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de la science politique
en France et à
l'étranger / dir. Gaston
Jèze
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Revue du droit public et de la science politique en France et à l'étranger / dir. Gaston Jèze. 1912.
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------_.-_.---- --.---
11. La Vice-Présidence du Conseil
...
des
~.- -
.... ......Miilistres.
... -..
,
ROGER BONNARD
1
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,
-
...., \ , .
• .'
76, ROGljlR BONNARD
1
mines de l'Ouenza, en Algérie. Ces conventions ainsi que les actes mêmes
de concession (le ces mines furent vivement attaquées par certains'
députés. Mais. ceux-ci, au lieu de s'en prendre au ministre re&ponsable
devant le Parlement de l'administration algérienne, inirent en causé pero
sonnellement
,
le chef direct de cdtte administration, le Gouverneur Géné-
raI de l'Algérie qui prenait part au débat comme commissaire du gou-
vernement. Ils portèrent contre M. JonnaI"t la grave accusation d'avoir
sacrifié les intérêts nationaux et ceux de l'Algérie pour donner satisfac-.
, tion aux intérêts particuliers de certains groupes financiers, voire même
d'avoir favorisé des ind'ustriels étrangers au détriment des industriels
français. Or M. Jonnart accepta cette mise en cause personnelle et la:
responsabilité dont la Chambre le chargeait.
En effet. d';lbord au cours d'une discussion préliminaire relative à
l'ajournement de cette discussion, et qui eut lieu le 14 janvier 1999, pour
combattre l'ajournement, il s'exprima ainsi:
. « Si ceux qui combattent ce projet voulaient encore en voir ajourner le
débat, ils n'auraient pas dft m'accuser d'avoir méconnu les intérêts supé-
rieurs de la défense nationale, d'avoir favorisé je ne sais quel trust, je ne
sais quel accaparement. On a porté contre mon administration des acc1tsa-
. tions graves. Il ne faut pas qu'on se dérobe aujourd'hui; il faut qu'on s'ex-
plique .........• Vous devez comprendre qu'il me tarde d'établir à cette
tribune, avec des faits et des chiffres indiscutables, que, ni M. Revoil (J),
ni moi, n'avons rien sOC1'ifié de l'intérêt national; que nous avons, au
eontraire, ... etc. » (2).
Alors, M. Clemenceau, Président du Conseil et Ministre de l'Intérieur,
appuya aussitôt ce point de vue dans Jes termes suivants;
« Il (M, Jonnart)
•
a déclaré dans quelle situation fausse il se trouvait,
alors qu'il était en butte à des imputati0I!s calomnieuses, c'est l'expression
dont il s'est servi. Il est bien naturel qu'il ait hdte de monter à la Il'i-
bu ne fJoul'répondre aux insinuations portées contre lui et qu'il1Jeuille s'ex-
pliquer le plus tOt possible II (3).
Le sens de cette déclaration est très net. Le président· du conseil en
disant que c'était non il lui, mais à M. Jonnart de s'expliquer et de se jus-
tifier, en acceptant aussi la mise en cause personnelle du gouverneur
général reconnaissait implicitement une certaine responsabilité de ce
dernier devant le Pàrlement à l'exclusion de la sienne.
•
• \'
•
78 ROGER BONNARD
devant nous. »
•
Alors le l\Iinistre de répliquer :
Puis dans le cours de son exposé, lU. Thalamas continue à mettre cons-
tamment en cause l'administration tunisienne et le Résident général sans
rien reprocher directement au Ministre. Enfin, il termine en reprenant
à peu près les mêmes idées qu'au début.
Il affirme d'abord la responsabilité de l'administration 'uni sienne
devant le Parlement.
S'adressant à la Chambre, il dit:
•
\ .
encore, des citations s'imposent tant elles sont caractéristiq1,les d.e l'éta~
. d'esprit de certains membres de l'Assemblée.
Voici d'abord ~I. Charles Dumas affirmant la responsabilité du R~si-
dent général : .
