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RÉSUMÉ ANALYTIQUE
Les autorités civiles n’ont parfois pas assuré un contrôle efficace des forces de
sécurité.
D’autres problèmes relatifs aux droits de l’homme ont été signalés de sources
diverses, notamment le fait que les forces de sécurité auraient parfois commis des
violations des droits de l’homme, y compris infligé de mauvais traitements à des
personnes en détention. Tandis que les conditions dans les prisons et les centres de
détention se sont améliorées au cours de l’année, dans certains cas, elles n’étaient
toujours pas en conformité avec les normes internationales. Les conditions de
détention provisoire posaient particulièrement problème en raison du
surpeuplement des prisons et les périodes de détention étaient souvent longues. Le
pouvoir judiciaire n’était pas totalement indépendant et les accusés se voyaient
parfois refuser le droit à un procès public et équitable. Des organisations non
gouvernementales (ONG) marocaines et internationales ont affirmé qu’il y avait
MAROC 2
des prisonniers politiques, mais les autorités ont déclaré qu’il s’agissait de
personnes inculpées pour des crimes de droit commun. Le gouvernement a
restreint les libertés civiles en portant atteinte à la liberté d’expression et à la
liberté de la presse, notamment en harcelant et en arrêtant des journalistes de la
presse écrite et web pour avoir publié des articles ou des commentaires sur des
questions sensibles aux yeux du gouvernement. Ce dernier a également limité la
liberté de réunion et d’association ainsi que le droit de pratiquer sa religion. Sur
certaines questions de politique nationale, le pouvoir du gouvernement élu était
limité. Les pouvoirs publics ont imposé des restrictions aux organisations
nationales et internationales de défense des droits de l’homme qui variaient en
fonction de leur évaluation de l’orientation politique de l’organisation et du
caractère sensible des questions soulevées. La traite des personnes et le travail des
enfants, notamment dans le secteur informel, ont continué de se pratiquer.
Il a été signalé peu d’exemples d’enquêtes ou de poursuites sur des cas d’exactions
ou de corruption, que ce soit au sein des forces de sécurité ou des autres instances
gouvernementales, ce qui a contribué à un sentiment répandu d’impunité.
b. Disparitions
Aucun cas de disparition à caractère politique n’a été signalé au cours de l’année.
Concernant les affaires de disparitions non résolues remontant aux années 1970 et
1980, le Conseil national des droits de l’homme (CNDH), institution nationale
indépendante de défense des droits de l’homme financée par les deniers publics, a
poursuivi ses enquêtes sur les allégations de disparitions forcées et involontaires
pendant les années précédentes. Le cas échéant, le CNDH a recommandé
l’attribution d’indemnisations sous forme de compensations financières, de soins
de santé, d’emplois ou de formation professionnelle aux victimes de disparitions
forcées (ou à leurs familles). Ces dernières années, le gouvernement a moins mis
l’accent sur les demandes individuelles, tant en attente que nouvellement déposées,
Les années antérieures, il avait été dénoncé un recours plus fréquent à la torture.
Un rapport publié par Amnesty International en mai 2015 affirmait que, entre 2010
et 2014, les tortures infligées régulièrement par les forces de sécurité prenaient la
En cas d’accusation de torture, la loi requiert que les juges fassent examiner un
détenu par un expert médico-légal sur demande de celui-ci ou de son avocat, ou si
le juge remarque qu’il présente des marques suspectes sur le corps. Le Groupe de
travail des Nations Unies sur la détention arbitraire, les ONG de défense des droits
de l’homme et les médias ont recensé des cas de non-application des dispositions
de la loi interdisant la torture, notamment le fait ne pas effectuer d’examen médical
alors que les détenus affirment avoir subi des actes de torture. Suite aux
recommandations du rapport de 2013 du Rapporteur spécial sur la torture, le
ministère de la Justice, l’Administration pénitentiaire et la Police nationale ont
émis des avis demandant à leurs fonctionnaires de respecter l’interdiction d’infliger
de mauvais traitements ou de perpétrer des actes de torture, leur rappelant
l’obligation qui leur incombe de procéder à des examens médicaux dans tous les
cas d’allégations ou de soupçons de torture. Depuis janvier 2015, le ministère de la
Justice a organisé une série de formations aux droits de l’homme pour les juges,
notamment sur la prévention de la torture. En juin, il a émis un avis ordonnant aux
tribunaux d’appliquer la recommandation du Rapporteur spécial de se rendre dans
les prisons et les centres de détention locaux au moins deux fois par mois.
Pendant l’année, le CNDH a indiqué avoir reçu 34 plaintes pour torture au Maroc
internationalement reconnu, soit 56 % de moins que l’année antérieure. Après
avoir enquêté sur les 34 accusations, le CNDH a établi la recevabilité de quatre
d’entre elles, respectivement dans les prisons de Khouribga, Tétouan, Toulal 2 et
Salé 1. Il a transmis une affaire (celle de Salé 1) au Ministère public, tandis que
deux autres ont été prises en charge par les avocats des détenus (à Khouribga et
Tétouan). Dans le cas de la prison de Toulal 2, le CNDH n’a pas été en mesure de
réunir suffisamment d’éléments de preuve pour transmettre l’affaire au parquet et,
à la place, il a présenté des recommandations à la Délégation générale à
l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR). Les quatre affaires
transmises au Ministère public par le CNDH en 2015 étaient toujours en cours
d’instruction par le système judiciaire à la fin de l’année. La DGAPR a indiqué
En 2015, les autorités ont mené des enquêtes sur 42 agents publics concernant des
actes de torture ou de mauvais traitements. Pour 19 d’entre eux, les enquêtes
étaient toujours en cours, pour trois, les affaires avaient été portées devant le
tribunal et pour 20, elles avaient été jugées à la fin de l’année. Par exemple, le 7
juin, les tribunaux ont condamné cinq gendarmes à des peines de prison de cinq à
10 ans pour meurtre et falsification de preuves en rapport avec la mort en
septembre 2015 d’une personne en garde à vue. Selon une déclaration du ministère
de l’Intérieur au sujet de ce décès, qui a été communiquée aux médias, les
gendarmes auraient maltraité cet homme lors de son arrestation, et il est décédé
pendant son transfert à l’hôpital. Trois responsables pénitentiaires dont les dossiers
ont été transmis aux tribunaux en septembre 2015 pour avoir maltraité des détenus
ont été condamnés en mars à des peines de prison de quatre mois ainsi qu’à des
amendes de 500 dirhams (50,20 dollars des États-Unis). Ils ont fait appel de ce
verdict. Les pouvoirs publics ont poursuivi 14 agents de police en rapport avec la
mort en août 2015 d’un détenu qui était en garde à vue. Le 30 novembre, huit de
ces agents ont été condamnés pour torture et « usage de la violence à l’encontre
d’un détenu dans un état psychologique fragile ayant entraîné la mort sans
intention de la causer », tandis qu’un neuvième agent était condamné pour avoir
omis de dénoncer une infraction majeure. Cinq autres agents ont été acquittés. Ces
neuf agents ont été condamnés à des peines d’un à dix ans de prison assorties
d’amendes de 150 000 dirhams (15 625 dollars des États-Unis).
La législation prévoit que les mineurs soient détenus séparément des adultes. Dans
toutes les prisons, les responsables répartissent les jeunes délinquants en deux
catégories et les détiennent séparément des autres catégories : les mineurs âgés de
moins de 18 ans et les jeunes adultes âgés de 18 à 20 ans. Les autorités détenaient
un certain nombre de mineurs avec les adultes, notamment en détention provisoire,
dans les prisons ordinaires et les commissariats, à cause du manque
d’établissements pour mineurs. La DGAPR compte quatre Centres de réforme et
d’éducation destinés aux adolescents, mais elle dispose de quartiers séparés pour
les jeunes dans toutes les prisons pour mineurs. Au 30 septembre, les mineurs âgés
de moins de 18 ans représentaient 2,7 % de l’ensemble de la population carcérale
(2 131 mineurs sur une population carcérale totale de 78 875). Les autorités ont
indiqué que dans les cas où un juge pour mineurs estimait qu’il était nécessaire de
les incarcérer, les mineurs âgés de moins de 14 ans étaient détenus séparément de
ceux de 15 à 18 ans. Human Rights Watch a déclaré que dans une affaire
concernant deux mineures arrêtées le 27 octobre pour présumés rapports sexuels
entre personnes de même sexe, les autorités les ont incarcérées avec des adultes et
elles auraient subi des menaces et du harcèlement.
