divinité à part Toi ! Pureté a Toi ! J'ai été vraiment du nombre des injustes»
(Sourate 21, Les prophètes, Al Anbya, verset 87). Allah, le glorieux, le Majestueux, a exaucé son
invocation et l'a sauvé. Fin du résumé de l'Ibriz. En somme, je peux dire : son acte est entièrement
permis, mais il a quand même été admonesté selon l'aspect décrit par le cheikh, satisfaction d'Allah sur
lui.
Concernant la maladie dont souffrait le prophète Ayoub, paix et salut d'Allah sur lui, il a été rapporté
que sa femme, paix d'Allah sur elle, a vendu la tresse de ses cheveux pour acheter ce dont son mari avait
besoin. Lorsqu'il l'a interrogé et elle lui a raconté ce qu'elle a fait, il a senti ce que sentent les hommes
caractérisés par les hautes déterminations et par les âmes transcendantes. Il a senti une honte en
acceptant de vivre grâce aux cheveux de sa femme. Il s'est alors précipité vers Allah le tout puissant, en
l'invoquant pour le soigner de sa maladie. Il a dit : «O mon Seigneur, Le mal m'a touché, Mais Toi, tu es
le plus miséricordieux des miséricordieux» (Sourate 21, Les prophètes, Al Anbya, verset 83).
J'ai interrogé notre cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, sur ce qui est rapporté par certains
commentateurs à propos du prophète David, paix sur lui : il a espéré obtenir une chose, mais il a
demandé à un homme de faire autre chose afin qu'il soit libre d'agir à son gré.

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Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui en disant: jamais ceci ne peut provenir d'un prophète
préservé par Dieu. Allah a conté plutôt que les deux adversaires qui se disputaient au sujet des brebis,
quand ils sont entrés auprès du prophète David, prière et salut d'Allah sur lui, l'un d'eux a dit : «Celui-ci
est mon frère: il a quatre-vingt- dix-neuf brebis, tandis que je n'ai qu'une brebis. Il m'a dit:
<Confie-la-moi>; et dans la conversation; il a beaucoup fait pression sur moi. [David] dit: <11 a été
certes injuste envers toi en demandant de joindre ta brebis à ses brebis>. Beaucoup de gens
transgressent les droits de leurs associés, sauf ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres -
cependant ils sont bien rares. - Et David pensa alors que Nous l'avions mis à l'épreuve. Il demanda
donc pardon à son Seigneur et tomba prosterné et se repentit» (Sourate Sad ; N°38 ; versets 22-25).
Il est connu, chez les théologiens que le coran ne peut s'expliquer que par un prédicat correct et vrai.
Il ne peut pas être interprété en dehors de son aspect apparent que si cet aspect apparent est
impossible à avoir. Or, les deux cas n'existent pas ici ; il n'y a ni prédicat exact qui explique avec
précision le verset coranique, ni contexte qui permet de l'expliquer en dehors de son aspect apparent.
Si vous comprenez ceci, vous allez alors comprendre que ce verset coranique doit être expliqué selon
son aspect apparent. Sa signification est loin de ce qui a été avancé comme commentaires (c'est-à-dire
qu'il a espéré obtenir une chose, mais il a demandé à un homme de faire autre chose afin qu'il soit libre
d'agir à son gré). Comment peut-on émettre de tels commentaires ne serait-ce qu'à l'égard des bons
croyants ordinaires ? Comment peut-on alors oser le dire à l'égard de l'élite choisie par Allah. Qu'Allah
nous protège de ce mélange !
J'ai dit au cheikh : de quoi le prophète David, paix et salut d'Allah sur lui, s'est-il alors repenti ? Il a
répondu, satisfaction d'Allah sur lui : «Il s'est repenti du fait qu'il a cru qu'il s'est trompé dans le verdict
de son jugement, c'est tout». Dieu nous a informés sur lui : «Et David pensa alors que Nous l'avions mis
à l'épreuve» (Sourate Sad ; 38 ; verset 24). Voyez, clémence d'Allah sur vous, cette voie claire qui
éloigne celui qui l'emprunte des sources de l'enfer. Attachez-vous donc à cette corde solide.
Abandonnez tout commentaire dont la référence émane de l'imagination rugueuse si vous voulez être
du nombre des bienfaiteurs.
J'ai dit au cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, si son repentir est tel que vous l'avez décrit, quelle est
donc la signification du verset coranique suivant : «Nous lui pardonnâmes. Il aura une place proche de
Nous et un beau refuge» (Sourate 38, Sad, verset 25). Il m'a dit : il lui a pardonné ce qu'il a cru. J'ai dit :
mais ce qu'il a cru n'est pas un péché en lui-même. Il a dit : les grands véridiques ne sont pas comme les
autres . On leur reproche des infractions du poids de l'atome, comme on a expliqué auparavant. La
présence divine exige la bienséance. Si la personne qui se trouve dans cette présence est inattentive ou
si elle oublie le moindre détail, elle fera l'objet de reproches et on ne l'excusera pas, bien qu'il ne
s'agisse pas d'un vrai péché selon l'apparence de la loi religieuse. C'est le cas de ce qui a été cité à
propos d'Adam, prière et salut d'Allah sur lui et sur notre prophète. Allah a mentionné son excuse, mais
il l'a puni quand même en le faisant descendre sur terre. L'explication de ceci viendra prochainement,
s'il plaît à Dieu.
Le cheikh a mentionné des témoignages en citant différents récits sur la bienséance exigée chez les
gens dignes de la présence divine. Il y a le récit de "Serri Seqti", satisfaction d'Allah sur lui, qui a tendu
son pied, un jour, lorsqu'il était assis, puis il l'a retiré immédiatement en invoquant Allah de lui
pardonner. Un des savants était présent et a essayé de le tranquilliser en lui disant : tu n'as rien fait de
mal ; ne t'en fais pas. Il lui a dit : ne t'en fais pas toi. D'ailleurs, le savant lui a dit cela puisque le fait de
tendre le pied est religieusement permis ; donc il n'y a aucun reproche à cela. Il ne savait pas que
l'exigence de la bienséance chez les grands est très prononcée à tout moment, même en cas d'oubli,
comme on l'a déjà expliqué. Dans un autre récit, le cheikh raconte l'histoire de deux hommes dans un
bateau ; ils étaient deux frères en Dieu. Un jour, l'un d'eux a vu un grain de nourriture qui était en train
de tomber ; il l'a vite intercepté par sa bouche. Son ami l'a rembarré pour ce qu'il a fait. L'autre a
commencé alors à s'excuser en référence à son oubli et à son inattention ; son frère en Allah n'a pas
accepté ses excuses.
Il lui a dit : je n'accompagne pas celui qui est inattentif à l'égard de la présence divine. Puis il s'est
jeté dans la mer (miraculeusement) et il l'a quitté. Lorsqu'il est arrivé seul à la Mecque, il a aperçu son

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frère en Dieu en train de faire le va-et-vient autour de la "Kaâba", il s'est alors précipité vers à lui. Son
frère lui a dit : sans notre vraie fraternité en Allah, tu ne m'aurais jamais vu et je ne t'aurais jamais
accompagné. Il lui a renouvelé son repentir ; il l'a accepté cette fois-ci et l'a accompagné. Si tel est le cas
pour les saints et élus d'Allah, quelle serait alors la bienséance à l'égard de l'élite, des prophètes et des
messagers ? Ils sont plus concernés par ces exigences de bienséance et d'application.
Si vous comprenez ceci, je vous indiquerai alors ce qui est arrivé à Adam, prière et salut d'Allah sur
lui, sa descente sur la terre et sa sortie du paradis, afin que vous soyez bienséants envers la présence
divine et que vous sachiez ce que vous dites. Notre cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : en
apparence, il semble que c'est une admonition, mais en réalité, c'est pour la perfection, la sélection et le
rapprochement. Allah l'a fait descendre sur terre afin qu'il soit son successeur, validant ce qu'il a dit
dans le verset coranique suivant : «Lorsque Ton Seigneur confia aux Anges: Je vais établir sur la terre
un successeur 'Khalifa'«(Sourate 2, La vache, Al Bakarah, verset 30).
Allah a montré dans sa sagesse ce que sa volonté a choisi à l'avance. Concernant le verset coranique
suivant : «Adam désobéit à son Seigneur et il s'égara» (Sourate 20, Taha, verset 121), cela n'est que
dans l'apparence ; la preuve est que Allah, le Très-Haut, le Majestueux, a mentionné son excuse en
disant, gloire et solennité à lui : «En effet, Nous avons auparavant fait une recommandation à Adam;
mais il oublia; et Nous n'avons pas trouvé chez lui de résolution ferme» (Sourate 20, Taha, verset 115).
Il est admis, dans la loi religieuse, que celui qui oublie n'est pas sujet aux reproches. Mais les gens
parfaits, parmi les serviteurs d'Allah ne sont pas comme les autres, comme on a dit auparavant.
J'ai dit au cheikh, satisfaction d'Allah sur lui : si son infraction n'est pas un péché, alors de quoi Allah a
mentionné son repentir ? Il a répondu: de l'apparence de l'infraction parce qu'elle semble être un
péché, bien qu'elle ne l'est pas, puisqu'il l'a commise au moment où il a oublié, comme l'a confirmé le
coran. Pas de péché en cas d'oubli, d'après la loi religieuse. L'admonition et le reproche sont alors pour
l'inattention vis-à-vis des bienséances et pour le fait qu'il n'avait pas su ce qui a été recommandé à faire
ou à ne pas faire, comme on l'a déjà expliqué.
Notre cheikh a dit, satisfaction d'Allah sur lui : sachez que le fait qu'Adam a mangé de l'arbre est un
signe pour ceux qui veulent tirer des conclusions. C'est un exemple pour les repentis, qui montre la
puissance éblouissante d'Allah, les miracles de son acte, et la conformité par rapport à ce qui a précédé
dans Sa volonté. C'est-à- dire : l'élection d'Adam et sa souveraineté sur la terre grâce à sa désobéissance
; et le bannissement d'Iblis, son anathématisation, et son avanie après son élection et sa lassitude due à
son excès d’adoration.
Vous pouvez donc déduire que le bonheur et le malheur ne sont pas liés aux raisons ni aux causes. Le
bienheureux est celui qui est désigné pour le bonheur depuis l'éternité, et le malheureux est celui qui
est désigné pour le malheur depuis l'éternité. C'est pour cette raison que les diverses causes n'ont pas
aidé Iblis (le banni).
En effet, lorsqu’lblis a été banni à la suite de sa transgression de l'ordre de son seigneur, il a été
anathématisé et marqué par un malheur éternel et un courroux divin. Il n'a cessé d'attirer la colère
d'Allah sur lui, il s'est révolté, et a promis l'égarement à ses serviteurs, il les a menacé, il a juré de leur
faire du mal ainsi qu'à leur descendance et de continuer ainsi jusqu'à ce que Adam soit banni comme lui
: «Il dit encore : Vois-Tu ? Celui que Tu as honoré au- dessus de moi, si Tu me donnais du répit
jusqu'au Jour de la Résurrection; j'éprouverai, certes sa descendance, excepté un petit nombre (parmi
eux)» (Sourate le voyage nocturne 17, verset 62). La diligence lui a dit, avec une langue figurée (la
langue de la situation) : «Adam est bien aimé par Allah dans l'éternité. Il n'a pas été maudit par
l'infraction qu'il a commise, parce que Allah l'a créé pour lui afin qu'il apparaisse en lui par les signes de
divinité».
Il a été devancé dans sa connaissance divine qu'Adam est son successeur au sein de sa créature, et
son élu qu'il a sélectionné. Il l'a alors fait apparaître du point de vue de sa sagesse, en harmonie avec le
fond de sa volonté, même s'il est tombé dans l'infraction et malgré toi, malédiction sur toi (Iblis) ! Pour
plus de bannissement et d'éloignement, va ! Tu es lapidé.

-235-
Et malédiction sur toi, jusqu'au Jour de la rétribution, parce que tu es créé pour toi-même ; ton effort
(d'adoration) est pour tes désirs. Tout ce que tu as vu à ton début, ce ne sont que des habits qui t'ont
été prêtés. L'origine est ton malheur et ton anathématisation. C'est pour cela que je t'ai créé. Mais
Adam, paix sur lui, est créé pour le bonheur éternel, les aubaines continues et pour la souveraineté
sublime dans tout l'univers. Qu'ils sont différents! Le bienheureux de par la volonté éternelle et le
malheureux! L'adage dit : «celui qui est devancé par la diligence, le crime ne lui fait pas de mal», de
même, on dit couramment : «Le bien-aimé n'a pas de défauts».
Adam a donc mis la couronne de la souveraineté à cause de l'infraction, et Iblis a porté les habits du
malheur à cause de l'adoration. Il a été en plus banni, anathématisé, abandonné, privé, déshonoré et
châtié. La maison d'avilissement, de supplice et d'anathématisation lui a été préparée comme séjour
éternel à cause d'une seule faute, qui est son refus de se prosterner. Qu'Allah soit glorifié, lui qui gère
ses serviteurs comme il veut !
Depuis ce moment, Iblis est devenu l'apparence de l'égarement, du fourvoiement, du malheur, de
l'éloignement, de la perte, de l'entêtement, de l'anathématisation, du pervertissement, de l'aberration,
de la calomnie, de différents types d'insoumission, de l'incroyance, du faux et de la contrariété de
l'ordre du seigneur sur tout ce qui est interdit ou exigé.
Par contre, le maître de l'univers (le prophète), prière et salut d'Allah sur lui, est l'apparence de la
démystification, du succès, du bonheur, du rapprochement à Allah, du gain, de l’excellente conduite, de
la satisfaction, de la bonté, de la raison, de la crédibilité, des différents types d'obéissance, de la foi, de
la vérité, de la soumission à l'ordre du seigneur et de tous les aspects de rapprochement et de bien. Les
deux (Mohamed, prière d'Allah sur lui et Iblis le banni) représentent, dans le monde de la sagesse, deux
sources complètement opposées et contradictoires. Mais du point de vue de la Volonté, ils n'ont rien
par eux-mêmes. C'est pour cela que le prophète, prière d'Allah sur lui, a dit : «Je suis envoyé pour
appeler les gens à Allah, alors que je n'ai aucune garantie sur le résultat de cette guidance. Iblis, lui aussi
est envoyé pour appeler à l'égarement, alors qu'il n'a aucune garantie sur le résultat de sa tentation»
Ce qu'on vient de mentionner sur les deux aspects concerne la sagesse apparente. Mais du point de
vue de la Volonté, Iblis est une branche de la vérité mohammadienne, puisque celle-ci est l'origine de
tout aspect et de tout ce qui déborde sur l'univers en totalité, particule par particule. Fin de la dictée du
cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, à notre bien-aimé Abou Abdellah Sidi Mohamed Ben Machri, qui m'a
dicté à son tour ces lignes.
Je l'ai entendu dire, satisfaction d'Allah sur lui : la prophétie d'Adam, paix d'Allah sur lui, peut être
déduite à partir des sous-entendus des contenus des versets coraniques, et non pas à partir de leur sens
apparent. Je lui ai dit alors : «Les hadiths authentiques comportent-ils la preuve de sa prophétie ou pas
?» Il a dit : excepté ce qui a été rapporté d'après notre prophète, prière et salut d'Allah sur lui, qui a dit :
" Il a été révélé à Adam une fiche comportant les lettres ; vingt-neuf lettres. Certains compagnons ont
fait la remarque que l'alphabet arabe ne comporte que vingt-huit lettres. Le prophète a précisé qu'il
s'agit bien de vingt-neuf lettres. Le compagnon a dit : avec «Lam Alif». Il lui a répondu : «Oui» ; il veut
dire que «Lam Alif» est composé de deux lettres1".
Puis le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : (excepté ce hadith) la prophétie d'Adam est déduite
du terme «Khilafa» (ou souveraineté par délégation), puisqu'il est certain que celui qu'Allah a rendu
souverain porte une preuve de la part d'Allah. Il s'agit ici du fait qu'il renferme tous les noms universels
et divins, avec lesquels Allah a organisé l'univers, comme dans le verset coranique suivant : «Et II apprit
à Adam tous les noms (de toutes choses)» (Sourate 2, La vache, Al Bakarah, verset 31).
La science qu'il a acquise à partir de ces noms est une branche de la «Seddeqiya» (rang spirituel des
véridiques), mais la branche ici est plus élevée que le tronc. Or la "Seddeqiya" ne concerne que les
verdicts de la responsabilisation, et ces verdicts ne prennent naissance qu'à la suite d'informations
prophétiques. Ces informations prophétiques n'existent qu'entre Allah et certains de ses prophètes, ou
bien entre un prophète et certains de ses successeurs. Pour Adam, tout ce qu'on vient de mentionner

1 -Bien que "lam alif soit composé de deux lettres, il est compté comme une lettre à part entière de l'alphabet.

-236-
sur la Khilafa et la Seddeqiya lui est authentique ; en plus, il n'y a pas de prophète avant lui ; donc c'est
un prophète, prière et salut d'Allah sur lui. La composition de ce système est connue par celui qui le
saisit. On peut citer également le verset coranique suivant : «Il dit: Descendez d'ici, (Adam et Ève),
[Vous serez] tous (avec vos descendants) ennemis les uns des autres. Puis, si jamais un guide vous
vient de Ma part, quiconque suit Mon guide ne s'égarera ni ne sera malheureux» (Sourate 20, Taha,
verset 123).
La guidance ne peut être accordée que par Allah à celui qu'il veut qu'il soit un bon guide et quelqu’un
de bien guidé. Ceci ne concerne que les prophètes ou leurs héritiers. Adam n'a pas eu l'héritage d'un
prophète ; donc il est bien un prophète. Qu'Allah soit satisfait de notre cheikh qui s'approfondit dans
des significations confuses que personne n'a pu expliquer auparavant. Fin de la dictée du cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui, à notre bien-aimé Sidi Mohamed Ben Machri, qui m'a dicté à son tour ces
lignes.
Je l'ai interrogé également, satisfaction d'Allah sur lui, sur ce qui a été rapporté sur Ibrahim, l'ami
privilégié d'Allah, prière et salut d'Allah sur lui :
• «Et dit: Je suis malade» (Sourate 37, Les rangées, As Saffat, verset 89)
• «Il dit: C'est la plus grande d'entre elles que voici, qui l'a fait. Demandez-leur donc, si elles
peuvent parler» (Sourate 21, Les prophètes, Al Anbya, verset 63)
• «Elle est ma sœur», alors qu'il s'agit de sa femme.
Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui : ces trois dires d'ibrahim, l'ami privilégié d'Allah, prière et
salut d'Allah sur lui, lui sont permis puisqu'il est un fondateur de la législation religieuse et un "Khalifa"
(successeur) d'Allah. Il a fait ceci par ordre divin. On ne compare pas ses actes prophétiques à ceux des
autres personnes (ordinaires), puisque son objectif unique est le Vrai. Tout ce qui émane de lui est en
harmonie avec sa loi religieuse. Voilà tout ce qu'on peut dire à propos d'ibrahim, prière et salut d'Allah
sur lui. Le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, en témoigne : «Je ne suis pas comme vous ;
je passe la nuit chez mon seigneur qui me donne à manger et à boire». L'adage dit: on ne peut pas
comparer le lézard et la baleine.
Si cela est compris, comment peut-on alors parler et discuter de ceux qui sont pour la créature un
modèle, de ceux auxquels Allah a accordé la prophétie, et a fait confiance pour le secret de sa
révélation. De même, on ne sait pas comment étaient formulés les jugements dans les lois religieuses de
ceux qui nous ont devancés afin de pouvoir en discuter, de les affirmer ou les infirmer. Même pour
notre loi religieuse qui est entre nos mains, il est très rare de trouver parmi les gens parfaits ceux qui la
maîtrisent. Ce sont les pôles de cette communauté. Qu'en est-il donc des lois religieuses qu'on ignore et
qui n'ont pas été transmises? On ignore quel est le jugement d'Allah sur ceux qu'elles concernent. Celui
qui veut arriver à la connaissance de leurs verdicts sans information correcte citée dans notre législation
religieuse, n'est qu'un indiscret qui s'occupe de ce qui ne le regarde pas. Cela ne peut être commis que
par celui dont l'Islam n'est pas authentique.
Le hadith dit : "Comme signe de bonne appartenance de quelqu'un à l'Islam c'est son abstention de
tout ce qui ne le regarde pas". Ce qui est mystérieux, c'est que l'aveugle veut contrarier le clairvoyant et
lui montrer le droit chemin ! De ceci, vous comprenez que l'acte commis par le prophète Soulayman,
paix sur lui, lorsqu'il a coupé les pieds et les cous des chevaux, est un acte permis dans sa loi religieuse,
d'après le récit coranique. Il en est de même pour tous les prophètes et les messagers d'Allah, prière et
salut d'Allah sur eux.
Puis le cheikh a dit, satisfaction d'Allah sur lui : sachez que les états des prophètes, prière et salut
d'Allah sur eux, ne doivent pas être suivis de débat et de prospection. Il faut les prendre pour modèles
dans tout ce qu'ils font. Allah a mentionné leur guidance en disant : «Voilà ceux qu'Allah a guidés: suis
donc leur direction» (Sourate 6, Les bestiaux, Al Anâm, verset 90).
Il est donc interdit pour un croyant de discuter les états des messagers d'Allah, prière et salut d'Allah
sur eux, Dieu a dit : «Nous n'avons envoyé de Messager que pour qu'il soit obéi, par la permission
d'Allah» (Sourate 4, Les femmes, An Nisaa, verset 64). Il a dit également: «Quiconque obéit au
Messager obéit certainement à Allah» (Sourate 4, Les femmes, An Nisaa, verset 80). Ceci est général

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pour tout messager d'Allah. Celui qui veut faire l'analogie entre les actes de la prophétie et les actes
d'autrui n'est qu'un ignorant à l'égard de la prophétie, et c'est un négligent de la bienséance vis-à-vis de
son rang. Il ignore que les prophètes sont autorisés dans tout ce qu'ils font en général. Et si l'admonition
les touche, sachez que cela est dû uniquement à l'un des aspects décrits par le cheikh concernant les
diverses considérations liées aux actes religieusement permis.
D'ailleurs, c'est grâce au suivi et à la foi des croyants en les messagers, que la communauté
mohammadienne témoignera, le jour de la résurrection, en défaveur des communautés qui ont démenti
leurs prophètes et qui ont nié leur transmission du message divin.
Si une communauté dit : «O seigneur, il (notre prophète) ne nous a rien transmis» ; Allah, le solennel,
qui connaît la réalité plus qu'eux, dira : «Qui va témoigner pour toi, et dira que tu leur as vraiment
transmis le message prophétique ?» ; le messager d'Allah dit : «C'est la communauté
Mohammadienne». Allah, le Très-Haut, le Majestueux, leur dit : «Avez-vous un témoignage en faveur de
mon messager, celui-ci ?». La communauté Mohammadienne dit : «L'as-tu envoyé, O seigneur ?», Allah,
le glorieux, le Très-Haut, dit : «Oui, je l'ai envoyé». La communauté Mohammadienne dit : «Nous
témoignons qu'il leur a annoncé ton message». Ils ont témoigné parce qu'ils savent qu'Allah ne confie le
secret de sa révélation qu'aux gens véridiques et loyaux. Celui qui se caractérise par ces qualificatifs, il
lui est impossible de ne pas transmettre le message prophétique.
Si vous comprenez ceci, vous saurez alors que les péchés mentionnés à l'égard des messagers d'Allah,
prière et salut d'Allah sur eux, ainsi que les actes qu'ils ont effectués et qui semblent être des
infractions, ont été commis selon l'aspect qu'on a présenté au début de ce chapitre, tel qu'il est décrit
par le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui. Ces actes peuvent aussi être permis selon les lois de leur
religion, comme on l'a expliqué dans les dires de Sidna Ibrahim, paix sur lui et Sidna Soulayman, paix sur
lui. Quant à Adam, paix sur lui, Allah a mentionné son excuse, comme on l'a vu auparavant. Quant au
verset coranique relatif à Sidna Youssef, paix sur lui : «Et, elle le désira. Et il aurait agi n'eût été ce qu'il
vit comme preuve évidente de son Seigneur» (Sourate 12, Youssouf, verset 24).
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : "Il aurait agi" suppose deux possibilités : Il aurait désiré la
femme et commis le péché, ou il aurait agi en la poussant loin de lui, puisqu'elle l'a mis en colère à cause
de son action honteuse. Pour le premier cas, c'est-à-dire (il aurait désiré la femme et commis le péché),
la protection certifiée des prophètes serait la barrière ; donc c'est impossible. Il ne reste alors que le
deuxième cas : il aurait poussé la femme loin de lui par colère, mais lorsqu'il a vu la preuve de son
seigneur, il l'a abandonnée parce qu'il a compris qu'il était sous la préservation divine certifiée.
Son dire «preuve de son seigneur» ; pour l'explication de cette preuve, il a été dit : Youssef a vu
l'image de son père Jacob, prière et salut d'Allah sur lui, mordant son doigt et disant : «O Youssef, est-ce
que tu commettrais l'acte des indécents alors que tu es compté, chez Allah, parmi les prophètes», Allah
l'a alors fortifié pour qu'il se débarrasse d'elle. Il a aussi été rapporté que Youssef a vu quelqu'un lui dire:
ton exemple, si tu ne la touches pas, est celui d'un oiseau dans l'air, rien ne t'affectera. Mais si tu fais ce
qu'elle veut de toi, ton exemple sera celui d'un oiseau qui tombera mort par terre sans qu'il puisse faire
quelque chose pour s'en protéger. Il a aussi été dit, à propos de l'explication de «la preuve de son
seigneur», que Youssef a vu cette femme, au moment où elle a essayé de montrer la turpitude, en train
de couvrir son idole afin de ne pas commettre le péché devant elle. Youssef lui a alors dit : «Mais moi, je
suis plus concerné que toi pour qu'Allah ne me voie pas en train de lui désobéir».
Concernant son dire : «Je ne m'innocente cependant pas, car l'âme est très incitatrice au mal, à
moins que mon Seigneur, par miséricorde, ne la préserve du péché. Mon Seigneur est certes
Pardonneur et très Miséricordieux» (Sourate 12, Youssouf, verset 53). Allah nous informe sur l'état de
la nature humaine. En effet, lorsque Youssef, paix sur lui, a vu la femme en train de l'inviter, son cœur a
refusé, mais sa nature humaine a voulu répondre à l'invitation. C'est, en fait, le cœur qui est
responsabilisé pour être fidèle à Allah, et non pas la nature humaine. Lorsque le cœur s'arrête devant
les limites tracées par les ordres divins, il ne peut être affecté par aucun mal, et ce même si la nature
humaine bouge dans le sens de l'infraction, parce que le cœur est sauvegardé ; et c'est le cœur qui est
concerné par la responsabilisation. Le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, en témoigne :

-238-
«Dans le corps, il y a un amas qui, lorsqu'il se porte bien, tout le corps se porte alors bien, mais lorsqu'il
est altéré, tout le corps s'altère ; il s'agit bien du cœur».
En d'autres termes, la nature humaine existe chez les prophètes, et elle les attire aussi vers les désirs
(licites et illicites). Ils sont dans ce cas comme tous les êtres humains. Le cœur est le tuteur de cette
nature humaine, il distingue entre les désirs ; il oriente le corps vers l'acceptation de tout ce qui est licite
et le réprimande lorsqu'il s'agit de désirs interdits. Voici l'essence de la préservation divine certifiée
accordée aux prophètes. Il n'y a pas de suppression de la nature humaine, comme le prétendent les
ignorants.
Si la nature humaine n'existait pas en eux, il n'y aurait alors pas de raison pour leur accorder la
protection divine certifiée. La raison de cette protection divine certifiée est l'apparition de la nature
humaine qui mène vers les désirs illicites. Le refus du cœur d'exaucer le désir du corps qui veut le mener
à ce qui est interdit, en présence de la tentation, est ce qu'on appelle «protection divine certifiée» dans
la coutume de la loi religieuse. Le hadith du prophète en est un excellent témoin : «Allah n'envoie aucun
prophète ni calife sauf en leur accordant deux (compagnons intrinsèques), un compagnon qui leur
ordonne le bien et leur prohibe le mal, et un compagnon qui ne les oriente que vers le mal ; celui qui se
protège du mal réussira».
Ce hadith signifie l'existence de la nature humaine menant aux désirs dans les prophètes, mais le
cœur refuse d'accepter les désirs illicites; c'est la protection divine certifiée. Il paraît donc de cette
information que les prophètes, prière et salut d'Allah sur eux, ont, eux aussi, des pensées, mais
l'autorité de l'esprit est contraignante, elle ne laisse pas l'âme dévier vers sa passion. Leurs âmes ne
peuvent bouger que par leurs esprits. Or, l'autorité de l'esprit ne tend jamais vers le mauvais ; c'est pour
cette raison que les prophètes sont toujours au-dessus des mauvais actes, puisqu'Allah leur a accordé
victoire à partir de son Saint-Esprit. Celui qui est soutenu par Allah ne peut jamais lui désobéir, même s'il
risque sa vie pour sa cause. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d’Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur les frères de Youssef, paix d'Allah sur lui, sont-ils des
prophètes ou pas ? Il a répondu qu'ils sont tous des prophètes, selon le verset coranique suivant : «Nous
t'avons fait une révélation comme Nous fîmes à Noé et aux prophètes après lui. Et Nous avons fait
révélation à Abraham, à Ismaël, à Isaac, à Jacob, aux fils..» (Sourate 4, Les femmes, An Nisaa, verset
163). Ce sont les fils de Jacob, paix et salut d'Allah sur lui. En revanche, il se peut que ce qu'ils ont fait à
leur frère Youssef, prière et salut d'Allah sur lui, soit permis dans la loi religieuse de leur père. Il se peut
également qu'ils aient fait ce qu'ils ont fait avant leur prophétie, puisque la protection divine certifiée ne
concerne que la période qui vient avant la prophétie, et cela est connu par tous les jurisprudentiels.
Voilà tout ce qu'on peut dire à leur propos, prière et salut d'Allah sur eux». Fin de la dictée du cheikh,
satisfaction d’Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le verset coranique suivant : «Si, lorsqu'ils ont fait
du tort à leurs propres personnes ils venaient à toi en implorant le pardon d'Allah et si le Messager
demandait le pardon pour eux, ils trouveraient, certes, Allah, Très Accueillant au repentir,
Miséricordieux» (Sourate 4, Les femmes, An Nisaa, verset 64). Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui,
comme suit : celui qui lorsqu'il commet un péché vient voir le prophète, prière et salut d'Allah sur lui,
repenti et implorant le pardon, trouve alors Allah accueillant au repentir et Miséricordieux. Le fait de
venir chez le prophète reste valable même après sa mort, prière et salut d'Allah sur lui. L'agrément du
repentir et de bonnes œuvres des croyants est certain si les conditions suivantes sont remplies: Respect
de la loi religieuse, dans son fond et son apparence et absence de facteurs d'invalidation. Ces facteurs
peuvent être liés à l'acte lui-même, comme la cagoterie, la flatterie hypocrite en vue d'obtenir un bien
des gens ou d'éviter un mal de leur part, et la vanité qui consiste à nier la grâce et la faveur d'Allah. Ce
dernier facteur ne concerne que les gens caractérisés par une certaine particularité.
Les facteurs d'invalidation peuvent être aussi externes à l'acte, on en cite alors le fait de :
• Retarder la prière d'EI Assr (la 3ème prière) jusqu'au coucher du soleil sans motif valable, tel
que l'oubli ou le sommeil.
• Soupçonner le croyant marié et l'accuser de l'adultère.
• Ne pas payer l'ouvrier qui termine bien son travail.

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• Préméditer de se nourrir de l'illicite sans intention de se repentir.
• Se reconvertir à l'incroyance, qu'Allah nous en protège.
• Insulter les compagnons du prophète, satisfaction d'Allah sur eux ; d'après le hadith du
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, celui qui les insulte, Allah n'acceptera de lui, ni
change, ni compensation.
En résumé, les facteurs d'invalidation liés à l'acte annulent uniquement cet acte ; quant aux facteurs
d'invalidation externes, ils annulent toute œuvre précédente. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction
d’Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le sens du verset coranique suivant : «Quiconque
agit mal ou fait du tort à lui-même, puis aussitôt implore d'Allah le pardon, trouvera Allah Pardonneur
et Miséricordieux» (Sourate 4, Les femmes, An Nisaa, verset 110). Il a répondu, satisfaction d'Allah sur
lui, en disant : La signification de ce verset coranique est la suivante : celui qui commet un péché, qu'il
soit grand ou petit, puis il se tourne vers Allah, le Très- Haut, tout en craignant son châtiment, puis il le
supplie, et implore son pardon pour annuler son péché, trouvera alors Allah pardonneur et
miséricordieux, selon sa belle promesse.
Son invocation du pardon ne sera pas vaine, d'après le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur
lui : «Si vous ne commettez pas de péché, alors Allah vous prendra et fera arriver une nation qui
commettra le péché, mais qui implorera pardon ; Allah leur accordera son pardon». Il veut montrer la
largesse et la grâce de Dieu, le glorieux, le Très-Haut, sur sa créature. Dans le verset coranique, on note
aussi un grand espoir et une large promesse accordée à ceux qui implorent le pardon d'Allah et le
supplient avec sincérité. Allah leur accorde alors son pardon quel que soit le péché. Cette Scène
comporte un espoir sublime auquel les gens sont inattentifs. Dans le verset coranique, il est important
de souligner qu'il note la demande du pardon sans parler du repentir. Si la personne est sincère dans sa
supplication et sa demande du pardon d'Allah, elle trouvera le Tout Puissant, Pardonneur et
Miséricordieux. Le jour du grand jugement, quand elle regardera sa fiche (rendant compte de ses actes
et de son compte), elle ne trouvera aucun péché enregistré, pour lequel elle a demandé pardon à Allah.
Ces péchés annulés ne seront pas placés sur la balance. Mais, les péchés qui n'ont pas fait l'objet de
cette demande de pardon seront placés sur la balance. Fin de citation.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le sens du verset coranique suivant : «Et pour ceux
qui, s'ils ont commis quelque turpitude ou causé quelque préjudice à leurs propres âmes (en
désobéissant à Allah), se souviennent d'Allah et demandent pardon pour leur péchés - et qui est-ce
qui pardonne les péchés sinon Allah? - et qui ne persistent pas sciemment dans le mal qu'ils ont fait»
(Sourate La famille Imran 3, Al Imran, verset 135).
Il a répondu en disant : sa signification est la suivante: Allah a vanté ceux à qui le paradis a été
préparé. Parmi eux, il y en a ceux qui, lorsqu'ils commettent quelques turpitudes ou causent quelques
préjudices à leurs propres âmes (en désobéissant à Allah), se souviennent d'Allah et demandent pardon
pour leurs péchés. Nous disons : le rappel d'Allah présente ici différents niveaux. On distingue :
1. La station des gens ordinaires. Il s'agit ici du rappel du supplice et de l'intensité de la
punition. La personne sent alors du mal dans son intérieur à cause de ce rappel ; elle
demande pardon à Allah pour ses péchés.
2. Il y a la station de l'élite, au rang supérieur. Ici, on se rappelle le blâme et les reproches
éventuels d'Allah, et non pas le supplice. Ces gens faisant partie de l’élite fuient le blâme et
les reproches de la manière dont les gens ordinaires fuient le supplice et la punition
douloureuse. Lorsqu'ils se rappellent cet état, ils implorent le pardon d'Allah.
3. On distingue aussi la station de l'élite de l'élite, lis ont honte qu'Allah prenne connaissance
de leurs péchés. Ils ont honte également qu'il y ait une défaillance dans la bienséance
vis-à-vis d'Allah. Lorsqu'ils se souviennent de cet état, ils implorent le pardon d’Allah.
Ibrahim Ben AdHam, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : «Que j'obéisse à Allah, même si je rentre à
l'enfer, est mieux pour moi que si je désobéis à lui et je rentre au paradis». Ces gens ont honte devant
Allah pour le manque de la bienséance ou pour le mal qu'ils peuvent commettre. Ce mal ne fait pas
plaisir à Allah, le Très-Haut. Dans le hadith, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : «Ayez

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vraiment honte devant Allah». Ses compagnons ont dit : «Mais on a honte devant lui, louange à Dieu». Il
leur a répondu : «Ce n'est pas cela. Mais la pudeur à l'égard d'Allah consiste à protéger la tête et ce
qu'elle comprend ; le ventre et ce qu'il contient, et à se rappeler la mort et l'épreuve. Celui qui fait cela a
vraiment honte devant Allah». Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le verset coranique suivant : «Allah a accueilli le
repentir du Prophète, celui des Émigrés et des Auxiliaires qui l'ont suivi à un moment difficile, après
que les cœurs d'un groupe d'entre eux étaient sur le point de dévier. Puis II accueillit leur repentir car
II est Compatissant et Miséricordieux à leur égard» (Sourate Le repentir, At Thawbah, 9, verset 117).
Que signifie cette demande de repentir exprimée par le prophète, prière et salut d'Allah sur lui ?
Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant: Il s'agit de la protection contre les péchés. Je lui ai
dit : pour le prophète, c'est d'accord, puisqu'il dispose de la protection certifiée divine. Mais ceux qui
ont été mentionnés avec lui dans le verset coranique, que signifie cette protection à leur égard ? S'agit-il
de les empêcher de commettre un péché donné, comme pour le prophète, prière et salut d'Allah sur lui
? Il a dit, satisfaction d'Allah sur lui: sa signification consiste à ce qu'ils demandent en permanence le
repentir, tout en cessant de commettre les péchés avec insistance et résolution. Celui qui présente ces
caractéristiques ressemble à quelqu'un qui ne commet guère de péché. Cela est conforme avec les
hadiths suivants du prophète, prière et salut d'Allah sur lui : «Le repenti du péché est comparable à celui
qui n'a pas commis de péché» ; «Celui qui demande le pardon d'Allah ne peut pas être qualifié d'entêté,
même s'il retourne (à son péché) soixante-dix fois par jour». Il y a un autre intérêt à cela. C'est le retour
du serviteur à son seigneur. Allah, le Très-Haut, aime, parmi ses serviteurs, ceux qui retournent à lui. Il
aime ceux qui n'ont de destination que la sienne pour toutes leurs affaires. Celui qui se trouve dans cet
état, chaque fois qu'il commet un péché, il se repent immédiatement à Allah. Il est alors bien aimé par
son seigneur. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, qu'Allah sanctifie son précieux secret, sur la signification du verset suivant : «O les
croyants! Craignez Allah, cherchez le moyen de vous rapprocher de Lui et luttez pour Sa cause.
Peut-être serez-vous de ceux qui réussissent» (Sourate La Table servie, 5, Al Maîdah, verset 35). Il a
répondu, qu'Allah sanctifie son précieux secret, comme suit : sa signification consiste à craindre Allah, à
craindre la rigueur de sa punition, et à chercher le moyen d'aller vers Lui, c'est-à-dire par les œuvres
pieuses en lesquelles se trouve Son Agrément, qu'il soit glorifié et exalté.
Ce verset peut être aussi expliqué selon le signe suivant : «Recherchez le moyen qui vous permettra
de vous détacher de tout autre que Lui, pour le retrouver et entrer en contact avec lui». Le moyen le
plus important qui permet ce rapprochement d'Allah n'est autre que le Prophète, prière et salut d'Allah
sur lui. Et il n'y a pas de moyen permettant d'arriver au Prophète, plus important que la prière sur lui,
prière et salut d'Allah sur lui.
Le cheikh accompli fait partie également des moyens qui aident à se rapprocher d'Allah.
Certainement, c'est un moyen des plus importants qui relie à Lui. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction
d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, qu'Allah sanctifie son précieux secret, sur la signification du verset suivant : «Le
Prophète a plus de droits sur les croyants qu'ils n'en ont sur eux-mêmes; et ses épouses sont leurs
mères. Les liens de consanguinité ont, dans les successions, la priorité sur les liens unissant les
croyants (de Médine) et les émigrés (de la Mecque) selon le livre d'Allah, à moins que vous ne fassiez
un testament convenable en faveur de vos frères en religion. Et cela est inscrit dans le Livre» (Sourate
Les coalisés, 33, Al Ahzab, verset 6).
Il a répondu, qu'Allah sanctifie son précieux secret, en disant : le prophète, prière et salut d'Allah sur
lui, a l'emprise sur tous les rangs. Il a aussi l'exclusivité de juger et de gouverner ces rangs, dans tout
aspect et toute considération. Lesdits rangs signifient les êtres créés de toute quiddité, tout corps, toute
particule, et tout volume. Chaque corps individuel est en fait un rang de Dieu. Tous les êtres sont des
rangs divins. C'est selon cette considération que le prophète a plus de droits sur les croyants qu'ils n'en
ont sur eux- mêmes. Fin de la citation du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.

-241-
J'ai interrogé le cheikh, qu'Allah sanctifie son précieux secret, sur la signification du verset suivant :
«C'est Lui qui détient les clefs de l'inconnaissable. Nul autre que Lui ne les connaît. Et II connaît ce qui
est dans la terre ferme, comme dans la mer» (Sourate Les bestiaux, 6, Al Anâm, verset 59). Il a répondu,
qu'Allah sanctifie son précieux secret, en disant : Allah a proscrit le savoir de l'inconnaissable à sa
créature par ce verset coranique. Personne, à part lui, ne peut le savoir. Il n'existe aucune voie à la
créature pour atteindre la science proscrite. Or, les voies qui mènent à la science en général sont au
nombre de trois :
1. Ou bien par un des sens ;
2. ou bien par l'audition et la propagation de l'information ;
3. ou bien par la pensée, c'est-à-dire en raisonnant et réfléchissant sur des éléments connus qui
peuvent conduire à la détermination d'éléments inconnus. C'est ces trois voies qui sont
proscrites aux êtres créés (dans le cadre de cette science de l'inconnaissable).
Il reste alors la quatrième voie. C'est ce qu'Allah injecte dans le cœur de son serviteur. Il n'a besoin ni
de sens, ni d'intermédiaire ni de pensée. Cette quantité d'information s'appelle «connaissance divine
infuse». Cette science n'est pas proscrite au messager Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, ni aux
autres prophètes et messagers d'Allah, prière et salut d'Allah sur eux. Le verset suivant en témoigne :
«C'est Lui (Allah) qui connaît le Ghayb (l'inconnaissable, le mystère). Il ne dévoile Son mystère à
personne, sauf à celui qu'il agrée comme Messager et qu'il fait précéder et suivre de gardiens
vigilants» (Sourate Les djinn, 72, verset 26-27).
Al Morsi a dit : cette science n'est pas proscrite non plus au véridique et au saint. Le hadith suivant
en témoigne. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : «La science se présente, en partie, sous
une certaine forme cachée. Celle-ci n'est connue que par les gnostiques. Lorsque ces gnostiques la
divulguent, seuls ceux qui se trompent en Allah les contredisent». C'est-à-dire, la science qu'Allah a
proscrite à sa créature, dans le domaine des cinq mystères ou dans un autre domaine, consiste en une
science acquise, à laquelle la créature parvient par une des trois voies précitées : ou bien à partir
d'informations auditives. Ou bien par des preuves intellectuelles. Ou bien par une observation sensitive.
Ces voies sont proscrites dans la connaissance du mystère. Mais celui à qui Allah a accordé la
connaissance divine infuse, connaît certains mystères.
On peut en citer à titre d'exemple l'histoire de Moïse et d'EI Khader, prière et salut d'Allah sur eux. El
Khader a fait ce qu'il a fait comme suite à une science infuse, que Moïse ignorait. Allah, le Très- Haut, a
dit : «Nous lui avions enseigné une science qui émane de Nous» (Sourate Ahl El Kahf, La caverne, 18,
verset 65).
Cela prouve que celui qui détient la connaissance divine infuse, connaît certains mystères qu'Allah a
cachés à sa créature. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le verset coranique suivant : «Nous n'avons envoyé
avant toi, ni Messager ni prophète qui n'ait récité ce qui lui a été révélé) sans que le Diable n'ait
essayé d'intervenir pour semer le doute dans le cœur des gens au sujet de sa récitation. Allah abroge
ce que le Diable suggère, et Allah renforce Ses versets. Allah est Omniscient et Sage» (Sourate Le
pèlerinage, 22, Al Hajj, verset 52).
Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant: l'interprétation de ce verset coranique ne peut
être que par voie d'exégèse approximative. L'exégèse convient à tout le Coran. L'explication du verset
consiste à dire que chaque messager d'Allah souhaite l'Islam et la guidance pour sa communauté, tout
en veillant sur l'exécution de l'ordre divin et tout en étant compatissant à leur égard.
Lorsqu'il exprime ce souhait, le diable, diffuse l'envers de ce qu'il a souhaité, dans le cœur de sa
communauté. C'est-à-dire il diffuse l'égarement et l'incroyance. Cela rend la vie pénible au messager
d'Allah. Ensuite, Allah annule les péchés, l'incroyance et le mensonge que le diable a diffusés dans les
cœurs des receveurs du message prophétique. Puis, Allah renforce ses versets coraniques. Cela exprime
ce que signifie le verset comme foi en le messager d'Allah, soumission à l'ordre divin et respect de ses
limites. C'est bien là les versets sans équivoque. Fin de citation.

-242-
Quant au hadith des "Gharanik" (Les Idoles), c'est faux. Il n'a pas de fondement. Son infirmation
présente deux aspects: le premier aspect est le suivant :
1. Allah, le Très-Haut, a dit : «Et ce ne sont point les diables qui sont descendus avec ceci (le
Coran). Cela ne leur convient pas et ils n'auraient pu le faire» (Sourate Les poètes 26, As
Shoârah, verset 210-211).
Ce verset témoigne de la protection certifiée de la révélation (Coran) de toute intervention
du diable.
2. Le deuxième aspect est le suivant : - Allah, le Très-Haut, a dit : «Ce ne sont que des noms
que vous avez inventés, vous et vos ancêtres. Allah n'a fait descendre aucune preuve à
leur sujet» (Sourate L'étoile, 53, An Najm, verset 23).
Si ce verset mentionnait les noms des idoles "Gharanik", les Arabes auraient alors ri et ils se
seraient moqués du prophète et de sa révélation, prière et salut d'Allah sur lui. Pour mieux
clarifier ceci : on cite (ce qu'Allah a dit) : «Que vous en semble [des divinités] Lat et Uzza»
(Sourate L'étoile, 53, An Najm, verset 19). On suppose que les polythéistes ont prétendu
entendre, dans ce verset coranique ce qui suit : «Tels sont les Gharaniks suprêmes. Leur
intercession est souhaitée». Ensuite, Allah dit : «Ce ne sont que des noms que vous avez
inventés, vous et vos ancêtres. Allah n'a fait descendre aucune preuve à leur sujet. Ils ne
suivent que la conjecture et les passions de leurs âmes. Toutefois, ils ont reçu de la part de
leur Seigneur ce qui - s’ils l’avaient suivi - les aurait guidés vers la Voie Droite» (Sourate
L'étoile, 53, An Najm, verset 23).
La parole pure solennelle est au-dessus de cette impureté turpide. Dans une telle parole pure, on ne
peut pas trouver un début qui vante une chose et une fin qui la condamne. Fin de la dictée du cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le verset coranique suivant : «Et quiconque se
détourne de Mon Rappel, mènera certes, une vie pleine de gêne, et le Jour de la Résurrection Nous
l'amènerons aveugle au rassemblement» (Sourate Taha 20, verset 124).
Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant: cela aura lieu dans le monde de l'au-delà. Je lui ai
dit : le contexte du verset laisse penser qu'il s'agit du monde d'ici-bas. Il a dit : l'analyse visuelle de près
montre que c'est dans le monde de l'au-delà. Dans ce monde ici-bas on voit un grand nombre de
mécréants très riches. Si la privation a lieu ici-bas, ils ne seraient pas riches. La richesse qu'ils ont dans ce
monde d'ici-bas montre qu'ils seraient démunis dans l'autre monde. Tel est le sort de celui qui refuse le
rappel d'Allah. Le verset suivant en témoigne : «Voilà le prix de votre exultation sur terre, sans raison,
ainsi que de votre joie immodérée» (Sourate Le pardonneur, 40, Rhafir, verset 75). Si la privation était
leur destinée, dans le monde d'ici-bas, ils ne seraient pas joyeux. Le verset suivant en témoigne aussi :
«Ils vivaient auparavant dans le luxe» (Sourate Al Wakiâ, L'évènement, 56, verset 45).
Celui qui vit dans le luxe a, en général, un corps doux. Et la douceur d'un corps est impossible à
obtenir avec une vie de démuni pleine de chagrin. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le verset coranique suivant, concernant le prophète,
prière et salut d'Allah sur lui : «Tu n'avais aucune connaissance du Livre ni de la foi; mais Nous en
avons fait une lumière par laquelle Nous guidons qui Nous voulons parmi Nos serviteurs. Et en vérité
tu guides vers un chemin droit» (Sourate La consultation, 42, As Shorah, verset 52). Le verset coranique
suivant dit: «Et je ne sais pas ce que l'on fera de moi, ni de vous. Je ne fais que suivre ce qui m'est
révélé ; et je ne suis qu'un avertisseur clair» (Sourate Al Ahqaf, 46, verset 9).
D'autres versets coraniques vont dans le même sens. Aïcha (satisfaction d'Allah sur elle, épouse du
prophète, prière et salut d'Allah sur lui), dans son hadith, a dit (ou a voulu dire): «Celui qui dit que le
prophète est au courant de ce qui se passera demain, certainement, c'est un mécréant». Comment
concilier entre ce que je viens de citer et le fait que le savoir des premiers êtres créés et des derniers est
contenu dans la noble entité du prophète? Et que ce savoir est ce qui va parvenir à tous les êtres créés,
chacun selon sa capacité !

-243-
La réponse : sachez que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, dispose du savoir des premiers
êtres créés et des derniers, dans sa totalité et dans sa globalité. Les livres divins et le Coran, en
particulier, font partie de ce savoir. Il connaît aussi les revendications de la foi elle-même et sa finalité. Il
connaît l'essence de la foi, ce qui la détériore et ce qui la fortifie. Tout cela est ancré dans sa réalité
Mohammadienne, prière et salut d'Allah sur lui. Quant au verset suivant: «Tu n'avais aucune
connaissance du Livre ni de la foi; mais Nous en avons fait une lumière par laquelle Nous guidons qui
Nous voulons parmi Nos serviteurs. Et en vérité tu guides vers un chemin droit» (Sourate La
consultation, 42, As Shorah, verset 52).
Cet état existait avant sa prophétie. Allah ne l'avait pas encore informé sur la vérité de la foi. Il ne lui
avait pas encore enseigné le mode de la révélation des livres. Il ne savait rien sur le fond de sa mission ni
sur le détail de ses exigences. Tout cela était sous un voile, avant la prophétie. Mais il était conservé
dans sa réalité Mohammadienne. Il ne le savait pas. Il ne le sentait pas. Mais une fois que l'époque de la
prophétie est arrivée, Allah lui a dévoilé ce que contient sa réalité Mohammadienne. Le hadith suivant
en témoigne : Le prophète a dit, prière et salut d'Allah sur lui : «J'ai vu mon seigneur à l'image d'un
jeune homme ...». Jusqu'à ce qu'il a dit : «Il a posé sa main entre mes épaules, jusqu'à ce que j'ai senti le
froid entre mes pectoraux. Il m'a alors enseigné les sciences des premiers êtres créés et des derniers».
Ceci a eu lieu en période de prophétie. Allah lui a levé le voile et lui a montré ce qu'il lui avait injecté
dans sa réalité Mohammadienne. Il s'agit des trésors des connaissances, des sciences et des secrets que
personne ne peut cerner, ni superficiellement, ni profondément.
Attention, il ne faut pas comprendre que la réalité Mohammadienne était vide avant la prophétie.
Cette pensée est fausse. La réalité Mohammadienne a toujours été chargée de toutes ces
connaissances, sciences et secrets, depuis le début de l'univers. Le premier être créé avant la création
de toute chose est cette réalité Mohammedienne. Elle a été toujours chargée de ces connaissances,
sciences et secrets, jusqu'à l'époque de l'existence du noble corps du prophète. Ensuite, le voile lui a
caché ces connaissances jusqu'en période de prophétie. Puis, le voile a été levé et Allah lui a montré
tout ce qu'on a dit à propos de sa réalité Mohammadienne et ce qu'elle contient. Le verset coranique
qui dit: «Tu n'avais aucune connaissance du Livre ni de la foi» (Sourate La consultation, 42, As Shorah,
verset 52) est relatif à la période du voile qui lui cachait cette réalité. C'est tout ! Mais sa réalité était
bien chargée de ces connaissances, sciences et secrets.
Il est également à souligner qu'avant sa prophétie, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, était
compté parmi les grands gnostiques, et ce depuis sa naissance. Il n'était pas affecté par le voile "du
corps humain", qui peut empêcher l'accès à la présence divine pure. Il faisait partie des «Afrads» (des
singuliers)1 du monde.
Le rapport qui existe entre le rang du «Fard» (singulier de Afrads) et les rangs des autres gnostiques
et des autres véridiques est identique au rapport qui existe entre le gnostique et les gens ordinaires qui
ne savent rien.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, occupait ce rang, tout en étant certain qu'il prélevait la
science, à partir d'Allah, sans intermédiaire. Il n'ignorait rien de la présence divine. Son soleil, prière et
salut d'Allah sur lui, n'avait pas connu d'éclipse. La science divine qu'il détenait au même titre que les
«Afrads» gnostiques est incontestable dans ce rang.
C'est plutôt l'essence de sa mission, de ses exigences, de sa destinée et de son objectif qui lui ont été
cachés à cette période. Il en est de même pour le savoir relatif au mode de la révélation du livre saint, à
sa destinée, à son objectif ainsi qu'aux exigences de cette révélation du livre.
Mais une fois qu’il est arrivé au rang de la prophétie, le voile qui existait entre lui et les
connaissances, sciences et secrets conservés dans sa réalité Mohammadienne lui a été levé. Le hadith
suivant en témoigne: «J'étais prophète alors qu'Adam était encore entre l'eau et l'argile». Et puisqu'il
était prophète à cette époque, il lui était impossible d'ignorer la mission (la transmission du message

1 -Les singuliers appartiennent à une catégorie élevée de gnostiques. Ils ne sont pas maîtrisés par le pôle ; ils peuvent sortir de
son cercle d’autorité. Le singulier se nomme ainsi parce qu’il s’est singularisé par rapport à autrui par plusieurs sciences,
dons, secrets et particularités.

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divin), la prophétie, le livre saint, les exigences de tout cela, leurs destinées et leurs objectifs. Le hadith
en témoigne.
On peut démontrer ceci en apportant également la clarification suivante: avant l'existence du corps
du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, Allah n'a envoyé ni de prophète ni de messager sur terre, que
si son auxiliateur, à partir du Ghayb (l'inconnaissable), était le prophète Mohamed, prière et salut
d'Allah sur lui. En effet, aucun prophète ni messager, prière et salut d'Allah sur eux, ne pouvait obtenir
d'Allah les moindres sciences, connaissances, secrets, afflux, manifestations, dons, allocations, lumières
et états, sans l'intermédiaire du prophète Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui. Il est l'auxiliateur de
tous dans le monde du Ghayb (l'inconnaissable). Comment peut-il alors leur transférer quelque chose
dont eux connaissent bien, mais lui, ignore, prière et salut d'Allah sur lui ?!
Ceci est évidemment impossible, il les pourvoit avec une vitesse dépassant de loin la vitesse de tout
esprit. Sa station sublime de pourvoyeur est intouchable. Il est le même, prière et salut d'Allah sur lui,
du point de vue de l'afflux et de l’assistance spirituelle pour les esprits, que ce soit avant son existence
ou après sa mission et sa prophétie.
Mais Allah lui a caché ces connaissances après la création de son noble corps et avant sa prophétie,
tout en les laissant conservées dans sa réalité Mohammadienne, pour une raison qu'Allah connaît.
Le fait de cacher ces connaissances n'est connu que par Allah. Le secret de ce fait réside dans le
dressement du voile pour cacher au prophète, prière et salut d'Allah sur lui, ce que sa réalité contient. Si
Allah lui avait dévoilé ce que comprend sa réalité avant sa prophétie, et s'il la lui avait divulguée avant
qu'il ne soit envoyé en qualité de messager d'Allah, les gens qui reçoivent son message auraient alors
été sceptiques vis-à-vis du message divin qu'il transmet et à travers lequel il les défie. Ils diraient : «Mais
tu as toujours parlé de cela. Tu l'as recopié des autres. Tu n'es pas un prophète». Allah l'a donc caché
pour qu'il ne le divulgue pas. Une fois que l'époque de la prophétie arrive, le voile sera levé.
Allah a montré aux gens, avant sa prophétie, qu'il était illettré et qu'il ne savait rien. Il
n'accompagnait personne de ceux qui détenaient les livres saints. Et il ne se rapprochait pas d'eux. Dans
ces conditions, s'il commence à leur parler de la transmission du message divin et de la prophétie, ils
sauront que c'est un vrai prophète, puisque l'information qu'il leur apporte vient d'un illettré qui ne sait
pas grand-chose. Cette caractéristique ne peut arriver qu'à un prophète. C'est ça le secret qui réside
derrière le dressement du voile. Le verset coranique suivant en témoigne : «Et avant cela, tu ne récitais
aucun livre et tu n'en n'écrivais aucun de ta main droite. Sinon, ceux qui nient la vérité auraient eu
des doutes» (Sourate L’araignée, 29, Al Ankabout, verset 48).
Quant au verset coranique, rapportant les propos du prophète, prière et salut d'Allah sur lui: «Et je
ne sais pas ce que l'on fera de moi, ni de vous. Je ne fais que suivre ce qui m'est révélé et je ne suis
qu'un avertisseur clair» (Sourate Al Ahqaf, 46, verset 9).
La réponse consiste à dire que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, dispose de la certitude qu'il
est le plus important personnage du royaume divin. Il n'y a pas, au sein de toute la créature, quelqu'un
de plus noble, de plus aimé, de plus puissant, de plus prestigieux, auprès d'Allah que lui.
Il sait qu'il sera en sécurité dans le monde de l'au-delà. Il ne sera touché ni par un mal ni par un
supplice. Il sait qu'il occupe le rang suprême dans l'aubaine permanente et dans la satisfaction éternelle
d'Allah. Il n'a aucun doute sur tout cela. Mais concernant le verset coranique qu'il a mentionné, prière et
salut d'Allah sur lui : «Et je ne sais pas ce que l'on fera de moi, ni de vous. Je ne fais que suivre ce qui
m'est révélé et je ne suis qu'un avertisseur clair» (Sourate Al Ahqaf, 46, verset 9).
Ce verset peut signifier qu'il ne cerne pas les détails des aubaines, des dons et des allocations qui lui
parviennent d'Allah. Bien qu'il les connaisse dans leur globalité, il se peut que son savoir ne couvre pas
tous ses détails, dans l'éternité, au paradis. Les intellects (humains) ne peuvent pas cerner ce qu'il y a
dans le savoir divin. Même si l'on dit que le prophète dispose de tout le savoir sur ces entités, il peut
penser qu'il reste encore des dons et des allocations d'Allah, dans la maison des aubaines, qu'il ne
connaît pas ou qu'il ne connaîtra qu'à son époque d'existence ; ceci n'est pas loin du sens du verset : «Et
je ne sais pas ce que l'on fera de moi, ni de vous. Je ne fais que suivre ce qui m'est révélé et je ne suis
qu'un avertisseur clair» (Sourate Al Ahqaf, 46, verset 9).

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Une autre explication est possible : le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a voulu insinuer la
maîtrise de la science éternelle divine. La science divine, dans ce domaine, ne peut jamais être cernée
par un être créé, qu'il soit prophète, prière et salut d'Allah sur lui, ou une autre personne. Le hadith
suivant en témoigne : «Je ne sais que ce qu'Allah m'a enseigné». De même, le verset suivant en
témoigne : «Je ne vous dis pas que j'ai les caisses d'Allah. Je ne connais pas l'inconnaissable. Et je ne
vous dis pas que je suis un ange. Je ne fais que suivre ce qui m'est révélé. Dis, est-ce qu’ils sont égaux
l'aveugle et celui qui voit? Ne réfléchissez- vous donc pas» (Sourate Les bestiaux, 6, Al Anâm, verset
50).
Il se peut que le prophète ait voulu ainsi insinuer que malgré le savoir dont il dispose, il ne peut pas
cerner la réalité de la science éternelle.
Il ne faut donc pas imaginer à partir de ce verset que le prophète ne sait pas s'il sera couvert de la
clémence divine, ou s'il sera puni, ou s'il sera rapproché de Dieu ou s'il sera banni dans le monde de
l'au-delà ! La réalité des choses n'accepte pas ces propos. Les versets suivants en témoignent : «Ton
Seigneur t'accordera certes ses faveurs, et alors tu seras satisfait» (Sourate Addoha 93, verset 5) ; «Et
la grâce d'Allah sur toi est immense» (Sourate Les femmes, An Nissaâ, 4, verset 113). Il est impossible
qu'Allah ordonne ceci en sa faveur et le mette en garde contre son supplice. Allah tient toujours sa
promesse.
Quant à l'allocution de Aïcha (conjointe du prophète), si elle est authentique, et si elle l'a entendu du
prophète lui-même : «Celui qui prétend que le prophète sait ce qui va se passer demain est
certainement un mécréant». Cette allocution ne peut avoir que l'explication suivante : il se peut que le
prophète ait caché l'information à sa conjointe pour une raison valable relative à l'époque. Il lui était
alors impossible de la lui déceler. D'ailleurs, il lui avait caché aussi le fait qu'il ait vu l'Entité suprême de
ses propres yeux. C'est une réalité admise à l'unanimité qu'il lui avait cachée.
Les prédicats, les publications authentiques et les livres du hadith sont bien chargés de nouvelles
annoncées par le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, qui concernent des périodes ultérieures que ce
soit dans un futur proche ou lointain.
Certains compagnons, satisfaction d'Allah sur eux, ont même dit : «Le prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, n'a laissé aucun commandeur qui existera dans sa communauté, après lui, et jusqu'à
l'heure de la fin du monde, sans le mentionner».
Il y a aussi le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, qui dit : «Il n'y a pas la moindre chose
que je n'avais pas vue avant, et qui me soit encore voilée. J'ai en effet tout vu à partir de cette position
actuelle, même le paradis et l'enfer». Les prédicats sont nombreux à ce propos. Aucun musulman ne
peut en avoir des doutes. Fin de citation.
Il reste une objection sur ce qu'on vient de mentionner. On peut dire : «Supposons que votre
commentaire est correct et que ce secret est bel et bien l'obstacle qui a empêché l'apparition du
contenu de la réalité Mohammadienne avant la prophétie. Pourquoi n'a-t-il pas été alors messager ou
prophète depuis sa naissance ? Dans ce cas de figure, le contenu de sa réalité Mohammadienne ne lui
sera jamais caché, et il continuera à le connaître comme avant l'existence de son noble corps».
La réponse à cette objection est la suivante : Allah a empêché sa transmission du message divin et sa
prophétie avant l'âge de quarante ans. La raison de cet empêchement consiste à signaler que la
transmission du message divin et la prophétie ne peuvent avoir lieu qu'à la suite d'une manifestation
divine. Or, si une quantité infinitésimale de cette manifestation est posée sur tout le globe terrestre,
celui-ci sera complètement solubilisé à cause du lourd fardeau et de l'influence de l'autorité de cette
manifestation divine.
Les prophètes ne supportent pas ce fardeau et ne résistent pas à l'influence de son autorité avant
l'âge de quarante ans. Avant cet âge, personne ne peut supporter le poids de cette manifestation, à
cause de l'immense faiblesse de l'être humain. Lorsque la personne atteint quarante ans, et lorsqu'il est
destiné à être, dans le savoir d'Allah, un prophète ou un messager, Allah lui accorde une force divine qui
affecte son esprit et qui lui permet de supporter le fardeau de la manifestation. C'est le secret qui
interdit la prophétie à un âge inférieur à quarante ans. C'est la barrière que le prophète a rencontrée,

-246-
d'ailleurs comme tous les autres prophètes, prière et salut d'Allah sur eux, l'empêchant d'obtenir la
prophétie à un jeune âge.
Par contre, pourquoi Jésus, prière et salut d'Allah sur lui, a-t-il été prophète avant l'âge de quarante
ans ? La réponse : Il n'était pas un être humain pur. Il avait une moitié humaine et une moitié spirituelle.
Il a été créé à partir du souffle du Saint-Esprit dans la partie intime de sa mère. Cette caractéristique a
fortifié sa faiblesse liée à son aspect humain. Il a été alors fortifié par rapport aux autres prophètes.
C'est pour cela qu'il a été prophète avant l'âge de quarante ans. C'est-à-dire qu'il l'a été avant l'âge de
40 ans grâce à l'énergie qu'il a reçue à partir du souffle du Saint-Esprit dans la partie intime de sa mère.
Si vous dites : j'en déduis que Jésus est plus fort que le prophète (Mohamed), prière et salut d'Allah
sur eux, la réponse sera alors non; il n'est pas plus fort que lui. Mais puisque le prophète (Mohamed),
prière et salut d'Allah sur lui, dispose de la parfaite constitution humaine des côtés de son père et de sa
mère, il a été plus exposé à la faiblesse humaine, ce qui a caché la force divine conservée dans son corps
et qui dépassait celle de Jésus et d'autres. Fin de citation.
Si l'on dit que ce qui a été mentionné ne peut pas être correct et on ne peut pas l'imaginer.
C'est-à-dire il est impossible que la réalité Mohammadienne contienne des connaissances, des sciences
et des secrets sans que le prophète les sache.
La réponse : la réalité qu'on a présentée a eu vraiment lieu concrètement, dans le compris et dans le
senti ; elle n'a pas besoin d'imagination.
En guise de témoignage, on peut dire : l'esprit humain qui gère le corps, existe et a été créé à partir
de la limpidité de la quintessence de la lumière Divine, avant même son insertion dans le corps. Allah, le
Très-Haut, a conservé dans cet esprit une immense quantité de ses secrets, sciences et connaissances.
Cette quantité est sans limite et sans fin. L'esprit, à cette époque, était doté d'un parfait savoir portant
sur Allah, le Très-Haut. Il était d'une parfaite pureté et d'une parfaite maîtrise de la constatation de la
présence divine.
L'esprit humain avait un savoir parfait portant sur les sciences et les connaissances contenues dans
cette présence divine. Il n'ignorait rien de cela. Mais les esprits ne sont pas sur une même voie, dans ce
domaine. Ils n'ont pas les mêmes limites. Ils partagent plutôt, les sciences et les connaissances de la
présence divine selon des détails décidés par la volonté divine.
Des afflux passent vers les esprits, à partir de cette présence divine, en fonction du partage
préprogrammé dans la volonté divine. Ces afflux peuvent être de faible ou de grande intensité.
Ensuite, une fois que l'esprit humain a pris place dans le récipient du corps, il s'est sali par ses
impuretés. Son caractère qui était porté à l’apogée de la pureté et de la clarté s'est réfléchi sur celui du
corps qui est porté au. summum de l'obscurité et de l'opacité. Dans ces conditions, les sciences et les
connaissances contenues dans cet esprit humain, avant sa fusion avec le corps, ne restent plus
accessibles et deviennent cachées. Ce voile continue d'exister depuis l'existence du corps.
Lorsque Dieu veut que son serviteur arrive à la pureté de la connaissance, pour y accéder, il lui
enlève le voile qui le sépare des sciences et des connaissances conservées dans la réalité de son esprit. Il
saura alors la réalité des choses. Ce savoir ne lui parviendra pas comme suite à un apprentissage, mais il
se trouvera déjà conservé dans sa réalité. Ce savoir lui sera ainsi dévoilé.
Une fois que le voile est levé, la personne connaîtra les sciences et les connaissances conservées
dans sa réalité. Elle saura également l'afflux des nouvelles connaissances qui se dirigent vers elle à partir
de la présence divine. Ces nouvelles connaissances n'étaient pas contenues dans son esprit auparavant.
Elle saura la différence entre les deux types de connaissances. Ce phénomène est connu par tous les
gnostiques.
La deuxième preuve consiste à dire que l'être humain n'est rien d'autre que son esprit et sa réalité.
Le corps apparent n'est qu'un habit porté, couvrant son esprit. L'homme n'est rien d'autre que son
esprit. Il est maintenant sous un voile qui l'empêche de comprendre la réalité de son esprit. Il ne le
connaît pas et ne le comprend pas, alors qu'il s'agit de lui-même.

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Lorsqu'Allah veut qu'il atteigne la pureté de la connaissance, il lui dévoile la réalité de son esprit. Il
comprendra alors cette réalité selon le goût et la vision concrète et certaine. Il comprendra aussi les
sciences et les connaissances qu'elle contient. Cela lui est caché maintenant alors qu'il s'agit de
lui-même.
Cette preuve est le meilleur témoignage sur ce qu'on a mentionné à propos du prophète, prière et
salut d'Allah sur lui.
Ensuite, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : la divinité telle qu'elle est perçue par autre
qu'Allah se divise en deux classes : une classe relative à la divinité pure, sans aucune relation avec la
créature. Et une classe relative à la créature, dans laquelle les significations divines sont connues par la
créature. Les êtres créés sont aussi connus par ces significations divines. Tout saint parfait doit constater
les deux classes.
Parmi les plus importantes constatations qui témoignent de ce qui a été mentionné à propos du
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, avant sa prophétie. C'est-à-dire à propos du fait que les sciences
de la prophétie, de la transmission du message divin, des livres saints et de la foi étaient présentes dans
sa réalité, mais étaient cachées par un voile, comme dans le cas d'une personne en plein sommeil. On
peut dire ce qui suit : les sciences qu'il connaissait en éveil lui étaient cachées pendant son sommeil.
Une fois qu’il s'est réveillé, et que le voile du sommeil lui est levé, il se rappelle ces sciences qui existent
encore en lui. Tel est son cas, prière et salut d'Allah sur lui, depuis sa naissance jusqu'à sa prophétie. Fin
de la dictée du cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, à partir de sa mémoire et de ses propres mots.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le verset coranique suivant :
«Dis: L'Ange de la mort qui est chargé de vous, vous fera mourir. Ensuite, vous serez ramenés vers
Votre Seigneur» (Sourate La prosternation, 32, As Sajdah, verset 11). Et sur le verset suivant : «Allah
reçoit les âmes au moment de leur mort ainsi que celles qui ne meurent pas au cours de leur sommeil.
Il retient celles à qui II a décrété la mort, tandis qu'il renvoie les autres jusqu'à un terme fixé. Il y a
certainement là des preuves pour des gens qui réfléchissent» (Sourate Azzoumar, 39, Les groupes,
verset 42). Abou El Hassan Chadili, satisfaction d'Allah sur lui, a dit (dans son invocation) : «O Allah,
charge-toi de la prise de nos esprits (âmes) toi-même. Et prends place entre nous et autrui». Le cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui, a répondu comme suit : sachez qu'Allah, le Très-Haut, est celui qui retient les
esprits (âmes) radicalement et proprement. Il a chargé l'ange Azraël de ceci, prière et salut d'Allah sur
lui. Cette fonction d'Azraël décidée par Allah se présente comme une couverture qui cache la conduite
de la puissance divine.
Allah, le Très-Haut, ne montre jamais clairement à quiconque le secret de sa puissance divine.
C'est-à-dire il ne montre jamais l'essence de l'essence1 d'une manière claire et visible. Mais il le décèle
sous forme d'une science couverte d'habits de sagesse. C'est lui le vrai détenteur des esprits (âmes) que
ce soit des points de vue du tréfonds ou de la puissance pure. Et c'est lui qui a chargé Azraël de faire
mourir les gens, dans l'apparence, selon une couverture décrétée. Cette couverture peut être levée
pour certaines personnes, par générosité divine, largesse et spécification de celui qu'il veut. Il n'y a pas
de tuteur pour Allah sur ce qu'il veut faire en général. Allah peut donc se charger lui-même de l'attrait
des esprits des gens sans délégation d'Azraël, paix d'Allah sur lui. Cela ne signifie en aucun cas que les
gens dont les esprits ont été retenus par Allah lui-même, sans délégation d'Azraël sont supérieurs aux
autres. Ce n'est qu'une particularité. Celle-ci ne concerne pas uniquement les gens vertueux supérieurs.
Elle peut concerner aussi ceux qui sont au-dessous d'eux, de tous les points de vue et dans tous les
rangs. On fera allusion à ceci ultérieurement.
Nous soulignons : Allah n'a pas de tuteur, comme dit précédemment. Il fait dans son Royaume ce
qu'il veut. Il le conduit comme il veut. Et ce, pour tout prédicat d'ordre général et absolu. Il peut
spécifier, même par opposition à cet ordre général, celui qu'il veut de sa créature, si ce dernier fait
partie des gens spécifiés par le prédicat en question. Ceci est clair ! Allah peut accorder des

1 - L'essence de l'essence signifie ici la réalité ahmedienne.

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particularités à un être vertueux, en chaque rang. Il peut faire autant en faveur d'un être moins vertueux
que le premier dans certains rangs.
Il a été authentifié que le prophète a dit, prière et salut d'Allah sur lui : «Allah a des serviteurs qui ne
sont ni des prophètes, ni des martyrs. Ils sont admirés par les prophètes et les martyrs pour leur
position auprès d'Allah, le Glorifié, le Très-Haut». Il s'agit, bien entendu du jour de la résurrection. Vous
voyez clairement qu'il y a des particularités qu'Allah peut attribuer à des gens sans qu'il les attribue à
d'autres, beaucoup plus vertueux.
Il s'agit là d'une des meilleures attributions et spécifications. Les prophètes, malgré leur valeur
solennelle et leur rang élevé d'ailleurs, il n'y a pas de rang plus élevé que les siens - souhaitent obtenir
d'Allah un lieu de séjour comme celui de ces gens admirés. Pourtant, ces derniers ne représentent,
relativement au niveau très élevé des prophètes, qu'un point d'une plume dans un océan long d'un
million années, large d'un million années et profond d'un million années.
Le dévoilement du secret de ce récit est comme suit : cette particularité ne touche pas les grands
prophètes puisque leur station est bien au-dessus de cette particularité. Mais ces gens admirés sont
comparables à des enfants assis dans le giron d'Allah. Il les traite par douceur et délicatesse parce qu'ils
sont incapables de supporter le poids de la présence divine et de ses manifestations à ce moment (le
jour de la résurrection). Allah, le Très-Haut a dit : «Et tu verras les gens ivres, alors qu'ils ne le sont pas.
Mais le châtiment d'Allah est dur» (Sourate Le pèlerinahe, 22, Al Hajj, verset 2).
Lorsque la situation devient sublime par les manifestations divines que les esprits ne supportent
guère, Allah offre sa délicatesse aux faibles de ses bien-aimés. Cette offre est bien admirée par les
grands personnages. Elle apaise les faibles et allège la pression autour d'eux, par pitié, et douceur
divine, à cause de leur faible station. Cette douceur les empêche de lancer des larmes et des
geignements à cause de la difficulté qu'ils rencontrent lors de cette manifestation.
Par contre, les prophètes, prière et salut d'Allah sur eux, de par la puissance de leur station qui leur
permet de supporter le poids de la présence divine, de recevoir tout ce qu'elle émet comme
manifestations, et de respecter avec perfection la bienséance exigée, resteront stables à ce moment
comme des montagnes immenses. Les manifestations ne les étonnent pas. Les tempêtes des problèmes
ne les gênent pas.
Allah ne leur confie pas une telle particularité qu'il n'accorde qu'aux faibles de ses bien-aimés. Grâce
à cette particularité, ces derniers pourront supporter leur solitude. Allah, le Très-Haut, considère bien la
station élevée des prophètes et leur position supérieure ainsi que la bienséance qu'elle comporte. Il sait
qu'ils connaissent bien sa sublimité et sa solennité. Ils ne descendront donc pas au niveau de cette
particularité qui émane plutôt de la concupiscence des âmes. Il s'agit bien de la délicatesse divine
offerte aux faibles de ses bien-aimés.
Par contre, pour les grands qui disposent de rangs élevés, cette particularité ne leur convient pas.
Elle n'est pas appréciable non plus de leur part. Dans certains livres saints, Allah a dit : «Les gens forts
n'ont rien à voir avec la concupiscence. Je n'ai permis cette concupiscence qu'aux êtres faibles de ma
créature afin de s'en servir pour m'obéir».
Le rang élevé des prophètes en témoigne. En effet, le prophète Ibrahim, prière et salut d'Allah sur lui,
a été lancé par le Mangonneau en direction du feu. Il n'a pas émis de geignement. Il n'a pas demandé
secours. Il a résisté à la manifestation de l'époque et a été fidèle à la bienséance de la manifestation
divine. Gabriel, l'ange loyal l'a intercepté dans l'espace et l'a interrogé s'il avait besoin de quelque chose.
Il savait que l'ange Gabriel lui a été envoyé par Dieu afin de le sauver de son problème, par diligence
divine. En effet, la station d'ibrahim est élevée auprès d'Allah. Même s'il se penche vers lui en sollicitant
son aide, ce n'est pas un manque de bienséance ni une dégradation de sa position. Ce n'est qu'une
faveur divine qui lui serait parvenue. Mais il a considéré que la sollicitation du secours n'est qu'une
détérioration de son niveau élevé et une diminution de la perfection de sa bienséance.
Il pourrait accepter volontiers cette faveur divine en référence au hadith du prophète (Mohamed),
prière et salut d'Allah sur lui : «Allah vous offre ses permissions ; il faut les accepter». Le verdict suivant
a aussi eu lieu dans la décision divine: «Si ! Si vous endurez et vous avez piété ...» (Sourate La famille Al

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Imran, 3, verset 125). «La victoire ne peut venir que d'Allah, le Puissant, le Sage» (Sourate La famille Al
Imran, 3, verset 126). Mais il s'agit là du signe de la victoire et de l'accomplissement de la joie et de la
réjouissance qui convient à la faiblesse des compagnons ; ceux-ci ne sont d'ailleurs pas des prophètes.
Ainsi, le début de ce verset coranique traduit la position des gens faibles parmi les bien-aimés
d'Allah. La délicatesse divine leur est accordée afin de repousser le lourd fardeau qui les effraye et qu'ils
ne peuvent supporter. La fin du verset est une position de grands personnages parmi des gens
supérieurs. Ils ne prennent en considération qu'Allah, le Très-Haut.
Mais étant donné que :
• Le choix de la permission (de demander secours) constitue une position au-dessous de la
bienséance parfaite.
• Et que la bienséance parfaite consiste à :
 Être fidèle à la perfection de cette bienséance dans la présence divine.
 Être parfait dans le soulèvement de ses lourds fardeaux, tout en étant insensible
aux concupiscences et aux convoitises de l'âme, même si l'on risque la mort.
Ibrahim, prière et salut d'Allah sur lui, a refusé la permission. C'est pour cela qu'il a répondu à l'ange
Gabriel, en lui disant : pour ce qui est de toi, non, je n'ai pas besoin de toi. C'est-à-dire, il ne lui convient
pas de descendre au niveau de la concupiscence de son âme, bien qu'elle fasse partie des faveurs
divines à son égard. Il ne lui convient donc que de se placer aux plus hauts rangs de la bienséance. C'est-
à-dire, qu'il ne s'oriente que vers Allah et qu'il cesse de s'orienter vers toute autre direction relative aux
états des âmes, même s'il risque la mort dans ce choix.
Il a insisté sur sa position lorsque Gabriel lui a conseillé de demander à Allah de le sauver, en
répondant : «Le fait qu'Allah est parfaitement au courant de mon cas, m'épargne de lui demander
secours».
Si vous comprenez ceci, vous saurez la distance qui sépare les stations des prophètes et celles des
gens faibles, mais bien aimés par Allah. Si les prophètes ont souhaité obtenir les positions de ces gens,
c'est par compassion pour leurs communautés, pour ceux qui les ont suivis ainsi que pour leurs proches.
Ils craignent qu'ils ne supportent pas les fardeaux du séjour qui les attend le jour de la résurrection.
Leurs geignements augmenteraient ainsi que leurs pleurs.
D'ailleurs, les êtres humains sont connus par leur affinité envers leurs proches et leurs bien-aimés
ainsi que par leur compassion pour leurs malheurs et souffrances. On retrouve cette caractéristique
même chez les grandes personnalités, de hautes stations (spirituelles). C'est pour cela que les prophètes
souhaitent obtenir les particularités dont bénéficient les faibles personnes qui ne sont pas des
prophètes. Au moins, ceux-ci n'ont pas de communautés derrière eux pour lesquels ils craignent
l'horreur (du jour de la résurrection).
Parmi les particularités que nous avons promis de citer comme exemples au début de la réponse, il y
a celle de Omar et celle de Ammar Ben Yassir, satisfaction d'Allah sur eux. La position spirituelle de ces
deux personnages est inférieure à celle du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. La particularité
d’Omar est la suivante : le prophète lui a dit «Lorsque tu empruntes un chemin, le diable (Satan)
emprunte un autre». Celle d’Ammar est la suivante : le prophète lui a dit qu'il avait la protection
certifiée d'Allah contre la hantise du diable (Satan). Ces deux particularités ne sont pas propres au rang
du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, qui, sans les posséder, les a attribuées à des gens
(spirituellement) inférieurs à lui, prière et salut d'Allah sur lui.
Ces deux particularités sont ancrées dans la réalité Mohammadienne, prière et salut d'Allah sur lui.
D'ailleurs, le prophète est l'origine rassembleuse. Omar et Ammar ne sont que deux de ses
ramifications. Il a donc fait apparaître la particularité dans sa ramification sans l'exposer dans son
origine rassembleuse, c'est-à- dire sans l'exposer à son niveau, prière et salut d'Allah sur lui. On cite
aussi la particularité d'ibrahim, prière et salut d'Allah sur lui. Il sera le premier homme qui portera des
habits le jour de la résurrection. Cette particularité n'est pas propre au prophète (Mohamed), prière et
salut d'Allah sur lui. On cite aussi le cas de Moïse, prière et salut d'Allah sur lui. C'est le seul homme
barbu de tous les êtres humains du paradis. Ce n'est pas non plus une spécification du prophète

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(Mohamed), prière et salut d'Allah sur lui. Et ce malgré le haut rang du prophète qui est bien supérieur
aux autres rangs.
On peut citer aussi l'exemple d’Assaf Ben Barkhya et du prophète Solayman (Salomon), prière et
salut d'Allah sur lui. Salomon a demandé à Assaf de lui apporter le trône de Balkis. Allah a rapporté
difficulté de son opposition à leurs intérêts personnels. Ils ne considèrent rien d'autre que cette
présence divine.
Tel est l'état des prophètes. Ils sont loin d'être attirés par la réalisation des prodiges et des violations
de traditions. Mais lorsqu'il faut présenter des preuves ou des démonstrations sur la crédibilité de leurs
messages divins, le recours à ces violations de traditions est parfois concrétisé afin d'apporter un certain
témoignage. Cette violation est nommée, dans la terminologie musulmane «miracle». Une fois que le
miracle est effectué, le prophète abandonne la violation des traditions, sauf dans le cas d'un ordre divin.
Ce dernier peut s'inscrire en dehors de la démonstration de la crédibilité de la prophétie et du message
divin. L'exemple des trois affaires de Moïse, prière d'Allah sur lui, illustre bien ce cas de figure :
• Allah dit : «Alors Nous révélâmes à Moïse : Frappe la mer de ton bâton. Elle se fendit alors,
et chaque versant fut comme une énorme montagne» (Sourate Les poètes, As Shoârah, 26,
verset 63).
• Allah dit : «Et rappelez-vous, quand Moïse demanda de l'eau pour désaltérer son peuple,
c'est alors que Nous dîmes : Frappe le rocher avec ton bâton. Et tout d'un coup, douze
sources en jaillirent, et certes, chaque tribu sut où s'abreuver. Mangez et buvez de ce
qu'Allah vous accorde; et ne semez pas de troubles sur la terre comme des fauteurs de
désordre» (Sourate La vache, Al Bakarah, 2, verset 60).
• Allah dit : «Et rappelez-vous, lorsque Moïse dit à son peuple: Certes Allah vous ordonne
d'immoler une vache. Ils dirent : Nous prends-tu en moquerie ? Qu'Allah me garde d'être
du nombre des ignorants, dit-il» (Sourate La vache, Al Bakarah, 2, verset 67).
Toutes ces situations ont eu lieu à la suite d'un ordre divin, bien qu'elles soient sans relation avec la
confirmation de la prophétie et du message divin. L'ordre d'Allah ne peut en aucun cas ne pas être
exécuté. Les saints, par contre, ne se penchent vers les prodiges qu'à la suite de la faiblesse qu'ils ont
devant les fardeaux de la présence divine. Ils ne résistent pas aux difficultés des manifestations. Ils se
penchent alors vers les prodiges afin d'alléger leur âme de la pression de ce qui leur parvient. Ils le font
aussi pour le plaisir des concupiscences. Ils sont excusables. Allah ne leur a pas accordé la force des
prophètes. C'est ainsi que Salomon ne s'est pas rabaissé en effectuant le prodige exécuté par Assaf,
parce qu’il est ancré dans sa haute station spirituelle.
Si vous dites : «Puisque le prophète Salomon occupe cette station et ça ne lui convient pas d'avoir
une telle particularité qui n'est pas conforme à sa station, pourquoi s'est-il alors rabaissé en la
demandant auprès de l'assistance ?». La réponse est la suivante : sa station est effectivement
caractérisée par ce que nous avons déjà mentionné. Mais Allah l'a favorisé dans son Royaume, en
mettant à sa disposition toute la créature. Allah dit : «Ils exécutaient pour lui ce qu'il voulait:
sanctuaires, statues, plateaux comme des bassins et marmites bien ancrées. O famille de David,
œuvrez par gratitude, alors qu'il y a peu de Mes serviteurs qui sont reconnaissants» (Sourate Saba, 34,
verset 13).
Assaf faisait partie de ce qui était mis à sa disposition. Il lui a exécuté cette tâche particulière. Les
vents étaient aussi mis à sa disposition et sous sa gouvernance. Ces vents le portaient ainsi que son
armée et les lançaient sur des distances qui exigeaient un mois aller et un mois retour pour les
parcourir. Cette mise à disposition est comparable chez la créature par la mise à disposition des mains
et des pieds.
Sans vouloir se rabaisser et descendre de sa station élevée, il a chargé (pour ce travail) Assaf qui est
mis à sa disposition, sous sa direction, afin de lui effectuer ce qu'il veut. Ceci est un don d'Allah, il
dispose de ceci par ordre divin. Il ne fait rien pour lui-même. Son cœur est bien ancré dans sa station.
Fin de citation.

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Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le verset coranique suivant : «Nous avions proposé
aux cieux, à la terre et aux montagnes la responsabilité de porter les charges de la loyauté. Ils ont
refusé de la porter et en ont eu peur, alors que l'homme s'en est chargé, car il est très injuste envers
lui-même et très ignorant» (Sourate Les coalisés, Al Ahzab, 33, verset 72).
Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, comme suit : la loyauté est l'exécution des tâches relatives
aux droits du rang du Vrai, dans toutes ses significations qu'elles soient liées à la créature ou à la
divinité. Les deux et la terre n'ont pas pu porter la charge de cette loyauté et en ont eu peur. Par contre,
l'homme s'en est chargé.
Il s'agit ici de l'homme parfait par lequel Allah protège l'ordre de l'univers et grâce auquel Allah
couvre de sa clémence tout l'univers. La vertu de tout l'univers est tributaire à lui. Il est la vie de tout
l'univers. C'est par lui que l'univers subsiste. S'il disparaît de cet univers ne serait-ce qu'en un clin d'œil,
tout l'univers se transformera à néant en moins d'un clin d'œil. C'est ce qu'on appelle, dans le langage
du commun, le pôle des pôles, ou le "Ghaout" rassembleur.
La signification des qualificatifs «injuste, ignorant» est la suivante : il est injuste parce qu'il dépasse la
limite de l'humanité et la limite de la créature. Il sort pour exécuter les droits du rang du Vrai, là où il n'y
a ni «lieu» (où), ni mode (comment), ni image, ni limite. Personne ne peut arriver là, sauf Allah, seul.
C'est la signification de son injustice. Il a dépassé le rang des êtres créés alors qu'il est incapable
d'assumer cette responsabilité. Ce à quoi il s'est exposé n'a ni extrémité ni fin. Il est impossible de le
cerner. Allah a dit : «Il connaît ce qui est devant eux et ce qui est derrière eux, alors qu'eux-mêmes ne
Le cernent pas de leur science» (Sourate Taha 20, verset 110).
Voilà la signification de l'ignorance. Mais l'injustice qui lui a été attribuée dépend des rangs affectés
par Allah à ses serviteurs. L'ignorance qui lui a été attribuée est le désaveu de la capacité de cerner
l'essence de Sa solennité. Il s'agit ainsi du maximum que l'on peut connaître sur Allah. Cette
connaissance est au-dessus de tous les cercles, c'est-à-dire les cercles des véridiques (de la seddiqiya).
Chaque type de connaissances des véridiques présente un cercle qui le délimite et qu'il ne peut
dépasser.
L'homme parfait a dépassé tous ces cercles. Il est arrivé à la connaissance d'Allah, le Très-Haut, à un
niveau où l'on ne peut pas cerner l'essence de Sa solennité: pas de limite, pas de «comment», pas
d'«où», pas d'image, pas de cercle. Il voyage dans cette mer qui n'a pas de limite.
Si toutes les créatures avaient prélevé de cette mer une (moindre) particule infinitésimale, l'univers
en totalité aurait alors été démoli et serait réduit à néant, en moins d'un clin d’œil. Il aurait été brûlé par
l'ampleur de la solennité. Personne ne peut supporter le séjour dans ce rang et donner à toutes les
manifestations leurs droits, sauf le singulier rassembleur «Fard El Jamiô», qui est nommé, selon la
langue des gens du commun «pôle des pôles».
Si vous regroupez l'adoration de tous les mondes, sauf celle des anges, messagers, prophètes et
compagnons (des prophètes), et vous groupez toute cette adoration depuis la création de l'univers
jusqu'au souffle dans la trompe, tout cela ne représentera même pas l'équivalent d'un simple clin d'œil
de l'adoration du pôle des pôles, relativement à son âge et à son rang (spirituel). Fin de la dictée du
cheikh, à partir de sa mémoire et de ses propres mots.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le verset coranique suivant : «Allah efface ou
confirme ce qu'il veut. Et l'Écriture primordiale est auprès de Lui» (Sourate Le tonnerre 13 Arraâd,
verset 39). Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : sachez que le sens du verset selon
l'exégèse concerne les actes de l'élite des gens. Ces actes sont relatifs aux objectifs auxquels ils
s'attachent: infirmation ou affirmation, bienfaisance ou nuisance. Allah efface ce qu'il veut de cela, et
rien ne se réalise donc de leurs objectifs. Et Allah confirme aussi ce qu'il veut. L'existence d'une chose et
son annulation apparaissent ainsi dessinées sur le tableau de l'apparition. Telle est donc l'explication de
l'effacement et de la confirmation.
Par contre, tout ce qui se rattache à Sa volonté est confirmé. Il ne s'efface pas. On peut expliquer le
verset coranique de la manière suivante: les destins divins ont été dessinés dans la table gardée. Allah
en a effacé la partie qui dépend d'une cause donnée ou de l'enlèvement d'une certaine contrainte. Il a

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aussi confirmé et a fait apparaître sur la table de l'univers tout ce que sa volonté a décidé. Ce qui est
effacé n'était pas décidé par la volonté.
De même, la table gardée se divise en:
1. «l'Écriture primordiale» qui comprend tout ce qui est confirmé et qui ne change pas. On
distingue aussi:
2. Les tables de l'effacement et de la confirmation, en dehors de l'Écriture primordiale. Elles
comprennent :
a- tout ce qui est conforme avec la volonté divine ; il est alors stable et n'est pas touché
par l'effacement ; et
b- -tout ce qui n'est pas conforme avec la volonté. Allah l'a fait apparaître sur la table
gardée, avec une certaine dépendance, d'une condition ou d'une cause donnée. Si
cette condition n'existe pas, rien ne se passera alors. Il va de même au sens de la
décision de la volonté divine.
On peut citer d'autres significations de ce verset coranique, selon le mode d'exégèse: Allah efface ce
qu'il veut des œuvres de certaines personnes responsables. S'il s'agit de bonnes œuvres, il peut les
annuler et les infirmer. S'il s'agit de mauvaises œuvres, il peut les pardonner et les effacer.
Puis, Allah confirme ce qu'il veut de ces œuvres. S'il s'agit de bonnes œuvres, il peut les affirmer et
bien récompenser les bienfaiteurs. Pour ce qui est mauvais, Allah peut l'affirmer aussi, et bien punir les
malfaiteurs. C'est là qu'Allah efface ce qu'il veut et confirme. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction
d’Allah sur lui, à partir de sa mémoire et de ses propres mots.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le verset coranique suivant : «Allah vous met en
garde à l'égard de Lui- même. Et c'est à Allah le retour» (Sourate Al Imran 3 La famille Imran, verset
28). Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : concernant le domaine de la loi religieuse
islamique (charia), le verset signifie qu'Allah vous met en garde à l'égard de Lui-même pour le craindre
et ne pas être sûr que vous êtes à l'abri de son stratagème, surtout quand il vous accorde ses aubaines
et quand il repousse de votre entourage les maux et les châtiments. Il vous accorde tout cela le long des
jours et des nuits. Méfiez-vous de son stratagème dans ce cas. Seuls les gens, à qui le supplice d'Allah,
solennité à lui, est destiné, se sentent à l'abri du stratagème d'Allah.
Par ailleurs, dans le domaine de la réalité, le verset «Allah vous met en garde à l'égard de
Lui-même» signifie : ne cherchez pas et ne demandez pas à savoir l'essence de l'Entité suprême. Cela ne
vous est pas commode, parce que vous n'êtes pas capables de le supporter. Attention : vous risquez des
sinistres à cause de votre demande-ci. Arrêtez-vous aux limites de la loi religieuse du prophète, prière et
salut d'Allah sur lui. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d’Allah sur lui.
Le prophète Chouaïb, prière et salut d'Allah sur lui, a dit, lorsque son peuple lui a demandé
d'abandonner sa religion et de revenir à la leur : «Il ne nous appartient pas d'y retourner à moins
qu'Allah notre Seigneur ne le veuille» (Sourate Al Aâraf, 7, verset 89).
Il a dit cela, alors qu'il sait parfaitement qu'Allah l'a protégé de l'incroyance avec une protection
certifiée. Mais il sait aussi qu'il ne cerne pas complètement la science d'Allah ; d'où sa précision «à
moins qu'Allah notre Seigneur ne le veuille». C'est pour la même raison que les prophètes Moïse et
Mohamed, prière et salut d'Allah sur eux, ont aussi éprouvé de la crainte. Fin de la dictée du cheikh,
satisfaction d’Allah sur lui, à partir de sa mémoire et de ses propres mots.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a été interrogé par certains étudiants sur le sens du verset
coranique suivant : «Et à David Nous fîmes don de Salomon, - quel bon serviteur! - Il était plein de
repentir» (Sourate Sad 38, verset 30).
Allah a dit également : «Quand un après-midi, on lui (Salomon) présenta de magnifiques chevaux
de course, il dit : Oui, je me suis complu à aimer les biens (de ce monde) au point [d'oublier] le rappel
de mon Seigneur jusqu'à ce que [le soleil] se soit caché derrière son voile» (Sourate Sad 38, versets
31-32). La problématique concerne le prophète Salomon qui a oublié d'exécuter la prière au moment
opportun. Or, les prophètes, prière et salut d'Allah sur eux, ne leur est pas permis de s'occuper d’autre

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chose que de l'ordre d'Allah. Ils ne peuvent pas être inattentifs vis-à-vis de la présence divine au point
de ne pas lui donner ses droits.
Une autre problématique concerne le verset suivant : «Ramenez-les (les chevaux) moi. Alors il se
mit à leur couper les pattes et les cous» (Sourate Sad 38, verset 33). Cela constitue un détraquement
sur la terre. Or, une telle dépravation ne peut pas être acceptée d'un prophète !
La réponse à la première problématique consiste à dire que le prophète Salomon, prière et salut
d'Allah sur lui, veillait au maximum à la bienséance vis-à-vis de la présence divine. C'est aussi le cas de
tous les prophètes, prière et salut d'Allah sur eux. Ils ne peuvent pas être inconscients à l'égard d'Allah
ne serait-ce en le moindre clin d'œil. Il a raté la prière de l'après-midi à cause de l'exposition des
chevaux, qui constitue également une obéissance sublime. Ces chevaux ont été préparés en vue de
lutter pour la noble cause d'Allah «Jihad». Il les examinait dans ce but).
Le Jihad (la guerre sainte) constitue dans toutes les religions un des grands moyens de se rapprocher
d'Allah. En assistant à l'exposition des chevaux, il était donc en pleine obéissance à Allah. Il pensait au
Jihad (et non pas à la beauté des chevaux). Cette occupation par le jihad est un vrai jihad, malgré
l'absence des épées.
Le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, en témoigne : «Le serviteur est considéré en
pleine prière s'il attend le moment d'une autre prière». Un autre hadith dit : «Celui qui a fait sa prière et
reste assis à sa place en attendant la prochaine prière est en pleine prière. Il a dit trois fois: "C'est ça le
lien d'attachement" (le Ribat)».
Le mérite du "Ribat" (le lien d'attachement) est connu dans les prédicats. Il est donc clair que celui
qui s'occupe d'une forme d'obéissance à Allah et de l'analyse de ses exigences et de ce dont elle a
besoin se trouve exactement en pleine obéissance. Le prophète Salomon, prière et salut d'Allah sur lui,
en examinant les chevaux, était ainsi en plein jihad pour la cause d'Allah. Celui qui se trouve en plein
jihad (la guerre sainte), s'il oublie le moment opportun de la prière, à cause de l'intensité des épées, rien
ne pourra lui être reproché selon la loi religieuse.
Le prophète (Mohamed), prière et salut d’Allah sur lui, le jour du "Khandaq" (la tranchée), a raté
également la prière de l'après midi "al âssr" quand il était en plein jihad. Il a dit : «Ils nous ont
préoccupés jusqu'à ce que nous ayons raté la prière médiane». Il a voulu dire qu'il l'a oubliée à cause
des effets des épées.
Dans ces conditions, il était occupé par une obéissance au détriment d'une autre obéissance.
L'occupation par ce qui est pour Allah au détriment de ce qui est pour Allah, ne fait pas l'objet de
reproches. Il serait blâmé s'il s'était occupé plutôt de ses intérêts personnels et de ses concupiscences. Il
mériterait dans ce cas l'admonition. Le prophète Salomon, prière et salut d'Allah sur lui, quant à lui, il
était en jihad pour la cause d'Allah. Donc c'est exactement le cas du prophète (Mohamed), prière et
salut d'Allah sur eux, le jour de la guerre du "khandaq" (la tranchée).
Notons qu'il y a là une anecdote. Seuls les grands gnostiques s'en rendent compte : les gnostiques
subissent en effet des chocs à la suite de la forte intensité de la manifestation divine et de l'influence de
la solennité. Il se peut que ce choc soit tellement excessif qu'ils ne fassent plus attention au culte qu'ils
sont en train d'effectuer. Cela fait partie de l'effet de la manifestation divine. Ce qui leur est demandé
dans la présence divine c'est le respect des droits des moments à chaque instant. Il ne faut pas qu'ils
soient inattentifs à l'égard d'un des droits divins. Il se peut qu'ils soient enveloppés de partout à la suite
de l'ampleur de l'influence de la manifestation divine, au point de ne pas faire attention à la sortie du
moment du culte dû, alors qu'ils sont anéantis devant l'intensité de ce qui leur arrive.
C'est le cas de l'oubli du prophète (Mohamed), prière et salut d'Allah sur lui, qui a terminé une prière
à quatre (Rakaâtes) en une prière à deux, jusqu'à ce que "Dou El Yadayn" lui ait fait la remarque.
Il lui a dit : «O, Messager d'Allah. Est-ce que la prière a été raccourcie ou bien as-tu oublié? Il a
répondu Non et je n'ai rien oublié!». Au début, le prophète l’a informé qu'il n'a pas reçu de révélation
concernant le raccourci de la prière. Donc il lui a répondu que la prière n'a pas été raccourcie. Quant à
sa précision : je n'ai rien oublié. Il l'a informé de son inattention qui l'a entraîné à ne pas achever son
culte, et qui est due à l'influence de la manifestation divine. Sinon, il lui est impossible d'être inattentif

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dans la prière. Celle-ci est bien située dans la présence divine. Elle constitue le principal pilier (de l'islam)
qu'il faut bien considérer et bien soigner.
Concernant le verset suivant : «Ramenez-les moi. Alors il se mit à leur couper les pattes et les cous»
(Sourate Sad 38, verset 33).
La problématique consiste à dire que ce grand et respectueux messager d'Allah a tué des chevaux et
leur a coupé les pattes sans motif valable. Les animaux ne sont responsables de rien du tout et ne font
de mal à personne. Ils sont assujettis à l'homme. Comment les a- t-il alors tués ? Cette tuerie est une
dépravation sur la terre, alors qu’il est un messager d'Allah et l'on ne s'attend pas de lui à faire de telles
choses.
La réponse à cette problématique est la suivante: sachez que les chevaux et tous les animaux en
général ainsi que tous les biens et l'argent sont assujettis à l'homme, et mis sous sa gestion, et ce par
décision de la volonté divine. Il peut en faire ce qu'il veut. Cependant, il est interdit de tuer les animaux
sans motif. Mais il s'agit bien ici d'un messager d'Allah et d'un législateur.
Il les a tués parce qu'ils l'ont préoccupé jusqu'au point d'oublier un droit divin, et ce malgré sa grande
vigilance à l'égard de ce droit. Il a alors décrété cette loi qui consiste à tuer tout ce qui préoccupe le
serviteur au détriment du droit d'Allah. C'est un législateur qui est en mesure de décréter une loi
religieuse dans ce sens. Si cette tuerie est interdite dans notre législation religieuse, elle ne l'est pas
dans la sienne. On n'a pas le droit de désapprouver ce qu'il a décrété dans sa législation. Il est en effet
un messager législateur. D'ailleurs, Allah lui a fait des compliments et l'a compté parmi les bien-guidés. Il
a même ordonné à notre prophète (Mohamed), prière et salut d'Allah sur lui, de le prendre comme
modèle. Allah a dit : «Et parmi sa descendance (d'Abraham) (ou de Noé) David et Salomon ...» (Sourate
Les bestiaux 6 Al Anâm, verset 84).
Et ainsi de suite jusqu'au dernier prophète mentionné. Puis Allah a dit à leur égard : «C'est à eux que
Nous avons apporté le Livre, la sagesse et la prophétie» (Sourate Les bestiaux 6 Al Anâm, verset 89). Il
a ensuite dit à leur égard : «Voilà ceux qu'Allah a guidés: Suis donc leur direction» (Sourate Les
bestiaux 6 Al Anâm, verset 90). Cela est suffisant comme preuve sur la droiture de ce qu'il a effectué. Il
ne faut pas faire d'objection à son acte parce qu'il est un législateur. Allah lui a fait des compliments et a
considéré sa guidance. Voilà la réponse à votre problématique. Paix sur vous. Fin de la dictée du cheikh,
à partir de sa mémoire et de ses propres mots, satisfaction d'Allah sur lui.
Je lui ai posé la question suivante, satisfaction d'Allah sur lui : «Au nom d'Allah, le très
miséricordieux, le tout miséricordieux. Prière et salut d'Allah sur le prophète, Sidna Mohamed, ses
proches et ses compagnons. Messieurs, satisfaction d'Allah sur vous. Qu'il vous satisfasse. Qu'il vous
accorde la vue du visage de votre seigneur et la rend, pour vous, un lieu de détente et de demeure.
Qu'Allah vous prolonge la vie pour en faire bénéficier les serviteurs dans toutes les régions du pays. Je
sollicite votre réponse suffisante qui arrose la soif et guérit la maladie afin de nous éclairer sur la
signification de "l'accompagnement" (traduit par la préposition avec) mentionné dans le verset
coranique suivant : «Et II est avec vous où que vous soyez» (Sourate Le fer, 57, Al Hadid, verset 4) et
dans le verset suivant: «... Sans qu'il ne soit avec eux, là où ils se trouvent...» (Sourate Discussion, 58
Mujadalh, verset 7) ou dans d'autres versets semblables.
Je voudrais aussi savoir le sens du mot "proche" dans le verset suivant : «Et que Nous sommes plus
proche de lui que vous, qui l'entourez, mais vous ne le voyez point» (Sourate L'évènement, 56, Al
Waqiâ, verset 85) et dans le suivant : «Et Nous sommes plus près de lui que sa veine jugulaire»
(Sourate Qaf, 50, verset 16).
Les savants ont apporté des réponses différentes selon leurs compréhensions. Certains parmi eux
ont expliqué "l'accompagnement" en disant : «Allah est avec vous par son savoir». D'autres ont dit : «Il
est avec vous par son Entité». Chacun des savants a ses preuves et ses témoignages. Mais celui qui dit :
«Allah est avec vous par son savoir» a fui la partialité et la localisation. Celui qui a évoqué l'Entité s'est
créé une opposition à sa doctrine. Nous souhaitons que notre cheikh nous montre la vérité par un texte
guérissant et une réponse suffisante. Qu'Allah vous récompense. Que le salut d'Allah soit sur notre
cheikh, ainsi que sa clémence et sa bénédiction.

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La réponse, qu'Allah nous accorde succès, de par Sa largesse et Sa générosité : sachez que
l'accompagnement d'Allah, le Très-Haut, à tout être créé de cet univers ainsi que sa proximité de lui sont
deux "attributs d'âme" liés à l'essence de Son Entité. Celle-ci est inconcevable et aucun intellect humain
n'est capable d'arriver à en sentir l'odeur en vue d'atteindre sa vérité. De même, aucun intellect humain
n'est capable d'arriver à comprendre la réalité de l'accompagnement d'Allah à tout être créé ou sa
proximité de tout être créé. Il est, Gloire à lui, avec tout être créé par Son Entité. Il est aussi très proche
de tout être créé par Son Entité, mais selon un certain aspect inconcevable par l’intellect humain
concernant ces deux réalités.
Son Entité suprême, solennité à Allah, est haute et pure. Elle est sacrée et au-dessus des limites de la
particule et du corps, de leurs besoins et de leurs exigences, de l'entrée et de la sortie, du
rapprochement et de l'éloignement, de l'union et de la séparation, de la partialité et de la localisation,
de l'enfermement circonstanciel, de l'image, de la couleur, du vieillissement et de la jeunesse. Et ainsi de
suite sans oublier les limites liées au caractère statique ou dynamique du corps, son état solide ou
liquide, s'il a rempli l'univers ou s'il en est une partie, etc. Les corps présentent de nombreuses
limitations. Ce n'est pas la peine de continuer à les citer.
C'est pour cela qu'aucune illusion ni raison ne peuvent arriver à déterminer son Entité suprême. Au
moment de la réflexion, elles sont en effet bornées par les limites du corps et de ses besoins.
L'essence de l'Entité suprême est au-dessus des capacités de l’intellect, du sens, et de la pensée,
comme l'ont signalé en guise de définition certains gnostiques : Allah ne s'assimile pas dans l'âme. Il ne
se spécifie pas dans l'esprit. Il ne figure pas dans l'imagination. Il ne s'adapte pas à l’intellect. Il n'est pas
atteint par les intellects et les pensées. Il n'est pas encerclé par les régions ni par les pays.
Et puisque l'intellect et la pensée sont très limités dans ces compréhensions, et sont incapables de
les dépasser, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a mis fin à toute recherche dans ce domaine, en
disant : «Méditez dans sa créature et ne méditez pas en lui (en Allah). Vous êtes incapables de lui
donner (à Allah) la valeur qu'il mérite». Étant donné que l'authentification de l'essence de l'Entité
suprême est ainsi faite, alors l'accompagnement d'Allah, par son Entité, à chaque particule des
créatures, et sa proximité de chaque particule des créatures sont deux "attributs d'âme" dont la
conception est liée à celle de l'essence de l'Entité suprême. Et puisque la conception de l'essence de
l'Entité suprême est interdite (selon la loi religieuse) et il est impossible d'y arriver ni par l'intellect ni par
la pensée.
Il en est de même pour la conception de ces deux qualificatifs: accompagnement et proximité
(d'Allah) de tout être créé, parmi les créatures. Cette conception est impossible. Elle est au-dessus des
capacités de l'intellect et du sens. Il n'y a ni contact, ni séparation, ni distance pour le rapprochement ou
l'éloignement. Il n'y a ni circonstance, ni incarnation, ni endroit, ni entrée, ni sortie, ni pluralité de
l'Entité suprême selon le nombre de ces accompagnements.
Tenez! Je vais vous décrire un aspect supplémentaire. Une fois assimilé, il va vous éclaircir davantage
ce domaine. Cet aspect concerne uniquement ce qui est contingent, et non pas ce qui est éternel. En
effet, l'homme se trouvant au paradis possède, par exemple, des houris dont le nombre dépasse celui
des anges, il le dépasse par des multiples. Pourtant, il peut s'accoupler en un seul instant avec elles,
toutes en même temps.
Il trouve du plaisir avec chacune d'elle, individuellement, selon sa spécificité, en même temps. Il
s'accouple avec chacune d'elle par son entité unique, avec un accouplement concret, dans un endroit
unique pour chaque accouplement, sans pluralité de l'entité ni de l'endroit, et sans pluralité du même
moment. Il n'y a aucun retard, ni avance, ni association dans leurs entités dans un même endroit.
Mais la conception de ceci dans ce monde d'ici-bas, ne peut avoir lieu qu'en dehors de l'intellect et
du sens. Elle est pourtant concrète dans le domaine de la puissance divine. Cette information risque de
ne pas être admise par ceux dont l’intellect est borné. Par contre, les prédicats authentiques et les
hadiths certifient qu'effectivement l'homme parmi les gens dignes du paradis, s'accouple avec toutes
ses femmes, pendant un jour de longueur identique à celle des jours du monde d'ici-bas, mais il reste en

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accouplement avec chacune d'elle pendant un temps équivalent à soixante-dix ans pour une seule
journée des jours du monde d'ici- bas.
Si vous comprenez ceci à l'égard du contingent et vous l'admettez, vous pourrez alors le prendre
comme échelle pour admettre la proximité et l'accompagnement de l'éternel à chacune des particules
de l'univers, une par une, à chaque instant, sans avance, ni retard, ni séparation, ni multiplication. Cette
réponse est suffisante pour celui qui a bien compris.
Par contre, l'objection évoquée dans votre question, qui consiste à dire qu'il était obligatoire d'avoir
une pluralité dans le nombre des entités du Vrai selon le nombre des contingents, etc. La réponse à ceci
est la suivante : cette imagination qui permet cette illusion dépravée ne concerne que la station du sens
et de l'intellect.
On a déjà dit que la proximité d'Allah et son accompagnement pour les êtres créés ne doivent être
interprétés qu'en dehors du sens et de l'intellect. Ces derniers n'ont aucune chance de comprendre
cette réalité, je veux dire la proximité d'Allah et son accompagnement, sauf en cas de compréhension de
la réalité de l'essence de l'Entité suprême. On a dit également que la compréhension de l'essence de
l'Entité suprême est vraiment éloignée de ce que permettent comme compréhensions le sens et
l'intellect.
De même, cet accompagnement et cette proximité de l'Entité suprême sont vraiment très loin de la
compréhension selon le sens et l'intellect. L'infirmation de cette imagination et de cette illusion est
certaine. Elles ne peuvent pas être à la base de la conception de l'Entité suprême. Elles impliqueraient
en effet, l'enrobage de l'Entité suprême, l'enveloppement des êtres créés par l'accompagnement et la
proximité, ainsi que la pluralité de ces deux derniers selon le nombre des contingents.
Or, on a déjà dit que l'essence de l'Entité suprême et sa proximité des êtres créés ne doivent être
considérées qu'en dehors de l'intellect et du sens. Ainsi, l'imagination doit être infirmée, d'après ce qui a
été mentionné.
Quant à l'interprétation qui consiste à dire qu'Allah est avec les êtres créés par Ses attributs, tels que
la puissance, la volonté, le savoir, et ainsi de suite, la réponse est la suivante : ce propos implique la
localisation et la partialité de l'Entité suprême; or cela est faux. En effet (si l'on suppose qu'Allah est
avec les êtres créés par Ses attributs) : chaque fois que l'Entité suprême accompagne des êtres
contingents, cela sous-entend que cette Entité se trouve à l'extérieur de tous ces êtres. Il s'en suit donc
qu'elle est à l'extérieur du globe terrestre en entier.
Il en découle alors 2 cas :
1er cas : soit qu'elle contourne tout l'univers. Or, ce contournement lui est circonstanciel, alors
que le globe terrestre est à son intérieur ; ce qui est impossible. En effet, cela relève des limites du
corps !
2ème cas : soit que l'Entité suprême ne contourne pas ce globe terrestre, elle se trouvera alors
nécessairement dans un coin donné, en haut, en bas, à droite, à gauche, derrière, devant. Or, c'est
l’objet de la fuite de celui qui a fui la localisation ; il est tombé dans son piège !
En effet, chaque fois qu'on dit que l'Entité suprême est à l'extérieur du globe du monde, il est
obligatoire ou bien qu'elle le contourne d'une manière circonstancielle, ou bien qu'elle se positionne
dans une zone donnée du globe. Les deux cas sont impossibles, raisonnablement. Il ne reste donc
qu'une seule possibilité : l'Entité suprême est avec tout être créé, mais selon l'aspect qui convient à Sa
solennité. Qu'Allah, le Très-Haut, soit au- dessus de tout ce qu'ils disent. Fin de citation.
Quant à l'accompagnement mentionné dans les versets coraniques suivants, il peut signifier la
protection certifiée (contre les péchés). Allah dit : «Ne craignez rien. Je suis avec vous: J’entends et Je
vois» (Sourate Taha 20, verset 46), et il dit : «Quand ils étaient dans la grotte et qu’il disait à son
compagnon: Ne t’afflige pas, car Allah est avec nous» (Sourate Le repentir, 9 At Thawbah, verset 40), et
ici : «J’ai avec moi mon Seigneur qui va me guider» (Sourate Les poètes, 26, Shoâra, verset 62). Il s'agit
donc de l'accompagnement de la victoire et de la protection certifiée. Allah dit (en faisant allusion au
même type d'accompagnement) : «Ne faiblissez donc pas et n'appelez pas à la paix alors que vous êtes

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les plus hauts, qu'Allah est avec vous, et qu'il ne vous frustrera jamais du mérite de vos œuvres»
(Sourate Mohamed, 47, verset 35). De même, ici : «Et soyez endurants, car Allah est avec les
endurants» (Sourate Le butin, Al Anfal, 8, verset 46). De même, ici : «Et Allah est avec les endurants»
(Sourate Le butin, Al Anfal, 8, verset 66) et ici : «Certes, Allah est avec ceux qui L'ont craint avec piété
et ceux qui sont bienfaisants» (Sourate An Nahl, 16, les abeilles, verset 128).
L'accompagnement mentionné dans ces versets concerne ainsi la spécificité, la sollicitude, la victoire
et la protection certifiée. Par contre, l'accompagnement par l'Entité ne concerne ni victoire ni
protection. Allah est avec tout être créé, quel qu'il soit : ennemi, ami, proche ou lointain. Il est ainsi
décrit. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, à partir de sa mémoire et de ses propres
mots, lors d'un seul conseil, Qu'Allah éternise son éminence de par Sa largesse et Sa générosité, amen.
On l'a interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le sens du verset coranique suivant : «Nous vous
éprouverons certes afin (de connaître) de distinguer ceux d'entre vous qui luttent pour la cause
d'Allah et qui endurent, et afin d'éprouver [faire apparaître] vos nouvelles» (Sourate Mohamed, 47,
verset 31).
Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, comme suit : L'épreuve est de deux types :
1. Ou bien sous forme d'examen et de test, comme dans le verset coranique suivant : «O les
croyants! Allah va certainement vous éprouver par quelque gibier à la portée de vos mains
et de vos lances. C'est pour qu'Allah sache celui qui le craint en secret. Quiconque après
cela transgresse aura un châtiment douloureux» (Sourate La table servie, Al Ma'ida, 5,
verset 94). Et comme dans le verset suivant : «Nous vous éprouverons certes afin (de
connaître) (ou de distinguer) ceux d'entre vous qui luttent pour la cause d'Allah et qui
endurent, et afin d'éprouver (faire apparaître) vos nouvelles» (Sourate Mohamed, 47,
verset 31)
2. Ou bien sous forme de supplice, comme dans le verset suivant : «Pensez-vous entrer au
Paradis alors que vous n'avez pas encore subi des épreuves semblables à celles que
subirent ceux qui vécurent avant vous? Misère et maladie les avaient touchés; et ils furent
secoués jusqu'à ce que le Messager, et avec lui, ceux qui avaient cru, se fussent écriés
'Quand viendra le secours d'Allah' ? Quoi! Le secours d'Allah est sûrement proche»
(Sourate La vache, Al Bakarah, 2, verset 214).
Par ailleurs, dans le verset suivant : «... afin de (connaître) (ou de distinguer) ceux d'entre vous qui
luttent pour la cause d'Allah ...» (Sourate Mohamed, 47, verset 31). Cette distinction ne concerne que
l'apparence et non pas le savoir originel. Le savoir originel les englobe, en effet, totalement. Il englobe
ce qui émane d'eux, et ce qui va leur arriver.
Mais c'est un savoir caché, qui n'apparaît pas dans l'univers, contrairement au savoir apparent. On
peut citer le verset suivant pour illustrer le cas du savoir apparent : Allah dit: «Et parmi eux, il en est qui
avaient pris l'engagement envers Allah. S'il nous donne de Sa grâce, nous payerons, certes, la Zakat, et
nous serons du nombre des gens de bien. Mais, lorsqu'il leur donna de Sa grâce, ils s'en montrèrent
avares et tournèrent le dos en faisant volte- face» (Sourate Le repentir, At Thaoubah, 9 ; versets
75-76). Ce verset a dénoncé les mécréants et a exposé leur état d'âme. Il s'agit alors du savoir apparent.
Paix sur vous. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le sens du verset coranique suivant : «Et II apprit à
Adam tous les noms (de toutes les choses)...» (Sourate La vache 2, Al Bakarah, verset 31). S'agit-il de lui
apprendre tous les noms d'Allah, internes et externes, avec une maîtrise totale, y compris les noms
qu'Allah a cachés à ses créatures et même à son prophète, prière et salut d'Allah sur lui, ou bien s'agit-il
uniquement de noms dont l'univers a besoin ?
Si l'on dit qu'il s'agit de noms relatifs aux créatures, quel est alors l'intérêt du mot "Tous" (tous les
noms)? Si l'on dit qu'il s'agit d'une maîtrise totale, comment cela serait-il possible alors que le prophète
(Mohamed), prière et salut d'Allah sur lui, est supérieur à Adam et plus parfait que lui ? Il a répondu,
satisfaction d'Allah sur lui, comme suit : sachez que les noms qu'Allah a appris à Adam sont les noms
dont l'univers a besoin.

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La totalité mentionnée (c'est-à-dire le mot "Tous") est relative à tous les afférents de l'univers, afin
que rien ne lui échappe (à Adam). Le témoignage est le suivant : «Allah a présenté les images de toutes
les créatures aux Anges et II leur a dit : Informez- Moi des noms de ceux-là, si vous êtes véridiques
dans votre prétention que vous êtes plus méritants qu'Adam» (Sourate La vache 2, Al Bakarah, verset
31).
Ce verset signifie donc qu'il s'agit bien de noms dont l'univers a besoin. La preuve est «les noms de
ceux-là», en montrant les images des mondes. Mais en ce qui concerne les noms en dehors de l'univers,
il est impossible de les cerner en totalité. Ils sont illimités. Allah a dit : «... Ils ne Le cernent pas de leur
science» (Sourate Taha 20, verset 110).
D'ailleurs, malgré la levée du voile des gnostiques, des pôles, des prophètes, et des messagers, les
noms internes d'Allah qui leur sont dévoilés lors d'un moment aussi court qu'un clin d'œil, n'ont pas de
limite. Ils continuent à connaître de plus en plus de noms le long de l'éternité, le long de la vie de ce
monde d'ici-bas, le long de la vie de l'isthme, le long de la vie du jour de la résurrection, le long de la vie
de l'éternité au paradis, sans limites. À chaque moment, aussi court qu'un clin d'œil, les noms internes
d'Allah qui leur sont décelés n'ont pas de limite, ni de fin, le long de cette durée. Il n'y a pas de fin à la
découverte des noms d'Allah le long de l'éternité. Comment donc prétendre qu'il les a tous cernés ?! La
totalité (tous les noms) ne concerne que les noms relatifs aux composantes de l'univers et dont ce
dernier a besoin. Fin de citation.
Quant à la raison pour laquelle Allah a demandé aux anges de se prosterner devant Adam, il s'agit là,
authentiquement, de l'inconnaissable qui ne pourrait être décelé que par un texte formel.
Or, il n'y a pas de texte formel. Donc, il n'y a pas d'issue dans ce domaine. Allah, le Très-Haut a dit :
«Dis: Mon Seigneur n'a interdit que les turpitudes (les grands péchés), tant apparentes que secrètes,
de même que le péché, l'agression sans droit et d'associer à Allah ce dont II n'a fait descendre aucune
preuve, et de dire sur Allah ce que vous ne savez pas» (Sourate Al Aâraf, 7, verset 33).
Allah ne nous a pas informés de la raison pour laquelle les anges se sont prosternés devant Adam.
Cela est caché et ne concerne que lui seul. Il est inapproprié d'y réfléchir. Il ne faut pas avancer la raison
de la "khilafa" (la souveraineté sur la terre) ni autres raisons, du moment où rien n'a été mentionné.
Quant à la préférence de l'ange à l'être humain ou l'inverse ? La réponse est la suivante : sachez qu'il
est inconcevable de répondre à une telle question, par voie de méditation, présomption ou analogie. Ce
qui est vrai et qui tranche dans ce sujet, c'est que la préférence dépend du choix divin et de la décision
de Sa volonté, qu'Allah soit exalté et glorifié. Il préfère ce qu'il veut à ce qu'il veut, sans raison ni cause,
ou avec une certaine raison qu'il veut, quelle que soit cette raison. Ceci est valable dans le cas où le
favori est digne d'un rang supérieur à celui du défavorisé, ou pas.
Cette préférence est entre l'ange et l'être humain, à l'exception du maître de l'univers (Mohamed),
prière et salut d'Allah sur lui. Il est le parfait parmi toutes les créatures, d'une manière absolue. Il est le
préféré chez Allah, d'une manière générale et sans spécification. Il a le plus haut rang et la plus
éminente position auprès de son seigneur. C'est lui qui compte le plus chez Allah et qui est le plus
proche de lui. Il n'est pas concerné par cette comparaison entre l'ange et l'être humain.
Allah, le Très-Haut, l'a favorisé, l'a élu, l'a sélectionné et a élevé sa position sur celle de toutes les
créatures, sans motif, mais à la suite de Son choix. Allah, le Très-Haut, a dit : «Ton Seigneur crée ce qu'il
veut et II choisit; il ne leur a jamais appartenu de choisir. Gloire à Allah!» (Sourate Le récit, 28, Al
Qasas, verset 68)!
Quant aux anges, est-ce qu'ils bénéficieront de la vue du visage du seigneur, le Très-Haut, dans le
monde de l'au-delà ou pas?
La réponse à cette question est la suivante : on ne peut ni confirmer ni infirmer ; tout dépend de la
volonté d'Allah. Allah n'a pas besoin de motif. S'il veut, il leur permettra de le voir comme les êtres
humains. S'il ne veut pas, il les empêchera. Il n'y a pas de référence à ceci sauf le prédicat crédible. Ce
dernier n'existe pas dans ce domaine. On ne répondra donc ni par non ni par oui. Il faut s'arrêter.

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Quant aux anges, ont-ils une seule ou plusieurs orientations ? La réponse: s'il s'agit des orientations
relatives aux noms, sachez que chaque ange n'a qu'un seul nom. C'est à partir de ce nom qu'il s'oriente
vers Allah. Il n'a donc qu'une seule orientation dans ce domaine. Mais si vous voulez dire par orientation
le culte et l'adoration d'Allah, l'orientation de l'ange vers la présence divine est dans ce cas identique à
celle de l'être humain.
Les anges ont été décrits de différentes manières. Sont-ils des esprits purs ou de simples particules?
Ce sont ces questions qui traduisent la réalité de l'ange perçue par les théologiens scolastiques. Tous les
habitants des cieux et des terres, tous les anges et les autres créatures qui y habitent mourront tous lors
du souffle dans la trompe, sauf quelques exceptions, selon la volonté d'Allah.
Puis le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : tous les êtres créés par Allah, djinns, humains, anges,
ne disposent, en direction d'Allah, que d'une seule orientation.
Sauf le gnostique (qui détient la connaissance divine); ses orientations sont innombrables en tout
moment. Il peut s'orienter vers Allah, en un seul instant, de différents aspects et orientations, sans
limites ni fin, selon les noms internes d'Allah qui lui sont dévoilés, en pleine présence divine. Il ne
s'oriente vers Allah que selon les attributs et les noms d'Allah qui lui sont décelés.
Il dispose ainsi, pour tout nom divin, d'une orientation spécifique qui ne s'associe pas avec celle d'un
autre nom. Si ce gnostique est de rang élevé, il pourra alors adorer Allah, en un seul instant par
exemple, et dépasser l'adoration de toutes les créatures pendant des années. Vous comprenez ainsi ce
que "Dou El Karnayne" insinue en disant : «Si Allah est l'objectif des objectifs, alors sa connaissance est
le culte le plus majestueux parmi les cultes». Le hadith suivant en témoigne, prière et salut d'Allah sur le
prophète :»Allah n'est mieux adoré que par une compréhension de la religion. Un seul "faqih"
(spécialiste de la religion) est plus dur en face du diable (Satan) que mille adorateurs». Fin de citation.
On peut aussi apporter le témoignage du hadith qodssi suivant : «Aucun espace ne m'est suffisant, ni
ma terre ni mon ciel. Par contre le cœur de mon serviteur croyant me suffit». C'est la signification de
l'ampleur des orientations vers Allah. Le détenteur de la connaissance d'Allah (le gnostique) adore Allah,
en tout moment, infiniment et sans limites. Al Jounaïd, satisfaction d'Allah sur lui, a dit: «Si un disciple
s'oriente vers Allah pendant mille ans, puis il s'en est écarté pendant un seul instant, alors ce qu'il aura
perdu en cet instant dépassera de loin ce qu'il avait fait en mille ans». C'est cette transcendance qui est
accordée au gnostique.
Le "faqih" (spécialiste de la religion) susmentionné dans le hadith qodssi, n'est rien d'autre que le
gnostique (qui détient la connaissance d'Allah). Fin de citation.
Sachez également que la présence du Vrai, gloire à lui, est unie que ce soit dans son Entité, ou dans
ses attributs, ou dans ses noms ou dans ses aspects. Tout l'univers se dirige et s'oriente vers Allah par
soumission, servilité, adoration, stagnation sous l'autorité de la coercition, par obéissance, amour,
glorification, et vénération.
On distingue ceux qui s'orientent vers l'image de la présence divine, clairement, sans aucune
association à Allah, et ceux qui s'orientent vers cette haute présence, mais derrière un voile épais ; il
s'agit bien des adorateurs des idoles et de leurs semblables.
En s'orientant vers l'adoration des idoles, ils ne s'orientent, en fait, que vers Allah, le Très-Haut, et ils
n'adorent que Lui. Mais Allah, le glorifié et le Très-Haut, s'est manifesté à eux derrière ces voiles par sa
sublimité et solennité. Il les a attirés vers lui de cette façon ; tel est leur destin. C'est Allah seul qui
décide. C'est ce qu'on appelle l'orientation "forcée" vers Allah. Allah, le Très-Haut, dit : «Et c'est à Allah
que se prosternent, bon gré mal gré, tous ceux qui sont dans les deux et sur la terre, ainsi que leurs
ombres, au début et à la fin de journée» (Sourate Le tonnerre, 13, Arraâd, verset 15).
Tout l'univers s'oriente ainsi vers la présence divine, d'une manière individuelle. Même les
mécréants, les débauchés, les criminels et les injustes, en s'opposant aux textes législatifs religieux et en
s'opposant à l'image de l'ordre divin, ils ne sont, en réalité, que soumis à cet ordre divin. Ils ne sont pas
en dehors de l'ordre et de la volonté divine.

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Dans l'apparence, ils sont sortis de l'image de l'ordre divin, mais au fond, ils sont dedans. Si vous
comprenez ceci, sachez aussi que tout l'univers, individu par individu, chacune de ses particules
constitue un rang divin, dans lequel Allah prend une décision spécifique qu'il ne prend pas dans un autre
rang, et il mène une action particulière qu'il ne mène pas ailleurs. Il oriente cette particule vers lui d'une
manière spécifique à elle seule. Il est impératif d'être satisfait de la décision divine et de se soumettre à
Allah. Ils (les adorateurs des idoles) se sont donc opposés à l'ordre divin, dans l'apparence, mais ils l'ont
respecté dans le fond, sans qu'ils le sachent. Quant à ce qui leur parvient dans le monde de l'au-delà,
comme récompenses, sanctions et rétributions, que ce soit dans le cadre des supplices ou des aubaines ;
tout ceci leur arrive selon la volonté divine qui se concrétise impérativement. Allah n'a de compte à
rendre à personne sur ce qu'il fait.
Si vous prenez compte de ceci et que vous y réfléchissez, vous trouverez que chaque particule de
l'univers, considérée individuellement, dispose d'une orientation vers Allah, spécifique à elle, sans
aucune association avec d'autres particules. Il se peut que des ressemblances aient lieu dans certains
aspects de l'orientation, mais des différences seront obligatoirement manifestées dans d'autres aspects.
Maîtrisez bien cette loi, elle est valable partout dans l'univers, elle s'applique aussi bien pour l'ange que
pour l'être humain, que pour d'autres créatures. Et vous connaîtrez ainsi le mode d'orientation de
l'univers vers la présence divine.
Si vous comprenez ceci et si vous le distinguez bien, votre connaissance d'Allah vous sera alors
élargie. Vous saurez également que l'élargissement des manifestations divines dans l'univers est sans fin
ni limitation. Mais il y a un mélange, dans ce domaine, entre la charia (la loi religieuse) et la vérité. La
parole tranchante ici est la suivante: Allah, le Très-Haut, est le moteur de tout l'univers. Il en est le
gestionnaire et le moteur en tout mouvement et en toute inactivité.
Les créatures ne peuvent rien faire sans lui. Elles n'ont absolument rien du tout (même pas une
pellicule de noyau d'une datte). Elles ne disposent ni d'agitation, ni de décision, ni d'anticipation, ni de
retardement. Elles sont plutôt sous sa prise et sous la décision de Sa volonté. Allah les gère comme il
veut et en fait ce qu'il veut. Il leur fait subir l'alternance entre le bien et le mal, la faveur et la défaveur,
l'obéissance et le péché, le bonheur et le malheur.
Puis, en dehors de cette vérité, Allah, le Très-Haut, s'est manifesté et a décidé que la sagesse et la
charia soient assujetties à des conditions, à des causes, à des règles, à des besoins et à des exigences.
Rien n'échappe dans cette sagesse à la volonté divine. Tout ceci est conduit selon le mode de cette
volonté.
Allah a ensuite organisé, à l'image de cette sagesse, et sous les aspects de ces règles et de ces liens,
des verdicts divins qu'il a nommés sentences, châtiments, récompenses, punitions, crainte et espérance.
Personne n'échappe à ces règles ni à ces liens. C'est à Allah que reviennent la décision et le choix dans
tout ce qui est fait dans l'image de la vérité et de la charia. Sa décision n'est pas objet de discussion. On
ne lui demande pas pourquoi, ni pour quelle raison ni dans quel objectif. On n'a qu'à étaler le cou,
fermer l'œil, et soumettre le cœur sous l'autorité de la divinité et de la solennité. Fin de citation.
Quant à la réaction des anges qui ont dit selon le verset: «Ils dirent : Vas-Tu y désigner un qui y
mettra le désordre», alors qu'Allah leur confia «Je vais établir sur la terre un successeur, Khalifa»
(Sourate La vache, 2, Al Bakarah, verset 30).
La réponse : sachez que les anges n'ont pas interrogé Allah en vue de faire une objection ou une
opposition à sa décision. Non ! Ils le craignent beaucoup. Ils n'osent en aucun cas approcher le rang
sublime divin et émettre une telle objection. Ils ont uniquement interrogé Allah sur le secret de la
création de ce successeur et de son installation sur terre. Que veut Allah de lui ?
Les anges ont vu l'injustice, la dépravation, l'écoulement de sang et la persécution dans lesquels les
habitants de la terre ont toujours baigné bien avant lui (Adam). Ils ont vu que cela est l'œuvre de tous
ceux qui ont habité la terre depuis sa création jusqu'à ce qu'Allah leur a dit : je vais établir sur la terre un
successeur (Khalifa). Ils n'ont jamais vu une seule nation qui a fait exception à cela sur la terre. Ils ont
donc apporté leur jugement sur le reste (des habitants de la terre) en fonction de cette image. Ils ont
aussi interrogé Allah sur ce qu'il attend de ce successeur, une fois sur terre, en voyant l'injustice, la

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dépravation et l'écoulement de sang commis par sa descendance. Allah a dit : «En vérité, Je sais ce que
vous ne savez pas» (Sourate La vache, 2, Al Bakarah, verset 30).
Ils ignorent les secrets et les trésors des sciences conservés en Adam. Ils ignorent aussi les aspects
des perfections d'Allah et de sa divinité qu'il veut faire apparaître à travers Adam et sa descendance. En
effet, Allah veut l'édification des deux demeures, par l'image du supplice et de l'aubaine et de ce qui
s'en suit comme verdicts, besoins et exigences. La question qui se pose est: pourquoi l'ont-ils interrogé
alors qu'ils ont une parfaite connaissance de la table gardée et ils ont un certain accès à l'inconnaissable
? La réponse est qu'ils ignorent ce qui est mis en Adam. Ils n'en avaient aucun savoir. Allah, le Très-Haut
a dit : «En vérité, Je sais ce que vous ne savez pas» (Sourate La vache, 2, Al Bakarah, verset 30).
Bien qu'ils connaissent le contenu de la table gardée, Allah ne leur a pas montré tous ses mystères.
Rien ne peut cerner son savoir, sauf lui-même. Fin de la citation du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
On a interrogé le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, sur certaines lettres du Coran. Les savants du
raisonnable ont dit qu'elles sont en surplus et certaines d'entre elles sont prêtées à des mots pour que
ces derniers ne soient pas faibles dans l'apparence (ceci s'apparente à la linguistique).
Le surplus dans la langue (arabe) signifie, bien sûr, ce qui n'apporte aucun sens. Or, il est impossible
de trouver la moindre lettre n'apportant aucun sens dans le coran ! (d'où la problématique).
Parmi ces lettres en surplus, on peut citer : «Lame» (L) dans le verset : «.. pour qu'ils M'adorent»
(Sourate Ad Dariyat, qui éparpillent, 51, verset 56), on peut citer également les versets suivants : «C'est
par quelque miséricorde de la part d'Allah que tu (Muhamed) as été si doux envers eux!» (Sourate La
famille Imran, 3, Al Imran, verset 159). «.. pour qu'il leur soit un ennemi et une source d'affliction!»
(Sourate Le récit, 28, Al Qasas, verset 8). «Pour qu'il soit obéi, par la permission d'Allah» (Sourate 4, Les
femmes, An Nisaa, verset 64).
À l'instar de la lettre «Lame» (L), on trouve également les lettres «Alif» (A), «Ouaw» (wa), «Yae» (ya)
dans différentes places. Ceci est connu chez les savants de l'écriture arabe.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a répondu comme suit : sachez que la cause impossible à
l'égard d'Allah, le Très-Haut, est lorsqu'on imagine quelque chose qui peut lui donner du bien ou qui
peut lui faire du mal. Ceci est impossible. Qu'il soit glorifié et exalté. Par contre, la cause dont l'intérêt
ou le mal touchent les serviteurs est bien possible et ceci est incontestable. Allah, le Très-Haut, a voulu
montrer, en effet, par sa sagesse, la relation qui unit les choses, que ce soit sous forme de liaisons ou
d'adjonctions. C'est le cas de la relation entre les causes et les effets. La sagesse divine étant l'ensemble
des lois et des réglementations apportées par ses prophètes.
Allah dit : «Et quiconque obéit à Allah et à Son messager, Il le fera entrer dans des Jardins sous
lesquels coulent les ruisseaux...» (Sourate Al Fath, 48, La victoire éclatante, verset 17). Allah dit aussi :
«Et quiconque désobéit à Allah et à Son messager, et transgresse Ses ordres, Il le fera entrer au Feu
...» (Sourate Les femmes, 4, An Nissaâ, verset 14).
Et ainsi de suite. Les exemples des versets coraniques ainsi que les prédicats sont nombreux dans ce
contexte de causalité, et de respect des conditions pour que le conditionné puisse avoir une existence.
Si vous comprenez ce sens dans les versets coraniques susmentionnés, sachez alors que la décision
émise par Allah concernant ses serviteurs «Je n'ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils
M'adorent» (Sourate Ad Dariyat, qui éparpillent, 51, verset 56) peut s'expliquer comme suit : je n'ai créé
les djinns et les hommes que pour les ordonner de m'adorer. Celui, parmi eux, qui ne m'adorera pas
sera châtié.
De même, pour le verset suivant : «pour qu'il soit obéi» (Sourate 4, Les femmes, An Nisaa, verset
64), Allah veut dire : nous n'avons envoyé de Messager que pour que j'ordonne à la créature de l'obéir.
Celui qui ne lui obéit pas aura le châtiment et le supplice que je veux. C'est le sens qu'il faut donner aux
versets coraniques. Celui qui les a expliqués uniquement selon l'apparence ignore la différence entre les
attributs de sagesse et de volonté et ignore également la différence entre la cause valable et la cause
non valable.

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Celui qui fait la différence entre ces notions ne peut pas se heurter à la problématique relative à la
relation qui existe entre les verdicts des lois islamiques. Le croyant doit voir par son cœur que les
choses, relativement à la volonté divine, sont indépendantes des raisons, des conditions, des
adjonctions, des relations et de toutes autres causes.
Allah a plutôt décidé dans le préexistant selon sa volonté ; il a décidé pour celui-là le bonheur, pour
l'autre le malheur, la richesse pour celui-ci, la pauvreté pour celui-là, sans cause ni objectif.
Le croyant doit voir également par l'œil de son cœur les relations qui apparaissent entre les choses
dans la sagesse divine. Il doit voir dans l'apparence que s'il fait du bien, Allah le récompensera par Sa
largesse. Mais s'il fait du mal, il sera châtié selon la justice divine, puisqu'Allah dispose de la décision et
du choix. Allah est libre dans son royaume, il peut châtier ou récompenser comme il veut ; personne n'a
le droit de lui demander pourquoi il a agi de telle ou de telle manière. «Il n'est pas interrogé sur ce qu'il
fait, mais ce sont eux qui devront rendre compte [de leurs actes» (Sourate Les prophètes, 21, Al
Anbyaâ, verset 23).
Puis le cheikh a dit, satisfaction d'Allah sur lui : il n'y a pas de lettre inutile ou en surplus parmi les
lettres du coran. Mais si le sens du mot peut être assuré par une seule lettre, alors qu'Allah a ajouté une
deuxième lettre pour le même sens de ce mot, on pourra dire tout simplement que les deux lettres ont
servi à exprimer ce sens. Aucune des deux lettres ne peut être considérée en surplus.
C'est pour cela que l'auteur du livre «Al Ibriz» a rapporté que son cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a
dit : «Si on trouve une lettre de plus figurant sur un mot (du coran) alors que le même mot s'écrit sans
cette lettre dans un autre endroit, tout en conservant la même signification et la même prononciation.
On pourra conclure que l'endroit où se trouve la lettre ajoutée contient un secret qui n'existe pas dans
l'autre endroit». C'est comme ça qu'il l'a expliqué, satisfaction d'Allah sur lui. Fin de la dictée du cheikh à
notre bien- aimé Sidi Mohamed Ben Machri, qu'Allah le protège, amen.
Je l'ai interrogé également, satisfaction d'Allah sur lui, sur la signification des lettres verbales, des
lettres numériques et des lettres intellectuelles. Qu'existe-t-il à partir de chacune d'entre elles ?
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a répondu comme suit : sachez que les lettres verbales donnent
naissance au monde des esprits, c'est-à-dire, à partir de chaque mot prononcé, Allah crée un ange qui
glorifie le Très-Haut. Si l'orateur prononce un mot de bien, l'ange créé sera un ange de clémence ; si
c'est un mot de mal, l'ange sera un ange de supplice. Si l'orateur se repent, l'ange de supplice sera vêtu
par un habit et se transformera en un ange de clémence.
Les lettres verbales n'apparaissent jamais dans le monde de la perception. Quant aux lettres
numériques, c'est par elles que le monde de la perception existe ; c'est-à-dire les lettres qu'on voit et
qu'on perçoit par la vision. Concernant les lettres intellectuelles, c'est par elles que le monde de la
raison existe dans l'imaginaire. C'est-à- dire, c'est par elles qu'existe ce qui existe par l'imagination.
L'imagination des gens ordinaires ne donne cependant naissance à rien ; on la qualifie plutôt de
souhait ou de rêve. Mais l'imagination du gnostique est différente, tout ce qu'il imagine est créé
immédiatement. L'exemple de ce qui est arrivé à "EL jawhari" en témoigne, satisfaction d'Allah sur lui ;
en effet : il devait se laver. Il est alors sorti pour faire ses ablutions au Nil, et a profité pour apporter le
pain au four du quartier. Une fois au milieu du Nil (en Égypte), il a commencé à effectuer une partie de
ses ablutions, il a senti une sorte de petit sommeil et a vu en rêve qu'il est rentré à Bagdad, qu'il a
épousé une femme, qu'il est resté avec elle six ans, qu'il a eu d'elle des enfants, sans se rappeler
combien. Puis il a repris connaissance et il s'est retrouvé toujours au Nil en train de se laver. Il a terminé
ses ablutions et a récupéré le pain du four du quartier, puis il est rentré chez lui.
Il a raconté ce qu'il a vu à sa femme. Et, après deux mois, la femme qu'il a épousée à Bagdad est
venue le chercher dans son quartier. Elle l'a cherché en demandant aux voisins s'ils le connaissaient ? On
lui a alors demandé avec stupeur où elle l'avait connu ? Elle a répondu qu'elle était sa femme et que ces
enfants étaient les siens. Ils ont répliqué avec étonnement : «Mais il n'a jamais quitté ce quartier». Elle a
alors frappé à sa porte. Et quand il l'a vue, il l'a reconnue ; et il ne l'a pas niée.

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Les voisins lui ont demandé alors de confirmer les dires de cette femme ! Il leur a répondu qu'elle
était sa femme et que ces enfants étaient les siens. Il est rentré chez lui en sa compagnie et l'a
présentée à sa première femme en lui rappelant l'histoire qu'il lui avait déjà racontée.
Les gnostiques quant à eux, ils peuvent agir sur l'univers à travers les lettres numériques, les lettres
verbales ou les lettres intellectuelles (ayant attrait à l'imagination). Le quatrième type de gestion
s'appelle : la gestion par le côté le plus protégé "Al janib al ahma". Cette gestion n'est maîtrisée que par
les messagers d'Allah uniquement. Même les prophètes, ils ne la connaissent pas. Allah a fait de cette
gestion un endroit pour ses secrets, c'est l'endroit des rapports divins.
Allah a appris à chacun de ses messagers les tréfonds du comportement et des tempéraments de son
peuple. Il s'est ainsi conduit avec eux de la meilleure manière en prenant compte de leurs natures afin
qu'ils assurent en permanence leurs devoirs en tant que responsables.
D'ailleurs si le messager d'Allah ignore la complexion de sa communauté, il ne pourra pas avancer
avec eux. Chaque messager ne connaît que la complexion de sa communauté, il ne connaît rien sur le
tempérament des autres. C'est pour cela que leurs messages n'ont pas été universels. Notre prophète,
paix et salut d'Allah sur lui, fait exception à cette règle. En effet, Allah lui a appris les complexions de
tout l'univers ; il se conduit d'une manière universelle avec chaque communauté selon ses besoins et
selon ses modes de vie.
Le hadith suivant en témoigne : «Causez aux gens en prenant compte de ce qu'ils comprennent ;
voulez-vous qu'ils démentissent Allah et son messager !». Un autre hadith dit : "Rendez les choses
faciles et ne les rendez pas difficiles. Annoncez la bonne nouvelle et ne rebutez point les gens". Un autre
hadith dit : «Le bien est une habitude ; continuez à accorder à chaque corps ce qu'il a l'habitude
d'avoir».
Les noms d'Allah le Très-Haut sont basés sur les lettres. Les lettres sont toutes pures dans la parole
d'Allah, le Très-Haut, ainsi que dans l'image de son savoir. Elles sont toutes anciennes et éternelles
puisqu'elles se trouvent dans sa parole, dans son savoir et Allah les a prononcées, solennité à lui, en
disant «Alif Lam Mim» «’Ham Mim» «Ayn Sin Qaf» «Kaf Ha Ya âyn Sad» «Ta Sin» «Qaf» «Noun», etc.
Elles sont toutes anciennes selon la prééternité de l'Entité suprême.
Cette prééternité n'est pas celle des mots que nous prononçons, ou de ce que nos doigts écrivent, ou
de ce qu'on imagine dans notre pensée, il ne s'agit pas non plus des lettres qu'on dicte. Mais les lettres
pures sont plutôt celles désignées par ces choses. Les lettres verbales, transcrites et ayant attrait à
l'imagination (ou intellectuelles) reflètent le sens des lettres pures qui représentent la parole d'Allah. S'il
n'y avait pas cette image des lettres pures, l’image du langage ne serait plus connue, et on ne pourra
plus distinguer entre les mots, ni entre leurs sens. Cette distinction se fait par les lettres. Lorsqu'Allah dit
«O Jésus, fils de Marie» (Sourate La table servie, 5, Al Maîda, verset 112). C'est différent de sa parole :
«O Ibliss, pourquoi ne sois-tu pas avec les prosternés» (Sourate Al Hijr, 15, verset 32).
La différence entre Jésus et Iblis a été distinguée par les lettres. Sans ces lettres, l’un serait
exactement l'autre ! C'est par les lettres pures qu'existent tous les noms divins ; c'est par elles que
l'ordre divin s'est distingué par le dire «sois». C'est par les lettres que les noms divins sont apparus. Tout
ce qui existe dans l'univers, Allah, le Très-Haut, l'a créé par son dire «sois». Tout l'univers est un
ensemble de mots divins. Les noms Zaïd, Bakr, Khalid, Amr, sont tous des mots divins. C'est par le mot
divin que toutes les créatures existent. Rien n'échappe à ça, dans ce domaine. Les noms des entités sont
posés par Allah. Il en est de même pour les langues et leurs vocabulaires, ce sont des édifications
divines, Allah les a posés et les a rendus courants sur les langues.
D'ailleurs, si tout l'univers se met d'accord pour inventer des noms ou une langue, il sera incapable
de le faire, mais Allah, le glorieux, l'a fait et a donné à chaque chose son nom. Quant à la parole
éternelle, elle est formulée par des lettres pures, indépendantes des outils de prononciation. Ces lettres
se trouvent dans la parole d'Allah, le Très-Haut. Ceux qui disent que la parole éternelle est sans lettres ni
voix, ils le disent dans l'objectif d'éliminer les bases de la «Moâ'tazilah» (une école théologique).
En effet, les gens de la «Moâ'tazilah», en suivant les règles de leur secte ont nié la parole éternelle
qui émane de l'Entité pure d'Allah. Ils ont rendu Allah, le glorieux, le Très-Haut, muet, ne parlant pas !

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D'ailleurs le coran les dément. Allah a dit à Moïse, paix et salut d'Allah sur lui : «Certes, c'est Moi Allah:
point de divinité que Moi. Adore-Moi donc et accomplis la Salat pour le souvenir de Moi» (Sourate
Taha 20, verset 14).
Si la parole venait d'un certain corps autre que l'Entité suprême, alors ce corps parlant serait apte à
être adoré. Qu'Allah soit glorifié et soit le Très-Haut. Personne parmi les gens qui existent dans l'univers
ne peut dire «Certes, c'est Moi Allah: point de divinité que Moi. Adore-Moi donc et accomplis la Salat
pour le souvenir de Moi» (Sourate Taha 20, verset 14) sauf l'Entité suprême. Cela est clair pour
démentir les «Moâ'tazilah» qui prétendent nier la parole éternelle ; qu'ils soient maudits !
D'après les «Moâ'tazilah», lorsqu'Allah veut parler, il lance sa parole dans le corps des objets
inanimés qui la captent ; ceci est loin de la réalité. D'ailleurs, si l'on entend un solide parler et dire
«Certes, c'est Moi Allah: point de divinité que Moi. Adore-Moi donc et accomplis la Salat pour le
souvenir de Moi» (Sourate Taha 20, verset 14), on prendra ce solide pour le seigneur parce qu'il a dit
«Je» (et moi), alors qu'aucune créature ne peut le prononcer sauf l'Entité suprême, qu'Allah le Très-Haut
soit glorifié.
Par ailleurs, la parole éternelle ne contient ni avance, ni retard, ni limitation, ni matière, ni mode.
Si elle émerge elle-même, je veux dire la parole telle qu'elle est du Vrai, et si tu l'entends, toutes les
confusions se dissiperont, c'est-à-dire toutes les limitations qui y sont liées.
Tu verras au même moment, le temps qui a précédé l'existence des créatures et le temps éternel, tu
t'y verras au même moment. Quant aux confusions, qui semblent être les limitations existantes dans la
parole éternelle, elles n'existent que pour ceux dont le voile est présent.
Ben El Arif, satisfaction d'Allah sur lui, a dit en parlant de Dieu : «Il n'y a pas de lien généalogique
entre Allah et ses serviteurs, pour lequel il les sélectionne ou leur donne quelque chose; il n'y a que la
diligence qui est la volonté divine, pas de raison causale sauf la décision, pas de moment à part l'éternité
; ce qui reste est l'aveuglement et la confusion».
L'éternité signifie là où Allah existe seul. Au sein de cette éternité, il n'y a aucune relativité de quoi
que ce soit. Le prophète, paix et salut d'Allah sur lui, a dit : «Allah existait et rien avec lui. À ce moment,
il a donné ce qu'il a donné et a développé ce qu'il a développé ; il ne reste que la satisfaction et la
soumission au déroulement des destins». Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Parmi les enseignements que le cheikh nous a dictés au sujet de l'amour de l'Entité suprême, il a dit,
satisfaction d'Allah sur lui : L'amour de l'Entité suprême est difficile à obtenir ; il n'est accordé qu'au
gnostique parfait. À ce propos, il a été dit :
Cet amour leur fait boire une coupe.
Si jamais l’enfer devait subir l’épreuve de boire la coupe,
il aurait été volatilisé plus vite qu’un évadé.
À ce propos, Chadhili, satisfaction d'Allah sur lui, a dit, lorsqu'elle lui a été dévoilée la présence divine
: «O seigneur, je suis incapable de supporter ceci ; accorde-moi un voile qui me couvre de toi. Il a
entendu une voix qui lui dit : même si tu invoques Allah de la même manière que Moïse, son locuteur, et
Jésus, son esprit, et Mohamed, paix et salut d'Allah sur lui, son élu, pour qu'il te voile de lui, il ne te
voilera pas. Demande-lui plutôt qu'il te fortifie ! Je lui ai alors demandé de me fortifier et il m'a fortifié. À
partir de ce moment, si je ne le vois pas ne serait-ce qu'en un clin d'œil, je mourrai de cet éloignement».
Puis il a dit, satisfaction d'Allah sur lui: les gens, dans ce contexte, sont répartis en quatre classes :
• Le premier groupe s'occupe du destin antérieur.
• Ceux du deuxième groupe s'occupent de la fin de leurs vies.
• Ceux du troisième groupe s'occupent du temps, en voyant ce qui va leur parvenir à chaque
instant.
• Ceux du quatrième groupe sont noyés dans la mer de l'observation de l'univers absolu. Il ne
parvient jamais à leur cœur le rappel du préexistant, ni de l'état final, ni du temps. Ils ne se
penchent qu'à ce qu'ils sont en train de vivre.

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À ce propos "Serri Seqti" a dit, satisfaction d'Allah sur lui : «C'est moi qui détermine le temps» ; il a
prononcé les vers suivants :
Je ne sais pas si ma nuit s’est allongée ou pas.
Comment peut-il le savoir celui qui d’amour divin brûle déjà ? Si je prends mon temps pour
allonger ma nuit ; et pour m’occuper des étoiles, je serai irréfléchi.
Chez les amoureux, que la nuit se réduise,
ou qu’elle s’allonge, leur occupation est plutôt l’amour divin.
Celui qui occupe cette station détient le contrôle suprême, c'est-à-dire il peut faire le suivi de la
présence divine et de tout ce qui se dégage d'elle comme apparitions diversifiées, en donnant à chacune
d'elles ce qu'elle mérite comme tâche et bienséance, sans omettre le moindre détail. Celui qui détient
cet état spirituel ne se rend compte ni du temps ni de son déroulement. Paix sur vous.
Celui qui dispose de cet état peut être aussi qualifié d'étranger. L'expatriation est l'isolement intense
dans le but de chercher la vérité. Cet étranger ne cohabite pas avec les univers. Il ne les observe pas
qu'ils soient essences ou formes passagères. Il ne s'en rend même pas compte. Il a été dit : «il vous est
interdit de contacter votre bien-aimé s'il vous reste encore un ami dans le monde». Celui qui se trouve
dans cette difficulté, son expatriation se traduit par le fait, que même si tu le cherches auprès des jours,
ils ne sauront pas où il est. Ils ignoreront même son existence. C'est de lui qu'un des grands savants
parle en disant :
Je me suis caché de mon temps par l’ombre de sa présence.
Alors j’ai commencé à voir mon temps, sans qu’il me voie.
D’ailleurs, si tu demandes mon nom aux jours, ils ne le
sauront pas.
Ils ne sauront pas non plus mon lieu de résidence!
À ce propos, "Dou Noun", l'égyptien, avait raconté ce qui suit : j'ai vu un jeune homme pleurer
devant la "Kaâbah" ; je lui ai alors demandé la raison de ses larmes ? Il m'a dit : je suis l'étranger
recherché. Et il perdit la vie aussitôt. Je l'ai laissé à cet endroit afin de partir lui préparer l'équipement de
son linceul, lavage et enterrement. À mon retour, je n'ai rien trouvé et personne n'a pu m'informer à
son sujet. J'étais alors désolé, et quand j'ai dit : O Allah, qui m'a devancé par cette bienfaisance ? J'ai
entendu: loin de là ! Il a été demandé par Iblis dans ce monde ici-bas, mais il ne l'a pas trouvé. Les anges
Mounkir et Nakir l'ont demandé, mais ils ne l'ont pas trouvé. L'ange Redouane qui veille sur le Paradis l'a
demandé et il ne l'a pas trouvé. J'ai alors dit : mais où est-il ? On m'a répondu : «Dans un séjour de
vérité, auprès d'un Souverain Omnipotent» (Sourate La lune, 54, Al Kamar, verset 55). Fin de la dictée
du cheikh, satisfaction d’Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le sens du verset suivant : «Quiconque tue
intentionnellement un croyant, Sa rétribution alors sera l'Enfer, pour y demeurer éternellement. Allah
l'a frappé de Sa colère, l'a maudit et lui a préparé un énorme châtiment» (Sourate Les femmes, 4,
verset 93), ainsi que sur le sens du verset suivant: «Qui n'invoquent pas d'autre Dieu avec Allah et ne
tuent pas la vie qu'Allah a rendue sacrée, sauf à bon droit; qui ne commettent pas de fornication - car
quiconque fait cela encourra une punition» (Sourate Discernement, Al Fourkane, 25, verset 68).
Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : sachez qu'Allah en avançant le premier verset
suivant : «Quiconque tue intentionnellement un croyant, Sa rétribution alors sera l'Enfer...», il n'a
mentionné que la menace, c'est tout.
Dans le deuxième verset «Qui n'invoquent pas d'autre Dieu avec Allah ...», Allah a mentionné à la fois
la menace et le repentir. Les deux versets sont sans équivoque et ne présentent aucune contradiction
entre eux, sauf pour les gens dont le niveau de compréhension est faible, qui voient la contradiction
alors qu'elle n'existe pas !
Le premier verset sous-entend «sauf en cas de repentir», c'est-à-dire : «Allah l'a frappé de Sa colère,
l'a maudit et lui a préparé un énorme châtiment» (Sourate Les femmes, 4, verset 93), sauf s'il se
repent. La menace ici concerne celui qui ne se repent pas. Son repentir consiste à se présenter en justice

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et à accepter la peine capitale. S'il ne le fait pas, cela veut dire qu'il ne s'est pas repenti. S'il est tué par
un des proches (de sang) de la personne assassinée, une des deux menaces lui sera alors épargnée, et
l'autre menace demeurera. En effet, son péché entre Allah et lui-même sera levé (pardonné), mais il lui
restera la menace relative à ce qui est entre lui et la personne assassinée.
Il y a une précision que la plupart des gens ignorent. Elle n'est connue que par les gens dotés de
cœur et de connaissances. Il s'agit du fait que les assassins diffèrent dans la réglementation divine. Ils ne
relèvent pas d'une loi unique. Il y a un groupe de personnes dont le repentir n'est pas accepté, même si
elles se repentent. La menace reste collée à elles dans tous ses aspects. C'est l'interprétation du hadith
authentique figurant dans le "Sahih Muslim" : «Allah n'accepte pas d'accorder à l'assassin du croyant un
repentir».
Et il y a un groupe de gens dont le repentir est accepté. S'ils se repentent, leur repentir sera accepté
par Allah, de par Sa décision éternelle et Sa diligence. Il pardonnera leurs péchés. C'est le sens du verset
«Sauf celui qui se repent, croit et fait le bien: ceux-là entreront dans le Paradis et ne seront point
lésés» (Sourate Marie, Maryam, 19, verset 60).
La diligence interne se manifeste dans l'un des cas suivants :
• Celui qui se repent est considéré comme un élu d'Allah dans le "Ghayb" (l'inconnaissable),
puis il le sera effectivement.
• Celui qui se repent est attaché à un grand Saint, de haute importance spirituelle, dont
l'intercession est acceptée par Allah. Ce lien d'attachement se forge en servant ce saint, en
l'accompagnant, en l'aimant, en citant son "Wird" (ses litanies), ou en procédant à tout
autre aspect d'attachement, c'est le cas par exemple de la relation familiale ou de voisinage
ou d'intérêt particulier.
Quant au groupe de gens dont le repentir n'est pas accepté par Allah, même s'ils se repentent, on
peut en citer le cas :
• Des rebelles qui s'opposent à Dieu, le Très-Haut, avec tyrannie et arrogance.
• De ceux qui font du tort aux Saints ou aux pauvres.
• De ceux qui perpètrent fréquemment la fornication.
• De ceux qui font beaucoup de tort aux musulmans
• De ceux qui mentent sur le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, en inventant des hadiths
ou en inventant des rêves.
• De ceux qui prétendent la sainteté par mensonge.
Il faut noter que pour tous ces péchés, le repentir est acceptable par Allah. Mais si en plus de l'un des
péchés susmentionnés, il y a assassinat, alors le repentir n'est plus acceptable par Allah. Fin.
Ensuite, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : aucune bonne œuvre ne pourra être comptée en
faveur d'une personne issue de la fornication. Elle ne pourra jamais entrer au paradis, et ce quels que
soient ses actes, car elle est issue d'un accouplement illicite. Sauf si elle accompagne un des gnostiques
suivants :
Les quatre "clés des trésors", les quatre singuliers "Afrad", le pôle, le successeur "khalifa" et les deux
"imams"1. Allah la purifiera alors et la fera entrer au paradis. C'est le cas de celui qui accompagne un de
ces saints, qui se met à l’abri derrière lui, qui le sert, qui a de l’amour pour lui, qui mange avec lui, qui
fait une prière derrière lui, ou qui lui fournit un certain service. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction
d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé sur le sens du verset suivant : «.. Il dit : O mon Seigneur, montre Toi à moi pour que
je Te voie. Il dit : Tu ne Me verras pas» (Sourate Al Aaraf, 7, verset 143)

1 - Dans son livre «rawd mounif» (Le jardin éminent, en réponse aux questions de M. Amine Mahmoud Cherif)
Directement en dessous du rang du pôle rassembleur, on trouve le rang des imams, satisfaction d'Allah sur eux. Leur
nombre ne dépasse jamais «2» en toute époque. L’un d'eux succède au pôle après sa mort. Les deux imams sont toujours de
sexe masculin. Les femmes ne peuvent pas atteindre cette position solennelle, car la femme ne peut jamais devenir pôle et
elle n’a pas la capacité de tenir le secret rattaché à cette station, etc.

-267-
Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : le sens du verset est le suivant: Moïse, prière et
salut d'Allah sur lui, a demandé de voir Allah. C'est-à-dire il a demandé la manifestation par laquelle
Allah a spécifié le prophète Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui. Il l'a demandé à Dieu qui lui a
répondu : «Tu ne Me verras pas»
Dieu veut dire que Moïse ne peut pas supporter de le voir. Ensuite, il lui a montré l'exemple du Mont
qui est plus fort que lui. Allah lui a dit : mais regarde le Mont. S'il tient en sa place (lors de ma
manifestation), alors tu Me verras, toi. Mais lorsque son Seigneur Se manifesta au Mont, qui n'a perçu
que l'équivalent du trou d'une aiguille de la manifestation de la solennité de l'Entité suprême pure. Il n'a
pas pu supporter cela et a été détruit immédiatement et pulvérisé à la suite de la crainte révérencielle
qu'inspire la solennité. Lorsque Moïse a vu cela, il s'est effondré foudroyé par la révérence qu'inspire la
solennité. Lorsqu'il a repris connaissance, il a dit : Gloire à toi! À Toi je me repens; il veut dire qu'il se
repent d'avoir demandé de le voir, et je suis le premier des croyants ; il veut dire croyant qu'il ne peut
pas le voir.
Il a été rapporté que lorsqu'Allah a parlé à Moïse, prière et salut d'Allah sur lui, on l'a interrogé après
comment a-t-il entendu la parole du Vrai le Très-Haut ? Il a répondu : Moïse ne percevait plus Moïse. Il a
entendu la parole d'Allah par dix mille langues, il veut dire qu'il a compris de la parole éternelle, dix mille
langues, alors qu'il n'a entendu qu'un seul sens.
Ce seul sens a été traduit en dix mille langues. Par exemple, si on parle du «feu», c'est une seule
chose bien déterminée, mais elle est nommée différemment selon les langues. Moïse a entendu
également la parole éternelle de toutes les directions.
Il a été interrogé sur la crainte révérencielle qu'inspire cette parole, comment était-elle? Il a
répondu, prière et salut d'Allah sur lui : suppose que tu es debout dans un endroit où les foudres
tombent sur toi les unes après les autres. C'est la mort certaine. C'est comme ça que la parole du
seigneur est entendue, Gloire à lui. On l'a interrogé sur le plaisir qui lui a été accordé à la suite de cette
parole divine. Il a dit : le plaisir le plus intense est celui de la jouissance sexuelle. Cette parole est encore
plus intense et plus sublime. Le plaisir qu'elle confère dépasse celui de la jouissance sexuelle par des
multiples et des multiples. Fin.
Je l'ai interrogé sur le sens du verset suivant : «Nous t'avons certes donné les sept versets doublés,
ainsi que le Coran sublime» (Sourate Al Hijr, 15, verset 87). Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en
disant : les sept versets doublés sont les sept attributs qui sont la réalité de l'intérieur du prophète,
prière et salut d'Allah sur lui, c'est-à-dire : l'esprit, l'humanité, le savoir, la prophétie, la transmission du
message divin, la contraction (synthèse et condensation) et l'extension.
La signification du verset est la suivante: nous t'avons certes donné quelque chose, c'est bien les sept
versets doublés, c'est-à-dire le Coran sublime. Le cheikh ibn arabi a dit : je suis le Coran et les sept
versets doublés, etc. Ce sont deux noms différents, comme si tu dis par exemple : zaïd, le grand, le gros.
Deux noms différents (pour une même chose). Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a été interrogé sur le premier verset coranique qui a été
descendu. Il a répondu en disant : le premier verset descendu du Coran est le suivant : «Lis, au nom de
ton Seigneur qui a créé» (Sourate L'adhérence, Al alaq, 96, verset 1). C'est ce qui est descendu en
premier lieu. Rien du Coran n'est descendu avant lui. Ce verset ne fait allusion qu'à la prophétie
uniquement, aucun ordre pour la transmission du message divin n'y était exprimé.
Ensuite, le verset suivant a été révélé au début de la transmission du message divin : «Et avertis les
gens qui te sont les plus proches» (Sourate Les poètes, Al Chouarae , 26 , verset 214). Ses proches ont
été donc spécifiés par cette transmission, d'une manière exclusive. Ce verset est donc le premier qui
ordonne au prophète de diffuser le message d'Allah, mais il s'agit encore d'une transmission spécifique
du message divin et non pas généralisée. Ensuite, le verset suivant a été révélé : «O, Le revêtu d'un
manteau. Lève-toi et avertis» (Sourate Le revêtu d'un manteau, Al-Muddattir, 74, versets 1-2). C'est le
premier verset qui ordonne la diffusion générale du message divin.
Quant au prophète, prière et salut d'Allah sur lui, il n'a jamais souffert de voile ni d'ignorance. Il a été
plutôt un gnostique et un connaissant en Allah. Il détenait une connaissance décelée claire depuis le

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ventre de sa mère. Il en est de même pour tous les prophètes, prière et salut d'Allah sur eux. Ils sont sur
le même modèle. Ils n'ont été affectés par aucun voile. Ils ont toujours occupé le rang de la "Seddeqia"
depuis les ventres de leurs mères et y demeureront jusqu'à l'éternité. Qu'ils aient d'Allah la meilleure
prière et les meilleures salutations. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le sens du verset coranique suivant : «Descendez,
dit Allah, vous serez ennemis les uns des autres» (Sourate Al Aaraf, 7, verset 24). Il a répondu,
satisfaction d'Allah sur lui, en disant : l'hostilité est entre les quatre : Adam, Ève, Iblis (le diable) et le
serpent. L'origine de l'hostilité est la disparité des intérêts. Cette disparité a touché tous les habitants de
la terre, qu'ils soient dotés de raison ou pas. L'hostilité entre Iblis et le serpent est claire, parce qu'lblis
l'a fait sortir du paradis lorsqu'il en a été banni à cause d'Adam.
Quant à l'hostilité entre Adam et Ève, sa cause est mentionnée dans le coran, c'est-à-dire le fait
qu'Adam ait mangé de l'arbre interdit. L'hostilité entre l'homme et la femme est la disparité des
intérêts. Mais la dilection entre eux est originelle, l'animosité n'est que passagère. Allah dit :
«Descendez, dit Allah, vous serez ennemis les uns des autres» (Sourate Al Aaraf, 7, verset 24). Fin de la
dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a été interrogé sur Sidna "El Khader", est-il un prophète ou
pas ? Est-il possible de trouver un "non-prophète", plus savant qu'un prophète ? Il a répondu,
satisfaction d'Allah sur lui, en disant : sachez que "El Khader", paix sur lui, n'est qu'un élu d'Allah ; il n'est
pas un prophète, ceci est connu chez la communauté des savants.
Le grand cheikh (ibn arabi), satisfaction d'Allah sur lui, a dit : la controverse, à propos de sa
prophétie, n'existe pas chez nous, mais elle existe plutôt chez les savants exotériques. Chez nous,
l'affaire est close ; c'est un élu d'Allah, ce n'est pas un prophète. Il est de même pour d'autres grands
personnages, bien que certains en dehors de la communauté des savants croient à leur prophétie.
Le cheikh Zerrouq, satisfaction d'Allah sur lui, a rapporté ce qui suit, d'après un savant : «El Khader,
paix d'Allah sur lui, est un messager parmi les messagers d'Allah. Il a été envoyé à un groupe de gens
dans la mer. Attention, c'est de l'irréligion de dire que ce n'est pas un messager». Le cheikh Zerrouq a
commenté ce dire comme suit : «On peut admettre la vérité de ce que ce savant prétend, mais on ne
peut pas admettre l'irréligion de celui qui ne croît pas à la prophétie d'EI Khader». Cette croyance
constituerait un supplément de culte dans la foi et une obligation, alors que la nation musulmane ne
s'est pas mise d'accord là-dessus.
La preuve qu’EI Khader n'est pas un prophète est la réplique de Moïse, prière et salut d'Allah sur lui,
d'abord à propos du défonçage du bateau «Est-ce pour noyer ses occupants que tu l'as ébréché? Tu as
commis, certes, une chose monstrueuse» (Sourate la caverne, Al Kahf, 18, verset 71). Puis à propos de
l'assassinat du petit enfant : «As-tu tué un être innocent, qui n'a tué personne? Tu as commis certes,
une chose affreuse» (Sourate la caverne, Al Kahf, 18, verset 74).
S'il était un prophète, alors Moïse ne l'aurait pas ignoré, parce qu'il détient le savoir complet.
Comment peut-il se tromper dans l'appréciation d'un prophète présent à ses côtés, et ignorer que c'est
un prophète ? Ceci est impossible à l'égard des prophètes, prière et salut d'Allah sur eux. En effet, Moïse
serait obligé d'annoncer la prophétie d'EI Khader, s'il était un prophète, afin d'appeler les gens à croire
en lui. Il est impossible que Moïse ignore un rang obligatoire dans la foi. Et puis, s'il savait qu'il était un
prophète, il saurait, par conséquent, qu'il avait une protection certifiée par Allah et ne pouvait pas
commettre des actes monstrueux ou affreux, comme déjà mentionnés ! Ceci est impossible à l'égard de
la prophétie.
Si Moïse savait que El Khader était un prophète, il n'aurait pas osé lui dire «Tu as commis un acte
monstrueux», puis «Tu as commis un acte affreux». Il saurait que de tels actes sont impossibles à l'égard
de la prophétie qui dispose de la protection divine certifiée. C'est inconcevable et inimaginable. C'est la
grande preuve qu’EI Khader n'est pas un prophète.
Ibrahim Taymi, satisfaction d'Allah sur lui, un des "Abdals", a cité son histoire avec El Khader qui lui a
enseigné les "Dix hepta- invocations". Il lui a dit qu'il les a entendues de l'ange Gabriel quand il les a
enseignées au prophète (Mohamed), prière et salut d'Allah sur lui. Il a mentionné que celui qui les cite

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sera bien récompensé au paradis. Ensuite, il a vu le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, en rêve.
Notons que son rêve est vrai puisqu'il est un gnostique. Il n'y a pas de faux ni de dépravation dans son
rêve. Il a dit : j'ai vu le prophète en rêve, prière et salut d'Allah sur lui, et je l'ai interrogé sur ce qu’EI
Khader m'a rapporté sur lui. Le prophète a répondu "El Khader a dit vrai". À la fin de son hadith, le
prophète lui a dit "El Khader est le maître des saints". Voilà la meilleure preuve qu’EI Khader n'est pas
un prophète.
Quant à la deuxième question : «Est-ce possible que les non- prophètes dépassent les prophètes
dans le savoir ?». La réponse, et Dieu détient le savoir : oui, c'est possible. Il n'y a pas d'ambiguïté là-
dessus et cela ne réduit en aucun cas le rang des prophètes.
Mais il y a une nuance : dans la connaissance d'Allah, de ses attributs, de ses noms, et de ses
manifestations, ainsi que dans les rétributions, les dons et les afflux qu'elle comporte ; dans ce domaine
de savoir, personne ne peut dépasser un prophète. La prophétie détient le plus grand savoir, le plus
large cercle et la compréhension la plus sublime. Si le non-prophète atteint le rang du prophète dans ce
domaine, ou le dépasse, il aura alors le même mérite que lui ou même plus ! (Ce qui est impossible).
Par contre, en ce qui concerne les niveaux inférieurs du savoir, le "non-prophète" peut dépasser le
prophète dans ce domaine. C'est bien le cas exact d'EI Khader. Parmi les exemples de ces niveaux
inférieurs du savoir, on peut citer : les rangs de l'univers, ce qui se passe dans cet univers d'une manière
globale ou spécifique, les alternances de ses phases, le décèlement de ce qui arrivera dans le futur,
avant son terme, c'est-à-dire le dévoilement des inconnaissables dans l'univers.
Cette réalité (le "non-prophète" peut dépasser le prophète dans ce domaine susmentionné) peut
s'expliquer par le fait que la clairvoyance des prophètes et des messagers d'Allah s'oriente
continuellement vers Allah. Leur persévérance dans cette orientation est permanente et intense. Leurs
cœurs ne voient qu'Allah. Ils ne font attention qu'à lui, et non pas aux univers. Leur regard continu ne se
dirige que vers Allah. Ils ne s'occupent que de ses manifestations et ne considèrent rien que lui.
Chacun d'eux ne s'occupe et ne considère que ce qu'émane de la présence divine, à tout instant et à
tout moment. Leur seul souci est donc les manifestations divines, les rétributions, les dons, et les afflux,
afin de donner à toute chose sa part de bienséance et de service. Ils ne s'arrêtent pas un seul moment
dans cette conduite.
C'est à cause de cette profonde préoccupation que les prophètes n’accordent aucune importance
aux univers et ignorent ce qui se passe ailleurs. Plus que ça ; ils sont occupés par ce qui leur parvient de
la présence divine pure. Sans aucun doute, celui qui a goûté de ceci ne peut guère se pencher vers
quelque chose sauf vers Allah, le Très-Haut, même pendant un tout petit instant. C'est pour cela qu'ils
ne savent pas ce qui se passe, ni ce qui est modifié dans l'univers, à cause de leur préoccupation par
Allah, le Très-Haut.
En revanche, les "non-prophètes" n'ont pas la capacité de rester dans cet état d'une manière
permanente. Ils peuvent le supporter une fois, de temps à autre. C'est pour cette raison qu'ils
s'occupent du dévoilement de l'univers et de ce qu'il contient. Ils ne peuvent pas rester longtemps à une
station (spirituelle) spécifique aux prophètes.
Si vous comprenez ceci, vous saurez alors que "El Khader" s'est particularisé par rapport à Moïse,
prière et salut d'Allah sur lui, par le dévoilement des mystères, car ce sont des mystères de l'univers. Et il
n'est pas écarté que "El Khader" connaisse plus de secrets que Moïse dans ce domaine. Moïse s'occupe
plutôt de ce qu'on vient de mentionner. "El Khader" ne supporte pas une occupation permanente dans
la sainte présence, comme celle de Moïse, prière et salut d'Allah sur lui.
Malgré cela, rien n'est interdit à Allah dans son royaume. Il n'y a aucun obstacle qui se dresse devant
ses décisions. Il peut augmenter le savoir d'un "non-prophète" pour dépasser celui d'un prophète. Rien
ne l'empêche de le faire. Il donne ce qu'il veut à celui qu'il veut, comme il veut. Il a le grand choix et la
volonté puissante. Il n'est pas limité par des restrictions ni par des règles. Personne ne peut encercler
son savoir. Allah dit : «Et II crée ce que vous ne savez pas» (Sourate Les abeilles, An Nahl, 16, verset 8),
cela dépend de lui.

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L'impossibilité que le "non-prophète" ait plus de savoir que le prophète est une règle retenue par les
cœurs des savants. Cette règle ne doit pas s'appliquer à Allah, le Très-Haut, sinon elle sera une sorte de
tutelle appliquée à son égard, et une revendication que l'on peut cerner son savoir. Les savants ne
disposent de rien de ceci. Ce n'est qu'une règle bien insérée dans leurs cœurs, mais qui n'a aucune
preuve ni du livre saint ni de la sounna.
Le grand cheikh (ibn arabi), satisfaction d'Allah sur lui, a dit : Allah m'a accordé un savoir que Adam et
ceux d'après, ne connaissent pas. Il veut dire les prophètes et les messagers. Quant à la signification du
verset coranique qui rapporte les propos d’EI Khader : «Je ne l'ai d'ailleurs pas fait de mon propre
chef»
(Sourate El Kahf, La caverne, 18, verset 82) : Allah a ordonné à El Khader, en secret, d'exécuter ce
qu’il a fait, selon un savoir formel, qu'il a eu directement d'Allah, sans aucun intermédiaire. Le verset
suivant signale en effet ceci : «Ils trouvèrent l'un de Nos serviteurs à qui Nous avions donné une grâce,
de Notre part, et à qui Nous avions enseigné une science émanant de Nous» (Sourate El Kahf, La
caverne, 18, verset 65).
Ceci constitue une grande preuve qu’EI Khader n'est pas un prophète. S'il était un prophète, il
n'aurait pas été décrit de cette manière. Au lieu de dire : «Ils trouvèrent l'un de Nos serviteurs», il aurait
été suffisant de dire plutôt : «Ils trouvèrent un de nos prophètes». Le rang de la prophétie est suffisant
pour nous informer qu'il prend le savoir directement d'Allah sans intermédiaire. Mais puisqu'il n'est pas
un prophète, il fallait préciser «Et à qui Nous avions enseigné une science émanant de Nous» (Sourate
El Kahf, La caverne, 18, verset 65).
C'est pour cette raison qu'il a dit : «Je ne l'ai d'ailleurs pas fait de mon propre chef» (Sourate El Kahf,
La caverne, 18, verset 82). Il a annoncé ainsi qu'Allah lui a ordonné d'agir de la sorte, dans son for
intérieur. Il n'avait aucun doute que l'ordre venait d'Allah. C'est ce qui est arrivé aussi aux abeilles qui
sont muettes et qui semblent être dépourvues de la raison, Allah a dit : «Et voilà ce que ton Seigneur
révéla aux abeilles: Prenez des demeures dans les montagnes, les arbres, et les treillages que les
hommes font» (Sourate En Nahl, les abeilles, 16, verset 68).
Allah, le Très-Haut, nous a informés qu'il a accordé aux abeilles un savoir de sa part. Les abeilles n'ont
pas douté que l'ordre venait d'Allah. De la même façon, "El Khader", paix sur lui, n'avait pas de doute
que l'ordre venait d'Allah.
Quant à l'assassinat du petit enfant qui n'a tué personne et qui n'a montré aucun signe d'incroyance.
Cet acte est interdit par toutes les lois religieuses, véhiculées par tous les prophètes et messagers
d'Allah. Toutes les prophéties sont unanimement d'accord au sujet de l'interdiction de tels assassinats.
Le fait qu'Allah accorde un tel acte à "El Khader" sans qu'il soit prophète est impossible. Le verdict
figurant dans les lois religieuses des messagers, prière et salut d'Allah sur eux, ne peut en effet s'annuler
que par une prophétie.
La sainteté n'est pas habilitée à le faire. C'est-à-dire Allah n'accorde jamais à un "non-prophète"
d'annuler le verdict d'un prophète. Ceci est impossible. Mais on a démontré que El Khader n'est pas un
prophète et qu'il lui est impossible, à cause de sa "non- prophétie" d'annuler le verdict d'un prophète
relevant de sa loi religieuse. On en déduit alors que "El Khader" a reçu ce verdict d'un autre prophète
que Moïse ignore.
On a dit aussi qu'il était impossible à Moïse de ne pas reconnaître la prophétie d'un prophète présent
à ses côtés. C'est impossible à son égard. Mais s'il s'agit d'un autre prophète absent, vivant à la même
époque que lui, il est possible qu'il l'ignore. Personne ne peut cerner le savoir d'Allah, le Très-Haut. Fin
de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le sens du verset coranique suivant : «Sachez que la
vie présente n'est que jeu, amusement, vaine parure, une course à l'orgueil entre vous et une rivalité
dans l'acquisition des richesses et des enfants. Elle est en cela pareille à une pluie: la végétation qui en
vient émerveille les cultivateurs, puis elle se fane et tu la vois donc jaunie; ensuite elle devient des
débris. Et dans l'au-delà, il y a un dur châtiment, et aussi pardon et agrément d'Allah. Et la vie
présente n'est que jouissance trompeuse» (Sourate Le fer, Al Hadid, 57, verset 20) et du verset suivant :

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«Que de jardins et de sources ils laissèrent derrière eux, que de champs et de belles résidences, que
de délices au sein desquels ils réjouissaient» (Sourate La fumée, Ad Doukhan, 44, versets 25-27).
Et du verset suivant : «Ainsi, Nous les fîmes donc sortir des jardins, des sources, des trésors et d'un
lieu de séjour agréable. Il en fut ainsi! Et Nous les donnâmes en héritage aux enfants d'Israël»
(Sourate Les poètes, As Shoâara, 26, versets 57- 59). Il y a ainsi, à la fois éloge et dénigrement,
humiliation et glorification pour une même chose de la part de l'unique, Gloire à lui.
C'est une problématique, dure à comprendre. Allah encercle tout par son savoir. Il est sage et
parfaitement Connaisseur du fond des choses.
Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : sachez que les deux phénomènes ont eu lieu à
deux stations différentes. Chaque station est caractérisée par un rapport qui lui est spécifique et par des
dimensions qui la délimitent. Dans la station de l'éloge et de la glorification, Allah, le Très-Haut, a
mentionné les énormes aubaines qu'il a offertes et les biens copieux qu'il a donnés. Ces aubaines et ces
biens relèvent de ses noms divins le Miséricordieux et le Détenteur de la grâce immense.
L'information qui émane d'Allah, le Très-Haut, à ce sujet, est en fait, une exposition de l'ampleur de
ses aubaines qu'il a accordées à ses serviteurs. C'est aussi une exposition des traces de sa clémence.
Allah a défini ainsi ses rétributions et dons. Dans le verset coranique suivant, il a dit : «Et si vous
comptiez les bienfaits d'Allah, vous ne sauriez les dénombrer. L'homme est vraiment très injuste, très
ingrat» (Sourate Ibrahim, 14, verset 34). Ce verset est venu à la suite de la mention de la rétribution et
de l'aubaine copieuse qu'il a accordées à ses serviteurs, par largesse divine. Allah dit, solennité à lui :
«Allah, c'est Lui qui a crée les deux et la terre et qui, du ciel, a fait descendre l'eau, grâce à laquelle
II a produit des fruits pour vous nourrir. Il a soumis à votre service les vaisseaux qui, par Son ordre,
voguent sur la mer. Et II a soumis à votre service les rivières. Et pour vous, Il a assujetti le soleil et la
lune à une perpétuelle révolution. Et II vous a assujetti la nuit et le jour. Il vous a accordé de tout ce
que vous Lui avez demandé. Et si vous comptiez les bienfaits d'Allah, vous ne sauriez les dénombrer.
L'homme est vraiment très injuste, très ingrat» (Sourate Ibrahim, 14, versets 31-34). Dans ce verset,
Allah définit ses aubaines à ses serviteurs afin de dégager la nécessité de le remercier et de reconnaître
l'ampleur de sa largesse, de sa générosité et de sa clémence. C'est une définition de ses attributs et de
ses noms. Ceci fait partie des affaires sur lesquelles la loi religieuse a insisté. C'est cette station qui a été
évoquée dans ces différents versets.
Quant à l'autre verset coranique, où il a condamné le monde d'ici-bas et l'a nommé jouissance
trompeuse. Allah dit : «Dis: La jouissance d'ici-bas est éphémère, mais la vie future est meilleure pour
quiconque est pieux» (Sourate Les femmes, 4, verset 77). Allah a secoué ses serviteurs et les averti pour
ne plus s'occuper de l'aspect apparent de la première station, c'est-à-dire pour ne plus s'occuper de Ses
aubaines superficiellement (dans l'apparence). Cette occupation les contraint, en effet, à ne plus
s'occuper d'Allah. Leurs cœurs se sont occupés par ces aubaines au lieu de s'orienter vers Allah, le
Très-Haut.
Allah les a donc secoués et les a avertis pour s'occuper plutôt de Lui. Il a dit, solennité à lui : «Et Allah
est meilleur et éternel» (Sourate Taha, 20, verset 73). Dans la première station, il a indiqué la définition
de ses aubaines et de ses faveurs successives afin que le cœur s'occupe du remerciement du bienfaiteur
pour ses bienfaits.
Dans la deuxième station, il a indiqué la cessation de tout, pour lui, Gloire à lui, et l'abandon de tout
pour Lui, malgré son importante valeur dans le cœur. Allah, solennité à lui, a dit : «Et la vie présente
n'est que jouissance trompeuse» (Sourate Le Fer, 57, verset 20). Il n'y a donc pas de contradiction entre
les deux stations. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a été interrogé sur le sens du verset coranique suivant,
concernant le récit de Sidna Ibrahim, prière et salut d'Allah sur lui : «Et quand Abraham dit : Seigneur!
Montre-moi comment Tu ressuscites les morts. Allah dit : Ne crois-tu pas encore ? Si ! dit Abraham;
mais que mon cœur soit rassuré» (Sourate La vache, 2, verset 260). Il a répondu, satisfaction d'Allah sur
lui : sachez que ce verset signifie ce qui suit: Allah, le Très-Haut, n'ignore pas l'état d'ibrahim, paix sur lui.
Il sait que c'est un croyant accompli qui ne doute pas de la capacité d'Allah à ressusciter les morts.

