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L'ESPRIT DE LA BONNE CONDUITE (Rûhul Adab)

AU NOM DE DIEU LE CLEMENT, LE MISERICORDIEUX,


1- A dit Ibrahima, fils d'El Hadji Abdoulaye Niass, ce serviteur de Dieu, notre
claire lune.

Commentaire (C) = la notion de claire lune renvoie à celle de pleine lune. EL Hadji
Abdoulaye Niass étant un astre lumineux, un homme de haut rang, un savant
classé parmi les représentants de Cheikh Ahdmad AT-Tidjani (RAA). Etre le fils
d'un tel homme pouvait suffire pour justifier le caractère illustre de Baye
(Ibrahima Niass) qui bénéficiait, en plus, d'une faveur que Dieu octroie à qui il
veut.

2- Au nom de Dieu, louanges à Dieu le Dispensateur, le Bienveillant, celui


qui élève et qui donne la préférence, le Sublime.
3- Par ce livre, je m'ouvre à tous mes parents, à la foi, en ces termes
Agrippez-vous à la Tariqa de Cheikh Ahmad At-Tidjani,
4- car c'est elle qui procure la sainte grâce et l'agrément divin.
Cette Tariqa prend ses origines dans la Tradition prophétique et le Coran.
5- Attachez-vous à ses oraisons imprescriptibles . Ainsi, vous réussirez
certainement.
6- A toi, mon parent en la Foi par ton application à cette Tariqa, tu
accéderas au Salut et au succès à condition que tu pratiques le bien, que
tu respectes les chartes de la congrégation, que tu te conformes à ses
règles intangibles de bon usage.

7-Respectes tous les membres de cette Tariqa, aies les meilleures


dispositions à leur égard, à fortiori, ses hiérarchiques. Soumets-toi à eux
et à leurs injonctions.

C = Le Prophète (SAW) a dit à CHEIKH AHMAD AT- TIDJANI = « Tes disciples sont
les miens, ainsi que tes compagnons ». Cette assertion incite à la bienveillance vis
à vis des membres de la Tariqa.

8- si tu pratiques les oraisons, attaches toi aussi aux meilleures


convenances afférentes qui ont trait à ton extérieur et à ton intérieur.

C = Respectes les règles prescrites, celles extérieures concernant ta position, ton


port vestimentaire etc. ; et celles intérieures visant ta disposition intérieure.

9- C'est par le respect de ces convenances qu'il est procédé à l'ascension


du disciple vers les degrés les plus élevés.

C : En respectant les règles de bon usage, le disciple accédera au cercle des élus
de la voie.

10- En récitant tes formules liturgiques, actualises ton Maître, ainsi que
son Maître.

C = Imagines ton Maître, ainsi que son Maître en face de toi, ou mieux, rends-le
présent en toi et fonds dans sa présence. Remontes sa filiation spirituelle jusqu'au
Prophète (SAW) et occultes-toi en sa présence.

11- concentres-toi sur ton oraison, demeure dans la stabilité et optes


pour la solitude en l'accomplissant.
C = concentre-toi sur la signification des paroles récitées, ou à défaut, prends
consciences que leur récitation est une prescription divine. Actualise donc Dieu qui
est cité dans la formule de demande de pardon, dans la prière sur le Prophète et
dans la formule de glorification.
Pratiques tes oraisons dans la stabilité, car elle est une aide pour la concentration.
Même si les mouvements au cours de l'oraison, ou l'interpellation par l'officiant,
au moyen de phénomènes indistincts, ne sont pas proscrits, les convenances
voudraient que la pratique dans la stabilité intérieure et extérieure soit la règle. Si
une force majeure te poussait cependant à te mouvoir (marcher par exemple), ou
à émettre des sons imprécis (pour prévenir par exemple quelqu'un d'un danger),
cela relèverait de la contrainte et donc de l'exceptionnel, mais ne devrait pas
s'ériger en règle.
L'isolement favorise la concentration et la stabilité. Cette recherche de la solitude
s'applique essentiellement au disciple qui ne s'est pas encore réalisé
spirituellement. Mais pour celui qui a goûté à la connaissance savoureuse de Dieu,
les choses et les êtres perdent de leur opacité en sorte qu'il perçoit l'un dans le
multiple.

12- Recherche un éducateur spirituel agréé, connaissant la voie qui mène


à Dieu et capable de te conduire à lui ;
13- un guide détenteur d'une connaissance parfaite de Dieu, apte à
diriger les croyants et vertueux.
14- Confies-toi entièrement à ses soins et ne te détournes plus de lui. Et
sois avec lui comme le mort entre les mains de son laveur. Ainsi, tu
posséderas ce que tu recherches auprès de lui.

C= Un disciple qui se confie à un tel maître, qui est seul digne d'éduquer dans la
voie menant à Dieu, doit lui obéir sans sourciller, car une telle attitude est le gage
de la réussite qui se décline en connaissance de Dieu.

15- Ne t'opposes à lui, même si tu percevais de lui une attitude non


conforme. Qu'il soit constamment pour toi un modèle.

C = Mets en pratique tout ce qu'il t'ordonne de faire, même si ses propos te


paraissaient moralement reprochables, ou te convaincant pas de la pertinence de
ses choix et de son attitude.
Ceci est illustré par la rencontre entre le Prophète Moussa (Moïse) et Khadir.
L'histoire est relative dans le Coran. Moussa est savant, par le fait même qu'il soit
élevé au rang de Prophète. Dieu l'informa qu'il lui fera rencontrer un homme qu'il
a gratifié d'un savoir. Lorsqu'ils se rencontrèrent, Khadir lui fixa comme condition
à leur compagnonnage l'observance du silence quoiqu'il ferait. Toutes les
péripéties de l'histoire sont consignées dans le Coran. Il était difficilement
convenable que la raison raisonnante acceptât les pratiques de Khadir. Mais la
rectitude imposait à Moussa, qui était intérieurement distant de Khadir et qui l'a
manifesté plus d'une fois, le silence. Si ce que faisait Khadir était condamnable
sous un certain rapport par Moussa, il n'en demeurait pas moins justifiable sous
un autre rapport.

16- Pour le clairvoyant, l'erreur du Maître a valeur de perfection et lui est


de meilleur profit.

C = Il ne s'agit pas pour le disciple de convertir l'erreur en acte parfait, mais


plutôt de ne voir que du bien dans le dire et le faire du Maître.

17- Ne vois dans le monde que ton Maître , et mieux, considères le


comme étant lui-même le monde.
C = Ta sagacité doit être telle que tout dans l'existence te révèle ton Maître.
Déchires en toi tous les voiles qui t'empêchent de le voir dans le manifesté. Dis-
toi que chaque chose ou être est lui, déchiré en diverses modalités. Dis toi qu'il
est le monde, et que donc les choses et les êtres ne peuvent exister en dehors de
lui.

18- Que le disciple sache qu'il n'y a de réalités que ce Saint, le Prophète
(SAW) et son Seigneur le Très Haut.

C = Ce saint est Cheikh Ahmad AT-Tidjani, et il est le seul Maître. Celui qui a
acquis la certitude de la seule existence de ces trois a acquis tout le savoir.

19- Tant que le disciple admet une existence en dehors de cette triade, il ne lui
sera jamais livré l'objet de sa quête, la connaissance savoureuse de son
Seigneur.

C = Tant que le disciple admettra comme maître un initiateur autre que Cheikh Ahmad
AT-Tidjani (RAA), il ne connaîtra jamais l'Union transformante que procure le savoir,
expérientiel.

Ce que je dis, je l'exprime tel qu'il m'est révélé.

C = Baye n'essaie pas d'user d'artifices ou de formules accommodantes pour exprimer sa


pensée. Il la formule telle que la vérité s'est présentée à lui.

20- suis ton maître sans te départir de lui. Tu seras ainsi victorieux.
Aimes ton maître de tout ton cœur, tu trouveras ainsi l'objet de ta quête, et tu
seras sauvé.
Tu recevras de ton Maître, au prorota de ton amour pour lui. Voilà les propos
des élus.

C = Celui qui manifeste plus d'élan d'amour vis à vis de son Maître tirera plus
d'avantages de lui. Car aimer son Maître, pour celui chez qui la brume de l'illusion s'est
dissipée, c'est aimer le Prophète (SAW) et donc Dieu. Le don de Dieu par le biais du
Maître sera donc proportionnel à l'intensité d'amour, le disciple lui manifestera , par la
magie de sa relation intime avec son Maître.

21- Ne te lasses pas de te dépenser dans la recherche de l'agrément de ton


Maître. Sois prompt à combler ton Maître de prévenances, tu réussiras dans ta
quête.

