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I. ORTIZ DE URBINA
CONSTANTINOPLE
PROPERTY O F
SiS, 1°
HISTOIRE
DES CONCILES ŒCUMÉNIQUES
I
NICEE
ET
CONSTANTINOPLE
PARIS
ÉDITIONS DE L'ORANTE
Le texte espagnol de cet ouvrage, écrit pour
les Editions de l'Orante, a été traduit par
X.-0. Monasterio et G. Dumcige, S. J.
82'
Hk7
v./
AVANT-PROPOS
Gervais DUMEIGE, s. j.
NOTES
Les notes explicatives et les références aux auteurs modernes sont en
bas de pages, appelées dans le texte par un ou plusieurs astérisques. Les
appels numériques renvoient uniquement aux sources anciennes : ces réfé
rences ont été reportées pages 243-246.
SIGLES ET ABRÉVIATIONS
ACO Acta Conciliorum Oecumenicorum (éd. E. Schwartz, Berlin, 1914
sv.).
CSEL Corpus scriptorum ecclesiasticorum latinorum (Vienne).
DACL Dictionnaire d'Archéologie chrétienne et de Liturgie (Paris).
DTC Dictionnaire de Théologie Catholique (Paris).
FC La Foi Catholique ... (de G. Dumeige, Paris, 1961).
GCS Die griechischen christlichen Schriftsteller (Leipzig).
HCO Histoire des Conciles Oecuméniques (publiée sous la direction
de G. Dumeige, Paris, 1962 sv.).
MANSI Sacrorum Conciliorum nova et amplissima collectlo (Floren-
tiae, 1759 sv.).
NGW Nachrtchten der Gesellschaft der Wissenschaften zu Gôttingen.
OCP Orientalia Christiana Periodica (Rome).
PG Patrologta Graeca (éd. J. P. Migne, Paris, 1857-66).
PL Patrologia Latina (éd. J. P. Migne, Paris, 1878-90).
RSR Recherches de science religieuse (Paris).
SC Sources Chrétiennes (Paris, 1942 sv.).
ZNTW Zettschrtft fur Neutestamentliche Wissenschaft.
NICÉE
CHAPITRE PREMIER
Même chez les Pères grecs du nie siècle, tout ne fut ni clair
ni sûr dans la théologie du Fils de Dieu, dont l'étude venait
alors de commencer. Ce qui ne veut pas dire qu'on ne trouve
pas dans la tradition antérieure d'affirmations précises sur la
divinité du Verbe, révélée à plusieurs reprises dans le Nouveau
Testament; mais les écueils que rencontrait la doctrine ortho
doxe, la terminologie théologique peu adéquate qui commen
çait à prendre forme en empruntant les vocables de la philoso
phie, ainsi que les rémanences de certains systèmes philoso
phiques, platoniciens et stoïciens notamment, provoquèrent par
fois des hésitations chez les auteurs ecclésiastiques du
Le début de la dispute.
* Pour toutes ces raisons, la plupart des historiens ont prêté peu d'at
tention à la théorie d'E. Schwartz qui situe le début de la controverse
arienne au cours de cette même année 324, peu avant la bataille d'An-
drinople. Pour notre part, nous nous rangeons ici à l'hypothèse qui fait
remonter à 318 les débuts de l'arianisme.
LES ORIGINES DE L'ARIANISME 39
mier stade, elle nous apparaît dans ses lignes essentielles, nette
ment définies par les deux adversaires.
ARIUS ALEXANDRE
SYMBOLE CHRETIEN ►
Rien n'atteste mieux In diffusion du christianisme que la pré
sence du symbole chrétien dans la vie de tous les jours et sur
les objets les plus usuels. Le « signe » que d'après le rapport
d'Eusèbe (Vite Const. I, 31) Constantin aurait vu avant la
victoire du Pont Milvius ne se retrouve pas seulement sur les
emblèmes militaires et sur les monnaies. La poignée d'une
lampe de bronze combine le monogramme du Christ à l'Alpha
et l'Oméga qui, selon l'Apocalypse, symbolisent sa divinité.
(Campo Santo Teutonico, Rome. Cliché Ist. Archeol. Tedesco,
Rome).
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LES ORIGINES DE L'ARIANISME 49
4 CONSTANTIN LE GRAND
Plutôt que l'empereur romain antique, c'est le donateur d'église
que les mosaïstes byzantins ont choisi pour représenter
Constantin sur les murs de Sainte-Sophie (fin x« siècle). Sur
un fond d'or, ceint d'un diadème que domine la croix, vêtu
comme un basileus, la tête nimbée, l'empereur tient dans ses
mains une église. Cette offrande symbolise bien l'attitude
spirituelle de celui qui donna à la religion chrétienne la liberté
et la paix (.Cliché Skira).
50 NICÊE
LE DÉROULEMENT DU CONCILE
DE NICÉE
L'inauguration solennelle.
LA SAINTE TRINITE ».
Dans l'angle supérieur gauche d'un sarcophage que son ordon
nance a fait appeler € dogmatique », l'artiste a représenté
la création des premiers parents par la Sainte Trinité. I.cs
trois personnages barbus sont identiques, sans doute pour
traduire leur égalité divine. Ayant derrière lui l'Esprit-Saint,
le Père, dans l'attitude de l'orateur, crée par sa parole, tandis
que le Fils pose sa main sur la tête d'Eve, sortie du flanc
d'Adam encore endormi. La préoccupation doctrinale est évi
dente dans cette scène assez rare d'un sarcophage que sa
facture met en relation avec certains éléments de l'Arc de
Constantin et que de récentes études datent de la dernière
période de la vie de l'empereur, entre 330 et 337. (Sarcophage
104, Musée du Latran, Rome. Cliché Ut. Archeol. Tedesco,
Rome).
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LE DÉROULEMENT DU CONCILE 65
4 BASILE LE GRAND
Saint Basile, tel que l'a vu un des miniaturistes qui ont tra
vaillé au célèbre Ménologe commandé par l'empereur Basile II
(976-1025) à Syméon Métaphraste. Le portrait est conventionnel
et fidèle aux règles de l'iconographie byzantine. L'archevêque
de Césarée, debout au milieu d'un pré vert-bleu, tient dans
ses mains un évangile à couverture d'argent ; le visage allongé,
maigre, il porte la tunique d'argent, la chasuble noir-verdâtre,
et l'homophorton bleu brodé de deux croix grecques. (Manus
crit Vaticanus Graeeus 1613, fol. 288. Cliché Bibl. Vaticane).
66 NICÉE
LA FOI DE NICÉE
Le symbole de Nicée.
est monté aux deux et viendra juger les vivants et les morts,
et en l'Esprit Saint.