-272-
En effet, Ibrahim n'a pas douté de la capacité d'Allah à ressusciter les morts. Mais il a voulu, prière et
salut d'Allah sur lui, passer de l'étape de la science de la certitude à l'étape de l'œil de la
certitude. Il faut noter que seul Ibrahim, prière et salut d'Allah sur lui, a osé demander ceci à Allah,
en référence à sa position particulière parmi les messagers. Sinon, il n'est pas permis que quelqu'un
fasse une telle demande auprès d'Allah. Ceci fait partie du dévoilement du secret du destin qu'Allah a
caché à toutes ses créatures. Les êtres créés ne peuvent que constater uniquement les manifestations
divines exposées à l'univers; cette constatation peut être relative à l'image ou à l'essence.
Quant aux éclairs des secrets contenus à l'intérieur de ces manifestations, les pensées ne peuvent en
aucun cas y accéder. Seul Allah, le Très-Haut, détient leurs connaissances. Celui, parmi sa créature, qui
demande le décèlement de ces secrets, sera banni. Ou bien, il sera éloigné de sa proximité, c'est-à-dire il
souffrira à nouveau du voile, qu'Allah nous accorde protection. Ou bien, il sera écarté de la possibilité de
poser une telle question et il n'aura pas de réponse ; il s'agit ici de l'élite. Ou bien, il sera puni
sévèrement par un supplice donné.
Allah seul s'est emparé, en effet, du savoir concernant les secrets du destin qui sont le tréfonds des
manifestations divines. Il ne les dévoile à personne. C'est pour cela qu'il a puni le prophète Noé qui
disposait pourtant de la grande particularité, et qui jouissait d'une position spirituelle sublime, prière et
salut d'Allah sur lui, en lui disant : «O Noé, il n'est pas de ta famille car il a commis un acte infâme. Ne
me demande pas ce dont tu n'as aucune connaissance. Je t'exhorte afin que tu ne sois pas du nombre
des ignorants» (Sourate Hud, 11, verset 46).
Mais il a pardonné à Ibrahim à cause de sa particularité, et il lui a montré, lui-même, le secret réel de
ce qu'il a demandé. Il a donc exaucé sa demande. Quant à son dire, gloire à Allah, dans le verset
coranique suivant ; «Ne crois-tu pas encore ?» (Sourate La vache, verset 260), c'est une interrogation de
dénégation. C'est-à-dire Allah connaît bien la foi d'ibrahim, mais il l'a interrogé avec dénégation afin de
lui faire des reproches. C'est comme s'il lui dit : «Je sais que tu crois que je suis capable de ressusciter les
morts, alors que veux-tu dire par ta question ? S'il s'agit bien de la résurrection des morts, tu crois déjà
que j'en suis capable, mais si ta question est relative au dévoilement de mon secret, je ne te le dévoile
pas».
Son dire «Que mon cœur soit rassuré» (Sourate La vache, verset 260) : la signification de l'assurance
est l'apaisement après la crainte et la victoire de la sérénité sur la crainte, afin de faire dissiper
l'agitation, le doute, l'illusion, la crainte et l'anxiété. Voilà l'assurance. Être assuré, pour Ibrahim, prière
et salut d'Allah sur lui, consiste à avoir des réponses à son "avocat du diable". D'ailleurs, chacun de nous
dispose d'une hantise secrète qui l'informe, l'interroge, le met en doute, lui donne une certaine pensée,
une illusion, c'est ce qu'on exprime par la "hantise".
Allah, le Très-Haut, a dit : «Nous avons effectivement créé l'homme et Nous savons ce que son âme
lui suggère et Nous sommes plus près de lui que sa veine jugulaire» (Sourate Qaf, 50, verset 16).
Ibrahim a voulu se préparer devant sa hantise (le tentateur) en cas d'une question relative à sa foi et à
sa croyance sur la capacité d'Allah à ressusciter les morts. S'il lui dit, par exemple : «L'as-tu vu (en train
de ressusciter les morts)? Et puisque tu ne l'as pas vu, comment peux-tu en être certain ?». Il a voulu
rassurer son cœur en répondant à sa hantise secrète qu'il l'a vu de ses propres yeux.
Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, à partir de sa mémoire et de ses mots.
Le verset suivant : «Par l'étoile à son déclin. Votre compagnon ne s'est pas égaré et n'a pas été
induit en erreur. Et il ne prononce rien sous l'effet de la passion. Ce n'est rien d'autre qu'une
révélation inspirée» (Sourate L'étoile, En Najm, 53, versets 1-6).
Le verset signifie qu'Allah a acquitté son messager, prière et salut d'Allah sur lui, de toute influence
de la passion. La passion condamnée se définit par les actes que l'âme commet pour ses concupiscences
et pour compléter ses intérêts ; c'est tout. Allah a acquitté son prophète, prière et salut d'Allah sur lui,
de ceci. Au contraire, son âme, prière et salut d'Allah sur lui, a pu atteindre les lieux de la proximité
d'Allah. Elle est parvenue à constater avec limpidité la présence divine au point de ne pas la rater, même
en un moment aussi court qu'un clin d'œil. Elle ne s'occupe que par cette présence divine, et rien
d'autre ne peut l'occuper, même en un moment aussi court qu'un clin d'œil.

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L'accès aux lieux de la proximité est l'accès du serviteur au rang de la vérité de la certitude. Le
serviteur ne peut se débarrasser de ses occupations et des habits de ses défauts que par son
enfoncement dans la mer de la vérité de la certitude. Quant au rang de l'œil de la certitude, bien qu'il
débarrasse l'âme de tous les restes qui s'opposent à l'ordre divin, puisque ce rang ne renferme que la
divinité pure, celui qui l'occupe se qualifie d'un regard incomplet puisqu'il ne donne pas aux différents
rangs le droit qu'ils méritent. Il a aussi un savoir incomplet en ce qui concerne les particularités des
rangs relatifs au seigneur et aux créatures. C'est pourquoi il est incomplet.
Celui qui occupe le rang de la vérité de la certitude s'est débarrassé définitivement de tous les
défauts du tempérament humain, parce qu'il s'en est déjà débarrassé au rang de l'œil de la certitude.
Une fois qu’il a accédé au rang de la vérité de la certitude, Allah, le Très-Haut, lui a montré les rangs de
la divinité et de la créature. Il a accordé, par conséquent, à chacun des ayants droit son droit tout en
accomplissant les fonctions et les bienséances nécessaires. Il ne se penche et ne se tourne même pas un
instant vers le suivi de la passion.
Par ailleurs, et concernant les rangs de la certitude, on cite en premier lieu le rang de la science de la
certitude. Ce rang se positionne en aval de tous les rangs de la conduite du serviteur "soulouk".
Juste après, il y a le rang de l'œil de la certitude. Il s'agit de l'usure totale du serviteur. Tout ce qui
restera de lui sera alors «un vrai par un vrai, dans un vrai d'après un vrai». Il ne restera donc ni savoir, ni
écrit, ni où, ni comment. Après ce rang, il y a la station de la lucidité et de la pérennité. C'est la station
du rang de la vérité de la certitude.
Illustrons ces rangs par des exemples témoins. Prenons l'exemple du feu. On sait que le feu brûle,
cuit et chauffe. On le sait tout en étant loin du feu.
La science de la certitude signifie ainsi l'apparition des vérités derrière un léger voile. Quant à l'oeil
de la certitude, c'est l'exemple de celui qui a touché au feu et s'est effectivement brûlé et a goûté sa
chaleur. C'est l'exemple de «l'œil de la certitude», c'est-à-dire le décèlement des vérités sans voiles et
sans particularités1. C'est l'œil de la certitude.
La vérité de la certitude est illustrée par l'exemple de celui qui s'est complètement lancé dans un feu
très intense et très brûlant. Il se brûle ardemment à l'intérieur. Lors de son incinération, rien ne peut lui
parvenir comme savoir. Rien ne peut parvenir à son cœur en dehors du feu. À ce moment, il n'est
occupé en effet que par ce feu qui le brûle.
C'est exactement le cas de celui qui occupe le rang de la vérité de la certitude. Il ne voit que la
présence divine. Même lorsqu'il jette un coup d'œil sur les composantes de l'univers, il ne voit en réalité
qu'Allah, le Très-Haut, Gloire à lui.
Toute association (à la divinité d'Allah) lui a été consumée dans tous ses aspects et à toute
considération. Il n'a qu'Allah, uniquement. Par ailleurs, Allah, gloire à lui, était dans le pré-éternel, dans
le voile du trésor sublime. Il n'était connu que par lui-même. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui,
a dit dans son hadith, lorsque quelqu'un l'a interrogé : où était notre seigneur avant qu'il ne crée la
créature ? Il a répondu : il était dans un voile (aveuglement). Il n'y avait pas d'espace ni au-dessus ni
au-dessous de lui.
Les savants exotériques ont essayé d'expliquer ce hadith en avançant des imaginations et des
illusions, bien éloignées de l'authenticité et de la vérité. Ils ont analysé la lexicologie du terme
«aveuglement» et l'ont lié au nuage. Les Arabes appellent le nuage "aveuglement", puisqu'il cache le
soleil du regard. Ces savants ont interprété le hadith en disant qu'Allah s'est manifesté dans un nuage!
Ils ont dû oublier que le nuage fait partie des créatures d'Allah sur lesquelles la question a été
portée!

1 -Ici l'auteur insinue par «sans particularités» ce qui suit : l'élu, quand il jouit de l'ouverture spirituelle, il peut bénéficier de
l'ouverture dans certaines choses sans qu'il puisse accéder à d'autres choses.
Dans ce contexte : «l'œil de la certitude», c'est-à-dire le décèlement des vérités sans voile et sans particularités veut dire
sans qu'il y ait de limite. Toutes les particularités deviennent dans cette station à la portée de l'élu.

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L'aveuglement mentionné dans ce hadith signifie qu'Allah, le Très-Haut, s'est mis derrière le voile de
la présence de Son Entité. Celle-ci est qualifiée de tout attribut éminent relevant de l'Entité suprême : la
hauteur, la grandeur, la sublimité, et la puissance. Il n'y a rien avec lui. Le prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, a signalé ceci par son hadith : «Allah existait, et rien n'existait avec lui». Cette présence
de l'Entité est bien la présence de l'effacement des traces et de l'aveuglement. Aucun nom ni attribut
n'apparaît sauf l'Entité par l'Entité dans l’Entité d'après l'Entité ; et rien que ceci.
Dans le même sens, le hadith "qodssi", provenant d'Allah, le Très-Haut, dit : «J'étais un trésor
inconnu. J'ai aimé être connu. J'ai alors créé une créature à laquelle j'ai "injecté" ma connaissance. C'est
donc par moi qu'on m'a connu». La créature a donc été créée. Il s'agit des choses qui apparaissent dans
l'univers et de leurs aspects et images. Allah ne leur a injecté sa connaissance que par l'apparence de sa
divinité.
Quant à l'Entité suprême, dans la présence de l'effacement des traces et de l'aveuglement, personne
ne peut espérer la connaître. Allah seul, le Très-Haut, connaît son Entité dans cette présence. Par
contre, la définition du rang de la divinité, pour les créatures, signifie que l'univers adore Allah, le
Très-Haut, en permanence. Il signifie sa soumission et son obéissance à Allah sous Sa grandeur,
sublimité et solennité. Il signifie sa servilité devant la perfection de la gloire du Très-Haut. Il signifie son
impotence sous la coercition divine en cédant à Allah toute gouvernance. Allah fait ce qu'il veut et
gouverne comme il veut. Pas d'objection à son verdict et à ses décisions. Cette définition du rang de la
divinité présente un aspect exotérique et un aspect ésotérique.
La définition de l'aspect exotérique de la divinité, pour les gens voilés de tout l'univers, est le fait
qu'ils reconnaissent la divinité d'Allah et qu'ils sont des serviteurs soumis à son jugement. Cette
reconnaissance et cette soumission leur sont innées et les caractérisent depuis leur création et le long
des générations.
La théorie de la connaissance de la divinité par tradition, avancée par certains savants, est donc
fausse. Ces savants pensent que la connaissance de la divinité peut être déterminée par des preuves et
qu'il existe des êtres créés qui ne connaissent pas Dieu. Ceci est faux. D'ailleurs, les messagers ne sont
envoyés aux êtres créés que pour l'appel au monothéisme et à l'adoration dévouée d'Allah. Ils ont
appelé à l'abandon de tout ce qui a été associé à l'adoration d'Allah. Les nations ne les avaient démentis
qu'à propos de la crédibilité de leur "Rissala" (transmission du message divin). C'est-à-dire qu'ils
démentaient le fait qu'ils étaient envoyés par Allah. Mais la divinité d'Allah n'a jamais été niée.
Allah, le Très-Haut, a dit à propos d'eux : «Ceux qui prennent des protecteurs en dehors de Lui
(disent): Nous ne les adorons que pour qu'ils nous rapprochent davantage d'Allah» (Sourate Les
groupes, AZumar, 39, verset 3). Il a également dit, à propos de l'adoration de leurs idoles : «Et ils disent:
Ceux-ci sont nos intercesseurs auprès d'Allah» (Sourate Jonas, Yunus, 10, verset 18). Ils n'ont donc pas
nié l'existence de Dieu, ni sa divinité, mais ils ont démenti la "Rissala" (c'est-à-dire le fait qu'Allah a
envoyé des messagers). Ils ont aussi démenti l'adoration et la dévotion à Allah, le Très-Haut. À propos
de "Ade" et "Thamoud", Allah, gloire à lui, a dit: «Quand les Messagers leur étaient venus, de devant
eux et par derrière, leur disant: N'adorez qu'Allah, ils dirent: Si notre Seigneur avait voulu, Il aurait
certainement fait descendre des Anges. Nous ne croyons donc pas au message avec lequel vous avez
été envoyés» (Sourate Les versets détaillés, Fussilat, 41, verset 14). Ils veulent dire : si notre Seigneur
avait voulu nous envoyer un message pour que nous adorions Allah seul avec dévouement, il aurait
alors certainement fait descendre des Anges.
Le peuple "Ade" a répondu au prophète "Houd", prière et salut d'Allah sur lui, en disant : «Es-tu venu
à nous pour que nous adorions Allah seul, et que nous délaissions ce que nos ancêtres adoraient? Fais
donc venir ce dont tu nous menaces, si tu es du nombre des véridiques» (Sourate Al-Araf, 7, verset 70).
Ils n'ont donc pas nié l'existence de Dieu. Ils ont plutôt démenti l'adoration, la dévotion à lui, et
l'authentification du message avec lequel les messagers d'Allah, le Très-Haut, gloire à lui, ont été
envoyés.
Allah, le Très-Haut, a dit, en décrivant les mécréants : «Et si tu leur demandes qui les a créés, ils
diront très certainement : Allah. Comment se fait-il donc qu'ils se détournent» (Sourate L'ornement,
Azzukhruf , 43, verset 87). Allah, gloire à lui, en les décrivant, a également dit, lorsqu'il a ordonné à son

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prophète, prière et salut d'Allah sur lui, de les interroger. Il a dit : «Dis: à qui appartient la terre et ceux
qui y sont? Si vous savez, lis diront : à Allah. Dis: Ne vous souvenez-vous donc pas» (Sourate Les
croyants, Al-Muminune, 23, versets 84-85).
Il a dit également : «Dis: Qui est le Seigneur des sept cieux et le Seigneur du Trône sublime ? Ils
diront: Ils appartiennent à Allah. Dis: Ne craignez-vous donc pas ?» (Sourate Les croyants,
Al-Muminune, 23, versets 86-87). Et il a dit : «Dis: Qui détient dans sa main la royauté absolue de toute
chose, et qui protège et n'a pas besoin d'être protégé? Dites, si vous le savez. Ils diront: Allah. Dis:
Comment donc se fait-il que vous soyez ensorcelés? (Au point de ne pas croire en Lui)» (Sourate Les
croyants, Al-Muminune, 23, versets 88-89). Et ainsi de suite, etc. Vous voyez dans ces versets coraniques
qu'ils n'ont pas nié l'existence de Dieu. Ils n'ont pas nié son rang de divinité. Ils ont plutôt adoré ce rang,
afin de se rapprocher d'Allah, le Très-Haut. C'est la définition de l'aspect exotérique de la divinité.
Quant à la définition de l’aspect ésotérique de la divinité :
• Pour les véridiques et les gnostiques : ils ont transpercé les voiles des apparences pour
arriver aux tréfonds de la divinité jusqu'au rang de la vérité de la certitude. L'univers, en
totalité, n'est pour eux que des attributs et des noms divins. Ils le perçoivent ainsi
réellement et non pas uniquement par croyance. Allah, le Très-Haut, s'est manifesté à eux, à
partir de la partie interne de Ses noms et attributs. Il leur a accordé l'afflux de ses secrets, et
ils ont été par conséquent enlevés et arrachés du "cercle de l'humanité".
Leurs mouvements, repos, fluctuations, états, actes et dires deviennent alors concrétisés
selon la volonté d'Allah (d'une manière apparente et cachée). Là où ils sont gouvernés par
Allah, ils sont dans toutes leurs affaires pour Allah, vers Allah, d'après Allah. Ils sont inertes
(comme des morts) par rapport à tout, sauf par rapport à Allah. C'est ça l'objectif des
véridiques dans cette définition. Ils ne peuvent pas espérer d'atteindre un rang plus avancé
que celui-ci.
• • Quant à la définition relative aux pôles et aux prophètes : Allah s'est manifesté à eux par
son secret inviolable et par son mystère renfermé que personne ne peut citer. Cette
définition est appelée conventionnellement «le fond du fond de la divinité».
Si une toute petite quantité des secrets de ce fond du fond, ainsi que ses connaissances et savoirs,
apparaissait aux véridiques, ils seraient alors dissolus par la crainte révérencielle qu'inspire la solennité
et seraient réduits à néant en moins d'un clin d'œil. Ce fond de deuxième degré (fond du fond) est
destiné aux pôles et aux prophètes. Personne d'autre ne peut espérer y accéder quel que soit son
niveau spirituel. Mais les pôles occupent la position basse de cette présence (fond de divinité de
deuxième degré) alors que les prophètes en occupent la position la plus élevée (ou fond de divinité de
troisième degré).
Puis il y a le fond de la divinité de quatrième degré qui est la présence spécifique au prophète
(Mohamed), prière et salut d'Allah sur lui. Les pôles et les autres prophètes ne peuvent pas espérer y
accéder ou même en sentir l'odeur. Si une toute petite quantité des secrets de ce fond de quatrième
degré apparaissait aux grands messagers d'Allah, ils seraient alors dissolus par la crainte révérencielle
qu'inspire la solennité et seraient réduits à néant en moins d'un clin d'œil.
Ensuite, il y a la révélation d'Allah à ceux qui occupent ces rangs (précités). Chacun (recevra la
révélation) selon son rang (spirituel) de révélation. Les gens ordinaires, voilés, occupant le premier rang,
la révélation pour eux est ce qu'Allah leur accorde lors de leur sommeil. Allah leur dévoile les mystères
qu'il veut, à un moment donné, et non pas à tout instant. Ce sont les gens dignes de la divinité
exotérique.
Par contre, pour les véridiques qui sont dignes du fond (de premier degré) de la divinité, la révélation
d'Allah à eux, est la levée nette du voile sur les mystères, ou le délice de son chuchotement qu'ils
goûtent, à la suite de la manifestation des vérités de ces secrets à eux.
Mais, bien que le niveau de la révélation divine qui leur parvient soit très élevé, leur rang reste
toujours inférieur à celui des pôles. De même, les pôles, à leur tour, malgré le niveau de la révélation

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divine qui leur parvient, leur rang reste toujours inférieur à celui des prophètes, prière et salut d'Allah
sur eux.
De même, les grands messagers, malgré le niveau élevé de la révélation divine qui leur parvient, leur
rang reste inférieur à celui du prophète (Mohamed), prière et salut d'Allah sur lui. La révélation d'Allah à
lui, prière et salut d'Allah sur lui, occupe un rang inégalé. Personne d'autre que lui ne peut sentir la
moindre odeur de sa révélation qui n'est destinée qu'à son rang.
Il (le prophète Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui) entend nettement le secret inviolable,
comme il le voit de ses propres yeux et d'une manière nette. Ensuite, la révélation, telle qu'elle est, peut
avoir la forme de l'arrivée de l'ange qui informe (la personne digne de cette révélation) du dire d'Allah,
le Très-Haut. C'est le cas du Coran. Parfois, la révélation prend la forme de l'écoute directe du secret
inviolable. C'est le plus haut rang de la révélation ; il n'y a rien au- dessus de ce rang.
Parfois, la révélation se concrétise par «rencontre» (Alliqae). Cette «rencontre» traduit un rang
inviolable, il ne doit pas être décelé. Il reçoit en effet l'ordre divin directement d'Allah, puissance et
gloire à lui, sans intermédiaire. Parfois, la révélation est par «injection» (al ilqae). Celle-ci s'appelle
souffle. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a signalé ce souffle dans son hadith: «Le Saint esprit a
soufflé en moi ce qui suit : Personne ne mourra avant de compléter la part de subsistance qui lui est
destinée. Soyez pieux envers Allah et résumez votre demande. Il ne faut pas agir en désobéissant à Allah
afin de réaliser ce qui vous a été retardé dans l'exaucement. Sachez qu'Allah ne vous donne de ce qu'il a
que si vous lui obéissez».
Parfois, la révélation se fait par délégation selon le rang. Cette délégation ne peut pas être expliquée
; il est très rare de connaître son goût. Ce rang de révélation est signalé par tous les hadiths qodssi,
comme le dire suivant du prophète, prière et salut d'Allah sur lui : «Savez-vous ce qu'Allah vous dit ? Ils
ont répondu : c’est Allah et son messager qui détiennent le savoir. Il a dit : Allah dit : Parmi Mes esclaves
les uns se sont levés ce matin croyant en Moi et les autres Me reniant. Celui qui a dit : "Nous avons reçu
cette pluie par la générosité de Dieu et par Sa miséricorde". Celui-là croit en Moi et renie le pouvoir des
astres. Quant à celui qui a dit : "Nous avons reçu cette pluie à la suite de la chute de telle étoile", celui-là
Me renie et croit au pouvoir des astres"«. On peut citer également le hadith suivant: «Allah dit : Je suis
conforme à la bonne idée que se fait de Moi Mon esclave. Je suis avec lui là où il M'évoque». Les hadiths
qodssi sont nombreux. Leur rang est défini ainsi.
Parmi les autres types de la révélation, on cite l'afflux de la station qui émane de la constatation. On
cite aussi l'injection qui est l'inspiration. Celui qui reçoit cette révélation ne sait même pas comment elle
lui était parvenue. Allah, le Très-Haut, dit à ce propos : «Et à qui Nous avions enseigné une science
émanant de Nous» (Sourate La caverne, Al Kahf, 18, verset 65). Il dit aussi : «Et il (Allah) t'a (le prophète
Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui) appris ce que tu ne savais pas» (Sourate les femmes, An
Nisaâ, 4, verset 113) et il a dit: «Et il (Allah) a enseigné à l'homme ce qu'il ne savait pas» (Sourate
L'adhérence, Al-Alaq, 96, verset 5).
Tout cela constitue les vérités de "l'injection" par voie d'inspiration. On peut citer également le
verset coranique suivant : «Et Nous révélâmes à la mère de Moïse [ceci]: Allaite-le» (Sourate Le récit,
Al-Qasas, 28, verset 7). Cette injection rare et singulière révélée à la mère de Moïse illustre plus
clairement la révélation susmentionnée. Elle n'est connue que par le goût. De cette inspiration, il y a le
verset suivant : «Et voilà ce que ton Seigneur révéla aux abeilles: Prenez des demeures dans les
montagnes, les arbres, et les treillages que [les hommes] font» (Sourate Les abeilles, An Nahl, 16,
verset 68) et ainsi de suite.
La révélation peut être aussi produite à partir de la méditation dans les rangs des noms, des attributs
et des particularités qu'ils méritent. Il s'en suit un afflux divin et une révélation du seigneur, à partir
desquels on peut connaître le verdict dans le Ghayb (l'inconnaissable) et l'ordre divin clair.
La révélation peut être aussi véhiculée à travers l’émissaire qui vient d'Allah, le Très-Haut, vers la
présence de celui qui reçoit la révélation. Cet émissaire est similaire à un envoyé spécial de Dieu. Cet
envoyé lui souffle un certain nombre de définitions, de secrets, de sciences, de dévoilement de
mystères et d'authentification de l'ordre divin.

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La révélation peut être aussi perçue à partir de la méditation dans les règles de la sagesse qui
régissent l'univers. Cette méditation s'intéresse aux mérites des particularités de l'attribut et des noms.
Voilà donc les rangs de la révélation. Les gens se distinguent en fonction de leurs rangs et niveaux.
Sachez que celui qui a reçu la manifestation divine à partir du secret inviolable et du mystère
renfermé se trouve bien protégé des péchés de tous les points de vue et de toutes les considérations. Le
péché, c'est-à-dire l'infraction formelle ou insinuée de l'ordre divin, ne peut lui parvenir. Il est bien
protégé de toute infraction de l'ordre divin.
C'est ainsi qu'a été certifiée la protection en faveur des prophètes. Les pôles bénéficient aussi de
cette protection, mais sous l'égide des prophètes. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, ne les a pas
déclarés dans son hadith : «La protection certifiée n'est accordée qu'aux prophètes».
Il les a cachés ici à cause de leurs rangs inconnus. Allah n'a pas informé les gens des rangs des pôles.
Même eux, ils ne sont pas au courant de leurs rangs (qui leur sont cachés). C'est pour cette raison que le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, n'a pas annoncé la protection certifiée des pôles. Mais le secret
inviolable constitue une barrière à celui qui en a goûté, contre les péchés, même lors d'un temps aussi
court qu'un clin d'œil.
Mais ceux qui détiennent des rangs inférieurs, tels les véridiques, ne disposent pas de protection
certifiée. Ils subissent leur destin comme tout le monde. El Jounaïd a été interrogé si le gnostique
pouvait commettre le péché de fornication. Il a réfléchi un moment et a répondu : «Le commandement
d'Allah est un décret inéluctable».
La protection est bien certifiée en faveur des prophètes, prière et salut d'Allah sur eux. Il leur est
impossible de commettre une infraction. Les versets coraniques suivants authentifient cette protection :
«Quiconque obéit au Messager obéit certainement à Allah» (Sourate les femmes, An Nisaâ, 4, verset
80); «Nous n'avons envoyé de Messager que pour qu'il soit obéi, par la permission d'Allah» (Sourate
les femmes, An Nisaâ, 4, verset 64) et ainsi de suite pour d'autres versets.
Quant à l'affaire d'Adam, salut d'Allah sur lui, bien qu'elle soit dans son apparence une infraction, elle
est au fond un prodige sublime. Allah lui a révélé en elle la perfection de la connaissance, le savoir qui se
rapporte à Allah, les affaires et les considérations qui concernent la présence divine, ainsi que la servilité
et la pauvreté des serviteurs d'Allah quelle que soit l'élévation de leurs rangs.
Quant au prodige de cette affaire, il se manifeste par le fait que le maudit Iblis a fourni énormément
d'efforts afin de faire tomber Adam dans le piège du péché et le faire chasser comme lui de la proximité
divine. Il a enfin réussi à attribuer l'infraction à Adam. Mais Allah a montré à Iblis que le rang d'Adam est
bien supérieur au sien. C'est comme si Allah, le Très-Haut, lui dit d'une langue qui traduit cette situation:
Si tu souhaites son bannissement de notre proximité et son humiliation par notre éloignement de lui,
nous te dirons "Loin de là" ! Il est plutôt notre bien-aimé, il a été choisi parmi toute notre créature. C'est
pour lui que tous les univers ont été créés. Sans lui, nous ne les aurions pas créés et nous n'aurions pas
eu de volonté pour les créer. Tous les univers, bien que quelques-uns aient dans l'apparence plus
d'honneur que lui, comme c'est le cas des anges, sont tous pour lui des serviteurs.
Il (Adam) est plutôt la perle des univers. Tout l'univers n'est devant lui que coquillages. À cause du
secret que nous avons conservé dans sa réalité, et du trésor caché que nous avons placé dans sa
conscience, même s'il nous désobéit par le péché de tous les univers, nous n'allons pas le bannir, ni
l'éloigner, ni le détester. Il est notre bien-aimé, pour son entité, quel que soit son comportement, de
soumission ou de désobéissance. Bien qu'il fasse ce qu'il fait, et bien qu'il lui arrive ce qu'il lui arrive, il
n'y a pas de mal en lui. Et Nous avons en ceci un secret inviolable.
C'est pour cela, qu'Allah a dit : «Puis Adam reçut de son Seigneur des paroles, et Allah agréa son
repentir» (Sourate la vache, Al Bakarah, 2, verset 37). C'est à cause du secret inviolable conservé dans
son intérieur qu'il a été préféré à toutes les créatures. Malgré le péché qu'il a commis, et le changement
qu'il a subi, c'est-à- dire l'expatriation du paradis, le décollement de ses habits, et son encerclement par
le sinistre, il ne s'est pas détourné de sa station d’excellent serviteur d'Allah. Il est plutôt revenu,
humilié, comblé de servilité et de résignation à la sublimité du seigneur. Il a montré sa petitesse devant
la solennité d’Allah.

-278-
Il a reconnu le défaut de son âme. Puis il a parlé à son seigneur, le Très-Haut, gloire à lui,
reconnaissant sa déficience, en disant : «O notre Seigneur, nous avons fait du tort à nous- mêmes. Et si
Tu ne nous pardonnes pas et ne nous fais pas miséricorde, nous serons très certainement du nombre
des perdants» (Sourate Al Aâraf, 7, verset 23).
Adam ne ressemble pas à l'ennemi d'Allah, Iblis, qui ne dispose pas du secret inviolable. Lorsqu'Allah
a banni Iblis de sa proximité, et a décidé de l'anathématiser et de l'éloigner, il ne s'est pas humilié ni
résigné devant la solennité d'Allah et sa sublimité. Il s'est plutôt retourné, glorifiant son âme, en colère
vis-à-vis de son seigneur et montrant son irréligion devant Allah, le Très-Haut. Il a dit, provoquant la
colère de Dieu : «Par Ta puissance! dit [Satan]. Je les séduirai assurément tous» (Sourate Sad, 38,
verset 82).
Il a dit également : «Puisque Tu m'as mis en erreur, dit [Satan], je m'assoirai pour eux sur Ton droit
chemin. Puis je les assaillirai de devant, de derrière, de leur droite et de leur gauche. Et, pour la
plupart, Tu ne les trouveras pas reconnaissants» (Sourate Al Aâraf, 7, versets 16-17).
Cela est le summum de l'irréligion. Dans tous les univers, il n'y a pas un seul être créé qui a parlé ainsi
à Dieu et a osé se prononcer devant lui par cette admonition, cette désobéissance, ce bannissement,
cette anathématisation et cette privation. Allah l'a rendu (Satan) un modèle suivi par tous ceux qu'il a
chassés de sa porte et éloignés de sa proximité. Sa réponse est le texte du verset coranique suivant :
«Sors de là, dit (Allah) banni et rejeté. Quiconque te suit parmi eux de vous tous, J'emplirai l'Enfer»
(Sourate Al Aâraf, 7, verset 18). Voilà l'aspect du prodige que l'on peut déduire de ce qui est arrivé à
Adam, prière et salut d'Allah sur lui.
Concernant justement l'affaire d'Adam: premièrement, Allah l'a rendu un modèle pour sa
descendance. Celle-ci va apprendre de ce qu'il lui est arrivé. Celui qui commet une infraction à l'égard de
l'ordre de son seigneur, mais qui revient à lui repenti et reconnaissant son péché, il trouvera le pardon
et l'acceptation d'Allah immédiatement. Deuxièmement : le bien-aimé dans la présence divine, bien qu'il
soit très rapproché de Dieu et bien protégé, sera obligatoirement testé par un sinistre venant de la
présence divine, secouant ses sens et lui faisant mal, dans tous ses aspects exotériques et ésotériques.
Le message est donc la nécessité de ce test au sein de la présence divine.
D'ailleurs, si le bien-aimé ne trouve de son seigneur que ce qui est conforme à ses intérêts, l'amour
qu'il prétend pour Allah, ne sera donc pas sincère. Tant qu'Allah lui accorde ce qu'il veut, ce serviteur
l'aime. Mais le vrai amour se manifeste lorsqu'il affronte un sinistre sans que son intérieur ne se
détourne de sa situation d'amoureux. Ibn Adham, satisfaction d'Allah sur lui, a dit :
Même si tu me coupes en morceaux, dans l'amour,
mon cœur n'aura de nostalgie qu'envers toi.
C'est par le mal et le sinistre que le vrai amour est connu. Il a été rapporté ce qui suit: pendant que
"Serry Seqti", satisfaction d'Allah sur lui, pleurait, un jour, un homme est rentré chez lui et lui a
demandé pourquoi il pleurait?
Il a répondu : «J'étais endormi, il y a un instant et je me suis vu dans les mains du très haut qui m'a
dit :
O, Serry, ou comme il a dit : lorsque j'ai créé toute la créature, ils ont prétendu mon amour. J'ai alors
créé le monde d'ici-bas avec ses ornements et ses décorations. Ils se sont tous enfouis vers ce monde
sauf le un dixième. Lorsque ce dixième des êtres créés est resté en place, je lui ai créé le paradis. Quand
ils ont vu ses ornements et ses décorations, ils se sont enfouis vers lui sauf un dixième d'entre eux.
Lorsque ce dixième (du dixième) des êtres créés est resté en place, je lui ai affecté une particule de
sinistres et ils se sont tous enfouis. Il n'est resté que leur dixième. J'ai dit alors à ce "dixième" restant :
«Vous n'avez pas voulu le monde d'ici-bas. Vous n'avez pas choisi le paradis. Vous n'avez pas fui le
sinistre. Que voulez-vous donc ? Ils ont dit : tu connais mieux ce que nous voulons. Je leur ai dit : je vais
vous affecter d'un sinistre au nombre de vos âmes ; allez- vous donc endurer ? Ils ont dit : si c'est toi qui
nous testeras, fais alors ce que tu veux. Je leur ai dit : vous êtes mes vrais serviteurs». Voilà le test dans
la situation de l'amour. La crédibilité de cet amour ne se manifeste que par la résistance aux sinistres.

-279-
Un grand gnostique et érudit a dit à un saint, lorsque celui-ci était en train de se plaindre de ce qu'il
endurait et de ce dont il souffrait à cause de l'amour d'Allah, le Très-Haut. Ce saint avait dit : je sens que
ce monde ici-bas est très étroit, et je ne trouve pas de voie pour mourir. Le grand gnostique lui a
répondu : as-tu goûté à l'amour d'Allah, le Très-Haut ? Il a répondu oui. Il lui a dit : as-tu rencontré un
sinistre que les montagnes ne peuvent supporter alors que tu n'as même pas souhaité qu'il se dissipe
d'une petite particule ? Il a dit non. Il lui a dit : ne crois pas que tu aimes Allah. Tu n'as même pas senti
l'odeur de cet amour divin ! Voilà la définition du vrai amour dans la présence divine. Quant à la
troisième définition : bien que le niveau du serviteur d'Allah soit élevé dans son élection et sa sainteté, il
ne doit pas se sentir à l'abri de la ruse de Dieu, le Très- Haut. C'est le cas d'Adam.
Lorsqu'il est descendu du paradis et lorsqu'il a été affecté par le mal qu'il a reçu, il a pleuré pendant
cent ans d'avoir été séparé du paradis. Il a été si triste, si chagriné, et si malheureux que les anges aient
même senti l'odeur de son foie. Ils ont dit : qu'est-il arrivé à ce pauvre ? Ils ont dit ça, alors qu'Allah les
avait ordonnés auparavant de se prosterner devant lui.
Voilà les leçons que l'on peut tirer de l'affaire d'Adam. Son apparence prête à dire qu'il s'agit de
péché et d'infraction. Mais au fond, il y a d'importantes leçons dans le domaine de la connaissance
d'Allah, le Très-Haut, et de son ordre divin.
Ensuite, sachez qu'Allah a octroyé à Adam, paix sur lui, une force issue de sa force divine, une force
que personne ne peut cerner. C'est par cette force qu'il a soulevé les fardeaux de la prophétie et de la
souveraineté sur la terre "Khilafa". Il s'est doté de cette force à partir de son esprit et de son corps.
L'esprit s'est doté à son tour, de la force à partir de deux sources :
La première source se réfère à l'origine de sa création. En effet, Allah a créé l'esprit à partir de la
limpidité de la quintessence de la lumière Divine. Il a conservé en lui tous ses attributs et ses noms, les
secrets de ses attributs et de ses noms ainsi que les lumières de ses attributs et de ses noms. Voilà donc
la première force. La seconde source de sa force se réfère à l'ordre divin donné aux anges afin de se
prosterner devant Adam, comme dans le verset coranique suivant : «Et dès que Je l'aurais
harmonieusement formé et lui aurait insufflé Mon souffle de vie, jetez-vous alors, prosternés devant
lui» (Sourate Al Hijr, 15, versets 28-29).
Dans ce souffle, Adam a reçu la perfection de la force divine. Quant à son noble corps, il a également
reçu la force à partir de deux sources: il y a la force divine contenue dans la première source, la terre.
Celle-ci a entendu la parole d'Allah, gloire à lui, lorsqu'il a dit aux deux et à la terre : «Venez tous deux,
bon gré, mal gré. Ils ont dit : Nous venons obéissants» (Sourate Fussilat, 41, verset 11).
La deuxième force du corps provient de l’eau qui a également entendu la parole divine, solennité à
Allah. Lors de la création des deux et de la terre, Allah a donné son ordre à l'eau dont les vagues ont été
secouées pendant mille décades. Dans chaque décade, il y avait mille siècles. Dans chaque siècle, il y
avait mille ans. Dans chaque année, il y avait mille mois. Dans chaque mois, il y avait mille jours. Dans
chaque jour, il y avait mille heures. Chaque heure équivaut à la vie du monde d'ici-bas soixante-dix mille
fois.
À partir de ce secouement pendant toute cette durée, il s'est formé de l'écume à la surface de l'eau.
Cette écume s'est agglomérée à l'endroit où se trouve actuellement la Kaâba. Allah a ensuite étalé cette
écume à la surface de l'eau et l'a transformée en terre. C'est ce qu'il a appelé "étalage" dans le verset
coranique suivant : «Et quant à la terre, après cela, Il l'a étendue» (Sourate An Naziât, 79, verset 30).
C'est-à-dire, Allah a modelé la terre comme un tapis à la surface de l'eau. Il a ensuite provoqué une
fumée à partir de l'écume. C'est l'origine de la formation des cieux. Donc l'eau s'est dotée de cette force
divine dès qu'elle a entendu la parole d'Allah, le Très-Haut.
L'agitation de l'eau a été permanente durant toute la période mentionnée. Elle n'a pas été affaiblie,
ni fatiguée, ni ennuyée. Le corps d'Adam a donc été construit à partir de ces deux forces. C'est ainsi
qu'Adam dispose de quatre forces : deux forces relevant de son esprit et deux de son corps. Et c'est par
ces forces qu'il a acquis, prière et salut d'Allah sur lui, la puissance divine. Il a pu respecter, par
conséquent, la bienséance de la présence divine. Et il a pu supporter ses lourds fardeaux à la fois dans le
domaine de la prophétie et dans celui de la souveraineté par délégation (khilafa).

-280-
Adam a donc acquis toutes ces perfections. Lorsqu'il lui est arrivé ce qui conduit ses semblables
normalement à l'aversion, au bannissement et à l'éloignement, il est revenu, sans hésitation, à la porte
de son maître, rampant et servile devant la solennité d'Allah, devant sa sublimité et sa grandeur.
Puisqu'il a respecté cette bienséance, la réponse qu'il a reçue de la présence divine était : «Puis Adam
reçut de son Seigneur des paroles, et Allah agréa son repentir car c'est Lui certes, le Repentant, le
Miséricordieux» (Sourate Al Bakarah, 2, verset 37).
Ceci est dû au fait qu'il a été doté des perfections divines manifestées dans son corps et dans son
esprit. C'est aussi pour cette raison qu'Allah lui a enseigné tous les noms, c'est-à-dire des êtres créés. Il
lui a fait se prosterner les anges et lui a accordé la particularité que personne d'autre n'a pu obtenir. Le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : Allah a créé la créature. Une fois qu’il l’a terminée, il en a
sélectionné la descendance d'Adam. Le hadith continue jusqu'à ce qu'il dise: puis il a choisi la
descendance de Hachem à partir de qorayche. Ensuite, il m'a choisi à partir de la descendance de
Hachem, etc.
Quant au banni (Iblis), il était un grand adorateur d'Allah, mais il n'a pas été fidèle à la bienséance
vis-à-vis de la présence divine. Il s'est occupé de l'orgueil de son âme. Sa réponse à la question de son
seigneur : «Allah lui dit: O Iblis, qui t'a empêché de te prosterner devant ce que J'ai créé de Mes
mains?» (Sourate Sad, 38, verset 75). Le "banni" a répondu en disant, tout en glorifiant son âme et en
oubliant la bienséance divine : «Je suis meilleur que lui : Tu m'as créé de feu, alors que Tu l'as créé
d'argile» (Sourate Sad, 38, verset 76). La réponse qu'il a reçue à partir de la présence divine était alors:
«Sors d'ici, te voilà banni. Et sur toi sera ma malédiction jusqu'au jour de la Rétribution» (Sourate Sad,
38, verset 77-78).
Chacun d'eux (le prophète et Iblis) s'est conduit selon son origine. L'origine d'Adam, prière et salut
d'Allah sur lui, est l'argile, c'est-à-dire l'eau et la terre. La terre est connue par sa générosité. En effet, les
êtres créés ne cessent de faire du mal sur cette terre. Ils la polluent en y jetant leurs ordures. C'est sur la
terre que les gens commettent leurs turpitudes et leurs manques de bienséance à l'égard d'Allah, le
Très-Haut, en glorifiant leurs âmes et tout en étant arrogants.
Normalement, la terre aurait pu les lancer en dehors de sa surface, en signe d'irritation, à cause de
leur audace vis-à-vis du Très-Haut. Elle aurait pu les engloutir ou trembler pour tous les achever. Mais
rien de ceci n'a eu lieu. Au contraire, la terre leur produit de la végétation sublime. Elle leur fournit de
grandes aubaines, des biens nombreux et des dons successifs. Personne ne peut estimer l'importance
de ces dons. La terre ne s'est pas opposée à eux en fonction de leurs actes. Tel est le qualificatif du
généreux.
Quant à l'eau, la vie du monde en dépend et c'est l'origine de son existence. Toutes les créatures de
ce monde d'ici-bas sont faites de l'eau qui donne leur vie et qui rend vivant tout être créé. L'eau est
nécessaire à la production des biens de la terre. Donc, à partir de ce qui a été dit, l'eau et la terre sont
un signe de la clémence divine.
Par contre, le feu qui est l'origine du «banni» (Iblis) est le signe de la colère d'Allah, le Très-Haut et de
sa manifestation de coercition, de vengeance et de dur supplice. L'intérêt que l'on peut tirer du feu est
minime. C'est le cas de la cuisson. Cela traduit une clémence contenue dans le feu, mais qui est
insignifiante devant ce que le feu peut contenir comme destruction et extermination.
Le feu se voit fort, se glorifiant lui-même. C'est pour cela qu'à la fin du jour de la résurrection,
lorsqu'Allah, le Très-Haut, l'interroge s'il est plein, au lieu d'être bienséant, il se retourne plutôt à sa
demande de décimer les créatures, en disant : «Y en a t il encore ?» (Sourate K'af, verset 30).
Le feu souhaite la mort de la créature. Sa réponse est indiquée dans le hadith suivant : «Il (le feu) ne
cesse de dire "y en a- t-il encore ?" jusqu'à ce que Allah y mette son "talon" ; il dira ensuite "ça y est, ça y
est" !». Il (le prophète, prière et salut d'Allah sur lui) a fait appel au terme "talon" pour cette
manifestation parce qu'il s'agit de la dernière fois qu'Allah se manifeste par l'autorité de sa répression et
de sa coercition. Il ne restera alors que la pure clémence.
Le feu, à ce moment, s'humiliera et se soumettra, puisqu'Allah s'en est opposé par son autorité
solennelle. Derrière ceci, il y a des connaissances qu'il nous est interdit de divulguer. C'est du savoir

-281-
secret, caché, à ne pas diffuser par celui qui le connaît. Et puisque le "banni" (Iblis), du point de vue de
sa création, est originaire de cette infrastructure, le feu, qui est dépouillé de la clémence divine, sauf en
une infime partie, il est à son tour dépouillé de la bienséance envers Allah, le Très-Haut. Il s'est glorifié
lui-même, comme son origine, le feu.
La réponse qu'lblis a reçue était : «Sors de là ; tu es banni» (Sourate Sad, verset 77). Par ailleurs, et à
l'instar du feu (son origine), Iblis contient quand même une infime partie de clémence. En effet, à cause
de lui, les gens se retournent à Allah, gloire à lui, par déprécation et résignation, entre les mains du très
haut. Les gens raisonnables et prévoyants, chaque fois qu'ils sentent du mal venant d'Iblis et de sa
hantise, ils reviennent à Allah, le Très-Haut, par déprécation, invocation et demande de protection
divine du mal diabolique d'Iblis. Ceci est un bien sublime, car il s'agit de s'arrêter devant la porte d'Allah,
le Très-Haut.
Ce bien est causé indirectement par le banni, il les a conduits vers la porte d'Allah, le Très-Haut, sans
qu'il le souhaite. Il en est de même pour le feu. Les gens en bénéficient dans la cuisson et le
réchauffement, mais sans que le feu le souhaite. L'objectif du feu est l'extermination des gens. Allah,
gloire à lui, nous a préparé une possibilité pour tirer profit du feu ; c'est par la cuisson et le
réchauffement.
Cette partie utile dans le feu relève de la clémence ; mais elle est infime. C'est ainsi que la servilité et
l'humiliation d'Iblis se manifestent clairement. Il n'a guère de sublimité. Allah l'a traité de la même
manière que son origine, le feu, par son autorité de répression et de coercition.
Si vous dites : «Vous avez dit que l'eau et la terre ont acquis la force divine à partir de la parole
d'Allah qu'elles ont entendue. Mais le banni et le feu, ont aussi entendu la parole divine. Pourquoi n'ont-
ils pas eu alors de force ?». Nous répondrons par ce qui suit: «Allah, le Très-Haut, a parlé à l'eau et à la
terre d'une manière sublime, par amour et révérence. Il les a chargées de son service par la voie de son
amour envers ses serviteurs. L'eau et la terre ont entendu la parole d'Allah qui leur a donné l'ordre pour
le servir. Elles ont répondu favorablement et ont obéi (à Allah)».
Par contre, le banni et le feu ont été interrogés par Allah qui leur a parlé d'une manière répugnante
et humiliante. Allah ne leur a pas donné d'ordre concernant un service. Ils n'ont donc pas eu l'honneur
du service. Son interrogation ne leur permet pas d'avoir de la force ni de la bienséance. Leur réponse a
donc été celle que vous avez entendue. Mais Adam a reçu de la force divine qui lui a permis de
supporter les fardeaux de la prophétie et de la souveraineté sur la terre.
Si vous savez ceci, vous comprendrez alors pourquoi les femmes n'ont aucune chance de supporter la
prophétie et la souveraineté. Elles sont tellement faibles qu'elles ne peuvent pas soulever les fardeaux
de la présence divine. Le corps de la femme a été en effet constitué uniquement à partir de l'omoplate
d'Adam, comportant d'ailleurs de la tortuosité.
Le corps féminin n'a donc pas été formé à partir de l'origine qui est la terre et l'eau. Il est constitué
de la terre et de l'eau, mais pas directement ; c'est par un intermédiaire (Adam). C'est ainsi qu'il est sans
force divine. L'esprit "féminin", à son tour, n'a été créé que pour Adam, et non pas pour un autre but.
C'est pour lui tenir compagnie et l'aider.
Si vous dites : «Si c'est comme ça, comment se fait-il que Jésus, paix sur lui, a été prophète, alors qu'il
a été créé uniquement de l'eau d'une femme ? Comment a-t-il pu supporter les fardeaux de la présence
divine ?». Nous dirons (la réponse): la force masculine a été parfaite en lui à cause du souffle du saint
esprit dans la partie intime de sa mère. Ce souffle a eu lieu par ordre divin, ne laissant aucun choix au
saint esprit. C'est par ce souffle que Jésus a eu la perfection de la force divine comme pour Adam, paix
sur lui. C'est pour cette raison qu'il y a eu une comparaison entre eux, comme dans le verset suivant :
«Pour Allah, Jésus est comme Adam qu'il créa de poussière, puis II lui dit <Sois>: et il fut» (Sourate Al
Imran, la famille Imran, verset 59).
C'est grâce à la force divine conservée dans tous les êtres masculins, que les hommes disposent de la
force qui leur permet de supporter les fardeaux de la présence divine, endurer les sinistres, les
souffrances, les difficultés, surmonter les épreuves afin d'atteindre les objectifs et les rangs. Les

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hommes ont également la force qui leur permet d'assurer les vivres et de supporter les dépenses et les
charges familiales, particulièrement celles des femmes et des enfants.
Parmi les charges que les hommes peuvent supporter, on peut citer aussi celles de l'organisation du
Royaume dans le globe terrestre, le fardeau du ravitaillement, l’exposition aux sinistres et aux conflits,
l'encaissement des amertumes et autres difficultés que les femmes ne peuvent supporter.
Soulignons qu'il n'existe dans l'univers que la présence divine, que ce soit dans sa partie apparente
ou interne. Tout l'univers n'est rien d'autre que la présence du Vrai. Les fardeaux de cette présence
divine sont ce qu'on vient de mentionner à propos des souffrances des hommes et leur endurance
permanente, sans qu'ils soient lassés, et ce jusqu'à leur mort. Les femmes sont dans l'incapacité totale
de supporter ces difficultés. C'est pour cela que vous voyez les hommes silencieux et calmes même s'ils
sont projetés dans des océans de dangers. Ils ne crient pas, ne geignent pas et ne disent rien. Par contre,
les femmes, pour la moindre peine, ne cessent de se révolter, pleurer, crier et s'inquiéter.
Vous comprenez maintenant la différence entre les hommes et les femmes. C'est le cas d'Adam,
prière et salut d'Allah sur lui, lorsqu'il a informé sa femme Ève de la mort de son fils Abel "Habel", tué
par son frère cain "Qabel". Il lui a dit: Abel est mort. Elle a dit : qu'est-ce que c’est que la mort ? Il lui a
répondu : il ne mangera plus, ne boira plus et ne bougera plus (ou quelque chose qui ressemble à cette
phrase). Elle a alors crié très fort à cause de la chaleur de ce sinistre. Elle n'a pas eu la force de supporter
(cette mauvaise information). Adam lui a dit, prière et salut d'Allah sur lui: ce cri, tu vas subir ainsi que
tes filles ses conséquences. Mes fils et moi, nous en sommes indemnes. Il a dit ceci parce qu'il connaît
tout ce qu'on vient de mentionner à propos de l'existence de la force dans la masculinité et de son
absence dans la féminité. Il a été au courant de la mort d'Abel avant elle. Il ne s'est pas inquiété ni crié ni
tremblé. La force de la masculinité s'est donc manifestée devant celle de la féminité.
Si on nous dit: il n'est pas correct d'attribuer toute cette force à la masculinité, alors qu'Allah dit dans
les versets suivants : «L'homme a été créé faible» (Sourate Les femmes, An Nisaâ, verset 28), «Allah,
c'est Lui qui vous a créés faibles» (Sourate Arroum, verset 54) et «Maintenant, Allah a allégé votre
tâche, sachant qu'il y a de la faiblesse en vous» (Sourate Al Anfal, verset 66).
On va répondre par ce qui suit : sachez que ce qu'Allah a mentionné à propos de la faiblesse n'est pas
en contradiction avec la force. La faiblesse citée dans les versets coraniques est relative au corps qui est
uniquement la partie apparente de l'être humain. Allah n'a mentionné que le corps en parlant de la
création de l'homme.
Concernant son esprit, il n'a donné que des symboles. C'est le cas du verset coranique suivant : «Dis:
l'esprit relève de l'Ordre de mon Seigneur» (Sourate Al Israâ, le voyage nocturne, verset 85). Dans le
verset suivant : «En effet, Nous avons créé l'homme d'une goutte de sperme mélangé (à des
composantes) pour le mettre à l'épreuve» (Sourate L'homme, verset 2), il parle du corps et non pas de
l'esprit. C'est le cas aussi du verset suivant : «Il a créé l'homme d'une adhérence» (Sourate Alaq,
L'adhérence, verset 2) et du verset suivant : «C'est Nous qui vous avons créés de terre, puis d'une
goutte de sperme, puis d'une adhérence puis d'un embryon...» (Sourate Al Hajj, le pèlerinage, verset 5)
; il parle toujours du corps.
Tous ces versets coraniques parlent du corps. Celui-ci, bien qu’il dispose des forces de l'eau et de la
terre, ces forces ne lui sont pas permanentes. Elles disparaissent le jour de la résurrection. La force de
l'eau et de la terre n'est pas permanente. Il est de même pour le corps de l'être humain. Sa force issue
de l'eau et de la terre n'est pas permanente.
C'est pour cela que vous voyez le corps humain se détériorer au cours de la vie. Il évolue et se
transforme depuis l'âge du bébé, à l'enfance, à la juvénilité, à l'âge adulte, à la vieillesse, au pire âge,
qu'Allah nous en protège. Sa force n'est pas permanente, elle est comme celle de l'eau et de la terre.
Quant à son esprit, il est à partir de la limpidité de la quintessence de la lumière Divine qui est elle-
même la pure pureté de la présence divine. Il a une force illimitée, lui permettant de rester à l'éternité.
Il n'est jamais exterminé.
Si vous dites : «Si la faiblesse de la féminité est telle que vous avez décrite, comment se fait-il que la
fille du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, sayida Fatima-Zohra, satisfaction d'Allah sur elle, a pu

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supporter les fardeaux de la souveraineté "Khilafa" divine ?». Nous dirons : sachez que son esprit
contient une force qui n'est pas comme celle des femmes. Son corps, à son tour, a été formé à partir de
ce qui est fourni au paradis.
Le paradis est, en sa totalité, au summum de la force, parce qu'il est la demeure de la manifestation
divine. Allah, solennité à lui, l'a fortifié de sa force divine parfaite. Tout objet issu du paradis dispose
alors d’une force maximale, d’une solidité et d’une résistance parfaite aux manifestations divines. Le
corps de la fille du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, provient de là (du paradis) puisque la goutte
du sperme qui a été à l'origine de sa création provient d'une pomme du paradis1. Sayida Fatima-Zohra a
donc prélevé de la force divine à la fois de son esprit et de son corps, à la différence des autres femmes.
C'est pour cela qu'elle a pu supporter les fardeaux de la souveraineté "Khilafa" divine. Nous avons déjà
parlé d'elle d'une manière plus développée, satisfaction d'Allah sur elle, dans nos réponses. Celui qui s'y
intéresse n'a qu'à réviser. Fin.
Puis il a dit : la prophétie d'Adam, prière et salut d'Allah sur lui, est déduite de ce que sous-entendent
les versets coraniques, et non pas à partir de leur sens exotérique. Quant aux hadiths du prophète
(Mohamed), prière et salut d'Allah sur lui, on peut citer «Adam, prière et salut d'Allah sur lui, a reçu la
fiche de vingt-neuf lettres (l'alphabet arabe)». Un compagnon a voulu rectifier en disant : vingt-huit.
Le prophète (Mohamed), prière et salut d'Allah sur lui, a insisté sur le nombre vingt-neuf. Le
compagnon a dit «Donc avec "lam alef». Il lui a répondu oui. La preuve de la prophétie d'Adam peut
aussi être déduite du mot «Khilafa» (souveraineté dans la terre). En effet, celui qu'Allah prend comme
califat, doit être muni de preuves et de démonstrations de la part d'Allah. Il s'agit ici de sa maîtrise de
tous les noms universels et divins, par lesquels l'univers est organisé et subsiste. Allah dit : «Il (Allah) a
enseigné à Adam tous les noms» (Sourate La vache, Al Bakarah, verset 31).
Sa maîtrise de ces noms est une branche du rang des véridiques «Seddiqia», mais la branche ici est
supérieure au tronc.
Ce rang des véridiques n'existe qu'à partir de ce qui découle de la responsabilisation et de la
bienséance. L'intellect peut tolérer ce rang sans ces verdicts, mais la sagesse apparente stipule que le
rang des véridiques ne peut avoir lieu qu'à la suite des verdicts liés à la responsabilisation. Ces verdicts
de responsabilisation ne sont formés qu'à partir d'informations prophétiques. Celles-ci ne peuvent
provenir que de Dieu à destination de certains de ses prophètes, ou bien d'un prophète à certains de ses
compagnons. Sidna Adam dispose de tout ce qu'on vient de mentionner sur la souveraineté et sur le
rang des véridiques et il n'y a pas de prophète avant lui. Par conséquent, c'est un prophète, prière et
salut d'Allah sur lui.
Il est de même pour le verset coranique suivant : «Nous dîmes : Descendez d'ici, vous tous! Toutes
les fois que Je vous enverrai un guide, ceux qui le suivront n'auront rien à craindre et ne seront point
affligés» (Sourate La vache, Al Bakarah, verset 38).
La guidance ne peut provenir que d'Allah, en faveur de celui qu'il veut comme guide ou bien-guidé.
Cela n'est destiné qu'à un prophète ou à un de ses héritiers. Sidna Adam n'a hérité la prophétie de
personne. Donc c'est un prophète, prière et salut d'Allah sur lui.
Maintenant, revenons au sujet de la révélation afin de compléter notre exposé en parlant de ses
rangs, en détail. Je dis : sachez qu'en méditant dans ces rangs de révélation, on peut déduire la
perfection de l'effort des prophètes, prière et salut d'Allah sur eux, en ce qui concerne la recherche du
vrai et de la droiture avant de faire un jugement, en application de l'ordre divin. Ils n'abandonnent
jamais ces rangs de révélation qu'on vient de citer.

1 -Le hadith suivant en témoigne : Aicha a dit : j'ai interrogé le prophète prière et salut d’Allah sur lui : pourquoi à chaque fois
que tu vois ta fille Fatima tu l'embrasses par ta langue sur toute sa bouche ? Comme si tu léchais du miel ? Il a répondu,
prière et salut d'Allah sur lui, oui ô aicha, le jour de mon voyage nocturne et de mon ascension, l'ange Gabriel m’a fait entrer
au paradis, et il m'a apporté une pomme, je l'ai mangé et elle s'est transformé en sperme. Une fois sur terre, je me suis
accouplé avec khadija. Fatima est alors le fruit de ce sperme. C'est une houri humaine. Et à chaque fois que le paradis me
manque, je l'embrasse. (voirTarikh Bagdad)

-284-
Celui qui se comporte de cette manière, son verdict ne peut être, au fond, que celui d'Allah, le
Très-Haut, car il a pris le verdict d'après Allah, partout dans les rangs de la révélation. L'erreur ne peut
toucher un jugement que si la lumière de l'intellect est mélangée au tempérament humain et à son
barbotage dans les tentations de la passion. L'intellect peut aussi tomber dans le piège des ramifications
qui écartent du droit chemin. C'est ce que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a mentionné dans
son hadith à Ibn Messaoud, satisfaction d'Allah sur lui, en expliquant le verset coranique suivant :
«Et voilà Mon chemin dans toute sa rectitude, suivez-le donc; et ne suivez pas les sentiers qui vous
écartent de Sa voie. Voilà ce qu'il vous enjoint. Ainsi atteindrez-vous la piété» (Sourate Al Anâm, Les
bestioles, verset 153).
Il a été dit : le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a tiré une ligne droite et a dit : voici le droit
chemin. Puis il a tiré à ses alentours d'autres petits traits fins. Il a dit : voici les chemins prohibés par
Allah. Ces traits se trouvent aux alentours de la ligne droite. En langue arabe, on les appelle
"ramifications" de la route. Ce sont aussi des voies, mais dissimulées.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit à ce propos : dans chaque petite voie de ces
ramifications, il y a un démon qui appelle à elle. Celui qui s'en échappe connaîtra, par appui du seigneur
et éclairage divin, le vrai verdict d'Allah qui régit chacune des affaires juridiques. Allah, le Très-Haut, a
dit : «O vous qui croyez! Si vous craignez Allah, Il vous accordera la faculté de discerner (entre le bien
et le mal), vous effacera vos méfaits et vous pardonnera. Et Allah est le Détenteur de l'énorme grâce»
(Sourate Al Anfal, verset 29).
Cette faculté de discerner (entre le bien et le mal), mentionnée par Allah, est une lumière qu'il
accorde à ses bien-aimés de sa créature. L'image du vrai et du faux sera bien discernée par cette
lumière. Lorsque les gens dignes de cette providence divine examinent une affaire relevant d'un ordre
divin, ils sont capables de voir, dans leur fond, le droit chemin vêtu de lumières de haute importance.
Ils déduisent alors, à partir de cette lumière, que cette affaire est une obligation (par exemple). Si les
habits de la lumière sont faibles, ils sauront que l'affaire est facultative. S'ils voient des ténèbres
cumulées, ils sauront que l'affaire est prohibée. Si les ténèbres sont légères, ils sauront que l'affaire est
détestable. S'il n'y a ni lumière ni ténèbres, ils sauront que l'affaire est permise.
Cela est propre aux gens dotés de l'ouverture spirituelle. Les autres n'ont aucune chance d'avoir
cette perception des choses. Si vous comprenez ceci, vous saurez alors que l'effort du prophète dans la
jurisprudence ne ressemble pas à celui des autres. À chaque fois que le prophète prélève un jugement
ou un verdict à partir d'un rang parmi ceux de la révélation, il ne le prélève finalement que d'Allah, le
Très-Haut. C'est ainsi que «Le faux ne l'atteint, ni par devant ni par derrière: c'est une révélation
émanant d'un Sage, Digne de louange» prière et salut d'Allah sur lui (Sourate Fusseiat, Les versets
détaillés, verset 42). Le jugement qu'il donne, prière et salut d'Allah sur lui, est celui d'Allah, le
Très-Haut. Il ne comporte radicalement ni erreur, ni oubli, ni égarement dans n'importe quel aspect.
Allah, le Très-Haut, a dit : «Et si vous lui obéissez, vous serez bien guidés» (Sourate An Nour, La
lumière, verset 54). Tous ses verdicts, prière et salut d'Allah sur lui, et tous ses actes relèvent de la
révélation et ne comportent rien de la tentation ni de la passion ni des tempéraments humains qui
risquent de dévier de la vérité. Il est de même pour les autres prophètes et messagers d’Allah, prière et
salut d'Allah sur eux. Ils sont tous sur cette voie.
Puis sachez que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a parfaitement accédé aux lieux de la
proximité d'Allah et de la stabilité devant la présence divine. Personne d'autre ne peut espérer l'accès à
cette station. Il y est, en parfaisant la bienséance et les services de tout ce qui émane de la présence
comme secrets, attentes et manifestations, que ce soit en sciences exotériques, ésotériques, ou par
rapport aux tréfonds de la présence divine.
Il ne s'arrête pas dans ce domaine le moindre instant. Il n'y a aucune déficience dans la perfection du
moindre droit des manifestations divines. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, accorde à tout ce
qui émane des manifestations, malgré leurs abondances illimitées, sa part de servitude sans déficit, ni
faiblesse ni déviation par rapport à la station de perfection.

-285-
L'univers évolue en effet selon divers stades. Ceux-ci ont subi des évolutions que ce soit dans le bien
ou dans le mal, dans le rejet ou dans l'attraction, dans la faveur ou dans la privation, dans l'agitation ou
dans la stagnation, dans la stabilité ou dans la transformation, et ainsi de suite en citant différentes
classes d'évolution connues par les gens du commun. Ces classes d’évolution se manifestent soit dans
l'univers apparent, soit dans ses aspects ésotériques, touchant les volontés, les imaginations, les
illusions, les hantises et les pensées.
Toutes ces manifestations divines sont l'effet des attributs et des noms divins. Il n'y a rien d'autre
qu'Allah, Gloire à lui, le Très- Haut. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, à partir de sa station de la
perfection, donne toujours à ces manifestations ce qu'elles méritent comme droits et est fidèle à leurs
bienséances. Il est dans tout ceci pour et par Allah. C'est pour cette raison, qu'Allah l'a acquitté de la
passion en lui disant, solennité à lui : «Et il ne prononce rien sous l'effet de la passion. Ce n'est rien
d'autre qu'une révélation inspirée» (Sourate An Najm, l'étoile, versets 3-4).
Pour les gens de l'exotérique, la révélation se réduit à l'arrivée de l'ange en apportant une
information aux prophètes, prière et salut d'Allah sur eux. Ils ne connaissent la révélation que par cet
attribut. C'est pour cette raison qu'ils ont bien mélangé les significations de ce verset coranique et qu'ils
ne sont pas arrivés à la véracité de son sens. La révélation est plutôt la classification qu'on a
mentionnée.
C'est ainsi que celui, dont la position dans la présence divine est garnie de la perfection qu'on vient
de mentionner à propos du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, Allah l'a purifié pour cette raison (de
perfection) de tout ce qui pourrait l'affecter comme défaut, humiliation, admonition, éloignement ou
condamnation. C'est par la perfection de sa pureté que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, ne
parle que selon une révélation qui lui parvient d'Allah, le Très- Haut. Il s'agit d'une révélation parmi
celles expliquées dans la classification déjà mentionnée.
La révélation qui parvient d'Allah, le Très-Haut, du point de vue de l’authentification, n'est rien
d'autre que l'information relative à Son ordre. Il informe son serviteur de Sa volonté sur tel ou tel ordre.
C'est ça la révélation. Le serviteur qui reçoit cette révélation ne peut pas omettre l'ordre d'Allah, le
Très-Haut.
Les gens qui ne connaissent pas la réalité des choses peuvent s'opposer à ce qu'on vient de dire. La
première objection est la suivante : si tout ce qui provient du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est
à partir d'une révélation, alors que peut-on dire de l'affaire de "Khobaybe" et de ses compagnons ? Le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, les a envoyés à une communauté qui a prétendu être convertie
à l'Islam afin de leur inculquer la religion. Il a envoyé ainsi Khobaybe, Assem ibn Thabet, Ibn Abi El Aqlah
et autres compagnons. Une fois chez eux, ils ont montré leur incroyance et les ont tués, sauf Khobaybe,
ils l'ont vendu à la tribu qorayche qui l'a tué. Si cette affaire relève d'une révélation, elle ne serait pas
arrivée jusque-là !
La réponse à cette objection est la suivante : le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a appliqué le
verset coranique suivant : «O, messager, transmets ce qui t'a été descendu de la part de ton Seigneur»
(Sourate La table servie, Al Maîda, verset 67). Il a appliqué également le verset coranique suivant : «Et
vers toi, Nous avons fait descendre le Coran, pour que tu exposes clairement aux gens ce qu'on a fait
descendre pour eux et afin qu'ils réfléchissent» (Sourate Les abeilles, An Nahl, verset 44). L'acte
prophétique a donc été effectué à partir de cette révélation. Mais le fait qu'il n'a pas été au courant de
ce qui va arriver à ses compagnons et qu'Allah ne l'a pas informé de ce sinistre qui allait les frapper, est
tout à fait normal ! D'ailleurs, Allah ne doit rien à ses serviteurs ! Il n'est pas obligé de les informer à
propos du mal qu'ils rencontreront lors de l'application de ses ordres ! Il les a responsabilisés afin
d'exécuter son ordre même s'ils perdent leur vie dans cette cause !
Nul reproche ne peut être formulé à l'égard d'Allah. Il a responsabilisé ses serviteurs afin d'exécuter
son ordre. Leur récompense leur sera attribuée dans le monde de l'au-delà. Il les protégera de son
supplice dans le monde de l'au-delà. Mais pour le supplice du monde d'ici-bas qu'ils rencontreront lors
de l'exécution de son ordre, Allah ne leur a rien garanti. «Allah n'est jamais interrogé sur ce qu'il fait»
(Sourate Les prophètes, Al Anbiya, verset 23).

-286-
Ne voyez-vous donc pas comment Allah a envoyé ses messagers aux gens ? Parmi ces messagers, il y
en a ceux qui ont été tués par leurs communautés. Le messager n'a pas à désapprouver son seigneur en
lui disant : comment tu m'envoies à des gens qui vont me tuer ? Si je le savais, je ne serais pas parti chez
eux ! Non ! Il n'a pas à faire de tels reproches à son seigneur. Il s'agit plutôt d'un mal qui l'a affecté lors
de l'exécution de sa responsabilité. Sa récompense lui sera attribuée par Allah, le Très-Haut. Il n'a pas à
prendre son seigneur pour ennemi. Voilà la réponse à cette affaire.
La deuxième objection concerne l'affaire du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, qui a envoyé ses
compagnons connus sous le nom des gens du "puits Maôuna" aux gens de Najd afin de transmettre son
message prophétique, ses verdicts et son appel à l'Islam. Celui qui a déclenché cette affaire est "Abou
Bara'a El Amiri" qui s'est présenté au prophète et lui a suggéré d'envoyer des ambassadeurs à Najd,
espérant que les gens là-bas répondent favorablement à son appel à l'Islam.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a répondu qu'il avait craint que les gens de Najd fassent
du mal à ses compagnons. Abou Baraa a répliqué qu'il était leur protecteur. Lorsque le prophète, prière
et salut d'Allah sur lui, les a envoyés, on les a tous tués à Najd, sauf Amr Ben Oumaya Damri qui a été
sauvé par l'ennemi d'Allah Amir ibn Tofayl. Ce dernier a cru, au début, que Amr Ben Oumaya était l'un
des Anssar (c'est-à-dire l'un des auxiliaires du prophète issus de la Médine), il a eu donc l'intention de le
tuer, mais lorsqu'il a découvert que c'était un habitant de Modar, il l'a abandonné.
Avant de le laisser partir, l'ennemi d'Allah lui a dit : ma mère a fait un vœu : elle a souhaité libérer un
homme de la descendance d'Ismaïl. Et puisque tu es de Modar, c'est donc toi qui feras l'affaire. Il l'a
donc libéré avec cette intention. C'est le seul qui a été sauvé de tous les compagnons envoyés à Najd. À
son arrivée, il a informé le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, de l'assassinat de tous ses
compagnons. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, chagriné, a dit : voilà ce que Abou Baraa a fait !
Oh, je n'ai pas aimé les envoyer ! Il a eu mal au fond de son cœur, prière et salut d'Allah sur lui.
L'opposant peut dire alors : «si les actes du prophète relèvent de la révélation, il n'aurait pas envoyé ses
compagnons à Najd et n'aurait pas dit qu'il n'aimait pas les envoyer là-bas».
La réponse à cette objection est la suivante : sachez que les gnostiques perçoivent les entités de
l'univers, selon leurs goûts, comme un mirage dans une plaine désertique que l'assoiffé prend pour de
l'eau. Puis quand il y arrive, il s'aperçoit que ce n'était rien. Il n'y a qu'Allah, le Très-Haut, partout dans
les entités de l'univers. Il se manifeste, gloire à lui, dans leurs images et dans leurs noms. Mais, en
réalité, il n'y a que les noms et les attributs divins.
L'apparence de l'univers se présente comme des images de ce qui existe. Les images et les noms de
ce qui existe apparaissent comme si elles étaient autres qu'Allah. Cette station de perception est le rang
des gens voilés dont la vision est cachée par ce qui est apparent. Ils ne peuvent pas percevoir l'existence
d'Allah en ces créatures. Par contre, pour le rang des véridiques, l'univers n'est qu'une croyance, c'est
tout !
L'apparence absolue n'est rien d'autre que l'existence de Dieu, unique, en toute chose. À chaque fois
que vous voyez ce qui apparaît comme images des êtres existants vous ne voyez que les manifestations
d'Allah, le Très-Haut, par ses œuvres. Et ce quels que soient les états de ces êtres et quels que soient
leurs formes et leurs attributs (mauvais, louables, etc.).
En tout cela, il n'y a que des manifestations d'Allah, le Très- Haut, par ses œuvres. Allah a dit,
solennité à lui : «Chaque jour, Il accomplit une œuvre nouvelle» (Sourate Arrahman, le très
miséricordieux, verset 29).
Ces œuvres sont donc des manifestations divines dans les choses existantes, avec toutes les
différences qui y sont liées. Mais on peut émettre l'objection suivante : si c'est le cas pour les véridiques,
comment peut-on alors être rationnel en attribuant à celui- ci le qualificatif d'ennemi de Dieu, à celui-là
le bien-aimé d'Allah, à l'autre "louant bien son seigneur", ou le condamnant, celui-ci est inondé
d'aubaines divines, celui-là n'a que le mal et la malédiction, alors qu'Allah est unique, gloire à lui, il ne
change pas et ne se multiplie pas. Comment le véridique peut-il réunir entre cette unicité d'Allah et
cette diversité des cas dans l'univers ?

-287-
La réponse est la suivante : sachez que chaque véridique dispose d'un savoir indiscutable de la part
d'Allah, par voie de révélation crédible, à la suite de l'afflux des sciences qui est injecté en lui. Allah l'a
informé des réalités de ces sciences, comme s'il lui dit, gloire à lui: je suis l'unique, le vrai ; il n'y a rien
que moi. Je me manifeste à chaque rang par les œuvres que je veux, qu'elles soient conformes ou non
aux intérêts des gens!
C'est comme s'il dit à chaque véridique : mes manifestations en cette personne ne seront pour toi
que l'image de l’amour et des aubaines. Grâce à moi, cette personne te préférera à elle-même. Il est de
même pour une certaine communauté ; je ne me manifeste en elle, pour toi, que par l'image de
l’amour, de l'aubaine et des biens abondants. Il est de même pour tel pays ; je ne me manifeste dans sa
population, pour toi, que par l'image de l’amour, de la sublimité et de la solennité. Il n’y a que moi
là-bas. Les gens ne sont que des images qui ne contiennent rien du tout ! Loue-moi donc et
remercie-moi pour ceci. Mais pour telle personne, je ne me manifeste, pour toi, en elle, que par l'image
de l'hostilité absolue, du grand mal, de la coercition et de l'assassinat. Crains moi donc et méfie-toi de
moi, en elle. Je ne te ferai que du mal à travers cette image ; tu ne verras de moi, en elle, que du mal.
Il est de même dans telle communauté ; tu ne verras de moi, en sa population, que du mal, de la
décimation et du préjudice. Il est de même dans tel pays. Tu ne verras de moi, de son peuple, que de
l'humiliation, de l'offense, de la dépréciation et de la résignation. Tu ne verras jamais de moi, en ces
gens, ce que tu veux. Crains moi donc et méfie-toi de moi, en tous ces gens. Ne te sens jamais à l'abri de
ma ruse avec eux. Sois très vigilant à leur égard. Il n'y a que moi en eux tous. C'est moi qui me manifeste
en eux par mes œuvres. Si tu accordes ta confiance à eux, je t'exterminerai. Soumets-toi à mon
aménagement dans mon royaume et à la résolution de mes œuvres. Tu es mon serviteur, soumis à mon
jugement et à ma volonté. Même si tu atteins le sommet de l'honneur chez moi, tu resteras mon
serviteur et tu ne pourras pas sortir de la servitude. Je suis Dieu parfait. Personne ne peut négocier avec
moi dans mon rang de divinité. Tu n'as pas, O véridique, à dire :
Je suis amoureux de toi (O, Allah) et obéissant à ton ordre ; comment me traites-tu mal dans les
images des êtres créés ? Tu n'as pas à dire cela ! Je suis Dieu ; je fais ce que je veux et je juge comme je
veux, que les serviteurs soient satisfaits ou pas. Vous n'avez, vous les serviteurs, qu'à vous soumettre à
moi et être satisfaits (de cette situation). Vous n'avez pas à limiter mes manifestations à ma créature
afin de l'adapter à vos intérêts.
Voilà la constatation des véridiques. Tout ce qu'ils voient dans l'univers n'est rien d'autre, en réalité,
qu'Allah, le Très-Haut. C'est lui qui agit et qui se manifeste. Ils prélèvent le savoir à partir d'Allah, le
Très-Haut, à chacun des rangs de l'univers, que ce soit dans l'apparence ou dans le fond.
Si vous comprenez que ceci est la source à partir de laquelle s'abreuvent les véridiques, vous saurez
alors, que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est bien immergé dans cet océan. Tout ce qui arrive
aux prophètes et aux véridiques n'est qu'une goutte de cet océan.
Sachez que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, lorsqu'il a vu Abou Baraa, il s'est rappelé la
parole divine apparente dans le verset coranique suivant, et qui est l'esprit de son ordre divin : «O,
messager, transmets ce qui t'a été descendu de la part de ton seigneur» (Sourate Al Maîda, la table
servie, verste 67). Alors, il a transmis.
Au moment où Abou Baraa lui a proposé d'envoyer ses compagnons à Najd pour appeler les gens à
l'Islam, il s'est rappelé qu'Allah ne se manifeste dans les gens de Najd que par le mal. Il a dit, par
conséquent, qu'il avait craint que les gens de Najd fassent du mal à ses compagnons. En tant que
véridique, le savoir tranchant qui lui est parvenu de la part d'Allah, consiste à dire qu'Allah ne se
manifeste à lui que par le mal à travers les gens de Najd. Le prophète doit donc craindre Allah, en eux. Il
doit se méfier d'Allah, en eux. Il ne doit pas se sentir à l'abri de la ruse divine, en eux.
Lorsque Abou Baraa l'a rassuré qu'il va protéger les compagnons du prophète, et sachant que Abou
Baraa est un des rangs de Dieu (chaque être créé est un rang de Dieu) - la parole qu'il a avancée
concernant sa protection est, en fait, la parole d'Allah qui est manifestée en lui - le prophète l'a cru.
Cette croyance reflète la conjecture du bien de la part du prophète à l'égard d'Allah, le Très- Haut. Il a
cru que cette dernière parole le protège de sa première crainte.

-288-
Le prophète a tout d'abord refusé d'envoyer ses compagnons, car il sait qu'Allah ne se manifeste à
travers les gens de Najd que par le mal. C'est pour cela qu'il a dit en fin de compte : "Je n'ai pas vraiment
aimé les envoyer". Cette répugnance a pour origine ce savoir divin.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a donc entendu la parole de Abi Baraa qui n'est rien
d'autre que la parole divine en cet homme, c'est-à-dire une claire révélation qui est une injection du
savoir de la part d'Allah en la clairvoyance du véridique, sous forme de rangs (de l'univers). À la suite de
sa conjecture du bien à l'égard de Dieu et donc à l'égard de la parole de Abi Baraa, le prophète, prière et
salut d'Allah sur lui, a pensé que la crainte qu'il a eue au début, pour ses compagnons devra être
annulée, et un bien suivra.
Mais cette pensée n'a pas été concrétisée. L'évènement qui est arrivé est plutôt ce qu’il avait craint
au début. Le prophète a reproché cela à Abi Baraa dans l'apparence. Il n'a rien reproché à Allah, par
bienséance. Il sait qu'il n'y a, au fond, qu’Allah. La révélation en tout cela est ce qu'on a mentionné.
L'envoi des compagnons à Najd, a donc été dû à une révélation. Il a considéré qu'Allah s'est manifesté
dans le rang de Abi Baraa afin de lui donner l'ordre d'envoyer ses compagnons à Najd. Ensuite, il a pensé
que le mal qui provient, en général, des gens de Najd, ne l'affectera pas. La révélation a donc été à
l'origine de tout. Rien ne s'est donc passé en dehors de la révélation.
L'opposant peut aussi évoquer l'affaire du butin de "badr" qui a été pris par les compagnons du
prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Il n'y avait pas de révélation, avant, afin de légitimer le butin. Le
verset coranique descendu par Allah, le Très-Haut, dit : «N'eût- été une prescription préalable d'Allah,
un énorme châtiment vous aurait touché pour ce que vous avez pris, (de la rançon)» (Sourate Al Anfal,
le butin, verset 68). Si la prise du butin relevait d'une révélation, rien de ceci ne serait arrivé !
La réponse : sachez que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a pris ici le savoir à partir d'Allah,
par croyance et non pas par allégation. Allah lui a ordonné le "Jihad" (la guerre sainte) contre les
polythéistes et l'hostilité envers eux. Il a donc cru qu'il lui a ainsi permis de prendre leurs biens, parce
que sans leurs biens et sans leurs argents, il ne peut pas lutter contre eux. Dans la guerre, il aura besoin
d'armement, de chevaux, d'animaux, de montures et d'approvisionnements. Ceci n'est possible qu'en
prenant leurs argents. Il a donc cru que l'autorisation pour faire la guerre est en même temps une
autorisation pour la prise des biens de l'adversaire. Sinon, il n'aurait pas pu faire grand-chose, sans les
butins.
Voilà donc ce qu'il croyait, prière et salut d'Allah sur lui, au sujet de la légitimité du butin. Puis cette
croyance s'est accrue lorsque ses compagnons se sont accaparés de la caravane de Amre Ben Hadrami
qui appartenait à "Qorayche". Ils l'ont prise avant "Badr" et ont partagé ses biens. Ils n'ont entendu
aucune prohibition la concernant. Aucun châtiment ne les a affectés à cause d'elle. La croyance du
prophète s'est accrue davantage en ce qui concerne la légitimité du butin. Par contre, à propos du butin
de "Badr", Dieu a fait descendre un verset coranique dans lequel il les a condamnés avec fermeté,
terreur, épouvante, et tremblements intenses, en disant : «N'eût- été une prescription préalable
d'Allah, un énorme châtiment vous aurait touché pour ce que vous avez pris (de la rançon)» (Sourate
Al Anfal, Le butin, verset 68). Voilà donc la réponse à cette question.
L'opposant peut émettre, également, l'objection suivante : le prophète, prière et salut d'Allah sur lui,
a imploré le pardon d'Allah en faveur de Abd Allah Ben Oubay. Le verset coranique suivant a été
descendu à ce propos : «Que tu demandes pardon pour eux, ou que tu ne le demandes pas - et si tu
demandes pardon pour eux soixante-dix fois - Allah ne leur pardonnera point. Et ce parce qu'ils n'ont
pas cru en Allah et en Son messager et Allah ne guide pas les gens pervers» (Sourate le repentir, At
Taoubah, verset 80). Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : «Si je savais que le pardon serait
accordé en augmentant le nombre d'implorations à plus de soixante-dix, j'aurais alors dépassé ce
nombre».
L'opposant pourrait dire : si ceci (ce hadith) a été dit par révélation, Allah n'aurait pas commandé
cette prohibition. La réponse : sachez que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a traduit ce qu'il lui
a été révélé. La révélation ici est le verset coranique suivant : «Et Nous ne t'avons envoyé qu'en
miséricorde pour l'univers» (Sourate Les prophètes, Al Anbyaâ, verset 107). Allah lui a dit aussi :
«Accepte ce qu'on t'offre de raisonnable, commande ce qui est convenable et éloigne-toi des

-289-
ignorants» (Sourate Al Aâraf, verset 199). Il lui a dit à propos des juifs : «Tu ne cesseras de découvrir
leur trahison, sauf d'un petit nombre d'entre eux. Pardonne-leur donc et oublie [leurs fautes]. Car
Allah aime, certes, les bienfaisants» (Sourate Al Maîda, La table servie, verset 13). Allah, le Très-Haut, a
aussi dit : «Dis à ceux qui ont cru de pardonner à ceux qui n'espèrent pas les jours d'Allah afin qu'il
rétribue [chaque] peuple pour les acquis qu'ils faisaient» (Sourate Al Jathyah, verset 14).
Allah, gloire à lui, le Très-Haut, lui a dit aussi à propos de ceux à qui le paradis a été préparé : «Qui
dominent leur rage et pardonnent à autrui - car Allah aime les bienfaisants» (Sourate Al Imran, La
famille Imran, verset 134). L'œuvre du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est conforme à ces
versets coraniques. Il se comporte avec les gens par clémence, pitié, pardon et bienfaisance. Il tolère
leur culpabilité et pardonne leurs péchés. Voilà comment le prophète, prière et salut d'Allah sur lui,
applique la révélation. Dans les versets coraniques précédents, Allah lui a ordonné la clémence, la pitié,
la bienfaisance, la tolérance, le pardon et l’éthique divine.
Voilà pourquoi il a imploré le pardon d'Allah en faveur d’Abd Allah Ben Oubay. Il a exécuté l'ordre
divin qu'il a tiré de la révélation, c'est-à-dire des versets coraniques qu'on a mentionnés tout à l'heure.
L'opposant peut dire : s'il a appliqué la révélation dans cette affaire, comment peut-on alors expliquer la
réplique divine dans le verset coranique suivant ? «Et ne fais jamais la Salat sur l'un d'entre eux qui
meurt, et ne te tiens pas debout auprès de sa tombe, parce qu'ils n'ont pas cru en Allah et en Son
messager, et ils sont morts tout en étant pervers» (Sourate At Taoubah, le repentir, verset 84). La
réponse : le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a d'abord appliqué la révélation, c'est-à-dire les
versets coraniques qu'on vient de mentionner. L'ordre divin ici est global. Il comprend toutes les
ramifications des différentes affaires. Dans la présente affaire, qui est une des ramifications précitées,
Allah, le Très-Haut, a annulé le premier verdict et l'a remplacé par un autre. Aucun changement n'a
touché les autres ramifications, sauf celle-ci. La décision qui lui est relative est la seule qui a été
modifiée. Allah est libre de modifier un verdict et de l'annuler après sa proclamation selon sa volonté.
Parmi les arguments que l'opposant peut avancer, on cite le verset coranique suivant : «Qu'Allah te
pardonne! Pourquoi leur as-tu donné permission avant que tu ne puisses distinguer ceux qui disaient
vrai et reconnaître les menteurs» (Sourate At Taoubah, le repentir, verset 43). Si son acte était d'après
une révélation, Allah ne lui aurait pas fait de reproches. Il ne l'aurait pas informé de son pardon
concernant son acte.
La réponse : le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a accepté les excuses de ceux qui ne voulaient
pas partir en guerre de "Tabouk". Il a appliqué en effet le verset coranique suivant : «Et Nous ne t'avons
envoyé qu'en miséricorde pour l'univers» (Sourate Al Anbyaâ, Les prophètes, verset 107) et le verset
suivant : «Pardonne-leur donc, et implore pour eux le pardon (d'Allah). Et consulte-les à propos des
affaires; puis une fois que tu t'es décidé, confie-toi donc à Allah, Allah aime, en vérité, ceux qui Lui
font confiance» (Sourate Al Imran, La famille Imran, verset 159).
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, avait pour appui ces versets coraniques lorsqu'il avait
accepté les excuses des absentéistes à la guerre. Il leur a pardonné et a soulevé les fardeaux de leurs
plaintes. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, n'a fait qu'appliquer l'ordre divin relatif à la
clémence, mentionné dans le verset coranique suivant : «(Le messager) est compatissant et
miséricordieux envers les croyants» (Sourate At Taoubah, le repentir, verset 128). C'est comme ça qu'il
s'est appuyé sur la révélation. Mais quand le nombre des mystificateurs a augmenté considérablement -
ceux-ci se plaignaient afin de ne pas participer à la guerre sainte et de ne pas supporter ses fardeaux -
Allah a dit à leur égard : «S'il s'était agi d'un profit facile ou d'un court voyage, ils t'auraient suivi; mais
la distance leur parut longue» (Sourate At Taoubah, le repentir, verset 42). Allah les a dénoncés par le
verset suivant : «Et ils jureront par Allah: Si nous avions pu, nous serions sortis en votre compagnie. Ils
se perdent eux- mêmes. Et Allah sait bien qu'ils mentent» (Sourate At Taoubah, le repentir, verset 42).
Lorsque cet entremêlement est devenu excessif, et le menteur se cachait derrière le sincère, Allah a
fait des reproches à son prophète, prière et salut d'Allah sur lui, et l’a informé de son pardon pour son
acte. Il lui a aussi ordonné de ne pas autoriser les mystificateurs avant d'authentifier leurs cas et de
chercher la crédibilité de leurs prétentions. L'objectif est de distinguer le menteur du sincère. Le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a d'abord agi selon le coran, mais lorsque les mystificateurs sont

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devenus nombreux, ils ont camouflé les gens sincères. Allah lui a alors fait des reproches. L'objectif divin
consiste à ne pas autoriser les gens avant de vérifier leurs crédibilités.
L'opposant peut soulever une autre problématique en faisant référence au verset coranique suivant :
«O Prophète! Pourquoi, en recherchant l'agrément de tes femmes, t'interdis-tu ce qu'Allah t'a rendu
licite? Et Allah est Pardonneur, Très Miséricordieux» (Sourate At Tahrim, L'interdiction, 66, verset 1).
L'opposant pourrait dire : si c'était de la révélation divine, il n'y aurait pas de reproches au prophète,
puisqu'il n'y a pas de divergence dans ce qui vient d'Allah.
La réponse : le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, avait dans cette affaire, pour appui, le coran.
En effet, il a dit à sa femme : «Je l'abandonnerai pour toi». C'est-à-dire, il va abandonner "sa femme
esclave". Il lui a dit ceci afin de calmer sa colère lorsqu'elle a appris que cette "femme esclave” a couché
avec lui en son absence. Les versets coraniques sur lesquels il s'est appuyé sont les suivants : «Et
comportez-vous convenablement envers elles» (Sourate Les femmes, An Nisaâ, 4, verset 19) et «Alors,
c'est soit la reprise conformément à la bienséance, ou la libération avec gentillesse» (Sourate La
vache, Al Bakarah, 2, verset 229).
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a eu pitié d'elle à cause de sa jalousie. Il s'est bien
comporté envers elle, selon le contenu des versets coraniques qu'on vient de citer. Mais lorsqu'il lui a
été révélé le verset suivant : «Allah vous a prescrit certes, de vous libérer de vos serments. Allah est
votre Maître; et c'est Lui l'Omniscient, le Sage» (Sourate At Tahrim, L'interdiction, verset 2), le verdict
lié au verset précédent a été remplacé, uniquement ici, dans cette affaire, par le nouveau verset «Allah
vous a prescrit certes, de vous libérer de vos serments». Allah lui a donc ordonné de ne pas
abandonner sa "femme esclave". Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Quant au commentaire du verset coranique suivant : «Le jour où la jambe sera dévoilée et où ils
seront appelés à la Prosternation, mais ils ne le pourront pas» (Sourate Al Kalam, la plume, verset 42).
La réponse : le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit, dans son hadith authentique, à propos du
jour de la résurrection : «Un héraut va crier : celui qui adorait quelque chose, n'a qu'à la suivre. Les
adorateurs du soleil suivront alors le soleil. Les adorateurs des idoles suivront leurs idoles. Il restera
donc ceux qui adoraient Allah. Il y en a les bons et les mauvais. Allah leur apparaîtra sous une forme
qu'ils ne connaissent pas. Il leur dit : je suis votre seigneur.
Ils disent : qu'Allah nous protège de toi ! Nous resterons ici jusqu'à ce que notre seigneur arrive.
Lorsqu'il viendra, nous le reconnaîtrons. Ensuite, Allah leur apparaîtra sous une forme qu'ils
connaissent. Il leur dit : Je suis votre seigneur. Ils disent : Tu es notre seigneur et ils se prosterneront
devant lui. Tous ceux qui ont l'habitude de se prosterner vont se prosterner. Mais ceux qui ne se
prosternaient que par hypocrisie, cagoterie ou pour la célébrité ne pourront pas se prosterner. C'est la
dernière panique qui touchera les gens le jour du jugement dernier. Voilà la signification du verset
coranique suivant : «Le jour où la jambe sera dévoilée et où ils seront appelés à la Prosternation, mais
ils ne le pourront pas. Leurs regards seront abaissés, et l'avilissement les couvrira. Or, ils étaient
appelés à la Prosternation au temps où ils étaient sains et saufs !» (Sourate Al Kalam, la plume, versets
42-43).
Quant à l'interprétation de l'expression (Kachf et Saq) «Le dévoilement et la jambe», il s'agit de
l'apparition de la solennité sublime et du parfait qui n'a pas de semblable. C'est la signification de «la
jambe». Cette expression est un adage chez les Arabes.
sur lui : «Allah leur apparaît sous une forme qu'ils ne connaissent pas. Il leur dira : Je suis votre
seigneur. Ils répondront : qu'Allah nous protège de toi ! Nous resterons ici, à nos places, jusqu'à l'arrivée
de notre seigneur. Lorsqu'il vient, nous le reconnaîtrons» (le Hadith).
La signification de ce hadith est la suivante : Allah, le Très- Haut, s'est manifesté aux gens derrière les
voiles. Il ne leur a pas décelé sa solennité clairement. Mais il leur a fait entendre l'allocution de son
Entité, en disant : Je suis votre seigneur. Cette situation a groupé deux catégories de gens : ceux dignes
de la certitude et ceux dignes de la foi. Les gens dignes de la certitude n'ont rien dit parce qu'ils savent
que c'est leur seigneur.

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C'est lui qui s'est adressé à eux par son Entité. Ils n'ont accordé aucune importance aux voiles
derrière lesquels Allah s'est manifesté. Allah dit, dans ce sens : «Qu'attendent-ils sinon qu'Allah leur
vienne à l'ombre des nuées de même que les Anges et que leur sort soit réglé ? Et c'est à Allah que
toute chose est ramenée» (Sourate Al Bakarah, la vache, verset 210). Il dit aussi : «Il n'a pas été donné
à un mortel qu'Allah lui parle autrement que par révélation, ou de derrière un voile, ou qu'il [lui]
envoie un messager (Ange) qui révèle, par Sa permission, ce qu'il [Allah] veut. Il est Sublime et Sage»
(Sourate As Shoura, La consultation, verset 51). Les gens ordinaires, ignorant les rangs divins, ont cru
qu'Allah ne leur parlera que lorsque les voiles seront levés et la solennité divine leur sera apparue. C'est
pour cela qu'ils ont dit : "Qu'Allah nous protège de toi !" Mais les véridiques et les prophètes, se
trouvant dans la même situation que les gens dignes de la foi, sont certains que c'est bien Allah qui s'est
manifesté derrière les voiles, il a dit en effet dans le verset coranique : «.. qu'Allah leur vienne à
l'ombre des nuées» (Sourate Al Bakarah, la vache, verset 210). Ils n'ont pas eu de doute que c'était lui
Allah, parce qu'ils disposent de la pureté de la certitude. Il ne leur arrive, à son propos, aucun doute ni
illusion. La différence entre la foi et la certitude est la suivante: le rang de la foi est comparable au lait
alors que le rang de la certitude est comparable au beurre qui est bien extrait et purifié.
Au début, ce beurre était sous forme de lait mélangé à son écume, puis il s'est transformé en lait
caillé. L'eau qui accompagnait son corps a donc été éliminée. Lorsqu'il a été agité, son aspect laiteux a
été à son tour éliminé. Cet aspect laiteux par rapport au beurre est l'équivalent du son (résidu de la
mouture des grains) par rapport à la farine.
Une fois que le beurre est purifié et les écailles sont éliminées de sa surface, le beurre paraît alors à
son apogée de pureté et de quintessence. C'est ainsi qu'au début la certitude n'est autre que la foi. Puis,
tout en avançant dans les étapes, rang après rang, il ne restera plus de voile, ni de doute, ni d'illusion.
C'est aussi l'exemple du soleil, quelle que soit la longueur de la nuit, on est certain que la lumière
arrivera. Dès l'aube, l'obscurité se dissipera peu à peu. Une fois que le soleil se lève, il ne restera plus de
trace de l'obscurité. Il est de même pour la personne digne de la certitude. Allah lui a enlevé l'image de
l'autre et de l'autrui. Il ne reste dans son sens, sa vision, sa compréhension et son goût que le pur vrai, le
Très-Haut, gloire à lui, dans tout aspect et selon toute considération. Un certain gnostique a dit, dans le
même sens :
Il ne reste rien d’autre qu’Allah.
Il n'y a là ni point d'arrivée, ni gnostique déjà arrivé.
Lorsque la certitude est pure et parfaite, tout l'univers paraît «comme un mirage dans une plaine
désertique». Il apparaît comme du néant. Allah a dit : «L'assoiffé le prend pour de l'eau. Puis quand il y
arrive, il s'aperçoit que ce n'était rien, mais y trouve Allah» (Sourate An Nour, la lumière, verset 39).
Voici donc comment l'homme digne de la certitude voit les univers. Le gnostique Chouchtari a dit :
On a découvert que l’essence de l’univers n’est qu'irréalité.
Ce n’est pas quelque chose de stable, c’est comme ça qu’on l’a trouvé.
C'est grâce à cette authentification que les gens dignes de la certitude n'ont pas eu de doute dans
cette situation. Ils savent, ou plutôt, ils sont certains que les voiles derrière lesquels Allah s'est manifesté
ne contiennent rien du tout. Ce n'est qu'un mirage dans une plaine désertique. Mais l'image qui
apparaît est celle de la poussière dans l'espace. Vous voyez cette poussière comme des images visibles,
mais une fois que vous les touchez à la main, vous ne trouvez rien. C'est comme ça l'image de l'univers
chez les gens dignes de la certitude. Par contre, pour les gens dignes de la foi, Allah n'est ni image bien
déterminée, ni corps, ni région. Il ne se trouve pas dans une localisation. On ne peut pas imaginer
comment il est. Voilà la limite de leur compréhension.
Lorsqu'Allah s’est manifesté différemment de cela, ils ont dit "Qu'Allah nous protège de toi". Ils ont
entendu sa parole, mais ils l'ont niée dans l'apparence. Allah, le Très-Haut, ne les a pas détestés, parce
que c'est ça le rang de leur foi. Ensuite, il s'est manifesté à eux dans la forme qu'ils connaissent ; il s'agit
des limites qu'on vient de citer. Il leur dira "Je suis votre seigneur". Ils diront "Vous êtes notre seigneur.
Et ils se prosterneront" (le Hadith).

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Ils ont nié la présence divine en premier lieu, car Allah leur avait ôté les lumières de la certitude. Ils
ne peuvent être certains de rien ! Ils ont donc nié Allah lorsqu'il leur a parlé. Mais dans sa deuxième
manifestation, Allah a lancé, en eux, les lumières de la certitude, par lesquelles ils l'ont reconnu. Ils ont
alors dit : "Vous êtes notre seigneur".
Celui qui a connu Allah, quel qu'il soit, parmi les croyants et parmi les gens dignes de la certitude, ne
doit pas croire qu'il l'a connu par lui-même, par sa force ou par sa pensée. Il ne l'a connu que par une
lumière qui lui a été injectée de la part d'Allah, le Très-Haut, et qui l'a spécifié parmi les gens. C'est par
ces lumières qu'Allah est connu par les gnostiques et cru par les croyants. Sans ces lumières, les
mécréants n'ont pas cru. On dit dans le prédicat : Allah a créé tous les esprits dans une obscurité.
Ensuite, il a projeté une partie de sa lumière sur eux. Celui qui a été touché par cette lumière a cru. Celui
qui a perdu cette lumière a mécru. Donc, on ne connaît Allah que par Allah. C'est lui l'identificateur et
l'identifié. Lorsque Dieu refuse quelqu'un, il le laisse errer dans les ténèbres de l'incroyance.
Nous avons mentionné ci-dessus que cette panique est la dernière qui touchera les gens le jour du
jugement dernier. Toutes les autres paniques précédentes ont été closes et leur moment est fini. Cette
station est donc purifiée de tout polythéiste. Il reste quand même les mécréants qui adorent Allah,
comme les juifs. Dieu, gloire à lui, les jugera et les enverra en enfer, jusqu'à ce qu'il ne reste que les
croyants. Allah, le Très-Haut, jugera leurs cas.
Par ailleurs, ce qui apparaît dans les prédicats donne l'impression de l'existence d'une grande
problématique à propos du jour du jugement. En effet, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, nous a
informés, dans le hadith de la grande intercession, qu'il interviendra auprès d'Allah afin d'accélérer le
compte pour les gens rassemblés le jour du jugement dernier. Allah acceptera son intercession et dira :
"présente ta communauté pour le compte".
La communauté Mohammadienne (du prophète Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui) sera alors
présentée pour rendre compte de ses actes. Tout le monde se présentera : bienfaiteur, saint, pervers, et
arrogant. La communauté progressera comme un agglomérat unifié, groupé par les anges. Les gens
seront présentés pour le compte à rendre entre les mains d'Allah. Il ne s'intéressera à aucune autre
communauté avant de terminer avec la première. Les gens dignes du paradis seront envoyés au paradis.
Les gens dignes de l'enfer seront lancés dans l'enfer.
Mais il y a deux hadiths qui s'opposent à ceci. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui a dit: «Les
gens seront exposés trois fois le jour du jugement dernier. Les deux premières expositions seront sous
forme de plaidoiries et d'excuses. La troisième c'est l'envolement des fiches. Les gens les intercepteront,
ou bien par leur droite ou bien par leur gauche».
Le 2ème hadith concerne l'interrogation des messagers, en présence de leur communauté, sur leur
transmission du message divin. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui a dit: chaque messager sera
démenti par sa communauté qui ne l'a pas cru. Les gens de cette communauté diront : il ne nous a rien
rapporté, ni informés de quoi que ce soit, ni même venu à nous par le moindre message. Cela, bien sûr,
a lieu, à la suite de l'interrogatoire du messager sur sa transmission du message divin.
Le messager dira : j'ai transmis et je me suis bien acquitté de la charge dont j'étais responsable. Allah
lui dira : as-tu des témoins ? Il dira : oui mon seigneur, c'est Mohamed et sa communauté. La
communauté Mohammadienne sera alors convoquée afin de témoigner en faveur des messagers qui
ont bien été loyaux et transmetteurs de leur message. La réponse jaillira à partir d'Allah, que vous (la
communauté Mohammadienne) êtes bien certifiés et agréés pour votre témoignage.
La réponse à cette problématique est comme suit : le début du jugement est sous forme de trois
expositions, dans lesquelles Allah, le Très-Haut, blâmera chacun de ses serviteurs sur ses actes. Il a dit:
«Et ils seront présentés en rangs devant ton Seigneur» (Sourate La caverne, Ahl El Kahf, 18, verset 48).
Chacun plaidera en sa faveur et trouvera des excuses pour ses mauvais actes. Cela a été cité par le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui : «Les deux premières expositions seront des plaidoiries et des
excuses» Allah a dit : «Le jour où chaque âme viendra, plaidant pour elle-même, et chaque âme sera
pleinement rétribuée pour ce qu'elle aura œuvré sans qu'ils subissent la moindre injustice» (Sourate

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An Nahl, Les abeilles, verset 111). Quant à la troisième exposition, c'est l'envolement des fiches. Chacun
prendra sa fiche, ou bien par sa droite, ou bien par sa gauche.
Cela est pour toutes les communautés, sans particularité de l'une par rapport à l'autre. Elles sont
toutes présentes sur une même station pour cette exposition. Ensuite, viendra le cas de l'interrogatoire
des messagers et de leurs communautés à propos de la transmission du message divin. À moment-là, la
communauté Mohammadienne est mélangée aux autres communautés jusqu'à l'évènement du
témoignage en faveur des messagers, un par un. Ensuite, la communauté Mohammadienne sera isolée à
part, toute seule, pour le compte-rendu. Les cas de ses membres seront traités définitivement cas par
cas jusqu'au dernier. Puis, Allah, le Très-Haut, passe au compte à rendre des autres communautés, une
par une.
Une fois les mécréants éliminés de cette station, il ne restera alors que les croyants et ceux qui
adoraient Allah parmi les mécréants, comme les juifs. Allah se manifestera alors par «Le jour où la
jambe se dévoilera, et où ils seront appelés à la Prosternation, mais ils ne le pourront pas» (c'est-à-dire
l'ultime panique). Ils seront alors expédiés à l'enfer, et seuls les croyants resteront. Allah tranchera entre
eux. Il enverra les gens dignes du paradis au paradis et les gens dignes de l'enfer à l'enfer.
Quant à l'information sur le bassin (Al Haoud), il sera existant, d'après le hadith prophétique, durant
la période pendant laquelle la communauté Mohammadienne rend compte (à Allah) sur les actes que
ses membres ont commis. Les gens y parviendront, alors qu’ils sont à bout de leurs forces à cause de la
soif et de l'angoisse. Certains seront autorisés à boire ; d'autres seront plutôt chassés ; ce sont ceux qui
ne bénéficieront pas du pardon d'Allah et qui seront dignes de l'enfer. Ceux qui ont mélangé le bien et le
mal, mais qui ont été pardonnés ou qui ont pu bénéficier d'une certaine intercession afin d'être
pardonnés, peuvent aussi accéder au bassin et boire.
Ce bassin se trouvera (chronologiquement), d'après l'authenticité de l'information, avant le pont
"Asserate". Certains savants pensent qu'il se trouvera après le pont ; mais c'est faux ! En effet, celui qui
traversera le pont ne peut pas être chassé du bassin ; son salut est déjà parfait. Fin de la dictée du
cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, à partir de sa mémoire et de ses propres mots.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la signification des versets coraniques suivants :
«Rappelle-toi quand les Anges dirent: O Marie, certes Allah t'a élue au-dessus des femmes des
mondes» (Sourate Al Imran, la famille Imran, verset 42) et «Et Nous révélâmes à la mère de Moïse
[ceci] : <Allaite-le. Et quand tu craindras pour lui, jette-le dans le flot. Et n'aie pas peur et ne t'attriste
pas: Nous te le rendrons et ferons de lui un Messager» (Sourate Al Qasas, Les récits, verset 7).
Est-ce que la parole des anges (à Marie) signifie sa prophétie? Il est de même pour la mère de Moïse
; est-ce que la révélation qu'elle a reçue signifie sa prophétie ou pas? Quelle est la meilleure entre les
deux, Sayida Marie ou Sayida Fatima, satisfaction d'Allah sur elle? Le classement, mentionné par les
savants, montre que Marie est la meilleure femme du monde. Elle est suivie de Assia, fille de Mouzahim,
puis de Khadija, puis de Aïcha puis de Fatima, satisfaction d'Allah sur elles toutes.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a répondu comme suit : la réponse, qu'Allah soit notre guide à
la droiture, de par Sa largesse et Sa générosité : sachez que les preuves présentées par les
commentateurs des versets coraniques précédents afin de justifier les prophéties de Marie et de la
mère de Moïse sont fausses et ne conduisent en rien. La vérité est que la prophétie est impossible à
atteindre par les femmes. Et puis, Marie et Assia ont été évoquées par le prophète qui a dit à leurs
propos, prière et salut d'Allah sur lui : un grand nombre d'hommes ont atteint la perfection, alors que
pour les femmes, seules Assia Bent Mouzahim et Miriam Bent Imrane ont été parfaites. Il veut dire que
ces deux femmes ont atteint le rang de la "Seddiqia" qui est le plus haut rang se plaçant au-dessous des
rangs du pôle et du prophète, en ce qui concerne la gnose (connaissance d'Allah) et les sciences
religieuses approfondies.
Quant à Khadija, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a mentionné plusieurs fois son mérite
dans ses hadiths. Aïcha, satisfaction d'Allah sur elle, a dit : Je n'étais jalouse que de Khadija, parmi toutes
les femmes du prophète, il la mentionnait très souvent avec vénération, prière et salut d'Allah sur lui.
Dans son livre (Shifa), Ibn Sabâ a rapporté que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit un jour

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aux gens : Aïcha Bent Seddik est ma femme préférée, à part le mérite qu'Allah a attribué à Khadija Bent
Khouaïïid. Il a donc montré ici le mérite de Khadija sur celui d’Aïcha. Dans le même document, Ibn Sabâ
a rapporté un autre hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui : un jour, il a dit à Fatima (sa fille),
satisfaction d'Allah sur elle : «Tu es la meilleure femme du monde».
Elle a alors posé sa main sur sa tête par pudeur et a dit : où sont donc passées Assia Bent Mouzahim,
Miriam Bent Imrane et Khadija Bent Khouaïïid ? Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a répondu:
Assia est la meilleure femme de son monde. Miriam est la meilleure femme de son monde. Khadija est
la meilleure femme de son monde. Et toi, tu es est la meilleure femme de ton monde.
Un jour, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit à Ali, à l'occasion de son mariage avec sa fille
Fatima : «Je te déclare mari de la meilleure dame du monde». Quant à Aïcha, le prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, a dit à propos d'elle : «Le mérite de Aïcha sur les autres femmes est comme celui de la
soupe épaisse "Tarid" sur le reste des aliments».
Les propos des savants ont été controversés en ce qui concerne la préférence de Fatima par rapport
à Aïcha ou l'inverse. Chaque groupe a un penchant vers l'une des deux femmes, en donnant comme
preuve un des deux hadiths précédents. L’imam Malek, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : «Quant à moi,
je ne préfère rien à la descendance du prophète, prière et salut d'Allah sur lui».
Il y a un groupe de gnostiques qui se sont mis d'accord pour affirmer, par voie de levée de voile et
non pas par voie classique, que Fatima a atteint, après le décès de son père, prière et salut d'Allah sur
lui, le rang de pôle (pôle des pôles). C'est ainsi que Fatima est tellement plus importante qu'il ne peut y
avoir de comparaison entre elle et Aicha. Allah, le Très-Haut, a dit : «Le plus noble d'entre vous, auprès
d'Allah, est le plus pieux» (Sourate Al Hojorat, les appartements, verset 13). Il n'existe pas, au sein de
tous les êtres créés par Allah, le Très-Haut, d'une manière générale et absolue, celui qui peut arriver à
un pour mille de la pureté du pôle des pôles, bien qu'il excelle dans les plus hauts niveaux. Ceci bien sûr
en dehors du rang des prophètes, et celui des anges. Le pôle des pôles est toujours le meilleur de la
communauté musulmane. Ceci est valable en toute époque. Il est à noter que les "clés des trésors" (un
rang spirituel) peuvent faire exception de cette règle. Le pôle est supérieur à eux dans certaines choses,
et eux sont meilleurs dans d'autres. Si vous comprenez ceci, vous saurez donc que Fatima est
certainement préférable à Aïcha, à Miriam et à Assia. Les raisons pour lesquelles elle a pu atteindre ce
rang du grand pôle, satisfaction d'Allah sur elle, contrairement aux autres femmes, sont les suivantes:
• Elle n'a jamais eu de menstruation.
• Elle a hérité du rang de la perfection de son père, ce qu'aucune femme ne peut espérer
obtenir.
C'est pour cela qu'elle a atteint le rang de pôle. Le pôle est le maître de l'univers à son époque, sauf
en ce qui concerne les "clés des trésors".
Quant au fait qu'elle n'a jamais eu de menstruation, ceci est dû à la composition du sperme qui était
à l'origine de sa naissance. En effet, son père, prière et salut d'Allah sur lui, avait mangé une pomme du
paradis avant de s'accoupler avec sa mère. Ce sperme avait été donc formé à partir de cette pomme.
C'est pour cela que le prophète a dit à son propos : «Elle est une houri humaine». C'est une houri parce
qu’elle n'a pas été créée à partir de la terre dont la matière forme le corps d'Adam et de sa
descendance. La substance du sperme de son père est plutôt formée des secrets du paradis et de ses
significations à partir desquels Allah a créé les houris. Sa pureté a donc été parfaite, sans qu'elle soit
tachetée d'états humains qui arrivent souvent aux femmes. C'est ainsi qu'elle est devenue une houri
humaine et qu'elle a atteint le plus haut rang, entre les mains du Vrai, gloire à lui, le Très-Haut. Elle n'est
donc dépassée que par la prophétie. Aïcha et les autres femmes n'ont aucun espoir d'atteindre ce
niveau. Vous comprenez donc pourquoi Fatima est la meilleure de toutes les femmes vertueuses du
monde.
Quant au dire relatif à la prophétie de Marie, on a dit qu'il est faux pour la raison suivante : à toute
époque, le pôle a une orientation vers toute particule de la créature. C'est lui qui l'approvisionne et qui
lui donne les moyens de subsistance dans tout l'univers, particule par particule. Tout être qui se
prosterne devant Allah, le Très-Haut ; tout génuflecteur qui se plie devant Allah, le Très-Haut ; tout être

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se levant et se mettant debout devant Allah, le Très-Haut ; ou se mouvant pour Allah, le Très-Haut ; ou
citant des litanies pour Allah, le Très-Haut, renfermant n'importe quel contenu, dans tout l'univers, c'est
le pôle qui l'a animé. C'est par lui que le glorificateur avait glorifié Allah, c'est par lui que l'adorateur
avait adoré Allah, c'est par lui que le prosternant s'est prosterné devant le seigneur, et c'est par lui qu'a
lieu ce qu'on ne peut pas mentionner (ici). En résumé, le pôle est pour l'univers comme l'est l'esprit pour
le corps. Le corps ne peut pas subsister que par l'esprit, il ne peut pas être conçu en dehors de l'esprit.
Toutes les particularités apparentes et internes du corps ne sont fonctionnelles que par l'esprit vif qui lui
est lié. En son absence, le corps perd ses qualités, meurt et se réduit à néant. Il est de même pour tous
les corps de l'univers par rapport au pôle. Il est pour eux comme l'est l'esprit pour le corps. Si cet esprit
est ôté, tout l'univers se réduit à néant. Il est donc l'esprit de l'univers. Toutes les particularités de
l'univers, en prenant compte de leurs cohésions, différences, généralités, spécificités, relâchement et
limitation, ne se lient aux entités de l'univers que par l'intermédiaire de l'esprit du pôle. Si le pôle ôte
son esprit, l'univers se réduira à néant et deviendra mort, sans aucune particularité.
Le pôle a acquis cette force en supportant le secret du nom suprême d'Allah et en supportant sa
propagation en lui, dans la totalité de ses mondes. C'est par le secret du nom suprême d'Allah que le
pôle est devenu, entre les mains d'Allah, le Très-Haut, un excellent gestionnaire (des créatures). Il
parfait les bienséances de la présence divine et la réalisation des devoirs d'Allah, gloire à lui. Et ce, dans
toutes Ses manifestations, que ce soient celles en relation avec Ses noms divins, Ses attributs ou Son
Entité. Il parfait ceci à tout moment, même en un moment aussi court qu'un clin d'œil. Et il n'y a pas de
limite aux manifestations divines, pouvant se produire en un clin d'œil. Ceci est valable en tout temps,
qu'il s'agisse de manifestations par les noms d'Allah, Ses attributs, Son Entité ou l'alternance de Ses
affaires. Le pôle est en tout ceci, entre les mains d'Allah. Il donne à ces manifestations divines ce qu'elles
méritent en bienséance, fonctions et tâche, en tout moment même en des moments aussi courts qu'un
clin d'œil. Malgré le nombre infini de ces manifestations, le pôle reste loyal dans la réalisation des
devoirs et la perfection des bienséances. Personne d'autre que le pôle, dans l'univers, ne peut supporter
toutes ces manifestations divines. Il le fait à tout moment de sa vie, même en un moment aussi court
qu'un clin d'œil. Si tous les vertueux "les seddiqs" se positionnaient dans cette station, devant Allah, ils
seraient réduits à néant en moins d'un clin d'œil. Voilà donc la conduite classique d'un pôle. Si vous
savez ceci, vous comprendrez alors que les femmes ne peuvent pas supporter ce fardeau à cause de leur
faiblesse, et à cause de la menstruation qui les préoccupe de la réalisation des devoirs divins. Si une
femme prenait la place d'un pôle, les devoirs divins concernant les manifestations d'Allah ne pourraient
pas avoir lieu pendant la période de sa menstruation. Une fois que l'exécution des devoirs divins cesse,
le rang (du pôle) est détruit. La destruction de ce rang sera donc à l'origine de la destruction de l'univers.
Si vous comprenez ceci, vous saurez donc que les femmes sont incapables de supporter le rang du pôle.
Et, bien sûr elles n’ont aucun espoir d'occuper le rang de la prophétie qui est encore plus élevée et plus
avancée.
Quant à Fatima, satisfaction d'Allah sur elle, elle est arrivée au rang du pôle parce qu'elle a prélevé
les perfections divines par lesquelles elle a pu supporter le secret du nom suprême d'Allah, ainsi que la
stabilisation dans le rang du pôle. Aucune autre femme ne peut espérer prélever de ces perfections à
partir du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Fatima est donc la seule femme à avoir ce privilège.
C'est pour cela qu'elle était la meilleure des femmes d'une manière absolue. Si vous savez ceci, vous
comprendrez donc que les femmes ne peuvent jamais espérer atteindre le nom suprême d'Allah.
Quant aux preuves avancées pour démontrer la prophétie de Marie (à cause de sa discussion avec les
anges) et celle de la mère de Moïse (à cause de la révélation), la réponse est qu’Allah a parlé à Iblis, par
son Entité sublime, alors qu'il n'y a aucune prophétie accordée à Iblis. Donc le fait que Marie avait parlé
aux anges, qui sont bien inférieurs à Dieu, ne signifie pas qu'elle ait atteint la prophétie. Il en est de
même pour la mère de Moïse. La preuve qu'elle n'a pas atteint la prophétie, même si elle a joui de la
révélation est la suivante : Allah a dit : «Voilà ce que ton Seigneur révéla aux abeilles» (Sourate An
Nahl, Les abeilles, verset 68) alors qu'il n'y a pas de prophétie chez les abeilles. Allah a dit aussi : «et
révéla à chaque ciel sa fonction» (Sourate Fusselat, Les versets détaillés, verset 12) ; personne n'avance
la prophétie des cieux ! Allah a dit également : «Selon ce que ton Seigneur lui aura révélé (c'est-à- dire
la terre)» (Sourate Azzalzalah, Le tremblement de terre, verset 5); personne n'avance la prophétie de la

-296-
terre! Cela signifie que la révélation n'implique pas la prophétie. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction
d'Allah sur lui, à partir de sa mémoire et de ses propres mots, lors d'une seule conférence. Fin.
Fin de la première partie du livre "Perles des significations et Exaucement des Souhaits au sein de
l'Afflux de Abi Abbes Tijani, Satisfaction d'Allah sur lui". Qu'Allah nous fasse jouir de sa satisfaction, ainsi
que tous les bien-aimés. Amen. Louange à Dieu, le Très-Haut, pour sa précieuse aide et la beauté du
succès qu'il nous a accordé. Pas de force ni de puissance que par Allah, le Très-Haut, le sublime.

-297-
PERLES DES SIGNIFICATIONS ET EXAUCEMENT DES SOUHAITS TOME II

Par l'érudit et gnostique Sidi Ali Harazem Ibn Larbi Berrada Fassi Que la clémence d'Allah et sa
satisfaction soient sur lui
Texte arabe authentifié par le Professeur Mohamed Erradi Genoune Idrissi Hassani
«Traduction» du Professeur Ahmed Ibn Abdallah Skiredj Anssari Khazraji

Deuxième partie concernant les hadiths prophétiques et les sciences


spécifiques au prophète, prière et salut d'Allah sur lui

Selon le hadith qodssi, le Messager d'Allah (prière et salut d'Allah sur lui) a dit : Dieu glorifié et
honoré a dit : "Je suis chez l'idée que se fait de Moi Mon esclave. Je suis avec lui là où il M'évoque.
Quand il M'évoque en lui-même, Je l'évoque en Moi-Même. Quand il M'évoque dans une assemblée, Je
l'évoque dans une meilleure assemblée. S'il se rapproche de Moi d'un empan, Je me rapprocherai de lui
d'une coudée; et s'il se rapproche de Moi d'une coudée, Je Me rapprocherai de lui d'une brasse et s'il
vient vers Moi en marchant, J'irai vers lui en courant". Fin
Je l'ai (le cheikh) interrogé (satisfaction d'Allah sur lui) sur le sens de ce hadith et sur ce qu'il
contient comme secret important. Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : " être chez
quelqu'un ou chez quelque chose " s'apparente ici au domaine des appellations divines. Ce domaine
traduit une science spécifique aux messagers d'Allah, il s'agit de la science des appellations divines. Dans
cette science, Allah a été décrit en utilisant des expressions dont l'aspect apparent est impossible. On
peut citer à titre d'exemple des expressions telles que : la descente, le rapprochement, la descente à un
niveau plus bas, le fait d'être avec quelqu'un, le fait d'être chez quelqu'un ou chez quelque chose,
l'arrivée, le rire, l'étonnement, etc. Les exemples sont nombreux dans la loi religieuse. Mais leur aspect
exotérique est impossible à l'égard du Vrai, du Très- Haut, gloire à lui.
Par ailleurs, ces expressions ont été évoquées par les messagers d'Allah pour illustrer des
significations mystérieuses, dont les réalités relatives au Vrai, gloire à lui, ne sont pas connues. Les
envoyés de Dieu ont utilisé ces expressions, mais uniquement pour apporter des explications aux gens.
Celui qui appartient à la classe des véridiques va bien connaître leurs significations. Celui qui ne lui
appartient pas ne va par contre rien comprendre. Parmi ces expressions, il y a l'utilisation du terme
"chez" à l'égard d'Allah. Dans le hadith qodssi susmentionné, Allah dit : «Je suis chez l'idée que se fait de
Moi Mon esclave».
Ce terme "Chez" suppose qu'Allah se situe dans la même position que son serviteur. Ceci est
impossible à l'égard d'Allah, le Très-Haut, car le serviteur se trouve dans un lieu déterminé. Et il est
impossible que Dieu occupe (matériellement) un local ou sort d'un lieu donné. L'utilisation ici de ce
terme "chez" signifie plutôt le secours qu'Allah accorde à son serviteur pour exaucer sa demande, selon
l'idée qu'il s'est faite de lui. Celui qui pense du bien de son seigneur trouvera du bien de Sa part. Celui
qui pense autre chose de lui trouvera ce qu'il pense de lui.
Les polythéistes, quand leurs peaux témoigneront contre eux, diront: pourquoi avez-vous témoigné
contre nous? Elles répondront : «C'est Allah qui nous a fait parler, Lui qui fait parler toute chose. C'est
Lui qui vous a créés une première fois et c'est vers Lui que vous serez retournés. Vous ne pouvez pas
vous cacher de telle manière que ni votre ouïe, ni vos yeux, ni vos peaux ne puissent témoigner contre
vous. Mais vous pensiez qu'Allah ne savait pas beaucoup de ce que vous faisiez. Et c'est cette pensée
que vous avez eue de votre Seigneur, qui vous a ruinés, de sorte que vous êtes devenus du nombre
des perdants» (Sourate Fusselat, les versets détaillés, versets 21-23).
Allah a dit également, en condamnant les hypocrites : «Ils (les hypocrites) avaient des pensées sur
Allah non conformes à la vérité, des pensées dignes de l'époque de l'Ignorance» (Sourate Al Imran, la
famille Imran, verset 154). Il a été mentionné également dans certains prédicats qu'Allah, le Très-Haut,
placera son serviteur entre ses mains et lui dira : «Qu'est-ce qui t'a incité à ma désobéissance, au point

-298-
que tu as enfreint Mon ordre ?» (Ou un dire ayant la même signification). Le serviteur répliquera : «O
mon seigneur, j'ai pensé que tu allais me pardonner». Allah lui pardonnera alors à cause de la bonne
idée qu'il s'est faite de lui.
Il a été rapporté sur Yahya Ben Aktham, qui était bien connu par sa mauvaise conduite, qu'il a été vu
en rêve après sa mort. Celui qui l'avait vu l'a interrogé sur ce qu'Allah avait fait de lui. Il a répondu : "Il
m'a pardonné". Il lui a demandé "pour quelle raison?". Il lui a répondu en disant : «Allah, le Très-Haut,
gloire à lui, m'a dit : Tu as fait telle chose, tu as fait telle chose et tu as fait telle chose.. Je lui ai dit : O
seigneur, ce n'est pas par ça qu'on m'avait parlé de toi. Il m'a dit : de quoi on t'a parlé alors ? Je lui ai dit
: untel a rapporté qu'untel a rapporté.., et j'ai remonté la chaîne jusqu'au prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, qui a dit : Allah a honte de supplicier celui dont les cheveux sont devenus blancs dans
l'Islam. Il a dit : untel et untel ont dit vrai, et il a cité tous les rapporteurs de ce hadith. Ensuite, il m'a dit:
pars, j'ai pardonné tes péchés».
Voilà la conjecture du bien à l'égard d'Allah, le Très-Haut. Celui qui pense du bien de lui, il le traitera
bien. Celui qui pense du mal de lui, il le traitera selon sa pensée. Celui qui pense qu'il ne trouvera d'Allah
que la punition et le supplice, Allah le traitera par cela. Mais celui qui pense qu'il lui pardonnera, il le
traitera selon sa pensée également.
Un Bédouin a interrogé le prophète, prière et salut d'Allah sur lui : qui va s'occuper du jugement des
créatures le jour de la résurrection ? Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, lui répondit : Allah.
C'est-à-dire c'est Allah qui va s'occuper du jugement des créatures le jour de la résurrection.
Le campagnard réplique : lui-même ? Lui-même, répondit le prophète, prière et salut d'Allah sur lui.
Le campagnard soulagé commence à rire abondamment. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui : de
quoi as-tu ri o campagnard? Il lui répond : le généreux, s'il juge quelqu'un il lui pardonne, et s'il triomphe
ayant la main sur lui, il l'excuse. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui s'est tût et l'a laissé avec sa
conjecture du bien à l'égard de son seigneur, et n'a pas essayé de le gêner dans ce qu'il croyait.
En outre, la conjecture du bien à l'égard d'Allah, le Très-Haut, est très utile pour celui qui est absorbé
par ses mauvais actes à tel point que cette occupation devient un instinct pour lui. Sa conjecture du bien
à l'égard d'Allah, le Très-Haut, ne peut pas sortir vaine. Mais, du point de vue de la loi religieuse, il faut
condamner cet être, le chasser vers la crainte d'Allah et insérer cette crainte dans son cœur. Il ne faut
pas que cette conjecture du bien à l'égard d'Allah se transforme en une illusion trompeuse.
Le célèbre poète, Abou Nouass, dont la mauvaise conduite était bien connue, a été vu en rêve après
sa mort dans un excellent état. C'est l'un des vertueux qui l'avait vu et qui lui avait posé la question sur
ce qu'Allah avait fait de lui. Il lui a répondu alors: il m'a pardonné. Le vertueux lui a dit : par quoi (il t'a
pardonné) ? Il a répondu : "Par des vers que j'ai composés avant de mourir". Il lui a demandé: où puis-je
trouver ce poème ? Il a répondu "tu le trouveras sous mon oreiller". Effectivement, il l'a trouvé sous
l'oreiller. Ce poème de quatre vers est le suivant :
Ô, mon seigneur, si mes péchés sont si nombreux.
Je sais que ta tolérance est bien supérieure.
Je t'invoque, seigneur, comme tu as ordonné, en te suppliant mais si tu rends ma prière vaine, qui
va m'épargner l'omniscient.
Si tu n'es invoqué que par le bienfaiteur,
qui sera alors invoqué par le criminel malfaiteur ?
Je n'ai aucune voie menant vers toi que l'espoir et l'envie.
Ainsi que la conjecture du bien, et puis je suis un musulman soumis.
Allah a donc pardonné ses péchés par ce poème. En somme, le fait sur lequel il faut compter, c'est
que celui qui rencontre Dieu, tout en se faisant une bonne idée de lui, et tout en pensant qu'il va
pardonner ses péchés, alors il trouvera la tolérance, même s'il était absorbé par ses actes punissables.
Celui qui ne s'est pas fait une bonne idée de son seigneur, son cas restera entre les mains d’Allah. Mais,
s'il invoque Allah souvent et s'il le supplie en demandant son pardon à différents moments de ses jours,
alors ses invocations ne seront pas vaines.

-299-
Celui qui opte pour cette méthode, il n'a qu'à citer le plus souvent possible l'invocation appelée "Hizb
Tadarrouê wa libtihal" (la litanie de la supplication et de l'imploration). Il a été rapporté qu'une
personne ordinaire, dont la conduite n'était pas satisfaisante, a été vue en rêve, après sa mort, dans un
excellent état. On l'a interrogée sur ce qu'Allah a fait d'elle. Elle a répondu "J'étais très bien traitée". On
lui a demandé: "Par quoi as-tu reçu ces biens?". Elle a répondu "C'est grâce à une invocation que je
citais" ; cette invocation est la suivante:
«O, Allah, mon maître, tu as interdit ton service à certains serviteurs. Tu l'as accordé à ceux que tu as
aimés parmi tes créatures. Tu n'es ni injuste ni obligé de rendre compte sur tes actes à personne. Mais
j'avais en toi des espoirs. Ne regroupe donc pas sur moi, à la fois la désobéissance et les espoirs vains, O,
généreux».
Son dire "Je suis avec lui là où il M'évoque". Cette expression «Être avec quelqu'un» s'apparente ici
au domaine des appellations divines. Cependant, elle n'a pas le même sens que celle utilisée dans le
verset coranique «Il est avec vous, là où vous êtes» (Sourate Al Hadid, le fer, verset 4). Dans le verset,
"être avec" traduit un attribut lié à l'Entité d'Allah, alors que dans ce hadith il s'agit plutôt d'une
assistance de diligence et de dilection. Allah est avec celui qui l'évoque par sa diligence et par son
affection. Il est aussi avec l'endurant dans le jihad (la guerre sainte) par sa victoire et son appui.
Allah dit : «Ne faiblissez donc pas et n'appelez pas à la paix alors que vous êtes les plus hauts, et
Allah est avec vous» (Sourate Mohamed, verset 35). Ici, c'est par la victoire et l'appui qu'il est avec eux.
Après l'amour et la diligence, Allah est avec l'endurant dans la guerre sainte par la diligence, l'amour, la
victoire et l'appui.
Dans le hadith, "Allah est avec l'endetté jusqu'à ce qu'il s'acquitte de sa dette", c'est-à-dire Allah est
avec lui en lui prêtant aide et facilité. D'ailleurs, Abdellah Ben Jaâfer, satisfaction d'Allah sur lui, bien
qu'il soit considéré parmi les plus riches du pays, il n'est jamais resté sans endettement. Et quand on lui
demandait : tu n'as pas besoin de cette dette. Il répondait toujours en avançant ce hadith
susmentionné. Et il disait : j’ai envie qu'Allah soit avec moi.
Donc, ici, le fait qu'Allah soit avec quelqu'un signifie qu'il est avec lui par ses attributs. Il est avec celui
qui l'évoque par l'amour, et par la diligence. Il est avec l'endurant dans la guerre sainte par l'amour, la
diligence, la victoire et l'appui. Il est avec l'endetté par l'aide et la facilité, et ainsi de suite. Cependant
dans le verset coranique «Et II (Allah) est avec vous où que vous soyez» (Sourate Al Hadid, le fer, verset
4) être avec quelqu'un signifie ici qu'il est avec lui par son Entité.
Allah est avec toute la créature par son Entité. Celle-ci n'accepte pas de dissociation, c'est-à-dire de
dissociation par rapport à ce rang. Allah est, dans ce rang, avec toute chose, sans incarnation, ni
jonction, ni dissociation, ni distance, ni rapprochement, ni éloignement. Ce sont là les attributs de son
Entité. Par contre dans le hadith, Allah est avec la personne par ses attributs, cette présence avec elle
dépend de certaines conditions : Allah est en effet avec celui qui le mentionne, par l'amour et par la
diligence. Mais quand ce dernier ne l'évoque plus, il ne disposera alors ni d'amour (particulier) ni de
diligence de la part d'Allah. C'est-à-dire dans le cas où cette personne abandonne complètement ses
litanies sans y retourner.
En revanche, si elle marque des pauses entre les litanies pour se reposer, la présence d'Allah avec
elle ne se coupera jamais. Allah restera avec elle, par l'amour et la diligence. Allah dit dans un hadith
qodssi : «Quand je regarde le cœur de Mon serviteur, et je m'aperçois que ce qui domine en lui c'est
mon dhikr et ma mention, alors je le remplis de mon amour». D'ailleurs, l'amour d'Allah est l'objectif
suprême.
Celui qui est touché par l'amour d'Allah, le Très-Haut, bénéficie du bonheur éternel. Un jour, le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a fouetté un homme qui avait bu de l'alcool. Cet homme a été
ramené, en cet état, au prophète, à plusieurs reprises, et à chaque fois il le fouettait. Un des
compagnons du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, lui a ainsi adressé la parole en lui disant
"Qu'Allah te maudisse". Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, lui a dit : "Non, ne le maudis pas. Il
aime Allah et son messager". C'est ainsi que son péché ne l'a pas fait sortir du caractère sacré de son
amour d'Allah, le Très-Haut. Allah dit dans le hadith qodssi : «Mon esclave ne cesse de se rapprocher de

-300-
Moi par les actes surérogatoires jusqu'à ce que Je l'aime. Une fois que Je l'ai aimé, Je deviens son ouïe
avec laquelle il entend, etc.».
Le meilleur de ces actes surérogatoires aspirant à rapprocher le serviteur de son seigneur est
l'invocation d'Allah (le dzikr, les litanies), et la prière, à condition qu'elle soit exécutée en permanence
et avec un cœur présent. La prière ressemble au Dzikr, le serviteur ne cesse de mentionner Allah
pendant des moments, et de se reposer pendant d'autres. Quand le Vrai s'aperçoit de cet état chez son
serviteur, il injecte dans son cœur des lumières divines en guise de dons. Ces lumières vont combler son
cœur et vont l'occuper pour ne s'intéresser à quiconque à part Allah, le Très-Haut. Elles vont remplir
ainsi son cœur de dzikr et de mention d'Allah.
Le cœur devient alors serein par le rappel de Dieu. De cette sérénité, il progresse vers le contrôle, qui
est un état précieux et rare. Seuls les singuliers "Afrads" parmi les disciples en voie vers Dieu en
bénéficient. Lorsque cet état devient permanent chez le serviteur, et lorsqu'il anéantit son cœur, il le fait
alors accéder à la station de l'inattention par rapport aux univers, puis à la station supérieure, de
l'ivresse par rapport à eux, puis à l'anéantissement par rapport aux univers, tout en sentant son
anéantissement, puis à l'anéantissement de l'anéantissement.
Lorsqu'il arrive à cette limite, l'autre et l'autrui se démantèlent pour lui. Toutes leurs empreintes,
ruines et traces se détruisent. Il ne reste alors que le vrai par le vrai dans le vrai à partir du vrai. Et c'est
ça la porte d'entrée à l'amour de l'Entité sacrée. C'est l'objectif suprême. Lorsque le serviteur y accède,
la présence pure se dévoile pour lui, et le soleil des connaissances monte devant lui.
Les voiles lui seront alors levés sur ce que comprend la présence divine comme sciences,
connaissances, secrets, lumières, états éminents, nobles caractères honorables, attestation de l'unicité
d'Allah, dénudation, singularité, sagesses, réalités et mystères qu'on ne peut ni connaître ni mentionner
; c'est l'objectif suprême. Le dzikr ou le rappel d'Allah est ce qui mène le plus parmi les actes
surérogatoires vers cet objectif suprême. Il faut veiller à pratiquer le dzikr en permanence et d'une
manière continue. C'est le dzikr qui apporte les dons.
Son dire "Quand il M'évoque en lui-même, Je l'évoque en Moi- Même". On retrouve ici une
expression parmi celles des appellations divines. En effet, la réalité des choses est telle que personne
n'échappe au fait qu'Allah l'évoque en Lui-même. Les êtres existants figurent tous dans la réalité du
savoir divin et ne s'en échappent pas, même pas au moindre instant. Or, la réalité du fait qu'Allah
évoque les êtres existants en lui-même n'est autre que la réalité de son savoir englobant ces êtres.
Donc si vous savez ceci, vous saurez alors que le fait qu'Allah évoque son serviteur en lui-même dans
le hadith signifie une évocation spécifique, et non pas l'évocation originelle qui n'est autre que la réalité
de la science divine. Cette évocation spécifique est destinée à celui qui évoque Allah. Allah le Très-Haut
a dit : «Évoquez Moi donc, Je vous évoquerez» (Sourate Al Bakarah, la vache, verset 152). C'est-à-dire je
vous récompenserai. Il s'agit ainsi uniquement d'une récompense pour ce rappel d'Allah.
Ensuite, si le serviteur évoque Allah en lui-même, Allah lui donnera des récompenses inimaginables,
qui dépassent la raison, et qui sont cachées par rapport à sa créature. Il ne lui décèlera cette
récompense qu'une fois que le serviteur se trouve au paradis. Il lui dira : voici la récompense en réponse
à tes litanies. Même les anges et les anges gardiens n'en ont pas pris connaissance.
«Quand il M'évoque dans une assemblée, Je l'évoque dans une meilleure assemblée» c'est-à-dire si
le serviteur montre son dzikr devant un groupe de gens, qui en prennent connaissance, Allah l'évoquera
alors devant un meilleur groupe. Allah dira à cette assemblée: soyez témoins ; j’ai donné à tel serviteur,
en raison de son rappel de moi (son dzikr), tels et tels biens.
Allah l'a évoqué ainsi devant les anges et a montré son dzikr. Ce dernier a groupé à la fois le
compliment et le don accordé au serviteur. Son dire "meilleure assemblée" signifie le groupe des anges
qui font partie de l'assemblée suprême. Allah les a décrits ici comme étant meilleurs que les êtres
humains. Ceci constitue une problématique entre les savants. Certains préfèrent l'être humain à l'ange,
d'une manière absolue, excepté aux anges messagers, qui sont formellement meilleurs, parce qu'ils sont
des messagers. D'autres savants préfèrent l'ange à l'être humain, d'une manière absolue, excepté aux
prophètes et aux messagers humains. Les savants se sont opposés également par rapport à la question

-301-
des anges autres que les messagers parmi les anges, et des humains autres que les messagers et les
prophètes parmi les humains.
Certains savants préfèrent catégoriquement l'ange, en référence à ce hadith "Je l'évoque dans une
meilleure assemblée". D'autres savants préfèrent les êtres humains (sauf les mécréants) aux anges, en
référence au verset coranique suivant : «Quant à ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres,
ce sont les meilleurs de toutes les créatures» (Sourate Al Bayinah, la preuve, verset 7). Or, les anges
font partie de cette créature. Les savants susmentionnés se sont basés également sur le hadith suivant :
le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : «Allah a créé la créature. Lorsqu'il a terminé, il en a
choisi la descendance d'Adam (les êtres humains)».
Nous pourrons dire que c'est bien un sujet de controverse entre les savants et que chacun d'eux
défend sa thèse par des preuves qui l'appuient. Le grand cheikh (ibn arabi) a mentionné qu'il a vu le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, dans certaines de ses visions. Il l'a interrogé sur la
problématique en question : "qui est meilleur, l'humain ou l'ange ?" Le prophète, prière et salut d'Allah
sur lui, a répondu "Les anges sont meilleurs". Il lui a demandé ensuite : "Les savants ne vont pas
admettre facilement cette réponse ; comment puis je me défendre auprès d'eux?"
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, lui a alors indiqué son hadith : "Quand il M'évoque dans
une assemblée, Je l'évoque dans une meilleure assemblée". Après cette controverse, les savants se sont
mis d'accord que : les anges sont meilleurs, mais les humains sont plus complets. On sous-entend par
humains, ici, les gnostiques. Ceux-ci sont plus parfaits que les anges dans ce domaine.
Allah, le Très-Haut, se manifeste en effet au gnostique sur son entité par tous Ses noms et attributs
qu'a exigés l'apparition de l'univers, d'une manière générale, et absolue. L'ange, par contre, il ne dispose
que d'un seul et unique nom par lequel Allah s'est manifesté à lui. Il n'y a pas une seule entité dans
toute la créature (anges et autres) à laquelle Allah s'est manifesté par plus d'un seul nom. Il ne se
manifeste que par un seul nom par être créé.
En revanche, l'entité de l'humain englobe toutes les créatures. En effet, la réalité de tout gnostique
comprend en elle l'enveloppement de tous les anges et de toutes les créatures, depuis le trône jusqu'au
couvert universel (al farch)1. Il les voit en lui, individu par individu, de telle manière que lorsqu'il veut
étudier minutieusement un mystère dans la "table gardée", il le voit en lui et commence à l'étudier.
Cette perfection n'est attribuée qu'à l'humain.
C'est à cause de cet enveloppement qu'il a pu être successeur général et absolu d'Allah. Il a été
rapporté dans un prédicat que les anges ont vu ce qu'Allah, gloire à lui, a préparé pour les humains au
paradis. Ils ont vu ce qui ne peut pas être décrit ni conçu ni même imaginé. Ils ont alors demandé : o
seigneur, réserve nous un peu de ce que Tu as réservé à eux. Allah, gloire à lui, leur a répondu en disant
: «Je ne traite pas la descendance de celui que j'ai créé par mes propres mains de la même façon que
celui à qui j'ai dit "Sois" et il a été».
Les anges se sont alors tus et ont désespéré, excepté l'esprit suprême. Il ne fait pas partie de cette
règle. Les savants qui disent qu'il est prière et salut d'Allah sur lui un messager envoyé aux anges,
comme il est un messager envoyé aux humains et aux djinns, sous- entendent ceci. En effet, c'est l'esprit
suprême qui entend la parole du Seigneur, le Très-Haut, et reçoit de lui l'ordre et la prohibition afin de
les transmettre aux anges. C'est lui l'intermédiaire entre Allah et les anges. Aucun ange ne peut recevoir
l'ordre directement d'Allah, sauf par l'intermédiaire de l'esprit suprême.
C'est selon cette considération que 'Tesprit suprême" est un messager aux anges. Nous avons déjà
dit auparavant que "l'esprit suprême" est un aspect parmi les aspects de la réalité mohammadienne.
C'est son intérieur (aspect ésotérique), prière et salut d'Allah sur lui. C'est aussi une entité parmi les cent
vingt-quatre mille entités. Fin de la causerie.
Dans un autre hadith qodssi : «S'il se rapproche de Moi d'un empan, Je me rapprocherai de lui d'une
coudée; et s'il se rapproche de Moi d'une coudée, Je Me rapprocherai de lui d'une brasse, etc.» Le fait
qu'Allah se rapproche, ici, du serviteur, est une expression qui fait partie de la science des appellations

1 -Al farch, ou le couvert universel est une créature sublime sur laquelle reposent toutes les créatures et tous les mondes.

-302-
divines. Cette science est utilisée par les messagers afin d'exprimer certaines connaissances sur Allah. Se
rapprocher ou courir, les deux sont impossibles à l'égard d'Allah. Pour détailler leurs significations dans
le hadith: "S'il se rapproche de Moi d'un empan, Je me rapprocherai de lui d'une coudée, etc." on se
propose de les traiter selon deux approches différentes. La première approche traite de la station de la
loi religieuse. La deuxième approche traite du rang de la vérité et de la conduite vers Allah.
Du point de vue de la loi religieuse : celui qui se rapproche de Moi (d'Allah) par le moindre acte, Je le
récompenserai par une valeur équivalente à des multiples de cet acte en rétribution. Le verset
coranique suivant en témoigne : «Quiconque viendra avec le bien aura dix fois autant» (Sourate Al
An'âm, les bestioles, verset 160). De même, concernant la dépense lors de la guerre sainte, le verset
suivant dit : «Ceux qui dépensent leurs biens dans le sentier d'Allah ressemblent à un grain d'où
naissent sept épis, à cent grains l'épi. Car Allah multiplie la récompense à qui II veut et la grâce d'Allah
est immense, et II est Omniscient» (Sourate Al Bakarah, la vache, verset 261). Allah nous informe ici
que la «hassana» (bonne action) est récompensée sept cents fois. Et ainsi de suite, la liste n'est pas
exhaustive.
Voilà la signification du hadith "S'il se rapproche de Moi d'un empan, Je me rapprocherai de lui d'une
coudée; et s'il se rapproche de Moi d'une coudée, Je Me rapprocherai de lui d'une brasse, etc.". La
brasse (un mètre et demi) est une unité de mesure équivalente à deux pas ; chaque pas mesure une
coudée et demie. L'empan quant à lui indique ici le moindre acte parmi les bonnes œuvres, que le
serviteur accomplit afin de se rapprocher d'Allah, le Très-Haut.
Dieu le récompense en rétribution par des multiples répétés. C'est la signification de la coudée. Il a
été rapporté dans certains prédicats que pour chaque mot prononcé lors d'une litanie, Allah donne dix
«hassanates» (bonnes actions) pour chacune de ses lettres. Et ainsi de suite nonobstant que la litanie
soit longue ou courte. Ceci n'est valable que pour les gens du commun.
Quant à ceux dignes de la particularité, personne ne peut connaître leur valeur, c'est-à-dire ce
qu'Allah leur donne comme récompense et rétribution. Chacun d'eux, lorsqu'il prononce le moindre
mot, il a comme rétribution l'équivalent de toutes les œuvres accomplies par les deux créatures
(humains et djinns) et ainsi de suite. Voilà la signification de la brasse : chaque fois que le serviteur se
rapproche d'Allah, le Très-Haut, par un acte, Allah lui multiplie la récompense plusieurs fois.
Pour illustrer ceci, prenons l'exemple du mot de dévouement (pas de divinité à part Allah)1. Ce mot
comprend quinze lettres. Sa récompense sera alors de cent cinquante «hassanates» (bonnes actions)
(15x10) si le disciple le cite une seule fois. S'il le cite, par exemple, mille fois, sa récompense sera donc
de cent cinquante mille «hassanates». C'est bien ça la signification de la coudée et de la brasse.
Il en de même pour la prière sur le prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Lorsque le disciple dit "O,
Allah ; prie sur notre maître Mohamed", on compte les lettres de cette prière et on attribue à chacune
d'elles dix «hassanates». Et on sait qu'en plus de ça, chaque ange de l'univers priera sur ce disciple dix
fois. Notez que la prière de l'ange n'est pas similaire à celle de l'être humain.
Chaque lettre, dans la prière de l'ange, compte pour cent «hassanates». La «hassana» (singulier de
hassanates) de l'ange n'est pas similaire à celle de l'humain. La «hassana» de l'humain dépend de son
cœur, elle peut avoir la valeur des graines, des onces, des kilogrammes, des quintaux, ou des
montagnes, selon la valeur de son cœur. Le nombre est le même, mais la balance est différente. Par
contre, les «hassanates» de l'ange sont de l'ordre d'une montagne, dont la longueur, la largeur et la
hauteur sont équivalentes, chacune d'elles à un trajet de vingt ans.
Si chaque lettre de la prière de l'ange compte pour cent, comment peut-on alors mesurer la
rétribution de cette œuvre ! Surtout si l'on prend compte du nombre élevé des anges ? Leur nombre
n'est connu par personne. Allah, gloire à lui, est le seul à connaître leur nombre. Regardez donc
l'ampleur de la récompense attribuée lors de la prière sur le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, par
rapport à toutes les autres litanies. Il n'y a pas de rapport entre elles et cette prière.

1 -La translittération arabe du mot de dévouement est la suivante «La ilaha ilia Allah».

-303-
Son dire "et s'il vient vers Moi en marchant1, J'irai vers lui en courant". C'est-à-dire : s'il remplit son
temps en m'évoquant, je lui donnerai une rétribution qui ne peut pas être cernée par les raisons ni
même imaginée. Allah, gloire à lui, a dit : «... Ceux et celles qui invoquent souvent le Nom du Seigneur,
à tous et à toutes Dieu a réservé Son pardon et une magnifique récompense» (Sourate Al Ahzab, les
coalisés, verset 35). Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit :
«Ceci est "Joumdane", une montagne sur laquelle le prophète marchait, prière et salut d'Allah sur lui.
Allez, marchez, les singuliers ont devancé». Ils (les compagnons) ont répliqué : "Et qui sont-ils ces
singuliers, O, messager d'Allah ?" Il a répondu : «Les évocateurs de Dieu en exclusivité, qui l'évoquent
abondamment. Le dzikr (les litanies) les décharge de leurs fardeaux. Ils viennent légers, le jour de la
résurrection». Voici la signification du terme "courir" utilisé à l'égard d'Allah, le Très-Haut. Il s'agit de son
énorme récompense qu'aucune raison ne peut supporter et qu'aucune imagination ne peut atteindre.
Seul Allah, le Très-Haut, la connaît, gloire à lui.
Allah dit : «Aucun être ne sait ce qu'on a réservé pour eux comme réjouissance pour les yeux, en
récompense de ce qu'ils œuvraient» (Sourate As Sejdah, la prosternation, verset 17). De même, dans le
hadith qodssi, Allah dit:
«J'ai préparé pour Mes esclaves vertueux ce que jamais œil n'a vu, jamais oreille n'a entendu et
jamais cœur humain n'a imaginé». Allah, le Très-Haut, leur donne sans limite ni calcul. Voici donc la
signification du terme "courir" utilisé à l'égard d'Allah, le Très- Haut.
Quant à la deuxième approche, c'est-à-dire celle de la vérité et de la conduite vers Allah : sa
définition est le retour à Allah, le Très-Haut, et l'abandon des tempéraments des âmes. Le serviteur a
été créé, en effet, avec un tempérament qui le pousse à tourner le dos à Allah et à être occupé plutôt
par les exigences de son tempérament et de sa passion. La loi religieuse a obligé les gens à se retourner
vers Allah, le Très-Haut. Allah dit : «Fuyez donc vers Allah. Moi, je suis pour vous, de Sa part, un
avertisseur explicite» (Sourate Ad Dariyat, Qui éparpillent, verset 50). C'est-à- dire : fuyez des exigences
de votre tempérament et de votre passion.
Allah, le Très-Haut, dit : «Et revenez repentant à votre Seigneur, et soumettez-vous à Lui» (Sourate
Az Zumar, les groupes, verset 54). Le fait de revenir repentant à Allah ou à quelque chose en général,
sous-entend un retour d'une chose à son inverse. Donc revenir repentant à Allah, le Très-Haut, signifie
abandonner le suivi de l'âme et de la passion. Cette voie est en effet la voie de tous les véridiques.
Ils sont en voie vers Allah, le Très-Haut, en abandonnant leurs âmes et passions, en s'occupant plutôt
par Allah, le Très-Haut et en persévérant dans son service et dans le respect des règles de la bienséance
entre Ses mains. Le serviteur est toujours entre les mains d'Allah, le Très-Haut, qu'il le sache ou pas. La
signification du hadith est donc la suivante : «S'il se rapproche de Moi d'un empan, Je me rapprocherai
de lui d'une coudée, etc.». C'est-à-dire : S'il se rapproche de Moi en abandonnant le suivi de son âme et
de sa passion, et en se retournant vers Moi, alors je me rapprocherai de lui d'une coudée.
Le rapprochement d'Allah au profit de son serviteur, à ce rang, consiste à lui permettre une certaine
part de la convenance à la présence divine. Pour y être convenable, il faut oublier catégoriquement tous
les univers, et les ôter de son intellect, afin de se préparer à ce qui émerge comme sciences,
connaissances, secrets et merveilles qui ne peuvent ni être connus ni même être mentionnés.
Lorsque l'être humain est lancé dans la présence divine, il oublie les rapports relatifs à tous les
univers. C'est le maximum du rapprochement du serviteur d'Allah, le Très-Haut. C'est aussi le maximum
du rapprochement d'Allah de lui. Il est à noter que la station de l'être humain se trouve à un maximum
d'éloignement d'Allah, le Très-Haut, à cause de l'enchevêtrement des réalités de l'univers dans son
intellect. C'est aussi à cause de l'attachement de ses concupiscences à ces réalités, dans un but de
plaisance, de jouissance et de possession.
C'est pour ces raisons que son adéquation s'est éloignée de la présence divine. Mais une fois qu’il
commence à se rapprocher d'Allah, le Très-Haut, en se désintéressant des univers et en les

1 -La marche suppose une continuité dans l'action

-304-
abandonnant, et une fois qu’il avance dans cette voie en fournissant le moindre effort possible,
c'est-à-dire en se rapprochant d'un empan, alors Allah se rapprochera de lui d'une coudée.
Il lui fera goûter, gloire à lui, du délice de son intéressement à lui, de son orientation vers lui et de
son oubli, à ce moment, de tous les univers. Allah lui fera goûter en ceci beaucoup plus par rapport à ce
que lui (le serviteur) a fait pour se rapprocher de lui. On peut parler ici d'une partie de la convenance à
la présence divine. Le dzikr en lui- même, c'est-à-dire la mention d'Allah fait partie des rapports de la
présence divine.
Le professeur Abou Lqassim Alqoraychi, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : «Le Dzikr (la litanie) est la
circulaire de la sainteté et le phare de l'attachement. Celui qui a obtenu le Dzikr, il a donc reçu la
circulaire». C'est-à-dire il a pris sa place au tapis de la sainteté. Allah dit dans le hadith qodssi : "Je suis le
compagnon de celui qui me mentionne” ; voilà ce que signifie "le rapprochement".
Son dire "et s'il se rapproche de Moi d'une coudée, Je Me rapprocherai de lui d'une brasse". Il veut
dire : si le serviteur abandonne une grande partie des exigences de son tempérament, œuvrant pour
tout ce qui convient à la présence divine par des litanies et de l'adoration, alors Allah se rapprochera de
lui d'une brasse. Cette brasse signifie ce que montre Allah le Très-Haut à l'invocateur comme familiarités
et intimités en rêve et en état d'éveil.
Il se peut qu'Allah lui accorde aussi des prodiges. Il verra alors les lumières montantes et
descendantes, puis il les verra tournantes autour de son cœur, pour y pénétrer après, puis il les verra
s'installer en son cœur et s'y promener.
Une fois qu’elles s'installent en son cœur, elles lui confèrent des sciences de haute importance. Il
pourra donc exprimer ce que les gens sont incapables d'étudier. Il ignore par où ces sciences sont
entrées, parce qu'elles s'injectent dans son cœur comme suite à un placement divin. Voilà la
signification du rapprochement par une brasse. Le serviteur passe ensuite à différents types de
prodiges, et ce grâce à sa persévérance dans son opposition à sa passion et à son tempérament. Il
pourra ainsi marcher sur l'eau, ou plus fort encore marcher sur de l'air. Il pourra rendre copieuses de
petites quantités. Il pourra faire jaillir de l'eau, là où il veut dans la terre, sans outil ni moyen.
Il pourra produire de l'argent et de la fortune, s'il en a besoin, sans aucune cause. Il pourra connaître
des choses issues du monde de l'inconnaissable avant qu'elles n’apparaissent. Voilà la signification du
rapprochement d'Allah de son serviteur d'une brasse.
Son dire "et s'il vient vers Moi en marchant, J'irai vers lui en courant" : la marche ici sous-entend que
le serviteur se trouve au dernier rang de la conduite vers Allah.
Au début, il était attaché aux exigences de son tempérament. Il ne pouvait donc pas marcher. Mais,
en abandonnant petit à petit les exigences de son tempérament, et en persévérant là-dessus, il lui sera
facile d'abandonner ce qui lui reste comme exigences. Donc, le début consiste à se rapprocher par un
empan, en abandonnant une petite partie des exigences de sa passion. Et une fois qu’il abandonne une
grande partie de ces exigences, on peut parler d'un rapprochement par une coudée.
S'il continue dans cette voie, Allah, le Très-Haut, le renforcera par une force divine qui lui facilitera
l'abandon de toutes les exigences de son tempérament. Il atteindra ainsi un état lui permettant de se
voir dépourvu de toute sa passion. Et quand il voit son esprit, il le verra libéré de tout ce qui est lié à la
passion. À ce moment-là, sa conduite vers Allah, le Très-Haut, se fera par sa totalité, une conduite
parfaite qui n'est pas entravée par quelque chose ayant attrait au suivi de la passion.
Il viendra vers Allah d'une manière totale. Il ne reste rien en lui pour autrui. À ce moment-là, Allah lui
ôtera les voiles et le fera rentrer dans la présence de la pureté. Il sera ainsi compté parmi les véridiques.
Voilà la signification de "J'irai vers lui en courant". Tous ces termes font partie du domaine des
appellations de la science divine. Seuls les messagers maîtrisent ces appellations. Qu'Allah nous accorde
succès. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le hadith qodssi du prophète, prière et salut d'Allah
sur lui: Dieu le Très- Haut a dit: «Mon esclave ne cesse de se rapprocher de Moi par les actes s u ré
rogatoires jusqu'à ce que Je l'aime. Une fois que Je l'ai aimé, Je le deviens».

-305-
Selon une autre version: «Je deviens son ouïe avec laquelle il entend, sa vue avec laquelle il voit, sa
main avec laquelle il combat et ses jambes avec lesquelles il marche. S'il se met sous Ma protection, Je
la lui accorderai et s'il Me demande quelque chose Je la lui donnerai. Je n'hésite jamais sur un acte que
je veux effectuer, sauf en cas de décès d'un croyant qui ne veut pas mourir, je déteste l'offenser».
Il a répondu (qu'Allah soit satisfait de lui) que le serviteur se rapproche d'Allah par les actes
surérogatoires, ces derniers sont tout ce qui peut être fait en dehors des devoirs religieux connus. Le
meilleur de ces actes aspirant à se rapprocher d'Allah est l'invocation d'Allah (le dzikr, les litanies), la
prière, et le jeûne en respectant ses conditions. Voilà les meilleurs actes surérogatoires aimés par Allah
le Très-Haut.
Allah dit : "Mon esclave ne cesse de se rapprocher de Moi par les actes surérogatoires jusqu'à ce que
Je l'aime". Ce qui est voulu ici par les actes surérogatoires c'est de les accomplir tout en ayant leur esprit
dans la conduite vers Allah.
L'esprit des actes dans la conduite, c'est leur accomplissement pour Allah, par dévouement, et non
pas pour un intérêt immédiat ou ultérieur. Le serviteur doit avoir l'intention, en faisant ces actes
surérogatoires, de sortir de toute chose vers Allah, et de se débarrasser de tous ses désirs, de toutes ses
concupiscences et du suivi de sa passion. À ce rang, le serviteur est similaire à quelqu'un de sale, dont
les impuretés sont bien collées à son corps.
Il est occupé par l'enlèvement de cette impureté afin d'être propre et purifié devant Allah. Il n'y a pas
de doute que celui qui se trouve dans cet état, avec un corps sale et pollué, n’accorde aucune
importance à la récompense. Il s'occupe plutôt de sa propre purification.
Il n'y a pas de doute que l'esprit s'est habitué à s'éloigner d'Allah, le Très-Haut. Cette habitude est
devenue pour lui une patrie et une demeure. Il lui est difficile de se débarrasser de ce problème. Le
serviteur commence alors à purifier son âme de ce qui y est attaché. Les soufis appellent le rang de cet
esprit "corbeau". Aucune blancheur n'y existe selon tout aspect quel qu'il soit. Cet esprit est éloigné
d'Allah au maximum.
Les actes surérogatoires, de ce point de vue, signifient un retour vers Allah, le Très-Haut, en se
rapprochant de lui par de bonnes œuvres, accomplies pour Lui, et non pas pour l'obtention d'une
certaine rétribution. Le serviteur œuvre ainsi pour la purification de son esprit de tout ce qui s'y est
installé comme passion pour ce qui est en dehors d'Allah. Il doit militer et endurer dans le traitement de
son esprit, il doit oppresser sa passion, et abandonner les habitudes et les concupiscences. C'est le Dzikr
(les litanies) qui va l'aider dans cette lutte. Le serviteur ne peut en aucun cas se libérer de ce problème,
et atteindre la pureté, qui va lui permettre d'accéder à la présence divine pure, sans l'afflux des lumières
qui débordent de la sainte présence.
Le débordement de ces lumières vient le plus souvent par l'intermédiaire du Dzikr (litanies). Tant que
le serviteur répète ses litanies aux moments propices, tant que les lumières commencent à s'injecter en
son cœur lors du Dzikr. Quand il se repose un peu, ces lumières se déplacent, parce qu'elles ne sont pas
définitivement installées en lui. Mais cette injection a des conséquences sur son esprit. Elle le purifie un
peu. Au début, les lumières s'injectent en son cœur, puis elles se déplacent ailleurs. Elles y restent deux
à trois minutes, puis elles se déplacent ailleurs. Et avec le temps, les lumières restent près d'une heure
dans le cœur, puis elles se déplacent. Et ainsi de suite jusqu'à ce qu'elles s'y installent définitivement.
C'est alors qu'elles lui confèrent un état inhabituel. Il sentira une force pour citer ses litanies. Il
sentira une nostalgie et un désir pour se mettre devant la porte d'Allah. Il se sentira mal à l'aise lors de
la fréquentation des gens et à cause de ce qu'il remarque chez eux comme mélanges. Tant que le
serviteur persévère dans cette voie en continuant à citer ses litanies, tant que les lumières le poussent à
citer ses litanies davantage en y passant tout son temps, jour et nuit.
Il trouvera alors chez son esprit un acquis inhabituel. Il trouvera en effet de la satisfaction par rapport
au jugement d'Allah, le Très-Haut, de l'endurance devant les sinistres, de l'insouciance quand ils
surviennent, de la pleine confiance en Allah, le Très-Haut, que ce soit en matière de ses dépenses ou de
toutes ses affaires en général, et enfin de l'éloignement de tout ce qui est avidité et cupidité.

-306-
En continuant ainsi, il aura une sérénité par le Dzikr. Une fois que le cœur devient serein et
tranquillisé par le rappel d'Allah, le Très-Haut, de telle sorte qu'il ne puisse pas le quitter le moindre
instant et que ce rappel d'Allah devienne sa demeure, alors il goûtera du fruit des primeurs des gens
dignes de la vérité. Il sera éclairé par un rayonnement qui lui fera goûter les états de l'élite supérieure
privilégiée. Il remarquera en lui un rapprochement sublime d'Allah, le Très-Haut.
Il trouvera dans son cœur des sciences divines importantes. Là, il se dénudera de tout habit cousu et
encerclant. Il se fixera l'intention de commencer une nouvelle vie en désavouant toute association avec
Allah. Il fera la prière des obsèques sur les univers. Il entrera chez Allah par la porte de l'auto contrôle. Il
inspectera partout dans ses objectifs, et il ne trouvera en lui-même qu'un seul objectif, c'est Allah, le
Très-Haut.
Puis, en dépit de tout ça, il ne perd pas de vue ce que peut impliquer chaque objectif. Il peut contenir
en effet un désir caché de l'âme. Dans ce domaine, son âme est tellement astucieuse et rusée, qu'elle
peut se camoufler derrière l'ordre d'Allah, le Très-Haut, en ne montrant, par malice, que la bonne
intention à l'égard d'Allah. Mais grâce à la force de ses lumières, il peut faire la différence entre les
pensées de l'âme et les pensées de source divine. Cette distinction ne lui échappe jamais.
Mais malgré ceci, il se méfie des pensées de son âme, car elle est très rusée. C'est son ennemi et
c'est un ennemi déclaré d'Allah. L'ennemi ne peut jamais donner des conseils. Il la contrôle donc en
permanence. Il s'agit ici du cœur qui sait que le seigneur l'aperçoit. Ensuite, le disciple passe à la
constatation. Il s'agit de l'usure dans le Monothéisme. La limite de cette constatation est
l'anéantissement de l'autre et de l'autrui.
Il n'y a que le vrai par le vrai dans le vrai pour le vrai d'après le vrai. Il ne reste plus de savoir, ni de
trace, ni de raison, ni d'illusion, ni d'imagination, ni de mode, ni de quantité, ni de rapport. Il n'y a plus
d'autrui. Le disciple restera dans cet état de stupéfaction jusqu'à ce qu'il passe à l'état d'éveil. Il
séjournera dans cet état, tout en respectant à la fois les devoirs du Vrai et des créatures, par appui divin.
Il ne sentira rien de cela. Mais une fois qu’il passe à l'état d'éveil - les soufis qualifient cet état de vie
après la mort - il connaîtra les rangs du Vrai et les rangs des créatures, il distinguera leurs particularités,
états et rangs, ainsi que tout ce que comprend chaque rang comme règles, besoins et exigences. Il
appliquera les droits divins à tous les rangs. Il est alors le grand véridique. Fin de citation.
Son dire "Jusqu'à ce que je l'aime". Sachez que l'amour d'Allah pour son serviteur est le
débordement de l'amour de Son Entité sacrée sur lui. C'est l'objectif des objectifs. C'est la ligne d'arrivée
de toute personne en voie vers Dieu. Celui qui l'atteint, ses requêtes qui concernent les mondes d'ici-bas
et de l'au-delà seront comblées. Allah dit : "Jusqu'à ce que je l'aime” : c'est-à-dire jusqu'à ce que je lui
accorde le débordement de l'amour de Mon Entité, Allah dit : «Il (Allah) les aime et ils l'aiment»
(Sourate Al Ma'îdah, la table servie, verset 54). Sans l'amour d'Allah pour eux, il leur est impossible
d'atteindre l'amour de son Entité.
Son dire "Une fois que Je l’ai aimé, Je deviens son ouïe ... " : le serviteur remarquera ainsi en
lui-même une force divine comme s'il était l'Entité sacrée, caractérisée par tous ses attributs et ses
noms. C'est comme s'il était l'Entité elle-même, alors qu'il ne l'est pas. Mais, Allah, le Très-Haut, gloire à
lui, lui a accordé le débordement des lumières de ses attributs et de ses noms grâce à sa station
spirituelle élevée. Le serviteur pourra ainsi soulever des fardeaux que toute la créature est incapable de
soulever.
Certains gnostiques ont même dit : celui à qui a été dévoilée une particule du monothéisme peut
soulever les cieux et les terres sur un cheveu de ses paupières. Ceci est possible, car le serviteur s'est
mis debout dans cette station par la force divine. Il voit par Allah comme si son entité était celle d'Allah,
le Très-Haut. Et il entend par Allah. Pour avoir une idée sur cette vue et sur cette ouïe par Allah, sachez
que pour la vue: Il voit tout l'univers, depuis le trône jusqu'au couvert universel "al farch", de manière à
ce que rien ne lui échappe, même s'il s'agit du moindre atome. Tout est pour lui au même pied d'égalité,
que ce soit derrière ou devant lui, à sa droite ou à sa gauche, en haut ou en bas.
Il voit tout ceci en même temps, d'un seul coup. Il le voit comme une quiddité unique indivisible. Les
apparences ne se mélangent pas pour lui, malgré toutes les différences de leurs états et situations, de

-307-
leurs mouvements et couleurs. Il les voit, telles qu'elles sont, d'un seul coup, en même temps, à tout
endroit, sans qu'il y ait le moindre mélange, même par rapport au plus petit atome.
La raison de cette vue, c'est que l'œil de l'esprit s'est ouvert. Une fois que cet œil est ouvert dans son
entité, il peut apercevoir tous les univers et tous les mondes, sans aucun mélange dans sa vue. Voilà ce
qu'est la vue par Allah, le Très-Haut. Quant à l'ouïe par Allah, le Très-Haut, c'est qu'il entend tous les
mots prononcés par les univers, dans tous les mondes, avec les différences de leurs invocations et
litanies, en même temps. Les nombreux mots prononcés et les diverses invocations ne se mélangent pas
pour lui. C'est comme si pour chaque mot prononcé, il n'entend que ce mot. Les gens ordinaires ne
peuvent entendre qu'un seul mot à la fois. Si les mots deviennent nombreux, ils seront incapables de les
déceler. Par contre, le disciple, à cet état-là, on a dit qu'il entend tous les mots prononcés par les êtres
créés, et leurs invocations, sans qu'il y ait de mélange pour lui. Fin de citation.
Son dire "sa main avec laquelle il combat". Il combat, en fait, par Allah, le Très-Haut, et non pas par
sa propre force. Cette force est tellement importante, que si ce serviteur est autorisé à combattre, il
pourra tuer en un seul instant, un million de personnes. Voilà un exemple de l'ampleur de la force
divine. Fin de citation.
Son dire "et ses jambes avec lesquelles il marche", le serviteur en ce domaine pourra traverser tout
l'univers en un seul pas, en posant par exemple un pied par terre et l'autre pied derrière le trône ; mais
il s'agit d'un déplacement par l'esprit, et non pas par le corps. Fin de citation.
Son dire "Et sa langue avec laquelle il parle". Il parle avec la parole du Vrai, le Très-Flaut, gloire à lui. Il
peut, en cet état, lire cent mille fois le Coran en quelques instants qui suffisent à peine, pour une
personne ordinaire, de lire la courte Sourate "Al Ikhlas” (la dévotion), par exemple. Ceci est possible, car
il est caractérisé par les lumières des attributs du Vrai. Il ne recule devant rien. Une fois la lumière de la
puissance divine se propage en lui, il peut faire dans l'univers ce que les raisons ne peuvent concevoir. Il
peut, par exemple, en une heure, être dans deux endroits différents. Il peut travailler dans un endroit et
dans un autre endroit, il peut épouser une femme et avoir avec elle vingt enfants, par exemple. Ceci est
déjà arrivé à plusieurs saints. Allah n'est pas obligé de se conformer aux habitudes. Rien ne lui est
impossible. Ses mystères ne peuvent pas être cernés par la raison. Fin de citation.
Son dire "S'il se met sous Ma protection, Je la lui accorderai". Lorsque le disciple arrive à l’apogée de
la proximité de son seigneur, tous ses objectifs seront réalisés et exaucés. S'il craint quelque chose et s'il
demande à Allah sa protection, il le protégera. S'il veut quelque chose et la demande à Allah, il l'aura
sur-le-champ et ainsi de suite. Cette proximité qui est annoncée par le livre saint et dans la sounna à
plusieurs reprises, et qui est admise à l'unanimité par la communauté musulmane n'est certainement
pas une proximité de distance ni une proximité de contact.
C'est plutôt une proximité de rapport et de convenance uniquement. Le serviteur a été placé tout
d'abord bien loin du rapport de la présence divine. Ce rapport exige que rien ne doive exister avec Allah,
le Très-Haut. Personne ne doit décider à part Allah, le Très-Haut. Rien ne doit occuper le disciple à part
Allah, le Très-Haut. Il ne doit compter sur personne, à part Allah, le Très-Haut. La définition même de ce
rapport est que le cœur du disciple rapproché d'Allah, ne doit contenir qu'Allah, le Très-Haut, et rien
d'autre. Le serviteur a été placé au début, c'est-à-dire après sa naissance, bien loin d'Allah, le Très-Haut.
Il ne s'occupait que de ses propres désirs et concupiscences. Il était toujours en train de courir derrière
ses intérêts dans ce monde d'ici-bas. Il ne se penchait pas vers Allah et ne lui prêtait aucune attention.
Voilà la signification de l'éloignement de sa convenance à Allah, le Très-Haut. Il ne s'agit pas ici d'un
éloignement de point de vue de la distance. L'Entité suprême est bien plus glorieuse et plus sacrée qu'il
puisse exister de distance la séparant d'une chose qu'elle a créée.
De même, elle est bien plus glorieuse et plus sacrée qu'il puisse exister de jonction entre elle et une
chose qu'elle a créée. Tout l'univers est plutôt dans la poignée d'Allah, gloire à lui, le Très- Haut, entre
ses mains, depuis sa première création à l'éternité. Chaque être créé, c'est-à-dire chaque être placé loin
d'Allah le Très- Haut, et occupé par ses concupiscences et par ses intérêts personnels, est entre les
mains du Vrai, gloire à lui, le Très-Haut, et ce dans toutes ses fluctuations. Quand il marche, il marche
entre les mains du Vrai, là où il marche. Quand il œuvre pour quelque chose c'est entre les mains du

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Vrai qu'il œuvre. Quand il s'assoit, c'est entre les mains du Vrai qu'il s'assoit, là où il s'assoit. Quand il
s'allonge, il s'allonge entre les mains du Vrai, quelle que soit la manière avec laquelle il s'est allongé. En
somme, celui qui bouge, il bouge entre les mains du Vrai. Et celui qui s'arrête de bouger s'arrête entre
les mains du Vrai. Mais les gens ne s'aperçoivent pas de ça.
Dans ce domaine, le mécréant et le musulman, le croyant et le véridique, le pôle et le messager, le
prophète et l'ange, sont tous au même pied d'égalité. Personne d'entre eux ne se distingue de l'autre
dans ce domaine, sauf celui qui appartient au rang des véridiques ou qui en est supérieur. Celui-ci voit
cette réalité d'une manière oculaire, elle lui est décelée. Et il respecte les droits de cette vue. Les gens
du commun sont, par contre, aveugles par rapport à tout cela ; ils l'ignorent. Ils ont tourné le dos à
Allah, le Très-Haut, en s'attachant à leurs objectifs, à leurs concupiscences et en suivant leurs passions.
Mais ils ont une excuse là-dessus !
En effet, l'élite supérieure, depuis les véridiques jusqu'aux messagers, ont acquis la levée du voile, et
Allah s'est manifesté à eux d'une manière oculaire. Il est clair que celui qui a bénéficié de cette
manifestation jusqu'à ce qu'il voie Allah, ne peut en aucun cas accorder de l'importance à quelqu'un
d'autre. Rien ne peut l'occuper de lui. Cette manifestation l'a purifié de tous ses désirs et de toutes ses
concupiscences.
On dit, à propos d'Allah, le Très-Haut : celui à qui J'ai dévoilé Mes attributs, Je le contrains à être
bienséant. Celui à qui J'ai dévoilé Mon Entité, Je le contrains à l'handicap et à l'usure. Ils ont dit : "cet
handicap est l'ultime objectif, c'est la demande des serviteurs". C'est l'arrivée même à Allah.
Quant aux gens ordinaires, on leur a dressé le voile. Ils ne voient pas leur seigneur et ne le
connaissent pas. Ils se sont occupés par leurs passions et concupiscences, bien qu'ils soient entre Ses
mains (d'Allah), car ils ne le voient pas. Pour être rigoureux, il faut savoir qu'en réalité, chacun d'entre
eux, et d'entre les prophètes, les véridiques et les autres en général, ne fait que ce qu’Allah veut de lui.
Personne d'entre eux n'agit par lui-même. Chacun d'eux est placé plutôt là où Allah veut qu'il soit placé.
Par ailleurs, l'entité du gnostique peut atteindre un niveau où elle devient l'actrice, qui agit sur les
choses, sans qu'elle ait besoin d'invocation ou de litanie. Cette entité peut atteindre le niveau où elle
devient capable de rendre impuissants mille hommes, tous groupés autour du gnostique pour le tuer,
dans un endroit où il n'y a personne pour le secourir.
Il suffit alors qu'il prononce en lui-même qu'ils seront impuissants, et ils le seront. Il suffit même que
son intérieur penche dans le sens de les infirmer, et ils s'arrêteront sur-le-champ. S'il souhaite dissocier
leur union, la querelle sera provoquée entre eux sur-le-champ, et ils seront inopérants. S'il souhaite
qu'ils deviennent paralysés, ils le seront sur-le-champ, et ne pourront plus bouger.
Le gnostique peut donc faire tout ceci sans même implorer la protection divine, puisqu'il agit par
Allah.
S'il se trouve par exemple dans un désert aride, en ayant une soif intense, il lui suffira alors de
souhaiter - dans son intérieur - qu'il pleuve, et il pleuvra sur-le-champ, sans invocation. De même s'il
souhaite faire jaillir de l'eau à partir de la terre, une source d'eau jaillira en moins d'un clin d'œil.
Mais, en général, dans le cas où un évènement pareil se produit, dès que le gnostique boit et fait ses
ablutions, il détruit immédiatement la source d'eau. Il ne laisse aucune trace d'elle. En somme, chaque
fois que le gnostique souhaite (intérieurement) réaliser une chose, elle se réalise sur-le-champ.
Un certain soufi a raconté ce qui suit : je servais un cheikh parmi les gnostiques. J'ai voyagé avec lui
au pèlerinage afin de le servir. Nous sommes partis du fin fond de l'Irak. En route, il a eu une diarrhée.
J'étais inquiet pour lui parce que, à chaque instant, je devais lui apporter un pot pour qu'il fasse ses
besoins puis un récipient d'eau pour qu'il fasse ses ablutions. J’ai eu du chagrin en le voyant en cet
état-là. Une fois qu’on est arrivés près d'une ville, et installés à la banlieue, je lui avais dit : cette ville
comprend une maison de bienfaisance. Des médicaments y ont été préparés pour ceux qui en ont
besoin. Je voudrais m'y rendre pour t'apporter un médicament qui retiendra ton ventre. Il m'a dit :
rends-toi là-bas, si tu veux. Il a voulu me faire plaisir tellement j'étais absorbé par cette idée.