C = Préviens les désirs de ton Maître, satisfais les, et tu obtiendras ce à quoi tu aspirais,
quelque soit sa nature.

22- Fais agréer ton Maître, même s'il t'affligeait, en sachant qu'il ne vise que
ton succès.

C = C'est par pure pédagogie que le Maître procède avec autant de vigueur et de rigueur
vis à vis de toi. Sois endurant et attaches-toi à lui, car au bout du parcours, il y aura la
réussite.

23- Donnes toute leur importance aux instants.

C = C'est dans le monde des instants que coule la vie. Ne dépenses donc pas inutilement
tes instants car c'est ta vie que tu rendras vaine. Remplis les utilement en ouvres
significatives. Saches que c'est ici, dans ce bas-monde, que l'écart se creuse entre les
gens. Le salut par le Prophète (SAW) se réalise essentiellement ici-bas, et nous devons
travailler à le recevoir. Sa mission est de nous sauver ici-bas et nous devons nous y
prédisposer.

Evites la peste de la décroissance.

C = Elle consiste en la perception par le disciple d'une quelconque diminution


(imperfection) chez le maître, perception qui est générée le plus souvent par l'ignorance
ou le subjectivisme. C'est un grand malheur qui atteindrait un tel disciple.

24- Ne tombes pas dans la suffisance, si la Beauté divine se dévoilait à Toi.

C = Si Dieu te donnait les moyens de mener ta vie dans la perfection, s'il t'accordait une
grâce, s'il te faisait parvenir une bonne nouvelle ou s'il t'accordait un quelconque bienfait,
loues-le mais ne tombes jamais dans la suffisance.

Agrées la manifestation de la Rigueur divine.

C = Dans l'ordre de la manifestation, il n'existe que la Beauté divine (Djamal) et sa


rigueur (Djal'al).
Sa beauté concerne tout ce dont nous pouvons nous accommoder, tout ce qui nous
agrémente, et qui est conforme à nos désirs. La rigueur est la manifestation de sa
volonté, mais non conforme à nos désirs, à notre vouloir, et à nos options. Saches que la
Beauté et la Rigueur se succèdent, à l'image du jour et de la nuit. Que l'une ou l'autre ne
soit pas pour toit une raison de chute.

25- l'une ou l'autre procèdent de l'ordre de Dieu qui les décrète selon sa volonté
et dont la Majesté récusé toute remontrance.

C = saches que Dieu manifeste ce qu'il veut selon sa science. Aucune créature n'est
digne, ni habilité à lui demander des comptes.

26- Ne te plains pas des désagréments causés par les créatures car tu es créé
pour les subir.

C = Tu dois supporter les rigueurs de la nature sans te plaindre, ainsi que les
désagréments que te font subir les hommes. Tu dois parvenir par la purification de
l'esprit par l'ascèse à aller au delà du mirage des causes secondes, pour ne percevoir que
le Seul Agent, Dieu en l'occurrence.

27- Dieu a fait apparaître les malheurs aux hommes pour qu'ils ne dévient
point. Que ton regard ne dévie pas de Dieu pour se fier sur les hommes.

C = Ne cesse de poser ton regard sur Dieu. Ne l'orientes pas vers les créatures. Ce
faisant, tu ne subiras pas leurs atrocités, ni les pesanteurs de leur compagnonnage.

28- Les épreuves entraveront la réalisation de tes souhaits, et t'occasionneront


beaucoup de peines. Endures-le sachant que la libération et la joie leur
succéderont.

C = La joie et la tristesse, le gain et la perte se succéderont toujours. Ne connaîtra les


plaisirs et la joie de la sainteté que celui que les affres de la faim ont tenaillé. Seul celui
qui a goutté à la maladie peut se délecter des joies de la bonne santé. Sois donc de ceux
qui endurent la souffrance.

29- le jour succède à la nuit et chaque difficulté annonce une réussite.


C = la nuit symbolise les difficultés, les peines et les souffrances vécues dans ce monde ;
et le jour, la joie, la bonne fortune, l'acquisition de bienfaits..celui qui ne peut supporter
l'obscurité de la nuit, ne connaîtra pas la clarté du jour. Et rejette la réussite, quiconque
abhorre la difficulté.
Le mieux est toujours enveloppé du pire. Que la vue donc de l'enveloppe ne t'incite pas à
rejeter l'ensemble, car, ce faisant, il ne te parviendra aucun bien.

30- Et mieux, chaque obstacle présage deux aboutissements favorables, comme


l'a mentionné le Prophète (SAW).
31- Si ce savoir t'es acquis, tu seras de ceux qui s'enracineront dans l'agrément
des arrêts divins.
32- S'il t'arrivait de voir ta requête, auprès de Dieu, rejetée, ne te plains pas,
car tu ne connais pas le malheur qu'aurait engendré pour toi, la satisfaction de
ta demande.
Dieu est amplement informé du désagrément que t'aurait fait subir la
possession de l'objet de ta requête, alors que tu est dans l'ignorance.
Il y a des choses que vous abhorrez alors qu'elles vous sont meilleures. Il y a
aussi des choses auxquelles vous aspirez alors qu'elles drainent que le malheur.
Dieu connaît et vous êtes ignorants.

C = Ce qui vient d'être énoncé par Baye a été tiré du Coran et de la Tradition du
Prophète (SAW). Actives-toi dans la recherche des biens terrestres, mais saches, sans
tomber dans un fatalisme béat, que cela n'est pas le garant de la réussite et de la
satisfaction. Le paysan confie sa graine à la terre, mais il ne peut garantir sa germination
qui se fera selon le bon vouloir de Dieu, qui dispose de la pluie comme il lui plaît. Il
s'acquitte de son devoir et place ensuite sa confiance en Dieu.
Dieu est le seul dispensateur, mais aussi, le seul qui prive. Personne ne peut interférer
dans sa volonté et dans son action. Convainc-toi qui tout ce que tu reçois en dons et
bienfaits provient de lui, mais saches aussi que ce qui t'échappes procède de sa volonté.
Il est la seule réalité, comprends-le.

33- C'est Dieu qui écoute ce qui nuit à ses serviteurs, par sa bienveillance, sa
magnanimité. Aussi, à lui seul appartient le pouvoir de nuisance. Pour cela, ne
le charges jamais au risque de tomber dans la déchéance.

C = Le Prophète (SAW) a dit : « Ne vous répandez pas en insanités sur le temps car il se
confond à Dieu « Ainsi s'occuper à se plaindre, à pérorer et geindre sur son sort est une
révolte contre Dieu, à qui seul appartient le pouvoir de nuisance, de même en vouloir à
autrui pour un préjudice ou une perte subi(e) est pure hérésie.

34- Si les hommes avaient acquis une connaissance claire de la Miséricorde


divine, ils auraient supporté les tourments de la vie, demeurant affables et
souriants, indifférents outre mesure aux désagréments causés.

C = Si le serviteur parvenait à la connaissance de la Miséricorde, tous les maux ainsi que


les tourments qui l'assaillent lui ouvriraient les portes de la béatitude ; au point qu'il en
oublierait leurs relents. Dieu est le Miséricordieux, et il n'y a rien qui existe qui ne soit
pénétré de sa Miséricorde. Aussi, tout ce à quoi le serviteur fait face, en bien ou en mal,
est un effet de la Miséricorde divine.

35- Ne t'évertues pas à te rehausser devant les hommes. Cherches à t'élever en


grades en ton Seigneur.

C = ton souci doit être la recherche constante de l'élévation en Dieu, car Lui seul élève.

36- Ne demandez pas d'être placé sur un piédestal. Ne t'intéresses même pas à
l'exhaussement de ta personne.
C = Dieu seul élève, cherche l'élévation par Lui.
Nombreux sont ceux qui s'acoquinent à des nantis, rien que pour récolter les dividendes
d'une telle accointance. Ne sois pas de ceux-ci, et cherches l'aisance en Dieu. L'aisance
en Dieu permet celle parmi les créatures. L'agrément divin impose ton agrément par
toutes les créatures visibles et invisibles. L'agrément divin est le seul digne de recherche.

37- Que ton bonheur ne naisse pas d'une quelconque acquisition, mais qu'il
procède plutôt de celui qui octroie le bien.

C = le bien acquis ne doit pas susciter ta joie au point de te voiler le donateur, ton
Seigneur. Agrées-le, car ce faisant tu lui exprimes ta reconnaissance et de plus, une telle
attitude est la garante de la préservation à ton bien. Exprimer ta reconnaissance à Dieu
te fait non seulement acquérir l'objet de ton aspiration, mais aussi préserve sa
possession.