Selon une étude réalisée par le CNDH en début d’année, si les quartiers des
femmes dans les prisons étaient moins surpeuplés, leurs conditions de détention
n’étaient souvent pas conformes aux Règles des Nations Unies concernant le
traitement des femmes détenues et les mesures non privatives de liberté pour les
femmes délinquantes de 2010. Cette étude constatait que les structures de santé se
trouvaient en général dans les quartiers des hommes, ce qui en limitait l’accès des
femmes, et qu’il était offert aux femmes détenues des possibilités limitées de
formation professionnelle. Elle a également noté que les femmes détenues étaient
confrontées à de la discrimination fondée sur leur sexe de la part des personnels
pénitentiaires, y compris des personnels médicaux. Au 30 septembre, selon des
chiffres de la DGAPR, 1 815 femmes étaient en détention sur une population
carcérale de 78 875 personnes, représentant 2,3 % de la population carcérale.
Des ONG marocaines ont fait valoir que les établissements pénitentiaires ne
fournissaient pas un accès suffisant aux soins de santé et ne répondaient pas aux
besoins des prisonniers handicapés, mais des sources gouvernementales ont déclaré
que chaque détenu bénéficiait en moyenne de six consultations par an avec un
professionnel de la santé et que tous les soins étaient dispensés gratuitement. Selon
des chiffres de la DGAPR pour 2015, il y avait un médecin pour 675 détenus et
un(e) infirmier(-ère) pour 135 d’entre eux. Les autorités ont signalé que 129
détenus étaient décédés pendant l’année, parmi lesquels 19 en prison et 110 à
l’hôpital. Cent vingt-quatre d’entre eux sont morts de causes naturelles ou de
maladie, quatre se sont suicidés et un s’est électrocuté accidentellement. Les ONG
locales de défense des droits de l’homme n’ont pas pu confirmer ces chiffres.
Le 15 avril, le militant Brahim Saika est mort quelques jours après s’être présenté
devant le procureur ; ses proches ont affirmé que des agents du poste de police de
Guelmim lui avaient fait subir de mauvais traitements à la suite de son arrestation
le 1er avril, et qu’il avait entamé une grève de la faim en signe de protestation.
Brahim Saika aurait été interpelé alors qu’il allait rejoindre une manifestation et il
a été accusé d’outrage et agression à l’égard d’agents des forces de l’ordre ainsi
que d’outrage à une institution publique.
La DGAPR fournit des repas gratuitement aux détenus et, depuis 2015, l’entreprise
privée chargée de cette prestation offrait une nourriture de meilleure qualité que
par le passé. Les économats des prisons vendent des fruits et légumes frais et les
familles étaient autorisées à apporter des paniers de produits alimentaires une fois
par semaine. Les ONG ont souvent cité des cas de prisonniers qui protestaient
contre les conditions de détention en faisant la grève de la faim. Selon Amnesty
International, les détenus entamaient des grèves de la faim pour protester contre les
conditions de détention pénibles, notamment le manque d’hygiène et
d’assainissement, la nourriture et les soins de santé insuffisants, la grave
surpopulation et un lieu de détention géographiquement éloigné de leurs proches,
ainsi que des droits de visites et un accès à l’éducation limités.
Des militants des droits de l’homme ont fait valoir que l’administration
pénitentiaire réservait un traitement plus dur aux islamistes qui remettaient en
cause l’autorité religieuse du roi et aux personnes accusées de « remettre en
question l’intégrité territoriale du pays ». Toutefois, le rapport du Rapporteur
spécial de l’ONU sur la torture de 2013 déclarait : « La majorité des victimes
interrogées dans les prisons visitées ont nié avoir été soumises à une quelconque
Si les autorités autorisaient en général des proches et amis des détenus à leur
rendre visite, il a été signalé qu’elles leur avaient dans certains cas refusé ce
privilège.
Les autorités civiles n’ont pas toujours assuré un contrôle efficace des forces de
sécurité et il a été dénoncé des cas d’exactions et d’impunité. La corruption
généralisée et systémique nuisait aux efforts des services de maintien de l’ordre et
à l’efficacité du système judiciaire.
Les autorités ont enquêté sur quelques incidents mineurs concernant des
allégations d’abus et de corruption. La police judiciaire enquête sur les allégations,
y compris à l’encontre des forces de sécurité, et elle informe le tribunal de ses
conclusions. Tandis que les autorités ont suspendu des personnes accusées de
violations des droits de l’homme, elles n’ont pas poursuivi systématiquement ni
condamné les membres des forces de sécurité qui commettaient de telles
violations. Les dossiers restaient souvent bloqués pendant les phases de
l’instruction ou du procès. En 2015, les tribunaux ont instruit le cas de 16 membres
de la Gendarmerie royale, qu’ils ont jugés coupables de corruption et condamnés à
des peines de prison assorties d’amendes, tandis que 14 autres ont été acquittés et
ont réintégré leur poste. En octobre, les tribunaux ont instruit le cas de 21 membres
de la Gendarmerie accusés de corruption : l’un d’eux a été condamné à deux mois
de prison, deux ont été acquittés et le procès des 18 autres était toujours en cours.
La police peut arrêter une personne après délivrance d’un mandat verbal ou écrit
par un procureur général. La loi prévoit l’accès à un avocat dans un délai de
24 heures après l’arrestation dans les affaires de droit commun, mais les autorités
ne respectaient pas systématiquement cette disposition. La loi permet aux autorités
de refuser aux accusés l’accès à leur avocat ou à leur famille pendant les premières
96 heures de garde à vue aux termes de la législation sur le terrorisme, ou pendant
les premières 24 heures de garde à vue pour les autres accusations, la garde à vue
pouvant être prorogée de 12 heures avec l’autorisation du parquet. Les allégations
de violences concernaient généralement ces périodes initiales de détention, lors des
interrogatoires menés par la police.
La loi stipule que « Dans le cas de crime ou délit flagrant. - L’officier de police
judiciaire qui instrumente peut garder à vue la personne suspecte pendant 48
heures. Si des indices graves et concordants sont relevés contre cette personne, il
peut la garder à sa disposition pendant trois jours au maximum sur autorisation
écrite du procureur. » Pour des crimes ordinaires, les autorités peuvent proroger à
deux reprises cette période de 48 heures, jusqu’à six jours de détention. En vertu
des lois de lutte contre le terrorisme, un procureur peut prolonger la période initiale
de garde à vue sur autorisation écrite, jusqu’à une durée totale de détention de
12 jours. Aux termes de la loi anti-terroriste, le prévenu ne bénéficie pas du droit
de voir un avocat durant cette période, sauf à l’occasion d’une visite contrôlée
d’une demi-heure au bout de six jours sur les 12 jours de garde à vue. Les
observateurs ont dans l’ensemble trouvé que la loi de lutte contre le terrorisme de
2015 était conforme aux normes internationales.
Des ONG ont déclaré que certains juges étaient réticents à recourir aux peines de
substitution autorisées par la loi comme la mise en liberté provisoire. La loi
n’exige pas d’autorisation écrite pour que soient libérées des personnes détenues.
Dans certains cas, les juges ont libéré des prévenus sur engagement. Il existe un
système de libération sous caution ; celle-ci peut prendre la forme de biens ou du
versement d’une somme au tribunal afin de persuader le juge de libérer le suspect.