-309-
Une fois en ville, je me suis dit : je dois aller voir l'émir, afin qu'il me facilite la tâche. Et dès que je me
suis rendu chez lui, il s'est levé et m'a fait l'accolade. Il s'est bien occupé de moi, avec le sourire, comme
si j'étais son ami intime depuis des années. Il a été très hospitalier et m'a demandé la raison qui m'a
poussé à prendre la peine et venir chez lui.
J'étais vraiment stupéfait devant cette générosité et cette bienfaisance. Il est à noter que cet émir
n'avait jamais fait de même avec quelqu'un d'autre. Ensuite, il m'a dit : que veux-tu ? Je lui ai alors
mentionné ce dont j'ai besoin, c'est-à-dire un médicament contre la diarrhée. Il m'a dit : c'est avec
plaisir, puis il a ordonné à ses serviteurs de l'apporter immédiatement à partir de la maison de
bienfaisance. Une fois le médicament en main, je suis parti honorablement de chez lui. Lorsque je suis
rentré chez le cheikh, je lui ai donné le médicament et je lui ai raconté l'hospitalité que j'ai reçue de
l'émir (le commandant), sa joie quand il m'a vu, le prestige avec lequel il m'a traité, alors que tout ça ne
faisait pas partie de ses habitudes.
Le cheikh a répliqué alors: c’était moi qui t'avais fait tout ceci. Lorsque j'ai vu que tu tenais tellement
à m'apporter le médicament, que tu désirais et brûlais d'envie pour me l'apporter, et que tu étais parti
chez l'émir, j'ai été inquiet pour toi. J'ai craint qu'il ne te reçoive pas correctement parce qu'il ne te
connaît pas, et que tu te sentes ainsi seul et étranger.
Alors je t'ai devancé en me déplaçant d'ici, par mon esprit. J'ai transféré mon esprit, de mon corps
vers le sien. Je me suis alors habillé de son esprit et de son corps. Une fois que tu es entré chez lui,
c'était moi qui me suis levé vers toi. Je le manipulais sans qu'il puisse faire autrement, parce que j'étais
l'esprit et il était le corps. J'ai donc fait ce que tu as vu. C'est moi qui t'ai bien reçu, pas lui. Lorsque tu
l'as quitté et tu es parti, mon esprit s'est retiré de lui et a repris sa place dans mon corps. Quant au
médicament, je n'en ai pas besoin, je ne le veux pas et je ne le prends pas. Fin.
Ce récit témoigne que le gnostique fait ce qu'il veut en toute chose. Cependant, cette station est un
lieu de pudeur et de bienséance. Une fois le gnostique entré dans la présence (divine), il doit se qualifier
de la satisfaction, de la soumission, et de l'endurance devant les destins, et de l'abandon de toutes ses
volontés et de tous ses choix. S'il se caractérise par ces qualités, il ne pourra plus faire tout ce qui
s'attache à son caractère humain. Néanmoins, si un sinistre le touche à un moment donné, il pourra
bouger intérieurement pour faire ce qu'il veut.
Quant à notre dire "le rapprochement est celui du rapport et non pas de la distance", nous dirons ce
qui suit : toute la créature, par rapport à Allah, du point de vue de son rapprochement d'elle, est au
même pied d'égalité. Le mécréant et le messager disposent du même rapport. Le Vrai, gloire à lui, en
tout ceci, n'est ni attaché ni séparé de sa créature. Il est proche d'elle au maximum, et plus loin d'elle
que tout être éloigné. Cet attribut dépend de la réalité de Son existence. Aucun savant, et aucune
personne ne peuvent connaître l'existence absolue et ne peuvent y accéder.
Quant au rapport mentionné au profit des soufis, il s'agit de la proximité du rapport. La Sainte
présence est au summum de la pureté. Elle n'accepte en aucun cas la pollution. Celui qui y accède ne
peut plus rien voir comme univers. Il ne reste que la divinité pure. Même son âme disparaît.
À cet état, le serviteur ne peut pas prononcer un mot. Il ne dispose plus de raison, ni d'illusion, ni de
mouvement, ni d'immobilité, ni de trace, ni de mode, ni de lieu, ni de définition, ni de savoir. Si à cet
état, il était capable de prononcer il aurait dit : Pas de divinité à part moi, gloire à moi, que mon affaire
soit sublime, parce qu'il est traducteur d'Allah, le puissant, le solennel.
C'est dans ce contexte qu'Abou Yazid avait dit, devant ses amis qui faisaient un cercle autour de lui :
gloire à moi, que mon affaire soit sublime. Ils avaient craint de lui parler. Ils savaient qu'il était absent.
Une fois réveillé de son "ivresse" et une fois qu’ils étaient certains qu'il ait été bien réveillé, ils l'avaient
informé de ce qu'ils ont entendu de lui. Il a dit : je ne me souviens plus de rien. Pourquoi ne m'avez-vous
pas tué en cet état ? Si vous m'aviez tué, vous auriez été des guerriers pour la cause d'Allah et j'aurai été
un martyr. Ils ont dit : nous n'avons pas pu le faire.
On a déjà dit que la présence divine est au summum de la pureté. Elle n'accepte pas l'autre et
l'autrui. En effet, si Allah, le Très- Haut, se manifeste par la perfection de sa solennité à son serviteur, il
le fera mourir par rapport à tous les univers. Il ne se rappellera ni l'autre ni l'autrui. Cela est le summum

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de la pureté. Le messager Sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, a dit, en informant sur le
voyage nocturne qu'il a fait et sur la vue de son seigneur dont il a bénéficié : «lors de la vue de mon
seigneur, je n'ai vu aucune créature. J'ai même cru que tous ceux qui habitaient les cieux et la terre
étaient déjà morts».
Voilà la pureté et le rapprochement. La signification du rapprochement est l'oubli de l'autre et de
l'autrui. L'univers, à son début, était éloigné au maximum de la présence divine, sauf pour les êtres créés
dont le voile est levé, ce qui leur permet de voir le rapprochement de leur propre œil. Les autres sont
tous occupés de ce qui est en dehors d'Allah, le Très-Haut. Lorsque leurs corps leur sont apparus, ils leur
ont fait oublier Allah, le Très-Haut. Ils se sont alors tournés vers la recherche de leurs intérêts et vers
leur propre protection contre les maux. C'est à partir de cette définition qu'ils se sont éloignés d'Allah, le
Très-Haut.
Ben Abbes, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : ce qui a occupé les êtres créés et les a éloignés d'Allah,
le Très-Haut, c'est le ménagement de leurs intérêts, par eux-mêmes. S'ils avaient abandonné ce
ménagement, ils auraient pu tous voir Allah de leurs propres yeux. Voilà l'éloignement d'Allah, le
Très-Haut ; c'est un éloignement de rapport. Il n'y a pas de rapport entre celui qui est digne de cet
éloignement, et Allah, le Très-Haut. En effet, Allah, le Très-Haut, compte tenu de sa sublimité et de sa
solennité, lorsqu'il se manifeste à quelqu'un par la sublimité et la solennité, il chasse la créature de sa
tête. Le serviteur ne verra alors ni autre ni autrui. Il ne verra qu'Allah, seul. C'est ainsi qu'il sera
convenable à la présence divine en cet état, puisque la présence n'accepte pas qu'on s'occupe de
quelque chose d’autre qu'Allah.
Ahmed Ben Hanbel, satisfaction d'Allah sur lui, a dit à propos de l'idole auquel, Allah, le Très-Haut, a
ordonné de ne pas croire : «Donc, quiconque ne croit pas à l'idole tandis qu'il croit en Allah saisit
l'anse la plus solide, qui ne peut se briser» (Sourate Al Bakarah, la vache, verset 256). Il a dit,
satisfaction d'Allah sur lui : tout ce qui détourne l'attention du serviteur en dehors d'Allah, ne serait-ce
que le moindre instant, est une idole. Nous disons : ceci est bien le rapport de la présence divine qui
n'accepte pas le fait de s'occuper de l'autre, le moindre instant. Si le gnostique montre quelqu'un
d'autre qu'Allah, il sera banni ou dépourvu de tout, sinon s'il bénéficie d'une grande diligence, il sera
puni très sévèrement.
Un certain soufi a dit : nous étions, un jour, chez Al Jariri, quand vint à lui un homme pleurant et
disant : j'étais assis sur le tapis de l'intimité, quand j'ai commis une faute qui a voilé ma station.
Guide-moi afin que je puisse retourner là où j'étais, et que je puisse arriver. Al Jariri lui a dit alors, en
dessinant un zéro par son index et son pouce : o, mon frère, tout le monde est sous la coercition de
cette chose. Il lui a fait signe de lui-même et de nous tous et il lui a dit que nous sommes tous dans la
poignée d'Allah. Il lui a dit ensuite : mais je te propose les vers suivants, tu y trouveras ta réponse:
Arrête-toi devant les maisons alliées !
Voici leurs traces qui pleurent les bien-aimés, par regret et désir de les retrouver.
Combien de fois, je me suis arrêté devant leurs localités pour m’informer,
sur leurs gens, en enquêtant ou en ayant pitié.
Un appel de la passion m’a répondu de ces localités.
Tu t’es bien séparé de celui que tu aimes ; les retrouvailles se sont bien raréfiées.
Puis il est parti en pleurant. Des amis ont alors demandé à Al Jariri ce qui s'est passé avec lui. Il leur a
répondu : il s'est familiarisé avec le Vrai sans autorisation ; il a donc été exclu de sa station (spirituelle).
Sa familiarisation non autorisée est en effet une sorte d'occupation par ce qui est en dehors d'Allah, le
Très-Haut. Le gnostique doit toujours être assis sur le tapis de la bienséance.
Certains amis d'EI Jounayde ont dit : nous étions, lors d'une nuit, en train de longer les ruelles de
Bagdad en compagnie d'el jounayde, lorsqu'on a entendu un poète pleurer et dire :
Oh ces maisons que j’ai aimées, auxquelles j’étais familiarisé, lorsque je t’emportais sur la
temporalité.

-311-
Quand El Jounayde, satisfaction d'Allah sur lui, l'a entendu, il a pleuré et a dit : «comme la
familiarisation et l'intimité sont agréables - Il veut dire avec Allah, le Très-Haut - Et comme la solitude et
la séparation sont difficiles». Puis il a dit : «j'ai toujours de la nostalgie envers le début de ma volonté et
l'aventure que j'ai passée en convoitant l'amour. Je regrette les jours passés». Fin de citation.
Son dire "Je n'hésite jamais sur un acte que je veux effectuer, sauf en cas de décès d'un croyant qui
ne veut pas mourir, je déteste l'offenser". Il s'agit ici de l'une des expressions dont l'apparence est
impossible à l'égard du Vrai. C'est-à-dire de l'hésitation vis-à-vis de l'âme du croyant, va-t-ll la saisir (le
faire mourir) ou pas ?
Cette expression nous rappelle d'autres comme l'irritation cité dans le verset coranique suivant :
«Puis lorsqu'ils Nous eurent irrité, Nous Nous vengeâmes d'eux et les noyâmes tous» (Sourate
Zoukhrouf, l'ornement, verset 55) et l'étonnement dans le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur
lui : "Ton seigneur S'est vraiment étonné d'une nation qui sera conduite au paradis par des chaînes".
L’étonnement a été cité également dans le hadith : "Ton seigneur s'étonne d'un jeune homme qui ne
cède pas à la tentation". Il en est de même pour le regard attribué à Allah et mentionné dans certains
hadiths du prophète, prière et salut d'Allah sur lui : "Lorsque le serviteur dit: pas de divinité à part Allah,
Dieu ouvre les cieux afin de voir celui qui le dit". Mohamed Ben Hanafia, satisfaction d'Allah sur lui, a dit
également (en se basant sur un hadith qu'il a entendu): "Allah regarde ses créatures, chaque jour, trois
cent soixante fois".
On retrouve aussi l'exemple du hadith suivant : L'ange Israfil est venu, un jour, voir le prophète,
prière et salut d'Allah sur lui, pour lui dire : «dis : gloire à Allah, louange à Allah, pas de divinité à part
Allah, Allah est grand, pas de puissance ni de force que par Allah, selon l'ampleur de Son savoir, le
nombre de Son savoir et le poids de Son savoir». Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, lui a alors
demandé: «quelle est la récompense de celui qui cite ces mots ?» Israfil lui a répondu : celui qui cite
cette litanie une seule fois, aura six attributs :
1. Il sera inscrit parmi les gens qui invoquent souvent Allah.
2. Ces mots cités seront pour lui des plantes dans le paradis.
3. Ses péchés seront envolés comme des feuilles sèches qui quittent leur arbre.
4. Allah le regarde.
5. Celui qui bénéficie du regard d'Allah, Allah ne le châtiera pas.
6. Cette litanie sera pour lui mieux que son Dzikr du jour et de la nuit.
Le témoignage que nous voulons apporter ici, c'est le fait qu'Allah va le voir. Et celui qui bénéficie du
regard d'Allah, Allah ne le châtiera pas. Il est évident que le regard d'Allah est permanent sur sa
créature, il les regarde individu par individu. Mais ce regard mentionné ici est un regard particulier. Il est
différent du premier regard. Les gens dignes de l’authentification disent que le regard originel est
l'attribut lui-même. Allah dit : «Rien, vraiment, ne se cache d'Allah de ce qui existe sur la terre ou dans
le ciel» (Sourate la famille d'Imran, Al Imran, verset 5).
Par contre, ce regard mentionné dans le hadith est additionnel, il ne représente pas l'attribut. Allah
dit dans le verset coranique «Ceux qui vendent à vil prix leur engagement avec Allah ainsi que leurs
serments n'auront aucune part dans l'au- delà, et Allah ne leur parlera pas, ne les regardera pas, le
Jour de la Résurrection, il ne les purifiera pas; et ils auront un châtiment douloureux» (Sourate Al
Imran, la famille Imran, verset 77). Ce regard n'est pas celui de l'attribut.
Il est plutôt additionnel. Il en est de même pour le rire, mentionné à l'égard d'Allah, le Très-Haut,
dans le hadith qui s'est déroulé entre le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, et le campagnard qui est
venu l'interroger sur diverses questions, en le mettant au courant de la sécheresse et de la
désertification qui ont frappé sa région. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, lui a répondu dans ce
long hadith en disant : Allah surveille ses serviteurs qui sont désespérés et se met à rire (à cause de leur
désespoir). Il sait qu'il mettra fin à leur malheur et que son bienfait sera à leur disposition très
prochainement.

-312-
LE RIRE D’ALLAH, LE TRES-HAUT
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit dans un autre hadith, lorsqu'il a parlé de "jouhaina" ou de
"hannad" l'homme qui sortira le dernier de l'enfer :
Il s'écriera : "Seigneur! Fais-moi sortir de l'Enfer dont le souffle m'étouffe et les flammes me brûlent!
Fais-moi sortir de l'Enfer par Ta miséricorde". Allah lui dira alors «si J'exauce ton vœu, m’en
demanderas-tu un autre?».
"Non, je ne Te demanderai pas autre chose", dira l'homme en faisant maintes promesses et en prenant
maints engagements vis- à-vis de Dieu qui le fera sortir de l'Enfer.
Mais une fois sorti, Allah l'installera près de l'Enfer, l'homme finira alors par se plaindre de son mal et de sa
chaleur. Il dira : «o, seigneur, éloigne-moi de cet Enfer». «N'as-tu pas pris, répliquera Dieu, l'engagement
formel de ne plus jamais rien Me demander une fois sorti de l'Enfer ?» Il avancera alors l'excuse du mal
qu'il sent à cause de sa proximité du feu. Allah lui dira : «Me promets-tu de ne rien Me demander si Je
t'éloigne de l'Enfer?»
L’homme Lui promettra et confirmera sa promesse par autant d'engagements formels que Dieu voudra.
Allah l'éloignera alors de l'Enfer jusqu'à ce qu'il ne le voie plus, ne l'entende plus et ne sente plus son
odeur.
Il arrivera donc à un lieu où il pourra voir le Paradis de très loin, l'homme gardera le silence aussi longtemps
que Dieu le voudra et finira par dire : "Seigneur! Approche-moi du Paradis".
«N'as-tu pas pris, répliquera Dieu, l'engagement formel de ne plus jamais rien Me demander une fois loin de
l'Enfer ?»
"Si Seigneur", dira l'homme qui continuera à invoquer et à implorer Dieu pour qu'il ne soit pas le plus
malheureux de sa créature, jusqu'à ce que Dieu lui dise : "malheur à toi, ô fils d'Adam! Combien tu es
perfide!".
"Me promets-tu de ne rien Me demander si Je te mets près du paradis?".
L'homme Lui promettra et confirmera sa promesse par autant d'engagements formels que Dieu voudra.
Puis, Dieu l'approchera du Paradis.
Il le verra alors et sentira ses odeurs, l'homme gardera le silence aussi longtemps que Dieu le voudra et
finira par dire : "Seigneur! Approche-moi de la porte du Paradis".
«N'as-tu pas pris, répliquera Dieu, l'engagement formel de ne plus jamais rien Me demander une fois près
du Paradis ?»
"Si Seigneur", dira l'homme qui continuera à invoquer et à implorer Dieu pour qu'il ne soit pas le plus
malheureux de sa créature. Puis Allah l'approchera de la porte du Paradis.
Il verra alors les gens dignes du Paradis et les biens et les félicités dont ils jouissent. Il verra ceci de ses
propres yeux.
Il gardera le silence aussi longtemps que Dieu le voudra, puis s'écriera : "Seigneur! Fais-moi entrer au
Paradis".
«- "N'as-tu pas pris l'engagement formel de ne plus rien Me demander une fois que je t'ai mis près de la
porte du Paradis ?» "O Seigneur! Fais que je ne sois pas le plus malheureux de Tes créatures", dira
l'homme. "Malheur à toi, ô fils d'Adam! Combien tu es perfide!" Puis Allah le fera entrer au Paradis.
Il verra alors les êtres créés jouir des bienfaits dont ils disposent, alors que lui, il n'a rien du tout. Il sentira
donc, comme ses semblables, de l'amertume en voyant ceci, alors qu'il n'a aucune part là-dedans. Il dira :
«O Seigneur, donne-moi quelque chose de ce paradis». «N'as- tu pas pris l'engagement formel de ne plus
rien Me demander une fois entré au Paradis ?» "O Seigneur! Fais que je ne sois pas le plus malheureux de
Tes créatures", dira l'homme. "Malheur à toi, ô fils d'Adam! Combien tu es perfide!" Puis Allah lui dira :
"Demande ce que tu désires". L'homme ne cessera de demander et de formuler ses désirs. Dieu, de même,
lui rappellera des vœux oubliés, jusqu'à ce que l'homme n'ait point de souhaits à exprimer et ce sera alors
que Dieu lui dira : "Tout cela est à toi et dix fois plus encore".
L'homme se méfiera et dira : «O, seigneur, est-ce que tu te moques de moi alors que tu es le roi ?» Allah rira
alors, et il lui montrera ce qu'il lui a promis de donner et lui dira : voilà ce que tu as souhaité avoir et dix
fois plus.

-313-
Le témoignage qui nous intéresse ici c'est le rire d'Allah, le Très-Haut. Dans un autre prédicat, il a été
dit ".. dans le paradis de la manifestation, là où Allah se manifeste en riant". L'aspect apparent de tout
ceci est impossible à l'égard d'Allah, le Très-Haut. Tout cela fait partie plutôt du domaine des
appellations divines. Il en est de même pour la colère, le courroux, l'amour d'Allah pour ses serviteurs.
L'aspect apparent de ces expressions est impossible à Son égard, gloire à lui, le Très-Haut.
Ce sont des expressions qui informent sur des choses cachées et inconnues à l'égard du Vrai, gloire à
lui. Il faut simplement se soumettre à ce qu'on entend. À ce propos, les gens se sont divisés en groupes.
Il y en a ceux qui ont avancé des interprétations par lesquelles ils ont invalidé l'aspect apparent de ces
expressions. Il y en a ceux parmi les savants qui ont affirmé l'impossibilité de l'aspect apparent de ces
expressions et ont confié leurs sorts à Allah, le Très-Haut. Ils se sont soumis à Allah qui détient le savoir
des vérités de ces expressions. Et ils ont évité d'en parler. D'autres savants ont parlé des réalités de ces
expressions, mais en émettant des signes, tout en évitant toute déclaration dans ce sujet.
Les gnostiques affirment que ceux, parmi eux, qui ont accédé à la terre «Simssima»1 peuvent
déceler les vérités de ces attributs. Ces vérités seront dévoilées à eux, et ils les verront d'une manière
oculaire. Ils n'auront plus aucune problématique de ce type. Mais ils n'en parleront pas. Cette terre est
en effet de nature à éliminer toute ambiguïté concernant toute problématique dans n'importe quelle
science.
Maintenant, retournons au sujet de ces attributs : l'hésitation mentionnée dans le hadith présente
un aspect exotérique impossible à l'égard d'Allah, le Très-Haut. L'hésitation suppose qu’Allah, au
moment où il veut prendre l'âme du croyant, hésite entre sa prise qui doit être exécutée comme suite à
l'attachement de sa volonté et à l'application de sa décision et entre l'annulation de cette action afin
d'éviter d'offenser son serviteur. Ceci est évidemment impossible à l'égard d'Allah, le Très-Haut.
L'application de sa décision et de son jugement est certaine étant donné que «Toute âme goûtera la
mort» (Sourate Al Imran, la famille Imran, verset 185).
De même, le délai de tout être vivant qui doit mourir est bien précisé dans le savoir pré-éternel. Il est
impossible d'avoir une contradiction entre ce qui est inscrit dans le savoir divin et ce qui est appliqué. Et
puisque les choses sont comme cela, comment peut-on alors parler d'hésitation à l'égard d'Allah, le
Très-Haut ?! Le hadith étant connu par son existence et son authenticité, il implique donc que cette
hésitation fait partie du domaine des appellations divines. Celles-ci sont utilisées pour exprimer des
choses autres que celles comprises selon l'aspect apparent des expressions.
L'analyse rigoureuse du hadith est comme suit : Allah, le Très- Haut, nous a informés que ce cas du
décès du croyant est un cas qui implique en général une hésitation si c'était du ressort de quelqu'un
d'autre qu'Allah. Supposons que quelqu'un parmi nous, les humains, avait un bien-aimé pour lequel il
portait beaucoup d'amour, au point qu'il ne peut pas supporter sa séparation, le moindre instant.
Puis, il lui est apparu, selon son savoir, que son bien-aimé qu'il aimait tant, ne peut atteindre ce qu'il
souhaite comme biens et bienfaits qu'après sa mort, c'est-à-dire qu'après l'avoir tué. Sinon, il restera
démuni de ces biens éternellement. Cet homme restera donc dans l'hésitation : s'il tue son bien-aimé,
cela lui est très difficile puisque son bien-aimé ne veut pas mourir. S'il le laisse vivant, il restera démuni
de ces biens.
Il hésite donc, à cause de ceci, entre les faits de l'assassiner ou d'abandonner l'assassinat. Ce meurtre
est aussi difficile pour lui que pour son bien-aimé. Mais la privation du bien-aimé des biens permanents

1 -La terre «simssima» est une terre très vaste. Elle est tellement vaste que même si l’on y place le trône avec tout ce qu’il
contient (comme siège, orbite Atlas, orbite des astres fixes, sept cieux, terre, paradis, enfer, etc.) il sera similaire à une petite
bague au milieu d’un désert immense. Cette terre est remplie de créatures, qui se multiplient continuellement et en chaque
clin d’œil. Ses habitants ne meurent pas. Tout ce qui a été créé dans cette terre reste éternellement. Elle a été créée quand
Allah avait créé l’argile d’Adam, prière et salut d’Allah sur lui. Et depuis son édification, le nombre de ses créatures
augmente avec un rythme inimaginable. Cette terre avec tout ce qu’elle comporte comme espèces de créatures fait partie
de 8000 mondes tous enveloppés par la prière «salate fatihi».
Les habitants de cette terre sont de nature à glorifier Allah, le Très- Haut, et à l’adorer. Son temps est différent du nôtre.
Quand nous passons un seul jour, eux ils passent plusieurs années. En chaque souffle, Allah crée dans cette terre plusieurs
mondes qui glorifient Allah, le Très-Haut, d’une manière permanente et sans cesse, comme les anges.

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est beaucoup plus difficile. Il hésite à cause de ceci. La décision est déjà prise : s'il ne le tue pas, son
bien-aimé n'aura rien du tout et sera toujours démuni.
C'est comme si (Allah) dit : si vous êtes devant une telle problématique, vous les humains, vous ne
pouvez qu'hésiter au maximum et vous serez incapable de prendre une décision. Voilà ce que renferme
cet attribut, c'est-à-dire "l'hésitation" attribuée au Vrai, gloire à lui, et mentionnée dans le hadith.
Quant au rire, sa vérité est bien connue chez les humains. Cet état est impossible à l'égard de l'Entité
du Vrai, le Très-Haut. Il s'agit en effet d'une transition d'un état à un autre. Au début, avant le rire, l'être
qui rit était dans un état de sérénité et de silence. Lorsqu'il a ri, il a subi alors un changement de la
sérénité et du silence vers le rire.
Mais le rire connu chez les humains est impossible à l'égard du Très-Haut et ne peut pas être existant
dans Son Entité suprême. Cependant, il y a tout de même, une chose qui doit être connue et qu'on doit
signaler aux gens dotés de raison :
Chez nous, les humains, lorsqu'il y a un grand roi, très puissant, détenant un Royaume immense, très
riche, de grande autorité et célébrité, un tel roi inspire la crainte à ceux qui le voient et qui veulent lui
parler. Lorsqu'il y a quelqu'un qui va lui adresser la parole, il va lui parler, mais il sera au summum de sa
crainte, de sa timidité, et de son grand respect. Le roi, en le voyant ainsi, va rire afin d'apaiser la
situation et donner de la joie à son interlocuteur. Celui-ci se calme donc et prend son souffle. Sa crainte
et sa timidité se dissipent à cause du rire du roi qui a ri et qui lui a parlé. Le rire de celui qui inspire la
crainte révérencielle et la grande autorité est humanisant et réjouissant pour le compagnon.
Si vous savez ceci, sachez donc que le seigneur, gloire à lui, est sublime dans sa sublimité et sa
grandeur, sublime dans sa puissance et sa richesse par rapport aux mondes, sublime dans sa hauteur et
sa solennité. Celui qui observe cette solennité oublie même sa propre personne, il perd de vue son
existence à cause de la solennité et de la grandeur.
Il n'y a pas de doute que, dans ce domaine, celui qui se trouve entre les mains du Très-Haut, pour lui
parler, est au summum de la stupéfaction, de la crainte et de la perte de vue de son existence1. Cette
situation et cette crainte sont plus difficiles que celles d'un condamné qui est en train d'attendre sa
décapitation. Il a été rapporté dans le hadith, que lorsqu’Allah place son serviteur entre Ses mains afin
de lui faire le compte de ses actes, le serviteur transpire à cause de la révérence et de la crainte
qu'inspire la divinité. Sa sueur suffira alors à abreuver soixante-dix chameaux bien assoiffés. C'est le cas
du bienheureux2.
Puisque cela est bien la description du Vrai, gloire à lui, alors lorsqu'il rit devant quelqu'un : au
moment même où le serviteur voit Son rire, il sait qu'Allah l'a sauvé de tout ce qui peut provoquer la
crainte. Il lui a annoncé ainsi, par ce rire, qu'il est parmi les victorieux, et qu'il a gagné ses biens et sa
satisfaction divins.
Le rire d'Allah, le Très-Haut, est une réjouissance pour son interlocuteur. C'est aussi une assurance
contre Son châtiment et un message annonçant la victoire du serviteur. Voilà le rire rapporté
concernant Allah, le Très-Haut. Mais certains l'ont décrit selon des expressions inappropriées.
Rigoureusement parlant : Allah, le Très- Haut, dispose de certains attributs parmi ceux de la perfection
de Son Entité, on peut en citer comme exemple la gloire, la générosité, la tolérance et le rire.
Ensuite, Allah, le Très-Haut, a voilé l'attribut du rire. Nous disons : c'est un de ses attributs de
perfection, adaptés à la solennité de sa sublimité et de sa grandeur. Il l'a voilé et ne l'a pas montré à sa
créature.
Quand Allah, le Très-Haut, est satisfait de quelqu'un, il lui dévoile cet attribut parfait. Il le lui montre,
et dès qu'il le voit, il devient comblé de joie et de gaieté. La crainte et la timidité se dissipent chez lui.
Voilà ce qui est approprié vis-à-vis de l'attribut du "rire" rapporté sur Allah, gloire à lui. Il ne s'agit pas de
l'attribut connu chez les humains.

1 -Il est inconscient de sa propre existence.


2 -Imaginez donc la situation du malheureux!

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C'est pour cela qu'il a été dit, dans le prédicat à propos du paradis de la manifestation, où Allah se
manifeste à ses élus : Allah s'y manifeste en riant afin de réjouir ses élus et de les rendre contents. Ils ne
seront donc plus terrifiés par l'influence de la sublimité et de la grandeur. C'est pour cela également que
le cheikh parfait, Moulay Abdelqader Jilani, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : celui qui a pris l'habitude
de contempler la beauté d'Allah le Très- Haut, et de ne contempler que Ses attributs de beauté, gloire à
lui. Il ne peut pas supporter l'apparition de la sublimité et de la grandeur. Fin de citation.
Son dire "Il ne peut pas supporter l'apparition de la sublimité et de la grandeur" signifie que seuls les
grands parmi les hommes (les pôles) peuvent supporter cette apparition. Quant aux gnostiques, ils ne
peuvent pas la supporter sauf le pôle "qotb" qui est le plus parfait d'entre eux. Pour ce dernier, la réalité
de la grandeur ne se manifeste à lui qu'après l’acquisition du rang le plus élevé de la «qutbaniya» (rang
de pôle), il s'agit de la station appelée "Sceau des stations".
Rares sont les pôles qui ont atteint cette station à cause du long trajet qu'il faut parcourir pour y
parvenir. Une fois le pôle transcende et atteint cette station, Allah se manifeste à lui par la grandeur de
Son Entité. Le pôle avance donc au sens de ces manifestations d'une manière éternelle. Si Allah se
manifeste par la moindre particule de cette grandeur à tous ses gnostiques et véridiques, ils seront tous
réduits à néant en moins d'un clin d'œil. Personne ne peut supporter cela à part le pôle singulier
rassembleur qui a atteint la station du Sceau.
Avant d'atteindre cette station, les pôles sont dans l'incapacité de supporter la manifestation par la
grandeur de l'Entité d'Allah. Ali, qu'Allah honore son visage, a dit : la connaissance est le dévoilement de
la splendeur de la solennité. Sa limite maximale c'est la stupéfaction dans la grandeur d'Allah. Il veut
dire par limite maximale la station du sceau. Cette station qui existe dans la «qutbaniya» (rang de pôle)
est le summum des summums. Fin de citation.
Quant à l'étonnement à l'égard d'Allah, gloire à lui : il a été rapporté dans le prédicat que le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui a dit : "Ton seigneur S'est vraiment étonné d'une nation qui sera
conduite au paradis par des chaînes".
La réalité de l'étonnement en lui-même c'est que celui qui s'étonne, il s'étonne d'une chose étrange
dont les raisons sont cachées et dissimulées. C'est le cas par exemple des prodiges des élus.
Allah, le Très-Haut, rien ne peut lui être étrange ou dissimulé ou source d'étonnement. Les raisons
derrière toute chose ne sont autres que le jugement et le destin. Ces derniers sont entre Ses mains.
C'est à partir d'Allah et vers lui qu'il y a l'origine et le retour du "jugement et du destin". Ils sont exécutés
impérativement dans tout évènement de l'univers.
Le jugement est le verdict qui annonce l'arrivée d'une chose.
Il émerge à partir de deux attributs :
1. L'attachement de la volonté.
2. Et l'émergence du mot "Sois".
Voilà ce qu'est le jugement. Son attachement est ancien et éternel, tant en volonté qu'en matière du
mot "Sois". Quant au destin, il s'agit de l'émergence d'une chose (prédestinée à cause de la volonté et
du mot 'sois') par la puissance.
Comment Allah s'étonne-t-il donc d'une chose alors que Son savoir la cerne bien ? Aucune raison ni
cause ne peut lui être dissimulée. Donc le hadith nous informe uniquement qu'il s'agit ici d'un
évènement étrange ou extraordinaire, parce qu'il nous étonne. Son image nous échappe. L'illustration
de ceci est dans l'exemple suivant: le paradis est clairement connu d'après l'information rapportée dans
les livres saints et d'après les informations des messagers. Il est tellement connu que personne ne
l'ignore, ni les gens du commun, ni les gens faisant partie de l’élite. Toute la descendance d'Adam
souhaite y parvenir et jouir de ses aubaines et de ce qu'il contient comme concupiscences parfaites et
complètes. Puis, Allah nous informe qu'il y a des gens qui seront conduits au paradis par des chaînes.
Ce qui signifie qu'ils s'en enfuient et qu'on les conduit, par force, avec des chaînes, vers le paradis.
Cela est très étrange. Cette nation qui fait l'objet de l'étonnement de notre seigneur est celle des gens

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qui encaissent les maux et les afflictions dans le monde d'ici-bas. Ces maux et sinistres les purifient de
tous leurs péchés, et Allah leur accorde son pardon.
D'ailleurs, les obstacles qui empêchent le serviteur de rentrer au paradis sont les péchés. Sans ces
péchés, il serait levé de sa tombe pour aller directement à son palais. Les maux et les afflictions
annulent tous les péchés du serviteur et lui permettent une grande rétribution dont la valeur et le mode
sont inconnus.
Allah, gloire à lui, a dit : «et les endurants auront leur pleine récompense sans compter» (Sourate
les groupes, Zoumar, verset 10). Celui qui a enduré des maux ou des épreuves dans sa vie rentre au
paradis sans dérangement ni obstacle. En revanche, au lieu de voir le serviteur en train de chercher et
de demander ces maux et ces épreuves, on le voit plutôt s'en enfuir dès qu'ils surgissent. Cela est source
donc d'un maximum d'étonnement.
Quant au regard mentionné dans le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, "Gloire à Allah,
Louange à Allah, etc.". Il a dit à propos de la rétribution de cette litanie : Allah le regarde et celui qui
bénéficie du regard d'Allah, Allah ne le châtiera pas. La réalité du regard ici n'est pas l'attribut de la vue.
À propos de cet attribut, Allah a dit justement «Rien, vraiment, ne se cache d'Allah de ce qui existe
sur la terre ou dans le ciel» (Sourate la famille Imran, Al Imran, verset 5). Le regard mentionné ici dans
le hadith est plutôt un regard particulier, lié à la diligence et à l'amour. Mohamed Ben Ali Ben Hanafia,
satisfaction d'Allah sur lui, a dit : "Allah regarde ses créatures, chaque jour, trois cent soixante fois".
Ces regards signifient les débordements de sa miséricorde divine. Allah les fait déborder sur sa
créature à partir des perfections de sa largesse. Il touche par cette largesse ce qu'il veut et l'empêche de
ce qu'il veut. Voilà la signification du regard.
Il s'agit d'un regard de diligence et d'amour en faveur de ce qu'il veut parmi ses serviteurs. Celui qui
est touché par un de ces regards sera compté parmi les bienheureux. Voilà ce qu'est le regard. C'est
comme dans le hadith suivant : "Lorsque le serviteur dit : pas de divinité à part Allah, Dieu ouvre les
deux afin de voir celui qui le dit".
Allah est bien supérieur à ce qu'il soit voilé par les cieux qui l'empêcheraient de voir ses serviteurs.
Mais ce regard est différent, il s'agit du débordement de sa miséricorde divine en faveur de son
serviteur. C'est une miséricorde particulière de sa part, en faveur des gens dignes de la particularité
parmi ses serviteurs. Cette miséricorde perce les cieux pour descendre jusqu'à celui à qui elle a été
destinée. Puis la rétribution qui en découle lui sera conservée.
Donc le regard, ici, est un regard de miséricorde et de diligence, et non pas celui de l'attribut. La vue
du Vrai gloire à lui est telle que toutes les créatures lui sont décelées ; rien ne lui est caché. Le regard
que nous venons d'expliquer dans le hadith sera interdit pour certaines personnes. Allah dit : «Ceux qui
vendent à vil prix leur engagement avec Allah ainsi que leurs serments n'auront aucune part dans
l'au-delà, et Allah ne leur parlera pas, ni les regardera, au Jour de la Résurrection» (Sourate Al Imran,
la famille Imran, verset 77).
Ce regard qui est un regard de miséricorde de Sa part, gloire à lui, sera interdit pour ce groupe de
personnes susmentionnées dans le verset coranique. Allah ne les regardera pas avec son regard de
miséricorde. Il montre ainsi Sa colère intense et Son supplice énorme. Allah dit : «Ils auront un
châtiment douloureux» (Sourate Al Imran, la famille Imran, verset 77).
En revanche, on a l'impression qu'en niant ce regard de miséricorde, on s'oppose au verset suivant :
«Et Ma miséricorde embrasse toute chose» (Sourate Al Aâraf, verset 156). Nous dirons alors : cette
miséricorde est générale. Elle embrasse celui qui sera puni et d'autres personnes, même ceux qui sont
dignes de l'enfer bénéficieront de cette miséricorde.
Par contre, cette miséricorde particulière avec laquelle Allah regarde sa créature est une miséricorde
conditionnée par le verset coranique suivant : «Je la prescrirai à ceux qui (Me) craignent» (Sourate Al
Aâraf, verset 156). Celui qui est digne de ce regard ne sera pas châtié par le feu. Il ne sera pas dénoncé
(ses mauvais actes ne seront pas dénoncés) le jour de la résurrection. Il sera plutôt parmi ceux qui, une
fois que leurs mauvais actes leur sont exposés et que la honte les couvre, Allah, le Très-Haut, dira à

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chacun d'eux: j'ai caché tes péchés quand tu étais au bas monde, je ne les compterai pas en ta défaveur
aujourd'hui. Va, je t'ai pardonné (ou il lui dira une parole ayant le même sens).
Ces gens-là sont ceux qui ont bénéficié du regard d'Allah lors de leur vie d'ici-bas. Il s'agit d'un regard
de miséricorde, d'amour et de diligence. Qu'Allah nous compte parmi eux, par sa largesse et sa
générosité. Voilà le regard mentionné dans le hadith. Il a été rapporté dans le hadith de la "glorification
d'Allah" : celui qui bénéficie du regard d'Allah, Allah ne le châtiera pas. Fin de citation.
Dans un autre hadith, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : «Il n'existe pas de cœur sans
qu'il soit entre deux doigts du tout miséricordieux, Il le tourne comme il veut». Ici on parle du doigt et
du nom "le tout miséricordieux". Ce nom "le tout miséricordieux" fait partie des noms du rang.
C'est-à-dire du rang de la divinité. Il ne fait pas partie des noms de l'Entité sacrée, comme le sublime, le
grand ou le solennel.
Les noms de l'Entité ne s'attachent pas à la créature. Par contre, les noms du rang sont tous attachés
aux êtres créés. La divinité exige en effet l'existence des êtres créés sans que Dieu ait besoin d'eux. C'est
la perfection de la divinité qui a exigé l'existence de la créature. Cette créature adore, d'une manière
permanente Allah, se prosterne devant lui et le glorifie. C'est le rang de la divinité.
La divinité est le rang de Dieu qui est adoré véritablement. Son nom "le tout miséricordieux" est
parmi les plus importants noms de la divinité. Ce nom encercle en effet tous les noms de l'univers. Dans
le hadith : l'univers est basé, en entier, sur les noms divins, exotériques et ésotériques. Tous les noms
exigés par l'univers, tous ces noms dans leur ensemble et en prenant compte de leurs perfections sont
tous sous le cercle du nom "le tout miséricordieux". C'est à partir de ce nom qu'il y a eu l'afflux sur tout
l'univers. Et c'est selon cette considération que le nom "le tout miséricordieux" est proche du nom
suprême d'Allah. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui a dit à propos de la bassmala "Au nom
d'Allah le très miséricordieux, le tout miséricordieux" : la proximité entre la bassmala et le nom suprême
d'Allah est similaire à celle qui existe entre le blanc et le noir de l'œil.
Nous disons donc : "le tout miséricordieux" est parmi les plus grands noms de la divinité, puisque
tous les noms de l'univers se trouvent sous son cercle. Rien dans l'univers n'échappe au cercle de la
miséricorde divine «Et Ma miséricorde embrasse toute chose» (Sourate Al Aâraf, verset 156). C'est
pour cette raison que l'établissement sur le trône a été effectué par ce nom. Allah dit : «Le Tout
Miséricordieux S'est établi <lstawa> sur le Trône» (Sourate Taha, verset 5).
De même, Allah, le glorieux, le Très-Haut, s'est établi sur la réalité de l'être humain par son nom
"Allah". C'est pour cela que cet être humain est le trône d'Allah puisque Allah s'y est établi par son nom
"Allah". Il n'y a pas dans l'univers un être créé sur lequel Allah, le Très-Haut, le glorieux, s'est établi par
ce nom, sauf l'être humain. Et c'est lui qui a pu supporter sa charge. Rien dans l'univers ne peut
supporter la charge de la manifestation par ce nom sauf l'être humain.
De même, Allah, le glorieux, le Très-Haut, s'est établi sur la réalité Mohammadienne par son nom
suprême. Personne ne connaît le mode de ce nom suprême et personne ne peut supporter sa charge à
part lui, prière et salut d'Allah sur lui. C'est lui, prière et salut d'Allah sur lui, l'endroit de Son
établissement. Nous disons : le nom "le tout miséricordieux" encercle tout l'univers. C'est par ce nom
qu'Allah s'est établi sur le trône.
Dans le trône, se trouvent en effet les rapports de toutes les créatures. C'est pour cela qu'Allah s'est
établi sur lui par son nom "le tout miséricordieux". Compte tenu de l'honneur et du prestige dont jouit
le trône, le rapport qui existe entre lui et les autres créatures est du même ordre que celui qui existe
entre le pôle et le reste du monde. Il a été rapporté que le trône a interrogé Allah, le Très-Haut, en
disant : o, seigneur, pourquoi m'as-tu créé ? Allah, le glorieux, le Très-Haut, lui a répondu : c'est pour
que tu protèges mes serviteurs de la lumière des voiles. Fin de citation.
Quant à la signification du doigt : dans la langue, il signifie une partie de la main. Nous croyons
qu'Allah a des doigts, mais nous disons que Ses doigts sont les afférents de Sa volonté. Cette volonté
peut être considérée comme une main. Ce qui s'y attache peut être considéré comme des doigts. De
même, la puissance peut être considérée comme une main ; ses afférents seraient les doigts. Le fait de

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citer dans le hadith deux doigts du tout miséricordieux, signifie que chaque cœur est placé entre deux
prescriptions divines : une prescription qui s'attache à la volonté et une autre à la puissance.
Chaque cœur est ainsi entre deux prescriptions. La première est exigée par la volonté divine et la
seconde est exigée par la puissance divine. Voilà la signification des doigts dans le hadith du prophète,
prière et salut d'Allah sur lui.
Il a été dit (dans un autre hadith) : «Le feu ne cesse de dire "Y en a-t-il encore ?" jusqu'à ce que Allah,
le "Contraignant" y place son pied. À ce moment-là, l'Enfer dira "ça suffit, ça suffit" c'est-à-dire je suis
bien rempli». Ce hadith présente deux significations ; chacune d'elles est correcte. Le premier sens est le
suivant: le pied insinue ici la créature qu'Allah va créer le jour de la résurrection, une fois les gens
installés au Paradis ou en Enfer.
Allah créera une créature qui va remplir le Paradis ; c'est le premier pied. Le deuxième pied est la
créature qui remplira l'Enfer, le jour de la résurrection, jusqu'à ce que l'Enfer dise "ça suffit, ça suffit".
Voilà les pieds du Contraignant. Ce sont les dernières créatures qu'il créera. C'est pour cela que le terme
"pied" leur a été attribué, puisqu'elles sont les dernières créatures qui seront créées. Il n'y aura plus de
créature après1. Voilà la première signification.
Quant au deuxième sens : le terme "pied" est utilisé compte tenu du nom divin d'Allah "Le
Contraignant" qui signifie la coercition, l'influence et la contrainte. L'Enfer continuera à exhiber sa
grande force d'influence sur la créature, de brûlage et de supplice, jusqu'à ce que le "Contraignant" y
mette son pied. C'est-à-dire : Allah va se manifester au feu par son nom "Le Contraignant". Il l'écrasera
alors par la crainte révérencielle qu'inspire Sa solennité.
Le feu se soumettra et s'humiliera et dira : ça suffit, ça suffit. Cette influence mettra fin à son
supplice2.
Quant à la joie d'Allah, le glorieux, le Très-Haut, mentionnée dans le hadith, sachez que sa réalité
est comme celle du rire, parce que le rire est un attribut voilé. Lorsqu’Allah veut rire, il enlève les voiles
à cet attribut.
Au moment où le rire divin est vu par celui qui reçoit cette manifestation d'Allah, il sait aussitôt qu'il
va bénéficier du débordement de Ses aubaines et de la protection contre Son supplice. Il en est de
même pour la joie d'Allah au moment du repentir de son serviteur. Si le repenti voit cette joie, il sera
certain qu'il bénéficiera de toutes les aubaines et de la protection contre tous les supplices divins, grâce
à la promesse véridique d'Allah : «Et quiconque d'entre vous a fait un mal par ignorance, et ensuite
s'est repenti et s'est réformé... Il est, alors, Pardonnant et Miséricordieux» (Sourate Al An'âm, les
bestioles, verset 54)
Il n'est pas difficile pour vous de comprendre l'occultation des attributs. Le seigneur, le glorieux, le
Très-Haut, a placé des voiles sur tous ses attributs. Lorsqu'il lève le voile à un certain attribut, il voile un
autre. Lorsqu'il se manifeste à son serviteur par son attribut "miséricorde divine", il cache de lui
l'attribut de la vengeance ainsi que celui de la coercition. Il dresse des voiles sur ces derniers, parce
qu'ils inspirent la crainte et la panique.
L'inverse est vrai. Il en est de même pour tous les attributs. Lorsqu’Allah se manifeste par un de ses
attributs, il voile d'autres. Il ne se manifeste jamais, en même temps, par tous les attributs qui qualifient
son Entité sublime. À chaque fois qu'il se manifeste par un attribut, Il cache les autres. C'est ainsi que
celui qui avance, parmi les hommes, dans les stations spirituelles, il se décèlera pour lui, en chaque

1 -Ici on parle uniquement de l'enfer et des créatures qui le rempliront.


2 -Le gnostique Sidi Mohamed Ben Ahmed Akensous, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : cette expression a été évoquée par
plusieurs Saints, tel que le grand cheikh Ibn Arabi. Elle est interprétée selon les deux manières suivantes : la première : le
supplice de l'enfer se terminera pour les croyants désobéissants. Ceux-ci le quittent par intercession et expiration de la
durée de leur punition. Quant aux mécréants, ils continueront à subir le supplice qui ne prend jamais fin, jusqu'à l'éternité.
La seconde interprétation : la fin du supplice de l'enfer veut dire qu'il n'y aura pas d'autres types de supplice en plus de ce
qui existait déjà jusqu'au moment où le feu dira ça suffit ça suffit. Les mécréants qui ont été jugés et qui devaient rester
éternellement dans l'enfer allaient subir le châtiment selon les anciens modèles de supplice. Cette interprétation a été citée
par Mennaoui et par d'autres savants.

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instant aussi court qu'un clin d'œil, une infinité d'attributs et de noms divins ; mais le reste lui sera caché
sous un voile. Et ainsi de suite le long de la vie éternelle du monde de l'au-delà.
Allah lui dévoilera ses attributs et ses noms divins, mais laissera d'autres attributs et noms sous des
voiles. Il n'y a pas un seul être créé dans l'univers qui peut supporter le fardeau des manifestations
divines par tous les attributs et les noms divins, en même temps. Personne ne peut supporter ça. Si vous
savez ceci, vous saurez alors que les deux attributs "le rire et la joie" rapportés sur Allah, étaient cachés
par des voiles. Lorsque Allah veut se manifester par ces deux attributs, il lève les voiles sur eux d'abord
puis II se manifeste par eux après.
En se manifestant par le rire ou par la joie, Allah fournit des biens et des aubaines sans limites à son
serviteur. Il le protège aussi contre une infinité de maux et de nocivités. Voilà ce qu'est la manifestation
par le rire et par la joie.
Paix et salut sur vous ainsi que la miséricorde et la bénédiction d'Allah. Fin de la dictée du cheikh, à
partir de sa mémoire et de ses propres mots. Fin. Qu'Allah nous accorde succès.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la signification du hadith suivant du prophète,
prière et salut d'Allah sur lui : «Notre seigneur descend chaque nuit dans le ciel d'ici-bas, etc.». Il a
répondu, satisfaction d'Allah sur lui : sachez que le Vrai, le glorieux, le Très-Haut, dispose, du point de
vue du rang de Son Entité, de deux rapports :
• Le rapport de l'essence : ce rang est loin d'être modifié par le temps, le lieu, les rapports, les
adjonctions, les régions ou les directions. Ce rang n'accepte rien de ces rapports, ni dans
leurs aspects exotériques ni dans leurs aspects ésotériques, ni dans la réalité ni dans le sens
figuré.
• Le deuxième rapport est celui de la descente. Il s'effectue soit par la délégation, soit par la
miséricorde et la largesse, soit par la colère et la persécution, soit par l'association. Le
rapport de la délégation est celui mentionné dans le hadith du prophète, prière et salut
d'Allah sur lui : «Le Sultan est l'ombre d'Allah sur terre». Ce qui signifie qu'il agit à la place
du Très-Haut, gloire à lui, pour gratifier ou punir les gens, dans le but d'assurer la réforme
sur le globe terrestre, selon les différentes spécificités de ses habitants. Lorsqu’Allah dit :
«Je vais établir sur la terre un successeur <Khalifa>«(Sourate Al Bakarah, la vache, verset
30), cela signifie une descente de délégation.
Quant à la descente de la miséricorde et de la largesse, on la retrouve par exemple dans ce qui a été
rapporté sur la pierre noire. Celui qui l'embrasse est comme celui qui embrasse la main du Vrai, le
glorieux, le Très-Haut. Ce qui veut dire qu'il va être immergé dans la mer de la miséricorde et de la
largesse. Notre hadith qui dit : «Notre seigneur descend chaque nuit dans le ciel d'ici-bas, etc.» traite ce
type de descente : une descente de miséricorde et de largesse.
On trouve justement vers la fin de ce hadith : «Qui M'invoque, afin que je l'exauce? Qui implore Mon
pardon afin que Je le lui accorde ? Qui veut se repentir afin que j'accepte son repentir ? Qui Me
demande afin de lui accorder sa demande?» . C'est aussi le cas de la maison sacrée qu'il a rendu
spécifique à Lui, c'est-à-dire Allah descend à cette maison par sa miséricorde et par sa largesse afin
qu'elle soit un refuge pour les pèlerins. Celui qui accède à la maison sacrée et tourne autour de la Kaâba,
aura droit à Sa satisfaction et à Sa grâce. Allah a habillé la Kaâba par les habits de Sa sublimité et de Sa
solennité. Celui qui la regarde s'humilie et se soumet à elle, à cause de ce qu'elle porte comme habits de
sublimité et de solennité. Allah l'a vêtue également par les habits de Sa miséricorde et de Sa largesse.
Dans le prédicat, il a été rapporté en effet, que cent vingt miséricordes descendent chaque jour sur la
Kaâba.
Soixante miséricordes sont destinées à ceux qui tournent autour de la Kaâba, quarante sont
destinées à ceux qui font la prière et vingt pour ceux qui la regardent. Allah a vêtu la Kaâba également
par des habits de persécution et de colère. La punition de celui qui lui veut du mal lui sera ou bien
attribuée dans ce monde d'ici-bas, ou bien attribuée comme grand supplice et persécution douloureuse
illimitée dans le monde de l'au-delà. Voilà les descentes d'Allah sur la maison sacrée.

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Le premier regard d'Allah, le Très-Haut, dirigé sur la terre, avant même sa confection, s'est porté sur
la localité de la Kaâba et sur l'endroit où sera placée la tombe du prophète, prière et salut d'Allah sur lui.
Ce regard signifie un regard additionnel et non pas l'attribut lui-même. Rien ne devance en effet
l'attribut lui-même. Allah regarde toute chose dans l'éternité avant même sa création, il la regarde de la
même manière qu'après sa création, sans différence. Ceci fait l'objet de controverse surtout de la part
des théologiens scolastiques qui disent que l'ouïe et la vue ne s'attachent qu'aux êtres qui existent, et
non pas à ceux qui n'existent pas encore.
Quant à la signification de ce regard additionnel d'Allah, le Très-Haut, porté sur ce monde : il s'agit
d'un regard par l'œil de la miséricorde, de la sublimité, de la solennité et de l'amour. Les choses
diffèrent par rapport à ce regard ; leurs catégories sont différentes. Il a été rapporté d'après Mohamed
Ben Ali Ben Abi Taleb, satisfaction d'Allah sur lui:
Allah regarde ses créatures, chaque jour, trois cent soixante fois. Ces regards sont tous additionnels,
ils traduisent les dons qu'Allah fournit (à ses serviteurs) et les débordements qu'il leur accorde à partir
des coffres de Sa largesse. Cela a été appelé "Regard" dans un sens figuré. L'endroit de la terre, regardé
par Allah, le Très-Haut, était la tombe du prophète, où est enterré son noble corps, ainsi que la Kaâba
honorée. Voilà où s'est porté le regard d'Allah sur terre.
De même, l'homme parfait est spécifié par le regard d'Allah, le Très-Haut, par rapport à tout le
monde, à son époque. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est également spécifié par le regard
d'Allah, le Très-Haut, par rapport à tout l'univers, depuis la prééternité jusqu'à l'éternité.
Quant à Sa descente par la colère et la persécution, qu'Allah nous en protège: elle nous rappelle le
verset coranique suivant «Et ils pensaient qu'en vérité leurs forteresses les défendraient contre Allah»
(Sourate Al Hashr, l'exode, verset 2). Or, il est connu qu'Allah ne leur a envoyé que son prophète, prière
et salut d'Allah sur lui, et ses compagnons.
Quant à la descente d'association, qu'on retrouve par exemple dans le verset coranique suivant : «Et
que ton Seigneur viendra ainsi que les Anges, rang par rang» (Sourate Al Fajre, l'aube, verset 22), elle
signifie qu'à cette station par exemple, Allah montrera sa miséricorde et sa largesse à un groupe de
personnes. Il montrera en même temps et au même endroit, sa colère et sa persécution à un autre
groupe. Voilà la descente d'association. Dans la Thora il a été dit : "Allah est venu du mont Sinai. Il a
resplendi de Saghine. Et il a été annoncé à Baran".
Le mont Sinai est l'endroit de la révélation (descente) de la Thora, avec tout ce qu'elle contient
comme règles divines et lois religieuses. Saghine est l'endroit de la révélation de l'évangile, avec tout ce
qu'il contient comme règles divines et lois religieuses. Baran est le nom des montagnes de la Mecque.
C'est l'endroit de la révélation du coran, avec ce qu'Allah y a fait apparaître comme règles divines et lois
religieuses.
L'expression utilisée ici est l'arrivée du Vrai, gloire à lui et son apparition. Voilà la descente
d'association. Chacune de ces trois lois religieuses parle en fait de la descente de la miséricorde et de la
largesse sur des groupes de gens et de la descente de la colère et de la persécution sur d'autres
groupes.
Le hadith qodssi suivant est un autre exemple de cette descente d'association : Allah dit : «Ni ma
terre ni mon ciel ne m'ont suffi. Par contre, le cœur de mon serviteur croyant m'a suffi». Allah est
descendu en effet, au cœur du croyant, par Sa manifestation avec tous ses attributs et ses noms, relatifs
à la solennité, à la beauté et à la perfection (où la solennité et la beauté sont associées). Il s'est
manifesté ainsi à Son serviteur de par Sa largesse, Sa miséricorde et Sa générosité. Cela est spécifique à
l'être humain c'est-à-dire au gnostique uniquement.
Allah ne s'est manifesté en chacune des particules du monde que par un seul nom, pour chaque
atome, sauf pour l'être humain parfait. Deux particules ne peuvent jamais avoir un seul nom. Allah ne
s'est jamais manifesté par deux noms dans une seule particule. En d'autres termes, Allah ne se
manifeste guère par un seul nom dans deux réalités, ni par deux noms dans une seule réalité, sauf pour
l'être humain. Voilà la signification du hadith.

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Quant à la descente du Vrai, gloire à lui, on distingue deux descentes: la première est la descente à
l'univers. La deuxième est la descente d'approvisionnement. La première descente concerne sa
descente de l'aspect de l'unicité à celui de l'image de la divinité. Dans le hadith qodssi, Allah a dit :
«j’étais un trésor inconnu. J'ai aimé être connu. J'ai alors créé une créature à laquelle j'ai "injecté" ma
connaissance. C'est donc par moi qu'on m'a connu».
Sa première existence, gloire à lui, c'est-à-dire Son Entité pure, ne permet aucune apparition de
l'autre ni de l'autrui. Cela est dû à son intense jalousie, gloire à lui, et à l'influence de sa puissance et à la
crainte révérencielle qu'inspire sa solennité. Dans cet aspect, Il est qualifié de la hauteur parfaite, de la
grandeur, de la sublimité complète, ainsi que de la puissance globale dont la réalité et le fond ne
peuvent être connus.
Toute personne qui essaie de connaître son seigneur du point de vue de ce rang perd son temps et sa
vie. Elle ne pourra qu'être déçue et privée. Ce rang est en effet celui de l’essence du Vrai. Personne
d'autre qu'Allah ne peut le connaître. Ce rang qui est l'essence du Vrai s'appelle la présence de
l'effacement des traces, de l'aveuglement substantiel, et du grand ésotérique, dont la réalité ne peut en
aucun cas être connue.
Tout ce que cette présence comprend comme attributs sublimes : hauteur, grandeur, sublimité,
solennité, générosité, gloire, ainsi que tout attribut rassembleur : tous ces attributs sont ceux de l'Entité
pure dont la moindre odeur et le moindre goût sont interdits aux pensées et aux intellects.
Du point de vue de ce rang, on dit : "Personne ne sait comment il (Allah) est sauf lui-même”. Si une
infime partie de n'importe quel attribut susmentionné de l'Entité pure se dévoile à l'univers, celui-ci sera
aussitôt brûlé et réduit à néant. Ces attributs sont au-dessus de la conception et de la compréhension.
Aucun être ne peut supporter la connaissance d'Allah en ce rang.
Ensuite, Allah, le Très-Haut, est descendu de la présence de Sa hauteur à la présence de Son
élévation, et de la présence de sa grandeur à la présence de Sa supériorité. Là, la créature pourra le
connaître, parce que la supériorité et l'élévation sont deux anciens attributs, dont la connaissance
dépend de l'existence de la créature, et ce bien qu'ils soient deux attributs de l'Entité. Allah a fait donc
apparaître une créature, à laquelle il est supérieur. Il l’a affectée d’attributs par rapport auxquels il est
plus élevé.
C’est ce rang qui a permis à la créature d’exister. Il ne faut pas dire que cette descente est
contingente. Elle est plutôt ancienne et c'est un attribut de l'Entité. Mais l'existence de la créature du
point de vue de ce rang auquel le Vrai est descendu, est une chose exigée par la perfection de l'Entité
suprême. Les attributs "la supériorité" et "l'élévation" sont deux attributs issus des perfections de
l'Entité suprême.
Si l'Entité, du point de vue du rang de l'essence, exige (comme on l’a déjà expliqué auparavant)
l'absence de l'autre et de l'autrui à cause de la sublimité de la puissance et de la hauteur, il en est de
même pour l'Entité du point de vue de ce rang. Elle exige l'existence de la créature, parce que
l'existence de la créature du point de vue de ce rang fait partie des perfections de l'Entité. Sans
l'existence de la créature, la supériorité d'Allah et son élévation ne seront pas connues, car il faut créer
quelqu’un par rapport auquel Allah sera supérieur et plus élevé.
Le premier rang est celui du grand ésotérisme du Vrai. Le deuxième rang est celui de la présence de
l'élévation et de la supériorité. C'est la présence de l'apparition du Vrai à l'autrui. Il s'agit là de ce qui a
exigé l'existence de la créature. C'est le rang de la descente à l'univers. C'est ce qui est insinué lors du
passage suivant du hadith qodssi : «j'ai aimé être connu. J'ai alors créé une créature à laquelle j'ai
"injecté" ma connaissance. C'est donc par moi qu'on m'a connu».
Voilà le rang de la descente à l'existence de l'univers. Le premier rang où il n'y a ni autre ni autrui,
s'est traduit quant à lui par la première phrase du hadith qodssi : "J'étais un trésor inconnu". C'est-
à-dire : ici personne ne me connaît à part Moi-même. Il n'y a pas d'autrui ici. En revanche, la descente
que nous venons de traiter a exigé l'existence de la créature, d’une manière générale et particulière,
d'une manière globale et détaillée, depuis le début de l'existence du monde jusqu'à l'éternité. C'est le

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rang de l'existence des entités. C'est-à-dire celles des créatures existantes, damnées ou heureuses,
privilégiées par la miséricorde ou châtiées.
La deuxième descente est Sa descente par le débordement de la miséricorde divine. Cette
miséricorde s'appelle le souffle du tout miséricordieux. Elle s'adapte aux intérêts des gens, à leurs
concupiscences, goûts et joies d'une manière absolue. Voilà la descente par la miséricorde qui a
embrassé toute chose. Tout ce qui existe dans l'univers bénéficie de cette miséricorde, qu'il soit
mécréant ou croyant. Cette deuxième descente ainsi que la première sont toutes les deux groupées
dans la réalité Mohammadienne.
Elle est en effet la première existence qu'Allah a créée à partir de la présence de l'aveuglement.
Allah, le glorieux, le Très-Haut, l'a fait exister, de manière à ce qu'elle regroupe toutes les entités de
l'univers, depuis la prééternité à l'éternité. Tout l'univers en est donc une descendance. Si l'existence
d'Adam, prière et salut d'Allah sur lui, regroupe celle de sa descendance jusqu'au jour de la fin du
monde. Il n'y a pas un être humain, dans l'univers, qui ne fasse pas partie de la descendance d'Adam. De
même, il n'y a pas un atome dans l'univers, depuis la prééternité jusqu'à l'éternité, qui ne fasse pas
partie de la descendance de cette réalité Mohammadienne.
C'est lui (Sidna Mohamed) le premier père de tout l'univers. Voilà ce qu'est la première descente,
c'est-à-dire la descente à l'existence des entités. Quant à la deuxième descente, qui est le débordement
de la miséricorde divine exigée par le souffle du tout miséricordieux, elle est groupée également dans la
réalité Mohammadienne. Il n'y a pas dans l'univers, la moindre miséricorde générale ou particulière, qui
monte ou qui descend, sans qu'elle fasse partie des gouttelettes de l'afflux de la mer de la réalité
Mohammadienne.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est la cause de l'approvisionnement de la créature en
miséricorde divine, comme il a été la cause de son existence.
La première descente qui est celle de l'existence des entités est signalée dans le verset coranique
suivant : «Dis: Si le Tout Miséricordieux avait un enfant, alors je serais le premier à l'adorer» (Sourate
Zoukhrouf, l'ornement, verset 81). Le prophète est le premier être existant qui a adoré Allah, puisqu'il
n'est devancé, dans la création, par personne. La deuxième descente, c'est-à-dire le souffle du tout
miséricordieux, est signalée quant à elle, dans le verset coranique suivant : «Et Nous ne t'avons envoyé
qu'en miséricorde pour l'univers» (Sourate Al Anbya'â, Les prophètes, verset 107). Fin de citation.
Quant au rang de l'unicité, c'est le rang de l'essence du Vrai. C'est l'Entité pure à laquelle personne
ne peut accéder. On l'appelle : présence de l'effacement des traces, ou aveuglement substantiel. Cette
présence a été mentionnée par le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, qui a dit dans son hadith,
lorsque quelqu'un l'a interrogé : où était notre seigneur avant qu'il ne crée la créature ? Il a répondu : Il
était dans un voile (aveuglement). Il n'y avait pas d'espace ni au-dessus ni au-dessous de lui.
Cet aveuglement est le summum de l'ésotérisme du Vrai. Personne ne peut y trouver sa réalité. Le
verset coranique suivant sous-entend cet aveuglement : «Ils ne Le cernent pas de leur science»
(Sourate Taha, verset 110). C'est le rang de l'ésotérisme du Vrai, c'est le grand ésotérisme.
Quant à la présence de l'élévation et de la supériorité. C'est le rang de l'apparition du Vrai à autrui. Si
vous vous interrogez sur la réalité de l'unicité, sachez que c'est le rang de l'apparition du Vrai par le rang
de Sa singularité dans l'univers, où il n'y a aucune autre existence à part lui. La différence entre l'unicité
et l'Entité pure, est que dans l'Entité pure il n'y a pas de distinction entre l'unicité et la pluralité.
Tous les rapports et leurs traces y sont effacés. On ne peut donc pas spécifier chez l'Entité pure un
rapport par rapport à un autre. C'est le summum de l'ésotérisme. C'est l'aveuglement, comme on l'a
déjà précisé auparavant. L'unicité qui est similaire à l'Entité pure, comprend, par contre, l'apparition du
rapport "unicité/pluralité et autrui". C'est le rang de l'apparition du Vrai, le glorieux, le Très-Haut.
Quant à l'union, c'est Sa manifestation par la perfection de Son Entité à la réalité Mohammadienne.
C'est également une Entité pure, par laquelle Allah s'est manifesté à la réalité Mohammadienne. C'est
Sa manifestation par Son Entité d'après Son Entité pour autrui dans autrui. Voilà le rang de l'union.

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Quant au rang de la divinité unique, c’est Sa manifestation par la perfection de ses attributs et de
ses noms dans l'aspect apparent de Son Entité. C'est ce qui est exprimé par le terme "Présence du
Lahout". C'est la réalité Adamienne (relative aux êtres humains). La différence entre les quatre rangs est
la suivante :
• L'Entité pure (Addate) est Sa manifestation par Son Entité dans Son Entité pour Son Entité
d'après Son Entité, avec effacement des rapports. Il n'y a ni unicité, ni pluralité, ni attribut,
ni nom. Elle est dénuée des rapports et des additifs.
• Quant à l'unicité (Ahadiya), c'est Sa manifestation par Son Entité dans Son Entité pour Son
Entité d'après Son Entité, mais avec apparition du rapport de l'unicité, et effacement de
tous les autres rapports : noms, attributs, pluralité et autrui. Le premier rang est celui de
l'ésotérisme du Vrai. Quant à celui-ci (l'unicité) c'est le rang de l'apparition du Vrai.
• Quant à l'Union (Wahda), c'est Sa manifestation par Son Entité d'après Son Entité dans la
réalité Mohammadienne. Cette réalité le voit dans son entité Mohammadienne. Donc il
s'agit de Sa manifestation pour autrui dans autrui.
• Quant à la divinité unique (Wahidiya), c'est Sa manifestation par Ses noms et attributs dans
autrui pour autrui. C'est la réalité Adamienne (relative aux êtres humains). Voilà donc la
différence entre les quatre rangs. Qu'Allah nous accorde succès.
La réalité de l'Entité pure signifie : la pure, la fine, la purifiée de toute tâche. Son exemple, «Tandis
qu'à Allah [Seul] est le qualificatif suprême» (Sourate An Nahl, les abeilles, verset 60), c'est l'exemple
du soleil pendant la nuit, où il est perdu de vue et où les étoiles apparaissent. Quand le soleil se lève, les
étoiles s'effacent toutes, en sa présence. Cet effacement ne veut pas dire qu'elles n'existent pas. Mais
elles se sont effacées par rapport au soleil.
Il en est de même pour les noms et les attributs divins. Ils existent, mais on ne les voit pas.
Cependant ils sont concevables par tout être doté de raison. Ceci est valable tant que l'Entité est voilée.
Une fois l'Entité suprême surgit, les rapports des noms et des attributs s'effaceront pour celui qui la
regarde, même s'ils existent. Il n'y aura donc plus de noms ni d'attributs. Voilà l'existence absolue, et le
caractère ésotérique où rien ne peut être vu de l'Entité. Qu'Allah nous accorde succès. Dans ce sens, El
Jili, satisfaction d'Allah sur lui, a dit:
Derrière le nom et l’attribut, Allah dispose d’une allure, sur laquelle, cherchent à se fixer, les yeux
des créatures.
Dieu n’est vu que par lui-même.
C’est une règle concrète, dans la réalité suprême,
mais ne dis pas que cette affaire est loin de nous,
c’est tout près de celui qui a un lien avec le Vrai, celui qui tient compte de tout.
Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, à partir de sa mémoire et de ses propres mots.
Puis il a dit, satisfaction d'Allah sur lui : l'ensemble de tous les rangs, ce sont les cinq présences :
• La première présence est celle du monde "Nassout". C'est le rang de l'existence des corps
denses.
• La deuxième présence : c'est le rang du monde "Malakout". Il s'agit du rang du
débordement des lumières pures. Cette présence se trouve entre le premier ciel et le
septième ciel. C'est le monde des homologues qui est le monde des esprits et des astres.
• La troisième présence est celle du monde "Jabarout". Elle se trouve entre le septième ciel et
le siège. Il s'agit de la présence du débordement des secrets divins. C'est le monde des
esprits dépouillés, et c'est le monde des anges.
• La quatrième présence est celle du monde "Lahoute". C'est la présence de l'apparition des
noms d'Allah le Très-Haut, et de ses attributs avec tout ce qu'ils comprennent comme
secrets, lumières, afflux et manifestations.
• La cinquième présence est celle du monde "Hahoute". C'est la présence de l'ésotérique et
de l'aveuglement où rien ne peut être vu, c'est ce qui caractérise l'Entité suprême. Nul ne
peut espérer l'accession à ce rang. On ne peut que s'y attacher uniquement. Fin.

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La nomenclature des rangs par rapport à la descente est comme suit:
• Le premier rang est celui de l'Entité pure.
• Le second est celui de l'unicité.
• Le troisième est celui de l'union.
• Le quatrième est celui de la divinité unique.
• Le cinquième est celui des esprits.
• Le sixième est celui des homologues1.
• Le septième est celui du sens.
Chacun de ces rangs a plusieurs noms :
• Le premier s'appelle : l'Entité pure, l'essence du Vrai, la présence de l'effacement des traces,
l'aveuglement (où rien ne peut être vu) lié à l'Entité ; le grand ésotérique.
• Le 2ème s'appelle : l'unicité, l'ancienneté la plus ancienne, unicité absolue, unicité singulière,
le renfermé du renfermé, unicité pure, existence pure, le Vrai du Vrai, Entité pure sans
aucune tâche, existence pure sans aucune tâche, le néant du néant, Entité purifiée de toute
chose, Entité sans pluralité, ésotérisme de l'ésotérisme, Entité pure, existence absolue,
"dont le qualificatif est ignoré", Entité de l'identité, Entité absolue, source du camphre,
Entité unique, "dont les affaires sont dépouillées”, éternité de l'éternité,
non-détermination, perpétuité des perpétuités, premier sans fin, Lahoute, dernier sans fin,
mystère de l'inconnaissable (mystère du mystère), mystère inviolable, niche de
l'inconnaissable.
• Le 3ème s'appelle : rang de l'union, nom suprême, réalité Mohammadienne, mère de l'afflux,
la plume la plus élevée, le grand isthme, l'écriture primordiale, le trésor des trésors, le
monde du Jabarout, le trésor des attributs, monde absolu, existant brut, existant premier,
union pure, unicité du groupement, la perle blanche, la vérité des vérités, l'isthme des
isthmes, la première créature, l'esprit suprême, le père des esprits, le fils aîné, le premier
lui-même, la première vivacité, le premier ombre, le premier intellect, le premier début, la
première apparition, le monde des symboles, le monde de l'union, le monde des attributs.
• Le 4ème s'appelle : rang de la divinité unique, présence de la divinité, présence du
groupement, présence seigneuriale, projection de l'existence, existant abondant, "dont
l'existence est apparente", l'ombre de l'union, l'unicité de la pluralité, l'ombre étendue, le
monde des noms, les images des noms divins, les quiddités, les noms des attributs, l'origine
des pluralités, la première détermination, le deuxième début, la deuxième vivacité, la sainte
demeure, le moment présent éternel, aptitude à apparaître, le souffle2 du tout
miséricordieux, les noms du deuxième début, la limite de la connaissance, la limite des
gnostiques, la limite des adorateurs, la vérité de la certitude, la science de la certitude, l'œil
de la certitude.
• Le 5ème s'appelle: rang des esprits, la première détermination, le monde de l'ordre, les âmes
dépouillées, le monde de l'ésotérisme, la réalité de l'être humain, les deux portées d'arc,
l'élément des esprits, le trésor des esprits, le groupement des esprits, le monde des
significations, le monde du malakoute, le monde des raisons, le retour des esprits, la station
des esprits, le rang des esprits.
• Le 6ème s'appelle : rang de l'homologue, la quatrième détermination, l'univers rassembleur,
l'origine de la lumière, le rang de l'imagination, le dissocié, les composantes naturelles, le
possesseur des paradis, l'intérieur du royaume, la présence des noms, l'intellect total, le
souffle total, la nature totale, la forme totale, la matière originelle totale, le corps total.

1 -Parmi les caractéristiques de ce monde des homologues, on peut citer le fait que c’est un monde où les saints trouvent des
entités substituant à leurs propres entités. C’est pour cela qu’on entend parler d’un saint qui était au même temps dans
deux ou trois endroits différents. En fait, il a puisé ces entités du monde des homologues.
2 - Il a été noté dans la marge du manuscrit (écrit par l'auteur lui-même sidi haj Ali harazem) : ce souffle ne peut en aucun cas
être expliqué. Il est compris uniquement par les gnostiques qui l'ont goûté. C'est un afflux parmi les afflux d'Allah. Seul celui
qui l'a goûté peut le connaître.

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• Le 7ème s'appelle: le rang du sens, le monde du sens, le monde des corps, les composantes
denses, le monde de ce qui est manifeste, le monde de la royauté, le monde des créatures,
la détermination, le rang de l'être humain, le rang rassembleur. Fin. (À partir du livre de
l'érudit Chennaoui expliquant les cinq perles).
Ensuite, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : l'âme, l'œil, l'entité, la réalité, l'essence et
l'aquosité sont tous des synonymes pour une même appellation, c'est-à-dire pour l'Entité. Le dire de
Jésus, prière et salut d'Allah sur lui, en témoigne : «Tu sais ce qu'il y a en moi, et je ne sais pas ce qu'il y
a en Toi» (Sourate Al Ma'ida, la table servie, verset 116) ; il veut dire l'Entité.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui
: "Mes yeux s'endorment, mais mon cœur ne dort pas". Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en
disant : sachez que les sens des humains sont habitués à courir pendant le sommeil. Le cœur du
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, quant à lui, il reste plongé dans l'observation de la sainte
présence, en surveillant ce qui émerge d'elle comme afflux, manifestations, états, connaissances et
manifestations des noms et des attributs.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, assure en permanence la bienséance, la glorification et la
solennité qu'exige cette Sainte présence ainsi que ce qu'elle mérite comme tâches et servitude. Il
persévère dans ce sens en état d'éveil sans s'arrêter le moindre instant. Il ne s'occupe jamais d'autre
chose même le moindre instant. Il y persévère également de la même manière pendant son sommeil. Il
n'y a pas de différence dans cette constance entre son éveil et son sommeil.
Quant à son sommeil, prière et salut d'Allah sur lui, il ne dépasse pas ses sens humains. Il n'atteint
donc pas son cœur ; ce qui ne risquera pas de le rendre inattentif à l'égard de la contemplation de la
présence divine, contrairement aux êtres humains en général. Mais cette caractéristique ne lui est pas
spécifique, elle qualifie tous les prophètes, prière et salut d'Allah sur eux. Fin de la dictée du cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui.
Le cheikh nous a dicté également ce qui suit : le nombre des voiles placés au-dessus du trône est de
soixante-dix voiles. Entre deux voiles successifs, il y a soixante-dix mille ans. L'épaisseur de chaque voile
est de soixante-dix mille ans. Au-dessus de tout cela, il y a le monde appelé "arraqqa". C'est un monde
rempli de créatures, c'est-à-dire d'anges. Tous ces voiles sont remplis également d'anges honorés, salut
d'Allah sur eux.
Chacun des voiles est un monde. Derrière tous ces voiles, il y a le collier vert. C'est la fin des mondes
des créatures. Derrière ce collier vert, il n'y a ni vide ni espace rempli. Allah est seul, rien n'existe avec
lui. C'est la signification du hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, lors de son voyage
nocturne : "Lorsque j'ai vu mon seigneur, je n'ai vu personne de sa créature. J'ai même cru que tous les
habitants des deux et de la terre étaient tous morts". Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur
lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui:
"Son voile est la lumière, s'il l'enlève, la splendeur de Sa face brûlera tous ceux dont la vue L'atteindra
parmi Sa créature". Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : si les créatures regardaient Allah,
le tout puissant, le solennel, sans voile, et si leurs vues parvenaient à le voir, alors elles seraient toutes
brûlées par la splendeur de Sa face. Ces créatures qui l'ont regardé sans voile seront réduites à néant en
moins d'un clin d'œil. Elles vont retourner ainsi à leur première néantisation.
Son dire "tous ceux dont la vue L'atteindra parmi Sa créature" : "Tous" ici englobe toute la créature.
"L'atteindra" : c'est-à- dire atteindra Allah, le Très-Haut. Et le sujet de ce verbe atteindre c'est la vue de
la créature.
Son dire "Son voile est la lumière" ; il s'agit de deux lumières empêchant les créatures de voir Allah,
le Vrai. Le premier voile est la réalité Mohammadienne. C'est le grand isthme entre Allah et Sa créature.
Le deuxième voile est l'habit de la grandeur couvrant Son visage (Sa face), gloire à lui, le Très-Haut. Il est
impossible de percer ce voile.

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Le cheikh Moulay Abdessalam Ben Mechich, satisfaction d'Allah sur lui, a dit dans sa prière : "Et Ton
voile le plus important, se tenant debout pour Toi, entre Tes mains". Il a insinué ainsi par le voile la
réalité Mohammadienne. Ce voile a été dressé afin de permettre le bénéfice et non pas pour l'interdire.
Sans ce voile, aucune créature n'aurait pu tirer le moindre bénéfice de son seigneur. En effet, si leurs
vues atteignent la splendeur de Sa face, elles seront brûlées aussitôt. Ces créatures n'auront donc
aucune existence, comment pourra-t-on alors parler du bénéfice ! Le bénéfice vient après l'existence.
Allah a donc dressé un filtre (un voile) entre Ses mains, afin de permettre aux êtres créés de bénéficier
d'abord de la matière de leur existence, de la maintenir ensuite, et de tirer profit enfin de la matière du
bénéfice, d'Allah, le Très-Haut. Tout bénéfice est tiré à partir d'Allah, d'une manière absolue. Le grand
filtre (voile) l'intercepte à partir d'Allah, grâce à la force divine qui lui est accordée. Ensuite, à partir de
ce filtre, le bénéfice est distribué en abondance au profit de tout l'univers. Sans ce filtre, personne
n'aurait pu bénéficier de quoi que ce soit d'Allah.
Voilà donc la signification du voile qui a été dressé pour assurer le bénéfice. Le prophète, prière et
salut d'Allah sur lui, a dit : "Je ne suis qu'un distributeur. C'est Allah le donneur". Il a montré ainsi, prière
et salut d'Allah sur lui, que les prélèvements divins des parts originelles ont été partagés selon la volonté
seigneuriale. Personne à part Allah ne peut y intervenir.
Ensuite, Allah, le glorieux, le Très-Haut, a délégué la tâche de cette distribution à son prophète,
prière et salut d'Allah sur lui. C'est à lui qu'incombe la tâche de distribuer ces parts détaillées selon la
volonté divine. On a dit que ces parts sont des prélèvements divins destinés à leurs propriétaires
d'origine. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, ne donne rien à personne sauf selon ce qui est
prescrit dans les prélèvements divins.
Il est donc clair pour vous que le don ne jaillit que du Vrai, dans son ensemble et dans ses détails. Il
est destiné à celui qui est voulu par Allah selon des parts bien détaillées. C'est du point de vue de sa
réalité Mohammadienne que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, le donne à ses propriétaires
selon leurs parts.
Voilà donc la signification du hadith "Je ne suis qu'un distributeur. C'est Allah le donneur". Le premier
filtre (voile) du Vrai est le voile de la grandeur. Il est impossible à percer. Le deuxième voile du Vrai est le
voile de la réalité Mohammadienne, qui existe entre Allah et l'univers. La réalité Mohammadienne,
quant à elle, elle est cachée derrière des voiles de lumières. Personne ne peut espérer l'atteindre en
traversant tous ces voiles. Les manifestations du Vrai se trouvent ainsi derrière le voile de la grandeur,
derrière le voile de la réalité Mohammadienne et derrière tous les voiles de lumières qui cachent cette
réalité Mohammadienne.
Quant à l'arrivée à Allah par la porte de son prophète, prière et salut d'Allah sur lui, étant donné qu'il
est considéré comme une porte donnant à l'arrivée à Allah, le Très-Haut, et que personne ne peut
espérer arriver à Allah sans passer par lui, prière et salut d'Allah sur lui. Cela signifie qu'il faut suivre sa
loi religieuse, suivre sa voie, prendre son éthique et sa bienséance comme exemples, tout en étant
sincère dans notre voie vers Allah, le Très-Haut, dans tout ce qui a été mentionné (éthique, bienséance),
etc.
C'est par cette mesure que le serviteur arrive à Allah, le Très- Haut. Sans cette mesure, il n'y a aucune
autre voie qui mène à Allah, le Très-Haut. Celui qui est arrivé à Allah, le Très-Haut, et souhaite obtenir la
levée absolue du voile, et arriver à Allah, purement et sans aucun voile, ou juste percer le voile et le
traverser, celui-ci doit savoir qu'il n'y a aucun moyen pour arriver à cet objectif. Cela est impossible,
personne ne peut espérer l'avoir. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Le cheikh nous a dicté, satisfaction d'Allah sur lui, ce qui suit : Abou El Abbes El Morsi a dit : personne
ne peut accéder à Allah sauf à travers deux portes : la porte du grand anéantissement qui est la mort
naturelle, et la porte de l'anéantissement que prétend ce groupe (c'est-à-dire les soufis, satisfaction
d'Allah sur eux).
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui:
"Il m'est agréable d'aimer trois choses de votre monde d'ici-bas". Il a répondu, satisfaction d'Allah sur
lui, en disant : quant à son amour envers les femmes et envers le parfum, évoqué dans ce hadith

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authentique, cela signifie que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, dispose d'une humanité comme
nous.
Sachez que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, dispose d'une humanité comme les autres
prophètes et messagers. Mais cette humanité est protégée contre toute infraction des verdicts divins.
Elle est pourtant libérée dans tout ce qui est permis comme la copulation, la nourriture et la boisson. Il
ne faut donc pas comprendre que cette humanité est dépourvue de tout ce qui peut s'y attacher.
Si cela était le cas, il n'y aurait pas de descendance à partir du corps d'Adam, prière et salut d'Allah
sur lui. Il n'y aura même pas Ève qui est sortie du corps d'Adam. Il n'y aura donc pas l'édification des
deux demeures qui est l'objectif d'Allah de ce monde.
Par ailleurs, sachez que chaque gnostique dispose de deux amours différents : un amour qui se
trouve dans son esprit et qui est attaché à l'Entité pure. L'origine de cet amour est la contemplation de
la beauté. Il arrache tout autre aspect d'amour depuis ses racines. Le prophète, prière et salut d'Allah
sur lui, l'a signalé dans son hadith : O, Allah! Fais que ton amour me soit plus cher que ma propre
personne, que ma famille, et que l'eau fraîche.
Voilà l'amour qui se situe dans l'esprit. Le deuxième type d'amour est l'amour lié au caractère
humain. Ce dernier type a été également signalé par le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, dans son
hadith: "Il m'est agréable d'aimer trois choses de votre monde d'ici-bas", etc. Cet amour n'est pas en
contradiction avec le premier et ne présente aucune défaillance. Il est en effet intrinsèque à l'espèce
humaine.
Allah l'a accordé aux messagers afin qu'ils soient intégrés avec les gens, et pour qu'ils exécutent les
verdicts divins, transmettent le message, et pour qu'ils se reproduisent édifiant ainsi les deux demeures.
Voilà la perfection divine elle-même. Si le messager, prière et salut d'Allah sur lui, ne disposait que du
premier amour (celui de l'esprit), tout en étant dépourvu du second lié à son caractère humain, alors les
verdicts divins seraient vains, ainsi que la mission de la transmission du message divin, la reproduction
et l'édification des deux demeures. Celui qui ne détient que le premier type d'amour ne se détourne en
effet jamais d'Allah et n’accorde aucune importance à quiconque, à part Allah.
Le cas des anges supérieurs en témoigne. Ils se sont plongés dans l'amour de Son Entité. Ils ne
cessent d'errer dans la beauté d'Allah et dans Sa solennité. Ils sont ivres et ne se réveillent pas de leur
amour. Et puisqu'ils ne détiennent pas le second type d'amour, ils n'ont connu ni Adam ni Iblis. Ils n'ont
même pas été appelés à se prosterner devant Adam. Et ils n'assistent pas à l'acte d'allégeance du pôle.
Tout ça parce qu'ils sont absents vis-à-vis de toute familiarisation en dehors d'Allah, le Très-Haut. Si
les messagers étaient comme ça, leur mission serait alors vaine à cause de l'absence de la familiarisation
avec tout ce qui est autre qu'Allah. Lorsqu'Allah a voulu exécuter ce qui était préétabli dans Son savoir,
et a voulu envoyer des messagers à Sa créature, il a donc placé en eux cet amour lié à leur humanité afin
de se familiariser avec un autre que lui. La volonté d'Allah sera ainsi réalisée parfaitement dans tout ce
qui est transmission de Son message, ancrage des verdicts divins, exécution et respect des droits liés à la
responsabilisation, apparition de la reproduction et perfection de l'édification des deux demeures.
Voilà le summum de la perfection. Les messagers disposent de cet amour humain, sans qu'il cause la
moindre déficience dans leur amour pour l'Entité d'Allah le Très-Haut par rapport aux anges supérieurs.
Au contraire, ils leur sont similaires dans l'amour de l'Entité, et ils sont plus complets grâce à l'amour
humain dont ils disposent. Les deux types d'amour qu'Allah a octroyés aux prophètes, c'est-à-dire
l'amour humain (pour les humains) et l'amour originel (leur connaissance d'Allah), ne s'opposent pas et
aucun d'eux n'élimine l'autre. Et c'est pourquoi la souveraineté (par délégation) a été accordée au
prophète prière et salut d'Allah sur lui. Elle lui a été accordée grâce à sa familiarisation avec les mondes
et à son amour humain.
Voilà la signification du nom "Mohamed" (le loué) ; tous les mondes le louent grâce à ce qu'il leur a
donné en abondance à partir de la présence divine. Quant à son nom "Ahmed" (celui qui a loué le plus)
il lui est attribué du point de vue de l'amour originel, parce que dans cette présence, personne ne lui est
associé. C'est lui qui a loué le plus Allah dans cette station par rapport à tous ceux qui l'ont loué. Et ce
grâce à sa connaissance élevée d'Allah le Très-Haut. Personne ne peut espérer atteindre son savoir. Cela

-328-
vous informe ainsi sur ses deux présences, prière et salut d'Allah sur lui, la présence Mohammadienne
et la présence Ahmadienne.
Puis il a dit, satisfaction d'Allah sur lui : la souveraineté (par délégation) de l'être humain sur les
mondes ne peut être effective que s'il existe un rapport entre lui et entre chacune des particules du
monde. La part des bestioles qui existe en lui concerne la nourriture, la boisson et la copulation. La part
des anges qui existe en lui concerne sa passion pour la Sainte présence et la perfection de son amour
pour la solennité d'Allah et pour Sa beauté.
Son occupation par la Sainte présence, c'est-à-dire par ce qui occupe les anges, ne l'empêche pas
d'exécuter les droits de la présence animale en matière de nourriture, boisson, copulation et autres
alternances humaines. De même, cette présence animale ne l'occupe pas au détriment de sa passion
pour la présence divine et de sa soif auprès d'elle.
Tout ce qui est issu des deux présences fait en effet partie des aspects des perfections divines. Le
blâme est plutôt adressé à celui qui ne s'attache qu'à la présence animale, et qui s'est occupé d'elle au
détriment de la présence divine.
Quant à celui qui donne le droit à tout ayant droit, celui-là est au summum de la perfection.
Par ailleurs, et concernant ce que vous avez entendu à propos de la présence animale, cela on ne
l'attribue pas au parfait, prière et salut d'Allah sur lui. On ne dit pas qu'il a un attribut animal. On dit
plutôt que l'être humain, d'une manière absolue, dispose en lui d'une part de la présence divine, ce qui
présente en lui une part liée à la fois aux bestioles et à toutes les autres créatures existantes. Ceci est
donc attribué à l'être humain, d'une manière absolue, compte tenu de sa perfection, puisqu'il reflète
toute la présence divine, et non pas compte tenu d'un blâme ou d'une condamnation. Fin de la dictée
du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la réalité de la vision (ou du rêve) évoquée dans le
hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui : "La vision pieuse (véridique) d'un homme vertueux
est, un quarante-sixième de la prophétie”. Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : sachez
que les choses vues par le rêveur sont des pensées qui parviennent à son cœur en cas de sommeil.
L'ange responsable du rêve confectionne une image qui s'adapte à cette pensée, selon ce que le
rêveur voit dans son imagination. Voilà sa réalité. Puis, dans ce rêve, l'ange confectionne des corps en
fonction de la force imaginative du rêveur qui dépend de la force de son cœur.
Si le cœur du rêveur est complètement dévoué à la présence divine, maîtrisant la pureté de la
certitude, l'ange va alors lui modeler des corps adaptés à ses pensées d'une manière proportionnelle
avec sa pureté. Il sera doté après d'un savoir émanant d'Allah, qui lui permettra d'interpréter, en éveil,
les images qu'il a vues en rêve.
Cette interprétation ne se trompe pas. C'est une sorte de levée certaine de voile. Allah peut
également l'informer dans son rêve de certaines choses qui relèvent de l'inconnaissable. Il ordonne ainsi
l'ange responsable du rêve de lui confectionner un corps en relation avec cette information.
Cela ne relève pas d'une pensée qui affecte le cœur. C'est plutôt une révélation divine, qui parvient à
l'esprit qui est arrivé à la Sainte présence. Elle donne l'information au rêveur sur l'image vue, sur son
homologue et sur ce qui est voulu d'elle. Le hadith suivant du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, en
témoigne : "Pendant que j'étais endormi, je vis à mes bras deux bracelets en or. Et comme j'ai eu un
sentiment de répugnance pour ces ornements, j'ai soufflé sur eux. À peine l'eus-je fait qu'ils
s'évaporèrent. L'un d'eux est tombé à El Yamama et l'autre au Yémen".
On lui a alors demandé d'interpréter ces deux bracelets. Il a dit, prière et salut d'Allah sur lui :
"J'interprétai ces deux bracelets comme représentant deux imposteurs qui paraîtront après moi". Le
rapport sur lequel l'interprétation a été basée est le suivant : l'or étant situé au plus important et au plus
haut rang des métaux, il convient alors à représenter le rang de la transmission du message divin chez
les humains.
Ce rang est le plus élevé de toutes les perfections humaines. Aucune perfection ne le dépasse.
Ensuite, les deux bracelets ont été joints à lui, posés dans ses bras. Ce qui représente le fait que ces deux

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menteurs vont apparaître pendant son époque, prière et salut d'Allah sur lui. Ils vont prétendre son rang
de prophétie. Quant à son dire dans le hadith : "deux imposteurs qui paraîtront après moi". Il a dit,
prière et salut d'Allah sur lui : "après moi", parce que sa mort était proche, et ils sont apparus
exactement pendant cette période. Donc c'est comme s'ils étaient sortis après lui.
De même, le terme "après moi" (cité dans le hadith), signifie après la fin de la transmission du
message divin et la fin de son époque. En effet, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a reçu les
condoléances sur sa propre personne, et a su la fin de l'époque de sa mission qui consiste à transmettre
le message divin, juste après la révélation de la sourate : «Lorsque vient le secours d'Allah ainsi que la
victoire» (Sourate Annasr, les secours, verset 1). C'est le verset suivant qui l'a informé de ceci : «Alors,
par la louange, célèbre la gloire de ton Seigneur et implore Son pardon. Car c'est Lui le grand
Accueillant au repentir» (Sourate Annasr, les secours, verset 3).
Effectivement, lors de la période de la transmission du message divin, de la progression à travers ses
états et ses verdicts, de la réforme de ses canaux, de la préparation de ses voies, de l'endurance à ce
que manifeste chaque créature selon son rang, et de la diffusion du verdict divin auprès de chaque rang
selon ce qui le caractérise. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a supporté cette fatigue et ce
fardeau par Allah et pour Allah.
Il est à noter que son esprit pur, était avant la mission de la transmission du message divin, dans un
délice sans pair, dans une pureté de temps, et dans une tranquillité de vie sans analogue. Et puis, Allah
l'a orienté vers les rangs des créatures afin de les éduquer, les guider et supporter leurs fardeaux,
malgré leur éloignement de la présence divine.
Mais lorsqu’Allah lui a dit «Lorsque vient le secours d'Allah ainsi que la victoire», c'est-à-dire la
victoire de la Mecque. «Et que tu vois les gens entrer en foule dans la religion d'Allah, alors, par la
louange, célèbre la gloire de ton Seigneur et implore Son pardon. Car c'est Lui le grand Accueillant au
repentir» (Sourate Ennasr, les secours, versets 1,2 et 3). Allah l'a ainsi informé, que le moment était
venu pour le ramener à son premier état. C'est-à-dire qu'il sera ramené à la Sainte présence, où il sera
seul avec le Vrai, Gloire à lui, et ne sera envoyé à nouveau à quiconque. Il jouira enfin du délice, comme
il a joui avant. En somme, une fois la période de la mission de la transmission du message divin est
terminée, et son objectif est atteint, la vie du prophète est considérée comme terminée, prière et salut
d'Allah sur lui.
C'est à ce moment, après la fin de la période de cette mission divine, que les deux bannis vont
apparaître. Le hadith est donc clair quand il dit: "qui paraîtront après moi". L'un de ces imposteurs fut
Musaylima d'AI-Yamâma qui a prétendu être messager d'Allah. L'autre fut Al assouad Al-Ansî du Yémen,
il a prétendu également être messager d'Allah.
Par ailleurs, et concernant le même sujet sur les rêves, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a
dit dans un hadith similaire: "Cette nuit, un homme vertueux a vu que Abou Bakr a succédé au
messager, prière et salut d'Allah sur lui, et que Omar a succédé à Abou Bakr, et que Othman a succédé à
Omar". Ce qui signifie leur succession à la tête du pays et à la souveraineté.
Dans le cas où la force imaginative du rêveur est faible au maximum, à cause de la faiblesse de son
cœur. Le cœur faible étant celui qui s'est habitué à la routine, qui s'est noyé dans la mer des instincts, et
qui s'est habitué à la distraction, au jeu et à l'occupation par la médisance et les activités commerciales.
Ce cœur est voilé vis- à-vis de la présence divine, il n’a aucune idée sur la lumière. L'ange lui
confectionne dans ce cas le rêve selon la valeur de ses pensées qui sont bien noyées dans la mer des
ténèbres.
C'est ainsi qu'en général son rêve n'est qu'un mensonge, auquel il ne faut prêter aucune attention.
Voilà donc le rang de l'âme qui est loin d'Allah. Entre celle-ci et celle qui l'a précédée, il y a beaucoup de
rangs. Chaque rang dispose d'un verdict qui lui est adapté. L'origine de tout rêve est issue ou bien du
monde des pensées, ou bien du monde de la révélation. La révélation ici, est tout à fait comme l'éveil de
l'esprit qui a atteint la pureté. Plus l'esprit s'éloigne de la pureté et de la limpidité, plus la révélation
s'éloigne profondément. Le monde du sommeil comprend à la fois le monde des pensées et le monde
de la révélation.

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Quant aux rêves de certains mécréants qui se concrétisent, ils sont en effet en faveur de certains
élus. C'est le cas du rêve de "Al- Aziz" qui est vrai, en faveur du prophète Youssef, prière et salut d'Allah
sur lui. C'est aussi le cas du rêve du palais de "Kissra" qui est vrai en faveur du prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, et en faveur de sa religion. Quant à l'interprétation du rêve, elle est interdite à quiconque
sauf à celui qui la connaît. Or, seuls les véridiques et ceux qui se rapprochent de leurs rangs spirituels
connaissent son interprétation. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : "Toutes les fois que quelqu'un m'adresse le salut
(alors que je suis dans ma tombe) Dieu me redonne mon âme pour que je le lui rende". Or, nous croyons
et nous devons croire que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est vivant dans sa tombe. Son noble
corps est le même corps qu'il avait dans ce monde ici-bas. Son noble esprit est en permanence dans la
Sainte présence, jusqu'à l'éternité.
La signification de sa vie dans sa tombe est la suivante : l'esprit pourvoit le corps qui existe dans la
tombe, par sa lumière qui est issue de la Sainte présence. Voilà la signification de la vie dans la tombe. Il
en est de même pour la vie des gnostiques. Quant à son dire, prière et salut d'Allah sur lui : «Dieu me
redonne mon âme» signifie que l'esprit qui se trouve dans la Sainte présence retourne à son noble
corps, afin qu'il rende le salut à celui qui l'a salué. Puis l'esprit retourne à son lieu de séjour, c'est-à-dire
à la Sainte présence. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Parmi les enseignements que le cheikh nous a dictés aussi : Il a été rapporté que le prophète, prière
et salut d'Allah sur lui, a dit : «Je ne sais pas si Uzayr est un prophète ou pas». Il l'a dit avant qu'il sache
qu’Uzayr était effectivement prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Il s'agit en effet, de l'homme qui a
été cité dans le verset : «Regarde donc ta nourriture et ta boisson: rien ne s'est gâté ; mais regarde ton
âne ...» (Sourate Al Bakarah, la vache, verset 259).
Il n'a trouvé aucune trace de son âne. Allah lui dit «Et regarde ces ossements, comment Nous les
assemblons et les revêtons de chair». C'est ainsi qu'Allah lui a ressuscité son âne immédiatement. Et
devant l'évidence, il a dit : «Je sais qu'Allah est Omnipotent» (Sourate Al Bakarah, la vache, verset 259).
Un jour, Uzayr s'est plaint auprès d'Allah, lorsqu'il a été prisonnier chez le roi "Bokhtou Nassar", il a dit :
O, Seigneur. Les israélites m'ont fait telle et telle chose. Il a cité de mauvaises choses que les
tempéraments détestent. Les israélites ont également détruit le temple dédié à ton culte et à ton
adoration.
Un ange est descendu alors à lui et lui a dit : O, Uzayr, je suis venu à toi afin que tu m'informes :
Dis-moi : Combien y a-t-il de gouttes dans la mer? Combien y a-t-il de graines de sable dans la terre? Et
ainsi de suite, il l'a interrogé sur des choses inconcevables par l’intellect humain. Uzayr a répondu : mais
qui peut compter (ou connaître) ceci? L'ange lui a dit : celui qui demande ce dont il n'a aucune
connaissance.
Puis il lui a dit : peux-tu imaginer la terre et la mer se plaignant? Imagine la mer qui dit : "Je sens de
l'étroitesse à cause du grand nombre des créatures que je contiens. Je veux m'étendre dans la terre afin
de donner plus d'espace à la créature qui se trouve en moi". Ou la terre qui dit : "Je sens de l'étroitesse
à cause du grand nombre des créatures que je contiens. Je veux m’étendre dans la mer afin de donner
plus d'espace à la créature qui se trouve en moi".
Quel sera alors ton jugement ? Il a répondu en disant : Je dirais chacune de vous deux a présenté une
preuve qui n'est pas valable. Allah a pré établi à chacune de vous un espace et a délimité pour chacune
de vous une limite à ne pas dépasser. Vous ne pourrez donc pas avoir ce que vous souhaitez. L'ange a
donc répliqué : mais pourquoi ne portes-tu pas ce même jugement sur toi-même ? C'est ainsi que l'ange
a voulu lui dire que chacun des deux, Uzayr et Boukhtou Nassar ont une limite qu'ils ne peuvent pas
dépasser. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Il a été rapporté également que lorsque la Thora a disparu de la main des israélites, et lorsqu'ils se
sont aperçus de sa disparition, après maintes recherches, Uzayr a imploré Allah, le Tout-Puissant, le
Très-Haut de la leur rendre. C'est ainsi qu'Allah a injecté en son cœur la Thora par effusion divine, et il
l'a dictée par la suite aux israélites qui l'ont réécrit à partir de sa mémoire. Fin de la dictée du cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui.

-331-
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : "Si une pierre avait été lancée du ciel vers la terre,
elle serait arrivée dans un délai équivalent à celui qui s'étend de l'aube à la nuit. Mais, cette pierre a été
lancée à partir du sommet de l'enfer depuis soixante-dix ans, et elle n'est pas encore arrivée au fond".
Puis il a dit, prière et salut d'Allah sur lui, que l'enfer sera rempli en totalité de djinns et d'êtres humains.
Cette pierre traverse mille ans chaque jour et nuit. En multipliant ce nombre (mille ans) par
soixante-dix, on trouve 24.780.000 ans (vingt-quatre millions, sept cent quatre-vingts mille années)1 .
C'est la profondeur de l'enfer, c'est-à-dire la distance qui sépare la tête du fond de l'enfer. Qu'Allah nous
en protège, par sa largesse et sa générosité. Amen. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Dans le hadith, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : "Les deux ébriétés vous ont couvert :
l'ébriété de l'amour de la vie et celle de l'amour de la richesse. Dans ce cas, les gens n'ordonneront plus
le convenable, et n'interdiront plus le blâmable. Celui qui applique le livre Saint et la Sounna
ressemblera aux premiers croyants parmi les Émigrés et les Auxiliaires (Ansars)". Fin.
Dans le hadith, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit également: "L'adoration de Dieu en
période de troubles équivaut à un exil en ma compagnie". Il a dit aussi, prière et salut d'Allah sur lui :
"Allah n'est mieux adoré que par une compréhension de la religion. Un seul faqih (spécialiste de la
religion) est plus dur en face du diable (Satan) que mille adorateurs". Le cheikh, satisfaction d'Allah sur
lui, a dit : le faqih signifie ici le gnostique. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui
: "Allah n'acceptera de lui, ni change, ni compensation". Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui : saches,
que cela signifie qu'Allah n'agrée rien de ses œuvres. Les Arabes utilisent cette expression quand ils
veulent ne pas agréer quelque chose de quelqu'un. Ils disent : je n'accepte de toi ni change, ni
compensation. Le change signifie la conversion des "Dinars" en "Dirhams". La compensation signifie le
nivellement et l'égalisation. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Il a été dit à Chadzili, satisfaction d'Allah sur lui : il a été rapporté dans certains prédicats, ce qui suit :
"celui qui se dégage, pour Moi, de toute chose, et abandonne tout pour moi, je me manifeste à lui dans
tout, jusqu'à ce qu'il me voie en tout". Chadzili a répliqué : ceci est la voie des gens du commun. Ce n'est
pas celle des grands maîtres ni de l’élite. Quant à cette dernière, c'est-à-dire la voie de l’élite, on peut
dire plutôt : "celui qui se dirige vers moi en toute chose, en abandonnant sa gestion pour la mienne dans
toute chose, je le coupe de toute chose, jusqu'à ce qu'il me voie plus proche de lui que toute chose". La
première voie illustre la constatation des gnostiques. La seconde voie illustre la constatation des
singuliers "Afrads". Qu'Allah nous compte parmi eux, de par Sa largesse et Sa générosité. Amen. Fin de
la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Ensuite, il a dit, satisfaction d'Allah sur lui : le repentir de l’élite, est le retour vers Allah, en
abandonnant tout et en désavouant tout, à part Allah. Le hadith suivant, du prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, vise ce repentir : "Émigrez vers moi et abandonnez le monde d'ici-bas et ce qu'il
contient".
Le verset coranique suivant montre également ce repentir : «Fuyez donc vers Allah. Moi, je suis pour
vous, de Sa part, un avertisseur explicite. Ne placez pas avec Allah une autre divinité. Je suis pour
vous, de Sa part, un avertisseur explicite» (Sourate Dariyat, Qui éparpillent, versets 50-51). Chez les
gnostiques, tout ce qui occupe d'Allah, ne serait-ce qu'en un seul instant dans la vie, est une autre
divinité. Les gnostiques ne s'occupent jamais d'autre chose à part d’Allah, même pas en un clin d'œil.
Voilà le repentir des gnostiques. Paix sur vous. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Parmi les enseignements que le cheikh nous a dictés, satisfaction d'Allah sur lui : il a été rapporté
dans le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui : "Celui qui lit la Sourate Al Ikhlasse (La
dévotion) cent mille fois, Allah l'affranchira du feu et enverra quelqu'un qui appelle, le jour de la
résurrection : que celui qui a prêté quelque chose à cette personne, vienne vers moi, je le rembourserai

1 - On multiplie mille ans par trois cent cinquante-quatre jours (d'une année lunaire), on trouvera donc la distance traversée
par la pierre par an (cité dans le hadith). En multipliant donc ce nombre (354.000) par soixante-dix (70 ans), on aura donc
24.780.000 ans (vingt-quatre millions, sept cent quatre-vingts mille années)

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moi même". Il est recommandé de citer cette sourate plusieurs fois, dans la journée, selon la capacité
de la personne, jusqu'à ce qu'elle termine ce nombre. Et à chaque fois, il faut la lire avec la bassmala et
en se dirigeant vers la "Kaâba", tout en gardant le silence lors de la citation de la litanie.
Cette lecture équivaut à trente-trois mille, trois cent trente-trois fois et un tiers (33 333,3) de la
lecture de tout le Coran. Sa rétribution comprend aussi dix mille palais au paradis. Fin de la dictée du
cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
On l'a interrogé aussi, satisfaction d'Allah sur lui, sur le hadith du prophète, prière et salut d'Allah
sur lui : «Le temps a désormais accompli sa révolution et est revenu à son état le jour où Dieu créa les
cieux et la terre». Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : sachez que le contexte de ce hadith
est le suivant : les Arabes avaient l'habitude de suivre des guides (communément appelés présidents)
lors du pèlerinage, dans tout ce qu'ils ordonnaient ou interdisaient.
C'était leur habitude. Il y a une raison à cela : en effet, une certaine femme arabe avait offert son fils
à la Kaâba, comme esclave, pour qu'il s'occupe de ce lieu sacré pour Allah, le Très-Haut. Le fils ne
quittait donc jamais la Kaâba. Il s'en occupait, adorait Allah, le Très- Haut, ne se souciait de rien de ce
monde ici-bas et ne s'intéressait pas à ce qui peut attirer les gens, en général.
Son seul souci était de servir la Kaâba et de la glorifier. Il a donc grandi dans ce milieu. Les Arabes,
lorsqu'ils ont vu son comportement, ils l'ont vénéré, et ils ont cru qu'il était très proche d'Allah, le
Très-Haut. Ils le prenaient pour guide au pèlerinage, chaque année. Ils le suivaient et le prenaient pour
modèle parce qu'ils le vénéraient. C'était leur habitude, jusqu'au moment où il est mort.
Les Arabes, à l'époque, croyaient beaucoup à la superstition et aux présages. Ils estimaient qu'ils
avaient gagné beaucoup de biens en suivant leur guide au pèlerinage. Certains parmi eux, avaient même
cru que l'invocation de leur guide était exaucée par Allah. Lorsqu'ils voulaient réaliser un souhait, ils
demandaient à leur guide d'implorer Allah à la Kaâba pour eux. Effectivement, leurs affaires marchaient
bien et leur demande était exaucée. La vénération de ce guide ne cessait donc de s'amplifier dans leurs
cœurs. Ils le suivaient partout lors de leur pèlerinage et appliquaient ses recommandations. Lorsqu'il est
mort, les Arabes se sont réunis pour rendre visite à sa tribu, appelée "Nissat" par les Arabes.
Ils ont demandé à ladite tribu de leur fournir un de ses membres pour servir de guide au pèlerinage.
C'était alors une nouvelle habitude qui s'est instaurée. Chaque fois que le guide était décédé, la tribu
fournissait un nouveau guide, et ainsi de suite, jusqu'à l'arrivée de l'Islam.
Par ailleurs, après la mort du premier guide, les Arabes ne pouvaient plus supporter l'inviolabilité des
mois sacrés, ils ne pouvaient en effet ni faire la guerre, ni tuer quelqu'un pendant ces mois. Ils se sont
alors dirigés vers leur guide pour lui demander de décaler les mois. De cette manière, le premier mois
du calendrier lunaire «Moharram» ne sera plus sacré, et le mois suivant «Safar» le sera.
C'est ainsi que les mois sacrés se sont déplacés. L'année chez eux, comportait donc treize mois, et ce
chaque année. Une fois le pèlerinage achevé, ils se dirigeaient vers leur guide pour que le «Moharram»
ne soit plus sacré et pour qu'il soit déplacé à la place du mois «Safar» de l'année d’avant. Et ainsi de
suite, chaque année, le «Moharram» se déplaçait et prenait la place des autres mois, et les autres mois
se déplaçaient par conséquent. Le mois sacré ne l'était plus, et le mois qui n'était pas sacré devenait
sacré. Au fil des années, le «Moharram» reprenait sa première place, pour commencer un nouveau
cycle et ainsi de suite, les cycles se succédaient.
C'était alors l'habitude des guides (présidents du pèlerinage) et des Arabes. Tous les mois étaient
comptés de la même manière. Personne ne pouvait rien changer jusqu'à l'année qui a précédé celle du
pèlerinage de l'adieu, du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Durant cette année, et par ordre du
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, Abou Bakr, satisfaction d'Allah sur lui, avait présidé le pèlerinage
des gens. En cette période, les musulmans et les polythéistes faisaient le pèlerinage en même temps.
Le guide issu de la tribu "Nissat" avait présidé également le pèlerinage, il est monté sur une ânesse et
il a commencé à montrer aux gens leurs rites. Les gens (les polythéistes) reproduisaient ses gestes et
faisaient comme lui. Ce guide avait fait quarante pèlerinages sur son ânesse. Ce pèlerinage a eu lieu au
mois de «Dou al qiâda» (Mois Onze du calendrier lunaire), mais considéré comme étant «Dou al hijja»
chez eux. Le guide issu des "Nissat" a rendu non sacré le mois suivant qui est le «Moharram» chez eux,

-333-
mais qui est «Dou al hijja» chez Allah, le Très-Haut. Il l'a alors rendu non sacré et il l'a déplacé à la place
de «Safar», qui est devenu le «Moharram» chez eux. Ce «Moharram» en cette année va donc
coïncider avec le vrai «Moharram» chez Allah, le Très-Haut, dans le monde de l'inconnaissable.
Durant toute cette année, les mois se sont succédés les uns aux autres, chacun à sa vraie place
qu'Allah, le Très-Haut, a nommée dans l'inconnaissable. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a
donc fait son pèlerinage l'année qui a suivi celle de Abou Bakr, en période opportune, puisque le mois
de "Dou al hijja" a été à sa vraie place, décidée par Allah, le Très-Haut, dans l'inconnaissable. Durant
cette année, tous les mois étaient à leur vraie place.
Quand Abou Bakr avait présidé le pèlerinage, les gens étaient mélangés, croyants et polythéistes.
Mais quelques jours après le départ des pèlerins vers la Kaaba, le prophète, prière et salut d'Allah sur
lui, a envoyé Ali ben Abi Taleb, satisfaction d'Allah sur lui, pour lire la Sourate "Bara'a" (Le repentir)
devant les gens, à la station du pèlerinage. Cette Sourate a annoncé différents verdicts tels que : «Il sera
interdit aux polythéistes de faire le pèlerinage après cette année». «Allah et son messager
désavouent les polythéistes»... Ali l'a lue devant les gens à la station du pèlerinage. Et il a été annoncé
solennellement à cette station qu'aucun polythéiste n'a le droit de faire le pèlerinage, après cette
année.
La sourate révèle aussi que le report d'un mois sacré à un autre est un surcroît d'irréligion. Par là les
mécréants sont égarés, une année, ils le font profane, et une année, ils le font sacré, chaque année chez
eux comporte treize mois. Allah a fait donc descendre dans la même sourate le verset coranique suivant
: «Le nombre de mois, auprès d'Allah, est de douze [mois], dans la prescription d'Allah, le jour où II
créa les deux et la terre. Quatre d'entre eux sont sacrés : telle est la religion droite» (Sourate At
Tawbah, Le repentir, verset 36).
Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit dans la même sourate «Le report d'un mois sacré à un autre est
un surcroît d'irréligion» (Sourate At Tawbah, Le repentir, verset 37). Pendant cette année, le président
des polythéistes (le guide issu des nissat) avait fait le pèlerinage. Il a reporté le mois sacré du
"Moharram" comme à son accoutumée, à "Safar" (mois numéro deux du calendrier lunaire). "Safar" qui
a pris la place du "Moharram" était le vrai mois de "Moharram". Par conséquent, les mois qui sont
venus après étaient à leur place. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a donc fait son pèlerinage,
l'année d'après, selon un calendrier correct, où le mois "dou al hijja" coïncidait avec le vrai mois "dou al
hijja".
Puisque le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, était au courant de cette habitude, chez les
Arabes, qui consistait à reporter les mois et à les déplacer, il a dit, prière et salut d'Allah sur lui, une fois
qu’il a terminé son pèlerinage : "Le temps a désormais accompli sa révolution et est revenu à son état le
jour où Dieu créa les cieux et la terre".
Il a voulu dire, prière et salut d'Allah sur lui, que les mois sont revenus à leurs premières origines, de
telle sorte que chaque mois a repris sa place originelle qu'Allah, le Très-Haut, lui a attribuée, le jour où il
a créé les cieux et la terre. Il a donc interdit, prière et salut d'Allah sur lui, ce report des mois. Et il a
laissé les mois à leur place jusqu'à nos jours. Voilà la signification du hadith.
Ensuite, sachez que l'incroyance n'existait pas chez les anciennes communautés qui ont devancé
Noé, prière et salut d'Allah sur lui. Allah a envoyé, avant lui, un très grand nombre de messagers. Leur
mission était de redresser les verdicts divins, en présence de la foi. Les communautés qui n'obéissaient
pas à leurs messagers encouraient leur perdition, à cause de leur transgression des verdicts en matière
des actes, et non pas en matière de la foi. Il n'y avait pas, en effet, d'incroyance à cette époque.
Quand les gens désobéissaient à leurs prophètes en commettant des actes illicites ; Allah les
punissait malgré leur foi. Le premier messager qui a été envoyé aux mécréants était Noé, prière et salut
d'Allah sur lui. Sa communauté adorait les idoles. Allah l'avait donc envoyé afin de leur montrer que
l'adoration ne devait être que pour Allah, l'unique et qu'il fallait abandonner l'adoration des idoles.
Ils l'ont alors démenti, ils ont montré leur incroyance, et ils ont continué à adorer les idoles. Allah les
a alors punis, par le déluge, selon ce qui a été révélé dans le coran. Parmi leurs idoles, il y avait : Wadd,
Suwaa, Yagout, Yaouq et Nasr. La raison derrière l'adoration de ces cinq idoles est la suivante : ces cinq

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noms étaient ceux de cinq hommes vertueux, qui ont vécu avant Noé, prière et salut d'Allah sur lui. Ces
cinq hommes étaient vénérés chez les gens du commun parce qu'ils veillaient sur l'application de l'ordre
divin. Après leur mort, les gens continuaient à les vénérer et à demander leur intercession pour leurs
affaires auprès d'Allah, le Très-Haut.
Le diable (Satan) les a alors encouragés à les adorer en leur soufflant qu'avec cette adoration, ils leur
seront d’excellents intercesseurs, les rapprochant davantage d'Allah, le Très-Haut. Ils les ont adorés par
conséquent selon ce point de vue. Cela a eu lieu avant l'époque de Noé, prière et salut d'Allah sur lui, et
a continué d'exister chez eux jusqu'à l'arrivée du déluge.
Lorsque le diable (Satan) leur a soufflé l'idée de l'adoration des idoles, ils les ont sculptées et
dessinées avec leurs propres mains. Ils leur ont attribué les noms des cinq hommes vertueux
susmentionnés. Puis ils les ont adorées, jusqu'à leur décimation. Voilà la raison de leur adoration. Quant
à ce qu'on peut entendre à propos de ces mêmes noms des idoles chez les Arabes, sachez qu'ils n'ont
fait que reprendre les mêmes noms qui existaient au temps de Noé, prière et salut d'Allah sur lui ; c'est
tout. Voilà l'information qui les concerne. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, à partir
de sa mémoire et de ses mots. Paix sur vous.
Le cheikh a été interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la signification du hadith du prophète,
prière et salut d'Allah sur lui: "À l'occasion de chaque Ramadan, l'ange Gabriel étudiait avec moi le
Coran, une fois". Que signifie étudier ensemble ? Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui : sachez que la
réalité de ce verbe tel qu'il a été mentionné ici, grammaticalement, suppose la réactivité.
La réactivité arrive entre deux ou plusieurs personnes, chacune d'elles affecte l'autre. C'est le cas par
exemple de l'association, du contrat, de la négociation, du marchandage, de la discussion, du débat et
d'autres cas qui se produisent à chaque fois que la réactivité s'habille avec une signification. Quant à la
vérité de ce verbe "étudier ensemble", elle concerne la lecture, l'interrogation et la recherche des sens
compris dans ce qu'on lit. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : "toutes les fois que les gens
se réunissent dans l'une des maisons de Dieu exalté pour réciter le livre de Dieu et pour l'étudier
ensemble, la sérénité descend aussitôt sur eux". Cette étude signifie la recherche dans les significations
du Coran et la sollicitation de ses mystères.
Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit : «Il ne conviendrait pas à un être humain à qui Allah a donné le
Livre, la Compréhension et la Prophétie, de dire ensuite aux gens: <Soyez mes adorateurs, à
l'exclusion d'Allah>; mais au contraire, [il devra dire]: «Devenez des savants, obéissant au Seigneur,
puisque vous enseignez le Livre et vous l'étudiez» (Sourate al Imran, la famille Imran, verset 79).
L'étude est donc la recherche dans les significations des livres. Chacun des étudiants apprend de l'autre.
La raison derrière le fait que cette étude a eu lieu pendant le ramadan, est que ce mois de ramadan est
le lieu de l'effusion des dons du Vrai, gloire à Lui, il est le Très-Haut. C'est également le lieu de l'effusion
de Sa miséricorde divine.
Parmi ces effusions, on peut citer celles des secrets, des sciences, des connaissances et des lumières
qui atteignent les cœurs des véridiques pendant le ramadan. Ils ne trouvent pas la même chose en
dehors de ce mois sacré. C'est pourquoi cette étude a été effectuée spécialement pendant le ramadan.
C'est dû en effet aux effusions des secrets, des connaissances, des sciences, des dons et des secrets que
chacun de leurs cœurs reçoit. Chacun d'entre eux profite de l'autre et apprend de lui ce qu'il ne savait
pas.
Voilà la première signification. La seconde est que chacun des deux lit le coran pendant que l'autre
l'écoute. L'auditeur apprend du lecteur grâce à ce qu'il écoute comme sciences et secrets. Et le lecteur
apprend de l'auditeur des sciences et des secrets. Chacun d'eux est à la fois lecteur et auditeur, et
chacun d'eux est bénéficiaire et bénéfique. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, à partir
de sa mémoire et de ses mots.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la signification du hadith du prophète, prière et
salut d'Allah sur lui : "Le Paradis a été entouré par les désagréments et l'Enfer a été entouré par les
concupiscences". Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui : sachez qu'Allah, le Très-Haut, accorde son
pardon, de par Sa largesse, Sa munificence et Sa générosité, à ceux qui ont commis de grands péchés en

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leur infligeant des peines, des difficultés et des sinistres. C'est par ces peines et ces difficultés qu'il leur
pardonne. Ce pardon ne leur serait jamais accordé même s'ils avaient multiplié les œuvres vertueuses.
C'est ainsi qu'au jour de la résurrection, le serviteur souhaitera que tous les moments de sa vie dans ce
monde ici-bas fussent désagréables.
En effet, lorsqu'Allah expose à son serviteur ses actes inscrits sur sa fiche, le serviteur lit les péchés
que cette fiche contient. Une fois qu’il trouve dans sa fiche une peine qui l'avait affecté, Allah, le
glorieux, le Très-Haut, lui dit : à cause de cette peine, je t'ai pardonné tout ce qui a devancé de tes
péchés et je t'ai accordé telle et telle chose. Puis il continue de lire ses péchés.
Chaque fois qu'il passe par une peine en lisant sa fiche, Allah lui dit : Je t'ai pardonné les péchés qui
ont précédé et je t'ai accordé telle et telle rétribution jusqu'à la fin de la fiche. Le serviteur souhaitera
ainsi que tous les moments de sa vie dans ce monde ici- bas étaient désagréables. Voilà l'aspect du
hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui : "Ton seigneur s'est étonné de voir un peuple qu'on
traîne au Paradis avec des chaînes". Il s'agit des gens qui ont souffert des peines et des difficultés. Ce
hadith appuie son dire, prière et salut d'Allah sur lui : "Le Paradis a été entouré par les désagréments Fin
de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.

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CHAPITRE CINQUIÈME - PARTIE III- SES SAINTS SIGNES ET LEURS
DÉCHIFFREMENTS
- Partie III -
Ses saints signes et leurs déchiffrements par une expression inspirée1
Sachez que les sujets suivants ont été posés sous forme de questions au cheikh, satisfaction d'Allah
sur lui ; qu'Allah le rende satisfait et nous fasse jouir de sa satisfaction. Parmi ces sujets l'explication du
poème suivant :
Purifie-toi par l’eau mystérieuse, si tu es digne d’un secret, sinon, recours à une terre pure ou à une
pierre, et procède au Tayammum2.
Mets-toi derrière un Imam, que tu avais devancé sans arrêt. Fais la prière de l’aube au premier
moment de l’Âssre, énumère !
Voilà la prière des gnostiques qui connaissent leur seigneur.
Si tu en fais partie, alors asperge la terre par la mer.
Sachez que l'eau mystérieuse évoquée dans la purification est le grand afflux qui déborde de la
Sainte présence c'est-à-dire de la présence du "Lahout". Les gnostiques appellent cet afflux "Fath"
(ouverture spirituelle). Mais ce terme n'est pas très exact parce que le "Fath" est la levée des voiles qui
séparent le serviteur de la Sainte présence. Il s'agit de cent soixante-cinq mille voiles. Leur levée totale
est le "Fath" ou ouverture, parce qu'il s'agit de l'ouverture de ce qui était fermé.
Le serviteur, avant le "Fath" était comme un prisonnier dans une cellule dont les murs et le plafond
sont épais. La cellule est complètement opaque, ne comportant aucune fenêtre pouvant faire passer de
la lumière. Elle est au milieu et au dessous d'autres cellules hermétiquement fermées. Le serviteur se
trouve donc dans sa cellule, au milieu de toutes ces cellules qui ne permettent aucun passage de la
lumière. Le nombre de ces cellules est de cent soixante-cinq mille.
Le serviteur est prisonnier dans sa cellule. Il ne peut voir que les ténèbres. Si toutes ces cellules se
détruisent d'un seul coup, on parlera alors du "Fath". L'afflux qui parvient au serviteur, grâce au "Fath",
peut être illustré par le soleil qui se lève sur ces cellules détruites, en pleine journée, le serviteur verra
enfin le soleil clairement en plein jour. Il n'y a aucun doute que les ténèbres disparaîtront, parce que la
lumière aurait déjà couvert le serviteur.
L'afflux qui parvient au serviteur, après le "Fath". C'est-à-dire l'afflux venant de la Sainte présence et
pénétrant dans l'entité du serviteur, sert à ce dernier de purificateur. Il purifie l'éthique du serviteur, ses
attributs, et ses qualificatifs que ce soit au sens animal, naturel ou diabolique. Il le purifie, en effet, de
l'orgueil, de la vanité, de la cagoterie, de la flatterie hypocrite, du penchant vers tout ce qui est en
dehors d'Allah, de l'amour du monde ici-bas, de l'oubli du monde de l'au-delà, du mensonge, de la
calomnie, de la tromperie, de la ruse, de l'amour d'être loué, du dégoût d'être blâmé, ainsi que d'autres
mauvaises valeurs morales et attributs blâmables mentionnés dans les livres religieux.

1 - Il est connu que l’origine de toutes les sciences parvient d’Allah et qu’elle est inspirée. Parfois certaines de ces sciences
peuvent être acquises à l’aide de l’apprentissage traditionnel à travers des savants et des théologiens. Ce type de sciences
nécessite des recherches, des efforts, de l’assiduité et de la persévérance. C’est ce qu’on appelle la science écrite acquise.
Parfois certaines de ces sciences s’ouvrent dans le secret du cœur illuminé sans aucune cause préalable à part la piété et la
dévotion dans l’acte. La piété est en effet la cause de la science et de la connaissance. Allah, le Très-Haut, dit : Et craignez
Allah. Alors Allah vous enseigne et Allah est Omniscient.
Cette science traduit ce qu’englobe les cœurs des élus d’Allah les purs, comme connaissances, vérités du monothéisme, et
mystères des sciences parvenant d’Allah, que les compréhensions humaines ne supportent pas. Ces sciences font partie des
secrets d’Allah qui se manifestent comme des lumières, des compréhensions, des goûts et des scènes dans les cœurs des
gnostiques. Aucune ruse ni méthode d’acquisition ne peut servir pour atteindre ce type de sciences. Cette science ne peut
pas être apprise à travers un cahier ou un livre. C’est plutôt un afflux qui déborde de la présence de la perfection, de par les
pures grâces et largesses d’Allah.
2 - Le Tayammum consiste à utiliser de la terre pure et à la faire passer sur le visage et sur les mains pour se purifier. Il
remplace ainsi l'ablution par l'eau en cas de nécessité.

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Une fois que cet afflux parvient au serviteur, il le purifie de tous ces attributs susmentionnés. L'afflux
détruira tout mauvais attribut et toute trace qui lui sont liés. À cause de cet afflux, il ne restera aucun
mauvais attribut chez le serviteur. Il se qualifiera alors des attributs contraires à ceux qui ont été effacés.
C'est-à-dire il se qualifiera des attributs des anges, des esprits et des prophètes.
Il deviendra ainsi comme faisant partie des anges. Il se remplira de l'amour d'Allah et de l'amour de
son messager pour son entité. Il veillera sur les bienséances avec Allah. Il se détachera et il s'en passera
de tout ce qui est en dehors d'Allah. Il oubliera le monde d'ici-bas et ses états. Il oubliera le monde de
l'au-delà et ses aubaines. Il aimera pour Allah, et il détestera pour lui, etc.
Puisque cet afflux, quand il parvient au serviteur, il ne lui laisse pas la moindre trace de ses mauvais
attributs. Et puisqu'il est impossible qu'il survienne sans qu'il efface la totalité de ces restes, le poète a
exhorté le disciple à se purifier par l'eau mystérieuse qui n'est autre que le Saint afflux. Ce dernier ne
laisse, en effet, aucune qualité condamnable.
Voilà ce qu'est donc l'eau mystérieuse recommandée au disciple afin qu'il l'utilise pour sa
purification. Cette purification n'est, en fait, pas similaire à celle qui exige des efforts de la part du
disciple. La purification qui exige des efforts de la part du disciple peut faire l'objet d'un dérèglement ou
d'une défectuosité. En effet, si le serviteur remarque que c'est lui qui est en train de se purifier, et
remarque l'importance de son savoir, sa purification sera défectueuse et n'atteindra pas l'objectif
souhaité.
La purification par le Saint afflux, quant à elle, elle arrive par coercition et force, à la suite d'une
manifestation divine. Aucune intervention de la part du serviteur n'y est possible. Cette purification
détruit les fondements des traces humaines. Elle fait sortir le serviteur de ses observations, de sa vision
et de ses compréhensions. Elle le lance dans la mer de l'anéantissement de l'anéantissement. Elle le
projette dans la mer la plus sublime et dans le secret le plus important, signalés dans le hadith du
prophète, prière et salut d'Allah sur lui :
"Allah a créé Adam à son image"1. Elle le projette dans la mer du hadith du prophète, prière et salut
d'Allah sur lui : "Aucun espace ne m'est suffisant, ni ma terre ni mon ciel. Par contre, le cœur de mon
serviteur croyant me suffit."
Les significations de ces deux hadiths ne peuvent pas être atteintes par les mots. L'expression ne
peut pas déceler leurs sens. Il s'agit de hauts secrets et de Saints afflux, offerts par Allah à ceux qu'il
aime et élit parmi ses serviteurs. Ces derniers pourront comprendre les secrets de ces deux hadiths, par
un véritable goût et par une compréhension certaine qui n'a besoin d'aucune expression, ni de
symboles.
C'est à cause de ça que le serviteur devient un gnostique parfait et un serviteur pur et dévoué. Il
atteindra alors la grande manifestation qui ne connaît ni limite ni fin. Le serviteur cernera son essence,
et connaîtra par conséquent l'existence des deux mondes, d'ici-bas et de l'au-delà, le motif de leur
existence et ce qui est voulu d'eux. Cet afflux est la parfaite purification. Celui qui le trouve est appelé
"Serviteur accompli"
Son dire "Si tu es digne d'un secret" signifie : purifie-toi par cette Sainte purification, exprimée par
l'eau mystérieuse, si tu es digne d'un secret. Ce Saint afflux et cette ouverture qui lui est liée ne

1 -Ceci nous rappelle le hadith suivant : D'après Abou Hourayra (que Dieu l'agrée), le Prophète (paix et bénédiction de Dieu
sur lui) a dit : Dieu -qu'il soit Loué et Exalté- a créé Adam sur Sa propre image, avec une taille élevée de soixante coudées.
Quand II l'a créé, il lui a dit : "Va auprès de ce groupe d'Anges, tu les trouveras assis, salue les et écoute la formule dont ils se
serviront pour te répondre, car elle sera la formule de salutation dont vous vous servirez, toi et ta postérité". Il alla alors les
trouver et leur dit : "La paix soit sur vous!". - "La paix soit sur toi, répondirent-ils, ainsi que la miséricorde de Dieu!". Ils
ajoutèrent donc ces mots : "ainsi que la miséricorde de Dieu". Ainsi, tous ceux qui entreront au Paradis, auront la forme
qu'avait Adam et seront grands de soixante coudées, bien que jusqu'ici la stature des hommes n'ait cessé d'aller en
diminuant. Hadith rapporté dans l’authentique de Mouslim. Hadith numéro 5075.
À propos de ce hadith, le cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, a dit parmi ses dictées mentionnées dans le livre «Al Irchadat
Arrabaniya, Bilfoutouhat Al llahiya, Min Faydi Lhadra Al Ahmadiya At Tijania» (Les indications seigneuriales, par les
ouvertures divines, à partir de l'afflux de la présence Ahmadienne Tijanie) : ce hadith ne peut être assimilé que selon un
goût. L’expression est incapable de le clarifier. Celui qui l’a goûté va le connaître.

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parviennent, en effet, qu'à ceux qui sont dignes des secrets, uniquement. Le secret signifie ici un afflux
de lumières divines touchant le serviteur avant le "Fath" (l'ouverture spirituelle). Lorsque cet afflux se
propage dans l'entité du serviteur et dans son cœur, il le pousse à chercher le Vrai et à le suivre. Il
l'empêche également de suivre le faux, que ce soit par les actes ou par le comportement. Son dire "Si tu
es digne d'un secret" signifie donc que le Saint afflux et l'ouverture ne parviennent au serviteur que s'il
lui est déjà parvenu le secret qu'on vient de décrire.
S'il ne dispose pas de ce secret, il n'aura aucune chance d'obtenir le "Fath" et le Saint afflux. C'est
pour cela que le poète a dit : "Sinon, recours à une terre pure ou à une pierre, et procède au
Tayammum". La terre ou la pierre insinuent l'apparence de la loi religieuse qui sert à la purification,
mais qui exige l'effort du serviteur et une affectation de sa part. C'est le cas de celui qui n'a pas trouvé
d'eau alors qu'il doit procéder aux ablutions. La loi religieuse lui a recommandé le recours au
"Tayammum" qui peut remplacer l'eau.
Il est connu que la purification par le "Tayammum” n'est pas comme celle faite par de l'eau. Elle a été
permise en cas de nécessité et de manque d'eau. C'est l'eau qui est demandée en premier lieu pour la
purification. De même, le poète a dit ici au disciple : si tu es digne des secrets, purifie-toi par l'eau
mystérieuse, parce que c'est la purification complète qui permet d'atteindre l'objectif souhaité.
C'est à cause de cette purification que le serviteur devient angélique, dévoué à son Seigneur, et
serviteur pur de Dieu. Il recevra la manifestation divine, si le Contraignant se manifeste à lui derrière les
voiles de son mystère.
Un des grands personnages soufis a dit : "Lorsque Allah se manifeste au secret d'un serviteur, Il le
rend propriétaire de tous les secrets. Il le ramène au rang des libres, et II lui confère une gestion par
soi-même".
C'est ce serviteur qui a été insinué par Abi Qacem Jounaïd, satisfaction d'Allah sur lui, lorsqu'il a été
interrogé sur l'amoureux. Il a dit : c'est un serviteur qui a abandonné son âme, qui s'est attaché au
rappel de son seigneur, qui veille sur l'exécution de Son droit divin, qui l'observe par son cœur, qui a le
cœur brûlé par les lumières de Son identité, qui a sa boisson purifiée à partir du verre de Son amour, et
qui a bénéficié de la manifestation du Contraignant derrière les voiles de Son mystère. C'est le cœur de
ce serviteur qui a été nommé "Maison sacrée". Seul le Vrai y pénètre. Il est interdit aux autres d'y
accéder. Ce serviteur est arrivé à ce niveau à cause de la purification susmentionnée.
Mais si tu n'es pas, cher disciple, parmi les gens dignes des secrets, recours donc à une terre pure ou
à une pierre pour te purifier. C'est le cas de celui qui n'a pas trouvé d'eau, il a fait donc recours au
"Tayammum" pour se purifier. Cette purification a été exprimée par le prophète, prière et salut d'Allah
sur lui, qui a dit : qualifiez-vous de l'éthique d'Allah. Il a dit également, prière et salut d'Allah sur lui, dans
le hadith qodssi : "Cette religion, je l'ai choisie pour moi-même, et pour ceux que j'aime. Elle n'est
améliorée que par la générosité et la largesse. Améliorez-la donc par la générosité et la largesse tant
que vous la tenez comme compagnon". Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit également:
"Allah aime le meilleur des choses et déteste leurs futilités".
Il a dit, prière et salut d'Allah sur lui : "Ayez vraiment honte devant Allah. Ses compagnons ont
répliqué : mais on a honte devant Lui, louange à Dieu. Il a alors répondu : ce n'est pas cela. Mais la
pudeur à l'égard d'Allah consiste à protéger la tête et ce qu'elle comprend ; le ventre et ce qu'il contient,
et à se rappeler la mort et l'épreuve. Celui qui fait cela a vraiment honte devant Allah". Et ainsi de suite
concernant les divers verdicts issus des hadiths du prophète, prière et salut d'Allah sur lui et des versets
coraniques, etc.
Le serviteur doit donc les appliquer et persévérer dans leur application, tant que c'est possible. Il doit
les accompagner par des litanies. Celles-ci doivent être données par un cheikh accompli, et non pas
choisies n'importe comment. Il faut que le cheikh soit parfait et le cœur du serviteur comptant sur lui en
permanence.
En procédant ainsi et en persévérant dans cette voie, le serviteur finira par avoir le secret divin, par
lequel il arrivera à la grande purification que nous avons citée en premier lieu et qui est l'objectif des
objectifs et le summum des souhaits. Cette grande purification est exprimée dans le dire suivant (à

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propos d’Allah, le Très-Haut) : "Celui à qui J'ai dévoilé Mes attributs, Je le contrains à être bienséant.
Celui à qui J'ai dévoilé Mon Entité, Je le contrains au handicap". Ce handicap est l'ultime objectif. C'est
l'ultime demande des serviteurs.
Ce handicap est le lieu de l'usure et de l'annihilation. Dans ce lieu, le serviteur perd ses attributs
humains et met l'habit de la qualification par les attributs seigneuriaux1. Il devient l'essence elle-
même2, de telle sorte qu'il n'y ait plus de différence ni de séparation. C'est ce qu'on exprime par le
groupement du groupement. Voilà la signification de son dire : "Sinon, recours à une terre pure ou à une
pierre, et procède au tayammum".
Quant à son dire, "Mets-toi derrière un Imam, que tu avais devancé". Sachez que l'Imam qui doit être
placé en avant est ou bien le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, ou bien l'intellect. Les deux sont
valables.
Si l'on dit qu'il s'agit du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, cela signifie: du moment où tu es
arrivé ô serviteur à te purifier par l'eau mystérieuse susmentionnée, et à atteindre son objectif ; si
maintenant tu veux faire la prière devant ton seigneur, alors, tu dois te mettre derrière le grand imam et
le modèle sublime célèbre. Prends-le pour exemple dans la présence de ton seigneur. Tu as, en effet,
constaté que sa réalité, prière et salut d'Allah sur lui, est l'intermédiaire entre toi et ton seigneur.
Aucun bien ne t'est parvenu qu'à travers elle, et tu n'as aucune chance de voir le bien te parvenir de
ton seigneur en dehors de son cercle. Quant à "Mets-toi derrière lui". Cela signifie : sois bienséant
comme lui, applique-toi à le suivre, mets-le en avant devant toi et devant tes orientations. C'est ainsi
que tu pourras bénéficier de la satisfaction de ton seigneur. Son dire "que tu avais devancé" : avant
cette purification, tu étais placé en avant par rapport au prophète, prière et salut d'Allah sur lui, tu le
dépassais par injustice et agression.
Tu prononçais les verdicts te concernant selon ce qui arrangeait ta passion, tu ne courrais que
derrière tes propres intérêts, tu ne t’intéressais qu'à ta propre satisfaction, loin de la présence divine,
loin de la qualification par les attributs spirituels. Tu étais noyé dans la mer des ténèbres à cause de ton
éloignement des lumières miséricordieuses. Tu ne maîtrisais pas les verdicts de la loi religieuse. Tu ne
leur prêtais aucune attention parce que ta passion t'avait dominé et son poison s'était propagé en ta
totalité. Tu étais en réalité un serviteur polythéiste puisque tu as pris ton âme pour un Dieu que tu
adorais en dehors d'Allah.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit en effet : "Sous le dôme du ciel, il n'y a pas de Dieu
adoré, à part Allah, plus important qu'une passion suivie". Le poète a donc exprimé cette situation en
disant "que tu avais devancé". Si tu étais derrière lui, et si tu le suivais, tu ne l'aurais jamais enfreint en
suivant ta passion, en étant satisfait de ton âme, en courant derrière sa satisfaction et ses
concupiscences, et en évitant ses désagréments et ses maux. Tu œuvrais pour ton âme même si tu
risquais le mécontentement de ton seigneur.
Voilà ce que signifie "devancer le législateur" prière et salut d'Allah sur lui. Allah a interdit cela en
disant, gloire à lui : «Vous qui avez cru! Ne devancez pas Allah et Son messager» (Sourate Les
appartements, Al Houjourat, verset 1). Il a dit également: «Non!... Par ton Seigneur! Ils ne seront pas
croyants aussi longtemps qu'ils ne t'auront demandé de juger de leurs disputes et qu'ils n'auront
éprouvé nulle angoisse pour ce que tu auras décidé, et qu'ils se soumettent complètement à ta
sentence» (Sourate An Nissa, Les femmes, verset 65). Voilà la signification du dire "que tu avais
devancé".
Si l'on dit que l'Imam derrière lequel il faut être placé est l'intellect, il s'agira alors de l'intellect
seigneurial, dissimulé dans la présence de l'inconnaissable. Cet intellect était un attribut de l'esprit avant
même que ce dernier soit incorporé dans le corps.

1 - C’est ce qui a été mentionné par Ibn Ata Allah dans ses adages quand il a dit : sois conscient de tes attributs il te renforcera
par les Siens. Sois conscient de ton abjection, il te renforcera par Sa puissance. Sois conscient de ton incapacité il te
renforcera par Son pouvoir. Sois conscient de ta faiblesse il te renforcera par Sa force. Il a dit dans un autre adage : fais
disparaître autrui de ton cœur, pour qu’Allah le comble de connaissances et de secrets.
2 - L'essence elle-même signifie ici la réalité Ahmedienne

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Cet intellect était pour l'esprit ce que la vue est pour l'œil. Si c'est grâce à la vue que se décèlent pour
l'œil les réalités des choses apparentes. De même, c'est grâce à l'intellect seigneurial (qui était un
attribut de l'esprit avant qu'il soit incorporé dans le corps) que se décèlent pour l'esprit les réalités des
choses ésotériques. C'est grâce à cet intellect que l'esprit distingue entre la réalité du vrai et celle du
faux. Cette distinction se fait à la suite d'un dévoilement qui confère la certitude, et qui ne permet
aucune ambiguïté ni stupeur devant les épreuves les plus difficiles.
C'est la balance exacte entre le vrai et le faux. C'est par cet intellect que l'on connaît la manière de
peser et de comparer les choses. C'est par lui qu'on place toute chose ou bien sur le plateau du vrai ou
bien sur le plateau du faux. C'est par lui que l'on connaît l'image de la prépondérance d'une chose par
rapport à l'autre et l'image de l'équilibre.
Cet intellect seigneurial prend le savoir directement d'Allah sans intermédiaire. Il n'a pas besoin de
l'enseignement d'un enseignant ni de l'information rapportée par un informateur. Tout ce qu'il veut
obtenir comme savoir, il l'obtient directement à partir du Vrai. C'est derrière cet intellect qu'il faut se
placer. Il est à noter également que les rangs de l'intellect sont au nombre de trois :
1. Le premier rang est celui de l'intellect seigneurial1, qui est la pure lumière seigneuriale
injectée dans l'intérieur de la vérité de l'esprit. C'est le guide et c'est lui qui conduit à
l'objectif. Seul le gnostique parfait arrive à atteindre cet intellect.
2. Le deuxième rang est celui de l'intellect total2 qui a été voilé par des couches de ténèbres
dissimulées. Les vérités exotériques et ésotériques des choses qui existent dans l'univers lui
sont décelées. La différence entre lui et le premier intellect, est que pour le premier, qui est
l'intellect seigneurial : les vérités exotériques et ésotériques des choses lui sont décelées. Il
voit les secrets de la Sainte présence. Il est assis sur le siège de la monarchie sublime. Il

1 -À propos de cet intellect, le cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, a dit parmi ses dictées mentionnées dans le livre «Al Irchadat
Arrabaniya, Bilfoutouhat Al llahiya, Min Faydi Lhadra Al Ahmadiya At Tijania» (Les indications seigneuriales, par les
ouvertures divines, à partir de l'afflux de la présence Ahmadienne Tijanie):
Le plus grand intellect est la lumière pure qui déborde de la présence de la pureté. Cet intellect est appelé chez les grands
l’intellect seigneurial. Il est en lui-même le maximum de la clarté et de la lucidité. Grâce à lui les choses se dévoilent telles
qu’elles sont, sans aucune erreur possible. Celui qui est digne de cet intellect apprend la science directement d’Allah sans
aucun intermédiaire. La passion ne peut pas affecter cet intellect. Quand l’esprit atteint ce rang, il ne peut plus trouver les
traces de son âme même s’il la cherche. Il se dit : mais où est- elle cette âme qui m’égarait jadis, et qui essayait de me
bouleverser ? L’esprit entend la réponse suivante : les voiles des lumières se sont interposés entre vous, elle ne peut plus
espérer t’atteindre, et tu ne seras pas égaré par les troubles qu’elle occasionne. Ce rang est celui du plus grand intellect.
2 -À propos de cet intellect, le cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, a dit, parmi ses dictées mentionnées dans le livre «Al Irchadat
Arrabaniya, Bilfoutouhat Al llahiya, Min Faydi Lhadra Al Ahmadiya At Tijania» (Les indications seigneuriales, par les
ouvertures divines, à partir de l'afflux de la présence Ahmadienne Tijanie) :
Le deuxième rang de l'intellect est celui de l’intellect total. Il se place au dessus du rang de l’intellect qui gère les affaires de
la vie quotidienne. Mais, sa sortie des ténèbres n’a pas été purifiée. Il a reçu des étincelles de lumières de la part du plus
grand intellect. Grâce à ces étincelles, il a pu transcender le rang de l’intellect qui gère les affaires de la vie quotidienne. Il ne
dispose d’aucune règle qui va stipuler ce qu’il doit faire, et il ne se plie à aucune habitude, car les lumières qu’il a reçues sont
contraignantes. Celui qui détient cet intellect peut gérer les univers que ce soit en réalisant des choses, en les éliminant, en
les repoussant ou en faisant appel à elles. Son ordre est souvent exécuté. Mais, il est inférieur au plus grand intellect, car il
s’occupe de son âme et il sent du plaisir en gérant les univers.
Le plus grand intellect, quant à lui, il gère parfaitement les univers, son commandement ne peut qu’être exécuté, car il est
dominé par la solennité de la Seigneurie, il s’est noyé dans les mers de ses lumières. Il s’est donc occupé par la prise en
considération de la sublimité et de la grandeur. Il est occupé par son Seigneur, le Très-Haut, et non pas par son âme. Il n’a
même pas le temps pour gérer les univers que ce soit en réalisant des choses, ou en les éliminant. Il ne dit pas aux choses
«sois» ou «ne sois pas» bien qu’il maîtrise la réalité du mot «sois». Ceci est dû à la sublimité de ce qui l’occupe et à ce qui lui
est apparu comme solennité de la Seigneurie.
C’est grâce à ça qu’il a dépassé l’intellect total. Il s’est alors occupé en ce rang par la distinction et la maîtrise de ce qui lui est
apparu comme attributs et noms d’Allah. Il s’est occupé par la connaissance de leurs particularités, de leurs besoins, de leurs
exigences et de leurs verdicts. Il n’a pas le temps de s’intéresser à son âme, car il s’est occupé d’Allah, le Très-Haut. C’est
l’état de l’esprit avant son insertion dans le corps, car c’est cet intellect qui était prédominant chez lui. En revanche, pour
l’intellect total, quand il a été libéré des habitudes et lâché dans l’espace du monde du «Jabaroute», il a senti une immense
joie. Il s’est occupé alors de sa joie, de sa domination des choses, et de son commandement. Allah lui a donné les rênes de la
partie apparente des choses. Rien ne lui était difficile. Cependant, il faut qu’il ne se sente pas à l’abri du stratagème d’Allah
en ce rang, car il s’occupe trop de son âme. Il est sauvé s’il est rattrapé par un appui divin, sinon la perdition est plus près de
lui que le lacet de sa chaussure.

-341-
commande toute chose, comme il veut, et les choses réagissent à son commandement. Rien
ne lui est difficile à réaliser.
Par contre, pour le deuxième intellect, qui est l'intellect total, la présence divine lui a été
voilée par de nombreux voiles. Il n'a atteint aucun secret parmi ceux de la Sainte présence.
Mais les vérités exotériques et ésotériques de l'univers lui ont été décelées. Ce décèlement
est dû à une lumière divine qui a été injectée en lui. Il maîtrise par conséquent les choses
comme il veut, mais parfois il réussit à exécuter sa volonté, et parfois il échoue.
Il connaît bien les ressources des choses et leurs origines à partir de l'aspect apparent de
l'univers, et non pas de l'intérieur de la Sainte présence. Il y a, cependant, une grande
différence entre la connaissance des vérités exotérique et ésotérique de l'univers, qui
parvient à partir de l'intérieur de la Sainte présence et celle qui parvient à partir de l'aspect
apparent des univers mystérieux apparents.
En ce rang, l'intellect total pèse les choses par la balance exacte. Il connaît, par
conséquent, les choses, leurs conséquences et leurs fins. C'est donc l'un des plus grands et
des plus hauts souhaits à demander. Bien qu'il soit inférieur à l'intellect seigneurial, il dégage
un bénéfice sublime, il dispose de sciences et de connaissances importantes, mais qui ne
sont relatives qu'aux images des univers, uniquement.
Cet intellect est commun chez le croyant et le mécréant. Certains mécréants peuvent
disposer de ce deuxième intellect en s'opposant à leur passion en permanence et en
surveillant la présence divine. Mais il ne leur sert à rien parce qu'ils n'ont pas de foi. Certes,
dans le monde d'ici-bas, ils vont gagner les bienfaits de cet intellect total, qui va leur
permettre de déceler certains mystères, de gérer certains secrets et particularités et d'avoir
le pouvoir sur beaucoup de choses. Mais cela tournera contre eux, dans le sens de leur
perdition à l'au-delà. Qu’Allah nous en préserve, par sa grâce et sa générosité.
3. Le troisième rang de l'intellect, qui est le plus bas rang et le plus inférieur, est celui de
l'intellect qui gère les affaires de la vie1. Il gère la vie ici-bas avec ses apparences, comme les
concupiscences, l'attachement à ces concupiscences, l'amour de la paresse, l'absorption dans
le suivi de la passion, et la renonciation à tout ce qui est contraire à ces choses. Cet intellect
est commun chez les êtres humains et les animaux.
L'intellect qu'il faut mettre en avant devant soi est l'intellect seigneurial. C'est le plus
grand intellect, il devance l'intellect total. Il faut le mettre en avant, devant soi, parce qu'il
appelle à l'attachement parfait à Allah, le Très-Haut, ainsi qu'à la parfaite purification et
délivrance de tout ce qui est autre qu'Allah, des points de vue de l'essence, de la trace, de
l'attachement, de la stabilisation, de l'observation, de l'intimité et de la volonté.
C'est pour cela qu'il faut le mettre en avant, parce qu'il attire celui qui le suit vers la présence d'Allah,
le Très-Haut, avec dévouement et parfaite purification de toute association. Il faut donc le mettre en
avant devant soi et le suivre. Son dire "que tu avais devancé", insinue l'état de l'individu, qui était
dominé par son caractère humain. Il ne courrait que derrière sa passion. Il ne la quittait pas des yeux et
il l'avait prise pour Imam qu'il suivait. Cet individu avait abandonné l'intellect seigneurial et l'avait mis
derrière son dos. Voilà pourquoi il l'avait devancé.

1 -À propos de cet intellect, le cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, a dit parmi ses dictées mentionnées dans le livre «Al Irchadat
Arrabaniya, Bilfoutouhat Al llahiya, Min Faydi Lhadra Al Ahmadiya At Tijania» (Les indications seigneuriales, par les
ouvertures divines, à partir de l'afflux de la présence Ahmadienne Tijanie) :
Le troisième rang de l’intellect est celui de l’intellect qui gère les affaires de la vie quotidienne. Il s’agit du rang le plus bas et
de celui qui désobéit le plus aux ordres d’Allah, sauf si Allah insuffle en lui des inspirations de raison pour le guider. Cet
intellect est noyé dans la mer de la passion, il n’œuvre que pour les concupiscences de son âme. Il est tout le temps occupé
par les exigences de ses habitudes. Celui qui est digne de cet intellect est prisonnier de son âme, car la passion le domine.
Cette passion, qu’Allah nous en préserve, est l’obscurité qui déborde de la dominance de l'âme sur le serviteur. Si cet
intellect domine le serviteur, il le jettera dans la mer des ténèbres et des vices, et ce bien qu’il ait un savoir religieux concret.
La passion l’emporte en effet sur le savoir, car l'âme est tellement puissante s’il n’y a pas de soutien de la part d’Allah, le
Très-Haut.

-342-
Son dire "Fais la prière de l'aube au premier moment de l'Assre (après midi)" signifie : fais une prière
comme celle de l'aube, mais au premier moment de l'Assre. L'aube ici, signifie l'aube (le premier
moment) de la création des esprits, où leur soleil est apparu depuis la présence du néant pour surgir à la
présence de l'existence. Le terme "aube" a été attribué à ce moment parce que la lumière des esprits,
qui est l'existence elle-même, est apparue depuis l'obscurité du néant, tout comme l'aube qui est
apparue depuis l'obscurité de la nuit. Son dire "Au premier moment de l'Assre" signifie au premier
moment de l'âge des esprits depuis leur création.
Ici, le poète sous-entend l'état de l'esprit et ce dont il était qualifié comme parfaite purification,
limpidité, parfaite connaissance d'Allah, le Très-Haut, parfait amour pour Son Entité suprême, oubli de
tout ce qui est en dehors d'Allah le Très-Haut, assiduité dans le service d'Allah et dans le respect de la
bienséance entre Ses mains, et constance d'une manière naturelle et instinctive dans la vénération et
dans la glorification d'Allah, sans prêter la moindre attention à autrui.
Voilà l'état de l'esprit au début de sa création, c'est-à-dire au premier moment de son âge, lors de la
fissuration de l'aube de son existence. Le poète dit : ô disciple, si tu pries Allah, le Très-Haut, pour Allah,
le Très-Haut, fais alors une prière comme celle des esprits quand ils étaient au début de leur âge lors de
la fissuration de leur aube. C'est-à-dire lorsque ces esprits avaient la parfaite connaissance d'Allah, le
Très-Haut, comme on vient de le décrire avant. C'est cela qui est en effet approprié à la présence divine,
et rien d'autre.
Au moment de ta prière, tant que tu penses à quelqu'un d'autre qu'à Allah, tant que tu ne pries pas
en réalité. Ce n'est donc pas la prière des gnostiques. Tu dois plutôt faire la prière des gnostiques en
t'inspirant de l'état de l'esprit au début de sa création, telle que c'est mentionné ci-dessus. C'est pour
cela que le poète a dit :
"Voilà la prière des gnostiques qui connaissent leur seigneur". Dans certaines copies de ce poème, on
trouve "Fais la prière du Dzohr (de midi), au premier moment de l'Assre".
En évoquant "Dzohr", il a sous-entendu "Dzohor" c'est-à-dire (en langue arabe) le début de
l'apparition des esprits, depuis l'obscurité du néant, pour apparaître à la lumière de l'existence lors du
début de leur âge. C'est ce qu'on exprime par l'aube. C'est pour cela qu'il a dit "Voilà la prière des
gnostiques qui connaissent leur seigneur". En effet, le gnostique, lorsqu'il se lève pour faire sa prière, il
laisse tout l'univers derrière lui, et il se dirige vers le Vrai par sa totalité, d'une manière exotérique et
ésotérique. Il n'a en lui ni amour, ni glorification, ni vénération, ni considération, ni existence, ni illusion,
ni sens, sauf Allah, le glorieux. Son cas est similaire à l'état de l'esprit tel qu'il a été décrit auparavant.
Son dire "Si tu en fais partie" signifie si tu fais partie des gnostiques, alors asperge la terre par la mer.
La terre ici signifie les apparences de la loi religieuse. Il s'agit des devoirs qui incombent aux individus
responsables, et dont l'exécution doit être faite pour Allah, le Très-Haut, avec adoration, servitude pour
Allah et servitude par Allah.
Son dire "par la mer", il s'agit de la mer de la vérité. C'est-à- dire, à chaque fois que tu exécutes un
devoir parmi les devoirs religieux, tu dois observer le Vrai devant toi et tout autour de toi, en train de te
regarder, et tu es dans sa poignée et dans sa présence. C'est Sa puissance qui te fait bouger et qui
t'immobilise. Cette observation n'est pas juste une croyance. Elle est plutôt matérielle et véridique. Elle
se fait d'une manière oculaire et elle produit une appréhension certaine. C'est la limpidité des états, et
l'accès aux stations qui produisent cette observation. Aucune parole ne peut la traduire. C'est ce qu'on
exprime par l'aspersion de la terre de la loi religieuse par la mer de la vérité. Fin.
La différence entre l'adoration, la servitude pour Allah et la servitude par Allah est la suivante :
• L'adoration: c'est l'exécution de l'ordre divin dans la station de l'Islam. L'adorateur est donc
incapable de se sentir dans la présence d'Allah sauf en très peu de temps et avec beaucoup
d'efforts.
• La servitude pour Allah: c'est l'exécution de l'ordre divin dans la station de la foi. Le
serviteur pour Allah peut être présent avec Allah ; d'abord derrière un voile épais, et enfin,
derrière un voile léger.

-343-
• La servitude par Allah: c'est l'exécution de l'ordre divin dans la station de la bienfaisance.
Aux yeux du serviteur par Allah, il n'y a aucune existence à part celle du Vrai, le glorieux, le
Très-Haut. Ce serviteur voit le Vrai d'une manière oculaire par l'œil de sa clairvoyance et par
la lumière de sa certitude.
Ben Ataâ Allah a dit : le rayon de la clairvoyance te permet d'observer Sa proximité vis-à-vis de toi.
L'œil de la clairvoyance te permet d'observer ton anéantissement devant Son existence (celle d'Allah).
La vérité de la clairvoyance te permet d'observer Son existence, et non pas ton anéantissement ni ton
existence. Le rayon de la clairvoyance est, en effet, la lumière de l'intellect. Le culte de celui qui en est
digne s'appelle adoration. L'œil de la clairvoyance est la lumière du savoir. Le culte de celui qui en est
digne s'appelle servitude pour Allah. La vérité de la clairvoyance est la lumière du Vrai. Le culte de celui
qui en est digne s'appelle servitude par Allah. Fin.
Il importe enfin de signaler que lorsque le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : «Il le ramène au
rang des libres1«: pour lui, le libre signifie celui qui est libéré de l'esclavage des autres, que ce soit du
point de vue de la dilection ou de la volonté ou du penchant ou de la glorification ou de l’intimité ou de
l’apaisement ou de l’observation. C'est celui qui est noyé dans la présence du Contraignant de telle
sorte qu'il ne connaît que Lui. Il ne sent aucun apaisement, ni stabilité en dehors d'Allah. Il n'a aucune
information sur autrui. La créature devient, à ses yeux, comme des excréments qui flottent à la surface
de l'eau. Un des grands maîtres soufis a dit :
J’ai un vœu à présenter au temps, bien qu’il soit impossible à gagner.
Je souhaite que mes yeux puissent voir le surgissement d'un être libéré.
Fin de ce que notre cheikh, Abou Abbés Tijani, satisfaction d'Allah sur lui, a dicté en ce qui concerne
l'explication des vers du poème susmentionné, à partir de sa mémoire et de ses propres mots. Fin
Chaâban, mille deux cent six de l'hégire (1206 H). Fin. Que la prière et le salut d'Allah soient sur Sidna
Mohamed, sa famille et ses compagnons.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur l'âme, l'esprit, le cœur et le secret. S'agit-il de
plusieurs noms affectés à un même dénommé ? Ou s'agit-il plutôt de choses différentes ? S'il s'agit de
plusieurs noms affectés à un même dénommé, pourquoi alors cette pluralité ? S'il s'agit de choses
différentes, comment est-ce possible alors que l'allocution (divine) ne concerne que l'esprit. C'est
l'esprit qui jouit, en effet, des bienfaits et qui subit le mal des supplices. Éclaircissez-nous tout ceci. Salut
d'Allah sur vous cher maître et enseignant, ainsi que Sa clémence et Ses bénédictions.
Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : sachez que ces différents noms sont affectés à un
même "dénommé", sans pluralité. La pluralité existe plutôt du point de vue des noms, c'est-à- dire du
point de vue des noms de l'esprit parce que ce dernier dispose de plusieurs rangs. Afin d'apporter plus
d'éclaircissement là- dessus : sachez qu'Allah, le glorieux, le Très-Haut, a créé l'esprit humain à partir de
la limpidité de la quintessence de la Lumière Divine.
Il l'a établi à partir de l'afflux de l'aveuglement2 seigneurial. Il l'a logé à l'endroit réservé à l'esprit3,
où il est resté dans sa parfaite connaissance d'Allah, le Très-Haut, stable dans l'amour qu'il porte pour
Allah et dans l'attestation de Son unicité. Il connaît bien Ses noms et Ses attributs. Il ne prête aucune
attention à autrui et ne s'intéresse à rien d'autre à part Allah. L'esprit est resté ainsi dans ce summum de
limpidité, à un maximum d'éloignement de la compréhension des intellects, jusqu'à ce qu'il fût logé
dans le récipient du corps humain.
Une fois logé dans ce récipient, le corps a acquis de la vie et de la compréhension à cause de
l'installation de l'esprit en lui. Et selon chaque esprit, une âme se forme dans le corps. Il s'agit bien de la
vapeur subtile qui porte la force de la vie, de la sensation, du mouvement et de la compréhension.

1 -Il l'a dit au début de ce chapitre lorsqu'il a parlé de la purification complète qui permet d'atteindre l'objectif convoité.
2 -Où rien ne peut être vu.
3 -À l’isthme : au «barzakh»

-344-
L'âme est ainsi une chose dont le qualificatif existe, mais dont l'entité n'existe pas. Elle est formée, en
effet, de l'union de l'esprit et du corps. Une fois que les deux se séparent, l'âme n'existe plus,
c'est-à-dire cette vapeur subtile ne va plus exister. Cette chose exprimée par le terme "âme" si son
pouvoir domine le serviteur, elle sera la source des mauvaises valeurs morales et des attributs
défectueux et incorrects chez lui.
L'esprit est ainsi prisonnier entre les mains de l'âme. Il n'œuvre que pour la satisfaire. Il est alors en
pleine perdition et il est loin au maximum de la présence divine, et ce malgré la force de sa lumière.
Tout ça est dû à l'installation de l'esprit dans le corps. Cette installation est à l'origine de la salissure de
l'esprit et de son emprisonnement sous la dominance de la mauvaise âme. L'esprit devient alors pervers
et vicieux, parce que cela fait partie des effets du corps. Celui-ci a été justement confectionné dans un
lieu d'obscurité, c'est-à-dire dans l'eau et la terre, qui sont très opaques et denses.
L'esprit ayant pour origine la limpidité de la quintessence de la Lumière Divine est au summum de la
pureté et de la quiddité. Il est le plus pur des perles et le plus important d'entre elles. Cependant, il a
acquis de l'obscurité dans le monde du corps. Par conséquent, tant que l'esprit a un penchant vers les
péchés, les infractions et vers le suivi de la passion, tant qu'il est nommé dans cette station : «âme
incitatrice au mal».
Si cette âme reçoit des lumières divines suffisantes pour la faire sortir de ses mauvais qualificatifs,
péchés et infractions, et s'il y a repentir, alors cette âme commencera à se critiquer et à se
désapprouver pour sa négligence des droits divins. Elle se blâmera et se reprochera, durement, pour
retourner à la porte du Munificent Généreux.
Dans cette station, elle s'appelle «l'âme qui ne cesse de se blâmer» parce qu'elle se blâme pour sa
négligence des droits d'Allah, le Très-Haut. Ensuite, si elle reçoit des lumières divines suffisantes pour la
faire sortir des désobéissances et des infractions denses, qualifiées de "grands péchés", tout en laissant
les infractions légères et leurs subtilités, l'âme sera alors nommée, dans cette station "Cœur".
Elle a senti, en effet, l'odeur de la Sainte présence. Parois elle vibre en sentant ces odeurs pures et
elle éprouve par conséquent une nostalgie et un désir pour retrouver la situation dans laquelle elle
vivait lors de sa première existence. Et parfois, elle cède à l'opacité et à la densité de sa nature
instinctive qui a été acquise à la suite de son installation dans le corps.
Dans ce cas, elle éprouve un désir et un penchant pour suivre sa passion et pour tout ce que ses
concupiscences exigent. C'est à cause de son alternance entre ces deux choses qu'elle fut nommée
«Cœur1«. Parce qu'elle ne cesse de passer d'une position à une autre, de la nostalgie de la Sainte
présence et de la conduite vers elle à la nostalgie de l'obscurité de sa nature, c'est-à-dire aux
concupiscences et aux infractions.
C'est pour cela qu'elle est appelée, dans cette station "cœur", à cause de ses nombreuses
alternances. Ensuite, si Allah fait déborder sur elle des lumières divines issues de la Sainte présence, des
lumières suffisantes pour la purifier parfaitement de toute infraction qu'elle soit opaque ou subtile,
minuscule ou volumineuse. Et si elle se stabilise dans l'obéissance à Allah et dans l'orientation vers lui,
tout en étant apaisée par ça. Elle sera alors appelée, dans cette station "Âme apaisée". Mais il restera
encore en elle un certain penchant vers ce qui est autre qu'Allah, malgré son aspect licite.
Il restera en elle également la trace de la déviation du droit chemin. Et elle conservera encore
différents modes de gestion et de choix dans ses propres intérêts. Ensuite, si Allah fait déborder sur elle
des lumières divines suffisantes pour détruire les fondements de tous ses choix et de toutes ses
habitudes, elle retournera vers Allah, le Très-Haut, dénudée de tout ce qui est en dehors de Lui. Dans
cette station, elle sera nommée alors "Âme satisfaite".
Mais elle conservera encore les traces de ce qui a été détruit avant cette station. Ces traces
ressemblent à des lésions qui ont été guéries. C'est à cause de ce rapport qu'il y aura encore une
crispation de l'âme vis-à-vis de la présence du Vrai. Ensuite, si Allah fait déborder sur elle des lumières
issues de la Sainte présence et suffisantes pour sa parfaite purification de toute trace d'illusion et de

1 -Le cœur, en arabe : "qalb", a la même racine grammaticale que le mot "al qalb" qui veut dire alternance.

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toute vapeur de sensation. Et si ces lumières sont suffisantes pour les détruire complètement que ce
soit du point de vue de l'essence ou de la trace, jusqu'à ce qu'elles disparaissent. Elle s'appellera alors
dans cette station «Âme agréée». Cet afflux n'est autre que la grande lumière, exprimée
conventionnellement par les gnostiques par le terme "La grande ouverture".
Cette âme agréée est dépourvue de toute sensation et de toute compréhension. Elle n'a plus de
savoir, ni de trace, ni de nom. Il n'y a que l'observation du Vrai par le Vrai, dans le Vrai, pour le Vrai,
d'après le Vrai. Voilà ce qui est exprimé par le terme "Anéantissement de l'anéantissement".
C'est à cette station qu'Allah a couvert cette âme de sa parfaite satisfaction. D'où son nom «âme
agréée». Si en plus Allah fait déborder sur elle des lumières de la Sainte présence suffisantes pour
qu'elle puisse distinguer entre les rangs en détail, connaître leurs particularités et leurs mérites,
maîtriser les exigences des rangs et leurs besoins, à la fois d'une manière globale et détaillée. Elle
s'appellera alors, dans cette station "Âme parfaite".
Ensuite, si Allah fait déborder sur elle des lumières de la Sainte présence suffisantes pour détruire
l'édifice des signes et les expressions perceptibles, et si elle est qualifiée de ça d'une manière apparente
et interne, elle sera alors appelée, dans cette station «le secret et la dissimulation». Ensuite, si Allah fait
déborder sur elle des lumières de la Sainte présence suffisantes pour la rendre plus limpide que sa
limpidité précédente dans sa station «dissimulation», elle sera appelée «Âme plus dissimulée». Il est à
noter que la nouvelle limpidité par rapport à celle qui l'a précédée, est similaire à la limpidité de la
lumière du soleil par rapport à la nuit.
Cette âme plus dissimulée s'est éloignée, en effet, davantage de la compréhension des intellects et
des pensées des raisons. Ensuite, l'âme continue à s'élever dans les stations sans limites, le long de la vie
du monde d'ici-bas, le long de la durée de l'isthme, et le long de l'éternité dans le paradis. Sa
transcendance est sans limites et sans fin. Dans chaque station, les attributs d'Allah, Ses noms, Ses
secrets, Ses lumières, Ses ouvertures, et Ses afflux se décèlent pour elle. Et à chaque fois, tout ce qu'il lui
a été décelé dans la station précédente par rapport à ce qui vient de lui être décelé est comparable à
une goutte par rapport à une mer dans son immensité, et ainsi de suite, éternellement.
Quand elle s'élève à une station donnée, elle acquiert grâce à ses afflux, manifestations,
connaissances, savoirs, secrets et ouvertures, un niveau de pureté et de limpidité, dont le rapport
relativement à celui de la station précédente, est équivalent à celui de la lumière du soleil par rapport à
l'obscurité de la nuit.
Dans la station qui dépasse celle de «l'âme plus dissimulée» l'âme s'appelle «secret», parce qu'elle
s'est bien éloignée de la station «la plus dissimulée». Une fois qu’elle dépasse la station nommée
"Secret", elle prendra le nom de "Secret du Secret" (deux fois). Dans la station suivante, elle prendra le
nom de "Secret du Secret du Secret" (trois fois). À la quatrième station, elle sera nommée "Secret du
Secret du Secret du Secret" (quatre fois). À la cinquième station, elle sera nommée "Secret du Secret du
Secret du Secret du Secret" (cinq fois) et ainsi de suite, éternellement.
Chaque fois qu'elle s'élève à une station, elle prendra le nom de secret du secret du secret, etc.
Jusqu’à dix fois, cent fois, mille fois, et ainsi de suite, jusqu'à l'infini. Il est donc clair, que ces divers noms
sont relatifs à un seul "dénommé" qui est l'esprit. Il n'y a pas de pluralité dans le "dénommé" mais c'est
plutôt ses noms qui sont divers. Cette diversité est due à la diversité de ses rangs. Qu'Allah nous accorde
succès.
Quant à cette question : qui a été concerné par l'allocution (divine) ? Est-ce l'esprit, l'âme ou le corps
? La réponse est que le concerné par l'oraison divine qui responsabilise est l'esprit, parce qu'il est à la
fois le cœur et l'âme, comme on vient de l'expliquer auparavant lorsqu'on a détaillé les rangs de l'esprit.
Le corps n'est pas concerné par cette allocution divine. Il a été créé comme territoire et monture pour
l'esprit.
Ce dernier l'utilise comme monture afin d'exécuter les devoirs dont il a été responsabilisé par son
créateur. C'est l'esprit qui est responsable. C'est avec lui que le pacte est passé. C'est lui qui est
récompensé ou châtié, gratifié de délices ou maltraité. Ce n'est qu'à travers un corps, choisi par Allah,

-346-
que l'esprit peut sentir l'aubaine ou le supplice. Il est incorporé dans ce corps, pour subir le supplice qu'il
subit et jouir des bienfaits dont il jouit.
Après la mort, l'esprit sera incorporé dans un autre corps, dans le monde de l'isthme. C'est à travers
ce nouveau corps que l'esprit accède aux aubaines ou aux supplices. Le hadith suivant du prophète,
prière et salut d'Allah sur lui, en témoigne : "Les esprits des martyrs siègent dans les gorges de certains
oiseaux verts"1. Un autre hadith dit : "Lorsque le croyant décède, il obtient la moitié du paradis".
Il veut dire "la moitié de l'aubaine du paradis" parce que l'aubaine complète du paradis n'est obtenue
que lorsque l'esprit se combine à nouveau avec le corps. L'esprit aura la moitié de l'aubaine et le corps
l'autre moitié. À cause de leur séparation dans l'isthme, l'esprit jouira seul des aubaines du paradis, il
n'aura donc que la moitié de l'aubaine. C'est ce qui a été exprimé dans le hadith par la moitié du
paradis.
Cela ne concerne que le gnostique et le martyr, uniquement. Les autres croyants ne peuvent pas se
promener dans le paradis. Leurs sièges dans le paradis leur seront exposés, matin et soir, mais ils ne
peuvent pas bénéficier de plus.
Quant à la question concernant la parole divine adressée aux gnostiques dans cette station, il faut
noter qu'ils ne peuvent pas entendre la parole de l'Entité Sacrée, qui est le sens qui se rapporte à Elle.
Cela leur est impossible en référence au verset coranique suivant : «Il n'a pas été donné à un mortel
qu'Allah lui parle autrement que par révélation, ou de derrière un voile, ou qu'il [lui] envoie un
messager (Ange) qui révèle, par Sa permission, ce qu'il [Allah] veut. Il est Sublime et Sage» (Sourate
Achoura, la consultation, verset 51). Seuls les prophètes Moïse et Mohamed, prière et salut d'Allah sur
eux, ont entendu "le sens" qui se rapporte à l'Entité d'Allah, le Très-Haut.
Quant à la communication connue chez les gnostiques : Allah crée en eux Sa parole dans leur esprit.
Une fois que celui-ci devient "dissimulation" ou "plus dissimulé" ou "secret" ou un autre rang, Allah crée
en lui une parole, de sorte qu'il n'a aucun doute qu'il s'agit bien de la parole d'Allah, le Très-Haut. Le
rapport qui existe entre cette parole et Allah le Très-Haut, est un rapport créé-créateur, et non pas un
rapport parole-parlant.
Mais la parole est attribuée à Allah, le Très-Haut, dans ce lieu, parce qu'aucune erreur, ni
spéculation, ni altération, ni aucune autre incorrection ne peuvent toucher ce lieu à ce moment. L'esprit
s'appelle, en effet, dans ce lieu "La chambre interdite", parce que son accès est interdit à quiconque,
autre que le Vrai.
Cette parole, quand elle parvient au serviteur, ce dernier est aussitôt enlevé de force du cercle de ses
sens, de son observation, de son savoir, de son audition et de sa vue. Il ne raisonne que par le Vrai, et il
ne sent que l'existence du Vrai. Il est complètement effacé et annihilé.
Lors de cette manifestation, une parole descend à lui à partir de la Sainte lumière et de l'éternel
secret. Cette parole joue le rôle d'intermédiaire entre lui et le sens qui se rapporte à l'Entité. Le serviteur
sent alors les mêmes délices qui se produisent s'il avait entendu le sens qui se rapporte à l'Entité
suprême. Il annonce par conséquent qu'il a entendu la parole d'Allah. L'exemple qui peut illustrer son
cas est celui du dormeur, qui est informé de mystères qui se révèlent à lui, non pas formellement, mais
par l'intermédiaire d'une illustration dans le rêve. Ce rêve lui sera interprété par la suite, comme étant
un rêve qui traduit tel ou tel mystère ou prédicat.
Le rêveur n'a donc pas appris ce mystère dans son rêve d'une manière formelle et claire, mais plutôt
par l'intermédiaire d'un exemple qu'Allah, le Vrai, a injecté en lui pour faire passer son message. Il en est
de même pour la communication (connue chez les gnostiques). Ce n'est qu'un intermédiaire entre celui

1 - Ceci nous rappelle le hadith rapporté par Al Darami à travers Masrouq qui a dit : nous avons interrogé Abdallah sur les
esprits des martyrs. Personne d’autre qu’Abdallah n’a pu nous entretenir sur ce sujet. Il a dit : les esprits des martyrs siègent
chez Allah, le jour de la résurrection, dans les gorges de certains oiseaux verts détenant des lanternes accrochées au trône.
Ils se promènent au Paradis comme ils veulent, puis ils reviennent à leurs lanternes. Leur Seigneur leur demande s’ils ont
besoin de quelque chose, et ils lui répondent : non, sauf si l'on revient au monde ici-bas pour qu’on soit tué encore une fois.

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à qui la parole du Vrai a été adressée et le sens qui se rapporte à l'Entité d'Allah, le Très-Haut. C'est ce
que les savants expriment par l'Inspiration.
La réponse est maintenant complètement claire. Le voile est donc levé. Il n'est pas dans la capacité
des êtres humains qu'Allah leur parle sans intermédiaire. Sinon, ils seraient réduits à néant. Le Vrai a
donc créé pour eux une sorte d'intermédiaire entre eux et le sens qui se rapporte à son Entité suprême.
À travers cet intermédiaire l'être humain pourra comprendre les significations de la parole éternelle.
C'est de ce point de vue qu'on l'appelle "parole d'Allah, le Très-Haut".
Quant à la question : est-ce que l'esprit était au courant de son destin final, c'est-à-dire de son
bonheur ou de son malheur, lorsqu'il était dans l'isthme, avant son incorporation dans le corps ? La
réponse est qu'il n'a pas été au courant de ça. Lorsqu'Allah l'a créé dans l'isthme, l'esprit ne savait pas
pourquoi il a été créé ni ce que veut Allah de lui. Mais, une fois que le pacte est passé et que la charge
de la responsabilité est portée, l'esprit a su ce que voulait Allah de lui comme responsabilités, mais il n'a
pas su sa destinée, c'est-à-dire le bonheur ou le malheur qui l'attend. Qu'Allah nous accorde le succès.
Concernant la question : est-ce que le gnostique après avoir atteint la gnose (connaissance d'Allah),
va-t-il retourner à sa station initiale, c'est-à-dire à celle où il était avant l'incorporation dans le corps, ou
bien va-t-ii passer à une station supérieure ou inférieure? La réponse est la suivante : il n'est pas
nécessaire qu'il retourne à l'un de ces rangs : initial, supérieur ou inférieur. Les rangs relatifs à la gnose
appartiennent plutôt à Allah le Très-Haut.
Il les accorde à ses serviteurs selon Sa volonté et Son choix. Les goûts y diffèrent. Les rangs et les
compréhensions ne sont pas du tout semblables. Le serviteur ne peut que s'installer là où la volonté
d'Allah et Son choix ont décidé. Il ne dispose de rien et n'a aucune relation avec ceci. Qu'Allah nous
accorde le succès.
Quant à la question relative à la privation des gnostiques de leurs stations ? Est-ce qu'ils risquent
cette perte ou pas ? La réponse est que personne parmi les gnostiques n'est à l'abri de cette perte, sauf
le pôle des pôles, uniquement, ou celui qui dispose du nom suprême d'Allah, ou celui dont la sécurité a
été garantie par un cheikh parfait. Fin.
Quant à la réalité de l'être humain; à partir de quoi a-t-il été créé ? Et que veut Allah de lui ? La
réponse est que la réalité de l'être humain est l'ensemble de l'esprit et du corps1. Ces deux composantes
sont indispensables, et aucune des deux ne peut l'emporter sur l'autre dans la réalité de l'être humain.
Allah, le glorieux, le Très-Haut, quand il a mentionné cette réalité, Il n'a évoqué pourtant que le corps. Il
a dit «Nous avons certes créé l'homme d'un extrait d'argile» (Sourate Al Mouminoun, les croyants,
verset 12). Il a dit également «Lis, au nom de ton Seigneur qui a créé, qui a créé l'homme d'une
adhérence» (Sourate Al Alaq, l'adhérence, verset 1). Il a évoqué, gloire à lui, le corps dans plusieurs
autres versets coraniques.
Chaque fois qu'il mentionne la création de l'être humain, il ne mentionne que l'image de son corps.
Quant à son esprit, Allah l'a caché, et s'est emparé de sa connaissance. Il a dit, lorsqu'une question a été
posée à ce propos : «Et ils t'interrogent au sujet de l'esprit, - Dis: d'esprit relève de l'Ordre de mon
Seigneur>. Et on ne vous a donné que peu de connaissance» (Sourate Al Israâ, le voyage nocturne,
verset 85). Il n'a rien ajouté à cette explication, gloire à lui, parce qu'il s'est emparé de sa connaissance.
Voilà la réalité apparente de l'être humain.
Quant à sa réalité ésotérique, elle est insinuée dans le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur
lui : "Allah a créé Adam à son image". Cette réalité a été signalée également d'une manière subtile par

1 -À propos de ce sujet l’érudit sidi Youssef Hachem Rifaii a dit dans son livre «les preuves des gens dignes de la sounna et de
la communauté» : la plupart des théologiens sont unanimes sur le fait que la rétribution et le châtiment concernent
l'ensemble du corps et de l’esprit. Il s’agit du corps isthmique et non pas du corps matériel visible dans ce monde ici-bas.
L’être humain peut être brûlé dans ce monde et son corps peut devenir par conséquent poussière éparpillée. Il peut être
décomposé dans sa tombe. Par contre, le corps isthmique est un corps subtil qui ressemble à celui des anges, c’est-à-dire
qu’à son sens il n’y a pas de différence entre un endroit vaste et un autre étroit. Allah, le Très-Haut, crée ce corps pour
l’esprit de la personne qui va bénéficier de la rétribution ou qui va être châtié. Grâce à ce corps, cet esprit pourra goûter des
délices, comme il pourra sentir le châtiment.