La suffisance guette tout individu subjugué par les biens acquis, sans considération de
celui qui attribue. N'aie donc en vue que celui de qui tout bien procède, Dieu en
l'occurrence.

38- saches que tout bien est évanescent alors que le Donateur est éternel.

C = Le Donateur est la seule réalité qui subsiste aux mouvements du temps.

39- Ne mésestime jamais un musulman. Ne dis ni pense du mal de lui.


Ne doute pas sur autrui, mais que tes défauts te suffisent.
C = Que la recherche et la rectification de tes défauts t'occupent au lieu de te gargariser
de ceux d'autrui.

40- Certaines personnes montrent l'apparence de pauvres hères poussiéreux,


mais lorsqu'ils promettent fortement par serment, cela se réalise
subséquemment.
41- Ne causes pas de tort à un musulman, même pour répondre à son offense.
Excuses-le par considération pour Dieu.

C = Ne réagis pas aux offenses de ton semblable, quel qu'en soit la gravité. Perçois Dieu
à travers ses agissements.

42- Ô mon parent, je t'exhorte à ne pas nuire aux créatures car elles sont des
esclaves de Dieu.

C = Convaincs-toi que Dieu seul est et par conséquent, ne vois ni les créatures, ni les
actions qui procéderaient d'elles.

43- Tu n'agréeras jamais quelqu'un qui agirait mal à l'endroit de ta progéniture.


Saches donc que les esclaves de Dieu sont sa progéniture. Même si une créature
te faisait subir un affront, crains Dieu mais ne lui en veut pas.

C = Autant tu n'accepterais que ta famille subisse un outrage, autant tu ne vexeras un


esclave de Dieu. Si tu crains Dieu, jamais tu ne nuiras à sa créature.

44- Sois constamment pénétré de la crainte révérencielle et n'aie de cesse de te


remémorer la mort ainsi que des évènements afférents. Médites sur
l'interrogatoire dans la tombe et ne te départis jamais du souvenir de la mort.

C = Une telle attitude suscite la crainte et l'amour de Dieu, ainsi que la bienveillance vis
à vis des créatures.
45- Evertues-toi à privilégier la recherche du savoir.

C = Privilégies l'étude ainsi que la recherche du savoir car la science détient la primatie.
Elle est l'amie inséparable ici et ailleurs. Le savoir dont il est question en vérité est la
science qui mène à Dieu et non le savoir mondain. Celui-ci ne vise qu'un mieux être à
travers la recherche de moyens de subsistance, de protection. Si c'est ce type de savoir
qu'il faut élever au rang de véritable savoir, on peut proclamer que les animaux sont
savants, ceux qui sont capables de trouver les voies et moyens pour subvenir à leurs
besoins, se protéger...
le savoir mondain qui n'est limité qu'à cette vie terrestre, n'est pas à proprement parler
une science. La véritable science est la connaissance unitive de Dieu qui sert aussi bien
dans ce bas-monde que dans l'au-delà.

Sois dans la religion du Seigneur un connaissant de Dieu

C = acquiers une connaissance parfaite de ton Seigneur.

46- Je jure sur ma vie que la connaissance est le primat de l'acte comme l'a
édicté le Prophète (SAW).

C = Aucun acte n'est valable s'il n'est décidé en vertu d'une connaissance.

47- Acquiers ces quatre formes de connaissance :


premièrement, la connaissance du Seigneur - Maître
48- Deuxièmement, la connaissance se rapportant à l'adoration de Dieu
49- Troisièmement, la connaissance des états de l'anima bruta (nafs) tels que
ses ruses , subterfuges et infamies
- Acquiers enfin la connaissance des vilenies de l'anima bruta (nafs), du cœur et
de l'âme (Rohou).

C = La connaissance se rapportant à l'adoration de Dieu a trait à la prière, au jeûne, à la


Zakat (l'aumône légale), au pèlerinage à la Mecque, au mariage, à la relation avec les
autres musulmans...
Cette connaissance est précédée de celle de Dieu comme l'énonce le traité AL Akhdary en
ces termes = « Le premier devoir du responsable est d'authentifier sa foi ».
L'authentification consiste à avoir foi en Dieu et à le connaître.
La connaissance des états du Nafs est impérieuse. Ne sois pas de ceux qui vivent sous le
joug potestatif de ses désirs. Car il est concupiscence comme l'annonce le Coran.

50- Ô novice dans la voie spirituelle, pares-toi des vertus de politesse et de


respect des règles de bienséance. Saches que le respect des bienséances est la
porte d'accès à la réalisation spirituelle.

C = Le respect des convenances est le seul moyen qui te permet d'atteindre tes objectifs.

51- Cherches à avoir l'esprit pénitent et exerces-toi à l'humilité. L'humilité n'est


pas dégradante.

C = Saches que l'humilité ne te tire pas vers le bas ; par contre elle t'honore et t'élève.

52- Les mots tels que « savoir », « richesse » et « épanouissement » sont


vocalisés (en arabe) en bas ; tandis que la perdition, la pauvreté et l'austérité
sont vocalisés en haut.

C = Les premières lettres de mots symboles d'élévation tels que le savoir, la richesse et
l'épanouissement (successivement ilm','ina et 'ishun en arabe) sont vocalisés en bas,
position synonyme d'humilité. Cet exemple tiré de la grammaire illustre parfaitement que
le fait d'être humble honore et élève, alors que le contraire rabaisse. Ce dernier propos
est illustré par la vocalisation en haut des mots que sont la perdition, la pauvreté et
l'austérité (successivement Jahl, Fakr et yaddun en arabe) symboles de manque
d'élévation morale, de précarité et de dépendance.

53- ces signes, de noble teneur, te sont adressés. Comprends-les si tu es doué


d'entendement. Sois perspicace.

C = comprends les propos, assimiles-les et intériorises-les, afin qu'ils deviennent pour toi
un trait de caractère.

54- L'eau ne stagne ni sur le sommet des montagnes, ni sur les arbres

C = ces propos sont toujours une incitation à l'humilité qui permet d'accéder aux
bienfaits divins. On peut pousser l'illustration jusque dans les mosquées où les gens
s'assoient à même le sol, jamais sur un siège. Notre front, qui est une partie noble de
notre corps, est apposé au sol durant la prière. C'est dans cette station que Dieu nous dit
que nous sommes plus proches de Lui. La bonne tenue adoptée devant le maître par le
disciple l'est non en vue de celui-ci, mais de Dieu. Dieu privilégie à chaque instant un
être, un lieu et une époque au dessus des autres.
Si nous nous orientons vers Dieu à travers celui chez qui nous espérons accéder à Lui,
nous actualisons la meilleure époque dans le meilleur des sites et devant l'élu de la
création, car c'est en ce moment que nous nous éveillons le plus dans la conscience de sa
présence. C'est cela qui justifie la politesse des tenues en présence du maître, dans les
mosquées.

55- Ne verses pas dans l'auto glorification, n'espère qu'en le Seigneur et ne


crains que Lui. Est pur néant tout ce qui n'est pas Lui.

C = Ne cherches pas à t'exhausser au risque de t'avilir crains Dieu qui doit être ton seul
appui, ton seul soutien car Lui seul existe.

56- Ne t'enorgueillies pas, ô mon parent, ne soit pas avare, évites l'ostentation
et n'aies que Dieu en vue.
57- Ne t'exhausses pas de la science , de la noblesse de tes origines, de la
convergence des gens vers ta personne et de ton adoration.

C = l'orgueil ne te grandis pas et ton avarice n'empêche pas autrui d'accéder à ce qui lui
est destiné et pire, c'est une gangrène puante qui te corrompt et te jette dans le trouble
L'ostentation ne doit pas commander tes actions. Un acte suscité par le désir de paraître
te comblera de joie s'il est manifeste aux yeux de tes semblables et sera insensé s'il est
ignoré. N'agis qu'en vue de Dieu qui scrute tous les agissements et suffis-toi de son
observatoire. Que l'idée de la présence d'un observateur autre que lui n'effleure ton
esprit.

58- la prévarication qui te rend humble est préférable à l'outrecuidance qui te


rend présomptueux

C = la prévarication est paix, pour toi et est préférable à l'outrecuidance suscitée par
l'adoration.

59- ô mon parent, tu ne pourras te purifier des vileries que si tu as un guide


ayant une connaissance de Dieu conforme à la Sharia.

C = seul un guide qui a accédé à la quintessence de l'Islam peut se débarrasser des


scories de l'anima bruta (nafs)
60- sois toujours aux basques des guides si tu aspires à l'ascension. Ceux-ci
doivent être de haut rang spirituel.