Le montant de la caution est laissé à la discrétion du magistrat qui en décide en
fonction de l’infraction. La caution peut être exigée à tout moment avant le procès.
En vertu de la loi, tout accusé a le droit d’avoir un avocat et, lorsqu’il n’en a pas
les moyens, les autorités doivent lui procurer un avocat commis d’office lorsque la
peine de prison requise dépasse cinq ans. Les autorités n’ont pas toujours fourni
des avocats efficaces.
Dans les affaires de droit commun, la loi requiert que la police informe un membre
de la famille du détenu immédiatement après la période de mise au secret
précédemment mentionnée, à moins que les autorités ayant procédé à l’arrestation
n’aient fait une demande de prolongation de cette période auprès d’un magistrat et
qu’elle ait été accordée. La police n’a pas systématiquement respecté cette
disposition. Comme les autorités mettaient parfois du temps à notifier les familles,
elles n’informaient pas les avocats en temps voulu de la date de l’arrestation de
leur client et ils n’étaient donc pas en mesure de vérifier si la durée légale de garde
à vue avait été respectée ou si le détenu avait été correctement traité. Selon un code
militaire distinct, les autorités militaires peuvent détenir des membres des forces
armées sans mandat ni procès public.
Arrestations arbitraires : Les forces de sécurité ont fréquemment arrêté des groupes
d’individus, emmené ceux-ci à un poste de police pour les interroger pendant
plusieurs heures, puis les ont remis en liberté sans inculpation. Conformément aux
dispositions du code pénal, tout agent public ordonnant une détention arbitraire est
passible d’être rétrogradé et, si cet acte est motivé par des intérêts personnels, il
peut encourir une peine allant de 10 ans de prison à la réclusion à perpétuité. Tout
officiel qui omet de transmettre une plainte ou une observation de détention
arbitraire ou illégale à ses supérieurs est passible d’être rétrogradé. Aucune
information n’était disponible indiquant si ces dispositions ont été appliquées cette
année.
Tandis que dans les années antérieures, les autorités ont été accusées d’arrêter des
migrants sans papiers, de les détenir et de les raccompagner aux frontières, ou
encore de les expulser sans leur donner l’occasion d’exercer leurs droits légaux, le
HCR et des ONG ont remarqué que ce type de situation n’avait pas été signalé
cette année.
Détention provisoire : Bien que le gouvernement ait affirmé que les autorités
traduisaient généralement les accusés en justice dans un délai de deux mois, les
procureurs peuvent demander jusqu’à cinq fois la prorogation des deux mois de
détention provisoire. La détention provisoire peut durer jusqu’à un an et il a été
signalé que les autorités maintenaient régulièrement des prévenus en détention au-
delà de la limite d’un an. Les agents publics ont expliqué ces retards par le grand
nombre des dossiers en souffrance dans le système judiciaire. Le ministère des
Affaires étrangères a déclaré qu’un ensemble de facteurs contribuaient à
l’accumulation des dossiers : un manque de ressources consacrées au système
judiciaire, tant humaines que d’infrastructure, l’absence de possibilités de
négociation de plaidoyer pour les procureurs, l’allongement du temps nécessaire
pour instruire les affaires en moyenne et le faible recours aux mécanismes de
règlement à l’amiable et à d’autres dispositifs de résolution extrajudiciaire
autorisés par la loi. Les pouvoirs publics ont indiqué qu’au 30 septembre, 43,1 %
des prisonniers étaient en détention provisoire. Dans certains cas, il est arrivé que
la peine reçue par le condamné soit plus courte que la période qu’il avait déjà
purgée en détention provisoire.
ayant reçu une grâce royale n’ont pas été soumises à de nouvelles arrestations
arbitraires pendant l’année.
La loi prévoit le droit à un procès public équitable avec le droit de faire appel, mais
il n’en a pas toujours été ainsi, en particulier pour ceux qui dénonçaient
l’intégration du Sahara occidental au pays. La loi reconnaît la présomption
d’innocence. Après une période d’enquête initiale dans le cadre de laquelle un
procureur est autorisé à détenir des personnes, les accusés sont informés dans un
délai raisonnable des chefs d’accusation qui pèsent contre eux avant leur procès.
Les procès se déroulent en arabe et les étrangers peuvent demander un interprète
s’ils ne parlent pas cette langue.
Les accusés ont le droit d’être présents à leur procès et de consulter un avocat en
temps opportun. Dans la pratique, les autorités refusaient fréquemment aux avocats
de voir leur client en temps voulu et, dans la majorité des cas, ils le rencontraient
pour la première fois à la première audience devant le juge. Dans les affaires où la
peine encourue est supérieure à cinq ans, les pouvoirs publics sont tenus de fournir
des avocats à l’accusé s’il n’a pas les moyens de s’en procurer un. Les avocats
commis d’office par les autorités étaient souvent mal rémunérés, ils n’avaient
fréquemment pas la formation requise pour les affaires concernant les mineurs, ou
n’étaient pas affectés aux accusés en temps voulu. De ce fait, les accusés étaient
souvent mal représentés. De nombreuses ONG procuraient des avocats à des
mineurs qui n’avaient souvent pas les moyens d’en payer un. Ces possibilités
étaient limitées et concernaient les grandes agglomérations. Aux termes de la loi,
les accusés dans les affaires pénales et de droits de l’homme ont accès aux preuves
à charge détenues par le ministère public, mais il arrivait que les juges les
empêchent d’y accéder ou en retardent la communication. La loi autorise l’avocat
de la défense à poser des questions aux témoins. En dépit des dispositions légales,
des juges auraient parfois refusé à la défense le droit d’interroger des témoins ou
de présenter des témoins à décharge ou des éléments de preuve susceptibles
d’affaiblir le dossier de l’accusation.
La loi interdit aux juges de recevoir des aveux obtenus sous la contrainte. Des
ONG ont signalé que le système judiciaire s’appuyait souvent sur des aveux pour
engager des poursuites au pénal et les autorités exerçaient des pressions sur les
enquêteurs pour en extirper aux suspects afin de faire avancer les poursuites
judiciaires. Human Rights Watch et des ONG locales ont accusé les juges de
statuer sur des affaires, à leur discrétion, en se fondant sur des aveux obtenus par la
force. Des ONG ont fait valoir que cela se produisait fréquemment dans les affaires
impliquant des Sahraouis ou des personnes accusées de terrorisme. Selon les
autorités, la police se servait parfois de prétendues déclarations des détenus au lieu
des aveux des accusés lorsque ces derniers étaient susceptibles d’avoir été obtenus
sous la contrainte. Le Maroc est en train de s’orienter, d’un système fondé sur les
aveux, vers un système fondé sur les preuves. En août, le gouvernement a inauguré
18 salles de préservation des pièces à conviction sur l’ensemble du territoire afin
de préserver la chaîne de possession des pièces à conviction, ce qui appuie le
passage à des poursuites fondées sur des données probantes. Plus de 18 000 agents
de police ont reçu une formation aux procédures récemment établies pour le recueil
et la préservation des éléments de preuve, afin de garantir une chaîne de possession
adéquate des pièces à conviction pour appuyer les poursuites fondées sur des
données probantes. Les policiers collaborent avec les tribunaux pour présenter les
Bien que les particuliers puissent recourir aux tribunaux civils pour y porter des
affaires concernant des violations des droits de l’homme et qu’ils se soient
prévalus de ce droit, ces poursuites n’ont souvent rien donné à cause du manque
d’indépendance des tribunaux pour ce qui est des affaires politiquement délicates
et de la faible impartialité des tribunaux s’expliquant par l’influence extrajudiciaire
et la corruption. Il existe des recours administratifs et judiciaires pour les
La constitution stipule que le domicile privé est inviolable et qu’il peut uniquement
faire l’objet d’une perquisition après obtention d’un mandat. Toutefois, il est arrivé
que les autorités pénètrent au domicile de particuliers sans autorisation judiciaire,
surveillent les déplacements de particuliers en l’absence de procédure légale,
contrôlent les communications privées, notamment le courrier électronique, les
textos et d’autres communications numériques censées relever de la vie privée, et
qu’elles emploient des indicateurs.