Pour ceux qui disent : « Il fut un temps où il n était pas »
et « Avant de naître, il n'était pas », et « Il a été créé du
néant », ou qui déclarent que le Fils de Dieu est d'une autre
substance (hypostasis) ou d'une autre essence (ousia), ou
qu'il est créé ou soumis au changement ou à l'altération,
l'Église catholique et apostolique les anathématise » *.
La date de Pâques.
Parmi les affaires dont traiterait le concile, Constantin avait
prévu, en plus de la controverse arienne, le règlement des
désaccords sur la date de la Pâque *. Nous l'avons déjà vu,
l'usage le plus fâcheux était celui des Églises de Syrie, de
Mésopotamie et d'une partie de la Cilicie qui, tout en célé
brant Pâques le dimanche, suivaient le comput juif. C'était
chose humiliante et qui exposait ces Églises au danger de
célébrer la fête avant l'équinoxe de printemps. Nous avons vu
aussi que les computs pascals de Rome et d'Alexandrie, suivis
respectivement par l'Occident et l'Orient, n'étaient pas rigou
reusement identiques, bien qu'ils eussent tous les deux les
avantages d'être indépendants du comput juif et de tenir
compte de l'équinoxe.
Le synode d'Arles, en 314, avait déjà établi dans son
1er canon 70 le critère qui devait s'imposer maintenant à Nicée :
tout le monde chrétien devait fêter la Pâque au même jour.
Le décret de Nicée, découvert et édité par Pitra, au xrx* siècle,
décide que tous les chrétiens suivront l'usage commun déjà
observé par les Romains et par les Alexandrins **. Dans sa
lettre « aux Églises » 71, Constantin précise, en se référant à ce
précepte, les trois critères dont on tint compte pour l'élabo-
Le 14e canon de Nicée décrète que ceux qui ont péché étant
encore catéchumènes feront seulement trois ans de pénitence
parmi les « auditeurs » et passeront ensuite parmi les caté
chumènes pour la prière.
Le concile de Nicée suit ici à la lettre la norme du 4e canon
d'Elvire. Le synode de Néo-Césarée avait été encore plus
péremptoire. Le catéchumène n'appartenant pas à la classe
des genuflectentes devait, dans le cas où il avait commis un
péché, passer à celle des auditores, qui était le rang le plus
bas. S'il était déjà dans ce rang, il devait être expulsé du
catéchuménat.
Les évêques réunis à Nicée voulurent se montrer spéciale
ment bienveillants à l'égard de ceux qui avaient succombé lors
de la récente persécution de Licinius. Cette attitude bienveil
lante des évêques était peut-être due au fait que les lapsi
de la dernière persécution étaient relativement nombreux. Ils
sont visés par les 11e et 12e canons. Le premier prescrit un
traitement dune douceur imméritée pour ceux qui avaient
fléchi sans y être poussés par la nécessité, par la confiscation
de leurs biens ou par quelque autre menace grave. Ceux qui,
déjà baptisés, se montraient vraiment contrits devaient faire
trois ans de pénitence parmi les auditores et sept ans parmi
les prostrati. Ils rejoindraient ensuite les orantes pendant deux
ans, mais sans participer à l'oblation.
Le synode d'Ancyre, en 314, avait agi avec une indulgence
semblable à l'égard des apostats de la persécution de Maximin
et de Dioolétien. D'après le 4" canon de ce concile, ceux qui
avaient sacrifié et s'étaient repentis faisaient un an de pénitence
LES DÉCRETS DISCIPLINAIRES 111
LE CONCILE DE NICÉE,
SIGNE DE CONTRADICTION
Père ni son égal, mais qu'il avait été créé du néant par le
Dieu unique. Ce Dieu unique ne pouvait engendrer personne
d'une vraie génération, car cela supposait une perte et une
modification chez le générateur, ce qui répugnait ouverte
ment à l'essence immuable et infinie de Dieu. Le Verbe était
donc simplement le Fils du Père par adoption, non par nature
— il ne procède pas de l'essence divine mais d'un décret de
la volonté du Père, qui n'eut pas son effet de toute éternité,
mais qui est postérieur à l'existence du Père. Il n'est pas diffi
cile de déceler dans ces assertions logiquement fondées sur une
base erronée une négation de la vraie divinité du Verbe, qui
devient ainsi la première des créatures. L'Église comprit tout
de suite qu'elle devait porter une sentence nette et définitive
en faveur de la divinité du Verbe. Le symbole de Nicée fut
le fruit le plus riche du concile. Ayant pour base un symbole
antérieur, mais lui ajoutant des précisions directement opposées
aux erreurs d'Arius, cette formule de foi proclame que le Verbe
est vrai Fils du Père, engendré de son essence, non fait, possé
dant la même nature que le Père, divine comme celle du Père.
Le Fils a en commun avec le Père la même nature divine.
Pour clarifier et préciser les expressions bibliques, le symbole
n'hésite pas à employer des termes empruntés au langage
philosophique, tels quousia et homoousios. Ce dernier terme
particulièrement constitue le point névralgique et le mot décisif
qui garantit l'orthodoxie de la foi.
L'EMPEREUR VALENS ►
Détail d'une monnaie d'or (B. N. Pari»), frappée à Antioche,
agrandie 1 500 fois. Le prince, dont la tête est ceinte d'un
diadème, porte la cuirasse, recouverte du paludamentum.
(Cliché Orante — Bablin).
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lui avait été donné par Basile, eût été Sasimes. Nous raconte
rons en son temps l'issue de cette dramatique situation de
Grégoire, un maître dans la formulation transparente d'une
doctrine parfaitement catholique *.
Au-delà du Danube, les Goths s'étaient divisés en deux
bandes conduites respectivement par Fritigemes et Athanaric.
Ce dernier était le plus fort ; mais les autres, avec l'aide des
Romains, le vainquirent. Par respect pour lui et grâce à l'auto
rité de leur savant évêque Ulfila, les Goths de Fritigernes
embrassèrent le christianisme arien et furent pour ce motif
persécutés par Athanaric. Quand les Huns venus du Nord
molestèrent les Goths, ceux-ci se réconcilièrent et demandèrent
à entrer dans l'Empire, en deçà du Danube. Valens leur con
céda gracieusement la Thrace, dans l'espoir de les assimiler et
ensuite de se servir d'eux comme fidèles défenseurs de la
frontière. Mais les Goths commencèrent à exagérer et vou
lurent se faire maîtres de la situation. Il ne restait plus à
Valens qu'à aller leur livrer bataille. L'empereur revint du
front à Constantinople ; mais, hué par le peuple, il n'eût qu'à
retourner sur le champ de bataille où il mourut le 9 août 378,
à Andrinople, probablement au cours d'un incendie provoqué
par les Barbares. Les Goths, en poursuivant sans relâche les
Romains, parvinrent jusqu'au pied des murailles de la capitale,
dont ils dévastèrent les faubourgs. Le peuple réagit, aidé par
les Sarracènes qu'avait envoyés Moravia, et exhorté au combat
par Dominique, la veuve de Valens.