C = certains s'arrogent le titre de guide religieux en prétendant être le légataire spirituel


de leur ascendant tandis que d'autres sont affublés de ce vocable en guise de distinction
honorifique le véritable guide religieux est un hiérarque qui a accédé à la vérité
essentielle et qui peut permettre au novice d'être un connaissant par Dieu

61- Le meilleur des guides sans exception et de toute époque est notre Maître,
Cheikh Ahmad At-Tidjani (RA), le réceptacle des nobles vertus et détenteur des
stations suprêmes,
62- l'isthme (barzatkh) des connaissants par Dieu (Arif) qui procèdent tous de
lui qui est leur soutien, la source des connaissances et dons divins qui leur
parviennent, et enfin l'astre à la suprême luminance

C = l'isthme (barzath) englobe la Prophétie (Nubuwatu) et la Sainteté (Wilâyatu). Le


cycle de la sainteté succède à celui de la Prophétie qui est définitivement clos. Personne
ne peut recevoir de Dieu s'il ne passe par le Prophète (SAW) à qui il a tout donné. Il a
tout cédé au Prophète (SAW) au point qu'il ne lui reste que son Nom
Cheikh Ahmad At-Tidjani (RA) est l'Epiphanie du Prophète (SAW) qui lui a, de même,
tout octroyé. Le déroulement de la Prophétie (Nubuwatu) et du Message (Rissâlatu) ont
pris fin. Or Dieu a envoyé le Prophète (SAW) à tous les hommes, sans distinction
d'époque ni de lieu. Devons nous donc limiter dans le temps sa manifestation comme
prophète, auquel nul autre ne succédera, au point de subir un préjudice par rapport à ses
contemporains qui jouissaient du bonheur de sa compagnie ? Où, au contraire,
bénéficions-nous comme nos prédécesseurs de l'honneur de sa présence ?
Assurément, le Prophète (SAW) est aussi bien présent parmi nous qu'il l'était parmi nos
prédécesseurs des premières heures de l'Islam, nous faisant bénéficier autant qu'eux de
son influx et de son soutien spirituels. Il nous est contemporain par le biais de la
présence parmi nous de con Epiphanie, Cheikh Ahmad At-Tidjani (RA), de qui nous
parviennent les bienfaits dont jouissaient les compagnons (SAHABAS). Les dons divins
émanant de la Prophétie (Nubuwatu) transitent, sans contexte, par Cheikh Ahmad At-
Tidjani (RA) qui ne les gratifie qu'à ceux qui sont conscients qu'il en est le dépositaire
exclusif, et se tournent vers lui en conséquence. C'est en cela qu'il est l'Isthme entre la
Prophétie (Nubuwatu) et la Sainteté (Wilayâtu). Il est ainsi l'Isthme pour tous les
connaissants par Dieu (Arif) car leur sagesse ésotérique (Ma'rifa) procède de lui.
Cheikh Ahmad At-Tidjani (RA) est l'astre dont la lumière éclaire par son flux inégalable
toute la création. Tout Saint est éclairé et vivifié par lui (RA)

63- La Tariqa est sans contexte la meilleure de toutes les voies

C = La Tariqa Tijâne est la meilleure des voies qui conduisent à Dieu. Tous les Saints,
quelque soit leur obédience, savent que la Tariqa Tijâne plane au dessus de toutes les
voies spirituelles. Si une Tariqa avait la prééminence sur celle Tijâne, le Cheikh AL Islam
EL Hadji Ibrahima Niass (RA), avec toute la foule qu'il draîne, aurait fondé sa propre
voie. Sa seule appartenance à l'ordre Tijâne est un signe éloquent de sa primatie sur
toute autre voie. Beaucoup d'hommes de très haute stature spirituelle, habitant les
quatre coins du monde, ont rallié EL Hadji Ibrahima Niass (RA) après leur vaine
recherche d'une voie menant à Dieu. Louanges à Dieu.

64- Il n'est pas permis d'apparier la Tariqa Tijâne à une autre Tariqa. Démens
quiconque soutiendrait le contraire.

C = les chartes à respecter pour être accepté dans la Tariqa Tijâne sont nombreuses,
mais elles peuvent être réduites aux 3 conditions suivantes : interdiction est faite au
novice de ne pas :
- abandonner le wird
- Faire des visites pieuses à un Saint d'un autre Tariqa
Ceci est une confirmation que Cheikh Ahmad Tijâne est l'isthme (barzakh) de tout
connaissant par Dieu (Arif). C'est de lui que procèdent tous les dons divins, ce qui rend
ainsi facilement compréhensible que l'orientation vers un autre que lui (pour bénéfice de
ces dons) ne donne aucun résultat. Armé d'une telle conviction, le disciple n'errera pas
de voie en voie pour jouir de leurs bienfaits, mais il se contentera de son appartenance à
la Tariqa Tijâne et se concentrera sur les efforts spirituels qu'elle lui exige. Ceci est la
vérité.
- Ne pas associer à la pratique du wird Tijâne celui d'une autre Tariqa

65- Celui qui soutiendra un tel propos aura menti devant le Seigneur plein de
Majesté. Moi, Cheikh Ibrahim, j'affirme que ce wird (Tijâne) dépasse en grades
l'ensemble des wirds.
Limites-toi donc à lui.
66- Attaches-toi aux oraisons imprescriptibles et je jure sur ma vie que tu
accéderas à ton Seigneur.

C = Cheikh Ibrahim est un musulman accompli au point que la communauté islamique l'a
élevé au rang de Cheikh Al Islam. Ses propos ne peuvent donc être que véridiques.

67- attaches-toi à la récitation du Hizbou Taddarou, de la Salatoul Fatiha et à


l'invocation intitulée Allâhoumma aleyka mahawalî.
68- Font partie des oraisons de la Tariqa, en plus de ceux que je viens de citer,
d'autres formules détenues par les hiérarques.
Tu ne bénéficieras du secret de ces dernières qu'au prix d'un amour et d'une
véridicité à toute épreuve, mais jamais par la bassesse.

C = Le lazim, la wazifa et le zikrou Jumaa sont communs à tous les disciples. En plus
duhizbou taddarou, de la salatoul fatiha et de la formule Allahoumma aleyka mahawatî, il
existe des secrets qui font partie du wird et qui sont des privilèges accordés aux
hiérarques. Tu n'obtiendras jamais ces secrets par la bassesse, la ruse ou la haine. Tout
disciple qui détiendra par devers lui ces secrets par des voies ou méthodes non
appropriées n'en tirera aucun intérêt. Le bénéfice lié à la récitation de telles formules ne
se manifeste qu'à la suite d'un effort soutenu et d'un respect sans faille des
recommandations.

69- Suis-les (les hiérarques) en te conformant à eux et à leurs


recommandations.

C = c'est en appliquant ce qu'ils te prescrivent et en t'éloignant de ce qu'ils t'interdisent


que tu bénéficieras des secrets.

70- Ne sois pas enclin, toi le novice, à la palabre, fuis les cercles de
conversation insignifiante.

C = Si tu t'engages dans le noviciat, romps avec le verbiage, consacre toi à Dieu et fuis
les assemblées où la parole coule inutilement à flots.

71- Ne sois pas avide de secrets. Saches qu'un secret n'est jamais exhibé.

C = Ne sois pas un chercheur invétéré, traquant toujours les secrets. Les secrets
annoncés publiquement, dans les livres et à travers les organes de communication n'en
sont pas en réalité. Beaucoup d'individus pensent incorrectement que ceux qui les
publient font œuvre louable car rendant disponible ce que cachent selon eux les Maîtres.
Un secret est donné suivant des règles particulières, mais il n'est jamais étalé sur la
place publique.
72- saches que toutes tes aspirations pourraient être satisfaites si tu t'attaches
constamment au Maître.
73- Est sauvé quiconque s'unit à Cheikh Ahmad At-Tidjani (RA)
Il est bien établi parmi les hiérarques que ce n'est qu'en Cheikh Ahmad At-
Tidjani que le salut se réalise. Sois conscient de mes paroles.

C = Saches que c'est par l'union avec lui que nous accédons à Dieu. La recherche de
Dieu, son accès à Lui est le sens de notre présence sur terre.

74- l'adoration et la vie de celui qui ne s'est pas initié à la gnose sont pure
vanité.