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cette citation: l'homme est une présence de perfection, qui a été mise en face de la présence de la
beauté, et qui a contenu la totalité du secret de Dieu.
Dans son livre "Al Foutouhate al makiya", Ibn Arabi a dit : comment peut-on décrire Adam ? Il a dit :
si tu veux, tu peux dire que c'est l'image de la présence divine. Et si tu veux, tu peux dire que c'est
l'ensemble des noms divins.
Quant à la question : qu'est-ce qui est voulu de l'homme ? Ce qui est voulu de lui c'est qu'il soit
l'apparence des attributs du Vrai. Certaines personnes dignes de la levée du voile, ont rapporté qu'Allah
a créé l'esprit tout en le dotant d'une longueur et d'une largeur, dont la valeur de chacune s'élève à
quatre-vingt mille neuf cents années.
Allah l'a retenu ensuite dans Son éducation. Il l'amadouait par Sa bienfaisance et Sa faveur et par
l'exposition des traces de Son amour pour lui. L'esprit a donc vécu dans cette éducation. Lorsqu'il a
goûté la souffrance de la séparation, il s'est plaint et a dit : Dieu, mon maître, je ne peux pas supporter
cette séparation. Allah, le glorieux, le Très-Haut, lui a répondu : "Je ne t'ai pas créé pour que tu aies une
volonté pour toi-même. Je t'ai créé plutôt pour faire apparaître en toi le secret de mon unicité".
Voilà ce qui est voulu de l'être humain, et voilà pourquoi il a été créé ésotériquement. Quant à
l'objectif exotérique de sa création, Allah a dit : «Je n'ai créé les djinns et les hommes que pour qu'ils
M'adorent» (Sourate Adaryat, Qui éparpillent, verset 56). Cela est une oraison dans le monde de la
sagesse. Ce que nous avons précisé auparavant - ésotériquement - concerne l'oraison dans le monde de
la volonté. Ce qui est voulu de l'homme, en tout moment, a été déjà expliqué par "Al Jounaïd",
satisfaction d'Allah sur lui, lorsqu'on lui a posé la question "que veut Allah du monde?".
Il a répondu : "Ce qu'ils sont en train de vivre". Il a voulu dire "C'est pour cela qu'il les a créés". Il ne
faut pas comprendre de la réponse qu'il n'y a que l'image des fluctuations et des mouvements. Ce que
veut dire "Al Jounaïd" c'est que tous les mouvements du monde, ses fluctuations, ses objectifs, ses
pensées, constituent des apparences de la divinité. Ce sont en effet les traces des noms et des attributs
divins.
Dans ce sens, un des gnostiques a dit : il n'y a que la perfection dans tout l'univers. Il ne contient,
fondamentalement, aucune image d'imperfection, puisqu'il s'agit de perfections divines. La déficience
dans ces perfections n'est que relative. En vérité, il n'y a que la perfection, il s'agit de perfections
divines. Puis, il a dit, satisfaction d'Allah sur lui : tous ceux qui ont atteint la connaissance ont trouvé
cette réalité, sans aucun doute. Qu'Allah nous accorde succès.
Fin de la dictée de notre cheikh et professeur, satisfaction d'Allah sur lui, à partir de sa mémoire et
de ses propres mots. J'ai nommé ce document, en réponse à un signe de sa part, satisfaction d'Allah sur
lui, "Ad Dourrou En Nafiss fi al farqi bayna arrouhi wa annafssi min ghayri talbiss" : La perle précieuse,
indiquant sans ambiguïté la différence entre l'esprit et l'âme. Prière et salut d'Allah sur Sidna Mohamed,
sa famille et ses compagnons.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a été interrogé également sur différentes problématiques. On
peut en citer le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui : "Les savants de ma communauté
ressemblent aux prophètes des fils d'Israël". On en cite aussi le dire de Abi Abbés El Morssi : "Si le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, se voilait de moi ne serait-ce qu'en un clin d'œil, je ne me
compterais plus parmi les musulmans". On en cite aussi: "Nous sommes allés au fond d'une mer, au
bord de laquelle les prophètes se sont arrêtés".
La réponse, qu'Allah nous accorde succès par sa largesse et sa générosité : le hadith susmentionné
n'est pas un hadith. Il a été évoqué par As-sayuti dans son livre "Les perles répandues, concernant les
hadiths célèbres". L'auteur du livre al ibriz avait en effet interrogé son maître (sidi abdelaziz Debbarh),
clémence et satisfaction d'Allah sur lui, sur ce hadith. Et il lui a répondu que ce n'est pas un hadith. Il lui
a confirmé qu'il n'était pas un vrai hadith par voie de dévoilement, puisqu'il (sidi abdelaziz Debbarh)
n'était pas spécialiste de la science du hadith. Son dire est donc une preuve tranchante étant donné que
c'est un pôle, satisfaction d'Allah sur lui, comme déclaré dans ledit livre (Al Ibriz).
La deuxième citation rapportée sur Abi Abbés El Morssi n'était pas exacte. Le texte authentifié de
cette citation est le suivant : "Depuis quarante ans, je n'ai pas été voilé vis-à-vis d'Allah, même pas en un

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clin d'œil. Si le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, m'a été voilé ne serait-ce qu'en un clin d'œil, je
ne me compterais plus parmi les musulmans".
La réponse à ceci est que cette particularité ne concerne pas "El Morssi" seul. Elle est accordée au
pôle des pôles, en tout temps. Depuis son installation sur le siège du pôle, aucun voile ne se dresse
d'une manière fondamentale, entre lui et le prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Là où le prophète,
prière et salut d'Allah sur lui se déplace au sein de la présence de l'invisible ou de la présence du visible,
le pôle des pôles ne le quitte jamais des yeux. Il ne lui est pas voilé en tout moment.
Quant à la troisième citation "Nous sommes allés au fond d'une mer, au bord de laquelle les
prophètes se sont arrêtés", elle a été citée par Abi Yazid Bistami, satisfaction d'Allah sur lui, et non pas
par El Morssi, comme nous l'avons déjà précisé ci-dessus. La réponse:
Sachez que le fondement d'origine qui est incontournable, et que chaque croyant doit croire, et que
celui qui le transgresse sort en effet de la règle de la foi, est le suivant : le Vrai, le glorieux, le Très- Haut,
s'est manifesté par sa grandeur élevée, sa sublimité, sa solennité, et par ses attributs élevés et ses noms
en général et en particulier. Cette manifestation est différente pour chaque personne.
Elle n'obéit pas à une seule loi donnée, et n'est pas conforme à un modèle standard. Les
clairvoyances sont plutôt disproportionnées et les secrets des êtres créés sont bien différents vis-à-vis
de cette manifestation. Allah se manifeste à chaque personne selon sa capacité et selon ce qu'elle peut
recevoir comme manifestations de la Sainte beauté. Ces manifestations sont infinies, leurs limites, fins
et maximums ne peuvent jamais être atteints.
Une fois que vous savez ceci, sachez aussi que tout ce que comprend le rang du prophète, prière et
salut d'Allah sur lui, comme manifestations des attributs, des noms et des vérités, ne peut en aucun cas
être objet de convoitise de quiconque, qu'il soit un des grands messagers doués de fermeté ou un des
prophètes et messagers, prière et salut d'Allah sur eux, de rangs inférieurs.
De même, tout ce que comprend le rang des grands messagers doués de fermeté ne peut en aucun
cas être objet de convoitise des messagers en général. Et tout ce que comprend le rang de la messagerie
ne peut pas être objet de convoitise des prophètes en général. Et tout ce que comprend le rang de la
prophétie ne peut en aucun cas être objet de convoitise des pôles en général. Et tout ce que comprend
le rang de pôle ne peut en aucun cas être objet de convoitise des véridiques en général.
Puisque les choses sont ainsi faites et puisque vous connaissez ce détail, sachez alors que je vais vous
entretenir sur les extases qui ont émané de certains grands gnostiques, et qui ont donné l'impression
que leurs rangs spirituels dépassaient ceux des prophètes et des messagers. C'est le cas de Abou Yazid
Bisstami qui a dit : "Nous sommes allés au fond d'une mer, au bord de laquelle les prophètes se sont
arrêtés", ou du cheikh Abdelqader El Jili qui a dit : "O, prophètes, vous avez bien reçu le titre, mais nous
avons reçu ce que vous n'avez pas eu". C'est aussi le cas de Ibn Al-Fared qui a dit :
Arrête-toi devant une mer, au fond de laquelle je suis allé.
Les premiers se sont arrêtés à son rivage, par respect pour mon individualité.
Et qui a dit également:
Bien que je sois, du point de vue image, une progéniture d’Adam,
j’ai en lui un sens qui témoigne que je suis un père1
Il a dit dans le même poème après quelques vers:
Dans le berceau, ainsi que dans les éléments de ma table gardée,
mon parti est celui des prophètes sacrés.
La «Victoire éclatante 2«est ma Sourate: l'élevé.
Il a dit également :

1 -Il importe de signaler que celui qui parle ici est bien le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, mais avec la langue d’Ibn Al
Fared.
2 -La 48ème Sourate du Coran

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Venez au groupement de l’ancestral, à travers lequel J’ai trouvé les vieux du quartier central des
petits alors que je suis dans la fleur de ma vie.
Mes contemporains boivent du reste de mon verre.
Ainsi que ceux qui m’ont précédé dans l'ère.
Toutes les vertus ne sont que ma scorie.
Il a dit également dans son poème "Al kafiya":
Tous ceux qui se trouvent sous votre protection vous chérissent.
Mais, tout seul, mon amour vaut les leurs tous réunis.
C'est aussi le cas d'un autre gnostique qui a dit : "La progression des élus commence là où la
progression des prophètes s'arrête".
La réponse à ces extases1 est la suivante : le gnostique dispose d'un moment au cours duquel il est
anéanti et submergé. Il sort ainsi du cercle de sa sensation et de sa vision. Il sort de toutes ses
compréhensions et de son existence. Parfois, cette sortie se fait dans l'Entité du Vrai, le glorieux, le
Très-Haut.
Dans ce cas, certains secrets débordent sur lui à partir de la pureté du "Lahoute". Cet afflux l'entraîne
à attester que sa propre entité est l'Entité du Vrai elle-même. Cela est dû au fait qu'il est annihilé et usé
dans l'Entité sacrée. Il peut déclarer ainsi dans ce contexte : "Gloire à moi. Pas de divinité à part moi,
seul", etc. Il peut déclarer également "Solennité à ma sublimité, Pureté à ma grandeur".
Il est excusé en cet état, parce que la raison par laquelle il distingue entre les visions et les habitudes,
et à travers laquelle il maîtrise les détails des rangs en connaissant ce qu'ils méritent comme attributs,
est absente, annihilée, dissipée et perdue. Une fois qu’il perd cette raison et qu’il reçoit l'afflux de ce
saint secret, il commence alors à dire ce qu'il dit.
En fait, la parole qu'il a prononcée a été créée en lui par Allah. C'est Allah qui l'a délégué en cet état
pour parler à sa place. Il parle alors par la langue du Vrai, et non pas par la sienne, et il exprime l'Entité
du Vrai et non pas sa propre entité. C'est dans ce domaine que Abou Yazid Bisstami a dit "Gloire à moi ;
Sublimité à ma valeur".
C'est aussi le cas de "Hallaj" qui a dit : "Je suis le Vrai, et il n'y a dans cet habit qu'Allah". Un autre
gnostique a dit : "La terre est la mienne, et le ciel est le mien". Attoustari (chouchtari) a dit dans le
même contexte :
Regardez : Je suis quelque chose d’extraordinaire pour celui
qui me voit et m’aime.
Je suis l’amoureux, et le bien-aimé ; il n’y a pas de deuxième.
Il a dit également : "Je suis celui que j'aime, et celui que j'aime est bien moi-même". Les dires de Ibn
Al-Fared qui ressemblent à ceci sont nombreux. Cela est dû à l'anéantissement et à la submersion dans
l'Entité du Vrai. Ce phénomène dépasse la parole et les expressions, il ne peut être compris que par le
goût et par la pureté des états. Seul celui qui l'a goûté peut connaître sa vérité.
Parfois, cette submersion et cet anéantissement se font dans l'entité du prophète, prière et salut
d'Allah sur lui. Le gnostique devient alors absent vis-à-vis de sa propre entité et submergé dans celle du
prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Dans ce cas, le prophète lui tend certains de ses secrets. Une

1 -L’érudit sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ a parlé de l’extase comme étant une scène connue dans le monde du soufisme. Il a
dit en effet dans le premier tome de son livre «asserat al moustakim» (le droit chemin) : l’extase m’est arrivée
personnellement. J’ai écrit mon livre «chatahates skirjia» (extases de skiredj) à la suite d’un émissaire spirituel contraignant.
Ce n’était pas moi qui écrivais ce livre. C’était plutôt notre cheikh (sidi Ahmed Tidjani satisfaction d'Allah sur lui) qui me le
dictait. Toutes ces extases que j’écrivais n’étaient en fait que la parole du cheikh. C’est pour cela que le lecteur pourra être
choqué en me voyant déclarer solennellement que j’ai pu acquérir un secret, ou que j’ai pu atteindre une station très
élevée. Le négateur n’a pas goûté à la douceur de la proximité ou à l’amertume de l’éloignement. Ce sont des choses que les
gens dignes de l’amour goûtent. Comment veut-il les critiquer alors qu’il n’a même pas goûté à ce qu’ils ont goûté ? C’est la
loi du Vrai : tout négateur ingrat qui ne remercie pas l’aubaine d’Allah ne peut pas goûter à cette boisson pure.

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fois que l'entité du gnostique se couvre de ce secret, elle ne se voit plus. Elle ne voit que l'entité du
prophète, prière et salut d'Allah sur lui.
Allah l'informe donc de certaines particularités qu'il a attribuées exclusivement à son prophète,
prière et salut d'Allah sur lui. Ces particularités ne peuvent en aucun cas faire l'objet de convoitise de
quiconque à part le prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Le gnostique commence alors à parler par la
langue du prophète, et à sa place, en citant certaines grandes particularités qu'Allah lui a attribuées, et
par lesquelles son rang a été plus élevé, et plus honoré que les rangs de tous les autres prophètes et
messagers.
Dans ce cas, le gnostique décrit, en parlant de lui-même, ce qu'Allah a offert à son prophète, prière
et salut d'Allah sur lui. Celui qui l'écoute croit par conséquent qu'il s'approprie ces attributs; or, il les a
alloués au prophète, prière et salut d'Allah sur lui, car il est absent dans son entité, prière et salut d'Allah
sur lui. Une fois qu’il quitte cet anéantissement et cette submersion, et qu’il retourne à sa sensation et à
sa vision, il désavoue ce qu'il a dit parce qu'il connaît son rang.
C'est ce qui arrive aux cheikhs quand ils avancent des propos qui supposent que leurs rangs
dépassent ceux des prophètes et des messagers1. C'est le cas de "Doussouqi" qui a dit :
J’étais avec Noé, lorsque les gens ont vu les océans
et le déluge à la portée de ma puissance.
J’étais là quand Ismail a vu sa rançon,
alors qu’il était à deux doigts d’être égorgé.
La descente du mouton n’a eu lieu que par ma générosité.
J’étais avec Ayoub en période de souffrance.
Sa maladie n’a été guérie qu’à la suite de mon oraison.
Doussouqi, satisfaction d'Allah sur lui, a cité ce poème parce qu'il était anéanti dans l'entité du
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, et il traduisait sa station, prière et salut d'Allah sur lui. Voilà la
réponse expliquant ces extases. La raison ne peut pas atteindre plus que ça, ni la parole. Il est d'ailleurs
interdit de l'expliquer davantage à cause de son éloignement des intellects. Fin.
Ce qu'on vient de mentionner à propos de l'anéantissement du gnostique dans l'Entité d'Allah et
dans celle du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, ne concerne pas tous les gnostiques, ni tous les
moments de ceux à qui cela est arrivé. Il est plutôt spécifique à des moments donnés et à certains
gnostiques, seulement. Fin.
Rattrapage : La mer, au fond de laquelle le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est arrivé, alors
que les autres prophètes se sont arrêtés à son rivage, est la mer des vérités par lesquelles Allah s'est
manifesté exclusivement à son prophète Sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, en dehors des
autres grands messagers, prophètes et de ceux qui leur sont inférieurs. Si Allah se manifestait par la
moindre partie de ces vérités aux prophètes et aux messagers, ils seraient réduits à néant en moins d'un
clin d'œil.
Ils se sont donc arrêtés au bord de ces mers de manifestations, là où ils peuvent supporter
l'apparition de la solennité, de la beauté, de la sublimité et de la grandeur. Les vérités qui sont les leurs

1 - À propos du sujet de l’extase, l’érudit sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ a dit dans son livre «kachf al balwa» (le dévoilement
du fléau): En somme, l’extase qui émane des gens parfaits dignes de la proximité et de l’héritage des prophètes et des
messagers, prière et salut d’Allah sur eux, ne peut être qu’à la suite d’un ordre divin adressé à cet homme parfait pour qu’il
informe ses disciples de sa propre personne. Ce sont ces derniers qui vont bénéficier de cette extase. Il n’y a aucun orgueil
là-dedans. Il y a plutôt une bonne annonce pour les disciples, une assurance et une fortification de leur foi. Le disciple
bénéficie parfaitement de son maître quand il le connaît. C’est selon cette connaissance que la perfection du bénéfice est
assurée.
Cette connaissance peut être due à quelqu’un qui nous informe de cet homme parfait, ou à cet homme parfait lui-même qui
nous informe de sa propre personne. Il a été dit que le saint qui informe les gens de sa propre personne est plus accompli et
plus parfait que celui qui a été présenté par les autres. Celui qui informe les gens de sa propre personne à la suite d’un ordre
divin détient l’attribut des accomplis dans les stations de la perfection. Allah dit la vérité et c'est Lui qui met [l'homme] dans
la bonne direction.

-352-
ne représentent par rapport à celles du prophète Sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, que le
rivage par rapport à la mer. Les gnostiques ont donc parlé par sa langue, prière et salut d'Allah sur lui,
parce qu'ils étaient absents et anéantis en lui. Fin.
Puis, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : Il est interdit de mentionner ou même de prononcer
toute expression qui dépasse ce qu'on vient de dire et qui vise d'exprimer la réalité de cette mer. Fin.
Fin de la dictée de notre cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, à partir de sa mémoire et de ses propres
mots, lors d'une seule conférence, datée du 19 Rabiâ II (mois 4) 1206 de l'hégire. J'ai nommé ce
document intéressant, en consensus avec le cheikh : "Plongeon dans la mer afin de ramasser ses perles
et de résoudre ses problématiques concernant le dire: nous sommes allés au fond d'une mer, au bord
de laquelle les prophètes se sont arrêtés". Prière et salut d'Allah sur le prophète Sidna Mohamed et sur
sa famille.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a été interrogé sur le dire suivant du grand imam et célèbre
pôle, Abou Hamid El Ghazali, satisfaction d'Allah sur lui : "Il n'existe pas dans le domaine du possible
mieux que ce qui existe déjà”. Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : sachez qu'il n'existe
pas, dans le domaine du possible, plus honorable, plus élevé, plus beau et plus parfait que l'image de
tout l'univers. Cette image de l'univers n'est rien d'autre que Sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur
lui. Tout ce que vous voyez dans l'univers, avec ses différentes images et formes, qui ont des
significations et des édifices différents, et qui sont unies dans un seul corps : Il n'y a là que lui, prière et
salut d'Allah sur lui.
Parce qu'il a été créé, prière et salut d'Allah sur lui, à partir du secret dissimulé. La preuve de sa
valeur, prière et salut d'Allah sur lui, tirée des hadiths rapportés sur lui, est son dire prière et salut
d'Allah sur lui: "Je suis le maître des descendants d'Adam, je le dis pour annoncer cette vérité sans
chercher à m'élever". Il a dit également, prière et salut d'Allah sur lui, "Allah a créé la créature. Une fois
qu’il l’a terminée, il en a sélectionné la descendance d'Adam", etc1. Voilà en ce qui concerne la preuve
tirée à partir de la bibliographie.
Quant au domaine des vérités, la preuve est la suivante : lorsque la volonté du Vrai s'est attachée à la
création, à la suite d'une révolution due au penchant de l'amour. Allah dit en effet (dans le hadith
qodssi): "J'étais un trésor inconnu. J'ai aimé être connu. J'ai alors créé une créature à laquelle j'ai injecté
ma connaissance. C'est donc par moi qu'on m'a connu". Le premier être existant, résultant de cet amour
du Vrai pour créer la création est l'esprit de Sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui. C'est lui qui a
reçu l'ensemble de l'amour du Vrai. C'est à partir de lui et de cet amour que l'existence de l'univers s'est
ramifiée. C'est lui l'origine et le tronc, prière et salut d'Allah sur lui. Tout l'univers n'est qu'une de ses
branches.
Personne ne peut douter de la valeur du tronc par rapport à la ramification. En effet, étant le premier
être existant, il a reçu, grâce à l'amour du Vrai, tout ce que Allah a voulu faire apparaître à l'existence,
comme quiddités et apparences, allocations et dons, traces de la générosité et de la gloire, et traces de
l'influence et de la coercition. Allah, le glorieux, le Très-Haut, a groupé dans cette réalité
Mohammadienne tout ce qui a été susmentionné, dans l'ensemble et dans le détail.
Ensuite, Il a fait d'elle une source et un élément de tout ce qui arrivera aux univers, de tout ce qui est
susmentionné, dans l'ensemble et dans le détail, dans la prééternité et dans l'éternité. Il est impossible,
d'après la volonté divine, qu'il fasse émerger quelque chose dans l'univers, en dehors de la réalité
Mohammedienne. Et ce quelle que soit cette chose, qu'elle soit quiddité ou apparence, minime ou
grande. Une fois que vous savez ceci, la valeur de ce rang vous sera éclairée, avec tout ce qu'il comporte
comme manifestations du secret dissimulé et avec tout ce qui le caractérise comme allocations, dons,
offres, et largesses apparentes et cachées, dont la moindre partie ne peut pas faire l'objet de convoitise
de quiconque à part cette réalité Mohammedienne.

1 -Le hadith continue jusqu'à ce qu'il dise prière et salut d'Allah sur lui: puis il a choisi la descendance de Hachem à partir de
qorayche. Ensuite, il m'a choisi à partir de la descendance de Hachem.

-353-
Puisque vous savez ceci, vous savez alors aussi qu'il n'existe pas dans le domaine du possible plus
honorable, plus parfait, plus élevé, et plus beau que cette image connue de l'univers, et qui n'est autre
que la réalité Mohammadienne. Que la meilleure prière et que le plus pur salut d'Allah soient sur elle.
Fin à partir de la dictée du cheikh.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a été interrogé sur la signification du dire suivant: "La
connaissance du saint est plus difficile que la connaissance d'Allah". Il a répondu, satisfaction d'Allah sur
lui, en disant : on peut comprendre ce dire à partir de ce qu'a dit Al morssi, satisfaction d'Allah sur lui :
"Si la réalité du saint était décelée, il aurait été adoré1". La réalité du saint, consiste en effet à ce qu'il
soit dépourvu de tous ses attributs humains et à ce qu'il soit qualifié des attributs divins d'une manière
externe et interne.
La connaissance du saint est plus difficile que la connaissance d'Allah signifie également que Allah, le
Très-Haut, est connu par les attributs de Sa perfection. Il est différent de toute sa créature dans tous Ses
attributs. Donc Ses attributs sont manifestes.
Quant à la détection du saint à partir des attributs par lesquels il est connu comme saint, elle est
difficile, car ces attributs sont internes en lui et ne peuvent pas être décelés. L'apparence du saint (de
l'élu) est identique à celle des gens ordinaires. Il mange comme eux, boit comme eux, s'accouple comme
eux, et court pour gagner sa vie tout à fait comme les inattentifs parmi les gens du commun.
C'est pour ça que sa connaissance en tant que saint est difficile. Quant à Allah, Ses attributs
apparents sont bien distincts de ceux de ses serviteurs. Donc, le saint, étant donné qu'il ne se distingue
pas des autres, et qu'il bouge et se repose exactement comme eux, et qu'il partage tous leurs états, et
que rien n'apparaît des attributs de sa sainteté, sa connaissance qui permet de le distinguer est difficile.
Par ailleurs, "Si la réalité du saint était décelée, il aurait été adoré", parce que ses attributs font
partie des attributs de son Dieu, et ses qualificatifs font partie de Ses qualificatifs. Il a été, en effet,
dénudé, de tous ses attributs humains, exactement comme la brebis quand elle est dépouillée et quand
sa peau est ôtée. Il s'habille donc des habits des attributs divins. Si ces habits se décèlent aux serviteurs,
alors le saint sera adoré. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Quant à la question qui concerne la signification de ce qu'a dit le cheikh Abdelqader Jilani,
satisfaction d'Allah sur lui : "Mon ordre est par l'ordre d'Allah, si je dis sois à une chose, elle est
aussitôt". De même concernant le dire du cheikh Zarrouq, satisfaction d'Allah sur lui : "Dans le pli de ma
poignée", ou concernant d'autres dires, par exemple : "O, vent, arrête de souffler sur eux, par mon
autorisation", et ainsi de suite, etc.
Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : la signification de cela est que Allah a accordé à
ces saints la souveraineté sublime par délégation. Il leur a accordé une procuration générale sur son
Royaume. Ils peuvent y faire ce qu'ils veulent. Il leur a accordé également le mot de création, chaque
fois qu'ils disent à une chose "sois", et elle est aussitôt. Cela concerne l'émergence du pôle selon l'image
divine, exprimée par la "Khilafa oudma" ou souveraineté sublime par délégation. Rien ne leur est donc
difficile dans l'univers.
Ali Ben Abi Taleb, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : "C'est moi qui fais briller les éclairs; qui fais tonner
les tonnerres, et qui fais bouger et diriger les orbites". Il veut insinuer par ça qu'il est le souverain par
délégation sur la terre et sur tout le Royaume d'Allah2. Quant à la question concernant le dire de Ben
Ataâ Allah : "Gloire à celui qui a fait que la preuve sur ses élus, ne peut être établie que selon la preuve
sur lui-même, et qui n'a fait arriver à ses élus que celui qu'il veut conduire vers lui-même".
Cela nous rappelle le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, lorsqu'on lui a posé la
question : "qui sont les élus d'Allah ?" Il a répondu : "Ce sont ceux qui, quand on les voit, on se rappelle

1 -Ses lumières sont en effet très puissantes. Si elles sont vues par les gens du commun, ces derniers croiront que cet élu est
Dieu et ils l’adoreront.
2 -Le successeur d’Allah ou le souverain par délégation est celui qui veille sur les affaires de la présence divine. C'est le
«ghawt» (le secoureur). Il est le responsable sur l’ensemble des sujets d’Allah intérieurement et extérieurement.

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Allah". Mais ce hadith ne concerne qu'un groupe spécial d'élus, ce sont les "clés des trésors". Il ne
concerne pas les autres, même pas le pôle.
Cela veut dire que quand Allah conduit quelqu'un à un élu et injecte en lui, dans son cœur, la
conviction formelle qu'il s'agit bien d'un élu, de sorte que ce serviteur n'hésite pas et ne doute pas de
lui. Puis, il le sert avec sincérité et bienséance, jusqu'à ce que l'amour de cet élu brille dans le cœur de ce
serviteur.
Cet amour doit être dû au fait que cet élu fait partie des gens dignes de la présence d'Allah, et qu'il a
été sélectionné par Allah pour lui-même. Si le serviteur l'aime uniquement pour cette raison. Il n'y a pas
de doute qu'il arrivera vers Allah, même après un certain temps. Mais, s'il arrive chez le saint, et il
commence à s'intéresser à ses propres intérêts et concupiscences, et n'accepte de ce saint que ce qui
est conforme à ses intérêts, il ne fera donc pas partie des gens pouvant arriver à Allah, le Très-Haut, ni
au saint. Le maximum que le saint peut faire à son égard, est de continuer à se comporter
convenablement avec lui, compte tenu de la bienfaisance qu'Allah lui a ordonné de faire. Mais il ne lui
confiera pas ses secrets.
Ce disciple, même s'il reste avec ce saint mille ans, il n'obtiendra rien de lui. L'état du saint lui dira en
effet : "Tu n'es pas venu chez nous ni pour Allah ; ni pour nous ; mais tu n’es venu que pour ton intérêt.
Il n'y a aucun rapport entre toi et nous"1. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : maître, satisfaction d'Allah sur vous, nous
avons des problématiques à résoudre et nous souhaitons, en sollicitant Allah, puis en sollicitant votre
largesse, que vous nous expliquiez ce qui vous paraît dans ce sujet, s'il vous plaît : quelles sont ces
lumières qui brillent sur les débutants dans la voie soufie ? S'agit-il de lumières éternelles appartenant à
chaque croyant, mais décelées en cas de repentir ?
Ou bien, elles ne brillent que lorsque le cœur maîtrise bien la foi ? Qu'est-ce qui bloque la lumière de
la clairvoyance à voir la faveur divine ?
Quelle serait la boisson qui se boit lorsqu'on est satisfait de ce que fait le bien-aimé ? Par quoi le
disciple se promène-t-il dans le monde du "Moulk" s'élevant ainsi au-dessus des univers obscurs ? Par
quoi se promène-t-il dans le monde du "Malakout", est-ce par les sciences ou par les compréhensions ?
Est-ce que l'intellect dispose d'un domaine en ceci ? Les sciences, peuvent-elles atteindre
l'authentification suivie par les soufis ? Les compréhensions, peuvent-elles atteindre le monde le plus
sublime ?
Que signifie "la lune du monothéisme" qui est alimentée par le soleil des connaissances ? Que
signifient les vents As-Sabâ (vents d'est) qui passionnent les esprits ? Sont-ils dirigés par le cheikh ou par
le prophète, prière et salut d'Allah sur lui ? Le cheikh, conduit-il les disciples vers Allah par ses propos ou
par ses actes ? A-t-il une force et des secrets par lesquels il attire les esprits vers la Sainte présence? Que
devra-t-on croire à propos du cheikh : est-il une manifestation des vérités que les intellects et les

1 - À propos de ce sujet, l’érudit sidi Mohamed Saghir a dit dans son livre «al jaych al kafil» (l’armée suffisante pour se venger
de celui qui a porté son épée de négation contre le cheikh Tijani) : Al Lamti a dit dans son livre «al ibriz» (l’or pur) : j’ai
entendu mon cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, dire : le but de l’élu d’Allah est de guider les gens à Allah, et de les pousser à
renoncer à tout ce qui est en dehors de Lui. Si la personne qui se dirige vers le saint demande ceci, elle bénéficiera beaucoup
de lui. Mais si elle vient pour lui demander de résoudre ses problèmes et d’exaucer ses vœux, tout en ne mentionnant pas le
Seigneur, elle encourra la détestation du saint, et par conséquent elle encourra beaucoup plus de problèmes et de sinistres.
Ceci est dû à plusieurs raisons, on peut citer par exemple le fait que cette personne n’aime pas ce saint pour la face d’Allah,
elle l’aime plutôt marginalement. L’amour marginal est une perte évidente, car cet amour ne peut jamais recevoir les
lumières du Vrai.
Parmi ces raisons, on peut citer également que l’élu voit cette personne s’attacher à autre chose qu’Allah. Cet attachement
traduit la coupure elle-même avec Allah. Le saint veut sauver cette personne, mais cette dernière est entêtée. Le saint la
voit donc en train de saisir une braise enflammée au lieu de saisir le fruit. Le fruit représente la connaissance d'Allah et le
culte. La braise représente quant à elle la coupure par rapport à la présence d’Allah et l’attachement à autre que Lui. Elle
représente également le penchant pour ce monde ici-bas et pour ses décorations.
Parmi ces raisons : si l’élu exauce le vœu de cette personne et montre les dévoilements dont il bénéficie, elle croira que c’est
le maximum qu’on peut connaître et que c’est l’ultime souhait. Or, cette croyance est un égarement qui mène à la
détestation de cette personne par cet élu.

-355-
compréhensions n'arrivent pas à comprendre ? Ou bien ordonne-t-il uniquement les âmes pour que les
esprits soient pieux ? Ou bien est-il l'aliment des esprits pour qu'ils captent ce qu'ils peuvent capter des
émissaires spirituels?
Est-il plutôt le successeur du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, diffusant ses secrets internes
qui sont impossibles à atteindre par ceux qui se préoccupent de la science exotérique ? Si l'on suppose -
comme nous l'avons susmentionné - que le cheikh, guide par son apparence seulement, et qu'il est
dominé par les sens, alors dans ce cas celui qui est écrasé et dominé ne peut pas transcender et arriver
aux lieux des esprits ! Est-ce que le cheikh peut gérer l'esprit de l'esprit ? Ou bien est-il un simple isthme
pour les esprits, jusqu'à ce qu’il amène le disciple au but, puis il se retournera de lui ? Ou bien est-ce
qu'il ne se séparera jamais de lui ?
J'interroge également sur les états du cheikh : pourquoi, il rassemble parfois autour de lui-même, et
parfois autour du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, et parfois autour d'Allah, le glorieux1. Est-ce
que tout ceci est inclus dans ses attributs ou pas ? Clarifiez- nous, cher maître, chaque problématique à
part, satisfaction d'Allah sur vous, afin d'arroser la soif et de guérir la maladie.
Je n'ai trouvé personne à part vous, pouvant arroser ma soif et guérir ma maladie. Pour Allah, pour
Allah, pour Allah, dévoilez-moi, cher maître, ce qui m'a été voilé. Résolvez-moi ces problématiques par
votre don seigneurial, par votre savoir gnostique et par votre secret divin. Clarifiez-moi chaque
problématique sans réserve. Si vous les développez bien, c'est ce qu'on sollicite de vos sciences
gnostiques. Qu'Allah vous éternise faisant bénéficier les serviteurs à travers tous les pays du monde.
Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en priant Allah de lui accorder le succès : sachez que ces
lumières ne sont pas éternelles. Elles sont plutôt créées pour amadouer et apaiser les gens de la voie
(soufie). Ces lumières n'arrivent pas nécessairement à tout disciple, ni en toute station, ni en tout état,
ni en toute orientation. Elles peuvent être créées comme elles peuvent ne pas être créées.
Concernant la question : qu'est-ce qui bloque la lumière de la clairvoyance à voir la faveur divine ? La
réponse est la suivante : la faveur du Vrai - qui est la lumière du don qui émerge de Sa présence et qui
provoque les octrois provenant des coffres des noms et des attributs - fait partie de ce que le Vrai s'en
empare. Les lumières des clairvoyances ne peuvent pas l'atteindre pour la voir. Les clairvoyances ne
voient plutôt que les octrois qui émergent d'elle. Quant à la lumière qui parvient de la présence et qui
provoque les octrois, elle fait partie de la substance de la volonté divine. C'est l'un des trésors, dont
Allah s'accapare la connaissance. Personne ne peut la connaître. Mais Allah, le Très-Haut, peut la
dévoiler à une élite de grands gnostiques afin qu'ils la voient d'une manière oculaire.
En ce qui concerne la question : quelle serait la boisson qui se boit lorsqu'on est satisfait de ce que
fait le bien-aimé ? Réponse : la boisson est la délectation par les handicaps, les catastrophes et les
sinistres. Cette délectation ressemble à celle d'un affamé qui vient de savourer un repas très délicieux et
très appétissant.
Cette sensation ne peut pas être acquise par le serviteur. Il n'y a aucune astuce pour l'atteindre. Il
s'agit bien d'un pur don du Vrai. Il l'offre par Sa largesse à celui qu'il veut. Cette délectation finit par faire
oublier au serviteur les maux qu'il peut sentir à cause des tragédies ou des sinistres.
Pour ce qui est de la question : par quoi le disciple se promène-t-il2 dans le monde du "Moulk"
s'élevant ainsi au-dessus des univers obscurs ? Par quoi se promène-t-il dans le monde du "Malakout",
est-ce par les sciences ou par les compréhensions ? Est- ce que l'intellect dispose d'un domaine en ceci ?
Les sciences, peuvent-elles atteindre l'authentification suivie par les soufis ? Les compréhensions,
peuvent-elles atteindre le monde le plus sublime ?

1 -Les cheikhs rassemblent parfois les gens autour d’eux-mêmes, parfois autour du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, et
parfois autour d'Allah. Cela dépend des afflux qui leur parviennent. Le cheikh rassemble les gens autour de ses afflux et de
ce qu’Allah a projeté dans sa mer comme sciences. Ces afflux limitent et cadrent ses enseignements. C’est ainsi qu’il parle
parfois de ce qu’il a hérité du prophète, prière et salut d’Allah sur lui ; on dit alors qu'il rassemble les gens autour du
prophète, prière et salut d’Allah sur lui. Parfois, il cite et explique des versets coraniques selon les afflux qui lui sont
parvenus, etc.
2 - Se promener ici veut dire exécuter des missions.

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La réponse à tout ceci est la suivante: le disciple se promène dans le "Moulk" et dans le "Malakout"
ou bien par l'imagination ou bien par les esprits. Ceci ne se produit pas par les sciences ni par les
compréhensions, mais plutôt par de saintes lumières injectées à partir de la présence du Vrai. Elles
parviennent ensuite au serviteur qui acquiert grâce à elles une limpidité, une maîtrise, et une proximité
de la présence divine. Ce qui lui permet de se promener dans le "Moulk", le "Malakout", le "Jabarout",
et là où Allah veut qu'il part.
Concernant la question que signifie "la lune du monothéisme" qui est alimentée par le soleil des
connaissances ? Réponse : la lune du monothéisme est la constatation de l'unicité d'Allah, le Très-Haut,
par goût et par dévoilement oculaire certain, du point de vue de toutes les diversités de l'univers, au
point de voir toutes les différences unifiées comme une unique quiddité indivisible.
Si le disciple essaie de constater autre chose (comme la pluralité par exemple), il ne pourra pas. C'est
ce qui est exprimé chez les gnostiques par "la confirmation absolue". Elle n'est acquise qu'à la suite de la
pureté et de la perfection de la connaissance.
Concernant la question : que signifient les vents As-Sabâ (vents d'est) qui passionnent les esprits ?
Sont-ils dirigés par le cheikh ou par le prophète, prière et salut d'Allah sur lui ? Réponse : les vents
As-Sabâ sont les lumières des faveurs qui proviennent de la présence du Vrai, et qui englobent les
saintes lumières, les états élevés, les hautes valeurs morales, la purification, la limpidité et la noyade
dans la mer de la certitude. Les gnostiques les expriment par le terme "Jadbe" ou attraction. Ces vents
proviennent grâce au secret des douceurs divines en faveur de celui qu'Allah a aimé, a élu, a accepté, et
a préparé pour la contemplation de Sa présence.
Une fois que ces vents parviennent aux esprits, ou aux cœurs ou aux secrets, ils les saisissent et les
ravissent vers la présence divine par coercition et influence. Ils ne peuvent plus s'en détacher. Leur
provenance n'est pas liée à une cause donnée, elle est plutôt une faveur du Vrai, selon Sa diligence et
selon Son élection pour celui qu'il veut. Leur source est la réalité Mohammadienne et leur survenance
se fait dans la réalité Mohammadienne.
Le cheikh peut être présent avec ces vents, comme il peut ne pas l'être. Ils peuvent être accordés à
un disciple grâce à l'orientation et au souhait de son cheikh. Mais parfois ces vents refusent et la
détermination du cheikh ne les influe pas.
Son dire : le cheikh, conduit-il les disciples vers Allah par ses propos ou par ses actes ? A-t-il une force
et des secrets par lesquels il attire les esprits vers la sainte présence ? La réponse : le cheikh conduit vers
Allah par sa totalité, d'une manière exotérique et ésotérique, par ses propos, ses actes, ses états, ses
mouvements et ses repos. Concernant son dire "Il attire les esprits vers la sainte présence", la réponse
est la même que la précédente à propos des vents As-Sabâ.
Concernant son dire : que devra-t-on croire à propos du cheikh : est-il une manifestation des vérités
que les intellects et les compréhensions n'arrivent pas à comprendre ? Ou bien ordonne-t-il uniquement
les âmes pour que les esprits soient pieux ? Ou bien est- il l'aliment des esprits pour qu'ils captent ce
qu'ils peuvent capter des émissaires spirituels ? Est-il plutôt le successeur du prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, diffusant ses secrets internes qui sont impossibles à atteindre par ceux qui se
préoccupent de la science exotérique ? Si l'on suppose - comme nous l'avons susmentionné - que le
cheikh, guide par son apparence seulement, et qu'il est dominé par les sens, alors dans ce cas les cœurs
ne peuvent pas transcender et arriver aux positions des esprits !
La réponse à toutes ces questions est la suivante : le cheikh de la voie (soufie) joue le rôle de guide. Il
connaît bien la voie (la route) et ses difficultés. Il prépare pour chaque étape à franchir ce qu'elle exige
en approvisionnement et moyen de transport. Il est pour les esprits et les cœurs un médecin avisé, qui
connaît les maladies contingentes, leurs matières, la méthode pour les soigner, la posologie du
médicament et son mode d'administration. Il connaît les médicaments à utiliser contre ces maladies afin
de faire revenir les cœurs et les esprits à leur parfait état de santé. Voilà tout ce dont dispose le cheikh.
Quant à ce qui est derrière ceci, comme afflux, manifestations, lumières, secrets, états, sciences,
connaissances, monothéisme, singularisation, transcendance dans les positions et les stations, tout cela
est entre les mains du créateur, l'unique, le glorieux, le Très-Haut. Il en donne ce qu'il veut à qui il veut,

-357-
et en interdit ce qu'il veut à qui il veut. Le cheikh n'est qu'une simple cause, selon la règle qu'on vient de
citer.
Concernant son dire : est-ce que le cheikh peut-il gérer l'esprit de l'esprit ? Ou bien est-il un simple
isthme pour les esprits, jusqu'à ce qu’il amène le disciple au but, puis il se retournera de lui ? Ou bien
est-ce qu'il ne se séparera jamais de lui ? J'interroge également sur les états du cheikh : pourquoi, il
rassemble parfois autour de lui- même, et parfois autour du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, et
parfois autour d'Allah, le glorieux ? Est-ce que tout ceci est inclus dans ses attributs et ses états ou pas ?
Paix sur vous. Fin.
La réponse est la suivante : l'esprit de l'esprit est l'esprit de la sainte présence, qui apporte le saint
afflux, chargé de connaissances, de sciences, de secrets, de lumières, de sagesses, de précisions, de
finesses, de présents, de dons dépassant la raison et la compréhension, d'attributs, d'états, de certitude,
de monothéisme, de levée complète du voile, de la grande constatation et de la connaissance qui
atteint le maximum dans tous les rangs. Cette connaissance est une connaissance de goût, oculaire, qui
ne se réduit pas à une simple croyance.
Voilà l'esprit, exprimé par "l'esprit des esprits". Les esprits sont pour lui comme sont les corps
opaques et denses pour les esprits animaux. Ne perdons pas de vue que l'esprit animal gère le corps
dense. Tout esprit humain est géré par cet esprit (l'esprit des esprits). Ce dernier est incorporé dans
l'esprit humain, comme dans le cas d'un corps dense qui abrite un esprit animal. Cet esprit est vivant, il
puise sa vie de la vie éternelle et persistante. Il ne meurt jamais, ni dans ce monde d'ici-bas ni dans le
monde de l'au-delà. Il ne goûte pas la mort que les humains goûtent.
Sa mort n'est qu'une simple séparation de son esprit animal de son corps dense. Cet esprit se
rattache ensuite à des choses dont personne ne connaît les réalités, et qui lui confèrent des aubaines et
des délices inestimables. Seuls ceux qui les ont vus peuvent les concevoir. C'est ce qui a été montré par
le verset coranique suivant : «Est-ce que celui qui était mort et que Nous avons ramené à la vie et à qui
Nous avons assigné une lumière grâce à laquelle il marche parmi les gens ..» (Sourate Al An'âme, les
bestioles, verset 122).
Quant à l'isthme des esprits, il s'agit des esprits qui arrivent à la présence du Vrai, avec une parfaite
connaissance, une pure certitude et un esprit de constatation. Leur isthme qui existe entre eux et entre
la présence divine n'est autre que la réalité Mohammadienne, prière et salut d'Allah sur elle. C'est tout.
Il n'y a pas d'isthme réservé au cheikh dans ce contexte.
Concernant la question : est-ce que le maximum que peut faire le cheikh pour son disciple est de le
faire parvenir à la présence divine, puis il se retournera de lui ? Ou bien est-ce qu'il ne se séparera
jamais de lui ?
La réponse : sachez qu'il se sépare de lui une fois que le disciple arrive à la contemplation de la
présence divine. Dans ce cas, le disciple doit encore à son cheikh le respect, la glorification, la vénération
et la reconnaissance de la supériorité de son rang par rapport au sien. Si le disciple ne reconnaît plus
ceci, il sera dépouillé et banni.
Quant au fait que les états du cheikh font qu'il rassemble parfois autour de lui-même, et parfois
autour du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, et parfois autour d'Allah, le glorieux. La réponse : il n'y
a pas de contradiction entre ces trois états du cheikh. En effet, s'il guide les gens vers Allah, c'est bien ce
qui est demandé.
S'il guide les gens vers le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, en rassemblant les gens vers lui, ce
sera alors un rassemblement vers Allah. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est en effet le
successeur absolu d'Allah, d'une manière exotérique et ésotérique. Celui qui se rassemble avec les
autres autour de lui se rassemble en fait autour d'Allah, le Très-Haut. Si le cheikh rassemble autour de
lui- même, il ne faut pas perdre de vue qu'il est un successeur du prophète, prière et salut d'Allah sur lui,
dans la guidance vers Allah et dans l'appel à Allah. Le fait qu'il rassemble les gens autour de lui- même
est un rassemblement autour d'Allah le Très-Haut, parce qu'il est un successeur authentique. Fin de la
dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.

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Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la signification des deux vers célèbres suivants
extraits du poème d'un certain gnostique:
Deux «ayn1«, deux «ayn», aucune plume ne les a écrites.
Dans chacune des deux «ayn», il y a deux «noune2«.
Deux «noune», deux «noune», aucune plume ne les a écrites.
Dans chacune des deux «noune», il y a deux «ayn».
Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : sachez que la première "ayn" est Son Entité dont
l'existence est obligatoire, pour Son Entité, et à partir de Son Entité, selon tout aspect et toute
considération. La deuxième "ayn" est ton entité (celle du serviteur), dont l'existence est possible selon
un aspect et obligatoire selon un autre aspect. À partir de son entité pour son entité, son existence est
possible (contingente), mais selon le fait que la volonté divine s'est attachée à son existence, et selon le
fait que le savoir divin l'a englobée, son existence est obligatoire. Son dire «Dans chacune des deux
[ayn], il y a deux [noune]». La première "noune", est le Moi du Vrai. La deuxième "noune" est le moi3 du
serviteur.
En effet, lorsque le saint secret du Lahout est descendu au serviteur, accompagné des lumières
divines, que l'intellect est incapable de comprendre la moindre partie d'entre elles, et évidemment
incapable de cerner leur essence. Et lorsque ce saint secret et cette lumière se sont propagés dans la
totalité du serviteur, Allah lui a fait voir par conséquent l'effacement du cercle de l'autre et de l'autrui. Il
ne reste donc dans la constatation du serviteur qu'un seul dans un seul, à cause de l'élimination de la
pluralité, selon tout aspect et toute considération.
Dans ce domaine, si le serviteur regarde dans son entité, il ne verra que "UN" qui n'accepte ni
pluralité ni autrui. S'il regarde dans Allah4, il ne verra que lui-même. S'il regarde dans n'importe quelle
chose, il ne verra que ce qu'il a vu en lui-même. C'est ce qui est exprimé par "le groupement total", par
"l'union vraie" et par "l'effacement certain". Tout cela est dû à la manifestation de ce secret et de cette
lumière en lui. Cette manifestation lui a caché ce qu'il sentait avant concernant sa propre existence et le
cercle de ses sensations.
Lorsqu'il regarde dans sa propre entité dont l'existence est obligatoire selon un aspect et possible
selon un autre aspect, il voit en elle son Moi comme étant exactement le Moi du Vrai et le Moi du vrai
comme étant exactement son propre Moi. Ce sont deux "Moi" palpables en lui, d'une manière concrète,
qui peut être sentie, selon un goût, et selon une constatation certaine.
Voilà «l'ayn» (l'entité) qui contient deux «noune» : "noune" de son moi et "noune" du Moi du Vrai.
Lorsque le serviteur regarde dans Allah, il regardera l'Entité du Vrai comme étant sa propre entité. Il
trouvera dans l'Entité du Vrai "noune" du Moi du Vrai et "noune" de son propre Moi à cause de leur
union dans sa sainte constatation. Cela est un des secrets mystérieux qui ne peut pas être atteint par les
intellects ni par les forces humaines. Il n'est atteint que par l'afflux seigneurial et par l'ouverture divine.
Il ne peut pas être acquis à la suite d'un effort individuel. Voilà l'explication du premier vers du poème. Il
s'agit de quelque chose qui est obtenu par goût et levée de voile, et non pas par la parole.
Quant au deuxième vers : Deux "noune", deux "noune", etc : la première "noune" est ton Moi, parce
que si tu dis : "je suis là" tu trouveras que c'est ton entité qui l'a dit et tu trouveras que l'Entité du Vrai
l'a dit aussi. Donc cette "noune" comprend deux entités. La deuxième "noune", est le Moi du Vrai. Là où
tu l'entends dire: "je suis Allah. Pas de divinité à part moi", tu trouves que c'est l'Entité du Vrai qui parle,
et tu trouves aussi que ton entité le dit aussi, à cause de leur union dans une seule vision. Tout cela
n'existe que dans le regard du serviteur, c'est tout.

1 -»Ayn» : Une lettre de l'alphabet arabe, qui peut signifier également l'entité, l'œil, la source d'eau et plusieurs autres
définitions.
2 - «Noune» : Une lettre de l'alphabet arabe.
3 -Le Moi, s'écrit en arabe en utilisant la lettre «noune».
4 -Regarder «dans» Allah traduit une notion soufie très élevée.

-359-
Gloire à Allah. Il est beaucoup plus élevé, ceci n'existe pas dans Sa constatation. Son savoir, gloire à
lui, et Sa maîtrise sont derrière tout cela. Les états ne lui sont pas ambigus. Il ne confond pas la servitude
et la seigneurie.
Donc, nous disons que tu trouves ici au sein du Moi du Vrai ton entité et Son Entité bien stables, et ce
par constatation certaine et levée du voile. Dans ton Moi, il y a ton entité et Son Entité. De même, dans
Son Moi il y a Son Entité et ton entité. «Dans chacune des deux "noune", il y a deux "ayn".»
Voilà ce que nous pouvons dire en ce moment. Derrière ceci il y a ce que personne ne peut imaginer
et qui ne peut pas être décrit par la parole. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, au
savant, érudit, intellectuel, intelligent, Sidi Mokhtar Ben Taleb Tlemçani qui fait partie de l'élite des
compagnons du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui. Il est aussi un des plus grands savants dont la
bénignité est large. J'ai recopié ce texte de son écriture. Fin.
J'ai interrogé le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, sur les djinns, rentrent-ils au Paradis et
goûtent-ils de son délice comme les humains ? Est-ce que, au contraire, ils n'auront aucune chance pour
y accéder ? Est-ce qu'ils se transformeront en terre comme les animaux ou pas ? Il a répondu,
satisfaction d'Allah sur lui, en disant : sachez que la parole qu'il faut adopter et qui traduit la vérité elle-
même, est que les djinns et les humains sont au même pied d'égalité dans la responsabilité et dans les
charges religieuses en général des points de vue de l’ordre divin, de la prohibition, de l’interdiction, du
devoir, ainsi que dans le message divin qui leur a été transmis et leur appel à Allah, le Très-Haut.
Il n'y a aucune différence entre les djinns et les humains à ce propos, et ce selon des preuves
relevant du livre saint, de la sounna et de l'unanimité de la communauté. Concernant le livre saint, Allah
a parlé d'eux dans les sourates "Al Ahqaf" et "Al Djinn" ; il les a évoqués et a décrit leur statut d'une
manière explicite, qui n'accepte aucune interprétation. Concernant la sounna, le prophète, prière et
salut d'Allah sur lui, a dit : "J'ai été envoyé aux deux charges: les humains et les djinns". C'est un hadith
jugé authentique à l'unanimité. Celui qui croît à son opposé est un mécréant.
La communauté musulmane est d'accord à l'unanimité que le message divin a été adressé à la fois
aux djinns et aux humains. Ces deux derniers ont été, tous les deux, appelés à Allah, le Très-Haut, selon
les propos du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Les deux sont responsables vis-à-vis de l'exécution
de l'ordre d'Allah.
Par conséquent, les djinns sont au même pied d'égalité que nous, dans tout ce qu'a englobé le
discours divin et prophétique concernant:
• La rétribution et le châtiment à l'égard de ceux qui obéissent ou qui désobéissent à Allah,
parmi les humains et les djinns.
• L'entrée au Paradis et la jouissance de ses aubaines, en faveur du croyant, parmi les
humains et les djinns, qui a obéi à Allah ou qui a été pardonné.
• L'entrée à l'Enfer et le supplice subi par celui qui a désobéi à Allah et qui n'a pas été
pardonné, parmi les humains et les djinns.
Les versets coraniques suivants en témoignent : «Nous n'avons envoyé de Messager que pour qu'il
soit obéi, par la permission d'Allah» (Sourate Les femmes, An Nissaâ, verset 64) ; «Quiconque obéit au
Messager obéit certainement à Allah» (Sourate Les femmes, An Nissaâ, verset 80). Ces versets sont
valables pour toute personne à qui le message divin a été envoyé, qui a cru en Allah et qui a respecté les
règles religieuses et les verdicts, qu'ils soient sous forme d'ordres, ou de prohibitions. Il n'y a donc
aucune différence entre les djinns et les humains dans la globalité de la transmission du message divin,
dans l'appel à Allah et dans la responsabilité qui leur incombe concernant les charges religieuses.
Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit : «Tels sont les ordres d'Allah. Et quiconque obéit à Allah et à
Son messager, Il le fera entrer dans des Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, pour y demeurer
éternellement. Et voilà la grande réussite. Et quiconque désobéit à Allah et à Son messager, et
transgresse Ses ordres, Il le fera entrer au Feu pour y demeurer éternellement. Et celui-là aura un
châtiment avilissant» (Sourate Les femmes, An Nissaâ, versets 13-14). Ces versets coraniques, en tenant
compte de leurs verdicts, sont destinés d'une manière globale à chaque individu parmi ceux qui ont reçu

-360-
le message divin. C'est-à- dire parmi ceux dont le messager a été ordonné de les appeler à Allah, le
Très-Haut.
Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit : «Et quiconque, homme ou femme, fait de bonnes œuvres,
tout en étant croyant... les voilà ceux qui entreront au Paradis; et on ne leur fera aucune injustice,
fût-ce d'un creux de noyau de datte» (Sourate Les femmes, An Nissaâ, verset 124). Ce verset coranique
englobe tous ceux qui ont reçu le message du messager les appelant à Allah, le Très-Haut1. Allah, le
Très-Haut, a dit, à propos des croyants dotés de raison, en rapportant leur parole : «Seigneur! Nous
avons entendu l'appel de celui qui a appelé ainsi à la foi: «Croyez en votre Seigneur» et dès lors nous
avons cru. Seigneur, pardonne-nous nos péchés, efface de nous nos méfaits, et place nous, à notre
mort, avec les gens de bien. Seigneur! Donne-nous ce que Tu nous as promis par Tes messagers. Et ne
nous couvre pas d'ignominie au Jour de la Résurrection. Car Toi, Tu ne manques pas à Ta promesse.
Leur Seigneur les a alors exaucés (disant): En vérité, Je ne laisse pas perdre le bien que quiconque
parmi vous a fait, homme ou femme ..» (Sourate Al Imran, versets 193-195).
Ces versets coraniques englobent tous ceux qui ont reçu le message et l'appel à Allah, djinns et
humains. Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit : «Aux croyants et aux croyantes, Allah a promis des
Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux» (Sourate At Thaoubah, Le repentir, verset 72). C'est un
verset qui englobe également les djinns et les humains. Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit : «Ceux qui
croient et font de bonnes œuvres auront pour résidence les Jardins du <Firdaws> (Paradis)» (Sourate
Al Kahf, La caverne, verset 107).
Tous ces versets coraniques et leurs semblables englobent tout individu parmi ceux qui ont reçu le
message divin. Il ne faut prêter aucune attention à ce qui s'oppose à ceci comme écrits. Ce ne sont que
des imaginations que l'intellect a supposées, et qui sont clairement fausses, selon le livre saint et la
sounna, comme nous l'avons susmentionné. Ce que nous venons de dire est suffisant pour celui qui
médite. Fin de l'écriture de notre bien-aimé, Sidi Mokhtar Ben Taleb, d'après la dictée de notre cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui, à partir de sa mémoire et de ses propres mots.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la réalité du soufisme. Il a répondu, satisfaction
d'Allah sur lui : sachez que le soufisme c'est obéir à l'ordre d'Allah et éviter la prohibition d'une manière
exotérique et ésotérique, selon ce qui satisfait Allah, et non pas selon ce qui vous satisfait à vous. Fin de
la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la réalité de la sainteté. Il a répondu, satisfaction
d'Allah sur lui : il y a la sainteté générale et la sainteté particulière. La sainteté générale concerne
l'époque qui s'étend de Adam à Jésus, prière et salut d'Allah sur eux. La sainteté particulière concerne
quant à elle l'époque qui s'étend du prophète Sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, jusqu'au
sceau des saints. La particularité signifie ici le fait que celui qui en est digne se voit qualifié de tous les
attributs du Vrai, c'est-à-dire de la totalité des trois cents attributs, sans en perdre le moindre attribut.
Allah dispose en effet de trois cents attributs. Celui qui se qualifie d'un seul de ces attributs entre au
Paradis. Cela est spécifique au prophète Sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, ainsi qu'à ses
héritiers parmi les pôles de cette noble communauté jusqu'au sceau des saints. Fin des propos du
cheikh, il a précisé que cette explication a été annoncée par ibn arabi Hatimi, satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la vérité du savoir. Il a répondu, satisfaction d'Allah
sur lui, en disant : sachez que la vérité du savoir est un talent que l'individu peut acquérir selon sa
maîtrise de ce savoir, de ses normes et de ses règles. Il peut, grâce à ce talent, lever toute
problématique et ambiguïté qui concerne cette science. Il peut apporter différents témoignages qui
distinguent les vérités de ce savoir de ses expressions figurées, qui détaillent les liaisons qui existent
entre ses besoins et ses exigences, et qui précisent la distinction de ses branches, et ce sans rien
apprendre à travers les livres, les enseignements ou la lecture.

1 -À propos de ce sujet, l’érudit sidi Mohamed Arbi ben Sayeh a dit dans son livre «boughyat al moustafid» (le souhait du
bénéficiaire exaucé lors de l'explication du livre al mounya) p 175 : d’après ce qui a été rapporté par l’imam Malek et par
l’imam Chafii, satisfaction d’Allah sur eux : les djinns n’entrent pas au Paradis, ils entreront plutôt à ses jardins. Les croyants
vont les voir depuis le Paradis, mais eux ils ne peuvent pas les voir (à l’inverse de ce qui se passe dans ce monde ici-bas).

-361-
Il arrive plutôt à ceci grâce à la force de son talent et non pas grâce à l’image transmise. Cette image
transmise dépend, chez eux, soit d'une force nécessairement soit d'une information entendue1. Fin de la
dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui. Paix sur vous.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la vérité de l'élu. Il a répondu, satisfaction d'Allah sur
lui, en disant : la vérité de l'élu : Allah s'est occupé de lui particulièrement, tout en lui permettant de
constater les actes du Vrai, du glorieux.
Une fois, le cheikh a dit : "Tout en constatant les actes et les attributs du Vrai". On lui a posé la
question suivante : "Est-ce que l'élu ou le gnostique ignore-t-il quelque chose de la loi religieuse qui lui
incombe?".
Il a répondu "Oui" sauf en étudiant et en posant des questions (aux savants). Les règles de la loi
religieuse ne proviennent par afflux que très rarement, au profit de rares gnostiques. Celui qui maîtrise
bien les règles de la loi religieuse et de tout ce dont les gens ont besoin est plutôt "le singulier
rassembleur"2.
C'est lui qui a la charge de la loi religieuse en toute époque, et ce même s'il est illettré et même s'il
n'a jamais étudié. Fin. Le cheikh Ayachi, qu'Allah ait son âme en sa sainte miséricorde, a dit : "La sainteté
est une faveur devancée par un service rendu". Fin. Notre cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : c’est
une pure faveur devancée par un pur service rendu. Fin.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur leur dire, satisfaction d'Allah sur eux : "Le cercle de
l'élu est plus large que celui du prophète". Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : L'élu,
signifie ici les élus de cette communauté uniquement, c'est-à- dire celui, parmi les hommes de cette
communauté, qui a reçu l'ordre d'appeler à Allah, le Très-Haut. Ce sont eux qui ont des cercles plus
larges que ceux des prophètes. La largeur du cercle ou son rétrécissement dépendent du nombre des
groupes de gens appelés à Allah, le Très-Haut.
Chaque messager, parmi les messagers, à part Sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, sa
mission a été spécifique à une patrie, à une ethnie ou à un pays donné, sans le dépasser ailleurs. Mais la
mission de notre prophète, Sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, a été quant à elle générale
pour tous les pays, pour toutes les régions, pour toutes les ethnies, pour toutes les communautés et
pour toutes les époques.
Par conséquent, les élus de sa communauté qui appellent vers Allah, leur appel est général comme
l'est la mission de leur prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Cet appel vers Allah ne concerne pas un
pays spécifique, ni une ethnie donnée, ni une certaine communauté. Il est général tout comme la
généralisation de la mission de leur prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Voilà la largeur du cercle de
l'élu qui dépasse celle du cercle du prophète.
Ensuite, cet appel vers Allah est une obligation à l’égard des élus, par voie exotérique de la loi
religieuse, en référence au hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui : "Transmettez de ma part
ne serait-ce qu'un seul verset" et au hadith : "Commandez les bons usages et proscrivez ce qui est
réprouvé". Mais cet appel, que nous avons mentionné ici, nécessite une autorisation spéciale comme
celle de la transmission du message divin. Celui qui se présente aux gens et les appelle vers Allah, le
Très-Haut, tout en étant autorisé spécifiquement à le faire, par autorisation divine, alors son appel se
propage dans tous les coeurs et les gens l'acceptent, répondent à son appel et le suivent.

1 - Ici, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, parle des gens qui bénéficient de l'afflux des sciences et qui lisent les livres tout en
ayant l'ouverture spirituelle. Si l'image transmise chez les gens voilés est cette image qui est gravée lors de l'apprentissage,
elle est différente dans le cas des saints dont le voile est levé.
En effet, l'image transmise dépend de la force interne de chaque individu. Elle dépend soit d'une force nécessairement, soit
des informations perçues.
Les élus sont en fait, capables de répondre à des milliers de questions en une seule séance, car ils bénéficient de l'aide des
rouhanis de leurs cheikhs (invisibles pour les gens voilés). Ce sont leurs cheikhs qui répondent. L'élu ne fait qu'écouter les
réponses de son cheikh et répondre à partir de ce qu'il a écouté.
2 - C'est-à-dire le pôle

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Son ordre sera exécuté et sa prohibition sera évitée. Les gens vont l'obéir et sa parole aura un goût
sucré dans les coeurs. Mais celui qui se présente aux gens pour les appeler à Allah selon une
autorisation générale, sans spécificité, personne ne donnera de l'importance à sa parole. Et personne ne
se tournera vers lui. La langue du Vrai lui dira, sur la plate forme des vérités, en exprimant son cas :
Nous ne t'avons pas ordonné de faire cet appel et tu n'y es pas habilité. Tu n'es qu'un simple
touche-à-tout, un indiscret. Celui qui se trouve dans cette situation sera testé par des désirs qui vont
naître et qui concerneront la supériorité, la cagoterie et le faux- semblant (en vue d'obtenir un intérêt
des gens). Tout ceci contredit la religion d'Allah. Ibn Al-Fared, satisfaction d'Allah sur lui, a dit :
Notre élu est, chez eux, un prophète inspiré.
Celui, parmi nous, qui appelle au Vrai est comme un messager.
Ben Ataâ Allah a dit : "Celui qui est autorisé à s'exprimer (à prendre la parole en public), son
expression sera comprise par les gens et son signe leur sera clair" 1 . L'histoire du cheikh Jilani,
satisfaction d'Allah sur lui, est bien connue; il a dit : hier j'ai jeûné. Oum Yahya m'a préparé alors des
œufs pour la rupture du jeûne. Elle les avait déposés sur le bord du lit.
Un chat est venu et les a volés. L’auditoire a commencé alors à pleurer comme à son accoutumée
jusqu'à la fin de l'histoire2.
Celui qui prétend avoir une autorisation spéciale d'Allah, alors qu'il ment, et se plaît en appelant les
gens à Allah, mourra mécréant, sauf s'il se repentit. Qu'Allah nous protège et nous accorde le salut de
par le prestige du prophète et de sa famille. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la vérité du gnostique. Il a répondu, satisfaction
d'Allah sur lui, en disant : sachez que le gnostique est parfaitement éveillé et satisfait pour deux raisons
obligatoires :
La première raison est ce dont il bénéficie au sein de sa station comme ouvertures, afflux,
manifestations, et merveilles des vérités et des secrets que l'intellect ne peut même pas comprendre,
comment pourrait-il alors les exprimer ! Il connaît par conséquent, ce dont il a besoin dans chaque
étape et en chaque chose à part, comme fonctions, bienséances et confrontations3 qui sont les
exigences de la servitude.
La deuxième raison : son éveil et son observation attentive des changements des phases de l'univers,
en bien, ou en mal ou en autre chose. Il connaît dans chaque partie et dans chaque évènement, la
manifestation du Vrai qui y émerge, la présence à partir de laquelle la phase a pris son origine, pour
quelle raison tel évènement a-t-il eu lieu et qu'est-ce qui est voulu de lui ?

1 -Quand une personne parle tout en se basant sur une autorisation spirituelle pour s’exprimer, elle attire les attentions, et
son expression transperce le fond des coeurs. Les significations qu’elle véhicule ne peuvent être que claires et bien
comprises, même si elle les exprime en commettant des erreurs de grammaire. Allah, le Très-Haut a dit : «sauf celui qui
vient à Allah avec un cœur sain». Il n’a pas dit «avec une langue saine», mais plutôt avec un cœur sain.
2 -En ce qui concerne cette histoire de sidi abdelqader JILANI, satisfaction d’Allah sur lui, son fils abdelwahab a rapporté ce qui
suit : j’ai voyagé longuement pour apprendre les sciences. Une fois de retour à Bagdad, j’ai demandé à mon père de me
laisser prendre la parole à sa place et parler à l’auditoire. Il a accepté, je me suis donc précipité vers sa chaire et j’ai
commencé ma causerie religieuse. J’ai senti qu’il n'y avait dans l’auditoire aucun cœur soumis, et aucune larme qui coule.
Soudain, les gens ont commencé à crier et à solliciter le discours de mon père. Je suis descendu alors et il a repris sa chaire.
Il a dit : hier j'ai jeûné. Oum Yahya m'a préparé alors des œufs pour la rupture du jeûne. Elle les avait déposés sur le bord du
lit. Un chat est venu et les a volés. L’auditoire a commencé alors à pleurer comme à son accoutumée. Lorsqu'il est descendu,
je lui ai exprimé mon étonnement, il m’a dit : o mon fils, tu es satisfait de ton savoir et de ton voyage, as-tu voyagé là-bas ?
Et il m’a montré le ciel du doigt. Puis il m’a dit : o mon fils, lorsque je me suis installé sur la chaire, le Vrai s’est manifesté à
mon cœur, et c'est pour cela que j’ai dit ce que j’ai dit. Et tu viens de voir la réaction des gens.
Abdelwahab a repris : parfois, quand quelqu’un lui posait une question, il lui répondait : je dois demander d’abord
l’autorisation pour vous répondre, et il se tut, puis il devient couvert de solennité et de prestance, et il commence à
répondre. Il m’a dit : par la puissance d’Allah, je ne parle (ou je ne m’exprime) que quand j’entends : ô abdelqader parle,
nous sommes avec toi ou : o abdelqader parle nous t’écoutons.
3 -Il s'agit de confronter toute chose par ce qui lui convient comme acte d'adoration. Par exemple, confronter les aubaines par
le remerciement, confronter les péchés par la demande du pardon, etc.
L'élu se place à un niveau élevé de bienséance devant son seigneur, il confronte ainsi toute chose rapidement avec ce qui lui
convient comme acte d'adoration.

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Il donne alors à toute chose et à tout évènement ce qu'ils méritent, selon le temps, comme
fonctions, bienséances et confrontations qui sont les exigences de la servitude. Rien ne lui est difficile en
tout ceci et à tout instant. C'est ce qui est exprimé, chez les gnostiques, par le contrôle. Celui-ci exige
d'abord la constatation puis la parfaite connaissance. Si ces deux dernières n'existent pas, alors le
contrôle ne pourra pas avoir lieu. En effet, l'esprit, lorsqu'il contemple la Sainte beauté finit par être
anéanti, oubliant les univers à cause de son occupation totale par la Sainte beauté. Ce "Contrôle" ne
concerne que les gnostiques parfaits. C'est la plate forme de la grande succession.
Celui qui est digne de ce "Contrôle" est prédisposé à être le successeur d'Allah sur sa créature parce
qu'il a complété le rang de la servitude. Si cet état (de contrôle) devient permanent chez le gnostique, il
sera alors prédisposé à voir Allah en tout rang et avec certitude. C'est ce qu'on appelle "le pôle". Mais il
peut ne pas être pôle. Fin.
Puis, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : celui qui voit le Vrai avec certitude est celui qui le
voit en toute chose constatée sans constatation1. Celui qui voit le Vrai et la créature avec certitude voit
que tout atome de l'univers dispose d'un aspect donnant à l'absolu, et d'un autre donnant à la
restriction. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la constatation de la créature, c'est-à-dire les anges,
les djinns et les humains. Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : sachez que les élus des
"djinns" tournent autour de l'acte, du secret de l'acte et de la lumière de l'acte. Les êtres spirituels
"rouhanis" tournent autour du nom, du secret du nom et de la lumière du nom. Les "anges" tournent
autour des attributs, du secret des attributs et de la lumière des attributs. Les élus "humains" tournent
autour de l'Entité, du secret de l'Entité et de la lumière de l'Entité. Chaque catégorie sut où s’abreuver!
L'humain dont le voile est levé, voit en premier lieu le rang des djinns, puis il avance jusqu'au quatrième
rang, qu'Allah nous l'accorde et qu'on n'en soit pas démuni. Paix sur vous. Fin.
Puis il a dit, satisfaction d'Allah sur lui : le mouvement des esprits des hommes et leur constatation
sont disproportionnés. Certains ne dépassent pas le monde du Moulk, il s'agit du monde qui s'étend du
bas ciel jusqu'à la terre; c'est le plus petit monde. Certains arrivent au monde du Malakout, qui s'étend
du septième ciel jusqu'ici. D'autres disposent d'un savoir plus grand, atteignant le monde du Jabarout,
qui s'étend du trône jusqu'ici.
D'autres disposent d'un esprit qui transperce le collier vert et qui sort du globe universel; ce sont les
grands. Qu'Allah nous compte parmi eux de par Sa pure largesse et Sa générosité. Amen. Puis il a dit,
satisfaction d'Allah sur lui ; les rangs des hommes sont au nombre de trois :
• Le premier rang est celui des gnostiques ; c'est la constatation du Vrai dans les rangs.
• Le deuxième rang est celui des singuliers (Al Afrad) ; il s'agit de la constatation du Vrai, sans
les rangs.
• Le troisième rang est celui du pôle : ce rang est caché dans le mystère de l'inconnaissable. Il
n'est pas mentionné et n'est connu que par celui qui le détient, c'est-à-dire le pôle
rassembleur. Il dispose, en effet, des deux premiers rangs qui sont sa constatation du Vrai
dans les rangs afin d'agir dans l'univers, et sa constatation du Vrai en dehors des rangs. Il
dispose également de ce troisième rang tenu secret et qu'il ne partage avec personne.
Parmi les choses qu'Allah a octroyées au pôle des pôles, et avec lesquelles il l'a honoré, on peut
citer le fait qu'il lui a enseigné la science de la pré création de l'univers, de ce qui est derrière lui et de ce
qui n'a pas de limite.
Il lui a fait constater l'Entité par l'Entité elle-même2. Il lui a enseigné la science de tous les noms sur
lesquels repose l'organisation de chaque atome existante, c'est-à-dire les "noms élevés". Il l'a
caractérisé par les secrets du cercle de l'enveloppement, ainsi que par tous ses afflux et ce qu'il

1 -C'est-à-dire il voit le Vrai en toute chose que sa vue peut atteindre. Mais il ne peut pas le déterminer dans ce qu'il voit. Il le
voit avec sa vue et sa clairvoyance sans qu'il puisse le déterminer. Allah dit en effet: les regards ne peuvent l'atteindre,
cependant qu'il saisit tous les regards.
2 -Allah dit en effet: "Les regards ne peuvent l'atteindre, cependant qu'il saisit tous les regards". C'est Allah qui donne à ces
regards la force par laquelle ils deviennent capables de voir ces vérités. L'élu est dans ce cas anéanti par rapport aux univers.

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comprend. Voilà comment il a été spécifié par rapport aux meilleurs des singuliers qui sont les "clés des
trésors".
Ceux-ci ne savent pas que ces caractéristiques lui sont spécifiques, sauf en ce qui concerne le cercle
de l'enveloppement ; ils savent bien qu'il lui est spécifique. Quant à ce qu'il constate, ils n'ont aucune
connaissance là-dessus, parce qu'il accède à la présence (divine) par la porte de la cabine qui leur est
voilée. Le cheikh satisfaction d'Allah sur lui a précisé que ces propos se rapportent à Abi L'hassan
Chadzili, satisfaction d'Allah sur lui.
Ensuite, il a dit : le souverain par délégation (ou le successeur) dispose de la gestion générale, de la
gouvernance globale complète dans tout le royaume divin. Il détient, par conséquent, l'ordre et la
prohibition, l'approbation et le blâme, la louange et la condamnation, selon ce qu'exige la volonté du
successeur, qu'il soit prophète ou élu. Ils sont au même pied d'égalité dans ce rang. Le messager ne
détient pas l'ordre et la prohibition d'une manière générale, il les détient s'il les entend de son
expéditeur, le glorieux, le Très-Haut, sans rien ajouter de sa part.
Il n'est qu'un annonciateur du message. Il n'est pas le maître qui ordonne et qui prohibe, sauf si le
messager est en même temps un successeur. C'est alors qu'il disposera du premier rang. Le successeur
élu a un cercle plus large de point de vue de l’ordre, de la prohibition et de la gouvernance que le
messager non-successeur. Afin d'illustrer ceci, on prend l'exemple d'un grand roi qui a nommé un
membre de son escorte dans le poste de gestionnaire de tout son royaume, par procuration et
succession, alors qu’il n'a pas confié ce poste à un de ses ministres ni à quelqu'un de son proche conseil,
et ce malgré la supériorité de leur rang par rapport à celui des membres de l'escorte. Cet exemple lève
toute ambiguïté qui laisse entendre que le rang de l'élu successeur est supérieur à celui du messager
non-successeur. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la signification du verset coranique suivant :
«Lorsque Ton Seigneur confia aux Anges: <Je vais établir sur la terre un successeur <Khalifa>«(Sourate
Al Bakarh, La vache, verset 30). Sa signification : il le remplace dans son royaume, gloire et grandeur à
Allah. Là où le seigneur est Dieu, il est son successeur, dans les verdicts, dans tout le Royaume. "El Jili",
satisfaction d'Allah sur lui, a dit, dans ce sens :
Mon ordre est par l’ordre d’Allah,
si je dis sois, il est de l'immédiateté.
Or tout est par ordre d’Allah.
Alors considère ma capacité.
Il en est de même pour le dire du cheikh "Zarrouq", satisfaction d'Allah sur lui, et pour le dire
d'autres gnostiques : "O, vent, arrête de souffler sur eux, par mon autorisation". Cela signifie que c'est
un successeur, le Vrai l'a fait succéder dans son Royaume, par procuration générale, afin de faire dans le
Royaume ce qu'il veut. Allah lui a accordé le mot de création, chaque fois qu'il dit à une chose "sois",
elle est aussitôt.
Cela concerne son émergence selon l'image divine, exprimée par la "Khilafa oudma" ou souveraineté
sublime par délégation. Rien ne lui est donc difficile dans l'univers. Ali Ben Abi Taleb, satisfaction d'Allah
sur lui, a dit : "C'est moi qui fais briller les éclairs; qui fais tonner les tonnerres, et qui fais bouger et
diriger les orbites". Il veut insinuer par ça qu'il est le souverain par délégation sur la terre et sur tout le
Royaume d'Allah. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
La citation suivante se rapportant à certains grands hommes soufis confirme ce qu'a dit Sidna Ali Ben
Abi Taleb, satisfaction d'Allah sur lui: "Je vois les sept deux, les sept terres et le trône à l'intérieur de
mon entité". Il en est de même pour ce qui est au- dessus du trône, c'est-à-dire les soixante-dix voiles.
Dans chaque voile, il y a soixante-dix ans. Entre chacun des deux voiles successifs, il y a soixante-dix ans.
Tout cet espace est rempli de nobles anges. Il en est de même pour ce qui est au-dessus des soixante-dix
voiles, c'est-à-dire le monde "Arraqqa". Toutes ces créatures ne pensent à rien et ne sentent rien que
par l'autorisation du pôle qui est le grand maître de l'époque. Fin
Il a obtenu ce rang parce qu'il est le successeur du Vrai. Ce successeur, qui est le pôle des pôles se
caractérise par tout ce qu'on vient de dire et par d'autres choses spécifiques qui le distinguent des

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meilleurs des singuliers et des grands élus. Pour donner une idée sur ces choses, on peut citer la réponse
du maître de l'univers et du repère des mondes, prière et salut d'Allah sur lui, à la question du cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui, sur les clés des trésors et le pôle des pôles, lequel des deux dispose du plus
haut rang chez Allah, le Très-Haut ?
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, lui a dit : Il (le pôle des pôles) est plus élevé qu'eux dans
certaines stations et dans certains rangs. Allah lui a fait hériter la manifestation parfaite qui englobe
toutes les manifestations. Il lui a fait hériter le nom suprême avec tout ce qu'il enveloppe. Il lui a fait
hériter le renfort et l’assistance du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, directement et sans
intermédiaire.
Il lui a fait hériter le fait que le renfort de tous les élus se passe par son intermédiaire. Il lui a fait
hériter également le pouvoir de faire mouvoir les inanimés ainsi que tout être vivant, la souveraineté sur
chaque chose, et la sublimité sur chaque chose. Tout ce qu'on vient de mentionner traduit la clé qu'il a
héritée du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. C'est le successeur du prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, en tout ça. Fin de la réponse du maître de l'univers, prière et salut d'Allah sur lui, à la
question de notre maître et modèle, satisfaction d'Allah sur lui.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : les attributs du pôle sont tels qu'il est vu savant, mais
aussi ignorant, naïf, mais aussi clairvoyant, preneur et abandonnant, ascète, mais aussi ambitieux, facile
et difficile, souple et rigide1. Paix sur vous. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la vérité de la «qutbaniya» (rang de pôle). Il a
répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : sachez que la vérité de la qutbaniya (rang de pôle) est la
grande succession (khilafa) au Vrai d'une manière absolue, dans tout l'univers, dans sa globalité et dans
ses détails. Là où le seigneur est Dieu, il est son successeur dans la gestion des verdicts divins et dans
leur exécution sur tout être se trouvant sous la divinité d'Allah, le Très-Haut. Le pôle remplit également
le rôle de l'intermédiaire sublime entre le Vrai et la créature. Rien ne parvient à la créature, à partir du
Vrai, que par l'intermédiaire du pôle, en référence à sa souveraineté par délégation. Il est le distributeur
de chaque part à son destinataire.
Le pôle veille également sur l'univers, en étant lui-même l'esprit de tout atome parmi les atomes de
l'univers, globalement et en détail. L'univers en totalité n'est qu'une silhouette inerte, et c'est lui l'esprit
qui l'anime d'une manière globale et détaillée. Il anime à la fois les esprits et les corps de l'univers. Il
administre les rangs des saints, il goûte ainsi à tout ce qu'ils goûtent. Il n'y a pas un rang dans l'univers,
que ce soit d'un gnostique ou d'un élu, qu'il n'a pas goûté. Il est le gérant de tous ces rangs, et il est le
pourvoyeur des gens qui en sont dignes. Il se particularise par le secret caché que personne ne peut
acquérir. Fin.
La signification de son statut d'intermédiaire sublime, est qu'il se place entre le Vrai et la créature,
tout en remplaçant la réalité Mohammedienne. Le pôle se caractérise également par l’authentification
de l'ordre d'Allah dans chaque rang de l'univers. Il donne à chacun des rangs, qu'il soit relatif au Vrai ou
à la créature, ce qu'il mérite comme droits et bienséances.
Cela est spécifique à lui. Il ne concerne pas les autres gnostiques ni même les clés des trésors. Il est,
en tout ça, le successeur du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Il se distingue ainsi de tous les
autres élus. En Somme, en matière de tous ses rangs dans la présence du Vrai, il est, par rapport aux
autres gnostiques de l'univers et par rapport à ceux qui occupent des rangs spirituels inférieurs,

1 -À propos de ce sujet, l’érudit sidi Lahjouji a dit dans le tome 7 de son livre «ithaf ahl al maratib al irfaniya» (le cadeau offert
aux gens dignes de rangs gnostiques, en leur présentant la biographie de certains hommes de la voie Tidjaniya) en
rapportant les propos d’un compagnon faisant partie de l’élite des compagnons du cheikh, satisfaction d’Allah sur lui : la
signification du fait qu’il est vu savant et ignorant : il ne se déclare pas comme étant un savant, et ne porte pas l’habit des
savants. Celui qui voit son apparence va croire qu’il fait partie des gens du commun qui sont pour la plupart des ignorants.
Or, il est l’homme le plus savant sur la terre.
Puis, il a dit : ceci peut signifier également qu’il prend plusieurs couleurs selon les gens qui viennent lui rendre visite et selon
leurs intentions. Parfois, il montre le savoir, parfois il montre l’ignorance, parfois il montre la clairvoyance, parfois il montre
la naïveté, parfois il montre un attachement à des biens, parfois il montre le renoncement et l’ascèse, etc. Tout cela dépend
de l’état de celui qui est venu lui rendre visite.

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l'homme source puisant de la source. C'est par lui qu'Allah offre sa miséricorde à l'univers. C'est par lui
qu'Allah accorde l'effusion du bénéfice à l'univers. C'est par son intermédiaire que l'univers subsiste
dans le voile de la miséricorde et de la douceur. C'est par lui que l'univers subsiste en existence. Il est
une miséricorde pour tous les serviteurs et un nuage pluvieux dans tous les pays.
Son existence dans l'univers est une vie pour l'esprit total de l'univers. Par son souffle, Allah pourvoit
les hauts mondes et les bas mondes. Son entité est un miroir dépouillé. Chacun y trouve son objectif. Sa
présence est une peinture qui peint tous ceux qui font la prière derrière lui, dans tout ce qu'ils ont
l'intention de faire et dans tout ce qu'ils souhaitent. Ce que tu vois en lui, c'est lui qui te l'a fait voir. Ce
que tu lui as attribué, il te l'a donné. Attention, évite de te priver de vénérer les saints de l'époque, sinon
tu encourras l'expulsion et la détestation.
Celui qui dément les saints de son époque sera privé de la bénédiction du moment. Celui qui se
ravitaille par la marchandise de l'époque sera approvisionné par la providence du moment. Celui qui
dément et qui se livre à des polémiques, s'est interdit en réalité l'approvisionnement. Qu'Allah soit
satisfait de cet Imam. Qu'il nous range dans son groupe, grâce au prestige du meilleur des hommes, que
la meilleure prière et l'éminent salut soient sur lui, à tout instant. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction
d'Allah sur lui.
Ensuite, il a dit, satisfaction d'Allah sur lui : sachez que les élus sincères disposent, chacun d'eux, de la
force de cent hommes. Chacun des gnostiques, dignes du monde du "Moulk" dispose de la force de trois
cents hommes. Chacun des gnostiques dignes du monde du "Malakout" dispose de la force de cinq
cents hommes. Chacun des gnostiques dignes du monde du "Jabarout" dispose de la force de sept cents
hommes.
Chacun des gens dignes du "monde de l'ordre" dispose d'une force équivalente à celle de mille
hommes. La force du pôle des pôles est équivalente à celle de mille cinq cents hommes. La force de
chacun des "quatre singuliers" est de mille sept cents hommes. La force de chacune des "clés des
trésors" est de deux mille hommes. Fin.
La signification des mondes du "Moulk”, du "Malakout", du "Jabarout" et "de l'ordre" est la suivante :
1. Le monde du "Moulk" s'étend du ciel à la terre.
2. Le monde du "Malakout" s'étend du premier ciel au septième ciel.
3. Le monde du "Jabarout" s'étend du septième ciel au siège.
4. Le monde "de l'ordre" s'étend du siège au trône et au-delà du trône.
Le "Moulk" signifie le monde du "Nassout", c'est la densité intense et c'est la manifestation par les
corps denses. Le "Malakout" signifie le monde des lumières. C'est la manifestation par les images des
corps subtils.
Le "Jabarout" est le monde des secrets. C'est la manifestation par les images des corps purs parmi les
"corobiens"1 et leurs semblables. Le monde "de l'ordre" est la manifestation par les images des
créatures spirituelles pures indemnes de la matière et de la nature. Allah s'est manifesté à chaque
monde, par un rapport parmi les rapports de la présence divine. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction
d'Allah sur lui. Qu'Allah éternise son éminence. Amen.
Puis, il a dit, satisfaction d'Allah sur lui : l'origine de chaque atome de l'univers est qu'il est un rang du
Vrai (Gloire au Très-Haut). Le Vrai se manifeste en lui par tout ce qu'il veut comme actes et verdicts. La
créature en totalité est une apparence de ses verdicts et des perfections de Sa divinité. Il n'y a pas la
moindre particule dans l'univers qui sort de Son ordre. Il n'y a là que les perfections de Sa divinité.
Dans ce domaine, l'animal, l'objet inerte, l'homme et les autres sont au même pied d'égalité. Il n'y a
pas de différence entre un être humain croyant et un être humain mécréant ; les deux sont égaux dans
ce domaine. C'est ainsi que, selon ce fondement, le mécréant est glorifié parce qu'il est un des rangs
divins. L'humiliation qu'il subit, la dégradation et le pouvoir que le croyant a sur lui, ne sont que des
verdicts qui se sont déroulés sur lui.

1 - Les corobiens sont une espèce d'anges supérieurs'

-367-
Ces verdicts ne détruisent pas les règles du fondement, puisque le fondement ne peut jamais être
détruit. Les verdicts qui se déroulent ne sont que contingents. La référence, c'est le fondement et non
pas le contingent. Détenir un savoir parfait en ceci, consiste à glorifier le mécréant, parce qu'il s'agit d'un
rang du Vrai, dans lequel Allah s'est manifesté par ses verdicts. Mais il doit être glorifié intérieurement,
et humilié, battu, et combattu extérieurement, selon le verdict de la loi religieuse et de la sagesse.
Ceci concerne uniquement les gnostiques et leur manière de voir les choses. Cela ne concerne pas le
domaine de la loi religieuse. Le prophète a rapporté cette manière de voir les choses, en disant, prière
et salut d'Allah sur lui : ne soyez pas hautains avec Allah, dans son territoire et avec sa créature. Celui
qui s'élève au-dessus des serviteurs, il s'élève aussi sur Allah et s'enorgueillit devant lui.
Ce que nous avons dit ci-dessus explique ce hadith. En effet, toutes les créatures sont des rangs du
Vrai. Il faut se soumettre à lui, devant son verdict et là où il a placé sa créature, sans émettre
d'objection. Ensuite, c'est la loi religieuse qui régit les choses. Elle doit s'appliquer extérieurement et
non pas intérieurement.
Ceci n'est à la portée que de celui qui a connu l'union de l'univers. Il constate en elle la séparation et
la liaison. Pour lui, l’univers est une entité unie, sans morcellement, et ce malgré la pluralité de ses
composantes diversifiées. Cette union ne la fait pas sortir de la différence qui existe entre ses individus
selon les verdicts et selon les particularités.
C'est ce que les gnostiques expriment en disant "la pluralité est l'union elle-même; et l'union est la
pluralité elle-même". Celui qui voit la pluralité dans l'univers et la séparation dans ses composantes voit
en fait une entité unie malgré cette pluralité. De même, celui qui regarde l'union elle-même, il la voit en
train de se proliférer d'une manière illimitée. Ce regard ne concerne que le gnostique, uniquement, et
non pas les gens voilés. Il concerne celui qui a vu l'union selon le goût, et non pas d'après les écrits et la
bibliographie. Ceci dépasse la parole. Quant à la signification de la liaison et de la séparation : l'union est
la liaison ; la pluralité est la séparation. Fin.
Puis, derrière cette réalité, Allah se manifeste aux gens, en eux-mêmes par un voile très épais, qui
cache d’eux la vision de Son acte, de Son incitation, et de Son atténuation. Ce voile ne leur permet pas
de voir non plus qu'Allah est en train de veiller sur eux en accomplissant ce qu'il veut. Allah leur fait
plutôt voir selon cette manifestation et ce voile, qu'ils s'accaparent l'acte, le choix, le mouvement et le
repos.
Ils voient qu'ils s'emparent de ça, par leur cœur et par leur conduite, là où ils veulent, et comme ils
veulent, sans aucun obstacle ni tuteur qui peut les empêcher d'avancer dans ce domaine. Ils ne voient
pas d'acteur qui agit en eux à part eux, ou qui les fait bouger à part eux-mêmes. Ils ne voient pas qui
peut les empêcher de réaliser leurs choix. C'est en matière de cette manifestation et de ce voile que la
législation des lois religieuses a été développée et que les messagers ont été envoyés, annonciateurs et
avertisseurs.
Les jugements et les verdicts ont été alors établis. Et il incombe aux gens d'assumer leurs
responsabilités à l'égard de l'ordre divin, qu'il soit sous forme d'ordre à exécuter, ou de prohibition à
éviter, ou d'action à mener ou à abandonner, ou d'obéissance, ou de désobéissance, ou de devoir, ou
d'interdiction. Devant cet ordre, la rétribution a été établie, que ce soit sous forme d'une aubaine, d'un
supplice, d'un blâme, d'un reproche, d'une louange, ou d'un compliment. C'est en matière de cette
manifestation et de ce voile qu'Allah a établi la sagesse et la loi religieuse. Fin de la dictée du cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui, à partir de sa mémoire et de ses mots.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la vérité du point du cercle de la nature pure. Il a
répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : Le cercle de la nature pure signifie le cercle des esprits
quand ils ont été créés au départ. Son point est la réalité Mohammadienne. La nature signifie ici la
formation des choses après leur non-existence. La nature pure est la nature qui a été créée à un niveau
maximal de limpidité et d'honneur, convenable à la Sainte présence. Elle ne connaît qu'Allah, elle n'aime
qu'Allah, elle ne donne aucune importance à autrui et elle ne glorifie qu'Allah, le Très-Haut.
Voilà la pureté par laquelle elle a été qualifiée. Dans ce domaine, elle ne savait pas ce qu'on voulait
d'elle, jusqu'à ce qu'elle ait noué le pacte avec Allah. C'est alors qu'elle a su ce qu'Allah voulait d'elle

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comme adoration, responsabilités, et tout ce qui peut suivre comme besoins, exigences, verdicts, etc.
Paix sur vous. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a été interrogé sur le dire des soufis : "le moment présent
éternel" ; que signifie-t-il ? Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : "le moment présent
éternel" chez les gnostiques est la continuité de la Sainte présence en permanence. Le "temps" est
inclus dans ce moment présent éternel. Il est donc ancien pour l'ancien, et il est contingent pour le
contingent. Et c'est une vérité unie.
L'exemple de l'existence de la Sainte présence en permanence est le temps lui-même, qui est le
temps passé, futur, et présent. C'est un attribut du Vrai. C'est ce qu'on exprime par l'attribut de la
pérennité. Ce temps est contingent pour le contingent, puisqu'il est limité par les fragments du temps,
c'est-à-dire par les minutes, les graduations, les heures, les jours, les années, les siècles et les périodes.
Le temps est donc, par rapport à ces fragments comme une "table" sur laquelle des lignes et des lettres
ont été gravées.
Lorsqu'on voit les lignes et les lettres gravées sur la "table", on voit une discontinuité. Mais lorsqu'on
efface les lettres et les lignes, il ne reste que la table. Cette table est le moment présent éternel. Les
fragments du temps sont les gravures qu'on voit sur la table et sur le temps. Fin de la dictée du cheikh à
notre bien-aimé Sidi Mohamed Ben Machri, satisfaction d'Allah sur lui.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a été interrogé sur la vérité de la prophétie. Il a répondu,
satisfaction d'Allah sur lui : la vérité de la prophétie comprend trois composantes qui constituent une
condition nécessaire pour son existence; si une de ces trois composantes fait défaut, on ne pourra pas
parler de prophétie. La première composante est la connaissance parfaite d'Allah de manière ésotérique
et visuelle, c'est aussi le fait de cerner tous les attributs et tous les noms d'Allah que peut cerner la
prophétie et le rang des véridiques, mais pas nécessairement plus.
La seconde : une révélation qui parvient d'Allah au prophète. Il peut lui révéler, selon Sa volonté
divine, quelque chose par laquelle il va l'adorer au fond de lui-même s'il est un prophète, ou un message
qu'il va transmettre, s'il est un messager. La troisième : il faut qu'Allah lui dise clairement : tu es un
prophète ou tu es mon prophète, soit directement, soit par l'intermédiaire d'un ange. Fin.
Cette définition est une synthèse exclusive, qui est très claire. Tous ceux qui en prennent conscience
peuvent connaître la signification de la prophétie sans aucune ambiguïté. Satisfaction d'Allah sur notre
maître. Comme son expression est claire et comme son signe est remarquable ! Fin.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la vérité du seigneur. Il a répondu, satisfaction
d'Allah sur lui, en disant : sachez que la vérité du seigneur est qu'il est le plus élevé, par rapport à tout
autrui. En arabe : seigneur est «Rabb» qui est un mot issu du mot «Raboua» (le mont). Le mont est
connu par son importante élévation. Le seigneur signifie également le propriétaire et le gestionnaire, le
créateur et le contraignant. Son verdict est exécuté, ainsi que Sa volonté et Sa parole sur tout un
chacun. La présence de la divinité, quant à elle, elle englobe tous les noms, attributs et présences
divines.
La vérité de la divinité est l'orientation des êtres existants vers Allah par l'adoration, la soumission,
l'humilité, la nécessité, la glorification, la vénération et l'amour. Quant à la signification de l'identité, on
l'utilise pour viser l'Entité suprême. Elle existe en toute chose, de point de vue de la constatation et de la
vision dépourvue de toute chose, loin de toute chose, visuellement et véritablement.
Quand une personne apparaît dans un miroir, son entité y apparaît. Mais cette personne n'est pas
placée dans cette entité qui apparaît. Elle n'en est même pas proche. Elle est plutôt séparée en tout
aspect de cette entité qui apparaît, et elle en est différente selon toute considération. Son entité
apparaît dans le miroir, mais elle n'est pas placée au sein de ce miroir. Cet exemple nous épargne de
longues explications. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui. Paix sur vous.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la vérité du contrôle et de la constatation. Il a
répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : la vérité du contrôle, pour les gens voilés, est la vérité
absolue chez les gnostiques. C'est quand le cœur sait que le seigneur observe ce qu'il existe en lui, à tout
instant. Lorsque le contrôle devient permanent, la constatation arrive.

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Il y a également un autre contrôle qui ne concerne que les gnostiques. C'est l'absorption du serviteur
dans la Sainte constatation, en annihilant l'autre et l'autrui, des points de vue savoir, œuvre, état, goût,
acquisition des stations, authentification, acquisition des attributs, et maîtrise. La vérité de la
constatation est l'observation de la Sainte beauté par le cœur. La constatation est un attribut du
serviteur. La manifestation est un attribut du seigneur, gloire au Très-Haut. C'est une signification qui
caractérise celui qui se manifeste. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le cercle du gnostique. Il a répondu, satisfaction
d'Allah sur lui, en disant : Allah dispose de l'attribut de l'audition, de la vision, de la parole, de la
puissance et de la volonté. Chacun de ces attributs cerne tout l'univers en même temps, il distingue bien
les entités des univers, leurs paroles, leurs mouvements, et ce malgré leur mélange. Allah distingue donc
chaque particule à part, de sorte qu'il n'y a aucune chance pour qu'elle soit mélangée à une autre
particule. Que ce soit en matière de Son audition, de Sa vision ou d'un autre attribut parmi Ses attributs.
Il en est de même pour le gnostique, lorsqu'Allah l'élève au lieu de la proximité. Son ouïe commence
à écouter comme le Vrai, grâce à l'élargissement de son cercle. Quand son cercle était étroit, il ne
pouvait écouter qu'une seule personne à la fois. Il ne pouvait supporter qu'une seule chose à la fois, que
ce soit sous forme de parole, d'entité ou de mouvement, et ce à cause de l'étroitesse de son cercle.
Mais, une fois qu’il s'est élevé au lieu de la proximité, son cercle s'est élargi selon l’élargissement de
sa connaissance et des sciences qui lui parviennent du Vrai. Il peut alors supporter la charge des univers,
en un même moment, malgré leurs mouvements, entités, et paroles, et ce selon l'ampleur de sa
connaissance et de ses sciences. Les voix des entités des univers émises en même temps, ne peuvent
plus lui être mélangées, ni leurs entités.
Les mouvements de l'univers accomplis en même temps ne se mélangent plus pour lui, que ce soit
en matière de l'audition ou de la vision. Et ainsi de suite, comme l'a évoqué le hadith : "et sa main par
laquelle il agit". Son action s'élargit selon la puissance éternelle. Il peut, par exemple, détruire tout le
globe terrestre en un clin d'œil. Il en est de même pour sa jambe, par laquelle il marche. Il peut
traverser l'univers à pied, en un clin d'œil.
Voilà la signification du hadith "Je deviens son ouïe avec laquelle il entend, etc. " La signification de
l'autre citation "Je le deviens" : Je le remplace par tous mes attributs. C'est-à-dire : il écoute par l'ouïe
du Vrai et il voit par la vue du Vrai, etc. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la vérité de la connaissance d'Allah, le Très-Haut (la
gnose). Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui : la vraie connaissance est lorsqu'Allah ravit le serviteur
et l'enlève sans que ce dernier sache l'origine de cet enlèvement, ni ses détails, ni sa cause. Il n'y
comprend aucune manière spécifique. Il ne lui reste ni sensation, ni constatation apparente, ni
effacement, ni volonté, ni objectif. Cette connaissance arrive à la suite d'une manifestation divine, qui
n'a ni début ni fin, ni limite ni maximum. Le serviteur est annihilé de telle manière qu'il perde toute
sensation. Il ne sent même pas qu'il ne sent plus rien ou qu'il est annihilé. Il ne peut pas distinguer un
tronc de ses ramifications.
Il ne conçoit rien sauf selon le Vrai par le Vrai dans le Vrai d'après le Vrai. Voilà la vraie connaissance.
Ensuite, Allah lui accorde un afflux à partir de ses Saintes lumières lui conférant la perfection dans la
distinction entre les rangs, leurs spécificités et concernant les jugements, les exigences et les besoins de
leurs vérités. Il peut distinguer les attributs de ces vérités, leurs noms, ainsi que les rangs de leurs traces,
connaissances et sciences.
Les compagnons s'appelle pérennité complète et éveil parfait. La première origine s'appelle
"anéantissement complet" et éveil parfait. Cette pérennité ne subsiste que par l'anéantissement du
premier anéantissement par rapport à son origine et à sa base. Une fois que le premier anéantissement
est détruit, le deuxième sera détruit à son tour. Paix sur vous. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction
d'Allah sur lui. Celui qui se manifeste selon cette description susmentionnée, son apparition et son
surpassement de la créature sont véridiques. C'est entre ses mains que le disciple doit se jeter afin de le
suivre, obéir à ses ordres et éviter de le contredire ou de s'opposer à lui, et ce même pas par son cœur.
S'il procède ainsi, il doit implorer la largesse d'Allah et Sa générosité, tout en montrant sa nécessité

-370-
auprès d'Allah et son abaissement, et tout en invoquant Allah par le prestige de son bien-aimé le
prophète, pour qu'il lui accorde la grande ouverture par l'intermédiaire de son modèle, le cheikh. Celui
qui demande le "Fath" (l'ouverture) sans passer par ses portes, sera banni et ne pourra pas bénéficier de
ses causes.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a précisé la règle suivante: sachez que l'ouverture spirituelle et
l'arrivée à Allah au sein de la présence des connaissances ne sont accordées par Allah, le Très-Haut, que
par l'intermédiaire de ceux qui disposent de l'autorisation particulière, comme pour le cas de
l'autorisation de la transmission du message divin. S'il n'y a pas d'autorisation spéciale, il n'y aura pas
d'ouverture ni d'arrivée à Allah. Le disciple sera donc fatigué pour rien1 !
Celui qui s'attache à la lecture des livres du soufisme et se dirige vers Allah en copiant de ces livres,
en prélevant d'eux, en s'y référant et en comptant sur eux, ne sera en fin de compte que fatigué. Il
n'aura rien du tout d'Allah, c'est-à-dire relativement à l'arrivée à la présence des connaissances et de la
particularité. Quant à la rétribution, il sera récompensé selon sa foi et son dévouement. Fin.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le dire suivant : "Le disciple est fils de son époque". Il
a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : cela signifie qu'il doit suivre ce qui est considéré
comme obligatoire à son époque et abandonner ce qui n'est pas nécessaire. Le disciple doit analyser la
situation : s'il a intérêt à réaliser quelque chose qui est conforme à l'époque où il vit, tout en sachant
que s'il l'abandonne il pourra subir un préjudice, il n'a alors qu'à procéder à sa réalisation. Dans le cas
contraire, c'est-à- dire si cette chose ne présente aucun intérêt ni risque, il devra l'abandonner.
Voilà le disciple sincère. Le gnostique agit, à chaque époque, en fonction de la manifestation de cette
époque. Il donne à chacun des ayants droit ce qu'il mérite. Les gnostiques les plus élevés s'occupent,
quant à eux, du contrôle de tout ce qui émerge de la présence divine afin de le recevoir par la servitude
et la bienséance convenable.
En d'autres termes : «le disciple est fils de son époque», traduit la situation en toute époque des
gnostiques dignes du grand contrôle, selon ce qu'ils affrontent comme manifestations. Il (ce disciple)
doit prendre la teinte de ces manifestations et doit les recevoir par servitude et bienséance, afin de
donner à chacune des manifestations sa part de servitude et de bienséance. Fin de la dictée du cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le pauvre endurant et le riche reconnaissant, lequel
est le meilleur ? Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : la controverse qui existe entre les
savants quant à cette question est connue. Ce sont les gens voilés qui ont alimenté ce désaccord, et non
pas ceux qui maîtrisent les vérités. Chez ces derniers, toute personne riche et toute personne pauvre
disposent à la fois d'une reconnaissance et d'une endurance.
En effet, l'âme est attirée par sa passion. Elle suit sa nature et ses concupiscences. Elle fuit par
conséquent la pauvreté et s'occupe de tout ce qui peut l'éloigner de la misère. Elle œuvre ainsi pour la
recherche de ses délices et de ses concupiscences et pour fuir le supplice de la pauvreté et son mal.
Dans ce contexte, l'âme se trouve occupée au détriment de l'exécution des droits de la divinité. Elle est
bien éloignée du contact avec la Sainte présence.

1 -Dans son livre "al jawab kafi " (la réponse suffisante et l'éclaircissement qui guérit) le pôle sidi Arbi ben Sayeh, satisfaction
d'Allah sur lui, a dit:
Les gens chargés de l'éducation spirituelle sont, louange à Dieu, nombreux dans notre voie Tidjaniya. Ils étaient présents à
toutes les époques et dans tous les pays depuis la mort du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui. Même pendant sa vie, certains
éducateurs sont déjà apparus, comme il est tout à fait connu. Mais ils ne se montrent pas, comme on peut le remarquer en
notre temps. Personne ne peut les connaître pour en tirer profit sauf si Allah décide ainsi en faveur de qui il veut. En effet, ils
disposent d'une spécificité de point de vue de l'état de perfection qui leur est accordée grâce à la bénédiction de leur
éducateur.
Cette spécificité, appelée "zèle à l'égard du Vrai" chez les gens de l'authentification de ce domaine, n'est rien d'autre que la
tenue des secrets dans le secret. C'est un état d'élus dissimulés, innocents, dont les stations spirituelles sont ignorées. Ils se
comportent en effet comme des gens ordinaires dans les obéissances classiques qui ne peuvent pas constituer un signe pour
les détecter. C'est Allah qui les a placés dans cet ordre. Il leur a offert cette vertu qui est le summum de la perfection. Ils
peuvent sentir ce don d'Allah comme ils peuvent ne pas le sentir.

-371-
De même, dans le contexte de la richesse, l'âme cherche son repos et sa sécurité. Elle jouit de ses
délices et de ses concupiscences. Elle veut s'incliner éternellement vers la terre de sa nature et de ses
instincts. Ceci constitue également une occupation au détriment de l'exécution des droits de la divinité,
et un éloignement par rapport au contact avec la Sainte présence.
Voilà les deux tentations que contiennent ces deux épreuves (la pauvreté et la richesse). Allah les a
mentionnées dans le verset coranique suivant : «Nous vous éprouverons par le mal et par le bien [à
titre] de tentation. Et c'est à Nous que vous serez ramenés» (Sourate Al Anbiya'a, les prophètes, verset
35). Le contact de l'âme avec la Sainte présence a pour conséquence sa mort par rapport à ses
concupiscences, ses désirs et ses habitudes. Ce contact fait sortir l'âme de son instinct et de sa nature.
L'âme ne perçoit, dans ce domaine, que l'apparition de l'existence, par le Vrai, pour le Vrai, dans le
Vrai et d'après le Vrai. Elle peut distinguer les rangs, répertorier leurs ensembles, détailler et connaître
leurs particularités afin de donner à chacun des ayants droit son droit. Voilà la vraie exécution complète
des droits divins. L'âme exécute complètement, dans cette présence, les droits de chaque manifestation
divine, de chaque nom divin et de chaque attribut divin. En tout ceci, elle se caractérise par l'exécution
de ce que son temps l'oblige de faire, au sein de cette présence divine.
Si vous savez ceci, vous saurez alors que le riche est parfaitement reconnaissant lorsqu'il complète
les droits divins. Il est fermement endurant lorsqu'il retient son âme en l'empêchant de s'incliner vers la
terre de sa nature et de ses instincts. Cela nécessite une grande endurance à cause du penchant intense
de l'âme vers cette inclinaison et à cause de sa descente complète. Il souffre
énormément à cause de cette endurance qui a pour objectif de retenir son âme. Il est ainsi endurant
et reconnaissant, parce que, dans ce domaine, il ne se tient pas dans la richesse pour son propre intérêt,
mais plutôt pour rester stable là où Allah l'a placé.
Il est donc clair pour vous qu'il est endurant et reconnaissant, parce qu'il atteste qu'il est lui-même
un délégué qui représente Allah, et qui gère les biens qui sont mis à sa disposition. Son cas est similaire
à un trésorier qui gère le portefeuille du propriétaire. Il exécute ce que le chef (le propriétaire) lui
ordonne de faire, soit de donner quelque chose à quelqu'un, soit de lui couper toute fourniture selon
l'ordre reçu. Le verset coranique suivant en témoigne : «Et dépensez de ce dont II (Allah) vous a donné
la lieutenance» (Sourate Al Hadid, le fer, verset 7).
Quant au pauvre : si son âme se caractérise par le contact avec la présence divine, et s'il arrive à
contempler avec maîtrise l'essence de la Sainte beauté, il sera alors, dans le contexte de sa pauvreté,
endurant et reconnaissant aussi. Sa reconnaissance sera en effet, son exécution complète des droits des
manifestations divines, dans leur globalité et dans leurs détails, ainsi que son exécution complète des
droits de ce qui lui a été dévoilé comme attributs et noms divins. En tout ceci, il donne à chacun des
ayants droit son droit. Il ne tombe pas dans l'inattention, ni dans la stupéfaction par les problèmes
contingents.
Il se tient ainsi dans tout ceci pour Allah, par Allah, à partir d'Allah et d'après Allah. Il n'est informé
que sur Allah. Il n'a de demeure qu'avec Allah. En complétant ces droits divins, il devient parfaitement
reconnaissant envers son seigneur. Son endurance, quant à elle, réside dans le fait de retenir son âme
pour l'empêcher de suivre sa nature et son instinct. Il l'empêche de descendre au plus bas niveau, en
luttant contre son penchant pour les repos, les délices, les concupiscences et la jouissance par les
exigences de ses intérêts. Parmi ces exigences, on peut citer la fuite et l'éloignement de tout ce qui
contrarie l'âme, comme le supplice, la torture et le trouble, qui sont intimement liés à la pauvreté.
Il est, par conséquent, endurant et reconnaissant. Il ne se tient pas dans la pauvreté par lui-même. Il
se tient plutôt fermement là où Allah l'a placé. Il vous est donc clair que le pauvre et le riche sont au
même pied d'égalité dans ce domaine.
Cependant, il faut noter que le riche est souvent dans la gêne quand il aperçoit la jouissance et le
repos dont il bénéficie, par rapport à la souffrance que subit le pauvre pour subvenir aux besoins de sa
famille, de ses enfants, et de ses compagnons. Mais ceci n'est propre qu'à l'aspect humain de l'individu,
et non pas à son esprit. Le pauvre, de son côté, est également souvent dans la gêne, lorsqu'il trouve la
souffrance, le trouble, la difficulté, et la contrariété. Mais cette gêne existe uniquement selon son

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aspect humain, lorsqu'il est obligé d'assurer ce qu'il est incapable d'assurer comme prise en charge des
membres de sa famille, de ses enfants, de ses amis, etc.
L'endurance du riche et du pauvre est donc en fonction de ces gênes. La préférence de l'un ou de
l'autre est controversée. Si le pauvre s'élève à la station de la jouissance par la pauvreté et de la joie par
cette aubaine, il n'aura donc plus d'endurance à faire ; il sera plutôt reconnaissant en toute
circonstance. Il est donc comme le riche reconnaissant. Cela n'est acquis que par un don divin ; aucun
effort personnel ne peut conduire à cette sensation. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur
lui.
Je l'ai entendu dire, satisfaction d'Allah sur lui : ignorer Allah, le Très-Haut, est l'irréligion déclarée
elle-même. Il s'agit de l'irréligion qui conduit, à l'unanimité, les gens qui en sont dignes au feu, là où ils
demeureront éternellement. De même, ignorer Allah, le Très-Haut, est la connaissance même d'Allah.
C'est aussi la foi formelle. Il est également convenu, à l'unanimité, que les gens qui sont dignes de cette
foi seront conduits au paradis et y demeureront éternellement.
En ce qui concerne l'ignorance qui est l'irréligion elle-même : il s'agit de l'ignorance du rang de Sa
divinité, avec ce qu'elle mérite comme perfections, besoins et exigences, ainsi qu'avec ce dont elle est
qualifiée comme élévation à des aspects impossibles à son égard. Voilà l'irréligion elle-même. Quant à la
deuxième ignorance, il s'agit plutôt de l'ignorance de la vérité, c'est-à-dire de l'essence de l'Entité selon
ce qu'elle est. Cette ignorance est la foi formelle. C'est la connaissance parfaite d'Allah.
La réalité de l'incapacité d'atteindre la connaissance de l'essence est la réalité de la foi en Allah. Celui
qui prétend connaître l'essence a mécru. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Parmi ses dires, satisfaction d'Allah sur lui, qui ont pour objectif de clarifier ce qu'est l'union de
l'univers et de l'expliquer selon la doctrine des soufis, satisfaction d'Allah sur eux, tout en infirmant les
dires des savants exotériques qui ont avancé l'impossibilité de cette union, et qui ont condamné ceux
qui l'ont affirmée. Il a dit, satisfaction d'Allah sur lui : l'explication de l'union de l'univers peut se faire
selon deux aspects différents.
Le premier aspect consiste à dire que le grand univers peut être illustré par le corps humain. En effet,
lorsque vous regardez ce corps, vous trouvez qu'il est uni malgré la diversité de ses composantes, de
point de vue de l’image et des caractéristiques, qu'il s'agisse de cheveux, de peau, de chaire, d'os, de
muscles ou de moelle. Il en est de même pour la diversité de ses membres et de ses tempéraments qui
lui sont intrinsèques et par lesquels son édifice subsiste.
Si vous comprenez ceci, vous saurez qu'il est faux de nier l'union. Ceux qui ont nié l'union ont
prétendu que l'union implique l'égalité entre le noble et l'ignoble, et qu'elle implique l'association en
général de deux entités divergentes et opposées dans la même entité, et ainsi de suite. Nous disons: ces
implications et ce raisonnement sont absolument faux. En effet, même si les caractéristiques sont
divergentes, l'origine rassemblante présente une entité unifiée, comme il est exactement le cas pour
l'entité humaine.
Le deuxième aspect consiste à dire que l'union de l'entité du monde réside dans le fait qu'elle a été
créée pour le créateur unique, gloire à lui, il est le Très-Haut. Elle est alors une trace de Ses noms. Aucun
individu appartenant à ce monde ne sort de cette règle, malgré la diversité du monde. L'origine à partir
de laquelle il a émergé est unique.
Selon ce point de vue, les composantes de ce monde sont égales. Ce qui implique donc son union,
malgré la diversité de ses parties, tout comme l'entité humaine susmentionnée. Les rapports du monde
diffèrent plutôt en fonction de ce qu'a précisé la volonté du Vrai. C'est pour ça qu'on trouve le noble et
l'ignoble, l'élevé et le bas, le vil et le puissant, le valeureux et le méprisable, et ainsi de suite concernant
les différents rapports. Cette diversité des rapports ne fait pas sortir le monde de l'union de son entité.
Il en est de même pour l'entité humaine qui est unie, son union n’est pas en contradiction avec la
diversité des rapports de ses parties, ni avec les caractéristiques de chacune d'elles. La fonction (ou la
caractéristique) de la main n'est pas celle du pied ; ce n'est pas non plus celle de l'œil. Il en est de même
pour le reste des membres du corps humain. La position élevée du visage de l'être humain traduit le
summum de l'honneur. La position basse de ses fesses traduit la bassesse et l'humiliation. Ces

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différences de fonctions et de particularités ne font pas sortir le corps de son unité. Ce qu'on vient de
dire à propos du corps humain illustre l'unité du monde.
Puis le cheikh a dit, satisfaction d'Allah sur lui : il faut ajouter un troisième aspect dans la clarification
de cette unité de l'univers. Il s'agit de l'union de son existence de point de vue de l’afflux de l'existence
sur lui, à partir de la présence du Vrai ; c'est un afflux uni. Puis ses fonctions et ses parties se
différencient selon le découpage de cet univers. Celui-ci s'unit dans sa globalité et se sépare dans ses
détails.
Pour illustrer ceci, prenons l'exemple de l'encre. Les différentes lettres séparées écrites par l'encre,
les divers mots et les différentes significations exprimées par l'image de l'encre ne font pas sortir cette
encre de son unité. Il n'y a là que de l'encre, mais avec différentes formes qui traduisent diverses
significations, et avec des lettres séparées et des caractéristiques diversifiées qui ne sont ni homogènes
ni semblables.
Donc, si vous regardez ces images dont les lettres et les mots sont différents, vous ne verrez que de
l'encre qui s'est manifestée dans leurs formes par l'encre elle-même. Toutes ces images s'unifient par
l'encre et se différencient par les images, les formes, les mots, et les significations. Et bien que ces
lettres soient de formes, de particularités, et de significations différentes, et de secrets différents:
l'encre dans ces lettres est l'entité même de ces lettres, et les lettres écrites par cette encre sont
l'entité même de cette encre.
Il en est de même pour l'univers en totalité compte tenu des entités de l'univers, il n'est autre que
ces entités elles-mêmes. Ces entités, au sein de cet univers sont cet univers lui-même. Elles sont aussi
diversifiées en formes, secrets et particularités. Leur unité au sein de cet univers lui-même n'exclut pas
les différences de leurs formes, secrets, significations et particularités.
Leur séparation par leurs secrets, particularités et significations ne les fait pas sortir de cette unité au
sein de cet univers. C'est exactement l'exemple des lettres et de l'encre. L'unité de l'encre n'exclut pas
les différences de formes, secrets, significations et particularités des lettres.
De même, la séparation des lettres relativement à ces choses n'exclut pas leur unité dans cette
encre. Puis, le cheikh a dit, qu'Allah sanctifie son précieux secret : la vérité a donc été clarifiée pour celui
qui a compris. Allah dit la vérité et c'est Lui qui met [l'homme] dans la bonne direction. Fin de sa dictée à
notre bien-aimé Sidi Mohamed Ben Machri, satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai entendu dire, satisfaction d'Allah sur lui : la preuve que Sidna "El Khader" fait partie des
singuliers et qu'il n'est catégoriquement pas un prophète, est son histoire avec Sidna Moïse, prière et
salut d'Allah sur lui, citée dans le verset coranique suivant : «Tu as commis, certes, une chose
affreuse!» (Sourate Al Kahf, la caverne, verset 74) et dans le verset coranique suivant: «Tu as commis,
certes, une chose monstrueuse!» (Sourate Al Kahf, la caverne, verset 71). S'il était prophète, Moïse,
prière et salut d'Allah sur lui, ne se serait jamais opposé à son acte, parce que Sidna Moïse, prière et
salut d'Allah sur lui, connaît bien la protection certifiée accordée à la prophétie. Il sait bien que
lorsqu'on est digne de cette protection prophétique, on ne fait rien que par ordre divin. L'ébrèchement
du bateau et l'assassinat de l'enfant, mentionnés dans le coran, sont des actes des plus horribles, tant
dans la loi religieuse que dans la nature des gens. Tous les gens sensés sont unanimement d'accord que
ces deux actes sont mauvais. Toutes les injonctions divines les ont interdits parce qu'ils constituent une
grande altération sur la terre. Si Moïse savait que "El Khader" était un prophète, il saurait alors qu'il
n'avait agi que par ordre divin et qu'il ne pouvait qu'exécuter les ordres. Mais puisqu'il s'est opposé à lui
et puisqu'il lui a fait des reproches, cela signifie qu'EI khader n'est pas un prophète.
On peut avancer également une autre preuve beaucoup plus forte que la première, qui montre que
"El Khader" n'est pas un prophète. En effet, s'il était prophète, Allah aurait informé Moïse de sa
prophétie pour qu'il ne refuse pas ses actes. Toute contestation émise contre un prophète traduit en
effet le fait qu'on le soupçonne d'égarement. Or, celui qui prétend qu'un prophète est égaré est un
mécréant. Et puisque Moïse, prière et salut d'Allah sur lui, dispose de la protection certifiée, il n'a donc
osé dire à El Khader "Tu as commis une chose affreuse" que parce qu'il sait formellement qu'il n'est pas

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un prophète. Voilà, tout est bien clair maintenant ; louange à Allah. Fin de la dictée du cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui.
Parmi les enseignements du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, il a dit: Règle : sachez qu'Allah, le
glorieux, le Très-Haut, a décidé dans Son savoir antérieur et selon Sa volonté que le renfort qui arrive à
sa créature à partir de l'afflux de Sa miséricorde, se passe à toute époque, à travers l'élite supérieure de
sa créature, comme les prophètes et les véridiques. Celui qui se précipite alors vers les gens vivants de
son époque, dignes de cette haute particularité afin de les accompagner, de les suivre et d'apprendre
d'eux, bénéficiera de ce renfort débordant de l'afflux d'Allah.
Mais celui qui se détourne des élus de son époque, tout en étant satisfait de la parole des saints déjà
morts, sera touché par l'empreinte de la privation. Son exemple est le même de celui qui s'est détourné
du prophète de son époque et de sa loi religieuse. Il s'est suffi des lois des prophètes antérieurs. Il sera
alors enregistré parmi les mécréants. Fin.
Puis il a dit, satisfaction d'Allah sur lui : la preuve que l'accompagnement ne concerne que le vivant1,
est le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, qui a dit à Abi Johaïfa, satisfaction d'Allah sur lui
: «Interroge les savants, fréquente les sages et accompagne les grands». Le rôle du savant est de
montrer tout ce qui est général, comme ordre et prohibition, de manière à conduire les gens vers le
droit chemin pour qu'ils obtiennent les compliments d'Allah et pour qu'ils ne soient pas critiqués ou
blâmés. La finalité de sa guidance est le paradis.
Le rôle du sage est de rapprocher les gens d'Allah, le Très- Haut, par la purification des âmes de leurs
passions et de tout suivi de la passion. Sa finalité est l'acquisition des positions de proximité. Le rôle du
grand est de conduire vers Allah par la voie de l'annihilation de l'âme et par la voie du désaveu de toute
gestion qui œuvre pour la recherche d'un intérêt ou pour le repoussement d'un mal, ici-bas et dans
l'au-delà. Sa finalité est Allah.
Puis il a dit : il faut donc retenir qu'on ne peut accompagner qu'un être vivant. Le mort ne peut pas
être accompagné ; on ne peut pas lui parler ni le fréquenter2. Fin.

1 -Le gnostique sidi Arbi ben Sayeh a dit dans une lettre adressée à l’érudit sidi Saleh ben Mohamed Niffer, au terme de son
livre «al jawab kafi» (la réponse suffisante et l'éclaircissement qui guérit) : En somme, il n’est pas permis à celui qui a eu le
privilège de suivre ce cheikh sublime, de s’appuyer sur un autre cheikh que lui, quel qu’il soit parmi les pôles, que ce soit
extérieurement ou intérieurement.
Notre cheikh Tidjani, satisfaction d’Allah sur lui, figure parmi l’élite de l’élite de la présence Mohammedienne, prière et salut
d’Allah sur lui. Plus fort encore, il n’existe aucun élu plus proche de cette présence que lui. Ses compagnons sont les disciples
du maître de l’univers, prière et salut d’Allah sur lui, qu’ils l’aient vu ou pas. Son «wird» est le wird du prophète, prière et
salut d’Allah sur lui. Celui qui se détourne de lui sera dépourvu de la possibilité de puiser de sa mer, et de son assistance qui
confère le succès. Qu'Allah nous en préserve. Amen. Faites alors attention ! Celui qui est déjà illuminé par le soleil, n’a pas
besoin de la lumière de la lune.
D’une manière générale, si vous voulez approfondir le sujet, vous êtes invités à lire les trois livres suivants : «tarabou al
hayi» (égayement du vivant en savant que son affiliation à une voie dont le cheikh est mort, est mieux que son affiliation à
une voie dont le cheikh est vivant), de sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ. «al jawab al mouqnie» (la réplique convaincante qui
réfute le dire les seins morts n'allaitent pas), de sidi Mohamed Lahjouji ; et «addour al mandoume» (les perles enfilées pour
défendre le pôle caché), de sidi M’hamed Genoune. Il est intéressant également de rappeler un évènement prodigieux vécu
par l’un de l’élite des compagnons du cheikh. Il s’agit de sidi Mohamed ben Ghazi. Un jour, il était assis à côté de sa maison à
Fès et il a pensé que peut- être cette interdiction de la visite rendue aux saints était spécifique à la période de la vie du
cheikh. Dès qu’il a eu cette pensée, le saint sidi Hfid ben addou (connu pour ses états prodigieux et pour sa gérance
spirituelle) lui a dit : il t’a dit qu’il ne meurt pas. Et il est parti (Allah dit : ne pense pas que ceux qui ont été tués dans le
sentier d'Allah, soient morts. Au contraire, ils sont vivants, auprès de leur Seigneur, bien pourvus). Il s’est alors rendu
compte de son erreur et il s'est repenti grâce à la diligence divine et à la sincérité de l’amour.
2 - Nous avons déjà vu dans l’annotation précédente que les gens chargés de l'éducation spirituelle sont nombreux dans notre
voie Tidjaniya. Ils sont autorisés par le cheikh et par le prophète, prière et salut d’Allah sur lui, à assurer cette éducation. Ils
sont vivants et les disciples peuvent les accompagner. En plus, ils ne se considèrent pas comme étant leurs maîtres. Au
contraire, ils ne se voient que frères dans cette voie Tidjaniya.
Ces frères éducateurs disposent de l’ouverture spirituelle et sont capables de contacter spirituellement le cheikh sidi Ahmed
Tidjani, satisfaction d’Allah sur lui. L’érudit sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ a écrit à ce sujet un livre important intitulé
«tarabou al hayi fi kawni al akhdi ani chaykhi al mountakili ila dari al baqae afdal mina al akhdi ani al hay» (égayement du
vivant en savant que son affiliation à une voie dont le cheikh est mort, est mieux que son affiliation à une voie dont le cheikh
est vivant).

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Ensuite, il a dit, satisfaction d'Allah sur lui : nous disposons d'un rang qui est tellement élevé chez
Allah, le Très-Haut, qu'il m'est interdit de le mentionner. Il ne s'agit pas de ce que je vous ai déjà décelé.
Si je déclare ce rang, tous les gens dignes du Vrai et de la gnose seront unanimes au sujet de mon
irréligion, que dire alors des autres ! Ce n'est pas ce que je vous ai déjà mentionné. C'est un rang qui se
place encore plus haut. Parmi les caractéristiques de ce rang : celui qui ne fait pas attention à mon cœur
lors de sa fréquentation de mes compagnons, en ne respectant pas leur inviolabilité, Allah l'expulsera de
sa proximité et reprendra de lui ce qu'il lui avait donné. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah
sur lui.
Parmi les enseignements que le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, nous a dictés à partir de sa
mémoire et de ses propres mots, lors d'une seule conférence : les perles du cœur sont au nombre de
sept. Le cœur comprend sept dépôts. Chaque dépôt est le lieu d'une des sept perles. La première perle
est la perle du Dzikr (litanies). La deuxième perle est celle du désir. La troisième perle est celle de
l'amour d'Allah et de l'ardeur.
La quatrième perle est celle du secret ; qui est un des mystères d'Allah, le Très-Haut. Son essence ne
peut pas être atteinte ni connue. La cinquième perle est celle de l'esprit. La sixième perle est celle de la
connaissance. La septième perle est celle de la pauvreté.
La première perle, celle du Dzikr (litanies) : lorsqu'elle s'ouvre dans le cœur du serviteur, celui-ci
devient solitaire et inconscient vis- à-vis de ses constatations. Cet état est appelé, chez les disciples,
anéantissement par rapport aux univers et apaisement du cœur par le rappel d'Allah.
La deuxième perle est celle du désir pour Allah. Ce qui signifie que le serviteur se trouve dans un état
de désir permanent et fougueux pour Allah. Il demande la mort à chaque souffle à cause du désir
fougueux qui l'enflamme.
La troisième perle est celle de l'amour d'Allah. Lorsqu'elle s'ouvre dans le cœur du serviteur, celui-ci
devient satisfait d'Allah et de son verdict avec délectation. Il préfère cette satisfaction à n'importe quelle
autre chose, au point de préférer les grands sinistres qui se déchaînent sur lui à toute concupiscence.
La quatrième perle est celle du secret. C'est un des mystères d'Allah. Son essence ne peut pas être
connue ni comprise. Son verdict est que le serviteur ne bouge que pour Allah, et ce en tout état. Il ne se
repose que pour Allah. Il ne commet, radicalement, aucune infraction de la loi religieuse à cause de la
perfection de sa purification.
La cinquième perle est celle de l'esprit. Elle consiste à ce que le serviteur ait le voile levé par rapport
à sa réalité, et à son essence, un dévoilement véridique et palpable, de telle façon que rien ne lui
échappe de sa globalité (de l'esprit) et de ses détails. C'est la présence de l'arrachement lors de l'ébriété,
lors de l'éveil et lors de l'anéantissement.
La sixième perle est celle de la connaissance. C'est quand le serviteur maîtrise l'acte, entre la vérité
de la seigneurie et celle de la servitude, et quand il connaît toute vérité, en tenant compte de tous ses
jugements, exigences et besoins. C'est la présence de la pérennité et de l'éveil.
La septième perle est celle de la pauvreté et de la nécessité auprès d'Allah, le Très-Haut. Lorsqu'elle
s'ouvre à l'intérieur du serviteur, celui-ci constate sa pauvreté et sa nécessité auprès d'Allah, le
Très-Haut, ainsi que sa dépendance de lui, à chacun de ses souffles. Il n'y a aucun problème s'opposant à
sa pauvreté qui peut gêner cette maîtrise. Celui qui maîtrise cette perle n'aura plus besoin de rien du
tout, il deviendra le plus riche de la créature, par Allah. Il ne prêtera plus aucune attention si les gens
l'aiment ou le haïssent, s'ils viennent à lui ou s'ils l'abandonnent, et ce grâce à la perfection de sa
richesse par Allah, le Très-Haut. Celui qui maîtrise cette perle, sera sécurisé de tout dépouillement dans
la présence du Vrai, gloire au plus haut. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui. C'est
l'ultime arrivée des disciples en voie vers Dieu.

Dans le même thème, l’érudit sidi Mohamed Lahjouji a écrit également un livre intéressant «al jawab al mouqnie ane qawli
man qala al bazzoula al mayita la tourdie» (la réplique convaincante qui réfute le dire les seins morts n’allaitent pas).

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Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la vérité du Dzikr (le rappel d'Allah). Il a répondu,
satisfaction d'Allah sur lui, en disant: la vérité du Dzikr est telle que le plus bas rang du Dzikr est l'oubli
de l'entourage lors de la citation des litanies. Son plus haut rang est le rang le plus élevé de
l'arrachement, c'est-à-dire quand le disciple se voit qu'il est l'univers lui-même. C'est ce qu'on exprime
par les termes: écrasement et annihilation.
La vérité de l'arrachement : son début est l'absence par rapport aux univers. C'est ce qu'on exprime
par "ébriété". Au milieu, il y a l'anéantissement vis-à-vis des univers, tout en étant conscient de cet
anéantissement. L’apogée de l'arrachement est l'anéantissement vis-à-vis des univers tout en étant
anéanti vis-à-vis de son anéantissement. Le plus haut rang de ce summum d'arrachement consiste à ce
que le serviteur voit qu'il est l'univers lui-même. C'est ce qu'on exprime par l'écrasement et
l'annihilation. La vérité de l'écrasement et de l'annihilation : ce sont deux termes synonymes qui
signifient l'anéantissement du serviteur en totalité. Ibn Al-Fared, satisfaction d'Allah sur lui, a dit :
Depuis que mon amour s’est accentué,
j’erre dans mon univers où mon entité est annihilée.
Elle a du mal à me retrouver parce que je suis ma réalité.
Un autre gnostique a dit :
Tu m’as mis dans le désarroi,
depuis que tu t’es absenté de moi.
Jusqu’à ce que tu m’aies parlé en moi.
Tu m’as demandé qui je suis ; je t’ai répondu : Je suis toi.
Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Parmi les enseignements que le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, nous a dictés, en ce qui
concerne l'amour qu'éprouvent les êtres créés pour Allah, le glorieux, le Très-Haut, il a dit, satisfaction
d'Allah sur lui : l'amour que porte la créature pour Allah, le glorieux, le Très-Haut, est de quatre types :
1. Leur amour pour la récompense.
2. Leur amour pour Ses aubaines et Ses bienfaits divins.
3. Leur amour à la suite de Sa perfection et de Sa beauté.
4. Leur amour pour l'Entité suprême.
Leur amour pour la récompense ainsi que leur amour pour Ses aubaines et Ses bienfaits sont connus.
Ces deux amours sont à la portée des croyants, en général. Ils en ont une chance et une part. Mais une
fois que la cause disparaît (c'est-à-dire, lorsqu'il n'y a plus de récompense ou d'aubaines ou de
bienfaits), les deux amours risquent de disparaître aussi.
Le troisième type d'amour, quant à lui, sa cause est stable et invariable. Il s'agit en effet de ce qui
qualifie notre seigneur comme attributs de perfection, sublimité et beauté. Cet amour concerne les
petits élus d'Allah. Il n'atteint pas le quatrième rang (de l'amour pour Allah) qui est indépendant des
causes, des raisons et des attributs. Ce dernier type d'amour ne concerne que ceux qui disposent de
l'ouverture (du Fath), qui ont bénéficié de la levée du voile et qui ont observé les secrets des noms, des
attributs, des dons, des vérités et des perfections.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : le hadith suivant apporte la preuve des deux premiers
rangs. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit, en effet : aimez Allah pour les innombrables
bienfaits qu'il a mis à votre disposition. Aimez-moi pour l'amour d'Allah. Et aimez les membres de ma
famille pour mon amour.
Rabiâ El Adaouiya, satisfaction d'Allah sur elle, a dit :
J'éprouve deux amours pour toi.
Un amour de passion et un autre parce que tu en es digne.
Elle fait allusion ainsi au troisième et au quatrième rang. Puis le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a
dit : l'amour sincère est celui qui génère la jalousie chez l'amoureux. Il a été dit à Chibli, satisfaction
d'Allah sur lui : quand est-ce que tu vas te reposer ? Il a répondu : quand je ne vais voir aucun autre

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invocateur d'Allah à part moi. Abou Yazid, satisfaction d'Allah sur lui, a dit à son compagnon qui lui avait
proposé de prier pour atteindre la connaissance (d'Allah) : tais-toi ; j'ai éprouvé de la jalousie à l'idée
qu'il ne sera plus le Seul à avoir cette connaissance (Je n'aime pas que quelqu'un d'autre qu'Allah
connaisse Allah). Ibn Al-Fared, satisfaction d'Allah sur lui, a dit, dans ce sens :
Renonce à la prétention de l’amour
et appelle ton cœur à autre chose pour
repousser ton mal par la quintessence.
Évite de parler de la liaison et de sa présence.
Loin de là, ceci ne s’est pas encore produit.
Puisque tu es encore en vie.
Si tu étais sincère, tu aurais été déjà trépassé.
C’est ça l’amour ; si tu n’es pas néantisé,
tu n’as alors rien fait dans l’amour,
tu n’as qu’à faire ton choix pour.
Sinon abandonne mon amitié.
Je lui ai alors dit : mon âme est entre tes mains, sa mort t’appartient,
qui serait de mon côté, si mon âme reste entre mes mains ?
Il a dit, avant ce passage:
Elle a dit pour autrui tu as visé la passion.
Et tu as couru derrière elle, hors de mon droit chemin aveuglé et égaré en confusion.
Cette passion t’a induit en erreur, jusqu’au point d'exprimer ce que tu avais exprimé.
Tu étais habillé de l’habit du déshonneur et de la fausseté un habit digne d’une âme qui ne cesse
de souhaiter.
Une âme qui convoite les objectifs les plus prisés
alors qu’elle ne fait que dépasser ses limites, et tomber dans
la transgression.
Comment prétends-tu mon amour qui est le plus haut rang de mon amitié ?
Ne sais-tu pas que la prétention est la pire des dispositions ?
Il a dit, avant ce passage :
La doctrine que j’emprunte en amour, je ne m’en écarterai jamais.
Si jamais un jour je me dévie de ma doctrine en effet, c’est que je me suis séparé de ma religion.
Si, par oubli, une volonté qui vise autre que toi, m’est parvenue à la raison.
Je conclurai alors que je suis tombé dans l’abjuration.
Il a dit également dans son poème kafia :
Tous ceux qui se trouvent sous votre protection vous chérissent.
Mais, tout seul, mon amour vaut les leurs tous réunis.
Fin.
Parmi les enseignements du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, on cite ce qui suit : concernant
l'attestation spéciale de l'unicité d'Allah, El Jounaïd a dit : la science du Monothéisme est différente de
son existence. Et l'existence du monothéisme est différente de sa science. Si les intellects des gens
sensés sont poussés à l'extrême dans le Monothéisme, ils arriveront alors à la confusion. Jaâfar Es
Sadeq, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : celui qui connaît la séparation et la liaison, l'agitation et
l'immobilité a atteint le maximum possible dans le monothéisme. Fin.
J'ai trouvé un manuscrit qui traite de ce sujet. On peut en citer le texte suivant : après la Bassmala, la
prière et le salut sur le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, voilà le monothéisme des gnostiques,

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satisfaction d'Allah sur eux. Le Vrai leur dit, en leur adressant la parole : O, mes serviteurs, en quoi et par
quoi vous avez attesté mon unicité ? Qu'est-ce qui a exigé et impliqué cette attestation?
Si vous avez attesté mon unicité dans les apparences, vous adoptez alors la doctrine du panthéisme,
qui stipule qu'Allah se place lui-même dans sa créature (par son Entité). Le panthéiste n'est pas
monothéiste, parce qu'il a affirmé deux choses : celui qui se place et la place.
Si vous avez attesté mon unicité du point de vue de l'Entité, en dehors des attributs et des actes,
dans ce cas vous ne m'avez pas attesté d'unicité. En effet, les intellects et les pensées ne peuvent pas
atteindre l'Entité. L'information vient de moi ; qui vous a alors informé?
Si vous avez attesté mon unicité du point de vue du rang de la divinité, avec ce qu'il comprend
comme attributs d'action et d'Entité, et tout en prenant en compte qu'il s'agit d'un rang sous forme
d'une essence unie, dont les rapports sont différents, ainsi que les attachements, les verdicts, les
besoins, les exigences et les diverses règles dudit rang (de la divinité). Par quoi avez-vous alors attesté
mon unicité ? Par vos intellects ou par moi-même ?
De toute manière, vous ne m'avez pas attesté d'unicité, ce n'est pas du monothéisme. Mon unicité
ne dépend pas de l'attestation d'un monothéiste, ni par vos intellects, ni par moi-même. En effet : si
votre attestation de mon unicité est due à moi, il s'agit alors de mon attestation, et non pas de la vôtre.
Et si cette attestation est due à vos intellects, comment osez-vous me juger par ce que j'ai créé et édifié.
Maintenant que vous avez prétendu mon monothéisme par et selon n'importe quel aspect, quel qu'il
soit, qu'est-ce qui a exigé cette attestation de mon unicité ?
Si c'est votre existence qui l'a exigée, vous êtes alors sous le commandement de ce qu'elle exige de
vous, vous êtes alors en dehors de moi ; où est donc le monothéisme ? Si c'est mon ordre (le fait de
responsabiliser les gens) qui l'a exigée, mon ordre n'est pas en dehors de moi. C'est grâce à moi qu'il
vous est parvenu si vous l'avez vu de moi. Qui l'a vu alors parmi vous ? Si vous ne l'avez pas vu de moi,
où est donc le monothéisme, O monothéistes ? Comment sera-t- il possible que vous soyez dans cette
station alors que vous êtes les apparences de mon essence et je suis l'Apparent ? Or l'apparent s'oppose
à l'identité ; où est donc le monothéisme ?
Il n'y a pas de monothéisme possible en se basant sur ce qui est raisonnable. Le raisonnable est moi,
vous-mêmes, les rapports et les lieux. Il n'y a donc pas de monothéisme en se basant sur le raisonnable1.
Si vous dites que c'est en se basant sur l'existence qu'il y a le monothéisme ; sachez que c'est faux, il n'y
a pas de monothéisme en se basant sur l'existence. L'existence est en effet l'essence de chaque être
existant. La diversité des apparences indique la diversité au sens de l'existence de l'apparent. Le rapport
d'un savant diffère de celui d'un ignorant ou d'un apprenti ; où est donc le monothéisme ?
Il n'y a donc là que les connaissances ou les êtres existants. Si vous dites : l'essence du monothéisme
est qu'il n'y a pas de chose connue, ni de chose ignorée, ni d'être existant, ni d'être réduit à néant. Nous
dirons: du moment que vous avez su que la classification des connaissances, admet une classe qualifiée
de cet attribut, elle fait alors déjà partie des connaissances ; où est donc le monothéisme ?
O monothéistes, corrigez votre erreur. Il n'y a là-bas qu'Allah. Or, lorsqu'on dit là-bas on sous-entend
une pluralité, et ils ne sont pas autres que lui. Où est donc le monothéisme ? Si vous dites que le
monothéisme demandé est dans la pluralité elle-même, nous dirons que c'est un monothéisme de tous ;
où est donc le monothéisme ? Le monothéisme ne s'ajoute à rien et rien ne s'ajoute à lui. Soyez près, ô
monothéistes à la réponse si on vous pose une telle question.
Si les polythéistes ne sont pas pardonnés, c’est en fait à cause d’une certaine réalité qui réside
derrière cette non-absolution. S'ils étaient pardonnés, ils n'auraient en effet jamais adopté un associé à
Allah. Ils auraient vu la réalité des choses telle qu'elle est. Si vous dites : par où ce malheur leur a-t-il été
parvenu, alors qu'ils sont dans cette position ? Et le fait de ne pas leur accorder le pardon est en réalité
un compliment adressé à eux ? Nous dirons : c'est parce qu'ils ont indiqué et précisé un associé à Allah.

1 -L'intellect est incapable d'atteindre le vrai monothéisme. L'attestation de l'unicité d'Allah se base plutôt sur l'information
rapportée par les messagers, prière et salut d'Allah sur eux.

-379-
Cette indication (ou ce monothéisme d'indication) les a rendus malheureux. S'ils n'avaient rien indiqué,
ils auraient été heureux. Cependant, ils sont moins mauvais que d'autres (les athées par exemple) grâce
à leur savoir1. Qu'Allah nous range parmi ceux qui ont attesté son unicité selon l'attestation qu'il a faite
lui-même pour lui-même, gloire à Allah, qu'il soit élevé. Fin.
J'ai interrogé notre maître sur ce monothéisme ; il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui en disant :
c'est l'attestation de l'unicité d'Allah par lui-même pour lui-même, d'après lui-même. On ne peut
atteindre ce monothéisme que par l'anéantissement.
El Jariri, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : "tout signe formulé par la créature et faisant référence au
créateur n'est pas acceptable jusqu'à ce qu'ils indiquent le Vrai par le Vrai". Il veut insinuer par ça
l'élimination des rapports, là où leurs traces sont effacées dans l'Entité.
Puis il a dit : ils n'ont aucune chance d'arriver à cela. Celui qui l'atteint est en effet en parfaite
extinction, tout signe a été anéanti, il n'y a plus d'indication ni d'indicateur. Il n'y a qu'Allah par
lui-même, dans lui-même, pour lui-même, d'après lui-même. Il n'y a ni indication ni indicateur. C'est
pour cette raison qu'il a dit : ils n'ont aucune chance d'arriver à cela. Les monothéistes ont plutôt attesté
l'unicité d'Allah du point de vue du rang de la divinité, afin qu'ils gagnent leur bonheur, et qu'ils puissent
accomplir la responsabilité qui leur incombe.
Ils sont donc, en ceci, pour eux-mêmes et non pas pour Allah. Pour qu'une chose soit pour Allah, il
faut qu'elle soit en dehors d'elle- même et en dehors de ses limites. Elle ne doit pas sentir sa propre
entité, ni bien sûr sentir autrui. Il n'y a qu'Allah seul. Un homme est venu rendre visite à Chibli chez lui,
Chibli lui a dit : que veux-tu ? Le visiteur lui a répondu : je cherche Chibli ! Il lui a répondu : il est mort,
qu'Allah ne l'ait pas en sa sainte miséricorde.
Quant au sens du rang de l'unicité, il ne peut pas y avoir d'attestation de l'unicité d'Allah. En effet, si
ce rang se manifeste, et si l'observateur le sent, il y aura donc deux entités, et donc il n’y aura pas
d'unicité, ce qui est absurde. La jalousie du Vrai refuse cela. Ce n'est donc pas l'unicité. Et si
l'observateur est réduit à néant devant cette manifestation, et ne sent plus sa propre entité ni son
anéantissement, il n'y aura alors plus d'observation dans ce cas. Il n'y aura donc que le vrai par
lui-même, dans lui-même, pour lui-même, d'après lui-même.
Où est alors l'autrui, à qui l'unicité va se manifester ? C'est pour cette raison que les gnostiques se
sont tous mis d'accord, à l'unanimité, que la manifestation par l'unicité est impossible. Il en est de
même pour l'Entité ; la manifestation est impossible par l'Entité, c'est-à-dire par l'Entité absolue, pure,
dépourvue des rapports et des attachements. En revanche, le singulier rassembleur bénéficie de cette
manifestation parce qu'il est le filtre placé entre l'Entité et l'univers. Tout l'univers vit sous son ombre. Si
son ombre disparaît, tout l'univers sera alors réduit à néant en moins d'un clin d'œil.
Le singulier rassembleur dispose de deux orientations :
• Une orientation vers l'Entité sacrée, où elle est complètement dissipée. Le singulier
rassembleur reçoit sa manifestation avec tout ce dont elle est qualifiée comme puissance,
sublimité, grandeur, solennité et hauteur. Personne ne peut supporter ceci sauf lui.
• Et une orientation vers l'univers. Il fait déborder sur,ce dernier ce qu'a exigé le rang de la
divinité. Il est donc la zone intermédiaire qui rassemble Allah avec sa créature. Ceci ne peut
pas être connu par la parole, mais plutôt par le goût et l'état. Fin de la dictée du cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui.
Notre maître a récité ici le vers suivant :
Si, à ton époque, un être unique devient pur et limpide pour toi, c’est un objectif splendide, mais
où est-il cet être unique ?
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : ce vers présente deux significations :

1 -C'est-à-dire grâce à leur savoir incomplet qui leur a permis d'adorer Allah, mais derrière le voile de l'autrui qu'ils ont adoré
(d'une manière apparente)

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1. La première signification qui appuie notre sujet est la suivante : si, à ton époque, l'unique
devient pur et limpide pour toi. L'unique insinue ici Dieu le Vrai, et sa limpidité veut dire
l'annihilation de l'autre et de l'autrui, jusqu'au point où il ne restera ni lieu, ni mode, ni
rapport, ni illusion, ni forme, ni lien, ni séparation, sauf Lui, en Lui, à partir de Lui, d'après Lui,
pour Lui et par Lui. Voilà donc l'objectif vers lequel toutes les déterminations ont été
orientées. Mais où est alors cet être unique pour lequel l'unique a été limpide selon la
limpidité susmentionnée ? "Mais où est-il cet être unique?" Cette tournure signifie qu'il est
tellement loin et difficile à obtenir.
2. La deuxième signification est la suivante : si, à ton époque, un être unique devient pur et
limpide pour toi, etc. Il veut dire un compagnon, qui vous est fidèle, pouvant vous éviter un
mal ou vous apporter un bien, de manière à ne rien épargner pour vous satisfaire. Cet être
unique est l'objectif. Mais où est-il cet être unique qui est qualifié de cet attribut ? Fin. Fin de
la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
La vérité de la manifestation est l'apparition. La manifestation par les noms divins est accordée à
chaque gnostique selon son rang spirituel. Le singulier rassembleur est celui qui englobe et qui cerne la
totalité de ceci. Le gnostique voit en lui qu'il n'y a qu'Allah qui se manifeste par ces attributs et ces
noms. Cela est vrai pour tout gnostique, mais il sait également que cela provient de l'afflux que le pôle
fait déborder sur lui.
Si le pôle veut arrêter cet afflux, il pourra le faire. Et chaque gnostique est positionné selon son rang
spirituel dans ce domaine, sauf le pôle rassembleur. Celui-ci cerne la totalité de ces rangs, quels qu'ils
soient, même s'il s'agit des rangs des anges. Il dispose également, en plus de tout ça, de toutes les
manifestations par les noms et les attributs divins que peut exiger l'univers, selon la volonté d'Allah. Il
n'y a pas de limite à Allah dans ses noms et attributs.
Chaque gnostique voit que l'univers est mis sous Sa volonté, existe par Sa puissance, et vit grâce à Sa
vie. Chacun selon son rang spirituel, sauf le singulier rassembleur qui regroupe tous les rangs. Celui-ci
couvre tous les rangs, et dispose du goût pour tous les rangs. Il détient la dominance globale dans tous
les rangs et dispose de la prohibition et de l'offre dans tous les rangs. Fin de la dictée du cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui.
Parmi ses enseignements, satisfaction d'Allah sur lui, il a dit : les noms de subsistance exigés par
l'univers, c'est-à-dire les noms sans lesquels l'univers ne peut pas exister, sont les noms élevés, que les
gnostiques trouvent. Celui qui les connaît sait à travers ce nom pourquoi telle entité existe, et que veut
Allah d'elle, et quelle est sa destinée (en bien ou en mal), et quelle est sa demeure dans l'au-delà.
Sachez donc que tout atome dans l'univers dispose d'un nom. Et c'est la même chose pour les fractions
de tout l'univers, particule par particule.
Ensuite, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : si le grand gnostique souhaite s'orienter vers un
des univers, il s'oriente alors vers Allah par le nom qui est spécifique à cet être. Ce dernier se soumettra
forcément à lui. Il en est de même pour l'armée des noms, cette armée ne fait pas partie des noms de
l'univers.
Mais, la procédure d'orientation reste la même pour le grand gnostique1. Ceci relève du domaine du
confidentiel et du secret, dont les informations ne doivent pas être divulguées aux gens du commun. Fin
de la citation du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Puis, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : "tous les noms des êtres existants ne sont pas
contingents, et on veut dire ici par noms leurs significations, et non pas leurs lettres ou leurs
prononciations. Allah, le glorieux, le Très-Haut, les a en effet cités dans le pré-éternel. Et puisqu'ils font

1 - L'armée des noms est l'ensemble des noms ayant une relation avec le nom suprême d'Allah. Ce sont des noms sur lesquels
repose la subsistance de tout cet univers. Il s'agit des clés des montagnes, des clés des mers, etc. Les saints et élus d'Allah
ont passé le pacte de ne rien divulguer parmi ces noms. Celui d'entre eux qui divulgue un de ces noms est puni. Il est à noter
également que seuls les élus d'Allah sont capables de les prononcer. Si une personne ordinaire prononce un de ces noms, il
risquera la mort subite, ou une brûlure grave ou la perte de sa virilité, ou l'arrachement de toute sa peau, etc. Qu'Allah nous
en préserve de par Sa grâce et largesse. Amen!

-381-
partie de Sa parole, ils sont donc anciens". Personne n'a devancé le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui,
dans ces significations. Fin.
Parmi les dires du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui : Allah, le glorieux, le Très-Haut, dispose de
certains verdicts relatifs au destin réservé à sa créature. Ces verdicts s'opposent à l'image de la loi
religieuse. Il parvient alors à ces verdicts des verdicts qui les affrontent, appelés, d'après la terminologie
de la sagesse, châtiments et rétribution. Ces derniers doivent parvenir obligatoirement. Mais, parfois le
Vrai, le glorieux, le Très-Haut, détourne ces châtiments qui parviennent à la suite de ces péchés, selon
un des aspects du détournement qui sont nombreux :
On peut citer à titre d'exemple : une charité offerte antérieurement ; une visite rendue à un proche ;
un secours accordé à un affamé ; une intercession d'un élu ; ou un autre aspect de détournement.
Parfois, les châtiments arrivent sans détournement, mais ils sont interceptés par les entités des élus
dignes de la gestion des univers. Dans ce cas, ils tombent dans leurs entités. Parfois, ces châtiments
parviennent à ces derniers et touchent en même temps les gens auxquels ils sont destinés. Si un des
élus essaie de les intercepter afin de pousser leur préjudice et assurer le bien-être des gens auxquels ces
châtiments ont été destinés, ce mal se tournera sévèrement contre lui et son acte ne sera pas sans
conséquence. Fin.
Parmi les enseignements que le cheikh nous a dictés, satisfaction d'Allah sur lui : Allah dispose
d'une certaine gestion par rapport à quelques-uns de sa créature. Il leur accorde la fortune. Celui qui la
conserve bien parmi eux, sans perte, tout en veillant sur l'ordre d'Allah, le Très-Haut, Allah conservera
cette fortune entre ses mains, il le protégera par elle, et il la lui transformera en bénédiction. Mais celui
qui la perd par négligence, Allah l'appauvrira et le rendra démuni au point de ne plus rien retrouver
entre ses mains. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Parmi les dires du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui : l'expression suivante : "Le pied de tout élu est
derrière le pied d'un des prophètes" signifie que cet élu goûte du goût de ce prophète et s'oriente
suivant son orientation, mais sans pour autant être capable de cerner la totalité de ce que détenait ce
prophète. Il acquiert une certaine partie et une certaine part de ce qu'il détenait. Fin.
Je l'ai entendu dire, satisfaction d'Allah sur lui : la disparité qui existe entre les savants de cette
communauté vient du fait que chacun d'eux emprunte une des voies des messagers. Il s'agit bien ici des
vrais savants assidus (qui remplissent les conditions pour qu'ils puissent faire l'effort dans le
raisonnement religieux). Si ceci est bien compris, il sera alors incorrect de se renier les uns les autres,
parce qu'ils ne disposent que du vrai et du raisonnable. Seul l'ignorant les contredit et les désavoue. Fin
de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai entendu dire, satisfaction d'Allah sur lui : il y a un attribut en commun entre l'ancien et le
contingent. Cet attribut possède une vérité unique qui ne se modifie pas, et qui ne change pas. Mais en
présence de l'ancien, cet attribut est ancien ; et par rapport au contingent, il est considéré comme
contingent. Cet attribut est "le moment présent éternel" chez les gnostiques. C'est une des
problématiques difficiles. Seuls les gens dignes du savoir divin s'en aperçoivent. Qu'Allah nous range
dans leur groupe. Amen.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la signification du temps. Il a répondu, satisfaction
d'Allah sur lui : la réalité du temps signifie la continuité de l'existence du Vrai sans début ni fin. C'est ce
qui est exprimé par la "pérennité" d'Allah, le glorieux, le Très-Haut. C'est la signification de l'expression
évoquée dans le "Sayfi" : "Toujours, depuis le temps jusqu'au temps, selon les couleurs de la
glorification".
Quant à l'expression "depuis ... jusqu'au ... ", cette expression n'est pas attribuée au temps dans ce
domaine. On ne peut pas faire des recherches là dessus. La clairvoyance perçante du prophète, prière et
salut d'Allah sur lui, s'y est en effet habituée. Cette clairvoyance ne connaît pas l'erreur selon tout
aspect, quel qu'il soit.
Le cheikh Sidi Abou Madiyane, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : s'il ne s'agissait pas de viol de la loi
religieuse, je serais déjà entré chez les vierges dans leurs chambres, parce qu'Allah, le Très- Haut, m'a

-382-
promis que toute personne que je regarde ou qui me regarde, Allah a interdit son corps au feu. Fin de la
dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Parmi les propos du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, on peut citer ce qui suit : j'ai bien réfléchi
sur la spécification du maître de l'univers, prière et salut d'Allah sur lui, par le lundi. Je suis arrivé au
résultat suivant : puisque le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est la seconde existence, et il n'est
devancé que par l'existence pré-éternelle. Et puisque ce jour (le lundi) est le deuxième jour de la
semaine et il n'est devancé que par dimanche. On comprend alors pourquoi les différentes phases de sa
vie, prière et salut d'Allah sur lui, se déroulaient les lundis : il est né le lundi. Il a émigré (de la Mecque à
Médine) le lundi. Il est rentré à "Teïba" (Médine) le lundi. Il est envoyé comme messager (à sa
communauté) le lundi, etc.
li en est de même pour Sidna Adam, prière et salut d'Allah sur lui, et sur sa spécification par le
vendredi. C'est en ce jour que les différentes phases de sa vie se sont déroulées. Ceci concorde
également avec son existence. Sidna Adam est en effet le dernier être créé des créatures. C'est ce que
les gnostiques expriment par le terme "dernière manifestation" ou "dernier habit". Ce jour (le vendredi)
est également le dernier jour où Allah a créé sa créature.
Allah a dit : «C'est Lui qui, en six jours, a créé les deux, la terre et tout ce qui existe entre eux»
(Sourate Al Furqane, le discernement, verset 59). À propos du septième jour, Allah a dit : «Il (le Tout
Miséricordieux) S'est établi <lstawa> ensuite sur le Trône», selon Sa volonté et Son savoir. Il n'a créé en
ce septième jour aucune créature. C'est à cause de cette adéquation que les différentes phases de sidna
Adam, prière et salut d'Allah sur lui, se déroulaient le vendredi (le sixième jour de la semaine). Il a été
créé le vendredi, il est entré au paradis le vendredi, il en est sorti le vendredi, il s'est repenti le vendredi,
etc. Fin.
Puis il a été dit à notre maître, satisfaction d'Allah sur lui : selon cette mesure, le lundi serait mieux
que le vendredi, comme suite à la spécification des phases de la vie du maître de l'univers, prière d'Allah
sur lui, par ce jour ? La réponse du cheikh était : non. La préférence est une injonction divine qui n'a
besoin ni de raison ni de mesure. Allah, le glorieux, le Très-Haut, préfère ce qu'il veut, par ce qu'il veut, à
ce qu'il veut. Lorsque l'information qui révèle la préférence d'Allah d'un être créé nous parvient des
prédicats crédibles d'Allah et de son prophète, prière d'Allah sur lui, alors, on dit que cet être créé est
effectivement préféré par Allah, sinon, on ne peut rien dire. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction
d'Allah sur lui.
Notre maître, satisfaction d'Allah sur lui, a été interrogé sur la question suivante : est-ce que le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est sorti, à sa naissance, de l'endroit habituel ou par- dessous le
nombril ? Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a répondu en disant : sachez que j'ai lu dans un
manuscrit rapportant ce que "Ben Sebaê" a mentionné dans son livre "Es Shifa": Il a dit : le prophète,
prière et salut d'Allah sur lui, est sorti, à sa naissance, par- dessous le nombril et non pas de l'endroit
habituel. C'est le cas d'ailleurs de tous ses confrères, prophètes et messagers. Fin de ce qu'a rapporté
"Ben Sebaê".
Certaines personnes excluent cette information en disant : si c'était le cas, un évènement aussi
important que celui-là aurait été rapporté par succession. Sachant qu'à la naissance d'un bébé il y a
toujours un groupe de femmes qui sont présentes, et sachant que les femmes sont connues par la
divulgation de tout ce qui est mystérieux, si alors un évènement aussi inouï et prodigieux avait eu lieu,
toutes les femmes présentes à la naissance de chaque prophète l'auraient vu.
Si c'était le cas, les femmes présentes l'auraient alors divulgué à cause de leur faible capacité à tenir
un secret. Et si les femmes en avaient parlé, il aurait été rapporté par succession dans tous les pays du
globe. Mais puisque cet évènement n'a pas été rapporté par succession dans tous les pays du globe, et
puisque les femmes n'en avaient jamais parlé, cela signifierait qu'il n'avait jamais eu lieu. C'est-à-dire
que la naissance n'a pas eu lieu par-dessous le nombril.
La réponse à cette citation honteuse et dévalorisante est que : cet évènement est un prodige qui a
été caché et non divulgué aux gens, par autorisation divine. Cela fait appel à deux explications
différentes:

-383-
1. la première consiste à dire que : cacher ce qui est dissimulé et montrer ce qui est apparent
est une injonction divine placée entre les mains d'Allah, le glorieux, le Très-Haut. Il est libre
de montrer ce qu'il veut, avec ou sans raison, même si toutes les conditions de la
dissimulation sont présentes. Et il cache ce qu'il veut, avec ou sans raison, même si toutes les
conditions qui permettent l'apparence sont présentes. Cet évènement entre dans ce cadre.
2. La deuxième explication consiste à dire que la sortie de l'élite supérieure par-dessous le
nombril, a eu lieu en vue d'éviter l'endroit de l’impureté. Allah, le Très-Haut, pourra ouvrir
toutes les fermetures chez la mère : peau, membrane, utérus, jusqu'à la sortie du bébé.
Aussitôt après, Allah rendra toute chose comme elle était à son état initial en moins d'un clin
d'œil. Ceci n'est pas loin dans la puissance d'Allah, le Très-Haut.
Ensuite, si Allah, le Très-Haut, veut la dissimulation, il rendra les femmes présentes inattentives et
distraites. On pourra imaginer par exemple qu'elles vont la toucher et l'ausculter pour lui dire que le
moment de la naissance n'est pas encore arrivé, alors qu'elle souffre et qu'elle est sur le point
d'accoucher. Une fois qu’elles s'occupent d'autre chose, et qu’elles ne font plus attention à elle, Allah
ouvre son ventre par-dessous le nombril ; le bébé sort plus rapidement qu'un clin d'œil. Allah rend le
ventre de la femme qui a accouché à son état initial, bien soudé, plus rapidement qu'un clin d'œil. Le
sang coule dans l'endroit habituel de la naissance. Les femmes présentes disent : le bébé est sorti. Les
autres femmes arrivent, mais ne voient rien d'anormal à cause du sang qui coule à son endroit habituel
et qui ne coule pas du nombril.
La mère du prophète quant à elle, elle ne divulgue rien pour deux choses :
1. D'abord parce que Allah a répandu sur son cœur un de ses secrets divins. Son cœur se trouve
alors dans l’impossibilité de divulguer ce qui s'est passé à cause de l'existence de ce secret.
Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit : «Et le cœur de la mère de Moïse devient vide. Peu s'en
fallut qu'elle ne divulguât tout, si Nous n'avions pas renforcé son cœur pour qu'elle restât
du nombre des croyants» (Sourate Al Qasas, le récit, verset 10). Allah renforce aussi leurs
cœurs en période de gestation. Elles ne divulguent rien même si elles voient, en rêve ou en
éveil, quelque chose qui sort de l'ordinaire et qui insinue que le bébé sera un prophète.
2. Ensuite, la mère qui a accouché est certaine que si jamais elle veut divulguer l'évènement,
aucune femme présente ne va la croire, elles la démentiront toutes. En effet, il y a du sang
dans l'endroit habituel de la sortie du bébé et il n'y a aucune trace de sang sous le nombril. Il
n'y a donc ni indicateur, ni trace ni témoin en sa faveur. Toutes les conditions se sont donc
réunies pour qu'elle soit démentie. Le fait d'être certaine qu'elle sera démentie la pousse
alors à ne rien divulguer. Rien ne sera donc rapporté. Voilà la réponse à cette intervention
honteuse. Fin.
Si vous dites : si on admet qu’étant donné la propreté et la pureté du prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, il n'est pas sorti de l'endroit de l’impureté. Comment expliquez-vous qu'il y est rentré,
alors qu'il était sous forme de sperme ? Vous tombez alors sur ce que vous vouliez éviter tout à l'heure !
Sinon, on dirait : Il est créé de la salive de son père, comme l'ont prétendu ceux qui ont fui du caractère
sale du sperme.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a répondu, en disant : il n'est pas correct de dire qu'il est créé
de la salive de son père. Il est plutôt issu du sperme, comme les autres prophètes et comme tous les
êtres humains. Le sperme rentre à l'endroit connu, comme tous les spermes. Mais un sperme n'est pas
similaire à un bébé au moment de sa naissance. Lors de sa pénétration, le sperme n'a pas d'esprit. Or à
la naissance, et à cause de la pureté de l'esprit, cette sortie n'a pas eu lieu de l'endroit habituel.
L'interrogateur a dit : que dites-vous donc de l'esprit lorsqu'il occupait encore l'utérus, et lorsqu'il
était entouré de sang ? Il lui a répondu en disant : l'utérus est pur et le sang aussi, avant sa sortie de
l'utérus. Fin de la citation du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui. Texte dicté par le cheikh à notre
bien-aimé Sidi Mohamed Ben Machri, Qu'Allah le protège de par Sa grâce.
Parmi les dires du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, à propos de l'agrément du repentir et à propos
du fait que le repentir est formellement agréé : il a dit, satisfaction d'Allah sur lui : la preuve que le
repentir est formellement agréé réside dans les dires d'Allah, le Très-Haut : «Allah accueille seulement

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le repentir de ceux qui font le mal par ignorance et qui aussitôt se repentent. Voilà ceux de qui Allah
accueille le repentir. Et Allah est Omniscient et Sage» (Sourate An Nissaâ, les femmes, verset 17). «...
Sauf celui qui se repent, croit et accomplit une bonne œuvre; ceux-là Allah changera leurs mauvaises
actions en bonnes, et Allah est Pardonneur et Miséricordieux» (Sourate Al Forkane, le discernement,
verset 70). «Et c'est Lui qui agrée de Ses serviteurs le repentir» (Sourate Achoura, la consultation,
verset 25). Plusieurs autres versets coraniques indiquent que l'agrément du repentir est formel.
Allah a promis en effet d'agréer le repentir de celui qui se repent. Et il est connu chez les gens dignes
du Vrai que : jamais Allah ne manquera à Sa promesse. Si on nous dit que selon la doctrine de la
majorité : l'agrément formel déduit de la promesse peut ne concerner que certains individus, et non pas
tout le monde, je dirai : ces versets coraniques susmentionnés traitent tout type de repenti d'une façon
générale. Il n'y a pas de preuve qu'ils particularisent un individu par rapport à un autre. De même, le
généreux, lorsqu'il promet quelque chose, il tient sa promesse. Voilà ce que pensent les gens dignes du
Vrai.
Par contre, lorsqu'il menace, il peut de par sa générosité abandonner sa menace. Ceci n'implique pas
de déficience. Au contraire, c'est de la perfection d'abandonner la menace et de tenir la promesse. La
preuve provenant de la sounna est le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui : "Si le serviteur
avouait son péché puis il s'en repentait, Allah a agréé alors son repentir". Dans ce hadith, le prophète a
utilisé «le passé composé» (Allah a agréé alors son repentir) pour insinuer que cet agrément est réel et
qu'il est arrivé certainement, parce que c'est ça la réalité du passé.
Si l'on nous dit, d'après la doctrine de la majorité, que : si l'agrément était formel, alors celui qui se
repent ne doit jamais désobéir ; nous dirons "Non" ; ceci n'implique pas cela. Au contraire, il faut se
repentir de chaque péché, à part. Un deuxième péché n'est pas considéré comme une dérogation du
repentir précédent. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit, en effet : "Celui qui demande le
pardon d'Allah n'est pas considéré comme insistant sur son péché, même s'il revient à son péché
soixante-dix fois par jour".
Il a dit également, prière et salut d'Allah sur lui : "Celui qui se repent de son péché est considéré
comme s'il n'avait rien commis". Ce hadith est la preuve que le repentir est formellement agréé par
Allah. Si le serviteur commet un péché selon le destin qui lui a été réservé par Allah, il doit alors se
retourner au repentir et ainsi de suite. Le hadith suivant du prophète, prière et salut d'Allah sur lui,
traduit la diligence d'Allah envers Son serviteur qui se repent de ses péchés, il a dit, prière et salut
d'Allah sur lui : "Si vous ne péchiez pas, Dieu vous emporterait pour faire venir des gens qui pécheraient
et demanderaient ensuite à Dieu le Très-Haut de les absoudre et Dieu les absoudrait".
C'est pour cela qu'Allah, le Très-Haut, a dit : «Allah aime ceux qui se repentent» (Sourate Al Bakarah,
la vache, verset 222). Si Allah n'avait pas accepté leur repentir, il ne les aurait pas aimés. En revanche,
on ne peut pas dire que l'agrément formel du repentir implique obligatoirement le bonheur du
repentant. Le bonheur est en effet, une injonction, dont le résultat final est inconnu. Ici, nous ne parlons
que de ce qui est clairement évoqué dans les textes du saint livre et de la sounna.
De même, le bonheur ne se limite pas à des actes de désobéissance. C'est pour cela que le prophète,
prière et salut d'Allah sur lui, a dit : "Les bonnes œuvres d'une personne ne constituent pas une raison
pour qu'il rentre au paradis. Les compagnons du prophète ont répliqué : même toi, O envoyé d'Allah ?
Le prophète a dit : oui, même moi, sauf si Allah me couvre de Sa miséricorde". Voilà une preuve que
l'entrée au paradis se fait de par Sa pure largesse, et que l'entrée à l'enfer se fait de par Sa pure justice.
Les actes ne sont que des signes apparents de ce qui a déjà précédé.
Ces actes peuvent être cohérents comme ils peuvent être en désaccord avec cette finalité. Ceci est
dû au fait que l'ultérieur ne peut pas être la cause de l'antérieur. Voilà ce que disent certains
théologiens. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, à notre bien-aimé Sidi Mohamed Ben
Machri, qu'Allah le protège, sauvegarde son excellence et soit satisfait de lui.
Voilà la réponse à une question bien élaborée1,

1 -Ce poème a été cité ici à cause de son premier vers : voilà la réponse à une question bien élaborée.

-385-
une réponse bien faite, bien organisée,
qui traite de la prosternation sur le lit en dehors du cas de la
prière ainsi.
C’est l’exemple de la prosternation sur une couverture ou sur un tissu en coton.
Certains savants se sont arrêtés devant cette question sans donner d'explication.
D’autres ont jugé, sans réserve, interdit de se prosterner sur un lit.
Tout ceci si l’on considère le lit comme étant mou.
Mais s’il est rigide, la prosternation est admise, unanimement par beaucoup !
Notre maître, satisfaction d'Allah sur lui, a été interrogé comme suit : cher érudit, maître, et source
de lumière pour la créature, quelle serait votre réponse à propos du bassin du prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, est-il situé avant ou après le sentier "Serat". Les gens de la sounna, satisfaction d'Allah sur
eux, ne se sont pas mis tous d'accord sur cette question. Certains disent que le bassin se trouve avant le
sentier "Serat". Leur preuve est le hadith suivant : "Celui qui change ou qui modifie (les données
religieuses) sera chassé du bassin". Donc si le bassin se trouvait après le sentier "Serat", la personne qui
l'a traversé sera déjà sauvegardée ; et personne ne la chassera du bassin. Par conséquent, le bassin se
trouve avant le sentier.
Un autre groupe de savants disent que le bassin se trouve plutôt après le sentier "Serat". Leur preuve
est le hadith suivant : "Celui qui boira du bassin ne sentira plus jamais de soif'. Si ce bassin se trouvait
avant le sentier (Serat), sachant que celui qui a bu du bassin ne rentrera pas en enfer, il serait alors
absurde de croire à ce qu'il y aurait un groupe de malfaiteurs ayant commis les grands péchés et qui
sont issus de la communauté du prophète Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, qui vont entrer en
enfer, puis qui vont en sortir grâce à l'intercession du prophète. Pourtant cette croyance est obligatoire
dans la foi. Elle fait partie de la doctrine des gens de la sounna. Par conséquent, le bassin se trouve
plutôt après le sentier. Qu'Allah nous protège de l'enfer. Amen.
D'autres savants disent : le prophète dispose de deux bassins, le premier se trouve avant le sentier
(Serat), et c'est à partir de ce bassin que seront chassés tous ceux qui ont changé ou modifié les
données religieuses. Le deuxième bassin se trouve après le sentier. Celui qui va boire de ce bassin ne
sentira plus jamais de soif, parce que, juste après, il n'y aura que le paradis.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a répondu, en disant : sachez qu'il s'agit d'un seul bassin. Mais,
au début, il se trouvera avant le sentier "Serat", et ce afin de chasser tous ceux qui ont changé ou
modifié les données religieuses. Une fois qu’il ne restera plus personne à bannir, le bassin sera transféré
et remis à sa place qui se trouve après le sentier "Serat", pour que les gens puissent boire et profiter de
lui.
Le déplacement des choses dans le monde de l'au-delà, d'un endroit à un autre, a été mentionné
dans plusieurs prédicats authentiques. Certes, aucun prédicat n'a traité le cas particulier du bassin, mais
plusieurs autres cas ont été traités. On peut citer à titre d'exemple l'enfer qui viendra rejoindre les gens
le jour de l'exode. Il ne s'est retourné à sa place initiale qu'après l'ordre qui lui a été donné par le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui.
Il a été rapporté également que le paradis se trouvera, ce jour-là, à droite du trône et le feu à sa
gauche. Or, il est connu, selon des prédicats authentiques, chez les gens de la sounna, que le plafond du
paradis est le trône; le paradis n'est donc pas à la droite du trône. De même, le feu se trouve sous la
septième terre inférieure, et n'est pas à la gauche du trône.
Si vous comprenez ceci, vous saurez qu'il s'agit d'un seul bassin, qui apparaît une fois avant le sentier,
et une autre fois après le sentier. Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a été interrogé à maintes
reprises sur ce sujet, et à chaque fois l'interrogateur avance la polémique que suscite ce sujet entre les
savants, et il répondait toujours de la même manière, sans aucune hésitation. Nous sommes donc
certains qu'il a raison puisque sa réponse est toujours la même, sans hésitation. Qu'Allah soit satisfait de
nous tous, de par Sa largesse et Sa générosité. Amen.

-386-
Parmi les propos du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, on cite ce qui suit : parmi les facteurs
d'invalidation des bonnes œuvres, on trouve les faits suivants :
• Se reconvertir à l'irréligion (l'apostasie), qu'Allah nous en protège.
• Proférer une calomnie contre le croyant marié et l'accuser de l'adultère.
• Retarder la prière d'EI Assr jusqu'au coucher du soleil.
• Préméditer de se nourrir de l'illicite.
• Ne pas payer l'ouvrier qui termine bien son travail.
Sans oublier de se méfier de la vanité qui endommage tout acte.
L'apostasie, qu'Allah, le Très-Haut, nous en protège, présente de nombreuses causes orales et peu de
causes liées aux actions. Parmi les causes orales, on trouve des causes connues par les musulmans
ordinaires. C'est le cas de ceux qui croient à la contingence d'Allah; le Très-Haut, qu'il soit élevé, gloire à
lui, à cette bassesse. Cette croyance peut être directement annoncée ou sous- entendue comme celui
qui associe quelqu'un d'autre à Allah, soit directement, soit à travers le fait d'attribuer des actions
d'Allah à un autre (comme la secte qadaria et les ignorants qui sont affiliés à de telles sectes), soit à
travers le fait de dire que tel objet de l'univers est ancien, etc.
Parmi les causes orales de l'apostasie, on cite également la négligence et l'insouciance à l'égard de la
solennité et de la sublimité d'Allah, par ignorance ou par entêtement. C'est le cas des injures, des
insultes et de l'emballement de la langue à l'égard du Vrai, qu'Allah nous en protège.
Parfois, au lieu de voir une personne lancer des injures contre une autre personne, elle modifie
plutôt le nom d'Allah ou de l'un de ses attributs. Nous avons souvent constaté ceci chez les gens du
commun.
Lorsqu'ils veulent lancer des injures contre une personne qui s'appelle, "abdoul.." comme Abdel Haq
(serviteur du Vrai), ou Abdel Karim (serviteur du Très Généraux), ou Abder Rahman (serviteur du tout
miséricordieux), ou Abdel Hakem (serviteur du Juge), ou Abdel Baqi (serviteur du Permanent), ou Abdel
Qader (serviteur du tout Puissant), ou Abdel Barr (serviteur de l'infiniment Bon), ou Abder Razzaq
(serviteur de Celui qui pourvoit), ou Abdel Ghani (serviteur du Riche au-dessus de tout besoin), ou Abdel
Hamid (serviteur du Très Digne de Louanges), ou Abder Rahim (serviteur du Très Miséricordieux), ou
Abdel Ghafour (serviteur de l'Absoluteur Infini), ou Abdel Ghaffar (serviteur de l'Absoluteur), ou Abdel
Settar (serviteur du Protecteur), ou Abdel Halim (serviteur de L'Indulgent), ou Abdel Jalil (serviteur du
Majestueux), et ainsi de suite, tout en parcourant tous les noms divins auxquels s'ajoute la composante
"serviteur de" pour former le prénom de l'individu. Ces gens du commun, quand ils veulent injurier une
personne qui se nomme ainsi, ils modifient son prénom pour l'humilier. En procédant ainsi, ils modifient
un nom d'Allah, ce qui constitue une apostasie.
Celui qui fait cette modification ne sera pas excusé s'il est ignorant ou s'il prétend qu'il n'avait pas
l'intention de la faire. Telle est la doctrine de notre maître, satisfaction d'Allah sur lui, dans ce domaine.
C'est aussi sa doctrine vis-à-vis de ceux qui falsifient un verdict divin qui a été clairement annoncé pour
un intérêt personnel. C'est l'exemple de celui qui permet le remariage d'un couple qui a connu trois
divorces. Dans ce cas, la loi religieuse est claire : la femme ne peut pas retourner à son premier mari
avant d'épouser un autre et de divorcer à nouveau de lui.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : "Al Hakam" (Le Juge, Celui Qui tranche, Le Juge dont on
ne peut suspendre la sentence ou la récuser, ni faire appel contre Son Jugement) est un des attributs
d'Allah, le Très-Haut. Celui qui modifie un des attributs du Vrai est un apostat, qu'Allah nous en protège.
Les spécialistes de la loi religieuse "la charia" confirment les dires du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Ils sont, en effet, unanimement d'accord sur l'irréligion de celui qui considère licite ce qui est illicite et
qui nie les devoirs obligatoires de la religion, comme la prière. Ils sont unanimement d'accord aussi sur
l'irréligion de celui qui néglige le rang de la prophétie et des anges, en lançant des injures, des insultes et
des emballements de la langue contre eux, ainsi que sur l’irréligion de celui qui leur attribue un mauvais
qualificatif dépréciant leur rang supérieur, comme la perpétration des prohibitions ou une anomalie
dans leurs entités ou ce qui va dans ce sens.
Dans cette irréligion, on regroupe aussi :

-387-
• L'insatisfaction par le destin.
• L'exaspération en cas de sinistres, au point que certains ignorants musulmans disent :
qu'est-ce que j'ai fait sous (ton trône), ô seigneur, pour me traiter ainsi, moi en dehors de
tous les autres ? Notre cheikh et maître, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : ceci constitue une
apostasie. Il est recommandé de s'en repentir. En parlant ainsi, le serviteur insinue que le
créateur est injuste. Qu'Allah soit exalté infiniment au-dessus de toute imperfection,
injustice et oppression.
Il en est de même pour ce qui émane de certains ignorants en cas de colère. Ils disent parfois : "je ne
ferai pas ceci même si l'héraut me le demande". Ceci constitue une apostasie, parce qu'il a finalement
dit : "Même si Allah ou son messager me le demandent". Attention, cher croyant, méfie-toi de ces
mauvaises habitudes, qu'elles soient orales ou sous forme d'actions. Il faut secouer les ignorants parmi
les musulmans afin se méfier de ça également. Dans le même sens, certains élus - disposant de la levée
du voile - ont mentionné ce qui suit :
Celui qui commet une des erreurs suivantes, sans qu'il s'en repente, mourra d'une mauvaise fin,
qu'Allah, le Très-Haut, nous en épargne :
• Prétendre la sainteté par mensonge.
• Prétendre le rang spirituel d'éducateur (cheikh), c'est-à-dire s'exposer en qualité
d'initiateur, autorisant les adeptes à suivre une voie soufie et à pratiquer les litanies (Awrad)
sans être habilité à le faire (sans autorisation préalable).
• Causer beaucoup de torts aux gens.
• Se donner trop à la fornication.
• Mentir sur le prophète, prière et salut d'Allah sur lui.
• Se donner trop à la médisance et à la détraction.
• Désobéir aux parents.
Ce sont toutes des erreurs qui nécessitent le repentir. Nous demandons à Allah la paix et le salut de
toutes ces erreurs.
On peut également leur ajouter l'insulte des élus d'Allah. Qu'Allah nous accorde paix et salut. Voilà
donc les principales causes derrière l'apostasie et la mauvaise fin. Nous les avons mentionnées ici dans
un but d'admonition et de conseil. Voilà les causes de l'apostasie afin de les éviter et de s'en échapper.
Quant à la délivrance de ces erreurs une fois commises, c'est par le repentir.
La délivrance des péchés en dehors de l'apostasie se fait immédiatement par le repentir, sauf en cas
des droits des autres personnes ; il faut alors rendre à chacun son droit et se repentir après de
l'apostasie. Quant à l'insulte formelle de Dieu et de la prophétie, celui qui a commis ce crime doit se
repentir et doit être condamné à mort; tel est le verdict pour sa délivrance. Si le coupable se repent sans
être condamné à mort, alors son repentir sera valable, mais son cas restera entre les mains d'Allah (pour
lui accorder son pardon ou le punir).
Si l'insulte n'est pas formelle, le repentir sera valable et il n'y aura pas de condamnation à mort. Si le
coupable ne se repent pas de son apostasie, il devra être exécuté pour son incroyance. S'il (ou si elle) est
marié (e), le mariage sera annulé. Le juge ne doit pas considérer cette annulation comme un divorce, ni
définitif ni provisoire. Il faut qu'il donne juste le verdict de l'annulation du mariage. Si le coupable
revient sur son apostasie, le mariage restera alors agréé même si le péché ou le repentir se répète plus
de trois fois.
Par contre, si le juge délibère qu'il s'agisse d'un divorce, alors le problème suivant se posera: au cas
où l'apostasie se répète par l'un des deux mariés, ou au cas où ils ont déjà divorcé une ou deux fois, s'ils
se sont accouplés, ils commettront alors nécessairement un péché en croyant que leur mariage est
légitime. Ils tomberont donc dans le piège de l'irréligion qu'on souhaite leur faire éviter, c'est-à- dire
considérer comme licite ce qui est illicite. Voilà la remarque subtile qui montre le but de l'annulation du
mariage entre l'apostasiant et son partenaire. Telle est la parole de notre maître, satisfaction d'Allah sur
lui. Qu'Allah nous offre les délices de sa satisfaction. Amen.

-388-
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : cher maître, qu'Allah éternise votre
excellence et transcendance, veuillez nous dire que doit-on adopter si la vérité du vrai dévoilement s'est
opposée au texte formel? Il a répondu, satisfaction d’Allah sur lui : sachez que le texte formel et le vrai
dévoilement émanant de ses détenteurs, ne diffèrent pas entre eux, ni en matière ni en finalité. Les
deux représentent la même chose et ont une même origine. Le texte formel a en effet émergé de
l'entité du prophète Sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, qu'il soit hadith ou coran.
Le vrai dévoilement quant à lui est un afflux de la réalité Mohammadienne en faveur des gens qui en
sont dignes. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est l'intermédiaire dans les deux cas. Et c'est
Allah qui a créé les deux. Voilà pourquoi on a dit qu'ils ne diffèrent pas entre eux. Le vrai dévoilement
n'indique que ce qu'indique le texte formel, ou bien directement, en l'annonçant, ou bien
indirectement, en l'insinuant.
La personne à qui les vérités sont dévoilées, se comporte parfois de la manière suivante : lorsqu'il
s'oriente pour bien maîtriser le verdict qui concerne une affaire donnée, alors s'il voit cette affaire sous
forme de lumière, ou habillée par des lumières ou entourée de lumière, cela signifiera que cette affaire
est recommandée par la loi religieuse, c'est donc ou bien un devoir, ou bien un acte facultatif
recommandé.
S'il voit l'affaire plongée dans l'obscurité, ou habillée par de l'obscurité, ou entourée par de
l'obscurité, cela signifiera qu'il faut l'abandonner selon la loi religieuse, car ou bien elle est interdite, ou
bien elle n'est pas recommandée. S'il ne voit, lors de son dévoilement, ni lumière ni obscurité sur cette
affaire, cela signifiera qu'elle est permise. Il n'est alors ni recommandé de la faire ni recommandé de
l'abandonner.
Par ailleurs, un acte permis peut devenir un devoir ou une prohibition à la suite d'une circonstance
donnée. Selon le contexte, l'exécution de cet acte permis peut conduire à un acte illicite. Ou il peut
nécessiter une certaine condition intimement liée à la réalisation d'un acte recommandé (obligatoire ou
facultatif).
Sinon, l'acte restera permis. Même si les décideurs donnent leur verdict, confie-toi plutôt à celui de
ton cœur. Seul le gnostique parfait dispose de cette particularité (qui consiste à pouvoir se confier au
verdict de son cœur ).
Ce gnostique est digne du vrai dévoilement parce qu'il est éloigné de son âme. Les Saintes lumières
le séparent de son âme. Quand il s'oriente vers quelque chose en relation avec sa religion, son
orientation ne parvient en fait que d'Allah, le Très-Haut. Par contre, pour ce qui est en relation avec sa
vie dans ce monde ici-bas, il est exactement comme les autres.
Chadzili, satisfaction d'Allah sur lui, raconte ce qui suit : j'étais toujours en train de chercher les
propos des soufis, jusqu'à ce que le Vrai me l'ait interdit, lors d'un évènement prodigieux, en disant : le
fait que je me suis fait connaître à toi, te suffit par rapport au savoir des anciennes générations et des
futures, sauf par rapport à celui des prophètes et des messagers. Fin.
Ce savoir est d'ailleurs la référence à laquelle il faut revenir. Il n'y a pas d'intermédiaire entre Allah et
ses serviteurs à part la prophétie. Celui qui veut sortir de la prophétie, souhaitant prélever d'Allah
directement sans son intermédiaire, est un mécréant qui perdra le monde d'ici-bas et celui de l'au-delà.
Quant à ce qui a été mentionné à propos de l'intellect qui intercepte le savoir à partir d'Allah
directement, sans intermédiaire, il s'agit tout simplement d'une négation de la constatation de cet
intermédiaire, qui existe, mais qu'on ne peut pas voir; c'est bien la réalité Mohammadienne. Personne
n'est capable de comprendre sa vérité, comment peut-on alors concevoir sa constatation !
Cette réalité Mohammadienne est plus dissimulée que le secret caché. Le gnostique se voit prélever
le savoir d'Allah sans intermédiaire, mais ce savoir ne peut émaner qu'à partir de la réalité
Mohammadienne, qu'il ne voit pas. Il croit que c'est d'après le Vrai directement, mais il a été voilé par le
voile de la tromperie. Voilà la signification du prélèvement du savoir d'Allah sans intermédiaire.
Quant à l'illusion qui consiste à dire que l'intellect ou n'importe quelle autre chose, prélève le savoir
directement d'Allah, le Très- Haut, sans l'intermédiaire de la réalité Mohammadienne, et dépourvu
d'elle, cela est impossible. Cette illusion est fausse. La négation de l'intermédiaire est une négation de

-389-
constatation et non pas d'existence. D'ailleurs, lors du prélèvement à partir d'Allah, le preneur est
complètement annihilé.
Il ne lui reste plus de sensation, ni vis-à-vis de lui-même, ni vis-à-vis des créatures de l'univers. Il
entend ce qu'il entend comme sciences infuses (injectées en lui) au sein de cette présence. Et il n'y a là
que le Vrai qui parle et lui qui prélève, et personne d'autre.
Nous avons déjà dit, à l'occasion de certaines réponses, qu'un des secrets de la Sainte présence
descend au gnostique. Ce secret l'éloigne de son âme et cache de lui son existence ainsi que celle de
tout l'univers. Il lui montre que son entité est le Vrai Lui-même. Il commence alors à parler, mais non pas
par sa langue, à écouter et à regarder, mais non pas par ses organes d'ouïe et de vue, et à comprendre,
mais non pas par son cœur.
Il est plutôt par le Vrai, pour le Vrai, dans le Vrai, d'après le Vrai, que ce soit dans ses
compréhensions, ses sensations, ses constatations et ses interceptions. Le serviteur ne peut en aucun
cas sortir du cercle de ce secret lorsqu'il le touche. Ce secret s'il parvient au serviteur, il le soumet à
cause de la force de son autorité, et il le vainc à cause de l'influence de sa solennité. Personne ne peut
sortir de son cercle; il faut attendre qu'il parte tout seul. L'intermédiaire en tout ceci est la réalité
Mohammadienne qui existe, mais qui n'est pas visible. Elle n'est pas concevable et elle n'est pas sentie
non plus. Fin.
Le grand cheikh, ibn arabi, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : si les savants exotériques n'existaient
pas, les saints auraient alors apporté ce qu'ont apporté les prophètes. Il veut dire en dehors de la
constitution (la loi religieuse). En effet, la constitution, qui consiste à établir un verdict nouveau qui
traduit un devoir religieux par exemple, ou qui interdit un acte donné, ou qui recommande un culte ou
qui permet un autre, ou qui rectifie un ancien verdict, n'est pas à la portée des saints. Elle ne concerne
que la prophétie exclusivement. Mais en dehors de ça (la constitution), la sainteté et la prophétie sont
au même pied d'égalité. Fin.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la signification du dire du grand cheikh (ibn arabi) :
celui qui atteste l'unicité d'Allah n'a fait que s'égarer. Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant :
la signification de l'égarement est la sortie du droit chemin. Le gnostique, s'il atteste l'unicité d'Allah
selon le Monothéisme des gens du commun, il deviendra alors un égaré. De même, si une personne
ordinaire atteste l'unicité d'Allah selon le Monothéisme du gnostique, elle deviendra également égarée,
c'est- à-dire mécréante.
Dans le même sens, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : "Nous avons été ordonnés, nous
les prophètes, de parler aux gens selon leurs intellects". Le rapporteur du hadith a dit quelque chose qui
ressemble à cette phrase, satisfaction d'Allah sur lui. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur
lui.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a été interrogé également sur l'amour qui existe entre les
gens dans ce monde d'ici-bas. Est-il la conséquence de ce qui est arrivé aux esprits lorsqu'Allah les a
créés? C'est-à-dire comme réunion ou séparation, comme le fait de se faire face les uns aux autres ou de
se tourner le dos les uns aux autres, ou pas ?
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a répondu en disant : il a été cité dans le célèbre hadith: "Les
âmes sont des armées mobilisées. Celles d'entre elles qui se reconnaissent s'attirent (s'aiment) et celles
qui se méconnaissent se repoussent". Puis il a dit : le sens est le suivant : ceux qui se reconnaissent lors
de la deuxième innovation, s'attirent lors de la deuxième conception. Ceux qui se méconnaissent lors de
la deuxième innovation se repoussent lors de la deuxième conception.
Puis il a dit, satisfaction d'Allah sur lui: Les esprits passent, en effet, par deux innovations et deux
conceptions:
1. La première innovation consiste à les inscrire dans la table gardée: Allah a inscrit leurs parts,
leurs périodes, leurs endroits et tout ce qu'il veut faire d'eux, par eux et pour eux, depuis leur
début jusqu'à leur installation dans les deux demeures.
2. La deuxième innovation consiste à les créer et les faire sortir du néant vers l'existence.