Le « guêpier » cCAntioche.
GREGOIRE DE NAZIANZE ET »-
L'EMPEREUR THEODOSE LE GRAND
Saint Grégoire de Nazianze, nimbé d'or, vêtu d'une longue
tunique bleuâtre à bandes pourpres, recouvert d'un grand
manteau, manifeste à l'empereur son désir de quitter le siège
de Constantinople, afin de permettre à Théodose de rétablir la
concorde entre les Pères du concile. L'empereur, descendu de
son trône, est debout au centre du tableau, avec un nimbe d'or
cerclé de pierreries, portant une couronne rouge ornée d'un
double rang de perles blanches et d'une grande émeraude.
Vêtu d'une tunique bleue à larges parements d'or chargée de
broderies et de pierres précieuses, il est drapé dans un ample
manteau pourpre, couvert de broderies et rehaussé d'or et de
perles on aperçoit à droite une des quatre colonnes d'or ter
minées par des globes portant chacun un aigle et sur lesquelles
repose le baldaquin qui abrite le trône impérial. Au bas du
trône, un des deux officiers qui accompagnent Théodose. Cette
miniature est extraite du manuscrit Parisinus Graecus 510,
qui provient de la bibliothèque royale de Constantinople. Il
fut commandé par Basile le Macédonien (t 886) et comporte
cinquante-deux sermons de Grégoire de Nazianze. (Cliché B. N.
Paris).
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LES PRÉLIMINAIRES DU SYNODE 161
4 LE CONCILE DE CONSTANTINOPLE
Provenant du même manuscrit que la précédente (Parlsinus
Graecus 510), cette peinture représente le 1er concile de Cons-
tantinople. Sur un trône entièrement doré, couvert de pier
reries et de perles, et tendu d'une étoffe pourpre bordée de
vert, est posé, ouvert, le livre des Evangiles. Au bas et à
gauche est assis au premier rang l'empereur Théodose (Theo-
dosios o megas) nimbé d'or, revêtu des ornements impériaux.
A ses côtés ou en face sont assis les Pères du concile. Au bas
des gradins, un autel de forme cubique peint en bleu sur
lequel est posé, entre deux rouleaux, un livre fermé. Plus bas
encore, un genou en terre, la tête légèrement renversée et un
bras étendu dans la direction de l'empereur, se tient l'héré
siarque Macédonius (Mecaidonios), vêtu d'une longue tunique
bleue à bandes pourpres. La partie inférieure droite de la
miniature a été enlevée ; au témoignage de Bauduri, on y
voyait jadis un autre hérésiarque, Apollinaire, condamné par
le même concile. (Cliché B. N. Paris).
162 CONSTANTINOPLE
LA CÉLÉBRATION DU CONCILE
LE SYMBOLE DE CONSTANTINOPLE
croyons pas que les variantes antérieures reposent sur une base
très solide, étant donné l'accord existant entre la 3e session,
la confirmation apportée par les anciennes liturgies, et aussi
par quelques manuscrits grecs de la 5e session. Le « sainte »,
en revanche, reste un objet de discussion *.
La divinité du Saint-Esprit.
« Seigneur ».
Il n'est certes pas superflu de noter que, dans le texte grec,
on emploie l'article neutre (to) alors que le mot Kyrios est
masculin. La même manière de faire se répétera quand il sera
question d'autres attributs. Le sens du mot n'est pas que le
Saint-Esprit est un Seigneur, en donnant à ce mot « Seigneur »
la signification commune qu'il a dans le dictionnaire quand on
l'attribue à un homme d'une certaine dignité et d'un certain
rang. On ne dit pas davantage : « le Seigneur », car alors on
ne voit pas pourquoi l'article ne serait pas masculin. « Le
Seigneur » tout court était déjà, dans la terminologie du Nou
veau Testament et dans le même symbole, un titre qui était
donné à Jésus-Christ avec la même force qu'il avait dans
l'Ancien Testament. On se rappellera que dans la version des
Septante on traduit par Kyrios des noms strictement divins **.
Qui, parmi les hommes qui vivent en Dieu et qui savent vrai
ment, n'approuverait que l'adoration d'un seul est l'adoration
de tous les Trois puisqu'en tous les Trois la dignité est égale et
aussi la divinité ? » 126 Un peu plus loin, dans ce même discours
théologique, saint Grégoire insiste encore sur l'adoration due
à l'Esprit : « car s'il n'est pas adorable, comment me divinise-
t-il dans le baptême ? et s'il est adorable, comment ne serait-il
pas digne d'un culte ? Et s'il est digne d'un culte, comment
n'est-il pas Dieu ? » m
L'adorabilité de l'Esprit, égale à celle du Père et à celle du
Fils, paraît proclamée spécialement contre les pneumatoma-
ques qui admettaient la divinité et par conséquent l'adoration
du Fils. Les premiers défenseurs de cette adoration de l'Esprit
s'étaient appuyés sur la formule du baptême et sur d'autres
textes du Nouveau Testament qui justifient eux aussi l'usage
liturgique de glorifier par la même doxologie le Père, le Fils
et l'Esprit-Saint.
Fort intéressant pour ce que nous venons de dire, est le
jugement que porte encore Grégoire sur ce que nous pourrions
appeler la progression de la révélation trinitaire : « L'Ancien
Testament a annoncé clairement le Père et le Fils plus obscu
rément. Le Nouveau a révélé le Fils et a insinué la divinité de
l'Esprit. Maintenant l'Esprit est parmi nous et il se manifeste
plus ouvertement. Il n'était pas sûr, en effet, de prêcher
clairement le Fils alors que la divinité du Père n'était pas
encore confessée ; ni de nous charger, si je puis dire, du far
deau plus lourd du Saint-Esprit, alors que la divinité du Fils
n'était pas encore admise. Autrement, comme des hommes
alourdis par des nourritures trop fortes ou dont la lumière du
soleil ne ferait que gâter davantage la vue malade, nos capa
cités auraient été compromises. Mais il fallait plutôt que par
des développements, par des ascensions, pour parler comme
David, par des avancées et des progrès de clarté en clarté
toujours plus brillants, jaillisse éclatante la lumière de la Tri
nité > 128. Le caractère progressif de cette illumination divine
permet à Grégoire d'expliquer contre les adversaires de l'Esprit
LE SYMBOLE DE CONSTANTINOPLE 203
LE CONCILE DE CONSTANTINOPLE
ACQUIERT
VALEUR ŒCUMÉNIQUE
réalité il montre, en agissant ainsi, que c'est pour lui qu'il travaille.