C = tout acte est vivifié par une réalité sous-jacente qui est son esprit. Aucun acte ne
doit être exécuté mécaniquement. Il lui faut comme substance vivifiante la connaissance,
et doit se déployer dans le moule d'une conscience agissante. L'adoration n'a donc de
sens que l'actualisation de Dieu qui a dit : « Je n'ai créé les êtres que pour qu'ils
m'adorent ». Baye en faisant l'exégèse de ce verset affirma que ce que Dieu sous-
entend derrière l'adoration et qui prime sur elle sans la nier est sa connaissance. Dieu
donc en prescrivant à la créature l'adoration, lui enjoint par ricochet et implicitement de
le connaître. Ce n'est pas la gestuelle au cours de l'adoration qui importe pour Dieu, mais
plutôt l'orientation des cours vers lui, l'affirmation en soi de son unitude, la confiance en
lui et la prise de conscience qu'il est le seul savant, le seul Agent.

75- Ne te ménages pas dans la recherche de la connaissance de ton Seigneur.


Engages-toi dans la voie qui mène à Lui et persévères dans l'effort, sans relâche
en cultivant un idéal de perfection dans ta quête, en vue de Dieu exclusivement.
Ce faisant, tu percevras le prodige lié à la proximité du Seigneur Miséricordieux.

C = en procédant ainsi, tu goutteras avec délices de la connaissance du Miséricordieux.


De Dieu, nous ne pouvons supporter que sa Miséricorde, et sa connaissance délivre de
l'enveloppement le gnostique (de par sa Miséricorde). Saches qu'au delà de l'accès à Lui,
Dieu dispose à profusion de biens qu'il est prompt à donner à celui qui ne cesse d'évoluer
spirituellement. Comme c'est au Prophète que Dieu enjoint de demander « un surplus de
savoir » qu'en serait-il d'une créature de moindre rang ? Dieu lui a dit ailleurs dans le
Coran « Je te donnerai jusqu'à ce que tu sois satisfait ». Il lui a encore dit: « je
te donnerai en grande quantité ». Qui a donc une idée de la quantité envisagée sous
l'angle divin ? Cette notion de quantité est à la mesure de l'immensité divine.

76- Dieu se présente à celui qui s'est éveillé à la conscience de sa présence,


comme l'enveloppe et l'enveloppant, comme l'avant et l'après.

C = qui parvient à s'approcher de Dieu finira par se rendre compte qu'il est la seule
Réalité, la seule Présence. Est enveloppé par un voile de ténèbres celui qui n'a pas acquis
ce savoir expérientiel grâce au compagnonnage avec un connaissant.
L'ignorant doit se concilier la compétence d'un Maître avéré afin de boire à la coupe de ce
savoir. C'est cela qui justifie notre alliance avec Baye.

77- Si tu ne perçois pas en ton for intérieur un surcroît de foi, interroges-toi et


saches que l'obstacle est en toi ; repends-toi donc sincèrement et attaches toi
aux belles œuvres.

C = Dieu s'est donné beaucoup de Noms parmi lesquels le Miséricordieux. Des savants
avancent que les Noms sont antérieurs à l'existence alors que d'autres soutiennent
l'inverse.
Si nous posons l'hypothèse de l'antériorité de la Manifestation sur les Noms, la question
qui nous vient à l'esprit est la suivante : Quel Nom Dieu s'était-il donné dans la
préexistence ?
Assurément, Dieu s'est nommé dans la Pré-manifestation. Et ses Noms, reflétant ses
qualités, sont autant de perches tendues à l'homme pour l'aider à s'accomplir dans ce qui
l'élève et l'honore.
Sa Miséricorde témoigne de sa longanimité, de sa Magnanimité, de sa Mansuétude et sa
Solitude.
L'homme qui ne profite pas des Qualités dont s'est paré Dieu, de son Aide et de son
Soutien pour infléchir la trajectoire de sa vie ce qui l'embellit et l'honore est un
irresponsable fautif.

78- Repens-toi sincèrement et astreints-toi à embellir tes actes.

C = l'embellissement consiste à se conformer aux obligations divins, à s'efforcer à se


mettre en adéquation avec la tradition du Prophète (SAW) et à chercher à s'établir sur la
voie de l'excellence dans le bien. Ce faisant, l'opacité qui te voilait la Miséricorde divine
se dissipera.

80- Ne mécontentes pas un Musulman, ne sois pas en colère, sauf contre un


prévaricateur.

C = le prévaricateur est celui qui s'est écarté du droit chemin et fait par là, prospérer la
famille des désobéissants.
C'est sur un tel individu qui peut être une occasion de perte pour les autres qu'il faut
cristalliser sa colère. Il ne faut aimer et haïr qu'en vue de Dieu exclusivement.

81- Attaches toi aux actes surérogatoires la nuit, sois habitué à la faim et que ta
nourriture soit licite et modérée. Tout cela constitue des moyens qui te
rapprochent de ton Seigneur.

C = s'adonner aux prières nocturnes est une recommandation divine. La nuit est paisible
et apaisante, ce qui libère l'esprit des pesanteurs terrestres, lui permettant ainsi de
s'élever au-dessus du mondain. Il est ainsi créé un cadre propice à la contemplation et à
la concentration sur le Seigneur. Toi qui cherches à te rapprocher du Seigneur, ne
négliges pas la nuit, mets-là à profit à travers sa vivification par des actes
surérogatoires.
Imposes-toi la faim, car la satiété t'alourdit, t'alanguis et te force au prélassement et au
sommeil.
La satiété te fait perdre ton allant et au demeurant, t'empêche de faire tes prières
nocturnes alors que la faim te pousse à garder l'éveil.

82- Sois généreux et en bons termes avec tes proches et ne sois pas bavard.

C= le mot « proches » inclut aussi bien la parenté biologique que celle spirituelle. Le
musulman est ainsi le frère du musulman. Apportes secours à tes proches par ton savoir
et ton assistance.
Ne sois pas bavard, même si tu est un océan de science. Cultives parfois le silence et
prêtes attentivement l'oreille aux autres. Ainsi tu t'instruiras par là sans conteste auprès
d'eux. Celui pour qui les choses sont spirituellement transparentes, voyant Dieu en tout,
et qui s'établit dans le silence privilégiant ainsi l'écoute, tirera un grand profit d'une telle
attitude, car Dieu sera son instructeur. Cette exigence de conformation à la loi du silence
s'adresse préférentiellement à celui qui s'est engagé dans la voie de la réalisation
Unitive.

83- Aies pour compagnons des gens au caractère noble et choisis-les parmi tes
proches.

C = N'entretiens des liens qu'avec des gens de vertu au caractère noble. Ne cherches pas
à te lier d'amitié avec n'importe qui. Choisis tes compagnons, car les vertueux
t'influenceront positivement alors que tu seras contaminé par les vices des
prévaricateurs. Ne te lies qu'a ceux qui sont enracinés dans le bien et dont le souci
constant est le bien agir et le bien penser.

84- On ne s'assemble qu'avec celui qui nous ressemble. Le vertueux ne se lie


qu'au vertueux, à l'opposé du vicieux qui ne s'affilie qu'à son homologue.

C = l'individu peut être jugé au regard de son compagnon qu'il est nécessaire de bien
choisir. En dernière analyse, la liste des compagnons peut être réduite à la diptyque : Le
Prophète Muhammad (SAW) et Ibliss (Satan).On a comme compagnon soit l'un soit
l'autre, jamais les deux à la fois car ils s'excluent mutuellement. Son sauvés tous ceux
qui ont pour compagnon le Prophète Muhammad (SAW), mais seront damnés tous ceux
qui feront partie du cercle d'Ibliss. Le Prophète Muhammad (SAW) et Ibliss (que Dieu
l'éloigne de Nous) sont présents en toute époque, parce que sous un certain rapport,
chaque créature aspire à l'un d'eux. Sous ce rapport, ils sont présents par l'élan des
cours qui porte vers eux.
La tradition rapporte qu'un jour un compagnon s'adressa au Prophète (SAW) en ces
termes : « Notre amour pour Toi est tel que nos cœurs sont serrés rien qu'à
l'idée de penser que nous seront éloignés de Toi au Paradis, du fait du privilège
qui t'est accordé ».
Et le Prophète (SAW) de lui répondre : « l'aimé et l'amant sont toujours réunis ».
Cette réponse remplit de joie le cœur des compagnons et illumina leur visage. Ainsi
l'aimé dans ce bas monde nous sera rendu présent dans l'au-delà. Soyez donc avec les
justes et n'ayez pas des accointances avec les prévaricateurs.

85- Aies toujours présent à l'esprit , le jour de la pesée des œuvres et médites
sur les regrets qu'exprimera constamment le pensionnaire de l'enfer.