-390-
Un certain homme parmi les gens dignes de la levée du voile a dit, qu'Allah ait son âme en sa sainte
miséricorde : Allah a créé les esprits d'abord comme un seul ensemble unifié, à partir de la lumière
sacrée, puis il les a distingués pièce par pièce. Il a créé un esprit en chacune des pièces selon le nombre
des esprits.
Puis le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a poursuivi :
1. La première conception consiste à faire sortir tous les esprits du dos de notre père Adam,
prière et salut d’Allah sur lui, comme des atomes. Il a été dit que cela a eu lieu en pleine terre
de "Noâmane". Allah, le glorieux, le Très-Haut, a conclu le pacte avec ces esprits.
2. La deuxième conception est celle qui consiste à créer chaque être humain en son temps.
Puis il a dit, satisfaction d'Allah sur lui : lors de la première conception, le prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, les a appelés (les esprits) pour croire en Allah et en lui, prière et salut d'Allah sur lui. Celui
qui lui a répondu favorablement, à cette époque, sera le croyant dans le monde de l'apparition des
formes. Celui qui ne lui a pas répondu, à cette époque, sera le mécréant dans le monde d'ici- bas.
Celui qui a répondu puis s'est détourné après, à cette époque, fera de même dans le monde de
l'apparition des formes. Celui qui n'a pas répondu d'abord puis qui a répondu favorablement après, à
cette époque, fera de même dans ce monde. Tout ce qui apparaît ici a déjà eu lieu là-bas, empan par
empan. Puis il a dit, satisfaction d'Allah sur lui : c'est à partir de là que les grands cheikhs connaissent
leurs disciples.
Lorsqu'un disciple vient voir le cheikh (afin de l'accepter comme adepte), le cheikh regarde là-bas1 ;
s'il voit qu'il s'agit effectivement d'un de ses adeptes, il l'acceptera ici. S'il n'est pas inscrit là-bas, chez
Allah, parmi les compagnons du cheikh, il ne l'acceptera pas ici. Quant à la deuxième innovation, c'est là
où le croyant s'est bien distingué du mécréant.
Dans le hadith : "Allah a créé la créature dans une obscurité. Ensuite, il a projeté une partie de sa
lumière sur eux. Celui qui a été touché par cette lumière a cru. Celui qui a perdu cette lumière a mécru".
C'est ce qui a été signalé par le grand cheikh (ibn arabi) dans sa prière : "la lumière pulvérisée dans
l'éternité". Il a dit : " ... une prière qui ornera ma clairvoyance, par la lumière pulvérisée dans l'éternité".
Ensuite, notre maître a dit, satisfaction d'Allah sur lui : lorsque le Vrai s'est manifesté aux esprits au
moment du pacte, ils se sont envolés par crainte révérencielle et solennité. Celui qui est arrivé à un
endroit de la terre à cette époque va s'y installer lorsqu'Allah le créera lors de la deuxième conception.
Les uns habiteront un seul endroit, d'autres habiteront deux endroits ou plus selon cet envol.
Il en est de même pour l'amour entre les êtres créés. Cet amour a eu lieu lors de cet envol, selon le
fait que ces esprits se sont mis en face les uns aux autres, ou se sont tournés le dos les uns aux autres.
Fin du propos du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui. Nous avons retenu juste le sens et non pas les mots
exacts qu'il a cités.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur le nombre des souffles de l'être humain. Il a
répondu, satisfaction d'Allah sur lui : le nombre des souffles de l'être humain est de vingt-quatre mille.
La moitié de ces souffles est entrante et l'autre moitié est sortante.
Quant aux pensées, leur nombre est de soixante-dix mille. Chaque jour, ces pensées parviennent
obligatoirement au cœur, et aucune d'entre elles ne peut manquer à l'appel. Le cœur est en effet
similaire à la Maison peuplée. Chaque jour, soixante-dix mille anges y rentrent; ils n'y reviennent jamais
une fois sortis. Il en est de même pour le cœur. Chaque jour, soixante-dix mille pensées y parviennent.
Toutes ces pensées sont réparties, pour le cœur voilé, en quatre catégories :
• Une catégorie de pensées, par laquelle le diable (Satan) s'habille lorsqu'il accède au cœur et
lance ses mauvais conseils en lui.
• Une catégorie de pensées, par laquelle l'âme s'habille.
• Une catégorie de pensées qui entrent en parallèle avec l'ange.
• Et une catégorie de pensées qui entrent seules, rien n'entre avec elles.

1 - C’est-à-dire dans la table gardée.

-391-
C'est pour cela qu'on a réparti les pensées en quatre catégories une catégorie démoniaque (relative
à Satan), psychologique (relative à l'âme), angélique et seigneuriale. Satan n'ordonne que la
désobéissance, il ne se stabilise pas sur une seule chose. Il passe plutôt d'une affaire à une autre. Sa ruse
est ainsi faible, comme l'a signalé d'ailleurs le verset coranique suivant : «La ruse du Diable est certes
faible» (Sourate An Nisaâ, les femmes, verset 76).
Quant à la catégorie psychologique (relative à l'âme), ses pensées n'ordonnent que l'occupation par
les concupiscences, qu'elles soient licites ou illicites. Il est très difficile de faire face à ces pensées et de
les faire dévier vers tout ce qui est en dehors de l'accoutumance de l'âme. Il faut bien militer pour faire
disparaître ses pensées et ses ordres. Quant à la catégorie angélique, ses pensées n'ordonnent que le
bien, que ce soit sous forme d'acte ou de parole. Le seigneurial, quant à lui, il n'ordonne que
l'attachement à Allah, le renoncement à autrui et la privation de tout ce qui est en dehors de Lui. Voilà
la différence entre ces catégories pour celui qui souhaite les distinguer entre elles. Seuls les gens dignes
de l'auto-contrôle et de l’examen de leurs actes savent faire cette distinction. Les gens distraits
inattentifs ne savent rien de ceci.
Quant au cœur dépouillé, qui est le cœur du gnostique, toutes ses pensées appartiennent à une
seule catégorie. Elles n'apportent que du bien. Elles n'ordonnent que du bien, et ce à cause de la pureté
de la maison à laquelle elles accèdent. Cette maison est bien éloignée de l'âme et de Satan.
Quant au cœur qui se situe entre les deux, c'est-à-dire entre le cœur voilé et le cœur dévoilé : il
reçoit des pensées selon son état. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la communication que prétendent les soufis ? Sur
leurs discussions? Que signifie la communication ? Quelle est la différence entre les prophètes et les
non-prophètes quant à l'écoute de la parole d'Allah le Très-Haut ? Il a répondu, satisfaction d'Allah sur
lui, en disant : sachez que la communication des soufis signifie qu'Allah, le glorieux, le Très-Haut,
lorsqu'il couvre un de ses serviteurs de Sa miséricorde en lui faisant entendre Sa parole, il lui enlève le
voile et le ravit de ses sens jusqu'à ce qu'il soit anéanti.
Le serviteur devient alors absent vis-à-vis de tout, même de sa propre entité. Il la perd. Une fois qu’il
est en cet état-là, il ne sait même plus où il est. Puis Allah lui fait entendre de sa parole ce qu'il lui a
attribué, sans aucune lettre ni voix. Ensuite, il le ramène à son voile, à sa première sensation et à son
état initial.
Puis il entend également une parole qui provient de ses mondes subtils. Ces mondes sont les rangs
de l'esprit, il s'agit du rang du secret, de l'anonymat, de la dissimulation, et du secret du secret. Puis il
s'anéantit à nouveau comme la première fois. Il ne sent alors plus rien de l'univers, même pas sa propre
entité. Ensuite, Allah le fait retourner à ses sens et à son état initial. Une fois qu’il se réveille, il sent au
fond de lui un certain propos.
Il se souvient alors de ce qu'il a constaté dans les deux états. Puis il exprime ce qu'il a vu de sa
manière. Voilà la communication des élus. Quant aux prophètes, prière et salut d'Allah sur eux, compte
tenu de leur perfection, ils conservent leur raison et restent éveillés et stables. Dans ce sens, le
gnostique Sidi Abou Abbés Ben Arif, satisfaction d'Allah sur lui, a dit :
Un secret vous est apparu, sa dissimulation a été trop prolongée,
puis un matin s’est projeté ; en fait, vous étiez voilé par l’obscurité.
Vous êtes le voile du cœur qui cache le secret de son mystère.
Si vous n’étiez pas là, votre cœur n’aurait pas été limité à cet univers.
Lorsque vous disparaissez, le secret s’y implante,
et la caravane du dévoilement inviolable installe aussi ses tentes.
Une conversation qui n’ennuie pas aboutit puis,
comme elle est appétissante ! Qu’elle soit en prose ou en poésie.
Lorsque l’âme entend cette conversation, elle sentira une agréable félicité,
et le cœur souffrant se libère enfin de sa difficulté.

-392-
Puis, le cheikh a dit, satisfaction d'Allah sur lui : celui à qui ce sublime évènement et cette grande
félicité ont été décelés, ne peut plus supporter entendre la parole des gens. Il doit alors s'isoler, pendant
trois jours, tout en évoquant Allah et tout en citant des litanies. C'est alors qu'il sera capable d'entendre
la parole des gens. Sinon, chaque fois qu'il entend quelqu'un parler, il vomira à cause de sa laideur, par
rapport au goût de la parole du Vrai qu'il a entendue.
Par ailleurs, celui qui entend la parole d'Allah, il l'entend par toutes les particules de son entité, et
non pas uniquement par ses oreilles.
Chacune des particules de son entité se réjouit alors tout comme l'ensemble de son entité. Qu'Allah
nous accorde ce qu'il a offert à ses bien-aimés, à son élite choisie et à l'élite supérieure de sa créature. Il
est Le Maître Prévenant Qui prend en charge et veille à tout ce qui concerne Ses créatures; Il en est
garant et capable. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la différence qui existe entre les sciences et les
secrets, entre les ouvertures spirituelles, les dons, les afflux, les vérités, les précisions, les
manifestations, les constatations, les dévoilements, les connaissances, les présences, les stations, les
positions, les lumières, les émissaires et les états ?
Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : sachez que c'est l'ouverture spirituelle qui permet
de distinguer entre ces choses. La vérité de l'ouverture spirituelle est ce qui émane de l'inconnaissable à
la suite de la levée d'un voile qui était dressé. L'ouverture spirituelle englobe ainsi toutes les vérités
précitées comme sciences et autres. Tout ce qui était caché puis décelé est une ouverture spirituelle
"Fath" (levée du voile).
De même, le "Fath" est une expression qui signifie "levée du voile". Ce qui émerge après comme
vérités des significations susmentionnées s'appelle "afflux", parce qu'il déborde en abondance après son
emprisonnement.
De même, l'afflux englobe les sciences et les secrets, les vérités, les connaissances et les lumières.
Quant au secret, c'est ce qu'Allah lance dans le cœur de son serviteur comme compréhensions. Il
englobe également ce qui fait connaître au serviteur la volonté d'Allah à travers la gestion de l'univers :
pourquoi cet univers existe-t-il comme quiddité ou comme contingence ? Quelle est la chose qui est
attendue de lui ? Que se forme-t-il à partir de lui ? À quelle présence appartient-il ?
Parmi les secrets, il y a également l'afflux des sagesses et leurs précisions. Il y a aussi ce qui rend le
serviteur apaisé complètement, en le faisant sortir du cercle de ses sens et en le noyant dans la mer de
la présence divine. Une fois dans cette présence, il ne sentira rien, même pas sa propre entité ; il
entendra et constatera alors ce que les intellects ne peuvent supporter les principes de base. Grâce à ce
secret qui l'a fait noyer, il pourra comprendre ces principes de base, c'est-à-dire les débuts et puis les
finalités, et ce à tous les niveaux de constatation, d'écoute, de compréhension et de goût.
Cela compte parmi les plus chers et rares secrets qui débordent sur le serviteur. Parmi les secrets, on
trouve également ce qu'on ne peut concevoir ni imaginer, ni même exprimer par une parole ou insinuer
par un signe. Ceci est dû à la puissance de l'influence de ce secret, à sa solennité, et aux bénéfices et
perfections qu'il comprend. Il n'y a pas de limites aux secrets. Seuls ceux qui les ont goûtés les
connaissent. Fin. Ces informations suffisent.
La connaissance, quant à elle, est l'enlèvement des voiles qui cachent les mystères des vérités des
attributs et des noms. La connaissance est ainsi liée à l'ouverture spirituelle même si elle en est
différente. La réalité de l'ouverture spirituelle étant justement l'enlèvement des voiles qui empêchent le
serviteur de constater les vérités des attributs et des noms. C'est aussi l'annihilation des images des
univers du point de vue du savoir du serviteur, de ses sens, de son intellect, de sa compréhension et de
son raisonnement.
Ni autre ni autrui ne vont avoir d'existence pour lui. Il n'y aura alors que l'existence du Vrai par le
Vrai, pour le Vrai, dans le Vrai, d'après le Vrai.
Si cela arrive, la connaissance oculaire va ressortir obligatoirement. Le serviteur bénéficiera donc de
l'afflux de la mer de la certitude totale, mais tout en restant éveillé.

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Quant à l'état qui régnait avant, c'est-à-dire la constatation des mystères des univers et leur
apparition au serviteur : il s'appelle dévoilement "Kachf et non pas ouverture spirituelle "Fath" ou
connaissance.
Quant à l’émissaire : c'est un terme qui signifie ce qui émane de la part d'Allah, le Très-Haut, à partir
de la présence du Vrai, en faveur du serviteur. Cela se passe sous une forme ou bien coercitive ou bien
se rapportant à la beauté. Il englobe toutes les sciences, toutes les connaissances, tous les secrets, tous
les états, la certitude et toutes les lumières.
Quant à l'état "Hal" : c'est une chose qui émane de la présence du Vrai, sous une forme ou bien
coercitive ou bien se rapportant à la beauté. Cette chose modèle le serviteur selon l'image qui lui est
conforme. Cela peut être illustré par l'exemple d'un homme qui a reçu cent coups de fouet ; il n'a ni
bougé, ni gémi, ni fait la moindre grimace. Mais une fois libéré de son premier état, il a crié haut et fort
dès le premier coup de fouet qu'il a reçu.
En effet, au début, un état de constatation du Vrai lui est parvenu. Cet état est conforme à la
perfection de l'amour pour l'Entité du Vrai et à la perfection de sa glorification et de sa solennité. Il a
alors gagné la totalité de l'entité de cet homme, au point de lui faire dissiper le mal (des fouets) grâce au
délice qui a prévalu par la constatation (du Vrai). Il n'a donc senti aucun mal et aucune douleur. Mais
une fois que cet état est terminé et que l'homme est redevenu voilé à nouveau, le fait de recevoir un
seul coup lui a fait mal ; il a alors crié parce qu'il a perdu le premier état.
Quant aux lumières, leur vérité est connue ; c'est la luminosité. Quant aux finesses, précisions, et
anecdotes : elles rendent compte de tout ce qui est confus parmi les vérités des sciences, connaissances
et secrets.
Les présences, les demeures, les constatations et les positions, quant à elles, nous en avons déjà
parlé auparavant dans plusieurs parties de ce livre. Qu'Allah nous accorde succès. Fin de la dictée du
cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Puis, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : la science de l’exercice et de l’effort spirituel a
besoin de ce qui suit (par ordre chronologique) :
1- La connaissance du redressement du tempérament.
2- La connaissance de l'objectif final.
3- La connaissance de la procédure pour y arriver.
4- La connaissance du voile qui coupe l'accès à cet objectif.
5- La connaissance de la procédure permettant la levée de ce voile afin d'atteindre l'objectif.
6- La connaissance des origines du voile et de ses constituants.
7- L'assiduité en vue de couper ces origines.
8- La connaissance de ce qui pourra enlever le voile, en partie, ou en totalité.
9- Et enfin : dégainer l'épée de l'engagement et monter sur le cheval de l'assiduité afin de
suivre ces instructions et de les appliquer.

* *

1- Concernant la connaissance du redressement du tempérament, c'est :


• La persévérance dans la voie de la modération de l'alimentation et de la boisson, sans
défaut ni excès.
• Puis, la prise en considération du temps et de la région, que ce soit en matière de
température (chaude ou froide), d'humidité (humide ou sèche) ou d'âge.
• Puis, le traitement de tout ce qu'on vient de dire par ce qui le fortifie et le protège contre la
déviation.

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2- La connaissance de l'objectif final : c'est la levée du voile qui cache l'esprit seigneurial. Il faut
ramener ensuite cet esprit à son état initial de pureté, c'est-à-dire à la pureté qui le caractérisait avant
son incorporation dans le corps. Voilà ce qui va permettre par la suite
la compréhension de toutes les sciences, les connaissances, les états, l’éthique louable, les stations,
les ouvertures spirituelles, les dons et le vrai rapprochement. C'est par cet esprit qu'on peut atteindre le
bonheur d'ici-bas et de l'au-delà. Celui qui le perd n'arrivera jamais au bonheur de l'au-delà.
3- La connaissance de la procédure pour y arriver : il s'agit du suivi de la conduite du prophète,
prière et salut d'Allah sur lui, que ce soit en matière de ses propos, de ses actes, de son état ou de son
éthique. Ce suivi doit être fait en respectant les droits d'Allah, le tout puissant, le Majestueux,
secrètement et publiquement, avec dévouement, pour Allah, loin de toutes les souillures de ce monde
ici- bas et de l'au-delà. Tout cela devra être dans un but de glorification et de vénération d'Allah, le
Très-Haut. Le serviteur devra être sur une plateforme de satisfaction et de soumission, tout en confiant
son sort à Allah, le Très-Haut, et tout en comptant sur lui en toute chose, et en revenant à lui, en toute
chose.
4- Quant à la connaissance du voile qui coupe l'accès à l'objectif souhaité: il s'agit de la noyade de
l'esprit dans la mer des désirs et des concupiscences. Il s'agit également de l'auto glorification de l'âme
et de l'adoption de toute démarche qui vise à réaliser ses propres intérêts et à se protéger contre les
maux.
5- La connaissance de la procédure permettant la levée de ce voile : il s'agit de la démarche qui
consiste à couper les désirs et les concupiscences, à abandonner l'auto glorification de l'âme, et à
couper toute démarche qui vise la réalisation de ses propres intérêts et la levée de ses maux. Ceci est
possible par une ascèse bien menée et avec douceur.
6- Quant à la connaissance des origines du voile : il s'agit de l'alimentation et de la boisson en
abondance. Il s'agit également de la fréquentation des gens, du bavardage, du long sommeil répétitif, et
de l'inattention permanente vis-à-vis de l'évocation d'Allah.
7- Les efforts à fournir en vue de couper de telles racines consistent à
• Avoir faim et soif (mais avec douceur).
• Abandonner la fréquentation des gens.
• Se taire d'une manière absolue et permanente, sauf en cas de forte nécessité.
• Veiller les nuits, mais avec douceur et sans excès.
• Persévérer dans la citation des litanies (Dzikr) par le cœur et par la langue.
• Et se forcer à couper les pensées qui sont en relation avec le monde des sens.
8- La connaissance de ce qui pourra enlever le voile, en partie, ou en totalité : c'est la persévérance
dans la citation des litanies (Dzikr) par le cœur et par la langue, quel que soit le dzikr.
Les litanies (Dzikr) qui permettent la levée du voile sont, en effet, de deux types: des litanies
"totales" qui coupent n'importe quel voile cachant l'esprit, quel qu’il soit, et des litanies spécifiques qui
ne coupent qu'un seul voile à la fois ou qu’un seul type de voile.
Les litanies totales sont :
• La citation de "La ilaha ilia Allah" : pas de divinité à part Allah.
• Ou bien la prière sur le prophète, prière et salut d'Allah sur lui.
• Ou bien "Soubhane Allah" : Gloire à Allah.
• Ou bien "Al Hamdou Lillah" : Louange à Allah.
• Ou bien "Allahou Akbar" : Allah est grand.
• Ou bien "Bismi llahi Errahmani errahim" : Au nom d'Allah, le très miséricordieux, le tout
miséricordieux.
• Ou bien "Allah Allah Allah".
• Ou bien "Allahou La ilaha illahou Al Hayou Al Qayyoum" : Allah, point de divinité à par lui.
Le Vivant, Celui qui subsiste par lui-même.

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Quant aux litanies spécifiques, ce sont les noms les plus beaux d'Allah. Chacun de ces noms enlève
une partie spécifique du voile, sans la dépasser pour une autre partie. Qu'Allah nous accorde succès.
9- Quant à son dire : "Dégainer l'épée de l'engagement, etc.". Le cheikh n'en a pas parlé parce qu'il
est clair. Fin de la dictée du cheikh à notre bien-aimé Sidi Mohamed Ben Machri, qu'Allah éternise son
excellence et son ascension.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la signification de la glorification suivante: "Gloire à
Allah jusqu'à ce que la balance soit remplie, jusqu'au maximum du savoir, jusqu'au summum de la
satisfaction, et selon le poids du trône".
Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : cela signifie que "Je glorifie Allah une glorification
qui remplit la balance jusqu'au maximum, ou bien en «hassanates» (bonnes actions), ou bien en
lumières ou bien en glorifications".
Son dire "le maximum du savoir" signifie : "Je glorifie Allah une glorification dont le nombre atteint le
nombre des éléments du savoir d'Allah, et qui se limite à leurs limitations". Or, puisque les éléments du
savoir d'Allah n'ont pas de limite, il en est alors de même pour cette glorification.
Son dire "le summum de la satisfaction" signifie que "Je glorifie Allah une glorification qui atteint la
satisfaction d'Allah, le Très- Haut". Or, la satisfaction d'Allah, le Très-Haut, est l'ensemble des effets qui
prennent naissance à partir de cette satisfaction, comme attributions, dons, offres et aubaines et ainsi
de suite en citant ces différents aspects.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : "Je glorifie Allah une glorification dont la valeur ou le
nombre atteignent tout ce qu'encercle le savoir d'Allah et tout ce qu'englobe Sa volonté, concernant ce
qu'il accorde à toute sa créature comme aubaines (de tout type), faveurs, offrandes, attributions,
merveilles et dons, depuis la prééternité jusqu'à l'éternité".
La satisfaction d'Allah, le Très-Haut, présente deux sens :
1. La première signification consiste à dire que la satisfaction d'Allah est un attribut qui se
rapporte à Son Entité, et qui ne change pas, ni à la suite d'une colère ni à la suite d'une
satisfaction ni à la suite d'un amour ni à la suite d'une détestation. C'est un attribut parfait et
complet, ne connaissant ni modification, ni déficience, ni excès. Ce sens est donc un attribut
qui est assujetti à Son Entité. Il ne dispose donc ni de quantité, ni de limite, ni de fin. C'est un
des attributs nécessaires pour Son Entité.
2. Le deuxième sens consiste à dire que la satisfaction d'Allah est l'ensemble des effets qui
prennent naissance à la suite de cette satisfaction, comme aubaines, merveilles, dons,
attributions, protection contre les maux et les malaises, et perfection de tout aspect en
relation avec les aubaines et les espoirs.
Quant au sens évoqué dans le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui : "Je me mets sous la
protection de Ta satisfaction contre Ta colère". Il s'agit bien du premier sens et non pas du second. Le
premier sens traduit en effet l'attribut qui est assujetti à Son Entité.
Le deuxième sens, quant à lui, est contingent, faisant partie des contingences, et on ne peut pas se
mettre sous la protection d'un contingent. On se met plutôt sous la protection d'un attribut caractérisé
par la pérennité et qui n'est autre que l'attribut de l'Entité Sacrée.
Son dire : "Et le poids du trône" signifie : "Je glorifie Allah une glorification dont le poids atteint celui
du trône, s'il est pesé". Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Parmi les propos du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, on peut citer ce qui suit : l'association à
Allah, le Très-Haut, se divise en six catégories. Parmi elles, l'association des intérêts à Allah. Ce type
d'association est défini par les gens dignes de la loi religieuse (charia) comme étant le fait d'accomplir
des actions de bienfaisance pour une raison autre qu'Allah.
C'est le cas de ceux qui visent, à travers leurs œuvres de bienfaisance, l'obtention d'une louange ou
d'une flatterie de la part des créatures ou l'obtention d'un intérêt de leur part. C'est aussi le cas de ceux
qui visent une protection contre un mal pouvant venir d'eux, ou qui évitent à travers leurs bonnes

-396-
œuvres les critiques des gens, ou qui œuvrent juste en vue d'obtenir des palais et des houris au paradis,
sans qu'ils aient eu l'intention d'obéir à l'ordre divin.
Par contre, si le serviteur a eu l'intention lors de son adoration et de ses œuvres:
• De voir le visage d'Allah, le Très-Haut.
• D'obéir à Son ordre divin.
• D'exécuter et de respecter le droit de Son rang Seigneurial.
• De se rapprocher de Lui.
• De l'adorer pour Lui, et non pas pour une raison autre que Lui.
Tout en espérant bénéficier de la largesse d'Allah, le Tout-
Puissant, le Majestueux; parce que c'est grâce à cette largesse et non pas à son adoration, qu'il va
avoir à sa disposition des houris, des palais dans le paradis, et même plus; s'il a cette intention lors de
son adoration, il bénéficiera de ces houris, palais, etc. grâce à la largesse pure d'Allah, à sa générosité et
à sa croyance en la promesse d'Allah, le tout puissant, le Majestueux.
Dans ce cas, aucune gêne ne peut affecter le serviteur. Sa sincérité et son dévouement ne seront pas
mis en cause. Cependant, s'il n'œuvre que pour obtenir cette rétribution, sans qu'il ait en tête une
volonté de voir le visage d'Allah le Très-Haut, ou de l'adorer pour Lui, ce serviteur sera alors appelé
"Adorateur de sa passion". Son œuvre sera annulée sûrement et sans controverse, et ce péché lui sera
compté en plus.
Mais celui qui adore Allah pour Lui, ou pour voir Son visage, ou pour bénéficier de Sa satisfaction, ou
pour obéir à son ordre, ou pour exécuter son ordre à travers son adoration, ou pour accomplir le droit
de la servitude, ou pour exécuter le droit Seigneurial, ou pour Le glorifier, ou pour Le vénérer, ou pour
L'aimer, ou parce qu'il a honte de tomber dans la désobéissance, ou parce qu'il désire Allah, ou en vue
de Le remercier pour ses aubaines : Alors ce serviteur est un vrai dévoué, loin de toute cagoterie. Il est
en effet dépourvu de ses intérêts personnels susmentionnés.
Donc celui qui adore Allah, le Tout-Puissant, le Majestueux, quel qu’il soit son dévouement, il ne peut
être qu'un dévoué parfait. Si, en parallèle, il souhaite à partir de la pure largesse d'Allah le Très- Haut,
bénéficier des houris, des palais et des aubaines du paradis, et s'il croit qu'Allah va les lui accorder non
pas en contrepartie de son culte, mais lors de ses bonnes œuvres, son dévouement ne fera donc pas
l'objet de controverse chez les spécialistes de la loi religieuse.
Par contre, pour les gnostiques, cela constitue toujours une association d'intérêts à Allah. Pour eux,
le dévouement c'est le dépouillement du culte de tout ce qui le détourne de la Direction d'Allah, le
Tout-Puissant, le Majestueux. Le culte doit être effectué pour Lui (pour Allah). Tout espoir visant à
atteindre quelque chose autre que Lui doit être abandonné. Quelle est cette chose ou quels sont ces
univers pour lesquels ils vont détourner leurs cœurs de la direction d'Allah, ne serait-ce qu'un instant ?!
Quels sont ces univers sur lesquels ils vont compter, ne serait-ce qu'en un clin d'œil ?! Ou quels sont ces
univers qu'ils vont aimer en parallèle avec leur plus grand bien-aimé qui n'est autre qu'Allah, le
Tout-Puissant, le Majestueux?.
Bien sûr, ils aiment ce qu'Allah aime, mais uniquement pour Lui, gloire à lui. Ils n'aiment rien d'autre
qu'Allah pour une concupiscence, un certain intérêt ou pour un caprice donné. Et c'est là, où les
gnostiques se distinguent bien des spécialistes de la loi religieuse, c'est-à-dire en ce qui concerne
l'amour du paradis et la fuite de l'enfer.
Les spécialistes de la "charia" (la loi religieuse) aiment le paradis pour y satisfaire leurs caprices et
leurs concupiscences. Ils fuient l'enfer à cause du mal qu'ils y rencontreraient. Ils sont donc, vis-à-vis des
univers, ou bien postulants pour les entités de ces univers, ou bien fuyants de leurs entités. Par contre,
pour les gnostiques, tous les univers sont à un même pied d'égalité. Leurs entités ne présentent pour
eux aucune particularité, sauf ce qu'Allah, le glorieux, le Très-Haut, le bien-aimé, a particularisé. Ces
gnostiques fuient l'enfer et implorent la protection d'Allah de cet enfer, non pas à cause de son entité
ou du mal qu'il inflige, mais parce qu'il est la demeure des ennemis d'Allah. Les gnostiques détestent se
réunir avec ces ennemis d'Allah le moindre instant ; ils ne supporteraient donc pïas de s'y installer avec
eux.

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Ils détestent également l'enfer parce que ses résidents sont voilés et ne peuvent pas, par
conséquent, voir Allah, le Tout- Puissant, le Majestueux. Or regarder Allah est l'une des principales
demandes des gnostiques. De même, ils fuient l'enfer, parce qu'en le fuyant ils obéissent à Allah. Allah,
le tout puissant, le Majestueux, leur a, en effet, ordonné de prendre garde de l'enfer et de s'en
protéger. Allah a dit : «(Vous qui avez cru!) Préservez vos personnes et vos familles, d'un Feu (dont le
combustible sera les gens et les pierres, surveillé par des Anges rudes, durs, ne désobéissant jamais à
Allah en ce qu'il leur commande, et faisant strictement ce qu'on leur ordonne)» (Sourate At Tahrim,
l'interdiction, verset 6). Allah dit aussi : «Garde-nous du châtiment du Feu» (Sourate Al Imran, la famille
Imran, verset 191). Les gnostiques fuient ainsi l'enfer, non pas par peur de son entité ou de son mal,
mais par obéissance à Allah.
De même ; ils aiment le paradis, non pas pour son entité, ou pour y satisfaire leurs concupiscences et
leurs propres intérêts. Ils l'aiment plutôt parce que :
• C'est la maison des élus d'Allah, le Très-Haut et c'est leur demeure.
• C'est une maison qui permet de regarder Allah, le Très-Haut.
• Allah, le Très-Haut, l'aime, selon le verdict de sa loi religieuse.
Il l’a choisi pour ses élus.
Donc, les gnostiques aiment le paradis pour l'amour que porte Allah, le Très-Haut, pour le paradis.
D'ailleurs, l'amoureux sincère aime tout ce qu'aime son bien-aimé. Cela fait partie de ce qu'implique
nécessairement l'amour sincère. De même, en aimant le paradis, les gnostiques obéissent à l'ordre
d'Allah le glorieux. C'est Lui qui leur a ordonné de souhaiter le paradis. Ils aiment alors ses houris, ses
servantes et ses garçons parce qu'ils aiment Allah qui les aime aussi.
Celui qui aime Allah doit aimer ce qu'il aime. Ils aiment ainsi le paradis et ils fuient l'enfer pour Allah
et par Allah, non pas pour eux- mêmes, ni par eux-mêmes. Ils diffèrent donc des premiers (c'est-à- dire
des spécialistes de la loi religieuse) qui œuvrent pour eux- mêmes dans ce qu'ils aiment ou dans ce qu'ils
fuient. Bien entendu, ces derniers dévouent leurs prières à Allah, le tout puissant, le Majestueux. Ils
aiment, au sein des univers, tout ce qu’il leur est permis d’aimer. Ils n'ont pas dépassé les limites de la
loi religieuse, mais ils n'arrivent pas à atteindre le rang spirituel des gnostiques.
D'ailleurs, l'amour des gens de la "Charia" est un des grands péchés chez les gnostiques. L'adage dit :
"Les «hassanates» (bonnes actions) des bienfaiteurs sont des péchés pour les gens rapprochés d'Allah".
En effet, les gnostiques s'usent dans le groupement. Ils sont noyés dans les mers du Monothéisme.
Ils sont absents vis-à-vis des univers quand ils constatent le Roi, le Vrai. Ils ne regardent rien à part lui,
ne serait-ce le moindre instant, sinon ils regardent autrui pour Lui, comme nous l'avons déjà signalé
auparavant. Ils sont donc présents avec les univers par leurs corps, mais loin d'eux par leurs esprits,
leurs secrets, leurs coeurs et leurs intellects.
Ils ne veulent rien d'autre qu'Allah. Ils n'ont pas la moindre place pour autrui. Leurs secrets sont
réservés et verrouillés dans Sa présence et dans Sa constatation, n'ayant aucun savoir à propos d'autrui.
Leurs esprits suivent leurs secrets, sans pouvoir reculer. Ces esprits s'envolent dans le désert de
l'embarras. Leur désir de rencontrer leur bien-aimé (Allah) s'accentue de plus en plus et ne s'arrête
jamais.
Leurs cœurs suivent leurs esprits, sans pouvoir reculer. Ils tremblent devant la crainte révérencielle
qu'inspire la solennité d'Allah. Ils se taisent par pudeur et stupéfaction devant Sa sublimité et Sa
grandeur. Leurs intellects suivent leurs cœurs et leurs esprits sans pouvoir reculer. Ces intellects sont
constamment en train de réfléchir sur les mystères de la confection d'Allah, tout en constatant les
secrets de sa sagesse dans sa créature. Ils le connaissent bien en effet.
Leurs âmes et leurs corps suivent leurs intellects d'une manière coercitive, sans pouvoir reculer.
Leurs âmes sont oppressées sous l'autorité de Sa sublimité (l'oppression est par rapport à la passion de
l'âme). Leurs corps servent Allah en permanence. Leur bien-aimé (Allah) leur a pris le partiel et la
totalité. Aucune de leurs particules ne reste en arrière pour ne pas obéir à Sa volonté divine. C'est pour
cette raison qu'ils sont pour Allah, par Allah, et avec Allah. Qu'Allah nous range parmi eux, selon Sa

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faveur et Sa largesse. Qu’il nous accorde ce qu'il leur a accordé par la grâce de Sidna Mohamed, prière
et salut d'Allah sur lui.
Quant aux litanies et cultes qui ont été rapportés comme étant des actes qui peuvent favoriser la
fortune, éviter le mal, décimer le persécuteur, éviter la pauvreté, réaliser les objectifs et faire d'autres
choses :
• Si ces invocations sont citées dans l'intention d'obtenir strictement l'objectif demandé, cela
constituera une association à la divinité, appelée "association d'intérêts". Elle est
évidemment interdite dans la religion, à l'unanimité.
• Mais si la demande évoquée dans l'invocation vise l'aide à l'adoration d'Allah, le
Tout-Puissant, le Majestueux, il y a alors deux cas :
i. Ou bien l'objectif de ces litanies et de ce culte spécifiques est l'intérêt personnel, tel
que la fortune, par exemple, indépendamment de sa volonté de se diriger vers Allah, le
tout puissant, le Majestueux, par son dzikr et son culte : alors cela constituera aussi une
association d'intérêts à Allah, et c'est interdit (dans la religion).
ii. Mais si le serviteur a l'intention, à travers ces litanies et ce culte, de se diriger vers
Allah, le Tout-Puissant, le solennel, tout en espérant la réalisation d'une affaire
personnelle pouvant l'aider à adorer son seigneur : alors l'invocation qu'il va citer après
son culte pour qu'Allah réalise son affaire personnelle sera permise et ne comportera
aucune objection.
Mais, à condition de croire que c'est Allah le vrai acteur, selon sa volonté, et non pas les litanies qui
exauceront sa demande. C'est plutôt lors des litanies qu'Allah peut agréer l'invocation. L'action ne vient
pas de ces litanies. Celles-ci sont plutôt citées dans le but de suivre la Direction divine, puissance et
solennité à Allah. Les litanies et les cultes n'ont aucune influence. Leurs particularités se limitent à la
récompense, ici et là. Seul Allah, le tout puissant, le Majestueux, est le vrai acteur lors de ces litanies et
cultes, selon sa volonté, sans aucun motif préalable. Voilà l'aspect correct de l'intention, appuyé par des
preuves et des références bibliographiques. Qu'Allah nous accorde succès.
En somme : celui qui adore Allah, le Tout-Puissant, le Majestueux, pour Son visage, ne sort pas du
cercle de la loi religieuse. Mais les gens diffèrent : certains adorent Allah, le Très- Haut, pour Son visage.
Dans ce cas, la chose qui leur clarifie la voie et les pousse vers ce culte, c'est bien l'espoir de profiter de
la largesse d'Allah et d'éviter sa punition. Ces gens-là sont les gens de la "Charia" (de la loi religieuse).
D'autres sont poussés vers l'adoration d'Allah, le Très-Haut, par la connaissance de Sa solennité, Sa
grandeur et Sa sublimité. Ils l'adorent par amour et désir de le rencontrer, en s'acquittant du droit
seigneurial, sans postuler pour un certain intérêt personnel. Ce sont les gnostiques. À part ces deux
catégories de gens, il n'y a que la perdition, point d'adoration, ni de rétribution.
Avertissement : sachez, qu'Allah vous accorde sa clémence, que pour les gnostiques, tous les univers
par rapport à Allah, le tout puissant, le solennel, sont au même pied d'égalité compte tenu de leurs
entités. Ils n'ont de préférence, ni d'honneur ni de disparité à partir de leurs propres entités. Il n'y a là
que ce qu'a décidé leur créateur. Les gnostiques ne prêtent ainsi aucune attention aux univers du point
de vue de leurs entités. Ils n'y reviennent jamais selon n'importe quel aspect ou état.
Ils n'aiment rien de ces univers pour son entité, quel qu'il soit en dehors d'Allah. Il n'aiment que ce
qu'Allah aime. C'est par Son amour, qu'ils aiment. Et quand Allah honore quelque chose, ils l'honorent
aussi. Quand II vénère quelque chose, ils la vénèrent aussi. Quand il dégrade quelque chose, ils la
dégradent aussi. Quand il rabaisse quelque chose, ils la rabaissent aussi. Quand il vante quelque chose,
ils la vantent aussi. Quand il condamne quelque chose, ils la condamnent aussi. Quand il déteste
quelque chose, ils la détestent aussi.
Ils sont donc avec Allah, pour Allah, et par Allah. Ils ne sont pas pour eux-mêmes, ni par eux-mêmes,
ni avec eux-mêmes. Leur volonté est anéantie sous la volonté d'Allah. Il en est de même pour leur choix
et leur regard qui sont anéantis sous ceux d'Allah. Ils aiment les prophètes, les anges et les saints pour
Allah, le Tout- Puissant, le solennel. Ils détestent leurs opposants pour Lui. Ils demandent le paradis pour
lui, et non pas pour un autre intérêt.

-399-
Tel est le sens signalé par le cheikh gnostique, Moulay Abdessalam Ben Machich, satisfaction d'Allah
sur lui, quand il a été interrogé par Chadzili, satisfaction d'Allah sur lui, sur le wird (litanie) des gens
dignes de l'authentification ? Il lui a répondu, en disant : c'est l'abandon de la passion et l'amour du
souverain absolu. Cela signifie que les gnostiques considèrent les choses en fonction de la volonté, de
l'amour et du culte d'Allah, le Tout-Puissant, le Majestueux, pour lui.
Ils font leurs devoirs à l'égard du seigneur, tout en abandonnant leurs propres intérêts, leurs
concupiscences, leurs passions et leurs désirs. Ils ne font rien pour eux-mêmes. Ils procèdent plutôt par
la volonté d'Allah seul, le Tout-Puissant, le Majestueux, sans aucune association à lui, et ce en tout état,
dans leurs activités et dans leurs volontés.
Ils font tout cela pour Allah, par Allah et avec Allah, tout en étant absents vis-à-vis de leurs âmes, de
leurs concupiscences et de leurs propres intérêts. Chaque fois qu'ils trouvent qu'ils ont un intérêt
personnel dans ce qu'ils entreprennent, ils le fuient et l'abandonnent. Voilà leur doctrine, à l'opposé des
autres qui ne sont pas encore sortis du cercle des désirs. L'élément qui pousse les gens vers les désirs est
la convoitise. Cette dernière n'est en sa totalité que mensonge, et son suivi n'est que la perdition
elle-même.
Ce qui a poussé les gens vers la convoitise c'est bien l'illusion. Or cette dernière n'est rien d'autre
qu'une simple imagination mensongère paraissant comme un mirage dans une plaine désertique (que
l'assoiffé prend pour de l'eau). La convoitise dans la doctrine des gnostiques est interdite. Elle est plutôt
synonyme de la détérioration de la religion. Le renoncement à tout ce qui est douteux constitue par
contre la maîtrise de la religion. Les gnostiques ont observé les choses et ont trouvé qu'elles n'ont aucun
intérêt à partir d'elles-mêmes et qu'elles ne peuvent pas présenter d'intérêt pour les autres. Elles ne
détiennent rien qui peut nuire ou profiter à partir de leurs propres entités. C'est ainsi que les gnostiques
ne prêtent plus d'attention à ces choses. Ils ne comptent plus sur elles, ne les veulent plus, ne les aiment
plus, et ne pensent plus à elles.
Quand ils ont renoncé à ces choses, ils se sont retournés, en totalité, à leur créateur. Leurs
préoccupations ont convergé, par conséquent, vers l'attachement à Lui. Puis ils ont observé les choses.
Et voilà qu'ils les ont trouvées dans Sa poignée divine. Ensuite, ils ont réfléchi là-dessus ; et ils ont trouvé
que les choses se divisent en deux catégories :
• Les choses qui leur sont destinées, pour leur profit ou leur préjudice. Cela aura
nécessairement lieu, quelles que soient les conditions, parce qu'ils connaissent l'emprise de
Sa volonté, qu'il soit glorifié et élevé. Ils ont remarqué, par la suite, que le fait de prêter
attention à de telles choses, c'est-à- dire à ce qui leur a été déjà prédestiné, que ce soit en
bien ou en mal, est une grande convoitise. C'est alors qu'ils ont abandonné cette convoitise
par dévotion et renoncement à tout ce qui est douteux. Il s'agit bien d'une convoitise parce
que le fait de s'en occuper est synonyme de l'acquisition de ce qui est déjà acquis. Or
l'occupation par l'acquisition de ce qui est déjà acquis est un délire, et le suivi de la passion
est une vanité. La vanité étant une des ramifications de la convoitise : voilà pourquoi ils l'ont
abandonnée par dévotion et par renoncement à tout ce qui est douteux.
• La deuxième catégorie : les choses qui ne leur sont pas destinées. Il est donc impossible de
les atteindre ou d'obtenir leurs biens ou leurs maux. Si toutes les ruses s'associaient pour
acquérir une chose qui n'a pas été décrétée par Allah, le Majestueux, le Très-Haut, elles ne
peuvent rien atteindre, même pas la moindre particule. Les gnostiques ont donc conclu que
le fait de compter sur ce qu'Allah n'a pas préétabli que ce soit en bien ou en mal est une
grande convoitise. Or la convoitise est interdite; ils ont donc renoncé à toute convoitise.
Ils ont baissé leurs regards vis-à-vis de ce qui a été décrété, et ce, quelle que soit sa direction, qu'il
soit destiné à eux ou non. Ils ont plutôt fixé Allah, le Très-Haut, des yeux, en coupant les liens et les
passions. Ce qui leur a été destiné leur est donc parvenu sans la moindre volonté de leur part, et ils l'ont
obtenu tout en étant satisfaits, soumis à Allah, et confiants leurs sorts à Lui, le tout puissant, le
Majestueux.
Quant à ce qui ne leur est pas destiné, il ne les atteint pas. Ils se sentent alors bien reposés. Leurs
âmes sont paisibles grâce à cet abandon. Ils ont donc renoncé à ce qui leur a été destiné et à ce qui ne

-400-
leur a pas été. Voilà leur doctrine. Qu'Allah nous accorde ceci selon Sa largesse. Ils sont couverts par la
miséricorde d'Allah, le Tout-Puissant, le Majestueux. Leurs corps sont tranquilles ici et là. Voilà pourquoi
il a été dit : "Celui qui a connu véritablement Allah, aucun souci ne peut le toucher". Ils apprécient plutôt
les maux, et ils trouvent qu'ils ont un délice similaire à celui des biens, et ce, quand ils découvrent que
ces maux ont été choisis par Allah, le Tout- Puissant, le Majestueux.
Ils aiment ainsi les maux et ils les savourent, grâce à leur bien-aimé, le Tout-Puissant, le Majestueux,
parce que ces maux font partie de Son choix. Ils se réjouissent de tout, du mal et du bien, parce qu'ils
affrontent toute chose par Allah pour Allah et avec Allah, en faveur de son choix, puissance et solennité
à lui.
C'est ainsi qu'on les trouve ne souffrant d'aucun mal, même s'ils sont affectés par des sinistres graves
que la résistance humaine ne peut pas supporter. En effet, ils sont plutôt occupés par la réjouissance
d'Allah, le Tout-Puissant, le Majestueux. Tout ce qui vient d'Allah est pour eux une aubaine, quelle
qu’elle soit, un bien ou un mal, un rapprochement ou un éloignement. C'est ce que nous avons expliqué
auparavant, en parlant de l'annihilation de leurs volontés et de leurs désirs devant Son choix et Son
amour.
Dans le même sens, il a été rapporté sur Allah, le tout puissant, le Majestueux : «O, mon serviteur, tu
veux et je veux. Abandonne ce que tu veux et sois pour Moi avec ce que je veux, je te donnerai alors ce
que tu veux et je te ferai jouir de ce que je veux. Mais si tu n'abandonnes pas ce que tu veux pour ce que
je veux, je te fatiguerai dans ce que tu veux et je te ferai souffrir de ce que je veux en t'éloignant de ce
que tu veux, et finalement il n'y aura que ce que je veux». C'est ce qui a été rapporté d'une manière
approximative sur Allah, le Tout-Puissant, le Majestueux.
Vous savez bien que la joie éprouvée lors des aubaines se divise en trois catégories :
• Une joie parce que cette aubaine comble l'intérêt et les concupiscences. Celui qui éprouve
cette joie est exactement comme un animal.
• Une joie à la fois parce que cette aubaine comble l'intérêt et les concupiscences, et parce
qu'elle est une faveur de Sa part, et c'est le choix d'Allah, le tout puissant, le Majestueux.
Cette joie est intermédiaire entre la bassesse et l'honorabilité.
• Et une joie exclusivement pour Allah, le tout puissant, le Majestueux, parce que cette
aubaine vient de Son choix, et non pas parce qu'elle constitue un intérêt personnel ou une
concupiscence. Voilà le summum de l'honorabilité et de la grandeur chez la personne digne
de cette joie.
Il en est de même pour tout ce qui s'oppose aux aubaines, comme maux et répugnance, etc. C'est
ainsi qu'on peut déduire les différents types de l'amour porté pour le paradis et ce qu'il contient, ainsi
que les types de la répugnance envers l'enfer.
La première joie est catégoriquement condamnée. La seconde est à la fois condamnée et louée. La
troisième est catégoriquement louée, et honorée, parce que le paradis n'a pas fait la joie du serviteur à
cause de ses délices et de ses concupiscences, mais plutôt parce qu'il fait partie de l'excellent choix
d'Allah, le Tout- Puissant, le Majestueux. C'est l'un de ses faveurs les plus sublimes. C'est la demeure de
sa proximité et de son amour. Les gnostiques l'aiment et sont contents de l'avoir, pour Allah. Nous
avons déjà mentionné auparavant qu'ils ont suspendu leurs concupiscences et leurs désirs devant la
volonté d'Allah, le Tout-Puissant, le Majestueux, et devant Son choix. Qu'Allah nous accorde cette
faveur de par Sa largesse et Sa générosité, et de par le prestige de son prophète, Sidna Mohamed, prière
et salut d'Allah sur lui.
En somme, veiller sur l'accomplissement des choses pour Allah, par Allah, avec Allah, et avoir comme
raison Allah le tout puissant, le Majestueux, ne peut être parfait que si le serviteur renonce à tout ce qui
a été décrété, et ne convoite plus ce qu'Allah peut lui accorder en dehors de ce qu'il lui a déjà décrété,
ni ce dont II peut le protéger alors qu'il l'avait déjà décrété.
Le serviteur ne peut arriver à Allah, le puissant, le majestueux, que s'il ne lui reste aucun intérêt dans
les univers. L'adage dit : "Il vous est interdit de contacter le bien-aimé alors qu'il vous reste encore un
compagnon dans les mondes". Voilà l'anecdote de ce chapitre.

-401-
Il a été dit également dans ce sens : il n'y a pas de soleil qui ne se lève, ni qui ne se couche, sur la
créature sans qu'il les trouve ignorants vis-à-vis d'Allah, le Très-Haut. Seuls ceux qui préfèrent Allah, le
tout puissant, le Majestueux, à eux-mêmes, à leurs passions, et à leurs vies ici-bas et à l'au-delà font
exception. Médite sur ces gens, trouves-tu qu'ils ont un quelconque intérêt dans les univers ?! Voilà la
liberté pure dépourvue de l'esclavage dû aux univers.
Celui qui a atteint cette station, quand il invoque Allah, il le fait uniquement parce que c'est un acte
d'adoration, et non pas pour aspirer à obtenir quelque chose. En effet, s'il aspire à obtenir par son
invocation ce qui lui a été déjà décrété, ou pousser ce qui n'est pas destiné à le toucher, son invocation
sera alors vaine, sans intérêt. Cette personne est plutôt invitée à éduquer impérativement son cœur afin
de ne plus perdre son temps par ces aspirations. Par ailleurs, s'il aspire à ça, ce sera alors une convoitise
de sa part, et une opposition aux verdicts du seigneur.
Les deux cas sont interdits dans la doctrine des gnostiques. Le serviteur doit alors éduquer son cœur
pour éviter ces bassesses. Il ne lui reste donc que l'attachement à Allah, le Tout-Puissant, le Majestueux,
par dévotion pour Lui et non pas pour l'obtention d'un bien lié à cet attachement. Il faut éviter au
maximum l'intrusion de ce que nous venons de mentionner, c'est-à-dire de la convoitise, de la perte du
temps, et de l'association d'intérêts à Allah. Le disciple est alors appelé à se comporter convenablement
avec Allah, le Tout- Puissant, le Majestueux, avec bienséance et satisfaction à Son égard, en toute chose.
Il doit être satisfait des verdicts divins en toute chose. Il doit confier son sort à Allah en tout état. Il doit
lui être soumis en toute chose. Il doit se remettre à lui dans tous les cas. Et il doit veiller sur ce qu'il veut.
L'explication de la satisfaction à l'égard d'Allah, le Tout- Puissant, le Majestueux : C'est l'abandon de
tout mécontentement lors des maux qui affectent le serviteur, il doit plutôt accepter la décision divine
avec joie et plaisir. Même s'il encourt sa mort, il doit être satisfait de la décision d'Allah. C'est cela
l'amour sincère. Il ne doit pas souhaiter la levée du mal infligé par Allah. Au contraire, il faut attendre
que la levée soit effectuée par Allah, le tout puissant, le Très-Haut.
De même "être satisfait" de Ses verdicts et de ce qu'il a décrété, signifie l'abandon du
mécontentement par rapport à ce qu'il avait décidé pour vous ou pour autrui. Les biens et les maux
doivent être au même pied d'égalité chez vous. Vous ne pouvez atteindre cette station que si vous
renonciez parfaitement à vous-même, et que si vous souhaitiez Allah parfaitement pour Lui, et non pas
pour un bénéfice quelconque. À ce moment là, vous ne verrez ni dommage ni profit. Vous ne pourrez
plus les distinguer, selon leur entité, par amour ou par haine, sauf si la raison de cet amour ou de cette
haine était Allah, le glorieux. C'est ainsi que vous seriez, en tout ceci, pour, par et avec Allah.
Par ailleurs, "confier son sort à Allah" signifie l'abandon de toute gestion en vue d'apporter un bien
ou de lever un mal. Cette gestion ne doit pas exister même pas par le souhait1 . La gestion divine étant
préétablie, il est donc inévitable d'obtenir un profit ou de souffrir d'un mal déjà décrété. De même, il est
impossible d'obtenir ce qui n'est pas décrété, que ce soit un bien ou un mal. Il ne reste donc que
l'abandon de la gestion. C'est le fait de confier son sort à Allah.
L'explication de la soumission à Allah, le tout puissant, le Majestueux, est l'abandon de toute
opposition aux destins, que ce soit par un souhait, ou par des efforts en vue d'apporter quelque chose
ou de pousser autre chose, qu'elle soit décrétée ou pas. En effet, comme nous venons de le mentionner,
Allah, le Tout-Puissant, le Majestueux, a déjà préétabli les destinées. Il a déjà choisi dans le pré-éternel
ce qui aura lieu et ce qui n'aura pas lieu. Toute opposition est interdite chez les gnostiques parce qu'elle
est ou bien une perte de temps ou bien une convoitise, comme nous l'avons déjà expliqué.
Il ne reste donc que la soumission, c'est-à-dire l'abandon de l'opposition par dévotion et non pas
pour aspirer à quelque chose afin de l'obtenir ou de la pousser. Sinon, il y aura association d'intérêts à
Allah, convoitise et gaspillage de temps.

1 -Ici, le cheikh satisfaction d'Allah sur lui parle d'une station dite de dépouillement. C'est une station qui ne peut pas être
atteinte à la suite d'une œuvre donnée ou d'un acte donné, il s'agit plutôt d'un habit qui ne couvre que ceux qui sont
prédestinés à le porter. C'est un héritage et un don par Allah le Très-Haut. Donc les personnes voilées qui ne sont pas encore
arrivées à cette station ne sont pas concernées par cet abandon de toute gestion.

-402-
Par ailleurs, "Se rendre à Allah, le Tout-Puissant, le Majestueux", signifie l'abandon de votre
puissance et de votre force, de sorte que vous soyez comme un mort entre les mains de votre laveur. Il
vous fait tourner comme il veut, sans que vous ayez le moindre choix, ou la moindre volonté, ou la
moindre puissance ou la moindre force. En réalité, vous n'avez ni puissance ni force. Ce n'est qu'une
simple prétention de la part de l'âme mensongère, qui se penche facilement vers l'illusion. Il ne reste
donc que l'abandon de cette prétention, et l'éducation de l'âme afin de l'empêcher de se pencher vers
les illusions. Il faut la reconduire à l'adoration pure d'Allah, le Tout-Puissant, le Majestueux. Il ne vous
reste donc que le fait de compter sur Allah, le Tout-Puissant, le Majestueux.
Et "Compter sur Allah, le Tout-Puissant, le Très-Haut" signifie la tranquillité du cœur, son apaisement
et sa délivrance de tout tremblement. Ceci est dû à la subsistance du subsistant par lui- même, le
Tout-Puissant, le Majestueux, à sa gestion dans le prééternel et à son choix. Le cœur s'apaise également
quand il désavoue la convoitise, et la perte du temps, comme nous l'avons déjà mentionné. Toutes ces
stations s'interfèrent mutuellement. Seuls les gnostiques sont capables de les couvrir parfaitement.
Chaque fois que vous vous sentez tranquille et apaisé en présence de quelque chose, en dehors
d'Allah, le Tout-Puissant, le Majestueux, sachez que vous avez compté sur elle. Cet apaisement signifie
la tranquillité du cœur, et signifie également le tremblement, le manque et le chagrin lors de la perte de
cette chose qui s'accapare du cœur et qui le rend apaisé. Celui qui vit cet état avec une entité autre
qu'Allah, le Très-Haut, est livré à elle. Sa perdition est alors certaine, sans aucun doute. Il n'aura aucun
espoir pour atteindre le succès parfait.
Par contre, celui qui s'apaise en présence d'Allah, le tout puissant, le Majestueux, et qui retrouve son
intimité avec Lui seul, Allah le tout puissant, le Majestueux, sera son procureur et le prendra en charge
dans sa gestion et dans son choix. Il le parrainera par sa diligence éternelle et il lui accordera une infinité
d'états élevés, de stations éminentes, et d'attributs sublimes.
Vous ne pouvez pas imaginer ce qu'il y trouvera comme joie, délices, honorabilité, et considération.
Seul Allah connaît leurs limites, parce que c'est lui qui les a accordés à son serviteur. Seuls les gnostiques
disposent de ces stations parce qu'ils ont abandonné tous les habits des univers pour Allah, le
Tout-Puissant, le Majestueux. Ils sont purifiés de tout regard qui peut être porté sur ces habits, ne
serait-ce lors du moindre instant.
Ils sont revenus à Allah, le Tout-Puissant, le Majestueux, avec des secrets1 qui ont été cachés par
rapport à autrui ; qui ont été submergés par sa constatation ; qui ont été absents vis-à-vis de l'existence
de quelque chose d'autre à part Allah, le Tout-Puissant, le Majestueux ; qui ont été confinés chez Lui
dans Sa présence, et qui ont été assis sur le tapis de Sa singularité.
Ils sont revenus à Allah, avec des esprits purifiés de tout attachement aux corps obscurs ; supérieurs
à ce qui pourrait les empêcher de voler dans les jardins du "Jabarout" (le monde du Jabarout) ; et bien
élevés en permanence à tout ce qui pourrait remettre en cause leurs amours et leurs parfaits désirs
pour Allah, le tout puissant, le Majestueux.
Ils sont revenus à Allah avec des intellects purifiés de la salissure de la passion ; en continuelle
conduite vers Allah, en continuelle pensée et méditation dans les œuvres d'Allah, le tout puissant, le
Majestueux; recueillant ainsi les secrets de Sa sagesse dans Sa créature.
Ils sont revenus à Allah avec des cœurs complètement attachés à Lui; coupant tout autre
attachement ; purifiés de toute volonté ; abandonnant toute habitude ; baissant le regard vis-à-vis de
toutes les créatures, et s'arrêtant entre les mains du créateur de la terre et des cieux, avec bienséance
et convenance.
Ils sont revenus à Allah avec des âmes pures apaisées ; délivrées de tout tremblement ; pures,
purifiées ; et indemnes de passion et de concupiscences.
Ils sont revenus à Allah avec des corps occupés en totalité et en partie par le service du créateur.
Aucun cheveu d'eux ni particule ne peut manquer à son service.

1 -Le secret signifie ici un rang très élevé de l’esprit

-403-
Sachez que ce qui a voilé la créature vis-à-vis d'Allah, le Très- Haut, est leur apaisement en présence
d'autre que lui. Sans cet apaisement, tous les êtres créés auraient vu Allah de leurs propres yeux. Mais
les uns sont plus voilés que les autres. Et compte tenu du voile, tout le monde se trouve à un même pied
d'égalité, parce que c'est impossible de lier une distance, un endroit ou une région à Allah, le
Tout-Puissant, le Majestueux. Le voile dépend plutôt de la cause qui a voilé le serviteur et qui l'a
empêché de constater le glorieux. Une catégorie de personnes est voilée à cause de l'amour du monde
ici-bas et de leur occupation par ce monde. Cela constitue le plus important des voiles.
Une autre catégorie de personnes est voilée par les concupiscences, les intérêts, les passions et les
âmes de chacun d'eux. Ce voile est moins important que le premier. Un autre groupe est voilé par
l'au-delà et par ses différentes aubaines, ses houris, ses palais, son supplice douloureux et par la crainte
qu'inspire les bas- fonds de l'enfer. Un autre groupe de personnes est voilé par leur apaisement par les
sciences, les connaissances, les secrets, les lumières, les états, et les stations. Cela constitue en effet leur
objectif d'Allah, le Très-Haut, et leur requête. Ces gens s'apaisent en trouvant ce qu'on vient de
mentionner et tremblent lorsqu'ils perdent leurs acquis.
Quant aux gnostiques, ils ont transpercé tous ces voiles. Ils ont pris place, en proximité d'Allah, le
Tout-Puissant, le Majestueux, sur le tapis de Sa constatation. Ils ont désavoué leur aspiration pour les
états, et les stations, parce que ces derniers font partie des univers qu'ils ont déjà abandonnés. Les gens
du premier groupe sont plus voilés que ceux du deuxième, parce qu'ils ont accumulé le premier et le
deuxième voile.
Les gens du second groupe ont transpercé le premier voile par renoncement aux biens de ce monde
ici-bas. Mais ils ont été freinés dans leur conduite par les prétentions de l'âme et de la passion qui les
ont voilés. Les gens du troisième groupe ont transpercé les deux premiers voiles, mais leur route a été
coupée par les délices des aubaines permanentes. Voilà pourquoi ils sont restés voilés. Les gens du
quatrième groupe ont transpercé les trois voiles, mais leur route a été coupée par la volonté d'atteindre
les honorabilités et la position élevée auprès d'Allah, en parcourant les stations spirituelles. Il est à noter
que les trois premiers groupes ont été voilés par les ténèbres. Le reste est voilé par rapport à Allah, le
Tout-Puissant, le Majestueux, par les lumières. Mais étant donné qu'ils sont tous voilés, ils sont alors au
même pied d'égalité. Quant à celui qui transperce tous les voiles, il peut voir Allah, le Très-Haut, par
l'œil de sa clairvoyance.
Concernant l'explication du fait de «veiller sur ce qu'il veut» : Il s'agit de l'exécution de la volonté
d'Allah par dévotion pour Lui, pour la recherche de Sa face, et non pas pour un autre objectif.
Évidemment, le serviteur ne doit pas couper son espérance des biens d'Allah. Ce sont seulement les
gens mécréants qui désespèrent de la miséricorde de Dieu. Mais, l'espérance du serviteur ne doit pas
figurer dans son culte. Sa dévotion doit être purifiée de toute association d'intérêts à Allah. Il doit
espérer le bien de son seigneur de par Sa pure largesse et Sa générosité.
L'espérance est la conjecture du bien à l’égard d’Allah, le Très-Haut, grâce aux qualités de Ses
attributs sublimes. Par contre, l'espérance pour obtenir quelque chose ici-bas ou dans l'au-delà est
considérée comme une convoitise par les gnostiques. Or la convoitise est totalement interdite chez eux,
car il est connu qu'Allah a déjà préétabli les destins et il les a partagés dans l'éternité. Il est donc vain de
convoiter quelque chose qui n'a pas été décrété, et il n'y a pas de crainte de perdre quelque chose qui
ne peut que se réaliser. De quelle espérance peut-on alors parler ? Il ne s'agit en effet que de la
conjecture du bien à l'égard d'Allah, le Très-Haut, en coupant toute convoitise visant à obtenir ce qui n'a
pas été déjà décrété, et en arrêtant de soupçonner Allah d'annuler ce qu'il avait déjà décrété.
Il ne reste donc que la pure dévotion pour Allah, le Tout- Puissant, le Très-Haut, en veillant sur ce
qu'il veut, d'après Sa loi religieuse, en abandonnant les désirs, et en cessant de choisir en présence de
Son choix et de vouloir en présence de Sa volonté. Le serviteur doit se comporter vis-à-vis d'Allah
comme un mort entre les mains de son laveur. Il le fait tourner comme il veut. Le serviteur ne doit voir
en lui-même ni puissance ni force. Il doit rester soumis aux verdicts divins qui se déroulent sur lui sans
qu’il éprouve la moindre répugnance.
S’il subit tous les maux qui ont affecté la créature, aucun de ses cheveux ne devra sentir le moindre
mal, car il a constaté avec certitude la subsistance par soi de son bien-aimé qui maintient Seul

-404-
l’existence. Voilà un état qui ne peut être qu'un pur don divin. Aucun effort personnel ne peut mener à
l'atteindre. Cet état ne peut pas être obtenu en totalité par quelqu'un qui prête de l'attention à
lui-même ou à quelque chose d'autre qu'Allah, ne serait-ce qu'au moindre instant. Qu'Allah nous
accorde cet état, par Sa pure largesse, Amen, grâce au prestige du prophète Sidna Mohamed, prière et
salut d'Allah sur lui.
Le devoir du disciple, le long de la journée, le matin, le soir et la nuit, consiste à ce qu'il ne veuille que
deux choses :
La première : Allah, le Tout-Puissant, le Majestueux. Il doit le choisir parmi tout ce qui existe. Il
doit demander son assistance par rapport à tout ce qui existe. Il doit Le vouloir tout en ayant une
fierté, qui va l'empêcher de voir autre chose, ne serait-ce qu'en un clin d'œil. Il doit être jaloux du fait
qu'il peut choisir autre qu'Allah. Il doit prendre Allah, le Tout-Puissant, le Majestueux, comme le
début et la fin de sa volonté, comme le premier et le dernier de sa volonté, et comme son ouverture
et sa clôture.
Il doit être noyé dans tout ça, compte tenu de sa propre volonté qui s'amoindrit, jusqu'à ce qu'il
ne lui reste aucun moment durant lequel il va vouloir quelque chose d'autre qu'Allah. En effet, le fait
de vouloir quelque chose d'autre qu'Allah, est ou bien une convoitise, ou bien une perte de temps,
comme nous l'avons déjà mentionné.
La seconde chose que le disciple doit vouloir : c'est qu'il soit en totalité pour Allah, le
Tout-Puissant, le Majestueux. Qu'il soit purifié de l'esclavage d'autrui ; qu'il soit parfaitement attaché
à Allah, un attachement par le secret, par l'esprit, par l'intellect, par l'âme, par le cœur et par le
corps. Aucune particule de lui ne doit être laissée de côté à l'égard d'Allah, le Très-Haut. Il doit suivre
scrupuleusement la volonté d'Allah, le Tout-Puissant, le Majestueux. Il doit être dépouillé de toutes
les volontés, les choix, les gestions, les désirs, les concupiscences et les intérêts.
Il doit veiller à tout ceci pour Allah, par Allah et avec Allah. Rien ne doit provenir de lui pour
lui-même ou par lui-même ou avec lui-même. Tout cela doit être sous forme d'une dévotion pour
Allah, le Tout-Puissant, le Majestueux. La raison de tout ça doit être Allah, la recherche de sa face, et
l'exécution de Ses droits seigneuriaux. Le serviteur ne doit pas agir pour un intérêt personnel, ou
suggérer à Allah le choix de lui compléter sa volonté.
Ceci a pour objectif de purifier la dévotion du serviteur pour son seigneur, et ne l'invite en aucun cas
à désespérer de Ses biens. Ce désespoir est en effet une incroyance. Le serviteur doit plutôt avoir une
conjecture du bien à l’égard d’Allah en référence à Ses parfaits attributs louables. Fin. Cet avertissement
a été écrit, il y a longtemps, par notre maître, satisfaction d'Allah sur lui, lorsqu'il enseignait la science.
Je l'ai recopié ici. Qu'Allah nous accorde succès.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur celui qui a fait un rêve érotique, lors d'un voyage, et
n'a pas pu se laver et faire sa lotion ; peut-il citer toutes ses litanies ou pas ? Il a répondu, satisfaction
d'Allah sur lui, en disant : il doit faire le "Tayammoum" (recourir à une terre pure et passer-en sur le
visage et sur les mains), et il pourra citer, après, toutes ses litanies, comme "le Sayfi", par exemple et les
autres invocations, à l'exception de la sourate Fatiha avec l'intention de lire le nom suprême d'Allah. Il
ne doit pas la citer, même si cet état se prolonge jusqu'à l'éternité, sauf s'il fait une ablution complète
avec de l'eau.
Le cheikh a dit, satisfaction d'Allah sur lui : j'ai interrogé le messager d'Allah, prière et salut d'Allah
sur lui, si je pouvais citer le nom suprême d'Allah, rien qu'en faisant le "Tayammoum" en cas de maladie
et d'impossibilité de me laver avec de l'eau. Il m'a répondu : non, sauf si tu le cites par le cœur, et non
pas par la langue. Puis, le cheikh a dit, satisfaction d'Allah sur lui :
Voilà le verdict de celui qui a fait un rêve érotique, en voyage. Quant à celui qui l'a fait alors qu'il se
trouve en ville ou chez lui, et tout en étant en bonne santé, il ne doit rien citer de ses litanies qu'après
une ablution avec de l'eau. Ensuite, il a dit : prenez garde, prenez garde ! Il ne faut pas retarder la prière
du "Sobhe" (de l'aube) ou une autre prière redevable jusqu'au dépassement de son moment opportun,
à cause de l'ablution. C'est interdit sauf s'il s'agit d'une maladie ou de l'incapacité d'utiliser de l'eau.
Quant à la citation de la Fatiha avec l'intention de citer le nom suprême d'Allah, il ne faut pas la faire en

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se contentant du "Tayammoum", ni en voyage, ni en cas de maladie, même si cet état se prolonge
jusqu'à l'éternité. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la parole du cheikh "Jazouli", satisfaction d'Allah sur
lui, en ce qui concerne le "Flizbe El Falah". Que signifie «le plus sublime de ce dont il est digne» ? Il a
répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : sachez que la seigneurie d'Allah dispose d'afflux de
différents modes, ampleurs, délices et particularités, qui débordent sur chaque rang. Ces afflux peuvent
avoir lieu en contrepartie d'un acte donné, ou d'une orientation de la part du rang bénéficiant de l'afflux
en question, ou sans aucune contrepartie.
Le rang du Vrai, du glorieux, du Très-Haut, ne s’est jamais arrêté de faire déborder cet afflux, ne
serait-ce qu'en un clin d'œil, et ce d'une manière éternelle et continuelle. C'est cet afflux qu'on exprime
par la largesse, les dons, les offres, la bienfaisance, et tout ce qui s'en suit comme l'apparition du secret
de Sa diligence, de Son amour, gloire à lui et élévation, et de sa glorification, vénération, et révérence en
faveur du rang bénéficiant de l'afflux (de la largesse, des dons et des offres, comme on l'a
susmentionné).
Si vous savez ceci, vous saurez nettement que les afflux que le Vrai a accordés à son prophète, prière
et salut d'Allah sur lui, comme dons et offres, dans le court et dans le long terme, sont de différents
modes et définitions, et présentent des différences que ce soit en matière de pluralité, de rareté, ou de
volume. Les intellects sont incapables de concevoir et de mesurer ces afflux.
En tout ceci, il paraît clairement, à l'observateur, que le rang du prophète, prière et salut d'Allah sur
lui, est le plus haut rang parmi ceux de toute la créature d'Allah. Sa position chez Allah est la plus
sublime par rapport au reste du monde. Il est le plus apte, prière et salut d'Allah sur lui, à recevoir ces
dons grâce à la diligence du Vrai et à Son amour pour lui, prière et salut d'Allah sur lui. Il est apte à
recevoir les plus petits afflux comme les plus importants.
L'invocateur (qui cite le "Hizbe El Falah" du Jazouli) a demandé à Allah, le tout puissant, le
Majestueux, de récompenser son prophète, prière et salut d'Allah sur lui, étant donné ce que nous
connaissons de lui comme biens et honorabilités, et ce qu'il nous a permis, prière et salut d'Allah sur lui,
comme aubaines éminentes et dons sublimes. L'intellect reste stupéfait devant l'ampleur de ces dons,
et tout à fait incapable d'en cerner la moindre partie. L'invocateur prie pour que le prophète, prière et
salut d'Allah sur lui, soit récompensé à la suite de ce qu'il nous a fourni comme conseils, et de ce qu'il
nous a enseigné comme éthique louable et bienséances, qui profitent à celui qui les utilise pour
s'orienter vers la présence du Seigneur.
De même, l'invocateur prie pour que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, soit récompensé à la
suite de ce qu'il a fait, pour nous protéger du supplice douloureux éternel, que les intellects ne peuvent
concevoir. Cette protection nous a permis de bénéficier de l'aubaine éternelle, devant laquelle les
intellects restent stupéfaits. Le remerciement du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, qu'on lui doit
est infini. Même si l'on dépense toutes nos vies pour le remercier, prière et salut d'Allah sur lui, on ne
pourra jamais arriver à le remercier, ni à lui rendre l'équivalent d'un atome en contrepartie de sa
bienfaisance, prière et salut d'Allah sur lui.
Maintenant que l'invocateur a su qu'il était incapable de remercier le prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, pour tout ce qu'on vient de mentionner, il s'est alors retourné au Vrai, le glorieux, le
Très-Haut, pour qu'il s'en charge Lui-même. En effet, l'ampleur de la puissance divine est la seule
capable d'acquitter notre remerciement envers le prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Elle
l'acquittera multiplié plusieurs fois. C'est comme si l'invocateur d'Allah disait :
O Seigneur, puisque Tu connais notre incapacité à le remercier, prière et salut d'Allah sur lui,
récompense-le, pour nous, par les meilleurs dons et offres que Tu as accordés à son rang sublime, par
les meilleurs dons et offres dont Tu l'as caractérisé, et dont il est digne. Il est digne, prière et salut
d'Allah sur lui des dons les plus sublimes comme il l'est pour les dons qui le sont moins. Récompense-le
donc, pour nous, par le plus sublime de ce dont il est digne comme dons et offres. Que cette
récompense de Ta part, Gloire à Toi, remplace notre remerciement que nous lui devons et qui dépasse
notre capacité. Fin.

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Comprenez donc ce style pur et cette expression satisfaisante. Ne prêtez aucune attention à la
polémique attisée par les savants exotériques, et qui concerne les termes utilisés dans cette invocation.
Qu'Allah nous honore tous par l'amour des gens parfaits, des gnostiques, de ceux qui prélèvent de
l'afflux des secrets ésotériques divins. Qu'il nous fasse mourir dans leur amour et qu'il nous range dans
leur groupe. Amen. Fin de la dictée du cheikh à un juriste ; j'ai copié ces lignes de son écriture. Fin.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la vérité du renoncement. Il a répondu, satisfaction
d'Allah sur lui, en disant : La vérité du renoncement à quelque chose, c'est son abandon et l'indifférence
vis-à-vis d'elle. Le début du renoncement est l'abandon et l'indifférence. La maîtrise du renoncement est
l'habitude de cet abandon. Le maximum du renoncement est l'oubli en permanence de ce à quoi l'on a
renoncé jusqu'au point de ne plus y penser. Enfin, le summum du renoncement est le mépris du
renoncement et de ce à quoi l'on a renoncé.
Dans ce cas, le serviteur ne donne aucune importance au renoncement, et ne lui prête pas
d'attention. Tant que des choses existent encore en son âme, il doit renoncer à elles. Une fois que l'âme
abandonne tout, et qu’elle devient purifiée de toutes les salissures, et une fois que les différentes
images des univers quittent le cœur, par leurs entités et par leurs traces, on ne peut plus alors parler de
renoncement. C'est dans cet état là que l'amour de l'Entité Sacrée atteint le serviteur. Quand il l'atteint,
tous les univers s'annihilent.
Il n'en reste ni entité ni trace. Il est alors inconcevable que le cœur du serviteur puisse penser à ces
univers. Là, il n'y a ni renoncement, ni à quoi renoncer. C'est ce qu'a insinué Chibli, satisfaction d'Allah
sur lui, en répondant à celui qui l'avait interrogé sur le renoncement aux biens du monde ici-bas, il lui a
dit : l’exemple de la totalité de ce monde ici-bas est celui d'un caillou jeté dans un désert. Si le passager
est indifférent vis-à-vis de cette pierre, peut-on considérer qu'il s'agit d'un renoncement de sa part ?!
Quant à ce qui a été mentionné dans les paragraphes précédents à propos du renoncement attribué
aux gens dignes des stations spirituelles. Il ne s'agit pas du renoncement au monde ici- bas. Ces gens ne
pensent même pas à ce monde. Leur renoncement qui a une même vérité signifie plutôt l'éloignement
et le renoncement à tout ce qui ne convient pas à la station de chacun d'eux, et à tout ce qui peut
provoquer une déficience ou une défaillance de la perfection. En dehors de ça, il n'y a pas lieu de parler
de renoncement. Que la paix soit sur vous. Fin de la dictée du cheikh.
Parmi les dires du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui : chaque essence dispose d'un cœur et d'un
récapitulatif. L'essence est l'image de ce que contient le cœur. Le cœur est l'image de ce que contient le
récapitulatif. Voilà pourquoi le corps est l'image de ce qui existe dans la nature, et la nature est l'image
de ce qui existe dans l'âme. L'âme est l'image de ce que contient l'intellect. L'intellect est l'image du
contenu de l'esprit. L'esprit est l'image du contenu de l'aveuglement. L'aveuglement est l'image du
contenu de la source. La source est l'image de l'Entité absolue détachée de toute considération. Certains
ont dit : "Le monde est l'image du savoir divin". Fin de la dictée du cheikh à notre bien-aimé, Sidi
Mohamed Ben Machri. C'est à partir de son texte que j'ai écrit le présent paragraphe.
Parmi les enseignements que le cheikh nous a dictés, satisfaction d'Allah sur lui : il a été rapporté
sur Allah (d'après un hadith qodssi) : Dans le corps humain il y a une bouchée de viande.
Dans cette bouchée, il y a le cœur. Dans le cœur, il y a le centre du cœur "al fouad". Celui-ci
comprend une raison. La raison contient un secret. Dans le secret, il y a Moi (Allah). En effet, la bouchée
de viande signifie l'organe du corps humain, appelé par abus de langage cœur. Cet organe contient le
cœur. Le cœur signifie ici l'esprit, mais du point de vue du rang «cœur».
Dans le cœur, il y a le centre "Fouad". Celui-ci signifie l'esprit qui est placé au rang de l'âme apaisée.
Dans le "Fouad", il y a une raison. Celle-ci est l'esprit placé au rang de l'âme satisfaite. Dans la raison, il y
a un secret. Le secret est l'esprit placé au rang de l'âme agréée. C'est cette âme qui a été jointe au rang
de l'anéantissement de l'anéantissement.
Il s'agit, en effet, de la station spirituelle de l'écrasement, de l'annihilation, de la pulvérisation et de
l'usure, jusqu'au point où il n'y a ni entité, ni trace, ni autre, ni autrui. C'est à propos de ce rang qu'Allah
dit : "Dans le secret, il y a moi". Dans le même sens, Ibn Al- Fared, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : "Et si
on m'appelle, c'est Toi (o Allah) qui répondras". Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.

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Parmi les dires du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui : la crème des actes religieux et leur summum
sont l'attachement à Allah, le Très-Haut, sans rupture, ni tremblement, et ce malgré les effets que
peuvent provoquer les épreuves et les difficultés. En effet, on ne peut être sauvé de ces troubles que
par une rupture et un renoncement à tout ce qui est en dehors d'Allah, le Très-Haut. Voilà l'objectif final
de l'acte et son summum. Et voilà ce qu'est la compréhension de la religion.
Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit à propos de cet attribut, lorsqu'il a mentionné ce qu'avaient
éprouvés les hypocrites comme mauvaise conjecture à l’égard d’Allah, le Très-Haut et à l’égard de son
prophète, après la difficulté qui les a secoués : «Quand ils vous vinrent d'en haut et d'en bas [de toutes
parts], et que les regards étaient troublés, et les cœurs remontaient aux gorges, et vous faisiez sur
Allah toutes sortes de suppositions. Les croyants furent alors éprouvés et secoués d'une dure
secousse. Et quand les hypocrites et ceux qui ont la maladie [le doute] au cœur disaient : Allah et Son
messager ne nous ont promis que tromperie» (Sourate Al Ahzab, Les coalisés, Versets 10,11, 12).
Allah, le glorieux, le Très-Haut, a révélé ce que les hypocrites dissimulaient comme mauvaise
conjecture à l’égard d’Allah et à l’égard de son prophète, ainsi que leur mensonge à propos de leur état.
Allah a dit : «Certes, Allah connaît ceux d'entre vous qui suscitent des obstacles, ainsi que ceux qui
disent à leurs frères : <Venez à nous>, tandis qu'ils ne déploient que peu d'ardeur au combat, avares à
votre égard. Mais quand ils se sentent eux- mêmes en danger, tu les vois porter sur toi des regards
angoissés, comme s’ils étaient à l’article de la mort. Et dès que le danger est passé, ils s’acharnent sur
vous de leurs langues acérées, par cupidité pour le butin. Ces gens-là n’ont rien des vrais croyants.
Aussi Dieu réduira-t-ll leurs œuvres à néant, et cela est si facile pour Lui» (Sourate Al Ahzab, Les
coalisés, Versets 18,19).
Allah a parlé également de l'autre groupe de personnes qui ont dit : «Nos demeures sont sans
protection, alors qu'elles ne l'étaient pas: ils ne voulaient que s'enfuir» (Sourate Al Ahzab, Les coalisés,
Versets 13). Puis Allah, le glorieux, le Très-Haut, a parlé de grands croyants en disant : «Il est, parmi les
croyants, des hommes qui ont été sincères dans leur engagement envers Allah. Certains d'entre eux
ont atteint leur fin, et d'autres attendent encore; et ils n'ont varié aucunement (dans leur
engagement)» (Sourate Al Ahzab, Les coalisés, Verset 23). Allah a dit également à leur égard : «Et quand
les croyants virent les coalisés, ils dirent: Voilà ce qu'Allah et Son messager nous avaient promis; et
Allah et Son messager disaient la vérité. Et cela ne fit que croître leur foi et leur soumission» (Sourate
Al Ahzab, Les coalisés, Verset 22). Voilà la stabilité de l'attachement à Allah, le Très-Haut. Et voilà la
non-rupture avec Allah, même après le déchaînement des difficultés et des troubles. Fin.
Cet attribut n'est propre qu'aux gnostiques, qui connaissent Allah, le Très-Haut. Voilà la
compréhension de la religion, et voilà ce qui peut causer la pureté de la certitude. Quant à la définition
de la compréhension de la religion, ce n'est pas ce qui a été déjà dit. Il s'agit plutôt du décèlement des
attributs d'Allah et de Ses noms ésotériques, ainsi que l'exécution parfaite de leurs droits et de leurs
convenances. Voilà la vraie compréhension de la religion. Elle n'est pas à la portée des légistes. Seuls les
prophètes, les gnostiques et les véridiques arrivent à atteindre cette compréhension. Voilà la
compréhension de la religion telle qu'elle a été signalée dans le hadith du prophète, prière et salut
d'Allah sur lui : Allah n'est mieux adoré que par une compréhension de la religion. Un seul "faqih"
(spécialiste de la religion) est plus dur en face du Satan que mille adorateurs. Fin de la dictée du cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui sur la signification et la vérité du "Salut" (la sécurité et
la sauvegarde).
Il a répondu : Sachez que la vérité du salut consiste à se conformer à la volonté d'Allah, le Très-Haut,
tout en étant parfaitement satisfait, soumis à Lui, confiant son sort à Lui, résigné, abandonnant toute
gestion et ruse, et désavouant en permanence toute observation, tout ce qui apaise, tout ce qui
accompagne, et toute volonté, jusqu'à ce qu'il ne vous reste qu'Allah, en tout souffle, toujours, en
permanence, et éternellement.
L'indice qui va vous permettre d'authentifier ceci réside dans le fait que votre cœur ne pense plus à
rien sauf à Allah et ce en permanence. Voilà ce qu'est le salut. Si vous demandez à Dieu le salut, il faut le
lui demander selon ce qu'il sait à propos de toi, et non pas selon ce que tu désires ou ce que tu choisis.

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Quant au dire de celui qui s'est opposé à El Morssi, satisfaction d'Allah sur lui : Abou Bakr a demandé à
Allah le salut et il est mort empoisonné. Omar a demandé à Allah le salut et il est mort assassiné.
Othman a demandé à Allah le salut et il est mort assassiné. Ali a demandé à Allah le salut et il est mort
assassiné.
Sachez qu'il s'agit ici du rang de ceux qui ont connu Allah et qui ont compris sa religion. Celui qui
s'oppose à ce rang est bien noyé dans la mer de sa passion. Les traces de la présence de sa pureté et de
son souhait sont bien effacées. Il a donc nié ce qu'il a nié parce qu'il ne comprend rien ! Le poète dit :
Combien de personnes qui émettent des critiques injustes sur des dires corrects.
Alors que le problème réside dans leur compréhension incorrecte.
Le cheikh Moulay Abdessalam a signalé ce qu'on vient de mentionner à propos du rang du salut. Il a
dit, satisfaction d'Allah sur lui : ne choisissez rien en ce qui concerne vos affaires. Choisissez plutôt que
vous ne fassiez pas de choix. Fuyez de ce qui est choisi, de votre choix, de votre fuite et de toute chose
vers Allah. Allah dit : «Ton Seigneur crée ce qu'il veut et II choisit !» (Sourate Al Qasas, Le récit, Verset
68).
Quant aux assassinats de ces nobles compagnons, sachez que pour eux, cet assassinat est le salut
lui-même. Ne voyez-vous pas que le prophète "Yahya", prière et salut d'Allah sur lui, a été assassiné?
Pensez-vous qu'il est sorti du salut ? Loin de là, prière et salut d'Allah sur lui. Quant aux nobles
compagnons susmentionnés, satisfaction d'Allah sur eux, et les autres, comme Al Hassan et Al Houssein,
Talha, et Zoubaïr, etc. Allah leur a complété le salut parfait complet par cet assassinat. Il les a honorés
par cela par rapport à tout le monde. Seuls les grands maîtres détiennent ce savoir. De même, ils sont
les seuls à pouvoir supporter les fardeaux de ce salut.
Les autres personnes ne sont pas concernées par ce salut. Le salut chez eux n'est pas en dehors du
salut face aux épreuves, sauf si Allah les appuie. Pour eux, le salut est une succession d'aubaines
apparentes, conformes à leurs intérêts et à leurs concupiscences. C'est aussi la sécurité vis-à-vis des
sinistres et des difficultés. Or, ceci est vraiment l'épreuve maximale et la difficulté intense. En effet, un
des successeurs des compagnons du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, et qui est l'un des plus
grands spécialistes dans ce domaine, a dit à un élu, tout en sollicitant son secours :
O maître, invoquez Allah pour moi. Partout où je suis, je jouis de plusieurs aubaines importantes. Il a
dit cela parce qu'il avait craint une mauvaise conséquence de cette situation, c'est pourquoi il lui a
demandé secours. Les gens dignes du savoir exotérique s'intéressent plutôt à leurs propres intérêts, et
sont bien noyés dans la mer de leur passion. Il n'y a donc rien à dire à leur propos. Le cheikh Zerrouq a
dit, en guise de conseil à ses disciples : "Glorifiez les savants parce qu'ils portent la charge de la Charia
(loi religieuse) ; mais ne les fréquentez pas, parce que leurs propres âmes les dominent". Fin de la dictée
du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la vérité de la vanité. Il a répondu, satisfaction
d'Allah sur lui, en disant : c'est le fait de croire qu'on a réalisé un travail gigantesque, tout en oubliant la
faveur d'Allah sur soi. La vérité de la cagoterie, c'est d'agir (acte) tout en ayant l’intention de se faire
remarquer par les gens, espérant obtenir un bien matériel ou moral de leur part, ou en vue de pousser
un mal ou d'éviter une crainte. La vérité de l'acte, c'est d'être conforme à l'ordre d'Allah, d’une manière
ésotérique et exotérique, selon ce qu'il est, ainsi que d'avoir l'intention de se diriger vers Allah, en
obéissant à son ordre.
Quant à celui qui agit pour Allah, tout en se dirigeant vers lui, et en espérant obtenir de lui la
rétribution sur le travail réalisé. Il est sujet à une polémique. Il y en a ceux qui infirment ce travail, et par
conséquent, ils disent qu'il n'y aura aucune récompense là-dessus. Il y en a ceux qui le confirment, tout
en confirmant la rétribution. Et il y en a ceux qui infirment l'acte jusqu'à ce que le serviteur espère avoir
la rétribution. La vérité dans tout ça est que l'acte doit être réalisé purement pour Allah, le Très-Haut, et
non pas pour une rétribution ni pour une certaine convoitise. Voilà le meilleur et le plus élevé des actes.
Le dire d'Allah, le glorieux, le Très-Haut, dans le livre saint "Zabour" en témoigne : Il dit : "Le plus
affectueux des bien-aimés est celui qui m'adore sans objectif matériel, mais dans le but d'attribuer à la
seigneurie son droit". Il a été rapporté également sur Allah, dans certains livres saints : «Qui est plus

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injuste que celui qui m'adore pour le paradis ou pour l'enfer. Si je n'ai pas créé de paradis ni d'enfer, ne
suis-je pas digne d'être adoré ?».
En revanche, si l'acte a été réalisé pour concrétiser une convoitise ou obtenir une rétribution, il est
correct, agréé, et il sera récompensé. Paix sur vous. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Aiiah sur lui, sur la signification du nom divin "Le juste" (Al Adle). Il a
répondu, en disant : la justice divine consiste à donner à chaque chose une part, selon ce qui a été déjà
décrété dans le savoir pré-éternel et selon une balance qui ne tolère ni le déficit ni l'excès. Voilà la
signification du nom divin "Le juste". Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a clamé les vers suivants :
Celui qui a raté la beauté de mon visage, a raté la bénignité, celui qui m’a vu, a vu
l’éclaircissement et l’authentification, je suis apparu dans le corps, d’une manière dévoilée et
dissimulée,
je dispose donc d’une dissimulation, d’un secret et d’une proclamation.
Lorsque nous avons été purifiés, nous avons été sauvés de nos propres conversations secrètes,
celui avec qui nous venons d’entrer en conversation, nous a révélé plus que nos requêtes.
Il, solennité à Lui, nous a fait apparaître dans nos domaines, qui peut donc nous effacer pour nous
montrer l’aspect de la vérité concernant ce phénomène?
Il a été rapporté que Sidna Moussa, prière et salut d'Allah sur notre prophète Sidna Mohamed et sur
lui, a connu une longue maladie. Une herbe l'a appelé et lui a proposé de la manger afin de se rétablir. Il
lui a répondu : vraiment, c'est Allah le guérisseur. Ensuite, il s'est plaint à Allah, le Très-Haut, de sa
maladie. Allah lui a ordonné alors de manger cette herbe. Mais, lorsqu'il l'avait mangée, sa maladie s'est
aggravée davantage. Il s'est plaint, donc de nouveau, à Allah, le Très-Haut.
Allah lui a ordonné, par conséquent, de rendre visite au médecin. Une fois qu’il l'a vu et qu’il lui a
décrit sa maladie, le médecin lui a ordonné de manger cette herbe. Il l'a donc mangée, et il a guéri.
Devant cette situation il s'est adressé à Allah en disant : O seigneur, qu'est-ce que c'est que ça ? Allah, le
glorieux, le Très-Haut, lui a répondu : je t'ai guéri sans aucun médicament, afin que tu connaisses Ma
puissance. Je t'ai guéri par de l'herbe afin que tu connaisses Ma sagesse. J'ai aggravé ta maladie afin que
tu sois certain de Ma coercition et de Mon autorité. Je t'ai conduit au médecin afin que tu connaisses
l'organisation de Mon royaume. Je suis le guérisseur de qui je veux, par ce que je veux. Paix sur vous. Fin
de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la vérité du stratagème. Il a répondu, satisfaction
d'Allah sur lui, en disant : La vérité du stratagème, consiste à faire apparaître l'aubaine pour que le
serviteur en profite, puis à la lui étendre, et à l'induire à la perdition par cette aubaine. Allah, le glorieux,
le Très-Haut, dit : «Pensent-ils que ce que Nous leur accordons, en biens et en enfants soit une avance
que Nous Nous empressons de leur faire sur les biens [de la vie future]? Au contraire, ils n'en sont pas
conscients» (Sourate Al Mouminine, Les croyants, Versets 55,56).
Le serviteur doit toujours redouter son seigneur. Il ne doit pas se sentir en sécurité et son cœur ne
doit pas se sentir à l'abri de la crainte du supplice d'Allah, le Très-Haut. Allah, le glorieux, le Très- Haut,
dit : «Et ceux qui craignent le châtiment de leur Seigneur. Car vraiment, il n'y a nulle assurance contre
le châtiment de leur Seigneur» (Sourate Al- Maarij, Les voies d'ascension, Versets 27, 28). La foi, tout
comme un oiseau, dispose de deux ailes. La première aile est celle de la crainte.
Il s'agit de ce qu'éprouve le cœur comme souffrances devant la crainte de la menace. Dans le hadith,
le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : "Le croyant voit ses péchés comme s'il était assis sous
une montagne ; il craint en permanence qu'elle tombe sur lui. Mais l'hypocrite voit ses péchés comme
des mouches qui passent près de son nez".
La deuxième aile est l'espoir fondé sur Allah, le glorieux, le Très-Haut, pour qu'il lui pardonne et ne le
soumette pas à un supplice. Il ne faut cependant pas attendre de Lui l'assurance et la sécurité. Si
l'espérance domine, en absence de la crainte, elle deviendra assurance. Or, l'assurance vis-à-vis d'Allah,
le Très-Haut, est l'irréligion elle-même. Si, par contre, la crainte domine seule, sans espoir, elle

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deviendra désespérance vis-à-vis d'Allah, le glorieux, le Majestueux. La désespérance vis-à-vis d'Allah, le
glorieux, le
Majestueux, est l'irréligion elle-même. Paix sur vous. Dans ce sens, Charichi a dit :
Ne voyez pas sur la terre un croyant à part vous,
ni un mécréant, jusqu’à votre enterrement dans la sépulture.
La fin des choses est cachée à vous, seul le non perdant craint la ruse, je le jure !
Paix sur vous. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui. Parmi les propos du cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui, on peut citer ce qui suit : tous les gnostiques sont dans une certaine
occupation en dehors d'Allah, le Très-Haut, puisqu'ils conservent encore une certaine forme de leurs
désirs (qui les préoccupe), à l'exception des gens dignes de la grande manifestation. Ces gens n'ont
aucune chance au paradis parce qu'ils sont attachés dans la présence de Sa proximité. Allah leur donne
ce que les intellects humains sont incapables de concevoir.
Si Allah donnait aux gnostiques ce qu'il avait donné à ces gens dignes de la grande manifestation, et
s'il leur accordait leur manifestation, ils seraient dissous à cause de la crainte révérencielle de la
solennité. Ces gens dignes de la grande manifestation ne prêtent aucune attention au paradis ni à ses
aubaines. Ils ne s'intéressent pas au paradis, qu'il existe ou qu'il soit réduit à néant. C'est en parlant
d'eux, que certains gnostiques disent : il y a des gens qui sont bien occupés par le sexe et la nourriture.
Mais il y en a d'autres qui sont assis devant le Vrai, et qui ne s'occupent que de lui. Ce sont eux qui ont le
succès avec Allah. À chaque instant, Allah se manifeste à eux, par une manifestation de la taille d'une
mer relativement à une goutte, par rapport à la manifestation de l'instant passé. Et ainsi de suite, dans
tout ce qu'ils atteignent comme délices, aubaines, joie et réjouissances.
S'ils étaient appelés par exemple à jouir des houris un seul instant, ils demanderaient secours comme
s'ils étaient jetés en enfer. Il s’agit de l’élite supérieure, sélectionnée parmi l'élite d'Allah. Cette station
est la plus sublime et la plus élevée des stations.
C'est une station qui n'appartient à personne d'autre qu’à ce groupe de gens1 . Mais le prophète,
prière et salut d'Allah sur lui, dispose de ce rang élevé, tout en partageant, en plus, avec les mondes, le
vif plaisir de la nourriture et du sexe. Pour lui, l'un ne le voile pas de l'autre. En général, celui qui goûte à
l'un ne peut pas prêter d'attention à l'autre.
Celui qui a pris l'habitude de jouir des délices des houris et des diverses aubaines, ne peut pas
supporter cette requête, ni s'en approcher, à l'exception du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Fin
de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Parmi les propos du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, on peut citer ce qui suit : se révolter pour
Dieu, c'est se dresser pour Allah, par Allah, sans aucune intrusion de la passion, de sorte qu'il ne reste
plus rien de l'influence de sa passion. Pour illustrer cette notion, on se propose de citer l'histoire d'un
homme qui est passé par un village étranger. En entrant dans une épicerie afin d'acheter du vinaigre. Il a
remarqué plusieurs bouteilles pleines, il a cru qu'il s'agissait du vinaigre. Mais le marchand l'a averti en
lui demandant "pourquoi tu regardes ces bouteilles de vin ?"
L'homme s'est dit qu'il a un devoir à faire. Et il a aussitôt réagi et a commencé à casser les bouteilles
et à les vider. Après avoir cassé soixante-neuf bouteilles sur les soixante-dix existantes, il a laissé une
seule bouteille sans qu'il l'endommage. Le marchand avait cru que cet homme a été envoyé par l'émir
du pays et a exécuté ses ordres. Il s'est donc plaint auprès de cet émir, et il lui a demandé s'il avait
envoyé quelqu'un pour casser ses bouteilles de vin ? L'émir, répondant qu'il n'avait envoyé personne, a
aussitôt ordonné à ses hommes de lui ramener cet homme en question.
Une fois chez lui, l'émir lui a demandé la raison pour laquelle il a cassé les bouteilles. Il a répondu :
J'ai fait ce qu'il me semble judicieux, à vous de faire ce qu'il vous semble judicieux. L'émir a demandé
alors s’il avait laissé quelque chose. On a répondu qu'il avait laissé une seule bouteille.

1 - ll veut dire par ce groupe de gens : les pôles.

-411-
Pourquoi l'as-tu laissée ? Répliqua l'émir. Notre homme répondit : lorsque le marchand m'a informé
que c'était du vin, il a excité la jalousie que j'éprouve pour l'Islam, alors j'ai fait ce que j'ai fait. Mais
quand j'étais en pleine action, j'ai eu une petite conversation avec moi-même et je me suis dis : je
dispose d'un état important avec Allah, c'est pourquoi j'ai fait ça, je suis parmi ceux qui modifient le
désavouable ! J'ai donc tout abandonné de peur que mon acte soit fait pour une satisfaction
personnelle. Devant cette réponse, l'émir a ordonné à ses hommes de le faire sortir de chez lui, en
disant : faîtes- le sortir de chez moi, je ne peux pas le supporter.
Il a été rapporté également qu'en arrivant à un village, un homme découvre que ses habitants
adorent un arbre en dehors d'Allah, le Très-Haut. Le lendemain matin, il a pris une hache et est parti
pour le couper. Iblis, déguisé en être humain, lui coupe sa route en lui demandant : où vas-tu ? L'homme
répondit : je veux aller couper cet arbre que les gens adorent en dehors d'Allah.
Iblis proposa : abandonne-le et retourne chez toi, tu trouveras trois dirhams sous ton oreiller.
L'homme s'est retourné effectivement chez lui, mais il n'a rien trouvé. Le lendemain, il est revenu afin
de couper l'arbre. Iblis, toujours déguisé en être humain, lui coupe la route et lui demande : où vas-tu ?
L'homme répondit : je vais aller couper cet arbre que les gens adorent en dehors d'Allah. Iblis lui dit
alors : retourne chez toi ; si tu t'en approches, je te couperai le cou. Lors de ta première révolte,
personne ne pouvait te résister. Mais pour cette présente révolte, tu n'as agi que parce que tu as raté
un intérêt. Paix sur vous. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
J'ai entendu le cheikh dire, satisfaction d'Allah sur lui : toutes les espèces des bêtes qu'Allah a créées
dans ce monde ici-bas seront créées au paradis sauf quatre espèces : le chien, le singe, le porc et le
hérisson. Par ailleurs, les bêtes qui ont été déjà créées dans ce monde ici-bas ne rentreront pas au
paradis, à l'exception de la chamelle du prophète "Salah", prière et salut d'Allah sur lui, et son petit,
l'oiseau du prophète Salomon, prière et salut d'Allah sur lui, c'est-à-dire la huppe, ou le "Sarande" (Allah
sait mieux que tous), l'âne de "Ozaïr", le mouton du prophète "Ismaël", prière et salut d'Allah sur lui et
l'âne du prophète, Sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, sa chamelle ou sa mule (Allah sait
mieux que tous) et le chien des gens de la caverne. Paix sur vous. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction
d'Allah sur lui.
Parmi les dires du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui : le paradis a été créé cinquante-deux mille ans
après la création du monde. Adam, prière et salut d'Allah sur lui, a été créé soixante- douze mille ans
après la création du monde. Rifaî a dit : Allah dispose de huit cent mille mondes. Le trône, avec tous les
univers qu'il contient n'en est qu'un seul monde. L'homme parfait est celui auquel Allah dévoile la
totalité de ces mondes. Cet homme n'est rien d'autre que le "singulier rassembleur" (Al fard al jamiie).
Fin.
Quant à l'année, au début, elle était formée des jours du Seigneur. Un jour du Seigneur est défini par
le verset coranique suivant : «Cependant, un jour auprès de ton Seigneur, équivaut à mille ans de ce
que vous comptez» (Sourate Al Hadj, Le pèlerinage, verset 47). Ce jour ainsi défini concerne la période
qui s'étend de la création du monde à la création du paradis. Mais entre la création du paradis à celle
d'Adam, le jour est devenu plus court. Fin.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a été interrogé sur l'essence de l'Entité et celle des attributs
d'Allah qui constituent la croyance des spécialistes de l'authentification parmi les gens dignes d'Allah. Il
a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : L'Entité, selon ce qu'elle est, est une essence (un œil)
concrète. Elle se caractérise par tous les attributs et les noms divins.
Cependant, il est très loin et très difficile de l'atteindre et de pouvoir la comprendre. Personne parmi
les gnostiques et même parmi les prophètes et les messagers, ne peut la cerner ni atteindre sa vérité qui
la fait distinguer des autres choses, à l'exception du modèle sublime, le prophète Sidna Mohamed,
prière et salut d'Allah sur lui.
Ce qu'ils ont atteint et ce qu'ils ont connu à propos d'Elle, n'est que la certitude de leur incapacité à
l'atteindre. Leurs entités brûleraient à cause de la crainte révérencielle de Sa sublimité et de Sa
solennité. Afin d'illustrer ceci, on donne l'exemple d'un homme aveugle-né, qui ne voit rien. Si on le
place près du feu, il sentira, sans aucun doute, l'effet de sa brûlure et de son intense chaleur.

-412-
Mais il ne comprendra jamais sa réalité à cause de son handicap. Il n'obtiendra du feu que la
sensation de sa chaleur, tout en ignorant sa vérité, ainsi que la certitude qu'il existe et qu'il se distingue
bien des autres choses existantes. Voilà donc, dans cet exemple, la limite maximale de la distinction de
l'Entité par rapport aux autres choses.
Or atteindre et connaître le feu, c'est voir son entité, à l'œil, et se lancer là-dedans au point de se
brûler. Voilà celui qui a atteint réellement la réalité du feu. Mais dans cet exemple, la perte de vue a
empêché la personne de l'atteindre réellement. Donc le maximum que peuvent atteindre les gens
dignes de l’authentification vis-à-vis de l'Entité, est l'existence de son amour en eux-mêmes (ceci est
difficile à obtenir et ne peut pas être atteint par la parole), et la compréhension de sa quiddité. Cette
compréhension doit être matérielle en eux-mêmes.
En fait, même si l'Entité s'est bien voilée vis-à-vis des regards de la créature, l'accompli sent, en lui,
une brûlure, une terreur intense et un tremblement dû à la crainte révérencielle de Sa sublimité et de Sa
solennité. C'est tout ce qu'il peut atteindre de cette connaissance de l'Entité, rien de plus. C'est pour
cela qu'on dit : l'incapacité d'atteindre la compréhension est une compréhension. C'est dans ce sens que
le glorificateur d'Allah dit : "Gloire à celui auquel on ne peut accéder à sa connaissance que par
l'ignorance de sa connaissance”.
Quant aux attributs divins, les gnostiques les comprennent également d'une manière matérielle, que
l'expression ne peut déceler. Seuls le goût et l'état la dévoilent. Afin d'illustrer ceci, on cite l'exemple de
la suavité du miel et du sucre, en comparaison avec l'amertume de la coloquinte et de l'aloès, avec la
salinité du sel, l'âcreté du piquant, et l'acidité du citron. Si l'on suppose qu'une certaine personne n'a
jamais goûté à ça et ne connaît pas leur vérité. Comment peut-on lui répondre s'il nous demande par
exemple :
Informez-moi sur la vérité du sel dans le salin, sur la vérité de l'amertume de l'amer, sur la vérité de
l'âcreté du piquant, sur la vérité de l'acidité dans ce qui est acide, et sur la vérité de la suavité dans le
sucré ? Il n'y a pas de doute que nous allons lui dire : l'expression ne permet pas de vous déceler cela. Il
en est de même pour les vérités des attributs divins ; l'expression n'en dévoile rien. Leurs vérités ne sont
connues que par le goût et par l'état.
Quant au retour de tous les attributs à une seule chose et à un seul attribut, la réponse est la
suivante : l'attribut unique auquel retournent tous les attributs pour devenir un seul attribut est le rang
de la divinité. C'est le rang du Vrai, le glorieux, le Très-Haut.
La divinité est un attribut unique. Sa vérité est l'orientation de tout autrui vers lui, par le culte,
l'obéissance, la servilité, l'humilité devant Sa sublimité et Sa solennité. Cet attribut compte tenu de son
unicité, a coiffé tous les êtres existants en totalité, rien n'en fait exception. Ensuite, il n'est pas correct
d'attribuer cet attribut unique, qui est la divinité, au Vrai, le glorieux, le Très-Haut, que s'il se caractérise
par tous les attributs parfaits et les noms parfaits aussi.
Si un des attributs ou des noms manquait à Allah, le glorieux, le Très-Haut, il ne serait pas correct de
le caractériser par la divinité. Voilà donc ce qu'est le retour de tous les attributs à un seul attribut.
Quant au pardon évoqué dans le "Fath" (la victoire éclatante), il s'agit bien de la victoire d'EI
Houdaïbiya et non pas de la Mecque. La Sourate "Fath" est descendue à propos de l'évènement d'EI
Houdaïbiya, avant la conquête de la Mecque de deux ans. À cette occasion, le prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, a obtenu d'Allah les quatre faveurs suivantes : «Afin qu'Allah te pardonne tes péchés,
passés et futurs, qu'il parachève sur toi Son bienfait, et te guide sur une voie droite; et qu'Allah te
donne un puissant secours» (Sourate Al Fath, La victoire éclatante, versets 2 et 3).
Puis Allah, le glorieux, le Très-Haut, a continué de citer ce qui s'est passé dans l'évènement d'EI
Houdaïbiya, jusqu'à ce qu'il a dit : «Allah a été véridique en la vision par laquelle II annonça à Son
messager en toute vérité: vous entrerez dans la Mosquée Sacrée si Allah veut, en toute sécurité, ayant
rasé vos têtes ou coupé vos cheveux, sans aucune crainte. Il savait donc ce que vous ne saviez pas. Il a
placé en deçà de cela (la trêve de Houdaïbiya) une victoire proche» (Sourate Al Fath, La victoire
éclatante, verset 27). Il veut dire que les croyants, en sortant avec le prophète, prière et salut d'Allah sur
lui, l'année d'EI Houdaïbiya, ne voyaient que la conquête de la Mecque. Le prophète, prière et salut

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d'Allah sur lui, les a informés en effet, qu'il avait vu dans un rêve qu'il avait conquis la Mecque, en toute
sécurité. Mais lorsqu'il a été repoussé de la Mecque, prière et salut d'Allah sur lui, et lorsqu'il a accepté
la trêve qui avait pour condition de ne retourner à la Mecque que l'année prochaine, sans faire de
Omra, les gens ont commencé à avoir des soupçons et leur foi avait tremblé. Des idées diaboliques
offensant la foi des croyants commençaient à se répandre.
Allah, le glorieux, le Très-Haut, a fait descendre le verset coranique suivant : «Allah a été véridique
en la vision par laquelle Il annonça à Son messager en toute vérité une victoire proche» (Sourate Al
Fath, La victoire éclatante, verset 27). Il s'agit de la victoire d'EI Houdaïbiya, parce qu'à la suite de
celle-ci, l'Islam a été fortifié et les musulmans ont augmenté de nombre. Lors d'EI Hudaybiya mille
quatre cents soldats musulmans ont été dépêchés. Mais après deux ans, le prophète a pu dépêcher dix
mille hommes, pour conquérir la Mecque. Et il a réussi sa conquête, prière et salut d'Allah sur lui. «Il
savait donc ce que vous ne saviez pas» (Sourate Al Fath, La victoire éclatante, verset 27).
Nous disons : la victoire éclatante (Al Fath), grâce à laquelle le pardon des péchés, qui précèdent et
qui succèdent, a eu lieu, ainsi que le parachèvement de l'aubaine sur le prophète, prière et salut d'Allah
sur lui, sa guidance vers le droit chemin, et le puissant secours qu'Allah lui a accordé ; n'est autre que la
victoire d'EI Houdaïbya. Ce n'est pas la conquête de la Mecque.
La signification du pardon accordé au prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est le fait que le Vrai, le
glorieux, le Très-Haut, s'est manifesté à lui pour lui conférer les quatre attributs mentionnés dans le
verset coranique. Quant à la signification des péchés à l'égard des prophètes, prière et salut d'Allah sur
eux, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, l'a expliquée, lorsqu'il avait commenté le verset coranique
suivant : «En vérité Nous t'avons accordé une victoire éclatante afin qu'Allah te pardonne tes péchés
..» (Sourate Al Fath, La victoire éclatante, verstes 1- 2). Celui qui s'y intéresse n'a qu'à lire le chapitre
relatif à l'explication des versets coraniques. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
La signification de la prière du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui : "O, Allah, fais moi rejoindre sa
lignée religieuse (prière et salut d'Allah sur lui)" est la suivante: il a demandé qu'Allah lui délègue Ses
pouvoirs sur tout son royaume, sans exception. Qu'il soit qualifié par tous les attributs divins et par tous
les noms divins, au point de lui être similaire. Voilà sa lignée religieuse, par rapport à la présence divine.
En d'autres termes, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a demandé d'Allah de lui accorder avec
certitude la lignée religieuse du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, par rapport à la présence divine.
Selon cette lignée accordée, on peut parler des sciences Mohammadiennes. Les saints ont des parts
différentes et puisent de sources différentes de ces sciences. Le maximum pouvant être acquis de ces
sciences Mohammadiennes ne dépasse pas soixante- douze.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit également: celui qui arrive à obtenir soixante six sciences
Mohammadiennes ou plus, ne sera plus affecté par le mal qui découle de l'accompagnement des gens
et de leurs conversations. Il n'entendra que d'Allah. Son isolement sera au même pied d'égalité que son
intégration avec les gens. Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : celui qui a atteint la première
science Mohammadienne et qui a acquis le un soixante- douzième d'elle, il peut expliquer chaque verset
coranique selon soixante-douze aspects différents et dominer toutes les sciences exotériques et
ésotériques. Tout cela pour celui qui ne maîtrise qu'une seule partie parmi soixante-douze autres de la
première science Mohammadienne. Qu'en est-il donc pour celui qui domine toute la première science ?
Qu'en est-il pour celui qui domine deux ou trois sciences jusqu'à soixante-douze sciences. Imaginez donc
le rapport. Fin.
Son dire "Accorde-moi avec certitude sa noble origine" signifie ô Allah si tu me fais rejoindre sa
lignée religieuse, accorde-moi donc sa noble origine. La noble origine signifie ici l'honneur. L'invocateur
demande donc qu'il soit honoré par son honneur, c'est-à-dire par ce que Allah lui a accordé, au sein de
cette présence, comme attributs divins, états élevés, et souffles supérieurs. Celui qui acquiert avec
certitude ces faveurs devient le maître de tout l'univers. Voilà la noble origine demandée par le cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui. Son dire "Fais-moi connaître le prophète", c'est-à-dire fais-moi arriver à
connaître la vérité de son esprit, prière et salut d'Allah sur lui. Cela est l'apogée de ce qui peut être
atteint. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.

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Ensuite, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : l'esprit a pour longueur une distance de neuf cent
mille ans. Sa largeur présente la même distance. Puis il a dit, satisfaction d'Allah sur lui : cela concerne
les esprits des gnostiques. Pour les autres, la taille de l'esprit est comparable à un pigeon ou même
moins. Quant à la demeure des esprits des croyants ordinaires voilés, elle se situe entre le premier et le
quatrième ciel. À partir du quatrième ciel, on parle de la demeure des esprits des gnostiques selon leurs
rangs spirituels. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
J'ai entendu le cheikh dire : chadzili, satisfaction d'Allah sur lui, a dit lors de sa conversation avec le
Vrai, que Sa solennité soit majestueuse : "le mécréant, même s'il ne répond pas à l'appel de Ta foi, il a
répondu à celui de Ton autorité. Tout le monde est soumis à Ton ordre (divin). «Il n'y pas d'être vivant
qu'il ne tienne par son toupet. Mon Seigneur, certes, est sur un droit chemin» (Sourate Floud, verset
56)". Allah, le glorieux, le Très-Flaut, a vêtu tout ce qui existe dans l'univers, qu'il soit mobile ou inerte,
par des esprits qu'on ne décèle pas. Ces esprits maîtrisent parfaitement la connaissance d'Allah, le
Très-Haut. C'est par cette connaissance qu'ils glorifient Allah, le sanctifient, se prosternent devant lui et
l'adorent.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit au lézard lorsqu'il lui a parlé : O, lézard ! Celui-ci
répondit : à tes ordres, à ton service, O plus bel homme présent lors du jour de la résurrection. Le
prophète l'interrogea alors : "Qui adores-tu ?" Il a répondu : "Celui dont le trône est au ciel, l'autorité est
sur terre, l'esprit est dans l'espace, la rétribution est dans le paradis, et la ravine est dans le feu". Le
prophète lui dit : "Qui suis-je ?" Il lui a répondu : "Tu es le messager d'Allah. Bonheur à celui qui te croit.
Et malheur à celui qui te dément". Le campagnard, fixant comme condition de sa conversion à l'Islam, la
communication avec le reptile, est donc devenu musulman.
Ensuite, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : "Toute chose sait que je suis le messager
d'Allah, sauf les désobéissants parmi les descendants d'Adam et des djinns". Fin du témoignage que
nous avons voulu apporter à travers l'histoire du culte de ce reptile. Tout l'univers adore Allah. On peut
citer également l'histoire de l'éléphant, lorsque "Noufaïle Ben Habib", prisonnier d'Abraha, lui a parlé.
Cette histoire est bien connue dans les livres de la conduite prophétique ; ce n'est pas la peine de la
raconter. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a été interrogé par la phrase suivante : il ne faut pas donner
de cadeaux à celui dont on n'escompte pas l'affection ni la familiarisation, et ce même s'il te demande
un don. L'intérêt des dons et des cadeaux réside dans l'apaisement des cœurs. Mais celui qui montre
l'affection et qui cache l'animosité, il faut le quitter. Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a répondu en
disant :
Quant à la coupure de toute affection avec lui et de toute familiarisation, en montrant l'hostilité et
en exposant la plainte, cela est interdit selon la loi religieuse et selon le tempérament. Toute personne
dotée de raison doit éviter de s'orienter dans cette direction, parce que Allah, le glorieux, le Très-Haut, a
fait que certaines créatures soient des représentations de l'émergence du mal. Ce mal affecte tout le
monde, même s'il s'agit de gens dignes du bien. Allah, le Très-Haut, se manifeste, en effet, en tout
moment par une injonction de sorte qu'il n'existe pas un seul instant sans qu'une manifestation divine
par un certain mal soit destinée à une partie de sa créature. Dans ce contexte, s'orienter pour résister à
ce mal et le repousser par un autre mal causera un grand préjudice à tout être raisonnable. Il est donc
nécessaire de se soumettre à l'ordre d'Allah, le Très-Haut, dans tout ce qu'il veut de sa créature. Il faut
être modeste devant l'ordre divin, tout en montrant de la douceur et tout en négligeant le mal causé
par les gens. C'est la voie qui permet la protection contre les maux.
Quant à celui qui affronte le mal des autres par le mal, il ne fait qu'aviver les tensions et accroître les
difficultés. Cette vie difficile est, en fait, une punition qui lui a été infligée, parce qu'il ne s'est pas
comporté comme le stipule son statut de serviteur. La servitude est toujours couronnée de modestie et
d'épointement de soi devant Allah. L'affrontement par le mal est un dépassement de la limite de la
servitude. Celui qui le fait ressemble à celui qui ajoute du bois au feu; ce qui ne fait qu'attiser la flamme
encore plus ! Mais en résistant au mal par la modestie, l'épointement de soi et la douceur, le feu s'éteint
facilement. Il est donc nécessaire, une fois que l'hostilité d'un ennemi est connue, de l'abandonner ou
de lui montrer de la douceur, ou de le négliger. C'est ainsi qu'on peut être sauvé de son mal. Il faut que

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le serviteur craigne les gens. Ceux-ci sont envoyés par l'autorité d'Allah, le Très-Haut. On ne peut donc
rien contre eux, sauf la négligence de ce qu'ils font comme mal. Chafiî, satisfaction d'Allah sur lui, a dit :
Lorsque j’ai pardonné, sans animosité
j’ai éprouvé dans l’abandon des fardeaux une délivrance,
lorsque je vois mon ennemi je lui envoie les civilités
afin de dissiper le mal par les salutations, je pense
d’ailleurs que je ne suis jamais en sécurité avec un ami
qui se lie avec moi d'amitié,
comment puis-je l’être avec des ennemis ?!
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : "Le summum de la raison, après la croyance en
Allah, est l'affection pour les gens". Nous disons donc : le devoir consiste tout d'abord à éteindre le mal
des gens par la bienfaisance, sinon en montrant de la douceur et de la modestie, sinon par la négligence,
tout en évitant d'affronter le mal par le mal. On parle alors de trois niveaux :
1- Le premier niveau : affronter le mal par la bienfaisance. C'est ce niveau qui a été évoqué par
le verset coranique : «La bonne action et la mauvaise ne sont pas pareilles. Repousse (le
mal) par ce qui est meilleur ; et voilà que celui avec qui tu avais une animosité devient tel
un ami chaleureux. Mais (ce privilège) n'est donné qu'à ceux qui endurent et il n'est
donné qu'au possesseur d'une grâce infinie» (Sourate Les versets détaillés, Fussilat, versets
34-35).
2- Le deuxième niveau : affronter le mal en montrant de la douceur et de la modestie afin de
faciliter les choses. Ce niveau a été évoqué par le verset coranique : «Accepte ce qu'on
t'offre de raisonnable, commande ce qui est convenable et éloigne-toi des ignorants»
(Sourate Al Aâraf, verset 199). Dans le même sens, Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit :
«Qui dominent leur rage et pardonnent à autrui - car Allah aime les bienfaisants» (Sourate
Al Imran, la famille Imran, verset 134).
3- Le troisième niveau : affronter le mal en l'ignorant et en le négligeant complètement. Allah,
le Très-Haut, aime en effet que son serviteur s'éloigne des ignorants. À ce propos, et en
guise de témoignage, on peut citer le cas de la trêve qui a été signée entre le prophète,
prière et salut d'Allah sur lui, et Souhaïl Ben Amre. Ali, satisfaction d'Allah sur lui, était le
rédacteur. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, lui a dit : "Écris : Voilà le contrat passé
entre Mohamed, le messager d'Allah, et Souhaïl Ben Amre". Celui-ci a répliqué aussitôt, et a
dit :
Non ! Écris plutôt ton nom et celui de ton père. Si l'on savait que tu étais le messager d'Allah, on ne
t'aurait pas empêché de visiter sa maison sacrée. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, n'a pas
accordé d'importance à ce qu'il a dit même s'il l'a démenti. Il a plutôt montré de la douceur et il s'est
éloigné de son ignorance. Il a demandé donc à Ali d'écrire : voilà le contrat passé entre Mohamed Ben
AbdAllah et Souhaïl Ben Amre. Dans ce contexte, Allah, le glorieux, le Très-Haut, a fait descendre le
verset coranique suivant : «Quand ceux qui ont mécru eurent mis dans leurs cœurs la fureur, [la]
fureur de l'ignorance. Puis Allah fit descendre Sa quiétude sur Son Messager ainsi que sur les croyants,
et les obligea à une parole de piété, dont ils étaient les plus dignes et les plus proches. Allah est
Omniscient» (Sourate Al Fath, La victoire éclatante, verset 26).
La parole de la piété est sa modestie, prière et salut d'Allah sur lui. C'est aussi l'exposition de sa
douceur, prière et salut d'Allah sur lui. C'est le fait qu'il n'a pas pris en considération l'ignorance de
Souhait Ben Amre lorsqu'il l'avait démenti en ce qui concerne sa transmission du message divin. Il n'a
pas donné d'importance à ce qu'il avait fait. Voilà ce qui convient à la situation et voilà la signification de
la parole de la piété qu'on vient de signaler. Le coran présente, en effet, de larges significations ; en voilà
quelques-unes. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a récité les deux vers suivants :
Si tu étais l’aliment de l’esprit, puis que tu l’as abandonné,
combien de temps faudra-t-il à cet esprit, dont tu étais

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l’aliment, pour exister ?
Il ne survivra que comme le feu qui survit dans de l’eau,
ou comme le poisson dans les étangs desséchés.
Puis, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : la signification des deux vers est la suivante : si
l'aliment de l'esprit de l'amoureux est son bien-aimé, des points de vue de la vision, de la constatation,
de l’amadouement et de l’amour, puis il l'a délaissé, alors son esprit ne survivra que de la même
manière par laquelle le feu survit dans de l'eau, et le poisson survit après le dessèchement de l'étang. Il
mourra sur-le-champ. Il en est de même pour l'esprit de l'amoureux; il mourra sur place après le
délaissement. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur la signification des deux vers suivants :
Ô, mon secret, ma révélation, mon ensemble et ma partie.
Ô, mon mystère protégé, et ma totalité de mes parties.
Ô, source de ma gaieté, et lumières de mon âme, mon espoir.
Ô, toi qui me rafraîchis le cœur, accorde-moi un regard.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a répondu en disant : sachez qu'il a voulu dire par l'expression
suivante : " Ô, mon secret, ma révélation" qu'Allah, le glorieux, le Très-Haut, s'est propagé en lui, dans
tous ses états, de manière à ce qu'il n'ait plus de raison, ni d'illusion, ni de sensation, ni de mode, ni
d'image, ni de lieu, ni de visage, ni de parole, ni de gestion. Il n'y a plus rien, sauf Allah, le
Très-Haut. Voilà la signification de l'expression "Ô, mon secret, ma révélation". "Ô, mon secret"
signifie ce qu'il dissimule comme états. "Ô, ma révélation" signifie ce qu'il montre comme états.
Dans sa prière, le cheikh Moulay Abdessalam dit : noyez-moi dans la mer de l'union absolue
elle-même, au point de ne voir, de n'entendre, de ne trouver et de ne sentir que par elle. Voilà le sens
de l'expression "Ô, mon secret, ma révélation". Un poète a dit, dans ce même contexte d'absorption :
Je jure qu’il n’y a pas un soleil qui se lève ou qui décline, sans que tu sois l’espoir de mon cœur et
mon obsession.
À chaque fois que je respire, que ce soit en état de joie ou de déception, je trouve ton rappel lié à
mes respirations.
À chaque fois que je m’assois pour parler à autrui, je me rends compte que tu es l’objet de ma
causerie.
À chaque fois que je bois de l’eau pour calmer mon envie, je vois venant de Toi dans mon verre une
ombre divine.
Cela est un signe de l'absorption en Allah, le Très-Haut. C'est la signification de l'expression "O, mon
secret, ma révélation". Son dire : "ma partie et mon ensemble" signifie : en moi, il n'y a rien sauf Toi. Tu
es une partie de moi et tu es mon ensemble. "O, totalité de mes parties" : je ne suis pas autre que toi et
tu n'es pas autre que moi. Son dire : "et mon mystère protégé" : Tout ce que je cache et je protège est
bien Toi. Ceci signifie qu'Allah ravit le serviteur. Les gnostiques expriment cet enlèvement en disant:
Allah enlève le serviteur du fleuve de la séparation et le met dans la mer du groupement, de telle sorte
qu'il ne distingue plus de fondement, ni de règle, ni de quantité, ni de mode, ni d'image, ni d'illusion, ni
de raisonnement, ni d'imagination, ni de sensation, ni autre, ni autrui. Il n'y a là que le Vrai par le Vrai,
dans le Vrai pour le Vrai d'après le Vrai. Cet enlèvement s'appelle l'image de l'anéantissement de
l'anéantissement.
À partir de cela, le serviteur retrouve la vie, tout en étant noyé dans cette mer. Il sort donc pour
distinguer les attributs, les noms, les affaires et les considérations, tout en donnant droit à chacun des
ayants droit.
Son dire : " Ô, source de ma gaieté". La gaieté est ce qui exprime l'épanouissement. Celui-ci est lié à
l'image de l'aubaine qui se propage à l'intérieur de l'âme. Il vient après la joie et la réjouissance. C'est ce
qui est exprimé dans le verset coranique suivant, décrivant les gens dignes du paradis : «Tu reconnaîtras
sur leurs visages, l'éclat de la félicité» (Sourate Les fraudeurs, Al Mutaffifune, verset 24).

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Voilà ce que sont la gaieté et l'épanouissement, c'est-à-dire, je ne peux pas être épanoui par
quelqu'un d'autre que Toi, ni par le paradis ni par autre chose. Celui qui est digne de l'absorption en
Allah, et qui est lancé dans la mer du groupement, quand il sent les rangs et quand il les distingue, il se
réjouit par l'existence du Vrai. Si l'on compare cette délectation à l'ensemble des aubaines du paradis,
celles-ci ne représenteront qu'une goutte dans une mer.
On a interrogé le prophète Moïse, prière et salut d'Allah sur lui, sur son état lorsqu'Allah lui avait
parlé. Il a dit : quant à la crainte révérencielle, imaginez la foudre qui se déchaîne sur vous, l'une après
l'autre, d'une manière continue. On ne peut pas décrire la crainte de celui qui vit cette situation. Quant
à la délectation, on ne peut pas la décrire non plus. Il a été dit que le plaisir de l'accouplement n'est rien
devant cette délectation. À la fois on atteint l’apogée du plaisir et l’apogée de la crainte révérencielle.
Son dire : "Et lumières de mon âme". L’âme signifie ici l'esprit ou la vue. La lumière de la vue, par
laquelle mon œil voit est bien Toi. L'œil signifie aussi l'esprit. Son dire : "O, toi qui me rafraîchit le cœur".
Le rafraîchissement ici insinue l'eau froide et douce qui se boit après une intense soif. On ne peut pas
imaginer son délice. Mais celui-ci l'atteint. C'est-à-dire le cœur brûle de désir, et il n'y a rien qui puisse
éteindre ce feu que le regard et la vision.
Ibn Al-Fared, satisfaction d'Allah sur lui, dit dans son poème "taiya":
Je souhaite obtenir de toi un regard, Je T'implore
même si je dois attendre longtemps, J'accepte mon sort,
combien de sang s’est écoulé sans rien obtenir encore !
Il a été rapporté à propos de lui (ibn fared), lorsqu'il était en agonie, en présence de quelques saints,
que le paradis lui a été décelé. On lui a dit (du ciel) : voilà votre lieu de séjour. Il a pleuré et il a dit :
Si ma position dans l’amour, auprès de vous, relève de ce que je viens de voir, alors j’ai perdu mes
jours.
Un souhait, que mon esprit a réussi à atteindre un jour, maintenant, je crois qu’il ne s’agissait que
d’un amas de rêves
Le narrateur dit : on lui a dit à partir de la présence : que veux- tu, Omar ? Il a répondu par le vers
suivant :
Je souhaite obtenir de toi un regard, Je T'implore même si je dois attendre longtemps, J'accepte
mon sort, combien de sang s’est écoulé sans rien obtenir encore !
Le narrateur dit : après un court moment, je l'ai vu souriant, puis il a perdu la vie. J'ai donc déduit
qu'il a obtenu son souhait. Son dire : "accorde-moi un regard", c'est ce qui a été raconté à propos de Ibn
Al-Fared dans son poème, satisfaction d'Allah sur lui. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur
lui.
Les deux vers suivants ont été récités par le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui :
Je me suis caché de mon temps par l’ombre de sa présence. Alors j’ai commencé à voir mon temps,
sans qu’il me voie. D’ailleurs, si tu demandes mon nom aux jours, ils ne le sauront pas.
Ils ne sauront pas non plus mon lieu de résidence!
Il a dit, satisfaction d'Allah sur lui : les deux vers parlent du rang du grand Successeur (le souverain
sur terre par délégation). Il n'a pas de nom qui le caractérise. Tous les noms de l'univers sont les siens
parce qu'il cerne leurs rangs. Il est aussi l'esprit qui occupe tous les êtres existants. Il n'y a pas dans
l'univers une entité sans qu'il ne soit l'esprit qui la gère, qui la fait bouger et qui l'occupe. Il n'y a pas au
monde un endroit sans qu'il ne l'occupe ou qu'il ne soit capable de le maîtriser. Selon cette
considération, on peut dire qu'il n'a pas de nom qui le distingue du reste de l'univers, ni d'endroit qui le
spécifie. C'est pour cela qu'il a dit :
D’ailleurs, si tu demandes mon nom aux jours, ils ne le sauront pas.
Ils ne sauront pas non plus mon lieu de résidence!
Il insinue ce rang qui est la plus grande souveraineté par délégation. Al Morssi a dit : si la vérité du
saint se dévoile, il sera adoré, parce que ses attributs sont ceux d'Allah, et ses qualificatifs sont ceux

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d'Allah aussi. Le saint signifie ici l'homme parfait, qui est le plus grand souverain par délégation. Voilà le
sens du verset coranique suivant : «Est-ce que celui qui était mort et que Nous avons ramené à la vie
et à qui Nous avons assigné une lumière grâce à laquelle il marche parmi les gens, est pareil à celui qui
est dans les ténèbres sans pouvoir en sortir ? Ainsi on a enjolivé aux mécréants ce qu'ils œuvrent»
(Sourate Al An'âme, Les animaux, verset 122).
Mohyi Eddine (Ibn arabi) a dit, à propos de l'homme voilé : ce n'est pas un être humain. Il ressemble
à lui uniquement, comme un cadavre, sans esprit. On voit le corps humain, mais sans esprit. Par ailleurs,
on entend souvent les soufis dire que l'esprit n'est pas créé, et qu'il est plutôt ancien, éternel. En fait, ils
insinuent cet esprit qui est la pure connaissance après l'ouverture spirituelle. Celui qui dispose de cet
esprit peut faire ce qu'il veut, dans tout ce qu'il veut. Il peut faire vivre les morts, s'il veut ; il peut les
appeler.
Ceux-ci répondent rapidement à son appel, malgré la décomposition de leurs corps. Il peut faire
mûrir immédiatement l'arbre fruitier desséché, s'il veut, etc. Rien ne lui est difficile comme prodige.
Mais il est bienséant et il respecte les convenances de la présence divine, au point de sentir le poids des
montagnes sur ses épaules. Ce sont ces convenances qui l'empêchent d'accomplir les prodiges. S'il
accomplit l'un d'eux alors que ce prodige n'est pas adapté à l'époque, il sera immédiatement puni, banni
et dépouillé, parce qu'il est effacé au sein de la présence divine, et il est mort par rapport à tous ses
intérêts.
Il n'agit que selon l'action du Vrai. Si l'on lui pose la question : que veux-tu ? Il répondra: je ne veux
que ce que le Vrai, le glorieux, le Très-Haut, veut de moi. Il est anéanti par rapport à ses vœux. Il subsiste
par la volonté du Vrai dans toutes ses agitations, ses intimités, ses fluctuations et ses volontés. Paix sur
vous. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a été interrogé sur la signification des vers suivants :
Une vérité, dont la puissance est apparue dans l’univers.
Elle a fait apparaître les voiles et les univers.
Par les yeux des mondes, Elle s’est déguisée comme Elle s’est fait connaître par les cœurs des
gnostiques lettrés.
Toute la créature constitue des voiles qui cachent son arrivée.
L’ensemble, est devenu pour elle des sachems.
Il n’y a pas de mystère si Ton se cache derrière les univers.
Plutôt, ces univers sont cette vérité, elle-même.
Donc, ce que vous voyez est, en fait, un mystère.
Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : sachez que la vérité ici est l'univers absolu, qui est
appelé : l'effacement des traces et l'aveuglement lui-même. Il ne contient ni rapport, ni persuasion, ni
raisonnement, ni où, ni comment, ni configuration, ni illusion. Tous les rapports sont réduits à néant. La
puissance que la vérité a dévoilée était au début dans le voile de l'effacement des traces et de
l'aveuglement.
Elle était là, où les attributs et les noms ne peuvent pas être compris de point de vue de l'apparition,
et non pas de point de vue de l'existence. Cette vérité a montré sa puissance à travers les univers qu'elle
a fait apparaître. Au début, elle était dans le voile du trésor, où Il a dit (Gloire à Lui) : «J'étais un trésor
inconnu. J'ai aimé être connu». C'est-à-dire : Il a aimé qu'il apparaisse aux autres. «J'ai alors créé une
créature à laquelle j'ai injecté ma connaissance. C'est donc par moi qu'on m'a connu». C'est cette
puissance qui règne dans les univers. C'est par cette puissance qu'Allah a fait apparaître les univers.
Son dire : "Elle s'est déguisée, etc.", le déguisement signifie le fait de se voiler des autres. En effet, la
vérité, de point de vue de l'essence de son existence, est au maximum d'apparition et de clarté, parce
qu’à chaque fois qu'elle apparaît, les traces de l'autre et de l'autrui s'effacent. Celui qui la voit ne peut
pas avoir de doute ni d'illusion quant à sa vision. Du point de vue de cette manifestation, elle est au
maximum d'apparition, puisque les traces de l’autre et de l'autrui sont effacées. Puis, elle a été voilée à
la suite de l'apparition des êtres existants. C'est la signification de son dire "Elle s'est déguisée" après

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avoir été clairement connue, lors de sa manifestation, et de l'effacement des traces de l'autre et de
l'autrui.
Une fois que l'univers est apparu, elle s'est déguisée avec cet univers. C'est-à-dire elle l'a utilisé
comme voile. En d'autres termes : elle a utilisé les images des êtres existants comme voile. Ce qui a été
voilé ici, c'est l'univers absolu. Il l'a été par les images des êtres existants. Son dire "par les yeux des
mondes" : l'œil d'une chose, signifie ici son entité. Elle est appelée œil parce qu'elle a été déterminée à
partir de l'aveuglement seigneurial. Dans la science pré-éternelle, ces entités étaient des quiddités (yeux
fixes). Ici, elles sont appelées "yeux". Ce sont les entités des êtres existants. Son dire "comme elle s'est
fait connaître par les cœurs des gnostiques lettrés" :
Les gnostiques, ici, ce sont ceux qui connaissent les bienséances de la présence divine. Cette vérité
s'est fait connaître à leurs cœurs. Allah a levé le voile de l'univers de leurs cœurs. Ils voient par
conséquent, la Sainte présence, de visu, et non pas d'après un prédicat rapporté. C'est exactement le
cas de celui qui est noyé dans la mer, il n'a pas besoin d'être informé sur elle ! Son dire : "Toute la
créature constitue des voiles qui cachent son arrivée (son apparition)", cela signifie que l'univers absolu
est voilé par les images des univers. Toute la créature constitue donc des voiles qui cachent son
apparition.
Son dire : "L'ensemble, est devenu pour elle des sachems" Le sachem ou le chef est celui qui prend
en charge quelque chose.
Lorsque les auxiliaires (Al anssar) du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, lui ont présenté leur
acte d'allégeance à la Mecque, et se sont engagés auprès de lui à assurer son approvisionnement, et à
considérer comme humiliée et déshonorée toute personne d'entre eux qui refuse cet engagement. Le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, n'a accepté leur engagement et leur allégeance, qu'après la
désignation d'un chef de chaque tribu.
Le chef de la tribu s'est ainsi occupé de ceux qui ont refusé le pacte parmi les gens de sa
communauté. Il a eu comme charge d'assurer que ces gens resteront dans l'humiliation et le
déshonneur, qu'ils ne peuvent montrer ni désaccord ni agressivité envers les musulmans, et qu'ils ne
peuvent en aucun cas aider les ennemis. C'est cette charge qui incombe aux chefs. Voilà ce qu'est le
chef. Allah, le glorieux, le Très-Haut a dit aux Israélites, après avoir mentionné l'engagement qu'ils ont
pris: «Et Allah certes prit l'engagement des enfants d'Israël. Nous nommâmes douze chefs d'entre
eux» (Sourate Al Ma'lda, La table servie, verset 12). Le chef est celui qui assure et assume, au sein de sa
tribu, la responsabilité d'imposer les conditions du pacte aux gens et d'être coercitif envers eux en cas
de désobéissance.
"L'ensemble est devenu pour elle des sachems (chefs)" : l'ensemble signifie ici les images de tous les
êtres existants. Celles-ci sont devenues les chefs de cette vérité. C'est-à-dire elles ont supporté le
fardeau de sa connaissance ; qui est d'ailleurs parmi les choses les plus difficiles. Elles ont supporté
également le fardeau de sa glorification, de son adoration et de la prosternation devant elle, c'est-à-dire
devant l'Entité absolue. Dans ce domaine, tous les univers sont des chefs, un par un. Ils ont supporté le
fardeau de sa connaissance, le fardeau de son culte et adoration, le fardeau de la prosternation devant
elle, et le fardeau de sa glorification. Tous ces univers glorifient Allah. Le Vrai est une entité et un rang.
L'Entité relève de l'inconnaissable qui n'est ni concevable ni compréhensible. Allah n'est donc apparu
dans son univers que par son rang, c'est-à- dire par sa divinité.
La divinité signifie l'orientation de tout l'univers vers Allah par le culte, la soumission, la servilité, la
connaissance, la glorification et la prosternation. Il n'y a pas la moindre particule qui sort de ce domaine.
Son dire : «Il n'y a pas de mystère si l'on se cache derrière les univers. Plutôt, ces univers sont cette
vérité elle-même. Donc, ce que vous voyez est, en fait, un mystère». Cela signifie : il n'y a pas de
mystère si elle est voilée par les univers. Son dire : plutôt, ces univers sont cette vérité elle-même. Les
univers ici signifient l'univers absolu total.
«Ces univers sont cette vérité elle-même» : cela signifie que l'univers est devenu pour cette vérité un
miroir qui réfléchit son image. Certaines personnes, disposants d'une forte lumière, peuvent observer le
miroir et observer celui qui se manifeste à travers ce miroir. D'autres personnes disposent par contre de

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lumières faibles. Elles ne voient par conséquent que celui qui se manifeste à travers le miroir.
L'existence de celui qui se manifeste leur a caché le miroir. Elles ne voient personne d'autre à part Lui,
c'est-à-dire à part le Vrai, le glorieux, le Très-Haut. Celui qui est arrivé à cet état, dit : le monde entier
n'est rien d'autre qu'Allah, le Très-Haut. Il n'y a rien d'autre que lui. Il dit cela à cause de sa faible
lumière. Le poète dit :
Il ne reste rien d’autre qu’Allah.
Il n'y a là ni point d'arrivée, ni gnostique déjà arrivé.
Par contre, celui qui dispose d'une forte lumière voit à la fois le miroir et celui qui se manifeste dans
le miroir. Il donne à chacun des deux rangs ce qu'il mérite, c'est-à-dire au rang du créateur et à celui de
la créature. Aucun des deux rangs ne le voile de l'autre. Son dire : "Ce que vous voyez est, en fait, un
mystère" : Ibn Arabi El Hatimi, satisfaction d'Allah sur lui, a interrogé le prophète "Aaron", prière et salut
d'Allah sur lui, lorsqu'il l'avait rencontré (dans le monde des esprits). Il lui a dit : O, prophète, dans ton
dire : «Ne fais donc pas que les ennemis se réjouissent à mes dépens» (Sourate Al Aaraf, verset 150),
de quel ennemi parles-tu ? Y a-t-il là quelque chose en dehors d'Allah, le Très-Haut ?
Nous, les gnostiques, nous voyons toute chose comme étant Allah1. Comment peut-on alors imaginer
qu'il soit un ennemi ? Le prophète Aaron, prière et salut d'Allah sur lui, lui a répondu en disant : ce que
vous voyez est exact dans cette même chose. Ibn arabi répondit : non ! Aaron, prière et salut d'Allah sur
lui, répliqua : tu as raté d'Allah ce que tu as raté en ignorant ceci2. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction
d'Allah sur lui.
La vérité de la manifestation est l'apparition. La manifestation du Vrai par Son Entité, dans Son
Entité, pour Son Entité et d'après Son Entité est le rang de l'essence du Vrai. Personne ne peut y avoir
accès. La seconde manifestation est Sa manifestation à autrui dans autrui, par Lui-même et d'après
Lui-même. C'est cette manifestation qui peut être atteinte par les gens.
La manifestation des destins divins dans les images des univers, d'une manière absolue, est causée
par l'attachement de la volonté, et le verdict pré-éternel divin et l'attachement du mot "Sois". C'est à la
suite de cette cause que les destins ont émergé dans les images des univers. Ces destins n'ont donc pas
émergé par leurs entités ni d'après leurs entités, mais plutôt par autrui d'après autrui. Cette cause a
ainsi précédé la manifestation, et c'est par elle que cette manifestation a été créée.
Par contre, en ce qui concerne la manifestation de l'Entité, elle n'est devancée par rien. Elle est
tellement élevée et majestueuse qu'il est impossible qu'elle réagisse à la volonté ou à autre chose. Elle
s'est manifestée par Son Entité dans la créature. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Les vers du poème que nous allons expliquer dans ce qui suit, ont été enseignés par le maître de
l'univers, Sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, lors d'un rêve, au saint vertueux, digne de la
réussite et de la constatation glorieuse et lucide, Abou Abdallah Sidi Mohamed Ben Larbi Tazi Demraoui.
Ce saint (et frère dans la voie Tidjaniya) est de la région de Taza, mais son origine est "Damra". Il est
mort à Aïn Madi en 1214 hégire. Lorsqu'il s'est réveillé, il a trouvé ces vers encore frais sur sa langue, et
il était en train de les citer et de les apprendre. Ensuite, il a rencontré le prophète, prière et salut d'Allah
sur lui, en état d'éveil. Il est à noter qu'il avait l'habitude de le rencontrer souvent en état d'éveil.
Il l'a interrogé alors sur la signification de ces vers, et il lui a demandé de les lui expliquer. Le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a exaucé son vœu comme suite à son affection envers notre
cheikh et maître, Moulay Ahmed Ben M'hammed Tijani, satisfaction d'Allah sur lui. Sidi Mohamed Ben
Larbi était un de ses disciples. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, lui avait déclaré : sans ton
amour pour le Tijani, tu ne m'aurais jamais vu. Il lui a dit une phrase similaire, ensuite il lui a ordonné de
transmettre l'explication de ces vers au Tijani. Ce poème est le suivant:

1 - Cela ne peut être prononcé que par un gnostique qui dispose de l'ouverture spirituelle et qui ne prête aucune attention
aux images des choses. Le gnostique voit d'une manière oculaire que toute chose bouge par Allah, et que cette image n’est
que néant et il n’y a en elle qu’Allah qui se manifeste.
2 - Les prophètes, prière et salut d’Allah sur eux, disposent d’un niveau spirituel beaucoup plus élevé que les gnostiques. Ils
maitrisent les tempéraments des gens, et ils disent ce qui convient à leurs logiques et à leurs stations.

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C'est par la gloire et la louange que Son Entité se manifeste.
À cause de l'intention1, l'interdiction incombe à moi seul, j’atteste
que c'est par le vrai du vrai, par le vrai, que tu vois sa vérité2,
et c'est par le vrai, et non par le vrai, que mon poignet m'a été voilé3.
Lors de son administration, Sa puissance a tout encerclé.
C'est par l'intention et non pas par l'intention visée, que mon acte leur a été voilé4.
Noyez-vous dans la mer de l'union absolue, vous verrez alors son union.
Les voiles vous seront levés et auront disparu jusqu'à ce que vous voyiez le noir blanc avec
précision.
Fin des vers. Quant au texte de l'explication donnée par le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, il
est comme suite : écoute bien ce que je vais te dire et retiens bien ce que tu vas entendre de moi,
concernant ces vers, que je t'ai ordonnés d'apprendre dans ton rêve. Écris leur signification authentique
et confie-la au Tijani. Dis-lui la porte de ces vers est la plus sublime des portes.
Dis-lui : cette porte n'est franchie que par les gens qui sont dignes de l'attestation avec maîtrise de
l'unicité d'Allah, du dépouillement pour Allah, de l'endurance, de la loyauté, de la dévotion, de la
certitude, de la préservation du secret, et de la purification. Il s'agit des gens dignes de la manifestation
et qui héritent ma station.
Dis à Ahmed Tijani : la signification de ces vers est la porte qui donne à la connaissance (à la gnose).
Dis-lui : chaque porte comporte deux portes ; une ouverte et une fermée. Dis-lui, pour accéder à ces
deux portes il y a deux voies. Chaque voie mène à sa porte. Celui qui emprunte la voie qui donne à la
porte ouverte, arrive, rentre et se manifeste. "Arriver" signifie que ses œuvres parviennent à son
seigneur sans obstacle qui peut les empêcher d'arriver. Si les obstacles sont repoussés, les voiles seront
levés et les œuvres peuvent entrer. Une fois que les œuvres franchissent la porte, les anges descendent
pour exprimer leur affection envers celui qui a accompli ces œuvres. La vie des œuvres est donc
synonyme au repoussement de tout obstacle.
Ensuite, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit à l'écrivain : marque des points * (:.) Dis lui :
concernant "La rentrée" : si l'esprit t'empêche de t'intéresser à tes propres intérêts, tu rentreras alors
par la porte de la connaissance parfaite. La porte de la connaissance parfaite est la manifestation des
noms et des attributs.
Dis-lui que mon signe pour toi, ici, est la constatation de toutes les sciences exotériques et
ésotériques. C'est aussi la constatation de tous les attributs dont émanent ces sciences susmentionnées.
Une fois que cette signification arrive, elle rentrera par la porte de la manifestation de l'Entité. Son voile
lui sera levé et le Vrai descendra dans le Vrai. Celui qui est digne de cette manifestation, tous les êtres
existants seront voilés par rapport à lui, et il sera voilé par rapport à eux.
Dis-lui : la constatation du Vrai est un anéantissement. Lors de la manifestation, il ne peut parler que
par le Vrai. Regarde donc comment elle est large cette porte ! Puis le prophète, prière et salut d'Allah
sur lui, a dit à l'écrivain, satisfaction d'Allah sur lui: Écris le premier vers :
C'est parla gloire et la louange que Son Entité se manifeste.
À cause de l'intention, l'interdiction incombe à moi seul, j’atteste.
Puis le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit à l'écrivain : dis lui, ici le dépouillement du culte
se divise en quatre parties, tout comme la Kaaba qui a une forme carrée, et comme la terre avec ses

1 -Ici le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, parle du sujet de l'association d'intérêts à Allah. L'intention du serviteur doit
être pure pour Allah et non pas pour quelque chose en dehors de lui seul. Tout acte réalisé dans une intention et dans un
objectif autre qu’Allah est banni.
2 -Si les actes sont corrects visant Allah (le Vrai) uniquement, et vers le Vrai, vous allez voir la vérité du Vrai
3 -Si le motif de l'acte n'est pas le Vrai, gloire à lui, cet acte disparaît et le croyant s'arrête dans sa voie vers Allah
4 - Ici, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, parle de certaines créatures chargées de l'acheminement des actes réalisés
par les êtres humains ou par les djinns. Si l'acte en question est pur pour Allah, alors cet acte ne sera pas voilé et ces
créatures vont le voir pour pouvoir l'acheminer après. Sinon il sera voilé et perdu et retournera contre celui qui l'a réalisé.

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quatre coins, comme les livres saints qui sont au nombre de quatre, et comme les doctrines
authentiques qui sont au nombre de quatre.
Puis le prophète lui a dit, prière et salut d'Allah sur lui : marque des points (:.) Dis lui : il y a un culte
correct et un culte interdit1, un culte droit et un culte déformé2, un culte global3 et un culte médian4, un
culte parfait5 et un culte connecté6.
Le premier culte ici est le dépouillement et la consécration complète à Allah par les bonnes oeuvres
parfaites et par le dévouement complet. Cette consécration n'est pas intentionnelle. Son objectif à
travers cette consécration est de glorifier Allah, le vénérer, célébrer sa solennité et son caractère sacré,
et le louer pour l'état dans lequel il se trouve, sans viser aucun objectif à travers cette adoration et sans
rien voir au cours d'elle.
Ses oeuvres montent ainsi vers Allah, le Très-Haut et rentrent par la porte ouverte. Elles vont
fonctionner et réaliser leurs missions autour de ce qu'on a mentionné auparavant. Rien ne l'arrête sauf
la manifestation par le verset coranique : «Et ceux qui croient et pratiquent les bonnes œuvres, ceux-là
sont les gens du Paradis où ils demeureront éternellement» (Sourate Al Bakarah, la vache, verset 82).
Les gens dignes des bonnes œuvres sont ceux qui n'ont visé lors de leurs actes ni intérêt ni bénéfice. Ils
ne demandent lors de leur culte que l'aide et le parfait salut dans l'au-delà.
Dis-lui : parmi les meilleures invocations, si quelqu’un d'entre vous veut invoquer Allah, la demande
du pardon et du salut. Si son objectif à travers son dépouillement et sa consécration à Allah est d'arriver
à une station donnée ou d'atteindre une science ou un secret, ses actes monteront jusqu'à ce qu'ils
parviennent à la porte fermée. Puis ils assiéront en attendant son ouverture.
Ils espéreront que celui qui les a accomplis reprenne connaissance et dise : mon adoration est pour
Allah ; je ne demande rien en contrepartie. S'il a cette inspiration et s'il a pu dire ceci, ses actes
retournent et se dirigent vers la porte ouverte. Mais s'il ne dit pas cela, ses actes deviendront
interrompus, comme du vent dans l'air. Ils s'emporteront par le vent jusqu'à ce qu'ils se stabilisent et
s'immobilisent définitivement, c'est-à-dire ils retourneront contre lui, voués à une perte évidente. Voilà
la signification du vers. Puis le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit à l'écrivain : écris le second
vers :
C'est par le vrai du vrai, par le vrai, que tu vois sa vérité,
et c'est par le vrai, et non pas par le vrai, que mon poignet m'a été voilé.
Dis lui : dans ce vers, j'ai fait signe à celui qui est digne du dépouillement, c'est-à-dire à l'homme
parfait qui craint scrupuleusement Dieu, et qui soutient le savoir par l'oeuvre, parce que c'est la force
qui soutient le faible. Cet homme, s'il se dépouille et va vers Allah par l'action et par le savoir, car
l'action et le savoir sont vrais, et s’il n'est pas en dehors de la loi religieuse tout en suivant le prophète,
prière et salut d'Allah sur lui, dans tout ce qu'il ordonne, parce qu'il est, prière et salut d'Allah sur lui, le
vrai, puisqu’Allah l'a choisi pour lui comme un bien-aimé, et loué. Il l'a envoyé à sa communauté comme
annonciateur et avertisseur, et il a fait descendre sur lui les versets coraniques évidents ; qui sont le vrai
; et c'est ce qu'a dit Allah, le Très-Haut : «Et Nous ne t'avons envoyé qu'en miséricorde pour l'univers»
(Sourate les prophètes, Al Anbya, verset 107).

1 - Le culte interdit est le culte qui a pris une mauvaise voie. Il n’a pas été accompli pour Allah. Parmi les exemples de ce culte,
on trouve des invocations ou des litanies accomplies dans le but de faire du mal à autrui.
2 -Le culte droit est celui qui monte à Allah sans qu’il soit rejeté. Le culte déformé est celui qui est rejeté.
3 - L’exemple du culte global est celui du pôle, car quand il se prosterne devant Allah, il se prosterne en représentant tout
l’univers. C’est lui le calife et le successeur d’Allah sur son univers.
4 - La notion du culte médian est une notion très large qui regroupe le culte des prophètes, des messagers, des anges, etc. La
constatation du pôle est différente de celle des véridiques et des abdales, par exemple. Cette différence est très importante.
Et ainsi de suite entre les différents grades spirituels.
5 -Le culte parfait n’émane que des gens dignes de stations élevées.
6 -Le culte connecté est celui qui a été accompli en respectant parfaitement toutes les conditions. Il s'est alors connecté à son
seigneur.

-423-
Si l'être humain se dépouille en cet état, il deviendra le successeur (khalifa) du prophète, prière et
salut d'Allah sur lui, dans l'héritage de la manifestation de l'Entité. Si toutes les vérités se regroupent
devant l'Entité, elles ne pourront être que du vrai.
Concernant le vers : "Et c'est par le Vrai, et non pas par le vrai..". Dis lui que sa signification est la
suivante: si l'être humain se consacre complètement à Allah par le savoir et par l'action, qui sont vrais,
et s'il vise comme objectif à travers son adoration une station qui lui permettra d'arriver, ou un intérêt
particulier, toutes les vérités lui seront alors voilées. C'est le cas du soleil, lorsqu'il se lève haut dans le
ciel, toutes les grandes planètes ainsi que l'obscurité qui l'a devancé deviennent cachées. Les prophètes
qui ont devancé le prophète (Sidna Mohamed), prière et salut d’Allah sur lui, leurs lois religieuses
étaient bien visibles, et leurs lumières étaient bien apparentes comme des planètes. Mais une fois
qu’Allah a envoyé son noble signe, c'est-à-dire le prophète Sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur
lui, sa lumière s'est bien propagée comme le soleil dans son ciel, cachant tous les autres prophètes
qu'on a symbolisés par les planètes.
Cet homme qui a accompli ces actes ressemble à celui qui secoue le feu sans qu'il s'allume ; sa
luminosité apparaît de loin, puis s'éteint entre ses mains, sans qu'il puisse en tirer profit. C'est le cas de
l'éclair qui brille entre les mains de l'être humain ; on le voit, mais personne ne peut l'atteindre, sauf le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, qui est monté dessus lors de son voyage nocturne. La nuit de ce
voyage nocturne, il était avec ses bien-aimés, puis il a voyagé sans qu'ils puissent le voir. La signification
de tout ce qui est évoqué ici est mentionnée dans le Saint coran.
Ensuite, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a demandé à l'écrivain d'écrire le troisième vers :
Lors de son administration, Sa puissance a tout encerclé.
C'est par l'intention et non pas par l'intention visée, que mon acte leur a été voilé.
Dis-lui : la signification de ce vers est «Ha, Mim. Ain, Sin, Qaf». Lorsqu'Allah a tout administré et
organisé avant l'existence du monde, celui-ci a été cerné par Sa puissance (Qodra) ; c’est un secret de la
lettre "Qaf" (c'est, ta première lettre de Qodra : puissance en arabe). À partir de cette lettre "Qaf, le
destin des esprits et des âmes a été tracé, ainsi que celui de tous les êtres existants destinés à exister
dans le monde. Le «Ha» a un secret, c'est la sagesse 1 qui a encerclé tous les êtres existants
programmés, comme les mouvements et les repos. Le «Mim» contient un secret qui a encerclé tout ce
qui a été caché2 dans le monde; il s'agit de ce qui a été programmé comme lumières des yeux, plantes,
vie et mort.
Le secret du "Sin" est conservé, quant à lui, au sein de Son prophète Mohamed, prière et salut
d'Allah sur lui, il a cerné tous les prophètes. Tout l'univers a été créé à partir de sa lumière.
"C'est par l'intention et non pas par l'intention, que mon acte leur a été voilé". Pour les gens dignes
de cette science, ces lettres sont en effet deux mots issus du Saint coran3. Ces lettres constituent le
secret du secret qui s'est établi sur tous les secrets. Seuls certains saints connaissent cette signification.
Son secret est voilé et est caché. Ensuite, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui a dit à l'écrivain :
Écris le quatrième vers4 :
Noyez-vous dans la mer de l'union absolue, vous verrez alors son union.
Les voiles vous seront levés et auront disparu jusqu'à ce que vous voyiez le noir blanc avec
précision.
Dis-lui cette signification : il s'agit des hommes qui souhaitent détenir la connaissance et arriver à la
manifestation de l'Entité. Lorsque le serviteur s'arrête entre les mains d'Allah, en n'attendant que Lui. Il
ne laisse rien dans son cœur qui peut présenter un obstacle entre lui et Allah. Au contraire, il a pour
objectif d'arriver à Allah par tout ce qui existe dans son cœur. Il lui demande la protection et l'assistance

1 -La sagesse en arabe est "hikma". C'est un mot qui commence par la lettre "ha".
2 -Ce qui est caché, en arabe, est "maknoune". C'est un mot qui commence par la lettre "mim".
3 -En effet : les lettres "Ha Mim. Ayn Sin Qaf forment les deux premiers versets de la sourate 42 Achoura (la consultation).
4 -Il est à noter que dans le texte d’origine traduit, il ne s’agissait que d’un seul vers que nous avons traduit en plusieurs vers
pour l’accommoder à la langue française.

-424-
dans son amour, il lui demande le pardon et le salut dans son sommeil et son éveil, dans sa nourriture et
sa boisson.
Il adore Allah avec dévouement et il attend Ses verdicts qui se déroulent sur lui. Il lui demande le
salut dans les significations des mots qu’il prononce pour glorifier son seigneur. Il ne vise au moment de
son adoration que la glorification de la face Majestueuse d'Allah. Il persévère dans cette voie jusqu'à ce
qu'il voie des lumières qui se répandent sur lui, à partir de son cœur. Il ne voit rien d'autre,
catégoriquement. S'il médite dans les affaires de la loi religieuse exotérique, qu'il constatait avant
l'afflux de ces lumières, il s'apercevra qu'elles sont par rapport à ces lumières comparables à la nuit par
rapport au jour.
Dis à mon bien-aimé Tijani que toutes ces significations se trouvent dans le Saint Coran. Dis-lui : ce
livre te guidera vers ce que je t'ai ordonné de faire. Je t'ai demandé de ne rien viser et de ne fournir
aucun effort en vue de solliciter quelque chose. Sois plutôt laborieux dans le culte et dans l'insoumission
à l'âme. L’avidité et l'effort ne doivent concerner que l'adoration d'Allah pour Allah et l'insoumission à
l'âme.
L'avidité concerne ce que visent les hommes à travers l'adoration et l'insoumission à l'âme. L'avidité
et l'effort ne doivent concerner que l'adoration et l'insoumission à l'âme. Être avide de ce que l'homme
cherche à travers l'adoration est le retard de l’ouverture spirituelle. Dis-lui : c'est le retard de l'ouverture
spirituelle. Dis-lui : c'est le retard de l'ouverture spirituelle. Dis-lui : c'est ce qui entrave l'ouverture
spirituelle, trois fois. Dis-lui : arrête-toi.
Et occupe-toi par l'adoration de ton seigneur comme je t'ai ordonné de faire, tout en étant dépouillé
de tout objectif, en glorifiant Allah, en le vénérant, en le louant, et en le sanctifiant jusqu'à ce que tu
atteignes ce qui t'a été destiné, et que tu arrives à ton but et à tous tes objectifs.
Dis-lui trois fois : tu es enregistré parmi les Saints. Tu es enregistré parmi les Saints. Tu es enregistré
parmi les Saints. Dis-lui : si tu construis la maison, réserve une chambre et appelle-la "la chambre du
secret". Fais tes litanies, tes invocations et tout ce que je t'ai ordonné de faire dans cette chambre. Que
personne n'y rentre à part toi. Les biens et les bénédictions te seront exposés.
Tu obtiendras tous tes souhaits. Fin de la dictée du maître de l'univers et du repère du monde, prière
et salut d'Allah sur lui, à celui qu'on a mentionné au début, au commencement du poème. Prière et
salut d'Allah sur Sidna Mohamed, sa famille et ses compagnons.
Je l'ai interrogé, satisfaction d'Allah sur lui, sur les compagnons du prophète, prière et salut d'Allah
sur lui, qui étaient voilés, sont-ils préférés au pôle qui ne fait pas partie des compagnons du prophète,
prière et salut d'Allah sur lui. Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui : les gens se sont opposés au sujet
de la préférence du compagnon voilé ou du pôle qui ne fait pas partie des compagnons du prophète,
prière et salut d'Allah sur lui. Il y a un groupe qui préfère le compagnon. Un autre groupe préfère le
pôle.
Cependant, la réponse la plus valable est la préférence du compagnon au pôle. Le hadith suivant, du
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, en témoigne : «Allah a élu mes compagnons sur tout le monde,
sauf sur les prophètes et les messagers». Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit également :
Si l'un de vous dépense l'équivalent du mont "Ohoud" en or, il n'arrivera pas à atteindre la
récompense accordée à l'un de mes compagnons qui n'a dépensé qu'un «Mudd»1 ou même sa moitié.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit également : "Vos meilleurs sont les gens de mon
siècle, puis le siècle suivant, puis le siècle suivant".
Dans ce sens, Allah, le glorieux, le Très-Flaut, a dit : «Vous êtes la meilleure communauté qu'on ait
fait surgir pour les hommes» (Sourate Al Imran, la famille Imran, verset 110). Cela est dû à la spécificité
du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, et à l'immense diligence qu'Allah lui a accordée. Qu'Allah
nous accorde succès. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.

1 - Mudd : unité de capacité = 0,687 litres.

-425-
Mentionnons ici un poème de notre maître, satisfaction d'Allah sur lui. Il l'a composé à ses débuts
afin d'invoquer Allah, le Très-Haut, pour qu'il lui accorde ce qu'il souhaite. Allah a exaucé en effet ses
souhaits. Le poème est le suivant :
Ah, si je savais ! Vais-je réussir à acquérir une ivresse relevant de l’amour ?
Une ivresse qui va rendre chez moi la vie à tout ce qui est réduit en poudre pour toujours ?
Mes univers, peuvent-ils progresser vers les Monts de la bienfaisance ?
L’Entité, se manifestera-t-elle en mes univers, selon ma croyance !?
Pourrais-je, par Allah, avoir un anéantissement dans le mystère de l'inconnaissable ?
Un anéantissement qui va me rendre complètement absent vis-à-vis des créatures définissables et
indéfinissables. Serais-je couvert - par largesse - par les inspirations du rapprochement,
lorsque les traces de la nature auraient été détruites en moi présentement?
Serais-je guidé par les attractions de la manifestation, qui vont me ravir de mon ensemble et de
ma totalité ?
Est-ce que - par largesse- se dirigeront vers moi, les cordons de liaison,
me permettant ainsi de grimper les échelons supérieurs, en tout degré ?
Boirais-je de la mer de la constatation qui guérira ma curiosité,
en y plongeant continuellement et à chaque clin d’œil ?
Le soleil des connaissances, se lèvera-t-il en haussant le ton dans l’intérieur de mon cœur, alors
que l’art de guider m’a été fait en don ?
Progresserais-je au trône des vérités, tout en arrivant au seuil qui mène à Allah, couvert de tout
attribut louable ? M’habillerais-je du costume de l’attestation de l’unicité, lorsque Mon secret
serait arrivé à la plateforme de la vérité ?
Pourrais-je avoir une connexion par Allah au groupement du groupement
alors que le soleil de l’arrivée aurait été déjà levé dans la direction de ma «qibla» (direction de la
prière) ?
La science infuse pleuvra-t-elle sur moi abondamment ?
Et persistera-t-elle à tout moment ?
Mon espoir, en tout ceci, est-ce qu'il aboutira?
Ce sera alors sublime ! Ou bien mon souhait n'aura-t-il pas d’aboutissement ?
Les jours, me réuniront ils à ma volonté ?
Et à mon souhait, ou bien mourrais-je affligé ?
Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui. Il a composé également des vers appelant au
travail, au sérieux et à la fermeté. Pour ce faire, il a utilisé, satisfaction d'Allah sur lui, les deux vers
suivants composés par un certain poète vertueux :
Tu cherches la gloire alors que tu dors la nuit.
Tu te fais sans doute des chimères.
Celui qui cherche les diamants plonge dans la mer.
Celui qui cherche l’excellence veille les nuits.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit :
Tu cherches la gloire alors que tu dors dans l'obscurité.
Tu te fais sans doute des chimères.
Tu as souhaité moissonner alors que tu n’as même pas semé. Celui qui cherche les diamants
plonge dans la mer. Abandonne tes justifications basées sur tes velléités.
Sois laborieux, tu atteindras les rangs des sommités.
Ces rangs ne peuvent pas être obtenus par l'indolence. L’indolence ne te permet pas de grimper les
éminences ! Laisse-la laisser aller et tomber la paresse.
Entraîne-toi en buvant le supplice amer.

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Retrousse tes manches et Sois sérieux, ferme dans la promesse.
Le prix du diamant est cher.
Celui dont la nature a préféré être démunie fainéante et qui n’essaie pas de gagner la suprématie,
s’il souhaite atteindre les fiertés, il ne récoltera que vacuité. Celui qui cherche l’excellence veille à
la nuit tombée.
Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui. Un certain vertueux a dit :
Celui qui a moins de nouveau-nés, aura plus de chances de ne pas trébucher,
Celui qui parle peu, il est consenti
qu'il aura plus de chances d’être fort soumis.
Celui qui néglige ses responsabilités, risque de les voir transformées en guivre.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, lui a répondu, en disant :
Celui qui contrôle totalement ses états,
aura plus de mérite et de biens et même au-delà.
Celui qui ne prend pas soin de ses actions, sera aveugle et ne verra pas de signalisation.
Celui qui s’éloigne de ses imperfections, s’éloignera de la déperdition.
Celui qui s’éloigne de ses incommodités, hissera sa valeur et aura plus de portée.
Celui qui se sépare de ses défectuosités,
qu’il sache que c’est un bien que l’émissaire lui a révélé.
Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui. Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, nous a
dicté également ce qui suit :
Je vois que tu me vois, alors que tu ne me vois pas.
Quel mystère tu me vois alors que tu ne me vois pas !
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : ces vers signifient que l'univers, en totalité, est une
existence. Sa réalité est l'existence du Vrai, des points de vue de l’attribut et du nom, mais non pas de
point de vue de l’Entité. Tout l'univers est un néant, de point de vue
de l’image de l'autrui en lui. Il n'existe pas selon cet aspect. Le verset coranique suivant en témoigne :
«Et où ils comparaîtront devant Allah, l'Unique, Le Dominateur Suprême» (Sourate Ibrahim, verset 48).
L’unicité elle-même a en effet débordé en cet univers par la coercition annihilant toutes les images de
l'autrui. Allah reste alors unique, sans aucune association de l'univers à lui. Fin de la dictée du cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui.

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CHAPITRE CINQUIÈME - PARTIE IV- LES CORRESPONDANCES DU CHEIKH
- Partie IV -
Les correspondances du cheikh (Satisfaction d'Allah sur lui)
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : après la louange d'Allah, que Sa solennité soit
majestueuse, que Sa grandeur soit puissante, que Sa puissance soit élevée, que Sa gloire et Sa
générosité soient sacrées. Le présent document doit parvenir à tous les habitants de Fès et du Maroc
parmi les confrères et les disciples. Paix d'Allah sur vous, ainsi que sa clémence et sa bénédiction qui
s'accumulent sur vous le long de la pérennité du Royaume divin. Cette lettre vous parvient du serviteur
nécessiteux auprès d'Allah Ahmed Ben M'hammed Tijani.
Nous invoquons Allah, glorieuse est Sa puissance, très haute est Sa grandeur, qu'il lance son regard
sur vous tous, selon un œil d'amour, de satisfaction, de diligence, de débordement de largesse,
d'élection et de sélection. Qu'il ne laisse pas le moindre bien parmi les aubaines de la religion, dans le
monde d'ici-bas et dans l'au-delà, sans qu'il ne vous en accorde la plus grande chance et part. Qu'il ne
laisse pas le moindre mal parmi les maux de la religion, dans le monde d'ici-bas et dans l'au-delà, sans
qu'il ne vous en éloigne et vous en protège. Qu'il ne vous laisse aucun péché, aussi grand soit-il ou petit,
sans qu'il ne vous baigne dans la mer de sa rémission et de sa largesse. Qu'il ne vous laisse aucune
intention de faire des péchés, sans qu'il vous en accorde sa grâce et son pardon. Qu'il ne vous laisse
aucune invocation sans exaucement rapide, pourvu, bien entendu, qu'elle n'œuvre pas pour une
désobéissance à Allah.
Qu'il vous accorde assistance et appui dans l'exaucement de votre invocation, si elle rentre dans sa
décision antérieure. Sinon, nous invoquons Allah qu'il vous en indemnise par ce qui est de mieux et de
plus important. Qu'il ne laisse aucun mal parmi les maux qui vous parviennent par l'intermédiaire des
gens, sans qu'il le sépare de vous par des soldats de son influence et autorité, pourvu qu'il ne fasse pas
partie de votre destin. Sinon, nous invoquons Allah qu'il vous en accorde une parfaite affabilité,
assistance, facilité et simplification jusqu'à ce que ce mal se sépare de vous, alors que vous êtes en
pleine sécurité. Je vous conseille ainsi que moi-même,
la piété devant Allah le Très-Haut. Vous devez vous attendre à ce qu'il ne vous excuse pas dans vos
péchés. Chaque péché s'accompagne d'ailleurs de deux sinistres qui n'épargnent personne. On distingue
un sinistre dans le monde d'ici-bas et un autre dans l'au- delà. Ce dernier aura lieu nécessairement, sauf
si Allah, le Très-Haut, le glorieux, l'affronte par sa grâce. Le sinistre d'ici-bas affectera le pécheur, sauf s'il
est poussé par un émissaire divin pour les raisons suivantes :
• Une aumône donnée à un mendiant.
• Une visite rendue à un parent proche en lui offrant un précieux cadeau.
• Un soulagement en faveur d'un endetté en lui payant sa dette.
• Ou en effaçant sa dette si vous êtes le créancier.
Sinon, le sinistre aura nécessairement lieu. Faites donc attention pour ne pas désobéir à Allah. Si une
certaine désobéissance arrive, sachant que le serviteur n'est pas à l'abri des péchés, il faut donc se
dépêcher pour se repentir et retourner à Allah. Si ce repentir n'est pas instantané, le serviteur doit
savoir qu'il n'est pas bien vu chez le Vrai ; il est plutôt affronté au courroux d'Allah, sauf si Dieu lui
accorde sa grâce. Il doit retenir en son cœur qu'il mérite ce châtiment divin. C'est ainsi qu'il éternisera
en lui l'humilité de son cœur et la faible considération de sa propre personne, sans orgueil. Tant que le
serviteur est ainsi qualifié, il sera dans le chemin de la droiture.
Attention - qu’Allah nous sert de protecteur - Ne soyez pas comme ceux qui se sentent à l'abri de la
ruse d'Allah. Ils commettent les péchés et croient qu'ils sont à l'abri de son reproche1. Celui qui prend

1 -Le cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, a dit: tout ce que je vous ai mentionné à propos de cette voie sera concrétisé à
condition que nous soyons sauvés du stratagème de Dieu. Les messagers, malgré leur haut rang spirituel et leur
majestueuse valeur, prière et salut d'Allah sur eux, ne se sont jamais sentis à l’abri du stratagème d'Allah. Allah dit : seuls les

-428-
cette position, et persiste là-dessus entre les mains d'Allah, le Très-Haut, mourra mécréant. Qu'Allah, le
Très-Haut, nous sert de protecteur.
La particularité que vous avez entendue à propos du "Wird" (notre litanie) est réelle et aura
nécessairement lieu. Attention, n'abandonnez jamais le "Wird", même pas une seule fois dans la vie. La
principale condition du "Wird" est la préservation des prières en collectivité et les injonctions
religieuses. Ne soyez pas comme ceux qui se sentent à l'abri de la ruse d’Allah concernant les péchés.
C'est l'indicateur même de la perdition. Ne coupez pas vos relations avec les êtres créés, surtout en ce
qui concerne vos frères (dans la voie Tidjaniya).
Rendez-leur visite pour l'amour d'Allah. Développez des liens avec eux pour Allah. Donnez aux gens à
manger pour l'amour d'Allah, selon vos possibilités sans trop vous fatiguer. Apprenez à être patient et
constant en tout ce qui vous affecte comme sinistres et épreuves. D'ailleurs, le monde d'ici-bas est la
demeure des troubles. Ses épreuves se présentent comme des vagues agitées. Allah n'a fait descendre
les fils d'Adam au monde d'ici-bas que pour affronter ses troubles et ses épreuves.
Personne, parmi les fils d'Adam, ne peut faire exception à ce modèle tant qu'il est dans ce monde
d'ici-bas. L'endurance dépend de la conjoncture. Chacun supporte le mal selon son énergie et sa
capacité. Réconfortez-vous : si l'un de vous affronte une épreuve ou un malaise, il doit savoir que c'est
pour cela que le monde d'ici-bas a été créé et construit. Le fils d'Adam n'est dans ce monde que pour
cette injonction. Tous les gens avancent rapidement dans ce domaine. Vous devez savoir que vous y
êtes au même pied d’égalité.
Sachez que personne, à notre époque, ne peut être épargné des péchés qui tombent sur lui et sur les
gens comme de fortes pluies. Mais, procédez fortement à des absorbants de ces péchés, principalement
la citation de la prière "El Fatihi" qui n'en laisse aucune trace, ainsi que la prière de glorification d'Allah
"Salat Tasbih" et toute autre prière qui a la même vertu. On peut mentionner par exemple la prière
suivante, qui doit être citée trois fois par jour, d'une manière régulière : "O, Allah, ton pardon est plus
vaste que mes péchés. Ta clémence est plus importante pour moi que mon acte".
Il y a aussi la "wadzifa" du jour et de la nuit qui est : "Pas de divinité à part Allah. Allah est grand. Pas
de divinité à part Allah, seul. Pas de divinité à part Allah, et il n'a pas d'associé. Pas de divinité à part
Allah, il a le royaume et la louange. Pas de divinité à part Allah. Il n'y a de ruse ni de force que par Allah,
le Grand, le Majestueux". Il y a aussi l'invocation "Douâa Sayfi" pour celui qui peut l'apprendre. On peut
mentionner également cette demande du pardon :
O, Allah, pardonne-moi ce que je continue à commettre malgré mon repentir. Pardonne-moi ce à
quoi je n'ai pu tenir parole malgré ma promesse du fond de mon cœur. Pardonne-moi ce que j'ai dû
associer à toi, malgré la volonté de n'œuvrer que pour ta face. Pardonne-moi la mauvaise utilisation de
tes aubaines pour me fortifier à te désobéir. Allah, nulle divinité autre que Lui, le Vivant. Qui jouit de la
vie éternelle. Il n'y a pas de fin à Sa Pérennité. Le Subsistant par Soi. Il maintient Seul l'existence. Il n'est
ni distrait, ni incapable, alors que toute chose subsiste par Lui et dépend de Lui. Le Connaisseur de
l'invisible tout comme du visible. C'est Lui, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Pardonne-moi
tout péché, toute désobéissance, et toute faute que j'ai commise. Ils sont certes bien connus et bien
cernés par ta science divine.
Il y a aussi l'invocation "Ya mane Adhara Al Jamil" : Ô celui qui a montré le beau, caché le mauvais,
etc.
Puis, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a annoncé la bonne nouvelle suivante : soyez optimistes.
Celui qui nous aime et finit ses jours en nous aimant sera ressuscité parmi les assurés, quel que soit son
état, tant qu'il ne porte pas les habits de ceux qui se sentent à l'abri de la ruse divine. Il en est de même
pour celui qui s'engage dans notre voie soufie, il sera ressuscité parmi les assurés et entrera au paradis,
sans compte à rendre, ni châtiment, ainsi que ses parents, ses conjointes et sa descendance directe
(c'est-à-dire ses enfants et non pas ses petits-fils). Mais à condition pour ces derniers d'y croire, de ne

gens perdus se sentent à l'abri du stratagème d'Allah (Sourate Al Aaraf, verset 99). Voir le livre «al ifada al ahmadia» (le
bénéfice tiré de sidi Ahmed Tidjani), de sidi Tayeb soufyani (chapitre : lettre kaf)

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pas violer la dilection et de ne pas se sentir à l'abri de la ruse divine. Il bénéficiera du voisinage du
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, dans le plus haut "lllyine". Il sera parmi les assurés, depuis sa
mort jusqu'à sa rentrée au paradis. Paix sur vous, ainsi que la clémence d'Allah, le Très-Haut et ses
bénédictions. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Parmi les lettres qu'il a adressées aux disciples de Fès, qu'Allah les protège de tout incident, on cite
ce qui suit :
Au nom d'Allah, le très miséricordieux, le tout miséricordieux. Prière sur sidna Mohamed, sa famille,
ses compagnons, ainsi que son salut. Après la louange à Allah, que son éloge soit solennel. Que son
attribut et ses noms soient sacrés. Le présent écrit arrivera à tous nos bien-aimés, les disciples de Fès et
de son voisinage. Qu'Allah vous protège tous de toutes les adversités et des épreuves difficiles. Amen.
Paix sur vous, ainsi que la clémence d'Allah, le Très-Haut et ses bénédictions qui vous couvrent
vous-mêmes et vos états. Cette lettre vous parvient de celui qui vous aime, Ahmed Ben M'hammed
Tijani.
Je vous conseille ainsi que moi-même, de faire ce qu'Allah vous a recommandé et ordonné de faire :
respectez les limites de la religion et appliquez l'ordre divin selon vos efforts et vos capacités. D'ailleurs,
à notre époque, les règles de l'ordre et de la prohibition divines sont détériorées dans leur ensemble et
leur détail. Les gens oeuvrent pour leur mal ici-bas et dans l'au-delà, de telle manière qu'il n'y a ni retour
à Allah, ni vigilance vis-à-vis de ce qui ramène les cœurs à Lui. Ils ne respectent pas les limites tracées
par Allah, qu'elles soient sous forme d'ordre ou de prohibition.
Personne n'est capable d'appliquer fidèlement l'ordre divin dans tous ses aspects, à cette époque,
sauf celui qui porte la connaissance d'Allah, le Très-Haut, ou se rapproche de la gnose. Mais, puisque les
choses sont comme cela, et le serviteur d'Allah ne peut pas modifier la volonté divine, alors le "tacheté"
(qui présente quelques taches d’impureté) est mieux que le "complètement noir" (d’impureté).
Abandonnez donc toute désobéissance de l'ordre divin tant que vous pouvez. Accomplissez les
recommandations d'Allah selon votre capacité. Approvisionnez-vous d'absorbants de péchés chaque
jour et chaque nuit. Il s'agit de plusieurs choses dont je vous ai présenté l'essentiel dans une précédente
recommandation. On en cite également le "Hizbe Sayfi" pour celui qui l'a pris comme litanie, chaque
matin et chaque soir. Le minimum une fois le matin et une fois le soir ; le maximum est sans limites.
On cite aussi les "dix hepta-invocations" pour celui qui les a pris comme litanie, chaque matin et
chaque soir. Il y a aussi "Salat El Fatihi", à citer, au minimum cent fois le matin et cent fois le soir.
Aucune autre oeuvre ne lui est équivalente dans ce domaine, et aucun espoir ne peut arriver à sa limite
de grandeur.
Continuez à préserver et à accomplir vos prières obligatoires en collectivité. Ces prières sont
chargées de votre protection de tout péril, sauf de certains actes qui nécessitent la punition. Allah, le
glorieux, le Très-Haut, réserve une grande diligence à celui qui est assidu dans la prière en collectivité.
Combien il rétablit ses fractures; combien il cache ses nudités, combien il lui pardonne d'erreurs et
combien il l'assiste dans toute difficulté.
Vous devez être persévérants dans l'invocation d'Allah et dans la prière sur son prophète, prière et
salut d'Allah sur lui, de jour comme de nuit, selon votre capacité, votre temps et votre énergie, sans
excès ni défaut. Ayez comme intention, lors de ces citations, la glorification et la vénération d'Allah, le
Majestueux, le Très-Haut, ainsi que de son messager, prière et salut d'Allah sur lui.
Plantez-vous devant la porte de votre seigneur, tout en demandant sa satisfaction, et non pas pour
bénéficier d'une quelconque fortune. Celui qui oeuvre de cette manière disposera d'une grande
diligence d'Allah. Il trouvera sa bénédiction, immédiatement ou ultérieurement. Il trouvera aussi la
suavité de son goût dans ce qu'il espère. Cette manière s'inscrit au même titre d'importance dans le
domaine des spécificités et des secrets, que l'assiduité dans les prières en collectivité.
Je vous conseille également de persévérer dans la charité chaque jour et chaque nuit si vous pouvez,
au moins un sou en cuivre ou une seule bouchée, tout en préservant l'exécution des devoirs financiers.
La diligence d'Allah, le Très-Haut, envers celui qui s'applique à le faire, est proche de celle réservée à
celui qui est assidu dans les prières en collectivité.