Voici donc ceux qui sont apostats : Arius, AchiUas, Aithales, Car-
pon, un autre Arius, Sarmate, Euzoïus, Lueius, Julien, Menas, Hel-
ladius, Gaius, et avec eux Second et Théonas, autrefois appelés
évêques. Et voici ce qu'ils imaginent de dire contrairement aux
Écritures : Dieu n'a pas toujours été Père, mais il y a eu un temps
où Dieu n'était pas Père. Le Verbe de Dieu n'a pas toujours été,
mais il a été créé du néant. En effet, le Dieu qui est a fait celui
qui n'est pas du néant. C'est pourquoi il y a eu un temps où il
n'était pas. Le Fils est une créature et une œuvre. Il n'est pas
semblable, selon la substance, au Père ; il n'est ni en vérité ni par
nature le Verbe de Dieu, ni sa vraie Sagesse, mais il est une des
œuvres et des créatures. C'est abusivement qu'on l'appelle Verbe
et Sagesse : il existe lui aussi par le propre Verbe de Dieu et par
la Sagesse qui est en Dieu, en qui Dieu a fait toutes choses et lui
aussi. C'est pourquoi il est, de nature, sujet au changement et à
l'altération, comme tous les êtres raisonnables. Le Verbe est étran
ger à Dieu et en diffère et il est tout à fait séparé de la substance
de Dieu. Le Père est indicible pour le Fils. Le Fik ne connaît pas
parfaitement ni exactement le Père et il ne peut le voir parfaite
ment. Et même le Fils ne connaît pas quelle est sa propre subs
tance. II a été fait pour nous, afin que Dieu nous crée par lui,
comme par un instrument. Et il n'aurait pas existé si Dieu n'avait
pas voulu nous créer. Quelqu'un leur ayant demandé si le Verbe
de Dieu pouvait être changé comme l'a été le diable, ils n'ont pas
craint de dire : « Oui, il le peut ». Sa nature est en effet sujette
au changement puisqu'il peut être engendré et qu'il est sujet au
changement.
Nous, avec les évêques d'Egypte et de Lybie, réunis au nombre
d'une centaine, nous avons condamné les partisans d'Arius qui
proféraient ces affirmations en toute impudence, eux et tous ceux
qui sont avec lui. Ils ont été accueillis par Eusèbe et se sont em
ployés à mêler le mensonge à la vérité, l'impiété à la piété. Mais
ils ne l'emporteront pas. La victoire est à la vérité et il n'y a
pas de communauté entre la lumière et les ténèbres, pas d'accord
entre le Christ et Bélial. Qui a jamais entendu pareilles choses ?
Qui, maintenant qu'il les entend, ne bouchera pas ses oreilles pour
empêcher d'y parvenir ces ignobles paroles ? Qui, en entendant
Jean dire : «Au commencement était le Verbe» [Jn 1, 1] ne
condamnera pas ceux qui disent : « Il fut un temps où il n'était
pas » ? Qui encore, entendant ces mots de l'Évangile « Fils unique
de Dieu» [Jn 1, 3] et «Par lui tout a été fait» [Jn 1, 18], ne
haïra pas ceux qui affirment que le Fils est une des créatures ?
ALEXANDRE AUX ÉVÉQUES 251
Comment peut-il être égal à ce qui a été fait par lui ? Comment
peut-il être Fils unique, celui que l'on range avec toutes les
choses, dans leur catégorie ? Comment viendrait-il du néant alors
que le Père dit : « Mon cœur a produit une bonne Parole »
[Ps 45, 2] et « De mon sein, avant l'aurore, je t'ai engendré »
[Ps 106, 3] ? Comment serait-il en sa substance dissemblable du
Père, lui qui est l'image parfaite et la splendeur du Père [2 Co 4, 4 ;
He 1, 3] et qui dit : « Qui me voit, voit le Père » [Jn 14, 9] ?
Comment, si le Fils est le Verbe et la Sagesse du Père, y eut-il un
temps où il n'était pas ? C'est comme s'ils disaient qu'il y eut un
temps où Dieu fut sans Parole et sans Sagesse. Comment est sujet
au changement et à l'altération celui qui dit de lui-même : « Je
suis dans le Père et le Père est en moi » [Jn 10, 38] et « Moi et le
Père, nous sommes un » [Jn, 10, 30], et qui a dit par le prophète :
« Voyez-moi ; je suis et je ne change pas » [Ml 3, 6] ? Même si
l'on pense que cette parole peut être dite du Père lui-même, il
serait cependant 'plus à propos maintenant de la juger dite du
Christ, parce que devenu homme, il ne change pas, mais, comme
dit l'Apôtre « Jésus-Christ hier et aujourd'hui, le même à jamais »
[He 13, 8]. Qui les pousse à dire que c'est pour nous qu'il a été
fait, alors que saint Paul dit : « Pour lui et par lui toutes choses
existent » [He 2, 10] ? Quant à leur affirmation blasphématoire
que le Fils ne connaît pas parfaitement le Père, on ne saurait s'en
étonner. Car une fois qu'ils se sont décidés à combattre le Christ,
ils méprisent aussi les paroles du Seigneur lui-même qui dit :
« Comme le Père me connaît, je connais aussi le Père » [Jn 10, 15].
Si donc le Père ne connaît que partiellement le Fils, il est évident
que le Fils ne connaît que partiellement le Père. S'il n'est pas permis
de parler ainsi et si le Père connaît parfaitement le Fils, il
est évident que, comme le Père connaît son Verbe, le Verbe
connaît aussi son Père. En disant cela et en déployant les Saintes
Écritures, nous les réfutons souvent. Mais ils changent de nouveau
comme des caméléons, cherchant à s'approprier ce que dit l'Écri
ture : « Quand l'impie en est venu au plus profond du mal, il est
méprisant [Prov. 18, 3]. Bien des hérésies, certes, se sont produites
avant eux ; plus audacieuses qu'il ne convenait, elles sont tombées
dans la démence. Mais ceux-ci, en s'efforçant de renverser par
toutes leurs paroles la divinité du Christ, les ont justifiées autant
qu'ils ont pu, en étant plus proches de l'Anti-Christ. C'est pour
cette raison qu'on les a déclarés retranchés de l'Église et frappés
d'anathème. Leur perte nous afflige, certes, surtout parce qu'ils
rejettent aujourd'hui la doctrine de l'Église qu'ils avaient autrefois
apprise, mais elle ne nous étonne pas. Ce malheur est arrivé à
252 TEXTES
II
La foi que nous avons reçue de nos ancêtres et que nous avons
apprise de toi, très bienheureux père est celle-ci : nous connaissons
* Athanase, De synodis, 16 PG 26, 708-712 ; Ëpiphane, Panarion,
69, 7, PG 42, 213-216 ; H. G. Opitz, Athanasius Werke, I, 3, 12-13 ;
trad. G. Dumeige.