C = saches qu'il viendra un jour où toutes les œuvres seront pesées. Celui dont les
bonnes œuvres l'emporteront, Dieu dans son Omniscience, décidera de son sort. Restes
toujours conscient de l'inéluctabilité de ce jour, car ce sera une motivation toujours plus
forte pour œuvrer dans la bonne voie, et pour rompre avec tes inclinations novices.
Que le souvenir du jour où les livres seront distribués soit toujours vivant en toi. Celui qui
aura bien œuvré recevra son livre (celui de ses œuvres) avec la main droite et sera
modérément jugé (car personne ne peut échapper au jugement), mais malheur à celui
qui recevra le sien avec la sénestre.
Celui qui est habité par un tel souvenir ne cessera de faire ses comptes journalièrement
et s'évertua à dépenser chaque seconde de sa précieuse existence dans le bien.
Le contrevenant dans le mal l'emportera et qui séjournera par la volonté de Dieu en
enfer sera submergé par un flot de regrets dont il ne se départira pas, autant que durera
son séjour infernal.
Que chacun médite donc sur les affres de l'enfer afin un aiguillon pour se décourager à
s'engager dans les méandres du mal et du vice, et pour cheminer dans la voie rectiligne
du bien et de la vertu.

86- médites à propos du paradis, sur les hourdis, les valets qui seront sous tes
ordres et les maisons qui te seront attribuées.

C = Les houris sont les femmes du paradis aux grands yeux d'un blanc éclatant et à la
beauté plus que féerique, et dont la manifestation de la plus infime partie de leur corps
dans notre monde l'embraserait, du fait de leur splendeur. A l'hôte du paradis, il lui sera
gratifié beaucoup de ces femmes. Ne cesses donc d'aspirer au Paradis et d'œuvrer pour y
accéder afin de jouir de la compagnie agréable de ces êtres à la beauté sublime.
En sus des houris, une pléiade de valet sera affectée à l'heureux pensionnaire du paradis
pour être à ses petits soins et pour obtempérer à tous ses ordres. Il sera hébergé dans
des maisons, chacune aussi gigantesque que notre monde et d'une beauté sans
commune mesure.
Nous ne cessons de nous activer dans ce bas monde aspirant constamment à la
quiétude, au bonheur et à la richesse. Que cette recherche du bas monde ne nous prive
pas de celle de l'au-delà et de ses délices, qui sont sans pareils. Qui aura œuvré dans le
bien, aspirant au paradis, ne l'aura pas fait en vain et sera en retour rétribué en houris,
valets et maisons.

87- Attaches-toi aux œuvres qui dissipent les pêchés dont le summum est la
prière du Qutb.

C = pratiques toutes les œuvres qui dissipent les pêchés en sachant que l'œuvre
rédemptrice suprême est la prière du Qutb, en l'occurrence, Cheikh Ahmad At-Tidjani
(RAA). Cette prière salvifique est la salatoul Fatiha à propos de laquelle Cheikh Ahmad
At-Tidjani (RAA) a dit qu'elle peut servir de trait aux objets de toutes les aspirations
afférentes aux deux mondes, et vider nos existences terrestre et outre-tombe des
vilénies qu'elles peuvent colporter.

88- le « Mussabahâtul Asri » récité matin et soir anéantit les pêchés.

C = le « Mussabâtul Asri » fait partie du corpus d'invocations de la Tariqa Tidjane. Quel


est le sens du pêché et d'où tire t-il son origine ? Il tire sa source du regard, de
l'audition, de la parole, de l'acte (par la main) et du sexe.
Le ventre accueillant ses aliments non recommandés et les pieds marchant vers un lieu
proscrit peuvent générer le pêché.
Voici les moyens par le biais desquels nous nous établissons dans le péché auquel il est
très difficile d'échapper.
Attachons-nous donc continuellement à tout ce qui pourrait le dissiper.

89- Répéter avec le muezzin les paroles d'appel à la prière absout aussi les
péchés.

C = procéder ainsi est conforme à la tradition du Prophète (SAW). En plus de la


prononciation, tu prêteras une attention particulière aux paroles pour mieux t'imprégner
de leurs sens afin de susciter et développer la conscience de Dieu en toi. Une fois
terminée l'appel, réponds-y.

Il existe une multitude de formules permises par la charia, toutes faisant


accéder au magasin des richesses divines. Cependant, nulle n'égale la salatoul
fatiha en grade.
Ces invocations, même si elles permettent l'acquisition de biens de toutes
sortes, doivent néanmoins être faites en vue de Dieu exclusivement. Ainsi la
réalisation en Dieu, sa conformité à Lui qui est le Possesseur de toute chose,
permettent de bénéficier de sa grâce et de ses richesses.

90- la salatoul tasbih, la glorification de Dieu dont la lecture du Coran, font


fondre aussi les péchés. Soit convaincu de la véridicité de mes propos.

C = La salatoul Tasbih est une prière d'absolution des péchés, que le Prophète (SAW) fit
connaître à son oncle paternel (ABBAS), après que celui-ci lui fit acte de contrition à
propos de ses fautes antéislamiques. Cette prière est à effectuer quotidiennement,
hebdomadaire, mensuellement, annuellement ou une fois dans la vie.
Il existe beaucoup de formules de glorification qui absolvent les péchés, parmi lesquelles,
la lecture ou l'audition attentive et intelligente du Coran, afin d'en décortiquer le sens.

91- deux rakas faites à l'insu des regards avec une intuition sincère effacent les
péchés.
C = ces deux rakas sont des actes surérogatoires faits au gré de l'adorateur, en vue de
Dieu.
Faire des pas en direction des mosquées absout les péchés.

C = se rendre à des assemblées motivées par Dieu exclusivement est équivalent au


regroupement dans les mosquées, car l'idée de base est la même = la rencontre en Dieu
et pour Dieu exclusivement qui est le principe d'existence de la mosquée.

92- Faire ses ablutions en conformité avec la norme dissout les péchés, de
même que la guidance d'un aveugle.

C = il existe deux types d'aveugles. Celui dont les yeux de la tête ont perdu leur faculté
et celui dont l'œil du cœur est voilé par les ténèbres de l'ignorance. Guider le premier
dans son déplacement et le second vers la vérité pour l'aider à s'accomplir participent
des œuvres pies qui réduisent à néant les pêchés.

93- satisfaire les besoins du nécessiteux extirpe les pêchés.

C = l'aide divine intercède en faveur de celui qui apporte son soutien à son prochain. Il
est une loi selon laquelle le don de ce que l'on désire facilite et permet davantage son
acquisition : voici une voie vers l'enrichissement.
Celui qui s'investit par sa force en faveur d'autrui sera davantage plus fort. Celui qui
donne de son argent sera davantage plus riche. Celui qui partage son savoir croîtra en
science.

94- Méditer sur le déploiement des vagues boute les pêchés hors de toi.

C = la méditation sur le déploiement des vagues (de la mer) rend compte de la puissance
divine et de son emprise sur toute chose. Cette méditation te mettra sur la trajectoire de
la perception de son unitude qui est le but de la réalisation spirituelle.

La convivialité vis à vis de tes proches absout les pêchés.

C = Cette convivialité doit naître d'un élan sincère du cœur. Elle ne doit pas être une
façade de circonstance, pas plus qu'elle ne doit se soumettre à un désir d'adulation,
auquel cas, tu tombes dans la prévarication.

Agrippes toi solidement à l'anse de mes recommandations.

C = Ces recommandations doivent constituer le vivier dans lequel tu devras jeter le filet
de ton existence.

95- respecter les chartes du Ramadan annihile les pêchés.

C = le respect des prescriptions du Ramadan et sa vivification par des actes tels la


lecture du Coran, le partage de la richesse dissipe les pêchés.

Celui qui dépense ses nuits du Ramadan en prières surérogatoires se lave de


ses pêchés.

C = ceci découle d'une assertion du Prophète (SAW) qui disait : « quiconque accomplit
des prières surérogatoires au cours des nuits du Ramadan, rien que du fait de sa foi, et
pour être gratifié par Dieu, sera absous. »

96- le Hajj (le grand pèlerinage), la Umra (le petit pèlerinage), ainsi que
l'aumône secrète prélevée d'un bien acquis licitement dissolvent les pêchés. Le
don secret est changement positif et apprécié.
C = l'aumône donnée ostensiblement n'est pas mauvaise en soi. Cependant, la charité
doit être faite, sans ostentation, dans un élan de piété et de sincérité.

97- Instruire les enfants pour qu'ils s'adonnent à la prière communautaire


efface aussi les pêchés.
Tout ce qui a été sus-mentionné et pouvant conférer un état de grâce fut énoncé par les
anciens dans leurs écrits.