-430-
Parmi les litanies que je vous conseille de citer constamment, après le "Wird" qui est obligatoire dans
la voie Tijanie, il y a le "Hizbe Es Sayfi" et la "Salat Fatihi". Ces deux litanies vous sont suffisantes et vous
amèneront, de par la largesse divine, à votre objectif. Aucun autre acte ne peut atteindre leur valeur.
Vous devez aussi préserver vos relations familiales, en visitant vos proches de sang, et en leur apportant
tout ce qui peut rendre leurs coeurs tendres et mener à la dilection. Demandez, au moins est-ce qu'ils
vont bien ! Et saluez-les.
Évitez l'animosité des proches de sang et la désobéissance des parents, ainsi que tout ce qui peut
provoquer la rancune chez les confrères. Évitez d'espionner les musulmans. Celui qui suit leurs failles,
Allah dénoncera ses défaillances ainsi que celles de ses enfants, après lui. Faites beaucoup de rémission
et de pardon à l'égard des péchés de chaque croyant, surtout envers vos confrères de la voie Tidjaniya.
Celui qui pardonne un faux pas, Allah lui pardonnera beaucoup plus. Celui parmi vous qui commet
une erreur, mais revient vers vous en demandant des excuses, acceptez-les et pardonnez-le afin
qu'Allah accepte vos excuses et pardonne vos erreurs. Le mauvais des confrères est, pour Allah, celui qui
n'accepte aucune excuse et ne pardonne aucun faux pas.
Réfléchissez sur le verset coranique suivant : «Et concourez au pardon de votre Seigneur, et à un
Jardin (paradis) large comme les cieux et la terre, préparé pour les pieux qui dépensent dans l'aisance
et dans l'adversité, qui dominent leur rage et pardonnent à autrui, car Allah aime les bienfaisants»
(Sourate Al Imran, la famille Imran, verset 133). Vous devez aussi fermer les yeux sur le mal que font les
gens. Il faut éviter de se rendre compte des maux qu'ils commettent. Vous devez leur accorder votre
pardon et les excuser. Pour Allah, leur controverse, la discussion de ce qu'ils font de mal et leur
intolérance mènent le serviteur à la perdition ici-bas et dans l'au-delà.
Tant que vous vous rapprochiez de l'affrontement de chaque mal par un autre mal, alors les maux
augmenteront et les supports du serviteur se briseront dans tout domaine. Il ne faut affronter le mal
que par l'inattention, la rémission et le pardon. Vous ne devez pas vous opposer aux gens, ni à leurs
attitudes. C'est Allah qui les a placés dans une position qui n'est pas louable des points de vue de la loi
religieuse et du tempérament.
Leurs affaires se déroulent selon la volonté divine. Ils sont dans la poignée d'Allah. Ils ne peuvent pas
s'échapper de sa sentence. Toutes leurs affaires sont issues du jugement et du destin d'Allah, sauf ce
que la loi islamique recommande à leur égard, comme ordres et prohibitions, selon les circonstances et
les éventualités, en certaines époques, et non pas en toute époque.
Arrêtez-vous au hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui : "Recommandez le bienfait et
prohibez le désavouable. Mais si vous rencontrez une avarice obéie, une passion suivie et une
admiration de sa propre pensée et de sa propre opinion, alors occupez-vous de votre personne". Dans
un autre hadith, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : "Comme signe de bonne appartenance
de quelqu'un à l'Islam c'est son abstention de tout ce qui ne le regarde pas".
Vous devez fournir des conseils à vos confrères tijanis avec douceur, souplesse et diplomatie, sans
haine ni rancune. Chacun de vous doit réserver un moment pour le rappel d'Allah, le Très-Haut et pour
son adoration dans un endroit isolé. Le moins qu'il puisse réserver à cette retraite spirituelle, c'est le
moment de la citation du "Wird" qui est obligatoire dans la voie Tidjaniya. Celui qui oeuvre ainsi
trouvera la bénédiction du "Wird" dans toutes ses affaires et ses comportements.
Vous devez obéir au "Moqaddem" qui vous autorise à prendre le "Wird"1. Obéissez-lui chaque fois
qu'il vous demande de réaliser un bienfait ou qu'il vous prohibe un désavouable ou lorsqu’il oeuvre pour
une conciliation entre vous. Vous devez respecter votre engagement concernant la "Wadzifa" connue,
chaque matin et chaque soir pour celui qui peut la faire, sinon, une seule fois par jour suffit, ou bien le

1 - L’obéissance du Moqadem est une obéissance du cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, car il le représente. S’opposer au
Moqadem est une objection au cheikh lui-même. Il faut, par conséquent, le respecter et obéir à son ordre, à ses conseils et à
ses recommandations, tant qu'ils sont sur le bon chemin et conformes au livre saint et à la conduite prophétique. Sinon,
l'obéissance à un être créé n'est pas due si elle implique une désobéissance au créateur. Il faut donc donner de la valeur au
Moqadem et le respecter, car c’est un intermédiaire de bien, et le remerciement des intermédiaires est obligatoire. Dans le
hadith, le prophète, prière et salut d’Allah sur lui, a dit : celui qui n’a pas remercié les gens n’a pas remercié Dieu.

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matin ou bien le soir. Allégez la "Wadzifa" si vous sentez une certaine lourdeur. Citez alors cinquante
fois la "Salat Fatihi". Pour l'invocation du pardon, si vous voulez, dites trente fois ce qui suit : "Je
demande pardon à Allah, le sublime ; nulle divinité à part lui, le Vivant, le Subsistant par Soi". Cette
demande de pardon suffit dans la "Wadzifa" trente fois au lieu de cent fois dans le "Wird".
Je conseille au "Moqaddem" qui autorise les disciples dans le "Wird" Tijani, de pardonner les fautes
de ses confrères et d'étaler sa tolérance sur toute lacune. Il doit éviter tout ce qui peut provoquer
l'animosité ou la rancoeur ou la haine dans leurs cœurs. Il doit œuvrer pour la conciliation entre eux, et
pour la rectification de tout ce qui peut provoquer en eux la haine, les uns pour les autres.
Si un feu se déclenche entre eux, il doit se dépêcher pour l'éteindre. Il doit œuvrer ainsi pour la
satisfaction d'Allah, le Très- Haut, et non pas pour une certaine raison supplémentaire. Il doit mettre en
garde les colporteurs de médisance. Il doit les réprimander, mais avec douceur et en utilisant un langage
souple. Il doit se comporter avec eux avec flexibilité et facilité, tout en s'éloignant de la démoralisation
et de la difficulté, dans tout ce qu'il leur ordonne de faire ou dans tout ce qu'il leur interdit. C'est-à-dire
dans les droits d'Allah et dans ceux de ses confrères. En tout ceci, il doit prendre en considération le
hadith suivant du prophète, prière et salut d'Allah sur lui :
"Rendez les choses faciles et ne les rendez pas difficiles. Annoncez la bonne nouvelle et ne rebutez
point les gens". Il doit s'éloigner de leurs intérêts matériels et ne doit pas s'intéresser à ce qu'ils ont
entre les mains. Il doit croire que c'est Allah, le Très-Haut, qui est le donneur et le rétenteur, celui qui
abaisse et qui élève et honore. Il doit être déterminé à sauver leurs biens matériels de la dispersion et
du gaspillage.
Il ne doit rien leur demander, et ce dans tous les cas, qu'ils soient aisés ou pas. Mais s'ils veulent
offrir quelque chose de leur plein gré, sans demande de sa part, il pourra accepter. La pensée des gens
tourne en effet autour de ça, et selon cette mesure toutes leurs affaires se déroulent.
Pliez-vous en complète soumission à Allah qui a placé les gens du commun et les dirigeants dans
leurs positions actuelles. Il faut éviter d'attiser le sentiment de la haine, de l'éloignement ou de
l'opposition contre eux. C'est Allah qui a placé sa créature là où il a voulu. Personne n'a le droit de les
chasser de leur responsabilité. Ne vous intéressez pas à l'occupation de tout poste de pouvoir ni à ce qui
y conduit ; c'est un centre autour duquel tournent tous les maux.
Le pouvoir est le lieu de la perdition ici-bas et dans l'au-delà. Celui qui parmi vous est éprouvé par un
sinistre ou touché par une catastrophe, n'a qu'à endurer tout en attendant une délivrance divine. Tout
resserrement a obligatoirement une fin. Tout chagrin a nécessairement une délivrance. S'il sent un
stress, il n'a qu'à invoquer Allah et le supplier jusqu'à ce qu'il atteigne son objectif et jusqu'à ce qu'il soit
délivré de sa souffrance.
Ne vous inquiétez pas à cause des peines et des épreuves. D'ailleurs Allah, le glorieux, le Très-Haut
n'a fait descendre ses serviteurs à la demeure d'ici-bas que pour les vicissitudes des décisions divines et
des destins seigneuriaux. Les âmes se sentent stressées à cause de ces épreuves et de ces misères. Mais
les serviteurs n'ont aucune issue à cela. Ils ne peuvent pas bénéficier continuellement de la paix par
rapport à tout problème ici-bas.
Au contraire, un homme sensé doit savoir que les conditions de la vie sont une succession de
moments de contraction et de moments de détente, de biens et de maux, de joie et de chagrin.
Personne de ce monde d'ici-bas n'en fait exception. S'il lui arrive de rencontrer un sinistre ou d'être
stressé par un problème, il doit savoir qu'il y a un moment à cela, mais le moment qui suivra sera
meilleur, comblé de joie et de plaisir.
Celui qui comprend cette loi divine qui régit les péripéties de la vie aura la particularité d'endurer les
sinistres tout en étant satisfait du jugement d'Allah, et tout en remerciant Dieu pleinement pour ses
bienfaits. Paix d'Allah sur vous ainsi que sa clémence. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur
lui.
Parmi les lettres du cheikh, adressées aux disciples en général, on cite le texte suivant : le cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui, a dit :

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Au nom d'Allah, le très miséricordieux, le tout miséricordieux. Prière et salut d'Allah sur son
prophète, sidna Mohamed, sa famille et ses compagnons. Louange à Dieu, que son éloge soit solennel.
Le présent écrit doit parvenir à tous nos bien-aimés les disciples, à chacun d'eux, nominativement et
individuellement, publiquement, sans spécification. Paix sur vous et clémence d'Allah, le Majestueux,
ainsi que ses bénédictions. Cette lettre vous parvient d'Ahmed Ben M'hammed Tijani.
Nous invoquons Allah, le Très-Haut, pour vous tous, en général, et pour vos élus, spécifiquement,
qu'il fasse déborder sur vous les mers de sa diligence, de sa dilection et de sa satisfaction. Qu'il vous
accorde cela d'une manière analogue à celle accordée aux grands gnostiques de ses serviteurs et aux
gens dignes de la spécificité au point que tous vos péchés soient effacés et ne comptent plus.
Que tous vos péchés et les traces de vos oublis soient confrontés à la rémission et au pardon d'Allah,
et ne vous affrontent pas. Nous invoquons Allah, le glorieux, le Très-Haut, qu'il vous inscrive, tous, dans
le registre des gens dignes du bonheur. Un tel registre ne comporte que les noms des grands élus et des
gens de spécificité. Il n'offre aucune possibilité d'effacement ni de modification. Qu'il ornemente vos
yeux par sa lumière qu'il a pulvérisée sur les esprits dans l'éternité. Qu'il vous reçoive par sa largesse
dans le monde d'ici-bas et dans l'au-delà. Qu'il vous regarde par l'œil de sa clémence. Un tel regard est à
l'origine de la dissipation de tous les maux des deux mondes d’ici-bas et de l'au-delà.
Par ailleurs, sachez que, dans cette demeure ici-bas, tous les serviteurs d'Allah sont exposés aux
sinistres de la vie. Il s'agit ou bien d'un sinistre qui va les frapper ou d'une aubaine qu'ils vont perdre ou
d'un bien-aimé qui va mourir ou de quelque chose d'autre. Ces sinistres sont illimités dans l'ensemble et
dans les détails. S'il vous arrive un tel malheur, vous devez endurer. Patience, patience lors de
ravalement d'un tel goût amer. D'ailleurs, c'est pour cela que les serviteurs d'Allah sont descendus dans
cette demeure.
Celui, parmi vous, dont le cheval trébuche et ne peut plus supporter la charge de ces malheurs et ne
résiste guère à leurs fardeaux, n'a qu'à s'engager dans l'une des deux voies suivantes ou dans les deux
ensembles, c'est ce qui sera plus complet :
• Citation du nom divin "Ya LAtif" (O le Doux) mille fois après chaque prière si c'est possible,
sinon mille fois le matin et mille fois le soir, et ce, d'une manière continue et régulière. C'est
la procédure qui accélère la délivrance de toute catastrophe.
• Citation de cent fois la prière "Fatihi" sur le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, avec
l'intention de lui offrir sa rétribution comme cadeau. Si le disciple peut citer cent prières
"Fatihi" à la suite de chaque prière, ce sera le meilleur choix. Sinon, cent fois le matin et cent
fois le soir.
En faisant ces deux litanies, "Ya LAtif" et "Fatihi" (dont la récompense est présentée au prophète,
prière et salut d'Allah sur lui, en guise de cadeau), il doit avoir l'intention d'invoquer Allah afin de le
sauver de tout son embarras et d'accélérer sa délivrance de son chagrin.
Cette procédure accélère en effet son secours rapidement. Il en est de même pour celui dont
l'endettement a dépassé ses capacités de remboursement, ou pour celui dont la famille est nombreuse
et sa pauvreté s'accentue, ou pour celui dont les voies de la subsistance se ferment devant lui. Il n'a qu'à
procéder de la même manière; il verra alors la délivrance d'Allah très proche de lui. Il en est de même
pour celui qui craint un assassinat probable ou un persécuteur injuste impossible à résister. Il en est de
même pour celui qui craint son créancier, alors qu'il ne peut pas rembourser sa dette et n'a plus de
motif valable pour la retarder.
Il n'a qu'à s'engager dans la procédure mentionnée ("Ya LAtif" ou "Fatihi" ou les deux ensembles).
Son problème se dissipera alors rapidement. Il peut même accélérer davantage sa délivrance en
appuyant ses citations par une aumône, qu'elle soit petite ou grande, avec l'intention de refouler tout ce
qu'il craint ou d'accélérer la délivrance de son mal et de son chagrin.
Soyez de ceux qui se recommandent mutuellement la patience, et qui se recommandent
mutuellement la miséricorde. Gardez-vous bien de négliger les droits de vos confrères, que ce soit en
relation avec l'apport d'une dilection, avec la répulsion d'un mal ou avec l'assistance pour surmonter un

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chagrin. D'ailleurs, celui qui est éprouvé par la déperdition des droits des gens sera éprouvé par la
déperdition des droits divins.
Allah viendra en aide au serviteur tant que celui-ci aide son confrère. Préservez vos coeurs si vous
voyez quelqu'un agir dans le bon sens, mais contre votre passion, ou renverser un faux, contre votre
passion. Surtout, ne le détestez pas et ne lui faites pas de mal. De telles actions sont comptées comme
une association à Allah, le Très-Haut. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit :
"Le polythéisme au sein de ma communauté se dissimule mieux que le rampement des fourmis sur
un rocher moelleux et large. Son niveau minimal est le fait d'aimer quelqu'un pour le faux qu'il prône ou
de détester quelqu'un pour le vrai qu'il défend". L'expression du hadith risque d'être légèrement
différente, mais le sens est celui qu'on vient de mentionner. De même, préservez vos cœurs vis-à-vis de
celui qui a commis une erreur ou qui a bafoué un bien, en conformité avec votre passion. Surtout, ne
l'aimez pas et ne lui faites pas d'éloge. Cela est également compté chez Allah, le Très-Haut, comme une
association à Lui.
Le bon croyant aime le vrai et les gens dignes du vrai. Il aime ce qui est juste et que la justice soit
appliquée. Il déteste le faux et les gens dignes du faux. Il n'aime pas ce qui est injuste et n'aime pas que
l'injustice soit mise en œuvre. Paix sur vous.
Rattrapage de ce qu'on vient de mentionner à propos du respect des droits des confrères: ce
respect doit être mis en œuvre sans gêne, c'est-à-dire sans qu'il soit pour vous un fardeau, ni une charge
désagréable. Il doit avoir lieu selon la possibilité et la disponibilité, sauf dans certains cas. C'est le cas,
par exemple, où l'on craint l'émergence de l'animosité ou la coupure de la relation avec un confrère ou
l'altération de son cœur. Il est donc recommandé dans ce cas d'accélérer le réconfort du cœur. Ceci
attire la satisfaction d'Allah, le Très-Haut.
Quant à ce qu'on a mentionné à propos de l'animosité vis-à- vis des gens dignes du faux, il faut que
cette animosité vienne du cœur, uniquement. Mais si elle apparaît à travers un des organes ou des sens,
cela conduira à un problème plus désavouable que le premier. Il vaut mieux abandonner l'expression
externe de cette animosité par un des organes ou des sens (naturels). Paix sur vous. Fin de la dictée du
cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Parmi les lettres du cheikh, adressées à certains étudiants, on cite le texte suivant : le cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui, a dit :
Au nom d'Allah, le très miséricordieux, le tout miséricordieux. Prière et salut d'Allah sur son
prophète, sidna Mohamed, sa famille et ses compagnons.
Mon conseil à toi est le retour à Allah, le tout-puissant, le Majestueux, secrètement et publiquement,
tout en purifiant ton cœur de toute désobéissance à l'égard de l'ordre divin, en comptant sur Allah par
ton cœur, en étant satisfait de sa décision dans toutes tes affaires et en se qualifiant de la patience et de
l'endurance face aux destins dans tout ce qui t'affecte.
Demande l'aide dans la réalisation de tout ceci en invoquant Allah abondamment, selon la
possibilité, tout en étant muni d'un cœur présent. Ce rappel d'Allah sera ton assistant à la réalisation de
tout ce que je t'ai conseillé de faire. Il est à noter que la plus intéressante des litanies et la plus gracieuse
du point de vue des retombées est la prière (en présence du cœur) sur le messager d'Allah, prière et
salut d'Allah sur lui. Cette prière se charge à elle seule de toutes les demandes des deux mondes
d'ici-bas et de l'au-delà, en poussant le mal et en attirant le bien. Celui qui l'utilise assez souvent est
compté, pour Allah, parmi les plus grands élus.
Le second volet de mes conseils est le suivant : abandonne ce que la loi islamique a qualifié d'illicite
financièrement. Abandonne- le que ce soit sous forme d'alimentation, d'habillement, ou de logement.
Le licite est l'axe autour duquel tournent les orbites de toutes les adorations. Celui qui le perd perdra le
culte. Attention, ne dis jamais: où puis-je le trouver ?! Il est partout, et en toute époque.
Mais il existe, en cherchant à accomplir convenablement l'ordre divin, dans l'apparence et dans le
fond, et en prenant en considération les circonstances de l'époque si l'on ne trouve pas de licite formel.
Cette dernière situation nécessite une formation spécifique dans la jurisprudence et des connaissances

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importantes de la loi religieuse. Celui qui remplit ces conditions n'aura aucune difficulté à trouver le
licite pur.
Ce qu'il faut avoir après ce qu'on vient de dire, et c'est justement le début de chaque chose et même
sa fin, c'est l'attachement du cœur à Allah, le Très-Haut, en se mettant de son côté, en se retournant à
lui et en abandonnant tout ce qui est en dehors de lui, en général et en particulier. Si le serviteur est
capable de transférer son cœur vers Allah, selon tous les aspects et dans toutes les circonstances, par
une animation sensorielle du cœur, il sera donc arrivé à son objectif final. Mais s'il n'en est pas capable,
qu'il s'engage alors à citer après chaque prière l'invocation suivante trois ou sept fois, puis qu'il passe sa
main sur sa poitrine du côté du cœur (en dehors des prières). Il doit le faire régulièrement, jusqu'à ce
qu'il en soit habitué. L'invocation en question est la suivante :
«O, Allah, c'est sur Toi que je compte. C'est par Toi que je dispose de mon abri. Vers Toi est mon
refuge. C'est en Toi que je mets ma confiance et ma croyance. C'est sur Ta puissance et Ta force que je
fonde mon appui. Je suis satisfait de tous Tes jugements et de toutes Tes sentences. J'approuve que le
déroulement de la subsistance de toute chose est par Toi. Je suis conscient de l'impossibilité de
l'existence d'une chose, petite soit-elle ou grande, qui peut ne pas être cernée par Ta connaissance et Ta
coercition, même le moment de mon immobilité». Fin de l'invocation.
Lorsque le serviteur cite cette invocation avec assiduité. Et à chaque fois qu'il voit que l'état de son
âme n'est pas conforme au contenu de cette invocation, il la récite en se rappelant ses significations et
en supportant les charges de son âme. Alors l'attachement de son cœur à Allah, le Très-Haut, lui sera
facile, ainsi que le refus de tout ce qui est en dehors de Lui. Ceci nous introduit à un chapitre tellement
grand dans le domaine de la connaissance d'Allah. Ce chapitre est bien connu par celui qui a goûté une
infime partie du soufisme. Il connaît sa valeur. Ne le sous-estime donc pas.
Tu dois réformer ton âme au maximum selon la possibilité. La vie est courte et le voyage est long. La
pente est rude et le fardeau est lourd. Le compte entre les mains d'Allah est dur. C'est l'exécution du
devoir divin qui te sauvera de toutes ces affaires.
Le vertueux cheikh, l'érudit et le gnostique, sidi Mohamed Ben Semmak, a dit, satisfaction d'Allah sur
lui : "Celui qui vient vers Allah par son cœur, Allah vient vers lui par sa clémence et oriente les faces des
gens vers lui. Celui qui s'en détourne, Allah se détourne complètement de lui. Celui qui s'en détourne
quelques fois, Allah le touchera de sa clémence quelques moments".
En résumé, oriente-toi vers Allah, en refusant ce qui est en dehors de lui. Si tu es éprouvé par la
rencontre des gens, par leur service et leur contact, alors, contacte-les et sers-les pour Allah. Dieu aime
la bienfaisance envers sa créature. Mon principal conseil à toi, c'est la prière sur le messager d'Allah,
prière et salut d'Allah sur lui, avec la présence du cœur. C'est le trésor sublime et le meilleur
approvisionnement. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a écrit également à l'ensemble des confrères là où ils se
trouvent, ce qui suit : il a dit, satisfaction d'Allah sur lui :
À la suite de la "Bassmala" (au nom d'Allah, le très miséricordieux, le tout miséricordieux) et à la suite
de la prière et du salut d'Allah sur son messager, paix et salut d'Allah sur lui, je vous recommande ce
qu'Allah a recommandé à ses serviteurs. Le glorieux, le Très-Haut a dit : «Craignez Allah ! Voilà ce que
Nous avons enjoint à ceux auxquels avant vous le Livre fut donné, tout comme à vous-mêmes»
(Sourate An Nissaâ, les femmes, verset 131). Le glorieux, le Très-Haut a dit également : «Il vous a
légiféré en matière de religion, ce qu'il avait enjoint à Noé, ce que Nous t'avons révélé, ainsi que ce
que Nous avons enjoint à Abraham, à Moïse et à Jésus: «Établissez la religion; et n'en faites pas un
sujet de division». Ce à quoi tu appelles les polythéistes leur paraît énorme» (Sourate As Shoura, la
consultation, verset 13). Le glorieux, le Très-Haut a dit : «Et cramponnez-vous tous ensemble au <Habl>
(câble) d'Allah et ne soyez pas divisés» (Sourate Al Imran, la famille Imran, verset 103).
Le glorieux, le Très-Haut a dit également : «Et quiconque craint Allah, il lui donnera une issue
favorable, et lui accordera Ses dons par [des moyens] sur lesquels il ne comptait pas. Et quiconque
place sa confiance en Allah, Il [Allah] lui suffit. Allah atteint ce qu'il Se propose, et Allah a assigné une
mesure à chaque chose» (Sourate At Talaq, le divorce, versets 2 et 3). Le glorieux, le Très-Haut a dit

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aussi : «Quiconque craint Allah cependant, Il lui facilite les choses. Tel est le commandement d'Allah
qu'il a fait descendre vers vous. Quiconque craint Allah cependant, il lui efface ses fautes et lui
accorde une grosse récompense» (Sourate At Talaq, le divorce, versets 4 et 5).
Sachez que la piété (la crainte d'Allah) est difficile à atteindre, et sa maîtrise est nettement loin d'être
à la portée de quiconque.
Les déterminations sont impuissantes pour arriver à la maîtrise de la crainte d'Allah (la piété). Le
fondement et le suivi des prescriptions de cette piété ne sont pas à la portée des gens, sauf de certains
individus exceptionnels et rares. Cela est dû à la nature des coeurs et des âmes dont l'instinct est de
s'éloigner d'Allah et de ses ordres à tout aspect et à toute considération. En effet, ces cœurs et âmes se
trouvent coincés dans la nature des comportements humains, sans aucun espoir de s'en débarrasser. Tel
est l'état des gens de toute époque, à tout endroit de la terre, sauf de l'individu exceptionnel et rare qui
est protégé par Allah, le Très-Haut.
À cause de ce qu'on vient de mentionner, la mer des horreurs et des zizanies s'agite ; celle des
catastrophes et des épreuves monte. Les gens se trouvent bien noyés dans ces mers. Chaque fois que le
serviteur demande à Allah de le sauver d'un sinistre, il se trouve touché par d'autres problèmes. À ce
propos, il a été dit : "Il arrivera aux gens une époque dans laquelle des mers de problèmes et de zizanies
se cumulent ; seule une invocation qui ressemble à celle citée par un individu en train de se noyer serait
utile".
Engagez-vous à la procédure qui vous sauvegardera de ce qu'on vient de mentionner ou au moins à
la procédure qui éteindra le plus de feux possible. Cette procédure consiste à citer plusieurs fois :
• L'imploration du pardon d'Allah.
• La prière sur son prophète, prière et salut d'Allah sur lui.
• Pas de divinité à part Allah (d'une manière dépouillée, c'est-à- dire sans lui ajouter d'autres
termes).
• Pas de divinité à part Toi! Pureté à Toi! J'ai été vraiment du nombre des injustes.
• Allah nous suffit. Il est notre meilleur garant.
Tant que le serviteur d'Allah cite plusieurs fois ces litanies, il est à l'abri des catastrophes et des maux
des péchés. Par contre, il se rapproche plus des sinistres et des maux tant qu'il ne les cite pas
suffisamment.
Chacun de vous doit s'engager à citer un certain nombre de ces litanies, selon sa capacité. Je vous
conseille également de faire plus de supplications et d'invocation auprès de celui qui détient la
puissance et la solennité parfaites. Allah est clément et intensément affectueux vis-à-vis de ses
serviteurs.
Sa générosité et sa largesse sont tellement importantes qu'il est inimaginable de le voir rendre vaines
les supplications d'un serviteur qui demande son aide, surtout s'il s'agit d'un serviteur en détresse,
entouré de problèmes, et tendant ses mains à Allah, tout en l'invoquant, et espérant être touché par sa
générosité et sa largesse. Il ne l'abandonnera pas de par Sa grâce et Sa clémence.
L'incapable est celui qui ne peut même pas supplier et invoquer Allah. Celui qui fait perdre à son âme
cette occasion : personne ne peut compenser sa perte. Ayez, le long des heures et des alternances des
temps, des moments où vous vous plantez devant la porte d'Allah. Celui qui prend cette habitude à des
moments alternés de sa vie sera couvert par la clémence d'Allah et par les insufflations divines. Il verra
ainsi ses problèmes se résoudre et ses fardeaux s'alléger.
Allah, le glorieux, le Très-Haut, est riche et généreux. Il a honte, de par sa grâce, d'abandonner un
serviteur qui se plante régulièrement et habituellement devant sa porte, même en peu de temps, et de
le livrer à ses problèmes insolubles. Il ne le laissera pas affronter un mal difficile à surmonter.
Préservez ce pacte. Courrez dans ce domaine même en peu de temps le long de la journée et de la
nuit. Vous allez sentir la facilité en toute affaire et la délivrance de la plupart des maux. Il vous est
recommandé de citer, chaque nuit, l'invocation suivante :

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O, notre Dieu. Tu es celui qui fait bouger et qui fait arrêter tout ce qui survient dans cet univers,
comme bien ou comme mal. Dans Ton verdict, il y a le dénouement et le nouement de toutes les
affaires. Les péripéties des destins et le jugement préétabli sont entre Tes mains et selon Ta volonté. Tu
connais mieux que nous notre incapacité et notre faiblesse. Nous n'avons pas de pouvoir ni de force qui
peuvent nous éloigner des maux qui nous affectent ou nous rapprocher des biens que nous cherchons à
obtenir, ou nous rapprocher de tout ce qui convient à nos objectifs dans toutes les affaires.
Nous nous sommes arrêtés devant Ta porte. Nous nous sommes dirigés vers Toi et debout sur les
seuils de Ta porte, nous invoquons Ton aide pour dissiper les maux qui nous affectent et chasser la
perdition qui nous affronte le long des temps. Nous sommes incapables de supporter ces maux. Nous
n'avons même pas la force de supporter leurs rosées, comment peut-on affronter leurs averses. Tu es
l'Indulgent-Pardonneur, le Généreux, le Glorieux, le Miséricordieux.
Chaque fois qu'une personne sollicite Ton secours, Tu le lui accordes. Lorsqu'une personne stressée
se plaint de son angoisse, Tu le lui allèges. Lorsqu'un aveugle t'appelle, souffrant de son épreuve amère,
Tu lui confies vigueur et clémence. Me voilà dans la station de celui qui invoque Ton secours, qui se
dirige vers Toi. Sois clément envers mon humiliation et ma supplication entre Tes mains. Sois pour moi
un assistant, un protecteur et un défenseur contre tout ce qui m'affecte comme sinistres et angoisses.
Ne fais pas de mes grands péchés un voile qui empêche Ta largesse et Ta générosité de me parvenir.
Accorde-nous Ta diligence et Ton pardon à tous nos péchés, à toutes nos erreurs et trébuches, de par Ta
clémence et bienfaisance. Nous espérons être touchés par Ta largesse. Nous comptons sur Ta
générosité. Nous demandons Tes bienfaits. Nous supplions Ta puissance parfaite et Ta Solennité. Que
notre chance en Toi ne soit pas l'échec et la déperdition. Que notre acquis de Ta largesse ne soit pas le
refoulement et l'abandon.
Tu es le plus généreux, d'entre tous ceux devant qui se sont rendus les demandeurs. Tu es le plus
glorieux, d'entre tous ceux qui attisent la convoitise des ambitieux. Tu détiens la faveur la plus sublime,
et la présence la plus généreuse. Ta générosité est beaucoup plus sublime et ta gloire est beaucoup plus
élevée, qu'il est inconcevable d'imaginer quelqu'un qui demande ton secours sans qu'il soit secouru, ou
quelqu'un qui te supplie pour obtenir Tes aubaines, sans qu'il n'obtienne rien du tout. «Pas de divinité à
part Toi. O, Élevé. O, Sublime. O, Glorieux. O, Généreux. O, Détenteur de la large largesse, O, Charitable.
O, Miséricordieux».
Ces noms divins, à partir de «Pas de divinité à part Toi ...», doivent être cités vingt fois. Il faut citer la
prière "Fatihi" dix fois au début de l'invocation et dix fois à sa fin.
Celui qui persévère dans la citation de cette litanie sept fois, ou cinq fois ou trois fois chaque nuit,
bénéficie d'une protection importante contre de nombreux sinistres et angoisses. Dans le cas où il a été
décrété que ces sinistres surviennent, une douceur sublime surviendra alors en parallèle. Fin de la dictée
du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Parmi les lettres du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, adressées à ses disciples, on cite ce qui suit :
Au nom d'Allah, le très miséricordieux, le tout miséricordieux. Prière et salut d'Allah sur son
messager. Louange à Dieu. Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : Paix sur vous, ainsi que la
clémence d'Allah, le Très-Haut, et sa bénédiction. Je vous recommande fortement ainsi qu'à moi-même
de veiller à l'application des hadiths suivants du prophète, prière et salut d'Allah sur lui :
Trois choses qui sauvent et trois choses périlleuses : Ce qui sauve c'est :
• Être pieux et craindre Allah, en secret et en public.
• Dire la vérité, en situation de satisfaction et de colère.
• Être modéré en situation de richesse et de pauvreté.
Ce qui est périlleux est:
• Une avarice dominante.
• Une passion suivie.
• Un excès d'admiration pour ses propres idées.

-437-
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit également: "Sous le dôme du ciel, il n'y a pas de
divinité adorée plus dangereuse qu'une passion suivie". Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit
également : "Comme signe de bonne appartenance de quelqu'un à l'Islam c'est son abstention de tout
ce qui ne le regarde pas". Dans un autre hadith, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : "Ne
souhaitez pas la rencontre de l'ennemi. Invoquez Allah pour qu'il vous accorde le salut. Mais si vous
rencontrez votre ennemi, endurez".
Ce hadith, bien qu'il a été cité dans un contexte de "Jihad" (guerre sainte contre les mécréants), il
peut s'adapter aux époques actuelles pour prêcher la rémission et le pardon devant la méchanceté des
gens. En effet, celui qui souhaite de son cœur, ou qui œuvre pour causer du mal aux gens, Allah les
remontera contre lui. Il sera alors incapable de les pousser. Donc, le serviteur est appelé plutôt à
invoquer la paix d'Allah et la protection contre toute agitation du mal de la part des gens, et contre la
révolte et la zizanie.
Si le mal se remue contre lui, alors qu'il n'est pour rien, il doit donc faire face à ce mal par la
bienfaisance. C'est la meilleure réaction prônée par les textes théologiques. S'il ne peut pas, il devra
faire preuve de tolérance et de rémission afin d'éteindre le feu de la zizanie. S'il ne peut pas, c'est par
l'endurance qu'il devra agir afin de résister au déroulement du destin. L'essentiel c'est qu'il ne doit pas
œuvrer pour se venger et leur faire du mal à son tour.
Si les feux de leur méchanceté s'allument contre lui, il devra résister par la plus belle manière, par
malléabilité et douceur. Si cela ne donne rien, il devra s'enfuir s'il peut et quitter le lieu. S'il y a des
obstacles qui l'empêchent de déménager, et s'il en est incapable, il devra résister en faisant le moindre
mal possible aux gens. Qu'il procède ainsi publiquement, et qu'il persévère dans l'invocation et la
supplication d'Allah, secrètement, jusqu'à ce qu'il soit délivré de ce mal. Voilà ce que prêchent les
écritures théologiques.
Attention, attention ! Ne ripostez pas en causant du mal à ceux qui vous l'ont causé. Ne soyez pas
emportés par la chaleur de votre tempérament, ou par l'obscurité de votre ignorance, ou par l'orgueil
de votre âme. Celui qui se presse à riposter en faisant du mal aux gens, même s'il est opprimé, sera
débordé par des mers de maux de leur part. Il méritera alors la perdition, ici-bas et dans l'au-delà.
Voilà sa punition, à cause de son indifférence vis-à-vis du côté d'Allah. S'il s’est dirigé d'abord vers
Allah par supplication et plainte, tout en avouant son incapacité et sa faiblesse, alors Allah lui délivrera
du mal de la créature, sans effort de sa part, sinon avec un minimum d'efforts qui ne lui causera aucune
fatigue. Allah pourra par exemple occuper ses ennemis par quelque chose qui les empêchera de
continuer à lui faire du mal. Donc ou bien il aura cette faveur divine, ou bien Allah lui confiera une
grande bienveillance et une douceur et le dotera d'une meilleure endurance. Il subira donc les
suffocations de ces maux tout en étant baigné dans la bienveillance, la douceur et la constance jusqu'à
l'arrivée de la délivrance divine. Il sera alors récompensé dans les deux mondes, ici-bas, et l'au-delà.
La rétribution de ce monde ici-bas se traduira par une issue satisfaisante et une victoire claire, selon
son rang (spirituel). Quant à la récompense du monde de l’au-delà, c'est par l'acquisition d'une
rétribution infinie, destinée aux endurants, comme promise par Allah, le Très-Haut.
Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit : «Et la très belle promesse de ton Seigneur sur les enfants
d'Israël s'accomplit pour prix de leur endurance» (Sourate Al Aâraf, verset 137). Allah, le glorieux, le
Très-Haut, a dit également : «Et soyez endurants, car Allah est avec les endurants» (Sourate Al Anfal,
verset 46). Allah, le Très-Haut, a dit, en rappelant l'histoire de son prophète Youssef (Josef), prière et
salut d'Allah sur lui : «Quiconque craint et patiente... Et très certainement, Allah ne fait pas perdre la
récompense des bienfaisants» (Sourate Youssef, verset 90).
Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit également : «Et si vous punissez, infligez [à l'agresseur] une
punition égale au tort qu'il vous a fait. Et si vous endurez... cela est certes meilleur pour les
endurants» (Sourate An Nahl, les abeilles, verset 126) et ainsi de suite en citant différents versets
coraniques. C'est parce que les gens ne considèrent pas ce qu'on vient de mentionner qu'on les voit
subir un grand supplice, en souffrant des problèmes et des maux qu'ils s'infligent mutuellement. Voilà

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comment ils sont tombés à cause de ça dans les grandes décimations ici-bas et dans l'au-delà, sauf ceux
d'entre eux qu'Allah a couverts de sa glorieuse diligence.
Les gens du commun ne voient dans le remuement du mal contre eux que l'image de la personne qui
leur fait du mal. C'est parce qu'ils ont oublié Allah, le glorieux, le Très-Haut, et ses verdicts, qu'ils se sont
précipités pour contrecarrer ce mal par leurs propres capacités, astuces, et sous l'influence de leurs
âmes. Voilà pourquoi leurs souffrances ont été prolongées. Ils sont pris au piège, et sont contraints à
subir les supplices le long des temps.
La personne intelligente et raisonnable, une fois qu’elle est touchée par un mal provenant des gens
qui lui sont hostiles, elle voit ce mal comme une manifestation divine. Personne ne peut le pousser sauf
par un appui divin. Donc sa raison et son savoir l'ont guidé vers le retour à Allah, et vers la nécessité de
fuir vers lui, en se réfugiant chez lui, en l'invoquant fréquemment, en le suppliant continuellement et en
avouant notre incapacité et notre faiblesse.
Cette personne raisonnable se lève alors, en s'attachant fortement à Allah, afin de s'affronter aux
gens. Il n'y a pas de doute que les problèmes lui seront dissipés, sans fatigue de sa part. Même si les
feux du mal s'allument contre elle par les gens, ceux-ci seront incapables de l'atteindre grâce à son
attachement à Allah, le Très- Haut. Celui qui s'attache à Allah, le Très-Haut, rien ne lui sera dur. Allah, le
glorieux, le Très-Haut, a dit :
«Et quiconque craint Allah, il lui donnera une issue favorable et lui accordera Ses dons par [des
moyens] sur lesquels il ne comptait pas. Et quiconque place sa confiance en Allah, Il [Allah] lui suffit»
(Sourate le divorce, At Talaq, versets 2 et 3). Ce chapitre qu'on vient de rappeler, toute la créature en a
besoin en notre époque. Celui qui respectera ce précepte, aura le bonheur d'ici-bas et de l'au-delà. Mais
celui qui s'en détachera, Allah l'abandonnera à sa propre personne. En se levant à l'encontre des maux
des gens par son pouvoir et son astuce, il périra tôt ou tard. Ce qu'on vient de mentionner est largement
suffisant.
Vous devez aussi remercier Allah, le Très-Haut, pour les aubaines apparentes et cachées qu'il vous
accorde. Le remerciement, en contrepartie de ces aubaines est l'obéissance d'Allah, le Très-Haut, une
obéissance totale, si c'est possible. Sinon, un tissu avec quelques taches d’impureté est mieux qu'un
tissu complètement noir d’impureté. Le moindre remerciement est celui qui est formulé par la langue. Il
n'y a pas plus incapable que celui qui incapable de présenter des remerciements oraux à Allah. Il vaut
mieux, par ailleurs, que ces remerciements soient effectués d'une des manières qui rassemblent les
aspects du remerciement.
La meilleure manière dans le remerciement oral est la lecture de la Sourate "Al Fatiha" en
contrepartie des aubaines qu'Allah nous a octroyées. Il faut avoir l'intention, lors de sa citation, qu'on
remercie Allah pour toutes les aubaines qu'il nous a accordées, et qui sont cernées par son savoir divin,
qu'elles soient apparentes ou cachées, matérielles ou immatérielles, connues par le serviteur ou
ignorées, immédiates ou ultérieures, avancées ou retardées, continues ou discontinues.
Avec cette intention, le disciple doit citer la sourate Fatiha une à cent fois. Celui qui procède ainsi
sera, chez Allah, du nombre des reconnaissants. Sa rétribution sera encore plus d'aubaines selon son
rang spirituel, d'après la promesse divine crédible.
Quant aux autres manières qui rassemblent les aspects du remerciement, elles sont nombreuses. On
ne va pas les mentionner toutes. C'est le cas du hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui : "Je ne
saurais Te louer, ni Te remercier autant que Tu T'es loué Toi-même". C'est le cas aussi du hadith suivant
: "O, mon Dieu, à Toi la louange et le remerciement, comme tout ce qu'a encerclé Ton savoir concernant
Tes attributs, Tes noms, et toutes Tes louanges, par lesquelles Tu T'es loué Toi-même par Ta propre
parole et par lesquelles chacun de Ta créature T'a loué, selon ses propres mots.
Toute louange parmi ces dernières, qu'elle soit de Ta part ou de la part de toute Ta créature, est au
nombre de ce qu'a encerclé Ton savoir concernant toutes Tes aubaines dont Tu m'as comblé.
Voilà une louange qui englobe tous les aspects des louanges et qui s'occupe du remerciement pour
toutes les aubaines.

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Par ailleurs, je mets en garde toute personne bénéficiant d'une des aubaines divines contre le fait de
l'utiliser dans ce qui ne satisfait pas à Allah. C'est le cas de celui qui achète du vin, ou qui pratique la
fornication, ou qui entre dans des transactions usuraires, ou qui achète des voix en vue d'arriver au
pouvoir, ou qui paye pour faire du mal aux musulmans, pour les tuer, pour s'emparer de leurs biens,
pour agresser leurs femmes, ou pour leur faire le moindre mal.
Celui qui œuvre dans ce sens, en utilisant les aubaines d'Allah, mérite qu'Allah le dépouille de son
aubaine. Il s'expose également à la haine et à la colère d'Allah. S'il ne voit aucun dépouillement de
l'aubaine malgré ses mauvais actes, qu'il sache alors, en lui-même, qu'il est compté parmi ceux qui
encourent la colère d'Allah et son courroux ici-bas et dans l'au-delà. Le bienheureux est celui qui, quand
il commet de telles choses, voit la punition venir immédiatement et se sent avisé dans son cœur, par
Allah, que tel sinistre est le résultat de tel acte.
Je vous conseille de préserver les lois islamiques et les fondements de la "Charia" lors de vos
transactions sur les marchés, selon les circonstances de l'époque. Évitez tous les aspects de tromperie,
et de tricherie. Évitez le mensonge dans l'estimation des prix ainsi que l'irruption dans tout ce qu'Allah a
interdit par les textes de la loi religieuse. Celui qui ne se soucie pas de ça encourt sa perdition.
Ensuite, si la nécessité oblige et la pauvreté s'intensifie, au point où le serviteur ne trouve aucun
moyen pour gagner sa vie d'une manière licite sur les marchés, qu'il ne dépasse pas alors ce qui pourrait
suffire à sa subsistance. Qu'il suive le même verdict de celui qui est obligé de manger de la charogne. Il
ne la consomme que par nécessité, pour combler le besoin et non pas pour le profit ni pour
l'approvisionnement. Attention, ne vous précipitez pas vers les transactions illicites, comme les
ignorants parmi les gens du commun. N'avancez surtout pas comme argument l'absence du licite
déterminé.
Celui qui avance cet argument a pour objectif d'annuler les verdicts de la loi religieuse dans les
transactions. Il devient ainsi comme s'il était sans responsabilité juridique. C'est plutôt un mensonge et
une fausseté. Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit : «O gens! De ce qui existe sur la terre, mangez le
licite et le pur; ne suivez point les pas du Diable car il est vraiment pour vous, un ennemi déclaré»
(Sourate la vache, Al Bakarah, verset 168). Ce verset, bien que son contexte soit spécifique, il englobe
toutes les affaires juridiques possibles, que ce soit d'une manière sous- entendue ou indicative. Le
savant déduit son jugement de chaque verset coranique en fonction de tout ce qu'il pourrait indiquer,
même si le contexte concerne autre chose.
Dans notre cas, quand le verset dit "De ce qui existe sur la terre" cela signifie tout ce qu'on peut
trouver comme licite originel ou contingent, selon les circonstances de l'époque. Il s'agit donc de
chercher à chaque fois l'optimal et le meilleur possible, selon ce que nous venons de détailler ci-dessus
(dans la réponse concernant les transactions commerciales).
Quant aux "pas du diable" prohibés par Allah : ce sont les transactions illicites selon la loi religieuse.
Le serviteur doit chercher une issue favorable pour les éviter. S'il ne trouve pas d'issue, et si les
circonstances contingentes coercitives le poussent à prélever ses aliments de ce qui est illicite, sachant
que s'il ne le fait pas, il mourra immédiatement, ou l'un de ses enfants mourra affamé à cause de la
difficulté du temps et de l'inexistence d'une autre voie, il entrera alors dans le cas cité par ce verset
coranique. Allah dit : «Il n'y a pas de péché sur celui qui est contraint sans toutefois abuser ni
transgresser» (Sourate la vache, Al Bakarah, verset 173). Ne prêtez aucune importance à ce qui a été
rapporté sur Lahcen Ben Rehhal, qui a dit:
"Tout contrat conclu dans des circonstances particulières où il n'existe que des gens qui font des
transactions illicites est licite". Ce dire est faux puisqu'il n'a pas fait attention à l'application rigoureuse
de la loi juridique islamique. Ce qu'il faut plutôt suivre c'est ce que nous avons mentionné auparavant.
Le hadith suivant du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, en témoigne : "Laisse ce qui est douteux
pour ce qui est sûr". Il a dit également, prière et salut d'Allah sur lui: "Quand je vous ordonne quelque
chose, faites-en ce que vous pouvez et quand je vous interdis une chose, abstenez-vous-en
(totalement)". Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit : «Craignez Allah, donc autant que vous pouvez,
écoutez, obéissez» (Sourate La grande perte, At-Tagabun, verset 16). Le poète a dit :

-440-
Si tu ne peux pas faire quelque chose, saute-la.
Passe donc à ce que tu peux faire, mon ami crois-moi.
Ce que nous venons de mentionner ici même ou lors des premières correspondances est largement
suffisant. Paix sur vous. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Parmi les lettres du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, adressées à ses frères et compagnons, de
l'Aghouat, on cite ce qui suit : le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit, en parlant des aubaines divines
qu'il a acquises :
Au nom d'Allah, le très miséricordieux, le tout miséricordieux. Prière et salut d'Allah sur son
messager. Louange à Dieu, cette correspondance doit parvenir aux mains de nos bien-aimés et fidèles,
Messieurs X, Y ... ainsi qu'à tous les nécessiteux auprès d'Allah qui se trouvent en leurs compagnies à
l'Aghouat. À chacun d'eux, nominativement et individuellement. Paix sur vous, ainsi que la clémence et
les bénédictions divines. Cette lettre vous parvient du serviteur nécessiteux auprès d'Allah Ahmed Ben
M'hammed Tijani.
Nous invoquons Allah, le Tout-Puissant, le glorieux, qu'il vous accorde sa diligence. Qu'il fasse
déborder sur vous les mers de Sa largesse et de Sa tutelle. Qu'il vous décharge du souci des mondes
d'ici-bas et de l'au-delà. Qu'il vous protège de la pauvreté au monde ici-bas et du supplice de l'autre
monde. Par ailleurs, je vous informe que la largesse d'Allah n'a pas de limite. La largesse est entre les
mains d'Allah ; il l'accorde à qui il veut.
Je vous dis également : notre demeure, chez Allah, dans l'au- delà, n'est à la portée de personne
parmi les saints ; elle ne peut être approchée ni par les petits ni par les grands élus. Il n'existe pas, parmi
les saints, depuis l'époque des "Sahaba" (Compagnons du prophète) jusqu'au souffle dans la Trompe, un
élu qui peut atteindre notre demeure ou qui peut s'en approcher. La convoitise de cette demeure est
bien loin de toutes les raisons, et le trajet conduisant vers elle est très dur à emprunter même par les
plus grands maîtres soufis.
Je ne vous ai informé de cela qu'après l'avoir entendu véritablement et certainement du prophète,
prière et salut d'Allah sur lui. Il n'est à la portée de personne, parmi les hommes, de faire entrer ses
compagnons au paradis, sans compte à rendre ni châtiment, même s'ils commettent ce qu'ils
commettent comme péchés ou désobéissances, sauf moi, seul.
En plus de cela, il m'a été cité et garanti par le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, d'autres
choses qu'il m'est interdit de divulguer. Elles ne seront vues, ni connues que dans le monde de l'au-delà.
Néanmoins, on ne se moque pas de l'inviolabilité des saints et on ne néglige pas leur vénération.
Vénérez donc l'inviolabilité des élus, qu'ils soient vivants ou morts. Celui qui vénère leur inviolabilité,
Allah vénère la sienne. Celui qui les humilie, Allah l'humilie et se met en colère contre lui. Ne négligez
jamais l'inviolabilité des saints. Paix sur vous. Fin.
Parmi les lettres du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, adressées à l'un de ses bien-aimés, après la
bassmala (au nom d'Allah, le très miséricordieux, le tout miséricordieux) et la prière et le salut d'Allah
sur son messager. Ahmed Ben M'hammed Tijani vous écrit et vous dit : paix sur vous, ainsi que sa
clémence et ses bénédictions.
Par ailleurs, concernant ce que vous avez mentionné comme requête, c'est-à-dire votre demande de
voir le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, en rêve durant votre sommeil : nous invoquons Allah qu'il
vous l'accorde le plus rapidement possible. Pour ce faire, vous devez citer régulièrement sept fois la
prière "Jawharat Al Kamal" avant de dormir. Vous devez la citer tout en ayant fait l'ablution avec de
l'eau. Cette litanie garantit ce rêve. La "Jawharat Al Kamal" est la suivante : O, Allah, offre ta prière et
accorde Ton salut à la source de la Miséricorde du Seigneur, etc.
Quant à la chaîne initiatique de notre voie. Nous avons pris notre voie directement du prophète,
prière et salut d'Allah sur lui, sans aucun intermédiaire. Il en est de même pour la chaîne initiatique de
notre litanie connue (Wird) et pour le ssayfi, c'est-à-dire directement du prophète, prière et salut d'Allah
sur lui, sans aucun intermédiaire. Quant aux dix hepta-invocations, nous les avons prises oralement de
notre cheikh Mahmoud Al Kourdi Al Missri, satisfaction d'Allah sur lui, qui les a prises, à son tour,
oralement d'EI Khader.

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Concernant "Ahzab Chadili", "Wadifa de Zerrouq"1, "Dalail Khayrat", et "Ad Daour Al Aâla" (le cercle
supérieur)2, nous avons eu la ijaza3 dans toutes ces litanies de notre cheikh, le pôle parfait, Sidi
Mohamed Ben Adelkarim Es Semmane, le résident de la "Médine illuminée", prière et salut d'Allah sur
le prophète qui y réside.
Quant à ce que vous avez mentionné à propos de la condition de respecter le même moment de la
journée ou de la nuit lors de la citation des litanies dans un endroit isolé. Certes, c'est une chose
recommandée pour toute litanie lue dans une retraite spirituelle. Mais si ce moment n'a pas été
respecté, ce n'est pas grave, sauf s'il s'agit de la citation des noms idrissides. Dans ce cas, si le moment
habituel du dzikr est passé, le disciple sera touché par un grand mal.
Nous vous autorisons dans le "Wird" et dans tout ce que vous avez demandé auparavant et auquel
nous vous avons répondu, à propos des chaînes initiatiques. Qu'Allah vous en fasse bénéficier. Paix sur
vous. (L'auteur, Sidi Ali Harazem a dit) : le cheikh m'a aussi accordé cette autorisation relative à toutes
ces litanies susmentionnées dans cette correspondance. Il m'a autorisé dans de nombreuses autres
litanies non mentionnées dans cette lettre. Paix sur vous.
Parmi les lettres du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, adressées à l'un de ses bien-aimés, après la
bassmala (au nom d'Allah, le très miséricordieux, le tout miséricordieux) et la prière et le salut d'Allah
sur son messager : par ailleurs, sache que ton attachement aux particularités4 qui visent la fortune
ici-bas, les opportunités et les concupiscences, alors que tu es occupé par le dénigrement des autres,
par la médisance, par ce qui ne satisfait pas à Allah, et par l'éloignement d'Allah, ne peut te conduire
qu'à la perte et à la fatigue. Tu ne peux rien gagner de cette conduite !
Les particularités constituent la mer de la convoitise. Celui qui s'y attache est tout à fait comme celui
qui s'attache à un mirage dans une plaine désertique. Il est à noter que personne ne peut atteindre les
particularités et leurs secrets, sauf dans les deux cas suivants :
1. S'il s'agit d'un homme qui a acquis la sainteté,
2. Ou d'un homme qui occupe la plupart de son temps par le rappel d'Allah (citation des litanies),
par son orientation correcte vers Lui, et par la prière sur le prophète, prière et salut d'Allah sur
lui, tout en ne visant que la face d'Allah le généreux, et non pas pour un autre objectif. Si cet
homme persévère dans cette voie, tout en préservant sa langue de tout ce qui est inacceptable
religieusement, comme la détraction, la médisance, le mensonge, la moquerie, etc. Et s'il
préserve son cœur de ce qui ne satisfait pas à Allah, comme l'arrogance, l'envie, l'injustice à
l'égard des gens, et la haine sans aucun motif religieux et ainsi de suite. Si en tout ceci, il a œuvré
pour Allah, le Très-Haut, alors cet homme pourra espérer acquérir certains secrets particuliers.
À part ces deux cas susmentionnés, l'attachement aux particularités n'amène qu'à la fatigue. Ce qui
conviendrait plutôt, c'est que le disciple s'engage à citer deux litanies pour Allah, le Très-Haut. Il s'agit de
litanies constituées de la prière sur le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, un "wird" le jour et un
"wird" le soir.
Chaque "wird" doit comprendre cinq cents fois la prière sur le prophète, prière et salut d'Allah sur
lui. Chaque semaine, on ajoute cinquante fois la prière sur le prophète, prière et salut d'Allah sur lui
(c'est-à-dire la citation devient cinq cent cinquante fois, et ainsi de suite). On continue ainsi jusqu'à ce
que la citation devienne mille fois pour chaque "wird". Le disciple doit persévérer ainsi, d'une manière
permanente, sans ajout ni retrait.

1 -La wadzifa de l’érudit et soufi célèbre sidi Ahmed Zerrouq est un ensemble de litanies et d’invocations. Sa chaîne initiatique
remonte au célèbre cheikh Ali Wafa satisfaction d'Allah sur lui, à travers son disciple le cheikh Yahya ben Ahmed Charif
Qadiri, qui l’a enseignée au cheikh Ahmed ben Oqbah Hadrami, cheikh direct de sidi Ahmed Zerrouq.
2 - Le cercle supérieur, ou «hizb annajate» (l’invocation du salut) est une litanie qui remonte au grand cheikh Ibn Arabi Hatimi.
3 -La ijaza dans des litanies veut dire l'autorisation de les citer et d'autoriser autrui à les citer.
4 -Les particularités signifient ici les méthodes qui sont utilisées pour gérer les secrets en général et les noms en particulier,
que ce soit du point de vue du temps, de l’endroit, de la formule et de la composition. À titre d’exemple, pour pouvoir
atteindre telle chose, il faut utiliser tel nom avec telle invocation, à telle heure et avec tels ingrédients.

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Il faut avoir en tout ceci la bonne intention de le faire pour Allah, le Très-Haut, uniquement pour sa
noble face, et non pas pour autre chose. Tant que vous continuez ainsi, vous aurez beaucoup de facilités
dans votre vie. Vous pouvez ajouter une autre litanie basée sur le nom divin "Ya Latef" (O le Doux) mille
fois la nuit, ou bien pendant le jour seulement. Ayez l'intention par ceci d'invoquer le secours d'Allah
afin de vous délivrer du mal de la pauvreté. Continuez ainsi, vous obtiendrez la délivrance. Paix sur vous.
Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Parmi les lettres du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, adressées à certains juristes et bien-aimés
de Fès, après la bassmala (au nom d'Allah, le très miséricordieux, le tout miséricordieux), et la prière et
le salut d'Allah sur son messager. Du serviteur le plus nécessiteux et le plus dépendant de son seigneur
le Riche (Al-Ghaniy), le Très digne de Louanges (Al-Hamîd), Ahmed Ben M'hammed Tijani. Qu'Allah le
traite de Sa largesse. À celui qui nous aime pour Allah, le Très-Haut, Monsieur X Ben Monsieur Y.
Paix sur vous ainsi que la clémence d'Allah et ses bénédictions. Par ailleurs, concernant ce que vous
m'aviez demandé à propos de l'intervention par le cercle Chadili, ses noms et ses caractéristiques.
Sachez que celui qui s'attache au contenu des livres des secrets, et qui s'attache par exemple au cercle
du Chadili, satisfaction d'Allah sur lui, aux noms divins, aux lettres sacrées, ou aux tableaux mystiques,
ne s'attache finalement qu'à un mirage dans une plaine désertique que l'assoiffé prend pour de l'eau.
Puis quand il y arrive, il s'aperçoit que ce n'était rien.
Il n'y a que la fatigue et la convoitise derrière cet attachement. Aucun intérêt ne peut y être tiré. En
revanche, ces secrets agissent à un niveau supérieur, et ont des effets sublimes, mais à une des deux
conditions suivantes. Sans ces conditions, personne ne peut rien obtenir.
• La première condition : C'est le "Fath" (l'ouverture spirituelle) accordé au serviteur dans la
parfaite connaissance oculaire ésotérique. Celui qui est digne de cette ouverture n'a pas
besoin d'une condition ou d'une suppression d'un certain obstacle. Chaque fois qu'il veut
quelque chose, il arrive à l'avoir en utilisant ces outils (ces litanies ou tableaux particuliers).
• La seconde condition : ces secrets disposent de certains esprits élevés purs et purifiés, dont
la mission est d'agir en permanence selon ces secrets.
Ces esprits nécessitent des procédures particulières afin d'être soumis à l'invocateur. Grâce à ces
procédures, l'invocateur verra sa requête exaucée en moins d'un clin d'œil. Cependant, ces procédures
ne sont connues que par les élus. Ils ont passé le pacte (dans le monde de l'inconnaissable) de ne rien
divulguer parmi ces secrets aux gens qui courent derrière leurs propres intérêts.
L'élu qui transgresse le pacte, et divulgue des secrets à un opportuniste sera soumis à une sévère
épreuve:
• Soit par un horrible assassinat.
• Soit par un émissaire de la part du "Vrai" qui a pour mission d'arracher sa fortune et sa
descendance.
• Soit par une grande pauvreté, qu'il ne peut pas endurer.
• Soit par un dépouillement spirituel.
• Ou bien par l'irréligion.
Qu'Allah nous en préserve et nous accorde le salut, de par son prophète et sa famille, prière et salut
d'Allah sur lui.
Nous pouvons illustrer ceci par une grande citadelle remplie de coffres de trésors, d'argent et de
bibelots suffisants pour subvenir à tous les besoins et répondre à tous les objectifs de l'individu. Cette
citadelle est entourée d'énormes remparts métalliques très hauts, très épais et bien fermés. Ils n'ont ni
porte ni clés. Mais il y a des portes et des voies cachées en profondeur, sous le sol, donnant à la citadelle
à une distance de six à sept jours en sous-sol.
Celui qui emprunte une de ces voies arrive à la porte de la citadelle qui se trouve dans le sous-sol. Il
rentre alors à l'intérieur et prend tout ce qu'il veut et retourne par le même chemin. Il accède toujours à
l'intérieur à partir de cette voie, puis il sort du même chemin. Les portes de ces voies sont placées à
l'extérieur, mais d'une manière camouflée, de telle sorte que personne ne peut s'en rendre compte que

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s'il en a été informé. Celui qui n'a pas eu d'information sur ces portes ne pourra jamais être guidé vers
ces voies ni accéder à l'intérieur de la citadelle.
Le premier cas est celui d'un homme dont le voile de la connaissance est levé. Chaque fois qu'il arrive
devant la citadelle, les remparts se dissipent sans effort de sa part. Il accède alors au trésor sans aucune
fatigue.
Le second cas est celui des savants qui maîtrisent bien les procédures par lesquelles il est possible de
soumettre les esprits, de les connaître et d'atteindre les objectifs à travers eux. Ce sont eux les gens qui
satisfont la deuxième condition, c'est-à-dire qui connaissent les voies cachées en sous-sol, et dont les
portes sont camouflées. Les gens du commun, qui ne font pas partie de ces deux cas, sont ceux qui
tournent autour de la citadelle, espérant atteindre le trésor qui se trouve à l'intérieur. Mais comment
pourraient-ils accéder à la citadelle alors qu'il n'y a ni porte ni clé ! Ils ne pourront donc qu'être fatigués
sans rien atteindre!
Oui, parfois, il se peut, pour le cas d'un homme ordinaire, qui n'a aucune chance d'appartenir à un
des deux cas précédents, qu'une de ses demandes soit exaucée grâce à un souffle divin. Ce souffle divin
requiert l'exaucement de toute demande formulée durant le moment précis de ce souffle. Cet
exaucement est indépendant du fait que l'invocateur sait l'existence de ce souffle et son moment ou les
ignore. Il est également indépendant de l'état dans lequel se trouve l’invocateur, qu'il soit bien guidé ou
pas, qu'il soit digne de ce qu'il demande ou pas.
Certes, l'exaucement n'est pas toujours systématique, en toute heure, et pour toute requête. Il a été
exigé uniquement par ce souffle divin émergeant du Vrai, le glorieux, le Très-Haut, et non pas parce que
l'invocateur connaît ce secret ou cette particularité.
Dans les deux premiers cas, l'exaucement est systématique, en toute heure et pour toute requête.
Mais pour ce troisième cas, le vœu n'est exaucé que lorsqu'il coïncide avec le souffle divin. Ce qu'on
vient de mentionner est largement suffisant pour ceux qui comprennent. Ne vous fatiguez donc pas par
les secrets et les particularités. Engagez-vous plutôt à appliquer le conseil que je vous ai présenté ; c'est
plus utile pour vous.
Un noble secret: le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : si Allah se manifeste au secret du
serviteur, il lui accordera tous les secrets et il le fera accéder au degré des hommes libres. Il aura la
possibilité d'intervenir lui-même dans les choses. Chaque fois que sa volonté se dirige vers un prodige,
ce dernier se concrétise immédiatement. Certains d'entre eux ajoutent le mot "Sois" (et c'est), d'autres
n'ont même pas besoin de le dire, leur volonté est suffisante. Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit :
«Écarte-toi donc, de celui qui tourne le dos à Notre rappel et qui ne désire que la vie présente. Voilà
toute la portée de leur savoir» (Sourate En Najm (L'étoile), versets 29 et 30). Fin de la dictée du cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui, à partir de sa mémoire et de ses mots, en une seule conférence.
Parmi les lettres du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, adressées à certains juristes parmi ses
fidèles compagnons, après la bassmala (au nom d'Allah, le très miséricordieux, le tout miséricordieux),
et la prière et le salut d'Allah sur son messager. Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : le serviteur
nécessiteux auprès d'Allah, Ahmed Ben M'hammed Tijani, qu'Allah soit doux avec lui, a dit : j'autorise
notre bien-aimé et fidèle compagnon, le juriste avisé, Monsieur X Ben Monsieur Y, à lire la Fatiha avec
l'intention de citer le nom suprême d'Allah et à lire le "Hizb Sayfi". Notre chaîne initiatique dans cette
autorisation est le prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Je l'autorise également à lire la Sourate Al
Ikhlasse onze fois matin et soir dans le but de la protection contre tous les maux. Paix sur vous. Fin de
l'écriture du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Parmi les lettres du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, qu'il nous a adressées: après la bassmala (au
nom d'Allah, le très miséricordieux, le tout miséricordieux), la prière et le salut d'Allah sur son messager.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : «... Quant à ce que je t'avais déjà prédit afin que ton cœur
s'apaise, que ton amour accroît et que ta joie se prolonge, je te dis :
Il y a un prodige beaucoup plus important que celui que je t'avais déjà annoncé. Ce prodige s'est
répandu et a circulé entre ceux qui le croient, contre le gré des opposants. C'est d'ailleurs la meilleure
chose qui peut être espérée, et la meilleure promesse que peut souhaiter tout homme doté de raison.

-444-
Ce prodige est le suivant : celui (ou celle) qui s'engage dans notre voie, en citant notre "Wird" en
permanence jusqu'à sa mort, entre au paradis, sans aucun compte à rendre et sans aucune punition. Il
va bénéficier de ceci, lui (ou elle), ses deux parents, ses épouses (ou époux) et sa descendance s'ils ne se
sont pas opposés à nous.
Quant au sympathisant qui ne s'est pas engagé dans le "Wird", il ne quittera pas le monde d'ici-bas
sans qu'il devienne un saint. Il en est de même pour celui qui a bénéficié de notre regard le vendredi ou
le lundi, il entre au paradis, tout en étant acquitté du compte à rendre et de la punition, mais s'il ne
nous a jamais insulté, ni haï, ni fait de mal. Celui qui bénéficie de notre regard durant ces deux jours,
sera parmi les assurés s'il meurt en bonne foi.
S'il est prédestiné à subir le châtiment dans le monde de l'au- delà, il ne mourra alors que mécréant.
Voilà ce que je peux vous apporter comme information en ce moment. Allah fera ce qu'il veut en un
autre. Paix, miséricorde et bénédictions d'Allah sur vous.» Fin.
Parmi les lettres du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, adressées à l'un de ses compagnons purs
(faisant partie de l’élite de ses disciples) : après la bassmala (au nom d'Allah, le très miséricordieux, le
tout miséricordieux), et la prière et le salut d'Allah sur son messager. Le cheikh, satisfaction d'Allah sur
lui, a dit : cette correspondance doit parvenir aux mains de notre bien-aimé et ami intime, Monsieur X
Ben Monsieur Y. Paix sur vous ainsi que la clémence d'Allah, le Très-Haut, et ses bénédictions.
Paix sur la totalité de vos proches, descendance et sur tous ceux qui s'attachent à vous. De celui qui
vous écrit, le serviteur nécessiteux auprès d'Allah, Ahmed Ben M'hammed Tijani. Par ailleurs : nous
invoquons Allah - que Sa solennité soit majestueuse, que Ses attributs et noms soient sacrés - qu'il fasse
déborder sur vous, dans ce monde d'ici-bas, les mers de fortunes, de biens et de bénédictions, sans
manque ou déficience, qu'il vous accorde le salut parfait vis-à-vis de la méchanceté de la créature et
vis-à-vis de la nécessité que vous pouvez avoir auprès d'eux.
Quant au monde de l'au-delà, nous invoquons Allah, le glorieux, le Très-Haut, qu'il vous y traite ainsi
que toute votre famille de la même manière avec laquelle il traite les plus grands de ses bien-aimés, les
plus purs parmi ses élus et parmi les gens faisant partie de l’élite de sa présence, sans effort de votre
part, mais plutôt grâce à Sa pure largesse. Qu'il fasse déborder sur vous les mers de Sa satisfaction et de
Sa largesse, ici-bas et dans l'au-delà.
Qu'Allah vous soit dans ce monde ici-bas et dans tout endroit de l'au-delà, Tuteur, protecteur,
aimant, satisfait, bienfaisant et affectueux. Qu'Il vous protège et qu'il vous délivre de tous les maux, les
désagréments et les nocivités. Qu'il vous habille de l'habit de Sa puissance et diligence ici-bas et dans
l'au-delà. Qu'il fidélise votre orientation vers lui ainsi que le dévouement de votre cœur pour lui. Que
cette fidélité soit similaire à celle des orientations des cœurs des gnostiques et des véridiques parmi Ses
serviteurs.
Qu'il fasse que le dévouement de votre cœur pour Lui, gloire à lui, soit similaire au dévouement des
cœurs des pôles parmi sa créature. Cet état, si Allah l'accorde à son serviteur, il complétera sa
protection contre toute déviation, tout égarement, toute inattention à l'égard d'Allah, et toute
défaillance concernant Ses droits.
Cet état garantit aussi à celui qui le possède une mort avec un sublime bonheur, ce qui garantit sa
résurrection parmi les rassurés. Allah en est garant et capable. Maintenant que vous m'aviez demandé
cet état, vous devez endurer jusqu'à l'arrivée du moment opportun, selon la volonté d'Allah. Pour
chaque chose, il y a un terme qui lui a été décrété. Paix sur vous, ainsi que la clémence d'Allah. Fin de
l'écriture du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Parmi les lettres du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, adressées à certains notables juristes de
Salé : après la bassmala (au nom d'Allah, le très miséricordieux, le tout miséricordieux), la prière, et le
salut d'Allah sur le messager, et après avoir loué et glorifié Allah par ce dont II est digne. Il a dit,
satisfaction d'Allah sur lui : par ailleurs, votre correspondance nous est parvenue. Nous l'avons lue. Nous
avons compris son contenu. Tu as demandé de nos nouvelles et des nouvelles de nos compagnons.
Sachez que nous sommes, louange à Dieu, en bonne et parfaite santé. Qu'Allah soit loué et remercié
jusqu'à ce qu'il soit satisfait par ce dont il est satisfait. Nous sommes couverts ainsi que nos compagnons

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par ce qui couvre tous les musulmans du commun. Louange à Allah en tout état. Nous invoquons Allah,
le puissant, le solennel qu'il nous couvre, ainsi que vous, de sa délicatesse, ici-bas et dans l'au-delà. Qu'il
nous submerge, ainsi que vous, par sa largesse et sa générosité, dans le présent et dans le futur,
toujours et éternellement.
Qu'Il soit pour nous et pour vous Tuteur, protecteur, assistant et appuyant, dans toutes les
circonstances de l'aisance et de l'austérité. Qu'il nous garnisse, ainsi que vous d’une sûreté parfaite,
permanente et puissante. Qu'il nous protège en totalité par la sûreté. Allah en est garant et capable.
Le conseil que je te suggère, en vue de guider ta conduite et tes actes, est le suivant : attache ton
cœur à Allah, tant que tu peux. Sédentarise ton cœur en acceptant avec stabilité le déroulement des
destins divins. N'aie pas la mauvaise habitude d'être angoissé par l'ordre d'Allah. Ce comportement fait
périr et perdre le serviteur ici- bas et dans l'au-delà. Si ta peine s'intensifie et si ta situation est bien
austère, alors remets-toi à Allah, le Très-Haut.
Arrête-toi devant la porte de Sa douceur. Demande-lui la délivrance de ce resserrement à partir de la
perfection de Sa douceur. Demande-lui la disparition de la peine intense. Invoque et supplie
abondamment Allah, le Très-Haut, en cet état. Tu dois faire ces invocations tout en ayant un cœur qui
ne comprend qu'Allah, un cœur sans aucune autre préoccupation. Ton cœur doit être comme celui
d'une femme âgée, qui n'a qu'un seul fils, mais qui lui a été enlevé afin d'être exécuté.
Elle invoque Allah et les gens afin d'éliminer ce qu'il lui est arrivé. En cet état, elle n'a aucune autre
préoccupation à part son fils. Son cœur ne se détourne pas vers autre chose que ce soit dans le monde
d'ici-bas ou de l'au-delà. Celui qui est dans cet état-là, et qui s'est lancé ainsi vers Allah, le Très-Haut en
ces circonstances de peines et de sinistres : lorsqu'il appelle Allah par son nom "Allatif" (le doux) avec
constance tant qu'il peut, la délivrance lui sera rapide le plus vite possible. En revanche, s'il n'est pas
qualifié de cet état, l'exaucement lui sera retardé.
Par ailleurs, je te mets en garde contre l'occupation par les affaires et la fortune, au point de
dépasser les limites qu’Allah a tracées dans Sa loi religieuse, et de provoquer ta perdition, alors que tu
n'as aucun refuge à part Allah. Médite sur le hadith authentique du prophète, prière et salut d'Allah sur
lui: "Le saint esprit a soufflé en moi que : personne ne mourra avant de compléter la part de subsistance
qui lui est destinée. Soyez pieux devant Allah et résumez votre demande. Il ne faut pas agir en
désobéissant à Allah afin de réaliser ce qui vous a été retardé dans l'exaucement. Sachez qu'Allah ne
vous donne de ce qu'il a que si vous lui obéissez".
C'est dans cette mer que tu vois toutes les créatures noyées et décimées, sauf celui qu'Allah a
protégé par Sa largesse. Fais attention, fais attention, il ne faut pas s'inquiéter et être terrifié
systématiquement lors de chaque peine, et se lancer ainsi vers Allah, le Très-Haut. Tu risques dans ce
cas d'acquérir la mauvaise habitude d'être angoissé par ce qu'Allah a décidé. Tu ne vas donc pas profiter
de ta vie. Il faut, par conséquent, demander refuge auprès d'Allah lors de ces peines, de temps à autre,
et non pas systématiquement.
Parfois, tu endures fermement ce qu'Allah a décidé, sans que tu sois inquiet et sans que tu cherches
la délivrance. Et parfois, tu invoques Allah pour qu'il te délivre. Celui qui emprunte cette voie verra
s'ouvrir devant lui les portes du bonheur de l'au-delà. Il vivra alors une bonne vie, selon le verset
coranique suivant «Quiconque, mâle ou femelle, fait une bonne œuvre, tout en étant croyant, Nous lui
ferons vivre une bonne vie. Et Nous les récompenserons, certes, en fonction des meilleures de leurs
actions» (Sourate An Nahl, les abeilles, verset 97).
Ce qu'on vient de mentionner est largement suffisant. Paix sur vous et clémence d'Allah. Fin de la
dictée du cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, à partir de sa mémoire et de ses propres mots. Prière et
salut d'Allah sur le prophète, Sidna Mohamed, ainsi que sur ses proches et ses compagnons.
Parmi les lettres du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, adressées à certains juristes de la zaouïa de
Zerhoune, qu'Allah la remplisse de son dzikr (rappel) : après avoir cité la bassmala (au nom d'Allah, le
très miséricordieux, le tout miséricordieux), la prière, et le salut d'Allah sur le messager, et après avoir
loué et glorifié Allah par ce dont II est digne. Il a dit, satisfaction d'Allah sur lui : par ailleurs, nous
invoquons Allah. Que sa solennité soit sublime. Que ses noms soient révérés, qu'il te fasse passer, dans

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le présent et à l'avenir, par les voies de ses élus pieux. Qu'il te fasse arrêter entre Ses mains, ici-bas et
dans l'au-delà, tout comme ses bien-aimés gnostiques. Allah en est garant et capable.
Ensuite, tu m'as demandé que je t'autorise dans des litanies à citer en plus du "wird". Saches que je
t'autorise dans tout ce que tu veux : litanies, noms, versets et invocations, là où tu veux et comme tu
veux. Mais je ne t'autorise pas dans les litanies des autres cheikhs, c'est-à-dire dans les litanies
obligatoires dans leurs voies soufies. Sache que tout ce que tu cites comme litanies, prières sur le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, et invocations, si tu t'orientes vers Allah par elles toutes pendant
cent mille ans, et si chaque jour, tu les cites cent mille fois, la rétribution de tout ça ne pourra pas
atteindre celle d'une seule citation de la "Fatihi".
Si tu veilles donc sur ton intérêt dans l'au-delà, occupe-toi de cette prière "Fatihi" tant que tu peux.
Elle constitue, pour celui qui la cite, le trésor le plus sublime d'Allah. Tout ce que tu ajoutes comme
litanies, en plus du "wird”, ajoute-le de cette prière "Fatihi". Voilà, je t'ai bien conseillé, pour l'amour
d'Allah.
Quant à ce que tu as mentionné sur la difficulté que tu rencontres pour que ton âme soit conforme à
l'ordre divin, et sur le fait qu'elle patauge en permanence dans ce qui ne satisfait pas Allah : cela est une
habitude courante. Allah l'a instaurée dans l'univers pour toute personne qui néglige son âme et qui la
laisse courir derrière sa passion. Allah ne facilite pas à cette personne l'exécution de son ordre divin. Elle
ne voit, plutôt, en elle-même, que la méchanceté, les péchés et la déviation du droit chemin.
Celui qui souhaite redresser le recourbement de son âme, qu'il s'occupe par sa répression afin de
l'empêcher de suivre sa passion. Il doit s'isoler en permanence des gens. Il doit constamment se taire et
réduire sa nourriture. Il doit citer abondamment les litanies, d'une manière progressive, et avec la
présence du cœur au moment de la citation. Il doit garder son cœur pour qu'il ne s'occupe plus des
affaires du monde d'ici-bas, et pour qu'il ne le souhaite plus et ne l'aime plus.
Il doit garder son cœur pour éviter de s'intéresser à ses volontés, à ses choix, à ses ménagements et
aux nouvelles des gens. Et il doit retenir son cœur pour qu'il ne soit pas angoissé par l'ordre divin. En
adoptant ces choses, l'âme transcende et quitte sa méchanceté pour s'aligner à l'ordre d'Allah. Sinon,
rien ne se passera. Allah dit : «Telle est la règle d'Allah appliquée aux générations passées. Et tu ne
trouveras jamais de changement à la règle d'Allah» (Sourate Al Fath, la victoire éclatante, verset 23).
Le cheikh, dans ces choses-là, est un guide. Il n'est ni créateur ni acteur. La création et l'acte sont
réservés à Allah. La guidance, quant à elle, est du ressort des cheikhs. Paix sur vous. Prière et salut
d'Allah sur Sidna Mohamed, ses proches et ses compagnons. Écrit par le serviteur nécessiteux auprès
d'Allah, Ahmed Ben M'hammed Tijani. Qu'Allah le traite de Sa largesse. Fin de l'écrit du cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui, lettre par lettre. Fin.
Parmi les lettres du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, adressées à certains dirigeants du pays:
après avoir cité la bassmala (au nom d'Allah, le très miséricordieux, le tout miséricordieux), la prière, et
le salut d'Allah sur le messager, et après avoir loué Allah dont la solennité est glorieuse, la grandeur est
puissante, et la gloire et la générosité sont révérées. Cette correspondance doit parvenir à l'érudit avisé,
au gnostique légiste, à l'éminent notable, dont les attributs sont doux, et les valeurs morales sont
généreuses, Monsieur X Ben Y.
Paix sur vous ainsi que la clémence d'Allah, ses bénédictions, ses salutations et ses miséricordes. De
celui qui vous écrit, le serviteur nécessiteux auprès d'Allah, Ahmed Ben M'hammed Tijani Al Hassani. Par
ailleurs, nous invoquons Allah - que sa sublimité soit glorifiée, que ses noms et attributs soient sanctifiés
- qu'il te compte dans le monde d'ici-bas et dans l'au-delà, parmi les vertueux de cette communauté.
Qu'Il te regarde par un œil de diligence, de sélection, d'amour parfait de sa part et de pure
particularisation, jusqu'à ce tous tes péchés soient annulés et que tes bonnes œuvres soient agréées,
quels que soient leurs états. Attention, ne crois pas que ceci est impossible. Allah, le glorieux, le
Très-Haut dispose, en effet, d'un cercle de largesse, caché derrière les cercles du commandement, de la
prohibition, de la rétribution en bien ou en mal, des considérations, des besoins et des exigences.
Ces rangs concernent la créature en général. Mais ce cercle de largesse constitue quant à lui le cercle
de la particularisation et de l'élection accordées par Allah à celui qu'il veut parmi sa créature.

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Allah, le glorieux, le Très-Haut, a caractérisé ce cercle par une surabondance qui déborde à partir de
la mer de la largesse et de la générosité. Son afflux ne dépend pas d'une cause ou d'une condition ou de
la disparition d'un certain obstacle. Il s'agit plutôt, de la sélection faite par Sa volonté uniquement. Pour
celui qui se trouve à l'intérieur de ce cercle, peu importe pour Allah s'il a rempli ses engagements ou
pas, s'il a emprunté le droit chemin ou pas, ou s'il est tombé à cause de ses péchés dans une mauvaise
voie. Peu importe pour Allah à qui il accorde ce cercle ou pourquoi il le lui accorde. En revanche, celui
qui bénéficiera de ce cercle, parmi la créature d'Allah, aura un bonheur parfait dans l'au-delà, sans peine
ni effroi.
Quant au conseil que je te suggère, écoute ce qu'Allah, le glorieux, le Très-Haut, le conseiller
suffisant, a dit dans son livre Saint : «O vous qui avez cru! Craignez Allah. Que chaque âme voit bien ce
qu'elle a avancé pour demain. Et craignez Allah, car Allah est Parfaitement Connaisseur de ce que
vous faites. Et ne soyez pas comme ceux qui ont oublié Allah; [Allah] leur a fait alors oublier leur
propres personnes; ceux-là sont les pervers. Ne seront pas égaux les gens du Feu et les gens du
Paradis. Les gens du Paradis sont eux les gagnants» (Sourate Al Hachre, versets 18-20). Allah, le
glorieux, le Très-Haut a dit également : «O vous qui croyez! Craignez Allah et parlez avec droiture afin
qu'il améliore vos actions et vous pardonne vos péchés. Quiconque obéit à Allah et à Son messager
obtient certes une grande réussite» (Sourate Al Ahzab, les partis, versets 70 et 71).
Allah, le Très-Haut a dit aussi : «Craignez Allah. Voilà ce que Nous avons enjoint à ceux auxquels
avant vous le Livre fut donné, tout comme à vous-mêmes» (Sourate An Nissa, les femmes, verset 131).
Le glorieux, le Très-Haut a dit : «Et craignez le jour où vous serez ramenés vers Allah. Alors chaque âme
sera pleinement rétribuée de ce qu'elle aura acquis. Et ils ne seront point lésés» (Sourate Al Bakarah,
la vache, verset 281). Le glorieux, le Très-Haut a dit également : «O vous qui avez cru! Préservez vos
personnes et vos familles, d'un Feu dont le combustible sera les gens et les pierres, surveillé par des
Anges rudes, durs, ne désobéissant jamais à Allah en ce qu'il leur commande, et faisant strictement ce
qu'on leur ordonne» (Sourate At Tahrim, l'interdiction, verset 6).
Sache que tu occupes un rang qui comprend une immensité non cernable d'aubaines et de
bienfaisance, mais aussi une infinité d'épreuves et de maux.
Tu es entre les deux dans ce rang. Surveille donc Allah dans ton cœur. Regarde la créature d'Allah par
un œil de pitié. Regarde les faibles et les démunis d'entre eux par un œil de compassion et d'assistance.
Attention ! Il ne faut pas se moquer d'eux ni retarder, par paresse, le report de leurs affaires au
Sultan. Allah, le glorieux, le Très-Haut, a un point de vue sur son serviteur lors de chaque regard à
travers lequel il le voit. Si Allah le voit appartenant à une classe supérieure, et pourtant il regarde les
gens d'un œil de compassion et de clémence ; tout en étant modeste vis-à-vis d'eux et tout en
considérant le fait qu'ils sont affiliés à Allah. Il les vénère de ce point de vue, et il se dépêche pour les
servir et les assister selon ses possibilités, tout en ayant la bonne intention que tout ce qu'il fait, c'est
pour Allah, le Très-Haut.
Alors Allah, le glorieux, le Très-Haut, le regardera d'un œil de miséricorde, de révérence et de
considération. Allah lui réalisera ses requêtes le plus rapidement possible, veillera sur lui, et le protégera
comme un père qui protège son bébé.
Quel bonheur qu'est celui de bénéficier de ce regard de la part de son seigneur ! Par contre, celui qui
emprunte l'autre voie, qu'Allah nous en protège, c'est-à-dire celui qui ne prête aucune attention aux
êtres créés par Allah, qui s'éloigne de leur assistance, qui est loin d'éprouver la moindre miséricorde ou
compassion pour eux, sa rétribution est connue, c'est le feu. Allah, le glorieux, le Très- Haut, a dit, à
propos de ce type de personnes : «Saisissez-le! Puis, mettez-lui un carcan, ensuite, brûlez-ie dans la
Fournaise, puis, liez-le avec une chaîne de soixante-dix coudées, car il ne croyait pas en Allah, le Très
Grand, et n'incitait pas à nourrir le pauvre» (Sourate Al Haqqah, Celle qui montre la vérité, versets
30-34).
Cela te suffira si tu acceptes le conseil. Nous invoquons Allah qu'il t'accorde succès et raison, et qu'il
te couvre par la mer de la guidance et de la droiture. Allah en est garant et capable. Prière et salut

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d'Allah sur Sidna Mohamed, ses proches et ses compagnons. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction
d'Allah sur lui.
Parmi les lettres du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, adressées à l'un de ses disciples bien-aimés
parmi les commerçants de Fès : Au nom d'Allah, le très miséricordieux, le tout miséricordieux, prière et
salut d'Allah sur son messager. Louange à Allah dont la solennité est glorieuse, la grandeur est
puissante, et les attributs et les noms sont révérés. Cette correspondance doit parvenir à notre
bien-aimé, à celui dont la valeur et la position sont élevées dans notre cœur, Monsieur X Ben Monsieur
Y. Paix sur vous ainsi que la clémence d'Allah, ses bénédictions, ses salutations et sa satisfaction. De
celui qui vous écrit, qui vous aime beaucoup, le serviteur nécessiteux auprès d'Allah, Ahmed Ben
M'hammed Tijani Al Hassani.
Par ailleurs, nous invoquons pour vous Allah, dont la solennité est majestueuse et la perfection est
puissante, qu'il vous traite, ici- bas et dans l'au-delà par Sa largesse et Sa satisfaction. Qu'il vous regarde
par l'œil de Sa satisfaction, de Sa diligence, de Son amour, de Sa protection, de Sa préservation et de Sa
tutelle, dans toutes vos fluctuations, mouvements et repos. Qu'il vous préserve du mal qu'apportent la
nuit et le jour, et de tout ce qui s'oppose à la joie parfaite.
Ensuite, et concernant ce que vous nous avez écrit. C'est-à- dire à propos de votre plainte contre les
mendiants qui vous gênent, et qui vous harcèlent, et à qui vous ne pouvez que donner votre argent,
sans pouvoir les chasser. Sachez, mon frère, que tu causes dans ce cas un dommage à ta propre
personne. Ce préjudice est réel religieusement et naturellement.
Du point de vue religieux, Allah, le Très-Haut, a mentionné, dans son livre Saint, lors de l'éloge qu'il a
fait à ses serviteurs dignes de Sa proximité : «.. qui, lorsqu'ils dépensent, ne sont ni prodigues ni avares
mais se tiennent au juste milieu» (Sourate Al Furqane, Le discernement verset 67). Allah, le glorieux, le
Très-Haut, a dit également : «Et dépensez dans le sentier d'Allah. Et ne vous jetez pas par vos propres
mains dans la destruction» (Sourate Al Baqarah, la vache, verset 195).
Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit à son prophète, le messager, le bien-aimé et le pur, prière et
salut d'Allah sur lui : «Ne porte pas ta main enchaînée à ton cou [par avarice], et ne l'étend pas non
plus trop largement, sinon tu te trouveras blâmé et chagriné» (Sourate Al Isra, le voyage nocturne,
verset 29). Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit également : «Donne donc au proche parent son dû,
ainsi qu'au pauvre, et au voyageur en détresse» (Sourate Ar Rum, les romains, verset 38). Allah, le
glorieux, le Très- Haut, a dit aussi : «Et ne gaspille pas indûment, car les gaspilleurs sont les frères des
diables; et le Diable est très ingrat envers son Seigneur» (Sourate Al Isra, le voyage nocturne, versets
26-27).
La communauté est unanime sur l'interdiction du gaspillage de l'argent et sur la nécessité de le
préserver. Nous ne connaissons aucune controverse à ce propos. Vous avez entendu en plus de ça les
mots du coran dont «Le faux ne l'atteint [d'aucune part], ni par devant ni par derrière: c'est une
révélation émanant d'un Sage, Digne de louange» (Sourate Fussilat, les verstes détaillés, verset 42).
Vous n'avez alors qu'à entendre, obéir et suivre. Ne vous élancez pas dans le don d'argent, au point
d'arriver au gaspillage. Vous risquerez donc de tomber dans l'illicite, selon la loi religieuse. N'arrêtez pas
de donner, sinon vous risquez l'avarice qui est condamnée, par la loi religieuse et par la nature.
Soyez au milieu des deux, entre l'avarice et la prodigalité, c'est-à-dire interposez-vous au milieu.
Donnez pour Allah selon l'ampleur de votre fortune, selon vos charges familiales, les imprévues et selon
les recettes de votre commerce et services, en tout moment. Celui qui dispose de cinquante quintaux,
alors qu'il a une famille nombreuse, s'il donne, pour Allah, un "mitqal"1 par jour, ce sera suffisant pour
lui, et il ne sera pas appelé à ajouter plus. S'il ajoute et augmente son don à deux "mitqals" par jour, il
sera alors très généreux. S'il donne plus, il sera considéré comme gaspilleur. Ceci ne concerne pas le cas
d'un mendiant affamé qui vient vous demander un ou deux pains, à manger. Même si vous recevez
entre un et trois mendiants comme celui-là, par jour, vous ne pouvez pas les renvoyer sans rien leur

1 -Un "mitqal" (à Fès et durant l’époque du cheikh, satisfaction d’Allah sur lui) = 1/1000 quintal. Un quintal = 1000 mitqal =
10.000 ouqiya.

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donner. Mais s'il y a plus de trois mendiants, ne vous gênez pas si vous refusez de leur donner ; dites-
leur : qu'Allah ôte ce qui obstrue pour vous et pour nous.
Dans le cas où ils vous demandent quelque chose, pour le visage d'Allah, le Très-Haut, ou pour celui
de son messager, prière et salut d'Allah sur lui, donnez-leur entre une "ouqiya"1 à deux "ouqiya". Et ne
vous faites pas de souci en dehors de ça.
Mémorisez ces quantités et donnez du soin à la préservation de votre argent. C'est par votre argent
que vous protégez votre foi. Si vous le perdez, vous risquerez de perdre votre foi en Dieu. Dans le
prédicat, il a été mentionné qu'il y a des gens qui ne peuvent avoir une bonne foi que s'ils sont fortunés.
S'ils deviennent démunis, ils se transformeront en mécréants. Par ailleurs, il semble qu'on vous a
raconté des histoires sur les grands élus qui dépensent sans compter, au point de ne rien conserver. Et il
semble que vous voulez les prendre pour exemple et modèle. Celui qui vous raconte de telles histoires
ne peut être qu'un ignorant du temps, de son déroulement, des règles de la loi religieuse et de ses
fondements. Ne le considérez donc pas et ne lui accordez aucune importance. Il fait partie de l'armée du
diable (Satan), parce que les élus qu'il vous a mentionnés sont noyés dans les mers de la certitude et du
monothéisme. Ils sont entre les mains du Vrai, du glorieux, du Très-Haut.
Ils ne pensent qu'à Allah ; ils ne se détournent pas de lui, vers autrui, que ce soit dans leur
mouvement ou au moment de leur repos. Les gens dignes de ce rang bénéficient en effet, d'une grande
diligence de la part du Vrai. Allah ne les laisse pas démunis. Il leur conduit plutôt les fortunes dans tous
les sens, et ce bon gré ou contre le gré des gens. En dépit de ça, ils sont prudents vis-à-vis du Vrai, le
glorieux, le Très-Haut, car ils sont dotés d'une clairvoyance, et ils savent, d'après la science cachée
injectée en eux, que tout ce qui leur est demandé, de la part d'Allah, c'est de liquider la fortune et de la
distribuer ailleurs.
Allah leur accorde en effet une force d'endurance, de satisfaction et de certitude, suffisante pour
qu'ils ne sentent aucune peine lors des moments les plus difficiles, où ils ont intensément besoin
d'argent.
Les élus dignes de ce rang ne peuvent pas être blâmés s'ils distribuent toute leur fortune en une
seule heure. Mais, vous, ainsi que vos semblables, vous ne disposez pas de leur force. Donc, connaissez
bien votre rang, arrêtez-vous à ses limites et conduisez- vous en fonction de ses règles et verdicts. Ne
vous lancez pas aux rangs des gens de l’élite. Vous n'avez pas leur force ni leur certitude.
L'adage dit que la fourmi ne supporte pas la charge du chameau. Si elle cherche à la porter, elle
dépassera alors ses limites et elle n'aura aucune force pour réaliser ce qu'elle veut. Le diable, qu'Allah
l'anathématise, procède à une ruse dissimulée contre le riche.
S'il le voit pieux, appliquant le commandement de son seigneur tant qu'il peut, préservant les gens
de son mal, submergé dans plusieurs aspects de la piété, serein avec son argent, ne s'angoissant point,
alors l'anathématisé viendra chez lui avec sa ruse dissimulée. Il conduira, en effet, les mendiants vers lui
pour lui demander l'aumône pour Allah. Il lui insufflera la crainte s'il ne leur donne pas ce qu'ils
demandent, car il soufflera dans son cœur : "si tu renvoies ces gens, tu encourras le courroux d'Allah, ou
tu seras privé de Son aubaine". Il ne cessera de lui souffler ces idées, car son objectif est de le priver de
son argent afin de lui faire perdre sa religion et sa foi. S'il ne le laisse pas tranquille, il continuera ainsi
jusqu'à ce qu'il distribue tout son argent.
Une fois qu’il le distribue, il sentira un dérangement dans son cœur. S'il veut dépenser ce qu'il avait
l'habitude de dépenser pour sa famille en période d'aisance, il ne pourra pas et il n'aura aucun moyen
pour le faire. Le dérangement et le trouble viendront donc de la part des membres de sa famille. Ils
réclameront ce qu'ils avaient eu l'habitude d'avoir en période d'aisance.
S'il ne satisfait pas leurs demandes, l'exaspération, la colère et l'hostilité commenceront à prendre de
l'élan entre lui et sa famille. Il sera de plus en plus enserré et enragé et il ne trouvera pas assez de temps
pour faire ses litanies, et pour se rappeler son seigneur. Il ne trouvera plus de temps libre pour exécuter
les devoirs religieux. Il se pourra même qu'il rate le devoir de la prière. Cela risquera également de le

1 -Une "ouqiya" = 0.1 mitqal.

-450-
pousser à s'endetter et à dépenser toute la dette. Il encourra rapidement l'épreuve et la nocivité, à
cause de son incapacité à rembourser ses dettes, et il sera parmi les réprouvés.
Voilà donc, comment il a perdu sa religion, sa raison, sa fortune et son au-delà. C'est ce que le diable
(Satan) voulait de lui, quand il aimait donner pour Allah et ne rien retenir. Prenez garde à cette ruse. Ce
qu'on vient de mentionner est largement suffisant.
Quant à ce que vous nous avez écrit à propos de vos litanies, si vous avez la capacité, citez la "Fatihi",
deux cents fois entre la nuit et le jour, en plus du "wird" connu. Citez également, de jour comme de nuit
cent fois de l'invocation suivante : "Gloire à Allah, louange à Allah, pas de divinité à part Allah, Allah est
grand, pas de puissance ni de force que par Allah, selon l'ampleur de Son savoir, le nombre de Son
savoir et le poids de Son savoir". Si vous citez une seule fois cette glorification, elle vaudra plus que si
vous passiez toute la nuit et toute la journée en train d'invoquer Allah, le Très-Haut.
Abandonnez les autres litanies que vous avez mentionnées, ainsi que la litanie de "la Fatiha"
(prologue du Coran). Selon votre capacité, citez vingt fois, entre le jour et la nuit, l'invocation suivante :
«ô celui qui a montré le beau, caché le mauvais, pardonné le délit, et qui n'a pas violé la confidence. Ô
celui dont la rémission est immense, et le pardon est bien large, qui tend les mains par la clémence, qui
entend tout chuchotement, qui est le refuge de toute plainte, qui pardonne par générosité, qui a des
faveurs immenses, qui commence par les aubaines avant même d'être méritées. O Seigneur Maître,
Tuteur et ultime souhait, je te demande de ne pas déformer mon visage par l'épreuve d'ici-bas ni par le
supplice du feu.». Fin.
Les vingt fois de cette invocation peuvent être groupées ou citées de temps à autre. Lors de la
lecture, ayez un coeur présent tant que vous pouvez. La présence est l'esprit des oeuvres. Sachez que
cette invocation a été apportée par l'ange "Gabriel" au prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Il lui a dit
: O, messager d'Allah, je suis venu vous apporter un cadeau. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui,
lui a demandé : "C'est quoi ce cadeau, O, Gabriel ?" Il lui a alors cité cette invocation. Le prophète,
prière et salut d'Allah sur lui, a répliqué : "Quelle est la rétribution de cette invocation ?". Gabriel a
répondu : "Si les anges des sept deux se regroupent pour décrire cette récompense, ils n'arriveront pas,
même s'ils continuent à la décrire jusqu'au jour de la résurrection, et même si chacun d'eux ne décrit
pas ce que l'autre décrit. Ils seront incapables de la décrire".
Parmi les mérites de cette invocation : Allah dit : "Je lui donne une récompense au nombre de ce que
j'ai créé dans les sept cieux, dans le paradis, dans l'enfer, dans le trône, et dans le siège, ainsi qu'au
nombre des gouttelettes de la pluie et des mers, et au nombre des particules des pierres et des sables”.
Parmi les mérites de cette invocation : Allah lui donne la récompense de toutes les créatures.
De même, Allah, le Très-Haut, lui donne la rétribution de soixante-dix prophètes qui ont tous
transmis le message divin, etc.
Ce hadith est authentique. Il a été trouvé inscrit dans la fiche de "Amr Ben Chouâïbe", d'après son
père, d'après son grand-père, d'après le prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Son grand-père est Abd
Allah Ben Amr Ben Al Asse, un des grands compagnons, du prophète, satisfaction d'Allah sur lui. Ce
hadith a été authentifié par Al Hakem qui a dit que ses rapporteurs sont tous de la Médine chérifienne.
Abandonnez donc toutes les autres litanies. Si vous citez vos litanies habituelles, autres que la
"Fatihi", pendant cent mille ans, vous n'arriverez pas à la rétribution d'une seule citation de cette
invocation. Elle est alors suffisante et peut remplacer toutes les autres litanies.
Quant à ce que vous avez mentionné à propos de votre souhait pour que vous consacriez votre cœur
dans l'occupation par Allah et pour que ne vous prêtiez aucune attention à autrui, sachez que cela a un
moment et a un délai bien déterminé. Ce n'est pas encore le moment. Sachez également que votre
lecture de la Fatiha (prologue du Coran), avec l'intention de citer ...1, vous suffira amplement. Tous les
cultes ne représentent, par rapport à cette citation, qu'une goutte dans une mer.

1 -Avec l'intention de citer le nom suprême d'Allah.

-451-
Engagez-vous à suivre ce que nous avons mentionné. Si le culte de tous les gnostiques est réuni, ils
n'arriveront pas à atteindre la rétribution d’une seule fois de cette citation. Nous invoquons Allah pour
vous, pour vos enfants et pour toute personne attachée à vous, qu'il vous mette sous la tutelle d'Allah et
sous celle de son messager, prière et salut d'Allah sur lui, ici-bas et dans l'au-delà. Allah en est garant et
capable.
Prière et salut d'Allah sur notre maître, Sidna Mohamed, ses proches, et ses compagnons. Fin de la
dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, à partir de sa mémoire et de ses propres mots.
Il a écrit ici, à cet endroit, par sa propre écriture honorable : le serviteur nécessiteux auprès d'Allah,
Ahmed Ben M'hammed Tijani, dit : tout ce qui est écrit dans ce livre, depuis le début jusqu'à la fin, je l'ai
dicté lettre par lettre à celui qui l'a écrit. Prière et salut d'Allah sur notre maître, Sidna Mohamed, ses
proches, et ses compagnons.
Parmi les conseils que le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a promulgués pour l'ensemble de ses
compagnons et pour d'autres : après la bassmala (au nom d'Allah, le très miséricordieux, le tout
miséricordieux) et après la prière d'Allah et son salut sur son messager. Le cheikh, satisfaction d'Allah
sur lui, a dit : ceci est un conseil vis-à-vis de tous ceux qui veulent conseiller leurs propres âmes et leur
seigneur, selon le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui : La religion c'est le bon conseil. Les
compagnons demandèrent : "Vis-à-vis de qui" ?. Il dit, prière et salut d'Allah sur lui : "Vis-à-vis d'Allah, de
Son Messager, de Son Livre, de l'ensemble des croyants et de l’élite parmi eux".
Le premier conseil est la crainte d'Allah, pas de divinité à part Lui. C'est le conseil d'Ali (ibn abi taleb,
satisfaction d'Allah sur lui) à ses enfants, satisfaction d'Allah sur eux. Il leur a dit : mes enfants, je vous
conseille :
• La crainte d'Allah le Sublime, dans ce qui est visible et dans ce qui est invisible.
• Le mot de vérité, lors de la satisfaction et lors de la colère.
• L'application de la justice sur l'ami et sur l'ennemi.
• L'économie lors de l'aisance et de la nécessité.
• Le retour vers Allah, le Très-Haut, en se réfugiant chez lui, pour faire face à la pression de
toute chose subséquente.
• L'attachement du cœur à Allah, le glorieux, le Très-Haut, selon le rang du serviteur.
• La pudeur devant Allah, le glorieux, le Très-Haut, selon le hadith du prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, qui dit : ayez vraiment honte devant Allah. Ses compagnons ont dit : mais on
a honte devant lui, louange à Dieu. Il leur a répondu : ce n'est pas cela. Mais la pudeur à
l'égard d'Allah consiste à protéger la tête et ce qu'elle comprend ; le ventre et ce qu'il
contient, et à se rappeler la mort et l'épreuve. Celui qui veut l'au-delà abandonne
l'ornementation de l'ici-bas. Celui qui fait cela a vraiment honte devant Allah .
Voilà la pudeur expliquée aux gens du commun par le messager d'Allah, prière et salut d'Allah sur lui.
Quant à la pudeur propre aux véridiques, il s'agit du silence de l'esprit à cause de la crainte révérencielle
qu'inspire la Solennité. Dans ce contexte, un des gnostiques a dit :
Il me manque, mais une fois son apparition je garde le silence par vénération.
Il ne s’agit pas d’une crainte, mais d’une révérence et d’une préservation de Sa beauté intense.
J’endure pour le défendre
et je souhaite le spectre de son ombre.
La mort c’est quand il s’éloigne.
La vie c’est quand il arrive.
Un autre gnostique, satisfaction d'Allah sur lui, a dit :
Gloire à celui qui, si l’on se prosterne devant lui, par les yeux, sur le bord des épines et des aiguilles
impétueux, nous ne pourrons pas le louer pour le dixième du dixième de ses bienfaits, ni pour le
dixième de ceci, ni encore pour le dixième de ce dixième.

-452-
Ce gnostique a ensuite prononcé quelques vers et s'est dissipé dans la foule ; il était à "Arafate" (lors
du pèlerinage). J'ai demandé son nom ; on m'a répondu : c'est Abou Obayda Al Khawasse. Il est connu
qu'il n'avait jamais levé le regard au ciel, pendant quarante ans, par pudeur devant Allah, le Très-Haut.
Voilà la pudeur des gnostiques. Ensuite, le fait de se rapprocher d'Allah, le Très-Haut, par
l'effacement des attachements, par la suppression des obstacles et par l'abandon des conjonctures, des
habitudes et de l'observation de tout ce qui est en dehors d'Allah ne doit pas être lié à un intérêt
particulier ou à une ruse odieuse devant Allah, le Très-Haut. Il faut plutôt se rapprocher de Lui en ayant
l'intention de veiller sur le droit de Sa sublimité, de Sa solennité et en aimant Son Entité.
Mais, en ceci, chaque individu se comporte selon sa station et son rang. Celui qui a subi une épreuve
et qui a enfreint par la suite cet ordre, qu'il retourne vers Allah, le Très-Haut, par la supplication,
l'invocation, la demande du pardon, la rupture, la servilité et l'humiliation, tout en reconnaissant, entre
les mains d'Allah, le Très- Haut, son incapacité et sa faiblesse.
Il doit s'arrêter devant Allah, le Très-Haut, en gardant la servilité et l'humilité, au centre de la
nécessité et du besoin. Son cœur doit craindre l'autorité divine, ainsi que le stratagème dissimulé
d'Allah. Il doit garder la satisfaction et la soumission à Allah, le Très- Haut, gloire à lui, dans tout ce qui
arrive dans l'univers, sans agacement, ni trouble, ni invocation pour la levée du mal. Mais au cas où la
personne récolte le résultat de ses mauvais actes, elle doit se dépêcher pour se repentir de ce qu'elle a
fait comme transgression des limites tracées par la loi religieuse. Il lui est interdit religieusement de
rester dans son état, et même si elle ignore qu'il s'agisse bien du verdict d'Allah; elle n'aura aucune
excuse pour ne pas se repentir.
Que cette personne réserve une partie de son temps pour servir les gens ; pas tous, mais les plus
proches, sans excès ni défaut. Qu'elle s'occupe sérieusement des droits de ses confrères dans la tariqa,
c'est-à-dire des droits qu'il ne faut pas négliger. Il faut seulement faire le nécessaire. Il ne faut pas non
plus consacrer tout son temps dans ce service. D'ailleurs, chaque être doté de raison doit disposer, de
certains moments réservés à son seigneur ; il ne faut pas qu'il tolère le retard ou l'occupation par
quelque chose autre au détriment de ces moments. Il doit réserver également certains moments à ses
confrères de la Tariqa. Il doit s'asseoir avec eux, pour Allah, le Très-Haut, pour leur rappeler, les instruire
ou les faire profiter, sans excès ni défaut.
Ensuite, qu'il choisisse pour sa retraite spirituelle des moments connus pour leur vertu. C'est le cas
par exemple du milieu de la nuit, après le sommeil des gens, jusqu'à l'aube ; ou après la prière de l'aube
jusqu'au lever du jour, ou après la prière de l'Assr (après midi) jusqu'à la prière de l'aichae (la dernière
prière de la journée). Il doit suivre la voie du juste milieu et se rapprocher de la perfection selon ses
capacités. Il doit connaître ce qui pourrait provoquer dans son âme la paresse et l'ennui. Il doit toujours
se rappeler le hadith suivant du prophète, prière et salut d'Allah sur lui : la religion est aisance et facilité.
Jamais quelqu'un ne cherchera à rivaliser de force avec la religion sans que la religion ne l'écrase. Suivez
plutôt la voie sage du juste milieu, rapprochez-vous en douceur de la perfection et soyez optimistes.
Aidez-vous en cela par vos allées et venues à la mosquée le matin, le soir, et aux dernières heures de la
nuit.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit également: "Cette religion est solide. Abordez-la
doucement. Ne vous faites pas détester le culte d'Allah. Celui qui impose à sa monture ce qu'elle ne
peut pas supporter ne peut pas parcourir des terres ni préserver la santé de sa monture”.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit aussi: "Ne vous surchargez point, engagez-vous dans
les cultes que vous pouvez supporter, Allah ne se lasse pas jusqu'à ce que vous vous lassiez". Par
ailleurs, il faut se méfier des conférences et des assises scientifiques qui conduisent l’assistance à
s'occuper des affaires courantes des gens du commun ou de la politique.
Celui qui s'occupe de ces choses-là ne gagne rien ni ici-bas ni dans l'autre monde. Le disciple doit
plutôt s'intéresser à son propre apprentissage. Il ne doit réserver à ses confrères, s'il a la compétence de
les faire profiter, que ce qui reste de son temps. L'imam Malek, satisfaction d'Allah sur lui, a dit
concernant la recherche de la science : "C'est bien, mais il faut connaître ce qu'il vous est nécessaire de
faire depuis ton réveil jusqu'à ton sommeil, veillez sur ça en permanence". L'imam Malek, a ainsi insisté

-453-
sur les obligations de l'individu. C'est ce qu’exige Allah de lui, et ne lui pardonne pas s'il les néglige. Celui
qui les néglige, tout en se cachant derrière le fait qu'il est occupé par la recherche de la science, perd
donc les deux mondes, d’ici-bas et de l'au-delà.
La vérité est que vous n'avez qu'Allah, le glorieux, le Très- Haut. Ne vous occupez donc pas de
quelqu'un d'autre. Ne vous réfugiez pas en dehors de lui. Ne cherchez pas d'excuse pour vous détourner
de sa porte. Ne fuyez que vers Lui lors des sinistres, des détresses et des peines. Veillez sur son
remerciement en cas d'aisance et de succession d'aubaines.
Prenez comme modèle le dire de Abi Al Abbes Al Morssi : "Les moments du serviteur (d'Allah) sont
quatre ; il n'y a pas de cinquième moment : ou bien vous vous trouvez en période d'aisance, alors votre
devoir envers le Vrai est de le remercier. Ou bien vous vous trouvez en période de difficulté, alors votre
devoir envers le Vrai est d'endurer. Ou bien vous vous trouvez dans un moment de péché, alors votre
devoir envers le Vrai est de vous repentir. Ou bien vous vous trouvez dans un moment d'obéissance,
alors votre devoir envers le Vrai est de constater la faveur qu'il vous a accordée". Ces cas susmentionnés
traitent toutes les périodes consommées par le serviteur. Ce sont ces périodes qui sont mentionnées
aussi par le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui :
" Celui qui a bénéficié d'un don et a présenté ses remerciements; qui a été éprouvé et a enduré; qui a
commis une injustice et a demandé le pardon; et qui a été traité avec injustice et a pardonné". Le
prophète s'est tu ensuite et n'a rien ajouté. Un des assistants a répliqué "Qu'est-ce qu'il aura comme
récompense, O messager d'Allah ?" Il a répondu : "Ceux-là ont la sécurité; et ce sont eux les
bien-guidés". Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a voulu dire par "ont la sécurité", qu'ils seront
sûrs que le châtiment d'Allah ne viendra pas les couvrir dans le monde de l'au-delà, "et ce sont eux les
bien-guidés", dans le monde d'ici-bas.
Le serviteur doit être bien dévoué à Allah, en tout ce qui a été mentionné. Il doit œuvrer
exclusivement pour Allah. Rien ne doit s'infiltrer en lui en dehors d'Allah, le Très-Haut. Ce conseil
concerne les gens voilés.
Quant à celui dont les connaissances deviennent pures, au point de les maîtriser parfaitement, il agit
selon ce que stipulent son temps, son état, sa station et ses manifestations. Il ne fournit aucune
information sur sa propre personne, et il ne trouve aucune sérénité ou stabilité chez un autre qu'Allah.
Paix sur vous. Prière et salut d'Allah sur notre maître Sidna Mohamed, ses proches et ses compagnons.
Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, à partir de sa mémoire et de ses propres mots.
Louange à Dieu, le Très-Haut. Fin.
Parmi les lettres du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, adressées à certains princes : après la
bassmala (au nom d'Allah, le très miséricordieux, le tout miséricordieux) et après la prière et le salut
d'Allah sur son messager. Louange à Allah, par la totalité des louanges par lesquelles il s'est loué
Lui-même au sein de la présence de Son Entité suprême, là où personne à part lui ne peut avoir de
constatation. Que Sa solennité soit majestueuse, que Sa grandeur soit puissante, que Sa puissance soit
élevée, et que Sa gloire et Sa générosité soient sacrées.
La présente correspondance doit parvenir :
• À la perle orpheline.
• Au souffle obligeant.
• À celui qui détient les glorieux et nobles attributs, ainsi que les resplendissantes et riches
valeurs morales.
• À celui qui protège les gens.
• Au Diamant entouré par les parties vivantes de la conque.
• À celui dont les attributs sont doux et l'éthique et les vertus sont nobles.
• À celui qui détient la victoire lorsqu'il concourt pour atteindre tout ce qui est cher.
• À l'élevé à l'apogée de la puissance, embrassant les sommets.
• Au releveur du drapeau de l'élévation et de la générosité.
• À celui qui s'élève par sa haute détermination bien au-dessus des situations d'humiliation et
d'accusation.

-454-
• À celui qui est entouré par l’armée de la gloire et du soutien.
• À celui, qui se sont empressés vers lui les précurseurs de la majesté et de la distinction.
• À celui, dont le soleil du bonheur s'est levé dans le ciel de la gloire et de la grandeur, et dont
la lumière de la lune s'est manifestée dans les ténèbres du temps.
Je m'adresse au commandeur des croyants, le successeur du seigneur des mondes, notre maître et
tuteur, X Ben Y, le noble, le racé, le glorieux, et le pur. Paix sur vous, ainsi que la clémence d'Allah et sa
bénédiction.
De celui qui écrit la présente correspondance, le serviteur nécessiteux auprès d'Allah, Ahmed Ben
M'hammed Tijani Al Hassani.
Par ailleurs, j’invoque Allah, pour vous - Que Sa sublimité soit majestueuse, que Ses noms et attributs
soient sacrés - qu'il pérennise les vents de Sa victoire et de Son appui qui parviennent à vous. Qu'Il vous
place dans le jardin de la guidance, là où il y a son succès et sa droiture. Qu'il remplisse votre cœur de la
crainte d'Allah, secrètement et publiquement.
C'est grâce à ce rang que l'heureux a trouvé son bonheur, dans les deux demeures et a réussi à avoir
la satisfaction d'Allah dans les deux mondes, d'ici-bas et dans l'au-delà. Quel rang ! Il permet au
serviteur de progresser vers l'apogée, et il le purifie des mauvaises valeurs qui le font descendre à la
bassesse et à la qualification par les plus bas attributs. Allah en est garant et capable.
Par ailleurs, le conseil que je vous recommande, tout mon conseil, qui est plutôt une obligation,
parce que celui qui l'enfreint risque la perdition : c'est de garder le secret de ce que je vous ai dit
auparavant. Il ne faut rien divulguer, d'une manière absolue, sans exception. Les secrets ont pour
tombeaux les cœurs des gens libres. Les secrets ont pour tombeaux les cœurs des gens biens. Les
secrets ont pour tombeaux les cœurs des grands maîtres. Un de ces derniers a dit :
Le secret est, chez moi, bien gardé dans une chambre fermée
dont les clés sont perdues alors que la porte est fermée.
Seul le noble peut garder le secret.
Le secret, confié aux ignobles, est divulgué.
Sachez que personne ne peut se passer du conseil d'autrui, ni un être noble, ni un être parfait. Allah,
le Tout-Puissant, le solennel vous a chargé des affaires de sa créature. Il vous a confié la responsabilité
de son pays et de ses serviteurs. Vous êtes alors un des représentants d'Allah, dans le pays d'Allah et de
ses serviteurs.
Allah vous demandera le compte rendu sur cette responsabilité et sur ce que vous avez fait au cours
de sa période.
Ayez donc peur d'Allah ; évitez qu'il vous trouve négligent ou occupé par une distraction au
détriment de cette responsabilité. Certes, il n'est pas toujours possible de faire un travail complet, dans
tous ses aspects, à cause de la période dans laquelle nous vivons, des circonstances, de l'absence d'un
assistant et du manque de la réceptivité de la part des gens.
Mais que votre conduite soit dirigée par le verset coranique : «Craignez Allah, donc autant que vous
pouvez» (Sourate La grande perte, At-Tagabun, verset 16), et par le hadith du prophète, prière et salut
d'Allah sur lui : Quand je vous ordonne quelque chose, faites-en ce que vous pouvez et quand je vous
interdis une chose, abstenez-vous-en (totalement).
Faites attention ! Ne vous sentez pas à l'abri du stratagème d'Allah à cause de ce que vous avez
entendu à propos de la spécificité que vous avez reçue de par Sa largesse. Ne vous sentez pas à l'abri de
Son stratagème en tout cas et en toute circonstance. Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit : «Seuls les
gens perdus se sentent à l'abri du stratagème d'Allah» (Sourate Al Aâraf, verset 99).
Derrière cette spécificité, Allah, le glorieux, le Très-Haut, dispose d'un stratagème, d'une gestion, et
d'un zèle par lesquels il réprimande son serviteur, selon un aspect qui lui est impensable, et ce bien qu'il
soit compté parmi l’élite. Par ailleurs, je vous conseille de veiller sur les faibles parmi les gens. Ils sont
spécifiés par le regard d'Allah par rapport au reste de la créature. Selon votre diligence envers eux, votre
rang, chez Allah, s'élève.

-455-
Je vous conseille également de veiller sur les opprimés. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a
dit : "Quiconque reçoit de Dieu la charge de gérer une partie des intérêts des musulmans puis se cache
d'eux pour ne pas s'occuper de leurs besoins. Dieu se cache de lui pour ne pas s'occuper le jour de la
résurrection de ses besoins". (Ou il a dit une parole ayant le même sens) C'est-à-dire, s'il a besoin d'Allah
lorsqu'il affrontera un problème donné, et s'il invoque Allah pour l'aider à le surmonter, Allah se cachera
alors de lui. Il ne considérera pas sa requête et n’accordera aucune importance à son invocation ni à sa
demande de secours.
Je vous conseille fortement ! Par Allah! Par Allah! Ménagez bien comment satisfaire votre seigneur
dans les affaires des opprimés. Ne soyez pas insouciant ni négligent ! Paix sur vous, ainsi que la
clémence d'Allah et ses bénédictions. Fin. Prière et salut d'Allah sur notre maître, Sidna Mohamed, ses
proches et ses compagnons.
Parmi les lettres du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, adressées à l'un de ses compagnons, après la
bassmala (au nom d'Allah, le très miséricordieux, le tout miséricordieux) et la prière et le salut d'Allah
sur son messager : ... Il me semble que votre cœur s'est attaché à ce que vous avez entendu à propos de
ce qui est arrivé à Monsieur X. Vous avez cru que je l'ai préféré à vous. Sachez que je ne suis pour rien
dans cette affaire.
Mais je vous informe d'une chose que personne ne connaît. Allah accorde en effet certaines
inspirations et certains mystères à celui qu'il veut. Il, gloire à lui, le Très-Haut, envoie ces dons par
l'intermédiaire de certaines images issues du monde de l'inconnaissable. Il les fait apparaître sous forme
d'une image similaire à celle d'un de ses élus, vivants ou morts.
Ces images révèlent ainsi certains secrets qui sont la source de l'action ou de la réaction ou de
quelques inspirations. Elles les révèlent à celui qu'Allah veut, en rêve ou en état d'éveil. Celui-ci en
bénéficiera et verra l'image d'un élu qu'il connaît. Il dira alors : c'est l'élu X qui m'a offert le secret.
En fait, cet élu ne connaît rien de cet évènement ! Cependant, il faut savoir que la condition pour que
le disciple bénéficie de ce secret est la foi en cet élu et sa glorification. Il s'agit bien sûr de l'élu dont
l'image a été identique à celle qui a transmis le secret.
Si le disciple ne croit plus en cet élu, dont l'image est identique à celle qui lui a été parvenue, ou si
son cœur éprouve moins de vénération pour lui, Allah lui ôtera son secret. Dans ce cas, l'image en
question ne reviendra jamais à lui, et il n'aura jamais de secret. Il n'aura que l'humiliation et la bassesse.
Parmi les lettres du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, adressées à l'un de ses compagnons en
Tunisie : après la bassmala (au nom d'Allah, le très miséricordieux, le tout miséricordieux), la prière et le
salut d'Allah sur son messager : par ailleurs, nous invoquons Allah, le tout puissant, le solennel, qu'il
fasse descendre sur vous la douceur et la dissipation du mal dont vous vous plaignez. Nous l'invoquons
aussi, gloire à lui, le Très-Haut, qu'il vous regarde d'un œil de douceur, de miséricorde et de salut en face
de toute épreuve.
Qu'il réalise tous vos espoirs. Qu'il se charge de la réalisation de tous vos projets, ici-bas et dans
l'au-delà. Nous l'invoquons, gloire à lui, qu'il fasse déborder sur vous les mers des biens et des
bénédictions, ici-bas et dans l'au-delà. Qu'il fasse déborder sur vous les mers de sa satisfaction et de sa
largesse, ici-bas et dans l'au- delà. Amen.
Quant à ce que vous m'avez écrit et informé à propos des interventions des élus antérieurs, tout en
sollicitant que je fasse de même pour vous soulager du mal dont vous souffrez, la réponse est la
suivante : les états des élus ne se déroulent pas selon une seule loi, ni selon une même voie, ni dans
tout ce qu'ils veulent. Cette affaire est entre les mains d'Allah. Elle se déroule selon la loi de Sa volonté.
Aucun saint n'agit selon son propre choix. Aucun saint n'intervient dans la moindre chose par son
ordre et son propre choix. Tout ceci se déroule plutôt selon la volonté d'Allah, le Très-Haut. C'est lui qui
agit selon ce qu'il veut. Combien d'élus courent derrière les prodiges admirés par les gens du commun ;
ils les accomplissent comme ils veulent et là où ils veulent.
Mais combien d'élus, de grande importance et de valeur beaucoup plus élevée, se sont éloignés de
l'univers, par Allah, de manière à ne plus rien savoir en dehors d'Allah. Lorsque ces derniers souhaitent

-456-
montrer un miracle, ou intervenir dans l'univers, ils se trouvent défendus de le faire, tout simplement
parce que Allah ne veut pas ; la raison de cette interdiction n'est connue que par Allah.
Al Jounaïde, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : "Certaines personnes ont marché sur l'eau grâce à la
certitude, mais d'autres personnes, beaucoup plus vertueuses qu'elles, ont péri de soif. Ensuite, à
propos de ce que vous m'avez demandé concernant mon intervention pour lever votre mal, sachez que
je n'en ai trouvé aucun moyen, ni astuce, ni quelque chose sur laquelle je peux compter. Chaque chose
obéit au jugement et au destin divin. «Allah dit la vérité et c'est Lui qui met [l'homme] dans la bonne
direction» (Sourate Al Ahzabes, les partis, verset 4).
Les secrets particuliers, d'une manière globale et détaillée, n'obéissent pas aux règles de l'analogie.
Le jugement appartient à Allah, selon Sa volonté, quelque soit l'état des gens. Prière et salut d'Allah sur
notre maître, Sidna Mohamed, ses proches et ses compagnons. Fin de l'écriture du cheikh, satisfaction
d'Allah sur lui, lettre par lettre. Je l'ai copiée directement ici sans intermédiaire. Fin.

-457-
CHAPITRE CINQUIÈME - PARTIE V - QUESTIONS JURIDIQUES ET
SENTENCES DU CHEIKH
Problématiques juridiques et sentences du cheikh (satisfaction d'Allah sur lui)
On a interrogé le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, sur la signification du verdict religieux. Il a
répondu, satisfaction d'Allah sur lui, en disant : la réalité du verdict religieux est l'allocution d'Allah qui
se rapporte aux verdicts des individus responsables, etc.
Quand il s'agit de textes divins, c'est-à-dire des dires d'Allah eux-mêmes, comme dans le cas de la
Thora, de l'Évangile, du Zabour et du Coran, etc. le verdict religieux est alors manifeste. Quand il s'agit
des recommandations des messagers, en dehors des livres Saints, il y a une nuance. Afin de lever
celle-ci, il faut analyser ce qu'Allah a dit dans son livre Saint :
«Nous n'avons envoyé de Messager que pour qu'il soit obéi, par la permission d'Allah» (Sourate An
Nissa, les femmes, verset 64). Il a dit également:
«Quiconque obéit au Messager obéit certainement à Allah» (Sourate An Nissa, les femmes, verset
80). Il a dit aussi : «Et si vous lui obéissez, vous serez bien guidés» (Sourate An Nour, la lumière, verset
54). De même, il a dit : «Et quiconque fait scission d'avec le Messager, après que le droit chemin lui est
apparu et suit un sentier autre que celui des croyants, alors Nous le laisserons comme il s'est
détourné, et le brûlerons dans l'Enfer» (Sourate An Nissa, les femmes, verset 115).
Ces versets coraniques déclarent que le commandement du messager n'est autre que le dire d'Allah.
C'est Allah, le Très-Haut, qui a ordonné (à ses serviteurs) d'obéir à son messager dans tout ce qu'il
recommande ou interdit. Allah a dit, dans un autre verset coranique : «Prenez ce que le Messager vous
donne; et ce qu'il vous interdit, absentez-vous en» (Sourate Al Hachre, l'exode, verset 7).
L'établissement, par le messager, du verdict qui ne figure pas dans le livre saint, est une injonction
divine. Personne ne doute qu'il parvient d'Allah. Le messager reçoit d'Allah le verdict selon une des voies
suivantes :
• Soit par la voie des rapports1. Ce qui rend le verdict incontestable.
• Soit par la voie des secrets. Le verdict issu de cette voie est également incontestable.
• Soit par la voie de l'inspiration. Le verdict y est incontestable aussi.
• Soit par la voie de la révélation. L'ange parvient au messager portant avec lui l'ordre d'Allah,
mais un ordre dépourvu du dire d'Allah. Le verdict issu de cette voie est également
incontestable.
1. Concernant les rapports. Cette voie est bien connue chez les messagers, prière et salut d'Allah
sur eux, au sein de la présence divine. Celle-ci est conforme à une loi qui ne s'oppose jamais à la
sagesse.
En effet, il n'est pas possible de trouver dans l'univers, selon la voie de la sagesse, une femme
donnant naissance à un âne ou à un chameau. L'inverse est impossible également, car il n'y a pas
de proportionnalité entre eux. La répartition divine ne dépend que de la volonté (divine). Elle n'a
besoin d'aucune cause pour exister. Mais malgré ça, Allah a voulu qu'elle suive des règles et
qu'elle s'adapte à des rapports de conformité dans le monde de la sagesse.
C'est ainsi que la répartition divine ne peut avoir lieu qu'au sein d'un milieu qui peut
l'admettre naturellement, et nulle part ailleurs. Le blé, par exemple, ne peut pas être cultivé dans
un galet solide ; aucun blé complet ne peut sortir de ce galet de la même manière avec laquelle il
sort d’une excellente terre. Cela n'est pas possible par manque de rapport de conformité. Même

1 -Allah, le Très-Haut, n’a créé les choses que selon une harmonie et une adéquation. C’est ainsi que les verdicts divins exigent
par exemple que telle personne ne puisse atteindre tel niveau que si elle dispose de certaines aptitudes et qualifications. Si
les juristes maîtrisent les causes des verdicts religieux ; les prophètes (prière et salut d’Allah sur eux), quant à eux, ils
maîtrisent l’harmonie et l'adéquation selon laquelle Allah a créé les choses. Il s’agit en fait de la connaissance et de la
maîtrise des secrets des choses.

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en cas de semis du blé en terre, les graines ne peuvent germer et émerger que moyennant une
excellente terre, de l'eau d'arrosage et des amendements. La culture a ensuite besoin d'air et de
soleil pour son développement complet.
Sans ces facteurs, le blé ne peut pas compléter son cycle cultural, par manque de rapport de
conformité et de commodité naturelles, et ainsi de suite1, etc.
2. Concernant la voie des secrets, c'est une science attribuée aux messagers, prière et salut d'Allah
sur eux. Chaque fois qu'ils reçoivent d'Allah un ordre ou une interdiction, ils sont mis au courant
du secret qui est derrière cet ordre ou cette interdiction, et de ce qu'il traduit comme bénéfice
ou mal.
Ceci est bien assimilé et bien connu chez eux, prière et salut d'Allah sur eux, à travers l'ordre
divin. Une fois que le messager retrouve le secret dans une situation qui n'a pas été traitée par
un dire d'Allah, le Très-Haut, il ordonne alors son exécution ou il l'interdit selon le secret qu'il a
su (car ce même secret et cette même cause se trouvent dans les deux situations). Voilà
comment le messager établit le verdict selon la voie des secrets.
3. Quant à la voie de l'inspiration, elle se concrétise ou bien par interception ou bien par injection
ou bien par rencontre :
• L'interception : c'est quand le messager, prière et salut d'Allah sur lui, se dirige, par son for
intérieur, en totalité, vers la présence du Vrai, en vue de lui demander de l'informer sur
quelque chose et de la lui dévoiler. La réponse est alors immédiate. Le messager, prière et
salut d'Allah sur lui, saura aussitôt que le verdict religieux concernant telle affaire est telle et
telle chose. C'est-à-dire s'il s'agit d'un ordre ou d'une interdiction. Ce verdict est donc
incontestable.
• L'injection : c'est ce qui parvient du Vrai au secret du messager, prière et salut d'Allah sur
lui, à l'improviste, sans que le messager se dirige vers le Vrai pour Lui demander de
l'informer sur le verdict. Voilà ce qu'est l'injection. Les deux voies précédentes peuvent être
appelées toutes les deux injection et interception. La différence est que l'une est parvenue à
la suite d'une orientation du messager vers la présence (divine), et que l'autre est parvenue
sans aucune orientation.
• La rencontre, quant à elle, est une notion qui ne doit pas être divulguée. Elle n'est connue
que par ceux qui en sont dignes.
4. La révélation: c'est quand l'ange parvient au messager, portant avec lui l'ordre d'Allah, qu'il
s'agisse d'un ordre ou d'une interdiction. Cet ordre porté par l'ange est dépourvu de la parole
d'Allah écoutée à partir de Son Entité. Mais en réalité, cet ordre n'a été établi qu'à partir de la
parole d'Allah, le Très-Haut. Fin.
L'allocution d'Allah, le Très-Haut, est de deux types : une allocution dans le monde de la sagesse, et
une autre dans le monde de la volonté.
Chacune de ces deux allocutions est vraie et authentique. Il faut en avoir la croyance et la foi.
L'exemple de l'allocution d'Allah, dans le monde de la sagesse, est le verset coranique suivant :
«Je n'ai créé les djinns et les hommes que pour qu'ils M'adorent» (Sourate Ad Daryate, Qui
éparpillent, verset 56). C'est- à-dire pour les obliger à M'adorer. S'ils remplissent bien les actes
d'adoration, je les récompenserai. Sinon, ils mériteront Ma punition. Quant à l'oraison dans le monde de
la volonté, Allah, le Très-Haut, gloire à lui, a dit : «Et si ton Seigneur avait voulu, Il aurait fait des gens

1 -Les prophètes et les messagers maîtrisent bien ces rapports et ces relations. Pour pouvoir tirer un verdict concernant une
nouvelle situation donnée, ils voient le rapport qui existe entre elle et entre une autre situation où le verdict a été prononcé
par un dire d'Allah. Ces rapports ne sont pas du tout évidents, mais les messagers cernent ce savoir qui consiste à leur
montrer pourquoi telle et telle chose ont été créées et par conséquent ils savent ce qui est conforme à elle et en relation
avec elle. «Al qiyass» (la déduction par analogie) qui est pratiquée par les juristes musulmans ressemble à cette voie de
rapports, mais la différence est que les juristes font ces analogies par eux-mêmes et selon leurs savoirs. Les messagers,
quant à eux, cernent les rapports qui existent dans l'univers, et ne prononcent rien sous l'effet de la passion.

-459-
une seule communauté. Or, ils ne cessent d'être en désaccord (entre eux) sauf ceux à qui ton Seigneur
a accordé miséricorde. C'est pour cela qu'il les a créés» (Sourate Houd, versets 118-119).
Un autre exemple de l'allocution dans le monde de la sagesse : Allah dit : «Nous n'avons envoyé de
Messager que pour qu'il soit obéi, par la permission d'Allah» (Sourate An Nissa, les femmes, verset 64).
En ce qui est de l'allocution dans le monde de la volonté : «Et si Nous faisions descendre les Anges vers
eux, [comme ils l'avaient proposé] si les morts leur parlaient, et si Nous rassemblions toute chose
devant eux, ils ne croiraient que si Allah veut» (Sourate Al An'âm, les bestioles, verset 111).
Dans le premier verset coranique, «Nous n'avons envoyé de Messager» (Sourate An Nissa, les
femmes, verset 64) : Allah a montré qu'il appartient aux serviteurs d'être croyants et d'avoir la foi. Par
contre, dans le second verset «Ils ne croiraient que si Allah veut» (Sourate Al An'âm, les bestioles,
verset 111) : Allah a montré que les serviteurs sont dépourvus de la foi et que cette dernière ne peut
leur être attribuée que par la volonté divine. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
La question suivante a été posée au cheikh, satisfaction d'Allah sur lui : au nom d'Allah, le très
miséricordieux, le tout miséricordieux. Prière et salut d'Allah sur son messager. Le présent livret
comporte des questions destinées aux savants de l'Islam, à ceux qui sont dotés d'un regard complet et
d'une clairvoyance parfaite et générale dans la compréhension des significations des textes du livre
Saint et dans la connaissance de leurs objectifs. Qu'ils répondent à ces questions.
Première question : une femme vit sous l'autorité de son mari, en référence au lien sacré du
mariage, dans un pays où il n'y a pas de juge qui peut punir l'injuste et aider l'opprimé en lui accordant
victoire et assistance. Le pays est négligé dans sa justice et il est difficile d'y faire respecter les verdicts
religieux.
Puis, cette femme est partie de chez elle à la maison de ses parents, sans permission de son mari.
Lorsque l'époux est allé la ramener au foyer, elle a catégoriquement refusé et a dit : je ne retournerai
plus jamais avec toi, sauf si tu t'engages à m'accorder le divorce irréversible dans le cas où tu épouses
une autre femme et à m'accorder tout ce que je te dois comme dot dans ce cas. Sinon, je ne retournerai
jamais avec toi. En fait, la réaction de cette femme ne relève ni d'un mal qu'elle a subi, ni d'un malaise
qui l'a poussée à procéder ainsi. Son seul objectif est d'empêcher son mari d'épouser une autre femme.
Par ailleurs, le contrat de mariage ne signale pas cette condition. De même, cela est arrivé après une
longue période de mariage. Le mari, obligé de céder, s'est alors engagé à respecter tout ce qu'elle lui a
demandé. Il a effectivement tenu son engagement. La question est la suivante : est-ce qu'il lui est
obligatoire de respecter cet engagement selon la loi religieuse ou bien c'est un engagement vain ?
Deuxième question : il s'agit du cas suivant: la femme en question est partie de chez elle à la maison
de ses parents, sans permission de son mari. Elle est partie pour s'y réfugier tout en abandonnant son
époux et tout en montrant qu'elle lui désobéit. Elle a procédé ainsi sachant qu'elle n'a subi aucun mal
qui peut la pousser à cette violation des droits conjugaux. Le mari a ensuite juré de ne pas aller la
chercher et de ne pas divorcer d’elle. Pour lui, il faut qu'elle retourne chez elle, toute seule, ou en
compagnie de son père ou de sa mère. Sinon, il la laissera suspendue (ni mariée ni divorcée). Peut-il se
marier à une autre femme et laisser sa première femme suspendue?
Troisième question : supposons que cette femme est enceinte de son mari. Elle a donc abandonné
son foyer pour donner naissance à un bébé chez ses parents. Si elle refuse d'allaiter le bébé, est-ce que
ce sera une violation de la loi religieuse? Est-elle obligée de l'allaiter?
Quatrième question : cette question n'est pas enregistrée ici, car sa réponse est évidente et
concise1.

1 - Cette question a été citée dans le livre "al jamie" de l'imam sidi mohamed ben machri, satisfaction d'Allah sur lui. Il s'agit
de la question suivante:
Si une femme dit à son mari : ne donne rien de ton argent à personne sauf si mon père et moi, t'autorisons à le faire ; sinon
je ne reste pas avec toi. Est-ce qu'il devra obéir à sa demande ou non ?
La réponse à cette 4ème question est la suivante, qu'Allah nous accorde succès : Ce dire est clairement vain, d'après les
verdicts et les règles de la loi islamique. Il est du droit de celui qui dispose d'un bien de le gérer lui- même. Personne n'a le
droit de s'associer avec lui pour gérer son argent. Il n'a pas besoin de tuteur dans cette gestion, sauf s'il est un gaspilleur.

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La réponse à la première question, qu'Allah nous accorde succès: l'engagement qu'a pris cet homme
devant cette femme, tel qu'il a été décrit selon le pays et les circonstances, est complètement vain. Le
mari ne doit rien à sa femme, ni le divorce, ni la pension, ni rien d'autre. La raison est que le mari a été
contraint à conclure cet engagement.
L'autorité du mari et l'obéissance que la femme doit à son époux sont inchangeables selon la loi
religieuse. La femme n'a pas le droit de se refuser à son mari, ou de le faire chanter pour prendre de lui
ce qu'elle veut, ou de l'empêcher d'épouser une autre femme. Elle n'en a pas le droit. Elle a été donc
injuste à son égard. Et étant donné qu'il a conclu cet engagement en circonstances contraignantes, rien
ne l'oblige à tenir sa parole, puisque son droit sur elle est irréfutable. Elle ne peut pas s'en débarrasser.
Cette femme s'est refusée à son mari, sans aucun motif légitime valable. Et il n'y a pas de juge dans le
pays afin d'imposer la loi. Le mari n'ayant pas pu se séparer d'elle parce qu'il en a besoin. Il s'est alors
engagé à respecter ce qu'elle lui a demandé dans ces circonstances contraignantes. Le mari ne lui doit
donc rien du tout. Cette affaire présente une certaine analogie avec la suivante : un voleur a saisi de
force l'argent de quelqu'un, sans motif, ni droit. Lorsque la victime a réclamé son argent, le voleur l'a fait
chanter et lui a imposé une contrepartie. Une fois que la victime a récupéré son argent, elle a réclamé la
contrepartie. Le voleur a refusé sous prétexte que la victime la lui a donnée de son propre gré.
Le verdict religieux est le suivant : le voleur doit rendre cette contrepartie à la victime, qui n'a donné
ce qu'elle a donné que pour restituer son argent. Une fois qu’elle a pu faire justice, elle a donc le droit
de récupérer cette contrepartie. L'affaire de la femme susmentionnée ressemble à cette affaire du
voleur.
La raison est la suivante : il faut donner son droit à tout ayant droit selon la loi religieuse. Si une
personne bloque ce droit jusqu'à ce qu'il prenne quelque chose en contrepartie. Cette contrepartie est
alors illégitime. Celui qui l'a payée afin de récupérer son droit a été obligé de procéder ainsi. Il n'avait
pas le choix. La communauté musulmane est unanime sur le fait de considérer vain, un engagement
établi en circonstances contraignantes, quel que soit son contenu.
Ali Ben Abi Taleb, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : "Ceux qui étaient avant vous doivent leur perte à
leur blocage du droit jusqu'à ce qu'il soit acheté, et à leur laisser-aller du faux et de l'injuste jusqu'à ce
qu'une contrepartie soit payée". Il a été rapporté dans un hadith authentique que le prophète, prière et
salut d'Allah sur lui, a dit : "Ma communauté est excusée en cas de péchés commis par erreur, oubli, ou
contrainte". Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit également: "Le divorce n'est pas dû s'il y a
contrainte".
Il a été rapporté aussi que l'émir de la Médine a demandé l'avis de l'imam Malek (qui est l'imam de
notre doctrine Marocaine), satisfaction d'Allah sur lui, sur celui qui est contraint à répudier sa femme.
Ce divorce "par force" est-il valable ? L'Imam Malek a répondu négativement. L'objectif de l'émir était
en fait d'obtenir de l'Imam un verdict en sa faveur, c'est-à-dire un verdict validant ce divorce.
En réponse à ce verdict qui n'était pas en faveur de l'émir, l'imam Malek a été saisi et a subi une
mauvaise image d'humiliation. Sa tête et ses épaules ont été découvertes. Le flagellateur l'a fait tourner
en Médine en disant à haute voix : "Voilà la rétribution de celui qui désobéit aux émirs". On le frappait
et on le poussait à répéter la même phrase "Voilà la rétribution de celui qui désobéit aux émirs". Mais
l’imam Malek, satisfaction d'Allah sur lui, disait, en cet état : "O, gens, celui qui me connaît, m'a déjà
connu. Celui qui ne me connaît pas encore, je suis Malek Ben Anas. Le divorce n'est pas dû s'il y a
contrainte, il n'est pas valable".

Celui-ci ne doit pas gérer ses biens lui-même. C'est son tuteur qui le prend en charge, et non pas sa femme dans tous les cas,
ni son beau-père. C'est ainsi que la condition exigée par cette femme est vaine. Son intervention ou celle de son père dans la
gestion du bien de son mari est vaine. Cette condition est une injustice. Il ne faut pas que le mari obéisse aux exigences de
cette femme.
Il ne faut pas permettre à cette femme ni à son père de gérer l'argent de son mari. Il est libre dans ses biens ; qu'il les gère
comme il veut, s'il est en bon état mental. Il n'est pas obligé de satisfaire sa femme et son père. La communauté musulmane
est unanime sur cette question qui est évidente et qui ne nécessite aucune réflexion. Qu'Allah nous accorde succès. Fin.

-461-
Le flagellateur continuait donc à le torturer et à le battre de coups de fouet, mais l’imam Malek,
continuait à répéter ce qu'il avait dit.
Si vous savez ceci, sachez donc que l'engagement du mari susmentionné, vis-à-vis de sa femme est
vain et ne l'oblige en rien. Nous avons déjà montré en effet qu'il a été contraint à conclure cet
engagement et nous avons dit que la communauté est unanime au sujet de l'annulation de tout ce qui a
été conclu par force. Les hadiths qui appuient ce verdict sont très nombreux.
Oui, si le pays disposait d'un juge juste, droit, consciencieux, maîtrisant les verdicts religieux,
intransigeant dans leur application, humiliant les injustes et les iniques, et redoutable à cause de son
autorité et de sa vengeance; et si le mari concluait l'engagement précité sans s'adresser à ce juge, il
serait alors obligé de tenir son engagement, parce qu'il s'est engagé de son propre gré. Il aurait pu lever
cette injustice en s'adressant au juge susmentionné.
Par ailleurs, si la fuite de la femme est due à un préjudice perpétré par le mari, l'engagement pris par
ce dernier sera alors valable. Le préjudice, en fait, peut être la cause d'un divorce légitime. Dans ce cas,
le sort du lien du mariage est mis entre les mains de sa femme. Si elle est opprimée, elle pourra choisir
le divorce. Mais si ce mal est tellement faible et ne donne pas le droit au juge de conclure sur le divorce,
il faudra alors que le mari lève le mal et ait un bon comportement avec sa femme.
Dans ce cas, l'engagement du mari qui consiste à ne pas épouser une autre femme est vain puisqu'il
s’agit d'un engagement par force et par contrainte. Le sort du lien de mariage reste dans ce cas entre les
mains du mari. Sa femme n'a aucun droit de demander plus que la levée du mal.
Il s'agit donc de deux personnes : chacune d'elle a opprimé l'autre, mais d'une manière différente. La
sentence est la suivante : chaque personne doit seulement lever son injustice envers l'autre, sans rien
ajouter. Dans cette affaire, le mari est injuste, mais d'une manière légère. Il faut qu'il enlève son
injustice (le mal qu'il a fait à sa femme). La femme est injuste en imposant le divorce à son mari, alors
que rien ne l'oblige à céder. Il faut qu'elle enlève son injustice. L'adage répandu chez les gens de la
doctrine Malékite dit :
Un soi-disant «acquis» n’oblige l’engagé en rien
en cas d’astreinte, de parjure ou de serment.
En résumé : le mari a plein droit sur sa femme, selon l'acte de mariage, d'après la loi religieuse. Mais
il ne peut pas accéder à son droit à cause de l'absence d'un juge dans le pays. Il ne peut pas abandonner
son droit puisqu'il a bien besoin de sa femme. Celle-ci lui a imposé de faire le choix entre :
• Un divorce irréversible, ce qui lui est intolérable.
• Ou bien un divorce irréversible s'il épouse une autre femme.
Le mari, contraint, s'est engagé à la répudier d'une manière irréversible s'il épouse une autre femme.
Il a procédé ainsi afin d'obtenir son droit légitime. Lorsqu'il n'a rien pu faire, et à cause de l'absence d'un
juge qui peut établir la justice, il a été contraint à conclure cet engagement, pour obtenir son droit
d'elle. Il est donc forcé, sans aucun doute. Ceci est évident chez toute personne qui connaît les
différents aspects de la contrainte dans la loi religieuse. Fin de la première réponse.
Réponse à la seconde question, qu'Allah nous accorde succès: la communauté est unanime sur le
devoir de la femme d'obéir à son mari dans tout ce qu'il lui demande ou interdit de faire, sauf dans le
cas où il la pousse à commettre un péché ou à réaliser une affaire qui lui est très difficile. Dans ce cas,
elle n'est pas obligée d'obéir à son mari.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit, en effet : «L'obéissance à un être créé n'est pas due
si elle implique une désobéissance au créateur». Dans le cas où le mari pousse sa femme à réaliser une
affaire qui lui est difficile, elle n'est pas obligée de lui obéir non plus. Allah dit «Et comportez-vous
convenablement envers elles» (Sourate An Nissa, les femmes, verset 19). Allah dit également : «Alors,
c'est soit la reprise conformément à la bienséance, ou la libération avec gentillesse» (Sourate Al
Baqarah, la vache, verset 229). Le fait de demander à sa femme de faire ce qui lui est difficile n'est pas
conforme à la bienséance. Cela constitue une oppression qui pourrait conduire au divorce en cas de
répétition du mal. Même en cas de non-répétition, le mari doit être puni.

-462-
En dehors de ces deux exceptions (désobéissance au créateur et tâche difficile), l'obéissance de la
femme à son mari est obligatoire, à tout aspect et à toute considération. L'obéissance de la femme à
son époux est en effet conforme à la sagesse divine.
La sagesse divine requiert en fait, l'édification des deux demeures, le paradis et l'enfer, par les fils
d'Adam. Cela suppose la procréation entre le mâle et la femelle. Cette procréation suppose un acte
légitime de mariage. Une fois cet acte établi, les deux partenaires n’ont plus le choix de l'enfreindre. En
outre, le mariage, qui est une condition de la procréation, suppose la bonne cohabitation entre le mâle
et la femelle. Chacun d'eux doit oeuvrer pour faire plaisir à l'autre. Mais si leurs intérêts divergent, la
séparation et la dispute suivront. Dans ce cas, la requête de la sagesse divine - c'est-à-dire la procréation
- sera entravée.
Le mari ne peut rester durablement avec sa femme que lorsqu'elle lui obéit. Chaque fois qu'elle ne
lui obéit pas, il y a répulsion et séparation. La femme ne peut rester durablement avec son mari que
lorsqu'il lui tient compagnie convenablement. Si ce n'est pas le cas, il y aura répulsion et séparation. Il
est donc clair que la requête de la sagesse divine réside dans l'obligation de l'obéissance de la femme à
son mari.
La preuve de ceci est le verset coranique suivant : «Les hommes ont autorité sur les femmes, en
raison des faveurs qu'Allah accorde à ceux-là sur celles-ci, et aussi à cause des dépenses qu'ils font de
leurs biens» (Sourate An Nissa, les femmes, verset 34).
Voilà l'image du verdict et de l'autorité octroyée à celui qui commande, et voilà l'image de celui qui
commande. Ce dernier a le plein droit de conclure un divorce. Allah a placé les hommes en position
d'autorité par rapport aux femmes. Les hommes détiennent l'autorité sur les femmes, par ordre divin.
Les femmes ont le devoir d'obéir à ceux à qui Allah a donné l'autorité sur elles.
Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit, à propos de l'image de ce verdict : «Et quant à celles dont vous
craignez la désobéissance, exhortez-les, éloignez-vous d'elles dans les lits et frappez-les. Si elles
arrivent à vous obéir, alors ne cherchez plus de voie contre elles, car Allah est certes, Haut et Grand»
(Sourate An Nissa, les femmes, verset 34). Or le fait de frapper n'est accordé qu'à celui qui détient
l'autorité, et dont l'obéissance est obligatoire. Donc l'obéissance de la femme à son mari est obligatoire.
Ceci a fait d'ailleurs l'objet de l'unanimité de la communauté.
Cette obéissance signifie que la femme doit rester chez elle, au foyer de son mari, et ne peut sortir
qu'après sa permission. Si elle sort sans permission, elle sera considérée désobéissante et en dehors de
l'ordre divin, ce qui nécessitera un repentir de sa part et une punition pour ce qu'elle a fait. Son
repentir: c'est son retour au foyer de son mari, son obéissance et ne plus jamais refaire ce qu'elle a fait.
Si elle ne retourne pas et ne se repent pas, elle encourra alors la colère d'Allah, dans le présent et
dans le futur. Elle commet ainsi un des plus grands péchés. Il faut que la personne qui la reçoit chez lui,
père ou proche, la réprimande, la chasse de chez lui et ne la laisse pas chez lui un instant. Sinon, il
encourt, comme elle, la colère d'Allah. Son cas est similaire, en effet, à celui d'un assassin tuant
délibérément et injustement.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : "Celui qui tue délibérément un croyant, toutes les
mains des croyants sont sur lui.
Celui qui lui donne refuge ou le protège, aura la malédiction d'Allah, des anges et de tous les gens sur
lui". Il en est de même pour le cas de la femme qui fuit le foyer de son mari sans qu'elle ait subi de mal
de sa part. Il n'est pas légitime, pour un bon croyant, qui croit en Allah et au jour dernier, de la laisser
chez lui. Elle est ainsi considérée comme ennemie d'Allah et de son messager. Allah, le glorieux, le
Très-Haut, a dit : «Et quiconque fait scission d'avec le Messager, après que le droit chemin lui est
apparu et suit un sentier autre que celui des croyants, alors Nous le laisserons comme il s'est
détourné, et le brûlerons dans l'Enfer» (Sourate An Nissa, les femmes, verset 115).
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : "Quand les gens voient l'injuste commettre son
injustice sans qu'ils le punissent, ils s'exposent tous à un châtiment d'Allah", il paraît donc, d'après ce
qu'on a rapporté, et d'après la loi religieuse, que la femme susmentionnée est obligée de retourner au

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foyer de son mari, seule, et sans qu'il soit obligé de la prier pour retourner chez lui. Elle doit se repentir
de sa désobéissance. Voilà donc ce que stipule la loi religieuse, de par son origine.
Mais, étant donné qu'on s'est éloigné de la loi, et que les gens se sont habitués à voir le mari
rejoindre sa femme une fois qu’elle s'est enfuie chez ses parents. Et compte tenu du fait que ceci est
devenu une habitude chez toutes les nations, sachant que les gens insistent sur les coutumes plutôt que
sur la loi religieuse. Et étant donné que cette coutume est devenue une loi ancrée adoptée par tout
juge, puisque ces derniers ignorent les bases, l'origine et les objectifs de la loi religieuse.
Alors dans ces conditions, le mari est obligé de partir chercher sa femme afin qu'elle retourne chez
lui. Il n'y a donc plus de possibilité de reprendre la législation d'origine. C'est comme le cas de celui qui
s'alimente de cadavres en absence de nourriture, en circonstances de faim aiguë et de crainte de la
mort.
Si le mari a juré de ne pas aller chez elle la chercher, il ne sera pas injuste envers elle, puisqu'il a
adopté la législation d'origine qui est une législation droite et en vigueur. La femme doit plutôt
retourner elle-même au foyer de son mari, seule ou en compagnie d'un proche de son choix.
Si elle ne retourne pas chez elle, et si le mari ne va pas à sa recherche, elle sera considérée, d'après la
législation religieuse, désobéissante et en dehors de l'ordre divin. Aucune pension n'est due en sa
faveur. Et même si elle reste longtemps loin de son mari, elle ne pourra pas être divorcée dans ces
circonstances. Elle n'aura rien à dire si elle prétend subir un mal. Elle ne doit pas être divorcée à cause
de ce mal, parce que sa levée lui est très facile. C'est elle qui a provoqué ce mal à elle-même, de son
propre gré.
Il ne faut pas lui accorder le divorce si elle le demande. Celui, parmi les juristes, qui répond
favorablement au divorce ou qui l'aide à l'obtenir, à cause de ce mal, est un pervers tyran. Si cette
femme se marie après ce divorce, chaque accouplement sera considéré comme fornication et sera
compté contre elle, contre le juge et contre tous ceux qui ont aidé à l'obtention du divorce. Chacun
assume complètement sa responsabilité, sans effet atténuant sur les autres. Comme il est ignorant ce
juriste! Il n'a même pas su les bases de la législation musulmane, ni les aspects détaillés du mal qui
risque ou qui ne risque pas d'être à l'origine du divorce.
Quant à la pension, le mari n'est plus obligé de la verser à cette femme. Ceci est clair selon les règles
législatives, et ne présente aucune polémique ou objection. Il est adopté à l'unanimité que la pension
vient en contrepartie de la jouissance. Chaque fois qu'il y a abstention de l'un, il y a abstention de
l'autre. Or, dans cette affaire, c'est la femme qui a refusé que son mari puisse jouir d'elle. Elle s'est
refusée à lui par injustice et animosité. Elle ne bénéficiera donc d'aucune pension de la part de son mari
susmentionné.
Il a été dit dans "Al moukhtassar" le mémento1 ce qui suit : «La femme consentante qui supporte
l'accouplement a le droit de bénéficier d'une pension, qu'on détermine selon les coutumes. Il s'agit
généralement, de l'huile et d'aliments pouvant assurer la subsistance». Donc, la femme qui n'est pas
consentante et qui n'a aucune raison valable pour se refuser à son mari n'a pas droit à la pension. Voilà
ce qui est le plus correct, et ce à quoi nous devons compter. En revanche, si la femme est enceinte, elle
a droit à la pension de la grossesse bien qu'elle soit désobéissante. En effet, la pension concerne dans ce
cas le foetus et non pas la femme. La pension due pour le foetus n'est pas rejetée à cause de
l'insoumission de sa mère. Fin.
Réponse à la troisième question, qu'Allah nous accorde succès: sachez que pour la mère qui allaite
son bébé, il y a deux cas : soit elle a gardé le lien conjugal avec le père de l'enfant, soit elle ne l'a pas
gardé, à cause d'un divorce ou d'un décès. Pour le premier cas, elle est obligée à l'unanimité d'allaiter.
Allah, le Tout-Puissant, le Solennel, a dit :
«Et les mères allaiteront leurs bébés deux ans complets. Au père de l'enfant de les nourrir et vêtir
de manière convenable» (Sourate Al Baqarah, la vache, verset 233). Cela concerne la femme qui a gardé
le lien conjugal avec le père de son bébé. Allah lui a ordonné d'allaiter, selon ce verset coranique. Mais à

1 - Il s'agit du livre "Mémento du cheikh khalil" qui traite de la doctrine Malékite.

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condition que le père de l'enfant soit capable d'assurer sa pension. S'il en est incapable, elle peut
demander le divorce à cause de la difficulté de la subsistance. Et le divorce lui sera accordé.
Une fois divorcée, elle n'est plus sous son autorité. En rompant ce lien conjugal, elle a le droit de
refuser d'allaiter le bébé. La pension doit être assurée dans ce cas par la communauté musulmane (par
l'État, puisque le père est incapable). La mère n'a plus dans ce cas le devoir d'allaiter, sauf si le bébé
n'accepte personne à part elle. C'est alors qu'il faut l'obliger à l'allaiter afin d'éviter la perte du bébé et
sa mort, mais moyennant une pension qui lui sera fournie par la communauté musulmane.
Si la femme enceinte n'est pas sous l'autorité du père du nouveau-né, à cause d'un décès ou d'un
divorce, elle ne sera pas obligée dans ce cas d'allaiter son bébé. Allah, le glorieux, le Très- Haut, a dit :
«Puis, si elles allaitent [l'enfant né] de vous, donnez- leur leurs salaires. Et concertez-vous [à ce sujet]
de façon convenable. Et si vous rencontrez des difficultés réciproques, alors, une autre allaitera pour
lui» (Sourate At Talaq, le divorce, verset 6).
Voilà ce qu'Allah, le tout puissant, te Solennel, a dit à propos des femmes divorcées : «Si elles
allaitent [l'enfant né] de vous, donnez-leur leurs salaires» (Sourate At Talaq, le divorce, verset 6). Cela
signifie que l'allaitement dans ce cas n'est pas de leur devoir, d'après la Sourate "At Talaq, le divorce".
Dans Sourate "Al Baqarh, la vache", l'allaitement a été cité sans mentionner de salaire. Il s'agit du cas
des femmes se trouvant sous l'autorité du père du bébé. Donc, d'après ce verset, l'allaitement est un
devoir que doivent assumer ces femmes. Ceci est clair et n'a besoin d'aucune autre interprétation ou
hésitation.
Dans le cas où la femme n'est pas sous l'autorité du père du nouveau-né, à cause du décès du père,
le devoir d'allaitement du bébé sera analysé comme suit : si l'enfant dispose d'argent (héritage), le
salaire d'allaitement en sera prélevé afin de payer la mère qui a le choix d'allaiter ou pas. Elle pourra, en
effet, recruter une autre femme pour cet objectif. Si le bébé n'accepte que sa mère, elle sera obligée de
l'allaiter dans ce cas, moyennant un salaire prélevé de son héritage.
Si l'enfant n'a pas d'argent, le salaire de son allaitement incombera alors à la communauté
musulmane. La mère peut choisir de l'allaiter ou pas, bien sûr moyennant un salaire fourni par la
communauté. Si le bébé n'accepte que sa mère, elle sera obligée de l'allaiter, d'après la loi religieuse,
pour éviter la perte du bébé, et elle sera payée par la communauté musulmane.
Maintenant, si l'on prend le cas de la femme susmentionnée dans la question, qui est toujours sous
l'autorité de son mari, et ce malgré la longue période de son séjour chez son père.
On a dit qu'elle ne doit pas être divorcée à cause de cette longue période. Ce n'est pas un mal qui
nécessite le divorce parce que c'est la femme qui s'est donnée ce mal, de son propre gré. Elle a la
capacité de le lever en retournant chez elle. Compte tenu de ces données, l'allaitement du bébé est un
devoir légal qui lui incombe. Elle ne sera donc pas payée puisqu'elle vit sous l'autorité de son mari, père
du nouveau-né. Mais la pension incombe au mari, parce qu'il s'agit ici de la pension de la grossesse et
non pas d'une pension destinée uniquement à la femme. Cette pension de la grossesse est obligatoire
malgré la désobéissance de la femme.
La pension du bébé n'est pas rejetée à cause de la désobéissance de sa mère. Fin.
Remarque : le serviteur nécessiteux auprès d'Allah, Ahmed Ben M'hammed Tijani, dit : j'avais écrit,
en réponse à la question qui concerne l'allaitement, que toute mère est obligée d'allaiter son bébé si
elle est sous l'autorité de son mari, père du nouveau-né. Et que le mari lui doit la pension. Je me suis
alors rappelé un dire, introduit dans les livres de jurisprudence, et pris comme référence par des gens
indignes de savoir. Ces gens croient que tout ce qu'on trouve dans les livres est correct et qu'il peut être
pris comme référence. Ils s'égarent ainsi à la suite de leur insoumission à l'ordre divin.
Ce dire rapporté par des gens indignes de la jurisprudence, est le suivant : la femme "chérifa"
(descendante du prophète, prière et salut d'Allah sur lui) n'est pas obligée d'allaiter son enfant. Certains
d'entre eux disent : si par habitude, dans un pays donné, les femmes chérifas n'allaitent pas, la femme
chérifa ne sera donc pas obligée d'allaiter son enfant dans ce cas. Nous disons : cela n'est que mensonge
pur, et invention calomnieuse à l'égard d'Allah. Allah n'a pas stipulé dans son livre saint ni dans sa
religion ce dire. Et c'est ce que nous allons démontrer :

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En effet, l'allaitement du bébé est un devoir qui incombe à sa mère si elle est sous l'autorité du père
du nouveau-né, et si le père assure sa pension. Cette obligation est déduite selon deux voies différentes
: une voie théorique, juridique, et une autre voie incontestable basée sur ce qui a été déclaré
formellement dans le coran. La voie théorique est la suivante : la volonté divine est l'édification des
deux demeures, le paradis et l'enfer. Sa volonté n'est pas de créer la créature d'un seul coup, mais les
uns après les autres, comme l'a précisé le coran.
Cette créature n'est possible qu'à travers les deux liquides sécrétés par le mâle et par la femelle, et
non pas uniquement avec l'un des deux. Cela évoque l'appariement. C'est dans ce but que l'acte de
mariage a été codé en législation, avec ses conditions. Cela permettra la concrétisation de la volonté
divine, qui consiste à faire sortir les enfants depuis les lombes aux utérus, puis depuis les utérus à la
surface terrestre.
Ce mariage évoque l'accouplement. Ensuite, la sauvegarde de la grossesse a été prescrite dans la loi
religieuse afin de la protéger de toute altération. Si l'altération de la grossesse était acceptable, la
procréation serait alors perdue et la volonté divine serait vaine. Or, cela n'est pas possible. Après la
grossesse et la naissance du bébé, il est du devoir de la mère et du père de sauvegarder l'enfant et
d'assurer sa croissance jusqu'à sa puberté. Une fois que l'enfant arrive à l'âge de la puberté, sa pension
n'est plus à la charge de ses parents.
La sauvegarde de l'enfant, après sa sortie du ventre de sa mère est un devoir qui incombe à la mère
et au père, puisqu'elle fait partie des annexions du mariage et de l'accouplement. La sauvegarde qui
incombe à la mère réside dans l'allaitement de l'enfant, sa protection contre tout danger jusqu'à l'âge
de sa puberté, et le bain qu'elle lui prépare pour le laver. La sauvegarde qui incombe au père réside
dans le fait qu'il doit subvenir aux besoins de la mère, qu'il doit la nourrir et la vêtir, et apporter tout ce
dont le bébé a besoin comme crèmes, henné et tout ce qui leur est similaire.
Si la sauvegarde de l'enfant n'était pas une obligation qui pesait sur les parents, l'enfant risquerait
alors d'être perdu. Or cette perte est interdite d'après la loi religieuse, à l'unanimité. Si l'allaitement et
l'éducation n'étaient pas une obligation qui incombait à la mère, l'enfant serait perdu, puisque personne
ne peut supporter sa charge et les efforts qui en découlent sauf sa mère, seulement. C'est elle seule qui
peut endurer et supporter les exigences de son bébé.
Si la pension du bébé et de sa mère n'était pas à la charge du père, cela mènerait à sa perte aussi. La
preuve de l'interdiction de la perte de l'enfant est le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui :
"Il suffit pour l'homme comme péché le fait d'abandonner ceux qui sont à sa charge"
Le refus de l'allaitement du bébé par sa mère qui se trouve sous l'autorité du père de l'enfant
mènerait à la perte de cet enfant, ce qui est interdit. Si ce devoir est écarté par chaque mère, les enfants
seront perdus.
Dire qu'il est obligatoire que la mère allaite son enfant lorsqu'elle est sous l'autorité du père de
l'enfant et sous sa pension, est ainsi conforme à la sagesse divine. Abandonner ce devoir mène à la
perte de l'enfant, ce qui est interdit, à l'unanimité. Voilà la voie théorique qui montre le caractère
obligatoire de l'allaitement dans ce cas.
Quant à la voie incontestable, Allah dit : «Et les mères allaiteront leurs bébés deux ans complets. Au
père de l'enfant de les nourrir et vêtir de manière convenable» (Sourate Al Baqarah, la vache, verset
233). Ce verset concerne la femme qui se trouve sous l'autorité du père du nouveau-né. Mais celle qui
se trouve en dehors de son autorité, à la suite d'un divorce, Allah dit en ce qui la concerne dans Sourate
At Talaq : «Puis, si elles allaitent [l'enfant né] de vous, donnez-leur leurs salaires» (Sourate At Talaq, le
divorce, verset 6).
La femme divorcée n'est pas obligée d'allaiter son enfant. Celle qui est sous l'autorité du père de
l'enfant est obligée, quant à elle, de l'allaiter ; cela fait partie des annexions du mariage. La preuve est le
fait qu'Allah, le tout puissant, le Solennel, a mentionné le salaire dans Sourate At Talaq (le divorce) et ne
l'a pas mentionné dans Sourate Al Baqarah (la vache). Ceci est donc clair. Et pour plus de clarté, Allah dit
: «Et si vous voulez mettre vos enfants en nourrice» (Sourate Al Baqarah, la vache, verset 233). Cette
allocution ne concerne que les hommes (les pères des enfants), et non pas les femmes.

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En effet, la femme n'a pas le droit de payer une autre femme pour allaiter son enfant, puisqu'Allah
ne lui a pas permis cette possibilité. Par contre, si le père souhaite recruter une femme pour allaiter son
enfant, il en a le droit, à son gré.
Il semble que cette affaire a été traitée par un petit étudiant, qui manque d'analyse scientifique,
alors que les gens ordinaires croient qu'il était un savant compétent. Il a dit que l'allocution mentionnée
dans le verset coranique suivant «Et si vous voulez mettre vos enfants en nourrice» (Sourate Al Baqarh,
la vache, verset 233), concerne à la fois les hommes et les femmes. Cette explication est fausse et ne
relève que de celui qui n'a pas compris le contexte. Cette allocution ne concerne, en effet, que les
hommes, uniquement.
S'il s'agissait de femmes, la phrase écrite en arabe devrait être citée d'une autre manière, avec un
"N" du féminin dans "enfants" (aouladakonna), et non pas avec un "M" du masculin. Un autre verset qui
prouve que l'allocution susmentionnée ne concerne que les hommes uniquement : «à condition que
vous acquittiez la rétribution convenue, conformément à l'usage» (Sourate Al Baqarah, la vache, verset
233). Ce dernier verset parle du salaire à payer à la nourrice. Or, la femme n'est pas supposée avoir de
l'argent pour payer la nourrice, et si elle en avait, elle ne serait pas obligée de la payer, parce que le
salaire de la nourrice est une partie de la pension. La pension n'est pas à la charge de la mère, elle est
plutôt à la charge du père. Voilà, il est clair maintenant que l'éducation et l'allaitement de l'enfant
incombent à la mère. Celui qui dit que ce devoir est rejeté parce que la femme est chérifa (descendante
du prophète prière et salut d'Allah sur lui) est en train d'avancer un dire vain et illégitime.
De même, il est unanimement admis dans la communauté musulmane, à toute époque, et dans tous
les pays, que ce soit en milieu rural ou en milieu urbain, que chaque mère allaite son enfant d'une
manière spontanée. C'était toujours le cas, à l'époque du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, et
après cette époque générations après générations. La communauté (musulmane) était toujours
unanime sur le devoir de l'allaitement de la femme qui est sous l'autorité de son mari, père du
nouveau-né. Dans tous les pays musulmans et à toute époque, aucun juge et aucun savant n'a prétendu
que la mère n'était pas obligée d'allaiter son enfant. Cette obligation continue à être en vigueur chez
tous les musulmans depuis l'époque du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, et durant toutes les
époques qui l'ont succédée.
Il est donc clair que ce dire qui prétend que la femme chérifa n'est pas obligée d'allaiter son enfant,
n'est que pur mensonge et faux témoignage, dont la fausseté est évidente. Il est en contradiction, en
effet, avec le coran et avec le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. C'est un dire falsifié,
introduit dans les livres de la jurisprudence et dans leurs rubriques.
Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres ; on peut en effet, citer une multitude de dires vains qui ont
été introduits dans les livres de la jurisprudence, c'est le cas de :
• La légitimité de tuer le tiers pour corriger les deux tiers.
• L'autorisation de la sodomie (entre le mari et sa femme).
• Le mariage dit de la jouissance.
• L'autorisation de la polygamie dépassant quatre femmes en même temps.
• L'autorisation de manger la graisse du porc tout en interdisant sa viande.
• L'autorisation de manger la nourriture des gens du livre (les chrétiens et les juifs), sachant
qu'ils n'égorgent pas et qu'ils font cuire des cadavres.
• L'autorisation de boire de la bière qui fait soûler.
• Le droit de la priorité du voisin dans l'achat d'un immobilier.
• La permission accordée à la jeune mariée de se contenter d'essuyer sa tête au lieu de la
laver en cas de grande ablution, sous prétexte d'éviter de gaspiller l'argent qu'elle a
dépensé pour sa beauté (parfum, etc.)
Tous ces points et leurs semblables sont clairement vains. L'application de ces verdicts est un
égarement dont la rétribution n'est que le feu. Par crainte d'ennuyer le lecteur, nous avons évité de
citer plus d'exemples et plus de dires vains qui ont été glissés dans les livres de la jurisprudence. Ces
dires sont clairement vains pour celui qui a un peu de clairvoyance en ce qui concerne les significations

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du livre Saint et de la conduite du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Les gens ont vraiment besoin
de savants qui peuvent suivre ces livres afin de les rectifier et d'en enlever ce qui est vain.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : "Cette religion sera prise en charge, en toute
époque, par des notables qui repousseront d'elle la falsification des égarés, l'interprétation des
ignorants et la revendication mensongère des charlatans". Nous nous basons sur une règle unique dans
tout ce qui est fondamental dans la religion. Cette règle est la suivante : pas de verdict à part celui
d'Allah et de son messager. Aucune attention ne doit être prêtée à un verdict sauf s'il est appuyé par la
parole d'Allah et par le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui.
Tous les dires des savants sont vains sauf lorsqu'ils s'appuient sur la parole d'Allah et sur le hadith du
prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Toute parole d'un savant, qui ne s'appuie pas sur le Coran et sur
le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui est vaine. Il est illicite et interdit d'avancer lors d'une
sentence "Fatwa" toute parole d'un savant, qui est en contradiction avec ce qui a été déclaré
formellement dans le livre Saint et dans le hadith. Il est interdit d'avancer cette parole, bien qu'elle
figure dans les livres de la jurisprudence. La sentence basée sur une parole en contradiction avec le
texte coranique ou le hadith, et formulée par une personne consciente de cette contradiction est une
irréligion formelle.
Allah, le tout puissant, le Solennel, a dit : «Et ceux qui ne jugent pas d'après ce qu'Allah a fait
descendre, les voilà les mécréants» (Sourate Al Ma'ida, la table, verset 44). Le prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, a dit : "Celui qui apporte dans notre religion-ci une innovation qui lui est étrangère a fait
acte d'apostasie". Le fait de dire que la femme chérifa n'est pas obligée d'allaiter son bébé est
contradictoire avec ce qui a été déclaré clairement dans le Coran. Allah dit : «Et les mères, allaiteront»
(Sourate Al Baqarah, la vache, verset 233). Son verdict est donc le suivant : «Et ceux qui ne jugent pas
d'après ce qu'Allah a fait descendre, les voilà les mécréants» (Sourate Al Ma'ida, la table, verset 44). Ce
dire (à propos de l'allaitement de la chérifa) est une innovation. Il ne s'est pas appuyé sur le Coran, ni
sur le hadith. Et ce n'est pas un ordre divin. C'est donc un dire à rejeter. Le prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, a dit, en effet : "Celui qui apporte dans notre religion-ci une innovation qui lui est
étrangère a fait acte d'apostasie".
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit à Abi Houraïra, satisfaction d'Allah sur lui : "Si tu veux
qu'on ne t'arrête pas sur le sentier (Serate) le moindre clin d'œil, alors n'apporte rien dans la religion
d'Allah, à partir de ton propre jugement". Obéir au commandement du Coran, suivre ses ordres et éviter
ses interdictions : c'est bien la conduite du prophète, prière et salut d'Allah sur lui.
Aïcha, satisfaction d'Allah sur elle, a été interrogée sur la question suivante : comment était le
caractère du messager, prière et salut d'Allah sur lui ? Elle a répondu : son caractère était le Coran. Il
exécutait ses ordres et s'arrêtait à ses interdictions.
Puisqu'il est connu que la conduite du messager, prière et salut d'Allah sur lui, était le suivi des
sentences coraniques : il est alors obligatoire de le suivre dans cette affaire, et refuser ce dire abject qui
dispense la femme chérifa de son devoir d'allaiter. C'est une innovation qui s'oppose à la parole d'Allah
et à la conduite de son messager, prière et salut d'Allah sur lui.
Le messager, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : "La meilleure guidance est celle de Mohamed,
prière et salut d'Allah sur lui. Et les pires choses sont les créations nouvelles. Toute création nouvelle est
une innovation, et toute innovation est source d'égarement, et tout égarement est dans le feu avec
celui qui en est qualifié". Fin du hadith. Quiconque qui se détourne dans son jugement de la parole
d'Allah, le tout puissant, le Solennel, n'a fait que prononcer une sentence du temps de l'Ignorance.
Allah, le Très- Haut, a dit : «Est-ce donc le jugement du temps de l'Ignorance qu'ils cherchent?»
(Sourate Al Ma'ida, la table, verset 50). Fin.
La question suivante a été posée au cheikh, satisfaction d'Allah sur lui : que disent les savants dotés
de la raison, de la clairvoyance et de la connaissance parfaite des règles de la législation religieuse et de
ses objectifs, à propos d'une épouse, vivant sous l'autorité légitime de son époux, dans un pays où il n'y
a pas déjugé. Cette femme s'est enfuie de son mari, sans qu'il lui fasse de mal pouvant justifier sa fuite
chez ses parents. Le mari a demandé ensuite à ces parents de la ramener à son foyer, mais ils ont refusé,

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d'une manière injuste, tout en profitant de l'absence dans le pays d'un juge qui peut établir la justice.
Lorsque le malentendu a dépassé ses limites entre la femme, ses proches et le mari, la communauté du
village a décidé le divorce, sans permission du mari.
Le prétexte législatif qu'ils ont avancé, selon leur opinion, est qu'il fallait instaurer la réconciliation et
le divorce, afin d'éviter la dispute qui risquerait de conduire à une guerre (entre familles), si elle
continue.
Le mari n'a pas accepté ce divorce. Après quelques jours, le calme s'est établi et un consensus a été
passé entre la femme, sa famille et le mari, ce qui a amené au retour de l'épouse à son foyer. Pour le
mari, le divorce n'a jamais eu lieu. Pour lui, le retour de sa femme à son foyer a eu lieu, car il n'avait pas
accepté le divorce imposé par la communauté du village. Par contre, les proches de la femme pensent
que le divorce est réel, et que son retour à son foyer s'est déroulé pendant la période d’attente
prescrite, qu'ils ont comptée après la répudiation. Ensuite, après une certaine période, elle a fui à
nouveau pour se réfugier chez ses parents, sans que le mari lui ait infligé de mal. La femme et sa famille
croient qu'elle n'est plus sous l'autorité de son mari, puisque la communauté du village a le pouvoir de
procéder au divorce, et que cette répudiation est valable. Après quelques jours, la scène se répète et la
femme retourne chez elle après un consensus établi entre le mari et la famille de sa femme. Puis, après
une certaine période, elle a fui à nouveau pour se réfugier chez ses parents, sans que le mari lui ait
infligé de mal. La femme et sa famille croient toujours qu'elle n'est plus sous l'autorité de son mari,
puisque la communauté du village a le pouvoir de procéder au divorce, et que cette répudiation est
valable. Fin de la question.
La réponse du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, est la suivante: cette question comprend trois
rubriques :
• Première rubrique : la validité ou l'invalidité du divorce imposé par la communauté du
village.
• Seconde rubrique : la permission ou pas d'imposer le divorce, sans permission du mari, afin
d'éviter la guerre et les tueries.
• La troisième rubrique va parler du retour de la femme à son mari, après le divorce
susmentionné, puis sa fuite, tout en comptant le premier divorce.
La réponse à la première rubrique : l'autorité légitime du mari sur sa femme n'est corrompue que
par l'une des conditions suivantes:
• Le décès du mari.
• Le divorce prononcé par le mari lui-même, formellement, ou d'une manière sous-entendue.
• Le divorce prononcé par le juge ou par une autorité religieuse, si les conditions sont
remplies. C'est-à-dire à la suite d'un mal lourdement infligé par le mari à sa femme, ou d'un
mal léger, mais permanent sur elle.
À part ces conditions, l'autorité du mari sur sa femme reste toujours en vigueur. Si vous savez cela,
vous saurez alors que le divorce imposé par la communauté du village est vain. Il n'est pas du tout pris
en considération dans la loi religieuse. Celui qui répudie les femmes des autres, sans leurs autorisations,
n'est qu'un indiscret qui s'ingère dans les affaires des autres. Sa répudiation est vaine, tout comme sa
vente. Si celui qui détient l'autorité sur sa femme l'autorise à la répudier, sa répudiation sera valable,
sinon elle est vaine. Évidemment, s'il s'agit d'un juge religieux, qui a imposé le divorce d'autrui à cause
d'un mal insupportable, infligé par le mari à sa femme, sa répudiation sera valable, à l'unanimité.
À part le juge, personne n'a le droit de prononcer le divorce à la place du mari. C'est ainsi que le
divorce de la communauté du village est déplacé. Ce groupe n'est pas dans la même position que le juge
qui est doté de la clairvoyance. Le mari n'ayant pas accordé le divorce, il est alors clair que ce divorce est
vain. Les personnes faisant partie de la communauté du village sont, en effet, des indiscrets qui se sont
ingérés dans une affaire qui ne les concerne pas. Ils n'ont aucun droit dans le divorce.
Quant à la réponse à la seconde rubrique, c'est-à-dire la permission ou pas pour que le juge
intervienne afin de divorcer la femme de son mari, sans que ce dernier ait fait de mal pouvant justifier
ce divorce, et ce en vue d'éviter la guerre et la tuerie. La réponse est comme suit ; qu'Allah nous accorde

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succès : la crainte de la guerre et de la tuerie qui peuvent se produire si cette femme reste sous
l'autorité de son mari, n'est pas une raison pour que le juge procède au divorce de cette femme de son
époux, sans qu'il lui ait fait de mal pouvant justifier ce divorce.
Ce cas de divorce n'a pas de place dans la législation religieuse, ni dans le livre Saint, ni dans la
conduite du prophète, ni dans les livres des rubriques juridiques. Si quelqu'un dit : répandre le sang fait
partie des plus grands facteurs qui sèment le désordre sur la terre. C'est aussi l'une des plus grandes
préoccupations religieuses, puisqu'aucun juge ne peut le lever. Par contre, imposer le divorce et
contraindre le mari à divorcer afin d'éviter ce bain de sang est plus léger que la guerre et la tuerie. Entre
deux maux, il est plus commode de commettre le plus léger.
Nous dirons que cette vision est vaine, car dans ce cas ce divorce sera un divorce par force. Ce qui
n'est pas légitime dans la loi religieuse. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : "Le divorce
n'est pas dû s'il y a contrainte". L'opposant pourrait alors dire : tout divorce prononcé par un juge, à la
suite d'un mal infligé à la femme par son mari, est un divorce par force, contre le gré du mari ; or le
divorce n'est pas dû s'il y a contrainte ! Comment alors peut-il être valable dans la législation religieuse ?
Nous disons : le divorce prononcé par le juge s'il y a un mal infligé à la femme est un divorce qui suit
l'ordre divin. Allah, le tout puissant, le Solennel, a dit : «Le divorce est permis pour seulement deux fois.
Alors, c'est soit la reprise conformément à la bienséance, ou la libération avec gentillesse» (Sourate Al
Baqarah, la vache, verset 229). Allah, le glorieux, le Très-Haut a dit également : «Et quand vous divorcez
d'avec vos épouses, et que leur délai expire, alors, reprenez-les conformément à la bienséance, ou
libérez-les conformément à la bienséance. Mais ne les retenez pas pour leur faire du tort» (Sourate Al
Baqarah, la vache, verset 231).
Cet aspect concerne l'annulation du divorce par le mari qui souhaite retenir sa femme pour lui faire
du tort. Allah, le glorieux a dit : «Et comportez-vous convenablement envers elles» (Sourate An Nissa,
verset 19). Celui qui agit contrairement à l'ordre d'Allah, le glorieux, et fait du tort à sa femme, risque le
divorce par force imposé par le juge.
Cette action du juge n'est pas une forme proscrite du divorce par force, car le divorce par force n'est
pas dû sauf s'il est prononcé par un juge, en cas de tort infligé par le mari à sa femme. Dans le cas où il
n'y a pas de tort infligé par le mari, alors que le divorce lui a été imposé, contre son gré afin d'éviter la
tuerie, la guerre et le désordre, la femme sera interdite d'épouser quelqu'un d'autre, parce qu'elle est
toujours sous son autorité. Elle est toujours sous l'autorité du premier mari. Leur divorce n'est pas
possible. Elle est toujours sa femme et leur lien conjugal n'est pas rompu. Allah, le Très-Haut, a interdit
le mariage aux femmes qui ont déjà un mari.
Allah, le glorieux, le Très-Haut, a mentionné les types de mariages illicites, puis il a cité : «Et parmi les
femmes, les dames (qui ont un mari), sauf si elles sont vos esclaves en toute propriété» (Sourate An
Nissa, les femmes, verset 24). Si l'opposant dit que cette femme n'est pas mariée à cause du divorce
imposé pour éviter la guerre et la tuerie, donc elle n'est plus sous l'autorité de son mari, nous dirons ce
qui suit :
• On a déjà expliqué les aspects qui peuvent causer la rupture du lien conjugal et la
dissolution de l'autorité du mari sur sa femme. Cette affaire ne relève pas de ces aspects.
• On a expliqué également que cette question n'a formellement pas de place dans la loi
religieuse. En plus, aucun imam religieux ne l'a prononcée.
Ce divorce imposé est donc vain.
La réponse qui concerne la troisième rubrique est déjà contenue dans les deux premières parties.
Qu'Allah nous accorde succès. Fin de la dictée du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, à notre bien-aimé
Abou Abdellah, Sidi Mohamed Ben Machri. J'ai (l’auteur Sidi Ali Harazem) ensuite copié le présent article
de son écriture. Qu'Allah nous accorde succès.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a été interrogé sur un homme qui, en remuant son fusil et
sans avoir l'intention de tirer la balle, celle-ci est sortie toute seule, pour tuer ou blesser un autre
animal. Que doit-il faire ? Les juristes de notre époque, ne trouvant pas de texte clair sur cette affaire,

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puisqu'il n'y avait pas de fusil auparavant, ne savent pas où la ranger : s'agit-il d'un tir par erreur ou
intentionnel?
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a répondu en disant : il faut voir la détente. Si elle était en
position de tir, et si l'homme l'avait laissée ainsi, jusqu'à ce que le coup fut tiré tout seul. Il est alors
responsable de son coup. La garantie ainsi que le prix du sang lui incombent à lui seul. Ceci ne fait pas
partie des choses dont la garantie n'est pas obligatoire. Ces dernières ont été en effet mentionnées
précisément par la loi religieuse, il s'agit du puits, du métal et de la bête1.
De même, cela ne fait pas partie du type d'erreur, qui va obliger les membres de la famille2 du tueur
à verser le prix du sang (les 2/3 du prix). Cet homme est plutôt fautif, puisqu'il a laissé la détente en
position de tir. Il aurait dû appuyer sur le poussoir de sécurité. Toute personne ayant commis une
négligence qui a causé du tort à autrui, doit se porter garant. La garantie lui incombe. Cet évènement
reste relativement rare. Voilà la réponse de notre maître, satisfaction d'Allah sur lui.
Pour mieux analyser cette question, je dis, selon ce que j'ai compris du cheikh, satisfaction d'Allah sur
lui, ce qui suit : pour le cheikh, un acte intentionnel, c'est lorsqu'on a l'intention de voler ou de tuer, dès
le début, ou de frapper quelqu'un d'une manière injuste, mais le coup est passé de travers et a touché
quelqu'un d'autre.
C'est aussi lorsqu'on veut faire quelque chose dans les normes, par exemple tirer une balle sur un
gibier ou tirer une cible bien précise, mais sans qu'on sache ce qui est derrière l'animal, ou la cible que
ce soit un autre animal ou un être humain. La flèche ou la balle sont tirées, et le coup touche quelqu'un
d'autre, et non pas la cible. Dans ce cas, cet acte est considéré comme intentionnel bien que cet homme
n'avait pas eu, au début, l'intention de tirer sur cette chose. Mais étant donné qu'il était négligent et
qu'il n'avait pas cherché ce qui se trouvait derrière le gibier ou l'objet visé, son acte est considéré
comme intentionnel. Le négligent se porte toujours garant des dégâts. Ceci est bien connu en
jurisprudence.
Quant à la définition de l'acte par erreur : il s'agit de tout acte permis survenu sans aucune
négligence. Mais s'il y a négligence, la garantie incombe au négligent, même si l'acte est permis. Si vous
comprenez ceci, vous saurez alors que celui qui a négligé de mettre la détente en position de sécurité,
alors que son fusil était chargé, si dans ce cas la balle est tirée et a tué quelqu'un sans aucune intention
préalable, la garantie incombe alors au tireur qui est responsable à cause de sa négligence. En effet, il
est comparable à celui qui a désobéi intentionnellement à ce qui est recommandé dans la législation. Il
est recommandé en effet que la personne qui se trouve dans une région sûre ne présentant aucun
problème d'insécurité, ne doit pas charger le fusil, et si elle le charge elle doit appuyer sur le poussoir de
sécurité et ne doit pas le laisser en position de tir. Si cette personne désobéit à ces recommandations,
elle est négligente et doit se porter garante.
De même si cette personne se trouve dans une région redoutable, et si elle doit impérativement
charger son fusil et mettre la détente en position de tir, de peur qu'elle soit attaquée par un voleur ou
par un animal sauvage, elle doit dans ce cas redresser le fusil et orienter le canon vers le ciel.
Si elle ne redresse pas le fusil vers le haut, et si par hasard, la détente glisse et la balle est tirée tuant
quelqu'un, cette personne devra payer le prix du sang d'erreur, parce qu'elle a commis un acte de
négligence. Mais, dans ce cas, son acte ne sera pas considéré comme intentionnel, car la loi religieuse
l'excuse étant donné qu'elle avait peur. Les membres de sa famille ne seront obligés de payer le prix du
sang que si la preuve montrant qu'elle dit la vérité est apportée. En général, les membres de sa famille
croient à ce qu'elle dit parce qu'il n'y a pas d'accusation contre elle. En revanche, la règle est que les

1 -D’après Abou houraira, le prophète, prière et salut d’Allah sur lui, a dit: «le propriétaire d'un animal, celui d'un puits, celui
d'une mine, ne sont pas responsables des accidents». Par conséquent, si quelqu’un construit chez lui un puits, il n’est pas
responsable si une personne y est tombée ; aucune garantie ne lui incombera. De même s’il paye quelqu’un pour lui
construire un puits, il n’est pas responsable si ce puits s’effondre sur l’ouvrier. Il en est de même pour la construction d’une
mine dans sa propriété. Il n’est pas responsable des accidents en relation avec cette mine.
2 -Les membres de la famille du tueur qui payent le prix du sang sont: les parents, les frères, les soeurs, les oncles paternels et
les cousins paternels.