ARIUS A ALEXANDRE 253
un Dieu seul inengendré, seul éternel, seul sans principe, seul vrai,
immortel, seul sage, seul bon, seul tout-puissant, seul juge, modé
rateur et gouverneur de toutes choses, immuable et sans change
ment, juste, bon, à la fois Dieu de la Loi et des prophètes ainsi
que du Nouveau Testament, qui a engendré avant les temps
éternels son Fils unique, par qui il a fait les siècles et toutes choses.
(Fils) engendré non en apparence, mais en vérité, subsistant par
un effet de sa volonté, immuable et sans changement, créature
parfaite de Dieu, mais non comme une des créatures ; produit,
mais non comme un parmi les choses produites ; non pas, comme
l'affirme Valentin, le produit qui serait une émission du Père ;
non pas, comme Manichée l'a dit, le produit qui serait une partie
consubstantielle de Dieu ; non pas, comme Sabellius l'a dit, qui
divisait l'unité en appelant le Fils Père ; non pas comme Hiéracas,
pour qui il est lumière d'une lumière ou comme une torche divisée
en deux ; non pas comme si celui qui était d'abord était ensuite
devenu ou avait été créé de nouveau dans le Fils. C'est ainsi que
toi-même, bienheureux pape, au milieu de l'église et de l'assem
blée, tu as plus d'une fois réfuté ceux qui affirmaient ces choses.
Mais, comme nous le disons, il a été créé avant les temps et avant
les siècles et il a reçu du Père la vie et l'être et les splendeurs de
gloire que le Père lui a conférées. En effet, en lui donnant l'héri
tage de toutes choses, le Père ne s'est pas privé de ce qu'il a en lui-
même, d'être sans principe. Car il est la source de tout.
III
IV
VI
VII
Il a été fait comme il a paru bon à tous ceux qui s'étaient réunis
dans le saint Synode au temps du religieux et grand empereur
Constantin, qui non seulement a rassemblé dans l'unité les évêques
ci-dessus inscrits en faisant la paix dans notre race, mais encore,
présent à leurs réunions, a examiné avec eux les mesures utiles à
l'Église catholique. Après donc qu'on eût délibéré pour savoir s'il
fallait que toute l'Église qui est sous le ciel célébrât unanimement
la Pâque, on vit que trois parties de l'Univers étaient d'accord avec
* J.-B. Pitra, Juris ecclesiastici Graecorum historia et monumenta, I,
Rome 1864, 435-436 ; trad. G. Dumeige.
260 TEXTES
VIII
10. Les lapsi qui auront été ordonnés soit que ceux qui les or
donnaient ne connussent pas leur chute, soit qu'ils la connussent,
ne font pas exception aux lois de l'Église ; ils seront exclus dès
que l'on aura connaissance de cette illégalité.
12. Ceux qui, appelés par la grâce ont d'abord proclamé leur foi
abandonnant le ceinturon, mais qui ensuite, semblables à des
chiens retournant à leurs vomissements, vont jusqu'à donner de
l'argent et des présents pour être réintégrés dans le service public,
ceux-là devront rester trois ans parmi les audientes et dix ans
parmi les substrati. Mais pour ces pénitents, il faut avoir soin
d'étudier leurs sentiments et leur genre de contrition. En effet, ceux
d'entre eux qui, avec crainte, larmes, patience et bonnes œuvres,
montrent ainsi par des faits la sincérité d'un retour réel, après avoir
accompli le temps de leur pénitence parmi les audientes pourront
être admis avec ceux qui prient, et il dépend même de l'évêque
de les traiter avec encore plus d'indulgence. Quant à ceux qui
supportent avec indifférence (leur exclusion de l'Église) et qui
pensent que cette pénitence est suffisante pour expier leurs fautes,
ceux-là seront tenus à faire tout le temps prescrit.
15. Les troubles nombreux et les divisions ont fait trouver bon
d'abolir la coutume qui, contrairement à la règle, s'est établie dans
certains pays, c'est-à-dire de défendre aux évêques, aux prêtres et
aux diacres de passer d'une ville dans une autre. Si quelqu'un osait
agir contre la présente ordonnance et suivre l'ancien errement, la
translation serait frappée de nullité, et il devrait revenir dans
l'Église pour laquelle il avait été ordonné évêque ou prêtre.
16. Les prêtres, les diacres, ou en général les clercs qui, par
légèreté, et n'ayant plus sous les yeux la crainte de Dieu, aban
donnent au mépris des lois ecclésiastiques, leur Église, ne doivent,
en aucune façon, être reçus dans une autre ; on doit les forcer de
264 TEXTES
IX
* Sozomêne, H.E. II, 27, PG 67, 1012 ; Sochate, H.E. I, 26, PG 67,
149-151 ; trad. G. Dumeige.
86 TEXTES
X
CREDO DE L'ÉGLISE DE JÉRUSALEM *
(350)
XI
IIP LETTRE D'ATHANASE A SÉRAPION **
(vers 359-360)
donc, « tout a été fait par lui et, sans lui, absolument rien n'a été
fait Qn 1, 3] ». Mais si, en tant que créateur comme le Père, le
Fils n'est pas une créature, et si, parce que tout a été fait par lui,
il n'est pas du nombre des êtres créés, il est clair que l'Esprit non
plus n'est pas une créature, puisqu'il est également écrit à son sujet,
dans le psaume CIIIe : « Tu leur retireras le souffle et ils expire
ront, et ils retourneront dans leur poussière ; tu enverras ton Esprit
et ils seront créés, et tu renouvelleras la face de la terre » [Ps 103,
29-30].
L'Écriture s'exprimant ainsi, il est clair que l'Esprit n'est pas
une créature, mais qu'il intervient dans l'acte créateur : car le
Père crée toutes choses par le Verbe dans l'Esprit, puisque là où
est le Verbe, là aussi est l'Esprit, et les choses créées par l'inter
médiaire du Verbe tiennent de l'Esprit par le Verbe la force d'être.
C'est ainsi, en effet, qu'il est écrit dans le psaume XXXIIe : « Par
le Verbe du Seigneur les deux ont été fermement établis et par
l'Esprit de sa bouche toute leur vertu. [Ps 32, 6] »
Assurément, l'Esprit est tellement inséparable du Fils qu'il ne
reste aucun doute après ce qui vient d'être dit.