C = inciter les enfants à la prière en commun par l'instruction et leur enseignement des
règles afférentes, supprime les pêchés. On pourrait se poser la question suivante :
pourquoi est-il fait mention des enfants exclusivement, à ce propos, et pas des adultes ?
Les réponses peuvent diverger.
La préférence de Dieu porte sur l'adoration de l'enfant, car sa fougue et son inclination à
tout ce qui titille l'anima bruta (Nafs) sont plus prononcés que chez l'adulte qui dispose
de plus de ressources psychologiques, morales et intellectuelles pour se contenir. Aussi,
éduquer l'enfant dans l'adoration permet de le forger dans le moule de la religion, ce qui
participe de la formation d'un futur adulte en adéquation avec les exigences de la foi, ce
qui le rend moins enclin à la prévarication.
Ainsi le combat de celui qui s'investit à façonner les enfants dans la foi, au moment où ils
sont malléables, est comparable à la guerre sainte.

98- le penchant pour le pouvoir endurcit le cœur et constitue le pire des vices.

C = l'aspiration quasi obsessionnelle au pouvoir endurcit le cœur. Baye disait qu'il ne faut
pas s'évertuer à chercher à se faire éclairer par les feux de la rampe, autant que
l'obstination à rester dans les coulisses est de mauvais aloi. Il disait en plus, que, si la
volonté de Dieu est de te manifester, cela est préférable. Mais si sa volonté est de
t'occulter cela est encore préférable. N'aspires ni à l'un, ni à l'autre. Le penchant pour le
pouvoir relève quelque part du désir de paraître et cela est pernicieux et répréhensible,
car il endurcit le cœur alors que le but de la foi est de le ramollir pour le vivifier.
De même, dans ton adoration, ne verses pas dans l'ostentation et ne te camoufles pas
pour te dérober aux regards. Adores Dieu pour Lui exclusivement.

99- La plaisanterie à des fins comiques endurcit le cœur, de même que la


médisance.
Fuis la mauvaise compagnie, n'écoutes pas les obscénités, éloignes-toi de la zizanie et
fuis les débouchés.

C = plaisanter pour noyer la colère d'autrui dans la bonne humeur, ou plaisanter à des
fins pédagogiques n'est pas proscrit.
Cependant, jouer au bouffon afin de provoquer l'hilarité endurcit aussi bien le cœur du
facétieux que celui de l'individu qui se prête à ses farces.
Médire de quelqu'un n'est pas proférer des mensonges à son encontre, mais consiste
plutôt à tenir sur lui, en son absence, des propos malveillants en révélant ses fautes, ses
défauts à un tiers, avec l'intuition de ternir son image.
La meilleure attitude consiste à t'entretenir en toute sagesse avec le concerné de façon à
l'aider à faire œuvre de pénitence, et à se corriger.
Quelquefois, le jugement à travers le prisme déformant de la subjectivité peut te pousser
à grimer négativement et selon ton bon vouloir, le faciès psychologique d'un individu.
Ceci peut à ton niveau, réfracter son image positive en une image morale laide et
repoussante.
Ne juges donc pas au gré de l'oscillation de ton subjectivisme trompeur, et saches que la
mauvaise compagnie est personnifiée par les contrevenants à la loi divine. A l'opposé , la
belle fréquentation est celle de ceux qui se conforment aux injonctions du Seigneur. Il
faut fuir les premiers qui sont non seulement enténébrés mais propagent aussi
l'obscurantisme autour d'eux, les pouvoiristes faisant partie de ce lot.
- Il existe des personnes qui sont portées à semer la zizanie entre gens entretenant de
bonnes relations.
Il ne faut pas permettre à ces grippeminauds de sévir. Et à chaque fois que des propos
malveillants, prétendus énoncés par un ami te sont rapportés, enquiers-toi de leur
vraisemblance afin de le récriminer..
Fuis la compagnie de ceux dont les mœurs sont dégelés, qui ne sont enclins qu'au mal
dans leur agir et leur propos.

100- ne te laisses pas chevaucher par les désirs de l'anima bruta (Nafs)

C = la domination par les désirs de l'anima bruta peut te faire emprunter la voie de la
perdition. Ces désirs peuvent te pousser à la paresse, au prélassement, à
l'alanguissement et te faire craindre la diminution de biens par l'aumône.
Ils peuvent te pousser à rechercher la compagnie agréable de femmes qui ne te sont pas
licites, ce qui pourrait t'ouvrir grandement les portes de la fornication.
Saches que tout chez la femme peut être l'objet de plaisir : son corps, son port, son
verbe ...
L'audition de propos émis par la femme n'est pas illicite en soi, mais elle l'est plutôt par
l'effet qu'ils produisent chez l'audiant. Il en est de même du regard de la femme dont
l'interdiction est liée à l'effet produit chez l'oyant.
Aussi, la rencontre de l'homme et de la femme, puis l'échange de paroles (frivoles) ainsi
que le regard rempli d'ardeur et de passion justifient l'interdiction par le Coran, de
l'approche de la fornication. Fuir la fornication, c'est donc refuser d'écouter la femme et
de la regarder.
Fuis les attraits de l'anima bruta sachant qu'elle ne te mène pas à ce que Dieu agrée.

Détournes-toi du monde en refusant d'obtempérer aux désirs.

C = se détourner du monde n'est pas synonyme de refus de porter de beaux vêtements,


ni celui de la bonne chair, pas plus que celui du repos sur des supports moelleux, encore
moins celui de l'occupation de belles maisons.
Jouis de tout ce qui t'est licite en prenant garde que tes biens ne soient une voile qui
s'intercale entre Dieu et toi. Barre donc le chemin aux désirs de l'anima bruta pour te
prémunir contre l'éloignement de Dieu.
Se détourner du monde signifie que le monde ne doit être ni un moyen, ni un prétexte
pour contrevenir à Dieu, par le discours ou l'agir.
Beaucoup pensent que se détourner du monde veut dire porter des guenilles, vivre dans
l'inconfort et refuser la satiété. Cela est faux.
Aspires à tout ce qui est bon, beau et doux. Il est dit dans le Coran que Dieu a favorisé
les croyants, de biens dont ils doivent profiter à juste titre. Celui qui veut rendre illicite
ces dons ne veut que nier ce que Dieu a gratifié aux ayants droit croyants.
Se détourner donc du monde, c'est refuser d'être sous le joug potestatif de l'anima bruta,
c'est se rebeller contre sa dictature qui nie le vouloir divin et installe la concupiscence.

101- restes cloîtré dans ta chambre et fuis les créatures. Evites les joutes
oratoires et ne cherches pas à avoir raison tout le temps.

C = Passes l'essentiel de ton temps dans la claustration, car la misère morale a gangrené
la société au point qu'il est difficile d'échapper à la contamination. Isoles-toi pour te
consacrer à Dieu, surtout si tu es engagé dans la voie de la réalisation unitive. Fuis les
gens ainsi que leurs vilénies. Et si des obligations te poussent à sortir, regardes tes
semblables sans les voir, écoutes-les sans les entendre, commerces avec eux en les
occultant.
Que Dieu t'environne de toute part, et perçois Le en toi et en tout. Dans cette
perspective, ta vie claustrale, celle d'anachorète sera identique à celle de cénobite et vice
versa, car dans tous les cas, Dieu seul subsiste.
102- Fermes tes yeux sur les défauts d'autrui et détournes toi des vélinies.