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membres de sa famille ne sont obligés de payer le prix du sang que si la preuve est apportée. Donc s'il
n'y a pas de preuve qui appuie ce que prétend le tueur, et si les membres de sa famille ne l'ont pas cru,
le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, s'est arrêté et il n'a tranché en rien, car il est très pieux et il
préserve avec loyauté les verdicts d'Allah, le Très-Haut.
Cette situation n'est pas comptée parmi celles qui ne nécessitent pas le prix du sang, ni le châtiment.
Les choses qui ne nécessitent rien (ni prix du sang, ni châtiment) sont mentionnées par la législation, ce
sont : la bête, le puits et le métal. Le cas de celui qui s'est suicidé leur est annexé, qu'Allah nous accorde
protection. En effet, aucun prix du sang n'est obligatoire dans le cas du suicide, car la loi religieuse l'a
interdit.
Il en est de même pour celui qui s'est endormi sur la toiture d'une maison, sans barrière. S'il tombe
alors qu'il était en train de dormir, il n'y aura pas de prix de sang à payer, puisque la loi religieuse a
interdit de dormir sur une terrasse sans barrière protectrice. D'ailleurs, toute personne qui dort de cette
manière devient reniée par la communauté d'Allah. Il n'y aura donc aucun prix de sang à payer parce
que cette personne a commis un acte interdit. C'est de cette manière que j'ai entendu cette explication
du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui. Fin de ce que notre bien-aimé, Abou Abdellah, Sidi Mohamed Ben
Machri, qu'Allah le protège de sa grâce, Amen, a entendu et a compris de l'explication du cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui.
La question suivante a été posée au maître, satisfaction d'Allah sur lui : cher maître, quelle serait
votre réponse à propos d'un agriculteur qui a fait sa moisson et l'a groupée. Puis le mois du ramadan est
venu, coïncidant avec la période de l'égrainage. Cette période est assez large. Mais l'agriculteur,
préférant égrainer sa moisson rapidement, n'a pas fait son jeûne à cause de la forte chaleur. Est-il
permis d'arrêter le jeûne ? Devrait-il attendre la fin du ramadan, soit près de six jours seulement, pour
commencer à égrainer sa moisson? En fait, cet agriculteur n'est aidé par aucun ouvrier. Mais il est
suffisamment riche pour engager des ouvriers. Répondez-nous. Qu'Allah nous récompense tous.
La réponse du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, est la suivante : sachez que le jeûne, pendant le
ramadan, est un devoir qui incombe à tout individu responsable. Ce devoir lui incombe pour toujours. Il
ne peut pas en être dispensé. Il n'est permis de manger ou de boire au mois de ramadan que s'il existe
une raison valable dans la loi religieuse. Il s'agit en effet uniquement du cas d'une maladie ou d'un
voyage. Les conditions pour que le voyageur rompe son jeûne sont connues par les musulmans (distance
du voyage, etc.).
Quant à la maladie, elle diffère d'un corps à l'autre. Ce n'est pas l'objet de notre discussion ici.
Revenons à l'agriculteur : s'il avait mangé pendant le ramadan pour éviter la perte de l'argent, sachant
que cette perte d'argent est prohibée par la loi religieuse. Il faut voir dans ce cas la possibilité ou
l'impossibilité de reporter l'égrainage après le ramadan. Si ce report n'a pas pour conséquence de
causer la perte de la moisson, l'agriculteur devra abandonner l'égrainage jusqu'à la fin du ramadan. Il n'a
pas le droit d'égrainer et rompre son jeûne à cause de l'égrainage. S'il le fait et rompt son jeûne, il devra
refaire le jeûne et compenser par l'expiation.
Si par contre, le report de l'égrainage a des conséquences néfastes sur la récolte, l'agriculteur sera
alors autorisé à rompre son jeûne pour assurer le travail, mais uniquement s'il ne supporte pas de
travailler à jeun. Si en revanche, il en est capable, il n'est pas autorisé à rompre son jeûne dans ce cas.
Cela est général dans tout acte.
Voyons maintenant l'égrainage de près : il est connu que cette opération culturale peut attendre plus
d'un mois, sans risque de perdre la récolte. Or, il ne reste que six jours pour la fin du mois sacré. Il faut
donc jeûner. Sinon, il faut reprendre le jeûne après le ramadan et payer l'expiation. Cet agriculteur est
ainsi considéré comme désobéissant et profanant le caractère sacré du mois de ramadan. Rompre le
jeûne pendant le ramadan n'est permis que lorsqu'il y a une raison valable, citée dans la législation
religieuse. Le prétexte "la perte d'argent" est exclu ici.
Quant à la moisson : si l'agriculteur estime qu'il n'y aura pas de perte probable lorsqu'il va laisser sa
céréale en place, c'est-à-dire qu'il n'y aura pas de chute de graines ou de séchage excessif, il faudra alors
qu'il continue le jeûne. Si malgré ça, il a procédé à la récolte et a été obligé par la suite de rompre son

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jeûne, il doit donc reprendre le jeûne après le ramadan et payer en plus l'expiation. Par contre, s'il y a un
risque certain, le jeûne peut être rompu à cause du travail pénible obligatoire (l’agriculteur doit
seulement reprendre le jeûne après le ramadan sans payer d'expiation).
Quant à ce que vous avez évoqué dans votre question à propos de la possibilité de recruter des
ouvriers qui aident à l'égrainage, cela est permis si les ouvriers ne sont pas des musulmans, sinon, ils
seront traités de la même manière que l'agriculteur. L'ouvrier ne doit pas rompre son jeûne à cause de
ce travail pénible que s'il n'a plus de quoi se nourrir, c'est-à-dire, s'il ne travaille pas il risquera de mourir
de faim. Son cas serait alors identique à celui qui peut se nourrir de cadavres, de peur de mourir de
faim. C'est dans ces conditions qu'il a le droit de rompre le jeûne du ramadan.
S'il n'est pas arrivé à ce stade et a pourtant rompu le jeûne à cause du travail, il devra reprendre le
jeûne et payer l'expiation. Il est considéré ainsi comme désobéissant. Je ne pense pas qu'un ouvrier
puisse arriver là, à notre époque, où il n'y a pas de risque de famine. Louange à Dieu.
Voilà le droit chemin qu'il faut entreprendre. Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit : «Et voilà Mon
chemin dans toute sa rectitude, suivez-le donc» (Sourate Al An'âm, les bestioles, verste 153). Quant à
ce qui figure dans certaines sentences et dans certains verdicts déduits par analogie, et qui ne disposent
d'ailleurs d'aucune base correcte, on les appelle sentiers écartant du droit chemin. Ce sont des sentiers
prohibés. Allah dit, en effet : «Et ne suivez pas les sentiers qui vous écartent de Sa voie» (Sourate Al
An'am, les bestioles, verste 153). Fin du texte dicté par notre cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, à notre
bien-aimé Sidi Mohamed Ben Machri, satisfaction d'Allah sur lui.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a été interrogé sur les sujets suivants :
• Quel est le verdict d'Allah sur l'argent des campagnards combattants, qui se volent
mutuellement leurs fortunes et leurs biens ?
• Quel est le verdict concernant les transactions avec eux ?
• Quel est le verdict concernant leurs aumônes ? Leurs dons ? Que pensez-vous des étudiants
qui font leurs études chez eux?
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a répondu, en disant : sachez qu'il est admis, à l'unanimité, que
l'argent d'un musulman ne peut être licite que s'il le donne de son propre gré. Tout ce qui lui est prélevé
à contre-gré est illicite, sauf ce qui est prélevé d'une manière légitime, coercitive, par les autorités. C'est
le cas de la zakate, imposée à celui qui refuse de la payer. C'est aussi le cas du prélèvement des droits
des opprimés de leurs persécuteurs, et ainsi de suite en ce qui concerne les nombreux droits légitimes.
Ces droits sont cités en détail dans plusieurs livres traitant des branches juridiques.
Ce n'est pas la peine de s'y attarder. Ce type de prélèvements est licite, bien qu'il soit prélevé à
contre-gré du propriétaire, parce que le droit légal s'y est attaché. Le prophète, prière et salut d'Allah
sur lui, a dit, en effet :
"J'ai reçu l'ordre de combattre les gens jusqu'à ce qu'ils attestent qu'il n'y a de Dieu que Dieu. S'ils
l'ont dit, ils ont assuré contre moi leurs sangs et leurs biens sauf ce que l'Islam permet d'en prélever
légalement, et c'est à Dieu le Très-Haut qu'il incombe de les juger". À part ceci, le prélèvement de
l'argent du musulman contre son gré est illicite, à l'unanimité. Le hadith du prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, lors du pèlerinage de l'adieu, en témoigne :
"Attention! Dieu vous a rendu sacrés vos vies et vos biens, jusqu'à ce que vous rencontriez votre
seigneur, comme il est sacré votre jour-ci dans votre mois-ci dans votre pays-ci. Attention! Ai-je bien
transmis? Ils dirent : oui". Ce hadith et son contexte sont très célèbres dans les documents du hadith. Ce
n'est pas la peine de s'y attarder !
Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit : «O les croyants! Que les uns d'entre vous ne mangent pas les
biens des autres illégalement. Mais qu'il y ait du négoce (légal), entre vous, par consentement
mutuel» (Sourate An Nissa, les femmes, verset 29). Le retour à ces textes irréfutables constitue la
référence dans tout verdict. Il est du devoir de tout musulman de s'arrêter à leurs limites prescrites.
Une fois que cela est connu, sachez que tout ce qui se passe dans la tradition des campagnards et
des injustes, comme prélèvement illégal des biens des musulmans est catégoriquement illicite. Tout ce

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qui se trouve entre leurs mains est illicite. Il est interdit au musulman de conclure avec eux une
transaction ou une opération commerciale, ou un échange. Il lui est interdit d'accepter leurs dons et
leurs présents. Tout ça est illicite et interdit.
Voilà le jugement originel. Même si tout le pays est dominé par ces transactions et même s'il n'y a
rien d'autre que cela, entre les mains des gens, ces transactions resteront illicites et interdites par la loi
religieuse. Le fait de dire que c'est un mal nécessaire et il n'y a rien d'autre dans le pays, ne peut pas
servir d'excuse à toute personne qui prétend être juriste ou musulman pour qu'il considère licite ce type
de transactions.
Sa transgression injuste sera enregistrée contre lui. Il est plutôt interdit de vivre dans un tel pays,
avec de tels concitoyens. Son émigration est obligatoire, d'après les textes de la loi religieuse. De même
pour les transactions et les biens suivants, ils sont tous illicites:
la marchandise qui est mélangée avec l'illicite, et qui est vendue et dont le prix a servi pour l'achat
d'une autre marchandise ou pour l'investissement dans un autre commerce (commerce agricole, ou
industriel ou autre même si la personne avait introduit dans cet autre commerce de l'argent licite). Le
verdict originel sur lequel il faut compter est que tout ceci est illicite, bien qu'il soit mélangé avec du
licite.
Celui qui a la capacité doit s'accrocher à ce verdict d'origine et doit le suivre. Mais dans le cas où ce
problème s'est généralisé sur tout le globe terrestre, et où le licite s'est mélangé à l'illicite, comme c'est
le cas d'ailleurs, à notre époque, le croyant dans sa quête du licite, doit alors éviter l'illicite qui est
flagrant ou qui a la forme de l'usurpation.
Par contre, dans le cas où toutes les marchandises sont mélangées, de telle sorte qu'on ne peut plus
reconnaître l'origine des produits, et lorsque l'altération règne sur la terre, comme c'est le cas à notre
époque, le croyant doit alors s'accrocher au troisième degré du licite. Ce degré stipule que le licite est
celui dont l'origine est inconnue. À l'époque du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, le licite était
identifié par le fait que son origine était connue, ainsi que l'origine de son origine. Ensuite, quand la
période des califs a été achevée et quand elle a été transformée en période de règne où l'injustice
touchait les individus. Le licite est alors devenu un licite de deuxième degré, c'est-à-dire identifié
seulement par le fait que son origine était connue. Puis, lorsque l'altération et la corruption ont
augmenté et leur mer a dominé la terre, le licite est devenu un licite de troisième degré, qui est identifié
par le fait que son origine est inconnue.
C'est selon cette définition et ce mode qu'on doit tirer le verdict dans les transactions avec ces
groupes de gens, dans différents aspects d'échange et d'acceptation des dons. On ne doit éviter que les
formes connues de l'illicite, telles que l'usurpation, le prix du vin, les taux usuraires, etc. Ces formes sont
nombreuses, mais ce qui n'a pas été mentionné doit faire l'objet d'analogie avec ce qui est mentionné.
Dans le cas où la forme de la transaction est également inconnue, il faut voir le cas de la personne avec
qui vous concluez votre transaction.
Si sa réputation indique qu'il ne dispose que de l'illicite, et qu'il ne le mélange même pas avec les
autres formes du licite comme celles liées à l'agriculture, au commerce ou aux échanges commerciaux,
tout ce qui se trouve dans ses mains sera alors illicite. Il est interdit de faire des transactions avec lui, ni
d'accepter ses dons. Mais dans le cas où ces formes illicites ont été mélangées avec des produits licites
liés au commerce, à l'agriculture, à l'industrie ou aux échanges de marchandises, elles ne sont plus
considérées comme illicites, sauf s'il y a une preuve qui montre qu'elles le sont. Tout ce qui a une origine
inconnue reste licite.
Évidemment, ce licite que nous venons d'évoquer n'est que contingent, il n'est pas originel. Il n'a été
considéré comme licite, qu'à la suite de l'expansion de la corruption et de l'altération sur toute la terre,
et qu'à la suite du besoin de l'individu de se nourrir. Il s'agit donc d'un licite selon les circonstances et la
nécessité. Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit : «Il ne vous a imposé aucune gêne dans la religion»
(Sourate le pèlerinage, Al Hajj, verset 78).
Dans le même sens, le pôle parfait, l'héritier accompli, le modèle global, Sahle Ben Abdellah At
Toustari, satisfaction d'Allah sur lui a dit: si le monde d'ici-bas était sous forme d'une flaque de sang, il

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aurait été alors licite pour le croyant de se nourrir de ce sang. Allah, le Très-Haut, a imposé, en effet, au
serviteur l'adoration et il lui a permis de se nourrir, comme mentionné dans le verset coranique «De ce
qui existe sur la terre, mangez le licite et le pur» (Sourate Al Baqarah, la vache, verset 168).
Si le serviteur poursuit sa quête du licite, alors que la corruption règne sur la terre, il devra adopter le
meilleur licite possible. Parfois, ce licite peut être du premier degré, c'est-à-dire dont on connaît l'origine
et l'origine de l'origine. C'est le cas de la transaction avec les non-musulmans : si l'on est certain que
tous les biens qui sont à leur disposition sont licites; il n'y aura donc pas de problème de faire des
transactions avec eux (ex : être payé par eux pour un service donné ou acheter quelque chose d'eux).
Si vous avez cette possibilité, il vous sera alors interdit de conclure des transactions avec les
musulmans. Vous ne devez avoir des transactions, dans ce cas, qu'avec les mécréants guerriers parce
que leur argent est complètement licite. Même s'ils ont pris l'argent des musulmans, il est considéré
comme licite. Il n'y a donc aucun problème de faire des transactions avec ces non-musulmans, sauf en
cas de trahison, serments mensongers et perfidie.
Ceci est évidemment illicite. Puis, si le croyant ne trouve pas cette possibilité, il devra alors
descendre au licite du deuxième degré.
C'est-à-dire le licite dont l'origine est connue. C'est le cas, par exemple, de celui qui trouve un trésor
ignoré dans une terre qui n'appartient à personne, ou qui trouve de la même manière un métal donné,
ou qui chasse du gibier, etc.
Le licite du troisième degré qui vient derrière les deux premiers licites susmentionnés est celui dont
l'origine est ignorée, et le mélange est connu. Ce licite présente différents degrés détaillés dans les livres
de la jurisprudence. Le dernier degré du licite est celui qui se présente quand la corruption envahit la
terre entière, et quand le croyant ne peut y trouver que ce qui est de forme illicite. À ce moment là, il lui
sera permis de prélever uniquement ce dont il a besoin afin de se nourrir. C'est le cas de l'affamé qui
doit se nourrir de la charogne et de la viande du porc.
Quant à la Zakate sur les biens illicites, qui ont comme origine l'usurpation ou quelque chose de ce
type, elle n'est pas due, puisque ce devoir ne concerne que ce qui vous appartient. Or, ce qui provient
d'une usurpation ne vous appartient pas.
Mais lorsqu'il y a mélange et échange de l'illicite par d'autres produits mélangés à d'autres liés à
l'agriculture, au commerce et à l'industrie, il faut payer la zakate sur la totalité du capital. Quant au
prélèvement par vol, trahison ou usurpation de la Zakate de celui qui refuse de la payer, sache que tout
ceci est interdit par la loi religieuse. Il n'y a pas d'objection là-dessus de la part des spécialistes des
sciences fondamentales.
Cela n'est permis que pour le chef d'État uniquement. Celui qui permet ce prélèvement ne peut être
qu'un pervers, sans religion, ni loyauté. Enfin, l'envoi des étudiants chez ce groupe de gens pour
apprendre les sciences, fait partie des transactions précédentes que nous avons détaillées. Fin du texte
dicté par le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
J'ai interrogé le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, sur la zakate, au cas où c'est l'émir qui la
demande. Faut-il la lui donner ou pas ? Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a répondu : dans le cas où il
n'y a pas de risque qu'il vous fasse du mal, il ne faut pas la lui donner. Dans le cas contraire, il vaut mieux
la mettre à sa disposition. Allah s'occupera de son compte.
Dans le cas où l'émir interdit la zakate, celui qui la paye doit choisir un jour de l'année1 pour y faire
sortir sa zakate. Il fera son calcul de la somme à payer aux démunis à partir de ce qu'il possède en
espèces, en cheptel ou autres, en tenant compte des dettes2.
Au cas où la zakate sur l'or est payée en argent, si le calcul est fait par défaut, il faudra alors prendre
sa responsabilité et compenser le manque en le payant. Ceci incombera à la charge de ce croyant. Ce qui

1 -Il doit choisir un jour de l'année différent des jours connus chez les gens pour la zakate. Ce choix l'aidera à dissimuler sa
zakate.
2 -Les dettes qui doivent être comptabilisées dans la zakate sont les dettes garanties et liées à une date déterminée. Sinon, on
ne les comptabilise qu'après leur encaissement.

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est dû à Allah doit être dispensé d'une manière complète. Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a
interrogé le maître de l'univers, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, en lui disant : que dites-vous
de ceux qui confient la zakate aux rois ? Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a répondu : "C'est
moi qui leur ai ordonné de les obéir" (ou un dire similaire). Le cheikh a répliqué : et celui qui a la
possibilité de refuser de mettre la zakate à leur disposition au cas où il n'y a pas de risque qu'ils lui
fassent du mal. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a répondu : "s'il la leur donne dans ce cas qu'il
soit maudit par Allah".
Quant à l'encaissement de la zakate par les descendants du prophète (Al Achraf) : ce n'est pas
permis, quels que soient leurs états financiers, sauf dans des circonstances contraignantes telles que
celles qui permettent de se nourrir de cadavres. Celui qui paie sa zakate aux "Achraf" est considéré
comme s'il ne l'avait pas payée ; la zakate restera alors sur sa charge, il n'en sera pas dispensé. Le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : "L'aumône est interdite à Mohamed et à sa famille”.
Si l'opposant dit : "la zakate est permise aux Achraf sauf dans le cas où l'état musulman leur dispense
des allocations issues du trésor général”. La réponse à cette réplique est la suivante : cette
interprétation est complètement fausse. Cet opposant n'a aucune connaissance des principes
fondamentaux de la législation musulmane. La raison pour laquelle l'aumône et la zakate ont été
interdites aux Achraf, réside dans le fait qu'ils sont très rapprochés d'Allah, le Très-Haut, et qu'ils
jouissent d'une position élevée auprès de Lui.
Or, la zakate est une impureté ; les gens se purifient en la payant. C'est pourquoi Allah n'a pas
approuvé que les Achraf se salissent et se tachent par les impuretés de la créature. Cet attribut est en
vigueur jusqu'au jour du jugement dernier. Celui qui dit le contraire en permettant la zakate au profit
des Achraf, n'a aucune preuve de ce qu'il avance. Fin du texte dicté par le cheikh, satisfaction d'Allah sur
lui.
J'ai interrogé le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, sur ce qui suit: quand le juge fait un effort
d'interprétation du texte lors de son jugement, si son interprétation est juste, il aura deux récompenses,
et s'il se trompe, il aura quand même une récompense. Il a répondu, satisfaction d'Allah sur lui : ce sujet
traite de l'effort fourni par les assidus, satisfaction d'Allah sur eux, qui s'appliquent dans le
raisonnement juridique. On dit "celui qui s'applique sera récompensé deux fois s'il atteint le but, et une
seule fois s'il commet une erreur". Pour eux, il n'y a qu'un seul qui a raison à la fois, etc. Déjà, le
traitement de ce sujet fait partie du raisonnement juridique qui nécessite un effort et une application.
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, dit :
Le fait de faire un effort dans le raisonnement juridique, c'est apporter un jugement, par déduction,
sur un évènement, qui n'a pas été traité au préalable par un texte coranique ou par un hadith. Cette
déduction permet de tirer le verdict concernant l'événement en question à partir d'un texte (issu du
livre Saint ou de la conduite prophétique) qui a traité un autre évènement, mais qui présente un point
commun avec le premier. Quant à ce qui a été traité par Allah et son prophète, prière et salut d'Allah sur
lui, à travers des textes clairs, il ne peut pas faire l'objet d'efforts de raisonnement juridique. Cela est
bien connu chez les spécialistes des sciences fondamentales de la jurisprudence.
Ensuite, le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : on trouve parmi les évènements qui surgissent
des évènements qui ont déjà fait eux-mêmes l'objet d'un texte coranique ou d'un hadith du prophète,
prière et salut d'Allah sur lui. Parfois, ce texte est connu par les gens. Parfois, il n'est pas connu, car il a
été oublié et personne ne l'a rapporté. Parmi ces évènements qui surgissent, on trouve également des
évènements qui n'ont fait l'objet d'aucun texte ni d'Allah ni de son messager, prière et salut d'Allah sur
lui.
Lorsque le texte existe et est connu par les gens, il faut alors l'appliquer sur cet évènement. Le juge
qui l'applique juge en effet en toute justice. Celui qui ne l'applique pas et le dépasse est un juge injuste.
Puis, en matière de ce texte, une recherche s'impose. Il peut en effet, s'agir d'un texte qui a atteint le
rang d'authenticité dans sa diffusion et qui a été bien répandu, dans ce cas si le juge prononce
intentionnellement une sentence qui s'y oppose, il est considéré comme mécréant. Parfois, le texte est

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bien répandu, bien qu'il n'a été rapporté que par un seul compagnon du prophète, prière et salut d'Allah
sur lui, celui qui l'enfreint est aussi un mécréant.
Parfois, le texte est dit "étranger" parce qu'il a été rapporté par quelques rapporteurs seulement, il
n'a pas été répandu, et il n'est pas célèbre. Celui qui enfreint ce texte intentionnellement, alors qu'il en
a pris connaissance, n'est pas considéré comme mécréant, mais il a commis un grand péché. Quant aux
textes qui n'ont jamais vu le jour ou qui ont été oubliés, leur application est obligatoire, malgré leur
disparition. Mais étant donné qu'il est impossible de les atteindre, il faut revenir à l'effort dans le
raisonnement juridique.
Ensuite, dans le cas où il y a une controverse entre les assidus qui s'appliquent à trouver le verdict
qui concerne l'évènement faisant l'objet d'un texte perdu : celui qui a raison d'entre eux est
évidemment celui dont le jugement coïncide avec le texte perdu ou oublié.
Le jugement des autres serait donc erroné. C'est dans ce contexte que les assidus qui s'appliquent
dans le raisonnement juridique ont dit : "tous ceux qui s'appliquent dans le raisonnement juridique sont
dans l'erreur, il n'y a qu'un seul d'entre eux qui a raison à la fois”. Ils ne veulent pas dire un seul individu,
en personne, mais une seule catégorie d'assidus, c'est-à-dire la catégorie de ceux qui ont trouvé le bon
jugement concernant un évènement dont le texte traitant a été perdu ou oublié. Tous ceux qui trouvent
ce jugement parmi les assidus ont donc raison. Les autres sont dans l'erreur.
Dans le cas où l'évènement en question n'a pas été traité ni par un texte d'Allah ni par un texte de
son messager, prière et salut d'Allah sur lui, ni dans l'apparence ni dans le fond, les assidus doivent alors
s'appliquer. Dans ce domaine, tous les assidus ont raison. Et personne d'entre eux ne doit dire que
l'autre n'a pas eu raison, et que lui seul a eu raison. Il lui est interdit de prétendre ceci, car en le
prétendant il discrédite les savants et il les accuse d'égarement.
De même, lorsqu'on parle des assidus qui s'appliquent dans le raisonnement juridique, on
sous-entend les assidus qui remplissent des conditions primordiales, telles que la connaissance des
textes du livre Saint et de la conduite prophétique, la connaissance des causes pour lesquelles tel
jugement a été prononcé dans tel événement (et ce dans tout texte religieux), et la maîtrise de ce qui lie
un événement avec le texte qui le traite. Voilà les conditions qui doivent être remplies pour qu'on traite
quelqu'un d'assidu qui s'applique dans le raisonnement juridique, sinon on ne peut pas attribuer ce titre
à toute personne qui prend la parole dans un sujet scientifique ou théologique. La plupart de ces gens
ne savent pas lier les évènements aux textes authentiques qui les traitent. Ils ne connaissent pas le lien
entre eux.
Le hadith suivant concerne ces personnes : "Dieu ne reprend pas la science en l'arrachant aux gens,
mais II la reprend en reprenant l'âme des savants jusqu'à n'en laisser aucun. Chaque fois qu'un savant
meurt, il part avec ce qu'il maîtrisait comme savoir. Les gens mettront ensuite à leur tête des ignorants.
Quand on les interrogera sur certaines questions. Ils en donneront leur avis sans se baser sur aucune
science. Ils s'égareront ainsi et égareront les autres". C'est dans cette dernière catégorie que s'insèrent
les gens susmentionnés, c'est-à-dire ceux qui se prennent pour des assidus, alors qu'ils ne remplissent
pas les conditions. Quant à la catégorie des vrais assidus qui s'appliquent, et dont nous avons évoqué les
conditions, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit, à propos d'eux:
"En cas de problématique, informez-vous auprès d'Allah (du texte divin), et des gens dignes du savoir
après ma mort, ils vous communiqueront l'interprétation appropriée". Allah, le Très-Haut, a dit : «S'ils la
rapportaient au Messager et aux détenteurs du commandement parmi eux ceux d'entre eux qui
cherchent à être éclairés, auraient appris (la vérité de la bouche du Prophète et des détenteurs du
commandement)» (Sourate An Nissa, les femmes, verset 83). Ce verset coranique et ce hadith
témoignent de l’authenticité de la déduction et des verdicts pris à l'unanimité par les gens dignes des
connaissances seigneuriales. Quand ils sont unanimes sur un sujet donné, celui qui enfreint leur verdict,
sort en effet de la communauté musulmane. Ils disent : "La terre ne sera jamais exempte d'un saint qui
appelle à Allah par la démonstration, la logique, la rhétorique et les différentes preuves, ou qui repousse
le désastre afin de l'empêcher de toucher la créature".

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Ce saint qui veille sur la religion d'Allah, en fournissant les différentes preuves nécessaires, dispose
d'une large connaissance des divers textes sacrés: livre Saint, conduite prophétique, les abrogatifs, et les
abrogés. Il connaît dans chaque texte, la raison du jugement qui y est décrété. Allah, le Très-Haut, lui a
donné de sa lumière divine, une clairvoyance suffisamment élevée pour résoudre un millier de
problèmes en même temps, sachant qu'aucun texte relatif à ces problèmes n'est disponible. Il est
capable de trouver le bon jugement et le bon texte ainsi que la raison qui les relie. Il connaît
parfaitement tout cela. Il peut même rééditer toute la législation musulmane et la regrouper à partir de
sa mémoire, dans le cas où elle a été complètement oubliée sur le globe terrestre. Cet aspect qui existe
chez cet homme n'est pas dû uniquement à un grand effort de sa part, ni à un excès d'apprentissage. Il
est dû plutôt à une lumière divine, et à une assistance seigneuriale en plus de ses efforts et de son
apprentissage des sciences. Voilà comment il a atteint ce rang. Si la terre ne contient plus cet homme, la
preuve d'Allah sur sa créature sera rompue. Seul le singulier parfait "Al Fard Al Kamel" dispose de cette
image. Mais cet aspect peut exister chez d'autres personnes parmi celles auxquelles Allah a accordé son
assistance de par Sa largesse. Qu'il nous range parmi elles, par Sa faveur, Sa munificence et Sa
générosité. Amen.

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CHAPITRE SIXIÈME - INTRODUCTION - PRODIGES ET CONDUITES DU
CHEIKH
Chapitre VI
Prodiges du cheikh et quelques-unes de ses conduites et gestions courantes
Allah a accordé à notre maître Abi Abbes Sidi Ahmed Tijani, satisfaction d'Allah sur lui, la
bienfaisance, la gnose, la maîtrise indélébile, la certitude, le suivi des actes prophétiques
Mohammadiens, la conduite prophétique ainsi que la droiture parfaite qui constitue le fondement de
cette voie et le fruit de tout miracle et de toute pureté. Allah lui a accordé, à partir de tout ceci des
états, des sciences et des actes inégalés. Le lecteur a été informé de l'ensemble de ces attributs et il a
été bien renseigné sur leurs détails lors des chapitres précédents.
Allah, le glorieux, le Très-Haut, lui a accordé par générosité de nombreux miracles. Il l'a fortement
soutenu dans ce domaine. Il a montré en lui différents signes de gestion, de dévoilement et
d'identification, ce qui indique sa spécificité glorieuse et le grand amour dont il jouit de la part d'Allah le
Très-Haut. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a mentionné ce type d'amour dans le hadith
"qodssi" d'après Allah, le tout puissant, le glorieux : "Une fois que je l'ai aimé (mon serviteur), je deviens
son ouïe avec laquelle il entend, sa vue avec laquelle il voit, sa main avec laquelle il combat". Cette
spécificité glorieuse est un signe extraordinaire, un miracle et une diligence.
«Est-ce que celui qui se fonde sur une preuve évidente venant de son Seigneur et récitée par un
témoin...» (Sourate Hud, verset 17). Voilà la glorieuse largesse et la providence importante qui ne se
regroupent qu'au profit d'un serviteur bien-aimé (par Allah), désiré et demandé.
Allah a rendu courants d'innombrables miracles sur la main de notre maître et cheikh, Abi Abbes, Sidi
Ahmed Tijani, satisfaction d’Allah sur lui. Ces miracles sont presque sans limites de par leur nombre
élevé. Tous ceux qui le connaissent de ses proches, de ses compagnons, de ceux qui ont un certain
contact avec lui, ne cessent de raconter sur lui ce qu'ils ont vu et constaté comme mystères et prodiges.
Ces nombreux miracles observés et ces témoignages qui en font signe sont devenus pour eux une
évidence et une science certaine. Ils ne sont plus étonnés de leurs apparitions ni de leurs ampleurs.
Parlez donc de la mer et ne sentez plus de gêne. Et racontez ce que vous constatez même s'il ne figure
pas dans les livres et les manuscrits. Nous avons effectivement constaté un nombre infini et illimité de
grands prodiges et de miracles imposants, en absence du cheikh, en sa présence, en son voyage, en son
séjour et presque dans toutes les affaires quotidiennes.
Ces miracles se divisent en plusieurs catégories qui ont des caractéristiques différentes. Ils peuvent
être sous forme de gestions destinées à pousser le mal, à secourir l'opprimé, à rendre la nourriture
copieuse, ou à guérir une infirmité, ou bien des miracles sous forme de dévoilements, d'exaucement des
invocations, ou de prodiges. Ces miracles émanent de lui et sont courants sur ses mains. Concernant les
prodiges ayant relation avec la gestion, parfois ils sont apparents, et clairement exposés par le cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui, que ce soit directement ou selon un certain signe.
Parfois, on suppose que ce sont des prodiges de gestion, alors que c'est possible qu'ils soient de
dévoilement. Nous avons vu et constaté ces miracles qui émanent de lui, avec toute certitude, d'une
manière oculaire et claire. L'écriture et la plume ne peuvent pas les décrire. Aucune définition ni science
ne peut les déterminer. Ce chapitre d'ailleurs, ne peut être délimité : ses objectifs ne peuvent être
atteints; sa diversité et sa typologie ne peuvent être limitées.
Les qualificatifs et la description de ses miracles ne peuvent pas être dénombrés. Leur renfort ne
peut jamais être interrompu. Ils dépassent plutôt les mesures. Sinon, nous aurions été les plus
concernés pour rassembler ces miracles puisque nous les avons entendus, captés et compris, à partir de
nos compagnons loyaux et éminents, et à la suite de ce que nous avons constaté d'une manière oculaire
et pu authentifier, d'une manière sûre et certaine.

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Je pourrais remplir des livres et des livres si je pouvais rassembler ces miracles en une
documentation importante. Mais à la suite de l'interdiction formelle de notre cheikh, on a fermé les
yeux sur ce projet, on ne peut que lui obéir et s'arrêter à ses commandements. Si l'on avait suivi tout ce
qui émanait de lui, tout en l'enregistrant, le conservant, le groupant, il aurait été un divan rassembleur
et un livre d'art volumineux unique dans son domaine, mais comment peut-on le faire et y arriver ?!
Sachez que ces miracles se divisent en deux catégories : exotériques et ésotériques, comme
mentionné par le cheikh Ben Ataillah. Parmi les miracles exotériques et concrets, on peut citer ce qui
émane de certains vertueux, comme le raccourcissement des distances, la marche sur l'eau, le vol dans
les airs, l'accroissement de l'alimentation et de la boisson, la production d'un fruit en hors saison,
l'écoulement de l'eau sans creusement de puits, l'exaucement d'une invocation comme l'appel du ciel à
pleuvoir sans moment propice, ou comme l'accès à l'information sur le futur et ainsi de suite. La
condition de ces prodiges est la droiture. D'ailleurs, le miracle ne peut être considéré comme tel que s'il
est lié à la droiture. Mais cette condition ne concerne que les vertueux dotés de raison et capables de
faire la distinction entre les choses.
Par ailleurs, Allah, le Très-Haut, peut faire apparaître certains miracles par l'intermédiaire d'un "fou"
afin de dévoiler sa spiritualité et de le protéger de la méchanceté des gens. Dans ce cas, la condition de
la droiture n'est pas exigée puisque le fou n'est pas responsable. Mais les gens dignes de la droiture sont
plus spécifiés ; leur rang spirituel est plus haut puisqu'ils regroupent les deux vertus : la pérennité des
traditions et leur violation.
En opposition aux violations senties, il y a aussi les miracles conceptuels et moraux ; c'est ce qu'Allah
offre à ses serviteurs dans leur for intérieur, comme la connaissance d'Allah, sa crainte, l'autocontrôlé
en permanence, l'indélébilité dans la certitude, la force, la maîtrise, le suivi permanent d'Allah, la
compréhension de ce qui émane de lui, la confiance en lui en permanence, le fait de ne compter que sur
lui et ainsi de suite. Ces miracles sont, pour les gens dignes d'Allah, mieux et plus nobles que les miracles
apparents. Il est probable que notre maître a fait signe d'interdire la première catégorie (c'est-à-dire la
violation apparente des traditions) puisque cette deuxième catégorie est plus noble et plus complète
que la première.
Ben Ataiallah a dit : l'origine de ces miracles et le meilleur d'entre eux est la foi en Allah. Il a dit dans
son livre "La crème des faveurs" : Allah, le Très-Haut, n'a pas accordé à ses serviteurs, dans ce monde
d'ici-bas et dans l'au-delà, une faveur plus importante que la foi en lui et la connaissance de sa divinité.
En effet, tout bien, dans ce monde d'ici-bas et dans l'au-delà n'est qu'une branche de la foi en Allah,
qu'il s'agisse d'états, de stations spirituelles, de litanies ou de providences.
Chaque lumière, science, dévoilement, pénétration dans l'inconnaissable, écoute d'une allocution,
conduite d'un miracle, et tout ce que le paradis contient comme houris, palais, rivières, fruits, en tenant
compte de ce que les gens dignes du paradis obtiennent comme satisfaction d'Allah, le glorieux, le
Très-Haut ou comme regard porté vers Allah, tout ceci n'est rien d'autre que le résultat de la foi, de
l'existence de ses traces et de la providence de ses lumières. Qu'Allah nous compte, ainsi que vous,
parmi les croyants en sa divinité selon la foi qu'il agrée pour ses serviteurs. Qu'il nous accorde, ainsi que
vous, la soumission pour accepter tout ce qu'il veut. Fin des propos recueillis du livre «La crème des
faveurs».
Sachez que notre maître, satisfaction d'Allah sur lui, cache les miracles et n'en montre rien. Gloire à
Allah qui a transformé sa discrétion en surgissement et la prétention des autres en extinction. Les gens
sont certains de sa gloire à travers les temps. D'autres n'ont connu par contre aucune mention. Le
cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit, un jour à propos des miracles qui se dévoilent (en faveur de
l'élu):
La vérité de ce dévoilement est comme suit: quand le voile est levé, il permet à l'élu de comprendre
la parole d'Allah et de son prophète, et de comprendre ce qu'elles contiennent comme secrets liés à la
raison, et comme lumières relatives à l'unicité, que ce soit sous forme de sciences mystérieuses, de
compréhensions précises ou de vérités relatives au Seigneur. Chaque fois qu'il médite dans ces paroles,
il acquiert de nouvelles compréhensions, de nouveaux secrets, de nouveaux adages et de nouveaux
signes, tous différents de ce qu'il a acquis auparavant, et ainsi de suite jusqu'à l'éternité.

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Voilà le dévoilement qui le mène à plus de gnose et d'amour et qui le met dans la proximité d'Allah,
le Très-Haut. Allah n'offre ce dévoilement qu'à l'élite de ses élus. Il l'a accordé à notre cheikh. Il lui a
accordé un dévoilement dans lequel personne n'est associé à lui, satisfaction d'Allah sur lui. Lorsque le
cheikh commence à expliquer un verset coranique ou un hadith, il avance des explications formidables
et des possibilités différentes qu'on ne trouve nulle part ailleurs. Il ne cesse de les développer, et à
chaque fois qu'il entame le sujet, la seconde explication est toujours plus intéressante que la première,
et ainsi de suite durant tout son temps, lors d'une même conférence, pour un même verset coranique
ou pour un même hadith.
Quant à sa parole relative aux vérités, elle ne peut être comprise que par celui dont la gnose est
ancrée. Celui-ci doit être un spécialiste dans différentes sciences exotériques et ésotériques. Il faut qu'il
soit d'un rang élevé dans l'élection et la sainteté. Parmi les particularités du cheikh, satisfaction d'Allah
sur lui, je peux citer ce qu'il m'avait personnellement raconté : en effet, il a la particularité de pouvoir
lire un livre et citer ses litanies en même temps, jusqu'à ce qu'il termine son wird. Il peut les faire en
parallèle sans que l'un l'occupe au détriment de l'autre.
Il m'a raconté également qu'il peut lire, citer les litanies, dicter des connaissances scientifiques à
quelqu'un, parler aux gens et écrire lors d'un même conseil, en même temps ; rien ne l'occupe au
détriment de l'autre. Gloire à Allah qui a honoré certaines personnes, qui a complété leur intellect et qui
les a élevées aux plus hauts rangs. Et gloire à Lui qui a réduit la valeur d'autres personnes et les a
dégradées aux plus bas degrés, bien qu'ils aient une image semblable à celle des gens honorés.
Conclusion qui guide et qui appelle à l'amour du prophète, prière et
salut d'Allah sur lui, et au suivi de ses actes prophétiques et de ses
traces.

Je dis, qu'Allah nous accorde succès et nous aide à emprunter le droit chemin : sachez que je vais
entamer cette conclusion par une introduction qui informe sur l'amour que notre cheikh portait pour le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, sur ce
qu'il suivait comme actes prophétiques et comme largesse et prestige du prophète, et sur les
particularités qu'Allah lui a accordées comme diligence et dons. Ensuite, je vais passer par le
développement en présentant des prières sur le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, qui ont émergé
à partir de son noble afflux et de son éminente et générale largesse. C'est ainsi que cette conclusion
sera achevée et par elle le présent livre sera terminé. Il importe finalement de signaler que cette
conclusion est l'essence même de ce livre. Fin.
Introduction sur l'obligation de l'amour du prophète, du suivi de ses
actes prophétiques et de l'application de sa guidance et de sa conduite,
prière et salut d'Allah sur lui.

Sachez que l'amour est la station qui fait l'objet de la compétition entre les concurrents. Toute
personne qui œuvre vise son acquisition. Ceux qui nous ont devancés se sont retroussés les manches
pour atteindre sa connaissance. Les amoureux s'anéantissent pour l'avoir. C'est par sa brise qui soulage
que les dévots se détendent. Cet amour est l'aliment des cœurs. Il est la nutrition des esprits. C'est la
satisfaction qui se manifeste aux yeux. C'est la vie ; celui qui la perd doit être compté parmi les morts.
C'est la lumière ; celui qui la perd ne peut se trouver qu'aux mers des ténèbres. C'est la guérison ;
celui qui s'en dépouille voit son cœur touché par toutes les maladies. C'est le délice ; celui qui n'en
goûte pas doit avoir une vie pleine d'ennuis et de douleurs. C'est l’esprit de la foi, des actes, des stations
spirituelles et des états ; une fois que l'amour est absent, ils deviennent comme un corps sans esprit.
L'amour porte les fardeaux des voyageurs vers un pays que vous n'atteindriez qu'avec peine. Il les
mène à des demeures qu'ils ne pourraient jamais atteindre sans lui. Il leur permet d'accéder à des
séjours de vérité, au sein de stations spirituelles que sans lui ils ne pourraient jamais y parvenir. C'est
l'ensemble des montures des soufis, qui en voyageant sur leurs dos, ils parviennent au bien-aimé (le

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prophète). C'est leur droit chemin qui les mène rapidement aux demeures des gens dignes de la
proximité.
Je jure par Dieu que les gens de l'amour ont gagné l'honneur du monde d'ici-bas et de l'au-delà,
puisqu'ils disposent de la plus grande chance et de la plus grande part dans l'accompagnement de leur
bien-aimé. Le jour où Allah a tracé les destins de ses créatures, selon sa volonté et sa profonde sagesse,
il a décrété que l'homme sera avec ceux qu'il a aimés. Le hadith rapporté par le juge "lyad" en témoigne.
En effet, un homme est venu voir le prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Il lui a dit : "O, messager
d'Allah ! Je vous aime plus que ma famille et plus que mon argent. Je ne cesse de vous évoquer, et je ne
me sens à l'aise que lorsque je viens pour vous voir. Mais, lorsque je pense à ma mort et à la vôtre, je
sais pertinemment qu'une fois au paradis, vous allez être élevé au rang des prophètes, alors que je serai
dans un niveau beaucoup plus inférieur, et par conséquent je ne pourrai plus vous voir !"
Allah, le Très-Haut, a fait ainsi descendre ce verset : «Quiconque obéit à Allah et au Messager...
ceux-là seront avec ceux qu'Allah a comblés de Ses bienfaits: les prophètes, les véridiques, les
martyrs, et les vertueux. Et quels compagnons que ceux-là» (Sourate Les femmes, An Nissa, verset 69).
Le prophète a appelé alors cet homme et lui a récité ce verset. Dans un autre hadith : un homme était
assis devant le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, en train de le regarder, sans baisser les yeux. Le
prophète lui a dit alors : "Qu'est-ce que tu as ?"
Il lui a répondu : "Par mon père et ma mère; je suis en train de me réjouir en te regardant. Une fois
que le jour de la résurrection arrive, Allah va t'élever au plus haut niveau, par sa largesse, etc." Le verset
coranique susmentionné est alors descendu.
Voilà la large aubaine qu'Allah a accordée aux amoureux ! Les soufis ont ainsi devancé tout le monde
en matière de bonheur alors qu'ils sont allongés sur leurs lits. Ils ont devancé la caravane de différentes
étapes alors qu'ils ne bougent même pas dans leur voyage. Qui peut faire de même et aller en course
doucement et lentement pour arriver au premier rang, avant les autres !
Il s'agit certainement de celui qui a répondu au héraut du désir (de l'amour) quand il a dit : venez au
succès1 . Ces gens (les soufis) se sont sacrifiés afin d'arriver à leur bien-aimé. Ils se sont sacrifiés
généreusement et avec satisfaction et consentement. Ils ont continué dans cette voie le long des nuits,
des matins et des soirs. À leur arrivée, ils ont été loués pour leur voyage nocturne. Le proverbe dit : et ce
n'est qu'au matin qu'ils sont loués, ces voyageurs qui se sont déplacés le long de la nuit.
La signification de l'amour chez eux suscite de nombreuses controverses. Leurs diverses expressions,
bien qu'elles soient si nombreuses, ne traduisent pas une différence de sens, mais plutôt une différence
d'états. La plupart des soufis ont essayé d'expliquer l'amour à travers ses fruits, et non pas par sa vérité.
Certains gnostiques ont dit : la vérité de l'amour chez les gens dignes de la connaissance, fait partie des
sciences indéfinissables.
Il n'est connu que par celui qui le sent, dans son intérieur sans pouvoir l'exprimer. Il ne peut pas être
défini par une définition plus claire que lui-même. Les définitions ne peuvent qu'augmenter son
anonymat et induire les gens en erreur. Sa définition est son existence. L'amour ne peut pas être décrit
par un attribut plus prononcé que l'amour. Les gens entament plutôt la discussion sur ses causes, ses
motifs, ses signes, ses traces, ses fruits et ses verdicts. Leurs définitions et leurs schémas tournent
autour de cette habitude. Les expressions se sont donc diversifiées. Il en est de même pour les symboles
qui se sont multipliés selon la compréhension, la station spirituelle et l'état de chacun.
Voici quelques extraits et quelques définitions avancées sur l'amour selon ses impacts et ses traces:
• On peut en citer : la concordance qui existe avec le bien-aimé, dans le cas où il le constate et
dans le cas où il le perd de vue. C'est d'ailleurs la cause même de l'amour et son exigence.
• On peut citer également le fait que l'amoureux efface ses propres attributs et affirme
l'amour qu'il porte pour l'entité du bien-aimé2. Cela fait partie des verdicts de

1 -Ici, l'auteur utilise une métaphore en comparant l'appel du désir à celui de la prière où l'héraut annonce : venez à la prière,
venez au succès.
2 -Ici l'auteur insinue l'amour de l'Entité Suprême.

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l'anéantissement dans l'amour ; il s'agit d'effacer les attributs de l'affectueux et de l'anéantir
dans ceux de son bien-aimé et dans son entité. Ceci exige une explication plus complète.
Seul celui qui a été anéanti1 dans l'amour peut comprendre cette définition.
• On peut citer aussi le fait que tu te donnes complètement à ton bien-aimé ; sans que rien ne
reste de toi pour toi. C'est-à- dire que tu offres ta volonté, ton engagement, tes actes, ton
âme, ton argent et ton temps à ton bien-aimé et que tu les lui donnes comme rétention
pour sa satisfaction et son amour, sans que tu en prélèves la moindre partie pour toi-même,
sauf ce que ton bien-aimé t'accorde volontairement. Dans ce cas, tu le prends de lui et pour
lui.
• Il y a aussi l'effacement du point de vue du cœur de tout ce qui est autre que le bien-aimé.
Pour que l'amour soit complet, ceci est exigé. Tant qu'il reste dans le cœur une place et une
demeure pour autrui, alors l'amour est faussé.
• Il y a aussi la jalousie et le zèle à l'égard du bien-aimé : tu ne veux pas que quelqu'un comme
toi l'aime. Cela signifie que tu te méprises et que tu te sous-estimes et que tu ne conçois pas
que quelqu'un comme toi peut l'aimer.
L'amour porté pour le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, présente des signes et des indices. Les
plus importants d'entre eux sont les suivants : son suivi en tant que modèle, l'application de sa conduite,
l'emprunt de sa voie, la conformité à sa guidance et à sa conduite, et le respect des limites tracées par
sa loi religieuse. Allah, le Très-Haut, a dit : «Dis: Si vous aimez vraiment Allah, suivez- moi, Allah vous
aimera alors» (Sourate Al Imran, la famille Imran, verset 31). Allah, le Très-Haut, a fait du suivi du
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, un signe de l'amour que peut porter le serviteur pour son
Seigneur. Il a fait également que la rétribution du serviteur pour son suivi du prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, soit l'amour d'Allah, le Très-Haut, envers lui.
Cet amour prend naissance lorsque le serviteur observe les faveurs qu'Allah lui a accordées, qu'il
s'agisse d'aubaines apparentes ou cachées. Plus cette observation est importante, plus l'amour devient
important. La faveur la plus importante à observer par le serviteur est celle de sa préparation pour
aimer et connaître Allah et suivre son bien-aimé (le prophète), prière et salut d'Allah sur lui. L'origine de
ceci est une lumière qu'Allah, le Très-Haut, injecte dans le cœur du serviteur. Une fois que cette lumière
parcourt le cœur, l'entité du serviteur resplendit, de manière à ce qu'il puisse voir sa propre âme et tout
ce à quoi elle a été préparée comme perfections et bienfaits.
Sa détermination s'élève alors, son engagement se fortifie, et les ténèbres de son âme et de sa
nature se dissipent, parce que la lumière et l'obscurité ne peuvent jamais s'unir dans une même place.
L'une l'emporte toujours sur l'autre. L'esprit tombe alors entre la crainte révérencielle et la réjouissance
par le bien-aimé. C'est en fonction de ce suivi (du prophète) que l'amour porté pour Allah et l'amour
d'Allah pour son serviteur sont accordés tous les deux. Les deux sont nécessaires pour pouvoir arriver à
la perfection. Le plus important n'est pas le fait que tu aimes Allah (seulement), mais surtout que tu sois
aimé par Allah.
Allah ne t'aimera que si tu suis son bien-aimé, dans la forme comme dans le fond, que si tu crois à
l'information qu'il t'apporte, que si tu obéis à son ordre, que si tu réponds à son appel, que si tu le
préfères à toi-même volontiers, que si tu ne considères que son jugement, celui d'autrui est pour toi
inexistant, que si tu n'aimes que lui parmi toute la créature, et que si tu n'obéis qu'à lui. Si les choses ne
sont pas ainsi, sache alors que tu n'es pas sur un droit chemin.
Réfléchissez sur la parole d'Allah : «Dis: Si vous aimez vraiment Allah, suivez-moi, Allah vous aimera
alors» (Sourate Al Imran, verset 31). Le suivi de ce prophète honoré est la vie des cœurs, c'est la lumière
des clairvoyances, la guérison des intérieurs, les arômes des âmes, le délice des esprits, l'intimité des
solitaires et le guide des embarrassés. Parmi les signes de l'amour porté pour le prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, on peut citer :
• La satisfaction par tout ce qu'il a émis comme législation, prière et salut d’Allah sur lui, au point de
ne sentir aucune gêne à l'égard de ce qu'il a décidé.

1 -Anéanti : c'est-à-dire annihilé et sorti de lui-même.

-483-
Allah, le Très-Haut, a dit : «Non!... Par ton Seigneur! Ils ne seront pas croyants aussi longtemps
qu'ils ne t'auront demandé de juger de leurs disputes et qu'ils n'auront éprouvé nulle angoisse pour
ce que tu auras décidé, et qu'ils se soumettent complètement à ta sentence» (Sourate An Nissa, les
femmes, verset 65). Allah a donc soustrait la croyance de celui qui éprouve une certaine gêne dans son
intérieur vis-à-vis de ce que décide le prophète, prière et salut dAllah sur lui, et qui ne se soumet pas à
lui.
• Sa glorification quand on le mentionne, tout en montrant du recueillement, de la
soumission et de l'épointement quand on entend son nom. D'ailleurs, lorsqu'on aime
quelque chose, on s'y soumet.
• Le grand désir que l'on éprouve pour le rencontrer. Chaque amoureux aime, en effet,
rencontrer son bien-aimé.
• L'amour du coran qu'il a apporté, et avec lequel il a été guidé et a guidé, et a acquis son
éthique. Si tu veux savoir ce que tu as et ce que les autres ont comme amour pour Allah et
pour son messager, regarde alors si ton coeur aime le coran, si tu te réjouis en l'écoutant
plus que tu ne te réjouis en écoutant la musique, les chants et les distractions.
• L'amour de sa conduite, et de la lecture de son hadith. Celui dont le coeur a découvert la
douceur de la foi, s'il entend un mot issu de la parole d'Allah ou issu d'un hadith de son
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, son esprit s'enthousiasmera alors, ainsi que son âme
et son coeur. À ce moment, son cœur s'illuminera et son secret resplendira. Les vagues de
l'authentification se précipiteront vers lui lors de l'apparition des preuves. Il se désaltérera
par l'attendrissement de son bien-aimé. Rien ne peut apaiser la soif de son cœur mieux que
cet attendrissement.
Qu'on se limite donc à ces signes susmentionnés, sinon on devra rédiger plusieurs tomes.
Quant à ses mérites, prière et salut d'Allah sur lui, ils sont si célèbres qu'il est inutile de les appuyer
avec des preuves et des démonstrations. Ils sont si nombreux qu'ils ne peuvent être dénombrés par une
langue. Ils sont plus clairs que la pleine lune et plus manifestes que le soleil au zodiaque du bélier. Le
poète a donc raison de dire :
Comment peut-on avoir quelque chose de correct dans l'esprit,
si l'on a besoin de démontrer que le jour est bien un jour, o mes amies ?
"Ibn Sayed Ennas" a mentionné, d'après l'authentique de Mouslim, que le prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, a dit : Allah a choisi Kinana parmi la descendance d'Ismaël. Il a choisi qorayche parmi
Kinana. Il a choisi Bani Hachem parmi qorayche. Et il m'a choisi parmi Bani Hachem. Les hadiths du
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, sont nombreux à ce propos. Les versets coraniques qui
montrent la grande valeur du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, sont célèbres. L'intercession
sublime le jour du grand rassemblement est suffisante pour mettre en évidence sa grande valeur chez
Allah, le Très-Haut, son importance, sa spécificité et sa proximité d'Allah, par rapport aux autres
prophètes, messagers et anges. Il est suffisant également de mentionner ce qu'Allah lui a accordé
comme particularités: c'est le cas par exemple de la rivière abondante "Al Kaoutar". Allah, le Très-Haut,
a dit : «Nous t'avons certes, accordé "Al Kaoutar" (l'Abondance)» (Sourate Al Kawtar, l'abondance,
versets 1-3).
Quant au hadith de l'intercession, il est très célèbre. Il est devenu une évidence dans la religion. Ce
n'est donc pas la peine de développer cette partie. Regardez quand-même le contenu du noble hadith
qui parle de cette intercession, regardez comment il met en exergue l'excellence de la valeur du
prophète, prière et salut d'Allah sur lui et la majesté de son affaire, qu’Allah lui confère, à chaque
instant, la meilleure prière et le meilleur salut. Les plus grands messagers, prière et salut d'Allah sur eux,
ne peuvent pas concurrencer avec lui dans ce rang qui le spécifie, c'est-à-dire dans la plus grande
intercession. Il n'y a pas de doute que l'envoi du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est une
miséricorde pour l'univers. Allah, le glorieux, a dit : «Et Nous ne t'avons envoyé qu'en miséricorde pour
l'univers» (Sourate Al Anbya, les prophètes, verset 107).

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Quant à la préférence du prophète (Sidna Mohamed) à la descendance d'Adam en particulier, elle est
déduite de son dire, prière et salut d'Allah sur lui : "Je suis le maître des descendants d'Adam, je le dis
pour annoncer cette vérité sans chercher à m'élever". Quant à sa préférence à Adam, elle est déduite de
son dire, prière et salut d'Allah sur lui : "J'étais prophète alors que Adam était encore entre l'eau et
l'argile" ; et du hadith suivant : "Adam et les prophètes qui l'ont succédé sont tous sous mon drapeau le
jour du grand jugement".
Le hadith suivant en témoigne également: "Je suis le premier intercesseur, le premier à recevoir
l'autorisation dans l'intercession et le premier être qui émerge de la terre". Allah a dit, à son propos :
«Certes, un Messager pris parmi vous, est venu à vous» (Sourate At Taouabah, le repentir, verset 128).
Allah a dit également: «Allah a très certainement fait une faveur aux croyants lorsqu'il a envoyé chez
eux un messager pris parmi eux-mêmes ...» (Sourate Al Imran, verset 164). Allah a dit aussi:
«Ainsi, Nous avons envoyé parmi vous un messager de chez vous» (Sourate Al Bakarah, La vache,
verset 151). Allah a dit également à propos du prophète, prière et salut d'Allah sur lui : «N'avons-Nous
pas ouvert pour toi ta poitrine. Et ne t'avons- Nous pas déchargé du fardeau, qui accablait ton dos, et
exalté pour toi ta renommée. À côté de la difficulté est, certes, une facilité. À côté de la difficulté, est
certes, une facilité. Quand tu te libères, donc, lève-toi, et à ton Seigneur aspire» (Sourate L'ouverture,
As-Sarh, versets 1-8). "Qatada" a dit: Allah a exalté la renommée de notre prophète, dans ce monde
d'ici-bas et dans l'au- delà. Il n'y a pas le moindre prêcheur ou prieur lors de son attestation qui ne dise
"Je certifie qu'il n'y a pas de divinité à part Allah et que Mohamed est le messager d'Allah".
D'après Abi Saïd Khodri, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : Gabriel est venu me voir. Il
m'a dit : ton seigneur et le mien dit : sais-tu comment j'ai exalté ta renommée ? J'ai dit : Allah et son
messager détiennent l'information. Il a dit : lorsque Je (Allah) suis mentionné, tu es mentionné avec moi.
D'après Omar Ben Khattab, satisfaction d'Allah sur lui, il a dit : O, messager d'Allah, une de tes vertus
chez Allah, c'est qu'il a fait de ton obéissance la sienne.
Allah a dit en effet: «Quiconque obéit au Messager obéit certainement à Allah..» (Sourate An Nissa,
Les femmes, verset 80). Allah a dit également : «Dis: Si vous aimez vraiment Allah, suivez- moi ..»
(Sourate Al Imran, verset 31). Allah a dit aussi : «Dis : Obéissez à Allah et au Messager..» (Sourate Al
Imran, verset 32). Tout ceci fait partie des biens seigneuriaux octroyés en permanence au prophète,
prière gracieuse et salut pur d'Allah sur lui. Il fait partie également de la bienfaisance du Seigneur, de
Ses aubaines, et de Sa diligence.
Allah a juré par la glorieuse importance de son prophète dans de nombreux versets coraniques ; il a
dit : «Par ta vie! Ils se confondaient dans leur délire» (Sourate Al Hijr, verset 72). Les commentateurs de
ce verset coranique se sont tous mis d'accord pour affirmer que ce verset est un serment d'Allah, le
glorieux, par la durée de la vie de son prophète Sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui. Cela est
le summum de la révérence, de l'honneur et de la glorification du prophète, prière et salut d'Allah sur
lui.
Dans le même sens, Allah a dit : «Qaf. Par le Coran glorieux» (Sourate Qaf, verset 1). Allah a juré par
la force du coeur (insinué par la lettre Qaf) de son bien-aimé Sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur
lui. En effet, le prophète a pu supporter le discours d'Allah et la constatation. Ce fardeau ne l'a pas
affecté à cause de son état élevé. Dans le même sens, Allah a dit : «Par l'Aube, et par les dix nuits»
(Sourate Al Fajr, l'aube, versets 1-2). Il s'agit du prophète Sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui,
parce que c'est à partir de lui que la foi jaillit (comme l'aube qui à partir de lui la lumière jaillit). Le verset
coranique suivant montre également l'importance du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, son
excellence et la glorieuse position dont il jouit, Allah dit : «Par le Jour Montant. Et par la nuit quand elle
couvre tout. Ton Seigneur ne t'a ni abandonné, ni détesté» (Sourate Le jour montant, Ad- Duha,
versets 1-3).
Le noble rang du prophète Sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, traduit l'honneur qui lui a
été accordé par Allah, le Très-Haut, ainsi que la spécificité qui le distingue par rapport aux autres
prophètes et messagers. Allah a dit : «Et lorsqu'Allah prit cet engagement des prophètes: Chaque fois
que Je vous accorderai un Livre et de la Sagesse, et qu'ensuite un messager vous viendra confirmer ce
qui est avec vous, vous devez croire en lui, et vous devrez lui porter secours. Il leur dit: Consentez-

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vous et acceptez-vous Mon pacte à cette condition? - <Nous consentons), dirent-ils. <Soyez-en donc
témoins), dit Allah. Et Me voici, avec vous, parmi les témoins» (Sourate Al Imran, verset 81). Allah dit
aussi : «Lorsque Nous prîmes des prophètes leur engagement, de même que de toi, de Noé,
d'Abraham, de Moïse, et de Jésus fils de Marie: et Nous avons pris d'eux un engagement solennel»
(Sourate Al Ahzab, les coalisés, verset 7). "Qatada" a dit : le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit
: je suis le premier des prophètes à être créé et le dernier à être envoyé. Voilà pourquoi il a été
mentionné avant Noé et avant les autres prophètes, prière et salut d'Allah sur eux.
Il suffit de lire le contenu de la Sourate Al Fath (la victoire éclatante) pour découvrir la valeur sublime
du prophète chez son seigneur, le soin qu'il lui accorde et l'honorable position dont il jouit auprès de son
seigneur. Allah, le glorieux, a commencé la sourate en l'informant de ce qu'il avait décidé pour lui
clairement, Il lui a annoncé sa victoire éclatante sur son ennemi, et l'éminence de sa guidance et de sa
loi religieuse. Il lui a annoncé qu'il a pardonné ses péchés, passés et futurs, etc. Et ainsi de suite, jusqu'à
la fin de la Sourate Al Fath qui parle également de l'acte d'allégeance Ar Ridouane "Bayâtou Ar
Ridouane". Allah a dit : «Ceux qui te prêtent serment d'allégeance ne font que prêter serment à Allah:
la main d'Allah est au-dessus de leurs mains» (Sourate Al Fath, La victoire éclatante, verset 10).
C'est-à-dire ils ne font que prêter serment à Allah en te prêtant serment d'allégeance «La main
d'Allah est au-dessus de leurs mains» (Sourate Al Fath, La victoire éclatante, verset 10), il veut dire "lors
de l'allégeance". Ce n'est pas la peine de développer davantage cette rubrique. Si l'on continue à suivre
tout ce qui nous est parvenu à propos de la haute importance du prophète dans les versets coraniques
et dans les prédicats, on risquera d'être très long. Notre objectif est d'apporter plutôt un bref aperçu
afin d'en tirer profit et bénédiction.
En somme, la valeur du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est la plus élevée des valeurs chez le
genre humain. Sa renommée est la plus exaltée. Sa station est la plus glorieuse. Ses bienfaisances et sa
largesse sont les plus parfaites. Si vous cherchez les qualités de la perfection qui ne peuvent pas être
acquises par des efforts personnels, vous trouverez que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, les a
toutes réunies en lui. Il les a maîtrisées parfaitement. Les rapporteurs sont unanimes sur ce point. Prière
et salut d'Allah sur Sidna Mohamed, sa famille, et ses compagnons.
Objet : Les prières sur le prophète, qui sont parvenues à partir de
l'afflux de sa largesse, prière d'Allah sur lui.

Première Prière

Je dis, en sollicitant l'aide d'Allah ; il n'y a de puissance ni de force que par la haute excellence divine :
tout d'abord on va commencer par le rappel des prières dictées par le messager d'Allah, prière et salut
d'Allah sur lui, à partir de son noble afflux, en état d'éveil, à notre cheikh, Abi Abbes, sidi Ahmed Tijani,
satisfaction d'Allah sur lui. Ces prières seront suivies du commentaire du cheikh, satisfaction d'Allah sur
lui. La première prière a été intitulée par le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui: "La rubicelle des vérités
visant la définition de la vérité du maître des créatures". Cette prière est la suivante :
Allah, Allah, Allah. O, Allah, c'est Toi Allah. Pas de divinité à part Toi. Tu es le Très-Haut, dans la
sublimité de la singularité de la présence de ton unicité, au sein de laquelle Tu as voulu l'existence de tes
affaires. Tu as développé, à partir de ta parfaite lumière, la création du vrai. Tu as fait que tout le monde
dépend de ce vrai. Et tu l'as modelé en image parfaite et complète. Tu as trouvé à partir de cette image,
à cause de son existence et avant le développement de ses formes la singularité de ton unicité.
À partir de cette image, en elle, et à cause d'elle, Tu as développé la science. À partir de la trace de
cette sublimité et de ses bénédictions, Tu as créé la forme de toutes les images, qu'elles soient statiques
ou dynamiques. Tu as fait que le mouvement et l'immobilité soient dépendants de cette réalité. Tu as
caché cette image sous l'enveloppe de Ta puissance, puisqu'elle est issue de l'Entité elle-même en
elle-même et pour elle-même. Les images émergentes rayonnent et l'univers devient apparent. Tu as
préétabli pour, dans et à partir de ces images leurs analogues qui seront identiques aux numéros de
leurs images. Tu as décidé de les faire émerger pour qu'elles appliquent ce que Tu leur as fixé comme

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destins. Tu les as gravées dans leur table gardée, à partir de laquelle et grâce à ses bénédictions, leur
création a eu lieu. Tu as décidé pour ces images ce que Tu as voulu pour elles, et ce que Tu veux d'elles.
Tu as mis l'ensemble de toutes ces images dans ton ensemble. Et tu as fait que cet ensemble soit de Ton
ensemble. Tu as transformé le tout en une poignée de lumière de Ta sublimité. Et tu l'as transformé en
un esprit dont tu es digne et qui est digne de Toi.
Je t'invoque, O, Allah, par le rang de cette sublimité et son extension sur l'existant et sur le néant,
que Tu offres ta prière et Ton salut au traducteur de la langue de la pérennité, la table gardée, la
lumière qui se propage et qui s'étend et que personne ne peut comprendre ni atteindre, le droit chemin,
et le protecteur du vrai par le vrai. O, Allah, offre ta prière et Ton salut au meilleur des créatures
humaines et djinns, celui qui est digne des lumières splendides. O, Allah, offre ta prière et Ton salut à lui,
à sa famille, à ses enfants, à ses conjointes, à sa descendance, aux gens de sa maison, à ses frères parmi
les prophètes et les véridiques, à ceux qui croient en lui, à ceux qui l'ont suivi parmi les premiers et les
derniers. O, Allah, fais que notre prière sur lui soit agrée et non rejetée.
O, Allah, prie sur notre maître, sidna Mohamed et sur sa famille. O, Allah, fais qu'il soit pour nous un
esprit et pour notre culte un secret. O, Allah, fais que son amour soit pour nous une force qui m'aide à le
glorifier. O, Allah, fais que sa glorification soit une vie dans nos cœurs qui me sert à subsister et qui
m'aide à le mentionner et à me rappeler son seigneur. O, Allah, fais que notre prière sur lui soit une clé,
par laquelle, O seigneur, Tu ouvres pour nous le voile de l'approbation des œuvres.
Selon les bénédictions de mon bien-aimé et du bien-aimé de Tes serviteurs croyants, accepte mes
litanies, ainsi que l'amour et la glorification que je porte pour Ton Entité: Pour Allah, Pour Allah, Pour
Allah, Ah ! Amen, Houa (lui), Houa, Houa, Amen. Qu'Allah prie sur sidna Mohamed, Amen. Fin de la
première prière1.
Deuxième Prière

La deuxième prière, qui est également dictée par le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, à notre
cheikh, en état d'éveil, est la suivante :
O, Allah, offre ta prière et accorde Ton salut
• À la source de la Miséricorde du Seigneur.
• Au diamant qui maîtrise et qui encercle le centre de toutes les compréhensions et de toutes
les significations.
• À la lumière des univers en cours de formation.

1 -Translittération : Allah Allah Allah, Allahoumma anta Allahou alladi la ilaha ilia anta, al ali fi adamati infiradi hadrati
ahadiyatika, allati chiâta fiha bi woujoudi chouounika wa anchaâta min nourika al kamili nachâata al haqqi, wa anattaha wa
jaâltaha souratane kamilatane tammatane, tajidou minha bi sababi woujoudiha, mina nfiradi ahadiyatika, qabla nachri
achbahiha, wa jaâlta minha fiha bi sababiha inbissata al ilmi, wa jaâlta min atari hadihi al adhamati wa min barakatiha
chabhata al souari koulliha, jamidiha wa moutaharrikiha, wa anattaha bi iqbali attahriki wa attasskini. Wa jaâltaha fi ihatati
al izzati min kawniha qabilate minha wa fiha wa laha, wa tachaâchaâti assouarou al barizatou bi iqbali al woujoudi, wa
qaddarta laha wa fiha wa minha ma youmatilouha, mimma youtabiqou arqama souariha, wa hakamta alayha bi al bourouzi li
tawdiyati ma qaddartahou alayha, wa jaâltaha manqouchatane fi lawhiha al mahfoudhi alladi khouliqate minhou bi
barakatihi, wa hakamta alayha bima aradta laha wa bima touridou biha, wa jaâlta koulla al koulli fi koullika, wa jaâlta hada al
koulla min koullika, wa jaâlta al koulla qabdatane min nouri adhamatika, rouhane lima anta ahloune lahou wa lima houa
ahloune laka. Assaâlouka allahoumma bi martabati hadihi al adhamati wa itlaqiha fi woujdine wa adamine, ane toussaliya
wa toussalima ala tarjoumani lissani al qidami, al lawhi al mahfoudi wa annouri assari al mamdoudi alladi la youdrikouhou
darikoune, wa la yalhaqouhou lahiqoune, assiratei al mousstaqimi, nassiri al haqqi bilhaqqi.
Allahoumma salli wa sallim ala achrafi al khalaiqi al inssaniyati wa al janiya, sahibi al anwari al fakhira. Allahoumma salli wa
sallim alayhi wa ala alihi wa ala awladihi, wa azwajihi wa dourriyatihi, wa ahli baytihi, wa ikhwanihi mina annabiyina wa
assidiqina, wa ala man amana bihi, wa ittabaâhou mina al awalina wa al akhirina. Allahoumma ijaâle salatana alayhi
maqboulatane, la mardoudatane. Allahoumma salli ala sayidina wa mawlana Mohammadine wa alihi, allahoumma wa
ijaâlhou lana rouhane wa li ibadatina sirrane, wa ijaâle allahoumma mahabbatahou lana qouwatane asstainou biha ala
taadhimihi. Allahoumma wa ijaâle taâdhimahou fi qouloubina hayatane aqoumou biha wa asstaînou biha ala dikrihi wa dikri
rabbihi. Allahoumma wa ijaâle salatana alayhi miftahane, wa iftah lana biha ya rabbi hijaba al iqbali wa taqabbale minni bi
barakati habibi wa habib ibadika al mouminina, ma ana ouaddihi mina al awradi wa al adkari wa al mahabbati wa attaâdhimi
lidatika, lillahi, lillahi, lillahi, Ah! Amine, Houa, Houa, Houa Amine. Wa salla allahou ala sayidina Mohammadine. Amine.

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• À l'humain, digne de la Vérité du Seigneur.
• À l'éclair étincelant annonçant les nuages précurseurs de la pluie bienfaisante, qui
remplissent tout ce qui s'y expose comme mers et ustensiles.
• À Ta lumière brillante par laquelle Tu as rempli Ton univers qui englobe tout lieu et localité.
O, Allah, offre ta prière et accorde Ton salut:
• À l'oeil du Vrai, à partir duquel les trônes des vérités se manifestent.
• À la source la plus juste des connaissances.
• À Ton sentier bien menant et parfaitement droit.
O, Allah, offre ta prière et accorde Ton salut:
• À l'apparition du Vrai par le Vrai.
• Au trésor le plus sublime.
• Au flux venant de toi et retournant à toi.
• À la connaissance parfaite de la lumière dissimulée.
Qu'Allah prie sur lui ainsi que sur sa famille, une prière par laquelle Tu nous le feras bien connaître.
1
Fin .
Trosième Prière

La troisième prière, émanant du monde de l'invisible et de l'inconnaissable, s'appelle "La prière issue
du monde de l'inconnaissable à propos de la vérité Ahmedienne". Il s'agit de la prière suivante:
O, Allah, offre ta prière et accorde Ton salut:
• À l'œil de Ton Entité suprême (en faisant allusion à la réalité Ahmedienne, qui se distingue
par rapport à toute la créature par le regard de l'Entité suprême), avec Tes diverses
perfections resplendissantes, en présence de Ton Entité éternelle.
• À Ton serviteur qui veille par Toi, à partir de Toi, pour Toi et vers Toi, par les plus complètes
prières prolifiques.
• À celui qui fait sa prière au Sanctuaire du "ayn" "ha" de l'identité.
• Au lecteur des Sept répétés, avec Tes attributs d'âme.
• À celui à qui Tu t'es adressé en disant : Prosterne-toi et rapproche-toi.
• À celui qui appelle à Toi l'ensemble de Tes affaires scientifiques, par Toi et à la suite de Ton
autorisation. Celui qui répond à l'appel sera choisi et rapproché de Toi.
• À celui qui couvre par son afflux toute l'existence que Tu as créée grâce à la subsistance de
Ton secret.
• Au renfort qui se propage dans l'ensemble des particules du don de Ta largesse.
• À celui qui reçoit au sanctuaire de Ta pureté et de Ton intimité les manifestations des
perfections de Ta divinité dans Tes univers, Ta terre et Ta mer.
O, Allah, prie donc sur lui, une prière parfaite complète, par Toi, à partir de Toi, vers Toi et sur Toi.
Répands aussi Ton salut sur lui, un salut complet, général et global, contenant les diverses perfections
de Ta pureté. Que Ta prière et Ton salut soient permanents et continus sur Ton ami privilégié, Ton
bien-aimé parmi Ta créature, et qu'ils soient au nombre de ce que renferme Ton savoir pré-éternel, ainsi
que Ta sublime et générale largesse. Sois notre procureur, de par Ta pure largesse généreuse, dans la
prière sur lui, prière que Tu as effectuée au sanctuaire de Ta pureté et à l'identité de Ton intimité, ainsi

1 -Translittération : Allahoumma salli wa sallim ala ayni arrahmati arrabaniyati wa al yaqoutati al moutahaqiqati al haîtati bi
markazi al fouhoumi wa al mâani wa nouri al akwani al moutakawinati al adami sahibi al haqi arrabani, al barqi al astaîi bi
mouzouni al arbahi al maliâti li koulli moutârridine mina al bouhouri wa al awani, wa nouriki al lamie alladi malaâta bihi
kawnaka al haita bi amkinati al makani.
Allahoumma salli wa sallim ala ayni al haqqi allati tatajalla minha ourouchou al haqaiq ayni al maârifi al aqwame ssiratèka
attammi al asqam.
Allahoumma salli wa sallim ala talâati al haqqi bilhaqqi, al kanzi al aâdam, ifadhatika minka ilayka, ihatati annouri al
moutalssami, salla allahou alayhi wa ala alihi salatane touârrifouna biha iyyah.

-488-
que sur sa famille, et sur les compagnons de Ton messager et prophète. Accorde-leur Ton salut au
nombre de ce que Ton savoir englobe. Fin1.

1 -Translittération : Allahoumma salli wa sallim ala ayni datika al aliya bi anwaîe kamalatika al bahiya fi hadrati datika al
abadiya ala abdika al qaimi bika minka laka ilayka bi atammi al salawati al zakiya, al moussalli fi mihrabi ayni haei al houwiya,
al tali assabâa al matani bi sifatika al nafssiya, al moukhatabi bi qawlika lahou wa ssjoude wa qtaribe, al daei bika laka bi
idnika likaffati chouounika al ilmiya, faman ajaba ousstofiya wa qourriba, al moufidhi ala kaffati man awjadtahou bi
qayoumiyati sirrika, al madadi assari fi koulliyati ajzaei mawhibati fadlika, al moutajalla alayhi fi mihrabi qoudssika wa
ounssika bi kamalati oulouhiyatika fi awalimika wa barrika wa bahrika. Fassalli allahoumma alayhi salatane kamilatane
tammatane bika wa minka wa ilayka wa alayka, wa sallim alayhi salamane tammane âmmane chamilane li anwaîe kamalati
qoudssika daimayni mouttassilayni ala khalilika wa habibika min khalqika adada ma fi ilmika al qadime wa âmimi fadlika al
adhime. Wa noub anna bi mahdhi fadlika al karimi fi assalati alayhi salataka allati sallayta alayhi fi mihrabi qoudssika wa
houwiyati ounssika wa ala alihi wa sahabati rassoulika wa nabiyika wa sallim alayhim tasslimane adada ihatati ilmika.

-489-
CHAPITRE SIXIÈME - PRIÈRE I - EXPLICATION DE LA PREMIÈRE PRIÈRE
Explication de la première prière

Au nom d'Allah, le très miséricordieux, le tout miséricordieux. Qu'Allah accorde sa prière à notre
maître, sidna Mohamed, l'honorable, le sélectionné, ainsi que sur sa famille et ses compagnons ; qu'il
leur accorde aussi son Salut. Louange à Allah qui a fait de sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui,
la manifestation de la perfection et qui l'a couvert de ses attributs afin qu'il (Allah) nous permette de Le
connaître (Allah) par sa Majesté et sa beauté.
Allah l'a caractérisé par la «Wassila» et par le degré élevé dans la station «ou plus près
encore1«Après ce rapprochement, Il l'a fait descendre afin de le montrer au monde par la perfection de
ses beaux noms divins. Allah lui a révélé alors ses éminents versets coraniques de manière exotérique et
ésotérique. Il lui a fait connaître les réalités des choses, des points de vue de la forme et du fond.
Louange donc à Allah, le glorieux, qui a fait de lui la copie parfaite et sublime du néant et de l'existant
absolus, et qui a ouvert, à travers ses mains, les coffres de la générosité et de la largesse.
Je le loue avec une louange qui convient au rang de sa divinité, qui s'impose compte tenu de la
perfection de son rang de seigneur et qui englobe les arts de la perfection absolue, comme II le mérite
en son Entité, Entité du Vrai. Je le remercie d'une manière continue succédant aux aubaines, et allant de
pair avec les diverses faveurs. Je le glorifie avec les mêmes glorifications qu'il a faites pour Lui-même et
auxquelles ont assisté les anges de sa sainte présence. J'atteste qu'il n'y a pas de divinité à l'exception
d'Allah, l'unique par son Entité, et le seul par Ses noms et attributs. J'atteste aussi que sidna Mohamed,
prière et salut d'Allah sur lui, est son messager honoré, son bien-aimé glorifié et son serviteur respecté
et vénéré. Que la prière d'Allah soit sur lui, sur sa famille et ses compagnons. Qu'Allah l'anoblit, le
glorifie, le vante et l'élève. Par ailleurs, notre maître et cheikh,
• la perle du collier de la présence de l'élection,
• le drapeau des gens dignes de la protection, de la bienveillance et de la diligence,
• le pilier de la foi et de la religion,
• la destination des disciples,
• la langue de la loi religieuse et de la vérité,
• le décodeur de la parole chiffrée des soufis,
• l'imam des accomplis,
• la faveur octroyée aux rapprochés (d'Allah),
• le porteur du drapeau des gnostiques,
• le sultan des bien-aimés,
• le pôle de l'état et de la parole,
• l'imam rassembleur des gens dignes de la poignée2 et de l'amour,
Abou El Abbes, Sidna Ahmed Ben M'hammed Tijani El Hassani a établi, satisfaction d'Allah sur lui, un
manuscrit intéressant, et un avis inspirateur et sensé sur la prière qui s'intitule "La rubicelle des
vérités visant la définition de la vérité du maître des créatures". Cette prière lui a été en effet dictée
par le messager d'Allah, prière et salut d'Allah sur lui, en état d'éveil et non pas de rêve. Les mots
utilisés sont les propres mots nobles dictés par le prophète à notre cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, lui a ordonné de joindre ce manuscrit bénit à cette prière
afin de l'expliquer, répondre à ses problématiques et mettre la lumière sur ses enseignements. Le cheikh
a ainsi excellé en mettant en œuvre ce manuscrit, il a atteint l'objectif, et il a clarifié les vérités tout en
apportant des informations bénéfiques. J'ai alors intitulé ce manuscrit : "Les perles des vérités,
expliquant la rubicelle des vérités".

1 -Allusion au verset : et fut à deux portées d'arc, ou plus près encore (verset 9, sourate L'étoile).
2 -Les gens dignes de la poignée sont les hommes de Dieu qui préservent les verdicts de la réalité et de la loi religieuse.

-490-
Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, nous a informés que celui qui cite cette prière d'une manière
permanente, il lui sera garanti le bien de ce monde d'ici-bas et de celui de l'au-delà. Celui qui la cite deux
fois le matin et deux fois le soir, tous ses péchés, qu'ils soient grands ou légers, lui seront pardonnés, et
ce malgré l'ampleur qu'ils peuvent atteindre. Il ne sera touché par aucune illusion dans le Monothéisme.
Mais cette citation doit être appuyée par une autorisation authentique ou bien du cheikh, satisfaction
d'Allah sur lui, ou bien de ses lieutenants autorisés à le faire. Maintenant, entamons l'explication de
cette prière et de ses significations. Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit, tout en comptant sur
l'aide de Dieu:
Le commentaire sur la "Bassmala" (Au nom d'Allah le très miséricordieux, le tout miséricordieux) est
tellement clair qu'il ne nécessite pas de rappel. Il en est de même pour la prière sur le messager d'Allah,
prière et salut d'Allah sur lui. L’interprétation de ces deux notions est très célèbre. On ne va donc pas
s'attarder là- dessus. Je dis alors, tout en comptant sur l'aide d'Allah, sur son appui et sa guidance vers le
droit chemin :
Son dire "Allah, Allah, Allah"1 : sachez que ce noble nom a été objet de controverse; est-il un nom
dérivé ou pas? La réponse est qu'il n'est pas dérivé. Tout ce qui a été cité à son propos par les
spécialistes de la linguistique, concernant sa grammaire, est incorrect et inimaginable. La déclinaison est
valable pour les noms qui présentent un certain rattachement, c'est-à-dire les noms des attributs.
Chacun de ses noms se caractérise par un certain sens existant dans l'Entité suprême.
Ce sont ces noms qui peuvent être déclinés (grammaticalement). On les qualifie de déclinables
puisqu'ils sont justifiés par leurs significations. Quant à ce nom sacré (Allah), il n'a aucun sens autre que
l'Entité suprême absolue; et rien d'autre. Voilà pourquoi il a été dit que c'est lui-même le nom suprême
parce qu'il apparaît dans l'aspect de l'Entité suprême, et ce parce qu'il n'est pas spécifique à un sens au
détriment d'un autre. Le Vrai, le glorieux, le Très-Haut s'est donné ce nom dans l'inconnaissable de
l'inconnaissable, où il n'y a rien en sa présence et où aucune chose ne peut le justifier ou le causer.
Il a été rapporté dans le prédicat que le Vrai, le glorieux, le Très-Haut, existait dans l'éternité et il n'y
avait rien en sa présence. Ensuite, les vérités sensationnelles de l'univers ont émergé sous forme
d'affaires remarquables qui n'ont aucune existence à l'extérieur. Elles se sont adressées aux noms divins
qui orbitent autour de ce nom sacré, comme une galaxie tournant autour de son axe central. Elles ont
dit à ces noms ce qui suit :
Vous êtes pour l'instant des inconnus puisque vous vous situez au tréfonds du tréfonds. Si vous nous
faites émerger dans l'apparition, alors vos effets se manifesteront en nous, et les impacts de vos
gestions se dirigeront vers nous. C'est alors que vos rangs seront bien distingués et ne resteront plus
ésotériques ; vous allez donc être connus, ainsi que nous. Les noms divins ont transmis ces propos au
nom rassembleur (qui est le seigneur) et se sont adressés à lui de la même manière avec laquelle les
vérités de l'univers se sont adressées à eux. Le nom du seigneur leur a dit alors:
Attendez que je rentre à la présence du nom rassembleur, qui est le nom "Allah". Une fois là-dedans,
il a transmis le message des noms divins. Le nom "Allah" lui a dit : Attendez que je rentre à la présence
de ma signification. Une fois rentré à la présence du "Vrai", à la présence de sa majesté, la glorieuse, la
très haute, c'est-à-dire à la présence de l'Entité pure et sacrée. Il lui a transmis le message des noms
divins (qui se sont adressés au nom du seigneur).
Il lui a fait alors sa demande. Le Vrai, le glorieux, le Très-Haut, lui a dit : sors à eux. Je vais émerger ce
que vous avez demandé. C'est à partir de cette requête que tout l'univers s'est manifesté. Ceci montre
que ce nom suprême n'est pas lié à une cause donnée. Il est plutôt le nom de l'Entité absolue dont
l'existence est obligatoire de par même son Entité.
Si ce nom suprême était spécifique à une certaine langue, comme l'arabe, par exemple, il serait
correct de trouver en lui une certaine causalité, puisque dans une langue, on ne pose un mot que pour
différencier entre tel et tel sens. Mais ce nom, en lui-même, il n'est pas spécifique à l'Arabe ni à une

1 - Translittération : Allah Allah Allah.

-491-
autre langue. Tous les êtres existants, quelles que soient leurs langues, connaissent que le solennel et le
Très-Haut est le voulu par ce nom qui n'est autre que Allah.
Malgré tout ceci, les gnostiques, satisfaction d'Allah sur eux, se sont mis d'accord, à l'unanimité que
ce nom est celui du rang et non pas de l'Entité. D'ailleurs, le rang du Vrai, le glorieux, le Très- Haut, est la
divinité, alors que l'Entité est au summum de l'ésotérisme; seul le glorieux, le Très-Haut, la connaît.
Allah ne s'est manifesté en effet à tout l'univers que par le rang.
L'Entité est inconnue ; elle n'est perceptible par personne. Elle est au summum de l'ésotérisme. Par
contre, le rang est exotérique et est au summum de l'apparition. Quand les gnostiques, satisfaction
d'Allah sur eux, disent: Allah est l'Apparent, il est l'unique, sans existence d'autrui avec lui, ils insinuent
l'apparition du rang et non pas de l'Entité. D'après ces propos, il est donc correct de dire que ce nom
sacré ne présente pas de causalité.
Ce nom nous indique donc l'Entité, dont l'existence est nécessaire. Les théologiens spécialistes de la
science du monothéisme qui prétendent que c'est un nom partiel commettent une erreur. C'est faux,
puisque le partiel relativement aux êtres existants est ou bien total ou bien fractionnaire. Le "total"
signifie un groupe ou un genre, il ne caractérise guère une des fractions de ce total, ces fractions se
regroupent plutôt sous ce total. Le fractionnaire signifie quant à lui un des individus du groupe ou du
genre de telle manière qu'il n'y ait pas d'association d'autrui à lui.
Ce nom suprême est en dehors de toutes les totalités et partialités. Il n'accepte pas l'insertion du
genre avec lui à cause de son hétérogénéité avec tout être existant. Il n'accepte pas, non plus, l'insertion
du total avec lui, à cause de l'impossibilité d’une association avec lui dans son rang. C'est ainsi qu'il est
faux de dire que ce nom est partiel. Il est donc correct de dire uniquement que c'est un nom non dérivé,
qui indique l'Entité dont l'existence est obligatoire, du point de vue du rang et non pas du point de vue
de l'ésotérisme (tréfonds) de l'Entité.
Si vous dites que les images des êtres existants sont annihilées dans l'éternité et n'ont pas
d'apparition, comment alors est- il correct de la part de ces images de s'adresser et de parler au rang
des noms divins ? Nous dirons : Il est vrai qu'elles étaient nulles. Mais lorsque le Vrai, le glorieux, le
Très-Haut, a voulu leur apparition, il en a fait émerger des images comme des fictions (imaginations). Il
s'agit peut-être des imaginations elles-mêmes. C'est à partir de ces images que l'oraison "virtuelle",
sous-entendue, incompréhensible est sortie pour s'adresser aux noms divins.
La volonté du Vrai, du glorieux, du Très-Haut, s'est orientée alors pour les faire apparaître. Il est
correct de dire que l'imagination peut apparaître même si elle n'a aucune apparition à l'extérieur.
L'exemple de ceci est celui du rêveur et de ce qu'il voit lors de son rêve. Il voit des images concrètes
avec lesquelles il communique, et qui communiquent avec lui à leur tour. Il peut acquérir de ces images
des sciences qu'il n'avait pas, alors que ces images n'existent pas à l'extérieur, sauf dans l'imagination,
uniquement. Une fois qu’il se réveille, ces images se dissipent puisqu'elles n'ont aucune existence à
l'extérieur, sauf dans l'imagination. C'est le cas ici des vérités de l'univers. C'est ce qui s'est passé sans
aucun doute.
Quant à la raison pour laquelle, cette prière a commencé par ce nom sacré : c'est parce qu'il est le
premier et rien ne l'a devancé. Il est donc nécessaire qu'il devance toute chose, en référence au hadith
du prophète, prière et salut d'Allah sur lui :
«Toute œuvre importante qu'on ne commence pas en disant "Au nom d'Allah le très miséricordieux,
le tout miséricordieux" (la bassmala) est une œuvre tronquée». Ce nom a été cité trois fois pour insister
sur lui et sur sa signification (Allah), le glorieux, le Très- Haut, en revenant à lui, en comptant sur lui, en
s'appuyant sur lui, en affirmant notre subordination à lui, notre dépendance de lui, en lui demandant
refuge, en l'aimant, en le glorifiant, et en le considérant dans toute chose.
D'une manière générale, chaque fois qu'un problème surgit, il est demandé au serviteur de revenir à
Allah et de le considérer dans ce problème. Voilà pourquoi le nom "Allah" a été répété trois fois. C'est
comme si l'on dit : mon conseil à toi est le retour à Allah, est le retour à Allah, est le retour à Allah.

-492-
Son dire "O, Allah"1 : sachez que ce mot est utilisé par les Arabes. Il est courant dans leur langue
lorsqu'ils veulent s'adresser à Allah dans toutes leurs invocations. Ce mot est couramment utilisé chez
eux pour demander secours auprès d'Allah, pour le supplier, pour l'invoquer intensément et pour
demander l'accélération de l'exaucement de l'invocation. C'est comme si l'on dit : exaucez ma demande
rapidement, secourez-moi vite, O, Allah. Voilà ce que les Arabes veulent dire par ce mot.
Son dire : "C'est Toi, Allah" 2 , «Toi» signifie le pronom personnel de l'interlocuteur. Le nom
majestueux "Allah" a été déjà commenté.
Son dire "Pas de divinité à part toi"3 : sachez que le mot «divinité» ou Dieu, dans la langue Arabe
signifie celui qui mérite véritablement d'être adoré. Ce mot a été ensuite utilisé d'une manière erronée
lorsqu'il a qualifié quelqu'un d'autre qu'Allah. Allah, le glorieux a dit : «Allah! Point de divinité à part
Lui, le Vivant, Celui qui subsiste par lui-même <al-Qayyum>«(Sourate Al Bakarah, la vache, verset 255).
C'est-à-dire : personne ne mérite véritablement d'être adoré sauf Lui. Dieu qu'on vient de
mentionner comme étant l'adoré, est le détenteur authentique du rang de la divinité. Tout l'univers est
soumis à Lui par adoration, servilité, résignation sous Sa coercition, petitesse devant Sa sublimité et Sa
grandeur. Il n'y a pas d'exception à cette règle dans l'univers, ni de près ni de loin. C'est Dieu le Vrai qui
réprime tous les êtres existants par Son autorité, par Sa coercition, par le fait qu'il se distingue par Sa
sublimité, Sa grandeur, Sa hauteur et Sa solennité.
Son dire "Le Très-Haut"4 : sachez que sa signification est la qualification d'Allah par l'attribut de la
hauteur. C'est la sublimité, la grandeur, la puissance, la solennité, la gloire, la générosité, l'élévation, la
pureté et les meilleurs de tous les qualificatifs, sans aucune exception. C'est par ceci qu'Allah s'est élevé
et a dépassé toute chose, gloire à lui, il est le Très-Haut.
Son dire "Dans la sublimité"5 : la sublimité signifie une qualité propre à son Entité. Allah, le glorieux,
le Très-Haut, est sublime; l'humiliation ne peut jamais l'atteindre. Tout autre être, confronté à la
manifestation de cette sublimité, ne peut qu'être dissolu devant elle, par humiliation et vassalité, et ne
peut qu'être effondré foudroyé devant elle par révérence et solennité.
Son dire "de la singularité de la présence de ton unicité"6: sachez que "La présence de l'unicité" est
le premier rapport se rapportant à l'Entité elle-même. Il a émergé à partir d'Elle. Il est à noter qu'aucune
partie ni liaison ne peut être définie ni connue au sein de la présence de l'Entité du Vrai, le glorieux. La
présence de l'Entité pure est similaire en effet à une mer dissimulée que personne ne peut voir
(aveuglement), et dont les traces sont effacées. On ne peut y concevoir ni attribut, ni nom, ni essence, ni
trace, ni autrui, ni illusion, ni quantité, ni mode, ni spécialité ni spécificité. Une fois qu’elle émerge, par
son Entité, elle coupe toutes les orientations.
Il est inconcevable d'imaginer une certaine partie qui se rapporte à elle. Mais, en dehors de la pureté
de l'Entité, les parties se rapportant à elle peuvent apparaître. La première qui a émergé d'entre elles
est "l'unicité" qui est le fait qu'il s'est emparé de l'existence. Cette partie se rapportant à l'Entité
ressemble en effet à l'Entité pure dans l'effacement des rapports, de l'autre et de l'autrui. Cependant,
Elle se distingue de l'Entité pure par le rapport de l'unicité puisque l'unicité est le premier des rapports.
D'ailleurs, la sortie de l'anéanti à partir de la pureté de l'Entité fait partie de ce qu'on peut concevoir à
propos des rangs et des rapports.
Le premier rapport que l'on peut concevoir est celui de l'unicité de l'Entité. On ne peut que le
concevoir et non pas le voir apparaître. L'apparition de l'unicité n'est pas possible en effet. Personne ne
peut la voir sauf celui qui en est qualifié, gloire à lui, il est le Très-Haut. L'unicité ne peut pas être
manifestée devant quelqu'un d'autre qu'Allah. Ceci n'est pas possible, parce que s'il se manifeste par

1 -Translittération : Allahoumma.
2 -Translittération : anta Allahou.
3 -Translittération : alladi la ilaha ilia anta.
4 -Translittération : al ali.
5 -Translittération : fi adamati.
6 -Translittération : infiradi hadrati ahadiyatika.

-493-
son unicité et si vous avez saisi et compris cette unicité, alors vous serez vous et Lui deux et non pas un
dans l'apparition, et donc on ne peut pas parler d'unicité dans ce cas.
Et si vous êtes anéanti, et écrasé, au point que rien ne reste de toi, ni indicateur, ni trace, ni
sensation, ni illusion, ni anéantissement, ni sensation de l'anéantissement, alors Sa manifestation ne
sera que pour lui, uniquement. Vous n'en avez rien pour vous. À partir de là, sachez que la manifestation
par l'unicité est impossible ; celle-ci est réservée à lui-même, uniquement.
Dans ce domaine, les rangs sont au nombre de trois ; ils constituent les origines des rapports.
1. Le premier rang : l'unicité ; c'est le rang de la présence du Vrai où il n'y a aucune illusion de
l'autre ni de l'autrui, où il n'y a pas de nom, ni d'attribut, ni de forme, ni de quantité, ni de mode,
ni de raisonnement, ni de conception, ni d'imagination, il n'y a que le Vrai par le Vrai dans le Vrai
pour le Vrai d'après le Vrai. Voilà le rang de la présence du Vrai.
2. Le deuxième rang : c'est le rang de l'union absolue. C'est le premier des rangs de l'apparition de
l'autrui. Dans ce rang, l'autre et l'autrui sont concevables. Ce rang est celui de la constatation du
prophète, prière et salut d'Allah sur lui (de sa réalité). Personne ne lui est associé dans ce rang,
sauf celui qu'Allah lui accorde la plus grande spécificité, c'est-à-dire le rang de la souveraineté
(khilafa) par délégation; alors il peut s'abreuver de cette source.
3. Le troisième rang : c'est le rang de la divinité unique ; il englobe la divinité en général, où le Vrai
se qualifie par tous ses attributs et ses noms, avec l'apparition de leurs caractéristiques et
rapports, d'une manière globale et détaillée, des points de vue de la quantité, de la qualité, du
relâchement et de la limitation. Toutes ces caractéristiques sont anciennes pour le Vrai.
Son dire "au sein de laquelle Tu as voulu l'existence de tes affaires"1: sachez que les affaires ici
signifient les vérités de l'univers. Elles sont appelées "affaires" puisqu'il n'y a pas de distinction entre
leurs réalités. Elles sont incluses implicitement dans l'unicité. Elles n'ont ni indicateur, ni attribut, ni
nom, ni forme, ni mode, ni couleur, ni quantité. Voilà pourquoi elles sont appelées "affaires". Aucune de
leurs réalités n'est connue, et ce quel que soit l'aspect de la définition ou de l'identification. Elles sont à
un même niveau de formation, et ont des significations similaires. C'est dans ce sens que le grand cheikh
(ibn arabi) a dit :
Nous étions des lettres sublimes dans leur montée, des lettres non encore prononcées.
Des lettres attachées du haut par les anses des gargoulettes inouïes.
Je suis Toi, à ce niveau. Nous sommes Toi, et toi tu es lui. L'ensemble dans lui, c'est lui.
Renseigne-toi alors sur ceux qui sont déjà arrivés.
Il a fait allusion ici à la présence de l'unicité. Les choses y sont démunies des outils d'identification,
tels que les noms et les attributs, les couleurs et les mesures, les quantités et les qualités, le temps et
l'espace. Voilà les facteurs de l'identification qui distinguent entre les vérités de l'univers. C'est par ces
facteurs que les vérités se distinguent entre elles et que leurs rapports et rangs sont spécifiés.
Puisque les outils de l'identification n'existent pas, ces vérités deviennent alors "affaires" implicites.
Dans le domaine de ces affaires, il y a un traitement égal entre ce qui est destiné à apparaître et entre
ce qui est destiné à rester dans le pli du néant. Tout est alors au même pied d'égalité. Il n'y a aucune
disproportion entre eux. C'est dans ce contexte que le verset coranique dit : «Chaque jour, il traite une
affaire nouvelle» (Sourate Ar Rahman, verset 29).
Il (Allah) les a appelés "affaires" alors qu'il les a fait apparaître sous forme d'images limitées par la
quantité et la qualité, par la couleur, l'image et le nom, par le temps et l'espace. Elles sont donc
connues, limitées. Mais Allah fait ici allusion à leur origine parce qu'au début elles étaient des "affaires"
dans le rang de l'unicité.
Il a été rapporté que le gnostique Rifa'aî, satisfaction d’Allah sur lui, était en train de tenir une
conférence à son siège. Quelqu'un qu'il ne connaissait pas l'avait interrogé. Il lui avait dit : que signifie
«Chaque jour, Il traite une affaire nouvelle». Embarrassé, il n'a pas eu de réponse!

1 -Translittération : allati chiâta fiha bi woujoudi chouounika.

-494-
Il s'est tu alors. La nuit, pendant son sommeil, il a vu le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, en
rêve. Il l'a alors interrogé à propos du verset coranique susmentionné. Le prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, lui a répondu : "Des affaires qu'il fait sortir du néant sans les faire apparaître". Lorsqu'il
s'est retourné à sa conférence, le lendemain, il a été réinterrogé par la même personne sur le verset
coranique précité. Il a alors répondu "Des affaires qu'il fait sortir du néant sans les faire apparaître". La
personne qui l'a interrogé lui a dit alors: prie sur celui qui t'a appris cette réponse. Il semble que cette
personne qui l'a interrogé n'était autre que "El Khader”, que le salut d'Allah soit sur lui.
Son dire "Tu as développé, à partir de ta parfaite lumière"1 : sachez que la parfaite lumière ici ne
concerne que la lumière de l'Entité ; elle ne concerne rien d'autre. Quant à sa vérité et son image,
personne ne peut espérer les comprendre, comment alors espérer les voir !
Son dire "la création du vrai" 2 : la signification ici de "la création du vrai" est la réalité
Mohammadienne, qu'Allah lui offre sa meilleure prière et son pur salut. Il l'a appelé "création du vrai"
parce qu'elle est vraie, dans un vrai, par un vrai, d'après un vrai, pour un vrai. Le faux ne peut en aucun
cas osciller autour d'elle. Elle est au summum de la limpidité, de la purification et de l'élévation. Il
n'existe pas, parmi les perles de l'univers, plus noble qu'elle, ni plus élevé, ni plus limpide, ni plus pur ni
plus parfait qu'elle. En plus, et compte tenu de sa réalité, elle ne peut être ni cernée ni comprise par la
raison.
Ouaïs Qarny, satisfaction d'Allah sur lui, a dit aux deux compagnons du prophète Sidna Omar et Sidna
Ali, satisfaction d'Allah sur eux, lorsqu'ils l'ont rencontré : vous n'avez vu du prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, que son ombre. Ils ont alors dit : qu'en est-il de "Ibn Abi qohafa" (Abou bakr)? Il a
répondu : même Ibn Abi qohafa (il n'a vu que son ombre).
Effectivement, il n'a pu leur dire ceci que parce qu'il est arrivé aux profondeurs des connaissances
espérant atteindre la source de la réalité Mohammadienne.
Il lui a été dit alors : même les grands messagers d'Allah n'ont pas pu arriver là. Personne ne peut
donc espérer l'atteindre selon n'importe quel aspect ou état que ce soit. À ce propos, le cheikh Moulay
Abdessalam Ben Machiche, satisfaction d'Allah sur lui, a dit dans sa prière : en lui, les compréhensions
se sont régressées ; personne d'entre nous, ne peut le comprendre, ni parmi les ancêtres, ni parmi les
successeurs, etc.
Abou Yazid a dit, satisfaction d'Allah sur lui : je me suis plongé dans les profondeurs des
connaissances, espérant atteindre la source de la réalité Mohammadienne. J'ai découvert alors qu'il y a
entre elle et moi mille voiles en lumières ; si je me suis approché du premier voile, j'aurais été brûlé
comme un cheveu qui brûle quand il est lancé dans le feu. J'ai alors reculé.
Son dire "Tu as fait que tout le monde dépend de ce vrai"3 : C'est-à-dire Tu as fait que tout l'univers
soit dépendant d'elle, du début jusqu'à sa fin, depuis l'instant jusqu'à l'éternité. Rien ne peut exister
sans elle. Tout l'univers a été créé uniquement pour elle et non pas pour son entité à lui. Cette réalité
Mohammadienne est requise pour son entité à elle; et elle n'a pas d'autre origine que l'Entité sacrée.
Elle existe alors pour l'Entité sacrée. Il n'y a pas d'intermédiaire entre elle et l'Entité sacrée.
Tout l'univers dépend d'elle. Elle est donc l'intermédiaire entre l'univers et Allah, le Très-Haut. Sans
elle, tout l'univers sera annihilé en moins d'un clin d'œil. Tout l'univers subsiste sous son ombre. Le
cheikh Moulay Abdessalam Ben Machiche, satisfaction d'Allah sur lui, a dit dans sa prière: il n'y a rien
qui ne dépende pas de lui (du prophète Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui). D'ailleurs, sans
l'intermédiaire, il n'y aurait pas de monde. Il dit également dans sa prière : O, Allah, il (le prophète sidna
Mohamed) est ton secret rassembleur, guidant vers Toi. Il est Ton voile le plus important, se tenant
debout pour Toi, entre tes mains. Fin.

1 -Translittération : wa anchaâta min nourika al kamili.


2 -Translittération : nachâata al haqqi.
3 -Translittération : wa anattaha.

-495-
Son dire "Et tu l'as modelé en image parfaite et complète"1: L'image ici est la première chose qui a
émergé de la présence des "affaires", c'est-à-dire de "l'aveuglement". Nous avons déjà parlé de cette
présence ci-dessus. Les affaires ne se distinguent pas les unes des autres. Il n'y a en effet ni image, ni
quantité, ni mode, ni mesure, ni avancement, ni retardement, ni espace ni temps.
C'est pour cela qu'on les appelle "aveuglement". Une fois que les choses émergent de cette
présence, chacune d'entre elles s'appellera alors "image" parce qu'elle a émergé selon une certaine
quantité, manière, mesure, nom, attribut et selon une certaine forme. Elle se distingue donc
obligatoirement d'une autre chose. C'est à partir de ceci qu'elle est appelée "image". La première chose
qui a émergé de la présence des affaires, c'est-à-dire "de l'aveuglement" est la réalité Mohammadienne.
Le grand cheikh (Ibn arabi) a dit dans sa prière : O, Allah, éternise le lien de tes prières et le salut de tes
salutations sur le premier parmi les choses déterminées sorties en abondance de la présence
"aveuglement" du Seigneur.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, lorsqu'on lui a posé la question suivante "Où était notre
seigneur avant de créer la créature?", il a répondu: il était dans un voile (aveuglement) ; il n'y avait pas
d'espace ni au-dessous ni au-dessus de lui.
L'aveuglement chez les Arabes signifie "nuage". Les Arabes l'ont appelé ainsi parce qu'il cache le
soleil. Mais le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, ne veut pas parler de nuage dans ce hadith. Il veut
dire plutôt par "aveuglement" le premier rang parmi les rangs de l'Entité, c'est-à-dire la présence où les
traces sont effacées et où il n'y a que l'aveuglement. On a déjà parlé de ce rang auparavant. Il s'agit du
premier aveuglement. Quant au deuxième aveuglement, c'est la présence des affaires, où elles ne se
distinguent pas entre elles. Une fois que la chose sort de ce deuxième aveuglement, elle s'appelle alors
image.
Son dire "Image parfaite et complète": sachez que le parfait et le complet sont deux mots
synonymes chez les Arabes. Le parfait est le complet et inversement. Ils sont donc utilisés ici pour
apporter une beauté artistique à l'éloge. Cependant, il semble que le mot «parfait» dans ce contexte
signifie celui qui fait déborder la perfection sur les autres, alors que le complet est celui dont la
perfection ne déborde pas et ne va pas vers les autres ; elle se limite à lui. Le parfait, comme on vient de
dire, est par contre, celui qui fait déborder les perfections sur les autres.
Il n'y a pas de doute que dans ce domaine, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est complet en
soi. Il n'est en aucun cas touché par un défaut. Il est également parfait, prière et salut d'Allah sur lui. Il
fait déborder les perfections sur tout l'univers, en sciences, connaissances, secrets, lumières, actes,
états, afflux, manifestations, dons, aubaines, ainsi qu'en tous les aspects de générosité.
Tout ce que le Vrai, le glorieux, le Très-Haut, fait déborder sur l'univers, de manière absolue ou
limitée, copieusement ou faiblement, de ce qui est célèbre ou exceptionnel ; il le fait déborder par
l'intermédiaire de son messager, prière et salut d'Allah sur lui. Celui qui croit que les choses parviennent
directement d'Allah vers l'univers, sans l'intermédiaire de son messager, prière et salut d'Allah sur lui,
ignore en fait la réalité d'Allah. S'il ne se repent pas, il perdra les deux mondes ici-bas et l'au-delà, à
cause de cette croyance. Nous implorons Allah par le prestige de ses messagers et prophètes qu'il nous
accorde le salut et la sécurité dans son épreuve.
Son dire "Tu as retrouvé à partir de cette image"2, c'est-à- dire de l'image qu'Allah a créée à partir
de la lumière parfaite. Il s'agit en effet de la réalité Mohammadienne.
Son dire "à cause de son existence"3 c'est-à-dire, rien ne lui était lié dans le monde des images,
avant son existence, sauf ce qu'on en trouve dans la présence du savoir, puisqu'il s'agit d'une quiddité.
Son dire "la singularité de ton unicité"4 signifie qu'à partir de cette image Tu vas trouver la
singularité de ton unicité. C'est-à-dire après l'apparition de l'image, Il va trouver dans cette image

1 -Translittération : wa jaâltaha souratane kamilatane tammatane.


2 -Translittération : tajidou minha.
3 -Translittération : bi sababi woujoudiha.-
4 -Translittération : mina nfiradi ahadiyatika.

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l'attestation de l'Entité absolue et pure. Il va la certifier dans cette image. L'image est pour elle comme
le miroir, elle se voit en elle. Allah, le glorieux, le Très-Haut, voit dans cette image son Entité sacrée
elle-même. Voilà le sens visé par "la singularité de l'unicité". L'unicité est l'Entité elle-même, détail par
détail, sauf qu'elle comprend le rapport de l'unicité. Or, l'Entité pure est dépourvue de tout rapport.
Voilà la différence. L'unicité est un rapport (une partie se rapportant à l'Entité) parmi les rapports.
Son dire "avant le développement de ses formes"1 : sachez que le sens donné ici au développement
des formes, est relatif aux entités de l'univers, depuis la prééternité à l'éternité. Tout ce qui a eu lieu
comme entités de l'univers a été créé à partir de cette image.
C'est pour cela qu'il a été dit que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est le premier père
puisque tout s'est produit à partir de sa réalité Mohammadienne. Il est donc l'origine de tous, comme le
tronc de l'arbre. Les entités de l'univers sont toutes comme des ramifications de cet arbre. Le prophète,
prière et salut d'Allah sur lui, est alors leur origine de tout point de vue. Cela n’est visible que pour celui
qui a dépassé les rapports de l'univers et qui voit émerger le Vrai d'une manière apparente. Celui-là
pourra constater ce secret ; en dehors de ces conditions, il ne le verra pas.
Son dire "à partir de cette image, en elle, et à cause d'elle, Tu as développé la science" 2. Allah a fait
que le développement de la science dans l'univers est conduit selon le verset coranique suivant : «Et, de
Sa science, ils n'embrassent que ce qu'il veut» (Sourate Al Bakarah, La vache, verset 255).
Cette science se développe à partir de cette image. Elle est donc la source de la science et son
élément. Elle est pour cette science comme une mer qui rassemble plusieurs embouchures. À partir
d'elle, des mers, des fleuves, des rivières et des cours d'eau prennent naissance pour atteindre les
entités de l'univers.
Son dire "à cause d'elle" signifie que la science conduite dans cette image (la source) a pour cause
unique "la réalité Mohammadienne". Cette science n'existe qu'à cause de cette réalité
Mohammadienne. Il n'y a pas de relation entre la science et l'Entité du Vrai afin que cette relation
puisse jouer le rôle d’une raison justifiant la conduite de cette science. Allah, le glorieux, le Très-Haut, a
voulu cette image pour sa propre entité. Elle est donc la raison d'existence de tout. Elle est aussi la
raison de sa propre existence (la réalité Mohammadienne).
Son dire "à partir de la trace de cette sublimité"3 : Allah a nommé la réalité Mohammadienne
"Sublimité" parce qu'elle est une poignée de la lumière de la sublimité d'Allah, le Très-Haut ; voilà
pourquoi il l'a appelée "sublimité". Son dire "de sa trace": elle est en effet la cause de l'apparition des
entités de l'univers qui ont émergé du néant vers l'existence. Sans le prophète, prière et salut d'Allah sur
lui, aucune chose existante ne serait apparue. Elles auraient été toutes laissées dans le pli du néant.
Le sens de ceci est le suivant : supposons que la volonté divine, à partir de laquelle les mondes
existent, a décidé que le prophète Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, ne serait pas créé, alors il
serait décidé dans la volonté divine que rien ne soit créé de l'univers. Les entités de l'univers sont donc
les silhouettes qui émergent de la réalité Mohammadienne, prière et salut d'Allah sur lui, comme une
descendance qui émane d'un père unique.
Son dire "et de ses bénédictions, Tu as créé la forme de toutes les images, qu'elles soient statiques
ou dynamiques" 4 : sachez que toutes les entités de l'univers, qu'elles soient statiques ou dynamiques,
ont émergé à partir de la réalité Mohammadienne, prière et salut d'Allah sur lui.
Son dire "Tu as fait que le mouvement et l'immobilité soient dépendants de cette réalité"5 : cela
signifie que les circonstances qui affectent les entités de l'univers, c'est-à-dire le mouvement et
l'immobilité, émergent également chez les entités de l'univers à partir de la réalité Mohammadienne.

1 -Translittération : qabla nachri achbahiha.


2 -Translittération : wa jaâlta minha fiha bi sababiha inbissata al ilmi.
3-Translittération : wa jaâlta min atari hadihi al adhamati.
4-Translittération : wa min barakatiha chabhata al souari koulliha, jamidiha wa moutaharrikiha.
5-Translittération : wa anattaha bi iqbali attahriki wa attasskini.

-497-
Ces circonstances dépendent de cette réalité. De même, les entités de l'univers, c'est-à-dire l'image
palpable, dépendent aussi de la réalité Mohammadienne. Elle n'existe pas sans elle.
Il en est de même pour les circonstances affectant les entités de l'univers, c'est-à-dire le mouvement
et l'immobilité, et de ce qui en découle comme la contraction et l'extension, le don et l'interdiction,
l'éloge et la condamnation. Tout ceci émerge à partir de la réalité Mohammadienne depuis la
prééternité jusqu'à l'éternité.
Son dire "Tu as caché cette image sous l'enveloppe de Ta puissance"1 : Il s'agit de l'image qu'il a
créée à partir de sa parfaite lumière. Le fait qu'il l'a cachée sous l'enveloppe de sa puissance signifie qu'il
l'a rendue complètement protégée et couverte de voile, de telle sorte que personne parmi toutes les
créatures ne peut arriver à sa compréhension et à sa connaissance sauf elle-même. C'est bien cette
image qui a été voilée par les bâches de la puissance et de la solennité. Personne ne peut espérer la
comprendre, comment alors espérer l'atteindre ou la voir !
Son dire "puisqu'elle est issue, etc."2 : cela signifie l'existence à partir d'elle-même, en elle-même et
pour elle-même. Elle existe sans dépendre de quelque chose d'autre pour exister. Son existence émane
d'elle-même et n'a besoin que de l'Entité sacrée.
Son dire "d'elle-même en elle-même" 3 : c'est-à-dire son existence ne provient que du Vrai
uniquement, gloire à lui, il est le Très-Haut. D'ailleurs, l'existence de toutes les entités de l'univers
dépend de ce qui est voulu d'elles, sauf la réalité Mohammadienne. Elle est voulue pour sa propre entité
et non pas pour quelque chose voulue d'elle.
Son dire "Et pour elle-même"4 : cela signifie que l'existence de la réalité Mohammadienne est pour
elle-même, c'est-à-dire pour son entité et non pas pour autre chose. L'univers dépend en effet d'elle,
alors qu'elle ne dépend de rien. Il n'y a pas d'intermédiaire entre elle et l'Entité sacrée. Il a été rapporté
dans le prédicat: Allah dit au prophète sidna Mohammed, prière et salut d'Allah sur lui : J'ai tout créé
pour toi et je t'ai créé pour moi. Cela signifie que l'univers en totalité n'est pas voulu pour son entité, il a
été créé plutôt pour la réalité Mohammadienne.
Cette dernière n'a jamais été dépendante de quelque chose pour laquelle elle aurait été créée. Elle
n'est attachée qu'à l'Entité sacrée selon ce qu'elle est. C'est ce qui est insinué dans la prière du
gnostique Bakri qui lui a été dictée par le prophète, prière et salut d'Allah sur lui : Ton serviteur, selon ce
que Tu es, comme il est Ton serviteur selon la totalité de Tes noms et attributs.
Cela signifie qu'il (le prophète) adore Allah, l'unique selon l'existence absolue, c'est-à-dire selon
l'Entité pure et nette tout en étant indépendant de tout. Si le prophète, prière et salut d'Allah sur lui,
restait en cette position, il aurait été alors un mystère parmi les mystères inconnaissables de l'Entité.
Dans ce cas, il serait incorrect que l'univers soit dépendant de lui. L'univers en totalité n'est en effet que
les attributs divins et les noms magnifiés. Ces derniers laissent sous-entendre en eux-mêmes une sorte
de diversité, étant donné qu'ils sont ce qui est de plus visé par l'univers. Et l'univers subsiste par eux.
En revanche, l'Entité (sacrée) est différente. C'est une mer où les traces sont effacées et où il n'y a
que l'aveuglement, de telle sorte que l'autre et l'autrui y sont inconcevables en tout point de vue.
Étant donné que l'objectif visé par le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est la haute perfection,
à partir de laquelle l'univers prélève, et qui constitue la raison de l'existence de l'univers. Le prophète a
été doté alors d'un autre rang qui consiste à assurer l'exécution et le respect des droits des attributs et
des noms divins, tout en étant qualifié d'eux et tout en les constatant avec certitude et maîtrise.
C'est ainsi que l'univers a pu prélever - à partir du prophète - sa vie, sa subsistance et son existence.
Voilà comment le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, adore Allah avec ses attributs et ses noms
divins.

1 -Translittération : wa jaâltaha fi ihatati al izzati.


2 -Translittération : min kawniha qabilate.
3 -Translittération : minha wa fiha.
4 -Translittération : wa laha.

-498-
Il a été donc un serviteur d'Allah selon l'Entité absolue et selon la présence où les causes et l'autrui
sont absents. Et il a été également un serviteur d'Allah selon l'ensemble des attributs et des noms
divins. C'est par cela qu'il a soulevé le secret de la souveraineté et de la procuration sur tout le royaume
d'Allah sans exception.
Son dire "Les images émergentes rayonnent et l'univers devient apparent"1 : sachez que lorsque le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a comblé parfaitement les deux rangs en matière de servitude
(pour Allah) et de servitude (par Allah), l'univers a prélevé de lui sa vie, son existence et sa subsistance.
C'est ainsi que le secret de l'existence et la vie se sont étalés sur lui. Cela est le rayonnement
lui-même, parce que le rayonnement intense d'une chose est son apparition à cause de l'intensité de la
lumière.
Voilà la signification des images qui rayonnent. Il s'agit des entités de l'univers, particule par
particule. Leur rayonnement ne se fait pas d'un seul coup, mais selon ce qu'Allah veut d'elles à travers le
temps et l'espace et en fonction des causes et des adjonctions.
Son dire "et l'univers devient apparent": c'est-à-dire que ces entités sont apparues clairement et
d'une manière visible. Alors qu'elles faisaient partie du mystère du néant.
Son dire "Tu as préétabli pour elles"2 : cela signifie : Tu (Allah) as préétabli pour ces images créées à
partir de la lumière parfaite ce que tu as préétabli (leurs analogues, etc.), uniquement pour elles, et non
pas pour autre chose.
Son dire "dans ces images"3 c'est-à-dire en considérant le fait qu'elles constituent une circonstance
à tout l'univers. Elles sont, dans ce domaine, l'univers lui-même, en sa totalité. Et elles sont pour
l'univers comme le corps. Tout l'univers est pour elles comme un ensemble d'organes attachés au corps.
Ce secret n'est décelé et n'est connu que par Allah, le Très-Haut.
Son dire "et à partir de ces images"4, c'est-à-dire par parenté et extension. On a déjà mentionné que
ces images sont "le premier père" par rapport auquel tout l'univers se présente comme une
descendance.
Son dire "leurs analogues"5 : il veut dire par ça l'image humaine. En effet, celle-ci est analogue à
l'image vénérable du prophète, prière et salut d'Allah sur lui.
Son dire "qui seront identiques aux numéros de leurs images"6 explique "les analogues". En effet,
l'identité chez les logiciens est l'analogie à tout point de vue et à toute considération. La conformité, par
contre, c'est l'analogie entre deux choses dans certains aspects seulement. L'image humaine était et est
identique à l'image vénérable du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, selon tout aspect et toute
considération.
Son dire "Tu as décidé de les faire émerger"7 : il s'agit des images préétablies dans l'inconnaissable
et qui sont identiques à l'image vénérable du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Allah a décidé de
les faire émerger pour qu'elles sortent du néant vers l'existence, dans le but de leur faire subir des
règles qui sont d'ordre général ou particulier selon sa volonté divine éternelle.
L'image émergente dispose en effet de certaines règles qui la régissent et qui s'attachent à la
volonté. Il s'agit de l'image, la couleur, les mesures, l'espace, le temps, les dotations et les verdicts. Ces
sept (règles) accompagnent chaque image.
1. L'image est l'apparence selon laquelle toutes les entités ont été formées.

1 -Translittération : wa tachaâchaâti assouarou al barizatou bi iqbali al woujoudi.


2 -Translittération : wa fiha.
3 -Translittération : wa fiha.
4 -Translittération : wa minha.
5 -Translittération : ma youmatilouha.
6 -Translittération : mimma youtabiqou arqama souariha.
7 -Translittération : wa hakamta alayha bi al bourouzi.

-499-
2. La couleur provient quant à elle de la peinture. La diversité est définie comme étant la
différence des couleurs qui sont issues de la même peinture. On peut trouver le blanc par
exemple selon diverses formes.
3. Les mesures permettent à la réalité de l'existant d'être modelée. Il s'agit de la grandeur de la
taille, de sa petitesse, du petit volume, du grand volume, de la lourdeur, et de la légèreté.
Voilà les mesures des êtres existants.
4. Le temps, c'est ce qui caractérise l'entité depuis sa première émergence jusqu'au moment de
son annihilation, si elle était réduite à néant.
5. L'espace, c'est ce qui la caractérise en ce qui concerne le lieu où elle se stabilise et où elle a la
capacité de se stabiliser. Voilà ce que c'est que l'espace.
6. Les dotations sont les lois selon lesquelles l'entité peut avoir des bénéfices, au sein de ce
dont elle est caractérisée. Elle peut en bénéficier éternellement ou d'une manière éphémère.
L'éternité concerne ce qui lui a été décidé au paradis. Ce sont des dotations continues en
permanence et sans fin, mais qui sont prédéterminées selon la volonté du Seigneur. Les gens
ne sont pas à égalité de parts dans cette distribution, ni d'ailleurs les autres créatures,
comme les animaux et les oiseaux. Ils bénéficient tous des dotations, mais d'une manière
différente.
Allah, le glorieux, le Très-Haut, dit : «Regarde comment Nous favorisons certains sur
d'autres. Et dans l'au-delà, il y a des rangs plus élevés et plus privilégiés» (Sourate 17, Le
voyage nocturne (Al-lsra), verset 21). Celui qui dispose de la plus basse demeure dans
l'au-delà possède dix fois le monde d'ici-bas, comme mentionné dans le Hadith. Le plus haut
niveau n'a pas de limites ni de fin. Comment peut-on alors évaluer celui qui dispose, tout
seul, d'un nombre de houris, dépassant celui des anges en leur totalité, des djinns, des
humains, des oiseaux et des insectes, tout ça des multiples illimités de fois !
Une seule houri dispose de soixante-dix mille servantes, sans compter les domestiques
masculins qui sont sous ses ordres. Les soixante-dix mille servantes l'accompagnent sans
relâche, elles se mettent debout lorsqu'elle se lève, et elles s'assoient lorsqu'elle s'assied.
Comment peut-on alors mesurer un tel règne ! Ceci est valable chez les gens dignes du
paradis, sans parler des messagers et des prophètes, prière et salut d'Allah sur eux. Ils sont
d'un rang beaucoup plus élevé que ce qui a été mentionné, des multiples et des multiples de
fois.
En résumé, les dotations sont distribuées selon la volonté divine, qu'elles soient
éternelles comme celles du paradis, ou éphémères comme celles du monde d'ici-bas.
7. Quant aux verdicts, ce sont les injonctions qui affectent les entités selon la loi de la peine et
du supplice. Ces verdicts sont également ou bien éternels ou bien éphémères. L'exemple du
supplice éternel est celui des gens dignes de l'enfer dans le monde de l'au-delà. L'exemple du
supplice éphémère est celui des drames et des évènements tragiques vécus par les gens du
monde d'ici-bas. Voilà les verdicts qui accompagnent l'entité qui a émergé à l'univers.
Son dire "pour qu'elles appliquent ce que Tu leur as fixé comme destins"1 : cela signifie ce qu'on
vient de mentionner. Allah, le glorieux, le Très-Haut, a fait émerger les entités à partir du néant vers
l'existence pour qu'elles concrétisent ce qu'il leur a fixé comme destins et verdicts (susmentionnés).
Son dire "Tu les as gravées dans leur table gardée"2: Il s'agit bien des images émergentes à l'univers,
qui sont caractérisées par les sept règles. La gravure ici, signifie la manifestation de leurs réalités dans
l'image Mohammadienne. C'est cette image qu'on sous- entend par la "table gardée".
D'ailleurs, toutes les choses qui ont émergé de l'inconnaissable, depuis la prééternité à l'éternité sont
toutes manifestées dans la réalité Mohammadienne, prière et salut d'Allah sur lui. Voilà la signification
du dire du cheikh Moulay Abdessalam dans sa prière : "C'est en lui que les réalités se sont élevées".

1 -Translittération : li tawdiyati ma qaddartahou alayha.


2 -Translittération : wa jaâltaha manqouchatane fi lawhiha al mahfoudhi.

-500-
Son dire "à partir de laquelle leur création a eu lieu"1 : on a déjà dit qu'elle était la première mère
pour tout l'univers, d'une manière absolue et limitée, sans aucune exception dans ce domaine. Toutes
les entités sont par rapport à elle comme une descendance qui émerge d'un père unique.
Son dire "grâce à ses bénédictions"2 : il s'agit des bénédictions du prophète, prière et salut d'Allah
sur lui, parce qu'il est la source de la miséricorde du Seigneur. Sa réalité, prière et salut d'Allah sur lui, a
fait déborder l'existence sur tout l'univers à partir de cette bénédiction.
Son dire "Tu as décidé pour ces images ce que Tu as voulu pour elles, et ce que Tu veux d'elles"3 : il
s'agit bien des sept règles qu'on a déjà mentionnées et qui accompagnent toute entité.
Son dire "Tu as mis l'ensemble de toutes ces images dans Ton ensemble"4: la signification est la
suivante : l'ensemble (le groupement) et le morcellement sont impossibles à l'égard d'Allah, le
Très-Haut, parce qu'Allah est unique dans son existence. Il n'accepte ni quantité, ni mode, ni
multiplicité, ni aucune forme de pluralité. Il est unique dans son existence absolue ainsi que dans la
qualification par ses attributs et ses noms divins.
Personne d'autre ne se qualifie par ces attributs. L'ensemble mentionné ici dans cette prière et qui
est attribué à Allah le glorieux, le Très-Haut, signifie l'ensemble des attributs et des noms divins. Ces
derniers sont nombreux et illimités.
Son dire "Tu as mis l'ensemble de toutes ces images" : c'est-à-dire l'ensemble des entités de
l'univers. Ceci signifie : "Tu as mis toutes les entités de l'univers dans Ton ensemble". «Ton» se rapporte
à Allah le Très-Haut. Donc, la signification est la suivante : Tu as mis toutes les entités de l'univers dans
l'ensemble de Tes attributs et noms divins, parce qu'elles font partie d'eux. D'ailleurs, il n'y a pas la
moindre particule dans l'existence qui n'est pas apparue grâce à un des noms divins cachés. C'est grâce
à ce nom qu'elle subsiste et existe. Et sans ce nom, elle n'aurait jamais été visible et apparente.
Ben Atae Allah dit dans ses adages : sans Son apparition dans les composantes (de l'univers), elles
n'auraient jamais été visibles. D'ailleurs, il n'y a pas de limite à ses attributs et ses noms divins.
Si vous supposez que les attributs et les noms divins ont été dévoilés à l'être humain, depuis la
création du monde jusqu'à la perpétuité éternelle dans le paradis, et le long de l'éternelle éternité ; et si
vous supposez que les attributs et les noms divins lui ont été dévoilés, à chaque clin d'œil, en quantité
équivalente à la proportion qui existe entre le volume de tous les cieux et de la terre et le volume
infinitésimal d'un point de plume ; alors ces attributs et ces noms divins ne s'arrêteront jamais et leurs
nombres ne seront jamais achevés. Ils sont illimités.
Si vous dites que l'apparence des entités de l'univers est tributaire aux noms divins ésotériques, et
que ces noms n'ont pas de fin, où sont donc les plus beaux noms divins? Nous dirons : les noms (les plus
beaux noms) sont des mères. Ils constituent l'origine. Quant aux noms ésotériques, ils sont pour eux
comme les branches pour l'arbre, c'est-à-dire des ramifications.
Son dire "Et tu as fait que cet ensemble"5 : il s'agit de l'ensemble des entités de l'univers.
Son dire "soit de Ton ensemble"6 : c'est-à-dire de l'ensemble des attributs et des noms divins.
Son dire "Tu as transformé le tout en une poignée de lumière de Ta sublimité"7 : Il s'agit ici de la
première image créée à partir de la lumière parfaite ; c'est la réalité Mohammadienne et tout ce qu'elle
a généré comme entités de tout l'univers.
La réalité Mohammadienne est pour ces entités le premier père, à partir de lui tout l'univers existe,
émerge et trouve son organisation et son renfort. C'est à partir d'elle que tout l'univers prélève ce qu'il
prélève.

1 -Translittération : alladi khouliqate minhou.


2
-Translittération : bi barakatihi.
3 -Translittération : wa hakamta alayha bima aradta laha wa bima touridou biha.
4 -Translittération : wa jaâlta koulla al koulli fi koullika.
5 -Translittération : wa jaâlta hada al koulla.
6 -Translittération : min koullika.
7 -Translittération : wa jaâlta al koulla qabdatane min nouri adhamatika.

-501-
Son dire "une poignée de lumière de Ta sublimité": c'est-à- dire toute cette réalité
Mohammadienne est une poignée de lumière de la sublimité, mais dont les composantes prélèvent
différemment.
En effet, tout ce qui est muni de raison parmi les composantes de cette réalité, comme l'être
humain, l'ange, le djinn ou leurs semblables, va apparaître sous une image de sublimité en lui-même,
qu'elle soit une image apparente ou cachée.
Cette apparence en cette image est en fait la trace de Son attribut divin, gloire à Lui. Allah l'a garnie
de cet attribut à la suite de Sa manifestation divine en elle. Selon sa volonté, il peut lui retirer cet
attribut. Dans ce cas, elle s'anéantira et deviendra un néant pur.
Par ailleurs, et concernant les éléments de cette réalité Mohammedienne qui ne sont pas dotés de
raison, cet attribut n'est pas apparent en eux, il y est plutôt implicite, et ils ne le sentent pas. Les
animaux et leurs semblables ne sentent pas cette sublimité.
L'être humain quant à lui, il rassemble tous les noms et les attributs. Allah a créé son esprit à partir
de la limpidité de la quintessence de la lumière Divine. Il a ensuite garni cet esprit par Ses attributs
sublimes comme la sublimité, la puissance, la grandeur, l'autorité et la coercition. Il est apparu donc
dans l'univers par cette sublimité. Mais cette apparition ainsi décrite est répréhensible dans la loi
religieuse, sauf s'il est sous les effets coercitifs de la piété1.
Ensuite, et en parallèle avec cette garniture accordée à l'être humain, Allah a déversé sur lui
différents cas de Ses verdicts coercitifs afin qu'il connaisse sa valeur et son rang. On cite à titre
d'exemple les maladies, les sinistres, la pauvreté, la mort et tout ce qui sort de lui comme excréments et
déchets. Si Allah l'avait exempté de ces injonctions d'une manière permanente, tout en lui évitant la
mort, alors, cet être humain se serait autoproclamé la divinité d'une manière claire et sans
dissimulation.
Allah s'est manifesté à l'être humain par tous ses attributs et ses noms divins, d’une manière
dissimulée et manifeste. La manière dissimulée concerne les gens voilés. La manière apparente
concerne les gnostiques qui ont déjà accédé au rang du dévoilement. Ils ont bénéficié du dévoilement
de la pureté de la connaissance et de la certitude.
Si vous méditez là-dessus, vous saurez que tout l'univers, du début à la fin, depuis la prééternité à
l'éternité, en général et en particulier, est une partie de l'être humain ; et ce n'est pas tout l'être
humain. En effet, l'être humain a supporté tous les attributs et les noms divins par lesquels Allah, le Vrai,
s'est manifesté en lui. Par ailleurs, chaque élément de l'univers a un seul nom. Deux particules ne
peuvent pas avoir un seul nom. De même, deux noms ne peuvent pas être attribués à une seule
particule.
Et il n'y a pas de doute que le nombre des particules de l'univers est limité. Les noms ont le même
nombre par conséquent. Les attributs et les noms divins qui ne sont pas liés à l'univers, sont quant à eux
infinis et n'ont pas de limite. Et ils sont manifestés sur l'être humain en plus des noms relatifs à tout
l'univers. Donc, l'univers en totalité n'est qu'une partie de l'être humain. À ce propos, le poète dit :
Si vous étudiez la science des lettres, l'une des sciences divines.
Vous saurez que votre personne est une table contenant des lignes.
L'exemple de cette table est un modèle,
reflétant tout l'univers, pour celui qui peut voir en elle.
En dépit du fait que votre lettre n'est qu'une petite parcelle,
c'est en vous que le grand univers est plié de façon inconditionnelle.
Il n'y a pas la moindre parcelle en vous, sans qu'elle ne mesure tout l'univers, et même plus que
l'univers.
Il n'y a pas en vous la moindre perle,

1 -Comme le pôle et certains élus d'Allah.

-502-
sans que les rivières de ses secrets ne renferment des mers.
Vous êtes l'univers, tout l'univers,
et il n'y a pas en vous une entité existante qui n'est pas cernée.
Tout l'univers, si vous le mesurez à vous, C'est lui qui sera le plus étriqué.
Ces vers indiquent ce qu'on vient de mentionner ci-dessus. Dans le même contexte, le poète dit :
Je me suis caché de mon temps par l'ombre de sa présence. Alors j'ai commencé à voir mon temps,
sans qu'il me voie. D'ailleurs, si tu demandes mon nom aux jours, ils ne le sauront pas.
Ils ne sauront pas non plus mon lieu de résidence!
Ce poème parle du rang du grand successeur (le souverain par délégation). Celui-ci n'a pas de nom
spécifique à lui. Tous les noms de l'univers sont des noms pour lui, puisqu'il constate avec certitude et
maîtrise leurs rangs et puisqu'il est l'esprit pour tous les êtres existants.
Il n'y a pas d'entité dans l'univers sans que le grand successeur ne soit l'esprit qui la gère, le moteur
qui la fait bouger et qui s'y tient debout. Il n'y a pas dans le globe terrestre un endroit sans que le grand
successeur n'y soit installé avec stabilité et maîtrise. Selon cette considération, il n'a pas de nom qui le
spécifie par rapport à l'univers, et il n'a pas d'endroit qui le caractérise au détriment d'un autre. C'est
pour cela que le poète a dit :
D'ailleurs, si tu demandes mon nom aux jours, etc.
Il fait allusion à ce rang, qui est la souveraineté sublime par délégation. Al Morssi a dit : si la vérité du
Saint est dévoilée, les gens vont l'adorer. En effet, ses attributs et ses qualificatifs font partie de ceux de
Dieu. Le mot "Saint" signifie ici 'Thomme parfait" qui est "le grand successeur". C'est ce qui est insinué
dans le verset coranique suivant : «Est-ce que celui qui était mort et que Nous avons ramené à la vie et
à qui Nous avons assigné une lumière grâce à laquelle il marche parmi les gens, est pareil à celui qui
est dans les ténèbres sans pouvoir en sortir?» (Sourate Al An'âm, les bestioles, verset 122).
Ibn Arabi a qualifié l'homme voilé de quasi-homme ; pour lui ce n'est pas un être humain. Il
ressemble plutôt à une entité morte, sans esprit. C'est un corps humain, mais sans esprit. Quand les
soufis disent que l'esprit n'est pas créé et qu'il est plutôt ancien et éternel, ils veulent dire par ça cet
esprit, qui est la pureté de la connaissance qui survient après l'ouverture spirituelle.
Celui qui détient ce rang fait ce qu'il veut partout où il veut. Il peut faire revivre les morts, s'il veut, et
les appeler. Ils viendront vers lui à la hâte même décomposés et réduits en poussière. Il peut faire
fructifier l'arbre sec instantanément, s'il veut, et ainsi de suite pour différents miracles.
Aucun miracle ne lui est difficile. Mais, il a sur le dos des montagnes de bienséance envers la
présence divine. C'est cette bienséance qui l'empêche d'agir de la sorte. Par ailleurs, s'il fait apparaître
des miracles non conformes aux circonstances de l'époque, il sera immédiatement puni, ou exclu ou
privé de ses spécificités.
Parce qu'il est effacé dans la présence divine ; il est mort par rapport à tous ses désirs. Il n'agit que
par le Vrai. Si l'on lui pose la question "Que voulez-vous ?" Il répondra en disant : "Je ne veux que ce que
le Vrai, le glorieux, le Très-Haut, veut de moi". Il est donc réduit à néant par rapport à sa propre volonté.
Il n'agit que selon ce que le Vrai veut de lui, partout, dans ses mouvements, ses immobilités, ses
fluctuations et ses volontés.
Son dire "Et tu l'as transformé en un esprit dont tu es digne et qui est digne de Toi"1. L'esprit, ici,
est une ramification de ce qui a précédé. C'est-à-dire en ce qui concerne son dire : Tu as transformé le
tout en une poignée de lumière de Ta sublimité. Il veut dire: Tu as transformé cette poignée de lumière
en un esprit dont Tu es digne et qui est digne de Toi.
L'esprit ici, peut être général et spécifique. Dans les deux cas, on peut dire "dont Tu es digne et qui
est digne de Toi". L'esprit général, c'est sa propagation, prière et salut d'Allah sur lui (réalité
Mohammedienne), partout dans tout l'univers, particule par particule, sans aucune exception. Cette

1 -Translittération : rouhane lima anta ahloune lahou wa lima houa ahloune laka.

-503-
propagation de la réalité Mohammedienne dans l'univers est à l'origine de sa préservation, de son
maintien, et de son organisation.
Il n'y a rien dans l'univers qui peut exister matériellement sans cette propagation de la réalité du
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, en lui, selon le secret. On exprime le secret et sa propagation
dans tout l'univers, par le terme "Esprit". C'est-à-dire un esprit pour tous les mondes, dans leur globalité
et leurs détails, groupant même les mécréants et les polythéistes.
Toutes ces entités ne persistent que par la propagation en elles, de l'esprit du prophète, prière et
salut d'Allah sur lui. C'est ce qu'on veut dire par sa propagation, prière et salut d'Allah sur lui dans tout
l'univers.
Le fait que cet esprit soit digne de Toi (Allah) et que Tu (Allah) es digne de Lui, en tenant compte de
l'aspect général de cet esprit, est dû à sa création à la suite de Sa volonté divine, de Son omnipotence,
de Son omniscience, et de l'autorité du mot "Sois" qui se propage en ces entités.
De ce point de vue, tout cet esprit est digne d'Allah, le Très- Haut, malgré l'irréligion et le
polythéisme qui touchent certaines de ses parties. Le seul cas où l'on peut nier le fait qu'il soit digne
d'Allah, le glorieux, le Très-Haut, est le cas où l'existence de cet esprit n'était pas dû aux hauts attributs
divins. On pourra alors dire dans ce cas que cet esprit n'est pas digne d'Allah parce qu'il est issu d'autrui
à partir d'autrui. Cette description est impossible à l'égard de l'esprit puisque rien ne peut exister dans
l'univers, quel qu'il soit, minuscule ou imposant, sans qu'il soit cerné par les hauts attributs divins.
L'esprit est donc digne d'Allah, le glorieux, le Très-Haut. Et Allah est également digne de lui parce
qu'il a géré son existence selon son choix, qui est sa volonté même et selon l'omnipotence,
l'omniscience et l'autorité du mot "Sois" se propageant en ces entités.
De ce point de vue, Allah est donc digne de cet esprit aussi. Et le prophète, prière et salut d'Allah sur
lui, de ce point de vue également, est un esprit pour toutes les entités existantes de cet esprit. Il se
propage en elles comme l'eau qui se propage dans les arbres. Tout arbre de cette terre prélève l'eau du
sol. Sans cette eau, ces arbres perdront la vie et se dessécheront. Voilà la signification du fait que le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui est un esprit pour toutes ces entités.
Quant à l'esprit spécifique provenant de sa réalité, prière et salut d'Allah sur lui, et qui est relatif à
ces entités. Il s'agit des entités auxquelles Allah a accordé une particularité, une diligence, un rang élevé,
et une haute élection. C'est le cas de l'élite supérieure parmi la descendance d'Adam, comme les
prophètes, les messagers, les pôles en général, et les véridiques. Il s'agit également de l'ensemble des
vertueux parmi les croyants, et de l'ensemble des anges, prière et salut d'Allah sur eux, tous rangs
confondus, et des habitants de la terre "Simssima" et leurs semblables parmi les entités existantes.
Ces groupes sont dignes du Vrai et le Vrai est digne d'eux, selon la sublimité, la solennité, la
particularité, la diligence et l'élévation du rang. Ils sont tous magnifiés, en Sa présence divine, d'une
manière permanente et continue. La disparition ne peut pas atteindre leur élévation, et leurs soleils
sont toujours élevés dans le ciel de cette description. Allah, le Très-Haut, les a rendus tous obéissants à
son ordre, et occupés par son amour en permanence. La propagation dont ils jouissent se déroule dans
le jardin de la proximité d'Allah. Ils ne quittent jamais ce domaine.
De ce point de vue, et en tenant compte de cette description, ils sont dignes du Vrai et le Vrai est
digne d'eux, à cause de ce qu'il leur a accordé comme rangs élevés et perfections supérieures. Le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est pour eux, selon cette description, un esprit à cause de tout
ce qu'ils ont eu pour être digne du Vrai et à cause de ce qu'Allah leur a accordé particulièrement comme
hauts rangs. Cet esprit ne concerne pas les mécréants, les polythéistes et ceux qui souffrent d'un
mélange dans leur foi; ils n'ont rien de cet esprit.
Son dire "Je T'invoque, O, Allah, par le rang de cette sublimité et son extension sur l'existant et sur
le néant"1. Sachez que le rang de cette sublimité, qui est l'image créée à partir de Sa parfaite lumière

1 -Translittération : Assaâlouka allahoumma bi martabati hadihi al adhamati wa itlaqiha fi woujdine wa adamine.

-504-
provenant de l'Entité sacrée, est un moyen par lequel le lecteur invoque Allah pour qu'il exauce sa
requête. Il invoque Allah par le rang de cette sublimité.
Son dire : "Et son extension sur l'existant et sur le néant" signifie que cette sublimité qui est la
réalité Mohammadienne se propage dans toutes les entités de l'univers, c'est-à-dire dans tout ce qui est
sorti du néant vers l'existence, selon la volonté divine, et dans tout ce qui est resté dans le pli du néant,
selon la volonté divine. Voilà la signification de "Et son extension sur l'existant et sur le néant". Il veut
dire la réalité Mohammadienne qui est l'esprit qui se propage dans toutes les entités de l'univers
qu'elles soient existantes ou réduites à néant. En revanche, si sa propagation dans l'existant est
apparente, elle est difficile à comprendre dans le cas des entités non existantes qui restent dans le pli du
néant. Les raisons sont incapables de comprendre cette propagation et de la saisir. Ce type de
propagation n'est connu en sa réalité que par Allah, seul.
Voilà la signification de cette phrase "Et son extension sur l'existant et sur le néant".
Son dire : "Que Tu offres ta prière et Ton salut"1 : voilà la requête demandée par l'invocateur. Il a
demandé d'Allah, le Très- Haut, qu'il prie sur son prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Ici, on doit
s'arrêter, car on ne peut pas interpréter la prière d’Allah sur son prophète sidna Mohammed2. La réalité
de cette prière ne peut pas être connue.
Son dire : "Au traducteur de la langue de la pérennité"3. Le traducteur signifie celui qui explique le
sens de la parole que l'auditeur ne connaît pas. Ici, il s'agit du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. La
"langue de la pérennité" signifie le Coran. On lui a attribué le terme langue, et ce bien qu'il ne soit pas
vraiment une langue, car on peut attribuer communément le nom de ce qui est lié nécessairement à
quelque chose à cette chose.
Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit : «Et parmi Ses signes la création des cieux et de la terre et la
variété de vos langues et de vos couleurs» (Sourate Ar Rom, verset 22). La variété de la couleur est
apparente. Quant à celle des langues, les langues des êtres humains se ressemblent
morphologiquement. La différence qui existe entre elles réside dans la différence des expressions
formulées pour exprimer les significations.
C'est là où il y a la diversité. On a attribué le nom "langue" au coran parce que la langue
l'accompagne nécessairement. Et comme on peut attribuer communément le nom de ce qui est lié
nécessairement à quelque chose à cette chose, on a alors attribué le nom "langue" au coran, parce qu'il
est courant sur les langues des humains, et lu par leurs langues. Donc, on l'a nommé "langue" puisqu'il
accompagne en permanence leurs langues.
Il se pourrait qu'un opposant nous dise : il n'est pas correct de dire que le terme "langue" a été
attribué à la langue de la pérennité, parce que c'est un attribut de l'Entité sacrée, et rien d'autre ne peut
être qualifié de pérennité !
Nous dirons alors : l'attribution du nom "langue" au coran est valable quand on parle justement de
coran. Mais si l'on ne l'appelle pas coran, on ne pourra pas alors lui attribuer le nom "langue". En effet,
le nom "coran" n'est avancé que lorsqu'il est lu par les langues des humains. Quand ils lisent la parole
d'Allah, on dit que c'est le coran. Par ailleurs, si l'on veut parler de son essence par rapport à l'Entité
sacrée, on ne pourra plus parler de coran, c'est plutôt un attribut de l'Entité sacrée.

1 -Translittération : ane toussaliya wa toussalima.


2 -Le gnostique et pôle sidi Oubida Chenguiti Tijani, satisfaction d’Allah sur lui, a dit dans son livre «maydane al fadl wa al
ifdale» (le domaine de la largesse et de la bienfaisance abordé en essayant de sentir l’odeur de la perle de la perfection) :
Quand j’ai lu ce passage de notre maître qui est la balance exacte, sidi Ahmed Tidjani, satisfaction d’Allah sur lui : «on doit
s'arrêter, car on ne peut pas interpréter la prière d'Allah sur le prophète», j’ai été très préoccupé par ce dire, car je n’ai pas
pu savoir pourquoi on ne peut pas l'interpréter. Puis, j’ai contacté le cheikh spirituellement pour lui demander de plus
amples explications sur ce point. Il m’a répondu en me disant que la prière d’Allah, le Très-Haut sur le prophète prière et
salut d’Allah sur lui, fait partie des aspects du rang «al wahda» (l’union absolue) qui regroupe à la fois la présence
Ahmedienne et la présence Mohammedienne du prophète. Fin de l’extrait.
Or, puisqu’on ne peut jamais atteindre ce rang de l’union absolue, ni même les prophètes et les messagers, cette prière s’est
donc arrêtée à la mer de la wahda (l’union absolue). La réalité de cette prière ne peut jamais être connue.
3 -Translittération : ala tarjoumani lissani al qidami.

-505-
Le Vrai, le glorieux, le Très-Haut, n'est pas "lecteur" alors que l'un de ses attributs, hauteur à lui, est
d'être "locuteur". Le coran est donc nommé "langue" parce qu'il est courant sur les langues des
humains. Le coran n'est appelé coran qu'en dehors de son essence chez l'Entité sacrée. Il ne peut pas
être appelé ni coran ni langue en considérant son essence, mais plutôt "parole".
Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit : «Et si l'un des polythéistes te demande asile, accorde-le lui,
afin qu'il entende la parole d'Allah» (Sourate At Tawba, le repentir, verset 6). Le sens ici de «la parole
d'Allah» est le «Coran». Les savants définissent le coran comme suit : le coran indique la parole d'Allah
qui se rapporte à Son entité. Ils visent «le coran lu par nos langues». Ce coran traduit la signification qui
se rapporte à l'Entité sacrée ; et c'est ça la parole d'Allah (pour ces savants).
Nous dirons ce qui suit : cette explication n'est pas rigoureuse. La vérité est que le coran qu'on lit
avec nos langues indique la signification de la parole d'Allah. Il n'indique pas la parole d'Allah
directement. La parole d'Allah, en tant qu'essence est le sens qui se rapporte à l'Entité. Les traces de ce
sens sont effacées, il est implicite et aucune expression ne peut le traduire. Sa réalité est impossible à
comprendre. Sa manière d'être est impossible à connaître. Comment alors l'exprimer ?!
Sa réalité suit en effet celle de son existence absolue, qui est l'Entité absolue sacrée. Et comme il est
impossible de connaître la réalité de l'Entité sacrée comme elle est, il est de même impossible de
connaître la réalité de la parole éternelle, comme elle est, au sein de l'Entité suprême.
Tant que la vérité de cette Entité n'est pas comprise, il n'est pas possible de comprendre la vérité de
la parole éternelle. Il n'y a aucune chance pour la connaître, et ce selon n'importe quels aspect et état,
ni dans ce monde d'ici-bas, ni dans le monde de l'au-delà.
Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit : «.. alors qu'eux- mêmes ne Le cernent pas de leur science»
(Sourate Taha, verset 110). Et comme la compréhension de la vérité de l'Entité suprême est loin d'être
atteinte par la créature, il en est de même pour la vérité de la parole éternelle, ainsi que pour celle de
tous les hauts attributs, comme la puissance, la volonté, la science, jusqu'au dernier attribut. Leurs
vérités suivent celles de l'existence de l'Entité sacrée. Tant que celle-ci n'est pas connue, il n'est pas
possible de connaître les autres vérités.
Le coran qui est entre nos mains traduit les sens de la parole d'Allah, le Très-Haut qui se rapporte à
l'Entité sacrée. Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit : «Allah qui a créé sept cieux et autant de terres»
(Sourate At Talaq, le divorce, verset 12).
Les significations de cette parole sont les suivantes :
• "Allah" : est le nom qui indique l'Entité suprême dont l'existence est obligatoire.
• "Qui a créé" : signifie la création de ce qui va être cité par la suite, à partir du néant et sa
sortie vers l'existence.
• "Sept" : signifie le nombre connu déterminé.
• "Cieux" : signifie les sept plafonds élevés au-dessus de nous.
• "Et autant de terres" : signifie les sept terres étalées au- dessous de nous ; elles sont bien
connues.
Lorsqu'Allah se dirige vers une chose, en lui disant "Sois", ceci est dû à ce que cette chose est bien
connue au sein de la vérité de Sa science. Elle est implicite chez Allah au sein de la vérité de Sa science.
Si elle ne figurait pas dans la vérité de Sa science, il ne l'aurait jamais adressé la parole en lui disant
"Sois".
Cette chose est déjà conçue dans la vérité de Sa science divine, tout en prenant compte de son nom
spécifique, de son essence déterminée, de son image, de sa couleur, de son temps et de son endroit.
Tout cela est établi dans la vérité de la science divine, tout en étant implicite et caché, dans la vérité de
cette science. Donc, à partir de son dire "Sois" cette chose émerge et apparaît dans l'univers.
Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit : «Quand Nous voulons une chose, Notre seule parole est:
<Sois>. Et, elle est» (Sourate An Nahl, les abeilles, verset 40). Si quelqu'un nous dise : ce mot "Sois" qui
émane du Vrai et par lequel il s'est adressé à tout l'univers, est ancien, et est éternel (parce qu'il émane
de Lui); donc l'univers, dont l'existence est assujettie à ce mot, est ancien aussi. Par conséquent,

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l'univers est ancien comme suite à la prééternité de ce mot. Sinon, il est contingent, comme suite à la
contingence de ce mot.
Nous répondrons par ce qui suit : le mot "Sois" a émané du Vrai dans l'éternité, sans qu'il soit
devancé par quelque chose, ou attaché à un temps ou à un endroit. C'est un mot ancien, en référence à
la prééternité de l'Entité sacrée. Mais en ce qui concerne l'univers qui a été créé à la suite de ce mot
"Sois" : Allah lui a dit par exemple : "Sois" dans le temps et l'endroit que je veux que tu y sois. Or les
temps et les endroits sont diversifiés et ils ont diverses significations. Voilà comment l'univers a été
séparé du mot "Sois". Donc, on ne dit pas que l'univers est ancien à la suite de la prééternité de "Sois",
ni contingent à la suite de sa contingence. Le temps et l'endroit sont en effet implicites dans le mot
"Sois". Allah, en disant "Sois" à une chose, il veut dire "sois", à tel moment précis que je veux, à tel
endroit précis que je veux, et selon telle cause précise que je veux.
Le mot "Sois" est ainsi ancien comme suite à la prééternité de l'Entité sacrée, mais l'univers qui a été
créé à la suite de ce mot ne dispose d'aucun rang dans cette pré-éternité, sauf en ce qui concerne son
affectation au sein de la vérité de la science éternelle. Il obéit aux sept règles déjà mentionnées
auparavant (lorsqu'on avait parlé de la réalité de chaque être existant). Rappelons ces sept règles :
l'image, la couleur ou la teinte, les mesures, l'espace, le temps, les dotations et les verdicts.
L'univers, de par sa distinction au sein de la vérité du savoir d'Allah par ces sept caractéristiques,
dispose d'un certain rang de la pré-éternité, en référence au fait qu'il a été conçu dans Son savoir et
programmé selon ces sept décrets. Il est donc ancien comme suite à la prééternité du savoir d'Allah. Ce
qu'on veut dire par ça c'est que la connaissance de cet univers est ancienne. Le savoir d'Allah ne peut
pas être contingent ; il est plutôt ancien comme suite à la prééternité de l'Entité sacrée. Tout l'univers
est conçu dans la vérité du savoir d'Allah. Rien ne peut exister dans l'univers sauf ce qui est conçu dans
le savoir d'Allah. L'existence dans l'univers de quelque chose non conçue dans ce savoir est
formellement impossible.
En résumé, le mot divin "Sois" est ancien comme suite à la prééternité de l'Entité sacrée, mais
l'univers émanant de ce mot est contingent à cause de la contingence de son temps et de son endroit.
Puis, le temps contingent a été appelé ainsi (contingent) selon le fait qu'il est lié aux entités existantes,
et non pas selon le fait qu'il est lié au Vrai. Sinon selon ce dernier fait, il est ancien et éternel.
À partir de là, on peut formuler l’énigme suivante : "Quelle est cette chose, qui est unique et qui ne
se divise pas. Son mode et sa forme sont apparents pour tout le monde. Et elle est, en sa réalité,
ancienne, éternelle, contingente et possible ?"
La réponse : C'est le temps. Si on le lie au Vrai, il est ancien et éternel, parce qu'il n'y a que l'éternité
de l'existence et de la pérennité d'Allah.
Cette éternité est continue, sans qu'elle soit devancée par quelque chose ou terminée par une autre.
Voilà pourquoi il est ancien ; sa caractéristique est la prééternité et la pérennité.
Et si on le lie aux entités existantes, sachant que telle chose apparaît après celle-ci ; celle-là après
l'autre, il est donc contingent, selon ce rapport. Cependant, l'authentification de la réponse est la
suivante : il est impropre de dire qu'une chose est à la fois ancienne et contingente. C'est comme si vous
inversiez les vérités ; c'est impossible ! Nous dirons alors :
L'aspect de la vérité ici est le suivant: l'image du temps perpétuel est l'image de la pérennité du Vrai
au sein de son Entité sacrée. Il est ancien. Mais les moments qui se succèdent le long de ce temps
ressemblent à des gravures à la surface de la table. Il est bien connu que la table est une chose et les
gravures sont une autre. Ces gravures forment des traces sur différentes parties de la table.
Il en est de même pour les moments qui se succèdent le long de l'image du temps : les heures, les
graduations, les minutes, les jours, les mois, les années, les décades. Ces moments sont des gravures à
la surface du temps. Là, il y a une différence selon le fait que le temps soit ancien ou contingent. Sa
prééternité est en fonction de la continuité de l'existence du Vrai dans ce temps. Le temps est, par
lui-même, l'indicateur de la prééternité du Vrai et de sa pérennité.

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Les gravures qui se trouvent à sa surface, c'est-à-dire les graduations, les minutes, les heures, les
jours, les mois, les années et les décades, sont celles nommées "contingence du temps". Lorsque ces
gravures disparaissent, on trouve la vraie image du temps qui est sous une entité unique. Le passé, le
futur, et le présent se présenteront comme une seule et unique entité. Toute la parole d'Allah, le
glorieux, le Très-Haut est en effet un seul mot.
Et chaque mot d'Allah est une parole, puisque chacun de ces mots comprend tout ce que comporte
la parole éternelle. Dans la parole d'Allah, il n'y a pas de succession, ni de séparation de sens. Si vous
dites que cela n'est pas correct puisque dans le coran, le sens apporté par un mot diffère de celui d'un
autre mot. Comment pourra-t- on alors dire qu'un seul mot d'Allah comporte tous les sens de la parole ?
Nous dirons :
L'opposition que vous mentionnez suppose que la parole d'Allah est le coran. Or, on a déjà démontré
qu'elle ne s'appelle "coran" que dans le cas où elle devient courante sur les langues humaines qui la
lisent. La parole d'Allah qui se rapporte à son Entité a en réalité une image qui ne peut pas être atteinte
ni comprise. Si l'on suppose par absurde que cette parole se rapportant à l'Entité sacrée est telle que
chacun de ses mots n'est caractérisé que par un seul sens au détriment d'un autre, comme ce qu'on lit
au Coran, alors Allah serait qualifié d'une certaine incapacité. En effet, c'est comme si Allah serait
incapable de dire tout ce que sa science cerne par un seul mot. Or, l'incapacité est impossible à l'égard
de la divinité, donc notre supposition est absurde. Si l'Entité sacrée se dévoile et paraît telle qu'elle est,
et si vous entendez sa parole, telle qu'elle est, vous allez comprendre alors que toute cette parole n'est
qu'un seul mot.
Ce mot cerne, dans son attachement, tout ce que le savoir d'Allah englobe, alors qu'il n'y a ni temps,
ni anticipation, ni retard. D'ailleurs, l'image du temps n'est apparue qu'après l'arrivée du voile. Si ce
voile est levé, vous verrez alors que le temps n'existe pas du tout. Il ne restera donc que l'existence
absolue (d'Allah), sa prééternité et sa pérennité.
En résumé, la parole d'Allah est un attribut se rapportant à Son Entité, que le coran ne traduit pas,
contrairement à ce que les savants disent. Le coran traduit plutôt les sens de la parole éternelle. Quant à
la conversation que prétendent les gnostiques, en disant : J'ai entendu ; on m'a dit ... (en
sous-entendant que c'est une conversation avec le créateur) : sa définition ici est que le rapport de cette
parole qui parvient à ces hommes, dans ce domaine, par rapport à Allah, le Très-Haut est le rapport
"serviteur-créateur" et non pas "parole-locuteur".
Celui qui croit parmi les hommes qu'il a entendu la parole de l'Entité sacrée (comme dans le cas du
prophète Moïse, prière et salut d'Allah sur lui), s'est en fait égaré, s'est écarté de la vérité et est voué à
sa propre perte. Allah, le Très-Haut, a dit : «Il n'a pas été donné à un mortel qu'Allah lui parle
autrement que par révélation, ou de derrière un voile, ou qu'il [lui] envoie un messager (Ange) qui
révèle, par Sa permission, ce qu'il [Allah] veut. Il est Sublime et Sage» (Sourate As Shoura, La
concertation, verset 51).
L'image de la parole interceptée par ces hommes (les gnostiques) est comme suit : Allah le glorieux,
le Très-Haut, crée une parole qui inspire la crainte révérencielle, la sublimité, la solennité, et qui est
vêtue de tonnerres et de tremblements. Puis il enlève le serviteur du cercle de sa sensation et le prive
de son identité et de sa raison. Il le met dans un état similaire à celui de l'image de l'écoute de la parole
de Son Entité sacrée. Ensuite, Allah diffuse en lui un certain délice et une certaine joie en entendant une
telle parole, de sorte que si ce délice est comparé aux aubaines du paradis, celles-ci ne représenteront
plus rien. Puis II lui insuffle ce qu'il lui insuffle dans cet état.
Ceci ressemble à ce qui peut lui arriver s'il entend la parole de Son Entité sacrée. C'est ainsi que ce
gnostique va dire : "J'ai entendu la parole d'Allah. Il m'a été dit. J'ai dit, etc.". Voilà en général ce qu'est
la conversation chez les gnostiques. Il y a également d'autres évènements qui surviennent lors de cette
conversation, mais il n'est pas permis de les divulguer et le moment ne permet pas de les présenter. Ces
évènements arrivent aux gens dignes de hauts rangs, personne n'en parle, et ceux qui ont atteint ce
niveau sont obligés de garder le secret.

-508-
Lorsque le gnostique est en état d'absence1, il écoute, comprend et mémorise la parole qu'il entend.
Une fois qu’il reprend son état normal et qu’il revient à sa sensation, il trouve cette parole ancrée en lui
et bien mémorisée. Il ne l'oublie pas. Mais il se peut qu'il ne comprenne pas les significations de cette
parole. Il peut alors s'informer auprès du pôle (l'élu de l'époque) qui va la lui interpréter et la lui
expliquer. En effet, le pôle maîtrise ceci au maximum.
Puis, sachez que si la vérité de la parole éternelle apparaissait, au point qu'elle soit entendue par un
auditeur, alors tout l'univers serait réduit à néant, à ses yeux. C'est comme si cet univers n'existait
formellement plus. Et même si tout l'univers émettait des voix, alors l'auditeur ne va rien comprendre
de cette parole de l'univers. C'est le cas des étoiles qui ne peuvent pas apparaître quand le soleil est
levé. Elles ne sont vues qu'en son absence.
Une fois que le soleil se lève, toutes les étoiles s'éteignent. Les étoiles existent en elles-mêmes, mais
leur apparition est impossible en présence du soleil. C'est la même chose pour l'image de l'univers (qui
s'efface) lorsqu'on entend la parole d'Allah, le Très- Haut. Il a été dit au prophète Sidna Moussa (Moïse),
prière et salut d'Allah sur lui : "Comment était ton état lorsque tu as entendu la parole d'Allah, le
Très-Haut" ? Il a répondu : Moïse ne sentait plus Moïse.
Il veut dire qu'il n'avait plus aucune sensation en présence de cette parole. Voilà le mode par lequel
la parole d'Allah, le Très-Haut, est entendue.
Les gnostiques disent: celui qui entend la parole d'Allah, parmi les hommes, sort avec un état tel qu’à
chaque fois qu'il entend la parole des gens, il vomit à cause de son atrocité et de sa laideur. Cet état
risque de l'affecter d'une manière permanente.
Mais ces gnostiques disent : pour se délivrer de cet état, cet homme doit s'isoler pendant une durée
de trois jours, sans parler à personne, et sans voir personne. Après trois jours, il peut sortir, il ne sentira
plus rien en fréquentant les gens.
Son dire "la table gardée"2. Sachez que la table gardée signifie ici le prophète, Sidna Mohamed,
prière et salut d'Allah sur lui, parce qu'il a rassemblé les vérités des choses. Si dans la table gardée,
toutes les sciences des univers se sont rassemblées depuis la création du monde jusqu'au souffle dans la
trompe. Et si cette table les a cernées dans leur globalité et leurs détails, en rassemblant ce qui est
minuscule et ce qui est imposant parmi les essences et les contingences. Alors il en est de même pour le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Dans sa réalité Mohammadienne, prière et salut d'Allah sur lui,
les vérités des sciences divines se sont groupées. L'analogie entre lui, prière et salut d'Allah sur lui et la
table gardée est une analogie par abus de langage et tolérance. Sinon, il est, prière et salut d'Allah sur
lui, plus grand et plus large, des multiples de fois que la table gardée. En effet, tout ce que renferme
celle-ci comme sciences et écrits se limite à la période qui s'étale depuis la création de l'univers jusqu'au
souffle dans la trompe, en matière de chaque particule, sans exception.
Mais en dehors de cette période, on peut s'intéresser par exemple aux différents états du jour de la
résurrection, aux états des gens dignes du paradis et de ceux dignes de l'enfer, à ce qui peut les affecter
au paradis ou en enfer, comme phases et stades, dans toutes les affaires, les évènements, les
considérations, les besoins et les exigences. Tout ceci n'existe presque pas dans la table gardée.
Le peu qu'on peut y trouver dans ce domaine est du type: monsieur X va accomplir tels et tels actes ;
sa récompense est telle chose au paradis "Al Khold" de l'éternité ou au paradis des aubaines, ou au
paradis de la demeure. Il y disposera de telles et telles choses. Monsieur Y va accomplir tels et tels
mauvais actes. Sa demeure est au deuxième ou au troisième bas-fond de l'enfer. C'est tout ce qu'on
peut trouver dans la table gardée concernant les états des gens dignes du paradis ou de l'enfer et les
états du jour de la résurrection.
Quant au prophète, prière et salut d'Allah sur lui, sa réalité Mohammadienne a groupé tout ce qu'a
embrassé le savoir d'Allah le Très-Haut, depuis la prééternité à l'éternité, en ce qui concerne les sciences
de tous les êtres créés, et la connaissance de leurs besoins et exigences. Mais en dehors de ceci,

1 -C'est-à-dire qu'il est absent par rapport à tout sauf par rapport à Allah.
2 -Translittération : al lawhi al mahfoudi.

-509-
personne ne peut cerner tout le savoir d'Allah. Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit : «De Sa science, ils
n'embrassent que ce qu'il veut» (Sourate Al Baqarah, la vache, verset 255).
L'ensemble de ce que renferme la table gardée comme sciences est de trois cent soixante sciences.
Chacune de ces sciences comprend à son tour trois cent soixante sciences ; ce qui donne cent vingt-neuf
mille six cents sciences, soit cent trente mille, moins quatre cents. Voilà les sciences de tous les univers.
Le nombre des tables est de trois cent soixante. Elles sont toutes modifiables. En revanche,
«l'écriture primordiale» ne permet aucun changement. Tout ce qu'elle renferme sera concrétisé, sans
modification. L'endroit où se trouvent toutes ces tables est le ciel. Les saints ordinaires ne peuvent voir
que les tables modifiables, uniquement. Quant à «l'écriture primordiale», elle ne peut être vue que par
les élus dignes de hauts rangs.
Son dire : "la lumière qui se propage et qui s'étend"1.
Sachez que la lumière qui se propage et qui s'étend est ce qu'a décrété la divinité comme origine de
tous les univers, qu'ils soient petits ou grands, depuis la prééternité à l'éternité. Rien ne peut exister, de
la créature, que grâce au renfort de sa lumière, prière et salut d'Allah sur lui. Il est la lumière absolue.
Cette lumière ne signifie pas, comme on peut le comprendre, l'éclairage qui s'étend.
Il s'agit plutôt de ce qui permet l'existence, à la suite de l'ordre divin, sans intermédiaire. La lumière,
en réalité, est l'existence absolue. Le terme «existence absolue» n'est attribué qu'à l'Entité Sacrée,
solennelle. Elle est absolue, c'est-à-dire libre, et rien ne peut limiter sa liberté, ni dans un aspect ni dans
l'autre. Son existence ne dépend en effet que de son entité, pour son entité, à partir de son entité,
d'après son entité, dans son entité. Elle ne dépend d'aucune matière, ni de mode ni de forme. Voilà
pourquoi le glorieux, le Très- Haut, a une existence obligatoire. La vérité de l'obscurité est le pur néant,
de même l'univers est en totalité une obscurité puisqu'il est un pur néant, sans aucune luminosité. Son
existence est prélevée de la lumière du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. C'est d'après lui qu'il a
été créé, et c'est par lui qu'il a été conçu, et c'est à partir de lui qu'il a existé.
Quant à la lumière du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, on ne peut pas dire que c'est une
lumière absolue, et ce parce qu'elle est prélevée de la lumière du glorieux, du Très-Haut, qui est
«l'existence absolue». La signification de ce prélèvement est la suivante : le prophète (sa réalité), prière
et salut d'Allah sur lui, a été créé pour l'Entité Sacrée et non pas pour une autre chose. Il n'y a pas de
cause, ni d'intermédiaire qui se place entre lui et le Vrai, le Très- Haut. Il a été créé uniquement pour le
Vrai.
Tout l'univers, d'une manière générale et absolue, dépend de son existence, prière et salut d'Allah
sur lui. C'est pour lui que tout l'univers a été créé. Cet univers est pour lui comme un serviteur. Sans le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, Allah n'aurait rien créé de ces univers. Certains ignorants ont
mal interprété cette information, en disant :
Ceci implique que le seigneur, le glorieux, le Très-Haut est incapable de créer les mondes sans l'aide
de Mohamed. Il ne peut le faire qu'avec l'assistance du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, afin de
surmonter cette incapacité. Nous disons ce qui suit : cette explication est fausse ; ce n'est pas ce qu'on
veut dire. La vraie explication est la suivante : si Allah avait décrété dans le pré-éternel et selon son
verdict antérieur qu'il n'allait pas créer Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, il aurait alors décidé
qu'il ne va rien créer.
Voilà ce que signifie la dépendance des univers du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est pour les univers, comme l'est la pupille pour l'œil. Son
seigneur l'a spécifié de son regard et c'est autour de lui que tout tourne. Il détient toutes les
considérations dont dépend l'univers.
Si l'élément de diffusion est enlevé, à quoi sert alors l'émission ?! Cette lumière est le maître de
l'univers et est le repère des mondes, prière et salut d'Allah sur lui. Voilà le sens que le prophète, prière

1 -Translittération : wa annouri assari al mamdoudi.

-510-
et salut d'Allah sur lui, a rappelé lors du hadith rapporté par Abi Saïd : «Son voile est la lumière, s'il
l'enlève, la splendeur de Sa face brûlera tous ceux dont la vue L'atteindra parmi sa créature»
Cette lumière, c'est le prophète, Sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui. C'est lui qui se tient
debout entre les mains du Vrai le glorieux, le Très-Haut, directement devant Lui. Tout l'univers se trouve
sous son ombre, prière et salut d'Allah sur lui. Le prophète, est pour cet univers, un filtre qui le protège
de la solennité du Vrai et de Sa sublimité. Si Allah, le glorieux, le Très-Haut enlève cette lumière, de
sorte que sa créature soit mise directement devant Sa face sans lumière (sans filtre), Sa face brûlera
tous ceux dont la vue L'atteindra parmi sa créature. La créature sera réduite à néant en un clin d'œil.
C'est grâce à cette lumière que l'univers bénéficie de l'existence, et c'est grâce à elle qu'il évolue dans ce
système d'émission et de réception.
Son dire "qui se propage" signifie qu'il, prière et salut d'Allah sur lui, se propage dans toutes les
créatures, comme l'eau qui coule.
Son dire "Que personne ne peut comprendre"1 signifie ce qui suit : personne parmi les êtres
existants n'est informé de ce mode de propagation, et ce d'une manière formelle. Seul le Vrai, le
glorieux, le Très-Haut, le connaît. À ce propos, un gnostique a dit : seul Allah, le Très-Haut, connaît la
vraie valeur de Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui. Voilà la signification de "Que personne ne peut
comprendre".
Son dire "Que personne ne peut atteindre" 2 signifie ce qu'avait insinué le cheikh Moulay
Abdessalam, satisfaction d'Allah sur lui, lors de sa prière : «C'est devant son personnage (du prophète)
que les compréhensions se sont affaiblies. Aucun d'entre nous ne peut comprendre sa réalité, ni celui
qui nous a devancés ni celui qui viendra après notre époque».
Son dire "Le droit chemin"3. Sachez que le droit chemin est le prophète Sidna Mohamed, prière et
salut d'Allah sur lui. Il est nommé ainsi parce qu'il est une voie droite vers le Vrai. Personne ne peut
arriver à la présence pure, à goûter ses secrets, à jouir de ses lumières, qu'à travers la conduite sur le
droit chemin qui est la porte la plus importante d'Allah.
C'est le droit chemin vers Allah, le Très-Haut. Celui, parmi les disciples, qui espère être admis auprès
d'Allah, le Très-Haut, au sein de la présence de sa solennité et de sa pureté, tout en étant détourné de
son bien-aimé, prière et salut d'Allah sur lui, sera refoulé et anathématisé. Toutes les portes et les voies
seront fermées devant lui. Il sera refoulé, après toutes les bienséances dont il a fait preuve, vers l'écurie
des bêtes.
Son dire "le protecteur du vrai par le vrai"4. Il y a ici deux possibilités d'interprétation :
• La première consiste à considérer que le Vrai cité deux fois dans cette phrase est Allah, le
Très-Haut. C'est-à-dire le prophète œuvre pour la victoire d'Allah par Allah. Il s'est levé pour
la victoire d'Allah, le Très-Haut, là où l'ordre d'Allah lui a été donné dans ce sens. Il s'est
alors levé précipitamment pour assurer la victoire d'Allah, par Allah, en comptant sur lui, sur
sa puissance et sur sa force, en s'appuyant sur lui, en ayant besoin de lui en toute chose,
gloire et hauteur à lui, et en subsistant par lui. Voilà la première explication.
• La seconde explication consiste à considérer que le vrai cité en premier dans la phrase est la
religion d'Allah. Allah a ordonné à son prophète de la diffuser et de l'appliquer. C'est la
religion de l'Islam. Il la protège par "le vrai" (cité en deuxième lieu dans la phrase) qui est
considéré ici comme outil et moyen. C'est-à-dire que le prophète n'a pas protégé l'Islam par
le faux, ou par la ruse ou par la tromperie. Il s'est levé plutôt pour assurer la victoire de la
religion de l'Islam tout en étant dans un état véridique qui ne peut en aucun cas être
mélangé au faux. C'est en procédant ainsi que l'Islam et la loi religieuse ont pris de l'ampleur
sur terre.

1 -Translittération : alladi la youdrikouhou darikoune.


2 -Translittération : wa la yalhaqouhou lahiqoune.
3 -Translittération : assiratei al mousstaqimi.
4 -Translittération : nassiri al haqqi bilhaqqi.

-511-
Son dire "Ô, Allah, offre ta prière et Ton salut au meilleur des créatures humaines et djinns"1 :
c'est-à-dire qu'il est la crème de la créature et leur diamant. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui,
dit : "Allah a créé la créature, et lorsqu'il a terminé la création, il en a sélectionné la descendance
d'Adam, etc.". Et il dit au terme de ce hadith : "Et il m'a choisi parmi les Bani Hachem". Ce hadith montre
clairement que la gent humaine est bien l'élite de la créature d'Allah C'est l'endroit même de la
descente de la miséricorde divine. Cette gent humaine est spécifiée par le regard d'Allah le Très-Haut
par rapport à toute l'existence. Elle a été créée pour Allah, le Très- Haut. Et l'ensemble des univers a été
créé pour l'homme.
La spécificité de cette gent humaine se concrétise par le fait qu'Allah a responsabilisé un successeur,
parmi les humains, sur ces mondes. C'est ce qu'on appelle "le singulier rassembleur". Il cerne le monde
en entier. Tout l'univers est dans sa poignée, sous sa décision et sous sa gestion. Il en fait tout ce qu'il
veut, sans opposant ni défenseur. En somme : là où le seigneur est Dieu, lui, il est son successeur.
Aucune chose des univers n'échappe, en effet, à la divinité d'Allah, le Très-Haut. Il en est de même
pour ce singulier rassembleur ; rien n'échappe à son autorité. Il gère le royaume par l'autorisation de
celui qui l'a nommé successeur (souverain par délégation). Et puisque le prophète, prière et salut d'Allah
sur lui, est le meilleur des créatures humaines, il est alors le meilleur de tous les mondes, parce que
l'être humain, comme on l'a précisé ci-dessus dans le prédicat, est l'élite de toute la créature d'Allah.
Donc, obligatoirement, il est meilleur que les non humains.
Son dire "et djinns": le mot "djinn" veut dire tout ce qui est caché et voilé. Il englobe les djinns, les
anges et tous ceux qui sont cachés des yeux des humains. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est
le meilleur de tous.
Son dire "celui qui est digne des lumières splendides"2 : les lumières sont des choses qui débordent
de la présence de l'inconnaissable et plus précisément des présences des attributs et des noms. Ce sont
elles qui véhiculent les sciences, les secrets, les connaissances, les lumières, les états éminents et tout ce
qui est illimité comme afflux et dons.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a la plus grande part de ces choses-là par rapport à tous
les êtres créés par Allah. Il dispose du plus large cercle et de la plus importante valeur. Si un millième
des lumières qui sont soufflées sur lui souffle sur le monde en entier, ce dernier sera réduit à néant en
moins d'un clin d'œil. Voilà pourquoi il a dit : "splendides" c'est-à-dire sublimes. Ces lumières sont sans
limites dans leur importance et sublimité.
Son dire : "O, Allah, offre ta prière et Ton salut à lui, à sa famille, à ses enfants, à ses conjointes, à
sa descendance, aux gens de sa maison, à ses confrères parmi les prophètes et les véridiques"3 : on a
déjà expliqué qu'il faut arrêter toute interprétation de l'essence de la prière sur le prophète, prière et
salut d'Allah sur lui. Quant à sa famille proche, prière et salut d'Allah sur lui, ce sont vraisemblablement
Bani Hachem ; il a été dit également qu'il s'agit de Bani Abd Manaf.
Ben Al Hajib, a dit dans son livre "Al Farâi" : les "Hachem" sont ses proches, mais les "Ghaleb" ne le
sont pas, et entre les deux ancêtres du prophète il y a controverse. Les Hachem sont ses proches, à
l'unanimité. Mais si l'on monte dans l'ascendance jusqu'à Ghaleb on tombe dans la polémique. Le plus
correct semble être ce qui suit : les membres de la famille (du prophète) sont ceux à qui l'aumône a été
interdite. Le prophète ne l’a interdit qu'à Bani Hachem.
La seconde preuve est le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, cité dans l'authentique,
mentionnant "la sélection" chez les Arabes. Il a dit : Il (Allah) a choisi "qorayche" parmi Bani Kinana. Il a
choisi Bani Hachem parmi qorayche. Et il m'a choisi parmi Bani Hachem. Ce hadith montre que "les
Hachem" constituent la famille du prophète.