XII
Tous ceux donc qui veulent vivre en paix avec nous et spéciale
ment ceux qui s'assemblent dans la vieille Ville et aussi ceux
qui sont revenus de l'arianisme, appelez-les à vous et recevez-les
comme des pères reçoivent leurs fils, ouvrez-leur les bras comme
des maîtres et des tuteurs. Joignez-vous entre-temps à notre cher
Paulin et à ses compagnons et n'exigez d'eux rien de plus qu'ils
condamnent l'hérésie des Ariens et qu'ils confessent la foi des
saints Pères promulguée à Nicée. Qu'ils condamnent aussi ceux
qui disent que l'Esprit-Saint est une créature et qu'il est une divi
TOME AUX ANTIOCHIENS 271
Cette formule de foi que certains vantent comme si elle avait été
rédigée par le synode de Sardique, ne permettez absolument pas
qu'on la lise ou qu'on la publie, car le synode n'a rien défini de
tel. Certains ont en effet voulu une formule de foi comme si le
concile de Nicée avait été incomplet, et ils se sont hâtés de l'entre
prendre. Mais le saint Synode qui s'est réuni à Sardique s'en est
indigné et a décrété qu'on n'écrirait rien sur la foi, qu'on se conten
terait de la foi confessée par les Pères à Nicée, à laquelle rien ne
manquait et qui était pleine de piété, et qu'il n'était pas nécessaire
de formuler un second Credo, de crainte que celui rédigé à Nicée
n'apparût comme imparfait et pour ne donner aucun prétexte à
ceux qui veulent toujours définir et écrire sur la foi. C'est pourquoi,
si quelqu'un repropose cette formule ou une autre, arrêtez-le et
persuadez-le plutôt de garder la paix. Nous ne pouvons voir en eux
rien d'autre que le désir de disputer.
la foi exposée par les saints Pères à Nicée était meilleure et plus
exacte et qu'il serait mieux de se contenter d'employer le langage
de cette foi.
Ces choses ayant donc été ainsi confessées, nous vous exhortons
à ne pas condamner hâtivement ceux qui font une telle profession
et qui expliquent ainsi les mots dont ils se servent, ni à les rejeter,
mais plutôt à les accueillir puisqu'ils désirent la paix et présentent
leur défense. Au contraire, rejettez et repoussez ceux qui refusent
de faire cette profession et d'expliquer leur manière de parler. Du
reste, puisque vous refuserez de tolérer ces derniers, conseillez aux
autres qui s'expliquent et qui sont orthodoxes de ne pas continuer
274 TEXTES
à enquêter sur les opinions les uns des autres, ni à combattre sur
des mots sans aucune utilité, ni à discuter à propos des phrases
citées plus haut, mais à exprimer un même accord dans un esprit
de piété. Car ceux qui n'ont pas ce sentiment, mais qui veulent
seulement discuter sur ces petites phrases en cherchant au delà
de ce qui a été décrété à Nicée ne font rien d'autre que de donner
à boire à leurs voisins du poison qui les enivre [Ha 2, 15], en
hommes ennemis de la paix qui n'aiment que la discorde. Mais vous,
hommes bons et fidèles servants et intendants du Seigneur, arrêtez
et rejetez ceux qui provoquent le scandale et sont étrangers (à la
foi) et mettez au-dessus de toutes choses la paix qui vient d'une
saine foi. Peut-être Dieu, nous prenant en pitié, unira-t-il ce qui est
divisé et nous reformera-t-il en un seul troupeau [Jn 10, 16] où
nous aurons tous un chef, notre Seigneur Jésus-Christ.
C'est donc de ces choses, encore qu'il n'y eût nul besoin d'aller
chercher plus loin que le synode de Nicée ni de tolérer des paroles
de dispute, que nous nous sommes enquis, pour le bien de la paix
et pour éviter qu'on rejetât des hommes qui désirent professer la
foi orthodoxe. Ce qu'ils ont confessé, nous l'avons mis brièvement
par écrit, nous qui sommes demeurés à Alexandrie, en communion
avec nos compagnons de ministère, Astérius et Eusèbe. Car la
plupart d'entre nous sont repartis dans leurs diocèses. Mais vous,
en commun, veuillez faire lire ceci en daignant inviter tout le
monde. Car il est juste de lire d'abord la lettre et que ceux qui
désirent et préfèrent la paix soient d'accord. Alors, lorsque ceux-ci
seront réunis à l'endroit que le peuple jugera le meilleur, en
présence de Votre Courtoisie, qu'on célèbre des assemblées et
que le Seigneur soit glorifié par tous. Les frères qui sont avec moi
vous saluent. Portez-vous bien et faites mémoire de nous près du
Seigneur. Tous les deux, moi et Athanase, ainsi que les autres
évêques assemblés, signons et aussi Lucifer, évêque de l'île de
Sardaigne, deux diacres, Hérennius et Agapet ; et du groupe de
Paulin, Maxime et Calemeros, diacres également. Étaient présents
certains moines d'Apollinaire évêque, envoyés par lui pour ce
propos.
Les noms des différents évêques auxquels la lettre est adressée
sont : Eusèbe de Verceuil, en Gaule, Lucifer, de l'île de Sardaigne,
Asterius de Petra en Arabie, Kymatius de Paltus en Coelé-Syrie,
Anatolius d'Eubée.
Mandants : le pape Athanase et ceux qui étaient présents avec
lui à Alexandrie, c'est-à-dire : Eusèbe, Asterius et les autres, Gaius
de Paratonium près de la Lybie, Agathus de Phragonie et une
BASILE DE CÉSARËE 275
XIII
vers lui s'élance le désir de tous ceux qui vivent selon la vertu et
qui sont comme « rafraîchis » par son souffle, secourus dans la
poursuite de la fin conforme à leur nature. Capable de parfaire les
autres, lui-même ne manque de rien : non pas vivant qui doit
refaire ses forces, mais « chorège » de vie. Il ne s'accroît pas par
additions, mais il est en plénitude tout de suite, solide en lui-même,
et il est partout. Source de sanctification, lumière intelligible, il
fournit par lui-même, à toute puissance rationnelle, pour la décou
verte de la vérité, comme une sorte de clarté. Inaccessible par
nature, il se laisse comprendre à cause de sa bonté. Il remplit tout
de sa puissance mais ne se communique qu'à ceux-là seuls qui en
sont dignes, non pas suivant une mesure unique, mais en distri
buant son opération à proportion de la foi. Simple en substance,
il manifeste sa puissance par des miracles variés [He 2, 4], présent
tout entier à chaque être, tout entier partout ; « impassiblement »
il se partage, « indéfectiblement » il se donne en participation, à
l'image d'un rayon solaire dont la grâce est présente à celu" qui en
jouit comme s'il était seul, et qui éclaire la terre et la mer et se
mêle à l'air. Ainsi l'Esprit est-il présent à chacun des sujets capables
de le recevoir, comme s'il était seul, et, demeurant intact, émet la
grâce, suffisante pour tous. Ceux qui praticipent à l'Esprit jouissent
de lui autant qu'il est possible à leur nature mais non pas autant
qu'il peut, lui, se donner en participation.
Quant à l'intime union de l'Esprit à l'âme, elle ne consiste pas
dans un rapprochement local (comment pourrait-on s'approcher cor-
porellement de l'Incorporel), mais dans l'exclusion des passions qui
finissent par assaillir l'âme par suite de son amour pour la chair
et la séparent de l'intimité de Dieu. Se purifier par conséquent
de la laideur contractée par les vices, revenir à la beauté de la
nature, restituer pour ainsi dire à l'image royale sa forme primitive,
par la pureté, à cette condition seule on s'approche du Paraclet.