Fondé sur des entretiens réalisés en 2014 avec des journalistes citoyens qui
couvraient des sujets jugés délicats par les autorités, un rapport publié en avril
2015 par Privacy International relatait des cas de harcèlement présumé, comme des
visites inopinées d’agents publics aux familles de ces personnes, ainsi que des
accusations selon lesquelles leurs ordinateurs individuels, sites internet et lieux de
travail auraient été piratés ou fait l’objet d’écoute.
Les chiffres officiels pour l’année indiquaient que six journalistes ou médias
avaient fait l’objet d’accusations pour violations du code national de la presse et
qu’aucun journaliste ne faisait l’objet d’accusations aux termes du code pénal. Sept
autres journalistes ou médias font l’objet d’accusations conformément à des lois
autres que le code de la presse ou le code pénal. Parmi les 13 dossiers en cours, des
poursuites ont été entamées par les autorités pour l’un et par des particuliers pour
les autres, notamment pour des plaintes touchant la diffamation. Des organisations
marocaines et internationales de défense des droits de l’homme ont émis des
critiques sur les poursuites pénales engagées contre des journalistes et des éditeurs
ainsi que sur les poursuites pour diffamation écrite, faisant valoir que le
gouvernement utilisait principalement ces lois pour limiter les activités des
associations indépendantes de défense des droits de l’homme, de la presse et des
réseaux sociaux.
Le 21 janvier, les autorités ont inculpé Ali Anouzla, journaliste et militant pour les
droits de l’homme, pour « atteinte à l’intégrité territoriale », suite à des propos
qu’il avait tenus en novembre 2015 à un journal allemand, qui l’avait cité évoquant
le Sahara occidental comme étant le « Sahara occupé ». Ali Anouzla a maintenu
qu’il avait fait référence à ce territoire uniquement comme étant le « Sahara » et
que le journal l’avait cité de façon erronée. Plusieurs semaines plus tard, le journal
a publié un rectificatif de sa traduction disant seulement le « Sahara ».
Ultérieurement, le 24 mai, les autorités ont abandonné les poursuites engagées à
son encontre. Toutefois, à la fin de l’année, aucune information n’avait confirmé
l’abandon des charges retenues contre Ali Anouzla pour « aide matérielle »,
« apologie » et « incitation » au terrorisme en rapport avec un article qu’il avait
écrit en 2013 qui comportait un lien vers une vidéo critiquant le roi. Les dates de
procès fixées les années antérieures pour examiner ces accusations ont été
reportées à de nombreuses reprises.
L’État a appliqué également des procédures strictes régissant les entretiens des
ONG et des militants politiques avec des journalistes. Les journalistes étrangers
devaient obtenir l’accord préalable du ministère de la Communication avant toute
rencontre avec des militants politiques, accord qu’ils n’ont pas toujours reçu.
Violence et harcèlement : Les autorités ont fait subir à certains journalistes des
actes de harcèlement et d’intimidation, y compris en tentant de les discréditer en
répandant des rumeurs nuisibles sur leur vie privée. Des journalistes ont signalé
que les poursuites judiciaires sélectives faisaient fonction de mécanisme
d’intimidation.
Le 3 avril, une équipe de télévision étrangère a été arrêtée alors qu’elle tournait un
reportage pour la chaîne française Canal + sur les homosexuels au Maroc. Les
journalistes ont été expulsés au motif qu’ils n’avaient pas d’autorisation de
tournage ; ceux-ci ont déclaré qu’ils n’avaient pas fait de demande d’autorisation
parce que le sujet de leur reportage était trop sensible et qu’elle ne leur aurait pas
été accordée.
Lois contre la diffamation écrite/verbale : Les autorités ont engagé des poursuites
contre des journalistes pour diffamation écrite et d’autres violations du code pénal.
Le nouveau code de la presse comprend des dispositions autorisant les pouvoirs
publics à sanctionner par une amende les journalistes et les éditeurs qui violent les
restrictions en matière de diffamation et d’injures. Selon les chiffres officiels, il
aurait été enregistré 47 affaires de diffamation, de diffamation écrite ou de
blasphème au cours de l’année. Un tribunal peut imposer une peine de prison si le
condamné ne peut pas ou n’est pas disposé à payer l’amende.
code pénal ou du droit pénal si, dans l’exercice de leur profession, ils critiquent
l’islam, l’institution de la monarchie ou la position officielle du gouvernement
concernant l’intégrité territoriale et les revendications relatives au Sahara
occidental.
Les pouvoirs publics n’ont pas limité ni perturbé l’accès à internet, mais ils ont
appliqué la législation régissant et limitant l’expression publique et la presse sur
internet. Le nouveau code de la presse stipule que le journalisme électronique est
équivalent à celui de la presse écrite. Selon le dernier rapport de Freedom House,
Freedom on the Net (La liberté sur internet), le gouvernement n’a pas bloqué ni
filtré de sites web au cours de l’année, bien que les lois sur la lutte contre le
terrorisme permettent de les filtrer.
Liberté de réunion
En février, sous l’effet du tollé général provoqué par les actes de la police lors des
manifestations des enseignants stagiaires en janvier, le ministère de l’Intérieur a
mis en œuvre un programme de formation sur la dispersion non violente des
manifestations et la gestion des manifestations pacifiques, en réaction aux plaintes
dénonçant les brutalités policières. Bien que les manifestations des enseignants
stagiaires se soient poursuivies de façon sporadique jusqu’en septembre, la police
n’est pas intervenue souvent après le mois de janvier.
Plusieurs sources de la société civile ont signalé des cas d’annulation du jour au
lendemain de réservations d’espaces destinés à des événements privés, évoquant
des pressions des pouvoirs publics sur les propriétaires pour qu’ils n’autorisent pas
d’activités « controversées » dans leurs locaux.
Liberté d’association
En juin 2015, les autorités ont détenu, puis expulsé des chercheurs d’Amnesty
International. Cette ONG a amorcé un dialogue avec les autorités pour surmonter
les difficultés d’accès, mais à la fin du mois d’octobre, ses recherches se heurtaient
toujours à des restrictions.
Le ministère de l’Intérieur exigeait que les ONG s’enregistrent pour être reconnues
en tant qu’entités légales, mais il n’existait pas de registre national exhaustif à la
disposition du public. Une organisation cherchant à obtenir un agrément doit au
préalable présenter au ministère ses objectifs, ses statuts, son adresse et des
photocopies des documents d’identité de ses membres. Le ministère délivre à
l’organisation un récépissé qui fait office d’agrément officiel. Si l’organisation ne
reçoit pas ce récépissé dans un délai de 60 jours, elle n’est pas officiellement
agréée. Les organisations sans agrément ne pouvaient obtenir de financement
public ni accepter légalement de contributions.
Le 7 novembre, les autorités ont informé l’historien Maâti Monjib que le tribunal
administratif de Rabat avait jugé que le ministère de l’Intérieur n’avait pas agi de
façon adéquate en refusant de remettre le récépissé à l’association Freedom Now,
qu’il présidait. Le tribunal a ordonné au ministère de verser une amende à Freedom
Now et d’accepter sa demande d’agrément.
c. Liberté de religion
Maltraitance des migrants, des réfugiés et des apatrides : Les réfugiés et les
demandeurs d’asile, ainsi que les migrants, étaient particulièrement vulnérables à
la maltraitance ; toutefois, contrairement aux années précédentes, à la suite du
programme de régularisation des migrants de 2014, il a été moins souvent signalé
que les forces de sécurité procédaient à des arrestations massives et brutalisaient
des migrants d’Afrique subsaharienne, et que des gangs criminels impliqués dans
la traite des personnes commettaient des exactions. Des sources ont signalé que les
autorités gouvernementales arrêtaient des migrants ou les plaçaient en détention,
particulièrement dans les environs des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla,
pour les réinstaller de force dans d’autres villes du pays (voir section 1.d.).