1 -Translittération : Allahoumma salli wa sallim ala achrafi al khalaiqi al inssaniyati wa al janiya.


2 -Translittération : sahibi al anwari al fakhira.
3 -Translittération : Allahoumma salli wa sallim alayhi wa ala alihi wa ala awladihi, wa azwajihi wa dourriyatihi, wa ahli baytihi,
wa ikhwanihi mina annabiyina wa assidiqina.

-512-
En outre, lorsque le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, avait constitué un coffre réservé à ses
proches, il n'en avait jamais prélevé quelque chose pour la donner aux autres. Je (le cheikh) ne sais pas
si les Bani Al Mottalib étaient aussi concernés par ce coffre ou pas. De même, à la suite de la victoire sur
Bani Nadzir, Allah avait décidé que le butin de cette guerre soit donné exclusivement au prophète,
prière et salut d'Allah sur lui. Il a alors pris ce qu'il a pris comme terres et argents et les a offerts à son
tour aux gens tout en laissant une bonne partie pour ses proches, prière et salut d'Allah sur lui. Il a
partagé ce reliquat entre Bani Hachem et Bani Al Mouttalib. Ce partage a poussé Othman Ben Affane,
satisfaction d'Allah sur lui, à prendre la parole au nom de Bani abd Chems Ben Abd Manaf et au nom de
Bani Naoufal Ben Abd Manaf, il a dit : O, messager d'Allah :
Ce dont vous avez particularisé Bani Hachem, on l'accepte, compte tenu de leur position en tant que
membres de votre famille. Mais la spécification de Bani Al Mottalib Ben Abd Manaf, on ne la comprend
pas. Nous sommes au même rang qu'eux ; pourquoi cette spécification ? Le prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, lui a alors répondu en disant : les Bani Al Mouttalib ne se sont jamais séparés de moi, ni à
l'époque de l'ignorance ni après l'Islam. Fin. Voilà ce qu'il leur a répondu. Ils se sont alors soumis à sa
sentence.
Toutes ces informations montrent que les proches du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, sont
certainement Bani Hachem. Allah a promis à son prophète, prière et salut d'Allah sur lui, qu'il
n'infligerait aucun supplice à Bani Hachem, c'est-à-dire aux croyants parmi eux.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit, à propos des enfants de (sa fille) Fatima, satisfaction
d'Allah sur elle : Fatima a protégé ses parties intimes. Allah a donc interdit sa descendance à l'enfer. Le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a interdit l'aumône à Bani Hachem ; l'aumône n'a jamais été
licite pour eux. Il ne faut pas accorder de l'importance au verdict des juristes qui ont prêché pour le
caractère licite de cette aumône, ils se sont basés en effet sur le fait que certains proches du prophète
sont dans un état d'intense pauvreté, et que de nos jours il n'existe plus de trésor étatique édifié en leur
faveur.
Cette justification n'est pas fondée. La vraie cause derrière cette interdiction réside dans le fait que
l'aumône constitue l’impureté des gens. Et Allah a purifié pleinement les proches du prophète, prière et
salut d'Allah sur lui, de l’impureté grâce à leur rang supérieur. Donc cette cause demeure toujours ; et
elle ne peut pas être modifiée. Les juristes auraient raison de se baser sur la pauvreté de ces proches si
la cause de l'interdiction était leur richesse ou l'allocation donnée par l'état.
Si cette condition n'existait pas, l'aumône serait donc licite pour eux. Mais le verdict ne dépend pas
de cette condition. L'aumône leur est interdite parce qu'elle est l’impureté des gens et parce que leur
rang en est bien supérieur. Cette raison demeure toujours et ne change pas.
En somme, ce sont là les proches originels du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Les proches
annexés sont de deux catégories:
1. Ceux qui ont pris la teinte de son amour, prière et salut d'Allah sur lui, d'une manière
exotérique et ésotérique. Le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, en témoigne.
En effet, lorsque le prophète a été interrogé "Qui sont les proches de Mohamed que nous
devons aimer, honorer et être bons envers eux ?" il a répondu, prière et salut d'Allah sur lui :
Ce sont les gens dignes de la pureté et de la fidélité, parmi ceux qui ont cru à mon message
avec dévouement. On lui a dit : "Quel est leur signe ?" Il a répondu : c'est la préférence de
mon amour à tout autre bien-aimé et l'occupation de l'intérieur par mon rappel, après celui
d'Allah, le tout puissant, le glorieux. Fin. Cette catégorie constitue les proches annexés.
2. La deuxième catégorie est celle des gens qui ont maintenu le suivi de la Sounna (actes
prophétiques), qui ont pris l'éthique du prophète comme exemple, et qui ont suivi ses traces.
Le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, en témoigne : si tu peux te trouver le
matin et le soir sans avoir dans le cœur une rancœur pour quelqu'un, alors sache que ceci
fait partie de ma sounna (actes prophétiques). Celui qui ravive ma sounna, c'est comme s'il
me ravive. Celui qui me ravive sera avec moi au paradis. Fin. Voilà les proches annexés du
prophète, prière et salut d'Allah sur lui.

-513-
Son dire : "à ses enfants" : les enfants du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, sont ceux qui sont
sortis de ses propres lombes ainsi que ceux dont la mère est Fatima, sa fille. Ce sont là ses enfants,
prière et salut d'Allah sur lui, ainsi que leurs descendances jusqu'au jour du jugement dernier.
Le prophète a en effet quatre garçons et quatre filles. Trois garçons de sa femme sayida "Khadija" : Il
s'agit de Sidna Qacem, Sidna Taher et Sidna Tayeb. Prière et salut d'Allah sur eux. Sidna Ibrahim est le
quatrième de ses garçons, sa mère est sayida "Maria" la Copte. Ses quatre filles quant à elles, elles ont
toutes la même mère sayida khadija, satisfaction d'Allah sur elle : il s'agit de sayida Zaynab, sayida
Roqia, sayida Oum Kalthoum et sayida Fatima, satisfaction d'Allah sur elles, toutes.
Son dire : "à ses conjointes" : les conjointes du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, sont les
suivantes :
• Sayidatouna «Khadija» : Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, l'a épousée alors qu'elle
avait été mariée deux fois et avait eu des enfants avec chacun des deux maris. Elle avait
quarante ans le jour de son mariage avec le prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Lui, il
n'avait que vingt-cinq ans. Elle est morte à l'âge de soixante-cinq ans ou soixante-quatre
ans. C'est-à-dire trois ans et trois mois et demi avant l'hégire ou en ramadan trois ans et
demi avant l'hégire. Elle a été enterrée à El Hajoun, satisfaction d'Allah sur elle.
• Sayidatouna «Saouda Bent Zam'â» Ben Qaïs Ben Abd Chems: la dot que le prophète lui
avait versée était de quatre cents dirhams. Elle avait cédé son droit à Aïcha (c'est-à-dire le
jour que l'Envoyé de Dieu devait passer avec elle). Elle est morte durant le mois de Choual
en cinquante-quatre de l'hégire. Avant d'épouser le prophète, elle était mariée à Sakrane
Ben Amre, le frère de Souhaïle Ben Amre. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, l'a
épousée à la Mecque et elle a émigré avec lui à Médine.
• Sayidatouna «Aïcha Bent Abi Bakr» le véridique, satisfaction d'Allah sur lui : le prophète,
prière et salut d'Allah sur lui, l'a épousée lorsqu'elle avait six ans, durant le mois de Choual,
au cours de l'année dix de l'hégire. Il l'a déflorée à Médine, lorsqu'elle avait neuf ans. Elle
avait dix-huit ans quand il est mort, prière et salut d'Allah sur lui. Il n'a jamais épousé une
vierge à part elle. Elle est morte à Médine, satisfaction d'Allah sur elle, en cinquante-sept de
l'hégire ou en cinquante-huit. Abou Horaïra avait prié sur elle lors de ses obsèques,
satisfaction d'Allah sur eux tous.
• Sayidatouna «Hafssa Bent Omar» : Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, l'a épousée
trois ans après son retour de l'Éthiopie. Son premier mari, Khonaïs Ben Hodafa est mort à
Médine après la guerre de Badr. Elle est morte en 41 de l'hégire ou en 45 à l'époque de
"Mouâwia" à l'âge de soixante ans approximativement.
• Sayidatouna «Zaynab Bent Khozaïma Al Hilalia Al Harithia» : le prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, l'a épousée à la troisième année de l'hégire. Son premier mari, Abd Allah Ben
Jahch a été tué le jour d'Ouhoud. On l'appelle "la mère des démunis" de par sa clémence
envers les pauvres. La dot qui lui a été versée par le prophète, prière et salut d'Allah sur lui,
était de douze "onces". Elle est morte trois mois après son mariage, et a été enterrée à El
Bakiâ. C'est la deuxième et la dernière femme, après Khadija, qui est morte pendant la vie
du prophète, prière et salut d'Allah sur lui1.
• Sayidatouna «Hind Oum Salama» Bent Abi Oumaya Ben Al Moghira El Makhzoumia: son
premier mari était Abou Salama Ben Abd Assad. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui,
l'a épousée durant la quatrième année de l'hégire. Elle était connue par sa grande beauté.
Elle est morte en cinquante-neuf de l'hégire ou en soixante, et a été enterrée à El Bakiâ.
C'est ainsi qu'elle fut la dernière qui décède parmi ses conjointes, prière et salut d'Allah sur
lui.
• Sayidatouna «Zaynab Bent Jahch» : c'est sa cousine, prière et salut d'Allah sur lui, et plus
précisément c'est la fille de sa tante paternelle "Oumaïma Bent Abdel Mouttaleb". Son

1 -Elle est la seule femme libre, après khadija, satisfaction d'Allah sur elle, qui est morte pendant Ia vie du prophète, prière et
salut d'Allah sur lui. Rayhana, satisfaction d'Allah sur elle, était sa femme esclave' Elle est morte juste après le retour du
prophète du pèlerinage de l'adieu

-514-
premier mari était le serviteur du prophète, Zaïd Ben Haritha. Ce dernier a divorcé d’elle
durant la cinquième année de l'hégire. Son nom était "Barrah", mais le prophète, prière et
salut d'Allah sur lui, l'a nommée "Zaynab". Elle était connue par sa grande générosité et par
son altruisme. Elle jouissait auprès du prophète, d'une position équivalente à celle d'Aïcha.
C'est la première de ses femmes qui décède après sa mort. Elle est morte à Médine à
l'année vingt de l'hégire.
• Sayidatouna «Jouaïra Bent El Hareth Al Moustaliqiya» : elle a été prisonnière de guerre le
jour de Moraïsiâ puis offerte au prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Elle avait à l'époque
vingt ans. Elle est morte en cinquante-six de l'hégire. Le prophète, prière et salut d'Allah sur
lui, l'a épousée durant la sixième ou la cinquième année de l'hégire.
• Sayidatouna «Rayhana» : prisonnière de guerre, et issue de la tribu Bani Nadhir. Le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, l'a affranchie et l'a épousée durant la sixième année
de l'hégire. Il lui a versé la dot de douze "onces". Elle est morte durant la dixième année de
l'hégire.
• Sayidatouna «Ramla Oum Habiba» fille de Abi Soufiane Sakhr Ben Harbe, le chef de la tribu
qoraïche : elle a émigré en compagnie de son premier mari Abdellah Ben Jahch à l'Éthiopie,
ce dernier s’est converti au christianisme puis il est mort. C'est le "Najachi" roi de l'Éthiopie
qui a offert quatre cents dinars au prophète, prière et salut d'Allah sur lui, pour qu'il les lui
verse en guise de dot. Le prophète l'a épousée en l'année sept de l'hégire. Elle est morte à
Médine en quarante- quatre de l'hégire.
• Sayidatouna «Safiya Bent Hoyaye Ben Akhtab» : elle est issue de la tribu "Khaybar". C'est
une prisonnière de guerre au cours de l'année sept de l'hégire. Son premier mari était
Kinana Ben Abi Al Haqiqe. Il a été tué par le prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Elle est
morte à l'année cinquante de l'hégire et a été enterrée à El Bakiâ.
• Sayidatouna «Maymouna Bent Al Hareth Al Hilalia» : le prophète, prière et salut d'Allah
sur lui, l'a épousée au cours de l'année sept de l'hégire, après la guerre de Khaybar. Elle
s'appelait "Barrah", mais le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, l'a nommée
"Maymouna". C'est la tante maternelle de Ben Abbes et de Khaled Ben El Walid. Le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, l'a épousée lors de la "Oumra" de rattrapage. C'est
la dernière femme que le prophète a épousée. Elle est morte en 51 de l'hégire, à Sarif. Son
tombeau est célèbre et bien connu. Les gens le visitent pour la bénédiction. Il a été dit que
cette femme s'est offerte au prophète, prière et salut d'Allah sur lui.
Son dire : "à sa descendance" signifie uniquement la descendance de Hassan et de Houssein,
qu'Allah soit satisfait d'eux, ainsi que les filles de Fatima qui font partie toutes de la descendance du
prophète, prière et salut d'Allah sur lui.
Son dire : "aux gens de sa maison" : ce sont, à l'unanimité, les Bani Hachem; il n'y a pas de
divergence entre les savants concernant le fait que ce sont ses proches, prière et salut d'Allah sur lui.
Quant à ce qu'il avait fait avec les "gens du drap" Fatima, Ali, Hassan et Hossein en s'unissant à eux sous
une même couverture, et en disant :
"O, Allah, voilà les gens de ma maison, purifie-les pleinement", lors de la révélation du verset
coranique. Ceci est particulier, provenant d'un être particulier pour des gens particuliers. Le prophète,
prière et salut d'Allah sur lui, a dit, à propos d'eux, lorsqu'il est rentré chez sa fille Fatima et a trouvé Ali
en train de dormir dans un coin de la chambre, et Hassan et Houssein entre les mains de leur mère, en
train de jouer.
Il a dit à sa fille Fatima, prière et salut d'Allah sur lui : "Toi, ces deux-là et celui-là qui dort, vous serez
avec moi, au même degré qui m'a été réservé au Paradis". Cette particularité n'est accordée qu'à eux,
même pas aux prophètes et aux messagers. Voilà la spécificité du drap.
De même, les femmes du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, ont été, à leur tour, concernées par
la particularité de la purification ; Allah a dit : «O femmes du Prophète! Vous n'êtes comparables à
aucune autre femme. Allah ne veut que vous débarrasser de toute souillure, gens de la maison [du
prophète], et vous purifier pleinement» (Sourate Al Ahzab, les coalisés, versets 32 et 33).

-515-
Son dire : "à ses frères parmi les prophètes et les véridiques". Ils ont été appelés en ce rang "frères"
du prophète prière et salut d'Allah sur lui et sur eux, parce qu'ils sont associés à lui dans la station de la
proximité. Rares sont ceux qui arrivent à cette station très difficile à atteindre. Seuls les gens qui en sont
dignes peuvent la convoiter. Ces gens sont classés en trois groupes :
• Le premier groupe est celui des messagers d'Allah : ce sont les gens dignes de la prophétie
et de la constitution religieuse.
• Le deuxième groupe : ce sont les prophètes, prière et salut d'Allah sur eux. Ce groupe est
nommé "Prophétie absolue".
• Le troisième groupe: ce sont les véridiques dont le voile est levé. L'œil de leurs cœurs n'est
plus voilé. Ils contemplent alors la présence pure, avec ce qu'elle contient comme secrets,
goûts, afflux, manifestations, sciences, connaissances, certitude, unicité, dépouillement et
singularité. Ils observent les attributs de notre Seigneur le glorieux, le Très-Haut, dont les
intellects ne peuvent cerner la moindre partie. Il s'agit en effet de ses attributs de sublimité,
de solennité, de puissance, de perfection, de grandeur, d'élévation, de pureté, de richesse
et de toutes les qualités louables comme la générosité, la gloire et ce qui en découle comme
vérités, précisions, finesses, sciences infuses et ainsi de suite en tenant compte de ce
qu'englobe la Sainte présence comme conversation, discussion, murmure, amadouement.
etc.
Voilà la station des véridiques. Ceci ne peut pas être atteint par celui qui conserve encore la moindre
particule du suivi de sa passion. Seul celui qui s'est purifié du suivi de sa passion et qui s'est élevé au
troisième rang des trois rangs existants qui peut y accéder.
• Le premier rang est en effet le rang de celui qui passe tout son temps dans le rappel d'Allah,
le Très-Haut, jusqu'à ce qu'il arrive à être absent vis-à-vis des univers et à s'apaiser par le
rappel d'Allah, le Très-Haut. C'est ainsi qu'il consomme tout son temps. Ce sont les élus.
• Le deuxième rang : c'est quand l'élu met l'habit des anges ; ce rang dépasse le premier.
L'homme qui en est digne se qualifie ainsi par les états des anges, il est tout le temps occupé
et absorbé par Allah, le Très-Haut. Il abandonne tout ce qu'il ignore en dehors d'Allah, le
Très-Haut. Sa sensation et son imagination sont brûlées après l'avènement de ce rang. Dans
ce rang, le serviteur prend les attributs des dignitaires supérieurs ; ce sont des élus.
• Le troisième rang est supérieur au second ; c'est quand l'élu se vêt de l'habit divin. Ce rang
n'est ni mentionné, n'est vu, ni connu que par celui qui l'a goûté. Le détenteur de ce rang
s'appelle «le Véridique». C'est une sorte de prophétie ; c'est la prophétie elle-même ; ce
sont les gnostiques et les véridiques1.
Son dire : "à ceux qui croient en lui, etc. "2 signifie ce qui suit : il les a ajoutés et les a fait entrer avec
le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, dans la prière sur lui et dans sa protection. Cet ajout n'est
spécifique qu'à cette prière uniquement. C'est le prophète, lui-même, qui est visé par la prière, prière et
salut d'Allah sur lui. Le reste ne fait que suivre le prophète, prière et salut d'Allah sur lui.
Son dire : "O, Allah, fais que notre prière sur lui soit agrée et non rejetée"3. Le prieur demande
d'Allah d'agréer et de ne pas rejeter sa prière sur le prophète, prière et salut d'Allah sur lui. La prière
"agréée" est celle qui obéit à la loi religieuse dans ses deux aspects exotérique et ésotérique. Donc,
même si elle a été citée dans le but d'avoir une rétribution ; elle sera agréée selon cette voie.
Si le prieur néglige l'un des aspects religieux obligatoires, la prière sera rejetée4. L'aspect religieux
obligatoire signalé ici ne concerne que la prière sur le prophète elle-même, et non pas les autres

1 -Il est important de préciser ici que le prophète, prière et salut d’Allah sur lui, est d'abord un véridique, mais qui a été spécifié
par le message divin et parfois par l'ordre particulier de le transmettre
2 -Translittération : wa ala man amana bihi, wa ittabaâhou mina al awalina wa al akhirina.
3 -Translittération : Allahoumma ijaâle salatana alayhi maqboulatane, la mardoudatane.
4 -La prière sur le prophète, prière et salut d’Allah sur lui, est toujours agréée, sauf dans de rares cas. On peut citer à titre
d’exemple le cas du mécréant, de l’hypocrite, de celui qui la sous-estime, de celui qui dément ses mérites et sa rétribution,
ou de celui qui fait du tort au prophète, prière et salut d’Allah sur lui, et à ses proches de famille.

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pratiques. La seule pratique qui fait exception dans ce domaine est la prière (qui est l'un des piliers de
l'Islam), cette dernière exige qu'elle soit conforme à la loi religieuse.
Si la prière est faussée, toutes les oeuvres de l'adorateur s'annuleront et particulièrement la prière
sur le prophète, prière et salut d'Allah sur lui. L'intention que le serviteur doit avoir en priant sur le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, consiste à ce que cette prière doit émaner de lui par obéissance
à Allah, le glorieux, le Très- Haut, et par glorification d'Allah et de son prophète, prière et salut d'Allah
sur lui. Il faut que cette prière soit indemne de toute vanité et de toute hypocrisie et cagoterie. Il faut
éviter qu'elle soit citée si le serviteur est sale alors que l'eau est disponible et qu’il peut procéder aux
ablutions nécessaires. Si ces conditions sont remplies, la prière sur le prophète, prière et salut d'Allah
sur lui, sera correcte, même si elle a été citée avec l'intention d'avoir une récompense. En revanche,
celui qui prie sur le prophète, juste pour glorifier Allah et glorifier son prophète, prière et salut d'Allah
sur lui, par amour et passion, et non pas en visant une certaine rétribution, sa prière sera alors plus
parfaite et plus élevée. En somme, certaines prières peuvent être rejetées par Allah si l'une des
conditions susmentionnées n'est pas remplie.
Son dire : "O, Allah, prie sur notre maître, sidna Mohamed et sur sa famille"1. On a déjà dit
auparavant qu'il fallait arrêter toute interprétation de l'essence de la prière sur le prophète, prière et
salut d'Allah sur lui.
Son dire : "O, Allah, fais qu'il soit pour nous un esprit et pour notre culte un secret"2. Le prieur
invoque Allah, le Très-Haut, pour qu'il fasse que son prophète, prière et salut d'Allah sur lui, soit pour lui
(pour ce prieur) un esprit. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est évidemment l'esprit de toute
chose existante dans l'univers. Rien ne peut exister sans cet esprit "général", même le mécréant. Ceci
constitue le premier rang du prophète dans l'univers. C'est cet esprit qui donne la vie à tout l'univers. Il
est partout, en toute particule.
Le deuxième rang du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, consiste à considérer qu'il est l'esprit de
tout l'univers, mais d'une manière particulière et non pas générale. Cette spiritualité spécifique au
deuxième rang est consacrée à tous les gnostiques, aux véridiques, aux pôles, aux prophètes, aux
messagers et aux êtres rapprochés de Dieu.
C'est par ce rang du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, c'est-à-dire c'est par sa spiritualité, que
ces groupes susmentionnés subsistent entre les mains d'Allah, le Très-Haut, tout en veillant à l'exécution
de ses droits (divins), à la perfection de la bienséance devant Lui, à l'usure dans la source qui rassemble,
et à la submersion dans les mers de l'unicité. Ils sont, dans ce domaine, pour Allah, par Allah, dans Allah,
d'après Allah, et comptant sur Allah. Ils sont purifiés de tout autre et autrui. Il n'y a qu'Allah, seul, dans
toutes leurs sensations, illusions, imaginations, pensées et méditations. Ils ne pensent qu'à Allah, dans
ce domaine.
Ce cœur, ainsi décrit, est appelé "chambre sacrée". Il est interdit à toute personne autre qu'Allah d'y
accéder. Voilà l'effet de la spiritualité du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. C'est grâce à cette
spiritualité que cette élite a pu se tenir entre les mains d'Allah le Très-Haut. Sans elle, cette élite n'aurait
pas pu se tenir de la sorte. C'est cet esprit particulier (spiritualité) que le prieur a sollicité ; il ne s'agit pas
du premier esprit qui est général, et qui existe, partout, en toute chose.
Son dire : "Et pour notre culte un secret" : ici le "secret" signifie : O Allah fais que le prophète, prière
et salut d'Allah sur lui, soit le tréfonds du culte afin que Tu l'agrées. Ce secret ou tréfonds relatifs au
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, et existants dans les actes religieux et les cuites du serviteur,
consistent à ce que le culte soit engagé par le serviteur tout en remarquant que le prophète, prière et
salut d'Allah sur lui, est bien l'intermédiaire entre Allah et ses serviteurs.
Cette médiation a été insinuée par le cheikh sidi Abdessalam, satisfaction d'Allah sur lui, lorsqu'il a dit
: "Ton voile sublime, se tenant pour Toi entre Tes mains". Celui qui ne se rend pas compte de ce voile
dans ses œuvres, ses œuvres seront incomplètes. Ce voile consiste à considérer que le messager d'Allah,

1 -Translittération : Allahoumma salli ala sayidina wa mawlana Mohammadine wa alihi.


2 -Translittération : allahoumma wa ijaâlhou lana rouhane wa li ibadatina sirrane.

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prière et salut d'Allah sur lui, joue le rôle de moyen ou d'intermédiaire entre Allah et ses serviteurs. C'est
par ce moyen que tous les dévots prient Allah, le Très-Haut. Voilà le secret du culte ou de la dévotion
qui ont de fortes chances d'être agréés.
Son dire : "O, Allah, fais que son amour soit pour nous une force qui m'aide à le glorifier"1 : le
prieur sollicite qu'Allah, le Très-Haut, lui accorde ici l'amour particulier de son messager, prière et salut
d'Allah sur lui. Une fois que cet amour touche le cœur du serviteur, la glorification du prophète, et de sa
personne, prière et salut d'Allah sur lui, commence à se propager en lui. Ce début de glorification du
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, par le serviteur, se transforme après en amour porté pour lui.
Cet amour joue le rôle d'une plate forme sur laquelle la glorification commence à s'édifier. Voilà
pourquoi le prieur l'a demandé auprès d'Allah, le Très- Haut.
Son dire : "O, Allah, fais que sa glorification soit une vie dans nos cœurs qui me sert à subsister et
qui m'aide à le mentionner et à me rappeler son seigneur"2. Le prieur demande à Allah, le Très-Haut,
que la glorification du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, soit une raison qui donne la vie à son
cœur, et ce à la suite de l'établissement du rappel d'Allah et du rappel de son messager dans son cœur.
Ce "Dzikr" (Rappel d'Allah) que le prieur a sollicité en passant par la glorification n'est pas la litanie
ordinaire effectuée par la langue ; il s'agit plutôt de la vraie litanie qui est l'objectif suprême du "Dzikr"
(Rappel d'Allah).
Ce "Dzikr", une fois entamé par le serviteur, il le fait sortir en dehors du cercle de sa sensation et de
son illusion. Au moment du Dzikr, il n'y a plus rien dans sa sensation, dans son illusion et dans son
imagination, sauf Allah, le Très-Haut. Cela est le début du "Dzikr" pour les gens dignes de la proximité.
Sa finalité est abordée lorsque le serviteur s'use en totalité dans la pluralité elle-même et lorsqu'il se
noie dans la mer de l'unicité. Il n'y a qu'Allah, le Très-Haut, dans tous ses mondes; l'autre et l'autrui y
sont annihilés. Et ce du point de vue de la sensation, de la compréhension, du goût, de l'appréhension,
de la constatation, de l'imagination, de l'intimité, de l'apaisement, de l'observation, de l'amour, de la
dépendance et de l'appui.
Dans ce domaine, le disciple qui cite les litanies s'annihile ainsi que le "Dzikr" lui-même qui est l'objet
de la citation. L'état du disciple devient tel que, s'il dit quelque chose, il dira : «Je suis Allah. Pas de
divinité à part moi, seul». C'est l'effet de l'usure dans les mers de l'unicité. Ce rang est parmi les rangs
supérieurs du Dzikr. Celui qui en est digne est muet, inerte, immobile et ne cite rien. Voilà ce que le
prophète veut dire, prière et salut d'Allah sur lui, en disant : «Celui qui a connu Allah, perd sa langue». À
ce propos, le poète dit :
Chaque fois que je Te mentionne, mon secret mon dzikr et ma pensée
commencent à m'anathématiser.
C'est comme s'il y avait un surveillant envoyé de ta part qui annonce : prends garde, évite le rappel
ô l'illuminé.
Considère ta constatation comme un dzikr.
Mais fais attention, attention, évite le rappel du Vrai Véridique.
N'as-tu pas vu le Vrai, dont l'apparition a commencé Sa manifestation?
Le pourvoyeur du tout à partir de sa signification est ta propre signification.
Le "Dzikr" compte tenu de tous ses rangs était en effet un moyen pour accéder à ce rang. Mais une
fois que le disciple y accède, le "Dzikr" s'arrête fondamentalement et le disciple devient invocateur en
tout moment. Son sommeil, son éveil, sa présence et son absence deviennent pour lui au même pied
d'égalité. Il en est de même s'il est seul ou accompagné. Celui qui est digne de ce rang, même s'il se met
en présence de toute la créature et que chaque individu de cette créature parle en même temps que
l'autre ou émet des chuchotements, il ne comprendra rien et n'entendra de leur oraison, que l'oraison
du Vrai, le glorieux, le Très-Haut qui lui adresse la parole. Dans ce sens, le poète a dit :

1 -Translittération : wa ijaâle allahoumma mahabbatahou lana qouwatane asstainou biha ala taadhimihi.
2 - Translittération : Allahoumma wa ijaâle taâdhimahou fi qouloubina hayatane aqoumou biha wa asstaînou biha ala dikrihi wa
dikri rabbihi.

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Par le «Dzikr», les péchés en nombre s'agrandissent, les traces des tréfonds, et des cœurs
s'abolissent.
Voilà le dernier des rangs du "Dzikr" et voilà pourquoi Allah, le glorieux, le Très-Haut, l'a décrit dans
son livre sacré comme le dernier rang. Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit : «Les musulmans et les
musulmanes, les croyants et les croyantes, les hommes pieux et les femmes pieuses, les hommes
sincères et les femmes sincères, les hommes patients et les femmes patientes, ceux et celles qui
craignent Dieu, ceux et celles qui pratiquent la charité, ceux et celles qui observent le jeûne, ceux et
celles qui sont chastes, ceux et celles qui invoquent souvent le Nom du Seigneur, à tous et à toutes
Dieu a réservé Son pardon et une magnifique récompense» (Sourate Al Ahzab, les coalisés, verset 35).
Dans ce verset coranique, Allah a classé les gens dignes de la foi. Chaque rang cité après un autre est un
rang qui lui est supérieur. Il a cité le "Dzikr" (le rappel d'Allah) en dernier lieu. Aucun rang ne lui est
supérieur. Il s'agit du rang que nous avons susmentionné. C'est exactement le rang visé lors de cette
prière "Et qui m'aide à le mentionner et à me rappeler son seigneur".
Son dire : "O, Allah, fais que notre prière sur lui soit une clé"1 : le prieur demande à Allah, le
Très-Haut, que sa prière sur le messager, prière et salut d'Allah sur lui, soit une clé pouvant ouvrir les
portes fermées des mystères, des connaissances, des lumières et des secrets. Puisque le prophète,
prière et salut d'Allah sur lui, est la clé, dans ce domaine, alors, Allah, le Très-Haut, a fait que la prière
sur lui, présente cette caractéristique. Le serviteur qui abandonne la prière sur le messager n'aura
aucune chance de se rapprocher d'Allah. Il sera abandonné et exclu.
Son dire : "par laquelle, O seigneur, Tu ouvres pour nous le voile pour se consacrer à Toi"2 : le
prieur sollicite, ici, qu'Allah, le Très-Haut, lui ouvre le voile pour qu'il se consacre à Lui, grâce à sa prière
sur le messager, prière et salut d'Allah sur lui. Cette ouverture n'est rien d'autre que la consécration du
serviteur à Dieu, le Très- Haut ainsi que la persévérance dans son service et dans son adoration, d'une
manière permanente, en général pour les gens du commun. Et pour les gens faisant partie de l’élite, en
atteignant les stations de Sa proximité, de Son élection, et de Son choix ainsi qu'en se noyant dans les
mers du groupement du groupement (jamâe al jamâe). Voilà comment le serviteur se consacre à Allah,
le Très-Haut.
Quant à Allah qui se consacre au serviteur, ceci a fait également l'objet de la requête du prieur. Cela
signifie qu'il se consacre à lui par Sa largesse, et Sa miséricorde, en général dans les deux demeures, et
par Sa consécration, Sa sélection, Son choix et Sa diligence en veillant à ce qu'il se noie dans les mers du
groupement du groupement, en particulier.
Voilà ce que signifie le fait qu'Allah se consacre au serviteur, et voilà ce qu'a sollicité le prieur auprès
d'Allah, le Très-Haut. Les voiles que le prieur a demandé auprès d'Allah de les lui ouvrir sont les
obstacles qu'Allah a interposés entre le serviteur et son Seigneur. Ces voiles l'empêchent de constater sa
proximité, sa faveur, son choix, sa sélection, ainsi que l'arrivée de sa largesse et de sa miséricorde à lui.
Une fois que ces voiles se dissipent, le seigneur attire vers lui son serviteur par les moyens qu'il veut : ou
bien par des attractions de clémence et de largesse, en général, ou bien par des attractions d'élection,
de sélection et de diligence, en particulier.
Son dire : "Selon les bénédictions de mon bien-aimé et du bien-aimé de Tes serviteurs croyants,
accepte mes litanies, ainsi que l'amour et la glorification que je porte pour Ton Entité: Pour Allah,
pour Allah, pour Allah"3. Le prieur demande ici à Allah le Très-Haut, tout en se réfugiant derrière les
bénédictions de son bien- aimé et du bien-aimé des serviteurs croyants, d'agréer les litanies et les
"wirds" qu'il cite. Ces "wirds" englobent tous les cultes, que le temps a permis le long de la journée et de
la nuit. Les litanies sont connues, depuis le début jusqu'à la fin. On a déjà fait des remarques à leur
propos.

1 -Translittération : Allahoumma wa ijaâle salatana alayhi miftahane.


2 -Translittération : wa iftah lana biha ya rabbi hijaba al iqbali.
3 -Translittération : wa taqabbale minni bi barakati habibi wa habib ibadika al mouminina, ma ana ouaddihi mina al awradi
wa al adkari wa al mahabbati wa attaâdhimi lidatika, lillahi, lillahi, lillahi.

-519-
Son dire : "L'amour et la glorification". Sachez que l'amour et la glorification signifient ici les œuvres
du cœur. Le corps n'est pas du tout concerné. Le "Dzikr" commence par les œuvres corporelles, mais se
termine par les œuvres du cœur. Le rapport entre les œuvres du cœur et celles du corps est tel que si le
corps s'absorbe dans les adorations durant plusieurs jours, il n'atteindra jamais un seul instant des
œuvres du cœur. Ce qui importe c'est l'œuvre du cœur. L'œuvre du corps n'en est que dépendante.
Chaque œuvre dépourvue de l'œuvre du cœur n'est que de faible importance et de faible intérêt.
Son dire : "pour Ton Entité: Pour Allah, pour Allah, pour Allah". Le prieur sollicite, ici, que ses
œuvres soient purement pour Allah et qu'elles ne soient ni pour la réalisation d'un intérêt immédiat ni
pour un intérêt ultérieur. Voilà le plus haut degré des œuvres. Selon certains livres saints, Allah, le
glorieux, le Très-Haut a dit : "Le plus affectueux des bien-aimés est celui qui m'adore sans objectif
matériel, mais dans le but d'attribuer à la divinité son droit". Le nom d'Allah est répété trois fois afin
d'insister sur lui, et d'exhorter à lui en vue d'accéder au rang du dévouement, c'est-à-dire œuvrer pour
Allah.
Son dire : "Ah"1. "Ah" traduit la plainte et la demande du secours. Le serviteur se plaint des obstacles
- liés à sa nature humaine - qui l'empêchent d'accéder aux lieux de la proximité d'Allah. Il se sent
incapable d'y accéder à cause des nombreux obstacles. Quant au secours, il s'agit de demander secours
auprès d'Allah, le Très-Haut, pour qu'il lui accorde quelques afflux à partir de Sa diligence. Ces afflux
auront pour conséquence de le délivrer de la captivité de ces obstacles en vue d'accéder aux lieux de la
proximité d'Allah. Il est à noter que ces lieux de la proximité étaient la demeure de son esprit avant son
incorporation dans le corps.
Un des soufis a fait allusion à l’âme et à la passion par ce qui a été mentionné à propos des deux
monts "Noâman". "Noâman" est un lieu bien connu au Yémen. Quand cet élu a été contrarié à cause
des nombreux obstacles qui l'empêchaient d'accéder aux lieux de la proximité, il a illustré ces obstacles
par deux monts (le mont de l'âme et le mont de la passion). Il a dit tout en implorant le secours d'Allah
pour le protéger de ces deux monts :
O, Vous, les deux immenses Monts «Noâman»,
je vous prie de bien vouloir laisser passer la brise matinale vers mon âme.
Cette brise matinale, une fois arrivée au cœur d'un être chagriné, elle chasse sa douleur.
Je sens sa fraîcheur qui fait dissiper toutefois la haute température de mon foie; il ne reste
d'ailleurs que sa valvule.
Voilà ce que sont la plainte et l'imploration du secours. Son dire : "Amen"2 veut dire : exauce ma
demande, O, seigneur. Ce mot ressemble à un cachet tamponné sur une invocation afin qu'elle soit
exaucée.
Son dire : "Houa, Houa, Houa (lui, lui, lui), amen"3. Le prieur est revenu après sa demande du
secours pour clarifier sa requête. Il a dit: «houa» (lui). C'est-à-dire : «Je voudrais que Tu (Allah)
m'accordes l'arrivée au lieu de la fascination totale par Allah, le Très-Haut, par amour et glorification».
C'est un rang (spirituel) qui se trouve avant celui de "la noyade dans les mers du groupement du
groupement". La fascination par Allah, le Très-Haut, est l'usure dans son amour. L'amoureux ne fait plus
la différence entre ce qui est proche ou loin de lui, ni entre le jour et la nuit. Il ne reconnaît plus ni
quantité, ni mode, ni écriture, à cause de l'identité qui l'a dominé. Il s'agit de l'identité qui se propage
dans tout l'univers. Il ne peut alors même pas prononcer son nom, par crainte révérencielle et solennité.
Un des maîtres soufis a dit : j'ai rencontré un homme fasciné par Allah et je lui ai dit "Assalamou
alaykoum" (Paix d'Allah sur vous). Il a dit : c'est lui (Houa). Je lui ai demandé son nom. Il a répondu : c'est
lui (Houa). Je lui ai demandé d'où il venait. Il a répondu : c'est lui (Houa). Chaque fois que je lui demande
quelque chose, il répond : c'est lui (Houa). Je lui ai dit par conséquent : il semble que tu veux dire Allah.

1 -Translittération : Ah!
2 -Translittération : Amine.
3 -Translittération : Houa, Houa, Houa Amine.

-520-
C'est alors qu'il tomba par terre, tout en tremblant comme un être égorgé, puis il perdit la vie. Clémence
d'Allah sur lui. Un grand élu a dit à ce propos :
Il me manque, mais une fois qu’il apparaît je garde le silence par vénération.
Il ne s'agit pas d'une crainte, mais d'une révérence et d'une préservation de Sa beauté.
J'endure pour le défendre.
Et je souhaite le spectre de son ombre.
La mort c'est quand il s'éloigne.
La vie c'est quand il arrive.
Le cheikh Abdelqader, satisfaction d'Allah sur lui, a dit, en répondant à une question sur la différence
entre la dilection et l'amour: la dilection (ou l'affection) est un dérangement qui affecte le cœur de telle
sorte que l'affectueux sente que ce monde ici-bas est similaire au cercle d'une petite bague ou qu’il
ressemble à un rassemblement effectué lors des obsèques. L'amour, par contre, est l'aveuglement
vis-à-vis du bien-aimé, au point de ne plus pouvoir le regarder, par crainte révérencielle et de ne plus
pouvoir regarder autrui, par zèle (jalousie) et fidélité au bien-aimé. Donc l'amour est en totalité un
aveuglement. L'amoureux ne peut même pas prononcer le nom de son bien-aimé, ni même détourner
son cœur de lui.
Son dire : "Amen" : aide-moi (O, Allah) à atteindre cette station. Amen.
Son dire : "Qu'Allah prie sur Sidna Mohamed, Amen"1. Le prieur a clos sa prière sur le prophète par
une autre prière sur lui. Prière et salut d'Allah sur le prophète. Il a ensuite ajouté le mot de clôture (ou
de conclusion), Amen. C'est-à-dire : O, Seigneur, prie sur lui jusqu'à ce que cela Te plaise bien et que Tu
sois satisfait, d'une part, et que cela lui plaise et qu'il soit satisfait d'autre part. Louange à Allah. Voilà,
cela est suffisant, et paix sur Ses serviteurs qu'il a élus! Que notre dernière invocation soit "louange à
Allah, seigneur des mondes".
Fin du texte dicté par notre maître, satisfaction d'Allah sur lui, expliquant cette prière. La dictée est
faite à partir de sa mémoire et de ses mots, depuis le début jusqu'à la fin. Mercredi après- midi, fin
Chaabane, 1213 de l'hégire. Prière et salut d'Allah sur Sidna Mohamed, ses proches et ses compagnons.

1 -Translittération : Wa salla allahou ala sayidina Mohammadine. Amine.

-521-
CHAPITRE SIXIÈME - PRIÈRE II - EXPLICATION DE LA SECONDE PRIÈRE
Explication de la seconde prière

Au nom d'Allah le très miséricordieux, le tout miséricordieux. Prière d'Allah sur notre maître sidna
Mohamed, ses proches et ses compagnons. Salut d'Allah sur lui et sur eux. Louange à Dieu, qui a
décousu de l'inconnaissable le maillage compact des êtres existants.
Il a fait de la lumière de la réalité Mohammadienne l'origine de ces êtres existants et de leur
création. C'est ainsi que Sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, a été l'origine de toute
l'existence, à partir de laquelle, Allah a créé la nature d'Adam, selon sa puissance ancienne et sa parole
éternelle.
Il lui a donné une forme à l'image du monde. Il lui a appris tous les noms. Il a fait de lui le concentré
et l'élu de toute la création. Il a fait sortir de son élément les esprits, la descendance et les formes. Il a
sélectionné à partir d'eux, les élus des prophètes, des messagers et des Saints, en leur conférant la
mission de la transmission du message divin, la Sainteté, la protection et la diligence.
Il leur a accordé son discours éternel et permanent. Il leur a parlé selon Sa parole éternelle qui
enveloppe tout afin d'appeler ses serviteurs à son service, et de les attirer vers sa proximité et sa
constatation. Il a choisi parmi eux, dans l'éternité, l'esprit du messager (sidna Mohamed) qu'il a honoré
par le lieu louable, par les rangs élevés et par la parfaite élection.
Allah s'est adressé à lui selon la plus vénérable de ses paroles, et selon son argument le plus
estimable (le coran) qui renferme les secrets de son Entité sacrée, les couleurs de ses attributs et de ses
noms, les merveilles de ses sciences mystérieuses et les excentricités de ses signes éternels. Allah l'a
envoyé à toute l'humanité afin de les guider par ce coran vers le Vrai et vers la vérité du Vrai.
Je certifie qu'il n'y a de divinité qu'Allah, l'unique par son Entité, le seul par ses noms et attributs, et
qui se manifeste par l'identité de Sa vérité (le Vrai) dans les deux domaines1 des entités de sa créature.
Je certifie aussi que notre maître sidna Mohamed est son serviteur et messager. Allah l'a vêtu de ses
propres attributs. Il l'a couvert de ses douceurs, il lui a levé ses voiles et décelé ses secrets. Il est apparu
à son cœur par la perfection et à ses sens par les attributs de sa solennité et de sa beauté. Que la prière
d'Allah soit sur lui ainsi que sur ses proches et ses compagnons parfaits.
Par ailleurs, notre maître et notre moyen pour arriver à la connaissance d'Allah, l'élément de notre
connaissance et la merveille de notre temps, l'unique dans son époque, l'imam de son temps, dont tout
le monde tire profit, qu'il soit proche ou loin de lui, notre cheikh Abou Abbes, sidi Ahmed Tijani, qu'Allah
nous arrose de sa mer par les plus volumineux des ustensiles, qu'il nous accorde son voisinage, à la
demeure des félicitations ; il a écrit, qu'Allah soit satisfait de lui, un manuscrit intéressant sur la prière
intitulée la perle de la perfection dans la vante du maître des hommes "Jawharat Al Kamal fi madhi
sayidi rijal".
Il a excellé dans ce manuscrit et a atteint l’apogée de notre souhait. Il a clarifié les vérités et nous en
a fait profiter. J'ai (l'auteur Sidi Ali Harazem) intitulé ce manuscrit "Les flux miséricordieux, dans
l'explication de la source de la miséricorde du seigneur"1.
Introduction : Sachez que cette prière intitulée la perle de la perfection dans la vante du maître des
hommes "Jawharat Al Kamal fi madhi sayidi rijal"2 a été dictée par le messager, prière et salut d'Allah

1 -Il s'agit ici des deux domaines des créatures responsables : les humains et les djinns.
2 -Concernant la perle de la perfection, plusieurs ouvrages ont été écrits et édités pour l’expliquer, l’analyser et y extraire des
sciences et des connaissances. L’érudit et gnostique sidi Oubida Chenguiti a dit : tout ce qui a été dit dans «al foutouhate al
makiya» de ibn arabi figure dans cette prière. Parmi ces ouvrages on trouve :
«Hat al aqfal» (ouverture des serrures au profit des lecteurs de la perle de la perfection), de l’érudit sidi M'hammed
Genoune ; «Iqd al laal» (le colier des perles : analyse grammaticale de la perle de la perfection), de l'érudit sidi Ahmed ben
Ayachi SKIREDJ ; «Al foutouhate al awhadiya al ahmadiya» (les ouvertures singulières Ahmediennes dont la solennité est
manifeste, permettant de mettre en exergue vingt mille noms de la réalité Mohammedienne extraits de la perle de la

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sur lui, à notre cheikh, le pôle, Abou Abbes, Sidi Ahmed Tijani. Le messager d'Allah, prière et salut
d'Allah sur lui, a indiqué au cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, certaines spécificités de cette prière. On
peut dire à titre d'exemple qu'une seule citation de la "Jawharat Al Kamal" équivaut à trois fois
l'ensemble de toute la glorification d'Allah formulée par le monde tout entier. On peut mentionner
également que:
• Celui qui cite la "Jawharat Al Kamal" sept fois ou plus, tant qu'il continue à la citer, l'esprit
du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, ainsi que les esprits de ses quatre grands
compagnons, qu'Allah soit satisfait d'eux, seront présents avec lui.
• Celui qui s'engage à la citer, régulièrement, plus de sept fois par jour, le prophète, prière et
salut d'Allah sur lui, l'aimera d'un amour particulier et il ne mourra qu'après son accès au
grade des élus.
• Le cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, a dit également: celui qui cite cette prière d'une
manière régulière, sept fois, avant de dormir, tout en étant bien propre, en parfaite
ablution, dans un lit propre, alors il verra le prophète (en rêve), prière et salut d'Allah sur lui.
On se proposera donc dans ce qui suit d'étaler les significations de cette prière. Le cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui, a dit:
Son dire : "O, Allah, offre ta prière et accorde Ton salut à la source de la Miséricorde du Seigneur"1.
Sachez que le Vrai, le glorieux, le Très-Haut, a prélevé une partie de Sa lumière divine, portée à sa limite
de pureté et d'étincellement. Il a ensuite introduit au tréfonds de cette partie ce qu'il a voulu distribuer
à sa créature comme sciences concernant :
• Ses attributs, ses noms et ses perfections divines.
• Les états du monde, ses secrets, ses intérêts et ses maux.
• Les règles divines que ce soit sous forme de recommandations à suivre ou de prohibitions à
éviter.
Allah, par miséricorde divine, a fait de cette portion de lumière un lieu de déversement des parts, au
profit de sa créature. Ces parts sont bien déterminées selon Sa science pré-éternelle. Puis il a commencé
à faire parvenir à sa créature en abondance ce qu'il avait établi au sein de la réalité Mohammadienne
comme science et miséricorde. Voilà pourquoi le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est considéré
comme étant la source de la miséricorde. La lumière dont on a fait allusion est bien la réalité
Mohammadienne. La miséricorde déversée dans son essence prophétique est bien celle qu'il distribue, à
son tour, prière et salut d'Allah sur lui, à tout l'univers, à partir de sa prodigue essence. Aucune
miséricorde ne peut atteindre la créature que par son intermédiaire et à travers son essence, prière et
salut d'Allah sur lui.
L'essence prodigue du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, joue ainsi le rôle d'une station où l'eau
est interceptée et est rassemblée puis distribuée suivant des ruisseaux pour l'irrigation et pour en faire
profiter les gens. Voilà pourquoi le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : "Je suis le distributeur.
Allah est le donneur". C'est-à-dire, il constate ce qu'Allah avait décrété comme distribution dans le
savoir pré-éternel, puis il l'applique, prière et salut d'Allah sur lui, en distribuant cette miséricorde selon
cette programmation antérieure.
Voilà pourquoi le prophète est nommé "Source de la miséricorde", prière et salut d'Allah sur lui. Il y a
également un autre rapport dans cette source de miséricorde, il s'agit en effet du fait que le prophète
est le modèle-rassembleur du débordement de l'existence sur tout l'univers.

perfection), de l’érudit sidi Ibn Matmatiya ; «maydane al fadl wa al ifdale» (le domaine de la largesse et de la bienfaisance
abordé en essayant de sentir l'odeur de la perle de la perfection), de l'érudit sidi Oubida Chenguiti ; «nadm al laal»
(organisation des perles en évoquant quelques secrets de la perle de la perfection), de l’érudit sidi Hammad SKIREDJ (frère
du gnostique sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ).
On peut trouver également d’autres explications de cette prière, comme celle du gnostique sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ, du
gnostique sidi Haj Ibrahim Nyass, de l’érudit sidi Idris Iraqi, de l’érudit sidi Othman Ben Mohamed Hchaychi, de l’érudit sidi
Al Moukhtar ben wadiaate Allah Al Macini, de l’érudit sidi Abdelghni Hjiyej, de l’érudit sidi Ibrahim ben Mohamed ben Yazid
Alaoui, etc.
1 -Translittération : Allahoumma salli wa sallim ala ayni arrahmati arrabaniyati.

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Sans son existence, prière et salut d'Allah sur lui, personne n'aurait pu exister, à part le Vrai, le
glorieux, le Très-Haut. L'existence de tout être existant, parmi les entités de l'univers, dépend de
l'existence antérieure du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Sans le prophète, sidna Mohamed,
prière et salut d'Allah sur lui, aucun univers n'aurait pu être créé et aucune miséricorde ne l'aurait
affecté, ni en matière d'existence, ni en matière d'afflux de miséricorde.
Il ne faut pas comprendre que cela est une incapacité de la part du Vrai, le glorieux, le plus haut, à
créer quelque chose sans passer par le prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Ceci est une illusion tout
à fait différente de ce que signifient ces propos. Le vrai sens de ce qu'on vient d'expliquer est plutôt le
suivant : si dans le savoir antérieur d'Allah, le glorieux, le plus haut, et selon Sa volonté, il avait
programmé de ne pas créer Sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, alors il aurait aussi
programmé dans sa science divine antérieure et dans l'application de sa volonté, qu'il ne créerait
aucune créature.
De ce point de vue, l'existence de tous les univers dépend de l'existence antérieure du prophète,
prière et salut d'Allah sur lui. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est tout ce que veut le Vrai ;
c'est son objectif de cette existence. Allah n'a créé l'univers que pour le prophète, prière et salut d'Allah
sur lui. Il n'a fait déborder la miséricorde sur l'univers qu'après avoir rendu l'univers assujetti au
prophète, prière et salut d'Allah sur lui. L'existence de tous les univers dépend donc de l'existence du
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, des points de vue de l'existence et de l'afflux. Allah n'a créé le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, que pour Son Entité suprême, sublime et pure.
Il ne l'a pas créé pour une autre cause à part le Vrai. C'est-à- dire son existence ne dépend de rien qui
puisse être intermédiaire entre lui et le Vrai. C'est lui que le Vrai a voulu pour sa propre entité. Les
univers, quant à eux, ils sont voulus pour le prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Ils sont tous
dépendants de son existence.
Donc l'afflux de l'existence sur tous les univers émane de son entité (essence) généreuse, prière et
salut d'Allah sur lui. Et l'afflux de la miséricorde sur tous les univers émane de son entité généreuse,
prière et salut d'Allah sur lui. Il est donc clair que l'afflux débordant à partir de l'entité du prophète,
prière et salut d'Allah sur lui, se divise en deux catégories de miséricorde :
• Une première miséricorde qui consiste à offrir l'existence en abondance à tous les univers
afin de les faire sortir du néant à l'existence.
• Une seconde miséricorde qui consiste à faire déborder les miséricordes divines sur tous les
univers, c'est-à-dire les dotations, les profits, les dons et les aubaines. C'est par ces
miséricordes que ces univers peuvent jouir de l'existence en permanence.
Si vous savez ceci, vous saurez alors que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est la source de la
miséricorde du Seigneur. Tout l'univers bénéficie en effet de cette miséricorde grâce à son existence,
prière et salut d'Allah sur lui, et à cause de l'afflux émanant de cette existence. Voilà pourquoi il a été dit
que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est la source de la miséricorde du Seigneur. Tout l'univers
s'est développé par conséquent à partir de la miséricorde du Seigneur. C'est la signification du verset
coranique :
«Et Ma miséricorde embrasse toute chose» (Sourate Al Aâraf, verset 156). C'est aussi la signification
du verset coranique suivant : «Et Nous ne t'avons envoyé qu'en miséricorde pour l'univers» (Sourate Al
Anbya, les prophètes, verset 107).
L'origine du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est en effet une miséricorde. Mais cet aspect
englobant de la miséricorde, ne signifie pas nécessairement l'exclusion du supplice, de la menace ou de
la colère, parce que ces derniers font partie des exigences des perfections divines. Tout être généreux,
quelle que soit sa générosité, doit être connu par sa punition, par sa colère et par son supplice. Sans ces
états, personne ne le craindra. Et si tout le monde se sent en sécurité devant lui, alors il sera humilié et
dénigré. Or, cet attribut n'est pas celui de la générosité. Vous voyez donc clairement que l'attribut
même de la générosité est bien la colère, la punition et le supplice afin de marquer la sublimité, et pour
que la personne qualifiée de générosité soit redoutable et inspire la crainte révérencielle, en plus de ses
attributs de clémence et de miséricorde pour lesquels elle a été sollicitée.

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Son dire "du Seigneur". La miséricorde est attribuée ici à la présence du seigneur, parce que c'est à
partir d'elle que les êtres existants ont été créés. Voilà pourquoi la miséricorde lui a été attribuée. Quant
à la présence de Dieu, elle est l'origine du culte des univers. «Dieu» est celui qui mérite véritablement
d'être adoré. C'est celui vers lequel tout autrui s'oriente par soumission, servilité, adoration, amour,
glorification et vénération. La présence de Dieu englobe tous les noms, attributs et présences divines.
Par ailleurs, le Seigneur est le plus élevé par rapport à tout autrui, c'est-à-dire il est le propriétaire, le
gestionnaire, le créateur, le contraignant, dont le verdict, la volonté et la parole s'appliquent sur tout
autrui.
Son dire "diamant qui maîtrise"1. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est comparé à un
"Diamant", parce que le diamant est considéré par les gens comme étant le maximum qui peut être
atteint en matière de pureté, du prestige et d'élévation. Le diamant est en effet la perle la plus pure, la
plus élevée, et la plus prestigieuse. Voilà pourquoi le "Diamant" a été utilisé pour décrire le prophète,
bien qu'il soit, prière et salut d'Allah sur lui, plus important, plus pur, et plus élevé que toutes les perles.
Cette comparaison nous rappelle le verset coranique suivant : «Allah est la Lumière des deux et de la
terre. Sa lumière est semblable à une niche où se trouve une lampe. La lampe est dans un (récipient
de) cristal et celui-ci ressemble à un astre de grand éclat» (Sourate An Nour, la lumière, verset 35)
Son dire "qui maîtrise", c'est-à-dire qui maîtrise tous les attributs et les noms divins dont dépend
l'existence de l'univers. Les autres noms et les autres attributs restants n'ont aucune relation avec
l'existence de l'univers.
Son dire "et qui encercle le centre de toutes les compréhensions et de toutes les significations"2. Il
s'agit des compréhensions que le Vrai, le glorieux, le Très-Haut, a décrétées pour les êtres qu'il a créés
pour qu'ils comprennent les significations de Sa parole, dans tous Ses livres saints, Ses verdicts divins,
Ses noms, Ses attributs et Ses connaissances. Si toutes ces compréhensions décrétées sont groupées en
un seul assemblage et si ce dernier se transforme en un centre, alors, le prophète, prière et salut d'Allah
sur lui, sera le cercle qui enveloppe ce centre. C'est-à- dire, il encercle la totalité de ces compréhensions
et de ces significations ; rien ne lui échappe et ne lui fait exception, prière et salut d'Allah sur lui.
Son dire "La lumière des univers en cours de formation, l'humain"3. Il s'agit des univers qui sont en
cours de formation en opposition à ce qui est resté dans le pli du néant. Les choses qui sont préétablies
dans la science éternelle se divisent en effet en deux types:
• Une classe de quiddités (entités fixes) : il s'agit de ce qui est prédestiné à sortir du néant
vers l'existence.
• Une autre classe de quiddités prédestinées à demeurer au sein des plis du néant.
Il savait aussi que s'ils sortaient à l'existence, quel que soit l'état dans lequel ils se trouveraient et
dans quelque ordre qu'ils se formeraient et en quelque lieu et temps qu'ils occuperaient et quelles que
soient les lois divines qui s'appliqueraient à eux, que celles-ci soient fastes ou néfastes, il cernerait tout
par Sa Science. Et le Prophète, prière et salut d'Allah sur lui, en est la lumière.
Quant aux termes : «l’éclair le plus éblouissant au sein des nuages bénéfiques» : ils signifient que du
fait que l’éclair accompagne strictement les nuages de pluies, il a été emprunté ici pour exprimer
l’effluence de la Grâce d’Allah sur les créatures. En effet, leterme "éclair" est également utilisé pour
représenter la réalité Mohammadienne qui va de pair avec la miséricorde divine, tout comme l'éclair qui
va de pair avec la pluie. De même, la pluie bienfaisante représente la miséricorde débordante de la
présence du Vrai sur Sa créature. Il s'agit bien, ici, de l'afflux des sciences, des connaissances, des
secrets, des manifestations, des lumières, des jugements précis et de tout ce qui est illimité comme
avantages, dons, pureté des états et purs attributs conservés et déversés sur les cœurs des gnostiques
et des pôles4.

1 -Translittération : wa al yaqoutati al moutahaqiqati.


2 -Translittération : al haîtati bi markazi al fouhoumi wa al mâani.
3 -Translittération : wa nouri al akwani al moutakawinati al adami.
4 Partie grisée reconstituée à partir des traductions de Ravane MBAYE et de Abdel Aziz Ben Abdallah. En effet il y a un saut
malencontreux entre la page 1124 et la page 1125 de SKIREDJI.

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Son dire "qui remplissent tout ce qui s'y expose comme mers et ustensiles"1. L'exposition signifie
parfois l'orientation vers Allah, le Très-Haut tout en s'y préparant. Parfois, elle peut signifier la
répartition divine antérieure. Les mers signifient ici les cœurs des grands gnostiques. Les ustensiles
signifient les cœurs des élus.
Son dire "Ta lumière brillante par laquelle Tu as rempli Ton univers qui englobe tout lieu et
localité" 2 . "L'univers qui englobe" signifie l'ordre divin dans lequel Allah a instauré les formes
apparentes de l'univers. Cet ordre est bien rempli par la lumière du prophète, prière et salut d'Allah sur
lui. C'est ce qui est exprimé par les termes "univers" et "localité".
Son dire "O, Allah, offre ta prière et accorde Ton salut à l'œil du Vrai"3. Sachez que "l'œil du Vrai"
peut avoir deux significations différentes. La première consiste à donner cette appellation "le Vrai" en
faisant allusion à l'Entité Sacrée. La deuxième consiste à considérer le Vrai comme étant un attribut de
cette Entité.
L'Entité Sacrée peut, en effet, être appelée "Le Vrai" parce que "Le Vrai" s'oppose au "Faux" et au
"Vain" dans tous les aspects. Le pur Vrai est bien l'Entité suprême sacrée. À part cette Entité, tout le
reste est faux et vain.
C'est dans ce contexte que le messager d'Allah, prière et salut d'Allah sur lui, a apprécié le poème de
"Labide" et a témoigné qu'il avait été du nombre des sincères et des gens dignes de l’authentification.
Labide avait dit :
Toute chose en dehors d'Allah est vaine et éphémère.
Cette appellation "Le Vrai" ne concerne évidemment pas le prophète, prière et salut d'Allah sur lui,
parce que cette appellation est celle de l'Entité Sacrée elle-même. Elle ne concerne rien d'autre
qu'Allah.
La seconde appellation est "le juste" qui est un attribut du Vrai, gloire et élévation à lui. Cette justice
est omniprésente dans l'image de la science éternelle, de la volonté divine, de la puissance seigneuriale
et du jugement divin éternel appliqué sur toute chose. Cette justice mentionnée est bien ce qui se
propage dans les traces de tous les noms et attributs divins. L'ensemble de cette justice, en totalité et
en partie, est groupé dans la réalité Mohammadienne. Voilà pourquoi elle est appelée "Œil du Vrai",
c'est par cette considération qu'elle a eu cette appellation. Elle est entièrement véridique. Elle ne dévie
pas de la balance de la justice divine qui est l'œil du Vrai, suivant la seconde appellation.
Son dire "à partir duquel les trônes des vérités se manifestent"4. La manifestation est l'apparition.
"Les trônes des vérités" est une métaphore. Sachez ce qui suit: puisque chaque vérité renferme une
infinité de sciences, de connaissances, de secrets, de dons et d'afflux, elle a été appelée "trônes". Le
trône englobe en effet toutes les créatures qui se trouvent à son intérieur.
De même, le trône représente le maximum d'excellence, d'élévation et d'honneur par rapport à la
créature. Les vérités sont aussi à un niveau maximal d'excellence, d'élévation et d'honneur parce
qu'elles émanent de la présence du Vrai, dont l'élévation et l'honneur n'ont pas de limites. Il n'y a rien
qui peut dépasser le trône. Il est le maximum du maximum dans l'excellence, l'élévation et l'honneur.
Les vérités qui émergent de la présence du glorieux, du Très-Haut, sont vêtues de cet attribut suprême
de supériorité, d'honneur et de solennité. Voilà pourquoi elles ont été appelées "Trônes", c'est selon cet
aspect. Chaque vérité est donc un trône.
Son dire "la source des connaissances"5. Puisque les connaissances divines débordées sur l'élite
supérieure des prophètes, messagers, pôles, véridiques et des élus débordent à partir de la réalité
Mohammadienne. Et puisque rien de ces connaissances ne déborde directement de la présence divine
sans passer à travers cette réalité Mohammadienne. Alors tout ce qui déborde de ces connaissances

1 -Translittération : al maliâti li koulli moutârridine mina al bouhouri wa al awani.


2 -Translittération : wa nouriki al lamie alladi malaâta bihi kawnaka al haita bi amkinati al makani.
3 -Translittération : Allahoumma salli wa sallim ala ayni al haqqi.
4 -Translittération : allati tatajalla minha ourouchou al haqaiq.
5 -Translittération : ayni al maârifi.

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n'émerge en effet qu'à partir de la réalité Mohammadienne. Il est donc, prière et salut d'Allah sur lui, le
coffret et la source de ces connaissances. Voilà pourquoi il est appelé "Source des connaissances".
Son dire "la plus juste"1. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, avance dans les conduites de la
justice divine sans aucune déviation et sans aucune sortie du droit chemin. Il y a deux sens ici :
• La droiture : le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, agit le plus modérément possible
lorsqu'il veut faire un redressement de quelque chose, sans laisser de tortuosité. C'est la
signification du terme "Asqam" ou "Parfaitement droit".
• Le second sens est un attribut superlatif qui reflète sa perfection dans l'exécution de l'ordre
divin, tout en veillant à l'application parfaite des droits du Vrai, gloire et élévation à lui. Voilà
le sens donné à sa nomination "Ahmed", prière et salut d'Allah sur lui. Le prophète, prière et
salut d'Allah sur lui, est en effet le plus complet des gens dans le respect de la bienséance à
l'égard de la présence divine, que ce soit du point de vue de la science, des oeuvres, de
l'état, du goût, de l'acquisition des stations, de la conquête de l'éthique, de la certitude, et
de l'attachement. Il est, de tous les points de vue, le plus parfait parmi ceux qui ont
présenté leur louange à Allah, le plus haut.
Son dire "à Ton sentier bien menant"2. Le nom "Sentier" a été emprunté pour décrire le prophète,
prière et salut d'Allah sur lui, parce qu'il joue le rôle de sentier entre les mains du Vrai. Personne ne peut
parvenir à la présence du Vrai sauf par son intermédiaire, prière et salut d'Allah sur lui. Celui qui se
détourne de lui, se coupe de la présence du Vrai et se sépare de Lui. Le prophète ressemble ainsi au
sentier que les gens doivent traverser le jour du rassemblement pour arriver au paradis. Personne ne
peut espérer atteindre le paradis, depuis la terre du jour de la résurrection, sauf à travers le sentier
destiné au transit.
Celui qui essaie de passer de "la terre du jour de la résurrection" au paradis, sans emprunter le
sentier connu destiné au transit, se coupera alors du paradis et se séparera de lui. Il n'aura aucune
chance d'y accéder. Il en est de même pour le prophète, prière et salut d'Allah sur lui. C'est lui,
également, le sentier droit entre les mains du Vrai. Personne ne peut espérer arriver à la présence du
Vrai sauf en transitant par lui, prière et salut d'Allah sur lui.
Celui qui souhaite arriver à la présence du Vrai sans passer par le prophète, prière et salut d'Allah sur
lui, se coupera et se séparera d'elle ; il sera repoussé et anathématisé. Dans ce sens, le grand cheikh (ibn
arabi), satisfaction d'Allah sur lui, signale ce qui suit dans sa prière : "le prophète, prière et salut d'Allah
sur lui, est Ta porte. Celui qui vient vers Toi O Allah sans la traverser aura tous les chemins coupés et
toutes les portes fermées devant lui. Il sera refoulé, après toutes les bienséances dont il a fait preuve,
vers l'écurie des bêtes".
Son dire "parfaitement droit"3 signifie le parfait dans la droiture, sans tortuosité.
Son dire "O, Allah, offre ta prière et accorde Ton salut à l'apparition du Vrai par le Vrai"4. Sachez
que l'apparition du Vrai par le Vrai présente deux significations différentes:
• La première : il s'agit de l'apparition du Vrai au prophète, prière et salut d'Allah sur lui, à
partir de l'Entité pure suprême par le Vrai; c'est-à-dire par l'Entité aussi. L'Entité suprême
s'est manifestée en effet au prophète, prière et salut d'Allah sur lui, par son Entité
elle-même, et non pas par quelque chose d'autre.
Donc pour le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, l'Entité (suprême) s'est manifestée
à lui par l'Entité (suprême) elle- même. Son apparition s'est faite à partir d'elle-même et non
pas à partir de quelque chose d'autre. La cause de l'apparition de l'Entité suprême à la
réalité Mohammadienne est bien l'Entité suprême elle-même. Sa manifestation à la réalité

1 -Translittération : al aqwame.
2 -Translittération : ssiratèka attammi.
3 -Translittération : al asqam.
4 -Translittération : Allahoumma salli wa sallim ala talâati al haqqi bilhaqqi.

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Mohammadienne est à partir de l'Entité suprême sacrée pure, et non pas à partir de
quelque chose d'autre. Voilà le sens de l'apparition du Vrai par le Vrai.
• La seconde signification de l'apparition du Vrai, est la suivante : il s'agit de l'apparition des
noms et des attributs divins dont l'ensemble constitue «le Vrai total» lui-même. Cet
ensemble regroupe toutes les ramifications qui concernent les verdicts divins, les quantités
divines destinées à la créature, les besoins, et les exigences liées à ces attributs et à ces
noms. Tout ceci constitue «le vrai total» lui-même.
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, avec sa réalité Mohammadienne, est donc l'apparition de
tout cet ensemble. Il regroupe ses vérités, ses verdicts, ses exigences et ses besoins. L'apparition de cet
ensemble dans la réalité Mohammadienne se fait à partir de la substance des secrets des attributs et
des noms divins. C'est cette cause qu'on exprime par la lettre arabe «B» c'est-à-dire par le terme «par»
(apparition du vrai par le vrai). Cette apparition s'est déroulée en son intérieur, prière et salut d'Allah sur
lui, à cause des secrets et des lumières de cet ensemble.
Tout cet ensemble c'est du vrai. Voilà la signification de l'apparition du Vrai par le Vrai. Lorsque le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a veillé dans ce domaine sur les droits des deux manifestations
mentionnées, et lorsqu'il a assuré leurs services et les règles de leurs bienséances dans l'ensemble et
dans le détail, et lorsqu'il a parfait son orientation vers elles par son adoration parfaite (à Allah), alors
cette absoluité s'est exprimée par : "Ton serviteur, du point de vue Toi, comme il est Ton serviteur du
point de vue de la totalité de Tes noms et de Tes attributs", (expression citée dans la prière du gnostique
sidi Bekri)
Son dire "le trésor le plus sublime"1, c'est-à-dire : le trésor qui regroupe tous les secrets, les
sciences, les connaissances, les conquêtes spirituelles, les afflux, les manifestations de l'Entité, des
attributs, des noms, des actes et des formes.
Puisque tout cet ensemble s'est rassemblé dans le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, il a été
alors "le trésor le plus sublime". C'est à cause de ceci, que toutes les requêtes, tous les dons, tous les
afflux religieux, et tous les afflux de l'ici-bas et de l'au-delà comme sciences, connaissances, secrets,
lumières, œuvres, états, constatations, monothéisme, certitude, foi et bienséances envers la présence
divine, peuvent être tirés de lui. C'est lui, prière et salut d'Allah sur lui, qui alimente tous les univers,
dans l'ensemble et dans le détail, individu par individu, sans exception, par la totalité de ces afflux.
D'ailleurs, un des intérêts du trésor est l'exaucement des requêtes et des bénéfices par le prophète,
prière et salut d'Allah sur lui.
Son dire "le flux venant de toi et retournant à toi"2. Sachez que lorsque la volonté du Vrai s'est
attachée à la création de sa créature, la réalité Mohammadienne a alors émergé. Cette émergence a eu
lieu lorsqu'Allah s'est manifesté par lui-même à lui-même à partir du ciel des attributs, et a réclamé les
ressources des diligences à son Entité, par sa propre Entité. Il a reçu de lui-même cette requête par
agrément et acceptation. Voilà pourquoi il a donné l'existence à la réalité Mohammadienne à partir de
la présence de Sa science. Cette réalité Mohammadienne est alors devenue des sources et des rivières.
Puis il a façonné le monde à partir d'elle et il l'a complètement découpé selon l'image de l’être humain.
Cette image était d'abord sous forme d'un tissu qui couvrait la réalité Mohammadienne lumineuse.
Ce tissu ressemble dans sa finesse et sa pureté à l'eau et à l'air. Il a pris ensuite la forme de l'image
lumineuse. C'est ainsi que "Mohamed" prières d'Allah sur lui, est l'ensemble de tout. Il est la preuve des
attributs et l'origine du plus élevé. Adam, prière et salut d'Allah sur lui, est une copie conforme de lui. Il
en est de même pour sa descendance et pour le monde entier, sa partie supérieure et sa partie
inférieure, ils sont à leur tour une copie conforme d'Adam, prière et salut d'Allah sur lui. Soyez certains
de ce tissage, vous vivrez alors heureux.
Il importe néanmoins de souligner que les prophètes et les messagers, prière et salut d'Allah sur eux,
sont une copie parfaite des corps de Mohamed et d'Adam. Les gnostiques héritiers sont des copies

1 -Translittération : al kanzi al aâdam.


2 -Translittération : ifadhatika minka ilayka.

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d'Adam et de la partie apparente de sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui. Quant aux gens de la
gauche (les mécréants), ce sont des copies confectionnées uniquement à partir de l'argile d'Adam, et de
rien d'autre.
Quant à la reproduction génétique, jusqu'à l'arrivée de l'époque du prophète, prière et salut d'Allah
sur lui, sachez qu'Allah a mis le monde entre les mains de son prophète, et à sa portée. Le corps de
Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, une fois secoué (comme du lait), a donné du beurre qui est le
monde ici présent. Il en est de même pour la réalité de l'origine de la création du monde. Le prophète,
prière et salut d'Allah sur lui, détient donc le mérite de tout cerner et de tout embrasser puisque c'est à
partir de lui qu'il y a eu à la fois le commencement et la clôture de la création. Voilà, vous comprenez
donc la création du premier être existant, et vous connaissez maintenant son rang et sa position dans
l'univers. En somme, le prophète, Sidna Mohamed, prière et salut d'Allah sur lui, est le premier des êtres
existants et il est leur origine. C'est à partir de ses bénédictions que les êtres sont créés et qu'ils
bénéficient de son assistance.
Son dire "à la connaissance parfaite de la lumière dissimulée" 1. Il veut dire par la lumière
dissimulée, le secret caché de la divinité. Ce secret est divisé par le Vrai, gloire et élévation à lui, selon sa
volonté divine, en deux parties :
• Une partie qui n'est connue que par Allah, seul ; personne de la créature ne peut en être
informé.
• Et une partie qu'Allah a choisie de déceler à des élus faisant partie de l’élite. Elle est
partagée entre eux selon la volonté éternelle. Chacun d'eux dispose de ce qui lui a été
décrété comme secrets de la divinité. Cette seconde partie, mise en totalité à la disposition
des gens pour la connaître, est complètement cernée par le prophète, prière et salut d'Allah
sur lui, des points de vue du savoir et du goût. Elle est groupée au sein de sa noble entité
dans sa réalité Mohammadienne, pour être distribuée ultérieurement aux gens.
En d'autres termes, la lumière dissimulée est l'ensemble des perfections divines qu'Allah a décidé,
d'après Son savoir antérieur, de déceler à sa créature et de montrer, soit d'une manière générale, soit
en détail. Chaque individu de l'univers en est informé selon ce qui lui convient et ce qui le caractérise,
depuis le début de l'apparition du monde jusqu'à l'éternité.
Cette lumière mentionnée était dissimulée dans le voile du mystère, c'est-à-dire elle est couverte par
différents voiles épais, empêchant les gens d'y accéder et d'en prendre connaissance. Mais Allah a
décelé cette lumière, d'un seul coup, à son prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Il la lui a montrée en
totalité dans sa réalité Mohammadienne. La connaissance parfaite susmentionnée et la lumière sont, en
fait, les apparences des perfections divines. La dissimulation qui caractérise cette lumière est l'ensemble
des voiles qui empêchent l'accès à la connaissance de ses réalités.
Son dire "Qu'Allah prie sur lui ainsi que sur sa famille"2.
Sachez que la prière effectuée par Allah, le glorieux, le Très-Haut, sur son prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, est une description se rapportant à Son Entité selon ce qui est adapté à Sa sublimité et à
Sa solennité. Ceci dépasse la compréhension et la raison.
En général, l'attribut, bien qu'il porte le même nom et la même appellation, peut caractériser
plusieurs êtres existants et sa réalité diffère par rapport à chacun d'entre eux.
En effet, notre prière sur le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est l'ensemble des mots que nous
prononçons en vue de faire une invocation et une supplication devant Allah, le Très-Haut, avec
l'intention, de glorifier le prophète, prière et salut d'Allah sur lui. En revanche, la prière d'Allah, le
glorieux, le Très-Haut, sur son prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est différente. Elle dépasse la
compréhension et la raison.

1 -Translittération : ihatati annouri al moutalssami.


2 -Translittération : salla allahou alayhi wa ala alihi.

-529-
Rien ne peut expliquer cette prière. On dit plutôt qu'Allah prie sur son prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, sans que cette prière puisse être décrite. Ne voyez-vous pas la prosternation des êtres
existants devant Allah, le Très-Haut ? Ils se prosternent tous devant Allah, mais la prosternation connue
de l'être humain diffère de celle des objets inertes, des animaux et des arbres.
Chacun de ces genres dispose d'une prosternation qui lui est propre et adaptée. Du point de vue de
la nomenclature et d'une manière générale, ils se prosternent tous. Mais en réalité, leurs prosternations
sont différentes, et chacun se prosterne à sa façon. La prière des anges sur le prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, quant à elle, elle ressemble à la nôtre.
Son dire "une prière par laquelle Tu nous le feras bien connaître"1. Le prieur a sollicité qu'Allah, le
Très-Haut, lui fasse connaître le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, dans ses rangs ésotériques.
C'est-à-dire il a sollicité qu'il le lui fasse connaître ou bien en lui accordant l'accès à la connaissance de
son esprit, ou bien à la connaissance de la réalité de son intellect, ou bien à la connaissance de son cœur
ou à la connaissance de son âme.
Concernant la réalité de la station de l'esprit du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, seuls les gens
dignes des plus hauts rangs parmi les prophètes, les messagers, les pôles et ceux qui s'en rapprochent
comme les singuliers arrivent à atteindre cette station. Parmi les gnostiques, certains atteignent la
station de son intellect, prière et salut d'Allah sur lui. Leurs connaissances et sciences sont en fonction
de cette station. La station de l'intellect, et ses sciences sont bien inférieures à celles de l'esprit.
Parmi les gnostiques également, certains arrivent à atteindre la station du cœur du prophète, prière
et salut d'Allah sur lui. Leurs connaissances et sciences sont en fonction de ce niveau. La station du cœur
et ses sciences sont inférieures à celles de l'intellect. Parmi les gnostiques, certains atteignent la station
de l'âme du prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Leurs connaissances et sciences sont en fonction de
ce niveau. La station de l'âme et ses sciences sont inférieures à celles du cœur. En revanche, et
concernant la station du secret du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, personne ne peut l'atteindre,
ni les grands ni les petits.
Quant à la différence entre les stations de son secret, de son esprit, de son intellect, de son cœur et
de son âme, prière et salut d'Allah sur lui, elle est comme suit :
La station du secret du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est sa réalité Mohammadienne qui
est pure lumière divine. Les intellects et les raisons de toutes les créatures parmi l'élite supérieure sont
incapables de l'atteindre ou même de la comprendre. Voilà le sens du secret du prophète, prière et salut
d'Allah sur lui.
Ensuite, cette réalité Mohammadienne s'est vêtue de certains habits en lumières divines. De cette
manière, elle s'est cachée de l'univers. Et c'est alors qu'elle fut nommée "Esprit". Elle s'est ensuite vêtue
d'autres habits en lumières divines et elle fut nommée "intellect". Puis elle s'est couverte d'autres
habits en lumières divines qui l'ont cachée davantage. C'est alors qu'elle fut nommée "Cœur". Puis elle
s'est couverte d'autres habits en lumières divines qui l'ont cachée davantage. C'est alors qu'elle fut
nommée "âme".
Note importante : Sachez que lorsqu'Allah a créé la réalité Mohammadienne, il a consigné en elle
tout ce qu'il a décrété et réservé à sa créature, gloire et élévation à lui. Il a ainsi emmagasiné en elle les
afflux des sciences, des connaissances, des secrets, des manifestations, des lumières et des vérités, et
tous ces afflux ont été annexés par l'ensemble de leurs verdicts, exigences et besoins. Le prophète,
prière et salut d'Allah sur lui, est en ascension continuelle dans l'observation des perfections divines.
Personne, à part lui, ne peut espérer arriver à ce stade spirituel, dans lequel ces perfections ne
s'arrêtent jamais le long de l'éternité.
Conclusion : Il a été rapporté dans le hadith du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, que lors de la
révélation du verset coranique suivant : «Certes, Allah et Ses Anges prient sur le Prophète» (Sourate Al
Ahzab, les coalisés, verset 56), le prophète avait dit : Allah m'a comblé et a fait que vos prières ne me
profitent en rien. Il a été dit, à la suite du présent hadith ou dans un autre hadith : l'Ange Gabriel a

1 -Translittération : salatane touârrifouna biha iyyah.grisé

-530-
informé le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, qu'Allah, le Très-Haut, le puissant, le solennel, lui a dit
: celui qui prie sur toi, je prie sur lui. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : il est donc évident
que celui qui a bénéficié de la prière d'Allah ne soit jamais torturé par le feu.
De ce point de vue, la prière que peut faire le pervers sur le prophète, prière et salut d'Allah sur lui,
est mieux pour lui, que sa lecture du Coran. Cette prière lui servira en effet d'intercession afin d'attirer
vers lui la satisfaction du seigneur, d'annihiler ses péchés et de lui permettre de faire partie du groupe
des gens dignes du bonheur dans le monde de l'au-delà.
Par contre, le coran, bien qu'il soit plus important que la prière sur le prophète, prière et salut d'Allah
sur lui, il est considéré comme un lieu de proximité d'Allah. Or, il est obligatoire de la part de celui qui se
trouve au sein de la présence divine de ne pas agir d'une manière malséante.
Celui qui dépasse ses limites en agissant avec un manque de bienséance mérite la malédiction,
l'exclusion et la colère d'Allah. En effet, les gens qui portent le coran sont considérés comme des "gens
dignes d'Allah", et par conséquent, ils seront punis à la moindre erreur, sauf si Allah leur accorde une
certaine diligence antérieure grâce à sa pure largesse. Dans ce cas, ils seront protégés contre la
malédiction et l'exclusion et la colère d'Allah.
Vous voyez donc clairement que pour le pervers: sa prière sur le prophète, prière et salut d'Allah sur
lui, est plus bénéfique que sa lecture du Coran. Le rang du Coran est celui de la prophétie. Ce rang exige
la propreté, la pureté, le respect des bienséances satisfaisantes et l'attachement à l'éthique spirituelle.
Voilà pourquoi les gens ordinaires sont pénalisés lorsqu'ils lisent le Coran. C'est à cause de leur
éloignement de tout ce que nous venons de citer.
Quant à la prière sur le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, elle n'exige que la prononciation de
son texte, tout en glorifiant le prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Le lecteur de la prière doit être
évidemment dans un état convenable, c'est-à-dire propre que ce soit du point de vue de ses habits, de
son corps ou de l'endroit où il se trouve. La lecture de la prière doit être conforme au texte sans erreurs
de prononciation ni de vocalisation. Les mots qui la composent doivent être bien connus dans la loi
religieuse. Dans ce cas, Allah, le glorieux, le Très-Haut, a garanti à celui qui la cite qu'il priera sur lui.
Si Allah prie sur une personne une fois, il ne le tortura alors pas. Pour les gens du commun, il n'y a
pas de moyen plus intéressant et plus prometteur pour attirer la satisfaction du seigneur, que la prière
sur son prophète, prière et salut d'Allah sur lui.
Il est à noter qu'il y a eu une controverse entre les savants sur l'exaucement formel de la prière sur le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Certains disent que la prière sur le prophète est agréée
formellement par Allah ; d'autres pensent que cet exaucement n'est pas assuré, comme pour toute
autre oeuvre. Nous disons à ce sujet qu'elle est formellement agréée par Allah.
Notre preuve est la suivante: Allah, le Très-Haut, dit à son prophète, prière et salut d'Allah sur lui :
"celui qui prie sur toi, je prie sur lui. Celui qui te salue, je le salue". Cette promesse est véridique. Et Allah
ne manque jamais à sa promesse. Elle n'est pas liée au serviteur, mais elle est plutôt liée à la forte
diligence de la part du glorieux, du Très-Haut, en faveur de son prophète, prière et salut d'Allah sur lui.
Allah, le glorieux, le Très-Haut, veut récompenser celui qui prie sur son prophète ; il ne veut pas laisser
sa prière passer sans rétribution.
Voilà le sens de l'agrément, par Allah, de la prière de son serviteur. Qu'Allah nous accorde succès et
guidance au droit chemin. Qu'il prie sur notre maître, sidna Mohamed, ses proches et sur tous ses
compagnons. Louange à Allah, le seigneur des mondes.
Fin du texte dicté par notre maître et cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, en expliquant cette prière
bénie prophétique. Le texte est écrit à partir de sa mémoire et de ses mots, depuis le début jusqu’à la
fin. La dictée a eu lieu au désert du SAHARA, à Abi Samghoune. Écrit par le plus nécessiteux des
serviteurs envers son seigneur le plus riche et le plus louable, Ali Harazem, Ben Larbi Berrada, le Fassi, le
Marocain. Qu'Allah soit son tuteur et son parrain. Fait au début du mois Joumada II (deux), mille deux
cent six de l'hégire 1206. Qu'Allah prie sur notre maître, sidna Mohamed, ses proches et sur tous ses
compagnons. Que ses meilleures salutations soient sur eux. Louange à Dieu, au début et à la fin, d'une
manière exotérique et ésotérique.

-531-
CHAPITRE SIXIÈME - PRIÈRE III - EXPLICATION DE LA TROISIÈME PRIÈRE
Explication de "La prière issue du monde de l'inconnaissable à propos
de la vérité Ahmedienne"

Je dis, qu'Allah nous accorde succès : au nom d'Allah le très miséricordieux, le tout miséricordieux.
Prière sur notre maître, sidna Mohamed, ses proches et sur ses compagnons, ainsi que le meilleur Salut
accordé à eux. Louange à Dieu qui enveloppe tout. Il est le premier, le dernier, le dissimulé, l'apparent
par l'unicité de la totalité de son Entité, le gestionnaire de toute chose par sa perfection, à la suite de sa
manifestation pour son Entité par son Entité, dans son Entité, sur son Entité, par tous les antonymes
parmi ses noms et attributs.
Je certifie qu'il n'y a pas de divinité à part Allah, le suffisant par son Entité dans toutes ses exigences,
et l'identité qui se propage, dont seules les apparences sont manifestes. Je certifie aussi que notre
maître, sidna Mohamed, est le secret de son Entité, l'esprit de sa vie, la lumière de son miroir, celui par
lequel Ses noms et Ses attributs subsistent, le rassembleur de l'ensemble de Ses présences, celui qui
veille sur l'énumération de Ses noms par Ses preuves.
Le premier, dans son attachement à Son Entité. Le dernier, enveloppant le décret de Ses
connaissances. Le dissimulé par excès d'apparition sur Ses créatures. Et l'apparent, par lequel subsiste
Ses attributs.
Que la prière et le salut d'Allah soient sur le maître, le serviteur parfait, celui qui ouvre et qui clôture
par la meilleure chose avec laquelle on peut ouvrir et clôturer. Prière d'Allah sur lui et sur ses proches,
prière infinie comme le sont les noms d'Allah, Ses attributs et Ses perfections.
Par ailleurs, notre cheikh, maître, tuteur et moyen pour accéder à notre seigneur, le cheikh imam, le
professeur des professeurs de l'Islam, la preuve des soufis, le modèle de l’élite parmi les élus d’Allah, le
savant spécialiste de la loi religieuse, l'enseignant de la voie soufie, le sultan des gens dignes de la vérité,
l'imam des deux voies1, le représentant des deux équipes, le détenteur des sciences diverses, l'origine
des connaissances, la langue de la sagesse, le pôle de l'époque, le porteur, en sa période, du drapeau
des gens dignes de la gnose, la langue de la pureté, le traducteur du Miséricordieux, le drapeau des
bien-guidés, le modèle des disciples, la couronne des gnostiques, l'imam des véridiques, l'héritier des
deux professeurs2 héritiers, la caverne des héritiers disposant de la certitude, l'enseignant de ceux qui
détiennent les hauts rangs, le bien distingué, à son époque, par les connaissances sublimes et par les
fiertés, le gnostique, le guide vers Allah, la source des secrets, l'origine des lumières, le grand véridique,
le pôle, le secoureur, le rassembleur, l'héritier seigneurial, dont la lignée généalogique est prestigieuse,
et l'honneur est racé, abou Abbes Tijani, qu'Allah nous arrose de sa mer par les plus volumineux des
ustensiles, a écrit un manuscrit sur la prière issue du monde de l'inconnaissable qui traite la vérité
Ahmedienne.
Il a fait un travail intéressant, de qualité, qui mène le lecteur à l'objectif souhaité. Il a dit, satisfaction
d'Allah sur lui : sachez que comme son nom l'indique, la prière issue du monde de l'inconnaissable
émane de ce monde. Par conséquent, elle n'a pas été composée par personne. Quant à la réalité
Ahmadienne, il s'agit du fait que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a devancé, dans la louange
d'Allah, tout être existant louant Allah. Dans l'univers, personne n'a présenté ses louanges à Allah,
comme le prophète, prière et salut d'Allah sur lui.
Cette réalité Ahmadienne, est en elle-même, un mystère parmi les plus importants mystères d'Allah,
le Très-Haut. Personne n'a pu être informé de ce qu'elle contient comme connaissances, sciences,
secrets, afflux, manifestations, faveurs, dons, états élevés et éthique louable. Personne n'en a goûté la
moindre chose, même les messagers et les prophètes.

1 -Il s'agit de la voie de la réalité et de la voie de la loi religieuse.


2 -L'auteur insinue par les deux professeurs : l'apparent et l'occulte.

-532-
Seul le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est particularisé par la station spirituelle de cette
réalité Ahmadienne. Tout ce que les messagers et les prophètes ont pu avoir, ainsi que tous les anges,
les rapprochés de Dieu, tous les pôles et les véridiques, tous les élus et les gnostiques, tout ce qu'ils ont
pu obtenir, dans l'ensemble et les détails, ce n'est qu'à partir de l'afflux de la réalité Mohamadienne
qu'ils l'ont obtenu.
Quant à la réalité Ahmadienne, personne ne peut espérer obtenir ce qu'elle contient. En résumé, le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, dispose de deux stations : la station de la réalité Ahmadienne ;
c'est la plus élevée, et la station de la réalité Mohamadienne ; c'est la moins élevée tout en ne
renfermant que les perfections qui ne peuvent en aucun cas être qualifiées de moindres.
Tout ce qui a été obtenu par toute l'existence, en sciences, connaissances, afflux, manifestations,
transcendances, états, stations, valeurs, tout ceci émane de l'afflux de la réalité Mohammadienne.
Quant à ce que contient la réalité Ahmadienne, ce n'est à la portée de personne, sauf du prophète,
prière et salut d'Allah sur lui, seul. Il en est le seul spécifié, et ce à cause de la perfection de la puissance
de cette réalité et de son élévation maximale. Voilà ce qu'est la réalité Ahmadienne, prière et salut
d'Allah sur lui. Qu'Allah lui accorde honneur, estime, glorification et importance.
Son dire "O, Allah, offre ta prière et accorde Ton salut, à l'œil de Ton Entité suprême (en faisant
allusion à la réalité Ahmedienne, qui se distingue par rapport à toute la créature par le regard de
l'Entité suprême)"1. Le Vrai, le glorieux, le Très-Haut, s'est manifesté par la perfection de Sa propre
Entité à la réalité Mohamadienne. Celle-ci est alors, pour l'Entité suprême, comme le miroir à travers
lequel elle se voit. C'est de ce point de vue et à partir de ce rapport que la réalité Mohamadienne est
considérée comme étant l'œil de l'Entité sacrée.
Cette manifestation n'a jamais été accordée dans l'univers à quelqu'un d'autre qu’au prophète,
prière et salut d'Allah sur lui. Selon ce rapport, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est alors
considéré comme l'œil de l'Entité, ceci n'est qu'une métaphore. S'il était l'Entité elle-même, il serait
adoré. Cela est impossible puisqu'il est créé. Allah le glorieux, le Très-Haut, a précisé qu'il était son
serviteur en disant :
• «Qu'on exalte la Bénédiction de Celui qui a fait descendre le Livre de Discernement sur
Son serviteur» (Sourate Al Forqan, verset 1).
• «Si vous avez un doute sur ce que Nous avons révélé à Notre Serviteur» (Sourate Al
Baqarah, verset 23).
Le qualificatif "serviteur" ne peut pas affecter l'Entité suprême. La métaphore a été cependant
formulée en référence au rapport que nous avons mentionné ci-dessus.
Son dire "Avec Tes diverses perfections resplendissantes"2, cela peut insinuer deux sens ; les deux
sont corrects. Le premier sens se rapporte à l'état de la manifestation. Le second sens se rapporte à la
prière.
En ce qui concerne l'état de la manifestation, le sens est le suivant : Allah s'est manifesté à la réalité
du prophète par les perfections resplendissantes de Son Entité. En ce qui concerne l'état de la prière, le
sens est le suivant : O, Allah, prie sur Ton prophète par les perfections resplendissantes de Ton Entité.
Son dire "En présence de Ton Entité éternelle"3. Ici on parle de la prière d'Allah sur son serviteur :
lorsque Tu pries sur lui, O, seigneur, prie alors sur lui dans la présence de Ton Entité éternelle. Cette
prière dans la présence de l'Entité sacrée, n'est pas du tout la miséricorde comme le croient les savants
(exotériques). C'est plutôt quelque chose qu'on ne peut pas mentionner, ni connaître, ni atteindre.
En effet, dans la présence de l'Entité, toutes les traces des expressions sont effacées et tous les
signes sont annihilés. Si cette présence de l'Entité sacrée apparaît devant un observateur, celui-ci sera

1 -Translittération : Allahoumma salli wa sallim ala ayni datika al aliya.


2 -Translittération : bi anwaîe kamalatika al bahiya.
3 -Translittération : fi hadrati datika al abadiya.

-533-
incapable de répondre à n'importe quelle question, et de distinguer les rangs entre eux. Si l'on lui pose
cent mille questions, il sera incapable de répondre à une seule d'entre elles.
Un exemple qui peut illustrer ceci est celui d'un homme lancé dans un feu, dont la longueur est d'une
distance d'une journée, et dont la largeur est également d'une distance d'une journée. C'est un feu très
intense, comblé de combustibles. L'état de celui qui est lancé dans ce feu est bien connu. Il est incapable
de faire attention à quelque chose d'autre à part le feu. Il est incapable de répondre à quelqu'un qui
l'interroge, ni de comprendre la moindre parole, à cause de la situation dangereuse dans laquelle il se
trouve.
Son dire "à Ton serviteur qui veille par Toi, à partir de Toi, pour Toi et vers Toi"1, le serviteur ici est
le prophète, prière et salut d'Allah sur lui. C'est le vrai serviteur qui adore Allah en sa totalité. Le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit en effet, lors de sa prosternation : "Je me prosterne devant
Toi, ô Allah, par ma noircissure et mon ombre". La noircissure est le corps du prophète, prière et salut
d'Allah sur lui. L'ombre est l'esprit sacré. Il veut dire que rien de lui ne s'est absenté lors de la
prosternation. Il s'est prosterné en totalité à Allah, le Très-Haut. Rien de lui n'a manqué à la
prosternation.
Son dire "qui veille", c'est-à-dire, qui veille sur l'exécution des droits d'Allah, le Très-Haut,
secrètement et publiquement.
Son dire "Par Toi", c'est-à-dire, il ne veille pas sur ces droits par lui-même, comme dans le cas des
gens voilés. Le gnostique, en général, lorsqu'il bouge, c'est Allah, le Très-Haut, qui le fait bouger. Son
âme est absente lors de ce mouvement. Voilà ce que veut dire "veiller par Allah, le Très-Haut". Dans le
hadith : je (Allah) deviens son ouïe avec laquelle il (serviteur) entend, sa vue avec laquelle il voit. etc.
Voilà le sens de la veille sur ces droits par Allah, le Très- Haut.
Son dire "à partir de Toi", c'est-à-dire: l'afflux qu'Allah a fait déborder sur son prophète pour arriver
à veiller sur les droits d'Allah par Allah, émane d'Allah, le Très-Haut ; il ne vient pas d'autrui. Il ne
provient ni de l'âme du prophète, ni de sa matière humaine ; il provient d'Allah, le Très-Haut.
Son dire "Pour Toi", c'est-à-dire, il (le prophète) veille sur les droits d'Allah pour Allah, le Très-Haut,
dans tous ses mouvements et ses immobilités. Il est pour Allah, le Très-Haut. Il ne réserve rien, pour
lui-même. Il a été d'ailleurs rapporté sur lui, prière et salut d'Allah sur lui, qu'il n'avait jamais riposté
pour venger sa propre personne.
Son dire "Vers Toi" : le fait de veiller sur les droits d'Allah par Allah et à partir d'Allah est
complètement destiné à Allah, le Très- Haut. Il est destiné à lui exclusivement, tout en annihilant l'autre
et l'autrui. Allah a dit justement :
«Fuyez donc vers Allah. Moi, je suis pour vous, de Sa part, un avertisseur explicite» (Sourate Ad
Daryate, verset 50). C'est-à-dire fuyez (vers Allah) de tout associé. Cela est conforme avec l'information
rapportée par Allah, sur son ami intime, son messager, sidna Ibrahim, prière et salut d'Allah sur lui : «Et
il dit: Moi, je pars vers mon Seigneur et II me guidera» (Sourate As Saffat, verset 99).
Le cheikh, Moulay Abdessalam, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : ne choisissez rien en ce qui
concerne vos affaires. Choisissez plutôt que vous ne fassiez aucun choix. Fuyez de ce qui est choisi, de
votre choix, de votre fuite et de toute chose vers Allah. Allah dit : «Ton Seigneur crée ce qu'il veut et II
choisit; il ne leur a jamais appartenu de choisir. Gloire à Allah! Il transcende ce qu'ils associent à Lui!»
(Sourate Al Qassas, Le récit, verset 68).
Son dire "par les plus complètes prières prolifiques" 2, c'est-à-dire, O, seigneur, prie sur Ton
prophète, par les plus complètes des prières. C'est-à-dire par les plus parfaites et les plus importantes
des prières. Son dire "prolifiques" signifie "qui augmentent de nombre, sans limites". Le mot "Zakia"
(prolifiques) signifie en Arabe, en plus de la prolifération, ce qui atteint les limites supérieures et
maximales de la perfection.

1 -Translittération : ala abdika al qaimi bika minka laka ilayka.


2 -Translittération : bi atammi al salawati al zakiya.

-534-
Son dire "à celui qui fait sa prière au sanctuaire du "ayn" "ha" de l'identité"1. Le prieur dans le
sanctuaire du "ayn" "ha" de l'identité est bien l'imam de toute l'existence. Tout l'univers est derrière lui.
Le «Sanctuaire» est nommé ainsi, parce qu'il est unique dans son rang «Al Ahmadia2» Tout l'univers
prie d'ailleurs dans la mosquée englobée par la divinité, alors que le prophète, prière et salut d'Allah sur
lui, prie dans le sanctuaire de la manifestation de l'Entité sacrée, selon ce qu'elle est. Elle est le «ayn»
lui-même et le «ha» lui-même. Le «ha» c'est l'identité de l'Entité sacrée. Le «ayn» c'est l'Entité
elle-même et son existence qui est la présence de l'effacement (de toute trace) et de l'aveuglement (où
tout est dissimulé et où l'on ne peut rien voir).
Son dire "au lecteur des Sept répétés"3. Les sept répétés signifient ici la Sourate "Fatiha" (prologue
du Coran). Dans cette présence, cette Sourate n'est pas connue ni comprise ; elle n'est, à cette station,
que "ayn" et "ha".
Son dire "avec Tes attributs d'âme"4, c'est-à-dire, le prophète est caractérisé à ce niveau par ces
attributs (d'Allah), personne d'autre ne se qualifie ainsi, sauf le grand successeur. Ces attributs d'âme
sont les Sept significations.
Il s'agit de la capacité, la volonté, le savoir, la vie, l'ouïe, la vue et la parole. Le prophète, prière et
salut d'Allah sur lui, a lu en effet les sept versets répétés dans cette présence, étant donné qu'il est
qualifié de ces attributs d'âme qui sont ceux de l'Entité suprême; solennité et pureté à elle.
Toutes les sciences du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, toutes ses connaissances, tous ses
secrets ainsi que tout ce que les êtres existants sont parvenus à comprendre dans ce domaine, tout ceci
se trouve au-dessous de la station de ces deux lettres "ayn" et "ha".
Son dire "à celui à qui Tu t'es adressé en disant : Prosterne-toi et rapproche-toi"5, c'est-à-dire, qu'il
s'est prosterné devant Allah, le Très-Haut, en totalité, particule par particule, de l'extérieur comme de
l'intérieur, de la manière décrite dans son invocation "Je me prosterne devant Toi, ô Allah, par ma
noircissure et mon ombre".
"Et rapproche-toi" signifie un rapprochement du point de vue du rapport et non pas du point de vue
de la distance. Le sens de ce rapprochement du point de vue du rapport est la convenance du serviteur
à la présence divine. En effet, la réalité de la présence est l'annihilation de l'autre et de l'autrui. Il n'y a
donc ni où, ni comment, ni écriture, ni illusion, ni imagination, ni intellect, ni distinction. Il n'y a que
l'effacement des traces et l'aveuglement, c'est là où l'on ne peut comprendre qu'Allah, par Allah, pour
Allah, dans Allah et d'après Allah.
Voilà le rapport de la présence divine. Et voilà le vrai rapprochement (de Dieu), il ne s'agit
évidemment pas d'un rapprochement de distance. Le serviteur, dès sa première création, est de nature
à ne penser qu'à l'existence de l'univers. Dans ce contexte, que ce soit en fluctuant, en bougeant, en se
reposant, ou en faisant quoi que ce soit, il est absent vis-à-vis d'Allah, le Très- Haut. Voilà l'éloignement
du serviteur d'Allah, le Très-Haut ; ce n'est pas un éloignement de distance ; cet éloignement est
impossible.
Si vous avez saisi ceci et si vous l'avez cerné, sachez alors que lorsque le serviteur rentre dans la
présence divine, il n'y accède que selon Son rapport (le rapport de la présence divine). C'est-à-dire
qu'après l'effacement de l'autre et de l'autrui dans son cœur. Ce n'est qu'après, que le serviteur peut
être convenable à cette présence et peut y accéder. Une fois là-dedans, son rang à l'intérieur de cette
présence est classé en fonction de ce qui lui a été dévoilé comme attributs et noms divins. S'il se
comporte d'une manière bienséante vis-à-vis de ces attributs et noms divins, tout en remplissant et
respectant leurs fonctions et vérités, il sera alors convenable pour le rang supérieur qui lui était caché. Il
y accédera alors et progressera ainsi.

1 -Translittération : al moussalli fi mihrabi ayni haei al houwiya


2 -Le rang «Ahmadia» est le rang de l'union absolue. C'est le premier des rangs de l'apparition de l'autrui
3 -Translittération : al tali assabâa al matani.
4 -Translittération : bi sifatika al nafssiya.
5 -Translittération : al moukhatabi bi qawlika lahou wa ssjoude wa qtaribe.

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D'autres noms et attributs se manifesteront à lui. Les manifestations de la station précédente sont
par rapport aux nouvelles manifestations comme une goutte d'eau comparativement à une mer. Ces
nouveaux noms et attributs lui ont été dévoilés parce qu'il convient à eux.
Une fois qu’il assume sa responsabilité par rapport à cette seconde station, tout en respectant ses
règles de bienséance relatives aux attributs et aux noms divins, il conviendra alors à la troisième station
supérieure, et y accédera. Il constatera alors de nouvelles manifestations d'attributs et de noms divins,
comme si la seconde station ne représentait qu'une goutte d'eau dans une mer par rapport à cette
troisième station. Une fois qu’il assume sa responsabilité par rapport à cette troisième station, tout en
respectant ses règles de bienséance relatives aux attributs et aux noms divins, il conviendra alors à la
quatrième station supérieure, et y accédera grâce à sa convenance.
Il constatera alors de nouvelles manifestations d'attributs, de noms divins, de dons, d'afflux et de
manifestations comme si la troisième station ne représentait qu'une goutte d'eau dans une mer par
rapport à cette quatrième station.
Une fois qu’il assume sa responsabilité par rapport à cette quatrième station, tout en respectant ses
règles de bienséance, il conviendra alors à la cinquième station supérieure, et y accédera. Il constatera
alors de nouvelles manifestations d'attributs et de noms divins, comme si la quatrième station ne
représentait qu'une goutte d'eau dans une mer par rapport à cette cinquième station.
Et ainsi de suite, chaque fois qu'il accède à une station et accomplit convenablement sa mission et
ses bienséances, il conviendra alors à la station supérieure, y accédera grâce à sa convenance, et
trouvera que la station précédente ne représentait qu'une goutte dans une mer par rapport à la
nouvelle. Et ainsi de suite, d'une manière permanente, le long de la vie du monde éternel de l'au-delà.
Le gnostique s'y trouve donc en progression continue et perpétuelle.
Dans ce cas, le rapprochement, avec lequel on qualifie les gens rapprochés, se dit de celui qui a
emprunté le chemin menant à Allah, le Très-Haut, et qui a accompli les fonctions de sa station en
respectant ses règles de bienséances pour être convenable à la station supérieure. Cette progression
dans les stations est le vrai rapprochement, à cause de la convenance qu'elle suppose. Le disciple ne
peut pas être en effet dans la station N°1000 et être convenable à la station N°100.000. Il ne peut pas y
accéder à cause de l'éloignement du point de vue du rapport entre lui et elle.
Celui qui complète à peine la station N° mille ne peut pas supporter les fonctions et les bienséances
des attributs, des noms et des manifestations qui lui seront dévoilés dans la station N° cent mille. Il ne
peut pas supporter les charges de cette station spirituelle. De ce point de vue, il est loin de cette station.
Il ne peut pas y accéder. Mais s'il progresse dans les niveaux, station après station, tout en maîtrisant les
fonctions de chacune d'elles ainsi que leurs bienséances, jusqu'à ce qu'il atteigne la station N°99.999
quatre- vingt-dix-neuf mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf.
Une fois qu'il maîtrise les fonctions de cette station et ses bienséances, il conviendra alors au niveau
supérieur, complétant le N°100.000 et il y accédera. À la station 1000, il était très loin du niveau de la
station 100.000. L'éloignement signifie ici qu'il n'était pas convenable (ou adapté) aux manifestations
des attributs et des noms divins. Une fois que vous savez ceci, vous saurez alors la vérité du
rapprochement et de l'éloignement signalés par les gnostiques. Fin du sujet qui traite du
rapprochement. Paix sur vous.
Une fois que le disciple s'acquitte des charges et des fonctions de sa station des points de vue de la
bienséance, du service et de la convenance, il accédera à la station supérieure. Toutes les
manifestations qui existent dans la nouvelle station vont lui accorder tout ce qu'ils renferment comme
sciences, connaissances, secrets, états, stations, positions, dévoilements, authentification, certitude,
maîtrise, monothéisme, dépouillement, adages, précisions, finesses, vérités, anecdotes, dons, faveurs et
tout ce qui ne peut pas être cerné par les pensées même si elles progressent dans les âges et dans les
temps.
Si le disciple accomplit les fonctions de sa station spirituelle avec une certaine défaillance, les
manifestations, à leur tour, vont lui parvenir incomplètes et ce dans tout ce qui a été mentionné ci-
dessus. Elles ne lui parviendront pas avec tout ce qu'elles contiennent, à cause de la défaillance du

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disciple dans l'accomplissement des fonctions de sa station1. C'est ainsi que s'il accède au niveau
supérieur, il découvrira un manque dû à sa défaillance antérieure marquant le niveau spirituel
précédent. Voilà la description qui a toujours caractérisé les gens dignes du rapprochement.
Son dire : "à celui qui appelle à Toi par Toi et à la suite de Ton autorisation"2 traduit un attribut qui
qualifie le prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Il appelle les gens à Allah, par Allah, selon le verset
coranique qui dit : «Par la sagesse appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur» (Sourate An Nahle, les
abeilles, verset 125).
La sagesse signifie ici l'appel à Allah par Allah, sans être obligé de présenter des arguments ou des
preuves. Ce rang est difficile à atteindre. Les gens n'adhèrent pas à cet appel, à cause de leur occupation
par leurs passions et leur oubli d'Allah. Ceux qui répondent à ce premier appel, c'est-à-dire à l'appel à
Allah par Allah, qui n'est autre que la voie de la sagesse, sont uniquement les gens dignes de la pureté,
de la maîtrise et qui sont plongés dans l'orientation vers Allah, le Très-Haut.
Voilà ceux qui répondent selon la voie de la sagesse, à Allah le Très-Haut. Ils se distinguent ainsi des
autres qui se sont occupés par le suivi de leurs passions, tout en oubliant Allah. C'est justement en étant
bienveillant à l'égard de ces derniers qu'Allah a ajouté le terme "et la bonne exhortation" dans le verset
coranique : «Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur»
(Sourate An Nahl, les abeilles, verset 125).
C'est-à-dire, exhorte-les par douceur, souplesse et malléabilité, en leur rappelant la menace d'Allah,
le Très-Haut, la crainte de son douloureux supplice et ce qui est arrivé aux anciennes communautés qui
ont désobéi aux messagers. Ces communautés ont été châtiées par la décimation et la nocivité ; c'est le
cas de "Ade", de "Thamoud", des gens de "Madyan" et d'autres communautés qui ont été citées dans le
coran.
Ces gens étaient d'abord préoccupés par leurs passions. Allah a ordonné (à ses messagers) de leur
fournir les conseils nécessaires pour qu'ils répondent à l'appel à Allah. Ils leur rappellent le risque de
l'intensification de son supplice et de la décimation, puisqu'ils n'ont pas répondu à l'appel de la sagesse.
Ensuite, Allah a fait preuve d'une troisième bienveillance : en effet, même si l'être humain descend au
niveau le plus bas en s'éloignant le maximum d'Allah, le Très-Haut, et en présentant de vaines preuves
afin de justifier son égarement. Allah, le glorieux, le Très-Haut, a dit : «Et discute avec eux de la
meilleure façon» (Sourate An Nahl, les abeilles, verset 125), c'est-à-dire pour démontrer la fausseté de
leurs vaines preuves.
Le jour de la guerre "Ouhoud", Abou soufiane vint trouver le prophète, alors qu'il était légèrement
blessé, prière et salut d'Allah sur lui, et les musulmans étaient en position de défaite. Abou Soufiane est
venu à l'endroit où les musulmans étaient rassemblés. Et afin de s'assurer que le prophète et ses grands
compagnons ont été tués, il a pris la parole en disant : "Est-ce que Mohamed est parmi vous ?" Le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a demandé à ses compagnons de ne pas lui répondre. Ils n'ont
pas répondu. Ensuite, il a dit : "Est-ce que Abou Qohafa (c'est-à-dire Abou Bakr Seddiq) est parmi vous
?" Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, leur a demandé de ne pas lui répondre. Ensuite, il a dit :
"Est-ce que Ben Khattab (c'est-à-dire Omar) est parmi vous ?" Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui,
leur a demandé de ne pas lui répondre. Puis il s'est dirigé vers son propre camp en disant: quant à ces
gens-là, vous les avez tués ! Il a en effet insinué qu'ils étaient les véritables leaders. Omar n'a pas pu
supporter ces propos, et sans réfléchir il l'a appelé en lui disant : il te reste encore ce par quoi Allah peut
te déshonorer et t'humilier.
Abou Soufiane lui a dit alors: "je te prie Omar de me répondre, est-ce que Mohamed est tué ou
non?". Omar lui a répondu, je te jure que c'est non ! Il est vivant et il t'entend parler maintenant.
Ensuite, Abou Soufiane lui a fait la réplique suivante : toi, Omar, tu es plus crédible pour moi que «Ben
Qamiah3«. Puis il a ajouté, en criant de vive voix : «Sois élevé, O Houbal, Sois élevé, O Houbal»! Il s'est

1 -Dans ce cas, le disciple sait que ces manifestations sont incomplètes. Il est en effet similaire à quelqu’un qui se voit dans un
miroir, si ce dernier est bien poli les manifestations seront complètes, sinon elles seront incomplètes.
2 -Translittération : al daei bika laka bi idnika.
3 -Ben qamiah est celui qui a blessé le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, lors de cette guerre d'ouhoud.

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adressé ainsi au plus grand de leurs idoles. Ces polythéistes l'avaient en effet placé à l'intérieur de la
Kaâbah afin de l'adorer.
Son dire : «Sois élevé, O Houbal», veut dire : montre ta religion, O, divinité. Le prophète, prière et
salut d'Allah sur lui, leur a alors demandé de lui dire : "Allah est plus élevé et plus Majestueux, Allah est
plus élevé et plus Majestueux". Abou soufiane n'avait alors rien trouver pour repousser cette réplique,
car il sait qu'aucune chose ne peut être plus élevée qu'Allah, le glorieux le Très-Haut. Puis il a crié en
disant : «Nous avons [Ozza]1, alors que vous ne disposez d'aucune [Ozza] !».
Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, leur a alors demandé de lui dire : "Allah est notre tuteur,
alors que vous ne disposez d'aucun tuteur". Abou soufiane s'est donc tu et n'a rien trouvé pour
répondre à cette preuve tranchante, car il sait qu'aucune chose ne peut être plus élevée qu'Allah. Ces
polythéistes savaient en effet ceci et ils n'avaient aucun doute là-dessus.
Abou Jahl, le jour de la guerre de "Badr", une fois aligné avec les combattants, a dit : "Si nous
sommes en train de combattre Allah, comme le prétend Mohamed, je vous jure que personne ne peut
L'affronter. Mais si nous combattons des gens, je vous jure que nous n'avons aucune faiblesse".
Son dire: "à la suite de Ton autorisation", c'est-à-dire que c'est Allah qui l'a autorisé à appeler les
gens à lui et c'est Lui qui l'a ordonné de le faire. Allah, le glorieux, le Très-Haut a dit : «O Messager,
transmets ce qui t'a été descendu de la part de ton Seigneur» (Sourate Al Ma'lda, la table, verset 67).
Allah, le glorieux, le Très-Haut a dit également : «O, toi (Mohamed)! Le revêtu d'un manteau. Lève-toi
et avertis» (Sourate Al Mudathir, le revêtu, versets 1- 2). Allah a dit également, dans un autre verset :
«Appelant (les gens) à Allah, par Sa permission» (Sourate Al Ahzab, les coalisés, verset 46)
Son dire : "l'ensemble de Tes affaires scientifiques"2, signifie que le prophète, prière et salut d'Allah
sur lui, a appelé tout l'univers à adorer Allah, le Très-Haut. Une partie de cet univers a été appelée par le
biais de la transmission du message divin et de l'appel, il s'agit des êtres humains, des djinns et des
diables. L'autre partie a été appelée par le moyen de "Tassarrouf" (la gestion). Le "Tassarrouf" signifie la
possibilité d'agir en utilisant les secrets. Le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, s'est ainsi dirigé vers
l'univers par son afflux et par ses secrets jusqu'à ce que tout l'univers se soumette à lui, adore Allah, le
Très-Haut, le glorifie et se prosterne devant lui. Voilà les affaires scientifiques qui ne sont autres que
tout l'univers.
Son dire : "Celui qui répond à l'appel sera choisi et rapproché (d'Allah)"3, signifie : celui, parmi les
appelés, qui répond à l'appel, et croit en Allah et en son messager et adore Allah, sera alors élu et
rapproché. Sa demeure sera le paradis. Mais celui qui refuse cet appel sera refoulé, anathématisé et
éloigné. Sa demeure sera l'enfer, qu'Allah nous en protège.
Son dire : "à celui qui couvre par son afflux toute l'existence que Tu as créée grâce à la subsistance
de Ton secret"4. Ceci est un attribut du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, parce qu'il fait déborder
sur l'ensemble de la créature d'Allah, en général et d'une manière absolue, tout ce qui peut leur
parvenir comme biens que ce soit dans leur religion ou dans leurs mondes d'ici-bas et de l'au-delà, ou
comme maux, également.
C'est lui, prière et salut d'Allah sur lui, qui fait déborder tout ceci sur l'ensemble de l'univers. Ce
dernier a été qualifié par la phrase suivante "toute l'existence que Tu as créée grâce à la subsistance de
Ton secret". Toute la créature a été en effet créée par Allah, le Très-Haut, grâce à la subsistance du
secret divin. La subsistance tient son nom du secret du nom d'Allah "Al Qayyoum" (Le subsistant par
lui-même).
"Al Qayyoum" (Le subsistant par lui-même), c'est lui qui entretient l'ensemble de l'univers d'une
manière exotérique et ésotérique, du début jusqu'à la fin, en totalité et en partie. Il l'entretient selon ce
qui a été arrêté par Sa volonté divine et selon ce qui a été conçu dans le savoir divin antérieur. Allah, le

1 -« Ozza» une de leurs idoles.


2 -Translittération : likaffati chouounika al ilmiya.
3 -Translittération : faman ajaba ousstofiya wa qourriba.
4 -Translittération : al moufidhi ala kaffati man awjadtahou bi qayoumiyati sirrika

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glorieux, le Très-Haut, accorde la subsistance à l'univers, selon cette mesure exacte, sans excès ni
défaut. Aucune cause ne peut être efficace pour que cette subsistance dépasse la valeur qui a été
décrétée par la volonté éternelle et conçue dans le savoir divin antérieur.
Aucune cause ne peut agir dans ce domaine, ni pour avoir une augmentation, ni pour causer un
manque. Ce n'est pas l'existence de telles causes et leur apparition qui ajouteraient quelque chose à
cette subsistance, ne serait-ce qu'une infime partie ajoutée à la valeur arrêtée par la volonté. Et ce n'est
pas l'absence de toutes les raisons liées à la sagesse qui va causer la moindre réduction dans cette
subsistance.
Dans ce domaine, l'existence et l'absence de telles causes sont considérées au même pied d'égalité. Il
en est de même pour le nom divin "Al Adle" (le juste). La justice est la gestion du monde (c'est-à-dire de
tout l'univers) selon ce qui a été arrêté par la volonté divine et conçu dans le savoir divin antérieur, sans
excès ni défaut. Voilà le sens du nom d'Allah "Al Adle" (le juste).
Son dire : "au renfort qui se propage dans l'ensemble des particules du don de Ta largesse"1. Il
s'agit de l'afflux qui déborde sur l'ensemble de l'univers. La chose que le prophète fait déborder est
justement son renfort qui se propage dans tout l'univers.
En effet, l'afflux divin qui provient de la présence du miséricordieux et qui est destiné à couvrir tout
l'univers, depuis la prééternité à l'éternité, tout cet afflux se concentre d'abord dans la réalité
Mohammadienne, prière et salut d'Allah sur lui. Et il se propage ensuite à partir d'elle, pour être
distribué sur l'ensemble de l'univers. Dans le hadith, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui dit: "Je ne
suis qu'un distributeur, Allah est le donneur".
Il (le prophète) a informé (les gens, dans son hadith) que le don antérieur qui n'est autre que le
découpage divin, sa distribution était bien détaillée, selon la volonté divine. Ce premier découpage a été
effectué par Allah en faveur de toute sa créature. La distribution, quant à elle, c'est le fait de recevoir ce
don de la main du Roi ou de sa présence puis de le faire parvenir aux destinataires désignés. Cette
distribution se fait par le prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Il se positionne ainsi comme un
serviteur qui reçoit l'ordre du Roi, de distribuer les dons aux gens.
Il fait cette distribution au profit des destinataires tout en appliquant les instructions du Roi, en ce
qui concerne les quantités à distribuer. Voilà la signification du hadith : "Je ne suis qu'un distributeur,
Allah est le donneur".
Le grand cheikh (ibn arabi) a décrit justement le prophète, prière et salut d'Allah sur lui comme étant
"la plume lumineuse qui s'écoule à la suite du renfort des lettres élevées", et comme étant "le souffle
provenant du miséricordieux qui se propage grâce aux matières des mots entiers". Voilà la signification
de sa propagation prière et salut d'Allah sur lui, sur tout l'univers.
Tout ce qui a été arrêté par la volonté divine concernant tout l'univers ne peut être parvenu aux
destinataires que par l'intermédiaire du messager d'Allah, prière et salut d'Allah sur lui, d'une manière
inconditionnelle et générale, sans exception ni spécification.
Son dire : "dans l'ensemble des particules du don de Ta largesse". Sachez que tout l'univers, dans sa
globalité et ses détails, est un don parmi les dons de la largesse d'Allah, le glorieux, le Très-Haut.
D'abord, Allah, le glorieux, le Très-Haut, a généreusement fait exister l'univers et la créature. Ensuite, il a
généreusement permis l'entretien et la subsistance de cet univers, en lui faisant parvenir les biens et en
lui évitant les maux. Il n'y a là donc que la largesse d'Allah, le glorieux, le Très-Haut.
Son dire : "à celui qui reçoit au sanctuaire de Ta pureté et de Ton intimité les manifestations"2.
Celui qui subit les manifestations est le prophète, prière et salut d'Allah sur lui. "Au sanctuaire de Ta
pureté et de Ton intimité" : le sanctuaire de la pureté signifie la présence "Ahmadienne" dans laquelle le
prophète, prière et salut d'Allah sur lui, révère le seigneur, le glorieux, le Très- Haut, et le loue selon sa
vraie louange (au sein du sanctuaire de la pureté).

1 -Translittération : al madadi assari fi koulliyati ajzaei mawhibati fadlika.


2 -Translittération : al moutajalla alayhi fi mihrabi qoudssika wa ounssika.

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La pureté signifie ici comme son nom l'indique le caractère de ce qui est pur. Le glorieux, le Très-Haut
est le pur. Il est pur par rapport à tout ce qui ne convient pas à Sa solennité. Quant au "sanctuaire de
Ton intimité", il signifie le sanctuaire où aucune attention ne peut être prêtée à quelqu'un d'autre à part
Allah, là où l'affabilité d'Allah est enveloppante.
Dans le hadith, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : "Il m'arrive des moments où je ne
peux m'intéresser qu'Allah, le Très-Haut". Voilà l'intimité d'Allah, où aucune attention ne peut être
prêtée à quelqu'un d'autre à part Lui.
Son dire : "des perfections de Ta divinité dans Tes univers, Ta terre et Ta mer" 1. Cela est lié à la
phrase précédente, c'est-à-dire : celui qui reçoit les manifestations des perfections, etc. Allah, le
glorieux, le Très-Haut, s'est manifesté à son prophète par les perfections de son Entité sacrée et par les
perfections de sa divinité, c'est-à-dire, il lui a montré ces perfections.
Son dire : "dans Tes univers", c'est-à-dire dans tous les univers d'une manière absolue et
inconditionnelle. L'ensemble des univers est ce qui se trouve à l'intérieur du collier vert. En dehors de ce
collier vert, il n'y a rien.
Son dire : "Ta terre et Ta mer" : c'est une spécification après une généralisation.
Son dire : "O, Allah, prie donc sur lui, une prière parfaite, complète"2. Le prieur a sollicité d'Allah, le
Très-Haut, de prier sur son bien-aimé, prière et salut d'Allah sur lui, selon une prière complète et
parfaite. Puisque "parfaite" et "complète" ont pratiquement le même sens, on peut dire alors que c'est
une précision ajoutée dans le cadre de l'éloquence afin d'améliorer artistiquement l'expression.
Par ailleurs, et concernant la prière d'Allah sur son prophète,. prière et salut d'Allah sur lui, il faut
arrêter toute interprétation. La réalité de cette prière ne peut pas être connue. Tout ce que disent les
savants exotériques à propos de cette prière ne doit pas être pris en considération.
Son dire : "Par Toi, à partir de Toi, vers Toi et sur Toi"3 signifie ce qui suit : "Par Toi" c'est-à-dire par
ton Entité sacrée, "à partir de Toi" : à partir de Ton Entité sacrée. "Prie, O, Allah, sur Ton prophète Vers
Toi" : c'est-à-dire la prière sur le prophète qui provient d'Allah le glorieux le Très-Haut retourne à Allah.
Al Morssi, satisfaction d'Allah sur lui, a dit : il y a trois catégories de personnes :
• Un groupe de gens qui constatent que ce qui émane d'eux part vers Allah. Ce sont les
adorateurs et les gens du commun.
• Un groupe de gens qui constatent que ce qui émane d'Allah leur parvient. C'est l’élite.
• Et un groupe de gens qui constatent que ce qui émane d'Allah part vers Allah. C'est l'élite de
l'élite.
Le deuxième groupe, c'est-à-dire les gens faisant partie de l’élite, bien qu'ils soient au summum, la
défaillance les atteint puisqu'ils constatent que c'est Allah qui leur offre et leur accorde les aubaines.
Leur défaillance réside dans le fait qu'ils constatent leur propre existence en parallèle avec l'existence
du Vrai, le glorieux, le Très-Haut.
Le troisième groupe, quant à lui, il est le plus parfait et le plus complet, puisque ses gens constatent
que ce qui émane d'Allah part vers Allah. Ils se voient sans aucune importance pour mériter une offre ou
un don. Leur existence est effacée devant celle d'Allah. Il n'y a ni lieu, ni mode, ni autrui, à part Allah,
seul. Voilà la perfection. C'est Allah le donneur ; il n'y a rien à part Lui. C'est lui qui donne à lui-même par
lui-même.
Si le voile est levé, vous verrez alors tout l'univers comme étant une seule affaire parmi les affaires
de la présence de l'unicité. Quand Allah décrète une chose, il la décrète à partir de Lui et vers Lui.
L'ensemble du monde fait partie de Ses affaires. Cette constatation est celle accordée aux singuliers
"Afrades".

1 -Translittération : bi kamalati oulouhiyatika fi awalimika wa barrika wa bahrika.


2 -Translittération : Fassalli allahoumma alayhi salatane kamilatane tammatane.
3 -Translittération : bika wa minka wa ilayka wa alayka.

-540-
Les gens, en prenant le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, comme modèle, sont classés en
quatre catégories :
• Les savants ont pris le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, comme modèle dans ses
dires.
• Les adorateurs ont pris le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, comme modèle dans ses
actes.
• Les soufis ont pris le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, comme modèle dans son
éthique.
• Les gnostiques ont pris le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, comme modèle dans ses
états.
La doctrine des savants consiste à se servir des paroles du prophète, prière et salut d'Allah sur lui,
pour éviter la confusion et les péchés. Leur fin est le paradis.
La doctrine des adorateurs consiste à se servir de ce que faisait le prophète, prière et salut d'Allah sur
lui, et de le prendre comme exemple pour s'éloigner au maximum de tout défaut et de toute défaillance
pouvant affecter le serviteur. Leur fin est l'obtention des compliments de la part du Vrai et de la
glorification auprès d'Allah, le Très-Haut, le jour de la résurrection.
La doctrine des soufis consiste à ne pas se contenter de l'état des gens dignes de l'Islam, mais plutôt
de s'introduire dans les voies des prophètes et des messagers. La première voie des prophètes et des
messagers consiste à se qualifier de leurs éthiques. On peut citer à titre d'exemple: la clémence, la
tolérance, la générosité, l'altruisme, l'indulgence envers les injustes en les pardonnant, et ainsi de suite.
Quant aux gnostiques, ils ont emprunté les voies des summums, c'est-à-dire, les summums atteints
par les prophètes et les messagers. En effet, le maximum que peut atteindre le serviteur (d'Allah) qui
adore Allah pour Allah, est de fluctuer entre les états de la présence sacrée, d'être qualifié par les
attributs d'Allah, le Très- Haut, et de cerner Ses noms et Ses attributs. Rien ne dépasse ce maximum sauf
la divinité. Or celle-ci est impossible à atteindre par le serviteur, seul Allah peut en être qualifié.
La réalité des états est la maîtrise de la stabilité lors des fluctuations des manifestations divines et
lors de l'évolution des lumières pures, tout en se coloriant selon leurs exigences et tout en assurant
leurs droits et bienséances. L'origine de ces états est double :
• La première origine est l'observation de la présence pure, d'une manière oculaire, telle
qu'elle est.
• La deuxième origine est l'amour de l'Entité sacrée, pour son Entité et non pas pour quelque
chose d'autre.
La première origine sert de base pour la seconde origine ; l'inverse est faux. Le poète entonne les
vers suivants :
Celui dont l'illumination spirituelle est soudaine constitue une cible hautement lointaine, pour les
gens libres et pour les subordonnés.
Ses attributs ainsi que son savoir sont singuliers,
c'est comme si son cœur était sous forme de blocs de fer précieux.
Ses significations étant raréfiées, elles échappent aux yeux, sauf à ceux du témoin observateur
réfléchi.
Les fêtes sont courantes chez lui.
Chaque jour il vit mille fêtes, ses proches sentent de la joie lorsqu'une fête arrive, mais, chez lui,
vous n'allez pas trouver de joie pour n'importe quelle fête.
Son dire : "et sur Toi" signifie la diligence la plus élevée. C'est-à-dire que le Vrai, le glorieux, le
Très-Haut, accorde la plus grande diligence à son prophète, prière et salut d'Allah sur lui, et à la prière
sur lui, il ne l'abandonne pas et ne la néglige pas. Allah a dit : «Il n'y a point de bête sur terre dont la
subsistance n'incombe à Allah qui connaît son gîte et son dépôt» (Sourate Hud, verset 6).
Il insinue une décision qu'il a imposée à lui-même. C'est-à- dire, qu'il ne va pas abandonner. Allah, le
glorieux, le Très-Haut, a dit justement dans un autre verset : «Et lorsque viennent vers toi ceux qui

-541-
croient à nos versets (le Coran), dis: Que la paix soit sur vous! Votre Seigneur S'est prescrit à
Lui-même la miséricorde» (Sourate Al An'âm, verset 54).
Il s'agit donc d'une décision qu'Allah a imposée à lui-même. Il est impossible et inconcevable qu'une
telle décision soit manquée. Allah dit : «Chez moi, la parole ne change pas» (Sourate Qaf, verset 29).
Le glorieux, le Très-Haut a ainsi imposé à lui-même, par son propre choix, de ne jamais abandonner la
prière sur son bien-aimé, prière et salut d'Allah sur lui. Pour le Seigneur, il s'agit d'une sentence
irrévocable. C'est une diligence de Sa part à l'égard de son bien- aimé, prière et salut d’Allah sur lui.
Cette diligence nous rappelle celle qu'Allah a accordée à tout l'univers. Il s'est prescrit en effet à Lui-
même la miséricorde en faveur de cet univers. Il a dit : «Votre Seigneur S'est prescrit à Lui-même la
miséricorde» (Sourate Al An'âm, verset 54).
Le prieur, en disant "et sur Toi" a donc sollicité qu'Allah, le Très-Haut, prie sur son bien-aimé, une
prière qui va émaner de la source de la diligence, qui n'est autre que le fait de prendre soin de quelque
chose d'une manière intense. Voilà le sens de "et sur Toi".
Son dire : "Répands aussi Ton salut sur lui, un salut complet, général et global"1. Le salut signifie ici
l'assurance et la sécurité accordées de la part d'Allah, le Très-Haut, à son bien-aimé, prière et salut
d'Allah sur lui, afin de le protéger de tout ce qui pourrait provoquer un dérangement, un trouble ou un
défaut dans sa chance immédiate ou ultérieure.
Son dire : "complet", signifie enveloppant toutes les choses. Aucun dérangement, ni trouble ne peut
lui arriver, et ce en toute chose. Son dire : "général, et global". Ces deux adjectifs qualificatifs ont été
ajoutés dans le cadre de l'éloquence afin d'améliorer artistiquement l'expression.
Son dire : "Contenant les diverses perfections de Ta pureté"2. Quand le prieur a mentionné le
caractère général et global du salut, il a voulu dire le salut qui englobe toutes les perfections de la
pureté. Donc sa provenance est à partir d'Allah le Très-Haut, depuis la présence de son Entité,
puisqu'elle englobe tous les aspects de la pureté.
Son dire : "Que Ta prière et Ton salut soient permanents et continus"3. Le prieur a dit "continus"
pour éviter tout quiproquo pouvant être dû au terme "permanents". En effet, quand on parle de
permanence on peut imaginer qu'elle se fait de temps à autre, mais quand on ajoute la continuité, on
est sûr qu'elle ne s'arrêtera pas ne serait-ce qu'un seul instant grâce à cette continuité.
Son dire : "Sur Ton ami privilégié, Ton bien-aimé parmi Ta créature"4. Ici, nous avons deux
possibilités : soit que les termes "ami privilégié" et "bien-aimé" veulent dire la même chose et donc ils
ont été prononcés tous les deux dans le cadre de l'éloquence afin d'améliorer artistiquement
l'expression.
Soit qu'ils sont différents. Dans ce cas : le mot "Ami privilégié" signifie le confident, c'est-à-dire celui
qu'Allah a choisi parmi toute sa créature pour lui confier ses secrets; personne d'autre que lui ne va les
connaître.
Le bien-aimé, signifie quant à lui, celui qu'Allah a caché comme un trésor au tréfonds de Son âme. Il
n'y a pas, au sein des êtres créés, quelqu'un qu'il aime autant que lui ou plus que lui.
Son dire : "au nombre de ce que renferme Ton savoir pré-éternel"5 signifie : O, seigneur, prie et
répands ton salut sur lui, au nombre de ce que renferme Ton savoir pré-éternel. Ce que renferme le
savoir est infini. De même O, seigneur, prie sur lui une prière plurielle au nombre de ce que renferme le
savoir divin.
Son dire : "Ta sublime et générale largesse"6 signifie : O, seigneur, prie et répands ton salut sur lui,
au nombre de ce que renferme Ton savoir pré-éternel au nombre de ce que ta largesse sublime a

1 -Translittération : wa sallim alayhi salamane tammane âmmane chamilane.


2 -Translittération : li anwaîe kamalati qoudssika.
3 -Translittération : daimayni mouttassilayni.
4 -Translittération : ala khalilika wa habibika min khalqika.
5 -Translittération : adada ma fi ilmika al qadime.
6 -Translittération : wa âmimi fadlika al adhime.

-542-
touché. On veut dire par "ce que la largesse sublime a touché" tout l'univers, depuis son début jusqu'à
sa fin, avec ses essences et ses contingences. Tout l'univers a été créé en effet grâce à la largesse
d'Allah, le Très-Haut. Sa pérennité a été renforcée à partir de Sa largesse. Il n'y a là que la pure largesse
d'Allah, le Très-Haut.
Son dire : "Sois notre procureur, de par Ta pure largesse généreuse"1. Le prieur s'est retourné ainsi
à Allah, en lui demandant d'être son procureur dans la prière sur son messager. Allah, le Très- Haut, a en
effet chargé ses serviteurs de prier sur son bien-aimé, prière et salut d'Allah sur lui. Il a dit: «Certes,
Allah et Ses Anges prient sur le Prophète; O, vous qui croyez priez sur lui et adressez [lui] vos
salutations» (Sourate Al Ahzab, les coalisés, verset 56).
Puisque, O, seigneur, Tu nous as demandé de prier sur Ton prophète, prière et salut d'Allah sur lui,
sois alors notre procureur dans cette mission. Prie sur lui par Toi-même, tout en agissant en notre nom,
comme Tu as toujours prié sur lui, par Toi-même pour Toi- même. Il en est de même pour le salut.
"Ta pure largesse généreuse". La pure largesse est ce qui parvient d'Allah sans aucune cause
préalable.
Son dire : "Prière que Tu as effectuée"2 : O, seigneur, cette prière que nous T'avons demandé de
faire en notre nom, qu'elle soit identique à celle que tu as effectuée Toi-même pour Toi-même.
Son dire : "Au sanctuaire de Ta pureté"3: O, seigneur, prie sur Ton prophète quand il se trouve au
sanctuaire de Ta pureté, non éloigné de Toi. Le "sanctuaire de la pureté" est la présence "Ahmadienne"
du prophète, c'est là où il loue son seigneur, le glorieux, le Très-Haut. C'est le "sanctuaire de la pureté".
Son dire : "et à l'identité de Ton intimité"4. Quand le prophète se trouve au sein de Ton intimité où
aucune attention ne peut être prêtée à quelqu'un d'autre à part Allah, là où Tu es lui et il est Toi : prie
sur lui, O seigneur en cette situation, prière et salut d'Allah sur lui.
Son dire : "ainsi que sur sa famille .."5. Le prieur a sollicité d'Allah, le Très-Haut, de prier sur les
proches de son messager, prière et salut d'Allah sur lui. Il a également sollicité qu'il prie sur ses
compagnons.
Son dire : "Accorde-leur Ton salut"6, c'est-à-dire accorde Ton salut aux proches et aux compagnons
du prophète. Le salut signifie ici l'assurance et la sécurité qu'Allah, le Très-Haut accorde. Comme Tu les
as accordées en faveur de Ton bien-aimé, prière et salut d'Allah sur lui, accorde-les O seigneur en faveur
de ses proches et de ses compagnons.
Son dire : "Au nombre de ce que Ton savoir englobe"7 : O, seigneur, prie sur eux et salue-les au
nombre de ce que Ton savoir pré-éternel englobe. On sait que ce qu'englobe le savoir divin n'a pas de
limite. Il en est de même pour la prière sur le prophète, sur ses proches et sur ses compagnons, elle n'a
pas de limite, ni de fin, le long de l'éternité. Qu'Allah prie sur notre maître Sidna Mohamed, sur ses
proches, ses compagnons et qu'il les salue par les meilleures salutations.
Fin du texte dicté par notre cheikh et maître, satisfaction d'Allah sur lui, expliquant ces prières, à
partir de sa mémoire et de ses propres mots.
Écrit par le plus nécessiteux des serviteurs auprès de son seigneur le Riche,- le Digne de louange, Ali
Harazem Ben Larbi Berrada, qu'Allah soit doux avec lui. Amen. Fin Chaoual (Mois 10 du calendrier
Arabe), mille deux cent treize (1213) de l'hégire. Qu'Allah prie sur notre maître Sidna Mohamed, sur ses
proches, ses compagnons et qu'il les salue par les meilleures salutations. Louange à Allah, seigneur des
mondes.

1 -Translittération : Wa noub anna bi mahdhi fadlika al karimi fi assalati alayhi.


2 -Translittération : salataka allati sallayta alayhi.
3 -Translittération : fi mihrabi qoudssika.
4 -Translittération : wa houwiyati ounssika.
5 -Translittération : wa ala alihi wa sahabati rassoulika wa nabiyika.
6 -Translittération : wa sallim alayhim tasslimane.
7 -Translittération : adada ihatati ilmika.

-543-
CONCLUSION OFFRIR LA RÉTRIBUTION DES BONNES ŒUVRES AU
PROPHÈTE
Je termine l'explication de ces prières en répondant à la question qui concerne le fait d'offrir la
rétribution due aux bonnes œuvres au prophète, prière et salut d'Allah sur lui1. J'ai posé en effet cette
question au cheikh, satisfaction d'Allah sur lui, afin de nous éclaircir là-dessus. Il a répondu, satisfaction
d'Allah sur lui, en disant :
Sachez que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, est riche et n'a besoin de personne parmi la
créature, que ce soit d'une manière générale ou spécifique. Il n'a pas besoin d'eux, ni de leurs prières
sur lui, ni de la rétribution due à leurs actes qu'ils lui offrent, prière et salut d'Allah sur lui.
Il est riche par son seigneur d'abord, et grâce ensuite aux dons qu'Allah lui a accordés, de par Son
abondante largesse et de par la perfection des faveurs qu'il octroie. Le prophète, prière et salut d'Allah
sur lui, se trouve ainsi, chez son seigneur, à un summum que personne ne peut atteindre et où
l'augmentation ou le bénéfice n'ont plus aucun sens. Le verset coranique suivant en témoigne :
«Ton Seigneur t'accordera certes (Ses dons), et alors tu seras satisfait» (Sourate Ad Doha, Le jour
montant, verset 5). Ce don, bien qu'il provienne du Vrai selon cette description facile à comprendre, ses
finalités sont néanmoins loin d'être comprises par l'intellect, ne serait-ce que la plus petite finalité
d'entre elles.
Le Vrai, le glorieux, le Très-Haut, accorde Ses dons à partir de Sa largesse selon l'ampleur de sa
Seigneurie. Il accorde ses afflux au rang du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, selon son prestige et
sa position chez lui.
Que pensez-vous alors d'un don qui provient d'un rang sans limites ? L'importance de ce don est
proportionnelle à ce rang. Il parvient ensuite à un rang sans limites également. Son importance est
proportionnelle à l'ampleur de ce rang également. Comment peut- on alors estimer la valeur de ce don
?! Comment la raison peut-elle supporter l'ampleur de ce don ?! C'est dans ce contexte qu'Allah, le
glorieux, le Très-Haut, a dit : «Et la grâce d'Allah sur toi est immense» (Sourate An Nissa, Les femmes,
verset 113).
Le rang le plus bas de sa richesse, prière et salut d'Allah sur lui, est tel que : depuis le début de sa
mission jusqu'au jour de la résurrection, chaque individu qui œuvre pour Allah, parmi ceux qui font
partie du cercle de sa messagerie, prière et salut d'Allah sur lui, quelle que soit l'ampleur de ses œuvres,
lui et ses œuvres et ses rétributions sont comptés au profit du prophète , prière et salut d'Allah sur lui.
Si l'on ne prend en compte que ce point de vue, on peut déduire que le prophète, prière et salut
d'Allah sur lui, n'a pas besoin qu'on lui offre plus de rétribution. Sa richesse est parfaite et est sans
limites.

1 -L’érudit sidi M’hammed Genoune a dit dans son livre «Hal al aqfal» (ouverture des serrures au profit des lecteurs de la perle
de la perfection): il est tout à fait permis de présenter la rétribution de la prière sur le prophète, prière et salut d’Allah sur
lui, au prophète en guise de cadeau. L’intention de cet acte doit être l’amour, la glorification et l’attachement au prophète,
prière et salut d’Allah sur lui, ainsi que le bénéfice que le serviteur peut avoir de sa part, prière et salut d’Allah sur lui, en
guise de récompense.
Le hadith suivant en témoigne : l’imam Ahmed et le tirmidi ont rapporté d’après Oubay ben Qaab : j’ai dit : ô Messager de
Dieu! Je prie beaucoup pour toi. Quelle part de ma prière puis-je te réserver ? Il dit : "Celle que tu veux". Je dis : "Le quart"?
Il dit : "Ce que tu veux et si tu y ajoutes quelque chose c'est encore mieux pour toi". Je dis : "La moitié"? Il dit : "Ce que tu
veux et si tu y ajoutes quelque chose c'est encore mieux pour toi". Je dis : "Les deux tiers"? Il dit : "Ce que tu veux et si tu y
ajoutes quelque chose c'est encore mieux pour toi". Je dis : "Je te consacre donc toute ma prière"? Il dit : "Tu auras ainsi mis
fin à tous tes soucis et on t'absoudra de tes péchés".
Puis l’auteur a rapporté dans son livre le récit de l’imam Chadzili qui a dit : j’ai vu le prophète, prière et salut d’Allah sur lui,
et je lui ai dit : ô messager de Dieu, que signifie le dire de Qaab ben Oujra : Quelle part de ma prière puis-je te réserver ? Il lui
a répondu : tu m’offres sa rétribution à moi (en guise de cadeau) et non pas à ton âme. Abou al mawahib Attounoussi a dit :
le prophète, prière et salut d’Allah sur lui, m’a annoncé cette bonne nouvelle: tu vas intercéder au profit de 100 mille
hommes. Je lui ai demandé : pour quelle raison ai-je mérité cet honneur ? Il lui a répondu : parce que tu m’offres la
rétribution de ta prière sur moi.

-544-
Ce rang est le plus bas des rangs de sa richesse, prière et salut d'Allah sur lui. Comment peut-on alors
imaginer l'ampleur de ce qui est derrière ce rang, comme le plus grand afflux et la plus grave et
importante largesse ? Cela ne peut même pas être supporté par l'intellect des pôles, comment peut il
l'être par l'intellect de ceux qui leur sont inférieurs ? !
Une fois que vous savez ceci, vous saurez que le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, n'a pas
besoin de la prière effectuée par ceux qui prient sur lui.
Cette prière ne leur a pas été prescrite pour que le prophète en tire profit, prière et salut d'Allah sur
lui. Il n'a pas besoin qu'ils lui offrent la rétribution due à leurs bonnes œuvres. Celui qui imagine qu'il va
lui ajouter quelque chose en lui offrant la rétribution de son œuvre ou qu'il va lui en faire bénéficier,
ressemble à celui qui a jeté une goutte d'encre dans un océan dont la longueur, la largeur et la
profondeur sont estimées à un million d'années chacune, tout en imaginant qu'il va alimenter cette mer
par cette goutte et lui en faire bénéficier. Mais quel besoin a-t-elle cette mer de cette goutte ? que
peut-elle lui ajouter ?!
Si vous savez le rang de la richesse du prophète, prière et salut d'Allah sur lui, et sa position chez son
seigneur, vous saurez alors que l'ordre qu'Allah a prescrit aux serviteurs concernant la prière sur lui,
prière et salut d'Allah sur lui, a pour objectif de leur faire connaître la haute valeur du prophète et son
rang élevé chez Allah, ainsi que sa haute élection par rapport à toute la créature. Allah a voulu faire
connaître à ses serviteurs qu'il n'accepte l'œuvre de personne sauf s'il le supplie par son prophète,
prière et salut d'Allah sur lui.
Celui qui aspire à être rapproché d'Allah, le Très-Haut, et à s'orienter vers lui, tout en se détournant
de l'honorable côté du prophète et tout en tournant le dos à la loi religieuse qui émane de sa parole,
mérite alors le maximum de l'indignation, de la colère, de l'anathématisation, du refoulement et de
l'éloignement d'Allah. Sa conduite sera égarée. Ses œuvres seront perdues. En somme, il n'y a pas de
moyen pour arriver à Allah qu'à travers le prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Ceci se traduit par
exemple par la prière sur lui et par l'obéissance à sa loi religieuse.
C'est ainsi que la prière sur le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, nous rend compte de sa haute
valeur chez son seigneur. Elle nous apprend aussi qu'il faut passer par son intermédiaire dans toutes les
orientations et dans toutes les requêtes. Il ne s'agit donc pas du fait que cette prière va lui faire profiter
de quoi que ce soit. Sa richesse est en effet parfaite, prière et salut d'Allah sur lui.
Quant au fait de lui offrir, prière et salut d'Allah sur lui, la rétribution due aux bonnes œuvres : il faut
tout d'abord mettre en tête sa richesse que nous avons mentionnée ci-dessus, et puis imaginer
l'exemple suivant. Imaginez un roi dont le royaume est important, et dont l'autorité est immense. Il
détient dans son royaume des coffres illimités de tout type de produits.
Chaque coffre est de largeur et de longueur équivalentes chacune à la distance qui sépare la terre du
ciel. Chacun de ces coffres est rempli au maximum par des perles ou par de l'or, ou en argent, ou en blé
ou en tout autre produit conservé. Ensuite, imaginez qu'un pauvre homme dont la fortune ne dépasse
pas deux pains a entendu parler de ce roi. Il l'a aimé intensément, et sa glorification a occupé son cœur.
Il a alors décidé de lui offrir l'un de ses deux pains, tout en le glorifiant et tout en l'aimant. Le roi est
connu par sa grande générosité. Et il est évident que ce pain ne va rien lui ajouter, puisqu'il est
immensément riche. La présence de ce pain ou son absence sont, pour lui, au même pied d'égalité.
Le roi, étant qualifié d'une énorme générosité, et ayant pris connaissance de la pauvreté de ce
démuni, de l'ampleur de l'effort qu'il a fourni, de la sincérité de son amour envers lui, de la glorification
qu'il porte dans son cœur pour lui, du fait que ce pain ne lui a été offert que pour ça et que si ce démuni
était capable de lui offrir plus il n'aurait pas hésité un instant. Alors, le roi va lui montrer sa joie et va
être satisfait de lui et de son présent, à cause de la glorification qu'il porte pour lui et à cause de la
sincérité de son amour, et non pas à cause de l'intérêt qu'il va tirer du pain !
Le roi va le récompenser en lui offrant des dons incalculables et inestimables, à cause de la sincérité
de son amour et de sa glorification, et non pas parce qu'il va tirer profit du pain !
C'est selon cette estimation et à l'instar de cet exemple, qu'il faut estimer le fait de lui offrir, prière et
salut d'Allah sur lui, la rétribution due aux bonnes œuvres.

-545-
Sa richesse, prière et salut d'Allah sur lui, a été déjà mentionnée dans les paragraphes précédents.
On l'a illustrée par l'immensité d'un océan qui n'a évidemment pas besoin d'une petite goutte d'encre
pour l'alimenter. Quant au fait de lui offrir la rétribution due aux bonnes oeuvres, on a déjà donné
l'exemple du démuni qui a offert du pain au roi susmentionné. Paix sur vous. Fin du texte dicté par le
cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Remarque bénéfique concernant le grand nombre des anges, et notant qu'ils constituent l'armée la
plus nombreuse d'Allah. Dans le hadith, le prophète, prière et salut d'Allah sur lui, a dit : le ciel a gémi
sous le poids de son fardeau et il a raison de gémir. Il n'y a pas au ciel la place d'un pied où il n'y a pas un
ange prosterné devant Dieu exalté ou en position de roukoû (génuflexion).
Il a été rapporté que le nombre des êtres humains est égal au dixième de celui des djinns. Ces
derniers ajoutés aux êtres humains font le dixième des animaux terrestres. La somme de tous ceux-ci
fait le dixième des oiseaux. La somme de tout ce qu'on a mentionné fait le dixième des animaux de la
mer. L'ensemble de ce qu'on a mentionné fait le dixième des anges terrestres chargés. L'ensemble de ce
qu'on a mentionné fait le dixième des anges du premier ciel le plus proche de la terre. Tout ce qu'on
vient de mentionner fait le dixième des anges du second ciel, et ainsi de suite, selon ce classement,
jusqu'au septième ciel. L'ensemble de tout ça ne représente que des miettes devant Le siège. Puis,
l'ensemble de tout ce qu'on a mentionné jusqu'à présent ne fait que le dixième des anges d'une seule
bâche «Souradeq» parmi les bâches du trône. Le nombre de ces bâches est de six cent mille.
La longueur, la largeur et l'épaisseur de chaque bâche sont tellement immenses que si vous les
exposiez devant les deux et la terre, ces derniers ne vont paraître que comme une infime partie. Dans
chacune des bâches, il n'y a pas la place d'un pied où il n'y a pas un ange qui soit prosterné devant Dieu
le Très-Haut ou qu'il soit en position de génuflexion, ou en se tenant debout devant le seigneur.
Ces anges entrent en symphonie grâce à leurs glorifications et sacralisations. L'ensemble de tous ces
anges ne représente, par rapport au nombre des anges qui tournent autour du trône, que des gouttes
dans une mer. Seul Allah, le Très-Haut, maîtrise leur nombre.
Il a été dit qu'aux environs du trône, il y a soixante-dix mille rangées d'anges qui tournent autour de
ce trône. Tous ces anges certifient qu'il n'y a pas de divinité à part Allah, et qu'Allah est grand. Derrière
eux, il y a soixante-dix mille rangées d'anges debout. Leurs mains sont posées sur leurs épaules. Ils
certifient haut et fort qu'il n'y a pas de divinité à part Allah, et qu'Allah est grand. Derrière eux, il y a cent
mille rangées d'anges. Ils ont posé leurs mains droites sur leurs mains gauches. Chacun d'entre eux
glorifie Allah avec les mêmes glorifications que l'autre. Tous ces anges ne représentent presque rien
devant les anges de la table gardée, c'est-à-dire devant les partisans de l'ange Israfil, prière et salut
d'Allah sur lui.
Il a été rapporté qu'entre deux colonnes du trône, il y a une distance estimée à quatre-vingt mille ans
de vol du plus rapide des oiseaux. Il a été également rapporté sur l'immensité du trône qu'il dispose de
trois cent soixante-six colonnes. Chaque colonne a une taille qui dépasse la taille de ce monde d'ici-bas
soixante mille fois. Entre deux colonnes, il y a soixante mille déserts. Dans chaque désert, il y a une
distance de soixante mille ans. Fin.
Au-dessus du trône, il y a soixante-dix voiles. Dans chaque voile, il y a une distance de soixante-dix
mille ans. Entre deux voiles successifs, il y a également une distance de soixante-dix mille ans. Tout cet
espace est rempli d'anges honorables. Il en est de même pour ce qui est au-dessus des soixante-dix
voiles, c'est-à-dire pour le monde "Ar Raqqa". Tous ces anges prient dix fois sur celui qui prie une seule
fois sur le prophète, prière et salut d'Allah sur lui. Ceci demeure pour toujours, tout le temps,
indépendamment du nombre des prières effectuées.
Ceci concerne toute prière formulée sur le prophète autre que la "salat Fatihi". Quant à la prière par
la "salat Fatihi" sur le prophète, prière et salut d'Allah sur lui: à chaque fois que le prieur prie par elle, il
lui sera enregistré dans son compte pour toute prière effectuée par tout ange du monde, six cent mille
prières, tout en prenant en compte en plus la prière que fait sur lui chaque ange dix fois. Cela concerne
les croyants ordinaires.

-546-
Quant à celui qu'Allah a particularisé parmi les gens dignes de son amour, comme celui à qui il a
accordé la citation du "cercle de l'enveloppement" par exemple ; pour cet homme faisant partie de
l’élite : chaque ange répète les litanies avec lui, avec toutes ses langues, qu'il fasse beaucoup de
citations ou peu ; c'est ainsi que cela se fait pour toujours. Il est à souligner que la litanie faite par
chaque langue de l'ange est dix fois supérieure à celle de l'humain. Fin du texte dicté par le cheikh,
satisfaction d'Allah sur lui.
L'auteur du présent ouvrage, et son rassembleur, le plus nécessiteux des serviteurs auprès de son
tuteur le Riche, le louable, Ali Harazem Ben Larbi BERRADA, le Fassi, le Tijani, le Mohammadien, qu’Allah
soit pour lui un Tuteur affable, dit :
Voilà la dernière information que j’ai pu rassembler dans ce document, à partir de la parole de notre
maître et cheikh Abi Abbes Tijani, satisfaction d'Allah sur lui. J'ai rassemblé ce que j'ai rassemblé par
peur de le perdre et pour qu'il ne soit pas oublié ou négligé. Écrit en mi "dou al qiida" (Mois 11 du
calendrier Arabe) sacré, mille deux cent quatorze de l'hégire (1214), alors que notre maître est encore
en vie.
Qu'Allah lui accorde longue vie pour que les serviteurs d'Allah en bénéficient partout dans le monde.
Qu'il fasse déborder sur nous ses sciences, secrets, afflux, manifestations et transcendances en
permanence jusqu'à l'éternité. À l'heure où j'écris ces mots, je suis encore en train, avec l'aide d'Allah,
de placer chaque thème en son endroit, des thèmes qui nous ont été dictés par le cheikh, satisfaction
d'Allah sur lui, à partir de ses sciences, secrets, décèlement de voiles et lumières. Qu'Allah nous accorde
assistance, aide et succès, et qu'il nous mette sur la voie de la droiture.
Dans le présent document, j'ai (l'auteur) pris une bonne voie, en détaillant la parole du cheikh, en la
classifiant, en y faisant des retouches, en la récapitulant au maximum, et en exposant ce qui en est
indispensable et ce qui en est des plus bénéfiques.
C'est ainsi qu'il s'est avéré - louange à Allah - un document répondant à l'objectif souhaité,
rassemblent nos notes disponibles, un document bien fait, suivant une méthodologie remarquable, dont
la structure est claire et les significations sont manifestes. C'est un document qui rassemble les sources,
et qui évite les extravagances. Il est excellent dans son domaine et dépasse ses semblables. Cependant,
il n'expose pas d'une manière exhaustive toutes les traces, et toutes les fiertés de notre cheikh. En effet,
si la largesse d'Allah couvre quelqu'un, personne ne pourra alors compter ou délimiter ses traces ni ses
fiertés, et ce dans tous les cas, que cette personne qui compte opte pour le développement ou le
raccourcissement, pour le pléonasme ou pour le résumé.
J'ai apporté également, dans ce document, toute explication pouvant éclaircir ce qui est important à
expliquer, et ce qui est appréciable à rapporter et à rédiger. Ces explications sont en général nécessaires
à la compréhension et l'on en a besoin pour atteindre l'objectif et le but souhaité dans la
compréhension et le profit à tirer de la science en question.
Ce livre est donc écrit à partir des significations que j'ai comprises, du contenu que j'ai senti, et des
vérités des choses qui ont fait l'objet des questions que j'ai posées au cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.
Le vrai auteur de ce livre n'est autre que notre maître, notre cheikh, tuteur et protecteur, celui qui nous
a offert sa largesse et nous a élu, le modèle par excellence, la preuve de l'Islam, Abi Al Abbes, Ahmed
Ben M'hammed Tijani Al Hassani, satisfaction d'Allah sur lui.
Qu'Allah nous mette tout le temps sous sa protection et nous permette de bénéficier de lui. C'est lui
qui nous avise, nous fait inspirer, nous éduque, nous fait comprendre, nous donne, et nous abrite. C'est
par sa parfaite largesse qu'il nous cache et qu'il nous couvre. Souvent, nous nous rappelons, en sa
présence, les propos de certains saints et élus, et souvent je me trouve devant ces propos comme
quelqu'un qui entend une langue étrangère, incapable de la comprendre. Mais, lorsque le cheikh prend
la parole afin d'apporter les explications nécessaires, la porte s'ouvre à moi.
Le voile se lève et le sens des phrases se dégage. Je comprends donc les propos de ces élus à travers
ceux du cheikh. Je découvre leurs rangs spirituels par le sien. En réalité, c'est sa langue qui parle dans ce
livre. C'est sa largesse et sa bienfaisance qui y ont émergé. Et tout ce qui y a été rédigé n'est autre que
ce que sa langue avait prononcé.

-547-
Par ailleurs, en ce qui concerne l'organisation du livre et de ses chapitres, et plus particulièrement la
synthèse que je présente, elles n'émanent pas du cheikh. Elles ne sont pas issues de ses précieux
secrets, ni de ses connaissances copieuses ni de ses lumières. C'est moi qui ai plutôt rassemblé et
conservé ce que mon intellect a pu atteindre et comprendre. C'est ce que j'ai signalé auparavant. Dans
les synthèses que j'ai réalisées, il y a celles que la raison est incapable d'assimiler. Seuls les savants sont
en mesure de comprendre ces subtilités. Il s'agit des savants qui les ont découvertes et sues, qui ont
emprunté leurs voies et les ont ainsi comprises, qui ont bénéficié de la levée du voile et les ont donc
bien reconnues, et qui ont pu les déceler et les ont décrites par conséquent.
J'en ai avancé quelques synthèses claires qui m'ont été faciles à apporter et à mettre entre les mains
de tous ceux qui demandent de la bénédiction, et de tous ceux qui sont accrochés à l'anse la plus ferme
des gens dignes d'Allah. J'ai lancé ainsi avec mes frères mon seau tout en sollicitant la bénédiction. Cette
large mer est si profonde. Ses rubicelles et ses perles ne s'épuisent point. Qu'Allah me fasse atteindre
ainsi que mes frères nos objectifs à travers ce seau, qu'il complète, à travers lui, leurs espoirs et les
miens. Voilà ce qui m'a été permis, en ce moment, à finaliser et à effectuer. C'est grâce à la volonté
d'Allah que ce livre a vu le jour. Il étale quelques informations sur cet honorable maître, sur ses afflux,
ses sciences, ses secrets, ses états et ses lumières. Tout cela montre la grande gloire de notre cheikh,
dont les vertus sont impossibles à énumérer par les langues.
Les plumes sont incapables de décrire les beautés et les attributs du cheikh. Et comment les décrire,
alors qu'il appartient au parti d'Allah, et au groupe des dignitaires supérieurs. Les états de ces derniers
dépassent de loin ce qui peut être décrit. Que les gens qui demandent la bénédiction se contentent de
ce que nous avons mentionné. Que les disciples et les dévots prennent ce document pour aide. Il est
suffisant comme bénédiction, lumière, conduite et joie pour les affectueux.
Qu'Allah nous fasse bénéficier de ce livre, le jour où ni les biens, ni les enfants ne seront d'aucune
utilité. Qu'il nous accorde Sa clémence comme suite à l'élaboration de ce document, le jour où les
troubles et les sinistres se répandront. Qu'il me pardonne si j'ai aspiré à des intérêts personnels lors de
son élaboration. Qu'il nous délivre de la servitude d'autrui, par la grâce de celui qui détient les lumières,
et qui nous mène à la présence pure. Qu'il nous mette en sa compagnie et nous fasse avancer dans
cette voie. C'est grâce à Allah que se concrétise le succès.
Louange à Allah, qui nous a comblés d'inspirations, et qui nous a permis de parfaire et de parachever
le présent document que j'ai rassemblé en ce moment à partir des sciences de ce maître. Nous
invoquons Allah, le glorieux, le Très-Haut qu'il ne nous coupe pas de ses sciences. Qu'il éternise les afflux
de ses dons et de ses renforts. Qu'il nous en fasse jouir en permanence jusqu'au jour de Sa rencontre.
Qu’il nous facilite le repentir, le détachement de tout ce qui est en dehors de Lui, le rassemblement
en Lui. Qu'il nous accorde un repentir qui ne laisse aucun péché et un pardon qui n'abandonne aucun
reproche ni défaut. Qu'il nous honore en nous accordant Sa satisfaction étemelle et Son aubaine
complète. Qu'il nous couvre, ainsi que les proches et le reste des musulmans par Sa clémence. Prière et
salut d'Allah sur notre maître et protecteur Mohamed, le prophète de la miséricorde et l'intercesseur de
la communauté, ainsi que sur ses proches caractérisés par la bonté, ses honorables compagnons et leurs
successeurs parmi les affectueux. Que cette prière et ce salut soient continus en permanence jusqu'au
jour du jugement dernier. Louange à Allah, le seigneur des mondes.
Document écrit par la main mortelle du serviteur pécheur, servant la présence Tijanie, le nécessiteux
auprès d'Allah, Ali Harazem Ben Larbi BERRADA, le Marocain, le Fassi. Qu'Allah pardonne à ses péchés.
Qu'il pardonne aussi à ses parents, à ses enseignants et à l'ensemble des musulmans. Amen. Écrit en mi
Doul qiâda sacré, mille deux cent quatorze de l'hégire. Prière d'Allah sur notre maître Sidna Mohamed,
ses proches et ses compagnons, ainsi que les meilleures de ses salutations. Fin du document - louange à
Allah, le Très-Haut - grâce à l'aide précieuse d'Allah, au beau succès qu'il nous a accordé, à Sa largesse et
à Sa générosité.
Le présent livre se termine avec la louange à Allah, notre créateur,
qui sans aucun doute, après la mort, va nous ressusciter.
Ô seigneur, pardonne le serviteur qui l'a écrit.

-548-
Ô lecteur de cet écrit, je te prie de dire «Amen».
Amen, amen, une seule fois ne peut pas me satisfaire,
jusqu'à ce que j'ajoute mille fois «Amen».
Prière d'Allah sur notre maître et tuteur Sidna Mohamed, sceau des prophètes et des messagers.
Que notre ultime invocation soit : Louange à Allah, Seigneur de l'univers.
Le serviteur nécessiteux auprès d'Allah, Ahmed Ben M'hammed Tijani dit que les retouches et les
amendements effectués sur ce document sont complets. Avec l'aide d'Allah, les jouissances qui peuvent
être tirées de ce livre sont maintenant à la portée des lecteurs, d'après un récit que nous avons rapporté
et que nous confirmons. Cette copie qui comporte cette marque est la copie d'origine, à partir de
laquelle d'autres copies peuvent être faites. Toute autre copie tient ainsi son origine de cette copie ici
présente.
Si elle comprend quelque chose qui n'est pas conforme à ce qui existe dans la copie d'origine, il faut
l'abandonner.
Par ailleurs, j'autorise l'auteur qui a rassemblé ce livre, Sidi Lhaj Ali Harazem, dans tout ce qui existe
dans cette copie. D'ailleurs, tout ce qu'elle comporte c'est nous qui le lui avons dicté. Prière d'Allah sur
Sidna Mohamed, ses proches et ses compagnons, ainsi que les meilleures de ses salutations. Fin de
l'écriture du cheikh, satisfaction d'Allah sur lui.

-549-
SOMMAIRE
Perles des Significations et Exaucement des Souhaits Tome I __________________________ 2
Introduction du traducteur ______________________________________________________ 3
I. Etapes de la traduction : _______________________________________________________ 4
II. Matériel et méthodes _______________________________________________________ 5
A- Le manuscrit : ________________________________________________________________________ 5
B- Style du livre arabe d’origine ____________________________________________________________ 5
1. Un style d’une présentation orale ____________________________________________________ 5
2. Avantages de ces répétitions dans le texte _____________________________________________ 5
3. En arabe, les phrases peuvent être longues, mais claires __________________________________ 5
4. La précision, la rigueur et la simplification _____________________________________________ 6
A- Terminologie utilisée __________________________________________________________________ 7
B- Confrontation du présent livre avec les deux autres livres principaux de la voie Tidjaniya «El Jamiô» et
«Rawd El Mouhib El Fani» ___________________________________________________________________ 7
III. Principale référence utilisée pour la traduction __________________________________ 7
A- Aperçu sur le professeur Sidi Mohamed Erradi Genoune _____________________________________ 7
B-Autorisation spirituelle pour traduire le présent livre «Les perles des significations» ________________ 8
1. Historique _______________________________________________________________________ 8
2. Un exemple d’autorisation spirituelle _________________________________________________ 8

Les Clés du Livre ______________________________________________________________ 9


I. Les deux rangs de l’Entité suprême d’Allah ________________________________________ 9
1. L’Entité pure (du point de vue du rang de l'essence) _____________________________________ 9
2. L’Entité suprême (du point de vue du rang de l'apparition du Vrai à autrui) __________________ 10
II. La réalité Mohammadienne _________________________________________________ 10
III. Les trois rangs d'Allah par rapport à la création : ________________________________ 11
1. Le premier rang : la présence de l'unicité (Ahadia) : _____________________________________ 11
2. Le deuxième rang «L’union absolue» (Al wahda): _______________________________________ 11
3. Le troisième rang «la divinité unigue» (Al wahidiya): ____________________________________ 11
IV. Ascension de l’âme humaine aux plus hauts grades spirituels : _____________________ 12
V. Les facteurs qui permettent l’ascension des âmes _______________________________ 14
VI. La voie Tidjaniya garantit l’ouverture spirituelle des âmes : _______________________ 18
VII. Complément d’information et notions soufies: _________________________________ 22
VIII. Différence entre les sciences divines et les sciences Mohammadiennes ______________ 25
IX. Notions de réalités «Ahmadienne» et «Mohammadienne» _______________________ 26
X. Idée sur le monothéisme des gnostiques : _____________________________________ 27
Etude du Livre _______________________________________________________________ 28
I. Présentation de l’auteur du livre, sidi Ali Harazem Berrada __________________________ 28
II. Ses publications __________________________________________________________ 29
III. Rencontre de Sidi Ali Harazem avec son Cheikh Sidi Ahmed Tijani : _________________ 30
IV. Quelques poèmes vantant l’auteur sidi Ali Harazem : ____________________________ 30
V. Demande de la ijaza (autorisation spirituelle) formulée par l’auteur ________________ 34
VI. Réponse du Cheikh, satisfaction d’Allah sur lui : _________________________________ 36

-550-
VII. Autorisation «Ijaza» du maître, satisfaction d’Allah sur lui au profit de son disciple sidi Haj
Ali Harazem Berrada: ______________________________________________________________ 38
VIII. À la suite de cette autorisation, le cheikh a écrit, de ses propres mains, ce qui suit : ____ 40
IX. Importance du livre «Al Jawaher» (Les perles des significations) pour les disciples Tijanis
40
X. Quelques dires et poèmes vantant le livre _____________________________________ 40
A - L’érudit sidi Mohammed ben yahya Palamino a écrit dans son cahier de notes: __________________ 40
B- L’érudit sidi Mohammed ben Ahmed Triki : _______________________________________________ 41
C- L’érudit sidi Ahmed ben Ayachi Skiredj ___________________________________________________ 42
D- L’érudit sidi Mohammed Hafez ben Mohammed ale Chenguiti________________________________ 42
E- L’érudit sidi Ahmed ben Ayachi Skiredj ___________________________________________________ 42
XI. Liste de quelques publications en relation avec le présent livre «Al Jawaher» _________ 43
XII. Date de l’écriture de ce livre béni ____________________________________________ 45
XIII. Les copies manuscrites du livre «Al Jawaher»___________________________________ 45
XIV. Description et particularités de la copie d’origine (A) du livre «Jawaher Al Maâni» _____ 48
A-Forme de cette copie d’origine __________________________________________________________ 49
B- Texte écrit par le Cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, au verso de la première page________________ 49
C- Texte écrit par deux juristes en bas de l’écriture du cheikh susmentionnée ______________________ 50
D-Texte écrit par un juriste au dessous du texte précédent _____________________________________ 51
E-Texte écrit par l’érudit Ahmed ben Saïd Qaddoura, sur la partie droite se trouvant avant la première
page ____________________________________________________________________________________ 51
F-Texte écrit par sidi Mohamed ben Ahmed ben Malek, sur la partie gauche se trouvant avant la première
page ____________________________________________________________________________________ 52
G- Poème vantant le cheikh et écrit dans la page qui suit la dernière page du tome I ________ 53
H- Texte écrit au verso de la conclusion en tome II ____________________________________ 53
I-Texte écrit par le cheikh, satisfaction d’Allah sur lui, et portant son sceau, à la dernière page du livre _ 53
J-Déplacements de la copie d’origine du livre «Al Jawaher» (bien qu’elle ait été léguée à la Zaouïa de Fès)
________________________________________________________________________________________ 54
K-Principales caractéristiques du manuscrit d’origine (la copie mère A): __________________________ 54

Introduction de Sidi Ali Harazem Berrada _________________________________________ 56


Introduction A la Jawaher Al Maâni, Wa Bologh Al Amani Fi Fayd Abi Al Abbes Tijani « Perles
des significations, et exaucement des souhaits, au sein de l'afflux d'Abi Abbes Tijani » ____ 64
Chapitre premier Identité du Cheikh _____________________________________________ 75
Chapitre II -Partie I - Illuminations Spirituelles du Cheikh ___________________________ 103
Chapitre troisième -Partie I - Savoir du Cheikh ____________________________________ 130
Chapitre quatrième -Première partie- Litanies du Cheikh ___________________________ 153
Chapitre cinquième Versets coraniques Hadiths et Correspondances __________________ 201
Perles des significations et Exaucement des Souhaits Tome II ________________________ 298
Chapitre cinquième - Partie III- Ses saints signes et leurs déchiffrements _______________ 337
Chapitre cinquième - Partie IV- Les correspondances du cheikh ______________________ 428
Chapitre cinquième - Partie V - Questions Juridiques et sentences du Cheikh ____________ 458
Chapitre sixième - Introduction - Prodiges et Conduites du Cheikh ____________________ 479
Chapitre sixième - Prière I - Explication de la première prière ________________________ 490

-551-
Chapitre sixième - Prière II - Explication de la seconde prière ________________________ 522
Chapitre sixième - Prière III - Explication de la Troisième prière ______________________ 532
Conclusion Offrir la Rétribution des Bonnes Œuvres au Prophète _____________________ 544
Sommaire _________________________________________________________________ 550
Le traducteur Ahmed Ibn Abdallah Skiredj _______________________________________ 553

-552-
LE TRADUCTEUR AHMED IBN ABDALLAH SKIREDJ

Le traducteur Ahmed Ibn Abdallah Skiredj était :

• Professeur de l’enseignement supérieur, exerçant à l’Institut Agronomique et Vétérinaire


Hassan II, à Rabat.
• Docteur d’État, Es Sciences biologiques appliquées.
• Ingénieur d’État en agronomie, spécialisé en horticulture, productions légumières, cultures
sous serres plastiques, fertilisation, fertigation et en nutrition minérale des plantes.
• Lauréat de l’IAV Hassan II en 1978, de l’Université de Minnesota, Saint Paul-Minneapolis, de
l’université de Californie, Davis, USA (1976-77).
• Encadrant de plus de quarante recherches de troisième cycle (Ingénieur d’État) et de
deuxième cycle (ingénieur d’application).
• Près d’une centaine de publications sur l’irrigation au goutte-à-goutte, la fertigation,
l’horticulture, les productions maraîchères, les serres plastiques.
• Auteur de la collection « Guide de l’agriculteur». Ces livrets de vulgarisation ont été
distribués à plus de soixante mille producteurs de différentes régions marocaines.
• Animateur de dizaines de cours de la formation permanente au profit d’ingénieurs et de
Techniciens des différentes Directions provinciales d’agriculture et des Offices Régionaux de
Mise en Valeur agricole de Doukkala, Gharb, Lukkus, Haouz, Moulouya, Tadla, Tafilelt, etc.
• Moqaddem et éducateur de la voie Soufie Tidjaniya depuis septembre 1981.
• Initié dans la voie Tidjaniya et dans le « Taqdim » par Hadj Abderrahmane SKIREDJ, initié à
son tour par son grand frère l’érudit sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ, initié à son tour par le
gnostique sidi Ahmed Abdellaoui, initié par le pôle sidi Ali Tamacini, initié par le cheikh sidi
Ahmed Tidjani, satisfaction dAllah sur lui.
• Auteur des livres suivants de la voie Tidjaniya :
1. L’argument loyal dévoilant la certitude (en Arabe) : 40 pages
2. Approfondissement du regard dans les lieux de l’au-delà (en Arabe) : 130 pages
3. Les filières des vertueux dans les voies de la délivrance de l’enfer (en Arabe) : 100 pages
4. Déplacement du rideau et exposition de certains secrets contenus dans la voie Tidjaniya
(en Arabe et bientôt en Français) : 50 pages
5. Ravivage de la « classification » des publications du gnostique Sidi Ahmed Ben Layachi
Skiredj (en Arabe et en Français) : 160 pages
6. Quelques secrets du livre « Arrimah » de Sidi Omar Al Fouti (en Arabe et bientôt en
Français) : 30 pages
7. Quelques lumières du livre « Jawaher Al Maâni » (Les perles des significations) de Sidi Ali
Harazem Berrada (en Arabe et bientôt en Français) : 40 pages
8. La perle de la perfection (en Français) (Traduction et commentaires) : 20 pages
9. Le guide du disciple Tidjani (en Français) : 40 pages
10.Traduction en Français et en Anglais du livre «Jawaher Al Maâni» (Les perles des
significations) de Sidi Ali Harazem Berrada : 1200 pages.
o La traduction Anglaise est en cours (le tome I a été déjà traduit).
11.Traduction en Français du livre « Al jamie lima iftaraqa mina al ouloum » (Recueil de ce
qui a été éparpillé comme sciences du pôle caché sidi Ahmed Tidjani), de sidi Mohamed ben
Machri (livre bientôt disponible) : 900 pages.

-553-
12.Traduction en Français du livre « Rawd al mouhib al fani fima talaqaynahou min
chaykhina Abi Abbes Tidjani » (Le jardin de l'amoureux anéanti représentant ce qu'il a reçu
comme enseignements de la part de son cheikh Abi Abbes Tidjani), de sidi Mohamed ben
Machri (livre bientôt disponible) : 500 pages.
13.Traduction en Français du livre «Al ifada al ahmadia » (Quelques bénéfices tirés de sidi
Ahmed Tidjani), de sidi Tayeb Soufyani (livre bientôt disponible) : 70 pages.
14.Traduction en Français du livre « Kachf al hijab » Levée du voile sur les compagnons du
cheikh Tidjani), de sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ (traduction en cours) : environ 1000 pages.
15. Traduction en Français du livre « Assir al baher » (Le secret éblouissant spécifiant le livre
Al Jamiâ par 'apport au livre Al Jawaher), de sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ (livre bientôt
disponible) : 150 pages.
16. Traduction en Français du livre « Touhfate al mourid Tidjani » (Le cadeau offert au
disciple Tidjani au sujet 3e ce qui spécifie le livre Rawd El Mouhib El Fani des ceux livres El
Jamiî et Jawaher El Maâni), de sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ (livre bientôt disponible) : 70
pages.
17. Traduction en Français du livre « Chamail Tidjaniya » (Les attributs du cheikh sidi Ahmed
Tidjani), de sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ (livre bientôt disponible) : 50 pages.
18. Les lettres du cheikh sidi Ahmed Tidjani, satisfaction dAllah sur lui (livre bientôt
disponible en Français) : 60 pages.
19. Les documents du cheikh sidi Ahmed Tidjani, sa; raction d’Allah sur lui (livre bientôt
disponible en Français: 50 pages.
20. Le livre des des intentions (en cours de réalisation en Français)
21.Le polissage des perles des significations (en cours de réalisation en Français)
22. Le polissage de onze livres de la voie Tidjaniya (livre bientôt disponible en Français -
énumération avec commentaires des idées directrices et principales de onze livres de la voie
Tidjaniya) : environ 100 pages,
o II s’agit des onze livres suivants :
 « Boughya al moustafid li charhi mounya al mourid » (Le souhait du bénéficiaire
exaucé lors de l'explication du livre al mounya), de sidi Arbi ben Sayeh
 « Al jaych al kafil » (L'armée suffisante pour se venger de celui qui a porté son
épée de négation contre le cheikh Tidjani), de sidi Mohamed Saghir Chenguiti
 « Al jawab al mouskite » (La réponse qui fait taire), de sidi Mohamed Akensous
 « Al houlal zanjafouria », de sidi Mohamed Akensous
 « Rafae al itab » (L'annulation du blâme adressé à nos compagnons qui ont
abandonné la visite des saints), de sidi M'hamed Genoune.
 S « Hal al aqfal » (Ouverture des serrures au profit des lecteurs de la perle de la
perfection), de sidi M'hammed Genoune
 « Addour al mandoume» (Les perles enfilées pour défendre le pôle caché), de
sidi M'hamed Genoune.
 « Annotq al mafhoume » (Explication du livre addour al mandoume) , de sidi
M'hamed Genoune.
 « Al kawkab al wahaj » (La planète enflammée), de sidi Ahmed ben Ayachi
SKIREDJ
 « Asserate al moustaqim » (Le droit chemin élucidé lors du démenti du livret
intitulé « annahj al qawime » le précepte droit), de sidi Ahmed ben Ayachi
SKIREDJ
 « Ithaf ahl al maratib al irfaniya » (Le cadeau offert aux gens dignes de rangs
gnostiques, en leur présentant la biographie de certains hommes de la voie
Tidjaniya), de sidi Mohamed Lahjouji

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23.Le polissage de sept livres de l’érudit sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ pour répondre
aux opposants du soufisme et de la voie Tidjaniya : environ 100 pages.
24.Le polissage des lettres du cheikh sidi Ahmed Tidjani, satisfaction d Allah sur lui : 20
pages.
25.Perles skiredjiennes (livre bientôt disponible en Français - quelques extraits tirés
d’une trentaine de livres de l’imam Ahmed ben Ayachi SKIREDJ) : 60 pages.
26.Traduction en Français du livre « Yawaqit maani fi madhabi cheikh Tidjani » (Les rubis
des significations lors de l’exposition de la doctrine du cheikh Tidjani), de sidi Ahmed ben
Ayachi SKIREDJ (livre bientôt disponible en Français) : 50 pages.
27.Traduction en Français du livre « Rawd chamail ahl al haqiqa » (Le jardin des attributs
des gens dignes de la vérité, en parcourant la biographie des personnalités célèbres de la
voie Tidjaniya), de sidi Ahmed ben Moham Alaoui Chenguiti (traduction en cours) : 50
pages.
28.Correspondances entre l’érudit sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ et son disciple le
gnostique sidi Ibrahim Nyass, satisfaction d’Allah sur eux (traduction en cours d’une
vingtaine de lettres authentifiées et rassemblées par le professeur sidi Mohamed Erradi
Genoune)
29.Le cadeau offert aux nouvelles et aux anciennes générations en leur présentant
quelques réponses et enseignements de l’érudit et charif sidi Mohamed Erradi Genoune,
satisfaction d’Allah sur lui (en Arabe ; sa traduction en Français est en cours) : 360 pages.
30.Traduction en Français des biographies par lesquelles le livre « Rafae al niqab » (la
levée de l'étoffe à la suite de la levée du voile sur les compagnons du cheikh Tidjani), s’est
distingué du livre « Kachf al hijab » (la levée du voile sur les compagnons du cheikh Tidjani),
de sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ. Ce livre est en cours de réalisation.
31. Correspondances entre l’érudit sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ et son disciple le
sultan des érudits Moulay Abdelhafid Alaoui ex-sultan du Maroc, satisfaction d’Allah sur
eux (traduction en cours de 138 lettres authentifiées et rassemblées par le professeur sidi
Mohamed Erradi Genoune).

* *
*
• Mise en ligne d’une bibliothèque virtuelle formée de plus de 200 livres sur la voie Tidjaniya
(principalement en Arabe et en Français) pour permettre la recherche et la consultation
gratuitement. Site web: www.cheikh-skiredj.com
• Encadrement et participation à la traduction en Français des livres suivants de la voie
Tidjaniya :
1. « Nissae Tidjaniyates » (Femmes de la Tidjaniya), de notre ami l’érudit sidi Mohamed
Erradi Genoune : 70 pages
2. «Al ightibate » (L'épanouissement, en réponse aux questions qui nous ont été
parvenues de l'Aghouat - Algérie), de sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ : 50 pages
3. « Boulough al amani » (Exaucement des souhaits en fournissant l’autorisation de la
tariqa au profit du disciple Tidjani), de sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ : 20 pages
4. «Al ijada ala ifada » (Étude et commentaires sur le livre Al ifada al ahmadia :
quelques bénéfices tirés de sidi Ahmed Tidjani, de sidi Tayeb Soufyani), de sidi Ahmed ben
Ayachi SKIREDJ : 20pages
5. « Ihqaq al haq » (Démonstration de la vérité lors d’une polémique qui s’est déroulée
entre certains ministres et moi-même), de sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ : 20 pages

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6. « Rissalate El Fadle wa Limtinane » (Lettre du mérite et de la gratitude, destinée à
tous les bien-aimés et aux confrères), du calife vénéré sidi Haj Ali Harazem Berrada Fassi : 20
pages
7. « Toroq al manfaa » (Les voies du bénéfice en vue de répondre aux quatre
questions), de sidi Ahmed ben Ayachi SKIREDJ : 50 pages
• Co fondateur en août 2005 du site www.cheikh-skiredj.com pour le ravivage et la
publication du patrimoine de la voie Tidjaniya
• Co fondateur en septembre 2012 de la maison d’édition « Patrimoine Tidjani » sise à
Varennes sur seine - France

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