Et lui, comme un soleil s'emparant d'un œil très pur, te montrera
en lui-même l'Image de l'Invisible ; dans la bienheureuse contem
plation de l'Image, tu verras l'ineffable beauté de l'Archétype.
Par lui les cœurs s'élèvent, les faibles sont conduits par la main,
les progressants deviennent parfaits. C'est lui qui, en illuminant
ceux qui se sont purifiés de toute souillure, les rend « spirituels »
par communion avec lui. Comme les corps limpides et transpa
rents deviennent étincelants lorsqu'un rayon lumineux les frappe
et par eux-mêmes diffusent un autre éclat, ainsi les âmes qui
portent l'Esprit, illuminées par l'Esprit, deviennent « spirituelles »
et répandent sur les autres la grâce.
BASILE DE CÉSARÉE 277
coupé en deux », c'est pour l'âme, comme je l'ai dit, être séparé de
l'Esprit de façon définitive. Maintenant, bien que l'Esprit ne soit
pas mêlé aux indignes, il semble pourtant qu'il soit présent d'une
certaine manière à ceux qui furent un jour marqués du sceau,
attendant patiemment leur salut de leur conversion ; mais alors il
sera totalement coupé d'avec l'âme qui aura profané sa grâce.
Aussi n'y a-t-il personne à louer Dieu en enfer, ni dans la mort
quelqu'un à se souvenir de Dieu [Ps 6, 6], parce que le secours de
l'Esprit n'est plus là.
Comment penser que le « Jugement » pourrait s'effectuer sans le
Saint-Esprit, quand la Parole montre qu'il doit être la récompense
des justes, lorsque le total aura été payé à la place des arrhes, et
qu'il doit être aussi la première condamnation des pécheurs, quand
ceux-ci seront dépouillés de cela même qu'ils paraissaient avoir ?
XIV
Ve DISCOURS THÉOLOGIQUE DE
GRÉGOIRE DE NAZIANZE
(380)
Parmi les noms que l'on donne à Dieu, en est-il un qui ne con
vienne à l'Esprit ? Il faut exclure ceux d'engendré et d'inengendré,
car le Père et le Fils doivent garder leurs propriétés distinctives,
pour qu'il n'y ait pas de confusion dans la Divinité qui fait régner
l'ordre et l'harmonie en toutes choses. Je frémis, pour ma part, en
songeant à la richesse des appellations que l'on outrage, et à tous
les noms divins que l'on blasphème quand on attaque l'Esprit !
Car l'Écriture l'appelle : Esprit de Dieu [1 Co 2, 11], Esprit du
Christ, Intelligence du Christ [Ro 8, 9], Esprit du Seigneur [Sg 1,
7], Seigneur lui-même [2 Co 3, 17], Esprit d'adoption [Ro 8, 15],
de vérité [Jn 14, 17; 15, 26], de liberté [2 Co 3, 17], Esprit de
sagesse, d'intelligence, de conseil, de force, de science, de piété,
de crainte de Dieu [Is 11, 2] ; il est, en effet, auteur de toutes
choses [Jnd 16, 17], emplissant tout de son essence [Sg 1, 7] ; il
contient tout ; il emplit le monde par son essence [Sg 1, 7] mais
le monde ne peut borner sa puissance ; il est bon [Ps 143, 10],
il est droit [Ps 51, 12], il dirige [Ps 51, 14], il sanctifie par nature
et non par une faveur [1 Co 6, 11] ; il mesure, mais il n'est pas
mesuré [Jn 3, 34] ; il se communique [Ro 8, 15], mais il ne participe
pas aux autres ; il emplit les choses [Sg 1, 7], mais les choses ne
l'emplissent pas ; il contient [Sg 1, 7], mais il n'est pas contenu;
il est reçu en héritage [Ep 1, 13-14], il est glorifié [1 Co 6, 19-20],
il est compté avec le Père et le Fils [Mt 28, 19], à son sujet on
fait une menace redoutable [Mc 3, 29], il est le doigt de Dieu
[Lc 11, 20], il est un feu [Ac 2, 3], comme Dieu [Dt 4, 24], pour
montrer, sans doute, qu'il est consubstantiel ; il est l'Esprit qui
crée [Ps 104, 30], qui donne une seconde naissance par le baptême
[Jn 3, 5], par la résurrection ; il est l'Esprit qui connaît toutes
choses [1 Co 2, 10], qui enseigne [Jn 14, 26], qui souffle où il
veut et autant qu'il veut [Jn 3, 8], qui conduit [Ps 143, 10], qui
parle [Ac 13, 2], qui envoie [Ac 13, 4], qui met à part certains
Apôtres [Ac 13, 2], qui s'irrite [Jb 4, 9], qui est tenté [Ac 5, 9],
qui révèle [Jn 16, 13], qui illumine [Jn 14, 26], qui donne la vie
[Jn 6, 63], ou plutôt, qui est lui-même lumière et vie. Il fait de
284 TEXTES
XV
XVI
NICÉE
on préférera celle de G. Fritz art. Nicée (1er concile de) DTC XI 399-
416. La critique du 6e canon est faite par H. Chadwick, Faith and Order
at the Council of Nicaea : a note on the Background of the sixth Canon,
The Harvard Theological Review 53 (1960) 171-195.
La liste des évêques est conservée en latin, en grec, en copte, en
syriaque, en arabe et en arménien. Elle est éditée par H. Gelzer —
H. Hilgenfeld — O. Cuntz, PatTum nicaenorum nomina, Lipsiae 1898.
Voir plus récemment : E. Honigmann, Une liste inédite des Pères de
Nicée, Byzantion 20 (1950) 63-71.
La lettre synodale ne pose pas de problèmes critiques. On la trouvera
dans H. G. Opitz, Athanasius Werke, III, 1, 47-51.
Le décret sur la Pâque a été édité par J.-B. Pitra, Juris ecclesiastici
Graecorum historia et monumenta I, Rome 1864, 435-436. Cf. également
H. Leclerq, art. Pâques, DACL XIII, 1549.
L'œuvre historique qui est la source la plus abondante sur Nicée est
YIn vitam beati imperatoris Constantini d'Eusèbe de Césarée, PG 20,
905-1440 ; GCS 7 (I. A. Heikel, Leipzig 1902) 1-148. Citée comme l'œuvre
d'Eusèbe par des historiens de la première moitié du ve siècle, son
authenticité a donné lieu à une grande et vive discussion. Elle semble
sûre et est reconnue de nos jours par des auteurs comme H. Baynes,
P. Franchi de' Cavalieri, J. R. Palanque, J. Vogt, K. Aland, B. Altaner.
Elle a été récemment confirmée par un papyrus (Papyrus London 878)
écrit peu après 320. Sont contraires à l'authenticité spécialement
H. Grégoire, G. Downey, Petersen. La bibliographie de la polémique est
considérable. On consultera B. Altaner, Précis de Patrologie, Paris-
Toumai, 1961, 339-340, 744, et J. Quasten, Initiation aux Pères de
TEglise, III, Paris, 1963, 456-459.