•
a J'entends que M. le Résident général qui est actuellement sur ces bancs
ne manquera pas de me dire: Il Je ne suis 'pour rien en tout cela ". C'est
entendu. C'est là une opération qui a été faite avant son arrivée. Mais il
ne faudrait pas que le Résident général oubliât qu'à partir de maintenant
sa responsabilité est engagée. Il lui appartiendra de nous dire s'il entend
la dégager. ou bien si, par je ne-sais quel sentiment de solidarité résiden-
ticHc, il entend, lui aussi, couvrir les iniquités et les injustices.» Ir).
"
, Cela ne suffit pas et, en vérilé, Messieurs, il n'y a plus ici de responsa-
bilité ministél'ieUe. Le gouverTJ.ement a trouvé le moyen de la remplacer
par la responsabilité des fonctionnaire.9.1Jn Ministre commet-il, comm,e
aujourd'hui, quelque manquement grave, on sacrifie un fonctionnaire ...
. . .• Ln faute 'commise n'est pas exclusive nu directeur des- Affaires
politiques. La faute la plus lourde, la faute impnrdonnable dans la ch'con-
stance; incombe à M. le Ministre des Affaires Etrangères et, aux yeux du
}lays qui ne se laissera pas égarer, c'est li lui seul que remonte la l'es-
ponsabilité .. c'est lui qui doit seul en supporte,. tOltt le poids (1) ».
Quant li moi, je vous ni exposé les .Caits àvec une. vérité absolue. J'ai la
conscience d'avoir, depuis sept ans, Cait mon devoir tout entier. A vous de
juger » (2)~ ,
11
Ainsi, il semble bien, comme l'a dit 1\1. Ch. Benoist. qu'il s'élabore
actuellement dans la'pratique parlementaire une véritable tendance à.
opérer un déplacement des responsàbilités devant les 'Chambres. La ten-
dance paraU assez nette et' assez précise pour mériter un examen au
point de vue du droit constitutionnel .
(1)' J. O. 1)l!bats.
.. . . Chambre,
. ' .
7 déc!,mbre .191,1, p. 3659 (col. ,3).
(2) J. O. Débats. Ghambr~, 7 décembre .1911, p. 3667'(COI. 2).
,
. .-
86 ROG~R BONNARD
(1) V. sur ce point Eva. PJlII~Rl!f Droit polit. etparl. (Supplément '~\}IO),
. p. 87· ' . . ., . .,
•
•
\.
88
.'.
.' naGER BONNARD • •
Il Il résulte de cet arlide (art. 6 de la. loi du 16 jùillet 1875), qui est limi-
tatif dans sa forme ct dans son texte, que le8 Ministres ne peuvent pas être
assistés d'un commissaire du gouvernement dans la discussion d'une inter-
pellation. En eft'et, dans une interpellation, c'est la responsabilité person- .
neUe du Ministre qui est en jou, et si nous admettions que le Ministre puisse
se laire représenter ou seulement assister dans ce cas par un commissaire
du gouvernement, la situation serail pOUl' ainsi dire retournée; nOU8, fini-.
rions par voir les fonctionnaires couvrir leurs chefs devant les Cham~
bres Il (2). .
-
•
RO(1BR. BONNARD
•
,
92 l\OGE[\'BONNARD
- .
commissaire du 'gouvernemènt dans les interpellations en s'appuyant sur
J'art. 6 de la loi du t6 juillet t875, il faut l'admettre avec la même portée
que pour la discussion des lois. Or on n'a jamais contesté le aroit de
parole a~l commissaire du gouvernement dans la discussion d'une loi.
D'autre part, il est pratiquement impossible d'empêcher le commissaire
du gouvernement de prendl'e là parole, surtout lorsqu'il est précisérnent
le!onctionnaire dont les actes sont l'objet de l'interpellation. En, présence
. de violentes attaques comme celles dirigées contre le Résident général de
Tunis, il ne peut que vouloir présenter personnellement sa défense. Le
. ,
•
• •
Il. - La vice-présidence
,
du Conseil des Ministres.
•
(1) V. Le Temps, 15.jllnvier 1912, p. '1.,
,
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l\ESPONSABILITÉ DES FONCTION~Al~,KS: ~EVANT LE PARLEMENT ,93
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