Exil : La loi prévoit l’exil forcé, mais il n’y a pas eu de cas d’exil forcé au cours de
l’année.
Accès aux services de base : Les réfugiés reconnus comme tels avaient accès aux
services de santé et éducatifs. Les demandeurs d’asile, en revanche, se voyaient
souvent refuser l’accès au système national de santé et ils bénéficiaient d’un accès
limité au système judiciaire tant qu’on ne leur avait pas encore accordé le statut de
réfugiés. Les réfugiés enregistrés et les migrants régularisés ont le droit d’avoir un
emploi.
La constitution peut être amendée par un référendum national dont les résultats
doivent être approuvés par le roi, ou par une proposition soumise par le roi qui
recueille une majorité des deux tiers des voix de chacune des deux chambres
législatives.
La loi impose des sanctions pénales en cas de corruption d’agents publics, mais le
gouvernement n’a dans l’ensemble pas veillé efficacement à son application. Des
officiels se sont fréquemment livrés à des pratiques de corruption en toute
impunité. La corruption constituait un problème grave au sein du pouvoir exécutif,
notamment de la police, ainsi que dans le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire.
Le roi, qui fait des déclarations appelant à une réforme du système judiciaire
depuis 2009, a reconnu le manque d’indépendance de la justice et sa vulnérabilité à
l’influence. De nombreux membres de la communauté judiciaire, bien implantée et
D’après les observateurs, la corruption était répandue dans la police. Les pouvoirs
publics ont déclaré mener des enquêtes sur des affaires de corruption et d’autres
cas de malversations de la police par le biais d’un mécanisme de contrôle interne
(voir section 1.d.).
Divulgation de situation financière : La loi exige des juges, des ministres et des
membres du Parlement qu’ils communiquent une déclaration de situation
financière à la Cour des comptes qui est chargée du contrôle et de la vérification de
la conformité à cette exigence. Toutefois, selon des groupes d’action plaidant pour
la transparence dans l’administration, nombreux sont les officiels qui ne
soumettaient pas ces déclarations. Il n’est pas prévu de sanctions pénales ou
administratives efficaces en cas de non-respect de cette exigence.
Accès public à l’information : Alors qu’il n’existe pas de loi sur le droit d’accès à
l’information, un projet de loi relatif à l’accès du public à l’information a été
Des groupes ont mené des enquêtes et publié leurs conclusions sur des affaires
liées aux droits de l’homme ; toutefois, la réceptivité des pouvoirs publics aux
organisations nationales et internationales de défense des droits de l’homme, leur
coopération avec elles et les restrictions qu’ils leur ont imposées ont été variables
en fonction de leur évaluation de l’orientation politique de l’organisation et du
caractère sensible des questions soulevées.
Le 26 janvier, selon plusieurs sources, les autorités auraient expulsé Andrea Nüsse,
la représentante de la Fondation Friedrich Naumann au Maroc, une ONG
allemande de plaidoyer pour les droits de l’homme, l’état de droit et la démocratie.
Cela faisait trois ans qu’elle occupait ce poste au Maroc pour le compte de la
fondation. Selon cette ONG, cette mesure d’expulsion a été prise car la fondation
avait accordé à l’opposant Ali Anouzla un prix international des droits de
l’homme. Les autorités ont déclaré que le permis de séjour d’Andrea Nüsse avait
expiré en août 2015, qu’elle avait quitté le territoire marocain de son propre chef
en décembre 2015 et qu’était revenue pour une courte période en janvier afin de
régler des affaires personnelles. Elle n’aurait jamais fait l’objet d’un arrêté
d’expulsion.
Les autorités ont ordonné à Human Rights Watch de suspendre ses activités en
2015. En mars, l’organisation a rencontré des représentants du gouvernement, mais
elle a été informée que la suspension resterait en vigueur jusqu’à nouvel ordre.
Jusqu’au mois de septembre, Human Rights Watch n’a pas été en mesure d’exercer
ses activités sur le territoire marocain. Cependant, les chercheurs de cette
organisation ont pu dialoguer avec les autorités par voie électronique et ils
continuent de publier des informations limitées sur la situation dans le pays.
Les autorités ont reconnu plusieurs ONG nationales de défense des droits de
l’homme actives dans l’ensemble du pays. L’Organisation marocaine des droits
humains (OMDH) et l’AMDH étaient les plus grandes organisations nationales de
défense des droits de l’homme.
Pendant l’année, des militants et des ONG ont signalé que leurs activités
continuaient de faire l’objet de restrictions. Selon l’AMDH, les autorités ont
interdit 111 activités prévues entre juin 2014 et juin 2016. De nombreux militants
ont indiqué que, plutôt que d’interdire purement et simplement des activités, les
autorités auraient plutôt imposé des restrictions à l’utilisation d’espaces publics et
de salles de conférences, et elles auraient informé les propriétaires de locaux privés
que certaines activités n’y étaient pas souhaitables. Les organisations ont fait valoir
que des agents publics les avaient informé que leurs activités avaient été annulées
parce qu’elles n’avaient pas suivi la procédure requise pour l’organisation de
réunions publiques, alors qu’elles affirmaient avoir présenté les documents
nécessaires, sauf dans les cas où elles estimaient que la loi ne l’exigeait pas.
Certaines ONG non reconnues qui ne coopéraient pas officiellement avec le
gouvernement communiquaient néanmoins, de façon informelle, des informations
aux organismes gouvernementaux ainsi qu’à des organismes parapublics.
Le CNDH est une institution nationale de défense des droits de l’homme établie
par la constitution qui fonctionne indépendamment du gouvernement élu. Il est
financé par les deniers publics et fonctionne conformément aux Principes de Paris
de l’Alliance mondiale des institutions nationales de défense des droits de
l’homme, qui l’a reconnu en novembre 2015 en tant qu’institution nationale de
protection et de promotion des droits de l’homme accréditée au statut A, dans le
cadre adopté par l’ONU. Le CNDH était le principal organe consultatif du roi et du
gouvernement sur la question des droits de l’homme. Ce conseil remplissait un rôle
de mécanisme de contrôle national des droits de l’homme en matière de prévention
de la torture, conformément aux obligations internationales de l’État. Qui plus est,
le CNDH a produit au cours de l’année des rapports critiquant des pratiques
actuelles et antérieures des pouvoirs publics dans le domaine de la liberté
d’expression et de réunion ainsi que des droits des femmes, et il a publié des
guides sur les droits politiques des jeunes militants et des journalistes. En 2014, le
CNDH a mis en place l’Institut national de formation aux droits de l’Homme
(INFDH), qui s’associe à des organisations internationales afin de dispenser des
formations à la société civile, aux médias, aux forces de l’ordre, aux personnels
médicaux, aux éducateurs et aux juristes. Entre janvier et novembre, l’INFDH a
organisé 39 sessions de formation sur l’observation des élections, la
discrimination, les droits de l’homme au travail et la prévention de la torture ainsi
que les enquêtes sur les cas de torture.
Condition féminine
La violence conjugale était répandue. Les chiffres sur le viol ou les agressions
sexuelles n’étaient pas fiables en raison du nombre de ces actes qui ne faisaient pas
l’objet d’une plainte ; la dernière étude sur ce sujet remonte à 2009. Un recueil du
Haut-Commissariat au Plan publié en 2013, La femme marocaine en chiffres, a
révélé que 63 % des femmes avaient déclaré avoir subi un acte de violence durant
l’année antérieure, mais ces chiffres se fondaient sur une enquête réalisée en 2009.