C = Ta focalisation sur les défauts d'autrui peut t'empêcher de reconnaître ses qualités.
N'aies en vue que tes insuffisances. Travailles à te rectifier et à te parfaire.
Ainsi tu ne verras plus de défauts chez ton semblable. Le Prophète (SAW) a dit : « il
existe deux qualités qu'aucune ne dépasse en grade : nourrir des préjugés
favorables pour Dieu et pour les hommes. Il existe deux défauts en deçà
desquels n'existe aucune imperfection morale nourrir des préjugés défavorables
pour Dieu et pour les hommes ».
Nourris donc un préjugé favorable pour tous les hommes. Ne cherches ni ne perçois leurs
défauts. Ne fais pas des défauts d'autrui un objet de conciliabule. De l'autre, ne vois que
ses qualités. En te comportant de la sorte, tu ne tireras de ton commerce avec les
hommes qu'agrément.
Le préjugé favorable que tu nourris pour Dieu et les hommes peut atteindre un degré tel
qu'aucune créature ne pourra te manifester son pouvoir de nuisance. Ainsi, pour autant
que tu sois convaincu de ton identité principielle avec un lion, tu pourras l'enlacer sans
suite fâcheuse.
Dieu dit dans un hadith qudsi = « Je suis tel que me pressent mon esclave ». S'il
subodore la Miséricorde et le Pardon divins, il trouvera Dieu Miséricordieux et Indulgent,
et inversement. Et c'est pour cela qu'il est recommandé de proférer, en présence de
l'agonisant, des paroles qui dénotent la Bienveillance et la Miséricorde divines. Ainsi, il
aura à sa mort, comme viatique, l'espoir de l'accueil par la Miséricorde divine qui
constitue un visa pour l'accès au paradis.
Nourris donc des préjugés favorables pour Dieu et les hommes, et fais espérer la
Miséricorde divine à tes semblables. Ne sois pas de ceux qui parlent aux hommes, en
brandissant sans arrêt l'épouvantail du châtiment divin.
Uses d'un discours adapté au profil moral de ton interlocuteur. Au contrevenant à la loi
divine enclin au mal, sort l'argument du châtiment, dans le but de provoquer un choc en
retour, afin qu'il retrouve la bonne voie. Mais à celui qui s'efforce dans le bien
encourages-le, annonces-lui la bonne nouvelle et fais lui part de la Miséricorde divine et
de sa Bienveillance. Fermes donc tes yeux pour ne pas voir les défauts d'autrui. Ne
perçois que les tiens. Nourris un préjugé favorable pour tout le monde. Aies des
dispositions bienveillantes à l'égard des gens, en n'ayant que Dieu en vue. Saches que
c'est avec Dieu que tu commerces à travers le voile des créatures, conformément
auHadith qudsi suivant raconté par le Prophète (SAW). Le jour du jugement dernier Dieu
interpella certains en ces temps = « un tel, je suis venu tel jour quémander auprès
de toi et tu m'as refusé l'aumône. Je me suis présenté devant toi affamé et tu
m'as refusé la nourriture. J'étais embarrassé, j'ai sollicité ton assistance et tu
me l'as refusé » Et l'accusé de lui rétorquer : « comment est-il possible que j'aie
refusé de répondre à ta demande ? » Et Dieu de reprendre « Tel jour, un tel t'a
formulé une demande que tu lui as refusé. Ne sais tu pas que j'aurais été le
destinataire du don par son biais ? »
Tirons donc de ce hadith l'idée que c'est à Dieu que nous donnons par le biais des
créatures. Sachons aussi que c'est Dieu qui donne à travers notre modeste personne.
Que cela soit distinctement et indélébilement imprimé dans ta conscience. Occultes-toi
quand tu donnes et rends Dieu seul présent.
Ne refuses pas à l'ayant droit qui demande auprès de toi, alors que tu peux le satisfaire,
qu'il soit riche ou pauvre.
Le Prophète (SAW) a dit : « donne au nécessiteux qui quémande quand bien
même il chevauchait une monture en se dirigeant vers toi ». La possession d'un
cheval était une marque de richesse. Ne refuses donc pas au riche alors que tu peux le
satisfaire. Que sa marque extérieure de richesse ne soit pas un prétexte pour ton refus
donne à Dieu par son biais.
Un mendiant se présente un jour chez Aïcha (bénie soit-elle). Au moment de lui faire la
charité, elle marqua un arrêt et retourna dans sa chambre. Elle parfuma l'aumône et la
céda ensuite au mendiant. Le Prophète (SAW) l'interrogea ensuite sur le sens de son
geste. Et Aïcha de lui répondre qu'au moment de faire la charité, il lui vint à l'esprit que
c'est à Dieu que ce don était destiné, d'où le retour dans sa chambre pour l'embaumer.
Et le Prophète de lui dire : « tu commence à devenir perspicace ».
En conclusion ne perçois que tes défauts et exerces-toi à te redresser et à te parfaire. Ce
faisant, tu te rendras compte de la perfection de toute chose, car in fine, il n'y a de
réalité que Dieu.

103- donnes l'aumône en vue de Dieu exclusivement. Rends visite, sans rompre
aux tombes des musulmans.

C = rends visite aux tombes des musulmans et que cela soit pour toi un objet de
méditation. Vois comme ils sont environnés de toute part par la terre, étant incapables
de mouvements alors qu'ils ont vécu comme toi. Prends conscience que tu les rejoindras
un jour. La méditation sur la mort est un moyen efficace pour se sermonner et se
convaincre de bien agir. Car tu seras comptable de tes œuvres qui témoignent en faveur
de toi ou contre toi, le jour du jugement. Dieu est Miséricordieux.

104- Ne jures jamais sans conditionner ton serment à la volonté divine.

C = Ne jure jamais sans y adjoindre la formule « Inch Allah » (s'il plait à Dieu), car livré
à toi même, tu n'as aucune science, ni aucun pouvoir. Dieu est le Maître de la Puissance
et rien de ce que tu fais ou entrevois de faire ne peut aboutir sans son intercession.
Même si tu ne prononçais pas la formule, qu'il soit bien installée en ton for intérieur,
l'idée de la prééminence de la volonté divine régissant toute l'existence. Une telle
conscience t'empêchera d'être outrecuidant et suffisant.

105- Me voici arrivé au terme de mon exposé. C'est un résumé succint que je ne
voudrais pas tirer en longueur, pour me mettre en adéquation avec les
contemporains qui ne disposent plus d'assez de temps.

106- J'ai composé ces vers en l'an 1342 après l'hégire (1922).

C = ce livre a été écrit alors que Baye n'était âgé que de 21 ans.

107- J'ai intitulé ce poème « L'ESPRIT DE LA BONNE CONDUITE » à cause des


paroles utiles qu'il renferme et de ce qui y est mentionné comme conforme aux
bons usages.

C = Tout ce qui existe est sous-tendu par une réalité sous-jacente qui en est l'esprit, et
qui l'anime. Le convenance est l'ensemble des règles de bon usage qui permet de
recevoir les faveurs divines.

108- je présente mes excuses aux esprits subtiles pour les imperfections qui
pourraient colporter l'ouvrage, imperfections liées à l'âge.

C = c'est par pure modestie que Baye adopte cette attitude. Sa maîtrise parfaite de
l'arabe, sa perspicacité, sa maîtrise du savoir sont incontestables et ne présentent
aucune brèche. Pour preuve, le fait qu'il soit membre fondateur et membre à part entière
de la Ligue Islamique est éloquent. Et mieux, je peux dire sans me tromper que toute la
Ligue se résumait à lui, car il en était l'essence. Il intervenait dans toutes ses rencontres
et était fort écouté. Ses arguments faisaient autorité et étaient appréciés de tous.
Aucune décision ne se prenait sans qu'il ne soit consulté.

109- C'est un jeune âgé de 21 ans qui est à l'origine de ces vers et qui en
appelle à votre indulgence, et l'expression de l'indulgence est vivement
appréciée.

110- Ô Dieu , fais profiter ces vers à tous les croyants. Ô Seigneur, je te
demande, par le grade de la meilleure des créatures, de faire profiter l'utilité de
ce livre à tous les croyants.

111- Ô Dieu, fais de la rédaction de ce livre une œuvre pure manifestée en vue
de Ton illustre Essence. Ô Seigneur, Ô le Bienveillant, Ô le Miséricordieux, Ô le
Clément agrée ma prière.

112- Ô Toi lecteur de race blanche que mon âge et ma peau noire ne soient pour
toi un prétexte pour ne pas assimiler mes vers.

113- Saches que Dieu favorise qui Il veut, et Dieu est le Détenteur de la grande
faveur. C'est vers Lui que s'oriente tout le monde.

114- Je vous rapporte un propos d'un illustre serviteur du Prophète (SAW)


nommé Ahmad, et qui s'est proclamé serviteur du Prophète (SAW) il s'agit de
Cheikh Ahmadou Bamba

115- « Ne penses pas qu'être de race noire implique l'inintelligence et le


manque de perspicacité ».

116- Ô Seigneur par le grade du guide dans le droit chemin (SAW), préserves
nous des méfaits de tout malfaiteur.

117- Accordes-nous une gnose pure, sublime et parfaite. Accordes-nous tout


bien auquel nous aspirons.

118- Enveloppes nos vilénies de Ta belle circonspection. Asservis nos ennemis


de ton Majestueux pouvoir de coercition

119- Louanges à Dieu dont l'aide m'a permis de composer ces vers, Lui le
détenteur de la grâce. Amin

120- Prière et paix sur le Prophète Muhammad (SAW), l'élu des créatures,

121- sur sa famille et ses illustres compagnons, tant qu'il existera des
endurants aspirant à la gnose.

C = Nos ennemis ne se comptent pas parmi nos coreligionnaires à moins qu'il ne s'agisse
d'un pêcheur enclin au mal, et nuisible à ses semblables. Nos ennemis se trouvent en
dehors de l'Islam.

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