D'autres historiens ou auteurs anciens sont aussi des sources, surtout
saint Athanase dans sa Lettre à Ionien (PG 26, 813-835) et dans le
De Decretis nicaenae synodi (PG 25, 415-476 ; H. G. Opitz, Athanasius
Werke, III, 1, 1-45) ; également Arius et Alexandre d'Alexandrie, Hilaire
de Poitiers dans son De synodis (PL 10, 471-546), Épiphane de Salamine
dans son Panarion (PG 42, 202-336 ; GCS 37 K. Holl, Leipzig 1933),
Rufin d'Aquilée dans sa continuation de YHistoire ecclésiastique d'Eusèbe
(PL 21, 461-540), Socrate et Sozomène dans leur Histoire ecclésiastique
(PG 67, 29-842 ; 843-1630). Théodoret a aussi écrit une Histoire ecclé
siastique (PG 82, 879-1286) ; GCS 19 (L. Parmentier, Leipzig 1911) et
un Résumé des fables hérétiques (PG 83, 335-556). Les documents de
Gélase de Cyzique dans son Commentaire des Actes du concile de Nicée,
PG 85, 1186-1360 ; GCS 28 (G. Loeschcke — M. Heinemann, Leipzig
1918) suscitent parfois le doute. De YHistoire ecclésiastique de l'arien
Philostorge subsistent un certain nombre de fragments (PG 65, 459-624 ;
GCS 21 L. Bidez, Leipzig 1913). La Chronique de Sulpice Sévère
(PL 20, 95-160) n'a rien de très original. A titre d'étude, on pourra
consulter G. Bardy, L'Occident et les documents de la controverse
arienne, Recherches de Science religieuse 20 (1940) 28-63.
ORIENTATIONS BIBLIOGRAPHIQUES 297
OUVRAGES GÉNÉRAUX.
études particulières.
CONSTANTINOPLE
Elles sont assez peu abondantes, les Actes n'ayant pas été conservés.
Les anciens auteurs latins disent très peu de chose sur le concile. Ce
298 ORIENTATIONS BIBLIOGRAPHIQUES
OUVRAGES GÉNÉRAUX.
études particulières.
Sur les canons : J. Bois, art. Nicée, DTC III, 1231 ; V. Monachino,
Genesi storica del canone 28° di Calcedonia, Gregorianum 33 (1952),
261-292 ; R. Vancourt, art. Patriarcats, DTC XI, 2253-2297 ; E. Herman,
Chalkedon und die Ausgestaltung des konstantinopolitanischen Primats
dans Das Konzil von Chalkedon (A. Grillmeier — H. Bacht) II, 459-463.
SIÈGES EPISCOPAUX
REPRÉSENTÉS A NICÉE
iKTItVHT
*""« sièges *
INDEX *
159, 193, 203, 211 ; ses écrits : 180, 221-222, 224, 236-238; sy
Tome aux Antiochiens, 211, 269- node (360), 152-153, 155, 157,
275 ; Lettres à Sérapion, 266- 163; concile (381) : «Tome»
269. 173-174; canons 174-175, 206-
Audius, hérétique, 95. 222, 236-238, 287 ; symbole, 182-
Auxence de Milan, 149. 205, 227-233, 234-235; synode
(382), 223-224, 288-291.
Baptême : controverse sur la vali Corneille, pape, 16, 112.
dité, 17, 113-115. Cyprien de Carthage, 16-17, 112-
Basile d'Ancyre, 133. 114.
Basile de Césarée, 69, 142, 145- Cyrille d'Alexandrie, 171, 225-
146, 147-148, 149-150, 153-155, 226, 229-231.
160, 167-168, 170-171, 193-196, Cyrille de Jérusalem, 142, 170,
200-202, 209-210 ; ses écrits, 275- 224.
281.
Bérylle de Bostra, 32. Damase, pape, 89, 142, 149-150,
Béryte, 40. 162, 164, 166-167, 211, 221-222,
Bible et Tradition, 90-91. 224 ; « Tome », 175.
Béziers : synode (357), 132. Démétrius d'Alexandrie, 51, 106.
Bosphore, 215. Démiurge, 30-31.
Démophile de Constantinople, 147,
Cappadoce, 147-148. 163-164, 168.
Carthage : synodes du me siècle, Denys, pape, 83.
16-17. v. Cyprien. Denys d'Alexandrie, 17, 32-33, 37,
Catharisme, 111-112. 51-52, 80, 83, 102.
Cécilien de Carthage, 22-23, 55. Diaconesses, 113, 115.
Célibat du clergé, 107. Diacres, 116.
Césarée de Palestine, 40, 103 ; Didyme d'Alexandrie, 142, 155, 193.
symbole, 61-62, 71-73, 190, 256- Dieu : Père, 74-75 ; Lumière, 78-
257. 79.
Chalcêdoine, concile, 89, 140, 182- Diodore de Tarse, 142, 148, 160,
186, 212, 219, 227-233, 236-237, 170-171, 179-180.
239-240. Domnus d'Antioche, 18.
Chrestos de Nicée, 118. Donat, 22-23.
Clément d'Alexandrie, 82.
Clergé : célibat, 107 ; dignité, 105- Echellensis Abraham, 96.
109. Eglise, protégée par Constantin,
Constance II, 127-134, 158-159. 20-23 ; magistère, 90-92.
Constantia, demi-soeur de Cons Egypte, 101-102, 213.
tantin, 44, 121. Éleusius de Cyzique, 155-156, 172-
Constantin le Grand : sa politique 173.
religieuse générale, 20-23 ; en Elvire, synode, 95, 98, 100, 107-
face du donatisme, 22-23 ; aux 110, 115.
origines de l'arianisme, 23-29, Êphèse : concile (431), 89, 225-
27-29, 44; à Nicée, 58-65, 67, 226 ; brigandage (449), 229.
93-94. 118-119 ; après Nicée, Ephrem d'Edesse, 172.
122-123, 127, 167, 229. Épiphane, 142, 155, 184, 186-187,
Constantinople : ville, 151, 217- 190, 193, 204.
218; siège, 150, 163-165, 176- Esprit-Saint : Divinité, 192-205,
INDEX 305
NICEE
CONSTANTINOPLE
Références 243
TABLE 311
TEXTES
Chronologie 290
Index 303
Ce volume a été achevé d'imprimer
le 30 juin 1963 sur les presses
de l'Imprimerie Savernoise et relié
dans ses ateliers.