Plusieurs organisations nationales de plaidoyer contre la violence familiale, comme
la Ligue démocratique pour les droits de la femme (LDDF), estimaient que dans
huit cas sur 10 de violences à l’égard des femmes, l’auteur était le mari.
La loi n’interdit pas spécifiquement la violence conjugale contre les femmes, mais
les interdictions d’ordre général du code pénal s’appliquent à ce type de violence.
Légalement, il y a délit grave lorsque la victime souffre de blessures qui entraînent
20 jours d’incapacité de travail. Il y a délit mineur lorsque l’incapacité de travail
est inférieure à 20 jours. Selon des ONG, les tribunaux poursuivaient rarement les
auteurs de délits mineurs. La police traitait généralement la violence familiale
comme un problème social plutôt qu’un crime. Les statistiques fournies par le
gouvernement indiquaient que celui-ci apportait un appui direct à 45 centres de
conseil psychologique pour les victimes féminines de violence et un soutien
indirect à 97 autres, dans le cadre d’un effort plus ample visant à soutenir des
projets destinés aux femmes dans la société.
La violence physique était un motif légal de divorce, bien que peu de femmes aient
dénoncé ces violences aux autorités. La médiation en cas de violence familiale était
généralement prise en charge au sein de la famille. Les femmes optant pour les
poursuites judiciaires préféraient généralement demander le divorce auprès des
tribunaux de la famille plutôt que d’engager des poursuites pénales.
De nombreuses ONG nationales ont œuvré pour promouvoir les droits des femmes
et les questions concernant les femmes. On compte, parmi celles-ci, l’Association
démocratique des femmes du Maroc, l’Union de l’action féminine, la Ligue
démocratique pour les droits de la femme, Mobilising for Rights Associates
(MRA) et l’Association marocaine pour les droits des femmes. Elles faisaient
toutes du plaidoyer pour le renforcement des droits politiques et civiques des
Droits génésiques : Les couples et les personnes ont le droit de décider du nombre
de leurs enfants, de l’espacement et du moment de leur naissance, de gérer leur
santé génésique et de disposer des informations et des moyens de le faire sans
discrimination, coercition ou violence. Les autorités n’ont généralement pas
pratiqué de discrimination à l’égard des femmes en matière d’accès aux soins de
santé génésique et sexuelle, y compris pour les infections sexuellement
transmissibles. La contraception est légale et elle est largement disponible sous la
plupart de ses formes. Selon le Population Reference Bureau, le Maroc a investi
pour renforcer la disponibilité des services volontaires de planification familiale,
étendre et améliorer les soins de santé maternelle et favoriser l’accès aux soins
obstétriques en les rendant gratuits.
La pilule contraceptive est disponible dans les pharmacies sans ordonnance. Des
professionnels de santé qualifiés étaient disponibles pour prendre en charge
l’accouchement et les soins postnatals des femmes qui en avaient les moyens, et
quelque 74 % de l’ensemble des naissances en ont bénéficié. En juin, le
gouvernement a déposé un projet de loi autorisant l’IVG dans les cas de viol,
d’inceste ou de graves malformations, ce qui étendrait la législation actuelle
autorisant l’IVG lorsque la vie de la mère est en danger.
Selon les statistiques les plus récentes des Nations Unies, il y avait en 2015 environ
121 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes au Maroc, et 57 % des
femmes âgées de 15 à 49 ans utilisaient une méthode moderne de contraception en
2011. Les principaux facteurs influençant les taux de mortalité maternelle et
d’utilisation de contraceptifs étaient l’analphabétisme des femmes, la
méconnaissance de la disponibilité des services, le coût de ces services, les
pressions sociales à l’encontre de l’usage des contraceptifs et la disponibilité
limitée de moyens de transport dans les zones rurales vers les centres de santé et
les hôpitaux.
Discrimination : La constitution accorde aux femmes des droits égaux dans la vie
civile, politique, économique et culturelle et dans le domaine de l’environnement.
La loi exige que soit versé un salaire égal pour un travail égal, mais ce n’était pas
le cas dans la pratique. De nombreux problèmes liés à la discrimination à
l’encontre des femmes ont perduré, tant en matière d’imposition de l’égalité des
droits prévus par la législation et la constitution que de limitation des droits
accordés aux femmes en matière de succession. La mise en application des lois et
réformes s’est heurtée à une résistance considérable de la part des hommes dans
certaines régions du pays. En dépit de pressions considérables de la part des ONG
de femmes, l’application de ces lois sur la propriété est demeurée inégale.
Aux termes de la loi, les femmes ont droit à une part des biens hérités, mais celle
des femmes est inférieure à celle des hommes. En général, les femmes sont en droit
de recevoir la moitié de l’héritage que recevrait un homme dans les mêmes
circonstances. Un homme fils unique recevrait la totalité du patrimoine alors
qu’une femme fille unique recevrait la moitié de l’héritage et d’autres parents
l’autre moitié. La réforme du code de la famille de 2004 n’a pas modifié les lois
successorales et la constitution n’aborde pas spécifiquement ces questions.
Peu d’obstacles juridiques ont entravé la participation des femmes aux affaires
commerciales et à d’autres activités économiques. Selon certains chefs d’entreprise
et ONG, les femmes ont toutefois éprouvé des difficultés en matière d’accès au
crédit et pour être propriétaires d’entreprises et les diriger. Dans les zones rurales,
les femmes se heurtaient à des restrictions concernant les opportunités en matière
d’éducation et d’emploi pour des raisons sociales et culturelles. Les syndicats ne
comptaient pas de femmes à des postes dirigeants.
Les pouvoirs publics ont déployé quelques efforts pour améliorer le statut des
femmes au travail, principalement dans le cadre du mandat constitutionnel qui
prescrit la création d’une Autorité pour la parité et la lutte contre toutes les formes
de discrimination, une institution que le Parlement et le CNDH étaient en train
d’élaborer ensemble, mais qui ne fonctionnait pas encore à la fin de l’année. En
octobre 2015, le CNDH a publié un rapport citant l’inégalité répandue entre les
sexes et plaidant pour des réformes correspondant à la constitution, notamment
avec la création d’une Autorité pour la parité et la lutte contre toutes les formes de
discrimination indépendante et habilitée, des modifications au code de la famille et
des réformes du régime de succession qui abandonnerait les règles fondées sur la
religion pour garantir l’égalité entre les femmes et les hommes. Les ONG de
défense des droits des femmes ont continué de faire pression sur le gouvernement
pour obtenir une codification des droits des femmes dans le cadre de lois
officielles.
Enfants
Enregistrement des naissances : La loi autorise les deux parents à transmettre leur
nationalité à leurs enfants. Il y a eu toutefois des cas où les autorités ont refusé
d’accorder des documents d’identité à des enfants nés de parents non mariés. Des
ONG, des magistrats et des avocats sont intervenus en faveur des enfants sans
papiers. Les démarches pour obtenir les documents d’identité requis étaient
longues et laborieuses si elles n’étaient pas effectuées dans les 30 jours suivant la
naissance de l’enfant. Selon des articles dans la presse et des ONG amazighes, au
cours de l’année, des représentants du ministère de l’Intérieur ont refusé
d’enregistrer la naissance d’enfants auxquels les parents souhaitaient donner un
prénom amazigh.
Maltraitance d’enfants : Les ONG, les groupes de défense des droits de l’homme,
les médias et le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance ont indiqué que la
maltraitance des enfants était répandue, mais les pouvoirs publics ont noté que ce
phénomène était signalé moins fréquemment. Selon les chiffres officiels, 6 830 cas
de maltraitance des enfants ont fait l’objet d’une enquête cette année, pour 7 526
en 2015. Des informations ponctuelles ont révélé que la maltraitance des enfants
employés comme domestiques était un problème. Le 26 juillet, le Parlement a
adopté une loi interdisant aux enfants de moins de 16 ans de travailler comme
domestiques et limitant de façon stricte le travail des mineurs de moins de 18 ans
(voir section 7.c.). Les poursuites judiciaires pour maltraitance d’enfants ont été
extrêmement rares.
Mariage forcé et mariage précoce : L’âge légal du mariage est fixé à 18 ans, mais
les parents, avec le consentement informé de l’enfant mineur, peuvent obtenir une
dérogation auprès d’un juge. Le pouvoir judiciaire a approuvé la grande majorité
des demandes de mariages de mineurs. Le mariage d’enfants est resté préoccupant.
Pendant l’année, les pouvoirs publics ont déclaré avoir entrepris des initiatives
pour mettre en œuvre leur politique de protection de l’enfance adoptée en 2014 et
Veuillez également consulter les Conclusions sur les pires formes de travail des
enfants du Département du Travail à l’adresse suivante :
www.dol.gov/ilab/reports/child-labor/findings.
Antisémitisme
Personnes handicapées
bâtiment qui assurent l’accès des personnes handicapées. Le gouvernement n’a pas
veillé efficacement à l’imposition ou à l’application de ces lois et réglementations.
Tandis que les codes du bâtiment entrés en vigueur en 2003 exigent la mise en
accessibilité pour tous, ils en dispensent la plupart des structures préexistantes et
étaient rarement appliqués aux nouvelles constructions. La plupart des transports
en commun n’étaient pas accessibles aux personnes handicapées, même si les
chemins de fer nationaux étaient équipés de rampes d’accès pour fauteuils roulants,
de toilettes accessibles pour les personnes handicapées et de sièges réservés. La
politique du gouvernement garantit aux personnes handicapées un accès égal à
l’information et aux communications. Toutefois, il y avait peu de dispositifs de
communication spéciaux disponibles pour les personnes atteintes d’un handicap
auditif ou visuel.
Minorités nationales/raciales/ethniques
Bon nombre des régions les plus démunies du pays, particulièrement le Moyen-
Atlas, étaient majoritairement amazighes et enregistraient des taux
d’analphabétisme supérieurs à la moyenne nationale. Dans cette région
montagneuse et sous-développée, les services publics de base étaient souvent
limités. Si les langues officielles sont l’arabe et l’amazigh, l’arabe prédomine.
L’instruction en amazigh est obligatoire pour les étudiants de l’École de
perfectionnement des cadres du ministère de l’Intérieur à Kénitra. Le français et
l’amazigh sont présents dans les médias et, dans une bien moindre mesure, dans les
établissements d’enseignement. Le 26 septembre, le Conseil des ministres a adopté
un projet de loi d’application de la disposition constitutionnelle faisant de
l’amazigh une langue officielle, qu’il a soumis au Parlement pour y être débattu.
Toutefois, le Parlement était en vacances et il n’avait pas encore débattu le projet à
la fin de l’année.
La loi pénalise les actes homosexuels, ou « actes contre nature », ainsi que toutes
activité sexuelle hors des liens du mariage quelle que soit l’orientation sexuelle.
Les lois contre la discrimination ne s’appliquent pas aux LGBTI et le code pénal
ne contient pas de dispositions pénalisant les crimes motivés par la haine. Les
LGBTI étaient stigmatisés, mais il n’a pas été signalé de discrimination sur la base
de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre dans l’emploi, le logement,
l’accès à l’éducation ou les soins de santé. Les autorités ont poursuivi en justice
des personnes ayant des relations homosexuelles au moins une fois pendant
l’année.
Dans une affaire à grand retentissement, le 27 octobre, les autorités ont arrêté deux
mineures âgées de 16 et 17 ans à Marrakech pour « homosexualité » suite à la
dénonciation à la police d’un proche qui avait vu les deux jeunes filles
s’embrasser. Les médias et les ONG ont indiqué qu’après une semaine en détention
provisoire, elles ont toutes deux bénéficié d’une libération provisoire en attendant
leur procès. Le 9 décembre, elles ont été innocentées.
En mars par exemple, des observateurs ont filmé un groupe de personnes à Beni
Mellal en train d’agresser deux hommes qu’ils présumaient être homosexuels. Ces
hommes les ont passé à tabac à leur domicile avant de les obliger à se déshabiller,
puis de les jeter nus dans la rue, les forçant à se rendre jusqu’au poste de police où
ils ont été arrêtés et inculpés pour homosexualité. Ultérieurement, les autorités ont
arrêté plusieurs des hommes impliqués dans cette agression. Le tribunal a
condamné les agresseurs à des peines de trois à six mois de prison ferme et les
deux hommes accusés d’actes homosexuels à des peines avec sursis.
Selon le code du travail, les salaires et les conditions de travail des salariés
syndiqués doivent faire l’objet d’accords conclus dans le cadre de négociations
entre employeurs et délégués des salariés. Si la loi autorise l’existence de syndicats
indépendants, elle requiert que 35 % au minimum des salariés y soient associés
pour que le syndicat soit estimé suffisamment représentatif et qu’il puisse
participer aux négociations collectives. La loi interdit la discrimination
antisyndicale et empêche les entreprises de licencier des employés au motif de leur
participation à des activités syndicales légitimes. Les tribunaux sont habilités à
imposer la réintégration des salariés licenciés arbitrairement et ils ont compétence
pour faire appliquer des décisions contraignant les employeurs à leur verser des
dommages et intérêts ainsi que des arriérés de salaires.
La loi relative à la grève requiert un arbitrage obligatoire des conflits, interdit les
sit-in et exige le dépôt d’un préavis de grève de 10 jours. Le gouvernement est
autorisé à intervenir dans les grèves. Il est interdit de faire grève sur des questions
couvertes par une convention collective dans l’année suivant l’entrée en vigueur de
ladite convention. Les pouvoirs publics ont compétence pour disperser les grévistes
dans les lieux publics où les manifestations sont interdites, ainsi que pour
empêcher l’occupation non autorisée d’espaces privés. Les syndicats ne peuvent ni
pratiquer des actes de sabotage ni empêcher les travailleurs non grévistes de
travailler.
les syndicats peuvent négocier avec le gouvernement sur les questions de travail de
portée nationale. Du 12 avril au 4 mai, le gouvernement a organisé la première
session officielle du traditionnel dialogue social tripartite depuis 2012,
principalement pour débattre d’un projet de loi de réforme des retraites qui a été
adopté ultérieurement au Parlement en dépit des protestations des syndicats. Au
niveau sectoriel, les syndicats ont négocié avec les employeurs du secteur privé au
sujet du salaire minimum, des indemnisations et d’autres questions.
Les conflits du travail étaient fréquents et, dans certains cas, ils se sont déclenchés
parce que l’employeur n’appliquait pas les conventions collectives et ne versait pas
les salaires. Les syndicats se sont plaints que le gouvernement avait parfois recours
au code pénal pour poursuivre les travailleurs grévistes et réprimer les grèves. La
plupart des centrales syndicales étaient étroitement alliées à des partis politiques,
mais elles n’ont subi dans l’ensemble aucune ingérence des pouvoirs publics.
La loi interdit toute forme de travail forcé ou obligatoire. Elle pénalise le travail
forcé des adultes par une amende pour la première infraction et par des peines de
prison allant jusqu’à trois mois en cas de récidive. Les peines prévues par la loi en
cas de travail forcé des enfants vont d’un à trois ans de prison. Les autorités n’ont
pas veillé à l’application de cette législation de façon adéquate. Il a été fait état de
travail forcé, en particulier parmi les enfants (voir section 7.c.).
Les inspecteurs du travail ne se sont pas rendus dans les petits ateliers et domiciles
privés où étaient commises la majorité de ces infractions, car la législation exige
un mandat pour perquisitionner les résidences privées. Le petit nombre
d’inspecteurs, les maigres ressources à leur disposition et la grande dispersion
géographique des lieux ont également limité l’application efficace de la loi.
L’âge minimum d’admission à l’emploi dans la plupart les secteurs d’activité est
fixé à 15 ans. La loi interdit aux mineurs de moins de 16 ans de travailler comme
domestiques et à ceux âgés de moins de 18 ans de travailler dans 33 secteurs
« dangereux » (voir section 7.e.). Dans tous les secteurs, la loi interdit le travail des
mineurs de moins de 16 ans pendant plus de 10 heures par jour et les employeurs
sont tenus de leur accorder une heure de pause au moins par jour. Les mineurs de
moins de 16 ans ne sont pas autorisés à travailler entre 21 heures et 6 heures du
matin dans le secteur non agricole et entre 20 heures et 5 heures du matin dans
l’agriculture. D’après le Haut-Commissariat au Plan, qui est l’organe chargé des
statistiques officielles du Maroc, l’écrasante majorité des enfants travailleurs
étaient employés dans les zones rurales. La loi ne couvre pas le travail agricole
saisonnier ni celui dans les entreprises des secteurs traditionnels manuels et
artisanal comptant moins de cinq employés. Elle interdit d’employer des mineurs
de moins de 18 ans dans les carrières de pierre, les mines, la pêche ou pour
effectuer d’autres tâches jugées dangereuses par le gouvernement. Des familles des
régions rurales envoyaient les filles travailler comme domestiques dans les zones
urbaines. Des garçons subissaient le travail forcé comme apprentis dans l’artisanat,
les industries du bâtiment et les ateliers de réparation automobile.
comptaient dans leurs rangs 53 inspecteurs formés aux questions de travail des
enfants et désignés comme des « points focaux ». Selon diverses sources, la police,
les procureurs et les juges ont rarement appliqué les dispositions légales sur le
« travail forcé des enfants domestiques » ; par ailleurs, peu de parents d’enfants
travaillant comme employés de maison étaient désireux ou capables d’engager des
procédures susceptibles de leur apporter des avantages directs.
Les autorités ont engagé tout au long de l’année des poursuites concernant l’emploi
d’enfants domestiques qui ont abouti, mais les inspecteurs du travail chargés de
veiller à l’application du code du travail n’ont pas compétence pour inspecter des
domiciles privés, car il est nécessaire de disposer d’un mandat. Des parties
prenantes ont indiqué qu’il existait peu de coordination au sein du gouvernement
pour assurer la réinsertion des enfants soustraits au travail, de nombreux
organismes remplissant des rôles faisant double emploi et ayant des responsabilités
peu claires, ce qui entraînait des carences dans les services œuvrant pour la
réinsertion des enfants.
Durant l’année, les pouvoirs publics ont amplifié la coordination avec des ONG
locales, nationales et internationales sur divers programmes éducatifs et de
formation aux fins de lutter contre le travail des enfants. Le ministère de l’Emploi
et des Affaires sociales, conduit par la Direction du Travail en association avec des
ONG, a supervisé des programmes pour remédier au problème du travail des
enfants. Ils avaient pour objectif d’en réduire l’incidence par un renforcement de la
sensibilisation à ce problème, l’octroi d’une aide financière aux familles démunies
et la réduction des obstacles qui empêchent les enfants à risques d’être scolarisés.
De plus, les enfants migrants ont pu accéder à l’enseignement public, ce qui les a
rendus moins vulnérables au travail.
Des enfants devenaient apprentis avant l’âge de 12 ans, notamment dans les petits
ateliers familiaux du secteur artisanal. Des enfants travaillaient également dans des
emplois définis comme dangereux par la loi. Il s’agissait notamment de la pêche et,
dans l’économie informelle, du textile, de l’industrie légère et de la fabrication de
tapis. Les conditions sanitaires et de sécurité dans lesquelles se trouvaient les
enfants ainsi que leurs rémunérations étaient souvent inférieures aux normes.
Dans certains cas, les employeurs ont soumis des enfants aux pires formes de
travail, notamment à l’exploitation sexuelle commerciale, parfois suite à la traite
des personnes (voir section 6, Enfants), au travail domestique forcé, également
parfois suite à la traite des personnes et au travail forcé dans la production
artisanale et le bâtiment.
Des ONG ont documenté les sévices physiques et psychologiques endurés par des
enfants employés comme domestiques. Les employeurs payaient les parents des
enfants qu’ils employaient. La plupart des enfants employés de maison étaient
logés, nourris et vêtus au lieu d’être rémunérés, ou encore leurs employeurs les
rémunéraient bien en-deçà du salaire minimum.
Veuillez également consulter les Conclusions sur les pires formes de travail des
enfants du Département du Travail à l’adresse suivante :
www.dol.gov/ilab/reports/child-labor/findings.
travail égal. Elle interdit l’embauche des femmes et des jeunes (âgés de 15 à 17
ans) dans certaines professions que les autorités estiment dangereuses, comme
l’extraction minière.
Des discriminations de tous les types interdits par la loi se sont produites car le
gouvernement ne comptait pas suffisamment de ressources humaines et financières
pour veiller efficacement à l’application de la législation. Les organisations de
travailleurs migrants ont indiqué que des migrants subissaient de la discrimination
en matière d’embauche, de salaires et de conditions de travail.
Le salaire minimum s’élevait à 108 dirhams (11,13 dollars) par jour dans le secteur
industriel, à 70 dirhams (7,22 dollars) par jour pour les travailleurs agricoles et à
65 dirhams (6,70 dollars) par jour pour les travailleurs domestiques. Le salaire en-
dessous duquel une personne se trouve en-deçà du seuil de pauvreté absolue, défini
par la Banque mondiale, s’élève à 70 dirhams (7,22 dollars) par jour. Y compris les
primes versées habituellement pour les jours fériés, les travailleurs percevaient en
général l’équivalent de 13 à 16 mois de salaire par an. Les entreprises du secteur
informel employaient environ 60 % de la population active et ne tenaient souvent
pas compte des obligations concernant le salaire minimum. En vertu d’un
programme de contrats de travail temporaire (les contrats ANAPEC) conçu pour
aider les nouveaux arrivants à intégrer le marché du travail, le gouvernement paie
les cotisations de la sécurité sociale et l’assurance maladie pour les salariés et les
employeurs doivent offrir des salaires supérieurs au salaire minimum et embaucher
60 % des stagiaires en contrat ANAPEC une fois le contrat temporaire arrivé à
terme. Toutefois, les contrats ANAPEC ne relevaient pas du code du travail et
pouvaient donc faire l’objet d’abus.
travailler dans 33 secteurs à risque, qui sont notamment les mines, la manipulation
de substances dangereuses, le transport d’explosifs et le maniement de machinerie
lourde.
De nombreux employeurs n’ont pas respecté les dispositions légales concernant les
conditions de travail. Les pouvoirs publics n’ont pas non plus veillé efficacement à
l’application des dispositions fondamentales du code du travail, telles que le
paiement du salaire minimum et d’autres prestations de base prévues par la Caisse
nationale de sécurité sociale. Bien que les 409 inspecteurs du travail aient tenté de
surveiller les conditions de travail et d’enquêter sur les accidents, le manque de
moyens les a empêchés de faire appliquer efficacement la législation du travail.
Les sanctions étaient généralement insuffisantes pour avoir un effet dissuasif. Les
inspecteurs du travail sont également chargés d’assurer la médiation en cas de
différends, ce qui leur laissait moins de temps pour effectuer des inspections
préventives de lieux de travail pour en vérifier la conformité avec la législation du
travail.
Selon les ONG, il ne s’est pas produit de grave accident du travail pendant l’année.
En revanche, les médias ont signalé de nombreux cas d’accidents, parfois mortels,
survenus sur des chantiers de construction où les normes étaient insuffisantes ou
qui n’avaient pas d’équipement de sécurité. Dans le secteur formel, les travailleurs
bénéficient du droit de se retirer de situations qui présentent un danger pour leur
santé ou leur sécurité sans risquer de perdre leur emploi et les autorités ont veillé
efficacement à la protection des salariés se trouvant dans cette situation.